Ballets roses: Féministes radicales et extrême-droite, même combat ! (From the infamous Ballets roses to today’s online child pornography while our most fundamental institutions are being systematically undermined through same-sex marriage or child sex change, guess why so many people fall for the conspirationists’ global pedophile ring rumor ?)

7 mars, 2023

Pavillon Butard à la Celle saint CloudFichier:The Liberation of Paris, 25 - 26 August 1944 HU66477.jpg — Wikipédia

pinajeff pinajeff2La vérité sur la comtesse Berdaiev - Poche - Jean-Marie Rouart, Livre tous  les livres à la FnacLes Ballets écarlates de Jean-Pierre Mocky (2005) - Unifrance

Herodote.net - 10 janvier 1959 : Les « ballets roses » de la République La  Ve République débute en 1959 sur un scandale sexuel qui met en cause l'un  des plus hauts
Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. Jésus (Matthieu 19: 14)
Quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit moi-même. Mais, si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendît à son cou une meule de moulin, et qu’on le jetât au fond de la mer. Jésus (Matthieu 18: 5-6)
Une civilisation est testée sur la manière dont elle traite ses membres les plus faibles. Pearl Buck
Nous vivons dans un monde, je l’ai dit, qui se reproche sa propre violence constamment, systématiquement, rituellement. Nous nous arrangeons pour transposer tous nos conflits, même ceux qui se prêtent le moins à cette transposition, dans le langage des victimes innocentes. Le débat sur l’avortement par exemple : qu’on soit pour ou contre, c’est toujours dans l’intérêt des « vraies victimes », à nous en croire, que nous choisissons notre camp. Qui mérite le plus nos lamentations, les mères qui se sacrifient pour leurs enfants ou les enfants sacrifiés à l’hédonisme contemporain. Voilà la question. (…) Contrairement au totalitarisme d’extrême droite – celui qui est ouvertement païen, comme le nazisme, dont on parle plus que jamais, et qui est, je pense, complètement fini -, le totalitarisme d’extrême gauche a de l’avenir. Des deux totalitarismes, c’est le plus malin, parce qu’il est le rival du christianisme, comme l’était déjà le marxisme. Au lieu de s’opposer franchement au christianisme, il le déborde sur sa gauche. Le mouvement antichrétien le plus puissant est celui qui prend en compte et radicalise le souci des victimes, pour le paganiser. Ainsi, les puissances et les principautés reprochent au christianisme de ne pas défendre les victimes avec assez d’ardeur. Dans le passé chrétien elles ne voient que persécutions, oppressions, inquisitions. L’Antéchrist, lui, se flatte d’apporter aux hommes la paix et la tolérance que le christianisme leur promet et ne leur apporte pas. En réalité, c’est un retour très effectif à toutes sortes d’habitudes païennes : l’avortement, l’euthanasie, l’indifférenciation sexuelle, les jeux du cirque à gogo, mais sans victimes réelles, grâce aux simulations électroniques, etc. Le néo-paganisme veut faire du Décalogue et de toute la morale judéo-chrétienne une violence intolérable, et leur abolition complète est le premier de ses objectifs. Ce néo-paganisme situe le bonheur dans l’assouvissement illimité des désirs et, par conséquent, dans la suppression de tous les interdits. René Girard

Il faut peut-être entendre par démocratie les vices de quelques-uns à la portée du plus grand nombre. Henry Becque
Le problème, c’est que tout était permis. Jean-Pierre Mocky
On ne peut pas les qualifier de faits divers, ce sont des faits systémiques, c’est-à-dire des faits que notre société engendre. Je rappellerai d’ailleurs que c’est notre culture judéo-chrétienne qui l’engendre. (…) Malgré ce que tente parfois de faire croire l’extrême droite, ce n’est pas dû à l’immigration, c’est bien notre culture, nos valeurs, notre éducation, celle qu’on donne à nos enfants, qui, dans un continuum de violences, créent ces drames. Violaine De Filippis

