Rapport Durham: Quel plan démocrate pour faire tomber Trump ? (Guess who warned of a Clinton smear plan against Trump, went ahead anyway with the investigative leads provided by her team… and now wallows in regret that their accusations turned out to be unfounded ?)

22 juin, 2023

Arrest illustrates how Steele dossier was political dirty trick by Hillary Clinton

Le rapport Durham n’a pratiquement rien révélé. (…) Le procureur spécial choisi sur mesure par William Barr n’a fait que confirmer ce que l’on savait déjà d’un précédent rapport de l’inspecteur général du ministère de la Justice”. En somme, cette enquête, qui aura coûté 6,5 millions de dollars, n’aura servi que d’argument électoral à Trump et à ses alliés, qui ont promis à maintes reprises que Durham mettrait au jour le ‘crime du siècle’”. Washington  Post
Après des années de battage politique, l’enquête Durham n’a pas répondu aux attentes. (…) une enquête dysfonctionnelle (…) [qui] n’a pas mis au jour de complot d’un “État profond”, comme l’espéraient des supporteurs de Donald Trump (…) Durham n’a inculpé au pénal aucun haut responsable du FBI ou des renseignements et il reconnaît dans une note que la campagne d’Hillary Clinton en 2016 n’a rien fait non plus qui justifie des poursuites. (….) Le rapport ne contient aucune révélation majeure et reproche au FBI un ‘biais de confirmation’ plutôt qu’un parti pris politique, accusation qui aurait été plus explosive. New York Times
Le rapport Durham (…) est un compte rendu accablant de la corruption du FBI et de ses complices. (…) Le prétexte à cette enquête, une conversation triviale entre le conseiller non rémunéré de Trump George Papadopoulos et un diplomate australien, était si mince que des agents du FBI s’en sont plaints et que les renseignements britanniques avaient du mal à y croire. (…) Le FBI a sauté plusieurs étapes pour lancer une enquête proprement dite. (…) Le rapport final du procureur spécial John Durham montre clairement que le FBI, organisation partisane, a refourgué la désinformation de la campagne d’Hillary Clinton à travers une enquête secrète que l’agence n’aurait jamais dû lancer.  Wall Street Journal 
La conduite en 2016 et 2017 que le conseiller spécial Durham a examinée est la raison pour laquelle la direction actuelle du FBI a déjà mis en œuvre des dizaines de mesures correctives, qui sont maintenant en place depuis un certain temps. Si ces réformes avaient été mises en place en 2016, les maladresses identifiées dans le rapport auraient pu être évitées. Ce rapport renforce l’importance de s’assurer que le FBI continue à faire son travail avec la rigueur, l’objectivité et le professionnalisme que le peuple américain mérite et attend à juste titre. FBI
En jetant un œil aux éditos du 17 mai dans la presse américaine, on peut avoir l’impression d’être face à deux mondes parallèles. Pour The Washington Post, le rapport Durham, sévère critique de l’enquête du FBI sur les liens entre la campagne de Donald Trump en 2016 et la Russie, “n’a pratiquement rien révélé”. De son côté, The Wall Street Journal y voit “un compte rendu accablant de la corruption du FBI et de ses complices”, lançant en titre : “Pourquoi le rapport Durham est important pour la démocratie”. Nommé en 2019 par William Barr, le ministre de la Justice de Donald Trump, le procureur spécial John Durham aura mené pendant près de quatre ans sa propre enquête sur la fameuse “enquête russe”, qui n’avait au bout du compte pas établi de collusion entre le clan Trump et Moscou. Durham avait déjà inculpé deux personnes, toutes deux acquittées, tandis qu’un ex-avocat du FBI a plaidé coupable d’avoir caviardé un e-mail en vue d’obtenir une autorisation de surveillance. Dans ce rapport de plus de 300 pages, rendu public le 15 mai, le FBI est notamment accusé d’avoir lancé ses investigations sans base solide : le Bureau fédéral d’enquête n’avait “aucune réelle preuve de collusion”. “Le prétexte à cette enquête, une conversation triviale entre le conseiller non rémunéré de Trump George Papadopoulos et un diplomate australien, était si mince que des agents du FBI s’en sont plaints et que les renseignements britanniques avaient du mal à y croire”, résume le Wall Street Journal, ajoutant que le FBI “a sauté plusieurs étapes pour lancer une enquête proprement dite”. Le procureur spécial reproche aussi à l’agence de police fédérale d’avoir fait “deux poids, deux mesures”, soulignant que le FBI s’était montré plus prudent lorsqu’il soupçonnait des gouvernements étrangers de chercher à influencer l’équipe de campagne d’Hillary Clinton. “Le rapport final du procureur spécial John Durham montre clairement que le FBI, organisation partisane, a refourgué la désinformation de la campagne d’Hillary Clinton à travers une enquête secrète que l’agence n’aurait jamais dû lancer”, assène le quotidien conservateur. Du côté de la presse centriste et de gauche, la vision est tout autre. “Après des années de battage politique, l’enquête Durham n’a pas répondu aux attentes”, titre The New York Times, qui parle même d’une “enquête dysfonctionnelle”. Le rapport n’a pas mis au jour de complot d’un “État profond”, comme l’espéraient des supporteurs de Donald Trump, souligne le journal de centre gauche. “Durham n’a inculpé au pénal aucun haut responsable du FBI ou des renseignements et il reconnaît dans une note que la campagne d’Hillary Clinton en 2016 n’a rien fait non plus qui justifie des poursuites.” (…) Pour le Washington Post, “le procureur spécial choisi sur mesure par William Barr n’a fait que confirmer ce que l’on savait déjà d’un précédent rapport de l’inspecteur général du ministère de la Justice”. En somme, d’après le journal, cette enquête, qui aura coûté 6,5 millions de dollars, n’aura servi que d’argument électoral à Trump et à ses alliés, “qui ont promis à maintes reprises que Durham mettrait au jour le ‘crime du siècle’”. Courrier international
D’après les preuves recueillies au cours des multiples enquêtes fédérales exhaustives et coûteuses sur ces questions, y compris l’enquête en cours, ni les forces de l’ordre américaines ni la communauté du renseignement ne semblent avoir disposé de preuves réelles de collusion dans leurs dossiers au début de l’enquête sur Crossfire Hurricane. (…) La rapidité et la manière dont le FBI a ouvert et enquêté sur Crossfire Hurricane pendant la saison des élections présidentielles, sur la base de renseignements bruts, non analysés et non corroborés, reflètent également une différence notable par rapport à la manière dont il a abordé des affaires antérieures concernant d’éventuelles tentatives de plans d’ingérence électorale de l’étranger visant la campagne de Clinton. (…) Ces exemples sont également très différents des actions du FBI en ce qui concerne d’autres renseignements très importants qu’il a reçus d’une source étrangère fiable indiquant un plan de campagne de Clinton pour vilipender Trump en le liant à Vladimir Poutine afin de détourner l’attention de ses propres préoccupations liées à son utilisation d’un serveur de messagerie privé. Contrairement à l’ouverture par le FBI d’une enquête approfondie sur des membres inconnus de la campagne Trump sur la base d’informations brutes et non corroborées, dans cette affaire distincte impliquant un prétendu plan de la campagne Clinton, le FBI n’a jamais ouvert de type d’enquête, émis de missions, employé du personnel d’analyse ou produit des analyses en rapport avec ces informations. Cette absence d’action s’est produite en dépit du fait que l’importance des informations relatives au plan Clinton était telle qu’elle a incité le directeur de la CIA à informer le président, le vice-président, le procureur général, le directeur du FBI et d’autres hauts fonctionnaires du gouvernement de leur contenu dans les jours qui ont suivi leur réception. Elle était également suffisamment importante pour que la CIA envoie au directeur Comey et au directeur adjoint de la division du contre-espionnage du FBI, Peter Strzok, une note écrite officielle de saisine, pour examen et suite à donner. Le rapport d’enquête donnait des exemples d’informations que la cellule de fusion Crossfire Hurricane avait « glanées à ce jour ».  (…) Sur la base de l’examen de Crossfire Hurricane et des activités de renseignement connexes, nous concluons que le département et le FBI n’ont pas respecté leur importante mission de stricte fidélité à la loi dans le cadre de certains événements et activités décrits dans le présent rapport. Comme nous l’avons indiqué, l’ancien avocat du FBI, Kevin Clinesmith, a commis une infraction pénale en montant de toutes pièces, dans un courriel, des termes qui ont permis au FBI d’obtenir une ordonnance de surveillance en vertu de la loi FISA. Dans d’autres cas, le personnel du FBI travaillant sur cette même demande FISA a fait preuve, au mieux, d’une attitude cavalière à l’égard de l’exactitude et de l’exhaustivité. Le personnel du FBI a également fait fi à plusieurs reprises des exigences importantes lorsqu’il a continué à demander le renouvellement de cette surveillance FISA tout en reconnaissant – à l’époque et a posteriori – qu’il ne croyait pas vraiment qu’il y avait des raisons probables de penser que la cible participait sciemment à des activités de renseignement clandestines pour le compte d’une puissance étrangère ou qu’elle aidait sciemment une autre personne à participer à de telles activités. Certains membres du personnel n’ont pas tenu compte d’informations importantes à décharge qui auraient dû inciter à la retenue et au réexamen de l’enquête. Notre enquête a également révélé que des cadres supérieurs du FBI ont fait preuve d’un manque flagrant de rigueur analytique à l’égard des informations qu’ils recevaient, en particulier celles émanant de personnes et d’entités politiquement affiliées. Ces informations ont en partie déclenché et entretenu Crossfire Hurricane et ont contribué à la nécessité de l’enquête du conseiller spécial Mueller. En particulier, on s’est beaucoup appuyé sur les pistes d’enquête fournies ou financées (directement ou indirectement) par les opposants politiques de Trump. Le ministère n’a pas examiné ou remis en question de manière adéquate ces documents et les motivations de ceux qui les ont fournis, même lorsque, à peu près au même moment, le directeur du FBI et d’autres personnes ont appris l’existence de renseignements importants et potentiellement contraires. (…) Compte tenu de ce qui précède, et en considérant les faits sous l’angle le plus favorable aux enquêteurs de Crossfire Hurricane, il semble très probable qu’au minimum, le biais de confirmation ait joué un rôle important dans l’acceptation par le FBI d’allégations extraordinairement sérieuses dérivées d’informations non corroborées qui n’avaient pas été soumises à l’analyse rigoureuse habituelle employée par le FBI et d’autres membres de la communauté du renseignement. En bref, le Bureau estime que le FBI a écarté ou délibérément ignoré des informations matérielles qui n’étayaient pas la thèse d’une relation collusoire entre Trump et la Russie (…) Une évaluation objective et honnête de ces éléments d’information aurait dû amener le FBI à remettre en question non seulement la prédiction de Crossfire Hurricane, mais aussi à réfléchir à la question de savoir si le FBI était manipulé à des fins politiques ou autres. Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Rapport Durham

Abandon des poursuites contre Hillary Clinton pour négligence et destruction de ses emails comme Secrétaire d’Etat (mai 2016);  élections 2020 dévoyées par la massification et la relaxe de toutes les vérifications du vote par correspondance; discrédit, comme prétendue pure intoxication des services russes et censure sur les réseaux sociaux, des révélations contenues dans le portable de Hunter Biden (oct. 2020); envahissement du Capitole du 6 janvier 2021 faussement présenté comme tentative d’insurrection; multiplication des actions en justice, procès en destitution compris, contre Trump …

Cherchez l’erreur !

Un mois après la publication de l’enquête du procureur spécial John Durham …

Qui est déjà presque oubliée

Car n’ayant logiquement trouvé aucune preuve irréfutable d’implication du FBI et des services de renseignement américains…

Dans les fausses accusations de collusion russe qui ont plombé l’élection et la totalité du mandat de l’ancien président Trump…

Pendant qu’en pleine campagne présidentielle, la Justice américaine multiplie les poursuites contre l’un des possibles candidats …

Et que sur fond de rumeurs persistantes de corruption de la famille Biden …

Le fils de l’actuel président s’en tire avec une simple condamnation pour non-paiement d’impôts …

Devinez qui…

Averti d’un plan de diffamation de Clinton contre Trump …

Concernant une prétendue collusion de sa part avec les services de sécurité russes …

A néanmoins poursuivi les pistes d’enquête fournies par l’équipe de celle-ci…

Et se confond à présent en excuses

Que ses accusations se soient révélées infondées ?

Le procureur spécial John Durham, à gauche, le 17 mai, à Washington. photo SAMUEL CORUM/NYT

En jetant un œil aux éditos du 17 mai dans la presse américaine, on peut avoir l’impression d’être face à deux mondes parallèles. Pour The Washington Post, le rapport Durham, sévère critique de l’enquête du FBI sur les liens entre la campagne de Donald Trump en 2016 et la Russie, “n’a pratiquement rien révélé”. De son côté, The Wall Street Journal y voit “un compte rendu accablant de la corruption du FBI et de ses complices”, lançant en titre : “Pourquoi le rapport Durham est important pour la démocratie”.

Nommé en 2019 par William Barr, le ministre de la Justice de Donald Trump, le procureur spécial John Durham aura mené pendant près de quatre ans sa propre enquête sur la fameuse “enquête russe”, qui n’avait au bout du compte pas établi de collusion entre le clan Trump et Moscou. Durham avait déjà inculpé deux personnes, toutes deux acquittées, tandis qu’un ex-avocat du FBI a plaidé coupable d’avoir caviardé un e-mail en vue d’obtenir une autorisation de surveillance.

“Deux poids, deux mesures”

Dans ce rapport de plus de 300 pages, rendu public le 15 mai, le FBI est notamment accusé d’avoir lancé ses investigations sans base solide : le Bureau fédéral d’enquête n’avait “aucune réelle preuve de collusion”.

“Le prétexte à cette enquête, une conversation triviale entre le conseiller non rémunéré de Trump George Papadopoulos et un diplomate australien, était si mince que des agents du FBI s’en sont plaints et que les renseignements britanniques avaient du mal à y croire”, résume le Wall Street Journal, ajoutant que le FBI “a sauté plusieurs étapes pour lancer une enquête proprement dite”.

Le procureur spécial reproche aussi à l’agence de police fédérale d’avoir fait “deux poids, deux mesures”, soulignant que le FBI s’était montré plus prudent lorsqu’il soupçonnait des gouvernements étrangers de chercher à influencer l’équipe de campagne d’Hillary Clinton.

“Le rapport final du procureur spécial John Durham montre clairement que le FBI, organisation partisane, a refourgué la désinformation de la campagne d’Hillary Clinton à travers une enquête secrète que l’agence n’aurait jamais dû lancer”, assène le quotidien conservateur.

Pas de “crime du siècle”

Du côté de la presse centriste et de gauche, la vision est tout autre. “Après des années de battage politique, l’enquête Durham n’a pas répondu aux attentes”, titre The New York Times, qui parle même d’une “enquête dysfonctionnelle”.

Le rapport n’a pas mis au jour de complot d’un “État profond”, comme l’espéraient des supporteurs de Donald Trump, souligne le journal de centre gauche.

“Durham n’a inculpé au pénal aucun haut responsable du FBI ou des renseignements et il reconnaît dans une note que la campagne d’Hillary Clinton en 2016 n’a rien fait non plus qui justifie des poursuites.”

Le rapport “ne contient aucune révélation majeure et reproche au FBI un ‘biais de confirmation’ plutôt qu’un parti pris politique, accusation qui aurait été plus explosive”, ajoute le New York Times. Ce qui n’a pas empêché Donald Trump de dénoncer “une mise en scène totalement illégale”, affirmant que “l’opinion publique américaine a été escroquée”.

Pour le Washington Post, “le procureur spécial choisi sur mesure par William Barr n’a fait que confirmer ce que l’on savait déjà d’un précédent rapport de l’inspecteur général du ministère de la Justice”. En somme, d’après le journal, cette enquête, qui aura coûté 6,5 millions de dollars, n’aura servi que d’argument électoral à Trump et à ses alliés, “qui ont promis à maintes reprises que Durham mettrait au jour le ‘crime du siècle’”.

Voir aussi:

Elections américaines : ce que montre le rapport Durham

Nommé sous Donald Trump, le procureur spécial John Durham a critiqué sévèrement l’enquête sur une possible collusion entre le clan Trump et Moscou.

Hash H16
Atlantico
25 mai 2023
Magie d’une presse nationale devenue parfaitement inutile : vous n’avez probablement pas entendu parler du “rapport Durham“, du nom de ce procureur spécial du Département de la Justice des États-Unis, chargé par Trump en 2019 d’enquêter sur les raisons qui ont poussé le FBI à lancer des investigations sur l’éventuelle collusion entre le président et la Russie. Ce rapport est sorti il y a quelques jours et son contenu est tout simplement explosif.

Ceux qui voudront jeter un œil dans les plus de trois cents pages qui le composent pourront le consulter via ce lien. Ce rapport jette plus d’un pavé dans une mare déjà fort trouble des précédentes découvertes que les dernières années ont permises, et qui concernent la présidence Trump ainsi que les clans Obama, Biden et Clinton.

Pour rappel, pendant la campagne électorale américaine de 2016 opposant Donald Trump à Hillary Clinton, la presse avait abondamment relayé les affirmations selon lesquelles Trump aurait bénéficié d’appuis du Kremlin. La presse américaine prétendait étayer ces allégations grâce aux éléments fournis par Hillary Clinton et l’équipe de sa campagne électorale, transmis au FBI pour lui permettre de faire une enquête approfondie qui continuera d’alimenter la chronique pendant les quatre années de présidence Trump.

À l’époque, personne n’avait voulu faire le lien entre l’apparition de ces allégations de collusion et le fait qu’Hillary Clinton était elle-même empêtrée dans des affaires de divulgation d’e-mails classifiés à partir d’un serveur informatique non sécurisé. L’un et l’autre candidats semblaient mouillés dans différentes magouilles, voilà tout.

Cependant, les années qui ont suivi ont permis d’y voir un peu plus clair, nonobstant l’impressionnant travail de camouflage, de mensonge par omission voire de pure propagande de toute la presse, tant américaine que dans le reste du monde, pour tenter à la fois de discréditer Donald Trump et de blanchir Hillary Clinton : alors qu’il apparaissait de plus en plus évident que Clinton avait bel et bien fait fuiter (plutôt volontairement que le contraire) des secrets d’État sur son serveur d’e-mails personnel, les allégations concernant Trump peinaient de plus en plus à trouver de la substance.

Malgré l’absence marquée de toute preuve solide, les médias continuèrent de plus belle à donner du grain à moudre à la thèse d’une collusion entre Trump et la Russie, utilisant même cet angle pour complètement passer sous silence les révélations contenues dans le portable de Hunter Biden qu’on fit alors passer pour une pure intoxication des services russes.

En matière de propagande et de manipulation du public par les médias, les élections américaines de 2020 furent une véritable apothéose : malgré des soupçons de fraudes graves dès le lendemain de la présidentielle en Novembre et les rebondissements qui émaillèrent les mois suivants, le public fut pour ainsi dire forcé de croire à la thèse officielle selon laquelle Joe Biden aurait été élu dans une élection aussi propre et sécurisée que possible, et bien que peinant à rassembler 500 péquins dans une grande ville pour ses meetings politiques, il aurait donc gagné contre un type qui n’avait eu aucun mal à en rassembler 50.000 dans des champs au milieu de nulle part.

Les doutes persistaient cependant, tant sur ces élections que sur les allégations de collusion ou que sur les comportements de la presse, des administrations et des grandes compagnies de réseaux sociaux pendant ces périodes troublées.

Et ces doutes furent du reste largement alimentés par ce qu’on a découvert depuis : finalement, de “Twitter files” en “Twitter files”, le public a péniblement pris conscience qu’on l’avait clairement enfumé au sujet de l’ordinateur de Hunter Biden, le fils de l’actuel président. Non seulement, c’était bien le sien, mais en plus contenait-il largement de quoi faire sauter la présidence ; ceux que la presse avait compulsivement appelés “complotistes” pendant toutes ces années avaient, une fois encore, raison.

Parallèlement, les enquêtes citoyennes notamment menées sur la qualité des votes enregistrés pendant les élections de 2020 permirent de lever d’autres lièvres plus ou moins agiles. Ainsi, à moins d’être particulièrement épais, il ne fait plus de doute que les machines de vote et de tabulation de Dominion ou de Konnech sont fort mal sécurisées et ont largement pu constituer un vecteur d’attaques pour du bourrage d’urnes électroniques. Pire, le documentaire “2000 Mules” a amplement détaillé l’utilisation du vote par correspondance pour des bourrages d’urne dans les comtés les plus à même de faire basculer des États entiers en faveur de Biden.

Enfin, en 2022, le changement de majorité à la Chambre des représentants américains fut l’occasion de revenir en détail sur les événements du 6 janvier 2021 qui furent à l’époque présentés comme un envahissement violent du Congrès américain par des partisans pro-Trump, une véritable tentative de coup d’État que seules les courageuses forces de l’ordre locales purent repousser héroïquement. L’analyse des bandes vidéos des caméras de sécurité disponibles sur tout le périmètre a largement permis de remettre en cause cette thèse officielle qui ne tient que par le silence compact des médias de grand chemin, confrontés à leurs biais et leur volonté de consolider des bobards de plus en plus gros.

Quant au rapport Durham, il apporte maintenant la preuve définitive de la collusion des administrations et des agences de renseignement contre Trump. Il montre ainsi que le FBI a lancé ses enquêtes, largement médiatisées, en ne se basant sur aucun élément de preuve ou de soupçons raisonnables. Il montre aussi que les éléments fournis par Hillary Clinton étaient totalement fabriqués, que le FBI le savait et que ce sont les fonds de campagne pour l’élection de Clinton qui servirent à financer ces fabrications. Le même rapport démontre que ce FBI a commodément abandonné toutes poursuites contre Clinton en pariant sur son élection en 2016, ce qui, au passage, met sur le tapis l’indépendance de la justice et démontre une nouvelle forme de capture du Department of Justice par le gouvernement actuel.

Tout ceci constitue en fait à la fois une interférence claire dans l’administration Trump de 2016 à 2020, au frais du contribuable américain, une source d’interférence pour la campagne 2020, et une trahison de ces agences vis-à-vis des fonctions qu’elles sont censées servir. Ces interférences s’ajoutent à celles de plusieurs personnels des agences de renseignement (qui mentirent, en toute connaissance de cause, sur la provenance du portable de Biden).

De façon générale, ces différents éléments ne peuvent aboutir qu’à une perte globale de la confiance du public envers ses institutions. Sans surprise d’ailleurs, la majorité des Américains ne croit plus à la thèse officielle des élections (sûres et efficaces) les plus sécurisées et les mieux organisées de l’Histoire.

Ceci pose plusieurs problèmes de fond : comment imaginer une représentation démocratique si le processus de vote est à ce point entaché d’irrégularités ? Comment faire confiance à la Justice si cette dernière semble elle-même corrompue ? Où se situe vraiment le débat démocratique lorsque les médias sont à ce point manipulateurs et biaisés, et qu’ils exercent tout leur pouvoir pour garantir que la liberté d’expression sera aussi contrainte que possible ?

D’autre part, de l’autre côté de l’Atlantique, peut-on réellement se rassurer en feignant de croire que ce qu’on observe aux États-Unis n’est pas transposable en Europe et en France en particulier où les médias et la justice sont, eux aussi, totalement politisés, plus du tout pluralistes et équilibrés ?

Peut-on même envisager sereinement les prochaines élections dites “démocratiques” dans les pays occidentaux alors même que ces médias ont fait une impasse presque totale sur le résultat de ce rapport Durham qui démontre pourtant un dysfonctionnement grave des institutions et, par voie de conséquence, des médias eux-mêmes ?

Quelle confiance peut-on réellement accorder à ces politiciens, à ces institutions et ces journalistes alors que, sur les quatre dernières années, ils ont largement prouvé non seulement qu’ils mentaient, mais qu’ils le faisaient pour des raisons de plus en plus toxiques et nuisibles ?

Voir également:

« Get Trump »: Pourquoi les accusations contre lui sont une affaire politique

Gerald Olivier

14 juin 2023

Pour la deuxième fois en deux mois l’ancien président Donald Trump se retrouve sous le coup d’une inculpation.

La première remonte au début avril. Le procureur du conté de New York, un certain Alvin Bragg, magistrat noir de 51 ans, a accusé Donald Trump et sa campagne d’avoir falsifié ses comptes de campagne en 2020.

La seconde est tombée le 9 juin et provient du département de la justice des Etats-Unis. Donald Trump est accusé d’espionnage (rien moins) et d’entraves à la justice dans le cadre de la détention de documents classés « secrets » au-delà de son mandat de président. L’acte d’accusation détaille trente-sept chefs d’accusations.

Cette seconde inculpation est plus sérieuse que la précédente. Mais elle n’en reste pas moins politique. Strictement politique.

Donald Trump a dénoncé ces accusations comme « fausses et fabriquées ». Il a plaidé non coupable et pointé du doigt le président actuel Joe Biden comme la vraie personne derrière cette mascarade judiciaire. « Ce jour vivra dans l’infamie », a-t-il déclaré, en sortant du palais de justice après sa première comparution. « Joe Biden restera dans les mémoires comme le plus corrompu des présidents de l’histoire de notre pays et surtout comme celui qui avec une bande de voyous, de malfrats et de marxistes a voulu détruire la démocratie américaine.»

Derrière ces affaires de justice il y a bien la volonté, non revendiquée, mais parfaitement lisible, du camp Démocrate, d’empêcher Donald Trump d’être candidat à la Maison Blanche en 2024. Et s’il parvenait néanmoins à être ce candidat, l’objectif de ces poursuites est de le décrédibiliser auprès de l’électorat indépendant et d’orienter la campagne sur sa personne et son comportement non pas sur le bilan du président sortant et probable candidat démocrate, Joe Biden.

Rien n’a changé depuis la fameuse nuit du 8 novembre 2016.

Depuis que Trump a battu Hillary Clinton pour devenir président des Etats-Unis, en remportant le Collège Electoral malgré un déficit de trois millions de suffrages au plan national (cas de figure légitime et fréquent dans le système électoral américain), le mot d’ordre à gauche – des syndicats d’enseignants aux scénaristes d’Hollywood en passant par la presse bien-pensante, BLM et les associations LGBTQ+ – a été le même « Détruire Trump ». « Get Trump ! » en anglais. « Get Trump ! » est, au passage le titre d’un livre récemment paru aux Etats-Unis et rédigé par l’un des avocats de Trump, Alan Dershowitz, professeur à Harvard et social-démocrate convaincu, absolument outré de constater jusqu’où l’opposition Démocrate est prête à aller pour éliminer Trump de la vie politique….

En clair Trump est beaucoup trop dangereux pour les Démocrates et pour « l’Etat profond » pour qu’ils prennent le risque de lui donner une chance de revenir aux affaires.

Du temps de sa présidence le mot d’ordre « Get Trump » s’est traduit par une enquête de deux ans, de 2017 à 2019, sur « une collusion avec la Russie » qui s’est avérée être une fausse affaire montée de toutes pièces par la campagne d’Hillary Clinton; puis par un procès en destitution au sujet d’un coup de téléphone avec le président ukrainien ; puis par un confinement forcé et un blocage de la politique économique du président au nom du bien commun durant l’épidémie de Covid -19 débouchant sur une généralisation du vote par correspondance pour le scrutin présidentiel et une participation électorale d’un volume sans précédent jetant de sérieux doutes sur la fiabilité du scrutin…

Depuis qu’il a quitté la présidence le mot d’ordre « Get Trump » s’est traduit par de multiples enquêtes judiciaires dont deux ont déjà débouché sur des mises en examen et dont deux autres pourraient produire les résultats équivalents dans les mois à venir.

La première inculpation est donc venue de New York, l’ancienne résidence de Donald Trump. Trump est accusé de trente – et une violations de la règle de financement de campagne en 2020. Trump aurait falsifié ses comptes de campagne pour dissimuler un paiement de cent trente mille dollars à une star du X qui menaçait de révéler leur liaison sexuelle. Ces accusations constituent des « délits », pas des « crimes ». Elles ont été élevées au niveau de « crime » par un artifice juridique que beaucoup estime contestable. Trump a plaidé « non coupable ». La prochaine étape de la procédure est prévue en décembre et il est possible que d’ici-là, la validité des accusations portées contre lui soit contestée par ses avocats, coupant court toute procédure.

Sur la papier, les accusations contre Trump dans le dossier des documents classifiés sont plus sérieuses. L’ancien président est accusé de détention illégale de documents classés secrets ayant trait à la défense nationale, d’entrave à la justice, de falsification, de dissimulation et d’élimination de documents liés à une enquête fédérale, ainsi que de faux témoignage.

Il risque 400 ans de prison s’il était jugé coupable de tous les chefs d’accusation et condamné au maximum de la peine prévue…

La surprise de ces chefs d’accusation est qu’ils n’ont pas trait à la loi que régie la gestion de documents présidentiels, le « Presidential Records Act » de 1977, mais qu’ils rentrent dans le cadre du Espionnage Act, une loi de 1917, liée à la dissémination d’informations sensibles.

L’Espionnage Act est une loi votée lors de l’entrée des Etats-Unis dans la première guerre mondiale, à une époque de tensions et de méfiances exacerbées. C’était la première fois que les Etats-Unis entraient véritablement sur la scène internationale, hors de leur sphère…Cette loi a déjà servi à faire condamner Julian Assange dans l’affaire Wikileaks, Edward Snowden dans le dossier des écoutes téléphoniques de la NSA, et Bradley Manning (devenu Chelsea Manning après une opération de changement de sexe) le soldat qui avait diffusé les photos de prisonniers victimes de tortures durant l’occupation de l’Irak. Placer Trump aux côtés de tels félons n’est pas innocent…

Ce qui d’ailleurs pourrait s’avérer être bénéfique à l’ancien président. Dans la perspective d’un procès c’est un jury de citoyen du comté de Miami en Floride, lieu de résidence de Donald Trump, qui serait amené à se prononcer et il est loin d’être acquis qu’il suivrait les directives du Département de la justice en la matière.

Car, et c’est le plus important ici, c’est bien le gouvernement des Etats-Unis qui accuse ici Donald Trump. Il ne s’agit pas d’un petit procureur local à la poursuite de ses quinze minutes de célébrité, il s’agit du département de la justice, branche supposée indépendante et neutre du gouvernement américain.

C’est le procureur indépendant Jack Smith qui a décidé des chefs d’inculpation. Jack Smith a été nommé à cette fonction par Merrick Garland, le garde des sceaux des Etats-Unis. Et Merrick Garland a été placé à son poste par Joe Biden, le président élu en 2020. Joe Biden est candidat à sa réélection en 2024 et Donald Trump est lui-même candidat et grand favori pour emporter la nomination républicaine en 2024. En clair le président actuel utilise sa fonction et son gouvernement pour éliminer son adversaire politique le plus dangereux…

Cette seule notion devrait donner le frisson à n’importe quel citoyen américain soucieux de la protection des libertés individuelles sensées être au cœur des institutions américaines…

Le garde des Sceaux, Merrick Garland aurait pu désavouer son procureur spécial. Mais il ne l’a pas fait. Alors même que le cas de M. Trump n’est pas unique et que jamais jusqu’à présent de tels actes n’avaient eu de telles conséquences.

Avant Trump, les présidents Barack Obama et Bill Clinton ont tous les deux été pointés du doigt pour avoir conservé des documents classifiés sans y être autorisés. Ils n’ont jamais été mis en accusation et les différents se sont résolus avec les archives nationales américaines à l’amiable.

Mike Pence, le vice-président de Donald Trump, est lui-même mis en cause pour avoir conservé quelques documents classifiés sans autorisation. Il s’en est excusé, a plaidé l’erreur et l’ignorance et a tout remis aux archives.

Joe Biden lui même, président en exercice a reconnu détenir des cartons entiers de documents classés secrets, certains entreposés dans son garage, à côté de sa voiture de sport, une Corvette décapotable. D’autres cartons ont été retrouvés dans ses bureaux de l’Université de Pennsylvanie, au sein d’un centre portant son nom, « Le Penn Biden Center », financé par de généreux donateurs proches des dirigeants de la Chine …

Au contraire de Donald Trump qui était président et qui avait donc le pouvoir de déclassifier tous les documents en sa possession, rendant toute procédure juridique contre lui impossible, Joe Biden était vice-président et n’avait donc pas une telle autorité. De plus, des documents classifiés datant de ses années de sénateur ont également été retrouvés chez lui. Les sénateurs n’ont pas accès à des documents classifiés. Ils peuvent les « consulter » dans des pièces protégées mais jamais les sortir… A moins de le faire en douce. Et de commettre un délit. De telle sorte que pour que Joe Biden ait en sa possession de tels documents il a inévitablement fallu qu’il les subtilise de façon totalement illégale… Mais aucune accusation n’a été portée contre Joe Biden.

Pourtant lui aussi fait l’objet d’une enquête par un procureur spécial. Le nom de ce dernier est Robert Hur ! Il a été mis à sa fonction en novembre 2022, à peu près à la même époque que Jack Smith, mais on attend toujours le moindre rapport de sa part…

Enfin il y a le cas Hillary Clinton. Durant ses années en tant que secrétaire d’Etat (2009 à 2013) Hillary avait utilisé un serveur privé non sécurisé pour nombre de ses communications digitales. Des informations top-secrètes avaient ainsi été disséminées dans la nature. Une fois découverte Hillary avait effacé des milliers d’emails et détruit des téléphones portables à coups de marteau et d’eau de javel, pour masquer l’ampleur des fuites et la quantité des informations sensibles qu’elle avait pu ainsi mettre à la portée des ennemis de l’Amérique. Mais elle n’avait jamais été poursuivie. En juillet 2016 au plus fort du scandale des emails d’Hillary, le directeur du FBI d’alors James Comey avait jugé qu’elle avait fait preuve d’une « extrême négligence » mais que son comportement n’était pas « criminel » et qu’aucun « procureur raisonnable » ne pouvait en toute conscience engager des poursuites contre elle.

Les faits reprochés à Donald Trump sont beaucoup moins graves que ceux reprochés à Hillary Clinton en 2016 mais il est de plus en plus évident aux Etats-Unis qu’il existe une justice pour les Démocrates et une autre pour les Républicains, en particulier Donald Trump.

L’objectif est de le mettre en prison si possible (très, très peu probable à ce stade) mais surtout de l’empêcher de se présenter à la Maison Blanche. Ses accusations pourraient profiter à certains de ses adversaires dans la course à la nomination. Chris Christie, gouverneur du New Jersey s’est déjà désolidarisé de l’ancien président. De même que William Barr, son ancien garde des sceaux qui a décrit comme « accablant » le dossier réuni contre lui par le département de la justice.

Par sûr que les électeurs se laissent aussi facilement convaincre. Selon un sondage CBS 75% des électeurs républicains ont affirmé que pour eux les accusations étaient motivées par des considérations « politiques ». Six sur dix ont dit que ces accusations ne changeraient pas leur vote en faveur de Trump. Et près de deux sur dix ont affirmé que ces accusations affectaient « favorablement » leur opinion de Trump. Seulement 7% des personnes interrogées ont dit que cela avait impacté défavorablement leur vision de l’ancien président.

Début avril, la cote de Trump avait même progressé après sa mise en accusation par le procureur Bragg.

Quoi qu’il arrive, les institutions américaines autorisent une personne mise en accusation (et donc présumée innocente) à faire campagne. Un repris de justice peut se présenter à la Maison Blanche et même un détenu peut le faire. Cela s’est déjà produit dans l’histoire. C’était en 1920 et le candidat était Eugene V Debbs, un socialiste. Il avait rassemblé six millions de votes. Son meilleur score en trois tentatives…

Trump peut en sourire. L’acharnement judiciaire dont il fait l’objet en dit néanmoins très long sur l’état de délabrement de l’Amérique et sa transformation en une république bananière sous le contrôle du parti Démocrate.

EXTRAITS (traduits et soulignés par nos soins):

« D’après les preuves recueillies au cours des multiples enquêtes fédérales exhaustives et coûteuses sur ces questions, y compris l’enquête en cours, ni les forces de l’ordre américaines ni la communauté du renseignement ne semblent avoir disposé de preuves réelles de collusion dans leurs dossiers au début de l’enquête sur Crossfire Hurricane. (…) La rapidité et la manière dont le FBI a ouvert et enquêté sur Crossfire Hurricane pendant la saison des élections présidentielles, sur la base de renseignements bruts, non analysés et non corroborés, reflètent également une différence notable par rapport à la manière dont il a abordé des affaires antérieures concernant d’éventuelles tentatives de plans d’ingérence électorale à l’étranger visant la campagne de Clinton. Comme décrit dans la section IV.B, dans les dix-huit mois précédant l’élection de 2016, le FBI avait à traiter un certain nombre de propositions d’enquêtes susceptibles d’avoir une incidence sur l’élection. Dans chacun de ces cas, le FBI a agi avec beaucoup de prudence. Dans l’une de ces affaires, évoquée à la section IV.B.l, le siège du FBI et les responsables du département ont exigé que des briefings défensifs soient fournis à Mme Clinton et à d’autres responsables ou candidats qui semblaient être la cible d’une ingérence étrangère. Dans une autre affaire, le FBI a décidé de mettre fin à une enquête après que l’un de ses précieux SHC de longue date a dépassé les limites autorisées et a apporté une contribution financière inappropriée, voire illégale, à la campagne Clinton pour le compte d’une entité étrangère, en prévision d’un don beaucoup plus important envisagé. Dans un troisième cas, celui de la Fondation Clinton, de hauts responsables du FBI et du ministère ont imposé des restrictions sur la manière dont ces affaires devaient être traitées, de sorte qu’il n’y a eu pratiquement aucune activité d’enquête pendant les mois qui ont précédé l’élection. Ces exemples sont également très différents des actions du FBI en ce qui concerne d’autres renseignements très importants qu’il a reçus d’une source étrangère fiable indiquant un plan de campagne de Clinton pour vilipender Trump en le liant à Vladimir Poutine afin de détourner l’attention de ses propres préoccupations liées à son utilisation d’un serveur de messagerie privé. Contrairement à l’ouverture par le FBI d’une enquête approfondie sur des membres inconnus de la campagne Trump sur la base d’informations brutes et non corroborées, dans cette affaire distincte impliquant un prétendu plan de la campagne Clinton, le FBI n’a jamais ouvert de type d’enquête, émis de missions, employé du personnel d’analyse ou produit des analyses en rapport avec ces informations. Cette absence d’action s’est produite en dépit du fait que l’importance des informations relatives au plan Clinton était telle qu’elle a incité le directeur de la CIA à informer le président, le vice-président, le procureur général, le directeur du FBI et d’autres hauts fonctionnaires du gouvernement de leur contenu dans les jours qui ont suivi leur réception.
 
Elle était également suffisamment importante pour que la CIA envoie au directeur Comey et au directeur adjoint de la division du contre-espionnage du FBI, Peter Strzok, une note écrite officielle de saisine, pour examen et suite à donner. Le rapport d’enquête donnait des exemples d’informations que la cellule de fusion Crossfire Hurricane avait « glanées à ce jour ».
L’enquête sur Crossfire Hurricane
Quelques jours après l’ouverture de Crossfire Hurricane, le FBI a ouvert des enquêtes approfondies sur quatre membres de l’équipe de campagne de Trump : George Papadopoulos, Carter Page, Paul Manafort et Michael Flynn. Aucun briefing défensif n’a été fourni à Trump ou à quiconque dans la campagne concernant les informations reçues d’Australie qui suggéraient qu’il pourrait y avoir un certain type de collusion entre la campagne de Trump et les Russes, que ce soit avant ou après l’ouverture de ces enquêtes. Au lieu de cela, le FBI a commencé à travailler sur des demandes d’utilisation des autorités FISA à l’encontre de Page et Papadopoulos. L’effort concernant Papadopoulos s’est avéré infructueux. De même, les efforts initiaux visant Page sont restés vains jusqu’à ce que les enquêteurs de Crossfire Hurricane obtiennent pour la première fois ce que l’on a appelé les « Company Intelligence Reports » (rapports de renseignements d’entreprise) produits par Christopher Steele. Comme indiqué dans les sections IV.D. l .b.ii et iii et en bref ci-dessous, les rapports Steele ont été fournis pour la première fois au FBI au début du mois de juillet 2016 mais, pour des raisons inexpliquées, n’ont été transmis aux enquêteurs de Crossfire Hurricane qu’à la mi-septembre. Les rapports ont été ostensiblement assemblés sur la base d’informations fournies à Steele et à sa société par une « sous-source principale », dont le FBI a finalement déterminé en décembre 2016 qu’il s’agissait d‘Igor Danchenko.
Notre enquête a déterminé que les enquêteurs de Crossfire Hurricane n’ont pas corroboré et n’ont pu corroborer aucune des allégations substantielles contenues dans le rapport de Steele. Steele n’a pas non plus été en mesure de corroborer l’une quelconque des allégations rapportées, même après s’être vu offrir un million de dollars ou plus par le FBI en échange d’une telle corroboration. En outre, lorsqu’il a été interrogé par le FBI en janvier 2017, Danchenko n’a pas non plus été en mesure de corroborer l’une quelconque des allégations substantielles contenues dans les rapports. Au contraire, Danchenko a qualifié les informations qu’il a fournies à Steele de « rumeurs et spéculations » et de produit d’une conversation décontractée.
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Le dossier Steele

Au printemps 2016, Perkins Coie, un cabinet d’avocats international basé aux États-Unis, agissant en tant que conseiller de la campagne Clinton, a retenu les services de Fusion GPS, un cabinet d’enquête basé aux États-Unis, pour mener des recherches d’opposition sur Trump et ses associés. À la mi-mai 2016, Glenn Simpson de Fusion GPS a rencontré Steele au Royaume-Uni et a ensuite retenu les services de Steele et de son entreprise, Orbis Business Intelligence ( » Orbis « ), pour enquêter sur les liens de Trump avec la Russie.Steele s’est décrit comme un ancien responsable du renseignement pour le gouvernement britannique et était également à l’époque une SHC [Source Humaine Confidentielle] du FBI. À partir de juillet 2016 et jusqu’en décembre 2016, le FBI a reçu une série de rapports de Steele et d’Orbis contenant des informations désobligeantes sur Trump concernant les liens supposés de ce dernier avec la Russie. Comme indiqué à la section IV.D.l.b.ii, Steele a remis le premier de ses rapports à son responsable au FBI le 5 juillet. Ces rapports ont été familièrement appelés le « Dossier Steele » ou les « Rapports Steele ». Comme indiqué, ce n’est qu’à la mi-septembre que les enquêteurs de Crossfire Hurricane ont reçu plusieurs des rapports Steele. Dans les jours qui ont suivi leur réception, les rapports Steele non vérifiés et non contrôlés ont été utilisés pour étayer la cause probable dans les demandes FISA [Foreign Intelligence Act] du FBI visant Page, un citoyen américain qui, pendant un certain temps, a été un conseiller de Trump. En particulier, une allégation contenue dans un rapport Steele non daté, identifié comme 2016/095, décrivait une « conspiration bien développée de coopération » entre Trump, sa campagne et de hauts responsables russes. Cette allégation sous-tendrait en fin de compte les quatre demandes FISA visant Page. Plus précisément, l’allégation stipulait ce qui suit

S’adressant confidentiellement à un compatriote à la fin du mois de juillet 2016, la source E, un Russe ethnique proche du candidat républicain à la présidence des États-Unis Donald TRUMP, a admis qu’il existait une conspiration bien développée de coopération entre eux et les dirigeants russes. Celle-ci était gérée du côté de TRUMP par le directeur de campagne du candidat républicain, Paul MANAFORT, qui utilisait son conseiller en politique étrangère, Carter PAGE, et d’autres personnes comme intermédiaires. Les deux parties avaient un intérêt mutuel à vaincre la candidate démocrate à la présidence Hillary CLINTON, que le président POUTINE détestait et craignait apparemment.

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Sur la base de l’examen de Crossfire Hurricane et des activités de renseignement connexes, nous concluons que le département et le FBI n’ont pas respecté leur importante mission de stricte fidélité à la loi dans le cadre de certains événements et activités décrits dans le présent rapport. Comme nous l’avons indiqué, l’ancien avocat du FBI, Kevin Clinesmith, a commis une infraction pénale en montant de toutes pièces, dans un courriel, des termes qui ont permis au FBI d’obtenir une ordonnance de surveillance en vertu de la loi FISA. Dans d’autres cas, le personnel du FBI travaillant sur cette même demande FISA a fait preuve, au mieux, d’une attitude cavalière à l’égard de l’exactitude et de l’exhaustivité. Le personnel du FBI a également ignoré à plusieurs reprises des exigences importantes lorsqu’il a continué à demander le renouvellement de cette surveillance FISA tout en reconnaissant – à l’époque et a posteriori – qu’il ne croyait pas vraiment qu’il y avait des raisons probables de penser que la cible participait sciemment à des activités de renseignement clandestines pour le compte d’une puissance étrangère ou qu’elle aidait sciemment une autre personne à participer à de telles activités. Certains membres du personnel n’ont pas tenu compte d’informations importantes à décharge qui auraient dû inciter à la retenue et au réexamen de l’enquête. Notre enquête a également révélé que des cadres supérieurs du FBI ont fait preuve d’un manque flagrant de rigueur analytique à l’égard des informations qu’ils recevaient, en particulier celles émanant de personnes et d’entités politiquement affiliées. Ces informations ont en partie déclenché et entretenu Crossfire Hurricane et ont contribué à la nécessité de l’enquête du conseiller spécial Mueller. En particulier, on s’est beaucoup appuyé sur les pistes d’enquête fournies ou financées (directement ou indirectement) par les opposants politiques de Trump. Le ministère n’a pas examiné ou remis en question de manière adéquate ces documents et les motivations de ceux qui les ont fournis, même lorsque, à peu près au même moment, le directeur du FBI et d’autres personnes ont appris l’existence de renseignements importants et potentiellement contraires.
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Il ne fait aucun doute que le FBI avait l’obligation affirmative d’examiner de près » les renseignements fournis par le gouvernement australien, qui a déclaré que ses diplomates avaient entendu George Papadopoulos, un conseiller de Trump, faire des déclarations alarmantes liées à la Russie.
 
Le FBI a ouvert Crossfire Hurricane en tant qu’enquête de contre-espionnage complète  » pour déterminer si un ou des individus associés à la campagne Trump [étaient] conscients et/ou coordonnaient des activités avec le gouvernement de la Russie « . « Le point de départ de l’enquête du Bureau a été d’examiner quelles informations étaient connues ou disponibles au FBI sur de tels liens au 31 juillet 2016, avant l’ouverture de Crossfire Hurricane. Cette question s’est ensuite divisée en deux questions connexes : (i) quelles étaient les informations qui ont motivé l’ouverture de l’enquête et (ii) ces informations justifiaient-elles l’ouverture d’une telle enquête non pas en tant qu’enquête « d’évaluation » ou « préliminaire », mais dès le départ en tant qu’enquête « complète ». En explorant ces questions, nous avons déterminé ce qui suit :
a. Les informations utilisées pour préparer Crossfire Hurricane
En mars 2016, la campagne Trump a désigné George Papadopoulos comme conseiller en politique étrangère. Papadopoulos avait auparavant travaillé comme consultant en énergie, avec un intérêt particulier pour les projets en Méditerranée orientale. Au moment de sa nomination, Papadopoulos était employé au Royaume-Uni au London Center of International Law Practice. Parmi les connaissances de Papadopoulos à Londres se trouvait un diplomate d’un autre pays (« Foreign Government-I Diplomat-I »). Le diplomate du gouvernement étranger-I connaissait un diplomate australien (« Diplomate australien-l »). Le 6 mai 2016, à la suite d’un arrangement préalable, le Diplomate-I du gouvernement étranger a présenté Papadopoulos au Diplomate-I australien. Le 10 mai 2016, Papadopoulos et le diplomate australien I se sont rencontrés à nouveau et, cette fois, ils ont été rejoints par le haut-commissaire australien Alexander Downer. Les deux rencontres se sont déroulées autour d’un verre dans un cadre public. Les diplomates australiens souhaitaient rencontrer Papadopoulos en raison de son rôle dans la campagne de Trump, et une grande partie de la conversation a porté sur les prochaines élections américaines. Plus de deux mois plus tard, le 26 juillet 2016, l’Australie a fourni à l’ambassade des États-Unis à Londres certaines informations que ses diplomates avaient notées au moment des réunions avec Papadopoulos. Le lendemain, le département d’État a transmis ces informations à l’attaché juridique du FBI affecté à l’ambassade de Londres ( » UK Legat l « )_2 Le  » paragraphe cinq  » est le nom donné aux informations brutes fournies par le gouvernement australien et incluses dans un câble du 16 mai 2016 qui documente les rencontres des diplomates avec Papadopoulos. Le paragraphe cinq est un extrait du câble et a été cité mot pour mot dans l’ouverture de l’EC sur l’ouragan Crossfire (…) Le compte rendu australien indique que deux réunions de nature informelle ont eu lieu avec Papadopoulos. Ces réunions ont été documentées par Downer le 11 mai 2016 et par le diplomate australien I plus tard dans le mois. Les deux diplomates ont indiqué qu’avant le printemps 2016, Papadopoulos leur était inconnu. Notamment, les informations du paragraphe 5 ne mentionnent pas le piratage du DNC, la possession de courriels par les Russes ou la publication de courriels. En outre, interrogé par le Bureau, M. Downer a déclaré qu’il aurait caractérisé les déclarations de M. Papadopoulos différemment de ce que le diplomate australien I a fait dans le paragraphe 5. Selon M. Downer, M. Papadopoulos n’a fait aucune mention des courriels de Mme Clinton, des saletés ou de toute approche spécifique du gouvernement russe à l’égard de l’équipe de campagne de M. Trump avec une offre ou une suggestion d’assistance. Selon les souvenirs de M. Downer, M. Papadopoulos a simplement déclaré que « les Russes ont des informations », et c’est tout. Comme l’a raconté le diplomate australien I au FBI le 2 août 2016, le contenu du paragraphe cinq a été rédigé de manière « volontairement vague ». Cela a été fait parce que Papadopoulos a laissé un certain nombre de choses inexpliquées et « n’a pas dit qu’il avait un contact direct avec les Russes ». L’impression que Papadopoulos a laissée aux diplomates australiens était très large. D’une part, il « avait un sens exagéré de lui-même », était « peu sûr de lui » et « essayait d’impressionner ». D’autre part, il était « un type sympa », n’était « pas négatif » et « ne citait pas de noms ». (…) M. Downer a également déclaré qu’il « n’avait pas l’impression que Papadopoulos était l’intermédiaire chargé de la coordination avec les Russes ». Les diplomates australiens informeront plus tard le FBI, et par la suite le Bureau, que l’impulsion pour transmettre les informations du paragraphe cinq à la fin du mois de juillet a été la publication par WikiLeaks (le 22 juillet 2016) des communications électroniques qui avaient été piratées à partir des serveurs du DNC [Democratic National Committee]. Pour autant que l’enquête du Bureau ait pu le déterminer, les commentaires de Papadopoulos <li<l n’ont pas fait l’objet d’une analyse ou d’un examen supplémentaire de la part des responsables du renseignement australien.
b. L’absence d’informations de renseignement étayant les prémisses de Crossfire Hurricane

Tout d’abord, il ne fait aucun doute que le FBI avait l’obligation affirmative d’examiner de près les informations du paragraphe cinq. Cependant, ces informations ont été la seule base invoquée par le FBI pour ouvrir une enquête approfondie sur des individus associés à la campagne Trump en cours. Il est significatif que le FBI ait ouvert une enquête complète avant que des discussions préliminaires ou des entretiens n’aient été entrepris avec les diplomates australiens ou Papadopoulos. En outre, la CE [Communication Electronique] d’ouverture ne décrit aucune collaboration ou évaluation conjointe des informations avec des services de renseignement étrangers amis ou d’autres agences de renseignement américaines.

En effet, dans les trois jours qui ont suivi la réception du rapport du paragraphe 5, le FBI a déterminé, sans autre analyse, que les informations australiennes constituaient une base adéquate pour l’ouverture d’une enquête complète visant à déterminer si des personnes associées à une campagne présidentielle en cours étaient « conscientes des activités du gouvernement russe et/ou les coordonnaient avec lui ».
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Compte tenu de ce qui précède, et en considérant les faits sous l’angle le plus favorable aux enquêteurs de Crossfire Hurricane, il semble très probable qu’au minimum, le biais de confirmation ait joué un rôle important dans l’acceptation par le FBI d’allégations extraordinairement sérieuses dérivées d’informations non corroborées qui n’avaient pas été soumises à l’analyse rigoureuse habituelle employée par le FBI et d’autres membres de la communauté du renseignement. En bref, le Bureau estime que le FBI a écarté ou délibérément ignoré des informations matérielles qui n’étayaient pas la thèse d’une relation collusoire entre Trump et la Russie le FBI. De même, le rapport de la division d’inspection du FBI indique que les enquêteurs « ont à plusieurs reprises ignoré ou expliqué des preuves contraires à la théorie selon laquelle la campagne Trump … avait conspiré avec la Russie …. ». Il est apparu que … il y avait un modèle de présomption d’intention néfaste ». Une évaluation objective et honnête de ces éléments d’information aurait dû amener le FBI à remettre en question non seulement la prédiction de Crossfire Hurricane, mais aussi à réfléchir à la question de savoir si le FBI était manipulé à des fins politiques ou autres. Malheureusement, cela n’a pas été le cas.
Voir aussi:

« Based on the evidence gathered in the multiple exhaustive and costly federal investigations of these matters, including the instant investigation, neither U.S. law enforcement nor the Intelligence Community appears to have possessed any actual evidence of collusion in their holdings at the commencement of the Crossfire Hurricane investigation. (…) The speed and manner in which the FBI opened and investigated Crossfire Hurricane during the presidential election season based on raw, unanalyzed, and uncorroborated intelligence also reflected a noticeable departure from how it approached prior matters involving possible attempted foreign election inference plans aimed at the Clinton campaign. As described in Section IV.B, in the eighteen months leading up to the 2016 election, the FBI was

required to deal with a number of proposed investigations that had the potential of affecting the election. In each of those instances, the FBI moved with considerable caution. In one such matter discussed in Section IV.B.l, FBI Headquarters and Department officials required defensive briefings to be provided to Clinton and other officials or candidates who appeared to be the targets of foreign interference. In another, the FBI elected to end an investigation after one of its longtime and valuable CHSs went beyond what was authorized and made an improper and possibly illegal financial contribution to the Clinton campaign on behalf of a foreign entity as a precursor to a much larger donation being contemplated. And in a third, the Clinton Foundation matter, both senior FBI and Department officials placed restrictions on how those matters were to be handled such that essentially no investigative activities occurred for months leading up to the election. These examples are also markedly different from the FBI’ s actions with respect to other highly significant intelligence it received from a trusted foreign source pointing to a Clinton campaign plan to vilify Trump by tying him to Vladimir Putin so as to divert attention from her own concerns relating to her use of a private email server. Unlike the FBI’s opening of a full investigation of unknown members of the Trump campaign based on raw, uncorroborated information, in this separate matter involving a purported Clinton campaign plan, the FBI never opened any type of inquiry, issued any taskings, employed any analytical personnel, or produced any analytical products in connection with the information. This lack of action was despite the fact that the significance of the Clinton plan intelligence was such as to have prompted the Director of the CIA to brief the President, Vice President, Attorney General, Director of the FBI, and other senior government officials about its content within days of its receipt. It was also of enough importance for the CIA to send a formal written referral memorandum to Director Corney and the Deputy Assistant Director of the FBI’s Counterintelligence Division, Peter Strzok, for their consideration and action. The investigative referral provided examples of information the Crossfire Hurricane fusion cell had « gleaned to date. »

The Crossfire Hurricane Investigation

Within days after opening Crossfire Hurricane, the FBI opened full investigations on four members of the Trump campaign team: George Papadopoulos, Carter Page, Paul Manafort, and Michael Flynn. No defensive briefing was provided to Trump or anyone in the campaign concerning the information received from Australia that suggested there might be some type of collusion between the Trump campaign and the Russians, either prior to or after these investigations were opened. Instead, the FBI began working on requests for the use of FISA authorities against Page and Papadopoulos. The effort as related to Papadopoulos proved unsuccessful. Similarly, the initial effort directed at Page was unsuccessful until the Crossfire Hurricane investigators first obtained what were designated as « Company Intelligence Reports » generated by Christopher Steele. As set forth in Sections IV.D. l .b.ii and iii and in brief below, the Steele Reports were first provided to the FBI in early July 2016 but, for unexplained reasons, only made their way to the Crossfire Hurricane investigators in mid-September. The reports were ostensibly assembled based on information provided to Steele and his company by a « primary sub source, » who the FBI eventually determined in December 2016 was Igor Danchenko.

Our investigation determined that the Crossfire Hurricane investigators did not and could not corroborate any of the substantive allegations contained in the Steele reporting. Nor was Steele able to produce corroboration for any of the reported allegations, even after being offered $1 million or more by the FBI for such corroboration. Further, when interviewed by the FBI in January 2017, Danchenko also was unable to corroborate any of the substantive allegations in the Reports. Rather, Danchenko characterized the information he provided to Steele as « rumor and speculation » and the product of casual conversation.

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The Steele Dossier

In the spring of 2016, Perkins Coie, a U.S.-based international law firm, acting as counsel to the Clinton campaign, retained Fusion GPS, a U.S.-based investigative firm, to conduct opposition research on Trump and his associates. In mid-May 2016, Glenn Simpson of Fusion GPS met with Steele in the United Kingdom and subsequently retained Steele and his firm, Orbis Business Intelligence (« Orbis »), to investigate Trump’s ties to Russia. 33 Steele described himself as a former intelligence official for the British government, and was also at the time an FBI CHS. Beginning in July 2016 and continuing through December 2016, the FBI received a series of reports from Steele and Orbis that contained derogatory information about Trump concerning Trump’s purported ties to Russia. As discussed in Section IV.D.l.b.ii, Steele provided the first of his reports to his FBI handler on July 5th. These reports were colloquially referred to as the « Steele Dossier ». or « Steele Reports. » As noted, it was not until mid-September that the Crossfire Hurricane investigators received several of the Steele Reports. Within days of their receipt, the unvetted and unverified Steele Reports were used to support probable cause in the FBI’s FISA applications targeting Page, a U.S. citizen who, for a period of time, had been an advisor to Trump. As discussed later in the report, this was done at a time when the FBI knew that the same

information Steele had provided to the FBI had also been fed to the media and others in Washington, D.C. In particular, one allegation contained in an undated Steele Report, identified as 2016/095, described a « well-developed conspiracy of co-operation » between Trump, his campaign, and senior Russian officials. This allegation would ultimately underpin the four FISA applications targeting Page. Specifically, the allegation stated:

Speaking in confidence to a compatriot in late July 2016, Source E, an ethnic Russian close associate of Republican US presidential candidate Donald TRUMP, admitted that there was a well-developed conspiracy of co-operation between them and the Russian leadership. This was managed on the TRUMP side by the Republican candidate’s campaign manager, Paul MANAFORT, who was using foreign policy advisor, Carter PAGE, and others as intermediaries. The two sides had a mutual interest in defeating Democratic presidential candidate Hillary CLINTON, whom President PUTIN apparently both hated and feared.

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Based on the review of Crossfire Hurricane and related intelligence activities, we conclude that the Department and the FBI failed to uphold their important mission of strict fidelity to the law in connection with certain events and activities described in this report. As noted, former FBI attorney Kevin Clinesmith committed a criminal offense by fabricating language in an email that was material to the FBI obtaining a FISA surveillance order. In other instances, FBI personnel working on that same FISA application displayed, at best, a cavalier attitude towards accuracy and completeness. FBI personnel also repeatedly disregarded important requirements when they continued to seek renewals of that FISA surveillance while acknowledging – both then and in hindsight – that they did not genuinely believe there was probable cause to believe that the target was knowingly engaged in clandestine intelligence activities on behalf of a foreign power, or knowingly helping another person in such activities. And certain personnel disregarded significant exculpatory information that should have prompted investigative restraint and re-examination. Our investigation also revealed that senior FBI personnel displayed a serious lack of analytical rigor towards the information that they received, especially information received from politically affiliated persons and entities. This information in part triggered and sustained Crossfire Hurricane and contributed to the subsequent need for Special Counsel Mueller’s investigation. In particular, there was significant reliance on investigative leads provided or funded (directly or indirectly) by Trump’s political opponents. The Department did not adequately examine or question these materials and the motivations of those providing them, even when at about the same time the Director of the FBI and others learned of significant and potentially contrary intelligence.

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There is no question that the FBI had an affirmative obligation to closely examine » intelligence provided by the Australian government, which said its diplomats had heard George Papadopoulos, a Trump adviser, make alarming statements related to Russia.

The FBI opened Crossfire Hurricane as a full counterintelligence investigation « to determine whether individual(s) associated with the Trump campaign [were] witting of and/or coordinating activities with the Government of Russia.  » The starting point for the Office’s inquiry was to examine what information was known or available to the FBI about any such ties as of July 31, 2016, prior to opening Crossfire Hurricane. That question then divided itself into two related questions: (i) what was the information that predicated the opening of the investigation and (ii) did that information support such an investigation being opened not as an « assessment » or « preliminary » investigation, but from the start as a « full » investigation. In exploring these questions, we determined the following:

a. The information used to predicate Crossfire Hurricane

In March 2016, the Trump campaign identified George Papadopoulos as a foreign policy advisor. Papadopoulos had previously worked as an energy consultant, with a particular focus on projects in the Eastern Mediterranean. At the time of his appointment, Papadopoulos was employed in the United Kingdom at the London Center oflntemational Law Practice. Among Papadopoulos’s acquaintances in London was a diplomat from another country (« Foreign Government-I Diplomat-I »). Foreign Government-I Diplomat-I was familiar with an Australian diplomat (« Australian Diplomat-l »). On May 6, 2016, by prearrangement, Foreign Government-I Diplomat-I introduced Papadopoulos to Australian Diplomat-I. On May I 0, 2016, Papadopoulos and Australian Diplomat- I met again, and this time they were joined by Australian High Commissioner Alexander Downer. Both meetings were over drinks in public settings. The Australian diplomats were interested in meeting with Papadopoulos because of his role in the Trump campaign, and much of the conversation centered on the upcoming U.S. election. Over two months later, on July 26, 2016, Australia provided the U.S. Embassy in London certain information its diplomats had memorialized at or around the

time of the meetings with Papadopoulos. The next day, the State Department passed this information on to the FBI’s Legal Attache assigned to the Embassy in London (« UK Legat l « )_2 « Paragraph Five » was the name given to the raw information provided by the Australian government and included in a May 16, 2016 cable that documented the diplomats’ encounters with Papadopoulos. 213 Paragraph Five is an abstract from the cable and was quoted verbatim in the Crossfire Hurricane Opening EC (…) The Australian account reflects that two meetings of a casual nature took place with Papadopoulos. These meetings were documented by Downer on May 11, 2016 and by Australian Diplomat- I later in the month. Both diplomats advised that prior to the Spring of 2016, Papadopoulos was unknown to them. Notably, the information in Paragraph Five does not include any mention of the hacking of the DNC, the Russians being in possession of emails, or the public release of any emails. In addition, when interviewed by the Office, Downer stated that he would have characterized the statements made by Papadopoulos differently than Australian Diplomat- I did in Paragraph 5. According to Downer, Papadopoulos made no mention of Clinton emails, dirt or any specific approach by the Russian government to the Trump campaign team with an offer or suggestion of providing assistance. Rather, Downer’s recollection was that Papadopoulos simply stated « the Russians have information » and that was all. As recounted to the FBI on August 2, 2016, by Australian Diplomat-I, the substance of Paragraph Five was written in a « purposely vague » way. This was done because Papadopoulos left a number of things unexplained and « did not say he had direct contac with the Russians. » The impression Papadopoulos made on the Australian diplomats was wide ranging. On the one hand, he « had an inflated sense of self, » was « insecure, » and was « trying to impress. » On the other hand, he was « a nice guy, » was « not negative, » and « did not name drop. » (…) Downer also said that he « did not get the sense Papadopoulos was the middle-man to coordinate with the Russians. » The Australian diplomats would later inform the FBI, and subsequently the Office, that the impetus for passing the Paragraph Five information in late-July was the public release by WikiLeaks (on July 22, 2016) of email communications that had been hacked from the DNC servers. As far as the Office’s investigation was able to determine, Papadopoulos’s comments <li<l not undergo any additional analysis or scrutiny by Australian intelligence officials.

b. The lack of intelligence information supporting the premise of Crossfire Hurricane
As an initial matter, there is no question that the FBI had an affirmative obligation to closely examine the Paragraph Five information. The Paragraph Five information, however, was the sole basis cited by the FBI for opening a full investigation into individuals associated with the ongoing Trump campaign. 226 Significantly, the FBI opened a full investigation before any preliminary discussions or interviews ,vere undertaken with either

the Australian diplomats or Papadopoulos. Further, the Opening EC does not describe any collaboration or joint assessments of the information with either friendly foreign intelligence services or other U.S. intelligence agencies. In effect, within three days of its receipt of the Paragraph Five reporting, the FBI determined, without further analysis, that the Australian information was an adequate basis for the opening of a full investigation into whether individuals associated with an ongoing presidential campaign were « witting of and/or coordinating activities with the Government of Russia. »

/…/

Given the foregoing, and viewing the facts in a light most favorable to the Crossfire
Hurricane investigators, it seems highly likely that, at a minimum, confirmation bias played a significant role in the FBI’s acceptance of extraordinarily serious allegations derived from uncorroborated information that had not been subjected to the typical exacting analysis employed by the FBI and other members of the Intelligence Community. In short, it is the Office’s assessment that the FBI discounted or willfully ignored material information that did not support
the narrative of a collusive relationship between Trump and Russia. Similarly, the FBI Inspection Division Report says that the investigators « repeatedly ignore[ d] or explain[ed] away evidence contrary to the theory the Trump campaign … had conspired with Russia …. It appeared that … there was a pattern of assuming nefarious intent. » 1749 An objective and honest assessment of these strands of information should have caused the FBI to question not only the predication for Crossfire Hurricane, but also to reflect on whether the FBI was being manipulated for political or other purposes. Unfortunately, it did not.

Cliquer pour accéder à durhamreport.pdf


« Inculpation » de Donald Trump: Ils ont choisi la Semaine sainte ! (Guess who of all days chose Holy Week three days before Good Friday to arrest, on dubious charges, the leading contender for the 2024 presidential election – thus possibly doing their inadvertent part for his political resurrection ?)

5 avril, 2023
https://preview.redd.it/uygmnviwr8m51.jpg?auto=webp&s=83b3276430cf37073a4bafc4d125b138e81accbbJon McNaughton on Twitter: "My New Painting - "The Impeachment Mob" "You made your mark in history With your twisted, sorted lies. Beneath the Halls of Congress You plotted to disguise . . . "Patriotic - Americana - Legacy of Hope - McNaughton Fine Art
May be an image of 7 people, people standing and text that says 'Images en DIRECT New York (Etats-Unis) DIRECT DIRECT GUERAEEE 19:24 LCI INCULPATION: TRUMP ARRIVE AU TRIBUNAL DE NEW YORK ETATS-UNIS Inculpe par la justice D. Trump va comparaitre au tribunal de New York dans une affaire de paiement a une star du Stormy Daniels'
Mais il a été blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Esaïe 53: 1
Lorsqu’un Sanhédrin s’est déclaré unanime pour condamner, l’accusé sera acquitté. Le Talmud
Tu ne suivras point la multitude pour faire le mal; et tu ne déposeras point dans un procès en te mettant du côté du grand nombre, pour violer la justice. Exode 23: 2
Suis-je vraiment intègre? Je ne saurais le dire (…) Que m’importe, après tout! C’est pourquoi j’ose dire: ‘Dieu détruit aussi bien l’innocent que l’impie.’ Quand survient un fléau qui tue soudainement, Dieu se rit des épreuves qui atteignent les justes. (…) Et si ce n’est pas lui, alors, qui est-ce donc? Job (Job 9: 20-24)
Mon Dieu! mon Dieu! Pourquoi m’as-tu abandonné, et t’éloignes-tu sans me secourir, sans écouter mes plaintes? (…) De nombreux taureaux sont autour de moi, des taureaux de Basan m’environnent. Ils ouvrent contre moi leur gueule, semblables au lion qui déchire et rugit. Psaumes 22: 2-13
Vous ne réfléchissez pas qu’il est dans votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas. Caïphe (Jean 11: 50)
Si les princes de ce monde avaient connu [la sagesse de Dieu] ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire. Paul (première lettre aux Corinthiens 2: 8)
[Le Christ] a effacé, au détriment des commandements, l’accusation qui se retournait contre nous ; il l’a fait disparaître, il l’a clouée à la croix, il a dépouillé les Principautés et les Puissances, il les a données en spectacle à la face du monde, en les traînant dans son cortège triomphal. Paul (lettre aux Colossiens 2: 14-15)
Louis doit mourir pour que la patrie vive. Robespierre
Une nation ne se régénère que sur un monceau de cadavres. Saint-Just
Qu’un sang impur abreuve nos sillons! Air connu
L’arbre de la liberté doit être revivifié de temps en temps par le sang des patriotes et des tyrans. Jefferson
Presque aucun des fidèles ne se retenait de s’esclaffer, et ils avaient l’air d’une bande d’anthropophages chez qui une blessure faite à un blanc a réveillé le goût du sang. Car l’instinct d’imitation et l’absence de courage gouvernent les sociétés comme les foules. Et tout le monde rit de quelqu’un dont on voit se moquer, quitte à le vénérer dix ans plus tard dans un cercle où il est admiré. C’est de la même façon que le peuple chasse ou acclame les rois. Marcel Proust
Il y avait vraiment des gens qui s’agitaient devant des courts-bouillons de grenouilles et de scorpions, mais nous savons que leurs manigances n’empêcheraient pas les avions de voler (…) C’est bien pourquoi, même lorsqu’elles étaient condamnées, même lorsqu’elles étaient techniquement coupables, les sorcières étaient des boucs émissaires. René Girard 
Le roi ne règne qu’en vertu de sa mort future; il n’est rien d’autre qu’une victime en instance de sacrifice, un condamné à mort qui attend son exécution. (…) Prévoyante, la ville d’Athènes entretenait à ses frais un certain nombre de malheureux […]. En cas de besoin, c’est-à-dire quand une calamité s’abattait ou menaçait de s’abattre sur la ville, épidémie, famine, invasion étrangère, dissensions intérieures, il y avait toujours un pharmakos à la disposition de la collectivité. […] On promenait le pharmakos un peu partout, afin de drainer les impuretés et de les rassembler sur sa tête ; après quoi on chassait ou on tuait le pharmakos dans une cérémonie à laquelle toute la populace prenait part. […] D’une part, on […] [voyait] en lui un personnage lamentable, méprisable et même coupable ; il […] [était] en butte à toutes sortes de moqueries, d’insultes et bien sûr de violences ; on […] [l’entourait], d’autre part, d’une vénération quasi-religieuse ; il […] [jouait] le rôle principal dans une espèce de culte.  René Girard
Le roi a une fonction réelle et c’est la fonction de toute victime sacrificielle. Il est une machine à convertir la violence stérile et contagieuse en valeurs culturelles positives. René Girard
Pour qu’il y ait cette unanimité dans les deux sens, un mimétisme de foule doit chaque fois jouer. Les membres de la communauté s’influencent réciproquement, ils s’imitent les uns les autres dans l’adulation fanatique puis dans l’hostilité plus fanatique encore. René Girard
Le règne du roi n’est que l’entracte prolongé d’un rituel sacrificiel violent. Gil Bailie
Le Grand Jury a agi selon les faits et la loi.  Personne n’est au-dessus des lois, et chacun à droit à un procès pour prouver son innocence. Espérons que l’ancien président respectera pacifiquement le système qui lui donne ce droit. Nancy Pelosi
Le procès des sorcières de Salem ne comptait pas tant d’irrégularités. Président Trump
Ils ont choisi la semaine sainte pour persécuter le président Trump. Et vous pouvez parier que c’était intentionnel. Laura Loomer
Il n’aura pas échappé à Donald Trump que son arrestation est survenue pendant la Semaine Sainte, lorsque notre Seigneur et Sauveur a été condamné par une foule cruelle et crucifié avant sa résurrection. Trump – alias « le Jésus Mandarine » – a depuis longtemps compris le pouvoir religieux de la politique en Amérique. C’est pourquoi « Je suis votre rétribution » est son argumentaire de campagne en 2024. C’est pourquoi, se remettant du Covid à l’approche des élections de 2020, il a décrit son rétablissement comme « une bénédiction de Dieu » et s’est comporté un peu comme Lazare ramené d’entre les morts, c’est pourquoi il accuse les Démocrates de voler « nos sacrées élections ». Et c’est pourquoi Trump et son équipe orchestrent son arrestation aujourd’hui dans un spectacle médiatique géant, exploitant jusqu’à la moelle sa persécution légale avec une conférence de presse ce soir et sans aucun doute d’interminables slogans de campagne « Justice » à venir. Trump est un roi David, une figure imparfaite qui est néanmoins un vaisseau de la volonté de Dieu. Pour d’autres, Trump est déjà le vrai Messie. (…) J’entends déjà es cyniques se gausser, comme la foule se moquait du Christ : Jésus a-t-il acheté le silence de stars du porno pour les empêcher de se lâcher à propos d »une liaison éventuellement adultère? Mais c »est passer à côté de l »essentiel. Les évangéliques patriotiques américains sont toujours à la recherche d »un sens eschatologique dans les événements contemporains parce que pour eux l »histoire de l »Amérique est liée à la rédemption de l »humanité – et plus c’est improbable, mieux c’est. Les vlies du Seigneur sont mystérieuses. La théorie du complot QAnon, rappelez-vous, était basée sur une théorie selon laquelle Trump était un agent de Dieu travaillant avec des forces bienveillantes au sein de l' »État profond » diabolique pour le faire tomber. La célèbre phrase de Trump « peut-être que c’est le calme avant la tempête », qu’il a prononcée lors d’un dîner militaire en 2017, a déclenché une avalanche d’interprétations religieuses. Trump joue sur ces idées folles, republiant souvent des photos de lui avec le slogan : « La tempête arrive ! Retour à avril 2023 et l’histoire de Trump est devenue de plus en plus étrange. Même ceux qui ne suivent pas les théories les plus échevelées de la droite américaine auront le sentiment que quelque chose de très étrange est en train de se passer en Amérique lorsqu’un président et principal candidat à la présidentielle de 2024 est traduit en justice sur la base d’accusations douteuses. Cela va enflammer non seulement sa base, mais de nombreux Américains qui se sentent déprimés par l’état de leur démocratie. Trump n’est clairement pas le Retour du Christ, mais il ne manquera pas de noter que son procès à succès de cette semaine pourrait marquer le début de sa résurrection politique. Freddy Gray

Ils ont choisi la Semaine sainte !

Devinez qui …
Après le faux dossier Steele et toute la mystification sur la prétendue collusion de Trump avec la Russie …
Et entre pas moins de deux procès en destitution et une élection dévoyée, une litanie incessante d’actions en justice pour le faire tomber …
Pendant que la commanditaire dudit  faux dossier s’en est discrètement tirée avec 122 000 dollars d’amende
Le parti démocrate comme le fils du président Biden attendent toujours leur inculpation …
A comme par hasard choisi la Semaine Sainte trois jours avant le Vendredi Saint …
Reprenant une chasse aux sorcières de bientôt huit ans …
Pour « inculper » sur la base d’accusations douteuses …
(devinez pourquoi à l’instar de la députée démocrate Nancy Pelosi oubliant la présomption d’innocence
tant de nos médias semblent avoir eux aussi oublié, pour le seul Trump, le remplacement depuis 30 ans du terme « inculpation »  par  celui de « mise en examen » ?)
Le principal candidat à l’élection présidentielle de 2024 …
Apportant ainsi peut-être involontairement leur propre contribution à sa résurrection politique ?

The Passion of the Donald is upon us

The Manhattan court will be his Gethsemane. Forgive us Lord, we know not what we do
Freddy Gray
The Spectator
April 4, 2023

It won’t have escaped Donald Trump’s notice that his arrest has come during Holy Week, when our Lord and Savior was sentenced by a cruel mob and crucified only to rise again.

Trump — aka “the Tangerine Jesus” — has long understood the religious power of politics in America. That’s why “I am your retribution” is his campaign pitch in 2024. It’s why, recovering from Covid in the run-up to the 2020 election, he described his recovery as “a blessing from God” and behaved a bit like Lazarus brought back from the dead. It’s why he accuses the Democrats of stealing “our sacred elections.” And it’s why Trump and his team are orchestrating his arrest today into a giant media spectacle, milking his legal persecution for all it is worth with a press conference tonight and no doubt endless “Justice” campaign slogans to come.

The Trump story has become ever more weird

To some true American believers, Trump is a King David, a flawed figure who is nevertheless a vessel of God’s will. To others, Trump is already the actual Messiah. For instance, Helgard Müller, a South African émigré who lives in Cincinnati, in Ohio, has written a wonderfully weird book entitled President Donald J. Trump, The Son of Man — The Christ. It begins:

“President Donald J. Trump is the King of Kings, and Lord of Lords! The Son of Man who will be seen seated in the place of power at God’s right hand and coming on the clouds of heaven! You have read that correctly! President Donald J. Trump is the Christ for this age! The Son of King David! Prophecies of Jesus and all the prophets point to President Donald J. Trump as the Son of Man, the Christ.“

Müller identifies plenty of evidence to support his thesis. Donald’s father Frederick’s middle name was “Christ.” Trump decries fake news and the Lord denounced false prophets. Jesus was betrayed by Judas; Trump was betrayed by his vice president Mike Pence. Jesus was crucified between two criminals. Trump has been prosecuted along with his former advisors Michael Cohen and Roger Stone. Joseph of Arimathea felt compassion for Jesus and had him buried in fine linen; Trump is backed by the “MyPillow” CEO Mike Lindell. Müller even regards Trump’s perma-tan coloring as proof of his divinity:

“I recall the scriptures of Matthew 17: 1-3 where Jesus’s face did shine as ‘orange’ as the sun. The comparisons between Jesus, the Son of God whose face turned ‘orange as the sun’ and the Son of Man’s (President Donald J. Trump) face who is the color ‘orange’ is enormously great.“

That was all written before the Year of Our Lord 2023. What visions the author must be having now as Trump appears in court, on thirty-four charges, three days before Good Friday! And Christian nationalists who don’t go as far as Müller must be noticing the curious timing. If nothing else, it proves the demonic nature of Trump’s enemies. “They chose Holy Week to persecute President Trump,” says Laura Loomer, a prominent Trumpet. “And you can bet that was intentional.”

I hear the cynics chirrup, as the crowd mocked Christ: did Jesus pay hush-money to porn stars to stop them gassing on about a possibly adulterous affair? But that’s to miss the point. Patriotic American evangelicals are always searching for eschatological meaning in contemporary events because for them the story of America is bound up with the redemption of mankind — the more improbable the better. The Lord works in mysterious ways. The conspiracy theory QAnon, remember, was based on a theory that Trump was an agent of God working with benevolent forces within the evil “Deep State” to bring it down. Trump’s famous “maybe it’s the calm before the storm” line, which he uttered at a military dinner in 2017, triggered an avalanche of religious interpretation. Trump plays on these wild ideas, often reposting pictures of himself with the slogan: “The storm is coming!”

Fast forward to April 2023 and the Trump story has become ever more weird. Even those who do not go along with the fruitier theories of the American right will feel that something very strange is happening in America when a president and leading contender for the 2024 presidential is arraigned in court on dubious charges. It will fire up not just his base but many Americans who feel depressed about the state of their democracy. Trump is not the Second Coming, clearly, but he’ll be well aware that his blockbuster trial this week could mark the beginning of his political resurrection.

Twitter files: Toutes les caractéristiques classiques d’une opération de désinformation (What classic earmarks of an information operation when Big Tech colludes with intelligence officials to interfere in elections by suppressing or restricting information ?)

10 décembre, 2022

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Versement du FBI de 3,5 millions de dollars à Twitter pour censurer les conservateurs…
Pression du FBI sur Twitter pour leur donner des informations qui nécessiteraient légalement des mandats, bien qu’ils n’aient pas de mandats…
Réunions hebdomadaires du FBI avec Twitter avant les élections de 2020 pour leur dire quels tweets étouffer et quels comptes ils suspendre…
Etouffement pa rle FBI FBI de l’histoire de l’ordinateur portable de Hunter Biden était réelle, ils savaient qu’elle sortirait – des semaines avant les élections de 2020 …
Sur-représentation d’anciens employés du FBI sur Twitter …

Quelles caractéristiques classiques d’une opération de désinformation ?

Comme viennent de le confirmer la publication sur Twitter …

D’une série d’échanges entre différents officiels du réseau social au petit oiseau bleu …

Quand après la mise sur écoute de la campagne Trump …

Le faux dossier Steele …

Quatre ans de procédures pour pas moins de deux tentatives de destitution …

Huit mois d’émeutes de rue …

Sans compter, cerise sur le gâteau, le dévoiement de la présidentielle de 2020 …

Et le bannissement, toujours effectif à l’exception de Twitter récemment racheté par Elon Musk, du président et nouveau candidat déclaré Trump lui-même…

Big Tech s’immisce dans les élections américaines …

Ou même le débat sur l’épidémie de Covid …

Avec la complicité  de responsables du renseignement..

En supprimant ou en restreignant l’information ?

On vous explique ce que sont les « Twitter Files » relayés par Elon Musk et censés révéler un scandale avec le fils de Joe Biden
La publication de documents internes ne fait que confirmer les éléments connus sur la politique de modération du réseau social, mis en cause après la censure d’un article en pleine campagne présidentielle.
Quang Pham
France Télévisions
08/12/2022

Elon Musk promettait une révélation « incroyable ». Samedi 3 décembre, le milliardaire, qui a racheté le réseau social à la fin octobre, a permis la publication des « Twitter Files ». Derrière ce nom se cache un ensemble de documents internes diffusés pour faire la lumière, selon le milliardaire, sur la politique de modération du réseau dans le cadre de la suppression d’un article visant Hunter Biden, le fils de Joe Biden. Cette censure d’un papier du New York Post, intervenue en pleine campagne électorale pour la présidentielle de 2020, avait scandalisé le camp républicain, le sénateur du Texas Ted Cruz dénonçant un « biais anticonservateur » sur Twitter. Mais que révèlent vraiment les « Twitter Files » ? Franceinfo fait le point sur cette affaire qui enflamme le réseau social.

D’où viennent ces « Twitter Files »?

Diffusés dans un long fil sur Twitter par le journaliste américain Matt Taibbi, les « Twitter Files » exposent le contenu d’e-mails et de discussions internes censés illustrer, selon Elon Musk, la politique de « suppression de la liberté d’expression » en vigueur par le passé sur le réseau social. La première partie de ces révélations revient donc sur l’épisode controversé de la censure sur Twitter d’un article du New York Post* publié en octobre 2020, trois semaines avant la présidentielle américaine. Sur la base d’e-mails présentés comme provenant de l’ordinateur portable d’Hunter Biden, le tabloïd accusait le fils du président américain d’avoir tiré profit de la position de son père pour ses relations d’affaires avec Burisma, un géant de l’énergie ukrainien.

Les circonstances à l’origine de cette fuite sont rocambolesques : les informations ont d’abord été recueillies par un réparateur informatique qui a pu accéder au portable d’Hunter Biden, avant d’être transmises à l’avocat de Rudolf Giulani, l’ancien maire de New York, puis à Steve Bannon, l’ex-conseiller de Donald Trump. De quoi, à l’époque, laisser craindre que les documents présentés par le New York Post aient été manipulés ou acquis de manière illégale. Dans un document officiel diffusé par Politico  le 19 octobre 2020, plusieurs anciens hauts responsables du renseignement américain indiquaient que ces courriels présentaient «  toutes les caractéristiques classiques d’une opération de désinformation russe » . Depuis, ces fameux documents ont fini par être authentifiés, en mars 2022, par le Washington Post* et le New York Times*mais à ce jour, selon Le Point , aucun conflit d’intérêts impliquant directement Joe Biden n’a pu être démontré. Reste que les soupçons sur la véracité de l’information avaient poussé Twitter, mais aussi Facebook, à restreindre la diffusion de l’article. Les « Twitter Files » décrivent les coulisses de cette décision.

Que révèlent ces documents?

Sur Twitter, le journaliste Matt Taibbi révèle que Twitter a pris des « mesures extraordinaires » pour empêcher la diffusion de l’article du New York Post, telles que la suppression des liens, la publication d’avertissements indiquant que la publication pourrait être « dangereuse » et le blocage de sa transmission par messages directs, « un outil jusqu’alors réservé aux cas extrêmes, comme la pédopornographie ». La décision est alors justifiée par la politique de modération de Twitter qui proscrit la diffusion de contenus issus d’un piratage informatique – ce dont était soupçonné le New York Post – et pouvant être utilisés, d’après le règlement du réseau*, à des fins de « manipulation du débat public ».

Mais cette procédure est loin de faire l’unanimité au sein du groupe, assure Matt Taibbi. Plusieurs employés soulignent ainsi l’absence de certitudes quant à la réalité du piratage. « J’ai du mal à comprendre sur la base de quelle disposition de notre politique, nous pouvons signaler cela comme ‘non sûr’. Je pense que le meilleur argument [pour expliquer] cette affaire en externe serait que nous attendons de comprendre si cette histoire est le résultat de contenus piratés », écrit Trenton Kennedy, responsable de la communication, dans un mail interne publié par Matt Taibbi. Nous ferons face à des questions difficiles à ce sujet, si nous ne disposons pas d’une argumentation solide. »

Plus largement, Matt Taibbi révèle que les demandes de modération du réseau social étaient devenues « routinières », émanant aussi bien du parti républicain que du parti démocrate. En 2020, des requêtes provenant de la Maison Blanche, occupée alors par Donald Trump, comme de l’équipe de campagne de Joe Biden ont ainsi été honorées, remarque le journaliste. Sans en apporter la preuve, Matt Taibbi affirme toutefois que le système était « déséquilibré » en faveur des démocrates en raison des orientations politiques « à gauche » des employés de Twitter.

S’agit-il de nouvelles révélations ?

Non, pas vraiment, car les « Twitter Files » ne font en fait que corroborer des éléments déjà rendus publics à l’époque de l’affaire. Devant la bronca des républicains, le réseau social était revenu sur sa décision de bloquer l’article du New York Post au bout de deux jours. Par ailleurs, en novembre 2020, Jack Dorsey, l’ancien patron de Twitter, avait dû s’expliquer lors d’une audition devant le Sénat (PDF, en anglais) sur les dysfonctionnements de la politique de modération du réseau social et le contexte de la censure de l’article sur le fils de Joe Biden.

Quelles sont les réactions?

Sur Truth Social*, le réseau social alternatif fondé par Donald Trump après avoir été banni de Twitter, l’ancien président des Etats-Unis a réagi en dénonçant une « fraude massive » pendant l’élection présidentielle, accusant les « Big Tech » de collusion avec les démocrates. La Maison Blanche*, quant à elle, a commenté la publication des « Twitter Files » en considérant que ces derniers ne représentaient qu’une « distraction » ne révélant que de « vieilles histoires ».

« Ce n’est pas vraiment la preuve irréfutable, que nous espérions », a reconnu Miranda Devine, éditorialiste au New York Post, sur Fox News*. « J’ai le sentiment qu’Elon Musk a retenu certains documents » a-t-elle ajouté, suggérant (sans les apporter) que des preuves existeraient sur l’implication du FBI et des services de sécurité dans la censure de l’article du New York Post. Elon Musk a promis la publication d’un second volet des « Twitter Files », sans préciser s’ils seront en lien avec l’affaire Hunter Biden.

* Les liens signalés par un astérisque renvoient vers des contenus en anglais.

‘I’m treated worse than Hamas’: Fury at Twitter’s ‘secret blacklist’ and ‘visibility filtering’ as new tranche of files reveal conservatives were marked ‘do not amplify’ and COVID lockdown skeptics ‘shadow banned’
Journalist Bari Weiss revealed Thursday night that conservatives and lockdown skeptics were deliberately down-ranked by Twitter
Fox News’s Dan Bongino, youth activist Charlie Kirk, and Stanford CDC critic Dr Jay Bhattacharya were targeted to stop their accounts from gaining prominence
Weiss and journalist Matt Taibbi have been handed a trove of documents from Twitter, detailing why the company censored the story of Hunter Biden’s laptop
The documents from Taibbi showed panic among senior Twitter staff in October 2020 when the New York Post reported on the contents of Hunter’s computer
Jack Dorsey and his head of legal, Vijaya Gadde, both denied that Twitter ever deliberately downgraded or ‘shadow banned’ any accounts
Harriet Alexander
The Daily Mail
9 December 2022

Twitter kept a ‘secret blacklist’ of topics and accounts to prevent them from trending, according to data obtained by journalist Bari Weiss – with conservative commentators deliberately downplayed in what one called ‘Soviet-style bulls***’,’ while another said he was treated ‘with more censorship than Hamas’.

Specialist teams were put to work dealing with 200 cases a day.

Conservative commentators, including Dan Bongino and Charlie Kirk, were deliberately put on a ‘search blacklist’ in Bongino’s case or tabbed ‘do not amplify,’ in the case of Kirk.

‘They’re treating my Twitter account with more scrutiny and censorship than the prime minister of Iran, than Hamas, than people who do actual terroristic type damage,’ said Kirk. ‘Now we have evidence to show that’s exactly why my Twitter account the last couple years has been down 95 percent in engagement.’

Bongino said it was ‘Soviet-style bulls***.’

Those who questioned the prevailing COVID orthodoxy of lockdowns and mask mandates, such as Stanford’s Dr Jay Bhattacharya who argued that lockdowns harmed children, were also placed on a ‘search blacklist.’

Weiss made the revelations on Twitter Thursday night in the second tranche of what has been termed The Twitter Files.

She reported that Twitter used what was termed ‘visibility filtering’ to downplay accounts they objected to, and had teams of people working to reduce the traction gained by individuals or their tweets.

The teams working to minimize certain accounts or topics were backed up by a top-level ‘Site Integrity Policy, Policy Escalation Support’ team – where the CEO and top legal advisors would decide sensitive cases of censorship. Jack Dorsey and his successor as CEO, Parag Agrawal, were on the team.

Top officials such as Yoel Roth, the global head of trust and safety, wrote in internal messages that he wanted more creative ways of censoring and muffling specific accounts and content.

Elon Musk, who bought Twitter in October for $44 billion, was gleeful about the revelations regarding the company he now owns – retweeting Weiss’ thread, with a popcorn emoji.
Dr Jay Bhattacharya, who argued that COVID lockdowns harmed children, was also placed on a ‘search blacklist’ by Twitter, according to Weiss
‘The inmates were running the asylum’: Elon Musk calls out former safety czar Yoel Roth and confirms right-wing accounts were suspended
Elon Musk confirmed that conservatives were banned from Twitter despite not violating any policies.

The latest installment of the Twitter Files showed the scale of censorship and ‘visibility filtering’ on the social media platform.

Musk, who bought Twitter in October for $44 billion, vowed to end the practice of ‘shadow banning’ – secretly downgrading a person’s tweets or trending themes to minimize their reach.

Musk, 51, singled out Yoel Roth, the global head of trust and safety, who wrote in internal messages that he wanted more creative ways of censoring and muffling specific accounts and content.

Yoel Roth was the global head of trust and safety at Twitter. Musk on Thursday highlighted a 2017 tweet in which Roth referred to the Trump White House as being full of ‘actual Nazis

‘As @bariweiss clearly describes, the rules were enforced against the right, but not against the left,’ he said, adding that the company was ‘working on a software update that will show your true account status, so you know clearly if you’ve been shadowbanned, the reason why and how to appeal.’

He added: ‘Truth brings reconciliation.’

Within Twitter, the practice was termed ‘visibility filtering’, Weiss reported.

‘Think about visibility filtering as being a way for us to suppress what people see to different levels. It’s a very powerful tool,’ one senior Twitter employee told her.

Twitter would block searches of individual users, make a specific tweet less easy to find, block posts from the ‘trending’ page, and remove them from hashtag searches.

Another source, a Twitter engineer, told Weiss: ‘We control visibility quite a bit. And we control the amplification of your content quite a bit. And normal people do not know how much we do.’

Weiss said that the matter was dealt with by Twitter’s Strategic Response Team – Global Escalation Team, known as SRT-GET – a group that handled 200 cases a day.

A higher-level team, known as SIP-PES, ‘Site Integrity Policy, Policy Escalation Support,’ dealt with more complex and high-profile cases.

Dorsey and his replacement as CEO, Parag Agrawal, sat on the group, as did Gadde and Yoel Roth, the global head of trust and safety.

Roth messaged colleagues on Slack to say that ‘spam enforcements’ had been used as a way of circumventing the safety team ‘under-enforcing their policies’.

The group would need to intervene if any action was taken to limit the popular account @LibsofTiktok – whose account was tabbed internally: ‘Do Not Take Action on User Without Consulting With SIP-PES.’

Weiss said that account was suspended six times in 2022, and the author, Chaya Raichik, blocked from her account for at least a week each time.

Her account was suspended, they told Raichik, due to violations of Twitter’s ‘hateful conduct’ policy – but internally, Twitter admitted there was no violation.

In an October 2022 memo from SIP-PES obtained by Weiss, the committee concluded that the account ‘has not directly engaged in behavior violative of the Hateful Conduct policy.’

They justified the suspension by saying her posts encouraged online harassment of ‘hospitals and medical providers’ by insinuating ‘that gender-affirming healthcare is equivalent to child abuse or grooming.’

Weiss said that their response was in sharp contrast to that when Raichik was doxxed, with her home addressed published online. Raichik complained, but Twitter refused to take the tweet down, and it remains on the site to this day.

Raichik tweeted: ‘They suspended me multiple times knowing I never violated any policies. This is what happens when you talk about things that they don’t want you to talk about. So glad those days on Twitter are over. Thank you @elonmusk.’

Musk replied: ‘You’re welcome. Twitter won’t be perfect in the future, but it will be *much* better.’

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Weiss also singled out Roth for criticism, saying he was active in censoring accounts.

She noted that he had written to an employee on the Health, Misinformation, Privacy, and Identity research team wanting to improve ‘non-removal policy interventions like disabling engagements and deamplification/visibility filtering.’

Roth wrote: ‘The hypothesis underlying much of what we’ve implemented is that if exposure to, e.g., misinformation directly causes harm, we should use remediations that reduce exposure, and limiting the spread/virality of content is a good way to do that.’

He said that Dorsey was supportive of the censorship.

‘We got Jack on board with implementing this for civic integrity in the near term, but we’re going to need to make a more robust case to get this into our repertoire of policy remediations – especially for other policy domains,’ Roth wrote.

Musk defended Dorsey, however.

‘Controversial decisions were often made without getting Jack’s approval and he was unaware of systemic bias. The inmates were running the asylum,’ he said on Thursday night.

‘Jack has a pure heart imo.’

In October 2020, journalist Dave Rubin asked then-CEO Jack Dorsey: ‘Do you shadow ban based on political beliefs? Simple yes or no will do.’

Dorsey replied: ‘No.’

Vijaya Gadde, Twitter’s head of legal, policy, and trust, also denied that Twitter operated such blacklists.

‘We do not shadow ban,’ she said in 2018, according to Weiss – speaking alongside Kayvon Beykpour, Twitter’s head of product.

They added: ‘And we certainly don’t shadow ban based on political viewpoints or ideology.’

Tucker Carlson, Fox News host, immediately seized on Weiss’ report, saying it ‘confirms what many suspected but none knew for certain – which is that Twitter routinely censored prominent critics of the Biden administration, with no factual justification whatsoever.’

He noted the example of the Stanford doctor who was vocal against COVID lockdowns and was blacklisted, saying it was ‘doubtless at the request of the authorities’.

Carlson continued: ‘They prevented his tweets from trending which meant most of his tweets couldn’t be seen.

‘According to Weiss, at one point they slapped him with a search ban. That made it impossible for users to find tweets by him, because they were inaccurate?

‘No, because they were accurate. That was the crime. That’s always the crime. They never punish you for lying, they only punish you for telling the truth.’

He added: ‘It was strategic. They weren’t censoring people because they were annoying, they were censoring people because they were providing factual information that might have stopped certain policies or election results from happening.

‘So, you know, this was sophisticated – and had an effect on American society, I would say.’

Kirk told Carlson on Thursday night that the report confirmed his long-held suspicions, but said he was angry.

He says he was averaging 115,000 retweets a day at their peak – questioning COVID lockdowns, for example.

‘I was called a conspiracy theorist, I was smeared,’ Kirk told Carlson, adding that he complained and met Dorsey personally. Dorsey assured him that shadow banning was not happening.

Kirk said the social media company was censoring him because ‘they saw what I had to say as a direct threat to the regime.’

He said: ‘They’re treating my Twitter account with more scrutiny and censorship than the prime minister of Iran, than Hamas, than people who do actual terroristic type damage.

‘Now we evidence to show that’s exactly why my Twitter account the last couple years has been down 95 percent in engagement.

‘Were they told to do this by the federal government?’ he asked, describing how he watched the Twitter change from a social media platform into a ‘Democrat super PAC.’

He added: ‘Apparently asking questions about the lockdown policy was a threat. Were they told to do this by Anthony Fauci, by the federal government?

‘We may never know – but Twitter at its best was a place where heterodox ideas were able to spread. Twitter went out of its way to censor it and suffocate our account.’

He said: ‘I’ve been told forever, so weird that I can’t find you on Twitter, you’re a verified account, your name’s not usual, how come you don’t come up?

‘When I spoke about this on my show I was called a conspiracy theorist and a wacko.

‘My website has been banned by Google Ads; I was banned by YouTube for suggesting that cloth masks don’t work, which is now scientifically proven.

‘Now I find I am on a ‘not safe for work’ shadow ban list on Twitter, because I’ve committed the thought crime of being a conservative.’

He added: ‘Tell me again how we live in a free country.’

Raichik, the @LibsOfTikTok founder, told Carlson by phone that she ‘absolutely sensed I was being censored.’

‘I had a very large account. I never was able to trend, and now we find out I was on the trend blacklist.

‘There were sometimes days or weeks at a time where I felt like my tweets were getting much less engagement than usual, than they should.

‘Now it’s clear that there was suppression and shadow banning.’

Raichik added: ‘The craziest part of this whole thing is that they admitted that I’m not even violating the policies, and they still suspended me seven times. Seven times, three of which were for a week at a time.

‘So I was suspended for probably a month altogether – and for what?

‘Not even violating their policies – just because they don’t like their own views. They don’t want you to see it.’

The first tranche of documents, posted by Matt Taibbi last week, detail how Twitter in October 2020 decided to censor the New York Post’s reporting on the contents of Hunter Biden’s laptop.

They feared the contents were obtained through hacking, but had no evidence to prove it, and it quickly emerged that the laptop had simply been left at a repair store.

Jack Dorsey, the then-CEO of Twitter, admitted that censoring the legitimate reporting was a significant error.

Elon Musk, 51, has vowed that ‘everything we find will be released’ as Twitter continues to release the files surrounding Hunter Biden’s laptop scandal

‘If the goal is transparency to build trust, why not just release everything without filter and let people judge for themselves?’ Dorsey wrote on Twitter
Twitter’s new owner and ‘Chief Twit’ Elon Musk on Wednesday claimed the ‘most important’ Twitter data was ‘deleted’ and ‘hidden’ from the Dorsey.

Musk, 51, has vowed that ‘everything we find will be released’ as his newly acquired company continues to release the Twitter Files.

On Wednesday, Dorsey, 46, replied to Musk’s tweet about delaying the second batch of the Twitter Files, calling for the new CEO to ‘release everything’ at once.

‘If the goal is transparency to build trust, why not just release everything without filter and let people judge for themselves? Including all discussions around current and future actions?’ Dorsey wrote.

‘Make everything public now.’

Musk replied that everything would be released, but even the ‘most important data was hidden (from [Dorsey] too) and some may have been deleted.’

Twitter’s general counsel James Baker FIRED for ‘vetting internal files on Hunter Biden laptop scandal and DELAYING release of the second tranche’: Ex-FBI lawyer was James Comey’s deputy and involved in Russian collusion investigation

The delay of the second tranche of Twitter files came after Elon Musk fired James Baker – Twitter’s general counsel and former FBI general counsel – after discovering he vetted the first installment of the Files, which were sent to journalist Matt Taibbi, from Substack, and Common Sense Editor Bari Weiss.

Musk fired Baker ‘in light of concerns about Baker’s possible role in suppressing information important to the public dialogue.’

Taibbi revealed that Baker’s involvement in the first batch of files was ‘without knowledge of new management.’

‘The process for producing the ‘Twitter Files’ involved delivery to two journalists (Bari Weiss and me) via a lawyer close to new management. However, after the initial batch, things became complicated,’ Taibbi wrote on Twitter.

‘Over the weekend, while we both dealt with obstacles to new searches, it was @BariWeiss who discovered that the person in charge of releasing the files was someone named Jim. When she called to ask ‘Jim’s’ last name, the answer came back: ‘Jim Baker.’

Weiss said her ‘jaw hit the floor’ when she found out.

The first batch of files the two journalists received was titled the Spectra Baker Emails.

The first batch of internal documents showed Baker and other executives discussing Twitter’s October 2020 ban on a news report about Hunter’s foreign business deals, based on emails from his abandoned laptop.

Baker, Musk, and the trial of the Democrat lawyer accused of lying to the FBI
James Baker has long been in the crosshairs of Elon Musk.

Baker played a key role in a series of events that led to Democrat lawyer Michael Sussmann going on trial in May, accused of lying to the FBI.

He was not accused of giving the FBI false information, but rather lying about who he worked for.

Elon Musk fired Twitter’s general counsel James Baker (pictured) after discovering he vetted the first installment of the Twitter Files
The saga began when Sussmann was given information from a group of data scientists who analyzed odd internet data they thought might suggest clandestine communications between a server for the Trump Organization and a server for Alfa Bank, a Kremlin-linked Russian financial institution.

Sussmann then texted Baker, at the time the bureau’s general counsel, to say he had information the FBI should be aware of.

‘I’m coming on my own — not on behalf of a client or company — want to help the bureau,’ Sussmann wrote in his text to Baker.

Baker testified that he was certain Sussmann was acting as an individual, and would likely not have met him were he working for the Clinton campaign.

Sussmann, a cybersecurity specialist, had worked for the Democratic Party in the context of Russia’s hacking of its servers, and Russia publishing emails from the servers.

Sussmann was also connected to the Democrats via one of his partners at the law firm Perkins Coie, Marc Elias, who was representing the Clinton campaign and hired Fusion GPS.

Yet multiple people – including Elias – testified that Sussmann was indeed acting on his own accord, and argued that actually going to the FBI was not in the interests of the Clinton campaign, which would have preferred a New York Times story drawing attention to the assertions.

The FBI later decided the allegations of links between the Trump campaign and the Russian bank were unfounded.

Musk tweeted during the trial that he thought Sussmann had ‘created an elaborate hoax’ about Russia, in a bid to help Clinton.

On May 16, staunchly pro-Trump Congressman Jim Jordan tweeted: ‘Christopher Steele created the dossier. Glenn Simpson sold it to the press.

‘Michael Sussman took it to the FBI. And Democrats and the media lied to you about it all.’

Musk then replied in agreement. ‘All true,’ he tweeted on May 20.

‘Bet most people still don’t know that a Clinton campaign lawyer, using campaign funds, created an elaborate hoax about Trump and Russia.

‘Makes you wonder what else is fake.’

On May 31, the jury concluded that Sussmann had not lied to the FBI and cleared him.

On Friday, Taibbi published the batch of internal documents, calling them the ‘Twitter Files,’ which included an exchange between Baker and former VP of Global Comms Brandon Borrman.

Borrman asks, regarding banning an article about Hunter Biden under Twitter’s ‘hacked materials’ policy: ‘Can we truthfully claim that this is part of the policy?’

Baker responded, appearing to argue in favor of maintaining the ban, because ‘caution is warranted.’

At the time, the files were determined to have broken Twitter’s hacked materials policy, but Dorsey has since said the call was a mistake.

Critics accused Twitter of swaying the presidential election toward Biden by covering up the data.

Liberals fume as Elon Musk gives independent journalist Bari Weiss unprecedented access for Twitter Files 2

Weiss and Matt Taibbi were tapped by Musk to report on the ‘Twitter Files’
Joseph A. Wulfsohn
Fox News
December 9, 2022

A report highlighting the unprecedented Twitter access Elon Musk is apparently granting to independent journalist Bari Weiss has sparked fury among their critics.

Insider reported Wednesday that Weiss « has been given access to Twitter’s employee systems, added to its Slack, and given a company laptop, » according to sources.

« The level of access to Twitter systems given to Weiss is typically given only to employees, one of the people familiar said, though it doesn’t seem she is actually working at the company, » Insider wrote.

Weiss shared the second installment of the « Twitter Files » on Thursday, which revealed that Twitter took measures to shadow-ban users like Stanford University’s Dr. Jay Bhattacharya, a longstanding opponent of COVID groupthink during the pandemic who expressed opposition to lockdowns, as well as prominent conservatives like Fox News host Dan Bongino and Turning Point USA’s Charlie Kirk.

She also reported that Twitter internally acknowledged that Libs of TikTok, whose account was repeatedly suspended for allegedly violating its « hateful conduct » policy, « has not directly engaged in behavior violative of the Hateful Conduct policy. »

The Insider report noted that Weiss’ Twitter access appears to have gone beyond that given to Matt Taibbi, the Substack journalist who reported on the first installment of the so-called « Twitter Files » last week.

Liberal media critics on Twitter lambasted Musk’s reported move to bring in Weiss while leveling the same public relations accusation against her that they used on Taibbi last week.

« This is all normal stuff if you’re onboarding a new hire to your comms team, » Washington Post tech columnist Taylor Lorenz reacted.

« The most obvious and hilarious PR campaign masquerading as investigative journalism you will ever see, » Vice News correspondent Roberto Aram Ferdman tweeted.

MSNBC columnist Marisa Kabas wrote, « sure sounds like bari weiss is twitter’s new publicist. »

« [S]o bari weiss is doing: a.) an internal witch-hunt for a private company and b.) external PR for said company, » Smithsonian Magazine senior editor Ted Scheinman wrote, adding « no real journalist would agree to this unholy amalgamation. the basest hackery. »

« Weiss is an opinion writer/activist, not an investigative journalist. Her whole MO is to look for stories that might be generally unrepresentative, but reflect her worldview, and not do any additional digging that challenges that worldview. View the scoops that follow accordingly, » Georgetown Professor Don Moynihan slammed the journalist.

Bari Weiss left The New York Times in 2020 to launch her own Substack and podcast, accusing the paper of allowing Twitter to become its « ultimate editor. » (Getty Images/Bari Weiss)

« Hope media folks don’t get duped by this and refer to anything Weiss or Taibbi are doing as journalism or that they are acting in a capacity as journalists, » Yahoo senior editor Steve Mullis tweeted. « It’s extra ironic considering [Elon Musk] rails against ‘unethical journalism’ and yet this is as unethical as it comes. »

Neither Weiss nor Twitter responded to Fox News’ requests for comment.

Weiss is the founder of new media company « The Free Press » and host of the « Honestly » podcast, which she launched following her dramatic exit from The New York Times in 2020 as its opinion page editor.

Musk announced on Tuesday that he had terminated Deputy General Counsel Jim Baker « in light of concerns about Baker’s possible role in suppression of information important to the public dialogue. »

Taibbi subsequently revealed that Baker had vetted the first batch of the « Twitter Files » without Musk’s knowledge.

Taibbi explained, « The process for producing the ‘Twitter Files’ involved delivery to two journalists (Bari Weiss and me) via a lawyer close to new management. However, after the initial batch, things became complicated. Over the weekend, while we both dealt with obstacles to new searches, it was @BariWeiss who discovered that the person in charge of releasing the files was someone named Jim. When she called to ask ‘Jim’s’ last name, the answer came back: ‘Jim Baker.’

« ‘My jaw hit the floor,’ says Weiss, » Taibbi wrote.

Journalist Matt Taibbi revealed the « Twitter Files » revelations one tweet at a time on Friday. (Daniel Zuchnik/WireImage/Getty Images)

The Substack writer then shared a screenshot of first batch of files both he and Weiss received, which were labeled « Spectra Baker Emails. »

« Baker is a controversial figure. He has been something of a Zelig of FBI controversies dating back to 2016, from the Steele Dossier to the Alfa-Server mess. He resigned in 2018 after an investigation into leaks to the press, » Taibbi told his followers. « The news that Baker was reviewing the ‘Twitter files’ surprised everyone involved, to say the least. New Twitter chief Elon Musk acted quickly to ‘exit’ Baker Tuesday. »

Baker did surface in the first installment of the so-called « Twitter Files » shared by Taibbi Friday night.

While revealing internal discussions over how to explain Twitter’s suppression of the Hunter Biden laptop story during the 2020 election, Baker told his colleagues, « I support the conclusion that we need more facts to assess whether the materials were hacked » but added « it’s reasonable for us to assume that they may have been and that caution is warranted. »

Additionally, Taibbi initially reported, « Although several sources recalled hearing about a ‘general’ warning from federal law enforcement that summer about possible foreign hacks, there’s no evidence – that I’ve seen – of any government involvement in the laptop story. »

It is unclear whether Baker’s involvement in vetting the « Twitter Files » led Taibbi to draw that conclusion and whether Baker omitted files that would have shown the federal government intervening in Twitter’s suppression of the Hunter Biden laptop story.

Musk had been vocal about being transparent when it comes to Twitter’s past and present actions when it comes to curating content on the platform, including censored content.

Twitter infamously blocked its users from sharing the New York Post’s reporting of Hunter Biden’s laptop in tweets and in direct messages.

At the time, Twitter Safety alleged that the articles were in violation of its « hacked materials policy. » Twitter’s then-CEO Jack Dorsey admitted his companies actions were a mistake.

Some critics believe the suppression of the Hunter Biden scandal by Big Tech and the media at large was enough to sway the election in favor of his father.

The Twitter Censorship Files

The mistaken claims in 2020 by former spooks about Hunter Biden’s emails framed the social-media site’s decision to block the news.
The Editorial Board
The Wall Street Journal
Dec. 4, 2022

Elon Musk’s release of internal emails relating to Twitter’s 2020 censorship is news by any definition, even if the mainstream media dismiss it. There will be many threads to unspool as more is released, but a couple of points are already worth making.
The first is that Mr. Musk would do the country a favor by releasing the documents all at once for everyone to inspect. So far he’s dribbled them out piecemeal through journalist Matt Taibbi’s Twitter feed, which makes it easier for the media to claim they can’t report on documents because they can’t independently confirm them.
A second point is an huzzah for Rep. Ro Khanna, the California progressive Democrat, who warned Twitter in 2020 about the free-speech implications and political backlash of censoring the New York Post story about Hunter Biden’s laptop. That was good advice, even if Twitter didn’t take it.
A third point is the confirmation of the central role that former spies played in October 2020 in framing the Hunter Biden story in a way that made it easier for Twitter and Facebook to justify their censorship.
Recall that former Democratic intelligence officials James Clapper and John Brennan led the spooks in issuing a public statement suggesting that the laptop may have been hacked and its content was Russian disinformation. On Oct. 16, 2020, Mr. Clapper told CNN that “to me, this is just classic textbook Soviet Russian tradecraft at work.” On Oct. 19, 51 former spooks released their statement claiming that the arrival of the emails “has all the classic earmarks of a Russian information operation.” (The statement and signers are published nearby.)
We now know that the Clapper-Brennan claims were themselves disinformation and that the laptop was genuine and not part of a Russian operation. CBS News recently waddled in two years later with a forensic analysis of its own and concluded it is real.
But the claims by the spies gave an excuse for the media to ignore the Hunter Biden story and even to dismiss Hunter’s former business partner, Tony Bobulinski, who went on the record before the election to confirm much of the content on the laptop with documentation in the form of voluminous text messages.
We examined those messages ourselves at the time, and our Kimberley Strassel spoke with Mr. Bobulinski and put it all on the record before the election. We also wrote an editorial. But nearly all of the rest of the press ignored or trashed the story.
The Twitter documents published by Mr. Taibbi include part of what appears to be a memo from James Baker, the Twitter deputy general counsel. “I support the conclusion that we need more facts to assess whether the materials were hacked. At this stage, however, it is reasonable for us to assume that they may have been and that caution is warranted,” Mr. Baker wrote.
He continued that “there are some facts that indicate that the materials may have been hacked, while there are others indicating that the computer was either abandoned and/or the owner consented to allow the repair shop to access it for at least some purposes. We simply need more information.”
With an election so close, any delay helped the Biden campaign, which was trying to squelch the Hunter Biden story that raised questions about what Joe Biden knew about Hunter’s foreign business dealings. Twitter went ahead and suppressed the story across its platform, going so far as to suspend the New York Post’s Twitter account.
Readers may recall that Mr. Baker was director Jim Comey’s general counsel at the Federal Bureau of Investigation during the Russia collusion fiasco in 2016. He was the main FBI contact for Michael Sussmann, the Clinton campaign lawyer who spread falsehoods about the Trump campaign regarding Alfa Bank, among other things.
Mr. Baker’s ties to the former intelligence officials who signed the “Russian information operation” statement may have influenced his Twitter memo and the censorship decision. All of this is likely to be fodder for House Republican hearings into the FBI’s role in the Hunter Biden story.
The partisan foray by current and former U.S. intelligence officials in the last two elections should be deeply troubling to Americans on the left and right. They have authority by dint of access to information that isn’t confirmable by the press, which takes their spin as gospel. This is a form of political corruption that needs to be exposed, and perhaps the Twitter documents will help to unlock the story.

‘Twitter Files’ Paint an Ugly Portrait

Jim Geraghty
The National Review
December 5, 2022

On the menu today: Elon Musk and Matt Taibbi team up to offer the “Twitter files,” a look inside the internal deliberations at Twitter when it decided to block access to a New York Post story which revealed all kinds of embarrassing and scandalous information found on Hunter Biden’s laptop. You can quibble with Taibbi’s decisions here and there, but overall, the files paint an ugly portrait of a social-media company’s management unilaterally deciding that its role was to keep breaking news away from the public instead of letting people see the reporting and drawing their own conclusions.

Opening the ‘Twitter Files’

The revelations of the “Twitter Files” paint an ugly portrait of the individuals who made decisions about standards of content on Twitter during the 2020 presidential campaign. The company’s senior management — oddly, without consulting or involving CEO Jack Dorsey — basically decided unilaterally that people shouldn’t be allowed to read the New York Post’s article, which laid out emails indicating that Hunter Biden introduced his father, then-Vice President Joe Biden, to a top executive at a Ukrainian energy firm, “less than a year before the elder Biden pressured government officials in Ukraine to fire a prosecutor who was investigating the company.”

Twitter’s new owner, Elon Musk, gave reporter Matt Taibbi access to internal company emails and records, and Taibbi laid out in a series of tweets how the company “took extraordinary steps to suppress the story, removing links and posting warnings that it may be ‘unsafe.’ They even blocked its transmission via direct message, a tool hitherto reserved for extreme cases, e.g. child pornography.”

The reasoning behind the ban of the article was the contention that it included “hacked materials,” even though there was no evidence of hacking. The Post said the information was obtained from a computer that was dropped off at a repair shop in Biden’s home state of Delaware in April 2019 and never reclaimed. This was not electronic theft; this was old-fashioned reporting — and exceptionally bad judgment on Hunter Biden’s part, which at this point shouldn’t seem implausible to anyone.

Note that Twitter made its decision to restrict access to and distribution of the Post story before more than 50 former senior intelligence officials signed a letter contending that the trove of emails from Hunter Biden “has all the classic earmarks of a Russian information operation.” (In retrospect, the characterization of it as an “information operation” instead of a “disinformation operation” was a revealing admission.)

That letter was an extraordinarily irresponsible act by the likes of Jim Clapper, Michael Hayden, Leon Panetta, John Brennan, et. al., because it assumed facts not in evidence, and effectively cashed in on the reputations of those former intelligence officials to persuade the American public to believe something that wasn’t true. Many Americans likely believed that former CIA staff would know something about Russian operations that the rest of us didn’t.

But Twitter’s management can’t pass the buck to those former intelligence officials, because the company made its decision to block access to the Post’s story five days before their letter was published.

I suppose the revelations of the Twitter Files could have been even worse if the Biden campaign or someone in the government had somehow “ordered” Twitter’s management to take these drastic measures. But it’s still atrocious that just about all of Twitter’s management believed its role was to keep news away from the public instead of letting people see the Post’s reporting and draw their own conclusions.

Recall how Twitter touted its purpose back in 2016: “Twitter connects you with the people you’re interested in — whether that’s someone across the world who shares your love for science-fiction, your friends and family, a politician, or your local sports team.”

If, from the beginning, Twitter had declared that, “We are a progressive company, and we are only interested in connecting progressives with other progressives, and we will suspend the accounts of conservative users with little warning and with vague explanations, and we will block the public’s ability to see news that we think might make them want to vote against Democrats,” well, at least then it would have been honest, and most conservatives never would have bothered to set up accounts on Twitter.

You notice that you don’t see many conservatives complaining that they’re being shut out of Mastodon, the social-media network that many progressives flocked to after Elon Musk purchased Twitter. If progressives want to set up their own online community that conservatives can’t join, that’s their right.

This was one of the complications of the “Twitter is a private company, so they can set whatever rules they like” argument. Twitter changed the deal, so to speak, after it had obtained significant authority over a chunk of online public discourse. Twitter attracted its large user base by being seeming politically neutral, and then gradually ratcheted up its attitudes of limiting and suppressing conservative speech.

Perhaps the lone pleasant surprise in the Twitter Files is Democratic congressman Ro Khanna of California, who reached out to Twitter’s head of legal, policy, and trust, Vijaya Gadde, and tried to gently nudge the company away from its censorious actions. Khanna described himself as a “total Biden partisan,” said he was convinced that Joe Biden had done nothing wrong, and characterized the New York Post as “far right.” (Eh, right of center, pugnacious, populist, tabloid, yes. Far-right, no.)

But credit Khanna for being the only figure to point out that, “This seems a violation of the First Amendment principles. . . . A journalist should not be held accountable for the illegal actions of the source unless they actively aided the hack. So, to restrict the distribution of that material, especially regarding a presidential candidate, seems not in the keeping of [the Supreme Court case] New York Times vs. Sullivan.” Khanna added that, “In the heat of a presidential campaign, restricting dissemination of newspaper articles (even if NY Post is far right) seems like it will invite more backlash than it will do good.”

You can find quibbles and beefs with the way Musk and Taibbi handled the story. There was no need to post the email addresses of figures such as Khanna. There are one or two spots where Taibbi’s characterization isn’t as clear as it ought to be, such as when he wrote, “By 2020, requests from connected actors to delete tweets were routine. One executive would write to another: ‘More to review from the Biden team.’ The reply would come back: ‘Handled.’” Apparently, four of the five tweets in the example Taibbi pointed to included nude photos, which seems like an important detail. Most of us would agree there is a substantive difference between “please remove these nude photos of my son that he did not consent to have released or published” and “please remove this information about my son’s business deals with shady foreign figures that is embarrassing to me and my campaign.”

It would have been helpful to have all of this laid out in one document instead of a long series of tweets, and links to source documents also would have helped paint the fullest picture possible.

Yesterday, Howard Kurtz was kind enough to have me appear on his MediaBuzz program on Fox News Channel, and my co-panelist insisted that there was nothing significant in the Twitter files. Curiously, this is a defense — “None of this matters!” — that not even Twitter CEO Jack Dorsey was willing to attempt, either in November 2020 or in hearings the following March. Dorsey said after the election that his team made the wrong decision:

We recognize it as a mistake that we made, both in terms of the intention of the policy and also the enforcement action of not allowing people to share it publicly or privately. . . . We made a quick interpretation, using no other evidence, that the materials in the article were obtained through hacking and, according to our policy, we blocked them from being spread.

When a social-media company decides to block access to a news article out of ideological and political loyalties, that’s newsworthy and consequential, and it’s worth asking, “How did this happen? Who made the decisions that led to this point?”

Former NYT columnist Bari Weiss releases ‘Twitter Files Part Two’

Former New York Times columnist Bari Weiss released the second installment of the “Twitter Files” on Thursday night, sharing images of accounts that Twitter allegedly placed on various types of “blacklists.”

Weiss posted several images of what appears to be an internal Twitter system that marked certain accounts as being under various kinds of “blacklists,” in addition to flagging other information about the accounts.

Jay Bhattacharya, a health policy professor from Stanford University who opposed COVID-19 lockdowns, appeared to have been placed on a “Trends Blacklist,” as was the right-wing Libs of TikTok account, according to the photos.

The account of conservative commentator Dan Bongino was apparently placed on a “Search Blacklist,” while the photos seemed to show Turning Point USA President Charlie Kirk had his account marked as “Do Not Amplify.”

The images also appeared to show that several of the accounts had been flagged with “Recent Abuse Strike” and that more basic information, such as when the accounts were “Twitter Blue Verified” or “High Profile,” had also been noted.

Weiss also shared purported screenshots of internal messages from Yoel Roth, Twitter’s former head of safety and integrity, including one in which he appeared to ask for research on “non-removal policy interventions like disabling engagements and deamplification/visibility filtering.”

Weiss’s Twitter thread is the second installment in what Twitter CEO Elon Musk has dubbed the “Twitter Files.” The first installment, released by independent journalist Matt Taibbi, appeared to show an internal debate at the social media company over how to handle a New York Post story about Hunter Biden.

While the first installment of the “Twitter Files” sparked outrage across right-wing outlets, it seemed to fall flat otherwise, with some criticizing the release for failing to deliver groundbreaking revelations.

The release of the “Twitter Files” comes just over a month after Musk acquired the social media company. The billionaire, who promised to reshape Twitter into a “free speech” platform, shared the trove of internal documents with Weiss and Taibbi in an apparent effort to show that content moderation under the previous management was biased against the political right.

Voir de plus:

We are disturbed by the day’s events in Washington, D.C. and request three actions of Staff: 1. Permanently suspend @realDonaldTrump over his actions on January 62. Provide a clear account of the day’s decision making process regarding the President’s tweets 3. An investigation into the last several years of corporate actions that led to Twitter’s role in today’s insurrection

For the last four years, we have watched right wing extremists grow on our platform, nurtured by @realDonaldTrump. We have seen Twitter leadership struggle to deal with the violent, hateful rhetoric shared by @realDonaldTrump. We have respected those decisions and had faith in those who make them, knowing that settling policy around hate speech and misinformation is nuanced and difficult. We appreciate stronger measures, like the interstitials recently used on his account and his Jan. 6 timeout.

We do not believe these actions are sufficient. Trump is no longer a legitimate democratic actor. In a video posted on Twitter, he called the election “fraudulent” and a “landslide” in his favor, while referring to his loyalists as “very special” even as they broke into the Capitol building and clashed with police. At no point did the outgoing President unambiguously denounce their actions.

We must examine Twitter’s complicity in what President-Elect Biden has rightly termed insurrection. Those acts jeopardize the wellbeing of the United States, our company, and our employees.

First, we request that @realDonaldTrump’s account be suspended permanently, before he can further harm using our platform.

Second, we request more transparent internal communications around Twitter’s civic integrity policy and how it applied.

Third, we request an independent investigation into Twitter’s role in these events. Despite our efforts to serve the public conversation, as Trump’s megaphone, we helped fuel the deadly events of January 6th. We request an investigation into how our public policy decisions led to the amplification of serious anti-democratic threats. We must learn from our mistakes in order to avoid causing future harm.

We play an unprecedented role in civil society and the world’s eyes are upon us. Our decisions this week will cement our place in history, for better or worse.

We do not claim to speak for any other Tweeps than those who add their names here.

The Undersigned

 

Twitter bans Trump’s account, citing risk of further violence

The suspension amounted to a historic rebuke for a president who had used the social media site to rise to political prominence

 

Twitter on Friday banned President Trump from its site, a punishment for his role in inciting violence at the U.S. Capitol this week, robbing him of the megaphone he used to communicate directly with more than 88 million supporters and critics.

The move amounted to a historic rebuke for a president who had used the social-networking site to fuel his rise to political prominence. Twitter has been Trump’s primary communication tool to push policies, drive news cycles, fire officials, spread falsehoods, savage opponents and praise allies.

A defiant Trump lashed out in response late Friday, accusing Twitter in a statement of having “coordinated with the Democrats and the Radical Left” to remove his account. He threatened regulation, promising a “big announcement” to come, and said he is looking “at the possibilities of building out our own platform in the near future!” The official account for the presidency, @POTUS, also tweeted that message, although the posts were quickly taken down by Twitter.

Twitter had resisted taking action against Trump for years, even as critics called on the company to suspend him, arguing that a world leader should be able to speak to his or her citizens unfettered. But Trump’s escalating tweets casting doubt on the 2020 election — and the riot at the U.S. Capitol his comments helped inspire — led the company to reverse course.

Twitter specifically raised the possibility that Trump’s recent tweets could mobilize his supporters to commit acts of violence around President-elect Joe Biden’s inauguration, an analysis that experts saw as a major expansion in the company’s approach to moderating harmful content online. Its action meant Trump’s tweets disappeared from the site, removing the catalogue of his thoughts except for those preserved by researchers and other documentarians.

The move was especially remarkable for a company that once called itself “the free speech wing of the free speech party.” Many observers noted that this most aggressive enforcement action in Twitter’s history came in the week that political power shifted decisively in Washington, toward Democrats who long have demanded greater policing of hate speech and violent talk on social media — and away from a president and party who long had made effective use of the more freewheeling policies of the past.

“It took blood and glass in the halls of Congress — and a change in the political winds — for the most powerful tech companies in the world to recognize, at the last possible moment, the profound threat of Donald Trump,” said Sen. Richard Blumenthal (D-Conn.), a longtime critic of tech company policies.

Twitter cited two Trump tweets. One stated that the 75 million who voted for him were “American Patriots” who will “not be disrespected or treated unfairly in any way, shape or form!!!” He then announced he would not go to Biden’s swearing-in ceremony later this month.

In a blog post, the company said the two messages violated its policy against glorification of violence since they “could inspire others to replicate violent acts” that took place at the U.S. Capitol on Wednesday. According to Twitter, his second tweet could be read by followers as an encouragement to commit violence during the inauguration, which “would be a ‘safe,’ target as he will not be attending.”

In doing so, Twitter joined Facebook in punishing the president in the waning hours of his first term. Facebook said Thursday its suspension is indefinite, lasting at least the next two weeks, citing a similar belief that the risks are “simply too great” at a moment of transition for the country. Both tech giants previously joined Google-owned YouTube in removing or limiting access to Trump’s posts, including a video he shared earlier this week that once again advanced widely disproved falsehoods about the validity of the 2020 vote.

The White House did not immediately respond to a request for comment. But Trump appeared to try to defy Twitter’s ban by using @POTUS, and later his @TeamTrump campaign account, both of which were suspended.

“We will not be SILENCED!” @POTUS tweeted before it was taken down. The president also charged that in a statement.

Twitter’s punishment is the harshest judgment the site has at its disposal. It appeared to be the first time the company had taken such an action since instituting a broad policy around world leaders last year, illustrating the slow shift in Silicon Valley as the country’s most popular, prominent platforms grew more comfortable in taking on Trump.

Facebook, for example, had its first of many furious internal debates over how to handle Trump in December 2015, when as a presidential candidate he posted a video in which he said he wanted to ban all Muslims from entering the United States. Many employees called it obvious hate speech, but top executives chose to defer, by creating an exemption for content they deemed “newsworthy.”

The challenges kept coming as Trump’s presidency and rhetoric brought to mainstream attention right-wing ideas once considered beyond the fringe of appropriate political rhetoric. A particularly explosive flash point for both Twitter and Facebook came in May, when Trump called protesters after the killing of unarmed Black man George Floyd “THUGS” in social media posts. In response, Twitter opted to label Trump’s tweet as harmful and hide it from public view — and Facebook petitioned for Trump to change his tone in private.

The shift within Silicon Valley began even before that as the coronavirus swept through the world last year, and the stakes of the rampant lies and misinformation on social media platforms were underscored by a rising body count as Trump and others denied the severity of the pandemic. Facebook, Twitter, YouTube and others all took action against viral falsehoods that were clearly contrary to science. Not long after, they dramatically stiffened policies against conspiracy theories, such as QAnon, and the rise of dangerous armed groups, such as the boogaloo, born of largely unrestricted online worlds.

As the national election approached last fall, disinformation researchers, Democrats and civil rights activists demanded tougher action from tech companies whose platforms hosted and spread falsehoods. They gained some traction, but at a time when Trump and other Republicans were loudly claiming that they were being discriminated against by Silicon Valley, critics said it was not nearly enough.

Rashad Robinson, the president of Color of Change, a civil rights group that has been pushing social media companies to police Trump’s behavior more aggressively, fretted on Friday that it took too long for Twitter and its peers to act given the president’s past missteps — and their potential to have touched off real-world violence.

“But kicking him off of Twitter, so he can’t spread disinformation and incite the public, is huge,” he said. “This is way too late, but I do not underestimate or undersell the significance of what this means moving forward without him having a direct line to reach an audience any time that he wanted to.”

In considering how his supporters might read and interpret his messages, Twitter also potentially opened the door for the company to take a more aggressive approach on other content, including tweets from political leaders in the future, experts said.

“That’s a standard that’s never existed,” said Alex Stamos, a former Facebook chief security officer, now head of the Stanford Internet Observatory, a disinformation research group. “The ‘impact’ standard has never existed.”

Stamos added that Twitter’s action — and Facebook’s recent enforcement efforts — meant that “the right-wing social media ecosystem in America has been shattered.”

The move comes amid a wave of criticism from Democratic lawmakers and Twitter’s own employees, who demanded in a letter written this week that the company’s leaders permanently suspend Trump’s account. In an internal letter addressed to chief executive Jack Dorsey and his top executives viewed by The Washington Post, roughly 350 Twitter employees requested an investigation into the past several years of corporate actions that led to Twitter’s role in the riot.

“Despite our efforts to serve the public conversation, as Trump’s megaphone, we helped fuel the deadly events of January 6th,” the employees wrote. “We request an investigation into how our public policy decisions led to the amplification of serious anti-democratic threats. We must learn from our mistakes in order to avoid causing future harm.”

“We play an unprecedented role in civil society and the world’s eyes are upon us. Our decisions this week will cement our place in history, for better or worse,” the employees added.

In a statement earlier Friday, Twitter spokesperson Brandon Borrman wrote, “Twitter encourages an open dialogue between our leadership and employees, and we welcome our employees expressing their thoughts and concerns in whichever manner feels right to them.”

The letter from the Twitter employees is addressed to “Staff,” company lingo for C-suite executives who report directly to Dorsey, including Vijaya Gadde, who leads the company’s legal, policy, and trust and safety divisions. During a virtual meeting on Friday afternoon, Dorsey and Gadde shared their thoughts on Twitter’s response, according to an employee, who spoke on the condition of anonymity for fear of retaliation.

Silicon Valley also took fresh aim Friday at a bevy of other sites and services where Trump’s supporters have congregated. That includes the new social media service Parler, which became popular with the president’s allies in the wake of the 2020 election.

Amid a flood of misinformation — and threats of violence in the wake of the Capitol riot — Google on Friday removed the app from its hub for downloads, called the Play Store. Apple also warned Parler that it could be removed from its App Store, the sole portal through which iPhone and iPad users can obtain such software, if it didn’t remove posts inciting violence and put in place a stronger content moderation system, according to an email obtained by BuzzFeed News.

Parler prides itself on only loosely policing posts on its site, saying it removes only what is illegal or not protected by the First Amendment. After the attack on the Capitol this week, posts on the site voiced support for the rioters and calls to keep fighting. Trump, however, does not currently have an account on Parler.

Parler chief executive John Matze appeared to address the Apple news on his Parler page Friday, writing “We will not cave to pressure from anti-competitive actors!”

Twitter’s move did cause unease in another quarter: Researchers have long complained that when the company suspends a user, valuable records of online conversations essentially vanish into thin air, making it nearly impossible to later reconstruct them — something particularly consequential when a platform is the primary means of communication for a U.S. president.

“It has implications from a historical point of view,” said Darren Linvill, lead researcher for the Clemson University Media Forensics Hub. “If you are the national conversation, they just sucked a big part of the national conversation away.”

Rachel Lerman and Gerrit De Vynck contributed to this report.

Voir par ailleurs:

World Leaders on Twitter: principles & approach

15 October 2019

There continues to be meaningful public conversation about how we think about Tweets from world leaders on our service. We welcome the conversation and want to share more context on our principles and process for reviewing reported Tweets from these accounts.

Context 

When it comes to the actions of world leaders on Twitter, we recognize that this is largely new ground and unprecedented. We understand the desire for our decisions to be “yes/no” binaries, but it’s not that simple. The actions we take and policies we develop will set precedent around online speech and we owe it to the people we serve to be deliberate and considered in what we do.

Our mission is to provide a forum that enables people to be informed and to engage their leaders directly. We also have a responsibility to the people who use Twitter to better explain why we make the decisions we make, which we will do here.

Our approach

  • Everything we do starts with an understanding of our purpose and of the service we provide: a place where people can participate in public conversation and get informed about the world around them.
  • We assess reported Tweets from world leaders against the Twitter Rules, which are designed to ensure people can participate in the public conversation freely and safely.
  • We focus on the language of reported Tweets and do not attempt to determine all potential interpretations of the content or its intent.
  • Presently, direct interactions with fellow public figures, comments on political issues of the day, or foreign policy saber-rattling on economic or military issues are generally not in violation of the Twitter Rules.
  • However, if a Tweet from a world leader does violate the Twitter Rules but there is a clear public interest value to keeping the Tweet on the service, we may place it behind a notice that provides context about the violation and allows people to click through should they wish to see the content. We announced this in June.

Enforcement scenarios 

We want to make it clear today that the accounts of world leaders are not above our policies entirely. The below areas will result in enforcement action for any account on our service (without consideration of the potential public interest value in allowing the Tweet to remain visible behind a notice):

In other cases involving a world leader, we will err on the side of leaving the content up if there is a clear public interest in doing so.

With critical elections and shifting political dynamics around the world, we recognize that we’re operating in an increasingly complex and polarized political culture. These are constantly evolving challenges and we’ll keep our policies and approach under advisement, particularly as we learn more about the relationship between Tweets from world leaders and the potential for offline harm.

This post seeks to provide clear insight into how we address content from world leaders on Twitter today, and will serve as our statement on the decisions we make, rather than our teams providing feedback on individual Tweets and decisions. We’ve also updated our dedicated Help Center page to provide a significantly more detailed breakdown of how we make decisions regarding the use of the public interest notice.

Our goal is to enforce our rules judiciously and impartially. In doing so, we aim to provide direct insight into our enforcement decision-making, to serve public conversation, and protect the public’s right to hear from their leaders and to hold them to account.


Bilan Johnson: Mission largement accomplie (Hasta la vista BoJo: If populists are just a bunch of shameless manipulators, why do people keep electing them ?)

