« Mariage pour tous »: La loi ne doit pas mentir sur l’origine de la vie (Male and female created He them)

19 octobre, 2012
Homme et femme, il les créa. Genèse 1: 27
N’avez-vous pas lu que le créateur, au commencement, fit l’homme et la femme. (…) C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair? Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint. Jésus (Matthieu 19: 4-6)
L’enfant a le droit à un nom dès la naissance. Il a également le droit d’ acquérir une nationalité et, dans la mesure du possible, de connaître ses parents et d’être élevé par eux. Convention internationale des droits de l’enfant (article 7, 1989)
Depuis que l’ordre religieux est ébranlé – comme le christianisme le fut sous la Réforme – les vices ne sont pas seuls à se trouver libérés. Certes les vices sont libérés et ils errent à l’aventure et ils font des ravages. Mais les vertus aussi sont libérées et elles errent, plus farouches encore, et elles font des ravages plus terribles encore. Le monde moderne est envahi des veilles vertus chrétiennes devenues folles. Les vertus sont devenues folles pour avoir été isolées les unes des autres, contraintes à errer chacune en sa solitude. Chesterton
Si vous admettez qu’un homme revêtu de la toute-puissance peut en abuser contre ses adversaires, pourquoi n’admettez-vous pas la même chose pour une majorité?  (…) Le pouvoir de tout faire, que je refuse à un seul de mes semblables, je ne l’accorderai jamais à plusieurs. Tocqueville
Si j’étais législateur, je proposerais tout simplement la disparition du mot et du concept de “mariage” dans un code civil et laïque. Le “mariage”, valeur religieuse, sacrale, hétérosexuelle – avec voeu de procréation, de fidélité éternelle, etc. -, c’est une concession de l’Etat laïque à l’Eglise chrétienne – en particulier dans son monogamisme qui n’est ni juif (il ne fut imposé aux juifs par les Européens qu’au siècle dernier et ne constituait pas une obligation il y a quelques générations au Maghreb juif) ni, cela on le sait bien, musulman. En supprimant le mot et le concept de “mariage”, cette équivoque ou cette hypocrisie religieuse et sacrale, qui n’a aucune place dans une constitution laïque, on les remplacerait par une “union civile” contractuelle, une sorte de pacs généralisé, amélioré, raffiné, souple et ajusté entre des partenaires de sexe ou de nombre non imposé.(…) C’est une utopie mais je prends date. Jacques Derrida
L’oppression mentale totalitaire est faite de piqûres de moustiques et non de grands coups sur la tête. (…) Quel fut le moyen de propagande le plus puissant de l’hitlérisme? Etaient-ce les discours isolés de Hitler et de Goebbels, leurs déclarations à tel ou tel sujet, leurs propos haineux sur le judaïsme, sur le bolchevisme? Non, incontestablement, car beaucoup de choses demeuraient incomprises par la masse ou l’ennuyaient, du fait de leur éternelle répétition.[…] Non, l’effet le plus puissant ne fut pas produit par des discours isolés, ni par des articles ou des tracts, ni par des affiches ou des drapeaux, il ne fut obtenu par rien de ce qu’on était forcé d’enregistrer par la pensée ou la perception. Le nazisme s’insinua dans la chair et le sang du grand nombre à travers des expressions isolées, des tournures, des formes syntaxiques qui s’imposaient à des millions d’exemplaires et qui furent adoptées de façon mécanique et inconsciente. Victor Klemperer (LTI, la langue du IIIe Reich)
On a commencé avec la déconstruction du langage et on finit avec la déconstruction de l’être humain dans le laboratoire. (…) Elle est proposée par les mêmes qui d’un côté veulent prolonger la vie indéfiniment et nous disent de l’autre que le monde est surpeuplé. René Girard
C’est le sens de l’histoire (…) Pour la première fois en Occident, des hommes et des femmes homosexuels prétendent se passer de l’acte sexuel pour fonder une famille. Ils transgressent un ordre procréatif qui a reposé, depuis 2000 ans, sur le principe de la différence sexuelle. Evelyne Roudinesco
Les enfants adoptés ou nés sous X revendiquent aujourd’hui le droit de connaître leur histoire. Nul n’échappe à son destin, l’inconscient vous rattrape toujours. (…)  les enfants adoptés ou issus de la PMA ne sortent jamais indemnes des perturbations liées à leur naissance. Il faut rester ouvert, être attentif à leurs questions, s’ils en posent, et surtout ne pas chercher à cacher la vérité. L’idéal serait de trouver une position équilibrée entre le système de transparence absolue à l’américaine et le système de dissimulation à la française, lequel, ne l’oublions pas, reposait autrefois sur une intention généreuse d’égalité des droits entre les enfants issus de différentes filiations. Evelyne Roudinesco
Sauf exception – les couples d’homoparents ne sont pas infertiles. Au nom de quoi alors leur refuser la médecine de confort que l’on propose aux couples classiques? Rapport Terra Nova
Aucun maire ne pourra se soustraire à son devoir de célébrer un mariage homosexuel.  C’est juridiquement impossible. (…) Il ne s’agit pas de faire plaisir à telle ou telle catégorie de Français, il s’agit d’offrir à l’ensemble des Français l’accès à un même droit sans discrimination liée à l’orientation sexuelle. Najat Vallaud-Belkacem (ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement)
Je suis personnellement favorable à ce que la PMA soit accessible à tous. Marisol Touraine (ministre de la santé)
Je me moque de ce François Hollande qui veut le mariage pour tous sauf pour lui. Gérard Longuet
La disparition de la paternité risque de générer des situations extrêmement complexes pour tous les époux, de même sexe ou non. Le texte ne dit mot par exemple de ce que devient la présomption de paternité, actuellement fondée sur l’obligation de fidélité des époux. Il en résulte une présomption que les enfants mis au monde par la femme sont les enfants du mari. Mais, comme il est possible que ce ne soit pas le cas, cette présomption peut être combattue et renversée par la preuve que le mari n’est pas le père. Dans le cas d’un conjoint du même sexe, parler de « présomption de parenté » est un non-sens juridique car il y a juste désignation. Comment le juge va-t-il départager un éventuel « conflit de parenté » entre le père et la conjointe de la mère, ou bien entre la conjointe et l’amante de la mère? (…) c’est le mot même de filiation qui change de sens. Les mots mariage et parents sont employés comme si de rien n’était alors qu’ils ne peuvent plus désigner ce que sont les époux et les parents. Pour désigner les parents, on introduit l’arbitraire avec le choix dicté par l’ordre alphabétique entre les noms des adoptants. Aude Mirkovic (maître de conférences en droit privé, Université d’Evry)
Aucune indication, en revanche, sur la refonte inévitable des livrets de famille, dans lesquels le générique de « parents » ne pourra exister: il faudra nécessairement indiquer « parent 1 » et « parent 2 ». Ce qui ouvre là encore une foule de questions symboliques et juridiques: qui décidera comment les numéros seront attribués? La Vie
La lisibilité de la filiation, qui est dans l’intérêt de l’enfant, est sacrifiée au profit du bon vouloir des adultes et la loi finit par mentir sur l’origine de la vie.  Conférence des évêques
C’est au nom de l’égalité, de l’ouverture d’esprit, de la modernité et de la bien-pensance dominante qu’il nous est demandé d’accepter la mise en cause de l’un des fondements de notre société. (…) Ce n’est pas parce que des gens s’aiment qu’ils ont systématiquement le droit de se marier. Des règles strictes délimitent et continueront de délimiter les alliances interdites au mariage. Un homme ne peut pas se marier avec une femme déjà mariée, même s’ils s’aiment. De même, une femme ne peut pas se marier avec deux hommes. (…) « le mariage pour tous est uniquement un slogan car l’autorisation du mariage homosexuel maintiendrait des inégalités et des discriminations à l’encontre de tous ceux qui s’aiment, mais dont le mariage continuerait d’être interdit. (…) L’enjeu n’est pas ici l’homosexualité qui est un fait, une réalité, quelle que soit mon appréciation de Rabbin à ce sujet (…)  c’est l’institution qui articule l’alliance de l’homme et de la femme avec la succession des générations. C’est l’institution d’une famille, c’est-à-dire d’une cellule qui crée une relation de filiation directe entre ses membres. C’est un acte fondamental dans la construction et dans la stabilité tant des individus que de la société. (…) résumer le lien parental aux facettes affectives et éducatives, c’est méconnaître que le lien de filiation est un vecteur psychique et qu’il est fondateur pour le sentiment d’identité de l’enfant. (…) l’enfant ne se construit qu’en se différenciant, ce qui suppose d’abord qu’il sache à qui il ressemble. Il a besoin, de ce fait, de savoir qu’il est issu de l’amour et de l’union entre un homme, son père, et une femme, sa mère, grâce à la différence sexuelle de ses parents. (…) Le droit à l’enfant n’existe ni pour les hétérosexuels ni pour les homosexuels. Aucun couple n’a droit à l’enfant qu’il désire, au seul motif qu’il le désire. L’enfant n’est pas un objet de droit mais un sujet de droit. Gilles Bernheim
Ce qui pose problème dans la loi envisagée, c’est le préjudice qu’elle causerait à l’ensemble de notre société au seul profit d’une infime minorité, une fois que l’on aurait brouillé de façon irréversible trois choses:  les généalogies en substituant la parentalité à la paternité et à la maternité;  le statut de l’enfant, passant de sujet à celui d’un objet auquel chacun aurait droit; les identités où la sexuation comme donnée naturelle serait dans l’obligation de s’effacer devant l’orientation exprimée par chacun, au nom d’une lutte contre les inégalités, pervertie en éradication des différences. Ces enjeux doivent être clairement posés dans le débat sur le mariage homosexuel et l’homoparentalité. Ils renvoient aux fondamentaux de la société dans laquelle chacun d’entre nous a envie de vivre. Gilles Bernheim (Grand rabbin de France)
il y a, dans la création, une volonté de différenciation des sexes». «Le “mélange” n’est pas biblique, il y a un certain “ordre” des choses, qu’on le veuille ou non. Et il y a bel et bien une différence. Prôner l’égalité à tout prix va à l’encontre de cette volonté de différenciation entre l’homme et la femme. Or, sans différenciation, il n’y a pas de ”vis-à-vis“, pas de dialogue, pas de construction. Le mariage pour tous est donc une fausse égalité.  Claude Baty (président de la Fédération protestante de France)
Les prises de positions pour ou contre le mariage de personnes de même sexe ne manquent pas, mais les discours, parfois idéologiques, se croisent. Trois positions s’affirment aujourd’hui. Le discours présenté comme dominant défend l’ouverture du mariage et de l’adoption des enfants aux partenaires de même sexe en vertu du principe de non-discrimination. Il se situe dans la logique de la défense des droits individuels. Le mariage, dans ce cas, n’aurait pas une nature propre ou une finalité en soi ; il ne serait chargé que du sens que l’individu, dans son autonomie, voudrait bien lui conférer. Ce discours se réclame d’une modernité politique avec sa propre compréhension des valeurs de liberté et d’égalité. Un second discours, beaucoup plus radical et militant, souhaite supprimer le mariage traditionnel pour le remplacer par un contrat universel ouvert à deux ou plusieurs personnes, de même sexe ou de sexe différent. Pour les tenants de ce discours, il n’y aurait plus de sexes et la différence entre homme et femme ne serait que le fruit d’une culture hétérosexuelle dominante dont il conviendrait de débarrasser la société. Enfin, le troisième discours soutient que le mariage est ordonné à la fondation d’une famille et qu’il ne peut donc concerner que les couples hétérosexuels, seuls en mesure de procréer naturellement. Dans ce cas, le mariage a une nature propre et une finalité en soi, que la loi civile encadre ; le sens du mariage dépasse alors le bon vouloir des individus. Ce discours, qui a pour lui l’expérience millénaire, pose une limite à la liberté individuelle, qui est perçue aujourd’hui comme inacceptable et rétrograde aux yeux de certains.
A travers le mariage civil, la société reconnaît et protège aussi la spécificité de ce libre engagement de l’homme et de la femme dans la durée, la fidélité et l’ouverture à la vie. Quelque 250.000 mariages civils sont célébrés chaque année en France et c’est toujours un événement important pour ceux qui s’y engagent. L’élargissement du mariage aux personnes de même sexe entrainerait une modification profonde du droit du mariage et de la filiation pour tous, y compris pour les couples hétérosexuels. (…) Le Pacte Civil de Solidarité (PACS), créé en 1999, a de façon inattendue surtout été utilisé par les couples hétérosexuels qui représentent 95% des 174 523 PACS conclus en 2009 [3] . Pour ces derniers, il constitue une alternative au mariage, qui ouvre un certain nombre de droits fiscaux et sociaux, sans avoir le poids symbolique du mariage, et en conservant une totale liberté de rompre. Aujourd’hui, pour les couples hétérosexuels, les différences entre le PACS et le mariage sont importantes et mal connues. Le PACS est un contrat, le mariage est une institution. Au plan patrimonial, c’est dans le domaine du droit des successions, des régimes matrimoniaux et de la réversion de la pension au partenaire survivant que se situent les plus grandes différences. Mais ce sont cependant les effets d’ordre personnel et symbolique qui marquent le plus l’infériorité du PACS par rapport au mariage. Le PACS n’est pas conclu à la mairie mais au Tribunal ou devant notaire. Il ne produit aucun effet en matière de nom et n’entraîne aucun effet personnel. Notamment, le PACS n’impose aucune obligation de fidélité, il ne crée pas de lien d’alliance entre le pacsé et la famille de son partenaire et peut être rompu unilatéralement, par simple lettre recommandée avec accusé de réception. Aucune protection n’est prévue pour le partenaire délaissé ou les éventuels enfants nés de cette union. Bien souvent, les couples hétérosexuels pacsés en viennent au bout d’un certain temps à se marier, afin de donner plus de solidité et de solennité à leur union. Les personnes homosexuelles réclament aujourd’hui aussi une forme d’union plus solennelle, dotée d’un véritable poids symbolique et ne pouvant être rompue sans procédure ni indemnité. Dans leur revendication, la différence au regard de la procréation naturelle est mise de côté, comme un détail négligeable, pour ne garder du mariage que la sincérité et l’authenticité du lien amoureux. Il s’agit là d’une vision très individualiste du mariage qui n’est pas celle du droit français.
Une réforme du droit de la famille doit partir du droit existant et examiner en quoi celui-ci n’est plus adapté à la situation nouvelle et quelles seront les conséquences de la réforme envisagée pour les citoyens. Si le droit n’est qu’une technique humaine qui peut évoluer à tout moment, il n’en garde pas moins une fonction anthropologique : il dit quelque chose de notre vision de l’homme. Le discours en faveur de l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe part d’une vision tronquée du droit. Il choisit de ne retenir du mariage civil que le lien amoureux et fait alors valoir que refuser le mariage aux personnes de même sexe est une discrimination car elles aussi sont amoureuses. Ne pas leur ouvrir l’accès au mariage revient alors à mettre en doute la sincérité et l’authenticité de leurs sentiments, voire leur capacité d’aimer. Or, il ne s’agit pas de cela. Contrairement à ce qui est soutenu, le mariage n’a jamais été un simple certificat de reconnaissance d’un sentiment amoureux.
Le mariage a toujours eu la fonction sociale d’encadrer la transmission de la vie en articulant, dans le domaine personnel et patrimonial, les droits et devoirs des époux, entre eux et à l’égard des enfants à venir. La conception individualiste du mariage, véhiculée par le discours ambiant, ne se trouve pas dans les textes de loi. La haute valeur symbolique du mariage ne vient d’ailleurs pas du sentiment amoureux, par définition éphémère, mais de la profondeur de l’engagement pris par les époux qui acceptent d’entrer dans une union de vie totale. Cet engagement concerne la vie des conjoints (respect, fidélité, assistance, communauté de vie, contribution aux charges), la vie des familles (liens d’alliance, obligations alimentaires, empêchements au mariage), la vie des enfants (présomption de paternité, éducation, autorité parentale conjointe) et les tiers (solidarité des dettes ménagères). Compte tenu de l’importance de cet engagement, y compris à l’égard des tiers, il est régi par la loi et sa rupture est soustraite au bon vouloir des parties. Le divorce ne peut être prononcé que par le juge qui veillera à la protection des plus faibles et une répartition équitable des biens. Ce qui confère au mariage sa haute valeur symbolique, c’est donc cet engagement de toute une vie, « pour le meilleur et pour le pire », ce pari un peu fou que l’amour humain puisse surmonter tous les obstacles que la vie nous réserve. Or, l’accueil des enfants nés de cette union de vie fait partie intégrante de cet engagement.
Si le mariage a connu des variations dans l’histoire, il a toujours organisé le lien entre conjugalité et procréation. Encore aujourd’hui, en droit français, le mariage comporte une présomption de paternité, que connaissait déjà le droit romain (Pater is est quem nuptiae demonstrant). Destinée à rattacher juridiquement au mari les enfants mis au monde par la mère, cette présomption de paternité est la traduction juridique des conséquences naturelles de la promesse de fidélité et de vie commune que font les époux. Sans méconnaître que cette tradition juridique a aussi été porteuse de préjugés et d’injustices à l’égard des femmes, il convient de discerner ce qu’elle contient de sage et quelle est son importance pour la société. Le mariage, tel qu’il existe aujourd’hui en droit français, assure le lien entre conjugalité et procréation et donc la lisibilité de la filiation. C’est là, en particulier, où le droit a une fonction anthropologique. Tout d’abord, en assurant le lien entre conjugalité et procréation, le droit vient nous rappeler que la vie est un don et que chacun la reçoit. Personne ne choisit son père et sa mère, personne ne choisit son lieu ou sa date de naissance. Ce sont pourtant ces « données » qui vont, à jamais, caractériser chacun comme un être unique au monde. Ces données incontournables de la filiation, qui s’imposent à chacun, viennent rappeler à l’homme qu’il n’est pas tout-puissant, qu’il ne se construit pas tout seul, mais qu’il reçoit sa vie des autres, d’un homme et d’une femme (et pour les croyants, d’un Autre). Ensuite, faire le lien entre conjugalité et procréation est important pour la reconnaissance de l’égalité des sexes, qui sont l’un comme l’autre indispensables à la vie. Le fait d’être né d’un homme et d’une femme signe notre origine commune, notre appartenance à l’espèce humaine. La dualité sexuelle homme/femme est en effet une « propriété des vivants ».
Enfin, la lisibilité de la filiation et l’inscription dans une histoire et une lignée sont essentielles pour la construction de l’identité. La Convention des Droits de l’enfant de l’ONU stipule expressément qu’un enfant, dans la mesure du possible, a droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux. Si les circonstances de la vie peuvent empêcher cela, il ne faudra pas que le législateur prenne l’initiative d’organiser l’impossibilité pour les enfants de connaître leurs parents ou d’être élevés par eux. Ce qui sera le cas s’il accède aux demandes de parenté des personnes homosexuelles que ce soit par le biais de l’adoption ou de la procréation médicalement assistée. A côté de ces fonctions anthropologiques fondamentales, le mariage a aussi une utilité sociale. Même s’il n’est plus l’unique porte d’entrée de la vie de famille, il continue à favoriser la stabilité conjugale et familiale, qui correspond à une aspiration profonde d’une très grande majorité de la population. Celle-ci est non seulement bénéfique pour ses membres, mais elle profite à toute la société car elle permet aux familles de mieux assumer leur rôle dans le domaine de l’éducation et de la solidarité. A défaut, c’est la collectivité qui doit prendre le relais. Ces enjeux anthropologiques et sociaux ainsi que la protection des droits de l’enfant sont passés sous silence. Le discours dominant, égalitariste, choisit délibérément d’ignorer la différence entre les personnes homosexuelles et hétérosexuelles à l’égard de la procréation et veut faire croire que le lien entre conjugalité et procréation n’est pas pertinent pour la vie en société. Un coup d’œil sur les conséquences juridiques d’une telle réforme démontre le contraire.
En cas d’ouverture du mariage aux personnes de même sexe, se posera la question du sort de la présomption de paternité, actuellement prévue à l’article 312 du Code Civil. La première solution possible est de décider que cette présomption ne s’appliquerait pas aux couples de même sexe. Il y aurait alors dans les faits deux types de mariages, et il importerait que les citoyens soient clairement informés de cette distinction. Cette hypothèse, retenue aux Pays-Bas et en Belgique, ne règle pas la question du lien entre la compagne de la mère et l’enfant de celle-ci. Une deuxième solution, plus radicale, consisterait à supprimer la présomption de paternité pour tous. Cela reviendra à instaurer officiellement la dissociation entre conjugalité et procréation et viderait le mariage de son sens. Quel sens peut avoir un mariage civil qui, en refusant de régler la transmission naturelle de la vie, n’honore plus la promesse de fidélité des époux ? Une troisième solution, encore plus radicale, a été retenue au Canada. La présomption de paternité est transformée en présomption de parenté et joue aussi pour les partenaires homosexuels : la compagne de la mère sera la « co-mère » de l’enfant. Dans ce cas, la lisibilité de la filiation, qui est dans l’intérêt de l’enfant, est sacrifiée au profit du bon vouloir des adultes et la loi finit par mentir sur l’origine de la vie ! Les choses se compliquent encore davantage devant les questions d’adoption et de procréation médicalement assistée. Par exemple, comment concevoir une adoption plénière qui supprime la filiation d’origine et dit que l’enfant est « né de » ses parents adoptifs ? Faut-il faire croire à un enfant qu’il est né de deux hommes ou de deux femmes ? Les complications juridiques sont nombreuses. Tout notre système juridique est basé sur la distinction des sexes, puisque la transmission de la vie passe par la rencontre d’un homme et d’une femme. Conférence des évêques
Le projet du gouvernement est loin de faire l’unanimité au sein de la communauté gay. Contrairement à ce qu’affirment les médias, cette revendication n’est pas majoritaire chez les homosexuels. La plupart s’en moquent, mais l’influence des associations LGBT [lesbiennes, gay, bi et trans, NDLR] est telle que beaucoup n’osent pas le dire. (…)  Je crois qu’elles étaient à cours de revendications et qu’il leur fallait en trouver une. (…) Je pense que ces associations sont dans une logique de surenchère permanente. (…)  Dès lors que vous êtes contre le mariage, contre l’adoption, les militants LGBT jugent que vous êtes réactionnaire, voire fasciste, et forcément homophobe – ce qui, dans mon cas, est pour le moins paradoxal ! En revanche, ceux qui me connaissent me disent “C’est très bien ce que tu fais” mais ils n’osent pas encore franchir le pas. Beaucoup redoutent de perdre des amis. Ils ont peur de parler. (…)  j’avais l’impression que le gouvernement se servait de ce projet comme d’un paravent, qu’il cherchait à détourner l’attention de l’opinion. Ce qui s’est passé ces derniers jours le prouve : Christiane Taubira en a reparlé juste après l’intervention télévisée de François Hollande et l’annonce de milliards d’euros d’impôts supplémentaires. Je trouve cela choquant. (…) Il est important de faire monter sur scène des personnes qui sont contre ce projet mais qui n’osent pas encore le dire. Actuellement, seuls ses partisans ont accès aux médias audiovisuels. Qu’il y ait des pour, des contre, mais surtout, qu’il y ait un débat ! Xavier Bongibault

Lisibilité de la filiation, inscription dans une histoire et une lignée, protection des plus faibles, y a-t-il un droit de la personne de l’enfant et du futur citoyen que l’égalitarisme forcené de nos nouveaux pouvoirs ne seraient prêts à sacrifier sur l’autel de la démagogie électoraliste?

A l’heure où, énième illustration de ces « idées chrétiennes devenues folles » dont parlait Chesterton et sans même avoir réussi à faire voter quoi que ce soit, nos gouvernants ont déjà commencé à menacer les maires qui refuseraient d’appliquer leurs diktats démagogiques concernant l’ouverture, avant celle de la procréation médicalement assistée (remboursée par la sécu!), du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels …

Et, poussés par des intérêts électoralistes à court terme mais s’exposant de fait, à l’instar d’un premier recul, à l’humiliation qu’avaient subie en 1984 leurs ainés sur leur tentative de suppression des écoles privées, prétendent à présent imposer à tous (sous les ô combien réjouissantes appelations de type « parent 1″/ « parent 2 »!) ce qu’ils refusent pour eux-mêmes et, faisant du passé table rase, passer aux poubelles de l’histoire les fonctions tant sociales que juridiques, symboliques et anthropologiques de la première institution de l’histoire humaine …

Retour, avec les prises de positions officielles des instances juives et chrétiennes, sur le mensonge légal que prétendent organiser nos nouveaux apprentis sorciers de dirigeants …

Sur rien que moins que l’origine même de la vie!

Elargir le mariage aux personnes de même sexe ? Ouvrons le débat !, note du Conseil Famille et Société

Eglise catholique en France

28 septembre 2012

Note publiée par le Conseil Famille et Société de la Conférence des Évêques de France au sujet de l’élargissement du mariage civil aux personnes de même sexe et la possibilité pour elles de recourir à l’adoption.

L’élargissement du mariage civil aux personnes de même sexe et la possibilité pour elles de recourir à l’adoption, est une question grave. Une telle décision aurait des conséquences importantes sur les enfants, l’équilibre des familles et la cohésion sociale.

Il serait réducteur de fonder la modification du droit qui régit le mariage et la famille, sur le seul aspect de la non-discrimination et du principe d’égalité.

Le Conseil Famille et Société a voulu prendre en compte, avec l’aide d’experts, la complexité de la question et fournir des éléments de réflexion abordant les principaux enjeux de la décision envisagée.

La réflexion s’adresse aux catholiques, mais elle ne reflète pas qu’un point de vue religieux. Elle peut intéresser toute personne s’interrogeant sur les mesures annoncées par le gouvernement.

Cette démarche, qui se veut respectueuse des personnes, s’inscrit dans la volonté de l’Eglise de participer au débat public. Elle le fait, s’appuyant sur la tradition chrétienne, dans le souci de servir le bien commun.

Le Conseil Famille et Société

Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre, président

Mgr Yves Boivineau, évêque d’Annecy

Mgr Gérard Coliche, évêque auxiliaire de Lille

Mgr François Jacolin, évêque de Mende

Mgr Christian Kratz, évêque auxiliaire de Strasbourg

Mgr Armand Maillard, archevêque de Bourges

M. Jacques Arènes, psychologue, psychanalyste

Mme Monique Baujard, directrice du Service national Famille et Société

Mme Françoise Dekeuwer-Défossez, professeur de droit

Père Gildas Kerhuel, secrétaire général adjoint de la CEF

Sr Geneviève Médevielle, professeur de théologie morale

M. Jérôme Vignon, président des Semaines Sociales de France

Ouvrir un vrai débat

La société se trouve devant une situation nouvelle, inédite. L’homosexualité a toujours existé, mais jusqu’à récemment, il n’y avait jamais eu de revendication de la part des personnes homosexuelles de pouvoir donner un cadre juridique à une relation destinée à s’inscrire dans le temps, ni de se voir investies d’une autorité parentale. Il appartient au pouvoir politique d’entendre cette demande et d’y apporter la réponse la plus adéquate. Mais cette réponse relève d’un choix politique. L’ouverture du mariage aux personnes de même sexe n’est imposée ni par le droit européen ni par une quelconque convention internationale. Elle est une option politique parmi d’autres et un vrai débat démocratique est nécessaire pour faire émerger la meilleure réponse dans l’intérêt de tous.

Les différentes positions

Les prises de positions pour ou contre le mariage de personnes de même sexe ne manquent pas, mais les discours, parfois idéologiques, se croisent. Trois positions s’affirment aujourd’hui.

Le discours présenté comme dominant défend l’ouverture du mariage et de l’adoption des enfants aux partenaires de même sexe en vertu du principe de non-discrimination. Il se situe dans la logique de la défense des droits individuels. Le mariage, dans ce cas, n’aurait pas une nature propre ou une finalité en soi ; il ne serait chargé que du sens que l’individu, dans son autonomie, voudrait bien lui conférer. Ce discours se réclame d’une modernité politique avec sa propre compréhension des valeurs de liberté et d’égalité.

Un second discours, beaucoup plus radical et militant, souhaite supprimer le mariage traditionnel pour le remplacer par un contrat universel ouvert à deux ou plusieurs personnes, de même sexe ou de sexe différent. Pour les tenants de ce discours, il n’y aurait plus de sexes et la différence entre homme et femme ne serait que le fruit d’une culture hétérosexuelle dominante dont il conviendrait de débarrasser la société.

Enfin, le troisième discours soutient que le mariage est ordonné à la fondation d’une famille et qu’il ne peut donc concerner que les couples hétérosexuels, seuls en mesure de procréer naturellement. Dans ce cas, le mariage a une nature propre et une finalité en soi, que la loi civile encadre ; le sens du mariage dépasse alors le bon vouloir des individus. Ce discours, qui a pour lui l’expérience millénaire, pose une limite à la liberté individuelle, qui est perçue aujourd’hui comme inacceptable et rétrograde aux yeux de certains.

Les conditions du débat

Entre ces trois discours, il n’y a dans la société française, actuellement, pas de débat politique argumenté. Pour que ce débat puisse s’instaurer, il importe tout d’abord de reconnaître le conflit qui existe entre la signification du mariage hétérosexuel et l’expérience homosexuelle contemporaine. Sans prise de conscience des enjeux de ces divisions et de ces différences, un véritable travail politique est impossible [1] .

Il s’agit aussi de respecter tous les acteurs de ce débat et de permettre à chacun de réfléchir plus profondément et d’exprimer librement ses convictions. Si toute réticence ou interrogation devant cette réforme du droit de la famille est qualifiée a priori d’ « homophobe », il ne peut y avoir de débat au fond. Il en va de même lorsque la requête des personnes homosexuelles est disqualifiée a priori. Le respect de tous les acteurs du débat implique une écoute commune, une aptitude à comprendre les arguments exposés et une recherche de langage partagé.

Cette recherche d’un langage partagé suppose, de la part des catholiques, de traduire les arguments tirés de la Révélation dans un langage accessible à toute intelligence ouverte. De même, dans ce débat qui concerne le sens du mariage civil, il n’y a pas lieu de discuter du mariage religieux ni, dans un premier temps, des liens entre mariage civil et religieux. Il ne s’agit pas pour les catholiques d’imposer un point de vue religieux mais d’apporter leur contribution à ce débat en tant que citoyens en se basant sur des arguments anthropologiques et juridiques. Pour cela, il convient d’avoir bien en tête les raisons pour lesquelles l’Eglise est attachée au mariage comme union entre un homme et une femme.

Comprendre la position de l’Eglise catholique

Un amour qui donne la vie

Les chrétiens croient en un Dieu qui est Amour et qui donne la vie. Cette vie est marquée par l’altérité sexuelle : « Homme et femme, il les créa » (Genèse 1,27), qui est un des bienfaits de la Création (Gn 1,31) et qui préside à la transmission de la vie. Dans l’expérience humaine, seule la relation d’amour entre un homme et une femme peut donner naissance à une nouvelle vie. Cette relation d’amour participe ainsi à la Création de Dieu. L’homme et la femme deviennent en quelque sorte co-créateurs. Pour cette raison, cette relation garde un caractère unique et l’Eglise catholique lui reconnaît un statut particulier. C’est une relation d’amour vécue dans la liberté qui s’exprime dans le don de soi réciproque et dont le Christ a pleinement révélé la beauté. Par respect pour cet amour et pour aider les couples, l’Eglise invite, au nom du Christ, l’homme et la femme à s’engager librement dans un mariage indissoluble, vécu dans la fidélité et l’ouverture à la vie. Le mariage religieux est, pour les catholiques, un sacrement dans lequel Dieu lui-même s’engage aux côtés des époux et de leur alliance. Ainsi, ce cadre ne constitue pas tant une contrainte qu’un soutien pour pouvoir vivre cet amour. Il constitue aussi le moyen le plus simple et le plus efficace pour élever des enfants.

La fécondité sociale

Ce n’est pas parce que l’Eglise accorde un statut particulier à cette relation d’amour entre un homme et une femme, qu’elle n’accorde pas de valeur à d’autres relations d’amour ou d’amitié. Mais celles-ci ouvrent sur un autre type de fécondité, une fécondité sociale. Cela n’est pas moins important aux yeux de l’Eglise. Le Christ nous enseigne que nos relations d’amour ne sont pas faites pour nous enfermer égoïstement dans un tête-à-tête, mais doivent justement s’ouvrir aux autres. Mais seul dans le cas de l’amour d’un homme et d’une femme, cette ouverture à l’autre se traduit par la naissance d’une vie nouvelle. C’est une différence de taille, qui est occultée aujourd’hui.

L’importance du mariage civil

A travers le mariage civil, la société reconnaît et protège aussi la spécificité de ce libre engagement de l’homme et de la femme dans la durée, la fidélité et l’ouverture à la vie. Quelque 250.000 mariages civils sont célébrés chaque année en France et c’est toujours un événement important pour ceux qui s’y engagent. L’élargissement du mariage aux personnes de même sexe entrainerait une modification profonde du droit du mariage et de la filiation pour tous, y compris pour les couples hétérosexuels.

Refuser l’homophobie

Une réforme en profondeur du mariage et de la filiation concerne tous les citoyens et devrait donc pouvoir faire l’objet d’un large débat. Celui-ci se heurte aujourd’hui à l’accusation d’homophobie qui vient fustiger toute interrogation.

Le respect des personnes

Cette situation a ses raisons d’être. Pendant longtemps, les personnes homosexuelles ont été condamnées et rejetées. Elles ont fait l’objet de toutes sortes de discriminations et de railleries. Aujourd’hui, cela n’est plus toléré, le droit proscrit toute discrimination et toute incitation à la haine, notamment en raison de l’orientation sexuelle, et il faut se féliciter de cette évolution.

Du côté de l’Eglise catholique, la Congrégation pour la doctrine de la foi invitait, dès 1976, les catholiques à une attitude de respect, d’écoute et d’accueil de la personne homosexuelle au cœur de nos sociétés. Dix ans plus tard, la même Congrégation soulignait que les expressions malveillantes ou gestes violents à l’égard des personnes homosexuelles méritaient condamnation. Ces réactions « manifestent un manque de respect pour les autres qui lèse les principes élémentaires sur lesquels se fonde une juste convivialité civile. La dignité propre de toute personne doit toujours être respectée dans les paroles, dans les actions et dans les législations »[2].

La lente évolution des mentalités

Si le respect de la personne est donc clairement affirmé, il faut bien admettre que l’homophobie n’a pas pour autant disparu de notre société. Pour les personnes homosexuelles, la découverte et l’acceptation de leur homosexualité relèvent souvent d’un processus complexe. Il n’est pas toujours facile d’assumer son homosexualité dans son milieu professionnel ou son entourage familial. Les préjugés ont la vie dure et les mentalités ne changent que lentement, y compris dans nos communautés et familles catholiques. Elles sont pourtant appelées à être à la pointe de l’accueil de toute personne, quel que soit son parcours, comme enfant de Dieu. Car ce qui, pour les chrétiens, fonde notre identité et l’égalité entre les personnes, c’est le fait que nous sommes tous fils et filles de Dieu. L’accueil inconditionnel de la personne n’emporte pas une approbation de tous ses actes, il reconnaît au contraire que l’homme est plus grand que ses actes.

Le refus de l’homophobie et l’accueil des personnes homosexuelles, telles qu’elles sont, font partie des conditions nécessaires pour pouvoir sortir des réactions épidermiques et entrer dans un débat serein autour de la demande des personnes homosexuelles.

Entendre la demande des personnes homosexuelles

Une réalité diversifiée

En fait, les données statistiques qui évaluent le nombre de personnes homosexuelles, le nombre de personnes vivant une relation stable avec un partenaire de même sexe ou le nombre d’enfants élevés par deux adultes de même sexe, sont rares et difficiles à interpréter. Sous cette réserve, plusieurs études montrent que les pratiques homosexuelles ont évolué et que l’aspiration à vivre une relation affective stable se rencontre plus fréquemment aujourd’hui qu’il y a 20 ans. Cette réalité n’est pour autant pas uniforme : la cohabitation sous le même toit, la relation sexuelle ou l’exclusivité du partenaire ne font pas toujours partie des éléments d’une telle relation stable.

Une demande de reconnaissance

La diversité des pratiques homosexuelles ne doit pas empêcher de prendre au sérieux les aspirations de celles et ceux qui souhaitent s’engager dans un lien stable. Le respect et la reconnaissance de toute personne revêtent désormais une importance primordiale dans notre société. Les discussions sur le multiculturalisme, le racisme, le féminisme et l’homophobie sont sous-tendues par cette demande de reconnaissance qui s’exprime aujourd’hui sur le mode égalitariste. La non-reconnaissance est expérimentée comme oppression ou discrimination. Certains poussent très loin ce discours égalitariste. Ils estiment que toute différence ouvre sur un rapport de pouvoir et en conséquence sur un risque de domination de l’un sur l’autre : domination de l’homme sur la femme, domination du blanc sur le noir, domination de l’hétérosexuel sur l’homosexuel, etc. Selon eux, la seule solution pour combattre l’oppression ou la discrimination serait alors de gommer les différences ou, en tout cas, de leur dénier toute pertinence dans l’organisation de la vie sociale.

Une volonté de gommer les différences

C’est dans ce contexte que s’inscrit le processus de transformation du mariage pour le rendre accessible aux personnes de même sexe. La demande vise à faire reconnaître que l’amour, entre deux personnes de même sexe, a la même valeur que l’amour, entre un homme et une femme. La différence entre les deux, au regard de la procréation naturelle, est gommée ou jugée non pertinente pour la société. La richesse que représente l’altérité homme/femme tant dans les rapports individuels que collectifs est passée sous silence. Seule semble compter la reconnaissance de la personne homosexuelle et le fait de mettre fin à la discrimination dont elle s’estime victime dans une société hétéro-normée.

La valeur d’une relation affective durable

La société, tout comme l’Eglise dans le domaine qui lui est propre, entend cette demande de la part des personnes homosexuelles et peut chercher une réponse. Tout en affirmant l’importance de l’altérité sexuelle et le fait que les partenaires homosexuels se différencient des couples hétérosexuels par l’impossibilité de procréer naturellement, nous pouvons estimer le désir d’un engagement à la fidélité d’une affection, d’un attachement sincère, du souci de l’autre et d’une solidarité qui dépasse la réduction de la relation homosexuelle à un simple engagement érotique.

Mais cette estime ne permet pas de faire l’impasse sur les différences. La demande des personnes homosexuelles est symptomatique de la difficulté qu’éprouve notre société à vivre les différences dans l’égalité. Plutôt que de nier les différences en provoquant une déshumanisation des relations entre les sexes, notre société doit chercher à garantir l’égalité des personnes tout en respectant les différences structurantes qui ont leur importance pour la vie personnelle et sociale.

Connaître les limites du PACS

Le Pacte Civil de Solidarité (PACS), créé en 1999, a de façon inattendue surtout été utilisé par les couples hétérosexuels qui représentent 95% des 174 523 PACS conclus en 2009 [3] . Pour ces derniers, il constitue une alternative au mariage, qui ouvre un certain nombre de droits fiscaux et sociaux, sans avoir le poids symbolique du mariage, et en conservant une totale liberté de rompre.

Des différences mal connues

Aujourd’hui, pour les couples hétérosexuels, les différences entre le PACS et le mariage sont importantes et mal connues. Le PACS est un contrat, le mariage est une institution. Au plan patrimonial, c’est dans le domaine du droit des successions, des régimes matrimoniaux et de la réversion de la pension au partenaire survivant que se situent les plus grandes différences. Mais ce sont cependant les effets d’ordre personnel et symbolique qui marquent le plus l’infériorité du PACS par rapport au mariage. Le PACS n’est pas conclu à la mairie mais au Tribunal ou devant notaire. Il ne produit aucun effet en matière de nom et n’entraîne aucun effet personnel. Notamment, le PACS n’impose aucune obligation de fidélité, il ne crée pas de lien d’alliance entre le pacsé et la famille de son partenaire et peut être rompu unilatéralement, par simple lettre recommandée avec accusé de réception. Aucune protection n’est prévue pour le partenaire délaissé ou les éventuels enfants nés de cette union. Bien souvent, les couples hétérosexuels pacsés en viennent au bout d’un certain temps à se marier, afin de donner plus de solidité et de solennité à leur union.

La recherche symbolique

Les personnes homosexuelles réclament aujourd’hui aussi une forme d’union plus solennelle, dotée d’un véritable poids symbolique et ne pouvant être rompue sans procédure ni indemnité. Dans leur revendication, la différence au regard de la procréation naturelle est mise de côté, comme un détail négligeable, pour ne garder du mariage que la sincérité et l’authenticité du lien amoureux. Il s’agit là d’une vision très individualiste du mariage qui n’est pas celle du droit français.

Prendre en considération le droit français

Une réforme du droit de la famille doit partir du droit existant et examiner en quoi celui-ci n’est plus adapté à la situation nouvelle et quelles seront les conséquences de la réforme envisagée pour les citoyens. Si le droit n’est qu’une technique humaine qui peut évoluer à tout moment, il n’en garde pas moins une fonction anthropologique : il dit quelque chose de notre vision de l’homme.

La fonction sociale du mariage

Le discours en faveur de l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe part d’une vision tronquée du droit. Il choisit de ne retenir du mariage civil que le lien amoureux et fait alors valoir que refuser le mariage aux personnes de même sexe est une discrimination car elles aussi sont amoureuses. Ne pas leur ouvrir l’accès au mariage revient alors à mettre en doute la sincérité et l’authenticité de leurs sentiments, voire leur capacité d’aimer. Or, il ne s’agit pas de cela. Contrairement à ce qui est soutenu, le mariage n’a jamais été un simple certificat de reconnaissance d’un sentiment amoureux. Le mariage a toujours eu la fonction sociale d’encadrer la transmission de la vie en articulant, dans le domaine personnel et patrimonial, les droits et devoirs des époux, entre eux et à l’égard des enfants à venir. La conception individualiste du mariage, véhiculée par le discours ambiant, ne se trouve pas dans les textes de loi.

La valeur symbolique du don total de soi

La haute valeur symbolique du mariage ne vient d’ailleurs pas du sentiment amoureux, par définition éphémère, mais de la profondeur de l’engagement pris par les époux qui acceptent d’entrer dans une union de vie totale. Cet engagement concerne la vie des conjoints (respect, fidélité, assistance, communauté de vie, contribution aux charges), la vie des familles (liens d’alliance, obligations alimentaires, empêchements au mariage), la vie des enfants (présomption de paternité, éducation, autorité parentale conjointe) et les tiers (solidarité des dettes ménagères). Compte tenu de l’importance de cet engagement, y compris à l’égard des tiers, il est régi par la loi et sa rupture est soustraite au bon vouloir des parties. Le divorce ne peut être prononcé que par le juge qui veillera à la protection des plus faibles et une répartition équitable des biens.

Ce qui confère au mariage sa haute valeur symbolique, c’est donc cet engagement de toute une vie, « pour le meilleur et pour le pire », ce pari un peu fou que l’amour humain puisse surmonter tous les obstacles que la vie nous réserve. Or, l’accueil des enfants nés de cette union de vie fait partie intégrante de cet engagement. Si le mariage a connu des variations dans l’histoire, il a toujours organisé le lien entre conjugalité et procréation. Encore aujourd’hui, en droit français, le mariage comporte une présomption de paternité, que connaissait déjà le droit romain (Pater is est quem nuptiae demonstrant). Destinée à rattacher juridiquement au mari les enfants mis au monde par la mère, cette présomption de paternité est la traduction juridique des conséquences naturelles de la promesse de fidélité et de vie commune que font les époux. Sans méconnaître que cette tradition juridique a aussi été porteuse de préjugés et d’injustices à l’égard des femmes, il convient de discerner ce qu’elle contient de sage et quelle est son importance pour la société.

Mesurer les enjeux pour l’avenir

Le mariage, tel qu’il existe aujourd’hui en droit français, assure le lien entre conjugalité et procréation et donc la lisibilité de la filiation. C’est là, en particulier, où le droit a une fonction anthropologique.

La vie est un don

Tout d’abord, en assurant le lien entre conjugalité et procréation, le droit vient nous rappeler que la vie est un don et que chacun la reçoit. Personne ne choisit son père et sa mère, personne ne choisit son lieu ou sa date de naissance. Ce sont pourtant ces « données » qui vont, à jamais, caractériser chacun comme un être unique au monde. Ces données incontournables de la filiation, qui s’imposent à chacun, viennent rappeler à l’homme qu’il n’est pas tout-puissant, qu’il ne se construit pas tout seul, mais qu’il reçoit sa vie des autres, d’un homme et d’une femme (et pour les croyants, d’un Autre).

Les deux sexes sont égaux et indispensables à la vie

Ensuite, faire le lien entre conjugalité et procréation est important pour la reconnaissance de l’égalité des sexes, qui sont l’un comme l’autre indispensables à la vie. Le fait d’être né d’un homme et d’une femme signe notre origine commune, notre appartenance à l’espèce humaine. La dualité sexuelle homme/femme est en effet une « propriété des vivants ».

Les droits des enfants

Enfin, la lisibilité de la filiation et l’inscription dans une histoire et une lignée sont essentielles pour la construction de l’identité. La Convention des Droits de l’enfant de l’ONU stipule expressément qu’un enfant, dans la mesure du possible, a droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux. Si les circonstances de la vie peuvent empêcher cela, il ne faudra pas que le législateur prenne l’initiative d’organiser l’impossibilité pour les enfants de connaître leurs parents ou d’être élevés par eux. Ce qui sera le cas s’il accède aux demandes de parenté des personnes homosexuelles que ce soit par le biais de l’adoption ou de la procréation médicalement assistée.

L’utilité sociale

A côté de ces fonctions anthropologiques fondamentales, le mariage a aussi une utilité sociale. Même s’il n’est plus l’unique porte d’entrée de la vie de famille, il continue à favoriser la stabilité conjugale et familiale, qui correspond à une aspiration profonde d’une très grande majorité de la population. Celle-ci est non seulement bénéfique pour ses membres, mais elle profite à toute la société car elle permet aux familles de mieux assumer leur rôle dans le domaine de l’éducation et de la solidarité. A défaut, c’est la collectivité qui doit prendre le relais.

Ces enjeux anthropologiques et sociaux ainsi que la protection des droits de l’enfant sont passés sous silence. Le discours dominant, égalitariste, choisit délibérément d’ignorer la différence entre les personnes homosexuelles et hétérosexuelles à l’égard de la procréation et veut faire croire que le lien entre conjugalité et procréation n’est pas pertinent pour la vie en société. Un coup d’œil sur les conséquences juridiques d’une telle réforme démontre le contraire.

Evaluer les conséquences juridiques de la réforme envisagée

Le sort de la présomption de paternité

En cas d’ouverture du mariage aux personnes de même sexe, se posera la question du sort de la présomption de paternité, actuellement prévue à l’article 312 du Code Civil.

La première solution possible est de décider que cette présomption ne s’appliquerait pas aux couples de même sexe. Il y aurait alors dans les faits deux types de mariages, et il importerait que les citoyens soient clairement informés de cette distinction. Cette hypothèse, retenue aux Pays-Bas et en Belgique, ne règle pas la question du lien entre la compagne de la mère et l’enfant de celle-ci. Une deuxième solution, plus radicale, consisterait à supprimer la présomption de paternité pour tous. Cela reviendra à instaurer officiellement la dissociation entre conjugalité et procréation et viderait le mariage de son sens. Quel sens peut avoir un mariage civil qui, en refusant de régler la transmission naturelle de la vie, n’honore plus la promesse de fidélité des époux ? Une troisième solution, encore plus radicale, a été retenue au Canada. La présomption de paternité est transformée en présomption de parenté et joue aussi pour les partenaires homosexuels : la compagne de la mère sera la « co-mère » de l’enfant. Dans ce cas, la lisibilité de la filiation, qui est dans l’intérêt de l’enfant, est sacrifiée au profit du bon vouloir des adultes et la loi finit par mentir sur l’origine de la vie !

La loi ne doit pas mentir sur l’origine de la vie

Les choses se compliquent encore davantage devant les questions d’adoption et de procréation médicalement assistée. Par exemple, comment concevoir une adoption plénière qui supprime la filiation d’origine et dit que l’enfant est « né de » ses parents adoptifs ? Faut-il faire croire à un enfant qu’il est né de deux hommes ou de deux femmes ? Les complications juridiques sont nombreuses. Tout notre système juridique est basé sur la distinction des sexes, puisque la transmission de la vie passe par la rencontre d’un homme et d’une femme.

Conclusion

S’il appartient au pouvoir politique d’entendre la demande d’un certain nombre de personnes homosexuelles de bénéficier d’un cadre juridique solennel pour inscrire une relation affective dans le temps, c’est en fonction du bien commun dont il est garant qu’il doit chercher à y répondre.

L’Eglise catholique appelle les fidèles à vivre une telle relation dans la chasteté, mais elle reconnaît, au-delà du seul aspect sexuel, la valeur de la solidarité, de l’attention et du souci de l’autre qui peuvent se manifester dans une relation affective durable. L’Eglise se veut accueillante à l’égard des personnes homosexuelles et continuera à apporter sa contribution à la lutte contre toute forme d’homophobie et de discrimination.