Invitée à réagir sur BFMTV au meurtre de deux femmes, la porte-parole d’Osez le féminisme, Violaine De Filippis, a mis en accusation la culture occidentale (…) Passons sur le fait que l’essentialisation d’une culture, fustigée quand il s’agit de mœurs étrangères, est ici acceptée sous le vernis jargonnant des « faits systémiques ». À l’inverse, parler de la délinquance et de l’insécurité liées à l’immigration comme des « faits systémiques », c’est courir le risque d’être accusé d’amalgames, autorisé uniquement quand il s’agit de viser notre propre culture. Ce que démontre la saillie grotesque de cette représentante du néoféminisme, c’est que la culture judéo-chrétienne imprègne tellement peu notre société qu’on peut proférer à son sujet des énormités sans fondement. Ce qu’elle prouve également, c’est que ce qui distingue la culture occidentale, même appauvrie dans ses avatars télévisuels, c’est la culpabilité quant à sa propre histoire. Nous sommes la seule civilisation qui se flagelle en permanence. Et pourtant nous sommes la civilisation qui a produit l’égalité entre les hommes et les femmes, et ce progrès n’est pas étranger à la proposition chrétienne. Bien sûr, on nous citera les propos misogynes de saint Paul, la vision patriarcale des Pères de l’Église et les bûchers des sorcières (largement surévalués et mythifiés par la vulgate néoféministe). Reste que c’est un événement décisif qui se produit dans le destin des femmes avec la prédication de l’Évangile. Les paroles du Christ, prêchées par les apôtres à Rome et dans les différentes parties de l’Église, ne comportaient pour la femme aucune mesure de «protection», mais énonçaient de la façon la plus simple et la plus bouleversante l’égalité foncière entre l’homme et la femme. N’a-t-il pas en personne proscrit la lapidation de la femme adultère (Jean 8, 1-11)? Cette scène, qui représente l’interdiction fondatrice du «féminicide», a été représentée par les plus grands peintres occidentaux. Et ce serait cette culture qui «engendre» les meurtres de femmes? Le rôle de la Vierge Marie a-t-il un équivalent dans l’histoire religieuse? Y a-t-il une autre civilisation que la civilisation judéo-chrétienne qui ait accouché d’une telle vénération de la figure féminine et maternelle? C’est l’universalisme chrétien, qui a permis d’ériger la femme au rang d’égale de l’homme. Quant à la parité, n’a-t-elle pas été imposée dans l’Église avec les saintes, avant même que cela soit obligatoire? C’est même mieux que cela. Le professeur Georges Naïdenoff relève dans le Petit Larousse les noms cités pour les IIe et IIIe siècles. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que, pour 3 hommes seulement (Plotin, Origène, saint Sébastien), on compte 21 femmes: Zénobie, reine de Palmyre, et Faustine, femme de l’empereur Antonin… les 19 autres sont des saintes, reconnues par l’Église comme martyres. «Agathe, Agnès, Cécile, Lucie, Catherine (…), Marguerite, Eulalie, et tant d’autres auront donc – et nous chercherions vainement leur équivalent dans le monde antique – survécu dans la mémoire des hommes», écrit Régine Pernoud, dans La Femme au temps des cathédrales, livre magnifique décrivant la place prépondérante de la femme au Moyen Âge, loin des clichés que nous avons aujourd’hui de cette période. N’en déplaisent aux relativistes, toutes les civilisations ne se valent pas du point de vue de l’égalité des sexes, et la civilisation occidentale n’est pas la dernière. Et ce depuis longtemps. L’islamologue Bernard Lewis cite Evliya Celebi, écrivain turc qui en 1665 se rendait à Vienne pour un voyage diplomatique, et, ahuri par la liberté des femmes en Occident, écrivait: «J’ai vu dans ce pays une chose très extraordinaire. Si l’empereur rencontre une femme dans la rue et se trouve être à cheval, il arrête sa monture et laisse passer la dame (…). Dans ce pays, comme partout en terre infidèle, les femmes ont les premières la parole et sont honorées et respectées pour l’amour de Marie mère.». «Les visiteurs musulmans en Europe étaient frappés par l’impudeur et l’indocilité des femmes occidentales, leur incroyable liberté, l’absurde déférence qui leur était prodiguée et ne manquaient pas de s’indigner de la totale absence de jalousie virile chez des hommes confrontés à l’immoralité et aux mœurs dépravées de leurs épouses», écrit Lewis. Cette mixité des sexes est un produit du monde chrétien, le christianisme ayant été la première civilisation interdisant la polygamie et le concubinage. Ces subtilités historiques échappent à des militantes pour qui la cause des femmes n’est que le paravent d’une haine de l’Occident. Eugénie Bastié
Nous sommes une société qui, tous les cinquante ans ou presque, est prise d’une sorte de paroxysme de vertu – une orgie d’auto-purification à travers laquelle le mal d’une forme ou d’une autre doit être chassé. De la chasse aux sorcières de Salem aux chasses aux communistes de l’ère McCarthy à la violente fixation actuelle sur la maltraitance des enfants, on retrouve le même fil conducteur d’hystérie morale. Après la période du maccarthisme, les gens demandaient : mais comment cela a-t-il pu arriver ? Comment la présomption d’innocence a-t-elle pu être abandonnée aussi systématiquement ? Comment de grandes et puissantes institutions ont-elles pu accepté que des enquêteurs du Congrès aient fait si peu de cas des libertés civiles – tout cela au nom d’une guerre contre les communistes ? Comment était-il possible de croire que des subversifs se cachaient derrière chaque porte de bibliothèque, dans chaque station de radio, que chaque acteur de troisième zone qui avait appartenu à la mauvaise organisation politique constituait une menace pour la sécurité de la nation ? Dans quelques décennies peut-être les gens ne manqueront pas de se poser les mêmes questions sur notre époque actuelle; une époque où les accusations de sévices les plus improbables trouvent des oreilles bienveillantes; une époque où il suffit d’être accusé par des sources anonymes pour être jeté en pâture à la justice; une époque où la chasse à ceux qui maltraitent les enfants est devenu une pathologie nationale. Dorothy Rabinowitz
Les abus sexuel des enfants sont un problème de santé publique important et une expérience négative de l’enfance. Les abus sexuels d’enfants font référence à l’implication d’un enfant (personne de moins de 18 ans) dans une activité sexuelle qui viole les lois ou les tabous sociaux de la société et qu’il/elle ne comprend pas pleinement, ne consent pas ou est incapable de donner un consentement éclairé, ou n’est pas préparé sur le plan du développement et ne peut pas donner son consentement. (…)  De nombreux enfants attendent pour signaler ou ne signalent jamais les abus sexuels contre eux. Par conséquent, les chiffres ci-dessous sous-estiment probablement l’impact réel du problème. Bien que les estimations varient d’une étude à l’autre, la recherche montre qu’environ 1 fille sur 4 et 1 garçon sur 13 aux États-Unis subissent des abus sexuels. Une personne connue et de confiance de l’enfant ou des membres de sa famille, commet 91 % des abus sexuels sur des enfants. CDC
Les plus puissants entendent défendre leurs prérogatives […] Et c’est exactement à cela que ça sert, la puissance de vos grosses fortunes : avoir le contrôle des corps déclarés subalternes […]. Le temps est venu pour les plus riches de faire passer ce beau message : le respect qu’on leur doit s’étendra désormais jusqu’à leurs bites tachées du sang et de la merde des enfants qu’ils violent. (…)  Il n’y a rien de surprenant à ce que vous ayez couronné Polanski : c’est toujours l’argent qu’on célèbre […]. C’est votre propre puissance de frappe monétaire que vous venez aduler. Virginie Despentes 
Une section de l’exposition attire l’attention par l’avertissement suivant : Certaines œuvres pourraient heurter la sensibilité de certains visiteurs et notamment des plus jeunes. Même si elles proviennent de médias qui publient de manière sensationnelle les situations que Miriam Cahn évoque ici à travers ses images, les œuvres de Cahn sont sincères, empathiques et solidaires. L’accrochage des tableaux est inhabituel. Sans cadre et sans verre de sécurité. S’ils sont sans protection, les êtres humains, en particulier les femmes et les enfants, le sont aussi dans la réalité de la vie face aux agressions, généralement masculines, soutenues par les milieux dominants, les agences du capital et l’infiltration religieuse. Mensch Maus
Si j’étais législateur, je proposerais tout simplement la disparition du mot et du concept de “mariage” dans un code civil et laïque. Le “mariage”, valeur religieuse, sacrale, hétérosexuelle – avec voeu de procréation, de fidélité éternelle, etc. -, c’est une concession de l’Etat laïque à l’Eglise chrétienne – en particulier dans son monogamisme qui n’est ni juif (il ne fut imposé aux juifs par les Européens qu’au siècle dernier et ne constituait pas une obligation il y a quelques générations au Maghreb juif) ni, cela on le sait bien, musulman. En supprimant le mot et le concept de “mariage”, cette équivoque ou cette hypocrisie religieuse et sacrale, qui n’a aucune place dans une constitution laïque, on les remplacerait par une “union civile” contractuelle, une sorte de pacs généralisé, amélioré, raffiné, souple et ajusté entre des partenaires de sexe ou de nombre non imposé. (…) C’est une utopie mais je prends date. Jacques Derrida
C’est le sens de l’histoire (…) Pour la première fois en Occident, des hommes et des femmes homosexuels prétendent se passer de l’acte sexuel pour fonder une famille. Ils transgressent un ordre procréatif qui a reposé, depuis 2000 ans, sur le principe de la différence sexuelle. Evelyne Roudinesco
Je me souviens du scandale des « Ballets roses » dans lequel fut compromis le Président de la Chambre, André Le Troquer. Georges Pérec
On n’est que trois dans ce métier. Nabokov pour la littérature. Balthus pour la peinture et moi pour la photo. David Hamilton
L’enseignante exaltée redécouvre les méandres et la géographie de la carte de Tendre. Après l’affection, l’estime, l’inclination pour finir au bout de deux ans par les appels du désir et tous les désordres de la passion. Yasmine se laisse aimer et désirer. Elle apprend l’algèbre des sentiments, les exigences et les égarements du corps. Ce qui devait arriver arrive: un saphisme sans violence, mais aussi un amour condamné, une relation que les deux amantes savent maudite. L’Obs (Yasmine, 12 ans, et sa prof, 30 ans : récit d’une passion interdite, 25.05. 2013)
C’est une histoire de passion interdite. A Lille, une femme, une prof, est tombée amoureuse, à en perdre toute raison, de Leïla, son élève, une collégienne de 14 ans. Elle a dix-neuf ans de plus que son amante. Elle risque dix ans de prison. Causette l’a rencontrée“ (…) Et, comme une mauvaise raison de plus, Abdellatif Kechiche a obtenu la Palme d’or au Festival de Cannes pour La Vie d’Adèle, l’histoire d’une jeune fille tombant sous le charme d’une lesbienne aux cheveux bleus. Un film tourné à Lille (…) à deux pas du tribunal. Causette
Nous nous sommes plantés. Et pas qu’un peu. Avoir pu laisser penser, ne serait-ce qu’un quart de seconde, que Causette pouvait cautionner, accepter ou, pire, justifier une «  atteinte sexuelle sur mineur  » (qui n’a pas encore été jugée, mais c’est l’incrimination pénale qui a pour l’instant été retenue dans cette affaire), est évidemment grave. Nous sommes navrés d’avoir pu laisser croire cela. L’article a manqué de précautions, d’un appareillage éditorial qui aurait rendu le doute impossible. Nous avons voulu rendre compte d’une histoire qui, si elle est complexe, n’en relève pas moins d’une situation qui ne doit pas voir le jour  : une professeure de collège ayant des relations sexuelles avec l’une de ses élèves, mineure de moins de quinze ans. Voir émerger, sur les réseaux sociaux, des accusations affirmant que Causette trouvait des circonstances atténuantes à un acte «  pédophile  » nous catastrophe, bien sûr, au plus haut point. L’article a donné la parole à tous les protagonistes, et le refus de s’exprimer des avocats de la famille de la victime a probablement renforcé l’impression d’un déséquilibre, voire d’un parti pris. (…) Notre intention consistait à interroger les mécanismes qui ont conduit au passage à l’acte. Cette approche, que nous pensions dénuée d’ambiguïté, et bien que journalistiquement défendable, a au contraire semé le trouble au point d’être traduite comme un permis de violer la loi, d’abuser d’une enfant. Maladresse sans nom pour laquelle nous vous présentons, ainsi qu’à la victime, nos excuses les plus sincères. Causette
Deux femmes qui s’aiment, c’est tellement beau, n’est-ce pas ? Il est bien connu que les femmes ne s’aiment pas comme les hommes. Une femme, c’est doux, c’est tendre, c’est sexy, et peu importe alors de mettre le lecteur en état de salivation malsaine, lui faisant oublier qu’on parle ici d’une infraction pénale, constituée par l’atteinte sexuelle sur mineur et figurant au Code pénal, et que ce qu’il nous décrit se résume tout simplement, eu égard à l’âge de la victime, à une relation sexuelle entre une adulte et une enfant. Gaëlle-Marie Zimmermann
À ma connaissance, Tony Duvert n’a jamais été poursuivi ni condamné pour des actes de pédophilie. Il s’est contenté d’en écrire, d’en représenter. Et c’est déjà bien trop pour notre époque aux opinions criminalisées à l’envi. Ces derniers jours, j’ai encore pensé à Tony Duvert. À cause de l’information, tombée hier dans mes oreilles, que l’écrivain avait été officiellement privé de tombe et aussi de cette flambée de poudre autour d’un article de « Causette », reprenant des faits précédemment (et maladroitement) exposés dans « Le Nouvel Observateur ». L’histoire de cette prof qui – selon les pôles – aurait eu une relation amoureuse avec une élève ou se serait rendue coupable d’actes abjects et punis comme de juste par la loi. Deux choses m’attristent profondément dans cette énième « pédopolémique ». La première, c’est que je ressens encore un peu plus durement combien l’écoulement de nos pensées, de nos opinions, d’autant plus quand elles s’orientent vers des questions liées de près ou de loin à la sexualité, est désormais endigué par tous un tas de petits barrages. Des obstacles au flux qui sont non seulement moralisateurs (après tout, pourquoi pas), mais parfaitement hermétiques. Aucun contournement n’est possible : il y a les choses qui se pensent, qui se disent, et celles que le commun (dans son sens le plus neutre du « Qui appartient à un grand nombre ou à une majorité de personnes ou de choses ») jugent répugnantes, abjectes, intolérables et qui ne méritent que le silence. La non-existence. Ces espèces de limbes intellectuelles, où, au mieux, vos idées circuleront sous le manteau. Ici, on demandera à des journaux et des magazines de supprimer des articles, de s’excuser – ce qu’ils feront parfois, partiellement ou totalement –, même si, à la base, les articles en question n’étaient là que pour porter des faits à la connaissance d’un public. Les reports de faits présumés immondes, on en fait des idées et des opinions immondes. Le contenant devient le contenu et vice et versa. On a la gerbe, c’est impossible, intenable d’en débattre et si besoin on sortira la batte de base-ball. Le débat est fermé, verrouillé, on plante des petits sens interdits un peu partout et on le fait avec d’autant plus de vigueur, de conviction, de rage, qu’on est persuadé d’avoir le bon sens (le sens commun) avec soi. Et comment ne pas l’avoir quand un pédophile d’écriture subit le même sort post-mortem qu’un dictateur génocidaire ou qu’un chef terroriste responsable d’une des pires atrocités du XXIe siècle ? Une amie ayant vécu le passage entre les années « post-soixante-huitardes » et l’époque contemporaine me disait récemment combien le fonctionnement actuel de la censure la navrait. Que dans les années 1960, les choses étaient claires et les camps tracés : il y avait la censure d’État et les intellectuels (journalistes, artistes, etc.) qui faisaient tout pour la contourner, voire la combattre. Aujourd’hui, l’État ne censure quasiment plus rien, mais tout le monde est devenu le petit gardien de tout le monde. Il y a la peur des procès, la peur des vindictes et résultat: les têtes un tant soit peu remplies différemment évitent de déverser ce qu’elles ont à l’intérieur. Ou prennent d’énormes précautions, comme celles que je tente de prendre en écrivant ces lignes et qui me font, prosaïquement, énormément transpirer. (…) Je ne crois pas connaître de sentiment plus désagréable que celui-là, le catalogue de toutes les idées avortées pour cause de prohibition socialement majoritaire. Pour cause de confusion entre idées et faits, entre faits rapportés et faits recommandés. La seconde cause de mon abattement : pourquoi faudrait-il que la sexualité soit une activité jugée comme immédiatement et absolument nocive quand elle se déroule entre un adulte et un enfant ? que cette vision-là soit tellement généralisable et généralisée qu’elle ne souffre aucune exception, à part celles qui vous valent des volées d’insultes et autres bannissements dans le champ (si rassurant) du pathologique ? La pédophilie est illégale, je ne le remets pas en question. Le fondement de mon argument est assez simple. Il vient de mon passé de petite fille ayant connu bien avant la puberté cette sexualité-là. (…) Contrairement à d’autres, il n’y a aucune volonté de généralisation dans mes propos. Je ne dis pas : « Youpi, que tout le monde couche avec des gosses, ça leur fera le plus grand bien ! » Je dis juste ce que je m’évertue à dire, peu ou prou, depuis que je m’exprime sur ces sujets : la sexualité n’est pas un domaine du général, du commun, de l’obligatoire et de l’absolu. Elle est un terrain de diversité, de complexité et d’individualités. Et que des magazines, des journaux, et a fortiori des écrivains veuillent en rendre compte, c’est tout le mal que je leur souhaite. Peggy Sastre
Le témoignage de Flavie Flament entend lever un voile. L’animatrice de RTL indique « ne pas avoir été la seule victime » d’un photographe de mode « à l’aura mondiale ». Si elle refuse de citer son nom, elle livre dans son récit des indices qui sembleraient le désigner : celui-ci travaillerait au Cap d’Agde, offrirait aux gamines ou aux parents un Polaroid en récompense de leurs pauses. Dès dimanche soir, le nom de David Hamilton, âgé aujourd’hui de 83 ans, circulait sur les réseaux sociaux comme Twitter, puisqu’il a souvent confié lui-même avoir offert des Polaroid à ses modèles et les avoir recrutés sur la plage de cette station balnéaire de l’Hérault, à l’époque où ses albums se vendaient par dizaines, voire centaines de milliers. Comme « l’Age de l’innocence », dans lequel Flavie Flament, 13 ans à l’époque, apparaît en effet, au détour d’une page et d’un cliché, parmi de nombreuses jeunes ados, parfois très dénudées. Aujourd’hui, ce genre d’images ne passerait plus. « On ne peut plus prendre en photo une jeune fille. Il y a toujours la peur d’un scandale », nous confiait David Hamilton lui-même l’an dernier à l’occasion d’une exposition… sur des fleurs. (…) Pour autant, rien ne permet pour l’heure d’accuser un photographe plutôt qu’un autre. A l’époque, certains étaient peu regardants sur l’âge des modèles, voire sur certaines dérives. Les faits dénoncés par l’ancienne star de TF 1 remontent à 1987, mais ils rappellent l’affaire Polanski, le cinéaste et photographe accusé d’avoir violé une jeune fille de 13 ans, elle aussi lors d’une séance de prise de vue, en 1973. Ce dernier, poursuivi aux Etats-Unis d’où il s’est enfui, a fini par s’excuser auprès de sa victime, en 2011. Rattacher ces affaires à une période très permissive, où la nudité s’étalait bien davantage qu’aujourd’hui, tiendrait pourtant du raccourci. Au tout début des années 1980, la joueuse de tennis Isabelle Demongeot, alors âgé de 14 ans, a été victime de viols de la part de son entraîneur Régis de Camaret. Celui-ci a été condamné à dix ans de prison en 2014. A chaque fois, un point commun : un homme beaucoup plus âgé, puissant, connu, face à une très jeune femme. Le Parisien
Le travail de David Hamilton est controversé en Amérique du Nord et au Royaume-Uni, beaucoup moins en Europe continentale. À la fin des années 1990, les conservateurs chrétiens aux États-Unis s’en prirent aux librairies qui avaient en stock des albums de David Hamilton, Sally Mann, et Jock Sturges, dont ils considèrent le travail comme de la “pornographie enfantine”. Hamilton vit dans le sud de la France, à Saint-Tropez où il affirme que son travail n’a jamais suscité une telle réprobation. Wikipedia
Si les enfants savaient que la loi interdit les privautés sensuelles entre adultes et enfants, et bien, à partir du moment où un adulte le lui demande, s’il accepte, c’est qu’il est complice, il n’a pas à se plaindre.  (…) Ça dépend de chaque enfant, et je crois que ça dépendra de la relation maturante qu’il va rencontrer avec la famille dans laquelle il sera placé, ou avec l’éducateur avec qui il pourra parler et qui pourra justement lui faire comprendre que l’excitation dans laquelle était son père, peut-être sans l’avoir cherché, l’enfant en était complice.Parce que je crois que ces enfants sont plus ou moins complices de ce qui se passe…Il faudra leur dire très tôt…qu’ils ont un devoir de se dérober à ça pour que leurs parents restent des parents pour eux… (…) Les enfants fabulent beaucoup, oui, c’est vrai. (…) les enfants ne pourraient plus le faire s’ils avaient été informés avant. « Et là pourquoi as-tu laissé faire puisque tu savais que tu ne devais pas, pourquoi l’as-tu laissé faire ? Ton rôle d’enfant, c’était de l’empêcher. » François Dolto
Il m’était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais : « Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi m’avez-vous choisi, moi, et pas d’autres gosses? » Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même ». Daniel Cohn-Bendit (Grand Bazar, 1975)
La profusion de jeunes garçons très attrayants et immédiatement disponibles me met dans un état de désir que je n’ai plus besoin de réfréner ou d’occulter. (…) Je n’ai pas d’autre compte à régler que d’aligner mes bahts, et je suis libre, absolument libre de jouer avec mon désir et de choisir. La morale occidentale, la culpabilité de toujours, la honte que je traîne volent en éclats ; et que le monde aille à sa perte, comme dirait l’autre. Frédéric Mitterrand (”La mauvaise vie”, 2005)