23 juillet, 2022
Brexit : Pour Donald Trump, il serait « terrible » que le retrait voulu par Boris Johnson n'ait pas lieu

 

Je peux expliquer son triomphe en trois mots: faisons le Brexit.  Il a promis de faire le Brexit, c’est tout ce que le pays voulait entendre. Rachel Johnson (soeur journaliste de Boris Jonhson)
Dire aux électeurs qu’ils sont des ignorants moraux est une mauvaise façon de les faire changer d’avis. Que voyaient-ils que je ne voyais pas? Cela aurait dû être la première question que j’aurais dû me poser. Quand j’ai vu Trump, j’ai vu un fanfaron fanatique multiplier les arguments d’ignorant. Ce que les partisans de Trump voyaient, eux, c’était un candidat dont tout l’être était un doigt d’honneur fièrement levé contre une élite autosatisfaite qui avait produit un statu quo défaillant. J’étais aveugle à cela. Bien que j’aie passé les années de la présidence Obama à dénoncer sa politique, mes objections étaient plus abstraites que personnelles. J’appartenais à une classe sociale que mon amie Peggy Noonan appelait « les protégés ». Ma famille vivait dans un quartier sûr et agréable. Nos enfants étaient dans une excellente école publique. J’étais bien payé, entièrement assuré, isolé contre les difficultés de la vie. L’appel de Trump, selon Noonan, s’adressait en grande partie aux personnes qu’elle appelait « les non protégés ». Leurs quartiers n’étaient pas si sûrs et agréables. Leurs écoles n’étaient pas aussi bonnes. Leurs moyens de subsistance n’étaient pas si sûrs. Leur expérience de l’Amérique était souvent celle d’un déclin culturel et économique, parfois ressenti de la manière la plus personnelle. Ce fut une expérience aggravée par l’insulte d’être traité comme des perdants et des racistes – accros, selon l’expression notoire d’Obama en 2008, aux « armes à feu ou à la religion ou à l’antipathie envers les gens qui ne sont pas comme eux ». Pas étonnant qu’ils soient en colère. La colère peut prendre des tournures stupides ou dangereuses, et avec Trump elles ont souvent pris les deux. Mais cela ne signifiait pas que leur colère était sans fondement ou illégitime, ou qu’elle visait la mauvaise cible. Les électeurs de Trump avaient de solides arguments pour prouver qu’ils avaient été trahis trois fois par les élites de la nation. Tout d’abord, après le 11 septembre, alors qu’ils avaient supporté une grande partie du poids des guerres en Irak et en Afghanistan, seulement pour voir Washington hésiter puis abandonner ses efforts. Deuxièmement, après la crise financière de 2008, lorsque tant de personnes ont été licenciées, alors même que la classe financière était renflouée. Troisièmement, dans la reprise post-crise, au cours de laquelle des années de taux d’intérêt ultra bas ont été une aubaine pour ceux qui avaient des actifs à investir et brutales pour ceux qui n’en avaient pas. Oh, et puis est venue la grande révolution culturelle américaine des années 2010, dans laquelle les pratiques et croyances traditionnelles – concernant le mariage homosexuel, les toilettes séparées, les pronoms personnels, les idéaux méritocratiques, les règles non basées sur la race, le respect des symboles patriotiques, les règles de la vie sentimentale, la présomption d’innocence et la distinction entre l’égalité des chances et le résultat – sont devenus, de plus en plus, non seulement dépassés, mais tabous. C’est une chose que les mœurs sociales évoluent avec le temps, aidées par le respect des différences d’opinion. C’en est une autre qu’elles soient brutalement imposées par un camp à l’autre, avec peu d’apport démocratique mais beaucoup d’intimidation morale. C’était le climat dans lequel la campagne de Trump s’est épanouie. J’aurais pu réfléchir un peu plus au fait que, dans ma condescendance dégoulinante envers ses partisans, je confirmais également leurs soupçons sur des gens comme moi – des gens qui prêchaient la bonne parole sur les vertus de l’empathie mais ne le pratiquaient que de manière sélective ; des gens épargnés par les problèmes du pays mais pas gênés pour proposer des solutions. J’aurais également pu donner aux électeurs de Trump plus de crédit pour la nuance. Pour chaque guerrier MAGA, il y avait en face beaucoup de partisans ambivalents de Trump, doutant de ses capacités et consternés par ses manières, qui étaient prêts à tenter leur chance avec lui parce qu’il avait le culot de défier des piétés conventionnelles profondément imparfaites. Ils n’avaient pas non plus été impressionnés par les critiques de Trump qui avaient leur propre penchant pour l’hypocrisie et la calomnie pure et simple. À ce jour, très peu d’anti-Trumpers ont été honnêtes avec eux-mêmes à propos du canular élaboré – il n’y a pas d’autre mot pour cela – qu’était le dossier Steele et toutes les fausses allégations, crédulement répétées dans les médias grand public, qui en découlaient. Une dernière question pour moi-même : aurais-je tort de fustiger les partisans actuels de Trump, ceux qui veulent qu’il revienne à la Maison Blanche malgré son refus pour accepter sa défaite électorale et l’indignation historique du 6 janvier ? Moralement parlant, non. C’est une chose de miser sur un candidat qui promet de rompre avec le statu quo. C’en est une autre de faire cela avec un ex-président qui a tenté de détruire la République elle-même. Mais j’aborderais aussi ces électeurs dans un esprit très différent de la dernière fois. « Une goutte de miel attrape plus de mouches qu’un gallon de fiel », avait noté Abraham Lincoln au début de sa carrière politique. « Si vous voulez gagner un homme à votre cause, convainquez-le d’abord que vous êtes son ami sincère. » De sages paroles, en particulier pour ceux d’entre nous qui sommes dans le domaine de la persuasion. Bret Stephens
Certains en Occident savourent les images de révolte en provenance du Sri Lanka. Les tweeteurs et les gauchistes s’émerveillent devant les images et les photos montrant des Sri Lankais en colère prenant d’assaut le palais présidentiel et se baignant dans sa somptueuse piscine. Les images sont en effet frappantes et encourageantes : cela fait toujours plaisir de voir des gens rejeter leurs dirigeants incompétents et corrompus. Et pourtant ces observateurs occidentaux pourraient bientôt être surpris, car cette révolte n’est pas seulement une mise en accusation des élites sri lankaises et de leurs légions d’erreurs de jugement. C’est aussi plus largement une mise en accusation des vanités des élites mondiales. Elle remet en question les préjugés et les politiques des establishments mondiaux sous l’emprise de l’alarmisme climatique et de l’autoritarisme Covid. Au Sri Lanka, nous assistons à une rébellion non seulement contre les responsables gouvernementaux corrompus, mais aussi contre la vision du monde dangereusement déconnectée de la technocratie internationale. (…) Le Sri Lanka nous montre ce qui se passe lorsque la politique d’un pays est déterminée par les désirs et les préjugés des nouvelles élites plutôt que par les besoins des gens ordinaires. Les confinements ont peut-être été une aubaine pour les élites du télétravail et pour certains milliardaires, mais il a été incroyablement préjudiciable pour une grande partie de la classe ouvrière occidentale et pour des millions de démunis des pays du Sud. L’idéologie verte peut donner un sens à leur vie aux nouvelles élites, flattant leur illusion narcissique selon laquelle elles sauvent la planète d’une mort provoquée par le réchauffement climatique, mais ce sont les ouvriers occidentaux qui en font les frais et qui paient au bout du compte pour la folie de la neutralité carbone, et cela attise la faim et la misère dans ces parties du monde qui ne sont pas encore aussi développées que l’Occident. Le Sri Lanka représente un cas extrême et inquiétant de ce qui se passe lorsque la politique mondiale est construite sur la peur et le narcissisme d’élites déconnectées, plutôt qu’à partir des besoins des gens pour s’épanouir et sortir de la pauvreté. Mais ce que l’on voit aussi au Sri Lanka, c’est exactement le type de réaction dont nous avons besoin contre tout cela. Les gens n’en peuvent plus. Et ils ne sont pas les seuls. Des routiers canadiens révoltés contre les mesures anti-Covid qui détruisent leurs moyens de subsistance aux agriculteurs néerlandais insurgés contre la folie des  politiques écologiques de leur gouvernement, des protestations des chauffeurs de taxi italiens contre la hausse des prix du carburant aux manifestations de masse albanaises contre la hausse des prix alimentaires et du carburant après le confinement et la guerre en Ukraine, des manifestations populaires éclatent partout à travers le monde. Le gouvernement du Sri Lanka a peut-être été le premier à tomber, mais il semble peu probable qu’il soit le dernier. Les soulèvements manquent de cohérence. Certains refusent les leaders. Les demandes ne sont pas toujours claires. Mais s’il y a une chose évidente, c’est la raison pour laquelle les gens sont en colère – l’irrationalité des décisions d’une nouvelle classe de responsables politiques qui préfèrent les mesures de répression rapides et les démonstrations de vertu à la tâche difficile de trouver comment améliorer matériellement et spirituellement la vie des gens. Ceux qui pensent que le populisme est terminé maintenant que Trump et même Boris Johnson sont partis pourraient bien avoir des surprises. Réveillez-vous, les gars ! Surveillez vos fenêtres ! Faites gaffe à vos piscines ! Brendan O’Neill
Un soulèvement populaire de la classe ouvrière contre les élites et leurs valeurs est en cours – et il traverse le monde. Il y a une résistance croissante de la part des classes moyennes et inférieures contre ce que Rob Henderson a appelé les «croyances de luxe» des élites, alors que les gens ordinaires réalisent le mal que cela leur cause, à eux et à leurs communautés. Il y a eu des premières lueurs en février dernier, lorsque le Convoi de routiers canadiens a opposé les camionneurs de la classe ouvrière à la classe des télétravailleurs exigeant des mesures COVID-19 toujours plus restrictives. On l’a légalement vu dans la victoire du gouverneur de Virginie, Glenn Youngkin, qui s’est présenté au nom des droits des parents à l’éducation et a ensuite remporté à la fois les banlieues et les zones rurales. On peut le voir dans le soutien croissant des électeurs hispaniques à un parti républicain, qui s’identifie de plus en plus comme anti-woke et pro-classe ouvrière. Et maintenant, nous assistons à sa dernière itération aux Pays-Bas sous la forme d’une manifestation d’agriculteurs contre de nouvelles réglementations environnementales qui vont les ruiner. Plus de 30 000 agriculteurs néerlandais se sont levés pour protester contre le gouvernement à la suite des nouvelles limites d’azote qui les obligent les à réduire radicalement jusqu’à 70 % leurs émissions d’azote  au cours des huit prochaines années. Cela les obligerait à utiliser moins d’engrais et même à réduire le nombre de leurs têtes de bétail. Alors que sur le papier, les grandes entreprises agricoles auraient les moyens d’atteindre ces objectifs et pourraient passer à des engrais non azotés, cela est impossible pour les petites exploitations souvent familiales. Les nouvelles réglementations environnementales sont si extrêmes qu’elles obligeraient de nombreuses personnes à mettre la clé sous la porte, y compris des familles qui sont dans l’agriculture depuis trois ou quatre générations. En signe de protestation, les agriculteurs bloquent les rues et refusent de livrer leurs produits aux chaînes de supermarchés. Cela a entraîné de graves pénuries d’œufs et de lait, entre autres produits alimentaires. Mais les effets vont être mondiaux. Les Pays-Bas sont le deuxième exportateur agricole mondial après les États-Unis, faisant du pays d’à peine 17 millions d’habitants une superpuissance alimentaire. Compte tenu des pénuries alimentaires mondiales et de la hausse des prix, le rôle des agriculteurs néerlandais dans la chaîne alimentaire mondiale n’a jamais été aussi important. Mais si vous pensiez que le gouvernement néerlandais allait en tenir compte et veiller à ce que les gens puissent mettre de la nourriture sur la table, vous auriez tort ; lorsqu’on lui a offert le choix entre la sécurité alimentaire et la lutte contre le « changement climatique », c’est cette dernière que le gouvernement néerlandais a choisi.  Ce qui est particulièrement frustrant, c’est que le gouvernement est pleinement conscient que ce qu’il demande aux agriculteurs de faire en fera disparaître un grand nombre. En fait, le gouvernement avait initialement prévu d’avancer à un rythme plus lent, jusqu’à ce qu’un procès intenté par des groupes environnementaux en 2019 le contraigne  à accélérer son calendrier. La réaction des membres du secteur agricole a été massive et continue depuis 2019, mais l’apparition de la pandémie de COVID-19 a permis au gouvernement du Premier ministre Mark Rutte d’interdire les manifestations en 2020 et 2021. Avec la reprise des manifestations cette année, les autorités sont également passés à une approche plus agressive. Il y a eu des arrestations et même des coups de semonce tirés par la police sur les agriculteurs, dont l’un a failli tuer un manifestant de 16 ans. Pourtant, les sympathies des Néerlandais ne vont pas à leur gouvernement ; ils sont solidaires de leurs agriculteurs. Les sondages actuels indiquent que le Parti politique des agriculteurs, formé il y a seulement trois ans en réponse à la nouvelle réglementation, gagnerait 11 sièges au Parlement si des élections avaient lieu aujourd’hui (il n’en détient actuellement qu’un seul). De plus, l’Union des pêcheurs néerlandais s’est publiquement jointe aux manifestations, bloquant les ports avec des équipages de pêche brandissant des pancartes indiquant « Eendracht maakt Kracht »: L’unité fait la force. Mais alors que les Néerlandais sont du côté des agriculteurs, leurs élites se comportent à peu près comme elles l’ont fait au Canada et aux États-Unis, et pas seulement celles du gouvernement. Les médias refusent même de parler des manifestations et, lorsqu’ils le font, ils qualifient les agriculteurs d’extrémistes. Pourquoi la déconnexion ? Chaque sondage fiable des salles de rédaction européennes, de l’Allemagne aux Pays-Bas, montre que le changement climatique est un sujet beaucoup plus important pour les journalistes que pour les gens ordinaires. Ce n’est pas que les citoyens ordinaires ne se soucient pas du changement climatique, mais qu’ils ont le bon sens de savoir que détruire leur ferme afin que les objectifs d’émissions du gouvernement puissent être atteints en 2030 au lieu de 2035 ne changera pas le climat de la planète. Après tout, les Pays-Bas ne représentent que 0,46 % des émissions mondiales de CO2, et bien qu’une nouvelle réduction soit souhaitable, elle ne sera pas décisive dans la lutte contre le changement climatique au cours des huit prochaines années. Cela peut aider faire les élites du pays à se sentir bien dans leur peau, mais cela se traduira également par le fait que de larges pans de la population verront leur niveau de vie baisser et leur existence économique ciblée par l’État pour des raisons idéologiques. Il y a un malaise en Occident actuellement, où les objectifs idéologiques sont poursuivis au détriment des classes moyennes et ouvrières. Qu’il s’agisse des camionneurs au Canada, des agriculteurs aux Pays-Bas, des sociétés pétrolières et gazières aux États-Unis, l’idéologie, et non la science ou les preuves objectives, domine l’ordre du jour, gratifiant les élites tout en appauvrissant la classe ouvrière. En fin de compte, il y a un risque que les politiques climatiques fassent à l’Europe ce que le marxisme a fait à l’Amérique latine. Un continent réunissant toutes les conditions d’une prospérité générale et d’un environnement sain s’appauvrissant et se ruinant pour de pures raisons idéologiques. Et à la fois les gens et le climat moins bien lotis au bout du compte. Ralph Schoellhammer
Surtout, nous avons réaffirmé l’idée sacrée qu’en Amérique, le gouvernement répond au peuple. Notre lumière directrice, notre étoile du Nord, notre conviction inébranlable a été que nous sommes ici pour servir les nobles citoyens américains de tous les jours. Notre allégeance ne va pas aux intérêts spéciaux, aux sociétés ou aux entités mondiales; c’est pour nos enfants, nos citoyens et notre nation elle-même. Ma priorité absolue, ma préoccupation constante, a toujours été l’intérêt supérieur des travailleurs américains et des familles américaines. Je n’ai pas cherché le cours le plus facile; de loin, c’était en fait le plus difficile. Je n’ai pas cherché le chemin qui recevrait le moins de critiques. J’ai engagé les batailles les plus difficiles, les combats les plus durs, les choix les plus difficiles parce que c’est pour cela que vous m’avez élu. (…) Nous avons promu une culture où nos lois seraient respectées, nos héros honorés, notre histoire préservée et les citoyens respectueux des lois jamais méprisés (…) Aucune nation ne peut prospérer longtemps si elle perd la foi en ses propres valeurs, son histoire et ses héros, car ce sont là les sources mêmes de notre unité et de notre vitalité. (…) La clé de la grandeur nationale réside dans le maintien et la transmission de notre identité nationale commune. Cela signifie se concentrer sur ce que nous avons en commun: le patrimoine que nous partageons tous. Au centre de cet héritage se trouve également une solide croyance en la liberté d’expression, la liberté d’expression et le libre débat. Seul l’oubli de qui nous sommes et comment nous sommes arrivés où nous sommes que nous nous nous abandonnerons à la censure politique et à la mise sur liste noire en Amérique. Ce n’est même pas pensable. Mettre fin au débat libre et contradictoire viole nos valeurs fondamentales et nos traditions les plus durables. En Amérique, nous n’insistons pas sur la conformité absolue et n’imposons pas des orthodoxies rigides et une police de la pensée ou de la parole. Ce n’est tout simplement pas ce que nous faisons. L’Amérique n’est pas une nation timide d’âmes dociles qui ont besoin d’être protégées de ceux avec qui nous sommes en désaccord. Ce n’est pas qui nous sommes. Ce ne sera jamais qui nous sommes. (…) En repensant aux quatre dernières années, une image me vient à l’esprit au-dessus de toutes les autres. Chaque fois que je parcourais le parcours du cortège, il y avait des milliers et des milliers de personnes. Ils étaient sortis avec leurs familles pour pouvoir tenir et agiter  fièrement à notre passage notre grand drapeau américain. Cela n’a jamais manqué de m’émouvoir profondément. Je savais qu’ils ne venaient pas simplement me montrer leur soutien; ils venaient me montrer leur soutien et leur amour pour notre pays. C’est une république de fiers citoyens unis par notre conviction commune que l’Amérique est la plus grande nation de toute l’histoire. Nous sommes, et devons toujours être, une terre d’espoir, de lumière et de gloire pour le monde entier. C’est le précieux héritage que nous devons sauvegarder à chaque tournant. C’est exactement ce pourquoi j’ai oeuvré ces quatre dernières années, ça et rien d’autre. D’une grande salle de dirigeants musulmans à Riyad à une grande place de Polonais à Varsovie; d’un discours à l’Assemblée coréenne à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies; et de la Cité Interdite de Pékin à l’ombre du Mont Rushmore, j’ai combattu pour vous, je me suis battu pour votre famille, je me suis battu pour notre pays. Par-dessus tout, je me suis battu pour l’Amérique et tout ce qu’elle représente – c’est-à-dire sûre, forte, fière et libre. Maintenant, alors que je me prépare à remettre le pouvoir à une nouvelle administration mercredi à midi, je veux que vous sachiez que le mouvement que nous avons lancé ne fait que commencer. Il n’y a jamais rien eu de tel. La conviction qu’une nation doit servir ses citoyens ne diminuera pas, mais ne fera au contraire que se renforcer de jour en jour. Président Trump
Je voudrais utiliser les dernières secondes qui me restent pour donner quelques conseils à mon successeur, quel qu’il ou elle soit. Numéro un : restez proches des Américains, défendez les Ukrainiens, défendez la liberté et la démocratie partout. Réduisez les impôts et déréglementez partout où vous le pouvez pour en faire le meilleur endroit où vivre et investir, ce qu’il est. J’adore le Trésor, mais rappelez-vous que si nous avions toujours écouté le Trésor, nous n’aurions pas construit la M25 [le périphérique londonien de 188 km] ou le tunnel sous la Manche. Concentrez-vous sur la route à suivre, mais n’oubliez pas de vérifier le rétroviseur, et souvenez-vous surtout que ce n’est pas Twitter qui compte, c’est les gens qui nous ont envoyés ici. Et oui, les dernières années ont été le plus grand privilège de ma vie et il est vrai que j’ai aidé à obtenir la plus grande majorité conservatrice depuis 40 ans et un énorme réalignement de la politique britannique. Nous avons transformé notre démocratie et restauré notre indépendance nationale. Nous avons, j’ai aidé ce pays à traverser une pandémie et aidé à sauver un autre pays de la barbarie, et franchement, c’est déjà pas mal comme bilan. Je tiens à vous remercier, M. le speaker. Je veux remercier tout le merveilleux personnel de la Chambre des Communes. Je veux remercier tous mes amis et collègues. Je veux remercier mon vieil ami, en face. Je veux remercier tout le monde ici. Et hasta la vista baby! Boris Johnson
Je ne sais pas combien de temps Éric Zemmour restera en politique. Mais ce dont je suis convaincue, c’est que le mouvement d’espoir et d’enthousiasme bien réel qu’il a réveillé est la manifestation d’une révolte populaire profonde, qui n’a rien d’une bulle. Cette révolte cherche désespérément un leader, et a vu en lui un possible véhicule de ses revendications de renforcement du cadre national, comme protection contre les grands vents de la globalisation. Éric Zemmour a réveillé un patriotisme français à la fois raisonné et émotionnel qui n’osait plus s’exprimer de manière ouverte de peur d’être qualifié de nationalisme raciste et dangereux. L’épisode du vieux militaire qui lui a offert ses décorations de guerre en pleurant, pendant un meeting, n’a rien d’anecdotique. Une partie croissante de la société considère, même si elle est divisée sur les solutions, que le pays est dans une impasse stratégique dangereuse, qui mènera à la disparition de la France en tant que civilisation, si rien n’est fait pour arrêter l’immigration massive et pour favoriser l’intégration des nouveaux arrivants, et notamment celle de communautés musulmanes qui sont soumises à la pression de l’islamisme, et aux particularités politiques de l’islam qui ne fait pas de distinction entre le politique et le religieux. La réalité est que Zemmour a donné voix à une angoisse existentielle sur la transformation démographique et culturelle de notre pays. Le phénomène est transoccidental. Les peuples d’Occident réclament des frontières et sonnent partout l’alarme contre le piège globaliste et multiculturaliste que les élites ont refermé sur eux, avec un mélange d’irénisme et d’aveuglement. Ils ont peur d’une désagrégation du tissu économique et politique national au profit d’intérêts chinois ou autres susceptible d’accélérer notre perte de souveraineté, et d’une communautarisation accélérée qui rendra la vie en commun de plus en plus difficile. En France, il y a aussi une énorme préoccupation due à l’apparition d’une insécurité chronique, d’une grande violence. Le phénomène Zemmour ou ses variantes ne sont pas près selon moi de disparaître, parce que les élites répondent à l’inquiétude en érigeant une grande muraille du déni et de l’excommunication, peignant leurs revendications comme la marque d’un nouveau fascisme au lieu d’y répondre. (…) La révolte zemmouriste et la révolte trumpiste portaient maintes similitudes, dans leurs ressorts antimondialisation et anti-immigration, leur credo conservateur, leur défense de l’Occident chrétien et leur méfiance de l’islam, leur volonté de réalisme en politique étrangère. Toutes ces ressemblances n’empêchent pas les différences de personnalités et de culture abyssales entre les deux. Donald Trump est un fils de famille, héritier d’un promoteur immobilier de Brooklyn, qui a forgé sa personnalité sur les chantiers de construction paternels dans la banlieue de Big Apple, puis fait son chemin dans un monde capitaliste new-yorkais brutal et sans pitié. Éric Zemmour, issu d’un milieu très simple, a fait sa vie dans les livres, le journalisme, l’exploration passionnée de l’histoire et l’observation d’un monde politique dont il connaissait les tours et détours. C’est un intellectuel, qui tend à tout théoriser, quand Trump est un pur intuitif. Mais on trouve aussi des points communs entre les deux hommes: le caractère indomptable, le sens de la formule et la capacité à exprimer, de manière cathartique, ce que pense le peuple. Ce sont de ce point de vue deux hommes de la petite lucarne qu’ils ont utilisée avec maestria pour faire leur célébrité et nouer une relation intime avec le peuple. Tous deux partagent aussi une allergie à l’idéologie du genre et une vision assez macho des relations hommes-femmes, ainsi qu’une conception hobbésienne du monde, basée sur les rapports de force. Leur fascination pour les hommes forts, qui s’est d’ailleurs exprimée dans leur admiration troublante pour Vladimir Poutine, est un autre point commun très frappant. (…) Éric Zemmour n’a pu asseoir sa popularité sur un parti de l’establishment déjà installé contrairement à Trump qui a pris d’assaut le parti républicain. Il n’a pas réussi non plus à séduire les classes populaires, peut-être parce qu’il n’a pas su complètement leur parler, contrairement à Trump et à Marine Le Pen, qui ont su parler de l’insécurité économique et du pouvoir d’achat du «pays périphérique» alors que Zemmour mettait l’accent sur la question de l’immigration et de la survie de la nation. Sans doute a-t-il sous-estimé l’angoisse de «la guerre civile» des Français, qui partagent son inquiétude sur l’avenir de la France, mais craignent sans doute encore plus la menace d’un clash entre communautés. Ils partagent son diagnostic, mais sont terrifiés par ses solutions, ou pas assez convaincus de sa capacité à gérer l’immensité du défi. Au-delà de tous ces points clés, je suis pour ma part persuadée que c’est la guerre de Poutine qui a percuté et détruit la candidature d’Éric Zemmour. Quand celle-ci éclate, le 24 février, il est en ascension, atteignant quelque 16% des intentions de vote, à égalité avec Le Pen, qui semble, elle, sur une pente descendante. Mais la guerre chamboule tout. Ayant répété depuis des années que Poutine est un grand patriote, voire un modèle dont la France devrait s’inspirer pour remettre son pays en ordre, Éric Zemmour est frappé de plein fouet. Sa condamnation trop faible de la guerre, son incapacité à qualifier Poutine de dictateur et sa persistance à dénoncer les responsabilités de l’Occident, au lieu de prendre la mesure de l’impérialisme brutal de Poutine et de la dangerosité d’un pouvoir russe basé sur la violence et le mensonge, ont, je pense, créé un doute béant dans la bourgeoisie qui l’avait soutenu jusque-là, doute dans lequel se sont engouffrés ses adversaires. Les classes populaires, qui soutenaient Le Pen, elles, ont moins réagi à la guerre. Son absence d’empathie vis-à-vis des réfugiés ukrainiens, dont il a jugé la présence peu opportune en France, a également beaucoup choqué. Marine Le Pen, qui avait pourtant un lourd passif sur le sujet, vu sa proximité ancienne et totale avec Poutine, a mieux géré cette situation embarrassante, détournant le tir en parlant «pouvoir d’achat» et révélant une habileté politique que n’a pas su montrer Zemmour, resté très idéologique. Lui qui avait voulu se placer dans le sillage de De Gaulle s’est retrouvé pris à contre-pied, compromis avec un dictateur impérial impitoyable, alors que l’Ukraine incarnait l’esprit de résistance gaullien et churchillien. Cette fascination pour Poutine de la droite national-populiste et de l’extrême droite s’explique par l’habileté avec laquelle l’homme fort de la Russie a instrumentalisé les révoltes national-populistes. Voyant là une opportunité de se constituer une «armée» de partis amis, il les a courtisés, se posant en souverainiste, en rempart de la chrétienté contre l’islamisme et la décadence des mœurs de l’Occident. Il s’agissait d’un trompe-l’œil bien sûr, d’un village Potemkine cachant la déliquescence et l’anomie d’une société russe où domine la loi du plus fort la plus brutale, pas le conservatisme. Mais les voix des experts qui avertissaient contre l’entourloupe ont été ignorées, et les nationalistes de tout poil sont tombés en plein dans le piège. Zemmour comme les autres. (…) Le réveil des nations d’Occident s’exprime de multiples façons, souvent brouillonnes et éphémères, avec un succès très relatif en effet. Ces phénomènes témoignent de la volonté instinctive des peuples d’empêcher des processus de désintégration des nations extrêmement puissants et peut-être irréversibles, liés à l’affaiblissement des États au profit de forces transnationales très puissantes, à la révolution technologique en cours, à l’affaiblissement des classes moyennes, qui, comme le rappelle le politologue Andrew Michta, forment le «demos», l’âme des nations démocratiques. S’agit-il d’un baroud d’honneur? Je ne l’espère pas. L’idéal serait que les revendications des partis populistes entrent peu à peu dans les réflexions des élites gouvernantes, que ces partis contribuent à la solution des problèmes qu’ils pointent. Mais si les élites s’avèrent incapables de faire face, il faut s’attendre à ce que Yascha Mounk appelle un scénario de «guerre civile complexe». Je crains une montée en puissance de tensions communautaires inextricables, d’un scénario de radicalisation des revendications, d’un glissement vers une forme de racialisation et exacerbation des conflits subnationaux si le niveau national devient défaillant ; bref, d’un affaiblissement simultané de la démocratie et de la nation si les élites gouvernantes échouent à intégrer les révoltes actuelles dans le paysage. Un despote pourrait-il alors surgir pour ramasser la mise? Dans mon livre, j’invite à méditer l’évolution américaine. Car l’éviction politique de Trump et l’arrivée de Biden n’ont nullement débouché sur une normalisation de la scène politique. On a vu émerger une véritable sécession mentale et politique d’une partie du camp Trump, sur fond de radicalisation de la gauche identitaire woke. Deux Amérique qui ne se parlent plus et ne se font plus confiance, se sont solidifiées, dans un état de guerre civile tiède. Il faut tout faire pour éviter un tel scénario en France. (….) Car la crise de l’Occident appelle les tempêtes. Nous avons été tellement occupés à nous diviser et à repousser la solution des problèmes posés, tellement obsédés par notre culpabilité historique, tellement absorbés par nos interrogations sur la fluidité du genre et autres débats postmodernes sur le sexe des anges, que nous avons fermé les yeux face aux défis qui fondaient sur nous. Mais nous venons d’être ramenés à la brutalité du réel par la guerre de Poutine en Ukraine. Depuis des années, Vladimir Poutine a constaté nos lâchetés, nos renoncements face à ses agressions, et notre incapacité à nous rassembler. Il a vu dans la faiblesse occidentale, dans sa déliquescence spirituelle et sa sortie de l’Histoire nihiliste et infantile, une occasion rêvée d’avancer ses pions en Ukraine, pour réaliser son grand projet néoimpérial de rassemblement des terres russes et de révolution mondiale anti-occidentale. Il a décidé que nous étions si décadents, si divisés, si vénaux que nous ne bougerions pas. Il s’est en partie trompé puisque nous avons réagi collectivement et entrepris d’aider l’Ukraine. Mais cette crise doit être l’occasion d’une introspection bien plus sérieuse sur la manière dont nous devons viser à reconstruire nos démocraties et l’Europe. Nous devons travailler d’urgence à réconcilier les élites et le peuple, car la guerre civile à petit feu qui gronde est le terreau sur lequel tous nos ennemis s’engouffreront. Nous devons également réarmer nos nations, revenir à la notion de puissance. Nous devons aussi méditer la leçon de la résistance patriotique ukrainienne, qui montre que nous avons besoin de la force et de l’esprit des nations, pour construire une Europe forte et solidaire. Nous avons besoin aussi d’apprendre à garder les yeux ouverts, au lieu de nous concentrer sur «le réel» qui arrange nos postulats idéologiques. En France notamment, la droite nationale doit reconnaître son aveuglement dans l’appréciation du danger russe, et s’interroger sur les raisons pour lesquelles elle s’est laissée abuser. La gauche doit, de son côté, absolument prendre acte du danger stratégique que constitue l’islamisation croissante de notre pays, sujet sur lequel elle reste plongée dans un déni suicidaire. Sinon, dans vingt ans, nous aurons à l’intérieur de nos murs une catastrophe tout aussi grave que celle qui a surgi à l’est de l’Europe. Laure Mandeville
Se poser la question de la fin du populisme est aussi absurde que se poser la question de la fin du peuple. Christophe Guilluy
Dans la défaite, Donald Trump incarne le rôle originel du protagoniste tragique de manière à nous en apprendre plus sur la tragédie que ce que nous pouvons apprendre des lectures habituelles de Shakespeare ou de Sophocle. (…) Aristote définissait la tragédie comme « une imitation de personnes au-dessus du commun », en grec « meilleures que nous-mêmes » (beltionon hemas). Mais dans le vocabulaire d’Aristote, ce ne sont pas que des termes relatifs. Le protagoniste tragique n’est pas « meilleur » parce qu’il est plus intelligent ou plus riche que les citoyens anonymes qui regardent la pièce, mais parce que son rôle est central pour le bien-être de l’État. Il est dans une position de centralité sacrée, mais ontologiquement, simplement un être humain parmi d’autres. Ainsi, il est forcé de fonctionner, comme Barack Obama l’a dit un jour, « au-dessus de mon indice », résolvant des problèmes transcendantaux sur la base faillible de l’intuition individuelle. Si un rôle politique moderne correspond à la description originale d’un protagoniste tragique potentiel, c’est bien celui du président américain, qui combine les rôles de monarque/chef d’État et de leader parlementaire/premier ministre, qui restent séparés dans la plupart des autres démocraties libérales. Notre république a ses racines dans l’agon athénien, et ce n’est pas un hasard si son moment récent le plus agonistique a produit sa figure politique la plus tragique. Aucun président dans toute l’histoire de la république américaine n’a été aussi vilipendé que Donald Trump, tout au long du processus de nomination et de la campagne de 2016, et des près de quatre années de sa présidence. Son mandat a été marqué par un degré sans précédent d’hostilité virulente de tous les coins de l’establishment fédéral, ainsi que des membres du public qui, habitués depuis Reagan aux «syndromes de dérangement» républicains, se sont surpassés dans son cas. Avoir soutenu une « résistance » qui a commencé avec son élection et a nié sa légitimité tout au long de son mandat, avoir été jugé en destitution sur des preuves insignifiantes après avoir soutenu près de trois ans d’enquête approuvée par le Congrès sur l’accusation absurde de « complicité » avec la Russie”, tout en rencontrant le silence hostile de nombreux membres de son propre parti qui se sont abstenus de véritables abus, est loin du statut normal d’une personnalité politique, même dans une démocratie pugnace. Quelle était alors la clé du succès anormal de Trump ? Comme je l’ai souligné depuis le début, Trump était le seul candidat, à l’exception de l’impressionnant mais insuffisamment politique Dr Ben Carson, qui était vraiment invulnérable au « PC », car la pensée victimaire était alors appelée avant de passer à « l’éveil ». Cette résistance a en fait été la distinction la plus significative de Trump, même si ni ses détracteurs ni ses partisans n’ont tendance à s’y référer. Ce n’était pas le fruit d’une réflexion théorique, mais de sa fidélité aux attitudes qui régnaient dans sa jeunesse, attitudes que je partage largement. Que la génération «réveillée» actuelle soit capable de démolir ou de défigurer les statues de pratiquement tous les grands hommes de l’histoire américaine est viscéralement offensant pour nous deux, mais aucun des rivaux de Trump pour la nomination n’a présenté de réelle résistance à la perspective qui a anticipé ces actes. Si nous recherchions une incarnation de notre modèle intemporel du président idéal, sage et indulgent, Trump ne serait guère qualifié. Trump n’est pas un penseur politique, mais un homme d’action, et comme ses détracteurs des deux camps ne manquent jamais d’insister, il n’a pas peur d’exagérer, de fanfaronner, de répéter des idées assez douteuses. Trump a pu battre ses nombreux principaux concurrents et remporter les élections de 2016 parce que, plus encore que sa capacité à conclure des «affaires», son expérience du show-business lui a donné une confiance suprême dans ses «instincts», que ce soit en tant qu’artiste ou président, pour occuper le centre de la scène. Et ces instincts, ces intuitions politiques, étaient hostiles à la pensée victimaire, non pas parce que Trump en est obsédé, mais simplement parce que Trump n’en est pas touché. Mais ce qui comptait en 2016 et qui compte encore aujourd’hui, c’est la constance de Trump à résister à la pression mimétique qui pousse les membres respectables de la classe « Belmont » de Charles Murray à se flageller symboliquement en pénitence pour leur « privilège blanc » – tout en garnissant les poches des membres les plus privilégiés de la société, eux-mêmes compris. Il existe sans aucun doute des moyens plus sophistiqués que ceux de Trump de résister au pouvoir de la culpabilité blanche. Mais sa domination quasi totale sur le monde académique et sur ceux qui y ont été formés, comme les instituteurs dont les leçons antipatriotiques sont diamétralement opposées à celles que j’ai apprises dans ces classes, a rendu la quasi-totalité de la classe éduquée incapable de résister fermement à cette tendance, produit de notre « éveil » forcé au modèle d’égalité morale originaire à l’exclusion de toute autre considération sociale. Seul quelqu’un dont les instincts sociaux se seraient développés avant la constitution actuelle du monde de Belmont pourrait s’opposer de manière crédible à cette configuration, et seul quelqu’un disposant de ressources personnelles – plutôt qu’institutionnelles – considérables aurait la liberté de le faire. Au début de sa campagne en 2015, la principale source de visibilité populaire de Trump était sa présence dans l’émission de télé-réalité The Apprentice, très populaire parmi le public de la classe moyenne inférieure « déplorable » qui allait le porter au pouvoir face au mépris ouvert des politiciens de l’establishment de son propre parti ainsi que des Démocrates. Après sa victoire aux élections de 2016, beaucoup espéraient que les tweets et les dénonciations du style éléphant dans le magasin de porcelaine de Trump allaaient disparaître, ou du moins diminuer. Et en effet, chaque fois qu’il a fait l’effort, Trump s’est montré parfaitement capable de tenir un discours convaincant d’une manière parfaitement digne. Pourtant, il a continué avec le comportement qui, même s’il est efficace en tant que « trolling » pour faire enrager ses ennemis, n’a rien fait pour réparer son éloignement de la classe Belmont. Je pense que pour Trump, c’est une question de principe, même si le principe n’est pas articulé comme une proposition. Ce qui le rend tragique, c’est que, bien que ce comportement ait pu lui coûter sa réélection, il est inséparable de son sens de lui-même. Il semble clair que quelqu’un qui aurait considéré ces bouffonneries simplement comme un stratagème politique n’aurait pas eu le culot d’afficher dès le début son mépris pour la pensée victimaire face à la majorité respectable. Le grain de vérité dans les accusations calomnieuses de «suprématie blanche» et même «d’antisémitisme» est que, seul parmi les politiciens de sa génération, Trump a compris viscéralement que la censure préalable exercée par la Culpabilité Blanche est le véritable coupable qui doit être chassé. Ainsi, même lorsqu’en 2016, Trump a scandaleusement dénoncé le juge né aux États-Unis Gonzalo Curiel comme un « Mexicain » en attaquant son impartialité dans l’affaire du « Mur », son sentiment même que cela ne le condamnait pas comme étant indélébilement « raciste » a confirmé dans son propre esprit son affirmation fréquemment répétée selon laquelle il «est la personne la moins raciste de la pièce». Et en effet, le seul incident de «racisme» sans cesse cité par ses ennemis politiques a été sa déclaration sur les «bonnes personnes des deux côtés» à Charlottesville en référence au déboulonnage de la statue de Robert E. Lee, comme preuve, malgré ses déclarations explicitement contraires, de son soutien aux néo-nazis. Pourtant, le fait demeure que beaucoup de ceux qui ne sont pas émus par ces fausses accusations ont été rebutés par le comportement « non présidentiel » de Trump. Et donc Trump a perdu une élection qu’il aurait bien pu gagner, même face à la pandémie de Covid19. Nul ne peut prétendre savoir quelle formule il aurait dû suivre. Mais ce qui fait de lui une figure tragique, c’est le fait qu’il n’aurait plus été Trump s’il avait cherché une autre formule que d’être simplement Trump. (…) Le protagoniste tragique assume le leadership d’une crise dans laquelle il est obligé de prendre des décisions qui ne peuvent être déduites des normes sociales antérieures. Une fois qu’un être humain vient occuper le centre social originellement réservé au sacré, il est chargé d’une responsabilité à la fois nécessaire et impossible à remplir en connaissance de cause. Par conséquent, chaque dirigeant est potentiellement une figure tragique : Malheur à la tête qui porte la couronne. Mais les personnages tragiques réels et même légendaires sont peu nombreux. (…) La tragédie dépend de la crise. Et bien que, objectivement parlant, les États-Unis aient traversé de nombreuses crises bien plus graves – guerres et dépressions économiques – nous assistons actuellement à l’effondrement le plus grave de notre système politique depuis la guerre civile, celui que l’élection actuelle, quel que soit son résultat, est très peu susceptible de résoudre complètement. Récemment, la représentante démocrate du Michigan, Elissa Slotkin, a donné une appréciation de Trump qui devrait être écoutée par les membres « respectables » des deux partis : (…) « Trump leur parle, parce qu’il les inclut. » Le point de Slotkin est que, comme le vieux Harry Truman, mais contrairement aux Démocrates d’aujourd’hui, Trump parle aux gens ordinaires. Il peut sembler étrange que le parti qui a toujours prétendu représenter « l’homme ordinaire » soit accusé par l’un des siens de « dénigrer » son électorat, alors que les Républicains, supposés être le parti de la ploutocratie, présentent un candidat dont le refus d’un registre élevé gagne son estime malgré son désaccord présumé avec sa politique. Mais ce que Slotkin entend par « parler bas » n’affecte pas tant une supériorité intellectuelle (« bancale ») mais une supériorité morale (« éveillée »). C’est moins traiter les gens comme stupides que comme moralement obtus, non réveillés. En un mot, ce qu’il exige des électeurs blancs « déplorables », c’est d’exhiber, de signaler leur vertu, leur culpabilité blanche. Ce qui nous ramène à notre point de départ. Seul candidat en 2016 capable de résister à la pression victimaire qui domine la gauche mais paralyse aussi la droite, Trump voyait à juste titre sa candidature comme une mission, celle figurée par la descente de l’escalier mécanique de la Trump Tower (désormais confrontée à une fresque de Black Lives Matter peinte dans la rue). Trump avait une mission et, mur ou pas mur, il l’a largement réalisée. Même s’il ne parvient pas à obtenir un second mandat, son exemple aura un effet durable sur la politique américaine. Et j’espère qu’il recevra un jour le respect historique qu’il mérite. Que le médiocre Biden ait pu qualifier Trump de «clown», de «raciste», de «pire président de tous les temps» démontre la tragique vulnérabilité du déni PC de ce dernier. Et ceux de droite qui persistent à voir Trump comme un vulgaire, le jugeant sur ce qu’ils appellent son « caractère » plutôt que sur ses réalisations, sont en tout cas moins excusables. C’est Trump qui a relancé l’économie américaine, réduit le chômage à son minimum à long terme et augmenté les salaires des minorités malgré leur fidélité (décroissante !) aux Démocrates. C’est Trump qui s’est débarrassé de Soleimani et d’Al Baghdadi, a déplacé l’ambassade américaine à Jérusalem et a commencé à construire une coalition d’États arabes avec Israël pour contrer l’influence de l’Iran. Si Trump refuse toujours de concéder (…) ce n’est qu’une manifestation de plus de l’obstination sans laquelle il n’aurait jamais été élu en premier lieu. Puissent au moins les membres de son propre parti avoir la bonne grâce de reconnaître que Trump a réalisé ce qu’aucun d’entre eux n’aurait pu faire et, quel que soit leur style personnel, chercher à apprendre du noyau sain des « instincts » de Trump. Donald Trump a vu plus clairement que quiconque le danger que la représentante Slotkin reconnaît dans la foi « éveillée » dans le ressentiment qui se construit depuis les années 1960. Virus bien plus virulent que le SRAS-CoV-2, cette foi victimaire a infesté nos institutions dans l’éducation, l’information, le divertissement et le gouvernement, et à moins d’être contrôlée rapidement et fermement, elle risque de livrer aux barbares notre démocratie durement gagnée. Eric Gans
Si Trump en est venu à être viscéralement convaincu d’avoir été spolié de l’élection, c’est que durant quatre ans, l’opposition démocrate s’est comportée comme s’il était un président illégitime, une marionnette du Kremlin qui aurait usurpé, par le biais d’une ténébreuse collusion russe, la victoire de Hillary Clinton (en 2019, cette dernière parlait encore d’avoir été «volée»). L’idée obsessionnelle d’une excommunication du «diable Trump», entretenue par le camp libéral, a alimenté la conviction du président d’alors d’être assiégé par un État profond prêt à tout pour l’écarter. Même chose pour ses partisans. (…) l’ensemble du camp démocrate, que seule la haine de Trump a jusqu’ici uni, acceptera-t-il le compromis vis-à-vis des vaincus? Rien n’est moins sûr. Car à côté du volcan trumpien, dont on a vu surgir une «rage blanche» extrémiste très inquiétante le 6 janvier avec force slogans antisémites et drapeaux confédérés que Biden a promis de combattre, bouillonne en Amérique le volcan de la rage identitariste de la gauche radicale, qui a embrasé le pays pendant près de huit mois l’été dernier au nom de la justice sociale et de la défense des minorités ; transformant des manifestations pacifiques de protestation contre des violences policières en entreprise de pillage et destruction du patrimoine architectural et littéraire de l’Amérique, au motif qu’il est entaché de «racisme systémique». «Cette aile gauche du Parti démocrate, qui rêve d’une détrumpification combattante, aura-t-elle gain de cause?», s’interroge Joshua Mitchell, qui observe avec inquiétude «la culture de l’annulation» prônée par les milieux progressistes se déployer depuis le 6 janvier. L’expulsion de Trump de Twitter et celle du réseau social conservateur Parler des plateformes américaines sont des signaux peu encourageants, de même que l’appel lancé par la revue Forbes aux corporations américaines pour qu’elles refusent d’embaucher d’anciens membres de l’Administration Trump, sous peine d’être blacklistées. (…) Le grand historien de la Grèce antique Victor Davis Hanson, qui a pris parti pour Trump contre les élites depuis quatre ans, met, quant à lui, en garde contre un acharnement sur le «cadavre politique» de l’ex-président, comparant l’idée d’une destitution post-présidentielle à l’acharnement d’Achille sur le corps mort d’Hector pendant la guerre de Troie. Poignardé et traîné derrière un char, celui qui n’était qu’un «vaincu fanfaron» allait devenir une figure mythique… Laure Mandeville
Il est toujours tentant de qualifier d’irrationnels ceux qui ne votent pas comme nous, en particulier si ce sont des étrangers. À leur contact, on se sentirait tellement sages, supérieurs. On ne ferait pas le moindre effort pour les écouter et les comprendre. Certains, même s’ils reconnaissent aux trumpistes une sorte de bon sens primitif, les jugent avec paternalisme et attribuent leurs opinions à une forme d’ignorance aussi crasse qu’autodestructrice : des pauvres types. Nous ferions bien de reconnaître au contraire, du moins hypothétiquement, que bon nombre des électeurs de Trump sont aussi intelligents, rationnels et idéalistes que nos voisins. Ni plus, ni moins. Ce qui les distingue, ce sont leurs objectifs et la conviction que le président Trump est le plus à même de les aider à les défendre. (…) Pendant les trois premières années du mandat de Trump, les revenus moyens des foyers sont passés de 63 000 à plus de 68 500 dollars par an, les salaires horaires des classes inférieures ont augmenté de 7 % au total et le chômage est descendu à des seuils jamais vus depuis les années 1960. Parallèlement, la croissance économique que Trump a stimulée par ses baisses d’impôts en 2018 n’a guère modifié les écarts de revenus entre les différentes catégories de population. Et les baisses de revenus ont été très également partagées, ce qui a évité qu’une catégorie ne se sente particulièrement lésée. Mais comment est-ce possible que l’électorat trumpiste n’ait pas tourné le dos à son champion avec la terrible récession provoquée par la pandémie dans le pays ? Une chose est sûre, après ce que nous avons vu dans nos pays, il ne serait pas très étonnant que les partisans de Trump finissent par faire valoir que la crise n’est pas la faute du gouvernement fédéral, ou qu’ils estiment que les gouvernements antérieurs sont coresponsables de la mauvaise gestion, au même titre que les autorités régionales et locales. Sans parler des puissances étrangères comme la Chine, qui a trop tardé à informer sur la gravité du coronavirus et des contaminations. (…) En 2018, Trump a réussi à renégocier l’Alena, le traité de libre-échange avec le Mexique et le Canada, et à arracher à ces deux pays de modestes concessions qui favorisent les géants américains de l’automobile et des produits laitiers. (…) Selon l’institut Pew Research Center, les Américains qui ont une opinion négative de la Chine ne sont plus 47 % comme en 2017, mais désormais 66 % en 2020, et ils s’inquiètent notamment de la puissance de ses multinationales d’innovation technologique. De plus, la moitié des Américains qualifie de “très grave” la disparition d’emplois, délocalisés, et le déficit commercial des États-Unis par rapport à la Chine. Eh bien, le déficit commercial des États-Unis avec la Chine s’est effondré de près de 20 % entre 2018 et 2019, et de presque 30 % pendant les quatre premiers mois de 2020. De plus, au pic de la guerre commerciale (de janvier 2018 à janvier 2020), 300 000 emplois dans l’industrie ont été créés aux États-Unis, et, ne l’oublions pas, le chômage est tombé à un niveau aussi bas que dans les années 1960. Et les salaires des plus pauvres ont nettement augmenté. Il ne sera pas difficile pour des millions d’Américains de faire, à tort, un lien entre la guerre commerciale et leur bonne fortune. (…) Enfin, Trump a non seulement nommé plus de 50 juges dans les cours d’appel du pays, mais il a aussi réussi à placer trois juges conservateurs (Neil Gorsuch, Brett Kavanaugh et Amy Coney Barrett) à la Cour suprême. À partir de maintenant, que Joe Biden soit ou non vainqueur de la présidentielle, il faudra vivre avec la majorité conservatrice la plus écrasante qu’ait connue la plus haute juridiction depuis les années 1950. Et les électeurs républicains savent à qui exprimer leur gratitude dans les urnes. Gonzalo Toca (Esglobal, Madrid, 06/11/2020)
Il y avait là des voyous, c’est indéniable. Mais laissez-moi vous parler un peu de ces manifestants que je connais personnellement. Tous sont, sans exception, des Américains ordinaires et des individus honnêtes, qui n’ont pas participé à l’invasion du Capitole et jamais n’oseraient désobéir à un officier de police. Certains parmi eux, mais pas tous, jugent que l’élection a été volée. Ils se trompent, mais cela ne fait pas d’eux des suprémacistes blancs, des terroristes de l’intérieur, des extrémistes religieux – ils ne méritent aucun des noms d’oiseaux lancés depuis une semaine. Ceux que je connais personnellement sont aujourd’hui terrifiés à l’idée d’être identifiés sur les réseaux (par des gauchistes vengeurs qui diffuseraient leurs informations personnelles), voire licenciés si jamais leur participation à la manifestation à Washington venait à se savoir. Certains ne voient aucun problème à ce que les personnes ayant enfreint la loi [le 6 janvier] soient arrêtées et poursuivies en justice. Selon un sondage Reuters/Ipsos, seuls 9 % des Américains considèrent les émeutiers comme des “citoyens inquiets” et 5 % les tiennent pour des “patriotes”. Il y a dans les 90 % restants des millions d’électeurs de Trump. Certes, parmi ces millions de personnes ayant choisi le bulletin Trump, certains, nombreux peut-être, croient à des théories du complot et ne font pas confiance à leur gouvernement. Mais comment cela s’explique-t-il ? Cela aurait-il à voir avec le fait qu’ils entendent de grands médias déclarer fièrement qu’ils ne feront pas même l’effort d’être impartiaux dans leur couverture de Trump et ensuite alimenter, eux aussi, une théorie complotiste, selon laquelle le président serait un agent à la solde des Russes ? Faut-il s’étonner que les gens aillent puiser dans d’autres sources d’information, douteuses pour certaines ? Faut-il s’étonner que la méfiance envers l’État ait augmenté, quand les Américains ont découvert que de hauts responsables du FBI et du ministère de la Justice ont abusé de leurs pouvoirs de police pour interférer dans le résultat d’une élection puis saper la légitimité d’un président élu ? William McGurn
La première fraude provient de la manipulation des électeurs par les médias. Jamais on n’avait vu une telle collusion entre un candidat, d’une part et les grands médias et médias sociaux, d’autre part. On avait cru atteindre le summum en 2016 lorsque par exemple CNN transmettait à l’avance à Hillary Clinton les questions des débats. C’était en réalité bien peu de choses par rapport à 2020. Jamais les sondages commandités par les grands médias n’auront été truqués à ce point en faveur de Joe Biden. Jamais n’avait-on assisté à un tel degré de propagande anti-Trump et pro-Biden tout au long de la campagne. Tout ce qui était positif à propos de Trump et tout ce qui était négatif à propos de Biden aura été caché au public, alors que tout ce qui était négatif à propos de Trump et tout ce qui était positif à propos de Biden aura fait l’objet d’un matraquage médiatique. Sans parler de la fabrication purement et simplement d’histoires mensongères à n’en plus finir contre le président sortant et son entourage. Le point culminant est intervenu lorsque, le 14 octobre 2020, à deux semaines de l’élection, le New York Post révéla le scandale de la corruption de la famille Biden (« the Biden crime family » comme l’appelle Donald Trump). Facebook et Twitter bloquent alors immédiatement les comptes et les pages du quotidien, pour éviter la propagation. « Une erreur de jugement », admettra par la suite Jack Dorsey, le patron de Twitter, qui n’en pense sans doute pas un mot. Les autres médias enterrent l’affaire, s’assurant que le scandale reste confiné. Et pourtant, les preuves sont accablantes. Hunter Biden, le fils de Joe Biden, décrit en détail dans ses emails obtenus par le « New York Post » le modus operandi : 50 % des sommes collectées étaient reversées au « big guy ». Les sondages réalisés après l’élection dévoileront par la suite que 13 % des électeurs de Joe Biden n’auraient pas voté pour lui s’ils avaient été informés de l’existence du scandale en question. Ce qui représente plus de 10 millions de voix ! Quand on sait que Joe Biden a remporté l’élection in fine grâce à un peu moins de 50.000 voix d’avance dans trois États-clefs… (…) La deuxième fraude aura consisté pour la gauche américaine à contourner les lois électorales applicables aux bulletins par correspondance dans les principaux États-clefs, et ce, sous le prétexte de la crise du coronavirus. Par exemple en Géorgie, il a été décidé que les bulletins par correspondance, envoyés à toute la population, seraient pris en compte sans vérification appropriée de la signature des électeurs, alors que la loi est on ne peut plus claire à ce sujet : les bulletins par correspondance doivent, sous peine de nullité, faire l’objet de contrôles stricts. En pratique, cette « relaxation » des standards de contrôle a permis à n’importe qui (des morts, des mineurs, des prisonniers, des non-résidents, des étrangers…) d’envoyer des bulletins, sans grand risque de rejet du vote. Du reste, le taux de rejet des bulletins par correspondance est passé de 3,5 % en 2016 (ce qui correspondait à 90.000 votes) à 0,3 % en 2020, et ce, alors même que le nombre de bulletins par correspondance reçus en 2020 a été multiplié par 5 comparé à 2016. Autrement dit, des dizaines de milliers de bulletins par correspondance illégaux ont été comptabilisés cette année en Géorgie. Qui plus est, ces bulletins ont pu être déposés par les électeurs dans des boîtes (« drop boxes » financées par Mark Zuckerberg, le patron de Facebook), installées spécifiquement dans certains quartiers populaires des grandes villes de l’État afin d’éviter aux électeurs d’acquitter un timbre. Bien évidemment, la collecte des bulletins déposés dans ces boîtes n’a pas pu être supervisée par les assesseurs républicains… Une vidéo prise par des caméras de surveillance a fait sensation. Elle montre comment les employés de la ville d’Atlanta ont géré le dépouillement de ces bulletins dans le centre le plus important de la ville (State Farm Arena). A 23h le soir du 3 novembre, la presse et les assesseurs des deux partis, sous le prétexte d’une fuite d’eau empêchant la poursuite du dépouillement, sont priés de rentrer chez eux et de revenir le lendemain matin. Une fois la scène vidée de ses témoins gênants, quatre employés municipaux extirpent des dizaines de milliers de bulletins de quatre valises qui avaient été placées et cachées dans la salle le matin même, pour être scannés, à de multiples reprises, dans les machines. Au total, 24 000 bulletins comptabilisés en toute illégalité, comme attesté en direct sur le site du New York Times (real time tabulations). Joe Biden a finalement emporté l’État avec… 11 779 voix d’avance. En Pennsylvanie, la loi était claire. Les bulletins par correspondance ne pouvaient être acceptés que si l’électeur apposait sa signature sur l’enveloppe. Mais cette année, le gouverneur démocrate a autorisé les centres de dépouillement à comptabiliser les bulletins sans enveloppe (« naked ballots »), ouvrant ainsi la voie à de la fraude massive. On comprend mieux pourquoi les assesseurs républicains se sont vus barrer l’accès aux centres de dépouillement à Philadelphie, et ce, même en dépit d’injonction obtenues en référé auprès des juges locaux. Par ailleurs, la loi prévoyait que les bulletins par correspondance reçus par la poste après 20h le mardi 3 novembre étaient nuls et ne pouvaient être comptabilisés. Qu’à cela ne tienne, les bulletins collectés jusqu’au vendredi 6 novembre ont été pris en compte, y compris ceux reçus sans cachet de la poste sur l’enveloppe ! N’importe qui a donc pu voter en Pennsylvanie dans les jours qui ont suivi le jour de l’élection … On précisera que 75% des 630 000 bulletins par correspondance « magiques » reçus après le 3 novembre ont été en faveur de Joe Biden. Qui plus est, dans certains comtés en Pennsylvanie, plus de voix ont été comptabilisées que d’inscrits sur les listes électorales ayant voté – 205 000 plus précisément d’après un rapport du Sénat de Pennsylvanie du 29 décembre 2020 dénonçant ce phénomène de « over votes », c’est-à-dire de bulletins comptabilisés qui n’ont pas été imprimés par le gouvernement de la Pennsylvanie. Dans le Wisconsin, la loi prévoyait que seules les personnes bénéficiant du statut de personne confinée indéfiniment (typiquement des personnes grabataires) pouvaient voter par correspondance sans avoir à se déplacer au préalable au bureau de vote pour chercher un bulletin en montrant sa pièce d’identité (un bulletin leur est alors envoyé par la poste chez eux). Mais pour l’occasion, sur ordre du gouverneur (démocrate), le statut a été largement étendu, passant de 70.000 personnes environ aux élections précédentes à 200 000 cette année, en raison du coronavirus. 130 000 votes de plus que les années précédentes ont donc été comptabilisés sans contrôle d’identité à l’échelle de l’État (un peu comme si les bureaux de vote avaient accepté que 200 000 électeurs qui venaient en personne voter ne présentent pas leur pièce d’identité). Précisons que ces 200 000 bulletins furent largement favorables à Joe Biden, lequel a remporté l’État avec 20 682 voix. Les avocats de Donald Trump ont réuni plus de mille témoignages sous serment de personnes attestant d’irrégularités importantes constatées lors des élections du 3 novembre. Chacune de ces personnes risque 5 ans de prison si elle présente un témoignage mensonger. Ainsi, des assesseurs racontent comment ils ont été expulsés des centres de dépouillement du Michigan par la police locale, sous les applaudissements des employés municipaux en train de procéder au dépouillement, des conducteurs de camion expliquent qu’ils ont conduit des chargements de centaines de milliers de bulletins fraîchement imprimés de New York jusqu’en Pennsylvanie, des employés municipaux confirment qu’ils scannaient dans les machines des bulletins par correspondance qui n’avaient pas été pliés (c’est-à-dire qui ne sortaient pas d’enveloppes) ou encore confirment qu’on leur demandait de comptabiliser des bulletins par correspondance sans vérifier les signatures, des postiers révèlent que leur hiérarchie leur demandait d’anti-dater des bulletins par correspondance reçus hors délais, des « white hat hackers » témoignent qu’ils ont réussi à se connecter aux machines des bureaux de vote en Géorgie (dans le comté de Fulton à Atlanta), des électeurs racontent que, se rendant aux urnes pour voter, ils se sont entendus dire qu’ils avaient déjà voté et qu’ils pouvaient rentrer chez eux, etc. Par ailleurs, ces mêmes avocats ont réuni des études et témoignages d’experts en probabilités identifiant les anomalies statistiques du 3 novembre. Par exemple (…) Jamais un candidat républicain n’a perdu l’élection alors qu’il a emporté la Floride et l’Ohio (qui plus avec 5 points de plus qu’en 2016). « Les résultats sont aberrants et absurdes » martèlent les mathématiciens. « Les taux de participation supérieurs à 85 % sont impossibles. Les votes en provenance de bureaux de vote à plus de 75 % en faveur d’un candidat sont la marque d’une fraude » expliquent-ils. Surtout lorsque ces anomalies arithmétiques ne sont constatées que dans les grandes villes des six États-clefs, où Joe Biden a réalisé des scores époustouflants en comparaison aux scores inférieurs de Biden par rapport à Hillary Clinton observés dans les autres grands centres urbains du pays, à commencer par New York City ou Los Angeles… Ainsi, dans le comté de Fulton, à Atlanta en Géorgie, 161 bureaux de vote ont reporté entre 90 % et 100 % de votes en faveur de Joe Biden, totalisant 152 000 voix pour le candidat démocrate. Idem à Philadelphie ou 278 bureaux de vote (16 % des bureaux de la ville), ont reporté 97 % ou plus de voix pour Joe Biden, totalisant 100 200 voix pour Joe Biden contre 2.100 voix pour Donald Trump. Même à New York City, Donald Trump n’a pas été crédité de scores aussi déséquilibrés. Toujours en Pennsylvanie, dans l’un des bureaux de vote du comté d’Allegheny, en Pennsylvanie, 93 % des bulletins par correspondance furent en faveur de Joe Biden, ce qui n’est pas possible d’un point de vue statistique, Joe Biden recevant 23 000 voix contre 1300 pour Donald Trump. Dans le comté de Wayne, le plus important du Michigan, 71 bureaux de vote ont reporté plus de votes que d’inscrits sur les listes électorales, le gouverneur (démocrate) passant outre le refus du comté de certifier les résultats… Par ailleurs, les parlementaires locaux (républicains) d’Arizona, de Géorgie, du Nevada ou encore en Pennsylvanie, qui eux, ont pu enquêter et auditionner de nombreux témoins au cours des mois de novembre et décembre 2020, ont rédigé des rapports accablants contre leurs propres gouverneurs, attestant l’ampleur de la fraude dans leurs États respectifs. En parallèle, on rappellera que le Sénat à Washington DC a lui-même organisé le 16 décembre 2020 des auditions de témoins sur le thème des irrégularités de l’élection du 3 novembre, les avocats de Donald Trump ayant alors eu l’occasion de détailler d’innombrables irrégularités, notamment concernant l’Arizona, le Nevada et le Wisconsin. A l’issue des présentations, plusieurs sénateurs durent reconnaître que de sérieux doutes pesaient sur la légitimité de l’élection de Joe Biden. Mais en dépit de cette montagne de preuves, les juges du pays ont refusé d’écouter les multiples requêtes en annulation des résultats des élections des États concernés. Aucune enquête n’a été diligentée, aucune procédure de « discovery » n’a été intentée (forçant la partie défenderesse de transmettre des informations), aucune saisie de bulletins ou des scans des machines n’a été ordonnée par les juges. Les avocats démocrates bataillèrent furieusement en justice pour qu’aucun audit ne puisse être ordonné, la plupart des requêtes ayant été écartées pour des questions de procédure. Et lorsque les juges ont décidé d’entendre les affaires sur le fond, les débats furent bâclés. La cour suprême du Nevada a par exemple rendu son jugement après avoir accepté seulement 15 dépositions (par écrit, aucun témoin en personne), et a jugé sans enquête, sans délibération, après seulement 2 heures de plaidoirie un dossier constitué de 8 000 pages portant sur 130 000 votes contestés. En fait, les rares juges de différents États qui ont accepté d’écouter les affaires sur le fond ont rapidement conclu – par un raisonnement contestable – que le remède demandé (l’annulation de l’élection) était disproportionné, constatant que les électeurs avaient voté en bonne foi et que ce n’était pas de leur faute si les lois électorales étaient irrégulières… Ce refus du pouvoir judiciaire de s’immiscer dans le contrôle à posteriori des élections culmina lorsque, le 7 décembre 2020, la Cour suprême fut saisie par 18 États et 126 membres de la Chambre des représentants, lui demandant de constater l’illégalité des élections tenues en Arizona, dans le Michigan, en Pennsylvanie et dans le Wisconsin. Quelques jours après, ce fut le coup de grâce. La cour rejeta la requête, considérant que les plaignants n’avaient pas démontré leur intérêt à agir… La messe était dite. Les juges ont créé un précédent qui restera dans l’histoire : il est désormais possible au pouvoir exécutif des 50 États des États-Unis d’organiser des élections à portée fédérale en toute violation des lois électorales adoptées par les parlements de chacun de ces États. Et ce, en contradiction directe avec l’article II section 1 de la Constitution américaine, lequel confie aux seules législatures des États le soin de déterminer les règles du déroulement des élections. Joe Biden sera bien, le 20 janvier 2021, le 46ème président « miraculé » des États-Unis. Il peut compter sur l’appui des médias sociaux, qui veillent au grain. Les posts et vidéos qui évoquent la fraude électorale sont désormais évincés de Facebook et de Youtube, la contestation des résultats étant assimilée à de la sédition. Le compte Twitter de Donald Trump est bloqué, l’interdisant de communiquer avec ses 85 millions de followers. La purge est en cours. Comme l’écrivit l’homme politique anglais Edmund Burke à la fin du XVIII° siècle, « la seule chose nécessaire pour que le mal triomphe, c’est que les hommes du bien ne fassent rien ». En l’occurrence, rien n’a été fait et maintenant, il n’y a plus rien à faire. Anthony Lacoudre
Même si on fait difficilement plus américain que Donald Trump, ni plus britannique que Boris Johnson, il y a incontestablement des parallèles saisissants entre les deux hommes, et ils sont loin de se limiter à leur tignasse blonde, qui fait le régal des photographes. Premier point commun, les deux hommes appartiennent à l’élite « libérale » de leur pays, mais se sont définis en patriotes réalistes, surfant sur le désir viscéral du retour à la nation de l’électorat et offrant la promesse d’un pays « reprenant le contrôle » de son destin. Tous deux ont également joué de leurs personnalités hétérodoxes et charismatiques, pour passer allègrement le Rubicon du politiquement correct et se poser en défenseurs du « petit peuple », grand perdant de la globalisation et de l’ouverture des frontières à l’immigration. Allant à rebours de la doxa du libre-échange pur et dur, ils ont engagé à la hussarde une redéfinition révolutionnaire de l’ADN de leurs partis respectifs, instaurant un virage à gauche sur la question du commerce et du protectionnisme, tout en se situant à droite sur les questions sociétales et culturelles. La carte de leur électorat s’en trouve alors métamorphosée par le ralliement à la bannière conservatrice de régions traditionnellement acquises au Labour britannique ou au parti démocrate américain. De ce point de vue, l’humeur de la classe ouvrière des Midlands et du nord de l’Angleterre est presque un copié-collé du ressenti des ouvriers déclassés de l’industrie sidérurgique de l’Ohio ou de la Pennsylvanie. Boris comme Donald ont aussi séduit les petites villes et le pays rural, ce pays dit « périphérique » qui est en réalité « majoritaire », rappelle Christophe Guilluy. Laure Mandeville
Après plusieurs décennies d’ostracisation et surtout d’invisibilisation, ces gens ont enfilé un gilet jaune pour être vus. Cette demande de visibilité des catégories populaires des périphéries est la cause essentielle de la contestation populiste, ici, comme en Europe ou ailleurs. (…) Les gilets jaunes brandis en France par les classes populaires pour dire « nous existons » répondent comme en miroir au vote de la working-class en faveur du Brexit pour se rappeler au bon souvenir de la City. Qu’importe le gourdin avec lequel ils cognent sur le système, l’important pour ces perdants de la mondialisation est de faire perdre les gagnants de la globalisation. On peut s’en désoler, mais, en l’absence de politiques publiques qui les protègent, on en est arrivé là. Dès lors Trump, Salvini ou Farage apparaissent pour ce qu’ils sont. Non pas des génies de la politique mais des marionnettes qu’utilisent les classes populaires pour se rendre visibles. Christophe Guilluy
Il y a un certain mépris de classe à prétendre qu’un tel ou untel manipule le cerveau des classes moyennes et populaires, qu’on leur farcit la tête pour leur inventer des problèmes qu’ils n’ont pas. Moi je dis que c’est l’inverse: ce sont eux qui instrumentalisent untel ou untel pour se faire entendre. Ça peut s’appliquer à Zemmour même s’il n’est qu’à 17 %, donc relativisons, ou plutôt à Donald Trump, en effet, ou à Boris Johnson. C’est très intéressant, la Grande-Bretagne : Johnson cartonne dans les bastions travaillistes ! Le type est libéral, conservateur, londonien, intellectuel, il coche toutes les cases de ce que la working class devrait détester… Sauf que ce qu’il dit sur le retour des services publics, sur l’emploi dans le Yorkshire, par exemple, ça leur parle. C’est la working class britannique qui l’utilise pour changer les choses, non l’inverse. Cela prouve bien que les gens ordinaires ne s’inscrivent plus du tout dans le clivage gauche-droite. Ils se moquent bien d’utiliser un type qui est une pure émanation du conservatisme londonien. Ils le prennent. C’est tellurique. Même dans un pays où il n’y a aucun débouché politique, comme la France, cela a donné les gilets jaunes, et il y aura autre chose après. Quoi ? Je n’en sais rien. Mais cela pousse chaque fois, par exemple quand la majorité s’abstient.  (…) La majorité est de fait une puissance d’inertie, c’est un bloc. On ne peut pas penser les nations avec les catégories de Netflix, c’est-à-dire en panélisant la société, en la divisant en tribus, par affinités culturelles, comme le font les scénaristes de Netflix quand ils produisent pour des segments marketing de téléspectateurs. Cette idée que tout est morcelé, que la France serait un « archipel », empêche de généraliser, et donc de comprendre. Conceptualiser, c’est généraliser. L’approche sociologique des fractures françaises, c’est une chose : mais nier le bloc politique que constituent des gens ordinaires, c’est noyer le poisson. A un moment, il faut donner du sens. Même pour nous, pour notre santé mentale. La politique crève de l’absence de projets. Mais pour justifier l’absence de projets, il y a l’idée que, de toute façon, tout est étiolé, atomisé. C’est une vision confortable : pas besoin de penser contre soi, de se dire qu’on fait partie des gagnants et qu’il y a un bloc de perdants. Non, on se dit que chacun aspire à quelque chose de différent et que le tout forme des désirs contradictoires qu’il serait vain de contenter dans une politique majoritaire. Alors on segmente. Un jour, on parle d’islamisation, le lendemain des retraités, etc. Le mouvement woke s’inscrit parfaitement là-dedans, avec cette obsession de la segmentation par genres, par races, par religions… Le capitalisme adore ! Avant, on disait « diviser pour mieux régner ». (…) Aujourd’hui, le discours de Mélenchon s’écrit à Hollywood dans les open spaces des scénaristes de Netflix. Je veux dire par là qu’il s’adresse à des groupes identifiés, et qu’il adapte son discours pour les additionner. C’est d’ailleurs tout le problème en France aujourd’hui : avec leurs segments respectifs, les candidats peuvent espérer faire 15-20 %, donc être au second tour. Puis l’emporter. Mais quand ils arrivent au pouvoir, ils sont de moins en moins légitimes, et la déception est énorme. Il n’y a pas de projet, de mouvement, de sens. Il n’y a rien. Finalement, cette vision « netflixisée » permet d’occulter la question centrale des classes moyennes occidentales, qui demeure « l’éléphant dans la pièce ». Pour moi, la maison mère du narratif politique en Occident, c’est Netflix, à Los Angeles. D’ailleurs, après son stage de formation à la Maison-Blanche, Barack Obama a rejoint Netflix. Et peut-être un jour Emmanuel Macron ? Aujourd’hui, c’est Hollywood qui donne le la de la politique intérieure des nations occidentales. Christophe Guilluy

Et si les manipulateurs n’étaient pas ceux qu’on croit ?

A l’heure où sous les huées de ses adversaires …

Comme les hourras de nos bien-pensants …

Vient de tomber après Trump, Salvini ou Zemmour

L’un des plus iconoclastes premiers ministres britanniques …

D’autant plus controversé qu’il avait donné à son parti conservateur sa plus grande majorité au Parlement depuis Margaret Thatcher il y a près de 40 ans …

Et redonné à la fois à son pays une plus grande part d’indépendance et à son peuple une plus grande voix au chapitre…

Devinez qui …

Comme l’ont montré ou suggéré la journaliste du Figaro Laure Mandeville

Ou le géographe de la France périphérique Christophe Guilluy

Si l’on en croit la mise en difficulté en même temps en France comme en Italie

Des derniers chantres du mondialisme et de l’européisme encore au pouvoir …

Pourrait bien ne pas avoir dit son dernier mot

Et n’aurait en fait cessé pendant tout ce temps pour porter ses revendications si longtemps ignorées …

De se trouver à chaque fois de nouvelles marionnettes ?

Entre le vote Trump et le vote Johnson, un saisissant parallèle »
Laure Mandeville
Le Figaro
16/12/2019

FIGAROVOX/CHRONIQUE – Les deux hommes appartiennent à l’élite «libérale» de leur pays, mais se sont définis en patriotes réalistes.

En juin 2016, le coup de tonnerre du Brexit avait précédé l’ouragan Trump, révélant le caractère transatlantique de la révolte nationaliste et populiste qui souffle sur l’Occident. Trois ans plus tard, la retentissante victoire de Boris Johnson annonce-t-elle à son tour une nouvelle prouesse de Donald Trump en novembre 2020?

Beaucoup en Amérique accueillent l’idée avec horreur, mais certains commencent à envisager sérieusement l’hypothèse, en observant l’obstination avec laquelle ses électeurs lui restent fidèles, de la même manière que les électeurs du Brexit sont restés fidèles à leur désir de «sortir» de l’Union européenne. Les dérapages de Trump et les gigantesques efforts de ses adversaires pour lui ôter toute légitimité sont loin d’avoir fait bouger les lignes, peut-être même le contraire, à en croire de récents sondages favorables au président américain. Au Royaume-Uni, le slogan résolu de Boris Johnson, «Faisons le Brexit», a de son côté fait merveille, malgré tous les efforts des partisans du maintien dans l’Union, qui voient leur rêve de «nouveau référendum» fracassé.

«Le Brexit et Trump étaient inextricablement liés en 2016, et ils sont inextricablement liés aujourd’hui ; Johnson annonce une grande victoire de Trump. Les classes populaires sont fatiguées de leurs élites de New York, de Londres et de Bruxelles, qui leur expliquent comment vivre et comment faire. (…) Si les démocrates n’en tirent pas les leçons, Trump voguera vers une victoire à la Reagan version 1984», déclare l’idéologue du national-populisme américain Steve Bannon à l’éditorialiste du New York Times Roger Cohen, qui semble partager à contrecœur son pronostic.

Même si on fait difficilement plus américain que Donald Trump, ni plus britannique que Boris Johnson, il y a incontestablement des parallèles saisissants entre les deux hommes, et ils sont loin de se limiter à leur tignasse blonde, qui fait le régal des photographes. Premier point commun, les deux hommes appartiennent à l’élite «libérale» de leur pays, mais se sont définis en patriotes réalistes, surfant sur le désir viscéral du retour à la nation de l’électorat et offrant la promesse d’un pays «reprenant le contrôle» de son destin. Tous deux ont également joué de leurs personnalités hétérodoxes et charismatiques, pour passer allègrement le Rubicon du politiquement correct et se poser en défenseurs du «petit peuple», grand perdant de la globalisation et de l’ouverture des frontières à l’immigration. Allant à rebours de la doxa du libre-échange pur et dur, ils ont engagé à la hussarde une redéfinition révolutionnaire de l’ADN de leurs partis respectifs, instaurant un virage à gauche sur la question du commerce et du protectionnisme, tout en se situant à droite sur les questions sociétales et culturelles. La carte de leur électorat s’en trouve alors métamorphosée par le ralliement à la bannière conservatrice de régions traditionnellement acquises au Labour britannique ou au parti démocrate américain. De ce point de vue, l’humeur de la classe ouvrière des Midlands et du nord de l’Angleterre est presque un copié-collé du ressenti des ouvriers déclassés de l’industrie sidérurgique de l’Ohio ou de la Pennsylvanie. Boris comme Donald ont aussi séduit les petites villes et le pays rural, ce pays dit «périphérique» qui est en réalité «majoritaire», rappelle Christophe Guilluy. «Avec Johnson, on se retrouve paradoxalement avec une bonne chance d’avoir une social-démocratie modérée», note l’essayiste David Goodhart.

Comme Steve Bannon, l’intellectuel anglais n’exclut pas que la victoire de Johnson soit, comme le Brexit en 2016, «l’indicateur d’une tendance capable de se répéter à nouveau outre-Atlantique». Dans les deux cas, les deux hommes politiques ont été incroyablement sous-estimés par leurs adversaires et les observateurs, qui les ont volontiers présentés comme des clowns, souligne l’intellectuel. Mais Boris Johnson n’a pas «le caractère brutal de Trump et son côté incontrôlable», insiste Goodhart. Il offre de ce point de vue «un visage optimiste et décent» à la révolte populiste et montre à la droite européenne qu’«il est possible de la chevaucher sans qu’elle dérive vers quelque chose d’illibéral». «C’est une bonne nouvelle», conclut-il.

Guilluy : « Le contrôle de l’immigration n’est pas qu’une demande de l’extrême-droite »

Pour le géographe, la représentation de la société comme un agrégat de segments sociologiques « à la Netflix » empêche la prise en compte politique de diagnostics majoritaires.
Propos recueillis par Anne Rosencher et Thomas Mahler
L’Express
14 octobre 2021

On ne le présente plus : Christophe Guilluy, géographe, inventeur du concept de « France périphérique »ou de celui d’« insécurité culturelle », revient pour L’Express sur les questions qui animent le débat public en ce début fou de campagne présidentielle. Alors que son ouvrage Le Temps des gens ordinaires vient de paraître en poche chez Flammarion, il répond à la question qui taraude beaucoup d’hommes et de femmes de bonne volonté : existe-t-il encore une « décence ordinaire », un « bon sens partagé » sur lequel jeter les bases d’une réconciliation sociale et d’une politique majoritaire ?
Chaque fois que la question de l’immigration s’impose dans la conversation publique comme en ce début decampagne présidentielle, un débat fait rage : si, dans certaines enquêtes, elle apparaît comme unepréoccupation prioritaire, elle ne se place qu’en 4e ou 5e position dans d’autres. Qu’en pensez-vous ?
Christophe Guilluy Les Français mettent en priorité n° 1 le fait d’avoir de quoi se nourrir, de pouvoir se loger… Ce n’est pas très surprenant ! Mais enfin, il est évident que les gens peuvent avoir plusieurs angoisses ou besoins en même temps : les segmenter en « panel de préoccupations » dans les enquêtes d’opinion revient à mon sens à noyer le poisson. Une des nouveautés du XXIe siècle par rapport au précédent réside dans le fait que ce que l’on appelle « le mouvement social » n’est plus exclusivement social, justement, mais aussi culturel. La lecture traditionnelle des conflits de classes, du clivage droite-gauche, des pauvres et des riches ne vaut plus. Ces trente dernières années, les classes moyennes et populaires occidentales ont subi un double choc : le déménagement de l’emploi industriel vers les pays à bas coûts (avec toute la reconfiguration géographique que cela a entraînée) d’un côté et, de l’autre, le multiculturalisme qui s’est imposé comme modèle unique mondial. C’est-à-dire un modèle où les cultures et les modes de vie, les us et coutumes coexistent au sein des sociétés. Les gens ordinaires ont été plongés dans cette nouvelle donne sans mode d’emploi, avec la promesse du progrès comme seul message et mantra : « demain, tout ira bien, tout cela c’est le mouvement ». Simplement, après trente ans de mutations, ils font valoir que le compte n’y est pas.
Votre approche de l’immigration est assez déconnectée de la question ethnique. Vous faites valoir que ce n’est pas une crainte de « petits Blancs », mais une angoisse universelle, face à un environnement qui change…
Quand j’ai ciselé la notion d’« insécurité culturelle », l’idée était de forger un concept opérationnel, concret, pour analyser les dynamiques de peuplement dans le logement social. Un bailleur social me demandait d’enquêter sur les raisons pour lesquelles dans des quartiers sans insécurité « physique », de nombreux habitants et notamment des retraités et des familles d’origine maghrébine en phase d’ascension sociale demandaient à être relogés ailleurs. Le point commun était que dans ces quartiers il y avait à ce moment-là une forte immigration subsaharienne, donc une culture différente encore. En fait, quelles que soient leurs origines, les gens perçoivent bien la logique démographique : ils ressentent parfaitement que dans un modèle multiculturel, où toutes les cultures continuent de faire valoir leurs normes, chacun se demande s’il est en voie de « minorisation » dans son quartier ou dans sa ville. C’est logique : quand l’autre ne devient pas soi, on essaie de compter « combien est l’autre ». Tout simplement parce que quand son propre mode de vie devient minoritaire, c’est plus compliqué à gérer au quotidien. Tout cela se fait la plupart du temps dans un contexte non violent : c’est un contexte de réorganisation presque anthropologique.
Au coeur de ces questions se trouve donc le fameux débat sur le modèle d’intégration…
Bien sûr. Mais, la plupart du temps, on se focalise sur la question des valeurs et des principes. Elle est fondamentale, mais il faut aussi parfois être un peu terre à terre. Concrètement, l’intégration, l’assimilation, c’est un homme ou une femme qui débarque dans un environnement un quartier, un village, une ville , qui a comme voisins des « autochtones » au niveau de vie à peu près similaire au sien, et qui se dit « c’est enviable ; j’ai envie d’avoir la même place dans la société, de projeter la même chose ». Cela fonctionnait quand les classes moyennes et populaires étaient « intégrées ». C’est-à-dire intégrées économiquement, et donc aussi intégrées culturellement et politiquement. Mais à partir du moment où ces catégories (qui forment une majorité de la population, en nombre) ont cessé d’être utiles économiquement, parce que l’industrie s’était fait la malle et que l’on pouvait désormais compter sur l’essor du tertiaire pour faire croître le PIB, eh bien, le discours politique acessé de s’intéresser à elles. Elles n’étaient plus le socle auquel s’adressent les paroles et les décisions. J’insiste: tout cela ne relève pas du complot. Je pense que les dirigeants espéraient sincèrement que la tertiarisation de l’économie bénéficierait à tout le monde. Sauf que ça n’a pas été le cas. Les classes moyennes et populaires, qui n’étaient plus au centre du jeu économique, ont perdu dans le même temps le statut de référence culturelle pour les politiques et les médias en devenant peu à peu des « déplorables ». Les figures de losers (type Deschiens), racistes, bêtes, se sont alors imposées, y compris dans l’esprit des immigrés. La figure attractive de l’autochtone, à qui on souhaitait ressembler hier, devient alors celle dont on doit se distinguer. Qui peut avoir envie de ressembler à un déplorable Français, Suédois ou Britannique ? Personne. La machine à intégrer, à assimiler s’est donc cassée. Aujourd’hui, comment peut-on penser l’intégration des minorités quand le modèle n’intègre plus culturellement la majorité ? Comment peut-on penser l’intégration des minorités quand le modèle n’intègre plus culturellement la majorité ?
Concernant l’immigration et les craintes qu’elle suscite, vous dites parfois qu’il faudrait calmer le jeu en « laissant les gens vieillir ». Qu’entendez-vous par là ?
Oui, dans certains quartiers, je préconise un « objectif vieux ». [Rires.] L’un des problèmes provient du fait que ces endroits sont devenus des sas où atterrissent les nouveaux arrivants et d’où partent, dès qu’ils le peuvent,beaucoup de ceux qui sont arrivés avant. Soyons concrets. Si l’on stoppe les flux sur un quartier ou une ville donnés, il va se passer ce qui se passe dans les villages français : la population va vieillir. Et s’apaiser. Je dis souvent que quand on aura des petits vieux qui tapent le carton en bas des tours, la donne changera. C’est un peu décalé de décrire les choses ainsi, alors qu’on prend plus souvent ces maux par le biais de l’insécurité physique, notamment liée aux trafics, ou par celui de la salafisation des quartiers. Bien sûr que cela existe ; bien sûr que la grande majorité des gens ne veulent pas vivre dans de tels quartiers. Mais avez-vous vu le pouvoir régalien réussir sur ces thématiques, vous ? On peut toujours fermer trois ou quatre mosquées salafistes, mais si elles se recréent derrière, à quoi ça sert ? La réduction des flux, la politique de peuplement n’est pas une option, mais un préalable. Les premiers à le savoir sont les habitants eux-mêmes : quelles que soient leurs origines, ils réclament le contrôle des flux d’immigration. Il faut ne jamais mettre les pieds dans ces quartiers pour ignorer que c’est une demande sur place.
Le titre de votre livre, Le Temps des gens ordinaires, fait naturellement penser à la notion de « décence ordinaire» d’Orwell, à l’idée qu’il y aurait une sorte de bon sens populaire partagé. Mais cette notion est-elle encore valable ?
Si les élites ont leur (grande) part de responsabilité dans la fracture sociale, n’est-il pas optimiste de penser qu’une « sagesse » leur fait face sur laquelle jeter les bases d’une politique majoritaire ? La décence, le bon sens populaire, etc., cela ne veut rien dire en réalité. Je ne fais pas de philosophie avec ça ; je ne mythifie pas. Pour moi, c’est une question de rationalité matérielle. Quand on ne peut plus accéder à la grande métropole ou aux zones d’emploi les plus actives, quand on a un revenu qui tourne autour de 1 500 euros par mois, les contraintes dictent un quotidien différent. On est obligé, par exemple, de maintenir un minimum de solidarité, notamment intergénérationnelle. Par exemple, on divorce moins, non parce que les couples seraient plus solides, plus aimants, ou moins libres, mais parce que c’est matériellement moins jouable de payer deux appartements ! On voyage peu en quelque sorte, on est décroissant , et encore moins en TGV, qui est au passage plus cher que l’avion… C’est la même chose avec la question dite identitaire : le multiculturalisme à 1 000 euros, ce n’est pas la même expérience qu’à 5 000 euros. Parce qu’on ne peut pas payer le collège privé pour ses enfants, s’acheter l’appartement dans l’immeuble où il n’y a que des propriétaires, etc. Ce sont les contraintes d’un quotidien partagé par beaucoup de Français « ordinaires » qui façonnent aujourd’hui le diagnostic majoritaire. Il y a quelques items sur lequel les citoyens sont invariablement d’accord à 70 ou 80 % : pour eux, l’Etat providence est essentiel, mais ses largesses doivent être conditionnées au travail, et il faut réduire les flux migratoires. C’est vrai en France, c’est vrai en Allemagne, en Grande-Bretagne, au Brésil – Ipsos a publié les résultats d’enquêtes, passionnants, par pays. Ce n’est pas les lepénistes ou l’extrême droite, c’est 70 % de la population. C’est ça, la majorité.
Pour vous, on peut construire un programme majoritaire sur ces items…
Sans parler de programme, c’est pour moi le minimum qu’on puisse exiger de politiques censés représenter le bien commun de prendre en compte ces demandes. Il n’y aura pas de retour en arrière. Il n’y aura pas de démondialisation l’exemple typique de la discussion de salon ! ni de retour des classes moyennes et populaires dans les métropoles. Si les élites libérales admettent cette vérité-là, alors elles doivent en tirer les conclusions, en faisant évoluer le modèle. Si l’on s’inscrit dans une logique démocratique (donc majoritaire), si on fait une politique pour satisfaire le bien commun, il va falloir commencer de penser « contre soi » et pour les 70 % qui gagnent moins de 2 000 euros. Ça n’est tout de même pas compliqué de voir la majorité ! Ça ne veut pas dire que ces 70 % pensent tous la même chose sur tous les sujets d’ailleurs, ils ne votent pas pareil , mais ils avancent dans le même mouvement.
Vous écrivez que quand les gens ordinaires ne sont pas entendus, ils se saisissent de « marionnettes » : des personnages d’opportunité, comme Trump, qui leur permettent de se faire entendre, comme des ventriloques …Pensez-vous qu’Eric Zemmour soit une de ces « marionnettes » ?
Il y a un certain mépris de classe à prétendre qu’un tel ou untel manipule le cerveau des classes moyennes et populaires, qu’on leur farcit la tête pour leur inventer des problèmes qu’ils n’ont pas. Moi je dis que c’est l’inverse: ce sont eux qui instrumentalisent untel ou untel pour se faire entendre. Ça peut s’appliquer à Zemmour mêmes’il n’est qu’à 17 %, donc relativisons, ou plutôt à Donald Trump, en effet, ou à Boris Johnson. C’est très intéressant, la Grande-Bretagne : Johnson cartonne dans les bastions travaillistes ! Le type est libéral, conservateur, londonien, intellectuel, il coche toutes les cases de ce que la working class devrait détester… Sauf que ce qu’il dit sur le retour des services publics, sur l’emploi dans le Yorkshire, par exemple, ça leur parle. C’est la working class britannique qui l’utilise pour changer les choses, non l’inverse. Cela prouve bien que les gens ordinaires ne s’inscrivent plus du tout dans le clivage gauche-droite. Ils se moquent bien d’utiliser un type qui est une pure émanation du conservatisme londonien. Ils le prennent. C’est tellurique. Même dans un pays où il n’y a aucun débouché politique, comme la France, cela a donné les gilets jaunes, et il y aura autre chose après. Quoi ? Je n’en sais rien. Mais cela pousse chaque fois, par exemple quand la majorité s’abstient.
Les 66 % d’abstention aux régionales seraient un boycott de la majorité ?
On pourrait les analyser aussi comme une désaffiliation civique, un repli individualiste, qui finirait par donner raison à la fameuse phrase de Margaret Thatcher, there is no society… La majorité est de fait une puissance d’inertie, c’est un bloc. On ne peut pas penser les nations avec les catégories de Netflix, c’està-dire en panélisant la société, en la divisant en tribus, par affinités culturelles, comme le font les scénaristes de Netflix quand ils produisent pour des segments marketing de téléspectateurs. Cette idée que tout est morcelé, que la France serait un « archipel », empêche de généraliser, et donc de comprendre. Conceptualiser, c’est généraliser. L’approche sociologique des fractures françaises, c’est une chose : mais nier le bloc politique que constituent des gens ordinaires, c’est noyer le poisson. A un moment, il faut donner du sens. Même pour nous, pour notre santé mentale. La politique crève de l’absence de projets. Mais pour justifier l’absence de projets, il y a l’idée que, de toute façon, tout est étiolé, atomisé. C’est une vision confortable : pas besoin de penser contre soi, de se dire qu’on fait partie des gagnants et qu’il y a un bloc de perdants. Non, on se dit que chacun aspire à quelque chose de différent et que le tout forme des désirs contradictoires qu’il serait vain de contenter dans une politique majoritaire. Alors on segmente. Un jour, on parle d’islamisation, le lendemain des retraités, etc. Le mouvement woke s’inscrit parfaitement là-dedans, avec cette obsession de la segmentation par genres, par races, par religions… Le capitalisme adore ! Avant, on disait « diviser pour mieux régner ».
Les politiques aussi sont dans la « netflixisation » ?
Eux les premiers ! Ils ont tous un segment, tous ! Aujourd’hui, le discours de Mélenchon s’écrit à Hollywood dans les open spaces des scénaristes de Netflix. [Rires.] Je veux dire par là qu’il s’adresse à des groupes identifiés, et qu’il adapte son discours pour les additionner. C’est d’ailleurs tout le problème en France aujourd’hui : avec leurs segments respectifs, les candidats peuvent espérer faire 15-20 %, donc être au second tour. Puis l’emporter. Mais quand ils arrivent au pouvoir, ils sont de moins en moins légitimes, et la déception est énorme. Il n’y a pas de projet, de mouvement, de sens. Il n’y a rien. Finalement, cette vision « netflixisée » permet d’occulter la question centrale des classes moyennes occidentales, qui demeure « l’éléphant dans la pièce ». Pour moi, la maison mère du narratif politique en Occident, c’est Netflix, à Los Angeles. [Rires.] D’ailleurs, après son stage deformation à la Maison-Blanche, Barack Obama a rejoint Netflix. Et peut-être un jour Emmanuel Macron ? Aujourd’hui, c’est Hollywood qui donne le la de la politique intérieure des nations occidentales.
Voir également:

Boris Johnson : un modèle politique pour la France ?
TRIBUNE. L’excentrique Premier ministre britannique est parvenu, notamment grâce au succès de sa stratégie vaccinale, à séduire les Français « d’en bas ».
William Thay et Emeric Guisset *
Le Point

Décrié au début de la crise sanitaire, Boris Johnson a finalement su faire de la campagne de vaccination britannique un exemple. Alors que les stratégies appliquées pour faire face à la crise sanitaire ont été sensiblement différentes en France et au Royaume-Uni, quelle opinion les Français ont-ils du Premier ministre britannique ?

Tout d’abord, le Premier ministre britannique possède un taux de notoriété très important – 85 % –, chez les Français. Il est en particulier très bien identifié par les retraités et par les cadres et professions intermédiaires supérieures. Cette forte notoriété s’explique certainement par la personnalité atypique de l’ancien maire de Londres et de son rôle prépondérant lors de la campagne du Brexit ainsi que pendant les négociations de la sortie de l’Union européenne qui ont suivi.

Le champion de la France d’en bas

Sur l’ensemble des Français, 51 % déclarent avoir une bonne opinion de Boris Johnson. Un score important qui, s’il était un responsable politique français, placerait Boris Johnson quatrième personnalité préférée des Français. Il serait ainsi la quatrième et dernière personnalité politique à dépasser le cap des 50 % d’opinion favorable, derrière Nicolas Hulot, Édouard Philippe et Roselyne Bachelot. Ce taux de popularité est d’autant plus impressionnant que la personnalité du chef du gouvernement britannique est considérée comme très clivante. Une analyse plus fine de sa popularité indique également l’existence de réserves d’opinion favorable (Boris Johnson aurait pu être plus populaire s’il avait été davantage connu). En effet, nous constatons que la catégorie socioprofessionnelle ayant l’avis le plus favorable à son égard (63 % de bonne opinion) est aussi celle auprès de laquelle il possède la notoriété la plus faible (79 %) : les classes populaires.

Du point de vue de la sympathie partisane, Boris Johnson semble agréger le soutien de la France périphérique de Christophe Guilluy. Il obtient en effet ses meilleurs scores chez les sympathisants du Rassemblement national (60 % de bonne opinion, dont 13 % de très bonne), des Républicains (59 % de bonne opinion) et de La France insoumise (55 % de bonne opinion). Ces résultats sont cohérents avec les succès électoraux de Boris Johnson durant les législatives de 2019, où le Parti conservateur est parvenu à conserver ses bastions et conquérir des circonscriptions fortement ancrées à gauche. À l’inverse, il ne parvient pas à séduire les populations urbaines au niveau d’études élevé. Boris Johnson recueille ainsi 57 % de mauvaise opinion dans l’agglomération parisienne et 64 % chez les diplômés du supérieur.

Une gestion volontariste de la crise sanitaire

Concernant la gestion de la crise sanitaire, 74 % des Français estiment que le dirigeant britannique a aussi bien ou mieux géré la crise qu’Emmanuel Macron, et près d’un tiers pensent qu’il a mieux géré la crise que son homologue français. Un score particulièrement élevé alors que le Premier ministre britannique prônait la stratégie de l’immunité collective au début de l’épidémie. Si le nombre de morts par million d’habitants est bien plus important au Royaume-Uni qu’en France, le succès de la stratégie vaccinale de Boris Johnson tend à rapidement resserrer les écarts et a déjà permis de rouvrir les commerces et les bars outre-Manche.

Les chiffres de l’étude semblent également plébisciter la stratégie de Boris Johnson de « reprendre le contrôle » plutôt que de subir la crise sanitaire. Malgré des failles structurelles, comme un système de santé davantage mis en tension au Royaume-Uni qu’en France et l’apparition du variant anglais, il a adopté une stratégie claire basée sur la vaccination pour sortir son pays plus rapidement de la crise. Ainsi, pour 54 % des sympathisants Les Républicains, Boris Johnson a mieux géré la crise qu’Emmanuel Macron. Ce n’est seulement qu’auprès des sympathisants de la majorité présidentielle que Boris Johnson est considéré, en majorité (54 %), comme ayant moins bien géré la crise que le président français. Par ailleurs, c’est chez les populations les plus âgées et, donc, statistiquement, les plus à risque, que les avis sur la gestion de crise de Boris Johnson sont les meilleurs.

Loin des caricatures qui en sont faites, Boris Johnson est finalement parvenu à séduire une majorité de Français en incarnant une ligne politique inhabituelle. C’est en cassant les codes qu’il est parvenu à conquérir des classes sociales désenchantées par la politique.

* William Thay est président du Millénaire, think-tank spécialisé en politiques publiques, portant un projet gaulliste, réformateur et guidé par l’intérêt national.

Émeric Guisset est secrétaire général adjoint du Millénaire.

Voir par ailleurs:

I Was Wrong About Trump Voters
Bret Stephens
NYT
July 21, 2022

The worst line I ever wrote as a pundit — yes, I know, it’s a crowded field — was the first line I ever wrote about the man who would become the 45th president: “If by now you don’t find Donald Trump appalling, you’re appalling.”

This opening salvo, from August 2015, was the first in what would become dozens of columns denouncing Trump as a unique threat to American life, democratic ideals and the world itself. I regret almost nothing of what I said about the man and his close minions. But the broad swipe at his voters caricatured them and blinkered me.

It also probably did more to help than hinder Trump’s candidacy. Telling voters they are moral ignoramuses is a bad way of getting them to change their minds.

What were they seeing that I wasn’t?

That ought to have been the first question to ask myself. When I looked at Trump, I saw a bigoted blowhard making one ignorant argument after another. What Trump’s supporters saw was a candidate whose entire being was a proudly raised middle finger at a self-satisfied elite that had produced a failing status quo.

I was blind to this. Though I had spent the years of Barack Obama’s presidency denouncing his policies, my objections were more abstract than personal. I belonged to a social class that my friend Peggy Noonan called “the protected.” My family lived in a safe and pleasant neighborhood. Our kids went to an excellent public school. I was well paid, fully insured, insulated against life’s harsh edges.

Trump’s appeal, according to Noonan, was largely to people she called “the unprotected.” Their neighborhoods weren’t so safe and pleasant. Their schools weren’t so excellent. Their livelihoods weren’t so secure. Their experience of America was often one of cultural and economic decline, sometimes felt in the most personal of ways.

It was an experience compounded by the insult of being treated as losers and racists —clinging, in Obama’s notorious 2008 phrase, to “guns or religion or antipathy toward people who aren’t like them.”

No wonder they were angry.

Anger can take dumb or dangerous turns, and with Trump they often took both. But that didn’t mean the anger was unfounded or illegitimate, or that it was aimed at the wrong target.

Trump voters had a powerful case to make that they had been thrice betrayed by the nation’s elites. First, after 9/11, when they had borne much of the brunt of the wars in Iraq and Afghanistan, only to see Washington fumble and then abandon the efforts. Second, after the financial crisis of 2008, when so many were being laid off, even as the financial class was being bailed out. Third, in the post-crisis recovery, in which years of ultralow interest rates were a bonanza for those with investable assets and brutal for those without.

Oh, and then came the great American cultural revolution of the 2010s, in which traditional practices and beliefs — regarding same-sex marriage, sex-segregated bathrooms, personal pronouns, meritocratic ideals, race-blind rules, reverence for patriotic symbols, the rules of romance, the presumption of innocence and the distinction between equality of opportunity and outcome — became, more and more, not just passé, but taboo.

It’s one thing for social mores to evolve over time, aided by respect for differences of opinion. It’s another for them to be abruptly imposed by one side on another, with little democratic input but a great deal of moral bullying.

This was the climate in which Trump’s campaign flourished. I could have thought a little harder about the fact that, in my dripping condescension toward his supporters, I was also confirming their suspicions about people like me — people who talked a good game about the virtues of empathy but practice it only selectively; people unscathed by the country’s problems yet unembarrassed to propound solutions.

I also could have given Trump voters more credit for nuance.

For every in-your-face MAGA warrior there were plenty of ambivalent Trump supporters, doubtful of his ability and dismayed by his manner, who were willing to take their chances on him because he had the nerve to defy deeply flawed conventional pieties.

Nor were they impressed by Trump critics who had their own penchant for hypocrisy and outright slander. To this day, precious few anti-Trumpers have been honest with themselves about the elaborate hoax — there’s just no other word for it — that was the Steele dossier and all the bogus allegations, credulously parroted in the mainstream media, that flowed from it.

A final question for myself: Would I be wrong to lambaste Trump’s current supporters, the ones who want him back in the White House despite his refusal to accept his electoral defeat and the historic outrage of Jan. 6?

Morally speaking, no. It’s one thing to take a gamble on a candidate who promises a break with business as usual. It’s another to do that with an ex-president with a record of trying to break the Republic itself.

But I would also approach these voters in a much different spirit than I did the last time. “A drop of honey catches more flies than a gallon of gall,” noted Abraham Lincoln early in his political career. “If you would win a man to your cause, first convince him that you are his sincere friend.” Words to live by, particularly for those of us in the business of persuasion.

Voir encore:

Crise politique en Italie : Si l’extrême droite est élue, il peut y avoir un « risque de contagion » dans l’UE
Après la démission du Premier ministre italien, Mario Draghi, l’Assemblée a été dissoute par le président, provoquant des élections législatives anticipées qui laissent présager une accession au pouvoir des partis les plus à droite
Cécile De Sèze
20 minutes
22/07/22

  • L’Italie est tombée en crise politique jeudi avec la démission de son Premier ministre puis la dissolution de l’Assemblée avec, à la clef, des élections anticipées prévues à l’automne.
  • Les sondages donnent pour le moment comme favori la coalition dite « de centre-droit » qui réunit néanmoins les partis les plus à droite de l’échiquier politique.
  • Si cette coalition arrivait au pouvoir, les répercussions pourraient se propager au-delà des frontières italiennes et avoir des conséquences pour l’Union européenne et la France.

Le moment n’aurait pas pu être plus mal choisi pour qu’éclate une crise politique en Italie. Alors que l’Union européenne s’est montrée unie dans son soutien à l’Ukraine face à son agression par la Russie le 24 février dernier, le dirigeant italien Mario Draghi a été contraint de démissionner jeudi matin après avoir été désavoué par trois partis de sa coalition au Sénat mercredi soir. Le président, Sergio Mattarella, a dans la foulée décidé de dissoudre l’Assemblée déclenchant des élections anticipées.

L’Italie risque désormais de voir les droites les plus à droite prendre le pouvoir. Car l’archifavori du scrutin à venir est la coalition dite « de centre-droit », qui réunit Forza Italia, le parti de droite de Silvio Berlusconi, et l’extrême droite représentée par La Ligue du tribun populiste antimigrants Matteo Salvini et Fratelli d’Italia. Quelles conséquences pour l’Italie, l’Union européenne et la France pourrait avoir cette accession au pouvoir de l’extrême droite ? 20 Minutes a posé la question à Dominique Moïsi, conseiller spécial de l’Institut Montaigne, selon qui « le risque, c’est de créer une contagion à d’autres pays européens », dont la France.

Quel calendrier pour les élections législatives ?

Ces élections anticipées provoquées par la dissolution de l’Assemblée par le chef de l’Etat italien devraient se tenir fin septembre ou début octobre. Les médias italiens avancent plusieurs dates possibles pour ces élections : le 18 et le 25 septembre, ou encore le 2 octobre. Si plusieurs dates sont ainsi évoquées, seule certitude : elles doivent se tenir dans les 70 jours suivant la dissolution du Parlement. Par la suite, le Parlement doit se réunir dans les 20 jours suivant la tenue du scrutin. En attendant, le gouvernement en place continue de gérer les affaires courantes.

La situation est rendue compliquée par le budget, qui doit être présenté au Parlement avant le 15 octobre. L’organisation d’élections, la campagne électorale, la nomination d’un gouvernement puis sa prise de fonctions bousculent ce calendrier. Mais selon Les Echos, cette date pourrait être avancée avant le scrutin et permettre à Mario Draghi un dernier acte au pouvoir.

Quel avenir politique se dessine en Italie ?

S’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, les sondages s’accordent à placer les partis les plus à droite comme favoris de la course, avec, en avant, Frères d’Italie, mené par Giorgia Meloni. Ce dernier est donné en tête avec près de 24 % des intentions de vote, devant le Parti démocrate (22 %) et la Ligue de Matteo Salvini (14 %), selon un sondage de l’institut SWG réalisé le 18 juillet. Le parti de l’ancien Premier ministre sulfureux Silvio Berlusconi, Forza Italia, recueillerait 7,4 % des voix et le Mouvement 5 étoiles (M5S) de Giuseppe Conte 11,2 %.

Veuillez fermer la vidéo flottante pour reprendre la lecture ici.

Selon Dominique Moïsi, « on a quand même des visions de ce qu’il va se passer » et « Giorgia Meloni est citée pour succéder à Mario Draghi », prédit-il. « Cette vision d’une alliance des partis les plus à droite qui prendraient le pouvoir est inquiétante », ajoute-t-il.

Quelles conséquences pour l’Italie ?

En effet, cette ascension des partis extrêmes peut être néfaste pour l’image de l’Italie. Le pays « qui était redevenu sûr de lui, légitime et dirigé d’une main rationnelle et compétente grâce à Mario Draghi va prendre une dimension populiste, avec, pour la première fois, le risque d’une démocratie illibérale parmi les pays fondateurs de l’Union européenne », prédit le conseiller spécial de l’Institut Montaigne.

Pour les Italiens, cela rime aussi avec un changement de politique, notamment sur la question de l’immigration. L’Italie est l’un des pays en première ligne face aux flux de réfugiés qui souhaitent fuir la misère, la guerre ou la répression dans leur pays d’origine. Si Frères d’Italie arrivent en tête avec à leurs côtés Forza Italia et La Ligue, le comportement vis-à-vis des migrants risque d’être différent, « moins humaniste ». « S’il y a déjà eu des populistes au pouvoir en Italie, ils étaient contenus jusqu’ici, là ce sera tout à fait différent », alerte Dominique Moïsi.

Quels changements au niveau économique ?

Par ailleurs, alors que jusqu’ici Mario Draghi était parvenu à imposer un programme de réformes économiques importantes, faisant de l’Italie de nouveau un bon élève de l’Union européenne, cela pourrait rapidement changer. « Si cette coalition accède au pouvoir, ne va-t-elle pas s’engager dans une politique économique populiste ? », s’interroge Dominique Moïsi. Et de développer : « Elle risque d’ouvrir les coffres afin de privilégier le pouvoir d’achat avant toute autre considération, ce qui comporte un risque dans l’équilibre de l’Union européenne, sachant que le pays est la troisième économie de l’UE. »

Et si sur le court terme, cette vision économique peut profiter aux Italiens, sur le long terme en revanche, cela peut être très mauvais, avec une « dette qui va galoper et mettre des doutes sur la stabilité de l’Italie », abonde le spécialiste.

Quelles répercussions à prévoir pour l’Union européenne ?

Si Dominique Moïsi ne croit pas à la possibilité d’un Brexit à l’italienne, « le risque, c’est une contagion. Si les Italiens ont réussi à faire élire l’extrême droite, pourquoi pas la France demain, et d’autres pays après-demain ? C’est le précédent qui est dangereux ».

D’autant qu’il existe aussi le risque d’une alliance des pays membres aux gouvernements d’extrême droite, à l’instar de la Hongrie de Viktor Orban, avec une politique de nationalisme et de populisme. Cela posera alors la question de l’unité de l’UE, notamment dans le dossier brûlant de la guerre en Ukraine. « Giorgia Meloni a suivi les positions de Mario Draghi sur la Russie, mais ce n’est pas le cas de Matteo Salvini ou Sivio Berlusconi, réputés pour leur proximité avec Vladimir Poutine », rappelle Dominique Moïsi.

La France peut-elle également subir ce changement de pouvoir ?

Cette tendance, si elle se confirme à l’automne, « n’est pas une bonne nouvelle pour Emmanuel Macron ». Le président français et l’ancien Premier ministre italien entretenaient une relation privilégiée, ce sont « deux hommes qui se comprennent, qui s’apprécient », souligne le spécialiste. D’autant que le locataire de l’Elysée et Matteo Salvini partagent déjà des anciennes querelles au sujet de la frontière franco-italienne, que certains réfugiés tentent de traverser.

« Il y a donc un risque pour Emmanuel Macron et la relation franco-italienne, et au-delà, pour la cohésion européenne, dans son image et ses choix en matière de politique étrangère », analyse Dominique Moïsi.


Présidentielle 2022: Ma chambre d’écho m’a tuer (Devinez qui, avec pourtant le meilleur mais hémiplégique message sur la menace islamique, s’est hélas fait piéger et a lui-même involontairement piégé ses très souvent jeunes partisans dans une véritable chambre d’écho médiatico-numérique pour revenir aux 7% qu’il avait au départ ?)

11 avril, 2022
Le candidat Reconquête! à la présidentielle Eric Zemmour en meeting au Palais des Victoires à Cannes, le 22 janvier 2022The Allegory Of The CaveVous avez finalement un paradoxe aujourd’hui dans la politique française, qui est presque une tenaille. C’est à dire que nous sommes pris en tenaille entre d’une part une gauche qui dans son ensemble ne reconnait pas le danger de l’islamisme, ou en tout cas ne l’évalue pas à sa juste dimension. (…)  Et puis, (…) une droite qui est incapable de penser la question russe. (…) Il y a un côté, que je dirais presque tragique pour nous Français, de se dire qu’il n’y a pas vraiment sur la scène politique un homme politique qui est capable de penser de manière vraiment sérieuse ces deux menaces en même temps. Laure Mandeville
Songeons à la carence de ces avant-gardes qui nous prêchaient l’inexistence du réel ! Il nous faut entrer dans une pensée du temps où la bataille de Poitiers et les Croisades sont beaucoup plus proches de nous que la Révolution française et l’industrialisation du Second Empire. (…) Mais ce à quoi nous assistons avec l’islamisme est néanmoins beaucoup plus qu’un retour de la Conquête, c’est ce qui monte depuis que la révolution monte, après la séquence communiste qui aura fourni un intermédiaire. Le léninisme comportait en effet déjà certains de ces éléments. Mais ce qui lui manquait, c’était le religieux. La montée aux extrêmes est donc capable de se servir de tous les éléments : culture, mode, théorie de l’État, théologie, idéologie, religion. Ce qui mène l’histoire n’est pas ce qui apparaît comme essentiel aux yeux du rationaliste occidental. Dans l’invraisemblable amalgame actuel, je pense que le mimétisme est le vrai fil conducteur. Si l’on avait dit aux gens, dans les années 1980, que l’islam jouerait le rôle qu’il joue aujourd’hui, on serait passé pour dément. Or il y avait déjà dans l’idéologie diffusée par Staline des éléments para-religieux qui annonçaient des contaminations de plus en plus radicales, à mesure que le temps passerait. L’Europe était moins malléable au temps de Napoléon. Elle est redevenue, après le Communisme, cet espace infiniment vulnérable que devait être le village médiéval face aux Vikings.(…) J’ai personnellement l’impression que cette religion a pris appui sur le biblique pour refaire une religion archaïque plus puissante que toutes les autres. Elle menace de devenir un instrument apocalyptique, le nouveau visage de la montée aux extrêmes. Alors qu’il n’y a plus de religion archaïque, tout se passe comme s’il y en avait une autre qui se serait faite sur le dos du biblique, d’un biblique un peu transformé. Elle serait une religion archaïque renforcée par les apports du biblique et du chrétien. Car l’archaïque s’était évanoui devant la révélation judéo-chrétienne. Mais l’islam a résisté, au contraire. Alors que le christianisme, partout où il entre, supprime le sacrifice, l’islam semble à bien des égards se situer avant ce rejet. Certes, il y a du ressentiment dans son attitude à l’égard du judéo-christianisme et de l’Occident. Mais il s’agit aussi d’une religion nouvelle, on ne peut le nier. (…)  la montée aux extrêmes se sert aujourd’hui de l’islamisme comme elle s’est servie hier du napoléonisme ou du pangermanisme. (…) Pourquoi la révélation chrétienne a-t-elle été soumise pendant des siècles à des critiques hostiles, aussi féroces que possible, et jamais l’islam ? Il y a là une démission de la raison. Elle ressemble par certains côtés aux apories du pacifisme, dont nous avons vu à quel point elles pouvaient encourager le bellicisme. (…) Il faut donc réveiller les consciences endormies. Vouloir rassurer, c’est toujours contribuer au pire. René Girard
Nous sommes à un tournant identitaire, car nous sommes devenus minoritaires, nous, les Guyanais. En fait, nous payons aujourd’hui les plans de peuplement lancés dans les années 1970 pour noyer les mouvements indépendantistes d’alors et sécuriser le centre spatial. Jacques Chirac, le ministre de l’Agriculture de l’époque, a joué les apprentis sorciers. Christiane Taubira (députée PRG de Guyane)
A Mayotte et en Guyane, par exemple, plus d’un habitant sur quatre est un étranger en situation irrégulière. En Guadeloupe, le nombre de personnes en provenance d’Haïti ayant sollicité une demande d’asile est passé de 135 en 2003 à 3 682 en 2004. La majorité des reconduites à la frontière concernent l’outre-mer. Si, en métropole, on avait le même taux d’immigration clandestine, cela ferait 15 millions de clandestins sur le sol métropolitain. Vous imaginez les tensions sociales possibles. A terme, c’est tout l’équilibre démographique qui s’en trouvera modifié. Sans parler du fait que les immigrés irréguliers sont complètement exploités, cette situation engendre bien évidemment un fort déséquilibre économique et des tensions sociales exacerbées. Le travail clandestin, qui est une forme moderne d’esclavage, est tout aussi inacceptable au XXIe siècle. (…) [La remise en question le droit du sol] Il faudrait l’envisager pour certaines collectivités d’outre-mer, car nous sommes confrontés à des politiques de peuplement non maîtrisées. Si l’on ne fait rien maintenant, à terme, ce sera l’explosion sociale. Pour enrayer ce phénomène, nous devons avoir recours à des mesures à caractère exceptionnel. Une remise en question du droit du sol ne provoque pas les mêmes réticences outre-mer qu’en métropole. L’histoire, la géographie de l’outre-mer ne sont pas toujours les mêmes qu’en métropole. Le droit du sol n’a pas toujours connu la même application, et, au fur et à mesure qu’il a été étendu, il y a eu des abus. Je reviens sur la situation de Mayotte : la maternité de Mamoudzou est, avec 7 500 naissances annuelles, la plus active de France. Deux tiers des mères sont comoriennes, et environ 80% d’entre elles sont en situation irrégulière. On estime à 15% le nombre de ces mères qui retournent aux Comores après avoir accouché. Il y a aussi de nombreux cas de paternité fictive. Il est de notoriété publique qu’à Mayotte, la reconnaissance de paternité par un Français est un « service » qui s’achète. (…) La mobilisation de tous est nécessaire. (…) Surtout, il est essentiel que nos compatriotes d’outre-mer aient des attitudes responsables et civiques. On ne peut pas se plaindre de l’immigration clandestine et en même temps employer des clandestins comme jardinier, femme de ménage ou chauffeur de taxi. J’ai donné des instructions particulières pour qu’il soit fait application la plus stricte des obligations statutaires, avec procédures disciplinaires systématiques, aux fonctionnaires et agents des services de l’Etat qui seraient convaincus de telles pratiques. (…) [Pour la métropole] (…) Le droit du sol ne doit plus en être un. J’ai bien conscience de l’importance de ce débat. Des problèmes peuvent se poser au regard des libertés publiques et des conditions d’acquisition de la nationalité française, auxquelles je suis personnellement attaché. Mais lorsqu’on réduit le territoire et que l’on augmente les flux, ce n’est plus simplement un problème de cohésion sociale, c’est la question de la souveraineté qui est posée. François Baroin (17.09.2005)
J’ai (…) depuis le début de la méfiance, et ces sondages, bien en amont de l’échéance présidentielle, m’apparaissaient trop beaux pour être vrais, surtout lorsque l’on observait sa manière de faire campagne. (…) Je suis entré, fin mars dernier, dans le comité exécutif de la pré-campagne, avec un seul objectif : faire du candidat Zemmour le successeur du candidat Sarkozy en 2007, soit l’alliance du « Kärcher » et du « travailler plus pour gagner plus » en intégrant les enjeux sociaux et économiques du dernier mandat présidentiel, principalement la crise des gilets jaunes. Il m’apparaissait possible qu’Eric Zemmour puisse faire l’alliance entre les électeurs populaires et la bourgeoisie conservatrice qu’appelait Patrick Buisson de ses voeux. La forte notoriété de ce « pré-candidat » et le nouveau souffle qu’il aurait pu donner à la campagne m’apparaissaient le meilleur moyen de casser la digue mitterrandienne et de rebâtir une droite de conviction sur les cendres d’un Rassemblement National inapte à rassembler une majorité d’électeurs depuis 30 ans. Peut-être avons-nous trop demandé à Eric Zemmour : quitter le couloir de l’intellectuel sans concession qui essentialise tout avec un pessimisme bien trop communicatif. J’attendais qu’il devienne l’homme qui dit publiquement, avec humour et foi en l’avenir : « Je vous promets qu’une fois élu, je ne dirai plus ‘c’était mieux avant' ». Sa pré-campagne est sur la forme et sur le fond aux antipodes du titre de son livre. Il a préféré rester le Cassandre d’une France qui aurait précisément dit son dernier mot. (…) Je ne soutiens pas cette candidature teintée de désespérance. Il faut proposer « du rêve » à nos concitoyens et non seulement du sang et des larmes. A défaut, je ne saurais ni avoir envie, ni même y croire. Il faudrait qu’il reprenne son narratif de campagne totalement à zéro. Mais qui sait, peut-être est-ce encore possible ? (…) Pour emporter la présidentielle, la brutalité du lanceur d’alerte ne suffit pas. Je partage ses convictions sur le danger migratoire, mais il ne convaincra pas les Français de lui apporter leurs suffrages sur un simple « votez pour moi sinon vous allez mourir ». Or, en substance, c’est son message. En six mois de pré-campagne électorale, son ton pour le moins anxiogène n’a pas évolué depuis son terrible discours à la Convention de la droite de septembre 2019. Il faut proposer un projet de civilisation, un destin commun, non se borner à identifier des menaces, même si celles-ci sont réelles. Le message que les Français veulent entendre, c’est « rendre sa fierté à la France » et « rendre leur dignité aux Français ». (…) Au-delà du ton, la campagne d’Eric Zemmour s’articule autour d’une double erreur stratégique. Il est convaincu, et ne manque pas de le dire devant son équipe de campagne et ses proches, que son adversaire principal s’appelle Jean-Luc Mélenchon, qui s’enthousiasme de la créolisation de la France. Par opposition, il rentre dans le piège d’une vision ethnique de la civilisation française, croyant que le socle des 70% de Français hostiles à l’immigration voteront majoritairement pour lui sous prétexte qu’il serait le plus cohérent et le plus clair. D’un point de vue intellectuel, cela pourrait se défendre. Mais s’il fait de Monsieur Mélenchon son adversaire principal, il contribue à faire exister politiquement ce dernier, qui n’est pas le président sortant. Veut-il gagner la présidentielle ou terminer devant Monsieur Mélenchon ? En outre, il n’est pas propriétaire de la fermeté migratoire et sécuritaire, quoi que l’on pense de la sincérité des autres offres politiques. D’Emmanuel Macron, qui mettra en avant ses lois sécuritaires et son ministre sarkozyste Gérald Darmanin, jusqu’au Rassemblement national dépositaire du sujet depuis des années, en passant par des Républicains largement « zemmourisés », tous les états-majors politiques fourbissent leurs armes pour absorber le zemmourisme. (…) Le tournant principal, c’est la « croisée des chemins ». L’occasion manquée pour Eric Zemmour d’aller voir cette France de Christophe Guilluy dont il parlait si souvent sur CNews. Malheureusement, Eric Zemmour a préféré s’exprimer devant une France qui ne vote pas pour lui, une France des grandes villes où il n’avait que des coups à prendre. J’aurais préféré qu’il aille à Vierzon, Montluçon, Firminy, Etampes, Aurillac, Macon, Auch, Carcassonne, Combourg, Lens, Vesoul… Cette France des villes moyennes dévitalisées par la mondialisation et la métropolisation. Finalement, la seule étape véritablement populaire de cette campagne fut Charvieu-Chavagneux, ville péri-urbaine de la grande couronne lyonnaise, dont j’ai été le directeur de cabinet du maire pendant trois ans, de 2015 à 2018. En réalité, le véritable tournant de cette campagne, c’est l’incapacité d’Eric Zemmour à sortir des grandes lignes TGV de la SNCF. Il dénonce depuis longtemps, à raison, le Jacques Attali mondialisé des aéroports. Il est malheureusement son miroir bourgeois des grandes gares SNCF, et je le regrette. Qu’elle est pourtant belle, cette France des routes nationales, des routes départementales et des petites communes. Elle avait tant à lui apporter. (…) C’est amusant parce que lorsque l’on dit à Eric Zemmour que la France, et notamment les classes populaires, attendent un programme complet, par exemple pour que nos villes moyennes et nos petites communes cessent d’être dévitalisées par la métropolisation, pour leur pouvoir d’achat également, il répond exactement ceci : « Je ne suis pas candidat pour faire la même campagne que Marine Le Pen ». Autrement dit, cela ne l’intéresse pas vraiment. Marine Le Pen fait certainement d’excellentes propositions concrètes pour cette France rurale et péri-urbaine. Mais je demeure persuadé que Marine Le Pen, lorsque le décrochage d’Eric Zemmour sera incontestable, risque de voir resurgir toutes les critiques sur ses faiblesses structurelles : débat raté en 2017, parti ruiné, et peut-être une affaire d’assistants parlementaires qui ressortira opportunément. Elle n’est pas, à mon avis et sous toutes réserves, en mesure de battre Emmanuel Macron. (…) Je regrette une pré-campagne qui ressemble à un acte manqué. L’ascension fulgurante dans les sondages l’a certainement conforté, lui avec son équipe, dans ses certitudes. J’appelais de mes voeux une pré-campagne de contrepied, lors de laquelle il aurait pu développer une image d’homme empathique, compétent, créatif, visionnaire et optimiste. Ce qui me choque, puisque c’est votre terme, c’est qu’il entend passer du métier de journaliste à celui de chef d’Etat sans changer sa méthode de travail ni ses habitudes. Il a fait la même tournée littéraire et médiatique que pour ses précédents ouvrages. (…) Sur le doigt d’honneur, c’est objectivement un vilain geste. Mais je trouve que c’est paradoxalement un geste très humain. Il découvre la violence d’une campagne présidentielle, et il faut bien reconnaître que les attaques qu’il subit de ses opposants sont inouïes, scandaleuses et intolérables dans une démocratie. Je me mets à sa place, et je ne communierai pas au procès en indignité qui lui est fait. Sur le Bataclan, j’ai trouvé ça déplacé, et jamais je n’aurais conseillé cela. Surtout que tirer sur François Hollande revient à tirer sur un cadavre. Il aurait dû plutôt, par exemple, et comme je lui avais conseillé avec un ami, se rendre à la messe de Noël à Saint-Etienne-du-Rouvray, paroisse du Père Hamel, sans convoquer les journalistes. Il aurait pu faire une déclaration a posteriori pour lier christianisme, symbolique de Noël, civilisation française et lutte contre l’islamisme. (…) Je disais souvent à l’époque que m’occuper à plein temps du maillage territorial, de l’opérationnel militant et même des parrainages était compliqué pour le jeune trentenaire que je suis, même si j’ai quelques expériences en termes de campagne électorale, notamment au niveau local. Je trouve que l’équipe ne s’est pas, depuis, enrichie de profils réellement expérimentés. C’est bien sûr un signal de faiblesse qui préfigurait les erreurs de ces dernières semaines. Son équipe de communication, par exemple, est plus spécialisée dans ce que l’on appelle la « riposte », la communication « d’influenceur » ou même le « trolling ». Quel communicant sérieux aurait conseillé à Eric Zemmour de se rendre au Bataclan, ou d’arriver à Marseille en accusant la ville toute entière dans un tweet d’être le royaume de la racaille ? Et je ne vous parle pas des « newsletters » des Amis d’Eric Zemmour dont les textes font lever les yeux au ciel beaucoup de monde, avec des formules infantilisantes. Le tweet un peu immature sur Rama Yade : – « Je tiens à assurer Rama Yade de tout mon micro-soutien face au micro-drame qu’elle micro-traverse » – relève du trolling, pas de la communication d’un candidat en mesure d’accéder au second tour. Je n’ai pas compris pourquoi Antoine Diers, peut-être le meilleur élément politique de cette équipe, était réduit à un rôle d’animation médiatique et n’avait aucune information sur les opérations. Je n’ai pas non plus compris pourquoi Jean-Frédéric Poisson n’avait pas intégré le dispositif, par exemple pour diriger la recherche des parrainages ou le maillage territorial. Par ailleurs, Eric Zemmour ne gère absolument pas son équipe, il délègue tout à Sarah Knafo dont il attend qu’elle lui offre l’Elysée. Il ne participait jamais aux réunions du comité exécutif lorsque j’en faisais partie. [parler à la France des « gilets jaunes »] je crois que l’exercice lui coûte. Pour l’anniversaire des gilets jaunes, il a justement publié une vidéo directement adressée à ces derniers. Pendant dix minutes, il propose la suppression du permis à points, le rétablissement général des 90 km/h et une baisse de la CSG sur les bas salaires. Dix minutes pour trois mesures, annoncées dans un appartement parisien dont je n’ose demander le prix au mètre carré. Ce n’est pas une critique de classe, mais c’est une erreur de communication révélatrice d’une importante déconnexion du réel. (…) Il faut diviser par deux la taxe sur le carburant, rétablir en effet les 90 km/h, amnistier les petites infractions routières et, surtout, lancer un grand plan de rénovation des routes secondaires en France, pour réduire les accidents et fluidifier le trafic sur les axes les plus congestionnés. Mais pour saisir ce que vit l’automobiliste quotidien, il faut être entouré de gens qui connaissent le sujet. Eric Zemmour n’est pas entouré d’élus de terrain à même de lui faire saisir cette France qui pense que « nous sommes gouvernés par des lascars qui fixent le prix de la betterave et qui ne sauraient pas faire pousser un radis », selon le bon mot de Michel Audiard. En conséquence, soit ils votent Marine Le Pen, soit ils ne votent pas. Je pense depuis longtemps qu’offrir plus de libertés et de pouvoir d’achat aux automobilistes, c’est tendre enfin la main à ceux qui ont subi la relégation sociale, économique et même identitaire lors de ces quarante dernières années. C’est le geste symbolique principal pour ouvrir à nouveau un dialogue avec cette France qui ne vote souvent plus. Mais Eric Zemmour semble avoir trop de certitudes pour présenter un programme tenant compte de la trivialité du quotidien. (…) Une campagne est une course de fond, pas un sprint. Je suis très sceptique sur ses chances de dépasser les 6-8%, s’il obtient ses 500 signatures. Mais Eric Zemmour est un OVNI politique. Il a créé une dynamique qui, spectaculairement, montre à quel point les électeurs de droite sont en quête de radicalité sur les questions régaliennes. Il faut bien sûr porter ceci à son crédit. Il est déjà producteur des thèmes de la campagne, reléguant la gauche à ses absurdités progressistes, wokistes et ses débats sur le pronom « iel ». Grâce à lui en partie, la gauche est inexistante. Au-delà des thèmes de la campagne, il pourrait être aussi faiseur de roi, ou accompagner un candidat au second tour de la présidentielle, donc pourquoi pas contribuer à faire battre Emmanuel Macron. Mais nous en sommes encore loin. Cinq mois, c’est long, tout est ouvert. Pierre Meurin (novembre 2021)
Cependant, la pugnacité de l’ancien chroniqueur séduit davantage : près d’un Français sur deux estime qu’il veut vraiment changer les choses (51%,) et 48% le voient comme une personne dynamique… un électeur sur deux pense qu’Eric Zemmour peut se qualifier au second tour. Si les Français sont mitigés par rapport au personnage, ils s’avèrent plus nombreux à s’aligner sur ses déclarations. Lorsque l’essayiste déclare : « Il n’est plus temps de réformer la France, mais de la sauver », 51% sont d’accord. Le sondage confirme la personnalité clivante du candidat sur le volet politique. 79% des électeurs de Marine Le Pen et 56% de François Fillon sont d’accord avec Eric Zemmour sur le fait qu’ils se sentent étrangers dans leur propre pays, contre 19% d’Emmanuel Macron, 19% de Benoît Hamon et 16% de Jean-Luc Mélenchon. La semaine dernière, l’auteur de Le suicide français s’est retrouvé au coeur d’une énième controverse lors de sa visite à Marseille. A la sortie d’un restaurant où le polémiste venait de déjeuner, une passante [encartée France insoumise] lui a fait un [des plus élégants] doigt d’honneur. Le polémiste a répondu par le même geste en affirmant « et bien profond », sous le regard amusé de sa conseillère Sarah Knafo. Sur cette question, les Français sont partagés : 52% [?] estiment qu’ils ne sont pas choqués, contre 47% affirmant l’inverse. De son côté, le candidat d’extrême droite à la présidentielle a reconnu dimanche un geste « fort inélégant ». ll s’agit d’une rare concession du probable candidat depuis le lancement de la pré-campagne à Toulon mi-septembre de l’essayiste. Mais le mal était fait. « Le doigt d’honneur était le dernier geste du polémiste, aujourd’hui, c’est le premier geste du candidat », assurait Benjamin Cauchy, ancien Gilet jaune, à L’Express. Parmi les plus choqués par ce geste : les 65 ans et plus (67%)… L’Express
S’il ne fait pas l’unanimité dans les sondages, nombre de Français partagent son constat sur l’état de la France, selon un sondage publié mercredi 1er décembre par BFMTV. Sur six des principales analyses de l’éditorialiste étudiées, toutes réunissent l’approbation de plus de 40 % des sondés et quatre d’entre elles en rassemblent un sur deux ou plus. L’adhésion est encore plus claire lorsque l’on s’intéresse aux avis des sympathisants de droite. Selon ce sondage Elabe, 51% des Français sont ainsi d’accord lorsqu’Eric Zemmour déclare qu’il « n’est plus temps de réformer la France, mais de la sauver », ou quand il affirme que la droite comme la gauche sont responsables du « déclin » de la France et ont « menti, dissimulé la gravité de notre déclassement [et] caché la réalité de notre remplacement ». Ils sont 50 % à avoir « le sentiment de ne plus être dans le pays que vous connaissiez » et 49 % à juger que l’immigration « aggrave tous » les problèmes de la France. Les déclarations d’Eric Zemmour sur le fait de reprendre le pouvoir « aux minorités » et « aux juges » sont approuvées par 46 % des sondés et 41 % d’entre eux se sentent « étrangers dans leur propre pays ». Lorsque l’on interroge les soutiens de la droite et de l’extrême droite, les scores oscillent entre 56 % et 86 % selon les questions. Valeurs actuelles
La DGSI vient de cartographier les quelque 150 quartiers « tenus » selon elle par les islamistes : un document classé secret-défense, qui n’a pas été divulgué, à l’exception de l’Intérieur, même aux ministres intéressés. Lesquels se voient présenter le document oralement par un fonctionnaire assermenté, tant le sujet est sensible… Outre les banlieues de Paris, Lyon et Marseille, depuis longtemps touchées par le phénomène, y figurent plusieurs cités du Nord : entre autres Maubeuge, où l’Union des démocrates musulmans français (UDMF) a atteint 40% dans un bureau de vote et où « la situation est alarmante » ; l’agglomération de Denin ; ou encore Roubaix, où, « bien qu’historique, la situation prend des proportions inquiétantes », selon un préfet. Mais aussi des zones plus inattendues, comme en Haute-­Savoie ou dans l’Ain, à Annemasse, Bourg-en-Bresse, Oyonnax ou Bourgoin-Jallieu. Encore plus surprenante, « l’apparition de microterritoires qui se salafisent dans des zones improbables », poursuit ce préfet, comme Nogent-le-Rotrou, en Eure-et-Loir. Le JDD
Au-delà des gouffres culturels qui les séparent, le polémiste français et le milliardaire américain surfent sur la même révolte. Sans parler de leurs tempéraments indomptables. Il n’y a pas plus français qu’Éric Zemmour et pas plus américain que Donald Trump. Le premier est un intellectuel qui a lu tous les livres. C’est dans un dialogue permanent avec l’histoire de France, ses grands hommes, ses batailles, ses chutes et ses rédemptions qu’il a formé sa légitimité et son diagnostic sur la crise que traverse le pays. Homme de l’écrit et de télévision, il s’est fait connaître en plantant sa plume et son regard acérés dans les plaies du pays. Et c’est aujourd’hui par le récit qu’il propose à la France de ses maux que cet outsider part à sa conquête, même s’il n’est pas encore candidat. Il est de ce point de vue l’héritier d’une tradition très française qui veut qu’en politique, en France, on ait des lettrés, de Gaulle à Mitterrand, en passant par Giscard, Pompidou ou même Emmanuel Macron. On dit au contraire de Donald Trump qu’il n’aurait lu peu ou prou qu’un seul livre – … le sien! -, ce best-seller sur L’Art du deal qu’il fit écrire par un journaliste mais qui contribua à faire de lui, dans l’esprit de beaucoup de ses compatriotes, un exemple vivant du succès version américaine. Son monde est celui de l’immobilier new-yorkais, des chantiers de construction où il a toujours été en connexion avec les ouvriers du bâtiment, des gratte-ciel toujours plus hauts, des marchandages avec les politiques dans les coulisses sulfureuses de la mairie de New York. Un monde de l’action, de la puissance, de l’argent tape-à-l’œil, bref, du commerce, dont Alexis de Tocqueville estimait qu’il était à la base de presque tous les instincts de la société américaine. Très éloigné de celui d’Éric Zemmour, qui a toujours affiché son aversion pour le «modèle» d’outre-Atlantique. Mais au-delà des gouffres culturels qui séparent les deux hommes et de leurs différences de personnalités et de parcours évidentes, comment ne pas voir à quel point les ressorts des projets qu’ils défendent, et la dynamique de révolte contre le statu quo qui les porte, se ressemblent? Pour tous ceux qui ont suivi la campagne de Trump en 2016, le phénomène Zemmour a indiscutablement un air de déjà-vu. Par les thèmes tout d’abord, et en premier lieu celui du nationalisme,de la priorité absolue donnée à l’intérêt national. (…) Éric Zemmour surfe exactement sur le même thème, parlant même d’une France en danger de mort mais « qui n’a pas dit son dernier mot ». La place centrale qu’occupe la question de l’immigration dans les préoccupations des deux hommes découle directement de cette priorité. C’est le thème clé d’Éric Zemmour, celui du « grand remplacement » qui viendra si on ne reprend pas le contrôle des frontières. Et même si les Américains ont un rapport très différent à la question migratoire, c’est aussi le thème qui propulsa Donald Trump en tête de la primaire républicaine, en 2015 (…) Même si la question est évidemment beaucoup moins présente aux États-Unis en raison du très faible pourcentage de musulmans (0,8%), le Français et l’Américain ont aussi en commun une méfiance commune envers l’islam, la conviction que l’Occident chrétien doit être protégé comme civilisation, et l’idée qu’à Rome il faut vivre comme les Romains. Elle s’est manifestée chez Trump de manière épidermique dans son fameux décret interdisant provisoirement de visa les ressortissants de sept pays musulmans pour raisons de sécurité. Chez Zemmour, le thème est encore plus central, ce qui n’est pas étonnant, vu les défis que représentent la radicalisation d’une partie substantielle de la communauté musulmane de France et les attentats terroristes en série qui ont frappé le pays ces dernières années, jusqu’à la décapitation de Samuel Paty. Mais le polémiste français qui, contrairement à Trump, sait de quoi il parle, l’aborde de manière beaucoup plus intellectualisée et sophistiquée, puisqu’il s’agit de distinguer entre les musulmans et l’islam comme système politico-juridique, en reprenant la formule de Clermont Tonnerre sur les juifs à la Révolution: « Tout pour les musulmans en tant qu’individus, rien en tant que peuple. » Face à la révolution sociétale « woke » qui souffle sur nos sociétés, déconstruisant non seulement la nation mais l’héritage culturel occidental, la famille traditionnelle et même les différences entre les sexes, Trump et Zemmour sont également en phase, même s’ils ne sont de la même génération. Le «Donald» est dans toutes ses fibres un homme des années 1950, qui n’a jamais adhéré aux valeurs de la révolution sociétale des années 1960 et incarne même avec une forme de délectation provocatrice tous les vices de «l’homme macho». Persuadé que l’Amérique est fondamentalement «bonne», peu enclin à la culpabilité, il refuse aussi l’idée que l’esclavage aurait marqué à tel point le pays qu’il soit entaché à jamais d’un racisme systémique. Les grands mouvements étudiants de 1968, qui sont contemporains de ses années à l’université de Pennsylvanie, semblent avoir glissé sur lui. Il aime raconter qu’il n’y participait pas, préférant travailler sur les chantiers de son père. Un positionnement qui ne peut que séduire Éric Zemmour, grand critique, dans son livre Le Suicide français, de la révolution de 1968, qu’il voit comme la matrice de la déconstruction de la France. Pour eux, le patriotisme n’est pas une idée ringarde. Un diagnostic commun qui les a amenés à se dresser l’un comme l’autre contre le diktat du politiquement correct de la gauche. De ce point de vue, l’appel de Trump à continuer de dire « Joyeux Noël » au lieu de souhaiter « bonnes fêtes » (pour ne pas vexer les non-chrétiens) fait écho aux saillies de Zemmour contre l’écriture inclusive, l’un favorisant la moquerie, et l’autre la satire. Zemmour et Trump s’accordent aussi à penser que la relance de l’industrie manufacturière est essentielle au relèvement du pays et à sa souveraineté. Contrairement à ce que ses propos passés auraient pu laisser penser, le journaliste français est aussi un fervent adepte de l’allégement fiscal des entreprises, estimant que la France meurt d’une absence de création de richesse et d’un modèle social obèse. (…) Au-delà de tous ces thèmes, leur positionnement est similaire: celui de l’homme providentiel improbable surgi du peuple pour pallier les défaillances de la classe politique. Il s’agit de se dresser contre la doxa en vigueur, d’oser sortir des «limites» imposées par les élites culturelles et politiques dominantes, de dire tout haut ce que la majorité pense tout bas. Une libération de la parole qui confère aux deux personnages une image de radicalité et d’indomptabilité qui choque les élites mais devient le moteur de leur succès populaire. (…) Ces derniers jours, Éric Zemmour notait la ferveur et l’émotion intense qu’il ressentait chez les gens de toutes origines sociales qui se pressaient à ses signatures de livres. « Sauvez-nous, sauvez la France », lui lançaient-ils. Un engouement qui rappelait un peu, toutes proportions gardées, le phénomène Trump et les files d’attente gigantesques de ses fans à ses meetings. (…) Sa percée n’en révèle pas moins qu’il se passe quelque chose d’important dans les tréfonds de la France de 2021, comme ce fut le cas en 2016 dans les entrailles de l’Amérique. De plus, on peut se demander si les adversaires d’Éric Zemmour ne sont pas d’ores et déjà en train de reproduire les erreurs qui furent celles de Clinton face à Trump. Pendant des mois, l’establishment démocrate fut dans le déni absolu de l’importance du phénomène Trump, tentation qui semble présente en France, bien qu’à un moindre degré. La seconde erreur fut celle de la diabolisation délibérée, dans l’espoir de disqualifier l’adversaire. « Raciste », « fasciste », « antisémite », « virus », « peste brune »… Tous ces adjectifs utilisés contre le milliardaire de New York resurgissent en force dans l’hallali lancé contre Zemmour par une bonne partie de la classe politico-médiatique. En 2016, le procédé, au lieu d’affaiblir Trump, avait scellé son succès. Laure Mandeville
J’ai grandi dans une famille où l’amour de la France était inné, naturel, puissant, on ne rigolait pas avec ça. Éric Zemmour
Depuis toujours, dès que la France est affaiblie, les élites ont tendance à sacrifier la France et le peuple français à leurs idéaux universalistes. C’est très frappant. Vous verrez dans le livre. Je remonte le temps. Je suis remonté à l’évêque Cauchon et Jeanne d’Arc. On voit bien que cela a toujours été une tentation des élites françaises. Pour aller vite, depuis 1940, la France est très affaiblie. Et nous avons des élites qui ont décidé de jeter par-dessus bord la France et le peuple français au nom de l’Europe, des droits de l’homme et de l’universalisme. Macron est vraiment l’incarnation de ces élites-là. Il est passionnant, car c’est une espèce de quintessence chimiquement pure. Quand il dit : « Nous avons fait du mal », c’est déjà le discours de Chirac sur le Vel’ d’Hiv’ ou le discours de Hollande sur le Vel’ d’Hiv’ et en Algérie. Paul Thibaud avait écrit un très bon article qui faisait remarquer que, comme les politiques ne maîtrisaient plus rien, ils ont trouvé une posture qui consiste à dire du mal de nos ancêtres pour exister. (…) C’est la « révolte des élites » de Christopher Lasch à la fin des années 70. Il avait très bien vu cela aux États-Unis. C’est évidemment venu chez nous ensuite. (…) Je voulais montrer aux gens que tout cela était lié à une histoire millénaire et qu’il y avait des petites pierres comme dans Le Petit Poucet qu’on pouvait retrouver à chaque fois. Certaines époques nous ressemblent de plus en plus. Je retrouvais la phrase de René Girard dans son dernier livre qui disait : « Nous devons entrer dans une pensée du temps où Charles Martel et les croisades seront plus proches de nous que la Révolution française et l’industrialisation du Second Empire. » Je trouve cette phrase très frappante. Lorsque je dis cela, on dit que j’ai des obsessions et que je ne pense qu’à l’islam. Pourtant, ces paroles viennent de René Girard. Il a très bien compris que nous étions revenus dans un temps qui est celui des affrontements de civilisations entre chrétienté et islam, des guerres de religion et de la féodalité pré-étatique. (…) Ces pays de l’Est se révoltent, parce que la Hongrie a connu trois siècles d’occupation ottomane. C’est un roi polonais Jean III Sobieski , qui a arrêté les Ottomans à Vienne, en 1683. Il n’y a pas de hasard. Cette Histoire revient à une vitesse folle. Tout se remet en place pour nous rappeler à cette Histoire. (…) il y a effectivement un effet d’accumulation de toutes les crises du passé qui se concentrent aujourd’hui. C’est pour cette raison qu’il y a autant de pessimisme chez moi. L’idée même de roman national est finie. Je n’ai même pas essayé de refaire un roman national. La déconstruction des historiens qui, depuis cinquante ans, nous interdisent de parler de roman national était trop forte. Il n’en reste presque que des ruines. Si j’avais voulu faire un roman national, j’aurais fait une romance nationale. Ce n’est pas ce que j’ai fait. En revanche, j’ai voulu écrire une Histoire de France réaliste, non pas en fonction des idéaux et des populations d’aujourd’hui, mais en fonction de la réalité historique de l’époque. Aujourd’hui, les historiens ont décidé d’inventer une Histoire de France qui correspond à leurs obsessions et à leurs idéologies actuelles. Ils disent que j’ai des obsessions, mais les leurs sont : une histoire féministe, une histoire des minorités africaines et maghrébines, une histoire pacifiste, c’est-à-dire une histoire qui n’a jamais existé. Dans les livres d’histoire d’aujourd’hui, sur la Révolution française, il y a deux pages sur Olympe de Gouges, la grande militante féministe. Quand elle est guillotinée, en 93, par Robespierre, j’ai coutume de dire, pour plaisanter, que Robespierre ne sait même pas qu’il l’a fait guillotiner, tellement elle compte peu. Lors d’une émission sur France 2, mardi dernier, on a vu une grande fresque qui expliquait comment la France a été faite par les immigrés nord-africains et africains avec un grand manitou qui s’appelle de Gaulle. C’est une histoire inventée. (…) Ils sont tellement allés loin dans la diabolisation de Pétain et dans l’invention d’une histoire qui ne correspond plus à la réalité. Lorsqu’on repose le tableau de Pétain, de De Gaulle, de ce qu’était Vichy à l’époque et de ce qu’était 1940, que je dis que tout le monde se moquait, à l’époque, du statut des Juifs d’octobre 40, à Paris, à Vichy ou à Londres, et que les rats qui s’y intéressent disent « il a bien raison », car ils estiment à l’époque que les Juifs ont une responsabilité dans la défaite, j’ai l’impression de blasphémer. C’est tout simplement la réalité historique. On a tellement réinventé une histoire en disant que l’essentiel de la Seconde Guerre mondiale était la question juive qu’on tombe des nues quand je dis qu’à l’époque, personne n’en parlait. À Londres, ceux qui rejoignent le général de Gaulle sont d’accord avec Vichy là-dessus. Aujourd’hui, la réalité paraît blasphématoire. C’est extraordinaire. C’est pour dire la force inouïe de cette déconstruction historique. Pour moi, c’est le grand effacement de l’histoire pour correspondre au Grand Remplacement des populations. Eric Zemmour
Vous n’avez pas déménagé et pourtant vous avez la sensation de ne plus être chez vous. Vous n’avez pas quitté votre pays mais c’est comme si votre pays vous avait quitté. Vous vous sentez étrangers dans votre propre pays. Vous êtes des exilés de l’intérieur. Longtemps vous avez cru être le seul à voir, à entendre, à penser, à craindre. Vous avez eu peur de le dire, vous avez eu honte de vos impressions. Longtemps, vous n’avez pas osé dire ce que vous voyiez, et surtout vous n’avez pas osé voir ce que vous voyiez. Et puis, vous l’avez dit à votre femme, à votre mari, à vos enfants, à votre père, à votre mère,à vos amis, à vos collègues, à vos voisins. Et puis, vous l’avez dit à des inconnus, et vous avez compris que votre sentiment de dépossession était partagé par tous. La France n’était plus la France et tout le monde s’en était aperçu. Bien sûr, on vous a méprisé. Les puissants, les élites, les bien-pensants, les journalistes, les politiciens, les universitaires, les sociologues, les syndicalistes, les autorités religieuses, vous disaient que tout cela était un leurre, que tout cela était faux, que tout cela était mal. Mais vous avez compris avec le temps que c’étaient eux qui étaient un leurre, que c’étaient eux qui avaient tout faux – que c’étaient eux qui vous faisaient du mal. La disparition de notre civilisation n’est pas la seule question qui nous harcèle, même si elle les domine toutes. L’immigration n’est pas cause de tous nos problèmes, même si elle les aggrave tous. La tiers-mondisation de notre pays et de notre peuple l’appauvrit autant qu’elle le disloque, le ruine autant qu’elle le tourmente. C’est pourquoi (….) Nous devons reconquérir notre souveraineté, abandonnée aux technocrates et aux juges européens qui ont dépouillé le peuple français de sa capacité à décider de son sort, au nom des chimères d’une Europe qui ne sera jamais une nation. Oui, nous devons rendre le pouvoir au peuple ! Le reprendre aux minorités qui ne cessent de tyranniser la majorité, et aux juges qui substituent leur férule juridique au gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple. Depuis des décennies, nos gouvernants, de droite comme de gauche, nous ont conduit sur ce chemin funeste du déclin et de la décadence. Droite ou gauche, ils vous ont menti, vous ont dissimulé la gravité de notre déclassement, ils vous ont caché la réalité de notre remplacement. (…) C’est pourquoi j’ai décidé de (…) solliciter vos suffrages pour devenir votre président de la République. (…) Pour que les Français se sentent de nouveau chez eux et pour que les derniers arrivés s’assimilent à leur culture, s’approprient leur Histoire. (…) Le peuple français était intimidé, tétanisé, endoctriné. Culpabilisé. Mais il relève la tête, il fait tomber les masques, il dissipe les miasmes mensongers, il chasse ses mauvais bergers. (…) Nous allons transmettre le flambeau aux prochaines générations. Eric Zemmour
Je crois que la dynamique est de mon côté. Tous les éléments objectifs, les salles pleines, la ferveur, les audiences télévisées, le nombre d’adhérents, tout ça, c’est moi. Eric Zemmour (6 avril 2022)
La bulle de filtres ou bulle de filtrage (de l’anglais : filter bubble) est un concept développé par le militant d’Internet Eli Pariser. Selon Pariser, la « bulle de filtres » désigne à la fois le filtrage de l’information qui parvient à l’internaute par différents filtres ; et l’état d’« isolement intellectuel » et culturel dans lequel il se retrouve quand les informations qu’il recherche sur Internet résultent d’une personnalisation mise en place à son insu. Selon cette théorie, des algorithmes sélectionnent « discrètement » les contenus visibles par chaque internaute, en s’appuyant sur différentes données collectées sur lui. Chaque internaute accéderait à une version significativement différente du web. Il serait installé dans une « bulle » unique, optimisée pour sa personnalité supposée. Cette bulle serait in fine construite à la fois par les algorithmes et par les choix de l’internaute (« amis » sur les réseaux sociaux, sources d’informations, etc.). Eli Pariser estime que ce phénomène est devenu commun sur les réseaux sociaux et via les moteurs de recherche. Des sites tels que Google, Facebook, Twitter ou Yahoo! n’affichent pas toutes les informations, mais seulement celles sélectionnées pour l’utilisateur, et de manière hiérarchisée selon ses prédispositions supposées (y compris idéologiques et politiques). À partir de différentes données (historique, clics, interactions sociales), ces sites prédisent ce qui sera le plus pertinent pour lui. Ils lui fournissent ensuite l’information la plus pertinente (y compris du point de vue commercial et publicitaire), en omettant celle qui l’est moins selon eux. Si les algorithmes considèrent qu’une information n’est pas pertinente pour un internaute, elle ne lui sera simplement pas présentée. (…) Grâce à l’Internet l’information potentiellement disponible ne cesse de croître : elle est en théorie de plus en plus accessible, ce qui permettrait à un internaute proactif de découvrir de nombreux points de vue différents du sien. Mais paradoxalement, selon Bakshy et al. (2015) et d’autres auteurs, l’accès réel à l’information de presse, aux opinions et à l’information est de plus en plus filtré par des algorithmes de moteurs de recherche, et/ou via les réseaux sociaux. Des chercheurs ont montré qu’au sein de Facebook, le filtrage algorithmique puis le filtrage par les pairs limite le libre-arbitre de l’internaute en ne lui présentant pas une large part de l’information (et notamment en limitant son accès à des données ou interprétations qui seraient a priori plus difficiles à adopter pour lui) et en ne présentant souvent qu’une partie des facettes d’une information. Les brèves d’information partagées de pair à pair par des millions d’utilisateurs proviennent en effet très majoritairement de sources alignées sur l’idéologie ou les préférences de l’internaute. Le lecteur rencontre 15 % de contenu transversal en moins dans ses fils d’actualité (à cause du classement algorithmique) et il cliquera 70 % moins facilement sur des informations venant de sources inhabituelles pour lui. Comme dans une chambre d’écho, ce phénomène tendrait à s’auto-entretenir en reproduisant majoritairement les opinions, croyances et perspectives de l’utilisateur en formant un cercle vicieux. Un internaute d’une orientation politique donnée verrait plus de contenus favorables à cette orientation. Il serait moins soumis à des points de vue contradictoires car les algorithmes sélectionneraient pour lui les contenus les plus pertinents, ceux qui lui plaisent le plus. Par exemple, un internaute qui serait identifié comme « de gauche » par le site, se verrait alors proposer moins de contenus « de droite ». Des requêtes similaires peuvent alors donner des résultats très différents. Supposons par exemple que deux personnes, une plutôt à droite politiquement et l’autre plutôt à gauche, recherchent le terme « BP ». Les utilisateurs « de droite » trouveront des informations sur les investissements dans la British Petroleum. Les utilisateurs « de gauche » obtiendront des informations sur la marée noire dans le golfe du Mexique. Il en va de même pour la présentation des informations relatives à une guerre, par exemple la guerre d’Irak ou plus récemment les informations données aux partisans de Donald Trump aux États-Unis. La bulle de filtres peut influencer les relations sociales et les réseaux sociaux et inversement. Dans certains réseaux sociaux, la personnalisation algorithmique masquerait les messages les moins pertinents, ceux qui seraient les moins cliqués par l’utilisateur. Moins on interagit avec un « ami » Facebook, moins les messages qu’il publie nous seront visibles, moins l’on sera susceptible d’interagir avec lui. Pariser met en avant la « disparition » des messages de ses amis conservateurs de son flux d’activité Facebook. Alors qu’il avait ajouté des « amis » conservateurs pour lire leur opinion, la personnalisation ne lui suggérait plus les publications venant de ces personnes. Selon l’algorithme, cela n’était pas pertinent pour Pariser : il n’était pas censé cliquer ou lire ces opinions. La bulle de filtre réduirait donc le champ informationnel de l’internaute ; Selon A Saemmer (2017), de nombreux étudiants disent consulter la presse en ligne exclusivement ou principalement en suivant des liens postés par leurs amis sur les réseaux sociaux, c’est-à-dire sans consulter la « une » ou le sommaire des journaux. Selon Messing (2012), dans un réseau social, des appuis sociaux plus forts peuvent conduire à un buzz qui augmente la probabilité qu’un internaute choisisse de lire un contenu qui sans cela ne lui aurait pas été présenté, ce qui pourrait dans une certaine mesure contrebalancer son exposition sélective initiale. Néanmoins, en 2016 dans un long article, longuement commenté depuis, Katharine Viner, rédactrice en chef du journal The Guardian, estime que (…) si les réseaux sociaux colportent volontiers des rumeurs et des « mensonges avérés », cela tient aux bulles de filtres qui, en fonction des pages consultées, renvoient les utilisateurs à ce qu’ils ont l’habitude de consulter et qui, par conséquent tendent à les conforter dans leurs opinions au lieu de stimuler leur esprit critique. Le succès du Web social et la surcharge d’information que ce succès engendre ont rapidement provoqué le besoin de trier l’information, et de développer les capacités de filtrage des plateformes interactionnelles. Les moteurs de recherche comme Google ou les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter sont programmés pour mettre en avant de l’information dite « pertinente », autrement dit, susceptible d’intéresser l’utilisateur et d’écarter l’information jugée moins pertinente. La popularité des réseaux sociaux réside dans cette capacité à présenter efficacement et rapidement du contenu intéressant pour l’utilisateur. Le filtrage fonctionne grâce à la mise en place d’un algorithme. (…) Sur internet, les algorithmes instaurent une hiérarchie dans l’apparition des contenus sur l’interface des utilisateurs. Ils influencent chacun à leur manière l’accès à l’information et fournissent une expérience particulière et personnalisée pour chaque utilisateur. Par exemple, sur les réseaux sociaux, ce sont les « likes » ou les « retweets » qui provoquent la mise en évidence de certains contenus par rapport à d’autres, jugés alors moins pertinents. (…) La médiatisation de la théorie de la bulle de filtres d’Eli Pariser se veut participer de l’esprit critique, mais d’autres lectures sont possibles. Pour André Gunthert dans Et si on arrêtait avec les bulles de filtre ? (…), « le système de sélection de Facebook ne modifie que de 1 % l’exposition aux contenus politiques de camps opposés » ; il donne la parole à Dominique Cardon selon qui « la bulle, c’est nous qui la créons. Par un mécanisme typique de reproduction sociale. Le vrai filtre, c’est le choix de nos amis, plus que l’algorithme de Facebook. » Wikipedia
La bulle, c’est nous qui la créons. Par un mécanisme typique de reproduction sociale. Le vrai filtre, c’est le choix de nos amis, plus que l’algorithme de Facebook. Dominique Cardon
Une semaine avant le plus grand fiasco de la presse d’information américaine, abasourdie par l’élection de Donald Trump, le quotidien Le Monde publiait une enquête à charge, dénonciation sur une double page des bulles de filtre intitulée: « Facebook, faux ami de la démocratie »1. Une fois encore, c’est un journal papier qui nous alerte sur le danger constitué par les réseaux sociaux. Sous couvert de promouvoir l’échange et de favoriser la discussion, ceux-ci nous enfermeraient en réalité dans une chambre d’écho, nouvelle caverne de Platon qui ne ferait que nous renvoyer indéfiniment notre reflet. Magie de la bulle de filtre, concept à succès inventé en 2011 par l’activiste Eli Pariser, sur la base de l’intuition apparemment logique que les algorithmes qui pilotent les moteurs de recherche ou la présentation des contenus sur les médias sociaux orientent leur réponse en fonction des préférences de l’usager. Que personne ne sache exactement quels critères retiennent ces logiciels, dont les entreprises gardent jalousement les clés, ne fait pas obstacle à leur condamnation. Au contraire, le secret est constitutif du processus classique de diabolisation de la technique, dont le statut de boîte noire était déjà dénoncé par Gilbert Simondon, qui regrettait que l’ignorance ou le rejet de la culture technique en fasse le bouc émissaire favori des sociétés développées. Ce qui frappe évidemment dans la manière de présenter la question par un journal auto-proclamé « quotidien de référence », c’est l’absence de tout élément de comparaison. Le postulat des bulles de filtre une fois déduit de la nature de l’algorithme, il ne viendrait pas à l’idée des « enquêteurs » de vérifier de quelle diversité informationnelle bénéficie un abonné du Monde ou du Nouvel Observateur. On se souvient pourtant que l’hebdomadaire de la deuxième gauche, propriété du même groupe, a récemment licencié son numéro 2, Aude Lancelin, pour motif officiel de divergence idéologique – soit le méfait d’ouvrir les colonnes du magazine à des agitateurs aussi subversifs qu’Alain Badiou ou Emmanuel Todd, plutôt qu’à BHL… La surprise créée par l’élection de Donald Trump a permis de vérifier en vraie grandeur la dimension de l’entre-soi médiatique, qui n’a pas besoin d’algorithme pour évacuer de son horizon les motifs de trouble. La gravité de cet aveuglement est évidemment d’une toute autre ampleur, car si nul n’accorde à Facebook le rôle d’un contrepoids démocratique, celui revendiqué par la presse d’information est bien d’éclairer le citoyen. Une revendication des plus étranges lorsqu’on constate les parti-pris des organes d’information, chacun attaché à une clientèle et qui lui tend complaisamment le miroir qui est la condition de l’acte d’achat. Parle-t-on de la bulle dans laquelle évolue le lecteur du Figaro ou le spectateur de BFMTV? En réalité, derrière la rhétorique pseudo-technicienne et la dénonciation stéréotypée d’un communautarisme digital, se cache la prétention objectiviste d’une presse qui se dépeint en gardienne de l’universalisme des Lumières. Pour savoir la vérité, ne discutez pas sur Facebook, achetez plutôt Le Monde, seul garant d’une opinion réellement éclairée, nous dit sournoisement un article qui ne fournit aucun élément d’évaluation des bulles. Ou plutôt si: l’article présente rapidement les conclusions d’une véritable étude, publiée par la revue Science, qui constate que le système de sélection de Facebook ne modifie que de 1% l’exposition aux contenus politiques de camps opposés. Et donne la parole au spécialiste Dominique Cardon, qui résume: « La bulle, c’est nous qui la créons. Par un mécanisme typique de reproduction sociale. Le vrai filtre, c’est le choix de nos amis, plus que l’algorithme de Facebook ». Ce qui n’empêche pas le quotidien de condamner globalement « un forum au ton virulent, géré par un algorithme qui se dit “agnostique”, mais révèle son incapacité à susciter un vrai débat, fondement de la culture démocratique. » Fermez le ban! On ne pourrait pas démontrer de façon plus évidente le biais d’un article qui contredit ses éléments d’information les plus fondés, où les mécanismes décrits comme producteurs de « bulles » sont tout simplement les mêmes que ceux qui conduisent à la formation de l’opinion – soit un ensemble de choix individuels, pesés, discutés et négociés qui déterminent l’orientation du citoyen, socle de la vie démocratique. Traduisons: il n’y a pas de bulle. Et il n’y a pas non plus d’impartialité journalistique, qui se hisserait au-dessus de la subjectivité des réseaux sociaux. N’en déplaise au « quotidien de référence », qui s’adresse à une clientèle tout aussi calibrée par sa régie de publicité, c’est la prétention à l’objectivité, à la neutralité et à un pluralisme défini d’en haut qui constitue le principal obstacle à une information honnête, c’est-à-dire signée, et qui admet son orientation, plutôt que de la nier. La grande nouveauté de la présentation de l’information sur les réseaux sociaux, c’est justement d’y arriver toujours précédée par la signature du contact qui l’a sélectionnée, autrement dit l’indication implicite d’une lecture ou d’une position, qui pourra être interrogée ou discutée. Bien sûr, comme les rédactions, qui visent des groupes sociaux et s’adressent à des opinions politiques, les médias conversationnels tendent à normaliser l’échange. Il n’en reste pas moins, pour quiconque se souvient de l’univers de l’information avant internet, que la richesse et la diversité des sources proposées par les médias sociaux est tout simplement sans comparaison avec le petit monde de la presse d’avant-hier. Plutôt que des bulles, indépendantes et forcément étanches, la dynamique des réseaux sociaux produit des essaims informationnels perméables, orientés par les préférences et les affinités, mais toujours susceptibles d’être traversés par les impulsions virales, la contagion du LOL ou la sérendipité du web. Habités par la conviction de l’universel, les vieux médias découvrent avec frayeur les îlots minoritaires et la fragmentation communautaire, sans s’apercevoir qu’ils ne sont eux-mêmes pas moins polaires, relatifs et bornés. En réalité, c’est à une nouvelle pensée du divers qu’invite la conversation en ligne, faite de mobilisations ponctuelles et de repositionnements instantanés, reflet d’une société de moins en moins fondée sur des logiques d’appartenance, avec laquelle il va bien falloir apprendre à composer. André Gunthert
Dans les médias de la communication, une chambre d’écho, ou chambre d’écho médiatique est une description métaphorique d’une situation dans laquelle l’information, les idées, ou les croyances sont amplifiées ou renforcées par la communication et la répétition dans un système défini. Il s’agit d’une analogie avec la chambre d’écho acoustique, ou chambre réverbérante, dans laquelle les sons sont réverbérés par les murs. À l’intérieur d’une chambre d’écho médiatique, les sources ne sont généralement pas remises en question et les points de vue opposés sont censurés ou sous-représentés. John Scruggs, lobbyiste chez le cigarettier Philip Morris, décrit en 1998 deux mécanismes de ce qu’il appelle les «chambres d’écho». Le premier consiste en la répétition d’un même message par différentes sources. Le second mécanisme consiste en la diffusion de messages similaires mais complémentaires par une seule source. Scruggs décrit la chambre d’écho comme stratégie pour augmenter la crédibilité de certaines informations au regard d’une audience cible. Avec la démocratisation de l’internet et l’arrivée des médias sociaux, les chambres d’écho se sont multipliées. Les algorithmes des réseaux sociaux agissent comme des filtres et engendrent ce qu’on a nommé des bulles de filtres. L’utilisateur à l’intérieur d’une telle bulle obtient de l’information triée à son insu en fonction de son activité sur un réseau. L’accessibilité accrue aux informations correspondant aux opinions des individus fait que ces derniers sont moins exposés à des opinions différentes des leurs. Dans les chambres d’échos, les opinions opposées à celles de la majorité sont peu diffusées et, lorsqu’elles le sont, sont souvent la cible d’attaques par cette majorité pour les discréditer. Lorsqu’une information est reprise par de nombreux médias, elle peut être déformée, exagérée, jusqu’à être plus ou moins dénaturée. En augmentant l’exposition à une rumeur infondée, sa crédibilité a tendance à augmenter. À l’intérieur d’une chambre d’écho, il peut ainsi arriver qu’une majorité d’individus croient en une version dénaturée d’une information véridique, ou en une information carrément fausse. Souvent, les individus isolés au sein des chambres d’échos médiatiques sont entraînés dans un enfermement intellectuel et informationnel, construit en fonction de leur vision du monde, ce qui les conforte dans leurs convictions et les amène à l’incapacité à porter un regard critique et constructif sur les opinions qu’on leur présente. Ainsi, ces personnes sont moins aptes à juger de la qualité des informations auxquelles elles sont exposées. (…) Par ailleurs, ces chambres d’échos peuvent être touchées par la mal-information ou encore par les fake news. L’impact de ces dernières et des chambres d’échos est exacerbé par l’utilisation massive des réseaux sociaux. En effet, les débats politiques, ou encore les manifestations telles que celles des Gilets jaunes sont des événements propices à la création de fake news, qui seront alors propagées par les chambres d’échos. Wikipedia
Vendredi 10 décembre 2021, Paris (…) l’heure est à l’enthousiasme. Le polémiste tutoie les 15% dans les sondages et s’apprête à obtenir le ralliement l’ex-numéro 2 des Républicains, Guillaume Peltier. Tout paraît sourire au polémiste lorsqu’il entre dans le vestibule, et que la masse de journalistes converge vers sa personne. “Je suis un mix entre le RN et LR. C’est pour ça que je serai au second tour”, affirme-t-il ce jour-là, sûr de lui. Ce dimanche 10 avril, il en est pourtant très loin. Avec environ 7% des voix, l’ancien journaliste arrive quatrième (très) largement derrière Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. (…) En moins de cinq mois, son potentiel électoral a fondu comme neige au soleil. Parti comme une flèche après une période de vrai-faux suspense autour des ses intentions présidentielles, Éric Zemmour n’a cessé de perdre des points depuis le mois de février. Une trajectoire façon “montagnes russes” due en partie, à la guerre en Ukraine et aux pronostics hasardeux qu’il faisait à l’égard d’un Vladimir Poutine qu’il jugeait “agressé” par les intentions de Kiev. Mais ce n’est pas la seule raison. Le candidat nationaliste n’a pas réussi à attirer des poids lourds venant des Républicains, à l’exception de Guillaume Peltier, lequel avait déjà eu un passé à l’extrême droite, que ce soit au MPF de Philippe de Villiers ou au Front national de Jean-Marie Le Pen. Et les nombreux ralliements venant du Rassemblement national, de Gilbert Collard à Stéphane Ravier en passant par Nicolas Bay ou Marion Maréchal, n’ont pas produit le moindre effet sur sa concurrente d’extrême droite, qui avait beau jeu de reléguer ces défections au rayon des trahisons intéressées. (…) Face à l’impasse dans laquelle se trouvait sa candidature, Éric Zemmour a ensuite tenté de reproduire la recette qui lui avait permis de percer le plafond des sondages à l’automne: marteler les références identitaires afin d’imposer l’immigration dans le débat. Objectif: “montrer qu’il est le vrai et le seul candidat de droite de cette campagne”, entonnait son entourage. Le candidat de Reconquête! a eu une fenêtre de tir: son débat face à la candidate LR. (…) Problème, la présidente de la région Ile-de-France était aussi venue pour en découdre. Résultat: les échanges ont tourné au pugilat et ont encore une fois renvoyé l’image d’un Éric Zemmour davantage à l’aise dans le costume de bateleur médiatique que dans celui d’un chef de l’État capable de prendre en main le destin d’une nation. Une confrontation qui a par ailleurs conforté Marine Le Pen dans son refus de débattre avec le polémiste ou la candidate LR et de mener campagne loin des joutes télévisuelles qu’affectionne son concurrent. L’écart commençait à se creuser. Et le doute à s’installer dans ses troupes. À la peine dans les sondages, et alors que la guerre en Ukraine sature l’espace médiatique il apparaît comme celui qui ne veut pas de réfugiés ukrainiens sur le sol national, alors que les Français soutiennent l’accueil à 80%. Éric Zemmour s’en remet encore à la transgression, et propose, en mars, un ministère de la “Remigration”. Ultime coup de communication, comme une tentative désespérée d’attirer la lumière. En réalité, la proposition marginalise encore plus le candidat à l’extrême droite et permet à Marine Le Pen d’accentuer sa dédiabolisation, malgré un programme paradoxalement similaire sur l’immigration. Au RN, on rit de ces “provocations” qui ont l’avantage de définitivement cornériser l’essayiste. Un stratégie perdante qui a mécaniquement rebuté des LR hésitants à se déporter naturellement sur sa candidature comme il l’aurait souhaité. Raison pour laquelle Éric Zemmour en a été réduit à faire d’insistants appels du pieds en meeting, en faisant, par exemple applaudir Laurent Wauquiez et Éric Ciotti au Trocadéro. Deux poids lourds des Républicains qui sont restés jusqu’au bout fidèles à Valérie Pécresse, en dépit des offres formulées par le chef de Reconquête!, qui comptait sur la force surestimée de ses meetings spectaculaires pour faire pencher la balance de son côté. “Nous sommes les seuls à faire des rassemblement de cette ampleur”, défendait Samuel Lafont, sincèrement convaincu que ces événements agiraient comme des aimants à électeurs de droite: “chez Valérie Pécresse ils ont même  arrêter d’en faire, la dynamique est chez nous”. Manifestement, ces démonstrations de force destinées à faire de jolies images n’ont pas permis au fondateur de Reconquête! de rebondir. (…) Son entourage à beau pester contre le traitement qui est réservé au candidat, ces accrocs révèlent une forme d’amateurisme et un cruel manque d’anticipation.  Les derniers jours, Éric Zemmour donne l’impression de se rattacher à tout ce qui peut, d’une façon ou d’une autre, relancer sa campagne. De l’affaire McKinsey à la mort du jeune Jérémy Cohen, quitte à prêter le flanc aux accusations en récupération. Sans résultat. “Ce qui est dingue, c’est que nos réunions publiques sont pleines, et que les gens sont surmotivés sur le terrain”, relatait, mercredi 6 avril, au HuffPost, un élu RN rallié au polémiste, avant d’ajouter, réaliste: “enfin, c’est aussi surtout encourageant pour l’après”. Le lendemain de la présidentielle, Éric Zemmour l’a évoqué publiquement sur le plateau de France 2 mercredi 5 avril, en n’écartant pas l’idée de se présenter aux élections législatives au mois de juin. Un aveu d’échec pour qui prétend à la fonction suprême, comme s’il avait acté le fait que la marche était en réalité trop haute pour lui. De toute façon, était-il vraiment à la hauteur, ce candidat entouré de profils baroques, agrégeant les différentes galaxies de l’extrême droite, et s’enfermant dans une radicalité jusqu’à la caricature? Huffpost
Juin 2021. (…) Cette fois, c’est la bonne. Les partisans de l’union d’une droite dure le sentent, les planètes sont alignées, et un espace voit le jour entre Les Républicains et le Rassemblement national. (…) Le projet est simple : transformer, en quelques mois, l’homme des plateaux de télévision en un candidat à la présidentielle qui pourra, enfin, réconcilier une droite bourgeoise et patriote avec une droite plus populaire. Cette droite en est persuadée : Marine Le Pen, victime d’un plafond de verre, ne peut pas gagner, la droite dure a donc besoin d’un nouveau héraut. Les partisans de l’union ont enfin trouvé le porte-drapeau de leur récit, et c’est avec une tournée littéraire que les proches de l’ancien éditorialiste prennent la température. Le succès est immédiat. A chaque rendez-vous signature, une foule se presse sur le parvis, dernier ouvrage d’Eric Zemmour serré entre leurs bras. Dans les rangs, on loue les idées défendues par le polémiste, on lance des « Zemmour président », auxquels l’intéressé répond d’un sourire entendu. En septembre, dans un sondage Ipsos, il est crédité de 15% des intentions de vote, un point seulement derrière Marine Le Pen. On rêve, alors, du croisement des courbes. (…) La galaxie se structure. Les orphelins de la droite hors les murs croient enfin avoir trouvé une maison commune, et nourrissent des espoirs présidentiels. Mais arrive, déjà, la première polémique. Le 11 septembre dans l’émission « On est en direct », Eric Zemmour assure que s’il était élu, il interdirait les prénoms musulmans. Parmi ses premiers soutiens, on tique. « Toucher au prénom, c’est toucher au coeur même des gens, c’est une erreur absolue pour quelqu’un qui prétend à la fonction suprême », regrette l’un d’entre eux. Quelques semaines plus tard, il dresse un parallèle entre l’auteur de l’attentat de Toulouse, Mohamed Merah, et ses quatre victimes juives, tuées le 19 mars 2012. Puis c’est devant le Bataclan qu’Éric Zemmour dérape à nouveau, en profitant de sa visite sur les lieux de l’attentat pour critiquer l’action de François Hollande. « C’est ici qu’il a perdu une partie de la droite, analyse un observateur. On ne profane pas un cimetière, c’est aussi simple que ça. » Arrive, enfin, la séquence marseillaise, où une passante dispense Eric Zemmour d’un doigt d’honneur que lui rend bien ce dernier, assorti d’un élégant : « Et bien profond. » Eric Zemmour, pourtant, veut conter son récit. « Je veux montrer qu’il y a un horizon pour la droite, confie-t-il en marge d’un déplacement. Les systèmes partisans, l’impasse entre le RN et LR empêchent de défendre une certaine idée de la France : le cul-de-sac politique a des conséquences métaphysiques. » Mais le grand récit se perd, peu à peu, dans des petites phrases. La brutalité devance la présidentialité. Au grand dam de ses soutiens. « Il s’est laissé emporter par son public littéraire, et a cru qu’il pouvait s’adresser aux électeurs comme il s’adresse à eux, analyse l’un d’entre eux, qui pointe du doigt la responsabilité du premier cercle du polémiste, « jeune et avide de radicalité ». « Ils ont un aspect romantique, ajoute un autre. Un côté terre-brûlée dans lequel ils se permettent tout avec l’idée du : ‘tant pis si on perd, on aura bien foutu le bordel’. » D’autant que, si certains individus commencent à se montrer dubitatifs, les sondages, eux, continuent de s’envoler. Début novembre, Eric Zemmour culmine à 19% des intentions de vote, avant d’entamer une redescente. Le 30 novembre, mettant fin à un suspense inexistant, il déclare sa candidature à la présidentielle dans une vidéo postée sur Youtube. (…) Il s’agit désormais de montrer que le candidat peut embrasser la fonction d’homme d’Etat, lui faire endosser le costume de présidentiable. Et cela passera par la tenue d’un grand meeting à Villepinte. Véritable démonstration de force orchestrée par Olivier Ubéda, où ses soutiens se relaient à la tribune, pour montrer qu’il est capable de rassembler. Plus de 12 000 personnes, venues de tous les horizons, sont réunies dans une salle chauffée à blanc. Villepinte agit comme un puissant psychotrope, qui fait oublier aux militants les récents déboires. La jeune équipe se félicite : le pari est réussi, le polémiste a achevé sa mue, il est enfin devenu candidat. (…) Les murs tremblent, ce 2 mars, au 10 rue Jean Goujon. Eric Zemmour a obtenu ses parrainages. Il est officiellement candidat à la présidence de la République. L’heure est à la fête. (…) une semaine après l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine. Et le champ politique n’a pas le coeur à la fête. Mais à Reconquête, on vit la campagne en chantant. Dans les déplacements, en café avec les journalistes, au QG, on vante l’ambiance chaleureuse des équipes, celle de la « droite joyeuse ». Depuis Villepinte, les rangs se sont étoffés. Reconquête a dépassé les 100 000 adhérents, du jamais vu pour un parti naissant. L’appareil siphonne les rangs du Rassemblement national, et engrange quelques soutiens venus de la droite. Jérôme Rivière, Guillaume Peltier, Sébastien Pilard, Stéphane Ravier ont rejoint Eric Zemmour. Le 19 février, c’est au Mont Saint Michel que la Zemmourie s’est réunie pour accueillir Nicolas Bay (…) Les transfuges saluent la « libération » qu’est la leur, depuis qu’ils l’ont rejoint. Les coups d’œil aux sondages leur collent un grand sourire aux lèvres. En février, Eric Zemmour est encore en tête de la primaire informelle qui se joue à droite, devant Valérie Pécresse et au coude-à-coude avec Marine Le Pen. On s’apprête donc à faire cap sur Emmanuel Macron.  Avant que la réalité ne les rattrape, une nouvelle fois, sous la forme d’une déclaration polémique. Celle d’Eric Zemmour, qui soutient, sur RTL, que la France « ne doit pas accueillir de réfugiés ukrainiens ». Là où même Marine Le Pen se prononce en faveur du respect de la Convention de Genève. Et revient, d’un coup, l’étiquette de la brutalité qui lui colle à la peau. « C’est incroyable, la teneur de son discours fait penser qu’il pourrait avoir une famille ukrainienne en train de crever sur son palier qu’il n’ouvrirait pas la porte, lâche un observateur de la droite. De tels propos, ça ne fait que ressortir son manque d’humanité. » (…) Cette fois, rien n’y fait, et les sondages entament une chute lente mais inexorable. Si officiellement, les proches d’Eric Zemmour imputent sa baisse dans les intentions de vote au « réflexe légitimiste » d’un électorat de droite traditionnelle, en interne les langues se délient. « C’était l’erreur de trop », regrette un membre du premier cercle. La campagne déchante. 21 mars. Dans un sondage paru le matin même, le candidat nationaliste est retombé sous la barre symbolique des 10%. (…) « On est coincés, on est obligés de faire comme si on y croyait encore, souffle un salarié du parti. On ne va pas aller dire à nos militants que c’est cramé. » « Je ne me rendais pas compte que d’une semaine à l’autre on pouvait passer de 17% à 10%, c’est horrible pour nous, se lamente un cadre. On a toujours envie de tout prévoir, de tout contrôler mais on ne peut pas. » Même le ralliement de Marion Maréchal, annoncée depuis des mois comme la pièce maîtresse capable de basculer l’élection, n’y fait rien. Il est temps de sortir les rames. (….) Et comme souvent, en cas de tempête, le bateau tangue. Le vernis de l’entente cordiale craquelle. Les premiers soutiens goûtent peu de se faire (grand) remplacer au compte-goutte par les nouveaux ralliés, plus capés politiquement. Privés de médias, évincés des réunions stratégiques, relégués sur des déplacements de second plan, tout un pan de Reconquête nourrit un certain ressentiment. (…) Sur la ligne, aussi, les divergences commencent à poindre. Les défenseurs d’une politique plus axée sur le pouvoir d’achat ne comprennent pas que la question soit si peu abordée. Ceux dont les préoccupations se portent sur les classes populaires ne cessent de le répéter : « On n’imprime pas dans cet électorat, et c’est ce qui nous manque, mais les têtes pensantes ne font rien pour redresser la barre. » Au contraire, le premier cercle en est convaincu : il faut marteler sur les thématiques où l’on identifie Eric Zemmour. A savoir : immigration, identité et sécurité. Des sujets qui, le répètent ses proches, font toujours partie des premières préoccupations des électeurs. A Reconquête, on a un mantra : celui qui gagne l’élection est celui qui arrive à imposer son thème. (…) Alors, on se rassure en relevant la tête : les meetings, organisés aux quatre coins de la France, continuent d’être un succès. Chaque déplacement d’un orateur siglé Zemmour fait le plein. Les réunions publiques du candidat sont toujours impressionnantes, malgré un ou deux ratés, liés à la non prise en compte des impératifs du temps de parole. Le décalage entre les sondages et la dynamique de terrain est saisissant. Erreur 404 dans les équipes. « Comment peut-on être si bas dans les intentions de vote et constater une telle ferveur auprès des militants ? », s’interroge-t-on. Certains ébauchent une réponse : « Un meeting, ce n’est pas la France. Il faut parler aux électeurs plutôt qu’aux militants. On ne peut pas faire reposer une campagne uniquement sur des prises de guerre et des meetings », confie un cadre. En interne, on commence à se passer le mot : « Il est temps de se renouveler. » Une grande réunion publique, le 27 mars, au Trocadéro devrait permettre de rebondir, comme Eric Zemmour a toujours su le faire au cours de cette campagne. (…) La place du Trocadéro est comble. Éric Zemmour, debout sur une estrade, fait face à plusieurs dizaines de milliers de personnes. Il lève les mains vers le ciel. Il l’a fait. Lui qui, un an auparavant, était encore polémiste sur CNEWS, marche aujourd’hui dans les pas de Nicolas Sarkozy et François Fillon. Et jure qu’il fera mentir les sondages, où il est désormais le quatrième homme, seulement. A deux pas de la scène, un homme seul se fond dans la masse. Il observe le tableau, un vague sourire aux lèvres. Cet homme, c’est Paul-Marie Coûteaux, figure des milieux conservateurs et chantre de l’union des droites. A Villepinte, il avait pris la parole, devant une foule électrisée, pour encenser Eric Zemmour. Jadis fervent soutien, il n’est aujourd’hui qu’un spectateur dubitatif, qui contemple de loin une opportunité ratée. « J’avais pourtant fait part de mes réserves, mais ils ont pêché dans leur positionnement de départ, ils n’auraient pas dû verser dans une telle radicalité », regrette-t-il. Loin de la foule et de la musique tonitruante, Marine Le Pen continue sa campagne à bas bruit. Elle est désormais donnée finaliste, systématiquement, dans tous les sondages. Les Zemmouristes serrent les rangs. Ils en sont désormais persuadés : les sondages ne sont pas le reflet de la vérité, et leur stratégie est la bonne.  (…) Dynamique, rythme, et radicalité. La recette du cocktail explosif que va distiller Eric Zemmour pour cette dernière ligne droite. Avec une nouvelle proposition, portée par Nicolas Bay, Guillaume Peltier et Philippe de Villiers : la mise en place d’un ministère de la Remigration. A droite, on tique, encore et toujours. Car l’expression est empruntée au lexique de la droite identitaire et groupusculaire, et revendique de renvoyer dans leur pays d’origine tous les migrants et immigrés non européens. En interne, plusieurs craquent : « Trop c’est trop. » Mais encore une fois, le buzz fonctionne. La preuve par les actes, revendique Guillaume Peltier, désignant le flot de journalistes amoncelés autour de lui pour le questionner sur cette nouvelle trouvaille. D’ailleurs, un sondage leur donne raison : Selon Opinionway, « 55% des Français se déclarent favorables à la création d’un tel ministère ». CQFD. Et le pas de plus vers une nouvelle radicalisation. Si les sondages sont de leur côté, alors ce sont les médias, et les journalistes – « profession la plus détestée des Français », comme la Zemmourie aime à le rappeler – qui mentent. Attaquer la presse, faire mentir les sondages, vanter l’existence d’un vote caché. Jouer la carte du « nous » contre « eux », et du « tous contre nous ». Et, surtout, remettre au centre du débat les questions migratoires et civilisationnelles, à force de déclarations chocs. Telle est la stratégie d’Eric Zemmour, pour mener sa dernière bataille. Elle ne fait pas l’unanimité. « Ils sont restés dans une culture de partis de minorité, critique un salarié de Reconquête, venu des Républicains. Ils sont dans la culture du coup, alors qu’il faudrait voir sur le long terme. » (…) L’épisode, d’ailleurs, aura marqué la campagne par son caractère inédit. Jamais un parti naissant n’aura réuni tant de militants, ou connu une ferveur pareille sur le terrain. Jamais la fenêtre d’Overton n’aura été autant élargie, tant Eric Zemmour a distillé ses obsessions dans la campagne, au point de réussir à installer la théorie du « grand remplacement » dans le débat public. A quelques jours du premier tour, on dresse, déjà, à droite, l’éloge funèbre d’un candidat au parcours météoritique. « Dès le départ, ils se sont enfermés dans ce qu’ils font toujours : la campagne du buzz et de la punchline. Les références de Zemmour auraient dû être François Fillon et Marine Le Pen, c’est finalement Henri de Lesquen et Renaud Camus, il s’est transformé en addition de groupuscules identitaires. »  (…)rue Jean Goujon, le 24 mars. (…) Eric Zemmour (…) revient près de trois ans en arrière, au moment de la Convention de la droite. Il évoque le discours choc qu’il y a prononcé, d’une extrême virulence sur l’islam et l’immigration. « Je n’étais pas bon sur la forme, mais sur le fond, c’était l’un de mes meilleurs discours », assure-t-il encore aujourd’hui. Il dresse un parallèle avec le célèbre Discours des fleuves du sang, prononcé en 1968 par le très à droite Enoch Powell, lors d’un rassemblement conservateur à Birmingham. L’allocution provoque alors une tempête politique et son limogeage du cabinet fantôme. « La référence est des plus symboliques, assure un ami de longue date. Car ce qu’il faut retenir d’Eric Zemmour, finalement, c’est qu’il ne rêve pas de prendre le pouvoir. Il se complait dans sa radicalité. Ne s’est il donc pas contenté d’élargir sa propre fenêtre d’Overton pour mieux y rester enfermé ? » L’Express
Les regards sont humides et les accolades appuyées, ce dimanche, à la maison de la Mutualité. Les femmes ont chaussé leurs talons et les hommes leur veste de costume, mais le coeur n’est plus à la fête. Dans le lieu qui a accueilli Benoit Hamon en 2017 et Nicolas Sarkozy en 2012, la malédiction de la défaite se poursuit. Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle sont tombés. De même que le score d’Eric Zemmour, à 7%. Le même chiffre qu’au mois d’août 2021, au moment où celui qui était encore éditorialiste était testé dans les premières enquêtes d’opinion. La claque. Regards hagards, les militants présents dans la salle sont sonnés. « C’est pas possible, c’est pas possible », se lamente une trentenaire en s’effondrant dans les bras de son compagnon. « C’est injuste, c’est en complet décalage avec la ferveur qu’on a rencontrée sur le terrain, avec l’espoir qu’on a suscité », regrette un autre. Les zemmouristes ont la gueule de bois.  (…) L’échec, lui, est bel et bien présent. Eric Zemmour en convient, sur scène, le regard embué : « Nous sommes déçus. » Il analyse, aussi, les causes de sa chute. « Peut-être est-ce à cause de l’absence de campagne et de débat ? Du traitement qui nous a été réservé ? De la situation internationale ? Ou peut-être, aussi… de ma faute… » « Non, non, on vous aime ! », répond la salle d’une seule voix. Dans l’équipe, on explique ce résultat décevant par l’infusion de l’argument « vote utile » en faveur de Marine Le Pen. « Les électeurs de droite ont eu peur de la montée de Jean-Luc Mélenchon, et ont préféré se tourner vers Marine Le Pen », analyse un bras droit du candidat. (…) Pour l’heure, « la jeunesse de France » est sonnée. L’Express
Eric Zemmour n’a semble-t-il pas réussi à réunir « la bourgeoisie patriote », en dehors d’une partie de fillonistes de 2017 et des catholiques de La Manif pour tous, et « les classes populaires », qui sont restés pour l’essentiel fidèles à Marine Le Pen, qui dépasse les 23 %. Son parti Reconquête ! témoignait déjà de cette faiblesse : Eric Zemmour a en réalité bâti un nouveau Rassemblement national à la droite du RN, mais où les ralliés du parti Les Républicains sont rares : un obscur sénateur, Sébastien Meurant, un ancien député inconnu, Nicolas Dhuicq, et surtout Guillaume Peltier, l’ancien numéro deux de LR, qui est lui un rallié successif – ancien du Front national, du Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret, du Mouvement pour le France (MPF) de Philippe de Villiers, puis de l’UMP. Eric Zemmour a pu croire en la victoire : crédité d’à peine 7 % des voix en septembre 2021, il s’est hissé à 17 % ou 18 % des intentions de vote à mi-octobre, avant de redescendre inexorablement. Il a, à l’évidence, réussi à imposer ses thèmes de campagne, y compris à la droite classique, construit de toutes pièces un appareil qui revendique plus de 100 000 adhérents, imposé une domination quasi absolue sur les réseaux sociaux et rempli des meetings comme aucun des autres candidats. Mais la ferveur qu’il suscite chez ses sympathisants ne s’est pas traduite dans les urnes. (…) Le cercle de courtisans qui l’entoure a puissamment exacerbé l’hubris d’un homme qui n’en manquait pas, et qui ne s’est pas inquiété d’être devenu une sorte de gourou dont la seule présence électrisait les foules. Il faut enfin compter avec les outrances du candidat, qui ont marqué la campagne présidentielle : le « trait d’humour » qui lui a fait viser des journalistes avec un fusil au salon Milipol (20 octobre 2021), la conférence de presse sur les lieux même du Bataclan quant à la responsabilité de François Hollande (12 novembre 2021), le doigt d’honneur fort peu présidentiel à une militante à Marseille (27 novembre 2021), ses propos sur les handicapés et « l’obsession de leur inclusion à école », qui a fait bondir (14 janvier)… Sans compter la misogynie assumée de son passé de polémiste, qu’il a tenté de faire oublier mais qui lui vaut un déficit sévère dans l’électorat féminin. Mais c’est avec la guerre en Ukraine que le candidat a dégringolé dans les sondages. En raison, d’une part, de son admiration pour Vladimir Poutine (« Je rêve d’un Poutine français », avait-il dit en 2018), son incapacité à le qualifier de « criminel de guerre », et enfin sa répugnance à accueillir des réfugiés ukrainiens – contrairement à Marine Le Pen. Si l’on ajoute la faiblesse et la confusion de son programme [?], ses manœuvres assez politiciennes [?], lui qui se défend d’être un politicien – « supplice chinois » des ralliements du RN, minutieusement organisés, avec en point d’orgue celui de Marion Maréchal, bombardements d’informations douteuses sur le Net –, Eric Zemmour est bel et bien passé à côté de sa campagne. L’amertume l’a peu à peu porté vers le complotisme – la responsabilité des médias, les manipulations des sondages, « le vote caché » –, qui sont autant d’étapes de son échec du dimanche 10 avril. Franck Johannès
Ma chambre d’écho m’a tuer !
Devinez qui …
En ce lendemain de premier tour
Et le louable mais coûteux refus, sur l’économie, de la démagogie facile des Le Pen ou Mélenchon …
Mais une étrange hémiplégie sur la menace néo-impérialiste sino-russe …
S’est hélas fait piéger comme le débutant qu’il était …
Avec l’aide de médias au départ en manque de produits nouveaux …
Ne manquant pas de lui imposer, au moindre de ses faux pas, l’infamante étiquette d’extrême droite raciste et misogyne …
Pour finir par piéger au passage ses jeunes et eux-mêmes novices partisans pour la plupart …
Dans une véritable chambre d’écho médiatico-numérique…
Nouvelle caverne de Platon probablement amplifiée, de par la personnalisation algorithmique des moteurs de recherche et des réseaux sociaux, par l’effet de « bulle de filtrage »
Pour revenir quelque peu piteusement  avec le brutal retour du réel de l’élection elle-même …
A moins ultime pirouette de l’histoire …

