Polémique Zemmour: La preuve par les chiffres

French race riotsLes Français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes… C’est un fait. Eric Zemmour
Je connais trop la souffrance réelle de mes compatriotes «Arabes et noirs», honnêtes travailleurs, parents intègres, qui se sentent «salis» par les exactions des bandes de jeunes gens qui ont la même origine qu’eux. Je le sais d’autant mieux qu’avec mon patronyme, je me souviens du temps pas si lointain – les années 70- où une bande de truands célèbres – les frères Zemour – défrayaient la chronique criminelle, la honte dans les yeux de mon grand-père; et accessoirement, l’attente interminable dans les aéroports pour la vérification vétilleuse – et sans ordinateur- de mon identité. Mon grand-père souffrait en silence pour «son nom traîné dans la boue», mais il n’a jamais prétendu que nos homonymes n’étaient pas des brigands de grand chemin! Eric Zemmour
Je propose à un citoyen de bonne foi de venir assister aux audiences correctionnelles et parfois criminelles à Paris et il ne pourra que constater la validité de ce “fait”, la justesse de cette intuition qui, aujourd’hui, confirment un mouvement né il y a quelques années. Tous les Noirs et tous les Arabes ne sont pas des trafiquants, mais beaucoup de ceux-ci sont noirs et arabes. Philippe Bilger (Avocat général près la cour d’appel de Paris)
Je confirme que pour les audiences de “service général”, vols, violences et petit trafic de stupéfiant, les prévenus ont des noms qui évoquent les sommets de l’Atlas, l’immensité du Sahara ou les grands fleuves serpentant dans d’impénétrables forêts. Curieusement, c’est nettement moins le cas aux audiences économiques et financières ; il n’y avait qu’un arabe dans l’affaire Clearstream, et ce n’était même pas un maghrébin, mais ce doit être une décimale flottante qui fausse les statistiques. (…) Regardez donc les grands criminels, ceux qui peuplent les assises, ceux qui violent ou tuent. Marc Dutroux est-il arabe ? Michel Fourniret et Monique Olivier sont-ils noirs ? Francis Heaulme ? Didier Gentil ? Marcel Petiot ? Patrick henry ? Yvan Colonna ? Les tueurs de l’ETA ? Ou sans aller chercher les grands criminels, Céline Lesage, Véronique Courjault, Marc Cécillon puisqu’il faut bien que je parle encore un peu de rugby ? On me rétorquera Youssouf Fofana et Omar Radad ; mais je n’affirme nullement que les noirs et les arabes sont à l’abri du crime. Mais ôtez le moteur de la pauvreté et du désespoir social (et le crime de Fofana, avant d’être raciste, est avant tout crapuleux), et miracle, la part de la population pauvre diminue instantanément. Il n’y a pas de gène de la criminalité. En est-on à devoir rappeler de telles évidences ? (…) Les box des tribunaux correctionnels ne sont pas remplis de noirs ou d’arabes. Ils sont remplis de pauvres désespérés. C’était déjà le cas il y a un siècle, quand le blanc était la couleur dominante. Maitre Eolas
Beaucoup de raisons expliquent pourquoi il y a plus de « bronzés » que de blancs dans les centres de jeunes détenus, mais ce ne sont pas des éléments culturels ; ce ne sont pas des sourates du Coran ni leurs parents qui les poussent. Il faut même faire très attention dans les discours lorsqu’on insiste sur la responsabilité des parents. Que se passe-t-il lorsqu’on a des parents très sévères dans le quartier ? En dernier ressort, quand ils n’en peuvent plus, ils mettent le gosse à la porte, donc à la rue. (…) Par ailleurs, dans les familles d’immigrés, les enfants prennent très vite le pouvoir. Déjà, d’une manière générale en France, le rapport au savoir a tendance à s’inverser en raison des modifications technologiques, des nouveaux rapports urbains, et les jeunes générations ont parfois une meilleure connaissance que leurs parents de la société. Alors, chez les immigrés, imaginez !… Malek Boutih (ex-président de SOS racisme)
Certes, 80% des jeunes délinquants d’origine maghrébine ont des parents ouvriers ou employés. Mais, à niveau socio-économique équivalent, les enfants d’immigrés sont plus délinquants que les autres. Sébastian Roché
La surreprésentation des jeunes d’origine étrangère dans la délinquance n’est un mystère pour personne, mais cette donnée est peu renseignée, et elle n’est jamais débattue dans l’espace public. (…) Nous sommes face à une justice qui concentre son énergie à condamner des jeunes d’origine étrangère. (…) Comment expliquer à ces jeunes que la loi est essentiellement tournée vers eux ? Comment éviter qu’ils croient à une lecture communautaire de la justice ? Sébastian Roché
Les mineurs délinquants cumulent les handicaps, expliquent Monique Dagnaud et Sebastian Roché. L’immigration de fraîche date, associée aux difficultés à trouver un emploi ou à la ghettoïsation de l’habitat, en fait partie, sans qu’il soit possible de mesurer l’importance respective des différents facteurs qui peuvent éclairer les parcours délictueux. D’une façon générale, la pauvreté économique concerne 60 % des familles. Les pères sont, à 26 %, inactifs. Ceux qui ont un travail sont en majorité des ouvriers (59 %), les mères des employées (46 %). Le contexte familial, difficile, éclaire aussi les parcours des mineurs. Les deux tiers sont issus de fratries de quatre frères et soeurs ou plus. Près de 40 % des dossiers judiciaires font état de violence familiale ; 20 % évoquent un père alcoolique. Seuls 54,5 % de ces mineurs vivent avec leurs deux parents ; 11 % sont hébergés en foyer. Dans 9,3 % des cas, ces adolescents ont un de leurs parents décédé. Enfin, leur situation scolaire est sinistrée : 79 % ont redoublé, 55 % plusieurs fois et près de 60 % ont fait l’objet d’une ou de plusieurs exclusions. Les mineurs d’origine étrangère « cumulent encore plus que les autres les traits de désavantage socio-économique », notent les chercheurs. Le Monde
La société est devenue d’abord plus tolérante vis-à-vis des déviances mineures. Nous sommes de plus en plus individualistes; le contrôle social s’est affaibli, on ne vit plus sous le regard d’une seule communauté comme autrefois. Et puis, l’opinion des parents sur la conduite de leurs enfants est devenue plus indulgente. Ils sont plus laxistes sur la morale quotidienne, et ce dans tous les milieux. (…) Pour être efficace, la réparation doit être immédiate. Or, dans les lycées, la norme veut que l’on ne répare les casiers abîmés qu’au troisième. Au prétexte que le coût unitaire est trop élevé. De même, tous les offices d’HLM ne sont pas convaincus de l’utilité des poubelles ignifugées ou des produits antitags. Sébastian Roché
N’est-on pas allé jusqu’à interpréter les tags qui maculaient les trains de banlieue comme « une revendication de vie », voire comme « une agression carnavalesque contre l’ordre établi »? Le Point
Le fait qu’une merde de chien soit ramassée par une motocrotte légitime à leurs yeux le préjudice. Puisqu’il y a des employés payés pour nettoyer, pourquoi se gêner ? J’ai même entendu des passants qui applaudissaient à l’initiative, en disant : « Au moins, ça donne du travail aux jeunes » ! La réponse technique est indolore – sauf pour les contribuables – mais elle esquive l’aspect civique et moral, alors qu’il s’agit tout de même d’apprendre la propreté. » On retrouve d’ailleurs le même syndrome de « délégation passive aux pouvoirs publics » dans la gestion des immeubles. (…) Preuve qu’en matière de comportement il n’y a pas de fatalité. C’est sans rechigner qu’au McDo 95 % des clients vident leurs plateaux. Par le jeu des effets d’entraînement. Et aussi parce que le personnel veille à ce que les sacs-poubelle ne soient jamais pleins. André Midol (patron d’une agence de conseil en maîtrise des comportements)
Hier, la concierge qui entretenait les escaliers était redoutée des locataires, qui s’efforçaient de ne pas trop lui alourdir la tâche. Aujourd’hui, le personnel de nettoyage est anonyme, personne ne se sent responsable des dégradations. Nous avons trop souvent affaire à des consommateurs de propreté et de sécurité qui nous appellent et nous demandent de régler les problèmes à leur place. Le soir, on appelle le commissariat parce qu’on n’ose pas dire à ses voisins de mettre des chaussons ! Pour être sûr que nous allons venir dans un immeuble où des gamins sont assis par terre à écouter de la musique, on nous dit qu’il y a un trafic de drogue ! Nous sommes d’accord pour lutter contre les incivilités, mais que les gens aient le courage de porter plainte. Après tout, les graffitis sont passibles d’une amende de 25 000 francs, l’injure raciste de 5 000 francs, les jets de détritus de 1 000 francs. Bertrand Michelin (policier)
Je passe moi-même beaucoup de temps dehors. J’encourage les gens à se prendre en charge. Beaucoup de marginaux se sont par exemple procuré des clés PTT pour entrer dans les halls, et les propriétaires laissent faire. La société dérape, car elle n’est pas capable de signifier suffisamment tôt des règles d’autorité aux plus jeunes. Les parents ne le font plus. Et les policiers le font trop tard. Commissaire Roland Maucourant (Paris, 18e)