La demande de l’élargissement du mariage civil ne peut être traitée sous le seul angle de la non-discrimination car cela suppose de partir d’une conception individualiste du mariage, qui n’est pas celle du droit français pour qui le mariage a une claire vocation sociale.

Prétendre régler les problèmes de domination et d’abus de pouvoir, qui existent effectivement dans la société, par l’ignorance des différences entre les personnes, semble une option idéologique dangereuse. Les différences existent et c’est une bonne chose. La différence des sexes est une heureuse nouvelle.

La demande d’élargissement du mariage aux personnes de même sexe met la société au défi de trouver des nouvelles formes pour vivre les différences dans l’égalité. Pour cela, le législateur sera amené à opérer des arbitrages délicats entre des intérêts individuels contradictoires. Le propre du pouvoir politique est en effet de défendre non seulement les droits et les libertés individuels, mais aussi et surtout le bien commun. Le bien commun n’est pas la somme des intérêts individuels. Le bien commun est le bien de la communauté tout entière. Seul le souci du bien commun peut venir arbitrer les conflits de droits individuels.

La véritable question est alors de savoir si, dans l’intérêt du bien commun, une institution régie par la loi doit continuer à dire le lien entre conjugalité et procréation, le lien entre l’amour fidèle d’un homme et d’une femme et la naissance d’un enfant, pour rappeler à tous que :

• la vie est un don

• les deux sexes sont égaux et l’un comme l’autre indispensables à la vie

• la lisibilité de la filiation est essentielle pour l’enfant

Une évolution du droit de la famille est toujours possible. Mais plutôt que de céder aux pressions de différents groupes, la France s’honorerait à instaurer un vrai débat de société et à chercher une solution originale qui fasse droit à la demande de reconnaissance des personnes homosexuelles sans pour autant porter atteinte aux fondements anthropologiques de la société.

[1] Selon Paul Ricoeur, « est démocratique, une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêt et qui se fixe comme modalité, d’associer à parts égales, chaque citoyen dans l’expression de ces contradictions, l’analyse de ces contradictions et la mise en délibération de ces contradictions, en vue d’arriver à un arbitrage », Dictionnaire de la Langue française, « Démocratie ».

[2] Documentation catholique 1976, n°1691, §8 ; Documentation catholique 1986, n°83, p. 1160-1164.

[3] http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATTEF02327

Voir aussi:

Le grand rabbin de France s’oppose au mariage homo

Jean-Marie Guénois

Le Figaro

18/10/2012

Gilles Bernheim a envoyé à François Hollande et Jean-Marc Ayrault un document de 25 pages pour expliquer son hostilité au projet de loi.

«Il n’y aurait ni courage ni gloire à voter une loi en usant davantage de slogans que d’arguments et en se conformant à la bien-pensance dominante par crainte d’anathèmes.» Gilles Bernheim, grand rabbin de France, donc la plus haute autorité religieuse du judaïsme français, prend position contre le projet de loi sur le mariage homosexuel.

Il a envoyé un document qui explique sa position par coursier, mercredi soir, au président de la République et au premier ministre. Le texte a été également adressé à tous les ministres, à tous les parlementaires et aux instances concernés par cette question.

Gilles Bernheim, philosophe de formation, déteste la pensée slogan et l’obligation de réagir instantanément pour des besoins médiatiques. En homme de réflexion, il a donc pris le temps de rédiger un «essai» sur le sujet: vingt-cinq pages publiées virtuellement et disponibles en téléchargement sur son site.

Après les catholiques, en pointe sur le sujet, les protestants évangéliques également parmi les premiers à avoir contesté ce projet de loi, les musulmans, les orthodoxes et finalement la Fédération protestante de France, le 13 octobre dernier, c’est à présent le judaïsme qui exprime ses doutes sur le sujet. Et désormais toutes les religions en France s’opposent à cette évolution de société

Dans ce document intitulé «Mariage homosexuel, homoparentalité et adoption: ce que l’on oublie de dire», le grand rabbin de France cherche à expliquer les «véritables enjeux de la négation de la différence sexuelle», commente le rabbin Moché Lewin, son collaborateur.

Un préjudice

De fait, précise Gilles Bernheim, «à l’heure de conclure, il ressort que les arguments invoqués d’égalité, d’amour, de protection ou de droit à l’enfant se démontent et ne peuvent, à eux seuls, justifier une loi».

Il poursuit: «Ce qui pose problème dans la loi envisagée, c’est le préjudice qu’elle causerait à l’ensemble de notre société au seul profit d’une infime minorité, une fois que l’on aurait brouillé de façon irréversible trois choses:

– les généalogies en substituant la parentalité à la paternité et à la maternité;

– le statut de l’enfant, passant de sujet à celui d’un objet auquel chacun aurait droit;

– les identités où la sexuation comme donnée naturelle serait dans l’obligation de s’effacer devant l’orientation exprimée par chacun, au nom d’une lutte contre les inégalités, pervertie en éradication des différences.

Ces enjeux doivent être clairement posés dans le débat sur le mariage homosexuel et l’homoparentalité. Ils renvoient aux fondamentaux de la société dans laquelle chacun d’entre nous a envie de vivre.»

Voir aussi:

Les protestants français contre le mariage homosexuel

Jean-Marie Guénois

Le Figaro

12/10/2012

Le conseil de la Fédération protestante de France prépare une déclaration contre le projet du gouvernement. Elle s’ajoutera à celles des catholiques et des orthodoxes. Juifs et musulmans sont également contre.

Après les catholiques et les orthodoxes, les protestants français devraient prendre officiellement position samedi contre le projet de loi sur le mariage homosexuel. Le conseil de la Fédération protestante de France (FPF) est en effet réuni ce week-end à Paris et cette question figure en bonne place à l’ordre du jour.

Le pasteur Claude Baty, président de la FPF, n’a jamais caché son opposition «personnelle» à cette perspective: «le mariage pour tous est une fausse bonne idée qui a été mal évaluée». Ni sa «frustration» après son rendez-vous, il y a trois semaines, chez la ministre de la Justice, Christiane Taubira. Une impression d’avoir été consulté pour la forme mais de ne pas avoir été entendu sur le fond: «On vous demande votre avis mais on n’en tient pas compte! Cela donne l’impression que les choses sont décidées à l’avance».

Une dimension sacramentelle

Mais cette fois, c’est au nom de tous les protestants français – qui pèsent plus que leur nombre, ils sont près de deux millions – que Claude Baty va prendre position contre ce projet. Une motion en ce sens devrait être votée sans surprise, par le conseil d’administration de cette institution. Le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) qui regroupe les Églises protestantes de type évangélique (une structure indépendante de la FPF) avait déjà pris, dès le début de la polémique, une position très nette contre cette évolution de société.

Contrairement aux catholiques ou aux orthodoxes, les protestants n’accordent toutefois pas au mariage une dimension «sacramentelle». Le mariage consiste en une simple «bénédiction». Ce n’est donc pas pour des motifs ecclésiaux que les protestants s’opposent au mariage homosexuel. Certaines Églises protestantes – note-t-on à la Fédération qui est une association d’Églises – peuvent d’ailleurs pratiquer la bénédiction d’union homosexuelle, mais cela reste exceptionnel.

À ce titre, Claude Baty précise: «le texte biblique parle peu de ce sujet. Jésus lui-même n’en a jamais parlé, ce qui ne veut pas dire qu’il approuve. Cela nous indique que nous ne devons pas nous polariser là-dessus. L’homosexualité n’est pas le centre de la foi chrétienne. Et nous ne voulons pas nous laisser enfermer dans cette problématique».

Souffrance des homosexuels

C’est encore moins par «homophobie» que les chrétiens protestants rejettent une telle loi. Déjà en 1994, ils avaient publié une analyse remarquée sur le phénomène homosexuel. Une attention à cette question que le pasteur Claude Baty explique: «Nous devons reconnaître la souffrance des homosexuels qui ont souvent été discriminés. Et les chrétiens ne sont pas absents de cette discrimination.» D’où leur appel à «être accueillant» face aux personnes homosexuelles. C’est «très important à redire», insiste Claude Baty «car nous ne devons pas nous cacher derrière notre bonne conscience, comme si nous n’avions rien à voir avec cela».

Plus fondamentalement le «non» des protestants au mariage homosexuel s’enracine dans la conscience qu’ «il y a, dans la création, une volonté de différenciation des sexes», indique Claude Baty. «Le “mélange” n’est pas biblique, il y a un certain “ordre” des choses, qu’on le veuille ou non. Et il y a bel et bien une différence. Prôner l’égalité à tout prix va à l’encontre de cette volonté de différenciation entre l’homme et la femme. Or, sans différenciation, il n’y a pas de ”vis-à-vis“, pas de dialogue, pas de construction. Le mariage pour tous est donc une fausse égalité.»

L’enjeu est certes «symbolique» mais il n’est pas anodin: «le mariage que l’on connaît aujourd’hui a perdu de sa clarté. Jusque dans les années 1970, c’était un engagement, avec tout ce qui relève de la responsabilité à l’égard de l’autre, des enfants, avec une structure sociale. Tout cela a été gommé au nom de la grande fête libertaire soixante-huitarde. On a voulu faire du mariage une sorte de célébration du sentiment, avec l’idée qu’à partir du moment où l’on ne s’aime plus, on n’est plus marié».

Les protestants sont également opposés à l’adoption d’enfants par ces couples: «Il y a une certaine naïveté, dénonce Claude Baty, à nous faire croire que le mariage entre personnes du même sexe ne posera pas de problème chez des enfants, qui devront en référer au parent 1 ou au parent 2.»

De même, la procréation médicalement assistée pour ces couples le fait bondir: «Il est absurde de remettre en cause ce qui est depuis toujours le fonctionnement normal de l’humanité, à savoir qu’il faut un homme et une femme pour faire un enfant.»

Sans illusion sur la volonté du gouvernement «d’ouvrir un débat» enfermé qu’il est dans «une promesse de campagne électorale», Claude Baty entend donc au nom des protestants français apporter sa pierre à cette question de société mais il reste «dubitatif sur le fait que cela puisse faire changer les choses».

Voir également:

L’Église de France «refuse l’homophobie»

Jean-Marie Guénois

Le Figaro

28/09/2012

Un document publié jeudi soir par la conférence des évêques affirme vouloir entendre «la demande des personnes homosexuelles» pour travailler «à une solution originale» mais sans remettre en cause le mariage traditionnel comme le prévoit le gouvernement.

«L’Église se veut accueillante à l’égard des personnes homosexuelles et continuera à apporter sa contribution à la lutte contre toute forme d’homophobie et de discrimination.» Publié par surprise, jeudi en fin d’après midi, un long document issu du «conseil famille et société» de la conférence des évêques de France affirme «refuser l’homophobie» et cherche à «entendre la demande des personnes homosexuelles» en vue d’«ouvrir un vrai débat» sur le projet de loi sur le mariage homosexuel.

Signé par les douze personnes de ce conseil (quatre évêques dont Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre, mais aussi le psychanalyste Jacques Arènes, et la religieuse Geneviève Médevielle, professeur de théologie morale), ce document ne concède toutefois rien à la position de l’Église catholique – «le discours en faveur de l’ouverture du mariage aux personnes du même sexe part d’une vision tronquée du droit» – mais cherche à approfondir comme jamais toutes les dimensions du problème posé afin d’aboutir à une «solution originale qui fasse droit à la demande de reconnaissance des personnes homosexuelles sans pour autant porter atteinte aux fondements anthropologiques de la société». Car «une évolution du droit de la famille est toujours possible».

Le premier problème soulevé est en particulier celui de l’absence de «langage partagé» sur le sujet. «Les discours, parfois idéologiques, se croisent» déplore l’Église de France dont celui consistant «à penser que le mariage est ordonné à la fondation d’une famille et qu’il ne peut donc concerner que les couples hétérosexuels»… Le texte dénonce donc l’absence de «débat politique» et regrette que «si toute réticence ou interrogation devant cette réforme du droit de la famille est qualifiée a priori “d’homophobe”, il ne peut y avoir de débat au fond. Il en va de même lorsque la requête des personnes homosexuelles est disqualifiée a priori.»

À ce titre, ce document – qui rappelle des enseignements validés par la Congrégation pour la Doctrine de la foi dès 1976 – appelle de façon très nette à «refuser l’homophobie». Il constate qu’«il n’est pas toujours facile d’assumer son homosexualité dans son milieu professionnel ou son entourage familial. Les préjugés ont la vie dure et les mentalités ne changent que lentement, y compris dans nos communautés et familles catholiques». Mais, estiment les signataires: «Le refus de l’homophobie et l’accueil des personnes homosexuelles, telles qu’elles sont, font partie des conditions nécessaires pour pouvoir sortir des réactions épidermiques et entrer dans un débat serein autour de la demande des personnes homosexuelles.» Il faut donc, insistent-ils encore, «entendre la demande des personnes homosexuelles».

S’ensuivent des considérations sur «les limites du pacs (pacte civil de solidarité)» et sur la «recherche symbolique» de la part des couples homosexuels d’une «forme d’union plus solennelle» mais qui ne cherche à «ne garder du mariage que la sincérité et l’authenticité du lien amoureux». Soit «une vision très individualiste du mariage qui n’est pas celle du droit français». Sont également étudiées les «conséquences juridiques» de la réforme envisagée dont «la présomption de paternité» et le fait que «la loi ne doit pas mentir sur l’origine de la vie».

Reste à évaluer l’autorité de ce texte. Il est qualifié dans une introduction écrite de «note de travail» par le porte-parole de l’épiscopat Mgr Bernard Podvin. Mais il est aussi extrêmement fouillé et se veut aux antipodes d’un débat déjà très clivé. De plus, alors que la polémique s’enflamme, aucune annonce officielle n’a curieusement été faite pour le présenter et le diffuser. Il a été publié, sans crier gare, sur le site de l’Église de France.

Ce qui laisse supposer, compte tenu des différentes interventions d’un autre style contre ce projet de loi, menées ces derniers temps par les cardinaux André Vingt-Trois, président de la conférence des évêques, et Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, que des divergences existent dans l’Église de France sur la méthode à appliquer pour affronter cette question.

Voir de plus:

Mariage homosexuel: aucun maire ne pourra y déroger, martèle Vallaud-Belkacem

Le Nouvel Observateur

11-10-2012

PARIS (Sipa) — Aucun maire ne pourra se soustraire à son devoir de célébrer un mariage homosexuel, a prévenu jeudi sur i>télé la ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.

« C’est juridiquement impossible », a martelé la benjamine du gouvernement. « Je vous rappelle que chacun est censé connaître, appliquer la loi et cela vaut tout particulièrement pour ceux qui ont été élus par les Français ». Plusieurs maires UMP ont en effet déjà fait savoir que s’il était possible de faire valoir une clause de conscience, ils ne célébreraient pas personnellement de mariage entre deux personnes du même sexe.

« Il ne s’agit pas de faire plaisir à telle ou telle catégorie de Français, il s’agit d’offrir à l’ensemble des Français l’accès à un même droit sans discrimination liée à l’orientation sexuelle », a affirmé la ministre.

Alors que le projet de loi sur l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels sera présenté en conseil des ministres le 31 octobre, des maires font déjà savoir qu’ils refuseront de célébrer de telles unions, au risque de se mettre hors la loi.

« Je suis favorable à une clause de conscience pour les élus qui ne souhaitent pas célébrer de mariage gay », a affirmé Nadine Morano (UMP) jeudi sur son compte twitter. Interrogé sur RTL, le député-maire UMP de Nice Christian Estrosi a affirmé quant à lui qu’il serait « respectueux des lois de la République » et qu’il ne s’opposerait donc pas à la célébration d’un mariage homosexuel s’il devenait légal.

« En tant que maire, moi, personnellement, j’applique les lois de la République », a également affirmé Laurent Wauquiez sur Radio Classique. « Donc si dans le projet de loi est laissée la possibilité au maire d’avoir un droit de retrait, éventuellement je l’exercerai. Si dans la loi, ce n’est pas prévu, je l’appliquerai ».

« Je n’aime pas cette idée de maires qui se mettent en opposition avec l’ordre républicain. Donc j’appliquerai la loi », a-t-il insisté.

Le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples homosexuels n’évoque pas la procréation médicalement assistée (PMA), a par ailleurs confirmé jeudi Mme Vallaud-Belkacem. Selon elle, la question pourrait en revanche faire l’objet de discussions au sein de l’Assemblée nationale et être comprise dans une autre loi.

Voir enfin:

L’église catholique contre le mariage homosexuel, trois arguments qui ne tiennent pas

Une tribune d’Yves Ferroul, médecin, sexologue et écrivain.

Slate

19.08.2012

L’Église catholique s’oppose au mariage homosexuel en avançant plusieurs arguments. D’abord, l’homosexualité serait, en soi, «une dépravation grave» (Catéchisme, § 2357). Ensuite, le mariage est un sacrement qui lie un homme et une femme. Enfin, un enfant a besoin d’un père et d’une mère pour s’épanouir.

Le premier argument est censé s’appuyer sur des textes de la Bible, dont le plus célèbre est l’épisode de Sodome et Gomorrhe: ces deux villes auraient été détruites par Dieu pour punir leurs habitants de leur homosexualité

Or, pour les historiens, cet épisode illustre l’impiété et un refus d’hospitalité envers l’étranger, comme le confirment l’épisode parallèle de Gidéa (Juges, XIX, 22-25) ainsi que toutes les références à Sodome dans le reste de la Bible comme dans les évangiles.

D’autres textes renvoient à des lettres de Paul, mais des erreurs de traduction les annulent. Le seul texte explicite est celui du Lévitique (XX, 13), mais il est inséré dans un ensemble de prescriptions rituelles juives dont les chrétiens se sont affranchis dès l’époque de Paul, ce qui rend curieuse la volonté de s’accrocher à tout prix à cette seule interdiction, en ignorant toutes les autres

D’ailleurs des protestants, plus conséquents, ne s’estiment pas concernés par ces malédictions, et ont accepté d’ordonner des pasteurs homosexuel(le)s et de marier des personnes de même sexe. (Pour le point de vue d’un catholique marié contraire à celui de la hiérarchie, cf. Bruno Grange, La Sexualité, chemin vers Dieu, éd. Du Signe. Pour une étude détaillée de l’épisode de Sodome).

Le deuxième argument n’est valable qu’à l’intérieur de la communauté catholique. Pour la société civile, le mariage est un contrat qui a été mis en place il y a environ 8 à 10.000 ans, quand les sociétés humaines se sont structurées autour de l’agriculture et de l’élevage.

Auparavant, on a toutes les raisons de penser que les groupes humains vivaient à peu près comme les autres chimpanzés, les macaques ou les babouins, en sociétés ignorant la paternité et dont les petits étaient élevés par les mères, les femmes de la famille de la mère, et les hommes «amis» de la mère: chaque individu devait chercher personnellement sa nourriture quotidienne, et personne ne pouvait asservir autrui.

Mais à partir du moment où du grain pouvait être stocké, que des bêtes pouvaient être accumulées, des «dominants» sont apparus qui ont pu monopoliser la nourriture et ainsi s’asservir des congénères. Le contrat définissant la répartition des biens en cas d’alliance devient nécessaire.

Accaparer les femmes qui vont donner les enfants, héritiers ou main d’œuvre, doit se faire dans les règles, par des accords entre clans de dominants. Le «mariage» n’est que ce contrat social. Cet état des choses est bien reflété dans la Bible juive, dans l’Ancien Testament chrétien.

Les Grecs et les Romains ont toujours ce contrat privé entre les familles. En Europe, c’est très tard que l’Église catholique finira par imposer un mariage devant témoin (le mariage à l’église: XVIe siècle?). La Révolution française le transforme en contrat devant l’État, qui définit ses clauses et en garantit le respect.

L’État ne s’occupe pas des raisons du mariage (si les individus s’aiment ou non, veulent des enfants ou non, ne sont mus que par l’intérêt ou pas, etc.): il prend fait que deux individus veulent lier leurs vies, et définit les conditions matérielles dans lesquelles cela peut se faire, en proposant aujourd’hui le choix entre deux types de contrats (pacs ou mariage) et en laissant la liberté de ne pas établir de contrat (concubinage).

On ne voit donc pas ce qui empêcherait, par principe, un tel contrat entre deux personnes de même sexe, ce que constataient déjà les juristes romains comme Cicéron (cf. Jared Diamond, Le Troisième chimpanzé, Folio).

Le troisième argument, qui affirme qu’un enfant a besoin d’un père et d’une mère pour se construire, ne correspond pas à la quasi-totalité de l’histoire humaine. De plus, il occulte les problèmes posés par la famille nucléaire («familles, je vous hais»), par les ruptures de couples (familles monoparentales, recomposées) ainsi que l’état de fait actuel des dizaines de milliers d’enfants élevés par des couples homosexuels.

Cet argument tient à l’évidence de l’idée reçue et du préjugé, et n’a pas de fondement dans le concret des situations réellement vécues. Et notons également le paradoxe de ces hétéros qui refusent aux homos de s’occuper d’enfants, quand on connaît le chiffre des gosses maltraités et abusés par de bons hétéros, vivant en couples hétéros.

Souvenez-vous: les catholiques objectaient déjà que la liberté d’avorter allait conduire à une prolifération infinie du massacre des fœtus; que la famille allait disparaître avec l’instauration du pacs! À force de crier «au loup!» sans que personne ne voie de loup surgir, les catholiques ont convaincu la majorité des français qu’ils étaient de piètres prédicateurs d’avenir.

N’ayons donc pas peur de l’avenir de la famille, et laissons les homosexuels qui le désirent se marier et élever des enfants: la société en sera plus humaine et plus riche dans sa diversité!

Voir enfin:

Des gays contre le mariage

Fabrice Madouas

Valeurs actuelles

20/09/2012

Xavier Bongibault Entretien Xavier Bongibault préside l’association Plus gay sans mariage qui veut regrouper des personnes homosexuelles hostiles au projet du gouvernement.

Vous avez créé Plus gay sans mariage au mois de juillet. Dans quel but ? Nous souhaitons faire entendre la voix des personnes homosexuelles qui sont contre l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe. Le projet du gouvernement est loin de faire l’unanimité au sein de la communauté gay. Contrairement à ce qu’affirment les médias, cette revendication n’est pas majoritaire chez les homosexuels. La plupart s’en moquent, mais l’influence des associations LGBT [lesbiennes, gay, bi et trans, NDLR] est telle que beaucoup n’osent pas le dire.

Pourquoi y êtes-vous hostile ? Mes arguments sont ceux de toutes les personnes qui contestent ce projet : un enfant a besoin d’un père et d’une mère. Respectons cet équilibre familial, qui est aussi nécessaire à l’équilibre de la société : on ne peut pas tout chambouler sans plus de réflexions. Avant de trancher, qu’il y ait au moins un débat sur des questions qui engagent l’avenir de la société, pas seulement celui des couples homosexuels.

Qu’est-ce qui, selon vous, incite les associations LGBT à défendre cette cause ? Je crois qu’elles étaient à cours de revendications et qu’il leur fallait en trouver une. Leurs revendications étaient nécessaires dans les années1970 et 1980, leur combat contre les discriminations était juste.

Mais c’est une époque que je n’ai pas connue. J’ai 21 ans, je ne me sens victime d’aucune discrimination aujourd’hui. Je pense que ces associations sont dans une logique de surenchère permanente.

Vous vous engagez contre ce projet. Quelles sont les réactions au sein de la communauté homosexuelle ? Dès lors que vous êtes contre le mariage, contre l’adoption, les militants LGBT jugent que vous êtes réactionnaire, voire fasciste, et forcément homophobe – ce qui, dans mon cas, est pour le moins paradoxal ! En revanche, ceux qui me connaissent me disent “C’est très bien ce que tu fais” mais ils n’osent pas encore franchir le pas. Beaucoup redoutent de perdre des amis. Ils ont peur de parler.

Qu’est-ce qui vous a incité, vous, à franchir le pas ? D’abord, je ne supportais plus qu’on ne puisse pas s’exprimer sur ce sujet. Ensuite, j’avais l’impression que le gouvernement se servait de ce projet comme d’un paravent, qu’il cherchait à détourner l’attention de l’opinion. Ce qui s’est passé ces derniers jours le prouve : Christiane Taubira en a reparlé juste après l’intervention télévisée de François Hollande et l’annonce de milliards d’euros d’impôts supplémentaires. Je trouve cela choquant.

Les militants LGBT voient souvent la main de l’Église derrière l’opposition à ce projet. Êtes-vous croyant ? Pas du tout, je suis athée. Je ne cherche pas à préserver des traditions, juste un peu de bon sens. De quoi parle-t-on ? Du mariage civil ! C’est le mariage civil que je veux préserver, le code civil. Cela ne fait pas de moi un catholique…

Avez-vous un engagement politique ? Je suis adhérent à l’UMP, mais pas vraiment militant.

On entend peu les dirigeants de l’UMP sur ce sujet. Qu’attendez-vous d’eux ? Je souhaite qu’ils restent fidèles à la ligne qu’avait définie Nicolas Sarkozy pendant la campagne électorale : qu’ils s’opposent clairement au mariage et à l’adoption par les couples de même sexe.

Comment susciter le débat que vous appelez de vos voeux ? En mobilisant l’opinion publique par tous les moyens : la presse, évidemment, mais aussi, pourquoi pas, des happenings. Il est important de faire monter sur scène des personnes qui sont contre ce projet mais qui n’osent pas encore le dire. Actuellement, seuls ses partisans ont accès aux médias audiovisuels. Qu’il y ait des pour, des contre, mais surtout, qu’il y ait un débat !

Êtes-vous favorable à l’organisation d’un référendum ? Nous réclamons d’abord l’organisation d’états généraux contre la précarité familiale, car le lien familial ne doit pas être menacé mais au contraire consolidé. C’est notre priorité. Si nous n’obtenons pas du gouvernement la tenue de ces états généraux, l’organisation d’un référendum peut être envisagée.

Certains élus locaux voudraient bénéficier d’une clause de conscience, les dispensant de célébrer des mariages auxquels ils s’opposent. Qu’en pensez-vous ? Pratiquement, cette clause serait sans doute difficile à mettre en oeuvre, mais cette demande des élus locaux me semble légitime, dans le cadre de ce débat.

Vous êtes jeune. Avez-vous mesuré que vous allez vous retrouver au coeur d’une polémique parfois violente ? Cela ne me fait absolument pas peur. J’ai des convictions, partagées par beaucoup d’homosexuels. Dans une démocratie, il est bon qu’elles soient clairement exposées et discutées, quel que soit le prix à payer. Propos recueillis par Fabrice Madouas

Xavier Bongibault


Expo Abdessemed/Centre Pompidou: Avec fil de fer barbelé de Guantanamo, s’il vous plait! (20 years of gratuitous provocation and they hang you at the Pompidou!)

18 octobre, 2012
Depuis que l’ordre religieux est ébranlé – comme le christianisme le fut sous la Réforme – les vices ne sont pas seuls à se trouver libérés. Certes les vices sont libérés et ils errent à l’aventure et ils font des ravages. Mais les vertus aussi sont libérées et elles errent, plus farouches encore, et elles font des ravages plus terribles encore. Le monde moderne est envahi des veilles vertus chrétiennes devenues folles. Les vertus sont devenues folles pour avoir été isolées les unes des autres, contraintes à errer chacune en sa solitude. Chesterton
Le nouveau rebelle est un sceptique, et ne fera confiance entièrement à rien. Il n’a aucune fidélité ; donc il peut ne jamais être vraiment un revolutioniste. Et le fait qu’il doute de tout l’empêche de dénoncer quoi que ce soit. Car toute dénonciation implique une doctrine morale d’une certaine sorte ; et le revolutioniste moderne doute non seulement de l’établissement qu’il dénonce, mais de la doctrine par laquelle il la dénonce. Ainsi il écrit un livre se plaignant que l’oppression impériale insulte la pureté des femmes puis il écrit un autre livre en lequel il l’insulte lui-même. Il maudit le sultan parce que les filles chrétiennes perdent leur virginité, et puis maudit Mme Grundy parce qu’elles la gardent. En tant que politicien, il criera que la guerre est un gaspillage de la vie, et puis pleurera, en tant que philosophe, que toute vie est perte de temps. Un pessimiste russe dénoncera un policier pour avoir tué un paysan, et puis prouvera par les principes philosophiques les plus élevés que le paysan devait être tué. Un homme dénonce le mariage comme mensonge, et puis dénonce les libertins aristocratiques pour le traiter comme mensonge. Il appelle un drapeau une babiole, et puis blâme les oppresseurs de la Pologne ou de l’Irlande parce qu’ils emportent cette babiole. L’homme de cette école va d’abord à une réunion politique, où il se plaint que des sauvages sont traités comme si ils étaient des bêtes ; puis il prend son chapeau et son parapluie et se rend à une réunion scientifique, où il montre qu’ils sont pratiquement des bêtes. En bref, le revolutioniste moderne, étant un sceptique infini, est toujours occupé à miner ses propres mines. Dans son livre sur la politique il attaque des hommes pour piétiner la moralité ; dans son livre sur l’éthique il attaque la moralité pour piétiner les hommes. Par conséquent l’homme moderne dans la révolte est devenu pratiquement inutile pour tous les buts de révolte. En se rebellant contre tout il a perdu son droit à se rebeller contre quoi que ce soit. Chesterton
Nous ruinerons cette civilisation qui vous est chère… Monde occidental tu es condamné à mort. Nous sommes les défaitistes de l’Europe… Voyez comme cette terre est sèche et bonne pour tous les incendies. Aragon (1925)
Que les trafiquants de drogue se jettent sur nos pays terrifiés. Que l’Amérique au loin croule de ses buildings blancs… André Breton (1925)
L’acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers au poing, à descendre dans la rue et à tirer, au hasard, tant qu’on peut dans la foule. Breton
Il faut avoir le courage de vouloir le mal et pour cela il faut commencer par rompre avec le comportement grossièrement humanitaire qui fait partie de l’héritage chrétien. (..) Nous sommes avec ceux qui tuent. Breton
Bien avant qu’un intellectuel nazi ait annoncé ‘quand j’entends le mot culture je sors mon revolver’, les poètes avaient proclamé leur dégoût pour cette saleté de culture et politiquement invité Barbares, Scythes, Nègres, Indiens, ô vous tous, à la piétiner. Hannah Arendt (1949)
I’m having my work made by Indonesian children who work 16 hours a day and get paid $10.00 a month. I’m doing it as an act of controversy to make people think about the unjust nature of the world economy. Thumbs up or down?  Matthew Weinstein
Thirty years ago when I was 25 years old, I made a film in which I shot a dog. It was an indefensible act that I am deeply sorry for. Many of us have experienced profound emotional turmoil and despair. Few have made the mistake I made. I hope people can find it in their hearts to forgive me. Tom Otterness
Dans La Crucifixion, de Grünewald – dont cette quadruple sculpture s’inspire –, ce sont les mains qui crient. Je l’ai réalisée avec le fil de fer barbelé de la prison de Guantanamo. Adel Abdessemed
Dans ma sculpture, ce n’est pas le cheval qui reçoit des coups, mais lui qui s’apprête à en donner. C’est comme renverser un pouvoir… Adel Abdessemed
Pour moi, les animaux ne sont pas des signes, pas des symboles, pas des icônes, pas des métaphores. Ce sont mes frères lointains, de vraies présences, mes compagnons silencieux. Adel Abdessemed
Les sans-nation, les sans-continent, les sans-papiers, les sans-abri, les sans-baluchon… Où vont-ils ? J’ai pensé à cette peinture de naufrage. Un bateau abandonné, un espoir échoué. Adel Abdessemed
On peut dire que l’idéologie crée des moules, moule un peuple. J’ai pensé à une voiture brûlée, piégée. Je l’ai traduite dans mon langage. Ma voiture est en terracotta. Elle est comme un corps qui respire, comme un cœur qui palpite. Adel Abdessemed
Cette pièce est née d’un coup de fil à ma mère pendant la période du ramadan. Je précise : je ne suis pas musulman. Mais je suis spirituel et j’ai le sens du sacré. Je suis un artiste. Mon ascèse, c’est la créativité. Adel Abdessemed
Abdessemed fait une allégorie zarathoustrienne du désir de déclin. Jean-Philippe Toussaint
Une apologie de la violence ? C’est ce que dénoncent les détracteurs de l’installation posée sur le parvis du Centre Pompidou : une statue de bronze d’Adel Abdessemed, qui représente l’inoubliable geste de Zinedine Zidane envers Marco Materazzi, lors de la finale France-Italie du Mondial 2006. Intitulée « Coup de tête », haute de plus de cinq mètres, elle fait partie de l’exposition de l’artiste, « Je suis innocent », qui ouvre le 3 octobre. Ce « coup de boule » avait valu un carton rouge à Zizou, et encouragé, selon certains, la défaite de la France. Le commissaire de l’exposition, Philippe Alain Michaud, affirme que « cette statue s’oppose à la tradition qui consiste à faire des statues en l’honneur de certaines victoires. Elle est une ode à la défaite. » Malgré la polémique naissante, l’œuvre est censée rester sur la Piazza Beaubourg jusqu’au 7 janvier, fin de l’exposition. Evene
Don’t Trust Me déroute car l’image est dépouillée de toute mise en spectacle ou dramatisation, il est aussi à l’opposé d’un rituel sacrificiel ou d’une tradition culturelle. La brutalité du pouvoir se concentre sur cette capacité de la main de l’homme à donner la mort, d’où l’impensé du pouvoir. Rappelons aussi que l’histoire visuelle du cinéma au XXe siècle s’est construite à partir de ces images d’abattage : en 1903, Thomas Edison a filmé l’électrocution d’un éléphant au Luna Park de Coney Island (Electrocuting an Elephant). En 1949, Georges Franju réalise « Le sang des bêtes » en filmant les techniques d’abattage et de dépeçage des animaux dans les quartiers Vaugirard et La Villette à Paris. Les films de Pier paolo Pasolini et ceux de Rainer Werner Fassbinder ont aussi visualisé ces scènes d’animaux abattus et sacrifiés. Chez Abdessemed, cette croyance sacrificielle a disparu et il y a dans son art une exigence irascible à pousser au plus loin la représentation de la folie du pouvoir de l’homme. Wikipedia

Christs en fil de fer barbelé certifié de Guantanamo, amoncellement de véritables animaux sauvages naturalisés brûlés au chalumeau (aux proportions, s’il vous plait, du Guernica de Picasso!), vieille barque chargée de boat people africains préemballés, cercles concentriques en barbelé à nouveau certifié de Guantanamo, accumulations d’animaux morts, moulage en terre cuite d’une voiture brulée garantie émeutes françaises de 2005, vraies carcasses d’avions enlacées, auto-transformation en torche vivante, glorification monumentale du geste d’antijeu du siècle,vidéos d’insectes et de reptiles on ne peut plus rassurants, vidéo grand écran de porcelet tétant en dolby stéréo une jeune femme, vidéos d’animaux les plus divers (coqs, serpents, pitbulls, tarantules, iguanes, souris blanches, scorpions, crapauds) se déchirant les uns les autres, photos de villes vidées de leur population et envahies par les animaux sauvages, religieux nu et rasé joue des airs berbères à la flûte, danseuses en burqa mises à nu au son d’une sensuelle mélopée orientale, titres provocateurs (Also sprach Allah, God is Design, Tolérance zéro, cocktail), références lettrées à l’histoire de l’art (Géricault, Goya, Grünewald) …

Après les photos volées de cadavres d’une morgue parisienne ou les décoctions de christs dans l’urine et le sang  (Andres Serrano), autodafé de rate vivants (Kim Jones), pipe à un poète essayant de lire son oeuvre (Kathy Aker), contemplations assistées de col d’utérus (Annie Sprinkle), abattage de chiens ( Tom Otterness) …

Comment un artiste pressé et immigré de surcroit obtient la consécration d’une rétrospective au Centre Pompidou à 41 ans ?

Facile!

Multiplier les provocations les plus simplistes et les plus explicites …

Ne manquer aucun des sujets qui fâchent du moment avec matériaux certifiés d’origine (terrorisme, religion, délinquance, immigration, sport) …

Saupoudrer de quelques allusions bien appuyées aux rituels sacrificiels primitifs …

Assaisonner de titres les plus ironiques ou les plus provovcateurs possibles …

Ne pas omettre la petit touche de relations zoophiles …

Donner dans la plus extrême démesure …

Jouer sur l’indignation et le malaise physique du spectateur …

Se donner le beau rôle de la victime nécessairement innocente et du dénonciateur …

Prétexter de la violence de la societé pour en rajouter dans la surenchère …

Multiplier tant les déclarations-manifestes à l’emporte pièce que les références lettrées …

Ajouter une pincée de scandale avec si possible fermeture imposée de l’expo …

Et enfin surtout ne pas oublier, après le détour à New York, le mécène milliardaire!

Les coups de tête d’Adel Abdessemed

« Je suis innocent », l’exposition-manifeste d’Adel Abdessemed au Centre Pompidou

Laetitia Cénac

Madame Figaro
08 octobre 2012

La violence du monde, cet artiste plasticien la sublime à travers un spectaculaire manifeste esthétique. Le titre de son exposition au Centre Georges-Pompidou ? Je suis innocent. Voici son plaidoyer en huit œuvres chocs.

Adel Abdessemed est un artiste pressé. À 41 ans, l’enfant chéri du collectionneur François Pinault

exposé cet automne au Centre Pompidou, lâche ce commentaire : « Enfin ! » C’est tout lui, cette réplique : il est vif-argent, tranchant comme une lame de rasoir et sûr de lui à défaut de l’être de l’univers. Il faut dire que l’étranger lui a déjà rendu hommage (comme l’Art Institute de San Francisco, en 2008) et que ses œuvres se vendent comme des petits pains (la galerie David Zwirner, à New York, a été dévalisée au printemps dernier). Arrivé en France en 1994, après l’assassinat du directeur de l’École des beaux-arts d’Alger où il étudiait, il s’est hissé en une décennie au rang d’icône de l’art contemporain. La clé de son succès ? Des œuvres d’une redoutable efficacité en phase avec la violence du monde, doublées de références à l’histoire de l’art, Géricault, Goya, Grünewald… Impossible d’oublier ses images : une voiture carbonisée réalisée en céramique, un bateau de clandestins rempli de sacs-poubelle, un bloc d’animaux empaillés et brûlés, des carcasses d’avions enlacées… Lui qui a connu les « années de sang » dans son pays, pour qui la jeunesse se confond avec le désespoir, répète : « L’art était la seule porte de sortie », avant d’ajouter : « Mon moteur, c’est la lutte. » Un art de la guerre construit sur fond d’exil, donc. Son exposition, intitulée paradoxalement Je suis innocent (1), s’ouvre dès la Piazza Beaubourg (place Georges-Pompidou) avec une sculpture monumentale, Coup de tête, qui grave dans le marbre le geste de Zidane en finale de Coupe du monde. « Je me suis construit dans la férocité, confie-t-il dans un livre d’entretien (2). Dans la dispute, je n’hésitais jamais à donner un coup de tête. »

(1) Jusqu’au 7 janvier. http://www.centrepompidou.fr

Voir aussi:

Adel Abdessemed frappe fort à Pompidou

Métro

01-10-2012

Sa statue en bronze du fameux coup de boule de Zidane à Materazzi n’est pas passée inaperçue. Le Centre Pompidou ouvre mercredi la première grande exposition consacrée à l’artiste Adel Abdessemed.

A l’entrée, une mise en garde : attention aux arêtes et aux éléments coupants. A l’intérieur, nouvel avertissement : des scènes explicites peuvent choquer le jeune public. Va-t-on sortir choqué et sanguinolent de l’exposition d’Adel Abdessemed ? Cet artiste, né en 1971 en Algérie, est connu du grand public depuis qu’il a installé sur le parvis de Beaubourg Coup de tête, sa sculpture de cinq mètres de haut immortalisant la fin impactante de la carrière de Zidane. Le reste de son œuvre risque aussi de faire parler de lui.

Des rêves violents

Le Centre Pompidou abrite une autre œuvre clé d’Abdessemed, Telle mère tel fils, trois carlingues d’avion entrelacées. Un matériau pour le moins inusité dans l’art contemporain, que l’artiste reprend pour l’enrouler dans Bourek. « Adel dit souvent qu’il rêve ses pièces, explique Philippe-Alain Michaud, commissaire de l’exposition. Bourek a été fait après un rêve où sa mère lui donnait une recette de ce sandwich roulé, avant de rêver d’avion. » Jusque-là, tout va bien. Les âmes sensibles sont plutôt concernées par certaines vidéos : un porcelet tète une jeune femme avec des bruits de succion assez pénibles (Lise), un religieux nu et rasé joue des airs berbères à la flûte (Joueur de flûte), des mygales, reptiles et chiens s’entretuent dans Usine. Tout au fond, devant un immense tableau tapissé d’animaux naturalisés (Who’s afraid of the big bad wolf ?), une vidéo montre des couples faisant l’amour devant un public qui les applaudit debout.

« L’oeuvre d’Adel se découvre en deux temps, poursuit Philippe-Alain Michaud, il y a d’abord l’impact immédiat de l’oeuvre, comme une détonation, puis un renvoi à des formes inscrites dans l’histoire de l’art. » Ce sont notamment les quatre Christ en fil de fer barbelé à doubles lames (Décor), qui fait écho au Christ de Grünewald sur le retable d’Issenheim (1516). Ou les cercles, dans la même matière coupante, rappellant Sol Lewitt. « Cette exposition inscrit aussi Adel dans l’histoire contemporaine, par la rédemption ornementale du matériau. » La quoi ? Comprendre : comment se servir de terre cuite pour reproduire des carcasses de voiture brûlées (Practice zero tolerance) ou de résine pour remplir de sacs poubelle un bateau de clandestins (Hope).

L’exposition s’appelle Je suis innocent. En prévision d’un scandale que pourrait provoquer l’une de ses œuvres ? Adel Abdessemed a déjà été censuré à San Francisco à cause d’une vidéo qui montrait l’abattage d’animaux. Cette exposition y répond avec des éléments autobiographiques, sans chercher à choquer. Ni innocent, ni coupable, Abdessemed maîtrise sa matière.

 Voir également:

Adel Abdessemed, je suis innocent, jusqu’au 7 janvier au Centre Pompidou, Paris 4e.

Pourquoi Abdessemed tape-t-il si dur ?

Philippe Dagen

Le Monde

04.10.2012

Une rétrospective à 41 ans au Centre Pompidou, peu d’artistes peuvent se flatter d’une reconnaissance si prompte en ce lieu. Aux Etats-Unis et en Allemagne, où il n’est pas rare que des artistes encore jeunes soient ainsi mis en évidence, ce ne serait pas étonnant. Au Centre Pompidou, où l’on est timoré quand il s’agit de défendre des artistes de moins de 50 ans, surtout quand ils travaillent en France, le cas est exceptionnel. Adel Abdessemed ne l’ignore pas, mais quand on le lui fait remarquer, il répond sur le ton de la plaisanterie que 41 ans, ce n’est plus si jeune

Lequel l’admet évidemment, tout en faisant observer qu’il a d’autres collectionneurs et que Who’s Afraid of the Big Bad Wolf ? lui appartient et qu’il se refuse à le céder, fût-ce à son prestigieux amateur. Or, l’œuvre est emblématique d’Abdessemed. C’est un panneau de 363 cm de haut et 779 de long couvert d’animaux sauvages naturalisés dont la fourrure a été légèrement brûlée à la flamme d’un chalumeau. Son efficacité visuelle est immédiate, en raison de ces dimensions et de ce qu’il a de farouche et de funèbre. Abdessemed précise que la plupart des bêtes – renards, lièvre… –ont été abattues en France, à l’exception des loups, qu’il a ajoutés aux Etats-Unis pour des raisons juridiques. Couchés les uns contre les autres, ces cadavres évoquent un massacre monstrueux, la folie d’un dépeupleur.

Destruction de la nature par l’homme ? C’est l’interprétation première. Une deuxième, qui fait de l’œuvre une allégorie de tout carnage, se trouve renforcée quand on s’aperçoit que le panneau a les proportions du Guernica de Picasso, l’allégorie de la guerre la plus célèbre de toute l’histoire de l’art.

LA DÉMESURE POUR ALLIÉE

C’est dire qu’Abdessemed n’hésite pas à se mesurer à des rivaux de premier plan, mais aussi qu’il revendique la valeur symbolique de l’œuvre d’art. Ses quatre Christs en sont une autre preuve, ainsi que Hope, vieille barque chargée de sacs de plastique noir qui symbolise de toutes les émigrations tragiques, celles du passé autant que celles d’aujourd’hui. Le Wall Drawing, composé de neuf cercles de barbelé, est aussi explicite : titre ironique, matériau cruel, perfection de la forme close.

C’est sa force : Abdessemed invente des expressions plastiques à la fois intensément provocantes, simples à appréhender et vivement explicites. La démesure est l’une de ses meilleures alliées : accumulation d’animaux morts, terres cuites aux dimensions de voitures brûlées, vraies carcasses d’avions enlacées de Telle mère tel fils. Susciter un malaise physique est une autre de ses bonnes manières : ballet d’insectes et de serpents inquiétants dans la vidéo Usine ou jeune femme allaitant un cochon de lait dans Lise, autre vidéo sur grand écran. On se souvient, bien qu’il ne les remontre pas ici, de ses photographies de sangliers et de serpents sur un trottoir parisien, qui semblent prophétiser qu’après une catastrophe planétaire, les animaux sauvages envahissent les villes vidées de leurs populations.

Abdessemed frappe dur, comme Zidane un certain soir. Pourquoi si fort ? Dans une société saturée de fausses images et hébétée de divertissements, son art de l’irruption et de la percussion est l’un des derniers modes de dénonciation qui puisse opérer encore. Il entend retourner contre la société du spectacle ses procédés habituels, avec ce que cela exige de violence. Le danger serait que cette société le récupère et fasse de lui un de ces artistes stars qu’elle aime d’autant plus que leurs productions sont anodines et consensuelles. Comme suffisent à le suggérer les titres, l’auteur d’Also sprach Allah et de God is Design ne risque pour l’heure rien de tel.

Il n’ignore pas non plus qu’une trajectoire si rapide lui vaut des détracteurs qui veulent croire que son succès s’explique par le soutien de François Pinault. Pour l’exposition, celui-ci a en effet prêté Décor, les quatre Christs en fil de fer barbelé que le collectionneur a acquis au début de l’année lors de leur présentation dans la galerie David Zwirner, à New York, et qu’il a présentés cet été à Colmar à proximité immédiate du polyptyque de Grunewald, donc du Christ qu’Abdessemed a transposé de la peinture à la sculpture.

Chez Zwirner, le collectionneur a pris aussi le groupe de marbre Coup de tête, d’après celui que Zinedine Zidane assena à Marco Materazzi, dont une version plus grande en bronze est placée devant le Centre le temps de l’exposition, et suscite d’innombrables photographies. Qui a visité à Venise la fondation de François Pinault sait combien il défend de longue date l’artiste.

Voir encore:

Adel Abdessemed’s Fighting-Animal Video Sparks Art-World Uproar

Jerry Saltz

Right now there’s a short video at David Zwirner Gallery that has some of the art world up in arms. Adel Abdessemed, 38, who was born in Algeria and now lives in New York, is a big deal on the international circuit. He had a one-person show at P.S. 1 last year, was included in the last Venice Biennale, and has had numerous solo museum exhibitions. The Zwirner show is a bit of a fizzle, an example of huge expensive gestures producing paltry effects. (As such it’s a throwback to the art of the recent past.) The work that has people furious is Usine, a 1:27-minute color video made in Mexico depicting a bunch of different animal and insect species thrown together into a pen: We see fighting roosters, snakes, pit bulls, tarantulas, iguanas, white mice, scorpions, and one toad. The creatures maul or ignore one another. The tape freaked me out, turned me off, and even outraged me. But I admit to being intrigued that in many cases the creatures fighting one another were like unto like, that the same species went after the same species. I looked, I shuddered, I passed on to the next disappointing work, not giving the moral dimensions of Usine too much thought.

This morning as I was getting down to work, I posted to Facebook a comment made to me by someone else. People instantly went batshit — given the topic, actually, I shouldn’t refer to animals, and instead say they went bananas. At 12:47 p.m. I posted the following comment, made by my friend, New York Times critic Ken Johnson: “I think that Adel Abdessemed’s video of animals fighting and killing each other (at the David Zwirner gallery), is the most appalling and evil work of art I have ever seen. Michael Vick went to prison for far less. Why so little outrage?” Within minutes scores of comments poured in, almost all of them saying that this work was “evil,” “despicable,” “100 percent cruel,” and that this piece represented “the faux avant-garde bullshit that has become the New York art world.” The conclusion of many was that “art should be moral.” That’s when I started to get uncomfortable.

