Histoire: A quand un tribunal de Nuremberg pour l’Holodomor chinois ? (No museum, no monument, no remembrance day to honor the victims of Mao’s 45-million-strong starvation of his own population)

26 janvier, 2011
Mao's Great Famine by Frank Dikotter, Books & Stationery, Non-Fiction on CarousellTombstone: The Untold Story of Mao's Great Famine: Amazon.co.uk: Jisheng, Yang, Friedman, Edward, Jian, Guo, Mosher, Stacy: 9780241956984: BooksUn des grands problèmes de la Russie – et plus encore de la Chine – est que, contrairement aux camps de concentration hitlériens, les leurs n’ont jamais été libérés et qu’il n’y a eu aucun tribunal de Nuremberg pour juger les crimes commis. Thérèse Delpech
Tout se passe comme si, à l’heure actuelle, s’effectuait une distribution des rôles entre ceux qui pratiquent le repentir et l’autocritique – les Européens, les Occidentaux – et ceux qui s’installent dans la dénonciation sans procéder eux-mêmes à un réexamen critique analogue de leur propre passé (..). Tout indique même que notre mauvaise conscience, bien loin de susciter l’émulation, renforce les autres dans leur bonne conscience. Jacques Dewitte (L’exception européenne, 2009)
Quand il n’y a pas assez de nourriture, les gens meurent de faim. Il est préférable de laisser mourir la moitié d’entre eux pour que l’autre moitié mange à sa faim. Mao
This is the price we have to pay; it’s nothing to be afraid of. Who knows how many people have been sacrificed on the battlefields and in the prisons [for the revolutionary cause]? Now we have a few cases of illness and death; it’s nothing! Mao
I saw no starving people in China … Considerable malnutrition undoubtedly existed. Mass starvation? No.’ And most positively: ‘Whatever he was eating, the average Chinese maintained himself in good health, as far as anyone could see. Edgar Snow
No religion forbids cannibalism. Nor can I find any law which prevents us from eating people. I took advantage of the space between morality and the law and based my work on it. Zhu Yu
It is worth trying to understand why China is producing the most outrageous, the darkest art, of anywhere in the world. Waldemar Januszczak (Times art critic)
Oui, on entend cela [que la Chine n’est pas faite pour la démocratie], et pas seulement en Chine, de la part d’occidentaux aussi. Que l’on arrête avec ces stupidités dégradantes pour notre peuple, pour moi, la démocratie, c’est tout simplement la justice et le parti unique conduit forcément aux injustices. Et quoi, la justice ne serait pas faite pour la Chine ? L’air, l’eau, le ciel ne conviennent pas à la Chine ? L’ordinateur ou le téléphone portable ne sont pas faits pour la Chine? Bao Tong (Ancien bras droit de Zhao Ziyang, le patron du PC au moment de Tiananmen)
Son nom même, en chinois Pilin-Pikong, tinte comme un grelot joyeux, et la campagne se divise en jeux inventés : une caricature, un poème, un sketch d’enfants au cours duquel, tout à coup, une petite fille fardée pourfend entre deux ballets le fantôme de Lin Biao : le Texte politique (mais lui seul) engendre ces mêmes happenings. Barthes (1974)
Le spectacle de cet immense pays terrorisé et crétinisé par la rhinocérite maoïste a-t-il entièrement anesthésié sa capacité d’indignation ? Non, mais il réserve celle-ci à la dénonciation de la détestable cuisine qu’Air France lui sert dans l’avion du retour : «Le déjeuner Air France est si infect (petits pains comme des poires, poulet avachi en sauce graillon, salade colorée, chou à la fécule chocolatée – et plus de champagne !) que je suis sur le point d’écrire une lettre de réclamation. Simon Leys
Du nazisme, les Français ont conservé, et à juste titre, la mémoire tragique de la défaite de 40 et de l´occupation (fusillades, pillages, déportations etc.). Par contre, depuis 1936, et surtout depuis 1944-1945, les Français ont assez largement conservé une mémoire glorieuse qui repose sur la participation du PCF au front populaire, sur la participation des communistes à la Résistance et à la Libération du pays, et aussi au rôle de l´URSS dans l´écrasement du nazisme. Cette opposition entre mémoire tragique de l´un et mémoire glorieuse de l´autre explique cette “différence de méfiance”. Mais, si vous allez par exemple en Europe de l´est, vous verrez qu´il n´y a aucune mémoire glorieuse du communisme, mais au contraire une mémoire tragique en raison des conditions dans lesquelles ont été “libérés” ces pays – certains dès 1939-1940, comme l´Ukraine occidentale, les Etats baltes – par l´Armée rouge : c´est-à-dire une totale soviétisation forcée avec à la clef la terreur de masse, les fusillades et déportations de masses, la destruction des cultures nationales etc. Stéphane Courtois
Nous soutenons le droit fondamental d’expression et de réunion pour tous et nous invitons toutes les parties à faire preuve de retenue et à s’abstenir de toute violence.  Hillary Clinton (secrétaire d’Etat, sur la situation en Egypte)
D’abord, je suis très reconnaissant au Président Hu Jintao d’avoir accepté que le premier séminaire de réflexion sur l’avenir d’un nouveau système monétaire international se passe en Chine. Nicolas Sarkozy
Je sais que lorsqu’on demande pardon, cela envoie non seulement un fabuleux message universel mais cela aide les survivants à faire leur deuil. Ils ont enfin le sentiment que quelque chose a changé, qu’on ne fera plus jamais cela. Une demande de pardon est un nouveau commencement. Fille d’un survivant de la Shoah
J’étais comme tout le monde un adorateur de Mao. Dès leur arrivée au pouvoir en 1949, les communistes ont déployé une propagande omniprésente. Nous étions persuadés que Mao était un génie, le communisme, un paradis, et le reste du monde, un enfer. La mort de mon père m’est apparue comme un malheur personnel. Je n’ai pas du tout fait le lien avec la collectivisation et le «Grand Bond en avant». L’appareil lui-même était tellement aveuglé par sa propre mythologie qu’il a mis un temps fou à mesurer le cataclysme, après quoi il l’a étouffé par tous les moyens. Je n’ai appris la vérité que parce que j’ai eu plus tard accès en tant que journaliste à des sources secrètes. Mes doutes datent de la Révolution culturelle (1966-1976), quand les turpitudes de tous ces révolutionnaires que j’admirais ont été révélées. Mais c’est le massacre des étudiants à Tiananmen, en 1989, qui m’a finalement «lavé» la tête. J’ai commencé l’enquête en me servant de mes contacts dans les régions. J’ai eu accès à des archives fermées qui m’ont révélé toute l’horreur de ces années. Cette tragédie était évitable, car elle n’était due ni à une guerre ni à une catastrophe naturelle, mais à un système qui l’avait créée de toutes pièces. (…)  le PC avait décidé de sacrifier les paysans sur l’autel de son rêve de puissance. La seule ressource du pays, c’était l’agriculture, mais ses surplus étaient faibles. Si on n’arrachait pas le pain de la bouche des paysans, comment financer l’industrialisation et l’armée? Avec la collectivisation des terres lancée en 1958, les paysans ont été réduits à l’état de serfs, liés à leur commune populaire. Les cuisines familiales ont été remplacées par des «cantines populaires» – mettant la survie même de chaque individu à la merci des petits chefs. L’Etat s’est emparé de la quasi-totalité de leur production pour financer ses grands projets, ne leur laissant qu’une part minime. Quand l’utopie maoïste s’est emballée, cette part infime a fini elle aussi par être confisquée. Alors que les greniers d’Etat étaient pleins, les cantines collectives ont fermé faute d’approvisionnement. Les paysans étaient condamnés à mourir de faim. La Grande Famine est une conséquence directe du système totalitaire qui a autorisé Mao à déployer son utopie irrationnelle et qui a laissé ces «erreurs» politiques se perpétuer malgré les signaux d’alarme. (…) La faim est terrible. Quand on a dévoré jusqu’à l’écorce des arbres, il ne reste plus que la fiente des oiseaux, le charbon, le kaolin… et la chair des cadavres. Il y a eu des dizaines de milliers de cas documentés. On déterrait les cadavres. Même au sein des familles, il y a eu du cannibalisme. Beaucoup sont devenus fous. Dès que quelqu’un s’opposait aux saisies, ramassait un épi de maïs vert ou s’enfuyait pour mendier, il était puni d’une mort terrifiante. Un grand nombre de méthodes ont été inventées: «faire sauter les haricots» consistait à mettre la victime au milieu d’un groupe qui la poussait comme un punching-ball jusqu’à ce qu’elle meure d’épuisement. «Allumer la lanterne céleste», c’était attacher sur la tête d’une personne un réchaud débordant d’huile et l’enflammer… J’ai du mal à en parler. Toute cette folie du totalitarisme a entraîné une grave dégénérescence du caractère national. (…) La cruauté est présente dès l’époque révolutionnaire: les rivalités se réglaient déjà à coups d’accusations de trahison; le prétendu «traître» n’était pas exécuté, les balles étant trop rares et précieuses, on lui fracassait la tête à coups de pierre, en public… Au tournant des années 1960, c’est toute la Chine qui est devenue folle. Les gens avaient perdu toute conscience morale. La religion, les liens familiaux et de voisinage, tout avait été détruit. (…) Pékin exigeait son quota de céréales. Tout a commencé par une escalade dans l’exagération. Pour plaire à Mao, les cadres locaux ont prétendu que les récoltes avaient été multipliées par deux, par quatre, par dix! Un miracle dû à la pensée de Mao. C’est sur ces chiffres gonflés que la part de l’Etat a été calculée. Dès les premières réquisitions, les paysans n’ont plus rien eu à manger. Mais le pouvoir était persuadé qu’ils étaient animés d’«égoïsme bourgeois», qu’ils fraudaient, qu’il fallait leur faire rendre gorge. (…) Si un petit cadre prenait la défense des paysans, il se retrouvait accusé de«déviation droitière» et battu à mort. Ses collègues comprenaient qu’il valait mieux s’acharner sur les paysans. Il y a eu quelques cadres courageux, qui ont ouvert les greniers d’Etat pour distribuer les stocks. Ce fut le cas dans mon propre district où d’ailleurs il y a eu moins de victimes. Mais ce responsable a été puni, relégué au Xinjiang. Il n’en est jamais revenu. (…) Pour tous les leaders du Parti, Mao était le critère suprême du vrai et du faux. Mao avait toujours raison. S’opposer à Mao était toujours une erreur. Cette conception remonte à Yanan [1935, ndlr], quand Mao est devenu le chef incontesté. Ca faisait donc des décennies que c’était enfoncé dans leur tête. Même le maréchal Peng Dehuai, héros révolutionnaire, qui était ministre de la Guerre, n’a pas osé s’opposer frontalement à Mao. Il a été limogé en 1961, torturé pendant des années jusqu’à sa mort en 1974. Pour les leaders, ce n’est pas juste un manque de courage, mais une adhésion à une idéologie totalitaire incarnée par Mao. Un d’entre eux a déclaré: «Nous croyons au président Mao jusqu’à la superstition. Nous l’adorons jusqu’à l’aveuglement.» Quand, plus tard, certains ont été poussés au suicide, ils sont morts en criant: «Vive le président Mao!»(…) [C’était] d’ordre sectaire. Comme pour Staline en URSS. (…) Mao détestait l’idée d’un développement graduel. Il fallait brûler les étapes, passer tout de suite au communisme, doubler la production d’acier. Tout le monde s’est mis à en «fabriquer» dans son arrière-cour. Même Mao en faisait dans son parc… On a coupé toutes les forêts pour alimenter ces hauts-fourneaux artisanaux, pour un résultat nul. (…) Liu Shaoqi et Deng Xiaoping, après avoir beaucoup contribué au «Grand Bond en avant», ont pris conscience des dégâts et aboli les communes populaires, ce qui a rendu Mao furieux. Cinq ans plus tard, ce dernier lançait la Révolution culturelle et se vengeait d’eux. La Chine a de nouveau été plongée dans l’absurdité et la violence, et le culte de Mao a atteint des sommets délirants. (…) L’époque des «hommes forts» est révolue. Le dirigeant suprême doit désormais composer. Il n’est plus le Grand Timonier, il est le chauffeur: ceux qui sont assis à l’arrière décident de la direction. Mais ces gens-là ne pensent qu’à leurs propres intérêts. D’où ce que j’appelle «le dilemme du chauffeur»: il ne peut ni se libérer de ses passagers ni ignorer les aspirations du peuple. Pour ma part, je ne suis pas très optimiste. Le pouvoir des élites est trop grand. Yang Jisheng
Dikötter’s study is not the first to describe these events. Nonetheless, few Western intellectuals are aware of the scale of these atrocities, and they have had almost no impact on popular consciousness. This is part of the more general problem of the neglect of communist crimes. But Chinese communist atrocities are little-known even by comparison to those inflicted by communists in Eastern Europe and the Soviet Union, possibly because the Chinese are more culturally distant from Westerners than are Eastern Europeans or the German victims of the Berlin Wall. Ironically, the Wall (one of communism’s relatively smaller crimes) is vastly better known than the Great Leap Forward — the largest mass murder in all of world history. Hopefully, Dikötter’s important work will help change that. Ilya Somin  (George Mason University Law School)
 In terms of Mao’s reputation this book leaves the Chairman for dead, as a monster in the same league as Hitler and Stalin – and that is without considering the years of the Cultural Revolution (1966-76), when hundreds of thousands more Chinese died. (…)This is for now the best and last word on Mao’s greatest horror. Frank Dikötter has put everyone in the field of Chinese studies in his debt, together with anyone else interested in the real China. Sooner or later the Chinese, too, will praise his name.  Jonathan Mirsky (historian and journalist specializing in Asian affairs)
C’est l’une des pires catastrophes que le monde ait jamais connues. (…) Elle se classe avec les goulags et l’Holocauste comme l’un des trois plus grands événements du XXe siècle…. C’était comme si le génocide de Pol Pot avait été multiplié par 20. Frank Dikötter
Les documents que j’ai étudiés suggèrent qu’en tout, le Grand Bond en avant a provoqué la mort de 45 millions de personnes. (…) Pour honorer les dizaines de millions de victimes, il n’y a pas de musée, pas de monument, pas de journée commémorative. Les survivants, vivant pour la plupart à la campagne, emportent trop souvent leurs souvenirs dans leur tombe. Frank Dikötter
 En 1958 Mao était au pouvoir depuis près de dix ans et son impatience grandissait face au manque de développement économique et à la résistance des agriculteurs vis à vis de la collectivisation. Mais surtout il souhaitait prendre le leadership du camp socialiste. Son idée était donc de dépasser ses concurrents en utilisant ce qu’il considérait être la vraie richesse du pays : une main d’œuvre de centaines de millions d’hommes et de femmes. Il pensait qu’en utilisant tous les agriculteurs du pays, en les regroupant dans des communes géantes, et en les transformant en soldats d’une armée industrielle de la révolution, il pourrait transformer à la fois l’agriculture et l’industrie, catapultant ainsi le pays au-delà des performances de l’Union soviétique et même peut-être de l’Angleterre en quinze ans. En fait, c’’était le slogan : dépasser l’Angleterre en quinze ans
Mais il n’y a pas simplement l’étendue du nombre de morts qui compte, mais aussi la manière dont ces gens sont morts. Ce n’est pas que les gens mourraient de faim parce qu’il n’y avait pas de nourriture disponible. La nourriture était en réalité utilisée comme une arme pour forcer les gens à effectuer des tâches assignées par le Parti. Et des gens qui étaient vus comme de droite ou conservateurs, des gens qui s’étaient endormis à la tâche, qui était trop malades ou vulnérables pour en fait travailler se voyaient interdire de cantine et mourraient très rapidement de faim. Les gens faibles ou les éléments considérés comme inaptes par le Parti étaient donc délibérément affamés.
Mais il faut aussi souligner la violence du système. Entre deux et trois millions de gens ont été exécutés sommairement ou torturés à mort. Certains ont été torturés pour avoir volé une patate. Dans un cas, qui a été reporté en haut de la chaîne de commandement, un homme a eu, pour avoir volé une patate, ses jambes attachées avec du fil de fer, jeté sur le dos, une de ses oreilles coupées, puis torturé au tison. La torture était fort répandue. Un autre homme a par exemple été forcé d’enterrer son propre fils vivant parce que ce dernier avait chipé une poignée de grains de la cantine.
Mais une chose est certaine : Mao savait parfaitement ce qui se passait. Il recevait des rapports, des lettres écrites par des gens ordinaires. Ses propres secrétaires allaient sur le terrain pour voir ce qui s’y passait.
Ce titre « La fin de la vérité » est bien sûr directement inspiré du titre d’un chapitre du grand ouvrage de Hayek « La route de la servitude ». Je pense que « La route de la servitude » est un classique et que toute personne qui veut comprendre comment fonctionnent un État à parti unique et l’économie planifiée se doit de le lire. Le livre décrivait déjà, avant que Mao n’arrive au pouvoir, ce qui allait se passer en Chine. Le livre entier relate l’histoire des conséquences de la collectivisation radicale. Non seulement ce qu’elle produit en termes de destruction d’êtres humains, mais aussi de destruction de la connaissance, de l’infrastructure de transport, des maisons, ou de la nature. Tout s’écroule et s’arrête lorsque ceux en haut de la pyramide du pouvoir pensent qu’ils peuvent diriger l’économie entière dans une direction ou une autre.
Je pense que le Grand bond en avant entre 1958 et 1962 est une énorme zone grise durant laquelle ce n’était pas simplement des geôliers qui perpétuaient la violence à l’encontre des gens ordinaires, mais aussi les gens eux-mêmes qui devaient faire des choses terribles à leurs voisins, parfois aux membres de leur propre famille, juste dans le but de survivre : mentir, tricher, voler, dissimuler… Parfois vendre ses enfants pour un peu de céréales, manger de la boue ou même parfois des restes humains pour avoir assez d’énergie.
Beaucoup de chinois, de Chine ou de l’étranger, m’envoient des messages tous les jours. Ils me disent qu’ils sont heureux que ce livre a été publié. J’ai l’impression que beaucoup de lecteurs en Chine veulent savoir ce qui s’est passé durant cette période de l’histoire maoïste.  Frank Dikötter
A quand non seulement la liberté et démocratie mais la vérité, la justice et la réparation pour le peuple chinois ?
Destructions forcées de leurs propres outils ou maisons (pour en faire de l’acier ou de l’engrais !), tortures à mort,  exécutions sommaires pour d’infimes infractions,  flagellations, pendaisons, noyades attachés dans des étangs, mutilations et ingestions forcées d’excréments, marquage au tison, enterrement d’un garçon vivant par son propre père pour avoir volé un peu de grain, déterrement de cadavres et cannibalisme pour se nourrir …
A l’heure où une Chine qui comme l’ex-Union soviétique n’a toujours pas eu son procès de Nuremberg est fêtée des Etats-Unis à la France et que nos gouvernants-voyageurs de commerce continuent à se bousculer sous le portrait géant du Staline chinois de la Place Tienanmen …
Pendant qu’en France, gros contrats TGV en Floride et en Californie obligent, notre propre SNCF se voit rattrapée par son passé de collaboration forcée avec les nazis …
Et qu’après les révélations sur Katyn et Jedwabne et  à la veille du 65e anniversaire du torpillage par un sous-marin soviétique d’un paquebot entier de réfugiés allemands fuyant l’Armée rouge (jusqu’à peut-être 10 000 victimes !),  même les peuples tchèque (contre leur minorité allemande) et polonais (jusqu’au détroussement de cadavres des victimes du camp d’extermination de Treblinka) se voient contraints de faire face à leurs exactions jusque là passées inaperçues de la fin ou de l’après-guerre …
Comment ne pas s’étonner de l’étrange silence qui continue à entourer la monstrueuse catastrophe et l’immensité des crimes qu’a été et engendré le communisme au niveau mondial et  tout particulièrement en Chine ?
Comme, sorte d’Holodomor à la puissance 7 avec ses fausses excuses (la météo, les Soviétiques) et ses faux témoins ou idiots utiles (Snow, Barthes pour n’en citer que deux), la plus grande famine orchestrée de l’histoire plus connue sous le nom de Grand Bond en avant dont vient de révéler l’ampleur jusque là sous-estimée l’historien néerlandais basé à Hong Kong Frank Dötter ?
Qui, entre la folie collectiviste, l’utilisation de l’arme de la faim et les multiples châtiments comme les mauvais traitements induits (jusqu’au cannibalisme !) des victimes entre elles, sans compter plus tard son prolongement avec la Révolution culturelle, excéda en à peine quatre ans (1958-1962) très largement (jusqu’à 50 %) les  20 ou 30 millions de victimes établies jusque là, se rapprochant dangereusement des 55 millions des victimes mondiales de la dernière guerre.
Et qui, toujours impunis ou même reconnus 50 ans après, privent non seulement les familles des victimes de leur droit à la justice et à la possibilité de faire leur deuil mais restent gros, comme pour le massacre de Tienanmen,  de brutalisations ultérieures
Le Grand bond en avant, un cauchemar absolu
Frank Dikkoter
Le Temps (traduit du NYT)
18 janvier 2011
 
Selon le professeur Frank Dikkoter, qui a enquêté dans les archives du Parti communiste chinois, le bilan de la famine qui a suivi la campagne de Mao est encore bien pire que celui établi par les démographes. 45 millions de personnes auraient péri, et Mao n’en ignorait rien
 
 Le Parti essaie encore de minimiser ce lien, généralement en attribuant la famine aux conditions météorologiques. Pourtant, les archives nationales et locales du parti lui-même renferment des procès-verbaux détaillés de l’horreur. L’accès à de telles données aurait été impensable il y a dix ans encore, mais une révolution tranquille a eu lieu ces dernières années: de vastes fonds de documents ont progressivement été déclassifiés. Les informations les plus sensibles restent secrètes, mais les chercheurs ont le droit de fouiller dans la nuit profonde de l’ère maoïste.

De 2005 à 2009, j’ai examiné des centaines de documents dans toute la Chine, lors d’un voyage qui m’a conduit de la province subtropicale du Guangdong à celle, aride, du Gansu, tout près des déserts de la Mongolie intérieure. J’ai généralement trouvé ce matériel dans les locaux régionaux du parti, étroitement gardés par des soldats. Ceux-ci renferment d’énormes quantités de papiers poussiéreux et jaunis réunis dans des cartons, allant d’une feuille volante griffonnée par un secrétaire du parti il y a de cela des décennies aux procès-verbaux soigneusement tapés à la machine de réunions secrètes des dirigeants.

Les historiens savent depuis un certain temps que le Grand Bond en avant a provoqué l’une des pires famines de l’histoire mondiale. Sur la base des données de recensement officiel, les démographes ont estimé le nombre de victimes entre 20 et 30 millions de victimes. Mais dans les archives que j’ai consultées, que ce soient les minutes de réunions d’urgence, de rapports de police secrets ou d’enquêtes de sécurité publique, il y a abondance de preuves que la catastrophe a été sous-estimée. Les documents que jai étudiés suggèrent qu’en tout, le Grand Bond en avant a provoqué la mort de 45 millions de personnes.

Parmi elles, deux à trois millions de victimes ont été torturées à mort ou sommairement exécutées, souvent pour d’infimes infractions. Les personnes accusées de ne pas travailler assez dur étaient battues ou pendues. Parfois, elles étaient attachées et jetées dans des étangs. Les mutilations et l’obligation de manger des excréments figuraient également au nombre des punitions infligées pour les moindres violations des ordres.

Un rapport daté du 30 novembre 1960 qui a circulé parmi les plus hauts dirigeants – et que Mao a probablement également lu – raconte comment un homme du nom de Wang Ziyou s’est fait couper les oreilles, entraver les jambes avec du fil de fer et accabler sous le poids d’une pierre de 10 kilos posée sur son dos avant d’être marqué par un tison. Son crime: il avait déterré une pomme de terre.

Alors qu’un garçon avait volé un peu de grain dans un village du Hunan, le chef local, Xiong Dechang, a forcé son père à l’enterrer vivant sur-le-champ. Le rapport de l’équipe d’enquête envoyée par les autorités provinciales en 1969 pour interroger les survivants de la famine indique que l’homme est mort de chagrin trois semaines plus tard.

La privation de nourriture était la punition de premier recours. Comme l’indiquent de très nombreux documents, les aliments étaient distribués parcimonieusement en fonction du mérite et utilisés pour forcer les gens à obéir au régime. Un inspecteur du Sichuan a écrit que «les membres de la commune trop malades pour travailler sont privés de nourriture pour hâter leur mort».

Au fur et à mesure que le désastre s’aggravait, les gens étaient obligés de recourir à des actes inimaginables auparavant, pour survivre. Les rapports sociaux s’étant délités, les gens se maltraitaient les uns les autres, se volaient et s’empoisonnaient. Parfois, ils allaient jusqu’au cannibalisme. Un rapport de police daté du 25 février 1960 détaille quelque 50 cas dans le village de Yaohejia (province de Gansu). On peut y lire par exemple: «Nom du coupable: Yang Zhongsheng. Nom de la victime: Yang Ecshun. Relation avec le coupable: petit frère. Type de crime: tuer et manger. Mobile: subsistance.»

Le terme de «famine» tend à renforcer le point de vue largement répandu que les morts ont été provoquées par des programmes économiques mal pensés et mal exécutés. Mais les archives montrent que la contrainte, la terreur et la violence étaient à la base du Grand Bond en avant.

Mao a reçu de nombreux rapports sur ce qui se passait dans les campagnes, dont certains ont été écrits à la main. Il était au courant de l’horreur qui y régnait, mais exigeait qu’on renforçât les moyens mis en place pour produire davantage de nourriture.

Lors d’une réunion secrète à Shanghai le 25 mars 1959, il a donné l’ordre au Parti de fournir jusqu’à un tiers des céréales disponibles, soit bien davantage qu’auparavant. Le procès-verbal de cette réunion révèle un président insensible aux pertes humaines: «Quand il n’y a pas assez de nourriture, les gens meurent de faim. Il est préférable de laisser mourir la moitié d’entre eux pour que l’autre moitié mange à sa faim.»

La Grande famine de Mao n’a pas seulement été un épisode de la construction de la Chine moderne. Elle a été un tournant. La Révolution culturelle qui s’ensuivit a été une tentative du leader pour se venger de ses collègues qui avaient osé s’opposer à lui durant le Grand Bond en avant.

Pour l’heure, peu d’informations circulent sur ce noir passé à l’intérieur de la Chine. Les historiens qui sont autorisés à travailler dans les archives du Parti tendent à publier leurs découvertes à Hongkong.

Pour honorer les dizaines de millions de victimes, il n’y a pas de musée, pas de monument, pas de journée commémorative. Les survivants, vivant pour la plupart à la campagne, emportent trop souvent leurs souvenirs dans leur tombe.

Traduction-adaptation: Xavier Pellegrini/Textes.ch

Voir aussi:

La grande famine de Mao

07.10.10

Nous sommes heureux de publier une interview d’Emmanuel Martin avec le professeur Frank Dikötter de l’Université de Honk Kong, qui vient de publier un ouvrage intitulé Mao’s Great Famine : The History of China’s Most Devastating Catastrophe (« La grande famine de Mao : L’histoire de la catastrophe la plus dévastatrice de la Chine » – 2010, Bloomsbury, London ; Walterbook, New York).

Emmanuel Martin : Professeur Dikötter, votre ouvrage traite des conséquences du Grand bond en avant initié par Mao en Chine. Quel était l’idée, le but de ce Grand bon en avant ?

Frank Dikötter : Le « Grand bond en avant » a commencé en 1958 et s’est terminé en 1962. Il a constitué une énorme catastrophe. Pourquoi l’avoir initié ? En 1958 Mao était au pouvoir depuis près de dix ans et son impatience grandissait face au manque de développement économique et à la résistance des agriculteurs vis à vis de la collectivisation. Mais surtout il souhaitait prendre le leadership du camp socialiste.

Son idée était donc de dépasser ses concurrents en utilisant ce qu’il considérait être la vraie richesse du pays : une main d’œuvre de centaines de millions d’hommes et de femmes. Il pensait qu’en utilisant tous les agriculteurs du pays, en les regroupant dans des communes géantes, et en les transformant en soldats d’une armée industrielle de la révolution, il pourrait transformer à la fois l’agriculture et l’industrie, catapultant ainsi le pays au-delà des performances de l’Union soviétique et même peut-être de l’Angleterre en quinze ans. En fait, c’’était le slogan : dépasser l’Angleterre en quinze ans.

Donc ce qu’il fit fut de collectiviser absolument tout. Les gens des campagnes furent entassés dans ces communes du peuple, les cantines étaient les seuls endroits où la nourriture était distribuée, et à la cuillère pour ainsi dire. Les gens virent leurs terres confisquées, comme leurs maisons et leurs modes de vie. Tout fut collectivisé. La seule manière de pousser des paysans affamés à travailler dans les champs était l’utilisation de la force. Très rapidement le paradis utopiste s’est révélé être une immense caserne militaire. La coercition et la violence étaient les seuls moyens de faire en sorte que les gens exécutent les tâches que leur ordonnaient les membres locaux du Parti.

EM : Quelles découvertes historiques avez vous trouvées sur cet épisode tragique ?

FD : Tout d’abord, c’est le premier livre basé sur les énormes archives du Parti. Jusqu’ici les historiens avaient utilisé comme sources des publications non officielles ou semi-officielles pour déterminer ce qui s’était passé. Ici, nous avons eu accès à des rapports, enquêtes, sondages extrêmement détaillés, ainsi que des rapports de surveillance de la police de sécurité sur le déroulement de la famine, c’est à dire des milliers de documents écrits par le Parti à l’époque. L’ouvrage jette donc une toute nouvelle lumière sur ce qui s’est passé.

Ensuite, la famine a pris des dimensions bien supérieures à ce que l’on pensait auparavant. Les experts démographes estimaient la catastrophe entre 15 et 30 millions de morts. Avec les statistiques compilées par le bureau de sécurité publique lui-même à l’époque, on arrive à une catastrophe bien plus grande : au moins 45 millions de morts prématurées entre 1958 et 1962.

Mais il n’y a pas simplement l’étendue du nombre de morts qui compte, mais aussi la manière dont ces gens sont morts. Ce n’est pas que les gens mourraient de faim parce qu’il n’y avait pas de nourriture disponible. La nourriture était en réalité utilisée comme une arme pour forcer les gens à effectuer des tâches assignées par le Parti. Et des gens qui étaient vus comme de droite ou conservateurs, des gens qui s’étaient endormis à la tâche, qui était trop malades ou vulnérables pour en fait travailler se voyaient interdire de cantine et mourraient très rapidement de faim. Les gens faibles ou les éléments considérés comme inaptes par le Parti étaient donc délibérément affamés.

Mais il faut aussi souligner la violence du système. Entre deux et trois millions de gens ont été exécutés sommairement ou torturés à mort. Certains ont été torturés pour avoir volé une patate. Dans un cas, qui a été reporté en haut de la chaîne de commandement, un homme a eu, pour avoir volé une patate, ses jambes attachées avec du fil de fer, jeté sur le dos, une de ses oreilles coupées, puis torturé au tison. La torture était fort répandue. Un autre homme a par exemple été forcé d’enterrer son propre fils vivant parce que ce dernier avait chipé une poignée de grains de la cantine.

EM : Cela était-il planifié par Mao et les leaders communistes ?

FD : Cela n’était pas planifié dans le sens où le Grand Timonier n’avait pas donné d’ordre spécifique de torturer et tuer. Mais cela n’était pas non plus totalement imprévu puisque Mao avait spécifié que l’armée représentait la morale à suivre, que les gens de droite et les conservateurs devaient être éliminées, et nombreux de ses messages étaient suffisamment vagues pour que des « bonnes volontés » installent un régime de terreur sur les villageois. Un peu comme Hitler qui ne donnait pas d’ordres toujours clairs : ses subordonnés l’interprétaient.

Mais une chose est certaine : Mao savait parfaitement ce qui se passait. Il recevait des rapports, des lettres écrites par des gens ordinaires. Ses propres secrétaires allaient sur le terrain pour voir ce qui s’y passait. D’ailleurs nous savons, et le livre a jeté la lumière sur ce fait grâce à des mémos secrets, qu’en mars 1959 au milieu de la famine, Mao dit à un certain nombre de hauts dirigeants que la moitié du pays pouvait bien mourir de faim tant que l’autre moitié pouvait manger à sa faim. Il a donné l’ordre de prendre jusqu’au tiers de la récolte de céréales, nettement plus que ce qui avait été le cas jusque là. Il a envoyé du personnel supplémentaire pour aller arracher ces réserves de céréales aux villageois.

EM : L’économiste et philosophe autrichien Friedrich Hayek a beaucoup écrit sur la planification centralisée et le socialisme. A-t-il été une source d’inspiration pour l’historien que vous êtes ?

FD : Un des chapitres clés intitulé « La fin de la vérité » décrit comme durant l’été 1959 Mao s’est tourné contre un certain nombre de dirigeants qui avaient exprimé leur mécontentement à l’égard du Grand bond en avant. Il les a évincés, expulsés du Parti, pratiquant ainsi une purge. Ce titre « La fin de la vérité » est bien sûr directement inspiré du titre d’un chapitre du grand ouvrage de Hayek « La route de la servitude ». Je pense que « La route de la servitude » est un classique et que toute personne qui veut comprendre comment fonctionnent un État à parti unique et l’économie planifiée se doit de le lire. Le livre décrivait déjà, avant que Mao n’arrive au pouvoir, ce qui allait se passer en Chine. Le livre entier relate l’histoire des conséquences de la collectivisation radicale. Non seulement ce qu’elle produit en termes de destruction d’êtres humains, mais aussi de destruction de la connaissance, de l’infrastructure de transport, des maisons, ou de la nature. Tout s’écroule et s’arrête lorsque ceux en haut de la pyramide du pouvoir pensent qu’ils peuvent diriger l’économie entière dans une direction ou une autre.

EM : Il me semble que le communisme a été aussi une catastrophe morale, réduisant les êtres humains à l’état d’animaux luttant pour leur survie. Dans cette situation on est prêt à faire des choses que l’on ne serait pas prêt à faire dans un contexte normal.

FD : Absolument. Primo Levi l’a très bien décrit lorsqu’il narre sa survie dans le camp d’Auschwitz. Il raconte comment les gens doivent faire toutes sortes de compromis moraux dans le but de survivre, par exemple : ne pas partager de la nourriture qu’ils ont découverte. C’est ce qu’il appelait la « zone grise ». Je pense que le Grand bond en avant entre 1958 et 1962 est une énorme zone grise durant laquelle ce n’était pas simplement des geôliers qui perpétuaient la violence à l’encontre des gens ordinaires, mais aussi les gens eux-mêmes qui devaient faire des choses terribles à leurs voisins, parfois aux membres de leur propre famille, juste dans le but de survivre : mentir, tricher, voler, dissimuler… Parfois vendre ses enfants pour un peu de céréales, manger de la boue ou même parfois des restes humains pour avoir assez d’énergie.

EM : Voilà des choses très difficiles à entendre. Il est aussi difficile de croire qu’il puisse encore y avoir des partis communistes aujourd’hui. Il semble que certains n’aient pas de connaissance du passé et de l’application de leurs idées à la réalité. Y aura-t-il une version chinoise de l’ouvrage ?

FD : Beaucoup de chinois, de Chine ou de l’étranger, m’envoient des messages tous les jours. Ils me disent qu’ils sont heureux que ce livre a été publié. J’ai l’impression que beaucoup de lecteurs en Chine veulent savoir ce qui s’est passé durant cette période de l’histoire maoïste.

Interview par Emmanuel Martin le 19 septembre 2010. Vous pouvez écouter l’audio original en anglais.

Le 7 octobre 2010.

Voir également:

Mao’s Great Leap Forward ‘killed 45 million in four years’

Arifa Akbar, Arts Correspondent

The Independent

17 September 2010

Mao Zedong presided over a regime responsible for the deaths of up to 45 million people

Mao Zedong, founder of the People’s Republic of China, qualifies as the greatest mass murderer in world history, an expert who had unprecedented access to official Communist Party archives said yesterday.

Speaking at The Independent Woodstock Literary Festival, Frank Dikötter, a Hong Kong-based historian, said he found that during the time that Mao was enforcing the Great Leap Forward in 1958, in an effort to catch up with the economy of the Western world, he was responsible for overseeing « one of the worst catastrophes the world has ever known ».

Mr Dikötter, who has been studying Chinese rural history from 1958 to 1962, when the nation was facing a famine, compared the systematic torture, brutality, starvation and killing of Chinese peasants to the Second World War in its magnitude. At least 45 million people were worked, starved or beaten to death in China over these four years; the worldwide death toll of the Second World War was 55 million.

Mr Dikötter is the only author to have delved into the Chinese archives since they were reopened four years ago. He argued that this devastating period of history – which has until now remained hidden – has international resonance. « It ranks alongside the gulags and the Holocaust as one of the three greatest events of the 20th century…. It was like [the Cambodian communist dictator] Pol Pot’s genocide multiplied 20 times over, » he said.

Between 1958 and 1962, a war raged between the peasants and the state; it was a period when a third of all homes in China were destroyed to produce fertiliser and when the nation descended into famine and starvation, Mr Dikötter said.

His book, Mao’s Great Famine; The Story of China’s Most Devastating Catastrophe, reveals that while this is a part of history that has been « quite forgotten » in the official memory of the People’s Republic of China, there was a « staggering degree of violence » that was, remarkably, carefully catalogued in Public Security Bureau reports, which featured among the provincial archives he studied. In them, he found that the members of the rural farming communities were seen by the Party merely as « digits », or a faceless workforce. For those who committed any acts of disobedience, however minor, the punishments were huge.

State retribution for tiny thefts, such as stealing a potato, even by a child, would include being tied up and thrown into a pond; parents were forced to bury their children alive or were doused in excrement and urine, others were set alight, or had a nose or ear cut off. One record shows how a man was branded with hot metal. People were forced to work naked in the middle of winter; 80 per cent of all the villagers in one region of a quarter of a million Chinese were banned from the official canteen because they were too old or ill to be effective workers, so were deliberately starved to death.

Mr Dikötter said that he was once again examining the Party’s archives for his next book, The Tragedy of Liberation, which will deal with the bloody advent of Communism in China from 1944 to 1957.

He said the archives were already illuminating the extent of the atrocities of the period; one piece of evidence revealed that 13,000 opponents of the new regime were killed in one region alone, in just three weeks. « We know the outline of what went on but I will be looking into precisely what happened in this period, how it happened, and the human experiences behind the history, » he said.

Mr Dikötter, who teaches at the University of Hong Kong, said while it was difficult for any historian in China to write books that are critical of Mao, he felt he could not collude with the « conspiracy of silence » in what the Chinese rural community had suffered in recent history.

 

Voir enfin:

‘Livelihood Issues’

Jonathan Mirsky 
 
 
Mao’s Great Famine: The History of China’s Most Devastating Catastrophe, 1958-62 

In 1936 Mao Tse-Tung, then a cave-dwelling revolutionary, told Edgar Snow his life story. Snow recorded Mao’s self-serving autobiography in Red Star Over China, which for decades made the American’s name as the leading reporter in China.

Back in China twenty-four years later, Snow was pestered by news agencies enquiring about mass starvation. The Snow of the 1930s had gone into the field to see for himself a prolonged drought in the north-west, where people were rumoured to be selling their children. But this time he relied on his access to top officials such as Premier Zhou Enlai, and foreigners who flacked for China such as the New Zealander Rewi Alley. In the book he wrote about that trip, The Other Side of the River, Snow stated, ‘I saw no starving people in China … Considerable malnutrition undoubtedly existed. Mass starvation? No.’ And most positively: ‘Whatever he was eating, the average Chinese maintained himself in good health, as far as anyone could see.’

In brutal fact, between 1959 and 1962, at least forty-three million Chinese died during the famine Snow didn’t bother to see. Most died of hunger, over two million were executed or were beaten or tortured to death, the birth rate halved in some places, parents sold their children, and people dug up the dead and ate them.

The cause of this disaster, the worst ever to befall China and one of the worst anywhere at any time, was Mao, who, cheered on by his sycophantic and frightened colleagues, decreed that before long China’s economy must overtake that of the Soviet Union, Britain and even the US. Mao suggested that ‘When there is not enough to eat people starve to death. It is better to let half of the people die so that the other half can eat their fill,’ and declared that anyone who questioned his policies was a ‘Rightist’, a toxic term eventually applied to thirteen million Party members.

The outlines and many of the specifics of this catastrophe have been known in the West for decades. A few brave Chinese, too, have exposed what they discovered. Mao’s doctor, Li Zhisui, wrote about it from his exile in the United States, and some revealing local studies by Americans have made clear what happened in certain villages.

Now Frank Dikötter, a professor at the School of Oriental and African Studies in London and at Hong Kong University, has laid out the vast horror in detail, drawing on local and provincial archives that have only recently become available to approved foreign scholars. In terms of Mao’s reputation this book leaves the Chairman for dead, as a monster in the same league as Hitler and Stalin – and that is without considering the years of the Cultural Revolution (1966-76), when hundreds of thousands more Chinese died. One of Dikötter’s observations is that Mao instigated the Cultural Revolution to wreak revenge on close colleagues who had dared to show him up. It is a mark of the historical darkness that still envelops China that many Chinese blame the famine on the Soviet Union, which, they maintain, snatched food from the mouths of starving Chinese by insisting that Beijing export grain to repay Moscow’s loans.

Until recently, Dikötter states, most accounts of the famine have been based on central government sources that are often incomplete or untrue. What he found during his years rummaging in archives throughout China was that such central documents were transmitted in fuller, less censored versions to the provinces and below. In addition, the archives he saw contained letters of complaint or justification from local officials and even ordinary people, minutes from local and even central meetings, and statistics which were either falsified to hoodwink Mao or local superiors, or were subtle enough to reveal that awful things were happening. For example, in 1960 in the ‘model province’ of Henan, in Xinyang alone ‘over a million people died … Of these victims 67,000 were clubbed to death with sticks’. When this came to Mao ‘he blamed the trouble on class enemies’. On another occasion, when the Chairman learned that there had been terrible deaths in one town he had hitherto admired, ‘Mao simply switched his allegiance to the next county down the road willing to outdo others in extravagant production claims.’ Mao and his cronies insisted, as one of them put it as reports of deaths rolled in, that ‘This is the price we have to pay; it’s nothing to be afraid of. Who knows how many people have been sacrificed on the battlefields and in the prisons [for the revolutionary cause]? Now we have a few cases of illness and death; it’s nothing!’ Every detail was locally recorded and explained – or obscured. Take this report from 25 February 1960 in Yaohejia village: ‘Name of culprit: Yang Zhongsheng … Name of victim: Yang Ecshun. Relationship with Culprit: Younger Brother … Manner of Crime: Killed and Eaten. Reason: Livelihood Issues.’

Society completely unravelled. In the newly established communes, peasants following Mao’s lunatic advice ploughed their paddies uselessly deep. They dismantled their houses to use as fertiliser, and melted down their tools to make the steel Mao had decreed was the mark of an advanced socialist country (after all wasn’t Stalin ‘the man of steel’?). Other peasants abandoned their fields and marched miles to work all night constructing mammoth water schemes that often came to nothing, while their families died without grain at home. The only reason millions more didn’t starve, as Dikötter describes in detail, is because of their desperate ploys to steal food.

Dikötter is very sure of himself and sometimes scornful. He dismisses the reports of the ‘fabled sinologists in the British embassy [as] pretty clueless’ without showing why. He says that only one foreign scholar, Jasper Becker, author in 1996 of the ‘very readable’ Hungry Ghosts: Mao’s Secret Famine, discovered that in 1979, after Mao’s death in 1976, a team surveying rural China concluded that forty-three to forty-six million people died during the famine. This is the figure adopted, minimally, by Dikötter. But the same source and number appeared in 1997 in volume three of Roderick MacFarquhar’s The Origins of the Cultural Revolution. Rightly proud of his own investigations, Dikötter doesn’t make much use of revealing local studies like Ralph A Thaxton’s Catastrophe and Contention in Rural China, and Edward Friedman et al’s Chinese Village, Socialist State. And he is dismissive of Tombstone (which he mistranslates as Wooden Tombstone), a sweeping, very informative investigation into the famine by the courageous Chinese journalist Yang Jisheng, which of course had to be published in Hong Kong two years ago.

Never mind. Few scholars can resist a bit of contempt. This is for now the best and last word on Mao’s greatest horror. Frank Dikötter has put everyone in the field of Chinese studies in his debt, together with anyone else interested in the real China. Sooner or later the Chinese, too, will praise his name.