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Petite histoire vécue: il y a 3 jours notre nouveau voisin de palier, style gentil petit étudiant français de souche, voit un Africain d’une trentaine d’années couper l’antivol du vélo pliable hypersophistiqué que ma femme vient d’acheter et d’entreposer, même pas encore essayé, dans le hall d’entrée de notre petit immeuble de 4 étages et 8 copropriétaires de la partie petit-bobo du XIe arrondissement de Paris.

Et que croyez-vous qu’il fait?

Non, il ne lui propose pas de lui donner un coup de main!

Il se contente juste de passer tranquillement son chemin, se disant qu’il n’a jamais vu ledit monsieur dans l’immeuble mais que le pauvre doit être bien malheureux de devoir couper son antivol tout neuf pour récupérer son vélo suite à la perte de sa clé …

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Plus de la moitié, voire 60 ou 70%, des suspects répertoriés dans les synthèses quotidiennes des Directions de la police, pic dans la rubrique des « violences volontaires » et des « vols à main armée », près de la moitié des mis en cause pour vol à la tire, surreprésentation en matière d’homicide et de tentative d’homicide », 12 241 sur une population carcérale de 55 355 personnes au 1er janvier 2004, 85 % des auteurs de violences urbaines, 42,4 % des adolescents à deux parents d’origine maghrébine contre 30,2 % auraient commis au moins trois petits délits dans leur vie, 9,7 % contre 3,9 % d’origine française pour les agressions, vols de voiture, cambriolages, vols avec violence, 46,9% contre 39,5 % pour les jeunes jugés par le tribunal des mineurs en quinze ans dans l’Isère, 87 % des parents ouvriers ou employés contre seulement 42 % des parents « français », jeunes des HLM plus délinquants quelle que soit leur origine, mais différence infime pour seulement les jeunes d’origine étrangère 66,5 % des mineurs jugés ont un père né à l’étranger (pour 49,8 % dans un pays du Maghreb), 60 % ont une mère également née hors de France., 40 % des détenus français avaient un père né à l’étranger, dont 25 % au Maghreb (Insee, 2000) …

Suite à la polémique Zemmour, à présent assigné en justice, malgré ses explications, par SOS Racisme

Pendant que l’avocat général de la cour de Paris est convoqué par sa hiérarchie pour propos malpensants …

Et que nos belles âmes bottent en touche en évoquant la criminalité en col blanc …

Retour, avec un article du Point de 2007 et notamment un entretien du criminologue grenoblois Sébastian Roché, sur le secret de polichinelle de la surréprésentation des étrangers et des Français d’origine étrangère récente dans les statistiques de la délinquance et de la criminalité

Et confirmation, preuves statistiques à l’appui, de ladite surreprésentation, principalement masculine et surtout pour les délits les plus graves, pour laquelle Roché pointe, outre les facteurs habituels (plus faible supervision parentale, résidence plus fréquente dans le parc HLM hors centre-ville, niveau de revenu et de scolarisation faible des parents, absentéisme scolaire plus élevé),  la différence de perception de l’autorité (police, père) …

Délinquance
Les statistiques qui dérangent
Le Point
17/01/2007

Le sujet est l’un des tabous les plus forts de la République : 60 à 70 % des délinquants sont issus de l’immigration. C’est ce que révèlent les synthèses de la police national

La scène se déroule à la cour d’appel de Douai. Le président de chambre demande son identité à un prévenu : « Abdelkrim ». Le juge de rétorquer : « Vous avez un nom prédestiné ! » Le président de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), Mohamed Bechari, a raconté cette anecdote à un cénacle de députés en soulignant le caractère scandaleux du propos. La boutade du magistrat a beau être très douteuse, elle révèle la triste impression donnée par le défilé dans les prétoires.

Autre décor. Un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur rentre à son domicile avec une liasse de rapports sous le bras. Son épouse, qui ne connaît rien à la police, a la curiosité de jeter un oeil sur les documents. Réaction offusquée de madame : « Mais vous n’arrêtez que les étrangers ! » Lui est obligé de se justifier, de répondre : « Mais non, ma chérie, nous ne faisons pas de tri en fonction des origines.»

Le sujet est des plus sensibles. C’est même l’un des tabous les plus ancrés de la République. La part des enfants de l’immigration dans la criminalité et la délinquance ressortit au secret d’Etat. La lecture des synthèses quotidiennes de la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP) et de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), où sont recensés une partie des faits perpétrés en France, laisse sidérés les très rares initiés qui y ont accès.

Le Point a pu consulter ces notes, dans lesquelles il apparaît que plus de la moitié, voire 60 ou 70%, des suspects répertoriés ont des noms à consonance étrangère. Cet élément est délicat à manipuler. En aucun cas l’on ne saurait déduire avec certitude une origine d’un patronyme. Il ne s’agit pas non plus de tirer des conclusions absurdes sur un caractère « culturel » de la criminalité. Mais écarter ces constatations d’un revers de manche est une grave erreur qui occulte l’échec de l’intégration.

« La vérité est révolutionnaire », disait Lénine. L’on ne saurait résorber que les problèmes que l’on connaît. Une analyse de la « surreprésentation » des Français d’origine étrangère dans la commission d’infractions est d’autant plus éclairante que l’explication avancée en règle générale est erronée. On a coutume de considérer que la corrélation se fait seulement entre la pauvreté et la délinquance. Le propos ne suffit pas à rendre compte de la réalité (voir interview de Sebastian Roché).

En aucun cas, il ne s’agit d’apposer des tampons « immigré » sur des Français. Cela serait plus que tendancieux. En revanche, analyser un fait social n’est pas dépourvu d’intérêt. Les synthèses quotidiennes de la DCSP et de la DCPJ attestent que le pourcentage d’auteurs issus de l’immigration est surtout élevé à la rubrique des « violences volontaires » et des « vols à main armée ». Quand il était ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy a parfois fulminé sur le sujet. En réunions restreintes.

Au 1er janvier 2004, les étrangers représentaient 12 241 détenus dans les prisons françaises, sur une population carcérale de 55 355 personnes. Comme l’observe Laurent Mucchielli, directeur du Cesdip, dans un article publié par la revue Criminologie, « près de la moitié des mis en cause pour vol à la tire sont des étrangers » et « les étrangers sont nettement surreprésentés en matière d’homicide et de tentative d’homicide ». Selon l’auteur, il y a là « une version moderne de la sur- délinquance traditionnelle des milieux sociaux les plus précarisés dans une société industrielle ».