My Facebook friends had found solid ground. They were absolutely, irrevocably against art that involved any cruelty to animals whatsoever. Abdessemed was called “a fucking voyeur,” “a sadist,” and compared to Nazis who were “just following orders.” Artist Oliver Wasow rightfully raised the old issue as to what to make of Leni Riefenstahl’s Triumph of the Will Olympia, her depiction of the 1936 Olympics held in Hitler’s Berlin. Then people starting bringing up past pieces of art that also violated moral codes: Andreas Serrano photographing corpses in a Paris morgue without permission from the families of the deceased; Kim Jones burning a rat alive; Kathy Aker performing oral sex on a poet who was trying to read his work; Annie Sprinkle inserting a speculum into her vagina and inviting audience members to view her cervix; Tom Otterness shooting a dog. The list went on to include depictions of rape and artists who portray children too seductively. Most of this work is just awful. I began to get a queasy feeling in my stomach. Then I remembered how people railed against the work of Kara Walker because it was thought to be racist.

I understand the conviction and compassion aroused by Abdessemed. The work is exploitive and intense. I hate cruelty to animals. Still, I did come away from the Abdessemed piece knowing more than ever that I don’t believe in certainty, that even though the work wasn’t good, I was snagged by the paradox it raised about what kills what. Still, two of the best comments in the Facebook thread came from artist Matthew Weinstein, who is very certain about his position against cruelty to animals. First he made a good comparison: “I’m having my work made by Indonesian children who work 16 hours a day and get paid $10.00 a month. I’m doing it as an act of controversy to make people think about the unjust nature of the world economy. Thumbs up or down?” Of course, I’d say thumbs down, but just as quickly I thought about how the artist Santiago Sierra paid Mexican workers to do things like get tattoos on their backs or to hold up cement walls. Regardless, another Weinstein comment to someone may say it all: “Go cut the paws off a kitten.”

Voir enfin:

Eloge du doute

Adel Abdessemed

Palazzo Grassi

Né en Algérie en 1971, Adel Abdessemed quitte son pays à cause de la guerre civile, qui y éclate au début des années quatre-vingt-dix, et arrive en France en 1994 pour étudier les Beaux-Arts. Depuis il a vécu dans de nombreuses villes – New York, Berlin, Paris. Sur la base d’une pensée nourrie de nombreuses lectures philosophiques, politiques, sociologiques, Abdessemed concentre son regard sur les failles et les contradictions du monde contemporain. Il réalise des œuvres qui ont valeur d’ « actes » prenant la forme de sculptures, d’installations, de vidéos, de dessins : « Mon art n’a pas la prétention de représenter la réalité, dit-il, simplement de toucher le réel ».

Practice Zero Tolerance (2006), est un moulage en terre cuite d’une voiture détruite au cours des émeutes de 2005 dans les banlieues françaises. La sculpture fait référence à la politique de « tolérance zéro » revendiquée alors par le pouvoir constitué en Europe comme aux Etats-Unis. Mais, loin d’ être une simple présentation, l’œuvre met en jeu une série de tensions plus profondes : entre la violence de l’impact visuel et la douceur quasi-sensuelle de la terre cuite, la fragilité et la solidité du matériau, la puissance destructrice du feu et sa dimension créatrice (la céramique est précisément un « art du feu »), l’immédiateté et l’archéologie d’un présent dont Practice Zero Tolerance serait le vestige.

Taxidermy (2010) est un cube formé d’animaux empaillés (récupérés dans les brocantes), assemblés avec du fil de fer puis brûlés. Abdessemed a souvent utilisé les animaux dans ses travaux, en tant que victimes silencieuses de toutes sortes de violences (lesquelles semblent indigner davantage l’opinion publique que les injustices, pourtant bien pires, perpétrées contre les êtres humains), mais aussi en tant que témoins d’une existence en deça du langage. En choisissant la forme du cube – référence iconique des sources de la modernité, puis de l’art minimal – qui pourrait sembler aux antipodes de son vocabulaire, Abdessemed établit un lien de tension extrême entre la notion de pouvoir/abus et l’acte de création artistique.

Wall Drawing (2006), est constitué de neuf grands cercles dont les diamètres correspondent exactement à la taille de l’artiste ou à celle de sa compagne, réalisés avec le même type de fil barbelé que celui utilisé dans les prisons américaines de Guantanamo. La perfection de la forme géométrique contraste avec l’aspect menaçant du matériau et ses terribles connotations d’oppression, établissant là encore une tension très forte entre forme et expressivité, dimensions conceptuelle et existentielle.

Cocktail (2007) joue également sur le registre de l’ambigüité du titre (événement mondain ou cocktail Molotov ?), la contradiction entre le caractère inoffensif des pupitres de musiciens et le sujet des dessins présentés. C’est le regard du spectateur, passant d’une image à l’autre de cette sorte de flip-book immobile, qui met en mouvement cette révolte silencieuse et minimale.

(2) Adel Abdessemed. Entretien avec Pier Luigi Tazzi (éd. Actes Sud).


Election présidentielle américaine/2012: C’est Romney qui avait raison sur Benghazi (People died, Obama lied)

17 octobre, 2012
https://rightpunditry.files.wordpress.com/2012/10/denied.jpgLes Etats-Unis condamnent dans les termes les plus énergiques cette attaque scandaleuse et choquante. Nous travaillons en collaboration avec le gouvernement libyen pour garantir la sécurité de nos diplomates. J’ai également demandé à mon administration d’accroître notre sécurité aux postes diplomatiques dans le monde entier. Et ne vous méprenez pas, nous allons travailler avec le gouvernement libyen pour traduire en justice les tueurs qui ont attaqué notre peuple. (…) Depuis notre fondation, les États-Unis ont été une nation qui respecte toutes les croyances. Nous rejetons tous les efforts visant à dénigrer les croyances religieuses d’autrui. Mais il n’y a absolument aucune justification à ce type de violence insensée. Aucune. Le monde doit être solidaire pour rejeter sans équivoque ces actes brutaux… Aucun acte de terreur ne saurait jamais ébranler la détermination de cette grande nation, modifier son caractère ou éclipser la lumière des valeurs que nous défendons. Président Obama (Rose Garden, 12 sept. 2012)
QUESTION: “We have reports that the White House said today that the attacks in Libya were a terrorist attack. Do you have information indicating that it was Iran, or al-Qaeda was behind organizing the protests?”
OBAMA: “Well, we’re still doing an investigation, and there are going to be different circumstances in different countries. And so I don’t want to speak to something until we have all the information. What we do know is that the natural protests that arose because of the outrage over the video were used as an excuse by extremists to see if they can also directly harm U.S. interests.” President Obama (Univision Town Hall, Sept. 20)
QUESTION: “I heard Hillary Clinton say it was an act of terrorism. Is it? What do you say?”
OBAMA: “We are still doing an investigation. There is no doubt that the kind of weapons that were used, the ongoing assault, that it wasn’t just a mob action. Now, we don’t have all the information yet so we are still gathering.” Obama (ABC, Sept. 25)
The State Department said Tuesday it never concluded that the consulate attack in Libya stemmed from protests over an American-made video ridiculing Islam, raising further questions about why President Barack Obama’s administration used that explanation for more than a week after assailants killed the U.S. ambassador and three other Americans. The revelation came as new documents suggested internal disagreement over appropriate levels of security before the attack, which occurred on the 11th anniversary of the Sept. 11 terror attacks on the U.S. The Associated Press (Oct. 10, 2012)
For political reasons, it certainly was in the White House’s interests to not portray the attack as a terrorist incident, especially one that took place on the anniversary of the Sept. 11 attacks. Instead the administration kept the focus on what was ultimately a red herring — anger in the Arab world over anti-Muslim video posted on You Tube. With key phrases and message discipline, the administration was able to conflate an attack on the U.S. Embassy in Egypt — which apparently was prompted by the video — with the deadly assault in Benghazi. Officials were also able to dismiss pointed questions by referring to an ongoing investigation. Glenn Kessler

Au lendemain d’un deuxième débat présidentiel où, multipliant les attaques verbales gratuites et les contre-vérités, un président sortant en chute libre dans les sondages suite au désastre du premier semble avoir réussi à donner le change

Et où, malgré quelques erreurs tactiques (notamment le pinaillage inutile sur le temps ou l’ordre de parole) et le manque de précision sur certaines de ses propositions, son adversaire républicain a largement tenu sa place et surtout réussi à pointer l’indéfendable bilan du locataire actuel de la Maison Blanche …

Pendant qu’au Pays autoproclamé des Droits de l’homme, les patrons de Jihad-TV et financiers tous azimuth du jihadisme de la Libye au Nord-Mali se voient remercier par une place au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie

Retour, avec le site Factchecker, sur l’évidente opération de dissimulation, pour ne pas dire mensonge y compris pendant le débat, de l’Administration Obama sur l’attaque terroriste de Benghazi.

Opération de dissimulation qui commence dès la première déclaration présidentielle du Rose Garden du 12 septembre où son utilisation réelle du terme « acte de terrorisme », mais dans un sens purement général, vient juste après le rappel appuyé de la volonté des Etats-Unis de « respecter toutes les croyances » et de « rejeter tous les efforts visant à dénigrer les croyances religieuses d’autrui », référence on ne peut plus claire à la version « manifestation qui a dégénéré » et donc à la vidéo anti-islamiste censée avoir déclenché l’attaque.

Et qui, jouant sur la confusion avec les autres manifestations du Monde arabe qui ont suivi et balayant les critiques derrière le rideau de fumée de l’enquête en cours, sera de fait maintenue près de deux semaines quand, sans compter les revendications explicites d’Al Qaeda et le fait qu’il n’y eut même pas de manifestation à Benghazi au moment de l’attaque, les déclarations des responsables militaires et de renseignement américains auront démontré que la vidéo n’était qu’un prétexte pour une attaque délibérément terroriste (dont apparemment des jihadistes libérés de prison par le prétendu « Printemps arabe ») …

Avec l’évidente volonté de préserver, en cette journée hautement symbolique de l’anniversaire du 11/9 et surtout en pleine campagne électorale (débat d’hier compris!) face à la première mort d’un ambassadeur américain en service depuis Carter il y a 33 ans en Afghanistan,  l’un des rares points forts supposés d’un bilan catastrophique

A savoir celui d’avoir, grâce notamment aux dispositifs mis en place par son prédécesseur (dont Guantanamo qu’il prétendait fermer), tenu tête à Al Qaeda …

From video to terrorist attack: a definitive timeline of administration statements on the Libya attack

Glenn Kessler

The fact checker

09/27/2012

“We are still doing an investigation.”

— President Obama, Sept. 25, 2012

In any kind of confused overseas event, initial reports are often wrong. But the Sept. 11 attack on the U.S. diplomatic post in Benghazi, Libya, in which four Americans were killed, including the ambassador, is a case study of how an administration can carefully keep the focus as long as possible on one storyline — and then turn on a dime when it is no longer tenable.

For political reasons, it certainly was in the White House’s interests to not portray the attack as a terrorist incident, especially one that took place on the anniversary of the Sept. 11 attacks. Instead the administration kept the focus on what was ultimately a red herring — anger in the Arab world over anti-Muslim video posted on You Tube. With key phrases and message discipline, the administration was able to conflate an attack on the U.S. Embassy in Egypt — which apparently was prompted by the video — with the deadly assault in Benghazi.

Officials were also able to dismiss pointed questions by referring to an ongoing investigation.

Ultimately, when the head of the National Counterterrorism Center was asked pointblank on Capitol Hill whether it was a an act of terror — and he agreed — the administration talking points began to shift. (Tough news reporting — as well as statements by Libya’s president — also played a role.) Yet President Obama himself resisted using the “t” word, even as late as Tuesday, while keeping the focus on the video in his speech to the U.N. General Assembly.

On Wednesday, however, White House spokesman Jay Carney acknowledged also that Obama himself believes the attack was terrorism — and so more than two weeks after the attack the Rubicon finally was crossed.

As a reader service, we have compiled a comprehensive timeline of administration statements, showing the evolution in talking points, with key phrases highlighted in bold. Many readers sent suggestions for this timeline, for which we are deeply grateful.

We will leave it to readers to reach their own conclusions on whether this is merely the result of the fog of war and diplomacy — or a deliberate effort to steer the storyline away from more politically damaging questions. After all, in a competitive election, two weeks is a lifetime.

Initially, ‘an attack’ — and focus on a video

“Yesterday, our U.S. diplomatic post in Benghazi, Libya, was attacked. Heavily armed militants assaulted the compound and set fire to our buildings. American and Libyan security personnel battled the attackers together. Four Americans were killed. They included Sean Smith, a Foreign Service information management officer, and our Ambassador to Libya Chris Stevens. We are still making next of kin notifications for the other two individuals.”

— Secretary of State Hillary Rodham Clinton, State Department Treaty room, Sept. 12

“The United States condemns in the strongest terms this outrageous and shocking attack. We’re working with the government of Libya to secure our diplomats. I’ve also directed my administration to increase our security at diplomatic posts around the world. And make no mistake, we will work with the Libyan government to bring to justice the killers who attacked our people.

“Since our founding, the United States has been a nation that respects all faiths. We reject all efforts to denigrate the religious beliefs of others. But there is absolutely no justification to this type of senseless violence. None. The world must stand together to unequivocally reject these brutal acts…No acts of terror will ever shake the resolve of this great nation, alter that character, or eclipse the light of the values that we stand for.”

— President Obama, Rose Garden statement, Sept. 12

(Note: we added this statement to the timeline after Josh Gerstein of Politico asserted that the phrasing “acts of terror” showed Obama acknowledged “terrorism” was behind the attack. From our many years of covering diplomacy we would say there is a world of difference, but readers can draw their own conclusions.)

“Frankly, we are not in a position to speak any further to the perpetrators of this attack. It was clearly a complex attack. We’re going to have to do a full investigation.”

— Unnamed senior administration official, briefing reporters in a conference call, Sept. 12

“I think it’s important to note with regards to that protest that there are protests taking place in different countries across the world that are responding to the movie that has circulated on the Internet. As Secretary Clinton said today, the United States government had nothing to do with this movie. We reject its message and its contents. We find it disgusting and reprehensible. America has a history of religious tolerance and respect for religious beliefs that goes back to our nation’s founding. We are stronger because we are the home to people of all religions, including millions of Muslims, and we reject the denigration of religion. We also believe that there is no justification at all for responding to this movie with violence.”

— White House spokesman Jay Carney, news briefing, Sept. 13

“This has been a difficult week for the State Department and for our country. We’ve seen the heavy assault on our post in Benghazi that took the lives of those brave men. We’ve seen rage and violence directed at American embassies over n awful Internet video that we had nothing to do with. It is hard for the American people to make sense of that because it is senseless, and it is totally unacceptable.

— Clinton, transfer of remains ceremony, Sept. 14

“I have seen that report, and the story is absolutely wrong. We were not aware of any actionable intelligence indicating that an attack on the U.S. mission in Benghazi was planned or imminent. That report is false.”

— Carney, news briefing, Sept. 14

“Based on the best information we have to date … it began spontaneously in Benghazi as a reaction to what had transpired some hours earlier in Cairo, where, of course, as you know, there was a violent protest outside of our embassy sparked by this hateful video. But soon after that spontaneous protest began outside of our consulate in Benghazi, we believe that it looks like extremist elements, individuals, joined in that effort with heavy weapons of the sort that are, unfortunately, readily now available in Libya post-revolution. And that it spun from there into something much, much more violent…. We do not have information at present that leads us to conclude that this was premeditated or preplanned.”

— Susan E. Rice, U.S. ambassador to the United Nations, on CBS’s “Face the Nation,” Sept. 16

“We had a substantial security presence with our personnel and the consulate in Benghazi. Tragically, two of the four Americans who were killed were there providing security. That was their function. And indeed, there were many other colleagues who were doing the same with them.”

— Rice, on ABC’s “This Week,” Sept. 16

(Note: the U.S. post was not a consulate and its precise role is still a mystery.)

“The way these perpetrators acted and moved, and their choosing the specific date for this so-called demonstration, this leaves us with no doubt that this was preplanned, predetermined.”

— Mohamed Yusuf al-Magariaf, president of Libya’s General National Congress, Sept. 16

QUESTION: “Simply on the basis of what Ambassador Rice has publicly disclosed, does the United States Government regard what happened in Benghazi as an act of terror?”

SPOKESWOMAN VICTORIA NULAND: “Again, I’m not going to put labels on this until we have a complete investigation, okay?”

QUESTION: “You don’t — so you don’t regard it as an act of terrorism?”

NULAND: “I don’t think we know enough. I don’t think we know enough. And we’re going to continue to assess. She gave our preliminary assessment. We’re going to have a full investigation now, and then we’ll be in a better position to put labels on things, okay?”

— exchange at State Department briefing, Sept. 17

“Well, you’re conveniently conflating two things, which is the anniversary of 9/11 and the incidents that took place, which are under investigation and the cause and motivation behind them will be decided by that investigation.”

— Carney, news briefing, Sept. 17

Suddenly, a shift to a ‘terrorist attack’

“I would say yes, they were killed in the course of a terrorist attack on our embassy….The best information we have now, the facts that we have now indicate that this was an opportunistic attack on our embassy. The attack began and evolved and escalated over several hours at our embassy — our diplomatic post in Benghazi. It evolved and escalated over several hours.

“It appears that individuals who were certainly well-armed seized on the opportunity presented as the events unfolded that evening and into the — into the morning hours of September 12th. We do know that a number of militants in the area, as I mentioned, are well-armed and maintain those arms. What we don’t have at this point is specific intelligence that there was a significant advanced planning or coordination for this attack.

“We are focused on who was responsible for this attack. At this point, what I would say is that a number of different elements appear to have been involved in the attack, including individuals connected to militant groups that are prevalent in eastern Libya, particularly in the Benghazi area, as well. We are looking at indications that individuals involved in the attack may have had connections to al-Qaeda or al-Qaeda’s affiliates; in particular, al-Qaeda in the Islamic Maghreb.”

— Mathew Olsen, director of the National Counterterrorism Center, testimony before Congress, Sept. 19, after being asked a direct question.

CNN reports on Sept. 19 that Ambassador Christopher Stevens had been worried by the security threats in Benghazi. CNN later acknowledged the information came from Steven’s journal.

“It is, I think, self-evident that what happened in Benghazi was a terrorist attack. Our embassy was attacked violently, and the result was four deaths of American officials. So, again, that’s self- evident.

“He also made clear that at this point, based on the information he has — and he is briefing the Hill on the most up-to-date intelligence — we have no information at this point that suggests that this was a significantly preplanned attack, but this was the result of opportunism, taking advantage of and exploiting what was happening as a result of reaction to the video that was found to be offensive.”

— Carney, news briefing, Sept. 20

CBS News reports there never was anti-American protest.

“Witnesses tell CBS News that there was never an anti-American protest outside of the consulate. Instead they say it came under planned attack. That is in direct contradiction to the administration’s account.”

— Margaret Brennan CBS News correspondent, CBS News report aired Sept. 20

But Obama resists saying the ‘t’ word…

OBAMA: “What we’ve seen over the last week, week and a half, is something that actually we’ve seen in the past, where there is an offensive video or cartoon directed at the prophet Muhammad. And this is obviously something that then is used as an excuse by some to carry out inexcusable violent acts directed at Westerners or Americans.

“And my number-one priority is always to keep our diplomats safe and to keep our embassies safe. And so when the initial events happened in Cairo and all across the region, we worked with Secretary Clinton to redouble our security and to send a message to the leaders of these countries, essentially saying, although we had nothing to do with the video, we find it offensive, it’s not representative of America’s views, how we treat each other with respect when it comes to their religious beliefs, but we will not tolerate violence.”

QUESTION: “We have reports that the White House said today that the attacks in Libya were a terrorist attack. Do you have information indicating that it was Iran, or al-Qaeda was behind organizing the protests?”

OBAMA: “Well, we’re still doing an investigation, and there are going to be different circumstances in different countries. And so I don’t want to speak to something until we have all the information. What we do know is that the natural protests that arose because of the outrage over the video were used as an excuse by extremists to see if they can also directly harm U.S. interests.”

— President Obama, Univision Town Hall, Sept. 20

“What happened in Benghazi was a terrorist attack, and we will not rest until we have tracked down and brought to justice the terrorists who murdered four Americans.”

— Clinton, statement at a meeting with Pakistani Foreign Minister Hina Rabbani Khar, Sept. 21, 2012

“As we all know, the United States lost a great ambassador and the Libyan people lost a true friend when Chris Stevens and three other Americans were killed in the terrorist assault on our consulate in Benghazi.”

— Clinton, meeting with Libyan President Magariaf , Sept. 24

QUESTION: “I heard Hillary Clinton say it was an act of terrorism. Is it? What do you say?”

OBAMA: “We are still doing an investigation. There is no doubt that the kind of weapons that were used, the ongoing assault, that it wasn’t just a mob action. Now, we don’t have all the information yet so we are still gathering.”

— Obama, on ABC’s “The View,” Sept. 25

“That is what we saw play out in the last two weeks, as a crude and disgusting video sparked outrage throughout the Muslim world. Now, I have made it clear that the United States government had nothing to do with this video, and I believe its message must be rejected by all who respect our common humanity.”

— Obama, speech to the U.N. General Assembly, Sept. 25

“It was a preplanned act of terrorism directed against American citizens.”

— Magariaf, on NBC’s “Today” show, Sept. 26

“For some time, al-Qaeda in the Islamic Maghreb and other groups have launched attacks and kidnappings from northern Mali into neighboring countries. Now, with a larger safe haven and increased freedom to maneuver, terrorists are seeking to extend their reach and their networks in multiple directions. And they are working with other violent extremists to undermine the democratic transitions underway in North Africa, as we tragically saw in Benghazi.”

— Clinton, at the United Nations, Sept. 26

QUESTION: “Is there any reason why the President did not — he was asked point-blank in The View interview, is this a terrorist attack, yes or no? Is there any reason why he didn’t say yes?”

CARNEY: “He answered the question that he was asked, and there’s no reason that he chose the words he did beyond trying to provide a full explanation of his views and his assessment that we need to await further information that the investigation will uncover. But it is certainly the case that it is our view as an administration, the President’s view, that it was a terrorist attack.”

— Carney, news briefing, Sept. 26

 Voir aussi:

Romney Missed Opportunity Due To Contamination By Moderator

Real clear politics

October 16, 2012

CHARLES KRAUTHAMMER: I was interested to hear Megyn that women don’t like the kind of in-your-face fighting that we basically saw in the debate. I can’t speak for her gender, but I can speak on behalf of mine. We love this stuff. This was a boxing match, this was heavyweight. This was Frazier-Ali. Even the stage was sort of like an arena, a ring where they circled each other. At one point I thought they would sort of use their mikes as weapons, and it would turn into the Taiwanese Parliament where you get fantastic fistfights. Look, this was a very tough fight.

I think Romney did about as well as he did last time around, he made his points. Obama clearly had a good night, a much better night than the first night. You know, Woody Allen said showing up is 80% of life, well he was at the 80%. And I think on points, if you were scoring it’s on points, Obama wins on points. He made a lot of counter punches, a lot of accusations. He managed to get under Romney’s skin a little bit by referring to his wealth, ‘if you make $20 million a year,’ trying to make a point about taxes. But it’s a way to say you’re a rich guy, how will you understand the ordinary guy? I thought there is a point where Romney did really well, I think all of us agree, that was on the larger general issue on the failure of this administration.

When Romney went large, he did well. When Romney went small, trying to answer each point here and there, I think Obama got the better of him. But there was one critical issue in this debate. The Libya question. Obama was at sea. He was asked about the security in Libya and Benghazi, he didn’t try to answer because he had no answer. Instead he went on about how we’re going to catch these guys. Romney, I think had a huge opening that he missed. Obama ended by saying, you know, ‘I’m offended by the implication we’d mislead.’ The obvious retort was, ‘Mislead? You sent out your UN ambassador to mislead America on five television shows in one morning implying it’s about a video, talking about a riot. There was none. There wasn’t a video in this issue in Benghazi.’

And then, there was one tactical error that Romney made which was he kept asking the president questions. Every lawyer knows you never ask a question for which you don’t already have the answer in already have the answer in hand. And that gave obama a chance to counterpunch. We’ve got Candy Crowley’s intervention, which is essentially incorrect, supporting Obama on the transcript. He did not call it’s a terror incident. There was a big opening that was missed. I think it was contaminated by the actions of the moderator. But again, on the big issue, that one where I think Romney could really have scored, he missed an opportunity and that’s probably why, I think on points, Obama came out ahead.

BRET BAIER: Charles, we’ve talked about Libya quite a bit on « Special Report. » The president said tonight, as soon as he heard that the Benghazi consulate was attacked, he was on the phone with his national security team telling them to find out how it happened, to make sure that security was tightened, and to get to the bottom of it. Now, we hear that the intelligence, weeks later, they’re saying was wrong. And that they blamed this anti-Islam video, including the president saying it six times at the United Nations. Does that answer square and will the fallout from that be a problem for this White House?

KRAUTHAMMER: I think it will be a problem for the White House. They have clearly told untruths, fictions. The president perpetrated them two weeks later on Letterman when he spoke about Libya in the context of the video when everybody knew it was not an issue at the time. So I think on the facts, on explaining Libya, yes, it’s going do be a huge problem, but it will be a huge problem in a few days. Right now, in the context of the debate, I think he got away with it because there was no actual response at the time on the stage and when you had moderator meeting in behalf of Obama, that I think swung it in a way that was basically incorrect and unfair.

Voir également:

U.S. officials deny linking Libya attack, video

Bradley Klapper and Larry Margasak

The Asssociated Press

October 10, 2012

WASHINGTON — The State Department said Tuesday it never concluded that the consulate attack in Libya stemmed from protests over an American-made video ridiculing Islam, raising further questions about why President Barack Obama’s administration used that explanation for more than a week after assailants killed the U.S. ambassador and three other Americans.

The revelation came as new documents suggested internal disagreement over appropriate levels of security before the attack, which occurred on the 11th anniversary of the Sept. 11 terror attacks on the U.S.

Briefing reporters ahead of a hotly anticipated congressional hearing today, State Department officials provided their most detailed rundown of how a peaceful day in Benghazi devolved into a sustained attack that involved multiple groups of men armed with weapons such as machine guns, rocket-propelled grenades and mortars over an expanse of more than a mile.

But asked about the administration’s initial — and since retracted — explanation linking the violence to protests over an anti-Muslim video circulating on the Internet, one official said, « That was not our conclusion. »

He called it a question for « others » to answer, without specifying.

The officials spoke on condition of anonymity because they weren’t authorized to speak publicly on the matter, and provided no evidence that might suggest a case of spontaneous violence or angry protests that went too far.

The attack has become a major issue in the presidential campaign, featured prominently in Republican candidate Mitt Romney’s latest foreign policy address on Monday. He called it an example of Obama’s weakness in foreign policy matters, noting: « As the administration has finally conceded, these attacks were the deliberate work of terrorists. »

The administration counters that it has provided its best intelligence on the attack and that it refined its explanation as more information came to light. But five days after the attack, Obama’s ambassador to the United Nations, Susan Rice, gave a series of interviews saying the administration believed the violence was unplanned and that extremists with heavier weapons « hijacked » the protest and turned it into an outright attack.

She has since denied trying to mislead Congress, and a concurrent CIA memo that was obtained by The Associated Press cited intelligence suggesting the demonstrations in Benghazi « were spontaneously inspired by the protests at the U.S. Embassy in Cairo » and « evolved into a direct assault » on the diplomatic posts by « extremists. »

Alongside defining the nature of the Benghazi attack, Congress is looking into whether adequate security was in place.

According to an email obtained Tuesday by the AP, the top State Department security official in Libya told a congressional investigator that he had argued unsuccessfully for more security in the weeks before Ambassador Chris Stevens, a State Department computer specialist and two former Navy SEALs were killed. But department officials instead wanted to « normalize operations and reduce security resources, » he wrote.

Eric Nordstrom, who was the regional security officer in Libya, also referenced a State Department document detailing 230 security incidents in Libya between June 2011 and July 2012 that demonstrated the danger there to Americans.

Nordstrom is among the witnesses set to testify today before the House Oversight and Government Reform Committee. According to the panel’s chairman, Rep. Darrell Issa, R-Calif., and the head of a subcommittee, Rep. Jason Chaffetz, R-Utah, the State Department refused repeated requests to provide more security for U.S. diplomats in Libya.

« You will note that there were a number of incidents that targeted diplomatic missions and underscored the GoL’s (government of Libya) inability to secure and protect diplomatic missions, » Nordstrom’s email stated.

« This was a significant part of (the diplomatic) post’s and my argument for maintaining continued DS (diplomatic security) and DOD (Department of Defense) security assets into Sept/Oct. 2012; the GoL was overwhelmed and could not guarantee our protection.

« Sadly, that point was reaffirmed on Sept. 11, 2012, in Benghazi, » he added.

Nordstrom said the incidents demonstrated that security in Libya was fragile and could degrade quickly. He added that Libya was « certainly not an environment where (the diplomatic) post would be directed to ‘normalize’ operations and reduce security resources in accordance with an artificial time table. »

Nordstrom also said diplomats in Libya were told not to request an extension of a 16-member special operations military team that left in August, according to an official of the Oversight panel. The official was not authorized to discuss the matter publicly and thus spoke only on the condition of anonymity.

The State Department has said it never received a request to extend the military team beyond August, and added that its members were replaced with a security team that had the same skills.

Democrats on the Oversight committee were sharply critical of Issa, the chairman, calling his investigation « extremely partisan. »

« The chairman and his staff failed to consult with Democratic members prior to issuing public letters with unverified allegations, concealed witnesses and refused to make one hearing witness available to Democratic staff, withheld documents obtained by the committee during the investigation, and effectively excluded Democratic committee members from joining a poorly-planned congressional delegation to Libya, » a Democratic memo said.

It said in the previous two years, House Republicans voted to cut the Obama administration’s requests for embassy security by some $459 million.

The Democratic memo said Nordstrom told committee investigators that he sent two cables to State Department headquarters in March and July 2012 requesting additional diplomatic security agents for Benghazi, but that he received no responses.

He stated that Charlene Lamb, the deputy assistant secretary for international programs, wanted to keep the number of U.S. security personnel in Benghazi artificially low and that Lamb believed the Benghazi facilities did not need any diplomatic security special agents because there was a residential safe haven to fall back to in an emergency.

Issa had a phone conversation Monday with Secretary of State Hillary Rodham Clinton about the committee’s investigation.

The FBI is still investigating the attack. Clinton also has named a State Department review panel to look into the security arrangements in Libya.

Voir enfin:

Militant Link to Libya Attack

U.S. Tracks Egyptian Operative Freed From Prison in Wake of Arab Spring

Siobhan Gorman and Matt Bradley

The WSJ

October 1, 2012

The revolutions that swept the Middle East and North Africa also emptied prisons of militants, a problem now emerging as a potential new terrorist threat. Matt Bradley has details on The News Hub. Photo: Reuters.

Fighters linked to one freed militant, Muhammad Jamal Abu Ahmad, took part in the Sept. 11 attack on U.S. diplomatic outposts in Libya that killed four Americans, U.S. officials believe based on initial reports. Intelligence reports suggest that some of the attackers trained at camps he established in the Libyan Desert, a former U.S. official said.

Western officials say Mr. Ahmad has petitioned the chief of al Qaeda, to whom he has long ties, for permission to launch an al Qaeda affiliate and has secured financing from al Qaeda’s Yemeni wing.

U.S. spy agencies have been tracking Mr. Ahmad’s activities for several months. The Benghazi attacks gave a major boost to his prominence in their eyes.

Mr. Ahmad, although believed to be one of the most potent of the new militant operatives emerging from the chaos of the Arab Spring, isn’t the only one, according to Western officials. They say others are also trying to exploit weaknesses in newly established governments and develop a capacity for strikes that could go well beyond recent violent protests in Libya, Egypt and elsewhere.

The U.S. and its allies hoped the revolutions of last year would lead to a more stable, more democratic and more U.S.-friendly Middle East. That may still come to pass. But in the near term, they face a growing number of security threats—not only the violence around the release of an anti-Islamic video but also terrorist attacks in Egypt’s Sinai Peninsula and gains made in Yemen by al Qaeda’s affiliate there.

« A lot of people were exuberant that the Arab uprisings in countries like Libya would lead to democracy…as well as stability, » said Seth Jones, a counterterrorism specialist at the Rand Corp. think tank. But, he said, the resulting weak central governments are leaving room for terrorist leaders to operate.

The new threats are particularly relevant in light of the U.S. Consulate attack Sept. 11 in Benghazi, Libya. For days after the attack, intelligence officials and the Obama administration said it was likely the outgrowth of protests sparked by an anti-Islamic video made in the U.S.

Intelligence officials now believe the attack was carried out by local militants who were in contact with regional members of al Qaeda-affiliated groups, using the eruption of protests elsewhere as an opportunity to mount an assault on U.S. installations. That belated conclusion has raised questions about the adequacy of intelligence and security preparations at U.S. diplomatic posts abroad as they confront both old and newer risks.

Of the new militant operatives, Mr. Ahmad is among the most worrisome to Western officials. Thought to be about 45, he is a native of Cairo’s Shobra district, a densely populated, low-income neighborhood along the Nile that includes many Coptic Christians, said Barak Barfi of the New America Foundation, a Washington think tank, who recently interviewed several of Mr. Ahmad’s associates in Egypt.

According to Mr. Barfi, Mr. Ahmad attended college, studying either literature or commerce, and went to Afghanistan in the late 1980s. There, said his associates, he trained to make bombs.

On returning to Egypt in the 1990s, a former U.S. official said, Mr. Ahmad became head of the operational wing of Egyptian Islamic Jihad, which was then headed by Ayman al-Zawahiri, a physician who is now the chief of al Qaeda. Associates of Mr. Ahmad agree he was part of Egyptian Islamic Jihad but say he wasn’t among its leaders.

Many of that group’s fighters embraced a cease-fire with the government of former President Hosni Mubarak in 1997, but Mr. Ahmad earned a reputation as a hard-liner by rejecting it, according to Mr. Barfi.

« Unlike the organization’s leaders who have reconciled with the state and have eagerly embraced the democratic process, Mr. Ahmad and his cohorts reject any semblance of compromise with the state they have fought for decades, » Mr. Barfi said.

Former militants who knew Mr. Ahmad in an Egyptian prison, where he was locked up around 2000, describe a hardened inmate who showed belligerence toward the guards. While most prisoners submitted to random cell searches, Mr. Ahmad often refused to let guards remove items from his cell, the former inmates say.

He would start by preaching to the guards and escalate to shouted insults, said a former jihadi imprisoned with him starting in 2006. That often landed Mr. Ahmad in solitary confinement, in a roofless cell exposed to the elements. The guards sometimes let in dogs or insects to harass him, said the ex-jihadi.

Freed last year, Mr. Ahmad is building his own terror group, say Western officials, who call it the Jamal Network. They say he appears to be trying to tap former fellow inmates such as Murjan Salim, a man who, like Mr. Ahmad, has ties to al Qaeda’s Dr. Zawahiri. Former associates of Mr. Ahmad said Mr. Salim is directing aspiring jihadis to Mr. Ahmad’s camps in Libya.

In an interview in Cairo, Mr. Salim denied any connection to jihad, citing his physical limitations. He uses a wheelchair, a result, he said, of being wounded by U.S. soldiers in Afghanistan.

Also freed in Egypt last year was Mohammed al-Zawahiri, a brother of the al Qaeda leader. Mohammed al-Zawahiri backed a protest in Cairo three weeks ago but says he had no role in a later invasion of U.S. Embassy grounds.

U.S. officials believe he has helped Mr. Ahmad connect with the al Qaeda chief. In an interview, Mohammed al-Zawahiri denied that, saying that though imprisoned with Mr. Ahmad, he isn’t helping him. « These are all accusations without proof, » he said.

Mr. Zawahiri denied resuming past militant activities. « This is always what they say, » he said. « This is meant to scare us away from exercising our political rights. »

As for Mr. Ahmad, associates say he now lives in Libya. Western officials believe that besides financing through al Qaeda’s Yemeni wing, he has tapped into its system for smuggling fighters. At his camps, militants are believed to be training future suicide bombers, say current and former U.S. officials, who add that he has established limited links with jihadists in Europe.

U.S. officials working with Libyans to investigate the consulate assault in Benghazi have identified some of the attackers and believe some are associates of Mr. Ahmad. Also believed present were militants affiliated with other groups, including Ansar al Sharia, a local group, and al Qaeda in the Islamic Maghreb, which has origins in Algeria.

The Obama administration on Friday adjusted its assessment. « As we learned more about the attack, we revised our initial assessment to reflect new information indicating that it was a deliberate and organized terrorist attack carried out by extremists, » said a spokesman for the Director of National Intelligence. The latest thinking is that militants, after seeing the mayhem in Egypt, decided to use the opportunity to mount attacks they had done general planning for.

Mr. Barfi, based on his contacts with Ahmad associates in Egypt, said Mr. Ahmad has discussed attacking American targets in countries where the U.S. has a military presence. American officials said he doesn’t appear to pose a threat to the U.S. homeland but could be a threat to U.S. interests abroad.

How well he and other militants freed during the Arab Spring can take advantage of the security vacuums left by the overthrow of authoritarian regimes remains unknown, said one U.S. official, who noted that some have struggled to adapt to widespread change in the region.

—Adam Entous and Lara El Gibaly contributed to this article.

Stirrings of Militancy Since the Arab Spring

Feb., March 2011: Egypt frees militant prisoners.

April 2011: Ansar al Sharia in Tunisia is founded.

April 2011: Ansar al Sharia in Yemen, a unit of al Qaeda in the Arabian Peninsula, is formed.

Dec. 2011: Ansar al Jihad in the Sinai Peninsula is formed, pledges to « fulfill the oath » of Osama bin Laden.

June 2012: Bomb damages wall of U.S. Consulate in Benghazi, Libya.

Aug. 2012: Militants attack Egyptian security forces in Sinai.

Sept. 2012: Attacks on U.S. diplomatic posts in Benghazi kill ambassador and three other Americans (left). U.S. officials believe some attackers had links to a militant released from prison in Egypt last year.

Voir aussi:


Présidentielle américaine/2012: Mormonisation ou simple désobamisation? (Mormon moment or anything to get rid of Obama?)

16 octobre, 2012
Un sondage Quinnipiac indique que 36 % des citoyens se sentiraient « mal à l’aise » devant un président mormon. Contre 13 à 15 % seulement dans l’hypothèse d’un président catholique ou juif.
Les mormons ont finalement été acceptés en tant que citoyens « normaux » et présidentiables, au delà ou en dépit de leurs particularités. Rejoignant les catholiques, qui avaient attendu jusqu’en 1960 pour qu’un des leurs – John Kennedy – devienne président, les juifs, définitivement banalisés avec la candidature du sénateur Joe Liebermann à la vice-présidence, en 2000, ou les Noirs, adoubés avec Obama en 2008. La clé de cette normalisation ? Le comportement dans la vie quotidienne et dans la vie publique. En tant que mormons, les mormons sont « bizarres » : mais vu de l’extérieur, c’est le cas de toutes les religions. En tant que voisins, collègues, patrons, employés, électeurs, élus, ils ont en revanche appris, tout au long du XXe siècle, à être des Américains comme les autres. Et même un peu plus que les autres. Michel Gurfinkiel
Le mormonisme, comme d’autres églises nées lors du « Grand réveil chrétien », est un mouvement austère. En règle générale les mormons ne fument pas, ne prennent pas de drogue, ne boivent pas d’alcool, ni de caféine -et donc pas de sodas caféinés. On ne danse pas non plus sur les derniers tubes de hip-hop ou de rock and roll. Bref la vie dans l’Utah peut apparaitre austère pour le reste de la population américaine. (…) Néanmoins, le fait que la candidature de Mitt Romney soit viable prouve une certaine tolérance du peuple américain à l’égard du fait religieux. Elle renforce aussi l’image de l’église mormone comme faisant désormais partie de la norme des paysages religieux et politique du pays. S’il s’installe à la Maison-Blanche, ce serait un événement novateur sur le plan religieux, même s’il n’aurait pas pour autant tout à fait la même importance que l’élection de John Fitzgerald Kennedy, premier catholique à être élu président des Etats-Unis en 1960. Olivier Richomme
Plant Mormonism in any country on earth and pretty much the same results will occur. If successful, it will produce deeply moral individuals who serve a religious vision centered upon achievement in this life. They will aggressively pursue the most advanced education possible, understand their lives in terms of overcoming obstacles, and eagerly serve the surrounding society. The family will be of supernatural importance to them, as will planning and investing for future generations. They will be devoted to community, store and save as a hedge against future hardship, and they will esteem work as a religious calling. They will submit to civil government and hope to take positions within it. They will have advantages in this. Their beliefs and their lives in all-encompassing community will condition them to thrive in administrative systems and hierarchies—a critical key to success in the modern world. Ever oriented to a corporate life and destiny, they will prize belonging and unity over individuality and conflict every time. Stephen Mansfield
If Americans understood Mormonism a little better, they might begin to think of Romney’s faith as a feature, not a bug, in the Romney candidacy. If anything, Romney’s religion may be the best offset to the isolation from ordinary people imposed by his wealth. It was Romney’s faith that sent him knocking on doors as a missionary—even as his governor father campaigned for the presidency of the United States. It was Romney’s position as a Mormon lay leader that had him sitting at kitchen tables doing family budgets during weekends away from Bain Capital. It was Romney’s faith that led him and his sons to do chores together at home while his colleagues in the firm were buying themselves ostentatious toys. Maybe the most isolating thing about being rich in today’s America is the feeling of entitlement. Not since the 19th century have the wealthiest expressed so much certainty that they deserve what they have, even as their fellow citizens have less and less. To be a Mormon, on the other hand, is to feel perpetually uncertain of your place in America. It’s been a long time since the U.S. government waged war on the Mormons of the Utah Territory. Still, even today, Mormons are America’s most mockable minority. It’s hard to imagine a Broadway musical satirizing Jews, blacks, or gays. There is no Napoleon Dynamite about American Muslims. David Frum

Book of Mormon, Big love, Sister wives, Angels in America

A quand une comédie musicale vantant la promiscuité ou la paresse légendaires des noirs?

A la veille d’un nouveau débat crucial qui pourrait lui aussi puissamment contribuer à l’arrivée du premier président mormon à la Maison Blanche …

Mais après, pour les membres d’une religion à la fois méconnue mais intrinsèquement américaine, une longue histoire de discrimination (chasses à l’homme de l’Ohio et du Missouri, massacres d’Illinois, exil dans le désert de l’Utah, ou, plus politiquement correctement, les moqueries actuelles) avant, tout récemment, l’émergence politique (direction de la majorité démocrate au Sénat avec Harry Reid), médiatique, littéraire ou artistique (avec Glenn Beck, Stephen Covey, Stephenie Meyer ou Katherine Heigl) …

Retour, avec Michel Gurfinkiel, sur cette normalisation que représente l’entrée d »un des leurs …

Dans le club très fermé non seulement des  « présidentiables » mais désormais – qui peut encore en douter? – des « éligibles » …

Présidentialisation qui en dit cependant tout aussi long sur l’incroyable rejet ou déception que suscite de plus en plus un président qui, avec les dérives que l’on sait, nous avait été vendu comme un véritable messie …

USA/ Un mormon à la Maison Blanche ?

La religion mormone est « bizarre ». Mais les mormons sont bons voisins, bons collègues, bons citoyens. Ceci compense cela.

Michel Gurfinkiel

September 20 2012

Il y a désormais une chance sur deux pour que le prochain président des Etats-Unis soit un mormon : Mitt Romney, le candidat républicain, est à la fois un « mormon historique », issu d’une famille acquise à « l’Eglise des Saints des Derniers Jours » dès le XIXe siècle, et un « mormon engagé », qui a mis sans cesse ses talents au service de sa communauté. Il a même exercé les fonctions d’évêque, c’est-à-dire de dirigeant régional.

La plupart des Américains assurent qu’ils ne tiendront pas compte de cette appartenance religieuse au moment de voter. De même qu’ils n’ont pas tenu compte de la race d’Obama en 2008. Mais que valent ces affirmations « politiquement correctes » ? D’après un sondage Gallup, 5 % des Américains ne voteront en aucun cas pour un Noir ; le rejet atteint 6 % pour une femme, 7% pour un catholique, 9 % pour un juif, 10 % pour un Hispanique ; mais dans le cas d’un mormon, il atteint 22 %. Une enquête Pew donne un chiffre plus élevé encore : 25 %. Et un sondage Quinnipiac indique que 36 % des citoyens se sentiraient « mal à l’aise » devant un président mormon. Contre 13 à 15 % seulement dans l’hypothèse d’un président catholique ou juif.

Le mormonisme peut être considéré, à bien des égards, comme la religion américaine par excellence. Il est né aux Etats-Unis, voici près de deux cents ans. Ses livres saints – le Livre de Mormon, publié en 1830, censé être un « Troisième Testament » , mais aussi de nombreux autres textes mystiques publiés par la suite – ont été rédigés en anglais. Ses prophètes, Joseph Smith Jr. et Brigham Young, étaient américains. Sa ville sainte, Salt Lake City, se situe aux Etats-Unis. Et l’Utah, un Etat du Far West, constitue sa terre sainte.

Mais par ailleurs, le mormonisme a quelque chose de bizarre, sinon même de subversif. Il a longtemps pratiqué la polygamie. Jusqu’en 1890, il tentait de faire de l’Utat un Etat théocratique indépendant, en marge de l’Union américaine. Certaines de ses cérémonies religieuses se déroulent dans des temples majestueux – reconnaissables des flèches culminant à plus de cent mètres – mais fermés aux non-adeptes. L’Eglise est organisée de façon pyramidale ; les membres lui versent en principe 10 % de leurs revenus et lui doivent, à l’âge de vingt ans, deux années de « service religieux », d’apostolat, aux quatre coins du monde. Enfin, les mormons pratiquants s’abstiennent de toute substance excitante : drogue, ce qui ne saurait être blâmé, mais aussi alcool ou tabac …

Leur théologie ne suscite pas moins de questions. Les mormons se réclament de la Bible et de Jésus. Mais leurs livres saints prêchent une religion radicalement nouvelle, selon laquelle chaque être humain est appelé à devenir Dieu. Pour la plupart des prêtres et pasteurs américains, ils ne sont pas vraiment des chrétiens.

L’un dans l’autre, cependant, le parti républicain a fait de l’ « évêque » Romney son candidat. Dans la mesure où ses caciques ont les yeux fixés sur les simulations de vote, cela signifie que les mormons ont finalement été acceptés en tant que citoyens « normaux » et présidentiables, au delà ou en dépit de leurs particularités. Rejoignant les catholiques, qui avaient attendu jusqu’en 1960 pour qu’un des leurs – John Kennedy – devienne président, les juifs, définitivement banalisés avec la candidature du sénateur Joe Liebermann à la vice-présidence, en 2000, ou les Noirs, adoubés avec Obama en 2008.

La clé de cette normalisation ? Le comportement dans la vie quotidienne et dans la vie publique. En tant que mormons, les mormons sont « bizarres » : mais vu de l’extérieur, c’est le cas de toutes les religions. En tant que voisins, collègues, patrons, employés, électeurs, élus, ils ont en revanche appris, tout au long du XXe siècle, à être des Américains comme les autres. Et même un peu plus que les autres. L’une des raisons pour lesquelles, en ce début du XXIe siècle, Romney a été investi par le parti républicain, c’est que 74 % des mormons votent républicain.

Voir aussi:

EXTRAITS DE «LES MORMONS» D’ALAIN GILLETTE

La place de la question mormone dans l’élection américaine

Candidat dans la course à la Maison Blanche, Mitt Romney n’a jamais caché ses convictions et son attachement à sa religion : le mormonisme. Alain Gillette, dans « Les mormons : De la théocratie à Internet » (Desclée de Brouwer) nous éclaire sur une religion peu connue en Europe mais qui touche de plus en plus de personnes aux États-Unis. (Extraits 2/2).

Les mormons développent dans 185 pays leur Église de Jésus-Christ des saints du dernier jour, avec quelque 300 000 conversions annuelles. Leur prosélytisme très actif, la campagne de Mitt Romney dans la course à la Maison Blanche en 2012 et la construction de leur premier temple en France métropolitaine, réservé aux sacrements les plus élevés, traduisent ce dynamisme.

Des tables d’or que Dieu aurait confiées près de New York en 1820 à un jeune paysan, Joseph Smith, les mormons ont tiré une prodigieuse puissance financière et politique. La conquête théocratique de l’Ouest, la polygamie, une colossale entreprise généalogique pour baptiser les défunts, de vives controverses et l’impact profond d’Internet sur la stratégie de cette singulière Église comptent parmi les épisodes retracés ici, d’une incarnation religieuse et totalitaire du rêve américain.

Dans ce livre, sans parti pris ni complaisance, Alain Gillette nous aide à mieux connaître les mormons, notamment ceux des pays francophones, leur religion et leur impact sur la société américaine.