 

La pire catastrophe de l’histoire chinoise, et l’une des pires de l’histoire tout court a été la grande famine qui a duré de 1958 à 1962. Jusqu’ici, le Parti communiste avait à peine reconnu que celle-ci a été la conséquence de l’incorporation des villageois dans des communes populaires, l’une des mesures du «Grand Bond en avant» lancé par Mao Zedong en 1958.

By Frank Dikötter (Bloomsbury 420pp £25)

COMPLEMENT:

La Grande Famine de Mao

La Grande Famine de Mao

Le «Grand Bond en avant» a fait 36 millions de morts en quatre ans. Un journaliste chinois publie une extraordinaire enquête sur cette tragédie de la folie totalitaire. Entretien avec Yang Jisheng

Ursula Gauthier

Le Nouvel Observaeur Votre livre est le récit implacable de la terrible famine déclenchée par le «Grand Bond en avant». De 1958 à 1961, 36 millions de personnes sont mortes de faim ou victimes de violences, selon vos calculs. Vous avez vu votre propre père mourir de faim. Puis vous êtes devenu membre du Parti et journaliste à l’agence de presse officielle du gouvernement, Chine nouvelle. Qu’est-ce qui vous a finalement ouvert les yeux?

Yang Jisheng J’étais comme tout le monde un adorateur de Mao. Dès leur arrivée au pouvoir en 1949, les communistes ont déployé une propagande omniprésente. Nous étions persuadés que Mao était un génie, le communisme, un paradis, et le reste du monde, un enfer.

La mort de mon père m’est apparue comme un malheur personnel. Je n’ai pas du tout fait le lien avec la collectivisation et le «Grand Bond en avant». L’appareil lui-même était tellement aveuglé par sa propre mythologie qu’il a mis un temps fou à mesurer le cataclysme, après quoi il l’a étouffé par tous les moyens. Je n’ai appris la vérité que parce que j’ai eu plus tard accès en tant que journaliste à des sources secrètes.

Mes doutes datent de la Révolution culturelle (1966-1976), quand les turpitudes de tous ces révolutionnaires que j’admirais ont été révélées. Mais c’est le massacre des étudiants à Tiananmen, en 1989, qui m’a finalement «lavé» la tête. J’ai commencé l’enquête en me servant de mes contacts dans les régions. J’ai eu accès à des archives fermées qui m’ont révélé toute l’horreur de ces années. Cette tragédie était évitable, car elle n’était due ni à une guerre ni à une catastrophe naturelle, mais à un système qui l’avait créée de toutes pièces.

Yang Jisheng
Yang Jisheng, né en 1940, a fait toute sa carrière de journaliste à l’agence Chine nouvelle. Il est rédacteur en chef adjoint du très sérieux « Annales Chinoises ». Il vient de publier au Seuil « Stèles. La Grande Famine en Chine, 1958-1961 ». Ce livre n’est pas sorti dans son pays. (DR)

Mao n’a pas délibérément affamé des millions de Chinois…

Non. Mais le PC avait décidé de sacrifier les paysans sur l’autel de son rêve de puissance. La seule ressource du pays, c’était l’agriculture, mais ses surplus étaient faibles. Si on n’arrachait pas le pain de la bouche des paysans, comment financer l’industrialisation et l’armée? Avec la collectivisation des terres lancée en 1958, les paysans ont été réduits à l’état de serfs, liés à leur commune populaire. Les cuisines familiales ont été remplacées par des «cantines populaires» – mettant la survie même de chaque individu à la merci des petits chefs.

L’Etat s’est emparé de la quasi-totalité de leur production pour financer ses grands projets, ne leur laissant qu’une part minime. Quand l’utopie maoïste s’est emballée, cette part infime a fini elle aussi par être confisquée. Alors que les greniers d’Etat étaient pleins, les cantines collectives ont fermé faute d’approvisionnement. Les paysans étaient condamnés à mourir de faim. La Grande Famine est une conséquence directe du système totalitaire qui a autorisé Mao à déployer son utopie irrationnelle et qui a laissé ces «erreurs» politiques se perpétuer malgré les signaux d’alarme.

Le tout s’est accompagné de violences inimaginables.

La faim est terrible. Quand on a dévoré jusqu’à l’écorce des arbres, il ne reste plus que la fente des oiseaux, le charbon, le kaolin… et la chair des cadavres. Il y a eu des dizaines de milliers de cas documentés. On déterrait les cadavres. Même au sein des familles, il y a eu du cannibalisme. Beaucoup sont devenus fous. Dès que quelqu’un s’opposait aux saisies, ramassait un épi de maïs vert ou s’enfuyait pour mendier, il était puni d’une mort terrifiante.

Un grand nombre de méthodes ont été inventées: «faire sauter les haricots» consistait à mettre la victime au milieu d’un groupe qui la poussait comme un punching-ball jusqu’à ce qu’elle meure d’épuisement. «Allumer la lanterne céleste» c’était attacher sur la tête d’une personne un réchaud débordant d’huile et l’enflammer… J’ai du mal à en parler. Toute cette folie du totalitarisme a entraîné une grave dégénérescence du caractère national.

Pourquoi une telle cruauté?

La cruauté est présente dès l’époque révolutionnaire: les rivalités se réglaient déjà à coups d’accusations de trahison; le prétendu «traître» n’était pas exécuté, les balles étant trop rares et précieuses, on lui fracassait la tête à coups de pierre, en public… Au tournant des années 1960, c’est toute la Chine qui est devenue folle. Les gens avaient perdu toute conscience morale. La religion, les liens familiaux et de voisinage, tout avait été détruit.

Y a-t-il eu des ordres pour encourager la violence?

Non. Mais Pékin exigeait son quota de céréales. Tout a commencé par une escalade dans l’exagération. Pour plaire à Mao, les cadres locaux ont prétendu que les récoltes avaient été multipliées par deux, par quatre, par dix! Un miracle dû à la pensée de Mao. C’est sur ces chiffres gonflés que la part de l’Etat a été calculée. Dès les premières réquisitions, les paysans n’ont plus rien eu à manger. Mais le pouvoir était persuadé qu’ils étaient animés d’«égoïsme bourgeois», qu’ils fraudaient, qu’il fallait leur faire rendre gorge.

Mao, dans un extrait du film "Morning son" (©AFP)

Mao, dans un extrait du film « Morning son » (©AFP)

Y a-t-il eu des résistances parmi les responsables locaux?

Si un petit cadre prenait la défense des paysans, il se retrouvait accusé de«déviation droitière» et battu à mort. Ses collègues comprenaient qu’il valait mieux s’acharner sur les paysans. Il y a eu quelques cadres courageux, qui ont ouvert les greniers d’Etat pour distribuer les stocks. Ce fut le cas dans mon propre district où d’ailleurs il y a eu moins de victimes. Mais ce responsable a été puni, relégué au Xinjiang. Il n’en est jamais revenu.

Pourquoi Chou En-lai, Liu Shaoqi et les leaders du Parti ne se sont-ils pas opposés à ces mesures?

Pour tous les leaders du Parti, Mao était le critère suprême du vrai et du faux. Mao avait toujours raison. S’opposer à Mao était toujours une erreur. Cette conception remonte à Yanan [1935, ndlr], quand Mao est devenu le chef incontesté. Ca faisait donc des décennies que c’était enfoncé dans leur tête.

Même le maréchal Peng Dehuai, héros révolutionnaire, qui était ministre de la Guerre, n’a pas osé s’opposer frontalement à Mao. Il a été limogé en 1961, torturé pendant des années jusqu’à sa mort en 1974. Pour les leaders, ce n’est pas juste un manque de courage, mais une adhésion à une idéologie totalitaire incarnée par Mao.

Un d’entre eux a déclaré: «Nous croyons au président Mao jusqu’à la superstition. Nous l’adorons jusqu’à l’aveuglement.» Quand, plus tard, certains ont été poussés au suicide, ils sont morts en criant: «Vive le président Mao!»

C’était d’ordre religieux?

Je dirais plutôt d’ordre sectaire. Comme pour Staline en URSS.

Quelques-uns des 60.000 réfugiés chinois qui gagnèrent Hong-Kong en mai 1962, et y furent nourris avant d'être renvoyés en Chine par les autorités de Hong-Kong le 28 mai 1962. (©AFP)

Quelques-uns des 60.000 réfugiés chinois qui gagnèrent Hong-Kong en mai 1962, et y furent nourris avant d’être renvoyés en Chine par les autorités de Hong-Kong le 28 mai 1962. (©AFP)

Il y a eu aussi le rôle joué par le volontarisme, l’idée qu’il suffisait de vouloir pour obtenir un développement fulgurant.

Mao détestait l’idée d’un développement graduel. Il fallait brûler les étapes, passer tout de suite au communisme, doubler la production d’acier. Tout le monde s’est mis à en «fabriquer» dans son arrière-cour. Même Mao en faisait dans son parc… On a coupé toutes les forêts pour alimenter ces hauts-fourneaux artisanaux, pour un résultat nul.

Cette tragédie a-t-elle servi de leçon au Parti?

Pas vraiment. Liu Shaoqi et Deng Xiaoping, après avoir beaucoup contribué au «Grand Bond en avant», ont pris conscience des dégâts et aboli les communes populaires, ce qui a rendu Mao furieux. Cinq ans plus tard, ce dernier lançait la Révolution culturelle et se vengeait d’eux. La Chine a de nouveau été plongée dans l’absurdité et la violence, et le culte de Mao a atteint des sommets délirants.

Et maintenant? Pensez-vous que les leaders issus du 18e congrès du Parti vont relancer les réformes?

L’époque des «hommes forts» est révolue. Le dirigeant suprême doit désormais composer. Il n’est plus le Grand Timonier, il est le chauffeur: ceux qui sont assis à l’arrière décident de la direction. Mais ces gens-là ne pensent qu’à leurs propres intérêts. D’où ce que j’appelle «le dilemme du chauffeur»: il ne peut ni se libérer de ses passagers ni ignorer les aspirations du peuple. Pour ma part, je ne suis pas très optimiste. Le pouvoir des élites est trop grand.

Propos recueillis par Ursula Gauthier

Stèles. La Grande Famine en Chine, 1958-1961,
par Yang Jisheng, Seuil, 660p., 28 euros.


Jack LaLanne: L’inventeur de l’aerobic et du fitness était français et nous ne le savions pas (It’s the religion, stupid: How the son of a French-born dancer and SDA maid taught the world to exercice)

25 janvier, 2011

Breathing exercice (Battle creek sanitorium)

Image result for Jack lalanne father of fitnessNo photo description available.Fitness and Nutrition Legend Jack LaLanne - CalorieBeeLe christianisme peut maintenant continuer à s’étendre même sans la loi, car ses grandes percées intellectuelles et morales (…) ont fait de nous des chrétiens qui s’ignorent. René Girard
Tout le monde n’est pas gourmet, voilà pourquoi il faut des gastronomes. Il faut penser des gastronomes ce que nous pensons des pédagogues en général: que ce sont parfois d’insupportables cuistres mais qu’ils ont leur utilité. P. de Pressac
Après la révolution française, observe Marx, les aristocrates dont tout le capital incorporé consistait en un art de vivre désormais dépourvu de marché, devinrent les maitres à danser de l’Europe. Bourdieu
Le triangle est l’exemple d’une harmonie essentielle à l’homme sur les plans spirituel, intellectuel et physique. Luther Gulick (moniteur d’éducation physique du YMCA et créateur du symbole triangulaire des YMCA, 1891)
L’emphase des adventistes sur le holisme et la santé fait d’eux l’un des groupes de population les plus en bonne santé des Etats-Unis… Notre débat actuel sur la réforme du système de santé serait mieux informé en comprenant les bénéfices de la prévention et du bien-être dans cette communauté.  Martin Doblmeier
Rien de commun, a priori, entre l’île d’Okinawa au Japon, le petit village d’Ovodda perché dans les montagnes de Sardaigne et la ville californienne de Loma Linda. Et pourtant… Leurs populations vivent bien plus longtemps que la moyenne mondiale. Si les bienfaits du régime alimentaire (soja, légumes) d’Okinawa ont déjà fait l’objet d’études scientifiques, le cas sarde, lui, serait déterminé par des facteurs génétiques, les familles d’Ovodda puisant leurs records de longévité dans la pratique séculaire de la consanguinité. Mais il y a plus surprenant. La foi serait bénéfique à l’être humain dans sa capacité à résister au stress. Démonstration sous les cocotiers de la côte Ouest – berceau de l’Eglise adventiste dont les nombreux centenaires associent végétarisme, exercices sportifs et ferveur religieuse. Télérama
Six centenaires à Clapiers, pour un village d’un peu plus de 5.000 habitants, ce n’est pas commun. Cette particularité est due au Foyer du Romarin, une maison de retraite créée en 1974 sur les hauteurs de Clapiers, à l’ombre séculaire des pins d’Alep. (…) Le Foyer du Romarin a connu en outre deux hauts faits :  tout d’abord le mariage des « Plus vieux mariés du Monde », dont l’histoire a fait les délices des télévisions du monde entier, tant il n’y a pas d’âge pour l’amour, ensuite, l’hébergement de la doyenne du Languedoc-Roussillon, Marie Combes, décédée en février 2005 à l’âge de 109 ans et 4 mois, la seule centenaire du Foyer des Romarins à l’époque. Montpellier villages
Pour moi, c’est une religion. C’est un mode de vie. Une religion est un mode de vie, n’est-ce pas ? Jack La Lanne
Billy Graham était pour l’au-delà. Je suis pour l’ici et le maintenant.
Jack La Lanne
François Henri LaLanne (surnommé Jack par son frère) est né le 26 septembre 1914 à San Francisco de parents immigrés français ; son père travaillait à la compagnie de téléphone et était professeur de danse et sa mère, qui était femme de ménage, était adventiste du septième jour, une religion qui prône les « huit clés » d’une bonne santé, notamment la nutrition et l’exercice physique. LA Times

L’inventeur de l’aerobic et du fitness (mais aussi de la musculation) qui, excepté peut-être la Corée du nord, ont désormais conquis la planète entière était français et nous ne le savions pas !

Ouverture du premier club de gym connu du continent  tout près de San Francisco à Oakland  en Californie (1936),  invention des équipements à base de poulies qui sont encore utilisés dans les salles de sport modernes, première émission de télévision consacrée à l’aérobic, au début des années 1950, champion toutes catégories de l’autopromotion et de cascades les plus folles à la Houdini   que même Schwartzennegger n’arrivait pas à suivre (record de pompes, multitraversées à la nage la baie de San Francisco pieds et mains menottés, et remorquant un bateau de 500 kg)…

Mais qui, au pays de la gastronomie, de la mode et de l’art de vivre

Qui n’a pas cessé depuis la Révolution de donner, selon le mot de Marx, ses « maitres à danser au monde » …

Se souvient de Jack LaLanne

Ce fils de danseur (béarnais comme notre Francis Lalanne national) …

Qui vient de s’éteindre dans une petite ville de Californie à l’âge vénérable de 96 ans (petite notule dans Libération, silence radio aussi bien au Monde qu’au Figaro, rien dans le wikipedia français)?

Et qui rappellera qu’outre l’influence du nutritionniste Paul Bragg issu lui-même …

Via les YMCA, des mouvements de réveil protestant du milieu du XIXe siècle autour de George Williams …

Qui donneront plus tard au monde le basket-ball avec le pasteur James Naismith  et le volleyball de son ami William Morgan

Celui-ci tenait probablement, via sa mère (née Garaig) qui en était membre, une bonne part de sa ferveur quasi-religieuse en l’exercice physique d’un mouvement de réforme religieux et sanitaire américain …

Qui, comme l’Eglise adventiste du 7e jour,  donnera aussi au monde les corn flakes (via un certain John Kellogg) …

Et, sans compter les records du monde de longévité, la mode de la nourriture de régime ?

Jack LaLanne dies at 96; spiritual father of U.S. fitness movement

The ever-buoyant LaLanne opened what’s believed to be the country’s first health club in Oakland in 1936. In the ’50s he started a TV exercise show geared toward housewives, and he sold a popular line of exercise equipment, supplements and health food.
Claudia Luther
The LA Times
January 23, 2011

Jack LaLanne, the seemingly eternal master of health and fitness who first popularized the idea that Americans should work out and eat right to retain youthfulness and vigor, died Sunday. He was 96.
LaLanne died of respiratory failure due to pneumonia at his home in Morro Bay, Calif., his agent Rick Hersh said. He had undergone heart valve surgery in December 2009.

Though LaLanne was for many years dismissed as merely a « muscle man » — a notion fueled to some extent by his amazing feats of strength — he was the spiritual father of the health movement that blossomed into a national craze of weight rooms, exercise classes and fancy sports clubs.

LaLanne opened what is commonly believed to be the nation’s first health club, in Oakland in 1936. In the 1950s, he launched an early-morning televised exercise program keyed to housewives. He designed many now-familiar exercise machines, including leg extension machines and cable-pulley weights. And he proposed the then-radical idea that women, the elderly and even the disabled should work out to retain strength.

Full of exuberance and good cheer, LaLanne saw himself as a combination cheerleader, rescuer and savior. And if his enthusiasm had a religious fervor to it, well, so be it.

Well it is. It is a religion with me, » he told What Is Enlightenment, a magazine dedicated to awareness, in 1999. « It’s a way of life. A religion is a way of life, isn’t it? »

Billy Graham was for the hereafter. I’m for the here and now, » he told The Times when he was almost 92, employing his usual rapid-fire patter.

Another time, he explained, « The crusade is never off my mind — the exercise I do, the food I eat, the thought I think — all this and how I can help make my profession better-respected. To me, this one thing — physical culture and nutrition — is the salvation of America. »

When he started, he knew that most people viewed him as a charlatan. That’s when he decided to do the stunts that made him famous.

« I had to get people believing in me, » he said.

Other feats in his 40s: swimming from Alcatraz to San Francisco’s Fisherman’s Wharf wearing handcuffs; swimming the Golden Gate Channel while towing a 2,500-pound cabin cruiser; pulling a paddleboard 30 miles from the Farallon Islands to the San Francisco shore.

At age 60, he upped the ante by swimming from Alcatraz to Fisherman’s Wharf in San Francisco, handcuffed and shackled and towing a 1,000-pound boat.

The next year, he did a similar feat underwater. And at age 70, he towed 70 boats with 70 people from the Queen’s Way Bridge in Long Beach Harbor to the Queen Mary — while handcuffed and shackled.

Why attempt such feats?

I care more than — you cannot believe how much I care! I want to help somebody! » LaLanne explained. « Jesus, when he was on Earth, he was out there helping people, right? Why did he perform those miracles? To call attention to his profession. Why do you think I do these incredible feats ? To call attention to my profession! »

(Italics were essential in re-creating LaLanne’s speech — most writers quoting him also used numerous exclamation points.)

Well into his late 80s, LaLanne continued his personal fitness routine of two hours a day — one hour of weight training and another hour exercising in the pool — beginning at 5 or 5:30 in the morning (a concession to his age; in earlier days, he started at 4 a.m.).

No one — not even Arnold Schwarzenegger — could argue that LaLanne wasn’t the best. Schwarzenegger, who met LaLanne in the 1960s on Muscle Beach on the Venice Boardwalk, said LaLanne would try to see who could match him in numbers of chin-ups and push-ups.

« Nobody could, » Schwarzenegger told The Times. « No one even wanted to try. »

Francois Henri LaLanne (nicknamed Jack by his brother) was born Sept. 26, 1914, in San Francisco to French immigrant parents; his father worked at the telephone company and was a dance instructor and his mother, who was a maid, was a Seventh-Day Adventist, a religion that advocates « eight keys » to good health, including nutrition and exercise.

LaLanne grew up in Bakersfield, where his parents had moved to become sheep farmers, but the sheep contracted hoof-and-mouth disease, and the family moved to Oakland. LaLanne’s father died of a heart attack at age 50.

LaLanne often told the story of how his mother spoiled him, giving him sweets as a reward. By the time he reached adolescence he had become a « sugarholic » with a violent temper and suicidal thoughts.

But that was only the beginning: He was failing in school, his stomach was upset, he wore glasses, he had terrible headaches, he was weak and skinny, he had pimples and boils.

I was demented! I was psychotic! It was like a horror movie! » LaLanne said of this time of his life.

When he was 15, his distressed mother dragged him to a lecture on healthful living being given by nutritionist Paul Bragg.

We were a little late getting there and there were no seats available so we started to leave, » LaLanne told What Is Enlightenment magazine’s Andrew Cohen, « and the lecturer saw us and said, ‘Lady with the boy, we don’t turn anybody away! Ushers, bring two seats and put them up on the stage!’ « 

At some point, Bragg asked the young LaLanne what he had eaten for breakfast, lunch and dinner, and LaLanne told him: « Cakes, pies, ice cream! »

He said, ‘Jack, you are a walking garbage can,’  » LaLanne said.

But Bragg offered salvation to LaLanne: He could be « born again » and be the healthful and strong person he wanted to be — if he changed his ways.

That’s what I wanted! I wanted to be an athlete, I wanted the girls to like me, and I wanted to be able to get good grades in school, and this man said I could do all that, » LaLanne said.

LaLanne took Bragg’s message fully to heart. And, by his own testimony and that of everyone around him, he never had cake, pie, ice cream or any sweet from that day forward, nor did he drink a single cup of coffee or tea.

He also started working out with a passion and was a star athlete for the rest of his high school years. All his maladies disappeared; he even stopped wearing glasses.

I was a whole new human being, » he said of this transformation. « I liked people, they liked me. It was like an exorcism, kicking the devil outta me! »

After graduation from high school, LaLanne started his own business selling his mother’s healthful bread and cookies. He also set up a rudimentary gym and started training police officers and firefighters — « the fat and skinny ones who couldn’t pass their physicals » — in exercise and weightlifting.

When I first started out, I was considered a crackpot, » he said. « The doctors used to say, ‘Don’t go to that Jack LaLanne, you’ll get hemorrhoids, you won’t get an erection, you women will look like men, you athletes will get muscle-bound’ — this is what I had to go through. »

In 1936, he opened his first real gym — LaLanne’s Physical Culture Studio in downtown Oakland.

But business was slow. LaLanne went to a local high school and picked out the skinniest and the fattest students, offering (with their parents’ permission) to « turn their lives around » the way his had been.

Word of his success spread, and business was good enough for him to open other gyms. In 1952, he went on TV, but because he could only afford time in the early mornings, he found his audience was mostly young children. So he got a dog — Happy — to appeal to the kids, who were encouraged to go wake up their mommies for a workout. The show was eventually syndicated nationwide and ran for 34 years.

LaLanne met his wife, Elaine, whom he called LaLa, in 1950 on the set of a local TV show, where she booked talent. She was initially unimpressed by the 5-foot-6 1/2-inch LaLanne — she ate a doughnut and blew cigarette smoke in his face. But she took a closer look at him when a friend agreed to go out on a date with him. They were married in 1959, and she became an integral part of his business.

LaLanne’s business interests would grow to include a string of gyms across the United States, workout devices like the « Glamour Stretcher » and « JLL Stepper, » vitamins, supplements and several books.

By the time LaLanne was in his late 80s, however, the business consisted mostly of juicers that he advertised on infomercials and his lectures.

LaLanne also knew when to back off. An interviewer described him as « intensely unfussy for being such a fanatic. » And LaLanne once said that one of his best friends was a man who « weighs about 300 pounds, drinks a quart of booze a day and smokes like a fiend. I’ll light someone’s cigarette for them. This bull about changing people — you never change people! Accept ’em, accept ’em, accept ’em! »

For himself, he seemed to live by a there-but-for-the-grace-of-God-go-I philosophy that required him to be hyper-vigilant.

« With my personality, » he said, « I could be a runaway, out with a different woman every night, drunk every night, eating and doing things that — well, you know, you’ve got it in you, we’ve all got it in us. But that’s why you’ve got to take control! »

He had his pleasures — beautiful cars, singing, fine wine and a long and happy marriage that he said was passionate after many decades.

He felt proud every time he fulfilled his promise to himself to never eat between meals or eat sweets. While he was the first to agree that his liquid meals — the least repulsive breakfast was carrot juice, celery juice, some fruit, egg whites and soybean tasted pretty awful, he didn’t mind. And of his two-hour daily workouts at his home gym, which he called his « cathedral, » he said: « I want to see how long I can keep this up. It’s kind of a macho thing, using me as an example. »

LaLanne retained a high level of energy well into what, for the rest of us, would be dotage. But his feats tapered off after his 70th birthday. Although he talked of swimming underwater to Catalina Island for his 80th birthday, his wife threatened to divorce him if he did. « Let him rest on his laurels, » she said. He vowed to do the swim for his 90th birthday in 2004, but when the birthday rolled around, he told the San Jose Mercury News that he planned only to « tow my wife across the bathtub. » His plans for his 100th were even tamer: « I’d like to have the biggest group I’ve ever had watching me and lecture to them. »

LaLanne was given a star on Hollywood’s Walk of Fame in 2002, long after he had attained the respect he long craved. But his biggest thrill was to see that what he had been preaching and advocating for more than 50 years was being taken seriously.

Back then I was a crackpot; today, I am an authority, » he said in 1998.

Besides his wife, LaLanne is survived by Elaine’s son, Dan Doyle, of Los Angeles; LaLanne’s daughter by his first marriage, Yvonne, a chiropractor, of Walnut Creek; and the couple’s son, Jon, of Kauai, Hawaii.

Luther is a former Times staff writer.

Voir aussi:

USA: l’inépuisable gourou américain de l’aérobic meurt à 96 ans

(AFP) – Il y a 8 heures

LOS ANGELES — Le gourou américain de l’aérobic, Jack LaLanne, célèbre pour avoir popularisé l’exercice physique quotidien grâce à ses émissions de télévision, est mort à l’âge de 96 ans, a annoncé une porte-parole de son entreprise.

Jack LaLanne s’est éteint dimanche dans sa maison de Morro Bay, à 320 km au nord de Los Angeles (ouest), d’un arrêt respiratoire provoqué par une pneumonie, selon une porte-parole de BeFit Enterprises, Julia Baum.

L’histoire de LaLanne commence en 1936 avec l’ouverture du premier club de gym connu du continent, à Oakland, en Californie (ouest). Il invente des équipements à base de poulies qui sont encore utilisés dans les salles de sport modernes.

C’est extrêmement gratifiant pour moi de voir que tout ce pour quoi j’ai prêché et milité pendant 75 ans a porté ses fruits », se réjouissait récemment le vieil homme sur son site internet.

A l’époque, on me prenait pour un cinglé ou un charlatan. Aujourd’hui je fais autorité, et croyez-moi, je ne peux pas mourir, cela détruirait mon image ».

L’Amérique lui doit aussi la première émission de télévision consacrée à l’aérobic, au début des années 1950. Couvert de prix, Jack LaLanne a décroché à 88 ans une étoile au Boulevard de la gloire d’Hollywood, où les fleurs s’entassaient lundi au lendemain de son décès.

Jack LaLanne racontait que l’inspiration lui était venue du nutritioniste Paul Bragg, rencontré à 15 ans à Oakland. Comprenant qu’il mangeait trop gras, le jeune Jack s’inscrit alors dans un club pour jeunes gens sportifs, le YMCA, où quelques poids font son bonheur.

A 42 ans, en quête constante de publicité, Jack LaLanne réalise 1.033 pompes en 23 minutes – un record, dûment retransmis à la télévision.

Pour son soixantième anniversaire, rappelle son site internet, il avait traversé à la nage la baie de San Francisco de la prison d’Alcatraz jusqu’aux quais de la ville – mais pieds et mains menottés, et remorquant un bateau de 500 kg.

Voir enfin:

LaLanneisms

Jack LaLanne fervently believes every human being can attain maximum body health and fitness if they will practice moderation, eat the most natural foods, and exercise on a regular basis. Over the years on national television, radio talk shows and in feature stories written about Jack, certain ideas stated by Jack have become little gems known as “LaLanneisms”

Here are a few of Jack’s words of wisdom:

Anything in life is possible if you make it happen.

Anything in life is possible and you can make it happen.

Don’t exceed the feed limit.

The food you eat today is walking and talking tomorrow.

Ten seconds on the lips and a lifetime on the hips.

Better to wear out than rust out

Do – don’t stew.

People don’t die of old age, they die of inactivity.

First we inspire them, then we perspire them.

You eat everyday, you sleep everyday, and your body was made to exercise everyday.

Work at living and you don’t have to die tomorrow.

I can’t die, it would ruin my image.

If man makes it, don’t eat it.

If it tastes good, spit it out.

What’s it doing for me?

Your health account is like your bank account: The more you put in, the more you can take out.

If one apple is good, you wouldn’t eat 100.

It’s not what you do some of the time that counts, it’s what you do all of the time that counts.

Make haste slowly.

Eat right and you can’t go wrong.

Voir enfin:

6 centenaires à Clapiers

6 centenaires à Clapiers, pour un village d’un peu plus de 5.000 habitants, ce n’est pas commun.

Montpellier villages

06/02/2010

Cette particularité est due au Foyer du Romarin (http://www.foyerduromarin.com), une maison de retraite créée en 1974 sur les hauteurs de Clapiers, à l’ombre séculaire des pins d’Alep.

L’excellence de cet établissement a été couronnée, dès avril 2007, par la certification « NF Service », mention « Cadre éthique et engagement de services ».

Le Foyer du Romarin a fait partie des 3 premiers bénéficiaires au niveau national de cette certification.

Le Directeur de cette maison de retraite, Michel Aimonetti, n’est pas pour rien dans le dynamisme de cet établissement, dans ses liens constants avec la cité et dans son rayonnement.

L’intéressé affectionne l’innovation au service des anciens : création d’un cybersalon de thé en 2004, offre de cours informatiques par de jeunes moniteurs et introduction des jeux Wii plus récemment.

Michel Aimonetti possède aussi le sens de la formule affectueuse avec l’invention de néologismes, au gré de l’actualité : « septimamie », « centextuplés », etc.

Le Foyer du Romarin a connu en outre deux hauts faits :

  • tout d’abord le mariage des « Plus vieux mariés du Monde», dont l’histoire a fait les délices des télévisions du Monde entier, tant il n’y a pas d’âge pour l’amour,
  • ensuite, l’hébergement de la doyenne du Languedoc-Roussillon, Marie Combes, décédée en février 2005 à l’âge de 109 ans et 4 mois, la seule centenaire du Foyer des Romarins à l’époque.

Marie Combes est née à Saint-Gervais sur Mare, dans les Hauts-Cantons héraultais, puis s’est installée à Montpellier dans les années cinquante.

Elle a vécu 3 siècles et elle a été la première de son canton à obtenir son brevet.

L’itinéraire de Marie Combes a été prémonitoire de celui de beaucoup de Français, avec l’exode rural, l’ascension sociale et la vertigineuse croissance de l’espérance de vie.

Quant aux « Plus vieux mariés du Monde », si l’épouse est décédée, l’époux est maintenant devenu le doyen de la maison de retraite, avec 104 années attendues mi-avril.

Cet aîné est suivi par 5 « jeunes femmes » dont l’âge s’échelonnent entre 101 et 102 ans !

Ces 6 centenaires sont présents au Foyer du Romarin depuis 10 ans en moyenne.

 Photo : Christophe Commeyras

Equipe pluridisciplinaire dévouée, offre d’activités variées, programme de prévention et de soins de pointe en partenariat avec le Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier, cadre de vie agréable, définition de projets individuels avec chaque résident, relations sociales et familiales intenses, tels sont vraisemblablement quelques uns des ingrédients expliquant la longévité des pensionnaires.

L’Etat ayant lancé le 15 juillet 2009 une opération dénommée « Bien vieillir – vivre ensemble », c’est tout naturellement que le Foyer du Romarin et la Municipalité de Clapiers ont soumis leur candidature.

Cette initiative a été couronnée de succès puisque la Commune de Clapiers vient d’être labellisée.

Ce label national créé par le Ministère de la Santé, l’Association des maires de France et l’association parlementaire « Vieillir ensemble » est destiné à promouvoir et à soutenir les communes prenant en compte, dans leurs politiques locales, l’amélioration de la qualité de vie des aînés.

Sur le plan national, l’espérance de vie à 60 ans est maintenant de 27 ans pour les femmes et de 22 ans pour les hommes.

En outre, l’espérance de vie en bonne santé a augmenté davantage que l’espérance de vie à la naissance.

Le scénario médian envisagé par les démographes prévoit près de 150.000 centenaires en 2050.

Actuellement, leur nombre double tous les 10 ans et alors que la France comptait 200 centenaires seulement en 1950, elle en totalisait environ 20.000 en 2008.

Vivre plus vieux en bonne santé, c’est tout ce que l’on peut souhaiter à ceux que l’on aime !


Diplomatie française: Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands ? (Which of these three was a neighbor to the man who fell into the hands of robbers?)

24 janvier, 2011
Van Gogh's good SamaritanVous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Jésus
Un docteur de la loi (…) voulant se justifier, dit à Jésus : Et qui est mon prochain ? Jésus reprit la parole, et dit : Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba au milieu des brigands, qui le dépouillèrent, le chargèrent de coups, et s’en allèrent, le laissant à demi mort. Un sacrificateur, qui par hasard descendait par le même chemin, ayant vu cet homme, passa outre. Un Lévite, qui arriva aussi dans ce lieu, l’ayant vu, passa outre. Mais un Samaritain, qui voyageait, étant venu là, fut ému de compassion lorsqu’il le vit. Il s’approcha, et banda ses plaies, en y versant de l’huile et du vin ; puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie, et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux deniers, les donna à l’hôte, et dit : Aie soin de lui, et ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour. Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands ? C’est celui qui a exercé la miséricorde envers lui, répondit le docteur de la loi. Et Jésus lui dit : Va, et toi, fais de même. Jésus (Luc 10 : 25-37)
Ce qui m’a motivé, c’était la parole de Jésus « vous êtes le sel de la terre » qui signifie que vous devez nous engager; vous ne pouvez pas rester dans votre église. Vous devez vous engager dans cette situation; le sel doit être inséré dans la blessure, dans l’endroit qui n’est pas en règle, qui est en difficulté. C’est là où vous devez aller. Cette idée d’engagement dans la politique est une pensée que Jésus a déjà exprimée dans la parabole du bon Samaritain. Quelqu’un a été battu et git là sur le chemin, ceux qui l’ont battu sont partis, et maintenant deux hommes venant du temple s’approchent, détournent la tête et s’en vont. Jésus dit qu’ils sont coupables non parce qu’ils [ont fait quelque chose] – ils n’ont rien fait, ce n’est pas eux qui l’ont battu – mais parce qu’ils ne l’ont pas aidé. Si nous nous contentons de laisser le monde tranquille et ne nous engageons, nous sommes tout aussi coupables que ces deux hommes qui, comme l’a dit Jésus dans cette parabole, se ont détourné les yeux et n’ont pas voulu en entendre parler. Vous devez vous engager parce que vous êtes le sel de la terre. Christian Führer
De plus, la Convention prévoit que les représentants ou les délégués des Puissances protectrices seront autorisés à se rendre dans tous les lieux où se trouvent des prisonniers de guerre, notamment dans les lieux d’internement, de détention et de travail; ils auront accès à tous les locaux utilisés par les prisonniers. Les délégués du CICR bénéficient des mêmes prérogatives. La désignation de ces délégués sera soumise à l’agrément de la Puissance au pouvoir de laquelle se trouvent les prisonniers de guerre à visiter. Convention de Genève [III, 126]
Les règles pour les prisonniers s’imposent à tout le monde. La France est à vos côtés pour exiger la libération de votre fils. Michèle Alliot-Marie (Jérusalem)
Le blocus de Gaza engendre la pauvreté et nourrit la violence. Au nom des valeurs de liberté et de dignité que nous avons en partage, la France appelle Israël à y mettre fin. (…) Des mesures d’allègement ont été prises (par Israël). Elles sont positives mais il faut aller plus loin. Ce sont les importations de biens de construction et de matières premières, les exportations et le libre mouvement des personnes qui doivent désormais être possibles. Michèle Alliot-Marie (Gaza)
MAM chahutée à cause d’un malentendu. Le Monde
Notre monde est de plus en plus imprégné par cette vérité évangélique de l’innocence des victimes. L’attention qu’on porte aux victimes a commencé au Moyen Age, avec l’invention de l’hôpital. L’Hôtel-Dieu, comme on disait, accueillait toutes les victimes, indépendamment de leur origine. Les sociétés primitives n’étaient pas inhumaines, mais elles n’avaient d’attention que pour leurs membres. Le monde moderne a inventé la « victime inconnue », comme on dirait aujourd’hui le « soldat inconnu ». Le christianisme peut maintenant continuer à s’étendre même sans la loi, car ses grandes percées intellectuelles et morales, notre souci des victimes et notre attention à ne pas nous fabriquer de boucs émissaires, ont fait de nous des chrétiens qui s’ignorent. René Girard
Sur ce point, et comme autre réalité du conflit, on peut citer le traitement de l’information par les services de presse en France. Dans leur manière d’évoquer l’incident, la question n’a pas été de savoir si l’enlèvement d’une personne (et l’absence de nouvelles la concernant pendant plus de quatre ans et demi), était ou non un crime de guerre (ou un crime tout court), mais bien celui d’avoir attribué un propos à la Ministre Michèle Alliot-Marie alors qu’elle n’en était pas l’auteur. A cet égard, les titres sur le sujet ont bien souligné l’absence de solidarité française dans cette qualification retenue par le père du soldat. Un éminent quotidien national a titré « MAM chahutée à cause d’un malentendu », pendant qu’un autre évoquait « des propos qui lui ont été attribués par erreur au sujet du soldat israélien Guilad Shalit » voire un troisième qui évoquait encore «les manifestants reprochent à MAM des propos qui lui ont été attribués à tort ». Maître Bertrand Ramas-Muhlbach
Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands ?

Le Palestinien qui jette des chaussures ?

 La ministre qui regarde de l’autre côté et se confond en excuses ?

Ou le journaliste qui crie au malentendu ?

Au lendemain de l’accueil musclé de notre ministre des Affaires étrangères de 3 mois à Gaza …

Petite leçon de droit, sur les sites de nos confrèes Lessake et Aschkel, avec l’avocat Bertrand Ramas-Muhlbach.

D’abord pour notre docteure en droit du Quai d’Orsay qui vient si brillamment de démontrer au monde sa totale ignorance ou son oubli du droit international (priver un prisonnier militaire du droit aux visites de la Croix rouge fait bien partie des crimes de guerre et un blocus militaire fait partie de l’arsenal légal contre des Etats belligérants).

Mais aussi pour nos valeureux médias qui, au-delà de la simple solidarité humaine, ont eux rivalisé d’ignorance par rapport aux « valeurs de liberté et de dignité que nous avons en partage », et plus précisément à toute notre tradition spécifiquement occidentale et judéo-chrétienne du souci de la victime …

Michèle ALLIOT-MARIE plongée dans la réalité palestinienne

Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

23 janvier 2011

A l’occasion de son premier voyage à Gaza, ce 21 janvier 2011, la Ministre française des Affaires Etrangères Michèle Alliot-Marie a pu se convaincre du mode particulier de fonctionnement des Palestiniens. L’accueil, plus que discourtois, n’a pas été à la hauteur de l’honneur dû à son rang : huées, jets d’œufs et de chaussures sur les voitures blindées du cortège français, et, pour bloquer sa voiture, deux enfants, en pleurs et terrorisés, ont été allongés devant les roues des 4×4 des Nations Unies transportant la délégation, avant d’être récupérés par leur famille quelques minutes plus tard. La conseillère française pour le Moyen Orient Valérie Hoffenberg, a également été blessée par l’envoi d’un projectile. Cet épisode devrait être grandement instructif pour la Ministre des Affaires Etrangères, en ce qu’il révèle tous les aspects de la société palestinienne avec ses incohérences, sa violence, ses préjugés et ses raisonnements à l’emporte pièce.

La première réalité (pour ceux qui n’en seraient pas parfaitement convaincus), tient à la pleine et entière souveraineté des Palestiniens sur la bande de  Gaza. Ils y élisent démocratiquement les personnes chargées de les représenter, emploient librement les fonds alloués pour leur budget (et ce, sans contrôle), et décident seuls de qui peut ou non, pénétrer sur leur territoire. S’agissant de la Ministre Française des Affaires Etrangères, elle n‘était pas la bienvenue. Des  Palestiniens ont donc brandi une pancarte sur laquelle figurait sa photo barrée d’un trait rouge avec la mention : « get out of Gaza » (sors de Gaza). Bien évidemment les Palestiniens disposent également de forces de sécurité pour rétablir l’ordre et qui ont aidé le convoi à repartir.

Par ailleurs, la société palestinienne, d’une extrême sensibilité, exploite la moindre information, peu importe sa véracité, pour déchainer passion et haine à l’endroit d’autrui. Le jour de la visite de Michèle Alliot Marie, l’emportement palestinien était la conséquence des propos tenus par le père du soldat franco-israélien Guilad Shalit (enlevé le 25 juin 2006 par un commando palestinien) qui a réaffirmé le 20 janvier 2011 : « détenir un otage sans le laisser rencontrer des représentants de la Croix-Rouge est un crime de guerre ». Or, le service arabe de la radio israélienne a attribué ces propos à la Ministre française, alors que ces mots ne sortaient pas de sa bouche. Une fois encore, les Palestiniens ne se sont pas inquiétés du sérieux de l’information et ont laissé libre cours à leurs débordements de haine et de violence, sans même s’intéresser aux intentions de la Ministre.

Notons également l’absence de dimension morale dans l’analyse palestinienne des actes à l‘origine d‘un emprisonnement. Les Palestiniens reprochent à la Ministre sa partialité dans le traitement de la situation du soldat franco-israélien Guilad Shalit, et celle des prisonniers palestiniens détenus dans les geôles en Israël. Aussi, et sur l’une des pancartes, était inscrit : « Il y a Guilad Shalit mais aussi 8000 prisonniers palestiniens ». Le porte parole du Hamas Sami Abou Zouhri a ainsi rejeté la qualification de crime de guerre retenue pour Guilad Shalit et déclaré « nous exhortons la France à revoir sa position qui ne sert pas le rôle qu’elle joue dans la région ». Ce faisant, les Palestiniens mettent en parallèle le cas du soldat israélien et des prisonniers palestiniens alors qu’Israël est un Etat de droit, où les personnes arrêtées ne le sont pas de façon arbitraire, mais uniquement en raison de leur participation à un acte qualifié de crime ou de délit. Elles bénéficient de la présomption d’innocence, du respect du droit de la défense et enfin, de conditions de détention compatibles avec les principes de dignité, avec un accès aux soins, le bénéfice de visites et un certain confort. Pour sa part, l’enlèvement d’une personne (ajouté à l’absence d’information sur les conditions de sa détention), qu’elle soit militaire ou non, est qualifié de crime dans les pays démocratiques. Les deux situations ne peuvent donc en aucun cas être mises en balance.

Sur ce point, et comme autre réalité du conflit, on peut citer le traitement de l’information par les services de presse en France. Dans leur manière d’évoquer l’incident, la question n’a pas été de savoir si l’enlèvement d’une personne (et l’absence de nouvelles la concernant pendant plus de quatre ans et demi), était ou non un crime de guerre (ou un crime tout court), mais bien celui d’avoir attribué un propos à la Ministre Michèle Alliot-Marie alors qu’elle n’en était pas l’auteur. A cet égard, les titres sur le sujet ont bien souligné l’absence de solidarité française dans cette qualification retenue par le père du soldat. Un éminent quotidien national a titré « MAM chahutée à cause d’un malentendu », pendant qu’un autre évoquait « des propos qui lui ont été attribués par erreur au sujet du soldat israélien Guilad Shalit » voire un troisième qui évoquait encore «les manifestants reprochent à MAM des propos qui lui ont été attribués à tort ».