Qu’en acceptant de jouer le « bad cop » en prenant comme il l’a fait  toute sa négativité sur lui …

Eric Zemmour permette au camp national …

Via la « good cop » Marine qui en a tant rajouté dans la démagogie économique …

D’arriver enfin à se glisser dans le petit trou de souris que pourrait nous offrir le sort …

Et nous débarrasser enfin de celui qui sans le putsch judiciaire contre Fillon il y a cinq ans …

N’aurait dû jamais quitter sa vraie place dans les notes de bas de page de la dite histoire … ?

Eric Zemmour : une déroute pour le polémiste d’extrême droite 
Le candidat d’extrême droite a obtenu 7 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle du dimanche 10 avril. Il termine en quatrième position, loin derrière le trio de tête.
Franck Johannès
Le Monde
10.04.2022
Eric Zemmour a obtenu 7 % des suffrages exprimés au premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril, selon les premières estimations Ipsos-Sopra Steria. Cette défaite s’explique sans doute par une combinaison de facteurs, que le candidat d’extrême droite a d’ailleurs vu monter lors des dernières semaines, en multipliant les appels à la mobilisation, dans toutes les couches de l’électorat.
Eric Zemmour n’a semble-t-il pas réussi à réunir « la bourgeoisie patriote », en dehors d’une partie de fillonistes de 2017 et des catholiques de La Manif pour tous, et « les classes populaires », qui sont restés pour l’essentiel fidèles à Marine Le Pen, qui dépasse les 23 %. Son parti Reconquête ! témoignait déjà de cette faiblesse : Eric Zemmour a en réalité bâti un nouveau Rassemblement national à la droite du RN, mais où les ralliés du parti Les Républicains sont rares : un obscur sénateur, Sébastien Meurant, un ancien député inconnu, Nicolas Dhuicq, et surtout Guillaume Peltier, l’ancien numéro deux de LR, qui est lui un rallié successif – ancien du Front national, du Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret, du Mouvement pour le France (MPF) de Philippe de Villiers, puis de l’UMP.
Cercle de courtisans
Eric Zemmour a pu croire en la victoire : crédité d’à peine 7 % des voix en septembre 2021, il s’est hissé à 17 % ou 18 % des intentions de vote à mi-octobre, avant de redescendre inexorablement. Il a, à l’évidence, réussi à imposer ses thèmes de campagne, y compris à la droite classique, construit de toutes pièces un appareil qui revendique plus de 100 000 adhérents, imposé une domination quasi absolue sur les réseaux sociaux et rempli des meetings comme aucun des autres candidats.
Mais la ferveur qu’il suscite chez ses sympathisants ne s’est pas traduite dans les urnes. « Je crois que la dynamique est de mon côté, a-t-il encore déclaré le 6 avril sur France Inter. Tous les éléments objectifs, les salles pleines, la ferveur, les audiences télévisées, le nombre d’adhérents, tout ça, c’est moi. » Le cercle de courtisans qui l’entoure a puissamment exacerbé l’hubris d’un homme qui n’en manquait pas, et qui ne s’est pas inquiété d’être devenu une sorte de gourou dont la seule présence électrisait les foules.
Il faut enfin compter avec les outrances du candidat, qui ont marqué la campagne présidentielle : le « trait d’humour » qui lui a fait viser des journalistes avec un fusil au salon Milipol (20 octobre 2021), la conférence de presse sur les lieux même du Bataclan quant à la responsabilité de François Hollande (12 novembre 2021), le doigt d’honneur fort peu présidentiel à une militante à Marseille (27 novembre 2021), ses propos sur les handicapés et « l’obsession de leur inclusion à école », qui a fait bondir (14 janvier)… Sans compter la misogynie assumée de son passé de polémiste, qu’il a tenté de faire oublier mais qui lui vaut un déficit sévère dans l’électorat féminin.
Dégringolade avec la guerre en Ukraine
Mais c’est avec la guerre en Ukraine que le candidat a dégringolé dans les sondages. En raison, d’une part, de son admiration pour Vladimir Poutine (« Je rêve d’un Poutine français », avait-il dit en 2018), son incapacité à le qualifier de « criminel de guerre », et enfin sa répugnance à accueillir des réfugiés ukrainiens – contrairement à Marine Le Pen.
Si l’on ajoute la faiblesse et la confusion de son programme, ses manœuvres assez politiciennes, lui qui se défend d’être un politicien – « supplice chinois » des ralliements du RN, minutieusement organisés, avec en point d’orgue celui de Marion Maréchal, bombardements d’informations douteuses sur le Net –, Eric Zemmour est bel et bien passé à côté de sa campagne. L’amertume l’a peu à peu porté vers le complotisme – la responsabilité des médias, les manipulations des sondages, « le vote caché » –, qui sont autant d’étapes de son échec du dimanche 10 avril.

Voir aussi:

L’ancien journaliste est devenu en quelques mois le phénomène surprise de cette présidentielle. Mais en politique, plus rapide est l’ascension, plus dure sera la chute.
L’Express
Marylou Magal
01/04/2022

Chapitre 1 : Le temps de l’insouciance

Juin 2021. Dans le VIe arrondissement de Paris, des passants de la rue des Saint-Père accélèrent le pas. Soudain, ils bifurquent, et poussent la porte cochère de l’un des immeubles. Dans les escaliers qui mènent à l’appartement, résonnent des chants grégoriens. Le salon, lui, abrite des livres et des bustes de Napoléon. Et il arrive, parfois, qu’Eric Zemmour y fasse irruption. Cet appartement est celui de Sarah Knafo. En juin, l’énarque de 28 ans n’a pas encore fait la Une de la presse people. Loin du bruit et de la fureur, elle active ses réseaux au sein de la « droite hors les murs ». Au coeur du Quartier latin, elle reçoit les uns, les autres. Elle consulte, interroge, apprivoise. Cette fois, c’est la bonne. Les partisans de l’union d’une droite dure le sentent, les planètes sont alignées, et un espace voit le jour entre Les Républicains et le Rassemblement national. 
Pendant un temps, le petit appartement tiendra lieu de QG de campagne officieux pour les entremetteurs de l’ombre qui composent ce qui deviendra la première équipe d’Eric Zemmour. Le projet est simple : transformer, en quelques mois, l’homme des plateaux de télévision en un candidat à la présidentielle qui pourra, enfin, réconcilier une droite bourgeoise et patriote avec une droite plus populaire. Cette droite en est persuadée : Marine Le Pen, victime d’un plafond de verre, ne peut pas gagner, la droite dure a donc besoin d’un nouveau héraut. Les partisans de l’union ont enfin trouvé le porte-drapeau de leur récit, et c’est avec une tournée littéraire que les proches de l’ancien éditorialiste prennent la température. 

Les orphelins de la droite hors les murs croient enfin avoir trouvé une maison commune

Le succès est immédiat. A chaque rendez-vous signature, une foule se presse sur le parvis, dernier ouvrage d’Eric Zemmour serré entre leurs bras. Dans les rangs, on loue les idées défendues par le polémiste, on lance des « Zemmour président », auxquels l’intéressé répond d’un sourire entendu. En septembre, dans un sondage Ipsos, il est crédité de 15% des intentions de vote, un point seulement derrière Marine Le Pen. On rêve, alors, du croisement des courbes. A Paris, entre deux déplacements, Sarah Knafo continue de rencontrer du monde, tente de draguer des soutiens. Tous se souviennent de sa pugnacité. « J’avais rencontré Sarah (Knafo, NDLR) et Eric (Zemmour, NDLR) à un dîner avec Erik Tegner (directeur de la rédaction de Livre noir, média poisson-pilote de la campagne Zemmouriste) et Marion Maréchal, se remémore Sébastien Pilard, ancienne figure de la Manif pour Tous, désormais membre de la campagne. Elle avait ensuite tenté de me convaincre de les rejoindre. Je lui ai dit de me rappeler quand elle aurait un sondage à deux chiffres, ça n’a pas manqué. » 
La galaxie se structure. Les orphelins de la droite hors les murs croient enfin avoir trouvé une maison commune, et nourrissent des espoirs présidentiels. Mais arrive, déjà, la première polémique. Le 11 septembre dans l’émission « On est en direct », Eric Zemmour assure que s’il était élu, il interdirait les prénoms musulmans. Parmi ses premiers soutiens, on tique. « Toucher au prénom, c’est toucher au coeur même des gens, c’est une erreur absolue pour quelqu’un qui prétend à la fonction suprême« , regrette l’un d’entre eux. Quelques semaines plus tard, il dresse un parallèle entre l’auteur de l’attentat de Toulouse, Mohamed Merah, et ses quatre victimes juives, tuées le 19 mars 2012. Puis c’est devant le Bataclan qu’Éric Zemmour dérape à nouveau, en profitant de sa visite sur les lieux de l’attentat pour critiquer l’action de François Hollande. « C’est ici qu’il a perdu une partie de la droite, analyse un observateur. On ne profane pas un cimetière, c’est aussi simple que ça. » Arrive, enfin, la séquence marseillaise, où une passante dispense Eric Zemmour d’un doigt d’honneur que lui rend bien ce dernier, assorti d’un élégant : « Et bien profond. » 

Démonstration de force à Villepinte

Eric Zemmour, pourtant, veut conter son récit. « Je veux montrer qu’il y a un horizon pour la droite, confie-t-il en marge d’un déplacement. Les systèmes partisans, l’impasse entre le RN et LR empêchent de défendre une certaine idée de la France : le cul-de-sac politique a des conséquences métaphysiques. » Mais le grand récit se perd, peu à peu, dans des petites phrases. La brutalité devance la présidentialité. Au grand dam de ses soutiens. « Il s’est laissé emporter par son public littéraire, et a cru qu’il pouvait s’adresser aux électeurs comme il s’adresse à eux, analyse l’un d’entre eux, qui pointe du doigt la responsabilité du premier cercle du polémiste, « jeune et avide de radicalité« . « Ils ont un aspect romantique, ajoute un autre. Un côté terre-brûlée dans lequel ils se permettent tout avec l’idée du : ‘tant pis si on perd, on aura bien foutu le bordel’. » D’autant que, si certains individus commencent à se montrer dubitatifs, les sondages, eux, continuent de s’envoler. Début novembre, Eric Zemmour culmine à 19% des intentions de vote, avant d’entamer une redescente. 
Le 30 novembre, mettant fin à un suspense inexistant, il déclare sa candidature à la présidentielle dans une vidéo postée sur Youtube. Dans l’équipe, on se passe le mot : la campagne prend une autre dimension. Il s’agit désormais de montrer que le candidat peut embrasser la fonction d’homme d’Etat, lui faire endosser le costume de présidentiable. Et cela passera par la tenue d’un grand meeting à Villepinte. Véritable démonstration de force orchestrée par Olivier Ubéda, où ses soutiens se relaient à la tribune, pour montrer qu’il est capable de rassembler. Plus de 12 000 personnes, venues de tous les horizons, sont réunies dans une salle chauffée à blanc. Villepinte agit comme un puissant psychotrope, qui fait oublier aux militants les récents déboires. La jeune équipe se félicite : le pari est réussi, le polémiste a achevé sa mue, il est enfin devenu candidat.

Chapitre 2 : La fin de l’innocence

Champagne shower ! Les murs tremblent, ce 2 mars, au 10 rue Jean Goujon. Eric Zemmour a obtenu ses parrainages. Il est officiellement candidat à la présidence de la République. L’heure est à la fête. Pour l’occasion, le QG de campagne se transforme en carré VIP sur les Champs-Élysées. Les équipes, en costume, se déhanchent sur fond de Bande organisée. Le responsable des signatures est repeint au champagne, ambiance Saint-Tropez. Heureusement que Gilbert Payet, mandataire financier de la campagne, est là pour passer la serpillère. La vidéo de la soirée circule sur les réseaux sociaux, et provoque, à droite, des réactions incrédules. « C’est absolument indécent« , lâche un élu, un temps séduit par les idées d’Eric Zemmour. Car la scène se passe une semaine après l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine. Et le champ politique n’a pas le coeur à la fête. 
Mais à Reconquête, on vit la campagne en chantant. Dans les déplacements, en café avec les journalistes, au QG, on vante l’ambiance chaleureuse des équipes, celle de la « droite joyeuse ». Depuis Villepinte, les rangs se sont étoffés. Reconquête a dépassé les 100 000 adhérents, du jamais vu pour un parti naissant. L’appareil siphonne les rangs du Rassemblement national, et engrange quelques soutiens venus de la droite. Jérôme Rivière, Guillaume Peltier, Sébastien Pilard, Stéphane Ravier ont rejoint Eric Zemmour. Le 19 février, c’est au Mont Saint Michel que la Zemmourie s’est réunie pour accueillir Nicolas Bay, entré en scène sur la musique de James Bond (car soupçonné par Marine Le Pen d’avoir été un agent double). Bottes aux pieds, la troupe nationaliste s’esclaffe, ravie de sa private joke. Les transfuges saluent la « libération » qu’est la leur, depuis qu’ils l’ont rejoint. Les coups d’œil aux sondages leur collent un grand sourire aux lèvres. En février, Eric Zemmour est encore en tête de la primaire informelle qui se joue à droite, devant Valérie Pécresse et au coude-à-coude avec Marine Le Pen. On s’apprête donc à faire cap sur Emmanuel Macron. 

La campagne déchante

Avant que la réalité ne les rattrape, une nouvelle fois, sous la forme d’une déclaration polémique. Celle d’Eric Zemmour, qui soutient, sur RTL, que la France « ne doit pas accueillir de réfugiés ukrainiens« . Là où même Marine Le Pen se prononce en faveur du respect de la Convention de Genève. Et revient, d’un coup, l’étiquette de la brutalité qui lui colle à la peau. « C’est incroyable, la teneur de son discours fait penser qu’il pourrait avoir une famille ukrainienne en train de crever sur son palier qu’il n’ouvrirait pas la porte, lâche un observateur de la droite. De tels propos, ça ne fait que ressortir son manque d’humanité. » Pourtant, ses équipes avaient tout fait, depuis décembre, pour lisser l’image du candidat d’extrême-droite. « Il faut qu’on arrive à le montrer tel qu’il est en privé, drôle et attentionné« , revendiquait un proche. Les communicants s’y sont employés pendant des semaines, à grand renfort de vidéos, montrant le candidat nationaliste hilare et entouré. Cette fois, rien n’y fait, et les sondages entament une chute lente mais inexorable. Si officiellement, les proches d’Eric Zemmour imputent sa baisse dans les intentions de vote au « réflexe légitimiste » d’un électorat de droite traditionnelle, en interne les langues se délient. « C’était l’erreur de trop« , regrette un membre du premier cercle. La campagne déchante. 
21 mars. Dans un sondage paru le matin même, le candidat nationaliste est retombé sous la barre symbolique des 10%. Un cadre se laisse lourdement tomber sur sa chaise, dépité. « Allez, on va boire« , grince-t-il, à l’évocation du chiffre. La campagne joyeuse n’est plus qu’un lointain souvenir. De même que le second tour, désormais inatteignable dans les esprits des uns et des autres. « On est coincés, on est obligés de faire comme si on y croyait encore, souffle un salarié du parti. On ne va pas aller dire à nos militants que c’est cramé. » « Je ne me rendais pas compte que d’une semaine à l’autre on pouvait passer de 17% à 10%, c’est horrible pour nous, se lamente un cadre. On a toujours envie de tout prévoir, de tout contrôler mais on ne peut pas. » Même le ralliement de Marion Maréchal, annoncée depuis des mois comme la pièce maîtresse capable de basculer l’élection, n’y fait rien. Il est temps de sortir les rames. 

Le vernis craquelle

Et comme souvent, en cas de tempête, le bateau tangue. Le vernis de l’entente cordiale craquelle. Flash-back. Dans l’Aisne, mi-janvier, la température frôle le négatif. Sous le parvis de la mairie, journalistes et salariés de la campagne attendent ensemble l’arrivée des personnalités de la journée. Eric Zemmour sort de la voiture, suivi de près par Guillaume Peltier, fraîchement nommé vice-président de Reconquête. « Ah ! Voilà votre nouveau patron« , lance, taquin, un journaliste à Antoine Diers, soutien de la première heure, pourtant directeur adjoint de la stratégie. Le sourire de ce dernier se crispe tandis que sa moustache se fige. « Mais ce n’est pas mon patron« , souffle-t-il. Ambiance. « Jusqu’ici, on gardait pour nous nos rancoeurs personnelles, parce qu’il fallait faire front commun, mais c’est terminé« , avance un cadre. Les premiers soutiens goûtent peu de se faire (grand) remplacer au compte-goutte par les nouveaux ralliés, plus capés politiquement. Privés de médias, évincés des réunions stratégiques, relégués sur des déplacements de second plan, tout un pan de Reconquête nourrit un certain ressentiment. « Ils devraient pourtant le savoir, sourit un salarié. Dans une campagne, ce n’est jamais le premier rallié le mieux récompensé, regardez Edouard Philippe. » 
Sur la ligne, aussi, les divergences commencent à poindre. Les défenseurs d’une politique plus axée sur le pouvoir d’achat ne comprennent pas que la question soit si peu abordée. Ceux dont les préoccupations se portent sur les classes populaires ne cessent de le répéter : « On n’imprime pas dans cet électorat, et c’est ce qu’il nous manque, mais les têtes pensantes ne font rien pour redresser la barre. » Au contraire, le premier cercle en est convaincu : il faut marteler sur les thématiques où l’on identifie Eric Zemmour. A savoir : immigration, identité et sécurité. Des sujets qui, le répètent ses proches, font toujours partie des premières préoccupations des électeurs. A Reconquête, on a un mantra : celui qui gagne l’élection est celui qui arrive à imposer son thème. 

Le décalage entre les sondages et la dynamique de terrain est saisissante

Alors, on se rassure en relevant la tête : les meetings, organisés aux quatre coins de la France, continuent d’être un succès. Chaque déplacement d’un orateur siglé Zemmour fait le plein. Les réunions publiques du candidat sont toujours impressionnantes, malgré un ou deux ratés, liés à la non prise en compte des impératifs du temps de parole. Le décalage entre les sondages et la dynamique de terrain est saisissant. Erreur 404 dans les équipes. « Comment peut-on être si bas dans les intentions de vote et constater une telle ferveur auprès des militants ?« , s’interroge-t-on. Certains ébauchent une réponse : « Un meeting, ce n’est pas la France. Il faut parler aux électeurs plutôt qu’aux militants. On ne peut pas faire reposer une campagne uniquement sur des prises de guerre et des meetings« , confie un cadre. En interne, on commence à se passer le mot : « Il est temps de se renouveler. » Une grande réunion publique, le 27 mars, au Trocadéro devrait permettre de rebondir, comme Eric Zemmour a toujours su le faire au cours de cette campagne. Mais le temps de la fête et des cotillons est bel et bien terminé. Et il n’y plus qu’à passer la serpillère.

Chapitre 3 : Le choix de la radicalisation

La place du Trocadéro est comble. Éric Zemmour, debout sur une estrade, fait face à plusieurs dizaines de milliers de personnes. Il lève les mains vers le ciel. Il l’a fait. Lui qui, un an auparavant, était encore polémiste sur CNEWS, marche aujourd’hui dans les pas de Nicolas Sarkozy et François Fillon. Et jure qu’il fera mentir les sondages, où il est désormais le quatrième homme, seulement. A deux pas de la scène, un homme seul se fond dans la masse. Il observe le tableau, un vague sourire aux lèvres. Cet homme, c’est Paul-Marie Coûteaux, figure des milieux conservateurs et chantre de l’union des droites. A Villepinte, il avait pris la parole, devant une foule électrisée, pour encenser Eric Zemmour. Jadis fervent soutien, il n’est aujourd’hui qu’un spectateur dubitatif, qui contemple de loin une opportunité ratée. « J’avais pourtant fait part de mes réserves, mais ils ont pêché dans leur positionnement de départ, ils n’auraient pas dû verser dans une telle radicalité« , regrette-t-il. 
Loin de la foule et de la musique tonitruante, Marine Le Pen continue sa campagne à bas bruit. Elle est désormais donnée finaliste, systématiquement, dans tous les sondages. Les Zemmouristes serrent les rangs. Ils en sont désormais persuadés : les sondages ne sont pas le reflet de la vérité, et leur stratégie est la bonne. « On est dans notre timing, assure Guillaume Peltier. On a eu une campagne en trois temps, avec la tournée littéraire qui était un test de notoriété, la précampagne de Villepinte au ralliement de Marion Maréchal, et maintenant on rentre dans le dur, avec une dynamique permanente. » Dynamique, rythme, et radicalité. La recette du cocktail explosif que va distiller Eric Zemmour pour cette dernière ligne droite. Avec une nouvelle proposition, portée par Nicolas Bay, Guillaume Peltier et Philippe de Villiers : la mise en place d’un ministère de la Remigration. A droite, on tique, encore et toujours. Car l’expression est empruntée au lexique de la droite identitaire et groupusculaire, et revendique de renvoyer dans leur pays d’origine tous les migrants et immigrés non européens. En interne, plusieurs craquent : « Trop c’est trop. » 

Attaquer la presse, faire mentir les sondages, vanter l’existence d’un vote caché

Mais encore une fois, le buzz fonctionne. La preuve par les actes, revendique Guillaume Peltier, désignant le flot de journalistes amoncelés autour de lui pour le questionner sur cette nouvelle trouvaille. D’ailleurs, un sondage leur donne raison : Selon Opinionway, « 55% des Français se déclarent favorables à la création d’un tel ministère« . CQFD. Et le pas de plus vers une nouvelle radicalisation. Si les sondages sont de leur côté, alors ce sont les médias, et les journalistes – « profession la plus détestée des Français« , comme la Zemmourie aime à le rappeler – qui mentent. Attaquer la presse, faire mentir les sondages, vanter l’existence d’un vote caché. Jouer la carte du « nous » contre « eux », et du « tous contre nous ». Et, surtout, remettre au centre du débat les questions migratoires et civilisationnelles, à force de déclarations chocs. Telle est la stratégie d’Eric Zemmour, pour mener sa dernière bataille. Elle ne fait pas l’unanimité. « Ils sont restés dans une culture de partis de minorité, critique un salarié de Reconquête, venu des Républicains. Ils sont dans la culture du coup, alors qu’il faudrait voir sur le long terme. » 
Faux, rétorque le premier cercle. « Si en septembre Eric Zemmour monte autant, c’est parce qu’il vient parler de l’identité de la France à un moment où personne ne se saisit de ce sujet, et c’est là-dessus qu’il imprime, que les gens l’attendent. » Retour aux fondamentaux, donc, pour rassembler plus largement. « Le ciment de l’union des droites, c’est ça, une seule chose relie tous nos électeurs : c’est la question de l’identité« , martèle un stratège. Le temps n’est plus à l’apaisement. Le premier cercle serre les rangs. A la barre, le duo Sarah Knafo et Guillaume Peltier. Ce sont eux qui dictent la ligne, qui entourent le candidat, qui co-écrivent et relisent ses discours. Le temps n’est plus à l’atermoiement. On réprimande sèchement ceux qui s’épanchent dans la presse, sommés de se reprendre. 
Malgré tout, les langues se délient. « On s’attendait à ce qu’il y ait une vraie démocratie interne, mais ce n’est pas le cas, regrette un engagé de la première heure. Nous ne sommes plus associés aux décisions, on a l’impression d’avoir été débarqués du bateau. » Alors les mis de côté s’organisent, et rêvent de l’après. « Il y aura forcément un congrès, et ce sera le moment de reprendre la main sur l’appareil. » La projection est devenue la plaisanterie des déçus, qui s’appellent régulièrement. « Tu fais quoi ? Je prépare le congrès« , raillent-t-ils au téléphone. Car si certains espoirs de conquête ont été enterrés, restera, après l’élection, une structure forte de plus de 100 000 adhérents, avec de nouveaux objectifs électoraux. Un butin pour lequel beaucoup sont prêts à se battre. « A ce moment-là, ce sera chacun pour soi et Dieu pour tous, prédit un cadre. Car dans le parti, beaucoup sont plus motivés par leur ambition personnelle que par leur conviction. » 
D’autres ne voient pas si loin, et se contentent d’un coup d’oeil dans le rétro. « Je ne me suis engagée que pour la campagne, après le premier tour je mets les voiles, mais on aura vécu une belle aventure« , commente une salariée. Pour plusieurs, la candidature Zemmour n’aura été qu’une parenthèse dorée de la vie politique, une sorte de quête romantique sans débouché, qui aura fait rêver, un temps, les espoirs des partisans de l’union. L’épisode, d’ailleurs, aura marqué la campagne par son caractère inédit. Jamais un parti naissant n’aura réuni tant de militants, ou connu une ferveur pareille sur le terrain. Jamais la fenêtre d’Overton n’aura été autant élargie, tant Eric Zemmour a distillé ses obsessions dans la campagne, au point de réussir à installer la théorie du « grand remplacement » dans le débat public. 

Le souvenir de la Convention de la droite

A quelques jours du premier tour, on dresse, déjà, à droite, l’éloge funèbre d’un candidat au parcours météoritique. « Dès le départ, ils se sont enfermés dans ce qu’ils font toujours : la campagne du buzz et de la punchline. Les références de Zemmour auraient dû être François Fillon et Marine Le Pen, c’est finalement Henri de Lesquen et Renaud Camus, il s’est transformé en addition de groupuscules identitaires. »  
Le soleil brille, rue Jean Goujon, le 24 mars. Un café fait l’angle, à deux pas du QG de campagne. Eric Zemmour, qui sort s’aérer, y croise quelques journalistes. Il s’arrête, pour discuter, et revient près de trois ans en arrière, au moment de la Convention de la droite. Il évoque le discours choc qu’il y a prononcé, d’une extrême virulence sur l’islam et l’immigration. « Je n’étais pas bon sur la forme, mais sur le fond, c’était l’un de mes meilleurs discours« , assure-t-il encore aujourd’hui. 
 
Il dresse un parallèle avec le célèbre Discours des fleuves du sang, prononcé en 1968 par le très à droite Enoch Powell, lors d’un rassemblement conservateur à Birmingham. L’allocution provoque alors une tempête politique et son limogeage du cabinet fantôme. « La référence est des plus symboliques, assure un ami de longue date. Car ce qu’il faut retenir d’Eric Zemmour, finalement, c’est qu’il ne rêve pas de prendre le pouvoir. Il se complait dans sa radicalité. Ne s’est il donc pas contenté d’élargir sa propre fenêtre d’Overton pour mieux y rester enfermé ? » Le premier tour se chargera de répondre à cette interrogation. Pour l’heure, escorté par ses gardes du corps, Eric Zemmour s’avance vers les Champs-Elysées, pour profiter, en solitaire, des quelques rayons de soleil.
Voir également:

Chez Zemmour, déception, pleurs… et sagesse : « C’est bien aussi la démocratie »
Le candidat qui espérait dynamiter la droite et le RN a rassemblé 7% des suffrages. Un résultat décevant pour l’ex-journaliste qui a appelé à voter pour Marine Le Pen.
Marylou Magal
L’Express
10/04/2022

Les regards sont humides et les accolades appuyées, ce dimanche, à la maison de la Mutualité. Les femmes ont chaussé leurs talons et les hommes leur veste de costume, mais le coeur n’est plus à la fête. Dans le lieu qui a accueilli Benoit Hamon en 2017 et Nicolas Sarkozy en 2012, la malédiction de la défaite se poursuit. Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle sont tombés. De même que le score d’Eric Zemmour, à 7%. Le même chiffre qu’au mois d’août 2021, au moment où celui qui était encore éditorialiste était testé dans les premières enquêtes d’opinion.

Retour à ses débuts.

La claque. Regards hagards, les militants présents dans la salle sont sonnés. « C’est pas possible, c’est pas possible », se lamente une trentenaire en s’effondrant dans les bras de son compagnon. « C’est injuste, c’est en complet décalage avec la ferveur qu’on a rencontrée sur le terrain, avec l’espoir qu’on a suscité », regrette un autre. Les zemmouristes ont la gueule de bois. « Bon, bah, on a perdu », admet un membre du premier cercle, sourire (jaune) en coin. « Bravo quand même », lâche un soutien à un artisan de la campagne, embrassade à l’appui. « On aura fait tout ce qu’on a pu… », lui rétorque ce dernier. Et on se console comme on peut. Notamment en regardant le score de Valérie Pécresse, autour de 5%.

Eric Zemmour appelle à voter pour Marine Le Pen

Sur les écrans géants installés dans la salle, les militants écoutent Valérie Pécresse assurer qu’elle votera pour Emmanuel Macron. Ils éructent, la huent, la sifflent. « Salope ! », crie un membre de cette assemblée dont une partie est décidément toujours aussi policée. Car, malgré la déception, la plupart des participants ont déjà en tête leur vote du second tour. « Ce sera Marine Le Pen, il n’y a même pas de question à se poser », assure une membre de Reconquête. Eric Zemmour, lui aussi, choisit une ligne claire. « J’ai bien des désaccords avec Marine Le Pen, mais je ne me tromperai pas d’adversaire. C’est la raison pour laquelle j’appelle mes électeurs à voter pour Marine Le Pen », déclare-t-il à ses militants, lors de sa prise de parole. Il assure, pour autant : « Reconquête n’abandonnera rien tant que la France ne sera pas reconquise. Je suis déterminé à poursuivre le combat avec tous ceux qui nous rejoindront, et je vous dirai quelle forme cela prendra. »

L’échec, lui, est bel et bien présent. Eric Zemmour en convient, sur scène, le regard embué : « Nous sommes déçus. » Il analyse, aussi, les causes de sa chute. « Peut-être est-ce à cause de l’absence de campagne et de débat ? Du traitement qui nous a été réservé ? De la situation internationale ? Ou peut-être, aussi… de ma faute… » « Non, non, on vous aime ! », répond la salle d’une seule voix. Dans l’équipe, on explique ce résultat décevant par l’infusion de l’argument « vote utile » en faveur de Marine Le Pen. « Les électeurs de droite ont eu peur de la montée de Jean-Luc Mélenchon, et ont préféré se tourner vers Marine Le Pen », analyse un bras droit du candidat.

« C’est bien, aussi, la démocratie »

Mais tout n’est pas déception, veulent croire les zemmouristes, Eric Zemmour le premier. « Politiquement, tout a changé, parce que nous avons fait irruption dans la vie politique et dépassé les partis moribonds, revendique-t-il à la tribune. Nous avons fait, en trois mois, ce qu’aucun politicien n’a fait en 15 ans. Nous avons construit le premier parti de France. » Les équipes, elles, préfèrent enjamber l’échec, et regardent déjà vers les prochains mois. « La première récolte n’est pas si abondante qu’on l’espérait, mais les graines sont semées », résume poétiquement Philippe Schleitter, le responsable des élections législatives à Reconquête. En statique, c’est décevant, mais en dynamique, un espoir se lève, car nous avons réussi à imposer nos thèmes et à mobiliser, plus que les autres, la jeunesse de France. » Pour l’heure, « la jeunesse de France » est sonnée. La musique s’éteint lentement tandis que la salle se vide. Une jeune femme hoquette, incapable de retenir ses larmes, devant Olivier Ubéda, l’organisateur des meetings. Qui rétorque : « Il ne faut pas pleurer, c’est la démocratie. C’est bien, aussi, la démocratie. »

Voir de plus:

Éric Zemmour, à la présidentielle, une « reconquête » qui a viré à la caricature
Faute d’avoir réussi à faire la jonction entre LR et le RN, le candidat s’est obstiné dans la radicalité pour exister, quitte à sombrer dans la caricature.
Romain Herreros

Huffpost

11/04/2022

POLITIQUE – Vendredi 10 décembre 2021, Paris, huitième arrondissement. Une cinquantaine de journalistes ont été conviés au QG de Reconquête!, avec la promesse de vivre un “moment d’échange” avec Éric Zemmour. Pendant près d’une heure, ce sont ses lieutenants qui se chargent de faire la conversation avec la presse, heureuse d’avoir à couvrir un événement politique dans une campagne qui peine à prendre, marquée par un contexte sanitaire encore compliqué.

Le variant Omicron inquiète déjà, mais aucun membre du staff n’est masqué. Car l’heure est à l’enthousiasme. Le polémiste tutoie les 15% dans les sondages et s’apprête à obtenir le ralliement l’ex-numéro 2 des Républicains, Guillaume Peltier. Tout paraît sourire au polémiste lorsqu’il entre dans le vestibule, et que la masse de journalistes converge vers sa personne. “Je suis un mix entre le RN et LR. C’est pour ça que je serai au second tour”, affirme-t-il ce jour-là, sûr de lui. Ce dimanche 10 avril, il en est pourtant très loin. Avec environ 7% des voix, l’ancien journaliste arrive quatrième (très) largement derrière Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

“J’ai commis des erreurs, je les assume toutes. J’en assume l’entière responsabilité”, a déclaré ce dimanche Éric Zemmour dans un discours crépusculaire, avant d’appeler ses électeurs à voter pour Marine Le Pen au second tour, malgré les critiques acerbes qu’il a formulées à son encontre tout au long de la campagne.

En moins de cinq mois, son potentiel électoral a fondu comme neige au soleil. Parti comme une flèche après une période de vrai-faux suspense autour des ses intentions présidentielles, Éric Zemmour n’a cessé de perdre des points depuis le mois de février. Une trajectoire façon “montagnes russes” due en partie, à la guerre en Ukraine et aux pronostics hasardeux qu’il faisait à l’égard d’un Vladimir Poutine qu’il jugeait “agressé” par les intentions de Kiev. Mais ce n’est pas la seule raison.

Sérieusement, qui connaît Jérôme Rivière?Philippe Olivier, conseiller spécial de Marine Le Pen, en février 2022
Le candidat nationaliste n’a pas réussi à attirer des poids lourds venant des Républicains, à l’exception de Guillaume Peltier, lequel avait déjà eu un passé à l’extrême droite, que ce soit au MPF de Philippe de Villiers ou au Front national de Jean-Marie Le Pen. Et les nombreux ralliements venant du Rassemblement national, de Gilbert Collard à Stéphane Ravier en passant par Nicolas Bay ou Marion Maréchal, n’ont pas produit le moindre effet sur sa concurrente d’extrême droite, qui avait beau jeu de reléguer ces défections au rayon des trahisons intéressées.

“Sérieusement, qui connaît Jérôme Rivière ou Stéphane Ravier, en dehors des militants et des journalistes?”, ironisait auprès du HuffPost, Philippe Olivier, conseiller spécial de la candidate RN, au moment où le polémiste prenait un malin plaisir de scénariser ces prises de guerre. “Il réunit toutes les chapelles de l’extrême droite, ça intéresse qui?”.

Face à l’impasse dans laquelle se trouvait sa candidature, Éric Zemmour a ensuite tenté de reproduire la recette qui lui avait permis de percer le plafond des sondages à l’automne: marteler les références identitaires afin d’imposer l’immigration dans le débat. Objectif: “montrer qu’il est le vrai et le seul candidat de droite de cette campagne”, entonnait son entourage. Le candidat de Reconquête! a eu une fenêtre de tir: son débat face à la candidate LR.

“C’est très important, il y a des points à aller chercher chez Valérie Pécresse. On pense qu’elle va finir vraiment très bas”, fanfaronnait auprès du HuffPost le président de la Génération Z, Stanislas Rigault, en amont de l’exercice. “Pécresse, ce n’est rien, elle n’a pas d’espace, c’est fini pour elle”, savourait un rallié du RN. Problème, la présidente de la région Ile-de-France était aussi venue pour en découdre. Résultat: les échanges ont tourné au pugilat et ont encore une fois renvoyé l’image d’un Éric Zemmour davantage à l’aise dans le costume de bateleur médiatique que dans celui d’un chef de l’État capable de prendre en main le destin d’une nation.

Des provocations pour attirer la lumière
Une confrontation qui a par ailleurs conforté Marine Le Pen dans son refus de débattre avec le polémiste ou la candidate LR et de mener campagne loin des joutes télévisuelles qu’affectionne son concurrent. L’écart commençait à se creuser. Et le doute à s’installer dans ses troupes. À la peine dans les sondages, et alors que la guerre en Ukraine sature l’espace médiatique il apparaît comme celui qui ne veut pas de réfugiés ukrainiens sur le sol national, alors que les Français soutiennent l’accueil à 80%.

Éric Zemmour s’en remet encore à la transgression, et propose, en mars, un ministère de la “Remigration”. Ultime coup de communication, comme une tentative désespérée d’attirer la lumière. En réalité, la proposition marginalise encore plus le candidat à l’extrême droite et permet à Marine Le Pen d’accentuer sa dédiabolisation, malgré un programme paradoxalement similaire sur l’immigration. Au RN, on rit de ces “provocations” qui ont l’avantage de définitivement cornériser l’essayiste.

Un stratégie perdante qui a mécaniquement rebuté des LR hésitants à se déporter naturellement sur sa candidature comme il l’aurait souhaité. Raison pour laquelle Éric Zemmour en a été réduit à faire d’insistants appels du pieds en meeting, en faisant, par exemple applaudir Laurent Wauquiez et Éric Ciotti au Trocadéro. Deux poids lourds des Républicains qui sont restés jusqu’au bout fidèles à Valérie Pécresse, en dépit des offres formulées par le chef de Reconquête!, qui comptait sur la force surestimée de ses meetings spectaculaires pour faire pencher la balance de son côté. “Nous sommes les seuls à faire des rassemblement de cette ampleur”, défendait Samuel Lafont, sincèrement convaincu que ces événements agiraient comme des aimants à électeurs de droite: “chez Valérie Pécresse ils ont même  arrêter d’en faire, la dynamique est chez nous”.

Manifestement, ces démonstrations de force destinées à faire de jolies images n’ont pas permis au fondateur de Reconquête! de rebondir. En parallèle, certains de ses déplacements tournent au sketch. À Moissac, Éric Zemmour est pris en flagrant de mise en scène dans une station essence. En fin de campagne, à Aix-en-Provence, l’intéressé est refoulé d’un complexe sportif appartenant à Zinedine Zidane. Un épisode qui rappelle le fiasco de son déplacement, non loin de là, à Marseille au mois de novembre. Son entourage à beau pester contre le traitement qui est réservé au candidat, ces accrocs révèlent une forme d’amateurisme et un cruel manque d’anticipation.

Aveu d’échec
Les derniers jours, Éric Zemmour donne l’impression de se rattacher à tout ce qui peut, d’une façon ou d’une autre, relancer sa campagne. De l’affaire McKinsey à la mort du jeune Jérémy Cohen, quitte à prêter le flanc aux accusations en récupération. Sans résultat. “Ce qui est dingue, c’est que nos réunions publiques sont pleines, et que les gens sont surmotivés sur le terrain”, relatait, mercredi 6 avril, au HuffPost, un élu RN rallié au polémiste, avant d’ajouter, réaliste: “enfin, c’est aussi surtout encourageant pour l’après”.

Le lendemain de la présidentielle, Éric Zemmour l’a évoqué publiquement sur le plateau de France 2 mercredi 5 avril, en n’écartant pas l’idée de se présenter aux élections législatives au mois de juin. Un aveu d’échec pour qui prétend à la fonction suprême, comme s’il avait acté le fait que la marche était en réalité trop haute pour lui. De toute façon, était-il vraiment à la hauteur, ce candidat entouré de profils baroques, agrégeant les différentes galaxies de l’extrême droite, et s’enfermant dans une radicalité jusqu’à la caricature?

La veille de la fin de la campagne officielle, Éric Zemmour partageait sur Twitter un photomontage montrant Emmanuel Macron et Marine Le Pen caricaturés sous les traits de personnes âgées lors d’un second tour imaginaire en 2042. Du Donald Trump façon 2016 sur la forme, mais sans le succès électoral qui va avec. Quelques heures plus tard, il accusait sur ce même réseau social Emmanuel Macron de “voler l’élection”. Du Donald Trump façon 2020, mais, cette fois, avec la défaite qui va avec.

Voir par ailleurs:

Et si on arrêtait avec les bulles de filtre?
André Gunthert

L’Image sociale

13 novembre 2016

Une semaine avant le plus grand fiasco de la presse d’information américaine, abasourdie par l’élection de Donald Trump, le quotidien Le Monde publiait une enquête à charge, dénonciation sur une double page des bulles de filtre intitulée: « Facebook, faux ami de la démocratie »1. Une fois encore, c’est un journal papier qui nous alerte sur le danger constitué par les réseaux sociaux. Sous couvert de promouvoir l’échange et de favoriser la discussion, ceux-ci nous enfermeraient en réalité dans une chambre d’écho, nouvelle caverne de Platon qui ne ferait que nous renvoyer indéfiniment notre reflet.

Magie de la bulle de filtre, concept à succès inventé en 2011 par l’activiste Eli Pariser, sur la base de l’intuition apparemment logique que les algorithmes qui pilotent les moteurs de recherche ou la présentation des contenus sur les médias sociaux orientent leur réponse en fonction des préférences de l’usager2. Que personne ne sache exactement quels critères retiennent ces logiciels, dont les entreprises gardent jalousement les clés, ne fait pas obstacle à leur condamnation. Au contraire, le secret est constitutif du processus classique de diabolisation de la technique, dont le statut de boîte noire était déjà dénoncé par Gilbert Simondon, qui regrettait que l’ignorance ou le rejet de la culture technique en fasse le bouc émissaire favori des sociétés développées3.

Ce qui frappe évidemment dans la manière de présenter la question par un journal auto-proclamé « quotidien de référence », c’est l’absence de tout élément de comparaison. Le postulat des bulles de filtre une fois déduit de la nature de l’algorithme, il ne viendrait pas à l’idée des « enquêteurs » de vérifier de quelle diversité informationnelle bénéficie un abonné du Monde ou du Nouvel Observateur. On se souvient pourtant que l’hebdomadaire de la deuxième gauche, propriété du même groupe, a récemment licencié son numéro 2, Aude Lancelin, pour motif officiel de divergence idéologique – soit le méfait d’ouvrir les colonnes du magazine à des agitateurs aussi subversifs qu’Alain Badiou ou Emmanuel Todd, plutôt qu’à BHL4…

La surprise créée par l’élection de Donald Trump a permis de vérifier en vraie grandeur la dimension de l’entre-soi médiatique, qui n’a pas besoin d’algorithme pour évacuer de son horizon les motifs de trouble. La gravité de cet aveuglement est évidemment d’une toute autre ampleur, car si nul n’accorde à Facebook le rôle d’un contrepoids démocratique, celui revendiqué par la presse d’information est bien d’éclairer le citoyen.

Une revendication des plus étranges lorsqu’on constate les parti-pris des organes d’information, chacun attaché à une clientèle et qui lui tend complaisamment le miroir qui est la condition de l’acte d’achat. Parle-t-on de la bulle dans laquelle évolue le lecteur du Figaro ou le spectateur de BFMTV? En réalité, derrière la rhétorique pseudo-technicienne et la dénonciation stéréotypée d’un communautarisme digital, se cache la prétention objectiviste d’une presse qui se dépeint en gardienne de l’universalisme des Lumières. Pour savoir la vérité, ne discutez pas sur Facebook, achetez plutôt Le Monde, seul garant d’une opinion réellement éclairée, nous dit sournoisement un article qui ne fournit aucun élément d’évaluation des bulles.

Ou plutôt si: l’article présente rapidement les conclusions d’une véritable étude, publiée par la revue Science, qui constate que le système de sélection de Facebook ne modifie que de 1% l’exposition aux contenus politiques de camps opposés5. Et donne la parole au spécialiste Dominique Cardon, qui résume: « La bulle, c’est nous qui la créons. Par un mécanisme typique de reproduction sociale. Le vrai filtre, c’est le choix de nos amis, plus que l’algorithme de Facebook ». Ce qui n’empêche pas le quotidien de condamner globalement « un forum au ton virulent, géré par un algorithme qui se dit “agnostique”, mais révèle son incapacité à susciter un vrai débat, fondement de la culture démocratique. » Fermez le ban!

On ne pourrait pas démontrer de façon plus évidente le biais d’un article qui contredit ses éléments d’information les plus fondés, où les mécanismes décrits comme producteurs de « bulles » sont tout simplement les mêmes que ceux qui conduisent à la formation de l’opinion – soit un ensemble de choix individuels, pesés, discutés et négociés qui déterminent l’orientation du citoyen, socle de la vie démocratique.

Traduisons: il n’y a pas de bulle. Et il n’y a pas non plus d’impartialité journalistique, qui se hisserait au-dessus de la subjectivité des réseaux sociaux. N’en déplaise au « quotidien de référence », qui s’adresse à une clientèle tout aussi calibrée par sa régie de publicité, c’est la prétention à l’objectivité, à la neutralité et à un pluralisme défini d’en haut qui constitue le principal obstacle à une information honnête, c’est-à-dire signée, et qui admet son orientation, plutôt que de la nier.

La grande nouveauté de la présentation de l’information sur les réseaux sociaux, c’est justement d’y arriver toujours précédée par la signature du contact qui l’a sélectionnée, autrement dit l’indication implicite d’une lecture ou d’une position, qui pourra être interrogée ou discutée. Bien sûr, comme les rédactions, qui visent des groupes sociaux et s’adressent à des opinions politiques, les médias conversationnels tendent à normaliser l’échange. Il n’en reste pas moins, pour quiconque se souvient de l’univers de l’information avant internet, que la richesse et la diversité des sources proposées par les médias sociaux est tout simplement sans comparaison avec le petit monde de la presse d’avant-hier.

Plutôt que des bulles, indépendantes et forcément étanches, la dynamique des réseaux sociaux produit des essaims informationnels perméables, orientés par les préférences et les affinités, mais toujours susceptibles d’être traversés par les impulsions virales, la contagion du LOL ou la sérendipité du web. Habités par la conviction de l’universel, les vieux médias découvrent avec frayeur les îlots minoritaires et la fragmentation communautaire, sans s’apercevoir qu’ils ne sont eux-mêmes pas moins polaires, relatifs et bornés. En réalité, c’est à une nouvelle pensée du divers qu’invite la conversation en ligne, faite de mobilisations ponctuelles et de repositionnements instantanés, reflet d’une société de moins en moins fondée sur des logiques d’appartenance, avec laquelle il va bien falloir apprendre à composer.

Alexis Delcambre, Alexandre Piquard, “Facebook, faux ami de la démocratie”, Le Monde, 3 novembre 2016, p. 14-15. [ ]
Eli Pariser, The Filter Bubble. What the Internet Is Hiding from You, New York, Penguin Press, 2011. [ ]
Gilbert Simondon, Du mode d’existence des objets techniques, Paris, Aubier, 1958. [ ]
Aude Lancelin, Le Monde libre, Paris, LLL, 2016. [ ]
Eytan Bakshy, Solomon Messing, Lada Adamic, “Exposure to ideologically diverse news and opinion on Facebook”, Science, 7 mai 2015. [ ]

Voir par ailleurs:

Zemmour lâché par un de ses premiers conseillers : « Il est déconnecté du réel »

Entourage défaillant, codes trop bourgeois, oubli de la France des « gilets jaunes »… Pierre Meurin, un des proches soutiens d’Eric Zemmour, fustige les lacunes de sa pré-campagne. Entretien choc.

Propos recueillis par Étienne Girard

L’Express

29/11/2021

Il a fait partie des lieutenants des premiers mois. Jusqu’à la fin de l’été, Pierre Meurin, âgé de 31 ans, figurait parmi les six membres du « comité exécutif » secret placé auprès d’Eric Zemmour pour préparer son entrée dans la vie politique. Cet ex-collaborateur de Marion Maréchal à l’ISSEP, également président pendant plusieurs années des Jeunes pour la France, le mouvement de jeunesse du parti de Philippe de Villiers, était chargé de structurer les forces zemmouriennes dans les territoires. C’est lui qui a coordonné, à la fin du mois de juin, la première campagne d’affichage en faveur de la candidature du polémiste. Aujourd’hui, pourtant, le voilà en retrait. Les choix stratégiques opérés depuis plusieurs semaines par Eric Zemmour ne lui conviennent pas. Au point de lui demander, dans une note d’alerte envoyée ce jeudi 25 novembre, de « réorienter radicalement (sa) campagne tant qu’il est encore temps ».

Dans ce document au ton sans concession, Meurin fustige l' »immaturité politique » du presque-candidat et de son entourage. Il lui enjoint d’élargir ses sujets d’attention, au-delà de l’immigration : « Vous adoucir est la clef de la suite de votre campagne ». A défaut, il lui prédit un score modeste le jour du premier tour, « entre 6 et 8% ». A quelques jours de la déclaration de candidature officielle d’Eric Zemmour, Pierre Meurin revient pour la première fois sur les coulisses de la pré-campagne et analyse auprès de l’Express les lacunes de sa stratégie. Il formule plusieurs recommandations d’urgence. Comme on tente d’arrêter un train qui déraille. Entretien fleuve et choc.

L’Express : Au printemps 2021, vous avez fait partie des premiers soutiens d’Eric Zemmour. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Pierre Meurin : J’ai quitté l’équipe de campagne à contrecoeur à la fin du mois d’août, pour des raisons personnelles. J’y ai conservé plusieurs amis dont j’ai pu mesurer l’enthousiasme lorsque la dynamique semblait inexorable. J’ai toutefois depuis le début de la méfiance, et ces sondages, bien en amont de l’échéance présidentielle, m’apparaissaient trop beaux pour être vrais, surtout lorsque l’on observait sa manière de faire campagne.

Sa manière de faire campagne, c’est-à-dire ?

Je suis entré, fin mars dernier, dans le comité exécutif de la pré-campagne, avec un seul objectif : faire du candidat Zemmour le successeur du candidat Sarkozy en 2007, soit l’alliance du « Kärcher » et du « travailler plus pour gagner plus » en intégrant les enjeux sociaux et économiques du dernier mandat présidentiel, principalement la crise des gilets jaunes. Il m’apparaissait possible qu’Eric Zemmour puisse faire l’alliance entre les électeurs populaires et la bourgeoisie conservatrice qu’appelait Patrick Buisson de ses voeux. La forte notoriété de ce « pré-candidat » et le nouveau souffle qu’il aurait pu donner à la campagne m’apparaissaient le meilleur moyen de casser la digue mitterrandienne et de rebâtir une droite de conviction sur les cendres d’un Rassemblement National inapte à rassembler une majorité d’électeurs depuis 30 ans. Peut-être avons-nous trop demandé à Eric Zemmour : quitter le couloir de l’intellectuel sans concession qui essentialise tout avec un pessimisme bien trop communicatif. J’attendais qu’il devienne l’homme qui dit publiquement, avec humour et foi en l’avenir : « Je vous promets qu’une fois élu, je ne dirai plus ‘c’était mieux avant' ». Sa pré-campagne est sur la forme et sur le fond aux antipodes du titre de son livre. Il a préféré rester le Cassandre d’une France qui aurait précisément dit son dernier mot.

Soutenez-vous toujours sa candidature à l’Elysée ?

Je ne soutiens pas cette candidature teintée de désespérance. Il faut proposer « du rêve » à nos concitoyens et non seulement du sang et des larmes. A défaut, je ne saurais ni avoir envie, ni même y croire. Il faudrait qu’il reprenne son narratif de campagne totalement à zéro. Mais qui sait, peut-être est-ce encore possible ?

Eric Zemmour n’a jamais caché vouloir axer sa campagne sur une radicalité maximale en matière d’immigration et d’identité, sur l’effacement supposé des traditions françaises.

Avez-vous cessé de partager ses constats sur la France ?

Pour emporter la présidentielle, la brutalité du lanceur d’alerte ne suffit pas. Je partage ses convictions sur le danger migratoire, mais il ne convaincra pas les Français de lui apporter leurs suffrages sur un simple « votez pour moi sinon vous allez mourir ». Or, en substance, c’est son message. En six mois de pré-campagne électorale, son ton pour le moins anxiogène n’a pas évolué depuis son terrible discours à la Convention de la droite de septembre 2019. Il faut proposer un projet de civilisation, un destin commun, non se borner à identifier des menaces, même si celles-ci sont réelles. Le message que les Français veulent entendre, c’est « rendre sa fierté à la France » et « rendre leur dignité aux Français ».

Vous lui reprochez en somme un ton trop pessimiste.

Au-delà du ton, la campagne d’Eric Zemmour s’articule autour d’une double erreur stratégique. Il est convaincu, et ne manque pas de le dire devant son équipe de campagne et ses proches, que son adversaire principal s’appelle Jean-Luc Mélenchon, qui s’enthousiasme de la créolisation de la France. Par opposition, il rentre dans le piège d’une vision ethnique de la civilisation française, croyant que le socle des 70% de Français hostiles à l’immigration voteront majoritairement pour lui sous prétexte qu’il serait le plus cohérent et le plus clair. D’un point de vue intellectuel, cela pourrait se défendre. Mais s’il fait de Monsieur Mélenchon son adversaire principal, il contribue à faire exister politiquement ce dernier, qui n’est pas le président sortant. Veut-il gagner la présidentielle ou terminer devant Monsieur Mélenchon ? En outre, il n’est pas propriétaire de la fermeté migratoire et sécuritaire, quoi que l’on pense de la sincérité des autres offres politiques. D’Emmanuel Macron, qui mettra en avant ses lois sécuritaires et son ministre sarkozyste Gérald Darmanin, jusqu’au Rassemblement national dépositaire du sujet depuis des années, en passant par des Républicains largement « zemmourisés », tous les états-majors politiques fourbissent leurs armes pour absorber le zemmourisme

A quel moment avez-vous commencé à douter de sa pré-campagne présidentielle ?

Le tournant principal, c’est la « croisée des chemins ». L’occasion manquée pour Eric Zemmour d’aller voir cette France de Christophe Guilluy dont il parlait si souvent sur CNews. Malheureusement, Eric Zemmour a préféré s’exprimer devant une France qui ne vote pas pour lui, une France des grandes villes où il n’avait que des coups à prendre. J’aurais préféré qu’il aille à Vierzon, Montluçon, Firminy, Etampes, Aurillac, Macon, Auch, Carcassonne, Combourg, Lens, Vesoul… Cette France des villes moyennes dévitalisées par la mondialisation et la métropolisation. Finalement, la seule étape véritablement populaire de cette campagne fut Charvieu-Chavagneux, ville péri-urbaine de la grande couronne lyonnaise, dont j’ai été le directeur de cabinet du maire pendant trois ans, de 2015 à 2018.

En réalité, le véritable tournant de cette campagne, c’est l’incapacité d’Eric Zemmour à sortir des grandes lignes TGV de la SNCF. Il dénonce depuis longtemps, à raison, le Jacques Attali mondialisé des aéroports. Il est malheureusement son miroir bourgeois des grandes gares SNCF, et je le regrette. Qu’elle est pourtant belle, cette France des routes nationales, des routes départementales et des petites communes. Elle avait tant à lui apporter.

On vous répondra que vous vous êtes trompé de candidat : vous décrivez la France et les thèmes de Marine Le Pen…

C’est amusant parce que lorsque l’on dit à Eric Zemmour que la France, et notamment les classes populaires, attendent un programme complet, par exemple pour que nos villes moyennes et nos petites communes cessent d’être dévitalisées par la métropolisation, pour leur pouvoir d’achat également, il répond exactement ceci : « Je ne suis pas candidat pour faire la même campagne que Marine Le Pen ». Autrement dit, cela ne l’intéresse pas vraiment.

Marine Le Pen fait certainement d’excellentes propositions concrètes pour cette France rurale et péri-urbaine. Mais je demeure persuadé que Marine Le Pen, lorsque le décrochage d’Eric Zemmour sera incontestable, risque de voir resurgir toutes les critiques sur ses faiblesses structurelles : débat raté en 2017, parti ruiné, et peut-être une affaire d’assistants parlementaires qui ressortira opportunément. Elle n’est pas, à mon avis et sous toutes réserves, en mesure de battre Emmanuel Macron.

Qu’est-ce qui, au fond, vous a choqué dans la démarche d’Eric Zemmour ?

Je ne suis pas choqué au sens moral du terme. Je regrette une pré-campagne qui ressemble à un acte manqué. L’ascension fulgurante dans les sondages l’a certainement conforté, lui avec son équipe, dans ses certitudes. J’appelais de mes voeux une pré-campagne de contrepied, lors de laquelle il aurait pu développer une image d’homme empathique, compétent, créatif, visionnaire et optimiste. Ce qui me choque, puisque c’est votre terme, c’est qu’il entend passer du métier de journaliste à celui de chef d’Etat sans changer sa méthode de travail ni ses habitudes. Il a fait la même tournée littéraire et médiatique que pour ses précédents ouvrages.

Sa venue devant le Bataclan le 13 novembre ou son doigt d’honneur à une militante ce samedi à Marseille vous paraissent-ils indignes d’un chef d’Etat potentiel ?

Sur le doigt d’honneur, c’est objectivement un vilain geste. Mais je trouve que c’est paradoxalement un geste très humain. Il découvre la violence d’une campagne présidentielle, et il faut bien reconnaître que les attaques qu’il subit de ses opposants sont inouïes, scandaleuses et intolérables dans une démocratie. Je me mets à sa place, et je ne communierai pas au procès en indignité qui lui est fait.

Sur le Bataclan, j’ai trouvé ça déplacé, et jamais je n’aurais conseillé cela. Surtout que tirer sur François Hollande revient à tirer sur un cadavre. Il aurait dû plutôt, par exemple, et comme je lui avais conseillé avec un ami,se rendre à la messe de Noël à Saint-Etienne-du-Rouvray, paroisse du Père Hamel, sans convoquer les journalistes. Il aurait pu faire une déclaration a posteriori pour lier christianisme, symbolique de Noël, civilisation française et lutte contre l’islamisme.

De nombreuses critiques commencent à se faire jour sur la faiblesse de l’entourage d’Eric Zemmour. Vous qui avez côtoyé de près les cadres de la pré-campagne, les comprenez-vous ?

Oui. Je disais souvent à l’époque que m’occuper à plein temps du maillage territorial, de l’opérationnel militant et même des parrainages était compliqué pour le jeune trentenaire que je suis, même si j’ai quelques expériences en termes de campagne électorale, notamment au niveau local. Je trouve que l’équipe ne s’est pas, depuis, enrichie de profils réellement expérimentés. C’est bien sûr un signal de faiblesse qui préfigurait les erreurs de ces dernières semaines.

Son équipe de communication, par exemple, est plus spécialisée dans ce que l’on appelle la « riposte », la communication « d’influenceur » ou même le « trolling ». Quel communicant sérieux aurait conseillé à Eric Zemmour de se rendre au Bataclan, ou d’arriver à Marseille en accusant la ville toute entière dans un tweet d’être le royaume de la racaille ? Et je ne vous parle pas des « newsletters » des Amis d’Eric Zemmour dont les textes font lever les yeux au ciel beaucoup de monde, avec des formules infantilisantes. Le tweet un peu immature sur Rama Yade : – « Je tiens à assurer Rama Yade de tout mon micro-soutien face au micro-drame qu’elle micro-traverse » – relève du trolling, pas de la communication d’un candidat en mesure d’accéder au second tour.

Je n’ai pas compris pourquoi Antoine Diers, peut-être le meilleur élément politique de cette équipe, était réduit à un rôle d’animation médiatique et n’avait aucune information sur les opérations. Je n’ai pas non plus compris pourquoi Jean-Frédéric Poisson n’avait pas intégré le dispositif, par exemple pour diriger la recherche des parrainages ou le maillage territorial. Par ailleurs, Eric Zemmour ne gère absolument pas son équipe, il délègue tout à Sarah Knafo dont il attend qu’elle lui offre l’Elysée. Il ne participait jamais aux réunions du comité exécutif lorsque j’en faisais partie.

Eric Zemmour a affirmé à plusieurs reprises vouloir parler à la France des « gilets jaunes », un sujet qui vous tient à coeur. Peut-il y parvenir ?

Non seulement je suis sceptique, mais je crois que l’exercice lui coûte. Pour l’anniversaire des gilets jaunes, il a justement publié une vidéo directement adressée à ces derniers. Pendant dix minutes, il propose la suppression du permis à points, le rétablissement général des 90 km/h et une baisse de la CSG sur les bas salaires. Dix minutes pour trois mesures, annoncées dans un appartement parisien dont je n’ose demander le prix au mètre carré. Ce n’est pas une critique de classe, mais c’est une erreur de communication révélatrice d’une importante déconnexion du réel.

Avez-vous formulé des propositions en ce sens auprès d’Eric Zemmour ?

Oui, bien sûr ! Et il avait l’air véritablement intéressé, je ne doute pas de sa bonne foi. Il faut diviser par deux la taxe sur le carburant, rétablir en effet les 90 km/h, amnistier les petites infractions routières et, surtout, lancer un grand plan de rénovation des routes secondaires en France, pour réduire les accidents et fluidifier le trafic sur les axes les plus congestionnés.

Mais pour saisir ce que vit l’automobiliste quotidien, il faut être entouré de gens qui connaissent le sujet. Eric Zemmour n’est pas entouré d’élus de terrain à même de lui faire saisir cette France qui pense que « nous sommes gouvernés par des lascars qui fixent le prix de la betterave et qui ne sauraient pas faire pousser un radis », selon le bon mot de Michel Audiard. En conséquence, soit ils votent Marine Le Pen, soit ils ne votent pas. Je pense depuis longtemps qu’offrir plus de libertés et de pouvoir d’achat aux automobilistes, c’est tendre enfin la main à ceux qui ont subi la relégation sociale, économique et même identitaire lors de ces quarante dernières années. C’est le geste symbolique principal pour ouvrir à nouveau un dialogue avec cette France qui ne vote souvent plus. Mais Eric Zemmour semble avoir trop de certitudes pour présenter un programme tenant compte de la trivialité du quotidien.

Est-ce à dire que vous pensez que, comme d’autres l’ont dit, « ça finira mal » ?

Pas forcément. Une campagne est une course de fond, pas un sprint. Je suis très sceptique sur ses chances de dépasser les 6-8%, s’il obtient ses 500 signatures. Mais Eric Zemmour est un OVNI politique. Il a créé une dynamique qui, spectaculairement, montre à quel point les électeurs de droite sont en quête de radicalité sur les questions régaliennes. Il faut bien sûr porter ceci à son crédit. Il est déjà producteur des thèmes de la campagne, reléguant la gauche à ses absurdités progressistes, wokistes et ses débats sur le pronom « iel ». Grâce à lui en partie, la gauche est inexistante. Au-delà des thèmes de la campagne, il pourrait être aussi faiseur de roi, ou accompagner un candidat au second tour de la présidentielle, donc pourquoi pas contribuer à faire battre Emmanuel Macron. Mais nous en sommes encore loin. Cinq mois, c’est long, tout est ouvert.


Présidentielle 2022: Vous n’avez pas quitté votre pays, mais c’est comme si votre pays vous avait quitté (What anti-Zemmour witch hunt ?)

1 décembre, 2021

 

 

Tu ne suivras point la multitude pour faire le mal; et tu ne déposeras point dans un procès en te mettant du côté du grand nombre, pour violer la justice. Exode 23: 2
Lorsqu’un Sanhédrin s’est déclaré unanime pour condamner, l’accusé sera acquitté. Le Talmud
Il est dans votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas. Caïphe (Jean 11: 50)
Un jeune homme à cheveux longs grimpait le Golgotha. La foule sans tête était à la fête. Pilate a raison de ne pas tirer dans le tas. C’est plus juste en somme d’abattre un seul homme. Ce jeune homme a dit la vérité. Il doit être exécuté. Guy Béart
Dans des temps de tromperie généralisée, le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire. Orwell
Il faut constamment se battre pour voir ce qui se trouve au bout de son nez. Orwell
Le plus difficile n’est pas de dire ce que l’on voit mais d’accepter de voir ce que l’on voit. Péguy
Nous sommes entrés dans un mouvement qui est de l’ordre du religieux. Entrés dans la mécanique du sacrilège : la victime, dans nos sociétés, est entourée de l’aura du sacré. Du coup, l’écriture de l’histoire, la recherche universitaire, se retrouvent soumises à l’appréciation du législateur et du juge comme, autrefois, à celle de la Sorbonne ecclésiastique. Françoise Chandernagor
Songeons à la carence de ces avant-gardes qui nous prêchaient l’inexistence du réel ! Il nous faut entrer dans une pensée du temps où la bataille de Poitiers et les Croisades sont beaucoup plus proches de nous que la Révolution française et l’industrialisation du Second Empire. (…) Mais ce à quoi nous assistons avec l’islamisme est néanmoins beaucoup plus qu’un retour de la Conquête, c’est ce qui monte depuis que la révolution monte, après la séquence communiste qui aura fourni un intermédiaire. Le léninisme comportait en effet déjà certains de ces éléments. Mais ce qui lui manquait, c’était le religieux. La montée aux extrêmes est donc capable de se servir de tous les éléments : culture, mode, théorie de l’État, théologie, idéologie, religion. Ce qui mène l’histoire n’est pas ce qui apparaît comme essentiel aux yeux du rationaliste occidental. Dans l’invraisemblable amalgame actuel, je pense que le mimétisme est le vrai fil conducteur. Si l’on avait dit aux gens, dans les années 1980, que l’islam jouerait le rôle qu’il joue aujourd’hui, on serait passé pour dément. Or il y avait déjà dans l’idéologie diffusée par Staline des éléments para-religieux qui annonçaient des contaminations de plus en plus radicales, à mesure que le temps passerait. L’Europe était moins malléable au temps de Napoléon. Elle est redevenue, après le Communisme, cet espace infiniment vulnérable que devait être le village médiéval face aux Vikings.(…) J’ai personnellement l’impression que cette religion a pris appui sur le biblique pour refaire une religion archaïque plus puissante que toutes les autres. Elle menace de devenir un instrument apocalyptique, le nouveau visage de la montée aux extrêmes. Alors qu’il n’y a plus de religion archaïque, tout se passe comme s’il y en avait une autre qui se serait faite sur le dos du biblique, d’un biblique un peu transformé. Elle serait une religion archaïque renforcée par les apports du biblique et du chrétien. Car l’archaïque s’était évanoui devant la révélation judéo-chrétienne. Mais l’islam a résisté, au contraire. Alors que le christianisme, partout où il entre, supprime le sacrifice, l’islam semble à bien des égards se situer avant ce rejet. Certes, il y a du ressentiment dans son attitude à l’égard du judéo-christianisme et de l’Occident. Mais il s’agit aussi d’une religion nouvelle, on ne peut le nier. (…)  la montée aux extrêmes se sert aujourd’hui de l’islamisme comme elle s’est servie hier du napoléonisme ou du pangermanisme. (…) Pourquoi la révélation chrétienne a-t-elle été soumise pendant des siècles à des critiques hostiles, aussi féroces que possible, et jamais l’islam ? Il y a là une démission de la raison. Elle ressemble par certains côtés aux apories du pacifisme, dont nous avons vu à quel point elles pouvaient encourager le bellicisme. (…) Il faut donc réveiller les consciences endormies. Vouloir rassurer, c’est toujours contribuer au pire. René Girard
J’apprends que le gouvernement estime que le peuple a « trahi la confiance du régime » et « devra travailler dur pour regagner la confiance des autorités ». Dans ce cas, ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ? Bertold Brecht
[Le Grand remplacement,] c’est très simple : vous avez un peuple et presque d’un seul coup, en une génération, vous avez à sa place un ou plusieurs autres peuples. C’est la mise en application dans la réalité de ce qui chez Brecht paraissait une boutade, changer de peuple. Le Grand Remplacement, le changement de peuple, que rend seule possible la Grande Déculturation, est le phénomène le plus considérable de l’histoire de France depuis des siècles, et probablement depuis toujours. Renaud Camus
La France ne fait pas exception. Partout en Europe, en Amérique du Nord, en Australie, la coalition historique de la gauche, centrée sur la classe ouvrière, s’efface. Même dans les pays où existe un lien institutionnel, via les syndicats, entre la classe ouvrière et la gauche politique, le vote ouvrier déserte la gauche : Grande Bretagne, Allemagne, Suède. La social-démocratie perd sa base électorale. Si la coalition historique de la gauche est en déclin, une nouvelle coalition émerge. Sa sociologie est très différente :  1. Les diplômés. Ils votent plus à gauche que la moyenne nationale (+2 points en 2007). Le vote à gauche est désormais corrélé positivement au niveau de diplôme : plus on est diplômé, plus on vote à gauche ; moins on est diplômé, plus on vote à droite.  2. Les jeunes. C’est le cœur de l’électorat de gauche aujourd’hui : +11 points par rapport à la moyenne nationale au second tour de la présidentielle, en 2007 (58% contre 47%). L’orientation politique du vote est très fortement corrélée à l’âge : le vote à gauche baisse avec l’âge ; et les séniors votent massivement à droite – ils ont donné une avance de 30 points à Nicolas Sarkozy contre Ségolène Royal (65-35). S’il y a un facteur âge (on est idéaliste à 20 ans, et on devient plus conservateur en vieillissant), il y a surtout un facteur générationnel : les nouvelles générations votent de plus en plus à gauche.  3. Les minorités et les quartiers populaires. La France de la diversité est presqu’intégralement à gauche. L’auto-positionnement des individus révèle un alignement des Français d’origine immigrée, et plus encore de la deuxième génération, à gauche – de l’ordre de 80-20. On retrouve des scores de cette ampleur dans les bureaux de vote des quartiers populaires, et encore de 62-38 dans les zones urbaines sensibles. 4. Les femmes. Nous vivons un renversement historique : l’électorat féminin, hier très conservateur, a basculé dans le camp progressiste. En 1965, l’électorat féminin a assuré la victoire du Général de Gaulle ; François Mitterrand l’emportait chez les hommes. En 1981, les femmes votent encore 7 points de moins à gauche que les hommes (49% contre 56% au second tour). En 2007, pour la première fois, elles votent plus à gauche que les hommes, de 2 points (49-47)). La transition vers la gauche se poursuit à vive allure. En 2010, aux élections régionales, cet écart atteint désormais +7 points (58-51). Terra Nova (10.05.2011)
Les auteurs n’échappent pas toujours au péché consistant à prêter à l’adversaire des propos qu’il n’a pas tenus. Ainsi, quand Éric Zemmour écrit de Godefroy de Bouillon qu’il est « (pratiquement) français » (p. 8), l’adverbe « (pratiquement) », qui nuance une affirmation fausse, disparaît dans la réfutation. C’est sans doute ici, il est vrai, vétiller car, même « pratiquement » (dans le sens de « presque »), Godefroy de Bouillon ne saurait être qualifié de français ; mais l’historien se doit de citer rigoureusement car il suffira au polémiste de rejeter l’objection au motif que la citation est tronquée. Quand on ne cite pas imparfaitement, on sollicite le sens. Le Grand Ferré est présenté par M. Zemmour comme, ainsi que le résume ici l’historien, « le héros de la révolte armée contre les élites prédatrices qui ont oublié le peuple français ». Soit. Mais quand le journaliste écrit que « le Grand Ferré n’a plus jamais rangé sa hache au rayon des accessoires », l’historien l’interprète ainsi : « Difficile de ne pas voir dans [cette] phrase un appel à l’usage de la violence contre les élites qui ont trahi l’intérêt national ». Avec au bout du compte cette question moralisante : « La hache doit-elle vraiment faire son retour comme instrument du débat politique ? » (p. 13) Certaines notices sont un peu confuses, comme celle concernant Maurice Audin (p. 46-48). Comment comprendre ce passage : « À cette version mensongère [l’évasion] jamais la vérité n’a pu être opposée. Elle reste inconnue. Les parachutistes agissant en toute légalité, cependant, Emmanuel Macron a reconnu la responsabilité de l’État le 13 septembre 2018. Ce ne sont pas des militaires outrepassant leurs pouvoirs, commettant un abus ou un excès de folie, qui ont tué Maurice Audin. » Et l’on passe incontinent à la réfutation de l’affirmation selon laquelle la torture employée par l’armée française pendant la guerre d’Algérie aurait permis de mettre un terme aux attentats. L’auteur n’a pas tort d’écrire que le mensonge de Zemmour, mensonge parce que les attentats n’ont pas cessé, « légitime la violence, autant celle de l’assassinat politique, couvert par de fausses accusations, que celle de la torture ». Il n’est d’ailleurs pas certain que Zemmour, tenant d’une realpolitik sans fard, le nierait… Seulement, sur ce dernier point, on comprend mal pourquoi l’historien cite le « protocole du Comité contre la torture des Nations Unies » [sic] (en fait le préambule du protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants), signé, il eût été bon de le rappeler, par la France en 2005 et ratifié en 2008… Veut-il dire qu’Éric Zemmour, au pouvoir, violerait cet engagement de la France contre la torture ? L’honnêteté voudrait qu’on passe du sous-entendu à la formulation explicite. Autant de chapitres où il est montré que l’interprétation zemmourienne de l’histoire, en dépit d’ambiguïtés, de contradictions, se situe le plus souvent dans le cadre de l’historiographie classique de l’extrême droite exaltant les racines chrétiennes de la France (on sait que pour l’éditorialiste le catholicisme a « un droit d’aînesse culturel » en France), plus ou moins pétainiste, nostalgique de l’Algérie française… Plusieurs auteurs le soulignent avec force, mais au point de donner l’impression qu’ils ne voudraient pas voir Éric Zemmour déborder de cette grille interprétative. Ainsi, le prétendu oubli de Clovis lui permet de « chanter une petite chanson décliniste et complotiste » (p. 7) ; ainsi, il propose « une vision nationaliste de la première croisade, certes parfaitement classique chez les auteurs de droite et d’extrême droite, mais scientifiquement fausse » (p. 9) ; ainsi, il fait preuve d’un « nationalisme anachronique » à propos de Louis IX (p. 11). Si le chapitre sur le prétendu génocide vendéen est une excellente mise au point, était-il besoin de terminer en écrivant que M. Zemmour « télescope les époques et les faits, ne manipulant l’histoire que pour réintroduire en sous-main ses obsessions racistes » ? etc. Et s’ils paraissent se retenir à l’écrit, certains des contributeurs, dans la vidéo mentionnée, dévoilent les intentions qu’ils prêtent à l’homme politique, l’historien se muant en éditorialiste : « Il est normal que des gens comme ça prônent évidemment la violence, la répression violente dans la mesure où il justifiera de toute façon toutes ces mesures-là par l’urgence et par la nécessité » (Vincent Denis) ; « On n’en a pas assez pris la mesure de quelle société il veut, quoi, il veut une société violente et de la persécution » (Sylvie Thénault). Les deux points les plus inquiétants, aux yeux des auteurs, étant la reprise des arguments de la défense, au procès de 1945, de Philippe Pétain et la mise en doute de l’innocence d’Alfred Dreyfus – « Le pire, pour moi, c’est l’affaire Dreyfus. […] C’est la raison pour laquelle je suis sortie de mon silence », affirme Claude Gauvard dans la vidéo, choquée par le « révisionnisme aberrant » de Zemmour sur ce point. Tactique électorale, évolution sincère due à la prise en considération des interventions des historiens – il est difficile de le savoir –, on notera que le discours du candidat change un peu de ton – s’il maintient que le régime de Vichy a protégé les juifs français, il évoque désormais, tout de même, un « troc sinistre » entre juifs français et étrangers – et change sur le fond depuis le 7 février 2022, « Dreyfus est innocent ». (…) Pour en revenir à Éric Zemmour, on le campe tantôt en fasciste – sans le moindre égard pour le travail de définition des historiens spécialistes de la question –, tantôt en maurrassien – qu’il soit permis de douter qu’un maurrassien le reconnaisse pour tel, à moins d’avoir le maurrassisme bien fléchissant –, ou alors en pétainiste – mais le polémiste se revendique « en même temps » du Stanislas de Clermont-Tonnerre du discours du 23 décembre 1789 et du général de Gaulle… incompatibilité qui revient à un jeu à somme nulle. Certains historiens sont allés jusqu’à établir un parallèle avec Édouard Drumont. Or plongez Zemmour dans l’univers politique de la IIIe République et vous n’y verrez qu’un polémiste de droite, sans plus… Député au début du XXe siècle, il passerait même plutôt inaperçu – que pèserait-il, exemple parmi bien d’autres, auprès d’un Barrès pourtant médiocre orateur, d’après ses contemporains, mais dialecticien remarquable et, lui, vrai écrivain (n’en déplaise à Clemenceau) ? Cette hypersensibilité, cette fragilité d’aujourd’hui s’explique certes par le souvenir (traumatique) des désastres causés par les courants les plus à droite en France mais il semble, paradoxalement, alors que la violence du discours d’extrême droite s’atténue au fil du temps, que le seuil de tolérance soit de moins en moins élevé. L’invocation grandiloquente des heures les plus sombres de notre histoire est aussi le symptôme d’une République plus friable que jamais – parce que les républicains, trop sûrs de leur victoire dans la durée, n’ont pas su la défendre, parce que la gauche, séduite par le post-modernisme et ses avatars, a tout lâché : patrie, nation, souveraineté du peuple, laïcité, universalisme, politique sociale et surtout instruction publique… et que l’édifice, dont tous ces éléments assuraient la solidité, paraît à la merci du premier polémiste venu, qui récupère tout ce qu’on lui a abandonné sans se soucier de l’harmonie d’ensemble. Mais raisonnons par hypothèse et supposons qu’Éric Zemmour soit aussi dangereux pour la République que les plus animés de ses contempteurs l’affirment, avec parmi ses armes, donc, l’histoire. Comment un historien doit-il lui répondre ? On notera que même les meilleurs ont du mal à confondre cet efficace débatteur au ton si assertif qu’il les fait douter d’eux-mêmes, les fait polémistes à leur tour. De plus, obsédés par l’idée que la nuance à laquelle les contraint leur discipline les fasse passer pour complaisants, ils donnent comme par automatisme dans le sermon afin de pouvoir signifier : voyez comme je combats le diable, comme je suis dans le camp du Bien, car non, on ne finasse pas avec les ennemis de la République ! Et ils finissent par rejeter le discours de l’adversaire en bloc quitte à faire preuve de mauvaise foi, ruinant en deux phrases l’effort qu’ils viennent de fournir pour rétablir les faits. C’est qu’Éric Zemmour leur complique la tâche : il fourre ses discours historiques de morceaux de vérité (de « petits germes de réalité » pour reprendre l’expression de Robert Paxton, une des cibles de l’éditorialiste, ici à propos de l’idée selon laquelle le régime de Vichy aurait sauvé « les » – ou « des », c’est selon – juifs français) et les hypertrophie au détriment d’autres qu’il va jusqu’à occulter, comme le montrent bien les seize historiens. C’est ce que constate à raison, dans la vidéo, Alya Aglan : « On ne peut pas simplement dire que ce qu’il raconte est totalement faux. Il sort des éléments de leur contexte, il prend des éléments qui, séparément, sont des faits avérés, et il en tire des conclusions complètement fausses. » Or, à rejeter en bloc le discours zemmourien au lieu de le démembrer, on rejette les morceaux de vérité qu’il contient au risque, in fine, de se faire plus faussaire encore que lui ; à poser au moralisateur, on risque de perdre sa crédibilité d’historien. Face à M. Zemmour – ou à tout autre prestidigitateur –, à la télévision, dans les journaux et dans les livres, les historiens doivent affûter leurs formules sans trahir la rigueur qu’ils doivent servir. Mais ils parviendront d’autant mieux à disséquer les falsifications qu’ils se feront impavides chirurgiens, sans haine ni passion, sine ira et studio, selon la vieille formule de Tacite et qui est un peu leur devise. Il faut prendre le lecteur voire le spectateur au sérieux – la simple description d’un massacre, l’évocation d’une abjection suffira à lui donner un sentiment de dégoût, inutile de donner dans le registre olfactif, de se croire obligé de qualifier ce qu’on décrit de peur de passer pour indifférent, d’invoquer le nazisme pour disqualifier l’adversaire ; un raisonnement implacable, limpide, nourri de faits rendra l’historien plus convaincant qu’une objurgation. (…) Et si le lecteur est assez buté pour voir dans l’esprit de nuance, dans certaines concessions nécessaires une abdication, tant pis pour lui, c’est qu’il a l’esprit militant au sens propre. Bref, pour l’homme pourvu d’une conscience, la morale se déduira des faits cliniquement exposés et organisés selon une méthode largement éprouvée. Samuel Tomei
Dans l’étude intitulée « Quels prénoms les immigrés donnent-ils à leurs enfants en France ? », publiée mercredi 10 avril par l’Institut national d’études démographiques (INED), les chercheurs Baptiste Coulmont et Patrick Simon se sont penchés sur l’évolution des choix des parents issus de l’immigration pour leurs enfants et leur signification dans le temps, sur trois générations. Leurs grands-parents s’appelaient Farid, Ahmed et Rachid, Fatima, Fatiha et Khadija. Les petits-enfants s’appellent désormais Yanis, Nicolas et Mehdi, Sarah, Inès et Lina. Ce sont les prénoms les plus portés par les Français descendants d’immigrés originaires du Maghreb. Contrairement à certaines idées reçues, « les petits-enfants de la première génération s’appelant Abdelkader ou Karim sont très largement minoritaires », explique Baptiste Coulmont. Aujourd’hui, leurs prénoms reflètent à la fois « l’héritage culturel » du pays d’origine ainsi que les « normes dominantes » en France. C’est en analysant les données de l’enquête « Trajectoires et origines » (« TeO », 2008, INED-Insee), menée à partir d’un échantillon de 22 000 personnes, que les auteurs ont pu déterminer que « la convergence entre population majoritaire et descendants d’immigrés ne se fai[sait] pas autour de prénoms typiquement “français”, mais de prénoms internationaux auxquels tous et toutes peuvent s’identifier » – tels que Mila, Louna, Yanis, Nael, Liam, Ethan et Adam. « Autant de prénoms dans le top 20 en 2017 – alors qu’ils n’étaient quasiment pas choisis en France avant l’an 2000 », soulignent les auteurs. En vingt-cinq ans, ce top 20 a par ailleurs beaucoup évolué – jusqu’en 1993, les règles administratives favorisaient les prénoms « en usage dans les différents calendriers ». Et il s’est considérablement diversifié. En 1945, il existait 2 000 prénoms ; en 2017, on en recense plus de 13 000. Les immigrés d’Europe du Sud (Espagne, Portugal, Italie) arrivés en France avant les années 1980 ont abandonné majoritairement les prénoms latins – Maria, José, Antonio – dès la première génération née en France. Les personnes d’origine asiatique ont suivi la même trajectoire. Il a fallu une génération de plus aux immigrés du Maghreb, arrivés en France à partir des années 1960 avec des prénoms « très éloignés de ceux de la population majoritaire » pour 94 % d’entre eux, pour adopter des prénoms « maintenant considérés comme communs ». Tout comme les personnes d’origine turque et d’Afrique sahélienne. Aujourd’hui, seuls 23 % des enfants de la troisième génération, selon l’INED, portent un prénom arabo-musulman. Ainsi, souligne Baptiste Coulmont : « Cela signifie que plus de 75 % n’en portent pas. Les parents choisissent des prénoms qui appartiennent souvent au registre méditerranéen et qui peuvent convenir à tout le monde, des prénoms qui voyagent et qui passent partout. » Des prénoms dont le registre culturel est plus « ambigu » et « proche de ceux de la population majoritaire », sans être les mêmes pour autant. L’étude parle, pour décrire ce processus, d’« innovation culturelle ». (…) Ainsi de Rayan, un prénom d’origine arabe mais proche de l’anglo-saxon Ryan. « Le métissage est à l’œuvre, analyse l’essayiste Hakim El Karoui, qui a travaillé sur la question et souligne le rôle des mariages mixtes, nombreux en France. C’est un formidable marqueur d’intégration. » « Cette évolution n’est pas liée à une volonté individuelle, on voit bien qu’en deux générations le rouleau compresseur de la culture dominante est tel que l’on finit par s’aligner », estime Baptiste Coulmont : « Quand on est né en France, on n’a tout simplement pas les mêmes goûts ni les mêmes envies que ses aînés qui sont nés ailleurs. » Jérôme Fourquet, le directeur du département Opinion de l’institut de sondages IFOP, y voit lui aussi le signe d’un « détachement progressif de la culture d’origine ». Dans son livre L’Archipel français, il fournit un chiffre qui a été largement commenté : il évalue le pourcentage de garçons portant un prénom arabo-musulman à 18,8 % des naissances en 2016. Ce chiffre avait alors été interprété par certains – dont le polémiste Eric Zemmour –, à rebours du phénomène d’intégration, comme l’illustration du communautarisme en France. Face à la nette évolution dominante, de fait, on observe la persistance ou la résurgence minoritaires de certains prénoms traditionnels, comme Mohamed, qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs. L’influence de la religion, d’abord : les parents non croyants et non pratiquants choisissent un prénom arabo-musulman dans seulement 7 % des cas, note l’étude de l’INED, contre 63 % pour les fidèles « à forte religiosité ». La foi comme la poursuite de l’immigration en provenance du Maghreb sont susceptibles de favoriser une « rétention culturelle » plus marquée. Mais pas seulement. Cette tendance s’inscrit dans un phénomène plus large qui se développe en France, celui de la « réaffirmation identitaire », selon Jérôme Fourquet. En Corse, les prénoms corso-italiens sont à la hausse, comme les prénoms bibliques peuvent l’être chez les juifs et les prénoms très traditionnels chez les catholiques. Si le choix du prénom Marie, par exemple, s’est effondré, celui de Sixtine a le vent en poupe. (…)  « Le fait même qu’elles suivent le même chemin peut aussi être interprété comme un signe d’intégration », note ainsi, paradoxalement, Hakim El Karoui. Le Monde
La surreprésentation des minorités ethnoraciales dans les prisons est ce qu’on peut appeler un secret public, c’est-à-dire un fait que tout le monde connaît mais dont personne ne parle. Il n’existe du reste aucune donnée pour l’établir, puisque l’enregistrement des données ethnoraciales est prohibé. Les raisons de cette prohibition sont faciles à comprendre. D’une manière générale, identifier les personnes en fonction de leur origine ou de leur couleur risque de contribuer à essentialiser des catégories ethniques ou raciales et donc à renforcer la croyance qu’elles existent réellement. De façon plus spécifique, s’agissant de la prison, montrer une surreprésentation de ces minorités expose au danger d’une instrumentalisation de ces chiffres par les partis populistes qui concluraient hâtivement à une plus grande criminalité de ces populations. Tout en considérant ces deux objections comme sérieuses, il m’a semblé important d’établir une objectivation statistique du phénomène et d’en analyser les raisons afin de fournir des éléments pour le débat public. Le silence n’a servi, jusqu’à présent, qu’à laisser se développer une injustice double qui consiste à punir plus sévèrement certaines populations et à interdire d’en parler. Au terme des quatre années qu’a duré mon enquête dans une maison d’arrêt, j’ai donc voulu mesurer la distribution ethnoraciale de l’incarcération en m’appuyant sur les données disponibles localement, à savoir le patronyme, la nationalité et la photographie. Le résultat est édifiant : 77 % des personnes détenues appartiennent à des minorités ethniques, se répartissant en 35 % d’hommes noirs, 32 % d’hommes arabes et 5 % de Roms, en se limitant aux minorités les plus représentées. Pour ce qui est des deux premiers groupes, 84 % d’entre eux étaient français. Dans la mesure où ces chiffres pouvaient correspondre à une situation très singulière de l’établissement dans lequel j’avais mené ma recherche, j’ai utilisé divers proxys pour en comparer la population avec la démographie carcérale en France. En termes de nationalité et plus spécifiquement d’origine maghrébine ou subsaharienne, les proportions sont très proches dans la maison d’arrêt où j’ai travaillé et au niveau national. Il est donc probable que les données que j’ai établies – avec plus de deux tiers d’hommes noirs et arabes dans la population carcérale – reflètent une situation générale. (…) Sur le plan statistique, le parallèle entre les deux pays se justifie en termes relatifs plus qu’en valeurs absolues. En effet, la proportion de personnes noires et arabes dans les prisons françaises semble du même ordre de grandeur que la proportion de détenu.e.s afro-américain.e.s et latino-américain.e.s dans les prisons états-uniennes, mais le taux d’incarcération est sept fois plus élevé aux États-Unis qu’en France et un homme afro-américain qui n’a pas terminé ses études secondaires a deux chances sur trois de se retrouver un jour en prison. On pourrait dire en simplifiant que le système punitif est aussi discriminant dans les deux pays mais qu’il est considérablement plus sévère outre-Atlantique. Cette différence de degré traduit des réalités historiques et sociales bien distinctes et a des conséquences sans commune mesure. D’une part, les États-Unis sont marqués par l’héritage de la traite et de l’esclavage, puis de la discrimination raciale avec les lois Jim Crow, enfin du mouvement des droits civiques avec le retour de bâton répressif de l’incarcération de masse, tandis que la situation française garde la trace de son passé colonial et de ses suites migratoires, puisque les minorités représentées en prison sont pour l’essentiel issues des anciennes colonies. Didier Fassin
Un article scientifique publié en avril 2019 dans la revue Population et sociétés indique qu’en France métropolitaine en 2008, les prénoms les plus fréquents chez les petits-fils d’immigrés du Maghreb seraient « Yanis » et « Nicolas ». Au total, selon l’étude, seulement 23% des petits-enfants d’immigrés du Maghreb porteraient un prénom « arabo-musulman », un ordre de grandeur assez proche des 16% de petits-enfants d’immigrés d’Europe du Sud qui porteraient un prénom « latin ». Considérant les prénoms des descendants d’immigrés comme « un marqueur culturel » et « une mesure de l’assimilation », les auteurs notent que « Les prénoms que reçoivent les petits-enfants [d’immigrés du Maghreb] sont, en 2008, proches de ceux que la population majoritaire donne à ses enfants », et que « La trajectoire suivie par les originaires du Maghreb mène au même point d’arrivée que celle suivie par les Européens du Sud, mais de manière différée. » Problème: ces résultats, publiés par le bulletin d’information de l’Institut national d’études démographiques (INED) et largement médiatisés, sont inexacts. Vérification faite, en métropole en 2008 les prénoms les plus fréquents chez les petits-fils d’immigrés du Maghreb ne sont pas « Yanis » et « Nicolas », mais « Karim » et « Nassim ». Et d’après la nomenclature des prénoms de l’INED, ce ne sont pas 23% mais 49% des petits-enfants d’immigrés du Maghreb qui portent un prénom « arabo-musulman », contre 8% des petits-enfants d’immigrés d’Europe du Sud qui portent un prénom «latin». (…) Ces erreurs sont troublantes car pendant 20 mois, d’avril 2019 à décembre 2020, les auteurs et l’INED ont refusé de communiquer leur méthodologie et ils ont empêché la vérification de leurs résultats. (…) En avril 2019, les résultats de cette étude sont abondamment repris par la presse nationale, du journal Le Monde à 20 Minutes et de Libération à Valeurs actuelles, mais aussi dans la presse régionale et étrangère et dans de nombreux médias, radios, chaînes télévisées et sites Internet d’information. (…) Un examen de la méthodologie de l’enquête permet d’envisager que ses bases de données contiennent une erreur. Une partie de ces « Nicolas » ne seraient-ils pas des petits-enfants de rapatriés français ou européens de l’ex-empire colonial français en Afrique du Nord (y compris des Français et des Européens d’Algérie), autrement dit des petits-enfants de pieds-noirs? Les pieds-noirs ne sont pas considérés comme des immigrés, parce que suite à l’indépendance des pays du Maghreb, ils ont conservé la nationalité française. (…) D’après ces estimations, la plupart (9/11) des « Nicolas » du tableau publié ne seraient pas des petits-fils d’immigrés du Maghreb, mais des petits-fils de pieds-noirs. Plus généralement, 1% des immigrés (G1) et 10% des enfants d’immigrés (G2) du Maghreb de l’enquête TeO seraient des (descendants de) pieds-noirs, mais surtout, 26% des petits-enfants d’immigrés (G3) du Maghreb seraient des petits-enfants de pieds-noirs, ce qui explique pourquoi le tableau publié comprend un prénom comme « Nicolas », mais seulement chez les petits-enfants (G3). (…) Une fois les immigrés du Maghreb et leurs descendants dissociés des pieds-noirs et de leurs descendants, les prénoms les plus fréquents chez les petits-fils d’immigrés du Maghreb de l’échantillon retenu sont non pas « Yanis » et « Nicolas », mais « Karim » et « Nassim ». Si les petites-filles d’immigrés du Maghreb portent des prénoms relativement diversifiés, les petits-fils portent pour la plupart des prénoms « arabo-musulmans ». Le Top 20 des prénoms les plus portés par les petits-fils d’immigrés du Maghreb ne comporte aucun prénom « français » non ambigu et aucun des prénoms du Top 20 des fils d’enquêté du groupe « majoritaire » —une situation très différente de celle des descendants d’immigrés d’Europe du Sud (ou d’Asie). Pas étonnant, donc, que le prénom «Nicolas» ne fasse pas partie du Top 3 des prénoms des petits-fils d’immigrés du Maghreb, d’autant qu’il est celui d’un saint catholique qui est associé à la Reconquista. « Nicolas » est en revanche un prénom porté par des descendants de pieds-noirs, comme le réalisateur Nicolas Bedos ou le journaliste Nicolas Demorand. (…) [Quant aux 23%]  Même en conservant les petits-enfants de pieds-noirs parmi les petits-enfants d’immigrés du Maghreb, ce ne sont pas 23% mais 37% des petits-enfants d’immigrés (G3) du Maghreb qui porteraient un prénom «arabo-musulman». Et une fois les petits-enfants d’immigrés du Maghreb dissociés des petits-enfants de pieds-noirs, il apparaît que sur l’échantillon TeO retenu, 49% des petits-enfants d’immigrés du Maghreb portent un prénom que la nomenclature de l’INED catégorise comme « arabo-musulman » —loin devant les proportions de prénoms « spécifiques » que l’on peut observer chez les petits-enfants d’immigrés d’Europe du Sud (8%), d’autre Europe (19%), d’autre Afrique (9%) ou d’Asie (5%). Les petits-enfants d’immigrés du Maghreb sont non seulement ceux qui portent le plus souvent un prénom spécifique à leurs origines, mais aussi ceux qui portent le moins souvent un prénom « français » (15%), loin derrière les petits-enfants d’immigrés d’Europe du Sud (59%). La sur-rétention des prénoms d’origine s’observe d’ailleurs chez d’autres populations d’origine musulmane en Europe, comme chez les descendants d’immigrés du Pakistan au Royaume-Uni et chez les descendants d’immigrés de Turquie en Allemagne. La figure 1 de l’article présente des résultats sélectifs, ce qui nuit à la connaissance des faits et biaise l’image globale qui s’en dégage. Si, depuis la fin des années 1940, de moins en moins de prénoms attribués en France sont « français », ce n’est pas seulement —comme le montre la figure 1 —parce que le groupe « majoritaire » attribue de moins en moins de prénoms «français» (au profit de prénoms « internationaux ou anglophones »), mais aussi —ce que cette figure 1 ne montre pas —parce que le groupe « minoritaire » (composé des immigrés, des natifs des DOM et de leurs descendants) attribue lui aussi de moins en moins de prénoms français (au profit de prénoms « arabo-musulmans »), et parce que ce groupe « minoritaire » devient démographiquement de plus en plus important au fil du temps. Quant à la figure 3 de l’article, elle sous-estime la part de prénoms « arabo-musulmans » chez les petits-enfants d’immigrés du Maghreb, même s’il est avéré que plus les petits-enfants d’immigrés du Maghreb ont des parents religieux, plus ils se sont vus attribuer des prénoms « arabo-musulmans ». (…] Contrairement à ce que les auteurs indiquent —un message repris par la plupart des médias en avril 2019 —, les descendants d’immigrés du Maghreb n’abandonnent pas leurs prénoms spécifiques presque autant que les descendants d’immigrés d’Europe du Sud. Au contraire, les descendants d’immigrés du Maghreb sont, de loin, ceux qui abandonnent le moins leurs prénoms spécifiques (et ceux qui se voient le moins souvent attribuer un prénom « français »): il ne s’agit pas là simplement d’une « idée reçue », mais d’un fait solidement établi. Pourquoi des auteurs et une institution de recherche qui considèrent leurs résultats comme fiables, ou méthodologiquement défendables, empêcheraient-ils de reproduire leurs résultats? Quel besoin auraient-ils de communiquer une nomenclature fallacieuse et un programme informatique incomplet et de violer leurs engagements ainsi que la « Charte nationale de déontologie des métiers de la recherche »? Deux chercheurs compétents —l’un spécialiste des prénoms, l’autre spécialiste des immigrés et fin connaisseur des catégorisations statistiques des immigrés du Maghreb et des pieds-noirs —auraient-ils pu croire qu’en métropole en 2008, les prénoms les plus fréquents chez les petits-fils d’immigrés du Maghreb étaient « Yanis » et « Nicolas », sans se poser de questions ni prendre le temps d’examiner les prénoms de l’entourage de la dizaine de «Nicolas» concernés? Auraient-ils pu ne pas être alertés par le fait que, parmi les petits-enfants d’immigrés du Maghreb de leur figure 3, seulement 50% sont d’origine musulmane? Vraisemblablement, les auteurs ne savaient que trop bien que leurs spectaculaires résultats étaient faux ou douteux: c’est pourquoi, dès fin avril, début mai 2019, ils ont empêché leur libre examen. Patrick Simon et l’INED ont d’ailleurs un passif en matière de manipulations statistiques destinées à « démontrer » que, contrairement aux idées reçues, les immigrés du Maghreb et leurs descendants s’intègrent pleinement dans la société française. Tout indique que l’objectif de Patrick Simon —chercheur-militant de la mouvance idéologique « décoloniale », Directeur de recherche à l’INED, directeur de département à l’Institut Convergences Migrations et chercheur associé à Sciences Po Paris —est d’influer favorablement sur les attitudes du grand public à l’égard des immigrés et de l’immigration. Il est regrettable que ces méconduites scientifiques bénéficient de la complaisance du milieu de la recherche, non seulement au sein de l’INED mais plus globalement en sociologie et en démographie de l’immigration. (…) En biaisant les faits publiés et communiqués aux journalistes, au grand public et aux pouvoirs publics, les méconduites scientifiques sapent la confiance dans la recherche et dégradent le débat démocratique. Si la recherche en sciences sociales doit aider à éclairer le débat public et à lutter contre certaines idées colportées par des militants de tous bords, c’est en apportant aux citoyens des arguments factuels, fondés sur une méthode scientifique dénuée d’idéologie. Jean-François Mignot
A Mayotte et en Guyane, par exemple, plus d’un habitant sur quatre est un étranger en situation irrégulière. En Guadeloupe, le nombre de personnes en provenance d’Haïti ayant sollicité une demande d’asile est passé de 135 en 2003 à 3 682 en 2004. La majorité des reconduites à la frontière concernent l’outre-mer. Si, en métropole, on avait le même taux d’immigration clandestine, cela ferait 15 millions de clandestins sur le sol métropolitain. Vous imaginez les tensions sociales possibles. A terme, c’est tout l’équilibre démographique qui s’en trouvera modifié. Sans parler du fait que les immigrés irréguliers sont complètement exploités, cette situation engendre bien évidemment un fort déséquilibre économique et des tensions sociales exacerbées. Le travail clandestin, qui est une forme moderne d’esclavage, est tout aussi inacceptable au XXIe siècle. (…)  A situation particulière, politique particulière. En Guyane, les frontières avec le Brésil et le Surinam ont une longueur totale de près de 3 000 kilomètres. Il est impossible de les surveiller mètre par mètre. A Mayotte, la proximité avec les Comores implique une surveillance du littoral, car l’immigration se fait par la mer et sur de petites embarcations de type canots de pêche. Il faut donc des mesures radicales. Sur ma proposition, une première série de mesures a été acceptée au comité interministériel de contrôle de l’immigration du 27 juillet dernier. Une loi viendra dans les tout prochains mois compléter ce dispositif de mesures de gestion en procédant à l’indispensable adaptation de notre droit à ces situations particulières. Il s’agira, notamment à la Guadeloupe, à la Martinique et à Mayotte, de permettre le contrôle d’identité de toute personne et de faire des visites sommaires de certains véhicules dans une zone de quelques kilomètres à partir du littoral. Comme c’est déjà le cas en Guyane, nous allons, en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion supprimer le caractère suspensif des recours formés contre un arrêté de reconduite à la frontière pour accélérer les délais. Nous allons pouvoir saisir ou détruire tous les véhicules (avions, voitures, bateaux) qui auront servi à transporter des clandestins. Il va falloir aller plus loin. A Mayotte, j’étudie la possibilité de limiter à un délai d’un an après la naissance de l’enfant la période pendant laquelle un Français peut reconnaître un enfant naturel dont la mère est étrangère. On peut également envisager de modifier ou de suspendre temporairement certaines règles relatives à l’acquisition de la nationalité française à Mayotte. Par exemple, poser la règle de la régularité du séjour des parents comme condition pour l’accès ultérieur des enfants à la nationalité française. Mayotte a une surface comparable à l’île d’Oléron. La croissance de sa population (180 000 habitants, dont bientôt une majorité d’étrangers) est quasiment le fait des naissances d’immigrés clandestins. Car les mères viennent accoucher là pour que leurs enfants obtiennent la nationalité française. (…) [La remise en question le droit du sol] Il faudrait l’envisager pour certaines collectivités d’outre-mer, car nous sommes confrontés à des politiques de peuplement non maîtrisées. Si l’on ne fait rien maintenant, à terme, ce sera l’explosion sociale. Pour enrayer ce phénomène, nous devons avoir recours à des mesures à caractère exceptionnel. Une remise en question du droit du sol ne provoque pas les mêmes réticences outre-mer qu’en métropole. L’histoire, la géographie de l’outre-mer ne sont pas toujours les mêmes qu’en métropole. Le droit du sol n’a pas toujours connu la même application, et, au fur et à mesure qu’il a été étendu, il y a eu des abus. Je reviens sur la situation de Mayotte : la maternité de Mamoudzou est, avec 7 500 naissances annuelles, la plus active de France. Deux tiers des mères sont comoriennes, et environ 80% d’entre elles sont en situation irrégulière. On estime à 15% le nombre de ces mères qui retournent aux Comores après avoir accouché. Il y a aussi de nombreux cas de paternité fictive. Il est de notoriété publique qu’à Mayotte, la reconnaissance de paternité par un Français est un « service » qui s’achète. (…) La mobilisation de tous est nécessaire. (…) Surtout, il est essentiel que nos compatriotes d’outre-mer aient des attitudes responsables et civiques. On ne peut pas se plaindre de l’immigration clandestine et en même temps employer des clandestins comme jardinier, femme de ménage ou chauffeur de taxi. J’ai donné des instructions particulières pour qu’il soit fait application la plus stricte des obligations statutaires, avec procédures disciplinaires systématiques, aux fonctionnaires et agents des services de l’Etat qui seraient convaincus de telles pratiques. (…) [Pour la métropole] Nous allons voir ce qui marche le mieux, mais les situations sont différentes, il ne s’agit pas de faire un calque. Cela permet, quoi qu’il en soit, de faire bouger les lignes, de sortir des tabous. Le droit du sol ne doit plus en être un. J’ai bien conscience de l’importance de ce débat. Des problèmes peuvent se poser au regard des libertés publiques et des conditions d’acquisition de la nationalité française, auxquelles je suis personnellement attaché. Mais lorsqu’on réduit le territoire et que l’on augmente les flux, ce n’est plus simplement un problème de cohésion sociale, c’est la question de la souveraineté qui est posée. François Baroin (17.09.2005)
Nous sommes à un tournant identitaire, car nous sommes devenus minoritaires, nous, les Guyanais. En fait, nous payons aujourd’hui les plans de peuplement lancés dans les années 1970 pour noyer les mouvements indépendantistes d’alors et sécuriser le centre spatial. Jacques Chirac, le ministre de l’Agriculture de l’époque, a joué les apprentis sorciers. Christiane Taubira (députée PRG de Guyane)
J’ai grandi dans une famille où l’amour de la France était inné, naturel, puissant, on ne rigolait pas avec ça. Éric Zemmour
Depuis toujours, dès que la France est affaiblie, les élites ont tendance à sacrifier la France et le peuple français à leurs idéaux universalistes. C’est très frappant. Vous verrez dans le livre. Je remonte le temps. Je suis remonté à l’évêque Cauchon et Jeanne d’Arc. On voit bien que cela a toujours été une tentation des élites françaises. Pour aller vite, depuis 1940, la France est très affaiblie. Et nous avons des élites qui ont décidé de jeter par-dessus bord la France et le peuple français au nom de l’Europe, des droits de l’homme et de l’universalisme. Macron est vraiment l’incarnation de ces élites-là. Il est passionnant, car c’est une espèce de quintessence chimiquement pure. Quand il dit : « Nous avons fait du mal », c’est déjà le discours de Chirac sur le Vel’ d’Hiv’ ou le discours de Hollande sur le Vel’ d’Hiv’ et en Algérie. Paul Thibaud avait écrit un très bon article qui faisait remarquer que, comme les politiques ne maîtrisaient plus rien, ils ont trouvé une posture qui consiste à dire du mal de nos ancêtres pour exister. (…) C’est la « révolte des élites » de Christopher Lasch à la fin des années 70. Il avait très bien vu cela aux États-Unis. C’est évidemment venu chez nous ensuite. (…) Je voulais montrer aux gens que tout cela était lié à une histoire millénaire et qu’il y avait des petites pierres comme dans Le Petit Poucet qu’on pouvait retrouver à chaque fois. Certaines époques nous ressemblent de plus en plus. Je retrouvais la phrase de René Girard dans son dernier livre qui disait : « Nous devons entrer dans une pensée du temps où Charles Martel et les croisades seront plus proches de nous que la Révolution française et l’industrialisation du Second Empire. » Je trouve cette phrase très frappante. Lorsque je dis cela, on dit que j’ai des obsessions et que je ne pense qu’à l’islam. Pourtant, ces paroles viennent de René Girard. Il a très bien compris que nous étions revenus dans un temps qui est celui des affrontements de civilisations entre chrétienté et islam, des guerres de religion et de la féodalité pré-étatique. (…) Ces pays de l’Est se révoltent, parce que la Hongrie a connu trois siècles d’occupation ottomane. C’est un roi polonais Jean III Sobieski , qui a arrêté les Ottomans à Vienne, en 1683. Il n’y a pas de hasard. Cette Histoire revient à une vitesse folle. Tout se remet en place pour nous rappeler à cette Histoire. (…) il y a effectivement un effet d’accumulation de toutes les crises du passé qui se concentrent aujourd’hui. C’est pour cette raison qu’il y a autant de pessimisme chez moi. L’idée même de roman national est finie. Je n’ai même pas essayé de refaire un roman national. La déconstruction des historiens qui, depuis cinquante ans, nous interdisent de parler de roman national était trop forte. Il n’en reste presque que des ruines. Si j’avais voulu faire un roman national, j’aurais fait une romance nationale. Ce n’est pas ce que j’ai fait. En revanche, j’ai voulu écrire une Histoire de France réaliste, non pas en fonction des idéaux et des populations d’aujourd’hui, mais en fonction de la réalité historique de l’époque. Aujourd’hui, les historiens ont décidé d’inventer une Histoire de France qui correspond à leurs obsessions et à leurs idéologies actuelles. Ils disent que j’ai des obsessions, mais les leurs sont : une histoire féministe, une histoire des minorités africaines et maghrébines, une histoire pacifiste, c’est-à-dire une histoire qui n’a jamais existé. Dans les livres d’histoire d’aujourd’hui, sur la Révolution française, il y a deux pages sur Olympe de Gouges, la grande militante féministe. Quand elle est guillotinée, en 93, par Robespierre, j’ai coutume de dire, pour plaisanter, que Robespierre ne sait même pas qu’il l’a fait guillotiner, tellement elle compte peu. Lors d’une émission sur France 2, mardi dernier, on a vu une grande fresque qui expliquait comment la France a été faite par les immigrés nord-africains et africains avec un grand manitou qui s’appelle de Gaulle. C’est une histoire inventée. (…) Ils sont tellement allés loin dans la diabolisation de Pétain et dans l’invention d’une histoire qui ne correspond plus à la réalité. Lorsqu’on repose le tableau de Pétain, de De Gaulle, de ce qu’était Vichy à l’époque et de ce qu’était 1940, que je dis que tout le monde se moquait, à l’époque, du statut des Juifs d’octobre 40, à Paris, à Vichy ou à Londres, et que les rats qui s’y intéressent disent « il a bien raison », car ils estiment à l’époque que les Juifs ont une responsabilité dans la défaite, j’ai l’impression de blasphémer. C’est tout simplement la réalité historique. On a tellement réinventé une histoire en disant que l’essentiel de la Seconde Guerre mondiale était la question juive qu’on tombe des nues quand je dis qu’à l’époque, personne n’en parlait. À Londres, ceux qui rejoignent le général de Gaulle sont d’accord avec Vichy là-dessus. Aujourd’hui, la réalité paraît blasphématoire. C’est extraordinaire. C’est pour dire la force inouïe de cette déconstruction historique. Pour moi, c’est le grand effacement de l’histoire pour correspondre au Grand Remplacement des populations. Eric Zemmour
Le fait même de poser une question peut inventer un résultat car elle fait appel à l’imaginaire du sondé qui n’y avait pas encore réfléchi. Alain Garrigou
D’après les journaux, les sondages montrent que la plupart des gens croient les journaux qui déclarent que la plupart des gens croient les sondages qui montrent que la plupart des gens ont lu les journaux qui conviennent que les sondages montrent qu’il va gagner. Mark Steyn
Les règlements de YouTube interdisent de manière générale les contenus choquants ou violents. Dans le cas où une vidéo contient un élément qui n’est pas adapté à tous les utilisateurs, nous veillons à appliquer une limite d’âge afin de les protéger. Youtube
J’ai été surpris et choqué de la façon dont l’interview d’Éric Zemmour s’est passée. Annoncer une candidature, c’est un acte solennel. Ce n’est pas une interview banale, on s’attend à ce que soient posées les questions de fond. En réalité, ce n’est pas du tout ce qu’il s’est passée. Alain Duhamel
C’était un peu compliqué d’organiser une manifestation au dernier moment en Seine-Saint-Denis. On risquait de perdre du monde, de ne pas réunir toutes les conditions de sécurité, et puis ça nous obligeait à refaire une communication. Contre un homme qui véhicule la haine et la division, nous espérons une grande manifestation populaire des Franciliens dimanche pour faire taire Zemmour, c’est-à-dire parler plus fort que lui en fait. Nous faisons le pari du nombre. Benoît Martin (CGT)
Nous venons de l’apprendre : le polémiste de CNews condamné dès 2011 – et plusieurs affaires sont en cours de jugement – pour incitation à la haine raciale devrait lancer sa campagne électorale lors d’un meeting au Parc des Expositions de Villepinte, ce dimanche 5 décembre. A Villepinte, en Seine-Saint-Denis, département jeune et multiculturel, où les habitant.e.s et les acteurs locaux, font preuve de créativité et d’engagements face aux difficultés et où 6 personnes sur 10 disent avoir été victimes de discriminations les cinq dernières années, le symbole est révoltant. Il y est accueilli par le groupe Viparis, propriétaire de la Halle des expositions de Villepinte.Ce même groupe ViParis a signé en 2009 une « Charte de la diversité en entreprise », dont il se revendique. Cette charte qui « a pour objet de témoigner de notre engagement, en France, en faveur de la diversité culturelle, éthnique et sociale » au sein de son organisation. Cette charte dans laquelle il s’engage à « promouvoir l’application du principe de non-discrimination, sous toutes ses formes ». Ces engagements sont absolument incompatibles avec l’accueil d’un polémiste qui disait, en 2011, « que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes ». Qui affirmait encore, en 2020 que les mineur.e.s étrangers non accompagné.e.s sont « tous« , « des voleurs, des violeurs, des assassins« . Qui conduit aujourd’hui une campagne dont le seul fondement est le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme, la haine des musulman.e.s. L’argument économique ne peut tout justifier : non, on ne peut pas faire du « business » avec des marchands de haine, lorsqu’on dit défendre les valeurs de la diversité. Ni la Seine-Saint-Denis ni la « diversité » ne peuvent servir de faire-valoir à ceux qui attaquent la République, qui haïssent la France et qui sapent ses principes au quotidien . Signataire de la Charte de la diversité, le groupe Viparis doit s’expliquer : il doit refuser d’accueillir le meeting politique d’un polémiste et candidat à la présidentielle multi-condamné pour provocation publique à la haine raciale, en Seine-Saint-Denis ! Signez la pétition. Stéphane Troussel (Président du Département de la Seine-Saint-Denis)
51% des personnes interrogées jugent toutefois qu’Éric Zemmour veut vraiment changer les choses et 48% l’estiment dynamique, 46% courageux et 39% sincère. 33% jugent qu’il a de bonnes idées pour la France. Seuls 25% le trouvent sympathique et estiment qu’il est capable de rassembler les Français. L’échange de doigt d’honneur avec une passante [à l’élégance toute France insoumise] à Marseille, intervenu samedi après une visite très chahutée dans la deuxième ville de France, a pu nuire à l’image du désormais candidat officiel et à sa présidentialité. Interrogés sur ce point, les répondants au sondage sont partagés, et se déclarent choqués à 52% par le geste, et 47% ne se déclarent pas choqués… BFMTV
Cependant, la pugnacité de l’ancien chroniqueur séduit davantage : près d’un Français sur deux estime qu’il veut vraiment changer les choses (51%,) et 48% le voient comme une personne dynamique… un électeur sur deux pense qu’Eric Zemmour peut se qualifier au second tour. Si les Français sont mitigés par rapport au personnage, ils s’avèrent plus nombreux à s’aligner sur ses déclarations. Lorsque l’essayiste déclare : « Il n’est plus temps de réformer la France, mais de la sauver », 51% sont d’accord. Le sondage confirme la personnalité clivante du candidat sur le volet politique. 79% des électeurs de Marine Le Pen et 56% de François Fillon sont d’accord avec Eric Zemmour sur le fait qu’ils se sentent étrangers dans leur propre pays, contre 19% d’Emmanuel Macron, 19% de Benoît Hamon et 16% de Jean-Luc Mélenchon. La semaine dernière, l’auteur de Le suicide français s’est retrouvé au coeur d’une énième controverse lors de sa visite à Marseille. A la sortie d’un restaurant où le polémiste venait de déjeuner, une passante [encartée France insoumise] lui a fait un [des plus élégants] doigt d’honneur. Le polémiste a répondu par le même geste en affirmant « et bien profond », sous le regard amusé de sa conseillère Sarah Knafo. Sur cette question, les Français sont partagés : 52% [?] estiment qu’ils ne sont pas choqués, contre 47% affirmant l’inverse. De son côté, le candidat d’extrême droite à la présidentielle a reconnu dimanche un geste « fort inélégant ». ll s’agit d’une rare concession du probable candidat depuis le lancement de la pré-campagne à Toulon mi-septembre de l’essayiste. Mais le mal était fait. « Le doigt d’honneur était le dernier geste du polémiste, aujourd’hui, c’est le premier geste du candidat », assurait Benjamin Cauchy, ancien Gilet jaune, à L’Express. Parmi les plus choqués par ce geste : les 65 ans et plus (67%)… L’Express
S’il ne fait pas l’unanimité dans les sondages, nombre de Français partagent son constat sur l’état de la France, selon un sondage publié mercredi 1er décembre par BFMTV. Sur six des principales analyses de l’éditorialiste étudiées, toutes réunissent l’approbation de plus de 40 % des sondés et quatre d’entre elles en rassemblent un sur deux ou plus. L’adhésion est encore plus claire lorsque l’on s’intéresse aux avis des sympathisants de droite. Selon ce sondage Elabe, 51% des Français sont ainsi d’accord lorsqu’Eric Zemmour déclare qu’il « n’est plus temps de réformer la France, mais de la sauver », ou quand il affirme que la droite comme la gauche sont responsables du « déclin » de la France et ont « menti, dissimulé la gravité de notre déclassement [et] caché la réalité de notre remplacement ». Ils sont 50 % à avoir « le sentiment de ne plus être dans le pays que vous connaissiez » et 49 % à juger que l’immigration « aggrave tous » les problèmes de la France. Les déclarations d’Eric Zemmour sur le fait de reprendre le pouvoir « aux minorités » et « aux juges » sont approuvées par 46 % des sondés et 41 % d’entre eux se sentent « étrangers dans leur propre pays ». Lorsque l’on interroge les soutiens de la droite et de l’extrême droite, les scores oscillent entre 56 % et 86 % selon les questions. Valeurs actuelles
La DGSI vient de cartographier les quelque 150 quartiers « tenus » selon elle par les islamistes : un document classé secret-défense, qui n’a pas été divulgué, à l’exception de l’Intérieur, même aux ministres intéressés. Lesquels se voient présenter le document oralement par un fonctionnaire assermenté, tant le sujet est sensible… Outre les banlieues de Paris, Lyon et Marseille, depuis longtemps touchées par le phénomène, y figurent plusieurs cités du Nord : entre autres Maubeuge, où l’Union des démocrates musulmans français (UDMF) a atteint 40% dans un bureau de vote et où « la situation est alarmante » ; l’agglomération de Denin ; ou encore Roubaix, où, « bien qu’historique, la situation prend des proportions inquiétantes », selon un préfet. Mais aussi des zones plus inattendues, comme en Haute-­Savoie ou dans l’Ain, à Annemasse, Bourg-en-Bresse, Oyonnax ou Bourgoin-Jallieu. Encore plus surprenante, « l’apparition de microterritoires qui se salafisent dans des zones improbables », poursuit ce préfet, comme Nogent-le-Rotrou, en Eure-et-Loir. Le JDD
Au-delà des gouffres culturels qui les séparent, le polémiste français et le milliardaire américain surfent sur la même révolte. Sans parler de leurs tempéraments indomptables. Il n’y a pas plus français qu’Éric Zemmour et pas plus américain que Donald Trump. Le premier est un intellectuel qui a lu tous les livres. C’est dans un dialogue permanent avec l’histoire de France, ses grands hommes, ses batailles, ses chutes et ses rédemptions qu’il a formé sa légitimité et son diagnostic sur la crise que traverse le pays. Homme de l’écrit et de télévision, il s’est fait connaître en plantant sa plume et son regard acérés dans les plaies du pays. Et c’est aujourd’hui par le récit qu’il propose à la France de ses maux que cet outsider part à sa conquête, même s’il n’est pas encore candidat. Il est de ce point de vue l’héritier d’une tradition très française qui veut qu’en politique, en France, on ait des lettrés, de Gaulle à Mitterrand, en passant par Giscard, Pompidou ou même Emmanuel Macron. On dit au contraire de Donald Trump qu’il n’aurait lu peu ou prou qu’un seul livre – … le sien! -, ce best-seller sur L’Art du deal qu’il fit écrire par un journaliste mais qui contribua à faire de lui, dans l’esprit de beaucoup de ses compatriotes, un exemple vivant du succès version américaine. Son monde est celui de l’immobilier new-yorkais, des chantiers de construction où il a toujours été en connexion avec les ouvriers du bâtiment, des gratte-ciel toujours plus hauts, des marchandages avec les politiques dans les coulisses sulfureuses de la mairie de New York. Un monde de l’action, de la puissance, de l’argent tape-à-l’œil, bref, du commerce, dont Alexis de Tocqueville estimait qu’il était à la base de presque tous les instincts de la société américaine. Très éloigné de celui d’Éric Zemmour, qui a toujours affiché son aversion pour le «modèle» d’outre-Atlantique. Mais au-delà des gouffres culturels qui séparent les deux hommes et de leurs différences de personnalités et de parcours évidentes, comment ne pas voir à quel point les ressorts des projets qu’ils défendent, et la dynamique de révolte contre le statu quo qui les porte, se ressemblent? Pour tous ceux qui ont suivi la campagne de Trump en 2016, le phénomène Zemmour a indiscutablement un air de déjà-vu. Par les thèmes tout d’abord, et en premier lieu celui du nationalisme,de la priorité absolue donnée à l’intérêt national. (…) Éric Zemmour surfe exactement sur le même thème, parlant même d’une France en danger de mort mais « qui n’a pas dit son dernier mot ». La place centrale qu’occupe la question de l’immigration dans les préoccupations des deux hommes découle directement de cette priorité. C’est le thème clé d’Éric Zemmour, celui du « grand remplacement » qui viendra si on ne reprend pas le contrôle des frontières. Et même si les Américains ont un rapport très différent à la question migratoire, c’est aussi le thème qui propulsa Donald Trump en tête de la primaire républicaine, en 2015 (…) Même si la question est évidemment beaucoup moins présente aux États-Unis en raison du très faible pourcentage de musulmans (0,8%), le Français et l’Américain ont aussi en commun une méfiance commune envers l’islam, la conviction que l’Occident chrétien doit être protégé comme civilisation, et l’idée qu’à Rome il faut vivre comme les Romains. Elle s’est manifestée chez Trump de manière épidermique dans son fameux décret interdisant provisoirement de visa les ressortissants de sept pays musulmans pour raisons de sécurité. Chez Zemmour, le thème est encore plus central, ce qui n’est pas étonnant, vu les défis que représentent la radicalisation d’une partie substantielle de la communauté musulmane de France et les attentats terroristes en série qui ont frappé le pays ces dernières années, jusqu’à la décapitation de Samuel Paty. Mais le polémiste français qui, contrairement à Trump, sait de quoi il parle, l’aborde de manière beaucoup plus intellectualisée et sophistiquée, puisqu’il s’agit de distinguer entre les musulmans et l’islam comme système politico-juridique, en reprenant la formule de Clermont Tonnerre sur les juifs à la Révolution: « Tout pour les musulmans en tant qu’individus, rien en tant que peuple. » Face à la révolution sociétale « woke » qui souffle sur nos sociétés, déconstruisant non seulement la nation mais l’héritage culturel occidental, la famille traditionnelle et même les différences entre les sexes, Trump et Zemmour sont également en phase, même s’ils ne sont de la même génération. Le «Donald» est dans toutes ses fibres un homme des années 1950, qui n’a jamais adhéré aux valeurs de la révolution sociétale des années 1960 et incarne même avec une forme de délectation provocatrice tous les vices de «l’homme macho». Persuadé que l’Amérique est fondamentalement «bonne», peu enclin à la culpabilité, il refuse aussi l’idée que l’esclavage aurait marqué à tel point le pays qu’il soit entaché à jamais d’un racisme systémique. Les grands mouvements étudiants de 1968, qui sont contemporains de ses années à l’université de Pennsylvanie, semblent avoir glissé sur lui. Il aime raconter qu’il n’y participait pas, préférant travailler sur les chantiers de son père. Un positionnement qui ne peut que séduire Éric Zemmour, grand critique, dans son livre Le Suicide français, de la révolution de 1968, qu’il voit comme la matrice de la déconstruction de la France. Pour eux, le patriotisme n’est pas une idée ringarde. Un diagnostic commun qui les a amenés à se dresser l’un comme l’autre contre le diktat du politiquement correct de la gauche. De ce point de vue, l’appel de Trump à continuer de dire « Joyeux Noël » au lieu de souhaiter « bonnes fêtes » (pour ne pas vexer les non-chrétiens) fait écho aux saillies de Zemmour contre l’écriture inclusive, l’un favorisant la moquerie, et l’autre la satire. Zemmour et Trump s’accordent aussi à penser que la relance de l’industrie manufacturière est essentielle au relèvement du pays et à sa souveraineté. Contrairement à ce que ses propos passés auraient pu laisser penser, le journaliste français est aussi un fervent adepte de l’allégement fiscal des entreprises, estimant que la France meurt d’une absence de création de richesse et d’un modèle social obèse. (…) Au-delà de tous ces thèmes, leur positionnement est similaire: celui de l’homme providentiel improbable surgi du peuple pour pallier les défaillances de la classe politique. Il s’agit de se dresser contre la doxa en vigueur, d’oser sortir des «limites» imposées par les élites culturelles et politiques dominantes, de dire tout haut ce que la majorité pense tout bas. Une libération de la parole qui confère aux deux personnages une image de radicalité et d’indomptabilité qui choque les élites mais devient le moteur de leur succès populaire. (…) Ces derniers jours, Éric Zemmour notait la ferveur et l’émotion intense qu’il ressentait chez les gens de toutes origines sociales qui se pressaient à ses signatures de livres. « Sauvez-nous, sauvez la France », lui lançaient-ils. Un engouement qui rappelait un peu, toutes proportions gardées, le phénomène Trump et les files d’attente gigantesques de ses fans à ses meetings. (…) Sa percée n’en révèle pas moins qu’il se passe quelque chose d’important dans les tréfonds de la France de 2021, comme ce fut le cas en 2016 dans les entrailles de l’Amérique. De plus, on peut se demander si les adversaires d’Éric Zemmour ne sont pas d’ores et déjà en train de reproduire les erreurs qui furent celles de Clinton face à Trump. Pendant des mois, l’establishment démocrate fut dans le déni absolu de l’importance du phénomène Trump, tentation qui semble présente en France, bien qu’à un moindre degré. La seconde erreur fut celle de la diabolisation délibérée, dans l’espoir de disqualifier l’adversaire. « Raciste », « fasciste », « antisémite », « virus », « peste brune »… Tous ces adjectifs utilisés contre le milliardaire de New York resurgissent en force dans l’hallali lancé contre Zemmour par une bonne partie de la classe politico-médiatique. En 2016, le procédé, au lieu d’affaiblir Trump, avait scellé son succès. Laure Mandeville
Vous n’avez pas déménagé et pourtant vous avez la sensation de ne plus être chez vous. Vous n’avez pas quitté votre pays mais c’est comme si votre pays vous avait quitté. Vous vous sentez étrangers dans votre propre pays. Vous êtes des exilés de l’intérieur. Longtemps vous avez cru être le seul à voir, à entendre, à penser, à craindre. Vous avez eu peur de le dire, vous avez eu honte de vos impressions. Longtemps, vous n’avez pas osé dire ce que vous voyiez, et surtout vous n’avez pas osé voir ce que vous voyiez. Et puis, vous l’avez dit à votre femme, à votre mari, à vos enfants, à votre père, à votre mère,à vos amis, à vos collègues, à vos voisins. Et puis, vous l’avez dit à des inconnus, et vous avez compris que votre sentiment de dépossession était partagé par tous. La France n’était plus la France et tout le monde s’en était aperçu. Bien sûr, on vous a méprisé. Les puissants, les élites, les bien-pensants, les journalistes, les politiciens, les universitaires, les sociologues, les syndicalistes, les autorités religieuses, vous disaient que tout cela était un leurre, que tout cela était faux, que tout cela était mal. Mais vous avez compris avec le temps que c’étaient eux qui étaient un leurre, que c’étaient eux qui avaient tout faux – que c’étaient eux qui vous faisaient du mal. La disparition de notre civilisation n’est pas la seule question qui nous harcèle, même si elle les domine toutes. L’immigration n’est pas cause de tous nos problèmes, même si elle les aggrave tous. La tiers-mondisation de notre pays et de notre peuple l’appauvrit autant qu’elle le disloque, le ruine autant qu’elle le tourmente. C’est pourquoi (….) Nous devons reconquérir notre souveraineté, abandonnée aux technocrates et aux juges européens qui ont dépouillé le peuple français de sa capacité à décider de son sort, au nom des chimères d’une Europe qui ne sera jamais une nation. Oui, nous devons rendre le pouvoir au peuple ! Le reprendre aux minorités qui ne cessent de tyranniser la majorité, et aux juges qui substituent leur férule juridique au gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple. Depuis des décennies, nos gouvernants, de droite comme de gauche, nous ont conduit sur ce chemin funeste du déclin et de la décadence. Droite ou gauche, ils vous ont menti, vous ont dissimulé la gravité de notre déclassement, ils vous ont caché la réalité de notre remplacement. (…) C’est pourquoi j’ai décidé de (…) solliciter vos suffrages pour devenir votre président de la République. (…) Pour que les Français se sentent de nouveau chez eux et pour que les derniers arrivés s’assimilent à leur culture, s’approprient leur Histoire. (…) Le peuple français était intimidé, tétanisé, endoctriné. Culpabilisé. Mais il relève la tête, il fait tomber les masques, il dissipe les miasmes mensongers, il chasse ses mauvais bergers. (…) Nous allons transmettre le flambeau aux prochaines générations. Eric Zemmour
Quelle chasse aux sorcières ?
A l’heure où, classement X de Youtube, sabordage de son premier entretien de candidat déclaré par TF1, sondages ventriloques et appels à le « faire taire » compris,  la meute médiatique et politique ou même, à coup de citations tronquées ou hors contexte, historienne se déchaine contre lui …
Qui dira…
Sans compter la zemmourisation de l’ensemble de la campagne
Sur fond d’immigration incontrôlée, DOMTOM compris, de nombre de nos territoires …
Comme d’islamisation rampante de pas moins de 150 de nos quartiers
Ou de bidonnages de chiffres de nos propres prétendus scientifiques …
La remarquable attractivité que conserve …
Comme un étrange air de déjà vu d’un certain Donald Trump d’il y a six ans …
Entre meilleur candidat (à 51%) à faire changer les choses …
Et candidat à qui (à 47%) on pardonne tout …
Le nouveau diable incarné de la politique française ?

