Attentat de Nice: C’est les Israéliens dansants, imbécile ! (Damn if you do, damn if you don’t : Guess who got blamed again for rejoicing that the world would now understand them)

26 juillet, 2016
Le mythe des 4 000 Juifs absents du World Trade Center
RammingPoster

Cynthia McKinney
"Complotisme" : quelques remarques sur la querelle opposant Bernard Cazeneuve et Libération
Malheur à vous! parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes, que vos pères ont tués. Vous rendez donc témoignage aux oeuvres de vos pères, et vous les approuvez; car eux, ils ont tué les prophètes, et vous, vous bâtissez leurs tombeaux. C’est pourquoi la sagesse de Dieu a dit: Je leur enverrai des prophètes et des apôtres; ils tueront les uns et persécuteront les autres, afin qu’il soit demandé compte à cette génération du sang de tous les prophètes qui a été répandu depuis la création du monde, depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie, tué entre l’autel et le temple … Jésus (Luc 11: 47-51)
L’heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre un culte à Dieu. Jésus (Jean 16: 2)
Beat me, hate me
You can never break me
Will me, thrill me
You can never kill me
Jew me, sue me
Everybody do me
Kick me, kike me
Don’t you black or white me
All I wanna say is that
They don’t really care about us … Michael Jackson
J’ai une prémonition qui ne me quittera pas: ce qui adviendra d’Israël sera notre sort à tous. Si Israël devait périr, l’holocauste fondrait sur nous. Eric Hoffer
D’abord ils sont venus (…) pour les Juifs, mais je n’ai rien dit parce que je n’étais pas juif … Martin Niemöller
Si Israël est un occupant dans son pays, le christianisme, qui tire sa légitimité de l’histoire d’Israël, l’est aussi comme le serait tout autre État infidèle. Bat Ye’or
Le canari (…) fut longtemps élevé dans les mines où il était utilisé pour détecter le grisou. L’appareil respiratoire de l’oiseau étant fragile, le canari cessait de chanter et mourait dès l’apparition de ce gaz. Daniele
L’employé juif d’un coiffeur parisien va voir son patron et lui dit : « Patron, je dois démissionner ». « Mais pourquoi donc ? » lui répond le patron. « Parce que tous vos employés sont antisémites ! » « Allons bon, mon cher Jean-Claude. Je suis sûr que ce n’est pas vrai. Qu’est ce qui vous fait penser cela ? » « C’est simple, patron. Lorsque je leur dit qu’Hitler a voulu tuer tous les juifs et les coiffeurs… » Le patron l’interrompt : « Mais Jean-Claude, pourquoi les coiffeurs ? » « Vous voyez patron, vous aussi ! » Blague juive
Tuez les Juifs partout où vous les trouverez. Cela plaît à Dieu, à l’histoire et à la religion. Cela sauve votre honneur. Dieu est avec vous. (…) [L]es Allemands n’ont jamais causé de tort à aucun musulman, et ils combattent à nouveau contre notre ennemi commun […]. Mais surtout, ils ont définitivement résolu le problème juif. Ces liens, notamment ce dernier point, font que notre amitié avec l’Allemagne n’a rien de provisoire ou de conditionnel, mais est permanente et durable, fondée sur un intérêt commun. Haj Amin al-Husseini (moufti de Jérusalem, discours sur Radio Berlin, le 1er mars 1944)
Israël existe et continuera à exister jusqu’à ce que l’islam l’abroge comme il a abrogé ce qui l’a précédé. Hasan al-Bannâ (préambule de la charte du Hamas, 1988)
Les enfants de la nation du Hezbollah au Liban sont en confrontation avec [leurs ennemis] afin d’atteindre les objectifs suivants : un retrait israélien définitif du Liban comme premier pas vers la destruction totale d’Israël et la libération de la Sainte Jérusalem de la souillure de l’occupation … Charte du Hezbollah (1985)
La libération de la Palestine a pour but de “purifier” le pays de toute présence sioniste. Charte de l’OLP (article 15, 1964)
Depuis les premiers jours de l’islam, le monde musulman a toujours dû affronter des problèmes issus de complots juifs. (…) Leurs intrigues ont continué jusqu’à aujourd’hui et ils continuent à en ourdir de nouvelles. Sayd Qutb (membre des Frères musulmans, Notre combat contre les Juifs)
Nous vous bénissons, nous bénissons les Mourabitoun (hommes) et les Mourabitat (femmes). Nous saluons toutes gouttes de sang versées à Jérusalem. C’est du sang pur, du sang propre, du sang qui mène à Dieu. Avec l’aide de Dieu, chaque djihadiste (shaheed) sera au paradis, et chaque blessé sera récompensé. Nous ne leur permettrons aucune avancée. Dans toutes ses divisions, Al-Aqsa est à nous et l’église du Saint Sépulcre est notre, tout est à nous. Ils n’ont pas le droit de les profaner avec leurs pieds sales, et on ne leur permettra pas non plus. Mahmoud Abbas
Enveloppés dans leurs châles de prières, quatre fidèles s’effondrent sous les coups des tueurs opérant à visage découvert, qui seront ensuite tués par deux policiers israéliens accourus sur place. Trois des victimes israéliennes étaient également de nationalité américaine, la quatrième avait aussi la nationalité britannique. Huit fidèles ont été par ailleurs blessés, dont un se trouvait hier dans un état critique tandis que trois autres étaient sérieusement atteints. Les terroristes, des cousins âgés d’une vingtaine d’années, venaient du quartier arabe de Jabal Moukaber, à Jérusalem-Est (annexée). Ils sont parvenus jusqu’à la synagogue sans rencontrer la moindre difficulté. Les 270 000 Arabes de la Ville sainte, sur un total de 800 000 habitants, peuvent en effet circuler librement en Israël. À Gaza, des tirs de joie ont éclaté et le Hamas a salué « un acte héroïque ». Mais, à Ramallah (Cisjordanie), le président palestinien Mahmoud Abbas a vivement condamné cet attentat « visant des civils, dans un lieu sanctifié ». Dans la foulée, il a aussi dénoncé « les attaques contre Al-Aqsa et les mosquées ». Le secrétaire d’État américain, John Kerry, s’est indigné contre l’attaque. « Ce matin à Jérusalem, des Palestiniens ont attaqué des juifs qui priaient dans une synagogue. Des gens venus prier Dieu dans le sanctuaire d’une synagogue (…) ont été assassinés dans ce qui constitue un acte de pure terreur, d’une brutalité insensée », a fustigé le chef de la diplomatie américaine. Invoquant l’intensification de la colonisation israélienne et les provocations de juifs radicaux à l’Esplanade des mosquées (troisième lieu saint de l’islam), appelé le Mont du Temple (de Salomon) par les juifs, les Palestiniens multiplient les manifestations et les attaques depuis l’été dernier. La Croix (19 novembre 2014)
Si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen – en particulier les méchants et sales Français – ou un Australien ou un Canadien, ou tout […] citoyen des pays qui sont entrés dans une coalition contre l’État islamique, alors comptez sur Allah et tuez-le de n’importe quelle manière. (…) Tuez le mécréant qu’il soit civil ou militaire. (…) Frappez sa tête avec une pierre, égorgez-le avec un couteau, écrasez-le avec votre voiture, jetez-le d’un lieu en hauteur, étranglez-le ou empoisonnez-le. Abou Mohammed al-Adnani (porte-parole de l’EI)
Toujours viser les endroits fréquentés, tel que les lieux touristiques, les grandes surfaces, les synagogues, les églises, les loges maçonniques, les permanences des partis politiques, les lieux de prêches des apostats, le but étant d’installer la peur dans leur coeur (…) avec n’importe quel moyen qui est à votre disposition, un simple couteau de cuisine ou un autre objet tranchant comme des cutters. Dar al Islam (magazine de l’Etat islamique, mars 2016)
Il est remarquable que dans son ensemble la presse française n’ait jamais fait le parallèle entre les attentats djihadistes dont le pays souffre depuis les crimes perpétrés par Mohamed Merah en 2012 et ceux qu’endurent les Israéliens depuis bien des années. L’idée qu’il s’agit d’un combat commun contre la barbarie ne semble pas avoir effleuré la cervelle de nos journalistes patentés, fidèles lecteurs des communiqués de l’Agence France Presse. Le préjugé en faveur des Palestiniens est tel que, même lorsque ces derniers se livrent à des attentats délibérément dirigés contre des civils tels que les bombes, les « kamikazes », dans les autobus ou les cafés, et plus encore lorsque leurs méthodes, comme récemment, sont conformes aux instructions de Daech, à savoir l’attaque indiscriminée au couteau, à la voiture-bélier, etc, les commentaires des médias français se gardent bien de faire le lien avec les attentats en France. Il y aurait pourtant bien des leçons à prendre des Israéliens sur le contre-terrorisme que l’on ne consulte qu’en catimini, par exemple pour la sécurité d’Aéroport de Paris, celui de Ben Gourion étant devenu l’aéroport le plus sûr du monde. Sans remonter au déluge, Israël a fait l’objet de 45 attaques utilisant des véhicules divers depuis septembre 20151. Aucune de ces attaques n’a fait autant de morts et de blessés que celle de Nice. Les attentats au couteau, à l’arme automatique, aux divers « engins-béliers » ont été contrés pour la plupart de manière beaucoup plus efficace qu’en France. Malgré la diversité des procédés employés et leurs effets de surprise, la neutralisation ou la mise en fuite des terroristes a été rapide. En effet, ces derniers se sont heurtés à un peuple préparé à la riposte, reposant sur la présence d’hommes (et de femmes) armés dans la foule : policiers, militaires en service ou en permission, réservistes bénéficiant d’une autorisation de port d’arme. À cela on doit ajouter les contrôles systématiques de tout individu présentant un comportement suspect et la surveillance des réseaux sociaux. Ces réactions et ces précautions ont limité le nombre des victimes d’attentats en ville. Mais elles demeurent insuffisantes à la sécurité des personnes isolées, mitraillées sur une route, ou surprise chez elles, comme ce fut le cas dernièrement à Kiriat Arba (Hébron) d’une fillette de 13 ans, assassinée  dans son lit. Mais à ma connaissance, on ne proclame pas en Israël,  à la suite de ces meurtres, que le risque zéro n’existe pas, ce qui est vrai, mais ne doit pas servir à diluer les failles des dispositifs défensifs dans un fatalisme compassionnel. Marc Nacht
Les Etats-Unis prendront des mesures pour stopper le terrorisme dans le monde (…) Vous voyez de quoi ils sont capables… Les Etats-Unis devront dorénavant s’impliquer (…) Israël a maintenant l’espoir que le monde nous comprendra. Les Américains sont naïfs et l’Amérique est facile à pénétrer. Il n’y a pas beaucoup de contrôles en Amérique. Et désormais l’Amérique sera plus dure à propos de ceux qui débarquent sur son territoire. Israéliens interrogés par le FBI (septembre 2001)
J’en avais les larmes aux yeux. Ces gars-là plaisantaient et ca m’a dérangé. Pour ces gars-là, c’était comme, ‘maintenant l’Amérique sait ce que nous vivons.’ Urban Moving worker
According to Cannistraro, many people in the U.S. intelligence community believed that some of the men arrested were working for Israeli intelligence. Cannistraro said there was speculation as to whether Urban Moving had been « set up or exploited for the purpose of launching an intelligence operation against radical Islamists in the area, particularly in the New Jersey-New York area. » Under this scenario, the alleged spying operation was not aimed against the United States, but at penetrating or monitoring radical fund-raising and support networks in Muslim communities like Paterson, N.J., which was one of the places where several of the hijackers lived in the months prior to Sept. 11. For the FBI, deciphering the truth from the five Israelis proved to be difficult. One of them, Paul Kurzberg, refused to take a lie-detector test for 10 weeks — then failed it, according to his lawyer. Another of his lawyers told us Kurzberg had been reluctant to take the test because he had once worked for Israeli intelligence in another country. Sources say the Israelis were targeting these fund-raising networks because they were thought to be channeling money to Hamas and Islamic Jihad, groups that are responsible for most of the suicide bombings in Israel. « [The] Israeli government has been very concerned about the activity of radical Islamic groups in the United States that could be a support apparatus to Hamas and Islamic Jihad, » Cannistraro said. The men denied that they had been working for Israeli intelligence out of the New Jersey moving company, and Ram Horvitz, their Israeli attorney, dismissed the allegations as « stupid and ridiculous. » (…) Despite the denials, sources tell ABCNEWS there is still debate within the FBI over whether or not the young men were spies. Many U.S. government officials still believe that some of them were on a mission for Israeli intelligence. But the FBI told ABCNEWS, « To date, this investigation has not identified anybody who in this country had pre-knowledge of the events of 9/11. » Sources also said that even if the men were spies, there is no evidence to conclude they had advance knowledge of the terrorist attacks on Sept. 11. The investigation, at the end of the day, after all the polygraphs, all of the field work, all the cross-checking, the intelligence work, concluded that they probably did not have advance knowledge of 9/11, » Cannistraro noted. As to what they were doing on the van, they say they read about the attack on the Internet, couldn’t see it from their offices and went to the parking lot for a better view. But no one has been able to find a good explanation for why they may have been smiling with the towers of the World Trade Center burning in the background. Both the lawyers for the young men and the Israeli Embassy chalk it up to immature conduct. According to ABCNEWS sources, Israeli and U.S. government officials worked out a deal — and after 71 days, the five Israelis were taken out of jail, put on a plane, and deported back home. While the former detainees refused to answer ABCNEWS’ questions about their detention and what they were doing on Sept. 11, several of the detainees discussed their experience in America on an Israeli talk show after their return home. Said one of the men, denying that they were laughing or happy on the morning of Sept. 11, « The fact of the matter is we are coming from a country that experiences terror daily. Our purpose was to document the event. » ABC News
Sur le Coran de La Mecque, je vais attaquer une église. Adel Kermiche
 Vers 9h25, deux hommes porteurs d’armes blanches ont surgi dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray. Ils ont pris en otages six personnes, le prêtre, trois religieuses et un couple de paroissiens. L’une des religieuses est parvenue à prendre la fuite et à donner l’alerte. La brigade d’intervention (BRI) et une brigade anti-criminalité arrivées sur place ont tenté d’entamer une négociation avec les terroristes. Les policiers ont ensuite tenté une incursion, sans succès. Peu après, trois otages – les deux religieuses et une paroissienne – sont sortis de l’église suivis par les deux terroristes criant « Allah Akbar », dont l’un portait une arme de poing. Les deux assaillants ont été tués par la BRI. Selon le témoignage d’une religieuse parvenue à s’enfuir, les terroristes se sont « enregistrés » au moment du crime, l’un a fait « un peu comme un sermon autour de l’autel en arabe » avant l’assassinat du prêtre. Le Figaro