Mais les questions du jour ne concernent pas tant les étrangers que les Français issus de l’immigration. La situation est infiniment plus complexe. D’abord, les fichiers mentionnant les origines des Français sont interdits et empêchent des travaux statistiques fouillés. Ensuite, la délinquance dépend de facteurs psychologiques très ténus. Le criminologue Alain Bauer, par ailleurs président de l’Observatoire de la délinquance, explique qu’on ne sait rien des facteurs qui font un délinquant, sinon une chose : « Un auteur d’agression est souvent quelqu’un qui a été battu et dont le cas n’a pas été traité.»

Cela vaut-il pour les violences abstraites ? Laurent Mucchielli invoque une « victimisation collective » des populations d’origine immigrée, la « perspective d’un destin social misérable » qui induit « d’intenses sentiments de frustration et d’exclusion ». A tort ou à raison, le syndrome du colonisé est toujours vivace. Il y a près de dix ans, la commissaire Lucienne Bui Trong, chargée des violences urbaines à la Direction centrale des RG, relevait que 85 % de leurs auteurs sont d’origine maghrébine et qu’ils agissent en raison d’une sorte de « paranoïa » vis-à-vis de la société française. « J’ai vu une liste de 3 000 auteurs de violences urbaines établie par les RG parisiens, et il n’y avait que 59 noms « gaulois » », relate le criminologue Xavier Raufer. Qui ajoute : « Etant donné qu’il ne s’agit que de garçons, c’est bien la preuve que ce n’est pas un problème racial.»

Le 2 juin, lors d’un comité interministériel à l’intégration présidé par Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin se lance dans un discours sur l’intégration avec le lyrisme dont il a le secret. L’actuel ministre de l’Intérieur, soucieux de la « cohésion nationale », s’alarme de la propagation d’idéologies néfastes dans les banlieues ; il note la défiance vis-à-vis des autorités et considère qu’il ne faut pas dissocier les schémas mentaux et les actes.

Déracinement

Comment faire pour savoir ce qu’il se passe dans les cours d’immeuble ? Faut-il tenir compte des origines des Français pour mieux cerner certains problèmes ? Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, pense qu’il serait judicieux d’approfondir la connaissance de la réalité, pour étudier les difficultés propres aux populations d’origine immigrée, surtout en matière de discrimination à l’emploi. Le 3 décembre 2003, à l’occasion du 20e anniversaire de la Marche des beurs, Raffarin expliquait que « nous avons besoin d’une grande enquête statistique et sociologique sur la question de l’intégration et des inégalités, parce qu’il n’y a rien de complet aujourd’hui ».

Le 2 juillet, le ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, installera un observatoire des statistiques, mis en place par le Haut Conseil à l’intégration (HCI). L’instance, qui sera dirigée par Jacqueline Costa-Lascoux, est censée coordonner tous les chiffres disponibles. Peut-être permettra-t-elle de mieux cerner les effets du « déracinement », géographique ou culturel, de certains Français. « Il n’est ni prévu ni exclu de travailler sur la question de la délinquance » , assure-t-on prudemment au HCI. L’état des lieux ne sera pas facile à établir. Un chercheur, Laurent Lagrange, a observé une surdélinquance des enfants de l’immigration dans un quartier de Mantes-la-Jolie, mais pas dans un quartier comparable d’Amiens. Ce n’est pas avec des idées fixes, bien ou mal-pensantes, que l’on épuise la réalité

« Mon grand-père était face à l’uniforme en Algérie, moi, je suis face aux policiers. »

Le Point: Les jeunes d’origine étrangère sont-ils surreprésentés dans la délinquance?

Sebastian Roché : J’ai mené une étude à Grenoble et à Saint-Etienne sur un échantillon de près de 2 300 jeunes de 13 à 19 ans qui prouve que les jeunes d’origine étrangère commettent plus de délits que les autres, et surtout des délits plus graves. Parmi les adolescents dont les deux parents sont français, 30,2 % ont commis au moins trois petits délits dans leur vie, alors que le chiffre s’élève à 42,4 % pour les adolescents d’origine maghrébine.

Et pour les actes graves ?

La différence est plus importante. S’agissant des agressions, des vols de voiture, cambriolages, vols avec violence, 3,9 % des jeunes d’origine française en ont commis au moins trois, contre 9,7 % des jeunes Maghrébins. J’ai, par ailleurs, fait dépouiller tous les dossiers des jeunes jugés par le tribunal des mineurs en quinze ans dans l’Isère. J’ai trouvé que 39,5 % des auteurs sont issus de parents français, et 46,9% d’origine étrangère.

L’explication est-elle relative au niveau social ?

En fait, 87 % des parents des jeunes d’origine étrangère sont ouvriers ou employés, alors que seulement 42 % des parents « français » le sont. Mais la prise en compte du statut socio-économique n’explique pas tout. Comparons, par exemple, les chiffres de la délinquance des jeunes qui habitent en HLM et de ceux qui n’y habitent pas. Quelle que soit leur origine, les jeunes des HLM sont plus délinquants que les autres. Mais la différence est infime si l’on s’intéresse seulement aux jeunes d’origine étrangère. Il y a donc un facteur spécifique.

Quel est-il ?

Il est difficile de déterminer les variables pertinentes. La perception des autorités semble importante. Ceux qui ont une image positive de la police et de leur père acceptent plus facilement les normes de la société. Les voyous raisonnent ainsi : « Mon grand-père était face à l’uniforme en Algérie, mon père s’est retrouvé bêtement à l’usine, je suis, moi, face aux policiers. » Plus les jeunes ressentent l’indifférence des pouvoirs publics, plus ils sont impliqués dans la délinquance. A tort ou à raison, il y a une mémoire collective d’un exercice de l’oppression française.

Voir aussi:

Selon une étude menée en Isère, deux tiers des mineurs délinquants sont d’origine étrangère
Nathalie Guibert
Le Monde
16.04.04
Deux sociologues ont étudié l’environnement des jeunes jugés pour des faits graves à Grenoble. Ils cumulent les handicaps : pauvreté, alcoolisme d’un parent, échec scolaire, immigration récente

PAUVRETÉ, échec scolaire, violence familiale, immigration récente : les mineurs délinquants ont un profil de « damnés de la Terre ». Telle est la conclusion à laquelle sont parvenus Sebastian Roché et Monique Dagnaud. Ces deux sociologues du CNRS ont réalisé une étude originale sur les dossiers des mineurs jugés par le tribunal de Grenoble (Isère) entre 1985 et 2000. Financée par France 5, cette recherche menée fin 2002, dont les résultats n’avaient pas encore été publiés, apporte des résultats inédits sur l’environnement social des jeunes auteurs de crimes ou de délits graves.

La nouveauté tient dans la mise au jour de ce que les auteurs nomment « la dimension ethnique » de la délinquance : 66,5 % des mineurs jugés ont un père né à l’étranger (pour 49,8 % dans un pays du Maghreb), et 60 % ont une mère également née hors de France. Contrairement aux études habituellement menées, qui s’attachent au seul critère de la nationalité des individus, les deux chercheurs ont choisi, sur la base des informations figurant dans les dossiers judiciaires, d’éclairer ainsi plus complètement l’environnement de ces adolescents. « La surreprésentation des jeunes d’origine étrangère dans la délinquance n’est un mystère pour personne, mais cette donnée est peu renseignée, et elle n’est jamais débattue dans l’espace public », justifie M. Roché, pour qui la réflexion sur l’intégration ne devrait pas être séparée de celle sur la violence.