J’aurai raconté des histoires avec des filles, personne n’aurait rien remarqué. Frédéric Mitterrand
C’est une affaire très française, ou en tout cas sud-européenne, parce que dans les cultures politiques protestantes du nord, Mitterrand, âgé de 62 ans, n’aurait jamais décroché son travail. Son autobiographie sulfureuse, publiée en 2005, l’aurait rendu impensable. (…) Si un ministre confessait avoir fréquenté des prostituées par le passé, peu de gens en France s’en offusquerait. C’est la suspicion de pédophilie qui fait toute la différence. (…) Sarkozy, qui a lu livre en juin [et] l’avait trouvé  » courageux et talentueux » (…) s’est conformé à une tradition bien française selon laquelle la vie privée des personnes publiques n’est généralement pas matière à discussion. Il aurait dû se douter, compte tenu de la médiatisation de sa vie sentimentale, que cette vieille règle qui protège les élites avait volé en éclats. Charles Bremmer (The Times)
La sexualité puérile est encore un continent interdit, aux découvreurs du XXIe siècle d’en aborder les rivages. Francis Lacombe (pseudonyme de Frank Arnal, Gay Pied, 31 janvier 1991 – reprise par Jack Lang ?)
En 1996, un «blanc» – document non signé – des Renseignements généraux fait allusion à une vraie affaire de pédophilie survenue en 1988 dans le sud-est de la France et évoque, avec force détails scabreux, le couple Lang, citant des écoutes téléphoniques que personne n’a jamais entendues et qui ont été, selon la note… détruites depuis. La hiérarchie policière n’accorde aucune crédibilité à l’assertion. Enfin, à l’approche de la présidentielle de 2002, quelques chiraquiens racontent une arrestation de Jack Lang au Maroc, dans une affaire de mœurs, suivie d’une exfiltration discrète organisée par l’Elysée. Pas la moindre preuve … L’Express (2005)
La loi du silence peut aussi couvrir des crimes à l’étranger. Il y a quelques années, des policiers de Marrakech effectuent une descente nocturne dans une villa de la palmeraie où une fête bien spéciale bat son plein. Les participants, des Français, sont surpris alors qu’ils «s’amusent» avec de jeunes garçons. (…) Parmi eux, (…) un ancien ministre français. Le consul de France local est aussitôt avisé, qui informe à son tour l’ambassade à Rabat. L’affaire est rapidement arrangée et «l’excellence», libérée sur-le-champ, peut embarquer dans un avion pour la France. Aucune procédure ne sera engagée contre quiconque au Maroc. Et, bien que le tourisme sexuel soit, en principe, poursuivi par la justice française, cet homme n’aura aucun ennui à son retour. Notre source marocaine craint pour sa carrière, l’affaire a été étouffée. Faute d’éléments de procédure ou de témoignage, la loi nous interdit légitimement de nommer le personnage. Le Figaro magazine (28.05.11)
 Les journalistes ne peuvent pas dire les choses qu’il savent (je pourrais vous en donner beaucoup d’exemples, que vous connaissez comme moi) parce qu’ils tombent sous le coup de la diffamation (…) Le problème c’est : est-ce que l’on veut une presse qui fait fi du principe de la diffamation et du respect de la vie privée, ou pas ? Est-ce qu’on veut une presse à l’américaine ou pas ? Regardez, le dernier exemple en date est frappant. Dans les pages du Figaro Magazine de cette semaine, vous avez un épisode qui est raconté d’un ancien ministre, qui s’est fait poisser à Marrakech, au Maroc, dans une partouze avec des petits garçons (…). L’affaire m’a été racontée par les plus hautes autorités de l’Etat, en particulier par le Premier ministre (…) j’ai des témoignages des membres de cabinet au plus haut niveau, et des autorités de l’Etat au plus haut niveau. Si je sors le nom maintenant, que je lâche le nom dans la nature, premièrement c’est moi qui serais mis en examen et je serais à coup sûr condamné même si je sais que l’histoire est vraie. Là, il y a un principe de transgression du respect à la vie privée et de la diffamation, qui, là quand même, pèse sur les journalistes, à juste titre…Luc Ferry (Canal +)
Nous considérons qu’il y a une disproportion manifeste entre la qualification de ‘crime’ qui justifie une telle sévérité, et la nature des faits reprochés; d’autre part, entre le caractère désuet de la loi et la réalité quotidienne d’une société qui tend à reconnaître chez les enfants et les adolescents l’existence d’une vie sexuelle (si une fille de 13 ans a droit à la pilule, c’est pour quoi faire ?), TROIS ANS DE PRISON POUR DES CARESSES ET DES BAISERS, CELA SUFFIT !” Nous ne comprendrions pas que, le 29 janvier, Dejager, Gallien et Bruckardt ne retrouvent pas la liberté. Aragon, Ponge, Barthes, Beauvoir, Deleuze, Glucksmann,  Hocquenghem, Kouchner, Lang, Gabriel Matzneff, Catherine Millet,  Sartre, Schérer et Sollers. (Pétition de soutien à trois accusés de pédophilie, Le Monde, 1977)
S’il avait fallu pousser l’enquête plus en amont, la salle de la Cour d’Assise n’aurait pas été asses vaste pour accueillir tout ce joli monde. Journaliste
Cette affaire se rapporte à une époque où le délit de pédophilie n’existe pas encore en tant que tel, il montre comment la justice a minimisé le détournement de mineur. Le tribunal va jusqu’à morigéner des jeunes filles qui ne sont plus des enfants, accusant une société décadente et « l’esprit Saint-Germain-des-Prés. » Benoît Duteurtre
À soixante-treize ans, Le Troquer avait participé à des bacchanales avec sa maîtresse artiste peintre, mais surtout avec des adolescentes âgées de quatorze à vingt ans. Au programme des réjouissances collectives, façon soupers libertins de la Régence : séances de strip-tease, poses dénudées, plaisirs des sens agrémentés de coups de martinet, chorégraphies sensuelles. Des festivités se déroulaient dans l’atelier de la maîtresse, mais aussi au Palais-Bourbon, à l’Opéra ou encore au pavillon du Butard, la résidence secondaire du président de l’Assemblée. Dans ces soirées libertines, Le Troquer enjolivait ses vieux jours en présence d’une cohorte de jeunes femmes, dont cinq mineures. Sur ces cinq, quatre avaient été amenées par un jeune homme [Pierre Sorlut]. Le Troquer disait de ce jeune homme qu’il était un garçon qui avait une bonne tenue, qui semblait être de bonne famille, qui était sympathique. Christophe Deloire et Christophe Dubois (Sexus Politicus, 2006)
En 1959 éclate l’affaire dite des « Ballets roses ». André Le Troquer, mis en cause — en compagnie notamment de sa maîtresse Elisabeth Pinajeff, artiste peintre et fausse comtesse roumaine —, adresse à l’hebdomadaire Aux écoutes du monde une lettre où il oppose aux « allégations publiées un démenti sans réserve, catégorique, absolu ». Poursuivi pour « attentat aux mœurs en excitant, favorisant ou facilitant habituellement la débauche ou la corruption de la jeunesse », il est condamné le 9 juin 1960 à un an d’emprisonnement avec sursis et à une amende (3 000 francs) en relation avec l’affaire, alors que ses comparses sont punis bien plus lourdement (jusqu’à cinq ans de prison ferme). Le tribunal a tenu compte du « long passé de services rendus » par André Le Troquer et n’a pas voulu « accabler un vieil homme». La condamnation est confirmée en appel le 3 mars 1961.  (…) De nombreuses rumeurs entourèrent cette affaire, qui allèrent d’une participation plus active des notables aux chorégraphies jusqu’à des orgies sado-masochistes organisées dans le palais Bourbon. Aujourd’hui encore, l’expression « ballets roses » et son équivalent « ballets bleus » quand il s’agit de garçons, renvoie communément à des pratiques encore plus criminelles pouvant mettre en scène des viols (dans le sens commun du terme). D’autre part, le fait que Pierre Sorlut ait été, durant l’année où il travailla officiellement pour la DST, le chauffeur de son directeur, le gaulliste Roger Wybot, a alimenté la thèse d’une machination destinée à perdre le socialiste Le Troquer. Son retentissement fut atténué par une actualité chargée, qu’il s’agisse, sur le plan politique, de la guerre d’Algérie, ou, sur le plan judiciaire, de l’affaire Lacaze. Wikipedia
Il n’y a qu’une seule chose qui puisse nous motiver à mettre notre intelligence au service de la vérité objective, c’est la curiosité. C’est la curiosité qui s’est avérée être, selon les recherches de Kahan, la plus forte contre-mesure contre les préjugés. (…) Fondamentalement, la curiosité est le désir de combler les lacunes dans les connaissances. En tant que telle, la curiosité ne se manifeste pas lorsque vous ne savez rien de quelque chose, mais lorsque vous en savez un peu. Apprenez donc un peu sur tout ce que vous pouvez, et cela créera des « démangeaisons » qui vous inciteront à en apprendre encore plus. La curiosité est essentielle pour diriger votre intellect vers la vérité objective, mais ce n’est pas tout ce dont vous avez besoin. Vous devez également faire preuve d’humilité. En effet, la source de nos préjugés les plus forts est notre ego ; nous fondons souvent notre valeur personnelle sur le fait d’être intelligent et d’avoir raison, ce qui nous empêche d’admettre que nous nous trompons ou de changer d’avis. Ainsi, afin de protéger l’identité que nous avons choisie, nous restons dans l’erreur. Si vous définissez votre valeur personnelle par votre capacité à raisonner – si vous vous accrochez à l’identité d’un maître du débat -, admettre que vous avez tort vous blessera, et vous ferez tout pour l’éviter, ce qui vous empêchera d’apprendre. Ainsi, au lieu de vous définir par votre capacité à raisonner, définissez-vous par votre volonté d’apprendre. Alors, admettre que vous avez tort, au lieu d’être ressenti comme une attaque, deviendra une opportunité de croissance. (…) L’humilité et la curiosité sont donc ce dont nous avons le plus besoin pour trouver la vérité. En recherchant l’une, nous recherchons également l’autre : la curiosité nous rend humbles, car elle nous montre le peu que nous savons, et à son tour, l’humilité nous rend curieux, car elle nous aide à reconnaître que nous devons en apprendre davantage. En fin de compte, la rationalité n’est pas une question d’intelligence mais de caractère. Sans les bonnes qualités personnelles, l’éducation et le QI ne vous rendront pas maître de vos préjugés, ils ne feront que vous en faire un meilleur serviteur. Soyez donc ouvert à la possibilité de vous tromper, et soyez toujours prêt à changer d’avis, surtout si vous êtes intelligent. En faisant preuve d’humilité et de curiosité, vous ne gagnerez peut-être pas beaucoup d’arguments, mais cela n’aura pas d’importance, car même le fait de perdre des arguments deviendra une victoire qui vous fera avancer vers le prix bien plus grand de la vérité. Gurwinder Bhogal
En janvier, l’université de Stanford suscitait de nombreuses moqueries et critiques après l’apparition d’un guide sur le site de son « Elimination of Harmful Language Initiative » (EHLI – Initiative pour l’élimination des mots nuisibles). Comme on pouvait le lire dans ce guide, depuis retiré, mais à l’origine destiné au service informatique de l’université, «  l’objectif de l’initiative pour l’élimination des mots nuisibles est d’éliminer* de nombreuses formes de langage préjudiciable, notamment raciste, violent et stéréotypé (par exemple, les préjugés liés au handicap, les préjugés ethniques, les insultes ethniques, les préjugés liés au sexe et au genre, les biais implicites, les préjugés sexuels) dans les sites Web et le code de Stanford ». (…) Dans ses treize pages, le guide énumérait plus de 150 mots et expressions prétendument malfaisants et proposait, à chaque fois, des remplacements. On y apprenait que des termes comme « gourou », « livre blanc » et « séminal » devaient désormais être évités. « Gourou » parce que son utilisation courante semble « nier sa valeur originale » en tant que « signe de respect » dans « les traditions bouddhistes et hindoues ». Un « livre blanc » pourrait « attribuer des connotations de valeur basées sur la couleur (blanc = bon), un acte dès lors inconsciemment racialisé ». Quant au « séminal », il a de quoi « renforcer un langage androcentré ». Toutes les explications proposées pour ces changements relèvent d’une théorie du langage parfaitement absurde. L’idée qu’il suffirait à quelqu’un d’entendre « livre blanc » pour l’inciter à « racialiser » quelque chose a dû sembler plausible aux rédacteurs du guide EHLI de Stanford, mais on ne sait absolument pas ce que « racialiser » quelque chose veut dire, ni comment ce processus peut bien s’effectuer. Une absurdité quelque peu atténuée (je suppose) par l’adverbe qualificatif « inconsciemment », mais qui accentuer par la même occasion la bizarrerie de toute la théorie sous-jacente. Qui impliquerait que les mots agissent d’une manière aussi mystérieuse qu’invisible, et que nous serions parfaitement impuissants face à l’emprise qu’ils exercent en colonisant nos esprits. En d’autres termes, l’essence même de la pensée conspirationniste. (…) Quelques jours après le fiasco de Stanford, le compte Twitter de l’Associated Press Stylebook postait un tweet dans la même veine : «  Nous recommandons d’éviter les articles généraux et souvent déshumanisants du type “les”, comme les pauvres, les malades mentaux, les Français, les handicapés, les personnes ayant fait des études supérieures. Utilisez plutôt des formulations comme “personnes atteintes de maladies mentales”. Et ne vous en servez que lorsqu’elles sont clairement pertinentes. » Ce tweet – lui aussi supprimé dans sa forme originale après une vague de moqueries et de critiques – a tout du parangon de cette appréhension du langage. L’AP Stylebook semble croire que l’article défini – l’un des mots les plus courants du langage écrit et parlé – a le pouvoir de « déshumaniser » des individus, alors qu’une autre formulation totalement synonyme mais dénuée d’article en serait exemptée. Outre l’absurdité évidente d’un tel propos, le recours à l’article défini était – il y a encore cinq minutes – généralement considéré comme politiquement correct, du moins lorsque le mot « communauté » y était accolé – « la communauté LGBT », « la communauté afro-américaine », « la communauté handicapée », etc. Le wokisme est un phénomène aux contours flous. Il se peut, comme l’affirment les détracteurs de son utilisation péjorative, qu’il soit trop difficile à définir pour posséder une quelconque utilité analytique. Mais il est certain que cette façon de faire marcher le langage sur la tête – sans parler de l’agressivité et de l’arbitraire manifeste avec lesquels on cherche à le contrôler – est au cœur de ce qui exaspère le plus dans l’activisme progressiste contemporain. L’idée que nos esprits seraient en quelque sorte vulnérables aux attaques psychiques subliminales de vilaines forces politiques semble faire violence au bon sens autant qu’à l’expérience. À l’encontre d’une telle façon de voir les choses, il y a la conviction que le monde vient en premier, puis ce que nous ressentons à son égard, et que notre langage n’arrive qu’en troisième position. Le conflit sur le langage est donc un conflit sur la direction de la causalité. À la base de la nouvelle censure, il y a l’idée que nos problèmes commencent avec le langage, qui détermine la façon dont on ressent les choses, laquelle détermine à son tour les comportements et ce qui survient dans le monde. Un exemple caractéristique de cette tendance est l’emploi d’euphémismes en remplacement de formules à connotation négative. Mais cela peut aboutir à ce que le linguiste et psychologue canado-américain Steven Pinker désigne comme des « euphémismes en roue libre », car des termes autrefois neutres acquièrent des connotations négatives et doivent être remplacés jusqu’à ce qu’ils soient à leur tour souillés et doivent être eux aussi remplacés, et ainsi de suite. (…) La théorie qu’illustrent les recommandations du service informatique de Stanford et de l’AP Stylebook relève de la pensée magique en son sens le plus fondamental. Une théorie affirmant qu’il est possible de changer le monde par la simple prononciation d’incantations. Si la chose était vraie, la vie serait bien plus facile. Comme il est beaucoup plus simple d’imposer des codes langagiers que de s’attaquer aux problèmes insolubles et aux arbitrages qu’exige la plus basique des actions politiques. (…) ce qu’il nous fait aujourd’hui voir, ce sont des pans entiers de l’intelligentsia – désespérés par la politique ou qui s’en tiennent éloignés par complexe de supériorité – ayant placé leur foi dans la sorcellerie. Oliver Traldi
Cette fois-ci je ne suis pas content. Les ballets écarlates est le premier film qui ne sort pas dans les salles et pourquoi ? Parce que jadis il y a eu une histoire qui s’appelait les ballets roses. L’aide de camp du général de Gaulle convoquait des adolescentes dans un pavillon de chasse et organisait des partouzes. Ca a défrayé la chronique, mais curieusement la presse à l’époque n’en a pas beaucoup parlé. On a mis tout sur le dos du recruteur, qui était une espèce de mac, et finalement les hommes politiques s’en sont sortis, personne n’a été condamné. Et quand j’ai regardé les journaux de l’époque, je me suis aperçu que personne n’en parlait. Aujourd’hui, nous sommes devant une recrudescence de la pédophilie sur les enfants. Les ballets roses, c’était des petites jeunes filles. C’était déjà pas bien, mais là il s’agit d’enfants quelquefois de 6 ans, de trois ans que l’on viole pendant des espèces de réunion. Et non pas par un sadique, un malheureux malades, forcené qui a perdu la raison. Non, ce sont des gens tout à fait normaux qui occupent généralement des postes très importants. Parce qu’ils sont obligés d’acheter ces enfants pour une soirée part conséquente de l’ordre de donner de l’argent ou aux parents ou aux recruteurs et c’est souvent des enfants de pays étrangers qui sont en France quelquefois en clandestins, d’autres fois ce sont carrément des fils d’ouvriers. Même quelquefois des gens beaucoup plus importants et ça, c’est dégueulasse. Et je n’avais jamais vaguement traité ce sujet dans Témoins que vous avez eu dans ma collection. C’était Philippe Noiret qui était amoureux d’une fille de 12 ans qu’il a assassinée, mais c’était un cas très particulier. Ensuite, je m’en suis occupé dans Noir comme le souvenir, une petite fille qui avait été enlevée comme celles qui viennent d’être libérés qui s’est évadée après huit ans où elle était séquestrée par un type qui s’est suicidé. Ca s’est passé en Autriche; elle est à la une des journaux aujourd’hui. J’avais traité ça un petit peu comme ça, des petits cas. Mais là  devant ces réseaux, qui comprennent des notables, des gens que nous côtoyons tous les jours des gens, qui logiquement ne sont pas fous. Alors là, ça m’a vraiment dégoûté. Alors j’ai fait le film et je ne vous dis pas la fin, vous verrez, la fin, elle est terrible, la fin est terrible je crois que c’est une des fins les plus dramatiques que j’ai pu faire dans ma vie. Et j’ai voulu stigmatiser ces réseaux pour les faire disparaître. Et alors évidemment quand le film a été fini, je me suis dit, je vais le montrer aux associations, aux associations caritatives. Il y en a plusieurs qui s’occupent justement de récupérer ces enfants. Car si on découvre deux ou trois enfants assassinés par an ou disparus, on ne parle pas des 100 000 enfants qui sont enlevés et trois jours après on les retrouve, soit dans un parc, soit devant leur porte, soit dans un bois. Et à ce moment-là,  ceux-là sont traumatisés mais retrouvés. Alors ça, on n’en parle pas, de ces gens là. Alors c’est pour ces enfants là que j’ai fait le film, pour que ces réseaux soient détruits. Car c’est comme des nids de vipères, des nids de scorpions. Il faut détruire ça. Alors je fais le film, je le montre à des associations caritatives qui me disent: « Mais monsieur Mocky,  nous, on lutte depuis des années pour ça, pour ce que vous venez de montrer. Les photos dans les fermes où on met des enfants nus et on leur fait faire l’amour dans des fermes, on fait des photos qu’on vend dans le monde entier ». Alors je révèle tout ça et quand le film est fini,  je le montre dans une salle. Alors les mères pleurent. C’est un mélo, c’est un grand mélo flamboyant, comme on en faisait. On peut pas ne pas faire un mélo avec une mère qui cherche son enfant, car le film, c’est une mère dont l’enfant a disparu et qui le cherche. Hein, il n’y a pas plus mélo que ça. Mais c’est un mélo avec un fond, un fond social et il faut absolument arrêter ça. Alors le film terminé, je le présente. Bon, ces associations trouvent ça très bien. Mais par contre, je commence à voir que des gens se détournent du film au lieu de m’aider à le sortir. Et en plus, j’avais décidé, une fois mes techniciens, mes artistes payés, de donner tout l’argent à ces associations pour qu’elles s’occupent de ces enfants violés. Car il y a maintenant des maisons avec des psychologues qui s’en occupent après, parce qu’il faut s’en occuper une fois qu’ils ont été violés à cet âge là, évidemment ils sont pas bien. Et voilà, le film est terminé depuis 2004 –  on est en 2006 – et voilà que je n’arrive pas à le sortir dans des salles, à part la mienne, et je n’arrive pas à en faire parler dans la presse. J’ai récemment présenté le film dans une ville de province que je ne citerai pas. Des journalistes étaient présents, il y avait du monde, le film a été applaudi, on m’a dit: « Mais monsieur Mocky, mais ce film est tout à fait normal ». Parce que moi j’ai pensé à un moment qu’il était mauvais, le film, puisque tout le monde le refusait, j’ai dit, tiens, peut-être que j’ai fait une connerie, le film est pas bon. Or je l’ai présenté à un public qui, lui, a considéré ce film comme un film normal, comme un autre film qui voit tous les jours, etc. Alors aujourd’hui je suis en colère contre tout le monde car si on empêche ce film de sortir, on rejoint le film de Stanley Kubrick, Les sentiers de la gloire, qui est resté 30 ans interdit parce qu’il racontait l’histoire des soldats français que d’autres soldats français fusillés parce qu’ils voulaient pas aller tuer des gens. Il est resté 30 ans interdit. Je ne vous parle pas de tous les films qui n’ont jamais pu se faire puisque déjà au départ ils étaient censurés même avant d’être faits donc ils n’ont pas trouvé l’argent pour le faire. Alors mon film est un exemple et ici aujourd’hui grâce, il faut le dire, à Jérôme Seydoux qui dirige cette collection qui m’est consacré, il a eu le courage de sortir le film que vous allez voir là. Jean-Pierre Mocky