Extraits de Les mormons : De la théocratie à Internet d’Alain Gillette

Un sondage réalisé par PEW en novembre 2011[1] a conclu que :

– le facteur mormon allait jouer dans les élections primaires contre Romney, à l’époque talonné par Herman Cain et Newt Gingrich ; il l’a néanmoins emporté ;

– mais ce facteur ne devait pas jouer pour l’élection présidentielle elle-même, le clivage démocrate-républicain à propos de Barack Obama étant jugé si brutal qu’il estompe la question mormone ;

– 50 % des électeurs à travers les États-Unis disaient alors ne pas savoir grand-chose, voire rien du tout, du mormonisme, une baisse peu significative par rapport à 2007 (52 %) compte tenu de la marge d’erreur; 51 % (inchangé) considéraient que c’est une religion chrétienne, mais très différente de leur propre religion pour 65 % d’entre eux;

– sur ces bases, le facteur mormon jouerait aux primaires mais pas perceptiblement à l’élection présidentielle elle-même.

Pour ne pas être taxé d’anti-américanisme primaire, on peut citer deux universitaires américains, dont un mormon, pour qui « l’ironie est que les suspicions que le public américain continue à entretenir à propos des mormons – leur intolérance, leur homogénéité sociale, leur religion fondée sur des révélations continues – correspondent en réalité à l’intolérance religieuse et au manque de respect pour la diversité sociale aux États-Unis[2]».

Confronté à l’intolérance il y a un demi-siècle, John Kennedy a prouvé qu’il ne prenait pas d’ordres de l’autrement puissante Église catholique américaine (distance que sa vie privée confirmait…) ni ne soutenait le réseau diplomatique du Vatican ; et pourtant, la crainte perdure face à l’hypothèse d’un président Romney qui serait sous influence politique des Saints des derniers jours, et qui apporterait le soutien du Département d’État à leur œuvre missionnaire.

La peur de la différence demeure à l’œuvre. Des responsables et des sites évangélistes américains, dont certains proclament que « Joseph Smith était sans doute un cas psychiatrique ou un menteur », écrivent pourtant que le dialogue avec l’Église est devenu très souhaitable. Les sondages donnent à penser qu’ils sont minoritaires, une majorité de ces confessions demeurant sur ses gardes, voire doutant de surcroît que Mitt Romney soit un mormon parfaitement orthodoxe et rassurant en matière idéologique. Ses résultats aux élections primaires en auraient souffert dans les États où les Églises évangéliques sont influentes et où les attaques de ses adversaires républicains ont fait flèche de tous bois antimormons.

[1] . Sondage réalisé du 9 au 14 novembre 2011, 2001 adultes (marge d’erreur globale: 3%), Romney’s Mormon Faith Likely a Factor in Primaries, Not in a General Election,Washington, DC; PEW Research Center.

[2] Lee Trepanier et Lynita K. Newswander, op. cit., page 51.

Ancien journaliste à Europe 1, Alain Gillette, qui a vécu dans l’Utah, est un spécialiste de l’audit des politiques et des organisations publiques et internationales.

Les mormons : De la théocratie à Internet d’Alain Gillette, Desclée de Brouwer (27 septembre 2012)

Voir encore:

« Si Romney, mormon, est élu, ce serait novateur sur le plan religieux »

Primaires républicaines : Romney reprend la main

INTERVIEW – Mitt Romney, le favori à l’investiture républicaine, est mormon. Quelle est la place de cette église aux Etats-Unis ? Quelles en sont les valeurs ? Est-ce un handicap d’être mormon dans la campagne électorale ? Les réponses de TF1 News avec Olivier Richomme, professeur de civilisation américaine.

Olivier Richomme est maître de conférences en civilisation américaine à l’Université Lyon II. Il a écrit plusieurs livres sur les Etats-Unis. A paraître : Obama, président : quel bilan ? (Presses de Sciences Po).

TF1 News : Comment définir aujourd’hui les mormons américains ?

Olivier Richomme : Le nom complet de leur église étant l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, cela traduit un positionnement complexe vis-a-vis des églises chrétiennes. C’est une église un peu à la marge. De leur côté, ils se définissent comme des chrétiens issus du protestantisme. Mais les chrétiens les considèrent à part.

TF1 News : Pourquoi ?

O.R. : A l’instar de certains mouvements évangéliques apparus au 19e siècle lors du « Grand réveil chrétien », les mormons ont leur propre prophète, leur propre livre, en l’occurrence le « livre des mormons » au lieu de la bible. Même s’ils partagent la foi dans le Christ et des valeurs communes avec les autres chrétiens, certaines de leurs positions les placent en périphérie des groupes traditionnels. Ceux-ci les perçoivent donc essentiellement comme une « secte » -le mot n’ayant pas la même signification négative qu’en France- réfugiée dans l’Utah.

TF1 News : Quels sont les raisons de ce fossé ?

O.R. : Tout d’abord, comme nous venons de le voir, le fait qu’ils ne se basent pas sur la bible. Ensuite, vient le problème de la polygamie. Certes, après avoir été autorisée au début du mouvement, elle a été interdite dès la fin du 19e siècle -il est possible néanmoins qu’eller reste encore présente, de manière très marginale, dans les secteurs les plus reculés de l’Utah. Mais, surtout, dans la représentation que se font les chrétiens de l’Eglise mormone, ils gardent en tête qu’elle a été tolérée, voire encouragée, par le passé. A leurs yeux, les mormons d’aujourd’hui ne peuvent donc pas être de bons chrétiens. La croyance mormone que les Amérindiens sont les descendants des tribus perdues d’Israël n’arrange rien. Toutes ces petites choses différencient les mormons et expliquent l’anathème dont ils sont en partie victimes aux Etats-Unis de la part des chrétiens.

TF1 News : Quelles sont leurs principales valeurs ?

O.R. : Ils partagent les mêmes valeurs morales que les évangéliques, avec notamment l’opposition à l’avortement et au mariage homosexuel. Mais ils sont néanmoins soupçonnés d’être moins fermes, moins sincères en ce qui concerne l’adultère. Les évangéliques noirs les critiquent de leur côté en raison de la longue ségrégation de leur clergé.

Plus globalement, le mormonisme, comme d’autres églises nées lors du « Grand réveil chrétien », est un mouvement austère. En règle générale les mormons ne fument pas, ne prennent pas de drogue, ne boivent pas d’alcool, ni de caféine -et donc pas de sodas caféinés. On ne danse pas non plus sur les derniers tubes de hip-hop ou de rock and roll. Bref la vie dans l’Utah peut apparaitre austère pour le reste de la population américaine.

Enfin, selon l’interprétation de l’histoire d’Abraham qui aurait donné à Dieu 10% de son cheptel, les mormons donnent au moins 10% de leurs revenus à leur église. Selon eux, ce que l’on reçoit provient de Dieu, et il faut donc lui redonner. L’Eglise mormone (ndlr : six millions de membres aux Etats-Unis) est ainsi très riche.

TF1 News : Sur le plan politique, être mormon a-t-il un impact sur Mitt Romney dans la bataille présidentielle ?

O.R. : Pour les primaires, c’est gênant puisqu’il a du mal à gagner la confiance des évangéliques. Or il est déjà boudé par les conservateurs sociaux qui le jugent trop centriste puisqu’il a été gouverneur du Massachusetts, l’Etat probablement le plus à gauche du pays. Tout ceci pèse au niveau politique. Au Congrès, il ne peut par exemple compter sur l’appui que de quelques élus de l’Utah. Mais le choix étant limité, il devrait néanmoins l’emporter. Ensuite, cela devrait moins peser contre Barack Obama, même s’il aura toujours du mal à mobiliser la base des conservateurs sociaux et des évangéliques. Ils donneront moins, s’impliqueront moins dans la campagne et pourraient s’abstenir le jour de l’élection.

Néanmoins, le fait que la candidature de Mitt Romney soit viable prouve une certaine tolérance du peuple américain à l’égard du fait religieux. Elle renforce aussi l’image de l’église mormone comme faisant désormais partie de la norme des paysages religieux et politique du pays. S’il s’installe à la Maison-Blanche, ce serait un événement novateur sur le plan religieux, même s’il n’aurait pas pour autant tout à fait la même importance que l’élection de John Fitzgerald Kennedy, premier catholique à être élu président des Etats-Unis en 1960.

Avant le Nevada, Donald Trump rejoint Romney

Le magnat milliardaire du BTP et animateur de télé-réalité Donald Trump a affiché jeudi son soutien à Mitt Romney. « Mitt est coriace, il est intelligent, il est mordant. Il neva plus laisser toutes ces mauvaises choses se passer dans ce pays », a-t-il expliqué. Ce ralliement est considéré comme un soutien de poids pour l’ancien gouverneur du Massachusetts dans la course à l’investiture.

Celui-ci devrait confirmer son statut de favori avec la primaire du Nevada, qui aura lieu samedi. Déjà vainqueur dans cet Etat en 2008, il y devance largement dans les sondages son principal concurrent, Newt Gingrich.

Voir de plus:

It’s Mormon In America

Romney’s religion just might be his greatest asset.

David Frum

The Daily Beast

June 11, 2012

Voters are likely to know two things about Mitt Romney: that he’s rich and that he’s a Mormon. At the same time, more than one fifth of Americans tell pollsters they won’t vote for a Mormon for president. Yet if Americans understood Mormonism a little better, they might begin to think of Romney’s faith as a feature, not a bug, in the Romney candidacy. If anything, Romney’s religion may be the best offset to the isolation from ordinary people imposed by his wealth.

It was Romney’s faith that sent him knocking on doors as a missionary—even as his governor father campaigned for the presidency of the United States. It was Romney’s position as a Mormon lay leader that had him sitting at kitchen tables doing family budgets during weekends away from Bain Capital. It was Romney’s faith that led him and his sons to do chores together at home while his colleagues in the firm were buying themselves ostentatious toys.

Maybe the most isolating thing about being rich in today’s America is the feeling of entitlement. Not since the 19th century have the wealthiest expressed so much certainty that they deserve what they have, even as their fellow citizens have less and less.

To be a Mormon, on the other hand, is to feel perpetually uncertain of your place in America. It’s been a long time since the U.S. government waged war on the Mormons of the Utah Territory. Still, even today, Mormons are America’s most mockable minority. It’s hard to imagine a Broadway musical satirizing Jews, blacks, or gays. There is no Napoleon Dynamite about American Muslims.

This uncertainty about Mormonism’s status in America no doubt contributes to the ferocious work ethic typical of members of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints. Mormons are taught to be “anxiously engaged in a good cause,” in the words of Mormon scripture. Stephen Mansfield, the (non-Mormon) author of The Mormonizing of America, explains: “Mormons believe they are in life to pass tests set for them.” The passage of repeated tests leads to self-improvement, ultimately to the point of perfection. In the words of early Mormon leader Lorenzo Snow: “As man now is, God once was; as God now is, man may become.” From the point of view of Christian orthodoxy, that idea may be unsettling; as a spur to effort, it’s unrivaled.

Like their Calvinist forebears, Mormons are inclined to interpret economic success as an indicator of divine approval, a fulfillment of the Book of Mormon’s promise that the faithful will “prosper in the land.” This prosperity gospel may explain some of Romney’s defiant pride in his material success. Yet Romney’s attitude toward money seems also to have been shaped by the LDS church’s emphatic hostility to conspicuous consumption and lavish display.

According to his biographers Michael Kranish and Scott Helman, Romney was horrified when one of his Bain partners purchased himself a private plane. Yes, Romney bought a $55,000 car elevator. But for every story of a rich man’s extravagance, there are many more of Romney’s frugality: patched gloves, dented cars, and $25 haircuts.

If Romney’s attitude toward money is influenced by his church, so is his outlook on how money should be used to help those in need. Mitt and Ann Romney have donated millions to the LDS church, a substantial portion of which has gone to its own internal welfare state for members in need. Unlike government aid, those who receive LDS welfare are expected to “give back”; they contributed almost 900,000 person-days in 2011. Here may originate some of Romney’s skepticism about federal welfare programs.

Of course voters may also want to weigh some of Mormonism’s more worrisome features. Just as 19th-century Mormons found themselves in profound conflict with the United States over the issue of polygamy, so could the theologically grounded commitment of today’s LDS church to one-man-one-woman marriage place its members on a collision course with the 21st-century American mainstream, which increasingly accepts same-sex marriage.

And then there is the uniquely problematic character of Mormon scripture, which makes claims about people, events, and even whole civilizations for which there is no external evidence at all. Many Mormons maintain their faith by insisting that the best evidence of ultimate truth is found in a personal feeling that one’s beliefs are correct. As a businessman, Mitt Romney was a brutally realistic analyst. But on the most important questions in his life, he may have closed his mind to unwelcome facts.

Yet, all told, the influence of Mormonism on Mitt Romney’s attitude and outlook is far more positive than negative—and far more positive than millions of anti-Mormon voters seem to understand.

Voir aussi:

Mormons Rock!

They’ve conquered Broadway, talk radio, the U.S. Senate-and they may win the White House. Why Mitt Romney and 6 million Mormons have the secret to success.

Walter Kirn

Newsweek

June 5, 2011

« If you want to get the Mormon view of the extended Mormon moment… » The New York Times declared in an article Thursday, « there are few better places than this combination of a white-shirt pilgrimage to Mecca and a G-rated version of Bonnaroo. »

The setting described by the Times’ Peter Applebome is the Hill Cumorah Pageant, a big-budget production put on annually by the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints that tells the story of its sacred text, the Book of Mormon. The show, which is staged at the foot of the hill where Joseph Smith says he found ancient prophetic writings recorded on golden plates, draws thousands of Latter-day Saint viewers from across the world each summer. The show is drawing national attention this year partly because of another popular – albeit significantly less G-rated – Mormon-themed musical on Broadway. That production’s success, along with the presidential campaigns of two LDS candidates, have shed an unusually bright spotlight on the Mormon community, a phenomenon Newsweek examined in its June 13-20 cover story, below.

Say what you will about him, but Mitt Romney doesn’t do, or not do, anything by accident. Take June 2, when the former Massachusetts governor traveled to a quaint farm in Stratham, N.H., to “announce” his foregone conclusion of a 2012 presidential campaign. Romney has to overcome several mountainous challenges before capturing the Republican nomination, and so he spent most of the day trying to reduce them to molehills. To thaw his icy persona, Romney passed out his “famous” family chili and surrounded himself with bales of hay. To account for his moderate governing record, he reminded listeners that the Bay State legislature was “over 85 percent Democrat.” And to soften concerns about “Romneycare,” he admitted it was “not perfect,” then repeated his mantra about it being “a state solution for a state problem.”

But there was one challenge—a challenge that could alienate the kind of Republicans who vote in early primary states such as Iowa and South Carolina—that Romney didn’t address: his Mormon faith.

No question the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints is “having a moment.” Not only is Romney running again—this time, he’s likely to be competing against his distant Mormon cousin Jon Huntsman Jr. The Senate, meanwhile, is led by Mormon Harry Reid. Beyond the Beltway, the Twilight vampire novels of Mormon Stephenie Meyer sell tens of millions of copies, Mormon convert Glenn Beck inspires daily devotion and outrage with his radio show, and HBO generated lots of attention with the Big Love finale. Even Broadway has gotten in on the act, giving us The Book of Mormon, a big-budget musical about Mormon missionaries by South Park creators Trey Parker and Matt Stone and Avenue Q writer Robert Lopez that, with 14 nominations, is expected to clean up at the Tony Awards on June 12.

But despite the sudden proliferation of Mormons in the mainstream, Mormonism itself isn’t any closer to gaining mainstream acceptance. And nowhere is the gap between increased exposure and actual progress more pronounced than in politics. In recent weeks NEWSWEEK called every one of the 15 Mormons currently serving in the U.S. Congress to ask if they would be willing to discuss their faith; the only politicians who agreed to speak on the record were the four who represent districts with substantial Mormon populations. The rest were “private about their faith,” or “politicians first and Mormons second,” according to their spokespeople.

The evasiveness extends even to presidential candidates. In late 2007 Romney traveled to Texas A&M to soothe evangelicals with a speech that downplayed the distinctiveness of Mormonism. “It’s important to recognize that while differences in theology exist between the churches in America,” he said, “we share a common creed of moral convictions.” Since then, Romney has rarely commented on the subject.

The more moderate Huntsman, meanwhile, has repeatedly deflected attention from his Mormon roots, telling NEWSWEEK in December that religious issues “don’t matter” and that the LDS church doesn’t have a monopoly on his spiritual life. He and his wife “draw from a lot of sources for inspiration,” he said. “I was raised a Mormon, Mary Kaye was raised Episcopalian, our kids have gone to Catholic school, I went to a Lutheran school growing up in Los Angeles. I have [an adopted] daughter from India who has a very distinct Hindu tradition, one that we would celebrate during Diwali. So you kind of bind all this together.”

One could argue that Romney and Huntsman, like their Mormon colleagues in Congress, are right to take religion off the table; after all, many politicians are all too eager to exploit it. But ignoring voters’ concerns about the Mormon faith won’t make them go away—and by trying, Romney and Huntsman may miss an unprecedented opportunity to dispel misconceptions, blunt biases, and make real progress. A new Pew poll finds that nearly a quarter of respondents would be less likely to vote for a Mormon presidential candidate. And then there’s the independent anti-Mormon ad mentioning polygamy that helped sink Matt Salmon’s bid for the Arizona governorship in 2002. “A lot of people still don’t completely understand what we [Mormons] believe,” Salmon tells NEWSWEEK. “In the voting booth, they will use whatever factor they can.”

In a vacuum, some people will inevitably conclude that Mormonism is too weird for mainstream America. But just because Romney and Huntsman aren’t making the case for their faith doesn’t mean there isn’t a case to be made. The pro-Mormon argument doesn’t have anything to do with the quirkier aspects of the sect’s history and practices (special underpants, magic spectacles); the accouterments of any religion can seem wacky when scrutinized in the public square. Instead, it centers on the distinctive values and characteristics that have come to define Mormons outside the church walls—in their communities, in their careers, and in the culture at large. Those inclined to think of Mormons as a band of zealots bent on amending the Constitution to outlaw cappuccino may never be convinced. But the rest of us might benefit from hearing the country’s most prominent and influential Mormons tell the truth about their faith: that the distinctiveness of the Mormons is actually the secret of their success.

Mormonism’s astonishing growth from its founding 181 years ago in upstate New York to its current status as the fourth-largest religious denomination in America, with just over 6 million members domestically and about 14 million worldwide, has been fueled by a ferocious underdog energy derived from an experience of brutal persecution. The hostility was largely a reaction to the new religion’s long list of unusual beliefs and practices. Mormonism’s founder, the self-declared prophet Joseph Smith, claimed to have translated a new work of scripture (the Book of Mormon) from text written on golden plates he found buried in the ground. The book told the story of an ancient Israelite civilization in the Americas, including a post-resurrection visit from Jesus Christ. Many other revelations followed, including the most notorious of all: the one advocating “plural marriage,” or polygamy.

The sect’s unusual beliefs, like the wives of its leaders, multiplied rapidly, provoking opposition everywhere the Mormons turned. First they were chased from Ohio, then from Missouri, where Gov. Lilburn W. Boggs, fearing the church’s opposition to slavery as much as its embrace of polygamy, declared that “the Mormons must be treated as enemies, and must be exterminated or driven from the state, if necessary, for the public good.” The expulsion from Missouri led to Illinois, where Smith and his brother Hyrum were murdered at the hands of a mob on June 27, 1844.

The sect might have perished then and there had Brigham Young not stepped in to succeed Smith, leading its members on a grueling 1,300-mile exodus from the boundaries of the United States to the barren desert south of the Great Salt Lake. Even after the church officially abandoned the practice of polygamy in 1890, opening the door to statehood for Utah, Mormons remained very much on the cultural and religious margins.

Today the legacy of that marginalization continues to mark the Mormon outlook on the world. “As somebody who grew up in Utah,” says Dave Checketts, the Mormon former CEO of Madison Square Garden, “I always felt like there was a little bit of a chip on the shoulder. We feel like we’re really good citizens, good people, and misunderstood.” Social and cultural insecurity has also served as a goad to Mormon productivity and achievement. “If you look back at the church’s longtime history,” notes Checketts, “there’s evidence of a certain level of diligence and hard work and a will to overcome adversity.”

The desire to avoid asking for assistance from non–Mormons has also influenced the church’s structure, which requires nearly every member to contribute to the common cause. Mormons worship together for hours on Sundays, perform spiritual and economic outreach to members of the Mormon community, and pay a tithe (one 10th of their income) to the church. Some spend additional hours performing secretive rituals and sacraments (including vicarious baptism for the non-Mormon dead) in specially consecrated temples. In an age of spiritual consumerism, when many people regard religion as a therapeutic lifestyle aid, faith is often expected to serve the individual. For Mormons, it’s the other way around.

The result is an organization that resembles a sanctified multinational corporation—the General Electric of American religion, with global ambitions and an estimated net worth of $30 billion. The church runs and finances one of the largest private universities in the country (Brigham Young University). Many members serve two-year missions abroad for the church, acquiring fluency in foreign languages (and foreign cultures) along the way. (Mitt Romney learned French on his mission to France, while Jon Huntsman picked up Mandarin Chinese in Taiwan.) More than many other faiths, the Mormon church prepares its members to engage intelligently with the broader culture and the wider world.

But the roots of Mormonism’s distinctiveness go beyond the church’s history and organizational structure. They go all the way down to some of the church’s unique theological doctrines. The Mormons believe, for example, in “eternal progression,” which means both that God himself was once a human being and that we can follow his example to evolve into gods ourselves. This progression toward ever-higher stages of divine perfection extends beyond death, continuing into the afterlife.

For Kim Clark, a Mormon and former dean of the Harvard Business School, this doctrine explains a lot about the church’s drive toward economic and educational achievement. “Your whole eternal identity as a person is defined by eternal progression,” says Clark. “We know that…there will be opportunities to grow and learn and become like our heavenly father, to do what he does. That’s a very powerful thing.”

Theological commitments also influence the way members of the Mormon church engage in politics. Members vote Republican in overwhelming numbers. (The McCain-Palin ticket carried heavily Mormon Utah with 63 percent of the vote.) It’s hardly surprising that support for low taxes and a minimum of government regulation would appeal to a community that once endured severe government-sponsored oppression. Congressman Jeff Flake (R-Ariz.) sees an even deeper connection between his faith and his economic and political views. According to Mormon tradition, God and Satan fought a “war in heaven” over the question of moral agency, with God on the side of personal liberty and Satan seeking to enslave mankind. Flake acknowledges that the theme of freedom—and the threat of losing it—runs through much of Mormonism, and “that kind of fits my philosophy.” (Although Senate Majority Leader Harry Reid has declared, “I am a Democrat because I’m a Mormon, not in spite of it,” his is a minority view among members of the faith.)

On social issues, many Mormons enthusiastically take part in what evangelical activist (and former Nixon accomplice) Charles Colson calls the “ecumenism of the trenches”—the practice of conservative Protestants, Catholics, and Mormons toiling side by side as allies in the culture war against secular liberalism. Still, the differences, and tensions, among the groups are real and deep, and not only because Mormons think of their religion as a “restoration” of genuine Christianity after an 1,800-year apostasy that produced both Catholic and Protestant forms of the faith. The church goes far beyond its comrades in the culture war in holding that an ideal marriage—one between a man and a woman, undertaken as a sacrament in a Mormon temple—is forever binding, with marital vows, and procreation, extending into eternity. This view of marriage motivates some of the church’s most controversial public stands—the most recent being its backing of Proposition 8, the California ballot initiative to prohibit same-sex marriage.

Taken to an extreme, the peculiarities of Mormon history and belief can lead to the antigovernment conspiracy theorizing of Glenn Beck and the John Birch Society, which enjoyed support in Mormon circles during the 1950s and ’60s. But the same constellation of views can lead toward -consensus-building moderation. Think of Mitt Romney’s stint as governor of liberal Massachusetts, when he championed health-care reform. Jon Huntsman showed similar instincts when he accepted President Obama’s nomination to serve as U.S. ambassador to China. In the words of Kirk Jowers, director of the University of Utah’s Hinckley Institute of Politics and a practicing Mormon, Romney and Huntsman are typical of what happens when prominent members of the church spend time “in environments where Mormonism is simply not a part of the everyday equation.” They blend in.

And therein lies the paradox of Mormonism in America today. Consider the TV and Internet ad campaign recently started by the church: a range of people describe their everyday lives and finish up with the phrase “And I’m a Mormon.” Church spokesman Michael Purdy describes the ads as an attempt to downplay Mormon “otherness.” The message: Mormons are just like everyone else.

Except that they’re not. And it is their distinctiveness that is influencing the broader culture. David Neeleman, the Mormon founder and former CEO of JetBlue Airways, brought lessons from his church to his company, donating most of his salary to a fund for needy employees and regularly shedding his suit and tie for a flight attendant’s uniform. Management guru Stephen Covey has sold millions of books translating core elements of the upstanding, upwardly striving Mormon outlook into a method for becoming a “highly effective” person. Stephenie Meyer’s extraordinarily popular Twilight novels and films give vampires a Mormon makeover, with a lead character, Edward Cullen, serving as a sexy model of moral purity and chastity. And the list goes on

Politics—the field with perhaps the greatest potential to change how most Americans view Mormons—has yet to catch up. But while national figures such as Romney and Huntsman are still reluctant to highlight their Mormon faith, other politicians are starting to see their Mormonism as a selling point. Matt Salmon is one of them. After losing to Janet Napolitano in 2002, partly because of that independent polygamy ad, Salmon, a former congressman, retreated from public life for a while. “They put signs up beneath my signs saying ‘Don’t Vote Mormon,’?” he recalls. “If you did that with any other religion, you’d be crucified.” But now Salmon has decided to run in 2012 for his old congressional seat—and he’s refusing to “hide” from his heritage. “Our Mormonism is fundamental to who we are, whether in business, politics, or our daily activities,” he says. “I’ve come to the conclusion that I love to serve and would love to serve again. But if I have to shade over who I am and what I really believe and how I think to be successful, then I don’t want to be successful.”

With McKay Coppins, Andrew Romano, and David A. Graham

Voir enfin:

Excerpt from The Mormonizing of America, by Stephen Mansfield

by TNB Nonfiction

LOS ANGELES

14 August 2012

There are nearly seven million Mormons in America. This is the number the Mormons themselves use. It’s not huge. Seven million is barely 2 percent of the country’s population. It is the number of people who subscribe to Better Homes and Gardens magazine. London boasts seven million people. So does San Francisco. It’s a million more people than live in the state of Washington; a million less than in the state of Virginia. It’s so few, it’s the same number as were watching the January 24, 2012, Republican debate.

In fact, worldwide, there are only about fourteen million Mormons. That’s fourteen million among a global population just reaching seven billion. Fourteen million is the population of Cairo or Mali or Guatemala. It’s approximately the number of people who tune in for the latest hit show on network television every week. Fourteen million Americans ate Thanksgiving dinner in a restaurant in 2011. That’s how few fourteen million is.

Yet in the first decade or so of the new millennium, some members of the American media discovered the Mormons and began covering them as though the Latter-day Saints had just landed from Mars. It was as though Utah was about to invade the rest of the country. It was all because of politics and pop culture, of course. Mitt Romney and John Huntsman were in pursuit of the White House. Glenn Beck was among the nation’s most controversial news commentators. Stephenie Meyer had written the astonishingly popular Twilight series about vampires. Matt Stone and Trey Parker had created the edgy South Park cartoon series—which included a much- discussed episode about Mormons—and then went on to create the blatantly blasphemous and Saint-bashing Broadway play The Book of Mormon. It has become one of the most successful productions in American theater history.

Meanwhile, more than a dozen Mormons sat in the US Congress, among them Harry Reid, the Senate Majority Leader. Mormons led JetBlue, American Express, Marriott, Novell, Deloitte and Touche, Diebold, and Eastman Kodak. Management guru Stephen Covey made millions telling them how to lead even better. There were Mormons commanding battalions of US troops and Mormons running major US universities. There were so many famous Mormons, in fact, that huge websites were launched just to keep up with it all. Notables ranged from movie stars like Katherine Heigl to professional athletes to country music stars like Gary Allan to reality television contestants and even to serial killers like Glenn Helzer, whose attorney argued that the Saints made him the monster he was. The media graciously reminded the public that Mormon criminals were nothing new, though: Butch Cassidy of Butch Cassidy and the Sundance Kid fame was also a Mormon, they reported.

Most media coverage treated this “Mormon Moment” as though it was just that: the surprising and unrelated appearance of dozens of Mormons on the national stage—for a moment. More than a few commentators predicted it would all pass quickly. This new Mormon visibility would lead to new scrutiny, they said, and once the nation got reacquainted with tales of “holy underwear” and multiple wives and Jewish Indians and demonized African Americans and a book printed on gold plates buried in upstate New York, it would all go quiet again and stay that way for a generation. In the meantime, reruns of HBO’s Big Love and The Learning Channel’s Sister Wives would make sure Mormon themes didn’t die out completely.

What most commentators did not understand was that their “Mormon Moment” was more than a moment, more than an accident, and more than a matter of pop culture and fame alone. The reality was—and is—that the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints has reached critical mass. It is not simply that a startling number of Mormons have found their way onto America’s flat-screen TVs and so brought visibility to their religion. It is that the Church of Jesus Christ of Latter- day Saints has reached sufficient numbers—and has so permeated every level of American society on the strength of its religious value—that prominent politicians, authors, athletes, actors, newscasters, and even murderers are the natural result, in some cases even the intended result. Visible, influential Mormons aren’t outliers or exceptions. They are fruit of the organic growth of their religion.

In 1950, there were just over a million Mormons in the world. Most of these were located in the Intermountain West of the United States, a region of almost lunar landscape between the Rocky Mountains to the East and the Cascades and Sierra Nevada Mountains to the West. The religion was still thought of as odd by most Americans. There had been famous Mormons like the occasional US Senator or war hero, but these were few and far between. There had even been a 1940 Hollywood movie entitled Brigham Young that told the story of the Saints’ mid-1800s trek from Illinois to the region of the Great Salt Lake. Its producers worked hard to strain out nearly every possible religious theme, a nod to the increasingly secular American public. Though it starred heavyweights like Vincent Price and Tyrone Power, the movie failed miserably, even in Utah. Especially in Utah.

Then, in 1951, a man named David O. McKay became the “First President” of the Latter-day Saints and inaugurated a new era. He was the Colonel Harlan Sanders of Mormonism. He often wore white suits, had an infectious laugh, and under- stood the need to appeal to the world outside the Church. It was refreshing. Most LDS presidents had either been polygamist oddballs or stodgy old men in the eyes of the American public. McKay was more savvy, more media aware. He became so popular that film legend Cecil B. DeMille asked him to consult on the now classic movie The Ten Commandments.

Empowered by his personal popularity and by his sense that an opportune moment had come, McKay began refashioning the Church’s image. He also began sharpening its focus. His famous challenge to his followers was, “Every Member a Missionary!” And the faithful got busy. It only helped that Ezra Taft Benson, a future Church president, was serving as the nation’s secretary of agriculture under President Eisehower. This brought respectability. It also helped that George Romney was the revered CEO of American Motors Corporation and that he would go on to be the governor of Michigan, a candidate for president of the United States, and finally a member of Richard Nixon’s cabinet. This hinted at increasing power. The 1950s were good for Mormons.

Then came the 1960s. Like most religions, the LDS took a beating from the counterculture movement, but by the 1970s they were again on the rise. There was the Mormon Tabernacle Choir, a symbol of Americana when Americana was under siege. There was Mormon Donny Osmond’s smile and Mormon Marie Osmond’s everything and the three-year run of network television’s Donny and Marie in the late 1970s that made words like family, clean, talented, patriotic, and even cute outshine some of the less-endearing labels laid upon the Saints through the years. New labels joined new symbols. A massive, otherworldly, 160,000-square-foot Temple just north of Washington, DC, was dedicated in the 1970s, a symbol of LDS power and permanence for the nation to behold. Always there was the “Every Member a Missionary!” vision beating in each Saintly heart.

By 1984, the dynamics of LDS growth were so fine-tuned that influential sociologist Rodney Stark made the mind- blowing prediction that the Latter-day Saints would have no fewer than 64 million members and perhaps as many as 267 million by 2080.3 It must have seemed possible in those days. In the following ten years, LDS membership exploded from 4.4 million to 11 million. This may be why in 1998 the Southern Baptist Convention held its annual meeting in Salt Lake City. The Mormons—a misguided cult in the view of most traditional Christians, most Baptists in particular—had to be stopped.

They weren’t. Four years after the Baptists besieged Temple Square, the Winter Olympic Games came to Salt Lake City. This was in 2002 and it is hard to exaggerate what this meant to the Latter-day Saints. A gifted Mormon leader, Mitt Romney, rescued the games after a disastrous bidding scandal. A sparkling Mormon city hosted the games. Happy, handsome all-American Mormons attended each event, waving constantly to the cameras and appearing to be—in the word repeatedly used by the press at the time—“normal.”

The LDS Church capitalized on it all. It sent volunteers, missionaries, and publicists scurrying to every venue. It hosted grand events for the world press. It made sure that every visitor received a brochure offering an LDS guided tour of the city. Visitors from around the world read these words: “No other place in America has a story to tell like that of Salt Lake City—a sanctuary founded by religious refugees from within the United States’ own borders. And none can tell that story better than the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints.”

Largely unchallenged, the Mormon narrative prevailed.

What followed was the decade of the new millennium we have already surveyed. Mormons seemed to be everywhere, seemed to be exceptional in nearly every arena, seemed to have moved beyond acceptance by American culture to domination of American culture. At least this was what some feared at the time.

But Mormons did not dominate the country. Far from it. Remember that they were not even 2 percent of the nation’s population as of 2012. True, they were visible and successful, well educated and well spoken, patriotic and ever willing to serve. Yet what they had achieved was not domination. It was not a conspiracy either, as some alleged. It was not anything approaching a takeover or even the hope for a takeove

Few observers seemed to be able to explain how this new level of LDS prominence in American society came about. They reached for the usual answers trotted out to account for such occurrences: birth rates, Ronald Reagan’s deification of traditional values, the economic boom of the late twentieth century, a more liberal and broadminded society, even the dumbing down of America through television and failing schools. Each of these explanations was found wanting.

the Mormon Machine

The truth lay within Mormonism itself. What the Saints had achieved in the United States was what Mormonism, unfettered and well led, will nearly always produce. This was the real story behind the much-touted “Mormon Moment.” The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints had risen to unexpected heights in American society because the Mormon religion creates what can benevolently be called a Mormon Machine— a system of individual empowerment, family investment, local church (ward and stake level) leadership, priesthood government, prophetic enduement, Temple sacraments, and sacrificial financial endowment of the holy Mormon cause.

Plant Mormonism in any country on earth and pretty much the same results will occur. If successful, it will produce deeply moral individuals who serve a religious vision centered upon achievement in this life. They will aggressively pursue the most advanced education possible, understand their lives in terms of overcoming obstacles, and eagerly serve the surrounding society. The family will be of supernatural importance to them, as will planning and investing for future generations. They will be devoted to community, store and save as a hedge against future hardship, and they will esteem work as a religious calling. They will submit to civil government and hope to take positions within it. They will have advantages in this. Their beliefs and their lives in all-encompassing community will condition them to thrive in administrative systems and hierarchies—a critical key to success in the modern world. Ever oriented to a corporate life and destiny, they will prize belonging and unity over individuality and conflict every time.

These hallmark values and behaviors—the habits that distinguish Mormons in the minds of millions of Americans— grow naturally from Mormon doctrine. They are also the values and behaviors of successful people. Observers who think of the religion as a cult—in the Jim Jones sense that a single, dynamic leader controls a larger body of devotees through fear, lies, and manipulation—usually fail to see this. Mormon doctrine is inviting, the community it produces enveloping and elevating, the lifestyle it encourages empowering in nearly every sense. Success, visibility, prosperity, and influence follow. This is the engine of the Mormon ascent. It is what has attracted so many millions, and it is the mechanism of the Latter-day Saints’ impact upon American society and the world.

Mormons make achievement through organizational management a religious virtue. It leads to prosperity, visibility, and power. It should come as no surprise, then, that an American can turn on the evening news after a day of work and find one report about two Mormon presidential candidates, another story about a Mormon finalist on American Idol, an examination of the controversial views of a leading Mormon news commentator, a sports story about what a Mormon lineman does with his “Temple garments” in the NFL, and a celebration of how Mormons respond to crises like Katrina and the BP oil spill, all by a “Where Are They Now?” segment about Gladys Knight, minus the Pips, who has become—of course—a Mormon.

Mormons rise in this life because it is what their religion calls for. Achieving. Progressing. Learning. Forward, upward motion. This is the lifeblood of earthly Mormonism. Management, leadership, and organizing are the essential skills of the faith. It is no wonder that Mormons have grown so rapidly and reached such stellar heights in American culture. And there is much more to come.

The Mormonizing of America by Stephen Mansfield, © 2012. Published by Worthy Publishing, a division of Worthy Media, Inc., Brentwood, TN.

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STEPHEN MANSIFELD is the New York Times best-selling author of more than a dozen books, including The Faith of George W. Bush and The Faith of Barack Obama. He is also a popular lecturer and speaker. His latest book, The Mormonizing of America, has already begun shaping the religious discussion surrounding the 2012 presidential race.


Présidentielle américaine/2012: Clown ou comédien? (Looking back at Biden’s disconcerting sacrifice hit)

14 octobre, 2012
Le rire est la seule forme socialement acceptable de catharsis. Par conséquent, toutes sortes de rires qui n’ont rien à voir avec le rire sont confondues avec lui: le rire de politesse, le rire sophistiqué, le rire mondain. Tous ces faux rires accroissent souvent la tension qu’ils sont censés soulager et, naturellement, ne s’accompagnent pas de manifestations authentiques et involontaires comme les larmes. Toutes ces manifestations ont la même fonction que les larmes puisque le corps agit comme s’il avait quelque chose de concret à expulser. (…) Les conditions du rire sont (…) contradictoires. Il faut que la menace soit à la fois écrasante et nulle. (…) Naturellement, le meilleur moyen de remplir ces deux conditions contradictoires, c’est de nous fournir de vraies victimes sacrificielles. N’importe quel clown ou comédien au fait de son métier sait parfaitement que les gens riront à ses propres dépens ou aux dépens d’une tierce personne. René Girard (La voix méconnue du réel, 2002)
Chez certains singes, quand un mâle se reconnaît battu par un rival et renonce à la femelle qu’il lui disputait, il se met, vis à vis de ce vainqueur, en position, nous dit-on, d’ « offre homosexuelle ». René Girard
 Le processus d’imitation est limité chez les singes, et c’est souvent dangereux pour eux d’imiter. Giaccomo Rizzolatti
When two rhesus macaques are trapped together in a small cage, they try everything they can to avoid a fight. . . . To avoid immediate aggression, and to reduce stress, an act of communication is needed to break the ice and make it clear to the other monkey that no harm is intended (or expected). Macaque monkeys bare their teeth to communicate fear and friendly intentions. If this « bared-teeth display »–the evolutionary precursor to the human smile–is well received, it can function as a prelude to grooming. One monkey brushes and cleans the other’s fur, gently massaging the skin while picking and eating parasites. This act can both relax and appease the other monkey, virtually eliminating the chance of an attack. So, if you are a rhesus macaque and find yourself trapped in a small cage with another macaque, you know what to do: bare your teeth and start grooming. If you are a human and find yourself riding in an elevator with a stranger, in theory you could do the same thing (or the human equivalent thereof): smile and make small talk. Dario Maestripieri (University of Chicago)
Les amis, suivez votre instinct. Joe Biden

Pilier de comptoir ou génial humoriste?

Clown de la classe ou brillant stratège?

Rires systématiques, sourires narquois, grimaces surjouées, interruptions constantes, y a-t-il un geste ou une clownerie que le vice-président américain Joe Biden n’aura pas fait lors de son débat avec le candidat vice-président républicain Paul Ryan pour tenter de ré-energiser sa base et sortir son colistier du trou qu’il s’était lui-même creusé après la véritable débacle démocrate du premier débat présidentiel?

Mais si, entre les constants appels à la solidarité de classe pour sa base et le mépris condescendant vis à vis de son adversaire, le vice-président a souvent réussi à neutraliser son opposant en l’empêchant de trouver son rythme, il n’est pas sûr que la cible critique des indécis ait apprecié, lors des questions sérieuses du débat sur la mort récente de quatre diplomates américains en Libye ou la bombe iranienne, une attitude aussi cavalière …

Et que soient retenus, derrière cette invraisemblable accumulation de singeries, les quelques points gagnants qu’il aurait pu faire passer, notamment sur la contradiction d’un Ryan critiquant le plan de relance mais écrivant personnellement au vice-président pour en avoir sa part ou l’évident manque de solutions de rechange du ticket Romney-Ryan concernant l’Iran …

Mais surtout, comment ne pas voir, derrière tant la quasi-égalité des sondages que les cris de victoire appuyés des tenants du camp démocrate ou l’indignation un peu surjouée du camp républicain (du moins pour ceux qui ne regardaient pas les matches de football ou de baseball ce soir-là), l’embarras des uns et des autres devant l’incongruité d’une performance où, entre lard et cochon, on n’aura décidément jamais bien su aux dépens de qui l’on était censé rire?

Dr. Strangelaugh

Or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Iranian Bomb.

James Taranto

The WSJ

October 12, 2012

« Rudeness is the weak man’s imitation of strength, » the longshoreman cum philosopher Eric Hoffer once observed. Hoffer died in 1983, so he probably wasn’t referring specifically to Joe Biden’s performance in last night’s debate. Still, the observation is fitting.

In addition to the vice president’s boorishness, a lot of observers noted that he frequently smiled and chuckled at inappropriate times–even during a discussion of Iran’s pursuit of nuclear weapons. The Republican National Committee quickly put out an ad consisting of nearly a minute of such clips followed by the caption: « Vice President Biden is laughing . . . Are you? » If Biden finds himself out of work in January, he may have a career ahead of him as a Fixodent pitchman.

So what’s with Dr. Strangelaugh? Let’s ask an evolutionary biologist. In « Games Primates Play: The Undercover Investigation of the Evolution and Economics of Human Relationships, » Dario Maestripieri of the University of Chicago writes:

When two rhesus macaques are trapped together in a small cage, they try everything they can to avoid a fight. . . . To avoid immediate aggression, and to reduce stress, an act of communication is needed to break the ice and make it clear to the other monkey that no harm is intended (or expected). Macaque monkeys bare their teeth to communicate fear and friendly intentions. If this « bared-teeth display »–the evolutionary precursor to the human smile–is well received, it can function as a prelude to grooming. One monkey brushes and cleans the other’s fur, gently massaging the skin while picking and eating parasites. This act can both relax and appease the other monkey, virtually eliminating the chance of an attack.

So, if you are a rhesus macaque and find yourself trapped in a small cage with another macaque, you know what to do: bare your teeth and start grooming. If you are a human and find yourself riding in an elevator with a stranger, in theory you could do the same thing (or the human equivalent thereof): smile and make small talk.

A smile is an instinctive gesture of submission. Often the submission is mutual, as when two friends exchange smiles or when Maestripieri’s strangers break into small talk on the elevator. But when a man uncontrollably smiles at a potential or actual adversary, it is a show of weakness.

That isn’t necessarily to say that Paul Ryan dominated Biden, although there is no question Ryan demonstrated self-control where Biden utterly lacked it. As some commentator or other (probably several of them) observed before the debate, Biden’s assigned task was to « right the ship » after the Barack Obama disaster. Since the ship has a titanic design flaw–a gaping O-shaped hole right in the hull–that was an impossible task. Biden had ample reason to find the situation intimidating.

And so he overcompensated for his weakness by acting the bully in an attempt to dominate Ryan. His behavior was not only consistent with Hoffer’s aphorism but in sharp contrast with that of Mitt Romney, who actually did dominate Obama in a coolly masterful way. If Biden’s rudeness was an imitation of strength, Romney’s poise was a display of the real thing.

The left’s Angry Birds found Biden’s performance gratifying, but independents like blogress Ann Althouse, a swing-state 2008 Obama voter, were put off:

That debate was so annoying! Some of the CNN commentators are talking about how Biden did what he came to do, to fire up the Democrats. « This was not for the independents, » says Van Jones. Okay, well, but independents were watching, and Biden was horribly rude. He created this disturbing atmosphere of anxiety.

Again, that last point seems to us a misreading. The « atmosphere of anxiety » was the result of Obama having stunk up the place with his awful performances last week and during the past 45 months. Biden probably could not have done any better unless he suddenly developed a regard for his own dignity.

Mediaite.com reports that even Tom Brokaw said it was inappropriate for Biden to laugh during the discussion of Iran, whose president has vowed to exterminate Israel. Reader Taylor Dinerman, a journalist who specializes in aerospace (and who also knows National Review’s Rich Lowry), argues that Biden’s pooh-poohing of Iran’s developing nuclear capability was dangerously fatuous:

The worst part of the debate and the part that I wish Ryan had been able to counter was when Biden started in on the « They don’t have a bomb to put (the fissile material) into. »

This is outrageous. The hard part of building a nuclear weapon is to get the fissile material, bomb designs are a dime a dozen and anyone who has access to a copy of the Progressive Magazine from the 1970s when they published a bomb design they had dug up from some documents that were found in the Los Alamos public library can build one.

The A.Q. Khan design has long been available to them including any refinements the North Koreans have made.

Making a warhead that can fit on a missile may be harder, but building a basic nuclear weapon that could be put on an airliner or a ship is easy once you have the material.

Doesn’t seem so funny now, does it?

Even when poor Biden tried to be witty, he failed. The Associated Press reports that « the two catchiest phrases of the night » were « bunch of malarkey » and « bunch of stuff. » Oh yeah? Well, the stuff store called, and they’re running out of you!

At one point, Ryan observed that « Jack Kennedy lowered tax rates [and] increased growth. » Biden replied: « Oh, now you’re Jack Kennedy? » Oh, now he’s Lloyd Bentsen?

(For our younger readers, Lloyd Bentsen was slightly famous in the olden days for not having become vice president.)

The oddest moment of the night came after Ryan detailed ObamaCare’s cuts in Medicare, including the establishment of the Independent Payment Advisory Board. The IPAB is popularly known as the « death panel, » but Ryan did not use that phrase; he simply referred to « this new ObamaCare board. »

Joe Biden, however, called it by its popular name: « You know, I heard that death panel argument from Sarah Palin. It seems every vice presidential debate I hear this kind of stuff about panels. »

Actually, there was no mention of death panels in the 2008 vice presidential debate; the subject didn’t come up until the following year, when President Obama was pushing ObamaCare. Why would Biden use a term that people on his side claim is false and invidious? Like his compulsive smiling, it’s a tell: He has absorbed the idea that his political side has a monopoly on Truth and all dissenters are either fools or knaves. He thought he was ridiculing Palin, but she gets the last laugh. He has helped to propagate her idea instead.

 Voir aussi:

Why Joe Biden’s Laugh is the Most Devastating Political Weapon of the 2012 Election

Juli Weiner

Vanity Fair

October 12 2012

Joe Biden is earning rave reviews for his electricfying performance in last night’s vice-presidential debate. Vanity Fair’s own Todd Purdum wrote that Biden “was priest to Paul Ryan’s flummoxed altar boy, Scoutmaster to Ryan’s nervous, tongue-tied knot-tier. His smile veered—yes—between amused and condescending, depending on the honey or vinegar with which he referred to Ryan as ‘my friend.’” But can you blame Ryan for being so off his game? Self-satisfied smirking was sort of his Thing!

But the smirking was but a prelude to the snickering. Basically every time that Ryan said something, about anything, Biden looked down and giggled to himself, sometimes simultaneously scribbling down notes (“<– hate u paul”), sometimes not. New York magazine has a fine summary of the controversy surrounding the chuckle: “On Twitter Piers Morgan deemed Biden’s laugh ‘infectious,’ and after weathering the last week many liberals seemed happy to have something to smile about. Unsurprisingly, right-leaning Tweeters weren’t amused by Biden’s suggestion that everything Paul Ryan said in the debate was absurd.”

But this particular style of laughing—i.e., its specific aesthetic qualities—was what made it so universally, perhaps even subconsciously, persuasive. We think New York is correct that it is an implicit suggestion “that everything Paul Ryan said in the debate was absurd,” but the laugh was equal parts bemusement as it was conspiratorial. It was a laugh that also implicitly suggested that the audience—the intelligent, informed, rational, beautiful, amazing-taste-in-music-having, weight-losing audience—was in on the joke. It was not an arrogant laugh; at no point did Biden seem condescending to anyone but Paul Ryan. It makes sense that Morgan called it “infectious.” Every laugh was an audience-participation question: “Can you believe this guy?”

No one wants to say that he or she doesn’t get what’s so funny. Everyone wants to be in on every joke. Human nature is as steady as Paul Ryan’s tie is wide.

Voir encore:

Biden’s Constant Debate Laughter Was Either Delightful or Totally Disrespectful

Margaret Hartmann and Sarah Frank

New York magazine

10/11/12

Even someone who watched the vice-presidential debate on mute could tell that Joe Biden’s debating style is wildly different from that of his boss. President Obama mainly displayed two looks at last week’s debate: blankly staring at Mitt Romney while answering questions and looking down while feverishly taking notes (apparently he was told there would be a quiz later). Biden on the other hand, showed off a wide variety of expressions: shaking his head in disbelief, raising his eyebrows incredulously, and laughing a lot. Minutes after the debate was over, @LaughinJoeBiden had already picked up thousands of followers.

