Diplomatie: Retour sur un « dérapage » (Back when a French PM had the gall to call terrorism by its name and paid the price)

Publications – Manoocher Deghati They’ll stone you when you’re trying to tell the truth … D’après Bob Dylan
On his visit to Birzeit University, Lionel Jospin had the gall to speak of the Hizbullah fighters as terrorists, also expressing his « understanding » of Israel’s actions against Lebanon. Edward Said
La France condamne les attaques du Hezbollah et toutes les actions terroristes unilatérales, où qu’elles se mènent, contre des soldats ou des populations civiles. Oui, ces attaques sont terroristes, et la France souhaite que la réplique frappe aussi peu que possible les populations civiles. Epargner les populations civiles est une contrainte que s’efforce de respecter Israël. Lionel Jospin (Jérusalem, 24 février 2000)
Ce n’est pas une politique de tuer des enfants. Chirac (accueillant Barak à Paris, le 4 octobre 2000)
La situation est tragique mais les forces en présence au Moyen-Orient font qu’au long terme, Israël, comme autrefois les Royaumes francs, finira par disparaître. Cette région a toujours rejeté les corps étrangers. Dominique Galouzeau de Villepin (Paris, automne 2001)
On peut se demander s’il n’y a pas une volonté de détruire le Liban, ses routes, sa communication, son énergie, son aérodrome, et pourquoi ?Jacques Chirac (Paris, 14 juillet 2006)
Soudain, une pluie de pierres s’abat sur le groupe, petites d’abord, puis de plus en plus grosses. Les gardes du corps déploient aussitôt leur protection en kevlar. Le premier ministre disparaît littéralement sous les corps massés « en tortue » de sa protection rapprochée, avant d’être précipité à l’arrière de la Mercedes blindée qui l’attend. Une voiture, posée en travers de la route, barre le départ du cortège et immobilise quelques longues secondes celle de M. Jospin, criblée de pierres et de coups de pied, tandis qu’un enseignant, debout sur le toit du véhicule, lève les bras pour tenter de calmer les manifestants. Une vitre est atteinte par un pavé. Un photographe de l’Agence France-Presse, Manoucher Deghati, est renversé, la jambe cassée. Il sera transféré à l’hôpital de Jérusalem. Dans le hurlement des sirènes et sous les insultes des manifestants, le cortège repart, enfin. Le Monde

Au moment où, suite aux récentes attaques du Hezbollah (pardon: « Parti d’Allah » – Coran V, 56) sur Israël ainsi que sur la riposte israélienne, la désinformation médiatique et politique a repris de plus belle et nos politiques semblent de plus en plus tentés de nous refaire le coup – si payant dans les sondages – des ambiguîtés de 2003 sur l’Irak …

Petit retour sur un « dérapage », comme titrait Le Monde, au lendemain de ce rare accès de sincérité et de courage qu’avait été, ce fameux 24 février 2000 à Jérusalem, la qualification de terroriste pour l’organisation Hezbollah par M. Jospin.

Qualification qui avait valu au Premier Ministre, on s’en souvient quelques jours plus tard, un caillassage littéral à l’université palestinienne de Bir Zeit, puis médiatique et politique à son retour en France (son prédécesseur à Matignon, M. Juppé, se demandant alors si la diplomatie française n’avait pas fait « un bon en arrière de quarante-cinq ans ») …

Retour sur un dérapage
Georges Marion et Pascale Robert-Diard

Le Monde

le 1er mars 2000

Jeudi 24 février, 18 heures, le premier ministre français Lionel Jospin donne sa première conférence de presse en Israël. « La France condamne le Hezbollah et toutes les actions terroristes unilatérales ». Hubert Védrine se crispe. Le mot « terroriste » fait l’effet d’une bombe qui retentit jusqu’à l’Elysée.

Pourtant tout avait commencé dans un énorme éclat de rire, l’un de ces gags improbables qu’un scénariste hésiterait à imaginer : les drapeaux qui, du haut des mâts de Jérusalem, accueillaient ce jour-là Lionel Jospin étaient… néerlandais. Les trois couleurs bleu, blanc et rouge y étaient, certes, mais dans le mauvais sens, telles qu’elles flottent sur le palais royal de La Haye, et non au fronton de Matignon. Il fallut toute une nuit pour que les services israéliens réparent leur gaffe et livrent, en urgence, le bon pavillon.