Attention: un complotisme peut en cacher un autre !

A l’heure où avec l’Affaire Palmade et après l’arrestation du millionnaire américain Jeffrey Epstein, ressort la question de la pédophilie dans les classes privilégiées…

Et où, universités en tête dénonçant de la manière la plus judéo-chrétienne possible notre propre culture judéo-chrétienne, nos champions du politiquement correct sont en train de rebasculer dans la véritable pensée magique

Comment ne pas être frappé …

Par l’étrange alliance objective, autour d’un supposé complot pédophile mondial, des féministes les plus radicales et des complotistes d’extrême-droite

Mais aussi depuis les nombreuses polémiques dans les cercles intellectuels des années 1970, avec l’écrivain Gabriel Matzneff, le leader de gauche Daniel Cohn-Bendit ou la psychiatre Françoise Dolto …

Ou les rumeurs sur l’ancien ministre socialiste Jack Lang ou le neveu de l’ancien président socialiste Frédéric Mitterrand …

Ou plus récemment l’affaire du photographe anglais David Hamilton …

Y compris, depuis les fausses rumeurs des crèches américaines des années 80 aux dérives de l’Affaire d’Outreau ou de l’affaire Baudis aux débuts des années 200 en France, les fausses affaires de pédophilie …

Comme, dans les milieux immigrés britanniques non priviliégiés, les affaires de réseaux pédophiles étouffées par la police elle-même du nord de l’Angleterre de la fin des années 2000 … 

Ou hélas bien sûr quand on sait à quel point les abus sexuels sur les enfants sont généralisés dans tous les milieux (1 fille sur 4 et 1 garçon sur 13 aux États-Unis de la part à 91% d’une personne connue et de confiance de l’enfant ou des membres de sa famille) …

Dans nombre d’établissements pour enfants et d’abord dans l’Eglise catholique ou dans la tradition islamique

Par la permanence sur fond de destruction systématique des structures familiales entre les aberrations du mariage « pour tous » ou du changement de sexe pour nos enfants

Non seulement des rumeurs mais de certains comportements réellement pédophiles dans les classes privilégiées…

Comme il y a 62 ans sur fond d’arrivée au pouvoir controversée du général de Gaulle

La tristement célèbre affaire de moeurs française dite des « ballets roses »

Dans laquelle des personnalités de la politique, de l’art et de la haute société parisienne  dont le président de l’Assemblée nationale André Le Troquer (ancien résistant d’origine juive proche de de Gaulle, mutilé de guerre, député SFIO et ancien avocat de Léon Blum)…

Organisent des parties fines avec des jeunes filles de 14 à 20 ans (Josette, Hélène, Brigitte, Francine, Michelle, Janine, Colette, Monique, Rose – l’âge de la majorité étant alors de 21 ans, mais l’âge de la maturité sexuelle à 15 ans) … 

Recrutées par un ex-chauffeur de la DST et homme a tout faire du député André le Troquer se faisant passer pour un policier (Pierre Sorlut) dans des familles pauvres, voire même dans des maisons de correction …

Sur la promesse, avec parfois l’accord des parents, de leur faire rencontrer des hommes d’influence qui pourraient favoriser leur carrière comme danseuses ou mannequins…

Les amène ensuite dans un  ancien pavillon de chasse de Louis XV mis à la disposition des présidents de l’Assemblée nationale, le pavillon du Butard à La Celle-Saint-Cloud, dans les Yvelines … 