Une autre réalité locale tient aux contre-vérités tant juridiques qu’historiques soutenues par la communauté internationale. Ainsi, et pour tenter de rassurer sur ses intentions, Michèle Alliot-Marie a avancé : « On connait très bien notre position qui est d’être opposés aux colonisations» tout en réaffirmant être attachée aux frontières 1967 comme base des négociations de paix. En réalité, Michèle Alliot-Marie qui est docteur en Droit, et ancien Maître de Conférences à l’Université de droit de Paris I, sait parfaitement que la ligne d’armistice avec la Jordanie de juin 1967 n’a jamais constitué les frontières de l’Etat palestinien. Plus précisément, en Droit international, les palestiniens ont été reconnus dans les années 60 comme constituant une « nation » avec cette particularité de ne disposer d’aucun territoire, véritable exception parmi les nations reconnues par l’Onu. Il est donc juridiquement impossible d’inventer, de façon rétroactive, les frontières d’un Etat qui n’a jamais existé. D’ailleurs, et s’il est vrai qu’au cours des années 60, les Palestiniens ont caressé  l’espoir de disposer d’un Etat, ils n’y sont pas parvenus. Leur tentative d’assassiner le roi Hussein de Jordanie, le 1er septembre 1970, a avorté  et provoqué une réaction musclée des Jordaniens contre les fédayins de l’Olp à l’origine de milliers de morts palestiniens (septembre noir 1970) et de l’expulsion, en juillet 71, de Yasser Arafat et de ses combattants au Liban. Leur refus de respecter la souveraineté jordanienne s’est donc soldé par un massacre, non par les frontières d‘un Etat palestinien de 1967.

Enfin, parmi les positions controversées de la Ministre, il est possible de citer son appel à la levée complète du blocus du territoire peuplé d’1,5 million d’habitants, dont 85% dépendent de l’aide internationale : « Le blocus de Gaza engendre la pauvreté et nourrit la violence. Au nom des valeurs de liberté et de dignité que nous avons en partage, la France appelle Israël à y mettre fin ». Il est étrange qu’en contrepartie, la Ministre n’ait pas appelé les Palestiniens à renoncer à leur  projet d’anéantir Israël, toujours au nom des valeurs françaises de liberté et de dignité.

Les réalités juridiques et historiques n’ont décidément rien à voir avec la réalité palestinienne. Après avoir reconnu l’Etat palestinien de Gaza contre renonciation à la lutte armée, seront discutées les fro

judéo-chrétienne du souci de la victime …


Tunisie: Ca a été un moment diplomatique très fort (Back to the good old Chirac days when firmness paid)

22 janvier, 2011

Pourquoi avons nous envahi l’Irak? Il n’était pas question de prendre le moindre risque. Tout cela devait s’arrêter. (Après le 11-Septembre) on nous a dit que ces fanatiques religieux utiliseraient des armes chimiques ou biologiques ou nucléaires s’ils pouvaient en obtenir. Cela a complètement changé notre évaluation des risques (posés par des pays comme l’Irak, l’Iran, la Libye). (…)  Je n’ai aucun regret d’avoir renversé Saddam Hussein. C’était un monstre, Je pense qu’il menaçait non seulement la région, mais le monde entier. Je pense sincèrement que le monde est plus sûr (sans lui). (…) Je croyais sans le moindre doute que l’Irak disposait d’armes de destruction massive », (ADM) sur la foi d’informations des services de renseignements. (…) « le monstre » Saddam avait gazé son propre peuple et provoqué plus d’un million de victimes. Tony Blair (29.01.10)
Détenir un otage sans le laisser rencontrer des représentants de la Croix-Rouge, c’est un crime de guerre. Il faut que l’Union européenne prenne position. Gilad est un citoyen européen. C’est un sujet humanitaire Nous espérons que les efforts conjoints de la France et de la communauté internationale porteront leurs fruits. Noam Shalit (père du soldat)
Les règles pour les prisonniers s’imposent à tout le monde. La France est à vos côtés pour exiger la libération de votre fils. Michèle Alliot-Marie (Jérusalem)
Sa situation d’isolement total, d’absence de tout contact, sans accès du Comité international de la Croix-Rouge, sans échanges avec sa famille, sans même un signe de vie depuis très longtemps est profondément inhumaine. Michèle Alliot-Marie (entretien Haaretz)
Dans les manifestants, il y avait des mères dont je peux comprendre la tristesse, mais d’autres avaient souvent d’autres visées. Il faut rester serein. Il y avait une trentaine, une cinquantaine de manifestants, ce n’était pas très grave. Michèle Alliot-Marie (Hôpital Al-Quds, Gaza)
Le blocus de Gaza engendre la pauvreté et nourrit la violence. Au nom des valeurs de liberté et de dignité que nous avons en partage, la France appelle Israël à y mettre fin. Des mesures d’allègement ont été prises (par Israël). Elles sont positives mais il faut aller plus loin. Ce sont les importations de biens de construction et de matières premières, les exportations et le libre mouvement des personnes qui doivent désormais être possibles.  Michèle Alliot-Marie (Centre culturel français, Gaza)
Un déplacement à Gaza, c’est toujours quelque chose d’un peu compliqué. Les circonstances n’ont pas simplifié les choses. Je n’avais pas à voir les gens du Hamas tant qu’ils n’ont pas cessé les violences et reconnu Israël. Il ne faut pas confondre un groupe de manifestants avec le peuple palestinien. , a déclaré la ministre après le premier incident. Dans un discours au a appelé Israël à lever complètement le blocus du territoire peuplé d’1,5 million d’habitants, dont 85% dépendent de l’aide internationale. Michèle Alliot-Marie (Sdérot, Israël)
La France condamne les attaques du Hezbollah et toutes les actions terroristes unilatérales, où qu’elles se mènent, contre des soldats ou des populations civiles. Oui, ces attaques sont terroristes, et la France souhaite que la réplique frappe aussi peu que possible les populations civiles. Epargner les populations civiles est une contrainte que s’efforce de respecter Israël. Lionel Jospin (Jérusalem, 24 février 2000)
Ce n’est pas une politique de tuer des enfants. Chirac (accueillant Barak à Paris, le 4 octobre 2000)
Qu’est-ce qu’il y a encore comme problème ? Je commence à en avoir assez ! What do you want ? Me to go back to my plane, and go back to France ? Is that what you want ? Then let them go. Let them do. No, that’s… no danger, no problem. This is not a method. This is provocation. That is provocation. Please you stop now ! Jacques Chirac (au responsable de la sécurité israélienne, Jérusalem, octobre 1996)
No security now. I don’t want you. Go away. You have no business here. Jacques Chirac (au responsable de la sécurité israélienne, Jérusalem, octobre 1996)
(J’ai trouvé) sympathique cette façon de jouer les chiffonniers dans le monde très policé de la diplomatie. Retraité carcassonnais du bâtiment
Ça change des voyages placides des chefs d’Etat à l’étranger. Olivier (étudiant en commerce)
 S’ils se comportent comme cela avec un chef d’Etat, cela en dit beaucoup sur l’attitude de l’armée avec la population. Philippe (avocat)
La fermeté paye. Le coup de gueule du président de la République à Jérusalem contre les services de sécurité israéliens a, bien sûr, marqué les esprits. 83% des personnes interrogées estiment que Jacques Chirac a eu raison de faire preuve de fermeté, contre 15% qui pensent l’inverse. L’avis est à peu près unanime quels que soient l’âge, la profession ou la sympathie partisane. Sondage Ifop
Sur le fond, ce que Jacques Chirac a dit n’était pas scandaleux. Cela correspond à la position de la France depuis longtemps. C’est plutôt sur la manière qu’il y a redire. On a l’impression qu’il a voulu apparaître comme le champion des Arabes. Gérard Akoun (Radio Judaïque FM)
Il y avait une grande méfiance du côté israélien vis-à-vis de Chirac, qui était perçu comme beaucoup plus pro-arabe que Mitterrand. (…) Lors de la promenade dans la vieille ville de Jérusalem, les soldats israéliens bloquaient toutes les ruelles qui accédaient au cortège et tous les magasins. (…) Il y a eu un premier incident, et on est allés voir Chirac pour lui raconter la manière assez rude dont les policiers empêchaient les journalistes de faire leur travail. Chirac a dit : « S’il se passe de nouveau des incidents comme ça, venez me chercher, c’est intolérable, je ne le supporterai pas. » Une demi-heure après, nouvel incident (…) Et donc on est allés chercher Chirac (…) Chirac est venu aussitôt et c’est là qu’il a sorti sa fameuse phrase. C’a été un moment assez exceptionnel. (…) c’a été un moment diplomatique très fort pour lui, dont il a tiré profit dans le reste de sa visite parce qu’il est devenu, tout à coup, le héros du monde arabe. (…) C’était sa première grande initiative diplomatique et il faisait déjà les gros titres partout. (…) Quand on entrait dans les boutiques palestiniennes, et que les commerçants voyaient qu’on avait le badge de la délégation française, ils nous faisaient 10% de réduction sur tous les produits, parce qu’on était avec Chirac. Lors de la suite du voyage, en Syrie, en Jordanie, partout où on allait, les gens connaissaient la scène par cœur, parce que CNN l’avait passée en boucle. C’était exactement ce que cherchait Chirac : le signal que la France est de retour et qu’elle comprend la souffrance des Arabes. Pierre Haski

Bienvenue en ce meilleur des mondes où maintenir des années un simple soldat au secret sans visite de la Croix rouge n’est pas un crime de guerre!

Où lancer des missiles à l’aveugle sur des populations civiles n’est pas du terrorisme!

 Mais où rabrouer des policiers d’un Etat démocratique assurant votre protection vous vaut l’adulation des foules !

 Comme d’accuser le même Etat, sur la base d’un faux notoire, de meurtres d’enfants !

Après le mémorable fiasco de la diplomatie française en Tunisie de la semaine dernière …

Qui a vu, on s’en souvient, notre nouvelle chef du Quai d’Orsay et ancienne ministre de l’Intérieur proposer sa coopération policière suite à la mort d’un professeur franco-tunisien dans une manifestation puis l’enterrement officiel de la doctrine Kouchner

Et, pendant qu’à Londres un ancien premier ministre se fait traiter de « criminel de guerre » pour avoir déposé un Saddam Hussein alors soutenu il est vrai par la France, l’accueil musclé  de ladite ministre des Affaires étrangères française à Gaza

Qui a vu une ministre de la République presque s’excuser d’avoir pu laisser croire qu’elle aurait qualifié de « crime de guerre » la détention au secret, contre toutes les conventions internationales, d’un soldat franco-israélien  par le Hamas depuis plus de 4 ans  …

Comment ne pas repenser à cet autre mémorable caillassage (mais littéral celui-là sans compter son lynchage médiatique plus tard à son retour à Paris) …

Qui avait accueilli en février 2000 l’ancien Premier ministre Lionel Jospin à son arrivée à l’université palestinienne de Bir Zeit pour son fameux « dérapage » qualifiant de terroristes les envois de roquettes du Hezbollah sur les villes israéliennes ?

Mais surtout, comment ne pas se remémorer avec nostalgie la leçon magistrale de diplomatie active qu’avait donné au monde notre Chirac national lors de sa première visite officielle à Jérusalem-Est  en 1996 ?

Qui, pour bien marquer son  opposition à la politique de ses hôtes, avait poussé la courtoisie jusqu’à non seulement refuser d’être accompagné par tout officiel israélien en cette partie de la ville certes occupée depuis 1967 mais aussi à rabrouer vertement une police israélienne dans tous ses états après l‘assassinat un an plus tôt du premier ministre Rabin.

Démontrant ainsi au monde, comme le rappelait il y a 2 ans l’ancien correspondant de Libération et si fidèle défenseur du faussaire Enderlin  Pierre Haski,  que la France « comprenait la souffrance des Arabes » et devenant du coup le « héros du monde arabe », lui qui 4 ans plus tard n’hésiterait pas, on s’en souvient, à remettre le Premier ministre israélien à sa place pour sa politique de « tueurs d’enfants » …

Le « coup de sang » de Jérusalem, vu par Pierre Haski

Henri Seckel

Europe 1

 le 06 Novembre 2009

Lors de sa visite en Israël en 1996, Jacques Chirac est devenu le « héros » du monde arabe en sermonnant le service de sécurité israélien.

22 octobre 1996. Jacques Chirac effectue sa première grande tournée diplomatique en tant que président de la République. Une visite de huit jours à travers six pays – Syrie, Israël, Palestine, Jordanie, Liban, Egypte – pour marquer le retour de la France au Proche-Orient. Mais la promenade dans les rues de Jérusalem tourne mal. Les soldats israéliens sont omniprésents, Chirac ne peut aller saluer les Palestiniens, les journalistes sont bousculés.

Les accrochages se multiplient. Alors, face au responsable de la sécurité israélienne, Chirac explose : « Qu’est-ce qu’il y a encore comme problème ? Je commence à en avoir assez ! What do you want ? Me to go back to my plane, and go back to France ? Is that what you want ? Then let them go. Let them do. No, that’s… no danger, no problem. This is not a method. This is provocation. That is provocation. Please you stop now ! »

 Pierre Haski était l’envoyé spécial de Libération au Proche-Orient lors de cette tournée. Il a eu sa chemise déchirée lors de la bousculade, et dévoile les coulisses de l’épisode :

« Il y avait une grande méfiance du côté israélien vis-à-vis de Chirac, qui était perçu comme beaucoup plus pro-arabe que Mitterrand. On savait que ça allait être tendu, mais on pensait que ce serait plus dans les entretiens avec Netanyahou que dans la rue avec la police. Lors de la promenade dans la vieille ville de Jérusalem, les soldats israéliens bloquaient toutes les ruelles qui accédaient au cortège et tous les magasins. Donc Chirac avançait dans des ruelles désertes. C’était une sorte de visite fantôme, où on lui empêchait tout contact avec la population palestinienne.

Les policiers israéliens bloquaient les journalistes, qui ne pouvaient pas aller librement parler à Chirac, à un conseiller, ou aux gens. Ça a commencé à poser de sacrés problèmes, surtout avec les caméramans et les photographes qui avaient besoin de circuler.

Il y a eu un premier incident, et on est allés voir Chirac pour lui raconter la manière assez rude dont les policiers empêchaient les journalistes de faire leur travail. Chirac a dit : « S’il se passe de nouveau des incidents comme ça, venez me chercher, c’est intolérable, je ne le supporterai pas. »

Une demi-heure après, nouvel incident : un journaliste a été écartelé entre les flics qui le tiraient d’un côté, et ses collègues qui le tiraient de l’autre. Les lunettes ont commencé à voler en éclat, les appareils photo, etc. Et donc on est allés chercher Chirac en lui disant : « Ils recommencent. » Chirac est venu aussitôt et c’est là qu’il a sorti sa fameuse phrase. C’a été un moment assez exceptionnel. Les autorités israéliennes étaient un peu sous le choc de cette phrase qui était quand même d’une violence… On n’était plus dans la diplomatie classique. Ça a un peu calmé les choses, même s’il y a eu d’autres clashs par la suite.

D’un côté, ça lui a complètement gâché sa visite, cette affaire. Il n’a pas pu serrer la main d’un Palestinien alors qu’il adore ça, et qu’il était venu pour ça. Mais d’un autre côté, c’a été un moment diplomatique très fort pour lui, dont il a tiré profit dans le reste de sa visite parce qu’il est devenu, tout à coup, le héros du monde arabe.

Le soir même, on a vu Chirac, comme tous les soirs pendant les huit jours du voyage. Après les banquets officiels, il venait nous rejoindre dans les bars des hôtels où on était. Il mettait les pieds sur une table, il se faisait apporter une Corona parce qu’il y avait des caisses de Corona qui le suivaient, et il restait à bavarder avec nous pendant une heure. Il était tellement content pendant ce voyage. C’était sa première grande initiative diplomatique et il faisait déjà les gros titres partout. Ce soir-là, il était sur un petit nuage. »

Le lendemain, on était à Ramallah, chez Arafat. Quand on entrait dans les boutiques palestiniennes, et que les commerçants voyaient qu’on avait le badge de la délégation française, ils nous faisaient 10% de réduction sur tous les produits, parce qu’on était avec Chirac. Lors de la suite du voyage, en Syrie, en Jordanie, partout où on allait, les gens connaissaient la scène par cœur, parce que CNN l’avait passée en boucle. C’était exactement ce que cherchait Chirac : le signal que la France est de retour et qu’elle comprend la souffrance des Arabes. »

Voir aussi:

Alliot-Marie chahutée par des manifestants à Gaza

Nouvelobs.com

21.01.11

La ministre des Affaires étrangères a été poursuivie jusqu’à l’entrée de l’hôpital Al-Quds à Gaza par les manifestants, qui ont provoqué une cohue.

La ministre française des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie a exhorté vendredi 21 janvier Israël à « mettre fin » au blocus de la bande de Gaza lors de sa première visite dans ce territoire palestinien, chahutée par des manifestants pro-Hamas.  Michèle Alliot-Marie a été conspuée par quelques dizaines de protestataires lui reprochant des propos qui lui ont été attribués abusivement sur le soldat israélien Gilad Shalit, enlevé en juin 2006, actuellement aux mains du mouvement islamiste Hamas.

Sa visite de l’hôpital Al-Quds à Gaza a été perturbée par les manifestants, maintenus à l’extérieur par le service d’ordre, qui ont provoqué une cohue au milieu de laquelle la ministre est restée imperturbable. Une chaussure a été lancée en sa direction, mais elle l’a esquivée, selon des témoins. Auparavant, les mêmes protestataires avaient jeté des chaussures et des oeufs vers son véhicule lors de son arrivée au poste de sécurité du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis juin 2007. « Il y a Gilad Shalit, mais aussi 7.000 prisonniers palestiniens » dans les prisons israéliennes, pouvait-on lire sur l’une des banderoles des manifestants.

« Il faut rester serein »

Par haut-parleur, un manifestant a dénoncé les propos attribués à tort par plusieurs médias, dont la radio israélienne, à Michèle Alliot-Marie, mais tenus en fait par le père de Gilad Shalit, Noam Shalit, jeudi devant elle, qualifiant de « crime de guerre » la détention au secret du soldat, qui a également la nationalité française. Dans un communiqué jeudi, le Hamas a dénoncé « la déclaration partiale de la ministre française des Affaires étrangères décrivant l’enlèvement de Shalit comme un ‘crime de guerre' ».

« Dans les manifestants, il y avait des mères dont je peux comprendre la tristesse, mais d’autres avaient souvent d’autres visées. Il faut rester serein. Il y avait une trentaine, une cinquantaine de manifestants, ce n’était pas très grave », a déclaré la ministre après le premier incident. Dans un discours au Centre culturel français de Gaza, elle a appelé Israël à lever complètement le blocus du territoire peuplé d’1,5 million d’habitants, dont 85% dépendent de l’aide internationale. « Le blocus de Gaza engendre la pauvreté et nourrit la violence. Au nom des valeurs de liberté et de dignité que nous avons en partage, la France appelle Israël à y mettre fin », a-t-elle déclaré. « Des mesures d’allègement ont été prises (par Israël). Elles sont positives mais il faut aller plus loin. Ce sont les importations de biens de construction et de matières premières, les exportations et le libre mouvement des personnes qui doivent désormais être possibles », a plaidé la chef de la diplomatie.

Aucune rencontre avec le Hamas

Michèle Alliot-Marie s’est entretenue avec les dirigeants de l’Agence de l’Onu pour les réfugiés palestiniens (UNWRA), mais aucune rencontre n’a eu lieu avec des autorités du Hamas, qui reste un paria de la communauté internationale.

« Un déplacement à Gaza, c’est toujours quelque chose d’un peu compliqué. Les circonstances n’ont pas simplifié les choses. Je n’avais pas à voir les gens du Hamas tant qu’ils n’ont pas cessé les violences et reconnu Israël », a ensuite expliqué la ministre lors d’une visite de la ville israélienne de Sdérot, limitrophe de Gaza. « Il ne faut pas confondre un groupe de manifestants avec le peuple palestinien », a-t-elle dit.

Il s’agissait de la première visite à Gaza d’un chef de la diplomate française depuis celle de Philippe Douste-Blazy en septembre 2005. Après Israël et les territoires palestiniens, Michèle Alliot-Marie devait poursuivre sa première tournée au Proche-Orient comme ministre des Affaires étrangères par l’Egypte et la Jordanie, deux régimes inquiets d’éventuelles répercussions de la révolution tunisienne.


Tunisie: Au secours, Bush revient! (For a fleeting moment in Qatar, George W. Bush was there reincarnated: A region’s foundations sinking into the sand)

21 janvier, 2011
Certains semblent croire que nous devrions négocier avec des terroristes et des radicaux, comme si un discours ingénieux suffisait à persuader ces derniers qu’ils se trompent depuis le début. Nous avons déjà entendu cette illusion ridicule par le passé. Lorsque les chars nazis marchaient sur la Pologne en 1939, un sénateur américain avait dit: ‘Monsieur, si seulement nous avions pu parler à Hitler, tout cela ne serait jamais arrivé. Nous avons l’obligation d’appeler cela le confort illusoire de l’apaisement, qui a été discrédité à maintes reprises dans l’Histoire. George Bush (devant le parlement israélien, le 15 mai 2008)
Alors que certains pays ont fait de grandes avancées au niveau de la gouvernance, les citoyens de nombreux autres sont fatigués des institutions corrompues et de l’ordre politique stagnant. Ils demandent des réformes pour que leurs gouvernements deviennent plus efficaces, plus réceptifs et plus ouverts. Et tout cela se passe avec en toile de fond l’épuisement des ressources : les nappes aquifères diminuent, les réserves pétrolières s’assèchent et trop peu de pays ont adopté des plans à long terme pour résoudre ces problèmes. (…) Dans trop d’endroits, de trop de manières différentes, les fondations de la région s’enlisent dans le sable. Hillary Clinton (Qatar, le 14.01.11)
Nous et l’Elysée n’avons rien vu venir. Ce sont les Américains qui ont pris les choses en main. ils étaient convaincus que le maintien par la force du régime ne pouvait faire que le lit, à terme, des islamistes. Les militaires américains ont parlé à leurs homologues tunisiens et Ben Ali a été prié de quitter, sans plus attendre, le territoire. Inutile de préciser que les Américains n’ont pas pris la peine de nous tenir au courant. Michèle Alliot-Marie
Lancé par le président américain George W. Bush en 2004, alors que Washington voulait promouvoir la démocratisation du monde arabe dans la foulée du renversement du régime de Saddam Hussein en Irak, le Forum de l’avenir a pour but d’encourager les réformes politiques, économiques et sociales au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Mais ce forum n’a pas débouché sur des résultats concrets. Selon l’activiste tunisien Slaheddine Jourchi, présent à la réunion de Doha, « une grande partie des participants jugent ce forum inutile, surtout que ses résultats concrets ont été minimes ». Les participants n’ont pas pu s’entendre sur un texte de résolution finale en raison de divergences entre le Canada, qui préside conjointement avec le Qatar la réunion, et les pays arabes sur la formulation d’un passage du communiqué final sur la Palestine, selon des délégués. L’Orient du jour
For a fleeting moment in Qatar, George W. Bush seemed to make a furtive return to the diplomatic arena. He was there, reincarnated in the person of Hillary Clinton, bearing that quintessential American message that our country cannot be indifferent to the internal arrangements of foreign lands. Fouad Ajami

Imaginez  Sarkozy tenant son discours de Dakar devant… la totalité des dirigeants arabes!

Eh bien, c’est l’exploit que vient de se permettre la secrétaire d’Etat de (je vous le donne en mille)… l’Apaiseur et Autoflagellateur en chef et auteur du tristement célèbre discours du Caire!

Alors que son patron régale le président, certes sur le départ, de la plus grande autocratie de la planète tout en aidant les Sud-Coréens à faire enfin face aux nouveaux Barbaresques …

Et qu’après l’embarrassant cafouillage que l’on sait, le Pays autoproclamé des droits de l’homme vient tout juste d’enterrer Kouchner

Retour, avec le politologue libano-américain Fouad Ajami, sur ce bref moment de la semaine dernière où l’Amérique que nous aimons, celle de la liberté et de la démocratie, a fait une brève réapparition

Au point que, deux ans après son départ, on aurait cru le président Bush revenu et réincarné, lui qui avait justement lancé il y a 6 ans ce Forum de l’espoir où, devant des dirigeants et des responsables économiques de l’ensemble des pays arabes assemblés et loin des fausses audaces d’espérer à la Obama, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton s’est permis des audaces que l’on ne croyait plus possibles en ces temps d’autoflagellation et d’apaisement généralisé.

Certes, elle le faisait au moment où le peuple tunisien (with a little help from his friends dans l’armée et probablement en coordination avec leurs homologues américains) était en train de renverser son dirigeant.

Et surtout, hélas (comme l’ont d’ailleurs vite compris les participants qui se sont empressés de se disputer au sujet de leur cible de diversion préférée) en tant que secrétaire d’Etat de celui qui depuis le début de son mandat a tout fait, du Liban à l’Iran ou à la Chine, pour faire oublier la fameuse doctrine Bush et ramener son pays, face aux stations d’essence du monde, à la doctrine Eisenhower du c’est-un-salaud-mais-c’est-notre-salaud.

Mais qui sait, peut-être certains s’en souviendront-ils, de  ceux qui avaient cru en elle ou avaient regretté leur choix des primaires démocrates,  si elle retentait sa chance l’an prochain ?

Hillary Clinton Echoes the Bush Doctrine

The secretary is right about the Mideast’s troubled autocrats. Too bad her boss decided to cast his lot with them…

Fouad Ajami

The WSJ

JANUARY 19, 2011

‘In too many places, in too many ways, the region’s foundations are sinking into the sand, » Secretary of State Hillary Clinton warned Arab autocrats in a remarkable speech in Qatar last week.

The Arab landscape all around her provided ample confirmation. In Tunisia, Zine el-Abidine Ben Ali, a despot who has been in power for nearly a quarter-century, was reeling. His people had conquered their fear and had taken to the streets. In Cairo, the Pharoah the Pax Americana has indulged through five American presidencies appeared to be losing his touch, his once-tolerant country engulfed by sectarian troubles between Muslims and Copts. Lebanon, which had once been a showcase of American success in the region, was once again in the throes of a political crisis.

But there was a truth that our secretary of state glided over. Sinking into the sand, too, is the worldview that informed President Obama’s approach to the Middle East.

Mr. Obama had come into office with a belief that he knew and understood the Islamic world. He was proud that Islam was a strand in his identity. He was sure that the policy of his predecessor had antagonized Islam. President George W. Bush’s « diplomacy of freedom » was not given the grace of a decent burial. « Ideology is so yesterday, » Secretary Clinton proudly proclaimed in early 2009. Realpolitik was to be the order of the day.

The Bush diplomacy had declared an open ideological assault against the Iranian theocracy. Mr. Obama would offer that regime an olive branch and a promise of engagement. Syria had been pushed out of Lebanon and viewed as a renegade regime that had done its best to frustrate the American war in Iraq. The Obama diplomacy would offer the rulers in Damascus diplomatic rehabilitation.

Thus the word went forth to the despots in the region that the American campaign on behalf of liberty that Mr. Bush had launched in 2003 had been called off. A new Iraqi democracy, midwifed by American power, was fighting for its life. The Obama administration would keep Iraq at arm’s length.

This break of faith with democracy was put on cruel display in the summer of 2009, when the Iranians rose in revolt against their rulers. True, American diplomacy was not likely to alter the raw balance of power between the regime and its democratic oppositionists. But the timidity of American power, and the refusal of the Obama administration to embrace the cause of the opposition, must be reckoned one of American foreign policy’s great moral embarrassments.

No one called on the president to dispatch the Marines to Tehran, but the deference of the pre-eminent liberal power to men who had unleashed the  vigilantes on their own people was at once a moral and a strategic failure.

An American president who prided himself on his oratory could not find the language that would express the age-old American belief that our country is invested, morally and strategically, in the spread and triumph of liberty.

Mr. Obama had said he was willing to deal with the theocracy and regimes like it so long as they were willing to « unclench their fist. »

Instead, a more heartless dictatorship had taken hold. The theocrats had no interest in granting Mr. Obama concessions. They were sure that they could hold their ground, and that America was bound to capitulate. Iran’s rulers took Mr. Obama’s measure: The opposition at home could be broken, and the drive for hegemony in the region, and for nuclear weapons, could be pursued without running appreciable risks.

No wonder the Hezbollah movement has shown such defiance in recent days. Iran’s proxies in Lebanon brought down that country’s coalition government as Prime Minister Saad Hariri sat down for a meeting with Mr. Obama.

Now that sort of gamesmanship is, by Hezbollah’s standards, a sin of minor proportions. Hezbollah’s leaders had struck in anticipation of an indictment of its members by an international tribunal investigating the assassination of former Prime Minister Rafik Hariri.

But an undeniable truth hovers over Lebanon: the ebb of American power. Five or six years ago, the Lebanese rebellion against Damascus had been emboldened by American power and protection. The « Cedar Revolution » that brought about the withdrawal of Syrian troops was both Lebanese and a child of the American presence and prestige in that country.

But the Syrians had been eager to retrieve what they had given up under duress. The solicitude shown Damascus by the Obama administration convinced the Lebanese that a different wind now blew in Washington, and that they and their country were being given up in a Syrian-American accommodation. In the best of worlds, it is difficult for the Lebanese, divided among themselves as they have been throughout their modern history, to hold their own against Syria. But their abandonment by the U.S. was a devastating blow to those among them who wished for their country a political order of peace and normalcy.

The power of the region’s autocracies has given rise to a belief that there is an « Arab-Islamic exceptionalism » to the appeal of liberty. In its years of ascendancy, the Bush diplomacy had battled against the « soft bigotry of low expectations. » It was a supreme irony that Barack Obama, who had spoken of a great opening onto the Islamic world, had returned American policy to its older acceptance of the « differentness » of the Arabs, to the inevitability of tyranny in their midst.

It took the embattled Muslim liberals a while to catch on to the moral indifference of the Obama administration. But catch on they did, and in their unequal struggle with the tyrannies in their midst they have operated on the reasonable assumption that the leading liberal power in the world order had no interest in the promotion of their liberty.

Tunisia came as a bolt out of the blue, and Arab rulers and oppositionists alike now watch and wonder whether this is the first domino to fall, or a case apart. In Tunisia, the proposition will be tested as to whether the Arabs can break out of that dreadful choice between the autocrats in the saddle and the radical Islamists in the shadows. « Our president and king must be go, » read a Tunisian posting on an electronic daily. The grammar was flawed, the sentiment easy to make out.

For a fleeting moment in Qatar, George W. Bush seemed to make a furtive return to the diplomatic arena. He was there, reincarnated in the person of Hillary Clinton, bearing that quintessential American message that our country cannot be indifferent to the internal arrangements of foreign lands. The Arab world presents a great strategic and moral challenge.

These are states with a broken compact between rulers and ruled. The rulers produce the very terror and rage they propose to hold back. The oppositionists, meanwhile, are a great, troubling unknown.

Mr. Ajami is a professor at the Johns Hopkins School of Advanced International Studies and a senior fellow at the Hoover Institution.

Voir aussi:

Hillary Clinton aux Arabes : Vos peuples sont fatigués de la corruption

L’Orient du jour

14/01/2011

Diplomatie

Hillary Clinton a appelé hier à Doha les dirigeants arabes à promouvoir les réformes, affirmant que les peuples de la région étaient fatigués de la corruption.

La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a appelé hier les dirigeants arabes à promouvoir les réformes, affirmant que les peuples de la région étaient lassés de la corruption, au moment où la Tunisie et l’Algérie voisine sont secouées par des troubles sociaux.

Dans un discours sans compromission devant le Forum de l’avenir à Doha, Mme Clinton a averti les régimes arabes que s’ils ne donnaient pas plus d’espace à leurs peuples, les extrémistes exploiteraient la situation. Les peuples de la région sont « lassés des institutions corrompues » et des politiques « stagnantes », a-t-elle dit. « Trop peu de pays » de la région ont « des plans » pour faire face à l’avenir, a-t-elle déploré devant des représentants de quelque 120 organisations non gouvernementales et du secteur privé dans le monde arabe participant, aux côtés de responsables gouvernementaux, au forum. Elle a souligné les progrès économiques et sociaux dans les pays du Golfe où elle s’est rendue ces derniers jours – Émirats arabes unis, Oman, Qatar -, mais a averti que dans « beaucoup d’endroits, les fondations de la région s’enlisent dans le sable ». « Le Moyen-Orient nouveau et dynamique que j’ai vu a besoin de fondations plus solides s’il veut se développer », a ajouté Mme Clinton. La chef de la diplomatie américaine a assuré que les dirigeants de la région, « de concert avec leurs peuples », avaient la capacité de construire un avenir meilleur dans lequel les libertés politiques et les initiatives économiques seraient encouragées. « Il est temps de voir la société civile comme un partenaire et non comme une menace », selon elle. Si les dirigeants n’offrent pas une vision positive aux jeunes de leurs pays, « d’autres combleront le vide », a-t-elle souligné, mettant en garde contre le fait que « des éléments extrémistes, des groupes terroristes et d’autres qui exploitent le désespoir et la pauvreté sont en compétition pour gagner de l’influence ».

Les ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays, dont la France, le Canada et l’Égypte, participent au forum, dont les débats portent sur les réformes démocratiques dans le monde arabe. Mais le ministre bahreïni des Affaires étrangères, cheikh Khaled ben Ahmad al-Khalifa, a souligné devant le forum que les changements n’étaient pas faciles dans des sociétés traditionnelles. Il a expliqué que depuis que son pays a entamé un processus de réformes voilà 11 ans, « il y a eu beaucoup de changements » mais que les entraves à ce changement provenaient de la société elle-même.

Lancé par le président américain George W. Bush en 2004, alors que Washington voulait promouvoir la démocratisation du monde arabe dans la foulée du renversement du régime de Saddam Hussein en Irak, le Forum de l’avenir a pour but d’encourager les réformes politiques, économiques et sociales au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Mais ce forum n’a pas débouché sur des résultats concrets. Selon l’activiste tunisien Slaheddine Jourchi, présent à la réunion de Doha, « une grande partie des participants jugent ce forum inutile, surtout que ses résultats concrets ont été minimes ». Les participants n’ont pas pu s’entendre sur un texte de résolution finale en raison de divergences entre le Canada, qui préside conjointement avec le Qatar la réunion, et les pays arabes sur la formulation d’un passage du communiqué final sur la Palestine, selon des délégués.

Voir également:

Hillary Clinton : le Proche-Orient aspire à une bonne gouvernance et à la réforme

Stephen Kaufman

America.gov

14 janvier 2011

Washington – Les populations et les dirigeants du Proche-Orient doivent œuvrer de concert afin de bâtir une fondation solide pour leur région qui exige des réformes économiques et politiques, a dit la secrétaire d’État, Mme Hillary Rodham Clinton, à des responsables des milieux d’affaires et de la société civile à Doha (Qatar).

S’exprimant le 13 janvier au septième Forum pour l’avenir, Mme Clinton a déclaré que les peuples du Proche-Orient aspiraient à des chefs « qui seraient de vrais dirigeants en ce XXIe siècle ; je pense qu’ils peuvent les avoir et je sais que le moment est arrivé pour cela ».

En ayant une vision du futur, une stratégie et l’engagement pour y parvenir, « vous pouvez bâtir un avenir qui suscitera la confiance de la jeunesse et l’incitera à rester et à le défendre », a souligné Mme Clinton. « Il est temps de considérer la société civile non pas comme une menace mais comme un partenaire. Et il est temps que les élites de la société investissent dans l’avenir de leur pays. »

Fondé en 2004, le Forum pour l’avenir est une initiative établie entre les pays de la région du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord et le groupe des Huit principales économies industrialisées (G8). Il offre l’occasion aux responsables gouvernementaux et aux dirigeants de la société civile et du secteur privé d’envisager les réformes politiques et économiques susceptibles de promouvoir une liberté accrue, la démocratie et la croissance économique dans la région.

Avec une majorité croissante de la population âgée de moins de 30 ans dans la région, « un jeune sur cinq est au chômage », et dans certains endroits, « ce pourcentage est beaucoup plus élevé », a indiqué Mme Clinton.

Rappelant ce qu’il lui a été dit lors de ses entretiens avec des dirigeants et des citoyens ordinaires, Mme Clinton a fait remarquer que la population du Proche-Orient, bien que fière des accomplissements de la région, s’inquiéte de l’avenir.

« Alors que certains pays ont fait de grandes avancées au niveau de la gouvernance, les citoyens de nombreux autres sont fatigués des institutions corrompues et de l’ordre politique stagnant. Ils demandent des réformes pour que leurs gouvernements deviennent plus efficaces, plus réceptifs et plus ouverts. Et tout cela se passe avec en toile de fond l’épuisement des ressources : les nappes aquifères diminuent, les réserves pétrolières s’assèchent et trop peu de pays ont adopté des plans à long terme pour résoudre ces problèmes », a dit Mme Clinton.

La région a besoin « d’une fondation plus solide », a-t-elle indiqué. « Je suis convaincue que les dirigeants de la région, en partenariat avec leurs populations, ont les capacités nécessaires pour construire une fondation plus ferme », en prenant en exemple les modèles positifs d’initiatives déjà en vigueur au Proche-Orient pour créer des emplois, améliorer l’éducation, engager des réformes politiques et promouvoir un respect accru de la diversité.

La secrétaire d’État a fait l’éloge des innovations, des programmes économiques et éducationnels entrepris au niveau local et des projets de développement qu’elle a observés au cours de sa tournée de la région où elle s’est déjà rendue aux Émirats arabes unis, au Yémen et à Oman avant d’arriver au Qatar.

« Je suis ici pour promettre l’appui de mon pays à ceux qui se dressent pour résoudre les problèmes auxquels nous nous heurtons tous », a déclaré Mme Clinton. Les États-Unis veulent forger des partenariats plus solides avec ceux qui œuvrent en faveur de la stabilité durable et du progrès, sachant que « ce qui se passe ici a des répercussions bien au-delà de la région ».

Ceux qui s’opposent aux réformes ou s’accrochent au statu quo peuvent peut-être temporairement « empêcher l’effet des problèmes de leurs pays de se faire entièrement sentir ». Mais Mme Clinton a averti que si les dirigeants n’offraient pas des possibilités réelles à la jeunesse et ne présentaient pas de vision positive, des individus tels que les extrémistes violents et d’autres « qui tirent profit du désespoir et de la pauvreté », viendraient « remplir le vide ».

La génération montante de la jeunesse proche-orientale « a le potentiel de réaliser tant de choses » et « nous devons lui donner la chance de le faire », a dit la secrétaire d’État.

« Ce dont nous avons besoin est une vision réelle de cet avenir, et elle doit venir de chacun d’entre vous, des gouvernements qui doivent s’acquitter de leurs promesses, de la société civile et des dirigeants des milieux d’affaires qui doivent dynamiser le peuple, et bien sûr de la population elle-même », a affirmé Mme Clinton.

(Les articles du site «America.Gov» sont diffusés par le Bureau des programmes d’information internationale du département d’Etat. Site Internet : http://www.america.gov/fr/)


Tunisie: Attention, une révolution peut en cacher une autre (Why are the world’s jihadists hailing the Tunisian intifada while Tripoli and Algiers go on red alert?)

20 janvier, 2011
La liberté religieuse est un luxe. Ne l’oublions pas. Portes ouvertes
L’intifada tunisienne a réussi à faire tomber la dictature. Rached Ghannouchi
There are numerous indications that there were other sources of dissatisfaction in Tunisia with Ben Ali — including the relatively secular character of the government. Pro-Sharia Islamic supremacist forces are poised to take advantage.(…) The great unacknowledged truth about Tunisia and the rest of the Islamic world is that Islamic jihadists and pro-Sharia forces, far from being the « tiny minority of extremists » of media myth, actually enjoy broad popular support. Any genuine democratic uprising is likely to install them in power. That’s why jihadists are hailing events in Tunisia, and why all lovers of freedom should view those events with extreme reserve — for a Sharia government in Tunisia is unlikely to be any kind of friend to the United States, and if the « Jasmine Revolution » does indeed spread and other Arab and Muslim dictators are toppled, an already hostile anti-American environment could become much, much worse. The events in Tunisia also show yet again the crying need for realistic analysis in Washington of the jihad threat, rather than the fantasy-based analysis that prevails there now. But that is even less likely than the flowering of a pluralistic, secular democracy in Tunisia. Robert Spencer
La Tunisie passe de la 43ème à la 37ème position sur l’Index mondial de persécution. Cette remontée dans le classement s’explique par deux raisons principales. D’une part, la situation des chrétiens s’est vraiment détériorée au cours de l’année dernière. D’autre part, nous avons davantage d’informations quant aux persécutions que subissent les chrétiens tunisiens. L’attitude du gouvernement à l’égard des chrétiens s’est durcie. Les chrétiens étrangers font souvent l’objet d’inspections et ils pensent que leur téléphone est placé sur écoute. Les pasteurs des églises destinées aux chrétiens expatriés sont étroitement surveillés. L’importation de littérature chrétienne, notamment en arabe, est systématiquement entravée par des tracasseries administratives. On refuse aux églises tunisiennes toute reconnaissance officielle et si l’on apprend qu’un musulman s’est converti au christianisme, celui-ci est interrogé et passé à tabac. Certains chrétiens ont été condamnés à des peines de prison, arrêtés, menacés à cause de leur foi. Ils subissent également de fortes pressions pour revenir à l’islam. Certaines maisons de chrétiens ont été cambriolées, les malfaiteurs recherchant des preuves de leur conversion. Même si la Constitution tunisienne garantit la liberté religieuse et s’il n’est pas interdit de se convertir à une autre religion que l’islam, aucun fonctionnaire, à quelque niveau que ce soit, ne fait respecter ce droit. Depuis l’indépendance de la Tunisie en 1956, aucune nouvelle église n’a obtenu l’autorisation officielle de fonctionner. Index mondial de la persécution 2011

Cherchez l’erreur: Washington et Paris qui pavoisent, Tripoli et Alger qui ferment leurs frontières?

A l’heure où, 5 ans après l’Irak (merci qui ?), l’accès à la démocratie d’un peuple arabe est traitée comme une véritable maladie honteuse par nos médias s’inquiétant à qui mieux mieux de ses « risques de contagion » à travers le Moyen-Orient …

Pendant qu’avec la ferveur des nouveaux convertis et contre les mises en garde libyennes et algériennes (ou palestiniennes), la Patrie auto-proclamée des droits de l’homme se joint au concert de louanges occidental au moment même où les jihadistes du monde entier se frottent les mains à la perspective du retour d’exil du chef des islamistes tunisiens (17% aux législatives, 30 000 militants arrêtés dans les années 90)…

Et que dans le berceau même du judéo-christianisme la poursuite de l’épuration religieuse passe à présent (avec l’assistance de l’UNESCO, s’il vous plait !) par la conversion en mosquées ou en musées des derniers vestiges juifs ou chrétiens …

Remise des pendules à l’heure avec la publication du dernier Index mondial de persécution sur le site de l’ONG chrétienne Portes ouvertes.

Qui, contre l’euphorie ambiante, rappelle que la liberté religieuse est bien, en Tunisie déjà sous Ben Ali et comme ailleurs, un véritable luxe dans une bonne partie du monde …

Index Mondial de Persécution 2011

Les 50 pays où la foi chrétienne coûte le plus …

 

Chaque année, Portes Ouvertes publie l’Index mondial de persécution, un classement des 50 pays où les chrétiens sont le plus persécutés. Cet outil nous permet de faire une photographie de l’état de la persécution et nous donne des informations sur les actions à mener dans l’avenir. 

Ce qu’il faut retenir

La persécution des chrétiens augmente en Irak et baisse en Chine

Dégradations en Irak

En 2010, la situation des chrétiens s’est particulièrement dégradée dans plusieurs pays, comme en Irak, au Pakistan, au Maroc et en Russie.

L’Irak est le pays qui a le plus grimpé dans le classement de cette année : il est passé de la 17ème à la 8ème position. En effet, de très nombreux cas de violences à l’égard de chrétiens ont été enregistrés l’année dernière, faisant un grand nombre de morts et de blessés.

On a enregistré plusieurs assassinats de chrétiens dans le pays, faisant au total 90 morts.

On estime qu’en Irak le nombre de chrétiens s’élève à 334 000 soit moitié moins qu’en 1991.

Au Pakistan, entre novembre 2009 et octobre 2010, 29 chrétiens ont été assassinés, 4 ont été condamnés pour blasphème et plus de 21 sont en prison. 58 chrétiens ont été enlevés, plus de 100 ont été physiquement agressés. La condamnation à mort par pendaison de la chrétienne Asia Bibi (de son vrai nom Asia Noreen) pour blasphème en novembre 2010 a attiré l’attention de toute la communauté internationale.

Au Maroc, après avoir été pendant longtemps assez tolérantes sur le plan religieux, les autorités ont commencé à surveiller, menacer et discriminer les groupes de chrétiens.

En 2010, à deux reprises, la police est intervenue alors que des chrétiens s’étaient réunis. Au cours des 6 premiers mois de l’année 2010, plus de 150 expatriés chrétiens ont été expulsés. Les chrétiens marocains quant à eux, subissent des interrogatoires, sont intimidés, arrêtés et maltraités par la police.