Apparemment, Lionel Jospin ne s’en offusqua guère. Les vit-il, seulement, ces fameux drapeaux dont toute la presse s’amusa ?

Lorsque, mercredi 23 février en fin d’après-midi, son avion se pose à l’aéroport Ben-Gourion, le premier ministre se rend aussitôt devant le monument à la mémoire d’Yitzhak Rabin, sur une place de Tel-Aviv. Le temps est pluvieux et doux. Le premier ministre dépose une gerbe, échange quelques mots avec la veuve de l’ancien dirigeant israélien, puis gagne la résidence de l’ambassadeur de France, à Jaffa, où l’attendent quelque mille cinq cents invités représentant la communauté française établie en Israël.

Dès sa première allocution, Lionel Jospin donne le ton : malgré les divergences anciennes, « l’amitié entre nos peuples ne s’est jamais démentie » ; « Nous voulons approfondir ces liens » ; « La même volonté de paix nous réunit » ; et encore : « La France sera, dans la paix, un partenaire de confiance pour Israël. » « Partenaire de confiance » : là réside, sans doute, le début de l’histoire. La victoire d’Ehoud Barak sur Benyamin Nétanyahou, en mai 1999, a en effet suscité des analyses nouvelles au Quai d’Orsay et ailleurs. En substance : si la France veut jouer un rôle dans le processus de paix moyen-oriental, il lui faut retrouver la confiance d’Israël et faire, pour cela, les gestes adéquats. Seule cette attitude publique permettra d’être compris des Israéliens, de leur dire en privé ce qu’ils n’aiment pas entendre. La voie de l’efficacité en quelque sorte.

C’est psychologiquement ainsi préparé que M. Jospin a sa première entrevue avec M. Barak dans sa résidence privée de Jérusalem, quelques heures après son arrivée en Israël. La rencontre n’a pas été annoncée publiquement et les ministres qui accompagnent l’hôte de Matignon – Hubert Védrine, Jean-Claude Gayssot, Christian Sautter et Pierre Moscovici – ne l’apprendront qu’une fois celle-ci terminée. A côté de Lionel Jospin se tient Jean-Maurice Ripert, son conseiller diplomatique chargé de prendre des notes ; Ehoud Barak est, lui, accompagné de Shimon Batat, l’un de ses hommes de confiance, un ancien, comme beaucoup des collaborateurs du premier ministre israélien, des commandos de choc qu’il a commandés dans les années 70. Verre de cognac à la main, Lionel Jospin écoute plus qu’il ne parle, pose des questions. Le lendemain, les collaborateurs du premier ministre estimeront que la discussion a été « franche et complète ».

Jeudi 24 février, Lionel Jospin visite d’abord le mémorial de la Shoah, à Yad Vashem. Puis, les rendez-vous s’enchaînent. Avec Ehoud Barak, dans son bureau cette fois ; à la Knesset, avec le président du Parlement, Avraham Burg, où M. Jospin affirme que son gouvernement « n’a aucun goût pour ce que l’on a parfois appelé l’arrogance française. Il essaie de se situer à sa juste place, mais il pense qu’il peut être un élément fécond du dialogue des nations » ; à la présidence ensuite, pour une visite à Ezer Weizman ; avec David Lévy, le ministre des affaires étrangères, puis avec Ariel Sharon, le chef de l’opposition. A chacune de ces rencontres, le même message d’amitié et de chaleur se répète, ainsi que les remarques et les critiques à l’égard de la Syrie, décrite comme responsable du blocage des négociations de paix.

Lionel Jospin rencontre une première fois la presse en sortant du bureau d’Ehoud Barak. C’est ce dernier seul que les journalistes israéliens veulent interroger. La veille, en effet, le ministre des affaires étrangères David Lévy a perdu tout contrôle au Parlement, proférant, visage déformé par la passion, des menaces à l’égard du Liban. « Si Kyriat Shmona (une ville israélienne non loin de la frontière libanaise) brûle, le sol libanais brûlera à son tour », a-t-il hurlé à la tribune avant de conclure : « Sang pour sang, âme pour âme, enfant pour enfant! » Le soir même les images sont passées à la télé. En quelques minutes, toute la Palestine a vu ces images terribles où un ministre israélien, cheveux blancs et lunettes carrées comme Lionel Jospin, éructe d’inadmissibles menaces. « M. Jospin n’a pas été suffisamment sensibilisé à cet épisode », dira, le lendemain, un officiel français pour tenter d’expliquer le dérapage du premier ministre.