Mais aussi d’autres lieux prestigieux comme la loge présidentielle à l’Opéra de Paris et l’Opéra comique, ou le cabinet d’André le Troquer lui-même, les bureaux d’une brigade de police, rue St Honoré à Paris, les cabines d’essayage d’un grand magasin parisien, …

Voire des appartements parisiens ou des résidences secondaires en proche banlieue …

Où, fournies en alcool et en marijuana, elles sont obligées de danser nues (sur notamment des chorégraphies d’Elisabeth Pinajeff, fausse comtesse roumaine et maîtresse de Le Troquer), d’avoir des relations sexuelles et même d’avoir été flagellées par ces messieurs …

Et qui suite à une révélation du Monde, reprise par la presse de l’époque dont Le Canard enchainé (le Tout-paris devenant le « tout-pourri ») et France Soir (dont le journaliste Georges Gherra forgea le terme de « ballets roses »qui restera à la postérité) …

Et se terminant entre avril et juin 1960 par un  procès à huis clos, devant le tribunal correctionnel de Paris plutôt que les assises (aucune image ou déclaration, secret des débats total) …

Avec des actes d’accusation accablants (actes caractérisés d’excitation à la débauche, relations sexuelles, échangisme, détournement de mineures, exhibitionnisme, coups à enfants de moins de 15 ans) …

Et une douzaine d’inculpations dont le faux policier rabatteur de 33 ans Pierre Sorlut (5 ans de prison ferme) …

L’ancien président de l’assemblée nationale de 74 ans André le Troquer (un an de prison avec sursis et 3 000 francs d’amende) 

Le maître coiffeur de l’avenue Matignon  Arturo Gugliemi, dit  » Guillaume  » (peine de prison avec sursis et une amende de 6 000 francs)…

Le directeur commercial du magasin  » A la Grande Maison  » de la rue Auber Jean Jessier (18 mois de prison avec sursis et 3 000 francs d’amende)

L’ancien directeur de deux grands restaurants parisiens de 39 ans : le Pavillon d’Armenonville, au bois de Boulogne, et le Queenie, place de la Madeleine Georges Biancheri (18 mois de prison avec sursis et 6 000 francs d’amende) …

Mais aussi un officier de police principal de 46 ans et un modéliste de mode de 72 ans (non lieu) …

Et un certain nombre d’autres personnalités non inculpées, dont Mimi la Cannoise, plusieurs policiers de haut rang, un célèbre chef d’orchestre, des patrons de bars parisiens, une chanteuse lyrique, un médecin célèbre, une véritable marquise italienne prénommée Andréa, un peintre, un statuaire, un pianiste, un chanteuse de l’Opéra comique dite « Madame Offenbach, un colonel et un major américain …

Les jeunes filles (Colette moins de 15 ans entre 1957 et 1958; Danièle moins de 15 ans entre 1957 et 1958; Gisèle moins de 18 ans entre 1957 et 1958; Nicole moins de 15 ans entre 1957 et 1958; Martine moins de 18 ans entre 1957 et 1958) …

Dont certaines « trop atteintes » pour témoigner (Edwige, Marie-José ou Claudine) …

Et l’une qui tentera de se suicider, se voyant qualifier d’ « épaves » et « rebuts de la société » …

Dans une société qualifiée elle-même, sur fond de rigolade générale à l’instigation de la presse, de décadente et sous l’effet de « l’esprit Saint-Germain-des-Prés …

Mais qui outre la reprise romancée par l’académicien Jean-Marie Rouard et le film de 2007, interdit en salle mais disponible en DVD, du metteur en scène Jean-Pierre Mocky qui le dénoncera vivement … ?

10 janvier 1959

Les « ballets roses » de la République

La Ve République débutait en 1959 sur un scandale sexuel qui mettait en cause l’un des plus hauts personnages de la République précédente, rien moins que le président de l’Assemblée nationale André Le Troquer. Il était démontré qu’il avait profité d’un réseau de prostitution de mineures de 12 à 15 ans ! Il s’en tirera avec une peine de prison avec sursis vite amnistiée…

60 ans plus tard, l’arrestation du millionnaire américain Jeffrey Epstein pour des faits similaires montre la permanence de certains comportements pédophiles dans les classes privilégiées.

Considérée il y a soixante ans comme un délit simplement passible de la correctionnelle, la pédophilie était encore prônée comme une forme de désinihibition souhaitable dans les cercles intellectuels des années 1970, jusque sur le plateau de l’émission Apostrophes par l’écrivain Gabriel Matzneff (Les moins de seize ans, 1974) ou le leader de gauche Daniel Cohn-Bendit (note).

Il a fallu attendre les années 1990 pour que la loi et les cercles progressistes se rallient à une plus sévère prohibition. Aujourd’hui, la pédophilie est rangée parmi les crimes les plus odieux. Qui s’en plaindra ?

Alban Dignat

Hérodote

Socialiste, héros de guerre, républicain farouche : intouchable !

Né en 1884, André Le Troquer a laissé un bras dans la Grande Guerre puis est devenu député socialiste de Paris…

En 1940, il fait partie de la poignée de parlementaires qui s’embarque sur le Massalia à destination du Maroc, en vue de poursuivre la lutte contre l’occupant allemand.

De retour en métropole, André Le Troquer est l’avocat de Léon Blum au procès de Riom et réussit le tour de force de ridiculiser le gouvernement pétainiste. Ses états de service lui valent de descendre les Champs-Élysées aux côtés du général de Gaulle.

Socialiste et républicain scrupuleux, il est plusieurs fois ministre sous la IVe République. Lors du Congrès qui élit en 1953 le successeur du président Vincent Auriol, il contribue à l’élection de René Coty en éliminant plusieurs bulletins au nom de son rival Joseph Laniel, sous prétexte qu’y manque le prénom !

André Le Troquer est président de l’Assemblée nationale à l’avènement de la Ve République. Avec amertume, il assiste à l’installation au pouvoir du général de Gaulle, auquel il n’a eu de cesse de s’opposer sous la précédente République.

Quand la prostitution de mineures faisait les choux gras de la presse…

En 1958, une adolescente issue d’une maison de correction est arrêtée pour chantage. Elle est accusée ainsi que quelques autres adolescentes, de vendre ses charmes à de vieux messieurs.

L’enquête montre qu’elles ont été recrutées par Pierre Sorlut, un jeune homme au demeurant très séduisant qui se présente comme un ancien policier de la DST (Direction de la surveillance du territoire). Charmeur, il convainc les mères de lui confier leurs filles pour les emmener à l’Opéra, leur faire rencontrer des messieurs et ainsi promouvoir leur avenir !

Le 10 janvier 1959, au lendemain de l’entrée du général de Gaulle à l’Élysée, un entrefilet du Monde évoque la mise sous mandat de dépôt de ce soi-disant policier accusé de détournement de mineures.

L’hebdomadaire à scandales Aux écoutes du monde précise qu’il organisait des parties fines dans différents endroits dont un pavillon de chasse à la disposition du président de l’Assemblée nationale, le pavillon du Butard, dans la forêt de Fausses-Reposes (ce bijou de l’architecte Gabriel est aujourd’hui en attente de nouvelles affectations).

Le démenti d’André Le Troquer excite la curiosité de la presse. Elle met à jour un réseau de prostitution qui implique une fausse comtesse roumaine, Elisabeth Pinajeff, maîtresse d’André Le Troquer, et des adolescentes auxquelles on promet une carrière à l’opéra ou au cinéma en échange de leur docilité envers de vieux notables fortunés.

Un journaliste de France-Soir évoque à cette occasion les « ballets roses » de la République. La presse dans son ensemble prend l’affaire à la légère et se rit de ces vieux messieurs qui cherchent le réconfort auprès de quelques fillettes confiées à leurs bons soins par des mères bienveillantes.

Pas moins de 23 personnalités se trouvent compromises parmi lesquelles André Le Troquer, qui se pavane sans comprendre l’indignité de son attitude et se prétend victime d’un complot gaulliste. Il est vrai que l’affaire, en disqualifiant le personnel de la IVe République, n’est pas pour déplaire au Général !

Le président de l’Assemblée nationale demande en définitive à être lui-même inculpé. Il est déféré devant le tribunal correctionnel (sic)  sous les chefs d’inculpation d’attentat à la pudeur sur mineures de 15 ans, actes impudiques sur mineures… 

Bénéficiant de l’indulgence du tribunal et de l’opinion, André Le Troquer s’en tire avec une amende de 3 000 francs et un an de prison avec sursis. Pierre Sorlut s’en tire quant à lui avec cinq ans ferme, ramenés à quatre.

Voir aussi:

« Ballets roses », de Benoît Duteurtre : c’était au temps des « ballets roses »

Benoît Duteurtre a enquêté sur un scandale des années 1950.

Le Monde des Livres

04 juin 2009 
 

Benoît Duteurtre a la nostalgie chevillée au corps. Après s’être plongé Les Pieds dans l’eau (Gallimard, 2008) dans la France des années 1960, le romancier remonte le temps pour nous immerger dans les années 1950. Une époque charnière qui vit le retour de De Gaulle, en 1958, et fut marquée par le scandale des « ballets roses ».

Si l’expression est passée dans le langage courant, rares sont ceux qui se souviennent des faits et surtout des protagonistes (23 inculpés). A commencer par celui sans qui cette affaire de moeurs n’aurait pas pris toute son ampleur : André Le Troquer. Enfant de l’école laïque (il est né en 1884), militant socialiste, combattant de 1914 plusieurs fois médaillé et blessé (il en gardera une main invalide), député de la Seine, avocat de Blum lors du procès de Riom en 1942, représentant de la Résistance socialiste à Alger, cet homme ambitieux, complexe et autoritaire avait entretenu des relations difficiles avec de Gaulle. Dans le privé, il connut une vie passablement chaotique. Bien que marié, cet amateur d’opéra ne se départit jamais de son goût pour les maisons closes, les parties fines, les femmes légères. Après le suicide de son épouse, il eut pour compagnes deux aventurières demi-mondaines, dont la singulière comtesse Pinajeff, qui comparaîtra à son côté. On doit notamment à cette ex-actrice de cinéma reconvertie dans la peinture un portrait de Mme Coty que possède son arrière-petit-fils, Benoît Duteurtre.

« En m’intéressant à cet épisode des « ballets roses« , écrit d’ailleurs celui-ci, j’ai eu l’impression de suivre un itinéraire à la fois historique, anecdotique et personnel, jusqu’à ce moment du XXe siècle où se croisent trois figures : le héros légendaire (de Gaulle), le bourgeois modéré (René Coty), l’ambitieux humilié (André Le Troquer).

Un ambitieux dont il retrace avec force détails le parcours jusqu’à sa chute, en 1959. Arrêté pour détournement de mineures à la suite de Jean Merlu, l’entremetteur avec lequel il est lié, André Le Troquer ne cessera de clamer son innocence et de crier au complot gaulliste, thèse que rejette Duteurtre. Il sera condamné à un an de prison avec sursis avant de mourir dans la déchéance, en 1963.

Si l’écrivain ne s’appesantit guère sur les détails de l’affaire, c’est pour mieux concentrer son talent sur la reconstitution d’une époque qu’il dépeint dans toutes ses dimensions, sociale, politique et médiatique. Ainsi l’expression « ballet rose », née sous la plume d’un journaliste de France Soir, dit assez le ton « mi-réprobateur, mi-goguenard » qui entoura le scandale. Ce faisant, Duteurtre opère des parallèles intéressants avec quelques affaires contemporaines, notamment celles de Toulouse ou d’Outreau.

C’est là, sans doute, que réside la force de cette enquête en miroir, aussi passionnante que dérangeante : dans ce qu’elle dit de notre époque, où les moeurs se sont émancipées mais où le joug de la psychologie et les terreurs de l’opinion publique, notamment son obsession de la pédophilie, conduisent aujourd’hui à d’autres égarements…


BALLETS ROSES de Benoît Duteurtre. Grasset, « Ceci n’est pas un fait divers », 244 p., 17 €.

Voir également:

« Sexe et pouvoir » : les ballets glauques de la République

« Sexe et Pouvoir » (13/35). En 1959, l’ancien président de l’Assemblée nationale André le Troquer est mis en cause dans une affaire de détournement de mineures. La société de l’époque porte un regard « mi-réprobateur mi-goguenard » sur ce scandale, qui léguera l’expression de « ballets roses ».
Jean-Michel Normand
Le Monde
03 août 2020

Les protestations de bonne foi les plus énergiques sont parfois sujettes à caution. Publié début 1959 par André Le Troquer, le « démenti sans réserve, catégorique, absolu » est un modèle du genre. L’ancien président de l’Assemblée nationale doit faire face aux accusations d’un ancien policier en disponibilité, dont la mise sous mandat de dépôt pour détournement de mineures a été révélée dans l’édition du Monde datée du 10 janvier 1959.