« ÉCHEC DE L’INTÉGRATION »

De précédentes enquêtes fondées sur les déclarations des adolescents avaient déjà fait apparaître une « suractivité » délictuelle des jeunes issus de l’immigration. La recherche menée dans l’Isère le confirme, avec une ampleur qui a surpris les chercheurs. Car, dans la région Rhône-Alpes, selon l’Insee, l’Isère n’est pas un département particulièrement marqué par l’immigration : celle-ci représente 6,1 % de la population (7,5 % dans le Rhône par exemple). « Nous sommes face à une justice qui concentre son énergie à condamner des jeunes d’origine étrangère », conclut Sebastian Roché. Pour le sociologue, cette constatation, « résultante du système que personne n’a voulue », remet en cause un des fondements de la légitimité républicaine. « Comment expliquer à ces jeunes que la loi est essentiellement tournée vers eux ? », souligne-t-il. Comment éviter qu’ils croient à une lecture communautaire de la justice ? « Ces résultats signent l’échec d’une politique d’intégration », analyse pour sa part Monique Dagnaud.

Cette origine étrangère n’est « pas spécifique aux délinquants de l’Isère », remarquent les auteurs. En 2000, l’Insee a en effet montré que 40 % des détenus français avaient un père né à l’étranger, dont 25 % au Maghreb. De ce point de vue, la situation française semble se rapprocher de celle des Etats-Unis, où les minorités sont surreprésentées. En revanche, si auteurs et victimes ont souvent la même appartenance communautaire outre-Atlantique, ce n’est pas le cas en France.

Les mineurs délinquants cumulent les handicaps, expliquent Monique Dagnaud et Sebastian Roché. L’immigration de fraîche date, associée aux difficultés à trouver un emploi ou à la ghettoïsation de l’habitat, en fait partie, sans qu’il soit possible de mesurer l’importance respective des différents facteurs qui peuvent éclairer les parcours délictueux.

D’une façon générale, la pauvreté économique concerne 60 % des familles. Les pères sont, à 26 %, inactifs. Ceux qui ont un travail sont en majorité des ouvriers (59 %), les mères des employées (46 %). Le contexte familial, difficile, éclaire aussi les parcours des mineurs. Les deux tiers sont issus de fratries de quatre frères et soeurs ou plus. Près de 40 % des dossiers judiciaires font état de violence familiale ; 20 % évoquent un père alcoolique. Seuls 54,5 % de ces mineurs vivent avec leurs deux parents ; 11 % sont hébergés en foyer. Dans 9,3 % des cas, ces adolescents ont un de leurs parents décédé. Enfin, leur situation scolaire est sinistrée : 79 % ont redoublé, 55 % plusieurs fois et près de 60 % ont fait l’objet d’une ou de plusieurs exclusions. Les mineurs d’origine étrangère « cumulent encore plus que les autres les traits de désavantage socio-économique », notent les chercheurs.

Le tableau n’est cependant pas uniforme. Paradoxalement, l’environnement familial est décrit, dans la grande majorité des dossiers judiciaires, comme « affectueux » et « soucieux de l’éducation du mineur ». Ecartelés, les adolescents délinquants de l’Isère « ont la particularité d’être à la fois dans la culture de la modernité et dans les difficultés de l’intégration sociale », ajoute Monique Dagnaud. Près de la moitié pratiquent un sport, dont un tiers de façon intensive. Une majorité fait état d’activités de loisirs, principalement tournées vers l’audiovisuel. « Repli de l’exclusion et culture de masse : leur personnalité se construit à partir de ces univers opposés, dont le mélange peut se révéler détonant », conclut l’étude.

Voir également:

Délinquance des mineurs: la République en quête de respect (rapport de la commission d’enquête sur la délinquance des mineurs)UNE SURDÉLINQUANCE DES JEUNES ISSUS DE L’IMMIGRATIONJusqu’il y a peu, il était difficile d’évoquer la surdélinquance des jeunes issus de l’immigration sans qu’une telle attitude passe pour une stigmatisation. Il y a quelques mois, M. Christian Delorme, le « curé des Minguettes » évoquait ainsi cette situation : « En France, nous ne parvenons pas à dire certaines choses, parfois pour des raisons louables. Il en est ainsi de la surdélinquance des jeunes issus de l’immigration, qui a longtemps été niée, sous prétexte de ne pas stigmatiser. On a attendu que la réalité des quartiers, des commissariats, des tribunaux, des prisons impose l’évidence de cette surreprésentation pour la reconnaître publiquement. Et encore, les politiques ne savent pas comment en parler »27(*).

L’enquête de délinquance autorapportée conduite en 2000 par M. Sébastian Roché a apporté des précisions sur cette question. Elle montre que la majorité des délits peu graves sont commis par des adolescents dont un parent ou les deux parents sont nés en France (68 %). Une forte minorité des actes peu graves sont commis par des personnes dont les deux parents sont nés hors de France (32 %).

Pour les actes graves, la situation est un peu différente. Les adolescents dont les deux parents sont nés hors de France commettent 46 % des actes graves.

Lorsque la question est posée aux adolescents qui vivent dans les HLM, les jeunes d’origine maghrébine représentent 39 % des actes peu graves et 47 % des actes graves.

Ces chiffres mettent en relief le fait que les actes de délinquance des adolescents maghrébins sont fréquents. Toutefois, ils ne permettent pas de statuer sur la surdélinquance des jeunes issus de l’immigration car ils ne tiennent pas compte du poids relatif des différentes populations en fonction de leurs origines.

Cette analyse complémentaire a cependant été faite par Sébastian Roché et confirme une surdélinquance des jeunes d’origine maghrébine par rapport à ceux d’origine française, comme en témoignent les graphiques suivants.

Actes peu graves commis suivant les origines ethniques

Actes graves commis suivant les origines ethniques

Pour expliquer ce phénomène, le sociologue constate que ces jeunes cumulent certains facteurs associés à la délinquance : une plus faible supervision parentale, une résidence plus fréquente dans le parc HLM hors centre-ville, un niveau de revenu et de scolarisation faible des parents, un absentéisme scolaire plus élevé.

Lors de son audition par la commission, M.Thierry Baranger, Président de l’association française des magistrats de la jeunesse et de la famille, a évoqué le handicap culturel dont souffriraient les jeunes d’origine maghrébine : « Ce n’est pas un hasard si une partie très importante des jeunes que nous avons à traiter et qui se retrouvent en prison sont issus de l’immigration. Il s’agit bien souvent, me semble t-il, de familles fragiles, de parents qui ne peuvent pas dialoguer avec l’école et ne trouvent pas leur place au sein des institutions ».

M. Malek Boutih, président de SOS racisme, a évoqué ainsi la question devant la commission d’enquête :

« Beaucoup de raisons expliquent pourquoi il y a plus de « bronzés » que de blancs dans les centres de jeunes détenus, mais ce ne sont pas des éléments culturels ; ce ne sont pas des sourates du Coran ni leurs parents qui les poussent. Il faut même faire très attention dans les discours lorsqu’on insiste sur la responsabilité des parents. Que se passe-t-il lorsqu’on a des parents très sévères dans le quartier ? En dernier ressort, quand ils n’en peuvent plus, ils mettent le gosse à la porte, donc à la rue. (…)

« Par ailleurs, dans les familles d’immigrés, les enfants prennent très vite le pouvoir. Déjà, d’une manière générale en France, le rapport au savoir a tendance à s’inverser en raison des modifications technologiques, des nouveaux rapports urbains, et les jeunes générations ont parfois une meilleure connaissance que leurs parents de la société. Alors, chez les immigrés, imaginez !…

« Je n’ai pas envie que les enfants d’immigrés, qui constituent ce que j’appelle la nouvelle génération de Français, deviennent les noirs américains de notre société, qui ne soient bons qu’à faire du sport ou des films et, pour le reste, passage par la case « prison ». Je sais que la vie est dure, que la société est dure, qu’il y a beaucoup d’injustice. Mais je ne crois pas que les comportements de violence aident à s’en sortir. A l’inverse, ces comportements structurent, organisent la violence et l’implantent définitivement dans la société ».