For many Israelis, the horrifying images of a truck plowing through crowds for more than a mile in the French resort town of Nice struck a macabrely familiar chord. (…)  Nice was an even more direct, if far deadlier, echo of a 2011 rampage in which an Arab-Israeli man’s truck barreled down a Tel Aviv street for a mile, killing one and wounding 17. These followed a spate of attacks with heavy construction vehicles and cars as weapons in 2008. And since October, according to Shin Bet, Israel’s domestic security agency, at least 32 Palestinians have rammed vehicles into people at bus stops, intersections and military checkpoints. The French prime minister said after the Nice attack, the nation’s third mass killing in 18 months, that France “must live with terrorism.” That is what Israelis have been doing for decades, through the plane hijackings of the 1970s; the suicide bombers of the second intifada, or Palestinian uprising, which began in 2000; and the lone-wolf stabbings and shootings of the past 10 months. In Israel, ordinary citizens, security officials and experts feel they have seen it all and say they have adapted to a perennial, if ever-changing, threat. They speak of constantly staying alert, exercising caution and growing accustomed to what some may find to be intrusive levels of security, but essentially carrying on.  (…) That routine includes opening bags for a check and passing through metal detectors at train or bus stations, shopping malls and movie complexes. At the height of the suicide bombings, customers paid a small surcharge at cafes and restaurants to subsidize the cost of a guard at the door. Hundreds of armed civilian guards have been deployed to protect public transportation in Jerusalem in recent months amid the wave of attacks, which have been glorified by some Palestinians on social media. The guards stand at bus and light-rail stops, and hop on and off buses along main routes, with the same powers to search and arrest as the police. Israel has also invested hugely in intelligence, its tactics evolving as its enemies change theirs. Several psychological studies in Israel have found that people habituate quickly to threats, making adjustments to daily life — keeping children at home, for example, rather than sending them to summer camp — and adopting dark humor about the randomness of the threat. (…) Some Israeli politicians have been disparaging about what they view as European negligence in security matters. After the attacks in March in Brussels, for example, a senior minister, Israel Katz, said Belgium would not be able to fight Islamist terrorism “if Belgians continue eating chocolate and enjoying life and looking like great democrats and liberals.” In a radio interview on Sunday, Yaakov Perry, a former Shin Bet chief now in Parliament, recommended deeper intelligence supervision of neighborhoods “where Muslims, refugees, Daesh supporters of various sorts live,” using an Arabic acronym to refer to the Islamic State. He also suggested that the French police were complacent, referring to news reports that the driver in Nice had told officers he was delivering ice cream. “If the driver says he has ice cream, open the truck and check if he has ice cream,” Mr. Perry said. That the attack occurred at a mass gathering for Bastille Day, France’s national holiday, had Israelis shaking their heads. Micky Rosenfeld, an Israeli police spokesman, said that to secure a major event like Independence Day celebrations, when tens of thousands of people gather along the Tel Aviv seafront to watch an air and naval display, officers gather intelligence for weeks beforehand, and erect a 360-degree enclosure of the area, with layers of security around the perimeter. Main roads are typically blocked off with rows of buses, and smaller side streets with patrol cars. In addition to a large uniformed and undercover police presence, counterterrorism teams are strategically placed to provide a rapid response if needed. For intelligence gathering, Shin Bet has used a “basic coverage” method, which involves homing in on a particular neighborhood or population sector that is considered a potential security risk. The agency then builds an intimate system of surveillance and a network of local informers who can point to any sign of suspicious or unusual activity.(…) But several security experts acknowledged that with citizens in a democracy, including Israel’s large Arab minority, these methods of intelligence gathering — “neighbors informing on neighbors,” as one put it — can be difficult to balance with civil liberties. These measures are also less effective, they say, in trying to prevent individual attacks that are not affiliated with any organization and that at times appear to have erupted spontaneously. The NYT
There, is of course, a very important reason why the mainstream media ignores radical Muslim persecution of Christians: if the full magnitude of this phenomenon was ever known, many cornerstones of the mainstream media—most prominent among them, that Israel is oppressive to Palestinians—would immediately crumble. Why? Because radical Muslim persecution of Christians throws a wrench in the media’s otherwise well-oiled narrative that “radical-Muslim-violence-is-a-product-of-Muslim-grievance”—chief among them Israel. Consider it this way: because the Jewish state is stronger than its Muslim neighbors, the media can easily portray Islamic terrorists as frustrated “underdogs” doing whatever they can to achieve “justice.” No matter how many rockets are shot into Tel Aviv by Hamas and Hezbollah, and no matter how anti-Israeli bloodlust is articulated in radical Islamic terms, the media will present such hostility as ironclad proof that Palestinians under Israel are so oppressed that they have no choice but to resort to terrorism. However, if radical Muslims get a free pass when their violence is directed against those stronger than them, how does one rationalize away their violence when it is directed against those weaker than them—in this case, millions of indigenous Christians? The media simply cannot portray radical Muslim persecution of Christians—which in essence and form amount to unprovoked pogroms—as a “land dispute” or a product of “grievance” (if anything, it is the ostracized and persecuted Christian minorities who should have grievances). And because the media cannot articulate radical Islamic attacks on Christians through the “grievance” paradigm that works so well in explaining the Arab-Israeli conflict, their main recourse is not to report on them at all. In short, Christian persecution is the clearest reflection of radical Islamic supremacism. Vastly outnumbered and politically marginalized Christians simply wish to worship in peace, and yet still are they hounded and attacked, their churches burned and destroyed, their women and children enslaved and raped. These Christians are often identical to their Muslim co-citizens, in race, ethnicity, national identity, culture, and language; there is no political dispute, no land dispute. The only problem is that they are Christian and so, Islamists believe according to their scriptural exegesis, must be subjugated. If mainstream media were to report honestly on Christian persecution at the hands of radical Islamists so many bedrocks of the leftist narrative currently dominating political discourse would crumble, first and foremost, the idea that radical Islamic intolerance is a product of “grievances,” and that Israel is responsible for all Jihadist terrorism against it. Raymond Ibrahim
The Maginot Line of “European values” won’t prevail over people who recognize none of those values. So much was made clear by French Prime Minister Manuel Valls, who remarked after the Nice attack that “France is going to have to live with terrorism.” This may have been intended as a statement of fact but it came across as an admission that his government isn’t about to rally the public to a campaign of blood, toil, tears and sweat against ISIS—another premature capitulation in a country that has known them before (…) Then there is Germany, site of three terror attacks in a week. It seems almost like a past epoch that Germans welcomed a million Middle Eastern migrants in an ecstasy of moral self-congratulation, led by Angela Merkel’s chant of “We can do it!” Last summer’s slogan now sounds as dated and hollow as Barack Obama’s “Yes we can!” Now Germany will have to confront a terror threat that will make the Baader-Meinhof gang of the 1970s seem trivial. The German state is stronger and smarter than the French one, but it also surrenders more easily to moral intimidation. The idea of national self-preservation at all costs will always be debatable in a country seeking to expiate an inexpiatable sin. Thus the question of whether Europe is helpless. At its 1980s peak, under François Mitterrand and Helmut Kohl, the European project combined German economic strength and French confidence in power politics. Today, it mixes French political weakness with German moral solipsism. This is a formula for rapid civilizational decline, however many economic or military resources the EU may have at its disposal. Can the decline be stopped? Yes, but that would require a great unlearning of the political mythologies on which modern Europe was built. Among those mythologies: that the European Union is the result of a postwar moral commitment to peace; that Christianity is of merely historical importance to European identity; that there’s no such thing as a military solution; that one’s country isn’t worth fighting for; that honor is atavistic and tolerance is the supreme value. People who believe in nothing, including themselves, will ultimately submit to anything. The alternative is a recognition that Europe’s long peace depended on the presence of American military power, and that the retreat of that power will require Europeans to defend themselves. Europe will also have to figure out how to apply power not symbolically, as it now does, but strategically, in pursuit of difficult objectives. That could start with the destruction of ISIS in Libya. More important, Europeans will have to learn that powerlessness can be as corrupting as power—and much more dangerous. The storm of terror that is descending on Europe will not end in some new politics of inclusion, community outreach, more foreign aid or one of Mrs. Merkel’s diplomatic Rube Goldbergs. It will end in rivers of blood. Theirs or yours? In all this, the best guide to how Europe can find its way to safety is the country it has spent the best part of the last 50 years lecturing and vilifying: Israel. For now, it’s the only country in the West that refuses to risk the safety of its citizens on someone else’s notion of human rights or altar of peace. Europeans will no doubt look to Israel for tactical tips in the battle against terrorism—crowd management techniques and so on—but what they really need to learn from the Jewish state is the moral lesson. Namely, that identity can be a great preserver of liberty, and that free societies cannot survive through progressive accommodations to barbarians. Bret Stephens
Dans une enquête publiée aujourd’hui, Libération accuse le ministre de l’Intérieur d’avoir menti s’agissant de la sécurisation de la Promenade des Anglais le soir du 14 juillet dernier. Riposte immédiate de Bernard Cazeneuve : Libération utilise des «procédés qui empruntent aux ressorts du complotisme» et cherche à l’atteindre «dans sa réputation». Dans un édito en forme de «c’est celui qui dit qui l’est», Johan Hufnagel, directeur délégué de Libération, suggère que c’est Bernard Cazeneuve qui est victime d’«une poussée de complotisme». (…) Ni la presse ni le Gouvernement, cibles de choix des complotistes patentés, ne sortent grandis d’une telle séquence. Morale de l’histoire : cessons de gloser sur le complotisme présumé des uns et des autres à partir de matériaux aussi fragiles. Ne contribuons pas à faire du «complotisme» une étiquette infamante parmi d’autres. Utiliser ce mot de manière aussi peu fondée pour délégitimer un détracteur est en réalité une manière d’œuvrer à sa démonétisation et de rendre, au final, un fier service à tous ceux – vrais imposteurs et autres désinformateurs professionnels – qui prospèrent sur la montée contemporaine du complotisme. Conspiracy watch
Sait-on par exemple que les seules personnes arrêtées le jour même et en relation avec les attaques terroristes du 11-Septembre sont des Israéliens ? L’information a été rapportée dès le lendemain par le journaliste Paulo Lima dans The Record, quotidien du comté de Bergen dans le New Jersey, d’après des sources policières. Immédiatement après le premier impact sur la tour Nord, trois individus furent aperçus par divers témoins sur le toit d’un van stationné à Liberty State Park dans Jersey City, « en train d’exulter » (celebrating), de « sauter de joie » (jumping up and down), et de se photographier avec les tours jumelles en arrière-plan. Ils déplacèrent ensuite leur van sur un autre parking de Jersey City, où d’autres témoins les virent se livrer aux mêmes réjouissances ostentatoires. La police émit aussitôt une alerte BOLO (be-on-the-look-out) : « Véhicule possiblement lié à l’attaque terroriste de New York. Van blanc Chevrolet 2000 avec une plaque du New Jersey et un signe ‘Urban Moving Systems’ à l’arrière, a été vu au Liberty State Park, Jersey City, NJ, au moment du premier impact d’avion de ligne dans le World Trade Center. Trois individus avec le van ont été vus se réjouissant après l’impact initial et l’explosion qui s’en suivit. » Le van fut intercepté par la police quelques heures plus tard, avec à son bord cinq jeunes Israéliens : Sivan et Paul Kurzberg, Yaron Shmuel, Oded Ellner et Omer Marmari. Contraint physiquement de sortir du véhicule et plaqué à terre, le conducteur, Sivan Kurzberg, lança cette phrase étrange : « On est Israéliens. On n’est pas votre problème. Vos problèmes sont nos problèmes. Les Palestiniens sont le problème. » Les sources policières qui informèrent Paulo Lima étaient convaincues de l’implication de ces Israéliens dans les attentats de la matinée : « Il y avait des cartes de la ville dans le van avec certains points surlignés. On aurait dit qu’ils étaient au courant, […] qu’ils savaient ce qui allait se passer lorsqu’ils étaient à Liberty State Park. » On trouva également sur eux des passeports de nationalités diverses, près de 6 000 dollars en espèces et des billets d’avion open pour l’étranger. Les frères Kurzberg furent formellement identifiés comme agents du Mossad. Les cinq Israéliens travaillaient officiellement pour une compagnie de déménagement nommée Urban Moving Systems, dont les employés étaient majoritairement israéliens. « J’étais en pleurs. Ces types blaguaient et ça me perturbait, » révéla au Record un des rares employés non-israéliens. Le 14 septembre, après avoir reçu la visite de la police, le propriétaire de l’entreprise, Dominik Otto Suter, quittait le pays pour Tel-Aviv. L’information divulguée par le Record, confirmée par le rapport de police, a été reprise par des sites d’investigation comme le Wayne Madsen Report (14 septembre 2005) et Counterpunch (7 février 2007). Elle fut aussi rapportée dans quelques grands médias comme mais d’une façon qui minimisait sa portée : le New York Times (21 novembre 2001) omettait de préciser la nationalité des individus, tout comme Fox News et l’agence Associated Press. Le Washington Post (23 novembre 2001) disait bien qu’ils étaient Israéliens, mais passa sous silence leur apparente préconnaissance de l’événement. En revanche, The Forward (15 mars 2002), magazine de la communauté juive new-yorkaise, révéla, d’après une source anonyme du renseignement états-unien, qu’Urban Moving Systems était une antenne sous couverture du Mossad (ce qui ne l’empécha pas de bénéficier d’un prêt fédéral de 498 750 dollars, comme le révèlent les archives du fisc. Le FBI diligenta sur cette affaire une enquête consignée dans un rapport de 579 pages, partiellement déclassifié en 2005 (il le sera totalement en 2035). Le journaliste indépendant Hicham Hamza a analysé ce rapport en détail dans son livre : Israël et le le 11-Septembre : le Grand Tabou. Il en ressort plusieurs éléments accablants. Tout d’abord, les photos prises par ces jeunes Israéliens les montrent effectivement dans des attitudes de célébration devant la tour Nord en feu : « Ils souriaient, ils s’embrassaient et ils se tapaient mutuellement dans les mains. » Pour expliquer cette attitude, les intéressés dirent qu’ils s’étaient simplement réjoui « que les États-Unis auraient maintenant à prendre des mesures pour arrêter le terrorisme dans le monde » (alors que, à ce point, une majorité de gens pensait à un accident plutôt qu’à un acte terroriste). Plus grâve, un témoin au moins les a vus positionnés dès 8 heures, soit avant qu’un avion ne percute la première tour, tandis que d’autres certifient qu’ils prenaient déjà des photos cinq minutes après, ce que confirment leurs photos. Un ancien employé confirma au FBI l’ambiance fanatiquement pro-israélienne et anti-américaine qui régnait dans l’entreprise, prêtant même à son directeur Dominik Otto Suter ces paroles : « Donnez-nous vingt ans et nous nous emparerons de vos médias et détruirons votre pays. » Les cinq Israéliens arrêtés étaient en contact avec une autre entreprise de déménagement dénommée Classic International Movers, dont quatre employés avaient été interrogés indépendamment pour leur liens avec les dix-neufs pirates de l’air présumés. L’un d’eux avait téléphoné à « un individu en Amérique du Sud possédant des liens authentiques avec les militants islamiques au Moyen Orient. » Enfin, « un chien renifleur donna un résultat positif pour la présence de traces d’explosifs dans le véhicule. » Comme le remarque Hamza, la conclusion du rapport laisse sonjeur : le FBI informe la police locale, qui détient les suspects, « que le FBI n’a plus aucun intérêt à enquêter sur les détenus et qu’il convient d’entamer les procédures d’immigration appropriées. » Une lettre du Service fédéral de l’immigration et de la naturalisation prouve qu’en fait la direction du FBI avait recommandé la clôture de l’enquête dès le 24 septembre 2001. Les cinq Israéliens passèrent cependant 71 jours dans une prison de Brooklyn, au cours desquels ils refusèrent puis échouèrent plusieurs fois au détecteur de mensonge. Puis ils furent rapatriés sous la simple charge de visa violations. On doit, pour finir, évoquer un détail essentiel de cette affaire, qui apporte peut-être une explication supplémentaire au comportement exhubérant de ces jeunes Isréaliens : certains témoins précisent, dans leurs appels à la police, que les individus se réjouissant sur le toit de leur van semblaient « arabes » ou « Palestiniens ». En particulier, peu après l’effondrement des tours, un appel anonyme à la police de Jersey City, rapporté le jour même par NBC News, signale « un van blanc, avec deux ou trois types à l’intérieur, ils ressemblent à des Palestiniens et ils tournent autour d’un bâtiment » ; l’un d’eux « mélange des choses et il a cet uniforme ‘sheikh’. […] Il est habillé comme un arabe. » Tout porte à croire que ces individus étaient précisément les cinq Israéliens arrêtés plus tard. Deux hypothèses viennent à l’esprit : ou bien nos faux déménageurs se sont effectivement livrés à une mise en scène pour apparaître comme arabes/Palestiniens, ou bien le ou les témoins les ayant décrits comme tels étaient des complices. Dans un cas comme dans l’autre, il ressort que leur but était d’initier la rumeur médiatique qu’on avait repéré des musulmans qui non seulement se réjouissaient des attentats, mais en avaient préconnaissance. L’information fut effectivement diffusée sur certaines radios dès midi, et sur NBC News dans l’après-midi. Je penche personnellement pour la seconde hypothèse (les informateurs complices plutôt que de vrais déguisement arabes), car le rapport de police ne signale pas de vêtement exotique trouvé dans le van, mais surtout parce que l’informateur cité plus haut, qui insiste sur ce détail vestimentaire, semble avoir voulu induire en erreur la police sur la localisation exacte du van ; ce dernier ne fut intercepté que parce que la police, au lieu de se contenter de cette localisation, barra tous les ponts et souterrains entre New Jersey et New York. Mais l’important est ceci : Si les Israéliens n’avaient pas été interpelés en fin d’après-midi, l’histoire aurait probablement fait la une des journaux sous le titre : The Dancing Arabs. Au lieu de ça, elle fut totalement étouffée et ne circula que confidentiellement, sous le titre the dancing Israelis, ou the highfivers. Laurent Guyenot (Réseau Voltaire)