La Russie revient dans l’Index mondial de la persécution après 5 ans d’absence. Plusieurs cas de persécutions sérieux ont été enregistrés en 2010. Dix chrétiens ont notamment été arrêtés et trois responsables d’églises ont été tués à cause de leur foi.

Améliorations en Chine

Dans d’autres pays, on constate une amélioration notable, comme en Chine ou au Sri Lanka.

En Chine, certains signes laissent à penser que le gouvernement tolère davantage les chrétiens que par le passé même si des cas de persécutions ont tout de même été enregistrés. Si les chrétiens n’organisent pas de manifestations publiques de grande ampleur ou si aucun incident sensible les concernant ne se produit, le gouvernement ne s’en prend plus systématiquement à eux comme auparavant.

Au Sri Lanka, beaucoup moins de faits de persécutions ont été enregistrés en 2010. Aucun chrétien n’a été tué, condamné ou emprisonné pour sa foi. Il semble également que la pression exercée par le clergé bouddhiste local et les villageois sur les chrétiens ait diminué.

Comment est élaboré l’Index mondial de persécution de Portes Ouvertes ?

Nous envoyons un questionnaire aux équipes de Portes Ouvertes basées sur le terrain ainsi qu’à des experts étrangers à notre organisation.

Nous complétons leurs données avec nos sources propres afin de saisir pleinement les informations

transmises par ces questionnaires.

Nous comparons les informations qui proviennent de différentes sources à celles que nous recevons via les questionnaires.

Nous élaborons un document standard par pays dans lequel nous mentionnons les informations propres à chaque nation concernant tous les points du questionnaire.

Enfin, l’équipe de Portes Ouvertes se réunit en interne pour s’assurer que, pour chaque question et pour chaque pays, tous les intervenants utilisent bien les mêmes normes et les mêmes qualificatifs.

Les 10 pays où la persécution est la plus forte

1. La Corée du Nord

Toute la population souffre en Corée du Nord, mais les chrétiens encore plus que les autres. Le régime de la Corée du Nord est fondé sur l’idéologie du Juche et le culte du « Grand Leader». Pour le gouvernement, les chrétiens ne devraient même pas exister !

Les chrétiens sont continuellement en danger, ils risquent leur vie tous les jours. En 2010, des centaines de chrétiens ont été arrêtés. Certains ont été tués, d’autres ont été envoyés dans des camps pour prisonniers politiques.

En mai 2010, par exemple, dans la province de Pyongsung, 23 chrétiens avaient secrètement formé une petite église. La police est intervenue pendant une de leurs réunions. Trois d’entre eux ont été immédiatement condamnés à mort. Les 20 autres ont été envoyés en camps de travaux forcés.

La manière dont les chrétiens seront traités à l’avenir dépend beaucoup des changements qui sont en train de s’opérer sur le plan politique.

En septembre 2010, Kim Jong Un, le troisième fils du dirigeant actuel Kim Jong Il, a officiellement été nommé général et élevé au poste de vice-président de la commission militaire centrale du parti (unique) de Corée du Nord. Cela confirme l’intention de Kim Jong Il d’en faire son successeur. La situation s’améliorerat-elle pour les chrétiens une fois que Kim Jong Un aura pris les rênes du pouvoir ? Le peu d’informations dont nous disposons sur cet homme ne nous permet pas d’envisager une amélioration de leurs conditions de vie. Mais nous savons que malgré les persécutions dont ils font l’objet, le nombre de chrétiens augmente lentement.

Plus d’infos sur le pays :

En 2010, la situation s’est aussi dégradée pour l’ensemble des Nord-coréens :

D’après des sources non officielles, à la suite de réformes monétaires, 2 personnes sur 10 ont dû vendre leur logement pour acheter de quoi se nourrir. De nombreux Nord-coréens dorment dans la rue, dans le métro, les gares ou dans des abris de fortune. En plus des difficultés liées à la crise économique, la Corée du Nord a été touchée par des catastrophes naturelles. Des dizaines de personnes ont péri.

2. L’Iran

Des vagues d’arrestations de chrétiens n’ont cessé d’avoir lieu, particulièrement en décembre 2009 et pendant les trois premiers mois de l’année 2010. Les chrétiens iraniens sont persécutés par :

La police secrète. Même dans les églises officielles, les cultes sont surveillés de près par la police secrète. Les chrétiens qui sont actifs au sein de ces communautés ou dans les églises de maison, subissent des pressions. Ils sont arrêtés, interrogés, mis en prison et battus.

Au cours des six premiers mois de l’année 2010 des centaines de bibles ont été saisies et brûlées par les forces de sécurité. Cela faisait longtemps que des mesures aussi radicales n’avaient été entreprises pour empêcher la circulation de bibles.

Le gouvernement iranien. Fragilisé par les manifestations antigouvernementales qui ont eu lieu entre novembre 2009 et octobre 2010, le gouvernement essaie de détourner l’attention de la population en s’en prenant aux chrétiens. Plusieurs centaines de chrétiens ont ainsi été arrêtés. Beaucoup d’entre eux ont été relâchés sous caution, mais la police continue de les surveiller et ils risquent à tout moment de devoir à nouveau comparaître devant un tribunal.

La société. Les chrétiens subissent également une pression énorme de la part de la société, elle-même conditionnée par les autorités.

Leur propre famille. Au cours du dernier trimestre 2010 un chrétien est mort de ses blessures après avoir été passé à tabac par un membre de sa famille qui avait appris sa conversion au christianisme.

Les islamistes. Les chrétiens risquent également d’être la proie des islamistes, surtout s’ils sont accusés d’avoir parlé de leur foi à un musulman.

Cependant, l’église locale continue de grandir et en comptant les églises assyriennes et arméniennes, on arrive à un total de 45 000 chrétiens en Iran.

Plus d’infos sur le pays :

En Iran, les chrétiens assyriens et arméniens sont reconnus comme minorités religieuses et bénéficient d’une certaine liberté religieuse, comme le droit d’enseigner et de prêcher dans leur propre langue, mais ils n’ont pas le droit de parler de l’Evangile avec un Iranien de langue farsi (persane), ni avec un musulman.

En 2010, nous avons constaté que certains membres de ces minorités se sont retrouvés emprisonnés, ont été maltraités physiquement, harcelés et discriminés à cause de leur foi.

L’islam est la religion officielle de l’Iran et toutes les lois et réglementations adoptées doivent être en accord avec l’interprétation officielle de la charia (loi islamique). Selon la charia, si un musulman quitte l’islam pour embrasser une autre religion il est passible de la peine de mort.

3. L’Afghanistan

L’Afghanistan compte une population de 28 millions d’habitants dont très peu de chrétiens. Pour ces derniers, la situation s’est beaucoup détériorée au cours de l’année dernière.

Les chrétiens afghans sont très mal vus par la société et la législation est assez floue quant à leurs droits religieux. En 2010, beaucoup ont été arrêtés et traduits en justice et en août, des humanitaires chrétiens ont été tués par les talibans.

Les chrétiens d’origine musulmane sont de plus en plus persécutés par le gouvernement. En 2010, beaucoup ont été intimidés et menacés.

En mai et juin 2010, la chaine de télévision Noorin TV a diffusé en boucle des images de chrétiens d’origine musulmane en train de se faire baptiser. Des organisations caritatives chrétiennes ont été accusées de faire de l’évangélisation.

A la suite du reportage, le secrétaire de la chambre basse du parlement afghan a convoqué une session extraordinaire lors de laquelle il a appelé à exterminer tous les chrétiens d’origine musulmane. Des centaines de manifestants sont descendus dans les rues à Kaboul et dans d’autres villes du pays, scandant des menaces de mort à l’égard des chrétiens d’origine musulmane et demandant l’expulsion des organisations humanitaires chrétiennes pour leur soi-disant influence religieuse. Menacés de mort, des dizaines de chrétiens afghans ont dû déménager, changer de ville. Certains ont dû quitter le pays.

Pour la première fois dans l’histoire du pays, des questions sur les chrétiens d’origine musulmane (un Afghan peut-il être chrétien ? Si oui, quels sont ses droits ?…) font l’objet de débats dans le domaine

public.

4. L’Arabie Saoudite

Cette année, le pays est passé de la 3ème place à la 4ème dans l’Index Mondial de Persécution. Cela ne signifie malheureusement pas que la situation des chrétiens s’est améliorée dans le pays. Si l’Arabie Saoudite s’est fait devancer par l’Afghanistan, c’est parce que la situation des chrétiens en Afghanistan s’est détériorée.

Au cours de l’année passée, des chrétiens ont été physiquement maltraités à cause de leur foi, ce qui n’avait pas été le cas en 2009. Nous n’avons reçu que quelques témoignages à ce sujet, car il est difficile d’obtenir des informations de la part d’un pays aussi fermé que le royaume wahhabite, mais nous pensons que beaucoup de chrétiens ont été maltraités.

Par exemple, le 1er octobre 2010, 12 chrétiens philippins et un prêtre ont été arrêtés alors qu’ils participaient à un culte chez un particulier. Ils ont été accusés de prosélytisme et ont été libérés temporairement (l’un d’entre eux sous caution). Un bon nombre de chrétiens ont également fui le pays, leur vie ayant été directement menacée en raison de leur foi.

Plus d’infos sur le pays :

La plupart des chrétiens en Arabie Saoudite sont des expatriés qui ne séjournent et ne travaillent dans le pays que temporairement. La majorité d’entre eux viennent des Philippines. Ces travailleurs immigrés, qui sont souvent exploités et sous-payés, sont en plus victimes de violences verbales et physiques à cause de leur foi chrétienne.

Il existe aussi des chrétiens d’origine musulmane mais ils vivent leur foi dans le plus grand secret. Ils risquent d’être assassinés par leur famille ou un membre de leur entourage s’ils sont découverts.

Il n’y a pas de liberté religieuse dans ce bastion de l’islam où les citoyens n’ont le droit de pratiquer qu’une seule religion. Dans aucun texte légal, il n’est fait mention de liberté religieuse et celle-ci n’existe pas en pratique non plus. Le système judiciaire est basé sur la charia (loi islamique) et l’apostasie (le fait de changer de religion) est passible de la peine de mort si l’accusé ne se rétracte pas. Le gouvernement reconnaît aux non-musulmans le droit de se réunir et de pratiquer leur religion en privé mais la mutawa, la police religieuse, ne respecte pas cette liberté. C’est elle, par exemple qui est responsable de l’arrestation des 13 chrétiens philippins en octobre 2010.

En Arabie Saoudite les non-musulmans n’ont pas le droit de pratiquer leur religion en public. Ceux qui s’y risquent peuvent être arrêtés, emprisonnés, flagellés, déportés et quelquefois torturés.

5. La Somalie

La situation des chrétiens somaliens s’est dégradée en 2010. Huit chrétiens sont morts en martyrs et un quart de la communauté chrétienne a fui le pays.

Les islamistes d’Al-Chabaab, qui contrôlent 90% du sud de la Somalie, ne cachent pas leur objectif de débarrasser le pays de sa communauté chrétienne.

Plus d’infos sur le pays :

La Somalie, qui est en état de guerre civile depuis 1991, est divisée entre le Somaliland au nord-ouest, qui s’est auto-proclamé indépendant, le Puntland, province autonome du nord-est et le sud du pays qui a pour capitale Mogadiscio.

Le Somaliland et le Puntland sont plutôt stables, ce qui n’est pas le cas du sud de la Somalie où la milice islamiste Al-Chabaab et le groupe Hizbul-Islam luttent contre le gouvernement national de transition, replié dans la capitale. Ce gouvernement a pour allié le groupe al Ahlu Sunnah Jama’a, et est également soutenu par 6000 soldats de l’Union Africaine.

Al-Chabaab impose aux territoires qu’il contrôle une interprétation très stricte de la charia. L’année dernière, cette milice s’est véritablement radicalisée sous l’influence d’Al-Qaïda, perdant du même coup une partie de sa popularité au sein de la population.

6. Les Maldives

En 2010, aucun chrétien d’origine musulmane n’a été tué pour apostasie mais il y a eu plusieurs cas de chrétiens étrangers arrêtés puis expulsés après que l’on ait découvert de la littérature chrétienne dans leurs bagages.

L’islam est la religion officielle de l’archipel des Maldives, et tous les citoyens doivent obligatoirement être musulmans.

Plus d’infos sur le pays :

Dans ce pays le christianisme est quasiment absent. Les chrétiens ne sont qu’une poignée. Ils vivent leur foi individuellement et dans le secret le plus absolu, de peur d’être découverts. La persécution des chrétiens locaux est systématique, car la loi interdit la pratique de toute autre religion que l’islam.

Les églises sont interdites. Il est également défendu d’importer de la littérature chrétienne, les non-musulmans sont systématiquement discriminés.

7. Le Yémen

Le Yémen se maintient à la septième position par rapport à l’année précédente. De novembre 2009 à octobre 2010, (période prise en compte pour l’Index 2011), nous n’avons pas entendu parler de chrétiens tués pour leur foi, alors que cela avait été le cas en 2009. Plusieurs chrétiens expatriés, qui travaillaient dans le pays depuis longtemps, ont été expulsés sans aucune raison.

Plus d’infos sur le pays :

On estime qu’il y a plusieurs milliers de chrétiens répartis dans tout le pays. La plupart d’entre eux sont des expatriés : occidentaux, ressortissants d’Asie du Sud et d’Asie orientale ou encore arabes. Il y a également de nombreux réfugiés éthiopiens. Tant qu’ils restent très discrets, le gouvernement laisse les expatriés pratiquer leur religion, mais les citoyens yéménites n’ont pas le droit d’adhérer à une autre religion que l’islam. Les chrétiens d’origine musulmane, qui sont très peu nombreux, encourent la peine de mort si l’on découvre qu’ils se sont convertis. Ils sont aussi la cible de groupes islamistes qui menacent de mort les « apostats» s’ils ne retournent pas à l’islam.

Selon la Constitution Yéménite, l’islam est la religion d’Etat et toute la législation du pays est basée sur la charia. Il est interdit de parler de la foi chrétienne à des citoyens musulmans. Il existe quelques églises à Aden, mais aucun bâtiment chrétien n’est autorisé dans le nord du pays.

8. L’Irak

L’Irak a effectué une grande montée dans le classement, passant de la 17ème place en 2010 à la 8ème place en 2011 dans la liste des 50 pays où les chrétiens sont le plus persécutés dans le monde.

De novembre 2009 à octobre 2010, on a enregistré plusieurs assassinats de chrétiens, entre autres à Mossoul, Bagdad et Kirkuk. En tout plus de 90 chrétiens ont ainsi trouvé la mort.

On nous a également signalé un grand nombre d’enlèvements de chrétiens et de nombreuses attaques visant précisément des chrétiens qui ont fait de nombreux morts et blessés en 2010.

En décembre 2009 : Plusieurs églises ont été la cible d’attentats à la bombe, ce qui a poussé la moitié de la communauté chrétienne de Mossoul à quitter la ville.

De janvier à mars 2010 : Le nombre d’attaques à l’encontre de chrétiens a augmenté pendant les élections législatives, la violence ayant commencé juste avant le premier tour prévu en janvier 2010 et ont duré jusque début mars, date à laquelle les élections ont effectivement eu lieu.

En mai 2010 : Un bus plein d’étudiants chrétiens a été la cible d’un attentat à la bombe. Dans l’attaque du bus, 3 étudiants chrétiens ont trouvé la mort et 180 ont été blessés. Beaucoup d’entre eux gardent de terribles cicatrices et d’autres sont handicapés à vie.

Le 31 octobre 2010 : A Bagdad, une église catholique syriaque a été victime d’une prise d’otages sanglante qui a été qualifiée « d’attaque la plus sanglante depuis 2003, année où les islamistes ont commencé à s’en prendre aux chrétiens locaux. ». 53 chrétiens sont décédés dans l’attaque et une soixantaine ont été blessés.

Plus d’infos sur le pays :

On estime qu’en Irak le nombre de chrétiens s’élève à 334 000, soit moitié moins qu’en 2003. La plupart sont issus des dénominations traditionnelles tels les arméniens, les assyriens, les chaldéens et les catholiques. On compte aussi plusieurs milliers de protestants évangéliques. Depuis la chute de Saddam Hussein, leur situation s’est considérablement détériorée pour eux. Ils sont pris pour cible pour différentes raisons : religion, situation politique, position sociale ou financière.

Ils souffrent aussi du sentiment antioccidental qui règne dans le pays et sont souvent considérés comme des traîtres. D’ailleurs, depuis le départ progressif des forces militaires d’occupation occidentales, les chrétiens sont moins protégés et les islamistes en profitent pour les chasser du pays en les persécutant.

Ce climat de violence a poussé au départ de centaines de milliers d’Irakiens, qu’ils soient musulmans ou chrétiens. A l’intérieur même du pays, beaucoup de familles ont dû quitter leur ville ou village pour le Kurdistan (Nord de l’Irak).

9. L’Ouzbékistan

L’Ouzbékistan se retrouve de nouveau cette année parmi les 10 pays où la persécution est la plus forte. La pression exercée sur les chrétiens s’est accentuée en 2010.

Par le passé, quand les chrétiens étaient arrêtés ils s’en sortaient avec une amende, aujourd’hui ils sont souvent condamnés à des peines de prison allant de 3 à 15 jours.

Le gouvernement ne délivre plus d’autorisation pour ouvrir de nouvelles églises. Certaines ont même perdu leur autorisation et d’autres se sont vu confisquer leur bâtiment.

Plus d’infos sur le pays :

Souvent les chrétiens protestants sont vus comme une force déstabilisante dans la société et ils sont attaqués de tous côtés. Ils sont persécutés par le gouvernement : arrestations, amendes, peines de prison. Ils sont également persécutés par la société : perte d’emploi, accès refusé à un certain nombre de services, sans compter la pression qu’exerce sur eux le clergé islamique. Ils ne sont pas soutenus par leur famille, qui bien souvent les passe à tabac, les rejette, les humilie et les chasse de la maison familiale. De plus ils sont souvent critiqués dans les médias et mal vus par les autorités locales et par les magistrats, ce qui rend leur situation encore plus délicate.

10. Le Laos

Le Laos est le second pays communiste, avec la Corée du Nord, à figurer parmi les dix pays où la persécution antichrétienne est la plus forte. Au cours de l’année 2010 (de novembre 2009 à octobre 2010), il n’y a pas eu d’amélioration de la liberté religieuse. Plus de 25 chrétiens ont été tués, plus de 20 autres ont été arrêtés et détenus sans jugement. Régulièrement, les chrétiens sont physiquement maltraités et un grand nombre d’églises ont été vandalisées ou détruites.

Plus d’infos sur le pays :

Les chrétiens laotiens, estimés à 200 000 dont une grande partie est issue de minorités ethniques, sont peu nombreux. Ils ne peuvent pas organiser d’activité d’église en public.

La loi laotienne discrimine les chrétiens, le gouvernement a une attitude très négative à leur endroit. Tous les chrétiens sont étroitement surveillés car ils sont suspectés d’être des agents à la solde des Etats-Unis, chargés d’amener le Laos vers davantage de « démocratie ». Les Laotiens qui se convertissent et renoncent au culte des esprits sont soumis à de fortes pressions par la société. Quand des chrétiens sont arrêtés, ils sont souvent torturés physiquement et moralement pour qu’ils renoncent à leur foi. Des milliers de chrétiens Hmong ont fui le pays pour s’installer en Thaïlande. Malgré les persécutions, les chrétiens multiplient les rencontres clandestines et il semblerait qu’ils soient de plus en plus nombreux.

Les pays qui sont montés dans le classement

La situation des chrétiens s’est détériorée en Afghanistan, en Irak, au Pakistan, au Vietnam, en Algérie, au Nigéria (nord), au Koweït, en Turquie, au Maroc, en Tunisie, en Syrie et au Kirghizistan.

L’Afghanistan (Position 3)

Le pays est passé de la 6ème à la 3ème position sur l’Index mondial des persécutions antichrétiennes.

En 2010, de nombreux chrétiens ont été arrêtés et traduits en justice et en août, des humanitaires chrétiens ont été tués par les talibans. Les chrétiens d’origine musulmane sont de plus en plus persécutés par le gouvernement. En 2010, beaucoup ont été intimidés et menacés.

En mai et juin 2010, la chaine de télévision Noorin TV a diffusé en boucle des images de chrétiens d’origine musulmane en train de se faire baptiser. Des organisations caritatives chrétiennes ont été accusées de faire de l’évangélisation.

A la suite du reportage, le secrétaire de la chambre basse du parlement afghan a convoqué une session extraordinaire lors de laquelle il a appelé à exterminer tous les chrétiens d’origine musulmane. Des centaines de manifestants sont descendus dans les rues de Kaboul et dans d’autres villes du pays, scandant des menaces de mort à l’égard des chrétiens d’origine musulmane et demandant l’expulsion des organisations humanitaires chrétiennes pour leur soi-disant influence religieuse. Menacés de mort, des dizaines de chrétiens afghans ont dû déménager, changer de ville. Certains ont dû quitter le pays.

Pour la première fois dans l’histoire du pays, des questions sur les chrétiens d’origine musulmane (un Afghan peut-il être chrétien ? Si oui, quels sont ses droits ?…) font l’objet de débats dans le domaine public.

L’Irak (Position 8)

Le pays est passé de la 17ème à la 8ème place du classement des pays où les chrétiens sont le plus persécutés. De novembre 2009 à octobre 2010, on a enregistré plusieurs assassinats de chrétiens, entre autres à Mossoul, Bagdad et Kirkuk. Au total, plus de 90 chrétiens ont ainsi trouvé la mort.

On nous a également signalé un grand nombre d’enlèvements de croyants et de nombreuses agressions visant précisément des chrétiens, violences qui ont fait de nombreux morts et blessés en 2010.

En décembre 2009 : Plusieurs églises ont été la cible d’attentats à la bombe, ce qui a poussé la moitié de la communauté chrétienne de Mossoul à quitter la ville.

De janvier à mars 2010 : Le nombre des attaques à l’encontre de chrétiens a augmenté pendant les élections législatives, la violence ayant commencé juste avant le premier tour (prévu en janvier 2010) a duré jusqu’à début mars, date à laquelle les élections ont finalement eu lieu.

En mai 2010 : Un bus rempli de jeunes chrétiens a été la cible d’un attentat à la bombe. Dans l’attaque du bus, 3 étudiants ont trouvé la mort et 180 ont été blessés. Beaucoup d’entre eux gardent de terribles cicatrices et d’autres sont handicapés à vie.

A la fin du mois d’octobre 2010 : A Bagdad, une église catholique syriaque a été la cible d’une prise d’otages sanglante qui a été qualifiée « d’attaque la plus sanglante depuis 2003, année où les islamistes ont commencé à s’en prendre aux chrétiens locaux. ». 58 chrétiens sont décédés dans l’attaque et une soixantaine ont été blessés.

Le Pakistan (Position 11)

Le pays devient de plus en plus dangereux pour les chrétiens, passant de la 14ème à la 11ème position dans l’Index.

Entre novembre 2009 et octobre 2010, 29 chrétiens ont été assassinés, 4 ont été condamnés pour blasphème, et plus de 21 ont été mis en prison. 58 chrétiens ont été enlevés, plus de 100 ont été physiquement maltraités et nous avons enregistré 14 cas de vandalisme sur des églises ou des maisons appartenant à des chrétiens.

Les partisans d’un islam dur ont multiplié les attaques envers les chrétiens, sachant qu’ils ne seront pas inquiétés par la police.

Pendant les inondations qui ont frappé le pays durant l’été 2010, les chrétiens ont été honteusement discriminés dans la distribution de l’aide humanitaire aux victimes.

La Constitution, le système judiciaire et l’Etat semblent échouer à défendre les droits des minorités au Pakistan.

Le Vietnam (Position 18)

La situation des chrétiens au Vietnam s’est légèrement détériorée. En 2011, le pays passe de la 21ème à la 18ème position sur l’Index mondial de persécution.

Le 26 janvier 2010, un chrétien vietnamien a été enlevé par deux agents des forces de sécurité sans qu’aucune raison ne soit donnée. Les chrétiens subissent également des pressions de la part de leur famille, des autres villageois, du clergé bouddhiste et des chamanes, surtout quand ils décident de quitter leur ancienne religion pour le christianisme.

L’Algérie (Position 22)

La situation des chrétiens s’est dégradée en Algérie. Le pays passe de la 25ème à la 22ème position.

En 2009, aucun fait grave de persécution antichrétienne n’avait été signalé, mais l’année dernière, un chrétien a été condamné à une peine de prison avec sursis pour prosélytisme et 11 autres chrétiens ont été arrêtés car ils ne respectaient pas le jeûne du ramadan.

En outre, les dix procès intentés en 2008 contre des chrétiens sont toujours en cours. A Tizi Ouzou, en Kabylie, une paroisse protestante a été à deux reprises attaquée par la foule. Ses membres ont été menacés et le pasteur a été physiquement agressé avant de recevoir des menaces de mort.

L’église protestante de Larbaa Nath, qui se réunissait dans un appartement en location, faute d’avoir accès à un lieu de culte, a été accusée d’exercer une activité religieuse illégale et condamnée selon l’ordonnance 06-03 de 2006. Son pasteur ainsi que 3 responsables ont été arrêtés.

Ailleurs dans le pays, des chrétiens ont été battus, menacés, condamnés à payer des amendes ou discriminés à cause de leur foi. Même si le gouvernement insiste sur le fait qu’il a toujours été tolérant en matière de religion, l’Eglise Protestante d’Algérie n’est toujours pas officiellement reconnue. L’influence d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique faiblit mais le poids des salafistes augmente. D’après certaines informations, ils surveilleraient étroitement les chrétiens.

Le Nord du Nigéria (Position 23)

Le pays est passé de la 27ème à la 23ème position dans l’Index mondial de persécution.

La situation des chrétiens au Nord du Nigéria s’est fortement détériorée en 2010. Dans l’Etat du Plateau, les émeutes qui ont opposé les musulmans aux chrétiens ont causé la mort de 2000 chrétiens. De plus, 2000 chrétiens ont perdu leur logement et 4000 ont été obligés de fuir la région. Du côté musulman, les émeutes ont fait 500 victimes.

Dans d’autres Etats comme celui de Kano, de Katsina ou de Zamfara, des églises ont été détruites, des chrétiens emprisonnés et une centaine d’enfants ont été enlevés. Les garçons sont enlevés à leurs parents chrétiens pour qu’ils soient élevés dans la foi musulmane. Les filles de familles chrétiennes sont kidnappées en vue de les marier à des musulmans et de les obliger à adopter l’islam.

Plus d’infos sur le pays :

Au Nigéria et dans l’Etat du Plateau en particulier, la persécution est un phénomène complexe aux dimensions historique, politique et économique non négligeables. D’après l’interprétation de l’islam en vigueur au Nigéria, les non-musulmans sont inférieurs aux musulmans. Ainsi les tribus musulmanes Hausa et Fulani considèrent comme des citoyens de seconde zone tous les non-musulmans qui se trouvaient sur les territoires qu’ils ont conquis pendant la guerre sainte (jihad) qu’ils ont menée au 19ème siècle. Par cette guerre, le califat de Sokoto voulait obtenir un maximum d’esclaves pour pouvoir se développer économiquement. Parmi les peuples conquis il y avait beaucoup de chrétiens, convertis grâce à la présence de missionnaires dans la région.

Pendant la colonisation britannique aux 19ème et 20ème siècles, l’esclavage a été aboli mais les britanniques ont utilisé les structures de gouvernement mises en place par les musulmans pour gouverner ce qui était à l’époque le protectorat du Nigéria du Nord (en fait, ils ont juste fait signer des traités d’allégeance aux tribus musulmanes locales). Ces structures de gouvernement se sont plus ou moins maintenues jusque dans les années 1990.

La guerre civile, qui a duré de 1967 à 1970 et qui a abouti à la création de 36 Etats, a ébranlé le pouvoir des musulmans dans le Nord du Nigéria. En conséquence, pour protéger leur identité et leur mainmise sur la région, les musulmans ont décidé, depuis 1999 d’instaurer petit à petit la charia dans les 19 Etats du Nord du pays. C’est déjà le cas dans 12 Etats. Dans les 7 Etats restants, ce sont les chrétiens qui sont majoritaires. C’est le cas dans l’Etat du Plateau, où de fréquents heurts entre chrétiens et musulmans ont lieu. Les musulmans, sous prétexte de protéger leurs intérêts locaux, cherchent, en fait, à faire avancer leur conquête des Etats du Nord. Les chrétiens sont accusés d’avoir recours à la violence contre les musulmans. Pour s’en défendre, les chrétiens rappellent que lors des 7 crises qui ont secoué l’Etat depuis 1994, ce sont les musulmans qui ont été à l’origine des atrocités et qu’eux n’ont fait que se défendre. L’Etat du Plateau n’est pas le seul à être le théâtre de conflits motivés par le pouvoir et la défense des privilèges, car le pays est composé de nombreuses ethnies.

Le Koweït (Position 28)

Le pays passe de la 31ème à la 28ème position sur l’Index mondial de persécution.

La situation au Koweït s’est également détériorée. Nous avons enregistré le cas d’un chrétien d’origine musulmane qui a fui le pays à cause de sa foi et d’un autre arrêté sur de fausses accusations. Nous avons reçu davantage d’informations sur la situation dans les écoles. Le gouvernement impose que l’islam soit enseigné dans les écoles, qu’elles soient publiques ou privées. En revanche, enseigner le christianisme est interdit et ce, même pour les personnes officiellement reconnues comme étant chrétiennes.

La Turquie (Position 30)

Le pays passe de la 35ème à la 30ème position sur l’Index mondial de persécution.

L’année dernière, des chrétiens ont été arrêtés et physiquement maltraités. Deux hommes ont été condamnés à 7 mois de prison pour avoir recueilli les noms de personnes intéressées par le christianisme. S’ils voulaient éviter la prison, il leur fallait s’acquitter d’une amende de 2500 euros.

Plus d’infos sur le pays :

Bien que la Turquie soit officiellement un Etat laïque, certaines lois discriminantes envers les chrétiens sont appliquées. La Turquie ne reconnaît officiellement qu’un petit nombre de groupes religieux et persécute les autres.

Quatre minorités religieuses seulement sont reconnues en Turquie: l’Ecole de pensée Hanafi de l’islam sunnite, l’Eglise orthodoxe grecque, l’Eglise apostolique arménienne et le judaïsme.

Les orthodoxes syriens ne sont pas reconnus comme minorité religieuse mais ils ont la permission d’avoir des églises. Les chrétiens protestants ne peuvent se réunir que s’ils ont reçu officiellement le statut d’association. Dans certaines régions, on recommande aux chrétiens de ne pas se réunir chez des particuliers, de peur de représailles de la part des islamistes. Il y a encore de nombreux problèmes, notamment en ce qui concerne les biens détenus par les églises et l’image déplorable que les médias donnent des chrétiens.

Le Maroc (Position 31)

La situation au Maroc s’est fortement détériorée l’année dernière.

Après avoir été pendant longtemps assez tolérantes sur le plan religieux, les autorités ont commencé à surveiller, menacer et discriminer les groupes de chrétiens. A deux reprises, la police est intervenue alors que des chrétiens s’étaient réunis. Les chrétiens locaux ont été arrêtés et les chrétiens étrangers présents ont été accusés de prosélytisme et chassés du pays. Au cours des 6 premiers mois de l’année 2010, plus de 150 expatriés chrétiens ont été expulsés pour prosélytisme, parmi eux des prêtres catholiques égyptiens et deux femmes mariées à des chrétiens marocains et mères de famille. Les églises de maison ont interrompu leur activité pour ne pas mettre leurs membres en danger. Certains craignent qu’une fois tous les chrétiens étrangers partis, les autorités s’en prennent systématiquement aux églises locales. Une campagne à l’échelle du pays, orchestrée par les islamistes, diffame les chrétiens, les accusant de prosélytisme et de donner de l’argent aux musulmans pour qu’ils se convertissent. 7000 responsables religieux musulmans ont signé un document dans lequel ils accusent les chrétiens de « viol moral » et de « terrorisme religieux ».

Le ministère de la justice a dressé un sombre tableau des chrétiens étrangers. En conséquence, les chrétiens marocains subissent encore davantage de pression de la part de leur famille et de discrimination de la part de la société. Ils subissent des interrogatoires, sont intimidés, arrêtés, maltraités par la police afin de leur soutirer des preuves qui justifieraient l’expulsion des expatriés chrétiens. Les responsables d’églises sont également surveillés par la police et les chrétiens sont soumis à de fortes pressions.

Ce durcissement à l’encontre des chrétiens est directement lié à une véritable remise en question de l’identité religieuse marocaine qui à eu lieu à la suite des attentats perpétrés en 2003 par des kamikazes islamistes. Afin de prévenir tout ce qui pourrait mettre en danger l’islam modéré prôné par l’Etat, les autorités ont décidé de contrôler étroitement tous les groupes religieux. Ainsi, les groupes liés à Al-Qaïda, les salafistes, les chiites mais également les chrétiens évangéliques ont vu leurs activités surveillées de près, limitées, voire même interdites. De plus, le Maroc a été la cible de critiques de la part d’autres pays musulmans qui l’ont qualifié de « Bangkok du monde arabe » en raison du tourisme sexuel qui s’y développe et de la multiplication du nombre de propriétés luxueuses détenues par des occidentaux.

Plus d’infos sur le pays :

La loi marocaine autorise l’expulsion de tout étranger considéré comme « une menace à l’ordre public » et ce, sans jugement. Il existe cependant des exceptions pour les étrangers qui répondent à certains critères de résidence. De même, un étranger peut demander l’annulation de son expulsion dans les 48 heures suivant la réception de l’avis d’expulsion.

Le fait de se convertir à une autre religion de son plein gré n’est pas punissable par la loi marocaine, cependant ceux qui adoptent la foi chrétienne sont traités comme des criminels par la police. Les chrétiens étrangers qui ont été expulsés reconnaissent avoir été témoins de la conversion de certains musulmans, mais ils rejettent l’accusation de prosélytisme (considéré comme une menace à l’ordre public). Ceux qui répondaient aux critères de résidence, qui auraient dû éviter l’expulsion, ont le sentiment que leurs droits ont été violés. Aucun des étrangers expulsés n’a eu le droit de demander l’annulation de son avis d’expulsion devant un tribunal. Les chrétiens du Maroc se préparent à vivre leur foi dans un environnement plus hostile que dans le passé.

La Tunisie (Position 37)

Le pays passe de la 43ème à la 37ème position sur l’Index mondial de persécution.

Cette remontée dans le classement s’explique par deux raisons principales. D’une part, la situation des chrétiens s’est vraiment détériorée au cours de l’année dernière. D’autre part, nous avons davantage d’informations quant aux persécutions que subissent les chrétiens tunisiens. L’attitude du gouvernement à l’égard des chrétiens s’est durcie. Les chrétiens étrangers font souvent l’objet d’inspections et ils pensent que leur téléphone est placé sur écoute. Les pasteurs des églises destinées aux chrétiens expatriés sont étroitement surveillés. L’importation de littérature chrétienne, notamment en arabe, est systématiquement entravée par des tracasseries administratives. On refuse aux églises tunisiennes toute reconnaissance officielle et si l’on apprend qu’un musulman s’est converti au christianisme, celui-ci est interrogé et passé à tabac. Certains chrétiens ont été condamnés à des peines de prison, arrêtés, menacés à cause de leur foi. Ils subissent également de fortes pressions pour revenir à l’islam. Certaines maisons de chrétiens ont été cambriolées, les malfaiteurs recherchant des preuves de leur conversion.

Plus d’infos sur le pays :

Même si la Constitution tunisienne garantit la liberté religieuse et s’ il n’est pas interdit de se convertir à une autre religion que l’islam, aucun fonctionnaire, à quelque niveau que ce soit, ne fait respecter ce droit. Depuis l’indépendance de la Tunisie en 1956, aucune nouvelle église n’a obtenu l’autorisation officielle de fonctionner.

La Syrie (Position 38)

Le pays passe de la 41ème à la 38ème position sur l’Index mondial de persécution.

Pendant longtemps la Syrie a été considérée comme l’un des pays les plus tolérants du Moyen-Orient sur le plan religieux. Les Eglises chrétiennes traditionnelles bénéficiaient d’une grande liberté dans ce pays à régime dictatorial, tant que leurs activités étaient discrètes. Mais quand, en 2010, des églises et des groupes religieux ont commencé à annoncer leur croyance, au moins 6 bâtiments dans lesquels des chrétiens se réunissaient ont été fermés, la plupart pendant le troisième trimestre de 2010. Plusieurs chrétiens ont été arrêtés ou ont subi des interrogatoires à cause de leurs activités. Des chrétiens étrangers qui travaillaient dans des églises protestantes ont dû quitter le pays car leur visa n’a pas été renouvelé. Durant l’été 2010, des conférences et des camps chrétiens ont dû être annulés.

Plus d’infos sur le pays :

La Syrie a accueilli un grand nombre de réfugiés irakiens et parmi eux, des dizaines de milliers de chrétiens. Des centaines d’entre eux sont encore victimes de violences à cause de leur foi. On compte 1 750 000 chrétiens en Syrie la plupart sont membres de l’Eglise orthodoxe, de l’Eglise catholique ou de groupes apostoliques. On estime également à environ 10 000 le nombre de chrétiens de dénomination protestante.

Le Kirghizistan (Position 46)

Le pays passe de la 49ème à la 46ème position dans l’Index mondial de persécution.

La situation dans ce pays n’a guère évolué au cours de l’année dernière. Cependant, les habitants s’opposent davantage aux chrétiens que par le passé, particulièrement dans les villages. En 2009, la loi sur les religions a été amendée et des restrictions assez sévères ont été ajoutées quant à la possession de littérature chrétienne.

Les pays qui sont descendus dans le classement

En Mauritanie, en Chine, aux Comores, en Libye, en Birmanie, en Inde, au Nord Soudan, à Djibouti, à Cuba et au Sri-Lanka, la situation s’est améliorée ou ne s’est pas dégradée.

La Mauritanie (Position 13)

Le pays passe de la 8ème à la 13ème position sur l’Index de persécution 2010.

Pour les chrétiens mauritaniens, la situation s’est améliorée l’année dernière. Il n’y a pas eu d’arrestation en masse, ni de maltraitance physique à grande échelle à l’encontre de chrétiens.

Cependant, dans le nord du pays, une femme de 25 ans a été cruellement battue et brûlée par son père et ses frères quand ils ont découvert sa conversion au christianisme. Elle est décédée à l’hôpital, des suites de ses blessures.

Une vingtaine d’autres chrétiens, certains avec des enfants en bas âge, ont reçu des menaces de mort à cause de leur foi et presque tous ont dû fuir leur maison de peur de subir le même traitement que celui infligé à cette jeune femme.

Plus d’infos sur le pays :

L’influence d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique augmente en Mauritanie. Ce groupe est de plus en plus soutenu par la population et en profite pour surveiller étroitement les chrétiens. Le gouvernement mauritanien travaille en collaboration avec la France et l’Algérie afin d’éradiquer les bastions d’Al-Qaïda présents sur son territoire et d’éviter qu’une guerre sainte ne déchire le pays.

La Chine (Position 16)

Le pays passe de la 13ème à la 16ème place sur l’Index mondial de persécution.

Certains signes laissent à penser que le gouvernement tolère davantage les chrétiens que par le passé même si des cas de persécution ont tout de même été enregistrés. Les groupes religieux ont l’autorisation, en tant qu’église, d’être plus actifs dans le domaine social à condition de ne pas compromettre l’harmonie et la stabilité de la société. Fin 2009, certains chrétiens ont fait de longs séjours en prison à cause de leur foi mais ce genre de cas a bien diminué en 2010. De même, par le passé, les maisons de chrétiens et leurs lieux de réunion étaient souvent attaqués, ce qui a été moins fréquent en 2010. La situation n’est cependant pas la même dans toutes les parties de la Chine. Si les chrétiens n’organisent pas de manifestations publiques de grande ampleur ou si aucun incident sensible les concernant ne se produit, le gouvernement ne s’en prend plus systématiquement à eux comme auparavant.

Les Comores (Position 21)

Le pays passe de la 16ème à la 21ème position sur l’Index mondial de persécution.

L’Union des Comores, à majorité musulmane, se divise en 3 îles : la Grande Comore, Anjouan et Moheli. Nous avons remarqué que la surveillance dont les chrétiens font l’objet est plus ou moins étroite dans chacune des 3 îles. Dans certaines îles, les chrétiens ont beaucoup plus de liberté que dans d’autres. Cependant, en mai 2009, un référendum visant à amender la Constitution a établi l’islam comme religion d’Etat. Même si l’attitude du gouvernement et de la société à l’égard des chrétiens n’a pas changé, le statut officiel des non-musulmans a, lui, été modifié par ce vote. Une fois que cet amendement sera appliqué, la situation des chrétiens s’en trouvera affectée d’une manière qui pourrait être négative.

La Libye (Position 25)

Le pays passe de la 22ème à la 25ème place du classement de l’Index mondial de persécution.

Nous avons enregistré moins de persécution l’année dernière, mais les chrétiens libyens vivent leur foi en secret, prisonniers d’une culture de l’autocensure. Chaque Libyen se sait épié par les forces de sécurité et les services de renseignements. En 2010, un chrétien libyen a été arrêté et a subi des pressions pour retourner à l’islam. Un autre a été chassé du pays à cause de sa foi.

Plus d’infos sur le pays :

La Constitution libyenne ne parle pas de liberté religieuse mais la Grande Charte Verte des Droits de l’Homme de Khadafi, elle, la mentionne. Si un musulman se convertit et qu’il est violenté ou arrêté par la police, il n’a aucun moyen légal de faire respecter son droit à la liberté religieuse. La Libye est majoritairement musulmane. La petite communauté chrétienne est essentiellement composée d’expatriés chrétiens originaires d’Afrique sub-Saharienne, d’Egypte et des Philippines. Il y a également des expatriés occidentaux et les quelques chrétiens libyens que l’on trouve dans le pays sont tous d’origine musulmane.

La Birmanie (Position 27)

Le pays passe de la 23ème à la 27ème position au classement sur l’Index de persécution.

Entre novembre 2009 et octobre 2010, nous n’avons enregistré aucun cas de chrétiens emprisonnés ou harcelés pour leur foi, même si la situation générale des chrétiens en Birmanie a peu évolué.

L’Inde (Position 32)

L’Inde passe de la 26ème à la 32ème place du classement sur l’Index mondial de la persécution.

L’année dernière, moins de chrétiens ont été assassinés. On en a comptabilisé 9. Par ailleurs, si dans certains Etats, comme le Karnataka et le Madhya Pradesh, les chrétiens sont pris pour cible par les hindouistes, ils bénéficient de la liberté de religion dans le Nagaland ou le Meghalaya, là où ils sont majoritaires. Un autre facteur explique le fait que la position de l’Inde a baissé dans le classement : la forte dégradation de la situation des chrétiens dans des pays comme le Nigéria, la Turquie et le Maroc, qui sont passés devant l’Inde en terme d’intensité de la persécution antichrétienne en 2010.

Le Nord Soudan (Position 35)

Le Nord Soudan passe de la 30ème à la 35ème position dans le classement de l’Index mondial de persécution. En novembre 2010, l’archevêque catholique de Khartoum, capitale du Nord Soudan, a été victime d’une tentative d’assassinat. Deux chrétiens  d’origine musulmane ont été emprisonnés. A Khartoum, les membres d’une église presbytérienne ont été chassés de leur bâtiment avec l’aide de la police afin de permettre à un homme d’affaires musulman d’occuper les lieux. Mais on peut quand même considérer qu’en 2010, la situation des chrétiens s’est un peu améliorée dans la région avec moins de cas de persécution enregistrés.

Plus d’infos sur le pays :

Le Nord Soudan est en majorité musulman et a adopté la charia, tandis que le Sud Soudan est en majorité chrétien et animiste. En 2005, suite à une guerre civile, un Accord de Paix Global ( APG) a été conclu entre le Nord, dirigé par les fondamentalistes du Parti National du Congrès (PNC) et le Sud gouverné par le Mouvement de Libération du Peuple du Sud Soudan (SPLM). En 2010, la question du référendum sur l’indépendance du Sud (prévu le 9 janvier 2011), a pesé sur les chrétiens du Nord. Ils craignent d’être chassés si le Sud demandait son indépendance.

Djibouti (Position 39)

Djibouti passe de la 36ème à la 39ème position dans le classement de l’Index mondial de persécution.