Certains interlocuteurs de la commission d’enquête ont mis en avant, parmi les causes de la surdélinquance des jeunes issus de l’immigration, un sentiment d’hostilité à l’égard des institutions, notamment de la police, ainsi qu’un sentiment d’injustice lié au marché du travail. Les responsables de l’association « Agir ensemble » visitée par la commission lors de son déplacement au Havre ont ainsi noté que les jeunes qui réussissaient leurs études se voyaient souvent écartés des entretiens d’embauche lorsqu’ils annonçaient leur nom ou celui de leur quartier.

A cet égard, le président de SOS racisme s’est opposé à toute idée de quotas pour favoriser l’intégration des jeunes issus de l’immigration en observant que la tradition française se fondait sur la notion d’égalité et que celle-ci n’avait jamais empêché la République d’avoir des pratiques inégalitaires ou promotionnelles quand elle souhaitait remédier à certains déséquilibres sociaux.

* 27 Le Monde, 4 décembre 2001.

Voir par ailleurs:

Eric Zemmour ou le trublion officiel
Philippe Bilger
Avocat général
Justice au singulier
17 mars 2010

Si Eric Zemmour n’existait pas, il faudrait l’inventer, il manquerait chaque jour à notre univers médiatique.

Il a encore frappé et, comme il l’espérait sans doute, des foudres judiciaires sont annoncées et on a même saisi, couronnement suprême, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de son cas.

Dans deux émissions : Salut les terriens sur Canal + et L’Hebdo sur France O, Eric Zemmour a soutenu que « les français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes. C’est un fait » (nouvelobs.com).

Levée de boucliers. Indignation. Morale brandie. Quelle honte ! Consensus de la dénonciation. En réalité, du vent.

En effet, je propose à un citoyen de bonne foi de venir assister aux audiences correctionnelles et parfois criminelles à Paris et il ne pourra que constater la validité de ce « fait », la justesse de cette intuition qui, aujourd’hui, confirment un mouvement né il y a quelques années. Tous les noirs et tous les arabes ne sont pas des trafiquants mais beaucoup de ceux-ci sont noirs et arabes. Je précise car rien dans ce domaine n’est inutile : qu’il y ait aussi des « trafiquants » ni noirs ni arabes est une évidence et ne me rend pas plus complaisant à leur égard. Il n’est point besoin d’aller chercher des consolations dans les statistiques officielles dont la finalité presque exclusive est de masquer ce qui crève les yeux et l’esprit si on accepte de regarder.

Je regrette qu’Alain Jakubowicz, président de la Licra et personnalité de valeur, ait décidé de poursuivre pour ces propos Eric Zemmour et qu’il ait ajouté que ce dernier avait franchi « un cran ». Je regrette que Rachid Arhab, du CSA, se soit égaré en répliquant à Eric Zemmour qu’il était « arabe, pas trafiquant mais au CSA », comme si ce dernier avait été assez stupide pour généraliser absurdement sa perception. Nous sommes tous très heureux que Rachid Arhab soit au CSA mais précisément parce qu’il n’est jamais tombé dans les travers dénoncés par Zemmour.

La Licra, le MRAP et, avec retard, le CRAN ont invité le CSA à réfléchir sur les « dérapages » d’Eric Zemmour, comme si d’une part ceux-ci méritaient d’être qualifiés ainsi et que d’autre part un éventuel avertissement à Eric Zemmour pouvait avoir un autre effet que d’amplifier le caractère infiniment « porteur » du soufre relatif distillé à intervalles réguliers par ce polémiste.

En réalité – et ce n’est pas la première fois -, personne n’a pris la peine d’examiner le fond du propos. L’indignation quasi unanime n’a donc pas été suscitée par la teneur de l’appréciation ni son éventuelle vérité ou fausseté mais par le simple fait qu’Eric Zemmour avait OSE DIRE cela. Comment quelqu’un avait-il pu aborder de front une telle matière sans prendre les précautions d’usage et en n’ayant pour obsession que de rendre acceptable par et pour tous ce que la nudité cruelle de l’exactitude précisément n’aurait pas permis ! Eric Zemmour n’est pas en tort pour avoir exprimé ce qu’il a déclaré mais pour s’être affranchi de la censure qui interdisait d’aborder clairement un tel sujet. Il doit être puni pour cause d’audace et non pour mensonge. Il n’a pas franchi « un cran » mais dépassé une ligne que la bienséance et l’hypocrisie considèrent comme absolue.

Qu’Eric Zemmour ne se rassure pas trop vite : d’autres dangers le guettent, dont Renaud Dély, dans Marianne, a pointé le principal dans un lucide portrait. Celui d’être aujourd’hui « ingurgité », absorbé par le système qu’il prétend subvertir grâce à une parole libre et apparemment inconoclaste. En effet, Eric Zemmour est devenu « un trublion officiel », « un fou des médias » comme il y a eu des « fous du roi », avec cette conséquence subtile mais perceptible qu’un léger contentement de soi semble l’habiter (Voici). De plus en plus, il y a dans sa démarche une alliance contradictoire entre une aspiration affichée au dialogue et un ton péremptoire. La liberté de pensée qu’heureusement il s’octroie ne va plus tout à fait jusqu’à supporter celle des autres. Dorénavant il s’écoute plus qu’il n’écoute, trop facilement ravi par sa propre mécanique. J’avais perçu des indices de cette solitude satisfaite, dans sa volonté à plusieurs reprises de « judiciariser » les réactions d’autrui quand il les estimait intolérables. Il se serait honoré, à mon sens, en les prenant pour l’inévitable rançon d’une expression qui ne s’assignait pas de limites. Attention, danger !

D’autant plus que ce n’est pas lui qui a gagné. Eric Naulleau, moins omniprésent, est plus épargné mais tout de même affecté par cette défaite. Comme il était prévisible à la longue, l’hilarité promotionnelle de Laurent Ruquier, sur France 2, a étouffé le miracle de ces deux intelligences caustiques et souvent pertinentes qui croyaient pouvoir réaliser ce rêve d’une télévision digne et vraie au milieu d’un océan de rires et de saillies programmés, d’hyperboles ridicules. Le bas, à force, s’approprie le haut et le dénature.

A mon sens, Eric Zemmour est à la croisée des chemins. Aujourd’hui, son discours et ses écrits – c’est le risque fondamental de la liberté : si elle se répète, elle meurt – sont marqués du sceau du prévisible. On peut les imaginer par avance parce que « le style Zemmour » est devenu une sorte de marque déposée. Mais rien ne vaut la modestie d’une parole qui se cherche, s’invente et parfois même s’étonne. Rien ne vaut les jaillissements de l’imprévisible, les surgissements d’une pensée capable, quand il le faut, de se battre autant contre elle-même que contre les opinions majoritaires, les surprises qu’une personnalité veut bien offrir à ceux qui ont besoin d’elle dans un monde planifié.

A l’évidence, pour et par toutes les bonnes consciences avides de stéréotypes. Qu’au moins les esprits libres tentent d’échapper à cette malédiction !

________________________________________________________

Tout a été dit, grâce à la multitude de réponses, sur ce billet consacré à Eric Zemmour. Aussi vous me pardonnerez d’estimer que le débat est clos et donc de fermer l’accès aux commentaires sur ce post précis. Pas de censure, juste un afflux impossible à gérer sauf à y passer jour et nuit.