1/ Des résidus explosifs ont été retrouvés dans le fourgon des cinq Israéliens (1-7). Un chien affecté à la détection de bombes a également réagi lors de la fouille du véhicule (5-44).
 2/ Les trois Israéliens aperçus -avant et après l’impact du second avion- en train de se filmer et de se photographier, avec la première tour embrasée en arrière-plan, étaient joviaux (1-35, 1-65). 76 photos en noir et blanc ont été développées par les enquêteurs (1-80).
3/ La présence de leur véhicule sur le lieu des réjouissances est attestée par deux témoins vers 8h/8h15 du matin, ce mardi 11 septembre 2001, soit une demi-heure environ avant le crash du premier avion dans la Tour Nord (6-42, 5-25). Les trois Israéliens concernés affirmeront aux enquêteurs n’avoir débarqué qu’aux alentours de 9h -juste avant l’impact du second avion-et seulement après avoir appris l’information du premier crash sur Internet. Vers 9h20, soit une quinzaine de minutes après le crash du second avion, le van blanc aura déjà quitté les lieux.
4/ Un autre témoin raconte les avoir vus en action 5 mn après l’impact du premier avion (5-25). Les photos développées confirment qu’ils étaient déjà sur place : la fumée –visible sur leurs images- vient à peine de s’échapper de la Tour Nord (5-62).
5/ Plusieurs témoins ont rapporté avoir constaté l’usage d’une caméra vidéo qui n’aurait pas été retrouvée lors de l’arrestation des Israéliens (6-45). Ceux-ci ont démenti avoir eu recours à un tel appareil. Le FBI évoque pourtant une « tromperie » (5-56). Sur ce point crucial comme sur la question de leur emploi du temps, les enquêteurs ont déjà noté de nombreuses contradictions dans leurs témoignages (6-43).
6/ Lors de leur arrestation musclée et arme au poing, les policiers ont retrouvé des cartes d’étudiant falsifiées, aucun équipement relatif à leur activité de déménageur (5-45), un passeport allemand, près de 6000 dollars en cash ainsi que des billets d’avion pour un départ ouvert et immédiat à destination de l’étranger (5-44).
7/ Interrogés sur leur perception des attentats, les Israéliens ont tenu des propos très politiques : « Les Etats-Unis prendront des mesures pour stopper le terrorisme dans le monde » (5-86), « Vous voyez de quoi ils sont capables…Les Etats-Unis devront dorénavant s’impliquer » (5-20), « Israël a maintenant l’espoir que le monde nous comprendra. Les Américains sont naïfs et l’Amérique est facile à pénétrer. Il n’y a pas beaucoup de contrôles en Amérique. Et désormais l’Amérique sera plus dure à propos de ceux qui débarquent sur son territoire »
8/ Les enquêteurs du FBI ont appris de la part d’un ancien salarié de l’entreprise de déménagement que le dirigeant -nommé Dominic Suter et considéré depuis comme un fugitif (90-1)- avait un profond mépris pour les Etats-Unis ( 5-42). Un anti-américanisme partagé par ses employés israéliens dont l’un aurait jadis déclaré cette phrase stupéfiante : « Donnez-nous vingt ans et nous nous emparerons de vos médias et détruirons votre pays » (1-37).
9/ Le FBI a constaté dans son enquête plusieurs éléments troublants : la petite compagnie de déménagement disposait d’une quinzaine d’ordinateurs –soit un nombre disproportionné par rapport à la taille de l’entreprise (1-47) ; le personnel était essentiellement composé d’Israéliens, de Russes et d’Hongrois qui pratiquaient une forme de discrimination dans leurs réunions à l’encontre des employés non-Juifs (5-41) ; un des cinq détenus israéliens s’était fait passer pour un « ouvrier de chantier » le 10 septembre 2001 aux abords de l’endroit où il sera présent le lendemain lors de la capture photographique des tours embrasées (5-46) ; le chauffeur du van blanc était capable, selon un employé égyptien d’une station d’essence qui fut interrogé par le FBI, de s’exprimer en arabe (5-31).
10/ Pour conclure, une attention particulière mérite d’être consacrée à ces quatre extraits étonnants : les cinq employés d’Urban Moving Systems étaient en contact avec d’autres déménageurs israéliens exerçant pour une compagnie basée également dans le New Jersey et dénommée Classic International Movers. Chose étrange : le FBI a interrogé quatre de ses employés -tous issus de l’armée israélienne- en raison de leur lien avéré avec un des dix-neuf pirates de l’air présumés (1-39).
L’un d’entre eux sera visiblement mal à l’aise durant l’interrogatoire (6-47).
Un des cinq Israéliens disposa également du contact téléphonique d’un homme vivant en Amérique du Sud et lié aux « militants islamiques du Moyen-Orient » (6-40).
Les enquêteurs du FBI ont remarqué un fait qualifié de « bizarre » : un van appartenant à la compagnie Urban Moving Systems s’était dirigé -hors de son secteur régulier- le matin du 11 septembre 2001 en direction du site du crash du vol 93 (1-36).
Enfin, l’un des cinq Israéliens a exprimé, de retour ce matin-là dans l’entreprise, une phrase curieuse à la suite de la chute de la première tour : « Ils vont abattre le second bâtiment ». Interrogé sur le sens des mots employés, il s’est contenté d’affirmer aux enquêteurs qu’il avait d’abord envisagé que l’effondrement de la Tour Sud était une démolition contrôlée par les autorités afin d’éviter des dégâts colossaux (3-64).
Chacun pourra tirer ses propres déductions de cette sélection nécessairement parcellaire. Prochainement, Oumma continuera de soulever le voile en revenant notamment sur l’histoire de ce réseau américain d’espions israéliens dont la mission, en 2000/2001, aurait été uniquement de surveiller les cellules islamistes. En outre, nous aborderons également l’un des aspects les plus méconnus du 11-Septembre : l’existence de liens privilégiés entre les autorités de Tel Aviv et plusieurs responsables du World Trade Center. D’ici là, nous vous invitons à interpréter comme bon vous semblera cet autre passage issu du rapport sur les cinq Israéliens.
En date du 24 septembre 2001, soit 13 jours à peine après leur arrestation, le QG du FBI avait déjà transmis à l’antenne locale chargée de l’enquête -officiellement achevée en 2003- cette « recommandation » (5-59) : « Le FBI n’a plus aucun intérêt à enquêter sur les détenus ». Rapport du FBI (Extraits)
Les Afro-Américains ont toujours su qu’un petit peu de paranoïa ne pouvait pas nous faire de mal. Cynthia McKinney
J’aurai probablement des problèmes pour ce que je viens de vous dire ce soir, confie-t-elle un soir d’été de l’année 2003, devant un parterre de fidèles de l’Eglise baptiste abyssinienne de Harlem. Mais ce ne sera pas la première fois que j’aurai des problèmes pour avoir dit la vérité. Et je continuerai à dire la vérité. Comme je l’ai déjà dit auparavant, je ne m’assiérai pas et je ne me tairai pas. Cynthia McKinney
Ce qui s’est passé au Rwanda n’est pas un génocide planifié par les Hutu. C’est un changement de régime. Un coup d’Etat terroriste perpétré par Kagame avec l’aide de forces étrangères. Cynthia McKinney
Le lobby sioniste dresse sa tête hideuse dans bien trop de facettes de la vie de ce pays, en particulier dans la vie politique (…) les sionistes ont réussi à me mettre à la porte du Congrès à deux reprises. Cynthia McKinney
Les Juifs ont acheté tout le monde. Bill McKinney (ancien représentant, père et plus proche conseiller politique de Cynthia McKinney)
L’occupation israélienne doit finir, y compris au Congrès. Raeed Tayeh (plume de Cynthia McKinney)
Le même photographe israélien prend en photo les tragédies de Nice et Munich. Quelle en était la probabilité ? Vous souvenez-vous des Israéliens qui dansent ? … Cynthia McKinney
McKinney professe un internationalisme consistant, pour l’essentiel, à accuser le gouvernement de son pays et l’Etat d’Israël d’être à l’origine de tous les maux de la planète. A contrario, elle excelle à prendre la défense des régimes les plus liberticides, pourvus qu’ils « résistent à l’Empire ». Ainsi McKinney n’hésite-t-elle pas à chanter les louanges du régime de Robert Mugabe au Zimbabwe ou à exalter la « résistance » du Hamas et du Hezbollah. Concernant le génocide rwandais, l’ancienne membre du Congrès américain partage les thèses très controversées d’un Pierre Péan ou d’un Charles Onana (…) Pour elle, « ce qui s’est passé au Rwanda n’est pas un génocide planifié par les Hutu. C’est un changement de régime. Un coup d’Etat terroriste perpétré par Kagame avec l’aide de forces étrangères ». McKinney a également relayé sans scrupule la théorie du complot selon laquelle les Etats-Unis dissimulerait au monde l’existence d’immenses réserves de pétrole au large des côtes d’Haïti, une richesse qu’ils convoiteraient depuis des décennies, privant ainsi scandaleusement le peuple haïtien de ses ressources naturelles. (…) Se comparant souvent à Rosa Parks, Cynthia McKinney se voit elle-même en martyr de la liberté d’expression, en pasionaria de la Vérité (…) le politologue Michael Barkun classe Cynthia McKinney parmi ces « rebelles de la politique » dont les outrances s’inscrivent dans une stratégie du dérapage n’ayant d’autre fin que de faire parler d’eux. En 2002, quelques mois après ses premières philippiques conspirationnistes sur le 11-Septembre, elle perd le siège qu’elle occupait à la Chambre des représentants depuis 1993 à l’occasion d’une primaire démocrate. La candidate malheureuse explique sa défaite par l’hostilité des « médias » à son encontre. Son père, l’ancien représentant Bill McKinney, qui est aussi le plus proche conseiller politique de Cynthia, fait valoir une toute autre interprétation : la veille du scrutin, interrogé sur l’un des soutiens de sa fille, il incrimine « les Juifs [qui] ont acheté tout le monde », avant d’épeler chacune des lettres du mot « Jews » pour s’assurer que chacun comprenne clairement ce qu’il est en train de dire. Une déclaration que Cynthia McKinney n’a jamais cru devoir désavouer. Les violentes diatribes anti-israéliennes dans lesquelles se lance Cynthia McKinney lui valent une popularité réelle au sein de la communauté arabo-musulmane américaine, particulièrement sensible à la cause palestinienne. En 2002, le Washington Post révèle ainsi que les trois-quarts des fonds levés par McKinney pour sa campagne proviennent de donateurs issus de la communauté musulmane ne résidant même pas dans le 4ème district de l’Etat de Géorgie dans lequel elle se présentait.  (…)  McKinney retrouve momentanément son siège de représentante de l’Etat de Géorgie en 2004 mais le perd à nouveau aux primaires démocrates d’août 2006, un scrutin marqué par la révélation de la présence, au sein de l’équipe chargée de sa sécurité et jusque dans son QG de campagne, de membres du New Black Panther Party, organisation suprématiste noir ouvertement antisémite (…) formation dissidente du Black Panther Party historique. (…) Pour McKinney, l’explication de cette seconde défaite tient en deux mots : « lobby sioniste ». (…) La décennie 2000-2010 l’a vu passer du respectable Parti démocrate – dont elle claqua la porte en 2007 – aux marges les plus nauséabondes de la scène politique américaine. Parallèlement à la fondation de son propre mouvement, « Dignity », sur le modèle de celui créé en Grande-Bretagne par son ami George Galloway, elle n’a eu de cesse de resserrer ses liens avec cette nébuleuse parfois qualifiée de « rouge-brune » où se croisent, se rencontrent et se mêlent militants pro-palestiniens radicaux, activistes islamistes, suprématistes noirs et racistes d’extrême droite. Le Southern Poverty Law Center (…) a consacré un article à Cynthia McKinney, soulignant ses flirts poussés avec le petit monde des négationnistes. (…) McKinney est l’une des personnalités phares du 9/11 Truth Movement ; elle fréquente des antisémites notoires qui pensent que tous les maux de ce monde prennent leur source dans une vaste conspiration judéo-maçonnique ourdie depuis des siècles ; elle explique ses échecs électoraux par le pouvoir « impitoyable » du « lobby sioniste » ; elle considère que Barack Obama aspire à « créer un Etat policier » aux Etats-Unis (…)… Mais n’allez surtout pas dire à Cynthia McKinney qu’elle est une conspirationniste : elle croira que vous faites partie d’un complot visant à la discréditer. Conspiracy watch
Le 17 septembre 2001, la chaîne libanaise du Hezbollah ouvre son journal avec un scoop qu’elle attribue au journal jordanien Al-Watan, lui-même informé par « des sources diplomatiques arabes » : 4 000 Juifs ne sont pas venus travailler au World Trade Center, avertis par le Mossad de l’imminence d’une attaque menée par des agents israéliens. Dans les jours qui suivent, des dizaines de journaux arabes ou musulmans, à Londres, au Caire, à Téhéran, à Damas, à Riyad, rapportent l’affaire des 4 000 Juifs manquants.  Le 19 septembre 2001, en direct sur Al-Jazira, le présentateur vedette Faycal Al-Qassem avance qu’« aucun des 4 000 Juifs travaillant au WTC n’est venu travailler le 11 septembre ». La chaîne qatarie est potentiellement regardée par quarante millions de téléspectateurs. Al-Qassem sera suspendu quelques semaines par sa hiérarchie. Le 21 septembre, la Pravda russe emboîte le pas, sous la signature d’Irina Malenko, reprenant pratiquement mot pour mot les « révélations » d’Al-Manar. (…) Le chiffre de 4 000 Juifs est totalement imaginaire. Personne ne peut dire avec certitude combien de Juifs travaillaient dans les tours, dans la mesure où, fort heureusement, personne ne tenait de registre des Juifs du World Trade Center. Pour savoir combien sont morts dans les tours, on en est réduit à compter les noms à consonance juive parmi les patronymes des victimes. Ils sont nombreux, entre trois et quatre cents : Adler, Aron, Berger, Bernstein, Cohen, Eichler, Eisenberg, etc. La folie de certains esprits oblige à dresser des listes, une pratique de sinistre mémoire. Alors pourquoi précisément ce chiffre ? On en trouve trace dans une interview donnée par un diplomate israélien en poste à New York le matin des attentats. Celui-ci déclarait que ses services avaient reçu 4 000 appels téléphoniques d’Israéliens, inquiets pour leurs proches, citoyens israéliens vivant ou travaillant à Manhattan. Comment cette brève s’est métamorphosée en la théorie d’Al-Manar que l’on sait ? Insondables sont les mystères de l’imagination lorsqu’elle est en proie à la paranoïa, au dogmatisme et à la bêtise. Sans doute aussi les journalistes de la chaîne libanaise n’ont-ils vu que peu d’inconvénients à prendre des libertés avec la déontologie. Al-Manar TV est en effet la propriété d’un groupe en bonne place sur la liste des organisations terroristes du département d’État américain : le Hezbollah, le « parti de Dieu » télécommandé par l’Iran. Après avoir révélé le scoop prouvant l’implication du Mossad, le présentateur avait avancé un argument supplémentaire : « Les seuls à profiter de cet acte de terrorisme sont les Juifs ». Autrement dit : à qui profite le crime ? (…) Mahmud Bakri, le représentant officiel d’Al-Manar dans la capitale égyptienne (…) n’est pas directement à l’origine de l’information délirante sur les Juifs du WTC, puisqu’elle venait du siège de Beyrouth, mais il continue d’en défendre la véracité. (…) Pour preuve, il se livre à un jeu de questions-réponses : « Pourquoi pas le Mossad ? S’agit-il d’un simple accident normal effectué par de jeunes Arabes ou s’agit-il d’un complot ? Car il faut lier ces événements avec leur suite, la guerre contre le terrorisme et la destruction de pays arabes musulmans, dans le cadre d’un plan américain qui vise à servir les intérêts israéliens en premier lieu. Et si en plus on voit qu’il y a un soutien américain à Israël hors du commun, on peut arriver à la conclusion que le 11 septembre était un complot israélien ». Argument classique des aficionados du complot, à Paris comme au Caire, qui consiste à inverser les faits et les conséquences, au nom du non moins classique « à qui profite le crime ? ». Conspiracy watch