A dix-huit heures jeudi soir, ce dernier donne sa première véritable conférence de presse. M. Jospin y martèle à nouveau son message. Il est un « ami d’Israël », répète-t-il à plusieurs reprises. Une question fuse sur les propos tenus par David Lévy. M. Jospin élude puis ajoute : « La France condamne les attaques du Hezbollah et toutes les actions terroristes unilatérales, où qu’elles se mènent, contre des soldats ou des populations civiles ». « Terroristes », le mot est lâché. Surprise dans la salle. A la tribune, le visage du ministre des affaires étrangères, Hubert Védrine, se crispe. Relancé par une nouvelle question, Lionel Jospin insiste : oui, ces attaques sont « terroristes », et la France, ajoute-t-il, « souhaite que la réplique frappe aussi peu que possible les populations civiles. Epargner les populations civiles est une contrainte que s’efforce de respecter Israël ». La conférence de presse s’achève. Assis à ses côtés, Hubert Védrine se penche vers Lionel Jospin, ignorant qu’à cet instant les micros ne sont pas encore coupés. « Tu y as été un peu fort » sur le Hezbollah, lui chuchote-t-il. Le premier ministre s’agace. Il n’a rien à faire des prudences diplomatiques, argumente-t-il, avant de rejoindre la réunion prévue avec des hommes d’affaires israéliens. M. Védrine, qui a déjà compris, demande au conseiller diplomatique de M. Jospin, Jean-Maurice Ripert, de l’accompagner dans sa voiture.

Il est tard, jeudi soir, lorsque le premier ministre rencontre informellement la presse. Entouré de ses ministres, Lionel Jospin, assis dans un fauteuil bas, fait face à une cinquantaine de journalistes. Les premiers échanges sont vifs, à la limite de l’incident. Lionel Jospin est tendu, ulcéré que l’on puisse imaginer qu’il a dérapé, qu’il ne connaît pas la question, lui, l’ancien du Quai, l’homme de la politique étrangère du PS aux côtés de François Mitterrand, aujourd’hui premier ministre qui contribue largement, depuis bientôt trois ans, à la définition du cadre de la diplomatie française. Alors oui, il assume ses mots, s’exprime « librement », n’est pas là pour « s’en expliquer devant des journalistes », ni pour « réciter des formules » ou « répéter des concepts qui ont été élaborés dans des bureaux ». Oui, encore, il est un ami d’Israël, ce qui ne l’empêche pas d’être aussi celui de Yasser Arafat qu’il connaît depuis plus de vingt ans ; oui, enfin, il fait confiance à Ehoud Barak quant à sa volonté de relancer le processus de paix.

La seule chose dont il veut bien convenir, à l’issue d’une réunion de travail tenue dans la nuit avec ses conseillers, est la nécessité de rassurer les Libanais et de retirer le mot « terroriste ». Ce sera chose faite le lendemain, lorsque devant les télévisions il souligne « l’amitié ancienne et traditionnelle de la France pour le Liban » et son « attachement à l’intégrité et à la souveraineté » de ce pays. En fin d’après-midi, lors de la visite du Domaine français de Sainte-Anne, à Jérusalem, M. Jospin renomme « actes de guerre » les « actes terroristes » du Hezbollah.

La partie israélienne de son voyage est alors terminée et M. Jospin veut croire que sa bonne volonté à l’égard des Palestiniens ne sera pas mise en doute. La veille, à l’occasion d’un dîner officiel devant des convives israéliens, il a rappelé l’ « aspiration légitime » du peuple palestinien « à créer un Etat sur sa terre » ; au maire israélien de Jérusalem, Ehoud Olmert, qui l’accueille lors de l’inauguration du centre culturel français, par un « Bienvenue dans Jérusalem réunifiée », M. Jospin a répondu, du tac au tac : « Je suis heureux d’être dans une ville qui appartient un peu à tous. »

Au siège du quartier général de l’Autorité palestinienne, vendredi après-midi, M. Jospin et M. Arafat tombent dans les bras l’un de l’autre. Echange de décoration et de cadeau ; discours où l’on rappelle, des deux côtés, la visite, en 1996, de Jacques Chirac. A Paris il est 18 heures et Olivier Schrameck, directeur de cabinet de Lionel Jospin, joint son patron pour lui lire le contenu de la lettre que vient de lui adresser Jacques Chirac. Le chef de l’Etat souligne l’absence de « concertation », l’expression d’une ligne qui, selon l’Elysée, n’est « pas conforme » à la politique de la France au Proche-Orient, nuit à son équilibre et à son impartialité. Devant ses proches, M. Jospin réplique, cinglant : « Si Chirac me cherche sur ce sujet, il me trouvera. » Dans son entourage, on ajoute : « Ce ne sera pas évident, pour l’Elysée, d’apparaître comme défendant le Hezbollah ! »