Voir également:

On ne voit que ce qu’on regarde
Eolas
25 mars 2010

Les sciences exactes ne servent pas qu’à empêcher les adolescents d’être heureux au collège. Elles apprennent la rigueur. Et l’économie, si elle n’est pas une science exacte, utilise ces sciences pour étudier le comportement humain avec cette rigueur.

Et s’il est une leçon que l’économie donne à tous, c’est précisément de se méfier des fausses évidences, des erreurs de corrélation (croire que si A et b augmentent simultanément c’est que A et B sont liés), et de rechercher les vraies causes d’un phénomène.

Deux ouvrages vous en feront la démonstration : “Freakonomics”, de Steven D. Levitt et Stephen J. Dubner, traduction Anatole Muchnik (qui notamment vous démontrera que la plus spectaculaire baisse de la criminalité aux États-Unis n’a rien à voir avec la politique de “tolérance zéro” de M. Giuliani, mais doit tout à une jeune fille de 21 ans qui ne voulait pas être enceinte), et “Sexe, drogue… et économie : Pas de sujet tabou pour les économistes !”, par mes amis Alexandre Delaigue et Stéphane Ménia, auteurs du blog “Econoclaste”.

Cette sagesse des économistes est fort utile au juriste, plus intéressé aux conséquences du comportement des hommes qu’à ses causes. Et même les plus estimables d’entre eux peuvent parfois s’égarer.

Et c’est à mon sens ce que fait l’avocat général Philippe Bilger, dont mes lecteurs savent le respect teinté d’admiration que j’ai pour lui, respect et admiration que ce désaccord laisse intacts, tout comme je sais qu’il goûte trop au plaisir de la contradiction pour me tenir rigueur de la lui porter ici.

Tout commence avec les déclarations à l’emporte-pièce, pardonnez le pléonasme, d’Éric Zemmour à l’émission produite et présentée par Thierry Ardisson sur canal+, “Salut les Terriens”. Le polémiste déclarait qu’il était normal que la police controlât plus volontiers l’identité d’individus typés noirs ou maghrébins, car “la majorité des trafiquants de drogue sont eux-même noirs ou maghrébins, c’est un fait”. J’attire votre attention sur ces quatre derniers mots, qui constituent l’intégralité de la démonstration de M. Zemmour, et probablement une des argumentations les plus développées qu’il ait jamais produite.

Les propos ont fait scandale, c’était d’ailleurs leur but. Le CSA a réagi, mal, comme d’habitude, la LICRA a menacé d’un procès, comme d’habitude, avant d’y renoncer après avoir reçu une lettre d’excuse, comme d’habitude.

Mais c’est avec un certain regret que j’ai vu un esprit d’une autre envergure voler à son secours, en la personne de monsieur Philippe Bilger, avocat général à la cour d’appel de Paris.

Un petit mot ici pour rappeler qu’un avocat général n’est pas plus avocat qu’il n’est général. C’est un magistrat du parquet d’une cour d’appel, dont les fonctions consistent plus particulièrement à requérir aux audiences et spécialement devant la cour d’assises. On ne l’appelle donc pas “maître”, mais monsieur, comme tous les magistrats, sauf les dames, bien évidemment.

Dans un billet sur son blog, l’avocat général vole au secours du polémiste qui en a bien besoin, en tenant, sur l’affirmation litigieuse, les propos suivants :

En effet, je propose à un citoyen de bonne foi de venir assister aux audiences correctionnelles et parfois criminelles à Paris et il ne pourra que constater la validité de ce “fait”, la justesse de cette intuition qui, aujourd’hui, confirment un mouvement né il y a quelques années. Tous les noirs et tous les arabes ne sont pas des trafiquants mais beaucoup de ceux-ci sont noirs et arabes. Je précise car rien dans ce domaine n’est inutile : qu’il y ait aussi des “trafiquants” ni noirs ni arabes est une évidence et ne me rend pas plus complaisant à leur égard. Il n’est point besoin d’aller chercher des consolations dans les statistiques officielles dont la finalité presque exclusive est de masquer ce qui crève les yeux et l’esprit si on accepte de regarder.

On voit d’entrée l’habileté du rhéteur, qui d’emblée laisse entendre que toute personne qui contesterait cette affirmation serait de mauvaise foi. Ça tombe bien, je suis avocat, la mauvaise foi, ça me connaît, et les audiences correctionnelles, j’y assiste, sans doute plus souvent qu’un avocat général, et je suis même pas trop mal placé.

Et je confirme que pour les audiences de “service général”, vols, violences et petit trafic de stupéfiant, les prévenus ont des noms qui évoquent les sommets de l’Atlas, l’immensité du Sahara ou les grands fleuves serpentant dans d’impénétrables forêts. Curieusement, c’est nettement moins le cas aux audiences économiques et financières ; il n’y avait qu’un arabe dans l’affaire Clearstream, et ce n’était même pas un maghrébin, mais ce doit être une décimale flottante qui fausse les statistiques.

Car le vice du raisonnement saute d’emblée aux yeux. S’il semble acquis, puisque ni le grand magistrat ni le petit polémiste ne contestent que la police contrôle plus volontiers noirs et arabes -et je confirme que sur ces trente dernières années, je n’ai fait l’objet que de deux contrôles d’identité sur la voie publique ou dans l’enceinte du métro, tandis qu’un estimable confrère d’origine martiniquaise a remarqué qu’il devait exhiber sa carte d’identité une fois par mois-, il ne faut pas s’étonner qu’ils soient plus nombreux dans le box. C’est confondre cause et conséquence.

En outre, il faut rappeler une autre évidence : n’est prévenu que celui que le parquet décide de poursuivre. Il n’y a pas tirage au sort dans une population homogène : chaque dossier est étudié, au pas de charge, par un parquetier débordé qui en quelques minutes va décider en cochant une case s’il y a lieu à classement après rappel à la loi, alternative aux poursuites, CRPC ou citation devant le tribunal (je mentionne pour mémoire l’ouverture d’une instruction tant qu’elle existe). Il y a donc un filtre totalement subjectif : cette décision repose sur des critères qui n’ont jamais à être motivés, certains objectifs (existence d’antécédents judiciaires au casier, gravité exceptionnelle des faits), d’autres moins (instructions générales du chef du parquet : mettre la pression sur tel type de délits plutôt que tels autres), et les derniers enfin beaucoup moins : le pifomètre qui va diriger le stylo ver telle ou telle case après un bref moment d’hésitation les sourcils froncés.

Je ne dis pas que les parquetiers soient mus par des réflexes xénophobes : simplement ils prennent rapidement une décision non motivée. Tirer des conclusions de données statistiques passés par un tel filtre ne peut que mener à des erreurs.

Donc tout citoyen de bonne foi se rendant à une audience correctionnelle, exercice que je lui conseille ardemment, saura qu’il ne doit rien déduire de la couleur dominante dans le box.

Car c’est triste mais c’est ainsi, il y a des détails qui sautent aux yeux, et la couleur de la peau en fait hélas partie, mais d’autres auxquels on ne fait pas attention. Je pense en effet que les deux tiers des prévenus à une audience ordinaire sont typés noirs ou maghrébins (ce qui ne les empêche pas d’être le plus souvent français). Une prédominance de 66%, nonobstant les biais qui faussent la population statistique que je viens de détailler, peut sembler néanmoins pertinente et représentative, du moins dans les juridictions des grandes villes où se trouvent les population d’origine immigrée depuis les Trente Glorieuses (je pense que le tribunal correctionnel de Guéret voit moins de prévenus noirs que celui de Bobigny, tandis que celui de Fort-de-France en verra sans doute plus).

Soit, mais il y a une autre prédominance, que je pense supérieure à 95%, qui a fortiori apparaît encore plus pertinente et dont personne, et spécialement M. Zemmour, ne semble vouloir tirer de conclusion.