ZEMMOUR PRESIDENT ! (Vous n’avez pas quitté votre pays, mais c’est comme si votre pays vous avait quitté)

Mes chers compatriotes,

Depuis des années, un même sentiment vous étreint, vous oppresse, vous hante : un sentiment étrange et pénétrant de dépossession.
Vous marchez dans les rues de vos villes et vous ne les reconnaissez pas.
Vous regardez vos écrans et on vous parle une langue étrange et pour tout dire étrangère.
Vous jetez un œil et une oreille aux affiches publicitaires, aux séries télévisées, aux matchs de football, aux films de cinéma, aux spectacles, aux chansons, et aux livres scolaires de vos enfants ; vous prenez des métros, des trains, vous vous rendez dans des gares, dans des aéroports, vous attendez votre fille ou votre fils à la sortie de l’école, vous accompagnez votre mère aux urgences de l’hôpital, vous faites la queue à la poste ou à l’agence pour l’emploi, vous patientez dans un commissariat ou dans un tribunal, et vous avez l’impression de ne plus être dans le pays que vous connaissez.
Vous vous souvenez du pays que vous avez connu dans votre enfance ; vous vous souvenez du pays que vos parents vous ont décrit ; vous vous souvenez du pays que vous retrouvez dans les films ou dans les livres ; le pays de Jeanne d’Arc et de Louis XIV, le pays de Bonaparte et du général de Gaulle ; le pays des chevaliers et des gentes dames ; le pays de Victor Hugo et de Chateaubriand ; le pays de Pascal et de Descartes ; le pays des fables de la Fontaine, des personnages de Molière et des vers de Racine ; le pays de Notre-Dame de Paris et des clochers dans les villages ; le pays de Gavroche et de Cosette ; le pays des barricades et de Versailles ; le pays de Pasteur et de Lavoisier ; le pays de Voltaire et de Rousseau ; de Clémenceau et des poilus de 14 ; de de Gaulle et de Jean Moulin ; le pays de Gabin et de Delon, de Brigitte Bardot et de Belmondo ; de Johnny et d’Aznavour, de Brassens et de Barbara ; des films de Sautet et de Verneuil ;
Ce pays à la fois léger et brillant, ce pays à la fois littéraire et scientifique, ce pays tellement intelligent et fantasque ; le pays du Concorde et des centrales nucléaires, qui invente le cinéma et l’automobile ; ce pays que vous cherchez partout avec désespoir, dont vos enfants ont la nostalgie sans même l’avoir connu, ce pays que vous chérissez…et qui est en train de disparaître.
Vous n’avez pas déménagé et pourtant vous avez la sensation de ne plus être chez vous.
Vous n’avez pas quitté votre pays mais c’est comme si votre pays vous avait quitté.
Vous vous sentez étrangers dans votre propre pays.
Vous êtes des exilés de l’intérieur.
Longtemps vous avez cru être le seul à voir, à entendre, à penser, à craindre.
Vous avez eu peur de le dire, vous avez eu honte de vos impressions.
Longtemps, vous n’avez pas osé dire ce que vous voyiez, et surtout vous n’avez pas osé voir ce que vous voyiez.
Et puis, vous l’avez dit à votre femme, à votre mari, à vos enfants, à votre père, à votre mère,à vos amis, à vos collègues, à vos voisins.
Et puis, vous l’avez dit à des inconnus,
et vous avez compris que votre sentiment de dépossession était partagé par tous.
La France n’était plus la France et tout le monde s’en était aperçu.
Bien sûr, on vous a méprisé.
Les puissants, les élites, les bien-pensants, les journalistes, les politiciens, les universitaires, les sociologues, les syndicalistes, les autorités religieuses, vous disaient que tout cela était un leurre, que tout cela était faux, que tout cela était mal.
Mais vous avez compris avec le temps que c’étaient eux qui étaient un leurre, que c’étaient eux qui avaient tout faux – que c’étaient eux qui vous faisaient du mal.
La disparition de notre civilisation n’est pas la seule question qui nous harcèle, même si elle les domine toutes.
L’immigration n’est pas cause de tous nos problèmes, même si elle les aggrave tous.
La tiers-mondisation de notre pays et de notre peuple l’appauvrit autant qu’elle le disloque, le ruine autant qu’elle le tourmente.
C’est pourquoi vous avez souvent du mal à finir vos fin de mois.
C’est pourquoi nous devons réindustrialiser la France.
C’est pourquoi nous devons rééquilibrer notre balance commerciale, réduire notre dette qui grossit, ramener en France nos entreprises qui ont déménagé, redonner du travail à nos chômeurs.
C’est pourquoi nous devons protéger nos trésors technologiques et cesser de les brader aux étrangers.
C’est pourquoi nous devons permettre à nos petites entreprises de vivre et de grandir, et d’être transmises de génération en génération.
C’est pourquoi nous devons préserver notre patrimoine architectural, culturel, et naturel.
Nous devons restaurer notre école républicaine, son excellence et son culte du mérite, et cesser de livrer nos enfants aux expériences égalitaristes des pédagogistes, et des Docteur Folamour des théories du genre et de l’islamo-gauchisme.
Nous devons reconquérir notre souveraineté, abandonnée aux technocrates et aux juges européens qui ont dépouillé le peuple français de sa capacité à décider de son sort, au nom des chimères d’une Europe qui ne sera jamais une nation.
Oui, nous devons rendre le pouvoir au peuple !
Le reprendre aux minorités qui ne cessent de tyranniser la majorité, et aux juges qui substituent leur férule juridique au gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple.
Depuis des décennies, nos gouvernants, de droite comme de gauche, nous ont conduit sur ce chemin funeste du déclin et de la décadence.
Droite ou gauche, ils vous ont menti, vous ont dissimulé la gravité de notre déclassement,
ils vous ont caché la réalité de notre remplacement.
Vous me connaissez depuis des années.
Vous savez ce que je dis, ce que je diagnostique, ce que j’annonce.
Je me suis longtemps contenté du rôle de journaliste, d’écrivain, de Cassandre, de lanceur d’alerte.
Je croyais alors qu’un politicien allait s’emparer du flambeau que je lui transmettais.
Je me disais à chacun son métier, à chacun son rôle, à chacun son combat.
Je suis revenu de cette illusion.
Comme vous, je n’ai plus confiance. Comme vous, j’ai décidé de prendre notre destin en main.
J’ai compris qu’aucun politicien n’aurait le courage de sauver le pays du destin tragique qui l’attendait.
J’ai compris que tous ces prétendus compétents étaient surtout des impuissants.
Que le Président Macron, qui s’était présenté comme un homme neuf, était en vérité la synthèse de ses deux prédécesseurs, en pire.
Que dans tous les partis, ils se contentaient de réformettes alors que le temps presse.
Il n’est plus temps de réformer la France, mais de la sauver.
C’est pourquoi j’ai décidé de me présenter à l’élection présidentielle.
J’ai donc décidé de solliciter vos suffrages pour devenir votre président de la République.
Pour que nos enfants et nos petits-enfants ne connaissent pas la barbarie.
Pour que nos filles ne soient pas voilées et que nos fils ne soient pas soumis.
Pour que nous puissions leur transmettre la France telle que nous l’avons connue et reçue de nos ancêtres.
Pour que nous puissions encore préserver nos modes de vie, nos traditions, notre langue, nos conversations, nos controverses sur l’Histoire ou la mode, notre goût pour la littérature et la gastronomie.
Pour que les Français restent des Français fiers de leur passé et confiants dans leur avenir.
Pour que les Français se sentent de nouveau chez eux et pour que les derniers arrivés s’assimilent à leur culture, s’approprient leur Histoire.
Pour que nous refassions des Français en France et pas des étrangers sur une terre inconnue.
Nous les Français, nous sommes une grande nation, un grand peuple.
Notre passé glorieux plaide pour notre avenir. Nos soldats ont conquis l’Europe et le monde.
Nos grands écrivains et nos artistes ont suscité l’admiration universelle.
Les découvertes de nos scientifiques et les fabrications de nos industriels ont marqué leur époque.
Le charme de notre art de vivre fait l’envie et le bonheur de tous ceux qui y goûtent.
Nous avons connu d’immenses victoires et nous avons surmonté de cruelles défaites.
Depuis mille ans, nous sommes une des puissances qui ont écrit l’histoire du monde.
Nous serons dignes de nos ancêtres.
Nous ne nous laisserons pas dominer, vassaliser, conquérir, coloniser.
Nous ne nous laisserons pas remplacer.
Face à nous, se dressera un monstre froid et déterminé qui cherchera à nous salir.
Ils vous diront que vous êtes racistes, ils vont diront que vous êtes animés par des passions tristes, alors que c’est la plus belle des passions qui vous anime, la passion de la France ; ils vont diront le pire sur moi. Mais je tiendrai bon. Les quolibets et les crachats ne m’impressionneront pas.
Je ne baisserai jamais la tête, car nous avons une mission à accomplir.
Le peuple français était intimidé, tétanisé, endoctriné. Culpabilisé.
Mais il relève la tête, il fait tomber les masques, il dissipe les miasmes mensongers, il chasse ses mauvais bergers.
Nous allons continuer la France. Nous allons poursuivre la belle et noble aventure française.
Nous allons transmettre le flambeau aux prochaines générations.
Aidez-moi ! Rejoignez-moi ! Dressez-vous !
Nous les Français, nous avons toujours triomphé de tout.
Vive la République et surtout, vive la France !
Eric Zemmour
Voir par ailleurs:

Islamisme : Emmanuel Macron cherche un plan
Stéphane Joahny et David Revault d’Allonnes
Le Journal du dimanche

19 janvier 2020

Le gouvernement doit présenter son plan de lutte avant les municipales. Mais entre la flambée du phénomène, l’impréparation et le cloisonnement des administrations et le risque de stigmatisation des musulmans, la tâche s’avère délicate.

Mais un ministre se montre dubitatif : « Macron veut avancer, c’est certain. Mais le problème, c’est qu’on avance dans le flou… » Le sujet, quoi qu’il en soit, est « au cœur de l’acte II », selon l’Élysée. Il a déjà occupé la partie D – consacrée aux débats – du Conseil des ministres, en décembre et encore le 6 janvier. Deux réunions des membres du gouvernement concernés (Intérieur, Justice, Éducation nationale, Santé, Collectivités locales, Jeunesse…) se sont tenues les 5 et 16 décembre, à l’Élysée. Les mêmes devraient se retrouver dans les prochains jours. « Les ministres sont sous la pression de Macron, qui leur a demandé de faire des propositions fortes », souligne un connaisseur du dossier.La DGSI a listé 150 quartiers sous l’emprise de l’islam radicalLe 5 janvier, après l’attentat de Villejuif, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a adressé un télégramme aux préfets pour leur demander de réunir les GED (groupes d’évaluation départementaux). La DGSI vient de cartographier les quelque 150 quartiers « tenus » selon elle par les islamistes : un document classé secret-défense, qui n’a pas été divulgué, à l’exception de l’Intérieur, même aux ministres intéressés. Lesquels se voient présenter le document oralement par un fonctionnaire assermenté, tant le sujet est sensible…Outre les banlieues de Paris, Lyon et Marseille, depuis longtemps touchées par le phénomène, y figurent plusieurs cités du Nord : entre autres Maubeuge, où l’Union des démocrates musulmans français (UDMF) a atteint 40% dans un bureau de vote et où « la situation est alarmante » ; l’agglomération de Denin ; ou encore Roubaix, où, « bien qu’historique, la situation prend des proportions inquiétantes », selon un préfet. Mais aussi des zones plus inattendues, comme en Haute-­Savoie ou dans l’Ain, à Annemasse, Bourg-en-Bresse, Oyonnax ou Bourgoin-Jallieu. Encore plus surprenante, « l’apparition de microterritoires qui se salafisent dans des zones improbables », poursuit ce préfet, comme Nogent-le-Rotrou, en Eure-et-Loir.Christophe Castaner a publié fin novembre une circulaire sur le communautarisme Le 27 novembre, Castaner a adressé aux préfets une circulaire édictant que « la lutte contre l’islamisme et le repli communautaire constitue un nouvel axe de [leur] action ». Le ministre exhorte les services de l’État à insister sur le « suivi de la déscolarisation » et le « respect des réglementations » en matière « d’hygiène », « d’activités sportives », d' »accueil des mineurs », de « fraudes » et de « blanchiment ». L’Intérieur a d’ailleurs demandé aux services de Gérald Darmanin, à Bercy, de fournir outils et experts pour procéder aux contrôles financiers de certaines associations.De même, la circulaire Castaner incite à la « mise en place d’une cellule départementale des services de l’État » sur le sujet. Mais également à « l’association des élus au travail de détection », ces derniers étant par définition les mieux informés quant aux « revendications sur les horaires de piscine » non mixtes, les « services communautaires » et les « déscolarisations ».Ceci afin de répondre à ce sombre diagnostic d’un haut fonctionnaire : « Quel niveau d’information partagée entre les services de l’État? Zéro. Y compris entre l’État et la commune, et même au sein d’une préfecture, c’est rare qu’ils se parlent. Les préfets et les flics ont des infos qu’ils ne partagent pas avec l’Éducation nationale. Les élus en savent aussi beaucoup. Le décloisonnement, c’est l’enjeu crucial de ce combat. »Un ministre confirme : « Castaner peut faire son show avec ses petits bras musclés mais si nous n’avons pas le soutien des collectivités locales, nous allons dans le mur. »Le risque de stigmatisation n’est jamais loin

Dans la continuité, c’est la ministre de la Justice, Nicole ­Belloubet, qui a signé, le 10 janvier, une « circulaire relative à la protection de la laïcité et à la lutte contre la radicalisation et le communautarisme », accompagnée d’une fiche pratique récapitulant la palette des qualifications pénales que les magistrats peuvent utiliser. Parmi les angles d’attaque, « l’égalité entre les femmes et les hommes »: « Il importe que la politique pénale sanctionne les infractions d’outrage sexiste observées dans certains quartiers dans lesquels certains prétendent dicter aux femmes la façon dont elles devraient se comporter et s’habiller », recommande la garde des Sceaux. Encore faut-il que ces cas de discrimination visant les femmes, ou les femmes non voilées, soient transmis à la justice…

Elle attire aussi l’attention des procureurs sur les « phénomènes dits d’évitement scolaire, à la faveur du fonctionnement d’écoles hors contrat ou d’enseignements en ligne, susceptibles de constituer autant de vecteurs alimentant les fractures communautaristes ». En cas d’enseignement non conforme à l’instruction obligatoire, « la fermeture de l’établissement scolaire en infraction apparaît tout à fait opportune », est-il recommandé.

Mais dans le domaine scolaire, où le ministre Jean-Michel ­Blanquer campe sur une laïcité ferme, le risque de stigmatisation n’est jamais loin. Maryvonne Caillibotte, procureure de Versailles, résume : « Il nous faut savoir faire la part des choses entre une contestation des valeurs républicaines, avec la mise en place d’une contre-­société basée sur un texte religieux, et l’exercice libre et respectable d’une religion. » Avec un écueil juridique : « En réalité, quand on parle de communautarisme, on ne parle pas des religions, mais de l’islamisme, note un responsable policier. Et en droit français, ce n’est pas possible de traiter uniquement de l’islamisme. »

Faut-il un nouveau projet de loi spécifique?

Faut-il alors un nouveau projet de loi spécifique? Les ministres en débattent actuellement. Ni l’Élysée, ni l’Intérieur n’en sont convaincus, qui considèrent que cette politique doit se mener à « droit constant ». Un haut responsable place Beauvau plaide pour « une stratégie d’entrave, où l’on utilise le droit commun ». « Avec la loi Silt, dit-il, on a pu fermer sept mosquées radicales ; avec le droit commun, une trentaine! » Reflet de cette nouvelle stratégie visant à taper au portefeuille, sur le plan de l’hygiène ou de règlements sans rapport avec la religion, l’État a fermé fin novembre l’Institut européen des sciences humaines, une université musulmane de Saint-Denis, en invoquant un défaut de « sécurité des personnes ».

La lutte contre le communautarisme, un casse-tête politique. D’autant que Macron refuse de la lier au sujet de l’organisation de l’islam de France. Au JDD, il annonçait il y a deux ans qu’il s’exprimerait au premier semestre 2018 sur sa structuration. Il ne l’a toujours pas fait. À l’Élysée, on assure que le dispositif anticommunautarisme sera cette fois dévoilé rapidement et que « le Président considère que cet engagement doit être tenu ». Certains affirment que c’est lui qui portera le dossier. D’autres pensent le contraire. Un point d’interrogation de plus. « À l’automne, je me suis dit que Macron commençait à comprendre, soupire un haut fonctionnaire. Mais je ne vois rien arriver… » Or le temps joue pour les communautaristes. Un ministre s’inquiète : « La vraie question : est-ce qu’il n’est pas déjà trop tard? »

Un nouveau président pour le CFCM

Sauf surprise, Mohammed Moussaoui devrait être élu aujourd’hui président du Conseil français du culte musulman (CFCM), le principal interlocuteur des pouvoirs publics sur ce qui a trait à cette religion. Ce Franco-Marocain de 55 ans, qui a déjà présidé l’instance de 2008 à 2013, reste en effet le seul candidat en lice après le retrait de son concurrent, Chems-eddine Hafiz, tout nouveau recteur de la Grande Mosquée de Paris. Cet homme, qui est aussi à la tête de l’Union des mosquées de France, devrait occuper la fonction pour une période de dix-huit mois à deux ans. L’institution, créée en 2003, est très attendue sur le renforcement de la lutte contre la radicalisation. Emmanuel Macron attend notamment une « parole forte sur la place du voile, les femmes, l’école ». Mais seulement 40 % des 2 500 mosquées et salles de prières ont participé à ce scrutin visant à désigner les représentants régionaux, qui votent aujourd’hui pour élire le président.

Voir encore:

Éric Zemmour est-il un Trump à la française?
Laure Mandeville
Le Figaro
07/10/2021

ANALYSE – Au-delà des gouffres culturels qui les séparent, le polémiste français et le milliardaire américain surfent sur la même révolte. Sans parler de leurs tempéraments indomptables.

Il n’y a pas plus français qu’Éric Zemmour et pas plus américain que Donald Trump. Le premier est un intellectuel qui a lu tous les livres. C’est dans un dialogue permanent avec l’histoire de France, ses grands hommes, ses batailles, ses chutes et ses rédemptions qu’il a formé sa légitimité et son diagnostic sur la crise que traverse le pays. Homme de l’écrit et de télévision, il s’est fait connaître en plantant sa plume et son regard acérés dans les plaies du pays. Et c’est aujourd’hui par le récit qu’il propose à la France de ses maux que cet outsider part à sa conquête, même s’il n’est pas encore candidat. Il est de ce point de vue l’héritier d’une tradition très française qui veut qu’en politique, en France, on ait des lettrés, de Gaulle à Mitterrand, en passant par Giscard, Pompidou ou même Emmanuel Macron.

On dit au contraire de Donald Trump qu’il n’aurait lu peu ou prou qu’un seul livre – … le sien! -, ce best-seller sur L’Art du deal qu’il fit écrire par un journaliste mais qui contribua à faire de lui, dans l’esprit de beaucoup de ses compatriotes, un exemple vivant du succès version américaine. Son monde est celui de l’immobilier new-yorkais, des chantiers de construction où il a toujours été en connexion avec les ouvriers du bâtiment, des gratte-ciel toujours plus hauts, des marchandages avec les politiques dans les coulisses sulfureuses de la mairie de New York. Un monde de l’action, de la puissance, de l’argent tape-à-l’œil, bref, du commerce, dont Alexis de Tocqueville estimait qu’il était à la base de presque tous les instincts de la société américaine. Très éloigné de celui d’Éric Zemmour, qui a toujours affiché son aversion pour le «modèle» d’outre-Atlantique.

La question de l’immigration

Mais au-delà des gouffres culturels qui séparent les deux hommes et de leurs différences de personnalités et de parcours évidentes, comment ne pas voir à quel point les ressorts des projets qu’ils défendent, et la dynamique de révolte contre le statu quo qui les porte, se ressemblent? Pour tous ceux qui ont suivi la campagne de Trump en 2016, le phénomène Zemmour a indiscutablement un air de déjà-vu.

Par les thèmes tout d’abord, et en premier lieu celui du nationalisme,de la priorité absolue donnée à l’intérêt national. «Je suis le président des États-Unis, je défends l’intérêt des États-Unis et vous celui de la Chine, et c’est normal», avait lancé Trump à son homologue chinois lors de son premier voyage en Asie. Le milliardaire new-yorkais avait repris à son compte le slogan «L’Amérique d’abord», refusant la perspective d’une dilution de la nation au service d’intérêts plus vastes. Son programme affiché était de «rendre l’Amérique grande à nouveau» en renonçant aux guerres longues et en redéfinissant les règles du commerce, pour la sauver d’un déclin selon lui accéléré par les dégâts d’une globalisation débridée ayant aboli imprudemment les frontières. Éric Zemmour surfe exactement sur le même thème, parlant même d’une France en danger de mort mais «qui n’a pas dit son dernier mot».

La place centrale qu’occupe la question de l’immigration dans les préoccupations des deux hommes découle directement de cette priorité. C’est le thème clé d’Éric Zemmour, celui du «grand remplacement» qui viendra si on ne reprend pas le contrôle des frontières. Et même si les Américains ont un rapport très différent à la question migratoire, c’est aussi le thème qui propulsa Donald Trump en tête de la primaire républicaine, en 2015, quand il apparut en haut de l’escalator de la tour Trump, pour annoncer qu’il construirait un mur entre le Mexique et les États-Unis. Monté au firmament des sondages, il n’allait plus jamais en descendre jusqu’à son élection stupéfiante. Zemmour n’en est pas là, mais son ascension fulgurante à la deuxième place de la course présidentielle selon les sondages, derrière Emmanuel Macron, fait écho à la dynamique trumpienne partie à l’assaut de la «machine Clinton».

Même si la question est évidemment beaucoup moins présente aux États-Unis en raison du très faible pourcentage de musulmans (0,8%), le Français et l’Américain ont aussi en commun une méfiance commune envers l’islam, la conviction que l’Occident chrétien doit être protégé comme civilisation, et l’idée qu’à Rome il faut vivre comme les Romains. Elle s’est manifestée chez Trump de manière épidermique dans son fameux décret interdisant provisoirement de visa les ressortissants de sept pays musulmans pour raisons de sécurité. Chez Zemmour, le thème est encore plus central, ce qui n’est pas étonnant, vu les défis que représentent la radicalisation d’une partie substantielle de la communauté musulmane de France et les attentats terroristes en série qui ont frappé le pays ces dernières années, jusqu’à la décapitation de Samuel Paty. Mais le polémiste français qui, contrairement à Trump, sait de quoi il parle, l’aborde de manière beaucoup plus intellectualisée et sophistiquée, puisqu’il s’agit de distinguer entre les musulmans et l’islam comme système politico-juridique, en reprenant la formule de Clermont Tonnerre sur les juifs à la Révolution: «Tout pour les musulmans en tant qu’individus, rien en tant que peuple.»

« Joyeux Noël »

Face à la révolution sociétale «woke» qui souffle sur nos sociétés, déconstruisant non seulement la nation mais l’héritage culturel occidental, la famille traditionnelle et même les différences entre les sexes, Trump et Zemmour sont également en phase, même s’ils ne sont de la même génération. Le «Donald» est dans toutes ses fibres un homme des années 1950, qui n’a jamais adhéré aux valeurs de la révolution sociétale des années 1960 et incarne même avec une forme de délectation provocatrice tous les vices de «l’homme macho».

Persuadé que l’Amérique est fondamentalement «bonne», peu enclin à la culpabilité, il refuse aussi l’idée que l’esclavage aurait marqué à tel point le pays qu’il soit entaché à jamais d’un racisme systémique. Les grands mouvements étudiants de 1968, qui sont contemporains de ses années à l’université de Pennsylvanie, semblent avoir glissé sur lui. Il aime raconter qu’il n’y participait pas, préférant travailler sur les chantiers de son père. Un positionnement qui ne peut que séduire Éric Zemmour, grand critique, dans son livre Le Suicide français, de la révolution de 1968, qu’il voit comme la matrice de la déconstruction de la France. Pour eux, le patriotisme n’est pas une idée ringarde. «J’ai grandi dans une famille où l’amour de la France était inné, naturel, puissant, on ne rigolait pas avec ça», a expliqué lundi Éric Zemmour.

Un diagnostic commun qui les a amenés à se dresser l’un comme l’autre contre le diktat du politiquement correct de la gauche. De ce point de vue, l’appel de Trump à continuer de dire «Joyeux Noël» au lieu de souhaiter «bonnes fêtes» (pour ne pas vexer les non-chrétiens) fait écho aux saillies de Zemmour contre l’écriture inclusive, l’un favorisant la moquerie, et l’autre la satire. Zemmour et Trump s’accordent aussi à penser que la relance de l’industrie manufacturière est essentielle au relèvement du pays et à sa souveraineté. Contrairement à ce que ses propos passés auraient pu laisser penser, le journaliste français est aussi un fervent adepte de l’allégement fiscal des entreprises, estimant que la France meurt d’une absence de création de richesse et d’un modèle social obèse. Tous deux n’hésitent pas non plus à tendre la main à Vladimir Poutine, dont ils admirent sans complexes le nationalisme et le machiavélisme assumé. Comme le fit Trump en campagne avant de faire volte-face sous le poids des réalités, le polémiste français caresse l’idée, folle, de sortir de l’Otan et de sceller un grand pacte stratégique avec la Russie, au-delà des divergences de systèmes. Un programme qui serait d’une grande inconscience vu la dangerosité du moment et la fragilité de l’Occident.

« Sauvez-nous, sauvez la France »

Au-delà de tous ces thèmes, leur positionnement est similaire: celui de l’homme providentiel improbable surgi du peuple pour pallier les défaillances de la classe politique. Il s’agit de se dresser contre la doxa en vigueur, d’oser sortir des «limites» imposées par les élites culturelles et politiques dominantes, de dire tout haut ce que la majorité pense tout bas. Une libération de la parole qui confère aux deux personnages une image de radicalité et d’indomptabilité qui choque les élites mais devient le moteur de leur succès populaire. Jusqu’où?

Ces derniers jours, Éric Zemmour notait la ferveur et l’émotion intense qu’il ressentait chez les gens de toutes origines sociales qui se pressaient à ses signatures de livres. «Sauvez-nous, sauvez la France», lui lançaient-ils. Un engouement qui rappelait un peu, toutes proportions gardées, le phénomène Trump et les files d’attente gigantesques de ses fans à ses meetings.

Bien sûr, Zemmour n’est pas Trump. Il n’en a pas le côté drolatique et inconséquent, ni l’ego démesuré jusqu’à l’irrationnel, et sa vision est plus profonde. Mais, handicap certain, il n’a pas l’expérience des coups bas du vieux milliardaire, ni sa machine financière. Son compte Twitter affiche 200.000 abonnés, quand celui de Trump en avait 48 millions en 2016. Le polémiste ne peut s’appuyer non plus sur la machine d’un parti, alors que Trump avait pu profiter de la primaire pour prendre d’assaut un Parti républicain hostile

Sa percée n’en révèle pas moins qu’il se passe quelque chose d’important dans les tréfonds de la France de 2021, comme ce fut le cas en 2016 dans les entrailles de l’Amérique. De plus, on peut se demander si les adversaires d’Éric Zemmour ne sont pas d’ores et déjà en train de reproduire les erreurs qui furent celles de Clinton face à Trump. Pendant des mois, l’establishment démocrate fut dans le déni absolu de l’importance du phénomène Trump, tentation qui semble présente en France, bien qu’à un moindre degré. La seconde erreur fut celle de la diabolisation délibérée, dans l’espoir de disqualifier l’adversaire. «Raciste», «fasciste», «antisémite», «virus», «peste brune»… Tous ces adjectifs utilisés contre le milliardaire de New York resurgissent en force dans l’hallali lancé contre Zemmour par une bonne partie de la classe politico-médiatique. En 2016, le procédé, au lieu d’affaiblir Trump, avait scellé son succès.

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Les territoires français d’outre-mer s’alarment de l’afflux d’immigrés clandestins

MFI/RFI

20/04/2007

Alors que l’immigration est l’un des thèmes majeurs de la campagne électorale en France, deux collectivités d’outre-mer – la Guyanne et Mayotte – comptent plus de 20 % de clandestins. Le renforcement des contrôles de police depuis 2005 n’a pas inversé la tendance. Dirigeants politiques locaux et population dénoncent ce qu’ils considèrent être un facteur de chômage et d’insécurité, mais profitent aussi de ces clandestins.

Quelle est l’importance de l’immigration clandestine en Guyane et à Mayotte ?

La scène se répète plusieurs fois par jour. Dissimulés sous les branchages de l’épaisse végétation, des gendarmes surveillent le fleuve Maroni qui sépare la Guyane du Surinam. Dès qu’une embarcation accoste sur la rive française du fleuve, ils interviennent. La plupart du temps, il s’agit d’un clandestin qui sera immédiatement refoulé… Avant de retenter sa chance quelques heures plus tard.

A 15 000 kilomètres de là, sur l’île de Mayotte dans l’océan Indien, le scénario est le même. Quotidiennement, les forces de l’ordre envahissent le bidonville de Cavani et arrêtent les immigrés comoriens qui n’ont pas eu le temps de s’enfuir dans la forêt voisine. Ils seront expulsés le soir même sans autre forme de procès vers Anjouan, la plus proche île de l’archipel des Comores indépendantes.

Depuis plusieurs années, les collectivités françaises d’outre-mer – Guyane et Mayotte en tête – sont confrontées à un afflux d’immigrés clandestins. En Guyane, on estime leur nombre à 35 000, soit 20 % de la population ; 59 % de ceux arrêtés sont des récidivistes. Ces immigrés viennent en majorité du Surinam, du Guyana et du Brésil.
Le constat est le même à Mayotte où les clandestins sont estimés à 50 000, soit le tiers de la population. Tous viennent des Comores, distantes de 80 kilomètres par la mer. « Mayotte est devenu le premier port d’entrée de clandestins en France », s’alarme Ali Souf, le président de l’association des maires de l’île. Comme le déclarait en 2005 François Baroin, alors ministre de l’Outre-mer et aujourd’hui ministre de l’Intérieur : « Si l’on avait en métropole le même taux d’immigration, cela équivaudrait à 15 millions de clandestins. »

Comment expliquer cette immigration clandestine ?

Par la ruée vers l’or, au sens propre comme au figuré. Au sens propre puisque environ 7 000 clandestins en Guyane sont des orpailleurs qui travaillent dans les mines d’or ou cherchent un filon en solo. Au figuré, dans la mesure où ces collectivités françaises d’outre-mer représentent des îlots de prospérité au milieu de régions sinistrées et instables politiquement. Ainsi le PIB par tête de la Guyane est 5 à 10 fois supérieur à celui de ses voisins brésilien, surinamais ou haïtien. Les possibilités d’y trouver un petit boulot sont nombreuses, comme vendeur à la sauvette ou domestique. « Je suis exploité, mais au moins je suis payé. J’ai été expulsé 7 fois ; je suis prêt à l’être encore 20 fois car je n’ai pas d’autres choix que de travailler en Guyane pour nourrir ma famille », témoignait dans Le Monde un Brésilien employé dans une exploitation agricole.
Si la Guyane abrite la base spatiale de Kourou et 200 entreprises associées, ce n’est pas le cas de Mayotte, région peu industrialisée, qui vit de la pêche et de l’agriculture. Néanmoins, Mayotte est nettement plus riche que les Comores dont l’économie est en ruine, qui ne sont pas autosuffisantes au plan alimentaire et dépendent de l’argent envoyé par la diaspora. Le PIB par tête est de 500 dollars par an aux Comores et de 4 000 dollars à Mayotte.
Certains observateurs expliquent aussi cette immigration par un facteur culturel. Ainsi la Guyane accueille des habitants de nombreuses origines pour lesquels la notion de frontière serait relative. On peut citer les Créoles, les Amérindiens, les H’mongs (d’origine laotienne), les Békés… Pour sa part, Mayotte est la seule île de l’archipel à avoir choisi de rester française lors du référendum d’autodétermination de décembre 1974 ; les trois autres îles ont opté pour l’indépendance. Mais jusqu’en 1993, les Comoriens pouvaient facilement s’installer à Mayotte. Cette année-là, le gouvernement d’Edouard Balladur a instauré un sauf-conduit spécial pour entrer sur l’île aux parfums, comme on surnomme Mayotte. « Les Comoriens ont toujours voyagé librement d’une île à l’autre. Ce visa fait de nous des étrangers dans notre archipel. Pour nombre d’habitants d’Anjouan ou de Mohéli, la notion de visa est difficile à comprendre, tout comme ils font mal la différence entre un Mayotte français et des îles indépendantes. Pour eux, c’est leur territoire », s’insurgeait un clandestin interviewé par Le Journal de la Réunion.
Mais l’argument culturel laisse dubitatif ceux qui vivent dans les DOM-TOM. Selon eux, les clandestins savent ce qu’est un visa et ont conscience du potentiel économique de Mayotte et de la Guyane. Ils sont séduits par le meilleur niveau de protection sociale qu’offrent les collectivités françaises. Même si le revenu minimum d’insertion (RMI) n’a pas cours à Mayotte. Avec 7 600 naissances par an, la maternité de Mamoudzou – capitale de Mayotte – est la première de France ; 80 % des mères sont en situation irrégulière. Même cas de figure à Maripasoula, un gros bourg sur les rives du fleuve Maroni, en Guyane, où l’on compte 4 457 habitants, mais 18 000 dossiers médicaux au dispensaire. Quant aux écoles, elles sont surchargées et comptent en moyenne 40 % d’élèves étrangers. « En ayant un enfant né en France ou qui y est scolarisé, le but des parents est d’obtenir un titre de séjour, puis la nationalité grâce au droit du sol », accusent les partisans d’un contrôle strict de l’immigration. « N’exagérons rien. Moins de mille étrangers enregistrés à Cayenne ont obtenu la citoyenneté française depuis dix ans. Et on ne peut pas reprocher à une mère de vouloir accoucher dans les meilleures conditions ou de faire soigner au mieux sa famille », réplique Antoine Karam, le président du conseil régional de Guyane.
Ce flux migratoire est évidemment facilité par la géographie. La Guyane compte 3 000 kilomètres de frontière, souvent noyés au milieu de la forêt amazonienne. Un simple fleuve la sépare du Brésil et du Surinam. Il serait illusoire de vouloir tout contrôler, même si les moyens de la gendarmerie ont été renforcés depuis 2005. Quant aux 80 km d’océan entre Mayotte et les Comores, les patrouilles maritimes ne peuvent pas en assurer une surveillance totale. Les candidats à l’exode embarquent de nuit sur de frêles embarcations, des kwassa kwassa, malgré les risques encourus. Depuis 1995, plus de 1 000 Comoriens se sont noyés, faisant de ce bras de l’Océan Indien l’un des plus grands cimetières maritimes au monde.

Comment ces immigrés clandestins sont-ils accueillis par la population locale ?

« La xénophobie est croissante en Guyane. Jusqu’à présent, cela n’a pas dégénéré. Mais je redoute le jour où les Guyanais décideront de faire justice eux-mêmes. L’Etat doit rétablir son autorité sur le territoire ». Cette déclaration de Jean Cesto, conseiller municipal de Matoury, résume l’opinion d’une grande partie de la population. Les immigrés clandestins ne sont pas les bienvenus. Le sentiment est le même à Mayotte où plusieurs manifestations rassemblant des milliers de Mahorais ont réclamé l’arrêt de « l’invasion étrangère ». Dans les deux régions, des milices musclées ont incendié des squatts occupés par des clandestins.
Les immigrés sont accusés de tous les maux : insécurité, chômage, carence des logements… Le refrain est connu. Mais dans des régions où les clandestins sont effectivement nombreux, il prend un relief particulier. D’autant qu’à Cayenne comme à Mamoudzou, le taux de chômage dépasse les 26 %. En matière de délinquance, les DOM-TOM connaissent des chiffres plutôt faibles. Sauf la Guyane, où les statistiques sont dignes de celles de la région parisienne. Et 28 % des détenus pour vols ou agressions sont originaires du Guyana. Pire : on a enregistré, en 2006, 84 meurtres (souvent des règlements de compte entre orpailleurs) pour 200 000 habitants alors que Paris – 2,1 millions d’habitants – n’a connu la même année que 52 assassinats. « Les classes sont surchargées et le niveau baisse. Les hôpitaux n’arrivent plus à faire face à l’afflux de patients. Les rues sont peu sûres et l’emploi manque. Tout ça à cause des clandestins », entend-t-on, de façon quelque peu simpliste, à Cayenne et Mamoudzou.
Les élus ne sont pas en reste, quelle que soit leur affiliation politique. Réunis en congrès en novembre dernier, les maires de Guyane, de Guadeloupe et de Mayotte ont réclamé un renforcement de la lutte contre l’immigration clandestine. « Pour éviter qu’un jour la situation ne devienne incontrôlable et que des violences contre les étrangers ne dégénèrent », se sont-ils justifiés. « Ici, l’immigration est un thème électoral majeur. C’est à celui qui montrera le plus de fermeté. Personne n’exprime de problèmes de conscience face à des situations de détresse comme en métropole. Les électeurs approuvent le durcissement des lois contre les immigrés, et ils sont peu nombreux à se dire choqués quand des milices organisent des battues contre les clandestins », reconnaît Ali Souf, le président de l’association des maires de Mayotte. Le discours est le même en Guyane où nombre d’élus ont approuvé, en juillet 2005, la proposition de François Baroin de remplacer, dans les DOM-TOM, le droit du sol par le droit du sang (voir article ci-joint). « Si cette proposition contribue à soulever le dossier de l’immigration en Guyane, tant mieux. Peu importe le tollé qu’elle a provoqué. Je suis prêt à inviter mes amis du Parti socialiste et de SOS-Racisme à venir deux mois en Guyane au lieu d’y passer 48 heures », avait alors déclaré Antoine Karam, le président du conseil régional de Guyane, pourtant membre du PS.
Ce même Antoine Karam a récemment dénoncé une « palestinisation de la région », évoquant le repli des communautés sur elles-mêmes. La crainte de perdre son identité s’exprime de vive voix. « Les enfants comoriens susceptibles d’acquérir la nationalité française par le droit du sol seront bientôt plus nombreux que les Mahorais », s’alarme Ali Souf. « Nous sommes à un tournant identitaire. Les Guyanais de souche sont devenus minoritaires sur leur propre terre », lui répond en écho Christiane Taubira, député et membre du Parti radical de gauche.
Evidemment les immigrés clandestins trouvent des défenseurs. A l’instar de l’avocat guyanais Gérald Coralie : « Les gens crient à l’invasion, mais emploient des clandestins comme jardinier ou domestique pour 20 euros par jour. Des marchands de sommeil louent des taudis 800 euros par mois. C’est le règne de l’hypocrisie. » Quant à Ali Souf, il n’a pas de mots assez durs contre « ceux qui se plaignent mais font construire leur maison dix fois moins cher par des Comoriens, puis les dénoncent à la police une fois les travaux effectués ». Un ancien commandant de gendarmerie se rappelle de « ces Guyanais qui vont acheter illégalement du poisson au Brésil pour le revendre sur le marché de Cayenne, puis se plaignent de la concurrence déloyale des clandestins ».
Du côté des politiques, on souligne que les écoles surchargées et les hôpitaux débordés tiennent aussi au manque d’investissement de l’Etat français dans les infrastructures. La conclusion revient à Daniel Bergeron, conseiller général UMP de Guyane : « Il est certain que les immigrés clandestins posent un problème et sont trop nombreux. Il est tout aussi certain qu’on a fermé les yeux pendant des années et que beaucoup en profitent. Mais bien malin celui qui arrêtera l’immigration en Guyane. Même en durcissant les lois, les clandestins ont trop intérêt à être là tant que la région d’où ils viennent sombrent dans la misère. »

Voir encore:

Interview de M. François Baroin, ministre de l’outre-mer, dans « Le Figaro Magazine » le 17 septembre 2005, sur le contrôle de l’immigration clandestine dans les DOM et à Mayotte et son projet de remettre en question le droit du sol pour l’accession à la nationalité française dans « certaines collectivités d’outre-mer ».

François Baroin
17 septembre 2005

Le Figaro Magazine : Après une première tournée outre-mer, quel est selon vous le problème le plus urgent à régler ?

François Baroin : Il existe deux grands chantiers prioritaires : l’emploi et l’immigration. Concernant le premier, des mesures gouvernementales pour l’emploi outre-mer sont engagées. L’indicateur de chômage, même s’il reste trop élevé, est en très net recul pour l’ensemble des DOM depuis juin 2002. Le chantier le plus important, c’est l’immigration. Beaucoup de choses restent à faire. A Mayotte et en Guyane, par exemple, plus d’un habitant sur quatre est un étranger en situation irrégulière. En Guadeloupe, le nombre de personnes en provenance d’Haïti ayant sollicité une demande d’asile est passé de 135 en 2003 à 3 682 en 2004. La majorité des reconduites à la frontière concernent l’outre-mer. Si, en métropole, on avait le même taux d’immigration clandestine, cela ferait 15 millions de clandestins sur le sol métropolitain. Vous imaginez les tensions sociales possibles. A terme, c’est tout l’équilibre démographique qui s’en trouvera modifié. Sans parler du fait que les immigrés irréguliers sont complètement exploités, cette situation engendre bien évidemment un fort déséquilibre économique et des tensions sociales exacerbées. Le travail clandestin, qui est une forme moderne d’esclavage, est tout aussi inacceptable au XXIe siècle.

Le Figaro Magazine : Comment empêcher les clandestins d’entrer sur le territoire français ?

François Baroin : A situation particulière, politique particulière. En Guyane, les frontières avec le Brésil et le Surinam ont une longueur totale de près de 3 000 kilomètres. Il est impossible de les surveiller mètre par mètre. A Mayotte, la proximité avec les Comores implique une surveillance du littoral, car l’immigration se fait par la mer et sur de petites embarcations de type canots de pêche. Il faut donc des mesures radicales. Sur ma proposition, une première série de mesures a été acceptée au comité interministériel de contrôle de l’immigration du 27 juillet dernier. Une loi viendra dans les tout prochains mois compléter ce dispositif de mesures de gestion en procédant à l’indispensable adaptation de notre droit à ces situations particulières. Il s’agira, notamment à la Guadeloupe, à la Martinique et à Mayotte, de permettre le contrôle d’identité de toute personne et de faire des visites sommaires de certains véhicules dans une zone de quelques kilomètres à partir du littoral. Comme c’est déjà le cas en Guyane, nous allons, en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion supprimer le caractère suspensif des recours formés contre un arrêté de reconduite à la frontière pour accélérer les délais. Nous allons pouvoir saisir ou détruire tous les véhicules (avions, voitures, bateaux) qui auront servi à transporter des clandestins. Il va falloir aller plus loin. A Mayotte, j’étudie la possibilité de limiter à un délai d’un an après la naissance de l’enfant la période pendant laquelle un Français peut reconnaître un enfant naturel dont la mère est étrangère. On peut également envisager de modifier ou de suspendre temporairement certaines règles relatives à l’acquisition de la nationalité française à Mayotte. Par exemple, poser la règle de la régularité du séjour des parents comme condition pour l’accès ultérieur des enfants à la nationalité française. Mayotte a une surface comparable à l’île d’Oléron. La croissance de sa population (180 000 habitants, dont bientôt une majorité d’étrangers) est quasiment le fait des naissances d’immigrés clandestins. Car les mères viennent accoucher là pour que leurs enfants obtiennent la nationalité française.

Le Figaro Magazine : Faut-il remettre en question le droit du sol ?

François Baroin : Il faudrait l’envisager pour certaines collectivités d’outre-mer, car nous sommes confrontés à des politiques de peuplement non maîtrisées. Si l’on ne fait rien maintenant, à terme, ce sera l’explosion sociale. Pour enrayer ce phénomène, nous devons avoir recours à des mesures à caractère exceptionnel. Une remise en question du droit du sol ne provoque pas les mêmes réticences outre-mer qu’en métropole. L’histoire, la géographie de l’outre-mer ne sont pas toujours les mêmes qu’en métropole. Le droit du sol n’a pas toujours connu la même application, et, au fur et à mesure qu’il a été étendu, il y a eu des abus. Je reviens sur la situation de Mayotte : la maternité de Mamoudzou est, avec 7 500 naissances annuelles, la plus active de France. Deux tiers des mères sont comoriennes, et environ 80% d’entre elles sont en situation irrégulière. On estime à 15% le nombre de ces mères qui retournent aux Comores après avoir accouché. Il y a aussi de nombreux cas de paternité fictive. Il est de notoriété publique qu’à Mayotte, la reconnaissance de paternité par un Français est un « service » qui s’achète.

Le Figaro Magazine : Compte tenu de l’ampleur du phénomène que vous décrivez, une nouvelle loi sera-t-elle suffisante ?

François Baroin : Pas seulement. La mobilisation de tous est nécessaire. La loi doit s’accompagner de moyens conséquents et d’une implication forte de toutes les administrations de l’Etat. Je m’engage à veiller à ce que cette politique soit appliquée de manière prioritaire par nos préfets, hauts commissaires, gendarmes, policiers, douaniers, et que l’armée puisse nous apporter son concours dans les zones difficiles. Je ferai en sorte que ceux qui s’impliquent le plus dans cette politique soient récompensés. Surtout, il est essentiel que nos compatriotes d’outre-mer aient des attitudes responsables et civiques. On ne peut pas se plaindre de l’immigration clandestine et en même temps employer des clandestins comme jardinier, femme de ménage ou chauffeur de taxi. J’ai donné des instructions particulières pour qu’il soit fait application la plus stricte des obligations statutaires, avec procédures disciplinaires systématiques, aux fonctionnaires et agents des services de l’Etat qui seraient convaincus de telles pratiques.

Le Figaro Magazine : Les propositions que vous faites pour l’outre-mer seraient-elles applicables en métropole ?

François Baroin : Nous allons voir ce qui marche le mieux, mais les situations sont différentes, il ne s’agit pas de faire un calque. Cela permet, quoi qu’il en soit, de faire bouger les lignes, de sortir des tabous. Le droit du sol ne doit plus en être un. J’ai bien conscience de l’importance de ce débat. Des problèmes peuvent se poser au regard des libertés publiques et des conditions d’acquisition de la nationalité française, auxquelles je suis personnellement attaché. Mais lorsqu’on réduit le territoire et que l’on augmente les flux, ce n’est plus simplement un problème de cohésion sociale, c’est la question de la souveraineté qui est posée. Quelques mois après ma prise de fonction, je constate que l’outre-mer a bien souvent été à l’avant-garde de la modernisation de notre société, pas seulement dans ce domaine coercitif, mais aussi dans celui des libertés publiques, avec la décentralisation, les finances locales ou la réforme de l’administration territoriale de l’Etat. Alors pourquoi, dans le traitement de ce délicat et douloureux problème auquel est confrontée notre société, l’outre-mer ne contribuerait-il pas à la définition de quelques pistes nouvelles ?

Voir encore:

La bombe migratoire
Marianne Payot
L’Express
01/12/2005

François Baroin n’a pas été pris au dépourvu. En évoquant, dès le mois de juillet, lors d’une visite à Mayotte, puis deux mois plus tard dans Le Figaro Magazine, l’éventualité d’une remise en question du droit du sol « pour certaines collectivités d’outre-mer », le ministre (UMP) de l’Outre-Mer savait qu’il allait déclencher une polémique. Ou tout du moins l’espérait-il? «Ce débat, je l’ai voulu, explique-t-il aujourd’hui, il était indispensable et volontairement provocateur. Comme toutes ces collectivités sont loin, il faut parler fort.»

L’enjeu d’une telle fronde? Les flux d’immigration considérables qui touchent en premier lieu Mayotte et la Guyane, où 1 habitant sur 3 serait un étranger. Mais aussi la Guadeloupe, en proie, depuis deux ans, à un afflux massif d’Haïtiens. «Si l’on avait dans l’Hexagone un même taux d’immigration, cela équivaudrait à 15 millions de clandestins, souligne le ministre, chiraquien dans l’âme. L’outre-mer avait besoin d’un message clair et rassurant de la France.» D’où, en guise de ballon d’essai, ses propos iconoclastes. Cela dit, Baroin sait parfaitement que la – difficile – acquisition de la nationalité française n’est pas, de loin, l’unique moteur de l’immigration ultramarine. Un enfant né en France de parents étrangers ne peut en effet obtenir la nationalité française qu’à sa majorité (ou, par anticipation, à partir de 13 ans) et à condition qu’il vive encore en France et que ses parents et lui-même le réclament.

Autant de démarches longues et compliquées, impraticables par la plupart des Comoriens qui déferlent sur l’ «île aux parfums» (Mayotte) et par les Haïtiens, Dominicains, Brésiliens, Surinamiens, qui «investissent» les départements français d’Amérique (DFA). «Seul un millier de « nos » étrangers ont acquis la nationalité française», rappelle le président (PSG [Parti socialiste guyanais]) du conseil régional, Antoine Karam. «En fait, affirme Victorin Lurel, son homologue PS de Guadeloupe, plutôt que le droit du sol, qui a eu la vertu d’émanciper les esclaves, c’est le droit du sang qui devrait être remis en cause. Ou, en tout cas, mieux encadré: il faut sanctionner les paternités fictives.»

La «faute originelle» de ces collectivités? Constituer de – relatifs – îlots de prospérité dans des environnements plus que sinistrés. Ainsi de l’île de Mayotte, confetti de 374 kilomètres carrés perdu dans l’océan Indien – la Réunion est à 1 500 kilomètres! – mais toute proche de ses «soeurs» de l’Union des Comores, l’un des Etats les plus pauvres de la planète. De même la Guyane peut-elle «s’enorgueillir» de détenir un PIB par habitant de cinq à dix fois supérieur à celui de ses voisins, le Brésil et le Suriname. Quant à Haïti, à l’économie exsangue et à l’instabilité politique chronique, il voit essaimer ses misérables ressortissants tout à la fois en Guyane et aux Antilles.

Pour enrayer cette volumineuse immigration économique et sociale, le premier réflexe voudrait qu’on empêche ces visiteurs d’entrer dans l’ «eldorado» français. Une tâche guère aisée: des centaines d’embarcations – les kwassa-kwassa à Mayotte (lire l’article Mayotte : marrée humaine ) et les saintoises en Guadeloupe – déversent nuitamment leur lot de boat people sur les côtes des îles, tandis qu’en Guyane les 3 000 kilomètres de frontière – de fleuves et de forêt – sont franchis allègrement par les clandestins hors des points de contrôle. Une porosité qui fait la joie des passeurs: l’Haïtien en proie au rêve guadeloupéen devra ainsi débourser environ 2 500 dollars, comprenant l’acheminement en voiture jusqu’à Saint-Domingue, puis l’avion pour la Dominique et, enfin, le bateau vers Grande-Terre. L’Anjouanais, lui, s’acquittera de 150 à 200 dollars pour franchir les 70 kilomètres du lagon et gagner Mayotte. A ses risques et périls: 200 personnes meurent chaque année dans «le plus grand cimetière de l’océan Indien», selon l’expression de Mansour Kamardine, le député (UMP) de l’île.

C’est à ces réseaux que tente donc de s’attaquer la police aux frontières (PAF) des différentes collectivités. «Nous en avons démantelé 33 en un an», annonce fièrement le commissaire Garcia, de Guyane. Mais le pain quotidien de ses 224 hommes, ce sont les interpellations dans la rue (baptisées prosaïquement «ramassage»), auxquelles s’adonnent également les gendarmes – spécialisés notamment dans la lutte contre l’orpaillage clandestin – puis les reconduites à la frontière. Une mission facilitée par le régime «d’exception» qui prévaut ici, tout comme à Saint-Martin (et dont tous les élus de Guadeloupe réclament à cor et à cri l’extension à l’archipel entier): depuis 1993, en effet, les arrêtés de reconduite ne peuvent plus faire l’objet de recours suspensifs et les contrôles d’identité peuvent s’effectuer dans un périmètre de 20 kilomètres au-delà des frontières.

Aussi suffit-il, pour faire du «chiffre», d’aller, par exemple, faire un tour du côté du marché de Saint-Laurent-du-Maroni, la ville frontière de l’Ouest guyanais. On y trouve nombre de Surinamiens qui seront embarqués le soir, avec le sourire, de l’autre côté du fleuve? D’où ils reviendront très vite, afin de vendre, côté français, quelques épices, de visiter un proche ou encore de se faire soigner (lire l’article Guyane : bousculade; la maternité; ) – une réalité tellement ubuesque que les autorités recherchent actuellement une solution originale. Les autres (Brésiliens, Haïtiens, Péruviens, Chinois…) séjourneront, eux, au centre de rétention administrative (CRA) de Cayenne. Vétuste, surchargé, il devrait, Nicolas Sarkozy vient de l’annoncer, être agrandi l’année prochaine. Tout comme celui des Abymes, en Guadeloupe, beaucoup plus décent, mais dont les 20 places se révèlent souvent insuffisantes.

Parallèlement, la France s’agite sur le front diplomatique, afin de multiplier les accords de réadmission. Car les Etats ne sont pas toujours prompts à accepter le retour de leurs ouailles ni à favoriser le transit sur leur territoire de ressortissants étrangers. Après le Brésil en 2001 et le Suriname fin 2004, c’est avec la Guyana que le Quai d’Orsay, épaulé par le ministre délégué au Tourisme, Léon Bertrand, par ailleurs maire (UMP) de Saint-Laurent-du-Maroni, s’efforce de poser des jalons. Un accord d’autant plus nécessaire que les Guyaniens jouissent ici d’une mauvaise réputation, souvent justifiée (ils représentent près de 28% de la population carcérale de Cayenne).

«Nous avons créé lors de ma visite, fin octobre, un climat de confiance, qui devrait, à terme, déboucher sur l’installation d’un consulat, souligne, satisfait, Bertrand. Avec des contreparties, bien sûr, comme l’aide à la formation de leur police, confrontée à une forte criminalité et au trafic de drogue.» C’est ce même principe de donnant-donnant qui régit les négociations conduites ces jours-ci avec la Dominique, plaque tournante de l’émigration vers l’archipel guadeloupéen. Pour Haïti, gros «exportateur» de clandestins, c’est Brigitte Girardin, ministre déléguée à la Coopération et prédécesseur de François Baroin, qui est montée en première ligne en septembre. Dans le dessein d’aider financièrement le pays afin de fixer, à terme, les Haïtiens sur leur terre.

Tournant identitaire

Pourquoi un tel branle-bas de combat? Par peur de désordres sociaux. Rien à voir avec nos banlieues – durant les trois semaines d’émeutes en métropole, l’outre-mer est restée remarquablement calme. On craint, en revanche, les mouvements d’humeur de citoyens, qui se multiplient çà et là. A Mayotte, ce sont plusieurs milliers de Mahorais qui descendent dans la rue pour manifester contre l’immigration; en Guadeloupe, une pétition, diligentée par une petite radio surfant sur la xénophobie, a recueilli 40 000 signatures enjoignant notamment aux autorités d’endiguer l’ «invasion étrangère». En Guyane, enfin, un collectif dit «des mille lettres» déverse son courroux sur les ondes et dans les squats – qu’il n’hésite pas évacuer manu militari.

L’immigré, responsable de tous les maux: chômage, délinquance, carence de logements… L’antienne n’est pas nouvelle. «Nous sommes à un tournant identitaire, explique Christiane Taubira, députée (PRG) de Guyane, car nous sommes devenus minoritaires, nous, les Guyanais. En fait, nous payons aujourd’hui les plans de peuplement lancés dans les années 1970 pour noyer les mouvements indépendantistes d’alors et sécuriser le centre spatial. Jacques Chirac, le ministre de l’Agriculture de l’époque, a joué les apprentis sorciers.» Même son de cloche du côté d’Antoine Karam, qui pointe, par ailleurs, les défaillances de l’Etat en termes d’aménagement du territoire et de lutte contre les occupations illégales, tout en s’inquiétant d’une Guyane «en voie de palestinalisation» – en clair, des communautés vivant séparées sur un même territoire.

A 1 500 kilomètres de là, le Guadeloupéen Victorin Lurel en appelle à une véritable coopération avec Haïti, la Dominique et Antigua-et-Barbuda. L’autre député de gauche de l’archipel, Eric Jalton, craint pour sa part les débordements: «Le jour où un Haïtien violentera une Guadeloupéenne, cela mettra le feu aux poudres!» «Le Haïtien est tout sauf une racaille, proteste André Théodore, délégué général de l’association de Haïtiens Tèt Kole, affolé par l’anathème jeté sur ses 13 000 compatriotes légaux de Guadeloupe. Il est dans le besoin, mais pas dans la violence. Son problème, c’est de trouver du travail.»Et du travail, il en trouve. Déclaré ou pas. Sur les champs de canne à sucre, dans les bananeraies, sur les chantiers. Car ici, comme partout, règne une bonne dose d’hypocrisie. On crie à l’invasion et on emploie, au noir et pour 30 euros par jour, une main-d’oeuvre malléable à souhait. «Vous avez aussi des marchands de sommeil qui louent des taudis 800 euros la semaine», s’indigne Gérald Coralie, président de la Ligue des droits de l’homme. Dieunie Fanfan, consul d’Haïti aux Antilles, ne sait plus où donner de la tête. Avec ses maigres moyens, elle doit s’occuper de sa communauté, épauler les plus démunis, s’escrimer pour donner une image moins dramatique de son pays. Choquée par les rabatteurs de Port-au-Prince qui rackettent les candidats à l’exil à coups de 3 000 dollars le faux passeport, elle exhorte ses concitoyens à ne plus tenter l’aventure.

L’accalmie, c’est ce que souhaitent aujourd’hui tous les protagonistes, afin d’éviter les drames. Ici, en outre-mer, une nouvelle politique d’immigration est à inventer. La paix sociale est à ce prix.

Voir par ailleurs:

Prénoms des descendants d’immigrés en France:Essai de reproduction d’un article scientifique
Jean-François Mignot
Août 2021

Résumé court (1 page)

Ce résumé court est destiné aux chercheurs, aux journalistes et au grand public. Le texte intégral est ici. Un article scientifique publié en avril 2019 dans la revue Population et sociétés indique qu’en France métropolitaine en 2008, les prénoms les plus fréquents chez les petits-fils d’immigrés du Maghreb seraient «Yanis» et «Nicolas». Au total, selon l’étude, seulement 23% des petits-enfants d’immigrés du Maghreb porteraient un prénom «arabo-musulman», un ordre de grandeur assez proche des 16% de petits-enfants d’immigrés d’Europe du Sud qui porteraient un prénom «latin». Considérant les prénoms des descendants d’immigrés comme «un marqueur culturel» et «une mesure de l’assimilation», les auteurs notent que «Les prénoms que reçoivent les petits-enfants [d’immigrés du Maghreb] sont, en 2008, proches de ceux que la population majoritaire donne à ses enfants», et que «La trajectoire suivie par les originaires du Maghreb mène au même point d’arrivée que celle suivie par les Européens du Sud, mais de manière différée.»

Problème: ces résultats, publiés par le bulletin d’information de l’Institut national d’études démographiques (INED) et largement médiatisés, sont inexacts. Vérification faite, en métropole en 2008 les prénoms les plus fréquents chez les petits-fils d’immigrés du Maghreb ne sont pas «Yanis» et «Nicolas», mais «Karim» et «Nassim». Et d’après la nomenclature des prénoms de l’INED, ce ne sont pas 23% mais 49% des petits-enfants d’immigrés du Maghreb qui portent un prénom «arabo-musulman», contre 8% des petits-enfants d’immigrés d’Europe du Sud qui portent un prénom «latin».

L’article étant inexact, il doit —conformément aux usages de la communauté scientifique —être rétracté en bonne et due forme. Ces erreurs sont troublantes car pendant 20 mois, d’avril 2019 à décembre 2020, les auteurs et l’INED ont refusé de communiquer leur méthodologie et ils ont empêché la vérification de leurs résultats.

Définitions Immigré: personne née étrangère à l’étranger. Petit-enfant d’immigrés du Maghreb: personne ayant au moins 1 grand-parent immigré du Maroc, d’Algérie ou de Tunisie.

Chapitre 1. Présentation de l’article reproduit
En avril 2019, le bulletin d’information scientifique de l’Institut national d’études démographiques (INED) a publié un article intitulé: «Quels prénoms les immigrés donnent-ils à leurs enfants en France?» (Coulmont et Simon 2019). S’inscrivant dans un courant de recherches en sciences sociales qui étudie le choix du prénom comme «un marqueur culturel» et «une mesure de l’assimilation», l’article part de la question suivante: «Les prénoms donnés par les immigrés à leurs enfants, et ceux que reçoivent à la génération suivante leurs petits-enfants, sont-ils puisés dans le registre des prénoms des pays d’origine, ou sont-ils au contraire similaires à ceux donnés par la population majoritaire [c’est-à-dire la population sans ascendant immigré ni natif des DOM] ?»
Fondé sur l’exploitation statistique de l’enquête Trajectoires et origines(TeO) menée en France métropolitaine en 2008, cet article présente notamment deux résultats spectaculaires:
•Tableau page 3: les prénoms les plus fréquents chez les petits-fils d’immigrés du Maghreb sont «Yanis» et «Nicolas»;
•Figure 2, page 3: si 94% des immigrés du Maghreb (1ère génération) et 84% des enfants d’immigrés du Maghreb (2e génération) portent un prénom «arabo-musulman», ce n’est le cas que de 23% des petits-enfants d’immigrés du Maghreb (3e génération), un ordre de grandeur assez proche des 16% de petits-enfants d’immigrés d’Europe du Sud qui portent un prénom «latin».
Chapitre 2. Des résultats largement médiatisés
En avril 2019, les résultats de cette étude sont abondamment repris par la presse nationale, du journal Le Monde à 20 Minutes et de Libération à Valeurs actuelles, mais aussi dans la presse régionale et étrangère et dans de nombreux médias, radios, chaînes télévisées et sites Internet d’information. La présentation dominante de l’article, fidèle à son contenu, est assez bien illustrée par celle qu’en a donné le journal Le Monde, dans son article intitulé «Yanis, Sarah ou Inès: quand l’intégration se lit dans les prénoms des petits-enfants d’immigrés»: «Leurs grands-parents s’appelaient Farid, Ahmed et Rachid, Fatima, Fatiha et Khadija. Les petits-enfants s’appellent désormais Yanis, Nicolas et Mehdi, Sarah, Inès et Lina. Ce sont les prénoms les plus portés par les Français descendants d’immigrés originaires du Maghreb. Contrairement à certaines idées reçues,«les petits-enfants de la première génération s’appelant Abdelkader ou Karim sont très largement minoritaires»,explique Baptiste Coulmont.»
Chapitre 3. Comme un doute…
Ces résultats quelque peu contre-intuitifs sont-ils vrais? Pour le savoir, quatre jours après la publication, j’ai contacté l’un des auteurs pour lui demander des précisions sur la méthodologie utilisée. Suite à nos échanges, je me suis rendu compte que l’encadré méthodologique de l’article (page 2) accumule les inexactitudes et les omissions, ce qui m’a conduit à chercher à vérifier ces résultats.
Chapitre 4. Une méthodologie inaccessible
Pour reproduire ces résultats, je dispose des mêmes données que les auteurs, l’enquête TeO étant accessible aux chercheurs qui en font la demande. Ne me manque que leur méthodologie, c’est-à-dire leur nomenclature des prénoms par origine ainsi que leur programme informatique. J’ai donc demandé, à partir d’avril 2019, ces éléments méthodologiques, non soumis au secret statistique et que nombre de revues scientifiques publient en ligne (en annexe des articles). Pendant 20 mois, malgré mes demandes répétées, j’ai été confronté à un refus systématique de communication —et ce, de la part des auteurs mais aussi des représentants de l’INED: le rédacteur en chef de la revue, la directrice de l’INED et le référent à l’intégrité scientifique de l’INED (Annexe 4A). Si les auteurs ont finalement communiqué leur nomenclature des prénoms —non sans lui avoir préalablement substitué une nomenclature fallacieuse, qui incluait parmi les prénoms originaires des «États de langue arabe» des prénoms grecs, turcs, espagnols et portugais —, ils ne m’ont communiqué qu’un programme informatique incomplet (Annexe 4B), qui ne permet pas de reproduire leur Figure 3 sur la proportion de prénoms «arabo-musulmans» chez les petits-enfants d’immigrés du Maghreb selon la religiosité du parent. Ce faisant, les auteurs et l’INED ont non seulement empêché la reproduction à l’identique de leurs analyses: ils ont aussi violé les règles de l’intégrité scientifique et la«Charte nationale de déontologie des métiers de la recherche».
Chapitres 5 et 6. Méthodologie de la reproduction « au plus près »
Pour savoir si les résultats de l’article sont exacts, je reproduis le tableau et les trois figures sur la même base de données que les auteurs: la version nominative de l’enquête TeO. L’échantillon privilégié, le seul sans doublons, est représentatif des personnes de 18-50 / 18-60 ans en ménage ordinaire et de leurs enfants de 0-17 ans, habitant en France métropolitaine en 2008 (N = 42208). Cet échantillon (pondéré) permet de reproduire divers mouvements de la mode des prénoms en France depuis les années 1950, ce qui indique qu’il est de bonne qualité, tout comme la variable «prénom» de l’enquête. J’utilise aussi la même nomenclature des prénoms par origine que les auteurs, une fois expurgée de leurs erreurs de recodage (comme leur inclusion des prénoms «arméniens» parmi les prénoms «arabo-musulmans»). Cette nomenclature de l’INED concorde globalement bien avec une autre nomenclature conçue indépendamment et elle est globalement conforme aux connaissances établies en onomastique.
Chapitre 7. Essai de reproduction du premier résultat spectaculaire : « Nicolas »Coulmont et Simon (2019, p. 3) indiquent qu’en France métropolitaine en 2008, les prénoms les plus fréquents chez les petits-fils d’immigrés du Maghreb seraient «Yanis» et «Nicolas». Est-ce vrai? L’échantillon maximal TeO des petits-fils d’immigrés du Maghreb ne contient que 23 «Yanis» et 11 «Nicolas» —des effectifs trop faibles pour permettre d’établir un palmarès des prénoms comme celui qui a été publié. Mais sur l’échantillon retenu, «Nicolas» est effectivement l’un des prénoms les plus portés par les petits-fils d’immigrés du Maghreb, tout comme «Jérémy» et «Benoît». Ce sont même plus de 3% des petits-fils d’immigrés du Maghreb qui seraient prénommés «Nicolas». Et si l’on reproduit le tableau sur d’autres échantillons, il arrive que «Nicolas» soit le prénom le plus fréquent chez les petits-fils d’immigrés du Maghreb! Problème: personne ne semble avoir entendu parler d’autant de petits-fils d’immigrés du Maghreb prénommés «Nicolas». Ni les experts des migrations qui ont bien voulu répondre à mes questions, ni les recherches par entretiens menées auprès des couples «mixtes», ni la presse écrite, ni la radio et la télévision françaises, ni les ouvrages publiés en français depuis 1970, ni les moteurs de recherche Internet ou l’encyclopédie Wikipedia, ni l’annuaire téléphonique et les réseaux sociaux en 2021, ni même les décès en France ne comptent suffisamment de «Nicolas» originaires du Maghreb.
Alors, que se passe-t-il? Un examen de la méthodologie de l’enquête permet d’envisager que ses bases de données contiennent une erreur. Une partie de ces «Nicolas» ne seraient-ils pas des petits-enfants de rapatriés français ou européens de l’ex-empire colonial français en Afrique du Nord (y compris des Français et des Européens d’Algérie), autrement dit des petits-enfants de pieds-noirs? Les pieds-noirs ne sont pas considérés comme des immigrés, parce que suite à l’indépendance des pays du Maghreb, ils ont conservé la nationalité française.Pour vérifier si ces «Nicolas» ne seraient pas des petits-fils de pieds-noirs, j’examine d’abord les prénoms de leur entourage familial. Leur entourage porte des prénoms largement «français» ou européens (87%) et ils ne sont pas, typiquement, les enfants de «Mohamed» et «Sarah», mais plutôt ceux de «Christine» et «Philippe». J’estime ensuite combien d’immigrés et de descendants d’immigrés du Maghreb de l’enquête sont vraisemblablement des pieds-noirs et descendants de pieds-noirs, en combinant 4 critères: (i) l’enquêté qui est immigré (G1) ou enfant d’immigrés (G2) du Maghreb se déclare «plutôt d’accord»ou«tout à fait d’accord» avec l’idée que «on le voit comme un Français», (ii) dans son enfance ses parents originaires du Maghreb ne lui parlaient ni arabe ni berbère,et ni (iii) aucun de ses parents originaires du Maghreb ni (iv) lui-même n’est musulman. D’après ces estimations, la plupart (9/11) des «Nicolas» du tableau publié ne seraient pas des petits-fils d’immigrés du Maghreb, mais des petits-fils de pieds-noirs. Plus généralement, 1% des immigrés (G1) et 10% des enfants d’immigrés (G2) du Maghreb de l’enquête TeO seraient des (descendants de) pieds-noirs, mais surtout, 26% des petits-enfants d’immigrés (G3) du Maghreb seraient des petits-enfants de pieds-noirs, ce qui explique pourquoi le tableau publié comprend un prénom comme «Nicolas», mais seulement chez les petits-enfants (G3). Comme les pieds-noirs sont par définition nés avant 1962 alors que, dans l’enquête TeO, les immigrés du Maghreb peuvent être nés jusqu’en 1990, les pieds-noirs sont en moyenne bien plus âgés que les immigrés du Maghreb, si bien qu’en moyenne ils ont eu plus de temps d’avoir leurs petits-enfants. Une fois les immigrés du Maghreb et leurs descendants dissociés des pieds-noirs et de leurs descendants, les prénoms les plus fréquents chez les petits-fils d’immigrés du Maghreb de l’échantillon retenu sont non pas «Yanis» et «Nicolas», mais «Karim» et «Nassim». Si les petites-filles d’immigrés du Maghreb portent des prénoms relativement diversifiés, les petits-fils portent pour la plupart des prénoms «arabo-musulmans». Le Top 20 des prénoms les plus portés par les petits-fils d’immigrés du Maghreb ne comporte aucun prénom «français» non ambigu et aucun des prénoms du Top 20 des fils d’enquêté du groupe «majoritaire» —une situation très différente de celle des descendants d’immigrés d’Europe du Sud (ou d’Asie). Pas étonnant, donc, que le prénom «Nicolas» ne fasse pas partie du Top 3 des prénoms des petits-fils d’immigrés du Maghreb, d’autant qu’il est celui d’un saint catholique qui est associé à la Reconquista. «Nicolas» est en revanche un prénom porté par des descendants de pieds-noirs, comme le réalisateur Nicolas Bedos ou le journaliste Nicolas Demorand.
Chapitre 8. Essai de reproduction du second résultat spectaculaire : le « 23 % »
Coulmont et Simon (2019, p. 3) indiquent qu’en France métropolitaine en 2008, seulement 23% des petits-enfants d’immigrés du Maghreb portent un prénom «arabo-musulman». Là encore, est-ce vrai? Même en conservant les petits-enfants de pieds-noirs parmi les petits-enfants d’immigrés du Maghreb, ce ne sont pas 23% mais 37% des petits-enfants d’immigrés (G3) du Maghreb qui porteraient un prénom «arabo-musulman». Et une fois les petits-enfants d’immigrés du Maghreb dissociés des petits-enfants de pieds-noirs, il apparaît que sur l’échantillon TeO retenu, 49% des petits-enfants d’immigrés du Maghreb portent un prénom que la nomenclature de l’INED catégorise comme «arabo-musulman» —loin devant les proportions de prénoms «spécifiques» que l’on peut observer chez les petits-enfants d’immigrés d’Europe du Sud (8%), d’autre Europe (19%), d’autre Afrique (9%) ou d’Asie (5%) (voir graphique ci-dessous).

Proportion de prénoms spécifiques par origine et «génération», en France en 2008 Lecture: parmi les personnes originaires du Maghreb, la part de prénoms spécifiques («arabo-musulmans») passe de 94% (G1) à 76% (G2) puis 49% (G3), d’après la nomenclature de l’INED.

Champ: personnes de 18-50/ 18-60 ans en ménage ordinaire et leurs enfants de 0-17 ans habitant en France métropolitaine en 2008, données pondérées, N = 42208. Les G1, G2 et G3 Maghreb qui en réalité sont probablement (descendants de) rapatriés sont exclus des analyses.

Source: TeO.

Les petits-enfants d’immigrés du Maghreb sont non seulement ceux qui portent le plus souvent un prénom spécifique à leurs origines, mais aussi ceux qui portent le moins souvent un prénom «français» (15%), loin derrière les petits-enfants d’immigrés d’Europe du Sud (59%). La sur-rétention des prénoms d’origine s’observe d’ailleurs chez d’autres populations d’origine musulmane en Europe, comme chez les descendants d’immigrés du Pakistan au Royaume-Uni et chez les descendants d’immigrés de Turquie en Allemagne.

Chapitre 9. Essai de reproduction des autres résultats

La figure 1 de l’article présente des résultats sélectifs, ce qui nuit à la connaissance des faits et biaise l’image globale qui s’en dégage. Si, depuis la fin des années 1940, de moins en moins de prénoms attribués en France sont «français», ce n’est pas seulement —comme le montre la figure 1 —parce que le groupe «majoritaire» attribue de moins en moins de prénoms «français» (au profit de prénoms «internationaux ou anglophones»), mais aussi —ce que cette figure 1 ne montre pas —parce que le groupe «minoritaire» (composé des immigrés, des natifs des DOM et de leurs descendants) attribue lui aussi de moins en moins de prénoms français (au profit de prénoms «arabo-musulmans»), et parce que ce groupe «minoritaire» devient démographiquement de plus en plus important au fil du temps. Quant à la figure3 de l’article, elle sous-estime la part de prénoms «arabo-musulmans» chez les petits-enfants d’immigrés du Maghreb, même s’il est avéré que plus les petits-enfants d’immigrés du Maghreb ont des parents religieux, plus ils se sont vus attribuer des prénoms «arabo-musulmans».

Chapitre 10. Une seule option : la rétractation

Les principaux résultats étant faux (ou sélectifs au point que cela biaise l’image globale qui s’en dégage), l’article doit faire l’objet d’une rétractation en bonne et due forme. Contrairement à ce que les auteurs indiquent —un message repris par la plupart des médias en avril 2019 —, les descendants d’immigrés du Maghreb n’abandonnent pas leurs prénoms spécifiques presque autant que les descendants d’immigrés d’Europe du Sud. Au contraire, les descendants d’immigrés du Maghreb sont, de loin, ceux qui abandonnent le moins leurs prénoms spécifiques (et ceux qui se voient le moins souvent attribuer un prénom «français»): il ne s’agit pas là simplement d’une «idée reçue», mais d’un fait solidement établi.

Chapitre 11. Erreurs de bonne foi ou fraude scientifique ?

Pourquoi des auteurs et une institution de recherche qui considèrent leurs résultats comme fiables, ou méthodologiquement défendables, empêcheraient-ils de reproduire leurs résultats? Quel besoin auraient-ils de communiquer une nomenclature fallacieuse et un programme informatique incomplet et de violer leurs engagements ainsi que la«Charte nationale de déontologie des métiers de la recherche»? Deux chercheurs compétents —l’un spécialiste des prénoms, l’autre spécialiste des immigrés et fin connaisseur des catégorisations statistiques des immigrés du Maghreb et des pieds-noirs —auraient-ils pu croire qu’en métropole en 2008, les prénoms les plus fréquents chez les petits-fils d’immigrés du Maghreb étaient «Yanis» et «Nicolas», sans se poser de questions ni prendre le temps d’examiner les prénoms de l’entourage de la dizaine de «Nicolas» concernés? Auraient-ils pu ne pas être alertés par le fait que, parmi les petits-enfants d’immigrés du Maghreb de leur figure 3, seulement 50% sont d’origine musulmane? Vraisemblablement, les auteurs ne savaient que trop bien que leurs spectaculaires résultats étaient faux ou douteux: c’est pourquoi, dès fin avril, début mai 2019, ils ont empêché leur libre examen. Patrick Simon et l’INED ont d’ailleurs un passif en matière de manipulations statistiques destinées à «démontrer» que, contrairement aux idées reçues, les immigrés du Maghreb et leurs descendants s’intègrent pleinement dans la société française. Tout indique que l’objectif de Patrick Simon —chercheur-militant de la mouvance idéologique «décoloniale», Directeur de recherche à l’INED, directeur de département à l’Institut Convergences Migrations et chercheur associé à Sciences Po Paris —est d’influer favorablement sur les attitudes du grand public à l’égard des immigrés et de l’immigration. Il est regrettable que ces méconduites scientifiques bénéficient de la complaisance du milieu de la recherche, non seulement au sein de l’INED mais plus globalement en sociologie et en démographie de l’immigration.

Conclusion

En publiant ce travail, je vise plusieurs objectifs:

✓faire rétracter l’article de Coulmont et Simon (2019), et rétablir la vérité au sujet des prénoms des descendants d’immigrés en France;

✓alerter la communauté des chercheurs en sciences sociales sur une imposture scientifique: l’INED, qui est l’institut de recherche censé informer les Français et les pouvoirs publics sur les questions démographiques, non content d’avoir publié —et diffusé aux journalistes —des énormités, a violé les règles de l’intégrité scientifique et m’a empêché de vérifier ses résultats;

✓alerter les journalistes et le grand public sur une fraude scientifique dont l’objectif est manifestement de biaiser l’image de l’immigration aux yeux des Français;

✓alerter sur le contexte académique qui a permis tout cela: la complaisance du milieu de la recherche en sociologie et en démographie de l’immigration, et le manque de fiabilité scientifique de ce champ de recherche,qui souffre d’un biais idéologique volontiers «décolonial». En biaisant les faits publiés et communiqués aux journalistes, au grand public et aux pouvoirs publics, les méconduites scientifiques sapent la confiance dans la recherche et dégradent le débat démocratique. Si la recherche en sciences sociales doit aider à éclairer le débat public et à lutter contre certaines idées colportées par des militants de tous bords, c’est en apportant aux citoyens des arguments factuels, fondés sur une méthode scientifique dénuée d’idéologie.

Voir aussi:

Yanis, Sarah ou Inès : quand l’intégration se lit dans les prénoms des petits-enfants d’immigrés

L’Institut national d’études démographiques a décortiqué l’évolution progressive des usages, sur trois générations.

Louise Couvelaire

Le Monde
10 avril 2019

Qu’il soit vécu comme un fardeau ou comme une bénédiction, le prénom est un « badge » que l’on porte à vie, un « marqueur » qui raconte souvent d’où l’on vient et parfois même où l’on veut aller. Dans l’étude intitulée « Quels prénoms les immigrés donnent-ils à leurs enfants en France ? », publiée mercredi 10 avril par l’Institut national d’études démographiques (INED), les chercheurs Baptiste Coulmont et Patrick Simon se sont penchés sur l’évolution des choix des parents issus de l’immigration pour leurs enfants et leur signification dans le temps, sur trois générations.

Leurs grands-parents s’appelaient Farid, Ahmed et Rachid, Fatima, Fatiha et Khadija. Les petits-enfants s’appellent désormais Yanis, Nicolas et Mehdi, Sarah, Inès et Lina. Ce sont les prénoms les plus portés par les Français descendants d’immigrés originaires du Maghreb.

Contrairement à certaines idées reçues, « les petits-enfants de la première génération s’appelant Abdelkader ou Karim sont très largement minoritaires », explique Baptiste Coulmont. Aujourd’hui, leurs prénoms reflètent à la fois « l’héritage culturel » du pays d’origine ainsi que les « normes dominantes » en France.

Convergence autour de prénoms internationaux

C’est en analysant les données de l’enquête « Trajectoires et origines » (« TeO », 2008, INED-Insee), menée à partir d’un échantillon de 22 000 personnes, que les auteurs ont pu déterminer que « la convergence entre population majoritaire et descendants d’immigrés ne se fai[sait] pas autour de prénoms typiquement “français”, mais de prénoms internationaux auxquels tous et toutes peuvent s’identifier » – tels que Mila, Louna, Yanis, Nael, Liam, Ethan et Adam. « Autant de prénoms dans le top 20 en 2017 – alors qu’ils n’étaient quasiment pas choisis en France avant l’an 2000 », soulignent les auteurs.

En vingt-cinq ans, ce top 20 a par ailleurs beaucoup évolué – jusqu’en 1993, les règles administratives favorisaient les prénoms « en usage dans les différents calendriers ». Et il s’est considérablement diversifié. En 1945, il existait 2 000 prénoms ; en 2017, on en recense plus de 13 000.

Les immigrés d’Europe du Sud (Espagne, Portugal, Italie) arrivés en France avant les années 1980 ont abandonné majoritairement les prénoms latins – Maria, José, Antonio – dès la première génération née en France. Les personnes d’origine asiatique ont suivi la même trajectoire. Il a fallu une génération de plus aux immigrés du Maghreb, arrivés en France à partir des années 1960 avec des prénoms « très éloignés de ceux de la population majoritaire » pour 94 % d’entre eux, pour adopter des prénoms « maintenant considérés comme communs ». Tout comme les personnes d’origine turque et d’Afrique sahélienne.

Aujourd’hui, seuls 23 % des enfants de la troisième génération, selon l’INED, portent un prénom arabo-musulman. Ainsi, souligne Baptiste Coulmont :

« Cela signifie que plus de 75 % n’en portent pas. Les parents choisissent des prénoms qui appartiennent souvent au registre méditerranéen et qui peuvent convenir à tout le monde, des prénoms qui voyagent et qui passent partout. »

Des prénoms dont le registre culturel est plus « ambigu » et « proche de ceux de la population majoritaire », sans être les mêmes pour autant. L’étude parle, pour décrire ce processus, d’« innovation culturelle ».

Un constat partagé par la fédération ALMA (regroupant une soixantaine d’associations des quartiers populaires), qui s’apprête à publier une étude sur l’« Evolution des prénoms “arabo-musulmans” » de 1960 à 2015. Etablie à partir des fichiers des prénoms de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), elle note une forte augmentation des prénoms « mixtes », avec un caractère culturel et religieux moins marqué. Ainsi de Rayan, un prénom d’origine arabe mais proche de l’anglo-saxon Ryan.

Le rôle des mariages mixtes

« Le métissage est à l’œuvre, analyse l’essayiste Hakim El Karoui, qui a travaillé sur la question et souligne le rôle des mariages mixtes, nombreux en France. C’est un formidable marqueur d’intégration. » « Cette évolution n’est pas liée à une volonté individuelle, on voit bien qu’en deux générations le rouleau compresseur de la culture dominante est tel que l’on finit par s’aligner », estime Baptiste Coulmont :

« Quand on est né en France, on n’a tout simplement pas les mêmes goûts ni les mêmes envies que ses aînés qui sont nés ailleurs. »

Jérôme Fourquet, le directeur du département Opinion de l’institut de sondages IFOP, y voit lui aussi le signe d’un « détachement progressif de la culture d’origine ». Dans son livre L’Archipel français (Seuil, 384 pages, 22 euros), il fournit un chiffre qui a été largement commenté : il évalue le pourcentage de garçons portant un prénom arabo-musulman à 18,8 % des naissances en 2016. Ce chiffre avait alors été interprété par certains – dont le polémiste Eric Zemmour –, à rebours du phénomène d’intégration, comme l’illustration du communautarisme en France.

Face à la nette évolution dominante, de fait, on observe la persistance ou la résurgence minoritaires de certains prénoms traditionnels, comme Mohamed, qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs. L’influence de la religion, d’abord : les parents non croyants et non pratiquants choisissent un prénom arabo-musulman dans seulement 7 % des cas, note l’étude de l’INED, contre 63 % pour les fidèles « à forte religiosité ». La foi comme la poursuite de l’immigration en provenance du Maghreb sont susceptibles de favoriser une « rétention culturelle » plus marquée. Mais pas seulement.

Cette tendance s’inscrit dans un phénomène plus large qui se développe en France, celui de la « réaffirmation identitaire », selon Jérôme Fourquet. En Corse, les prénoms corso-italiens sont à la hausse, comme les prénoms bibliques peuvent l’être chez les juifs et les prénoms très traditionnels chez les catholiques. Si le choix du prénom Marie, par exemple, s’est effondré, celui de Sixtine a le vent en poupe.

« Les populations issues de l’immigration récente ne sont pas exemptes de cette tendance », souligne le sondeur. Comme les autres. « Le fait même qu’elles suivent le même chemin peut aussi être interprété comme un signe d’intégration », note ainsi, paradoxalement, Hakim El Karoui.

Voir enfin:

Baptiste Coulmont et Patrick Simon
26 août 2021
Jean-François Mignot a rédigé une contre analyse (https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-03316741/document) de notre article sur la transmission des prénoms dans les familles immigrées, publié dans le bulletin Population et sociétés en avril 2019, qu’il a adressé en nombre sur des listes de diffusions professionnelles en science politique, sociologie et sciences sociales quantitatives. Il estime que les résultats de notre article sont « inexacts », nous accuse de « fraude » et de « méconduite scientifique » et il détaille ses griefs dans son étude. Étant mis gravement en cause en tant qu’auteurs de cet article, nous souhaitons apporter ici une réponse à ses allégations.
En préambule, nous soulignons que nous accueillons avec intérêt toute réanalyse des questions que nous abordons dans l’article, conduites à partir de la base TeO, susceptibles d’éclairer différemment, et éventuellement de manière contradictoire, la transmission des prénoms dans les familles immigrées. En revanche, nous déplorons l’état d’esprit avec lequel Jean-François Mignot a conduit son étude. Il a fait preuve dès les premiers contacts d’une logique du soupçon, cherchant à démontrer une faute de notre part qu’il finit par qualifier de fraude et de méconduite scientifique, animées par des choix idéologiques que nous aurions privilégié sur la probité scientifique. Ces accusations sont extrêmement graves et excèdent de loin les termes du débat scientifique contradictoire. Encore plus si l’on considère que les faits établis par la réanalyse font apparaître des divergences notables dans les méthodes de classification des origines, ce qui ne constitue pas une fraude mais des choix scientifiques clairs et assumés, et aboutissent de fait à des écarts dans les résultats obtenus.
Nous rappelons ici, si besoin est, que nous avons engagé notre étude sur la transmission des prénoms pour défricher un thème déjà largement traité par l’un d’entre nous et l’aborder sous l’angle des dynamiques plurielles de participation à la société française. Nous ne cherchions pas ce faisant à défendre une thèse particulière, et si nous avons avancé que les petits-enfants d’immigré(s) du Maghreb recevaient des prénoms « spécifiques » (ici arabo-musulmans) dans des proportions somme toute assez comparables à ceux des petits-enfants d’immigré(s) d’Europe du Sud, c’était sur la base de résultats de nos calculs et pas en fonction d’un agenda pré-établi qu’il s’agissait d’illustrer. Si nous avions observé que 49% des petits-enfants d’immigré(s) maghrébins recevaient des prénoms spécifiques comme l’avance Jean-François Mignot à l’issue de son travail, et pas 23% comme nous l’avons établi de notre côté, nous aurions fourni une autre interprétation.
Venons-en aux divergences principales entre les deux études qui expliquent les écarts entre les résultats. Dans son étude de notre traitement des données, Jean-François Mignot confirme la validité de la classification onomastique que nous avons utilisée et la réutilise. Ce n’est donc pas de ce côté que viennent les écarts. Ceux-ci tiennent à la classification des origines des petits-enfants d’immigré(s), et ce à deux étapes du travail de classification : dans l’identification des descendants d’immigré(s) maghrébins enquêtés dans TeO, et lors de l’attribution des origines des petits-enfants en remontant aux grands-parents. On l’aura compris en lisant le long document de Jean-François Mignot, l’opération est complexe et nous n’allons pas entrer dans tous les détails ici, mais dire en quoi nous contestons les choix opérés dans la contre-étude et pourquoi nous maintenons nos résultats qui ne sont en aucun cas « inexacts ».
1) Des enfants de rapatriés parmi les descendants d’immigrés maghrébins de TeO ? La première « découverte » qu’effectue Jean-François Mignot est que certains descendants d’immigrés maghrébins classés comme tels par TeO ont des caractéristiques culturelles qu’il juge improbables. Il décide alors que ce ne sont pas des descendants d’immigrés, mais des enfants de Français venant de l’ancien empire colonial que nous aurions délibérément ajoutés aux descendants d’immigrés pour atténuer leur irréductible différence culturelle, si on suit bien son raisonnement. En fait, c’est sa lecture de la classification qui s’oppose à celle retenue par l’équipe de conception de l’enquête TeO, puisqu’aux informations sur le pays de naissance et à la nationalité des parents il substitue une classification fondée sur des critères culturels : la langue parlée dans l’enfance, la religion d’ego et de ses parents, le fait de considérer être vu comme français. Faisant le postulat que de véritables descendants d’immigrés ne pouvaient avoir parlé uniquement français avec leurs parents dans l’enfance, ne pourraient pas ne pas se déclarer comme musulman, pas plus que leurs parents, et devraient en tout état de cause penser qu’on ne les voit pas comme français, il traque ainsi ce qui lui apparait comme de faux descendants d’immigrés maghrébin (10% d’entre eux quand même) qu’il exclut de l’analyse ainsi que leurs enfants. Les variables qu’il choisit pour fonder sa catégorisation sont fortement corrélées entre elles, comme on l’imagine, mais surtout elles dessinent un sous-groupe qui entretien un rapport particulier à la francité et de ce fait est particulièrement susceptible de ne pas attribuer de prénoms arabo-musulmans à leurs enfants. Les retirant du groupe de référence, il obtient mécaniquement une augmentation très sensible du poids des prénoms spécifiques parmi les petits-enfants d’immigré(s) maghrébins. Le problème est que rien ne justifie de recatégoriser ces personnes comme descendants de rapatriés.
Pour comprendre la nature du problème il faut revenir à la façon dont a été constitué l’échantillon des descendants d’immigré(s) dans TeO, ce qui est renseigné dans la partie méthodologique de l’ouvrage.
Il n’existe pas de base de sondage satisfaisante pour pouvoir tirer un échantillon représentatif des descendants d’immigré(s) vivant en France, en particulier le recensement ne comporte pas d’information sur l’origine des parents. Aussi l’identification des descendants d’immigrés dans TeO s’est effectuée à partir des bulletins de naissance de personnes recensées où sont connus les pays de naissance de chacun des parents et de la constitution d’une base de sondage ad hocd’
où ont été tirés des enquêtés de différentes origines, dont ceux dont les parents étaient nés en Algérie, Maroc ou Tunisie pour s’en tenir aux personnes d’origine maghrébine. Cependant la définition d’immigré ne se limite pas au pays de naissance mais se combine à la nationalité en distinguant les personnes françaises de naissance, qui sont des Français nés à l’étranger, et les personnes ayant la nationalité du pays de naissance et seront donc considérées comme des immigrés. La difficulté particulière pour l’Algérie, ce qui n’est pas le cas pour le Maroc ou la Tunisie, tient au régime de nationalité qui y était pratiqué : bien que formellement les anciens indigènes comme les colons (et les Juifs d’Algérie ayant été collectivement naturalisés par le décret Crémieux en 1870) disposaient tous de la nationalité française, celle-ci était dépourvue des attributs de la citoyenneté pour les anciens indigènes qui étaient distingués par leur statut personnel musulman. Il est difficile pour les enfants des anciens sujets coloniaux de répondre à la question de savoir si leurs parents étaient « Français de naissance » avant l’indépendance en 1962 et les réponses sont relativement hétérogènes. Pour déterminer au mieux la position des personnes nées en Algérie, l’enquête TeO a innové et ajouté une question supplémentaire pour les parents français de naissance en Algérie libellée comme suit : « Au moment de l’indépendance ou dans les années qui ont suivi, votre père [mère] a 1) pris la nationalité du pays devenu indépendant (ou la double nationalité), 2) est resté français, 3) était déjà décédé, 4) n’était pas encore né, 9) ne sait pas ». Parmi les personnes nées en France dont un parent est né en Algérie, près de la moitié peuvent être considérées comme des descendants de rapatriés (i.e des enfants de Français d’Algérie, parfois d’origine espagnole, italienne ou maltaise, ainsi que de Français musulmans ayant opté pour la nationalité française à l’indépendance). C’est donc un sujet capital lorsqu’il s’agit d’étudier les trajectoires et modalités de participation à la société des immigrés et de leurs descendants qui divergent en partie de celles suivies par les rapatriés et leurs descendants. Lorsque les enquêteurs et enquêtrices rencontraient des enquêté.e.s [?] dont les parents nés en Algérie étaient resté.e.s français.e.s, ils arrêtaient l’entretien et le questionnaire n’était pas versé dans ce qui deviendra la base de donnée de l’enquête. Ce sont ainsi plus de 3000 personnes descendantes de « rapatriés » ou enfants de Français nés à l’étranger qui ont été rencontrées et qui n’ont pas donné lieu à un questionnaire complet. Ceci pour dire à Jean-François Mignot que non seulement l’équipe de conception de l’enquête a été très sensible à la question de la confusion entre descendants de rapatriés et descendants d’immigrés, mais que TeO est la seule enquête qui ait développé une stratégie explicite pour permettre l’identification spécifique des Français originaires de l’empire colonial.
2) Qui sont les descendants d’immigrés maghrébins dans TeO, et en particulier qui sont ceux que Jean-François Mignot exclut du groupe ? L’enquête contient 2433 descendants d’immigré.e(s) maghrébin(s) en effectifs non pondérés. Parmi eux, 719 sont issus d’un couple mixte (un parent immigré et un parent français), soit 31% (les % sont pondérés). La plupart des parents ont une nationalité d’un des 3 pays du Maghreb, mais 183 ont deux parents nés français. On vérifie que tous ces parents ont pris la nationalité du pays devenu indépendant, essentiellement l’Algérie. Il n’y a pas lieu de considérer qu’il y ait des descendants de rapatriés qui auraient indûment été retenus ici, sauf à penser que des enfants de Français d’Algérie aient pu dire que leurs parents n’avaient pas conservé la nationalité française. Cela paraît hautement improbable. Pour les rares Français d’Algérie qui ont opté pour la nationalité algérienne à l’indépendance, cela ne nous paraît pas déplacé de respecter leur choix et de les considérer comme des Algériens, ce qu’ils sont ou étaient. Le cas des personnes originaires du Maroc ou de Tunisie est différent, dans la mesure où avant l’indépendance (qui est intervenue plus tôt qu’en Algérie : 1956 pour les deux pays et 1962 pour l’Algérie), les ressortissants des deux pays avaient la nationalité marocaine ou tunisienne. Il n’y a donc pas de confusion à anticiper avec les Français (nettement moins nombreux qu’en Algérie) qui sont nés dans ces deux pays. Il faut également relever le statut particulier des juifs tunisiens et marocains qui, contrairement à leurs voisins algériens, n’ont pas été intégrés dans la nationalité française. Alors qui sont ces vrais-faux descendants d’immigré(s) maghrébins que Jean-François nous reproche (nous accuse même) d’avoir retenu dans notre effectif de parents de petits-enfants d’immigré(s) maghrébin(s). Les 4 critères qu’il retient pour débusquer ces descendants de rapatriés astucieusement cachés par nous dans l’échantillon sont donc le fait d’avoir parlé uniquement français avec leurs parents pendant leur enfance, de ne pas se dire musulman, que leurs parents ne se disent pas musulmans non plus et qu’ils pensent être vus comme des Français. Ces critères découpent un ensemble de 384 individus, soit 17% du groupe des descendants d’immigré(s) maghrébin(s) enquêtés. La principale explication à ce que Jean-François Mignot considère comme une aberration est que 81% de ces « faux » enfants d’immigrés sont issus d’un couple mixte. Toutes les analyses conduites dans l’enquête TeO montrent que dans les couples mixtes, l’utilisation de la langue du parent immigré est très rare, que les transmissions religieuses sont nettement moins fréquentes que dans les familles où les parents ont la même orientation religieuse. Enfin il est prévisible que des personnes ayant un parent français se considèrent vues comme françaises dans leur expérience sociale si leur couleur de peau ou d’autres attributs altérisants ne les singularisent pas. De notre point de vue, le choix de retirer ces personnes et leurs enfants du champ des descendants d’immigré(s) maghrébin(s) n’est pas justifié s’il s’agit d’estimer les transmissions des prénoms de l’ensemble des descendants. Ici, Jean-François Mignot découpe un sous-ensemble (certes représentant 83% des descendants) sélectionné sur des critères culturels qui sont évidemment fortement liés au choix des prénoms : il n’est pas étonnant qu’il enregistre nettement plus de prénoms arabo-musulmans avec l’exclusion de la fraction la plus éloignée des origines maghrébines du groupe. Ce qui devrait constituer un résultat d’analyse est utilisé comme critère de constitution de l’échantillon, ce qui biaise fortement son analyse. Que cela le conduise à nous accuser de fraude ajoute la diffamation à l’inadéquation de son choix de catégorisation. Pour notre part, nous ne rechercherons pas à interpréter ses motivations en faisant cet exercice malveillant, et réitérons notre confiance dans la classification opérée par l’équipe de conception de l’enquête TeO, classification qui a du reste été utilisée dans toutes les analyses conduites à partir de la base de données et publiées par les chercheur.e.s de l’enquête, mais aussi par les nombreux utilisateurs qui ont exploité la base de données.
3)Des petits-enfants n’ayant qu’une « origine dominante »
Mais la sélection du groupe des petits-enfants d’ascendance maghrébine ne diffère pas seulement au stade de la deuxième génération, elle est reconduite pour l’attribution d’une origine aux petits-enfants. Ceci explique qu’avant l’exclusion des « descendants de rapatriés » opérée par Jean-François Mignot, il observe que 37% des petits-enfants d’immigré(s) maghrébins portent un prénom arabo-musulman, au lieu des 23% de notre étude. En fait, nous n’avons pas le même univers de petits-enfants d’immigré(s) maghrébins. Dans la contre-analyse, Jean-François Mignot assigne une seule « origine dominante » aux petits-enfants des immigrés : l’origine du ou des grands-parents immigrés lorsqu’ils ont la même origine (quel que soit leur nombre, de 1 à 4), celle du grand-père paternel lorsqu’il y a plusieurs origines immigrées parmi les grands-parents, et, dans le cas où ce grand-père paternel ne serait pas immigré, celle du grand-père maternel. Pour prendre un exemple, un petit-enfant ayant un grand-père paternel immigré d’Europe du Sud et une grand-mère maternelle immigrée du Maghreb ne sera pas considéré par Jean-François Mignot comme un petit-enfant d’immigré maghrébin. Il s’agit d’une procédure de classification exclusive qui réduit la diversité des ascendances. Nous n’avons pas suivi ce choix et avons privilégié une procédure inclusive : tout petit-enfant ayant au moins un grand-parent immigré maghrébin, quel qu’il soit (de 1 à 4) était considéré par nous comme petit-enfant d’immigré(s) maghrébin. De la sorte nous couvrons l’ensemble du groupe plutôt qu’une sélection telle que l’a de nouveau pratiquée Jean-François Mignot. Notre classification permet aux petits-enfants d’être assignés à plusieurs origines, ce qui conduit à des analyses séparées puisque les mêmes individus sont pour beaucoup d’entre eux d’ascendance maghrébine et d’ascendance française et d’ascendance espagnole pour prendre l’une des combinatoires possibles. De ce fait, quand nous estimons la part des prénoms spécifiques parmi les petits-enfants maghrébins, ces derniers sont aussi partie prenante du groupe des petits enfants d’Europe du Sud. Nos « petits-enfants d’immigrés du Maghreb » ont par exemple, pour un cinquième d’entre eux environ, au moins un grand-parent d’Europe du Sud, parfois le grand-père paternel. Prenons un exemple : Les enfants de Zinédine Zidane, Enzo, Luca, Theo et Eliaz, sont certes des petits-enfants de deux immigrés du Maghreb. Mais ne sont-ils pas aussi les enfants de Véronique Lentisco-Fernandez, son épouse, et à ce titre petits-enfants d’immigrés d’Europe du Sud (les parents de Véronique Fernandez ayant immigré d’Espagne) ?

Les conséquences de ces différences de classification sont sensibles sur l’attribution des prénoms. On s’en convaincra en consultant le tableau ci-dessous qui montre que parmi les 20% de petits-enfants ayant 4 grands-parents maghrébins, 75% d’entre eux portent un prénom spécifique, alors que cette proportion tombe à 4% parmi les 38% qui n’ont qu’un grand-parent maghrébin. Moins de 5% des petits-enfants qui ont au moins un grand-parent d’Europe du Sud portent un prénom spécifique. Tout effet de sélection emporte donc des conséquences extrêmement significatives sur l’analyse de la transmission des prénoms.

En conclusion, nous maintenons nos résultats. Il apparaît que Jean-François Mignot a effectué des choix différents de classification et que cela explique les grands écarts qu’il observe dans les proportions de prénoms arabo-musulmans des petits-enfants d’ascendance maghrébine entre son étude et notre publication. En toute simplicité, ses petits-enfants ne sont pas les mêmes que les nôtres. Des choix sont-ils meilleurs que d’autres ? Dans le cas d’espèce, nous avancerons que nos choix sont mieux justifiés que les siens : nous sommes plus inclusifs en considérant l’ensemble du groupe des descendants directs d’immigrés maghrébins et des petits-enfants d’ascendance maghrébine, ce qui permet de maintenir la diversité de leurs profils et trajectoires. Nous sommes cohérents avec le principe de classification fondé sur le pays de naissance, la nationalité et, pour le cas de l’Algérie, une reconstitution des statuts coloniaux. Nous ne construisons pas notre groupe sur la base de pratiques culturelles, puisque ce sont précisément ces pratiques que nous souhaitons analyser. Or les choix de Jean-François Mignot le conduisent à analyser un groupe sélectionné, tronqué sur la base de marqueurs de distance envers la culture arabo-musulmane, ce qui le conduit à trouver un résultat tautologique : les personnes qui ont des rapports plus denses à leur héritage « arabo-musulman » sont plus enclins à choisir des prénoms pour leurs enfants en conséquence. Il aurait pu en faire un résultat de recherche, il a préféré en faire un levier pour nous discréditer. Nous regrettons que la controverse scientifique puisse prendre ces formes agressives et dévoyées, là où les sciences sociales ont tout à gagner à produire un regard informé et sensible sur la société.

COMPLEMENT:

Un collectif d’historiens répond à une sélection de « contrefaçons » d’Eric Zemmour

Dans Zemmour contre l’Histoire, un livret paru cette semaine, un collectif d’historiens entend « démontrer l’imposture » du discours du candidat à l’élection présidentielle en répondant à « une sélection de ses contrefaçons ».

La Montagne

04/02/2022

C’est une question récurrente et clivante. « Face à ses falsifications et manipulations politiques du passé, faut-il répondre à Zemmour sur le terrain de l’Histoire ? » Pour la quinzaine d’historiens auteurs de Zemmour contre l’Histoire, qui est paru jeudi chez Gallimard (collection Tracts, 3,90 €), la réponse est limpide. Il ne s’agit pas de donner de l’audience aux allégations du candidat à l’élection suprême qui, en d’autres temps, n’auraient mérité qu’un traitement par le silence.

 

« Mais lorsque le torrent de haine et de violence qu’il porte […] déferle dans l’espace public, au point d’en faire un protagoniste majeur de l’élection présidentielle, prendre la parole apparaît comme une nécessité pour qui fait de l’histoire son métier ». Parce que, par ses interprétations du passé, depuis le VIe siècle, l’ancien journaliste et polémiste « fait mentir le passé pour mieux faire haïr au présent… et ainsi inventer un futur détestable ». Extraits de cinq des dix-neuf points abordés à partir de citations d’Éric Zemmour.

 

L’Europe n’était pas menacée…

 

  1. « La croisade est une immense victoire. Une victoire française. Le salut de l’Europe chrétienne est venu de France… » Double faute selon les historiens. La première croisade (1095-1099) n’a pas sauvé l’Europe chrétienne pour la bonne raison que celle-ci n’était pas menacée. « Les conquêtes islamiques sont terminées depuis un bon moment, même si l’arrivée des Turcs seldjoukides a brièvement relancé une phase d’expansion, marquée notamment par la défaite des Byzantins à Mantzikert… en 1071 », rappelle le collectif d’experts. En outre, « ce n’est pas une victoire française » – Éric Zemmour « confond volontairement “francs” qui désigne souvent les croisés et “français” » – puisque sont également partis en croisade des Anglais, des Flamands, des Goths […] des Vénitiens, des Génois, des Castillans, et même des Scandinaves ! »

 

Le « complot » de la Révolution

 

  1. « Et si la Révolution était un “bloc”, mais un bloc de violence, de fureur, d’injustices criminelles, une catastrophe nationale du début à la fin » ? Pour le candidat, estiment les historiens, la Révolution française n’« aurait été porteuse, dès ses premiers instants, que de désastres et de malheurs ; elle n’aurait été, de bout en bout, qu’une catastrophe sanguinaire », tandis que « l’éruption de 1789 ne fut pas spontanée mais préparée par des “sociétés de pensée”, dont les philosophes et la franc-maçonnerie, qui formaient une nébuleuse capable d’influencer l’opinion […] ». Pour le collectif, « Zemmour renoue ici avec les discours paranoïaques et apocalyptiques du siècle dernier qui voyaient dans la chute de la Bastille et de la monarchie le résultat d’un plan ourdi de longue date par une clique de protestants, de juifs et de francs-maçons. De plus, la thèse complotiste ôte toute autonomie aux masses populaires : penser qu’elles furent si manipulables, c’est les penser politiquement incapables. » Pour les spécialistes, les propos tendent à masquer « l’entrée en politique de multitudes d’hommes et de femmes à l’origine de formes inédites de participation aux destinées de la nation. »

 

24.000 juifs déportés avaient la nationalité française

 

3.« Vichy a protégé les juifs français et donné les juifs étrangers. » Quant à la politique du « “moindre mal” destinée à protéger les “israélites”, au prix de l’abandon des étrangers » selon la thèse défendue par le polémiste, les historiens avancent qu’« un simple regard sur la chronologie et les chiffres de la déportation raciale suffit pourtant » à en « démontrer l’inanité ». « En persécutant l’ensemble des juifs dès 1940 (les lois d’exclusion et la spoliation visent avant tout les Français) », « en jouant pleinement la carte de la victoire de Hitler à l’été 1942, […] Vichy ne s’est absolument pas mis en situation de protéger ses nationaux […]. De fait, sur les 74.150 juifs déportés vers les camps de la mort, 24.000 – dont plus de 7.000 enfants – avaient la nationalité française [car nés en France] … » Et le collectif de préciser que « si les trois quarts des juifs ont survécu en France, ils le doivent d’abord et avant tout à l’aide de la population et au manque de zèle des agents ordinaires de l’État chargés de les arrêter. »

 

« La torture n’a pas fait cesser les attentats »

 

4.Sur Maurice Audin : « Si on peut reconnaître qu’il a été torturé, moi je pense qu’il méritait douze balles dans la peau. C’était un traître. C’était un type qui a pris les armes contre la France. […] C’est donc normal qu’il fut exécuté. La torture, ça a quand même permis d’arrêter les attentats. » Si « Maurice Audin appartenait au Parti communiste algérien (PCA), dissous en 1955, un an après le début de la Guerre d’indépendance algérienne », rappellent les enseignants, « il n’a jamais commis de violences ». Âgé de 25 ans en 1957, marié, père de trois jeunes enfants, il enseigne à la Faculté d’Alger, rédige une thèse de mathématiques. Maurice Audin « a aidé les membres du PCA recherchés ». « Il a été dénoncé » et a disparu depuis le « Centre d’El Biar, lieu de torture et d’exécutions très connu ». La version officielle demeure qu’« il s’est évadé », même si le président Macron a reconnu en 2018 « la responsabilité de l’État ». Quant à la torture, non seulement « elle n’a pas fait cesser les attentats » mais dans le verbe d’Éric Zemmour, elle « légitime la violence, dont celle de l’assassinat politique, couvert par de fausses accusations ».

 

« L’aboutissement d’une très longue procédure »

 

  1. Sur Maurice Papon : « C’est un procès pédagogique, dit-on dans les médias. C’est avant tout un procès idéologique. Ce n’est pas un complot mais une coalition. » L’objectif du procès Papon n’a pas été la « criminalisation de la France », expliquent les historiens. « Il est en réalité l’aboutissement d’une très longue procédure (de la découverte de pièces incriminant Papon aux premières plaintes de parents de victimes en 1981, jusqu’à l’arrêt de la chambre d’accusation le renvoyant aux assises en 1996) qui témoigne de la complexité du débat contradictoire qui s’est ouvert dès les premiers actes d’investigation et de la multiplicité des acteurs impliqués. Cette complexité est en outre quantifiable. Cinquante tomes, cinquante mille pages, des milliers de documents d’archives saisis.

 

Sophie Leclanché

 

Qui sont-ils ? Alya Aglan, Florian Besson, Jean-Luc Chappey, Vincent Denis, Jérémie Foa, Claude Gauvard, Laurent Joly, Guillaume Lancereau, Mathilde Larrère, André Loez, Gérard Noiriel, Nicolas Offenstadt, Philippe Oriol, Catherine Rideau-Kikuchi, Virginie Sansico et Sylvie Thénaul. Ils sont enseignants à l’université Paris I, d’Aix-Marseille, de Versailles, à Science Po Toulouse, directeurs de recherche au CNRS, directeur d’études à l’EHESS, directeur de la Maison Zola-Musée Dreyfus.

https://tracts.gallimard.fr/fr/products/zemmour-contre-l-histoire

Le changement de peuple

Le Nouvel Observateur

28 août 2011

—    Comment  est  né  ce  nouveau  parti12  ?  Pourquoi l’avoir créé ? Pourquoi l’écrire “In-nocence” ?

—   Ce parti est né en 2002, de désespoir de ne pouvoir, au second tour, voter pour personne : ni pour Jean-Marie Le  Pen  parce  qu’il  était  Jean-Marie  Le  Pen,  ni  pour Jacques Chirac parce qu’il n’attachait aucune importance à ce qui arrivait de plus essentiel à notre pays, à savoir le changement  de  peuple.  Le  parti  a  été  créé  pour  tâcher d’éviter qu’une telle situation se reproduise. Le tiret de son nom est capital : l’in-nocence n’est pas l’innocence, c’est la non-nocence, la non nuisance  —  c’est  un  idéal,  une aspiration à quelque chose qui est devant nous, et non pas le regret de ce qui serait perdu, ou qu’il s’agirait toujours de ne pas perdre.

— Quelle est la philosophie du parti ?

— Elle tient dans ce nom et dans cet idéal : ne pas nuire— ni à la terre, ni au territoire, ni aux biens, ni aux personnes, aux concitoyens, aux voisins, aux compagnons de planète, de chemin de fer, d’immeuble, de quartier, de campagne, d’hôtel, de terrasse de café. Le concept d’in-nocence a le grand avantage de faire naturellement la très nécessaire liaison entre le politique proprement dit, l’écologie et le comportement quotidien, immédiat,personnel. Il s’agit de n’imposer à personne son bruit, sa violence, son agressivité, sa nocence, sa pollution, sa fraude, sa sonorisation, sa bêtise ou même son intelligence.Il s’agit de consentir à ce moins pour le plus qui est au principe de tout contrat social, de toute convention de citoyenneté, de tout pacte d’in-nocence : être un peu moins soi-même pour que chacun, y compris soi, ait toute liberté de devenir ce qu’il peut être de meilleur.

— Quelles sont les grandes lignes du programme ?

— Sauver, de la France, de la civilisation et de la culture françaises, ce qui peut l’être encore. Permettre à tous ceux qui le désirent de recevoir une éducation véritable et de devenir tout ce qu’il en en eux de devenir positivement. Rendre un sens aux diplômes et faire en sorte, par exemple, que le pourcentage des bacheliers diminue d’au moins cinq pour cent par an jusqu’à se rapprocher des cinquante pour cent. Organiser, puisque la situation de l’École semble vraiment désespérée et toute réforme sérieuse impossible, une sécession en son sein, au moins provisoire, en faveur d’un enseignement véritable, et cela sur le fondement d’un triple volontariat, des professeurs, des parents et des élèves eux-mêmes. Créer une station de radio culturelle et une chaîne de télévision itou. Limiter au tiers des revenus les prélèvements fiscaux. Soumettre à l’impôt sur le revenu, fût-ce à un taux très faible, les neuf dixièmes au moins des ménages et non pas la moitié comme aujourd’hui. Mettre fin à toute politique d’incitation à la natalité. Mettre fin à toute immigration, sauf rarissimes exceptions au cas par cas. Mettre fin à la banlocalisation du territoire en étendant considérablement les zones protégées, soustraites à la construction et au redoutable “aménagement”. Interdire la publicité le long des routes et probablement, à terme, dans tout l’espace public (les dits “moyens modernes de communication” lui laissent un espace bien suffisant). “Désignaliser”progressivement le territoire, s’en remettre de plus en plus aux sources d’information personnelles modernes. …Mais je ne voudrais pas, moi-même, occuper trop d’espace ?

— Pouvez-vous développer le concept de Grand Remplacement ?

— Oh, c’est très simple : vous avez un peuple et presque d’un seul coup, en une génération, vous avez à sa place un ou plusieurs autres peuples. C’est la mise en application dans la réalité de ce qui chez Brecht paraissait une boutade, changer de peuple. Le Grand Remplacement, le changement de peuple, que rend seul possible la Grande Déculturation, est le phénomène le plus considérable de l’histoire de France depuis des siècles, et probablement depuis toujours.

— Où vous situez-vous sur l’échiquier politique ? Quelles sont vos inspirations ?

— Eh bien par exemple à l’opposé exact de Mme Martine Aubry quand elle préface avec enthousiasme un livre-programme intitulé Pour changer de civilisation. Je suis le candidat de ceux qui trouvent que la civilisation française est une des plus hautes et des plus précieuses qu’ait connues l’humanité et qui ne voient aucune raison d’en changer, surtout pour d’autres qui, à en juger par leurs premières manifestations, ne seraient ni plus douces, ni plus éclairées, ni plus élevées spirituellement. Ma devise de campagne pourrait être, au rebours de Mme Aubry : Pour ne pas changer de civilisation (mais au contraire pour restaurer la nôtre).

— Comment espérez-vous diffuser vos idées ? Pouvez-vous compter sur votre notoriété ?

— J’espère toujours que notre peuple va se réveiller de l’hébétude où l’ont plongé l’effondrement du système éducatif, la Grande Déculturation, le bourrage de crâne permanent par les soins du complexe médiatico-politique, multiculturaliste et diversitaire, c’est-à-dire déculturant et promoteur du même, du pareil au même, du village universel c’est-à-dire de la banlieue généralisée. Je ne peux compter que sur un réveil, sur une acceptation, de la part du peuple, de voir et de nommer ce qui se passe vraiment au lieu de s’en remettre, intimidé, hébété, aux prétendus experts, aux sociologues, aux intellectuels organiques, qui lui expliquent indéfiniment que ce qu’il croit constater n’est qu’une illusion et que ce qu’il lui faut, pour sortir de cette illusion, c’est plus encore de la même chose, à plus fortes doses.

— Croyez-vous vraiment à votre candidature ? Qu’en espérez-vous ?

— Je crois à ma volonté et à celle du parti que je préside. J’en espère le réveil que je viens d’évoquer, la révolte contre ceux qui ont dit pendant trente ans qu’il n’arrivait rien et qui disent maintenant que c’est arrivé, qu’il n’y a plus rien à y faire sinon s’en accommoder et si possible s’en réjouir.

— En cas d’échec, pour qui appellerez-vous à voter ?

— Vous savez bien qu’aucun candidat ne peut répondre à cette question. S’il le faisait il ôterait tout sens à sa candidature. Nous serons toujours les alliés de ceux qui voudront lutter contre la Grande Déculturation et pour l’École, contre le Grand Remplacement et pour la culture, contre le devenir-banlieue universel et pour la défense du territoire dans sa diversité véritable.


Verdict Chauvin: Merci, George Floyd, d’avoir sacrifié ta vie pour la justice (Homo sapiens is the only species capable of co-operating flexibly in large numbers, but revolutions are rare and can be easily hijacked because it’s not only numbers but flexible organization that counts)

23 avril, 2021

Screen Shot 2020-08-10 at 10.01.24 AMGeorge Floyd trials: Derek Chauvin in March, 3 others in summerHold The Front Page: Romania's Ceausescu and Wife Executed (1989)

Il est dans votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas. Caïphe (Jean 11: 50)
Lorsqu’un Sanhédrin s’est déclaré unanime pour condamner, l’accusé sera acquitté. Le Talmud
Il arrive que les victimes d’une foule soient tout à fait aléatoires; il arrive aussi qu’elles ne le soient pas. Il arrive même que les crimes dont on les accuse soient réels, mais ce ne sont pas eux, même dans ce cas-là, qui joue le premier rôle dans le choix des persécuteurs, c’est l’appartenance des victimes à certaines catégories particulièrement exposées à la persécution. (…) il existe donc des traits universels de sélection victimaire (…) à côté des critères culturels et religieux, il y en a de purement physiques. La maladie, la folie, les difformités génétiques, les mutilations accidentelles et même les infirmités en général tendent à polariser les persécuteurs. (…) l’infirmité s’inscrit dans un ensemble indissociable du signe victimaire et dans certains groupes — à l’internat scolaire par exemple — tout individu qui éprouve des difficultés d’adaptation, l’étranger, le provincial, l’orphelin, le fils de famille, le fauché, ou, tout simplement, le dernier arrivé, est plus ou moins interchangeables avec l’infirme.(…) lorsqu’un groupe humain l’habitude de choisir ses victimes dans une certaine catégorie sociale, ethnique, religieuse, il tend à lui attribuer les infirmités ou les difformités qui renforceraient la polarisation victimaire si elles étaient réelles. (…) à la marginalité des miséreux, ou marginalité  du dehors, il faut en ajouter une seconde, la marginalité du dedans, celle des riches et du dedans. Le monarque et sa cour font parfois songer à l’oeil d’un ouragan. Cette double marginalité suggère une organisation tourbillonnante. En temps normal, certes, les riches et les puissants jouissent de toutes sortes de protections et de privilèges qui font défaut aux déshérités. Mais ce ne sont pas les circonstances normales qui nous concernent ici, ce sont les périodes de crise. Le moindre regard sur l’histoire universelle révèle que les risques de mort violente aux mains d’une foule déchaînée sont statistiquement plus élevés pour les que pour toute autre catégorie. A la limite ce sont toutes les qualités extrêmes qui attirent, de temps en temps, les foudres collectives, pas seulement les extrêmes de la richesse et de la pauvreté, mais également ceux du succès et de l’échec, de la beauté et de la laideur, du vice de la vertu, du pouvoir de séduire et du pouvoir de déplaire ; c’est la faiblesse des femmes, des enfants et des vieillards, mais c’est aussi la force des plus forts qui devient faiblesse devant le nombre. (…) On retrouve dans la révolution tous les traits caractéristiques des grandes crises qui favorisent les persécutions collectives.René Girard
Louis doit mourir, parce qu’il faut que la patrie vive. Robespierre (3 décembre 1792)
Une nation ne se régénère que sur un monceau de cadavres. Saint-Just
L’arbre de la liberté doit être revivifié de temps en temps par le sang des patriotes et des tyrans. Jefferson
Qu’un sang impur abreuve nos sillons! Rouget de Lisle
Presque aucun des fidèles ne se retenait de s’esclaffer, et ils avaient l’air d’une bande d’anthropophages chez qui une blessure faite à un blanc a réveillé le goût du sang. Car l’instinct d’imitation et l’absence de courage gouvernent les sociétés comme les foules. Et tout le monde rit de quelqu’un dont on voit se moquer, quitte à le vénérer dix ans plus tard dans un cercle où il est admiré. C’est de la même façon que le peuple chasse ou acclame les rois. Marcel Proust
Prévoyante, la ville d’Athènes entretenait à ses frais un certain nombre de malheureux […]. En cas de besoin, c’est-à-dire quand une calamité s’abattait ou menaçait de s’abattre sur la ville, épidémie, famine, invasion étrangère, dissensions intérieures, il y avait toujours un pharmakos à la disposition de la collectivité. […] On promenait le pharmakos un peu partout, afin de drainer les impuretés et de les rassembler sur sa tête ; après quoi on chassait ou on tuait le pharmakos dans une cérémonie à laquelle toute la populace prenait part. […] D’une part, on […] [voyait] en lui un personnage lamentable, méprisable et même coupable ; il […] [était] en butte à toutes sortes de moqueries, d’insultes et bien sûr de violences ; on […] [l’entourait], d’autre part, d’une vénération quasi-religieuse ; il […] [jouait] le rôle principal dans une espèce de culte.  René Girard
Pour qu’il y ait cette unanimité dans les deux sens, un mimétisme de foule doit chaque fois jouer. Les membres de la communauté s’influencent réciproquement, ils s’imitent les uns les autres dans l’adulation fanatique puis dans l’hostilité plus fanatique encore. René Girard
Slightly little more than 350,000 Jews lived in Romania at the close of World War II — the second-largest surviving Jewish population in Europe after the 3 million Jews inhabiting the Soviet Union. In the immediate postwar period, a few thousand escaped to Palestine on illegal boats arranged by Dan. But by the end of the 1940s, the Romanian Communists started seeing dollar signs when they thought about their Jews. These were valuable hostages now that a Jewish state might be willing to pay a price for their emigration. And, indeed, by the end of the 1940s, Israel was supplying the ailing Romanian oil industry with American drills and pipes in exchange for 100,000 exit visas. This type of bartering was also the preferred method of Henry Jacober, a Jewish businessman based in London who, in the 1950s and early 1960s, acted as a middleman between Romanian Jews’ relatives — who had the money to pay for exit visas — and Marcu, who would take down their names and make sure they got out. Instead of using cash, the Romanians and Jacober preferred a proxy and settled on livestock. Cows and pigs. Soon Shaike Dan learned of these dealings and took over the operation (after getting a thumbs-up from Ben-Gurion). By 1965, the Jewish state, working through Jacober (who took his own cut), was funding many projects inside of Romania — chicken farms, turkey farms and pig farms, turning out tens of thousands of animals every year, and even a factory making Kellogg’s Corn Flakes — all in exchange for Jewish families. The export of these products — including, I should add, bacon and pork — produced $8 to $10 million annually for Romania, much needed money for its cash-starved economy. In the years after Nicolae Ceausescu came to power in 1965, he stopped the trade in deference to his defeated Arab allies and the post-Six Day War anti-Israel backlash (though, unlike the leaders of every other Warsaw pact country, he did not cut diplomatic ties with Israel or sign on to the United Nations resolution equaling Zionism with racism). By 1969, though, Ceausescu decided to restart the trade in Jews. He desired economic independence from a Moscow determined to turn Romania into a simple backwater supplier of raw material. For this he needed a steady flow of outside cash and a good relationship with the West, as an alternative trading partner. Israel was key on both these fronts. But he ordered the Romanian intelligence agency to, as Ioanid writes, “shift gears from the ‘ancient age of barter’ to ‘modern foreign trade.’ He wanted ‘cold dollars.’” Dan and Marcu then drew up what amounted to an unsigned gentleman’s agreement that detailed the terms of the trade (which was renewed in 1972 and then every five years thereafter until Ceausescu and his wife, Elena, were executed by a firing squad on Christmas Day 1989). Bucharest would receive a certain amount of cash per head depending on the age, education, profession, employment and family status of each prospective émigré. Ceausescu didn’t want a mass exodus; the Jews were too valuable a commodity. So he would let them out at a trickle, about 1,500 every year. Between 1968 and 1989, according to Ioanid’s rough calculation, “Ceausescu sold 40,577 Jews to Israel for $112,498,800, at a price of $2,500 and later at $3,300 per head.” And the money wasn’t the only way the Jewish state helped Romania. Israel secured loans for Ceausescu and paid off the interest itself. Military equipment was procured for the Romanian army, including a Centurion tank. Ariel Sharon, while defense minister in 1982, made a secret visit to Romania with experts from the Israeli military and aircraft industries in order to offer technological cooperation. (…) There were deep moral consequences to this relationship. Not only was Israel shaking hands with this devil, but it also was giving him coal to keep his fires burning. Was the price of propping up a totalitarian regime really worth it? (…) For Americans, and especially the cold warriors among them, moral divisions during those years were fairly clear. Communist regimes banished poets to frozen wastelands, censored books and viewed their citizens as little more than raw material. One didn’t negotiate with these dictators or seriously engage their ideologies. A defender of human rights pointed out their hypocrisies, shamed them into change and championed their dissidents. But Israel couldn’t afford to have such principled thoughts. Many Jews still lived beyond the Iron Curtain. And Israel was constantly vacillating between the best tactics for getting them out. What was more effective, quiet diplomacy or encouraging a loud, vociferous public outcry? In 1972, when the Soviet Union tried to implement a diploma tax that, like the Romanian one, would demand an exorbitant price for the head of every departing Jew, Israel worked behind the scenes to get a legislative ball rolling in the American Congress that led to the Jackson-Vanik amendment — a powerful piece of moral legislation that demanded communist countries improve emigration conditions in order to attain Most Favored Nation trading status with the United States. This was a slap in the face to the Soviets, and quite a contrary strategy to the one the Israelis were engaged in clandestinely with the Romanians. (…) The smaller size of Romania’s Jewish population, perhaps, made it easier to envision emigration. But more likely it had to do with the nature of the two regimes. (…) Romania was a unique case of a country within the orbit of the Soviet Union, run by a cruel Communist dictator, but not completely closed. (…) Ceausescu needed Israel much more than Israel needed him (the Romanian dictator, apparently, even had a role in leading the way to the Israel-Egypt peace talks). The money he was receiving was too precious. And the points he earned in the West by allowing Jews to leave were too important to him. He also seems to have been a less ideologically committed Communist than the Russians. The Soviets couldn’t bear the thought of Jews leaving, because it undermined the fiction of the Soviet Union as a workers’ paradise that no one in their right mind would abandon. Ceausescu was more concerned with achieving a racially pure Romania, and the slow disappearance of its Jewish population only helped him reach that goal. Can quiet diplomacy be justified, even if it helped prolong this evil? Dan and Marcu’s relations, although morally dubious, did open up opportunities, allowing many Jews to leave a stultifying environment. Gal Beckerman
It was not the idea of the arresting officers to place Floyd in a prone position on the street. Rather, after propelling his way out of the squad-car rear seat that four cops unsuccessfully struggled to place him in, Floyd insisted that he preferred to lie down on the street. The police restrained him in the position in which he put himself, which was not the position they wanted him in (they wanted him in the car). Reasonably convinced that Floyd was high on drugs (a conclusion supported by his erratic behavior, the accounts of witnesses, and later toxicology tests), the police called for paramedics to take him to a hospital, rather than continuing to try to thrust him in the squad car and take him into police custody. That is, the police accused of murdering Floyd actually summoned medical help out of concern over his condition. (…) In this recording, while it was difficult to see the individual players, it was obvious that Floyd was struggling wildly with the police, and that the squad car was rocking violently. (…) This is the state’s approach to the jury: Decide the case based on the nine minutes and 29 seconds we have emphasized; as for everything else, go with how you feel, and don’t worry so much about what you see. (…) the police-controlled recordings (from surveillance and body-worn cameras) (…) more clearly showed Floyd forcibly resisting arrest. The recordings also undermined the claim by off-duty firefighter Genevieve Hansen (an eyewitness who testified Monday) that she believed the cops were pressing their full body weights on Floyd. (On cross-examination, Hansen ultimately admitted that she had exaggerated the number of police; that from her vantage point, she couldn’t see two of them at all from the shoulders down; and that she only saw Chauvin for about four minutes from a partially obstructed view). Police surveillance video showed that the cops were not pressing body weight heavily on Floyd; were communicating with each other about his well-being as they waited for the ambulance they’d called; and were concerned about his drug use, fearing he could suddenly revive and start resisting again. (…)19-year-old Christopher Martin, the Cup Foods cashier (…)’s testimony made it abundantly clear that the bill was fake, (Martin himself recognized it immediately, and Floyd and his companions had at least one other fake bill in the car). More to the point, an arrest is either lawful or it is not. If it is a lawful arrest, the police have the discretion to take the suspect into custody — even if it later turns out that the case is dismissed without charges. (…) Moreover, in the course of arresting Floyd, the police would have found illegal drugs in his possession. That would have been another basis for arresting him — and could have been a serious issue in light of Floyd’s extensive criminal history and the likelihood that he was the driver of the car in which he was seated in the driver’s seat when arrested. No one is saying these are the crimes of the century. But the police clearly had a lawful basis to arrest Floyd and take him into custody. Once police exercised that lawful prerogative, Floyd’s duty was to submit peacefully; resisting arrest was an additional crime. (…) To be sure, none of this would excuse Chauvin’s placing Floyd in a continuous neck hold for several minutes after he was subdued, unresponsive, and appeared to have no pulse. Even if they were worried in good faith that Floyd could revive and become aggressive, the police could have held him in a more comfortable breathing position. (…) That said, Wednesday’s evidence puts a different light on Floyd’s complaints about not being able to breathe, about how he came to be restrained in a prone position on the street, and about whether the police exhibited depraved indifference to his life. Andrew C. McCarthy
Il n’y a rien de plus douloureux pour moi à ce stade de ma vie que de marcher dans la rue, d’entendre des pas derrière moi, de penser que quelqu’un veut me voler, et en regardant autour de moi, de me sentir soulagé quand c’est un Blanc. Après tout ce que nous avons traversé. Juste penser que nous ne pouvons pas marcher dans nos propres rues, c’est humiliant. Jesse Jackson (1993)
Merci, George Floyd, d’avoir sacrifié votre vie pour la justice. Nancy Pelosi (présidente de la Chambre des Représentants)
Nous devons rester dans la rue et nous devons être plus actifs, nous devons devenir plus conflictuels. Nous devons nous assurer qu’ils savent que nous sommes sérieux. Maxine Waters représentante démocrate de Californie)
Je prie pour que le verdict soit le bon. À mon avis, c’est accablant. Je ne dirais pas cela si le jury ne s’était pas retiré pour délibérer. J’ai appris à connaître la famille de George (…). C’est une famille bien. Joe Biden
Le président Biden a parlé hier (lundi) avec la famille de George Floyd pour prendre de ses nouvelles et lui assurer qu’il priait pour elle. Jen Psaki (porte-parole de l’exécutif américain)
L’heure est venue pour ce pays de se rassembler.  Le verdict de culpabilité ne fera pas revenir George» mais cette décision peut être le moment d’un changement significatif. Joe Biden
Nous sommes tous tellement soulagés – pas seulement pour le verdict, mais parce qu’il a été reconnu coupable des trois chefs d’accusation, pas d’un seul. C’est très important. Nous allons faire beaucoup plus. Nous allons faire beaucoup de choses.C’est peut-être une première étape dans la lutte contre ce qui relève véritablement du racisme systémique. Joe Biden
Nous sommes tous tellement soulagés. J’aurais aimé être là pour vous prendre dans mes bras. Joe Biden
Aujourd’hui, nous poussons un soupir de soulagement. Cela n’enlève toutefois pas la douleur. Une mesure de justice n’est pas la même chose qu’une justice équitable. Ce verdict est un pas dans la bonne direction. Et, le fait est que nous avons encore du travail à faire. Nous devons encore réformer le système. Kamala Harris
Justice est faite. Adam Silver (patron de la NBA)
Je vais vous dire que la membre du Congrès Waters vous a peut-être donné quelque chose en appel qui pourrait entraîner l’annulation de tout ce procès. Juge Peter Cahill
L’avocat de Derek Chauvin a pour sa part demandé l’acquittement de son client. L’accusation «a échoué à apporter la preuve au-delà du doute raisonnable et Derek Chauvin doit par conséquent être déclaré non-coupable», a affirmé l’avocat du policier, Eric Nelson, après près de trois heures de plaidoirie. Le procès se tient dans un climat de fortes tensions, après la mort récente d’un jeune homme noir lors d’un contrôle routier près de Minneapolis. (…) Selon Eric Nelson, George Floyd est mort d’une crise cardiaque due à des problèmes de cœur, aggravés par la consommation de fentanyl, un opiacé, et de méthamphétamine, un stimulant, et par l’inhalation de gaz d’échappement pendant qu’il était allongé au sol. D’après la défense, le policier a utilisé une procédure autorisée pour maîtriser un individu qui se débattait et le maintenir au sol. Elle évoque aussi une «foule hostile» qui représentait une «menace» et aurait détourné l’attention du policier du sort de George Floyd. Le jury, qui s’est retiré lundi pour délibérer, doit rendre un verdict unanime sur chacune des trois charges. «Vous devez être absolument impartiaux», leur a dit le juge Peter Cahill, qui les a invités à «examiner les preuves, de les soupeser et d’appliquer la loi». Cela pourrait prendre des heures, des jours, voire des semaines. Les condamnations de policiers pour meurtre sont très rares, les jurés ayant tendance à leur octroyer le bénéfice du doute. Si le jury ne parvient pas à se mettre d’accord sur l’ensemble des charges, le procès sera déclaré «nul». Tout autre scénario qu’une condamnation inquiète les autorités locales. La tension est très forte à Minneapolis, qui s’était déjà embrasée après la mort de George Floyd. Plus de 400 personnes ont défilé lundi dans les rues de la ville pour demander la condamnation de Derek Chauvin, chantant «le monde observe, nous observons, faites ce qui est juste». Marchant derrière une banderole réclamant «justice pour George Floyd», ils ont croisé sur leur chemin des soldats de la Garde nationale, les observant près de véhicules blindés. Tenue de camouflage, et fusil mitrailleur en bandoulière, ces militaires patrouillent depuis plusieurs semaines dans les rues de la ville. La mort récente de Daunte Wright, un jeune Afro-Américain d’une vingtaine d’années tué par une policière blanche lors d’un banal contrôle routier dans la banlieue de Minneapolis, n’a fait qu’ajouter à la tension qui règne depuis le début du procès. Le Figaro
Cops are forming a conga line down at the pension section and I don’t blame them. NYPD cops are looking for better jobs with other departments or even embarking on new careers. Joseph Giacalone (retired NYPD sergeant and adjunct professor at John Jay College of Criminal Justice)
More than 5,300 NYPD uniformed officers retired or put in their papers to leave in 2020 — a 75 percent spike from the year before, department data show. The exodus — amid the pandemic, anti-cop hostility, riots and a skyrocketing number of NYC shootings — saw 2,600 officers say goodbye to the job and another 2,746 file for retirement, a combined 5,346. In 2019, the NYPD had 1,509 uniformed officers leave and 1,544 file for retirement, for a total of 3,053. The departures and planned departures of 5,300 officers represents about 15 percent of the force. Already, as of April 5, the NYPD headcount of uniformed officers has dropped to 34,974 from 36,900 in 2019. Through April 21 of this year, 831 cops have retired or filed to leave — and many more are expected to follow suit in the current anti-cop climate, according to Joseph Giacalone, a retired NYPD sergeant and adjunct professor at John Jay College of Criminal Justice. NYPost
Nous ne tolérons pas l’usage d’un langage raciste, qu’il soit intentionnel ou non. Le NYT
Qui d’entre nous veut vivre dans un monde, ou travailler dans un domaine, où l’intention est catégoriquement exclue comme circonstance atténuante ? Bret Stephens
I have never taken a salary from the Black Lives Matter Global Network Foundation and that’s important because what the right-wing media is trying to say is the donations that people have made to Black Lives Matter went toward my spending and that is categorically untrue and incredibly dangerous. I’m a college professor first of all, I’m a TV producer and I have had two book deals…. and also have had a YouTube deal. So all of my income comes directly from the work that I do. Organizers should get paid for the work that they do. They should get paid a living wage. And the fact that the right-wing media is trying to create hysteria around my spending is, frankly, racist and sexist and I also want to say that many of us that end up investing in homes in the black community often invest in homes to take care of their family. You can talk to so many black people and black women particularly that take care of their families, take care of their loved ones especially when they’re in a position to. The homes I have bought ‘directly support the people that I love and care about and I’m not ‘renting them out in some Airbnb operation. The way that I live my life is a direct support to black people, including my black family members, first and foremost. For so many black folks who are able to invest in themselves and their communities they choose to invest in their family and that is what I have chosen to do. I have a child, I have a brother who has a severe mental illness that I take care of, I support my mother, I support many other family members of mine and so I see my money as not my own. I see it as my family’s money, as well. The whole point of these articles and these attacks against me are to discredit me, but also to discredit the movement.We have to stay focused on white supremacy and see through the right-wing lies. I have not just been a target of white supremacists and the right in this moment but obviously since the beginning of when I started Black Lives Matter I have been a target and these folks have created a much more dangerous situation for me and my family. It is very serious. The minute we started to receive funding I looked at my team and said we have to get these dollars out the door now. Now that Black Lives Matter has money, we have to be a grantmaking body as well as a think tank, act tank. And so much of the work that BLM specifically has done has been reinvesting into the black community. (…) a quarter of our budget [is] going back into the community and also we have to build an organization,’. It’s the first time we’ve ever had real dollars and we have to build a black institution that can challenge policing, that can take care of the black community. [But] the organization is not a ‘charity'(….) I do understand why people expect that from us. But I think it’s important that people recognize there are other places they can also get grants. There are other places they can also get resources. And, most importantly, our target should be the United States government. Our target should be calling on Congress to pass reparations.’ Patrisse Cullors (BLM cofounder)
Les dirigeants noirs actuels en sont réduits à vivre des dernières bribes d’autorité morale qui leur restent de leurs jours de gloire des années 50 et 60. (…) Ce ne serait pas la première fois qu’un mouvement initié dans une profonde clarté morale, et qui avait atteint la grandeur, finirait par se perdre en une parodie de lui-même – terrassé non par l’échec mais par son succès même. Les dirigeants des droits civiques d’aujourd’hui refusent de voir l’évidence: la réussite de leurs ancêtres dans la réalisation de la transformation de la société américaine leur interdit aujourd’hui l’héroïsme alors inévitable d’un Martin Luther King, d’un James Farmer ou d’un Nelson Mandela. Jesse Jackson et Al Sharpton ne peuvent nous réécrire la lettre mémorable de la prison de Birmingham ou traverser à nouveau, comme John Lewis en 1965, le pont Edmund Pettus à Selma, en Alabama, dans un maelström de chiens policiers et de matraques. Cette Amérique n’est plus (ce qui ne veut pas dire que toute trace d’elle a disparu). Les Revs. Jackson et Sharpton sont voués à un destin difficile: ils ne peuvent plus jamais être que d’inutiles redondances, des échos des grands hommes qu’ils imitent parce que l’Amérique a changé. Difficile d’être un King ou un Mandela aujourd’hui alors que votre monstrueux ennemi n’a plus que le visage poupin d’un George Zimmerman. Le but de l’establishment des droits civiques d’aujourd’hui n’est pas de rechercher la justice, mais de rechercher le pouvoir des Noirs dans la vie américaine sur la base de la présomption qu’ils sont toujours, de mille manières subtiles, victimes du racisme blanc. Shelby Steele
Avant les années 1960, l’identité des noirs-américains (bien que personne n’ait jamais utilisé le mot) était basée sur notre humanité commune, sur l’idée que la race était toujours une division artificielle et abusive entre les gens. Après les années 60, dans une société coupable d’avoir abusé de nous depuis longtemps, nous avons pris notre victimisation historique comme le thème central de notre identité de groupe. Nous n’aurions pu faire de pire erreur. Cela nous a donné une génération de chasseurs d’ambulances et l’illusion que notre plus grand pouvoir réside dans la manipulation de la culpabilité blanche. Shelby Steele
Il faut se rappeler que les chefs militaires allemands jouaient un jeu désespéré. Néanmoins, ce fut avec un sentiment d’effroi qu’ils tournèrent contre la Russie la plus affreuse de toutes les armes. Ils firent transporter Lénine, de Suisse en Russie, comme un bacille de la peste, dans un wagon plombé. Winston Churchill
Quand Freud est arrivé aux États-Unis, en voyant New York il a dit: « Je leur apporte la peste. » Il avait tort. Les Américains n’ont eu aucun mal à digérer une psychanalyse vite américanisée. Mais en 1966, nous avons vraiment apporté la peste avec Lacan et la déconstruction… du moins dans les universités! Au point que je me suis senti soudain aussi étranger à Johns Hopkins qu’à Avignon au milieu de mes amis post-surréalistes. Un an plus tard, la déconstruction était déjà à la mode. Cela me mettait mal à l’aise. C’est la raison pour laquelle je suis parti pour Buffalo en 1968. René Girard
Ce racisme  antiraciste est le  seul chemin qui puisse  mener à l’abolition  des  différences de race. Jean-Paul Sartre (Orphée noir, 1948)
Le monde moderne n’est pas mauvais : à certains égards, il est bien trop bon. Il est rempli de vertus féroces et gâchées. Lorsqu’un dispositif religieux est brisé (comme le fut le christianisme pendant la Réforme), ce ne sont pas seulement les vices qui sont libérés. Les vices sont en effet libérés, et ils errent de par le monde en faisant des ravages ; mais les vertus le sont aussi, et elles errent plus férocement encore en faisant des ravages plus terribles. Le monde moderne est saturé des vieilles vertus chrétiennes virant à la folie.  G.K. Chesterton
L’inauguration majestueuse de l’ère « post-chrétienne » est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en « radicalisant » le souci des victimes dans un sens antichrétien. (…) Jusqu’au nazisme, le judaïsme était la victime préférentielle de ce système de bouc émissaire. Le christianisme ne venait qu’en second lieu. Depuis l’Holocauste, en revanche, on n’ose plus s’en prendre au judaïsme, et le christianisme est promu au rang de bouc émissaire numéro un. René Girard
Nous sommes entrés dans un mouvement qui est de l’ordre du religieux. Entrés dans la mécanique du sacrilège: la victime, dans nos sociétés, est entourée de l’aura du sacré. Du coup, l’écriture de l’histoire, la recherche universitaire, se retrouvent soumises à l’appréciation du législateur et du juge comme, autrefois, à celle de la Sorbonne ecclésiastique. Françoise Chandernagor
La Wokeité est la nouvelle religion, qui grandit plus vite et plus fort que le christianisme lui-même. Son sacerdoce dépasse le clergé et exerce beaucoup plus de pouvoir. La Silicon Valley est le nouveau Vatican et Amazon, Apple, Facebook, Google et Twitter les nouveaux évangiles. Victor Davis Hanson
Quand j’ai écrit mon livre, je suis retourné à Max Weber et à Alexis de Tocqueville, car tous deux avaient identifié l’importance fondamentale de l’anxiété spirituelle que nous éprouvons tous. Il me semble qu’à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, nous avons oublié la centralité de cette anxiété, de ces démons ou anges spirituels qui nous habitent. Ils nous gouvernent de manière profondément dangereuse. (…) Tocqueville avait saisi l’importance du fait religieux et de la panoplie des Églises protestantes qui ont défini la nation américaine. Il a montré que malgré leur nombre innombrable et leurs querelles, elles étaient parvenues à s’unir pour être ce qu’il appelait joliment «le courant central des manières et de la morale». Quelles que soient les empoignades entre anglicans épiscopaliens et congrégationalistes, entre congrégationalistes et presbytériens, entre presbytériens et baptistes, les protestants se sont combinés pour donner une forme à nos vies: celle des mariages, des baptêmes et des funérailles ; des familles, et même de la politique, en cela même que le protestantisme ne cesse d’affirmer qu’il y a quelque chose de plus important que la politique. Ce modèle a perduré jusqu’au milieu des années 1960. (…) Pour moi, c’est avant tout le mouvement de l’Évangile social qui a gagné les Églises protestantes, qui est à la racine de l’effondrement. (…) Mais ils n’ont pas été remplacés. Le résultat de tout cela, c’est que l’Église protestante américaine a connu un déclin catastrophique. En 1965, 50 % des Américains appartenaient à l’une des 8 Églises protestantes dominantes. Aujourd’hui, ce chiffre s’établit à 4 %!  (…) Une partie de ces protestants ont migré vers les Églises chrétiennes évangéliques, qui dans les années 1970, sous Jimmy Carter, ont émergé comme force politique. On a vu également un nombre surprenant de conversions au catholicisme, surtout chez les intellectuels. Mais la majorité sont devenus ce que j’appelle dans mon livre des «post-protestants», ce qui nous amène au décryptage des événements d’aujourd’hui. Ces post-protestants se sont approprié une série de thèmes empruntés à l’Évangile social de Walter Rauschenbusch. Quand vous reprenez les péchés sociaux qu’il faut selon lui rejeter pour accéder à une forme de rédemption – l’intolérance, le pouvoir, le militarisme, l’oppression de classe… vous retrouvez exactement les thèmes que brandissent les gens qui mettent aujourd’hui le feu à Portland et d’autres villes. Ce sont les post-protestants. Ils se sont juste débarrassés de Dieu! Quand je dis à mes étudiants qu’ils sont les héritiers de leurs grands-parents protestants, ils sont offensés. Mais ils ont exactement la même approche moralisatrice et le même sens exacerbé de leur importance, la même condescendance et le même sentiment de supériorité exaspérante et ridicule, que les protestants exprimaient notamment vis-à-vis des catholiques. (…) Mais ils ne le savent pas. En fait, l’état de l’Amérique a été toujours lié à l’état de la religion protestante. Les catholiques se sont fait une place mais le protestantisme a été le Mississippi qui a arrosé le pays. Et c’est toujours le cas! C’est juste que nous avons maintenant une Église du Christ sans le Christ. Cela veut dire qu’il n’y a pas de pardon possible. Dans la religion chrétienne, le péché originel est l’idée que vous êtes né coupable, que l’humanité hérite d’une tache qui corrompt nos désirs et nos actions. Mais le Christ paie les dettes du péché originel, nous en libérant. Si vous enlevez le Christ du tableau en revanche, vous obtenez… la culpabilité blanche et le racisme systémique. Bien sûr, les jeunes radicaux n’utilisent pas le mot «péché originel». Mais ils utilisent exactement les termes qui s’y appliquent. (…) Ils parlent d’«une tache reçue en héritage» qui «infecte votre esprit». C’est une idée très dangereuse, que les Églises canalisaient autrefois. Mais aujourd’hui que cette idée s’est échappée de l’Église, elle a gagné la rue et vous avez des meutes de post-protestants qui parcourent Washington DC, en s’en prenant à des gens dans des restaurants pour exiger d’eux qu’ils lèvent le poing. Leur conviction que l’Amérique est intrinsèquement corrompue par l’esclavage et n’a réalisé que le Mal, n’est pas enracinée dans des faits que l’on pourrait discuter, elle relève de la croyance religieuse. On exclut ceux qui ne se soumettent pas. On dérive vers une vision apocalyptique du monde qui n’est plus équilibrée par rien d’autre. Cela peut donner la pire forme d’environnementalisme, par exemple, parce que toutes les autres dimensions sont disqualifiées au nom de «la fin du monde». C’est l’idée chrétienne de l’apocalypse, mais dégagée du christianisme. Il y a des douzaines d’exemples de religiosité visibles dans le comportement des protestataires: ils s’allongent par terre face au sol et gémissent, comme des prêtres que l’on consacre dans l’Église catholique. Ils ont organisé une cérémonie à Portland durant laquelle ils ont lavé les pieds de personnes noires pour montrer leur repentir pour la culpabilité blanche. Ils s’agenouillent. Tout cela sans savoir que c’est religieux! C’est religieux parce que l’humanité est religieuse. Il y a une faim spirituelle à l’intérieur de nous, qui se manifeste de différentes manières, y compris la violence! Ces gens veulent un monde qui ait un sens, et ils ne l’ont pas. (…) Le marxisme est une religion par analogie. Certes, il porte cette idée d’une nouvelle naissance. Certaines personnes voulaient des certitudes et ne les trouvant plus dans leurs Églises, ils sont allés vers le marxisme. Mais en Amérique, c’est différent, car tout est centré sur le protestantisme. Dans L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Max Weber, avec génie et insolence, prend Marx et le met cul par-dessus tête. Marx avait dit que le protestantisme avait émergé à la faveur de changements économiques. Weber dit l’inverse. Ce n’est pas l’économie qui a transformé la religion, c’est la religion qui a transformé l’économie. Le protestantisme nous a donné le capitalisme, pas l’inverse! Parce que les puritains devaient épargner de l’argent pour assurer leur salut. Le ressort principal n’était pas l’économie mais la faim spirituelle, ce sentiment beaucoup plus profond, selon Weber. Une faim spirituelle a mené les gens vers le marxisme, et c’est la même faim spirituelle qui fait qu’ils sont dans les rues d’Amérique aujourd’hui. (…) Ces gens-là veulent être sûrs d’être de «bonnes personnes». Ils savent qu’ils sont de bonnes personnes s’ils sont opposés au racisme. Ils pensent être de bonnes personnes parce qu’ils sont opposés à la destruction de l’environnement. Ils veulent avoir la bonne «attitude», c’est la raison pour laquelle ceux qui n’ont pas la bonne attitude sont expulsés de leurs universités ou de leur travail pour des raisons dérisoires. Avant, on était exclu de l’Église, aujourd’hui, on est exclu de la vie publique… C’est pour cela que les gens qui soutiennent Trump, sont vus comme des «déplorables», comme disait Hillary Clinton, c’est-à-dire des gens qui ne peuvent être rachetés. Ils ont leur bible et leur fusil et ne suivent pas les commandements de la justice sociale. (…) Il faut comprendre que l’idéologie «woke» de la justice sociale a pénétré les institutions américaines à un point incroyable. Je n’imagine pas qu’un professeur ayant une chaire à la Sorbonne soit forcé d’assister à des classes obligatoires organisées pour le corps professoral sur leur «culpabilité blanche», et enseignées par des gens qui viennent à peine de finir le collège. Mais c’est la réalité des universités américaines. Un sondage récent a montré que la majorité des professeurs d’université ne disent rien. Ils abandonnent plutôt toute mention de tout sujet controversé. Pourtant, des études ont montré que la foule des vigies de Twitter qui obtient la tête des professeurs excommuniés, remplirait à peine la moitié d’un terrain de football universitaire! Il y a un manque de courage. (…)  mes étudiants, et tous ces post-protestants dont je vous parle, sont absolument convaincus que tous les gens qui ont précédé, étaient stupides et sans doute maléfiques. Ils ne croient plus au projet historique américain. Ils sont contre les «affinités électives» qui, selon Weber, nous ont donné la modernité: la science, le capitalisme, l’État-nation. Si la théorie de la physique de Newton, Principia, est un manuel de viol, comme l’a dit une universitaire féministe, si sa physique est l’invention d’un moyen de violer le monde, cela veut dire que la science est mauvaise. Si vous êtes soupçonneux de la science, du capitalisme, du protestantisme, si vous rejetez tous les moteurs de la modernité la seule chose qui reste, ce sont les péchés qui nous ont menés là où nous sommes. Pour sûr, nous en avons commis. Mais si on ne voit pas que ça, il n’y a plus d’échappatoire, plus de projet. Ce qui passe aujourd’hui est différent de 1968 en France, quand la remise en cause a finalement été absorbée dans quelque chose de plus large. Le mouvement actuel ne peut être absorbé car il vise à défaire les États-Unis dans ses fondements: l’État-nation, le capitalisme et la religion protestante. Mais comme les États-Unis n’ont pas d’histoire prémoderne, nous ne pouvons absorber un mouvement vraiment antimoderne. (…) Il y a une phrase de Heidegger qui dit que «seulement un Dieu pourrait nous sauver»! On a le sentiment qu’on est aux prémices d’une apocalypse, d’une guerre civile, d’une grande destruction de la modernité. Est-ce à cause de la trahison des clercs? Pour moi, l’incapacité des vieux libéraux à faire rempart contre les jeunes radicaux, est aujourd’hui le grand danger. Quand j’ai vu que de jeunes journalistes du New York Times avaient menacé de partir, parce qu’un responsable éditorial avait publié une tribune d’un sénateur américain qui leur déplaisait, j’ai été stupéfait. Je suis assez vieux pour savoir que dans le passé, la direction aurait immédiatement dit à ces jeunes journalistes de prendre la porte s’ils n’étaient pas contents. Mais ce qui s’est passé, c’est que le rédacteur en chef a été limogé. Joseph Bottum
Le procès controversé de Minneapolis porte moins sur les faits que sur l’exorcisation des démons racistes de l’Amérique (…) L’homicide involontaire (…) était la seule accusation initiale portée contre lui, et cela aurait été une affaire facile pour l’accusation. Mais comme une peine d’homicide involontaire ne serait passible que d’un maximum de 57 mois de prison, les procureurs ont ajouté des accusations de meurtre au troisième degré – portant la peine à 25 ans s’il est reconnu coupable. Il sera beaucoup plus difficile pour l’accusation de prouver au-delà d’un doute raisonnable que Chauvin est coupable de meurtre au troisième degré. Selon les directives du Minnesota, le meurtre au troisième degré se produit quand « le meurtre non intentionnel d’un autre [être humain] par le biais d’un acte éminemment dangereux est commis avec un esprit dépravé et sans égard pour la vie humaine ». Il est difficile de voir comment l’action de Chauvin s’inscrit dans cette définition. Il y a de sérieux doutes quant à savoir si l’action de Chauvin était en fait la seule cause de la mort de Floyd (il était intoxiqué au phénéthyle et à la méthamphétamine à l’époque), et il y a encore plus de doutes que cela était le résultat d’un acte dangereux commis avec un esprit dépravé; après tout, il semble que la police du Minnesota enseigne la technique consistant à restreindre les sujets en mettant un genou sur leur tête – même si, certes, Chauvin n’a pas suivi les directives jusqu’au bout. Pourtant, même si Chauvin était coupable des accusations portées contre lui, il serait toujours un bouc émissaire. Le célèbre critique culturel français René Girard a bâti toute sa réputation universitaire sur l’étude des processus de bouc émissaire. Il a réalisé que chaque fois que les sociétés sont menacées par des crises et des violences internes, certaines personnes sont choisies comme boucs émissaires. Elles sont accusées d’un fait, dûment punies (fréquemment exécutées), et ce faisant, la collectivité canalise ses propres violences constructives sur le bouc émissaire, et la paix revient. Pour Girard, dans la plupart des cas, les boucs émissaires sont innocents des charges retenues contre eux. Mais parfois, le bouc émissaire peut aussi cibler des coupables. Dans son livre intitulé Le bouc émissaire, Girard considère le cas d’un homme noir qui viole en fait une femme blanche et se fait lyncher pour cela. Ce noir serait-il un bouc émissaire, même s’il est coupable de viol ? Pour Girard, oui. En effet, à l’époque terrible du lynchage aux États-Unis, certains hommes noirs auraient pu violer des femmes blanches. Mais cela ne rendait nullement le lynchage moins criminel. Ces victimes de lynchage étaient ciblées en raison de leur couleur de peau. Les violeurs blancs, eux, n’étaient jamais lynchés, ce qui prouve que c’était à cause de la race, et non d’un crime particulier, qu’ils étaient brutalement pendus par des foules en colère. Chauvin peut être coupable ou non du meurtre au troisième degré. Mais il reste un bouc émissaire. La façon dont les médias attisent les flammes montre clairement qu’il sera probablement condamné, non pas en raison du poids des preuves, mais simplement parce que la foule a besoin d’être apaisée. Chauvin est jugé, non pas comme l’officier qui a mis le genou sur un homme en état d’arrestation, mais comme le représentant du mal le plus redouté dans le manuel de l’idéologie éveillée : le racisme. Après une histoire embarrassante d’esclavage et de ségrégation raciale, une grande partie du peuple américain veut se laver de sa culpabilité collective. Tout comme les anciens Israélites se débarrassaient de leur culpabilité en transférant leurs péchés sur Azazel – le bouc de Lévitique 6 – de nombreux Américains veulent à présent se débarrasser de leur culpabilité historique en la transférant sur Chauvin. Gabriel Andrade
Le facteur crucial de notre conquête du monde a plutôt été notre capacité de relier de nombreux humains les uns aux autres. Si, de nos jours, les humains dominent sans concurrence la planète, ce n’est pas que l’individu humain soit plus malin et agile de ses dix doigts que le chimpanzé ou le loup, mais parce qu’Homo sapiens est la seule espèce sur terre capable de coopérer en masse et en souplesse. L’intelligence et la fabrication d’outils ont été aussi manifestement très importants. (…) Si la coopération est la clé, pourquoi les fourmis et les abeilles n’ont-elles pas inventé la bombe atomique avant nous, alors même qu’elles ont appris à coopérer toutes ensemble des millions d’années plus tôt ? Parce que leur coopération manque de souplesse. Les abeilles coopèrent avec une grande sophistication, mais sont incapables de réinventer leur système social du jour au lendemain. Si une ruche faisait face à une nouvelle menace ou à une nouvelle opportunité, les abeilles seraient par exemple incapables de guillotiner la reine ou d’instaurer une République. Des mammifères sociaux comme les éléphants et les chimpanzés coopèrent bien plus souplement que les abeilles, mais ils ne le font qu’avec un petit nombre de camarades et de membres de leur famille. Leur coopération repose sur ce lien personnel. (…) Pour autant qu’on le sache, seul Sapiens est en mesure de coopérer très souplement avec d’innombrables inconnus. Yuval Noah Harari
La Roumanie communiste s’effondra quand 80 000 personnes, sur la place centrale de Bucarest, comprirent qu’elles étaient beaucoup plus fortes que le vieil homme à la toque de fourrure sur le balcon. Ce qui est vraiment stupéfiant, cependant, ce n’est pas cet instant où le système s’est effondré, mais qu’il ait réussi à survivre des décennies durant. Pourquoi les révolutions sont-elles si rares ? Pourquoi les masses passent-elles des siècles à applaudir et acclamer, à faire tout ce que leur ordonne l’homme au balcon, alors même qu’elles pourraient en théorie charger à tout moment et le tailler en pièces ? Ceauşescu et les siens dominèrent trois décennies durant vingt millions de Roumains en remplissant trois conditions incontournables. Premièrement, ils placèrent de fidèles apparatchiks communistes à la tête de tous les réseaux de coopération, comme l’armée, les syndicats et même les associations sportives. Deuxièmement, ils empêchèrent la création d’organisations rivales – politiques, économiques et sociales – susceptibles de servir de base à une coopération anticommuniste. Troisièmement, ils comptèrent sur le soutien des partis frères d’Union soviétique et d’Europe de l’Est. (…) Ceauşescu ne perdit le pouvoir que le jour où ces trois conditions cessèrent d’être réunies. À la fin des années 1980, l’Union soviétique retira sa protection, et les régimes communistes commencèrent à tomber comme des dominos. En décembre 1989, Ceauşescu ne pouvait espérer aucune aide extérieure. Bien au contraire, les révolutions des paysans voisins donnèrent du cœur à l’opposition locale. Deuxièmement, le parti communiste lui-même commença à se scinder en camps rivaux, les modérés souhaitant se débarrasser de Ceauşescu et initier des réformes avant qu’il ne fût trop tard. Troisièmement, en organisant la réunion de soutien de Bucarest et en la diffusant à la télévision, Ceauşescu fournit aux révolutionnaires l’occasion idéale de découvrir leur pouvoir et de manifester contre lui. Quel moyen plus rapide de propager la révolution que de la montrer à la télévision ? Pourtant, quand le pouvoir échappa aux mains de l’organisateur maladroit sur son balcon, ce ne sont pas les masses populaires de la place qui le récupérèrent. (…) de même que dans la Russie de 1917, le pouvoir échut à un petit groupe d’acteurs politiques qui avaient pour seul atout d’être organisés. La révolution roumaine fut piratée par le Front de salut national (FSN) autoproclamé, qui n’était en réalité qu’un écran de fumée dissimulant l’aile modérée du parti communiste. (…) formé de cadres moyens du parti et dirigé par Ion Iliescu, ancien membre du Comité central du PC et un temps responsable de la propagande. Iliescu et ses camarades du FSN se métamorphosèrent en démocrates, proclamèrent devant tous les micros qu’ils étaient les chefs de la révolution, puis usèrent de leur longue expérience et de leurs réseaux de copains pour prendre le contrôle du pays et se mettre ses ressources dans la poche. (…) Ion Iliescu fut élu président ; ses collègues devinrent ministres, parlementaires, directeurs de banque et multimillionnaires. La nouvelle élite roumaine qui contrôle aujourd’hui encore le pays se compose essentiellement des anciens communistes et de leurs familles. Yuval Harari

Attention: un bouc émissaire peut en cacher bien d’autres !