Malgré ce défi, on a compris, dans la délégation française, qu’il faut désormais limiter les dégâts en distillant auprès des journalistes la bonne parole. Il faut « relativiser », assure-t-on, vendredi soir, en soulignant que ce qu’a dit M. Jospin n’est « pas central » par rapport à la question essentielle de l’accord de paix entre Israéliens et Palestiniens. Le chef du gouvernement a eu une « réaction vigoureuse, de conviction » car « on ne peut pas dire la messe tout le temps », affirme un proche. Et déjà s’esquisse la contre-attaque. Sur la cohabitation : « Le premier ministre ne transgresse pas la ligne, il fait la ligne. » Sur la « convocation » lancée par M. Chirac à son premier ministre : M. Jospin « rencontre régulièrement » le chef de l’Etat, et n’a donc pas l’intention d’anticiper sur ce rendez-vous habituels.

Le temps de Palestine est ensolleillé lorsque, samedi matin, le cortège du premier ministre se dirige vers l’université de Bir-Zeit, près de Ramallah, longeant les premiers amandiers en fleurs. Quelques dizaines d’étudiants tenant des pancartes hostiles au chef du gouvernement français ont pacifiquement pris place sur les terre-pleins du campus. Aucun policier autre que les gardes du corps n’est en vue : les Israéliens, qui ont théoriquement la responsabilité du maintien de l’ordre à Bir Zeit, ne s’y montrent jamais et les Palestiniens, parce qu’ils sous-estiment l’émotion de la rue et que les Français leur ont demandé d’éviter les déploiements de force ostentatoires, n’ont rien prévu. Alors que le premier ministre se dirige vers l’auditorium où aura lieu le débat prévu avec les représentants d’étudiants et de professeurs minutieusement choisis, le climat s’échauffe.

A l’intérieur, le premier ministre fait face aux demandes d’explication et aux critiques, courtoises mais fermes, de ses propos sur le Hezbollah. Calmement il tente d’expliquer que les « actes de guerre » lui paraissent « inopportuns » lorsque des « négociations difficiles » sont en cours. Il ébauche une autocritique : « Je me suis exprimé dans un contexte déterminé, ensuite il s’agit d’un problème d’expression telle que chacun peut le manifester au cours d’une conférence de presse. »

Relançé, il revient à la charge : « Je reste dans ce qui est ma conviction d’homme. On ne peut pas faire de politique sans convictions. Je comprends les passions, mais je m’efforce de les éclairer par la raison. » A un étudiant qui compare la situation libanaise à celle des résistants français pendant l’Occupation, M. Jospin observe, presque didactique : « On a tort d’utiliser les mêmes mots pour des situations très différentes. » Lorsqu’un autre évoque l’attitude de la France en Algérie, il ébauche un sourire. « Moi, justement, je suis venu à l’engagement militant, à la conscience politique sur le conflit algérien, comme militant anticolonialiste. » « Quel dommage que les étudiants n’aient pas entendu ce qu’il disait », regrettera, le lendemain, un professeur, qui a pourtant jugé « scandaleux » ses propos sur le Hezbollah et le Liban.

Dehors, où des centaines de manifestants sont maintenant rassemblés, la tension a encore monté. Les policiers en charge de la sécurité rapprochée du premier ministre sont inquiets. « Evacuez, vite ! », lancent-ils aux membres de la délégation. La foule se déchaîne lorsqu’apparaît le premier ministre. Ses gardes du corps le serrent de près. M. Jospin, agacé, tente de s’en dégager. Soudain, une pluie de pierres s’abat sur le groupe, petites d’abord, puis de plus en plus grosses. Les gardes du corps déploient aussitôt leur protection en kevlar. Le premier ministre disparaît littéralement sous les corps massés « en tortue » de sa protection rapprochée, avant d’être précipité à l’arrière de la Mercedes blindée qui l’attend. Une voiture, posée en travers de la route, barre le départ du cortège et immobilise quelques longues secondes celle de M. Jospin, criblée de pierres et de coups de pied, tandis qu’un enseignant, debout sur le toit du véhicule, lève les bras pour tenter de calmer les manifestants. Une vitre est atteinte par un pavé. Un photographe de l’Agence France-Presse, Manoucher Deghati, est renversé, la jambe cassée. Il sera transféré à l’hôpital de Jérusalem. Dans le hurlement des sirènes et sous les insultes des manifestants, le cortège repart, enfin.