95% des prévenus, et c’est un minimum, sont des hommes. Le sexe semble être un critère beaucoup plus pertinent pour repérer les délinquants potentiels, mais M. Zemmour ayant pour les hommes les yeux de Chimène, il semble balayer ce critère d’un revers de main. La sociologie juridique a des limites.

Mais il demeure ce fait : en région parisienne et dans les grandes villes, la population noire et maghrébine se taille la part du lion dans le box des prévenus, avec les gitans pour les juridictions du sud de la France. Aucune statistique fiable n’existe, puisque tout traitement de données sur des bases ethniques est interdit comme contraire à la Constitution (CC, décision n° 2007-557 DC du 15 novembre 2007), ce qui laisse, effet pervers, la part belle aux préjugés et à l’argumentation selon laquelle les bien-pensants préfèrent se voiler la face.

Admettons le principe de cette sur-représentation et demandons-nous pourquoi elle existe.

C’est là que mes modestes connaissances peuvent servir. Ces prévenus, je les défends. J’ai accès au dossier, je m’entretiens avec eux, je fouille un peu dans leur vie pour chercher des moyens d’éviter la détention. Et pour le passage à l’acte, je constate que les mêmes critères réapparaissent avec une constance inébranlable.

Et d’emblée, le cliché du parasite cynique, qui hait la France et se croit tous les droits de s’emparer de ce que bon lui chante parce que nous sommes trop gentils avec lui, est tout simplement inexistant.

Le délinquant type gibier de correctionnelle (en excluant la délinquance routière qui est un cas à part, une délinquance d’honnêtes gens, bien intégrés et ayant un métier, et qui d’ailleurs est traitée différemment) est un homme, je l’ai déjà dit, plutôt jeune, pauvre, issu d’une famille pauvre, sans formation, ayant souvent abandonné l’école dès 16 ans, au chômage ou connaissant la précarité du travail, trimballé de “plate-forme de mobilisation” (oui, c’est un terme tout à fait authentique de la novlangue de Pôle Emploi) en formations inadaptées. Quand il a le droit de travailler, ce qui n’est pas le cas d’un étranger en situation irrégulière (soit dit en passant, dépouiller un homme de son droit de travailler est une des plus grandes atteintes à sa dignité qui se puisse commettre, et c’est l’État qui le commet en notre nom). L’alcool ou la drogue (le cannabis, le plus souvent) sont souvent présents, pour l’aider à tenir dans cette vie sans espoir de s’en sortir, et sont parfois la cause de la délinquance (énormément de petits dealers font ça uniquement pour financer leur consommation, et ce sont ces amateurs qui sont des proies faciles pour la police).

Allez à une audience de comparutions immédiates, vous entendrez la litanie des enquêtes de personnalité, vous verrez si je dis vrai (à Paris, du lundi au vendredi à 13h30, 23e chambre, escalier B, rez de chaussée, le samedi à 13h30 dans les locaux de la 25e chambre, escalier Y, rez de chaussée, entrée libre, c’est gratuit).

Mettez un homme, quelle que soit son origine, sa race, ou sa religion, dans cette situation, et vous en ferez probablement un délinquant. Or ce portrait robot correspond majoritairement à des personnes issues de familles noires et arabes, venues travailler en France dans la seconde moitié du XXe siècle où la France manquait de main d’œuvre et touchées de plein fouet par la crise.

Et tout ce que retiennent Eric Zemmour et Philippe Bilger, c’est l’origine ethnique des délinquants, comme si elle était pertinente. C’est s’arrêter à la surface. Et pointer du doigt toute une population qui partage ce trait physique majoritaire chez les délinquants. Comme si elle avait besoin de ça.

Regardez donc les grands criminels, ceux qui peuplent les assises, ceux qui violent ou tuent. Marc Dutroux est-il arabe ? Michel Fourniret et Monique Olivier sont-ils noirs ? Francis Heaulme ? Didier Gentil ? Marcel Petiot ? Patrick henry ? Yvan Colonna ? Les tueurs de l’ETA ? Ou sans aller chercher les grands criminels, Céline Lesage, Véronique Courjault, Marc Cécillon puisqu’il faut bien que je parle encore un peu de rugby ? On me rétorquera Youssouf Fofana et Omar Radad ; mais je n’affirme nullement que les noirs et les arabes sont à l’abri du crime. Mais ôtez le moteur de la pauvreté et du désespoir social (et le crime de Fofana, avant d’être raciste, est avant tout crapuleux), et miracle, la part de la population pauvre diminue instantanément. Il n’y a pas de gène de la criminalité. En est-on à devoir rappeler de telles évidences ?

C’est aussi à mon sens des facteurs sociaux qui expliquent la si faible part des femmes dans la délinquance. La société repose encore sur l’image qu’un homme doit gagner sa vie voire celle de sa famille. Une femme qui gagne sa vie a du mérite, un homme, non, c’est ce qu’on attend de lui, depuis la préhistoire où il partait chasser le mammouth. Pour un homme, ne pas avoir cette perspective est humiliant : cela pousse au mépris de soi, et quand on se méprise on ne peut respecter les autres, et à trouver des expédients pour avoir de l’argent. Les femmes d’une part n’ont pas cette pression sociale, et d’autre part ont immédiatement à l’esprit que pour avoir un travail, elle devront étudier. D’où leurs meilleurs résultats à l’école dès le primaire et leur part de plus en plus importantes dans les études supérieures (les écoles d’ingénieurs étant le dernier bastion des mâles, mais les murs s’effritent chaque année, courage mesdames !). La faculté de droit est tombée depuis longtemps, pour mon plus grand bonheur (Ah, les amphis au printemps, quand les beaux jours reviennent : comment s’intéresser aux servitudes et à l’exception de litispendance dans ces conditions…?)

Les box des tribunaux correctionnels ne sont pas remplis de noirs ou d’arabes. Ils sont remplis de pauvres désespérés. C’était déjà le cas il y a un siècle, quand le blanc était la couleur dominante.

La France n’a pas échoué à intégrer les populations qu’elle a fait venir d’Afrique ces cinquante dernières années. Elle n’a même pas essayé. C’est cela que la couleur des prévenus nous rappelle à chaque audience. C’est que pas un seul d’entre eux, bien que né en France, n’a pensé une seule seconde qu’il avait une chance de devenir lui aussi médecin, avocat, juge, journaliste au Figaro ou avocat général.

La honte est sur nous et pas sur eux.

Voir enfin:

L’esprit de Voltaire
Gascogne
mars 2010

Je n’aime pas ce qu’écrit Philippe BILGER. J’ai commenté dés les premiers jours de son blog son premier article, en faisant déjà montre d’un certain pessimisme, trop vite conforté, pour avoir lu quelques unes de ses œuvres. J’ai rapidement arrêté de le lire, voyant que le mal était trop profond. Trop d’égocentrisme. Trop de certitudes. Trop de plaisir à cracher dans la soupe. Ou comme disait ma grand mère, trop de bonheur à pisser contre le sens du vent. Je ne suis même pas d’accord avec le Maître des lieux lorsqu’il ne le critique qu’avec un respect teinté d’admiration, mais vous savez comment j’ai pu rater mon UV diplomatie, à la faculté. Je ne respecte que peu les gens qui vous regardent de haut, enrobés de leurs certitudes. En bref, ceux qui se pensent supérieurs, mais qui enrobent leurs analyses cruelles d’une fort belle plume.

Je ne suis pas pour autant persuadé que cela me donne un quelconque crédit pour le défendre, et pourtant, c’est bien ce que je souhaite aujourd’hui faire. Car une fois de plus, j’ai survolé son article (je les lis rarement en entier, mais lorsque je vois sur mes fils RSS un article sur la justice, j’ai du mal à résister). Et une fois de plus, j’étais en désaccord quasi complet avec lui. Son propos souffre à mon sens, et sans aller aussi loin dans les analyses qu’Eolas ou SLL, de deux défauts majeurs : il applique, comme à son habitude, une analyse parisiano-parisienne à l’ensemble de la justice française, et il nous ressort l’habituel argument du Front National : le chroniqueur radio est puni car il ose dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas.