Au lendemain d’un verdict qui par son unanimité, sa rapidité, sa prédictiblité, son effet cathartique

Comme, sur fond de crise sanitaire en ces temps où la blancheur de peau et la profession de policier sont devenues les pires tares, les traits distinctifs de sa victime …

Au terme de mois d’émeutes et de pillage et d’une campagne médiatico-politique proprement orchestrée jusqu’au plus haut niveau de l’appareil d’Etat

Pour comme souvent, couleur de l’impétrant comprise, un banal refus d’optempérer tournant à la tragédie, suite à la malheureuse combinaison de certaines fragilités latentes et de la suringestion de drogues de celui-ci …

Avec les conséquences, que l’on sait, sur les forces de police et les résidents des quartiers les plus vulnérables

Aura jusqu’au dernier jour, au point même d’en inquiéter le juge et selon les mots mêmes de la présidente de la Chambre des représentants

Pris toutes les caractéristiques d’une expulsion de bouc émissaire réussie …

Comment ne pas voir …

Quelques mois après son accession aux pleins pouvoirs politiques …

Via l’instrumentalisation du virus chinois et de la mort accidentelle de George Floyd …

Et, entre deux mascarades de procédures de destitution, l’élection volée de Joe Biden

L’apothéose de cette  idéologie « woke » du racisme antiraciste et de la censure politiquement correcte …

Qui fonds de commerce d’une véritable « génération de chasseurs d’ambulances » condamnée à rejouer éternellement les luttes du passé

Sur le dos toujours plus large des véritables victimes qu’elle encourage ainsi dans le refus souvent tragique d’obtempérer lors de leurs affrontements avec la police …

Avait patiemment pendant des décennies conquis l’université et les grands médias, puis ces dernières années les réseaux sociaux …?

Et comment ne pas repenser …

Avec le dernier best-seller de l’historien israélien Yuval Harari (« Homo deus »)…

Même si en bon postmoderne il en évacue totalement la dimension pourtant évidemment sacrificielle et quasi-religieuse …

A cette singulière capacité humaine de coopérer en masse et en souplesse …

Qui permet en certes de rares occasions et via une simple poignée d’hommes …

De produire le meilleur comme avec le processus civilisateur introduit par la révélation judéo-chrétienne …

Mais aussi pour peu que l’organisation soit suffisamment efficace et flexible ….

Comme avec leurs lots d’exécutions et de purges l’a tant de fois montré l’histoire …

Ou, entre les deux, de véritables trafics d’êtres humains

De la France de 1789 et la Russie de 1917 …

A la Roumanie de 1989 ou l’Egypte de 2011 …

Etre si facilement détournée ?

VIVE LA REVOLUTION !

Yuval Noah Harari

Homo deus

2015

Pour monter une révolution, le nombre ne suffit jamais. Les révolutions sont généralement l’œuvre de petits réseaux d’agitateurs, non des masses. Si vous voulez lancer une révolution, ne vous demandez pas : « Combien de gens soutiennent mes idées ? », mais plutôt : « Parmi mes partisans, combien sont capables de coopérer efficacement ? » La révolution russe a fini par éclater non pas le jour où 180 millions de paysans se sont soulevés contre le tsar, mais quand une poignée de communistes se sont trouvés au bon endroit au bon moment. Début 1917, alors que l’aristocratie et la bourgeoisie russes comptaient au moins trois millions de personnes, la fraction bolchévique de Lénine (qui deviendrait le parti communiste) ne dépassait pas les 23 000 militants. Les communistes n’en prirent pas moins le contrôle de l’immense Empire russe, parce qu’ils surent s’organiser. Quand l’autorité échappa aux mains décrépites du tsar et à celles tout aussi tremblantes du gouvernement provisoire de Kerenski, les communistes s’en saisirent sans attendre, s’emparant des rênes du pouvoir tel un bulldog qui referme ses crocs sur un os.

Les communistes ne devaient relâcher leur emprise qu’à la fin des années 1980. L’efficacité de leur organisation leur permit de conserver le pouvoir plus de sept longues décennies, et s’ils finirent par tomber, ce fut en raison de leur organisation défaillante. Le 21 décembre 1989, Nicolae Ceauşescu, le dictateur roumain, organisa une grande manifestation de soutien au centre de Bucarest. Au cours des mois précédents, l’Union soviétique avait retiré son soutien aux régimes communistes d’Europe de l’Est, le mur de Berlin était tombé, et des révolutions avaient balayé la Pologne, l’Allemagne de l’Est, la Hongrie, la Bulgarie et la Tchécoslovaquie. Ceauşescu, qui dirigeait son pays depuis 1965, pensait pouvoir résister au tsunami, alors même que des émeutes contre son régime avaient éclaté dans la ville de Timişoara le 17 décembre. Voulant contre-attaquer, Ceauşescu organisa un vaste rassemblement à Bucarest afin de prouver aux Roumains et au reste du monde que la majorité de la population continuait de l’aimer, ou tout au moins de le craindre. L’appareil du parti qui se fissurait mobilisa 80 000 personnes sur la place centrale de la ville ; les citoyens roumains reçurent pour consigne de cesser toute activité et d’allumer leur poste de radio ou de télévision.

Sous les vivats d’une foule apparemment enthousiaste, Ceauşescu se présenta au balcon dominant la place, comme il l’avait fait à maintes reprises au cours des précédentes décennies. Flanqué de son épouse Elena, de dirigeants du parti et d’une bande de gardes du corps, il se mit à prononcer un de ces discours monotones qui étaient sa marque de fabrique, regardant d’un air très satisfait la foule qui applaudissait mécaniquement. Puis quelque chose dérapa. Vous pouvez le voir sur YouTube. Il vous suffit de taper « Ceauşescu, dernier discours », et de regarder l’histoire en action.

La vidéo YouTube montre Ceauşescu qui commence une énième longue phrase : « Je tiens à remercier les initiateurs et organisateurs de ce grand événement à Bucarest, y voyant un… » Puis il se tait, les yeux grands ouverts, et se fige, incrédule. Dans cette fraction de seconde, on assiste à l’effondrement de tout un monde. Dans le public, quelqu’un a hué. On débat encore aujourd’hui de l’identité de celui qui, le premier, a osé huer. Puis une autre personne a fait de même, puis une autre, et encore une autre ; quelques secondes plus tard, la masse se mit à siffler, crier des injures et scander « Ti-mi-şoa-ra ! Ti-mi-şoa-ra ! »

Tout cela se produisit en direct à la télévision roumaine sous les yeux des trois quarts de la population, scotchée au petit écran, le cœur battant la chamade. La Securitate, la sinistre police secrète, ordonna aussitôt l’arrêt de la retransmission, mais les équipes de télévision refusèrent d’obtempérer et l’interruption fut très brève. Le cameraman pointa la caméra vers le ciel, en sorte que les téléspectateurs ne puissent pas voir la panique gagnant les dirigeants du parti sur le balcon, mais le preneur de son continua d’enregistrer, et les techniciens de retransmettre la scène après un arrêt d’à peine plus d’une minute. La foule continuait à huer et Ceauşescu à crier « Hello ! Hello ! Hello ! », comme si le problème venait du micro. Sa femme Elena se mit à réprimander le public :« Taisez-vous ! Taisez-vous ! », jusqu’à ce que Ceauşescu se tourne vers elle et lui crie au vu et au su de tous : « Tais-toi ! » Après quoi il en appela à la foule déchaînée de la place en l’implorant : « Camarades ! Camarades ! Du calme, camarades ! »

Mais les camarades ne voulaient pas se calmer. La Roumanie communiste s’effondra quand 80 000 personnes, sur la place centrale de Bucarest, comprirent qu’elles étaient beaucoup plus fortes que le vieil homme à la toque de fourrure sur le balcon. Ce qui est vraiment stupéfiant, cependant, ce n’est pas cet instant où le système s’est effondré, mais qu’il ait réussi à survivre des décennies durant. Pourquoi les révolutions sont-elles si rares ? Pourquoi les masses passent-elles des siècles à applaudir et acclamer, à faire tout ce que leur ordonne l’homme au balcon, alors même qu’elles pourraient en théorie charger à tout moment et le tailler en pièces ?

Ceauşescu et les siens dominèrent trois décennies durant vingt millions de Roumains en remplissant trois conditions incontournables. Premièrement, ils placèrent de fidèles apparatchiks communistes à la tête de tous les réseaux de coopération, comme l’armée, les syndicats et même les associations sportives. Deuxièmement, ils empêchèrent la création d’organisations rivales – politiques, économiques et sociales – susceptibles de servir de base à une coopération anticommuniste. Troisièmement, ils comptèrent sur le soutien des partis frères d’Union soviétique et d’Europe de l’Est. Malgré des tensions occasionnelles, ces partis s’entraidèrent en cas de besoin ou, tout au moins, veillèrent à ce qu’aucun intrus ne vienne perturber le paradis socialiste. Dans ces conditions, malgré les épreuves et les souffrances que leur infligea l’élite dirigeante, les vingt millions de Roumains ne réussirent à organiser aucune opposition efficace.

Ceauşescu ne perdit le pouvoir que le jour où ces trois conditions cessèrent d’être réunies. À la fin des années 1980, l’Union soviétique retira sa protection, et les régimes communistes commencèrent à tomber comme des dominos. En décembre 1989, Ceauşescu ne pouvait espérer aucune aide extérieure. Bien au contraire, les révolutions des paysans voisins donnèrent du cœur à l’opposition locale. Deuxièmement, le parti communiste lui-même commença à se scinder en camps rivaux, les modérés souhaitant se débarrasser de Ceauşescu et initier des réformes avant qu’il ne fût trop tard. Troisièmement, en organisant la réunion de soutien de Bucarest et en la diffusant à la télévision, Ceauşescu fournit aux révolutionnaires l’occasion idéale de découvrir leur pouvoir et de manifester contre lui. Quel moyen plus rapide de propager la révolution que de la montrer à la télévision ?

Pourtant, quand le pouvoir échappa aux mains de l’organisateur maladroit sur son balcon, ce ne sont pas les masses populaires de la place qui le récupérèrent. Bien que nombreuse et enthousiaste, la foule ne savait pas s’organiser. Dès lors, de même que dans la Russie de 1917, le pouvoir échut à un petit groupe d’acteurs politiques qui avaient pour seul atout d’être organisés. La révolution roumaine fut piratée par le Front de salut national (FSN) autoproclamé, qui n’était en réalité qu’un écran de fumée dissimulant l’aile modérée du parti communiste. Le Front n’avait pas de lien véritable avec la foule des manifestants. Il était formé de cadres moyens du parti et dirigé par Ion Iliescu, ancien membre du Comité central du PC et un temps responsable de la propagande. Iliescu et ses camarades du FSN se métamorphosèrent en démocrates, proclamèrent devant tous les micros qu’ils étaient les chefs de la révolution, puis usèrent de leur longue expérience et de leurs réseaux de copains pour prendre le contrôle du pays et se mettre ses ressources dans la poche.

Dans la Roumanie communiste, l’État possédait presque tout. La Roumanie démocratique s’empressa de privatiser tous ses actifs, les vendant à des prix sacrifiés aux anciens communistes qui furent les seuls à comprendre ce qui se passait et s’aidèrent mutuellement à constituer leur magot. Les entreprises d’État qui contrôlaient l’infrastructure et les ressources naturelles furent bradées à d’anciens cadres communistes, tandis que les fantassins du parti achetaient maisons et appartements pour quelques sous.

Ion Iliescu fut élu président ; ses collègues devinrent ministres, parlementaires, directeurs de banque et multimillionnaires. La nouvelle élite roumaine qui contrôle aujourd’hui encore le pays se compose essentiellement des anciens communistes et de leurs familles. Les masses qui ont risqué leur peau à Timişoara et Bucarest ont dû se contenter des restes parce qu’elles n’ont pas su coopérer ni créer une organisation efficace pour prendre en main leurs intérêts.

La révolution égyptienne de 2011 a connu le même destin. Ce que la télévision avait fait en 1989, Facebook et Twitter l’ont fait en 2011. Les nouveaux médias ont aidé les masses à coordonner leurs activités : des milliers de gens ont inondé les rues et les places au bon moment et renversé le régime de Moubarak. Toutefois, faire descendre 100 000 personnes sur la place Tahrir est une chose ; c’en est une autre de s’emparer de la machine politique, de serrer les bonnes mains dans les bonnes arrière-salles et de diriger efficacement un pays. Dès lors, quand Moubarak est tombé, les manifestants n’ont pas pu combler le vide. L’Égypte n’avait que deux institutions assez organisées pour diriger le pays : l’armée et les Frères musulmans. La révolution a donc été récupérée d’abord par les Frères musulmans, puis par l’armée.

Les ex-communistes roumains et les généraux égyptiens n’étaient pas plus intelligents ou habiles que les anciens dictateurs ou les manifestants de Bucarest ou du Caire. Leur avantage résidait dans une coopération tout en souplesse. Ils coopéraient mieux que les foules et étaient disposés à se montrer bien plus souples que des hommes rigides comme Ceauşescu et Moubarak.

Voir aussi:

Mort de George Floyd : l’avocat de Derek Chauvin demande l’acquittement

Après l’ultime journée du procès, les jurés se sont retirés pour délibérer. Ils devront rendre un verdict unanime pour chacun des trois chefs d’inculpation. Tout autre scénario qu’une condamnation inquiète les autorités locales.

George Floyd «a appelé à l’aide dans son dernier souffle» avant de mourir sous le genou de Derek Chauvin, a affirmé lundi 19 avril le procureur dans son réquisitoire contre le policier accusé d’avoir tué le quadragénaire afro-américain le 25 mai 2020 à Minneapolis. «George Floyd a supplié jusqu’à ce qu’il ne puisse plus parler», a dit Steve Schleicher au jury. «Il fallait juste un peu de compassion, et personne n’en a montré ce jour-là», a ajouté le procureur.

Le policier blanc de 45 ans est jugé pour meurtre, homicide involontaire et violences volontaires ayant entraîné la mort de George Floyd, qui avait été interpellé pour une infraction mineure. Pendant plus de neuf minutes, il avait maintenu un genou sur le cou du quadragénaire qui était allongé sur le ventre, les mains menottées dans le dos. Sa mort a suscité des manifestations antiracistes d’une ampleur historique et une vague d’indignation mondiale contre les brutalités policières.

«Il a appelé à l’aide dans son dernier souffle mais l’agent n’a pas aidé, l’accusé est resté sur lui», a rappelé le procureur, affirmant que le policier avait enfreint le code de la police de Minneapolis en matière d’usage de la force. «George Floyd n’était une menace pour personne, il ne tentait de faire de mal à personne», a-t-il dit. Il a aussi fustigé l’inaction du policier, qui n’a rien fait pour ranimer George Floyd. «En tant que premier secours, vous devez faire un massage cardiaque, il ne l’a pas fait alors qu’il était formé à cela», a lancé le procureur. «L’accusé n’est pas jugé parce qu’il est policier» mais «il est jugé pour ce qu’il a fait», a souligné Steve Schleicher, estimant que Derek Chauvin avait «trahi son insigne».

L’avocat de Derek Chauvin a pour sa part demandé l’acquittement de son client. L’accusation «a échoué à apporter la preuve au-delà du doute raisonnable et Derek Chauvin doit par conséquent être déclaré non-coupable», a affirmé l’avocat du policier, Eric Nelson, après près de trois heures de plaidoirie. Le procès se tient dans un climat de fortes tensions, après la mort récente d’un jeune homme noir lors d’un contrôle routier près de Minneapolis. «C’était un meurtre, l’accusé est coupable des trois chefs d’accusation et il n’y a aucune excuse», a asséné le procureur en conclusion de son réquisitoire, qui a duré plus d’une heure et demie.

Le risque d’un verdict «nul»

Pour l’accusation, qui a appelé à la barre près de 40 témoins, c’est bien le policier qui a tué George Floyd, qui ne «pouvait pas respirer». Il est mort d’un «manque d’oxygène» provoqué par la pression de Derek Chauvin sur son cou et son dos, ont expliqué plusieurs médecins. L’Afro-Américain avait des problèmes cardiaques mais même une personne en bonne santé «serait morte de ce que George Floyd a subi», a affirmé le pneumologue Martin Tobin. Pour David Schultz, professeur de droit à l’université du Minnesota, les procureurs «ont fait du très bon travail» pour démontrer que le policier n’avait pas agi «de manière raisonnable».

Selon Eric Nelson, George Floyd est mort d’une crise cardiaque due à des problèmes de cœur, aggravés par la consommation de fentanyl, un opiacé, et de méthamphétamine, un stimulant, et par l’inhalation de gaz d’échappement pendant qu’il était allongé au sol. D’après la défense, le policier a utilisé une procédure autorisée pour maîtriser un individu qui se débattait et le maintenir au sol. Elle évoque aussi une «foule hostile» qui représentait une «menace» et aurait détourné l’attention du policier du sort de George Floyd. Derek Chauvin, lui, a refusé de s’expliquer, usant du droit de tout accusé aux États-Unis à ne pas apporter de témoignage susceptible de l’incriminer.

Le jury, qui s’est retiré lundi pour délibérer, doit rendre un verdict unanime sur chacune des trois charges. «Vous devez être absolument impartiaux», leur a dit le juge Peter Cahill, qui les a invités à «examiner les preuves, de les soupeser et d’appliquer la loi». Cela pourrait prendre des heures, des jours, voire des semaines. Les condamnations de policiers pour meurtre sont très rares, les jurés ayant tendance à leur octroyer le bénéfice du doute. Si le jury ne parvient pas à se mettre d’accord sur l’ensemble des charges, le procès sera déclaré «nul». Tout autre scénario qu’une condamnation inquiète les autorités locales.

La tension est très forte à Minneapolis, qui s’était déjà embrasée après la mort de George Floyd. Plus de 400 personnes ont défilé lundi dans les rues de la ville pour demander la condamnation de Derek Chauvin, chantant «le monde observe, nous observons, faites ce qui est juste». Marchant derrière une banderole réclamant «justice pour George Floyd», ils ont croisé sur leur chemin des soldats de la Garde nationale, les observant près de véhicules blindés. Tenue de camouflage, et fusil mitrailleur en bandoulière, ces militaires patrouillent depuis plusieurs semaines dans les rues de la ville. La mort récente de Daunte Wright, un jeune Afro-Américain d’une vingtaine d’années tué par une policière blanche lors d’un banal contrôle routier dans la banlieue de Minneapolis, n’a fait qu’ajouter à la tension qui règne depuis le début du procès.

Rodney Floyd, l’un des frères de George, a fait part plus tôt dans la journée, de sa gratitude pour les messages de soutien «venus du monde entier» à sa famille, dont plusieurs membres ont suivi les débats depuis le 29 mars. «J’espère que les jurés vont rendre le bon verdict», déclare Courtenay Carver, un travailleur social afro-américain de 56 ans. «Nous nous préparons au pire», confiait Janay Clanton, une habitante de Minneapolis. «Tout va exploser», a même prédit la sexagénaire, si Derek Chauvin n’est pas reconnu coupable. L’issue du procès aura aussi un impact sur celui de trois autres agents qui doivent être jugés en août pour «complicité de meurtre».

Voir encore:

Powerful Evidence That George Floyd Resisted Arrest 

The case is more complicated than prosecutors would have it.

Andrew C. McCarthy

National Review

April 1, 2021

 

George Floyd forcibly resisted arrest. He did not verbally threaten the arresting officers, but he used significant force against them to try to prevent being taken into custody. He did not merely refuse to comply with their directives.

That was the upshot of Wednesday, the third day of the Derek Chauvin trial, in which the fired officer is charged with two counts of murdering Floyd, as well as with a count of negligently causing his death (manslaughter).

Though prosecutors tried some misdirection, the video and audio recordings are clear: Floyd, at six-foot, four-inches and 223 pounds (according to the autopsy report), was so determined not to be placed in the back of the squad car that, even though he was handcuffed, four grown men — police officers trained in the use of force, and pushing and pulling for all they were worth — could not get him to take a seated position.

This does not mean the officers’ prolonged restraint of Floyd later on, as his life faded, was justified. That is the central issue the jury will have to resolve. But the latest evidence helps better explain what preceded the infamous and grim video footage of Floyd under Chauvin’s knee.

Notably, Floyd’s now-famous statements that he could not breathe and that police were killing him, as well as his cries for his mother, were not just reactions — as prosecutors and political activists have framed it — to his being placed in a neck hold by Chauvin after police put him in a dangerous prone position on the street. In reality, Floyd began calling for his mother, and crying out that he could not breathe and was going to die, while police were trying to get him to sit in the back of the squad car. Those claims may have been sincere, but if so, they were spurred by what Floyd maintained were his “claustrophobia” and anxiety over being taken into custody, not by the neck hold in which Chauvin subsequently placed him.

What’s more, it was not the idea of the arresting officers to place Floyd in a prone position on the street. Rather, after propelling his way out of the squad-car rear seat that four cops unsuccessfully struggled to place him in, Floyd insisted that he preferred to lie down on the street. The police restrained him in the position in which he put himself, which was not the position they wanted him in (they wanted him in the car). Reasonably convinced that Floyd was high on drugs (a conclusion supported by his erratic behavior, the accounts of witnesses, and later toxicology tests), the police called for paramedics to take him to a hospital, rather than continuing to try to thrust him in the squad car and take him into police custody.

That is, the police accused of murdering Floyd actually summoned medical help out of concern over his condition.

Furthermore, unlike the state’s preferred evidence, which is peppered with the barbs of bystanders who were not participants in the officers’ initial interactions with Floyd, the recorded evidence introduced Wednesday showed that police were worried about both Floyd’s medical condition and the possibility that, under the influence of drugs, he could suddenly come to and again become aggressively resistant — under circumstances where they’d already been unable to control him.

That was the bottom line of Wednesday’s presentation of evidence. Unlike the first two days of trial, which focused on recordings of the last nine minutes and 29 seconds of Floyd’s encounter with the police (i.e., the part when he was lying on the street), prosecutors introduced the proof of what happened before that encounter because they had to, not because they wanted to. Had they withheld it, Chauvin’s lawyer Eric Nelson would have anxiously presented it during the defense case.

Mindful that Wednesday’s evidence would hurt their case, prosecutors tried to dilute its impact by presenting it through witnesses highly sympathetic to Floyd.

The best example of this was Charles McMillian, a 61-year-old who described himself as a “nosy” neighborhood elder. He wandered over to watch as police were trying to put Floyd in the squad car. Though McMillian was not acquainted with Floyd, he intervened and tried to help the situation. Without going into personal detail, he said he has had encounters with police and believes, once a person is in handcuffs, he is under arrest and there is no point doing anything other than cooperating because “you can’t win.” So, as police were trying to get Floyd to sit in the back of the squad car, and Floyd was refusing to cooperate, McMillian pleaded with him, from about ten feet away, to submit because “you can’t win.” Floyd, who was already complaining that he could not breathe, responded, “I’m not trying to win.”

At that point in the testimony, while the video was playing for the jury, McMillian got deeply upset and began to weep. Prosecutor Erin Eldridge repeatedly asked him if he was all right, reassured him that she knew it was difficult to testify, and brought him water, while McMillian grabbed liberally from a box of handkerchiefs, blew his nose, dabbed his eyes, and had great difficulty composing himself.

It was riveting . . . except that it riveted one’s attention away from was what was going on in the video. In this recording, while it was difficult to see the individual players, it was obvious that Floyd was struggling wildly with the police, and that the squad car was rocking violently.

As the video played and McMillian broke down, Eldridge asked the witness, “Can you explain what you’re feeling at this moment?” The question was irrelevant and absurdly prejudicial, but Chauvin’s counsel did not object, plainly not wanting to appear heartless in front of the jury. This is the state’s approach to the jury: Decide the case based on the nine minutes and 29 seconds we have emphasized; as for everything else, go with how you feel, and don’t worry so much about what you see.

Nevertheless, there were no Floyd sympathizers to put on the stand for the police-controlled recordings (from surveillance and body-worn cameras). They had to be admitted through a police administrative officer who had no direct involvement in the investigation. The jury watched these recordings without interruption or witness narration. They more clearly showed Floyd forcibly resisting arrest. The recordings also undermined the claim by off-duty firefighter Genevieve Hansen (an eyewitness who testified Monday) that she believed the cops were pressing their full body weights on Floyd. (On cross-examination, Hansen ultimately admitted that she had exaggerated the number of police; that from her vantage point, she couldn’t see two of them at all from the shoulders down; and that she only saw Chauvin for about four minutes from a partially obstructed view). Police surveillance video showed that the cops were not pressing body weight heavily on Floyd; were communicating with each other about his well-being as they waited for the ambulance they’d called; and were concerned about his drug use, fearing he could suddenly revive and start resisting again.

The other significant testimony on Wednesday centered on Floyd’s passing of a counterfeit $20 to purchase cigarettes while he was patently high on drugs at Cup Foods. Again, the prosecutors presented this evidence that casts Floyd in a bad light through a sympathetic witness — indeed, a remorseful one: 19-year-old Christopher Martin, the Cup Foods cashier who, given the tragedy that ensued, now deeply regrets that he reported the phony money to his manager. (He says, under store policy, the loss would have come out of his pocket.)

The prosecutors’ position on the counterfeiting arrest has been not only disingenuous but unfairly prejudicial. They have suggested that it is not certain Floyd passed a counterfeit bill, and that even if he did, it was not a serious offense. To the contrary, Martin’s testimony made it abundantly clear that the bill was fake, (Martin himself recognized it immediately, and Floyd and his companions had at least one other fake bill in the car). More to the point, an arrest is either lawful or it is not. If it is a lawful arrest, the police have the discretion to take the suspect into custody — even if it later turns out that the case is dismissed without charges.

The state has not dared to claim that the police had no legal basis to arrest Floyd for passing counterfeit U.S. currency — which is a crime under both state and federal law. Moreover, in the course of arresting Floyd, the police would have found illegal drugs in his possession. That would have been another basis for arresting him — and could have been a serious issue in light of Floyd’s extensive criminal history and the likelihood that he was the driver of the car in which he was seated in the driver’s seat when arrested.

No one is saying these are the crimes of the century. But the police clearly had a lawful basis to arrest Floyd and take him into custody. Once police exercised that lawful prerogative, Floyd’s duty was to submit peacefully; resisting arrest was an additional crime.

Yet, prosecutors have indicated to the jury that the arrest of Floyd and effort to take him into custody was a gross overreaction that should be considered in assessing whether the police use of force was excessive. That is wrong, the prosecutors well know it is wrong, and Judge Peter Cahill should not let them do it. Excessive force is a matter of whether police used materially more force than was necessary to effect a lawful arrest. The question for the jury is not whether the arrest itself was excessive.

To be sure, none of this would excuse Chauvin’s placing Floyd in a continuous neck hold for several minutes after he was subdued, unresponsive, and appeared to have no pulse. Even if they were worried in good faith that Floyd could revive and become aggressive, the police could have held him in a more comfortable breathing position. Prosecutors have been adamant that their use-of-force experts will testify that Chauvin’s neck hold was against police training under the circumstances.

That said, Wednesday’s evidence puts a different light on Floyd’s complaints about not being able to breathe, about how he came to be restrained in a prone position on the street, and about whether the police exhibited depraved indifference to his life. The case is more complicated than prosecutors would have it.

Voir enfin:

Even if he’s guilty, Derek Chauvin is a scapegoat

The controversial trial in Minneapolis is less about about the facts and more about exorcising America’s racist demons

 

In the Gospel of John, which was read in many churches last week, the High Priest Caiaphas pronounces the infamous words, “You do not realize that it is better for you that one man die for the people than that the whole nation perish.” Caiaphas seems to imply that even if Jesus were innocent, he still ought to be killed in order to save the nation.

In other words, Caiaphas is happy to turn Jesus into a scapegoat.

In the Derek Chauvin trial— the police officer who is accused of killing George Floyd— the jury will likely face a similar dilemma. If Chauvin is found not guilty, a new wave of riots will most likely follow. If a juror in good conscience believes that the prosecution has not proven its case beyond a reasonable doubt, he or she will still have to consider Caiaphas’ dilemma: even if Chauvin is not guilty, must he be acquitted?

There is immense pressure for the jury to reason as Caiaphas did. The media has sent subtle— and not so subtle— messages, warning audiences that anything short of a full conviction will lead to fatalities and  massive destruction of property. So, basically, it is the jury’s duty to prevent riots from happening, and to do that, they must convict Chauvin. In so doing, Chauvin will become the sacrificial lamb whose imprisonment will save the nation.

Now, it might be easily objected that whereas Jesus preached love, Chauvin killed a man with his knee. Unlike Jesus, Chauvin is not a scapegoat, because whereas the former was innocent, the latter is really guilty.

This would be true, were Chauvin charged only with manslaughter. Indeed, that was the sole initial charge brought against him, and that would have been an easy case for the prosecution. But since a manslaughter sentence would only carry a maximum of 57 months in prison, prosecutors added charges of third-degree murder — if found guilty, the sentence would be 25 years.

It will be much harder for the prosecution to prove beyond a reasonable doubt that Chauvin is guilty of third-degree murder. According to Minnesota guidelines, third-degree murder happens as “the unintentional killing of another [human being] through an eminently dangerous act committed with a depraved mind and without regard for human life.” It is hard to see how Chauvin’s action fits into this definition.

There are serious doubts about whether Chauvin’s action was actually the sole cause of Floyd’s death (he was intoxicated with phenethyl and methamphetamine at the time), and there are even greater doubts that this was a result of a dangerous act committed with a depraved mind; after all, it appears that the Minnesota Police does teach the technique of restraining subjects by putting a knee on the head­— even if, admittedly, Chauvin did not follow the guidelines thoroughly.

Yet, even if Chauvin were guilty of the charges brought against him, he would still be a scapegoat.

Renowned French cultural critic René Girard made an academic living by studying scapegoating processes. He came to realize that whenever societies are threatened by crises and inner violence, certain people are selected as scapegoats. They are accused of some deed, duly punished (frequently executed), and in so doing, the collectivity channels its own destructive violence towards the scapegoat, and peace returns.

According to Girard, in most cases, scapegoats are innocent of the charges brought against them. But sometimes, scapegoating can also target guilty parties. In this book The Scapegoat, Girard considers the case of a black male who actually rapes a white female, and is lynched for it. Would that black male be a scapegoat, even if he is guilty of rape? According to Girard, yes, he would. Indeed, during the terrible era of lynching in the United States, some black men might have raped some white women. But that in no way made lynching less of a crime. These victims of lynching were targeted because of their skin colour. White rapists were never lynched, and that proves that it was because of race, and not a particular crime, that they were brutally hanged by mobs.

Chauvin may or may not be guilty of third-degree murder. But he is still a scapegoat.

The way media is fuming the flames makes it clear that he will likely be convicted, not because of the weight of the evidence, but simply, because the mob needs to be appeased. Chauvin is being judged, not as the officer who put the knee on a man under arrest, but as the representative of the most feared evil in the handbook of woke ideology: racism.

After an embarrassing history of slavery and racial segregation, a large section of the American people wants to cleanse its collective guilt. Just as the ancient Israelites cleansed their guilt by transferring their sins to Azazel— the goat of Leviticus 6— many Americans now want to cleanse their historical guilt by transferring it to Chauvin.

One can only hope that the jury refuses to play this scapegoating game, and decides Chauvin’s fate solely on the basis of evidence.

Voir par ailleurs:

The Cold War’s Strangest Bedfellows How Romania Sold Its Jews to Israel, and What It Got in Return

Gal Beckerman

Forward

February 11, 2005

The Ransom of the Jews: The Story of The Extraordinary Secret Bargain Between Romania and Israel

Radu Ioanid

Ivan R. Dee, 254 pages, $26.

* * *|

Surely the Cold War never produced stranger bedfellows than Shaike Dan and General Gheorghe Marcu. Dan, a Jew from Bessarabia, parachuted into Romania at the close of World War II to help smuggle Jews into Palestine, eventually becoming an adviser to Israeli prime ministers and a critical Secret Service operative in Eastern Europe. Marcu was a life-long Romanian Communist and a high-ranking member in the Securitate, Romania’s much-feared secret service. Throughout the 1970s, these two men met monthly at Romanian embassies in Austria and Switzerland — not dressed in trench coats on foggy evenings, but situated in offices, chatting with the familiar banter of old business partners. Dan always carried a suitcase (Samsonite was the preferred brand) filled with tens of thousands of dollars. Marcu came with a list of names.

Romania was selling its Jews, and Israel was buying.

As Radu Ioanid describes it in his new book, “The Ransom of the Jews,” Dan and Marcu were at the fulcrum of a bizarre arrangement that lasted through most of the Cold War, wherein Israel propped up Romania’s loopy totalitarian regime with a steady stream of needed cash in exchange for exit visas (about $3,000 a head) to secure the emigration of its Jewish population. A highly secretive operation run entirely between the countries’ two intelligence agencies, it existed on a subterranean track beneath the normal diplomatic niceties of state visits and economic cooperation.

Slightly little more than 350,000 Jews lived in Romania at the close of World War II — the second-largest surviving Jewish population in Europe after the 3 million Jews inhabiting the Soviet Union. In the immediate postwar period, a few thousand escaped to Palestine on illegal boats arranged by Dan. But by the end of the 1940s, the Romanian Communists started seeing dollar signs when they thought about their Jews. These were valuable hostages now that a Jewish state might be willing to pay a price for their emigration. And, indeed, by the end of the 1940s, Israel was supplying the ailing Romanian oil industry with American drills and pipes in exchange for 100,000 exit visas.

This type of bartering was also the preferred method of Henry Jacober, a Jewish businessman based in London who, in the 1950s and early 1960s, acted as a middleman between Romanian Jews’ relatives — who had the money to pay for exit visas — and Marcu, who would take down their names and make sure they got out. Instead of using cash, the Romanians and Jacober preferred a proxy and settled on livestock. Cows and pigs. Soon Shaike Dan learned of these dealings and took over the operation (after getting a thumbs-up from Ben-Gurion). By 1965, the Jewish state, working through Jacober (who took his own cut), was funding many projects inside of Romania — chicken farms, turkey farms and pig farms, turning out tens of thousands of animals every year, and even a factory making Kellogg’s Corn Flakes — all in exchange for Jewish families. The export of these products — including, I should add, bacon and pork — produced $8 to $10 million annually for Romania, much needed money for its cash-starved economy.

In the years after Nicolae Ceausescu came to power in 1965, he stopped the trade in deference to his defeated Arab allies and the post-Six Day War anti-Israel backlash (though, unlike the leaders of every other Warsaw pact country, he did not cut diplomatic ties with Israel or sign on to the United Nations resolution equaling Zionism with racism). By 1969, though, Ceausescu decided to restart the trade in Jews. He desired economic independence from a Moscow determined to turn Romania into a simple backwater supplier of raw material. For this he needed a steady flow of outside cash and a good relationship with the West, as an alternative trading partner. Israel was key on both these fronts. But he ordered the Romanian intelligence agency to, as Ioanid writes, “shift gears from the ‘ancient age of barter’ to ‘modern foreign trade.’ He wanted ‘cold dollars.’”

Dan and Marcu then drew up what amounted to an unsigned gentleman’s agreement that detailed the terms of the trade (which was renewed in 1972 and then every five years thereafter until Ceausescu and his wife, Elena, were executed by a firing squad on Christmas Day 1989). Bucharest would receive a certain amount of cash per head depending on the age, education, profession, employment and family status of each prospective émigré. Ceausescu didn’t want a mass exodus; the Jews were too valuable a commodity. So he would let them out at a trickle, about 1,500 every year. Between 1968 and 1989, according to Ioanid’s rough calculation, “Ceausescu sold 40,577 Jews to Israel for $112,498,800, at a price of $2,500 and later at $3,300 per head.” And the money wasn’t the only way the Jewish state helped Romania. Israel secured loans for Ceausescu and paid off the interest itself. Military equipment was procured for the Romanian army, including a Centurion tank. Ariel Sharon, while defense minister in 1982, made a secret visit to Romania with experts from the Israeli military and aircraft industries in order to offer technological cooperation.

Ioanid doesn’t shy away from telling us who Ceausescu really was — a ruthless dictator, in fact a “comrade,” by his own estimation, with the likes of Qaddafi and Arafat, a crusher of his own people, who maintained a strange neo-Stalinist cult-of-personality ideology he tried to implement under the nearly unpronounceable name Ceausism. There were deep moral consequences to this relationship. Not only was Israel shaking hands with this devil, but it also was giving him coal to keep his fires burning. Was the price of propping up a totalitarian regime really worth it? Ioanid doesn’t really tackle this question, but it is one that cuts to the heart of Israel’s awkward position during the Cold War.

For Americans, and especially the cold warriors among them, moral divisions during those years were fairly clear. Communist regimes banished poets to frozen wastelands, censored books and viewed their citizens as little more than raw material. One didn’t negotiate with these dictators or seriously engage their ideologies. A defender of human rights pointed out their hypocrisies, shamed them into change and championed their dissidents.

But Israel couldn’t afford to have such principled thoughts. Many Jews still lived beyond the Iron Curtain. And Israel was constantly vacillating between the best tactics for getting them out. What was more effective, quiet diplomacy or encouraging a loud, vociferous public outcry? In 1972, when the Soviet Union tried to implement a diploma tax that, like the Romanian one, would demand an exorbitant price for the head of every departing Jew, Israel worked behind the scenes to get a legislative ball rolling in the American Congress that led to the Jackson-Vanik amendment — a powerful piece of moral legislation that demanded communist countries improve emigration conditions in order to attain Most Favored Nation trading status with the United States. This was a slap in the face to the Soviets, and quite a contrary strategy to the one the Israelis were engaged in clandestinely with the Romanians.

So what made Romania a country worth dealing with at this lower frequency, with suitcases bulging with dollars, and the Soviet Union approachable only with a hammer or a bat? The smaller size of Romania’s Jewish population, perhaps, made it easier to envision emigration. But more likely it had to do with the nature of the two regimes. Borderlands were few in the landscape of the Cold War (most were peopled with guerilla armies shooting guns at each other). But Romania was a unique case of a country within the orbit of the Soviet Union, run by a cruel Communist dictator, but not completely closed. Ioanid does a good job explaining this context. Ceausescu needed Israel much more than Israel needed him (the Romanian dictator, apparently, even had a role in leading the way to the Israel-Egypt peace talks). The money he was receiving was too precious. And the points he earned in the West by allowing Jews to leave were too important to him. He also seems to have been a less ideologically committed Communist than the Russians. The Soviets couldn’t bear the thought of Jews leaving, because it undermined the fiction of the Soviet Union as a workers’ paradise that no one in their right mind would abandon. Ceausescu was more concerned with achieving a racially pure Romania, and the slow disappearance of its Jewish population only helped him reach that goal.

Can quiet diplomacy be justified, even if it helped prolong this evil? Dan and Marcu’s relations, although morally dubious, did open up opportunities, allowing many Jews to leave a stultifying environment. Ioanid doesn’t want to make an objective judgment about whether or not the sum total of this arrangement was an ultimate good, but one senses from his narrative that, in this case, redemption was worth the price.

Gal Beckerman is a freelance writer currently composing a history of the movement to free Jews from the Soviet Union, to be published by Houghton Mifflin.

Voir aussi:

‘You have to hang on’ 

Eugen Weber

The London Review of books

Vol. 23 No. 22

15 November 2001

Journal 1935-44

by Mihail Sebastian, translated by Patrick Camiller.

Heinemann, 641 pp., £20, September 2001, 0 434 88577 0

In June 1934, a young Romanian Jew published a book about being a Jew in Romania. Mihail Sebastian’s De Doua mii de ani (‘For 2000 Years’) was not an autobiography or a novel or a diary, although a bit of each. The hero, who is never named, lives the tragicomedy of assimilation in a land and a culture that both invite and repel. A rich country full of ragged people, Romania uneasily combined a 19th-century rural and suburban servitude with the sophistication of 20th-century Paris fashions and very mod mod cons. Politics was about patronage: Parliament was a den of time-servers and leeches, democracy a word but not an option, the monarchy a plaster on a wobbly leg. Home-bred troubles are better blamed on others, and the blame for arrogance and intellectual brilliance amid the wretchedness was assigned to Jews.

Even the well-intentioned saw Jews as a problem, and even the Jews, hardened to animosity, found the animadversions hard to bear. Sebastian himself shared the sentiments of a Magyar friend who by most criteria would have been better off away from Hungarian anti-semitism and the numerus clausus: ‘I feel that I would stifle if I didn’t live there, in that atmosphere, with those people. You have to understand: they are my memories, my language, my culture … It is not pleasant, sometimes it’s humiliating. But when you really love something, you love what is good and what is bad in a place. This too shall pass one day.’ It doesn’t pass, however. Like the maimed king Amfortas waiting to be touched by the Holy Spear, Sebastian’s hero lives with his open wound: ‘the consciousness of the sin of being a Jew’.

The error of the Jews, he reflects, is that they observe too much and think that they, too, are being observed, whereas the world is indifferent to them. So ‘try not to suffer. Do not give in to the relish of suffering. There’s great voluptuousness in persecution, and feeling wronged is probably the vainest of intimate pleasures. Be careful not to indulge in it.’

Other ‘Jewish’ novels had been published in Romania, but they had all met with public indifference. Sebastian’s novel might have shared their fate had it not been for its introduction, written by a well-known contemporary anti-semite, Nae Ionescu. Ionescu’s venomous preface, made more sensational by its context, wasn’t commissioned by the book’s publisher, as a footnote declares, but by its author, a longtime protégé of Ionescu’s. In 1931, returning from a spell of study in Paris determined to write a Jewish novel, Sebastian had asked his ‘director of conscience’ to write a preface to it. Cuvântul, the daily newspaper which Ionescu edited, was no more hostile to Jews than other publications. It mostly attacked the banks, the venal oligarchy and the no less venal police force that ruled the country. Ionescu himself had written appreciatively of Jews who ‘enriched the spiritual patrimony of mankind’, and had denied any nation’s right to oppress its minorities. But that was in the 1920s, and circumstances alter cases.

Ionescu was a professor of philosophy whose writings were crammed with references to Western literature and philosophy, who bought his clothes in London, his toiletries in Paris, his linen in Vienna and his Mercedes in Germany. He had started out as a Maurrasian monarchist and nationalist. Anti-rationalist, anti-capitalist, anti-Communist, he had long rejected anti-semitism as too negative, and adopted it only as an adjunct to a new-found românism and its Orthodox Christian spirit. He laid the country’s corruption and decay at the door of alien Western models ill-suited to Moldo-Wallachians, and fulminated against those persistent vectors of alienation: Jews. Jews could be good citizens, obey the law, pay taxes, serve in the Army, fight in wars. That made them ‘good Romanians’: it did not make them Romanians – organically connected to the soil and spirit of the race.

By 1933, Ionescu was dismissing assimilation as a sinister farce, a view he repeated in the rather convoluted introduction he handed Sebastian just in time for the book’s publication. Its gist was what Ionescu had been arguing for the past three years: a Jew could be, could feel, as Romanian as he liked; he would always be fundamentally a Jew. However sincere his supposed assimilation, however troubling anti-semitism might be to people who believed themselves to be truly Romanian, the ancient acrimony was a reminder that Jews had a different history, which included their rejection of Christ. From this predicament there could be no way out: ‘A problem implies a solution. Is there a solution to the Jewish problem?’ No there wasn’t. ‘The Jews suffer because they are Jews; they would stop being Jews when their suffering stops; they can’t escape suffering except by ceasing to be Jewish.’ But they can’t cease, said Ionescu, and Sebastian won’t: only the cold and the darkness awaited him.

In the introduction Ionescu addressed Sebastian by his real name: Joseph Hechter. Born in 1907 in Braila, on the Danube, Hechter had been a reader from the first: Maeterlinck at seven, Daudet, Dostoevsky, Maupassant, Sienkiewicz at nine, Munchhausen at ten, Barbusse, Conan Doyle. He was in love with literature, with the theatre and with poetry. Once he started writing, he collected rejection slips but got his first article into print before graduating from high school, and signed it Mihail Sebastian. Impressed by the boy’s style and cultivation, Ionescu, also a native of Braila, invited him to join the newspaper he edited in Bucharest.

Cuvântul (‘Word’) was one of a slew of political and literary dailies published in the years when paper and printing costs were low; its stable was full of bright young men, including Mircea Eliade (also born in 1907). Hechter jumped at the chance to leave his provincial backwater. He studied law, wrote frenetically, made friends, gossiped, travelled a lot on a free rail pass, learned to ski, slalomed through flirtations as he did through books (‘always a new Odette, a new Rachel’), and became a regular editor on the paper. Then, with Ionescu’s help, he got a Government grant to pursue his law studies in Paris.

By the time he returned, in 1931, Romanian politics had become more contentious. Previously, it had mostly been about gaining access to the public trough, but now a postwar generation, puerile, violent, romantic, shifted the skirmishing into the streets. Founded by the charismatic Corneliu Codreanu in the 1920s, the Legion of the Archangel Michael (also known as the Iron Guard) was a fellowship of poor students, patriots, brutes and dreamers close to the peasant roots that most Romanians shared, and heavily invested in the symbolism of Orthodox Christianity. The misery and discontent of the Depression turned the Legion into a mass movement. Codreanu and his followers had no platform (‘the country dies for lack of men, not programmes’) apart from demanding fraternity, dedication and sacrifice. And anti-semitism.

Romania’s problem was not just a lack of men who were sufficiently virile and self-sacrificing: the country was being suffocated by a surfeit of Jews, with their predatory activities compounding their parasitic presence. Accounting for 800,000 out of a total population of around 19 million, Jews were particularly visible in the regions of Moldavia, Bukovina and Bessarabia, and in towns where the large numbers working in universities, the professions and white-collar jobs aroused resentment. Native, endemic and matter-of-fact, anti-Jewish prejudice now became frenzied, and the student outbursts were brutal. In the spring of 1932, rioting closed down the university in Bucharest, and precipitated the dissolution of the Iron Guard, which now had Ionescu’s sympathy. In December 1933, an electoral campaign marked by Codreanu’s growing popularity and the murder or imprisonment of his followers provoked not so veiled calls for retaliation from Ionescu. When, on 29 December, an Iron Guard hit squad gunned down the new Prime Minister, Ion Duca, Ionescu, considered to be morally responsible, was thrown in jail, and Cuvântul suppressed. The promised preface to Sebastian’s book was written after his release in May 1934, and by now he was more vehement than ever. For Sebastian the preface was ‘a tragedy … a death sentence’. Yet he felt bound to print it, and the book appeared in June to a barrage of criticism from all sides.

Master and erstwhile disciple remained friends, however, just as Sebastian remained friends with other bigots who moderated their anti-semitism in his presence, or indulged it only in a kidding, casual way. He was now a barrister but seems to have lost most of his cases. He wrote freelance pieces for a theatrical weekly, Rampa (‘Footlights’), but also passionate articles against Fascism and its coloured shirts (how can you let your laundry do your thinking for you?). He experienced anti-semitic uproar in courtrooms and witnessed assaults on Jews. He talked with friends whose writings he admired, and heard them blaming the Jews for the country’s troubles: what was Communism but a Jewish imperialism? A friend denounced foreign films and said they should be banned. ‘We’re in Romania, they should speak Romanian.’ He heard Eliade, ‘passionate about the Iron Guard’, demand that the Foreign Minister, Titulescu, be machine-gunned, and strung up by the tongue, for colluding with the Russians. ‘Is friendship possible,’ he wondered, ‘with people who have in common a whole series of alien ideas and feelings?’ He blamed himself for being too supple and accommodating. He wrote his first play, The Holiday Game, and was given an editorial job at the Royal Foundations Review, which paid a decent wage – until he was fired following the anti-Jewish legislation of 1940.

In 1938, King Carol II, worried about the growing popularity of the Iron Guard, disbanded all political parties, arrested Codreanu and, in his wake, Ionescu and Eliade, and proclaimed a dictatorship. A tinpot despotism succeeded a tinpot monarchy as the international situation kept going downhill.

In May 1939, Sebastian was called up for military service outside Bucharest, and sought the hospitality of new friends: the Bibescus. A Frenchified descendant of an old princely family, Antoine Bibescu had married Herbert Asquith’s daughter, Elisabeth. Asquith, it seems, had taken the alliance badly. ‘For him,’ Bibescu remarked, ‘it was as if she had married a Chinaman.’ The prince, Sebastian adds, felt the same about Romanian society. Eccentric, a bit batty, raising hospitality to the level of an art, the Bibescus looked on Romania as a kind of barbarian province, a ‘weird and wonderful colony’ peopled by natives living curious lives.

Stationed near the castle belonging to the prince’s mother, Martha, Sebastian asked for a room where he could take refuge when the military day was over. Princess Martha was sorry but never having received an officer in her castle, she couldn’t invite a private soldier. Soothed by a cordial explanatory letter, Sebastian found other ways to complete his fifth novel, The Accident, while still in uniform. It was to be published at the beginning of 1940, but much happened in the intervening months.

On 2 September 1939, the day after the Germans invaded Poland, Sebastian has a ‘lugubrious’ lunch at Capsa, a fashionable café-restaurant, with a bunch of friends who joke and worry. He then spends the evening alone at home, reading Gide’s Journal. Dazed and disoriented, he tries to write but can’t. On 21 September, awaiting his turn to plead in court, he hears a woman whisper: ‘They’ve shot Armand Calinescu’ (the Prime Minister). The murderers were summarily executed at the scene of the ambush, a bridge across the Dâmbovita River, and their corpses displayed for the edification of the gaping crowds. Thousands came, pushing, shoving and joking, even paying to get a better view from one of the stepladders lugged up by people who lived nearby. ‘Don’t do it,’ a disgruntled voyeur warns Sebastian: ‘All you can see are their feet.’ The problem now was how to hibernate through the cold and darkness to come.

1 January 1940: ‘Mozart from Zürich. Let’s take it as a good sign for the coming year.’ Called up once more, Sebastian dreads the lice lurking in the seams of Army uniforms. He cajoles the colonel with gifts of books from the Royal Foundation, sleeps at home, reports to barracks at 9 (no roll call), goes off for lunch and doesn’t return until the following morning, or takes days off to go skiing. In February he is demobbed, the colonel threatening: ‘I won’t let you go until you’ve built a library for me.’ A few days later, he runs into Ionescu at a Walter Gieseking concert. Glad to see each other, the two men agree to visit soon. 15 March: Nae has died, aged 49 – ‘Nervous, uncontrollable sobbing.’ 1 April: Eliade is appointed cultural attaché in London. 10 April: Eliade leaves; the Germans occupy Denmark, land in Norway. 17 June: ‘France is laying down arms! … It’s as if someone close has died. You don’t understand, you don’t believe it’s happened … I should like to be able to cry.’

In September 1940, the disastrous Carol II abdicated, to be replaced by the new leader of a National Legionary state, General Ion Antonescu. The romanisation decrees that followed deprived Sebastian of his Foundation job and of his free rail pass and excluded him from the Bar, assigning him to forced agricultural labour. The entries for the next years are a litany of borrowing, scrounging and sponging.

Antonescu’s romanisation destroyed the country’s economy, but distributed prizes to the deserving. 2 January, 1941: ‘This morning I met Cioran in the street. He was glowing. “They’ve appointed me [cultural attaché in Paris]”.’ Corrupt but gentlemanly old-style politicians stole with whatever style they could muster; the Iron Guard robbed the country blind. The General blamed the Bolsheviks who had wormed their way into the Legion and, when the radical populist Legionnaires finally clashed with the Army in the rising of January 1941, he attributed it to ‘marginal and irresponsible elements’.

21 January, 1941: ‘Revolution? Coup d’état?’ Iron Guards march in the streets and young desperados, their hair sticking up, riot, loot and burn the Jewish quarters. ‘This evening I finished La Fontaine’s fables.’ The weather is incredibly fine. Far away, Tobruk had fallen. Nearer to home there is shooting, the telephone is cut off, the radio station keeps changing hands. The Jewish quarters look as if they have endured a major earthquake (Bucharest had suffered a bad one only two months before). Hundreds, or thousands, of Jews are dead (a footnote puts the number at 121); soldiers and Legionnaires have also died. ‘The Legion,’ Cioran tells a mutual friend, ‘wipes its arse with this country.’

The regime’s priorities were less sanitary; and Jews, as so often happens, were the first to pay the bill. 26 March 1941: Eugen Ionescu (the playwright Ionesco), ‘desperate, hunted, obsessed’, can’t bear the thought that he may be barred from teaching: ‘not even the name Ionescu, nor an indisputably Romanian father, nor the fact that he was born a Christian … can hide the curse of Jewish blood in his veins.’ That same month, Jewish houses and other possessions are expropriated, then in April radio sets are confiscated: no more music, no more news. 24 April: ‘The familiar voices from London were like friends’ voices, and it’s hard now that I have lost them.’

Teaching for a pittance in a Jewish college, Sebastian moves in with his parents. He had learned English so as to read Shakespeare in the original, and now he teaches a course on Shakespeare. Life is terrible, but he speculates about his next play, ‘a light comedy of politics and love’. Friends invite him out, but he finds the experience depressing. 15 June: ‘I feel my poverty, failure and disgrace as a physical humiliation.’ Jews, ‘even well-dressed Jews’, are being arrested in the streets. 1 June: ‘So long as Britain doesn’t surrender, there is room for hope.’ 2 June: ‘War, war, war; people talk of nothing else.’ Ionesco, ‘eaten up with panic’, can’t believe that Sebastian doubts it. Ionesco was right.

When Romania joins in the German invasion of Russia, the police put up posters depicting Jews holding a hammer and sickle, concealing Soviet soldiers: ‘Who are the masters of Bolshevism?’ 22 June: ‘The General announces holy war to liberate Bessarabia and Bukovina, and eradicate Bolshevism.’ A friend assures him that the Russians will be crushed in a couple of weeks. Bucharest is blacked out, the phones no longer work, buses no longer run, nor are there any taxis or private cars, except with a special permit. It’s ‘Yids to the labour camps!’ but ‘I go on reading Thucydides.’ There are rumours of a pogrom in Iasi, where half the 100,000 population is Jewish. A communiqué speaks of 500 Judeo-Freemasons being executed for aiding Soviet parachutists. Radu Ioanid, the author of a study of Jews in Antonescu’s Romania, estimates that 13,000 were killed. Sebastian lives a ‘dark, sombre, insane nightmare’, while reading War and Peace.

And it gets worse. 22 July: ‘They are going into Jewish homes – more or less at random – and carrying off sheets, pillows, shirts, pyjamas, blankets. Without explanation, without warning.’ By the autumn, Jews are required to contribute beds, bedding and items of personal clothing by the hundredweight. ‘No one is surprised any more at anything’; but ‘each day you wonder what they will think up next.’ Police round-ups are a constant threat. 3 September: ‘I jumped off the tram just in the nick of time.’ Orders can be followed by counter-orders: report to police headquarters, registration postponed; Jews to wear yellow star, countermanded. Deliberate or simply à la roumaine, the muddle is complete. ‘Exasperated, impotent, weary’, Sebastian escapes into Shakespeare’s Sonnets.

7 September: ‘You have to hang on.’ Jews may only shop between 10 and 12; they’re ordered to dismiss all their servants. The maid cries like a child. The family will have to sweep the floors, wash dishes, shop for themselves. 7 October: ‘Who will do the laundry?’ Jews are mobilised to clear the snow. Skis are confiscated, then bicycles. Jews draw smaller rations than Romanians and pay twice as much for what they get. All books by Jewish authors are removed from bookshops.

Even nightmares turn monotonous and even the darkness admits rays of light: a friend allows Mihail to come and listen to her records; a friendly theatre director suggests he should write a play to be staged under a false name; with some cash won playing poker he buys a Mozart quartet and Bach’s Third Brandenburg Concerto. Antoine Bibescu invites him to his estate at Corcova: ‘Bring your fountain pen.’ July 1942: The Germans advance on Rostov. ‘I opened Montaigne, couldn’t put it down. What delights!’

Even when the course of the war turns for the better, there are still good reasons to worry. February 1943: ‘The Russian offensive becomes catastrophic … Jews are once more threatened with extermination.’ 8 May: Bizerta and Tunis fall to the British, but a new antisemitic campaign looms. Sebastian’s mood swings from one day to another. He works flat out, translating, writing, rewriting, to rake in a bit of cash. Some days, ‘I don’t live, I drag along.’ Others, with the Bibescus, are blissful. When the time comes to rejoice over the fall of Fascism in Italy, there is cause to worry about the safety of an elder brother in France.

In December 1943 the anonymous play is accepted with enthusiasm, put into rehearsal and premiered in March 1944. Bucharest is bombed, and all who can flee the city. 8 April 1944: ‘no one is left but us.’ On the same day, ‘Mary, the young manicurist who used to come every Friday, was killed.’ The raids continued. 7 May: ‘the city smells of lilies and smoke’; he thinks of writing a book on Balzac. In August the Americans are at Rambouillet, the Russians at Iasi, his play hangs on, his brother is all right. Then, 29 August: ‘How shall I begin? Where shall I begin? The Russians are in Bucharest. Paris is free. Our house … has been destroyed by [German] bombs.’ 1 September: Russians rape, loot, rob (‘watches are the toys they like most’), but it isn’t tragic. ‘It’s not right that Romania should get off too lightly … In the end, the Russians are within their rights. The locals are disgusting – Jews and Romanians alike. The press is nauseating.’

Sebastian became a journalist again and the Royal Foundations Review invited him to resume his job; but he refused. In February 1945, he was appointed press secretary to the Foreign Office; in May he was appointed to teach a university course on Balzac. On 29 May, on the way to his first lecture, he was hit by a speeding truck [driven by a drunk Russian soldier] and killed. He was 38.

Jules Renard was one of Sebastian’s favourite writers. Reading Renard’s diary, the then 28-year-old Sebastian had reflected on the talent and the absurd death of the author of Poil de Carotte. The lines he wrote at the time could serve as his own epitaph: ‘That is the only kind of eternity that matters: to be more alive than a living person, and for the memory of you to be just as real as a physical presence.’

Voir également:

The Remarkable Ben Hecht

Mark Horowitz

NYT

April 17, 2019

BEN HECHT

Fighting Words, Moving Pictures

By Adina Hoffman

THE NOTORIOUS BEN HECHT

Iconoclastic Writer and Militant Zionist

By Julien Gorbach

For understandable reasons, biographies about Ben Hecht have focused almost exclusively on his screenwriting career in Hollywood. And why wouldn’t they? Consider a few of his credits: “Underworld,” directed by Josef von Sternberg, for which Hecht won the first Academy Award. (Not his first Academy Award, the first Academy Award ever given for best story. The year was 1927.) “Scarface,” “The Front Page,” “Twentieth Century,” “Design for Living,” “Wuthering Heights,” “His Girl Friday,” “Spellbound,” “Notorious.” And that’s just films with his name on them. Uncredited, he script-doctored countless others, including “Stagecoach,” “Gone With the Wind,” “A Star Is Born” (1937) and “Roman Holiday.”

Across four decades, Hecht worked on about 200 movies. He helped establish the ground rules for entire genres, including the gangster film, the newspaper picture, the screwball comedy and postwar film noir. Jean-Luc Godard said “he invented 80 percent of what is used in Hollywood movies today.”

However, what gets repeatedly overlooked, when historians and film buffs consider Hecht’s life, are his politics. That’s understandable too, given that he hated politics. Thanks to his early days as a Chicago newspaperman, he came to believe that all politicians were hopelessly corrupt. He was deeply cynical about the human condition, and didn’t take do-gooders seriously. He dismissed the fashionable leftism among Hollywood’s screenwriting elite as group therapy for intellectuals.

But unexpectedly, in middle age, Hecht dropped everything to become a propagandist and political organizer, in a nationwide campaign to pressure the Roosevelt administration to rescue the endangered Jews of Europe. His dramatic transformation surprised his friends and colleagues, and may reveal more about the man than any of his Hollywood successes.

Two new books finally give this chapter of his life the emphasis it deserves. “Ben Hecht: Fighting Words, Moving Pictures,” by Adina Hoffman, an accomplished literary biographer, and “The Notorious Ben Hecht: Iconoclastic Writer and Militant Zionist,” by the first-time author Julien Gorbach, a crime reporter turned journalism professor, both play down Hecht’s screenwriting in order to dig more deeply into his relatively unexplored Jewish side.

But as these biographies clearly show, Hecht’s Jewish American identity runs like a soundtrack through his entire life. He once joked that he became a Jew only in 1939, yet in fact he was pickled in Yiddishkeit from the beginning. Born on the Lower East Side, raised in the Midwest, he wrote novels, short stories and newspaper columns about Jews throughout his life; Sholom Aleichem was an enduring inspiration.

Hoffman’s book is part of the Yale Jewish Lives series of brief — in this case too brief — biographies. She condenses his film and theater career into a mere 50 pages or so, eager to get to the metamorphosis Hecht underwent on the eve of World War II. And that’s where she starts to draw closer to the man than any previous attempt.

What follows is a brisk, readable tour through Hecht’s wartime alliance with the right wing of the Zionist movement — the Revisionists led by Ze’ev Jabotinsky — and his support for the Irgun, their clandestine paramilitary affiliate, led by Jabotinsky’s young lieutenant Menachem Begin. She describes Hecht’s awkward lunch at the “21” Club in New York with a young Irgunist, a Palestinian Jew named Peter Bergson, who persuaded Hecht to help him create a Jewish army to fight against Hitler. Later, galvanized by news of the mass exterminations taking place in Europe, the team mounted a bold campaign to pressure the United States government to make the rescue of European Jewry a wartime priority. Their efforts were fought not only by Roosevelt and the State Department, but also by establishment Jewish groups, fearful that Judaizing the war would trigger more anti-Semitism. Jewish-owned newspapers like The New York Times and The Washington Post agreed, burying news of Hitler’s Final Solution.

Hecht wrote furious columns for the short-lived liberal newspaper PM, excoriating the passivity of American Jews. (His friend Groucho Marx congratulated him after one particularly angry screed. “That’s what we need,” Groucho wrote, “a little more belligerency, professor, and not quite so much cringing.”) Hecht also wrote a long exposé in The American Mercury called “The Extermination of the Jews,” later excerpted in Reader’s Digest. These were, Gorbach says, “the only substantive coverage” of the Holocaust “to appear in mass-circulation magazines.”

In order to make an end-run around the political and media establishment and bring the story directly to the American people, the Bergson group bought full-page ads in major newspapers, usually written by Hecht himself. “Action — Not Pity Can Save Millions Now!” was a typical headline.

Hecht also coaxed his famous actor, producer and musician friends to join him in mounting “We Will Never Die,” a large-scale pageant — essentially a supersize Broadway musical, written by Hecht, with a cast of hundreds. The production sold out Madison Square Garden, the Hollywood Bowl and venues across the country. Tens of thousands saw it. Hecht also wrote a pro-Irgun Broadway play, “A Flag Is Born,” with an unknown Marlon Brando playing a Jewish refugee. The box office receipts helped pay for a ship, rechristened the S.S. Ben Hecht, meant to smuggle displaced Jews into Palestine.

Every step of the way, the brashness of Hecht and Bergson was met with spectacular resistance from the more timid leaders of established Jewish organizations: Rabbi Stephen Wise even compared Bergson to Hitler. It didn’t matter. Public opinion was on their side and the campaign attracted the support of senators, congressmen and Supreme Court justices.

Hoffman ably synthesizes an unwieldy amount of material. But she is hamstrung by her dislike of Bergson and Hecht’s affiliation with the Revisionist movement, which evolved, after Israel’s founding, into the right-wing Likud party of Begin and Netanyahu. She unfairly treats Hecht as a bit of a crank in this regard, ignoring the fact that at the crucial moment, Bergson and the Revisionists were the only ones persistently raising the alarm and demanding a more aggressive American response to the tragedy.

Gorbach may be the weaker stylist, at times insightful while at other times too reliant on academic jargon and theory, but his is the deeper dive, and he comes up with a surprising amount of fresh material on Hecht’s activism.

By focusing on his politics, both biographies create a richer portrait, yet still struggle to fully explain Hecht. Gorbach comes closest, sensing that the cynicism that saturated his screenplays also somehow fueled his wartime politics. It wasn’t idealism. “Morality was a farce,” Hecht wrote. The criminal underworld he encountered as a city reporter struck him as the truest representation of humanity. The Holocaust didn’t surprise him. He had already predicted it in a prewar novella.

Hecht didn’t become a Jew in 1939; he became a Zionist. The genocide in Europe, Gorbach points out, along with the world’s failure to prevent it, “made the logic of Zionism real to him.” The world couldn’t be counted on. Jews had to defend themselves. “Today there are only two Jewish parties left in the field,” Hecht said after the war, during the Irgun’s campaign to drive the British out of Palestine, “the Terrorists — and the Terrified.”

He was always spoiling for a fight. Gorbach calls him a romantic. Hoffman calls him a defiant Jewish American. I’d call him a lifelong rebel who finally found his cause. Menachem Begin said it best: “Ben Hecht wielded his pen like a drawn sword.”

Voir par ailleurs:

UPHEAVAL IN THE EAST

The New York Times

December 23, 1989

Hundreds of people today were digging up mass graves discovered in the forest district of Timisoara, trying to find the remains of friends and relatives killed in last weekend’s crackdown.

Three such mass graves are believed by townspeople to be holding as many as 4,500 corpses of people massacred by the security forces on Saturday, Sunday and Monday. There was no independent confirmation of the number of dead.

Timisoara, 500 miles from Bucharest near the Yugoslav and Hungarian borders, was the center of protests that were brutally suppressed by the President Nicolae Ceausescu. The Ceausescu Government was reported overthrown today, but heavy fighting was said to be continuing near Bucharest and Timisoara.

‘Not Even Hitler’

West German television, apparently showing footage provided by Rumanian television, showed muddy, naked corpses being dug out and placed on white sheets, one after the other.

All had their feet tied together with wire. The body of a boy, 3 or 4 years old, was shown lying on the ground.

 »Not even Hitler killed his own children, and here they used automatic machinegun bursts to shoot them down, » said Slavomir Gvozdenovic, editor of a literary review in Timisoara.

The situation in this city of 350,000 people was chaotic, and there did not seem any authority at all beyond the downtown opera square.

Drivers Were Shot

An electrician, Vasile Todorescu, said he was trying to find his 20-year-old son, who disappeared during the unrest.

He said the corpses had been transported by garbage trucks to the area and the drivers were later shot by the police so no witnesses would be left.

Sorin Oprea, head of the Democratic Front of Romania, which seems to be at least in partial control of Timisoara, said his group does not recognize the new national leadership being set up in Bucharest.

 »We want all Rumanian citizens to elect the country’s new leadership, » said Mr. Oprea, a mechanic.  »In Bucharest they only fought for two days while our struggle was much longer. »

Mr. Oprea, 37, was interviewed at the downtown opera house, which is being used as the headquarters of the provisional municipal leadership.

‘Not Yet Over’

He was wounded in the leg during clashes with the police and has not slept for three days, he said.

 »Our struggle is not yet over, » Mr. Oprea said.

People approaching the opera house were being searched by plainclothes volunteers, some of whom were armed with automatic rifles.

The people’s militia, as the volunteers call themselves, captured their weapons from troops during the weekend fighting, they said.

About 1,000 people were occupying the opera building Friday night. More than 20,000 people were in front of the opera house still rejoicing over the reported fall of Mr. Ceausescu.

‘The Dictator Is Gone’

Residents hurled portraits of Ceausescu onto bonfires that blazed around town. They fed the flames with signs ripped down from buildings that praised him and bore his statements on building Communism.

 »This is something we never expected to happen, » said a resident, Ingeborg Kziraska.  »The dictator is gone. »

She spoke outside the cathedral, where she said 30 children had been gunned down.

Inside the cathedral, a memorial service was under way with about 2,000 people attending. Religious freedom and other civil liberties were severely curtailed under Mr. Ceausescu.

Civilians wearing ribbons on their sleeves were attempting to maintain order in Timisoara, as people danced joyfully in the streets and flashed victory signs. Series of Demands

Many rode around in trucks. People waved Rumanian flags with the Communist hammer and sickle cut out of the middle. Others carried banners calling for an end to repression.

On Thursday, Timisoara was reported to be in the hands of a strike committee that was said to have occupied factories and official buildings.

But today all 350,000 residents of the city seemed to be on the streets.

Intellectuals formed a Committee for Socialist Democracy this week that presented to Prime Minister Constantin Dascalescu a series of demands for Mr. Ceausescu’s resignation, free elections and full investigation of the weekend shooting.

The intellectuals had also demanded the admission of foreign journalists to Rumania and publication of its demands.

Western reporters, allowed into Rumania today for the first time since the unrest was reported and the Bucharest leadership sealed the country’s borders, saw that nearly every other shop in Timisoara had been gutted. Several official buildings were devastated.

The protests here grew out of an attempt by a few hundred people on Dec. 15 to prevent the arrest of a Reformed Church pastor who had sought refuge in his church.

The whereabouts of the minister, an ethnic Hungarian clergyman, the Rev. Laszlo Toekes, was unknown until Friday, when Hungarian radio reported that he was alive and was on his way to the Transylvanian city of Tirgu Mures to celebrate services. Nearly half of the population in that city is ethnic Hungarian.


Présidentielle américaine: Quel étrangement interminable assassinat politique ? (Guess why with his final expulsion all but secured, the champions of borderlessness and contactlessness are still having such a hard time reconciling Americans and the world on Trump’s back ?)

19 novembre, 2020

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Jon McNaughton on Twitter: "My New Painting - "The Impeachment Mob" "You made your mark in history With your twisted, sorted lies. Beneath the Halls of Congress You plotted to disguise . . . "All-American US President Donald J. Trump - Painting By Jon McNaughton - YouTubeJon McNaughton donates Trump artwork to help Arizona GOP raise moneyPatriotic - Americana - Legacy of Hope - McNaughton Fine Art

Mais il a été blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Esaïe 53: 1
Lorsqu’un Sanhédrin s’est déclaré unanime pour condamner, l’accusé sera acquitté. Le Talmud
Tu ne suivras point la multitude pour faire le mal; et tu ne déposeras point dans un procès en te mettant du côté du grand nombre, pour violer la justice. Exode 23: 2
Suis-je vraiment intègre? Je ne saurais le dire (…) Que m’importe, après tout! C’est pourquoi j’ose dire: ‘Dieu détruit aussi bien l’innocent que l’impie.’ Quand survient un fléau qui tue soudainement, Dieu se rit des épreuves qui atteignent les justes. (…) Et si ce n’est pas lui, alors, qui est-ce donc? Job (Job 9: 20-24)
Mon Dieu! mon Dieu! Pourquoi m’as-tu abandonné, et t’éloignes-tu sans me secourir, sans écouter mes plaintes? (…) De nombreux taureaux sont autour de moi, des taureaux de Basan m’environnent. Ils ouvrent contre moi leur gueule, semblables au lion qui déchire et rugit. Psaumes 22: 2-13
Vous ne réfléchissez pas qu’il est dans votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas. Caïphe (Jean 11: 50)
Si les princes de ce monde avaient connu [la sagesse de Dieu] ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire. Paul (première lettre aux Corinthiens 2: 8)
[Le Christ] a effacé, au détriment des commandements, l’accusation qui se retournait contre nous ; il l’a fait disparaître, il l’a clouée à la croix, il a dépouillé les Principautés et les Puissances, il les a données en spectacle à la face du monde, en les traînant dans son cortège triomphal. Paul (lettre aux Colossiens 2: 14-15)
Je peux le dire devant mon Père éternel: je suis innocente et Dieu révèlera mon innocence. Rebecca Nurse
Louis doit mourir pour que la patrie vive. Robespierre
Une nation ne se régénère que sur un monceau de cadavres. Saint-Just
Qu’un sang impur abreuve nos sillons! Air connu
L’arbre de la liberté doit être revivifié de temps en temps par le sang des patriotes et des tyrans. Jefferson
Le monde moderne n’est pas mauvais : à certains égards, il est bien trop bon. Il est rempli de vertus féroces et gâchées. Lorsqu’un dispositif religieux est brisé (comme le fut le christianisme pendant la Réforme), ce ne sont pas seulement les vices qui sont libérés. Les vices sont en effet libérés, et ils errent de par le monde en faisant des ravages ; mais les vertus le sont aussi, et elles errent plus férocement encore en faisant des ravages plus terribles. Le monde moderne est saturé des vieilles vertus chrétiennes virant à la folie.  G.K. Chesterton
Nous sommes une société qui, tous les cinquante ans ou presque, est prise d’une sorte de paroxysme de vertu – une orgie d’auto-purification à travers laquelle le mal d’une forme ou d’une autre doit être chassé. De la chasse aux sorcières de Salem aux chasses aux communistes de l’ère McCarthy à la violente fixation actuelle sur la maltraitance des enfants, on retrouve le même fil conducteur d’hystérie morale. Après la période du maccarthisme, les gens demandaient : mais comment cela a-t-il pu arriver ? Comment la présomption d’innocence a-t-elle pu être abandonnée aussi systématiquement ? Comment de grandes et puissantes institutions ont-elles pu accepté que des enquêteurs du Congrès aient fait si peu de cas des libertés civiles – tout cela au nom d’une guerre contre les communistes ? Comment était-il possible de croire que des subversifs se cachaient derrière chaque porte de bibliothèque, dans chaque station de radio, que chaque acteur de troisième zone qui avait appartenu à la mauvaise organisation politique constituait une menace pour la sécurité de la nation ? Dans quelques décennies peut-être les gens ne manqueront pas de se poser les mêmes questions sur notre époque actuelle; une époque où les accusations de sévices les plus improbables trouvent des oreilles bienveillantes; une époque où il suffit d’être accusé par des sources anonymes pour être jeté en pâture à la justice; une époque où la chasse à ceux qui maltraitent les enfants est devenu une pathologie nationale. Dorothy Rabinowitz
Il y a 82 ans cette semaine avait eu lieu la Nuit de Cristal. Cela avait été le coup de semonce des nazis en direction de notre civilisation humaine, un tir d’avertissement qui avait entraîné le génocide d’une identité toute entière. Ces autodafés avaient entraîné aussi une attaque contre les faits, le savoir, l’histoire et la vérité. Après quatre ans d’attaques actuelles menées par Donald Trump contre ces mêmes valeurs, l’équipe formée par Biden et Harris promet un retour à la normale – et un retour à la vérité. Christiane Amanpour (CNN)
J’ai marqué le 82e anniversaire de la Nuit de Cristal, comme je le fais souvent. C’est l’événement qui a été le point de départ des horreurs de la Shoah. J’ai également noté les attaques du président Trump contre l’histoire, les faits, la connaissance et la vérité. Je n’aurais pas dû juxtaposer ces deux réflexions. Hitler et ses démons sont uniques, bien entendu, dans l’Histoire. Je regrette la douleur que mes mots ont pu causer. Ce que je voulais évoquer, c’est la manière dont la démocratie peut potentiellement disparaître et comment nous devons toujours et avec zèle défendre nos valeurs démocratiques. Christiane Amanpour (CNN)
Avant ce vote historique, une semaine avant Noël, gardez cela en tête: lorsque Jésus a été faussement accusé de trahison, Ponce Pilate a donné à Jésus l’opportunité d’être face à ces accusateurs. Pendant ce simulacre de procès, Ponce Pilate a accordé à Jésus plus de droits que les Démocrates n’en ont donné au président dans cette procédure. Barry Loudermilk
Je veux que les Démocrates qui votent en faveur de la destitution sachent que je prierai pour eux. Dans l’évangile selon Luc, chapitre 23, verset 34, Jésus dit: ‘Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font.’ Fred Keller
Je pense qu’il est également essentiel de comprendre que, comme je l’ai dit aux candidats qui sont venus me voir, vous pouvez mener la meilleure campagne, vous pouvez même devenir le candidat et vous pouvez vous faire voler l’élection. Hillary Clinton (6 mai 2019)
Joe Biden ne devrait en aucun cas reconnaitre sa défaite, car je pense que cela va s’éterniser, et finalement je crois qu’il gagnera si nous ne cédons pas un pouce, et si nous sommes aussi concentrés et implacables que l’autre partie. Je pense qu’ils envisagent plusieurs scénarios. Le premier est de gâcher le vote par correspondence. Ils pensent que cela les aide à obtenir un avantage limité au collège électoral le jour du scrutin. Nous devons donc avoir une opération légale massive, et je sais que la campagne Biden y travaille. Hillary Clinton (25 août 2020)
Je suis entouré d’une presse hostile, comme aucun autre président n’en a jamais eu. Celui qui en a été le plus proche, c’est le monsieur juste ici. Ils ont toujours dit que personne n’avait jamais été traité aussi mal que Lincoln. Je pense que je suis plus mal traité encore. Ils viennent vers moi avec des questions honteuses, pour être honnête. Honteuses. Leur façon de présenter les choses et leurs mots – j’ai l’impression que si j’étais gentil avec eux, je me ferai dégager. Président Trump (4 mai, 2020)
Étudiez feu Joseph McCarthy parce que nous sommes en ce moment dans une période avec Mueller et son gang qui fait passer Joseph McCarthy pour un débutant. Chasse aux Sorcières Truquée.  Président Trump
Le procès des sorcières de Salem ne comptait pas tant d’irrégularités. Président Trump
Je vous écris pour protester avec la plus forte et plus vive énergie contre la croisade de destitution partisane déclenchée par les démocrates de la Chambre des Représentants. Cette procédure d’impeachment constitue un abus de pouvoir sans précédent et inconstitutionnel de la part des législateurs démocrates, sans équivalent en près de deux siècles et demi d’histoire législative américaine. (…) En décidant d’aller de l’avant avec votre procédure de destitution invalide, vous violez votre serment, vous rompez avec votre allégeance envers la Constitution, et vous déclarez ouvertement la guerre à la démocratie américaine. Vous osez invoquer les Pères fondateurs au nom de cette combine qui vise à annuler l’élection — et pourtant, vos actions malveillantes font preuve d’un mépris sans borne pour la fondation de l’Amérique et votre conduite scandaleuse menace de détruire ce que nos Fondateurs avaient consacré leurs vies mêmes à bâtir. Pire encore que d’offenser les Pères fondateurs, vous offensez les Américains qui ont la foi en ne cessant de dire “je prie pour le président”, alors que vous savez que cette déclaration est mensongère, à moins qu’elle n’ait une intention négative. (…) Vous transformez un désaccord politique entre deux branches du gouvernement en un crime passible de destitution — ce n’est pas plus légitime que si l’exécutif accusait des membres du Congrès de crimes pour avoir exercé leur pouvoir législatif légal. (…) Tout le monde, vous comprise, sait ce qui est en train de se passer en réalité. Votre candidate a perdu l’élection en 2016, de façon écrasante au Collège électoral (306-227), et vous et votre parti ne vous êtes jamais remis de cette défaite. Vous avez contracté une forme aiguë de ce que beaucoup dans les médias appellent le Syndrome de démence de Trump et malheureusement, vous ne vous en sortirez jamais ! Vous ne voulez pas, vous ne pouvez pas accepter le verdict des urnes lors de la grande Élection de 2016. Donc, vous avez passé trois années d’affilée à tenter de revenir sur la décision du peuple américain et d’annuler son vote. Vous considérez la démocratie comme votre ennemie ! Présidente Pelosi, la semaine dernière encore, lors d’un forum public, vous avez admis que la campagne de destitution de votre parti durait depuis deux ans et demi, longtemps avant d’avoir entendu parler d’un coup de téléphone avec l’Ukraine. Il y avait dix-neuf minutes que j’avais prêté serment quand le Washington Post a publié un article intitulé La campagne de destitution du président Trump a commencé. Moins de trois mois après mon investiture, la députée Maxine Waters a lancé : “Je me battrai tous les jours jusqu’à ce qu’il soit destitué.” Les démocrates de la Chambre ont présenté la première résolution de destitution contre moi quelques mois après mon investiture, pour ce qui sera considéré comme l’une des meilleures décisions de notre pays, le renvoi de [l’ex directeur du FBI] James Comey (voir les rapports de l’Inspecteur général) — qui, le monde le sait aujourd’hui, est un des flics les plus corrompus que notre Nation ait jamais connu. Une députée du Congrès, Rashida Tlaib, a hurlé et déliré quelques heures après avoir pris ses fonctions : “On va y aller, et on va destituer ce fils de p…” En mai, le député Al Green a dit : “Je redoute que si nous ne destituons pas ce président, il va être réélu.” Encore une fois, vous et vos alliés avez fait et dit toutes ces choses longtemps avant d’avoir jamais entendu parler du président Zelensky ou de quoi que ce soit en lien avec l’Ukraine. Comme vous le savez très bien, la campagne de destitution n’a rien à voir avec l’Ukraine, ou avec la conversation tout à fait appropriée que j’ai eue avec son nouveau président. Elle n’a à voir qu’avec votre tentative d’annuler l’élection de 2016 et de voler l’élection de 2020 ! (…) Vous et votre parti cherchez désespérément à détourner l’attention de l’extraordinaire économie, du boom incroyable de l’emploi, des records sur les marchés, de la confiance en hausse et de la prospérité des citoyens en Amérique. Votre parti ne peut tout simplement pas concurrencer notre réussite : 7 millions de nouveaux emplois ; le taux de chômage le plus bas jamais enregistré pour les Africains-Américains, les Hispaniques-Américains, et les Asiatiques-Américains ; une armée reconstruite ; une réforme complète du ministère des Anciens combattants avec Choix et Responsabilité pour nos formidables vétérans ; plus de 170 nouveaux juges fédéraux et deux juges à la Cour suprême ; des réductions historiques d’impôts et de réglementation ; la suppression du mandat individuel [principale disposition de la réforme de l’assurance-maladie d’Obama] ; la première baisse des prix des médicaments sur ordonnance en cinquante ans ; la première nouvelle arme de l’armée de États-Unis depuis 1947 : la Force spatiale ; une vigoureuse protection du Deuxième Amendement [de la Constitution qui garantit le droit au port d’armes] ; la réforme de la justice pénale ; la défaite du califat de l’Etat Islamique et l’élimination du chef terroriste numéro un au monde, Al-Baghdadi ; le remplacement de l’ALENA, cet accord commercial désastreux, par le merveilleux USMCA (Mexique et Canada) ; un accord commercial de Phase Un avec la Chine, ce qui est une percée ; de nouveaux gigantesques accords commerciaux avec le Japon et la Corée du Sud ; le retrait du terrible accord sur le nucléaire avec l’Iran ; l’annulation de l’Accord de Paris sur le climat, injuste et coûteux ; le fait d’être devenu le premier producteur mondial d’énergie ; la reconnaissance de la capitale d’Israël, l’ouverture de l’ambassade américaine à Jérusalem, et la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur les hauteurs du Golan ; une réduction colossale des passages illégaux à la frontière, la fin du système de remise en liberté des clandestins arrêtés, et la construction du Mur de la Frontière sud — et ce n’est que le début, il y a tellement d’autres choses. Vous ne pouvez pas défendre votre politique extrémiste — l’ouverture des frontières, les migrations massives, la criminalité élevée, les impôts écrasants, le système de santé socialisé, la destruction de l’énergie américaine, l’avortement tardif aux frais du contribuable, l’élimination du Deuxième Amendement, les théories radicales d’extrême gauche sur la loi et la justice, et l’obstruction partisane constante tant au sens commun qu’au bien de tous. (…) Au bout de trois ans d’enquêtes injustes et injustifiées, 45 millions de dollars dépensés, 18 procureurs démocrates furieux, toute la force du FBI, dirigé par une hiérarchie dont il est aujourd’hui prouvé qu’elle est totalement incompétente et corrompue, vous n’avez RIEN trouvé ! Peu de gens qui occupent de hautes fonctions auraient enduré ou passé ce test. Vous ne savez pas, et vous vous en moquez, quels terribles dommages et quelles souffrances vous avez infligés aux membres merveilleux et aimants de ma famille. Vous avez mené une enquête bidon sur le président démocratiquement élu des États-Unis, et vous êtes en train de recommencer. Il n’y a pas beaucoup de gens qui auraient accepté le châtiment infligé pendant ce laps de temps, et qui auraient pourtant autant fait pour le succès de l’Amérique et de ses citoyens. Mais au lieu de faire passer notre pays en premier, vous avez décidé de déshonorer un peu plus notre pays. Vous avez complètement échoué avec le rapport Mueller parce qu’il n’y avait rien à trouver, donc vous avez décidé de prendre le premier canular qui se présentait, la conversation téléphonique avec l’Ukraine — alors même que c’était un appel parfait. Et d’ailleurs, quand je parle à des pays étrangers, il y a beaucoup de gens, autorisés, qui écoutent l’appel des deux côtés de la conversation. C’est vous qui manipulez les élections des États-Unis. C’est vous qui corrompez la Démocratie américaine. C’est vous qui êtes coupable d’Entrave à la justice. C’est vous qui portez préjudice à notre République dans le but de servir vos égoïstes intérêts individuels, politiques et militants. Avant le Canular de la Destitution, il y a eu la Chasse aux sorcières russe. En dépit du bon sens, au mépris de la vérité, vous et vos collaborateurs avez affirmé que mon équipe de campagne avait comploté avec les Russes – un mensonge calomnieux, malicieux et gravissime, une invention sans pareil. Vous avez contraint notre Nation à subir tracas et tourments à cause d’une histoire montée de toutes pièces, achetée illégalement par Hillary Clinton et le Comité national démocrate à un espion étranger dans le but de porter atteinte à notre démocratie. Et pourtant, quand ce mensonge monstrueux a été mis au jour et que le complot des démocrates a été anéanti, vous n’avez pas présenté d’excuses. Vous ne vous êtes pas rétractée. Vous n’avez pas demandé pardon. Vous n’avez fait preuve d’aucun remords, d’aucune forme d’introspection. Non, vous avez entamé une nouvelle croisade malveillante et diffamatoire – vous avez imaginé une façon de coincer et de calomnier un innocent. Vous avez agi uniquement par calcul politique personnel. Votre présidence de la Chambre des représentants et votre parti sont pris en otage par les éléments les plus dérangés et radicaux de l’extrême gauche. Chacun de vos membres vit dans la crainte qu’un adversaire socialiste ne les défient aux primaires – voilà ce qui motive en vérité la procédure de destitution. (…) Si vous vous souciiez réellement de la liberté au sein de notre Nation, alors vous chercheriez, avec vos considérables moyens d’enquête, à faire toute la lumière sur les abus de pouvoir scandaleux du FBI avant, pendant et après l’élection de 2016 – notamment l’espionnage de mon équipe de campagne, la remise de fausses preuves au Tribunal de surveillance du renseignement étranger, et la dissimulation de preuves à décharge en vue de piéger l’innocent. Le FBI compte dans ses rangs des employés très honorables, mais ses dirigeants sont incompétents et corrompus. Je pensais que vous seriez personnellement scandalisée par ces révélations, car lors de votre conférence de presse, le jour où vous avez ouvert l’enquête pour impeachment, vous avez lié directement cette initiative au Canular Russe qui avait été complètement discrédité. Vous avez par deux fois déclaré que “toutes les routes mènent à Poutine” en sachant pertinemment que c’était un mensonge abject. Je me suis montré bien plus intraitable avec la Russie que ne l’a jamais envisagé le président Obama. Tout parlementaire qui votera en faveur de l’impeachment – au mépris de la vérité, des faits, des preuves et de la règle de droit – révélera son profond dédain pour les électeurs et sa véritable aversion pour l’ordre constitutionnel des États-Unis. Nos fondateurs craignaient le tribalisme provoqué par la politique de parti et vous donnez vie à leurs pires craintes. Pire encore, j’ai été privé d’une Procédure Respectueuse de la Constitution dès le début de cette farce et jusqu’à aujourd’hui. J’ai été privé des droits les plus élémentaires prévus par la Constitution, notamment le droit de présenter des éléments de preuve, d’être représenté par un avocat, de faire face à mes accusateurs, et de convoquer et de contre-interroger des témoins – en particulier le supposé lanceur d’alerte qui a déclenché ce canular par sa fausse déclaration sur une conversation téléphonique sans aucun lien avec la conversation qui a réellement eu lieu. Dès que j’ai présenté la transcription de l’appel, ce qui a surpris et choqué les escrocs (ils n’avaient pas imaginé que ce type de document serait révélé), le soi-disant lanceur d’alerte, et aussi le deuxième lanceur d’alerte, ont disparu car ils s’étaient fait prendre, leur signalement était frauduleux et il n’a plus été possible d’être en contact avec eux. (…) Le procès des sorcières de Salem ne comptait pas tant d’irrégularités. Vous et les membres de vos commissions affirmez depuis longtemps que la procédure de destitution doit avoir le soutien des deux partis – en l’occurrence ce n’est pas le cas. Vous avez déclaré que la procédure était source de divisions – c’est le moins qu’on puisse dire, et ces divisions sont bien plus profondes que vous n’osiez l’imaginer – et ça ne fera qu’empirer ! Tout cela n’est autre qu’une tentative de coup d’État illégale et militante, qui, si l’on en croit l’opinion publique ces derniers temps, se soldera par un échec cuisant dans les urnes. Vous n’en voulez pas qu’à moi, le président, vous en voulez au Parti républicain tout entier. Mais en raison de cette injustice colossale, l’unité de notre parti n’a jamais été si forte. Le jugement de l’Histoire sera impitoyable face à cette comédie que vous jouez. On ne retiendra de vous que la transformation de la Chambre des représentants, vénérable organe législatif, en tribunal arbitraire présidant à des persécutions partiales. (…) Dès l’instant où j’ai été élu, le Parti démocrate a été en proie à la Fièvre de la Destitution. Vous n’affichez aucune réticence. Cette affaire n’a rien de grave. Vous tournez en dérision la procédure d’impeachment et vous masquez à peine la haine que vous inspire ma personne, le Parti républicain et des dizaines de millions d’Américains patriotes. Les électeurs font preuve de sagesse et ils voient clair dans votre jeu creux, stérile et dangereux. Nul doute que les citoyens américains vous mettront, ainsi que le Parti démocrate, face à vos responsabilités lors de l’élection de 2020. Ils ne sont pas près d’oublier la subversion de la justice et les abus de pouvoir dont vous vous rendez coupables. Il y a tant d’autres choses à faire pour améliorer la vie de nos concitoyens. Vous et les démocrates militants qui siègent au Congrès devez sans délai mettre un terme à ce fantasme de destitution ; vous devez vous remettre au service des citoyens américains. Je ne m’attends pas à ce que vous vous exécutiez, mais je vous adresse la présente lettre pour l’histoire et afin de consigner mes pensées de manière immuable et indélébile. Dans un siècle, quand les gens repenseront à cette affaire, je souhaite qu’ils la comprennent et qu’ils en tirent des leçons, afin qu’aucun autre président ne puisse vivre la même chose. Donald Trump (Président des États-Unis d’Amérique)
We’re asking everybody that when you are not able to socially distance, wear a mask, get a mask. Whether you like the mask or not, they have an impact. They’ll have an effect. And we need everything we can get. (…) If you’re close to each other, if you’re in a group, I would put it on. (…) I view it this way: Anything that potentially can help — and that certainly can potentially help — is a good thing. I have no problem. I carry it. I wear it. … I’m getting used to the mask, and the reason is — think about patriotism. Maybe it is. It helps. It helps. Now, we have experts that have said, in the recent past, that masks aren’t necessarily good to wear. You know that. But now they’ve changed their mind. If they change their mind, that’s good enough for me. President Trump
My supporters are very smart and they do, a lot of them wear masks and some don’t, that’s their choice. But they’re, you know, when you’re outside, you have a lot of room, and everything that I’ve read and everything that I’ve seen is outside is better in terms of COVID or as I call it the China virus. President Trump
Now we take Georgia, then we change the world. Now we take Georgia, then we change America. Chuck Schumer (Senate Minority Leader)
Senate Minority Leader Chuck Schumer may have taken the crown with his yelling on the streets of New York that “Now we take Georgia, then we change the world. Now we take Georgia, then we change America.”It is a quote that will live in infamy — and endlessly in Georgia. Now adding to the Democratic problems are liberal figures openly encouraging Democrats to move to Georgia to stack the vote in the runoff elections. So Georgia just started a hand recount in the midst of claims of voting irregularities but figures like New York Times columnist Thomas L. Friedman are calling for liberals to move to Georgia to influence their election. In other words, Friedman and others are sending the self-destructive message is that Jon Ossoff and Raphael G. Warnock might not have enough Georgians to vote for them so they need New Yorkers and Californians to come and vote as Georgians. The New York Times, which has run repeated pieces on alleged vote suppression by the GOP, has had nothing to say about Friedman’s call for vote stacking in Georgia. I recently wrote about the irony of the runoff election starting on the anniversary of Sherman’s March Through Georgia. I did not think it would literally involve Northerners invading the state to carry out the campaign. One of the recurring arguments made by Trump supporters is that Democrats have so demonized Trump and his supporters (including calling them Nazis) that it gives license to supporters to take any measure to ensure a Biden victory. As if on cue, Friedman then took to the airways to reinforce that concern. He told CNN, “I hope everybody moves to Georgia, you know, in the next month or two, registers to vote and votes for these two Democratic senators.”He is not alone. New York Magazine’s Eric Levitz wrote “These run-offs will decide which party controls the Senate, and this, whether we’ll have any hope of a large stimulus/climate bill. If you have the means and fervor to make a temporary move to GA, believe anyone who registers by Dec 7 can vote in these elections.”It appears that people told Levitz that he was saying the quiet part out loud and he deleted his post. Voting stacking with out-of-staters is the type of thing that you are supposed to do quietly, not openly. Georgians might not take too kindly to New Yorkers voting on their representatives. For his part, former presidential candidate Andrew Yang has announced that he is moving his family to Georgia to push for Ossoff and Warnock. Now that will help. A leading California politician is moving to Georgia to push for the runoff. Georgians will be thrilled. What is fascinating is that, even if some people follow these directions, a hundred times that number of actual Georgians will be left irate over these calls. Of course, the New York Times offered not even a hint of concern with one of its writers calling for people to manipulate the voting count in Georgia. It is all too familiar. The Times was fine with forcing out an editor for simply running an opinion piece by a conservative senator on the recent protests while later running a piece by “Hong Kong enforcer” supporting the crushing of freedom protests. It denounces Trump for what it considers suppression tactics while remaining silent as Friedman calls for dilution tactics in the election. It is also a curious call for the media which has been denouncing the effort not to count every vote. It now appears that counting every vote includes counting New Yorkers in Georgia.Under Georgia law, you must be a “legal resident of the county” and meet other requirements to register to vote. Potential voters are required to provide either a Georgia driver’s license or a Social Security number and fill out a form online or in-person to send to the secretary of state by Dec. 7. It is a felony to vote in Georgia if you are not a legal resident or only plan to be in the state temporarily for an election. The Georgia Attorney General is mandated with enforcing these voter fraud rules. Friedman of course has slammed Trump, which is his right and Trump deserved criticism on many of these occasions. However, he has portrayed himself as different from Trump despite calling him names because he is “respectful even with people I disagree with.” Except when he does not trust them to elect their own representatives and seeks to negate their votes in the name of the greater good. Jonathan Turley
It’s not just that he eats cheeseburgers at a big celebratory dinner. It’s not just that he does things that the common man can kind of appreciate. And it’s not even because he uses kind of simplistic language—he doesn’t use complicated, wonky language, the way a lot of Democrats do. (…) We sometimes make people feel like they aren’t conscientious enough. They aren’t thoughtful enough. They aren’t “woke” enough. They aren’t smart enough or educated enough to just understand what’s good for them. (…) It’s talking down to people. It’s alienating them. And there’s just certain voters who feel so distant from the political process—it’s not their life, it’s not their world. They hate it. They don’t like all that politics stuff. Trump speaks to them, because he includes them. Elissa Slotkin (Michigan Democratic Rep.)
Il est devenu possible, à partir [des années 60], de disqualifier d’entrée de jeu toute pensée conservatrice, c’est-à-dire la moitié de la population du pays et la majorité du reste du monde! Il m’a fallu du temps pour comprendre «à quel point cet ostracisme était dangereux. S’est mise en place une sorte de forteresse théorique parfaite qui se défend en accusant toute personne qui exprime un désaccord d’être conservatrice. Tant que la proportion des libéraux et des conservateurs était de 3 pour 1, il restait des garde-fous, mais on en est aujourd’hui à quelque 30 pour 1! Les conservateurs ayant peu à peu quitté la place parce qu’ils estimaient que l’université devait rester à l’extérieur de la politique. Une fois l’exclusion pratiquée à l’encontre des conservateurs, il a été facile de l’étendre à d’autres groupes, au fur et à mesure qu’il devenait légitime de disqualifier les hommes, les Blancs, les hétéros…, comme un «trou sans fond engloutissant de plus en plus de monde». Au final, dans cette logique d’exclusion qui s’auto-nourrit, 100 % de la population finira par être excommuniée! On commence à voir des hommes noirs menacés de disqualification parce qu’ils sont hommes. (…) Le fait que Trump ait porté le combat contre l’idéologie woke, dénonçant «un poison toxique» et antipatriotique qui veut jeter l’opprobre sur «tout le projet américain», empêche les démocrates centristes de bouger activement sur cette question. Même si Trump a eu raison sur ces thèmes, son comportement et son style inacceptables sur le reste vont au contraire retarder la mobilisation du centre. Greg Lukianoff
La woke culture est devenue le fléau de la liberté de pensée. Elle pose comme principe la vision du monde identitaire que le libéralisme avait tenté d’éradiquer, l’idée que nous ne sommes pas fondamentalement définis par la communauté dans laquelle nous sommes nés, notre orientation sexuelle, notre couleur de peau. Elle nie le libre arbitre et la complexité de la morale. Elle est l’ennemie de la créativité. Seth Greenland
Le wokisme refuse l’idée fondamentale du libéralisme selon laquelle deux valeurs incompatibles peuvent être autorisées à cohabiter. Pour les justiciers sociaux, cette tolérance des désaccords n’est qu’un instrument brandi par l’oppresseur pour soumettre l’opprimé. (…) Les réseaux sociaux ont tout changé, car c’est là que se cristallise le lien entre la meute idéologique, les élites et l’ensemble des institutions. Les réseaux sociaux dictent le ton à tous, y compris aux journaux, pas l’inverse. (…) Ils ont déjà gagné. Toutes les institutions cèdent les unes après les autres. Jacob Siegel
Le wokisme a commencé avec le deuxième mandat de la présidence Obama, au confluent de deux causes: la première, c’est le progressisme technocratique du président lui-même, qui pensait que la bureaucratie de l’État pouvait contribuer à la perfectibilité morale, comme le montre la bataille des discriminations menée sous le Titre IX. L’autre est le courant idéologique identitariste qui souffle sur les universités. Le danger, c’est la fusion des deux en une forme de bureaucratie qui s’autoradicalise sans cesse. Le corps professoral est dans son écrasante majorité libéral et reste attaché à la méthode du débat contradictoire. Mais il a peur de s’interposer. c’est aussi le cas de la majorité des étudiants, qui seraient largement «centristes», selon ses enquêtes d’opinion. On est donc dans le cas d’une sorte de kidnapping du débat par un groupe minoritaire issu de l’administration des campus. Beaucoup de professeurs ont peur d’être mis au ban ou de perdre leur travail, surtout s’ils n’ont pas de chaire. Le fait de vivre à New York, une mégapole, lui permet d’échapper à la pression, mais «c’est beaucoup plus difficile dans les petites villes universitaires de Nouvelle-Angleterre, où les risques de harcèlement sont bien supérieurs. (…) Quand je me promène dans les campus pour des tournées de conférences, les salles sont bondées, surtout dans les petites villes de province, où l’on a soif de vérité et de nouvelles approches. (…) Ça fait tellement de bien de savoir que chez vous les parents peuvent encore dire à leurs enfants qu’ils sont un petit garçon ou une petite fille. Chez nous, on dirait: comment osez-vous assigner un genre? Sam Abrams
La prétendue culture woke est cool. C’est à la mode, et, soyons honnêtes, le libéralisme est difficile. Tolérer des idées inconfortables est plus dur que de rejoindre la horde pour s’enfermer dans une bulle d’opinions et de pensées tout à fait agréables. Thomas Chatterton Williams
Je commence à penser que nous avons besoin d’une nouvelle métaphore pour décrire le “Great Awokening”. Ce n’est pas tant un mouvement qui avance qu’une tache qui se répand. Une fois que ce processus a commencé, il est très difficile de l’inverser, tout ce qu’on peut espérer, c’est d’empêcher qu’il ne se propage davantage et de protéger les choses précieuses. Non, il n’y a pas de mouvement d’opposition de quelque importance à ce phénomène, et, s’il y en avait un, il ne réussirait pas. Nous sommes face à des passions morales très puissantes qui inspirent en particulier les jeunes. Nous devrons attendre qu’elles se dissipent avant d’espérer pouvoir réparer une partie des dégâts. Mark Lilla
Dans la défaite, Donald Trump incarne le rôle originel du protagoniste tragique de manière à nous en apprendre plus sur la tragédie que les lectures habituelles de Shakespeare ou Sophocle. (…) Aristote définissait la tragédie comme « une imitation de personnes au-dessus du niveau commun », en grec « meilleures que nous-mêmes » (beltionon hemas). Mais dans le vocabulaire d’Aristote, il ne s’agit pas de termes purement relatifs. Le protagoniste tragique n’est pas « meilleur » parce qu’il est plus intelligent ou plus riche que les citoyens anonymes qui regardent la pièce, mais parce que son rôle est essentiel au bien-être de l’État. Il se trouve dans une position de centralité sacrée, tout en étant ontologiquement un simple être humain parmi d’autres. Il est donc contraint de fonctionner, comme l’a dit un jour Barack Obama, « au-dessus de mon grade », en résolvant des problèmes transcendants sur la base faillible de l’intuition individuelle. Si un rôle politique moderne correspond à la description originale d’un protagoniste tragique potentiel, c’est bien celui du président américain, qui combine les rôles de monarque/chef d’État et de leader parlementaire/premier ministre, qui restent séparés dans la plupart des autres démocraties libérales. Notre république trouve ses racines dans l’agon athénien, et ce n’est pas une coïncidence si le moment le plus agonistique de son histoire récente a donné naissance à sa figure politique la plus tragique. Ce n’était pas le fruit d’une réflexion théorique, mais de sa fidélité aux attitudes qui régnaient dans sa jeunesse – des attitudes que je partage en grande partie. Le fait que la génération « réveillée » actuelle soit capable de démolir ou de dégrader les statues de pratiquement tous les grands hommes de l’histoire américaine est viscéralement offensant pour nous deux, mais aucun des rivaux de Trump pour la nomination n’a présenté de véritable résistance à la perspective qui a anticipé ces actions. Si nous cherchions à incarner notre modèle intemporel de président idéal, sage et indulgent, Trump ne répondrait guère à ces critères. Trump n’est pas un penseur politique, mais un homme d’action, et comme ses détracteurs des deux camps ne manquent jamais de le souligner, il n’a pas peur d’exagérer, de fanfaronner, de répéter des idées tout à fait douteuses. Trump a pu battre ses nombreux concurrents des primaires et remporter l’élection de 2016 parce que, plus encore que sa capacité à conclure des « accords », son expérience du show-business lui a donné une confiance suprême dans ses « instincts », que ce soit en tant qu’artiste ou en tant que président, pour occuper le devant de la scène. Et ces instincts, ces intuitions politiques, étaient hostiles à la pensée victimaire, non pas parce que Trump en est obsédé, mais simplement parce qu’il n’en est pas affecté. Le protagoniste tragique assume la direction d’une crise dans laquelle il est obligé de prendre des décisions qui ne peuvent être déduites des normes sociales antérieures. Une fois qu’un être humain occupe le centre social originellement réservé au sacré, il est chargé d’une responsabilité à la fois nécessaire et impossible à assumer en connaissance de cause. C’est pourquoi tout dirigeant est potentiellement une figure tragique :La tête qui porte la couronne est malaisée. Mais les figures tragiques réelles et même légendaires sont peu nombreuses. (…) La tragédie dépend de la crise. Et même si, objectivement, les États-Unis ont traversé de nombreuses crises bien plus graves – guerres et dépressions économiques -, nous assistons actuellement à la plus grave défaillance de notre système politique depuis la guerre de Sécession, une défaillance que l’élection actuelle, quelle qu’en soit l’issue, a très peu de chances de résoudre complètement. Récemment, la représentante démocrate du Michigan Elissa Slotkin a donné une appréciation de Trump qui devrait être prise en compte par les membres « respectables » des deux partis : (…) « Trump leur parle, parce qu’il les inclut. « L’idée de Slotkin est que, comme le vieil Harry Truman, mais contrairement aux démocrates d’aujourd’hui, Trump parle aux gens ordinaires. Il peut sembler étrange que le parti qui a toujours présumé représenter « l’homme du commun » soit accusé par l’un des siens de « parler bas » à ses électeurs, alors que les Républicains, censés être le parti de la ploutocratie, présentent un candidat dont le refus d’un registre élevé lui vaut l’estime en dépit de son désaccord présumé avec ses politiques. Mais ce que Slotkin entend par « parler vers le bas » n’est pas tant le fait d’affecter une supériorité intellectuelle (« wonky ») que morale (« woke »). Il s’agit moins de traiter les gens de stupides que de moralement obtus, non éveillés. En un mot, c’est dire aux électeurs blancs « déplorables » d’exhiber leur culpabilité blanche, d’en faire un signe de vertu.Ce qui nous ramène à notre point de départ. En tant que seul candidat en 2016 capable de résister à la pression victimaire qui domine la gauche mais paralyse aussi la droite, Trump a vu à juste titre sa candidature comme une mission, une mission figurée par la descente de l’escalator de la Trump Tower (qui fait maintenant face à la « peinture murale » de Black Lives Matter peinte dans la rue). Trump avait une mission et, mur ou pas mur, il l’a largement remplie. Même s’il ne parvient pas à obtenir un second mandat, son exemple aura un effet durable sur la politique américaine. Et j’espère qu’il recevra un jour le respect historique qu’il mérite.Virus bien plus virulent que le SRAS-CoV-2, cette foi victimaire a infesté nos institutions éducatives, informationnelles, ludiques et gouvernementales et, si elle n’est pas rapidement et fermement combattue, elle risque de livrer notre démocratie durement acquise aux barbares. Eric Gans
La liste des personnalités victimes de la censure progressiste ne cesse de s’allonger, surtout en terre anglo-saxonne. Ce processus de désintégration sociale menée au nom du bien porte un nom: la «cancel culture» ou «culture de l’annulation» , qui consiste à appeler explicitement au boycott et à l’effacement de l’espace public de personnes jugées racistes, homophobes ou sexistes. On pourrait croire que cette fièvre dénonciatrice n’est pas nouvelle et considérer avec Philip Roth dans son célèbre incipit de La Tache, que «le vertige de l’indignation hypocrite» est «la plus vieille passion fédératrice de l’Amérique». Cependant, la cancel culture, si elle reprend les codes du «politiquement correct» tel qu’il a émergé sur les campus américains dès les années 1960, modernise l’ostracisme qui s’adosse désormais à la puissance des réseaux sociaux et à une nouvelle mentalité militante. Dans leur livre The Coddling of the American Mind: How Good Intentions and Bad Ideas Are Setting Up a Generation for Failure («Le chouchoutage de l’âme américaine: comment de bonnes intentions et de mauvaises idées préparent une génération à l’échec»), Jonathan Haidt et Gregory Lukianoff qualifient de «culture of safetysm» (que l’on pourrait traduire par «culture de l’obsession d’être protégé») cette mentalité d’une nouvelle génération qui ne supporte plus d’être offensée et pour laquelle le moindre propos caricatural et le scepticisme quant au bienfait illimité du progressisme multiculturaliste sont considérés comme autant de «micro-agressions» exigeant la création d’espaces sécurisés (safe spaces) où aucune parole blessante ne puisse les atteindre. Cette nouvelle censure est différente du vieux sectarisme marxiste en ce qu’elle repose quasi exclusivement sur le «ressenti» victimaire. «Je me sens blessé»: tel est désormais l’argument qui justifie toutes les excommunications. Avoir conscience que l’on est blessé ou que l’on blesse, c’est être «éveillé», «woke». Ce terme d’argot, «woke», s’est généralisé après les premières émeutes de Black Lives Matter («les vies noires comptent») en 2014, et notamment le film Stay Woke: The Black Lives Matter Movement, de l’acteur Jesse Williams. Être «woke», pour un Afro-Américain qui adhère à la cause, c’est être en permanence vigilant quant au racisme et aux discriminations que l’on peut subir. L’être pour un Blanc, c’est avoir conscience de ses privilèges. Ainsi, à l’université d’Evergreen, les professeurs étaient-ils conviés à énumérer leurs «privilèges» (blanc, mâle, «validiste», c’est-à-dire non handicapé, etc.), avec une étiquette collée sur leur torse déclinant les pronoms qu’il fallait utiliser en s’adressant à eux (him/her/she/he), pratique mise en place pour ne pas risquer de «mégenrer» certaines personnes – et que la nouvelle vice-présidente, Kamala Harris, emploie elle-même sur son compte Twitter. Ces séances d’«autocritique», dont le grotesque n’a curieusement pas encore été vraiment exploité par les humoristes («parce qu’ils sont terrifiés», estime le rédacteur en chef de Tablet, Jacob Siegel), sont désormais obligatoires ou fortement recommandées au corps professoral dans un nombre croissant d’universités. «La woke culture est devenue le fléau de la liberté de pensée. Elle pose comme principe la vision du monde identitaire que le libéralisme avait tenté d’éradiquer, l’idée que nous ne sommes pas fondamentalement définis par la communauté dans laquelle nous sommes nés, notre orientation sexuelle, notre couleur de peau. Elle nie le libre arbitre et la complexité de la morale. Elle est l’ennemie de la créativité», affirme l’écrivain Seth Greenland, auteur de Mécanique de la chute, un roman où il raconte le lynchage d’un milliardaire accusé de racisme. «Le wokisme refuse l’idée fondamentale du libéralisme selon laquelle deux valeurs incompatibles peuvent être autorisées à cohabiter. Pour les justiciers sociaux, cette tolérance des désaccords n’est qu’un instrument brandi par l’oppresseur pour soumettre l’opprimé!», renchérit Jacob Siegel, auteur d’un article de Tablet sur le sujet qui a fait grand bruit. Parfois, le lynchage psychologique conduit à la mort physique, comme dans le cas de Mike Adams. Ce professeur de l’université de Caroline du Nord très critique du mouvement identitariste, «qui avait eu le malheur de publier un tweet dénonçant les mesures prises par le gouverneur démocrate de son État en matière de Covid, n’a pas résisté à la pression», raconte Greg Lukianoff. «Laissez mon peuple aller», avait-il écrit, parlant «de l’État esclavagiste de Caroline du Nord». Une formule jugée inacceptable par la meute antiraciste. Harcelé et menacé, il a fini par se suicider en juillet. «On lui a dit qu’il était le Mal», note, horrifié, Lukianoff, qui était son ami. Le succès stupéfiant de cette culture de la contestation, fondée sur la revendication d’un sectarisme effréné qui peut aller jusqu’à tuer dans l’indifférence générale, reste en partie une énigme au pays de la libre parole, même si Tocqueville avait averti dans son opus De la démocratie en Amérique sur la propension de l’opinion publique américaine à «tracer un cercle de la pensée» au-delà duquel il est très dangereux de s’aventurer. Lukianoff, un libéral de gauche de 48 ans, qui milita longtemps au sein du bastion progressiste de la puissante Union américaine pour les libertés civiques (Aclu), mais dirige aujourd’hui une fondation qui se bat pour la liberté d’expression sur les campus (Fire), juge indispensable de remonter à l’attitude des écoles de pensée postmodernistes des années 1960 pour comprendre la situation actuelle. «Il est devenu possible, à partir de ces années-là, de disqualifier d’entrée de jeu toute pensée conservatrice, c’est-à-dire la moitié de la population du pays et la majorité du reste du monde!», explique-t-il, reconnaissant qu’il lui a fallu «du temps» pour comprendre «à quel point cet ostracisme était dangereux». «S’est mise en place une sorte de forteresse théorique parfaite qui se défend en accusant toute personne qui exprime un désaccord d’être conservatrice», poursuit-il. «Tant que la proportion des libéraux et des conservateurs était de 3 pour 1, il restait des garde-fous, mais on en est aujourd’hui à quelque 30 pour 1!», note Lukianoff, précisant que les conservateurs ont peu à peu quitté la place «parce qu’ils estimaient que l’université devait rester à l’extérieur de la politique». Une fois l’exclusion pratiquée à l’encontre des conservateurs, il a été facile de l’étendre à d’autres groupes, au fur et à mesure qu’il devenait légitime de disqualifier les hommes, les Blancs, les hétéros…, explique-t-il, parlant d’un «trou sans fond engloutissant de plus en plus de monde». «Au final, dans cette logique d’exclusion qui s’auto-nourrit, 100 % de la population finira par être excommuniée!», dit Lukianoff, soulignant qu’«on commence à voir des hommes noirs menacés de disqualification parce qu’ils sont hommes». Une armada de personnels administratifs destinés à gérer les questions de discrimination et d’inclusivité s’est installée au cœur des dortoirs, avec les étudiants. Sam Abrams, 40 ans, professeur de science politique au collège Sarah Lawrence de New York, un établissement connu pour son progressisme, est devenu l’une des cibles du mouvement woke pour avoir milité pour «la diversité de valeurs» au lieu de réserver ce terme à la diversité ethnique ou raciale. Spécialiste d’enquêtes d’opinion et hostile aux labels politiques, cet amoureux «des faits» est depuis deux ans sur son campus l’objet de campagnes de harcèlement et d’une démarche administrative visant à le priver de sa chaire. «Jamais je n’aurais pu monter au créneau si je n’avais pas eu de chaire», note-t-il, soulignant qu’il avait attendu cette sécurité de l’emploi pour s’engager. Pour lui, si le mouvement woke, né dans les départements d’études critiques énamourés du philosophe Michel Foucault et de la théoricienne du genre Judith Butler, vient de loin, comme le raconte Lukianoff, «les dix dernières années ont été cruciales». (…) Tout a changé pendant la présidence Obama, avec la montée en puissance des efforts de l’administration des universités pour lutter contre les discriminations sexuelles, avec la mise en place du fameux Titre IX (un amendement interdisant toute discrimination sur la base du sexe et obligeant à la création de bureaux de lutte contre le harcèlement sexuel dans chaque université), un processus supervisé par un certain vice-président… Joe Biden. «Parallèlement, une armada de personnels administratifs destinés à gérer les questions de discrimination et d’inclusivité s’est installée au cœur des dortoirs, avec les étudiants», raconte Abrams. Arrivés avec des diplômes en études raciales ou de genre, ils ont instauré un mélange de règles bureaucratiques et d’interdits idéologiques qui représentent «un véritable lavage de cerveau» et leur permettent de faire la pluie et le beau temps sur les campus, en liaison avec certaines associations étudiantes communautaristes ultrapolitisées, dénonce l’enseignant. Le rédacteur en chef de la revue Tablet, Jacob Siegel, souligne lui aussi cette alliance de la bureaucratie d’État et d’une idéologie qui se dit révolutionnaire mais «fait corps avec le pouvoir». «Le wokisme a commencé avec le deuxième mandat de la présidence Obama, au confluent de deux causes: la première, c’est le progressisme technocratique du président lui-même, qui pensait que la bureaucratie de l’État pouvait contribuer à la perfectibilité morale, comme le montre la bataille des discriminations menée sous le Titre IX. L’autre est le courant idéologique identitariste qui souffle sur les universités. Le danger, c’est la fusion des deux en une forme de bureaucratie qui s’autoradicalise sans cesse», explique-t-il. «Le corps professoral est dans son écrasante majorité libéral et reste attaché à la méthode du débat contradictoire. Mais il a peur de s’interposer», ajoute Sam Abrams. Pour lui, c’est aussi le cas de la majorité des étudiants, qui seraient largement «centristes», selon ses enquêtes d’opinion. On est donc dans le cas d’une sorte de kidnapping du débat par un groupe minoritaire issu de l’administration des campus. Beaucoup de professeurs ont peur d’être mis au ban ou de perdre leur travail, surtout s’ils n’ont pas de chaire, affirme Abrams. Le fait de vivre à New York, une mégapole, lui permet d’échapper à la pression, mais «c’est beaucoup plus difficile dans les petites villes universitaires de Nouvelle-Angleterre, où les risques de harcèlement sont bien supérieurs». À ces inquiétudes très concrètes s’ajoute «la peur des anciens de ne pas être aimés des plus jeunes» et d’être moralement condamnés, ajoute Greg Lukianoff. Une volonté d’échapper à la culpabilité occidentale en se mettant du côté des «purs», que le professeur de théorie politique Joshua Mitchell décrit dans son nouveau livre, American Awakening («réveil américain»), consacré à la nature religieuse de cette idéologie des «identités» qui donne des «bons points» aux différents groupes humains en faveur de leur degré d’«innocence» sociale. Les réseaux sociaux, en permettant la mobilisation immédiate d’activistes sur des causes ponctuelles et en facilitant l’organisation communautaire, ont par ailleurs donné une vigueur nouvelle aux revendications identitaires présentes dans la gauche radicale depuis les années 1960. «Ils ont tout changé, car c’est là que se cristallise le lien entre la meute idéologique, les élites et l’ensemble des institutions. Les réseaux sociaux dictent le ton à tous, y compris aux journaux, pas l’inverse», analyse Jacob Siegel. Comme le souligne Lisa Nakamura, professeur à l’université du Michigan, la cancel culture est rendue possible par une nouvelle «économie de l’attention», où «priver quelqu’un d’audience, c’est le priver d’existence». Elle est portée par un repli individualiste sur l’identité plutôt que par l’héritage commun ou l’universalisme. Et également par une culture d’emballement suiviste, qui fait partie de l’essence des réseaux sociaux. «La prétendue culture woke est cool. C’est à la mode, et, soyons honnêtes, le libéralisme est difficile. Tolérer des idées inconfortables est plus dur que de rejoindre la horde pour s’enfermer dans une bulle d’opinions et de pensées tout à fait agréables», explique Thomas Chatterton Williams, auteur d’Autoportrait en noir et blanc, un essai qui sortira en janvier en français, où ce métis afro-américain exprime sa dissidence envers les obsédés de la race. Comme lui, de nombreux intellectuels de la gauche libérale commencent à se rebeller contre cette idéologie étouffante, «qui ressemble à un nouveau bolchevisme ou à une forme de révolution culturelle à la chinoise», guettant tous les «traîtres» potentiels à la cause, nous confie Bret Weinstein. L’université de Chicago a pris la tête de la fronde, mettant noir sur blanc son engagement à défendre la liberté d’expression en 2015, un «serment» repris par plus de 50 autres établissements universitaires. Le très libéral Wellesley College a également réagi avec vigueur en créant un «projet liberté» destiné à encourager un débat d’idées libre et contradictoire. Et l’université de Berkeley, pourtant très progressiste, a créé un Centre pour la liberté d’expression. On voit aussi apparaître de nouveaux îlots de liberté intellectuelle, comme le magazine en ligne Quillette ou la revue Tablet, au fur et à mesure que les journaux mainstream comme le New York Times basculent dans le camp de la «justice sociale». «Le seul fait que nous n’ayons pas peur a fait énormément pour le succès de Tablet», affirme Siegel. Sam Abrams dit recevoir des dizaines de lettres, montrant que «beaucoup de gens en ont assez». «J’aime à penser que nous sommes nombreux», dit aussi Greg Lukianoff. En juillet 2020, un collectif de plus de 150 écrivains, artistes et journalistes, parmi lesquels J.K. Rowling, mais aussi la romancière Margaret Atwood, auteur du best-seller La Servante écarlate, le linguiste et psychologue Steven Pinker, la féministe Gloria Steinem, a signé une tribune dans Harper’s Magazine pour dénoncer «une intolérance à l’égard d’opinions opposées, une vogue pour la dénonciation publique et l’ostracisme, et la tendance à dissoudre des questions politiques complexes dans une certitude morale aveugle». En réaction à cette tribune, Alexandria Ocasio-Cortes (AOC) l’égérie woke du Parti démocrate, a aussitôt relativisé sur Twitter: «Ceux qui se plaignent de la cancel culture pensent que tout leur est dû – comme si on avait le droit à un large public captif et que l’on deviendrait victime si les gens choisissaient de nous écarter. Il y a de fortes chances que vous ne soyez pas réellement annulé, que vous soyez simplement mis au défi, tenu pour responsable ou peu apprécié.» Même Obama, qui avait rêvé d’une présidence postraciale avant de participer à la montée woke en installant la question de la moralisation des discriminations au sein du processus bureaucratique, a eu droit à des tirs de barrage intenses de la frange radicale quand il s’est mêlé du débat. «Si tout ce que vous faites, c’est jeter des pierres, vous n’irez pas très loin», avait déclaré l’ex-président en octobre 2019. «Le monde est en désordre, il y a des ambiguïtés. Les gens qui font de bonnes choses ont des défauts. Les gens que vous combattez aiment leurs enfants, ils partagent certaines choses avec vous», a rappelé l’ancien président, blâmant «cette idée de la pureté, de n’être jamais compromis, d’être toujours politiquement “éveillé” (woke)». Tout autre que lui aurait sans doute été agoni d’injures après de tels propos. Le président conserve d’ailleurs une position ambiguë sur tous ces sujets sociétaux et n’a nullement condamné les excès révolutionnaires de Black Lives Matter quand, après la mort de George Floyd, cette organisation a vite abandonné le thème des violences policières pour appeler à mettre à bas le capitalisme et à démanteler tout l’héritage américain, jusqu’à ses Pères fondateurs. En réalité, les voix dissidentes restent très isolées, un peu comme «un samizdat du XXIe siècle», affirme le géographe Joel Kotkin, résumant le point de vue des autres «rebelles». Le fait que la vague woke ait quitté le champ strictement universitaire pour déborder dans les médias grand public, le monde des affaires et les institutions de l’État a laissé les libéraux de la vieille école largement désemparés. «Je commence à penser que nous avons besoin d’une nouvelle métaphore pour décrire le “Great Awokening”. Ce n’est pas tant un mouvement qui avance qu’une tache qui se répand. Une fois que ce processus a commencé, il est très difficile de l’inverser, tout ce qu’on peut espérer, c’est d’empêcher qu’il ne se propage davantage et de protéger les choses précieuses. Non, il n’y a pas de mouvement d’opposition de quelque importance à ce phénomène, et, s’il y en avait un, il ne réussirait pas», s’inquiète Mark Lilla, un libéral de gauche qui a été l’un des premiers à sonner l’alarme. «Nous sommes face à des passions morales très puissantes qui inspirent en particulier les jeunes. Nous devrons attendre qu’elles se dissipent avant d’espérer pouvoir réparer une partie des dégâts», ajoute-t-il. Social-démocrate à l’ancienne et opposé à la vague identitariste montante, Joel Kotkin s’alarme tout particulièrement de l’alliance des campus avec l’industrie de la tech, cette nouvelle oligarchie omniprésente qui prête allégeance au mouvement woke en forçant notamment ses employés à organiser des séminaires d’inclusivité et à signer avec les fameux «pronoms» – «manière pour elle d’éluder les sujets plus embarrassants d’inégalité, de classe et de positions monopolistiques». Pour lui, cette alliance rend quasiment impossible une rébellion des démocrates centristes contre les radicaux. Si certains observateurs continuent d’espérer que les modérés, comme l’élue du Congrès Elissa Slotkin, relèveront la tête, la plupart sont très sceptiques. Le fait que Trump ait porté le combat contre l’idéologie woke, dénonçant «un poison toxique» et antipatriotique qui veut jeter l’opprobre sur «tout le projet américain», empêche les démocrates centristes de bouger activement sur cette question, regrette Greg Lukianoff. «Même si Trump a eu raison sur ces thèmes, son comportement et son style inacceptables sur le reste vont au contraire retarder la mobilisation du centre», pronostique-t-il. Un point de vue que partage le professeur Bret Weinstein, persuadé que l’équipe Biden utilisera «cyniquement l’énergie révolutionnaire née sur les campus», mais finira par perdre le contrôle du «tigre» woke. «Ils ont déjà gagné, pense Jacob Siegel. Toutes les institutions cèdent les unes après les autres.» Dans ce tableau bien sombre, Sam Abrams voit une lueur d’espoir venir potentiellement de la nouvelle «génération Z» (nés entre 1997 et 2000), «beaucoup moins idéologue que les millennials» (nés entre 1980 et 2000), fatiguée de la polarisation et peu convaincue par la racialisation galopante. «Quand je me promène dans les campus pour des tournées de conférences, les salles sont bondées, surtout dans les petites villes de province, où l’on a soif de vérité et de nouvelles approches.» Sam n’en reste pas moins très envieux de «l’approche française»,qui résiste tant bien que mal à la vague woke anglo-saxonne. «Ça fait tellement de bien de savoir que chez vous les parents peuvent encore dire à leurs enfants qu’ils sont “un petit garçon ou une petite fille”. Chez nous, on dirait: comment osez-vous assigner un genre?» Mais la différence est-elle si grande que Sam le pense? L’Amérique et la France ont beau plaider pour deux modèles radicalement opposés de république, sur le plan des idées, les chassés-croisés entre nos deux pays sont incessants. Ainsi avons-nous exporté la French Theory sur les campus d’Amérique dans les années 1960, semence qui allait faire fleurir le politiquement correct. Aujourd’hui, celui-ci nous revient en boomerang sous les nouveaux habits de la cancel culture et du wokisme qui s’implantent dans nos universités. Et, là-bas comme ici, l’intelligentsia libérale se réveille face aux excès et au déni d’une révolution qui dévore ses enfants. Aux États-Unis comme en France, cette guerre idéologique ne fait que commencer. Laure Mandeville et Eugénie Bastié
Dans toute l’histoire de la république américaine, aucun président n’a été vilipendé de manière aussi abrupte que Donald Trump, tout au long du processus d’investiture et de la campagne de 2016, ainsi que pendant les presque quatre années de sa présidence. Son mandat a été marqué par un degré sans précédent d’hostilité virulente de la part de tous les secteurs de l’establishment fédéral, ainsi que de la part de membres du public qui, habitués depuis Reagan aux « syndromes de dérangement » républicains, se sont surpassés dans son cas. Le fait d’avoir subi une « Résistance » qui a commencé avec son élection et qui a nié sa légitimité pendant toute la durée de son mandat, d’avoir été destitué sur la base de preuves insignifiantes après avoir subi près de trois ans d’enquête approuvée par le Congrès sur l’accusation absurde de « complicité » avec la Russie, tout en se heurtant au silence hostile de nombreux membres de son propre parti qui se sont abstenus d’abuser, est loin du statut normal d’une personnalité politique, même dans une démocratie pugnace. Quelle est donc la clé du succès anormal de Trump ? Comme je l’ai souligné depuis le début, Trump était le seul candidat, autre que l’impressionnant mais insuffisamment politique Dr. Ben Carson, qui était vraiment invulnérable au « PC », comme on appelait alors la pensée victimaire avant qu’elle ne devienne « wokeness ». Cette résistance a en fait été la distinction la plus importante de Trump, bien que ni ses détracteurs ni ses partisans n’aient tendance à y faire référence. Mais ce qui a compté en 2016 et compte encore aujourd’hui, c’est la constance avec laquelle Trump a résisté à la pression mimétique qui pousse les membres respectables de la classe « Belmont » de Charles Murray à se flageller symboliquement en guise de pénitence pour leur « privilège blanc » – tout en remplissant le nid des membres les plus privilégiés de la société, y compris eux-mêmes. Il existe sans aucun doute des moyens plus sophistiqués que ceux de Trump pour résister au pouvoir de la culpabilité blanche. Mais sa domination presque totale sur le monde académique et sur ceux qui sont formés par lui, comme les enseignants de l’école primaire dont les leçons antipatriotiques sont diamétralement opposées à celles que j’ai apprises dans ces classes, a rendu la quasi-totalité de la classe éduquée incapable de résister fermement à cette tendance, le produit de notre « réveil » forcé au modèle de l’égalité morale originelle à l’exclusion de toute autre considération sociale. Seule une personne dont les instincts sociaux se sont développés avant la constitution actuelle du monde de Belmont pourrait s’opposer de manière crédible à cette configuration, et seule une personne disposant de ressources personnelles considérables – plutôt qu’institutionnelles – aurait la liberté de le faire. Au début de sa campagne en 2015, la principale source de visibilité populaire de Trump était sa présence dans l’émission de télé-réalité The Apprentice, très populaire parmi le public « déplorable » de la classe moyenne inférieure qui le mettrait au pouvoir face au mépris ouvert des politiciens de l’establishment de son propre parti ainsi que des démocrates.Après sa victoire aux élections de 2016, nombreux étaient ceux qui espéraient que les tweets et les exposés de Trump disparaîtraient, ou du moins s’atténueraient. Et en effet, chaque fois qu’il en fait l’effort, Trump s’est montré parfaitement capable de prononcer un discours convaincant d’une manière parfaitement digne. Pourtant, il a continué à adopter un comportement qui, même s’il est efficace en tant que « trolling » pour enrager ses ennemis, n’a rien fait pour réparer son éloignement de la classe Belmont. Je pense que pour Trump, il s’agit d’une question de principe, même si ce principe n’est pas formulé comme une proposition. Ce qui est tragique, c’est que, bien que ce comportement ait pu lui coûter sa réélection, il est indissociable de son sentiment d’identité. Il semble évident que quelqu’un qui n’aurait vu dans ces frasques qu’un stratagème politique n’aurait pas eu l’audace d’afficher dès le début son mépris pour la pensée victimaire face à la majorité respectable. La part de vérité dans les accusations calomnieuses de « suprématie blanche » et même d' »antisémitisme » est que, seul parmi les hommes politiques de sa génération, Trump a viscéralement compris que la censure préalable exercée par la culpabilité blanche est le véritable coupable dont il faut se débarrasser. Ainsi, même lorsqu’en 2016 Trump a scandaleusement dénoncé le juge d’origine américaine Gonzalo Curiel comme étant un « Mexicain » pour attaquer son impartialité dans l’affaire du « Mur », son sentiment même que cela ne le condamnait pas comme étant indélébilement « raciste » a affirmé dans son propre esprit son affirmation fréquemment répétée qu’il « est la personne la moins raciste dans la pièce ».Et en effet, le seul cas de « racisme » cité sans cesse par ses ennemis politiques a été sa déclaration sur les « bonnes personnes des deux côtés » à Charlottesville, en référence au retrait de la statue de Robert E. Lee, comme preuve, malgré ses déclarations explicites du contraire, de son soutien aux néo-nazis. Il n’en reste pas moins que beaucoup de ceux qui n’ont pas été touchés par ces accusations fallacieuses ont été découragés par le comportement « non présidentiel » de Trump. C’est ainsi que Trump a perdu une élection qu’il aurait pu gagner, même face à la pandémie de Covid19. Personne ne peut prétendre savoir quelle formule il aurait dû suivre. Mais ce qui fait de lui une figure tragique, c’est le fait qu’il n’aurait plus été Trump s’il avait cherché une autre formule que celle d’être Trump. (…)Le protagoniste tragique assume la direction d’une crise dans laquelle il est obligé de prendre des décisions qui ne peuvent être déduites des normes sociales antérieures. Une fois qu’un être humain occupe le centre social originellement réservé au sacré, il est chargé d’une responsabilité à la fois nécessaire et impossible à assumer en connaissance de cause. C’est pourquoi tout dirigeant est potentiellement une figure tragique :La tête qui porte la couronne est malaisée. Mais les figures tragiques réelles et même légendaires sont peu nombreuses. (…) La tragédie dépend de la crise. Et même si, objectivement, les États-Unis ont traversé de nombreuses crises bien plus graves – guerres et dépressions économiques -, nous assistons actuellement à la plus grave défaillance de notre système politique depuis la guerre de Sécession, une défaillance que l’élection actuelle, quelle qu’en soit l’issue, a très peu de chances de résoudre complètement. Récemment, la représentante démocrate du Michigan Elissa Slotkin a donné une appréciation de Trump qui devrait être prise en compte par les membres « respectables » des deux partis : (…) « Trump leur parle, parce qu’il les inclut. « L’idée de Slotkin est que, comme le vieil Harry Truman, mais contrairement aux démocrates d’aujourd’hui, Trump parle aux gens ordinaires. Il peut sembler singulier que le parti qui a toujours présumé représenter  » l’homme du commun  » soit accusé par l’un des siens de  » parler vers le bas  » à son électorat, alors que les Républicains, censés être le parti de la ploutocratie, présentent un candidat dont le refus d’un registre élevé gagne son estime malgré son désaccord présumé avec ses politiques.Que le médiocre Biden ait pu traiter Trump de « clown », de « raciste », de « pire président de tous les temps » démontre la vulnérabilité tragique du déni de PC de ce dernier. Et ceux qui, à droite, s’obstinent à voir en Trump un vulgaire, le jugeant sur ce qu’ils appellent son « caractère » plutôt que sur ses réalisations, sont pour le moins moins excusables. C’est Trump qui a relancé l’économie américaine, ramené le chômage à son minimum de long terme, et augmenté les salaires des minorités malgré leur fidélité (décroissante !) aux démocrates. C’est Trump qui s’est débarrassé de Soleimani et d’Al Baghdadi, qui a déplacé l’ambassade américaine à Jérusalem et qui a commencé à construire une coalition d’États arabes avec Israël pour contrer l’influence de l’Iran. Si Trump refuse toujours de céder (…) ce n’est qu’une manifestation de plus de la pertinence sans laquelle il n’aurait jamais été élu en premier lieu.Puissent au moins les membres de son propre parti avoir la bonne grâce de reconnaître que Trump a réussi ce qu’aucun d’entre eux n’aurait pu faire, et, quel que soit leur style personnel, chercher à apprendre du noyau sain des « instincts » de Trump. Donald Trump a vu plus clairement que quiconque le danger que le représentant Slotkin reconnaît dans la foi des « réveillés » dans le ressentiment qui s’est développé depuis les années 1960.
In defeat, Donald Trump embodies the original role of the tragic protagonist in such a way as to teach us more about tragedy than we can learn from the usual readings of Shakespeare or Sophocles. (…) If any modern political role fits the original description of a potential tragic protagonist, it is that of the American president, who combines the roles of monarch/head of state and parliamentary leader/prime minister, which remain separated in most other liberal democracies. (…) No president in the entire history of the American republic has been so unsparingly vilified as Donald Trump, throughout the 2016 nomination process and campaign, and the nearly four years of his presidency. His tenure in office has been marked by an unprecedented degree of virulent hostility from all corners of the federal establishment, as well as from members of the public who, habituated since Reagan to Republican “derangement syndromes,” have surpassed themselves in his case. To have sustained a “Resistance” that began with his election and denied his legitimacy throughout his entire tenure in office, to have been impeached on trivial evidence after sustaining nearly three years of congressionally approved investigation on the absurd charge of “complicity” with Russia, while meeting with hostile silence from many in his own party who abstained from actual abuse, is far from the normal status of a political figure even in a pugnacious democracy. What then was the key to Trump’s anomalous success? As I have pointed out since the beginning, Trump was the sole candidate, other than the impressive but insufficiently political Dr. Ben Carson, who was truly invulnerable to “PC,” as victimary thinking was then called before it graduated to “wokeness.” This resistance has in fact been Trump’s most significant distinction, although neither his detractors nor his supporters tend to refer to it. It was not a product of theoretical reflection, but of his faithfulness to the attitudes which reigned in his youth—attitudes which I largely share. That the current “woke” generation is capable of tearing down or defacing statues of virtually all the great men of American history is viscerally offensive to both of us, yet none of Trump’s rivals for the nomination presented any real resistance to the perspective that anticipated these actions. Were we to seek an embodiment of our timeless model of the ideal president, wise and forbearing, Trump would hardly qualify. Trump is not a political thinker, but a man of action, and as his detractors in both camps never fail to insist, he is not afraid to exaggerate, to bluster, to repeat quite dubious ideas. Trump was able to beat out his many primary competitors and win the 2016 election because, more even than his ability to make “deals,” his show-business experience gave him supreme confidence in his “instincts,” whether as entertainer or president, for occupying the center of the stage. And these instincts, these political intuitions, were hostile to victimary thinking, not because Trump is obsessed with it, but simply because Trump is untouched by it. But what mattered in 2016 and still matters today has been Trump’s consistency in resisting the mimetic pressure that drives the respectable members of Charles Murray’s “Belmont” class to symbolically flagellate themselves in penance for their “white privilege”—all the while feathering the nests of the most privileged members of society, including themselves. No doubt there are more sophisticated ways than Trump’s of resisting the power of White Guilt. But its virtually total domination of the academic world and of those formed by it, such as the elementary school teachers whose antipatriotic lessons are diametrically opposed to the ones I learned in these classes, has made virtually the entire educated class incapable of firm resistance to this tendency, the product of our enforced “awokening” to the model of originary moral equality to the exclusion of all other social considerations. Only someone whose social instincts had been developed before the current constitution of the Belmont world could credibly oppose this configuration, and only someone with considerable personal—rather than institutional—resources would have the freedom to do so. At the start of his campaign in 2015, Trump’s chief source of popular visibility was his presence in the Reality TV show The Apprentice, highly popular among the “deplorable” lower-middle-class audience that would put him in office in the face of the open contempt of establishment politicians in his own party as well as the Democrats. After his 2016 election victory, many hoped that Trump’s bull-in-the-china-shop tweeting and expostulating would disappear, or at least diminish. And indeed, whenever he makes the effort, Trump has shown himself perfectly capable of delivering a cogent address in a perfectly dignified manner. Yet he has continued with the behavior that, even if effective as “trolling” in enraging his enemies, has done nothing to repair his estrangement from the Belmont class. I think for Trump this is a matter of principle, even if the principle is not articulated as a proposition. What makes it tragic is that, although this behavior may well have cost him reelection, it is inseparable from his sense of self. It seems clear that someone who had viewed these antics merely as a political stratagem would not have had the chutzpah to flaunt from the very beginning his disdain for victimary thinking in the face of the respectable majority. The grain of truth in the calumnious accusations of “white supremacy” and even “antisemitism” is that, alone among the politicians of his generation, Trump viscerally understood that the prior censorship exercised by White Guilt is the real culprit that must be cast out. Thus even when in 2016 Trump scandalously denounced US-born judge Gonzalo Curiel as a “Mexican” by way of attacking his impartiality in the matter of the “Wall,” his very sense that this did not damn him as indelibly “racist” affirmed in his own mind his frequently repeated contention that he “is the least racist person in the room.” And indeed, the one incidence of “racism” unceasingly cited by his political enemies has been his statement about “good people on both sides” at Charlottesville in reference to the removal of the statue of Robert E. Lee, as proof, despite his explicit statements to the contrary, of his endorsing neo-Nazis. Yet the fact remains that many of those unmoved by these spurious accusations have been put off by Trump’s “unpresidential” behavior. And so Trump lost an election that he might well have won, even in the face of the Covid19 pandemic. No one can claim to know what formula he should have followed. But what makes him a tragic figure is the fact that he would no longer have been Trump had he sought any other formula than just being Trump. (…) The tragic protagonist assumes leadership in a crisis in which he is obliged to make decisions that cannot be deduced from prior social norms. Once a human being comes to occupy the social center originally reserved for the sacred, he is tasked with a responsibility both necessary and impossible to fulfill en connaissance de cause. (…) Tragedy depends on crisis. And although, objectively speaking, the United States has traversed many far more serious crises—wars and economic depressions—we are currently witnessing the most serious breakdown of our political system since the Civil War, one that the current election, whatever its outcome, is most unlikely to fully resolve. (…) Recently Michigan Democratic Rep. Elissa Slotkin gave an appreciation of Trump that should be heeded by the “respectable” members of both parties: ‘It’s not just that he eats cheeseburgers at a big celebratory dinner (…) or uses kind of simplistic language (…) We sometimes make people feel like they aren’t conscientious enough. (…) They aren’t smart enough or educated enough to just understand what’s good for them. It’s talking down to people. (…) Trump speaks to them, because he includes them. Slotkin’s point like old Harry Truman, but unlike today’s Democrats, Trump speaks to ordinary people. It might seem peculiar for the party that has always presumed to represent the “common man” to be accused by one of its own of “talking down” to its constituency, while the Republicans, supposedly the party of plutocracy, field a candidate whose refusal of a lofty register wins her esteem despite her presumed disagreement with his policies. But what Slotkin means by “talking down” is not so much affecting an intellectual (“wonky”) but a moral (“woke”) superiority. It is less treating people as stupid than as morally obtuse, un-woke. In a word, it is telling “deplorable” white voters to exhibit, to virtue-signal, their White Guilt. (…) As the only candidate in 2016 who was able to resist the victimary pressure that dominates the Left but also paralyses the Right, Trump rightly saw his candidacy as a mission, one figured by descending the escalator in Trump Tower (now faced by the “mural” of Black Lives Matter painted on the street). Trump had a mission and, Wall or no Wall, he has largely carried it out. Even if he fails to obtain a second term, his example will have a lasting effect on American politics. And I hope it will one day receive the historical respect it deserves. That the mediocre Biden was able to call Trump “clown,” “racist,” “worst president ever” demonstrates the tragic vulnerability of the latter’s denial of PC. And those on the Right who persist in seeing Trump as a vulgarian, judging him by what they call his “character” rather than his achievements, are if anything less excusable. It was Trump who revived the American economy, reduced unemployment to its long-term minimum, and raised the salaries of minorities despite their (diminishing!) fidelity to the Democrats. It is Trump who got rid of Soleimani and Al Baghdadi, moved the American Embassy to Jerusalem, and has begun building a coalition of Arab states along with Israel to counter Iran’s influence. If Trump still refuses to concede—and we need not deny a priori the claims of his lawyer Sidney Powell, whose recent statements (…) at least express confidence—this is but one more manifestation of the pertinacity without which he would never have been elected in the first place. May at least the members of his own party have the good grace to recognize that Trump achieved what none of them could have, and, whatever their own personal style, seek to learn from the healthy core of Trump’s “instincts.” Donald Trump saw more clearly than anyone the danger that Rep. Slotkin recognizes in the “woke” faith in resentment that has been building since the 1960s. A virus far more virulent than SARS-CoV-2, this victimary faith has infested our educational, informational, entertainment, and governmental institutions, and unless promptly and firmly checked, risks handing our hard-won democracy to the barbarians. Eric Gans
Nos modes intellectuelles ne veulent voir de la violence que dans les textes, mais d’où vient réellement la menace ? Aujourd’hui, nous vivons dans un monde dangereux où tous les mouvements de foule sont violents. Cette foule était déjà violente dans les Psaumes. Elle l’est dans le récit de Job. Elle demande à Job de se reconnaître coupable : c’est un vrai procès de Moscou qu’on lui fait. Procès prophétique. N’est-ce pas celui du Christ adulé par les foules, puis rejeté au moment de la Passion ? Ces récits annoncent la croix, la mort de la victime innocente, la victoire sur tous les mythes sacrificiels de l’Antiquité. René Girard
Il y avait vraiment des gens qui s’agitaient devant des courts-bouillons de grenouilles et de scorpions, mais nous savons que leurs manigances n’empêcheraient pas les avions de voler (…) C’est bien pourquoi, même lorsqu’elles étaient condamnées, même lorsqu’elles étaient techniquement coupables, les sorcières étaient des boucs émissaires. René Girard
La métaphore principale est celle du triomphe au sens romain, c’est-à-dire la récompense que Rome accordait à ses généraux victorieux. Debout sur son char le triomphateur faisait une entrée solennelle dans la Ville sous les acclamations de la foule. Dans son cortège figuraient les chefs ennemis enchaînés. Avant de faire exécuter ces derniers, on les exhibait, telles des bêtes féroces réduites à l’impuissance. Vercingétorix joua ce rôle dans le triomphe de César. Le général victorieux est ici le Christ et sa victoire, c’est la Croix. Ce dont le christianisme triomphe c’est de l’organisation païenne du monde. Les chefs ennemis enchaînés derrière leur vainqueur sont les principautés et les puissances. L’auteur compare les effets irrésistibles de la Croix à ceux de la force militaire encore toute-puissante au moment où il écrivait, l’armée romaine. (…) Mais il y a dans cette triomphante métaphore un paradoxe trop évident pour ne pas être délibéré, pour ne pas relever d’une intention ironique. La violence militaire est aussi étrangère que possible à ce dont parle réellement l’épître. La victoire du Christ n’a rien à voir avec celle d’un général victorieux : au lieu d’infliger sa violence aux autres, le Christ la subit. Ce qu’il faut retenir ici dans l’idée du triomphe ce n’est pas l’aspect militaire, c’est l’idée d’un spectacle offert à tous les hommes, c’est l’exhibition publique de ce que l’ennemi aurait dû dissimuler afin de se protéger, afin de persévérer dans son être que lui dérobe la Croix. Loin d’être obtenu par la violence, le triomphe de la Croix est le fruit d’un renoncement si total que la violence peut se déchaîner tout son saoul sur le Christ, sans se douter qu’en se déchaînant, elle rend manifeste ce qu’il lui importe de dissimuler, sans soupçonner que ce déchaînement va se retourner contre elle cette fois car il sera enregistré et représenté très exactement dans les récits de la Passion. (…) L’idée du triomphe de la Croix paraît tellement absurde aux yeux des exégètes soi-disant scientifiques qu’ils y voient volontiers une de ces inversions complètes auxquelles les désespérés soumettent le réel lorsque leur univers s’effondre et qu’ils ne peuvent plus affronter la vérité… C’est ce que les psychiatres appellent un phénomène de compensation. Les êtres dévastés par une catastrophe irréparable, privés de tout espoir concret, intervertissent tous les signes qui les renseignent sur le réel : de tous les moins ils font des plus et de tous les plus ils font des moins. C’est ce qui est arrivé aux disciples de Jésus après la crucifixion, c’est ce que les croyants appellent la Résurrection. (…) La plupart des hommes, lorsqu’ils réfléchissent à la Croix, ne voient que l’événement dans sa brutalité, la mort terrible de Jésus qui s’est déroulée, semble-t-il, de façon à infliger au triomphalisme de notre épître le démenti le plus cinglant. (…) En clouant le Christ sur la Croix les puissances croyaient faire ce qu’elles font d’habitude en déclenchant le mécanisme victimaire, elles croyaient écarter une menace de révélation, elles ne se doutaient pas qu’en fin de compte,, elles faisaient tout le contraire, elles travaillaient à leur propre anéantissement, elles se clouaient elles-mêmes sur la Croix en quelque sorte, dont elles ne soupçonnaient pas le pouvoir révélateur. En privant le mécanisme victimaire des ténèbres dont il doit s’entourer pour gouverner toutes choses, la Croix bouleverse le monde. Sa lumière prive Satan de son pouvoir principal, celui d’expulser Satan. (…) La souffrance de la Croix est le prix que Jésus accepte de payer pour offrir à l’humanité cette représentation vraie de l’origine dont elle reste prisonnière, et pour priver à la longue le mécanisme victimaire de son efficacité. Dans le triomphe d’un général victorieux, l’exhibition humiliante du vaincu est seulement une conséquence de la victoire, alors qu’ici c’est cette victoire elle-même, c’est le dévoilement de l’origine violente. Ce n’est pas parce qu’elles sont défaites que les puissances sont données en spectacle, c’est parce qu’elles sont données en spectacle qu’elles sont défaites. Il y a de l’ironie donc dans la métaphore du triomphe militaire et ce qui la rend savoureuse, c’est le fait que Satan et ses cohortes ne respectent que la puissance. Ils ne pensent qu’en termes de triomphe militaire. Ils sont donc battus par une arme dont l’efficacité leur est inconcevable, elle contredit toutes leurs croyances, toutes leurs valeurs. C’est l’impuissance la plus radicale qui triomphe du pouvoir d’auto-expulsion satanique. (…) Pour appréhender le malentendu dans son énormité, il faut le transposer dans une affaire de victime injustement condamnée, une affaire si bien éclaircie désormais qu’elle exclut tout malentendu. À l’époque où le capitaine Dreyfus, condamné pour un crime qu’il n’avait pas commis, purgeait sa peine à l’autre bout du monde, d’un côté il y avait les « antidreyfusards » extrêmement nombreux et parfaitement sereins et satisfaits car ils tenaient leur victime collective et se félicitaient de la voir justement châtiée. De l’autre côté il y avait les défenseurs de Dreyfus, très peu nombreux d’abord et qui passèrent longtemps pour des traîtres patentés ou, au mieux, pour des mécontents professionnels, de véritables obsédés, toujours occupés à remâcher toutes sortes de griefs et de soupçons dont personne autour d’eux ne voyait le bien-fondé. On cherchait dans la morbidité personnelle ou dans les préjugés politiques la raison du comportement dreyfusard. En réalité, l’antidreyfusisme était un véritable mythe, une accusation fausse universellement confondue avec la vérité, entretenue par une contagion mimétique si surexcitée par le préjugé antisémite qu’aucun fait pendant des années ne parvint à l’ébranler. Ceux qui célèbrent l’« innocence » des mythes, leur joie de vivre, leur bonne santé et qui opposent tout cela au soupçon maladif de la Bible et des Évangiles commettent la même erreur, je pense, que ceux qui optaient hier pour l’antidreyfusisme contre le dreyfusisme. C’est bien ce que proclamait à l’époque un écrivain nommé Charles Péguy. Si les dreyfusards n’avaient pas combattu pour imposer leur point de vue, s’ils n’avaient pas souffert, au moins certains d’entre eux, pour la vérité, s’ils avaient admis, comme on le fait de nos jours, que le fait même de croire en une vérité absolue est le vrai péché contre l’esprit, Dreyfus n’aurait jamais été réhabilité, le mensonge aurait triomphé. Si on admire les mythes qui ne voient de victimes nulle part, et si on condamne la Bible et les Évangiles parce qu’au contraire ils en voient partout, on renouvelle l’illusion de ceux qui, à l’époque héroïque de l’Affaire, refusaient d’envisager la possibilité d’une erreur judiciaire. Les dreyfusards ont fait triompher à grand-peine une vérité aussi absolue, intransigeante et dogmatique que celle de Joseph dans son opposition à la violence mythologique. (…) La preuve qu’il est difficile de comprendre ce que je viens de dire ou trop facile peut-être, c’est que Satan lui-même ne l’a pas compris. Ou plutôt, il l’a compris trop tard pour protéger son royaume. Son manque de rapidité a eu, sur l’histoire humaine, des conséquences formidables. Dans sa première épître aux Corinthiens, Paul écrit : « Si les princes de ce monde avaient connu [la sagesse de Dieu] ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire » (1 Co 2, 8). « Les princes de ce monde », qui sont ici la même chose que Satan, ont crucifié le Seigneur de gloire parce qu’ils attendaient de cet événement certains résultats favorables à leurs intérêts. Ils espéraient que le mécanisme fonctionnerait comme d’habitude, à l’abri des regards indiscrets, et qu’ils seraient débarrassés de Jésus et de son message. (…) Les Évangiles eux-mêmes attirent notre attention sur la perte de l’unanimité mythique partout où Jésus intervient. Jean en particulier signale à maintes reprises la division entre les témoins après les paroles et les actes de Jésus. Après chaque intervention de Jésus, les témoins se querellent et, loin d’unifier les hommes, son message suscite le désaccord et la division. C’est dans la crucifixion surtout que cette division joue un rôle capital. Sans elle il n’y aurait pas de révélation évangélique ; le mécanisme victimaire ne serait pas représenté. Comme dans les mythes, il serait transfiguré en action juste et légitime. René Girard
There are a lot of clear emotions that come with this and it caused a big knee jerk reaction. A lot of Americans, when they see his (Trump’s) face will come up with an opinion of liking or disliking him before reading an article or hearing the news. Both the liberal and conservative response to the artist was how sacrilegious the painting came off as. (…) When you hear a democrat calling for the investigation of Trump and a republican calling for the investigation of Pelosi or Biden and neither asks what might be wrong with their own affiliation, just shows how devout that person has become. (…) It is as though they are arguing dogmatic religious doctrine rather than having an honest debate. (…) One side wishes to see violent animosity released on Donald Trump and the other half shows him to be this infallible savior. That won’t get us anywhere but getting people to think outside the box at what they are looking at could potentially begin to turn around how we see and react to the idea of politics in our country. Orvis
Art is a subjective term used to describe the viewer’s thoughts and feelings towards a specific piece of work. However, an artist in Jacksonville only received negative responses to a painting he made but when he examined closer, it was exactly what he expected all along. The artist goes by his initials B.S. and chose to do so after witnessing the backlash and alleged death threats given to local art broker Tristan Orvis when the two placed the painting up for sale on Facebook marketplace. B.S. created controversy and hysteria from his painting titled “An Emotional Mirror” which shows President Donald Trump, as Jesus Christ, being crucified on the cross. He said he was inspired by the events surrounding President Donald Trump’s impeachment trial in January. At first glance, you can see Congresswoman Nancy Pelosi as a Roman Soldier piercing Trump’s right side with a spear, wife Melania praying at his feet like the Virgin Mary, along with members of the media and several foreign presidents and dictator such as Vladimir Putin and Kim Jung-Un looking on. The controversy is obvious as both liberals and conservatives showed their disgust at what they described as an abomination. The artist explained the meaning behind the painting is far more telling of how the viewer is supposed to see it.      B.S. described the painting as his intent to highlight and call into question within the viewer such notions as belief in religion and politics, along with how narrow the bridge is between the two. He also wished to spark the viewers’ thoughts on nationalism and the media influence on the country. Its purpose? To start conversations between both parties while using the “emotional mirror” to look inside one’s self in order to take personal responsibility for how the country looks when discussing politics. What was made to be thought-provoking turned to bashing, according to Orvis. (…) What was seemingly missed by the several thousand people who commented, shared or liked Orvis’s Facebook post, was almost no one responded by questioning themselves or their own party. Instead, they came together to chastise the artist and broker responsible for its content. Things began to reach a boiling point when residents around Onslow began giving out Orvis’s address and kid’s names in an attempt to cause harm. Although he said none of the threats sounded like they held any weight, he will remain cautious until more time has passed. The surprising part is that the two men claim they should have seen it coming, but it proved the point of the painting and that in the current state we live in, seeing is believing and no one is taking the time to actually look and see before believing their own preconceived notions about the political and religious climate.  (…) What Orvis said he learned from this experience is that it reminded him of a time where individuals were labeling themselves as Americans first and not by their race or political affiliations. He also hopes moving forward, people can come together for the betterment of the voters. Newsbreak
Lorsque la rivalité se généralise, que la communauté est en proie à une crise de violence mimétique, elle désigne un individu responsable de la crise. Elle l’accuse puis le tue. Aussitôt la communauté se réconcilie et retrouve la paix en s’unifiant contre ce bouc émissaire. (…) [Mais] la Crucifixion du Christ révèle le mécanisme sacrificiel qui fonde toute société humaine. Désormais, nous savons tous que la victime est innocente. Le texte évangélique au lieu de dénoncer la culpabilité de la victime comme le fait le récit mythique – Œdipe a commis le parricide et l’inceste – nous dévoile l’innocence complète de la victime. Le christianisme dit pour la première fois notre culpabilité, et non celle de la victime aussi divine serait-elle. ‘La Passion a dévoilé une fois pour toute l’origine sacrificielle de l’humanité. Elle a défait le sacré en révélant sa violence’. Désormais, nous devons vivre avec cette impossibilité de désigner des boucs-émissaires la conscience tranquille. Nous sommes privés des processus de différenciation liée à l’émergence d’une culture: ‘il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ’ écrit Saint Paul aux Galates. Désormais on ne sacrifie plus des victimes innocentes pour nous permettre de vivre en paix. Désormais, nous devons nous passer des rites, des interdits et du sacré, qui s’ils conservent une part de violence, sont avant tout des freins à la violence et surtout les fondements de toute culture. Certains ont si parfaitement compris le danger que le christianisme fait courir aux Nations qu’ils s’efforcent de ressusciter le paganisme. Archaïques, sommes-nous, archaïques, voulons-nous rester. Sauf que la désacralisation du monde a ouvert la route à des moyens techniques nous donnant les moyens de destruction inimaginable. Certains s’y sont essayés, ils ont succombé sous le poids de leur propre puissance après avoir fait des millions de victimes. Difficile de jouer à l’homme archaïque lorsque l’on tient en main la bombe atomique. La page blanche est impossible. D’autres rejettent tout ce qui ramène l’humanité à ses origines sacrificielles comme autant de preuve de la culpabilité humaine. Ils réclament toujours moins de rites, moins d’interdits, moins de frontières. Pour eux, les différences culturelles sont autant de traces d’un passé archaïque déshonorant. Ce faisant, ils oublient que ce qui est un remède certes imparfait, est tout de même un remède à une violence pire encore. Quoi qu’on dise, nous sommes toujours aussi mimétiques que nos primitifs ancêtres. Il y a fort à parier que dans ces conditions, nous retournions en deçà de la culture. L’humanité, à l’échelle planétaire, redeviendrait un de ces groupements d’humains indifférenciés soumis à des rivalités internes permanentes. Le pire nous menace encore puisque ces rivalités ne peuvent se résoudre dans un mécanisme sacrificiel désormais interdit. À moins que, comble d’ironie, l’interdit de l’interdit vienne remplacer comme une simagrée de l’Antéchrist l’interdit archaïque et devienne à son tour un argument d’exclusion. D’autres encore, ayant si bien lu René Girard au point de savoir que la violence prolifère parmi les frères, cherchent à mimer la mise à distance archaïque créée par les rites et les interdits, par le truchement de la puissance technologique. Les écrans d’ordinateur ne sont pas des fenêtres sur le monde, contrairement à ce que la publicité nous laisse croire. Ce sont de véritables écrans, nous protégeant de la vraie rencontre, celle qui nous fait prendre le risque de la rivalité lorsque nous appelons notre prochain, frère. Les relations seront régulées par le sans-contact. Les réseaux sociaux seront érigés en temple des nouveaux rites, les centres de big data en tabernacle dont les employés seront les grands prêtres sans visage. Grimace de rite dont le ridicule n’a d’égal que le sacré dont nous entourons nos ordinateurs et les chiffres qu’ils produisent. L’alliance de l’archaïque et de la technique risque fort d’accoucher d’une humanité qui n’aura plus d’humanité que le nom. Marie Girard
Quel étrangement interminable assassinat politique ?
En ce cinquième anniversaire de la disparition de l’anthropologue franco-américain René Girard
Et après une chasse au sorcières et même un quasi-procès de Moscou en direct et en continu de plus de quatre ans …
Sans parler d’une élection où, entre votes sans contact et sans contrôle sous prétexte d’épidémie, tous les coups auront décidément été permis
Qui en une rare unanimité, sur fond d’incessants appels à l’unité, aura réuni élites politiques, économiques, médiatiques, universitaires, artistiques et culturelles …
Accompagnée comme il se doit, entre ultime diabolisation de l’hitlérisation, véritable peste, iconoclasme, autodafés, processions de génuflexants et antisémitisme, de tous les signes et prodiges immémoriaux …
Cette étrangement interminable mise à mort d’un président américain …
Qui y compris contre son propre intérêt ou message, comme la provocation systématique sur les masques et dans le premier débat
Aura décidément jusqu’au bout refusé de jouer le jeu
Comment ne pas voir …
A l’instar de la polémique qui a suivi aux Etats-Unis il y a un an la vente d’un tableau de Trump en Christ
Alors que nous achevons d’éradiquer tous les Christs de nos lieux publics …
Au-delà, en ces temps de victimisation triomphante, de la légendaire propensité de l’impétrant à la chose …
Au moment même où ils semblent enfin avoir obtenu son expulsion définitive …
La proprement extraordinaire difficulté des tenants du sans-frontières et du sans-contact …
Sur fond de révélation aussi paradoxale que potentiellement désastreuse pour les pouvoirs en place …
A réconcilier les Américains et le monde …
Sur le dos du seul Trump honni ?