Même si la société se montre de plus en plus agressive, aucun incident n’a été enregistré entre novembre 2009 et octobre 2010. C’est pourquoi le pays est descendu dans le classement.

Plus d’infos sur le pays :

La république de Djibouti est majoritairement musulmane avec une petite communauté chrétienne, composée principalement d’expatriés. Il existe un petit groupe de chrétiens djiboutiens d’origine musulmane, qui sont persécutés par leur famille et par la société. En général, le gouvernement traite les non-musulmans avec tolérance et respect.

Cuba (Position 41)

Le pays passe de la 38ème à la 41ème position dans le classement de l’Index mondial de persécution.

Le cas de Cuba est particulier. D’un côté la situation des chrétiens dans l’île s’est dégradée, mais de l’autre, le pays a quand même baissé dans le classement. Cela est dû à des facteurs externes, à savoir aux évolutions dans les autres pays. En ce qui concerne Cuba, il a perdu des places parce que la Tunisie et la Syrie en ont gagné. D’autres pays ont vu leur classement modifié à cause de ce jeu de chaises musicales. C’est le cas de l’Arabie Saoudite, de la Somalie, des Maldives (qui a bénéficié de la montée de l’Afghanistan dans le classement), de l’Erythrée (qui a bénéficié de la montée du Pakistan dans le classement) du Koweït et des Emirats Arabes Unis (qui ont bénéficié de la montée de la Turquie et du Maroc dans le classement).

Sri Lanka (Position 49)

Le pays passe de la 40ème à la 49ème place dans le classement de l’Index mondial de persécution.

Beaucoup moins de faits de persécution ont été enregistrés en 2010. Aucun chrétien n’a été tué, condamné ou emprisonné pour sa foi. Seule une poignée de chrétiens ont été maltraités physiquement et très peu d’églises ont été attaquées. Le Sri Lanka continue à bénéficier de la fin du conflit avec les Tigres Tamoul. Les chrétiens ne sont plus pris en otage entre, d’un côté, le gouvernement sinhalese et de l’autre les rebelles tamouls. Il semble également que la pression exercée par le clergé bouddhiste local et les villageois sur les chrétiens ait diminué.

Les pays qui entrent dans le classement

La Malaisie et la Russie (Position 50 ex-æquo)

La Malaisie

En janvier 2010, neuf églises ont été vandalisées ou détruites, ce qui ne s’était jamais produit auparavant dans le pays. Heureusement, personne n’a été blessé. Ces attaques font suite à un procès : En 2009, le gouvernement et le journal catholique « The Herald » se sont affrontés à propos de l’utilisation du mot « Allah » (Dieu en langue arabe) par les chrétiens, alors que pendant des siècles, les chrétiens ont utilisé ce mot pour désigner Dieu. Le 31 décembre 2009, la cour suprême malaise a finalement statué que les chrétiens avaient le droit de continuer à utiliser ce mot. Les chrétiens s’en sont réjouis, les musulmans étaient furieux et le gouvernement a immédiatement fait appel du verdict. La situation reste tendue même si aucun autre cas d’attaque d’église ou d’agression de chrétiens n’a été enregistré.

Plus d’infos sur le pays :

La Malaisie a toujours été un pays divisé entre l’Ouest, profondément islamique, dont plusieurs Etats sont régis par la charia, et l’Est (comme l’île de Bornéo) où l’on trouve des animistes et des chrétiens. Officiellement aucune religion n’est prépondérante, mais la réalité montre le contraire. En malais, il existe une longue liste de mots qui ne peuvent être utilisés par aucune une autre religion que l’islam. Il est quasiment impossible pour un musulman d’adopter une autre religion. Le régime et la population ont toujours pensé qu’un vrai Malais doit être musulman. Il est interdit de parler de la foi chrétienne à un Malais et construire des églises est quasiment impossible. Lentement, le pays semble évoluer vers plus d’uniformité. Son ancienne diversité s’estompe. La législation laïque du pays est de plus en plus soumise aux lois islamiques. Les tribunaux laïques renvoient les affaires qui relèvent de la religion aux tribunaux islamiques. L’islam progresse, surtout dans l’Est du pays.

La Russie

L’intensité de la persécution varie selon les régions. La situation est plus grave dans le centre et le sud de la Russie alors que la Sibérie et l’extrême orient russe sont plus tolérants.

Plusieurs cas de persécutions sérieux ont été enregistrés en 2010 :

Dix chrétiens ont été arrêtés et trois responsables d’églises ont été tués à cause de leur foi. La plupart du temps, les protestants sont plus inquiétés que les orthodoxes, mais parmi les trois personnes assassinées il y avait un prêtre orthodoxe de Moscou. Les deux autres étaient un pasteur baptiste de Saint-Petersbourg et un pasteur pentecôtiste de Makhachkala au Daguestan. Ils ont été assassinés car ils étaient « trop impliqués » auprès des chrétiens d’origine musulmane.

Plusieurs chrétiens ont vu leur maison « caillassée » et des bâtiments d’églises ont été couverts de graffitis.

Plus d’infos sur le pays :

La Russie n’est pas vraiment une nouvelle venue dans le monde de la persécution.

L’URSS persécutait les chrétiens en Russie et en Europe de l’Est. Cependant l’URSS n’existe plus et il peut être surprenant de voir la Fédération de Russie partager la 50ème place du classement de l’Index de persécution 2011 avec la Malaisie. La législation russe définit les principes de base de la liberté de religion et de conviction, mais les différentes confessions présentes sur le sol russe ne sont pas à égalité devant le droit.

Dans la loi de 1997 sur la liberté de conscience, seules 4 religions « traditionnelles » sont reconnues en Russie, à savoir l’orthodoxie orientale, l’islam, le bouddhisme et le judaïsme. Les fonctionnaires d’Etat soutiennent officiellement l’Eglise orthodoxe au détriment des autres religions.

Les chrétiens sont persécutés par l’Etat et le FSB (services de renseignements) d’une part et par les musulmans (surtout au Daguestan) d’autre part. Beaucoup de nouveaux chrétiens doivent vivre leur foi discrètement et se réunir en petits groupes chez des particuliers.

Il quitte le classement

Le Kenya (nord-est)

Le Kenya, classé 50ème l’année dernière, ne figure plus dans l’Index de persécution 2011.

En 2010, seuls quelques rares faits de persécution ont été enregistrés. Dans la ville de Moyale, des musulmans ont attaqué, blessé et menacé les chrétiens locaux qui appartenaient tous à la même église.

Plus d’infos sur le pays :

Le Kenya est chrétien à 80% mais les chrétiens sont discriminés et persécutés dans les zones où ils sont minoritaires. C’est notamment le cas dans la Province Nord-Orientale où vivent les musulmans Somalis ; d’autres Somalis ainsi que des Boranas occupent la partie supérieure de la Province Orientale, alors que les swahili, descendants des Bantus et des Arabes se sont installés dans la partie Est de la Province de la Côte.

Trois faits majeurs détermineront l’avenir des relations entre musulmans et chrétiens.

En 2010, une nouvelle Constitution a été adoptée qui stipule que la juridiction des tribunaux

islamiques est à présent étendue à tout le pays et qu’ils ont encore plus de compétences qu’avant.

Les églises étaient contre le projet, ce qui a été mal vu par le gouvernement.

Au Kenya, selon le recensement de 2009, le nombre de musulmans est estimé à 3,39 millions. Cette augmentation a des répercussions sur l’économie locale car le marché s’adapte aux besoins des musulmans. Le nombre de musulmans a également augmenté du fait de l’arrivée de 2,4 millions de réfugiés somaliens. Ils se sont installés dans le nord et l’est du pays ainsi qu’à Eastleigh, une banlieue de Nairobi.

L’islam est de plus en plus enseigné et les Somaliens musulmans qui se convertissent au christianisme, ainsi que les Kenyans qui quittent l’islam sont menacés de mort.

Glossaire Index mondial de persécution 2011

L’index mondial de persécution 2011, publié par Portes Ouvertes regroupe des termes religieux

spécifiques. Ce glossaire en regroupe quelques-uns.

Eglises de maison ou groupe de maison : Eglises non officielles qui sont constituées de petits groupes de fidèles se réunissant chez les uns ou les autres

Charia : loi islamique

Apostasie : le fait de changer de religion

Apostats : ceux qui ont quitté leur religion d’origine

Salafisme : doctrine fondamentaliste de l’islam sunnite

Voir enfin :

 

A Jihad In Tunisia

Robert Spencer

Human events

01/18/2011

When Tunisian President Zine El Abidine Ben Ali was toppled from power and fled to Saudi Arabia on Friday, The Washington Post’s Jennifer Rubin hailed this « Jasmine Revolution » as a « remarkable event: a popular, secular revolt in a Muslim country » that « poses an opportunity and a risk for the U.S. » Mona Eltahawy, also writing in the Post, explained that « a 29-day popular uprising against unemployment, police brutality and the regime’s corruption » brought down Ben Ali. But there are numerous indications that there were other sources of dissatisfaction in Tunisia with Ben Ali — including the relatively secular character of the government. Pro-Sharia Islamic supremacist forces are poised to take advantage.

The popular perception is that Ben Ali was brought down by the will of the people. The French government declared that Tunisians, by toppling Ben Ali, had « expressed their democratic will. » German Chancellor Angela Merkel expressed her support for « real democracy » in the North African nation, adding in a message to officials of the new Tunisian government: « I appeal to you to use this deep break in Tunisia’s history as a new departure. »

A factory worker in Carthage had similar high hopes: « This is like the French Revolution, » he said enthusiastically. « It’s the end of an era. I’m hoping there is real change. We can’t continue like this. » Political analyst Ahmed Lashin declared: « The Arabs have been repressed for too long. They are eager for change and are on the verge of explosion. »

But what kind of change? What kind of Reign of Terror might come in the wake of this new French Revolution? Rached Ghannouchi, the London-based leader of the banned Tunisian pro-Sharia party, the Tunisian Renaissance Party (Hizb al-Nahdah), was quick to dub the Tunisian uprising an « intifada » and to claim it as a victory for Islam. « The Tunisian intifada, » he exulted, « has succeeded in collapsing the dictatorship. »

Pro-Sharia MPs in Kuwait applauded « the courage of the Tunisian people, » and Abdelmalek Deroukdal, a leader of al Qaeda in the Islamic Maghreb, hailed the revolution as a jihad and expressed solidarity with the Tunisians. In Gaza, the jihadist groups Hamas and Islamic Jihad were both thrilled at events in Tunisia. Hamas spokesman Sami Abu Zuhri hailed the victory for democracy, and Gaza Foreign Minister Fathi Hammad emphasized that « we are with the Tunisians in choosing their leaders, no matter what sacrifices it takes. »

Islamic Jihad praised the Tunisian people for liberating themselves « through blood, sacrifices and the expression of free will, » adding ominously that the toppling of Ben Ali was « a message to Arab and Islamic countries to pay attention to the aspirations of their people that are rejecting hegemony and tyranny before it is too late. »

Islamic Jihad held a rally in Gaza City, featuring hundreds of jihadists waving Tunisian flags festooned with the words « Revenge against tyranny. » Islamic Jihad spokesman Dawud Shehab sounded a drearily familiar note in accusing the Ben Ali regime of maintaining « suspicious ties » with Israel.

Meanwhile, a PLO faction warned Tunisians about « waves of political Islam » that could follow Ben Ali’s toppling, and urged them to « cut the road to political Islam and its misleading slogans to avoid a repeat of the Gaza Strip experience in Tunisia » — referring to the seizure of power in Gaza by the Islamic supremacists of Hamas.

The great unacknowledged truth about Tunisia and the rest of the Islamic world is that Islamic jihadists and pro-Sharia forces, far from being the « tiny minority of extremists » of media myth, actually enjoy broad popular support. Any genuine democratic uprising is likely to install them in power. That’s why jihadists are hailing events in Tunisia, and why all lovers of freedom should view those events with extreme reserve — for a Sharia government in Tunisia is unlikely to be any kind of friend to the United States, and if the « Jasmine Revolution » does indeed spread and other Arab and Muslim dictators are toppled, an already hostile anti-American environment could become much, much worse.

The events in Tunisia also show yet again the crying need for realistic analysis in Washington of the jihad threat, rather than the fantasy-based analysis that prevails there now. But that is even less likely than the flowering of a pluralistic, secular democracy in Tunisia.

Mr. Spencer is director of Jihad Watch and author of The Politically Incorrect Guide to Islam (and the Crusades), The Truth About Muhammad (both from Regnery—a Human Events sister company) and most recently coauthor of Pamela Geller’s The Post-American Presidency (Simon & Schuster).

Voir également:

Le nombre des chrétiens diminuent dans les territoires palestiniens

17 janvier 2011

Les chrétiens disent que leur nombre diminuant transforme leurs églises de lieux de culte en musées. Aujourd’hui il n’y a que 50.000 chrétiens en Cisjordanie et 1.000 dans la bande de Gaza, soit 2.2 % de la population globale de l’Autorité Palestinienne (AP). Les chrétiens quittent peu à peu les lieux d’héritage traditionnel pour des raisons de sécurité et des soucis économiques.

35% de la population en Cisjordanie a émigré entre 1967 et 1992 (dont 45% aux Etats–Unis), selon une étude réalisé en 1992 par Berbard Sabella de l’Université de Bethlehem. Les espoirs d’un accord de paix éventuel avec les accords d’Oslo en 1993 a ralenti cette tendance d’immigration massive, avant de reprendre en 1997.

L’Autorité Palestinienne n’a pas une constitution ratifiée mais leur Charte Nationale établie l’Islam comme religion officielle. Les principes de la charia sont les sources législatives principales, ” accordant une liberté de conscience et de religion”.

Cependant, L’Autorité Palestinienne est fortement critiqué de ne pas prendre les mesures nécessaires pour protéger les chrétiens habitant dans ses régions du harcèlement, de l’intimidation et des attaques.

Des nombreux chrétiens à Bethlehem et dans les villages avoisinants Beit Sahour et Beit Jalla se sont plaints à plusieurs reprises du fait que des musulmans s’emparent de leurs terres, en utilisant la force ou des documents falsifiés. Durant la 2ème Intifada de 2000, le village de Beit Jalla a servi de base pour des attaques contre le quartier juif de Gilo.

Il est bien connu que les chrétiens palestiniens n’osent pas signaler des cas de mauvais traitement aux autorités. L’incitation au terrorisme contre Israël et l’Occident chrétien fait grimper la tension entre cette minorité en déclin de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Les organisations chrétiennes dans ces régions, telles que la Société Biblique Palestinienne ou la Young Mens Christian Organisation (YMCA), sont sujets à des menaces de la part des islamistes.

Chronologie des attaques récentes:

Mai 2009- Plus de 70 tombes chrétiennes profanées au village de Jiffra, près de Ramallah.

Mai 2008- Des agresseurs anonymes font exploser une bombe devant l’école chrétienne Zahwa Rosary School à Gaza.

Février 2008- Des incendiaires mettent le feu à une bibliothèque de la YMCA, brulant 10.000 livres.

Octobre 2007- Rami Khader Ayyad, chrétien éminent à Gaza, est enlevé et poignardé à mort après avoir reçu des menaces pendant des mois des musulmans locaux.

Juin 2007- Des extrémistes musulmans attaquent l’école chrétienne Zahwa Rosary School ainsi que l’église latine à Gaza.

Avril 2007- Centre de la Société Biblique Palestinienne bombardé.

Septembre 2006- Cinq églises incendiées et fusillées en Cisjordanie et à Gaza.

Février 2006- la Société Biblique Palestinienne est obligée de fermer temporairement leur centre et leur bibliothèque à Gaza suite à une menace à la bombe. Plus tard, deux bombe-tuyaux s’explosent, faisant des dégâts mais pas de blessés.

Septembre 2005- Des centaines des hommes musulmans incendient maisons et véhicules chrétiennes dans un village en Cisjordanie.

Voir enfin:

L’Autorité Palestinienne islamise les sites religieux juifs dans ses manuels scolaires

 David Koska

Israël infos

L’Autorité Palestinienne islamise les sites religieux juifs dans ses manuels scolaires

L’Autorité Palestinienne aurait renommé des sites historiques juifs dans des manuels scolaires, selon un rapport de l’Institut de Surveillance de la Paix et de la Tolérance Culturelle dans l’Éducation Scolaire paru mardi…

L’Institut a rédigé ce rapport à la suite de la décision de l’UNESCO de considérer le Tombeau de Rachel uniquement comme une mosquée.

D’après cette étude, les livres scolaires palestiniens utilisaient la dénomination ‘Tombeau de Rachel ‘ depuis 1995; après 2001 (et le déclenchement de l’Intifada), le site est devenu la « Mosquée de Bilal Ibn Rabah ». Rachel est donc devenue Bilal, personnage masculin de la tradition musulmane libéré de l’esclavage, et converti à l’Islam après avoir rencontré Mahomet.

Selon le directeur de l’Institut, l’éditeur palestinien explique ce changement par la volonté de « faire revivre l’héritage palestinien « .


Tunisie: La France enterre Kouchner (It is midnight Doctor Kouchner)

18 janvier, 2011
Bien entendu nous n’allons rien faire. Claude Cheysson (décembre 1981)
(Le Quai d’Orsay), qui aurait dû être le bâton de maréchal de Bernard Kouchner, a plutôt été la fin du kouchnérisme, tant ce qu’il incarnait – droit d’ingérence, droits de l’homme – s’est brisé sur l’autel de la realpolitik.  Pascal Boniface
Nous proposons que le savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type. Michèle Alliot-Marie (ministre française des Affaires étrangères)
Autant ce dernier (Kouchner) était monté sur ressorts, impulsif et imprévisible, autant la première (Alliot-Marie) est carrée, réfléchie et maîtrisée. Directeur du Quai d’Orsay
Lorsqu’elle s’envole à bord d’un Falcon de la République pour rencontrer un homologue étranger, Mme le ministre d’État (elle préfère l’emploi du masculin) se plonge dans ses dossiers, prépare longuement les entretiens avec ses collaborateurs et s’en tient à quelques messages clairs et calibrés aux journalistes qui l’accompagnent. Rien à voir avec les conversations à bâtons rompus et les cabotinages de «Bernard» avec la presse – avant qu’il ne la prenne en grippe. Affaire de style et d’individualité ! (…) Autre surprise, le conseiller pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, Erwan Davoux, n’est pas passé par l’ANMO, l’influente direction du Quai chargée de ces régions. Une façon sans doute pour le nouveau ministre de prendre quelque distance avec la «machine» pour mieux la maîtriser. (…) Avec Alain Juppé, gaulliste comme elle, qui occupa naguère le fauteuil de Vergennes, le travail est «fluide», assure-t-on dans son entourage. (…) Sur le fond, MAM souhaite ne pas se laisser happer par la gestion des crises, une tendance que son prédécesseur avait dans ses gènes. Néanmoins, du Niger à la Côte d’Ivoire, elle doit assumer l’action d’urgence qui s’impose. Le centre de crise du Quai d’Orsay, une création de Bernard Kouchner, n’a pas été désactivé, bien au contraire. Michèle Alliot-Marie veille même à présider ses réunions. Un exercice à risque : son offre de coopération à la Tunisie dans le domaine sécuritaire a été jugée maladroite par beaucoup. (…) De quoi amener les observateurs à convenir que MAM, qui en est à son quatrième ministère régalien (après la Défense, la Justice et l’Intérieur), un record sous la Ve République, a endossé avec prestance le costume de diplomate en chef. Après une telle entrée en scène, elle ne court qu’un seul risque : celui de décevoir. Le Figaro (14.01.11)
La France a sous-estimé l’exaspération du peuple tunisien face à un régime policier et à une répression sévère (…) la position de la France, qui consiste à dire aujourd’hui : ‘il appartient aux Tunisiens de choisir leur avenir, un avenir démocratique, dans le cadre d’élections libres’, me paraît pertinente. Alain Juppé (ministre de la défense, 17 janvier)
Personne ne pouvait prévoir ce qui allait se passer. Nous n’avons pas à avoir une lecture politique d’événements qui se produisent dans un pays souverain et ami. (…) Je voudrais rappeler à tous ceux qui sont prompts à critiquer ou donner des leçons que nul, au moment où la ministre des affaires étrangères a répondu, ne savait mesurer la portée des événements et encore moins ce qui allait se passer. Bernard Accoyer (président de l’Assemblée nationale)
C’est presque facile pour le président Obama de dire ‘bravo et good luck’ mais il est loin, il y a moins d’Américains en Tunisie et de Tunisiens aux Etats-Unis. Nous, nous sommes tenus à une certaine prudence.  Eric Besson (ministre de l’industrie et tout récent époux d’une Tunisienne)
La politique de la France est fondée sur deux principes constants : la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain, et le soutien à la démocratie et la liberté. Michèle Alliot-Marie

Au lendemain d’une nouvelle confirmation de la loi de Tocqueville qui a vu, pour la première fois depuis longtemps dans un pays arabe, un pouvoir policier trahi par sa propre politique de libéralisation …

Alors que, reprenant systématiquement le point de vue des tyrans (comme s’il s’agissait d’une maladie honteuse), les unes de nos médias ne sont que « craintes« , « menaces » et « risques de contagion » …

Retour, avec deux articles du Monde, sur le méga-cafouillage (pendant le  soulèvement du peuple tunisien) et le virage sur l’aile (après la fuite de Ben Ali) de la diplomatie française.

Qui, prise de court (tant par la volonté du peuple tunisien – pour la répression duquel elle avait, on s’en souvient, proposé plus de coopération policière – que par la plus prompte réaction américaine), se voit contrainte d’habiller son très remarqué attentisme en nouvelle doctrine géopolitique.

A savoir, si l’on en croit les déclarations à nouveau très visiblement improvisées de la toute récente ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, la tentative de ménager la chèvre de la non-ingérence et le chou du soutien à la démocratie.

Qui ressemble étrangement à, 30 ans plus tôt, une certaine doctrine Cheysson et de fait à l’enterrement, deux mois à peine après son départ du Quai d’Orsay, de la fameuse doctrine (certes déjà bien écornée et systématiquement vilipendée) de l’ingérence de son prédécesseur, un certain  Dr. Kouchner … 

Tunisie : le virage de la France, contrainte par les évènements

Natalie Nougayrède

Le Monde

 17.01.11

La diplomatie française a opéré un virage majeur sur le dossier tunisien, contrainte de s’adapter à un enchaînement d’événements qui l’a dépassée et mise en porte-à-faux. Au lendemain de la fuite du président Ben Ali, la France a employé pour la première fois le mot « démocratie » en décrivant les aspirations des manifestants tunisiens ces dernières semaines.

Dans un communiqué diffusé samedi 15 janvier vers 14 heures, l’Elysée s’est pour la première fois rangé du côté de ceux qui réclament une libéralisation politique : « Depuis plusieurs semaines, le peuple tunisien exprime sa volonté de démocratie. La France, que tant de liens d’amitié unissent à la Tunisie, lui apporte un soutien déterminé. » La veille, la présidence française n’avait fait que « prendre acte de la transition constitutionnelle ». Samedi, avec un jour de retard sur les Etats-Unis, la France a demandé « l’organisation d’élections libres dans les meilleurs délais ».

LE GLAS DE « L’INGÉRENCE »

Fait notable, le communiqué de l’Elysée énonce une doctrine : « La politique de la France est fondée sur deux principes constants : la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain, et le soutien à la démocratie et la liberté. » Cette notion de « non-ingérence » – mentionnée à quatre reprises, dimanche, par la ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, dans un entretien au Journal du dimanche – fait son apparition dans le vocabulaire officiel français.

Un signal pour d’autres dirigeants du monde arabe ? Les responsables français semblent chercher, à travers ce concept aux contours flous, à justifier leur attentisme pendant les journées d’une répression policière sanglante en Tunisie. L’expression sonne le glas de l' »ingérence » chère à Bernard Kouchner, deux mois à peine après son départ du Quai d’Orsay.

L’Elysée a voulu, par ailleurs, donner des gages aux nouvelles autorités tunisiennes, en annonçant que des « dispositions » avaient été prises « pour que les mouvements financiers suspects concernant des avoirs tunisiens en France soient bloqués administrativement ». Cette volonté de se montrer à l’écoute du nouveau pouvoir qui se dessine à Tunis avait déjà transpiré dans le refus – préventif – d’accorder l’asile au président Ben Ali.

DOUBLE REFUS DE L’ARMÉE

Dimanche 16 janvier, les responsables français continuaient d’analyser les ressorts d’une crise qui les a pris de court. Une certitude était avancée par une source proche du dossier : l’armée tunisienne a joué un rôle décisif le vendredi 14 janvier, le jour où tout a basculé.

Une délégation d’officiers de haut rang, selon cette version, est allée voir le président Ben Ali dans la matinée, alors que des manifestants se massaient sur l’avenue Bourguiba, pour lui signifier un double refus : le refus de l’armée d’être utilisée dans le maintien de l’ordre et son rejet d’une politique jusqu’au-boutiste marquée par la violence.

De source autorisée à Paris, on s’interrogeait aussi, dimanche, sur le rôle joué par les Etats-Unis dans le départ du président Ben Ali. Washington aurait fait passer le message au dirigeant tunisien – via l’Arabie saoudite, pays où il a trouvé refuge – que le moment était venu de quitter le pouvoir.

QUELLE CONCERTATION ENTRE PARIS ET WASHINGTON ?

Pareil scénario, s’il se confirme, soulève la question du degré de concertation entre Paris et Washington. Car la fuite du président tunisien a pris les responsables français par surprise. Paris faisait, au contraire, l’analyse que les promesses de réformes annoncées par Ben Ali le 13 janvier l’avaient remis en selle politiquement – au moins, pour un temps.

En hâtant le départ du chef de l’Etat, les Etats-Unis ont pu chercher à éviter un chaos susceptible de profiter à terme au courant islamiste, avance-t-on à Paris. Mieux valait ainsi, du point de vue américain, favoriser une transition ordonnée. La France était sur une autre ligne : elle ne jugeait pas la menace islamiste d’une ampleur telle qu’il faille précipiter un changement de régime.

Voir aussi:

La France a « sous-estimé l’exaspération du peuple tunisien »

Le Monde

17.01.11

Sous la pression des événements en Tunisie, la France a opéré un revirement diplomatique tardif, qui témoigne de la difficulté de la diplomatie française à comprendre la révolte. Le ministre de la défense, Alain Juppé, a reconnu, lundi 17 janvier, que la France « a sous-estimé l’exaspération du peuple tunisien face à un régime policier et à une répression sévère ». Mais, comme plusieurs responsables de la majorité, il a martelé que « la position de la France, qui consiste à dire aujourd’hui : ‘il appartient aux Tunisiens de choisir leur avenir, un avenir démocratique, dans le cadre d’élections libres’, me paraît pertinente ». (Lire l’article : Le virage de la France, contrainte par les événements.)

Le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a lui aussi estimé que « personne ne pouvait prévoir ce qui allait se passer ». « Nous n’avons pas à avoir une lecture politique d’événements qui se produisent dans un pays souverain et ami », a-t-il assuré. Il est par ailleurs revenu sur les propos de la ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, qui avait proposé une coopération sécuritaire au régime tunisien à l’Assemblée, trois jours avant la fuite de l’ex-président Ben Ali. « Je voudrais rappeler à tous ceux qui sont prompts à critiquer ou donner des leçons que nul, au moment où la ministre des affaires étrangères a répondu, ne savait mesurer la portée des événements et encore moins ce qui allait se passer », a estimé M. Accoyer.

Le ministre de l’industrie, Eric Besson, qui a épousé une Tunisienne, a ironisé sur la position des Etats-Unis, qui n’ont selon lui pas à se préoccuper de la sécurité de leurs ressortissants, alors que les Français sont 22 000 en Tunisie. « C’est presque facile pour le président Obama de dire ‘bravo et good luck’ mais il est loin, il y a moins d’Américains en Tunisie et de Tunisiens aux Etats-Unis. Nous, nous sommes tenus à une certaine prudence », a-t-il expliqué sur France 2.

UNE « GRAVE FAUTE »

Une ligne de défense qui ne satisfait pas les opposants à la politique de Ben Ali. La gauche s’est livrée, depuis vendredi, à un tir groupé sur la ligne de non-ingérence et d’attentisme de Paris à l’égard de la dictature tunisienne. C’est bel et bien Michèle Alliot-Marie qui est dans le collimateur. La ministre des affaires étrangères s’est défendue, dimanche, dans le JDD : « Il y avait des tirs à balles réelles, des morts. Pour que de telles situations ne se reproduisent pas dans l’avenir, j’ai donc dit que nous étions prêts à aider à former les forces de l’ordre tunisiennes, comme nous le faisons pour d’autres pays, au maintien de l’ordre en veillant à la préservation des vies », a-t-elle déclaré. Michèle Alliot-Marie sera entendue mardi matin par la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale sur la situation en Tunisie.

Ségolène Royal a qualifié ses propos de « scandaleux », « venant en soutien d’une dictature ». Une « grave faute », a abondé l’ancien premier ministre Laurent Fabius, l’accusant d' »insensibilité ». L’ancien ministre Pierre Moscovici a dit avoir eu « honte de notre diplomatie ». L’écologiste Cécile Duflot a estimé qu’elle « devrait s’excuser auprès des Tunisiens ». Le porte-parole du NPA, Olivier Besancenot, a demandé à Mme Aliot-Marie de « s’excuser ou de démissionner ». Même dans la majorité, le centriste Hervé Morin a pris ses distances avec les déclarations de la chef de la diplomatie.

Samedi, dans la manifestation parisienne de soutien au peuple tunisien, plusieurs cortèges, dont celui du Front de gauche, mené par Jean-Luc Mélenchon, clamaient « Alliot-Marie démission ». Lundi, un député communiste, Jean-Jacques Candelier, a également réclamé la démission de la ministre des affaires étrangères, jugeant que ses déclarations la semaine dernière d’offrir une coopération sécuritaire au régime Ben Ali étaient « une honte ».


Tunisie: Le moment le plus dangereux pour un mauvais gouvernement (The best way to rob a country is to be president for life: Tunisia brings new confirmation to Tocqueville’s law)

17 janvier, 2011
Allégorie du Mauvais Gouvernement – Guide artistique de la Province de  SienneQuand le sage montre la lune, le sot voit le doigt. Confucius
Ce n’est pas toujours en allant de mal en pis que l’on tombe en révolution. Il arrive le plus souvent qu’un peuple qui avait supporté sans se plaindre, et comme s’il ne les sentait pas, les lois les plus accablantes, les rejette violemment dès que le poids s’en allège. Le régime qu’une révolution détruit vaut presque toujours mieux que celui qui l’avait immédiatement précédé, et l’expérience apprend que le moment le plus dangereux pour un mauvais gouvernement est d’ordinaire celui il commence à se réformer. Il n’y a qu’un grand génie qui puisse sauver un prince qui entreprend de soulager ses sujets après une oppression longue. Le mal qu’on souffrait patiemment comme inévitable semble insupportable dès qu’on conçoit l’idée de s’y soustraire. Tout ce qu’on ôte alors des abus semble mieux découvrir ce qui en reste et en rend le sentiment plus cuisant : le mal est devenu moindre, il est vrai, mais la sensibilité est plus vive. La féodalité dans toute sa puissance n’avait pas inspiré aux Français autant de haine qu’au moment elle allait disparaître. Les plus petits coups de l’arbitraire de Louis XVI paraissaient plus difficiles à supporter que tout le despotisme de Louis XIV. Le court emprisonnement de Beaumarchais produisit plus d’émotion dans Paris que les dragonnades. Tocqueville (L’ancien régime et la révolution, 1856)
Etre réaliste, c’est préférer une réforme modeste, qui en permet une autre, à un miracle impossible. Habib Bourguiba
La Tunisie a produit énormément de diplômés grâce à une priorité donnée à l’éducation, et ce dès l’indépendance. En trente ans, le pays a connu un développement universitaire incomparable à ce que pouvaient connaître d’autres pays au même stade de développement. Il s’est retrouvé dans une situation de ‘surproduction’ de diplômés – même si je n’aime pas ce terme… Vincent Geisser (sociologue à l’Institut de recherche sur le monde arabe et musulman)
Je vais bientôt publier des documents qui vont renverser les royaumes des pays arabes.  Julian Assange
 Nous proposons que le savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type. Michèle Alliot-Marie (ministre française des Affaires étrangères)
En Tunisie, la condition des femmes est tout à fait remarquable. Il y a une opposition politique mais qui ne s’exprime pas comme elle pourrait s’exprimer en Europe. Mais dire que la Tunisie est une dictature univoque, comme on le fait si souvent, me semble tout à fait exagéré. Frédéric Mitterrand
La Syrie de Bashar al-Assad a été plus clairvoyante que la Tunisie de Ben Ali : elle a su associer au partage de la manne de très nombreuses familles issues de la majorité sunnite, qui n’ont pas intérêt à voir le régime tomber, quelque soit le degré d’hostilité qu’il leur inspire. La Syrie a su s’ouvrir économiquement, sans s’ouvrir politiquement. C’est sans doute dans cette voie minimale que les pays arabes vont être contraints de s’engager aujourd’hui. Georges Malbrunot (Le Figaro)
La réalité n’a(vait) bien sûr, rien de drôle, mais l’épisode du yatch volé, à lui seul, est un classique de l’histoire de fin de repas chez les Tunisiens de la diaspora (et sans doute au pays), et si vous savez raconter une histoire, vous pouvez faire rire vos amis, tout en œuvrant pour la cause Tunisienne. Ce câble, en particulier, a beaucoup servi pour faire découvrir la situation Tunisienne à beaucoup de ceux qui n’en avait jamais entendu parler, partout dans le monde. Fabrice Epelboin
Plus l’égalité progresse, plus les inégalités deviennent insupportables, et par conséquent la lutte contre les inégalités se poursuit et entraîne le progrès continu de l’égalité : « le désir d’égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l’égalité est plus grande » (loi deTocqueville). Les droits féodaux étaient devenus plus odieux pour le peuple de France que partout ailleurs parce qu’ils y étaient déjà largement allégés et assouplis. En Allemagne même, c’est en Rhénanie, où les paysans étaient libres, que la Révolution a fait son chemin. C’est parce que les pouvoirs seigneuriaux étaient allégés qu’ils étaient devenus insupportables aux paysans et qu’ils ont été une des causes des soulèvements révolutionnaires. D’une manière générale, c’est lorsqu’ un pouvoir despotique cherche à se libéraliser qu’il devient le plus vulnérable et qu’il doit s’attendre à des révoltes. Nicoud
Not that the Obama Administration has few illusions about Ben Ali. Remember even what I would describe as our least eminent president, George Bush, found it necessary to make a public criticism of Ben Ali to his face not that long ago! The problem is this: the U.S. would like to see change in Tunisia, but only that change that supports the status quo; the cables suggest that Washington no longer cares that much about Ben Ali today nor sees him as particularly effective in helping realize US strategic goals, but they are concerned with who might replace him. That is the problem… those damned reformed movements! You can never tell which way they will go and if they will, either economically or strategically go off in another direction. After all, look at those Latin Americans – Ecuadorians, Venezualans, even Brazil, Bolivia and Chile all seeking their own path to development, snubbing the World Bank, IMF etc. An “uncontrolled’ reform in Tunisia could well have consequences far behind the little country itself…thus one must (or the State Dept. must) tread carefully. The State Department seems to be probing a suitable replacement, one that will follow the broad guidelines of U.S. foreign policy (privatization and openness of the economy, support for the war on terrorism) and for Tunisia to play a role in U.S. strategic and military goals (they have merged) in the Middle East and North Africa. It would do Tunisians, even Ben Ali (!) well to recall how many U.S. allies different American adminstrations have discarded…the list is long and I will only mention a few – the Diem regime in the 1960s, Noriega of Panama – first a key U.S. ally, now rotting in a jail in Florida, the most famous ally-turned-enemy Bin Laden, Marcos of the Philippines. Although Habib Bourguiba bent the national will to accommodate the United States in many ways, in the end, it didn’t seem to matter. He had carefully cultivated U.S. support from the outset, even during the colonial period as a wedge against the French, and did so brilliantly. I have little doubt that the presence of the Peace Corps in Tunisia (in which I participated so long ago) was a concession to the U.S. made specifically to irritate the French (which it did). In any case, Bourguiba thought all that kowtowing to Washington would keep Tunisia safe from some kind of U.S. (and or Israeli) military action. But then there was the Israeli strike on the Palestinian headquarters in Tunis, something that was inconceivable without U.S. approval. Reagan didn’t hesitate to turn on Bourguiba when he thought it necessary. It left Bourguiba extremely bitter; it also revealed how “flexible” Washington could be with allies they no longer felt useful, and that such figures are “expendable”. Add to this that while it is unclear, just how involved the U.S. was with the coup that unseated Bourguiba in 1987, it has to be a bit more than coincidental that Ben Ali got some of his police training in the USA. (…)The TuniLeaks cables suggest that the U.S. State Department has, at long last, caught up with the rest of the world. The cables acknowledge as much. If the cables are accurate, they suggest that the State Department is beginning, however dimly, to understand the political consequences of these economic policies, many of which, while applied in Tunisia are “made in America”…and referred to as “The Washington Consensus”. The more fundamental question: why did it take so long? Rob Prince
Je me souviens encore de ces étudiants iraniens qui venaient me dire exaltés et souriants au moment de la chute du shah en Iran: à Téhéran, c’est 1789. Je leur répondais qu’ils devaient se souvenir qu’après 1789, il y avait eu 1793. (…) Ce qui a fait tomber Ben Ali, c’est, certes, la brutalité, l’absence de liberté de parole, la corruption, mais  c’est aussi que la Tunisie, par rapport aux pays voisins, a été ces dernières années un pays où le niveau de vie s’élevait plus vite, où le nombre de jeunes gens éduqués était plus élevé, et où l’économie était en croissance. (…) Ce qui a fait tomber Ben Ali, aussi, c’est l’ouverture du pays au monde et une répression qui, bien qu’elle ait été sanglante, n’a pas été absolument féroce. Le régime des mollahs en Iran, celui du FLN en Algérie sont des régimes féroces. Je ne m’attends pas à voir brûler de sitôt les effigies d’Ahmadinejad, Khamenei ou Bouteflika en place publique à Paris.  Guy Millière

Et si, contre toute attente et tous nos stratèges en chambre, c’était le ministre sycophante qui du haut de sa villa d’Hammamet avait le plus approché la vérité de l’actuel soulèvement tunisien?

Au lendemain de l’éviction, apparemment manu militari suite à l’impossibilité de contrôler la rue tunisienne, d’un président et d’une famille présidentielle lourdement chargés  …

Et à l’heure où reviennent, 5 ans après la révolution du cèdre et à peine 2 ans après la tentative iranienne, tant les emballements faciles que les discussions oiseuses sur une Révolution Al  Jazeera (alias Jihad TV), Twitter ou maintenant  WikiLeaks

Pendant que dans le reste du monde arabe les autres dictatures appréhendent une possible contagion et qu’en France nos journalistes vantent la méthode syrienne ou nos diplomates la coopération policière …

Retour, avec un intéressant commentaire de l’universitaire américain Rob Prince, sur l’une des dépêches diplomatiques volées publiées par WikiLeaks traitant justement de la situation en Tunisie.

Qui repère bien que tant le fait que pour l’essentiel les fuites n’ont fait que confirmer ce que la plupart des gens informés savaient déjà que la difficulté pour les diplomates de son pays de trouver, pour l’après-Ben Ali, des interlocuteurs crédibles.

Mais qui, enfermé dans ses préjugés de bienpensant de gauche et à l’instar du proverbial sot chinois, voit le doigt des réformes structurelles du Consensus de Washington là où le sage lui montre la lune de la fameuse Loi de Tocqueville.

A savoir, comme vient une fois de plus de le confirmer la réalité elle-même, que c’est généralement quand un pouvoir despotique se libéralise qu’il devient le plus vulnérable …

Deconstructing Tunileaks: An Interview with Professor Rob Prince, University of Denver

Nawaat

Dec 20, 2010

Professor Rob Prince, University of Denver

In order to have an “American” perspective on the Tunileaks affair, Nawaat invited Rob Prince to share his thoughts on the leaked diplomatic cables from the US embassy in Tunisia. Rob Prince is a Lecture of International Studies at the Josef Korbel School of International Studies, University of Denver. Rob served as a Peace Corps Volunteer and Staff Member in Tunis and Sousse. For more insight into Rob Prince thoughts on Tunisia, please listen to his interview with the KGNU Radio – Hemispheres about the human rights situation in our country. In this interview, we asked professor Rob about his first impression after reading the diplomatic cables; the state of the “institutionalized corruption” in the country and the consequence of these leaks on the US-Tunisia relationship; and how the Tunisian civil society, the opposition and the Tunisian online citizen media initiatives can use the leaks in their favor and push for a real change.

1. Introduction

Let me start by thanking Nawaat for collecting and posting these cables in the first place. That is a public service. It is only through reading them, discussing, analyzing them that the fog around them begins to clear.

At the outset let us also remember that of 251,000 or so cables that – as of this writing – a little less than 700 have been released or .002 % of those Wikileaks has released. Not much.

It is important to remember the process. WikiLeaks divided the number between 5 news outlets and then let the news outlets decide what to release to the public. What El Pais or the New York Times releases is what they want to release. The releases are selective and therefore can be used to create a certain spin, a certain reality. The leaks are not “lies” …or what is referred to as “black propaganda”, but are instead “gray propaganda”…one releases a part of the picture, holding back in this case what seems to be the lion’s share…thus public opinion can be manipulated.

And in the case of the cables leaked to the New York Times, it turns out that the documents went through a further filtering process, as the Times submitted what it wanted to publish to the State Department!! for approval. So it is only U.S. State Department approved cables that have seen the light of day in the NY Times. Not exactly the stuff of which the famous Pentagon Papers was made..

Of course the different news outlets have different things they want to expose, hide and in the end it is the Spanish and English sites which seem to be embarrassing the US a bit more (from what I have seen to date), while the U.S. site, the Times has focused on creating the impression that all the Arab countries would like the U.S. to attack Iran (much to Israel’s pleasure).

That having been said, many of my friends are “ambivalent” about the release of the documents, they feel the process is not controlled enough, does not have enough focus, some “innocents” (or not-so-innocents) will be hurt.

I don’t share this view at all.

WikiLeaks has provided a valuable service to the world. More and more countries want to conduct their foreign policy in secrecy, away from the eyes of the public. And it is foreign policy conducted largely in secrecy that leads to different forms of totalitarianism. “The need for secrecy” essentially provides a veil for corporate and state crimes. The kind of shallow jingo-istic hysteria which seems to be permeating the U.S. body politic at this moment is merely an excuse to take censorship here to yet another level.

So three cheers for WikiLeaks, for Assange. I praise his courage and hope that the hysteria that has greeted the cable release here in the USA will die down and that cooler heads will prevail

2. Tunileaks, a broad framework

I know that is a long introduction to the Tunisian cables and the question at hand, but I think it important to place the discussion within such a broad framework.

For example, from what I can tell, it is not the New York Times that has revealed anything about the US-Tunisia relationship, it has been the Guardian of London and El Pais of Spain. This is curious. What to make of it? An attempt to embarrass the US in its N. Africa policy? Perhaps…there is a certain competition for Algerian natural gas between Spain and the U.S., there are voices in UK, especially at the Guardian have been critical of U.S. Middle East and N. Africa policy since September 11, 2001. How do such things play into the release of the documents. Dunno, but it would be a bit foolish to think that some strategic considerations (if only to embarrass the U.S.) are not at play.

I have now read the Tunisian cables – the ones you have provided at Nawaat – through, three times.

There are certain themes which stand out, others which appear to be omitted. My first impression, which I have written and spoken about is that there was less there than meets the eye, ie, that they were not so interesting except for a few details here and there, that pretty much everything in the cables was certainly common knowledge to most Tunisians, and to those who, for various reasons, follow developments in Tunisia closely.

Most just gossip, ie, that Nesrine Ben Ali El Materi is “naive and clueless”, or that her husband Mohammed Sakia El Materi feeds his pet tiger in Hammamet four chickens a day (but are the chickens organic!), or that Imed and Moaz Trabelsi are addicted to stealing yachts from French bankers and painting them over, the way that mafia’s here in the USA steal and dissemble cars, etc, etc.  Juicy reading perhaps, but less than meets the eye at first glance until such remarks are put in context.

Even the more substantial stuff, was, with a few exceptions (the shopping list the Tunisian military would like to get as U.S. aid), “not new” : the general state of the country the corruption of the economic sector that seems to know no bounds of those closest to the Ben Ali and Trabelsi families in economic matters, the intensified levels of repression against journalists, social movements (students, trade unions) that has reached epidemic proportions the impact of the social uprising in Redeyef in 2008.