Quelques minutes plus tard, à Ramallah, où il vient de s’entretenir par téléphone avec Yasser Arafat qui lui présente ses « excuses », Lionel Jospin affiche un visage qui se veut détendu : « Il faut aller au devant des choses, les accepter sereinement et dire ce qu’on a à dire », déclare-t-il aux journalistes. Il décide de maintenir l’essentiel du programme de sa visite à Gaza mais la visite du camp de réfugiés de Khan Younès est supprimée.

Dès son arrivée, Yasser Arafat l’embrasse longuement devant les photographes, le couvre de sourires, de remerciements et renouvelle publiquement ses « excuses » pour cet « incident regrettable qui a été totalement condamné » et qui, affirme-t-il, « n’exprime pas l’opinion du peuple palestinien, ni celle des étudiants de Bir-Zeit ». A son « bien cher ami » Lionel Jospin, le président palestinien demande de « transmettre au président Chirac l’expression de notre gratitude ». Le premier ministre, d’un hochement de la tête, acquiesce.

Une bonne quarantaine d’étudiants seront arrêtés dans les jours suivants.

GEORGES MARION ET PASCALE ROBERT-DIARD

* Coran (V, 56) : « Certes les [gens du] Parti de Dieu (Hezbollah) sont les victorieux »

– Voir aussi le bilan de l’ONG « humanitaire » dite du « Parti de Dieu » (Wikipedia):

Actes terroristes

Victimes

– Libanais Des centaines de Libanais chrétiens sont toujours portés disparus ;. Au moins six Libanais juifs ont été enlevés et assassinés, dont un homme de 80 ans et ses deux fils. 17 000 Libanais en tout sont toujours portés disparus depuis la fin officielle de la guerre du Liban.

– Soldats et civils israéliens.

– Soldats et civils occidentaux. Une centaine d’otages occidentaux a été enlevée par le Hezbollah. Parmi eux, seize Français, douze Américains, quatre Allemands et huit Anglais. Dix sont morts exécutés.

Enlèvements, exécutions:

Les enlèvements – de soldats ou de civils – sont une « spécialité » du Hezbollah. Le sort des otages est parfois caché durant des années, des décennies. Le plus célèbre kidnappé d’Israël est Ron Arad, aviateur israélien capturé en 1986, et dont on est sans nouvelle depuis.
L’ONU parle de « disparition forcée » lorsque des personnes sont détenues contre leur volonté par des agents qui refusent ensuite de révéler le sort qui leur est réservé. Ce type d’enlèvements est considéré comme un crime, non seulement à l’égard de la personne enlevée, mais aussi à l’egard de sa famille, qui subit, en plus de la disparition, la torture morale de ne rien savoir.
Juillet 1982 : enlèvement de David Dodge, vice-président de l’Université américaine de Beyrouth, premier de la longue liste des otages du Hezbollah.
1983 : le Hezbollah enlève William Buckley, chef de la CIA à Beyrouth, puis l’assassine. Ses restes ont été retrouvés le 27 décembre 1991 dans la banlieue sud de Beyrouth.
1985 : 4 Français enlevés : 2 diplomates (Marcel Carton et Marcel Fontaine), un journaliste (Jean-Paul Kauffmann) et un chercheur au CNRS (Michel Seurat, exécuté en 1986. Son corps n’a jamais été retrouvé).
Le journaliste américain, Terry Anderson, chef du bureau Moyen-Orient d’Associated Press, est détenu pendant près de 7 ans.
1986 : 6 Français enlevés, dont 4 journalistes d’Antenne 2.
1988 : William Higgins, un officier américain travaillant pour l’organisation de supervision de la trêve de l’ONU au Sud-Liban (UNTSO) est kidnappé par le Hezbollah et détenu pendant 528 jours, avant d’être exécuté par ses ravisseurs.
2000 : 3 soldats israéliens sont enlevés le 8 octobre, et un civil, Elhanan Tannenbaum. En janvier 2004, les corps des trois soldats enlevés ainsi que Tannenbaum furent échangés contre 429 prisonniers libanais et palestiniens.