Il y a cinq ans René Girard, grand penseur de la violence et du sacré, nous quittait…
FIGAROVOX/TRIBUNE – La disparition de René Girard en novembre 2015 fut vite éclipsée, quelques jours plus tard, par les attentats du 13 novembre. Sa petite-nièce Marie Girard, présidente de la Société des amis de Joseph et René Girard, rend hommage à l’incontounable anthropologue qu’il fut et à son oeuvre qu’elle juge essentielle pour comprendre le déchaînement de la violence religieuse aujourd’hui.
Marie Girard
Le Figaro
17 novembre 2020
Marie Girard, petite-nièce de René Girard, est présidente de la Société des amis de Joseph & René Girard.

Le 4 novembre 2015, René Girard était enlevé à l’affection des siens. Dix jours après sa mort, on entendait des tirs de Kalachnikov en plein cœur de Paris. La France vivait en direct la tuerie du Bataclan. Encore quelques jours et des troupes d’élite donnaient l’assaut à deux pas de la basilique Saint Denis. Souvenirs inséparables: René Girard, le penseur de la violence et du sacré, n’a pas connu l’épisode tragique que toute son œuvre permettait de penser.

1947, René Girard, jeune chartiste, quittait sa terre natale et l’Europe ensanglantée. Il est hanté par le déferlement de violence qui a saisi l’humanité durant ces années: les camps de concentrations, les ruines fumantes de Nagasaki et Hiroshima, la pluie des bombes incendiaires qui mit l’Allemagne à genou. Affrontement entre deux blocs tétanisés par leur propre puissance de feu, croissance économique époustouflante anesthésiant les consciences, tels semblent être les nouveaux atours de la paix.

Pourtant René Girard ne s’en laisse pas conter par les chantres du progrès, il pressent que ce n’est pas la fin de l’histoire. Il voit que le monde se défait, que l’Occident se désintègre. Il sait que cela ne se fera pas sans violence. Mais quel sera le visage de cette violence à l’heure où la guerre et ses codes ont disparu? Il sait que ce ne seront pas les sciences politiques qui lui donneront le sens de ce qui nous arrive. Non, il doit aller chercher au plus profond de la nature humaine pour comprendre.

1961, publication de Mensonge romantique et vérité romanesque: ce n’est pas l’érudition «des sages et des savants» que René Girard convoque, mais la lucidité des romanciers. Don Quichotte, Mme Bovary, À la recherche du temps perdu ou Le rouge et le noir lui révèlent que l’Homme est le plus mimétique, le plus imitateur des animaux et donc le plus violent. Si les Hommes s’imitent pour le meilleur rendant possible l’apprentissage c’est-à-dire l’intelligence et le langage, ils imitent aussi leur désir. Ils entrent alors en rivalité autour du même objet désiré.

Lorsque la rivalité se généralise, que la communauté est en proie à une crise de violence mimétique.

1972, publication de La violence et le sacré : après la littérature, René Girard prend les mythes au sérieux et montre que la culture et le religieux sont évitement de la violence. Lorsque la rivalité se généralise, que la communauté est en proie à une crise de violence mimétique, elle désigne un individu responsable de la crise. Elle l’accuse puis le tue. Aussitôt la communauté se réconcilie et retrouve la paix en s’unifiant contre ce bouc émissaire.

Du chaos et du désordre émerge l’ordre: «À travers la violence qui les terrifie c’est la non-violence que vise toujours l’adoration des fidèles. La non-violence apparaît comme un don gratuit de la violence et cette apparence n’est pas sans raison puisque les hommes ne sont jamais capables de se réconcilier qu’aux dépens d’un tiers. Ce que les hommes peuvent faire de mieux dans l’ordre de la non-violence, c’est l’unanimité moins un de la victime émissaire.» Apparaissent alors le sacré et le religieux.

En effet la victime qui, par sa mort, soude la collectivité, est divinisée puisqu’elle sauve la communauté de la destruction. C’est l’émergence du dieu archaïque. Mais la vertu apaisante du meurtre fondateur s’amenuise petit à petit. On replonge alors dans de nouvelles crises. Pour les éviter, on reproduit le meurtre fondateur sous une forme moins violente avec des victimes de substitution que l’on considère comme sacrées. Le sacrifice rituel est une violence cathartique.

René Girard donne, à partir de l’imitation du désir, de la rivalité puis de la violence qu’elle génère, une explication des deux piliers de l’organisation des sociétés archaïques: les interdits qui séparent les rivaux potentiels et les sacrifices qui leur permettent de se réconcilier. Nous apprenons que «l’homme est issu du sacrifice, il est donc fils du religieux» . Le religieux est seul capable de contenir des conflits capables de détruire des groupes humains.

La Crucifixion du Christ révèle le mécanisme sacrificiel qui fonde toute société humaine.

1978, publication de Des choses cachées depuis la fondation du monde : René Girard, à la suite de Simone Weil et au grand dam des universitaires patentés, découvre que la Bible avant d’être une science de Dieu est une anthropologie, une science de l’Homme. Après avoir montré que nous n’étions pas libres face à nos propres désirs, le voilà commentant des fratricides, le meurtre d’Abel par Caïn, le lynchage de Joseph par ses frères, et cela à la lumière de la théorie du bouc émissaire dit-on, mais surtout à la lumière de la Passion du Christ.

La Crucifixion du Christ révèle le mécanisme sacrificiel qui fonde toute société humaine. Désormais, nous savons tous que la victime est innocente. Le texte évangélique au lieu de dénoncer la culpabilité de la victime comme le fait le récit mythique – Œdipe a commis le parricide et l’inceste – nous dévoile l’innocence complète de la victime. Le christianisme dit pour la première fois notre culpabilité, et non celle de la victime aussi divine serait-elle. «La Passion a dévoilé une fois pour toute l’origine sacrificielle de l’humanité. Elle a défait le sacré en révélant sa violence» .

Désormais, nous devons vivre avec cette impossibilité de désigner des boucs-émissaires la conscience tranquille. Nous sommes privés des processus de différenciation liée à l’émergence d’une culture: «il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ» écrit Saint Paul aux Galates. Désormais on ne sacrifie plus des victimes innocentes pour nous permettre de vivre en paix.

Désormais, nous devons nous passer des rites, des interdits et du sacré, qui s’ils conservent une part de violence, sont avant tout des freins à la violence et surtout les fondements de toute culture. Nous pourrions, à première vue, nous en réjouir. Mais René Girard nous prévient. Dans l’introduction d’Achever Clausewitz, il écrit: «le verrou du meurtre fondateur, levé par la Passion, libère aujourd’hui une violence planétaire, sans qu’on puisse refermer ce qui a été ouvert» . Désormais, comment nos crises mimétiques pourront-elles se résoudre? Nous sommes débarrassés des massacres rituels sanglants et nous nous perdons.

Avec René Girard, nous comprenons que l’Occident et le monde cherchent désespérément une issue.

À la barbe des tenants de la laïcité la plus rigide, René Girard est un immense apologète du christianisme, mais d’un christianisme qui est «la seule religion qui aura prévu son propre échec» puisqu’il ne crée plus le sacré qui nous sauverait. Mais surtout, il montre que nous pensons et nous agissons tous, chrétiens ou non, à travers ce qui s’est passé, il y a deux mille ans au Golgotha. Même les pires contempteurs de l’Occident chrétien tiennent un discours chrétien lorsqu’ils viennent demander réparation au nom de l’innocence des victimes. Avec René Girard, nous comprenons que l’Occident et le monde cherchent désespérément une issue.

Certains ont si parfaitement compris le danger que le christianisme fait courir aux Nations qu’ils s’efforcent de ressusciter le paganisme. Archaïques, sommes-nous, archaïques, voulons-nous rester. Sauf que la désacralisation du monde a ouvert la route à des moyens techniques nous donnant les moyens de destruction inimaginable. Certains s’y sont essayés, ils ont succombé sous le poids de leur propre puissance après avoir fait des millions de victimes. Difficile de jouer à l’homme archaïque lorsque l’on tient en main la bombe atomique. La page blanche est impossible.

D’autres rejettent tout ce qui ramène l’humanité à ses origines sacrificielles comme autant de preuve de la culpabilité humaine. Ils réclament toujours moins de rites, moins d’interdits, moins de frontières. Pour eux, les différences culturelles sont autant de traces d’un passé archaïque déshonorant. Ce faisant, ils oublient que ce qui est un remède certes imparfait, est tout de même un remède à une violence pire encore. Quoi qu’on dise, nous sommes toujours aussi mimétiques que nos primitifs ancêtres.

Il y a fort à parier que dans ces conditions, nous retournions en deçà de la culture. L’humanité, à l’échelle planétaire, redeviendrait un de ces groupements d’humains indifférenciés soumis à des rivalités internes permanentes. Le pire nous menace encore puisque ces rivalités ne peuvent se résoudre dans un mécanisme sacrificiel désormais interdit. À moins que, comble d’ironie, l’interdit de l’interdit vienne remplacer comme une simagrée de l’Antéchrist l’interdit archaïque et devienne à son tour un argument d’exclusion.

D’autres encore, ayant si bien lu René Girard au point de savoir que la violence prolifère parmi les frères, cherchent à mimer la mise à distance archaïque créée par les rites et les interdits, par le truchement de la puissance technologique. Les écrans d’ordinateur ne sont pas des fenêtres sur le monde, contrairement à ce que la publicité nous laisse croire. Ce sont de véritables écrans, nous protégeant de la vraie rencontre, celle qui nous fait prendre le risque de la rivalité lorsque nous appelons notre prochain, frère.

Les relations seront régulées par le sans-contact. Les réseaux sociaux seront érigés en temple des nouveaux rites, les centres de big data en tabernacle dont les employés seront les grands prêtres sans visage. Grimace de rite dont le ridicule n’a d’égal que le sacré dont nous entourons nos ordinateurs et les chiffres qu’ils produisent. L’alliance de l’archaïque et de la technique risque fort d’accoucher d’une humanité qui n’aura plus d’humanité que le nom.

En aucun cas, il ne faut chercher dans l’œuvre de René Girard un manifeste politique pour un monde meilleur.

En aucun cas, il ne faut chercher dans l’œuvre de René Girard un manifeste politique pour un monde meilleur. «Je cherche à montrer que le monde actuel est impensable sans le christianisme. Un point, c’est tout» . René Girard est un catholique, il n’attend pas la fin de l’Église comme accomplissement du christianisme: «les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle» (Mt, 16-18).

Il connaît la valeur du rite, mais il le renvoie à une position seconde, comme un outil de l’amour: «Quand donc tu présentes ton offrande à l’autel, si là tu te souviens d’un grief que ton frère a contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis revient, et alors présente ton offrande» (Mt, 5-23).

René Girard est le disciple d’un Dieu capable de renoncer à sa toute-puissance pour nous laisser libres. Inlassablement, il dira que nous ne sommes pas assez chrétiens. Il sait que «la Passion a libéré la violence autant que la Sainteté». René Girard nous engage sur une voie radicale, celle de l’humilité: «Comprendre les hommes, leur constant paradoxe, leur innocence, leur culpabilité, c’est comprendre que nous sommes tous responsables de cet état de choses puisque, à la différence du Christ, nous n’en mourrons pas» .

Il ne cherche pas à nous rassurer. Il cherche à donner un sens à ce qui nous arrive: «plus que jamais, j’ai la conviction que l’histoire a un sens ; que ce sens est redoutable ; mais qu’ ‘’aux lieux du péril, croît aussi ce qui sauve’’». Sur ces derniers mots d’espérance nous laissant à nos responsabilités d’Hommes libérés, le crayon lui glissa des mains.

Voir aussi:

The Washington Post
December 18, 2019

With hours of debate to fill before President Trump is impeached and only a minute or two for each member to make an impact, there is a premium on getting your point across.

Hence, a series of vivid metaphors.

Republicans, in particular, have set about comparing Trump’s impeachment to all manner of historical atrocities. Trump got the ball rolling Tuesday by comparing his treatment unfavorably to the Salem witch trials. “More due process was afforded to those accused in the Salem Witch Trials,” he wrote.

But his GOP colleagues believed they had some even better comparisons.

Rep. Barry Loudermilk (R-Ga.) decided that Trump was denied even the feeble due process that Pontius Pilate granted Jesus before his crucifixion.

“When Jesus was falsely accused of treason, Pontius Pilate gave Jesus the opportunity to face his accusers,” Loudermilk said. “During that sham trial, Pontius Pilate afforded more rights to Jesus than Democrats have afforded this president in this process.”

Rep. Fred Keller (R-Pa.) invoked Jesus’ crucifixion — specifically when Jesus, on the cross, asked God to forgive those who had wronged him.

“So I want Democrats voting for impeachment today to know that I’ll be praying for them,” Keller said. “From the Gospel of Luke, the 23rd chapter, verse 34: And Jesus said, ‘Father, forgive them, for they know not what they do.’ ”

There are, of course, problems with these comparisons. One is that the accused witches in Salem were systematically violated — including physically — and that, while they were afforded at least some theoretical ability to defend themselves, they were essentially required to prove a negative while the evidence against them was accepted at face value. The argument with Jesus is apparently that Trump hasn’t been able to confront the anonymous whistleblower who first brought the Ukraine scandal to light. But the gospels of Matthew and Mark suggest Jesus was essentially found guilty before the trial began. He was also crucified, while the alleged witches were hanged, so the punishment involved there is on a slightly different level. Trump, by contrast, will have a trial in which the rules will be determined by his allies and he will be allowed to remain as president.

Shortly after Loudermilk spoke, Rep. Mike Kelly (R-Pa.) offered his own comparison, saying Trump’s impeachment was more like Pearl Harbor. Here are his comments:

In addition to Christmas being something we celebrate, the Boston Tea Party took place in December, but also on December 7, 1941, a horrific act happened in the United States. And this one that President Roosevelt said, ‘This is a date that will live in infamy.’ Today, December the 18th, 2019, is another date that will live in infamy — when just because you hate the president of the United States and you can find no other reason other than the fact that you’re so blinded by your hate that you can’t see straight that you’ve decided the only way we can make sure this president doesn’t get elected again is to impeach him.

Rep. Clay Higgins (R-La.) offered his own vivid imagery without going for historical metaphors.

“I have descended into the belly of the beast. I have witnessed a terror within,” he began. “And I was committed to oppose the insidious forces which threaten our republic. America has been severely injured by this betrayal, by this unjust and weaponized impeachment brought upon us by the same socialists who threaten unborn life in the womb, who threaten First Amendment rights of conservatives, who threaten Second Amendment protections of every American patriot, and who have long ago determined that they would organize and conspire to overthrow President Trump.

Democrats certainly spoke in stark terms about the harm Trump has done and about the danger of allowing what he has done to go unpunished. But they were generally focused on appearing solemn.

At one point, though, Rep. Cedric L. Richmond (D-La.) did compare what Trump is doing to shooting the Constitution.

“Donald Trump recently said I can do anything I want. He also bragged that he could shoot someone on Fifth Avenue and get away with it,” Richmond said. “Well, he’s shooting holes in our Constitution on Pennsylvania Avenue.”

Rep. Hakeem Jeffries (D-N.Y.) also responded to GOP arguments that Democrats were unnecessarily dividing the country by comparing this moment in history to abolishing slavery and Jim Crow and to giving women the right to vote.

“There are some who cynically argue that the impeachment of this president will further divide an already-fractured union,” he said. “But there is a difference between division and clarification. Slavery once divided the nation, but emancipation rose up to clarify that all men are created equally. Suffrage once divided the nation, but women rose up to clarify that all voices must be heard in our democracy. Jim Crow once divided the nation, but civil rights champions rose up to clarify that all are entitled to equal protection under the law. There is a difference between division and clarification. »

Voir également:

Le 17 décembre 2019

À l’Honorable Nancy Pelosi

Présidente de la Chambre des Représentants

Washington, D.C. 20515

Chère Madame la Présidente

Je vous écris pour protester avec la plus forte et plus vive énergie contre la croisade de destitution partisane déclenchée par les démocrates de la Chambre des Représentants. Cette procédure d’impeachment constitue un abus de pouvoir sans précédent et inconstitutionnel de la part des législateurs démocrates, sans équivalent en près de deux siècles et demi d’histoire législative américaine.

Les articles de mise en accusation avancés par la Commission aux affaires judiciaires de la Chambre sont inadmissibles au regard de toute jurisprudence, interprétation ou théorie constitutionnelle. Ils n’incluent absolument aucun crime, infraction ou délit. Vous avez dévalorisé l’importance de ce si vilain mot, la destitution !

En décidant d’aller de l’avant avec votre procédure de destitution invalide, vous violez votre serment, vous rompez avec votre allégeance envers la Constitution, et vous déclarez ouvertement la guerre à la démocratie américaine. Vous osez invoquer les Pères fondateurs au nom de cette combine qui vise à annuler l’élection — et pourtant, vos actions malveillantes font preuve d’un mépris sans borne pour la fondation de l’Amérique et votre conduite scandaleuse menace de détruire ce que nos Fondateurs avaient consacré leurs vies mêmes à bâtir. Pire encore que d’offenser les Pères fondateurs, vous offensez les Américains qui ont la foi en ne cessant de dire “je prie pour le président”, alors que vous savez que cette déclaration est mensongère, à moins qu’elle n’ait une intention négative. Ce que vous faites est terrible, mais c’est vous qui allez devoir vivre avec, pas moi !

Votre première affirmation, “Abus de pouvoir”, est une invention complètement hypocrite, sans valeur et infondée de votre imagination. Vous savez que j’ai eu une conversation tout à fait innocente avec le président de l’Ukraine. Puis j’ai eu une deuxième conversation dont les citations ont été détournées, déformées et présentées de manière frauduleuse. Heureusement, une transcription de la conversation a été réalisée, et vous savez, à partir de cette transcription (qui a été immédiatement rendue accessible), que le paragraphe en question était parfait. J’ai dit au président Zelensky : “Mais je voudrais que nous rendiez un service, parce que notre pays a connu beaucoup de difficultés et que l’Ukraine en sait beaucoup là-dessus.” Je lui ai dit de nous rendre service, pas à moi, et à notre pays, pas à une campagne. Puis j’ai mentionné le ministre de la Justice des États-Unis. Chaque fois que je parle avec un dirigeant étranger, je fais passer les intérêts de l’Amérique en premier, exactement comme je l’ai fait avec le président Zelensky.

Vous transformez un désaccord politique entre deux branches du gouvernement en un crime passible de destitution — ce n’est pas plus légitime que si l’exécutif accusait des membres du Congrès de crimes pour avoir exercé leur pouvoir législatif légal.

Vous savez parfaitement que le vice-président Biden a utilisé ses fonctions et 1 milliard de dollars d’aide américaine pour obliger l’Ukraine à limoger le procureur qui enquêtait sur l’entreprise qui versait à son fils des millions de dollars. Vous le savez parce que Biden s’en est vanté en vidéo. Biden a déclaré ouvertement : “J’ai dit : ‘Je vous préviens, vous ne l’aurez pas, le milliard de dollars’… je les ai regardés et j’ai dit : ‘Je pars dans six heures. Si le procureur n’est pas limogé, vous ne toucherez pas l’argent.’ Eh bien, nom de Dieu, il a été viré.” Même Joe Biden a admis il y a quelques jours à peine dans une interview avec [la radio publique] NPR, que ça la “fichait mal”. Et maintenant, vous voulez me destituer en m’accusant à tort de faire ce que Joe Biden admet avoir vraiment fait.

Le président Zelensky a déclaré à plusieurs reprises que je n’avais rien fait de mal, et qu’il n’y avait eu Aucune Pression. En plus, il a souligné que ça avait été une “bonne conversation”, “je ne ressens pas de pression” [a-t-il dit], et il a explicitement insisté sur le fait que “personne ne [l’a] bousculé”. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères a clairement déclaré : “Je n’ai jamais vu de lien direct entre les enquêtes et l’aide dans le domaine de la sécurité.” Lui aussi a dit qu’il n’y avait “Aucune Pression”. Le sénateur [républicain] Ron Johnson, du Wisconsin, qui soutient l’Ukraine et a rencontré le président Zelensky en privé, a dit : “À aucun moment pendant cette rencontre […], Zelensky ni aucun autre Ukrainien n’ont mentionné avoir l’impression d’être pressurés afin de faire quelque chose en échange de l’aide militaire.” Il y a eu beaucoup de rencontres entre des représentants de l’Ukraine et notre pays. Pas une fois l’Ukraine ne s’est plainte d’être victime de pressions — pas une fois ! L’ambassadeur Sondland a témoigné que je lui avais dit : “Pas de prêté pour un rendu. Je ne veux rien. Je ne veux rien. Je veux que le président Zelensky fasse ce qu’il faut, ce pour quoi il avait fait campagne.”

La deuxième affirmation, la prétendue “Obstruction au Congrès”, est grotesque et dangereuse. Les démocrates de la Chambre cherchent à destituer le président légitimement élu des États-Unis pour avoir revendiqué des privilèges inscrits dans la Constitution revendiqués sur une base bi-partisane par les gouvernements des deux partis politiques tout au long de l’histoire de notre Nation. Selon ce critère, tous les présidents américains auraient été destitués plusieurs fois. Comme avait prévenu le professeur de droit Jonathan Turley, qui est de gauche, en s’adressant aux démocrates du Congrès : “Je ne saurais trop insister […] si vous destituez un président, si vous commettez le crime grave d’aller devant les tribunaux, c’est un abus de pouvoir. C’est votre abus de pouvoir. Vous faites justement ce que vous reprochez au président de faire.”

Tout le monde, vous comprise, sait ce qui est en train de se passer en réalité. Votre candidat [la démocrate Hillary Clinton] a perdu l’élection en 2016, de façon écrasante au Collège électoral (306-227), et vous et votre parti ne vous êtes jamais remis de cette défaite. Vous avez contracté une forme aiguë de ce que beaucoup dans les médias appellent le Syndrome de démence de Trump et malheureusement, vous ne vous en sortirez jamais ! Vous ne voulez pas, vous ne pouvez pas accepter le verdict des urnes lors de la grande Élection de 2016. Donc, vous avez passé trois années d’affilée à tenter de revenir sur la décision du peuple américain et d’annuler son vote. Vous considérez la démocratie comme votre ennemie !

Présidente Pelosi, la semaine dernière encore, lors d’un forum public, vous avez admis que la campagne de destitution de votre parti durait depuis deux ans et demi, longtemps avant d’avoir entendu parler d’un coup de téléphone avec l’Ukraine. Il y avait dix-neuf minutes que j’avais prêté serment quand le Washington Post a publié un article intitulé La campagne de destitution du président Trump a commencé. Moins de trois mois après mon investiture, la députée [démocrate] Maxine Waters a lancé : “Je me battrai tous les jours jusqu’à ce qu’il soit destitué.”

Les démocrates de la Chambre ont présenté la première résolution de destitution contre moi quelques mois après mon investiture, pour ce qui sera considéré comme l’une des meilleures décisions de notre pays, le renvoi de [l’ex directeur du FBI] James Comey (voir les rapports de l’Inspecteur général) — qui, le monde le sait aujourd’hui, est un des flics les plus corrompus que notre Nation ait jamais connu. Une députée [démocrate] du Congrès, Rashida Tlaib, a hurlé et déliré quelques heures après avoir pris ses fonctions : “On va y aller, et on va destituer ce fils de p…” En mai, le député [démocrate] Al Green a dit : “Je redoute que si nous ne destituons pas ce président, il va être réélu.” Encore une fois, vous et vos alliés avez fait et dit toutes ces choses longtemps avant d’avoir jamais entendu parler du président Zelensky ou de quoi que ce soit en lien avec l’Ukraine. Comme vous le savez très bien, la campagne de destitution n’a rien à voir avec l’Ukraine, ou avec la conversation tout à fait appropriée que j’ai eue avec son nouveau président. Elle n’a à voir qu’avec votre tentative d’annuler l’élection de 2016 et de voler l’élection de 2020 !

Le député [démocrate à la tête de la commission du renseignement de la Chambre des représentants] Adam Schiff n’a cessé de mentir et tricher jusqu’à aujourd’hui, allant même jusqu’à inventer de manière frauduleuse, à partir de rien, ma conversation avec le président Zelensky de l’Ukraine, et de lire cette fantaisie au Congrès comme si c’était moi qui l’avais dit. Ses mensonges et ses tromperies honteuses, qui remontent jusqu’au canular sur [l’ingérence de la] Russie, sont une des principales raisons pour lesquelles nous en sommes là aujourd’hui.

Vous et votre parti cherchez désespérément à détourner l’attention de l’extraordinaire économie, du boom incroyable de l’emploi, des records sur les marchés, de la confiance en hausse et de la prospérité des citoyens en Amérique. Votre parti ne peut tout simplement pas concurrencer notre réussite : 7 millions de nouveaux emplois ; le taux de chômage le plus bas jamais enregistré pour les Africains-Américains, les Hispaniques-Américains, et les Asiatiques-Américains ; une armée reconstruite ; une réforme complète du ministère des Anciens combattants avec Choix et Responsabilité pour nos formidables vétérans ; plus de 170 nouveaux juges fédéraux et deux juges à la Cour suprême ; des réductions historiques d’impôts et de réglementation ; la suppression du mandat individuel [principale disposition de la réforme de l’assurance-maladie d’Obama] ; la première baisse des prix des médicaments sur ordonnance en cinquante ans ; la première nouvelle arme de l’armée de États-Unis depuis 1947 : la Force spatiale ; une vigoureuse protection du Deuxième Amendement [de la Constitution qui garantit le droit au port d’armes] ; la réforme de la justice pénale ; la défaite du califat de l’Etat Islamique et l’élimination du chef terroriste numéro un au monde, Al-Baghdadi ; le remplacement de l’ALENA, cet accord commercial désastreux, par le merveilleux USMCA (Mexique et Canada) ; un accord commercial de Phase Un avec la Chine, ce qui est une percée ; de nouveaux gigantesques accords commerciaux avec le Japon et la Corée du Sud ; le retrait du terrible accord sur le nucléaire avec l’Iran ; l’annulation de l’Accord de Paris sur le climat, injuste et coûteux ; le fait d’être devenu le premier producteur mondial d’énergie ; la reconnaissance de la capitale d’Israël, l’ouverture de l’ambassade américaine à Jérusalem, et la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur les hauteurs du Golan ; une réduction colossale des passages illégaux à la frontière, la fin du système de remise en liberté des clandestins arrêtés, et la construction du Mur de la Frontière sud — et ce n’est que le début, il y a tellement d’autres choses. Vous ne pouvez pas défendre votre politique extrémiste — l’ouverture des frontières, les migrations massives, la criminalité élevée, les impôts écrasants, le système de santé socialisé, la destruction de l’énergie américaine, l’avortement tardif aux frais du contribuable, l’élimination du Deuxième Amendement, les théories radicales d’extrême gauche sur la loi et la justice, et l’obstruction partisane constante tant au sens commun qu’au bien de tous.

Je n’aimerais rien tant que cesser d’appeler votre parti “les Démocrates qui ne font rien”. Malheureusement, je ne crois pas que vous m’en donnerez jamais l’occasion.

Au bout de trois ans d’enquêtes injustes et injustifiées, 45 millions de dollars dépensés, 18 procureurs démocrates furieux, toute la force du FBI, dirigé par une hiérarchie dont il est aujourd’hui prouvé qu’elle est totalement incompétente et corrompue, vous n’avez RIEN trouvé ! Peu de gens qui occupent de hautes fonctions auraient enduré ou passé ce test. Vous ne savez pas, et vous vous en moquez, quels terribles dommages et quelles souffrances vous avez infligés aux membres merveilleux et aimants de ma famille. Vous avez mené une enquête bidon sur le président démocratiquement élu des États-Unis, et vous êtes en train de recommencer.

Il n’y a pas beaucoup de gens qui auraient accepté le châtiment infligé pendant ce laps de temps, et qui auraient pourtant autant fait pour le succès de l’Amérique et de ses citoyens. Mais au lieu de faire passer notre pays en premier, vous avez décidé de déshonorer un peu plus notre pays. Vous avez complètement échoué avec le rapport [du procureur spécial chargé de l’enquête sur l’ingérence russe Robert] Mueller parce qu’il n’y avait rien à trouver, donc vous avez décidé de prendre le premier canular qui se présentait, la conversation téléphonique avec l’Ukraine — alors même que c’était un appel parfait. Et d’ailleurs, quand je parle à des pays étrangers, il y a beaucoup de gens, autorisés, qui écoutent l’appel des deux côtés de la conversation.

C’est vous qui manipulez les élections des États-Unis. C’est vous qui corrompez la Démocratie américaine. C’est vous qui êtes coupable d’Entrave à la justice. C’est vous qui portez préjudice à notre République dans le but de servir vos égoïstes intérêts individuels, politiques et militants.

Avant le Canular de la Destitution, il y a eu la Chasse aux sorcières russe. En dépit du bon sens, au mépris de la vérité, vous et vos collaborateurs avez affirmé que mon équipe de campagne avait comploté avec les Russes – un mensonge calomnieux, malicieux et gravissime, une invention sans pareil. Vous avez contraint notre Nation à subir tracas et tourments à cause d’une histoire montée de toutes pièces, achetée illégalement par Hillary Clinton et le Comité national démocrate à un espion étranger dans le but de porter atteinte à notre démocratie. Et pourtant, quand ce mensonge monstrueux a été mis au jour et que le complot des démocrates a été anéanti, vous n’avez pas présenté d’excuses. Vous ne vous êtes pas rétractée. Vous n’avez pas demandé pardon. Vous n’avez fait preuve d’aucun remords, d’aucune forme d’introspection. Non, vous avez entamé une nouvelle croisade malveillante et diffamatoire – vous avez imaginé une façon de coincer et de calomnier un innocent. Vous avez agi uniquement par calcul politique personnel. Votre présidence de la Chambre des représentants et votre parti sont pris en otage par les éléments les plus dérangés et radicaux de l’extrême gauche. Chacun de vos membres vit dans la crainte qu’un adversaire socialiste ne les défient aux primaires – voilà ce qui motive en vérité la procédure de destitution. Regardez celle qui veut prendre la place du député Jerry Nadler. Regardez-vous, regardez votre entourage. N’entraînez pas votre pays dans la chute de votre parti.

Si vous vous souciiez réellement de la liberté au sein de notre Nation, alors vous chercheriez, avec vos considérables moyens d’enquête, à faire toute la lumière sur les abus de pouvoir scandaleux du FBI avant, pendant et après l’élection de 2016 – notamment l’espionnage de mon équipe de campagne, la remise de fausses preuves au Tribunal de surveillance du renseignement étranger, et la dissimulation de preuves à décharge en vue de piéger l’innocent. Le FBI compte dans ses rangs des employés très honorables, mais ses dirigeants sont incompétents et corrompus. Je pensais que vous seriez personnellement scandalisée par ces révélations, car lors de votre conférence de presse, le jour où vous avez ouvert l’enquête pour impeachment, vous avez lié directement cette initiative au Canular Russe qui avait été complètement discrédité. Vous avez par deux fois déclaré que “toutes les routes mènent à Poutine” en sachant pertinemment que c’était un mensonge abject. Je me suis montré bien plus intraitable avec la Russie que ne l’a jamais envisagé le président Obama.

Tout parlementaire qui votera en faveur de l’impeachment – au mépris de la vérité, des faits, des preuves et de la règle de droit – révélera son profond dédain pour les électeurs et sa véritable aversion pour l’ordre constitutionnel des États-Unis. Nos fondateurs craignaient le tribalisme provoqué par la politique de parti et vous donnez vie à leurs pires craintes.

Pire encore, j’ai été privé d’une Procédure Respectueuse de la Constitution dès le début de cette farce et jusqu’à aujourd’hui. J’ai été privé des droits les plus élémentaires prévus par la Constitution, notamment le droit de présenter des éléments de preuve, d’être représenté par un avocat, de faire face à mes accusateurs, et de convoquer et de contre-interroger des témoins – en particulier le supposé lanceur d’alerte qui a déclenché ce canular par sa fausse déclaration sur une conversation téléphonique sans aucun lien avec la conversation qui a réellement eu lieu. Dès que j’ai présenté la transcription de l’appel, ce qui a surpris et choqué les escrocs (ils n’avaient pas imaginé que ce type de document serait révélé), le soi-disant lanceur d’alerte, et aussi le deuxième lanceur d’alerte, ont disparu car ils s’étaient fait prendre, leur signalement était frauduleux et il n’a plus été possible d’être en contact avec eux.

En d’autres termes, dès que la conversation téléphonique a été rendue publique, votre petit complot a volé en éclats, mais ça ne vous a pas empêché de continuer.

Le procès des sorcières de Salem ne comptait pas tant d’irrégularités.

Vous et les membres de vos commissions affirmez depuis longtemps que la procédure de destitution doit avoir le soutien des deux partis – en l’occurrence ce n’est pas le cas. Vous avez déclaré que la procédure était source de divisions – c’est le moins qu’on puisse dire, et ces divisions sont bien plus profondes que vous n’osiez l’imaginer – et ça ne fera qu’empirer !

Tout cela n’est autre qu’une tentative de coup d’État illégale et militante, qui, si l’on en croit l’opinion publique ces derniers temps, se soldera par un échec cuisant dans les urnes. Vous n’en voulez pas qu’à moi, le président, vous en voulez au Parti républicain tout entier. Mais en raison de cette injustice colossale, l’unité de notre parti n’a jamais été si forte. Le jugement de l’Histoire sera impitoyable face à cette comédie que vous jouez. On ne retiendra de vous que la transformation de la Chambre des représentants, vénérable organe législatif, en tribunal arbitraire présidant à des persécutions partiales.

Vous feignez la solennité et c’est sans doute ce qui m’est le plus insultant. Vous avez, semble-t-il, si peu de respect pour les citoyens des États-Unis que vous les croyez dupes de votre démarche soi-disant grave, réservée et réticente. Toute personne dotée d’intelligence n’en croit pas un mot. Dès l’instant où j’ai été élu, le Parti démocrate a été en proie à la Fièvre de la Destitution. Vous n’affichez aucune réticence. Cette affaire n’a rien de grave. Vous tournez en dérision la procédure d’impeachment et vous masquez à peine la haine que vous inspire ma personne, le Parti républicain et des dizaines de millions d’Américains patriotes. Les électeurs font preuve de sagesse et ils voient clair dans votre jeu creux, stérile et dangereux.

Nul doute que les citoyens américains vous mettront, ainsi que le Parti démocrate, face à vos responsabilités lors de l’élection de 2020. Ils ne sont pas près d’oublier la subversion de la justice et les abus de pouvoir dont vous vous rendez coupables.

Il y a tant d’autres choses à faire pour améliorer la vie de nos concitoyens. Vous et les démocrates militants qui siègent au Congrès devez sans délai mettre un terme à ce fantasme de destitution ; vous devez vous remettre au service des citoyens américains. Je ne m’attends pas à ce que vous vous exécutiez, mais je vous adresse la présente lettre pour l’histoire et afin de consigner mes pensées de manière immuable et indélébile.

Dans un siècle, quand les gens repenseront à cette affaire, je souhaite qu’ils la comprennent et qu’ils en tirent des leçons, afin qu’aucun autre président ne puisse vivre la même chose.

Je vous prie d’agréer, Madame, l’expression de mes sentiments distingués,

Donald Trump

Président des États-Unis d’Amérique

Voir de même:

Jacksonville artist’s Trump Messiah painting misunderstood by the masses

Art is a subjective term used to describe the viewer’s thoughts and feelings towards a specific piece of work.

However, an artist in Jacksonville only received negative responses to a painting he made but when he examined closer, it was exactly what he expected all along.

The artist goes by his initials B.S. and chose to do so after witnessing the backlash and alleged death threats given to local art broker Tristan Orvis when the two placed the painting up for sale on Facebook marketplace.

B.S. created controversy and hysteria from his painting titled “An Emotional Mirror” which shows President , as Jesus Christ, being crucified on the cross. He said he was inspired by the events surrounding President ’s impeachment trial in January.

At first glance, you can see Congresswoman Nancy Pelosi as a Roman Soldier piercing Trump’s right side with a spear, wife Melania praying at his feet like the Virgin Mary, along with members of the media and several foreign presidents and dictator such as and Kim Jung-Un looking on.

The controversy is obvious as both liberals and conservatives showed their disgust at what they described as an abomination. The artist explained the meaning behind the painting is far more telling of how the viewer is supposed to see it.

B.S. described the painting as his intent to highlight and call into question within the viewer such notions as belief in religion and politics, along with how narrow the bridge is between the two. He also wished to spark the viewers’ thoughts on nationalism and the media influence on the country.

Its purpose? To start conversations between both parties while using the “emotional mirror” to look inside one’s self in order to take personal responsibility for how the country looks when discussing politics. What was made to be thought-provoking turned to bashing, according to Orvis.

“There are a lot of clear emotions that come with this and it caused a big knee jerk reaction. A lot of Americans, when they see his (Trump’s) face will come up with an opinion of liking or disliking him before reading an article or hearing the news,” Orvis said. “Both the liberal and conservative response to the artist was how sacrilegious the painting came off as.”

One man, claiming to be a catholic Christian crusader said the $5,000 price tag would be worth paying if he (Orvis) killed himself along with destroying the painting. Another individual joked that all conservative followers see Trump as a messiah and is the second coming of Jesus.

What was seemingly missed by the several thousand people who commented, shared or liked Orvis’s Facebook post, was almost no one responded by questioning themselves or their own party. Instead, they came together to chastise the artist and broker responsible for its content.

Things began to reach a boiling point when residents around Onslow began giving out Orvis’s address and kid’s names in an attempt to cause harm. Although he said none of the threats sounded like they held any weight, he will remain cautious until more time has passed.

The surprising part is that the two men claim they should have seen it coming, but it proved the point of the painting and that in the current state we live in, seeing is believing and no one is taking the time to actually look and see before believing their own preconceived notions about the political and religious climate.

“When you hear a democrat calling for the investigation of Trump and a republican calling for the investigation of Pelosi or (jJ Biden and neither asks what might be wrong with their own affiliation, just shows how devout that person has become,” explained B.S. “It is as though they are arguing dogmatic religious doctrine rather than having an honest debate.”

Unbelievably enough, the painting sold for $4,200 to a collector in Florida after only being on the market for a day and a half.

What Orvis said he learned from this experience is that it reminded him of a time where individuals were labeling themselves as Americans first and not by their race or political affiliations. He also hopes moving forward, people can come together for the betterment of the voters.

“One side wishes to see violent animosity released on ad the other half shows him to be this infallible savior. That won’t get us anywhere but getting people to think outside the box at what they are looking at could potentially begin to turn around how we see and react to the idea of politics in our county,” Orvis said.

Voir enfin:
The White house

Washington

December 17, 2019

The Honorable Nancy Pelosi
Honorable Nancy Pelosi

Speaker of the House of Representatives

Dear Madam Speaker:

I write to express my strongest and most powerful protest against the partisan impeachment crusade being pursued by the Democrats in the House of Representatives. This impeachment represents an unprecedented and unconstitutional abuse of power by Democrat Lawmakers, unequaled in nearly two and a half centuries of American legislative history.

The Articles of Impeachment introduced by the House Judiciary Committee are not recognizable under any standard of Constitutional theory, interpretation, or jurisprudence. They include no crimes, no misdemeanors, and no offenses whatsoever. You have cheapened the importance of the very ugly word, impeachment!

By proceeding with your invalid impeachment, you are violating your oaths of office, you are breaking your allegiance to the Constitution, and you are declaring open war on American Democracy. You dare to invoke the Founding Fathers in pursuit of this election-nullification scheme — yet your spiteful actions display unfettered contempt for America’s founding and your egregious conduct threatens to destroy that which our Founders pledged their very lives to build. Even worse than offending the Founding Fathers, you are offending Americans of faith by continually saying « I pray for the President, » when you know this statement is not true, unless it is meant in a negative sense. It is a terrible thing you are doing, but you will have to live with it, not I!
Founding Fathers

Your first claim, « Abuse of Power, » is a completely disingenuous, meritless, and baseless invention of your imagination. You know that I had a totally innocent conversation with the President of Ukraine. I then had a second conversation that has been misquoted, mischaracterized, and fraudulently misrepresented. Fortunately, there was a transcript of the conversation taken, and you know from the transcript (which was immediately made available) that the paragraph in question was perfect. I said to President Zelensky: « I would like you to do us a favor, though, because our country has been through a lot and Ukraine knows a lot about it. » I said do us a favor, not me, and our country, not a campaign. I then mentioned the Attorney General of the United States. Every time I talk with a foreign leader, I put America’s interests first, just as I did with President Zelensky.

You are turning a policy disagreement between two branches of government into an impeachable offense — it is no more legitimate than the Executive Branch charging members of Congress with crimes for the lawful exercise of legislative power.
Executive Branch

You know full well that Vice President Biden used his office and $1 billion dollars of U.S. aid money to coerce Ukraine into firing the prosecutor who was digging into the company paying his son millions of dollars. You know this because Biden bragged about it on video. Biden openly stated: « I said, ‘I’m telling you, you’re not getting the billion dollars’… I looked at them and said: ‘I’m leaving in six hours. If the prosecutor is not fired, you’re not getting the money.’ Well, son of a bitch. He got fired. » Even Joe Biden admitted just days ago in an interview with NPR that it « looked bad. » Now you are trying to impeach me by falsely accusing me of doing what Joe Biden has admitted he actually did.

President Zelensky has repeatedly declared that I did nothing wrong, and that there was No Pressure. He further emphasized that it was a « good phone call, » that « I don’t feel pressure, » and explicitly stressed that « nobody pushed me. » The Ukrainian Foreign Minister stated very clearly: « I have never seen a direct link between investigations and security assistance. » He also said there was « No Pressure. » Senator Ron Johnson of Wisconsin, a supporter of Ukraine who met privately with President Zelensky, has said: « At no time during this meeting … was there any mention by Zelensky or any Ukrainian that they were feeling pressure to do anything in return for the military aid. » Many meetings have been held between representatives of Ukraine and our country. Never once did Ukraine complain about pressure being applied — not once! Ambassador Sondland testified that I told him: « No quid pro quo. I want nothing. I want nothing. I want President Zelensky to do the right thing, do what he ran on. »

The second claim, so-called « Obstruction of Congress, » is preposterous and dangerous. House Democrats are trying to impeach the duly elected President of the United States for asserting Constitutionally based privileges that have been asserted on a bipartisan basis by administrations of both political parties throughout our Nation’s history. Under that standard, every American president would have been impeached many times over. As liberal law professor Jonathan Turley warned when addressing Congressional Democrats: « I can’t emphasize this enough … if you impeach a president, if you make a high crime and misdemeanor out of going to the courts, it is an abuse of power. It’s your abuse of power. You’re doing precisely what you’re criticizing the President for doing. »

Everyone, you included, knows what is really happening. Your chosen candidate lost the election in 2016, in an Electoral College landslide (306-227), and you and your party have never recovered from this defeat. You have developed a full-fledged case of what many in the media call Trump Derangement Syndrome and sadly, you will never get over it! You are unwilling and unable to accept the verdict issued at the ballot box during the great Election of 2016. So you have spent three straight years attempting to overturn the will of the American people and nullify their votes. You view democracy as your enemy!
straight years

Speaker Pelosi, you admitted just last week at a public forum that your party’s impeachment effort has been going on for « two and a half years, » long before you ever heard about a phone call with Ukraine. Nineteen minutes after I took the oath of office, the Washington Post published a story headlined, « The Campaign to Impeach President Trump Has Begun. » Less than three months after my inauguration, Representative Maxine Waters stated, « I’m going to fight every day until he’s impeached. » House Democrats introduced the first impeachment resolution against me within months of my inauguration, for what will be regarded as one of our country’s best decisions, the firing of James Comey (see Inspector General Reports) — who the world now knows is one of the dirtiest cops our Nation has ever seen. A ranting and raving Congresswoman, Rashida Tlaib, declared just hours after she was sworn into office, « We’re gonna go in there and we’re gonna impeach the motherf****r. » Representative Al Green said in May, « I’m concerned that if we don’t impeach this president, he will get re-elected. » Again, you and your allies said, and did, all of these things long before you ever heard of President Zelensky or anything related to Ukraine. As you know very well, this impeachment drive has nothing to do with Ukraine, or the totally appropriate conversation I had with its new president. It only has to do with your attempt to undo the election of 2016 and steal the election of 2020!

Congressman Adam Schiff cheated and lied all the way up to the present day, even going so far as to fraudulently make up, out of thin air, my conversation with President Zelensky of Ukraine and read this fantasy language to Congress as though it were said by me. His shameless lies and deceptions, dating all the way back to the Russia Hoax, is one of the main reasons we are here today.
Congressman Adam Schiff

You and your party are desperate to distract from America’s extraordinary economy, incredible jobs boom, record stock market, soaring confidence, and flourishing citizens. Your party simply cannot compete with our record: 7 million new jobs; the lowest-ever unemployment for African Americans, Hispanic Americans, and Asian Americans; a rebuilt military; a completely reformed VA with Choice and Accountability for our great veterans; more than 170 new federal judges and two Supreme Court Justices; historic tax and regulation cuts; the elimination of the individual mandate; the first decline in prescription drug prices in half a century; the first new branch of the United States Military since 1947, the Space Force; strong protection of the Second Amendment; criminal justice reform; a defeated ISIS caliphate and the killing of the world’s number one terrorist leader, al-Baghdadi; the replacement of the disastrous NAFTA trade deal with the wonderful USMCA (Mexico and Canada); a breakthrough Phase One trade deal with China; massive new trade deals with Japan and South Korea; withdrawal from the terrible Iran Nuclear Deal; cancellation of the unfair and costly Paris Climate Accord; becoming the world’s top energy producer; recognition of Israel’s capital, opening the American Embassy in Jerusalem, and recognizing Israeli sovereignty over the Golan Heights; a colossal reduction in illegal border crossings, the ending of Catch-and-Release, and the building of the Southern Border Wall — and that is just the beginning, there is so much more. You cannot defend your extreme policies — open borders, mass migration, high crime, crippling taxes, socialized healthcare, destruction of American energy, late-term taxpayer-funded abortion, elimination of the Second Amendment, radical far-left theories of law and justice, and constant partisan obstruction of both common sense and common good.

There is nothing I would rather do than stop referring to your party as the Do-Nothing Democrats. Unfortunately, I don’t know that you will ever give me a chance to do so. After three years of unfair and unwarranted investigations, 45 million dollars spent, 18 angry Democrat prosecutors, the entire force of the FBI, headed by leadership now proven to be totally incompetent and corrupt, you have found NOTHING! Few people in high position could have endured or passed this test. You do not know, nor do you care, the great damage and hurt you have inflicted upon wonderful and loving members of my family. You conducted a fake investigation upon the democratically elected President of the United States, and you are doing it yet again.

There are not many people who could have taken the punishment inflicted during this period of time, and yet done so much for the success of America and its citizens. But instead of putting our country first, you have decided to disgrace our country still further. You completely failed with the Mueller report because there was nothing to find, so you decided to take the next hoax that came along, the phone call with Ukraine — even though it was a perfect call. And by the way, when I speak to foreign countries, there are many people, with permission, listening to the call on both sides of the conversation.

You are the ones interfering in America’s elections. You are the ones subverting America’s Democracy. You are the ones Obstructing Justice. You are the ones bringing pain and suffering to our Republic for your own selfish personal, political, and partisan gain.

Before the Impeachment Hoax, it was the Russian Witch Hunt. Against all evidence, and regardless of the truth, you and your deputies claimed that my campaign colluded with the Russians — a grave, malicious, and slanderous lie, a falsehood like no other. You forced our Nation through turmoil and torment over a wholly fabricated story, illegally purchased from a foreign spy by Hillary Clinton and the DNC in order to assault our democracy. Yet, when the monstrous lie was debunked and this Democrat conspiracy dissolved into dust, you did not apologize. You did not recant. You did not ask to be forgiven. You showed no remorse, no capacity for self-reflection. Instead, you pursued your next libelous and vicious crusade — you engineered an attempt to frame and defame an innocent person. All of this was motivated by personal political calculation. Your Speakership and your party are held hostage by your most deranged and radical representatives of the far left. Each one of your members lives in fear of a socialist primary challenger — this is what is driving impeachment. Look at Congressman Nadler’s challenger. Look at yourself and others. Do not take our country down with your party.

If you truly cared about freedom and liberty for our Nation, then you would be devoting your vast investigative resources to exposing the full truth concerning the FBI’s horrifying abuses of power before, during, and after the 2016 election — including the use of spies against my campaign, the submission of false evidence to a FISA court, and the concealment of exculpatory evidence in order to frame the innocent. The FBI has great and honorable people, but the leadership was inept and corrupt. I would think that you would personally be appalled by these revelations, because in your press conference the day you announced impeachment, you tied the impeachment effort directly to the completely discredited Russia Hoax, declaring twice that « all roads lead to Putin, » when you know that is an abject lie. I have been far tougher on Russia than President Obama ever even thought to be.

Any member of Congress who votes in support of impeachment — against every shred of truth, fact, evidence, and legal principle — is showing how deeply they revile the voters and how truly they detest America’s Constitutional order. Our Founders feared the tribalization of partisan politics, and you are bringing their worst fears to life.

Worse still, I have been deprived of basic Constitutional Due Process from the beginning of this impeachment scam right up until the present. I have been denied the most fundamental rights afforded by the Constitution, including the right to present evidence, to have my own counsel present, to confront accusers, and to call and cross-examine witnesses, like the so-called whistleblower who started this entire hoax with a false report of the phone call that bears no relationship to the actual phone call that was made. Once I presented the transcribed call, which surprised and shocked the fraudsters (they never thought that such evidence would be presented), the so-called whistleblower, and the second whistleblower, disappeared because they got caught, their report was a fraud, and they were no longer going to be made available to us. In other words, once the phone call was made public, your whole plot blew up, but that didn’t stop you from continuing.

More due process was afforded to those accused in the Salem Witch Trials.

You and others on your committees have long said impeachment must be bipartisan — it is not. You said it was very divisive — it certainly is, even far more than you ever thought possible — and it will only get worse!

This is nothing more than an illegal, partisan attempted coup that will, based on recent sentiment, badly fail at the voting booth. You are not just after me, as President, you are after the entire Republican Party. But because of this colossal injustice, our party is more united than it has ever been before. History will judge you harshly as you proceed with this impeachment charade. Your legacy will be that of turning the House of Representatives from a revered legislative body into a Star Chamber of partisan persecution.

Perhaps most insulting of all is your false display of solemnity. You apparently have so little respect for the American People that you expect them to believe that you are approaching this impeachment somberly, reservedly, and reluctantly. No intelligent person believes what you are saying. Since the moment I won the election, the Democrat Party has been possessed by Impeachment Fever. There is no reticence. This is not a somber affair. You’re making a mockery of impeachment and you are scarcely concealing your hatred of me, of the Republican Party, and tens of millions of patriotic Americans. The voters are wise, and they are seeing straight through this empty, hollow, and dangerous game you are playing.

I have no doubt the American people will hold you and the Democrats fully responsible in the upcoming 2020 election. They will not soon forgive your perversion of justice and abuse of power.
American people

There is far too much that needs to be done to improve the lives of our citizens. It is time for you and the highly partisan Democrats in Congress to immediately cease this impeachment fantasy and get back to work for the American People. While I have no expectation that you will do so, I write this letter to you for the purpose of history and to put my thoughts on a permanent and indelible record.

One hundred years from now, when people look back at this affair, I want them to understand it, and learn from it, so that it can never happen to another President again.

Sincerely yours,

Donald J. Trump

Voir enfin:

The Washington Post
May 15, 2018

AMERICAN FORK, UTAH — Jon McNaughton did not intend to become the country’s most famous pro-Trump, mass-market painter of the 21st century. But then, to achieve such an identity does require a modicum of cultivation; it does not happen overnight.

In 2008, the Utah artist was selling landscapes out of a gallery in a shopping mall. Then the presidential election happened and McNaughton, who didn’t like John McCain or Barack Obama, was struck with inspiration. The result, “One Nation Under God,” was a massive canvas featuring Jesus Christ holding a copy of the Constitution, surrounded by Davy Crockett, Ronald Reagan and 61 other historical figures dismayed by the direction of the country (Satan, also in the painting, was pleased). It wasn’t particularly subtle, but something about the work spoke to people and a new creative doorway was opened.

You might have seen, for example, “The Forgotten Man,” in which Obama ignores a weeping citizen on a park bench while the Founding Fathers implore him to pay attention. Or, “The Demise of America,” in which he fiddles while the U.S. Capitol burns. Or, “One Nation Under Socialism,” in which he has lit the Constitution on fire.

After the 2016 election, McNaughton’s paintings gained a hero in Donald Trump instead of just a villain in Obama: a sequel to “The Forgotten Man,” “You Are Not Forgotten,” features the same weeping citizen, now planting a tree as Trump looks on benevolently.

Yes. McNaughton is that guy.

It’s pure id art. Which means, in the sense that art can reveal truths about the undercarriage of the psyche, McNaughton is one of the most significant painters of the current era. The New Yorker’s art critic analyzed the influence of McNaughton’s work and dubbed 2016 “The year of ‘The Forgotten Man.’ ”

“I’m just honestly a little perplexed,” says McNaughton, 50, a soft-spoken Mormon father. “I have no idea where [buyers] are hanging them; I just know I sell a ton. Sometimes I’m shocked at how many I sell. That one I told you about, Obama burning the Constitution? When I painted it, I worried, this thing is just hideous — why would anybody hang that in their living room?”

It’s not, he says, the kind of “warm, happy” work people typically want in their homes.

But they sell. McNaughton is a repeat guest on “Fox and Friends.” Sean Hannity owns several originals, including “The Forgotten Man.” McNaughton won’t say how much Hannity paid (it’s been reported as $300,000, which the artist says is too high), but the majority of his income comes not from originals but reproductions: $30 for an 11-by-14 lithograph, $700 for something large, framed and signed.

Rob Dickerson, the account manager at the printing outlet that fills McNaughton’s orders, says when customers submit orders, they often include personal notes: Your work has meant so much to me. You are my favorite artist. Sometimes orders come in with a shipping address of Trump Tower. These aren’t Trump employees, Dickerson thinks: just regular citizens spending $250-$300 on a painting they’ll never hold, sent to a man who has more money than they ever will, because the art is doing . . . something . . . for their souls.

The other day, we flew to Utah to watch McNaughton put the finishing touches on his latest work, which he planned to release by the end of the week. Over the phone, he’d said only that the painting would be « Mueller-themed. »

American Fork, a Salt Lake City suburb, is an interesting town, a backdrop of ridiculous beauty and a foreground of bland chain restaurants. The address he’d provided led to Altus Fine Arts, an art consortium specializing in Mormon paintings, where McNaughton rents warehouse space. In the backroom of the nondescript white building, the painter had already set up his easel.

The new painting was “Mueller-themed” in the same way a banana is “fruit-themed”: there might have been a layer to peel back, but for the most part, the thing was just the thing. In the work, which McNaughton had tentatively titled “Exposing the Truth,” Trump grabbed special counsel Robert S. Mueller III by the necktie, roughly pulling him close while Mueller shrank back in fear. In Trump’s other hand was a magnifying glass, which he held inches from Mueller’s face.

“It’s about how it’s all kind of coming to a head,” McNaughton explained. “How Trump is turning the tables on Mueller. It does have a bit of a bully feel — Trump is saying, ‘I’m not going to be the victim here.’ ” McNaughton thinks that the president will end up firing Mueller, and the painting reflects that.

As McNaughton sat at his easel, painting the shadows on Trump’s sleeve, he explained that this wasn’t his regular studio. Normally, he works from his basement, which is also where he stages paintings (a lanky neighbor is the regular stand-in for Obama; McNaughton’s brother is the recurring “Forgotten Man”). But as his fame has grown, his wife’s tolerance for the circus has shrunk; no interviews in the house.

McNaughton talked about his faith: the Mormon mission he did in Japan in his youth. He talked about working as a financial planner for eight years until he’d saved enough money to pursue art full time. He talked about his art training at Brigham Young University, where a frustrated professor chastised him for not taking instruction better.

He talked about how he wakes up every morning and turns on the news, perpetually seeking out angles for future projects.

“I have a great idea for an immigration-themed painting,” he said. “I have a great idea for a foreign-policy-themed painting. I have an idea for a Second Amendment-themed painting, and an idea that involves a lot of past presidents, and a Christmas painting that’s going to be crazy.”

A good bellwether for if a painting would sell well was whether someone like Rachel Maddow, the liberal MSNBC host, was offended by it. Her blog once held a cheeky caption contest for one of his works. “My sales spiked after,” McNaughton said cheerfully.

While watching McNaughton paint, we told him that “Exposing the Truth” seemed tame compared with his earlier works. Nobody was burning or tearing the Constitution. Abraham Lincoln was not weeping in the background. Jesus Christ wasn’t presiding over the halls of Congress.

Several hours later we realized these standards were off. If a painting of the president of the United States physically threatening the special prosecutor didn’t seem downright wacky, then what did that say about what passes for normal in this country?

It’s perhaps not surprising to know that coastal critics don’t believe in McNaughton’s work. New York magazine’s Jerry Saltz has called it « visually dead as a doornail. » Stephen Colbert once did a whole segment lampooning the obvious metaphors in the painting: « Barack Obama represents President Obama, » Colbert deadpanned. « The burning Constitution represents a Constitution that is on fire. »

What isn’t entirely clear is whether McNaughton believed in it himself. The Trump world is populated by disciples — Michael Cohen, Diamond & Silk — whose ideology can seem both deeply felt as well as performative and opportunistic.

McNaughton’s art shapes perceptions of the president. It stokes anger in Trump’s supporters. But had McNaughton himself jumped on the Trump Train, or had he merely set up a lemonade stand at the station?

McNaughton didn’t support Trump at first; he liked Ted Cruz in the primaries. Ask what he thinks about Trump now, and he’s measured: “He gets away with stuff nobody else can get away with,” McNaughton says. “I laugh when I see it. I cringe and laugh at just about anything I see.” He says that his works do come from an emotional place but that he doesn’t view himself as a Trump supporter so much as a Trump observer.

“Take this painting,” he says at his makeshift studio, gesturing to “You Are Not Forgotten,” which hangs on an easel nearby. As a regal Trump gestures toward the Forgotten Man, who is planting a tree, a crowd of mostly veterans and law enforcement look on with approval. McNaughton asks, “Based on this painting, what do you think McNaughton thinks of Trump?”

The symbolism seems pretty bonk-you-on-the-head: tree as hope, Trump as savior, audience as grateful.

McNaughton says, No, that’s wrong. No, that’s not what he intended. “The point of the painting is that here are all the people who got him elected,” McNaughton says. “It’s, ‘Okay Mr. Trump, now you’re here, what are you going to do?’ ” The painting is not an endorsement of Trump, McNaughton says, so much as it’s a snapshot of the country in a moment in time. More than anything, he considers himself a “historical painter.”

“The way I look at it, these paintings will either be swept under the rug, or they’ll represent this era. The same with Trump, really.”

But if that’s true, it’s not really what comes across in his work. When people buy a painting, they don’t also buy McNaughton to come to their house and explain how “You Are Not Forgotten” is merely an observational statement about the demographics who elected Trump. The people who buy the painting are buying it because the message seems to be, “#MAGA #MAGA #MAGA,” in big neon lights.

This prompts a thoughtful interrogation into the meaning and purpose of art: How much ownership does a painter have over his messaging? How much should the artist’s intent inform the works’ perception?

Perhaps McNaughton is trying a little bit to have it both ways — to benefit from the fervor of Trump’s supporters, while leaving himself some plausible deniability about whether he’s a supporter himself. Perhaps it’s just about money?

To spend all day, every day, creating beatific images of Donald Trump would be exhausting, if you didn’t believe in Donald Trump at least a little. So McNaughton must believe in him at least a little.

But it’s complicated. As McNaughton talks, with some thoughtful sadness, about being the “whipping boy” of the art world he spent a lifetime hoping to join, he’s not the person you expect him to be.

Dickerson, the account manager, says that he doesn’t share the political views espoused in McNaughton’s paintings. Dickerson considers himself moderate-to-liberal, at least by Utah standards. “But,” he says, “I do have one of Jon’s paintings. I really like it. It’s in my office — should I go get it?”

He returns a few minutes later carrying a small square artwork, maybe 8 by 8 inches, that doesn’t look like anything else in the studio. It’s of John F. Kennedy. It’s a simple black-and-white sketch, and it’s accompanied by the JFK quote, “Let us not seek the Republican answer or the Democratic answer. Let us not seek to fix the blame for the past. Let us accept our own responsibility for the future.”

On McNaughton’s website, this painting does pop up, but it’s not featured prominently. The Kennedy drawing cost only $10, when it was for sale, but it’s no longer for sale. A note says that only 50 copies were made.

The next day, McNaughton brings a finished canvas of the Mueller painting back into the warehouse. He’d stayed up until 3 a.m. completing it, he says, and it’s changed quite a bit. Now, there are faces watching the Trump-Mueller altercation: James B. Comey, Rod Rosenstein, Jeff Sessions. McNaughton has also changed the name: Instead of « Exposing the Truth, » the painting is now titled « Expose the Truth » — a swap that makes the depiction seem less observational and more directive.

“A little more in-your-face,” McNaughton allows.

Whether he fully believes in what he’s doing or not, he’s chosen to lean into it, without hesi­ta­tion. He spends the afternoon composing the text that will accompany the painting on his website: “Robert Mueller leads a special council of at least 17 partisan Democrat attorneys who have yet to find a single piece of evidence against the President, yet they ignore the mounting verifiable evidence against Russian collusion with the DNC and the Clinton Foundation,” the text says. “There comes a time when you have to take a stand to Expose the Truth!”

McNaughton puts the painting up for sale on his website, and almost immediately people respond on Twitter: “GREAT PAINTING.” “WAKE UP, AMERICA!” “Time to take this country back from the arrogant minions of the LEFT.”

Scrolling through the online response to “Expose the Truth” — the McNaughton fans who can’t wait to order their own copies, and it’s hard not to think back to one of McNaughton’s earlier statements, about how his paintings didn’t provide the “warm, happy” vibe that people typically want out of their living-room artwork.

Maybe his work doesn’t make people feel good in the way we’ve traditionally defined “feeling good.” It doesn’t provide a sense of calmness, peace, and amity toward our fellow man. But his art does make people feel good under the new definitions of feeling good. It provides a self-fulfilling sense of self-righteousness. It assuages people, telling them that they are upset about the right things. It feels good because feeling angry and justified is the new feeling good.

McNaughton used to paint something new every few months. He says that’s changed, recently — now he’s painting something every few weeks, because it seems like that’s how often there is appetite for a new outrage.

Before leaving, we ask McNaughton for a tour of the warehouse, where all of his stock is kept, and he provides a copy of an out-of-date calendar: 12 of his greatest hits, consolidated in one item. It’s too large to fit in a carry-on, and at the airport gate, a few fellow passengers ask to flip through it.

“Oh, that guy,” one says wearily.

“Oh, that guy!” says another. “I think he’ll be famous for a long time. I think he gets America right.”

Voir par ailleurs:

In Calmer Debate, Biden and Trump Offer Sharply Different Visions for Nation
In a more restrained appearance, President Trump depicted Joseph R. Biden Jr. as an ineffectual Washington insider. Mr. Biden accused the president of heartlessness for separating migrant families and inflaming racial tensions.
Alexander Burns and Jonathan Martin
The New York Times
Oct. 22, 2020

President Trump and Joseph R. Biden Jr. delivered starkly divergent closing arguments to the country in the final presidential debate on Thursday, offering opposite prognoses for the coronavirus pandemic and airing irreconcilable differences on subjects from rescuing the economy and bolstering the health care system to fighting climate change and reshaping the immigration policy.

The debate was, on the whole, a more restrained affair than the first encounter between the two candidates last month, when Mr. Trump harangued Mr. Biden for most of an hour and a half and effectively short-circuited any policy debate. But if the tenor of Thursday’s forum was more sedate, the conflict in matters of substance and vision could not have been more dramatic.

From the opening minutes, the two candidates took opposing stances on the pandemic, with Mr. Trump promising, in defiance of evidence, that the disease was “going away” while Mr. Biden called for much more aggressive federal action for the “dark winter” ahead.

Mr. Trump, who badgered Mr. Biden with increasing aggression over the course of the debate, appeared determined to cast his opponent as a career politician who was, as he jabbed toward the end of the debate, “all talk and no action.” And the president used the event as his most prominent platform yet for airing unsubstantiated or baseless attacks about the finances of Mr. Biden and members of his family.

Mr. Trump, however, did little to lay out an affirmative case for his own re-election, or to explain in clear terms what he would hope to do with another four years in the White House. He frequently misrepresented the facts of his own record, and Mr. Biden’s. And on his most important political vulnerability — his mismanagement of the pandemic — Mr. Trump hewed unswervingly to a message that happy days are nearly here again, even as polls show that a majority of voters believe the worst of the coronavirus crisis is still ahead.

Trailing in a series of crucial swing states, and with 48 million Americans having already voted, the president was under more pressure. But while he proved he can engage in a more conventional political jousting, it was less clear whether his performance could prompt people who dislike him to reconsider their well-ingrained perceptions.

Mr. Biden, for his part, stuck to the core of the argument that has propelled his campaign from the start, denouncing Mr. Trump as a divisive and unethical leader who has botched the federal response to a devastating public-health crisis. Though Mr. Trump pushed him onto the defensive repeatedly, the former vice president also laid out a fuller version of his own policy agenda than he managed in the first debate, calling for large-scale economic stimulus spending, new aid to states battling the pandemic and a muscular expansion of health care and worker benefits nationwide.

Significantly, Mr. Biden made no serious error of the sort that could haunt him in the final days of a race in which he’s leading.

Of all the disagreements between the two candidates, none blazed more brightly than their assessments of the American experience battling the coronavirus.

Prompted by the moderator, Kristen Welker of NBC News, to explain his plan for the coming months, Mr. Trump stuck to the sunny message he has delivered at recent campaign rallies, promising a vaccine in short order and citing his own recovery from a bout with the virus as an example of medical progress. The president boasted that he was now “immune” to the disease, and insisted that states like Texas and Florida had seen the virus fade away, even as case counts are on the rise across the country.

“I’ve been congratulated by the heads of many countries on what we’ve been able to do,” Mr. Trump said, without offering any specifics.

Mr. Biden, in response, pressed a focused and familiar line of attack against the president, faulting him for doing “virtually nothing” to head off the pandemic early this year and heading into the coldest part of the year with no defined plan to control the virus. Holding up a face mask, Mr. Biden said he would encourage all Americans to don them and would ramp up rapid testing on a national scale.

“We’re about to go into a dark winter, a dark winter, and he has no clear plan,” Mr. Biden said. Mr. Trump shot back: “I don’t think we’re going to have a dark winter at all — we’re opening up our country.”

But when the president said “we’re learning to live with” the coronavirus, Mr. Biden pounced. “We’re learning to die with it,” he said.

“Anyone who’s responsible for that many deaths should not remain as president of the United States of America,” he said. “I will end this. I will make sure we have a plan.”

The president did, however, say for the first time, “I take full responsibility” for the impact of the virus. Then he quickly sought to skirt blame. “It’s not my fault that it came here — it’s China’s fault,” he said.

The debate on Thursday, at Belmont University in Nashville, represented perhaps the last opportunity for Mr. Trump to shake up the presidential campaign and claw his way into closer contention against Mr. Biden with just 11 days remaining.

Mr. Trump was more coherent than in the first debate, getting off a series of attack lines depicting Mr. Biden as a career politician and avoiding harsh personal critiques of his children.

With the candidates’ microphones turned off at times while the other was speaking, a new rule implemented to avoid a repeat of Mr. Trump’s constant interruptions in the first debate, their facial expressions often did the talking. When Mr. Biden said Rudolph W. Giuliani, Mr. Trump’s lawyer, was being “used as a Russian pawn,” the president gaped and jarred his head to the right. And when Mr. Trump insisted, not for the first time, that he would release his tax returns after an I.R.S. audit, Mr. Biden let out a wide, here-we-go-again grin.

It was in the second segment of the debate that the exchanges turned sharply personal, as the focus shifted to foreign interference in American elections. Mr. Biden spoke first, warning that countries like Russia and Iran would “pay a price” for tampering with the campaign. Alluding to unsubstantiated stories about him that have circulated in conservative media, Mr. Biden chided Mr. Trump for the actions of “his buddy Rudy Giuliani.”

Mr. Trump rapidly escalated matters, brandishing the unproven allegations about Mr. Biden’s son to accuse his rival of personally taking money from foreign interests. “They were paying you a lot of money and they probably still are,” Mr. Trump said, leveling a charge for which no evidence has surfaced. An investigation by Senate Republicans found no evidence that Mr. Biden, the former vice president, engaged in wrongdoing over his son’s business dealings.

Mr. Biden rejected the charge, saying he had “not taken a penny from any foreign source ever in my life.” Pushing back on the president, he cited a New York Times report that Mr. Trump maintained a Chinese bank account and challenged the president to let the American people see his tax returns. “Release your tax returns,” Mr. Biden said, “or stop talking about corruption.”

The extended back-and-forth was the most prominent airing so far of the negative message that Mr. Trump clearly sees as his best chance of undermining Mr. Biden in the final days of the presidential campaign. But the clash did not yield the kind of explosive confrontation that strategists on both sides had anticipated, and in some cases feared.

As Mr. Trump peppered Mr. Biden with exaggerated or baseless charges, Mr. Biden repeatedly countered, “Not true,” sometimes without elaboration, and the segment took on a kind of flat and circular shape.

After the protracted back-and-forth, Mr. Biden sought to pivot with a rehearsed line, saying: “It’s not about his family and my family. It’s about your family.”

Mr. Biden’s strongest moment may have been when he looked into the camera and knowingly addressed voters. “You know who he is,” he said, alluding to Mr. Trump. “You know his character. You know my character. You know our reputations for honor and telling the truth.”

At times, the debate resembled a more conventional political clash between a Democrat and a Republican, albeit with an incumbent president quick to distort his opponent’s positions.

“He wants socialized medicine,” Mr. Trump insisted of Mr. Biden, citing the stances of more liberal Democrats, including Mr. Biden’s running mate, Senator Kamala Harris, and Senator Bernie Sanders, both former primary foes of Mr. Biden.

“He thinks he’s running against somebody else,” Mr. Biden said, adding, “I beat all those other people because I disagreed with them.”

The candidates both expressed support for new federal spending on a large scale to help prop up the economy and aid distressed individuals and households, an initiative still gridlocked on Capitol Hill. Mr. Trump again blamed House Speaker Nancy Pelosi for the holdup, promising that if a deal were arranged, lawmakers from his own party would fall in line.

But he continued to draw a firm line against Democratic-backed plans to help distressed states and cities close immense budget gaps. That aspect of the Democrats’ legislation, the president said, was merely “a big bailout for badly run Democrat cities and states.”

Mr. Biden called state relief an urgent priority and defended his party’s congressional wing, pointing out that it passed new relief legislation months ago that had languished before the Republican Senate. And he put the onus on Mr. Trump to drum up support in that chamber. “Why isn’t he talking to his Republican friends?” Mr. Biden said.

Days after it was reported that the government had failed to locate the parents of more than 500 migrant children separated from them by the Trump administration, the president repeatedly evaded questions about how he intended to reunite those families. “We are trying very hard,” Mr. Trump said, before attempting to pivot into an attack on the Obama administration’s border policies.

But Mr. Biden castigated the president for imposing a family separation policy in the first place. “Those kids are alone — nowhere to go,” Mr. Biden said. “It is criminal. It is criminal.”

And he also suggested he would be more effective at addressing the issue than the president he served — Barack Obama.

“I’ll be president of the United States, not vice president of the United States,” Mr. Biden said, vowing to deliver an immigration overhaul that offers unauthorized migrants a pathway to legal status in the first 100 days of his administration.

After Mr. Biden described climate change as an “existential threat” requiring an all-out government response, Mr. Trump made a counterargument riddled with inaccuracies and some allegations that were simply perplexing. He claimed falsely that the construction of renewable-energy facilities created more emissions than traditional fuels, and accused Mr. Biden of trying to mandate that buildings be constructed with “little, tiny, small windows.” And he again insisted that wind energy is “extremely expensive” and “kills all the birds.”

In a debate that was originally planned as a forum on national security, the two candidates devoted only a few glancing exchanges to the subject. In one, Mr. Trump took credit for averting war on the Korean Peninsula, touting his “good relationship” with the North Korean leader, Kim Jong-un, and faulting the Obama administration for failing to establish such relations. Mr. Kim, he said, “didn’t like Obama.”

Mr. Biden defended the Obama administration’s view of Korean diplomacy, explaining that it had not wanted to “legitimize” Mr. Kim.

At the end of the debate, Mr. Biden said he would push the country to “transition from the oil industry,” adding that “the oil industry pollutes significantly” and that he would end federal subsidies. Sensing an opening, Mr. Trump said “that’s a big statement” and then invoked a series of states with energy-heavy industries. “Will you remember that Texas? Will you remember that Pennsylvania, Oklahoma?”

Voir enfin:

Trump Has Not Been ‘Clear’ in Support of Masks

Health and Human Services Secretary Alex Azar says President Donald Trump has been “clear” in calling for the public to “wear face coverings when you can’t social distance.”

The official messaging from the White House has been, as Azar put it, “clear and unambiguous” since early April. But the president’s statements have been anything but.

In the last two weeks, Trump has offered tepid endorsement for masks, saying: “The mask, perhaps, helps.” He has also raised doubts about the science, noting that health experts who now advocate public mask-wearing were once opposed to it. “I guess I’m somewhere in the middle,” Trump said recently. And: “I understand both sides of the argument.”

“There are a lot of people think that masks are not good,” Trump said at a town hall on Sept. 15. Adding at a press conference the next day, “Masks have problems, too.”

He has repeatedly mocked Democratic presidential nominee Joe Biden’s appearance in a mask and for wearing one in circumstances that Trump doesn’t think is necessary. He also accused one reporter of being “politically correct” for declining to take off his mask to ask a question.

And, of course, the president has continued to hold densely packed rallies where many supporters are not wearing masks. Trump has said little to discourage them. For example, Trump held an indoor rally in Nevada on Sept. 13 in defiance of the governor’s order limiting the size of gatherings. Press reports noted that few in the densely packed crowd wore masks, though Trump made no mention of the subject.

We reviewed all of Trump’s comments going back to April 3 when the Centers for Disease Control and Prevention issued recommendations for public mask-wearing. Announcing the new guidance that day, Trump repeatedly reminded that the recommendation was voluntary and that he personally would not be wearing a mask. In the following months, his position on masks remained lukewarm — saying he had “no problem” with mask-wearing — but refusing to be seen wearing one himself.

His stance evolved some over the summer, as the coronavirus continued to spread around the country. On July 20, he released a photo of himself in a mask. And he repeatedly made unequivocal calls for the public to wear masks, particularly when he appeared to be reading from prepared notes. But his waffling returned late in the summer around the time he began to stage rallies.

Since then, his public comments have been inconsistent, toggling between advocacy and casting doubt, sometimes in the same speech or interview.

Azar’s Spin

In an interview with Azar on Sept. 24, the “Today” show’s Savannah Guthrie said Trump’s statements on masks have been “all over the place,” and she asked Azar if masks are “going to make this pandemic less terrible than it is, basically.” (Starting at the 6:40 mark.)

“Masks are important,” Azar said. “We have been clear since the, the president has been clear since his April guidance on reopening the economy.”

When Guthrie responded that Trump “hasn’t been clear,” Azar referred to the government’s coronavirus.gov website. “It’s right there, coronavirus.gov, the president’s guidance on reopening: wear face coverings when you can’t social distance. Very clear. He says it, I say it, every health leader says it.”

When Guthrie countered, asking if Trump’s voice wasn’t louder than a government website, Azar again said, “Well, he says it. I say it. The FDA, CDC, NIH, that’s all we talk about is ‘Wear face coverings when you cannot social distance.’”

The government’s guidance has been “clear and unambiguous,” Azar said: “Wear your face coverings when you can’t be socially distant.”

The official government messaging may be consistent, but as we said, the president’s rhetoric is not. In an interview just two days prior, Trump said the guidance from health experts was originally for the public not to wear masks. After scientists began to learn more about the asymptomatic spread of the virus, that guidance changed. But Trump often brings up this change in position from the scientific community, as he did in an interview on Sept. 22, to express doubts about mask-wearing.

“Everybody was talking about like masks were a bad thing. Then they come like masks are the greatest thing you can do,” Trump said. “You know, you get all these different messages. And I guess I’m somewhere in the middle, to be honest with you.”

CDC’s April Guidance

As Trump has often pointed out, members of the scientific community — including Dr. Anthony Fauci, director of the National Institute of Allergy and Infectious Diseases, and U.S. Surgeon General Dr. Jerome Adams — were in the early months of 2020 telling the general public not to wear face masks.

However, as health officials learned more about the virus, and how often it was being transmitted by asymptomatic carriers, the CDC reversed course on April 3 and recommended that people begin “wearing cloth face coverings in public settings where other social distancing measures are difficult to maintain.” (Trump on Feb. 7 acknowledged privately in an interview recently made public that he knew the virus is transmitted through the air and it’s much deadlier than the flu.)

In a coronavirus task force briefing in which the new CDC recommendation was announced, Trump repeatedly stressed that the CDC’s recommendation was voluntary, and that he wouldn’t personally be following it.

Trump, April 3: In light of these studies [on asymptomatic spread], the CDC is advising the use of non-medical cloth face covering as an additional voluntary public health measure. So it’s voluntary; you don’t have to do it. They suggested for a period of time. But this is voluntary. I don’t think I’m going to be doing it …

So with the masks, it’s going to be, really, a voluntary thing. You can do it. You don’t have to do it. I’m choosing not to do it, but some people may want to do it, and that’s okay. It may be good. Probably will. They’re making a recommendation. It’s only a recommendation. It’s voluntary.

Adams, the surgeon general, went into detail at the press conference about why the change to recommending public use of masks was made.

“Well, it’s important to know that we now know from recent studies that a significant portion of individuals with coronavirus lack symptoms,” Adams said. “They’re what we call asymptomatic. And that even those who eventually become pre-symptomatic, meaning that they will develop symptoms in the future, can transmit the virus to others before they show symptoms. This means that the virus can spread between people interacting in close proximity: for example, coughing, speaking, or sneezing, even if those people were not exhibiting symptoms. In light of this new evidence, CDC recommends and the task force recommends wearing cloth face coverings in public settings where other social distancing measures are difficult to maintain. These include places like grocery stores and pharmacies. We especially recommend this in areas of significant community-based transmission. It is critical.”

The official White House messaging — aside from Trump — has been consistent since then in advocating for the public to wear masks when social distancing is not possible.

‘No Problem’ with Masks

In the ensuing weeks, Trump repeatedly said he had “no problem with face masks,” but that he would leave it up to states’ governors to decide whether to mandate their use. He also said he, personally, would “have no problem wearing a mask,” if the conditions were appropriate. Trump told reporters he wore a mask briefly while touring Honeywell in early May, though the press did not see it, or photograph it.

On May 11, Trump told reporters that he had begun requiring that White House staffers wear masks. But during the same press conference, Trump said the public had “learned about facemasks — the good and the bad, by the way. It’s not a one-sided thing, believe it or not.”

On June 20, Trump held an indoor rally in Tulsa. Although there was little social distancing and few in the relatively sparse crowd wore masks, Trump made no appeal to the crowd to wear masks. To the contrary, Trump complained only that the media did not highlight when Black Lives Matter protesters were not wearing masks.

In an interview on July 1 on the Fox Business Network, Trump said he’d “absolutely” wear a mask “if I were in a tight situation with people.” And he said he had worn a mask and liked the way it looked on him. “It was a dark black mask, and I thought it looked OK,” Trump said. “Looked like the Lone Ranger.”

Trump again added that he had “no problem” with masks “and if people feel good about it, they should do it.”

Raising Doubts

In a telephone interview with Sean Hannity of Fox News on July 9, Trump again brought up the reversal by the scientific community on masks, and framed it as an ongoing debate (even though by then there was consensus from his health advisers advocating public mask-wearing).

“They have been wrong about a lot of things, including face masks,” Trump said. “Maybe they are wrong, maybe not. But a lot of them said, don’t wear a mask, don’t wear a mask. And now they are saying, wear a mask. So, a lot of mistakes were made, a lot of mistakes.”

Trump added that “it’s fine to wear a mask, if it makes you feel comfortable” and that mask-wearing was appropriate in some situations, like when someone visits a hospital.

During the interview, Trump took the opportunity to ridicule Biden for the way he wears his masks, and for wearing one even when he is socially distanced from others. It became a familiar refrain for Trump in interviews and speeches.

Trump, July 9: I watched Biden walk onto a stage with his — practically — like, today, there was almost nobody in the room. He’s making a speech. And they have these massive circles. And the circles are very far away from each other to start off with. And then they have just a few people in the audience. And he makes a speech. And he walks onto the stage wearing this massive mask. There’s nobody on the stage. And then he takes it off. He likes to have it hang off usually the left ear. I think it makes him feel good, frankly, if you want to know the truth. And I guess that’s OK. But when there’s nobody around, you don’t really have to do that. But he feels it’s good. And I’m OK with it, if he wants to do that. He’s got the largest mask I think I have ever seen. It covers up a big proportion of his face. And I think he feels he looks good that way.

Biden has defended his decision to wear masks in those situations, saying it is part of “setting the example that I’ve tried to set since this began, of being responsible.”

Trump was finally photographed in a mask two days later while visiting Walter Reed National Military Medical Center. In a CBS interview on July 14, Trump said he felt an “obligation” to wear a mask in the hospital, because some patients had just come out of operations, and he wanted to be close to them.

Asked if he would tell the American people to wear a mask, Trump hedged.

Trump, July 14: Well, I’d say listen to that instruction, listen to your governors. But I have to say the same people that say wear a mask are people that said, a long time ago, don’t wear a mask, masks are bad. They said they’re not good. So, you know, like Dr. Fauci, surgeon general, a lot of people — a lot of people — the surgeon general said that also.

And right now that [the CDC guideline] is saying wear a mask, and that’s okay with me. That’s good. Those guidelines are good. I’m not stopping them from saying it. I do say this, originally people were saying don’t wear a mask. People that we all respect were saying don’t wear a mask because, look, you know, it’s got certain drawbacks and they say don’t wear a mask. Now they’re saying wear a mask. I’m okay. And it does evolve. You know, I mean, the thought process evolves. So let’s see what happens.

In an interview with Fox News’ Chris Wallace four days later, Trump offered this mixed message: “I don’t agree with the statement that if everybody wear a mask everything disappears. Hey, Dr. Fauci said don’t wear a mask. Our surgeon general — terrific guy — said don’t wear a mask. Everybody who is saying don’t wear a mask — all of sudden everybody’s got to wear a mask, and as you know masks cause problems, too. With that being said, I’m a believer in masks. I think masks are good. But I leave it up to the governors.”

Wearing Masks ‘Patriotic’

Perhaps Trump’s strongest appeal for mask-wearing came via a tweet on July 20, in which he suggested it was patriotic to don one.

In a press conference the following day, Trump continued his full-throated advocacy for masks.

Trump, July 21: We’re asking everybody that when you are not able to socially distance, wear a mask, get a mask. Whether you like the mask or not, they have an impact. They’ll have an effect. And we need everything we can get. …

If you’re close to each other, if you’re in a group, I would put it on. …

I view it this way: Anything that potentially can help — and that certainly can potentially help — is a good thing. I have no problem. I carry it. I wear it. … I’m getting used to the mask, and the reason is — think about patriotism. Maybe it is. It helps. It helps.

Now, we have experts that have said, in the recent past, that masks aren’t necessarily good to wear. You know that. But now they’ve changed their mind. If they change their mind, that’s good enough for me.

In an interview the following day on Fox News, Trump continued to lobby for mask-use.

“I believe that you should wear it, even if there’s a 1% chance it helps,” Trump said. “You know, when you look at Dr. Fauci and others — and this isn’t a knock, because this is just the way it — if you look, early on, they were all saying, don’t wear a mask. Don’t wear a mask. That didn’t make total sense to me, but don’t wear a mask. Now they’re all saying, wear a mask. My attitude is, it probably helps. Give it a shot, because we have to win this thing. So, it’s not a question of pride. It’s not a question of anything. We have to win this. So, when you’re in a certain situation, I think you should wear a mask.”

In more than a half dozen coronavirus press briefings from late July through mid-August Trump was consistently unequivocal in calling for the public to “wear a mask if you cannot socially distance.

In a TV interview on Aug. 4, Trump said, “People question masks, but there’s no downside in wearing them.”

In a coronavirus briefing on Aug. 13, Trump tried to draw a distinction between his approach and Biden’s on masks, claiming that Biden wanted a federal mask mandate, while he has left it up to states to decide. (Biden in August said, “Every governor should mandate mandatory mask wearing.” He later clarified that “there’s a constitutional issue whether federal government could issue such a mandate. I don’t think constitutionally they could, so I wouldn’t issue a mandate.”)

“My administration has a different approach: We have urged Americans to wear masks,” Trump said. “And I emphasized this is a patriotic thing to do. Maybe they’re great and maybe they’re just good. Maybe they’re not so good. But frankly, what do you have to lose?”

In a campaign speech in Old Forge, Pennsylvania, on Aug. 20, Trump said, “Do the masks. I mean, it’s just not going to hurt. Do them. Do them. If you feel it, do them.”

Back to Waffling

Trump resumed his in-person rallies in September, and with them began his hedging on masks.

In a campaign speech in Latrobe, Pennsylvania, on Sept. 3, Trump was back to mocking Biden for the way he wears his masks, and when.

“I’ve never seen a man that like the mask more,” Trump said of Biden. “Look, I’m all for it … but did you ever see a man that likes a mask as much as him? And then he makes a speech and he always has it, not always but a lot of times he has it hanging down because you know what, it gives him a feeling of security. If I were a psychiatrist — right? No, I would say — I would say this guy has got some big issues.”

And Trump’s waffling on using masks returned in an ABC News town hall on Sept. 15.

“But whether it’s Dr. Fauci or anybody else, a lot of people got it wrong,” Trump said. “They talked about don’t wear masks, and now they say wear masks. Although some people say don’t wear masks. I mean you have a lot of different ideas.”

“Now there are, by the way, a lot of people don’t want to wear masks,” Trump said later. “There are a lot of people think that masks are not good.”

Trump went on to talk about waiters who touch their masks “and then they’re touching the plate. That can’t be good. … The concept of a mask is good, but it also does … you’re constantly touching it, you’re touching your face, you’re touching plates. There are people that don’t think masks are good.”

In a press briefing the next day, Trump continued to express doubt about the efficacy of wearing masks, and then later said he thought they work.

Trump’s comments came in response to a question about Dr. Robert Redfield, the head of the CDC. Redfield testified about masks, saying: “We have clear scientific evidence they work, and they are our best defense. I might even go so far as to say that this face mask is more guaranteed to protect me against Covid than when I take a Covid vaccine.”

Trump challenged that comment, saying, “Number one, it’s not more effective, by any means, than a vaccine.”

“On masks — masks have problems, too,” Trump said. “And I talked about the masks about to be handled very gently, very carefully. I see that, in restaurants, they have people with masks and they’re playing around with their mask, and they have it — their fingers are in their mask and then they’re serving with plates. I mean, I think there’s a lot of problems with masks.”

“The mask, perhaps, helps,” Trump said minutes later. “Don’t forget: A lot of people didn’t like the concept of masks initially. Dr. Fauci didn’t like them, and a lot of people didn’t. And I’m not knocking anybody, because I understand both sides of the argument.”

At a campaign rally in Bedmidji, Minnesota, on Sept. 18, Trump argued that he ought to call his rallies a protest, to get around mask-restrictions.

“You don’t have to wear masks at protests,” Trump claimed. “So I said, ‘You know, we can’t have a rally.’ The most we can have is 10 people, but why don’t we just call it a protest because this is a protest. It’s a protest against stupidity. ”

In an interview with a local Fox station in Detroit on Sept. 22, the reporter noted that at some recent Trump rallies, there appeared to be many people “almost celebrating the fact that they didn’t have to wear a mask.”

Trump said he “didn’t see that.”

“No I think people should wear a mask if they can, if they feel they can, they should,” Trump added. “But I don’t think it should be a mandatory policy.”

“But when you look out into the audience when you’re doing these rallies, and you see the number of people who don’t have masks, does that concern you about the future and this fall?” the reporter asked.

“I must be honest, I see a lot of people with masks,” Trump said. “I also see a little bit of a spreading out. One of the reasons I do the rallies in outside settings is because it’s much better. It’s, you know, recommended. I don’t know if they know what they’re recommending, but they recommend being outside like we’re outside right now.”

In an interview with WGN America at the White House the same day, Trump was again pressed about whether he was concerned about so many maskless people at rallies being exposed to COVID-19.

“No,” Trump said. “Because my supporters are very smart and they do, a lot of them wear masks and some don’t, that’s their choice. But they’re, you know, when you’re outside, you have a lot of room, and everything that I’ve read and everything that I’ve seen is outside is better in terms of COVID or as I call it the China virus.”

Trump accused the CDC of sending mixed messages on masks.

“You know, at one point they were saying, don’t wear a mask,” Trump said. “Dr. Fauci said, don’t wear a mask — everybody was talking about like masks were bad thing. Then they come like masks are the greatest thing you can do. You know, you get all these different messages. And I guess I’m somewhere in the middle, to be honest with you.”

“There is a mixed message there,” Trump said. “But if you remember the original message was don’t wear masks.”

Azar is right that the White House messaging has been “clear and unambiguous” — and consistent since early April — that people should wear a mask when they can’t social distance. But as the many comments above reflect, the president has not always been “clear” in delivering that message.

FactCheck.org fellows Caitlin Quinn and Bala Thenappan contributed to this article.

COMPLEMENT:

The Earth itself is rejoicing at the prospect of Dumping Trump. How could over 70,000,000 people still vote for such ignorant scum after four years of vapid hateful and puerile rhetoric! – A fellow Santa Monica resident on Nextdoor.com


This Chronicle presupposes that Donald Trump’s challenges to the election results, whether or not well founded, will not succeed.

There is something called force majeure that supersedes all rules of procedure. When Kennedy won in 1960, it was known at the time or soon after that the Illinois electoral votes that decided the election were fixed by Chicago’s legendary Mayor Daley—that is, that in objective terms, it was Nixon who won the election. Just as we can be pretty sure that Jeffrey Epstein did not hang himself in his cell; that Harry Reid’s 2015 “accident” was not a fall from his exercise bike; or that Hillary Clinton committed a felony by using a personal mail server that no doubt helped her to conceal, among other things, the conspiracy against Trump. But to these and other “slips” we can only say, c’est la vie. There’s nothing to do about them. Somehow the welfare of the state depends, if not on their consequences, then on the consequences of not raising questions about them in such a way as to produce embarrassing answers.

Assuming this is also the case for the allegations of voter fraud to explain all these states switching from one column to the other after the election-day votes had been counted, I will therefore assume that, whether or not his challenges are legitimate, Donald Trump will not begin a second term in 2021.


In defeat, Donald Trump embodies the original role of the tragic protagonist in such a way as to teach us more about tragedy than we can learn from the usual readings of Shakespeare or Sophocles.

We are accustomed to seeing tragedy as either a literary form or a vision of the human condition, as in Unamuno’s Tragic Sense of Life. But in such literary and/or anthropological generalizations, the importance of tragedy as a critical interaction between leader and community is lost.

Tragedy is compatible neither with acephalous tribal society, nor with the archaic empires in which the godlike pharaoh cannot be conceived in dialogue with others. It is a product of the post-theocratic society of Athens and other city-states, one in which kings and tyrants interact with their subjects as fellow humans, not as sacred beings.

Aristotle defined tragedy as “an imitation of persons above the common level,” in Greek “better than ourselves” (beltionon hemas). But in Aristotle’s vocabulary, these are not merely relative terms. The tragic protagonist is not “better” because he is smarter or richer than the anonymous citizens watching the play, but because his role is central to the welfare of the state. He is in a position of sacred centrality, yet ontologically, merely a human being among others. Thus he is forced to function, as Barack Obama once put it, “above my pay grade,” solving transcendental problems on the fallible basis of individual intuition.


If any modern political role fits the original description of a potential tragic protagonist, it is that of the American president, who combines the roles of monarch/head of state and parliamentary leader/prime minister, which remain separated in most other liberal democracies. Our republic has its roots in the Athenian agon, and it is no coincidence that its most agonistic recent moment has produced its most tragic political figure.

No president in the entire history of the American republic has been so unsparingly vilified as Donald Trump, throughout the 2016 nomination process and campaign, and the nearly four years of his presidency. His tenure in office has been marked by an unprecedented degree of virulent hostility from all corners of the federal establishment, as well as from members of the public who, habituated since Reagan to Republican “derangement syndromes,” have surpassed themselves in his case.

To have sustained a “Resistance” that began with his election and denied his legitimacy throughout his entire tenure in office, to have been impeached on trivial evidence after sustaining nearly three years of congressionally approved investigation on the absurd charge of “complicity” with Russia, while meeting with hostile silence from many in his own party who abstained from actual abuse, is far from the normal status of a political figure even in a pugnacious democracy.

What then was the key to Trump’s anomalous success? As I have pointed out since the beginning, Trump was the sole candidate, other than the impressive but insufficiently political Dr. Ben Carson, who was truly invulnerable to “PC,” as victimary thinking was then called before it graduated to “wokeness.”

This resistance has in fact been Trump’s most significant distinction, although neither his detractors nor his supporters tend to refer to it. It was not a product of theoretical reflection, but of his faithfulness to the attitudes which reigned in his youth—attitudes which I largely share. That the current “woke” generation is capable of tearing down or defacing statues of virtually all the great men of American history is viscerally offensive to both of us, yet none of Trump’s rivals for the nomination presented any real resistance to the perspective that anticipated these actions.

Were we to seek an embodiment of our timeless model of the ideal president, wise and forbearing, Trump would hardly qualify. Trump is not a political thinker, but a man of action, and as his detractors in both camps never fail to insist, he is not afraid to exaggerate, to bluster, to repeat quite dubious ideas.

Trump was able to beat out his many primary competitors and win the 2016 election because, more even than his ability to make “deals,” his show-business experience gave him supreme confidence in his “instincts,” whether as entertainer or president, for occupying the center of the stage. And these instincts, these political intuitions, were hostile to victimary thinking, not because Trump is obsessed with it, but simply because Trump is untouched by it.

But what mattered in 2016 and still matters today has been Trump’s consistency in resisting the mimetic pressure that drives the respectable members of Charles Murray’s “Belmont” class (Coming Apart, Crown Forum, 2012; see, e.g., Chronicles 424, 449) to symbolically flagellate themselves in penance for their “white privilege”—all the while feathering the nests of the most privileged members of society, including themselves.

No doubt there are more sophisticated ways than Trump’s of resisting the power of White Guilt. But its virtually total domination of the academic world and of those formed by it, such as the elementary school teachers whose antipatriotic lessons are diametrically opposed to the ones I learned in these classes, has made virtually the entire educated class incapable of firm resistance to this tendency, the product of our enforced “awokening” to the model of originary moral equality to the exclusion of all other social considerations (see Chronicle 674).

Only someone whose social instincts had been developed before the current constitution of the Belmont world could credibly oppose this configuration, and only someone with considerable personal—rather than institutional—resources would have the freedom to do so. At the start of his campaign in 2015, Trump’s chief source of popular visibility was his presence in the Reality TV show The Apprentice (see Chronicle 493), highly popular among the “deplorable” lower-middle-class audience that would put him in office in the face of the open contempt of establishment politicians in his own party as well as the Democrats.


After his 2016 election victory, many hoped that Trump’s bull-in-the-china-shop tweeting and expostulating would disappear, or at least diminish. And indeed, whenever he makes the effort, Trump has shown himself perfectly capable of delivering a cogent address in a perfectly dignified manner. Yet he has continued with the behavior that, even if effective as “trolling” in enraging his enemies, has done nothing to repair his estrangement from the Belmont class.

I think for Trump this is a matter of principle, even if the principle is not articulated as a proposition. What makes it tragic is that, although this behavior may well have cost him reelection, it is inseparable from his sense of self. It seems clear that someone who had viewed these antics merely as a political stratagem would not have had the chutzpah to flaunt from the very beginning his disdain for victimary thinking in the face of the respectable majority.

The grain of truth in the calumnious accusations of “white supremacy” and even “antisemitism” is that, alone among the politicians of his generation, Trump viscerally understood that the prior censorship exercised by White Guilt is the real culprit that must be cast out. Thus even when in 2016 Trump scandalously denounced US-born judge Gonzalo Curiel as a “Mexican” by way of attacking his impartiality in the matter of the “Wall,” his very sense that this did not damn him as indelibly “racist” affirmed in his own mind his frequently repeated contention that he “is the least racist person in the room.” And indeed, the one incidence of “racism” unceasingly cited by his political enemies has been his statement about “good people on both sides” at Charlottesville in reference to the removal of the statue of Robert E. Lee, as proof, despite his explicit statements to the contrary, of his endorsing neo-Nazis.

Yet the fact remains that many of those unmoved by these spurious accusations have been put off by Trump’s “unpresidential” behavior. And so Trump lost an election that he might well have won, even in the face of the Covid19 pandemic. No one can claim to know what formula he should have followed. But what makes him a tragic figure is the fact that he would no longer have been Trump had he sought any other formula than just being Trump.


What lesson does this teach us about tragedy, not as a “literary form,” but as a category of cultural acts?

What we call the “tragic flaw” (hamartia) should not be understood, as does Aristotle, as a characterological imperfection in one who might otherwise have been perfect. It is the mark of the protagonist’s ineluctable individuality, the non-identity between his own scene of representation and that of his community, whose welfare, in classical tragedy as in the American presidency, he is charged to uphold, yet which could only be grasped in its totality by a mind that transcended the human sphere.

The tragic protagonist assumes leadership in a crisis in which he is obliged to make decisions that cannot be deduced from prior social norms. Once a human being comes to occupy the social center originally reserved for the sacred, he is tasked with a responsibility both necessary and impossible to fulfill en connaissance de cause.

Hence every leader is potentially a tragic figure: Uneasy lies the head that wears the crown. But real-life and even legendary tragic figures are few. Classical tragedy’s dramatis personae, even taking into account the many lost plays, were quite limited; the same figures constantly reappeared. The “serious actions” that tragedies “imitate” are not fictions open to the author’s invention; in principle they must have a basis in their potential spectators’ knowledge prior to the play itself, whether in history (the oldest extant tragedy is Aeschylus’ The Persians) or myth. La tragédie ne s’invente pas.

Tragedy depends on crisis. And although, objectively speaking, the United States has traversed many far more serious crises—wars and economic depressions—we are currently witnessing the most serious breakdown of our political system since the Civil War, one that the current election, whatever its outcome, is most unlikely to fully resolve.


Recently Michigan Democratic Rep. Elissa Slotkin gave an appreciation of Trump that should be heeded by the “respectable” members of both parties:

It’s not just that he eats cheeseburgers at a big celebratory dinner. It’s not just that he does things that the common man can kind of appreciate. And it’s not even because he uses kind of simplistic language—he doesn’t use complicated, wonky language, the way a lot of Democrats do. . . .

We sometimes make people feel like they aren’t conscientious enough. They aren’t thoughtful enough. They aren’t “woke” enough. They aren’t smart enough or educated enough to just understand what’s good for them. . . . It’s talking down to people. It’s alienating them. And there’s just certain voters who feel so distant from the political process—it’s not their life, it’s not their world. They hate it. They don’t like all that politics stuff. Trump speaks to them, because he includes them.

(https://www.foxnews.com/politics/elissa-slotkin-dem-urges-party-act-more-like-trump)

Slotkin’s point is that, like old Harry Truman, but unlike today’s Democrats, Trump speaks to ordinary people. It might seem peculiar for the party that has always presumed to represent the “common man” to be accused by one of its own of “talking down” to its constituency, while the Republicans, supposedly the party of plutocracy, field a candidate whose refusal of a lofty register wins her esteem despite her presumed disagreement with his policies. But what Slotkin means by “talking down” is not so much affecting an intellectual (“wonky”) but a moral (“woke”) superiority. It is less treating people as stupid than as morally obtuse, un-woke. In a word, it is telling “deplorable” white voters to exhibit, to virtue-signal, their White Guilt.


Which leads us back to our point of departure. As the only candidate in 2016 who was able to resist the victimary pressure that dominates the Left but also paralyses the Right, Trump rightly saw his candidacy as a mission, one figured by descending the escalator in Trump Tower (now faced by the “mural” of Black Lives Matter painted on the street).

Trump had a mission and, Wall or no Wall, he has largely carried it out. Even if he fails to obtain a second term, his example will have a lasting effect on American politics. And I hope it will one day receive the historical respect it deserves.

That the mediocre Biden was able to call Trump “clown,” “racist,” “worst president ever” demonstrates the tragic vulnerability of the latter’s denial of PC. And those on the Right who persist in seeing Trump as a vulgarian, judging him by what they call his “character” rather than his achievements, are if anything less excusable.

It was Trump who revived the American economy, reduced unemployment to its long-term minimum, and raised the salaries of minorities despite their (diminishing!) fidelity to the Democrats. It is Trump who got rid of Soleimani and Al Baghdadi, moved the American Embassy to Jerusalem, and has begun building a coalition of Arab states along with Israel to counter Iran’s influence.

If Trump still refuses to concede—and we need not deny a priori the claims of his lawyer Sidney Powell, whose recent statements: “We’re getting ready to overturn election results in multiple states,” and “I don’t make comments without having the evidence to back it up” (see https://www.ntd.com/trump-lawyer-sidney-powell-were-getting-ready-to-overturn-election-results-in-multiple-states_528748.html) at least express confidence—this is but one more manifestation of the pertinacity without which he would never have been elected in the first place.

May at least the members of his own party have the good grace to recognize that Trump achieved what none of them could have, and, whatever their own personal style, seek to learn from the healthy core of Trump’s “instincts.”

Donald Trump saw more clearly than anyone the danger that Rep. Slotkin recognizes in the “woke” faith in resentment that has been building since the 1960s. A virus far more virulent than SARS-CoV-2, this victimary faith has infested our educational, informational, entertainment, and governmental institutions, and unless promptly and firmly checked, risks handing our hard-won democracy to the barbarians.

COMPLEMENT:

« Cancel culture », « woke »: quand la gauche américaine devient folle

ENQUÊTE – Le mouvement, parti des campus américains, pratique une censure agressive, au nom du droit à ne pas être offensé. Il inquiète une partie de l’intelligentsia libérale qui voudrait défendre la liberté d’expression.

La scène, filmée par un téléphone portable, est surréaliste. Nous sommes au printemps 2017 et, dans les couloirs du collège universitaire Evergreen State, dans l’État de Washington, un professeur est encerclé par une horde hurlante d’étudiants. Tee-shirt noir, barbiche poivre et sel, Bret Weinstein, 48 ans, se démène pour essayer de dialoguer avec la foule déchaînée. Peine perdue.

Alors que l’enseignant tente de s’expliquer, les jeunes gens s’esclaffent et chantent «Hey Hey Ho Ho, Bret Weinstein has to go» (« Bret Weinstein doit démissionner»). Qu’a donc fait ce professeur de biologie pour mériter un tel opprobre? Juif démocrate, supporteur de Bernie Sanders et du mouvement Occupy Wall Street, se définissant comme «profondément progressiste», Bret Weinstein n’est pas conservateur. Il n’a pas manifesté son soutien à Trump ou dérapé sur Twitter. Il n’a même pas, comme son alter ego littéraire Coleman Silk, le héros de La Tache de Philip Roth, utilisé un mot vexant.

Non, le crime de ce professeur est de s’être opposé à l’organisation d’un «Jour d’absence» dans son établissement, où les «Blancs» de l’université étaient invités à rester chez eux pour laisser les «personnes de couleur» seules sur le campus. Ce jour de ségrégation raciale imposé relevait selon lui d’une forme de racisme antiblancs.

Victime d’une campagne virale, Bret Weinstein a fini par démissionner, après que le chef d’établissement, prenant le parti des étudiants, lui eut affirmé qu’il ne pouvait plus assurer sa sécurité. «Ma femme et moi avons vécu une véritable tornade personnelle qui était annonciatrice de la tornade qui a balayé tout le pays. Evergreen est maintenant partout», confie-t-il trois ans plus tard.

Contrairement à une presse généraliste à l’époque très silencieuse sur l’événement, l’éditorialiste du New York Times Bari Weiss avait pressenti l’importance de l’affaire Evergreen. «Quand la gauche se retourne contre les siens», titrait-elle sa tribune pour décrire cette invraisemblable purge, menée par une nouvelle génération progressiste obsédée par la question des discriminations, envers un professeur issu des rangs de la gauche libérale. «Faire taire les conservateurs était devenu une habitude. Mais, maintenant, voilà que les militants anti-liberté d’expression tournent leur colère de plus en plus vers les progressistes libéraux», notait Bari Weiss.

Elle ne croyait pas si bien dire: moins de trois ans plus tard, cette rédactrice en chef adjointe des pages opinion, qui avait été débauchée du Wall Street Journal pour apporter davantage de pluralisme dans le prestigieux quotidien libéral new-yorkais, dut, elle aussi, démissionner dans le sillage de son patron, James Bennett. Ce dernier avait été licencié pour avoir laissé passer une tribune du sénateur républicain Tom Cotton, qui appelait à envoyer l’armée contre les émeutiers après la mort de George Floyd, un point de vue alors partagé par une majorité d’Américains, mais qui avait choqué ses jeunes collègues. Son cas rappelle celui de Ian Buruma, ex-directeur de la prestigieuse New York Review of Books, poussé à la démission à l’automne 2018 parce qu’il avait osé publier la tribune d’un homme accusé d’agressions sexuelles, puis relaxé, qui témoignait de la difficulté à refaire sa vie.

Comme Bari Weiss, une journaliste du quotidien britannique The Guardian, Suzanne Moore, a claqué la porte de son journal, poussée à bout après avoir été harcelée par ses propres collègues pour avoir publié un article supposément «transphobe». La romancière britannique J.K. Rowling a elle aussi été traitée de Terf (trans-exclusionary radical feminist), c’est-à-dire de féministe anti-trans pour avoir affirmé sur Twitter que la différence des sexes était une réalité biologique. La créatrice de Harry Potter, admirée et connue dans le monde entier pour sa saga, fut brutalement jetée à bas de son piédestal par une frange minoritaire d’activistes inondant les réseaux sociaux de messages haineux à son encontre. L’acteur Daniel Radcliffe, qui doit sa carrière au rôle du jeune sorcier qu’il a incarné au cinéma, a cru bon de présenter ses excuses pour «la souffrance que ces commentaires (ceux de J.K. Rowling) [avaient] causée».

Une forme moderne d’ostracisme

La liste des personnalités victimes de la censure progressiste ne cesse de s’allonger, surtout en terre anglo-saxonne. Ce processus de désintégration sociale menée au nom du bien porte un nom: la «cancel culture» ou «culture de l’annulation» , qui consiste à appeler explicitement au boycott et à l’effacement de l’espace public de personnes jugées racistes, homophobes ou sexistes. On pourrait croire que cette fièvre dénonciatrice n’est pas nouvelle et considérer avec Philip Roth dans son célèbre incipit de La Tache, que «le vertige de l’indignation hypocrite» est «la plus vieille passion fédératrice de l’Amérique». Cependant, la cancel culture, si elle reprend les codes du «politiquement correct» tel qu’il a émergé sur les campus américains dès les années 1960, modernise l’ostracisme qui s’adosse désormais à la puissance des réseaux sociaux et à une nouvelle mentalité militante.

Dans leur livre The Coddling of the American Mind: How Good Intentions and Bad Ideas Are Setting Up a Generation for Failure («Le chouchoutage de l’âme américaine: comment de bonnes intentions et de mauvaises idées préparent une génération à l’échec»), Jonathan Haidt et Gregory Lukianoff qualifient de «culture of safetysm» (que l’on pourrait traduire par «culture de l’obsession d’être protégé») cette mentalité d’une nouvelle génération qui ne supporte plus d’être offensée et pour laquelle le moindre propos caricatural et le scepticisme quant au bienfait illimité du progressisme multiculturaliste sont considérés comme autant de «micro-agressions» exigeant la création d’espaces sécurisés (safe spaces) où aucune parole blessante ne puisse les atteindre.

Cette nouvelle censure est différente du vieux sectarisme marxiste en ce qu’elle repose quasi exclusivement sur le «ressenti» victimaire. «Je me sens blessé»: tel est désormais l’argument qui justifie toutes les excommunications. Avoir conscience que l’on est blessé ou que l’on blesse, c’est être «éveillé», «woke». Ce terme d’argot, «woke», s’est généralisé après les premières émeutes de Black Lives Matter («les vies noires comptent») en 2014, et notamment le film Stay Woke: The Black Lives Matter Movement, de l’acteur Jesse Williams.

Être «woke», pour un Afro-Américain qui adhère à la cause, c’est être en permanence vigilant quant au racisme et aux discriminations que l’on peut subir. L’être pour un Blanc, c’est avoir conscience de ses privilèges. Ainsi, à l’université d’Evergreen, les professeurs étaient-ils conviés à énumérer leurs «privilèges» (blanc, mâle, «validiste», c’est-à-dire non handicapé, etc.), avec une étiquette collée sur leur torse déclinant les pronoms qu’il fallait utiliser en s’adressant à eux (him/her/she/he), pratique mise en place pour ne pas risquer de «mégenrer» certaines personnes – et que la nouvelle vice-présidente, Kamala Harris, emploie elle-même sur son compte Twitter.

La woke culture nie le libre arbitre et la complexité de la morale. Elle est l’ennemie de la créativité

Seth Greenland, auteur de «Mécanique de la chute»

Ces séances d’«autocritique», dont le grotesque n’a curieusement pas encore été vraiment exploité par les humoristes («parce qu’ils sont terrifiés», estime le rédacteur en chef de Tablet, Jacob Siegel), sont désormais obligatoires ou fortement recommandées au corps professoral dans un nombre croissant d’universités. «La woke culture est devenue le fléau de la liberté de pensée. Elle pose comme principe la vision du monde identitaire que le libéralisme avait tenté d’éradiquer, l’idée que nous ne sommes pas fondamentalement définis par la communauté dans laquelle nous sommes nés, notre orientation sexuelle, notre couleur de peau. Elle nie le libre arbitre et la complexité de la morale. Elle est l’ennemie de la créativité», affirme l’écrivain Seth Greenland, auteur de Mécanique de la chute, un roman où il raconte le lynchage d’un milliardaire accusé de racisme. «Le wokisme refuse l’idée fondamentale du libéralisme selon laquelle deux valeurs incompatibles peuvent être autorisées à cohabiter. Pour les justiciers sociaux, cette tolérance des désaccords n’est qu’un instrument brandi par l’oppresseur pour soumettre l’opprimé!», renchérit Jacob Siegel, auteur d’un article de Tablet sur le sujet qui a fait grand bruit.

Parfois, le lynchage psychologique conduit à la mort physique, comme dans le cas de Mike Adams. Ce professeur de l’université de Caroline du Nord très critique du mouvement identitariste, «qui avait eu le malheur de publier un tweet dénonçant les mesures prises par le gouverneur démocrate de son État en matière de Covid, n’a pas résisté à la pression», raconte Greg Lukianoff. «Laissez mon peuple aller», avait-il écrit, parlant «de l’État esclavagiste de Caroline du Nord». Une formule jugée inacceptable par la meute antiraciste. Harcelé et menacé, il a fini par se suicider en juillet. «On lui a dit qu’il était le Mal», note, horrifié, Lukianoff, qui était son ami.

De la French Theory à la bureaucratie d’État

Le succès stupéfiant de cette culture de la contestation, fondée sur la revendication d’un sectarisme effréné qui peut aller jusqu’à tuer dans l’indifférence générale, reste en partie une énigme au pays de la libre parole, même si Tocqueville avait averti dans son opus De la démocratie en Amérique sur la propension de l’opinion publique américaine à «tracer un cercle de la pensée» au-delà duquel il est très dangereux de s’aventurer.

Lukianoff, un libéral de gauche de 48 ans, qui milita longtemps au sein du bastion progressiste de la puissante Union américaine pour les libertés civiques (Aclu), mais dirige aujourd’hui une fondation qui se bat pour la liberté d’expression sur les campus (Fire), juge indispensable de remonter à l’attitude des écoles de pensée postmodernistes des années 1960 pour comprendre la situation actuelle. «Il est devenu possible, à partir de ces années-là, de disqualifier d’entrée de jeu toute pensée conservatrice, c’est-à-dire la moitié de la population du pays et la majorité du reste du monde!», explique-t-il, reconnaissant qu’il lui a fallu «du temps» pour comprendre «à quel point cet ostracisme était dangereux». «S’est mise en place une sorte de forteresse théorique parfaite qui se défend en accusant toute personne qui exprime un désaccord d’être conservatrice», poursuit-il. «Tant que la proportion des libéraux et des conservateurs était de 3 pour 1, il restait des garde-fous, mais on en est aujourd’hui à quelque 30 pour 1!», note Lukianoff, précisant que les conservateurs ont peu à peu quitté la place «parce qu’ils estimaient que l’université devait rester à l’extérieur de la politique».

Une fois l’exclusion pratiquée à l’encontre des conservateurs, il a été facile de l’étendre à d’autres groupes, au fur et à mesure qu’il devenait légitime de disqualifier les hommes, les Blancs, les hétéros…, explique-t-il, parlant d’un «trou sans fond engloutissant de plus en plus de monde». «Au final, dans cette logique d’exclusion qui s’auto-nourrit, 100 % de la population finira par être excommuniée!», dit Lukianoff, soulignant qu’«on commence à voir des hommes noirs menacés de disqualification parce qu’ils sont hommes».

Une armada de personnels administratifs destinés à gérer les questions de discrimination et d’inclusivité s’est installée au cœur des dortoirs, avec les étudiants

Sam Abrams, professeur de science politique au collège ­Sarah Lawrence de New York

Sam Abrams, 40 ans, professeur de science politique au collège Sarah Lawrence de New York, un établissement connu pour son progressisme, est devenu l’une des cibles du mouvement woke pour avoir milité pour «la diversité de valeurs» au lieu de réserver ce terme à la diversité ethnique ou raciale. Spécialiste d’enquêtes d’opinion et hostile aux labels politiques, cet amoureux «des faits» est depuis deux ans sur son campus l’objet de campagnes de harcèlement et d’une démarche administrative visant à le priver de sa chaire. «Jamais je n’aurais pu monter au créneau si je n’avais pas eu de chaire», note-t-il, soulignant qu’il avait attendu cette sécurité de l’emploi pour s’engager. Pour lui, si le mouvement woke, né dans les départements d’études critiques énamourés du philosophe Michel Foucault et de la théoricienne du genre Judith Butler, vient de loin, comme le raconte Lukianoff, «les dix dernières années ont été cruciales».

Sam Abrams se souvient encore de ses propres années d’étudiant, il y a vingt ans, époque «révolue», quand «dans les dortoirs universitaires, on pouvait encore avoir des discussions contradictoires sur tous les sujets sensibles liés à la race, l’identité ou le genre». Tout a changé pendant la présidence Obama, avec la montée en puissance des efforts de l’administration des universités pour lutter contre les discriminations sexuelles, avec la mise en place du fameux Titre IX (un amendement interdisant toute discrimination sur la base du sexe et obligeant à la création de bureaux de lutte contre le harcèlement sexuel dans chaque université), un processus supervisé par un certain vice-président… Joe Biden.

«Parallèlement, une armada de personnels administratifs destinés à gérer les questions de discrimination et d’inclusivité s’est installée au cœur des dortoirs, avec les étudiants», raconte Abrams. Arrivés avec des diplômes en études raciales ou de genre, ils ont instauré un mélange de règles bureaucratiques et d’interdits idéologiques qui représentent «un véritable lavage de cerveau» et leur permettent de faire la pluie et le beau temps sur les campus, en liaison avec certaines associations étudiantes communautaristes ultrapolitisées, dénonce l’enseignant. Le rédacteur en chef de la revue Tablet, Jacob Siegel, souligne lui aussi cette alliance de la bureaucratie d’État et d’une idéologie qui se dit révolutionnaire mais «fait corps avec le pouvoir». «Le wokisme a commencé avec le deuxième mandat de la présidence Obama, au confluent de deux causes: la première, c’est le progressisme technocratique du président lui-même, qui pensait que la bureaucratie de l’État pouvait contribuer à la perfectibilité morale, comme le montre la bataille des discriminations menée sous le Titre IX. L’autre est le courant idéologique identitariste qui souffle sur les universités. Le danger, c’est la fusion des deux en une forme de bureaucratie qui s’autoradicalise sans cesse», explique-t-il.

«Le corps professoral est dans son écrasante majorité libéral et reste attaché à la méthode du débat contradictoire. Mais il a peur de s’interposer», ajoute Sam Abrams. Pour lui, c’est aussi le cas de la majorité des étudiants, qui seraient largement «centristes», selon ses enquêtes d’opinion. On est donc dans le cas d’une sorte de kidnapping du débat par un groupe minoritaire issu de l’administration des campus. Beaucoup de professeurs ont peur d’être mis au ban ou de perdre leur travail, surtout s’ils n’ont pas de chaire, affirme Abrams. Le fait de vivre à New York, une mégapole, lui permet d’échapper à la pression, mais «c’est beaucoup plus difficile dans les petites villes universitaires de Nouvelle-Angleterre, où les risques de harcèlement sont bien supérieurs».

Tolérer des idées inconfortables est plus dur que de rejoindre la horde pour s’enfermer dans une bulle d’opinions et de pensées tout à fait agréables

Thomas Chatterton Williams, auteur d’«Autoportrait en noir et blanc»

À ces inquiétudes très concrètes s’ajoute «la peur des anciens de ne pas être aimés des plus jeunes» et d’être moralement condamnés, ajoute Greg Lukianoff. Une volonté d’échapper à la culpabilité occidentale en se mettant du côté des «purs», que le professeur de théorie politique Joshua Mitchell décrit dans son nouveau livre, American Awakening («réveil américain»), consacré à la nature religieuse de cette idéologie des «identités» qui donne des «bons points» aux différents groupes humains en faveur de leur degré d’«innocence» sociale.

Les réseaux sociaux, en permettant la mobilisation immédiate d’activistes sur des causes ponctuelles et en facilitant l’organisation communautaire, ont par ailleurs donné une vigueur nouvelle aux revendications identitaires présentes dans la gauche radicale depuis les années 1960. «Ils ont tout changé, car c’est là que se cristallise le lien entre la meute idéologique, les élites et l’ensemble des institutions. Les réseaux sociaux dictent le ton à tous, y compris aux journaux, pas l’inverse», analyse Jacob Siegel. Comme le souligne Lisa Nakamura, professeur à l’université du Michigan, la cancel culture est rendue possible par une nouvelle «économie de l’attention», où «priver quelqu’un d’audience, c’est le priver d’existence». Elle est portée par un repli individualiste sur l’identité plutôt que par l’héritage commun ou l’universalisme. Et également par une culture d’emballement suiviste, qui fait partie de l’essence des réseaux sociaux.