We could have found out about all of this – and most of us did – elsewhere. No not much of this was new,…the ambassador would have done better reading Le Monde, Liberation or Nawaat to be honest.

After first reading the documents, a distinct sense was that the embassy, in reality, does not know that much about Tunisia. It has little feeling or understanding for what is going on “on the ground”; while aware of the growing discontent and social movement there seems to be little or known contact or even interest in speaking to people outside of narrow government circles.

And for its part, it appears that the Tunisian government (like many others) is not particularly forthcoming to American authorities, as if to hide as much as possible. In these cables, the Tunisian government gives the American embassy as little as is possible. Embassy contacts with independent voices are severely restricted. But what surprises me, is the willingness of State Department reps to accept these limitations! The Tunisian authorities seem to know how to play U.S. paranoia about Islamic fundamentalism, overstate “the Iranian threat”…ie, giving the State Department what they want to hear to elicit aid and modern weaponry.

Now the suggestion that all is not well in the US-Tunisian relationship is, I would argue, very serious stuff. More on this below.

All that is not “new”, but it does substantiate many things that both Tunisians and others have thought about what is going on in the country:

that the place is corrupt today almost beyond belief,

that the human rights abuses are getting worse – the torture, the forced detention, the atmosphere of fear that permeates the country beyond the hotels and beaches of Sousse,

that the “economic miracle” is something less than that.

Or put another way, that the U.S. State Department has become aware of the many-sided crisis which has been percolating in Tunisia for a long time, and which has these past few years exploded into a general crisis of society, so much so that not even the U.S. State Department – which has known about it all along – can any longer avoid. The cat is out of the bag. The cables substantiate this.

And something else is going reading between the lines, a kind of dangerous dance that on some level the two sides are both aware of: it is as if the State Department is probing Ben Ali: are you still useful to us, they seem to be asking. And he is responding, “why yes, of course’. Tunisian authorities are somewhat defensive, nervous one would say and while the US ambassadors are not particularly rude, they are actually “diplomatic’, they have made mild criticisms to Ben Ali himself, to the Tunisian foreign secretary. And the cables themselves make the situation clear: all is not well in the relationship.

3.What is “the problem” for U.S. Tunisian policy?

Not that complicated. Not that the Obama Administration has few illusions about Ben Ali. Remember even what I would describe as our least eminent president, George Bush, found it necessary to make a public criticism of Ben Ali to his face not that long ago! The problem is this: the U.S. would like to see change in Tunisia, but only that change that supports the status quo; the cables suggest that Washington no longer cares that much about Ben Ali today nor sees him as particularly effective in helping realize US strategic goals, but they are concerned with who might replace him.

That is the problem… those damned reformed movements! You can never tell which way they will go and if they will, either economically or strategically go off in another direction. After all, look at those Latin Americans – Ecuadorians, Venezualans, even Brazil, Bolivia and Chile all seeking their own path to development, snubbing the World Bank, IMF etc. An “uncontrolled’ reform in Tunisia could well have consequences far behind the little country itself…thus one must (or the State Dept. must) tread carefully.

The State Department seems to be probing a suitable replacement, one that will follow the broad guidelines of U.S. foreign policy (privatization and openness of the economy, support for the war on terrorism) and for Tunisia to play a role in U.S. strategic and military goals (they have merged) in the Middle East and North Africa.

It would do Tunisians, even Ben Ali (!) well to recall how many U.S. allies different American adminstrations have discarded…the list is long and I will only mention a few – the Diem regime in the 1960s, Noriega of Panama – first a key U.S. ally, now rotting in a jail in Florida, the most famous ally-turned-enemy Bin Laden, Marcos of the Philippines.

Although Habib Bourguiba bent the national will to accommodate the United States in many ways, in the end, it didn’t seem to matter. He had carefully cultivated U.S. support from the outset, even during the colonial period as a wedge against the French, and did so brilliantly. I have little doubt that the presence of the Peace Corps in Tunisia (in which I participated so long ago) was a concession to the U.S. made specifically to irritate the French (which it did).

In any case, Bourguiba thought all that kowtowing to Washington would keep Tunisia safe from some kind of U.S. (and or Israeli) military action. But then there was the Israeli strike on the Palestinian headquarters in Tunis, something that was inconceivable without U.S. approval. Reagan didn’t hesitate to turn on Bourguiba when he thought it necessary. It left Bourguiba extremely bitter; it also revealed how “flexible” Washington could be with allies they no longer felt useful, and that such figures are “expendable”. Add to this that while it is unclear, just how involved the U.S. was with the coup that unseated Bourguiba in 1987, it has to be a bit more than coincidental that Ben Ali got some of his police training in the USA.

4. An alternative to Ben Ali?

At a certain point reading the cables, it occurred to me: they’re looking for an alternative to Ben Ali, they think “his goose is cooked” and are probing Tunisian society to find a viable alternative.

Admittedly this is just a hypothesis, and here I am sitting in Denver, high in Rockies, speculating about Tunisia. But reading the cables over, it comes through loud and clear. How so?

In the cables there is open admission of the overall crisis in Tunisian society, and the opposition to Ben Ali and the Trabelsi family.

The events of Redeyef in 2008 are noted with the fear that it might just be the opening salvo of a deeper social crisis that the US should prepare for.

There are several notes that the US “cannot do anything” until the “post Ben Ali’ era opens. That relations with Ben Ali are jog jammed at present

But in its own way, the dinner with Sakhi and Nesrine Ben Ali Materi was not as vapid, or empty as I suggested above. It seems that the U.S. ambassador was feeling Materi out…as a possible replacement for his father in law. Materi impresses the ambassador that the censorship of the Tunisian media is “too much”, he suggests that his media (he owns one of the country’s two radio stations) is not afraid to hear critical voices. On Middle East policy – Israel-Palestine, Iran, Iraq – he basically follows U.S. foreign policy to the letter. Even the comments about Nesrine are interesting. If she is “naive and clueless” perhaps she will not play the kind of nefarious role of running her husband as Leila Trabelsi has with Ben Ali!

Did the ambassador “decide” that Sakhi Materi “should” replace his uncle Ben Ali…No, that is not how things work. I would guess the ambassador is “shopping around”, getting a feel for who within Tunisia’s ruling circles might cooperate with U.S. policy and if and when “the right moment” presents itself, that the U.S. would “encourage” one of a number of “candidates” for power. And of course the French and probably the British and a number of other foreign embassies are doing precisely the same thing. Afterall, the few reports we get about Ben Ali, that he has cancer, that he spends an inordinate amount of time with grand children, that the Ben Ali and Trabelsi families run not only the economy today (and are frantically trying to buy up, steal what they don’t own, also in preparation for a change in power?) and that Zine Ben Ali is showing signs of senility not unlike Bourguiba manifested in 1986.

So… the vultures are swarming…

That is what a careful reading of the WikiLeaks documents suggests. Does they scream it out loud? No… but re-read the cables and see if I am off the mark?

So there is far more there than meets the eye, and I have to admit that at least where it concerns their take on Tunisia that the State Department’s take on what is happening in the country is less stupid than I originally imagined.

Deconstructing TuniLeaks: Part Two: Economic Consequences

Nawaat.org

Dec 22, 2010

Professor Rob Prince, University of Denver

Nawaat: So far the topic of corruption surrounding the (Ben Ali, Trabelsi) family seems visibly dominant in the cables. Do you think we are dealing with institutional corruption that could harm the relationship between Tunisia and the West in general, at least on an economic level?

Professor Rob Prince:

1. A deep, structural economic problems in Tunisia

As I respond to your question…at the moment in the Tunisian interior, in Sidi Bouzid, there have been four days of protests – what the government of Tunisia calls “riots” or “social unrest”; and now I read that similar protests have begun in Kasserine and elsewhere. The Sidi Bouzid events appears to have been a spontaneous uprising of people in the region over economic and social issues after a poor lad in his early 20s, one Mohammed Bouazizi poured a can of gasoline on himself and then lit a match in front of the police station there. Tunisian friends relate that this is the third young Tunisian in about six months, who chose to protest the grim economic and social prospects in the country by burning themselves to death.

I cannot put into words, how sad it makes me to see a photo of Mohammed Bouazizi seeming to be running down the main street of Sidi Bouzid his body nothing more than a ball of fire while Zine Ben Ali parrots old and worn nonsense about non-existent economic miracles and complains that those who criticize his regime’s human rights record are exaggerating.

Then there are more than 50 others, in Tunisia and in Europe who are on hunger strikes, also protesting both the socio-economic situation in the country as well as the overall repressive atmosphere. And all this comes after what I can only call the “social uprising” in the Gafsa region centered around Redeyef in 2008, which was a “warning shot” to Ben Ali that there are deep, structural economic problems in Tunisia that need addressing.

Other than 200 people were tortured, imprisoned, with a fair number of them still in jail, including the journalist Fahem Boukkadous, virtually nothing has happened since to suggest the Tunisian government takes the economic crisis serious: no development plan, a few insipid crumbs of promises of economic aid from Ben Ali’s advisors, that is about it.

Combine such painful news of economic woes with its opposite: that two families – that of the president Zine Ben Ali, and his wife, Leila Trabelsi – are accumulating wealth at a breath-taking pace; indeed, I read this morning that Ben Ali has squirreled away more than $5 billion in foreign bank accounts and a more sober picture of Tunisia’s so-called “economic miracle” comes into perspective: a precious few are making a fortune at the expense of the multitude whose situation is deteriorating as a generalized impoverishment grows. So, the Philippines has its Marcos family, the Congo Mobutu, Saudi Arabia its royal family, and now we can add to the picture the Ben Ali-Trabelsi family clans of Tunisia! Quite an honor!

The social explosion in Sidi Bouzid reinforces the opinion of those voices in the Tunisian opposition who have argued that Zine Ben Ali’s government is facing a full blown socio-economic and political crisis, one which it is questionable the government can or will survive.

2. Will TuniLeaks affect Tunisia’s economic relations with “the West”

How will the TuniLeaks, the corruption they expose, affect Tunisia’s economic relations with “the West” (the USA, Canada and the European Union?)

Again, while the WikiLeaks documents are embarrassing – and evidence that the United States embassy is aware of the scope of the corruption – there is not much here that is not known to Tunisians or close “Tunisia watchers”. Certainly the cables verify the word “on the street” and much that has been published on line and in the French press. But I think the question should be somewhat rephrased to: if this corruption has gone on for so long and has been so pervasive, why has it taken until now for Europeans and the US ambassador to Tunisia to take note of it?

It appears that, despite all their talk of “transparency”, foreign economic interest can and does tolerate rather substantial rates of corruption in Tunisia without much complaining. At what point has the level of corruption reached such heights that even Tunisia’s Western partners have finally said “enough is enough” and “we need more caution in our economic relations with Tunisia”. Well they haven’t said it yet – but it appears they will rather soon.

And here look at the relationship between the growing economic disparities of the country – which have long existed despite the rosy propaganda “the economic miracle mirage” – and the reality. It is the intensification of Tunisia’s social crisis which has more and more exposed the level and nature of corruption, and that the U.S. State Department has, at long last, noted all this in the released cables, is of course a positive development, one that re-enforces what others have been saying for a long time.

The US does so as it begins to perceive threats to its economic and security interests that has resulted in all these developments.

For my work, I have just finished reading an excellent book – quite serious and frankly not easy reading- on the Savings and Loan crisis in the United States in the late 1980s, early 1990s by William Black, a former federal bank regulator here in the USA. Its title is “The Best Way To Rob A Bank Is To Own One“; one could make a slight change to make this relevant to Tunisia: “The Best Way To Rob A Country Is To Be President For Life”…

But at some point, the social crises of Redeyef and Sidi Bouzid will spill over onto the beaches of Sousse and Djerba, the villas of Sidi Bou Said. Social unrest and tourism have never been particularly good partners. That is why at Sidi Bouzid, as at Redeyef, the government of Tunisia (GOT) moved so quickly to “localize” the problem, cutting off foreign and press access in both places. That is why the GOT has pursued such a vicious policy against Fahem Boukkadous, only the last of many Tunisian journalists to suffer repression. Thanks to his reporting the events of Redeyef became known beyond Tunisia, in France and then, really worldwide.

I was reading on-line reports that several journalists from Tunis hoping to report on Sidi Bouzid were arrested, one badly beaten up by the government security forces. Still, in this age of the internet, it will be impossible for the GOT to keep a lid on what is unfolding at Sidi Bouzid, now in its third day of protesting, with reports of a large number of arrests. The word is out.

The point here is that sooner or later these events will affect tourism, both from Europe and from Arab countries (particularly Libya). And the social unrest could have more far-reaching impacts as, at least in principle (and we know unfortunately how little that can sometimes mean) Tunisia’s economic ties with the European Union are based upon improving its human rights situation.

France seems to have a president who cares a lot more about economic contracts with French companies than he does about young Tunisians burning themselves to death, but even here, there is even a limit to how much longer Sarkozy can turn his back on Tunisia’s economic crisis, especially given the strong movement of support for Tunisian democracy in countries like France, with its large Mahgrebian community, still strong trade unions and generally active social movements.

3. The endemic corruption of the Ben Ali and Trabelsi families

To what degree will the endemic corruption of the Ben Ali and Trabelsi families, their tendency to use the Tunisian economy as their own personal cash cow affect foreign investment, foreign economic relations?

Here, the cables were interesting. They suggest that it is Tunisian investors who have pulled back their capital from investing in the country, while to date, the foreign investors have not yet withdrawn much. This is interesting, but not so surprising. What sectors are we talking about where foreign investment is strong? Mostly tourism and now, off shore oil and gas exploration. At least not yet.

At some point, all the shenanigans taking place in the banking sector will have an impact. Tunisian banks are, it is well known, not in good shape. When the only profitable and well run private bank in the country, Banque de Tunisie, is taken over by the current foreign minister and Mme Ben Ali’s brother, Belgassem Trabelsi, this is taking events a bit too far. The cables express a great deal of concern about this takeover, and some of the other machinations in Tunisia’s banking industry. What will the U.S. State Department recommend to US investors and business concerns? The cable strongly suggest they will urge caution in investment as long as Ben Ali remains in power.

4. The current social crisis

There is something else, though, concerning the corruption and economic developments which is related to the current social crisis gripping Tunisia that deserves mention and thought.

Since the early 1980s, Tunisia has been one of the most faithful pupils to World Bank and IMF structural adjustment programs, and has frequently been praised by the Bretton Woods institutions for their fiscal discipline and market economic policies which is supposed to result in making the country attractive to foreign investment.

As a part of this economic approach, Tunisia has been encouraged, if not pressured to privatize different state holdings and to lift subsidies on food and other basic needs as is typical of loans given with structural adjustment provisions.

What is the result?

In Tunisia as elsewhere where capital controls have been lifted, investment flows into non productive activities, bubble creating activities, real estate and finance, rather than into less profitable (at least in the short run) infrastructural grown (?) and agro-industrial modernization.

The lifting of subsidies has gone on for more than 25 years, beginning with the lifting of subsidies on the price of bread in 1984 which triggered what are referred to as “bread riots”, not only in Tunisia, but many places. As salaries have remained stagnant and prices have increased, combined with the growing crisis in unemployment, the lives of the majority of Tunisians have suffered. We are now more than a quarter of a century into such trends

But most interesting of all has been Tunisia’s process of privatization and joint ventures which has exacerbated the gulf between rich and poor in the country in an interesting fashion.

Foreign investment itself, although it exists, has been lackluster, especially from Europe and the USA. After the collapse of communism some of the foreign investment in Tunisia hoped to win more or less went to Eastern Europe restructuring. There is some from Arab oil producing countries, true…but necessarily in strategic economic sectors that would lead to growth long term.

It is impressive the degree to which unrestrained and unregulated privatization has been a failure in so many Third World and former Communist countries. Look at the privatization impact in Russia, Central Asia, Latin American countries like Bolivia, Argentina and Chile… and in Tunisia.

It is not that privatization and joint ventures under certain circumstances, are not viable economic responses, but not the way it has happened in Tunisia. There the processes have been dominated by the two ruling families, the Ben Alis and the Trabelsis who more and more monopolize all the contracts and are first in line when the Tunisian government sells of state resources at bargain basement prices.

As long as the families have control of the process, be it in the banking sector, the media or in education, privatization and joint ventures with foreign capital are supported.

As a result, these two families have become extraordinarily wealthy. But there has been another consequence: independent Tunisian entrepreneurs, small, medium sized and even some big investors have been driven from the field, either by hook or crook, by the crude methods of the first lady’s brother, or by more refined but equally self-serving approaches.

Not even Habib Bourguiba – in the end, no great democrat – was so crude. Yes, he seemed to like his palaces and that did represent a certain level of corruption, but Bourguiba’s corruption was pocket change compared to that of the Ben Ali and Trabelsi families today. And if Bourguiba wasn’t a great democrat, nor was he a cleptomaniac, robbing the country blind. For Bourguiba “wealth” was simply the trappings of power. He understood the importance of Tunisia’s economy “delivering” for certain key social milieus and while not immune to nepotism, kept something of a lid on it.

But these past 20 years, nepotism (giving special favors to close family members) in Tunisia’s economy has grown to rampant proportions, icing out of the possibilities for success many elements who did not fair badly in the Bourguiba years. This trend is so developed that a whole strata of businesspeople and entrepreneurs has been adversely affected or ruined. They now find themselves, along with the country’s intellectuals, trade unions and students, into the country’s burgeoning political opposition, narrowing Ben Ali’s political base to a considerable degree.

The TuniLeaks cables suggest that the U.S. State Department has, at long last, caught up with the rest of the world. The cables acknowledge as much. If the cables are accurate, they suggest that the State Department is beginning, however dimly, to understand the political consequences of these economic policies, many of which, while applied in Tunisia are “made in America”…and referred to as “The Washington Consensus”.

The more fundamental question: why did it take so long?

Voir aussi:

Document Wikileaks Tunisie – la traduction intégrale du câble-brulot de l’ambassadeur US 

L’ancien ambassadeur à Tunis Robert F Godec

Les câbles des diplomates américains divulgués par Wikileaks sont, du point de vue du fonctionnement des économies, d’un grand intérêt. Des lecteurs ont demande qu’on puisse les rendre accessibles. Maghreb Emergent entreprendra de traduire les câbles qui évoquent le fonctionnement des économies locales. La franchise des diplomates américains sur ces questions ne le rend que plus intéressant. Nous commençons par le câble-brulot de l’ancien ambassadeur à Tunis, Robert F. Godec, versé actuellement au département d’Etat dans l’antiterrorisme.

Traduction du câble mis en ligne par Wikileaks

Source:

http://213.251.145.96/cable/2008/06/08TUNIS679.html

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08TUNIS679 2008-06-23 13:01 2010-12-07 21:09 SECRET Embassy Tunis VZCZCXYZ0000

SUBJECT: CORRUPTION IN TUNISIA: WHAT’S YOURS IS MINE

Classified By: Ambassador Robert F. Godec for Reasons 1.4 (b) and (d).

Résumé

1. (S) Selon le rapport annuel de Transparency International et des observations de contacts de l’ambassade, la corruption en Tunisie ne fait qu’empirer. Que ce soit des liquidités, des services, des terres, des biens, ou oui, même votre yacht, la famille du président Ben Ali est réputée pour le convoiter et obtenir ce qu’elle souhaite.

Au-delà des histoires de magouilles de la première famille (présidentielle NDLR), les Tunisiens déclarent rencontrer la corruption de bas niveau dans leurs contacts avec la police, la douane, et une série de ministères du gouvernement. L’impact économique est clair, avec des investisseurs tunisiens, craignant le long bras de «la famille», qui renoncent à de nouveaux investissements, le maintien de taux d’investissement interne faible et un taux de chômage élevé (Refs G, H). Ces rumeurs persistantes de corruption, combinées à une inflation en hausse et un chômage structurel, ont contribué à alimenter la colère contre le GOT (gouvernement tunisien. NDLR) et ont contribué à de récentes manifestations dans le sud-ouest Tunisie (Ref A). Ceux d’en haut serait les pires délinquants, mais susceptibles de rester au pouvoir, il n’y a pas de garde-fous dans le système. Fin Résumé.

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Sans Limites (The Sky’s the Limit)

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2. (C) Selon Transparency International, indice 2007, la perception est que la corruption en Tunisie ne fait qu’empirer. Le classement de la Tunisie sur l’indice a chuté de 43 en 2005 à 61 en 2007 (sur 179 pays) avec un score de 4,2 (avec 1 pour le plus corrompu et 10 le moins corrompu). Bien que la corruption soit difficile à vérifier, et encore plus difficile à quantifier, nos contacts sont tous d’accord que la situation s’oriente dans la mauvaise direction. Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que la corruption est meilleure, pire ou de même niveau, XXXXXXXXXXXX, exaspéré s’est écrié : «Bien sûr que ça se dégrade! ». Il a déclaré que la corruption ne pouvait qu’augmenter, du fait que ses bénéficiaires sont à la recherche de plus en plus de sources de revenus. Plaisantant à propos de la hausse de l’inflation la hausse en  Tunisie, il a dit que même le coût des pots de vin a augmenté. « Un contrôle routier utilisé pouvait vous coûter 20 dinars, maintenant c’est à 40 ou 50! »

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Tout dans la famille

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3. (S) La famille élargie du Président Ben Ali est souvent citée comme le centre de la corruption en Tunisie. Souvent considérée comme une quasi-mafia, une mention indirecte de la « Famille » est suffisante pour indiquer à quelle famille l’on fait allusion. Apparemment la moitié du monde des affaires en Tunisie peut se prévaloir d’une connexion avec Ben Ali par le mariage, et bon nombre de ces relations auraient grandement tiré profit de cette parenté.

L’épouse de Ben Ali, Leila Ben Ali, et sa famille élargie- les Trabelsi – sont ceux qui suscitent le plus la colère des Tunisiens. Avec les nombreuses allégations de corruption, les piques visent les Trabelsi pour leur manque d’éducation, leur faible niveau social, et leur luxe ostentatoire. Bien que certaines des plaintes sur le clan Trabelsi semblent exprimer le mépris pour leurs tendances de nouveaux riches, les Tunisiens font également valoir que la brutalité des moyens utilisés par les Trabelsi et leur abus flagrant du système les rendent facilement détestables. Le frère de Leila, Belhassen Trabelsi le membre de la famille la plus célèbre, est réputé pour avoir été impliqué dans une large gamme d’affaires de corruption, du remaniement récent du conseil d’administration de la Banque de Tunisie (Ref B) à l’expropriation des biens et l’extorsion de pots de vin. Sans compter celles dont il a hérité, les propriétés de Belhassen Trabelsi sont nombreuses et comprennent une compagnie aérienne, plusieurs hôtels, l’un de la Tunisie deux stations de radio privées, une usine d’assemblage d’automobiles, la représentation Ford, une société de développement immobilier…et la liste continue. (Voir Ref K pour obtenir une liste plus étendue de son patrimoine.) Pourtant, Belhassen est seulement l’un des membres de la  famille de Leila composée de dix enfants connus, chacun avec ses propres enfants. Parmi cette grande famille élargie, Moncef frère de Leila et Imed son neveu en particulier, sont également d’importants acteurs économiques.

4. (S / NF) Le président est souvent absou par de nombreux Tunisiens qui prétendent qu’il est utilisé par le clan Trabelsi et n’est pas au courant de leurs magouilles. XXXXXXXXXXXX un fervent partisan du gouvernement et membre du XXXXXXXXXXXX, a dit à l’ambassadeur que le problème n’est pas Ben Ali, mais « la famille », qui va trop loin et enfreint les règles. Néanmoins, il est difficile de croire que Ben Ali ne soit pas au courant, au moins dans les grandes lignes, du problème de la corruption croissante.

Cela pourrait aussi refléter les divisions géographiques apparentes entre les fiefs de Ben Ali et des Trabelsi. Le clan Ben Ali se concentre sur région côtière centrale et le clan Trabelsi opère dans la région du grand Tunis et, par conséquent, génère la majeure partie des ragots. Le côté Ben Ali de la famille et de ses enfants et beaux-parents de son premier mariage sont également impliqués dans un certain nombre d’affaires.

Ben Ali a sept frères et sœurs, dont son défunt frère Moncef était un trafiquant de drogue connu, condamné par contumace à 10 ans de prison par les tribunaux français. Ben Ali a trois enfants avec sa première femme Naima Kefi: Ghaouna, Dorsaf et Cyrine. Elles sont mariées respectivement à Slim Zarrouk, Slim Chiboub, et Marouane Mabrouk – représentant des centres de pouvoirs économiques significatifs

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Cette Terre est votre Terre, cette Terre est ma Terre

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5. (S / NF) Avec les prix réels de l’immobilier en plein essor et le foncier à la hausse, posséder des biens ou des terres au bon endroit peut être soit une aubaine soit un aller simple vers l’expropriation. Au cours de l’été 2007, Leila Ben Ali a obtenu gratuitement du gouvernement tunisien un lot de terrain convoité à Carthage afin de construire une école privée Carthage International School (F Ref). En plus du terrain, l’école a reçu en cadeau un financement de 1,8 millions dinars (US $ 1,5 millions) du gouvernement Et, en l’espace de quelques semaines, le gouvernement a construit de nouvelles routes et installé des feux de signalisation pour faciliter l’accès à l’école. Il est rapporté que Mme Ben Ali a vendu l’Ecole Internationale de Carthage à des investisseurs belges, mais l’ambassade de Belgique a encore été incapable de confirmer ou démentir la rumeur. XXXXXXXXXXXX affirme que l’école a été en effet vendue pour une somme non divulguée mais énorme.

Il a observé qu’une telle vente serait un pur profit puisque Mme Ben Ali a reçu la terre, les ‘infrastructures et un énorme bonus de lourdes sans bourse délier.

6. (S / NF) La construction d’un manoir énorme et criard est en cours à côté de la résidence de l’Ambassadeur depuis l’année dernière. Plusieurs sources nous ont rapporté que la maison est celle de Sakhr Materi, gendre du Président Ben Ali frère et propriétaire de Radio Zitouna. Le propriétaire de ce terrain de premier ordre aurait été exproprié par le gouvernement tunisien pour une utilisation par l’administration de l’hydraulique, le terrai a ensuite été attribué à Materi pour un usage privé. Un propriétaire de café a raconté une histoire semblable à un employé de l’ambassade, Belhassen Trabelsi l’a forcé à échanger le café qu’il possédait, situé dans un emplacement de choix contre le café qu’il dirige actuellement. Le propriétaire du café a déclaré que Trabelsi lui a dit qu’il pouvait faire ce qu’il voulait; si un pot de vin de 50 dinars à la police n’étaient pas suffisant, Trabelsi a déclaré que le propriétaire (du café NDLR) n’avait qu’à l’appeler et il serait « prendrait soin de l’affaire. »

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Yacht Recherché

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6. (S / NF) En 2006, Imed Trabelsi et Moaz, neveux de Ben Ali, auraient volé le yacht d’un homme d’affaires français bien introduit, Bruno Roger, président de Lazard Paris. Le vol, largement rapporté dans la presse française, est apparu en pleine la lumière quand le yacht, fraîchement repeint de sorte à couvrir ses caractéristiques distinctives, est apparu dans le port de Sidi Bou Said. Roger, un personnage  important dans l’establishment français a créé un potentiel d’irritation dans les relations bilatérales et selon les rapports, le yacht a été rapidement restitué. L’affaire du yacht volé a refait surface au début de 2008 du fait d’un mandat d’Interpol pour les deux Trabelsis. En mai, les frères ont été traduits devant les tribunaux tunisiens, dans un effort destiné à satisfaire la justice internationale. Le verdict du procès n’est pas connu.

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Montrez-moi votre argent

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7. Le secteur financier (S) de la Tunisie reste en proie à de graves allégations de corruption et de mauvaise gestion financière.

Les milieux d’affaires tunisiens ironisent en disant que la relation la plus importante est celle que vous pouvez avoir avec votre banquier, ce qui reflète l’importance des contacts personnels plutôt qu’un projet d’affaires solide pour obtenir des financements. Le résultat d’un système bancaire fondé sur les relations personnelles est que le taux global des crédits non performants est de 19 pour cent, ce qui reste élevé, mais est inférieur au pic de 25 pour cent en 2001 (Ref I).

Les contacts de l’ambassade soulignent que beaucoup de ces crédits ont été consentis à de riches hommes d’affaires tunisiens qui utilisent leurs liens étroits avec le régime pour éviter le remboursement (réf. E)

La supervision laxiste du secteur bancaire en fait un excellent gisement d’opportunités, nourri par de nombreuses histoires de montages de la « Première Famille ».

Le récent remaniement à la Banque de Tunisie (Ref B), avec la femme du ministre des Affaires étrangères à la présidence et Belhassen Trabelsi nommé au conseil d’administration, en est le dernier exemple.

Selon un représentant du Crédit Agricole, Marouane Mabrouk, un autre des gendres de Ben Ali, a acheté une participation de 17 pour cent de l’ancienne Banque du Sud (aujourd’hui Attijari Bank) immédiatement avant la privatisation de la banque. Cette part de 17 pour cent a été décisive pour le contrôle majoritaire de la banque, la privatisation ne représentant que 35 pour cent du capital de la banque. Le représentant du Crédit Agricole a déclaré que Mabrouk a vendu ses actions à des banques étrangères avec une plus-value significative, l’adjudicataire de l’appel d’offres, l’hispano-marocain Santander-Attijariwafa a finalement payé une prime non déclarée à Mabrouk. XXXXXXXXXXXX a raconté que quand il était encore à sa banque il avait l’habitude de recevoir des appels de clients paniqués qui l’informaient que Belhassen Trabelsi leur avait demandé de l’argent. Il n’a pas précisé s’il leur avait conseillé ou non de payer.

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Effet d’entraînement

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8. (S) bien que les histoires de corruption de haut niveau de la famille soient parmi les plus  fréquentes et les plus souvent répétées par les tunisiens, la petite corruption est celle qu’ils rencontrent le plus fréquemment dans leur vie quotidienne. Les contraventions pour excès de vitesse peuvent être ignorées, la délivrance des passeports peut être accélérée, et les usages peuvent être contournés – tous pour le bon prix. Les dons au fonds gouvernemental pour le développement 26-26 ou à la Société caritative Bessma pour les Handicapés soutenue par Leila Ben Ali  sont également réputés pour graisser les rouages. Hayet Louani (protect), un membre bien introduit du Parlement, a fait face à une pression accrue du gouvernement après avoir refusé plusieurs « demandes » de donner de l’argent à l’équipe de football des Trabelsi. XXXXXXXXXXXX a déclaré que les inspecteurs des douanes réclament 10.000 dinars pour obtenir ses marchandises à la douane, il n’a pas révélé si oui ou non il a acquiescé à la demande.

9. (S) Le népotisme est également soupçonné de jouer un rôle important dans l’octroi de bourses et d’emplois. Connaître les personnes idoines au ministère de l’enseignement supérieur peut déterminer l’admission dans les meilleures écoles ou peut signifier une bourse pour étudier à l’étranger. Un FSN (employé local. NDLR) de l’ambassade a déclaré que le Directeur de la Coopération internationale, un contact de longue date, a offert de donner à son fils une bourse d’études au Maroc sur la base de leur connaissance. Si vous ne connaissez pas quelqu’un, l’argent peut aussi faire l’affaire. Il ya beaucoup d’histoires de Tunisiens qui ont payé des fonctionnaires au ministère de l’Enseignement supérieur pour envoyer leurs enfants à de meilleures écoles que celles auxquelles ils auraient eu droit au vu de leurs résultats aux examens. On soupçonne également que les emplois dans l’administration – très recherchés en Tunisie – soient alloués sur la base de connexions.

La défunte mère de Leila Ben Ali, Hajja Nana, est aussi citée pour avoir agi à titre de courtier pour les admissions scolaires et de recrutement au sein de l’administration, en fournissant ses services de facilitation contre une commission. Parmi les plaintes déposées par les manifestants dans le bassin minier de Gafsa figuraient des allégations selon lesquelles des emplois dans la Société des phosphates de Gafsa ont été attribués sur la base de connexions et de corruption.

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Le règne des voyous

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10. (S / NF) Les nombreuses histoires de corruption familiales sont certainement pénibles pour de nombreux Tunisiens, mais au-delà des rumeurs de commissionnements illicites domine l’exaspération devant le fait que ceux qui sont bien introduits peuvent vivre au dessus des lois. Un ressortissant tunisien a déploré que la Tunisie ne soit plus un Etat policier mais un Etat dirigé par la mafia. «Même la police rend compte à la famille! » s’écria-t-il.

Ceux qui sont au sommet seraient les pires  délinquants, et susceptibles de durer au pouvoir, il n’y a pas de contrôles au sein du système. La fille d’un ancien gouverneur a raconté que Belhassen Trabelsi a fait irruption dans le bureau de son père dans un état de fureur, -allant même jusqu’à jeter un employé de bureau, une personne âgée, à terre,  après avoir été invité à respecter les lois exigeant une couverture d’assurance pour son parc d’attractions. Son père a écrit une lettre au Président Ben Ali pour défendre sa décision et en dénonçant les méthodes de Trabelsi. La lettre est restée sans réponse, et il a été démis de ses fonctions peu après. La forte censure de la presse par le gouvernement fait que les histoires de corruption familiale ne sont pas publiées. La corruption de la famille reste une ligne rouge que la presse ne peut franchir qu’à ses risques et périls.

Bien que l’incarcération du comédien Hédi Février Baballah Oula était apparemment liée à la drogue, des groupes de défense des droits de l’homme pensent que son arrestation était une punition pour un spectacle de 30 minutes parodiant le président et ses gendres. (Tunis D).

Les ONG internationales assurent que les conditions de détention difficiles du journaliste Slim Boukdhir, arrêté pour avoir omis de présenter sa carte d’identité et outrage à un agent de police, sont directement liées à ses articles critiquant la corruption du gouvernement. La corruption demeure un sujet évoqué en murmurant après un bref regard derrière l’épaule.

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L’éléphant dans la pièce

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11. (S) Plusieurs économistes tunisiens estiment que l’augmentation ou non de la corruption n’est pas significative, car «la perception est la réalité. » La perception de la corruption croissante et les rumeurs persistantes de tractations en coulisses a un impact négatif sur l’économie indépendamment de la véracité des faits rapportés. Des contacts nous ont confié avoir peur d’investir, craignant que la famille n’exige une part de l’affaire. « Et alors ? » se demande Alaya Bettaieb, « Le meilleur scénario est que mon investissement soit un succès et que quelqu’un d’important essaie d’en prendre une part. » La persistance de faibles taux d’investissement interne le confirment (Ref H). Bien qu’illégaux, les comptes bancaires à l’étranger, seraient monnaie courante. Une récente amnistie du ministère des Finances destinée à encourager les Tunisiens à rapatrier leurs fonds a été un échec lamentable. Bettaeib confie qu’il envisage d’enregistrer sa nouvelle société en Mauritanie ou à Malte, craignant des interférences indésirables. De nombreux économistes et hommes d’affaires observent que l’importance des investissements dans l’immobilier et le foncier reflètent-le manque de confiance dans l’économie et une tentative de mettre leur argent en sécurité (Ref C).

12. (S) Jusqu’à présent, les investisseurs étrangers n’ont pas été découragés, et selon les contacts dans les milieux d’affaires tunisiens, largement non affectés (par ces agissements. NDLR).

Les investissements étrangers continuent d’affluer à un rythme soutenu, même en excluant les privatisations et les grands projets du Golfe qui n’ont pas encore commencé. Les investisseurs étrangers rapportent plus rarement les tentatives d’extorsion rencontrées par les Tunisiens, ce qui est peut-être du au fait que les investisseurs étrangers ont recours à leurs propres ambassades et les gouvernements. Le représentant de British Gas a dit à l’ambassadeur qu’il n’avait été confronté à aucune irrégularité. XXXXXXXXXXXX a déclaré qu’il ya plusieurs années Belhassen Trabelsi avait tenté de faire pression sur une entreprise allemande activant dans le secteur offshore, mais qu’après une intervention de l’ambassade d’Allemagne, Trabelsi a été explicitement mis en garde afin d’éviter les sociétés offshore. Malgré les déclarations sur l’augmentation de l’investissement interne, le gouvernement tunisien met fortement l’accent sur l’accroissement des flux d’IED dans le pays, en particulier dans le secteur offshore. Néanmoins, il existe encore plusieurs exemples d’entreprises ou des investisseurs étrangers qui font l’objet de pressions en vue de s’associer au « bon » partenaire. Le meilleur exemple reste la non-entrée de McDonald’s en Tunisie. Lorsque McDonald’s a choisi de limiter la Tunisie à un franchisé qui n’était pas le candidat du gouvernement tunisien, l’affaire a capoté par le refus du gouvernement d’accorder l’autorisation nécessaire et le refus de Macdonald’s de jouer le jeu par l’octroi de sa licence à un franchisé ayant des liens avec la Famille.

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Commentaire

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13. (S) Bien qu’ils en aient  gros sur le cœur du fait de la petite corruption, ce sont les excès de la famille du président Ben Ali qui inspire l’indignation des Tunisiens. Pour les Tunisiens confrontés à une inflation en hausse et un chômage élevé, l’exhibition de la richesse et des rumeurs persistantes de corruption alimentent l’incendie.

Les récentes manifestations dans la région minière de Gafsa sont un rappel puissant d’un mécontentement qui reste largement souterrain. Le gouvernement a fondé sa légitimité sur sa capacité à assurer la croissance économique, mais un nombre croissant de Tunisiens pensent que ceux qui sont au sommet en gardent les bénéfices pour eux-mêmes.

14. (S) La corruption est un problème qui est à la fois politique et économique. Le manque de transparence et de reddition de compte (accountability = responsabilité. NDLR) °qui caractérisent le système politique de la Tunisie mine l’économie, dégradant le climat d’investissement et alimentant une culture de la corruption. S’agissant du discours d’un miracle économique tunisien et de toutes les statistiques positives, le fait que les investisseurs tunisiens ont opté pour une direction limpide est éloquent. La corruption est l’éléphant dans la pièce, c’est le problème que tout le monde connaît, mais que personne ne peut reconnaître publiquement.

Voir enfin:

Un regard froid sur la situation en Tunisie

Guy Millière

Drzz

 16 /01 /2011

Certains, qui s’enthousiasment rapidement, s’attendent à ce que les événements en cours en Tunisie depuis un mois, et qui ont débouché sur le départ de Ben Ali, conduisent à la liberté et à la démocratie. J’espère que la réalité leur donnera raison. Je ne puis, pour autant m’empêcher d’adopter une position plus modérée et plus circonspecte. 

Il ne fait aucun doute que Ben Ali était un dictateur, que son entourage vivait de prébendes et de corruption, que la liberté de parole n’existait pas en Tunisie et que tout mouvement d’opposition était sévèrement réprimé : il n’empêche. Je ne puis oublier que voici une décennie, les islamistes étaient très actifs dans le pays, et auraient pu aisément l’emporter à ce moment. Parfois, il n’existe pas de choix entre une bonne et une mauvaise solution, mais le choix entre deux mauvaises solutions, et, face aux islamistes, Ben Ali a représenté à l’époque, je le pense, la moins mauvaise solution. 

L’équation aujourd’hui est différente, dit-on. J’attends une démonstration, et j’attends que vienne la suite des choses. Je sais qu’il existe des gens qui veulent que la Tunisie devienne une société ouverte. Je n’ignore pas, pour autant que, sur l’ensemble du pourtour de la Méditerranée, l’islamisme n’est pas éteint. Il suffit, pour s’en convaincre, de regarder ce qui se passe au Liban ou en Egypte. Il suffit, pour en être persuadé, de lire les études d’opinion réalisées dans l’ensemble du monde musulman par de multiples instituts. Dans l’instabilité tunisienne, des islamistes commencent à faire entendre leur voix. 

De surcroît, l’étincelle qui a allumé l’incendie repose sur trois facteurs qui vont continuer à peser et ne vont pas s’effacer miraculeusement.

Le premier est l’existence d’un grand nombre de jeunes gens diplômés  que le marché du travail ne parvient pas à absorber et qui sont, dès lors, en situation de frustration : la conjoncture économique mondiale en général, et la configuration économique autour du bassin Méditerranéen en particulier, ne devraient pas s’améliorer dans l’immédiat, et les frustrations devraient durer, voire s’exacerber.

Le deuxième est l’impossibilité pour nombre de ces jeunes gens de traverser la Méditerranée pour tenter de mieux gagner leur vie en Europe. La conjoncture européenne ne devrait, dans l’immédiat, pas inciter les gouvernements à permettre des flux d’immigrants plus nombreux, au contraire.

Le troisième, qui a joué un rôle non négligeable, est l’augmentation des prix des denrées alimentaires. Cette augmentation est due à des récoltes insuffisantes découlant d’hivers trop rudes, d’intempéries après l’hiver en de nombreuses régions du globe. Au cours de l’année 2011, les prix de toutes les denrées alimentaires devraient continuer à augmenter, créant des situations propices à des émeutes de la faim bien au delà de la Tunisie. Un gouvernement tunisien quel qu’il soit n’aura aucune influence sur cette augmentation des prix et ne pourra inventer de solution magique. Si une fuite en avant enclenchée par des démagogues et des gens promettant que demain on rasera gratis ne s’enclenche pas, ce sera un moindre mal, mais j’avoue avoir des craintes : combien d’opposants au régime Ben Ali sont-ils adeptes de cette doctrine qui promet beaucoup aux pauvres, mais qui les multiplie très vite, le socialisme ?

Des pillages ont eu lieu et ont encore lieu dans tout le pays qui vont, en outre, coûter très cher. Certains d’entre eux peuvent être attribués à la police, mais pas tous. Le désordre, par ailleurs, même s’il s’interrompait immédiatement, va nuire pendant des mois à un secteur crucial pour le pays, le tourisme.  Des emplois risquent non pas de se créer, mais de disparaître.

Je ne regrette aucunement la dictature, bien sûr. Je comprends la souffrance de millions de gens. Je ne doute pas que ces gens aspirent effectivement à être libres. Je ne doute pas que la dictature leur était devenue insupportable. Mais je crains, oui, qu’il n’y ait des lendemains qui déchantent. J’espère me tromper. 

Je me souviens encore de ces étudiants iraniens qui venaient me dire exaltés et souriants au moment de la chute du shah en Iran: à Téhéran, c’est 1789. Je leur répondais qu’ils devaient se souvenir qu’après 1789, il y avait eu 1793. C’est ce que je dirais à mes amis tunisiens, à qui je ne veux que du bien. Vous parlez de 1789 aujourd’hui ? N’oubliez pas qu’après 1789, il peut y avoir 1793. Regardez au delà de vos frontières l’état du monde et, tout spécialement, l’état du monde musulman. 

Ce que je dirais à mes amis tunisiens vaut pour tous ceux qui observent la situation. J’ai trop vécu et trop étudié l’histoire pour céder à des élans d’enthousiasme irraisonnés et pour ne pas rappeler que, simplement, la réalité existe.

Disons qu’en cet instant, je donne une chance sur dix à l’émergence d’une démocratie paisible, et neuf chances sur dix à une reprise en main par l’armée, ou à l’entrée dans une période chaotique avec possibilité d’influence islamique.

Et puis, lorsque je vois des gens de toute la gauche française célébrer la chute du dictateur, je me dis que ces gens sont sans vergogne : Zine Ben Ali fait partie de l’Internationale socialiste. Et ils feraient aussi bien de manifester pour que tombent d’autres dictateurs autrement plus féroces et d’autres régimes autrement épouvantable, le régime algérien, par exemple. 

Ce qui a fait tomber Ben Ali, c’est, certes, la brutalité, l’absence de liberté de parole, la corruption, mais  c’est aussi que la Tunisie, par rapport aux pays voisins, a été ces dernières années un pays où le niveau de vie s’élevait plus vite, où le nombre de jeunes gens éduqués était plus élevé, et où l’économie était en croissance. La population voudrait, sans aucun doute, une contrepartie politique à ces divers facteurs.

Ce qui a fait tomber Ben Ali, aussi, c’est l’ouverture du pays au monde et une répression qui, bien qu’elle ait été sanglante, n’a pas été absolument féroce. Le régime des mollahs en Iran, celui du FLN en Algérie sont des régimes féroces. Je ne m’attends pas à voir brûler de sitôt les effigies d’Ahmadinejad, Khamenei ou Bouteflika en place publique à Paris. 