On Twitter Piers Morgan deemed Biden’s laugh « infectious, » and after weathering the last week many liberals seemed happy to have something to smile about. Unsurprisingly, right-leaning Tweeters weren’t amused by Biden’s suggestion that everything Paul Ryan said in the debate was absurd. Expect to see the two takes on Biden’s laughter showcased in competing campaign ads.

Chris Rock @chrisrockoz

Joe Biden’s Laugh: « This little nerd is funny! » #vpdebates

12 Oct 12

Tahir Jetter @tahirtweets

Joe Biden shares that laugh that Denzel employs before he throat punches someone

12 Oct 12

Saul Anuzis @sanuzis

Biden condecending « smile » and « laugh » on the double screen can NOT be serving him well. Arrogance is NOT a strength. #vpdebate

12 Oct 12

Ben Greenman @bengreenman

Biden should laugh a little less. Which isn’t to say that Ryan’s answers aren’t laughable.

12 Oct 12

Chris Rock @chrisrockoz

RT if you’re laughing every time you see Biden laugh. He’s putting me in a good mood. I’m happier than I was an hour ago. Thanks Joe! #debate

12 Oct 12

Bernard Goldberg @BernardGoldberg

Gore sighed and it cost him. He came off as annoying. Biden can’t stop that condescending laugh. Bad optics.

12 Oct 12

Piers Morgan

@piersmorgan

Biden’s smirk is infectious. I’m starting to laugh too. Maybe this is a deliberate cunning strategy. #PMTdebate

12 Oct 12

Jason Hawes

@Jchawes

Trying to figure out if Biden’s lit or he just likes to sit & laugh a lot. He prob shouldn’t have had that brownie prior.😉

12 Oct 12

Dane Cook

@DaneCook

Biden just got a endorsement deal for Polident. #VPdebate

12 Oct 12

@indecision

If this keeps up much longer, Joe Biden’s going to sprain his laugh muscles. #vpdebate

12 Oct 12

Nicholas Thompson @nxthompson

Joe Biden: a combination of Bill Clinton and a very hungry hyena.

12 Oct 12

BUST Magazine @bust_magazine

Prediction: « Biden » becomes a verb tomorrow. As in, « man, you totally bidened that guy! You ripped him a new one while smiling! »

12 Oct 12

Here’s a look at Biden in action:


Nouvelles technologies: Décidément, on ne se méfiera jamais assez de Google! (Google plays Big Brother again)

13 octobre, 2012
SarooMangeons et réjouissons-nous; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé. Jésus (Luc 15: 23-24)
Que vous en semble? Si un homme a cent brebis, et que l’une d’elles s’égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes, pour aller chercher celle qui s’est égarée? Et, s’il la trouve, je vous le dis en vérité, elle lui cause plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées.De même, ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu’il se perde un seul de ces petits. Jésus (Matt 18: 12-14)
La joie dans mon cœur était aussi profonde que l’océan. Fatima

Décidément, on ne se méfiera jamais assez de Google!

25 ans après, il retrouve sa famille grâce à Google Earth

Gary Assouline

12/10/2012

Saroo Brierley, un Australien d’adoption a retrouvé sa famille dont il avait perdu la trace en Inde quand il avait 5 ans. Son histoire pourrait faire l’objet d’un film.

«Par où commencer?» C’est la question que s’est posée Saroo Brierley, quand il a décidé de rassembler ses souvenirs pour retrouver ses origines, après vingt-cinq ans de mystères. Adopté par une famille australienne, l’enfant d’origine indienne devenu un jeune adulte a retrouvé son village et sa famille grâce à Google Earth, raconte Vanity Fair.

Au début des années 1990, Saroo a 5 ans lorsqu’il part avec son frère Guddu, de quatre ans son aîné, pour ramasser les pièces de monnaie tombées dans les trains de sa région. Comme à chaque fois qu’ils partent à l’aventure mendier dans les wagons, les deux frères prennent toujours les mêmes itinéraires. Mais un jour, épuisé par leur quête, le plus jeune s’endort pendant que l’autre continue sa collecte. En se réveillant, il a perdu la trace de son grand frère et s’égare en partant à sa recherche.

Illettré et ne sachant pas compter, Saroo ne connaît pas non plus le nom de sa ville, ni de sa région ni même son nom de famille. Après avoir pris plusieurs trains en espérant se rapprocher de chez lui, l’enfant parcourt plus de 1500 kilomètres et atteint Calcutta, capitale de l’État du Bengale-Occidental, en Inde. Accueilli par une association et adopté par un couple d’Australiens, Saroo prend l’avion pour la première fois et atterri en Tasmanie, île du sud de l’Australie.

Dix ans d’enquête

Quinze ans plus tard, diplômé et intégré à la société australienne, le jeune homme est pris d’envie de retrouver ses racines. Il lance alors Google Earth, et pointe son curseur vers l’Inde. Il ne se souvient que d’une gare, d’un barrage et d’une cascade, d’une fontaine, d’un grand pont et d’un grand complexe industriel. Mais, traumatisé par l’immensité de la carte de l’Inde, il laisse tomber et ne reprendra ses recherches que trois ans plus tard. Après sept années d’enquête supplémentaires, Saroo réussit enfin son pari en poussant sa réflexion: il multiplie le nombre d’heures durant lesquelles il était resté endormi dans le train avec la vitesse de croisière d’un train de l’époque et réussi à réduire la zone de recherche à 1200 kilomètres de diamètre.

En remontant la voie ferrée sur les images satellites, il tombe sur un pont près d’une usine bordant une rivière, précisément là où il avait perdu son frère. «J’ai eu un choc», explique Saroo. Il retrouve finalement son village en repérant une fontaine où il s’était blessé vingt-cinq ans plus tôt. Un événement qui l’avait marqué. «Ganesh Talai, c’est donc le nom de mon village».

Encouragé par sa famille adoptive, Saroo décolle en février 2010 en direction de l’Inde, à la recherche de ses proches. «J’en suis arrivé à pleurer tellement les flash-back étaient puissants», raconte-t-il. Arrivé à Ganesh Talai, il passe devant des lieux familiers et tombe sur une habitation faite de briques de boue avec un toit d’étain: c’est sa maison. Sans dire un mot, une femme, sa mère biologique s’approche vers lui et le serre dans ses bras. «La joie dans mon cœur était aussi profonde que l’océan», explique-t-elle. Saroo retrouve ainsi sa petite sœur Shekila, son frère Kullu, mais pas son aîné Guddu, retrouvé un mois après sa disparition, le corps coupé en deux sur une voie ferrée.

Saroo est resté 11 jours près des siens pour rattraper le temps perdu. Il leur a promis de leur envoyer chaque mois 100 dollars pour compenser leurs faibles revenus. Soulagé, il est reparti en Australie en sachant que ni sa mère ni son frère ne l’avaient abandonné. Originale, son histoire intéresserait déjà éditeurs et producteurs de films, selon la BBC.

 Voir aussi:

A Home at the End of Google Earth

Separated from his older brother at a train station, five-year-old Saroo Munshi Khan found himself lost in the slums of Calcutta. Nearly 20 years later, living in Australia, he began a painstaking search for his birth home, using ingenuity, hazy memories, and Google Earth.

David Kushner

Vanity Fair

November 2012

It was just a small river flowing over a dam, but to five-year-old Saroo Munshi Khan it felt like a waterfall. He played barefoot under the downpour as trains passed nearby. When night fell, he would walk a couple miles home.

Home was a tiny mud-brick house with a tin roof. He lived there with his mother, Kamala, who worked long hours carrying bricks and cement, two older brothers, Guddu and Kullu, and a younger sister, Shekila. His father, Munshi, had abandoned the family two years earlier. Guddu, then aged nine, had assumed his role as the man of the house. Guddu spent his days searching passenger trains for fallen coins. Sometimes he didn’t return for days. On one occasion, he was arrested for loitering at the train station.

One day, Guddu took Saroo on a road he’d never seen before, to a factory where Guddu had heard that they might be able to steal eggs. As the boys made their way out of the coop—holding their shirts like hammocks, full of eggs—two security guards came after them, and they were separated.

Saroo was illiterate. He couldn’t count to 10. He didn’t know the name of the town he lived in or his family’s surname. But he had a keen sense of direction and paid attention to his surroundings. He retraced the journey in his mind, and his feet followed—through the dusty streets, turning past the cows and the cars, a right here near the fountain, a left there by the dam—until he stood panting at his doorstep. He was out of breath and nearly out of eggs, so many had cracked and oozed through his shirt. But he was home.

The Separation

Saroo began venturing farther away from home, confident that he could always retrace his steps. He’d fly kites with the neighborhood kids, fetch kindling from the woods, or go to the market to watch for scraps as the butchers cut up goat meat. One afternoon, he fell and split his forehead on a rock after being chased by one of the town’s many feral dogs; another day, he cut his leg deeply while climbing over a fence near a fountain.

Early one evening, Guddu agreed to take his little brother to the railway station to search the compartments for change. Saroo rode for 30 minutes on the back of his brother’s rickety bicycle. The two got on a train to Burhanpur, about two hours away, and began scouring the floorboards for money as the train pulled away. The conductor never bothered them. Though he only found peanut shells, Saroo was happy just to be with his favorite brother.

By the time they hopped off the train at Burhanpur, Saroo felt exhausted and told his brother he needed to nap before they caught the next train back. Guddu took his hand and led him to a bench. “I’m just going to go off and do something,” Guddu told him. “Stay here. Don’t go anywhere.” But when Saroo woke up later that night, his brother was gone. Groggy and dazed, he wandered onto a waiting passenger train, assuming that Guddu must have been waiting for him inside. There were only a few people in the carriage, but Saroo figured his brother would find him soon enough, so he settled back to sleep.

When he woke, sunlight was streaming through the windows and the train was moving quickly through the countryside. Saroo had no idea how long he had been asleep and jumped up from his seat. There was no one else in the carriage, and, outside, the blurred grasslands were unrecognizable. “Bhaiya!” Saroo screamed, the Hindi word for brother. “Guddu!” But there was no response. Unable to move to another carriage while the train was in motion, Saroo ran back and forth through the car, calling for his brother, to no avail. He had no food, no money, and no idea how far he had gone or was going. “It was a lot like being in a prison, a captive,” he recalled, “and I was just crying and crying.”

Saroo had to wait a few more hours before the train arrived at the next stop. The five-year-old—who had never ventured unaccompanied beyond his small town—was now wandering alone through a bustling train station. He couldn’t read the signs on the platform. Desperately, he ran up to strangers pleading for help, but no one spoke Hindi. “They ignored me because they couldn’t understand me,” he recalled.

Saroo eventually climbed onto another train, hoping it might lead him home, but it led him to another strange town. With night falling he rode back to the busy train station. Saroo saw what seemed to be a sea of homeless men, women, and children. He passed corpses as well. He didn’t know it at the time, but he had ended up in Calcutta’s main train station. Fearful and confused, Saroo curled under a row of seats and went to sleep.

On the Streets

For the next week or so, Saroo traveled in and out of Calcutta by train, hoping to end up back at his hometown—but only found himself in other strange places, cities and towns he didn’t know or recognize. He subsisted on whatever he could beg from strangers or find in the trash. Finally, after one last fruitless trip on a train, Saroo gave up and stepped back into the Calcutta train station, his new home.

While he was crossing the train tracks, a man approached him, wanting to know what Saroo was up to. “I want to go back to Burhanpur,” he told the man—the only city name he knew. “Can you help me?”

The man told him he lived close by. “Why don’t you come with me?” he said. “I’ll give you some food, shelter, and water.”

Saroo followed him to his tin hut, where he was given a simple meal of dhal, rice, and water. “It felt good because I had something in my stomach,” Saroo recalled. The man gave him a place to sleep and the next day told him that a friend was going to come over and help him find his family. On the third day, while the man was at work, the friend showed up. Saroo told him he looked like the famous Indian cricket player Kapil Dev. “A lot of people tell me that,” the friend replied in Hindi. Then he told Saroo to come lie next to him in bed.

As the friend peppered Saroo with questions about his family and hometown, Saroo began to worry. “All of a sudden, being close to him the way I was started to give me a sick kind of feeling,” he recalled. “I just thought, This isn’t right.” Fortunately lunchtime was approaching, and the other man returned just in time for Saroo to plan his escape. After finishing his egg curry, Saroo slowly washed the dishes, waiting for the right moment to make a run for it. When the men went for a cigarette, Saroo ran out the door as fast as he could. He ran for what seemed like 30 minutes, darting down side streets, ignoring the sharp rocks that jabbed his bare feet.

Finally out of breath, he sat down for a break. Up the road he saw the two men approaching, along with two or three others. Saroo crouched in a shadowy alleyway, praying that the men would pass without noticing him—which they eventually did.

After Saroo had been living on the streets for a few weeks, a kind man who spoke a little Hindi took pity on him and gave him shelter for three days. Unsure of what to do next, he took Saroo to a local prison, thinking that he’d be safest there. The next day Saroo was transferred to a juvenile home—a common endpoint for vagrant and criminal youth. “The things around there were sort of horrific,” Saroo recalled. “You saw kids with no arms, no legs, deformed faces.”

The Indian Society for Sponsorship and Adoption (issa), a nonprofit child-welfare group, paid regular visits to the home looking for children fit for adoption. Saroo was deemed a good candidate, and after no one responded to his description and photo in an issa missing-children bulletin, he was added to the adoption list. Transferred to an orphanage, Saroo was cleaned up and taught how to eat with a knife and fork instead of his hands so that he’d be better suited for Western parents. Then one day he was handed a little red photo album. “This is your new family,” he was told. “They will love you, and they will take care of you.”

Saroo flipped through the album. There was a photo of a smiling white couple; the woman had red curly hair, and the man, slightly balding, wore a sport coat and tie. He saw a photo of a red-brick home with the same man waving on the front porch near a flower bed. An administrator translated the English text accompanying each photo. “This is the house that will be our home, and how your father will welcome you home,” read a caption underneath the picture. Saroo flipped the page and saw a postcard of a Qantas airplane in the sky. “This plane will take you to Australia,” read the caption.

Saroo had never heard of Australia. But in his six months away from home, he had come to realize that he couldn’t find his way back after all. “Here’s a new opportunity,” he recalled thinking. “Am I willing to accept it or not? And I said to myself, I’ll accept this, and I’ll accept them as my new family.”

A New Start

Saroo could say only a few words in English when he arrived in Hobart, a scenic harbor in Tasmania, an island off the southeastern tip of Australia, and one of them was “Cadbury.” Cadbury had a famous chocolate factory near Hobart; on meeting his parents, Saroo, who had never tasted chocolate before, was clutching a big melted piece.

John and Sue Brierley were an earnest couple with charitable ideals who, though they were probably biologically capable of bearing children, chose to adopt a lost Indian child as a way of giving back to the world. “There are so many kids around that need a home,” John said, “so we thought, Well, this is what we will do.”

The Brierleys had started their own company around the time that Saroo joined their family. They also owned a boat and would take their new son sailing along the Tasman Sea, where he learned to swim. Saroo would return to their air-conditioned house—his bedroom with a stuffed koala, a sailboat bedspread, and a map of India on the wall—as if he were living someone else’s life. “I kept on looking over to them to make sure this is all real,” he recalled, “to make sure, you know, that they’re here and this is not a dream.”

Despite the shock of the new lifestyle, Saroo adjusted, picking up the language as well as an Aussie accent. Though there were few Indians in Tasmania, he grew into a popular teenager; he was athletic and always had a girlfriend. His family expanded when his parents adopted another boy from India five years later. But, privately, he was haunted by the mystery of his past. “Even though I was with people I trusted, my new family, I still wanted to know how my family is: Will I ever see them again? Is my brother still alive? Can I see my mother’s face once again?” he recalled. “I would go to sleep and a picture of my mum would come in my head.”

In 2009, having graduated from college, Saroo was living with a friend in the center of Hobart and working on the Web site for his parents’ company. Recovering from an ugly breakup, he was drinking and partying more than usual. After years of ignoring his past, it finally came crashing back—the desire to find his roots, and himself.

That’s when he went to his laptop and launched Google Earth, the virtual globe made from satellite imagery and aerial photography. With a few clicks, anyone could get a bird’s-eye view of cities and streets on the computer screen. “I was flying over India on Google Earth just like Superman,” he recalled, “trying to zoom in on every town that I saw.”

As the tiny trees and trains blurred on his screen, he had a moment of pause and wondered: would he find his home using Google Earth? It certainly seemed like a crazy idea. He didn’t have even a vague notion of where in the vast country he had been raised.

All he had was a laptop and some hazy memories, but Saroo was going to try.

The Search Begins

But finding his hometown and his family presented more challenges than anything he’d ever tackled before; he hadn’t been home since he was five and didn’t know the name of the town where he was born. He tried looking for the city where he’d fallen asleep on the train, but he no longer remembered any Hindi, and the names on the map swam before him: Brahmapur, Badarpur, Baruipur, Bharatpur—a seemingly endless string of similar-sounding names. He could muster only a few landmarks to look for on Google Earth: there was the train station, the dam that flowed like a waterfall after the monsoons, and the fountain where he had cut himself climbing over the fence. He also remembered seeing a bridge and a large industrial tank near the more distant station where he was separated from his brother. As he saw the mass of India glowing on his screen, the question was: Where to start?

He began in the most logical way he could imagine: by following the train tracks out of Calcutta, to “find the breadcrumbs,” as he later put it, that would lead him back home. The tracks led away from the city like a spiderweb, crisscrossing the country. After weeks of fruitlessly following the tracks, Saroo would get frustrated and periodically give up the search.

About three years later, however, he became determined to pinpoint his birthplace. It happened just after he met his girlfriend Lisa, who as it happened had a fast Internet connection at her apartment. Late one night at her place, Saroo launched the program and marveled at its new speed and clarity. “Everyone says, What is meant to be is meant to be. But I don’t believe it,” he later said. “If there’s a means, there’s a way. It’s somewhere there, and if you give up now you’ll always be thinking later on, on your deathbed: Why didn’t I keep trying or at least put more effort into it?”

Rather than searching haphazardly, he realized, he needed to narrow down his range. Drawing from an applied-mathematics course he had taken in college, Saroo reconceived the problem like a question on a standardized test. If he had fallen asleep on the train in the early evening and arrived the next morning in Calcutta, 12 hours had probably passed. If he knew how fast his train was going, he could multiply the speed by the time and determine the rough distance that he had traveled—and search Google Earth locations within that area.

Saroo used Facebook and MySpace to contact four Indian friends he knew from college. He asked them to ask their parents how fast trains traveled in India in the 1980s. Saroo took the average speed—80 kilometers per hour—and, crunching the numbers, determined that he must have boarded the train roughly 960 kilometers from Calcutta.

With the satellite image of India on his screen, he opened an editing program and began slowly drawing a circle with a radius of roughly 960 kilometers, with Calcutta at its center, creating a perimeter within which to search. Then he realized he could narrow it down even further, eliminating the regions that didn’t speak Hindi and those with cold climates. At times in his life, he had been told that his facial structure resembled people from East India, so he decided to focus largely on that part of the circle.

But there were still dozens of twisting tracks to follow, and Saroo began spending hours a night on the trail. He’d fly over India on Google Earth for as much as six hours at a time, sometimes until three or four a.m. He hadn’t yet told his girlfriend or parents what he was doing, partly because he had no idea what, if anything, he might find. “I’d be wondering, you know, What’s he doing?” Lisa recalled. “Come to bed,” she’d say. “You’ve got to be up to work tomorrow morning,” referring to his job at his parents’ company.

Around one a.m. one night, Saroo finally saw something familiar: a bridge next to a large industrial tank by a train station. After months, researching and narrowing his range, Saroo focused in on the outer end of the radius, which was on the west side of India: “Somewhere I never thought to give much attention,” he later said. His heart racing, he zoomed around the screen to find the name of the town and read “Burhanpur.” “I had a shock,” he recalled. This was it, the name of the station where he was separated from his brother that day, a couple hours from his home. Saroo scrolled up the train track looking for the next station. He flew over trees and rooftops, buildings and fields, until he came to the next depot, and his eyes fell on a river beside it—a river that flowed over a dam like a waterfall.

Saroo felt dizzy, but he wasn’t finished yet. He needed to prove to himself that this was really it, that he had found his home. So, he put himself back into the body of the barefoot five-year-old boy under the waterfall: “I said to myself, Well, if you think this is the place, then I want you to prove to yourself that you can make your way back from where the dam is to the city center.”

Saroo moved his cursor over the streets on-screen: a left here, a right there, until he arrived at the heart of the town—and the satellite image of a fountain, the same fountain where he had scarred his leg climbing over the fence 25 years before.

Saroo stumbled to bed at two a.m., too overwhelmed to continue or even look at the name of the town on his screen. He woke five hours later wondering if it had all been a dream. “I think I found my hometown,” he told Lisa, who groggily followed him to his computer to see what he’d found. “I thought to myself, You know, is this real or is it a mirage in the sand?”

The name of the town was Khandwa. Saroo went to YouTube, searching for videos of the town. He found one immediately, and marveled as he watched a train roll through the same station he had departed from with his brother so long ago. Then he took to Facebook, where he found a group called “ ‘Khandwa’ My Home Town.” “can anyone help me,” he typed, leaving a message for the group. “i think im from Khandwa. i havent seen or been back to the place for 24 years. Just wandering if there is a big foutain near the Cinema?”

That night he logged back on to find a response from the page’s administrator. “well we cant tell u exactly . . . . . ,” the administrator replied. “there is a garden near cinema but the fountain is not that much Big.. n the cinema is closed form years.. wel we will try to update some pics . . hope u will recollect some thing … ” Encouraged, Saroo soon posted another question for the group. He had a faint memory of the name of his neighborhood in Khandwa and wanted confirmation. “Can anyone tell me, the name of the town or suburb on the top right hand side of Khandwa? I think it starts with G . . . . . . . . not sure how you spell it, but i think it goes like this (Gunesttellay)? The town is Muslim one side and Hindus on the other which was 24 years ago but might be different now.”

“Ganesh Talai,” the administrator later replied.

Saroo posted one more message to the Facebook group. “Thankyou!” he wrote. “Thats it!! whats quickest way to get to Khandwa if i was flying to India?”

The Homecoming

On February 10, 2012, Saroo was looking down on India again—not from Google Earth this time, but from an airplane. The closer the trees below appeared, the more flashbacks of his youth popped into his mind. “I just almost came to the point of getting to tears because those flashes were so extreme,” he recalled.

Though his adoptive father, John, had encouraged Saroo to pursue his quest, his mother was concerned about what he might find. Sue feared that Saroo’s memories of how he went missing may not have been as accurate as he believed. Perhaps his family had sent the boy away on purpose, so that they would have one less mouth to feed. “We knew that this happened quite a lot,” Sue later said, despite Saroo’s insistence that this couldn’t have been the case. “Saroo was quite definite about it,” she went on, “but we did wonder.”

For a moment at the airport, he was hesitant to board the plane. But this was a journey he was determined to complete. He had never really thought about what he would ask his mother if he saw her, but he now knew what he would say: “Did you look for me?”

Tired and drained 20-odd hours later, he was in the back of a taxi pulling into Khandwa. It was a far cry from Hobart. The dusty street teemed with people in flowing dhotis and burkas. Wild dogs and pigs roamed near barefoot children. Saroo found himself at the Khandwa train station, the very platform where he had left with his brother, 25 years before.

The rest of the journey he would undertake on foot. Slinging his backpack over his shoulder, Saroo stood by the station and closed his eyes for a few moments, telling himself to find his path home.

With every step, it felt like two films overlaying, his wispy memories from his childhood and the vital reality now. He passed the café where he used to work selling chai tea. He passed the fountain where he had cut his leg, now run-down and much smaller than he remembered. But despite the familiar landmarks, the town had changed enough that he began to doubt himself.

At last, he found himself standing in front of a familiar mud-brick house with a tin roof.

Saroo felt frozen as memories flickered before him like holograms. He saw himself as a child playing with his kite here during the day with his brother, sleeping outside to escape the heat of summer nights, curled up safely against his mother, looking up at the stars. He didn’t know how long he stood there, but eventually his reverie was broken by a short Indian woman. She held a baby and began speaking to him in a language he could no longer speak or understand.

“Saroo,” he said in his thick Aussie accent, pointing to himself. The town had rarely seen foreigners, and Saroo, dressed in a hoodie and Asics sneakers, seemed lost. He pointed to the house and recited the names of his family members. “Kamala,” he said. “Guddu. Kullu. Shekila.” He showed her the picture of himself as a boy, repeating his name. “These people don’t live here anymore,” she finally said in broken English.

Saroo’s heart sank. Oh my God, he thought, assuming they must be dead. Soon another curious neighbor wandered over, and Saroo repeated his list of names, showing him his picture. Nothing. Another man took the picture from him and examined it for a moment and told Saroo he would be right back.

A few minutes later, the man returned and handed it back to him. “I will take you now to your mother,” the man said. “It’s O.K. Come with me.”

“I didn’t know what to believe,” Saroo remembers thinking. In a daze, he followed the man around the corner; a few seconds later, he found himself in front of a mud-brick house where three women in colorful robes stood. “This is your mother,” the man said.

Which one? Saroo wondered.

Quickly he ran his eyes over the women, who seemed as numb with shock as he was. “I looked at one and I said, ‘No, it’s not you.’ ” Then he looked at another. It may be you, he thought—then reconsidered: No, it’s not you. Then his eyes fell on the weathered woman in the middle. She wore a bright-yellow robe with flowers, and her gray hair, which had been dyed with streaks of orange, was pulled back in a bun.

Without saying anything, the woman stepped forward and hugged him. Saroo couldn’t speak, couldn’t think, couldn’t do much of anything other than reach up his arms and return her embrace. Then his mother took him by the hand and led her son home.

The Reunion

Saroo’s mother went by a new name now, Fatima, a name she’d taken after converting to Islam. She lived alone in a tiny two-room house with an army cot, a gas stove, and a locked trunk for her belongings. She and her son didn’t share the same language, so they spent their time smiling at each other and nodding while Fatima phoned her friends with the amazing news. “The happiness in my heart was as deep as the sea,” Fatima later recalled. Soon a young woman with long black hair, a nose stud, and a brown robe came in with tears in her eyes and threw her arms around him. The family resemblance was visible to everyone there.

It was his younger sister, Shekila. Then came a man a few years older than Saroo, with a mustache and the same wisps of gray in his wavy hair: his brother Kullu. I can see the resemblance! Saroo thought.

He met his niece and nephews, his brother-in-law and sister-in-law, as more and more people crowded into the room. The entire time, his mother remained seated by him holding his hand. Despite the joy, there was skepticism. Some people asked Fatima, “How do you know this is your son?” Saroo’s mother pointed to the scar on his forehead where he had cut himself after being chased by the wild dog long ago. “I was the one who bandaged that up,” she said.

With the help of a friend who spoke English, Saroo told them of his incredible journey. Then he looked his mother in the eyes and asked her, “Did you look for me?” He listened as the woman translated his question, and then came the reply. “Of course,” she said. She had searched for years, following the train tracks leading out of town just as he had sought the ones leading back.

Finally she met with a fortune-teller who told her that she would be re-united with her boy. With that, she found the strength to stop her quest and trust that, one day, she would see her boy’s face again.

Now, hours after his arrival, another question entered Saroo’s mind. Someone was missing, he realized, his eldest brother. “Where is Guddu?” he asked.

His mother’s eyes welled up. “He is no longer,” she said.

“Heaven just fell on me when I heard that,” he recalled. His mother explained that about a month after he had disappeared his brother was found on the train track, his body split in two. No one knew how it had happened. But just like that, in the span of a few weeks, his mother had lost two sons.

With her youngest son by her side again, Fatima prepared his favorite boyhood meal, curried goat. Together the family ate, soaking in this most impossible dream come true.

In a text to his family back in Australia, Saroo wrote, “The questions I wanted answered have been answered. There are no more dead ends. My family is true and genuine, as we are in Australia She has thanked you, mum and dad, for bringing me up. My brother and sister and mum understand fully that you and dad are my family, and they don’t want to intervene in any way. They are happy just knowing that I’m alive, and that’s all they want. I hope you know that you guys are first with me, which will never change. Love you.”

“Darling boy, what a miracle,” Sue wrote to Saroo. “We are happy for you. Take things carefully. We wish we were there with you to support. We can cope with anything for our children, as you have seen for 24 years. Love.”

Saroo remained in Khan­dwa for 11 days, seeing his family every day and enduring the rush of visitors coming to see the lost boy who had found his way home. As the time grew nearer for him to leave, it became clear that maintaining their new relationship would have its challenges. Fatima wanted her son close to home and tried to persuade Saroo to stay, but he told her that his life remained in Tasmania. When he promised to send $100 a month to cover her living expenses, she bristled at the idea of money substituted for proximity. But, after all these years apart, they were determined not to let such differences get in the way of their relationship; even saying “Hello” on the phone with each other would be more than either mother or son had ever imagined possible.

Before he left Khandwa, however, there was one more place to visit. One afternoon, he took a motorcycle ride with his brother Kullu. Seated behind him, Saroo pointed out the way that he remembered, a left here, a right there, until they stood at the foot of the river, near the dam that flowed like a waterfall.

Voir encore:

Little boy lost finds his mother using Google Earth

Robin Banerji

BBC World Service

13 April 2012

An Indian boy who lost his mother in 1986 has found her 25 years later from his new home in Tasmania – using satellite images.

Saroo was only five years old when he got lost. He was travelling with his older brother, working as a sweeper on India’s trains. « It was late at night. We got off the train, and I was so tired that I just took a seat at a train station, and I ended up falling asleep. »

That fateful nap would determine the rest of his life. « I thought my brother would come back and wake me up but when I awoke he was nowhere to be seen. I saw a train in front of me and thought he must be on that train. So I decided to get on it and hoped that I would meet my brother. »

Saroo did not meet his brother on the train. Instead, he fell asleep and had a shock when he woke up 14 hours later. Though he did not realise it at first, he had arrived in Calcutta, India’s third biggest city and notorious for its slums.

Continue reading the main story

“Start Quote

Saroo Brierley as an adult

I do not think any mother or father would like to have their five year old wandering alone in the slums and train stations of Calcutta”

Saroo Brierley

« I was absolutely scared. I didn’t know where I was. I just started to look for people and ask them questions. »

Soon he was sleeping rough. « It was a very scary place to be. I don’t think any mother or father would like to have their five year old wandering alone in the slums and trains stations of Calcutta. »

The little boy learned to fend for himself. He became a beggar, one of the many children begging on the streets of the city. « I had to be quite careful. You could not trust anyone. » Once he was approached by a man who promised him food and shelter and a way back home. But Saroo was suspicious. « Ultimately I think he was going to do something not nice to me, so I ran away. »

But in the end, he did get off the streets. He was taken in by an orphanage, which put him up for adoption. He was adopted by the Brierleys, a couple from Tasmania. « I accepted that I was lost and that I could not find my way back home, so I thought it was great that I was going to Australia. »

Saroo settled down well in his new home. But as he got older the desire to find his birth family became increasingly strong. The problem was that as an illiterate five-year-old he had not known the name of the town he had come from. All he had to go on were his vivid memories. So he began using Google Earth to search for where he might have been born.

« It was just like being Superman. You are able to go over and take a photo mentally and ask, ‘Does this match?’ And when you say, ‘No’, you keep on going and going and going. »

Eventually Saroo hit on a more effective strategy. « I multiplied the time I was on the train, about 14 hours, with the speed of Indian trains and I came up with a rough distance, about 1,200km. »

He drew a circle on a map with its centre in Calcutta, with its radius about the distance he thought he had travelled. Incredibly, he soon discovered what he was looking for: Khandwa. « When I found it, I zoomed down and bang, it just came up. I navigated it all the way from the waterfall where I used to play. »

Soon he made his way to Khandwa, the town he had discovered online. He found his way around the town with his childhood memories. Eventually he found his own home in the neighbourhood of Ganesh Talai. But it was not what he had hoped for. « When I got to the door I saw a lock on it. It look old and battered, as if no-one had lived there for quite a long time. »

Saroo had a photograph of himself as a child and he still remembered the names of his family. A neighbour said that his family had moved.

« Another person came and then a third person turned up, and that is when I struck gold. He said, ‘Just wait here for a second and I shall be back.’ And when he did come back after a couple of minutes he said, ‘Now I will be taking you to your mother.' »

« I just felt numb and thought, ‘Am I hearing what I think I am hearing?' »

Saroo was taken to meet his mother who was nearby. At first he did not recognise her.

« The last time I saw her she was 34 years old and a pretty lady, I had forgotten that age would get the better of her. But the facial structure was still there and I recognised her and I said, ‘Yes, you are my mother.’

« She grabbed my hand and took me to her house. She could not say anything to me. I think she was as numb as I was. She had a bit of trouble grasping that her son, after 25 years, had just reappeared like a ghost. »

Although she had long feared he was dead, a fortune teller had told Saroo’s mother that one day she would see her son again. « I think the fortune teller gave her a bit of energy to live on and to wait for that day to come. »

And what of the brother with whom Saroo had originally gone travelling? Unfortunately, the news was not good. « A month after I had disappeared my brother was found in two pieces on a railway track. » His mother had never known whether foul play was involved or whether the boy had simply slipped and fallen under a train.

« We were extremely close and when I walked out of India the tearing thing for me was knowing that my older brother had passed away. »

For years Saroo Brierley went to sleep wishing he could see his mother again and his birth family. Now that he has, he feels incredibly grateful. He has kept in touch with his newly found family.

« It has taken the weight off my shoulders. I sleep a lot better now. »

And there is something to make him sleep better – with memories of Slumdog Millionaire still fresh, publishers and film producers are getting interested in his incredible story.

Saroo Brierley spoke to Outlook on the BBC World Service

Lost and found

Saroo Brierley as a child

1981: Saroo is born

1986: He loses his family and ends up living on the streets of Calcutta

1987: He is adopted by an Australian couple and grows up in Tasmania

2011: He finds his home town on Google Earth

2012: He is reunited with his mother in Khandwa

Voir enfin:

Google is watching you !

Florian Bordet

Web me I’m famous

19 mars 2012

Google is watching you ? Why not ?! Parlons un peu des choses qui fâchent, en l’occurrence, parlons des sanctions potentielles données notre cher Google (tout puissant…) à tout propriétaire d’un site internet de « mauvaise qualité ».

Je ne vais pas vous énumérer dans cet article toutes les sanctions susceptibles de subir un site au cours de sa vie mais plutôt pour vous parler d’un vécu.

A ce propos, je vous conseille fortement d’aller lire les recommandations du moteur de recherche Google, si ce n’est pas déjà fait. Il vaut mieux prévenir que guérir…

Google par ci, Google par là… Google sait faire peur ! Mais en a t’il les moyens ? Nous pouvons lire ces temps-ci un peu partout sur la toile des articles et posts de panique des propriétaires de sites impactés (ou non…).

Google, pas content ?

En tant que consultant en référencement il m’arrive de tester les « limites » de Google. Il s’est avéré il y a quelques jours qu’un de mes sites persos (non non je ne fais pas de test sur des sites « client ») n’était pas en règle !

Que me reprochait exactement Google ? Des liens factices… Echanges de liens… Vente de liens… Bla bla… Voilà ce que celui-ci me reprochait dans un email envoyé sur mon espace Google Webmaster Tools :

un gentil email de Google

Fondé ou non les propos de Google ? J’en doute… D’ailleurs je ne suis pas seul à en douter puisque vous allez pouvoir lire de nombreux posts de forum traitant des pénalités de Google, dont celle-ci…

Google a tué mon site…

Je ne vous donnerai pas l’adresse du site en question mais pour vous situer le sujet voici quelques renseignements :

– quelques centaines de pages

– 150 / 300 mots par page

– entre 0 et 2 lien(s) sortant(s) par page

– publication d’une à 2 nouvelle(s) page(s) par jour

– nom de domaine ancien (>5 ans)

– pagerank de 4

– 3 échanges de liens effectués en footer (home uniquement et triangulaire)

– contenu unique

– référencement tranquille ‘white hat’ (communiqué de press, digg, annuaire…)

La chronologie des faits

La pénalité vue par Google Analytics

Je vais vous retracer la chronologie des faits en quelques mots :

07.03.12 : chute du trafic de 500 à 250 visiteurs / jour (la plupart de mes positions chutent : 1 ou 2 pages)

08.03.12 : réception du mail de Google (Google Webmaster Tools)

10.03.12 : suppression des échanges de liens (footer)

11.03.12 : réponse par l’envoi d’un mail (« non je n’effectue pas de vente de liens », j’explique le but du site…) et demande de réexaminer le site

18.03.12 : augmentation du trafic de 250 à 500 visiteurs / jour (une semaine après l’envoi de l’email)

19.03.12 : ouf la tendance se confirme

A ce jour, aucune nouvelle de Google, qui aurait pu au passage me tenir informé de l’avancé du problème.

Que faut-il retenir de cette sanction ? Google est-il vraiment méchant ?

Google vous surveille… Disons qu’il y a forcément de leur coté des indicateurs de qualité d’un site puis intervention d’un humain pour rétrograder vos positions ou tout simplement vous blacklister en cas de gros défaut.

Son temps de réaction est variable, pour ma part il aura été très correct (1 semaine).

Comme il vaut mieux vaut prévenir que guérir, voici quelques conseils :

n’hésitez pas à lire les recommandations de qualité d’un site fournis par Google. (au moins vous serez prévenu !)

retournez sur votre site pour vérifier que celui-ci répond bien à toutes les exigences du grand maitre Google !

inscrivez votre site sur Google Webmaster Tools pour recevoir ce genre d’email en cas de pépin.

dormez sur vos deux oreilles… Google n’est pas si méchant !

Avez vous déjà reçu des mails de Google pour sanction ? Avez vous réussi à vous sortir de cette mauvaise passe ? Au bout de combien de temps ? Google vous a t’il toujours donné les causes d’une sanction ?


Présidentielle américaine/2012: Vous avez dit postracial? (Racial demagoguery from the seventies to Obama)

11 octobre, 2012
https://i0.wp.com/hinterlandgazette.com/wp-content/uploads/2012/03/drudge-report-trayvon-martin.pngJe ne sais pas -n’ayant pas été là et ne connaissant pas tous les faits- quel rôle la race a pu jouer là-dedans, mais je pense qu’il est juste de dire, en premier lieu, que chacun d’entre nous serait assez en colère» (si cela lui arrivait). En second lieu, que la police de Cambridge a agi de façon stupide en arrêtant quelqu’un dès lors qu’il y avait déjà des preuves qu’il était dans sa propre maison. Barack Obama (2009)
Je ne peux qu’imaginer ce qu’endurent ses parents. Et quand je pense à ce garçon, je pense à mes propres enfants. Si j’avais un fils, il ressemblerait à Trayvon. Obama (2012)
The ironic result is that the election of the first black president may well have moved us further back in removing race from politics than forward. Sherrilyn A. Ifill
It’s often said that those who are unduly bothered by gays are latent homosexuals. Isn’t it possible that people obsessed with racism are themselves racist? Treating blacks like special-needs children, liberals bury them in ludicrously gushy praise. Ann Coulter
 This isn’t a story about black people—it’s a story about the Left’s agenda to patronize blacks and lie to everyone else. Ann Coulter
For decades, the Left has been putting on a play with themselves as heroes in an ongoing civil rights move­ment—which they were mostly absent from at the time. Long after pervasive racial discrimination ended, they kept pretending America was being run by the Klan and that liberals were black America’s only protectors. It took the O. J. Simpson verdict—the race-based acquittal of a spectacularly guilty black celebrity as blacks across America erupted in cheers—to shut down the white guilt bank. But now, fewer than two decades later, our “pos­tracial” president has returned us to the pre-OJ era of nonstop racial posturing. A half-black, half-white Democrat, not descended from American slaves, has brought racial unrest back with a whoop. The Obama candidacy allowed liberals to engage in self-righteousness about race and get a hard-core Leftie in the White House at the same time. In 2008, we were told the only way for the nation to move past race was to elect him as president. And 53 percent of voters fell for it. Now, Ann Coulter fearlessly explains the real his­tory of race relations in this country, including how white liberals twist that history to spring the guilty, accuse the innocent, and engender racial hatreds, all in order to win politically. You’ll learn, for instance, how a U.S. congressman and a New York mayor con­spired to protect cop killers who ambushed four police officers in the Rev. Louis Farrakhan’s mosque, the entire Democratic elite, up to the Carter White House, coddled a black cult in San Francisco as hun­dreds of the cult members marched to their deaths in Guyana, New York City became a maelstrom of racial hatred, with black neighborhoods abandoned to crimi­nals who were ferociously defended by a press that assessed guilt on the basis of race, preposterous hoax hate crimes were always believed, never questioned. And when they turned out to be frauds the stories would simply disappear from the news, liberals quickly switched the focus of civil rights laws from the heirs of slavery and Jim Crow to white feminists, illegal immigrants, and gays, subway vigilante Bernhard Goetz was surprisingly popular in black neighborhoods, despite hysterical denunciations of him by the New York Times, liberals slander Republicans by endlessly repeating a bizarro-world history in which Democrats defended black America and Republicans appealed to segregationists. The truth has always been exactly the opposite. Going where few authors would dare, Coulter explores the racial demagoguery that has mugged America since the early seventies. She shines the light of truth on cases ranging from Tawana Brawley, Lemrick Nelson, and Howard Beach, NY, to the LA riots and the Duke lacrosse scandal. And she shows how the 2012 Obama campaign is going to inspire the greatest racial guilt mongering of all time. Présentation de « Mugged » (Ann Coulter)

Vous avez dit postracial?

Passé réécrit, vidéo d’un tabassage supposé remontée, enregistrement bidonné, fausses accusations de viol contre des policiers ou des étudiants blancs, attaques antisémites, émeutes prétextes 

Alors qu’on apprend que, contrairement à ce qui avait été annoncé par une administration qui n’en est pas à ses premiers « arrangements avec la vérité », il n’y avait pas eu de manifestations devant un consulat américain bien trop peu protégé avant l’attaque d’Al Qaeda qui se termina par le lynchage de l’ambassadeur et la mort de trois de ses adjoints  il y a deux semaines …

Et qu’après son premier et catastrophique débat électoral et des sondages désastreux y compris dans les états importants ou indécis de Floride ou Virginie ou même dans l’Illinois (merci James) tant la notoire arrogance que le refus explicite de préparation d’un président prétendument postracial mais de fait élu sur sa couleur et n’ayant jamais hésité à ressortir la carte raciale ne peuvent toujours pas être critiqués sans voir les critiques accusés immédiatement de racisme …

Pendant que, dans une élection plus que jamais polarisée racialement, le candidat républicain se voit quasiment privé de voix noires qu’une agence de sondage reconnait avoir sous-évalué ses échantillons blancs …

Retour, avec le chroniqueur Thomas Sowell, sur le dernier ouvrage d’Ann Coulter qui revient sur plusieurs décennies de chantage au racisme d’une véritable génération de chasseurs d’ambulances

Race Cards

 Thomas Sowell

Real Clear Politics

October 9, 2012

If you are sick and tired of seeing politicians and others playing the race card, or if you are just disgusted with the grossly dishonest way racial issues in general are portrayed, then you should get a copy of Ann Coulter’s new book, « Mugged. » Its subtitle is: « Racial Demagoguery from the Seventies to Obama. »

Few things are as rare as an honest book about race. This is one of the very few, and one of the very best.

Many people will learn for the first time from Ann Coulter’s book how a drunken hoodlum and ex-convict, who tried to attack the police, was turned into a victim and a martyr by the media, simply by editing a videotape and broadcasting that edited version, over and over, across the nation.

They will learn how a jury — which saw the whole unedited videotape and acquitted the police officers of wrongdoing — was portrayed as racist, setting off riots that killed innocent people who had nothing to do with the Rodney King episode.

Meanwhile, the people whose slick editing set off this chain of events received a Pulitzer Prize.

Even the Republican President of the United States, George H.W. Bush, expressed surprise at the jury’s verdict, after seeing the edited videotape, while the jury saw the whole unedited videotape. Even Presidents should keep their mouths shut when they don’t know all the facts. Perhaps especially Presidents.

Innumerable other examples of racial events and issues that have been twisted and distorted beyond recognition are untangled and revealed for the frauds that they are in « Mugged. »

The whole history of the role of the Democrats and the Republicans in black civil rights issues is taken apart and examined, showing with documented fact after documented fact how the truth turns out repeatedly to be the opposite of what has been portrayed in most of the media.

It has long been a matter of official record that a higher percentage of Republicans than Democrats, in both Houses of Congress, voted for the landmark civil rights legislation of the 1960s. Yet the great legend has come down to us that Democrats created the civil rights revolution, over the opposition of the Republicans.

Since this all happened nearly half a century ago, even many Republicans today seem unaware of the facts, and are defensive about their party’s role on racial issues, while Democrats boldly wrap themselves in the mantle of blacks’ only friends and defenders.

To puff up their role as defenders of blacks, it has been necessary for Democrats and their media supporters to hype the dangers of « racists. » This has led to some very creative ways of defining and portraying people as « racists. » Ann Coulter has a whole chapter titled « You Racist! » with examples of how extreme and absurd this organized name-calling can become.

No book about race would be complete without an examination of the role of character assassination in racial politics. One of the classic injustices revealed by Ann Coulter’s book is the case of Charles Pickering, a white Republican in Mississippi, who prosecuted the Imperial Wizard of the Ku Klux Klan in the 1960s.

Back in those days, opposing the Ku Klux Klan meant putting your life, and the lives of your family members, at risk. The FBI had to guard Pickering and his family. Later, Pickering went on to become a federal judge and, in 2001, President George W. Bush nominated him for promotion to the Circuit Court of Appeals.

As a Republican judge, Pickering was opposed by elite liberal Democrats in Congress and in the media who, in Ann Coulter’s words, « sent their children to 99-percent white private schools » while « Pickering sent his kids to overwhelmingly black Mississippi public schools. »

Among the charges against Pickering was that he was bad on civil rights issues. Older black leaders in Mississippi, who had known Pickering for years, sprang to his defense. But who cared what they said? Pickering’s nomination was defeated on a smear.

« Mugged » is more than an informative book. It is a whole education about the difference between rhetoric and reality when it comes to racial issues. It is a much needed, and even urgently needed education, with a national election just weeks away.

Voir aussi:

Excerpt of Ann Coulter’s ‘Mugged’: Racial Double Standards at MSNBC

Ann Coulter

September 25, 2012

How about Chris Matthews? He is an aggressive bean counter when it comes to the number of blacks at Tea Parties—as if the Tea Partiers can control who shows up at their rallies.

Blacks as a group are overwhelmingly one-party voters. Jews have more Republicans. As a result, any group that espouses Republican principles obviously isn’t going to have a lot of black people—although probably more than the schools Chris Matthews’s children attended.

While living cheek-by-jowl with the nation’s capital, which happens to be a majority black city, Matthews’s kids managed to go to schools that are probably about 3 percent black. When Matthews had an opportunity to associate with blacks by sending his children to public schools, he chose not to. His obsession with race is all about self-congratulation. As Ralph Waldo Emerson said: “The louder he talked of his honor, the faster we counted our spoons.”

The Tea Parties weren’t as white as Chris Matthews’s office. They weren’t as white as Matthews’s neighborhood or television audience. (It’s doubtful that even Eugene Robinson watches Hardball.)

This is New-York-Times-Charlie-Rose-PBS thinking. We’re not racist, they are. This pompous self-perception allows liberals to be offensively, self-righteously preening in the positions they take, such as demanding school busing for other people but sending their own kids to private schools.

If we attended a party at the Matthews home in Chevy Chase, Maryland, how many blacks would we see? Could we at least wave to the black neighbors? The New York Times write-up of his son’s wedding included a panoramic shot of the church, showing nearly a hundred guests. Not one of them is black. You may check for yourself here: http://www.nytimes.com/2010/04/04/fashion/weddings/04vows.html?pagewanted=all.

A Republican saddled with the facts of Matthews’s life would be convicted of racism in five minutes.

No one is required to be a friend to someone else because it’s good for society, and people should be able to hire anyone they please. But you better have your own house in order if you’re going to run around accusing everyone else of racism based on a dearth of black associates.

Like Matthews, New York Times columnist Tom Wicker made a career of proclaiming that America was a deeply racist country. But he sent his own kids to lily-white private schools and then retired to the whitest state in the nation, Vermont. Wicker being so right-thinking and the scourge of racists, people were curious about why he didn’t send his kids to New York public schools. Did he just screw up? Asked about the hypocrisy of sending his own children to sanitized private schools, Wicker said, “It gives me a lot of intellectual discomfort, but I am not going to disadvantage my children to win more support for my views.”

It’s not a question of winning support for his views, it’s whether he really held those views to begin with. The surest proof of racism is not what people say, but what they do. The only thing in his whole life Wicker could have done that wasn’t just running his mouth was to send his kids to public schools, and he didn’t do it. On what basis did Wicker have a right to self-congratulation on his racial attitudes? Because he worked especially hard to make sure other people’s kids had to go to crime-ridden schools?