«La prétendue culture woke est cool. C’est à la mode, et, soyons honnêtes, le libéralisme est difficile. Tolérer des idées inconfortables est plus dur que de rejoindre la horde pour s’enfermer dans une bulle d’opinions et de pensées tout à fait agréables», explique Thomas Chatterton Williams, auteur d’Autoportrait en noir et blanc, un essai qui sortira en janvier en français, où ce métis afro-américain exprime sa dissidence envers les obsédés de la race.

La gauche libérale se rebiffe

Comme lui, de nombreux intellectuels de la gauche libérale commencent à se rebeller contre cette idéologie étouffante, «qui ressemble à un nouveau bolchevisme ou à une forme de révolution culturelle à la chinoise», guettant tous les «traîtres» potentiels à la cause, nous confie Bret Weinstein. L’université de Chicago a pris la tête de la fronde, mettant noir sur blanc son engagement à défendre la liberté d’expression en 2015, un «serment» repris par plus de 50 autres établissements universitaires. Le très libéral Wellesley College a également réagi avec vigueur en créant un «projet liberté» destiné à encourager un débat d’idées libre et contradictoire. Et l’université de Berkeley, pourtant très progressiste, a créé un Centre pour la liberté d’expression. On voit aussi apparaître de nouveaux îlots de liberté intellectuelle, comme le magazine en ligne Quillette ou la revue Tablet, au fur et à mesure que les journaux mainstream comme le New York Times basculent dans le camp de la «justice sociale».

«Le seul fait que nous n’ayons pas peur a fait énormément pour le succès de Tablet», affirme Siegel. Sam Abrams dit recevoir des dizaines de lettres, montrant que«beaucoup de gens en ont assez». «J’aime à penser que nous sommes nombreux», dit aussi Greg Lukianoff. En juillet 2020, un collectif de plus de 150 écrivains, artistes et journalistes, parmi lesquels J.K. Rowling, mais aussi la romancière Margaret Atwood, auteur du best-seller La Servante écarlate, le linguiste et psychologue Steven Pinker, la féministe Gloria Steinem, a signé une tribune dans Harper’s Magazine pour dénoncer «une intolérance à l’égard d’opinions opposées, une vogue pour la dénonciation publique et l’ostracisme, et la tendance à dissoudre des questions politiques complexes dans une certitude morale aveugle».

En réaction à cette tribune, Alexandria Ocasio-Cortes (AOC) l’égérie woke du Parti démocrate, a aussitôt relativisé sur Twitter: «Ceux qui se plaignent de la cancel culture pensent que tout leur est dû – comme si on avait le droit à un large public captif et que l’on deviendrait victime si les gens choisissaient de nous écarter. Il y a de fortes chances que vous ne soyez pas réellement annulé, que vous soyez simplement mis au défi, tenu pour responsable ou peu apprécié.» Même Obama, qui avait rêvé d’une présidence postraciale avant de participer à la montée woke en installant la question de la moralisation des discriminations au sein du processus bureaucratique, a eu droit à des tirs de barrage intenses de la frange radicale quand il s’est mêlé du débat. «Si tout ce que vous faites, c’est jeter des pierres, vous n’irez pas très loin», avait déclaré l’ex-président en octobre 2019. «Le monde est en désordre, il y a des ambiguïtés. Les gens qui font de bonnes choses ont des défauts. Les gens que vous combattez aiment leurs enfants, ils partagent certaines choses avec vous», a rappelé l’ancien président, blâmant «cette idée de la pureté, de n’être jamais compromis, d’être toujours politiquement “éveillé” (woke)».

Tout autre que lui aurait sans doute été agoni d’injures après de tels propos. Le président conserve d’ailleurs une position ambiguë sur tous ces sujets sociétaux et n’a nullement condamné les excès révolutionnaires de Black Lives Matter quand, après la mort de George Floyd, cette organisation a vite abandonné le thème des violences policières pour appeler à mettre à bas le capitalisme et à démanteler tout l’héritage américain, jusqu’à ses Pères fondateurs.

«Une tache qui se répand»

En réalité, les voix dissidentes restent très isolées, un peu comme «un samizdat du XXIe siècle», affirme le géographe Joel Kotkin, résumant le point de vue des autres «rebelles». Le fait que la vague woke ait quitté le champ strictement universitaire pour déborder dans les médias grand public, le monde des affaires et les institutions de l’État a laissé les libéraux de la vieille école largement désemparés. «Je commence à penser que nous avons besoin d’une nouvelle métaphore pour décrire le “Great Awokening”. Ce n’est pas tant un mouvement qui avance qu’une tache qui se répand. Une fois que ce processus a commencé, il est très difficile de l’inverser, tout ce qu’on peut espérer, c’est d’empêcher qu’il ne se propage davantage et de protéger les choses précieuses. Non, il n’y a pas de mouvement d’opposition de quelque importance à ce phénomène, et, s’il y en avait un, il ne réussirait pas», s’inquiète Mark Lilla, un libéral de gauche qui a été l’un des premiers à sonner l’alarme. «Nous sommes face à des passions morales très puissantes qui inspirent en particulier les jeunes. Nous devrons attendre qu’elles se dissipent avant d’espérer pouvoir réparer une partie des dégâts», ajoute-t-il.

Social-démocrate à l’ancienne et opposé à la vague identitariste montante, Joel Kotkin s’alarme tout particulièrement de l’alliance des campus avec l’industrie de la tech, cette nouvelle oligarchie omniprésente qui prête allégeance au mouvement woke en forçant notamment ses employés à organiser des séminaires d’inclusivité et à signer avec les fameux «pronoms» «manière pour elle d’éluder les sujets plus embarrassants d’inégalité, de classe et de positions monopolistiques». Pour lui, cette alliance rend quasiment impossible une rébellion des démocrates centristes contre les radicaux. Si certains observateurs continuent d’espérer que les modérés, comme l’élue du Congrès Elissa Slotkin, relèveront la tête, la plupart sont très sceptiques.

Le fait que Trump ait porté le combat contre l’idéologie woke, dénonçant «un poison toxique» et antipatriotique qui veut jeter l’opprobre sur «tout le projet américain», empêche les démocrates centristes de bouger activement sur cette question, regrette Greg Lukianoff. «Même si Trump a eu raison sur ces thèmes, son comportement et son style inacceptables sur le reste vont au contraire retarder la mobilisation du centre», pronostique-t-il. Un point de vue que partage le professeur Bret Weinstein, persuadé que l’équipe Biden utilisera «cyniquement l’énergie révolutionnaire née sur les campus», mais finira par perdre le contrôle du «tigre» woke. «Ils ont déjà gagné, pense Jacob Siegel. Toutes les institutions cèdent les unes après les autres.»

Les salles sont bondées, surtout dans les petites villes de province, où l’on a soif de vérité et de nouvelles approches

Sam Abrams, professeur de science politique au collège ­Sarah Lawrence de New York

Dans ce tableau bien sombre, Sam Abrams voit une lueur d’espoir venir potentiellement de la nouvelle «génération Z» (nés entre 1997 et 2000), «beaucoup moins idéologue que les millennials» (nés entre 1980 et 2000), fatiguée de la polarisation et peu convaincue par la racialisation galopante. «Quand je me promène dans les campus pour des tournées de conférences, les salles sont bondées, surtout dans les petites villes de province, où l’on a soif de vérité et de nouvelles approches.» Sam n’en reste pas moins très envieux de «l’approche française»,qui résiste tant bien que mal à la vague woke anglo-saxonne. «Ça fait tellement de bien de savoir que chez vous les parents peuvent encore dire à leurs enfants qu’ils sont “un petit garçon ou une petite fille”. Chez nous, on dirait: comment osez-vous assigner un genre?»

Mais la différence est-elle si grande que Sam le pense? L’Amérique et la France ont beau plaider pour deux modèles radicalement opposés de république, sur le plan des idées, les chassés-croisés entre nos deux pays sont incessants. Ainsi avons-nous exporté la French Theory sur les campus d’Amérique dans les années 1960, semence qui allait faire fleurir le politiquement correct. Aujourd’hui, celui-ci nous revient en boomerang sous les nouveaux habits de la cancel culture et du wokisme qui s’implantent dans nos universités. Et, là-bas comme ici, l’intelligentsia libérale se réveille face aux excès et au déni d’une révolution qui dévore ses enfants. Aux États-Unis comme en France, cette guerre idéologique ne fait que commencer.

COMPLEMENT:

Sans commentaire:The Earth itself is rejoicing at the prospect of Dumping Trump. How could over 70,000,000 people still vote for such ignorant scum after four years of vapid hateful and puerile rhetoric! – A fellow Santa Monica resident on Nextdoor.com


This Chronicle presupposes that Donald Trump’s challenges to the election results, whether or not well founded, will not succeed.

There is something called force majeure that supersedes all rules of procedure. When Kennedy won in 1960, it was known at the time or soon after that the Illinois electoral votes that decided the election were fixed by Chicago’s legendary Mayor Daley—that is, that in objective terms, it was Nixon who won the election. Just as we can be pretty sure that Jeffrey Epstein did not hang himself in his cell; that Harry Reid’s 2015 “accident” was not a fall from his exercise bike; or that Hillary Clinton committed a felony by using a personal mail server that no doubt helped her to conceal, among other things, the conspiracy against Trump. But to these and other “slips” we can only say, c’est la vie. There’s nothing to do about them. Somehow the welfare of the state depends, if not on their consequences, then on the consequences of not raising questions about them in such a way as to produce embarrassing answers.

Assuming this is also the case for the allegations of voter fraud to explain all these states switching from one column to the other after the election-day votes had been counted, I will therefore assume that, whether or not his challenges are legitimate, Donald Trump will not begin a second term in 2021.


In defeat, Donald Trump embodies the original role of the tragic protagonist in such a way as to teach us more about tragedy than we can learn from the usual readings of Shakespeare or Sophocles.

We are accustomed to seeing tragedy as either a literary form or a vision of the human condition, as in Unamuno’s Tragic Sense of Life. But in such literary and/or anthropological generalizations, the importance of tragedy as a critical interaction between leader and community is lost.

Tragedy is compatible neither with acephalous tribal society, nor with the archaic empires in which the godlike pharaoh cannot be conceived in dialogue with others. It is a product of the post-theocratic society of Athens and other city-states, one in which kings and tyrants interact with their subjects as fellow humans, not as sacred beings.

Aristotle defined tragedy as “an imitation of persons above the common level,” in Greek “better than ourselves” (beltionon hemas). But in Aristotle’s vocabulary, these are not merely relative terms. The tragic protagonist is not “better” because he is smarter or richer than the anonymous citizens watching the play, but because his role is central to the welfare of the state. He is in a position of sacred centrality, yet ontologically, merely a human being among others. Thus he is forced to function, as Barack Obama once put it, “above my pay grade,” solving transcendental problems on the fallible basis of individual intuition.


If any modern political role fits the original description of a potential tragic protagonist, it is that of the American president, who combines the roles of monarch/head of state and parliamentary leader/prime minister, which remain separated in most other liberal democracies. Our republic has its roots in the Athenian agon, and it is no coincidence that its most agonistic recent moment has produced its most tragic political figure.

No president in the entire history of the American republic has been so unsparingly vilified as Donald Trump, throughout the 2016 nomination process and campaign, and the nearly four years of his presidency. His tenure in office has been marked by an unprecedented degree of virulent hostility from all corners of the federal establishment, as well as from members of the public who, habituated since Reagan to Republican “derangement syndromes,” have surpassed themselves in his case.

To have sustained a “Resistance” that began with his election and denied his legitimacy throughout his entire tenure in office, to have been impeached on trivial evidence after sustaining nearly three years of congressionally approved investigation on the absurd charge of “complicity” with Russia, while meeting with hostile silence from many in his own party who abstained from actual abuse, is far from the normal status of a political figure even in a pugnacious democracy.

What then was the key to Trump’s anomalous success? As I have pointed out since the beginning, Trump was the sole candidate, other than the impressive but insufficiently political Dr. Ben Carson, who was truly invulnerable to “PC,” as victimary thinking was then called before it graduated to “wokeness.”

This resistance has in fact been Trump’s most significant distinction, although neither his detractors nor his supporters tend to refer to it. It was not a product of theoretical reflection, but of his faithfulness to the attitudes which reigned in his youth—attitudes which I largely share. That the current “woke” generation is capable of tearing down or defacing statues of virtually all the great men of American history is viscerally offensive to both of us, yet none of Trump’s rivals for the nomination presented any real resistance to the perspective that anticipated these actions.

Were we to seek an embodiment of our timeless model of the ideal president, wise and forbearing, Trump would hardly qualify. Trump is not a political thinker, but a man of action, and as his detractors in both camps never fail to insist, he is not afraid to exaggerate, to bluster, to repeat quite dubious ideas.

Trump was able to beat out his many primary competitors and win the 2016 election because, more even than his ability to make “deals,” his show-business experience gave him supreme confidence in his “instincts,” whether as entertainer or president, for occupying the center of the stage. And these instincts, these political intuitions, were hostile to victimary thinking, not because Trump is obsessed with it, but simply because Trump is untouched by it.

But what mattered in 2016 and still matters today has been Trump’s consistency in resisting the mimetic pressure that drives the respectable members of Charles Murray’s “Belmont” class (Coming Apart, Crown Forum, 2012; see, e.g., Chronicles 424, 449) to symbolically flagellate themselves in penance for their “white privilege”—all the while feathering the nests of the most privileged members of society, including themselves.

No doubt there are more sophisticated ways than Trump’s of resisting the power of White Guilt. But its virtually total domination of the academic world and of those formed by it, such as the elementary school teachers whose antipatriotic lessons are diametrically opposed to the ones I learned in these classes, has made virtually the entire educated class incapable of firm resistance to this tendency, the product of our enforced “awokening” to the model of originary moral equality to the exclusion of all other social considerations (see Chronicle 674).

Only someone whose social instincts had been developed before the current constitution of the Belmont world could credibly oppose this configuration, and only someone with considerable personal—rather than institutional—resources would have the freedom to do so. At the start of his campaign in 2015, Trump’s chief source of popular visibility was his presence in the Reality TV show The Apprentice (see Chronicle 493), highly popular among the “deplorable” lower-middle-class audience that would put him in office in the face of the open contempt of establishment politicians in his own party as well as the Democrats.


After his 2016 election victory, many hoped that Trump’s bull-in-the-china-shop tweeting and expostulating would disappear, or at least diminish. And indeed, whenever he makes the effort, Trump has shown himself perfectly capable of delivering a cogent address in a perfectly dignified manner. Yet he has continued with the behavior that, even if effective as “trolling” in enraging his enemies, has done nothing to repair his estrangement from the Belmont class.

I think for Trump this is a matter of principle, even if the principle is not articulated as a proposition. What makes it tragic is that, although this behavior may well have cost him reelection, it is inseparable from his sense of self. It seems clear that someone who had viewed these antics merely as a political stratagem would not have had the chutzpah to flaunt from the very beginning his disdain for victimary thinking in the face of the respectable majority.

The grain of truth in the calumnious accusations of “white supremacy” and even “antisemitism” is that, alone among the politicians of his generation, Trump viscerally understood that the prior censorship exercised by White Guilt is the real culprit that must be cast out. Thus even when in 2016 Trump scandalously denounced US-born judge Gonzalo Curiel as a “Mexican” by way of attacking his impartiality in the matter of the “Wall,” his very sense that this did not damn him as indelibly “racist” affirmed in his own mind his frequently repeated contention that he “is the least racist person in the room.” And indeed, the one incidence of “racism” unceasingly cited by his political enemies has been his statement about “good people on both sides” at Charlottesville in reference to the removal of the statue of Robert E. Lee, as proof, despite his explicit statements to the contrary, of his endorsing neo-Nazis.

Yet the fact remains that many of those unmoved by these spurious accusations have been put off by Trump’s “unpresidential” behavior. And so Trump lost an election that he might well have won, even in the face of the Covid19 pandemic. No one can claim to know what formula he should have followed. But what makes him a tragic figure is the fact that he would no longer have been Trump had he sought any other formula than just being Trump.


What lesson does this teach us about tragedy, not as a “literary form,” but as a category of cultural acts?

What we call the “tragic flaw” (hamartia) should not be understood, as does Aristotle, as a characterological imperfection in one who might otherwise have been perfect. It is the mark of the protagonist’s ineluctable individuality, the non-identity between his own scene of representation and that of his community, whose welfare, in classical tragedy as in the American presidency, he is charged to uphold, yet which could only be grasped in its totality by a mind that transcended the human sphere.

The tragic protagonist assumes leadership in a crisis in which he is obliged to make decisions that cannot be deduced from prior social norms. Once a human being comes to occupy the social center originally reserved for the sacred, he is tasked with a responsibility both necessary and impossible to fulfill en connaissance de cause.

Hence every leader is potentially a tragic figure: Uneasy lies the head that wears the crown. But real-life and even legendary tragic figures are few. Classical tragedy’s dramatis personae, even taking into account the many lost plays, were quite limited; the same figures constantly reappeared. The “serious actions” that tragedies “imitate” are not fictions open to the author’s invention; in principle they must have a basis in their potential spectators’ knowledge prior to the play itself, whether in history (the oldest extant tragedy is Aeschylus’ The Persians) or myth. La tragédie ne s’invente pas.

Tragedy depends on crisis. And although, objectively speaking, the United States has traversed many far more serious crises—wars and economic depressions—we are currently witnessing the most serious breakdown of our political system since the Civil War, one that the current election, whatever its outcome, is most unlikely to fully resolve.


Recently Michigan Democratic Rep. Elissa Slotkin gave an appreciation of Trump that should be heeded by the “respectable” members of both parties:

It’s not just that he eats cheeseburgers at a big celebratory dinner. It’s not just that he does things that the common man can kind of appreciate. And it’s not even because he uses kind of simplistic language—he doesn’t use complicated, wonky language, the way a lot of Democrats do. . . .

We sometimes make people feel like they aren’t conscientious enough. They aren’t thoughtful enough. They aren’t “woke” enough. They aren’t smart enough or educated enough to just understand what’s good for them. . . . It’s talking down to people. It’s alienating them. And there’s just certain voters who feel so distant from the political process—it’s not their life, it’s not their world. They hate it. They don’t like all that politics stuff. Trump speaks to them, because he includes them.

(https://www.foxnews.com/politics/elissa-slotkin-dem-urges-party-act-more-like-trump)

Slotkin’s point is that, like old Harry Truman, but unlike today’s Democrats, Trump speaks to ordinary people. It might seem peculiar for the party that has always presumed to represent the “common man” to be accused by one of its own of “talking down” to its constituency, while the Republicans, supposedly the party of plutocracy, field a candidate whose refusal of a lofty register wins her esteem despite her presumed disagreement with his policies. But what Slotkin means by “talking down” is not so much affecting an intellectual (“wonky”) but a moral (“woke”) superiority. It is less treating people as stupid than as morally obtuse, un-woke. In a word, it is telling “deplorable” white voters to exhibit, to virtue-signal, their White Guilt.


Which leads us back to our point of departure. As the only candidate in 2016 who was able to resist the victimary pressure that dominates the Left but also paralyses the Right, Trump rightly saw his candidacy as a mission, one figured by descending the escalator in Trump Tower (now faced by the “mural” of Black Lives Matter painted on the street).

Trump had a mission and, Wall or no Wall, he has largely carried it out. Even if he fails to obtain a second term, his example will have a lasting effect on American politics. And I hope it will one day receive the historical respect it deserves.

That the mediocre Biden was able to call Trump “clown,” “racist,” “worst president ever” demonstrates the tragic vulnerability of the latter’s denial of PC. And those on the Right who persist in seeing Trump as a vulgarian, judging him by what they call his “character” rather than his achievements, are if anything less excusable.

It was Trump who revived the American economy, reduced unemployment to its long-term minimum, and raised the salaries of minorities despite their (diminishing!) fidelity to the Democrats. It is Trump who got rid of Soleimani and Al Baghdadi, moved the American Embassy to Jerusalem, and has begun building a coalition of Arab states along with Israel to counter Iran’s influence.

If Trump still refuses to concede—and we need not deny a priori the claims of his lawyer Sidney Powell, whose recent statements: “We’re getting ready to overturn election results in multiple states,” and “I don’t make comments without having the evidence to back it up” (see https://www.ntd.com/trump-lawyer-sidney-powell-were-getting-ready-to-overturn-election-results-in-multiple-states_528748.html) at least express confidence—this is but one more manifestation of the pertinacity without which he would never have been elected in the first place.

May at least the members of his own party have the good grace to recognize that Trump achieved what none of them could have, and, whatever their own personal style, seek to learn from the healthy core of Trump’s “instincts.”

Donald Trump saw more clearly than anyone the danger that Rep. Slotkin recognizes in the “woke” faith in resentment that has been building since the 1960s. A virus far more virulent than SARS-CoV-2, this victimary faith has infested our educational, informational, entertainment, and governmental institutions, and unless promptly and firmly checked, risks handing our hard-won democracy to the barbarians.


Présidentielle américaine: Attention, une fraude peut en cacher une autre ! (Despite all the money and clout of America’s corrupt Establishment, the people’s rebellion started by Trump will not so easily go away)

7 novembre, 2020

https://www.les-crises.fr/wp-content/uploads/2020/11/EmFrD6DVMAAvxxB.jpgDonald Trump, Counterrevolutionary | AllSidesTJ3 Founder & Writer of the Deloration of Indie. #Jefferson | This or that questions, Lettering, The republicNo, Donald Trump is not Adolf Hitler – New York Daily NewsDonald Trump Has Escalated His Rhetoric. So Has The Press Covering Him : NPRKing: Donald Trump has gone full blown Nazi on us – New York Daily News

VoterID | U.S. Embassy in SwedenImage

 

Rien en fait de sagesse n’est plus détestable que d’excessives subtilités. Edgar Poe (attribuée à Senèque)
Il n’a jamais cru probable ou possible que le ministre eût déposé sa lettre juste sous le nez du monde entier, comme pour mieux empêcher un individu quelconque de l’apercevoir. (…) Le ministre, pour cacher sa lettre, avait eu recours à l’expédient le plus ingénieux du monde, le plus large, qui était de ne pas même essayer de la cacher. Edgar Poe (La lettre volée)
L’ensemble de l’opération pourrait avoir comme titre : La nouvelle lettre volée. La police croit tout voir, et elle est aveugle. Philippe Sollers
Vous avez une belle métaphore pour ça, l’écrit fameux d’Edgar Poe qui s’appelle La Lettre volée. C’est un magnifique petit récit où la police, chargée de retrouver une lettre très importante qui a été volée, fouille l’appartement, défonce les murs ou peu s’en faut, fouille sous les parquets, et ne trouve pas quelque chose qui se trouve sous ses yeux. C’est que le type a simplement retourné l’enveloppe, et l’écriture, et l’a mise bien en évidence. Bon, vous voyez tout de suite la puissance de cette fiction : c’est dire que ce qui est le plus proche, le plus évident, le plus visible, n’est pas vu, pas entendu. Le plus proche… Nous passons sans cesse à côté du plus proche sans le voir, sans l’entendre, sans le sentir. Voilà. Philippe Sollers
Nous avons mis en place, je pense, l’organisation de la fraude électorale la plus vaste et la plus inclusive de l’histoire de la politique américaine. Joe Biden
L’élection du 3 novembre a été la plus sûre de l’histoire des Etats-Unis. CISA (communiqué des autorités électorales du gouvernement Trump)
Lorsqu’un Sanhédrin s’est déclaré unanime pour condamner, l’accusé sera acquitté. Le Talmud
Ce n’est pas en refusant de mentir que nous abolirons le mensonge : c’est en usant de tous les moyens pour supprimer les classes. (…) Tous les moyens sont bons lorsqu’ils sont efficaces. Aujourd´hui, c´est le meilleur moyen. (Un temps.) Comme tu tiens à ta pureté, mon petit gars ! Comme tu as peur de te salir les mains. Eh bien, reste pur ! A qui cela servira-t-il et pourquoi viens-tu parmi nous ? La pureté, c´est une idée de fakir et de moine. Vous autres, les intellectuels, les anarchistes bourgeois, vous en tirez prétexte pour ne rien faire. Ne rien faire, rester immobile, serrer les coudes contre le corps, porter des gants. Moi j´ai les mains sales. Jusqu´aux coudes. je les ai plongées dans la merde et dans le sang. Et puis après ? Est-ce que tu t´imagines qu´on peut gouverner innocemment? Jean-Paul Sartre (Les mains sales, 1948)
That’s our motto. We want freedom by any means necessary. We want justice by any means necessary. We want equality by any means necessary. Malcom Little alias X
The revolution will not be televised, the revolution will be live. Gil Scott-Heron
Vous semblez … considérer les juges comme les arbitres ultimes de toutes les questions constitutionnelles; doctrine très dangereuse en effet, et qui nous placerait sous le despotisme d’une oligarchie. Nos juges sont aussi honnêtes que les autres hommes, et pas plus. Ils ont, avec d’autres, les mêmes passions pour le parti, pour le pouvoir et le privilège de leur corps. Leur maxime est boni judicis est ampliare jurisdictionem [un bon juge élargit sa compétence], et leur pouvoir est d’autant plus dangereux qu’ils détiennent leur fonction à  vie et qu’ils ne sont pas, comme les autres fonctionnaires, responsables devant un corps électoral. La Constitution n’a pas érigé un tribunal unique de ce genre, sachant que, quelles que soient les mains confiées, avec la corruption du temps et du parti, ses membres deviendraient des despotes. Il a plus judicieusement rendu tous les départements co-égaux et co-souverains en eux-mêmes. Thomas Jefferson (lettre à William Charles Jarvis, 28 septembre 1820)
Si le juge avait pu attaquer les lois d’une façon théorique et générale ; s’il avait pu prendre l’initiative et censurer le législateur, il fût entré avec éclat sur la scène politique ; devenu le champion ou l’adversaire d’un parti, il eût appelé toutes les passions qui divisent le pays à prendre part à la lutte. Mais quand le juge attaque une loi dans un débat obscur et sur une application particulière, il dérobe en partie l’importance de l’attaque aux regards du public. Son arrêt n’a pour but que de frapper un intérêt individuel ; la loi ne se trouve blessée que par hasard. Tocqueville
Qu’on y prenne garde, un pouvoir électif qui n’est pas soumis à un pouvoir judiciaire échappe tôt ou tard à tout contrôle ou est détruit. (…) L’extension du pouvoir judiciaire dans le monde politique doit donc être corrélative à l’extension du pouvoir électif. Si ces deux choses ne vont point ensemble, l’État finit par tomber en anarchie ou en servitude. Tocqueville (1835)
Est-ce qu’une erreur humaine, des bugs informatiques, un piratage ou d’autres problèmes ont modifié l’issue du vote ? Même si, à ce stade, il n’existe aucune preuve, les informations sur le hack [de la campagne démocrate] et l’interférence délibérée [de la Russie] font que cela vaut le coup d’enquêter. Ron Rivest et Philip Star (professeurs au MIT et à l’université de Californie, USA Today, 2016)
Voici un scénario possible. D’abord, les instigateurs enquêtent sur les bureaux de vote très en amont pour trouver comment pénétrer dans les ordinateurs. A l’approche de l’élection, quand les sondages montrent dans quels états les résultats seront serrés, ils diffusent un logiciel malveillant dans certaines machines de vote pour favoriser un candidat. Ce logiciel est conçu pour rester inactif pendant les tests pré-élection, fait son sale boulot le jour du scrutin, puis s’auto-efface quand le bureau ferme. Les machines à voter américaines ont de sérieux problèmes de sécurité informatique. Cela fait des années que nous soulignons que ces machines sont des ordinateurs, avec des logiciels reprogrammables, et que si des pirates peuvent les modifier en infectant la machine avec un programme malveillant, ils peuvent lui faire dire absolument ce qu’ils veulent. (…) Je crois que l’explication la plus plausible est que les sondages étaient systématiquement erronés, non que le système électoral a été manipulé. John Alex Halderman (2016)
Pendant l’élection, ils essayaient de créer la discorde entre les Américains, la plupart du temps dirigée contre Clinton. Après l’élection, vous avez vu des groupes et des organisations liés à la Russie qui essayaient de saper la légitimité du président Trump. Est-ce que c’est ce que vous avez vu sur Facebook ? Sénateur Lindsey Graham (R-S.C.)
Leur objectif est de créer de la confusion et de la dissidence. La cible est les États-Unis et l’OTAN, pas un candidat en particulier. Ils veulent juste le chaos. Ils sont passés d’une rancune à l’égard de Clinton à ce qu’ils considéraient comme une occasion inestimable de faire du mal. James Lewis (Centre d’études stratégiques et internationales)
Et si l’élection surprise de Donald Trump s’expliquait par une fraude ciblée à la machine électronique ? C’est l’hypothèse qu’avancent plusieurs experts aux Etats-Unis, dont l’avocat en droit électoral John Bonifaz et le professeur en informatique de l’université du Michigan John Alex Halderman. Selon un article du New York Magazine du 22 novembre, l’entourage de Hillary Clinton a été alerté de possibles manipulations dans les états du Wisconsin, du Michigan et de Pennsylvanie, et pressé de déposer un recours pour contester les résultats. Selon leurs analyses, dans le Wisconsin, la candidate démocrate a obtenu en moyenne 7 % de voix de moins dans les bureaux de vote équipés de machines électroniques que dans les bureaux pratiquant le décompte manuel. Un écart équivalent à 30 000 électeurs, dans un état où l’ancienne première dame des Etats-Unis n’a été battue que de 27 000 voix. Or, plusieurs observateurs relèvent que quelques centaines de bureaux de vote suffisent à faire changer l’issue d’un scrutin serré. Les machines de vote électronique américaines ne sont pas réputées pour leur niveau de sécurité drastique. Comme le rappelle l’ingénieure et mathématicienne Emily Gorcenski sur Twitter, alors qu’un simple capteur de pouls nécessite pas moins d’une dizaine d’étapes de certification, il n’y a ni évaluation du code informatique, ni recherche de faille, ni suivi des versions du logiciel pour les urnes électroniques. Pirater les systèmes informatiques des machines à voter n’a dès lors rien d’impossible, détaille le spécialiste en sécurité informatique John Alex Halderman dans une tribune sur le réseau social Medium (…) Pour cela, la machine n’a pas besoin d’être connectée à Internet : il suffit que l’ordinateur à partir duquel elle a été configurée pour le scrutin du jour soit infecté pour qu’elle puisse l’être à son tour, par l’actualisation de ses données par carte mémoire ou clé USB. (…) Ces doutes se font jour dans un contexte particulièrement tendu, où non seulement la victoire de Donald Trump a fait beaucoup de mécontents, mais aussi où des soupçons d’interventions russes ont pesé dès la primaire démocrate. Des irrégularités et cyberattaques combinées aux positions pro-russes du candidat républicain ont rapidement suscité des suspicions d’une interférence de Moscou en faveur de Donald Trump. John Alex Halderman le reconnaît, ce scénario aurait encore relevé de la science-fiction il y a quelques années. Mais pas en 2016, notamment depuis le piratage du Comité national démocrate et de la messagerie électronique de John Podesta, le responsable de campagne de Hillary Clinton. Donald Trump, lors d’une interview en juillet, a publiquement invité la Russie à « fouiller » les e-mails de Mme Clinton afin de révéler au grand jour ceux qu’elles n’auraient pas transmis au FBI. Washington a affirmé voir la main de la Russie derrière ces intrusions, ce dont Moscou s’est défendu. Par ailleurs, dès octobre, l’administration Obama a accusé Moscou d’avoir piraté le système informatique électoral. « Ces vols et ces piratages ont pour but d’interférer dans le processus électoral américain », ont affirmé le département de la sécurité intérieure (DHS) et la direction du renseignement américain (ODNI) dans un communiqué commun. Lors des élections elles-mêmes, des dysfonctionnements ont rapidement été observés dans plusieurs états. Dans certains bureaux de la banlieue de Pittsburgh, en Pennsylvanie, plusieurs machines ont notamment inversé les votes qui leur étaient soumis. Ce dysfonctionnement a toutefois touché indifféremment les deux partis, et la source du problème a rapidement été identifiée, puis corrigée. D’autres alertes concernant des machines en panne ou défectueuses ont également été signalées dans l’Utah et le Colorado. Même si ce ne furent que des événements courts et isolés, ils ont suffi à éveiller la méfiance des républicains, persuadés que le système leur était hostile et essayerait de leur barrer la route. Certains organes de presse d’extrême droite, comme OnlineMagazin, ont pour leur part diffusé des vidéos de dysfonctionnement de machines de vote en Pennsylvanie, et suggéré un complot ourdi par le milliardaire George Soros. Le jour du scrutin, à l’antenne de Fox News, Donald Trump lui-même s’était montré inquiet des vulnérabilités du vote électronique, quelques heures avant d’apprendre qu’il avait remporté l’élection. « Est-ce qu’une erreur humaine, des bugs informatiques, un piratage ou d’autres problèmes ont modifié l’issue du vote ? Même si, à ce stade, il n’existe aucune preuve, les informations sur le hack [de la campagne démocrate] et l’interférence délibérée [de la Russie] font que cela vaut le coup d’enquêter », affirment à leur tour dans une tribune parue sur USA Today Ron Rivest et Philip Star, professeurs au MIT et à l’université de Californie, et membres du comité d’assistance technique aux élections américaines. Alors que Hillary Clinton a jusqu’à vendredi 25 novembre pour déposer un recours, faut-il croire à une cyberattaque ? A priori non, affirme Nate Silver, analyste et prévisionniste électoral réputé, fondateur du site FiveThirtyEight, à partir d’une analyse non pas informatique ou géopolitique du scrutin, mais sociologique et démographique. Pour tenter d’isoler l’éventuelle influence du système de vote, manuel ou électronique, le statisticien a rapporté les différences de vote dans les comtés du Wisconsin à d’autres critères plus classiques : couleur de peau, niveau d’éducation et revenu. Les résultats, observe-t-il, ne sont généralement pas significativement différents lorsque le bureau fonctionne avec des appareils électroniques et lorsque le vote et le dépouillement se font à la main. Mais alors, pourquoi 7 % de différence dans le vote Clinton, d’un type de vote à un autre ? Là encore, pour Nate Silver, ce sont les différences démographiques entre les comtés équipés de systèmes électroniques et les autres qui pourraient expliquer les écarts de résultats. Selon l’analyste américain, un seul cas de figure très précis pourrait expliquer cette absence de corrélation sans invalider l’hypothèse d’un piratage : que les pirates aient anticipé les variables électorales par couleur de peau, par niveau d’éducation et par revenu, et choisi précisément de viser les bureaux de vote où la sociologie des électeurs rende mathématiquement indétectable l’effet d’une intrusion informatique. Par exemple, si la forte proportion d’individus peu diplômés augmente le score républicain, et que seuls les bureaux de vote de ce type sont piratés, l’impact du piratage est indétectable. Le scientifique J. Alex Halderman lui-même reste prudent, en dépit des multiples indices de vulnérabilité des machines à voter. « Je crois que l’explication la plus plausible est que les sondages étaient systématiquement erronés, non que le système électoral a été manipulé », estime-t-il. Il réclame néanmoins une enquête pour en avoir le cœur net et rappelle que seul le vote papier peut prémunir les électeurs contre le risque d’un détournement du système électronique. Le Monde (25.11.2006)
Plusieurs sites d’extrême droite français ont repris une rumeur sur la supposée découverte d’un ancien enquêteur du FBI censée prouver une triche organisée par le candidat démocrate. Un système de fraude massive à l’occasion de l’élection présidentielle américaine aurait-il été découvert par deux enquêteurs, dont un ancien du FBI ? C’est la rumeur reprise, sans le moindre élément de preuve, par plusieurs médias français pro-Trump. Ce que dit la rumeur. Deux enquêteurs américains, dont un ancien employé du Federal Bureau of Investigation (FBI), auraient découvert, avec « des preuves vidéo, des documents et des témoins » pour l’attester, l’existence d’une « opération illégale de récolte de bulletins de vote [qui] pourrait détourner 700 000 bulletins ». Cette affirmation a notamment été popularisée par les sites d’extrême droite Resistances 2020 et Europe Israël. Cette accusation, très populaire dans les cercles trumpistes américains, s’appuie sur une attestation sur l’honneur qui existe bel et bien. Signée par un détective privé républicain, Charles F. Marler, elle date du mois de septembre. Celui-ci y expliquait qu’un système de fraude avait été mis en place par les démocrates dans le comté de Harris, dans le Texas. Problème : le détective privé prétend posséder de nombreuses preuves et témoignages, mais n’en produit aucun. L’attestation, jugée vague et dépourvue de fondements suffisants, a donc été estimée peu crédible par les responsables du comté, relate le site de vérification américain Snopes. Faute d’élément, rien ne permet d’affirmer que des manipulations électorales ont eu lieu au Texas. Du reste, l’issue du vote n’accrédite pas l’idée qu’une triche de grande ampleur aurait profité au Parti démocrate. L’état a en effet été remporté par Donald Trump avec 52,8 % des votes. Les décodeurs du Monde (06.11.2020)
Des soutiens de Donald Trump profitent de l’incertitude qui entoure l’issue du scrutin pour accuser Joe Biden et les démocrates de fraude. (…) L’élection présidentielle américaine de 2020, dont le résultat n’était pas encore connu vendredi 6 novembre dans l’après-midi, a apporté son lot de rumeurs et suspicions sur la bonne tenue du scrutin. Celles-ci vont toutes dans le même sens : reprenant un argumentaire lancé très en amont par Donald Trump, elles accusent le camp démocrate de truquer l’élection pour faire perdre l’actuel président. (…) Une rumeur sur Facebook affirme que les listes électorales dans l’état du Michigan, remporté mercredi 4 novembre par le candidat démocrate, Joe Biden, sont frauduleuses. Des soutiens de Donald Trump partagent sur les réseaux sociaux une image diffusée à la télévision américaine, pour confirmer les allégations du président sortant qui dénonce un supposé « vol » du scrutin. La capture d’écran, qui provient de la chaîne locale Fox 2 Detroit, indique qu’une action en justice a été ouverte pour enquêter sur les électeurs de la plus grande ville du Michigan. Elle détaille les irrégularités observées sur les listes électorales : « 4 788 inscriptions en double, 32 519 électeurs inscrits de plus que ce que l’état en compte, 2 503 personnes décédées inscrites, un électeur né en 1823. » Pourquoi c’est faux. L’image est authentique, et les informations aussi. Sauf que cette action en justice n’a pas été intentée pendant les élections américaines de 2020. Elle a été initiée en 2019 par la Public Interest Legal Foundation, une organisation conservatrice proche de Donald Trump, et hostile au vote par correspondance, qui a intenté des poursuites judiciaires dans le pays pour s’assurer de la mise à jour des listes électorales, comme l’explique le site américain Politifact. En décembre 2019, la Public Interest Legal Foundation a attaqué la ville de Détroit, l’accusant de détenir des listes électorales frauduleuses. Six mois plus tard, en juin 2020, les poursuites judiciaires ont été abandonnées, car l’organisation a estimé que les listes électorales avaient été finalement corrigées. En résumé, l’image date de 2019 et n’a donc pas été diffusée à la télévision pendant l’élection présidentielle actuelle. De plus, les listes électorales à Détroit ont été mises à jour avant l’élection. A l’heure où nous écrivons ces lignes, aucun soupçon de fraude électorale n’a été documenté dans le Michigan en ce qui concerne le scrutin du 4 novembre. (…) Dans un court extrait vidéo d’une vingtaine de secondes, repris notamment en France par le site de « réinformation » Dreuz, Joe Biden en personne déclare face caméra (la traduction est de Dreuz) : « Deuxièmement, nous sommes dans une situation où nous avons mis en place – et vous l’avez fait pour notre administration, celle du président Obama, avant celle-ci – nous avons mis en place, je pense, l’organisation de fraude électorale la plus étendue et la plus inclusive de l’histoire de la politique américaine. » L’extrait provient d’un podcast diffusé fin octobre, dans lequel Joe Biden répond aux questions de Crooked Media, un média de gauche fondé par des proches de Barack Obama. Sorti de son contexte, il ressemble à un aveu. Remis dans son contexte, il est tout le contraire : le candidat démocrate explique comment son équipe compte lutter contre les tentatives du camp républicain pour dissuader les électeurs démocrates. Cette stratégie de « suppression des électeurs », fort bien expliquée par Franceinfo, consiste par exemple à refuser les cartes d’étudiants mais à accepter les permis de port d’arme comme pièce d’identité à l’entrée des bureaux de vote pour favoriser les électeurs républicains. Face à ces techniques, qui visent notamment les électeurs noirs, traditionnellement enclins à voter démocrate, Joe Biden explique que son équipe a mis en place un site pour faciliter les démarches des électeurs concernés, Iwillvote.com (Je vais voter). Ce qu’il décrit [au-delà de son lapsus] n’est donc pas un système de fraude, mais au contraire un système de lutte contre la fraude électorale que l’ancien vice-président attribue à son adversaire. (…) 700 000 bulletins en faveur de Joe Bien « seraient apparus miraculeusement ». Selon cette infox, née en août et ravivée depuis début novembre, respectivement 500 000 et 200 000 bulletins auraient été attribués frauduleusement à des personnes mortes et des animaux de compagnie en Virginie et au Nevada. La rumeur s’est diffusée sur les réseaux sociaux en France, où l’on peut lire, par exemple, que « même les morts ont voté pour Biden ». Faux. Ce qui est vrai, c’est que 700 000 bulletins ont été envoyés de manière incorrecte. D’une part, en Virginie, 500 000 bulletins comportaient l’adresse du mauvais bureau de vote sur l’enveloppe de retour : les électeurs étaient encouragés à envoyer leur courrier à la ville de Fairfax, et non au comté de Fairfax, entité administrative compétente pour l’élection. Le comté de Fairfax s’est excusé pour cette erreur et s’est engagé à prendre à ses frais le transport des bulletins vers le bon bureau de vote. Absolument rien ne permet d’affirmer que les votes en question allaient dans le sens du candidat Joe Biden ou de Donald Trump. La seconde erreur s’est produite au Nevada, où des bulletins avaient été envoyés systématiquement à tous les électeurs en raison de la pandémie. 226 000 enveloppes de vote ont été renvoyées aux autorités en charge du processus électoral, car elles étaient arrivées à des adresses où ne résidaient plus leurs destinataires, pour une raison ou une autre (décès, déménagement, erreur administrative, etc.). Certains, dans le lot, ont donc pu arriver chez des personnes mortes. Deb Wake, présidente de la ligue des électrices de Virginie, interrogée par la radio WTop, explique que quelqu’un lui a rapporté qu’un mort et un animal de compagnie avaient reçu un courrier électoral. Le site de vérification américain Politifact rappelle toutefois qu’il s’agit d’un cas de figure très fréquent dans une élection. « Si on envoie un bulletin de vote aujourd’hui et que l’électeur meurt demain, il recevra quand même le courrier », explique Wayne Torley, secrétaire adjoint aux élections du Nevada. Cela ne constitue pas une fraude, sauf si une personne remplit le bulletin au nom du mort – mais rien ne permet d’affirmer que cela a été le cas. (…) La courbe des votes en faveur du candidat démocrate Joe Biden est caractérisée par des envolées abruptes, à la verticale, signe que le scrutin a été truqué pour le faire remonter d’un coup. C’est du moins ce qu’estiment les relais français du candidat républicain. « Les démocrates, quand vous fraudez soyez discrets svp », interpelle ainsi Damien Rieu, figure de la fachosphère française. Le magistrat Charles Prats, ancien soutien de François Fillon, suggère lui aussi un trucage, « ni vu ni connu », dans un Tweet qui reprend les mêmes graphiques. Trompeur. Ces deux graphiques affichant une remontée spectaculaire sont authentiques. Ils ont été publiés par les journalistes de FiveThirtyEight, un site américain d’analyse politique reconnu, sur leur blog de suivi en direct de l’élection. Cette courbe est due à un biais statistique : au lieu d’égrener progressivement les scrutins au fur et à mesure de la journée, certains états publient les résultats par à-coups, en faisant remonter en même temps un très grand nombre de votes dépouillés, d’où ce bond. Mais ces augmentations soudaines ne profitent pas au seul camp démocrate, explique Curt Villarosa, responsable des affaires publiques d’ABC News, le média propriétaire de FiveThirtyEight, au site de vérification américain Politifact : « Tous n’étaient pas 100 % pour Biden. Sous la ligne bleue, il y a aussi une ligne rouge représentant les milliers de votes pour Trump. Il y a par ailleurs des contre-exemples où la courbe de Trump explose soudainement quand un lot de scrutins favorables est pris en compte. » En effet, d’autres graphiques publiés par FiveThirtyEight permettent de retrouver le même phénomène d’envolée soudaine de la courbe. Celui-ci est décorrélé du candidat. Ainsi dans Iowa (IA sur le graphique), Biden comme Trump ont vu leur nombre de votes exploser dans des proportions quasi égales en milieu de journée, et relativement similaires en début de journée dans le Kansas (KS). Dans le Montana (MT), les lots tardifs ont plutôt été en faveur de Trump, se traduisant par des bonds à la verticale dans la courbe du président sortant. (…) Alors que l’issue de l’élection américaine demeure incertaine, rien n’est en mesure de corroborer les accusations de fraude de Donald Trump. Les exemples cités plus haut, relayés en nombre par les supporteurs du président américain sortant, sont faux. Comme la vidéo d’un homme qui brûle fièrement des bulletins de vote pro-Trump. En réalité, ces bulletins sont des échantillons qui ne sont pas utilisés pour le vote. Eric Trump, lui, n’a toujours pas supprimé son Tweet. La rumeur sur les 40 000 bulletins de votes non pris en compte en Géorgie est également une infox. Sur Twitter, le comté de DeKalb a qualifié cette information d’« erronée » et expliqué que seuls 200 bulletins, et non pas 40 000, avaient été mis de côté provisoirement. Chacun des électeurs concernés sera contacté afin de confirmer les votes, a assuré le comté. (…) Un autre élément de discours récurrent consiste à s’étonner que des lots entiers de votes soient intégralement en faveur de l’ancien vice-président, comme dans le Michigan, où Joe Biden s’est vu créditer de plus de 138 339 voix d’un coup. Une anomalie statistique qui prouverait une magouille électorale. (…) Vrai, mais l’erreur a été corrigée. La carte qui circule est celle de Decision Desk HQ, une entreprise d’agrégation de résultats électoraux. Celle-ci a reconnu une erreur de saisie dans les données envoyées par l’état du Michigan. L’origine précise de l’erreur a été repérée par un internaute : dans le comté de Shiawassee (68 122 habitants), Joe Biden a été crédité de 153 710 votes (notez le zéro à la fin) au lieu de 15 371. Entre les deux chiffres, un différentiel de 138 339, soit pile le nombre de scrutins erronés attribués au niveau du Michigan à Joe Biden. « Cela arrive les nuits d’élection et nous pensons que d’autres agrégateurs de votes du Michigan ont rencontré la même erreur et l’ont corrigée en temps réel comme nous l’avons fait », s’est justifié un porte-parole à BuzzFeed. Les résultats ont depuis été corrigés. Malgré cela, le candidat démocrate a tout de même remporté d’une courte tête les 16 grands électeurs du Michigan. L’actuel locataire de la Maison Blanche a annoncé qu’il déposerait un recours pour contester le résultat. Les décodeurs du Monde
Une autre question entourant le VPC [vote par correspondance] est de savoir s’il augmente la fraude électorale. Il y a deux caractéristiques principales du VPC qui soulèvent ces préoccupations. Premièrement, le vote est déposé hors de la vue du public, et donc les possibilités de coercition et d’usurpation d’identité des électeurs sont plus grandes. Deuxièmement, le mode de transmission des bulletins de vote VPC n’est pas aussi sûr que pour les bulletins de vote en personne traditionnels. Ces préoccupations concernent à la fois les bulletins de vote interceptés et les bulletins de vote demandés sans la permission de l’électeur. Comme pour toutes les formes de fraude électorale, les cas documentés de fraude liés au VPC sont rares. Cependant, même les nombreux chercheurs qui soutiennent que la fraude est généralement rare conviennent que la fraude avec le vote VPC semble être plus fréquente qu’avec le vote en personne. Deux des cas les plus connus de fraude électorale impliquant le vote par correspondance se sont produits en 1997 en Géorgie et à Miami. Plus récemment, un directeur de campagne politique du 9e district du Congrès de Caroline du Nord a spolié les électeurs en recueillant des bulletins de vote non remplis, puis en remplissant le reste pour favoriser le candidat de la campagne, ce qui a conduit à une nouvelle élection. Enfin, les sceptiques quant aux méthodes de vote de commodité telles que le VPC soutiennent qu’elles encouragent les électeurs à voter avant que toutes les informations de la campagne ne soient révélées, mettant ainsi les premiers électeurs dans une situation de désavantage civique. En réponse, on peut affirmer qu’à mesure que de plus en plus d’électeurs votent tôt par courrier ou en personne, les campagnes sont moins incitées à conserver des informations négatives sur leurs opposants dans l’espoir d’obtenir un avantage grâce à une surprise d’octobre. Empiriquement, il est important de noter que les premiers électeurs ont tendance à être les plus motivés et sont donc moins susceptibles d’être influencés par des informations de dernière minute. MIT
Les habitants de ce pays ont besoin d’une pièce d’identité avec photo pour leurs activités quotidiennes, qu’il s’agisse de remplir une ordonnance ou d’encaisser des chèques. Vous devez présenter une pièce d’identité pour acheter une bière ou des cigarettes; aller à l’hôpital ou à l’hôtel; demander une aide publique; obtenir une licence de mariage ; acheter une arme à feu; prendre un avion… ou même juste pour entrer dans le bâtiment qui abrite le ministère américain de la Justice. Est-ce vraiment trop demander que d’exiger une pièce d’identité lorsqu’il s’agit d’exercer quelque chose d’aussi important que le droit de vote ? Ne méritons-nous pas d’avoir des élections justes et sûres qui ne soient pas volées par des votes frauduleux ? L’identification des électeurs n’est pas la seule étape nécessaire pour améliorer l’intégrité de notre processus électoral, mais c’est une étape fondamentale qui n’est ni discriminatoire ni inconstitutionnelle. C’est juste du bon sens. Hans von Spakovsky
Les lois sur l’identification des électeurs sont un gaspillage de l’argent des contribuables. Les États encourent des coûts importants lors de la mise en œuvre des lois sur l’identification des électeurs, y compris le coût de l’éducation du public, de la formation des agents électoraux et de la fourniture de pièces d’identité aux électeurs. Le Texas a dépensé près de 2 millions de dollars pour l’éducation des électeurs et les efforts de sensibilisation après l’adoption de sa loi sur l’identification des électeurs. L’Indiana a dépensé plus de 10 millions de dollars pour produire des cartes d’identité gratuites entre 2007 et 2010. ACLU
La fraude électorale existe. Mais les lois sur l’identité ne visent pas la fraude dont vous entendrez parler. La plupart des lois d’identification actuelles (le Wisconsin est une rare exception) ne sont pas conçues pour arrêter la fraude avec les bulletins de vote par correspondance (en effet, les lois exigeant une pièce d’identité aux urnes poussent plus de personnes vers le vote par correspondance, où il existe de nombreux et réels dangers). Ou l’achat de votes. Ou la coercition. Ou les faux formulaires d’inscription. Ou le voter à la mauvaise adresse. Ou le bourrage d’urnes par des fonctionnaires de mèche. Dans le document de 243 pages que le sénateur de l’État du Mississippi, Chris McDaniel, a déposé lundi avec des preuves de votes prétendument illégaux lors de la primaire républicaine du Mississippi, il n’y avait aucune allégation du type de fraude que l’identité peut arrêter. Au lieu de cela, les exigences de présentation d’une pièce d’identité aux urnes sont conçues pour à peu près une seule chose : les personnes qui se présentent aux urnes en se faisant passer pour quelqu’un d’autre afin de déposer chacune un faux bulletin de vote supplémentaire. C’est une façon lente et maladroite de voler une élection. C’est pourquoi cela arrive rarement. Je surveille les allégations de fraude depuis des années maintenant, y compris les lois sur la fraude en matière d’identité q’elles sont conçues pour arrêter. … Jusqu’à présent, j’ai trouvé environ 31 incidents différents (dont certains impliquent plusieurs scrutins) depuis 2000, partout dans le pays. Justin Levitt (Loyola Law School, Los Angeles, 2014)
Ce qui est vraiment stupéfiant, c’est l’hubris qui se reflète dans le Putsch judiciaire d’aujourd’hui. Antonio Scalia
J’ai été commis au juge Scalia il y a plus de 20 ans, mais les leçons que j’ai apprises résonnent toujours. Sa philosophie judiciaire est aussi la mienne: un juge doit appliquer la loi telle qu’elle est écrite. Les juges ne sont pas des décideurs politiques, et ils doivent être résolus à mettre de côté toutes les opinions politiques qu’ils pourraient avoir. Amy Coney Barrett
Le traitement par la Cour de l’importante question constitutionnelle soulevée par cette affaire a créé inutilement des conditions qui pourraient conduire à de graves problèmes post-électoraux. La Cour suprême de Pennsylvanie a publié un décret qui modifie complètement une importante disposition législative promulguée par la législature de Pennsylvanie conformément à son autorité en vertu de la Constitution des États-Unis d’établir des règles régissant la conduite des élections pour un poste fédéral. (…) Dans une loi appelée loi 77, le législateur a autorisé tous les électeurs à voter par correspondance, mais a exigé sans ambiguïté que tous les bulletins de vote par correspondance soient reçus avant 20 heures le jour des élections. (…) Il a également précisé que si cette disposition était déclarée invalide, une grande partie du reste de la loi 77, y compris sa libéralisation du vote par correspondance, serait nulle. (…) Le législateur a par la suite précisé que, dans son jugement, la pandémie de COVID-19 n’appelait aucune modification du délai le jour du scrutin. Dans une loi promulguée en mars 2020, le législateur a abordé les problèmes liés aux élections causés par la pandémie, mais il a choisi de ne pas modifier le délai de réception des bulletins de vote par correspondance. (…) Face au délai de la loi 77, la Cour suprême de Pennsylvanie, par quatre voix contre trois, a décrété que les bulletins de vote par correspondance ne devaient pas être reçus avant le jour du scrutin. (…) Au lieu de cela, elle a imposé une règle différente : les bulletins de vote doivent être considérés comme valides s’ils sont oblitérés le jour du scrutin ou avant et sont reçus dans les trois jours qui suivent. (…) En outre, le tribunal a ordonné qu’un bulletin de vote sans cachet de la poste ou illisible soit considéré comme valide s’il est reçu à cette même date. (…) Le tribunal a expressément reconnu que la disposition légale imposant la réception au plus tard le jour du scrutin était sans ambiguïté et que son abrogation de cette règle n’était pas fondée sur une interprétation de la loi. (…) Il a en outre admis que le délai légal était constitutionnel à première vue, mais il a revendiqué un large pouvoir pour faire ce qu’il jugeait nécessaire pour répondre à une ‘catastrophe naturelle’, et il a justifié son décret comme étant nécessaire pour protéger les droits des électeurs en vertu de la clause d’élections libres et égales de la Constitution de l’état. (…) Il y a un mois, le Parti républicain de Pennsylvanie et les dirigeants du Sénat de Pennsylvanie ont demandé à cette Cour de suspendre la décision de la Cour suprême de Pennsylvanie en attendant le dépôt et le règlement d’une requête en certiorari. (…) Ils ont fait valoir que la décision du tribunal de l’état violait les dispositions constitutionnelles précédemment citées, ainsi que la loi fédérale fixant une date uniforme pour les élections fédérales. (…) Mis en cause, le Parti démocrate de Pennsylvanie (DPP), a convenu que la constitutionnalité de la décision de la Cour suprême de l’état était une question d’importance nationale et nous a exhortés à accorder un examen et à trancher la question avant les élections. (…) Au lieu de faire ce que l’une ou l’autre des parties demandait, la Cour a simplement refusé la suspension. Bien qu’il y ait eu quatre votes pour inscrire une suspension, la demande a échoué à un vote également divisé. Maintenant, dans une ultime tentative pour empêcher les élections en Pennsylvanie de se dérouler sous un nuage, on nous a demandé d’accorder une requête pour un mémoire de certiorari, d’accélérer la révision et de trancher la question constitutionnelle avant les élections. Il serait hautement souhaitable de se prononcer sur la constitutionnalité de la décision de la Cour suprême de l’état avant les élections. Cette question a une importance nationale et il est fort probable que la décision de la Cour suprême de l’état viole la Constitution fédérale. Les dispositions de la Constitution fédérale conférant aux législatures des états, et non aux tribunaux des états, le pouvoir d’établir des règles régissant les élections fédérales n’auraient aucun sens si un tribunal d’état pouvait outrepasser les règles adoptées par le législateur simplement en prétendant qu’une disposition constitutionnelle de l’état donne aux tribunaux l’autorité d’établir les règles qu’il juge appropriées pour la conduite d’une élection équitable. (…) Pour ces raisons, la question posée par la décision de la Cour suprême de Pennsylvanie appelle un examen par cette Cour – comme l’ont convenu les partis républicain et démocrate de l’état lorsque le premier a demandé une suspension. Mais je conclus à contrecœur qu’il n’y a tout simplement pas assez de temps à cette date tardive pour trancher la question avant les élections. Justice Samuel Alito (28 octobre, 2020)
Quelques semaines avant une élection nationale, un juge de district fédéral a décrété que la loi du Wisconsin enfreignait la Constitution en obligeant les électeurs absents à retourner leur bulletin de vote au plus tard le jour du scrutin. Le tribunal a rendu sa décision même si plus de 30 états appliquent depuis longtemps la même date limite de vote par procuration – et pour des raisons compréhensibles: les élections doivent se terminer à un moment donné, une seule date limite fournit un avis clair et l’exigence que les bulletins de vote aient lieu le jour du scrutin met tous les électeurs sur le même pied. «Le bon sens, ainsi que le droit constitutionnel, obligent à la conclusion ce gouvernement doit jouer un rôle actif dans la structuration des élections », et les états ont toujours exigé des électeurs« qu’ils agissent en temps opportun s’ils souhaitent exprimer leur point de vue dans l’isoloir ». Burdick v. Taku-shi, 504 US 428, 433, 438 (1992). Pourquoi le tribunal de district a-t-il cherché à saborder une tradition si ancienne dans ce domaine? COVID. En raison de la pandémie actuelle, le tribunal a suggéré qu’il était libre de substituer sa propre date limite électorale à celle de l’état. Peu importe qu’en réponse à la pandémie, la Commission électorale du Wisconsin ait décidé d’envoyer par courrier aux électeurs inscrits une demande de vote par correspondance et une enveloppe de retour au cours de l’été, de sorte que personne n’ait eu à en demander une. Qu’importe que les électeurs soient également libres de rechercher et de renvoyer les bulletins de vote par correspondance depuis septembre. Peu importe que les électeurs puissent renvoyer leurs bulletins de vote non seulement par la poste, mais aussi en les apportant au bureau du greffier du comté ou dans diverses boîtes de dépôt «sans contact» organisé localement ou dans certains bureaux de vote le jour du scrutin. N’oubliez pas que ceux qui ne sont pas en mesure de voter le jour du scrutin ont encore d’autres options dans le Wisconsin, comme voter en personne pendant une période de vote de deux semaines avant le jour du scrutin. Et n’oubliez pas que le tribunal lui-même a trouvé que la pandémie constituait une menace insuffisante pour la santé et la sécurité des électeurs pour justifier la refonte des procédures du vote en personne de l’état. Il est donc incontestable que le Wisconsin a fait des efforts considérables pour accueillir le vote anticipé et répondre à la COVID. Le seul grief possible du tribunal de district est que l’état n’a pas fait assez. Mais à quel moment en a-t-on fait assez ? Si le délai légal de vote par procuration du Wisconsin peut être écarté du fait du statut de l’état en tant que «hotspot» COVID, qu’en est-il des délais identiques dans 30 autres états? Dans quelle mesure un état (ou peut-être une partie de celui-ci) doit-il être un «point chaud» avant que les juges décident d’improviser une nouvelle législation ? Ensuite, il y a la question de savoir ce que devraient être ces nouvelles échéances ad hoc. Le juge dans cette affaire a ajouté 6 jours à la date limite des élections de l’état, mais pourquoi pas 3, 7 ou 10, et qu’est-ce qui empêcherait différents juges de choisir (comme ils le feraient sûrement) des délais différents dans différentes juridictions? Une politique étatique largement partagée cherchant à concrétiser le jour des élections céderait la place à une Babel de décrets. Et comment empêcher les tribunaux de modifier également les règles du vote en personne? Ce juge a refusé d’aller aussi loin, mais les plaignants pensaient qu’il aurait dû le faire, et il n’est pas difficile d’imaginer que d’autres juges acceptent des invitations à élargir les cartes de la circonscription et à décider si les états devraient ajouter des bureaux de vote, réviser leurs horaires, réorganiser les isoloirs en leur sein, ou peut-être même compléter les protocoles existants de distanciation sociale, de lavage des mains et de ventilation. La Constitution dicte une approche différente de ces questions d’où on met la barre. La Constitution stipule que les législatures des états – et non ni les juges fédéraux, ni les juges des états, ni les gouverneurs des états, ni les autres représentants de l’état – portent la responsabilité principale de l’établissement des règles électorales. Art. I, §4, cl. 1. Et la Constitution offre également un deuxième niveau de protection. Si les règles de l’état doivent être révisées, le Congrès est libre de les modifier. Ibid. («Les heures, les lieux et les modalités de tenue des élections des sénateurs et des représentants sont prescrits dans chaque état par la législature de celui-ci; mais le Congrès peut à tout moment par la loi établir ou modifier de tels règlements…»). Rien dans notre document fondateur n’envisage le type d’intervention judiciaire qui a eu lieu en l’espèce, et il n’y a pas non plus de précédent en 230 ans de décisions de cette Cour. Et avec raison. Les législateurs peuvent être tenus responsables par les citoyens des règles qu’ils écrivent ou ne parviennent pas à rédiger; mais généralement, pas les juges. Les législatures élaborent des politiques et mettent en œuvre la sagesse collective de tout le peuple lorsqu’elles le font, tandis que les tribunaux ne rendent le jugement que pour une seule personne ou une poignée d’individus. Les législatures disposent de ressources beaucoup plus importantes pour la recherche et l’établissement des faits sur les questions de science et de sécurité que celles qui peuvent habituellement être réunies dans un litige entre des parties distinctes devant un juge unique. En prenant leurs décisions, les législateurs doivent faire des compromis pour parvenir au large consensus social nécessaire pour promulguer de nouvelles lois, ce qui n’est pas facilement reproductible dans les salles d’audience où généralement une partie doit gagner et l’autre perdre. Bien entendu, les processus démocratiques peuvent s’avérer frustrants. Parce qu’ils ne peuvent pas facilement agir sans un large consensus social, les législatures sont souvent lentes à réagir et tièdes quand elles le font. La clameur pour que les juges interviennent et abordent les problèmes émergents, et la tentation pour les juges individuels de combler le vide de l’inaction perçue peut être grande. Mais ce qui semble parfois être une faute dans la conception constitutionnelle était une caractéristique pour les rédacteurs, un moyen de garantir que tout changement du statu quo ne serait pas fait à la hâte, sans délibération minutieuse, consultation approfondie et consensus social. Nous ne pouvons pas non plus annuler cet arrangement simplement parce que nous pourrions être frustrés. Notre serment de respecter la Constitution est mis à l’épreuve par les temps difficiles, pas par les temps faciles. Et céder à la tentation de contourner les règles constitutionnelles habituelles n’est jamais gratuit. Cela porte atteinte à la foi en la Constitution écrite en tant que loi, au pouvoir du peuple de superviser son propre gouvernement et à l’autorité des législatures, car plus nous assumons leurs devoirs, moins ils sont incités à les remplir. Les modifications de dernière minute des règles électorales de longue date risquent également de générer d’autres problèmes, suscitant la confusion et le chaos et érodant la confiance du public dans les résultats électoraux. Personne ne doute que la tenue d’élections nationales en période de pandémie pose de sérieux défis. Mais rien de tout cela ne signifie que les juges individuels peuvent improviser avec leurs propres règles électorales à la place de celles que les représentants du peuple ont adoptées. Justice Neil Gorsuch (October 26, 2020)
U.S. Supreme Court Justice Samuel Alito on Friday night ordered county election boards in Pennsylvania to comply with a state directive to separate mail-in ballots received after 8 p.m. on Election Day from other ballots. The order came in a case pending before the justices to invalidate a September decision by the state’s highest court that allowed election officials to count mail-in ballots postmarked by Tuesday’s Election Day that are delivered through Friday. Alito granted the request by Pennsylvania Republicans to separate the ballots without first referring the request to the other justices. The decision comes as Democrat Joe Biden edged closer to winning the White House on Friday, expanding his narrow leads over President Donald Trump in battleground states including Pennsylvania. The Supreme Court had twice rebuffed Pennsylvania Republicans in the case, rejecting a request in October to block the lower court ruling and later refusing to fast-track their consideration of an appeal. The justices said they might revisit the case after Nov. 3. In its request on Friday, the Republican Party of Pennsylvania said it was unclear whether all 67 county election boards were complying with Secretary of the Commonwealth Kathy Boockvar’s Oct. 28 directive to separate late-arriving ballots. Late-arriving ballots are a tiny proportion of the overall vote in the state, Boockvar has said. Reuters
Tout au long de l’été, plusieurs cours suprêmes étatiques ont en effet pris des mesures autorisant la réception et le comptage des bulletins de vote même arrivés jusqu’à plusieurs jours après le 3 novembre. Au motif que l’extension permettrait une meilleure prise en compte des votes à distance en période de pandémie, la cour de Pennsylvanie a ainsi autorisé les votes arrivant jusqu’au 6 novembre. Dans le Nevada, le délai court jusqu’au 10 novembre. En Caroline du Nord, c’est jusqu’au 12 novembre que les votes envoyés peuvent être réceptionnés. Environ vingt états ont vu cette tolérance mise en place, parfois contre l’avis des parlements. Des décisions qui avaient été très controversées : pour le parti républicain, le contexte sanitaire ne justifiait en rien une extension du délai de vote à distance, de toute façon sans risque. De plus, selon les équipes de campagne du président en exercice, les cours suprêmes locales outrepassaient leurs pouvoirs, car le choix des modalités de vote revient normalement aux assemblées législatives de chaque état. Les possibilités de fraude électorale par ce biais avaient également été soulevées : dans le Minnesota, les avocats du parti républicain, cités par MPRNews, avaient souligné que les modalités locales «[autorisaient] les votes reçus jusqu’à huit jours après le scrutin et sans cachet postal à être pris en compte». En réponse, plusieurs médias soulignaient que, le vote à distance étant traditionnellement plutôt utilisé par les électeurs démocrates aux États-Unis, les Républicains refusaient un mécanisme défavorable pour eux. Consultée sur la mesure de ce type prise en Pennsylvanie, la Cour suprême des États-Unis a botté en touche le 28 octobre, refusant de bloquer la décision, tout en indiquant qu’elle se réservait le droit de revenir sur sa position après l’élection. Dans le détail, quatre juges conservateurs (Clarence Thomas, Samuel Alito Jr, Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh) avaient défendu la requête républicaine, tandis que quatre autres juges (les libéraux Stephen H. Breyer, Sonia Sotomayor et Elena Kagan et le président conservateur de la Cour John Roberts) souhaitaient la rejeter. Précision d’importance, la nouvelle juge Amy Coney Barrett, tout juste nommée par Donald Trump, n’avait pas pris part à ce débat, selon CNN. Hier mardi, Donald Trump est revenu sur l’affaire et a déclaré dans un tweet que la décision de la Cour suprême était «TRÈS dangereuse […]. Cela va permettre une triche effrénée et incontrôlée et saper l’ensemble de notre État de droit. (…) Donald Trump et son équipe de campagne avaient déjà prévenu qu’ils pourraient entamer une action juridique pour interdire la prise en compte de ces bulletins postaux en retard, en interrogeant la capacité des cours suprêmes locales à imposer ces mécanismes, au regard de la Constitution américaine. Justin Clark, gestionnaire de campagne de Trump, affirmait dès lundi : «Ne vous y trompez pas, le président et son équipe continueront de se battre pour des élections libres et équitables et des résultats fiables que tous les Américains méritent». Selon The Hill , les actions juridiques de contestation devront commencer au niveau local avant d’atteindre, éventuellement, la Cour suprême. Si les votes pris en compte malgré leur retard s’avèrent déterminants pour l’élection, cela pourrait rallonger d’autant la période d’incertitude commencée cette nuit. Luc Lenoir
Contrairement à certaines observations, les protestations de Donald Trump ne se concentrent pas tant sur l’avantage politique du vote par courrier, que sur les risques de fraude. Et il semble qu’il y ait quelques raisons d’organisation à cela. L’actuel président n’est en effet pas opposé à la procédure à distance, mais pourfend la procédure du « mail-in ballot », qu’on peut traduire par scrutin postal, lui préférant l' »absentee ballot » ou vote par procuration. Les détails peuvent varier en fonction des états, mais généralement, le vote par procuration requiert d’abord une demande de vote à distance, puis un renvoi de son bulletin. Dans le scrutin postal, tous les électeurs reçoivent sans la demander une enveloppe, qu’ils doivent simplement renvoyer avec leur choix électoral. Une procédure qui pourrait selon Donald Trump encourager les fraudes : dans une interview à Fox News, le président citait un problème sur des courriers de vote spontané en Virginie avec «500.000 lettres envoyées à n’importe qui. À des chiens, à des morts… Personne ne sait ce qui est arrivé». Ses opposants ont répondu que les lettres frauduleuses ne l’étaient pas et n’étaient viciées que par des erreurs sur l’adresse de retour en cas de problème, différente de l’adresse du destinataire. Si la plupart des états pratiquent avec plus ou moins de restrictions le vote par procuration, cinq d’entre eux utilisent déjà le scrutin postal, et quatre nouveaux (Californie, Nevada, New-Jersey et Vermont) envisagent de le faire. Inscrit sur les listes électorales en Floride mais ne pouvant se rendre sur place le 3 novembre, Donald Trump a défendu le vote par procuration en août, en insistant sur la distinction avec les scrutins postaux, qui «encouragent la fraude électorale». (…) Une affaire récente pourrait donner un écho aux inquiétudes du camp présidentiel : le New York Post a en effet publié la « confession » d’un fraudeur engagé à gauche, qui affirme avoir truqué de nombreuses élections fédérales. C’est en évoquant le scrutin postal que le témoin du New York Post affirme que la fraude y « est plus une règle qu’une exception ». À l’appui de sa démonstration, un véritable mode d’emploi de la fraude, avec plusieurs procédés possibles. (…) Le doute subsiste en outre sur les listes utilisées dans le cadre d’un scrutin postal, et l’utilisation qui pourrait être faite d’adresses frauduleuses ou inventées. Sur les réseaux sociaux, des partisans de Donald Trump relèvent des différences visibles entre les enveloppes envoyées aux électeurs enregistrés au parti démocrate et celles des républicains, y voyant des « manœuvres », tandis que plusieurs journalistes soulignent que les fraudes au scrutin postal restent statistiquement faibles. L’affaire du vote par courrier semble donc surtout illustrer le fossé politique et la méfiance qui règne désormais entre camps d’opinion aux États-Unis… et qui pourraient amener à des controverses sérieuses en novembre prochain. Luc Lenoir
Le vol de suffrages est en quelque sorte légalisé depuis l’institution du vote par correspondance et les abus commis en son nom. Joseph Tramoni (maire communiste de Sartène, 1975)
C’est un système qui permet totalement la fraude, car vous n’êtes sûr ni de l’émetteur ni du récepteur. Jean-Pierre Camby (université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines)
Je pense qu’il est également essentiel de comprendre que, comme je l’ai dit aux candidats qui sont venus me voir, vous pouvez mener la meilleure campagne, vous pouvez même devenir le candidat et vous pouvez vous faire voler l’élection. Hillary Clinton (6 mai 2019)
Joe Biden ne devrait en aucun cas reconnaitre sa défaite, car je pense que cela va s’éterniser, et finalement je crois qu’il gagnera si nous ne cédons pas un pouce, et si nous sommes aussi concentrés et implacables que l’autre partie. Je pense qu’ils envisagent plusieurs scénarios. Le premier est de gâcher le vote par correspondence. Ils pensent que cela les aide à obtenir un avantage limité au collège électoral le jour du scrutin. Nous devons donc avoir une opération légale massive, et je sais que la campagne Biden y travaille. Hillary Clinton (25 août 2020)
J’espère que tout le monde va déménage en Géorgie, vous savez, dans un mois ou deux, et s’inscrire pour voter et voter pour ces deux sénateurs démocrates. Thomas Friedman (NYT)
Evelyn et moi déménageons en Géorgie pour aider @ossoff et @ReverendWarnock à gagner ! Andrew Yang
These run-offs will decide which party controls the Senate, and this, whether we’ll have any hope of a large stimulus/climate bill. If you have the means and fervor to make a temporary move to GA, believe anyone who registers by Dec 7 can vote in these elections.Eric Levitz (New York Magazine)
I will go to GA to help win these Senate seats. I will get a Covid test every day. I will live at Tyler Perry’s movie studio. I will get re-bar mitzvah’ed at whichever synagogue Jon Ossoff and his wife attend. We MUST win these Senate seats. I WILL DO WHAT NEEDS TO BE DONE! U in? Billy Eichner (Hollywood actor)
Nous allons continuer ce processus sur tous les plans permis par la loi pour garantir que le peuple américain ait confiance en notre gouvernement. Je ne renoncerai jamais au combat pour vous et pour notre nation. Président Trump
I won the largest share of non-white voters of any Republican in 60 years, including historic numbers of Latino, African American, Asian American, and Native American voters — the largest ever in our history. We grew our party by 4 million voters, the greatest turnout in Republican Party history. Democrats are the party of the big donors, the big media, the big tech, it seems. And Republicans have become the party of the American worker, and that’s what’s happened. And we’re also, I believe, the party of inclusion. (…) Democrat officials never believed they could win this election honestly. I really believe that. That’s why they did the mail-in ballots, where there’s tremendous corruption and fraud going on. That’s why they mailed out tens of millions of unsolicited ballots without any verification measures whatsoever. And I’ve told everybody that these things would happen, because I’ve seen it happen. I watched a lot of different elections before they decided to go with this big, massive election with tens of millions of ballots going out to everybody — in many cases, totally unsolicited. This was unprecedented in American history. This was by design. Despite years of claiming to care about the election security, they refuse to include any requirement to verify signatures, identities, or even determine whether they’re eligible or ineligible to vote. (…) In Pennsylvania, partisan Democrats have allowed ballots in the state to be received three days after the election, and we think much more than that. And they are counting those without even postmarks or any identification whatsoever. So you don’t have postmarks; you don’t have identification. (…) I want every legal vote counted. We want openness and transparency — no secret count rooms, no mystery ballots, no illegal votes being cast after Election Day. You have Election Day, and the laws are very strong on that. You have an Election Day. And they don’t want votes cast after Election Day, and they want the process to be an honest one. It’s so important. We want an honest election, and we want an honest count, and we want honest people working back there because it’s a very important job. (…) I have been talking about this for many months with all of you. And I’ve said very strongly that mail-in ballots are going to end up being a disaster. President Trump
Bon, nous voilà encore dans la position inhabituelle de devoir non seulement interrompre le président des États-Unis, mais aussi de le corriger. Il n’y aucun vote illégal selon nos informations. Il n’y a pas non plus de victoire pour Monsieur Trump. Brian Williams (MSNBC)
Quelle triste nuit pour les États-Unis d’Amérique de voir leur président faussement accuser les gens d’essayer de voler l’élection, d’essayer d’attaquer la démocratie de cette façon avec son tissu de mensonges. Jake Tapper
Notre travail est de diffuser la vérité, pas des théories du complot infondées. Nicole Carrol (USA Today)
Il a fait mieux qu’à mon avis, il aurait dû faire avec les hommes noirs et hispaniques, ce qui signifie qu’il faut que nous réfléchissions vraiment dans la communauté des droits civiques, à la fois du côté latino et afro-américain, à une vraie conversation dans nos communautés sur ce que signifie d’être différent en termes de cette aspiration à l’esprit d’entreprise et à l’équité. Al Sharpton
C’est tellement dévastateur pour moi: le vote des hommes noirs pour Trump est passé de 13% en 2016 à 18% cette année. Le vote des femmes noires pour Trump a doublé, passant de 4% en 2016 à 8% cette année. De plus, une fois de plus, les sondages de sortie des urnes montrent qu’une majorité de femmes blanches votent pour Trump. De plus, le pourcentage de LGBT votant pour Trump a doublé par rapport à 2016. DOUBLÉ !!! C’est pourquoi les personnes LGBT de couleur ne font pas vraiment confiance aux homosexuels blancs. Oui, j’ai dit ce que j’ai dit. Un point, c’est tout. En outre, le pourcentage de Latinos et d’Asiatiques votant pour Trump a augmenté par rapport à 2016, selon les sondages de sortie des urnes. Encore plus de preuves que nous ne pouvons pas compter sur le «brunissement de l’Amérique» pour démanteler la suprémacie blanche et effacer l’anti-noirceur. Charles Blow (NYT)
Depuis 2017, David Faris, politologue à l’Université Roosevelt de Chicago, martèle ce message dans des articles, des entrevues et un livre intitulé It’s Time to Fight Dirty. Au cours des 20 dernières années, fait-il valoir, les républicains ont utilisé tous les moyens nécessaires pour renforcer leur représentation au Congrès et à la Cour suprême. Ils ont adopté des mesures pour réduire la participation électorale des minorités, des pauvres et des étudiants, qui tendent à voter pour les démocrates. Ils ont maximisé leur propre vote en découpant les circonscriptions électorales de certains états de façon hyper partisane. Ils ont privé les démocrates d’un siège à la Cour suprême en refusant d’examiner la nomination du juge Merrick Garland pour remplacer Antonin Scalia en 2016. La liste ne s’arrête pas là. Mais ce siège « volé » à la Cour suprême a convaincu David Faris que les démocrates devaient envisager des mesures de représailles. Dans It’s Time to Fight Dirty, publié en 2018, il leur a proposé une série d’actions pour assurer que le système de gouvernement américain reflète la volonté d’une majorité d’électeurs. Figurent parmi ces actions : l’ajout de sièges à la Cour suprême ; l’attribution du statut d’État à la capitale fédérale (le district de Columbia) et à Porto Rico ; l’abolition du « filibuster », technique d’obstruction parlementaire permettant à une minorité de 40 sénateurs de bloquer l’adoption d’un projet de loi. Les propositions de David Faris ont vite gagné des adeptes au sein de la gauche démocrate. Mais elles semblaient d’emblée trop radicales pour les plus modérés. Deux ans plus tard, ce n’est plus tout à fait le cas. Et la détermination des républicains de confirmer la nomination de la juge Amy Coney Barrett à la Cour suprême avant même l’élection présidentielle n’est pas étrangère à ce changement. (…) Mais David Faris se garde aussi de se réjouir trop vite. Pour que l’une ou l’autre de ses idées se concrétisent, Joe Biden doit succéder à Donald Trump en tant que président, Chuck Schumer doit remplacer Mitch McConnell comme chef de la majorité au Sénat et Nancy Pelosi doit rester présidente de la Chambre des représentants. (…) Comment expliquer la différence entre la façon dont les républicains et les démocrates mènent leurs combats ? (…) David Faris évoque d’abord la menace existentielle que font peser sur le Parti républicain les changements démographiques. Il soulève ensuite la question de la polarisation politique, qui a contribué à son avis à une plus grande radicalisation des républicains que des démocrates. (…) De leur côté, a-t-il ajouté, les démocrates ont tendance à croire que « le temps joue en leur faveur » et que « le public punira l’hypocrisie ». (…)  la Chambre des représentants à majorité démocrate a adopté fin juin un projet de loi destiné à donner le statut d’État à la capitale fédérale. Barack Obama s’est pour sa part montré favorable à l’idée d’abolir le « filibuster » pour permettre l’adoption de nouvelles mesures pour protéger le droit de vote. « Si tout cela demande d’éliminer l’obstruction systématique, une autre relique de Jim Crow, afin de garantir les droits de chaque Américain, alors c’est ce que nous devrions faire », a déclaré l’ancien président lors des funérailles de la figure des droits civiques John Lewis, fin juillet. Il n’y a pas longtemps, Joe Biden écartait la plupart de ces idées du revers de la main, disant notamment se méfier des conséquences imprévues. Aujourd’hui, il qualifie de « légitimes » les questions sur le sujet, mais refuse d’y répondre. Richard Hétu
For four years now, Democrats and their media allies have tarred President Trump as a reprehensible white supremacist leading a dying party. The Trumpian, populist GOP, they claimed, was doomed to become a regional rump party, whose electoral prospects were tied to a shrinking share of bitter, downscale whites. That narrative was always bunk. It finally died, once and for all, on Tuesday evening. Team Trump and Republicans nationwide made unprecedented inroads with black and Hispanic voters. Nationally, preliminary numbers indicated that 26 percent of Trump’s voting share came from nonwhite voters — the highest percentage for a GOP presidential candidate since 1960. In Florida’s Miami-Dade County, the heartland of Cuban America, Trump turned a 30-plus-point Hillary Clinton romp in 2016 into a narrow single-digit Joe Biden win. Texas’ Starr County, overwhelmingly Mexican American and positioned in the heart of the Rio Grande Valley, barely delivered for the Democrats. Biden’s Hispanic support in other key swing states, like Ohio and Georgia, tailed off from Clinton’s 2016 benchmarks. Overall, exit polls indicated that 32 to 35 percent of Latinos voted for the president. And young black men are gravitating to the GOP at a remarkable pace (given the baseline). It turns out that minorities aren’t so infatuated with the brand of unrepentant progressive “woke-ism” now peddled by the Alexandria Ocasio-Cortez wing of the Democratic Party. The political, legal, media, corporate and academic establishments have gone all-in on the woke agenda, peddling a toxic brew of intersectionality, socialism lite and Black Lives Matter anarchism. Latinos and many blacks aren’t buying it. (…) The progressive elites are genuinely incapable of understanding why it is that their nostrums have been rejected by a growing share of the populace. They can’t come to grips with the fact that their shambolic policy initiatives — and their unjust and fundamentally anti-American identity politics — are simply not all that popular with the fly-over country rubes, including “country rubes” of color. The 2020 election, in which the GOP defied the odds by maintaining the Senate and actually picking up seats in the House, was an emphatic rejection of the left-wing vision for America. No one wants AOC’s “Squad” — including Hispanic and black voters. (…) The GOP, which already has its strong base of support among non-college-educated white voters, must learn to govern like a working-class, multiethnic, multiracial party. This more populist variety of conservatism will be unabashedly traditionalist, humbler in its approach to America’s role on the world stage and economically attuned to the aspirations and needs of ordinary Americans — not those of Wall Street, Hollywood or Silicon Valley. It is a vision with real crossover appeal — a vision that can, and will, win. Republicans have every reason to be optimistic about the future. The hectoring “demography-is-destiny” dolts have been shot down. A substantial chunk of minority voters rejected the lies that GOP populism is rooted in racism. They rejected the slanders that the president himself is a white supremacist. The media establishment won’t admit it anytime soon, but the GOP’s future is bright — and browner than many may have previously thought possible. Josh Hammer
In an ideal world, political parties would be about different approaches to governing. Yet too often in our nation’s history they’ve been about tribalism along regional, economic and, most divisively, racial lines. Then came 2020: This Election Day, President Trump garnered the highest percentage of non-white votes for a Republican presidential candidate in 60 years. This movement toward balance should be celebrated by all, but not surprisingly, that is not what is happening. Take MSNBC anchor Joy Reid, who claims that the election showed a “great amount of racism, anti-blackness and anti-wokeness.” Or The New York Times’ Charles Blow, who somehow sees this election as confirming the power of the “White Patriarchy.” Writer Bree Newsome Bass conceded that some white voters had chosen Joe Biden but voted Republican down ballot to preserve “white rule. » These people view everything through a racial lens. They’re convinced Trump is a racist and regard his broad support — half the country voted for him — as proof that the nation, as a whole, is likewise hopelessly racist. A kind way to describe such reactions would be “unhinged.” Another way: terrified. Between 2004 and 2016, black men and women gave between 88 percent and 95 percent of their votes to the Democratic candidate for president. This year, Trump won 18 percent of the vote among black men — a staggering number for a Republican. To put that in visceral terms, of every six black men who voted, one voted for Trump. He also made significant gains with Hispanic voters and even Muslim voters. Trump has had significant accomplishments as president — halting the liberal, activist tilt of the courts, standing up to China, striking peace treaties that offer fresh hope in the Middle East peace, firing up the economy — but perhaps none is as important or has more far-reaching implications than his transformation of the GOP into a multiracial party. For all of his high principles and good hair, the last Republican candidate for president, Mitt Romney, could never have dreamed of such success among non-white voters. So why are so many progressive and black intellectual elites so upset about the American political parties achieving so much more racial balance? Some cynics might see it as simply sour grapes over the left’s loss of power and influence. Democrats assumed only they could speak for minorities, who it now turns out have their own ideas. But it also reflects a fundamental difference between how Americans view race and racism. Over the past few decades, progressives have insisted racism is built into the system and the system must change (in progressive ways) to curb it — though it’s never been clear if they think it can ever be satisfactorily defeated. Those on the right, meanwhile, view racism as an issue of individuals holding irrational beliefs regarding minorities, which can be organically overcome. In the 2020 election, we now see that millions of minority voters rejected the idea that their votes should be bound by identity politics, or as Joe Biden put it, that if you don’t vote Democratic, you ain’t black. That remark didn’t come out of nowhere. He was simply saying out loud what many on the left have long believed. Fact is, Trump made the most direct appeal to non-white voters we’ve seen from a Republican in most of our lifetimes. And it worked. This is also good news for America, and especially minorities. We now have a GOP that will be eager to maintain these gains, and a Democratic Party that can no longer take minority votes for granted. And we can now stop believing the color of a person’s skin gives us certainty about their political affiliation — and that in and of itself strikes a blow at racism. It’s exciting: Individuals can be treated as individuals, rather than lumped into political boxes based on their racial group. Some may find it ironic that it was Trump, of all people, who’s most responsible for this. But what matters is that the body politic has landed in a better, more equal and more promising place. David Marcus
Pennsylvania, Michigan and Wisconsin pose particular challenges because of their ballot-counting rules. None have yet begun tallying millions of mail-in ballots, as other states have done, and election officials in these states say they may report results on Wednesday and beyond. Election law experts warn that any period of uncertainty over the election’s winner could spark legal fights. Adding to the focus on Pennsylvania, Wisconsin and Michigan: They are all split between Democratic governors and Republican-run legislatures, teeing up a partisan clash over counting votes. (…) In a year when Covid-19 upended the rules for ballots, partisan disputes over voting rules and deadlines have resulted in lawsuits in at least 44 states, according to the Stanford-MIT Healthy Elections Project. Minnesota has also emerged as a potential postelection field of battle after a federal appeals court suggested Thursday that its extension of a mail-in vote deadline was unconstitutional. But Pennsylvania, Wisconsin and Michigan stand out for their distinct rules for counting mail-in ballots. All three have received a record number of mail-in ballots, but laws in Pennsylvania and Wisconsin prohibit officials from counting them until Election Day. In Michigan, election officials in larger districts can process ballots—meaning opening and sorting them—during a 10-hour window on Nov. 2. Election officials have said the vote-counting rules mean they won’t know who won the state until the next day or later in the event of a close result. Meanwhile, states like Florida have been tabulating absentee ballots for weeks and will disclose those results on Tuesday evening. In recent weeks, a lawsuit filed by Pennsylvania Republicans reached the U.S. Supreme Court. A 4-4 order let stand a state Supreme Court decision allowing officials to count mail-in ballots received up to three days after Election Day. The court on Wednesday refused Republicans’ second request to hear the case before Election Day, but left open the possibility for postelection litigation. Justice Samuel Alito, who backed the Pennsylvania Republicans’ position, suggested in a statement accompanying the order that considering those mail-in votes valid would allow state courts to undercut election rules set by the state’s GOP-controlled Legislature. Newly sworn-in Justice Amy Coney Barrett could be a decisive vote when she begins hearing cases. Pennsylvania’s attorney general, a Democrat, has directed county election boards to separate ballots received after Nov. 3. Meanwhile, the U.S. Supreme Court rejected Democrats’ request to extend Wisconsin’s ballot-receipt deadline past Election Day. In Michigan, a state appeals court ruled in Republicans’ favor earlier this month and blocked a 14-day extension for votes postmarked by Nov. 2. Lawyers are gaming out what happens if prolonged ballot battles cause Pennsylvania, Wisconsin and Michigan to have no clear result before Dec. 8, the deadline for states to appoint presidential electors, and the Electoral College vote on Dec. 14. If vote counting collides with these deadlines, it is possible for a governor and state legislature to send different electors to Congress. “We’re in uncharted legal territory,” said Mark Medish, co-founder of Keep Our Republic, a nonprofit formed this summer to preserve election integrity. Wall Street Journal
In a week of surprises, California’s rejection of a ballot measure that would have allowed the state to resume its affirmative action program was among the most significant. The measure, known as Proposition 16, wasn’t defeated by shy Trump voters. Polling showed Hispanic and other minority voters evenly split on the measure, and on Tuesday it was defeated in California’s most Latino counties. California’s result is just one piece of the mounting evidence that voters on Tuesday threw a wrench in the progressive plan to leverage a « coalition of the ascendant » and an « emerging Democratic majority » to turn the country into a woke utopia. The 2020 election was in large part a referendum on Democrats’ race baiting and pandering, starting with the party’s own elevation of Biden to the top of the ticket. Democrats’ rejection of Sens. Elizabeth Warren, Bernie Sanders, and Kamala Harris was a leading indicator that the media missed. Millions of voters of all races made clear that they instead prefer the old ideals: equality of opportunity, economic freedom, and a society that judges its citizens not by the color of our skin, but the content of our character. Beyond that, the president whom Democrats have lambasted for four years as a racist and a xenophobe turned out more minority voters than any Republican candidate in decades. It’s not just that right-wing Cubans handed Trump a surprise victory in south Florida; he clinched some of the nation’s most Latino counties, improved his margins with black men and women, and even earned commanding majorities in some Native American counties. And that exit poll data does not account for the shy Trump voters, an effect we presume may well be exaggerated among black and Hispanic voters. Senate races yielded more bad news for the progressive left. Even if Joe Biden wins the White House, Sen. Mitch McConnell (R., Ky.), who easily overcame an $80 million challenge, will serve as a check on the ascendance of socialists such as Sens. Bernie Sanders (I., Vt.) and Elizabeth Warren (D., Mass.) to the Biden cabinet. Voters may have wanted Biden, but there’s a whole wing of his party they’d prefer to do without. Some House Democrats can see the writing on the wall. Rep. Abigail Spanberger (D., Va.) reportedly told her caucus that the progressive push to defund the police and embrace « socialism » almost cost them the majority. Rep. Ruben Gallego (D., Ariz.) advised Democrats to drop the woke speak, starting with the bizarre « Latinx. » Tuesday’s results should shatter the Democratic presumption that their party is destined to command the overwhelming and eternal support of minority voters—but it won’t. The politics fueled by racial grievance and personified by the « squad » of Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan Omar, and Rashida Tlaib is a cancer on the Democratic Party that it indulges at its own peril. Free Beacon
Until Donald Trump’s arrival, the globalist revolution was almost solidified and institutionalized—with the United States increasingly its greatest and most “woke” advocate. We know its bipartisan establishment contours. China would inherit the world in 20 or 30 years. The self-appointed task of American elites—many of whom had already been enriched and compromised by Chinese partners and joint ventures—was to facilitate this all-in-the-family transition in the manner of the imperial British hand-off of hegemony to the United States in the late 1940s. Our best and brightest like the Biden family, Senator Dianne Feinstein (D-Calif.), Bill Gates, or Mark Zuckerberg would enlighten us about the “real” China, so we yokels would not fall into Neanderthal bitterness as they managed our foreordained decline. We would usher China into “the world community”—grimacing at, but overlooking the destruction it wrought on the global commercial order and the American interior. We would politely forget about Hong Kong, Taiwan, Tibet, and the Uyghurs. Hollywood would nod as it put out more lucrative comic-book and cartoonish films for the Chinese markets, albeit with mandated lighter-skinned actors. The NBA would nod twice and trash a democratic United States, while praising genocidal China—becoming richer and more esteemed abroad to make up for becoming boring and poorer at home. The universities would nod three times, and see a crime not in Chinese espionage and security breaches, but in the reporting of them as crimes. So our revolutionary role would be to play stuffy and snooty Athenian philosophers to the new muscular Roman legions of China. Given our elites’ superior morality, genius, and sense of self, we would gently chide and cajole our Chinese masters into becoming enlightened world overseers and democrats—all the easier, the richer and more affluent Chinese became. For now, Trump has stopped that revolution. Until Trump’s arrival, Big Tech was three-quarters home on the road to Nineteen Eighty-Four. Five or six companies monopolized most American—and indeed the world’s—access and use of the internet. In cynical fashion, Silicon Valley grandees patronized naïve conservatives that they were the supposed embodiment of Milton Friedman libertarianism and 19th century robber baron daring. Yet to their leftist kindred, the moguls of Menlo Park simultaneously whispered, “Don’t worry about such necessary disinformation: we will enrich only your candidates, only your agendas, only your foundations, only your universities—in exchange for your exemptions.” Antitrust legislation was as much an anathema to good liberals as rigging searches, institutionalizing the cancel culture, and censoring thoughts and ideas were welcomed. For now Trump, almost alone, is battling that revolution. Until Trump’s arrival, there was increasingly no border at all. Fifty-million foreign-born resided, both legally and illegally, in the United States. Nearly a million annually walked northward across the border with ease and without legal sanction or invitation. To object to illegal immigration and decry its deleterious effects on the entry-level wages of our working poor, on the social safety net of the American needy, and on the sanctity of the law was to be smeared as racist, xenophobic, and nativist. More than a quarter of California’s current resident population were not born in the United States. That desirous “new demography” since 1988 had flipped California into a caring blue state. Open borders and the end of immigration law enforcement had pushed Nevada, New Mexico, and Colorado into just Democratic societies, and was supposedly soon to transform Texas and Arizona into enlightened states. For now, Trump—with his soon-to-be 400-mile wall, his beefed up ICE, and his war on sanctuary nullification zones—has nearly stopped the revolution to end borders. Until Trump, the American interior was loser country. In-between the two gilded coasts resided the deplorables, irredeemables, clingers, the smelly Walmart patrons decried in the Page-Strzok text echanges, those John McCain called “crazies,” and Joe Biden has variously called the “dregs,” the “chumps” and the “ugly folks.” They were written off as Morlocks, who were occasionally seen poking about the rotting, rusting skeletons of abandoned steel plants, and for some reason never had proper orthodontics as children. (…) on the eve of the Chinese takeover, our clueless deplorables never learned to code, or to borrow $200,000 to get a woke-studies education, and so deserved the opioids they took and the trailers they crashed in. Few apostates said, “Wait a minute! The United States has cheaper energy than anywhere on earth, a skilled workforce, a huge domestic market, and a still-viable infrastructure. There was a reason why Michigan, Ohio, and Pennsylvania once led the world and why they can again.” Through tax reform, deregulation, trade rebooting, a new foreign policy, and loud jawboning, Trump for a while has stopped the revolution that was destroying our once greatest states. Until Trump, the woke cultural wars were just about won by the elites. Seeking unity was dead; chest-pounding diversity, often the spark that had ignited history’s multiracial societies, was ascendent. The melting pot that sought to make race incidental was deemed racist; the salad bowl that made our superficial appearances essential was celebrated. Quite affluent, self-appointed minority leaders, with their quite wealthy white liberal counterparts, established who is, and who “ain’t,” “really” black—the definition resting on whether one was loyally left-wing or disloyally independent-minded. The success of civil rights was not to be calibrated by black unemployment figures, household income, family businesses, dignity in having leverage over employers, access to competitive parochial and charter schools, or descending abortion rates, but in electing more activists as progressive mayors, liberal city councilmembers, and leftist district attorneys to garner more redistributive state money to hire more careerists like themselves. Trump, branded a bigot and racist, for now has sought to end that revolution, and measure race relations not by how many minority elites have choice jobs and high incomes, but by how well the entire minority community reaches income and employment parity with the general population—an idea that will earn the “racist” Trump far greater minority support than was expressed for John McCain and Mitt Romney. We are in the midst of a cultural revolution, for the most part driven by angry middle-and upper-class white youth of Antifa and its sympathizers, wannabes, and enablers. Many are humiliated that they have college pedigrees, lots of multi thousand-dollar debt, plenty of woke-studies classes to their credit, but still have no real jobs, no real knowledge, and no real immediate chances of buying a house, marrying, and raising a family in their 20s. Nothing in history is more dangerous than the underemployed wannabe intellectual or college graduate, whose cultivated sense of superiority is not matched by his income or standard of living, but who blames “them” for his own self-inflicted miseries and unappreciated genius. The revolution toppled statues, renamed what it did not like, Trotskyized the past, photoshopped the present, and used language, government, and cultural intimidation to do its best to make America into Animal Farm. Corporate CEOs in terror washed the feet of the woke. University presidents, fearful for their status and careers, wrote incomprehensible memos admitting their past sins and asking how best to do present penance. Hollywood studio owners promised race and gender quotas, with ample provisions that—in the manner of NBA and NFL owners—adjustments and exceptions could be worked out for themselves. Somewhere, somehow graduations, dorms, and campus spaces, all segregated by race, became “liberal.” Intermarriage, integration, and assimilation were shamefully illiberal. Standing for the National Anthem was unpatriotic; sitting in disdain for it, cool. Donald Trump fought that revolution too. What tools did Donald Trump have to wage these many counterrevolutions? The media? America’s Fortune 400? Academia? The great foundations? The nation’s think tanks? The bipartisan government establishment? The international community? The banks? Wall Street? Corporate CEOs? Silicon Valley? Professional sports? The entertainment industry? Hollywood? The intelligence community? The current and retired top military brass? (…) Against all that money and clout, the counterrevolutionary Trump had only one asset, the proverbial people. He had solely the under-polled and the written-off. They came out to his rallies in the tens of thousands, deluded the pollsters, and told the media less than nothing, but voted and will vote in waves to save America from what it was becoming. Victor Davis Hanson
When a man takes on the role of the gunslinger arriving in the town to clean up the mess, one must expect that his methods and comportment will offend his supporters as much as they terrified his adversaries, all the more so as he succeeds and thus the beneficiaries see an end on the horizon to their embarrassing need to have called in the unorthodox to do what their own polite conventionality should have done, but choose not (or did not have the courage) to do. We can sense the viability of Trumpism by the current lack of coherent attacks on its principles and achievements. (…) Biden most certainly would raise taxes, restore cumbersome regulations, strangle the fossil fuel industry, and return to identity politics pandering. But after the 2017-20 Trump boom, he would do so without any expectation that the economy would grow or the country would heal or the world would suddenly cool down and the seas cease to rise. (…) And what about the NeverTrumper (…) At the end of Trump, whether in 2020 and 2024, (…) Elite Republicanism would fail because the white working classes would return either to political hibernation in the swing states or rejoin the Democratic Party. Growing minority support would vanish because blacks and Latinos would see platitudinous and pandering Republicans as far more injurious to their futures than was a crudely talking, Queens-accented populist Trump. Trumpism did not dismantle Republican conservatism. It simply enhanced conservative appeal by closing the border, confronting China, demanding fair trade, avoiding optional military expeditions, emphasizing the concerns of the working class, and redefining presidential behavior as boisterously honoring promises rather than mellifluously reneging on them. Whatever Trump’s fate, the NeverTrump faction will not succeed in rebuilding a new-old Republican Party under the Bush-McCain-Romney paradigm. Biden and his leftist masters would not be able to lower minority unemployment to Trump levels. Neither would they declare an end to containing China and claim such past confrontation was an unnecessary provocation. Like it or not, Trump hit on a great truth that no leader can write off his country’s vast industrial interior, destroy his nation’s borders, willingly cede global leadership to a Communist dictatorship, manipulate intelligence agencies to destroy political opponents, prefer to manage decline rather than to seek renewal, and meanwhile, as he did all that, call himself moral and presidential. Victor Davis Hanson
Le décalage entre les attentes grandioses d’une vague bleue annoncée par les sondages à grand renfort de médias comme en 2016 et l’incertitude caractérisée qui a régné hier rapporte la preuve éclatante qu’aucune des leçons de l’élection de 2016 n’ont été apprises. Pire, le zèle appliqué à ne pas comprendre ce qui s’est passé il y a quatre ans a conduit tous les leviers d’influence gravitant autour du Parti démocrate à se persuader qu’ils pouvaient propulser au-delà de la ligne d’arrivée un candidat sans programme, sans faire campagne et à la faveur de la seule détestation de Trump. Faut-il le rappeler? Trump a été élu en tant qu’incarnation d’un rejet d’une grande partie d’Américains de la corruption d’une classe dirigeante fondant son titre à gouverner sur une expertise technocratique, et compensant son manque de légitimité par une revendication de plus en plus stridente d’expertise morale. Contrairement aux craintes maintes et maintes fois exprimées, Trump n’a pas troqué sa dépouille d’animateur de téléréalité pour celle de dictateur, pas même de dictateur d’opérette. De dictature nous n’avons point vu venir. En revanche, nous avons vu la classe dirigeante destituée du bien qu’elle croyait lui revenir de droit se comporter comme un «gouvernement impérial en exil» se drapant dans sa supériorité morale pour se lancer dans une inquisition prolongée mêlant espionnage politique, mensonges constants au public sur des complots inexistants, et remise au goût du jour d’expressions maccarthystes comme la «déloyauté au pays». De toutes les institutions abîmées non pas par Trump, mais plutôt par le sentiment de panique collective des élites nommé «Trump Derangement Syndrome», nulle n’en ressort moins affaiblie que les médias d’informations. Pour preuve du caractère endémique et banal du mensonge installé au cœur d’institutions hier saluées comme des modèles d’éthique journalistique, on citera les propos édifiants d’un chroniqueur du Washington Post à propos des révélations du New York Post sur l’affaire Hunter Biden: «Nous devons traiter les fuites sur Hunter Biden comme s’il s’agissait d’une opération menée par des services de renseignement étrangers – même si ça n’est probablement pas le cas.» (…) le rôle de la presse avait été reformulé dès l’entre-deux-guerres sous l’impulsion de l’intellectuel néolibéral Walter Lippmann comme une mission de «manufacture du consentement des masses» à des choix publics décidés de façon de plus en plus technocratique du fait de la complexité croissante de la «grande société» advenue avec l’ère industrielle. A une presse d’opinion très marquée au XIXe siècle et au début du XXe siècle succédait une presse se revendiquant de l’autorité de la science, organisée autour d’une éthique de «neutralité objective» qui a survécu cahin-caha jusqu’en 2016. La victoire de Trump à la primaire républicaine de 2016 a fait voler cet équilibre en éclats pour des raisons autant éthiques que commerciales. Sur le plan éthique, ce changement est méthodiquement explicité dans un article de Jim Rutenberg paru dans le New York Times le 7 août 2016 intitulé «Trump met à l’épreuve les normes d’objectivité dans le journalisme». Selon Rutenberg, la perspective d’une présidence Trump était si dangereuse que le rôle du journaliste n’était plus de présenter les faits de façon neutre, mais «de se conformer aux attentes de vérité de ses lecteurs et spectateurs, et à la vérité factuelle, d’une façon qui tienne face au jugement de l’histoire.» Il s’agissait d’un abandon pur et simple du critère de la neutralité objective au profit de celui de la clarté morale. Ce choix éthique était d’autant plus facile à faire qu’il se justifiait commercialement pour des médias alors menacés existentiellement du fait de l’éclatement du paysage médiatique en bulles cognitives partisanes consécutif à l’apparition de l’information en continu et de l’internet. Traiter copieusement du phénomène Trump tout en dénonçant l’installation de l’Antéchrist à la Maison-Blanche s’est révélé un extraordinaire gisement de contenus et de profits pour les médias mainstream. Un autre article du New York Times daté du 23 juin 2020 signé de Wesley Lowery titré «Une redéfinition de l’objectivité, dirigée par des journalistes noirs», permet d’en comprendre les aboutissants. Son auteur expose que l’objectivité est toujours jugée à l’aune d’un hypothétique lecteur impartial, invariablement assumé comme étant blanc. Appliquant ce traitement à l’Administration Trump, Lowery en déduit que Trump étant ontologiquement un raciste entouré de suprémacistes blancs, la clarté morale impose de traiter toute information concernant la Maison-Blanche, non pas sous l’angle de l’objectivité factuelle ou encore moins du respect d’institutions elles-mêmes souillées par le racisme, mais en prenant en compte à tout moment le racisme indélébile de l’homme occupant la fonction et du parti le soutenant. Complétant les pièces du puzzle, c’est au nom de ce même principe de clarté morale que deux sénateurs démocrates, Mark Warner et Mazie Hirono, ont eu la brillante idée, après les révélations du scandale Cambridge Analytica, de menacer les grandes entreprises de la Silicon Valley de réglementation, à moins qu’elles ne s’engagent à «débusquer» les contenus fomentant la «discorde». Une recommandation que Twitter et Facebook ont appliqué à la lettre en censurant moins de deux semaines avant l’élection les contenus du New York Post rapportant des faits de corruption allégués à l’encontre de Hunter et Joe Biden, alors qu’ils se sont fait depuis quatre ans la chambre d’écho des allégations non vérifiées les plus folles concernant l’influence russe dans la vie politique américaine. Plus que le choix de la personne qui occupera la Maison-Blanche à partir de janvier prochain, c’est cette question du rapport à la vérité que Trump, à la fois le plus grand bonimenteur de l’histoire américaine et la personne sur laquelle on a le plus menti, est parvenu à inviter au cœur des débats de la dernière ligne droite. Quoi qu’il se passe, tous les Américains sont les perdants de cette dialectique tragique. Renaud Beauchard
Alors que la tension monte aux États-Unis autour de l’élection présidentielle, et des risques pesant sur le vote dans le contexte de lutte publique contre le coronavirus, le New York Post a (…) publié la «confession» d’un fraudeur engagé à gauche, qui affirme avoir truqué de nombreuses élections fédérales. Essentiellement dans le New Jersey, où il réside, mais en décrivant un système de manipulation existant dans de nombreux autres états. Le mobile du passage aux aveux ? Le militant serait un soutien acharné de Bernie Sanders et ne se voit pas soutenir la candidature de Joe Biden.Le récit est d’importance car, sous la pression de la lutte contre le coronavirus, de nombreux électeurs annoncent avoir choisi cette année le vote à distance. Celui-ci existe sous deux formes dans les états américains. La première est le vote par procuration, plébiscité par le Président actuel pour sa sécurité, nécessitant une demande de la part du votant. Le second est le scrutin postal, pour lequel il suffit de renvoyer un formulaire dans une enveloppe spécifique prédistribuée. Et c’est dans ce type de votes que le témoin du New York Post affirme que la fraude «est plus une règle qu’une exception». À l’appui de sa démonstration, un véritable mode d’emploi de la fraude, avec plusieurs procédés possibles. La première technique consiste à utiliser l’enveloppe d’un votant, pour y mettre un bulletin obligatoirement démocrate. Il faut au préalable faire le tour des domiciles et convaincre les citoyens de laisser les fraudeurs poster leur courrier de vote à leur place. Une mission «beaucoup plus facile qu’on ne le pense», d’après le fraudeur cité par le journaliste Jonathan Levine, en se faisant passer pour une association de service public. Ensuite, l’enveloppe est ouverte à la vapeur, puis on y glisse un nouveau bulletin en falsifiant la signature. Pour éviter toute suspicion, les enveloppes rouvertes sont ensuite disséminées dans toutes les boîtes postales de la ville. Les employés des postes peuvent également influer facilement sur l’élection, selon le témoin. «Vous avez un facteur qui est un type anti-Trump enragé et travaille à Bedminster ou dans un bastion républicain… Il peut prendre les bulletins de vote [remplis], et sachant que 95% sont en faveur d’un républicain, il peut simplement les jeter à la poubelle», explique-t-il. Un écho à l’histoire de certains lots de courriers électoraux retrouvés après le vote, lors d’élections locales à New York en 2017 ? Autre «mine d’or» de votes à disposition, les lieux de vie accueillant des personnes fragiles. «Il y a des maisons de retraite où l’infirmière est en fait un opérateur rémunéré. Et elle va pièce par pièce voir ces personnes âgées, qui souhaitent voter pour se sentir utiles», déclare ainsi le lanceur d’alerte. Il suffit alors de remplir le bulletin pour eux et de leur faire signer ce que l’on veut… Enfin, le témoin précise que, la plupart du temps, l’historique de participation aux élections est une information publique aux États-Unis. Une dernière technique, encore plus sauvage, consiste donc à aller voter, un jour d’élection, à la place d’un citoyen recensé comme abstentionniste, et qui ne risque pas de venir. Certains états ne demandent en effet pas de pièce d’identité. Une information déconcertante vue de France qui légitime la méfiance de certains observateurs pour ce type de scrutin. Le Figaro
Dans le secret du confessionnal médiatique, un fidèle citoyen américain, démocrate convaincu, est venu avouer au NewYork Post avoir truqué de nombreuses élections fédérales, relate Le Figaro. Le sacripant se prétend soutien inconditionnel de Bernie Sanders, candidat battu aux primaires par Joe Biden. Et plutôt tout révéler que suivre cet oiseau de malheur. Ainsi, coronavirus oblige, le bidouillage aurait sévi au sein du vote par correspondance, particulièrement massif en ces temps de contagion. Selon le faussaire repenti, le camp anti-Trump se serait livré à diverses combines que voici que voilà. La première triche aurait consisté, pour les fraudeurs, à faire la tournée des votants à distance en se faisant passer pour membres d’une association de service public, puis à les convaincre de poster leur enveloppe électorale à leur place. Opération qui serait « beaucoup plus facile qu’on ne le pense », d’après le traître démocrate. Il ne restait plus, à ces gens très serviables, qu’à falsifier la signature et remplacer l’éventuel vote Trump par un bulletin Biden. Et hop ! Pour éviter toute suspicion, les enveloppes trafiquées auraient été disséminées sur l’ensemble des boîtes à lettres des villes concernées. Le souci du détail. L’autre technique, plus directe, concerne les facteurs anti-Trump qui, travaillant dans un secteur républicain, se seraient contentés de jeter à la poubelle les enveloppes contenant, par définition, 95 % de bulletins en faveur du président en place. Pourquoi faire compliqué ? L’histoire ne dit pas si ces éboueurs électoraux de gauche prenaient soin de sauver la planète en déversant leur butin dans la poubelle papier-carton du pléonasmant « tri sélectif ». Par ailleurs, les lieux de vie accueillant des personnes fragiles auraient été particulièrement choyés. « Il y a des maisons de retraite où l’infirmière est en fait un opérateur rémunéré. Et elle va pièce par pièce voir ces personnes âgées, qui souhaitent voter pour se sentir utiles », affirme le délateur anonyme. Tour de passe-passe… Signez ici. Merci et bonjour chez vous. Re-hop ! Pour clore son inventaire des trucages utilisés lors de cette l’élection, le vengeur masqué de Bernie Sanders affirme qu’à partir de l’historique de participation consultable à loisir, de vaillants partisans de Joe Biden auraient usurpé l’identité d’abstentionnistes pour glisser les bulletins ad hoc « into the box ». La présentation d’une pièce d’identité n’étant pas demandée dans de nombreux états, ces ersatz d’électeurs s’en seraient donné à cœur joie. Boulevard Voltaire
Au moment d’écrire ces lignes, les états de la ceinture rouillée des États-Unis, Michigan, Pennsylvanie, Wisconsin, comptabilisaient leurs derniers bulletins pour départager un scrutin nettement plus serré que ne l’avaient prédit experts et sondeurs. Une fois de plus, l’élection sera déterminée par ces électeurs d’une classe ouvrière blanche autrefois acquise au Parti démocrate, victimes de la désindustrialisation, de la concurrence asiatique, qui avaient offert la victoire il y a quatre ans à Donald Trump, sensibles à son discours protectionniste et antiglobalisation, à rebours du consensus libre-échangiste des deux partis. Si Joe Biden est toujours plutôt favori pour remporter l’élection présidentielle américaine, les quatre dernières années et ce scrutin indécis légueront un héritage qui ne devrait pas laisser les Européens indifférents. Vainqueur ou vaincu, Donald Trump aura changé le monde et le rapport des États-Unis à celui-ci. Il aura servi d’accélérateur et de révélateur de tendances profondes. L’Amérique abandonne progressivement son universalisme, se comportant comme une puissance normale défendant ses intérêts sur une scène internationale morcelée, dans un système multilatéral inopérant, actant la fin des espoirs de la mondialisation triomphante et de l’après-guerre froide. Au Moyen-Orient, en Asie, dans la relation transatlantique, il aura fait voler en éclat mythes et antiennes des chancelleries diplomatiques. Dans un entretien au Financial Times, en 2018, Henry Kissinger décrivait Trump comme une de ces figures «qui apparaissent dans l’histoire de temps en temps pour marquer la fin d’une époque et la forcer à abandonner ses vieilles prétentions. Ça ne veut pas dire qu’il s’en rende compte ou qu’il ait envisagé des alternatives.» Sur de nombreux sujets, les années Trump lieront Biden. Joe Biden a fait campagne contre le bilan de politique étrangère de Trump, lui reprochant son hostilité aux alliances traditionnelles et sa proximité avec les adversaires autoritaires de l’Amérique, comme la Russie. À n’en pas douter, les prochaines semaines d’une Administration Biden marquerait une embellie des relations transatlantiques: retour dans l’accord de Paris sur le climat, grands discours sur les valeurs communes, l’Otan, etc. Le candidat Biden a même promis la tenue d’un «sommet des démocraties» dans les premiers mois de son mandat. Son Administration ne montrerait pas l’hostilité idéologique vis-à-vis de l’Union européenne manifestée par le président Trump. Si les différends commerciaux sur des sujets comme les Gafa perdureront, on ne verra probablement pas la même instrumentalisation de l’arme des tarifs douaniers dans la relation transatlantique. Pour autant, la nouvelle carte électorale américaine et le succès des candidats populistes des deux bords, de Trump à Bernie Sanders, ont forcé les élites américaines à prendre conscience des conséquences négatives des accords de libre-échange sur certaines régions. Le mandat de Trump aura mis fin au mythe de la «convergence» de la Chine, l’idée d’une ouverture politique qui aurait suivi la libéralisation économique du pays. C’était l’espoir de ceux qui, comme Joe Biden, avait soutenu l’intégration de la Chine dans l’OMC: faire de Beijing un acteur responsable (responsible stakeholder) des relations internationales. Le durcissement autoritaire du régime sous Xi Jinping, les ambitions géopolitiques annoncées par les «nouvelles routes de la soie», les abus dans le comportement commercial comme les mensonges des premières semaines de la pandémie ont fait voler en éclats ces espoirs. Biden, longtemps favorable à une coopération prudente avec Beijing, comme une grande partie de l’élite américaine, qualifie aujourd’hui le dirigeant chinois de «voyou». La doctrine stratégique de l’Administration Trump, qui assumait la «compétition de grandes puissances» avec Beijing, fait aujourd’hui l’objet d’un consensus bipartisan à Washington. Une Administration Biden placera elle aussi la rivalité stratégique avec la Chine au centre de ses priorités et attendra, à cet égard, un alignement des Européens sur le plan commercial, technologique ou militaire. Au Moyen-Orient, qui peut douter que la politique de Donald Trump a rebattu les cartes régionales? Joe Biden ne redéplacera certainement pas l’ambassade des États-Unis en Israël à Tel-Aviv. De nombreux commentateurs avaient prédit un embrasement régional en cas de reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. Il n’en a rien été. Au contraire, l’Administration Trump a profité du rapprochement entre puissances arabes sunnites, autour de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, et d’Israël face à la menace commune iranienne pour faire signer des accords de reconnaissance mutuels, là aussi un bilan durable. Les experts avaient prédit l’impossibilité de tels accords sans processus de paix israélo-palestinien. La méthode transactionnelle et le rapport de force établi avec l’Iran (brutalement comme l’a montré la mort du général Soleimani) aura peut-être mieux fonctionné que les politiques de ses prédécesseurs. Au détriment peut-être durable de la cause palestinienne.Enfin, la présidence Trump aura révélé les limites de la relation transatlantique, là aussi un accélérateur du désintérêt marqué par Obama pour l’Europe et ses enjeux de sécurité, en Syrie par exemple. Il aura répété, avec brutalité, les critiques de ses prédécesseurs sur le partage de fardeau et le comportement «passager clandestin» vis-à-vis de la puissance américaine. Les Européens peuvent-ils vraiment laisser la sécurité de leurs citoyens entre les mains de quelques dizaines de milliers d’électeurs de Pennsylvanie tous les quatre ans? En Libye, en Méditerranée orientale face à la Turquie, face au terrorisme, l’Europe a ses propres enjeux de sécurité et doit se donner les moyens d’assumer sa puissance. Trump a changé le monde ; aux Européens de ne pas devenir les derniers gardiens du monde d’hier. Benjamin Haddad
Cela avait commencé comme un mauvais remake pour les démocrates. Celui qui ne pouvait pas être élu allait être réélu. Après une improbable remontée de Biden dans les états clés du Wisconsin et du Michigan, Trump pourrait finalement échouer à prolonger son bail à la Maison-Blanche. Mais, si défaite il y a, elle se sera jouée sur le fil au terme d’une des batailles électorales les plus disputées de ces cinquante dernières années. Et contre tous les pronostics, les Républicains devraient conserver leur majorité au Sénat, notamment grâce à l’élection de proches du président sortant. Une fois encore les sondeurs et les médias se sont donc trompés. Loin d’être rejeté par l’ensemble des Américains, Trump a été porté par une lame de fond qui a toutes les chances de s’avérer durable. D’autant qu’il est permis d’imaginer qu’elle a été atténuée par la crise sanitaire sans laquelle Donald Trump aurait probablement été aisément victorieux. Battu par Biden en termes de vote populaire, le président sortant progresse néanmoins en nombre de voix par rapport à 2016. Fait notable, il améliore ses scores auprès de toutes les «minorités», y compris les hommes et les femmes noirs, ce qui confirme les limites de la politique des identités démocrate et montre que le phénomène Trump n’est pas réductible à un vote de «petits blancs». Son élection de 2016, comme le Brexit en 2015, n’était pas un accident de l’Histoire et sera sans doute bien plus qu’une parenthèse dans la marche que d’aucuns pensent inéluctable vers un monde toujours plus globalisé. L’élection américaine est un nouveau symptôme de la recomposition politique occidentale, qui, depuis la crise financière de 2008 bouleverse les clivages traditionnels au sein des démocraties libérales et dont les mouvements dits «populistes» sont souvent la traduction. Au clivage droite-gauche se substitue l’opposition «Anywhere» – «Somewhere», théorisée par le politologue britannique David Goodhart, c’est-à-dire l’affrontement entre ceux qui sont à l’aise dans «le village global» et adhèrent au multiculturalisme et ceux pour qui la mondialisation est source d’insécurité économique et culturelle. Le fait que les électeurs de Biden aient massivement voté par correspondance tandis que ceux de Trump se déplaçaient physiquement dans les urnes sonne comme un symbole de cette séparation entre «mondialisés» et «enracinés». Dans son nouvel essai, Le Temps des gens ordinaires (Flammarion), Christophe Guilluy montre que les «invisibles» sont en train de devenir «incontournables». Ces derniers forment désormais, selon lui, «un bloc autonome, puissant et sûr de son diagnostic. Un socle solide né de l’implosion de la classe moyenne»… C’est ce dont semble témoigner la spectaculaire résistance du vote Trump. Il serait donc simpliste et illusoire de voir dans une éventuelle victoire de Biden le début de la fin de l’ère populiste et le retour à l’époque antérieure. Bien au contraire, la parenthèse de la mondialisation heureuse est définitivement refermée. D’autant que si la crise sanitaire, peut, à court terme, déstabiliser certains «populistes» au pouvoir, à moyen et long terme, elle débouchera sur une crise économique et sociale qui ne fera qu’exacerber les fractures. L’édito du Time ce jeudi résumait bien la situation: «Même si Joe Biden gagne, il gouvernera dans l’Amérique de Donald Trump ». Alexandre Devecchio
Quand vous avez réussi à corrompre la quasi totalité des grands médias, quand vous avez dans la poche les milliardaires de Wall Street, Hollywood et Silicon Valley, quand vous avez réussi à laver le cerveau des masses en vous faisant passer pour le camp du bien et de la générosité, quand pendant huit ans, sous la direction d’un Islamiste antisémite avoué qui s’est fait passer pour un Chrétien libéral, vous avez installé des agents dans toutes les administrations, créant de la sorte un « Etat Profond » impossible à contourner, il ne vous reste plus qu’à emporter les élections par tous moyens, au détriment du peuple et pour le plus grand profit de vos alliés. Les fascistes corrompus démocrates ont pu bénéficier, comme c’est étrange, d’une épidémie à l’échelle mondiale provoquée par leur allié principal, la Chine, pour infliger une peur panique quotidienne au peuple américain et leur faire croire que leur président légalement élu était responsable des morts qu’ils avaient eux-mêmes provoquées, parfois volontairement (gestion criminelle de la crise par Cuomo et De Blazio à New York par exemple), ou inventées. (Les chiffres officiels des morts dues au COVID19 restent sujets à caution). Ils ont évidemment créé un tel niveau de panique que l’économie américaine, en plein essort grâce au président Trump, s’est brusquement effondrée (avant de se reprendre et de remonter). Cette panique leur a permis de convaincre les Américains de rester chez eux et de voter par correspondance, sans preuve d’identité, ouvrant ainsi la porte à une fraude massive, préparée  et organisée dans les moindres détails. (…) Ce vol de l’élection a ciel ouvert n’a pu être organisé que grâce à la complicité des médias et des GAFA, aux ordres des fascistes corrompus démocrates car c’est l’intérêt de leurs dirigeants de transformer la planète en un camp d’aliénés géant, au sein duquel seul leur groupe de privilégiés pourrait continuer à tirer des profits. Travaillez, rentrez chez vous, regardez les plus absurdes programmes télévisés, gavez vous de fausses nouvelles, payez vos impôts, de plus en plus d’impôts, métissez-vous, oubliez votre genre sexuel, sentez-vous honteux d’aller à l’église, construisez des mosquées, propagez l’antisémitisme dans les universités, acceptez la domination de la Chine, soyez indulgent avec l’Iran, crachez sur Israël, et, surtout, soyez soumis. (…) Si le président Trump ne parvient pas à démontrer l’ampleur de cette tricherie qui a pris la forme d’un coup d’état, les années à venir seront de plus en plus sombres tandis que le bien le plus précieux de chaque être humain sera progressivement confisqué : sa liberté. Pierre Rehov
Quelle nouvelle lettre volée ?
A l’heure où au lendemain d’une des élections américaines les plus disputées …
Qui a vu en une rare unanimité digne des expulsions les plus réussies de bouc émissaire …
Y compris de médias français comme le Monde qu’on avait connu en d’autre temps moins catégorique
Celui que pendant quatre ans une presse ayant troqué l’objectivité pour le miltantisme
Mais aussi, malgré les risques de perte du Sénat, des transfuges républicains au sein de son propre camp comme Romney ou Bush …
Ont tenté entre le faux dossier de collusion russe et l’instrumentalisation de l’épidémie et des émeutes anti-policiers, de diaboliser comme « marionnette de Moscou » et raciste champion du suprémacisme blanc
Tout en « protégeant » le grand public tant de ses points forts que des fragilités de leur propre candidat …
Mobiliser sept millions de nouveaux républicains dans les urnes, conserver le Sénat, renforcer son camp à la Chambre, complètement révolutionner la carte électorale en attirant vers lui 33 % des Latinos et 18 % des Noirs…
Et à la fin, crime ultime de lèse-majesté, leur contester leur victoire dans des machines électorales notoirement corrompues …
Comment ne pas voir …
Au-delà des probables erreurs de lecture et magouilles de bas niveau
Mais à l’image d’un particulièrement révélateur lapsus du candidat démocrate …
Ou même, d’appels explicites à la fausse résidence dans un état-pivot, de la part d’un journaliste réputé ou d’un ancien candidat démocrate
Le véritable casse du siècle et nouveau putsch judiciaire
Consistant pour dissimuler ladite fraude à la manière du désormais légendaire et ingénieux stratagème de dissimulation de la fameuse nouvelle de Poe
A la « cacher en pleine vue », c’est-à-dire à « ne pas même essayer de la cacher » …
Mais au contraire à la mettre en avant en faisant sauter, sous couvert de coronavirus, à quelques mois de l’élection …
Entre envois non sollicités et collecte des bulletins par un tiers, non-contrôle des signatures ou des pièces d’identité
Augmentant autrement dit les chances d’usurpation d’identité ou de pression
Dans des états-clé au fonctionnement, entre gouverneurs républicains et législatures démocrates ou l’inverse, particulièrement compliqué …
Sans compter les menaces d’abolir le Collège électoral, doubler ou tripler le nombre de juges à la Cour suprême et même, pour avoir plus de sénateurs à leur botte, d’ « étatifier » le District of Columbia et Porto Rico …

Tout un ensemble de règles centenaires protégeant l’intégrité du scrutin

Pour déverser massivement, y compris après le scrutin lui-même, quelque 70 millions de bulletins postaux (d’ailleurs interdits en France depuis 45 ans) sur des centres de votes impréparés …
Sans compter depuis quatre ans, entre médias partisans et sondages idoines …
Un véritable tsunami de propagande et de censure anti-Trump et pro-Biden digne des plus beaux jours des régimes communistes …
Y compris avec l’aide des fameux  trolls russes qui cherchant le chaos à tout prix on le sait, ont tenté dès novembre 2016 de semer le doute sur la validité de son mandat …
Tendant à faire passer pour fascisme contre toute évidence et à leurs risques et périls
Le rappel proprement révolutionnaire qu’aucun pays digne de ce nom …
Ne pourra désormais recommencer à faire passer par pertes et profits son vaste intérieur industriel, détruire ses frontières ou préférer au renouveau la résignation au déclin ?
Anatomie de l’escroquerie du siècle
Pendant 4 ans, les Démocrates ont pu impunément insulter, attaquer, mentir, voler, tout en vous préparant au plus grand vol d’élection de l’histoire du monde libre. Ils ont transformé tranquillement le système électoral américain et organisé, comme Joe le senile l’a annoncé lors d’une de ses fameuses gaffes, « la plus grande machine à tricher de l’histoire »
Pierre Rehov
Dreuz
7 novembre 2020

Quand vous avez réussi à corrompre la quasi totalité des grands médias, quand vous avez dans la poche les milliardaires de Wall Street, Hollywood et Silicone Valley, quand vous avez réussi à laver le cerveau des masses en vous faisant passer pour le camp du bien et de la générosité, quand pendant huit ans, sous la direction d’un Islamiste antisémite avoué qui s’est fait passer pour un Chrétien libéral, vous avez installé des agents dans toutes les administrations, créant de la sorte un « Etat Profond » impossible à contourner, il ne vous reste plus qu’à emporter les élections par tous moyens, au détriment du peuple et pour le plus grand profit de vos alliés.

Les fascistes corrompus Démocrates ont pu bénéficier, comme c’est étrange, d’une épidémie à l’échelle mondiale provoquée par leur allié principal, la Chine, pour infliger une peur panique quotidienne au peuple américain et leur faire croire que leur président légalement élu était responsable des morts qu’ils avaient eux-mêmes provoquées, parfois volontairement (gestion criminelle de la crise par Cuomo et De Blazio à New York par exemple), ou inventées. (Les chiffres officiels des morts dues au COVID19 restent sujets à caution).

Ils ont évidemment créé un tel niveau de panique que l’économie américaine, en plein essort grâce au président Trump, s’est brusquement effondrée (avant de se reprendre et de remonter). Cette panique leur a permis de convaincre les Américains de rester chez eux et de voter par correspondance, sans preuve d’identité, ouvrant ainsi la porte à une fraude massive, préparée  et organisée dans les moindres détails.

Les fascistes corrompus démocrates auraient donc convaincu les Américains de voter pour eux parce qu’ils allaient :

  • Augmenter les impôts
  • Légaliser 11 millions d’immigrés illégaux (autant de votants pour eux)
  • Arrêter l’exploitation des énergies fossiles et rendre de nouveau l’Amérique dépendante du pétrole étranger
  • Reprendre date avec la Chine et laisser les emplois de nouveau s’évader dans les camps de travaux forcés communistes
  • Arrêter le processus de paix au Moyen Orient et recommencer à financer les organisations terroristes dirigées par Mahmud Abbas
  • Revenir à l’accord infernal qui autoriserait l’Iran à obtenir la bombe atomique dans moins d’une décennie tout en poursuivant son hégémonie régionale et en finançant le terrorisme
  • Effacer le second amendement et confisquer les armes individuelles de sorte que plus personne ne puisse se défendre

Et il est vrai que des millions d’idiots utiles, au sens léninien du terme, se sont laissé suffisamment laver le cerveau pour tomber dans le panneau et accepter béatement de devenir un troupeau d’esclaves, avec le sentiment d’appartenir au camp du bien et de la générosité. Un peu comme certains allemands qui, dans les années 30, ont voté pour Hitler de bonne foi, sans comprendre à qui ils avaient affaire ni savoir ce qu’ils faisaient.

Biden n’est pas Hitler, c’est vrai. Ce n’est qu’un pantin corrompu jusqu’à la moëlle et sénile, qui s’est enrichi pendant 47 ans sur le dos des travailleurs américains. Le système qui le protège n’est pas un système nazi, même si le National Socialisme était une idéologie de gauche contrairement aux « libéraux » qui s’acharnent à réécrire l’Histoire à leur profit. Il ressemblerait plutôt aux systèmes qui ont été mis en place dans les républiques bananières d’Afrique ou d’Amérique du Sud avec la bénédiction des grands profiteurs et des partis communistes.

Malheureusement pour les fascistes corrompus démocrates, une fraude à telle échelle ne peut exister sans quelques couacs. Les racailles et les idiots utiles qui ont participé à cette fraude n’ont pas tous le cerveau d’Einstein. Ce n’est qu’un doux euphémisme…  Quand on dit à une racaille qu’il a les mains libres pour tricher ou voler, le ciel est la limite de ce qu’il est capable de faire.

C’est la raison pour laquelle des tonnes d’erreurs ont été commises: de l’apparition magique du nombre exact de bulletins de votes dont les fascistes corrompus démocrates avaient besoin pour voler les élections dans certains états, au blocage d’observateurs républicains ou impartiaux malgré les jugements dans certains centres de tris, en passant par l’envoi massif de bulletins à des fausses adresses, au vote des morts, des plus que centenaires et des immigrés illégaux. Pour ne citer, évidemment, que quelques-unes des manipulations honteuses qui ont été découvertes.

Ce vol de l’élection a ciel ouvert n’a pu être organisé que grâce à la complicité des médias et du GAFA, aux ordres des fascistes corrompus Démocrates car c’est l’intérêt de leurs dirigeants de transformer la planète en un camp d’aliénés géant, au sein duquel seul leur groupe de privilégiés pourrait continuer à tirer des profits.

Travaillez, rentrez chez vous, regardez les plus absurdes programmes télévisés, gavez vous de fausses nouvelles, payez vos impôts, de plus en plus d’impôts, métissez-vous, oubliez votre genre sexuel, sentez-vous honteux d’aller à l’église, construisez des mosquées, propagez l’antisémitisme dans les universités, acceptez la domination de la Chine, soyez indulgent avec l’Iran, crachez sur Israël, et, surtout, soyez soumis.

« BIG BROTHER veille sur votre sécurité et sur bonheur. Nous sommes les Démocrates ! »

Si le président Trump ne parvient pas à démontrer l’ampleur de cette tricherie qui a pris la forme d’un coup d’état, les années à venir seront de plus en plus sombres tandis que le bien le plus précieux de chaque être humain sera progressivement confisqué : sa liberté.

Les multinationales ne veulent pas de la liberté d’entreprendre qui nuit à leurs profits.

Le GAFA ne veut pas de la liberté de s’exprimer qui nuit à leur main prise totale sur chaque humain hypnotisé par son ordinateur et son téléphone portable.

Les médias ne veulent pas de la liberté de penser qui nuit à leur traitement inique de l’information au profit de leurs commanditaires.

Les Démocrates ne veulent pas de la liberté tout court, qui nuit à leurs malversations, à leurs alliances avec les dictatures, à leur programme « social » destiné à provoquer davantage de soumission et de dépendance.

Contre cette « vague bleue » qui ressemble davantage au remugle vomi par l’antre infernal des privilégiés, il n’y a qu’un homme pour se battre envers et contre tous. Cet homme n’était pas un politicien mais un courageux patriote amoureux de son pays et de son peuple. Un homme qui s’était fait élire pour nettoyer le marécage infesté par les bactéries du parti de l’esclavage et qui était bien près d’y arriver.

Il reste encore une chance d’empêcher ce scénario catastrophe de se produire.  Elle passe par un combat juridique avec le soutien de tout le peuple.

  • Contre les médias
  • Contre le GAFA
  • Contre BLM et Antifa
  • Contre le Big Tech
  • Contre Wall Street
  • Contre les Islamistes aux visages d’ange
  • Contre les soit disant « bien-pensants »

Le peuple américain doit se dresser sur ses jambes et crier : LIBERTE

Voir aussi:

Donald Trump, Counterrevolutionary
Against all the money and clout of America’s revolutionary forces, the counterrevolutionary Trump had only one asset, the proverbial people.
Victor Davis Hanson
American greatness
November 1, 2020

Until Donald Trump’s arrival, the globalist revolution was almost solidified and institutionalized—with the United States increasingly its greatest and most “woke” advocate. We know its bipartisan establishment contours.

China would inherit the world in 20 or 30 years. The self-appointed task of American elites—many of whom had already been enriched and compromised by Chinese partners and joint ventures—was to facilitate this all-in-the-family transition in the manner of the imperial British hand-off of hegemony to the United States in the late 1940s.

Our best and brightest like the Biden family, Senator Dianne Feinstein (D-Calif.), Bill Gates, or Mark Zuckerberg would enlighten us about the “real” China, so we yokels would not fall into Neanderthal bitterness as they managed our foreordained decline.

We would usher China into “the world community”—grimacing at, but overlooking the destruction it wrought on the global commercial order and the American interior.

We would politely forget about Hong Kong, Taiwan, Tibet, and the Uyghurs. Hollywood would nod as it put out more lucrative comic-book and cartoonish films for the Chinese markets, albeit with mandated lighter-skinned actors.

The NBA would nod twice and trash a democratic United States, while praising genocidal China—becoming richer and more esteemed abroad to make up for becoming boring and poorer at home. The universities would nod three times, and see a crime not in Chinese espionage and security breaches, but in the reporting of them as crimes.

So our revolutionary role would be to play stuffy and snooty Athenian philosophers to the new muscular Roman legions of China.

Given our elites’ superior morality, genius, and sense of self, we would gently chide and cajole our Chinese masters into becoming enlightened world overseers and democrats—all the easier, the richer and more affluent Chinese became.

For now, Trump has stopped that revolution.

Internal Counterrevolutions
Until Trump’s arrival, Big Tech was three-quarters home on the road to Nineteen Eighty-Four. Five or six companies monopolized most American—and indeed the world’s—access and use of the internet. In cynical fashion, Silicon Valley grandees patronized naïve conservatives that they were the supposed embodiment of Milton Friedman libertarianism and 19th century robber baron daring. Yet to their leftist kindred, the moguls of Menlo Park simultaneously whispered, “Don’t worry about such necessary disinformation: we will enrich only your candidates, only your agendas, only your foundations, only your universities—in exchange for your exemptions.”

Antitrust legislation was as much an anathema to good liberals as rigging searches, institutionalizing the cancel culture, and censoring thoughts and ideas were welcomed. For now Trump, almost alone, is battling that revolution.

Until Trump’s arrival, there was increasingly no border at all. Fifty-million foreign-born resided, both legally and illegally, in the United States. Nearly a million annually walked northward across the border with ease and without legal sanction or invitation. To object to illegal immigration and decry its deleterious effects on the entry-level wages of our working poor, on the social safety net of the American needy, and on the sanctity of the law was to be smeared as racist, xenophobic, and nativist.

More than a quarter of California’s current resident population were not born in the United States. That desirous “new demography” since 1988 had flipped California into a caring blue state. Open borders and the end of immigration law enforcement had pushed Nevada, New Mexico, and Colorado into just Democratic societies, and was supposedly soon to transform Texas and Arizona into enlightened states. For now, Trump—with his soon-to-be 400-mile wall, his beefed up ICE, and his war on sanctuary nullification zones—has nearly stopped the revolution to end borders.

Until Trump, the American interior was loser country. In-between the two gilded coasts resided the deplorables, irredeemables, clingers, the smelly Walmart patrons decried in the Page-Strzok text echanges, those John McCain called “crazies,” and Joe Biden has variously called the “dregs,” the “chumps” and the “ugly folks.” They were written off as Morlocks, who were occasionally seen poking about the rotting, rusting skeletons of abandoned steel plants, and for some reason never had proper orthodontics as children.

Obama laughed about the “magic wand” needed to revive these unrevivable people. Larry Summers reportedly called such an idea a “fantasy.” He was said to have  praised the meritocracy that properly gives to such losers what they justly deserve. Very caring and very humane elites felt very little for supposedly very expendable riffraff.

Translated, that meant on the eve of the Chinese takeover, our clueless deplorables never learned to code, or to borrow $200,000 to get a woke-studies education, and so deserved the opioids they took and the trailers they crashed in.

Few apostates said, “Wait a minute! The United States has cheaper energy than anywhere on earth, a skilled workforce, a huge domestic market, and a still-viable infrastructure. There was a reason why Michigan, Ohio, and Pennsylvania once led the world and why they can again.” Through tax reform, deregulation, trade rebooting, a new foreign policy, and loud jawboning, Trump for a while has stopped the revolution that was destroying our once greatest states.

Until Trump, the woke cultural wars were just about won by the elites. Seeking unity was dead; chest-pounding diversity, often the spark that had ignited history’s multiracial societies, was ascendent.

The melting pot that sought to make race incidental was deemed racist; the salad bowl that made our superficial appearances essential was celebrated. Quite affluent, self-appointed minority leaders, with their quite wealthy white liberal counterparts, established who is, and who “ain’t,” “really” black—the definition resting on whether one was loyally left-wing or disloyally independent-minded.

The success of civil rights was not to be calibrated by black unemployment figures, household income, family businesses, dignity in having leverage over employers, access to competitive parochial and charter schools, or descending abortion rates, but in electing more activists as progressive mayors, liberal city councilmembers, and leftist district attorneys to garner more redistributive state money to hire more careerists like themselves.

Trump, branded a bigot and racist, for now has sought to end that revolution, and measure race relations not by how many minority elites have choice jobs and high incomes, but by how well the entire minority community reaches income and employment parity with the general population—an idea that will earn the “racist” Trump far greater minority support than was expressed for John McCain and Mitt Romney.

Can the Revolution Be Stopped?
We are in the midst of a cultural revolution, for the most part driven by angry middle-and upper-class white youth of Antifa and its sympathizers, wannabes, and enablers. Many are humiliated that they have college pedigrees, lots of multi thousand-dollar debt, plenty of woke-studies classes to their credit, but still have no real jobs, no real knowledge, and no real immediate chances of buying a house, marrying, and raising a family in their 20s.

Nothing in history is more dangerous than the underemployed wannabe intellectual or college graduate, whose cultivated sense of superiority is not matched by his income or standard of living, but who blames “them” for his own self-inflicted miseries and unappreciated genius.

The revolution toppled statues, renamed what it did not like, Trotskyized the past, photoshopped the present, and used language, government, and cultural intimidation to do its best to make America into Animal Farm.

Corporate CEOs in terror washed the feet of the woke. University presidents, fearful for their status and careers, wrote incomprehensible memos admitting their past sins and asking how best to do present penance. Hollywood studio owners promised race and gender quotas, with ample provisions that—in the manner of NBA and NFL owners—adjustments and exceptions could be worked out for themselves.

Somewhere, somehow graduations, dorms, and campus spaces, all segregated by race, became “liberal.” Intermarriage, integration, and assimilation were shamefully illiberal. Standing for the National Anthem was unpatriotic; sitting in disdain for it, cool. Donald Trump fought that revolution too.

What tools did Donald Trump have to wage these many counterrevolutions?

The media? America’s Fortune 400? Academia? The great foundations? The nation’s think tanks? The bipartisan government establishment? The international community? The banks? Wall Street? Corporate CEOs? Silicon Valley? Professional sports? The entertainment industry? Hollywood? The intelligence community? The current and retired top military brass?

In fact, none of them. All had joined or enabled the revolution, on the theory either that their wealth and influence would shield them and their own from its excesses, or like naïve Kerenskyites their status would impress and win over even those who targeted them, or they were inner revolutionaries themselves all along, just waiting to be freed at last by BLM and Antifa.

Against all that money and clout, the counterrevolutionary Trump had only one asset, the proverbial people. He had solely the under-polled and the written-off. They came out to his rallies in the tens of thousands, deluded the pollsters, and told the media less than nothing, but voted and will vote in waves to save America from what it was becoming.

Voir également:

Trumpism: Then, Now—and in the Future?
Victor Davis Hanson

What was, is, and will be the Trump agenda?

Against all odds, what elected Trump in 2016 was a recalibration of American foreign and domestic policy—and the art of politicking itself.

Doctrine and Policy

In foreign affairs, the United States would no longer adhere to every aspect of the 75-year-old postwar order it created—given the world now bore little resemblance to the world of 1945.

Prior bipartisan foreign policy had often ossified to the point of enhancing the power of our enemies, weakening our complacent friends, and terribly damaging our own power. When Trump entered office, ISIS was proving that it was hardly a “JV” organization. North Korea was recklessly testing missiles and bragging of its nuclear-tipped rockets pointed at our West Coast.

Israel and the moderate Arab regimes were ostracized as part of the insane Obama empowerment of theocratic Iran and its quest for a radical crescent encompassing Syria, Lebanon, Hezbollah, and Hamas.

Russian reset was an utter failure. Unhinged, we were hectoring Vladimir Putin on human rights while agreeing to dismantle missile defense in Europe, if he would just please behave for a bit, and give Obama space during his 2012 reelection bid. The Asian pivot was laughable. Our friendly and hostile trading partners praised the Obama Administration in direct proportion to their manipulation of it.

In the 1950s, it was understandable that the United States would spend blood and treasure abroad to resurrect the destroyed economies after World War II and contain Soviet Communism. Its policy of allowing recovering allies to run up huge trade deficits to reenter the world community was seen both as desirable and affordable, as was putting down Communist insurrections the world over to contain the Soviet Union.

Western Europe, Japan, Taiwan, and South Korea became powerhouses, often with wide open, one-sided access to U.S. markets. China would never have achieved its 40-year stunning ascendence had America applied to Chinese trade the same mercantilism that China applied to the United States.

By 2016, it was clear that a host of world and international trade and development organizations took for granted U.S. moral and financial support, while assuming wide open entrance for all into the U.S. market.

The result of the globalist project was the destruction of much of the American interior’s manufacturing and assembly industries. Those whose labor could not be so easily xeroxed—Silicon Valley, Wall Street, banking and insurance, big law, the media, entertainment, professional sports, and large research universities—saw their markets expand to 7 billion consumers. Coastal elites got rich. Interior deplorables and clingers were said to have deserved their fate by not going to college or failing to learn how to code.

They were lectured that not even a magic wand could save their jobs, or, in the words of Lawrence Summers, former Harvard president and the architect of President Obama’s team of economic advisers, they deserved their unfortunate fates, which in our meritocracy matched their meager abilities. “One of the challenges in our society is that the truth is a kind of disequalizer,”  Summers reportedly once said. “One of the reasons that inequality has probably gone up in our society is that people are being treated closer to the way that they’re supposed to be treated.”.

Into that comfortable matrix of easing into decline, Trump stormed in. He damned globalists as elites who cared more about abstractions abroad than unfairness and the poor at home right under their noses.

To restore U.S. primacy, he greenlighted gas and oil production. When the United States became the largest producer of both, much of the world changed. The Middle East no longer had a political stranglehold over U.S. foreign policy. Russia, and illiberal regimes like Iran, lost hundreds of billions in carbon income. American consumers and industry enjoyed the cheapest energy prices in the Westernized world. And the elite dismissed all that as too damaging to the planet.

Tax reform and deregulation lured back to U.S. shores offshored money and opened up trillions of dollars for investment that had been inert—the owners of which had been understandably worried by the redistributionist rhetoric and policies of the increasingly leftwing second-term Obama Administration and its recalibration of the Democratic Party.

Closing the border with Mexico slowly tapered off the once-endless supplies of cheap imported labor. For the first time in a half-century, the American worker was courted by needy employers who paid record entry-level wages, as unemployment fell to near historic peacetime lows.

Minority youth were no longer begging employers for a chance of a job, but rather were being begged by them to come to work. Ancient fights over unions and minimum wages faded as an increasingly wealthy America saw middle-class income soar for the first time in years as employers paid whatever was necessary to land American workers.

Trump stopped most optional military interventions that did not pencil out in a cost-benefit advantage for the United States—or for regional stability. Instead, don’t-tread-on-me realism bombed ISIS out of existence and took out the terrorist Iranian mastermind Qasem Soleimani, or threatened Kim Jong-un with massive retaliation if he dared launch a missile toward the United States.

At no time did Trump think he should remove Bashar al-Assad and try to create a Western democracy in Syria, or invade and overthrow the Iranian regime—as opposed to slowly strangle them with sanctions, new alliances, and military deterrence. There was no desire to return to spend money or lives in Libya or Iraq to establish or reboot democratic institutions.

There were two final pillars of the new Trump foreign policy. One was to talk honestly to allies about investing in their own defense as promised. Most not only counted on U.S. protection but often loudly seemed to resent their ensuing dependence by opportunistically ankle-biting the United States for its global policeman role.

Western Europe and Asia, and especially Germany and Japan, were told that if Russia and China really were existential threats, then such front-line states had to commensurately invest in their own defense first—at least if they to expected 19-year-olds from rural Michigan or northern Florida to fly over to their defense.

Unpredictability was seen as safer deterrence in a dangerous world than predictable and ossified policy.

So, against all advice, Trump called China to account for its commercial cheating and insidious infiltration into Western banking, corporate, media, entertainment, and academic institutions. He cut off aid to Palestinians who refused to recognize Israel, moved the U.S. embassy to Jerusalem, reminded the Assad regime that it would never recover the Golan Heights to launch another war on Israel, encouraged the moderate Arab world to ally with Israel to protect against revolutionary Shiite Iran, and reminded Canada and Mexico that one reason why they had small militaries, and growing economies, was their proximity to the United States—and thus such magnanimity should be reciprocated with symmetry rather than seen as naïveté that explained its continuance.

Class, Not Race

The second pillar of Trumpism was a shift in Republican orthodoxy to reemphasize class differences and in radically different ways.

No longer was there talk of privatizing Social Security, institutionalizing free (but not fair) trade, or following international commercial accords against the interest of an increasingly hollowed out American middle class. Deregulation and cuts in corporate taxes galvanized the economy and indeed profits “trickled down” to the hoi polloi. But such necessary free-market reforms were not the be-all and end-all of Republican orthodoxy, which was now readjusted to be more in the interest of the factory worker, not just the Wall Street investor.

Closing the border cut off the easy supply of cheap labor for corporations. Only that way would wages of entry-level and largely minority workers rise. More radially, Trumpism did not see the middle classes as spent, addicted, eroding and doomed, much less as deplorables, clingers, irredeemables, dregs, and chumps as the coastal elites increasingly liked to smear them. And Trump certainly did not see poor whites, without much influence, as privileged, and thus in need of making atonement for supposed sins of the past or the present.

One reason why Trump is libeled as a racist is that he saw through the white elite con of blaming those without advantage for bias and prejudice, in order to win psychological exemption for the elite’s own near-monopoly on blue-chip university admissions, corporate, media and academic old-boy access and cultural influence.

Bull-in-the-China-Shopism

Aside from fundamental changes in foreign and democratic policy, and renewed emphasis on class instead of race, Trumpism changed the political dialectic.

Of course, Trump could be crude, even at times bullying and profane. But much of his braggadocio and vulgarity were designed as chemotherapy to kill the cancer of the administrative state and the lock-hold on permanent government by the revolving-door, bipartisan coastal elite.