Alors pourquoi faire un billet sur mon nouvel ami P. BILGER ? Parce que je viens d’apprendre qu’il était convoqué par son supérieur hiérarchique pour son billet sur Eric ZEMMOUR.

Et là, je dois reconnaître que je ne comprends plus. Depuis le temps qu’il écrit sur internet (5 ans, si je ne m’abuse), il a marqué de tous les défauts que je lui reconnais l’empreinte de son blog. N’avait-il pas affirmé que l’ancienne Garde des Sceaux n’avait pas été engagée pour ses compétences ? N’avait-il pas tenu des propos plus qu’indignes sur les compétences des magistrats, qui hormis lui, étaient tout sauf aptes à s’exprimer, voire à exercer ? Et je ne vous parle même pas du scandaleux corporatisme des magistrats et de leurs syndicats représentatifs (c’est vrai, de quel droit un syndicat intervient-il dans l’intérêt professionnel de ses membres ?).

Et y avait-il eu la moindre réaction de la Chancellerie ? Non, arrei, queutchi, nada, nenni, rien… Certes, il prenait bien souvent la défense du Président de la République, mais tout de même…

Et aujourd’hui, il tient, dans des termes comme d’habitude fort bien écrits, et surtout très aménagés à la susceptibilité de ses lecteurs, des propos qui déplaisent au pouvoir, ou à tout le moins à sa hiérarchie, et d’un coup, celle-ci redécouvre tous les bienfaits du devoir de réserve ? L’association des jeunes magistrats avait d’ailleurs en son temps édité un très bon article sur le devoir de réserve des magistrats, mais on ne le trouve malheureusement plus sur le site (si un des membres de l’association me lit…). Et il se déduisait assez naturellement de leur analyse que le devoir de réserve ne devait pas se confondre avec un droit de censure absolu.

Dans une période où je reste persuadé que l’on tente de museler au maximum les magistrats, qu’ils soient judiciaires, administratifs ou financiers, où les réformes, sur la suppression du juge d’instruction, sur la prescription, sur la nouvelle procédure pénale, n’ont pour but que de tenir un peu plus encore un corps d’État qui n’est pourtant pas réputé pour son esprit révolutionnaire, faire taire un magistrat qui s’exprime haut et fort me semble un bien mauvais signe. Un de plus.

Car après mon ami Justicier Ordinaire, il me semble que la Chancellerie, sans l’accord de laquelle j’ai du mal à imaginer l’intervention du procureur Général de Paris, poursuit son grand nettoyage. Et j’ai beau ne pas apprécier la voix si particulière de Philippe BILGER, j’apprécie encore moins qu’on la fasse taire.

Alors oui, M. BILGER, je suis sans doute à l’opposé de vos conceptions de la justice, de ses membres, de vos conceptions politiques, de votre amour pour ceux qui ne vivent que de la provocation. Mais pour plagier nos lointains aïeux, je ne pense pas comme vous, mais je ferai tout pour que vous puissiez continuer à exprimer vos idées (encore que la citation soit, paraît-il, apocryphe).

6 Responses to Polémique Zemmour: La preuve par les chiffres

  1. BV dit :

    Qu’il y ait 5 personnes d’origine magrhébine ou africaine qui commettent des délits, Z. se fout le doigt dans l’oeil s’il espère que les 95 p. 100 des autres vont accepter de se faire contrôler au faciès.

    Voilà le véritable sujet.

    Le deuxième sujet serait les causes de la délinquance, dans l’histoire et aujourd’hui, dans les zones rurales et dans les métropoles, en période de croissance et en période de crise, etc. etc. mais Z. ne propose pas de débat : il a déjà tranché 1000 fois.

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  2. Valentini dit :

    Pour une foi-maison?

    La FRANCE, enfin, a acquis, ce n’était pas gagné d’avance, because la concurrence, le statut si enviée de “terre sainte”. Plus besoin désormais de s’embarquer dans une galère pour aller marteler sa foi. Le premier trottoir parisien fait l’affaire.
    La question se pose maintenant de savoir si c’est en piétinant qu’on progresse? Du point de vue, de la conscience de soi, c’est certain. Le front, en effet, ayant l’oeil ou, ce qui revient presque au même, le nez sur l’arrière, comprend alors comment poser ce qu’on lui a fait avaler si longtemps. Reste un problème, lié à l’apparition de ce nouvel objet. En quoi la singularité de la chose se distingue-t-elle de l’universalité qui la fonde, sans être sujet à caution?

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  3. Valentini dit :

    Dialectique intattendue

    « Lénine est révolutionnaire », disait la Pravda

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  4. Valentini dit :

    Eden, façon Picasso

    « C’est un dieu étrange à la fin que la mort »

    Mais les faits sont têtus, ils s’entêtent à ignorer la Vérité.
    Et donc v’là que Xsara, le merveilleux caucasien, un type révolutionnaire, surgit, ça urge!
    Dans sa bourse, il en a quatre
    qui brait, aboie, miaule, coquerique
    et, comme le Mur, le monde réel,
    ces quatre vérités-là, à la queue-leu-leu,
    accouchent d’une Eve future.
    Imagine la bombe.
    Chut!
    A défaut de la niquer, écoutons-la, la bombe:

    « il est des faits tus: ce sont des vérités bêtes.
    Les fêtards qui les montent prêchent l’Apocalypse: du mal, le Bien »

    Ramdam, raffut, barouf, chambard, tohubohu,
    sur quat’ et deux pattes, ça proteste ferme,
    là-haut, sur les plateaux,
    et derechef, ça montre sa sueur, son sang, ses larmes
    et même son cul!
    Ces faits-là, qui ont le souci de la rébellion, il va de soi, parlent d’eux-mêmes.

    Les sots font toujours le même rêve:
    si c’étaient eux, hein! En vérité,
    ça se passerait différemment.
    Et alors on aurait, à la minute,
    un monde de rêve,
    avec une police de caractère
    et des statues plus vraies que nature,
    narcissiques!

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  5. […] que n’ayant pu le coincer sur  les chiffres de la délinquance ou l’implication massive de la gauche dans la collaboration […]

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  6. […] Les mineurs délinquants cumulent les handicaps, expliquent Monique Dagnaud et Sebastian Roché. L’immigration de fraîche date, associée aux difficultés à trouver un emploi ou à la ghettoïsation de l’habitat, en fait partie, sans qu’il soit possible de mesurer l’importance respective des différents facteurs qui peuvent éclairer les parcours délictueux. D’une façon générale, la pauvreté économique concerne 60 % des familles. Les pères sont, à 26 %, inactifs. Ceux qui ont un travail sont en majorité des ouvriers (59 %), les mères des employées (46 %). Le contexte familial, difficile, éclaire aussi les parcours des mineurs. Les deux tiers sont issus de fratries de quatre frères et soeurs ou plus. Près de 40 % des dossiers judiciaires font état de violence familiale ; 20 % évoquent un père alcoolique. Seuls 54,5 % de ces mineurs vivent avec leurs deux parents ; 11 % sont hébergés en foyer. Dans 9,3 % des cas, ces adolescents ont un de leurs parents décédé. Enfin, leur situation scolaire est sinistrée : 79 % ont redoublé, 55 % plusieurs fois et près de 60 % ont fait l’objet d’une ou de plusieurs exclusions. Les mineurs d’origine étrangère « cumulent encore plus que les autres les traits de désavantage socio-économique », notent les chercheurs. Le Monde […]

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