It’s often said that those who are unduly bothered by gays are latent homosexuals. Isn’t it possible that people obsessed with racism are themselves racist?

Treating blacks like special-needs children, liberals bury them in ludicrously gushy praise. In a field where the competition is brisk, MSNBC’s Rachel Maddow stands out. When not spinning conspiracy theories, Maddow can usually be found patronizing her very, very special black guest, Melissa Harris-Lacewell with fulsome, flowery praise.

Harris-Lacewell (who became Melissa Harris-Perry toward the end of 2010) is professor of being a black woman, which is one of the most demanding, hardest-to-qualify-for positions at any university (you have to be a black woman). She is never treated like some regular nerd guest. Maddow is compelled to tell her she’s “amazing,” “wicked smart” and “one of the smartest people I’ve ever talked to about anything, anytime, anywhere.” (Then again, the smartest person at MSNBC is the guy who replaces the toner, so that last one might not be false praise.)

Excerpted from MUGGED: RACIAL DEMAGOGUERY FROM THE SEVENTIES TO OBAMA by Ann Coulter by arrangement with Sentinel, an imprint of Penguin Group (USA), Inc., Copyright © Ann Coulter, 2012.

 Voir également:

On Libya Cover Up: Hillary Clinton Told Video Story While Body Of Ambassador Was Next To Her

Charles Krauthammer

Real Clear Politics

It’s beyond a disconnect, it is utterly damning. There are two scandals going on. The first is the coverup. We now know, and they knew earlier there was no mob, there was no demonstration, there was no incentive about the video. It was all a completely false story. This was simply an attack of our men who infiltrated and killed our people.

So everything that Susan Rice said was a confection, it was an invention. And as you showed, it was repeated again and again. You had Hillary Clinton speaking of the video as the body of the ambassador was lying next to her. Then you had Susan Rice spinning the tails. You had the president of the United States addressing the [U.N.] General Assembly more than two weeks later talking about the video, the insult to Islam, et cetera. You have this entire story going all along. They’re trying to sell the video, they’re trying to sell extremism and they’re trying to sell all of this at a time when they know it isn’t true. So that’s number one. That’s a scandal and I think it has to do with the fact that they were spiking the football over the death of bin Laden and al-Qaeda a week earlier in Charlotte and this is a contradiction of it.

The second scandal is the lack of security at the site before. So what happened before? And I think that what happened was the administration, it wasn’t a lack of money that they withdrew all the support and they didn’t put up the required barbed wire and the fences and all of that. It was under the theory which starts with Obama at the beginning; we don’t want to be intruders in the area, we don’t want to be oppositional, we don’t want to have a fortress in America, we don’t want to look imperialist. We want to blend in with the people and help them build. That’s a noble aspiration and that was the motive for having very light security, but it was a catastrophically wrong decision to do it in Benghazi in a no man’s land in Dodge City and it cost us the lives of the Ambassador and three other Americans.

Voir encore:

The Dividends of Romney’s Debate Victory

More Republicans than Democrats are registering and voting early in several battleground states.

Karl Rove

Real Clear Politics

October 11, 2012

How big an impact did Mitt Romney’s performance in last week’s debate have? Huge. Mr. Romney not only won the night, he changed the arc of the election—and perhaps its outcome. Surveys have him leading the RealClearPolitics average of polls for the first time since securing the GOP nomination in mid-April.

Prior to Oct. 3, Mr. Romney trailed President Barack Obama by an average of 3.1 points in national polls tallied by RealClearPolitics. Since the debate, Mr. Romney now leads Mr. Obama in the RCP average by a point, 48.2% to 47.2%, and the bounce is likely to grow. By comparison, Sen. John Kerry was widely seen to have bested President George W. Bush in the first 2004 debate (held on Sept. 30 of that year), but he never led in the RCP average in October.

OpinionJournal: The Vice-Presidential Debate

The WSJ editorial board’s live commentary and analysis of tonight’s debate begins at 9 p.m. ET.

In seven of the past nine presidential debate series, the challenger has gained more in the polls than the incumbent (or the candidate of the party in power). The first debate generally frames the series and establishes whether the bounce will be large or modest. Mr. Romney’s bounce is significant.

It’s unlikely that Mr. Obama will do as poorly next Tuesday at Hofstra University in New York. His supporters are demanding that he be more aggressive. He will be, telling AM radio’s Tom Joyner on Wednesday that he’d been « too polite » in the first debate.

But if the president is as angry and negative in the Oct. 16 debate as he has been on the campaign trail the past week, he will damage himself again. It’s hard in a town-hall format like next week’s to attack, and too easy to come across as mean and nasty. Also, alleging that Mr. Romney is a serial deceiver—as the president and top advisers are doing—is a hard sell. Mr. Romney came across last week as practical and thoughtful, authentic and a straight shooter.

A record 72% in the Oct. 8 Gallup survey said he won the debate, compared with 20% who thought Mr. Obama did. Voters would not have awarded such a lopsided victory to a liar.

Republican presidential candidate Mitt Romney

An Oct. 7 Pew Research report found that before the debate, Romney voters were four points more likely than Obama voters to give the election « a lot of thought. » After it, Romney-voter engagement was 15 points higher than that of Obama voters. This enthusiasm gap already expresses itself in voter registration and is now influencing early voting.

In the eight battleground states that register voters by party, Republicans have maintained their advantage or cut into the Democrats’ in all but one (Nevada). Since September 2008, Republicans have kept their registration advantages in Colorado and New Hampshire. They’ve added more new Republican registrations than Democrats did in Florida, Iowa and North Carolina. And they’ve lost fewer voters from the rolls than Democrats did in New Mexico and Pennsylvania.

About Karl Rove

Karl Rove served as Senior Advisor to President George W. Bush from 2000–2007 and Deputy Chief of Staff from 2004–2007. At the White House he oversaw the Offices of Strategic Initiatives, Political Affairs, Public Liaison, and Intergovernmental Affairs and was Deputy Chief of Staff for Policy, coordinating the White House policy-making process.

Before Karl became known as « The Architect » of President Bush’s 2000 and 2004 campaigns, he was president of Karl Rove + Company, an Austin-based public affairs firm that worked for Republican candidates, nonpartisan causes, and nonprofit groups. His clients included over 75 Republican U.S. Senate, Congressional and gubernatorial candidates in 24 states, as well as the Moderate Party of Sweden.

Karl writes a weekly op-ed for the Wall Street Journal, is a Fox News Contributor and is the author of the book « Courage and Consequence » (Threshold Editions).

Email the author atKarl@Rove.comor visit him on the web atRove.com. Or, you can send a Tweet to @karlrove.

Click here to order his new book,Courage and Consequence.

Republicans are also getting the better of Mr. Obama in early voting. In 2008, Democrats made up 51% of the North Carolina early vote while Republicans were 30%. This year, Republicans have cast 54% of the ballots returned so far, Democrats only 28%, according to state data compiled by George Mason University’s Michael McDonald for his United States Election Project.

In Florida, 46% of absentee ballots returned by September’s end came from Republicans (compared with 37% in 2008) while just 38% came from Democrats (they were 46% of the total in 2008). More Republicans have requested absentee ballots in Colorado, a state where Democrats edged out Republicans in early voting last time.

Republicans have also made up ground in Ohio. For example, in 2008 Democrats requested 5% more absentee ballots in Franklin County (Columbus), 4% more in Greene County (Xenia), and 11% more in Wood County (Bowling Green). This election, Republicans have more ballot requests than Democrats in these counties by 5%, 19% and 1% respectively.

The Romney campaign saw a $12 million surge in online contributions following the debate, and major GOP fundraisers are again opening their checkbooks. True enough, Hollywood stars and rich San Francisco liberals wrote big checks during Mr. Obama’s two-day California swing this week. But it isn’t clear what overall impact the president’s poor debate performance will have on his fundraising. The small Internet donors that produced an eye-popping $181 million fundraising total in September may be disappointed in his debate skills and waiting to see if he improves.

During the GOP primary, one of Mr. Romney’s chief selling points was his skill as a debater. He picked a powerful moment to display this strength. The debate at the University of Denver qualifies as among the most consequential in history. It might end up as the election’s decision point.

Mr. Rove, a former deputy chief of staff to President George W. Bush, helped organize the political action committee American Crossroads. He is the author of « Courage and Consequence » (Threshold Editions, 2010).

Voir enfin:

International Barack Obama empêtré dans une polémique raciale Marie Desnos Paris Match 24 juillet 2009

Une polémique dans une polémique. Henry Louis Gates, un intellectuel noir de 58 ans, a récemment été pris pour un voleur alors qu’il rentrait chez lui. Criant à la discrimination raciale -son sujet de prédilection- il a créé la controverse. Tant et si bien que Barack Obama s’en est mêlé, se rangeant du côté de son ami Henry Louis. Ce qui n’a fait que décupler l’intensité des débats.

Il s’appelle Henry Louis Gates et a déclenché une véritable polémique à son insu. Pis, il a remis sur la table un débat vieux de plus d’un siècle, et devenu presque tabou depuis la fin de l’apartheid : la discrimination raciale aux Etats-Unis. Un sujet sensible à propos duquel Barack Obama a été invité à réagir : prenant fait et cause pour cet homme qui n’est autre qu’un de ses amis, le président américain a heurté la sensibilité de certains, et mis de l’huile sur le débat enflammé.

Henry Louis Gates était jusque là surtout connu dans les milieux intellectuels et universitaires américains. Il est décrit par la presse américaine comme «un éminent professeur d’Harvard, spécialiste de l’histoire des tensions raciales aux Etats-Unis», par ailleurs «directeur de l’Institut de recherches africaines et afro-américaines». Il a écrit de nombreux articles sur la généalogie et l’histoire des Noirs, et édite plusieurs revues scientifiques consacrées à ces questions. Henry Louis Gates a 58 ans. Surnommé «Skip» par ses proches, il a tout de même été classé en 1997 parmi les 25 Américains les plus influents par le «Time».

Le quiproquo Mais son activité professionnelle n’a rien à voir avec ce qui est presque devenu une «affaire d’Etat». Il se trouve qu’Henry Louis Gates a récemment été arrêté sur des soupçons de cambriolage, alors qu’il tentait seulement de rentrer chez lui, à Cambridge, dans la banlieue chic de Boston. Revenant d’un voyage professionnel en Chine, le professeur s’est heurté à une serrure grippée, à tel point qu’il a demandé l’aide de son chauffeur -Noir, tout comme lui- pour la débloquer. Ils y sont finalement parvenus, mais une voisine ayant vu la scène avait entre temps téléphoné à la police, pensant être témoin d’une tentative de cambriolage.

Une voiture de police arrive donc sur les lieux, et c’est là que les versions divergent. Selon Gates, le policier (blanc) se serait montré agressif, et lui aurait demandé de décliner son identité sans accepter pour sa part de présenter son badge. Il aurait toutefois finalement accepté de lui montrer une pièce d’identité valide, mais l’agent se serait acharné contre lui. Selon la version du sergent James Crowley, qui s’est exprimé sur une radio locale -rapporte le «Seattle times»- le suspect refusait au contraire de présenter sa pièce d’identité, jusqu’à ce qu’il sorte sa carte d’Harvard, où ne figure pas l’adresse qui lui aurait permis de convenir qu’Henry Louis était chez lui. Le policier, âgé de 42 ans, aurait pour sa part répété à plusieurs reprise son identité, mais le professeur parlait trop selon lui pour l’entendre. Gates affichait un «comportement désordonné et belliqueux», a poursuivi l’agent, voire menaçant. Ce manque de coopération et de sang froid lui aurait valu de se faire arrêter avec les menottes -ce qui n’aurait pas empêché Gates de continuer sa «tirade», selon Crowley.

Les charges retenues contre l’universitaire ont finalement été abandonnées mardi, mais le professeur, qui se juge victime de discrimination raciale, a réclamé des excuses du sergent James Crowley, sous peine de poursuites judiciaires.

Obama prend parti pour son ami Puis cette affaire a pris de l’ampleur, s’immisçant dans les forums de discussions, puis dans les talk-shows, jusqu’à ce que Barack Obama lui-même soit invité à se prononcer sur la question. S’il a admis ne pas être en possession de «tous les faits» pour juger de l’affaire, le premier président noir des Etats-Unis -qui s’est prudemment gardé de jouer sur la couleur de sa peau durant la campagne, et de s’épancher sur l’enjeu de son élection pour les Noirs- a jugé cette arrestation «stupide». «Je ne sais pas -n’ayant pas été là et ne connaissant pas tous les faits- quel rôle la race a pu jouer là-dedans, mais je pense qu’il est juste de dire, en premier lieu, que chacun d’entre nous serait assez en colère» (si cela lui arrivait), a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. «En second lieu, que la police de Cambridge a agi de façon stupide en arrêtant quelqu’un dès lors qu’il y avait déjà des preuves qu’il était dans sa propre maison», a-t-il ajouté.

Que n’avait-il pas dit ? Plusieurs voix se sont élevées contre son jugement jugé hâtif et partisan. «Non seulement vous avez fait preuve d’un manque de jugement dans le choix de vos mots, mais vous avez mis en cause tous les membres de la police de Cambridge et tous les officiers de sécurité publique à travers le pays», a dénoncé David Howlay, président de la Fraternité internationale des officiers de police -qui compte 15 000 membres- dans une lettre adressée à Obama. «En me fondant sur ce que j’ai vu et entendu de la part d’autres policiers, il (Crowley) a respecté la bienséance professionnelle pendant tout le déroulement de l’intervention et s’est conduit d’une manière professionnelle», a renchéri Robert Haas, chef du département de la police de Cambridge, précisant que les policiers de la ville avaient été «vraiment affectés» par les propos du président. Il a par ailleurs annoncé qu’il allait mettre en place une commission chargée d’enquêter sur les circonstances et conditions de l’arrestation.

Le débat s’enflamme Même Deval Patrick, le premier gouverneur noir (démocrate) du Massachusetts (depuis janvier 2007), a qualifié cette affaire de «troublante et d’ennuyeuse».

Le sujet a tellement passionné les foules que Barack Obama est revenu dessus sur ABC News, jeudi. Il s’est dit «surpris par la controverse» crée par sa réaction. Tout en évitant scrupuleusement la question sensible de la discrimination, le président a tenu à justifier son opinion : «Je pense qu’il s’agissait d’un commentaire franc que de dire qu’il n’était probablement pas nécessaire de passer des menottes à un homme d’âge mûr, qui se sert d’une canne et qui se trouve chez lui», s’est-il défendu. Soulignant son «extraordinaire respect pour le difficile travail accompli par les officiers de police», il a précisé son «idée» : «Des mots ont été échangés entre l’officier de police et M. Gates et tout le monde aurait dû se calmer et il aurait fallu garder la tête froide.» Comme s’il appelait également, implicitement, les Américains, à modérer leurs propos et à réfréner leurs ardeurs sur cette nouvelle polémique.


Poésie/Keats: Cette étrange capacité négative que Shakespeare possédait à un degré énorme … (Solomon in all his glory was not arrayed like one of these)

11 octobre, 2012
KeatsVous avez appris qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Jésus (Mt 5: 43-45)
Ne vend-on pas deux passereaux pour un sou? Cependant, il n’en tombe pas un à terre sans la volonté de votre Père. Et même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point: vous valez plus que beaucoup de passereaux. Jésus (Matthieu. 10: 29-31)
Considérez comment croissent les lis: ils ne travaillent ni ne filent; cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux. Si Dieu revêt ainsi l’herbe qui est aujourd’hui dans les champs et qui demain sera jetée au four, à combien plus forte raison ne vous vêtira-t-il pas, gens de peu de foi? Jésus (Luc 12: 27-28)
Le médecin analysant s’abandonne, dans un état d’attention uniformément flottante, à sa propre activité mentale inconsciente, évite le plus possible de réfléchir et d’élaborer des attentes conscientes, ne veut, de ce qu’il a entendu, rien fixer en particulier dans sa mémoire et capte de la sorte l’inconscient du patient avec son propre inconscient. Freud
Il n’y a que l’Occident chrétien qui ait jamais trouvé la perspective et ce réalisme photographique dont on dit tant de mal: c’est également lui qui inventé les caméras. Jamais les autres univers n’ont découvert ça. Un chercheur qui travaille dans ce domaine me faisait remarquer que, dans le trompe l’oeil occidental, tous les objets sont déformés d’après les mêmes principes par rapport à la lumière et à l’espace: c’est l’équivalent pictural du Dieu qui fait briller son soleil et tomber sa pluie sur les justes comme sur les injustes. On cesse de représenter en grand les gens importants socialement et en petit les autres. C’est l’égalité absolue dans la perception. René Girard 
Notre monde est de plus en plus imprégné par cette vérité évangélique de l’innocence des victimes. L’attention qu’on porte aux victimes a commencé au Moyen Age, avec l’invention de l’hôpital. L’Hôtel-Dieu, comme on disait, accueillait toutes les victimes, indépendamment de leur origine. Les sociétés primitives n’étaient pas inhumaines, mais elles n’avaient d’attention que pour leurs membres. Le monde moderne a inventé la “victime inconnue”, comme on dirait aujourd’hui le “soldat inconnu”. Le christianisme peut maintenant continuer à s’étendre même sans la loi, car ses grandes percées intellectuelles et morales, notre souci des victimes et notre attention à ne pas nous fabriquer de boucs émissaires, ont fait de nous des chrétiens qui s’ignorent. René Girard
Je rêve presque que nous soyons des papillons n’ayant à vivre que trois jours d’été. Avec vous, ces trois jours seraient plus plaisants que cinquante années d’une vie ordinaire. John Keats
Je vis une Dame par la prairie, elle était belle — une fille des fées, ses cheveux étaient longs, ses pas légers, et ses yeux étaient fous. (…) Et sûrement son étrange langage disait : « Je t’aime fidèlement. (…) Je vis aussi des rois pâles, et des princes pâles, des guerriers pâles, tous pâles comme la mort ; — Ils me criaient : « La Belle Dame sans merci t’a pris dans ses rets. Keats
J’ai été frappé tout d’un coup de la qualité essentielle à la formation d’un Homme d’Art accompli particulièrement en Littérature et que Shakespeare possédait à un degré énorme – je veux dire la Capacité Négative, je veux dire celle de demeurer au sein des incertitudes, des Mystères, des doutes, sans s’acharner à chercher le fait et la raison. John Keats
La poésie doit nous frapper comme l’expression, par mots, des plus hautes pensées, et nous paraître presque une réminiscence. John Keats (27 févr. 1818)
Un poème doit se comprendre à travers les sens. L’intérêt de plonger dans un lac n’est pas de nager immédiatement jusqu’au rivage ; c’est d’être dans le lac, se prélasser dans la sensation de l’eau. On ne théorise pas un lac. C’est une expérience au-delà de la pensée. La poésie apaise et enhardit l’âme pour accepter le mystère. Keats
Rien ne semblait lui échapper, ni le chant d’un oiseau, ni la réponse en sourdine du sous-bois ou de la haie, ni le bruissement de quelque animal, ni les variations des lumières vertes et brunes et des ombres furtives, ni les mouvements du vent – la façon exacte que celui-ci avait d’attraper certaines fleurs et plantes élancées – ni la pérégrination des nuages ; ni même les traits et les gestes des trimardeurs de passage, la couleur des cheveux d’une femme, le sourire d’un visage d’enfant, l’animalité furtive, sous le déguisement d’humanité chez nombre de vagabonds, ni même les chapeaux, les vêtements, les souliers, partout où ceux-ci véhiculaient la moindre indication quant à la personnalité du porteur. Joseph Severn
Il semble que M. Keats est mort à Rome où il s’était retiré pour se rétablir des conséquences que la rupture d’un vaisseau sanguin avait eues sur sa santé. Il n’est pas impossible que sa mort prématurée ait été provoquée par les soins qu’il prodiguait à son jeune frère, lui aussi décédé ; l’attention qu’il portait à l’invalide était fiévreuse et infatigable au point que ses amis voyaient clairement que sa santé pâtissait de cet effort. Cela a pu être une cause, mais je ne crois pas que ce soit la seule. On se souviendra que Keats a subi, il y a deux ans, un traitement brutal de la critique (…), qui de l’avis des esprits sensibles et élégants, s’est rendue odieuse par son empressement grossier à céder aux appétits pervers du commérage et de la foire aux scandales. Jusqu’à quel point il fut affecté par le sort que lui réservèrent ces journalistes, je ne peux le dire. (…) Il est réellement douloureux de voir l’ardeur d’un esprit enthousiaste et confiant ainsi livré au rire monstrueux d’une meute brutale, aux piques et aux baïonnettes de mercenaires de la littérature. Si M. Grifford tire une quelconque satisfaction de savoir à quel point il a contribué à la douleur d’un esprit généreux, je pourrai lui être agréable en l’informant que Keats a passé une nuit entière à parler avec amertume du traitement injuste qu’il a connu. Charles Cowden Clarke
He goes on to say « the simple imaginative Mind may have its rewards in the repetitions of its own silent workings coming continually on the Spirit with a fine Suddenness » – a remark that contains more of the psychology of productive thought than many treatises. (…) Ultimately there are two philosophies. One of them accepts life and experience in all its uncertainty, mystery doubt and half knowledge and turns that experience unto itself  to deepen and deepen its own qualities  – to imagination and art. This is the philosophy of Shakespeare and Keats. John Dewey
Le poème est un creuset où sont portés à l’incandescence les objets d’étonnement et de plénitude jusqu’à ce qu’ils révèlent la lumière dont ils étaient seulement soupçonnés d’être porteurs. Jean Roudaut
Les lettres de Keats constituent la plus riche et la plus émouvante correspondance laissée par un écrivain anglais du siècle dernier. On y suit pas à pas l’évolution d’un esprit qui mûrissait avec une rapidité exceptionnelle et multipliait les confidences, non tant (sauf les déchirants cris d’amour et de jalousie de la fin de sa vie) sur lui-même ou sur la composition de ses œuvres que sur le sens de la poésie. Chez le poète, il voulait tout d’abord une réceptivité totale, une ouverture presque indolente aux impressions de la nature et du monde extérieur. Dans une lettre du 27 octobre 1818, Keats énonce que le vrai poète n’a aucune identité ; il n’est rien et il est tout, un caméléon. Un an plus tôt déjà, il avait, à propos de Shakespeare, dénommé  » capacité négative  » (« négative capability »), ce don de séjourner dans le mystère et le doute sans se soucier de poursuivre faits ou raison. Son culte des sensations, souvent proclamé, l’est moins des seules jouissances de goût ou de parfum (cependant fort intenses chez lui) que de ces intuitions de l’imagination qui ne reposent sur rien de rationnel. Il tenait en outre l’intensité comme l’apanage, et peut-être la marque, du génie. Après quelque profusion trop décorative, dans ses œuvres de jeunesse, des maniérismes et des langueurs prodiguées, Keats en vint très vite à répudier tout didactisme, tout excès de couleur ou de gênante présence du poète (lettre du 3 févr. 1818).  » La poésie doit nous frapper comme l’expression, par mots, des plus hautes pensées, et nous paraître presque une réminiscence  » (27 févr. 1818). Dans les meilleurs de ses vers, le poète si jeune encore élimine toute rhétorique, toute virtuosité verbale comme celle de Byron ou de Swinburne, les prosaïsmes qu’avait recherchés ou consentis Wordsworth, et même une certaine mollesse qui affaiblit parfois Shelley. Il y a dans les odes et dans Hyperion , aussi bien que dans une dizaine de sonnets, une densité, une concentration explosive, et un toucher infaillible pour réaliser l’adéquation juste et pleine entre l’émotion ou la pensée et l’expression. Car il y a une pensée personnelle et profonde chez Keats, comme chez Goethe, Baudelaire, Mallarmé ou Rilke. Il a vécu le rêve romantique d’évasion vers la Grèce, terre de la beauté, mais surtout de la mythologie, qui animait la nature, et des dieux païens, chers à Keats qui ne fut jamais touché par le puritanisme, par le christianisme ou même par le spiritualisme platonicien. Dans une très belle lettre du 3 mai 1818, il a parlé du passage graduel d’une demeure de la pensée juvénile à d’autres logis moins radieux, dans lesquels on sent la présence de la misère humaine et on porte ce que Wordsworth appelait  » le fardeau du mystère « . Il imagina un moment les Grecs comme un peuple serein, content de vivre pour la beauté. Pourtant il aperçut plus vite que Chénier ou Schiller ce qu’avait de partiel cette idéalisation. À la fin de sa vie, révisant son Hyperion , il dépeignait un temple dont seuls peuvent gravir l’escalier  » ceux pour qui les misères du monde sont misère, et ne leur laissent nul repos « . À celle qu’il aimait jusqu’à la torture, il confessait éprouver en son cœur les souffrances qu’Hamlet aimant Ophélie avait dû ressentir, malgré ses sarcasmes. Comme Rimbaud, en trois ou quatre années, Keats concentra l’expérience de plusieurs existences et atteignit une perfection artistique si riche de vie, de variété, si infaillible dans ses réussites que bien des critiques de son pays ont répété le mot de Matthew Arnold :  » Il est, avec Shakespeare, au premier rang des poètes. » Ultima8team

Tombé à l’occasion de recherches sur le grand poète romantique anglais John Keats et sa célèbre « Belle dame sans merci » …

Sur cette « capacité négative » qu’il décrivait comme « qualité essentielle à la formation d’un Homme d’Art accompli » et que Shakespeare possédait à un degré énorme »….

A savoir celle de « demeurer au sein des incertitudes, des Mystères, des doutes, sans s’acharner à chercher le fait et la raison » …

Qui, dans sa réaction même contre un certain scientisme issu de l’Age des Lumières, a fait largement la singularité et le succès de la civilisation comme de la science occidentales …

Et frappé par l’étrange ressemblance, malgré toutes les dénégations de ses praticiens les plus dévoués,  de cette sorte d« équivalent poétique », à l’instar de l’ « attention uniformément flottante » freudienne, du « Dieu qui fait briller son soleil et tomber sa pluie sur les justes comme sur les injustes » et revêt les lys des champs de parures que n’avait pas « Salomon même, dans toute sa gloire »…

A l’Evangile dont il est issu et dont il tient tant à se distinguer ...

KEATS, John

Keats, issu d’un milieu londonien très humble, menacé très tôt par la tuberculose, disparut avant sa vingt-sixième année. Il s’était voué très jeune au culte de la beauté. Il salua les Grecs, qu’il ne connaissait que par des traductions, comme ses inspirateurs et sut faire revivre leur mythologie. Plus tard, Milton fut son modèle. Il redonna une vie originale à la poésie narrative, et ses fragments épiques constituent l’une des très rares réussites romantiques dans le genre si périlleux de l’épopée. Surtout, dans plusieurs sonnets et dans cinq ou six grandes odes, Keats réalisa une œuvre d’une plénitude et d’une perfection qui le placent non loin de Shakespeare. Sa gloire n’a plus été mise en question après sa mort, alors qu’il avait été méconnu ou méprisé de son vivant.

Sa courte et tragique existence, sa maîtrise de la forme et l’incroyable maturité de ses idées sur la poésie exprimées dans ses lettres – qui ont fasciné nombre de modernes – font de lui le génie le plus précoce de toute la littérature anglaise, comparable (mais très différent d’eux) à Mozart ou à Rimbaud.

1. Des brumes de Londres à la lumière hellénique

À la différence de ses deux aînés, Wordsworth et Coleridge, qui appartenaient à la classe bourgeoise et venaient de l’Angleterre provinciale, de Byron et de Shelley, tous deux aristocrates, élèves des  » public schools « , de Cambridge et d’Oxford, John Keats était londonien, pauvre, le fils aîné d’un palefrenier qui mourut en 1804 d’une chute de cheval. Sa mère semble avoir été une femme de caractère gai, affectueuse, très attachée à son premier enfant. Le second fils, George, émigra plus tard aux États-Unis, le troisième, Tom, mourut en 1818, ce dont John eut un immense chagrin. Une jeune sœur, Frances, née en 1803, s’efforça de comprendre son frère et correspondit avec la fiancée de celui-ci, alors qu’il se mourait de tuberculose en Italie.

L’argent manquait pour envoyer l’enfant à l’une des écoles renommées de l’Angleterre ; il reçut néanmoins une éducation convenable dans une petite école d’Enfield tenue par un pasteur, y apprit le latin, ne sut jamais le grec, mais semble déjà s’être passionné pour la mythologie hellénique à travers des dictionnaires illustrés. En 1813, il commença des études de médecine, s’en lassa au bout d’un an et demi, ne ressentant nul attrait pour la dissection. Il avait alors près de vingt ans et la lecture de La Reine des fées de Spenser lui avait révélé sa passion pour la poésie. Il se lia d’amitié avec un cercle littéraire à idées politiques avancées pour l’époque, un peu vulgaire de sensibilité et d’expression, dont l’animateur était Leigh Hunt. Shelley, qui plus tard aida financièrement Leigh Hunt, apparaissait quelquefois parmi eux ; mais, peut-être en raison de leur origine sociale différente, Keats et Shelley ne se prirent pas alors d’une vive sympathie mutuelle. Byron se montra encore plus dédaigneux du poète  » cockney  » qu’il croyait voir en Keats.

Dès sa vingt et unième année, Keats écrivit l’un des plus parfaits sonnets de la littérature anglaise, sur sa découverte de la traduction d’Homère par Chapman. Il y comparait son émotion devant ce monde merveilleux de la Grèce primitive, rendu par un poète élisabéthain, à celle d’Hernán Cortés et de ses compagnons apercevant le Pacifique :  » Muets, sur un pic à Darién.  » Il traduisit dans d’autres sonnets son émerveillement à la visite des marbres du Parthénon que lord Elgin avait rapportés d’Athènes. Une note de joie intense en présence de la nature et des légendes de la chevalerie médiévale aussi bien que de la Grèce résonne dans le premier volume de Keats, Early Poems (1817). Le plus long poème de ce recueil juvénile Sleep and Poetry (Sommeil et poésie ), ne traite guère du sommeil, thème favori des poètes anglais, sinon comme prétexte à des visions de rêve, mais affirme un credo poétique opposé à Boileau, à Pope, à tout classicisme aride.  » Ce que l’imagination saisit comme beauté doit être la vérité « , affirmera plus tard dans l’une de ses lettres ce jeune poète qui louera l’imagination avec plus de ferveur encore que Coleridge.

Les maîtres de Keats étaient alors Spenser, les lyriques du XVIe siècle et Shakespeare, qu’il lut et médita en voyageant dans l’île de Wight, et plus tard encore. La sensualité de quelques poèmes de Shakespeare (Vénus et Adonis ) et de Marlowe (Héro et Léandre ) séduisait en Keats l’adorateur de la sensation.  » Ô qu’on me donne une vie de sensation plutôt qu’une vie de pensée !  » s’écriera-t-il dans une lettre de novembre 1817. Il s’agissait non d’une sensualité tournée vers le morbide ou l’érotisme, mais d’une prise de possession du concret par tout son être et du refus de penser et de raisonner selon des cadres empruntés. Vers 1819, il se tourna davantage vers Milton, dont le ton et la diction sont trop sensibles dans certains vers d’Hyperion dont la grandiose froideur est lassante. Il admira Dante dans la traduction de H. F. Cary et certains poèmes de Wordsworth. Mais le reste de la littérature européenne le toucha peu. Il rêva des Grecs et les imagina plus qu’il ne les lut.

2. Les grandes œuvres

Assez vite, Keats comprit que la poésie familière prônée par Leigh Hunt ne convenait pas à son génie. Dans la grisaille de l’hiver londonien et la torpeur de la vie politique et intellectuelle, hostile au romantisme de Shelley et au scandale soulevé par Byron, il rêva de légendes mythologiques et de la beauté des cultes païens.  » Une chose de beauté est une joie éternelle  » est le premier vers du long poème Endymion (1818). La déesse Séléné descend la nuit embrasser sur le mont Latmos son amoureux endormi : Endymion. La passion de l’éphèbe ainsi aimé de la lune est celle de l’âme humaine pour la beauté entrevue en songe. Le poème est trop long, trop décoratif et  » alexandrin « , trop dépourvu d’intérêt humain ; il n’eut guère, et ne pouvait avoir, de succès. Mais son ouverture, le grandiose  » Hymne à Pan  » dit à une fête en l’honneur de ce dieu, et, au livre IV, les strophes musicales d’Au chagrin (To Sorrow ), chantées par une vierge indienne, sont admirables. Dans une courte et modeste préface, le poète disait son espoir de n’avoir pas trop terni l’éclat de la splendide mythologie des Grecs et son désir de revenir une fois encore à ce passé.

Il entreprit en 1818 un voyage à pied dans l’est et le nord de la Grande-Bretagne, voyage qui devait être fatal pour sa santé. Les revues le prenaient à parti avec férocité, selon leur tactique qui était de barrer la route aux innovations littéraires. Keats ne mourut pas, trois ans plus tard, de ces attaques, comme on le dit alors, mais il fut ulcéré de tant d’incompréhension et de mauvaise foi.  » Je crois que je compterai après ma mort parmi les poètes de l’Angleterre « , osait-il avouer à un correspondant en octobre 1818. Il était attiré par un besoin de tendresse féminine et de passion qui enflammât son imagination autant que ses sens. Une Mrs. Isabella Jones fut à cette époque (1818-1819) aimée de lui et peut-être lui suggéra le thème de La Veille de la Sainte-Agnès (The Eve of St. Agnes ). Il conçut une passion plus violente et peut-être mal payée de retour pour une jeune fille, Fanny Brawne, qui ne comprit qu’à demi l’exaspération sensuelle de ce poète miné par la consomption, mais promit de l’épouser. Les lettres d’amour et souvent de supplication adressées par Keats à la jeune fille, coquette sans doute et déconcertée plus que cruelle, publiées après sa mort, choquèrent la pudibonderie de certains critiques victoriens. Leur pathétique est cependant déchirant. C’est sous le stimulant de cet amour qu’en 1819 le poète composa, coup sur coup, des œuvres de longue haleine et de grande ambition, et ses odes les plus célèbres.

Isabelle, ou le Pot de basilic (Isabella ) écrit pendant l’hiver de 1818, est un poème narratif en strophes de huit vers, qui reprend une histoire tragique du Décaméron de Boccace. Deux frères, ayant découvert l’amour de leur sœur Isabelle pour leur valet, Lorenzo, assassinent l’amant. Le fantôme du mort apparaît à la jeune fille et lui révèle où il est enterré. Elle creuse l’endroit dit, coupe la tête du mort et l’enfouit sous une plante, un basilic qu’elle arrose de ses pleurs. L’histoire est contée avec passion et grâce, et les personnages sont tracés avec vivacité. La Veille de la Sainte-Agnès , en strophes dites  » spensériennes  » (neuf vers, dont le dernier, plus long, est une sorte d’alexandrin), est un pur chef-d’œuvre de concision, de puissance évocatrice, de merveilleux jamais forcé. Deux amoureux séparés comme Roméo et Juliette sont réunis en un rendez-vous délicat. Un fragment, La Veille de la Saint-Marc , exerça une séduction enchanteresse sur les poètes préraphaélites du milieu du XIXe siècle, D. G. Rossetti et W. Morris. Lamia ne suscite plus cette atmosphère médiévale, mais est encore un long conte en vers où perce le secret de la fascination qu’exerçait alors Fanny Brawne sur Keats. Une femme-serpent ravit dans ses enchantements un jeune Grec de Corinthe ; cette magicienne ne peut cependant le faire entièrement croire à leur bonheur ; le rêve ou le charme est rompu par le froid regard scrutateur de l’homme. Le conte est plus proche du réel, plus touché par quelque mélancolie, et saisissant dans quelques-uns de ses épisodes.

La plus audacieuse entreprise de Keats, toujours pendant cette année 1819 d’une extraordinaire fécondité, fut un poème inspiré à la fois par la mythologie ou la théogonie grecques et par la gravité majestueuse de Milton, Hyperion. Le contraste entre cette forme sévère et sculpturale, mais parfois génante par son rappel du Paradis perdu , et le sujet (la lutte des dieux grecs avec les titans, la défaite du dieu solaire Hyperion par Apollon) prive le poème épique de l’unité d’impression qu’on voudrait ressentir. Keats l’abandonna après le début du troisième chant, revint ensuite à une nouvelle version d’une beauté plus humaine ou plus moderne. Il montre dans ce fragment d’épopée  » digne d’Eschyle « , comme en convint Byron après la mort du jeune poète, une juste intuition du sens profond de la mythologie grecque, avec son ruissellement de divinités successivement détrônées, et une maîtrise rare du vers blanc. Le discours d’Oceanus au chant II est parmi les morceaux les plus chargés de sens moral et philosophique de la poésie romantique européenne.

3. Les odes et derniers sonnets

Sans doute les œuvres épiques et narratives de Keats souffrent-elles de la désaffection que les modernes ressentent pour les longs poèmes, forcément inégaux. De beaucoup la partie la plus lue et la plus admirée de l’œuvre de Keats est la série de grandes odes qu’il composa en 1818-1819. Rien en effet ne les égale en Angleterre ou même en France et en Allemagne, en dehors de quelques odes de Shelley et de certains hymnes de Novalis et de Hölderlin.

Quatre de ces odes furent écrites avec une rapidité peu commune en mai 1819 : Ode to a Nightingale , Ode on a Grecian Urn , Ode on Melancholy , Ode on Indolence. L’Ode to Autumn fut composée en octobre de la même année. Le 3 mai de l’année précédente, Keats avait incorporé dans une lettre à un ami, J. H. Reynolds, un poème de quatorze vers qu’il donnait comme le fragment d’une Ode à Maia , mère d’Hermès, en fait un morceau achevé et d’une rare splendeur. L’Ode à un rossignol , la plus longue et la plus dramatique, est tout entière un mouvement vers la mort, appelée et désirée par le poète tandis qu’il écoute, dans un décor de printemps voluptueux, le chant de l’oiseau qui, lui, n’était pas fait pour mourir : toujours son chant a consolé grands et pauvres, et la Ruth biblique, exilée parmi les blés étrangers. L’Ode sur une urne grecque , avec sa célèbre identification de la vérité avec la beauté lue comme le message offert par les peintures de ce vase antique, évoque la supériorité de l’art, durable et triomphant des années, sur la vie inquiète et éphémère. L’Ode sur la mélancolie est plus douloureuse, car celle-ci, comme chez Lucrèce, apparaît au sein même des plaisirs les plus délicieux : la dernière strophe en est grave et profonde. L’Ode sur l’indolence est moins harmonieuse de structure et dit le plaisir de s’abandonner parfois à une langueur voluptueusement passive. L’Ode à Psyché , la dernière en date des déesses acceptées par le panthéon hellénique, est plus somptueuse et caressante ; elle montre en Keats l’adorateur des divinités païennes, dont il promet, dans la strophe finale, de se faire le chantre et le prêtre. Sa beauté troublante et tremblante de sensualité sera goûtée par les poètes britanniques de l’art pour l’art qui exclut morale et religion. Enfin l’Ode à l’automne , plus sereine, dont le moi du poète est absent, évoque la félicité d’un paradis d’où l’angoisse de la mort et la turbulence de la vie sont bannies. C’est peut-être le poème le plus parfait de la langue anglaise.

4. Mort et résurrection

À cette extraordinaire floraison succéda, en 1820, une année douloureuse. Keats avait vu lentement mourir de tuberculose son frère Tom en décembre 1818. Un peu plus d’un an après, il se sut atteint de la même maladie. Il avait, dans un poème de jeunesse, demandé dix ans de carrière poétique pour s’élever au rang qu’il espérait être le sien ; cela ne devait pas lui être accordé. Son amour mêlé de brûlante ardeur et d’amère insatisfaction le rongeait. Il avait symboliquement crié sa détresse de se savoir ainsi miné par un amour dont jamais il ne jouirait, dans sa splendide ballade La Belle Dame sans merci (1819) ; le titre seul provenait d’Alain Chartier, le poème est une merveille d’art évocateur et d’images étranges et prenantes, sur un chevalier captif d’une femme-vampire. De plus en plus attristé, le poète écrivit l’un des sonnets les plus tragiques, et les plus parfaits, de la poésie anglaise,  » Eclatante étoile, puissé-je comme toi être fixé en repos !  » Il appelle à lui la mort, et voudrait qu’elle le surprît embrassant son amante. Il ne pouvait plus ébaucher de projet d’avenir.

Il entreprit, avec un peintre de ses amis, Joseph Severn, qui l’assista jusqu’au dernier jour, le long voyage par mer vers la Méditerranée, Rome et Naples, angoissé de laisser la jeune femme désirée. Il analysait lucidement les degrés de ce mal qui pourrissait ses organes.  » Je sens les fleurs pousser sur moi « , disait-il ; et dans l’amertume de son cœur, il demanda que sur sa tombe fût écrit en anglais :  » Ci-gît un homme dont le nom fut écrit sur l’eau.  » Son modeste logis était à Rome, près des escaliers de Trinità dei Monti, sur la place d’Espagne ; la maison est aujourd’hui le musée Keats-Shelley. Shelley en effet, dès l’été de 1820, avait écrit à Keats pour l’inviter à le rejoindre en Italie, à Pise. Keats avait refusé, par une lettre un peu sèche, conseillant à son aîné de trois ans plus de concentration et de densité dans son art. Shelley ne s’en vexa point. Dès qu’il apprit la mort de Keats à Rome, il écrivit la plus grandiose élégie jamais consacrée par un poète à un autre poète, Adonaïs , tribut au génie de Keats arrêté dans sa floraison et anticipation du sort réservé à Shelley lui-même, qui voulait être enterré dans le même cimetière protestant de Rome ; il le fut en effet dix-huit mois plus tard.

Il fallut une dizaine d’années pour qu’enfin la jeunesse des universités britanniques, à Cambridge d’abord, puis à Oxford, revendiquât pour Keats et pour Shelley une place parmi les vrais poètes. Monckton Milnes, devenu plus tard lord Houghton, se consacra à cette réhabilitation. Le jeune Tennyson, né en 1809, admira l’art de Keats dès 1832-1833. Les préraphaélites (Rossetti, Morris) se proclamèrent ses disciples. Swinburne admira son hellénisme, son paganisme poétique, son culte éperdu de la beauté, et surtout l’accent mis sur le sensuel, alors que la littérature victorienne se croyait tenue de proposer un message moral optimiste. Depuis, la gloire de Keats n’a jamais plus été mise en question. Elle brille, hors des pays de langue anglaise, surtout parmi les connaisseurs, car la traduction la déflore. Nul poète anglais n’est plus récité, plus aimé.

5. Un poète et une poétique

Les lettres de Keats constituent la plus riche et la plus émouvante correspondance laissée par un écrivain anglais du siècle dernier. On y suit pas à pas l’évolution d’un esprit qui mûrissait avec une rapidité exceptionnelle et multipliait les confidences, non tant (sauf les déchirants cris d’amour et de jalousie de la fin de sa vie) sur lui-même ou sur la composition de ses œuvres que sur le sens de la poésie. Chez le poète, il voulait tout d’abord une réceptivité totale, une ouverture presque indolente aux impressions de la nature et du monde extérieur. Dans une lettre du 27 octobre 1818, Keats énonce que le vrai poète n’a aucune identité ; il n’est rien et il est tout, un caméléon. Un an plus tôt déjà, il avait, à propos de Shakespeare, dénommé  » capacité négative  » ( » négative capability « ), ce don de séjourner dans le mystère et le doute sans se soucier de poursuivre faits ou raison. Son culte des sensations, souvent proclamé, l’est moins des seules jouissances de goût ou de parfum (cependant fort intenses chez lui) que de ces intuitions de l’imagination qui ne reposent sur rien de rationnel.

Il tenait en outre l’intensité comme l’apanage, et peut-être la marque, du génie. Après quelque profusion trop décorative, dans ses œuvres de jeunesse, des maniérismes et des langueurs prodiguées, Keats en vint très vite à répudier tout didactisme, tout excès de couleur ou de gênante présence du poète (lettre du 3 févr. 1818).  » La poésie doit nous frapper comme l’expression, par mots, des plus hautes pensées, et nous paraître presque une réminiscence  » (27 févr. 1818). Dans les meilleurs de ses vers, le poète si jeune encore élimine toute rhétorique, toute virtuosité verbale comme celle de Byron ou de Swinburne, les prosaïsmes qu’avait recherchés ou consentis Wordsworth, et même une certaine mollesse qui affaiblit parfois Shelley. Il y a dans les odes et dans Hyperion , aussi bien que dans une dizaine de sonnets, une densité, une concentration explosive, et un toucher infaillible pour réaliser l’adéquation juste et pleine entre l’émotion ou la pensée et l’expression.

Car il y a une pensée personnelle et profonde chez Keats, comme chez Goethe, Baudelaire, Mallarmé ou Rilke. Il a vécu le rêve romantique d’évasion vers la Grèce, terre de la beauté, mais surtout de la mythologie, qui animait la nature, et des dieux païens, chers à Keats qui ne fut jamais touché par le puritanisme, par le christianisme ou même par le spiritualisme platonicien. Dans une très belle lettre du 3 mai 1818, il a parlé du passage graduel d’une demeure de la pensée juvénile à d’autres logis moins radieux, dans lesquels on sent la présence de la misère humaine et on porte ce que Wordsworth appelait  » le fardeau du mystère « . Il imagina un moment les Grecs comme un peuple serein, content de vivre pour la beauté. Pourtant il aperçut plus vite que Chénier ou Schiller ce qu’avait de partiel cette idéalisation. À la fin de sa vie, révisant son Hyperion , il dépeignait un temple dont seuls peuvent gravir l’escalier  » ceux pour qui les misères du monde sont misère, et ne leur laissent nul repos « . À celle qu’il aimait jusqu’à la torture, il confessait éprouver en son cœur les souffrances qu’Hamlet aimant Ophélie avait dû ressentir, malgré ses sarcasmes. Comme Rimbaud, en trois ou quatre années, Keats concentra l’expérience de plusieurs existences et atteignit une perfection artistique si riche de vie, de variété, si infaillible dans ses réussites que bien des critiques de son pays ont répété le mot de Matthew Arnold :  » Il est, avec Shakespeare, au premier rang des poètes. « 

Voir aussi:

Ne me Keats pas

Didier Péron

Libération

6 janvier 2010

En 1990, dans Un ange à ma table, la cinéaste néo-zélandaise Jane Campion retraçait dans son deuxième long métrage la vie chaotique de sa compatriote, l’écrivain Janet Frame (1924-2004) : diagnostiquée à tort comme schizophrène et internée pendant près d’une dizaine d’années en hôpital psychiatrique où après de nombreux électrochocs, elle réchappait de peu à la lobotomie. Aujourd’hui, avec Bright Star, elle poursuit ce dialogue entre biographie tourmentée et création littéraire en évoquant l’amour passionné (mais chaste) entre le poète John Keats (1795-1821) et sa voisine Fanny Brawne, dans l’Angleterre des années 1820.

De nombreuses similitudes entre Frame et Keats frappent d’emblée en dépit de leurs éloignements historique, géographique et esthétique. D’abord, ils viennent de milieux sociaux qui ne les prédestinent pas à la carrière littéraire : Frame était née dans une famille ouvrière (père cheminot, mère femme de ménage), le père de Keats tenait une écurie de louage. Ensuite, ils sont très tôt frappés par le malheur en cascade : Janet Frame est traumatisée par la mort de deux de ses sœurs, l’une et l’autre noyées au cours d’accidents successifs . John Keats connaît le deuil dès l’enfance, il n’a que 8 ans quand son père meurt d’un accident de cheval, 14 ans quand sa mère est emportée par la tuberculose. Il sera ensuite confronté, comme on le voit dans le film, à la maladie identique d’un de ses frères, Thomas, qui expire en crachant le sang à l’âge canonique de 19 ans. D’emblée s’instaure, donc, dans les deux films un double rapport d’adversité et d’héroïsme, face aux hiérarchies sociales défavorisantes et aux assauts d’un destin catastrophique.

Bien qu’elle s’appuie sur la biographie de Keats écrite par Andrew Motion (non traduite en français), la cinéaste a composé un scénario original qui donne une part plus grande à Fanny Brawne qu’au poète. Du moins, c’est par son regard de fille moderne (ou tentant de l’être), issue d’une famille relativement aisée de la banlieue de Londres, se piquant de mode et fabriquant elle-même ses extravagants robes et chapeaux, que la cinéaste approche, comme en marchant sur des œufs, le mystère de la création. De manière significative, l’acte d’écrire lui-même n’est jamais véritablement représenté, ou alors sous la forme comique d’une séance de travail qui allait à peine commencer et que la jeune fille, désinvolte, peu sensible a priori aux muses poétiques, interrompt par ses intrusions intempestives ou ses questions déplacées.