Attaques-suicides, attentats terroristes:

18 avril 1983 : attentat-suicide au camion piégé contre l’Ambassade américaine à Beyrouth, revendiqué par le Hezbollah sous le nom de Jihad Islamique. 63 morts et 120 blessés.
23 octobre 1983 : explosions simultanées de deux camions piégés devant les casernes des « marines » américains et de l’Armée française à Beyrouth. 241 marines américains et 56 parachutistes français de la Force multinationale sont tués. La veille de l’attentat, les deux futurs « martyrs » [perpétrateurs de l’attentat] étaient longuement reçus par le guide spirituel du Hezbollah, cheikh Mohamed Hussein Fadlallah.
21 décembre 1983 : attaque contre des soldats français de la FINUL au Liban Sud. Bilan : 10 morts, dont un soldat français, et 110 blessés.
1984 : l’annexe de l’ambassade américaine près de Beyrouth est frappée par l’explosion d’un camion piégé : 16 morts.
1992 : le Hezbollah revendique l’explosion de l’Ambassade d’Israël en Argentine, qui fait 29 morts et 242 blessés, et ravage complètement le bâtiment.
20 novembre 2000 : une bombe placée sur la route, en Israël, fait sauter un autobus qui menait des enfants de Kfar Darom à leur école de Neve Dkalim, dans le Sud de la bande de Gaza. Il y a deux morts (deux adultes) et 9 blessés, dont 5 enfants. L’attentat a été revendiqué conjointement par trois groupes, dont un jusqu’ici inconnu, le Hezbollah en Palestine.
En France : Entre décembre 1985 et septembre 1986, 13 attentats (dont 2 avortés) à Paris font au total 13 morts et plusieurs centaines de blessés. Toutes les pistes remontent au Hezbollah et à l’Iran.

Détournement d’avions:

Décembre 1984 : un avion de ligne koweïtien est détourné et deux passagers américains, employés de l’Agence Américaine pour le Développement International sont assassinés. Les Iraniens qui prirent d’assaut l’avion après son atterrissage à Téhéran, promirent de passer les pirates de l’air en jugement, mais ils les laissèrent quitter le pays.
1985 : le Hezbollah pirate un autre avion américain de la compagnie TWA, le force à aller se poser à Beyrouth, où il est retenu pendant 17 jours. Durant ces deux semaines un officier de la marine américaine à bord de l’avion est tué par balle, son corps jeté comme une charogne sur la piste, sous l’œil des caméras.
Attentat contre un bureau d’El-Al et une synagogue à Copenhague. 1 mort et 26 blessés.
1988 : Détournement du vol 422 de la Kuweit Airlines, reliant Bangkok au Koweït. L’avion se pose en Iran, puis à Alger, où les pirates s’échappent. 2 otages koweïtiens sont assassinés.

Bombardements et tirs:

Entre 1983 et 2000 : innombrables tirs de Katiouchas et autres actions armées contre le Nord d’Israël, faisant de nombreuses victimes dans les rangs de la population israélienne.
4 avril 2002 : le Hezbollah blesse 5 membres de l’ONU pour les empêcher de passer.
10 août 2003 : des tirs du Hezbollah sur le village israélien de Shlomi tuent un adolescent de 16 ans, Aviv Dadon, et blessent quatre autres personnes.

Coopération active avec les groupes terroristes palestiniens:

Les documents saisis dans les bureaux de l’Autorité Palestinienne par l’armée israélienne pendant l’opération « Rempart » (avril 2002) prouvent sans ambiguïté l’action de Téhéran, de Damas et du Hezbollah dans le terrorisme palestinien.
Activité militaire commune Hamas, Jihad islamique, FPLP, Hezbollah : Dossiers des services de renseignement palestinien, rapport du 31 octobre 2001, rédigé à l’intention d’Arafat par Jibril Rajoub, chef d’un des services de renseignement palestinien : « Des réunions intensives se déroulent actuellement à Damas. Y participent les chefs du Hamas, du Jihad islamique, du FPLP-CG et du Hezbollah. Grâce à l’aide financière de l’Iran, il s’agit d’accroître les activités militaires communes. Tout cela intervient après qu’un message iranien a demandé aux responsables du Hamas et du Jihad islamique d’empêcher que la situation ne se calme en lançant des attaques-suicide contre les Israéliens. L’argent sera transféré via le Hezbollah afin de déclencher l’escalade dans les prochains jours. »

– Voir également sur les réactions au retour de Jospin en France:

Q – Mais est-ce que la meilleure façon de le faire était de qualifier le Hezbollah d’aujourd’hui de terroriste ?