L’homme recrutait des jeunes filles âgées de 14 à 20 ans (à l’époque, l’âge de la majorité est de 21 ans), qu’il proposait à la convoitise de notables et d’hommes politiques, dont Le Troquer, 74 ans. Des gamines de milieux modestes, parfois issues de maisons de correction, auxquelles on suggère – ainsi qu’à leurs parents – que ces messieurs pourraient faciliter une carrière de danseuse ou de mannequin.

Pilier du Parti socialiste (SFIO), héros de la Grande Guerre, où il perdit un bras, puis de la Résistance, André Le Troquer est inculpé. Il s’indigne que l’on accorde le moindre crédit à « des filles perverses et débauchées ». Surtout, le dernier président de l’Assemblée nationale de la IVe République crie à un complot politique orchestré par la droite gaulliste désormais installée au pouvoir.

Regard ambigu

Les soirées se tenaient généralement au Pavillon du Butard, à La Celle-Saint-Cloud (Yvelines). Un ancien rendez-vous de chasse mis à la disposition des présidents de l’Assemblée nationale. L’acte d’accusation évoque « des actes caractérisés d’excitation à la débauche (…), des relations sexuelles généralement complètes (…), perpétrés sans le moindre souci de discrétion », qui pouvaient « se pimenter du spectacle, fort apprécié, d’exhibitions de nudité (…), de flagellations à l’aide d’un martinet ». Plusieurs gamines diront aux juges leur sentiment d’avilissement, d’autres seront dans l’incapacité de témoigner, l’une fera une tentative de suicide.

Sur cette affaire passablement glauque, la France jette un regard ambigu. France Soir forge une expression qui va faire florès : les « ballets roses ». Allusion aux chorégraphies que les filles exécutaient sous la férule d’Elisabeth Pinajeff, fausse comtesse roumaine et maîtresse de Le Troquer. Comme le résume Benoît Duteurtre dans Ballets roses (Grasset, 2009), le terme désigne parfaitement le regard « mi-réprobateur mi-goguenard » porté sur un scandale dont les victimes sont des « nymphettes » venues égayer les soirées de vieux barbons.

Le procès, qui s’ouvre devant le tribunal correctionnel de Paris plutôt que les assises, se tient à huis clos. Se succèdent à la barre vingt-trois prévenus, parmi lesquels un coiffeur réputé, un officier de police, deux militaires, le gérant d’un magasin célèbre, le propriétaire d’un restaurant chic… Prononcées en juin 1960, les peines iront jusqu’à cinq ans d’emprisonnement ferme. Pour André Le Troquer, les juges s’en tiendront à un an de prison avec sursis et une amende d’un montant de 9 000 nouveaux francs. Un verdict pondéré par la reconnaissance d’un « long passé de services rendus » et le souci de ne pas « accabler un vieil homme ».

Voir de même:

Podcast / C’est arrivé le 10 janvier 1959 : le scandale pédophile des « ballets roses » de la République

La France apprend dans la presse que des notables et des responsables politiques, dont le président de l’Assemblée nationale, organisent des parties fines avec des jeunes filles mineures. Elles sont « ramassées » par un ancien policier dans des familles pauvres qui les amène ensuite dans un bâtiment de la République. L’opinion publique est divisée. Certains crient au scandale tandis que d’autres s’amusent de la situation et vont même jusqu’à reprocher aux jeunes filles d’être des débauchées. La justice elle-même ne condamnera que très légèrement les personnes impliquées dans l’affaire. Leur chef de file sera quasiment innocenté par souci de ne pas « accabler un vieil homme ».
Le Dauphiné libéré
10 janv. 2021 
 
André le Troquer, alors président de l’Assemblée nationale et principal suspect de l’affaire. Photo D.R.

Le 10 janvier 1959 est dévoilé le scandale pédophile des « ballets roses » de la République.

Ce jour-là, un article du journal Le Monde révèle la mise sous mandat de dépôt d’un policier accusé de détournement de mineures.

L’homme recrutait des jeunes filles de 14 à 20 ans qu’il offrait aux appétits sexuels de notables et d’hommes politiques.

A l’époque, l’âge de la majorité est de 21 ans.

Le policier se rendait dans des familles modestes, voire même dans des maisons de correction. Il promettait aux jeunes filles, qui rêvaient de devenir danseuses ou mannequins, de leur faire rencontrer des hommes d’influence qui pourraient leur faciliter leur carrière. Il avait parfois l’accord des parents.

Il les emmenait ensuite au Pavillon du Butard, à La Celle-Saint-Cloud, dans les Yvelines. Le bâtiment était mis à la disposition des présidents de l’Assemblée nationale.

Des suspects influents.

Quelques noms sortent dans la presse, dont celui d’André le Troquer, président de l’Assemblée nationale en fonction.

L’homme dispose d’une véritable aura. C’est un ancien résistant proche de de Gaulle, mutilé de la guerre de 1914, député SFIO et ancien avocat de Léon Blum.

Il crie au scandale. Clame son innocence. Selon lui, c’est un complot orchestré par la droite gaulliste, alors au pouvoir.

Mais les témoignages s’accumulent, glaçants.

L’horreur commise au sein même des institutions.

Les jeunes filles racontent avoir été obligées de danser nues, d’avoir des relations sexuelles et même d’avoir été flagellées par ces messieurs de la République.

Elles devaient parfois apprendre une chorégraphie mise au point par Elisabeth Pinajeff, une fausse comtesse roumaine et maîtresse de Le Troquer.

Le journal France Soir invente alors l’expression de « Ballets roses » de la République.

L’opinion publique est divisée.

La France est alors divisée. Certains sont scandalisés tandis que d’autres s’enquièrent de l’affaire avec un regard amusé. Après tout, selon eux, ce ne sont que quelques messieurs qui se sont divertis avec des nymphettes débauchées.

Le procès, qui s’ouvre devant le tribunal correctionnel de Paris plutôt que les assises, se tient à huis clos.

Vingt-trois prévenus se succèdent à la barre. Les peines iront jusqu’à cinq ans d’emprisonnement ferme.

André Le Troquer s’en sort, lui, avec un an de prison avec sursis et une amende de 9 000 nouveaux francs.

Selon le juge, ce verdict modéré est justifié par la reconnaissance d’un « long passé de services rendus » et le souci de ne pas « accabler un vieil homme ».

Voir de plus:

FRANCE: The Little Cats

 

An enterprising Parisian pimp named Pierre Sorlut set out two years ago to corner the nymphlet market. Pierre recruited his pubescent charmers among girls aged 12 to 18, first by seducing them and then by arranging dates with wealthy clients with infantile tastes. Pierre’s particular prey were the pouting little imitators of Brigitte Bardot, with puffball hairdos and ambitions to become starlets or models. « How could I live without my little cats? » Pierre would say as he collected the earnings of Janine, Colette and Monique. If a girl proved difficult, Pierre would speak musingly of vitriol and its effects on a pretty face. Flashing his out-of-date police card (Pierre was once a police chauffeur), he would add: « You see, I am protected, but you are not. »

Rare Encounter

Personable Pierre drove a blue Oldsmobile, dressed nattily, talked of his glamorous past as an Air Force pilot and a Resistance fighter. At least one mother was dazzled to learn that her 13-year-old daughter, appropriately named Rose, whom Pierre was looking after « like a little sister, » had been introduced to Andre Le Troquer, 75, then president of the National Assembly. « She’s ravishing! » cried Le Troquer, a longtime widower and an authentic war hero who lost an arm in World War I. To Rose he said: « I know that you would like to be a dancer. I have plenty of friends at the Opera. » Telephoning Rose’s mama, Le Troquer said: « I must congratulate you on having raised your daughter so well. Rose is so sweet, so reserved. This is a young girl such as, unhappily, one rarely encounters today. »

Pierre was arrested last year in a complicated affair involving the shakedown of a businessman by a brace of phony policemen. In jail, Sorlut soon began singing, gave the police a score of names of prominent Parisians to whom he had supplied young girls—politicians, manufacturers, department-store directors, a hairdresser, a fashionable tailor, an art curator, a restaurateur, a countess.

Minor Matter

At the trial, mothers came—or were pushed—forward with self-righteous complaints about the corruption of their daughters. Newsmen learned that there had been striptease parties, involving young girls and boys, at the Villa Butard, a onetime royal hunting lodge that was Le Troquer’s official out-of-town residence as president of the National Assembly. Some mothers admitted escorting their daughters to Villa Butard and to other addresses in Paris in the belief that it was « in the interest of their careers. »

Le Troquer denied everything except that he was acquainted with Pierre Sorlut. He insisted: « To all this I offer a categorical denial without reserve. Besides, I have no taste for minors. » It was all a plot, he cried, to embarrass De Gaulle’s Fifth Republic and the Socialist Party, in which Le Troquer has been prominent for 40 years. Abruptly the entire affair went off the record, and the hearings were closed to the press and public.

Last week, after more than a year of hearings in chamber, the court made known its verdict. Pimp Pierre got five years in prison, and terms ranging from 18 months to two years were handed to a hairdresser, a restaurateur and a department-store director for « infringing morality by stimulating, favoring and habitually facilitating the debauchery or corruption of youth of either sex. » As for Andre Le Troquer, he was fined $600 and given a one-year suspended sentence.
Voir de plus:

L’obsession à contrôler la langue et à traquer des mots « offensants » au nom du progrès n’est rien d’autre que de la pensée magique.

Oliver Traldi* pour Quillette** (traduction par Peggy Sastre)

 

Changement de sexe: à la clinique Tavistock, des centaines d’enfants sacrifiés
Vincent Jolly

Le Figaro

23/02/2023 

En dix ans, le nombre de patients pris en charge par Tavistock n’a fait qu’augmenter. Alamy Stock Photo
POLÉMIQUE – L’enquête très étayée d’une journaliste révèle comment des cliniciens à Londres ont prescrit à la hâte et sans aucune prudence à de jeunes adolescents des traitements hormonaux lourds de conséquences.

C’est l’histoire d’une mère dont le fils, atteint de trouble obsessionnel compulsif, ne sortait de sa chambre que pour prendre une douche, ce qu’il répétait cinq fois par jour. Après une consultation à la clinique Tavistock de Londres, l’adolescent fut immédiatement considéré par les praticiens comme une femme avant de se voir prescrire un rendez-vous avec un endocrinologue (spécialiste des hormones) pour amorcer un processus de changement de sexe. Le fils a refusé le traitement pour finalement découvrir, plus tard, qu’il était gay.Ce récit est l’un des nombreux témoignages qui nourrit l’enquête exceptionnelle de la journaliste Hannah Barnes – exceptionnelle, car la minutie chirurgicale avec laquelle est documenté son livre de 557 pages Time to Think (Il est temps de réfléchir) permet enfin de révéler au grand jour l’un des plus grands scandales médicaux de ces dernières décennies.

Ouverte en 1989, cette clinique publique a d’abord été imaginée comme un centre de thérapie pour les jeunes qui, au moment de l’adolescence, se posent des questions sur leur identité sexuelle – ou leur identité de genre.

Ce que Barnes démontre, entre autres choses, c’est comment, dès 2005, des employés s’inquiétaient déjà de voir beaucoup de leurs patients envoyés chez des endocrinologues (comme l’exemple cité plus haut) qui, in fine, prescrivaient des bloqueurs d’hormones visant à retarder la puberté. Ces médicaments étaient, au début, recommandés chez des individus âgés de plus de 16 ans. En 2011, Barnes nous apprend qu’un patient de 12 ans de la clinique Tavistock était sous ce traitement ; et en 2016, un autre de 10.

Plus de 1000 enfants se sont vu prescrire ces bloqueurs d’hormones avec ensuite, pour beaucoup, un traitement hormonal ­visant à accompagner une transition complète de changement de sexe Des cas isolés? Loin de là. En dix ans, le nombre de patients pris en charge par Tavistock n’a fait qu’augmenter: 97 en 2010 contre plus de 2500 en 2020. Résultat: plus de 1000 enfants se sont vu prescrire ces bloqueurs d’hormones avec ensuite, pour beaucoup, un traitement hormonal visant à accompagner une transition complète de changement de sexe (via des opérations chirurgicales). Ce qui a commencé comme une exception est devenu la politique principale de cette clinique qui, après seulement deux consultations, prescrivait ce traitement. Les cliniciens étaient formels avec les parents: les effets étaient parfaitement réversibles. Ce n’est pas le cas. Dépression, dysfonctionnement sexuel, ostéoporoses (détérioration du tissu osseux), croissance interrompue ou perturbée…, la lecture de la liste des troubles causés par ces traitements administrés à des enfants fait froid dans le dos. Pire encore, des jeunes particulièrement vulnérables: plus d’un tiers des patients à la clinique Tavistock présentent des troubles du spectre autistique – les statistiques de l’ONU estiment que, pour la population mondiale, une personne sur 160 en est atteinte.

Des abus parfois alimentés par une idéologie
Derrière ces enfants abusés rôdent plusieurs spectres sinistres. Il y a, d’abord, celui d’une clinique dirigée pardes praticiens sans expérience et négligents. Il y a ensuite celui d’ONG qui, sous le prétexte d’aider des enfants troublés par leur identité ou les changements que subit leur corps à l’adolescence, ont mené à travers cette clinique une guerre idéologique alimentée par des théories fumeuses et délirantes sur le genre.