Vous souvenez-vous des Israéliens dansants ?

A l’heure où entre la France et l’Allemagne la série noire d’attaques islamistes (pas moins de six en à peine deux semaines)  …
Et malgré tant les dénégations de CNN (« pas de lien » entre elles mais pourquoi semblent-ils tous s’appeler – sauf rares exceptions – Mohamed ou Ali et apprécier les Allahu akbar ?) …
Ressemble de plus en plus furieusement, jusqu’aux attaques à l’intérieur de lieux de culte, à une intifada

Devinez sur qui, pour éviter de voir l’évidence qui désormais crève les yeux,  courent les rumeurs  les plus folles …

Pour Nice comme pour les autres attentats depuis ceux de Charlie hebdo …

Ou même depuis le 11 septembre avec sans compter ceux qui –  à 300 ou 400 près – avaient été « prévenus »

Les fameux «Israéliens dansants» …

 Coupables de s’être réjouits un peu tôt qu’Israël allait avoir «maintenant l’espoir que le monde nous comprendra» ?

Une ex-membre du Congrès prétend qu’Israël est derrière les massacres européens
Cynthia McKinney a posté le lien d’une vidéo « prouvant » qu’Israël est responsable des attaques de Nice et Munich, car un photographe allemand aurait assisté aux deux drames et est marié à une ancien députée de la Knesset

25 juillet 2016

Une ancienne membre du Congrès des États-Unis a affirmé sur Twitter qu’un photographe israélien avait été sur place pour les massacres à Nice et Munich, prouvant qu’Israël avait un lien avec ces deux attaques.

Cynthia McKinney, une démocrate et ancienne membre de la Chambre des représentants de la Géorgie, a posté une vidéo sur Twitter avec le message : « le même photographe israélien prend en photo les tragédies de Nice et Munich. Quelle en était la probabilité ? Vous souvenez-vous des Israéliens qui dansent ? … »

La vidéo affirme que Richard Gutjahr, un journaliste allemand marié à une ancienne membre de la Knesset, l’Israélienne Einat Wilf, était présent à la fois sur les lieux du saccage par un chauffeur de camion à Nice, en France, au début du mois qui a fait 84 morts, et lors d’une fusillade dans un centre commercial à Munich, où neuf adolescents ont été tués.

Le profil Twitter de Gutjahr montre qu’il a posté des photos de Nice, mais pas de Munich. Il n’aurait pas pris la nationalité israélienne.

« Les Israéliens qui dansent » se réfère à une théorie du complot largement discréditée alléguant que cinq hommes israéliens ont été arrêtés dans le New Jersey, le 11 septembre 2001, après avoir été vus célébrant l’attaque terroriste.

Dans un tweet antérieur, McKinney avait demandé « pourquoi étaient-ils en train de danser dans le parc alors que les Américains étaient en train de mourir ? Pourquoi étaient-ils dans le parc en premier lieu ? »

McKinney, qui a été à la Chambre des représentants de la Géorgie de 1992 à 2002, a été connue pendant son mandat pour faire des remarques incendiaires et a été accusée d’antisémitisme par le passé. En 2002, elle a perdu la primaire démocrate, un jour après que son père soit apparu à la télévision disant que les « Juifs ont acheté tout le monde … J-E-W-S ».

Dans son message original, McKinney a posté un lien vers une vidéo intitulée « Richard Gutjahr le photographe allemand à Nice et à Munich – Connexions israéliennes » postée par une chaîne YouTube qui semble se spécialiser dans les théories du complot et les sentiments antisémites.

Dans la vidéo, dont la séquence d’ouverture est un symbole des Illuminati, le narrateur semble se demander comment « ils » pourraient être « tellement négligeants » qu’ils ont envoyé Gutjahr sur les deux attaques.

« Le fait que ce gars-là se trouvait aux deux endroits, il n’y a aucun moyen que ce soit une coïncidence », allègue l’homme, ajoutant qu’il est « clair à 100 % que les empreintes digitales d’Israël sont sur tous ces événements ».

)

Cette conclusion est fondée sur une vérification joyeuse de la page Wikipedia de Wilf qui confirme qu’elle est Israélienne et a servi dans une unité de renseignement supérieur dans l’armée israélienne.

« Nice est une opération déguisée et Munich est soit une opération déguisée, soit un canular », dit l’homme, qui n’apparaît pas dans la vidéo.

Voir aussi:

Attentats: ce que l’on pourrait apprendre d’Israël

Après Nice…

Marc Nacht
Psychanalyste et écrivain.

Causeur

19 juillet 2016

Il est remarquable que dans son ensemble la presse française n’ait jamais fait le parallèle entre les attentats djihadistes dont le pays souffre depuis les crimes perpétrés par Mohamed Merah en 2012 et ceux qu’endurent les Israéliens depuis bien des années. L’idée qu’il s’agit d’un combat commun contre la barbarie ne semble pas avoir effleuré la cervelle de nos journalistes patentés, fidèles lecteurs des communiqués de l’Agence France Presse.

Le préjugé en faveur des Palestiniens est tel que, même lorsque ces derniers se livrent à des attentats délibérément dirigés contre des civils tels que les bombes, les « kamikazes », dans les autobus ou les cafés, et plus encore lorsque leurs méthodes, comme récemment, sont conformes aux instructions de Daech, à savoir l’attaque indiscriminée au couteau, à la voiture-bélier, etc, les commentaires des médias français se gardent bien de faire le lien avec les attentats en France.

Il y aurait pourtant bien des leçons à prendre des Israéliens sur le contre-terrorisme que l’on ne consulte qu’en catimini, par exemple pour la sécurité d’Aéroport de Paris, celui de Ben Gourion étant devenu l’aéroport le plus sûr du monde.

Sans remonter au déluge, Israël a fait l’objet de 45 attaques utilisant des véhicules divers depuis septembre 20151. Aucune de ces attaques n’a fait autant de morts et de blessés que celle de Nice. Les attentats au couteau, à l’arme automatique, aux divers « engins-béliers » ont été contrés pour la plupart de manière beaucoup plus efficace qu’en France. Malgré la diversité des procédés employés et leurs effets de surprise, la neutralisation ou la mise en fuite des terroristes a été rapide.

En effet, ces derniers se sont heurtés à un peuple préparé à la riposte, reposant sur la présence d’hommes (et de femmes) armés dans la foule : policiers, militaires en service ou en permission, réservistes bénéficiant d’une autorisation de port d’arme. À cela on doit ajouter les contrôles systématiques de tout individu présentant un comportement suspect et la surveillance des réseaux sociaux. Ces réactions et ces précautions ont limité le nombre des victimes d’attentats en ville.

Mais elles demeurent insuffisantes à la sécurité des personnes isolées, mitraillées sur une route, ou surprise chez elles, comme ce fut le cas dernièrement à Kiriat Arba (Hébron) d’une fillette de 13 ans, assassinée  dans son lit. Mais à ma connaissance, on ne proclame pas en Israël,  à la suite de ces meurtres, que le risque zéro n’existe pas, ce qui est vrai, mais ne doit pas servir à diluer les failles des dispositifs défensifs dans un fatalisme compassionnel.

La résilience pour les survivants et les témoins proches des attaques terroristes est fonction des soins  qui leur sont apportés très rapidement dans le cadre d’une médecine de guerre. La prévention des syndromes post-traumatiques fait l’objet de techniques nouvelles dont la dureté s’avère nécessaire pour permettre aux victimes de sortir d’un état souvent quasi autistique.

Voir également:

 Ex-candidate du Green Party aux présidentielles américaines de 2008, Cynthia McKinney est aussi une figure incontournable du 9/11 Truth Movement. Peu connue en France, cette militante de 55 ans a pourtant une réputation sulfureuse outre-Atlantique. Elle a été récemment épinglée par le Southern Poverty Law Center pour son flirt poussé avec les milieux négationnistes.

9 octobre 2009. Le maire du 2ème Arrondissement de Paris accueille dans ses murs une conférence de presse de Cynthia McKinney. Rien d’exceptionnel à ce qu’un élu vert parisien reçoive la candidate du Green Party aux dernières élections présidentielles américaines. Comme son homologue héxagonal, le Green Party est signataire de la Charte des Verts mondiaux et partage ses préoccupations écologiques. Pourtant, Cynthia McKinney ne s’est pas attardée sur la protection de l’environnement ou le réchauffement climatique. Ce jour-là, cette ex-membre du Congrès est venue parler… du 11-Septembre. C’est d’ailleurs à l’initiative privée d’Alix Dreux-Boucard, alias AtMOH, fondateur et animateur du site conspirationniste ReOpen911, que la conférence a été organisée.