R – Mais je ne reviens pas sur ces problèmes. Je n’ai pas l’intention d’y revenir. Tout cela s’est apaisé, considérablement apaisé. J.ai simplement dit, et je l’ai expliqué au Parlement à mon retour, que la politique de la France, certes, devait être équilibrée et impartiale. Mais équilibrée ne signifie pas équidistante. Je veux dire par là que nous devons choisir de nous élever contre les forces de la violence quand elles existent et où qu’elles existent, d’ailleurs. Parce que les tentations existent, peuvent exister aussi en Israël. Pas en Israël en tant que gouvernement, je parle en Israël notamment où un Premier ministre a été assassiné. Et puis, il peut y avoir des tentations aussi parfois dans la politique israélienne.

Q – Mais il y avait peut-être le Hezbollah des années 1980 qui procédait à des enlèvements, des attentats et puis le Hezbollah d’aujourd.hui.

R – Oui, mais il n.est pas interdit non plus de garder le souvenir d’un certain nombre de choses qui sont arrivées à des Français. Il n’est pas interdit de garder le souvenir. C’est tout, je n’en dis pas plus. Alors, simplement une politique impartiale, oui. Mais une politique impartiale n’est pas une politique indifférente et elle ne doit pas être indifférente à ce que sont à mon avis les grands axes qui doivent être les nôtres dans l’approche des questions du Proche-Orient et notamment de la question israélo-palestinienne : la recherche de la paix, l’appui au développement et le soutien aux forces qui choisissent la démocratie.

Jospin
Paris – 16.03.2000
ENTRETIEN DU PREMIER MINISTRE, M. LIONEL JOSPIN, AVEC « TF 1 » – EXTRAITS

Jacques Chirac accuse Lionel Jospin de « désinvolture » à son égard

Le Monde du 29.02.00

Le premier ministre se prépare à répondre, à l’Assemblée nationale, à la tempête politique suscitée par ses propos à Jerusalem. Le chef de l’Etat lui a téléphoné pour lui reprocher d’avoir, sans « concertation », rompu l’« équilibre » de la politique française au Proche-Orient

Lionel Jospin devait être interrogé, mardi 29 février, à l’Assemblée nationale, par une opposition particulièrement virulente, depuis trois jours, dans ses critiques du voyage du premier mlinistre en Israël et dans les territoires palestiniens. SAMEDI SOIR, à son retour à Paris, M. Jospin a refusé d’appeler au téléphone Jacques Chirac, comme celui-ci le lui avait demandé. Le chef de l’Etat a provoqué lui-même une conversation téléphonique d’un quart d’heure, dont il a résumé ensuite la teneur dans un communiqué reprochant au premier ministre d’avoir mis en cause l’ « équilibre » de la politique française au Proche-Orient. DANS LA RÉGION, des manifestations antifrançaises ont eu lieu au Liban, et de nombreuses réactions se sont fait entendre contre les déclarations de M. Jospin qualifiant de « terroristes » les actions du Hezbollah au Liban sud.

Lionel Jospin justifie une politique « dynamique » au Proche-Orient

Le Monde du 02.03.00

Interpellé par Alain Bocquet (PCF), Hervé de Charette (UDF) et Alain Juppé (RPR), le premier ministre a défendu son droit de participer à l’élaboration des positions internationales de la France et expliqué que l’« équilibre » ne doit pas interdire d’agir pour la paix

A l’Elysée comme à Matignon, on se refusait, mercredi 1er mars, à dramatiser le premier tête-à-tête entre Jacques Chirac et Lionel Jospin depuis l’épisode de Jérusalem. A l’Elysée, on considère que le chef de l’Etat a marqué des points face au premier ministre. A Matignon, on dressait un bilan positif de l’explication de M. Jospin, mardi, devant l’Assemblée nationale. Deux sondages, publiés mercredi, indiquent que les Français désapprouvent les propos de M. Jospin qualifiant de « terroristes » les actions du Hezbollah contre les troupes israéliennes au Liban sud. Selon CSA, pour Le Parisien (950 personnes interrogées).

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