La première mention de Fanny Brawne dans la correspondance de Keats, en décembre 1818, n’est d’ailleurs pas très flatteuse : «Elle se conduit de manière épouvantable, s’emballant à tout bout de champs, traitant les gens de tous les noms au point que je me suis obligé à la qualifier de « pimbêche ».» Pourtant, les liens se resserrent rapidement, Fanny est séduite par la douceur du jeune homme ; lui est conquis par sa fraîcheur et sa liberté d’esprit. Un an plus tard, alors qu’il se trouve sur l’île de Wight en voyage, il lui envoie une dizaine de lettres-poèmes, témoignages d’un amour brûlant : «Je rêve que nous soyons des papillons n’ayant à vivre que trois jours d’été. Avec vous, ces trois jours seraient plus plaisants que cinquante années d’une vie ordinaire.»

«Cockney». En octobre 1819, les deux jeunes gens se fiancent en secret, mais le mariage n’est pas envisageable selon les codes de l’époque. Car Keats n’a pas d’argent, il ne peut donc prétendre demander la main de Fanny. Campion décrit très bien ce mélange étrange de libéralisme moral, qui voit par exemple la mère de Fanny ne pas chercher à violemment séparer une union qu’elle jugerait socialement inappropriée (même si elle le dit et le répète), et de rigidité des codes sociaux anglais dominée par un sentiment aristocratique puissant. Ainsi, dimension que le film ne traite pas pour le coup, dès la parution de ses premiers poèmes, Keats est jugé avec mépris comme le rejeton dégénéré des quartiers «cockney», roturier sans éducation et usant de licences poétiques «indécentes». Lord Byron qui est, à l’époque avec Shelley, le représentant d’une jeunesse dorée, héritière de fortunes familiales et formée dans les meilleures universités, qualifiera d’ailleurs la poésie de Keats de «masturbation mentale». Le romantisme anglais contient donc sui generis la forte polarité sociale anglaise et s’élabore dans deux creusets de nature fort distincte : d’un côté de belles âmes sans souci matériel soignant leur mal de vivre au gré de grands voyages orientaux ; de l’autre, un orphelin désargenté, autodidacte des lettres, s’inscrivant à une formation de chirurgien dans l’un des quartiers les plus populaires de Londres, près du Guy’s Hospital, et payant son loyer en faisant des pansements.

Campion est quand même plus intéressée par la guerre des sexes que par la lutte des classes. Elle évoque la pauvreté de Keats, mais c’est surtout la littérature comme sport masculin qu’elle représente au premier chef. Ainsi le personnage de Charles Brown est-il chargé de toutes les caractéristiques d’une virilité coupable. Si Keats est maladif et androgyne (un genre de rock star british qui ne demande qu’à éclore), Brown est l’homme en pleine santé, à grosse voix et barbe, essayant d’empêcher la donzelle Fanny Brawne de distraire son protégé des geysers de son propre génie. L’amitié poétique est ainsi perçue comme une homosexualité qui ne dit pas son nom.

Linceul. Bien que nous assistions en somme à l’émergence du romantisme, Jane Campion ne cherche jamais ici à courir sur les lignes de crête qui jalonnent cette histoire – drame personnel, confrontation littéraire souvent acerbe, passion contrariée, jalousie, dépression et exaltation… -, elle se tient à dessein sur un chemin de contrebas où le tumulte ne parvient qu’amorti, filtré. C’est une passion courte pour une vie brève, mais perçue à pas lents et feutrés. Le couple central lui-même, interprété par deux acteurs délicieusement séduisants (Ben Whishaw et Abbie Cornish), se détache presque en creux sur une toile où le fond (paysages, accessoires, costumes…) et surtout les seconds rôles (incroyable silhouette des jeunes frères et sœurs de Fanny, pittoresque de la coterie campagnarde entourant Keats…) sont traités avec des reliefs plus soutenus.

Fanny et John sont pour ainsi dire des personnages préposthumes qui ne trouveront d’épaisseurs et de raison d’être qu’une fois glissés dans le linceul d’une mort embellissante. Les deux amants étant le plus souvent éloignés, ils ne restent à filmer pour la jeune fille en fleur que le fétichisme d’un corps masculin qui ne se donne véritablement qu’à travers des lettres déchirantes, des lambeaux de phrases tombées d’une bouche d’or, très vite barbouillée du sang artériel de la tuberculose qui le tuera à 25 ans :«La poésie de la terre ne s’arrête jamais», «Astre étincelant, que ne suis-je comme toi, immuable ?», «Quel est donc ce cortège qui s’avance en vue du sacrifice ?». Extrêmement composé, le film – qui a, selon le vœu de Jane Campion, la forme d’une «ballade», c’est-à-dire procédant par strophes, rythmes internes et ellipses – parvient à procurer le vertige d’une poésie qui s’invente au présent.

Si, après la projection, les larmes séchées, l’on veut en savoir plus sur Keats, on peut lire sa poésie (notamment dans un recueil de poche chez Gallimard), ainsi que la riche étude à la fois biographique et critique que lui a consacrée Christian La Cassagnère, sous le titre John Keats, les terres perdues (éd. Aden). Il nous éclaire sur un des nombreux aspects que le film laisse de côté, à savoir le souci du jeune homme non de compter fleurette ou de dire son malaise, mais d’affronter le mythe à travers les modèles écrasants de Shakespeare et de John Milton. Les longs textes – tels qu’Endymion ou l’inachevé Hyperion, tableau grandiose des Titans égarés, sans puissance, dans une vallée obscure – témoigne d’une ambition artistique que le film tend sans doute à minorer. Hyperion résume aussi le fond mélancolique d’un artiste qui ne connaîtra jamais la gloire auquel il avait désespérément aspiré jusqu’à son dernier soupir, «un poème sur l’essence tragique de l’homme», écrit La Cassagnère. «A travers le récit de la chute des dieux, Keats représente un être qui a pour destin de se constituer comme sujet dans une perte qui le laisse déshérité.»

Bright Star de Jane Campion avec Abbie Cornish, Ben Whishaw, Paul Schneider, Kerry Fox… 1 h 59.

Voir encore:

Bright Star: Campion’s Film About the Life and Love of Keats

Poets.org

A portrait of love and loss, Jane Campion’s film Bright Star chronicles the tragic love affair between John Keats and his neighbor, Fanny Brawne, throughout the years in which Keats wrote several of the most celebrated poems of the Romantic period. Told from Brawne’s perspective on the romance, the film not only reveals the evolution of their young love, but traces Brawne’s introduction and immersion into Keats’s world of poetry, beginning with apathy and ending with passionate involvement.

Though at the time the lovers meet in 1818 Keats has already established himself in the literary world, his career does not afford him the financial means to marry. Knowing this, Brawne’s interaction with Keats is limited, so she injects herself into his life by feigning an interest in poetry.

One of the most intimate early scenes of the relationship takes place over an impromptu poetry lesson, though Keats is suspicious of Brawne. When she asks for an introduction concerning « the craft of poetry, » Keats dismisses the notion: « Poetic craft is a carcass, a sham. If poetry doesn’t come as naturally as leaves to a tree, then it better not come at all. »

As the conversation continues, however, Brawne earns Keats’s trust, and he offers a more useful explanation: « A poem needs understanding through the senses. The point of diving in a lake is not immediately to swim to the shore; it’s to be in the lake, to luxuriate in the sensation of water. You do not work the lake out. It is an experience beyond thought. Poetry soothes and emboldens the soul to accept mystery. »

From that point on, Brawne develops an obsession with poetry—mostly Keats’s own poems—and occasionally recites favorite verses from memory. It is through Brawne that much of the poetry of the film reveals itself, either from her memory, or read to her by Keats.

Poems excerpted in the film include the book-length sequence Endymion, « When I Have Fears that I May Cease to Be, » « The Eve of St. Agnes, section XXIII, [Out went the taper as she hurried in], » « Ode to a Nightingale, » « La Belle Dame Sans Merci, » and the title poem, « Bright Star, » which Campion depicts as having been written with Brawne as Keats’s muse, though the historical evidence is inconclusive.

As Andrew Motion notes in Keats: A Biography (which Campion credits as having inspired the film), there are two parallels between the poem and Brawne: the first is found in one of Keats’s love letters to Brawne (« I will imagine you Venus tonight and pray, pray, pray to your star like a Heathen. Your’s ever, fair Star. »), and the second is the fact that in 1819 she transcribed the poem in a book by Dante which Keats had given her. There are, however, poems that were definitely written to Brawne (« The day is gone… » and « I cry your mercy… »), and Motion points out that their form resembles that of the title poem.

Another of Keats’s works unmistakably written for Brawne is the poem « To Fanny, » the last known poem written by Keats. In it, the poet addresses doubts and suspicions about Fanny—a turn at the end of Keats’s life that Campion understandably leaves out of the film entirely.

« [‘To Fanny’] begins with a desperate challenge to the advice that [Keats] should avoid writing, » explains Motion, « describing ‘verse’ as an illness which ‘Physician Nature’ must cure by bleeding. »

Though Campion’s film excludes any mention of Keat’s suspicions, Motion explains how the handwritten manuscript of Keats’s final poem offers « touching evidence » of the state the poet was in when he wrote it: « Initially large and wild, with several letters hastily unformed, Keats’s handwriting eventually slackens and splays. He was obviously worn out. The fact that it was the last poem he wrote makes this all the more moving. »

Voir enfin:

Enjoying « La Belle Dame Sans Merci », by John Keats

Ed Friedlander, M.D.

This pursued through volumes might take us no further than this, that with a great poet the sense of Beauty overcomes every other consideration, or rather obliterates all consideration.

— Keats (Dec. 21, 1817)

I’m a physician and medical school teacher in real life. I’ve liked Keats since I was in high school. Generally I enjoy the classics because they say what most of us have thought, but much more clearly.

The real John Keats is far more interesting than the languid aesthete of popular myth. Keats was born in 1795, the son of a stable attendant. As a young teen, he was extroverted, scrappy, and liked fistfighting. In 1810 he became an apprentice to an apothecary-surgeon, and in 1815 he went to medical school at Guy’s Hospital in London. In 1816, although he could have been licensed to prepare and sell medicines, he chose to devote his life entirely to writing poetry.

In 1818, Keats took a walking tour of the north of England and Scotland, and nursed his brother Tom during his fatal episode of tuberculosis.

By 1819, Keats realized that he, too, had tuberculosis. If you believe that most adult TB is from reactivation of a childhood infection, then he probably caught it from his mother. If you believe (as I do) that primary progressive TB is common, then he may well have caught it from Tom. Or it could have come from anybody. TB was common in Keats’s era.

Despite his illness and his financial difficulties, Keats wrote a tremendous amount of great poetry during 1819, including « La Belle Dame Sans Merci ».

On Feb. 3, 1820, Keats went to bed feverish and feeling very ill. He coughed, and noticed blood on the sheet. His friend Charles Brown looked at the blood with him. Keats said, « I know the color of that blood; it is arterial blood. I cannot be deceived. That drop of blood is my death warrant. » (Actually, TB is more likely to invade veins than arteries, but the blood that gets coughed up turns equally red the instant it contacts oxygen in the airways. The physicians of Keats’s era confused brown, altered blood with « venous blood », and fresh red blood with « arterial blood ».) Later that night he had massive hemoptysis.

Seeking a climate that might help him recover, he left England for Italy in 1820, where he died of his tuberculosis on Feb. 23, 1821. His asked that his epitaph read, « Here lies one whose name was writ in water. »

Percy Shelley, in « Adonais », for his own political reasons, claimed falsely that bad reviews of Keats’s poems (Blackwoods, 1817) had caused Keats’s death. Charles Brown referred to Keats’s « enemies » on Keats’s tombstone to get back at those who had cared for him during his final illness. And so began the nonsense about Keats, the great poet of sensuality and beauty, being a sissy and a crybaby.

There is actually much of the modern rock-and-roll star in Keats. His lyrics make sense, he tried hard to preserve his health, and he found beauty in the simplest things rather than in drugs (which were available in his era) or wild behavior. But in giving in totally to the experiences and sensations of the moment, without reasoning everything out, Keats could have been any of a host of present-day radical rockers.

O for a Life of Sensations rather than of Thoughts! It is a « Vision in the form of Youth » a shadow of reality to come and this consideration has further convinced me… that we shall enjoy ourselves here after having what we called happiness on Earth repeated in a finer tone and so repeated. And yet such a fate can only befall those who delight in Sensation rather than hunger as you do after Truth.

— Keats to Benjamin Bailey, Nov. 22, 1817

If you are curious to learn more about Keats, you’ll find he was tough, resilient, and likeable.

« La Belle Dame Sans Merci » exists in two versions. The first was the original one penned by Keats on April 21, 1819. The second was altered (probably at the suggestion of Leigh Hunt, and you might decide mostly for the worse) for its publication in Hunt’s Indicator on May 20, 1819.

Manuscript

I

Oh what can ail thee, knight-at-arms,

Alone and palely loitering?

The sedge has withered from the lake,

And no birds sing.

II

Oh what can ail thee, knight-at-arms,

So haggard and so woe-begone?

The squirrel’s granary is full,

And the harvest’s done.

III

I see a lily on thy brow,

With anguish moist and fever-dew,

And on thy cheeks a fading rose

Fast withereth too.

IV

I met a lady in the meads,

Full beautiful – a faery’s child,

Her hair was long, her foot was light,

And her eyes were wild.

V

I made a garland for her head,

And bracelets too, and fragrant zone;

She looked at me as she did love,

And made sweet moan.

VI

I set her on my pacing steed,

And nothing else saw all day long,

For sidelong would she bend, and sing

A faery’s song.

VII

She found me roots of relish sweet,

And honey wild, and manna-dew,

And sure in language strange she said –

‘I love thee true’.

VIII

She took me to her elfin grot,

And there she wept and sighed full sore,

And there I shut her wild wild eyes

With kisses four.

IX

And there she lulled me asleep

And there I dreamed – Ah! woe betide! –

The latest dream I ever dreamt

On the cold hill side.

X

I saw pale kings and princes too,

Pale warriors, death-pale were they all;

They cried – ‘La Belle Dame sans Merci

Hath thee in thrall!’

XI

I saw their starved lips in the gloam,

With horrid warning gaped wide,

And I awoke and found me here,

On the cold hill’s side.

XII

And this is why I sojourn here

Alone and palely loitering,

Though the sedge is withered from the lake,

And no birds sing.

Published

I

Ah, what can ail thee, wretched wight,

Alone and palely loitering?

The sedge is wither’d from the lake,

And no birds sing.

II

Ah, what can ail thee, wretched wight,

So haggard and so woe-begone?

The squirrel’s granary is full,

And the harvest’s done.

III

I see a lily on thy brow,

With anguish moist and fever dew;

And on thy cheek a fading rose

Fast withereth too.

IV

I met a lady in the meads,

Full beautiful – a faery’s child;

Her hair was long, her foot was light,

And her eyes were wild.

V

I set her on my pacing steed,

And nothing else saw all day long,

For sideways would she lean, and sing

A faery’s song.

VI

I made a garland for her head,

And bracelets too, and fragrant zone;

She look’d at me as she did love,

And made sweet moan.

VII

She found me roots of relish sweet,

And honey wild, and manna dew;

And sure in language strange she said –

‘I love thee true.’

VIII

She took me to her elfin grot,

And there she gazed, and sighed deep,

And there I shut her wild wild eyes

So kiss’d to sleep.

IX

And there we slumber’d on the moss,

And there I dream’d – Ah! woe betide!

The latest dream I ever dream’d

On the cold hill side.

X

I saw pale kings, and princes too,

Pale warriors, death-pale were they all;

They cried – ‘La Belle Dame sans Merci

Hath thee in thrall!’

XI

I saw their starved lips in the gloam,

With horrid warning gaped wide,

And I awoke, and found me here

On the cold hill side.

XII

And this is why I sojourn here,

Alone and palely loitering,

Though the sedge is wither’d from the lake,

And no birds sing.

The Story

The poet meets a knight by a woodland lake in late autumn. The man has been there for a long time, and is evidently dying.

The knight says he met a beautiful, wild-looking woman in a meadow. He visited with her, and decked her with flowers. She did not speak, but looked and sighed as if she loved him. He gave her his horse to ride, and he walked beside them. He saw nothing but her, because she leaned over in his face and sang a mysterious song. She spoke a language he could not understand, but he was confident she said she loved him. He kissed her to sleep, and fell asleep himself.

He dreamed of a host of kings, princes, and warriors, all pale as death. They shouted a terrible warning — they were the woman’s slaves. And now he was her slave, too.

Awakening, the woman was gone, and the knight was left on the cold hillside.

Notes

« La Belle Dame Sans Merci » means « the beautiful woman without mercy. » It’s the title of an old French court poem by Alain Chartier. (« Merci » in today’s French is of course « thank you ».) Keats probably knew a current translation which was supposed to be by Chaucer. In Keats’s « Eve of Saint Agnes », the lover sings this old song as he is awakening his beloved.

« Wight » is an archaic name for a person. Like most people, I prefer « knight at arms » to « wretched wight », and obviously the illustrators of the poem did, too. (« Until I met her, I was a man of action! »)

« Sedge » is any of several grassy marsh plants which can dominate a wet meadow.

« Fever dew » is the sweat (diaphoresis) of sickness. Keats originally wrote « death’s lily » and « death’s rose », and he refers to the flush and the pallor of illness. If the poet can actually see the normal red color leaving the cheeks of the knight, then the knight must be going rapidly into shock, i.e., the poet has come across the knight right as he is dying, and is recording his last words. (The knight is too enwrapped in his own experience to notice.)

Medieval fairies (dwellers in the realm of faerie) were usually human-sized, though Shakespeare’s Midsummer Night’s Dream allowed them (by negative capability) to be sometimes-diminutive.

« Sidelong » means sideways. A « fragrant zone » is a flower belt. « Elfin » means « pertaining to the elves », or the fairy world. A « grot » is of course a grotto. « Betide » means « happen », and « woe betide » is a more romantical version of the contemporary expression « —- happens ». « Gloam » means gloom. A « thrall » is an abject slave.

The Poem’s Inspiration

Keats had a voluminous correspondence, and we can reconstruct the events surrounding the writing of « La Belle Dame Sans Merci ». He wrote the poem on April 21, 1819. It appears in the course of a letter to his brother George, usually numbered 123. You may enjoy looking this up to see how he changed the poem even while he was writing it.

At the time, Keats was very upset over a hoax that had been played on his brother Tom, who was deceived in a romantic liaison. He was also undecided about whether to enter into a relationship with Fanny Brawne, who he loved but whose friends disapproved of the possible match with Keats.

Shortly before the poem was written, Keats recorded a dream in which he met a beautiful woman in a magic place which turned out to be filled with pallid, enslaved lovers.

Just before the poem was written, Keats had read Spenser’s account of the false Florimel, in which an enchantress impersonates a heroine to her boyfriend, and then vanishes.

All these experiences probably went into the making of this powerful lyric.

In the letter, Keats followed the poem with a chuckle.

Why four kisses — you will way — why four? Because I wish to restrain the headlong impetuosity of my Muse — she would have fain said « score » without hurting the rhyme — but we must temper the imagination as the critics say with judgment. I was obliged to choose an even number that both eyes might have fair play: and to speak truly I think two apiece quite sufficient. Suppose I had said seven; there would have been three and a half apiece — a very awkward affair — and well got out of on my side —

Keats’s Themes

John Keats’s major works do not focus on religion, ethics, morals, or politics. He mostly just writes about sensations and experiencing the richness of life.

In his On Melancholy, Keats suggests that if you want to write sad poetry, don’t try to dull your senses, but focus on intense experience (not even always pleasant — peonies are nice, being b_tched out by your girlfriend isn’t), and remember that all things are transient. Only a poet can really savor the sadness of that insight.

In Lamia, a magic female snake falls in love with a young man, and transforms by magic into a woman. They live together in joy, until a well-intentioned scholar ruins the lovers’ happiness by pointing out that it’s a deception. Until the magic spell is broken by the voice of reason and science, they are both sublimely happy. It invites comparison with « La Belle Dame Sans Merci ».

Richard Dawkins took a line from « Lamia » for the title of his book, Unweaving the Rainbow, against the familiar (romantic?) complaints that studying nature (as it really is) makes you less appreciative of the world’s beauty. (I agree with Dawkins. I haven’t found that being scientific spoils anybody’s appreciation of beauty. — Ed.)

In On a Grecian Urn, Keats admires a moment of beauty held forever in a work of art. The eternal moment, rather than the stream of discursive, rational thought, led Keats to conclude, « Beauty is truth, truth beauty — that is all you know, or ever need to know. »

To a Nightingale recounts Keats’s being enraptured (by a singing bird) out of his everyday reality. He stopped thinking and reasoning for a while, and after the experience was over, he wondered which state of consciousness was the real one and which was the dream.

To Autumn is richly sensual, and contrasts the joys of autumn to the more-poetized joys of spring. Keats was dying at the time, and as in « La Belle Dame Sans Merci », Keats is probably describing, on one level, his own final illness — a time of completion, consummation, and peace.

Ask your instructor about Keats’s « pleasure thermometer ». The pleasure of nature and music gives way to the pleasure of sexuality and romance which in turn give way to the pleasure of visionary dreaming.

What’s It All About?

Keats focuses on how experiencing beauty gives meaning and value to life. In « La Belle Dame Sans Merci », Keats seems to be telling us about something that may have happened, or may happen someday, to you.

You discover something that you think you really like. You don’t really understand it, but you’re sure it’s the best thing that’s ever happened to you. You are thrilled. You focus on it. You give in to the beauty and richness and pleasure, and let it overwhelm you.

Then the pleasure is gone. Far more than a normal letdown, the experience has left you crippled emotionally. At least for a while, you don’t talk about regretting the experience. And it remains an important part of who you feel that you are.

Drug addiction (cocaine, heroin, alcohol) is what comes to my mind first. We’ve all known addicts who’ve tasted the pleasures, then suffered the health, emotional, and personal consequences. Yet I’ve been struck by how hard it is to rehabilitate these people, even when hope seems to be gone. They prefer to stagnate.

Vampires were starting to appear in literature around Keats’s time, and the enchantress of « La Belle Dame Sans Merci » is one of a long tradition of supernatural beings who have charmed mortals into spiritual slavery. Bram Stoker’s « Dracula » got much of its bite from the sexuality and seductiveness of the vampire lord.

Anyone who has seen or read « Coraline » can explore whether the « Beldame », who offers love and then imprisons her victims, is related to Keats’s « Belle Dame ». Explore the origins of the word in folklore. The theme of « Coraline » seems to be that if parents do not give attention to, and attend to the emotional needs of, their children… then other people will. And they will be the wrong people.

Failed romantic relationships (ended romances, marriages with the love gone) account for an astonishing number of suicides. Rather than giving up and moving on, men and women find themselves disabled, but not expressing sorrow that the relationship occurred.

Ideologies bring enormous excitement and happiness to new believers. They offer camaraderie and the thrill of thinking that you are intellectually and morally superior and about to change the world for the better. Members of both the Goofy Right and the Goofy Left seemed very happy on my college campus, and I’ve seen the satisfaction that participation in ideological movements brings people ever since. People who leave these movements (finding out that the movements are founded on lies) are often profoundly saddened and lonely.

Religious emotionalism can have an enormous impact, and some lives are permanently changed for the better at revivals. But some people who have come upon a faith commitment emotionally find themselves devastated when the emotions fade, and become unable to function even at their old level.

The Vilia is a Celtic woodland spirit, celebrated by Lehar and Ross in a love song from « The Merry Widow », 1905. The song itself was popular during the 1950’s. The song deals with a common human experience — never being able to recover the first ardor of love. The show itself celebrates that people CAN find love again.

There once was a VIlia, a witch of the wood,

A hunter beheld her alone as she stood,

The spell of her beauty upon him was laid;

He looked and he longed for the magical maid!

For a sudden tremor ran,

Right through the love bwildered man,

And he sighed as a hapless lover can.

Vilia, O Vilia! the witch of the wood!

Would I not die for you, dear, if I could?

Vilia, O Vilia, my love and my bride,

Softly and sadly he sighed.

The wood maiden smiled and no answer she gave,

But beckoned him into the shade of the cave,

He never had known such a rapturous bliss,

No maiden of mortals so sweetly can kiss!

As before her feet he lay,

She vanished in the wood away,

And he called vainly till his dying day!

Vilia, O Vilia, my love and my bride!

Softly and sadly he sighed, Sadly he sighed, « Vilia. »

Vilia — organ chorded version

Vilia — Chet Atkins, jazzier guitar version

Beauty itself, fully appreciated (as only a poet can), must by its impermanence devastate a person. Or so wrote Keats in his « To Melancholy », where the souls of poets hang as « cloudy trophies » in the shrine of Melancholy.

My experience has been more in keeping with Blake’s: « He who kisses a joy as it flies / Lives in eternity’s sunrise. »

Keats praised Shakespeare’s « negative capability ». If I understand the passage correctly, he’s referring to the lack of unambiguous messages in Shakespeare’s works. Instead of preaching or moralizing, Shakespeare’s works mirror life, and let the reader take away his or her own conclusions.

In « La Belle Dame Sans Merci » Keats is letting the reader decide whether the knight’s experience was worth it. Keats (the master of negative capability) records no reply to the dying knight.

For Discussion

What do people mean by « romanticism »? Some common features of works from the movement are:

simple language;

medieval subject matter;

supernatural subject matter;

emphasis on beauty, emotion, and sensuality;

emphasis on unreason.

In the middle ages, ballads were popular songs that told stories. Keats has imitated the ballad form, and you can find more ballads in the library.

Why did Keats choose this meter for his poem? The short-footed final lines of each stanza come as a bit of a surprise, and because of the spondees, they take as long to recite as the other lines. Their sudden slowness reminds me of the knight’s loss.

Unless you choose to use your own « negative capability », try to figure out the story. Is the woman a wicked temptress, trying to destroy men for caprice or sheer cruelty? Or are her tactics her way of defending her life and/or the people of her supernatural nation? Or is she, too, unable to fully join with mortal men, and as sad and frustrated as the men whose lives she has touched? Does the knight stay by the lake because he sees no further purpose in living, or because his experience has redefined him as a person, or because he expects the woman to return? What happened to his horse? Is the knight a ghost?

Why did Keats start the poem as he did? He paints a late-autumn scene (« the squirrel’s granary is full »). Is this setting the scene, or using nature to mirror a knight’s condition? Is there perhaps a more sinister / magical reason that the sedge is withering, or that no birds are singing? (Rachel Carson is said to have chosen the title « Silent Spring » — which correctly made the public aware of the danger that widespread DDT use had on the health of birds — after remembering this poem.)

Conservatives have suggested that the enchantress in the poem is a nature-cult that leads to demonic possession. Be this as it may, what is the fascination of the supposed supernatural and magical? Do you know anybody who has had a good and/or a bad experience with something like this?

To include this page in a bibliography, you may use this format: Friedlander ER (1999) Enjoying « La Belle Dame Sans Merci » by John Keats Retrieved Dec. 25, 2003 from http://www.pathguy.com/lbdsm.htm

For Modern Language Association sticklers, the name of the site itself is « The Pathology Guy » and the Sponsoring Institution or Organization is Ed Friedlander MD.

Links sedge; courtesy of a cranberry company

Keats

Keats Biography

Yahoo on John Keats

Keats

Keats

Negative Capability

http://www.john-keats.com

Thomas of Erceldoune (Thomas the Rhymer) was another mortal who was taken by the fairies to their realm where they live in prosperity, peace, and delight — as Satan’s cattle.

U. Florida drawings of sedges, etc.

« English Teaching Life » has evidently used this page to instruct people who are learning the language. I am very pleased by this, and commend Jan as a teacher

The Vale of Soul Making

There’s something else.

As I’ve mentioned, Keats does not deal with conventional religion in his poems. In several of his private letters, he explicitly stated that he did not believe in Christianity, or in any of the other received faiths of his era.

As he faced death, it’s clear that Keats did struggle to find meaning in life. And in the same letter (123) that contains the original of « La Belle Dame Sans Merci », Keats gives his answer.

The common cognomen of this world among the misguided and superstitious is « a vale of tears » from which we are to be redeemed by a certain arbitrary interposition of God and taken to Heaven. What a little circumscribed straightened notion!

Call the world, if you please, « the Vale of Soul Making ». Then you will find out the use of the world….

There may be intelligences or sparks of the divinity in millions — but they are not Souls till they acquire identities, till each one is personally itself.

Intelligences are atoms of perception — they know and they see and they are pure, in short they are God. How then are Souls to be made? How then are these sparks which are God to have identity given them — so as ever to possess a bliss peculiar to each one’s individual existence. How, but in the medium of a world like this?

This point I sincerely wish to consider, because I think it a grander system of salvation than the Christian religion — or rather it is a system of Spirit Creation…

I can scarcely express what I but dimly perceive — and yet I think I perceive it — that you may judge the more clearly I will put it in the most homely form possible. I will call the world a school instituted for the purpose of teaching little children to read. I will call the human heart the hornbook used in that school. And I will call the child able to read, the soul made from that school and its hornbook.

Do you not see how necessary a world of pains and troubles is to school an intelligence and make it a soul? A place where the heart must feel and suffer in a thousand diverse ways….

As various as the lives of men are — so various become their souls, and thus does God make individual beings, souls, identical souls of the sparks of his own essence.

This appears to me a faint sketch of a system of salvation which does not affront our reason and humanity…

Keats believed that we begin as identical bits of God, and acquire individuality only by life-defining emotional experiences. By doing this, we prepare ourselves for happiness in the afterlife.

You may decide for yourself (or exercise negative capability) about whether you will believe Keats. But it’s significant that this most intimate explanation of the personal philosophy behind his work follows a powerful lyric about emotional devastation.

If Keats’s philosophy is correct, then any intense experience — even letting your life rot away after a failed relationship, or enduring the agony of heroin withdrawal, or dying young of tuberculosis — is precious. (Perhaps Keats, medically trained and knowing he had been massively exposed, was foreseeing his own from TB — he would have been pale and sweaty and unable to move easily.) Each goes into making you into a unique being.

The idea is as radical as it sounds. And if you stay alert, you’ll encounter similar ideas again and again, in some of the most surprising places.

Diotima

He who from these ascending under the influence of true love, begins to perceive that beauty, is not far from the end. And the true order of going, or being led by another, to the things of love, is to begin from the beauties of earth and mount upwards for the sake of that other beauty, using these as steps only, and from one going on to two, and from two to all fair forms, and from fair forms to fair practices, and from fair practices to fair notions, until from fair notions he arrives at the notion of absolute beauty, and at last knows what the essence of beauty is.

Monty Python’s « The Meaning of Life »

In the universe, there are many energy fields which we cannot normally perceive. Some energies have a spiritual source, which act upon a person’s soul. The soul does not exist ab initio, as orthodox Christianity teaches. It has to be brought into existence by a process of guided self-observation. However, this is rarely achieved, owing to man’s unique ability to be distracted from spiritual matters by everyday trivia.

Planescape — adventure gaming based on philosophies of life, where the Sensate faction lives out Keats’s ideals.

Dean Koontz, « Intensity »

Mr. Vess is not sure if there is such a thing as the immortal soul, but he is unshakably certain that if souls exist, we are not born with them in the same way that we are born with eyes and ears. He believes that the soul, if real, accretes in the same manner as a coral reef grows from the deposit of countless millions of calcareous skeletons secreted by marine polyp. We build the reef of the soul, however, not from dead polyps but from steadily accreted sensations through the course of a lifetime. In Vess’s considered opinion, if one wishes to have a formidable soul — or any soul at all — one must open oneself to every possible sensation, plunge into the bottomless ocean of sensory stimuli that is our world, and experience with no consideration of good or bad, right or wrong, with no fear but only fortitude.

I’m an MD, a pathologist in Kansas City, a mainstream Christian. a modernist, a skydiver, an adventure gamer, the world’s busiest free internet physician, and a man who still enjoys books and ideas.

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Brown University, Department of English — my home base, 1969-1973.

More of my stuff:

Antony & Cleopatra — just getting started

The Book of Thel

Hamlet

Julian of Norwich

King Lear

The Lady of Shalott

A Midsummer Night’s Dream

Macbeth

Moby Dick

Oedipus the King

Prometheus Bound

Romeo and Juliet — just a short note

The Knight’s Tale

The Seven Against Thebes

The Tyger

Timbuctoo

Twelfth Night

I do not possess Keats’s negative capability. You get over a failed relationship by making a conscious decision to do so. I want to grab the horseman in the poem and yell, « Cowboy up! » or something. I suspect most visitors to this page would want to do exactly the same thing.

If I don’t share Keats’s focus on beauty and sensation over everything else, I do appreciate him for his insights into the human heart.

Teens: Stay away from drugs, work yourself extremely hard in class or at your trade, play sports if and only if you like it, and get out of abusive relationships by any means. If the grown-ups who support you are « difficult », act like you love them even if you’re not sure that you do. It’ll help you and them. The best thing anybody can say about you is, « That kid likes to work too hard and isn’t taking it easy like other young people. » Health and friendship.

Like Keats, I had tuberculosis in 1978-82. It was memorable. I’m grateful to modern, reality-based science for my cure.


Présidentielle américaine/2012: Les vacances de Monsieur Obama (Anything but prep: Obama believed he had actually won)

10 octobre, 2012
https://i2.wp.com/static01.mediaite.com/med/wp-content/uploads/2013/02/golf.jpghttp://wordwarriorsandiego.files.wordpress.com/2013/03/obama-playing-nuclear-golf-77907740145_xlarge.jpgC’est un terrible avantage de n’avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser. Rivarol
Je sers d’écran blanc sur lequel les gens de couleurs politiques les plus différentes peuvent projeter leurs propres vues. Barack Obama
En fait, je crois mes propres conneries. Barack Obama
En 2008, on ne se rappelle que de la victoire, mais on ne se souvient pas toujours des bosses sur la chaussée. Les choses paraissent toujours bien avec le recul. Mais quand on est au milieu (…) on fait toutes sortes d’erreurs. On bousille le travail. J’ai bousillé le travail. Mais le peuple américain nous a permis d’aller, de continuer. Barack Obama
Si l’on veut être président, on doit la vérité aux Américains. Quand je suis monté sur la scène, j’ai rencontré cet individu très en forme qui prétendait être Mitt Romney. Mais ce ne pouvait pas être Mitt Romney! Le vrai Mitt Romney fait le tour du pays depuis l’année dernière en promettant 5000 milliards de dollars de cadeaux fiscaux bénéficiant aux plus riches. Le vrai Romney disait que nous n’avions pas besoin de davantage d’enseignants dans nos classes. Mais l’individu sur la scène a dit qu’il aimait les professeurs. L’homme qui était sur la scène hier soir ne veut pas assumer la responsabilité de ce que le vrai Romney dit depuis l’année dernière. Barack Obama
Vous aviez annoncé que vous réduiriez le déficit de moitié. Quatre ans ont passé. Nous avons toujours des déficits de plusieurs billions de dollars. Vous avez trouvé 4 000 milliards de dollars pour réduire ou pour vous rapprocher d’un budget équilibré, sauf que nous avons toujours des déficits de plusieurs billions chaque année. Le travail n’a pas été pas fait. Mitt Romney
Je dois admettre que je me gratte la tête face à la capacité du président à consacrer régulièrement quatre heures de son temps pour aller jouer au golf. Mitt Romney
Chaque fois qu’Obama joue, il reste sur le parcours pendant six heures. Ainsi, depuis sa première partie en 2009, le président des Etats-Unis a passé l’équivalent de quatre mois de travail sur le green. Slate
Un problème plus sérieux pour notre nation aujourd’hui est que nous avons un président dont la bénigne – et donc désirable – couleur l’a exempté du processus politique d’individuation qui produit des dirigeants forts et lucides. Il n’a pas eu à risquer sa popularité pour ses principes, expérience sans laquelle nul ne peut connaître ses véritables convictions. A l’avenir il peut lui arriver à l’occasion de prendre la bonne décision, mais il n’y a aucun centre durement gagné en lui à partir duquel il pourrait se montrer un réel leader. Shelby Steele
Obama looks like a tourist reading a map. William Jensen
La dure vérité est que le Président Obama n’avait pas l’air préparé à ce débat. Il est arrivé comme quelqu’un qui n’avait pas vraiment envie d’être là, qui se demandait au nom de quoi il devrait subir les attaques impertinentes, et les contrevérités lancées sans cesse par son rival. Les millions de supporters d’Obama qui rêvaient de voir leur candidat s’enflammer pour eux -un Président qui se battrait vraiment pour leur cause- n’ont récolté qu’une profonde déception. (…) Il y aura d’autres débats. Et les élections sont loin d’être jouées. Mais les supporters d’Obama doivent montrer que le temps des excuses est fini. Le président n’a aucun droit de se présenter à un débat pas préparé et d’offrir une prestation si peu convaincante qu’elle en devient embarrassante. Les chefs progressistes qui représentent la frange la plus forte et la plus fidèle de ses soutiens doivent absolument lui faire parvenir ce message de façon claire. Le Président a déçu son peuple. Et s’il est capable de le faire dans une élection pourtant cruciale, cela signifie qu’il pourra le refaire s’il remporte un second mandat. Bob Herbert
Obama plays tourist at Hoover Dam (…) The president did not respond to shouted press questions about debate preparations. Obama might be hoping to use the dam as an example of American engineering and ingenuity in Tuesday’s first 2012 presidential debate. But given that President Herbert Hoover was soundly defeated after failing to bring the country back from an economic crisis, it might not be the best reference. The Washington Post
With President Obama holed up in a Nevada resort for debate practice, things can get pretty boring on the White House beat right now. Pretty boring for Obama too, apparently. « Basically they’re keeping me indoors all the time, » Obama told a supporter on the phone during a visit to a Las Vegas area field office. « It’s a drag, » he added. « They’re making me do my homework. » Too arrogant to take a core campaign responsibility seriously. Too arrogant to give his supporters what they deserve. (…) A sitting president does not recover from being obliterated on substance, style and likability in the first debate and get much of a chance to come back. He has, at a critical moment, deeply depressed his base and his supporters and independents are flocking to Romney in droves. I’ve never seen a candidate self-destruct for no external reason this late in a campaign before. Gore was better in his first debate – and he threw a solid lead into the trash that night. Even Bush was better in 2004 than Obama last week. Even Reagan’s meandering mess in 1984 was better – and he had approaching Alzheimer’s to blame. I’m trying to see a silver lining. But when a president self-immolates on live TV, and his opponent shines with lies and smiles, and a record number of people watch, it’s hard to see how a president and his party recover. Andrew Sullivan
The description of Obama – so disdainful, he didn’t feel he needed to really interact with Romney – seems to fit the demeanor we saw in the president, and other descriptions of the mood within Obama’s Chicago campaign headquarters. The problem is that this sets up a darned-if-you-do, darned-if-you-don’t decision for Obama in the next presidential debate next week. If Obama tears into Romney from the opening moments, he comes across as a man who realizes he’s losing, and who’s desperate to change the dynamic. He may look harsh, angry, and divisive. His base will probably love it, but all of the voters who have shifted to Romney in the past week will probably feel better about their choice. The tone of Obama’s performance last week was that he’s spent – he’s out of energy, out of ideas, out of hope and now just hoping to plod along for the next four years. Ninety minutes of Obama trying to recite his attack ads’ greatest hits before a town hall audience will only reinforce the perception, “this guy’s done, he’s got nothing else left to offer.” Keep in mind that Romney proved in the first debate to be much more nimble, persuasive, and personable than almost anyone expected. Obama could very well go on the attack and lose the exchange. But if Obama plays Mr. Nice Guy, his base is likely to be irate and depressed once again, since attacks on Romney are like catnip to them. In a way, failing to take on Romney would only reinforce the perception that Obama thinks he’s above this, that he thinks these debates are silly wastes of time, and that he doesn’t think his opponent is worth taking seriously. Ideally, Obama would defend his own policies and decisions and point out risks in Romney’s approach, while taking a respectful and perhaps even gracious tone. Unfortunately, it’s hard to imagine Obama doing that; he would need to show respect for an opponent he clearly doesn’t respect. In a way, Obama’s problem is that he’s too honest: he doesn’t take Romney seriously, and he cannot imagine how anyone else ever could. Jim Geraghty
A l’issue d’une heure et demie d’un débat télévisé dense et poli, le candidat républicain, Mitt Romney, s’est débarrassé de la caricature que ses adversaires démocrates dessinaient de lui depuis des mois. Il a habilement négocié son glissement au centre sans pour autant se renier vis-à-vis de la base plus à droite du Parti républicain, celle des meetings où l’on siffle Washington DC, celle du port d’armes, de la théologie des baisses d’impôts et de la nostalgie d’une Amérique où réussir était plus facile qu’aujourd’hui. (…) A l’issue de ce premier débat nettement remporté, le camp républicain sort galvanisé par la performance d’un champion dont le moins que l’on puisse dire est qu’il n’avait pas été choisi dans l’enthousiasme. Car, à bien des égards, Mitt Romney ne ressemble pas à la campagne qu’il a menée ni au parti qui le porte. Lui qui n’est pas fondamentalement un idéologue est le candidat d’un parti qui n’a jamais été autant marqué par l’idéologie. Lui dont on retient la gestion sage du Massachusetts et l’adoption de réformes consensuelles, notamment en matière de santé, s’est laissé embarquer à la tête d’une croisade populiste comme on en a rarement vu lors d’une campagne présidentielle américaine. Les Echos
D’après le décompte de Politifact , le site de «factchecking» lancé par le quotidien Tampa Bay Times, 27% des propos de Barack Obama sont faux ou plutôt faux, 1% sont même un mensonge éhonté. Pour Romney cette proportion monte à 32% et 9% en ce qui concerne les contrevérités les plus audacieuses. (…) Au rayon des bobards les plus endurants, les démocrates ont affirmé que Romney ne payait pas d’impôts et était contre l’avortement en cas de viol et d’inceste. Chez les républicains, on a répété à l’envi que Barack Obama avait supprimé l’obligation de travail pour certains allocataires des aides de l’État. Ce qui est inexact. Pour Bill Adlair, ces pourcentages ne signifient pas forcément que les équipes de campagne mentent plus, mais que leurs mensonges se propagent davantage et durablement, malgré des démentis. Les candidats et leurs soutiens ont investi les réseaux sociaux et Internet, «des moyens de communication qui prêtent la main à exagérer, à répandre des mensonges», estime Bill Adlair. Le Figaro
Romney est-il trop nul pour être élu ? Rue 89
Les Américains, bien plus intelligents et sages que les Européens, feront la différence entre l’honnêteté et le calme d’un côté, et l’assaut à coups de haches verbales contre la vérité, de l’autre. Il reste un mois jour pour jour avant que Romney ne retourne à ses comptes en banques off shore. Jean-Sébastien Stehli (Correspondant américain du Figaro)
Le Président Obama ne sera pas aussi mauvais dans les deux autres débats. Je refuse de l’imaginer. Ayant constaté les dégâts causés par son attitude détachée et professorale à Denver, il aura à coeur d’être chaleureux, précis et tranchant dans les deux autres confrontations. Il va devoir aussi être plus aggressif. C’est un risque car il aime passer pour un grand calme. S’il est trop aggressif, certains « indépendants », c’est à dire des indécis souvent centristes, en particulier des femmes, pourraient s’en offusquer.(…)  La prise en compte de la participation est toujours délicate et fait toute la différence. Sur ce point le Président Obama a un problème sérieux: la mobilisation de la droite contre lui est colossale. Les républicains sont remontés à bloc. La victoire très nette de leur candidat lors du premier débat leur a redonné espoir et énergie. Elle facilite aussi la levée de fonds pour leur candidat. Le Tea Party est déchaîné. Ses activistes jouent un rôle mal mesuré par les sondeurs. En revanche la mobilisation des « indépendants » qui avait fait gagner Barack Obama en 2008, ne sera probablement pas aussi bonne en 2012. Il avait promis d’être « post partisan ». Mais il n’a jamais pu séduire ou rallier plus qu’une petite poignée de sénateurs républicains. En outre, il n’est pas tellement populaire auprès des leaders démocrates du Capitole. Pierre-Yves Dugua

Après le candidat sans bilan et le président accidentel, le président candidat touriste?

Antisèche de Romney, altitude (Gore), rapport des services secrets sur une menace ou problème personnel (Woodward), charge présidentielle,  envie d’un « come-back » des médias, format du débat, anniversaire de mariage …

Alors que, malgré une légère amélioration des chiffres du chômage, les sondages confirment les uns après les autres (y compris, là où ça compte le plus, dans les états les plus disputés) le véritable désastre du premier débat de la présidenteille américaine d’il y a une semaine pour l’équipe démocrate  ….

Et qu’au risque de confirmer sa réputation de girouette et au prix de quelques arrangements avec les faits lui aussi, l’ancien gouverneur républicain d’un des états les plus à gauche du pays et longtemps trop modéré pour sa base semble avoir réussi son recentrage …

Les rumeurs et les pires élucubrations vont bon train sur le prétendu « mystère de la défaillance » de leur poulain …

Le Daily Mail (merci james) sort une révélation (d’un proche de l’équipe démocrate) qui en dit long sur la suffisance du président-candidat:

Préférant une virée au barrage Hoover, le touriste Obama n’avait tout simplement pas préparé sérieusement son débat

Et en plus il lui avait fallu plus de 24 heures pour reconnaitre qu’il avait en fait perdu son débat contre Romney!

Obama ‘believed he had BEATEN Romney’ in Denver debate – after ignoring advice of top aides on preparation

Obama believes he’d got the better of Romney as he walked off stage to the dismay of his aides, according to a Democrat close to the campaign

The President failed to prepare properly, opting instead to visit the Hoover Dam the day before the showdown

Democrat claims he was so disdainful of Romney that he didn’t think he needed to even engage with him

Had one-liners on 47% prepared but chose not to use them

Toby Harnden

The Daily Mail

9 October 2012

When President Barack Obama stepped off the stage in Denver last week the 60 million Americans watching the debate against Mitt Romney already knew it had been a disaster for him.

But what nobody knew, until now, was that Obama believed he had actually won.

In an extraordinary insight into the events leading up to the 90 minute showdown which changed the face of the election, a Democrat close to the Obama campaign today reveals that the President also did not take his debate preparation seriously, ignored the advice of senior aides and ignored one-liners that had been prepared to wound Romney.

The Democrat said that Obama’s inner circle was dismayed at the ‘disaster’ and that he believed the central problem was that the President was so disdainful of Romney that he didn’t believe he needed to engage with him.

‘President Obama made it clear he wanted to be doing anything else – anything – but debate prep,’ the Democrat said. ‘He kept breaking off whenever he got the opportunity and never really focused on the event.

‘He went into the debate armed with a number of one-liners to throw at Romney, including at least two about Romney not caring about 47 per cent of the country. But he decided not to use them.

The Democrat, who is aligned with the Obama campaign and has been an unofficial adviser on occasions, said that David Axelrod, Obama’s chief strategist, was stunned that the President left the stage feeling that he had won the debate.

‘To his credit, the President believes that debates are about substance rather than performance. He felt that his argument about the direction this country should take was much stronger than Romney’s. Unfortunately, that’s not the way modern debates work.’

During his debate preparation in Henderson, Nevada, Obama broke off to visit a campaign field office. There, he joked with a volunteer about how his advisers were ‘keeping me indoors all the time’ to practice. ‘It’s a drag. They’re making me do my homework.’

Obama also decided to take a break to visit the Hoover Dam. ‘Its spectacular, and I’ve never seen it before,’ he told reporters during the visit, which came about because an aide had mentioned the dam was nearby. I said, ‘Well, we’ve got to go check it out ».’

Even before the debate, some advisers were worried that Obama, who had been distracted and detached during some of the sessions in which Senator John Kerry had played Romney, would have an off night.

But in his closing statement in Denver, Obama said that it had been ‘a terrific debate and I very much appreciate it’ – an upbeat comment that reflected his view that he had at the very least held his own against Romney.

But he then delivered a line that bemused his advisers: ‘You know, four years ago, I said that I’m not a perfect man and I wouldn’t be a perfect president. And that’s probably a promise that Governor Romney thinks I’ve kept.’

The Democrat said: ‘It was as bad as « likeable enough ». The President thought he was being bitingly sarcastic about what he saw as Romney’s overly-aggressive performance. But to your swing voter it was as if he was waving the white flag of surrender.’

His ‘likeable enough’ allusion was a reference to a Democratic primary debate in 2008 when Obama had said to his rival Hillary Clinton: ‘You’re likeable enough, Hillary’. At the time, Obama felt he was being light-hearted and casual but viewers saw it as Obama being arrogant and condescending.

The Democrat would not reveal what the attack lines were that Obama failed to deliver ‘because we may well see the Vice President using them against Ryan’.

You liked my debate right? Obama and his team are desperately trying to repair the damage

Disaster: A poll out yesterday showed that three times more people thought Romney won than Obama

Vice President Joe Biden faces Representative Paul Ryan, the Republican vice-presidential nominee, in a debate in Danville, Kentucky on Thursday. It will be the only time the two men – one of who was born in 1942, the other in 1970 – will debate.

Biden, 69, is vastly more experienced that the 42-year-old Ryan. The Obama campaign is counting on him to vigorously attack the Romney-Ryan ticket in a way that the President did not.

Although it took Obama more than 24 hours, the Democrat said, to concede that Romney had soundly beaten him, the President’s aides realised immediately they had a major problem.

Almost immediately, the campaign’s central message that Romney was a captive of the hard-Right wing of his party was shifted to portraying him as a flip-flopper.