Précisons-le sans détour: l’enquête d’Hannah Barnes est avant tout la révélation d’un scandale médical. Son livre n’est en rien un manifeste contre les personnes transgenres ou transsexuelles – comme certains détracteurs s’empresseront de le dépeindre – mais il recentre de manière irrévocable un débat qui anime nos sociétés depuis quelques mois. Celui de savoir si critiquer, ou même questionner, ces traitements et leur démocratisation relève de la «transphobie». Car, dans son ouvrage, la journaliste donne la parole à des individus que ces transitions ont profondément aidés. Mais ces témoignages ne sauraient occulter le fond de l’affaire. Celui de la récupération politique d’un mal-être psychiatrique affligeant une frange de la population pour l’appliquer au plus grand nombre, servant ainsi des politiques identitaires extrémistes ou des appétits financiers sordides. 

Voir encore:

Le mythe d’une vaste conspiration pédocriminelle, largement mobilisée outre-Atlantique par les partisans de Donald Trump, est plus qu’une simple « théorie du complot ». Pour François Rastier, cette croyance prospère sur un choix délibéré en faveur de l’ignorance.
François Rastier
Conspiracy watch
06 novembre 2020

La théologie politique prend pour principe de ne pas distinguer le sacré et le profane, pour que la loi divine commande directement les lois de la cité, voire s’y substitue, et que le politique se fonde sur le religieux, explicitement ou non.

Quand Carl Schmitt, penseur nazi de la théologie politique, définit le politique comme la ligne de démarcation entre l’ennemi et nous, il suppose un fondement tout à la fois identitaire et guerrier à l’ordre civil. Or, d’une part l’identité se base sur la transcendance à laquelle conduit toute essentialisation ; et d’autre part, la guerre éternelle reconduit le thème gnostique du combat du Bien et du Mal, qui ne se dénoue qu’avec l’Apocalypse. Bien entendu, la prévalence du théologique cache des intérêts politiques : le religieux n’est invoqué par le politique que pour justifier et perpétuer la tyrannie.

La théologie politique contemporaine prolonge des mouvements gnostiques issus d’antiques hérésies chrétiennes. L’histoire du Salut se divise en trois temps : une période de l’origine radieuse, puis son occultation par le Prince de ce monde, un Satan – souvent considéré comme le Dieu judaïque. Enfin, un dévoilement de ses manigances permet un combat final, sous la direction d’une figure messianique, pour défaire l’empire du Malin.

Précisons le schéma narratif de cette dernière phase. Le Malin a ourdi le complot qui lui permet de faire des victimes sans défense, souvent des femmes et des enfants ; de rares initiés dessillés reconnaissent le Juste caché qui va dévoiler le crime, et deviendra le Grand Leader ou Messie qui va les conduire vers la victoire. Devant ces révélations, chacun, dûment bouleversé par les crimes jusqu’alors cachés, est appelé à devenir un adepte et à venger les victimes, quitte à verser le sang des criminels. Les cinq personnages ou « acteurs » sont ainsi le Malin, ses suppôts, le Messie-Leader, les victimes, les initiés militants, enfin les adeptes en puissance. Comme les formes narratives sont éminemment transposables, ce schème mythique simpliste a pu connaître jusqu’à nos jours des réécritures dans divers domaines de la vie politique et sociale.

Au Moyen-Âge, les accusations de meurtre rituel, lors de sabbats sataniques, ont été récurrentes. Le sang des enfants chrétiens aurait servi à confectionner des pains azymes, pour d’immondes communions parodiant l’eucharistie. À cela s’est ajouté, au XIXe siècle, le thème du complot mondial, avec notamment Les Protocoles des Sages de Sion, ce faux de la police tsariste dont le succès ne s’est jamais démenti.

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Depuis un siècle, la propagande nazie et néonazie a décliné ad nauseam ce schème en mêlant adroitement l’imagerie fleur-bleue et la fascination pour la violence. Par exemple, une jeune femme blonde en robe à fleurs porte dans ses bras une enfant, mais derrière elles se profile l’ombre gigantesque aux oreilles pointues et au nez crochu portant un poignard dégoulinant de sang [1]. Tout est dès lors en place : le kitsch attendrissant légitimera les assassinats préventifs.

Bien entendu, le parti nazi et le Führer sont là pour en finir avec cette menace, et le messianisme que déploie Heidegger dans les Cahiers noirs en atteste, comme sa hantise de Satan – depuis Mein Kampf, le mot Teufel désigne les Juifs.

Les néonazis aujourd’hui développent l’idée d’un complot mondial et d’une guerre planétaire imminente – comme en témoignent les manifestes de Anders Breivik et de Brenton Tarrant, même si leur antisémitisme est devenu secondaire par rapport à la haine xénophobe qui a conduit le premier à massacrer 77 personnes, dont 69 jeunes socialistes pour la plupart issus de l’immigration et le second à attaquer une mosquée, faisant 51 victimes [2].

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La théorie QAnon, florissante aux États-Unis avec trois millions de fidèles, reprend ce schème global. Parti d’une simple rumeur diffamatoire avant l’élection de Trump, connue sous le nom de Pizzagate (une banale pizzeria de Washington aurait abrité un réseau pédophile), le complotisme QAnon s’est depuis deux ans diffusé à l’échelon international.

Reprenant les codes des films gore de série Z, des puissants souvent décrits comme des démons reptiliens ou des zombies ont ourdi un complot pédophile mondial : ils torturent des enfants et usent de leur sang pour s’assurer une jeunesse éternelle. Des « mèmes » pro-républicains montrent Hillary Clinton mordant à pleines dents dans la chair d’un nouveau-né. Une nouvelle élue au Congrès, Marjorie Taylor Greene, a déclaré que QAnon était « une opportunité unique d’anéantir cette cabale mondiale de pédophiles qui vénèrent Satan ». Un clip de campagne de Trump, How to Spot a Zombie, qualifie Joe Biden de zombie aimant la chair fraîche et détourne en scène vampirique une photo où il embrassait sa petite-fille pour la rassurer dans une cérémonie funèbre. Les noms et images des puissants démoniaques sont ainsi publiés ; parmi eux, beaucoup de Démocrates, mais aussi des juifs présumés, comme George Soros, milliardaire honni, ou Marina Abramovic, médiatique performeuse serbe. Trump apparaît comme celui qui va délivrer l’Amérique du Malin, et des adeptes du QAnon transforment ses meetings en émeutes de l’adoration. Un cadre évangéliste compare même sa coiffure iconique à la fauve chevelure du Roi David, Messie des derniers jours.

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Une nouvelle variante du mythe a été reformulée en France, début 2020, lors de la remise d’un prix à Roman Polanski. Le 1er mars, Virginie Despentes écrivait : « Les plus puissants entendent défendre leurs prérogatives […] Et c’est exactement à cela que ça sert, la puissance de vos grosses fortunes : avoir le contrôle des corps déclarés subalternes […]. Le temps est venu pour les plus riches de faire passer ce beau message : le respect qu’on leur doit s’étendra désormais jusqu’à leurs bites tachées du sang et de la merde des enfants qu’ils violent. » Ces puissants pédophiles, souillés par le sang des enfants, sont aussi les ploutocrates : « Il n’y a rien de surprenant à ce que vous ayez couronné Polanski : c’est toujours l’argent qu’on célèbre […]. C’est votre propre puissance de frappe monétaire que vous venez aduler. »

Le thème antisémite, déjà présent dans les propos de la maîtresse de cérémonie ironisant sur son nom et l’assimilant à un gnome, s’illustrait aussi aux portes de la salle, où des manifestantes criaient : « C’est Polanski qu’il faut gazer ! » Il s’est encore souligné en Pologne, à la remise de la médaille des Justes décernée par le mémorial Yad Vashem au couple de fermiers qui avaient caché Roman Polanski, lui évitant d’être gazé comme ses parents. Cette cérémonie fut tenue secrète, en raison de menaces de « féministes » radicales.

Le thème du Juif buveur de sang a aussi refleuri dans les rues de Paris, avec des affiches de la même mouvance : « Polanski, bois mes règles ! » — fine allusion aux interdits du Lévitique.

Le Sauveur est par chance une femme, Adèle Haenel, et Despentes ajoute cette invocation dévotionnelle : « Adèle je sais pas si je te male gaze ou si je te female gaze mais je te love gaze en boucle sur mon téléphone ». Idolâtrant ce mantra visuel, elle annonce le Salut par cette image : « C’est probablement une image annonciatrice des jours à venir ». Car c’est le monde créé par le Malin masculin et pédophile qu’il faut détruire. « Votre monde est dégueulasse. […] Votre puissance est une puissance sinistre. […] Le monde que vous avez créé pour régner dessus comme des minables est irrespirable ». Le monde est en danger par la faute des hommes, écrit encore une dénonciatrice publique du « Pédoland », l’élue Alice Coffin : « Quand on voit qui est à la tête des entreprises qui polluent, qui bousillent la planète, ce sont des hommes. » Qui est donc le Malin ? L’« Homme laisse ses sales pattes partout », répond la militante inclusiviste Éliane Viennot.

Le schème gnostique reste récurrent dans le (post)féminisme radical, depuis le SCUM Manifesto de Valerie Solanas qui appelait dès 1967 à l’éradication eugénique de l’Homme, Prince de ce monde.

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Comme un pédophile conséquent fréquente les écoles, Jair Bolsonaro, étroitement inspiré des méthodes de Trump et de ses soutiens complotistes, n’a pas manqué de faire campagne pour défendre l’enfance menacée par l’école de la perversion : le ministère de l’éducation aurait diffusé un « kit gay » pour corrompre les innocents bambins. En 2016, dans une vidéo vue par plus de neuf millions d’internautes, Bolsonaro avait montré une BD de Titeuf, considérant sa supposée distribution comme une « porte ouverte à la pédophilie ».  Tout au long de la campagne électorale, comme un montage photo montrant son challenger Fernando Haddad, ministre de l’éducation du gouvernement de gauche, distribuant des biberons avec des tétines en forme de pénis.  Après son élection, Bolsonaro confiait au journal Estado de Sao Paulo : « Le kit gay a été un tremplin pour ma carrière politique. »

L’antisémitisme n’est pas écarté pour autant quand il déclare en avril 2019, devant un parterre de pasteurs évangéliques, que « l’on pouvait pardonner, mais pas oublier » la Shoah. Mais Bolsonaro reste un Messie et de longue date ses apparitions sont scandées par le slogan Mito ! Mito !, qui en fait l’incarnation du Mythe.

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Avant l’assassinat de Samuel Paty, Brahim Chnina, père d’une élève (d’ailleurs absente) avait porté plainte le 8 octobre pour « diffusion d’images pornographiques ». Puis le 11 octobre, il appelait à ne « pas laisser seule » sa « chérie de 13 ans qui a été harcelée plusieurs fois par son professeur d’histoire » et concluait par un mot d’ordre « Ensemble STOP TOUCHE PAS À MES ENFANTS », tout en appelant au CCIF, association liée aux Frères musulmans.

Accompagnant la plainte auprès de l’administration, un militant frériste, Abdelhakim Sefrioui, membre du Conseil des imams de France, diffusait une vidéo « Nos enfants sont agressés, humiliés », et concluait : « Si on accepte ça, on arrivera peut-être à ce qu’il s’est passé à Srebrenica » (ville où 8000 musulmans ont été massacrés, en 1995). La cible désignée était décapitée le 16 octobre, comme pour protéger la jeune enfant harcelée (mais qui avait déjà communiqué avec le tueur), et pour éviter un massacre ultérieur.

L’antisémitisme reste certes en arrière-plan, mais Sefrioui, préfaçait en 2006 le théoricien majeur des frères musulmans, le cheikh Youssef Al-Qaradawi, partisan de l’excision [3], et il s’activait l’année suivante dans le comité de campagne de Dieudonné pour la présidentielle. La rencontre au sommet aura lieu au congrès de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), quand Dieudonné et Alain Soral présentèrent à Tariq Ramadan leur parti antisioniste fraîchement créé.

Si le schème gnostique initial semble rester incomplet, car le sang enfantin n’a pas été versé, la menace a été cependant évoquée avec Srebenica, et les enfants musulmans ont été momentanément épargnés, grâce au « sacrifice » meurtrier et lustral du djihadiste.

Ainsi va le complot mondial, ainsi va le déni du projet islamiste. Une enseignante réagit ainsi à l’assassinat sur Paris-Luttes.info en accusant les dirigeants occidentaux : « Nous leur devons les injustices de classe, les pillages planétaires, les guerres coloniales qui continuent – meurtres, tortures, viols, pillages, massacres légalisés. Pour que les riches se gavent […]. Nous ne tairons pas les crimes coloniaux, les violences policières, la relégation des quartiers populaires, les réfugié.e.s mort.e.s dans la Méditerranée, les camps de rétention, la prostitution des enfants, les tortures en prison, les vies de labeur sous le joug capitaliste. »

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Les récurrences en divers lieux de similarités thématiques et d’une même structure narrative peuvent paraître surprenantes, mais elles restent caractéristiques des corpus de variantes mythiques — variantes d’autant plus vivaces que leurs formes textuelles peuvent se transposer sans perdre leur force pathétique.