Ce qui a été lamentable, lâche et opportuniste en ces circonstances a été l’attitude des dirigeants français. Un homme d’Etat sait rappeler certaines choses. Un politicien retourne sa veste en n’oubliant pas de veiller à ce que le portefeuille reste à l’intérieur. Il y a beaucoup de politiciens en France.

Quand on l’accusait d’être une girouette Edgar Faure disait que ce n’est pas la girouette qui tourne,


Affaires PPDA/Drucker: Attention, une imposture peut en cacher bien d’autres (French TV stars’ master class on the tough art of copy and paste)

14 janvier, 2011
 [Vous refuse-t-on des livres écrits ? demande une jeune femme.] Non, malheureusement pour moi. Mon éditeur ne me refuse rien. Il me faut deviner si le livre est mauvais ou non, parce qu’il ne me le dira pas. Beigbeder (réponse à une admiratrice)
Un nègre d’édition est celui qui vient en aide à des gens qui n’ont pas grand chose à dire mais qui ne savent pas trop comment le dire. Laurent Tirard
 C’était à l’époque où «on vivait ensemble. «il a refusé de me les donner quand on s’est séparé en 2006″. Calixte Beyala
La base du métier, c’est l’honnêteté. PPDA
Un mot sur l’affaire Castro. J’ai été attaqué en justice à ce propos. Et, à deux reprises, mes adversaires ont été déboutés. Il faudrait que, de temps en temps, on me traite normalement: en vingt-cinq ans de journalisme, il m’est arrivé de faire quelques «coups». Ou, plus simplement, de bien faire mon métier. PPDA
Je me suis naturellement documenté auprès des nombreuses biographies existantes, au nombre desquelles celle de Griffin me semble la meilleure sur le jeune Hemingway. Mais je n’allais pas lui réinventer une vie ! PPDA
Ce tirage diffusé en décembre à la presse a par erreur été réalisé à partir d’une de mes versions de travail antérieures. Celle-ci comportait effectivement de nombreuses notes de lecture, dont certaines que j’avais prises en vue d’une ébauche d’adaptation cinématographique de la vie d’Hemingway. PPDA
Le texte imprimé, qui a été diffusé par erreur à la presse en décembre, était une version de travail provisoire. Elle ne correspond pas à la version définitive validée par l’auteur, dont la commercialisation en librairie est prévue fin janvier.  Les éditions Arthaud présentent leurs excuses à l’auteur ainsi qu’aux journalistes destinataires de l’ouvrage. Editions Arthaud
Je ne suis pas le nègre de PPDA. Bernard Marck (qui a collaboré à la biographie contestée de PPDA sur Hemingway)
Intrigués par la précision à l' »anglo-saxonne » du livre, en contradiction avec un certain flou sur les sources citées dans la bibliographie, nous avons décidé de rechercher – chez des libraires d’occasion, sur ebay, sur des sites spécialisés… – toutes les biographies d’Hemingway publiées en français, ainsi que quelques-unes en anglais. En les comparant avec la biographie signée Patrick Poivre d’Arvor, nous avons découvert les parentés criantes avec l’ouvrage de Peter Griffin.   Jérôme Dupuis (L’Express)
Chacun sait que nombre de livres de célébrités ne sont pas écrites par elles-mêmes : Dan Franck a écrit pour Rika ZaraÏ et Lionel Duroy pour Sylvie Vartan, Mireille Darc ou Jean-Marie Bigard, même si dans ces derniers cas, s’agissant d’écrivains très connus, leur nom est mentionné à l’intérieur. Mais pour ces quelques « nègres littéraires », combien d’autres écrivent des livres d’hommes politiques voire d’écrivains parfois reconnus, non seulement sans qu’on mentionne leur travail mais en le dissimulant ! Combien de procès qui se sont clos par des accords amiables et… discrets ? Des écrivains confirmés en panne d’inspiration se sont retrouvés contraints de plagier : Henri Troyat s’est ainsi fait épingler en 1997 pour sa biographie de Juliette Drouet, maîtresse de Victor Hugo, qui devait beaucoup à celle des universitaires Gérard Poussin et Robert Sabourin publiée cinq ans plus tôt. Jérôme Dupuis (L’Express)
Si PPDA présentait encore le journal de 20H00, l’histoire ne serait jamais sortie. Editeur (souhaitant conserver l’anonymat)
Il a fait le gros du travail, il s’est beaucoup investi sur le livre. Quand vous écrivez une biographie, vous cherchez les proches, mais vous partez aussi de ce qui existe. En écrivant une bio de Guynemer, je m’étais rendu compte à la relecture que mon travail était un pur recopiage d’un livre de Jules Roy, que j’avais utilisé. (…) Pour Hemingway,  la bio de Griffin, je l’ai chez moi. Je l’ai même utilisée pour mon livre sur Lindbergh. Elle est riche mais manque de nerf dans l’écriture, alors que la jeunesse de Hemingway est nerveuse. Griffin, c’est trop linéaire. Il ne s’agit pas de recopier mais d’apporter un autre ton, d’autres infos.  Bernard Marck
Résumons l’affaire : le cinquantenaire de la mort d’Hemingway, disparu en 1961, est comme tous les anniversaires l’occasion pour les maisons d’édition de préparer des livres sur les auteurs disparus dont ils espèrent faire des best-sellers. Plutôt que de rééditer les biographies épuisées, on a recours à quelques plumes médiatisées dont on peut penser qu’elles seront sources de bonnes ventes. Parmi elles : Patrick Poivre d’Arvor, qui a déjà obtenu le prix Interallié en 2000, se hissant  jusqu’à la  première sélection du Goncourt 2006 pour un livre cosigné avec son frère. Si l’on s’en tient à la seule année 2010, il a publié un roman, cosigné deux essais, réuni huit anthologies et rédigé six préfaces ! Or, selon une enquête de l’Express, le livre, qui doit sortir le 19 janvier et a déjà été tiré à 20 000 exemplaires serait un plagiat : sur les 414 pages de cette volumineuse biographie, près de 100 pages seraient copiées de  l’ouvrage de Peter Griffin, que le propre fils d’Hemingway avait jugé comme la plus juste. Jérôme Dupuis
On se trompe si l’on croit que le métier de plagiaire-maquilleur est de tout repos. Il ne suffit pas de copier, encore faut-il tenter de le dissimuler en brouillant les pistes par des leurres : il faut accorder les verbes à un temps différent, chercher des synonymes, procéder à des inversions de termes ou de groupes syntaxiques, ajouter quelques trouvailles de son propre cru et rendre hommage à autrui en ne lui volant pas tout pour lui laisser quelque chose. Tout compte fait, plagier est presque aussi difficile que créer. Il faut remercier M. PPDA d’avoir offert ces travaux pratiques pour l’édification de tous. Paul Villach
La fabrication de ce genre de produits qu’on ose encore appeler livres, ne ravit pas seulement l’éditeur et ses actionnaires. La star y trouve aussi une importante source de revenu. La preuve ? Les 200.000 euros promis par M. Drucker à son nègre, qu’il ne lui a pas versés ! Au vu de cette rétribution, il est aisé d’imaginer la fortune attendue de la publication du produit. Présent sur une chaîne de radio comme à la télévision, M. Drucker est, en effet, a même d’être reçu dans tous les médias qu’il veut, selon « un plan-médias » d’enfer : il n’est que de voir comme ces gens des médias ne cessent pas de se recevoir dans leurs émissions ou leurs journaux pour promouvoir leur dernière production. L’affaire Drucker-Beyala montre quelles méthodes pitoyables emploient certaines maisons d’édition au service non pas de la pensée mais du profit maximal. Sous la tyrannie des actionnaires, la star qui n’a rien à dire devient auteur d’un livre qu’elle signe mais n’a pas écrit. Un nègre le rédige à sa place. Pour gagner du temps, la tentation du plagiat est grande, ou encore l’enquêteur chargé d’interviewer la star ne se soucie même pas de savoir si c’est elle qui a répondu à ses questions écrites. Qu’à cela ne tienne ! Il existe un public d’imbéciles suffisamment nombreux et conditionnés pour se jeter sur ce genre de publications par réflexe d’identification aux stars : le pactole est assuré autant que le crétinisme. De quoi se plaint-on ? Surtout pas d’un système qui est en train de s’autodétruire ! Paul Villach

Derrière le scandale, la réalité de ce qui jusque-là passait pour la normalité !

Plagiat du quart du livre (100 sur 414 pages) et à tous les niveaux (structure, enchaînements, incises sur la grande Histoire ou extraits de correspondance retenus), grossier maquillage par inversions de mots, phrases, synonymes, changement de temps, ajouts redondants et omissions bénignes, disparition, mises à part quelques notes de bas de page, du nom de l’auteur pillé d’une ‘impressionnante bibliographie de 63 livres …

Prétendue version appuyée sur de « nombreuses notes de lecture en réalité destinée à une « ébauche d’adaptation cinématographique de la vie d’Hemingway » particulièrement aboutie -120 pages pour les seules 23 premières années du grand écrivain américain – avec en tête de « chapitres »  des exergues signés Saint-Exupéry, F.Scott Fitzgerald ou Albert Londres, distribution dédicacée à des journalistes dont le patron de L’Express, excuses de la « précipitation», de l’inversion de versions et de « couac dans la relecture (même pas pris le temps de la relire avant de s’empresser de la dédicacer aux journalistes destinataires d’un plan-médias sur mesure), prétendue version de travail», stratégie du secret, dénégation, blanchiment ou au contraire noircissement de l’écrivain par son nègre, nègre, livre d’entretien par un expert en médiologie (Debray) sans contact avec le questionné (Drucker) et même questions remplies par un tiers elle-même ex-plagiaire condamnée (Beyala), dénonciation d’un complot supposé  …

Après le mémorable plantage BHL  d’il y a presque un an …

En cette année du 50e anniversaire – pourtant éditorialement prometteuse – de la mort d’Hemingway …

Et à l’occasion de deux ratés consécutifs (affaires de plagiat PPDA – Patrick Poivre d’Arvor, Ernest Hemingway, la vie jusqu’à l’excès, éditions Arthaud, 19 janvier 2011 – et de nègre littéraire Drucker-Bexala, elle-même ex-plagiaire condamnée, pour un livre finalement jamais écrit comme les stratégies de défense délirantes des éditeurs) magistralement démontés par le blogueur Paul Villach sur Agoravox …

Où l’on (re)découvre les misérables usages en honneur dans l’édition française comme les méthodes de travail de nos faussaires en chambre.

Mais aussi le cruel dilemme d’éditeurs contraints, pour à la fois garantir un minimum de ventes et assurer un plan médias maximal par son accès facile aux dits médias, de recourir à la signature factice d’une personnalité à forte notoriété (ex-présentateur vedette du 20h de TFI, soixantaine d’ouvrages à son actif dont certains avec son frère, prix Interallié 2000 et présélectionné pour le Goncourt 2006, avec son nom en plus gros caractères sur la couverture que celui d’Hemingway lui-même !),  tout en étant forcés, lesdites personnalités étant débordées et pas toujours à la hauteur du travail en question (émission de  télévision, chronique dans France-Soir, direction d’une collection d’anthologies littéraires, mise en scène d’un opéra, 1 roman, 2 essais, 8 anthologies, 6 préfaces, sans compter les signatures dans les foires du livre, pour la seule année 2010 et le seul PPDA !), de leur adjoindre un nègre qui risque à tout moment d’être découvert (Marck pour PPDA) ou de se rebiffer y compris quand on prend la précaution de la choisir parmi ses compagnes du moment  (Beyala pour Drücker) …

Sans compter, dans le cas du Charles Enderlin de la littérature, le lourd passif, d’une vraie-fausse interview de Castro à un entretien avec le pseudo-garde du corps de Saddam et à une condamnation pour recel d’abus de biens  sociaux (15 mois de prison avec sursis et 200.000 francs d’amende  – 30.000 euros -, affaire Botton), d’un ex-journaliste mouillé  jusqu’aux os …

PPDA et son Hemingway : le dur métier de plagiaire-maquilleur

Paul Villach

Agoravox

Un journaliste de L’Express, Jérôme Dupuis, a, dans un article du 4 janvier 2011, intitulé « Patrick Plagiat d’Arvor  » levé un lièvre qui fait grand bruit : la biographie d’Ernest Hemingway que l’ex-présentateur de TF1 s’apprête à publier aux Éditions Arthaud, filiale de Flammarion, a tout l’air d’être pour partie un plagiat d’une biographie d’un certain Peter Griffin paru en 1985 aux USA et traduite par Gallimard en 1989, qui serait aujourd’hui inaccessible.

Le journaliste présente trois extraits du livre de PPDA qu’il confronte à l’original : 1- une promenade des parents d’Hemingway, 2- son opération sur le front italien et 3- sa garde par une infirmière. (1). Le résultat est accablant. Ces trois exemples montrent à l’ évidence que PPDA a tout simplement copié Peter Griffin. Mieux, ils permettent d’observer comment un plagiaire opère pour s’approprier le texte d’autrui en tentant de masquer laborieusement ses emprunts frauduleux. Non seulement le plagiat est une copie qui ressemble à son original comme deux gouttes d’eau, reprenant souvent son texte mot pour mot, mais les différences que le plagiaire croit devoir introduire pour tenter de dissimuler ses emprunts, ne sont que des leurres : purement formelles, elles ne font que trahir un effort de dissimulation maladroite.

1- Une copie ressemblant à son original comme deux gouttes d’eau.

Le plagiat est d’abord une copie conforme à son original.

– Les personnages sont identiques et présentés dans les mêmes termes :

* les parents de Hemingway, Clarence et Grace, les amis Indiens Sioux Dakota de son père,

* le chirurgien italien qui a opéré l’écrivain américain sur le front italien,

* l’infirmière Agnès qui l’a veillé après l’opération.

– Le décor est aussi semblable : la même campagne pour la même promenade des parents, et, là où est opéré le blessé, « l’âcre odeur des antiseptiques et celle, face, du sang  »,.

– Les actions sont les mêmes et surtout inscrites dans le même ordre chronologique :

* Les parents se promènent dans la nature, effraient les mêmes bêtes sauvages caractéristiques, caille et renard à queue rouge ; le père évoque son goût pour la collection des pointes de flèches, de fers de lance, de coupes en terre cuite et des haches de pierre d’indiens Pottawatomie ; il relate le même souvenir d’un séjour chez les Sioux qui l’ont appelé « Nec-tee-la-la  », ce qui veut dire « Œil-d’aigle  », pour son acuité visuelle.

* Le chirurgien opère le blessé Hemingway en effectuant les mêmes gestes : il nettoie les plaies, extrait les éclats d’obus, explique au blessé le déroulement de l’opération ; celui-ci évalue la grosseur des éclats au bruit qu’ils font en tombant dans la cuvette. Un verre de cognac lui est servi avant que lui soit faite une piqûre antitétanique.

* L’infirmière au chevet du blessé éponge sa sueur et ne s’absente que pour une ronde toutes les heures.

2- Les leurres des différences formelles trahissant un effort de dissimulation maladroite

Dans cette copie parfois rigoureusement conforme à l’original sont introduites des variantes qui tentent de masquer ces emprunts sans usage de guillemets comme toute citation doit en être assortie pour signaler la propriété intellectuelle d’autrui. Mais ces différences ne sont que des leurres : elles sont si minuscules qu’elles éloignent moins la copie de l’original qu’elles ne trahissent l’effort de maquillage entrepris pour dissimuler frauduleusement le vol du bien d’autrui.

1- Le leurre des temps différents

Les temps diffèrent sans conséquence : l’original use du passé, la copie du présent.

2- Le leurre des synonymes

Les mots de l’original ne sont remplacés que par des synonymes. Le plagiaire doit disposer d’un dictionnaire spécialisé.

* ainsi dans le contexte de la promenade des parents relève-t-on les substitutions amusantes suivantes : emmener/entraîner – « la prairie » / la nature – faire jaillir une caille / débusquer une caille – Terres de la Des Plaines River / Terres près de la Rivière des Plaines – visite de deux mois à une école de mission pour les Sioux Dakota / séjour de deux mois chez les Sioux Dakota – appeler / baptiser – à cause de / en raison de – c’est-à-dire / ou – extraordinaire acuité visuelle / exceptionnelle acuité visuelle – et / ainsi que.

* Dans le contexte de l’opération chirurgicale, le agiaire se montre aussi inventif : (Le chirurgien) travaillant vite et bien / Ses gestes sont précis – Il décrivait à Ernest en Italien tout ce qu’il extrayait / Il accompagne (ses gestes)en commentant, dans sa langue, ce qu’il fait. – les plus gros fragments de shrapnel / les plus gros fragments d’obus – le bruit / le son – douleur aiguë / intervention douloureuse – donner à boire un peu de cognac / offrir un peu de cognac – finalement / au bout d’un temps infini.

* Dans le contexte du rôle joué par l’infirmière, le plagiaire fait preuve d’une égale dextérité synonymique : faire sa ronde / effectuer sa ronde – humecter le front d’Ernest / éponger son front.

3- Le leurre des inversions

Une autre rouerie du plagiaire est de tenter de brouiller les pistes en pratiquant des inversions qui pourtant ne trompent personne :

– On relève des inversions de mots : « l’âcre odeur des antiseptiques et celle, fade, du sang  » devient « l’odeur âcre des antiseptiques et celle, fade, du sang  » !

– Ce peut être encore une inversion de voix passive en voix active : « chaque fois que la chair était incisée… » « chaque fois que le médecin incise les chairs  » !

– Ou il s’agit d’inversions de groupes syntaxiques passant du début en fin de phrase : « À cause de son extraordinaire acuité visuelle, les Indiens l’appelaient Nec-tee-la-la, c’est-à-dire « Œil-d’aigle  » », lit-on dans l’original. « (Les Sioux)l’ont baptisé Nec-tee-la-la ou « Oeil d’aigle » en raison de son exceptionnelle acuité visuelle, » découvre-t-on dans la copie.

4- Le leurre des ajouts redondants

Il n’est pas, d’autre part, de copie servile qui ne témoigne de la capacité de création du plagiaire. Celui-ci procède à des ajouts redondants dont il a le don qui n’abusent que les dindons de la farce :

* « Faire jaillir une caille d’un fourré  », dit l’original, « débusquer une caille qui s’enfuit dans un claquement d’aile » répond le plagiaire. « (faire) détaler un renard à queue rouge  », reprend l’original, « (débusquer) un renard à queue rouge qui file à fond de train  », complète le plagiaire. « Il collectionne les pointes de flèches  », dit l’un, « il se passionne pour les pointes de flèches (…)qu’il collectionne  », dit l’autre.

* Le plagiaire éprouve le besoin de préciser ce que l’original n’a pas cru devoir signaler : « Le chirurgien ne tarde pas à un intervenir ». Si l’original apprend que le blessé « tentait d’évaluer le poids (des éclats d’obus extraits de sa chair)au bruit qu’ils faisaient en tombant dans la cuvette », pour le plagiaire c’est « au son qu’ils font en tombant au fond de la cuvette » ! Ça change tout : le plagiaire va au fond des choses ! De même, éprouve-t-il le besoin d’ajouter que l’intervention est « pratiquée sans anesthésie  » et d’expliquer que si l’infirmière essuie le blessé , c’est à cause des « nuits chaudes qui le rendent poisseux de sueur ».

5- Le leurre des omissions bénignes

Est-ce, enfin, sa conscience qui le tourmente ? Le plagiaire ne copie pas tout d’un original : il consent à commettre des omissions bénignes comme autant d’hommage à la propriété d’autrui.

Quand, selon l’original, le blessé « (évalue) la taille et le poids de ces fragments  », le plagiaire se contente de ne lui faire qu’ « évaluer le poids  ». Le chirurgien « (ne passe pas davantage) la main sur le crâne d’Ernest  » chez lui, comme dans l’original. « L’une des chaises au chevet du lit d’Ernest » devient seulement « une chaise dans sa chambre  ». Et si l’infirmière ne quitte le blessé, selon l’original, que « pour faire toutes les heures sa ronde », le plagiaire ne juge pas utile de préciser la périodicité de cette ronde qu’elle ne fait pas mais « effectue  ». Enfin plutôt que d’écrire comme l’original que l’infirmière « passait de l’eau froide sur le cou et sur la poitrine (du blessé) », le plagiaire trouve plus élégante la formule « rafraîchir son cou et sa poitrine  ».

On se trompe si l’on croit que le métier de plagiaire-maquilleur est de tout repos. Il ne suffit pas de copier, encore faut-il tenter de le dissimuler en brouillant les pistes par des leurres : il faut accorder les verbes à un temps différent, chercher des synonymes, procéder à des inversions de termes ou de groupes syntaxiques, ajouter quelques trouvailles de son propre cru et rendre hommage à autrui en ne lui volant pas tout pour lui laisser quelque chose. Tout compte fait, plagier est presque aussi difficile que créer. Il faut remercier M. PPDA d’avoir offert ces travaux pratiques pour l’édification de tous. Il semble, cependant que la convoitise du bien d’autrui soit chez lui un problème. On se souvient encore de son « interview exclusive » de Fidel Castro le 16 décembre 1991. Avec un simple leurre de montage par champ et contre-champ, excluant tout plan d’ensemble et reconstitution des questions en studio, il avait transformé une conférence publique du dictateur cubain en un entretien privé qu’il aurait eu avec lui. N’était-ce pas déjà un texte public qu’il avait voulu faire passer pour sa propriété privée, selon le principe du plagiat ? Paul Villach

(1) Jérôme Dupuis, « Trois exemples du plagiat de PPDA », L’Express, 4 janvier 2011.

http://www.lexpress.fr/culture/livre/le-plagiat-de-ppda_949676.html

Voir aussi :

PPDA blanchi par son « nègre » ? L’interview qui tue !

Paul Villach

Agaravox

Il paraît qu’on vit une époque de transparence. La simple affaire du plagiat de PPDA, biographe d’Hemingway, tendrait à prouver le contraire. Un écran opaque de leurres grossiers est dressé pour tenter de discréditer la représentation de la réalité la plus fidèle, extorquée de l’examen rationnel du pluralisme d’indices réunis.

 L’analyse des trois premiers exemples publiés par Jérôme Dupuis dans L’Express à l’appui de sa dénonciation de plagiat, ne souffre pas la moindre contestation (1). On l’a soi-même montré sur AgoraVox : elle révèle que le texte de PPDA est une copie conforme du texte original de Peter Griffin, le biographe d’Hemingway, et que les différences observées ne sont que des leurres cousus de fil blanc qui masquent moins la copie qu’ils ne trahissent les efforts laborieux pour tenter de la dissimuler : changement de temps, usage de synonymes, inversions de mots et de groupes syntaxiques, ajouts redondants et omissions bénignes. (2)

L’information donnée peu crédible livrée par la défense

Contre cette évidence, éditeur, « auteur » et « nègre » dressent la même ligne de défense et dans les mêmes termes. Ils se copient mutuellement ! On reconnaît une information donnée calibrée, soigneusement passée au crible de leur autocensure. Les communicants, toujours prêts à multiplier les catégories sans nécessité, en violation du principe de Guillaume d’Occam, pour jeter la confusion, appellent cette information donnée, soigneusement configurée, des « éléments de langage  ». Ainsi l’éditeur Arthaud, PPDA et son « nègre », Bernard Marck, parlent-ils en chœur de « précipitation », d’une inversion de versions et de « couac dans la relecture  ». C’est, à vrai dire, le seul argument qu’ils pouvaient avancer !

Il est toutefois peu crédible pour deux raisons :

1- La première est qu’obligé de choisir entre deux maux, le soupçon de manque de professionnalisme et celui de malhonnêteté, l’éditeur choisit évidemment le moindre : nul être sain ne livre l’information susceptible de lui nuire le plus. Et tant pis si PPDA apparaît aussi peu attentif à « son œuvre » ! Il n’aurait même pas pris le temps de la relire avant de s’empresser de la dédicacer aux journalistes destinataires d’un plan-médias sur mesure.

2- La deuxième raison est que, si « la version de travail  » alléguée montre effectivement un travail, c’est celui de la dissimulation par des leurres grossiers de la copie éhontée du travail d’autrui. Est-ce composer une biographie que de piller celle d’autrui en tentant d’en dissimuler les preuves ?

L’interview du « nègre » qui tue

Interrogé, le 7 janvier 2011 par Le Parisien/Aujourd’hui, sur les exemples qu’a publiés Jérôme Dupuis, le « collaborateur » de PPDA, Bernard Marck fait lui-même , malgré lui, voler en éclats cette ligne de défense de fortune. C’est l’interview qui tue.

1- La stratégie du secret

Il avoue qu’une stratégie de secret absolu a été adoptée par l’éditeur Arthaud et PPDA : « J’ai donné ma parole, dit-il pour se justifier, je ne peux pas répondre directement. Patrick est profondément affecté, il s’impose le silence, et moi, on me l’impose » ! Tout est dit ! L’information qui leur est nuisible, est légitimement refusée par les intéressés. Mais le secret gardé ne leur est-il pas aussi dommageable en confirmant implicitement le soupçon de plagiat ? À croire qu’ils n’ont le choix qu’entre confirmation explicite ou confirmation implicite !

2- Les autres arguments de B. Marck ou renforcent aussi ce soupçon implicitement ou livrent un leurre de diversion lui-même suspect.

– Le rôle de « nègre » et ses méthodes de copie

Au sujet de son rôle dans « la rédaction » de cet ouvrage, B. Marck nie farouchement être « nègre » : « En tout cas, corrige-t-il, je ne le conçois pas comme ça  ». Or, on peut très bien ne pas vouloir être ce qu’autrui dénonce ce que l’on est, et l’être tout de même. Qu’est-ce qu’un « nègre  » dans l’édition ? « Quelqu’un qui aide celui qui n’a pas grand chose à dire et qui ne sait pas comment le dire », explique en substance avec humour ce « nègre » qui vit si mal sa condition dans l’excellent film de Laurent Tirard, « Trahisons et mensonges et plus si affinités  » (2004) ?

– B. Marck ne nie pas en tout cas avoir pris part à la rédaction de cet « ouvrage », comme tout « nègre », même quand il veut en attribuer le mérite à PPDA : « (Il) a fait le gros du travail, soutient-il sans rire, (il) s’est beaucoup investi sur le livre ». N’en déduit-on pas que lui, le « nègre », a fait le reste ? Mais peut-il inverser les rôles sans rompre sans doute les termes au moins tacites de son contrat ? Nul être sain ne livre volontairement une information susceptible de lui nuire. Même s’il l’a effectuée, il ne peut donc revendiquer la majeure partie du travail d’un livre qui sera signé par un autre dont la notoriété, fût-elle usurpée, garantit un minimum de ventes.

– B. Marck révèle même ses méthodes de travail contestables en croyant minimiser l’erreur commise par l’éditeur entre version inachevée et version définitive.« Quand vous écrivez une biographie, avoue-t-il, vous cherchez les proches, mais vous partez aussi de ce qui existe. En écrivant une bio de Guynemer, je m’étais rendu compte à la relecture que mon travail était un pur recopiage d’un livre de Jules Roy, que j’avais utilisé. »

Par quelle opération du Saint Esprit, – Grands Dieux ! – un auteur peut-il retrouver dans son texte des passages entiers d’un autre auteur ? B. Marck donne sa recette : il réécrit à sa façon une biographie déjà publiée : « Pour Hemingway, explique-t-il, la bio de Griffin, je l’ai chez moi. Je l’ai même utilisée pour mon livre sur Lindbergh. Elle est riche mais manque de nerf dans l’écriture, alors que la jeunesse de Hemingway est nerveuse. Griffin, c’est trop linéaire. Il ne s’agit pas de recopier mais d’apporter un autre ton, d’autres infos. » Il suffit de se reporter aux trois exemples publiés par J. Dupuis, pour savoir ce que B. Marck entend par « apporter un autre ton » ! C’est accablant !

– Un leurre de diversion : le leurre d’appel humanitaire

Enfin B. Marck tente une sortie de la nasse où il est enfermé avec ses compères, par un leurre de diversion suspect. Il cherche, à l’aide d’ un leurre d’appel humanitaire, à déclencher un réflexe de compassion envers PPDA. Il a le culot d’inverser à cette fin la distribution manichéenne des rôles : bien que soupçonné de plagiat, PPDA est présenté comme la victime qui mérite la compassion ; il est, dit-il, « profondément affecté  » par l’affaire. Dans le camp d’en face, les bourreaux, ce sont « des gens (qui) lui en veulent. Il y a un règlement de comptes dans cette histoire, »accuse-t-il sans preuve ! Ou comment transformer un suspect en innocent et des innocents en coupables ?

À vouloir blanchir à tout prix PPDA, son « nègre » démolit en fait à lui seul la fragile défense élevée par l’éditeur et répétée en boucle par chacun. L’aveu du secret exigé de lui, l’explication de ses méthodes de travail qui incluent sans vergogne la copie du texte d’autrui, et un leurre de diversion ne font qu’accroître le soupçon qu’il prétend combattre. Albert Camus disait qu’on vaut souvent ce que valent les procédés qu’on emploie. Au lecteur de juger des leurres grossiers utilisés par l’éditeur Arthaud, filiale de Flammarion, PPDA et son « nègre », et de la confiance que ces derniers méritent qu’on leur accorde. Paul Villach

(1) Jérôme Dupuis, « Trois exemples du plagiat de PPDA  », L’Express, 4 janvier 2011.

http://www.lexpress.fr/culture/livre/le-plagiat-de-ppda_949676.html

(2) Paul Villach, « PPDA et son Hemingway : le dur métier de plagiaire-maquilleur  », AgoraVox, 6 janvier 2011.

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/ppda-et-son-hemingway-le-dur-86807

http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20100819.BIB5509/olivier-poivre-d-arvor-passe-a-france-culture.html

Voir par ailleurs :

Patrick Poivre d’Arvor

La nouvelle affaire PPDA : après l’interview mensonge, le plagiat

05.01.2011

À force de passer entre les gouttes, Patrick Poivre d’Arvor finira bien un jour trempé. Sa dernière mésaventure est tellement énorme qu’elle figurera en bonne place dans le volumineux dictionnaire  des plagiats. Résumons l’affaire : le cinquantenaire de la mort d’Hemingway, disparu en 1961, est comme tous les anniversaires l’occasion pour les maisons d’édition de préparer des livres sur les auteurs disparus dont ils espèrent faire des best-sellers. Plutôt que de rééditer les biographies épuisées, on a recours à quelques plumes médiatisées dont on peut penser qu’elles seront sources de bonnes ventes. Parmi elles : Patrick Poivre d’Arvor, qui a déjà obtenu le prix Interallié en 2000,  se hissant  jusqu’à la  première sélection du Goncourt 2006 pour un livre cosigné avec son frère. Si l’on s’en tient à la seule année 2010, il a publié un roman, cosigné deux essais, réuni huit anthologies et rédigé six préfaces ! Or, selon une enquête de l’Express, le livre, qui doit sortir le 19 janvier et a déjà été tiré à 20 000 exemplaires serait un plagiat : sur les 414 pages de cette volumineuse biographie, près de 100 pages seraient copiées de  l’ouvrage de Peter Griffin, que le propre fils d’Hemingway avait jugé comme la plus juste. L’enquête de l’Express montre comment « la structure, les enchaînements, les incises sur la grande Histoire ou encore les extraits de correspondance retenus coïncident parfaitement » et sont « souvent grossièrement maquillés par des inversions de phrases ou l’usage effréné de synonymes » : une «opulente chevelure auburn ramassée en chignon» devient de « beaux cheveux auburn ramenés en chignon»

Comment PPDA a-t-il trouvé le temps d’écrire ces 414 pages entre son émission, sa chronique dans France-Soir, la direction d’une collection d’anthologies littéraires, sans compter la mise en scène d’un opéra ?

Plus étonnant : Si le nom de l’ancienne vedette de télévision figure en plus gros caractères sur la couverture que celui d’Hemingway lui-même, celui de Peter Griffin a disparu de l’impressionnante bibliographie de 63 livres qui clôt ces 414 pages. Une absence qui ressemble à un aveu: c’est ce qu’on appelle être pris sur le fait ! Malgré cela, PPDA s’indigne : il assure avoir passé un an et demi à écrire ce livre et trouve « très désobligeant » ce soupçon de plagiat. « Je me suis naturellement documenté auprès des nombreuses biographies existantes, au nombre desquelles celle de Griffin me semble la meilleure sur le jeune Hemingway. Mais je n’allais pas lui réinventer une vie ! », se défend-il. Pourquoi, dans ces conditions, ne citer cet ouvrage que par de petites notes de bas de pages ? Et surtout comment PPDA a-t-il trouvé le temps d’écrire ces 414 pages entre son émission hebdomadaire sur France 5, sa chronique quotidienne dans France-Soir, la direction, avec son frère, d’une collection d’anthologies littéraires, sans compter la mise en scène, l’été dernier, d’un opéra ?

Combien de « nègres » écrivent des livres d’hommes politiques voire d’écrivains parfois reconnus, sans que leur nom soit mentionné !

Certes ce graphomane qui multiplie les livres comme les petits pains avait pris soin d’anticiper en expliquant qu’il avait coutume d’écrire « entre minuit et quatre heures du matin ». N’empêche, tout cela sent le nègre. Chacun sait que nombre de livres de célébrités ne sont pas écrites par elles-mêmes : Dan Franck a écrit pour Rika ZaraÏ et Lionel Duroy pour Sylvie Vartan, Mireille Darc ou Jean-Marie Bigard, même si dans ces derniers cas, s’agissant d’écrivains très connus, leur nom est mentionné à l’intérieur. Mais pour ces quelques « nègres littéraires », combien d’autres écrivent des livres d’hommes politiques voire d’écrivains parfois reconnus, non seulement sans qu’on mentionne leur travail mais en le dissimulant ! Combien de procès qui se sont clos par des accords amiables et… discrets ? Des écrivains confirmés en panne d’inspiration se sont retrouvés contraints de plagier : Henri Troyat s’est ainsi fait épingler en 1997 pour sa biographie de Juliette Drouet, maîtresse de Victor Hugo, qui devait beaucoup à celle des universitaires Gérard Poussin et Robert Sabourin publiée cinq ans plus tôt.

Évidemment si « PPDA présentait encore le journal de 20H00, l’histoire ne serait jamais sortie », relève un éditeur souhaitant conserver l’anonymat

La riposte maladroite de l’éditeur de PPDA vient conforter ce soupçon :  » le texte imprimé, qui a été diffusé par erreur à la presse en décembre, était une version de travail provisoire. Elle ne correspond pas à la version définitive validée par l’auteur, dont la commercialisation en librairie est prévue fin janvier.  Les éditions Arthaud présentent leurs excuses à l’auteur ainsi qu’aux journalistes destinataires de l’ouvrage. »  Or, comme le souligne Blibliobs : « Contrairement à ce qu’avance l’éditeur, il est tout à fait normal de recevoir le livre courant décembre pour une parution en janvier et l’exemplaire que nous avons entre les mains n’est en rien une « version de travail », comme nous en recevons également souvent et qui, dénuées de couverture, portent clairement la mention « épreuves non corrigées ». Évidemment si « PPDA présentait encore le journal de 20H00, l’histoire ne serait jamais sortie », relève un éditeur souhaitant conserver l’anonymat. Ce statut le protégeait si bien que certaines des casseroles qu’il traîne  furent sans conséquence, comme sa mémorable fausse interview de Fidel Castro dont il avait lâchement reporté la responsabilité sur son comparse Régis Faucon, accusé d’avoir « monté » trop vite ! Mais ce statut n’avait pas empêché TF1 de le suspendre deux mois et demi à la suite de sa condamnation à 15 mois de prison avec sursis et 200.000 francs d’amende (30.000 euros) pour recel d’abus de biens sociaux par la cour d’appel de Lyon dans le cadre de l’affaire Botton. Cette fois, comment l’idole cathodique déchue réussira-t-il a s’en sortir sans s’enfoncer plus encore ?

Voir aussi :

Patrick Plagiat d’Arvor

Jérôme Dupuis

L’Express

04/01/2011

Le journaliste-écrivain publie un portrait fouillé d’Ernest Hemingway. Une biographie tellement « à l’américaine » qu’une centaine de pages sont directement inspirées d’un ouvrage paru en 1985 aux Etats-Unis. Révélations.

  La réponse de la maison d’édition

« Suite à l’article publié par l’Express.fr, au sujet de la biographie à paraître de Patrick Poivre d’Arvor, Hemingway, la vie jusqu’à l’excès, les Editions Arthaud tiennent à préciser que le texte imprimé, qui a été diffusé par erreur à la presse en décembre, était une version de travail provisoire. Elle ne correspond pas à la version définitive validée par l’auteur, dont la commercialisation en librairie est prévue fin janvier.  

Les éditions Arthaud présentent leurs excuses à l’auteur ainsi qu’aux journalistes destinataires de l’ouvrage. »   Il est plutôt rare, en matière de biographie, que le nom de l’auteur figure en caractères plus visibles que celui du « portraituré ». C’est pourtant l’honneur fait à Patrick Poivre d’Arvor pour la volumineuse biographie (414 pages) de Hemingway, qu’il publie, le 19 janvier, à l’occasion du cinquantenaire de la mort de l’écrivain américain, disparu en 1961. Après tout, justifie le communiqué envoyé à la presse par l’éditeur, Arthaud, « Patrick Poivre d’Arvor livre ici une vision très personnelle » de l’auteur du Vieil Homme et la mer. En fait de « vision très personnelle », L’Express peut révéler que l’ancien présentateur du 20 Heures a plagié une biographie signée Peter Griffin, parue aux Etats-Unis, en 1985, aux éditions Oxford University Press. Traduite en France, chez Gallimard, en 1989, elle est aujourd’hui quasiment introuvable en librairie. PPDA, lui, en a déniché un exemplaire. PPDA, comme Patrick Plagiat d’Arvor. 

Les « emprunts » opérés par le journaliste-écrivain sont manifestes, massifs, et comme portés par un étonnant sentiment d’impunité. Selon notre enquête, ce sont près de 100 pages de son Hemingway, la vie jusqu’à l’excès qui sont directement inspirées de l’ouvrage de Griffin, sans qu’aucuns guillemets le signalent. Des dizaines et des dizaines de paragraphes s’apparentent à des « copier-coller », souvent grossièrement maquillés par des inversions de phrases ou l’usage effréné de synonymes (voir fac-similés). On s’amusera de voir le « lait condensé » de Griffin devenir du « lait concentré » sous la plume de PPDA, un « maréchal-ferrant » se transformer en « forgeron » et l' »opulente chevelure auburn ramassée en chignon » de la future épouse de Hemingway se muer en « beaux cheveux auburn ramenés en chignon »… Mais on pourrait citer des centaines d’autres exemples. 

Bien sûr, PPDA saute des passages et des scènes secondaires du Griffin ou ne garde parfois qu’une formule saillante dans une longue lettre. Mais, au-delà des emprunts directs, le plus troublant est que la structure même des deux biographies, les enchaînements, les incises sur la grande Histoire (l’évolution du front italien, en 1917, par exemple), les descriptions de paysages (où les différentes essences d’arbres sont citées exactement dans le même ordre) ou encore les extraits de correspondance retenus coïncident parfaitement.  

Une bibliographie qui n’est qu’un leurre

Extraits

Le plagiat en trois exemples: cliquez ici.  Contacté par L’Express, Patrick Poivre d’Arvor assure : « J’ai passé un an et demi à écrire ce livre et trouve très désobligeant ce soupçon de plagiat. Je me suis naturellement documenté auprès des nombreuses biographies existantes, au nombre desquelles celle de Griffin me semble la meilleure sur le jeune Hemingway. Mais je n’allais pas lui réinventer une vie ! » Or, justement, il existe autant de manières de raconter la vie de l’écrivain américain que de biographes, comme suffit à le prouver la lecture des deux ouvrages de référence, « le » Carlos Baker (en deux volumes) et « le » Jeffrey Meyers, tous deux très différents du Griffin.  

Ces deux dernières bios, comme huit autres, font d’ailleurs partie de la très longue – 63 titres ! – bibliographie publiée par PPDA en annexe de son Hemingway. En revanche, c’est en vain qu’on y chercherait le livre de Peter Griffin… Ce dernier n’est cité que dans les notes, à la fin du volume, à une quinzaine de reprises, noyées au milieu de centaines de références, mais uniquement pour des extraits de lettres que PPDA y aurait glanés… 

Un mot, au passage, sur cette bibliographie. Sous ses apparences pseudo-universitaires, cette longue liste n’est qu’un leurre. On y trouve une ribambelle d’ouvrages pointus tels que The Story of American Red Cross in Italy ou Philippe Soupault, voyageur magnétique, sans parler de Misères et tourments de la chair durant la Grande Guerre, dont on chercherait en vain comment ils ont nourri l’ouvrage de PPDA. Après tout, l’ex-présentateur du 20 heures aurait pu écrire une vie romancée du géant des lettres américaines, nourrie de ses propres évocations des hauts lieux « hemingwayiens » – le Kenya, Cuba, le Ritz – où sa longue carrière de journaliste l’a mené. Mais il a préféré faire le choix d’une biographie « à l’anglo-saxonne », fourmillant de dates, de noms propres, de citations. Une « bio » à la Peter Griffin… 

Mais qui est ce Griffin ? Un défricheur passionné. Après une thèse consacrée à l’auteur de Paris est une fête, cet Américain avait travaillé des années à son grand oeuvre sur Hemingway. Il avait eu, le premier, accès à la correspondance entre le grand « Ernest » et son épouse, Mary, retrouvé un témoin capital de ses jeunes années, Bill Horne, exhumé des nouvelles inédites, écumé des archives aux quatre coins des Etats-Unis. Le propre fils de Hemingway, Jack, ne cachait pas qu’il voyait là le travail le plus juste jamais réalisé sur son père. En ce sens, PPDA a bien choisi son « modèle ». Mais Peter Griffin ne pourra goûter l' »hommage » d’un genre très particulier que lui a rendu l’ancien présentateur d’Ex Libris : comme nous l’a confirmé son éditeur américain à la fin de décembre, il n’est plus de ce monde. 

Archives, entretiens : aucune source directe n’est mentionnée

PPDA, lui, travaille plus vite. Contrairement à l’usage en vigueur chez tout biographe, l’ancienne star de TF 1 ne mentionne aucune source directe : ni archive consultée – un important fonds Hemingway est conservé à la John F. Kennedy Presidential Library, à Boston – ni entretien avec des témoins ou des spécialistes. Seule une discrète mention, étrangement placée sous les « crédits photographiques », en toute fin de sa biographie, intrigue : « Remerciements à Bernard Marck, grand spécialiste du Paris de l’entre-deux-guerres ». Etrange mention, en effet, car Bernard Marck, ancien rédacteur en chef d’Aéroports Magazine, est connu comme un historien de l’aviation, sujet auquel il a consacré de très nombreux ouvrages – il a par exemple publié un Il était une foi Mermoz (éd. Jean Picollec), en 2002, un an avant que PPDA sorte lui aussi un ouvrage consacré au célèbre aviateur, en collaboration avec son frère, Olivier. En 2006, le présentateur de TF 1 fera même d’un autre livre de Bernard Marck, Rêve de vol, son « coup de coeur » de l’émission littéraire qu’il présentait alors sur LCI. 

Marck n’a en revanche, à notre connaissance, jamais publié le moindre livre sur le « Paris de l’entre-deux-guerres ». Alors les « remerciements » de PPDA cacheraient-ils autre chose ? Bernard Marck aurait-il un peu « aidé » l’ex-présentateur du 20 Heures pour ce Hemingway ? Et lui ou un autre « collaborateur » aurait-il pillé le Griffin, sans le signaler à PPDA ? (On se souvient que Thierry Ardisson avait ainsi été « victime » d’un « nègre », qui avait recopié quelques pages d’un roman colonial, pour son Pondichéry). Ou alors, dernière hypothèse, PPDA se serait-il lui-même livré au plagiat de la biographie de Griffin, « entre minuit et quatre heures du matin », moments où, comme il l’a souvent expliqué, il a coutume d’écrire ? 

Il est vrai que ses journées ne lui laissent guère le loisir de travailler à de volumineuses biographies. Ces temps-ci, outre une émission hebdomadaire sur France 5 (La Traversée du miroir), une chronique quotidienne dans France-Soir, la direction, avec son frère Olivier, de la collection d’anthologies littéraires Mots pour mots aux éditions du Seuil et la mise en scène, l’été dernier, d’un opéra (Carmen), PPDA continue à être un écrivain prolifique. Souvent avec succès : il a ainsi obtenu le prix Interallié en 2000, pour L’Irrésolu, et s’est hissé jusqu’à la première sélection du Goncourt 2006, pour Disparaître, cosigné avec son frère. Si l’on s’en tient à la seule année 2010, il a publié un roman, cosigné deux essais, réuni huit anthologies et rédigé six préfaces… 

Cette biographie de « Big Ernest » était donc programmée pour devenir un best-seller. Les éditions Arthaud, département du groupe Flammarion, en ont d’ailleurs déjà imprimé 20 000 exemplaires, un premier tirage plutôt prometteur. Toutes les librairies de France l’attendent. A moins que l’éditeur ne se ravise au dernier moment. Et que ce plagiat ne sonne le glas d’une belle épopée littéraire. 