Cynthia McKinney est une pionnière du 9/11 Truth Movement. Le 25 mars 2002, elle suggère à l’antenne de la radio californienne KPFA que l’Administration Bush, parce qu’elle a tiré profit des attentats du 11 septembre 2001, les aurait en fait délibérément laissé se produire. Depuis plusieurs années, elle n’a de cesse d’apporter sa caution à des partisans de la thèse de l’inside job (complot interne), comme Michael C. Ruppert, un ancien inspecteur de la police de Los Angeles qui s’est rendu célèbre dans les années 1990 pour avoir accusé la CIA d’être derrière un vaste trafic de cocaïne au cœur même des Etats-Unis. Revenu sur le devant de la scène à la faveur des attentats du 11-Septembre, Ruppert a publié un livre intitulé The Truth and Lies of 9/11 dans lequel il défend l’idée que l’Administration Bush mais aussi, Enron, le Mossad et les services secrets pakistanais seraient directement impliqués dans les attentats de 2001.

Certes, en matière de conspirationnisme, McKinney est loin d’en être à son premier coup d’essai. Chris Suellentrop, du magazine en ligne Slate.com, constatait en 2002 que « sur les dix années qu’elle a passées au Congrès, il est difficile d’en trouver une seule où elle ne s’est pas livré à des accusations bizarres ou à de folles théories du complot ». Nourrissant une défiance quasi-paranoïaque à l’égard des autorités fédérales, McKinney est par exemple persuadée que le programme Cointelpro (acronyme d’un programme du FBI mis en œuvre entre 1956 et 1971) est toujours en vigueur et qu’il ne serait pas étranger aux assassinats de JFK, Martin Luther King, Bob Kennedy ou du chanteur de rap Tupac Shakur. Elle a même commencé une thèse sur le sujet.

Il y a deux ans, en pleine campagne présidentielle, à Oakland, le fief historique des Black Panthers, McKinney cite des « témoignages » – anonymes, cela va sans dire – selon lesquels l’armée américaine aurait profité de la confusion régnant durant l’ouragan Katrina pour assassiner d’une balle dans la tête pas moins de 5 000 prisonniers avant de se débarrasser de leurs cadavres dans un marais de Louisiane… Des propos qui portent un grave coup à la crédibilité du Green Party et expliquent, peut-être, le pourcentage dérisoire des suffrages qui se sont portés sur la candidature McKinney : 0,12%. Un score très inférieur à celui de Ralph Nader. Inférieur également aux scores des deux autres « petits » candidats, Bob Barr et Chuck Baldwin.

« Un peu de paranoïa ne peut pas nous faire de mal »

McKinney professe un internationalisme consistant, pour l’essentiel, à accuser le gouvernement de son pays et l’Etat d’Israël d’être à l’origine de tous les maux de la planète. A contrario, elle excelle à prendre la défense des régimes les plus liberticides, pourvus qu’ils « résistent à l’Empire ». Ainsi McKinney n’hésite-t-elle pas à chanter les louanges du régime de Robert Mugabe au Zimbabwe ou à exalter la « résistance » du Hamas et du Hezbollah. Concernant le génocide rwandais, l’ancienne membre du Congrès américain partage les thèses très controversées d’un Pierre Péan ou d’un Charles Onana, dont elle a préfacé, l’année dernière, un livre intitulé : Ces tueurs tutsi au cœur de la tragédie congolaise. Pour elle, « ce qui s’est passé au Rwanda n’est pas un génocide planifié par les Hutu. C’est un changement de régime. Un coup d’Etat terroriste perpétré par Kagame avec l’aide de forces étrangères ».

McKinney a également relayé sans scrupule la théorie du complot selon laquelle les Etats-Unis dissimulerait au monde l’existence d’immenses réserves de pétrole au large des côtes d’Haïti, une richesse qu’ils convoiteraient depuis des décennies, privant ainsi scandaleusement le peuple haïtien de ses ressources naturelles. Cette intox a été propagée sur internet à partir d’une interview de deux conférenciers haïtiens, Ginette et Daniel Mathurin . Sans surprise, McKinney s’appuie sur les prétendues « recherches » de ce couple de scientifiques – dont aucun n’a la moindre qualification en matière de prospection pétrolière – dans un article mis en ligne récemment sur le site du Green Party, et dont ReOpen911 a gracieusement assuré la traduction en français.

McKinney assume. « Les Afro-Américains ont toujours su, a-t-elle un jour répondu à un journaliste du mensuel de gauche The Progressive, qu’un petit peu de paranoïa ne pouvait pas nous faire de mal ». Se comparant souvent à Rosa Parks, Cynthia McKinney se voit elle-même en martyr de la liberté d’expression, en pasionaria de la Vérité : « J’aurai probablement des problèmes pour ce que je viens de vous dire ce soir, confie-t-elle un soir d’été de l’année 2003, devant un parterre de fidèles de l’Eglise baptiste abyssinienne de Harlem. Mais ce ne sera pas la première fois que j’aurai des problèmes pour avoir dit la vérité. Et je continuerai à dire la vérité. Comme je l’ai déjà dit auparavant, je ne m’assiérai pas et je ne me tairai pas ».

« Les sionistes ont réussi à me mettre à la porte du Congrès »

Dans son ouvrage A Culture of Conspiracy: Apocalyptic Visions in Contemporary America (University of California Press, 2003), le politologue Michael Barkun classe Cynthia McKinney parmi ces « rebelles de la politique » dont les outrances s’inscrivent dans une stratégie du dérapage n’ayant d’autre fin que de faire parler d’eux. En 2002, quelques mois après ses premières philippiques conspirationnistes sur le 11-Septembre, elle perd le siège qu’elle occupait à la Chambre des représentants depuis 1993 à l’occasion d’une primaire démocrate. La candidate malheureuse explique sa défaite par l’hostilité des « médias » à son encontre. Son père, l’ancien représentant Bill McKinney, qui est aussi le plus proche conseiller politique de Cynthia, fait valoir une toute autre interprétation : la veille du scrutin, interrogé sur l’un des soutiens de sa fille, il incrimine « les Juifs [qui] ont acheté tout le monde », avant d’épeler chacune des lettres du mot « Jews » pour s’assurer que chacun comprenne clairement ce qu’il est en train de dire. Une déclaration que Cynthia McKinney n’a jamais cru devoir désavouer.

Malaise au sein du Parti démocrate. D’autant plus palpable que quelques mois plus tôt, le porte-plume de Cynthia McKinney, Raeed Tayeh, l’auteur de la plupart de ses discours à l’époque, avait déclaré à la presse que « l’occupation israélienne [devait] finir, y compris au Congrès ». Une déclaration plus qu’ambigüe, qui s’ajoute à la réputation déjà sulfureuse de Cynthia McKinney : dès 1994, la deuxième année de son mandat à la Chambre des représentants, McKinney avait refusé, au nom de la liberté d’expression, de voter une résolution condamnant les propos haineux d’un ténor de la Nation of Islam, Khalid Abdul Muhammad. Peu après, elle était apparue aux côtés du chef de ce mouvement, le prédicateur antisémite Louis Farrakhan, lors d’une conférence organisée à l’Université Howard.

Les violentes diatribes anti-israéliennes dans lesquelles se lance Cynthia McKinney lui valent une popularité réelle au sein de la communauté arabo-musulmane américaine, particulièrement sensible à la cause palestinienne. En 2002, le Washington Post révèle ainsi que les trois-quarts des fonds levés par McKinney pour sa campagne proviennent de donateurs issus de la communauté musulmane ne résidant même pas dans le 4ème district de l’Etat de Géorgie dans lequel elle se présentait.

McKinney retrouve momentanément son siège de représentante de l’Etat de Géorgie en 2004 mais le perd à nouveau aux primaires démocrates d’août 2006, un scrutin marqué par la révélation de la présence, au sein de l’équipe chargée de sa sécurité et jusque dans son QG de campagne, de membres du New Black Panther Party, organisation suprématiste noir ouvertement antisémite dirigé par Malik Zulu Shabazz. Les New Black Panthers sont une formation dissidente du Black Panther Party historique. A l’heure actuelle, leur représentant en France n’est autre que Kémi Séba, le très médiatique fondateur de la Tribu Ka .

Pour McKinney, l’explication de cette seconde défaite tient en deux mots : « lobby sioniste ». Le 14 août dernier, lors d’un dîner organisé par le Council on American-Islamic Relations (CAIR), elle expliquait ainsi que le « le lobby sioniste dresse sa tête hideuse dans bien trop de facettes de la vie de ce pays, en particulier dans la vie politique » (sic) et que « les sionistes [avaient] réussi à [la] mettre à la porte du Congrès à deux reprises » (voir la vidéo).

Descente aux enfers

La mue de Cynthia McKinney s’est véritablement opérée au cours de ces dernières années. La décennie 2000-2010 l’a vu passer du respectable Parti démocrate – dont elle claqua la porte en 2007 – aux marges les plus nauséabondes de la scène politique américaine. Parallèlement à la fondation de son propre mouvement, « Dignity », sur le modèle de celui créé en Grande-Bretagne par son ami George Galloway, elle n’a eu de cesse de resserrer ses liens avec cette nébuleuse parfois qualifiée de « rouge-brune » où se croisent, se rencontrent et se mêlent militants pro-palestiniens radicaux, activistes islamistes, suprématistes noirs et racistes d’extrême droite.

Le Southern Poverty Law Center (SPLC) est l’une des organisation de défense des droits de l’homme les plus actives outre-Atlantique. Il publie chaque année un rapport sur les groupes extrémistes américains qui fait autorité. A l’hiver 2009, il a consacré un article à Cynthia McKinney, soulignant ses flirts poussés avec le petit monde des négationnistes. L’ancienne élue démocrate a en effet fraternisé publiquement avec plusieurs figures notoires de l’antisémitisme contemporain. Parcourant le monde à l’invitation de l’ancien Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad , (« l’un de mes héros » écrit-elle à son propos sur le site du Green Party), elle a également fait l’éloge d’un livre de Matthias Chang sur la crise financière (voir ici ). Matthias Chang recycle ouvertement les écrits du propagandiste nazi américain Eustace Mullins et fût parmi les invités de la conférence négationniste organisée à Téhéran en 2006 à l’instigation du président Ahmadinejad. Cela ne semble pas ébranler McKinney. Tout comme elle n’est nullement gênée de se faire photographier bras dessus bras dessous en compagnie des négationnistes Michele Renouf (elle aussi présente à la conférence iranienne de 2006), Israël Shamir (de son vrai nom : Adam Ermash ; voir ici et ), ou encore du théoricien islamiste David Musa Pidcock (qu’elle affuble du petit nom affectueux de « My London friend »). Ce Britannique est le fondateur de l’Islamic Party of Britain. Son livre, Satanic Voices Ancient & Modern (1992), dénonce une conspiration séculaire impliquant la franc-maçonnerie, la famille Rockefeller, les grandes compagnies pétrolières, le Council on Foreign Relations (CFR), les Illuminati et les « Sionistes Lucifériens ».

Le 30 avril 2009, Cynthia McKinney passe pour la première fois dans une émission de radio diffusée sur internet animée par Ognir alias Noel Ryan. L’émission est consacrée obsessionnellement à la dénonciation des « Juifs sionistes ». Face à McKinney, Ognir explique que Rahm Emanuel, le chef des services administratifs de la Maison Blanche, a une « nationalité juive et une loyauté juive ». Il manipulerait même le président Obama à travers une grande conspiration sioniste internationale. Pendant l’interview, les « sionistes » sont accusés d’encourager le cannabis thérapeutique et le mariage gay dans le seul but d’« affaiblir » la société américaine, de la rendre moins résistante à leurs projets maléfiques. McKinney ne se démarque pas des propos d’Ognir, l’approuvant même lorsqu’il explique que les « sionistes » contrôlent la Maison Blanche et le Congrès et abondant dans son sens en expliquant que des espions « sionistes » ont infiltré sa propre campagne pour le Congrès. Pour McKinney, cette émission de radio n’est pas un dérapage. Elle y retourne un mois plus tard.

En juin 2009, McKinney continue sa descente aux enfers. Elle est reçue à trois reprises dans l’émission de radio de Daryl Bradford Smith (ici, et encore ). Elle le retrouve de nouveau le 14 janvier 2010, en compagnie d’Ognir cette fois-ci. Daryl Bradford Smith est un autre obsédé du complot juif. Son site web, où l’on trouve des interviews radio de David Pidcock, Israël Shamir et Eustace Mullins ainsi que les signatures de Christopher Bollyn et Eric Hufschmid (voir ici), fait la promotion des Protocoles des Sages de Sion – le célèbre faux antisémite –, du Juif International d’Henry Ford, ou encore de La Synagogue de Satan d’Andrew Carrington Hitchcock. On y trouve même des raretés comme la traduction d’un livre publié dans l’Allemagne hitlérienne sur la pratique du meurtre rituel chez les juifs ou encore un ouvrage de Leslie Fry intitulé La Guerre contre la Royauté du Christ, présentant le communisme comme un « complot judéo-bolchevique contre la Chrétienté »… Bref, la bibliothèque du parfait petit nazillon. La page d’accueil du site est bandée dans toute sa largeur par une phrase en majuscule indiquant : « LE MONDE DOIT DECLARER LA GUERRE A L’ETAT D’ISRAEL ! ».

L’interview avec McKinney prend un tour stupéfiant lorsque Daryl Bradford Smith suggère avec insistance que le Mossad est derrière les attentats du 11-Septembre et se met à citer plusieurs noms juifs – parmi lesquels ceux de Larry Silverstein (le propriétaire des immeubles du World Trade Centrer) et de Ari Fleischer (ancien porte-parole de la Maison Blanche sous Georges W. Bush) – avant de déclarer : « Tous ces gens, en fait, sont une cinquième colonne qui a envahi la structure de contrôle de notre gouvernement. Et ils sont fortement impliqués au Congrès, ils ont un contrôle complet de l’exécutif. Maintenant, comment est-ce que nous pouvons faire pour nous libérer de l’emprise de ce genre de gang criminel ? » Et Cynthia McKinney de répondre : « Eh bien… les gens doivent se lever ! L’une des choses que vous avez dite, je dois le dire, j’ai entendu un discours extraordinaire donné par Lord Levy, qui est, je crois, à la Chambre des Lords britannique. Et le langage qu’il a utilisé était absolument incroyable ! En gros, il a dit que seulement 3% des Israéliens ont voté pour la paix… il a parlé d’Israël comme d’un Etat indéfendable… En étant aux Etats-Unis, nous n’entendons jamais ce genre de discours. C’était un membre juif de la Chambre des Lords qui disait cela ».