Les radicalismes qui rivalisent à présent, de l’extrême-droite à l’islamisme, voire à l’extrême « gauche » schmittienne chez des auteurs comme Agamben, s’appuient sur des théologies politiques diverses, mais qui toutes conviennent que les lois anciennes sont abolies, que l’État de droit n’est que mensonge, que ce monde est un règne gouverné par des forces malignes, que l’Apocalypse approche, et qu’il faut commencer à combattre sous la direction d’un Sauveur.

Dès lors, la fascination pour la violence permet des rencontres imprévues, voire des alliances. Ainsi, rien ne rapproche a priori l’islamisme et le féminisme radical, mais cependant Virginie Despentes s’identifiait aux tueurs de Charlie : « J’ai été aussi les gars qui entrent avec leurs armes. Ceux qui venaient de s’acheter une kalachnikov au marché noir et avaient décidé, à leur façon, la seule qui leur soit accessible, de mourir debout plutôt que de vivre à genoux. J’ai aimé aussi ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser au visage » [4].

Bizarrement, des ennemis déclarés s’accordent ainsi sur le même schème mystique qu’ils instancient chacun à leur façon. Par exemple, les évangélistes pro-Trump veulent qu’Israël reconstruise le Temple pour hâter la venue du Messie des derniers temps. Pour sa part, Daesh a multiplié les références apocalyptiques, notamment dans sa revue qui s’intitule Dabiq, du nom de la plaine syrienne où se dénouera la bataille finale contre les forces sataniques.

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Père spirituel de l’islamisme contemporain, théoricien de l’État islamique et inspirateur des Frères musulmans comme d’Al Qaïda, Sayyid Qutb (1906-1966) décrit un monde contemporain revenu à l’âge de l’ignorance d’avant la Révélation coranique, l’âge de la jāhilīya. Invariant gnostique, ce monde est livré aux kouffar, aux apostats, aux Juifs [5], bref dominé par le Grand Satan. De longue date combattu par la théocratie iranienne, il revêt la figure des Américains, et plus généralement des Occidentaux : ainsi de Macron représenté dans un journal iranien officieux avec les inévitables oreilles pointues et le nez crochu. Et le mardi 27 octobre, à l’appel d’un parti islamique, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Dacca en accusant Macron d’« adorer Satan ».

La prophétie de Qutb sur le retour de l’âge de l’ignorance fut autoréalisatrice, mais elle ne s’appliqua pas qu’à l’islam : ce n’est pas seulement la laïcité qui est attaquée, c’est l’école et l’éducation. L’ignorance devient ainsi un programme émancipateur. Par exemple, le nom du groupe islamiste Boko Haram signifie « Le livre (Boko, de book) est impur (haram) » et ce groupe s’est fait connaître par des destructions d’écoles et des enlèvements massifs de lycéennes. Au nord Mali, les deux tiers des écoles sont déjà fermées. En Afghanistan, les attaques se multiplient. Après l’assassinat en 2012 du professeur Jonathan Sandler, la décapitation de Samuel Paty est le signal programmatique d’une avancée en cours.

Puisqu’il était professeur d’histoire et géographie, prenons l’exemple de la terre plate. Cette croyance naïve a été réfutée depuis Anaximandre et Ératosthène a calculé correctement la circonférence du globe. Or Cheikh ‘Abdul-‘Aziz Ibn Baaz, autorité religieuse suprême d’Arabie Saoudite, a formulé en 1993 cette fatwa : « La terre est plate. Quiconque clame qu’elle est sphérique est un athée méritant un châtiment » [6]. Cette affirmation a été maintes fois reprise par des imams ignorantins.

Ils ne sont pas isolés, car la plupart des platistes de la Flat Earth Society soutiennent Trump, tout comme comme les terraplanistas brésiliens soutiennent passionnément Bolsonaro [7].  Ils sont suivis par des dizaines de millions de convaincus. Et comme un complot n’arrive jamais seul, beaucoup nient le réchauffement climatique, la théorie de l’évolution et le bien fondé des vaccinations.

Dans le complotisme contemporain, l’ignorance n’est aucunement une lacune, elle devient un choix militant du fanatisme — qui lui doit tant. La post-vérité n’a rien de commun avec l’erreur, elle obéit au déni stratégique que mettent en œuvre, comme autant de variantes d’un mythe partagé, les radicalismes qui se disputent l’espace politique et idéologique pour endeuiller le présent comme l’avenir.

Salman Rushdie avait vu juste : « Tout cela fait partie de la même histoire, du même récit fondamental. »

Notes :
[1] Voir au besoin l’auteur, « Sémiotique des sites racistes, » Mots, n° 80, 2006, pp. 73-85.
[2] L’extrême droite reste divisée : déjà, pendant la guerre des Balkans, certains militants se sont engagés du côté serbe, d’autres du côté des musulmans bosniaques.
[3] Le préfacier n’a évidemment pas vu là une violence sexuelle contre des fillettes.
[4] Elle insulte ainsi la mémoire de Charb, qui après l’incendie islamiste de Charlie avait dit : « Je préfère mourir debout que de vivre à genoux » (Le Monde, 19 septembre 2012,), et le « J’ai été » [les frères Kouachi] de Despentes reprend et complète le « Je suis Charlie Coulibaly » de Dieudonné. Cela, trois ans après le « Mohamed Merah c’est moi, et moi je suis lui » de l’indigéniste Houria Bouteldja.
[5] Voir Qutb : « Depuis les premiers jours de l’islam, le monde musulman a toujours dû affronter des problèmes issus de complots juifs » (dans Paul Berman, Les Habits neufs de la terreur, 2004, tr. fr. Richard Robert, Paris, Hachette Littératures, 2004, p.114).
[6] « Les édits musulmans prennent une nouvelle force« , New York Times, 12 février 1995. Voir aussi, du même cheikh, « Evidence that the Earth is Standing Still », Islamic University of Medine, première édition, 1974, p. 23.
[7] Voir l’auteur, « Se réconcilier avec la vérité : enjeux scientifiques et politiques », in Sciences citoyennes, lundi 30 mars 2020.

Voir par ailleurs:

Le scandale des  » ballets licencieux  » PLUSIEURS INCULPATIONS SONT ATTENDUES

Le Monde

29 janvier 1959 
 

M. Sacotte, juge d’instruction près le tribunal de la Seine, a longuement interrogé mardi l’ancien policier Pierre Sorlut, âgé de trente-quatre ans, qui fut écroué le mois dernier sous l’inculpation d’incitation de mineures à la débauche.

Me Martin-Sané, avocat à la cour de Paris, et Me Jean Robert, du barreau de Reims, assistaient l’inculpé.

Celui-ci est accusé, on le sait, d’avoir recruté de très jeunes danseuses, une dizaine, croit-on, pour les faire participer à des réunions plus ou moins scabreuses auxquelles assistaient diverses personnalités. L’une de ces réunions aurait notamment eu pour cadre un pavillon historique situé dans la banlieue ouest de Paris, et mis à la disposition d’un haut personnage de l’État. Plusieurs nouvelles inculpations sont probables. Les parents de trois jeunes filles, âgées respectivement de dix-sept, quinze et quatorze ans, ont décidé de se constituer partie civile, et ont chargé Mes Traxeller et Baudelot de soutenir leurs intérêts.

Plusieurs nouvelles inculpations sont attendues

Le Monde

 03 février 1959
 

M. Sacotte, juge d’instruction, chargé de l’affaire dite des  » ballets licencieux « , qui avait inculpé samedi matin, pour attentat aux mœurs, M. André Le Troquer, ancien président de l’Assemblée nationale, a pris dans la soirée la même décision contre M. Arturo Gugliemi, dit  » Guillaume « , coiffeur, avenue Matignon, et M. Jean Jessier, directeur commercial du magasin  » A la Grande Maison « , rue Auber.

D’autres inculpations pourraient avoir lieu prochainement.

Accident suspect ou affabulation ?

Divers journaux ont annoncé qu’un jeune homme de dix-huit ans, barman dans un cabaret des Champs-Élysées, frère d’une des mineures qui sont mêlées à l’affaire des  » ballets roses « , avait été l’objet d’une tentative de meurtre : il aurait affirmé que dimanche matin, vers 7 heures, il avait été renversé par une 4 CV bleue, avenue de Wagram, au moment où il rentrait chez lui à scooter. Il aurait déclaré également qu’il avait été menacé par Pierre Sorlut au cours de l’automne dernier.

La police déclare n’avoir enregistré aucun accident de ce genre dimanche matin avenue de Wagram. D’autre part la brigade criminelle n’a pas été alertée et aucune plainte n’a été encore déposée.

Inculpation d’un restaurateur

Le Monde

05 février 1959

Sixième inculpation, mardi, dans l’affaire des  » ballets licencieux  » qu’instruit M. Sacotte : celle de M. Georges Biancheri, ancien directeur de deux grands restaurants parisiens : le Pavillon d’Armenonville, au bois de Boulogne, et le Queenie, place de la Madeleine. Laissé en liberté provisoire, M. Biancheri a choisi pour défenseur Me André Lénard.

Aujourd’hui mercredi, le magistrat doit interroger, en présence de Mes Martin-Sané et Robert, l’ancien policier Pierre Sorlut, inculpé non seulement d’attentat aux mœurs, mais aussi de menaces de mort envers les familles de certaines des jeunes plaignantes.

Il pourra s’expliquer, notamment sur certains détails donnés par Mme Élisabeth Pinajeff, qui est assistée de son côté du bâtonnier Marcel Héraud, de Mes Mauranges et Maire. Sorlut, d’après elle, lui aurait présenté, ainsi qu’à M. Le Troquer, à l’Opéra, une jeune fille de quinze ans. La mère de cette dernière lui aurait téléphoné quelques jours après pour lui demander si elle ne pourrait pas procurer un emploi à l’adolescente. Mme Pinajeff aurait alors fait venir cette dernière chez elle pour faire son portait, car elle est artiste peintre.

Un peu plus tard la mère de la jeune fille se manifesta de nouveau, mais cette fois pour protester, trouvant suspect le prolongement des séances de pose jusqu’à une heure avancée de la nuit… Mme Pinajeff comprit alors, dit-elle, que sa jeune protégée mentait à ses parents en prenant prétexte des visites à son atelier pour passer ses nuits hors de chez elle.

Une déclaration du bâtonnier Marcel Héraud

Le bâtonnier Marcel Héraud, avocat de M. André Le Troquer et de Mme de Pinajeff, nous a fait mercredi, au début de l’après-midi, la déclaration suivante :

 » Je sais combien la presse est soucieuse de ne diffuser que des informations exactes. C’est pourquoi je crois pouvoir sortir de la réserve que je dois m’imposer comme avocat de M. André Le Troquer et de Mme de Pinajeff et faire la mise au point suivante :

 » M. Le Troquer ne conteste pas avoir connu Sorlut. Mme de Pinajeff déclare avoir commencé le portrait d’une des  » protégées  » de ce dernier. L’un et l’autre protestent formellement contre les accusations portées contre eux et se réservent d’en démontrer la fausseté.

 » Mais dès à présent je tiens à déclarer de la façon la plus nette que :

 » 1) Ni l’un ni l’autre de mes clients n’est mis en cause dans l’affaire dite des  » ballets roses  » ;

 » 2) Ils n’ont été en rapport, direct ou indirect, avec aucun des inculpés ou participants de cette affaire des  » ballets roses  » ;

 » 3) Ni ces personnes ni leurs  » amies  » ne sont jamais allées au Butard, pas plus que chez M. Le Troquer ou chez Mme de Pinajeff.

 » Seule la présence de Sorlut dans les deux affaires a eu pour conséquence de les faire instruire en même temps et par le même juge, ce qui n’empêche pas qu’elles soient distinctes l’une de l’autre. « 

[Il s’agit là, bien entendu, du communiqué d’un avocat exposant une thèse de son client.

On peut toutefois préciser que si M. Sacotte a ouvert une information générale pour attentat aux mœurs, le dossier concerne une série de faits distincts où le lien est constitué par l’ancien policier Pierre Sorlut, qui apparaît à l’occasion de chacun d’eux.

M. Le Troquer et Mme Pinajeff ne sont impliqués que pour certains d’entre eux. Lesquels de ces faits peuvent être classés sous la rubrique  » ballets roses  » ? C’est là une question d’interprétation où nous ne nous risquerons pas.]

NOUVELLE INCULPATION DANS L’AFFAIRE DES  » BALLETS LICENCIEUX « 

Le Monde

24 juin 1959

M. Sacotte, juge d’instruction, a inculpé d’attentats aux mœurs un officier de police principal de la sûreté nationale accusé d’avoir participé aux soirées licencieuses organisées par Pierre Sorlut. Laissé en liberté provisoire, l’inculpé a choisi Me Martin-Sané pour défenseur.


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