At the same time, the campaign decided to accuse Romney of lying in the debate and also sought to highlight his comments about cutting public funding of the PBS network by making hay with the republican’s quip that ‘I love Big Bird’.

The Romney campaign believes that the result has been disjointed and reeks of panic.

On a press conference call the day after the debate, Axelrod said the campaign would take ‘a hard look’ at what had happened and would ‘make some judgements about where to draw the lines in these debates and how to use our time’.

He is understood to have taken charge of debate preparation and be planning on longer, more streamlined sessions with fewer people present.

Voir aussi:

La mystérieuse contre-performance de Barack Obama lors du débat

Corine Lesnes (Denver, Colorado, envoyée spéciale)

Le Monde

05.10.2012

Quinze heures après sa spectaculaire contre-performance lors de son premier débat télévisé avec Mitt Romney, Barack Obama est apparu tout requinqué. Devant 12 500 personnes, réunies jeudi 4 octobre dans un parc de Denver, il a repris son ton percutant, retrouvé son téléprompteur, et asséné – un peu tard – quelques coups bien sentis à l’adversaire.

« Quand je suis monté sur la scène , j’ai rencontré ce type très animé qui prétendait être Mitt Romney, a-t-il lancé, vêtu d’un blouson sportswear. Mais cela ne pouvait pas être lui. » Pourquoi ? Parce que le « vrai Mitt Romney » promet aux riches 5 000 milliards de dollars (3 860 milliards d’euros) d’allégements d’impôts et que le « type sur la scène » a dit qu’il « ne savait rien de tout ça ». Le vrai Romney veut réduire le nombre de professeurs par classe, et le « type sur la scène » adore tellement les profs qu’il « en redemande », etc.

UN PRÉSIDENT PLUS COMBATIF LORS DU PROCHAIN DÉBAT

Au lendemain du débat, qui a été suivi par 67,2 millions de téléspectateurs, un record depuis 1992, l’équipe Obama a tenté d’allumer des contre-feux. Elle a diffusé une vidéo sur les « mensonges » de Mitt Romney. Et elle a fait fuiter les chiffres de collecte de fonds pour septembre : plus de 150 millions de dollars, le montant le plus élevé recueilli par un candidat depuis le début de l’année.

Côté stratégie, David Axelrod, l’un des principaux conseillers de M. Obama, a reconnu que des « réajustements » s’imposaient, mais il n’a pas caché que c’est le président lui-même qui avait décidé de ne pas répondre aux attaques pour ne pas donner un spectacle de pugilat. Selon lui, le prochain débat, le 16 octobre, à Hempstead (New York), verra un président plus combatif. D’ici là, Barack Obama va avoir droit à des répétitions dans un nouveau « camp » d’entraînement, cette fois en Virginie. Il n’est pas acquis que le « coach » sera encore le sénateur John Kerry.

A petites touches, la presse a fait le portrait d’un homme impatient, qui n’aime pas l’exercice et n’avait que peu répété. « La dernière fois que quelqu’un l’a contredit en public, c’est le 13 octobre 2008 », date du dernier débat avec le républicain John McCain, a persiflé un journaliste. Selon David Axelrod, le président voulait s’adresser directement aux Américains, plutôt que de poursuivre attaques et petites phrases préparées d’avance dans les échanges avec Mitt Romney.

IL « TRAVAILLE ASSIDÛMENT À ÉVITER D’ÊTRE QUESTIONNÉ »

Les conseillers n’ont pas réussi à éclaircir ce qui est devenu le mystère de la défaillance de Barack Obama. Les hypothèses les plus variées ont circulé. « L’altitude », selon Al Gore, relevant que Denver, la « ville haute d’un mile » (« mile-high city »), se trouve à 1 609 m d’altitude. Le président a eu le tort, selon l’ancien vice-président, de se préparer à Henderson, dans le Nevada, qui n’est qu’à 600 m.

David Plouffe, un autre des conseillers de M. Obama, a suggéré que les médias avaient envie d’un « come-back » et avaient été prompts à déclarer M. Romney vainqueur. Dana Milbank, dans le Washington Post, a rétorqué que le président ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même : cela fait quatre ans qu’il « travaille assidûment à éviter d’être questionné » ou contredit par les médias, a-t-il critiqué. Il évite les conférences de presse, pour privilégier les interviews avec Michelle dans les magazines familiaux. Ou les entretiens individuels, plus faciles à gérer parce qu’il « contrôle le sujet et que les journalistes veulent être réinvités ».

Le format a été mis en cause, qui privilégiait les réponses erratiques. L’anniversaire de mariage ? Barack Obama n’a pas caché qu’il aurait préféré être ailleurs, pour fêter cette vingtième année avec Michelle. Le président raconte souvent qu’il est enfermé dans la « bulle » et privé d’intimité. En même temps, sa campagne exploite sans retenue les anniversaires, Saint-Valentin et autres occasions privées, pour lancer des appels à contributions financières.

« QU’IL ENLÈVE SES GANTS »

Bob Woodward, le doyen du journalisme d’investigation, a été appelé à la rescousse. Il a dit qu’il n’avait pas encore enquêté sur le sujet mais a subodoré qu’il s’était « passé quelque chose » pour que Barack Obama soit à ce point distrait : soit un rapport des services secrets sur une menace quelque part, soit un problème personnel. « On saura un jour », a-t-il assuré.

A Denver, dans la foule venue affronter un froid brutal, les avis étaient partagés. Certains affirmaient comprendre que la charge de la présidence impose des limites. « Barack Obama est un gentleman, assurait Lisa Young, qui suit des cours de théâtre. J’aime son approche mesurée. Il nous représente correctement. » Jim Smithwick, qui travaille pour une ONG, faisait la même analyse : « Il est obligé de se comporter en président, avec une certaine dignité. Un président ne peut pas jeter de la boue à la tête de l’adversaire. »

D’autres étaient franchement mécontents, comme Shelly Volkman, vendeuse en parfumerie. « Ce n’est pas le moment dans un débat comme celui-là de rester sur ses hauteurs présidentielles, dit-elle. J’étais énervée. » La jeune femme était bénévole dans la campagne Obama en 2008. Un conseil ? « Qu’il enlève ses gants. » L’absence de combativité n’explique cependant pas que Barack Obama ait eu autant de peine à défendre son bilan.

Voir également:

Pourquoi l’économie est contre Romney

Jean-Sébastien Stehli

6 octobre 2012

Mitt Romney n’arrive jamais à tenir la route deux jours de suite. Après avoir remporté le duel avec Barack Obama, à Denver, il pouvait se réjouir d’avoir retrouvé un peu de vent favorable. Boom! vendredi les chiffres de l’emploi sont tombés: 7,8%. C’est le taux de chômage le plus bas depuis plus de quatre ans. Il y a désormais autant d’emplois aux Etats-Unis quau moment où Barack Obama a pris les commandes et depuis son élection, 4,3 millions d’emplois ont été créés. Dans un pays qui vote avec son portefeuille, cette nouvelle est évidemment bonne pour Obama. Surtout après les contre-vérités de Pinocchio Romney lors du débat, devant l’oeil éteint du soit disant modérateur, Jim Lehrer, qui s’était mis en pilote automatique et voguait loin de Denver. Et comme si cela ne suffisait pas, le mois de septembre a été particulièrement fructueux pour 44th: 181 millions de dollars. Plus de la moitié des dons sont inférieurs à 200 dollars. Romney peut se réjouir d’avoir remporté le débat dans l’esprit des spin meisters, mais ce n’est pas gagné pour lui — loin de là.

Pourtant, Barack y a mis du sien pour aider la campagne du Républicain. A tel point que le grand historien anglais Simon Schama se pose publiquement la question de savoir si Obama ne s’est pas volontairement sabordé. Comment comprendre, en effet, qu’Obama n’ait pas réagi lorsque Romney l’a accusé de mentir en affirmant que le candidat Républicain proposait de diminuer les impôts des riches, quand il s’agit de la politique des conservateurs depuis plus de 40 ans? Inexplicable.

Evidemment, Romney, qui croit maintenant avoir partie gagnée et encouragé par la passivité du président devant tant de contre-vérités (euphémisme), accuse maintenant le Bureau of Labor Statistics d’avoir tripatouillé les chiffres du chômage. C’est la première fois que de telles accusations sont portées contre une branche du Labor Department dont la crédibilité est inattaquable, comme le rappelle Matthew Yglesias, de Slate. Mais les bonnes statistiques minent l’argument principal de la campagne de Mr. 47% selon lequel sous la conduite de Barack Obama l’économie s’est dégradée. Obama ne peut pas le rappeler lui-même, mais on attendrait un peu plus de modestie de la part du parti qui a mis le pays sur les genoux et a travaillé de manière honteuse contre l’intérêt même des citoyens en s’opposant aux investissements du gouvernement fédéral dans des grands projets, comme, par exemple, le train à grande vitesse entre Tampa et Orlando qui aurait créé plusieurs milliers d’emplois dans un Etat, la Floride, parmi les plus touchés par la crise causée par les administrations républicaines successives appuyées par l’inénarrable Mr. Greenspan, adorateur d’Ayn Rand lui aussi, qui mériterait, si les citoyens avaient de la mémoire, d’être pendu par les pieds.

Les Américains, bien plus intelligents et sages que les Européens, feront la différence entre l’honnêteté et le calme d’un côté, et l’assaut à coups de haches verbales contre la vérité, de l’autre. Il reste un mois jour pour jour avant que Romney ne retourne à ses comptes en banques off shore.

Voir encore:

Obama et les sondages

Pierre-Yves Dugua

9 octobre 2012

Si je mets le mot Obama dans le titre, j’obtiens plus de clics de lecteurs…c’est fou non ?

Je prends connaissance depuis quatre jours d’une série de sondages qui montrent que la défaite très nette de Barack Obama lors du débat télévisé de la semaine passée a effacé son avance dans les sondages. Certains sondages donnent même désormais Mitt Romney en tête.

Ce phénomène appelle plusieurs commentaires.

1) Les sondages nationaux sont d’un intérêt moyen

Le Président des États-Unis est élu par un collège de grands électeurs issus de 50 scrutins dans 50 États. Il faut donc s’intéresser aux sondages par État. Et surtout aux sondages dans les États traditionnellement coupés en deux. Les fameux « swing states » censés faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Pour faire simple il faut suivre avant tout: la Floride, la Virginie et l’Ohio. Si Mitt Romney ne remporte pas une majorité dans ces trois États là, il devient très difficile pour lui de gagner. Les indications pour le moment sont que sa bonne performance dans le premier débat lui profite surtout en Floride et en Virginie. Mais la qualité des sondages étatiques est douteuse…

2) Il reste deux débats

Le Président Obama ne sera pas aussi mauvais dans les deux autres débats. Je refuse de l’imaginer.

Ayant constaté les dégâts causés par son attitude détachée et professorale à Denver, il aura à coeur d’être chaleureux, précis et tranchant dans les deux autres confrontations. Il va devoir aussi être plus aggressif. C’est un risque car il aime passer pour un grand calme. S’il est trop aggressif, certains « indépendants », c’est à dire des indécis souvent centristes, en particulier des femmes, pourraient s’en offusquer.

N’oublions pas que Mitt Romney est conscient que les termes du second débat, prévu le 16 octobre, ont changé. Le candidat républicain aura certainement tenu compte de la plus grande difficulté qu’il devra affronter face à un adversaire désormais sur ses gardes. Et surtout Mitt Romney devra se montrer à la hauteur de sa première performance. Un troisième et dernier débat est prévu le 22 octobre.

3) Les sondages n’élisent pas les présidents

Les électeurs élisent. Les sondeurs sondent. La prise en compte de la participation est toujours délicate et fait toute la différence.

Sur ce point le Président Obama a un problème sérieux: la mobilisation de la droite contre lui est colossale. Les républicains sont remontés à bloc. La victoire très nette de leur candidat lors du premier débat leur a redonné espoir et énergie. Elle facilite aussi la levée de fonds pour leur candidat. Le Tea Party est déchaîné. Ses activistes jouent un rôle mal mesuré par les sondeurs.

En revanche la mobilisation des « indépendants » qui avait fait gagner Barack Obama en 2008, ne sera probablement pas aussi bonne en 2012. Il avait promis d’être « post partisan ». Mais il n’a jamais pu séduire ou rallier plus qu’une petite poignée de sénateurs républicains. En outre, il n’est pas tellement populaire auprès des leaders démocrates du Capitole.

Côté démocrate, la gauche sera-t-elle aussi motivée qu’en 2008 ? C’est possible car sa peur de Mitt Romney est grande.

Historiquement les présidents sortants sont presque toujours réélus. George Bush père et Jimmy Carter sont les seuls exemples récents de défaites après un seul mandat.

4) Il est faux de dire que la situation économique détermine l’élection du président.

Ce qui compte est la perception de la tendance de la conjoncture dans les mois qui précèdent l’élection.

Or Barack Obama aujourd’hui profite d’une remontée relative de l’optimisme des Américains. La situation reste assez mauvaise. Mais elle est perçue comme moins mauvaise qu’il y a six mois. Cela suffit à faire la différence. Si la confiance des Américains avait chuté depuis trois mois, Mitt Romney serait clairement en tête.

Il faut cesser de répéter qu’aucun président ne peut gagner si le chômage est au dessus de x%. Ces précédents historiques n’ont guère de valeur. Le taux de chômage est lui-même très dépendant du taux de participation à la population active. Or ce taux a plongé depuis 4 ans. Le « vrai taux de chômage », de ce point de vue, est aujourd’hui clairement supérieur à 10%.

5) Les républicains ont de bonnes chances de garder la majorité à la Chambre

Le resserrement de l’écart entre les deux candidats, voire sa disparition, est de bon augure pour les républicains. Si l’Amérique voulait balayer la majorité républicaine de la Chambre, il est probable que les sondages le diraient déjà. Or ce n’est pas le cas. Plus le jeu sera serré entre Barack Obama et Mitt Romney, plus les républicains auront le sourire.

Une courte victoire du Président Obama a de bonnes chances de reconduire une majorité républicaine modestement affaiblie. Quelques extrémistes du Tea Party semblent en difficulté. Mais les républicains disposent de 50 sièges d’avance sur un total de 435.

Une reconduction de la majorité républicaine à la Chambre des représentants serait un casse tête humiliant pour le Président sortant: il devrait alors faire des compromis avec un parti qu’il traîne dans la boue depuis 4 ans et qui le lui rend bien. La différence est que pour sauver son second et dernier mandat, car la constitution américaine lui interdit de se présenter trois fois, Barack Obama sera obligé cette fois-ci de faire des compromis. Notamment en matière fiscale…

Un tiers du Sénat est par ailleurs renouvelé le 6 novembre. Les démocrates semblent en mesure de conserver leur courte majorité à la chambre haute. Mais des suprises sont possibles.

Voir de même:

Barack Obama: la grande désillusion

Ivan Rioufol

4 octobre

L’échec de Barack Obama devant Mitt Romney, à l’issue de leur premier débat, vient rappeler que le grand favori des médias n’est pas si bon et que le républicain, si critiqué, n’est pas si mauvais…

Barack Obama ironise sur son débat raté

Adèle Smith

08/10/2012

De notre correspondante à New York

L’ancien vice-président Al Gore avait invoqué l’altitude, d’autres la Syrie ou encore son anniversaire de mariage, Joe Biden avait même prétendu que Barack Obama avait été bon, mais le président a choisi l’autodérision dimanche soir à Los Angeles pour parler de sa contre-performance au débat de Denver. S’exprimant pour la première fois sans s’épancher sur le sujet lors d’un concert de levée de fonds, il est monté sur scène après Katy Perry, Bon Jovi et Stevie Wonder pour s’extasier de leurs performances infailliblement parfaites. Avant de lancer: «Je ne peux pas en dire autant» devant une salle hilare. Il a aussi rappelé ses erreurs de 2008. «En 2008, on ne se rappelle que de la victoire, mais on ne se souvient pas toujours des bosses sur la chaussée, a-t-il lancé. Les choses paraissent toujours bien avec le recul. Mais quand on est au milieu (…) on fait toutes sortes d’erreurs. On bousille le travail. J’ai bousillé le travail. Mais le peuple américain nous a permis d’aller, de continuer.»

«Tout le monde est sous le choc»

C’est un fidèle partisan – George Clooney – qui a annoncé le président au Nokia Theatre devant 6000 invités. Chacun s’était acquitté de 250 dollars. Barack Obama participe à sa dernière tournée en quête d’argent à Hollywood avant le scrutin du 6 novembre. D’ici là, il aura battu le record historique de levée de fonds à une élection présidentielle américaine avec une cagnotte de 1 milliard de dollars. L’industrie du cinéma et de la musique à Hollywood ainsi que la Silicon Valley auront été instrumentales. Dimanche, Barack Obama s’est également rendu à un dîner de «fundraising» dans le restaurant chic de Los Angeles WP24 où le droit d’entrée était de 25.000 dollars. Auparavant, il avait remercié douze de ses plus gros donateurs lors d’une réception privée à laquelle a participé Bill Clinton. Selon le Hollywood Reporter, sa mauvaise performance reste le premier sujet de conversation dans les cercles politiques de Hollywood. Le président devait rassurer ses donateurs. «Tout le monde est sous le choc a confié un militant démocrate au journal. Personne ne comprend ce qu’il s’est passé.»

Le président participera à trois autres levées de fonds à San Francisco ce lundi avant de retourner en campagne dans l’Ohio, puis en Floride. Ces deux États pivots font partie des plus importants de cette élection. À quelques heures du discours de politique étrangère de Mitt Romney, très attendu ce lundi en Virginie, Barack Obama a commencé le sien à Los Angeles précisément sur ce sujet. «Je vous avais dit en 2008 qu’on mettrait un terme à la guerre en Irak. On l’a fait. Qu’on arrêterait la guerre en Afghanistan. On est sur le point de le faire. Qu’on trouverait les responsables des attaques du 11 Septembre. Oussama Ben Laden n’est plus parmi les vivants.»

 Voir enfin:

Did Obama Just Throw The Entire Election Away?

 Andrew Sullivan

8 Oct 2012

The Pew poll is devastating, just devastating. Before the debate, Obama had a 51 – 43 lead; now, Romney has a 49 – 45 lead. That’s a simply unprecedented reversal for a candidate in October. Before Obama had leads on every policy issue and personal characteristic; now Romney leads in almost all of them. Obama’s performance gave Romney a 12 point swing! I repeat: a 12 point swing.

Romney’s favorables are above Obama’s now. Yes, you read that right. Romney’s favorables are higher than Obama’s right now. That gender gap that was Obama’s firewall? Over in one night:

Currently, women are evenly divided (47% Obama, 47% Romney). Last month, Obama led Romney by 18 points (56% to 38%) among women likely voters.

Seriously: has that kind of swing ever happened this late in a campaign? Has any candidate lost 18 points among women voters in one night ever? And we are told that when Obama left the stage that night, he was feeling good. That’s terrifying. On every single issue, Obama has instantly plummeted into near-oblivion. He still has some personal advantages over Romney – even though they are all much diminished. Obama still has an edge on Medicare, scores much higher on relating to ordinary people, is ahead on foreign policy, and on being moderate, consistent and honest (only 14 percent of swing voters believe Romney is honest). But on the core issues of the economy and the deficit, Romney is now kicking the president’s ass:

By a 37% to 24% margin, more swing voters say Romney would improve the job situation. Swing voters favor Romney on the deficit by a two-to-one (41% vs. 20%) margin…. Romney has gained ground on several of these measures since earlier in the campaign. Most notably, Obama and Romney now run even (44% each) in terms of which candidate is the stronger leader. Obama held a 13-point advantage on this a month ago. And Obama’s 14-point edge as the more honest and truthful candidate has narrowed to just five points. In June, Obama held a 17-point lead as the candidate voters thought was more willing to work with leaders from the other party. Today, the candidates run about even on this (45% say Obama, 42% Romney).

Lies work when they are unrebutted live on stage. And momentum counts at this point in the election.

Now look at Pew’s question as to who would help the middle class the most:

10-8-12-6

Look: I’m trying to rally some morale, but I’ve never seen a candidate this late in the game, so far ahead, just throw in the towel in the way Obama did last week – throw away almost every single advantage he had with voters and manage to enable his opponent to seem as if he cares about the middle class as much as Obama does. How do you erase that imprinted first image from public consciousness: a president incapable of making a single argument or even a halfway decent closing statement? And after Romney’s convincing Etch-A-Sketch, convincing because Obama was incapable of exposing it, Romney is now the centrist candidate, even as he is running to head up the most radical party in the modern era.

How can Obama come back? By ensuring people know that Romney was and is a shameless liar and opportunist? That doesn’t work for a sitting president. He always needed a clear positive proposal – tax reform, a Grand Bargain on S-B lines – as well as a sterling defense of his admirable record. Bill Clinton did the former for him. Everyone imaginable did what they could for him. And his response? Well, let’s look back a bit:

With President Obama holed up in a Nevada resort for debate practice, things can get pretty boring on the White House beat right now. Pretty boring for Obama too, apparently. « Basically they’re keeping me indoors all the time, » Obama told a supporter on the phone during a visit to a Las Vegas area field office. « It’s a drag, » he added. « They’re making me do my homework. »

Too arrogant to take a core campaign responsibility seriously. Too arrogant to give his supporters what they deserve. If he now came out and said he supports Simpson-Bowles in its entirety, it would look desperate, but now that Romney has junked every proposal he ever told his base, and we’re in mid-October, it’s Obama’s only chance on the economy.

Or maybe, just maybe, Obama can regain our trust and confidence somehow in the next debate. Maybe he can begin to give us a positive vision of what he wants to do (amazing that it’s October and some of us are still trying to help him, but he cannot). Maybe if Romney can turn this whole campaign around in 90 minutes, Obama can now do the same. But I doubt it. A sitting president does not recover from being obliterated on substance, style and likability in the first debate and get much of a chance to come back. He has, at a critical moment, deeply depressed his base and his supporters and independents are flocking to Romney in droves.

I’ve never seen a candidate self-destruct for no external reason this late in a campaign before. Gore was better in his first debate – and he threw a solid lead into the trash that night. Even Bush was better in 2004 than Obama last week. Even Reagan’s meandering mess in 1984 was better – and he had approaching Alzheimer’s to blame.

I’m trying to see a silver lining. But when a president self-immolates on live TV, and his opponent shines with lies and smiles, and a record number of people watch, it’s hard to see how a president and his party recover. I’m not giving up. If the lies and propaganda of the last four years work even after Obama had managed to fight back solidly against them to get a clear and solid lead in critical states, then reality-based government is over in this country again. We’re back to Bush-Cheney, but more extreme. We have to find a way to avoid that. Much, much more than Obama’s vanity is at stake.


Présidentielle américaine/2012: Retour sur l’envers de la canonisation de Barack Obama (Will Romney finally break the anti-Republican spell?)

8 octobre, 2012
In George Orwell’s brilliant « 1984 », there’s a character named Emmanuel Goldstein, the « Enemy of the People ». Every night, in this totalitarian society, Oceania, Goldstein’s face was flashed on the TV screen for the « Two minutes Hate » employed for the citizenry to vent its hostility. « All subsequent crimes against the Party, all treacheries, acts of sabotage, heresies, deviations, sprang directly out of his teaching »… To some degree Nixon has become Goldstein to many in our society and this is bad. Nick Thimmesch (1974)
Bien que Goldstein fût haï et méprisé par tout le monde, bien que tous les jours et un millier de fois par jour, sur les estrades, aux télécrans, dans les journaux, dans les livres, ses théories fussent réfutées, écrasées, ridiculisées, que leur pitoyable sottise fût exposée aux regards de tous, en dépit de tout cela, son influence ne semblait jamais diminuée. Il y avait toujours de nouvelles dupes qui attendaient d’être séduites par lui. Pas un jour ne se passait que des espions et des saboteurs à ses ordres ne fussent démasqués par la Police de la Pensée. 1984
Je vois s’approcher, avec la montée d’un séparatisme non seulement ethnique mais sexuel, la fin d’une certaine unité qui, jusqu’à présent, a fait la force principale de ce pays. J’y vois une rage nouvelle, y compris parmi les minorités ethniques qui ont le plus bénéficié de la prospérité et des campagnes antiracistes aujourd’hui démodées ou même discréditées. Je vois monter une nouvelle intolérance, un nouvel appel à la violence ente hommes et femmes, et une très étrange tendance à l’autocensure, dans ce pays où la liberté de l’information est sacrée. Edward Behr (1995)
The problem Mr. Obama poses for Republicans is that there has always been a disconnect between his actual performance and his appeal. If Hurricane Katrina irretrievably stained George W. Bush, the BP oil spill left no lasting mark on this president. Mr. Obama’s utter confusion in the face of the « Arab spring » has nudged his job-approval numbers down, but not his likability numbers, which Gallup has at a respectable 47.6%. In the mainstream media there has been a willingness to forgive this president his mistakes, to see him as an innocent in an impossible world. Why? There have really always been two Barack Obamas: the mortal man and the cultural icon. If the actual man is distinctly ordinary, even a little flat and humorless, the cultural icon is quite extraordinary. The problem for Republicans is that they must run against both the man and the myth. In 2008, few knew the man and Republicans were walloped by the myth. Today the man is much clearer, and yet the myth remains compelling. What gives Mr. Obama a cultural charisma that most Republicans cannot have? First, he represents a truly inspiring American exceptionalism: He is the first black in the entire history of Western civilization to lead a Western nation—and the most powerful nation in the world at that. And so not only is he the most powerful black man in recorded history, but he reached this apex only through the good offices of the great American democracy. Thus his presidency flatters America to a degree that no white Republican can hope to compete with. He literally validates the American democratic experiment, if not the broader Enlightenment that gave birth to it. He is also an extraordinary personification of the American Dream: Even someone from a race associated with slavery can rise to the presidency. Whatever disenchantment may surround the man, there is a distinct national pride in having elected him. All of this adds up to a powerful racial impressionism that works against today’s field of Republican candidates. This is the impressionism that framed Sen. John McCain in 2008 as a political and cultural redundancy—yet another older white male presuming to lead the nation. The point is that anyone who runs against Mr. Obama will be seen through the filter of this racial impressionism, in which white skin is redundant and dark skin is fresh and exceptional. This is the new cultural charisma that the president has introduced into American politics. Today this charisma is not as strong for Mr. Obama. The mere man and the actual president has not lived up to his billing as a historical breakthrough. Still, the Republican field is framed and—as the polls show—diminished by his mere presence in office, which makes America the most socially evolved nation in the world. Moreover, the mainstream media coddle Mr. Obama—the man—out of its identification with his exceptionalism. Conversely, the media hold the president’s exceptionalism against Republicans. Here is Barack Obama, evidence of a new and progressive America. Here are the Republicans, a cast of largely white males, looking peculiarly unevolved. Add to this the Republicans’ quite laudable focus on deficit reduction and spending cuts, and they can be made to look like a gaggle of scolding accountants. How can the GOP combat the president’s cultural charisma? It will have to make vivid the yawning gulf between Obama the flattering icon and Obama the confused and often overwhelmed president. Applaud the exceptionalism he represents, but deny him the right to ride on it as a kind of affirmative action. A president who is both Democratic and black effectively gives the infamous race card to the entire left: Attack our president and you are a racist. To thwart this, Republicans will have to break through the barrier of political correctness. (…) there must be a Republican message of social exceptionalism. America has more social mobility than any heterogeneous society in history. Isn’t there a great Republican opportunity to be had in urging minorities to at last move out of their long era of protest—in which militancy toward the very society they struggled to join was the way ahead? Aren’t Republicans uniquely positioned to offer minorities a liberation from both dependency and militancy? In other words, isn’t there a fresh new social idealism implicit in conservative principles? Why not articulate it and fight with it in the political arena? Such a message would show our president as unevolved in his social thinking—oh so 1965. The theme: Barack Obama believes in government; we believe in you. Shelby Steele
La diabolisation de Bush – et de Reagan, et de Nixon – est simplement le miroir de la canonisation de Barack Obama. (…) Comme dans toutes les affaires de ce genre, la haine envers Bush implique plusieurs facteurs sur lesquels les historiens débattront pendant les prochaines décennies. Mais l’un de ces facteurs, l’idéologie, ne doit pas être minimisé. Plus spécifiquement, la tournure idéologique de la politique américaine. Ce n’est pas par accident que les trois présidents les plus haïs soient Républicains. Ces campagnes sont un autre symptôme de l’effondrement de la gauche américaine dans une sorte de stupeur idéologique amorphe, caractérisée par des élans quasi-religieux, une division du monde en noir et blanc, et un embrasement émotionnel au-delà de tout contrôle conscient. La diabolisation de Bush – et de Reagan, et de Nixon – est simplement le miroir de la canonisation de Barack Obama. Il n’y a rien de nouveau là-dedans. Ce phénomène était déjà illustré dans 1984 de George Orwell, lors des « Cinq Minutes de la Haine » contre le personnage imaginaire d’Emmanuel Goldstein, lui-même basé sur Léon Trotski. La seule nouveauté vient de l’adoption délibérée de cette tactique dans la politique d’une démocratie – un fait sans précédent, porteur de grandes inquiétudes. En tant que démocrate, Obama n’a guère de raisons de s’inquiéter, même avec les éléments d’extrême-gauche de sa coalition commençant à déverser leur bile sur lui. La machinerie idéologique est trop peu maniable pour s’orienter contre un individu à gauche. Même si les circonstances l’amenaient à violer les convictions les plus profondes de ceux qui le soutiennent, des facteurs personnels – qui ne se limitent pas à la couleur de peau – serviraient à le protéger. J.R. Dunn

A l’heure où après l’incroyable raclée subie par leur poulain et les premiers effets dans les sondages, les stratèges démocrates comme leurs relais médiatiques des deux côtés de l’Atlantique ont repris leur travail de sape contre le candidat républicain …

Comment ne pas voir avec deux tribunes particulièrement éclairantes de JR Dunn de l’American thinker il y a trois ans (merci james) et de Shelby Steele dans le WSJ l’an dernier …

Que l’indéfectible canonisation du « Noir magique » porteur de rédemption n’est en fait que l’envers d’une tout aussi formidable haine, à l’instar du Goldstein d’Orwell et ses « Deux minutes de la Haine » quotidienne et selon le principe vieux comme le monde du bouc émissaire, pour ses adversaires républicains?

Et comment ne pas se poser la question, face à la véritable montagne à laquelle s’est attaqué Mitt Romney …

De savoir si le candidat républicain trouvera la force de finalement briser le charme qui est aussi un sortilège contre les successeurs de Lincoln, Nixon, Reagan et l’honnissime Bush?

De la haine anti-Bush

J.R. Dunn

Le Meilleur Des Mondes

31 Jan 2009

Avant d’être un bon ou un mauvais président, George W. Bush a été avant tout un président haï.

Il a quatre ans vers la même époque, juste avant la cérémonie d’investiture du Président, les grands titres des journaux étaient très différents:

– « Les Républicains dépensent 42 millions de dollars pour l’inauguration pendant que les soldats meurent dans des Humvees sans blindage »

– « L’Extravagance de Bush dépasse l’entendement pendant cette période économique difficile »

– « Les gros matous s’offrent une fête d’inauguration à 42 millions, les Américains ordinaires payent la note »

Et quatre ans plus tard, alors qu’Obama est le président investi:

– « L’investiture historique d’Obama ne coûtera que 120 millions de dollars »

– « Obama dépense 120 million sur la cérémonie d’investiture; l’Amérique a bien besoin d’une grande fête »

– « Obama montre à chacun comment faire la fête »

– « Les directeurs de Citibank contribuent à hauteur de 8 millions de dollars à l’investiture d’Obama » (après qu’ils ont été sauvé par l’argent public, naturellement.)

Le ton est différent, pourrait-on dire. Mais je ne suis pas la meilleure personne pour parler de l’atmosphère de haine palpable qui a baigné les huit ans à la tête des Etats-Unis du président sortant, et qui a largement traversé l’Atlantique. Je l’ai compris à la lecture d’une tribune de J.R. Dunn sur American Thinker que je me permets de traduire ici. Je me suis autorisé à souligner une phrase.

Bush et les anti-Bush

Une pensée a certainement traversé l’esprit de Barack Obama pendant la cérémonie d’inauguration: à un moment ou un autre, en regardant George W. Bush, il aura pensé à la façon dont celui-ci a été perçu en tant que président et aura prié Dieu en son for intérieur pour ne pas souffrir pareil traitement.

On peut affirmer sans craindre d’objection sérieuse qu’aucun président précédent n’a été traité aussi brutalement, vicieusement et injustement que George W. Bush.

Le 43e président des Etats-Unis a enduré des attaques continues et délibérées sur toutes les valeurs qu’il a défendues, tout ce dans quoi il était impliqué, et tout ce qu’il a tenté d’accomplir. Ceux qui ont travaillé avec lui en ont pratiquement souffert autant que lui (et certains plus encore – un au moins, Scooter Libby, a été jugé coupable sur des charges tellement spécieuses que le procès entier a ressemblé à une farce.)

Ses détracteurs n’ont pas hésité à mettre en danger la sécurité du pays, sa santé économique, et l’équilibre délicat d’un système démocratique simplement pour en découdre. Ils voulaient l’abattre à n’importe quel prix, ou au moins détruire sa réputation personnelle et la réputation de sa présidence. Ils ont à moitié atteint leur but, à un prix élevé pour le pays et son gouvernement.

Bien que chacun souligne qu’il s’en abstient, il est impossible de juger Bush, ses succès ou ses échecs sans prendre en compte ces attaques. Avant que la moindre analyse sérieuse de la présidence Bush ne puisse être faite, il faudra essayer de saisir l’entier de la campagne négative dont il a été l’objet. J’espère que personne ne retient son souffle.

D’autres présidents, il est vrai, ont souffert d’attaques gratuites. Lincoln était généralement décrié comme un imbécile, un rustaud mal dégrossi, voire un orang-outang. Une caricature confédérée tristement célèbre le montre avec des cornes démoniaques, un pied sur la Constitution. Personne en ce temps-là n’aurait imaginé la stature que Lincoln atteindrait finalement.

Richard M. Nixon est probablement le deuxième président le plus haï après Bush. Mais cette place était largement due à une coterie relativement restreinte de gauchistes de la côte est et de leurs relais, irrités par l’anticommunisme initial de M. Nixon (qui devint bien plus « nuancé » au moment où il prit place dans le Bureau Ovale, comme le montre clairement son ouverture vers la Chine en 1970.) Nixon bénéficiait du soutien de la plupart du pays, la fameuse « majorité silencieuse », pendant son premier mandat. S’il n’avait pas été rattrapé par des échecs personnels, il aurait sans aucun doute prévalu contre ses ennemis. Aussi difficile à croire que cela semble, cela se joua à un accès de paranoïa près pour que Nixon soit considéré comme un grand président.

Avec Reagan, la coterie était encore plus resserrée et isolée. Ses adversaires le décriaient continuellement comme un « acteur de série B » (ce qui montre, au passage, une grave méconnaissance de la façon dont les studios fonctionnaient alors), et furent sans cesse balayés par son humour, son intelligence, et son talent sans égal dans l’art de la communication. Comme l’a démontré le débordement d’émotion publique lors de ses funérailles officielles, Reagan se pose aujourd’hui comme l’un des présidents les plus aimés de l’époque récente.

Seul Bush est attaqué de toutes parts et totalement privé de soutien – même de la part des membres de son propre parti. Pas un seul média, à l’exception des radios privées, n’était dans son camp. Des acteurs et des comiques médiocres ont donné un second souffle à leurs carrières en s’en prenant à Bush. Une femme dérangée, pas loin de ressembler à une clocharde, se gara près de sa résidence de Crawford pour l’insulter et lui lancer des imprécations. Non seulement on ne l’envoya pas se faire pendre ailleurs, mais elle fut rejointe par des centaines d’autres âmes désoeuvrées et l’événement fut couvert en détail, minute par minute, par les plus grands réseaux d’information.

Au moins deux films, une pièce et un roman (par l’odieux Nicholson Baker, un écrivain descendant toujours plus bas sur l’échelle de la décence à chaque nouvelle oeuvre – du porno chic de Vox jusqu’à l’avilissement de la guerre contre Hitler dans son Human Smoke de l’an dernier) appelèrent publiquement à son assassinat, une nouvelle étape dans la critique présidentielle, que la gauche regrettera. Et n’oublions pas le tribun des masses, Michael Moore, dont le film Fahrenheit 911 a été le fin du fin de la satire politique, mais qui semble totalement oublié aujourd’hui.

Alors que Franklin Delano Roosevelt fut accusé d’avoir monté l’attaque contre Pearl Harbor (comme si une tentative d’attaque n’avait pas été suffisante pour jeter le pays dans la Seconde Guerre Mondiale), aucun président avant Bush ne fut autant au centre des machinations d’une conspiration tentaculaire. Les 9/11 Truthers, un mélange de doux-dingues et d’arnaqueurs décidés à tirer un maximum de leur escroquerie, ont accusé Bush et son administration de crimes faisant pâlir les attaques contre Roosevelt, sur une base encore plus irrationnelle. Ces hallucinations ont été reprises dans les médias de masse, jouant le rôle de courroie de transmission, et par divers personnages aux franges de la politique comme Cynthia McKinney.

Mais même cela s’efface à la lumière des actions menées par le New York Times qui, le long de sa route déclinante vers un rôle de papier d’emballage pour poisson, a sérieusement mis en danger la sécurité nationale dans le seul but de satisfaire ses pulsions anti-Bush. Des comptes-rendus d’écoutes téléphoniques, des techniques d’interrogatoire, les trajets utilisés pour transporter les terroristes capturés, la traque des finances des terroristes… Pas un seul programme de sécurité nationale visant l’activité djihadiste qui ne soit révélé dans les pages du Times et – pour n’oublier personne – qui ne soit repris dans le monde entier par les médias traditionnels. A un moment, les journalistes du Times ont publié une analyse détaillée des méthodes employées par le gouvernement pour traquer les armes atomiques en déshérence, un article qui a sans doute été lu avec un grand intérêt au nord de Lahore et que quelqu’un pourrait chèrement payer dans quelques années. Que Bush soit parvenu à déjouer toute nouvelle attaque alors que l’ensemble des médias luttaient pour miner ses efforts a quelque chose de miraculeux.

Quant à son propre parti, un bon nombre de Républicans (pas tous apparentés à la fraternité RINO) prirent pour habitude de faire plonger leur leader. Beaucoup refusèrent d’être pris en photo avec lui, certains prirent des mesures pour être hors de la ville lorsqu’il avait planifié une visite dans leur district, et quant à ceux qui prirent sa défense… Eh bien, disons que les noms ne viennent pas facilement à l’esprit. Cette pusillanimité à l’état pur joua un grand rôle dans les débâcles électorales républicaines de 2006 et 2008. Tant que le parti ne l’aura pas compris, que personne ne s’attende à un retour au premier plan du camp républicain.

Dernier élément mais non le moindre (je pense que nous pouvons passer sur l’épisode du lancer de chaussure, couvert en long, en large et en travers), Bush est le seul chef du pouvoir exécutif américain – et peut-être le seul leader de l’histoire mondiale – à avoir donné son nom à un désordre de la personnalité, l’inénarrable Bush Derangement Syndrome. A ce stade, peu de gens se rappellent encore que ce syndrome est le résultat des efforts des gauchistes du pays pour diagnostiquer une maladie mentale au président. Y a-t-il eu un Syndrome Hitler? Un Syndrome Staline? L’existence du BSD en dit bien plus long sur la gauche en général que sur le président Bush.

Quelles furent les raisons de toute cette haine et de la campagne qui en découla? On peut tourner la question dans tous les sens sans obtenir de réponse rationnelle. Tout ce dont on peut être sûr, c’est que la politique et la personnalité réelles de Bush n’avaient pas grand-chose à voir avec elles. L’attaque mégalomaniaque d’Al Gore pour tenter de défier les règles constitutionnelles de l’élection présidentielle à son avantage fut certainement un déclencheur, ouvrant le champ à la gauche pour s’attaquer au président. On peut dire la même chose de la longue rancoeur qui a suivi la mise en accusation de Bill Clinton. Mais bien que ce soit là des facteurs, ils ne suffisent pas à une explication complète. Après tout, le Parti Républicain des années 70 s’est-il vengé de la démission de Richard Nixon en s’acharnant sur Jimmy Carter? Ils firent la meilleure chose à faire, laisser Monsieur Cacahouète se griller tout seul.

Comme dans toutes les affaires de ce genre, la haine envers Bush implique plusieurs facteurs sur lesquels les historiens débattront pendant les prochaines décennies. Mais l’un de ces facteurs, l’idéologie, ne doit pas être minimisé. Plus spécifiquement, la tournure idéologique de la politique américaine. Ce n’est pas par accident que les trois présidents les plus haïs soient Républicains. Ces campagnes sont un autre symptôme de l’effondrement de la gauche américaine dans une sorte de stupeur idéologique amorphe, caractérisée par des élans quasi-religieux, une division du monde en noir et blanc, et un embrasement émotionnel au-delà de tout contrôle conscient. La diabolisation de Bush – et de Reagan, et de Nixon – est simplement le miroir de la canonisation de Barack Obama.

Il n’y a rien de nouveau là-dedans. Ce phénomène était déjà illustré dans 1984 de George Orwell, lors des « Cinq Minutes de la Haine » contre le personnage imaginaire d’Emmanuel Goldstein, lui-même basé sur Léon Trotski. La seule nouveauté vient de l’adoption délibérée de cette tactique dans la politique d’une démocratie – un fait sans précédent, porteur de grandes inquiétudes.

En tant que démocrate, Obama n’a guère de raisons de s’inquiéter, même avec les éléments d’extrême-gauche de sa coalition commençant à déverser leur bile sur lui. La machinerie idéologique est trop peu maniable pour s’orienter contre un individu à gauche. Même si les circonstances l’amenaient à violer les convictions les plus profondes de ceux qui le soutiennent, des facteurs personnels – qui ne se limitent pas à la couleur de peau – serviraient à le protéger.

Pour le pays dans son ensemble, les perspectives sont plutôt lugubres. La gauche est convaincue que la haine fonctionne, que c’est une excellente tactique, et qu’elle fonctionnera à tous les coups. Ils ont déjà commencé le travail de sape contre Sarah Palin, cible suivante dans leur longue liste de personnes à haïr. Ils se trompent, bien entendu. Dans une démocratie, la haine n’est pas une garantie, comme les ignorants, les Républicains radicaux, les ségrégationnistes, les Birchers et bien d’autres l’ont appris à leurs dépens. Mais le processus de désintégration peut prendre des années, pratiquement un siècle dans le cas de la ségrégation, et bien des dommages surviennent entre-temps. L’encouragement aux djihadistes et aux baasistes en Irak, croyant dans l’assurance d’une répétition de Saigon en 1975 dès que Bush le 43e serait hors de leur chemin, est un des sous-produits de la campagne contre lui. Cette fois-là, le prix a été payé par la population irakienne. Mais dans le futur, la facture pourrait atterrir plus près des foyers américains.

Quant au « Pire président de l’histoire » lui-même, George W. Bush n’a montré rien d’autre que sa retenue habituelle. Malgré tout ce que ses ennemis ont pu jeter contre lui, sa réhabilitation a déjà commencé (comme on peut le lire ici, ici, ici, ou là). Il sera finalement perçu comme un homme qui a reçu la pire main jamais distribuée à un président depuis Roosevelt, et la joua de la plus admirable manière. Comme Barack Obama semble l’avoir réalisé, il y a bien des choses à apprendre de Bush, un homme qui incarne le juste milieu, jamais trop abattu, jamais trop rempli de joie, et jamais submergé par les évènements.

D’autres présidents pourront essuyer la même haine irresponsable et gratuite, d’autres pourront souffrir d’abus comparables, mais nous pouvons être sûr qu’aucun ne les affrontera avec plus de sérénité que George W. Bush.

Voir aussi:

Obama’s Unspoken Re-Election Edge

This presidency flatters America to a degree that no white Republican can hope to match.

Shelby Steele

The WSJ

May 25, 2011

Many of the Republican presidential hopefuls should be able to beat President Obama in 2012. This president has a track record now and, thus, many vulnerabilities. If he is not our « worst president, » as Donald Trump would have it, his sweeping domestic initiatives—especially his stimulus package and health-care reform—were so jerry-built and high-handed that they generated a virtual revolution in America’s normally subdued middle class.

The president’s success in having Osama bin Laden killed is an exception to a pattern of excruciatingly humble and hesitant leadership abroad. Mr. Obama has been deeply ambivalent about the application of American power, as if a shameful « neocolonialism » attends every U.S. action in the world. In Libya he seems actually to want American power to diminish altogether.

This formula of shrinking American power abroad while expanding government power at home confuses and disappoints many Americans. Before bin Laden, 69% of Americans believed the country was on the wrong track, according to an Ipsos survey. A recent Zogby poll found that only 38% of respondents believed Mr. Obama deserved a second term, while 55% said they wanted someone new.

And yet Republicans everywhere ask, « Who do we have to beat him? » In head-to-head matchups, Mr. Obama beats all of the Republican hopefuls in most polls.

The problem Mr. Obama poses for Republicans is that there has always been a disconnect between his actual performance and his appeal. If Hurricane Katrina irretrievably stained George W. Bush, the BP oil spill left no lasting mark on this president. Mr. Obama’s utter confusion in the face of the « Arab spring » has nudged his job-approval numbers down, but not his likability numbers, which Gallup has at a respectable 47.6%. In the mainstream media there has been a willingness to forgive this president his mistakes, to see him as an innocent in an impossible world. Why?

There have really always been two Barack Obamas: the mortal man and the cultural icon. If the actual man is distinctly ordinary, even a little flat and humorless, the cultural icon is quite extraordinary. The problem for Republicans is that they must run against both the man and the myth. In 2008, few knew the man and Republicans were walloped by the myth. Today the man is much clearer, and yet the myth remains compelling.

What gives Mr. Obama a cultural charisma that most Republicans cannot have? First, he represents a truly inspiring American exceptionalism: He is the first black in the entire history of Western civilization to lead a Western nation—and the most powerful nation in the world at that. And so not only is he the most powerful black man in recorded history, but he reached this apex only through the good offices of the great American democracy.

Thus his presidency flatters America to a degree that no white Republican can hope to compete with. He literally validates the American democratic experiment, if not the broader Enlightenment that gave birth to it.

He is also an extraordinary personification of the American Dream: Even someone from a race associated with slavery can rise to the presidency. Whatever disenchantment may surround the man, there is a distinct national pride in having elected him.

All of this adds up to a powerful racial impressionism that works against today’s field of Republican candidates. This is the impressionism that framed Sen. John McCain in 2008 as a political and cultural redundancy—yet another older white male presuming to lead the nation.

The point is that anyone who runs against Mr. Obama will be seen through the filter of this racial impressionism, in which white skin is redundant and dark skin is fresh and exceptional. This is the new cultural charisma that the president has introduced into American politics.

Today this charisma is not as strong for Mr. Obama. The mere man and the actual president has not lived up to his billing as a historical breakthrough. Still, the Republican field is framed and—as the polls show—diminished by his mere presence in office, which makes America the most socially evolved nation in the world. Moreover, the mainstream media coddle Mr. Obama—the man—out of its identification with his exceptionalism.

Conversely, the media hold the president’s exceptionalism against Republicans. Here is Barack Obama, evidence of a new and progressive America. Here are the Republicans, a cast of largely white males, looking peculiarly unevolved. Add to this the Republicans’ quite laudable focus on deficit reduction and spending cuts, and they can be made to look like a gaggle of scolding accountants.

How can the GOP combat the president’s cultural charisma? It will have to make vivid the yawning gulf between Obama the flattering icon and Obama the confused and often overwhelmed president. Applaud the exceptionalism he represents, but deny him the right to ride on it as a kind of affirmative action.

A president who is both Democratic and black effectively gives the infamous race card to the entire left: Attack our president and you are a racist. To thwart this, Republicans will have to break through the barrier of political correctness.

Mr. McCain let himself be intimidated by Obama’s cultural charisma, threatening to fire any staff member who even used the candidate’s middle name. Donald Trump shot to the head of the Republican line by focusing on Mr. Obama as a president, calling him our « worst » president. I carry no brief for Mr. Trump, but his sudden success makes a point: Another kind of charisma redounds to those willing to challenge political correctness—those unwilling to be in thrall to the president’s cultural charisma.

Lastly, there must be a Republican message of social exceptionalism. America has more social mobility than any heterogeneous society in history. Isn’t there a great Republican opportunity to be had in urging minorities to at last move out of their long era of protest—in which militancy toward the very society they struggled to join was the way ahead? Aren’t Republicans uniquely positioned to offer minorities a liberation from both dependency and militancy?

In other words, isn’t there a fresh new social idealism implicit in conservative principles? Why not articulate it and fight with it in the political arena? Such a message would show our president as unevolved in his social thinking—oh so 1965. The theme: Barack Obama believes in government; we believe in you.

Mr. Steele is a senior fellow at Stanford University’s Hoover Institution. Among his books is « White Guilt » (Harper/Collins, 2007).


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