« Je ne suis pas une conspirationniste ». C’est ce que Cynthia McKinney a déclaré devant la caméra de John-Paul Lepers lors de son dernier séjour parisien. McKinney est l’une des personnalités phares du 9/11 Truth Movement ; elle fréquente des antisémites notoires qui pensent que tous les maux de ce monde prennent leur source dans une vaste conspiration judéo-maçonnique ourdie depuis des siècles ; elle explique ses échecs électoraux par le pouvoir « impitoyable » du « lobby sioniste » ; elle considère que Barack Obama aspire à « créer un Etat policier » aux Etats-Unis (lire sa dernière déclaration)… Mais n’allez surtout pas dire à Cynthia McKinney qu’elle est une conspirationniste : elle croira que vous faites partie d’un complot visant à la discréditer.

Voir également:

Le rôle d’Israël dans les événements du 11 Septembre 2001 — qui déterminent le 21ème siècle — fait l’objet d’âpres controverses, ou plutôt d’un véritable tabou au sein même du « Mouvement pour la vérité sur le 11-Septembre » (9/11 Truth Movement) provoquant la mise à l’écart de l’homme par qui le scandale arriva, Thierry Meyssan. La plupart des associations militantes, mobilisées derrière le slogan « 9/11 was an Inside Job » (Le 11-Septembre était une opération intérieure), restent discrètes sur les pièces à conviction mettant en cause les services secrets de l’État hébreux. Laurent Guyénot fait le point sur quelques données aussi incontestables que méconnues, et analyse les mécanismes du déni.

28 juin 2013

Tandis que le rôle d’Israël dans la déstabilisation du monde post-11-Septembre devient de plus en plus évident, l’idée qu’une faction de likoudniks, aidés par leurs alliés infiltrés dans l’appareil d’Etat US, sont responsables de l’opération sous fausse bannière du 11-Septembre devient plus difficile à refouler, et quelques personnalités ont le courage de l’énoncer publiquement. Francesco Cossiga, président d’Italie entre 1985 et 1992, déclara le 30 novembre 2007 au quotidien Corriere della Sera  : « On nous fait croire que Ben Laden aurait avoué l’attaque du 11 septembre 2001 sur les deux tours à New York — alors qu’en fait les services secrets américains et européens savent parfaitement que cette attaque désastreuse fut planifiée et exécutée par la CIA et le Mossad, dans le but d’accuser les pays arabes de terrorisme et de pouvoir ainsi attaquer l’Irak et l’Afghanistan [1]. » Alan Sabrosky, ancien professeur du U.S. Army War College et à la U.S. Military Academy, n’hésite pas à clamer sa conviction que le 11-Septembre est « une opération classiquement orchestrée par le Mossad » réalisée avec des complicités au sein du gouvernement états-unien, et sa voix est relayée avec force par quelques sites de vétérans de l’armée U.S., dégoutés par les guerres ignobles qu’on leur a fait faire au nom du mensonge du 11-Septembre ou de celui des armes de destruction massives de Saddam Hussein [2].

Les arguments en faveur de l’hypothèse du Mossad ne tiennent pas seulement à la réputation du service secret le plus puissant du monde, qu’un rapport de la U.S. Army School for Advanced Military Studies (cité par le Washington Times la veille du 11-Septembre), décrit comme : « Sournois. impitoyabe et rusé. Capable de commettre une attaque sur les forces américaines et de les déguiser en un acte commis par les Palestiniens/Arabes [3]. » L’implication du Mossad, associé à d’autres unités d’élite israéliennes, est rendue évidente par un certain nombre de faits peu connus.

Le livre électronique de Hicham Hamza, Israël et le 11-Septembre : le Grand Tabou (2013) réunit l’ensemble du dossier à charge d’Israël, avec une rigueur irréprochable et l’ensemble des sources aisément accessibles.

Les Israéliens dansants

Sait-on par exemple que les seules personnes arrêtées le jour même et en relation avec les attaques terroristes du 11-Septembre sont des Israéliens [4] ? L’information a été rapportée dès le lendemain par le journaliste Paulo Lima dans The Record, quotidien du comté de Bergen dans le New Jersey, d’après des sources policières. Immédiatement après le premier impact sur la tour Nord, trois individus furent aperçus par divers témoins sur le toit d’un van stationné à Liberty State Park dans Jersey City, « en train d’exulter » (celebrating), de « sauter de joie » (jumping up and down), et de se photographier avec les tours jumelles en arrière-plan. Ils déplacèrent ensuite leur van sur un autre parking de Jersey City, où d’autres témoins les virent se livrer aux mêmes réjouissances ostentatoires. La police émit aussitôt une alerte BOLO (be-on-the-look-out) : « Véhicule possiblement lié à l’attaque terroriste de New York. Van blanc Chevrolet 2000 avec une plaque du New Jersey et un signe ‘Urban Moving Systems’ à l’arrière, a été vu au Liberty State Park, Jersey City, NJ, au moment du premier impact d’avion de ligne dans le World Trade Center. Trois individus avec le van ont été vus se réjouissant après l’impact initial et l’explosion qui s’en suivit [5]. » Le van fut intercepté par la police quelques heures plus tard, avec à son bord cinq jeunes Israéliens : Sivan et Paul Kurzberg, Yaron Shmuel, Oded Ellner et Omer Marmari. Contraint physiquement de sortir du véhicule et plaqué à terre, le conducteur, Sivan Kurzberg, lança cette phrase étrange : « On est Israéliens. On n’est pas votre problème. Vos problèmes sont nos problèmes. Les Palestiniens sont le problème [6]. » Les sources policières qui informèrent Paulo Lima étaient convaincues de l’implication de ces Israéliens dans les attentats de la matinée : « Il y avait des cartes de la ville dans le van avec certains points surlignés. On aurait dit qu’ils étaient au courant, […] qu’ils savaient ce qui allait se passer lorsqu’ils étaient à Liberty State Park [7]. » On trouva également sur eux des passeports de nationalités diverses, près de 6 000 dollars en espèces et des billets d’avion open pour l’étranger. Les frères Kurzberg furent formellement identifiés comme agents du Mossad. Les cinq Israéliens travaillaient officiellement pour une compagnie de déménagement nommée Urban Moving Systems, dont les employés étaient majoritairement israéliens. « J’étais en pleurs. Ces types blaguaient et ça me perturbait [8], » révéla au Record un des rares employés non-israéliens. Le 14 septembre, après avoir reçu la visite de la police, le propriétaire de l’entreprise, Dominik Otto Suter, quittait le pays pour Tel-Aviv.

L’information divulguée par le Record, confirmée par le rapport de police, a été reprise par des sites d’investigation comme le Wayne Madsen Report (14 septembre 2005) et Counterpunch (7 février 2007). Elle fut aussi rapportée dans quelques grands médias comme mais d’une façon qui minimisait sa portée : le New York Times (21 novembre 2001) omettait de préciser la nationalité des individus, tout comme Fox News et l’agence Associated Press. Le Washington Post (23 novembre 2001) disait bien qu’ils étaient Israéliens, mais passa sous silence leur apparente préconnaissance de l’événement. En revanche, The Forward (15 mars 2002), magazine de la communauté juive new-yorkaise, révéla, d’après une source anonyme du renseignement états-unien, qu’Urban Moving Systems était une antenne sous couverture du Mossad (ce qui ne l’empécha pas de bénéficier d’un prêt fédéral de 498 750 dollars, comme le révèlent les archives du fisc [9].

Le FBI diligenta sur cette affaire une enquête consignée dans un rapport de 579 pages, partiellement déclassifié en 2005 (il le sera totalement en 2035). Le journaliste indépendant Hicham Hamza a analysé ce rapport en détail dans son livre : Israël et le le 11-Septembre : le Grand Tabou. Il en ressort plusieurs éléments accablants. Tout d’abord, les photos prises par ces jeunes Israéliens les montrent effectivement dans des attitudes de célébration devant la tour Nord en feu : « Ils souriaient, ils s’embrassaient et ils se tappaient mutuellement dans les mains. » Pour expliquer cette attitude, les intéressés dirent qu’ils s’étaient simplement réjoui « que les États-Unis auraient maintenant à prendre des mesures pour arrêter le terrorisme dans le monde » (alors que, à ce point, une majorité de gens pensait à un accident plutôt qu’à un acte terroriste). Plus grâve, un témoin au moins les a vus positionnés dès 8 heures, soit avant qu’un avion ne percute la première tour, tandis que d’autres certifient qu’ils prenaient déjà des photos cinq minutes après, ce que confirment leurs photos. Un ancien employé confirma au FBI l’ambiance fanatiquement pro-israélienne et anti-américaine qui régnait dans l’entreprise, prêtant même à son directeur Dominik Otto Suter ces paroles : « Donnez-nous vingt ans et nous nous emparerons de vos médias et détruirons votre pays. » Les cinq Israéliens arrêtés étaient en contact avec une autre entreprise de déménagement dénommée Classic International Movers, dont quatre employés avaient été interrogés indépendamment pour leur liens avec les dix-neufs pirates de l’air présumés. L’un d’eux avait téléphoné à « un individu en Amérique du Sud possédant des liens authentiques avec les militants islamiques au Moyen Orient. » Enfin, « un chien renifleur donna un résultat positif pour la présence de traces d’explosifs dans le véhicule [10]. »

Comme le remarque Hamza, la conclusion du rapport laisse sonjeur : le FBI informe la police locale, qui détient les suspects, « que le FBI n’a plus aucun intérêt à enquêter sur les détenus et qu’il convient d’entamer les procédures d’immigration appropriées [11]. » Une lettre du Service fédéral de l’immigration et de la naturalisation prouve qu’en fait la direction du FBI avait recommandé la clôture de l’enquête dès le 24 septembre 2001. Les cinq Israéliens passèrent cependant 71 jours dans une prison de Brooklyn, au cours desquels ils refusèrent puis échouèrent plusieurs fois au détecteur de mensonge. Puis ils furent rapatriés sous la simple charge de visa violations.

Omer Marmari, Oded Ellner et Yaron Shmuel, trois des cinq « Israéliens dansants », sont invités à témoigner dans une émission israélienne dès leur retour en novembre 2001. Niant être membres du Mossad, l’un d’eux déclara candidement : « Notre but était d’enregistrer l’événement. »

On doit, pour finir, évoquer un détail essentiel de cette affaire, qui apporte peut-être une explication supplémentaire au comportement exhubérant de ces jeunes Isréaliens : certains témoins précisent, dans leurs appels à la police, que les individus se réjouissant sur le toit de leur van semblaient « arabes » ou « Palestiniens ». En particulier, peu après l’effondrement des tours, un appel anonyme à la police de Jersey City, rapporté le jour même par NBC News, signale « un van blanc, avec deux ou trois types à l’intérieur, ils ressemblent à des Palestiniens et ils tournent autour d’un bâtiment » ; l’un d’eux « mélange des choses et il a cet uniforme ‘sheikh’. […] Il est habillé comme un arabe [12]. » Tout porte à croire que ces individus étaient précisément les cinq Israéliens arrêtés plus tard. Deux hypothèses viennent à l’esprit : ou bien nos faux déménageurs se sont effectivement livrés à une mise en scène pour apparaître comme arabes/Palestiniens, ou bien le ou les témoins les ayant décrits comme tels étaient des complices. Dans un cas comme dans l’autre, il ressort que leur but était d’initier la rumeur médiatique qu’on avait repéré des musulmans qui non seulement se réjouissaient des attentats, mais en avaient préconnaissance. L’information fut effectivement diffusée sur certaines radios dès midi, et sur NBC News dans l’après-midi. Je penche personnellement pour la seconde hypothèse (les informateurs complices plutôt que de vrais déguisement arabes), car le rapport de police ne signale pas de vêtement exotique trouvé dans le van, mais surtout parce que l’informateur cité plus haut, qui insiste sur ce détail vestimentaire, semble avoir voulu induire en erreur la police sur la localisation exacte du van ; ce dernier ne fut intercepté que parce que la police, au lieu de se contenter de cette localisation, barra tous les ponts et souterrains entre New Jersey et New York. Mais l’important est ceci : Si les Israéliens n’avaient pas été interpelés en fin d’après-midi, l’histoire aurait probablement fait la une des journaux sous le titre : The Dancing Arabs. Au lieu de ça, elle fut totalement étouffée et ne circula que confidentiellement, sous le titre the dancing Israelis, ou the highfivers.

Ehud Barak, ancien chef du Renseignement militaire israélien (Sayeret Matkal), était premier ministre de juillet 1999 à mars 2001. Remplacé par Ariel Sharon, il s’installe aux États-Unis comme conseiller pour Electronic Data Systems et pour SCP Partners, une compagnie écran du Mossad spécialisée dans les questions de sécurité qui, avec ses partenaires Metallurg Holdings et Advanced Metallurgical, avait la capacité de produire de la nano-thermite. SCP Partners disposait d’un bureau à moins de dix kilomètres d’Urban Moving Systems. Une heure après la désintégration des tours, Ehud Barak est sur le plateau de BBC World pour désigner Ben Laden comme principal suspect(Bollyn, Solving 9-11, p. 278-280).