The reasons why Trump just days after his inauguration faced a failed impeachment, or calls for his removal by the 25th Amendment, or even talk of a military coup, or the Steele dossier hoax that led to a $40 million, 22-month effort by progressives to destroy his presidency, his person and his family, were manifold. But one cause surely was that Trump was orphaned from the hard-Left Democratic Party and the Republican establishment and seemed either to welcome the ostracism or not be fully cognizant of the cost that it entailed.

True, Trump may have defined presidential comportment down with his “sleepy,” “crooked,” “lying,” and “low-energy” epithets and with his crowds cheering to “lock her up.” But then again, what was so moral in the past about mellifluously assuring Americans they would lose neither their doctor nor their health plan—to the amusement of the likes of Jonathan Gruber who knew all along that they would? Or ramming through the Iran Deal by bypassing the treaty duties of the U.S. Senate, while deluding the country with a “know-nothing” media echo chamber? If we learned anything from the Obama years, supposedly “scandal-free” presidents might do anything from weaponizing the IRS and siccing the FBI on opponents to dismantling viable allied missile defense to leverage foreign leaders to aid their reelection campaigns—and then call all that moral, with a chorus of media assent.

When a man takes on the role of the gunslinger arriving in the town to clean up the mess, one must expect that his methods and comportment will offend his supporters as much as they terrified his adversaries, all the more so as he succeeds and thus the beneficiaries see an end on the horizon to their embarrassing need to have called in the unorthodox to do what their own polite conventionality should have done, but choose not (or did not have the courage) to do.

The Fate of Trumpism 

We can sense the viability of Trumpism by the current lack of coherent attacks on its principles and achievements. Would a President Mitt Romney demand that the U.S. embassy now leave Jerusalem? Would a President Nikki Haley cease the new containment of China? Would a President Marco Rubio return to the Bush-Obama coaxing of NATO partners to please, pretty please pay up what they had promised?

Or alternatively, would a President Joe Biden warn the Arab countries to cease their “destabilizing” new partnership with Israel?

Would he jawbone them to return the autocratic Palestinians to front and center of the Middle East “peace” plan? Would a President Biden begin dismantling 400 miles of border wall and return to open borders?

At home, Biden most certainly would raise taxes, restore cumbersome regulations, strangle the fossil fuel industry, and return to identity politics pandering. But after the 2017-20 Trump boom, he would do so without any expectation that the economy would grow or the country would heal or the world would suddenly cool down and the seas cease to rise.

Biden knows that under Obama a natural recovery stagnated, a uniter president ignited the country with his team of racial arsonists, and the government wasted billions of dollars in green boondoggles even as a hamstrung private sector did far more than Washington to expand the use of solar energy and electric cars.

And what about the NeverTrumper—always wrong that Trump would not be nominated or not be elected or be destroyed by “Russian collusion”? At the end of Trump, whether in 2020 and 2024, would they resurrect the Weekly Standard or return to the Sunday talk shows? Would the legions of handlers, operatives and advisors return to recalibrate all the party Senate and House races along the lines of a Mitt Romney or John McCain orthodoxy? Would the NeverTrump Phoenix arise to save the Republican Party from the ashes of Trumpism—on the principle that deplorables would always support RINO candidates, but RINOS would bolt the minute a deplorable candidate appeared. Could a Jeff Flake or a Ben Sasse or a John Kasich candidacy shatter the Blue Wall?

Probably not at all. Elite Republicanism would fail because the white working classes would return either to political hibernation in the swing states or rejoin the Democratic Party. Growing minority support would vanish because blacks and Latinos would see platitudinous and pandering Republicans as far more injurious to their futures than was a crudely talking, Queens-accented populist Trump.

Trumpism did not dismantle Republican conservatism. It simply enhanced conservative appeal by closing the border, confronting China, demanding fair trade, avoiding optional military expeditions, emphasizing the concerns of the working class, and redefining presidential behavior as boisterously honoring promises rather than mellifluously reneging on them.

Whatever Trump’s fate, the NeverTrump faction will not succeed in rebuilding a new-old Republican Party under the Bush-McCain-Romney paradigm. Biden and his leftist masters would not be able to lower minority unemployment to Trump levels. Neither would they declare an end to containing China and claim such past confrontation was an unnecessary provocation.

Like it or not, Trump hit on a great truth that no leader can write off his country’s vast industrial interior, destroy his nation’s borders, willingly cede global leadership to a Communist dictatorship, manipulate intelligence agencies to destroy political opponents, prefer to manage decline rather than to seek renewal, and meanwhile, as he did all that, call himself moral and presidential.

Voir de même:

Présidentielle américaine : pourquoi Donald Trump veut-il saisir la Cour suprême ?

DÉCRYPTAGE – Après une journée de vote à l’issue très incertaine, le président américain a annoncé vouloir saisir la Cour suprême, pour que «la loi soit respectée et utilisée de manière appropriée». Explications.

Luc Lenoir
Le Figaro

«C’est une fraude contre le peuple américain» : l’accusation faite par Donald Trump, dans une conférence improvisée à deux heures du matin, est grave. «Franchement, nous avons gagné ces élections. Notre but est d’en assurer l’intégrité, nous allons gagner cela», attaquait le président américain, annonçant dans la foulée saisir la Cour suprême, pour que «la loi soit respectée et utilisée de manière appropriée». Mais de quoi parlait-il?

L’action juridique que s’apprête à entamer le camp républicain est très concrète : l’enjeu est de faire arrêter la réception des bulletins au jour du vote, dans le cadre de la procédure du vote par correspondance. «Nous souhaitons que les votes soient arrêtés, on ne veut pas qu’ils retrouvent des votes à 4 heures du matin», a ainsi détaillé le candidat dans sa prise de parole, évoquant une controverse juridique qui dure depuis plusieurs mois, et qui pourrait faire basculer l’élection.

Plusieurs cours locales ont autorisé la réception de votes en retard

Tout au long de l’été, plusieurs cours suprêmes étatiques ont en effet pris des mesures autorisant la réception et le comptage des bulletins de vote même arrivés jusqu’à plusieurs jours après le 3 novembre. Au motif que l’extension permettrait une meilleure prise en compte des votes à distance en période de pandémie, la cour de Pennsylvanie a ainsi autorisé les votes arrivant jusqu’au 6 novembre. Dans le Nevada, le délai court jusqu’au 10 novembre. En Caroline du Nord, c’est jusqu’au 12 novembre que les votes envoyés peuvent être réceptionnés. Environ vingt états ont vu cette tolérance mise en place, parfois contre l’avis des parlements.

Des décisions qui avaient été très controversées : pour le parti républicain, le contexte sanitaire ne justifiait en rien une extension du délai de vote à distance, de toute façon sans risque. De plus, selon les équipes de campagne du président en exercice, les cours suprêmes locales outrepassaient leurs pouvoirs, car le choix des modalités de vote revient normalement aux assemblées législatives de chaque État. Les possibilités de fraude électorale par ce biais avaient également été soulevées : dans le Minnesota, les avocats du parti républicain, cités par MPRNews, avaient souligné que les modalités locales «[autorisaient] les votes reçus jusqu’à huit jours après le scrutin et sans cachet postal à être pris en compte». En réponse, plusieurs médias soulignaient que, le vote à distance étant traditionnellement plutôt utilisé par les électeurs démocrates aux États-Unis, les Républicains refusaient un mécanisme défavorable pour eux.

Plusieurs actions juridiques à prévoir

Consultée sur la mesure de ce type prise en Pennsylvanie, la Cour suprême des États-Unis a botté en touche le 28 octobre, refusant de bloquer la décision, tout en indiquant qu’elle se réservait le droit de revenir sur sa position après l’élection. Dans le détail, quatre juges conservateurs (Clarence Thomas, Samuel Alito Jr, Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh) avaient défendu la requête républicaine, tandis que quatre autres juges (les libéraux Stephen H. Breyer, Sonia Sotomayor et Elena Kagan et le président conservateur de la Cour John Roberts) souhaitaient la rejeter. Précision d’importance, la nouvelle juge Amy Coney Barrett, tout juste nommée par Donald Trump, n’avait pas pris part à ce débat, selon CNN.

Hier mardi, Donald Trump est revenu sur l’affaire et a déclaré dans un tweet que la décision de la Cour suprême était «TRÈS dangereuse […]. Cela va permettre une triche effrénée et incontrôlée et saper l’ensemble de notre État de droit. Cela va également entraîner des violences dans les rues. Quelque chose doit être fait!» ajoutait le président candidat.

Donald Trump et son équipe de campagne avaient déjà prévenu qu’ils pourraient entamer une action juridique pour interdire la prise en compte de ces bulletins postaux en retard, en interrogeant la capacité des cours suprêmes locales à imposer ces mécanismes, au regard de la Constitution américaine. Justin Clark, gestionnaire de campagne de Trump, affirmait dès lundi : «Ne vous y trompez pas, le président et son équipe continueront de se battre pour des élections libres et équitables et des résultats fiables que tous les Américains méritent». Selon The Hill , les actions juridiques de contestation devront commencer au niveau local avant d’atteindre, éventuellement, la Cour suprême. Si les votes pris en compte malgré leur retard s’avèrent déterminants pour l’élection, cela pourrait rallonger d’autant la période d’incertitude commencée cette nuit. Les résultats n’ont en effet pas encore été annoncés dans huit États.

La Cour suprême, déjà arbitre de l’élection en 2000

La situation actuelle rappelle naturellement le bras de fer qui avait suivi l’élection présidentielle de 2000, opposant George W. Bush à son rival démocrate Al Gore. Les résultats de la Floride avaient été contestés car l’écart ne dépassait pas quelques centaines de voix. Le code électoral de l’État avait alors permis de relancer de nouveaux décomptes pour vérification. Pendant 36 jours, plusieurs changements de vainqueur avaient eu lieu en fonction des dépouillements des comtés. La Cour suprême avait finalement, le 12 décembre 2000, rendu une décision donnant la victoire à George W. Bush, après avoir interrompu un énième décompte. Les juges s’étaient profondément divisés sur la question, cinq d’entre eux remportant la majorité, les quatre autres ayant fait état de leur dissidence dans le texte final. Le scénario pourrait-il se rejouer ces prochaines semaines ?

Voir de plus:

Aux États-Unis, les confessions d’un «fraudeur électoral» démocrate alimentent les soupçons

Dans un article du New York Post, un militant détaille ses techniques pour trafiquer le vote par correspondance. Des révélations mises en doute par des partisans démocrates.

Luc Lenoir

La démocratie américaine menacée ? Oui, mais par les démocrates ! Voilà une démonstration qui pourrait surprendre bien des spectateurs, habitués aux analyses sur les risques de confiscation du pouvoir par Donald Trump. Alors que la tension monte aux États-Unis autour de l’élection présidentielle, et des risques pesant sur le vote dans le contexte de lutte publique contre le coronavirus, le New York Post a en effet publié la «confession» d’un fraudeur engagé à gauche, qui affirme avoir truqué de nombreuses élections fédérales. Essentiellement dans le New Jersey, où il réside, mais en décrivant un système de manipulation existant dans de nombreux autres États. Le mobile du passage aux aveux ? Le militant serait un soutien acharné de Bernie Sanders et ne se voit pas soutenir la candidature de Joe Biden.

Le récit est d’importance car, sous la pression de la lutte contre le coronavirus, de nombreux électeurs annoncent avoir choisi cette année le vote à distance. Celui-ci existe sous deux formes dans les États américains. La première est le vote par procuration, plébiscité par le Président actuel pour sa sécurité, nécessitant une demande de la part du votant. Le second est le scrutin postal, pour lequel il suffit de renvoyer un formulaire dans une enveloppe spécifique prédistribuée.

Ouverture d’enveloppes à la vapeur, destruction de votes dans les quartiers républicains…

Et c’est dans ce type de votes que le témoin du New York Post affirme que la fraude «est plus une règle qu’une exception». À l’appui de sa démonstration, un véritable mode d’emploi de la fraude, avec plusieurs procédés possibles. La première technique consiste à utiliser l’enveloppe d’un votant, pour y mettre un bulletin obligatoirement démocrate. Il faut au préalable faire le tour des domiciles et convaincre les citoyens de laisser les fraudeurs poster leur courrier de vote à leur place. Une mission «beaucoup plus facile qu’on ne le pense», d’après le fraudeur cité par le journaliste Jonathan Levine, en se faisant passer pour une association de service public. Ensuite, l’enveloppe est ouverte à la vapeur, puis on y glisse un nouveau bulletin en falsifiant la signature. Pour éviter toute suspicion, les enveloppes rouvertes sont ensuite disséminées dans toutes les boîtes postales de la ville.

Les employés des postes peuvent également influer facilement sur l’élection, selon le témoin. «Vous avez un facteur qui est un type anti-Trump enragé et travaille à Bedminster ou dans un bastion républicain… Il peut prendre les bulletins de vote [remplis], et sachant que 95% sont en faveur d’un républicain, il peut simplement les jeter à la poubelle», explique-t-il. Un écho à l’histoire de certains lots de courriers électoraux retrouvés après le vote, lors d’élections locales à New York en 2017 ?

Autre «mine d’or» de votes à disposition, les lieux de vie accueillant des personnes fragiles. «Il y a des maisons de retraite où l’infirmière est en fait un opérateur rémunéré. Et elle va pièce par pièce voir ces personnes âgées, qui souhaitent voter pour se sentir utiles», déclare ainsi le lanceur d’alerte. Il suffit alors de remplir le bulletin pour eux et de leur faire signer ce que l’on veut…

Enfin, le témoin précise que, la plupart du temps, l’historique de participation aux élections est une information publique aux États-Unis. Une dernière technique, encore plus sauvage, consiste donc à aller voter, un jour d’élection, à la place d’un citoyen recensé comme abstentionniste, et qui ne risque pas de venir. Certains États ne demandent en effet pas de pièce d’identité. Une information déconcertante vue de France qui légitime la méfiance de certains observateurs pour ce type de scrutin.

L’investigation mise en doute par un observatoire progressiste

Interrogé par Fox News, le journaliste est revenu sur l’origine de l’article, soulignant que le fraudeur est venu à sa rencontre et a livré des «détails impressionnants» de crédibilité, requérant l’anonymat au vu des risques encourus. Rapidement, le camp républicain a mis en avant la publication. Les deux fils de Donald Trump ont tweeté un lien vers l’article, Eric Trump qualifiant le travail de «must-read».

Du côté de l’opposition, le témoignage semble plutôt gêner l’establishment démocrate. De même, les reprises de l’information viennent pour l’instant de médias à dominante pro-Trump. Media Matters for America (MMfA), une organisation progressiste spécialisée dans la veille des médias pro-républicains, s’est toutefois penchée sur le travail du New York Post. Elle liste d’abord une série de journalistes, activistes et personnalités républicaines en tout genre qui ont publié l’article sur leur compte twitter, soulignant que «les médias de droite et le GOP [Grand Old Party, parti Républicain] poussent depuis plusieurs années le mythe de la fraude électorale pour affaiblir la participation». Avant de citer une étude du «Brennan Center for Justice», un think-tank progressiste, qui certifiait en avril dernier que la fraude via «scrutin postal» est un «discours trompeur».

L’observatoire va jusqu’à questionner l’anonymat du témoin, un principe pourtant sacro-saint dans le journalisme d’investigation. En filigrane, une dénonciation de l’engagement partisan du New York Post, de ligne conservatrice et de Jonathan Levine, l’auteur de l’article. Sans donner d’éléments de réponse concrets, cette contre-offensive montre surtout la polarisation extrême atteinte par le système médiatique américain… et la méfiance régnant sur le scrutin du 3 novembre prochain.

Voir encore:

Woke Faced the Voters—and Lost

The 2020 election was a referendum on the progressive elite, and they were soundly defeated

In a week of surprises, California’s rejection of a ballot measure that would have allowed the state to resume its affirmative action program was among the most significant.

The measure, known as Proposition 16, wasn’t defeated by shy Trump voters. Polling showed Hispanic and other minority voters evenly split on the measure, and on Tuesday it was defeated in California’s most Latino counties.

California’s result is just one piece of the mounting evidence that voters on Tuesday threw a wrench in the progressive plan to leverage a « coalition of the ascendant » and an « emerging Democratic majority » to turn the country into a woke utopia.

The 2020 election was in large part a referendum on Democrats’ race baiting and pandering, starting with the party’s own elevation of Biden to the top of the ticket. Democrats’ rejection of Sens. Elizabeth Warren, Bernie Sanders, and Kamala Harris was a leading indicator that the media missed.

Millions of voters of all races made clear that they instead prefer the old ideals: equality of opportunity, economic freedom, and a society that judges its citizens not by the color of our skin, but the content of our character.

Beyond that, the president whom Democrats have lambasted for four years as a racist and a xenophobe turned out more minority voters than any Republican candidate in decades. It’s not just that right-wing Cubans handed Trump a surprise victory in south Florida; he clinched some of the nation’s most Latino counties, improved his margins with black men and women, and even earned commanding majorities in some Native American counties. And that exit poll data does not account for the shy Trump voters, an effect we presume may well be exaggerated among black and Hispanic voters.

Senate races yielded more bad news for the progressive left. Even if Joe Biden wins the White House, Sen. Mitch McConnell (R., Ky.), who easily overcame an $80 million challenge, will serve as a check on the ascendance of socialists such as Sens. Bernie Sanders (I., Vt.) and Elizabeth Warren (D., Mass.) to the Biden cabinet. Voters may have wanted Biden, but there’s a whole wing of his party they’d prefer to do without.

Some House Democrats can see the writing on the wall. Rep. Abigail Spanberger (D., Va.) reportedly told her caucus that the progressive push to defund the police and embrace « socialism » almost cost them the majority. Rep. Ruben Gallego (D., Ariz.) advised Democrats to drop the woke speak, starting with the bizarre « Latinx. »

Tuesday’s results should shatter the Democratic presumption that their party is destined to command the overwhelming and eternal support of minority voters—but it won’t. The politics fueled by racial grievance and personified by the « squad » of Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan Omar, and Rashida Tlaib is a cancer on the Democratic Party that it indulges at its own peril.

Voir aussi:

Despite ‘racist’ charges, Trump did better with minorities than any GOP candidate in 60 years

That narrative was always bunk. It finally died, once and for all, on Tuesday evening.

Team Trump and Republicans nationwide made unprecedented inroads with black and Hispanic voters. Nationally, preliminary numbers indicated that 26 percent of Trump’s voting share came from nonwhite voters — the highest percentage for a GOP presidential candidate since 1960.

In Florida’s Miami-Dade County, the heartland of Cuban America, Trump turned a 30-plus-point Hillary Clinton romp in 2016 into a narrow single-digit Joe Biden win. Texas’ Starr County, overwhelmingly Mexican American and positioned in the heart of the Rio Grande Valley, barely delivered for the Democrats. Biden’s Hispanic support in other key swing states, like Ohio and Georgia, tailed off from Clinton’s 2016 benchmarks.

Overall, exit polls indicated that 32 to 35 percent of Latinos voted for the president. And young black men are gravitating to the GOP at a remarkable pace (given the baseline).

It turns out that minorities aren’t so infatuated with the brand of unrepentant progressive “woke-ism” now peddled by the Alexandria Ocasio-Cortez wing of the Democratic Party. The political, legal, media, corporate and academic establishments have gone all-in on the woke agenda, peddling a toxic brew of intersectionality, socialism lite and Black Lives Matter anarchism. Latinos and many blacks aren’t buying it. As one Twitter wit quipped, Democrats may have won the “Latinx vote,” but they didn’t fare well with actual Latinos.

The cognitive dissonance on the part of our bicoastal ruling class is, and will be over the ensuing months, astonishing. The ruling elite is incapable of processing the notion that the MAGA hat-clad Bad Orange Man is not, in fact, an avatar for racist whites and a harbinger of impending fascism.

“Racism is Trump’s brand — but he outperformed the polls in large part with Hispanic and some black votes,” noted the New York Times’ Paul Krugman — apparently incapable of processing the possibility that racism isn’t, in fact, Trump’s brand.

Similar lamentations are ubiquitous among the blue-checked Twitterati. Many have taken to ­rationalizing the Latino shift by ­asserting that recent immigrants from Latin America secretly pine for a caudillo-style “strong man” — a laughable and intellectually dishonest exercise in denialism.

The progressive elites are genuinely incapable of understanding why it is that their nostrums have been rejected by a growing share of the populace. They can’t come to grips with the fact that their shambolic policy initiatives — and their unjust and fundamentally anti-American identity politics — are simply not all that popular with the fly-over country rubes, including “country rubes” of color. The 2020 election, in which the GOP defied the odds by maintaining the Senate and actually picking up seats in the House, was an emphatic rejection of the left-wing vision for America. No one wants AOC’s “Squad” — including Hispanic and black voters.

It’s yet unclear whether Team Trump will get a second term. But the path forward for the Republican Party is clear, regardless. The GOP, which already has its strong base of support among non-college-educated white voters, must learn to govern like a working-class, multiethnic, multiracial party.

This more populist variety of conservatism will be unabashedly traditionalist, humbler in its approach to America’s role on the world stage and economically attuned to the aspirations and needs of ordinary Americans — not those of Wall Street, Hollywood or Silicon Valley. It is a vision with real crossover appeal — a vision that can, and will, win.

Republicans have every reason to be optimistic about the future. The hectoring “demography-is-destiny” dolts have been shot down. A substantial chunk of minority voters rejected the lies that GOP populism is rooted in racism. They rejected the slanders that the president himself is a white supremacist. The media establishment won’t admit it anytime soon, but the GOP’s future is bright — and browner than many may have previously thought possible.

Voir encore:

Trump won record minority support — yet the left is calling it ‘racism’

In an ideal world, political parties would be about different approaches to governing. Yet too often in our nation’s history they’ve been about tribalism along regional, economic and, most divisively, racial lines.

Then came 2020: This Election Day, President Trump garnered the highest percentage of non-white votes for a Republican presidential candidate in 60 years. This movement toward balance should be celebrated by all, but not surprisingly, that is not what is happening.

Take MSNBC anchor Joy Reid, who claims that the election showed a “great amount of racism, anti-blackness and anti-wokeness.” Or The New York Times’ Charles Blow, who somehow sees this election as confirming the power of the “White Patriarchy.”

Writer Bree Newsome Bass conceded that some white voters had chosen Joe Biden but voted Republican down ballot to preserve “white rule.”

These people view everything through a racial lens. They’re convinced Trump is a racist and regard his broad support — half the country voted for him — as proof that the nation, as a whole, is likewise hopelessly racist.

A kind way to describe such reactions would be “unhinged.” Another way: terrified.

Between 2004 and 2016, black men and women gave between 88 percent and 95 percent of their votes to the Democratic candidate for president. This year, Trump won 18 percent of the vote among black men — a staggering number for a Republican.

To put that in visceral terms, of every six black men who voted, one voted for Trump.

He also made significant gains with Hispanic voters and even Muslim voters.

Trump has had significant accomplishments as president — halting the liberal, activist tilt of the courts, standing up to China, striking peace treaties that offer fresh hope in the Middle East peace, firing up the economy — but perhaps none is as important or has more far-reaching implications than his transformation of the GOP into a multiracial party. For all of his high principles and good hair, the last Republican candidate for president, Mitt Romney, could never have dreamed of such success among non-white voters.

So why are so many progressive and black intellectual elites so upset about the American political parties achieving so much more racial balance?

Some cynics might see it as simply sour grapes over the left’s loss of power and influence. Democrats assumed only they could speak for minorities, who it now turns out have their own ideas. But it also reflects a fundamental difference between how Americans view race and racism.

Over the past few decades, progressives have insisted racism is built into the system and the system must change (in progressive ways) to curb it — though it’s never been clear if they think it can ever be satisfactorily defeated. Those on the right, meanwhile, view racism as an issue of individuals holding irrational beliefs regarding minorities, which can be organically overcome.

In the 2020 election, we now see that millions of minority voters rejected the idea that their votes should be bound by identity politics, or as Joe Biden put it, that if you don’t vote Democratic, you ain’t black. That remark didn’t come out of nowhere. He was simply saying out loud what many on the left have long believed.

Fact is, Trump made the most direct appeal to non-white voters we’ve seen from a Republican in most of our lifetimes. And it worked.

This is also good news for America, and especially minorities. We now have a GOP that will be eager to maintain these gains, and a Democratic Party that can no longer take minority votes for granted.

And we can now stop believing the color of a person’s skin gives us certainty about their political affiliation — and that in and of itself strikes a blow at racism. It’s exciting: Individuals can be treated as individuals, rather than lumped into political boxes based on their racial group.

Some may find it ironic that it was Trump, of all people, who’s most responsible for this. But what matters is that the body politic has landed in a better, more equal and more promising place.

May our parties now be about politics, not racial division, and may every American feel free, regardless of skin color, to embrace the party of their choice.

Voir de même:

Présidentielle américaine: « Comme en 2016, les médias ont confondu prétention morale et réalité des faits »

TRIBUNE – La vague bleue annoncée par les sondeurs et espérée par des journalistes américains majoritairement anti-Trump n’a pas eu lieu, estime l’essayiste Renaud Beauchard*, qui regrette que la presse ait troqué l’objectivité pour le militantisme.

Renaud Beauchard

Leçons d’une élection américaine chaotique

Au terme d’une élection extraordinairement serrée, deux certitudes se dégagent: Trump n’était pas un accident de l’histoire, et l’intelligentsia prodémocrate qui a fait de sa détestation un programme a sous-estimé sa résilience. Benjamin Haddad dresse le bilan géopolitique du sortant contesté, tandis que Renaud Beauchard souligne que Trump est «à la fois le plus grand bonimenteur de l’histoire américaine et la personne sur laquelle on a le plus menti».


Le décalage entre les attentes grandioses d’une vague bleue annoncée par les sondages à grand renfort de médias comme en 2016 et l’incertitude caractérisée qui a régné hier rapporte la preuve éclatante qu’aucune des leçons de l’élection de 2016 n’ont été apprises. Pire, le zèle appliqué à ne pas comprendre ce qui s’est passé il y a quatre ans a conduit tous les leviers d’influence gravitant autour du Parti démocrate à se persuader qu’ils pouvaient propulser au-delà de la ligne d’arrivée un candidat sans programme, sans faire campagne et à la faveur de la seule détestation de Trump.

Faut-il le rappeler? Trump a été élu en tant qu’incarnation d’un rejet d’une grande partie d’Américains de la corruption d’une classe dirigeante fondant son titre à gouverner sur une expertise technocratique, et compensant son manque de légitimité par une revendication de plus en plus stridente d’expertise morale.

Contrairement aux craintes maintes et maintes fois exprimées, Trump n’a pas troqué sa dépouille d’animateur de téléréalité pour celle de dictateur, pas même de dictateur d’opérette. De dictature nous n’avons point vu venir. En revanche, nous avons vu la classe dirigeante destituée du bien qu’elle croyait lui revenir de droit se comporter comme un «gouvernement impérial en exil» se drapant dans sa supériorité morale pour se lancer dans une inquisition prolongée mêlant espionnage politique, mensonges constants au public sur des complots inexistants, et remise au goût du jour d’expressions maccarthystes comme la «déloyauté au pays».

De toutes les institutions abîmées non pas par Trump, mais plutôt par le sentiment de panique collective des élites nommé «Trump Derangement Syndrome», nulle n’en ressort moins affaiblie que les médias d’informations. Pour preuve du caractère endémique et banal du mensonge installé au cœur d’institutions hier saluées comme des modèles d’éthique journalistique, on citera les propos édifiants d’un chroniqueur du Washington Post à propos des révélations du New York Post sur l’affaire Hunter Biden: «Nous devons traiter les fuites sur Hunter Biden comme s’il s’agissait d’une opération menée par des services de renseignement étrangers – même si ça n’est probablement pas le cas.»

«Consentement des masses»

Quelques éclaircissements sont nécessaires pour montrer comment le journalisme américain a abandonné toute prétention à la vérité pour investir le champ moral et le rôle joué par l’accession de Trump à la présidence dans ce drame. Nous savions que le rôle de la presse avait été reformulé dès l’entre-deux-guerres sous l’impulsion de l’intellectuel néolibéral Walter Lippmann comme une mission de «manufacture du consentement des masses» à des choix publics décidés de façon de plus en plus technocratique du fait de la complexité croissante de la «grande société» advenue avec l’ère industrielle. une presse d’opinion très marquée au XIXe siècle et au début du XXe siècle succédait une presse se revendiquant de l’autorité de la science, organisée autour d’une éthique de «neutralité objective» qui a survécu cahin-caha jusqu’en 2016.

La victoire de Trump à la primaire républicaine de 2016 a fait voler cet équilibre en éclats pour des raisons autant éthiques que commerciales. Sur le plan éthique, ce changement est méthodiquement explicité dans un article de Jim Rutenberg paru dans le New York Times le 7 août 2016 intitulé «Trump met à l’épreuve les normes d’objectivité dans le journalisme». Selon Rutenberg, la perspective d’une présidence Trump était si dangereuse que le rôle du journaliste n’était plus de présenter les faits de façon neutre, mais «de se conformer aux attentes de vérité de ses lecteurs et spectateurs, et à la vérité factuelle, d’une façon qui tienne face au jugement de l’histoire.»

Il s’agissait d’un abandon pur et simple du critère de la neutralité objective au profit de celui de la clarté morale. Ce choix éthique était d’autant plus facile à faire qu’il se justifiait commercialement pour des médias alors menacés existentiellement du fait de l’éclatement du paysage médiatique en bulles cognitives partisanes consécutif à l’apparition de l’information en continu et de l’internet. Traiter copieusement du phénomène Trump tout en dénonçant l’installation de l’Antéchrist à la Maison-Blanche s’est révélé un extraordinaire gisement de contenus et de profits pour les médias mainstream.

Quoi qu’il se passe, tous les Américains sont les perdants de cette dialectique tragique

Un autre article du New York Times daté du 23 juin 2020 signé de Wesley Lowery titré «Une redéfinition de l’objectivité, dirigée par des journalistes noirs», permet d’en comprendre les aboutissants. Son auteur expose que l’objectivité est toujours jugée à l’aune d’un hypothétique lecteur impartial, invariablement assumé comme étant blanc. Appliquant ce traitement à l’Administration Trump, Lowery en déduit que Trump étant ontologiquement un raciste entouré de suprémacistes blancs,la clarté morale impose de traiter toute information concernant la Maison-Blanche, non pas sous l’angle de l’objectivité factuelle ou encore moins du respect d’institutions elles-mêmes souillées par le racisme, mais en prenant en compte à tout moment le racisme indélébile de l’homme occupant la fonction et du parti le soutenant.

Complétant les pièces du puzzle, c’est au nom de ce même principe de clarté morale que deux sénateurs démocrates, Mark Warner et Mazie Hirono, ont eu la brillante idée, après les révélations du scandale Cambridge Analytica, de menacer les grandes entreprises de la Silicon Valley de réglementation, à moins qu’elles ne s’engagent à «débusquer» les contenus fomentant la «discorde». Une recommandation que Twitter et Facebook ont appliqué à la lettre en censurant moins de deux semaines avant l’élection les contenus du New York Post rapportant des faits de corruption allégués à l’encontre de Hunter et Joe Biden, alors qu’ils se sont fait depuis quatre ans la chambre d’écho des allégations non vérifiées les plus folles concernant l’influence russe dans la vie politique américaine.

Plus que le choix de la personne qui occupera la Maison-Blanche à partir de janvier prochain, c’est cette question du rapport à la vérité que Trump, à la fois le plus grand bonimenteur de l’histoire américaine et la personne sur laquelle on a le plus menti, est parvenu à inviter au cœur des débats de la dernière ligne droite. Quoi qu’il se passe, tous les Américains sont les perdants de cette dialectique tragique.

* Professeur associé à l’American University Washington College of Law, à Washington DC, Renaud Beauchard est l’auteur de «Christopher Lasch. Un populisme vertueux» (Michalon, collection «Le bien commun», 2018).

Voir encore:

Lawyers Prepare for Court Battles in Pennsylvania, Michigan and Wisconsin

The Republican and Democratic parties have poured legal resources into three swing states where litigation could slow the tally of millions of mail-in ballots

Democrats, Republicans and voting-rights groups are readying for postelection legal battles in Pennsylvania, Michigan and Wisconsin—closely contested states where the late tallying of absentee ballots could result in litigation.

The Trump and Biden campaigns and the two major parties have poured legal resources into these three states, which President Trump crucially flipped from Democrats in his 2016 victory, and where he is closely trailing former Vice President Joe Biden, according to Real Clear Politics polling averages.

While other swing states are also seeing election litigation, Pennsylvania, Michigan and Wisconsin pose particular challenges because of their ballot-counting rules. None have yet begun tallying millions of mail-in ballots, as other states have done, and election officials in these states say they may report results on Wednesday and beyond.

Election law experts warn that any period of uncertainty over the election’s winner could spark legal fights. Adding to the focus on Pennsylvania, Wisconsin and Michigan: They are all split between Democratic governors and Republican-run legislatures, teeing up a partisan clash over counting votes.

Justin Riemer, the Republican National Committee’s chief counsel, said Pennsylvania is “certainly the epicenter, I think right now, for problems,” and a focus for both parties. The Republican Party has dozens of people deployed to Pennsylvania to monitor the situation and communicate with election officials at the state and county level, Mr. Riemer said.

Pennsylvania voters have requested a record number of more than 3 million absentee ballots this year. The state chapter of Common Cause, a left-leaning voting-rights advocacy group, has assigned 2,000 volunteers to voting sites in 11 counties that the group believes could have election-day problems. This army of poll watchers can funnel complaints to lawyers working with Common Cause, which has been involved in pre-election lawsuits over voting laws this year.

In Michigan, top Democratic attorneys will spend Election Day holed up in a “boiler room” at a hotel in Detroit, watching for problems across the state. Michigan has the country’s most decentralized election system, with different clerks and ballots in 1,600 districts. Each will have one poll watcher from each party, plus more for the absentee-ballot counting room. Republican lawyers said they would raise any issues with state officials, while bracing for possible litigation.

In Wisconsin, Democrats and Republicans have election-day litigation teams on standby. “If we have to document or challenge anything, we’ll do it,” said Wisconsin GOP Chairman Andrew Hitt.

Those efforts track with national moves by the Democratic and Republican parties, which have retained attorneys across the country with experience in election law, both nationally and at home. “We have been planning for any postelection litigation and recounts for well over a year,” said the RNC’s Mr. Riemer.

The Democratic Party began building what it calls voter-protection infrastructure much earlier than in previous election cycles, spreading tens of thousands of lawyers across the country and staffing programs in battlegrounds—like Pennsylvania, Wisconsin and Michigan—in early 2020.

“Our job is to make sure voters know all their options for voting and to protect their vote and make sure it’s counted,” said David Bergstein, director of battleground-state communications for the Democratic National Committee.

In a year when Covid-19 upended the rules for ballots, partisan disputes over voting rules and deadlines have resulted in lawsuits in at least 44 states, according to the Stanford-MIT Healthy Elections Project. Minnesota has also emerged as a potential postelection field of battle after a federal appeals court suggested Thursday that its extension of a mail-in vote deadline was unconstitutional.

But Pennsylvania, Wisconsin and Michigan stand out for their distinct rules for counting mail-in ballots. All three have received a record number of mail-in ballots, but laws in Pennsylvania and Wisconsin prohibit officials from counting them until Election Day. In Michigan, election officials in larger districts can process ballots—meaning opening and sorting them—during a 10-hour window on Nov. 2.

In recent weeks, a lawsuit filed by Pennsylvania Republicans reached the U.S. Supreme Court. A 4-4 order let stand a state Supreme Court decision allowing officials to count mail-in ballots received up to three days after Election Day. The court on Wednesday refused Republicans’ second request to hear the case before Election Day, but left open the possibility for postelection litigation.

Justice Samuel Alito, who backed the Pennsylvania Republicans’ position, suggested in a statement accompanying the order that considering those mail-in votes valid would allow state courts to undercut election rules set by the state’s GOP-controlled Legislature.

Newly sworn-in Justice Amy Coney Barrett could be a decisive vote when she begins hearing cases.

Pennsylvania’s attorney general, a Democrat, has directed county election boards to separate ballots received after Nov. 3.

Meanwhile, the U.S. Supreme Court rejected Democrats’ request to extend Wisconsin’s ballot-receipt deadline past Election Day.

In Michigan, a state appeals court ruled in Republicans’ favor earlier this month and blocked a 14-day extension for votes postmarked by Nov. 2.

Lawyers are gaming out what happens if prolonged ballot battles cause Pennsylvania, Wisconsin and Michigan to have no clear result before Dec. 8, the deadline for states to appoint presidential electors, and the Electoral College vote on Dec. 14. If vote counting collides with these deadlines, it is possible for a governor and state legislature to send different electors to Congress.

“We’re in uncharted legal territory,” said Mark Medish, co-founder of Keep Our Republic, a nonprofit formed this summer to preserve election integrity.

Voir enfin:

Les démocrates en ont-ils ?

(New York) Le temps est venu pour les démocrates de se battre comme des républicains, c’est-à-dire de frapper en dessous de la ceinture.

Depuis 2017, David Faris, politologue à l’Université Roosevelt de Chicago, martèle ce message dans des articles, des entrevues et un livre intitulé It’s Time to Fight Dirty.

Au cours des 20 dernières années, fait-il valoir, les républicains ont utilisé tous les moyens nécessaires pour renforcer leur représentation au Congrès et à la Cour suprême.

Ils ont adopté des mesures pour réduire la participation électorale des minorités, des pauvres et des étudiants, qui tendent à voter pour les démocrates.

Ils ont maximisé leur propre vote en découpant les circonscriptions électorales de certains États de façon hyper partisane.

Ils ont privé les démocrates d’un siège à la Cour suprême en refusant d’examiner la nomination du juge Merrick Garland pour remplacer Antonin Scalia en 2016.

La liste ne s’arrête pas là. Mais ce siège « volé » à la Cour suprême a convaincu David Faris que les démocrates devaient envisager des mesures de représailles. Dans It’s Time to Fight Dirty, publié en 2018, il leur a proposé une série d’actions pour assurer que le système de gouvernement américain reflète la volonté d’une majorité d’électeurs.

Figurent parmi ces actions : l’ajout de sièges à la Cour suprême ; l’attribution du statut d’État à la capitale fédérale (le district de Columbia) et à Porto Rico ; l’abolition du « filibuster », technique d’obstruction parlementaire permettant à une minorité de 40 sénateurs de bloquer l’adoption d’un projet de loi.

Les propositions de David Faris ont vite gagné des adeptes au sein de la gauche démocrate. Mais elles semblaient d’emblée trop radicales pour les plus modérés. Deux ans plus tard, ce n’est plus tout à fait le cas.

Et la détermination des républicains de confirmer la nomination de la juge Amy Coney Barrett à la Cour suprême avant même l’élection présidentielle n’est pas étrangère à ce changement.

« Ils sont faibles »

David Faris se garde de se réjouir trop fort de la popularité soudaine de ses idées.

« Dans un sens, c’est décevant et, d’une certaine façon, effrayant que nous ayons atteint le point où nous devons en parler, dit-il en entrevue. Je pense que les républicains auraient pu endiguer ce mouvement en faveur de l’élargissement de la Cour suprême s’ils avaient fait preuve d’un peu plus de retenue dans la façon dont ils ont traité cette instance. »

D’un autre côté, c’est encourageant dans la mesure où, au moment d’écrire mon livre, je pensais moi-même que l’élargissement de la Cour suprême était improbable. Or, le fait de voir que des gens au Congrès comme Chuck Schumer et Jerry Nadler parlent aujourd’hui de ces idées signifie que nous avons parcouru beaucoup de chemin pour qu’elles deviennent réalité.

Mais David Faris se garde aussi de se réjouir trop vite.

Pour que l’une ou l’autre de ses idées se concrétisent, Joe Biden doit succéder à Donald Trump en tant que président, Chuck Schumer doit remplacer Mitch McConnell comme chef de la majorité au Sénat et Nancy Pelosi doit rester présidente de la Chambre des représentants.

Si ce trifecta devient réalité, les démocrates devront en outre prouver qu’ils en ont. Or, certains sont sceptiques à ce sujet.

« Ils sont faibles, ce sont des poules mouillées et ils ont peur », a déclaré l’analyste Jeffrey Toobin sur CNN lundi dernier. « Il y a une différence dans la façon dont les démocrates et les républicains mènent ces combats, et nous verrons si les démocrates apprennent quelque chose des républicains ici. Oui, c’est intéressant que Chuck Schumer ait dit que rien n’est exclu, mais ce n’est pas un engagement à faire quoi que ce soit. »

Comment expliquer la différence entre la façon dont les républicains et les démocrates mènent leurs combats ?

L’avis d’Obama

En répondant à cette question, David Faris évoque d’abord la menace existentielle que font peser sur le Parti républicain les changements démographiques. Il soulève ensuite la question de la polarisation politique, qui a contribué à son avis à une plus grande radicalisation des républicains que des démocrates.

« La droite comprend mieux à l’heure actuelle que certaines des choses qu’elle veut faire ne sont pas très populaires et qu’elle pourrait avoir besoin de violer les normes pour les faire passer au Congrès, ou pour faire en sorte que le pouvoir judiciaire ait l’apparence qu’elle souhaite », a-t-il dit.

De leur côté, a-t-il ajouté, les démocrates ont tendance à croire que « le temps joue en leur faveur » et que « le public punira l’hypocrisie ».

Cette attitude pourrait ne pas survivre à la confirmation de la juge Amy Coney Barrett, dont la philosophie juridique est aux antipodes de celle de Ruth Bader Ginsburg, icône féministe. Il y a même lieu de se demander si elle n’appartient pas déjà au passé, dans une certaine mesure. Après tout, la Chambre des représentants à majorité démocrate a adopté fin juin un projet de loi destiné à donner le statut d’État à la capitale fédérale. Barack Obama s’est pour sa part montré favorable à l’idée d’abolir le « filibuster » pour permettre l’adoption de nouvelles mesures pour protéger le droit de vote.

« Si tout cela demande d’éliminer l’obstruction systématique, une autre relique de Jim Crow, afin de garantir les droits de chaque Américain, alors c’est ce que nous devrions faire », a déclaré l’ancien président lors des funérailles de la figure des droits civiques John Lewis, fin juillet.

Il n’y a pas longtemps, Joe Biden écartait la plupart de ces idées du revers de la main, disant notamment se méfier des conséquences imprévues. Aujourd’hui, il qualifie de « légitimes » les questions sur le sujet, mais refuse d’y répondre. Sa prudence ne permet pas encore de conclure qu’il n’en a pas.

Voir par ailleurs:

Solution miracle ou fausse bonne idée ? Sept questions sur le vote par correspondance, qui fait débat avant le second tour des municipales

Pour l’heure, le gouvernement a rejeté l’idée de rétablir ce système supprimé en 1975 à cause des nombreuses fraudes qu’il générait. Mais plusieurs personnalités appellent à le réactiver pour le 28 juin, en raison des incertitudes autour de l’épidémie de Covid-19.

Ilan Caro
France Télévisions

Permettre au plus grand nombre de voter sans prendre le risque de relancer l’épidémie. Pour éviter l’abstention massive observée le 15 mars lors du premier tour des élections municipales, de plus en plus d’élus ou d’observateurs politiques militent pour la possibilité de voter par correspondance le 28 juin, date choisie par l’exécutif pour le second tour malgré les incertitudes sur l’évolution du Covid-19. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner s’est montré prêt à étudier cette possibilité, mardi 26 mai. Répondant à une question de la députée LR Josiane Corneloup sur le recours au vote par correspondance, Christophe Castaner a affirmé que l’objectif du gouvernement était de faire « en sorte qu’un maximum de Français puissent voter », dans « un cadre légal ou dans un cadre réglementaire qui peut évoluer d’ici au jour de l’élection« .

Si elle s’engageait dans cette voie, la France imiterait ainsi d’autres pays comme l’Allemagne, la Suisse ou les Etats-Unis. Pour l’heure, le gouvernement a rejeté l’idée de rétablir ce système supprimé en 1975 à cause des nombreuses fraudes qu’il générait. Pour ses promoteurs, le temps presse, puisque le scrutin doit se tenir dans seulement un mois.

Pourquoi certains demandent-ils la possibilité de voter à distance ?

« Si chacun d’entre nous peut décider en son âme et conscience de voter ou de ne pas voter, aucun d’entre nous ne saurait être empêché de voter. C’est ce qui s’est passé le 15  mars et c’est une injustice, une rupture du contrat démocratique », estime le maire de Nancy, Laurent Hénart, dans une interview au JDD. Le 15 mars, le premier tour du scrutin a en effet été marqué par une forte abstention (55,34%, contre 36,45% au premier tour des municipales 2014), liée en grande partie aux craintes face à l’épidémie de coronavirus.

Laurent Hénart demande donc, comme d’autres élus, « la possibilité d’expérimenter le vote par correspondance dans les communes volontaires ». Une solution qui permettrait selon lui « à chacun de s’exprimer sans risque ». Et qui éviterait aux communes d’organiser un scrutin physique. « Tous les bureaux de vote ne pourront pas respecter les préconisations du Conseil scientifique », explique-t-il à franceinfo. « A Nancy, j’ai 57 bureaux, 700 à 800 assesseurs dont les trois quarts ont plus de 65 ans. Comment faire fonctionner les bureaux dans ces conditions ? » s’interroge le patron du Mouvement radical.

Le maire de Nancy n’est pas le seul à plaider pour un vote par correspondance le 28 juin. « Je propose que – s’il y a des communes volontaires – l’on puisse expérimenter le vote par correspondance que l’on a utilisé en France pendant longtemps et qui a été abandonné, et le vote numérique, le vote par internet », a plaidé François Bayrou sur BFMTV. « On le fait pour les associations, les organisations syndicales, la totalité des consultations pour désigner des représentants notamment chez les enseignants », rappelle le patron du MoDem. Selon lui, « rien n’est plus facile que de garantir la sincérité du scrutin car toutes les listes électorales sont numérisées ».

Même demande du côté de Rachida Dati. Il faut que tous ceux qui veulent voter puissent voter. « Quel message on enverrait aux Français si on disait aux plus vulnérables qu’on n’a pas besoin d’eux pour la démocratie ? » a lancé l’ancienne garde des Sceaux sur RTL, réclamant entre autres « le rétablissement du vote par correspondance ».

Pour Sylvain Brouard, directeur de recherches à Science Po, « le risque, c’est qu’en faisant coûte que coûte un second tour dans les mêmes conditions et avec l’expérience du premier tour, le taux d’abstention sera encore plus fort ». Interrogé par franceinfo, il estime que le vote postal serait « la seule bonne solution ».

Le vote par correspondance, comment ça marcherait ?

Cette modalité de vote est actuellement possible en France pour l’élection des députés par les Français de l’étranger. Les partisans du vote par correspondance expliquent qu’il pourrait être mis facilement en oeuvre, par exemple via la propagande électorale.

Avant chaque scrutin, les électeurs reçoivent à domicile les professions de foi des candidats. Il suffirait d’y ajouter les bulletins de vote, l’enveloppe bleue que l’on met habituellement dans l’urne, ainsi que l’enveloppe permettant l’envoi postal, comportant le numéro de l’électeur et sa signature. « Ensuite, il y a plusieurs modalités de retour. Soit vous le faites par la poste, soit vous le déposez dans des boîtes dédiées », par exemple en mairie, détaille Sylvain Brouard.

Une fois reçus en mairie, les bulletins seraient alors mis dans des urnes, et le dépouillement serait organisé selon la procédure classique.

Dans quels pays est-il utilisé ?

La crise du Covid-19 a poussé certains pays à faciliter le recours au vote postal, mais la plupart d’entre eux l’utilisaient déjà auparavant. L’exemple le plus cité concerne les élections municipales en Bavière (Allemagne). Le premier tour, organisé le 18 mars en pleine épidémie, a enregistré une hausse de la participation, grâce à un plus fort taux de vote par correspondance. Un succès, à tel point que pour le second tour, le 29 mars, les bureaux de vote sont restés fermés, le vote postal devenant l’unique moyen d’accomplir son devoir de citoyen.

Instauré en 1957 en Allemagne pour faciliter le vote des personnes âgées ou handicapées, il a connu un succès grandissant à chaque élection, jusqu’à atteindre 28,6% des votes aux élections fédérales de 2017, note Le Monde.

En Suisse, chaque électeur est également libre de se rendre aux urnes ou de voter par correspondance, et même par voie électronique dans certains cantons. Aux Etats-Unis, où Donald Trump refuse sa généralisation à l’ensemble du territoire, l’Utah, l’Oregon, le Colorado, Hawaï et l’Etat de Washington sont passés depuis plusieurs années au vote postal à 100%, sans fraudes majeures.

Pourquoi la France l’a banni en 1975 ?

En France, le vote par correspondance a existé de l’après-guerre à 1975, date à laquelle une loi l’a interdit. Principale raison invoquée : les fraudes que ce système permettait. La presse de l’époque regorge d’histoires de scrutins truqués, notamment en Corse. Comme cette élection de 1973, dans une petite commune de l’île, où 200 votes par correspondance avaient été jugés irréguliers. « Trente-cinq d’entre eux avaient pu être décomptés grâce à des certificats médicaux établis par un médecin de Marseille décédé en 1971… deux ans plus tôt », relatait ainsi Le Monde.

Autre cas emblématique : le 2 novembre 1975, lors du premier tour des municipales à Ajaccio, la liste du parti bonapartiste avait recueilli 603 voix sur les 670 votes par correspondance. Mais en englobant le vote physique, ce même parti ne recueillait au total que 3 799 suffrages sur 11 308 suffrages exprimés

Quelques années plus tôt, des élus corses, principalement de gauche, avaient demandé l’abolition de ce système. « Le vol de suffrages est en quelque sorte légalisé depuis l’institution du vote par correspondance et les abus commis en son nom », critiquait ainsi le maire communiste de Sartène, Joseph Tramoni.

Fin 1975, un projet de loi est donc déposé pour mettre fin au vote par correspondance. Le 4 décembre, devant l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Michel Poniatowski, détaillait le type de fraudes relevées aux quatre coins de la France : bourrages d’urnes, « oubli » de bulletins dans le pli envoyé aux électeurs, faux certificats médicaux (à l’époque nécessaire pour voter par correspondance), etc. La loi fut définitivement votée le 19 décembre.

Extrait d'une intervention du ministre de l'Intérieur, Michel Poniatowski, le 4 décembre 1975 devant l'Assemblée nationale. (ASSEMBLEE NATIONALE)

Extrait d’une intervention du ministre de l’Intérieur, Michel Poniatowski, le 4 décembre 1975 devant l’Assemblée nationale. (ASSEMBLEE NATIONALE)

Entre les fraudes potentielles des électeurs eux-mêmes et celles réalisées une fois les bulletins arrivés en mairie, le vote par correspondance est jugé peu sécurisé par les spécialistes du droit électoral. « C’est un sytème qui permet totalement la fraude, car vous n’êtes sûr ni de l’émetteur ni du récepteur », tranche Jean-Pierre Camby, professeur associé à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, ancien haut fonctionnaire à l’Assemblée nationale et auteur de Bureau de vote, mode d’emploi (éditions Dalloz).

Y a-t-il des obstacles juridiques ?

Rétablir la possibilité de voter par correspondance nécessite le vote d’une loi. « Comme cette possibilité a déjà existé en 1975, il suffit d’un article de rétablissement », plaide Laurent Hénart. Début avril, la députée LR Josiane Corneloup a d’ailleurs déposé une proposition de loi en ce sens, proposition qui n’a aucune chance d’aboutir tant que le gouvernement s’y oppose.

Le vote d’une loi en un temps très resserré n’est en réalité pas un véritable obstacle, puisqu’il est toujours possible de légiférer en urgence. Le principal souci est plutôt d’ordre constitutionnel, du fait de la variation des modalités de vote entre le premier et le second tour d’une même élection, souligne Jean-Pierre Camby. Dans une note publiée sur internet, le professeur de droit public Romain Rambaud, met en avant « le principe de stabilité du droit électoral », qui consiste à ne pas changer les règles du scrutin trop peu de temps (par exemple moins d’un an) avant l’échéance.

Un risque d’inconstitutionnalité plus que relatif, selon le chercheur Sylvain Brouard. « Le Conseil constitutionnel a su se montrer assez coulant sur les derniers textes compte tenu de l’urgence sanitaire », remarque-t-il.

Les mairies seraient-elles capables de l’organiser ?

Laurent Hénart l’assure : centraliser les bulletins des 57 bureaux de vote de la ville de Nancy par courrier ne serait pas un problème. Pour Sylvain Brouard, c’est aussi « quelque chose de relativement simple, qui va plus vite que le déroulement d’un scrutin sur une journée dans les bureaux de vote ». D’ailleurs, avance le chercheur, les Etats américains qui l’ont adopté « l’ont fait avant tout pour des questions de coût ».

Si le vote par correspondance venait à être choisi pour le 28 juin, les agents territoriaux se verraient contraints d’appliquer des procédures bien différentes de celles qu’ils ont l’habitude de suivre scrutin après scrutin. « En termes de logistique, ce serait très lourd », estime un fonctionnaire rompu à l’organisation des élections dans sa commune, interrogé par franceinfo. « Il faudrait être sûr que les plis avec les professions de foi et les bulletins arrivent au moins deux semaines en amont afin d’être sûr qu’ils puissent être renvoyés dans les temps. » Le fonctionnaire rappelle en outre qu’une part non négligeable des électeurs n’habitent plus à l’adresse indiquée sur les listes électorales. « Et imaginez une grève de La Poste pile à ce moment-là ! »

Qu’envisage de faire le gouvernement ?

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a évacué la possibilité de rétablir le vote par correspondance. A moins que la pression des élus et de l’opinion ne s’amplifie dans les jours à venir, il ne faudra donc compter que sur un assouplissement des règles de vote existantes.

L’idée d’autoriser un même électeur à disposer de deux procurations (au lieu d’une seule actuellement), donc à voter à la place de deux autres électeurs qui lui ont donné procuration, pourrait recevoir les faveurs du gouvernement. Cette idée est notamment soutenue par la droite sénatoriale. Dans une interview au Parisien, Christophe Castaner propose également « d’élargir le nombre de personnes habilitées à établir des procurations », par exemple les directeurs d’Ehpad.

Voir aussi:

Le vote par correspondance peut-il faire capoter la présidentielle américaine ?

On s’attend à un record de bulletins envoyés par la poste. Des voix qui pourraient être contestées, surtout si le résultat est serré entre Trump et Biden.

Le Point.fr avec AFP


Présidentielle américaine: Quels débats biaisés et déséquilibrés ? (What if for a change questions were NOT primarily aimed at asking Trump about things that paint him poorly, then asking Biden how he would fix it ?)

24 octobre, 2020

Rukmini Callimachi interviewée par MSNBC en 2017The 1619 Project | 1APolitical Cartoons by Bob Gorrell

Soudain, Norman se sentit fier. Tout s’imposait à lui, avec force. Il était fier. Dans ce monde imparfait, les citoyens souverains de la première et de la plus grande Démocratie Electronique avaient, par l’intermédiaire de Norman Muller (par lui), exercé une fois de plus leur libre et inaliénable droit de vote. Le Votant (Isaac Asimov, 1955)
Yes. The media is biased. Biased against hatred, sexism, racism, incompetence, belligerence, inequality, To name a few. Jim Roberts (New York Times, 2016)
The first episode of Caliphate appeared on April 19, 2018, marking a major step toward The Times’s realization of its multimedia ambitions. It was promoted with a glossy marketing campaign that featured an arresting image, with the rubble of Mosul on one side and Ms. Callimachi’s face on the other. The series was 10 parts in all, including a new, sixth episode released on May 24 of that year detailing doubts about Abu Huzayfah’s story and The Times’s efforts to confirm it. The presentation carried an obvious, if implicit assumption: the central character of the narrative wasn’t making the whole story up. That assumption appeared to blow up a couple of weeks ago, on Sept. 25, when the Canadian police announced that they had arrested the man who called himself Abu Huzayfah, whose real name is Shehroze Chaudhry, under the country’s hoax law. The details of the Canadian investigation aren’t yet public. But the recriminations were swift among those who worked with Ms. Callimachi at The Times in the Middle East. “Maybe the solution is to change the podcast name to #hoax?” tweeted Margaret Coker, who left as The Times’s Iraq bureau chief in 2018 after a bitter dispute with Ms. Callimachi and now runs an investigative journalism start-up in Georgia. The Times has assigned a top editor, Dean Murphy, who heads the investigations reporting group, to review the reporting and editing process behind Caliphate and some of Ms. Callimachi’s other stories, and has also assigned an investigative correspondent with deep experience in national security reporting, Mark Mazzetti, to determine whether Mr. Chaudhry ever set foot in Syria and other questions opened by the arrest in Canada. The crisis now surrounding the podcast is as much about The Times as it is about Ms. Callimachi. She is, in many ways, the new model of a New York Times reporter. She combines the old school bravado of the parachuting, big foot reporter of the past, with a more modern savvy for surfing Twitter’s narrative waves and spotting the sorts of stories that will explode on the internet. She embraced audio as it became a key new business for the paper, and linked her identity and her own story of fleeing Romania as a child to her work. And she told the story of ISIS through the eyes of its members. Ms. Callimachi’s approach and her stories won her the support of some of the most powerful figures at The Times: early on, from Joe Kahn, who was foreign editor when Ms. Callimachi arrived and is now managing editor and viewed internally as the likely successor to the executive editor, Dean Baquet; and later, an assistant managing editor, Sam Dolnick, who oversees the paper’s successful audio team and is a member of the family that controls The Times. She was seen as a star — a standing that helped her survive a series of questions raised over the last six years by colleagues in the Middle East, including the bureau chiefs in Beirut, Anne Barnard, and Iraq, Ms. Coker, as well as the Syrian journalist who interpreted for her on a particularly contentious story about American hostages in 2014, Karam Shoumali. And it helped her weather criticism of specific stories from Arabic-speaking academics and other journalists. Many of those arguments have been re-examined in recent days in The Daily Beast, The Washington Post, and The New Republic. C.J. Chivers, an experienced war correspondent, clashed particularly bitterly with Mr. Kahn over Ms. Callimachi’s work, objecting to her approach to reporting on Western hostages taken by Islamic militants. Mr. Chivers warned editors of what he saw as her sensationalism and inaccuracy, and told Mr. Slackman, three Times people said, that turning a blind eye to problems with her work would “burn this place down.” Ms. Callimachi’s approach to storytelling aligned with a more profound shift underway at The Times. The paper is in the midst of an evolution from the stodgy paper of record into a juicy collection of great narratives, on the web and streaming services. And Ms. Callimachi’s success has been due, in part, to her ability to turn distant conflicts in Africa and the Middle East into irresistibly accessible stories. She was hired in 2014 from The Associated Press after she obtained internal Al Qaeda documents in Mali and shaped them into a darkly funny account of a penny-pinching terrorist bureaucracy. But the terror beat lends itself particularly well to the seductions of narrative journalism. Reporters looking for a terrifying yarn will find terrorist sources eager to help terrify. And journalists often find themselves relying on murderous and untrustworthy sources in situations where the facts are ambiguous. If you get something wrong, you probably won’t get a call from the ISIS press office seeking a correction. “If you scrutinized anyone’s record on reporting at Syria, everyone made grave, grave errors,” said Theo Padnos, a freelance journalist held hostage for two years and now working on a book, who said that The Times’s coverage of his cellmate’s escape alerted his captors to his complicity in it. “Rukmini is on the hot seat at the moment, but the sins were so general.” Terrorism coverage can also play easily into popular American hostility toward Muslims. Ms. Callimachi at times depicted terrorist supersoldiers, rather than the alienated and dangerous young men common in many cultures. That hype shows up in details like The Times’s description of the Charlie Hebdo shooters acting with “military precision.” By contrast, The Washington Post’s story suggested that the killers were, in fact, untrained, and noted a video showing them “cross each other’s paths as they advance up the street — a type of movement that professional military personnel are trained to avoid.” On Twitter, where she has nearly 400,000 followers, Ms. Callimachi speculated on possible ISIS involvement in high-profile attacks, including the 2017 Las Vegas shooting, which has not been attributed to the group. At one moment in the Caliphate podcast, Ms. Callimachi hears the doorbell ring at home and panics that ISIS has come for her, an effective dramatic flourish but not something American suburbanites had any reason to fear. Ms. Callimachi told me in an email that she’d received warnings from the F.B.I. of credible threats against her, and that in any event, that moment in the podcast “is not about ISIS or its presence in the suburbs, but about how deeply they had seeped into my mind.” Her work had impact at the highest levels. A former Trump aide, Sebastian Gorka, a leading voice for the White House’s early anti-Muslim immigration policies, quoted Ms. Callimachi’s work to reporters to predict a wave of ISIS attacks in the United States. Two Canadian national security experts wrote in Slate that the podcast “profoundly influenced the policy debate” and pushed Canada to leave the wives and children of ISIS fighters in Kurdish refugee camps. The haziness of the terrorism beat also raises the question of why The Times chose to pull this particular tale out of the chaotic canvas of Syria’s collapse. “The narrative her work perpetuates sensationalizes violence committed by Arabs or Muslims by focusing almost exclusively on — even pathologizing — their culture and religion,” said Alia Malek, the director of international reporting at the Newmark Graduate School of Journalism at CUNY and the author of a book about Syria. That narrative, she said, often ignores individuals’ motives and a geopolitical context that includes decades of American policy. “That might make for much more uncomfortable listening, but definitely more worthwhile.” Ms. Callimachi told me that she has been focused on “just how ordinary ISIS members are” and that her work “has always made a hard distinction between the faith practiced by over a billion people and the ideology of extremism.” Mr. Baquet declined to comment on the specifics of Ms. Callimachi’s reporting or the internal complaints about it, but he defended the sweep of her work on ISIS. “I don’t think there’s any question that ISIS was a major important player in terrorism,” he said, “and if you look at all of The Times’s reporting over many years, I think it’s a mix of reporting that helps you understand what gives rise to this.” (Mr. Baquet and Mr. Kahn, I should note here, are my boss’s boss’s boss and my boss’s boss, respectively, and my writing about The Times while on its payroll brings with it all sorts of potential conflicts of interest and is generally a bit of a nightmare.) While some of her colleagues in the Middle East and Washington found Ms. Callimachi’s approach to ISIS coverage overzealous, others admired her relentless work ethic. “Is she aggressive? Yes, and so are the best reporters,” said Adam Goldman, who covers the F.B.I. for The Times and has argued in favor of the kind of reporting on hostages that alienated Ms. Callimachi from other colleagues like Mr. Chivers. “None of us are infallible.” What is clear is that The Times should have been alert to the possibility that, in its signature audio documentary, it was listening too hard for the story it wanted to hear — “rooting for the story,” as The Post’s Erik Wemple put it on Friday. And while Mr. Baquet emphasized in an interview last week that the internal review would examine whether The Times wasn’t keeping to its standards in the audio department, the troubling patterns surrounding Ms. Callimachi’s reporting were clear before Caliphate. (…) Last month, that same cloud of doubt descended on Caliphate. And Ms. Callimachi now faces intense criticism from inside The Times and out — for her style of reporting, for the cinematic narratives in her writing and for The Times’s place in larger arguments about portrayals of terrorism. But while some of the coverage has portrayed her as a kind of rogue actor at The Times, my reporting suggests that she was delivering what the senior-most leaders of the news organization asked for, with their support. Ben Smith
La reporter Rukmini Callimachi, spécialiste de Daech, voit sa déontologie journalistique contestée. Son employeur, le New York Times, lance une enquête interne. (…) C’est un article d’un format très rare, que publiait hier le grand quotidien new-yorkais, puisqu’il émet des doutes sur certains articles et podcasts de Rukmini Callimachi, une pointure dans le journalisme international cette dernière décennie, particulièrement réputée pour sa couverture du groupe Etat islamique en Syrie et en Irak. « Il y a bien un problème Callimachi, et c’est un problème qui met en cause directement le New York Times », reconnaît donc son collègue Ben Smith qui signe l’article d’hier dont on sent bien que chaque mot a été savamment pesé. Rukmini Callimachi est contestée suite à l’arrestation au Canada d’un homme, un Canadien, qui prétendait avoir été combattant de Daech en Syrie et dont le témoignage avait alimenté le podcast de la journaliste du Times diffusé depuis deux ans, 10 épisodes de reportage audio intitulé « Califat » centrés justement sur des récits d’anciens djihadistes. Sauf que la justice canadienne a de bonnes raisons de croire que l’homme qu’elle a arrêté est un mythomane, qui n’a jamais mis les pieds au Moyen-Orient ni combattu pour le groupe Etat islamique. A partir de là, la question se pose : « Comment une journaliste censée avoir documenté d’aussi près l’horreur de Daech, et connaître son idéologie, son fonctionnement dans les moindres détails, a-t-elle pu se faire piéger par un faux terroriste ? » Cette question est formulée par Jacob Silvermann, dans The New Republic. Loin de conclure que Callimachi a sciemment fait confiance au Canadien malgré les zones d’ombres assez évidentes que présentait son témoignage, il s’interroge sur son rapport à ses sources et à ces histoires, vivantes, humaines, cette quête des récits incarnés au cœur du chaos qui a fait la signature et la gloire de la journaliste ces sept dernières années. Depuis l’arrestation du soi-disant djihadiste au Canada, le New York Times a lancé une enquête interne confiée à l’un de ses plus prestigieux enquêteurs qui va donc disséquer tout le travail de Rukimini Callimachi pour déterminer si elle a pu manquer de prudence et de déontologie sur d’autres reportages. Et si aucune conclusion n’est encore tirée de cette enquête, le quotidien peut faire autrement que d’entendre ce qu’il avait essayé d’ignorer jusque-là, les critiques émises depuis des années déjà par d’autres journalistes spécialistes du Moyen-Orient sur les méthodes de sa reporter-vedette : critiques sur sa quête effrénée et parfois « agressive » de l’histoire la plus édifiante ; critiques pour avoir sorti discrètement d’Irak, en 2018, des tonnes de documents récupérés dans les archives de Daech ; doutes sur le fait qu’elle ne maîtrisait pas la langue arabe ; sur l’hyper-personnalisation de ses reportages qui la mettaient très souvent en scène pour accentuer l’aspect sensationnel des sujets. Autant d’alertes qui n’avaient pas réussi à égratigner à l’époque l’aura de Rukmini Callimachi, mais qui trouvent, forcément, un écho à présent. La réaction du New York Times, qui ne cache rien aujourd’hui de cette crise, nous montre à quel point le journal prend la chose au sérieux et accepte de se remettre en question et notamment sur les travers de ce « journalisme narratif » qui s’impose depuis quelques années mais qui pose de vrais défis en terme de vérification des sources, sur des terrains de conflits complexes et dangereux, face à des personnages et des organisations aux motivations troubles, et connaissant l’habileté perverse avec laquelle Daech détourne nos codes et nos fantasmes journalistiques occidentaux. « Le travail de Rukmini Callimachi perpétue un récit qui sensationnalise la violence commise par des Arabes et des Musulmans, en mettant l’accent presque exclusivement, et maladivement, sur les dimensions religieuses et culturelles de cette violence » : c’est la responsable d’une prestigieuse école de journalisme new-yorkaise qui formule ainsi les reproches fait à la journaliste-star… laquelle, reconnaît enfin le New York Times, a « toujours travaillé avec l’approbation totale de son employeur ». Voilà au moins un quotidien qui n’élude pas (mais certes, a posteriori) sa part de responsabilité dans la tourmente. France Culture
Octobre 2020 restera dans l’histoire du « New York Times », fondé 169 ans plus tôt, comme l’un des mois les plus éprouvants pour la crédibilité de cette institution de la presse américaine. Shehroze Chaudhry, un Canadien de 25 ans qui prétendait avoir combattu dans les rangs de Daech en Syrie sous le surnom d’Abou Huzayfa, a en effet été arrêté par la police fédérale, non loin de Toronto. Mis en examen pour « incitation à craindre des activités terroristes » sur la base d’informations fabriquées (hoax), il risque jusqu’à cinq ans de prison pour ses affabulations. Or Abou Huzayfa a été, avec ses récits glaçants de décapitation et ses témoignages « de l’intérieur » de Daech, une des sources principales de reportages du « New York Times » sur l’organisation alors dirigée par Abou Bakr al-Baghdadi. Rukmini Callimachi est depuis 2014 la spécialiste des enquêtes du « New York Times » sur la mouvance jihadiste. Journaliste expérimentée, elle a débuté sa carrière comme freelance en Inde en 2001 et a, entre autres, dirigé le bureau de l’Associated Press pour l’Afrique occidentale (son travail sur des documents internes à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), découverts à Tombouctou en 2013, lui avait alors valu une nomination au prix Pulitzer).  En 2016, elle avait été la première à publier une investigation approfondie sur l’Emni, le service de « sécurité » de Daech, chargé entre autres d’organiser des attentats sur le continent européen. Deux ans plus tard, le podcast « Caliphate » de Callimachi, diffusé sur dix épisodes, est une des émissions-phares censées marquer le tournant du « New York Times » vers de nouveaux supports multimédias. Shehroze Chaudhry, alias Abou Huzayfa, est l’un des témoins les plus retentissants de cette série sur les horreurs perpétrées par Daech. Il est vrai qu’il fournit complaisamment tous les détails qui permettent à l’auditeur américain de mieux se figurer une telle barbarie. L’importance accordée à cette seule source avait conduit la direction du « New York Times », peu avant le lancement de « Caliphate », à mobiliser des ressources conséquentes pour s’assurer de la fiabilité d’Abou Huzayfa. C’est ainsi que le journaliste indépendant Derek Henry Flood fut envoyé dans la ville de Manbij, pourtant libérée de l’emprise jihadiste par les forces kurdes dès 2016, et qu’il y prit la photo ci-dessus. Ni Flood, ni les autres journalistes sollicités ne purent confirmer l’engagement effectif de Chaudhry dans Daech, ce qui n’empêcha pas la série « Caliphate » d’être diffusée et de recueillir un grand succès. Deux ans et demi après le lancement de cette série, la mise en examen de Chaudhry a conduit la direction du « New York Times » à diligenter une enquête interne, toujours en cours. Elle a par ailleurs publié un sévère exercice d’introspection, confié à Ben Smith, un des spécialistes média du quotidien. Smith ne cache pas que « toutes sortes de conflits d’intérêt » sont ouverts par une telle investigation sur son propre journal. Il révèle que des vétérans du terrain moyen-oriental au « New York Times », dont les correspondantes à Beyrouth et à Bagdad, avaient alerté leur hiérarchie sur les méthodes de Callimachi. Un journaliste syrien qui fut son interprète en arabe pour un reportage sur des otages de Daech témoigne: « elle recherchait quelqu’un pour lui dire ce qu’elle croyait déjà ». Forte de ses 400.000 abonnés sur Twitter, Callimachi laisse ainsi planer le doute sur la responsabilité de Daech dans la tuerie de Las Vegas, en 2017, alors que cette revendication est à l’évidence mensongère. Certes, l’officier canadien chargé du suivi de la « déradicalisation » de Chaudhry avoue avoir été, lui aussi, dupe de son imposture. L’immersion du pseudo-repenti dans les réseaux sociaux a apparemment entraîné un tel dédoublement de sa personnalité que le mythe d’Abou Huzayfa en est sorti conforté. Les macabres affabulations de Chaudhry ont même pesé dans le débat public au Canada, où le gouvernement a décidé de refuser tout rapatriement de ses ressortissants liés à Daech au Moyen-Orient, y compris les femmes et les enfants.  Mais c’est bel et bien le « New York Times » qui a permis à Abou Huzayfa d’acquérir une aussi formidable aura médiatique. Et Ben Smith conclut son enquête en refusant de tenir Callimachi pour seule responsable d’avoir « produit (deliver) ce que les plus hauts dirigeants (du « New York Times ») demandaient, avec leur soutien ». Qu’une telle polémique éclate dans la dernière phase d’une campagne présidentielle où Donald Trump et ses partisans ont banalisé les « fake news » n’en est que plus troublant. Jean-Pierre Filiu
Peu d’événements façonneront le monde à venir plus que le résultat de la prochaine élection présidentielle des États-Unis. Pour souligner ce moment historique, qui est sans doute une décision comme n’importe lequel d’entre nous l’a jamais prise dans les urnes, nous avons pour la première fois en presque 100 ans remplacé notre logo sur la couverture de notre édition américaine pour faire comprendre qu’il est impératif pour nous tous d’exercer le droit de vote. Edward Felsenthal (rédacteur en chef et président du Time)
Je suis désolé d’être le porteur de mauvaises nouvelles, mais je crois avoir été assez clair l’été dernier lorsque j’ai affirmé que Donald Trump serait le candidat républicain à la présidence des États-Unis. Cette fois, j’ai des nouvelles encore pires à vous annoncer: Donald J. Trump va remporter l’élection du mois de novembre. Ce clown à temps partiel et sociopathe à temps plein va devenir notre prochain président. (…) Jamais de toute ma vie n’ai-je autant voulu me tromper. (…) Voici 5 raisons pour lesquelles Trump va gagner : 1. Le poids électoral du Midwest, ou le Brexit de la Ceinture de rouille 2. Le dernier tour de piste des Hommes blancs en colère 3. Hillary est un problème en elle-même 4. Les partisans désabusés de Bernie Sanders 5. L’effet Jesse Ventura. Michael Moore
Je vous préviens presque 10 semaines à l’avance. Le niveau d’enthousiasme pour les 60 millions de la base de Trump FAIT EXPLOSER TOUS LES COMPTEURS ! Michael Moore (Aug. 28, 2020)
The polls are badly skewed for several reasons. Once adjustments are made for oversampling Democrats and polling ‘all adults’ instead of ‘likely voters’, the polls are actually much closer than the published results. The second part is that polls are a snapshot. We watch the movie. Where we are today does not necessarily bear much resemblance to where things will end up in November. (…) The same is true in the favourability ratings. (…) The Democrats do look stronger in the national average polls. They had a 4.3-point lead in 2016 and today that lead is wider at 7.6 points. Still, it’s important to bear in mind that national polls don’t matter because the US does not have national elections. Instead, it has 51 separate elections in the 50 states, plus the District of Columbia. The national poll lead reflects huge voter support for Biden in states like California and New York. Hillary Clinton beat Donald Trump by four million votes in California in 2016. Biden may beat Trump by an even wider amount in California in 2020. The problem is you can’t win California twice. You can only win it once, no matter how many extra votes you receive. Every vote for Biden in California over 50.1% is a wasted vote; the same is true in New York. It does seem highly likely that Biden will win California and New York, but the huge excess popular vote in those states won’t do him any good in battlegrounds like Michigan, Ohio, and Pennsylvania. That’s why national polls don’t matter while battleground state polls matter a lot. Looking just at the battleground states, Trump is polling better today than he was at this stage in the 2016 race. That’s a very good sign for Trump. The other aspect of the polls that is good news for Trump is that the gap between Biden and Trump is narrowing and moving in Trump’s direction. While Biden maintains a lead by most measures, Trump is gaining and is within the margin of error in many of the battleground states where Biden is ahead. This trend towards Trump has been noticeable in the past two weeks. Polls will likely move more in Trump’s favour because polling works with a lag. (…) a well-constructed and valid poll can take two weeks from start to finish. The results may be solid, but they are out of date by the time they are final. This means that polls we are seeing today may have been conducted weeks ago. If the trend was moving in Trump’s direction two weeks ago, don’t be surprised to see much better results for Trump a week or two from now. (…) in October and early November 2016, I predicted Donald Trump would defeat Hillary Clinton in the presidential election. (…) My forecast came at a time when Hillary was ahead in all the polls, when betting markets were giving her a 90% chance of winning, and when pundits like Nate Silver and those at The New York Times were giving Hillary odds of winning at 93%. The TV anchors would turn pale or gasp for breath when I gave my predictions, but they were kind enough to give me time to explain why the polls were skewed, why betting markets are not good predictors of political outcomes, and why anecdotal evidence — which I had gathered on road trips in Spokane, Washington, and the Ozark Mountains — all pointed in Trump’s favour. Jim Rickards
Les jours sont comptés pour les sondages politiques traditionnels en Amérique et la divergence entre les votes réels de mardi et ce qui était attendu dans les sondages semble indiquer qu’ils ont probablement fait leur temps. Le fait que les sondages n’ont apparemment pas réussi à repérer les préférences d’une grande partie de l’électorat américain indique un problème plus vaste et plus systématique, qui ne sera probablement pas réglé de sitôt. Le problème fondamental – et la raison pour laquelle les sondeurs sont inquiets à propos de ce type d’échec des sondages à grande échelle – vient des faibles taux de réponse qui ont affecté même les meilleurs sondages depuis l’utilisation généralisée de la technologie d’identification des appelants [dite « présentation du numéro » en France]. L’identification de l’appelant, plus que tout autre facteur unique, signifie que moins d’Américains décrochent le téléphone lorsqu’un sondeur appelle. Cela signifie qu’il faut plus d’appels pour qu’un sondage atteigne suffisamment de répondants pour constituer un échantillon valide, mais cela signifie également que les Américains s’auto-sélectionnent avant de décrocher le téléphone. Ainsi, même si notre capacité à analyser les données s’est améliorée de plus en plus, grâce à l’informatique avancée et à une augmentation de la quantité de données disponibles pour les analystes, notre capacité à collecter des données s’est détériorée. Et si les données d’entrée sont mauvaises, l’analyse ne sera pas non plus bonne. Cette auto-sélectio est extrêmement problématique pour les sondeurs. Un échantillon n’est valide que dans la mesure où les individus atteints sont un échantillon aléatoire de la population globale en question. Il n’est pas du tout problématique pour certaines personnes de refuser de décrocher le téléphone, tant que leur refus est motivé par un processus aléatoire. Si celui-ci est aléatoire, les personnes qui décrochent le téléphone seront toujours un échantillon représentatif de la population globale, et le sondeur devra simplement passer plus d’appels. De même, ce n’est pas un problème sérieux pour les sondeurs si les gens refusent de répondre au téléphone selon des caractéristiques connues. Par exemple, les sondeurs savent que les Afro-Américains sont moins susceptibles de répondre à une enquête que les Américains blancs et que les hommes sont moins susceptibles de décrocher le téléphone que les femmes. Grâce au recensement américain, nous savons quelle proportion de ces groupes est censée être dans notre échantillon, donc lorsque la proportion d’hommes, ou d’Afro-Américains, est insuffisante dans l’échantillon, les sondeurs peuvent utiliser des techniques de pondération pour corriger le déficit. Le vrai problème survient lorsque les répondants potentiels à un sondage refusent systématiquement de décrocher le téléphone en fonction de caractéristiques que les sondeurs ne mesurent ou ne peuvent ajuster pour correspondre à la population. (…) Rien de tout cela ne poserait de problème si les taux de réponse étaient au niveau où ils étaient dans les années 80, voire 90. Mais avec les taux de réponse aux sondages téléphoniques modernes stagnant en dessous de 15%, il devient de plus en plus difficile de déterminer si on a même affaire ou non à des problèmes de non-réponse systématiques. Mais ces problèmes deviennent carrément inquiétants lorsque les caractéristiques qui poussent les gens à s’exclure des sondages sont corrélées avec le principal résultat que le sondage tente de mesurer. Par exemple, si les électeurs de Donald Trump étaient plus susceptibles de décider de ne pas participer aux sondages parce qu’ils sont truqués, et ce d’une manière qui n’était pas corrélée avec des caractéristiques connues comme la race et le sexe, les sondeurs n’auraient aucun moyen de le savoir. Bien sûr, si la non-réponse non observée entraîne des erreurs de sondage, il est nécessaire de se demander comment les sondages se sont si bien déroulés jusqu’à présent. Après tout, les taux de réponse ont été tout aussi bas au moins lors des quatre dernières élections présidentielles, et les sondages se sont assez bien comportés dans ces élections. Une partie du problème, et ce qui rend cette élection différente, est un échec apparent des modèles d’électeurs probables. L’une des tâches les plus difficiles auxquelles doit faire face tout enquêteur électoral est de déterminer qui votera et qui ne votera pas le jour du scrutin. Les gens ayant tendance à dire qu’ils vont voter même quand ils ne le feront pas, il est donc nécessaire de poser plus de questions. Chaque grand institut de sondage a sa propre série de questions pour repérer les électeurs probables, mais elles incluent généralement des éléments sur l’intérêt pour l’élection, le comportement de vote passé et la connaissance de l’emplacement d’un bureau de vote. Utiliser ces questions pour repérer qui votera et qui ne votera pas est une affaire délicate; l’échec d’un modèle d’électeur probable complexe est la raison pour laquelle Gallup a quitté les sondages électoraux. (…) Il se peut que les techniques standard d’échantillonnage et de pondération soient capables de corriger les problèmes d’échantillonnage lors d’une élection normale – une élection dans laquelle les modèles de participation électorale restent prévisibles – mais échouent lorsque les sondages n’arrivent plus à repérer des parties de l’électorat susceptibles de participer à une élection mais pas aux précédentes. Imaginez qu’il existe un groupe d’électeurs qui ne votent généralement pas et qui sont systématiquement moins susceptibles de répondre à un sondage. Tant qu’ils continuent de ne pas voter, il n’y a pas de problème. Mais si un candidat arrive à mobiliser ces électeurs, les sondages sous-estimeront systématiquement le soutien au candidat, ce qui semble s’être passé mardi soir. Dan Cassino (2016)
Alors que Joe Biden est le favori des sondages dans la course à la Maison-Blanche, les commentateurs politiques rivalisent de prudence quatre ans après la victoire surprise de Donald Trump. Pour le Time, l’enjeu est d’abord de préserver la démocratie américaine en appelant au vote et à l’unité nationale. Quatre lettres qui n’avaient pas bougé depuis près de cent ans. “Time”, ancré en haut de la couverture du prestigieux hebdomadaire américain depuis 1923, a été remplacé par “Vote”, quatre autres lettres qui se veulent un rempart à l’effondrement démocratique tant redouté aux États-Unis. Dessous, un immense portrait de femme, bas du visage masqué, regard inquiet, humblement tourné vers le passé. (…) Pour illustrer ce numéro “historique”, le magazine a choisi l’artiste Shepard Fairey. Connu sous le nom d’Obey, il est notamment célèbre pour son affiche Hope, réalisée pour la campagne de Barack Obama en 2008 ou pour sa Marianne réalisée en hommage à la France après les attentats de 2015. Il propose cette fois un portrait de femme aux yeux légèrement bridés, un clin d’œil à l’électorat issu de l’immigration, déterminant dans l’élection en cours. Elle est vêtue d’un débardeur rouge étoilé et masquée d’un bandana bleu. (…) Après plusieurs mois de pandémie, la rédaction du Time présente le moment comme “une occasion de changer de cap comme cela n’arrive qu’une fois tous les vingt ans” et de faire société. Dans une tribune, le journaliste politique Molly Ball espère que “le 3 novembre (ou peu après, espérons-le), nous saurons enfin ce que signifiaient ces quatre années incompréhensibles […] Désireux de se montrer rassembleur en cette période de crise sanitaire et politique, le Time évacue le nom des candidats et des partis pour n’incarner la république qu’à travers son expression démocratique. “Vote” donc, tout simplement. Courrier international
L’heure est grave pour les États-Unis à l’approche de l’élection présidentielle qui aura lieu le 3 novembre prochain. À tel point que pour la première fois en près d’un siècle d’existence, le célèbre magazine Time a décidé de changer son titre en remplaçant « TIME » par « VOTE ». Créé en 1923, le magazine généraliste est devenu une véritable institution dans le monde entier grâce à ses articles fouillés et ses reportages particulièrement bien documentés, mais aussi pour sa Une son titre charismatique. De nos jours, le prestigieux hebdomadaire est également ancré dans l’inconscient collectif pour l’imposant cadre rouge qui entoure sa photo de couverture. Et pour la première fois donc, la rédaction a fait le choix symbolique de changer son titre dans l’objectif d’inciter chaque Américain à voter le mardi 3 novembre prochain, soit dans moins de 10 jours. Si au premier abord cet appel au vote peut sembler dénué de toute orientation politique, à lire entre les lignes, on se rend rapidement compte du candidat que soutient le magazine. En effet, la réponse se cache derrière l’artiste qui a réalisé le visuel présent en couverture. Il s’agit d’une création originale de l’artiste Shepard Fairey, le même qui avait dessiné la très populaire affiche « HOPE » de la campagne d’un certain Barack Obama, candidat démocrate à l’élection présidentielle américaine de 2008. On y voit une femme porter un bandana orné d’une urne accompagnée du message « VOTE! » en guise de masque. Subtilement, le Time affiche donc sa préférence envers Joe Biden (Parti démocrate) qui affrontera le président sortant : Donald Trump (Parti républicain). Pour l’occasion, les lecteurs de ce numéro une édition spéciale sur les derniers rebondissements de cette campagne présidentielle 2020 et un guide pour voter en toute sécurité à l’heure du coronavirus. Démotivateur
Le fait même de poser une question peut inventer un résultat car elle fait appel à l’imaginaire du sondé qui n’y avait pas encore réfléchi. Alain Garrigou
D’après les journaux, les sondages montrent que la plupart des gens croient les journaux qui déclarent que la plupart des gens croient les sondages qui montrent que la plupart des gens ont lu les journaux qui conviennent que les sondages montrent qu’il va gagner. Mark Steyn
Une fois de plus, les médias ont péché par une couverture triviale des débats et une crédulité manifeste face à la propagande de John McCain. La tactique des républicains consiste à taper sans relâche sur la presse sous prétexte qu’elle pencherait « naturellement » à gauche. Cette stratégie d’intimidation explique l’obséquiosité de certains journalistes face à McCain, même si une petite lueur d’espoir est apparue récemment avec les reportages d’investigation publiés sur Sarah Palin, la colistière du candidat républicain. (…) le journalisme bien compris est un militantisme ! En clarifiant le monde, il construit une image sur laquelle les citoyens pourront agir. Todd Gitlin (ancien gauchiste et professeur de sociologie et journalisme à l’université Columbia)
La polarisation sur les sondages est dangereuse. Les sondages ont cet impact insidieux du goutte-à-goutte quotidien. L’effet cumulatif est de créer autant que refléter l’opinion publique. C’est d’ailleurs pour cette raison que certains pays interdisent les sondages dans les deux dernières semaines qui précèdent une élection. (…) Les médias essayent de prouver qu’Obama est tellement en avance que cela l’aide à récolter de l’argent, à obtenir plus de soutiens et démoralise les conservateurs. Ce qui se passe, c’est que les journalistes se servent maintenant des sondages pour conforter leurs articles comme pour dire aux gens: Regardez, 52% du pays votent pour Obama, pourquoi pas vous ? Allez-vous voter contre un homme de couleur ? Allez-vous voter pour un vieux type ? Pourquoi n’êtes-vous pas dans l’air du temps? (…) Ils vous demandent de réagir à une phraséologie bien-pensante au lieu de sonder votre idéologie fondamentale. Ainsi ils posent des questions comme, Etes-vous pour ou contre l’amélioration de la qualité de l’éducation publique ? Etes-vous pour ou contre des soins de santé universels ? Etes-vous pour ou contre la protection de l’environnement? Et vous voyez ces sondages qui indiquent 88 % d’Américains pour la protection de l’environnement. Mais bigre, qui peuvent bien être les 12 autres pour cent ? Autrement dit, qui ne veut pas que tous les enfants aient une éducation de qualité et mangent à leur faim? Et que l’air et l’eau ne soient pas pollués ? Mais alors ces gens-là regardent ces résultats de sondage et disent : vous voyez? Le réchauffement climatique est le problème numéro un. Vous voyez? (…) ACORN et Wright sont des questions plus pertinentes pour les gens qu’Ayers, parce que ACORN, c’est ici et maintenant. Les gens ont vu les images de Wright dénonçant l’Amérique. Les gens seraient incapables de reconnaitre Ayers dans une file de suspects. Les gens n’apprécient pas trop l’idée d’être privés par qui que ce soit de leur droit de vote. La campagne de McCain a gaspillé trois semaines sur Ayers, au lieu de chercher à toucher les électeurs sur l’économie. L’impôt est toujours un gros mot. (…) Joe le plombier et Sarah Palin étaient des moments inattendus et imprévisibles pour la campagne d’Obama. Mais ce que Joe le plombier et Sarah Palin ont en commun, c’est qu’ils ont ce lien intangible avec la plupart des gens qui n’est pas facile à surmonter. Et ils représentent également la classe moyenne qu’Obama dit représenter, mais au sein de laquelle il n’a pas vécu depuis des années. Je crois que cette élection est beaucoup plus serrée que certains dans les médias sont disposés à l’admettre. Les ouvriers blancs, qui tendent à aimer Joe le plombier et Sarah Palin, seront décisifs. Si les conservateurs ne sont pas contents du manque d’équité et d’objectivité de la couverture médiatique, pourquoi regardent-ils ces sondages ? Pourquoi leur permettent-ils de dicter ce qu’ils pensent de l’élection présidentielle avant qu’un seul vote soit déposé dans l’urne? Kellyanne Conway
Comme je l’ai dit depuis le début, notre campagne n’en était pas simplement une, mais plutôt un grand mouvement incroyable, composé de millions d’hommes et de femmes qui travaillent dur, qui aiment leur pays, et qui veulent un avenir plus prospère et plus radieux pour eux-mêmes et leur famille. C’est un mouvement composé d’Américains de toutes races, de toutes religions, de toutes origines, qui veulent et attendent que le gouvernement serve le peuple. Ce gouvernement servira le peuple. J’ai passé toute ma vie dans le monde des affaires et j’ai observé le potentiel des projets et des personnes partout dans le monde. Aujourd’hui, c’est ce que je veux faire pour notre pays. Il y a un potentiel énorme, je connais bien notre pays, il y a potentiel incroyable, ce sera magnifique. Chaque Américain aura l’opportunité de vivre pleinement son potentiel. Ces hommes et ces femmes oubliés de notre pays, ces personnes ne seront plus oubliées. Donald Trump (2016)
Je suis désolé d’être le porteur de mauvaises nouvelles, mais je crois avoir été assez clair l’été dernier lorsque j’ai affirmé que Donald Trump serait le candidat républicain à la présidence des États-Unis. Cette fois, j’ai des nouvelles encore pires à vous annoncer: Donald J. Trump va remporter l’élection du mois de novembre. Ce clown à temps partiel et sociopathe à temps plein va devenir notre prochain président. (…) Jamais de toute ma vie n’ai-je autant voulu me tromper. (…) Voici 5 raisons pour lesquelles Trump va gagner : 1. Le poids électoral du Midwest, ou le Brexit de la Ceinture de rouille 2. Le dernier tour de piste des Hommes blancs en colère 3. Hillary est un problème en elle-même 4. Les partisans désabusés de Bernie Sanders 5. L’effet Jesse Ventura. Michael Moore
L’effet Bradley (en anglais Bradley effect) (…) est le nom donné aux États-Unis au décalage souvent observé entre les sondages électoraux et les résultats des élections américaines quand un candidat blanc est opposé à un candidat non blanc (noir, hispanique, latino, asiatique ou océanien). Le nom du phénomène vient de Tom Bradley, un Afro-Américain qui perdit l’élection de 1982 au poste de gouverneur de Californie, à la surprise générale, alors qu’il était largement en tête dans tous les sondages. L’effet Bradley reflète une tendance de la part des votants, noirs aussi bien que blancs, à dire aux sondeurs qu’ils sont indécis ou qu’ils vont probablement voter pour le candidat noir ou issu de la minorité ethnique mais qui, le jour de l’élection, votent pour son opposant blanc. Une des théories pour expliquer l’effet Bradley est que certains électeurs donnent une réponse fausse lors des sondages, de peur qu’en déclarant leur réelle préférence, ils ne prêtent le flanc à la critique d’une motivation raciale de leur vote. Cet effet est similaire à celui d’une personne refusant de discuter de son choix électoral. Si la personne déclare qu’elle est indécise, elle peut ainsi éviter d’être forcée à entrer dans une discussion politique avec une personne partisane. La réticence à donner une réponse exacte s’étend parfois jusqu’aux sondages dits de sortie de bureau de vote. La façon dont les sondeurs conduisent l’interview peut être un déterminant dans la réponse du sondé. Wikipedia
The phenomenon of voters telling pollsters what they think they want to hear, however, actually has a name: the Bradley Effect, a well-studied political phenomenon. In 1982, poll after poll showed Tom Bradley, Los Angeles’ first black mayor and a Democrat, with a solid lead over George Deukmejian, a white Republican, in the California gubernatorial race. Instead, Bradley narrowly lost to Deukmejian, a stunning upset that led experts to wonder how the polls got it wrong. Pollsters, and some political scientists, later concluded that voters didn’t want to say they were voting against Bradley, who would have been the nation’s first popularly-elected African-American governor, because they didn’t want to appear to be racist. (…) In December, a Morning Consult poll examined whether Trump supporters were more likely to say they supported him in online polls than in polls conducted by live questioners. Their finding was surprising: « Trump performs about six percentage points better online than via live telephone interviewing, » according to the study. At the same time, « his advantage online is driven by adults with higher levels of education, » the study says, countering data showing Trump’s bedrock support comes from voters without college degrees. « Importantly, the differences between online and live telephone [surveys] persist even when examining only highly engaged, likely voters. » But Galston says while the study examines « a legitimate question, » the methodology is unclear, and « it’s really important to compare apples to apples. You need to be sure that the online community has the same demographic profile » as phone polling. « It may also be the case that people who are online and willing to participate in that study are already, in effect, a self-selected sample » of pro-Trump voters, Galston says. (…) Ultimately, Trump’s claim « is more of a way to try to explain poor polling numbers. Trump is losing at the moment and he’s trying to explain it off, » Skelley says. « This doesn’t really hold up under scrutiny. » US News & world report (July 2016)
Silicon Valley these days is a very intolerant place for people who do not hold so called ‘socially liberal’ ideas. In Silicon Valley, because of the high prevalence of highly smart people, there is a general stereotype that voting Republican is for dummies. So many people see considering supporting Republican candidates, particularly Donald Trump, anathema to the whole Silicon Valley ethos that values smarts and merit. A couple of friends thought that me supporting Trump made me unworthy of being part of the Silicon Valley tribe and stopped talking to me. At the end of the day, we choose our politics the way we choose our lovers and our friends — not so much out a rational analysis, but based on impressions and our own personal backgrounds. My main reason for supporting Trump is that I basically agree with the notion that unless the trend is stopped, our country is going to hell … The Silicon Valley elite is highly hypocritical on this matter. One of the reasons, I assume, they don’t like Trump is because on this area, as in many others, he is calling a spade a spade. I believe Trump is right in this case. … supporting Trump only offers [an] upside. Electing Hillary Clinton would keep the status quo. If Trump wins, there’s a whole set of new possibilities that would emerge for the nation. Even if it remains socially liberal, it would be good for it if the president were to be a Republican so that the Valley could recover a little bit of its rebel spirit (that was the case during the Bush years for instance). I believe that the increased relevance in national politics of companies like Google (whose Chairman [Eric] Schmidt has been very cozy with the Obama administration) and Apple (at the center of several political disputes) has been bad for the Valley. A Trump presidency would allow the Valley to focus on what it does best: dreaming and building the technology of the future, leaving politics for DC types. Silicon valley software engineer
Many people are saying to maybe their friends while they’re having a sip of Chardonnay in Washington or Boston, ‘Oh, I would never vote for him, he’s so – not politically correct,’ or whatever, but then they’re going to go and vote for him. Because he’s saying things that they would like to say, but they’re not politically courageous enough to say it and I think that’s the real question in this election. Trump is kind of a combination of the gun referendum, because he’s an emotional energy source for people who want to make sure that they’re voicing their concerns about all these issues – immigration, et cetera – but then I think there’s this other piece. They don’t find it to be correct or acceptable to a lot of their friends, but when push comes to shove, they’re going to vote for him. Gregory Payne (Emerson College)
Donald Trump performs consistently better in online polling where a human being is not talking to another human being about what he or she may do in the election. It’s because it’s become socially desirable, if you’re a college educated person in the United States of America, to say that you’re against Donald Trump. Kellyanne Conway (Trump campaign manager)
They’ll go ahead and vote for that candidate in the privacy of a [voting] booth But they won’t admit to voting for that candidate to somebody who’s calling them for a poll. Joe Bafumi (Dartmouth College)
Trump’s advantage in online polls compared with live telephone polling is eight or nine percentage points among likely voters. Kyle A. Dropp
It’s easier to express potentially ‘unacceptable’ responses on a screen than it is to give them to a person. Kathy Frankovic
This may be due to social desirability bias — people are more willing to express support for this privately than when asked by someone else. Douglas Rivers
In a May 2015 report, Pew Research analyzed the differences between results derived from telephone polling and those from online Internet polling. Pew determined that the biggest differences in answers elicited via these two survey modes were on questions in which social desirability bias — that is, “the desire of respondents to avoid embarrassment and project a favorable image to others” — played a role. In a detailed analysis of phone versus online polling in Republican primaries, Kyle A. Dropp, the executive director of polling and data science at Morning Consult, writes: Trump’s advantage in online polls compared with live telephone polling is eight or nine percentage points among likely voters. This difference, Dropp notes, is driven largely by more educated voters — those who would be most concerned with “social desirability.” These findings suggest that Trump will head into the general election with support from voters who are reluctant to admit their preferences to a live person in a phone survey, but who may well be inclined to cast a ballot for Trump on Election Day. The NYT (May 2016)
Les analystes politiques, les sondeurs et les journalistes ont donné à penser que la victoire d’Hillary Clinton était assurée avant l’élection. En cela, c’est une surprise, car la sphère médiatique n’imaginait pas la victoire du candidat républicain. Elle a eu tort. Si elle avait su observer la société américaine et entendre son malaise, elle n’aurait jamais exclu la possibilité d’une élection de Trump. Pour cette raison, ce n’est pas une surprise. (…) Sans doute, ils ont rejeté Donald Trump car ils le trouvaient – et c’est le cas – démagogue, populiste et vulgaire. Je n’ai d’ailleurs jamais vu une élection américaine avec un tel parti pris médiatique. Même le très réputé hebdomadaire britannique « The Economist » a fait un clin d’oeil à Hillary Clinton. Je pense que la stigmatisation sans précédent de Donald Trump par les médias a favorisé chez les électeurs américains la dissimulation de leur intention de vote auprès des instituts de sondage. En clair, un certain nombre de votants n’a pas osé admettre qu’il soutenait le candidat américain. Ce phénomène est classique en politique. Souvenez du 21 avril 2002 et de la qualification surprise de Jean-Marie Le Pen, leader du Front national, au second tour de l’élection présidentielle française. Dominique Reynié
Biden now has gone full-circle: last year bragging about banning fracking and ending fossil fuels, then in the general campaign denying that, and now reaffirming it. Biden also hurt himself with his base, by blaming Obama for not getting more crime reform for drug sentencing while accusing Bernie Sanders of pushing a socialist health plan and suggesting his own opposition to it had boosted him over his leftwing rivals in the primaries (perhaps true, but not wise to ensure the base turns out). Americans know by now that treatments are improving on COVID-19, that death rates are declining, and that it is true that about 99.8 percent of the infected under 65 will survive the virus. Trump did well in pointing all that out. (…) Trump, then, after four years in the White House, nonetheless successfully returned to his role as the outsider cleanser of Biden’s Augean insider stables. His theme was can-do Americanism, Biden’s was timidity and caution and worries that there is little hope anywhere to be found, an attitude consistent with his own hibernation. Final thoughts on the debate: The moderator Kristen Welker was far better than the prior debate and town-hall moderators, in avoiding the scripted stuff like the Charlottesville distortions and ‘when did you stop beating your wife’ questions. That said, she interrupted Trump far more than she did Biden, and focused more on Biden-friendly questions. But most importantly, Trump kept his cool, was deferential to Welker, and was tough but not cruel to Biden. The final question is not whether Trump won and will be seen to have won bigly by next week, but to what degree Biden’s suicidal talk of ending fossil fuels and denial of the Hunter Biden evidence that cannot be denied implode his campaign early next week or not until Election Day. Victor Davis Hanson
Robert Cahaly, stratège principal du groupe Trafalgar, s’est fait un nom en 2016  pour avoir été le seul sondeur à correctement repérer l’avance de Donald Trump au Michigan et en Pennsylvanie – deux États clés qu’il a emportés – à l’approche du jour du scrutin. (Il n’a pas sondé le Wisconsin, une autre victoire surprenante pour Trump.) Cahaly a également repéré l’avance de Trump en Caroline du Nord et en Floride, qu’il a toutes deux gagnées, assurant sa victoire improbable 304-227 au collège électoral sur Hillary Clinton. Après avoir demandé aux électeurs qui ils soutenaient en 2016, le sondeur a poursuivi en leur demandant qui, selon eux, leurs voisins soutenaient, Trump ou Clinton. Cahaly a constamment constaté un degré élevé de variance entre les personnes pour lesquelles les répondants ont déclaré voter et celles pour lesquelles ils pensaient que leurs voisins votaient, ce qui suggère qu’il y avait en fait un «effet Trump » en jeu. Deux ans plus tard, la méthode de Cahaly s’est une fois de plus révélée solide. Dans l’une des courses les plus sondées du cycle, Trafalgar était la seule société de sondage à montrer correctement une victoire au poste de gouverneur de Ron DeSantis en Floride – ainsi que Rick Scott y remportant la course au Sénat. Real Clear politics
L’enquête est conçue pour être représentative des électeurs inscrits qui ont regardé le débat de mardi, elle ne représente pas les vues de tous les Américains. Les électeurs qui ont regardé le débat étaient plus partisans que les Américains dans leur ensemble – 36% se sont identifiés comme indépendants ou non-partisans contre environ 40% dans le grand public, et le groupe d’observateurs du débat était plus démocrate qu’un sondage typique de tous. adultes, avec 39% s’identifiant comme démocrates et 25% comme républicains. (..) Le sondage post-débat de CNN a été mené par le SSRS par téléphone et comprend des entretiens avec 568 électeurs inscrits qui ont regardé le débat du 29 septembre. Les résultats parmi les observateurs du débat ont une marge d’erreur d’échantillonnage de plus ou moins 6,3 points de pourcentage. CNN
Vous savez quoi? Je suis blanc. Je suis juif. Quand j’étais enfant, ma mère avait aussi « La Conversation » avec moi: ‘Dov, tu dois toujours montrer du respect à un policier, même quand il a tort. Ne leur réponds jamais. Fais ce qu’ils te disent. S’ils se trompent, nous pourrons le dire au juge plus tard. Mais ne t’énerve jamais avec un flic. » Trente ans plus tard, j’ai également eu cette conversation avec mes enfants: ‘Si jamais vous êtes arrêté par un flic dans la circulation et qu’il ou elle vous demande votre immatriculation ou votre assurance auto, n’ouvrez tout simplement pas la boîte à gants ou ne mettez pas la main dans votre veste pour la chercher. Le flic est peut-être fou, peut-être même antisémite, sait-on jamais et peut penser que vous allez chercher une arme. Alors, demandez d’abord au flic: « Officier, puis-je fouiller dans ma poche ou ma boîte à gants parce que c’est là que se trouvent les papiers? » Et puis laissez le flic vous dire quoi faire.  » Si un flic vous dit de rester assis dans la voiture, restez assis. Si un flic vous dit de vous taire, alors taisez-vous. (Il ne m’est jamais venu à l’esprit d’ajouter, comme il faut l’ajouter en cet « Age de Ferguson et de Michael Brown: «Ne luttez pas contre un flic pour son arme. Ne tirez pas avec un pistolet Taser sur un flic.») Dov Fischer
President Trump, before the terrible COVID pandemic arrived from China, you had created the strongest economy with the lowest unemployment numbers in history for Blacks, Latinos, and Asian Americans. How will you return us to the economic powerhouse you brought about before the plague? President Trump, can you share with us how in the heck you ever got two Arab Muslim countries to sign peace deals with Israel, the first in a quarter century, and are any more coming in soon? President Trump, how did you feel when New York’s Governor Cuomo praised your leadership in helping New York fight the coronavirus? What was it like getting those military hospital ships to New York and California, and how did you ever manage to turn our peace-time economy into a war-time footing that got more ventilators manufactured than we ever needed? President Trump, polls are showing that your approval numbers among Black and Hispanic voters are the highest that any Republican president has seen in recent memory. How do you explain that turn-around? President Trump, since you already have fulfilled your pledge to build 400 miles of border wall so far, how has that impacted the efforts to control immigration? Vice President Biden, do you have anything you would like to say to Black voters to apologize for calling their school districts a “jungle,” for working with former Ku Klux Klan Exalted Cyclops Robert Byrd, for saying that Black mothers do not give their children a working vocabulary, and for telling African Americans that, if they do not vote as you want them to, then they “ain’t Black”? Vice President Biden, the President has released all his medical records. When will you disclose to the American people the state of medical assessment of your cognitive functions and whether you are being treated medically for that purpose? And will you be disclosing to the American people all pharmaceuticals and other medications you take or that have been injected into you during the past twelve months? Dov Fischer

Et si, pour changer, les questions ne visaient PAS principalement à interroger Trump sur des choses qui le montrent sous un mauvais jour, puis à demander à Biden comment il réglerait le problème ?

En ces temps étranges …

Où avec l’aide de la censure ouverte des réseaux sociaux

A l’image du magazine Time qui pour la première fois de son histoire bientôt centenaire

Fait pour sa couverture de la semaine de l’élection une entorse à sa règle et change en « VOTE » son légendaire logo

Via, on ne peut plus subtilement, le portrait par le créateur des célébrissimes affiches « Hope » et « Change » de la première campagne Obama d’une jeune membre des minorités dûment encagoulé d’un bandana à la antifa

Ou du prétendu quotidien de référence américain, réécrivant, entre un faux reportage et un dessin antisémite, rien de moins que l’histoire américaine

Le journalisme bien compris est, désormais ouvertement, devenu un militantisme

Et au lendemain, après le premier débat très controversé que l’on sait, d’un brillant débat du Président Trump …

Où, surprise selon un sondage d’après débat CNN repris par la plupart de nos médias …
Si Trump améliore son score de 11 points (de 28 à 39), Biden est à nouveau donné large gagnant et améliore même son score …
Comment ne pas s’étonner que personne ne semble s’étonner …
Sans compter leur effet « ventriloque » par leur goutte à goutte permanent tout au long de la campagne …
Que de tels sondages puissent être repris comme véritable information par tous les médias américains comme internationaux …
Quand on sait que comme le précise la chaine elle-même en bas de ses articles que personne ne lit …
Ils sont fondés sur une surdistribution de Démocrates dans l’échantillon (39% contre 25%) …
Et que leur marge d’erreur sur un échantillon de moins de 600 personnes, dépasse, excusez du peu, les 6% pour le  premier et 5% pour le dernier …
Comment ne pas s’étonner …
Que parmi les prétendus historiens ou spécialistes des Etats-Unis invités d’une émission d’information dite de qualité comme C dans l’air composée …
Tous étrangement, quand une rare vraie professionnelle comme Laure Mandeville n’est pas disponible, alignés à gauche …
Personne ne tique quand l’une d’entre eux observe cette remarquable continuité de résultats entre les deux débats …
Que bien sûr personne ne prenne la peine de mentionner ces problèmes d’échantillon …
Que, relayant allègrement les accusations démocrates de prétendues tentatives de suppression du votre noir par les Républicains, personne ne rappelle que nombre d’états américains n’exigent même pas de pièce d’identité avec photo pour voter …
Que, dénonçant régulièrement le système du Collège électoral, personne ne signale que sans celui-ci, les candidats n’auraient même plus besoin de se déplacer dans les petits états …
Que, ramenant systématiquement les accusations démocrates de non-paiement d’impôts du président Trump, personne ne tente non plus d’expliquer, notamment dans l’immobilier, le système des impôts pré-payés  …
Que, minimisant tout aussi systématiquement les inquiétudes républicaines par rapport au vote massif par correspondance, personne ne mentionne que l’autorisation, par la Cour suprême,  des dépouillements de votes plusieurs jours APRES le jour du scrutin dans nombre d’états, ne peut qu’augmenter les risques de contestations …
Que, nous rebattant les oreilles avec des écarts invraisemblables dans les sondages offiiciels (de 0 à 14 points !) …
Malgré les avertissements à nouveau du réalisateur Michael Moore
Personne ne rappelle même l’existence d’instituts de sondage moins connus (Zogby, Trafalgar, Democracy Institute ou Rasmussen) mais qui notamment en 2016 s’étaient beaucoup moins trompés …
Et qui aujourd’hui ont des écarts bien plus raisonnables (mais qui prendra la peine d’expliquer l’effet Bradley, autrement dit, dissimulation d’intention de vote pour cause de pression sociale oblige, de la question des « électeurs cachés » de Trump ?) voire pour certains une prédiction de victoire du président américain …
Et enfin, sans parler le silence radio sur l’immense mensonge de Biden sur la fracturation hydraulique …
Que personne ne s’inquiète, sans compter l’éviction pour le moins inhabituelle de la politique étrangère, de l’incroyable biais, la plupart du temps, des questions du débat elles-mêmes …
Alors qu’il suffirait d’imaginer pour s’en convaincre …
Comme le fait brillamment l’avocat Dov Fischer dans l’American Spectator …
Ce que pourraient donner des questions comme les suivantes :
– Président Trump, avant l’arrivée de la terrible pandémie COVID de Chine, vous aviez créé l’économie la plus forte avec le taux de chômage le plus bas de l’histoire pour les Noirs, les Latinos et les Américains d’origine asiatique. Comment allez-vous nous ramener à la puissance économique que vous avez créée avant la peste?
– Président Trump, pouvez-vous nous dire comment diable vous êtes-vous arrivé à ce que deux pays arabo-musulmans signent des accords de paix avec Israël, le premier depuis un quart de siècle, et que d’autres arriveront bientôt?
– Président Trump, qu’avez-vous ressenti lorsque le gouverneur de New York Cuomo a salué votre leadership pour aider New York à lutter contre le coronavirus? Comment était-ce de déplacer ces navires-hôpitaux militaires à New York et en Californie, et comment avez-vous réussi à transformer notre économie en temps de paix en une base de guerre qui a fabriqué plus de respirateurs que nous n’en avions jamais besoin?
– Président Trump, les sondages montrent que votre taux d’approbation parmi les électeurs noirs et hispaniques est le plus élevé que tout président républicain a jamais vu de mémoire récente. Comment expliquez-vous ce revirement?
– Président Trump, puisque vous avez déjà rempli votre promesse de construire jusqu’à présent 600 km de mur frontalier, comment cela a-t-il eu un impact sur les efforts de contrôle de l’immigration?
– Vice-président Biden, avez-vous quelque chose à dire aux électeurs noirs pour vous excuser d’avoir qualifié leurs districts scolaires de « jungle », d’avoir travaillé avec l’ancien chef exalté du Ku Klux Klan, Robert Byrd, pour avoir dit que les mères noires ne donnent pas à leurs enfants un vocabulaire fonctionnel, et pour avoir dit aux Afro-Américains que s’ils ne votent pas comme vous le souhaitez, alors ils « ne sont pas noirs »?
– Vice-président Biden, le président a publié tous ses dossiers médicaux. Quand allez-vous divulguer au peuple américain l’état de l’évaluation médicale de vos fonctions cognitives et si vous êtes traité médicalement à cette fin? Et allez-vous divulguer au peuple américain tous les produits pharmaceutiques et autres médicaments que vous prenez ou qui vous ont été injectés au cours des douze derniers mois?
For the first debate, the question was whether Joe Biden is now so senile that he would implode on stage. Would he call Blacks people of “the jungle” as he has before? Would he speak derisively of people from India as he has before? Would he forget why he was on the stage: Running for U.S. Senate? Trying out for a school play? Lost in space? To his credit, he made it through very coherently, partly because he was not allowed to speak for four minutes straight, his usual implosion point. That ostensible coherence alone boosted his numbers. The thing is, now that he established at the first debate that his senility has not left him unable to speak in two-minute sound-bites, his appearance at the second debate was not as impressive. We knew he could make it through two minutes. And he did have moments of brief faltering, but nothing to move the dial.
By contrast, the President came in with a different question mark lingering on his head: Can this guy engage in a debate with a gentlemanly etiquette? Is he even capable of controlling himself — ever — and especially when insulted? Besides being a so-called blustering blowhard who tries to mow down his opponent, does he have it in him, if push comes to shove, to debate masterfully, to pause, to contemplate, to abide by rules … and nevertheless to beat his opponent by mastering data, history, facts, and polemic — all in a charming tone? If so, can he maintain a focus on the big stuff and not get side-tracked on the petty? That was President Trump’s task, and he could not have done better.
Yes, he missed inserting one or two unplanned solid zingers he might have thrown in, but every debater misses something. I have been in debates and on TV panels for thirty years, and no matter how well I have prepared I always kick myself afterwards for missing something. So when Biden, towards the end, spoke of “growing up in Delaware,” I wanted Trump to ask: “But Joe, I thought you told the Pennsylvania union workers whose jobs you shipped overseas, and whose high-paying energy jobs you have promised to kill, that you grew up in Pennsylvania? So where was it, Joe — Delaware or Pennsylvania? — or are you still changing your life’s fables every day like the time you stole the biography of that Labour Party leader in England and were forced to withdraw from a presidential race because of your constant plagiarizing?”
But Trump was great. I loved that he asked Biden: “Who built the cages, Joe?” And when Biden would not respond, I love that Trump asked it again: “Who built the cages, Joe?” And a third time. And when Biden just would not respond, I loved that Trump asked the moderator to ask Biden who built the cages.
Of course she was not going to put Biden on the spot. Like all the “moderators,” she is a leftist Democrat. But Trump got the point in. As he did, again and again, reminding viewers that Biden had 47 years in Washington to perform the initiatives he now says he will undertake. And Trump likewise pounded in, again and again, that Biden was just recently Vice President for eight years. Just very recently. Indeed, not only did Biden fail to do any of the things he now promises to do, but Trump even brought home that he sought the presidency in 2016 out of disgust over Biden’s failures.
Trump got in that Biden failed on H1N1, a much less devastating illness. He got in that, on the issue of taxes, he may have paid $750 in the last phase of tax filing because he previously had paid tens of millions of dollars in advance tax payments. Americans can understand that; we just had not heard it before. As Biden went after Trump on Putin and on whether Trump profits from hotels in China, the door was opened for Trump to get into the Biden Family Criminal Enterprise: the son and siblings who all have profited in the many millions by leveraging their Biden Family Enterprise connections to extort millions implicitly from China and Russia and Ukraine. He had Biden lying all over the place — denying they had made millions from the wife of the Moscow mayor, from China, and even from Burisma. I listened carefully as Biden denied that he benefited corruptly from Burisma, but did not deny as explicitly that Hunter did. Trump even got Biden to lie about his oft-repeated pledge to kill hydraulic fracturing (“fracking”).
Biden was good and at times strong, too. He was prepared. He did not shoot whoppers. But Trump had more to prove this time, and Trump aced it. That is why this debate moves the needle in Trump’s direction.
Sure, the debate was tilted and imbalanced. A darned shame, but that is going to happen forever until the GOP standard bearer pays more attention in advance to getting the debates conducted fairly. So the questions primarily were aimed at asking Trump about things that paint him poorly, then asking Biden how he would fix it. And the topics — climate change? Y’know what? If you are so concerned about heat, how about California’s annual forest fires that result from crazy and irresponsible liberal Democrat forestry practices that ban removal of dead leaves, dry branches, and that ban lumber companies from clearing out wide swaths of trees — both to reduce fire spread and to allow sufficient width for emergency fire-fighting vehicles to reach hot points? If you are concerned about heat, what about Antifa and Black Lives Matter riots that see whole neighborhoods set ablaze? That was not on the agenda. Instead, the President was asked what he would tell Black parents who have “The Talk” with their children.
Y’know what? I am White. I am Jewish. When I was a boy, my Mother had “The Talk” with me, too: “Dov, you must always show respect to a police officer, even when they are wrong. Don’t ever talk back to them. Do what they tell you. If they are wrong, then we can tell it to the judge later. But don’t ever start up with a cop.” Thirty years later I had that talk with my kids, too: “If you ever get stopped by a cop in traffic, and he or she asks you for your auto registration or insurance, do not just open the glove compartment or reach into your jacket to get it. The cop may be crazy, maybe even a Jew-hater for all you know, and may think you are going for a gun. So first ask the cop: ‘Officer, may I reach into my pocket or glove compartment because that is where the papers are?’ And then let the cop tell you what to do.” If a cop tells you to stay seated in the car, stay seated. If a cop tells you to shut up, then shut up. (It never occurred to me to add, as should be added in the Age of Ferguson’s Michael Brown: “Don’t wrestle a cop for his gun. Don’t shoot a taser gun at a cop.”)
But this is the Left media, and Trump was asked. He answered exceptionally well. He has done more for Blacks than have most presidents other, maybe, than Lincoln. Could be. Prison reform. Criminal reform. Enterprise zones. Ten-year grants to Historically Black Universities and Colleges. Lowest Black unemployment numbers — ever. Compare that to Biden’s 47 years of incompetence and mediocrity. When Biden responded that he had been hampered by a Republican Congress, I wanted Trump to say: “You had complete Democrat control of the House, the Senate, and the White House for two whole years — how about that, Joe?” But Trump still retorted well: I got criminal reform done by negotiating with the other side; that’s how it’s done, Joe.
Finally, I was glad that, by my count, Trump repeated three times that he will guarantee covering pre-existing conditions in any health-insurance program that emerges. He always says that, just as he always says that he opposes racism, White Supremacists, and neo-Nazis. Indeed, it was refreshing to hear an entire debate go by without a single lie about — or even reference to — Charlottesville.
Sure, I would have loved some questions like these:
President Trump, before the terrible COVID pandemic arrived from China, you had created the strongest economy with the lowest unemployment numbers in history for Blacks, Latinos, and Asian Americans. How will you return us to the economic powerhouse you brought about before the plague?
President Trump, can you share with us how in the heck you ever got two Arab Muslim countries to sign peace deals with Israel, the first in a quarter century, and are any more coming in soon?
President Trump, how did you feel when New York’s Governor Cuomo praised your leadership in helping New York fight the coronavirus? What was it like getting those military hospital ships to New York and California, and how did you ever manage to turn our peace-time economy into a war-time footing that got more ventilators manufactured than we ever needed?
President Trump, polls are showing that your approval numbers among Black and Hispanic voters are the highest that any Republican president has seen in recent memory. How do you explain that turn-around?
President Trump, since you already have fulfilled your pledge to build 400 miles of border wall so far, how has that impacted the efforts to control immigration?
Vice President Biden, do you have anything you would like to say to Black voters to apologize for calling their school districts a “jungle,” for working with former Ku Klux Klan Exalted Cyclops Robert Byrd, for saying that Black mothers do not give their children a working vocabulary, and for telling African Americans that, if they do not vote as you want them to, then they “ain’t Black”?
Vice President Biden, the President has released all his medical records. When will you disclose to the American people the state of medical assessment of your cognitive functions and whether you are being treated medically for that purpose? And will you be disclosing to the American people all pharmaceuticals and other medications you take or that have been injected into you during the past twelve months?
In the end, Trump occasionally had to grab an extra moment or two, but he did it properly. His mike never had to be cut off. There were falsehoods that had to be corrected. Biden did it also, and that was fair.
Finally, I continue to resent how, every time the two candidates really get into a serious substantive disagreement, laying out two contrasting visions, the moderator always intercedes and says: “I have to get to new questions on a new topic.” Frankly, I suspect that most Americans do not give a rat’s patootie about what next topic the moderator wants to move to. They want to let the two guys talk, debate, and lay out their plans. One of these days…
Voir aussi:

Twitter et Facebook accusés de censurer un article gênant pour Biden, Trump monte au créneau
Depuis mercredi matin, la campagne est agitée par les révélations du New York Post qui publie des emails qu’aurait écrits Hunter Biden, le fils du candidat démocrate Joe Biden.
Julie Cloris
Le Parisien
15 octobre 2020

À chaque élection son affaire de piratage… Quatre ans après la publication de mails de Hillary Clinton, piratés par des hackers russes et diffusés par WikiLeaks – une bourde dont son adversaire Trump avait fait son miel -, c’est au tour de Joe Biden d’être au cœur d’une polémique, à deux semaines et demi de l’élection présidentielle. Des mails qu’aurait écrits son fils ont été publiés par un journal et ils relancent l’affaire ukrainienne, qui a été le cœur de la tentative d’impeachment contre le président Trump.

L’affaire ukrainienne

Pour comprendre, il faut remonter un peu le temps. Été 2019 : Donald Trump s’entretient avec son homologue ukrainien et il conditionne le versement d’une importante aide financière à l’Ukraine de Volodymyr Zelensky : Trump lui demande de trouver des éléments peu reluisants sur Hunter Biden, le fils de Joe Biden, que tous les pronostics annoncent comme son rival de la présidentielle de 2020. Hunter Biden, membre du conseil de surveillance du groupe gazier ukrainien Burisma pendant cinq ans, aurait permis au groupe d’échapper à des enquêtes pour corruption. Les leaders démocrates lancent une procédure de destitution contre le président Trump.

Devant le Congrès, le président est mis en accusation pour abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès. Les auditions de diplomates se succèdent, elles révèlent le fonctionnement de Trump en matière d’affaires étrangères, s’appuyant sur un cercle ultra-restreint, dont son avocat personnel Rudy Giuliani. Début février, le Sénat, en votant contre la destitution, clôt l’affaire.

Le New York Post publie des messages du fils Biden

Mais l’histoire a donc rebondi ce mercredi à l’aube. Le New York Post publie des e-mails récupérés illégalement sur un ordinateur présenté comme celui d’Hunter Biden. Ces messages proviennent du disque dur d’un ordinateur portable saisi en décembre dernier par le FBI chez un réparateur. Il contient des messages, des photos et des vidéos personnelles de Hunter Biden. Un courriel prouverait, selon le quotidien conservateur, que le jeune homme a présenté à son père un responsable du groupe gazier Burisma. Dans un courriel daté du 17 avril 2015, Vadim Pojarskïi, un membre de la direction, remercie Hunter Biden d’une invitation à Washington lui « donnant l’occasion de rencontrer votre père et de passer du temps ensemble ».

« Dear Hunter, thank you for inviting me to DC and giving me an opportunity to meet your father and spent some time together. » Vadim Pozharzkyi

L’ancien vice-président a toujours nié avoir discuté avec son fils de ses activités à l’étranger quand il était en poste. Mercredi, un porte-parole de Joe Biden a démenti les allégations du tabloïd, affirmant qu’aucune rencontre avec M. Pojarskïi n’avait eu lieu, selon son programme officiel de l’époque.

Le NY Post raconte aussi avoir découvert que le disque dur contient aussi une vidéo de 12 minutes dans laquelle on voit Hunter Biden fumer du crack tout en ayant une relation sexuelle, et d’autres documents explicites. Il explique aussi comment il a récupéré la copie du disque dur : selon le quotidien, le propriétaire du magasin de réparation d’ordinateurs qui a sollicité le FBI avait, avant de transmettre l’ordinateur, copié le disque dur et donné la copie à Robert Costello, l’avocat de l’ancien maire Rudy Giuliani. Steve Bannon, ancien conseiller sulfureux du président Trump, a parlé au Post de l’existence du disque dur fin septembre et Giuliani en a fourni une copie dimanche.

Twitter bloque le partage de l’article

L’article a été très lu et partagé sur les réseaux sociaux. Mais de nombreux internautes se sont retrouvés sous la menace d’une fermeture de leur compte Twitter. La responsable des relations presse de la Maison Blanche, Kayleigh McEnany, a ainsi été exclue mercredi de son compte Twitter personnel pour avoir partagé l’article. Pour déverrouiller le compte, elle devait supprimer son tweet renvoyant vers le Post. Le compte de Kayleigh McEnany est suivi par plus d’un million d’abonnés.

Après une journée de tempête médiatique, Twitter a expliqué dans la soirée avoir bloqué le partage de l’article parce qu’il contient des documents qui enfreignent deux de ses règles : ne pas publier de données personnelles (e-mails, numéros de téléphone) et ne pas publier d’éléments piratés. « Nous ne voulons pas encourager le piratage en autorisant la diffusion de documents obtenus illégalement », a expliqué l’entreprise via son compte dédié à la sécurité, rappelant que discuter de l’article n’était pas interdit, seulement le partage.

L’un des dirigeants de Facebook, Andy Stone, a mis en doute la véracité des mails publiés et annoncé que les informations du quotidien allaient faire l’objet d’une vérification. En attendant ses résultats, leur visibilité serait réduite sur la plateforme.

Le New York Post et Trump crient à la censure

Dans un éditorial, le journal, l’un des quotidiens les plus lus dans le pays, dénonce ce jeudi la « censure de Facebook pour aider la campagne de Joe Biden ». « Censurez d’abord, poser les questions après : c’est une attitude scandaleuse pour l’une des plateformes les plus puissantes aux Etats-Unis », poursuit l’éditorial, accusant Facebook d’être devenu « une machine de propagande ».

Cette histoire sert le camp Trump qui peut, dans un même élan, dénoncer les « mensonges » de Joe Biden et la connivence des « médias mainstream » avec lui, deux arguments qui font mouche auprès des partisans de l’actuel président.

« Affreux que Twitter et Facebook aient retiré l’article sur les courriels […] liés à Sleepy Joe Biden et son fils, Hunter, dans le New York Post », s’est indigné Donald Trump sur son réseau favori, avant d’y consacrer de longues minutes lors d’un meeting dans l’Iowa.

« Joe Biden doit immédiatement divulguer tous les courriels, réunions, appels téléphoniques, transcriptions et documents liés à sa participation aux affaires de sa famille et au trafic d’influence dans le monde entier – y compris en Chine », a-t-il martelé.

« Notre communication sur nos actions concernant l’article du New York Post n’a pas été super. Et bloquer le partage de l’adresse Internet de l’article avec zéro contexte expliquant pourquoi : inacceptable », a reconnu Jack Dorsey, le fondateur de Twitter, mercredi soir, pour tenter de calmer l’incendie. Mais les flammes brûlent encore.

Chinese citizens watched President Xi Jinping deliver an important speech this week not far from Hong Kong. Well, not the whole speech: Xi apparently is ill, and every time he went into coughing spasms, China’s state media cut away so that he would be shown only in perfect health.

Xi’s coughs came to mind as Twitter and Facebook prevented Americans from being able to read the New York Post’s explosive allegations of influence-peddling by Hunter Biden. The articles cited material reportedly recovered from a laptop; it purportedly showed requests for Hunter Biden to use his influence on his father, then-Vice President Joe Biden, as well as embarrassing photos of Hunter Biden.

Many of us have questioned the sketchy details of how the laptop reportedly was left by Hunter Biden with a nearly blind computer repairman and then revealed just weeks before the presidential election. There are ample reasons to question whether this material was the product of a foreign intelligence operation, which the FBI apparently is investigating.

Yet the funny thing about kompromat — a Russian term for compromising information — is that often it is true. Indeed, it is most damaging and most useful when it is true; otherwise, you deny the allegations and expose the lie. Hunter Biden has yet to deny these were his laptop, his emails, his images. If thousands of emails and images were fabricated, then serious crimes were committed. But if the emails and images are genuine, then the Bidens appear to have lied for years as a raw influence-peddling scheme worth millions stretched from China to Ukraine to Russia. Moreover, these countries likely have had the compromising information all along while the Bidens — and the media — were denying reports of illicit activities.

Either way, this was major news.

The response of Twitter and Facebook, however, was to shut it all down. Major media companies also imposed a virtual blackout on the allegations. It didn’t matter that thousands of emails were available for review or that the Bidens did not directly address the material. It was all declared to be fake news.

The tech companies’ actions are an outrageous example of open censorship and bias. It shows how private companies effectively can become state media working for one party. This, of course, was more serious than deleting coughs, but it was based on the same excuse of “protecting” the public from distractions or distortions. Indeed, it was the realization of political and academic calls that have been building for years.

Democratic leaders from Hillary Clinton to Rep. Adam Schiff (D-Calif.) have long demanded such private censorship from social media companies, despite objections from some of us in the free speech community; Joe Biden himself demanded that those companies remove President Trump’s statements about voting fraud as fake news. Academics have lined up to support calls for censorship, too. Recently, Harvard law professor Jack Goldsmith and University of Arizona law professor Andrew Keane Woods called for Chinese-style internet censorship and declared that “in the great debate of the past two decades about freedom versus control of the network, China was largely right and the United States was largely wrong.”

It turns out traditional notions of journalism and a free press are outdated, too, and China again appears to be the model for the future. Recently, Stanford communications Professor Emeritus Ted Glasser publicly denounced the notion of objectivity in journalism as too constraining for reporters seeking “social justice.” In an interview with The Stanford Daily, Glasser insisted that journalism needed to “free itself from this notion of objectivity to develop a sense of social justice.” He said reporters must embrace the role of “activists” and that it is “hard to do that under the constraints of objectivity.” Problem solved.

Such views make Twitter and Facebook’s censorship of the Post not simply justified but commendable — regardless of whether the alleged Biden material proves to be authentic. As Twitter buckled under criticism of its actions, it shifted its rationale from combating fake news to barring hacked or stolen information. (Putting aside that the information allegedly came from a laptop, not hacking, this rule would block the public from reviewing any story based on, say, whistleblowers revealing nonpublic information, from the Pentagon Papers to Watergate. Moreover, Twitter seemingly had no qualms about publishing thousands of stories based on the same type of information about the Trump family or campaign.) Twitter now says it will allow hacked information if not posted by the hacker.

Social media companies have long enjoyed protection, under Section 230 of the federal Communications Decency Act, from liability over what users post or share. The reason is that those companies are viewed as neutral platforms, a means for people to sign up to read the views or thoughts of other people. Under Section 230, a company such as Twitter was treated as merely providing the means, not the content. Yet for Twitter to tag tweets with warnings or block tweets altogether is akin to the telephone company cutting into a line to say it doesn’t like what two callers are discussing.

Facebook and Twitter have now made the case against themselves for stripping social media companies of immunity. That would be a huge loss not only to these companies but to free speech as well. We would lose the greatest single advance in free speech via an unregulated internet.

At the same time, we are seeing a rejection of journalistic objectivity in favor of activism. The New York Times apologized for publishing a column by a conservative U.S. senator on using national guardsmen to quell rioting — yet it later published a column by a Chinese official called “Beijing’s enforcer” who is crushing protests in Hong Kong. The media spent years publishing every wacky theory of alleged Trump-Russia collusion; thousands of articles detailed allegations from the Steele dossier, which has been not only discredited but also shown to be based on material from a known Russian agent.

When the Steele dossier was revealed, many of us agreed on the need to investigate because, even if it was the work of foreign intelligence, the underlying kompromat could be true. Today, in contrast, the media is not only dismissing the need to investigate the Biden emails, but ABC News’s George Stephanopoulos didn’t ask Biden about the allegations during a two-hour town hall event on Thursday.

This leaves us with a Zen-like question: If social media giants prevent the sharing of a scandal and the media refuses to cover it, did a scandal ever occur? After all, an allegation is a scandal only if it is damaging. No coverage, no damage, no scandal. Just deleted coughs lost in the ether of a controlled media and internet.

Jonathan Turley is the Shapiro Professor of Public Interest Law at George Washington University. You can find his updates online @JonathanTurley.

Voir aussi:

Google whistleblower says the company IS politically biased and says bosses’ claims that they are neutral are ‘ridiculous’ as he warns ‘algorithms don’t write themselves’

  • Greg Coppola, who says he has worked for Google for five years, spoke to Project Veritas 
  • Coppola has worked for Google since 2014 and he says it was fine until the 2016 presidential election when the site turned against Trump  
  • He says he ‘just knows how algorithms are’ and said it was ‘ridiculous’ to suggest that Google is unbiased
  • He says there are people whose jobs are dedicated to promoting certain sites 
  • Coppola works on Google Assistant which he insists has no bias 
  • He however wanted to speak out, he said, after listening to his company deny that it influences what people see 
  • He said it had made his job less ‘fun’ because he does not ‘buy’ that it’s unbiased  

A Google whistle blower has spoken out to expose the company’s ‘biased’ algorithms and insist that it is politically motivated despite bosses’ repeated claims that it is neutral.

Greg Coppola spoke to Project Veritas to share his views and said that while he ‘respects’ his manager, Google CEO Sundar Pichai, his comments on bias are inaccurate.

He claims to be based in New York and says he has worked for Google since 2014.

Coppola said that there were a ‘small number’ of people whose jobs were dedicated to promoting certain news sites over others and that the bias is left-leaning, favoring CNN and The New York Times.

‘A small number of people do work on making sure that certain new sites are promoted.  And in fact, I think it would only take a couple out of an organization of 100,000, you know, to make sure that the product is a certain way,’ he said.

Coppola added: ‘I think it’s, you know, ridiculous to say that there’s no bias.

‘I think everyone who supports anything other than the Democrats, anyone who’s pro-Trump or in any way deviates from what CNN and the New York Times are pushing, notices how bad it is,’ he said.

‘I’m very concerned to see big tech and big media merge basically with a political party, with the Democrat party. I know how algorithms are.

‘They don’t write themselves. We write them to do what we want them to do,’ he said.

‘I look at search and I look at Google News and I see what it’s doing and I see Google executives go to Congress and say that it’s not manipulated. It’s not political. And I’m just so sure that’s not true,’ he said.

‘We are seeing tech use its power to manipulate people…. it’s time to decide – do we run the tech or does the tech run us?

 ‘We are seeing tech use its power to manipulate people…. it’s time to decide – do we run the tech or does the tech run us?’

‘Are we going to just let the biggest tech companies decide who wins every election from now on?’ he said.

Though he works on Google Assistant – which he insists truly does not have a bias – he said he ‘just knows’ how the algorithms work.

For the last 10 years, he said, the company operated on a fairly unbiased basis however that has changed recently.

‘I started in 2014. 2014 was an amazing time to be at Google. We didn’t talk about politics. No one talked about politics.

‘You know, it was just a chance to work with the best computer scientists in the world, the best facilities, the best computers and free food.

‘I think as the election started to ramp up, the angle that the Democrats and the media took was that anyone who liked Donald Trump was a racist…

‘And that got picked up everywhere. I mean, every tech company, everybody in New York, everybody in the field of computer science basically believed that.

‘I think we had a long period, of ten years, let’s say, where we had search and social media that didn’t have a political bias and we kind of got used to the idea that the top search results at Google is probably the answer.’

He said what was worrying, given the company’s history for being unbiased, was that now people had come to trust what it pushes to the top of its search results as the most likely to be true.

‘And Robert Epstein who testified before Congress last week, um, looked into it and showed that, you know, the vast majority of people think that if something is higher rated on Google Search than another story, that it would be more important and more correct.

‘And you know, we haven’t had time to absorb the fact that tech might have an agenda.

‘I mean, it’s something that we’re only starting to talk about now,’ he said.

Coppola’s credentials could not be immediately verified by DailyMail.com.

He claims to have started working for Google as an engineer in 2014.

His LinkedIn page says he worked before that for Business Objects, in Vancouver.

He studied in the UK in London and Edinburgh, it says.

Google has come under intense scrutiny in recent months over its algorithms and how they select what people see.

CEO Sundar Pichai has been questioned by members of Congress over the company’s systems and insisted that despite what critics say, it does not promote left-leaning, Democratic news over that of more Conservative outlets or merely outlets it does not rate.

In December, he painstakingly testified before Congress that the algorithms were driven by the popularity of things on the internet and not engineers or employees’s personal beliefs.

The company is under a magnifying glass, along with other tech giants, and is facing an antitrust investigation which will examine whether they have too much power.

Voir également:

Mr. Flood didn’t know it at the time, but he was part of a frantic effort at The New York Times to salvage the high-profile project the paper had just announced. Days earlier, producers had sent draft scripts of the series, called Caliphate, to the international editor, Michael Slackman, for his input. But Mr. Slackman instead called the podcast team into the office of another top Times editor, Matt Purdy, a deputy managing editor who often signs off on investigative projects. The editors warned that the whole story seemed to depend on the credibility of a single character, the Canadian, whose vivid stories of executing men while warm blood “sprayed everywhere” were as lurid as they were uncorroborated. (This scene and others were described to me in interviews with more than two dozen people at The Times, many of whom spoke on condition of anonymity because of the sensitive internal politics.)

The Times was looking for one thing: evidence that the Canadian’s story was true. In Manbij, Mr. Flood wandered the marketplace until a gold merchant warned him that his questions were attracting dangerous attention, prompting him to quickly board a bus out of town. Across the Middle East, other Times reporters were also asked to find confirmation of the source’s ties to ISIS, and communicated in WhatsApp channels with names like “Brilliant Seekers” and “New emir search.” But instead of finding Abu Huzayfah’s emir, they found that ISIS defectors had never heard of him.

In New York, Malachy Browne, a senior producer of visual investigations at The Times, managed to confirm that an image from Abu Huzayfah’s phone had been taken in Syria — but not that he had traveled there.

Still more Times reporters in Washington tried to find confirmation. And one of them, Eric Schmitt, pulled a thread that appeared to save the project: “What two different officials in the U.S. government at different agencies have told me is that this individual, this Canadian, was a member of ISIS,” he says on the podcast. “They believe that he joined ISIS in Syria.” But Mr. Schmitt and his colleagues, Times journalists told me, never determined why those government officials viewed him as part of ISIS, or if indeed they had any evidence of his ISIS connections other than the professed terrorist’s own social media pronouncements.

A month later, The Times’s audio team moved forward. The first episode of Caliphate appeared on April 19, 2018, marking a major step toward The Times’s realization of its multimedia ambitions. It was promoted with a glossy marketing campaign that featured an arresting image, with the rubble of Mosul on one side and Ms. Callimachi’s face on the other. The series was 10 parts in all, including a new, sixth episode released on May 24 of that year detailing doubts about Abu Huzayfah’s story and The Times’s efforts to confirm it. The presentation carried an obvious, if implicit assumption: the central character of the narrative wasn’t making the whole story up.

That assumption appeared to blow up a couple of weeks ago, on Sept. 25, when the Canadian police announced that they had arrested the man who called himself Abu Huzayfah, whose real name is Shehroze Chaudhry, under the country’s hoax law. The details of the Canadian investigation aren’t yet public. But the recriminations were swift among those who worked with Ms. Callimachi at The Times in the Middle East.

“Maybe the solution is to change the podcast name to #hoax?” tweeted Margaret Coker, who left as The Times’s Iraq bureau chief in 2018 after a bitter dispute with Ms. Callimachi and now runs an investigative journalism start-up in Georgia.

The Times has assigned a top editor, Dean Murphy, who heads the investigations reporting group, to review the reporting and editing process behind Caliphate and some of Ms. Callimachi’s other stories, and has also assigned an investigative correspondent with deep experience in national security reporting, Mark Mazzetti, to determine whether Mr. Chaudhry ever set foot in Syria and other questions opened by the arrest in Canada.

The crisis now surrounding the podcast is as much about The Times as it is about Ms. Callimachi. She is, in many ways, the new model of a New York Times reporter. She combines the old school bravado of the parachuting, big foot reporter of the past, with a more modern savvy for surfing Twitter’s narrative waves and spotting the sorts of stories that will explode on the internet. She embraced audio as it became a key new business for the paper, and linked her identity and her own story of fleeing Romania as a child to her work. And she told the story of ISIS through the eyes of its members.

Ms. Callimachi’s approach and her stories won her the support of some of the most powerful figures at The Times: early on, from Joe Kahn, who was foreign editor when Ms. Callimachi arrived and is now managing editor and viewed internally as the likely successor to the executive editor, Dean Baquet; and later, an assistant managing editor, Sam Dolnick, who oversees the paper’s successful audio team and is a member of the family that controls The Times.

She was seen as a star — a standing that helped her survive a series of questions raised over the last six years by colleagues in the Middle East, including the bureau chiefs in Beirut, Anne Barnard, and Iraq, Ms. Coker, as well as the Syrian journalist who interpreted for her on a particularly contentious story about American hostages in 2014, Karam Shoumali. And it helped her weather criticism of specific stories from Arabic-speaking academics and other journalists. Many of those arguments have been re-examined in recent days in The Daily Beast, The Washington Post, and The New Republic. C.J. Chivers, an experienced war correspondent, clashed particularly bitterly with Mr. Kahn over Ms. Callimachi’s work, objecting to her approach to reporting on Western hostages taken by Islamic militants. Mr. Chivers warned editors of what he saw as her sensationalism and inaccuracy, and told Mr. Slackman, three Times people said, that turning a blind eye to problems with her work would “burn this place down.”

Ms. Callimachi’s approach to storytelling aligned with a more profound shift underway at The Times. The paper is in the midst of an evolution from the stodgy paper of record into a juicy collection of great narratives, on the web and streaming services. And Ms. Callimachi’s success has been due, in part, to her ability to turn distant conflicts in Africa and the Middle East into irresistibly accessible stories. She was hired in 2014 from The Associated Press after she obtained internal Al Qaeda documents in Mali and shaped them into a darkly funny account of a penny-pinching terrorist bureaucracy.

But the terror beat lends itself particularly well to the seductions of narrative journalism. Reporters looking for a terrifying yarn will find terrorist sources eager to help terrify. And journalists often find themselves relying on murderous and untrustworthy sources in situations where the facts are ambiguous. If you get something wrong, you probably won’t get a call from the ISIS press office seeking a correction.

“If you scrutinized anyone’s record on reporting at Syria, everyone made grave, grave errors,” said Theo Padnos, a freelance journalist held hostage for two years and now working on a book, who said that The Times’s coverage of his cellmate’s escape alerted his captors to his complicity in it. “Rukmini is on the hot seat at the moment, but the sins were so general.”

Terrorism coverage can also play easily into popular American hostility toward Muslims. Ms. Callimachi at times depicted terrorist supersoldiers, rather than the alienated and dangerous young men common in many cultures. That hype shows up in details like The Times’s description of the Charlie Hebdo shooters acting with “military precision.” By contrast, The Washington Post’s story suggested that the killers were, in fact, untrained, and noted a video showing them “cross each other’s paths as they advance up the street — a type of movement that professional military personnel are trained to avoid.” On Twitter, where she has nearly 400,000 followers, Ms. Callimachi speculated on possible ISIS involvement in high-profile attacks, including the 2017 Las Vegas shooting, which has not been attributed to the group. At one moment in the Caliphate podcast, Ms. Callimachi hears the doorbell ring at home and panics that ISIS has come for her, an effective dramatic flourish but not something American suburbanites had any reason to fear.

Ms. Callimachi told me in an email that she’d received warnings from the F.B.I. of credible threats against her, and that in any event, that moment in the podcast “is not about ISIS or its presence in the suburbs, but about how deeply they had seeped into my mind.”

Her work had impact at the highest levels. A former Trump aide, Sebastian Gorka, a leading voice for the White House’s early anti-Muslim immigration policies, quoted Ms. Callimachi’s work to reporters to predict a wave of ISIS attacks in the United States. Two Canadian national security experts wrote in Slate that the podcast “profoundly influenced the policy debate” and pushed Canada to leave the wives and children of ISIS fighters in Kurdish refugee camps.

The haziness of the terrorism beat also raises the question of why The Times chose to pull this particular tale out of the chaotic canvas of Syria’s collapse.

“The narrative her work perpetuates sensationalizes violence committed by Arabs or Muslims by focusing almost exclusively on — even pathologizing — their culture and religion,” said Alia Malek, the director of international reporting at the Newmark Graduate School of Journalism at CUNY and the author of a book about Syria. That narrative, she said, often ignores individuals’ motives and a geopolitical context that includes decades of American policy. “That might make for much more uncomfortable listening, but definitely more worthwhile.”

Ms. Callimachi told me that she has been focused on “just how ordinary ISIS members are” and that her work “has always made a hard distinction between the faith practiced by over a billion people and the ideology of extremism.”

Mr. Baquet declined to comment on the specifics of Ms. Callimachi’s reporting or the internal complaints about it, but he defended the sweep of her work on ISIS.

“I don’t think there’s any question that ISIS was a major important player in terrorism,” he said, “and if you look at all of The Times’s reporting over many years, I think it’s a mix of reporting that helps you understand what gives rise to this.” (Mr. Baquet and Mr. Kahn, I should note here, are my boss’s boss’s boss and my boss’s boss, respectively, and my writing about The Times while on its payroll brings with it all sorts of potential conflicts of interest and is generally a bit of a nightmare.)

While some of her colleagues in the Middle East and Washington found Ms. Callimachi’s approach to ISIS coverage overzealous, others admired her relentless work ethic.

“Is she aggressive? Yes, and so are the best reporters,” said Adam Goldman, who covers the F.B.I. for The Times and has argued in favor of the kind of reporting on hostages that alienated Ms. Callimachi from other colleagues like Mr. Chivers. “None of us are infallible.”

What is clear is that The Times should have been alert to the possibility that, in its signature audio documentary, it was listening too hard for the story it wanted to hear — “rooting for the story,” as The Post’s Erik Wemple put it on Friday. And while Mr. Baquet emphasized in an interview last week that the internal review would examine whether The Times wasn’t keeping to its standards in the audio department, the troubling patterns surrounding Ms. Callimachi’s reporting were clear before Caliphate.

Take, for example, one story from 2014.

The article, which led the front page on Dec. 28, describes a Syrian captive of ISIS, who was going by the name of Louai Abo Aljoud, who “made eye contact with the American hostages being held by the Islamic State militant group” at a prison at an abandoned potato chip factory in Aleppo and tried to report them to an indifferent American government.

“I thought that I had truly important information that could be used to save these people,” Ms. Callimachi quoted him as saying. “But I was deeply disappointed.”

The story is told with verve and confidence. As a reader, you feel as if you were there.

But elements of the story were shaky: By the time, in Mr. Abo Aljoud’s telling, that he was trying to alert the U.S. government that he had seen the hostages, the Islamic State no longer controlled the area the prison was said to be in. Mr. Abo Aljoud had told The Wall Street Journal the same story, and The Journal passed on it because journalists there didn’t believe him, two of those involved told me. And the Syrian journalist who assisted Ms. Callimachi on the story and interpreted the interview, Mr. Shoumali, told me that he “warned” her not to trust Mr. Abo Aljoud “before, during and after” the interview, in vain. (Ms. Callimachi said that she didn’t recall the warnings before publication, and noted that they don’t appear in correspondence between her and Mr. Shoumali before publication.)

Mr. Shoumali said he came away from the experience alarmed by her methods.

“I worked for so many reporters, and we were seeking facts. With Rukmini, it felt like the story was pre-reported in her head and she was looking for someone to tell her what she already believed, what she thought would be a great story,” said Mr. Shoumali, who was a reporter for The Times from 2012 to 2019 and had a freelance byline this August. He spoke to me by phone from Berlin, where he is now working on a project for a think tank.

Eight days after the story was published, Mr. Shoumali wrote to Ms. Callimachi and other Times reporters, in an email exchange I obtained, saying that “Syrian contacts are raising more and more questions about the credibility of one of our sources” and that Mr. Abo Aljoud had changed details of the story in a conversation the two men had after the story was published.

Ms. Callimachi emailed back that details of the prison scene were “confirmed independently by European hostages held in the same location or else by the State Department” — a response that seems puzzling, given that the story presented Mr. Abo Aljoud’s observations as his eyewitness account.

The Times was worried enough about that 2014 story to send a different reporter, Tim Arango, back to southern Turkey soon after it was published to re-interview Mr. Abo Aljoud, who gamely repeated his story to him and Mr. Shoumali. I tried again in early October. Like Ms. Callimachi, I don’t speak Arabic and hired another Syrian journalist to ask Mr. Abo Aljoud my questions. In that interview, he told a version of the story that appeared in The Times, but with elements that muddied the clean narrative. He said he had only seen one hostage, not the three The Times suggests. And he said he didn’t realize until after his release that he’d seen any of them — contrary to the impression left by The Times article.

Ms. Callimachi said in an email that she wished that the story had been clearer about the “limitations” of reporting on terrorists. “Looking back, I wish I had added more attribution so that readers could know the steps I took to corroborate details of his account,” she said.

Mr. Kahn, the International editor at the time, continues to stand by the story.

“Questions that were raised about a source in a story Rukmini wrote about American hostages in Syria were thoroughly examined at the time by reporters and editors on the International desk and by The Times’s public editor, and the results of those reviews were published,” he said in an email. “I am not aware of new information that casts doubt on the way it was handled.”

Those questions aside, the article arguably had an impact in Washington, pushing the United States government to reconsider its ban on paying ransom. But the piece itself now rests under an uncomfortable cloud of doubt. It remains on The Times website, with no acknowledgment of the questions surrounding the opening anecdote. The only correction says that the story, when first published, did not make clear that Mr. Abo Aljoud had used a pseudonym.

Last month, that same cloud of doubt descended on Caliphate. And Ms. Callimachi now faces intense criticism from inside The Times and out — for her style of reporting, for the cinematic narratives in her writing and for The Times’s place in larger arguments about portrayals of terrorism.

But while some of the coverage has portrayed her as a kind of rogue actor at The Times, my reporting suggests that she was delivering what the senior-most leaders of the news organization asked for, with their support.

Mousab Alhamadee contributed reporting.

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