Voir également :

Comment L’Express a découvert le plagiat de PPDA

Jérôme Dupuis

L’Express

7/01/2011

Jérôme Dupuis, auteur du scoop sur la biographie de Hemingway plagiée par Patrick Poivre d’Arvor, revient sur les circonstances de sa découverte et sur la surprenante stratégie de défense de l’éditeur.

Ainsi donc, si l’on en croit le communiqué publié, le 5 janvier, par les éditions Arthaud, la biographie d’Hemingway, signée Patrick Poivre d’Arvor et imprimée à 20 000 exemplaires, n’aurait été qu’une « version de travail provisoire ». Une mauvaise version s’apparentant, selon les aveux, dans Le Monde, de la propre éditrice de l’ancien présentateur du 20 heures, à une « paraphrase grossière » de la biographie de l’Américain Peter Griffin.  

Il faut bien le dire, cette défense technique, invoquant une erreur d’aiguillage informatique, ne convainc guère. Même le New York Times, qui en fait écho, n’y croit pas. Reprenons chronologiquement : dans les tout premiers jours de décembre, L’Express reçoit ce que l’on appelle, dans le jargon de l’édition, les « épreuves reliées » du livre de PPDA, dont la sortie a été fixée au 19 janvier. Ces « épreuves », qui ont toutes les apparences du livre définitif (y compris sa couverture), permettent aux journalistes de lire les ouvrages avant leur parution. 

Puis, vers le 15 décembre, plusieurs journalistes de notre rédaction, comme de nombreux autres dans tous les médias, reçoivent le « vrai » livre de PPDA, avec un code-barres, un prix, destiné à être livré aux librairies – et dédicacé de la main de l’auteur. On imagine mal PPDA dédicaçant des dizaines de volumes, qui ne seraient que la « paraphrase grossière » d’un ouvrage américain, sans que ni lui-même ni son éditeur ne s’en rendent compte. D’ailleurs, preuve que la version imprimée est bien, en réalité, la « bonne » version : elle est, mot à mot, page à page, strictement conforme à celle des épreuves, à la seule exception de cinq lignes, rajoutées page 394. Or, c’est la règle dans l’édition, les épreuves sont toujours revues par des correcteurs, l’éditeur et l’auteur avant que le « bon à tirer » soit donné. Preuve est donc faite qu’il n’a jamais existé qu’une seule version du livre de PPDA. Celle qui s’apprêtait à être livrée à tous les libraires de France. 

A L’Express, nous avons donc travaillé sur la version imprimée et dédicacée par l’auteur. Intrigués par la précision à l' »anglo-saxonne » du livre, en contradiction avec un certain flou sur les sources citées dans la bibliographie, nous avons décidé de rechercher – chez des libraires d’occasion, sur ebay, sur des sites spécialisés… – toutes les biographies d’Hemingway publiées en français, ainsi que quelques-unes en anglais. En les comparant avec la biographie signée Patrick Poivre d’Arvor, nous avons découvert les parentés criantes avec l’ouvrage de Peter Griffin.  

Lorsque nous avons demandé à PPDA de réagir à notre enquête, avant sa parution, lundi 3 janvier, l’ex-présentateur du 20 heures s’est contenté de nier purement et simplement le plagiat. A aucun moment, il n’a évoqué une « mauvaise version ». Dans un communiqué envoyé hier 6 janvier à l’AFP, il prétend désormais que la version publiée, s’appuyant sur de « nombreuses notes de lecture » (sic), était en réalité destinée à une « ébauche d’adaptation cinématographique de la vie d’Hemingway ». Contentons-nous d’observer que pour une « ébauche » de scénario, elle était particulièrement aboutie -120 pages pour les seules 23 premières années du grand écrivain américain – et qu’il est pour le moins inhabituel de trouver des exergues signés Saint-Exupéry, F.Scott Fitzgerald ou Albert Londres en tête de « chapitres » d’un synopsis ! Et puis, après tout, cela ne ferait que déplacer le problème : PPDA aurait donc toujours bien plagié Griffin, mais cette fois-ci pour le cinéma… Est-ce vraiment moins grave ? 

Dans ce même communiqué, le journaliste rend hommage à son éditeur, qui aurait réagi « très loyalement ». Il peut. Car un éditeur qui « présente ses excuses » à un auteur lui ayant remis un manuscrit entaché d’un plagiat massif, c’est en effet une chose assez stupéfiante pour être notée. On ne saurait mieux illustrer la thèse du « lampiste ».  

Un dernier mot encore sur ces excuses présentées par Arthaud : n’aurait-il pas été un peu plus élégant de les présenter plutôt à la mémoire de Peter Griffin et à ses descendants ? Après tout, la vraie victime, dans cette histoire, c’est lui. 

Voir de même:

Onde de choc

PPDA au pilori après son plagiat

Basile Lemaire

 05/01/2011

Depuis que LEXPRESS.fr a révélé le plagiat d’une centaine de pages dans le dernier livre de Patrick Poivre d’Arvor, les réactions se multiplient sur le web.

  Quelques heures à peine après la publication de l’article de Jérôme Dupuis dans LEXPRESS.fr, la maison d’édition Arthaud envoyait un communiqué de presse accablant à toutes les rédactions françaises. Il y était précisé que « le texte imprimé, qui a été diffusé par erreur à la presse en décembre, était une version de travail provisoire ». Contactée par un journaliste des Inrocks.com, l’éditrice « catastrophée » n’en démord pas : « d’une certaine façon, on peut remercier l’Express de nous avoir alerté avant l’impression ». 

Seulement voilà, si le livre envoyé à la presse n’est qu’une version de travail que l’auteur n’a pas pu valider faute de temps, comment expliquer qu’un exemplaire dédicacé trône encore aujourd’hui sur le bureau de Christophe Barbier, le directeur de la rédaction de L’Express ?

On comprend facilement la panique des éditions Arthaud, tant l’information a pu être relayée en moins de 24h. « PPDA accusé de plagiat » en une du Parisien, « PPDA, une impression de déjà lu » dans Libération. Sans compter les matinales radiophoniques, les journaux télévisés et l’explosion de commentaires sur le web.

Pas de procès « Patrick Plagiat D’Arvor »

Sur le site web du Nouvel Observateur, Grégoire Leménager, dans un article à l’ironie saillante, se remémore les critiques de l’humoriste Pierre Desproges, qui évoquait à son époque le « style leucémique » de PPDA.

Jean-Marc Morandini ne se prive pas de rappeler les déboires journalistiques de l’ancien présentateur vedette de TF1. Sur son blog, il rappelle le trucage de l’interview de Fidel Castro en 1991. Entre gens de télévision, on se serre les coudes.

Les internautes de LEXPRESS.fr ne semblent pas particulièrement étonnés par la nouvelle. Ils sont nombreux à se se souvenir de « l’affaire Botton« . Une décision judiciaire datant de 1996, qui condamne Poivre pour recel d’abus de biens sociaux, à quinze mois de prison avec sursis et 200 000 francs (30 000 euros) d’amende.

De son côté, Rue89 s’est penché sur la question des conséquences juridiques de la pratique littéraire de Patrick Poivre d’Arvor. Si les éditions Gallimard ont confirmé être détentrices des droits de l’oeuvre plagiée, du moins de sa traduction, leur juriste explique que ce genre d’affaire se « règle généralement à l’amiable ». Selon elle, pas de procès « Patrick Plagiat d’Arvor » en vue.

Si l’écho médiatique de l’article de Jérôme Dupuis s’est considérablement étendu depuis mardi midi, il existe encore quelques niches dans lesquelles l’affaire n’a pas le droit de cité. A France Soir par exemple, où PPDA tient une chronique quotidienne, aucune mention n’a été faite d’une possible affaire de plagiat, que ce soit en ligne ou sur papier.

Voir enfin :

Télévision

Les grands moments de la carrière de PPDA

Pascal Melkonian, publié le 08/07/2008

Avec plus de 4500 journaux télévisés à son actif – sur Antenne 2 puis sur Tf1- PPDA est le journaliste le plus connu en France. En plus de trente ans de service, Poivre a reçu nombre de grandes personnalités du monde. Mais il a également défrayé la chronique, entachant parfois sa déontologie journalistique.

  Le plateau du JT : un passage obligé

La quasi-totalité des hommes et femmes politiques français se seront retrouvés, au moins une fois, devant PPDA au cours de leur carrière. A la tête du journal le plus visionné de France, il est devenu l’intervieweur phare des présidents de la République François Mitterrand, Jacques Chirac ou encore Nicolas Sarkozy.

Des personnalités importantes

Il s’est également entretenu avec des personnalités influentes du monde entier. Parmi les invités qu’il a rencontrés dont il est le plus fier : Mère Térésa, Jean-Paul II et le Dalaï-Lama.

L’ami des stars

Sharon Stone, Catherine Deneuve… Sur le plateau du 20 heures, PPDA a souvent reçu des stars du show-business. Des rencontres agréables pour le journaliste un brin séducteur avec les femmes.

Les faux-pas de PPDA : l’erreur Castro

L’histoire la plus fameuse est sans conteste celle de l’interview truquée de Fidel Castro. Diffusée le 16 décembre 1991, la séquence, réalisée avec Régis Faucon, se veut être un entretien exclusif, en direct,  avec le chef d’Etat cubain. En fait de scoop, il s’agit d’un montage d’une conférence de presse que le dirigeant a donné à plusieurs journalistes. Le mois suivant, le magazine Télérama épingle la supercherie; PPDA a, par la suite, rejeté la responsabilité sur son confrère à de nombreuses reprises.

PPDA, le sauveur

Un an plus tôt, PPDA avait déjà fait parler de lui. En août 1990, en pleine guerre du Golfe, le journaliste rentre de Bagdad. Dans ses bagages, il a caché un enfant irakien. Touché par le sort de Florian, 18 mois, il ramène le bébé à sa mère qui vit en France. Si le journaliste est érigé en héros à son arrivée, le coup médiatique passe mal et certaines voix s’élèvent pour critiquer ses agissements. Peu importe, PPDA retourne à Bagdad quelques jours plus tard pour interviewer Sadam Hussein, une exclusivité convoitée par de nombreuses chaînes.

Les démêlés judiciaires

En 1996, une autre affaire éclate. Cette fois, le journaliste ne doit pas s’expliquer devant ses pairs mais devant la justice. Le 10 janvier, il est condamné en appel pour recel d’abus de biens sociaux, à quinze mois de prison avec sursis et 200 000 francs (30 000 euros) d’amende dans l’affaire Botton. Au centre des accusations : PPDA a profité de cadeaux faits par Pierre Botton qui entretenait un réseau d’influences autour de son beau-père Michel Noir, alors député-maire de Lyon. Le journaliste sera suspendu d’antenne pendant près de trois mois.

Voir par ailleurs :

Pour qui sonne le plagiat? PPDA…

Grégoire Leménager
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le Nouvel Obs
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Les gens sont vraiment méchants. Au prétexte que M. Patrick Poivre d’Arvor, qui signe ces jours-ci une bio d’Hemingway, a emprunté «des dizaines et des dizaines de paragraphes» à un livre publié en 1985 par l’Américain Peter Griffin en oubliant maladroitement de citer sa source, voilà que Jérôme Dupuis, sur le site de «l’Express», lui donne du « Patrick Plagiat d’Arvor ».

Plagiat. Tout de suite, les gros mots. Faut-il que ce confrère soit mal intentionné. Et tout ça parce que, dans son «Hemingway, la vie jusqu’à l’excès» (Arthaud, 414 p., 19,90 euros), PPDA reprend «la structure même» du livre consacré par Griffin aux jeunes années d’Hemingway – alors que dans sa version française publiée par Gallimard en 1989, ledit livre est épuisé depuis longtemps.

Tout ça parce qu’une «opulente chevelure auburn ramassée en chignon» devient, sous la plume du prix Interallié 2000, de «beaux cheveux auburn ramenés en chignon». Tout ça parce qu’on y retrouve, transfigurées avec le même genre de talent, «près de 100 pages qui sont directement inspirées de l’ouvrage de Griffin, sans qu’aucuns guillemets le signalent». Tout ça, enfin, parce que la bibliographie de l’ex-présentateur de TF1 compte 63 titres, mais pas le livre de Griffin. «Un ‘‘collaborateur’’ aurait-il pillé le Griffin, sans le signaler à PPDA?», va jusqu’à se demander Jérôme Dupuis.

Il faut bien se rendre à l’évidence: des jaloux sont à la manœuvre. D’ailleurs, parce qu’il a «passé un an et demi à écrire ce livre», dont le premier chapitre s’intitule «la Chute», l’homme qui a jadis interviewé Fidel Castro sans le rencontrer trouve «très désobligeant ce soupçon de plagiat».

Comme on le comprend. C’est que cela revient tout bonnement à faire l’impasse sur ses qualités proprement littéraires, heureusement saluées en leur temps par Pierre Desproges:

 « ‘‘Les Enfants de l’aube’’ nous conte l’histoire d’un adolescent leucémique qui rencontre dans un hôpital à leucémiques une jeune Anglaise leucémique. Dans un style leucémique également, l’auteur nous conte la passion brûlante et désespérée de deux êtres fragiles mais tremblants d’amour qui vont vers leur destin, la main dans la main et la zigounette dans le pilou-pilou… Je rappelle le titre : ‘‘Les Enfants de l’aube’’, par Patrick Poivre d’Arvor, chez Jean-Claude Lattès. Deux cent trois pages de romantisme décapant pour le prix d’un kilo de débouche-évier.»

Les gens sont vraiment méchants. Bonne année quand même*.

(*) L’année en question sera celle du cinquantième anniversaire de la mort d’Ernest Hemingway (1899-1961).

Voir enfin :

Plagiat: la réponse intégrale de PPDA

InfoBiblioObs

06.01.11

Alors que «L’Express» enfonce le clou, en publiant sur son site internet «trois nouvelles preuves du plagiat de PPDA», l’ex-présentateur de TF1 a adressé une lettre à l’Afp, pour s’expliquer sur la situation. BibliObs.com se l’est procurée. La voici, dans son intégralité

Je suis sidéré par ce que j’ai pu lire ou entendre depuis 48 heures. Je suis soupçonné de plagiat pour mon prochain livre, qui ne sortira en librairie que fin janvier, sur la base d’une version qui n’est pas la bonne ni la définitive, comme l’ont expliqué mardi les Editions Arthaud qui, sitôt la faute découverte, ont réagi très loyalement en la reconnaissant et en présentant leurs excuses.

Pour qui sonne le plagiat? PPDA …

Le plagiat de PPDA : une «grosse erreur technique»

[Par Jean-Marcel Bouguereau] Après l’interview mensonge, le plagiat

[Sur Teleobs.com] Plagiat de PPDA: les Guignols s’en mêlent

Ce tirage diffusé en décembre à la presse a par erreur été réalisé à partir d’une de mes versions de travail antérieures. Celle-ci comportait effectivement de nombreuses notes de lecture, dont certaines que j’avais prises en vue d’une ébauche d’adaptation cinématographique de la vie d’Hemingway.

Il y a eu très précisément onze allers et retours entre mon éditrice et moi depuis la remise de ma première version de travail à la fin de l’été. Le texte dépassait alors les 700 pages ! Mon éditrice m’a suggéré des coupes, j’ai proposé les miennes et nous sommes tous deux tombés d’accord pour estimer que les années de jeunesse d’Hemingway ne devaient pas représenter le propos essentiel du livre, davantage centré sur la mort qui le hantait et rôdait autour de lui, et sur les rapports qui me passionnent entre le journaliste et l’écrivain. J’ai en conséquence beaucoup retravaillé et réduit cette première partie de sa vie, sur laquelle Peter Griffin, qui a interrogé son fils et sa veuve, est de loin le meilleur biographe. Est-il si extraordinaire qu’il soit ma principale source pour cette courte période?

D’autant que contrairement à ce qu’ont affirmé certains, je l’ai cité dix-huit fois dans les notes figurant à la fin de la version provisoire incriminée. Cela eut été une étrange de façon de procéder si j’avais réellement voulu occulter l’existence de ce livre.

Est-ce qu’une erreur fâcheuse, assumée par l’éditeur, autorise ce déchaînement de malveillance que je constate ici ou là? Je souhaiterais simplement être jugé sur l’ouvrage définitif que je signe et assume, qui sera très bientôt disponible pour les libraires et le public, et qui m’a mobilisé pendant dix-huit mois. J’aimerais qu’on ne juge mon livre que lorsqu’il sera publié et que me soient épargnés ces pénibles procès d’intention.

Voir enfin :

Michel Drucker condamné pour un livre qu’il n’a pas écrit

[Billet du jour] PPDA ne serait-il donc pas le seul à (se) faire (aider pour) écrire ses livres? Voilà Michel Drucker condamné à indemniser Calixthe Beyala.

Le Nouvei Obs

13.01.11

Rien ne va plus, la France va de désillusion en désillusion. Pendant que «l’auteur» de «Hemingway, la vie jusqu’à l’excès», s’offusque du bruit fait autour de ses méthodes de travail, voilà que revient en boomerang une de ces histoires qui font de l’ombre aux imaginations les plus fertiles. C’est l’AFP qui nous l’apprend: «L’animateur de télévision Michel Drucker a été condamné par la cour d’appel de Paris à verser 40.000 euros à Calixthe Beyala, pour n’avoir pas rémunéré l’écrivaine qui en 2006 avait écrit un livre à sa place, selon un arrêt rendu hier.» L’actualité est vraiment réjouissante.

Le livre, on s’en souvient peut-être, n’était pas la première bio d’Hemingway venue: ce devait être, pour Albin Michel, des entretiens avec Régis Debray (oui, celui qui vient d’être élu à l’Académie Goncourt). Par quel prodige une Calixthe Beyala pouvait-elle écrire, à la place d’un Michel Drucker, des entretiens avec un Régis Debray pour une maison comme Albin Michel? La romancière du «Petit prince de Belleville» s’en était pudiquement expliquée, il y a dix-huit mois, devant la justice: «On vivait ensemble.»

L’ex-gendre idéal d’Antenne 2 lui avait alors promis 200.000 euros pour répondre à douze questions formulées par Debray. Il ne lui en versera finalement que 40.000, mais c’est triste quand même pour Drucker, qui avait marqué un point dans la manche précédente de ce passionnant match judiciaire: en juillet 2009, Calixthe Beyala avait été condamnée à lui verser un euro pour procédure abusive.

On ignore s’il y aura d’autres épisodes, de même qu’on ne sait pas encore si les héritiers de Peter Griffin, l’auteur plagié par Patrick Poivre d’Arvor et/ou son nègre, porteront plainte. Mais il y a bien quelque chose de pourri au royaume du PAF. Car si lon ne peut plus compter sur les gens qui écrivent à votre place, à qui se fier, franchement? Celui qui s’apprête à signer cet article de son nom est prévenu.

Grégoire Leménager

Voir enfin :

Les casseroles de PPDA

LEXPRESS.fr avec AFP

 05/01/2011

Avant la révélation du plagiat d’une biographie d’Ernest Hemingway, la réputation du journaliste Patrick Poivre d’Arvor avait déjà été entachée. Retour sur trois affaires.

  1990. Saddam Hussein, l’enfant et le garde de corps

L’image de PPDA a été troublée en juillet 1990 lorsque, après une interview de Saddam Hussein en pleine guerre du Golfe, il avait ramené de Bagdad, caché dans ses bagages, un enfant de la communauté française vivant en Irak âgé de 18 mois. Cet épisode lui vaudra la reconnaissance des parents mais surtout énormément de critiques, l’accusant d’avoir voulu faire « un coup médiatique ». Une autre affaire irakienne tache aussi la réputation du journaliste. Il s’agit d’une interview du capitaine Karim, un prétendu garde du corps de Saddam Hussein, diffusée dans l’émission Le Droit de Savoir le 23 janvier 1991. 

Extrait de l’émission publié dans Attention médias!: les médiamensonges du Golfe, manuel anti-manipulation de Michel Collon (ed. EPO): « Patrick Poivre d’Arvor: Dans la deuxième partie de l’émission, se dévoilera le fameux capitaine Karim. Il mettra le masque à bas.

– Capitaine Karim: Saddam Hussein complote pour tuer son propre peuple, avec les Etats-Unis

– Charles Villeneuve, joumaliste : Pourquoi traitez-vous Saddam Hussein d’agent des Américains?

– Capitaine Karim: C’est un agent américain, car c’est un agent américain.

– Patrick Poivre d’Arvor: Merci pour ce témoignage, en effet très éloquent.

– L’ambassadeur d’Irak téléphone en direct: Ce monsieur n’a jamais fait partie de la garde du président Saddam Hussein. Il était à Paris avant le 2 août. Il a travaillé comme attaché de presse à l’ambassade.

– Patrick Poivre d’Arvor, se tournant vers Karim : Je vous reconnais, je crois que vous y [à Bagdad] étiez le 20 août, lorsque vous m’avez fouillé. » 

Le 30 janvier 1991, Le Canard enchaîné avait demandé à PPDA s’il pouvait confirmer que le capitaine Karim était bien l’un des gardes du corps qui l’avait fouillé avant son interview avec Saddam Hussein en juillet 1990. Réponse du présentateur : « C’est lui qui me l’a dit. Il m’est impossible de dire que je l’ai reconnu. Ils se ressemblent tous et on ne fait pas attention à ceux qui nous fouillent. Je ne peux pas jurer à 100% que c’était lui, mais à 95 % ». Commentaire du Canard : « On aurait aimé que [PPDA] fasse part au téléspectateur cette petite part de doute. » 

Surtout que ce Capitaine Karim était bien un mythomane, comme l’explique Mark Hecker dans son livre La presse française et la première guerre du Golfe (L’Harmattan) : « Le portrait le plus cruel de Saddam Hussein a sans doute été dressé dans Le Nouvel Observateur lors d’une interview du capitaine Karim [paru le 20 décembre 1992]. Cet entretien de six pages n’est en fait qu’une énumération d’atrocités supposément commises par le leader irakien. Voici, à titre d’exemple, quelques exactions décrites dans cet article: « Le général a reculé, Saddam lui a tiré sept balles dans la poitrine » ; « L’officier m’a expliqué qu’on plongeait les prisonniers vivants dans le bain d’acide » ; ou encore « Il a réalisé que les deux têtes étaient posées sur deux corps décapités ». Le capitaine Karim nous est présenté comme un garde du corps repenti de Saddam Hussein. Il avait été interviewé quelques jours plus tôt par Patrick Poivre d’Arvor sur TF1. Le problème est qu’il s’est avéré par la suite que le capitaine Karim n’avait en fait jamais été garde du corps ; il ne s’agissait que d’un mythomane irakien dont certains médias s’étaient fait l’écho sans véritablement vérifier leurs sources. » 

1991. La vraie-fausse interview de Fidel Castro

En ouverture de son journal de 20 Heures du 16 décembre 1991, Patrick Poivre d’Arvor annonce qu’ « une des équipes de TF1 a interrogé [Fidel Castro] [la veille] à Cuba ». La séquence montre ensuite « PPDA » et son collègue du service étranger Régis Faucon poser des questions au leader cubain, comme s’ils étaient en tête-à-tête. 

Télérama et le journaliste Pierre Carles démontrent le mois suivant la supercherie : les deux journalistes de TF1 se sont filmés après une conférence de presse donnée le 15 décembre 1991 devant de nombreux journalistes, reprenant à leur compte des questions qu’ils n’avaient pas posées. L’interview a été remontée pour faire croire qu’ils s’entretiennent face à face avec Fidel Castro. PPDA et son collègue n’ont jamais posé de questions au leader cubain, comme l’explique Pierre Carles dans un sujet diffusé dans le Magazine du Fô présenté par Thierry Ardisson le 25 janvier 1992. 

La réaction de PPDA: « Vous pensez bien qu’il faudrait être bien nouille, outre le fait d’être sot et douteux, pour essayer de faire croire qu’une conférence de presse devant 80, 90, 100 journalistes a pu être une interview qui vous est donnée à vous », s’était défendu Poivre d’Arvor dans un documentaire diffusé en 2003 sur la chaîne Histoire. Il se défend en expliquant que Régis Faucon a réalisé le montage trop « rapidement »: « Il aurait pu le réaliser dans d’autres conditions cinq ans auparavant ou cinq ans plus tard, et on n’en aurait simplement pas parlé à l’époque; il l’a réalisé de manière très maladroite ». 

Le 19 février 2002, PPDA écrivait à L’Express : « Dans votre portrait élogieux d’Arnaud Montebourg (voir L’Express du 12 décembre 2002), vous avez cru pouvoir qualifier de truquée une interview que j’aurais réalisée de Fidel Castro. Il se trouve que j’ai bien rencontré le n° 1 cubain il y a dix ans et que nous avons diffusé cet entretien dans notre journal de 20 heures. L’année précédente, avec Régis Faucon, chef du service étranger de TF 1, nous nous étions rendus à une conférence de presse du même Fidel Castro et nous en avions gardé deux minutes diffusées le lendemain. Même si le montage, auquel je n’ai pas participé, pouvait prêter à confusion, je précisais bien dans mon lancement qu’il s’agissait d’une conférence de presse. Incident au demeurant banal dans nos métiers, mais monté quelques semaines plus tard en épingle, notamment par les amis de François Mitterrand qui n’avaient pas apprécié les sujets d’investigation, type affaire Urba, que nous traitions alors dans notre nouvelle émission, Le Droit de savoir. Me Arnaud Montebourg était de ce nombre; il a en effet créé une association, TV Carton jaune, pour attaquer TF1 dans cette affaire. Par deux fois, en première instance comme en appel, il a été débouté. Depuis, nous n’avons plus jamais entendu parler de cette association. Mais le mal a été fait. Notre probité professionnelle a été mise en question. Et, aujourd’hui encore, des journalistes, souvent de bonne foi, me ressortent ces sornettes. » 

1996. Les cadeaux de Pierre Botton

En janvier 1996, Patrick Poivre d’Arvor a été condamné en appel dans le procès Michel Noir-Pierre Botton, pour recel d’abus de biens sociaux, à 15 mois de prison avec sursis et 200 000 francs d’amende (30 000 euros). Il fut reproché au présentateur du JT d’avoir profité entre 1987 et 1992 des largesses de Pierre Botton, pour un montant total estimé à plus de 500.000 francs, afin de favoriser le passage sur TF1 de Michel Noir, député puis maire de Lyon et beau-père de Pierre Botton. Cette condamnation sera accompagnée d’une suspension d’antenne de trois mois infligée par TF1. 


Recolonisation: La pire des solutions… (From Hereros to Haiti: Rediscovering both the risks and the necessity of imperium)

12 janvier, 2011
We are tired of governing the country ourselves. Every dispute leads to war, and often to great loss of life, so we think it is the best thing to give up the country to you British men who no doubt will bring peace, civilization and Christianity in the country. Do for mercy’s sake please lay our request before the queen. . . . We are quite willing to abolish all our heathen customs. Kings Acqua and Bell (Letter to Gladstone, 1881)
Le drame herero reflète les horreurs dont a été entachée l’expansion coloniale européenne à la fin du XIXe siècle. Il donne aussi un avant-goût des génocides du XXe siècle. Est-il lui-même un génocide ? Non. Il ne relève pas du projet d’extermination d’un peuple, coupable du seul fait d’exister. Il se présente comme une riposte disproportionnée à un soulèvement armé. De ce genre de riposte, l’histoire européenne en est hélas tissée et les peuples africains n’ont pas été les seuls à en pâtir. Que l’on songe seulement à la répression du soulèvement vendéen par les Républicains français et au compte-rendu du général Westerman ! Si les colons allemands ont sévi contre les Hereros et laissé tranquilles les Ovambos et les Hottentots, autres peuples du Sud-Ouest africain, c’est que seuls les premiers les ont attaqués. Cela fait toute la différence entre ce massacre et les génocides ultérieurs d’Arméniens, de Juifs, de Tziganes ou encore de Tutsis. André Larané
C’est précisément en raison de la mort de l’impérialisme que nous voyons l’apparition du monde pré-moderne. Aujourd’hui, il n’y a aucune puissance coloniale qui accepte de s’atteler à cette tâche, cependant les occasions, peut-être même le besoin de colonisation, sont aussi grands qu’ils ne l’ont jamais été au XIXe siècle. (…) Le cas d’Ossama Ben Laden a maintenant démontré, pour ceux qui ne l’avait pas déjà réalisé, qu’aujourd’hui le monde entier est, potentiellement au moins, notre voisin. Robert Cooper
Haïti et la République dominicaine partagent la même île et le même environnement de base, pourtant la frontière entre les deux sociétés présente l’un des plus grands contrastes de la planète – avec des arbres et le progrès d’un côté et le déboisement, la pauvreté et la mort précoce de l’autre. David Brooks
Selon plusieurs estimations, entre 15 et 20% des habitants des camps de réfugiés sont des refugee warriors qui, entre un repas et un traitement médical repartent en guerre. (…) Grâce aux gains des négociations avec les organisations internationales, les groupes en lutte mangent et s’arment, en plus de payer leurs troupes. Linda Polman
L’avenir ne se fera pas sans nous, nous les peuples encore dominés, encore sans voix (…) La décolonisation d’ il y a cinquante ans était celle des fausses nations. Celle des vrais peuples va commencer. Son accélération ne tardera pas à dessiner de nouvelles cartes en Afrique et en Asie.Ferhat Mehenni (président en France du Gouvernement provisoire kabyle, Le siècle identitaire)
Le soutien public international détruit tout élan vers les réformes, le développement, la capacité de créer la richesse nationale et de l’exporter. Il alimente la corruption et les conflits internes et favorise le maintien de régimes pluriannuels. Dambiso Moyo
L’indépendance est un leurre, dans notre monde globalisé. L’Afrique, en particulier, souffre encore d’une dépendance au niveau mental, philosophique, économique. Nous cultivons un lien par la négative à l’Europe. Beaucoup d’Africains adoptent une posture victimaire vis-à-vis des anciens colons. On se lamente, on pleure. Nous ne sommes capables de voir en l’autre que le responsable de tous nos maux. Même ceux qui choisissent une attitude plus militante envers l’Europe, comme le président du Zimbabwe Robert Mugabe, élaborent un discours de faux courage. Ils restent profondément colonisés du point de vue politique. Nous nous construisons en fonction du Nord, pour lui montrer ce que nous sommes, pour nous affirmer face à lui. La véritable indépendance adviendra quand cet autre n’aura plus d’importance pour nous. Mia Couto
L’assistance est vraisemblablement la pire des catastrophes de la région, car elle rend possibles l’explosion démographique, les règlements de comptes interethniques, le financement de la guerre, la corruption et l’indifférence aux problèmes sociaux, notamment la précarité sanitaire. Denis-Clair Lambert 
Quel récit collectif sommes-nous capables de mettre en avant qui puisse donner un sens au sacrifice de ces jeunes ? Et l’absence d’un tel récit – qui va au-delà du sens subjectif que chacun d’eux pouvait donner à l’éventualité de mourir au combat et que chacun assumait en s’engageant dans l’armée – dépossède les jeunes soldats tombés du sens de leur mort. Danièle Hervieu-Léger
Les Français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes… C’est un fait. Eric Zemmour

Et si, à l’instar de la démocratie selon Churchill, la recolonisation était la pire des solutions… à l’exception de toutes les autres?

Offre de sinécure grassement payée dans la bureaucratie onusienne pour se débarrasser d’un président africain refusant la sanction des urnes (Cameroun), Etats faillis sous perfusion permanente (12 000 casques bleus, 3000 ONG, 30% de ses revenus pour la seule Haïti), entretien de centaines de « camps » onusiens servant accessoirement de pépinières de terroristes pour toute la région (Palestiniens), financement d’opérations de guerre sous couvert d’aide humanitaire (Libéria), paiement de millions de dollars de rançon annuels pour les nouveaux pirates barbaresques de la Corne de l’Afrique …

En ce premier anniversaire du séisme haïtien qui est aussi, coïncidence du calendrier, le 106e du massacre des Hereros, triste et tragique première préfiguration des génocides du XXe siècle …

Et en  ces temps post-11 septembre d’Etats faillis, de pirates néo-barabaresques  et de brigades internationales de jihadistes comme d’interminables et sanglants conflits interethniques et de frontières annoncés …

Mais également, comme en font régulièrement l’expérience nos courageux Zemmour face aux soubresauts provoqués par l’arrivée massive dans nos métropoles des descendants de nos anciens colonisés ou nos propres soldats sacrifiant dans la plus grande indifférence leurs vies aux portes de l’Empire,  de paralysante tyrannie politiquement correcte

Où, 50 ans après les indépendances africaines (et ses quelque mille milliards de dollars d’aides engloutis comme ses on ne sait où) et deux millénaires après Rome (et pour de similaires raisons de sécurité: comment maintenir à distance les barbares qui risquent de réduire à néant votre propre civilisation), le monde développé redécouvre la nécessité impériale

Retour avec un article de Bret Stephens qui, revenant sur un épisode de l’histoire du Cameroun et même s’il oublie d’en rappeler les suites (les Allemands acceptèrent l’offre de colonisation volontaire des chefs africains en question), a le mérite de poser la question de plus en plus actuelle, pour le monde développé, de la recolonisation des Etats défaillants.

Ou plutôt celle en réalité de la reconnaissance et  de la pleine acceptation de la tutelle de fait que « la communauté internationale » exerce déjà sur toute une série, du Kosovo à Haïti ou des camps palestiniens à nombre de pays africains et sans compter leurs multiples ressortissants immigrés sur nos propres sols), de véritables pupilles des nations.

Et surtout, après l’amère leçon du 11 septembre et malgré tous les catastrophiques ratés (du quasi-génocide des Hereros d’il y a un siècle au véritable accident industriel de l’Haïti d’aujourd’hui), la question de la prise de conscience à la fois de l’étendue des risques et effets pervers qu’entraine inévitablement une telle entreprise et de l’absence pure et simple d’alternatives crédibles

Haiti, Sudan, Côte d’Ivoire: Who Cares?

Perhaps we need a new kind of colonialism.

Bret Stephens

The WSJ

January  11, 2011

Once upon a time in West Africa, two kings named Acqua and Bell made a memorable request of British Prime Minister William Gladstone.

« We are tired of governing the country ourselves, » they wrote in a letter dated Nov. 6, 1881. « Every dispute leads to war, and often to great loss of life, so we think it is the best thing to give up the country to you British men who no doubt will bring peace, civilization and Christianity in the country. Do for mercy’s sake please lay our request before the queen. . . . We are quite willing to abolish all our heathen customs. »

The kings’ offer (which Gladstone declined) makes for interesting reading as one postcolonial state—Sudan—votes this week to split in two, with uncertain consequences. Another state—Côte d’Ivoire—stands on a razor’s edge between outright dictatorship and civil war. And a third—Haiti, a de facto American colony from 1915 to 1934—has proved unable to pick itself even inches off the ground since last year’s devastating earthquake. What, if anything, does it all mean?

It means that we’ve come full circle. It means that colonialism, for which the West has spent the past five decades in nonstop atonement, was far from the worst thing to befall much of the colonized world. It means, also, that some new version of colonialism may be the best thing that could happen to at least some countries in the postcolonial world.

Take Haiti. Haiti is no longer a colony of the West, but it has long been a ward of it. Even before the earthquake, remittances and foreign aid accounted for nearly 30% of its GDP. The country is known as the « Republic of NGOs, » since some 3,000 operate in it. What good they’ve done, considering the state the country has been in for decades, is an open question. Security, to the extent there is any, is provided by some 12,000 U.N. peacekeepers.

Should more responsibility be handed over to Haitians themselves? I used to think so, and debate on this subject rages among development experts. A new consensus holds that the long-term presence of foreign aid workers is ultimately ruinous to what’s known in the jargon as « local capacity. » Probably true. Prosperity has never been built on a foundation of handouts.

But last year’s fraudulent elections are a reminder that Haitians have been as ill-served by their democracy as by their periodic dictatorships. When « Baby Doc » Duvalier was overthrown in 1986, per capita GDP was $768. In 2009, on the eve of the quake, it was $519. Nor do the troubles end there: Criminality is rampant, and Haiti ranked 177th out of 179 on Transparency International’s 2008 corruption index. These are not the depredations of greedy foreign interlopers. This is the depravity of the locals.

Put simply, Haiti has run out of excuses for its failures at the very moment the « international community » has run out of ideas about how to help.

Maybe the U.N. should be called in to take charge. But events in Côte d’Ivoire suggest otherwise.

Côte d’Ivoire used to be one of those promising African states bucking the usual trends of the continent. But then per capita GDP plummeted by about 40% in the past 40 years. More recently, the country has seen a civil war between north and south and military intervention by French troops. Now its president, Laurent Gbagbo, refuses to concede an election the U.N. insists he lost to challenger Alassane Ouattara, a former International Monetary Fund official.

Mr. Gbagbo seems in no mood to go anywhere. U.N. peacekeepers aren’t going to force him out. The State Department’s brainstorm is to entice the president to leave by offering him a high-paying job at an international organization, perhaps the U.N. itself. So here you have an administration that professes to believe in the U.N. prepared to see a senior job in that organization filled by a Third World would-be tyrant. There’s the U.N. and all its failures explained in a nutshell.

So if the U.N. can’t do the job, who will? In 1986, the Reagan administration effectively forced Baby Doc out and flew him to France, where he has lived ever since in the comfort of his ill-gotten gains. Perhaps something similar could be arranged for Mr. Gbagbo, and the people of Côte d’Ivoire will live happily ever after under governments of their own choosing.

That would be nice. But if history is any guide, it won’t happen. Postcolonial Africa has seen the future. As often as not, it looks like Zimbabwe.

The West professes to « care » about countries like Haiti, Côte d’Ivoire and—at least for as long as George Clooney is in the area—south Sudan. But « care » at the level of simple emotion is little more than a cheap vanity. The colonialists of yore may often have been bigots, but they were also, just as often, doers. Their colonies were better places than the shipwrecked countries we have today.

One day, some latter-day King Acqua will come to the West with a similar plea. If we aren’t prepared to shoulder the full burden entailed in the request, the least we can do is stop pretending we care.

 

Voir aussi:

12 janvier 1904

Les Hereros se révoltent… et meurent    

 Le 12 janvier 1904, les Hereros se révoltent contre les colons allemands qui occupent leur territoire, le Sud-Ouest africain (aujourd’hui la Namibie). Les Allemands réagissent avec une brutalité extrême et exterminent la presque totalité du peuple herero.

André Larané

Hérodote

10 janvier 2011

Un génocide ?

Le drame herero reflète les horreurs dont a été entachée l’expansion coloniale européenne à la fin du XIXe siècle. Il donne aussi un avant-goût des génocides du XXe siècle. Est-il lui-même un génocide ? Non. Il ne relève pas du projet d’extermination d’un peuple, coupable du seul fait d’exister.

Il se présente comme une risposte disproportionnée à un soulèvement armé. De ce genre de risposte, l’histoire européenne en est hélas tissée et les peuples africains n’ont pas été les seuls à en pâtir. Que l’on songe seulement à la répression du soulèvement vendéen par les Républicains français et au compte-rendu du général Westerman !

Si les colons allemands ont sévi contre les Hereros et laissé tranquilles les Ovambos et les Hottentots, autres peuples du Sud-Ouest africain, c’est que seuls les premiers les ont attaqués. Cela fait toute la différence entre ce massacre et les génocides ultérieurs d’Arméniens, de Juifs, de Tziganes ou encore de Tutsis.

Au bord de la guerre

Le Sud-Ouest africain est un territoire grand comme deux fois la France, semi-désertique et inhospitalier, bordé à l’ouest par l’océan Atlantique et au sud par le fleuve Orange. Avant l’arrivée des Européens, il est seulement habité par des groupes clairsemés.

Ce sont en premier lieu des Aborigènes à la peau cuivrée : les Hottentots et les Khoisans ou Bochimans (déformation de l’anglais Bushmen, hommes du bush). Ils comptent des tribus telles que les Sans, les Samaras ou les Namas. Ces pasteurs adaptés au climat semi-désertique descendent des populations qui habitaient le continent africain avant l’arrivée des Noirs.

Les Noirs, ou Bantous, sont également représentés dans le Sud-Ouest africain. Ils appartiennent à la tribu des Ovambos et à celle des Hereros. Dès le milieu du XIXe siècle, ils sont en relation avec des missionnaires britanniques.

Au printemps 1883, un jeune marchand allemand, Heinrich Vogelsang, aborde dans une crique du nom d’Angra Pequena. Il prend contact avec un chef local, Joseph Fredericks, et conclut avec lui l’achat des terres environnantes. C’est ainsi que le 12 mai 1883, il hisse le drapeau allemand au-dessus de la crique et télégraphie à son associé, un riche négociant du nom de Franz Lüderitz : «Territoire acheté au chef contre paiement unique».

À Berlin, l’empereur Guillaume 1er et son chancelier Otto von Bismarck suivent avec intérêt les tribulations africaines de leurs concitoyens. L’empire allemand n’a pas encore de colonies à la différence de la République française et du Royaume-Uni et ils commencent à s’en inquiéter, vu que les territoires disponibles en Afrique commencent à se faire rares.

Le 24 avril 1884, le gouvernement allemand du chancelier Bismarck informe officiellement Londres qu’il accorde sa protection à Lüderitz et Fredericks. De ce jour date la naissance de l’empire colonial allemand. Le premier gouverneur de la colonie du Sud-Ouest africain (Südwest-Afrika en allemand) est un certain Dr H. Goering, dont le fils Hermann s’illustrera d’une triste façon aux côtés d’Adolf Hitler.

Sous l’impulsion du gouverneur, les colons allemands fondent une capitale proprette, Windhoek, et développent de vastes plantations en employant les indigènes à des travaux forcés, en volant leur bétail et à l’occasion leurs femmes (d’où l’apparition, rapidement, d’une communauté métissée).

Les Hereros sont confinés dans des zones tribales et ne bénéficient pas des garanties du droit allemand.

Révolte

C’est dans ce contexte qu’éclate la révolte des Hereros. Un groupe de guerriers conduit par un certain Samuel Maharero attaque les colons du poste d’Okahandja. 123 Allemands sont massacrés en trois jours dans des conditions particulièrement horribles. Six mois plus tard, un nouveau gouverneur, le général major Lothar von Trotha, débarque dans la colonie avec un renfort de 3500 soldats. Il a mission de chasser les Hereros du territoire ou de les exterminer.

 Le 11 août 1904, les troupes allemandes conduites par Lothar von Trotha encerclent 7500 Hereros et leur chef Maharero sur le plateau de Waterberg. Leurs armes puissantes ont facilement raison des assiégés. Les survivants sont chassés avec leur bétail vers le désert du Kalahari.

Le 2 octobre, un ordre du jour de Von Trota enlève aux Hereros tout espoir de retour. Cet ordre d’extermination (Vernichtungsbefehl) est ainsi rédigé : «À l’intérieur de la frontière allemande, tout Herero, avec ou sans fusil, avec ou sans bétail, sera fusillé. Je n’accepte plus ni femme ni enfant, je les renvoie à leur peuple ou fais tirer sur eux. Telles sont mes paroles au peuple herero. Le grand général du puissant empereur. Von Trotha».

À Berlin, le chef d’état-major allemand, le comte Alfred von Schlieffen, peut écrire : «L’aride désert Omeheke finira ce que l’armée allemande a commencé : l’extermination de la nation Herero».

Le 11 décembre de la même année, le chancelier allemand Bülow ordonne d’enfermer les Hereros survivants dans des camps de travail forcé et peu après, les dernières terres indigènes sont confisquées et mises à la disposition des colons allemands.

Dans les trois années qui suivent, des dizaines de milliers de Hereros succombent à la répression, aux combats, à la famine et aux camps. De près d’une centaine de milliers, leur population tombe à 15.000.

Du Sud-Ouest africain à la Namibie

Conséquence de cette tragédie, les Hereros sont aujourd’hui dépassés en nombre par les Ovambos dans la Namibie moderne (nouveau nom du Sud-Ouest africain).

Placé par l’ONU sous mandat sud-africain en 1945, le territoire est devenu indépendant en novembre 1989.