200 espions experts en explosifs

Peu de gens, même parmi les 9/11 Truthers, connaissent cette histoire d’ « Israéliens dansants » (on attend toujours, par exemple, que l’association Reopen 9/11 en parle sur son site francophone, pourtant très pointus sur tous les autres aspects du dossier). Peu de gens également savent qu’à la date des attentats, les polices fédérales US étaient occupées à démanteler le plus vaste réseau d’espionnage israélien jamais identifié sur le sol états-unien. En mars 2001, le National CounterIntelligence Center (NCIC) avait posté ce message sur son site web : « Durant les dernières six semaines, des employés des bureaux fédéraux situés dans tout les États-Unis ont signalé des activitées suspectes liées à des individus se présentant comme des étudiants étrangers vendant ou livrant des œuvres d’art. » Le NCIC précise que ces individus, de nationalité israélienne, « se sont également rendus aux domiciles privés d’officiers fédéraux sous le prétexte de vendre des objets artistiques [13]. »

Puis dans l’été, la Drug Enforcement Agency (DEA), après avoir été visée par un grand nombre d’incidents de ce type, compila un rapport qui sera révélé au public par le Washington Post le 23 novembre 2001, puis dans Le Monde le 14 mars 2002, avant d’être rendu entièrement accessible par le magazine français Intelligence Online. Ce rapport liste 140 Israéliens appréhendés depuis mars 2001. Âgés entre 20 et 30 ans et organisés en équipes de 4 à 8 membres, ils ont visité au moins « 36 sites sensibles du Département de la Défense ». Nombres d’entre eux furent identifiés comme membres du Mossad ou du Aman (renseignement militaire israélien), et six étaient en possession de téléphones payés par un ancien vice-consul israélien. Soixante arrestations eurent encore lieu après le 11-Septembre, ce qui porte à 200 le nombre d’espions Israéliens arrêtés. Tous furent finalement relâchés.

Michael Chertoff, citoyen israélien, fils d’un rabbin orthodoxe et d’une pionnière du Mossad, dirigeait la Criminal Division du Department of Justice en 2001, et fut à ce titre responsable de la rétention et destruction de toutes les preuves concernant le 11-Septembre — des caméras du Pentagone aux poutres du World Trade Center. C’est à lui également que les « Israéliens dansants » doivent leur discret rapatriement. En 2003, il fut nommé à la tête du nouveau Department of Homeland Security, chargé du contre-terrorisme sur le territoire états-unien, ce qui lui permet de contrôler la dissidence tout en continuant à restreindre l’accès au dossier du 11-Septembre à travers la loi Sensitive Security Information.

Le rapport de la DEA conclut que « la nature des comportements des individus […] nous conduit à penser que les incidents constituent peut-être une activité de collecte de renseignement [14]. » Mais la nature des renseignements collectés reste inconnue. Il se pourrait qu’en fait l’espionnage n’ait été qu’une couverture secondaire — un sous-vêtement — de ces Israeli art students, si l’on considère les formations militaires reçues par certains comme demolition/explosive ordnance expert, combat engineer, bomb disposal expert, electronic signal intercept operator, selon la DEA. L’un des agents arrêtés, Peer Segalovitz, « a reconnu qu’il était capable de faire exploser des bâtiments, des ponts, des voitures, et tout ce qu’il voulait [15]. » Pourquoi ces agents israéliens auraient-ils fait diversion sur leur véritable mission par une campagne d’espionnage aussi ostentatoire qu’improductive, curieusement concentrée sur la Drug Enforcement Agency ? La réponse à cette question est suggérée par un lien troublant, de nature géographique, entre ce réseau et les attentats du 11-Septembre.

Selon le rapport de la DEA, « La localité d’Hollywood en Floride semble être le point focal de ces individus [16]. » En effet, plus d’une trentaine des faux étudiants-espions israéliens arrêtés peu avant le 11 septembre vivaient dans ou près de la ville d’Hollywood en Floride, où s’étaient précisément regroupés 15 des 19 prétendus pirates de l’air islamistes (9 à Hollywood même, 6 à proximité). L’un d’eux, Hanan Serfaty, par qui transita au moins 100 000 dollars en trois mois, avait loué deux appartements à Hollywood à proximité immédiate de l’appartement et de la boite postale loués par Mohamed Atta, qu’on nous présentera comme le chef de la bande des pirates de l’air. Quels étaient les rapports entre les « espions israéliens » et les « terroristes islamistes » ? Selon l’explication embarrassée des médias alignés, les premiers ne faisaient que surveiller les seconds. Écoutons par exemple David Pujadas introduisant l’article d’Intelligence Online au journal télévisé du 5 mars 2002 sur France 2 : « Toujours à propos d’Israël, mais concernant l’Afghanistan maintenant, cette affaire d’espionnage, qui sème le trouble : un réseau israélien a été démantelé aux États-Unis, notamment en Floride : l’une de ses missions aurait été de pister les hommes d’Al-Qaïda (c’était avant le 11 septembre). Certaines sources vont même plus loin : elles indiquent que le Mossad n’aurait pas livré toutes les informations en sa possession. » Cette explication euphémique est un bel exemple de damage control. Israël en ressort à peine entachée, puisqu’on ne peut raisonnablement blâmer un service d’espionnage de ne pas partager ses informations. Tout au plus Israël pourra-t-il être accusé d’avoir « laissé faire », ce qui lui garantit l’impunité. Ainsi s’explique, à mon avis, la sous-couverture d’espions des faux étudiants israéliens, en réalité experts en attentats sous fausse bannière. En fait, leur couverture volontairement grossière d’étudiants était faite pour attirer l’attention sur leur couverture secondaire, celle d’espions, qui servirait d’alibi à leur proximité avec les pirates supposés.

Pourquoi Pujadas (propulsé au journal télévisé de France 2 tout juste une semaine avant le 11-Septembre) évoque-t-il l’Afghanistan, qui n’a aucun rapport avec l’information qu’il introduit ? Le lapsus ne peut être que volontaire et illustre « le grand tabou » dont parle Hicham Hamza : ne jamais mentionner le 11-Septembre et Israël dans la même phrase.

La vérité est probablement qu’ils n’espionnaient pas ces pirates, mais qu’ils les manipulaient, les finançaient, et probablement les ont éliminés peu avant le 11-Septembre. Un article du New York Times du 18 février 2009 a établi qu’Ali al-Jarrah, cousin d’un pirate présumé du vol UA93, Ziad al-Jarrah, avait été pendant 25 ans espion pour le Mossad, infiltré dans la résistance palestinienne et dans le Hezbollah depuis 1983. Il est actuellement en prison au Liban. Rappelons également que le Mohamed Atta de Floride était un faux. Le vrai Mohamed Atta, qui téléphona à son père au lendemain des attentats (comme ce dernier le confirma au magazine allemand Bild am Sonntag fin 2002), est décrit par sa famille comme réservé, pieux, évitant les femmes et ayant la phobie des avions. Il s’était fait voler son passeport en 1999 alors qu’il étudiait l’architecture à Hambourg. Le faux Mohamed Atta de Floride vivait avec une strip-teaseuse, mangeait du porc, aimait les voitures rapides, les casinos et la cocaïne. Comme l’a rapporté le South Florida Sun-Sentinel dès le 16 septembre (sous le titre « Suspects’ Actions Don’t Add Up » (« Les comportements des suspects ne collent pas »), suivi par de nombreux quotidiens nationaux, ce Atta s’est saoulé, drogué et a payé les services de plusieurs prostituées dans les semaines et les jours précédant le 11-Septembre, et quatre autres des terroristes suicidaires ont eu des comportements similaires peu compatibles avec des islamistes se préparant à la mort [17].

Le réseau new-yorkais

Selon l’agent renégat Victor Ostrovsky (By Way of Deception, 1990), le Mossad tire son efficacité de son réseau international de sayanim (« collaborateurs »), terme hébreu désignant des juifs vivant hors d’Israël et prêts à accomplir sur demande des actions illégales, sans nécessairement connaître leur finalité. Ils se comptent par milliers aux États-Unis, et particulièrement à New York, où se concentre la communauté juive US. Larry Silverstein, titulaire du bail des tours jumelles depuis avril 2001, apparaît comme l’archétype du sayan du 11-Septembre. Il est membre dirigeant de la United Jewish Appeal Federation of Jewish Philanthropies of New York, le plus grand leveur de fonds américains pour Israël (après l’État US, qui verse chaque année trois milliards d’aide à Israël). Silverstein était aussi, au moment des attentats, l’ami intime d’Ariel Sharon et de Benjamin Netanyahou, avec qui il est en conversation téléphonique chaque dimanche, selon le journal israélien Haaretz. Le partenaire de Silverstein dans le bail du WTC était, pour le centre commercial du sous-sol, Frank Lowy, un autre « philanthrope » sioniste proche d’Ehud Barak et Ehud Olmert, ancien membre de la Haganah. Le chef de la New York Port Authority, qui privatisa le WTC en concédant le bail à Silverstein et Lowy, était Lewis Eisenberg, également membre de la United Jewish Appeal Federation et ancien vice-président de l’AIPAC. Silverstein, Lowy et Eisenberg furent sans aucun doute trois hommes clés dans la planification des attentats contre les tours jumelles.

Lucky Larry ! Chaque matin, sans exception, Larry Silverstein prenait son petit-déjeuner au Windows on the World au sommet de la tour Nord du WTC. Jusqu’au matin du 11 septembre, où il avait rendez-vous chez le dermatologue.

D’autres membres du réseau new-yorkais peuvent être identifiés. Selon le rapport du NIST, le Boeing qui s’encastra dans la tour Nord « a fait une entaille de plus de la moitié de la largeur du bâtiment et qui s’étendait du 93ème au 99ème étage. Tous ces étages étaient occupés par Marsh & McLennan, une compagnie d’assurance internationale qui occupait également le 100ème étage [18]. » Le PDG de Marsh & McLennan est alors Jeffrey Greenberg, membre d’une richissime famille juive qui contribua massivement à la campagne de George W. Bush. Les Greenberg étaient aussi les assureurs des tours jumelles et, le 24 juillet 2001, ils avaient pris la précaution de réassurer leur contrat auprès de concurrents, qui durent indemniser Silverstein et Lowy. Et comme le monde des néoconservateurs est petit, en novembre 2000, le conseil d’administration de Marsh & McLennan accueille Paul Bremer, président de la National Commission on Terrorism au moment des attentats, et nommé en 2003 à la la tête de la Coalition Provisional Authority (CPA) en 2003

Paul Bremer intervient le 11 septembre 2001 sur le plateau de NBC, calme et détendu, tandis que 400 employés de sa compagnie sont portés disparus (au final, 295 employés et plus de 60 collaborateurs du groupe seront officiellement dénombrés parmi les victimes).

Des complicités devront aussi être cherchées dans les aéroports et les compagnies aériennes impliquées dans les attentats. Les deux aéroports d’où sont partis les vols AA11, UA175 et UA93 (l’aéroport Logan à Boston et l’aéroport Newark Liberty près de New York) sous-traitaient leur sécurité à la compagnie International Consultants on Targeted Security (ICTS), une firme à capital israélien présidée par Menahem Atzmon, un des trésoriers du Likoud. Une enquête approfondie permettrait certainement de remonter à d’autres complicités. Elle devrait par exemple s’intéresser à Zim Israel Navigational, un géant du transport maritime détenu à 48 % par l’État hébreu (connu pour servir occasionnellement de couverture aux services secrets israéliens), dont l’antenne états-unienne quitta ses bureaux du WTC avec ses 200 employés le 4 septembre 2001, une semaine avant les attentats — « comme par un acte de Dieu [19] », commente le PDG Shaul Cohen-Mintz.

It’s the oil, stupid !

Tous ces faits donnent un sens nouveau aux propos du membre de la Commission sur le 11-Septembre Bob Graham, qui citait dans son interview à PBS en décembre 2002, « des preuves que des gouvernements étrangers ont contribué à faciliter les activités d’au moins certains des terroristes aux États-Unis [20]. » Graham, bien sûr, voulait parler de l’Arabie saoudite. Pourquoi la famille Saoud aurait-elle aidé Oussama Ben Laden, après l’avoir déchu de sa nationalité saoudienne et avoir mis sa tête à prix pour ses attentats sur leur sol ? La réponse de Graham, formulée en juillet 2011, est : « la menace de soulèvements sociaux contre la monarchie, conduits par Al-Qaïda [21]. » Les Saoud auraient aidé Ben Laden sous sa menace de fomenter une révolution. Cette théorie ridicule (que Graham, à court d’argument, développa dans un roman) [22] n’a qu’un seul but : détourner les soupçons loin du seul « gouvernement étranger » dont les liens avec les terroristes présumés sont démontrés, Israël, vers son ennemi l’Arabie Saoudite. On sourit pareillement en lisant, dans le résumé du livre La Guerre d’après (2003) de l’anti-saoudien Laurent Murawiec, que « Le pouvoir royal [saoudien] a réussi au fil des ans à infiltrer des agents d’influence au plus haut niveau de l’administration américaine et à organiser un efficace lobby intellectuel qui contrôle désormais plusieurs universités du pays parmi les plus prestigieuses [23]. »

En affirmant en outre que la piste saoudienne a été étouffée en raison de l’amitié entre les Bush et les Saoud, Graham et ses amis néconservateurs se servent de George W. Bush comme fusible ou paratonnerre. La stratégie paye, puisque le 9/11 Truth movement, dans son ensemble, s’acharne contre lui et renacle à prononcer le nom d’Israël. On reconnaît l’art de Machiavel : faire accomplir le sale boulot par un autre, puis diriger la vindicte populaire contre lui.

Comme je l’ai montré ailleurs, une dénomination plus appropriée pour les « néo-conservateurs » serait « machiavelo-sionistes ». Michael Ledeen en donne la preuve dans un article de la {Jewish World Review} du 7 juin 1999, où il défend la thèse que Machiavel était « secrètement juif » comme l’étaient à l’époque des milliers de familles nominalement converties au catholicisme sous menace d’expulsion (principalement les Marranes issus de la péninsule ibérique). « Écoutez sa philosophie politique et vous entendrez la musique juive » Par définition, le machiavélisme avance masqué par un discours vertueux (c.a.d. droit-de-l’hommiste), mais un nombre croissant de sionistes s’en réclament ouvertement : un autre exemple avec le livre d’Obadiah Shoher, « Samson Blinded : A Machiavellian Perspective on the Middle East Conflict ».

Le jour où, sous la pression de l’opinion publique, les grands médias seront forcés d’abandonner la thèse officielle, le mouvement constestataire aura déjà été soigneusement infiltré, et le slogan 9/11 is an inside job aura préparé les esprits à un déchaînement contre Bush, Cheney et quelques autres, tandis que les néonconservateurs resteront hors d’atteinte de toute Justice. Et si, par malheur, le jour du grand déballage, les médias sionisés ne parvenaient pas à maintenir Israël hors d’atteinte, l’État hébreu pourra toujours jouer la carte chomskienne : America made me do it. Noam Chomsky [24], qui campe à l’extrême gauche depuis que le trotskiste Irving Kristol virait à l’extrême droite pour former le mouvement néoconservateur, continue en effet d’asséner sans relâche la thèse éculée qu’Israël ne fait qu’exécuter la volonté des États-Unis, dont elle ne serait que le 51ème État et le gendarme au Proche-Orient.

Selon Chomsky et les figures médiatisées de la gauche radicale états-unienne comme Michael Moore, la déstabilisation du Proche-Orient serait la volonté de Washington avant d’être celle de Tel-Aviv. La guerre d’Irak ? Pour le pétrole évidemment : « Bien sûr que c’était les ressources énergétiques de l’Irak. La question ne se pose même pas [25]. » Signe des temps, voilà Chomsky rejoint dans ce refrain par Alan Greenspan, directeur de la Réserve Fédérale, qui dans son livre Le Temps des turbulences (2007) fait mine de concéder « ce que tout le monde sait : l’un des grands enjeux de la guerre d’Irak était le pétrole de la région ».

« Je crois personnellement qu’il y a une relation profonde entre les événements du 11-Septembre et le pic pétrolier, mais ce n’est pas quelque-chose que je peux prouver, » énonce déjà Richard Heinberg, spécialiste de la déplétion énergétique, dans le documentaire {Oil, Smoke and Mirrors}{.} Autant dire que la thèse relève de la foi irrationnelle.

À cela il faut répondre, avec James Petras (Zionism, Militarism and the Decline of US Power), Stephen Sniegoski (The Transparent Cabal) ou Jonathan Cook (Israel and the Clash of Civilizations) : « Big Oil non seulement n’a pas encouragé l’invasion, mais n’a même pas réussi à contrôler un seul puits de pétrole, malgré la présence de 160 000 soldats états-uniens, 127 000 mercenaires payés par le Pentagone et le Département d’ État, et un gouvernement fantoche corrompu [26] ». Non, le pétrole n’explique pas la guerre en Irak, pas plus qu’il n’explique la guerre en Afghanistan, pas plus qu’il n’explique l’agression de la Syrie par mercenaires interposés, pas plus qu’il n’explique la guerre programmée contre l’Iran. Et ce n’est certainement pas le lobby du pétrole qui a le pouvoir d’imposer le « grand tabou » sur toute la sphère médiatique (de Marianne aux Échos, pour ce qui concerne la France).

La culture israélienne de la terreur sous fausse bannière

Un petit rappel s’impose ici, pour mieux situer le 11-Septembre dans l’histoire. Les Etats-uniens ont une longue pratique dans la fabrication des faux prétextes de guerre. On pourrait remonter à 1845 avec la guerre expansionniste contre le Mexique, déclenchée par des provocations américaines sur la zone contestée de la frontière avec le Texas (la rivière Nueces selon le Mexique, le Rio Grande selon les Texans) jusqu’à ce que des affrontements donnent au président James Polk (un Texan) l’occasion de déclarer que les Mexicains « ont versé le sang américain sur le sol américain. » Après la guerre, un député du nom d’Abraham Lincoln fit reconnaître par le Congrès le caractère mensonger de ce casus belli. Par la suite, toutes les guerres entreprises par les États-Unis l’ont été sous de faux prétextes : l’explosion du USS Maine pour la guerre contre l’Espagne à Cuba, le torpillage du Lusitania pour l’entrée dans la Première Guerre mondiale, Pearl Harbor pour la seconde, et le Golfe du Tonkin pour l’embrasement du Nord-Vietnam. Cependant, seule l’explosion du USS Maine, qui fit peu de morts, relève à proprement parler du stratagème de fausse bannière  ; encore n’est-ce pas certain.

Le paquebot transatlantique {RMS Lusitania} fut torpillé le 7 mai 1915 par les Allemands, alors qu’il naviguait dans une zone de guerre. C’est par le slogan {Remember the Lusitania} que le président Woodrow Wilson mobilisa ensuite l’opinion US en faveur de l’entrée en guerre. Le fait qu’une seule torpille ait suffi à couler le navire en quinze minutes suscite des questions. Dans son journal, le colonel Mendel Edward House, conseiller de Wilson, rapporte une conversation qu’il eut peu avant avec le ministre des Affaires étrangères britannique Edward Grey (qui deviendra en 1919 ambassadeur aux États-Unis). « Que feraient les Américains si les Allemands coulait un transatlantique avec des passagers américains à bord ? » demanda Grey. House lui répondit : « Je pense qu’un feu d’indignation balaierait les États-Unis et que cela suffirait à nous entraîner dans la guerre »

En revanche, c’est un fait qu’Israël a un passé chargé et une grande expertise des attaques et attentats sous faux drapeaux. Une histoire mondiale de ce stratagème devrait sans doute consacrer la moitié de ses pages à Israël, pourtant la plus jeune des nations modernes. Le pli a été pris avant même la création d’Israël, avec l’attentat du King David Hotel, quartier-général des autorités britanniques à Jérusalem. Le 22 juillet 1946 au matin, six terroristes de l’Irgun (la milice terroriste commandée par Menahem Begin, futur premier ministre) habillés en Arabes pénètrent dans le bâtiment et déposent autour du pillier central du bâtiment 225 kg d’explosif TNT cachés dans des bidons de lait, tandis que d’autres miliciens de l’Irgun répandent des explosifs le long des routes d’accès à l’hôtel pour empêcher l’arrivée des secours. Quand un officier britannique se montre suspicieux, une fusillade éclate dans l’hôtel et les membres du commando s’enfuient en allumant les explosifs. L’explosion tua 91 personnes, majoritairement des Britanniques, mais aussi 15 juifs.

Le stratagème fut répété en Égypte durant l’été 1954, avec l’Opération Susannah, dont le but était de compromettre le retrait des Britanniques du Canal de Suez exigé par le colonel Abdul Gamal Nasser avec le soutien du président Eisenhower. Cette opération fut également éventée et reste connu comme « l’Affaire Lavon », du nom du ministre israélien qui fut porté responsable. La plus célèbre et la plus calamiteuse des attaques israéliennes sous fausse bannière est celle du navire américain de la NSA USS Liberty, le 8 juin 1967 au large de l’Égypte, deux jours avant la fin de guerre des Six Jours ; on y voit déjà à l’œuvre une collaboration profonde entre Israël et les USA, l’administration Johnson ayant couvert et peut-être même incité ce crime contre ses propres ingénieurs et soldats. J’ai évoqué ces deux affaires dans un précédent article et n’y reviens pas [27].

En 1986, le Mossad a tenté de faire croire qu’une série d’ordres terroristes était transmise depuis la Libye à diverses ambassades libyennes dans le monde. Selon l’ancien agent Victor Ostrovsky (By Way of Deception, 1990), le Mossad utilisa un système spécial de communication nommé « Cheval de Troie » implanté par des commandos à l’intérieur du territoire ennemi. Le système agit comme station relais pour de fausses transmissions émises depuis un navire israélien et réémises instantanément sur une fréquence utilisée par l’État libyen. Ainsi que le Mossad l’avait espéré, la NSA capta et déchiffra les transmissions, qui furent interprétées comme une preuve que les Libyens soutenaient le terrorisme, ce que des rapports du Mossad venaient opportunément confirmer. Israël comptait sur la promesse de Reagan de représailles contre tout pays surpris en flagrant délit de soutien au terrorisme. Les États-uniens tombèrent dans le piège et entraînèrent avec eux les Britanniques et les Allemands : le 14 avril 1986, cent soixante avions US lâchèrent plus de soixante tonnes de bombes sur la Libye, ciblant principalement les aéroports et les bases militaires. Parmi les victimes civiles du coté libyen se trouvait la fille adoptive de Kadhafi, âgée de quatre ans. La frappe fit capoter un accord pour la libération des otages états-uniens détenus au Liban, ce qui permettait de conserver le Hezbollah comme ennemi numéro un aux yeux de l’Occident.

Isser Harel, fondateur des services secrets israéliens, aurait prédit au chrétien sioniste Michael Evans en 1980 que le terrorisme islamique finirait par frapper les USA. « Dans la théologie islamique, le symbole phallique est très important. Votre plus gros symbole phallique est New York City et le plus haut bâtiment sera le symbole phallique qu’ils frapperont » En rapportant cet entretien dans une interview en 2004, Evans, auteur de « The American Prophecies, Terrorism and Mid-East Conflict Reveal a Nation’s Destiny », espère faire passer Harel pour un prophète. Les esprits rationnels y verront plutôt l’indice que le 11-Septembre mûrissait depuis 30 ans au sein de l’État profond israélien.

La capacité de manipulation du Mossad à cette époque peut encore être illustrée par deux histoires analysées par Thomas Gordon. Le 17 avril 1986, une jeune irlandaise du nom d’Ann-Marie Murphy embarque, à son insue, 1,5 kilos de Semtex dans un vol Londres-Tel-Aviv. Son fiancé, un Pakistanais du nom de Nezar Hindaoui, est arrêté alors qu’il tente de se réfugier à l’ambassade de Syrie. Tous deux ont en fait été manipulés par le Mossad, qui obtient ainsi le résultat souhaité : le gouvernement Thatcher rompt ses relations diplomatiques avec la Syrie. Mais la manipulation est éventée en haut lieu (comme Jacques Chirac le confiera au Washington Times) [28].

En janvier 1987, le Palestinien Ismaïl Sowan, une taupe du Mossad ayant infiltré l’OLP à Londres, se voit confier, par un inconnu soit-disant envoyé par son chef à l’OLP, deux valises bourrées d’armes et d’explosifs. Ismaïl en fait part à ses contacts au Mossad, qui lui font faire un aller-retour à Tel-Aviv, puis le dénonce à Scotland Yard comme suspect dans un projet d’attentat islamiste à Londres. Ismaïl est cueilli à son retour à l’aéroport d’Heathrow et inculpé sur la base des armes trouvées chez lui. Résultat : le Mossad rentre dans les faveurs du gouvernement Thatcher [29]. Après l’attentat du 26 février 1993 contre le WTC, le FBI arrêta le Palestinien Ahmed Ajaj et l’identifia comme un terroriste lié au Hamas, mais le journal israélien Kol Ha’ir démontra qu’Ajaj n’avait jamais été mêlé au Hamas ou à l’OLP. Selon le journaliste Robert Friedman, auteur d’un article dans The Village Voice le 3 août 1993, Ajaj n’était en réalité qu’un petit escroc arrêté en 1988 pour fabrication de faux dollars, condamné à deux ans et demi de prison et libéré au bout d’un an après un marché avec le Mossad, pour le compte duquel il devait infiltrer les groupes palestiniens. À sa libération, Ajaj subit un sheep-dipping classique en étant à nouveau brièvement emprisonné, cette fois pour avoir tenté de passer des armes en Cisjordanie pour le Fatah. On a donc, avec l’attentat de 1993 contre le WTC, un précédent et prototype du 11-Septembre, dans lequel sont démontrées la responsabilité d’Israël dans le terrorisme et sa volonté de faire accuser les Palestiniens.

L’attentat contre l’ambassade d’Israël à Buenos Aires en 1992, qui fit 29 morts et 242 blessés, fut instantanément mis sur le compte de kamikazes du Hezbollah ayant utilisé un camion piégé. Mais le juge chargé de l’instruction révéla des pressions exercées par des délégués états-uniens et israéliens, ainsi que des manipulations de preuves et un faux témoignage destinés à orienter l’enquête vers l’hypothèse d’un camion piégé, alors que les faits indiquaient que l’explosion provenait de l’intérieur du bâtiment. Lorsque la Cour Suprême argentine confirma cette thèse, le porte-parole de l’ambassade d’Israël accusa les juges d’antisémitisme.

Il est intéressant de rappeler ce qu’écrivit Philip Zelikow avec John Deutch en décembre 1998 dans un article de Foreign Affairs intitulé « Catastrophic Terrorism », imaginant à propos de cet attentat de 1993 que la bombe fût nucléaire, et évoquant déjà un nouveau Pearl Harbor : « Un tel acte de ‘terrorisme catastrophique’ qui tuerait des milliers ou des dizaines de milliers et affecteraient les nécessités vitales de centaines de milliers, peut-être de millions, serait un point de non-retour dans l’histoire des États-Unis. Il pourrait provoquer des pertes humaines et matérielles sans précédent en temps de paix et réduirait à néant le sentiment de sécurité de l’Amérique à l’intérieur de ses frontières, d’une manière similaire au test atomique des Soviétique en 1949, ou peut-être pire. […]. Comme Pearl Harbor, cet événement diviserait notre histoire entre un avant et un après. Les États-Unis pourraient répondre par des mesures draconniennes, en réduisant les libertés individuelles, en autorisant une surveillance plus étroite des citoyens, l’arrestation des suspects et l’emploi de la force létale [30]. »

Le 12 janvier 2000, selon l’hebdomadaire indien The Week, des officiers des Renseignements indiens ont arrêté à l’aéroport de Calcutta onze prêcheurs islamistes qui s’apprêtaient à embarquer sur un vol à destination du Bengladesh. Ils étaient soupçonnés d’appartenir à Al-Qaïda et de vouloir détourner l’avion. Ils se présentèrent comme des Afghans ayant séjourné en Iran avant de passer deux mois en Inde pour prêcher l’islam. Mais on découvrit qu’ils possédaient tous des passeports israéliens. L’officier des services de Renseignement indien déclara à The Week que Tel Aviv « exerted considerable pressure » sur New Delhi pour les faire libérer.

Le 12 octobre 2000, dans les dernières semaines du mandat de Clinton, le destroyer USS Cole, en route vers le Golfe persique, reçoit l’ordre depuis son port d’attache de Norfolk de faire le plein dans le port d’Aden au Yémen, une procédure inhabituelle puisque ces destroyers sont généralement approvisionnés en mer par un pétrolier de la Navy. Le commandant du navire exprima sa surprise et son inquiétude : le USS Cole avait fait récemment le plein à l’entrée du Canal de Suez, et le Yémen est une zone hostile. Le USS Cole était en manœuvre d’amarrage lorsqu’il fut abordé par un dinghy destiné apparemment à l’évacuation des poubelles, qui explosa contre sa coque, tuant 17 marins et en blessant 50. Les deux « kamikazes » pilotant l’embarcation périrent aussi dans cet « attentat-suicide ». L’attaque fut aussitôt attribuée à Al-Qaïda, bien que Ben Laden ne l’ait pas revendiquée et que les Talibans nièrent que leur « hôte » ait pu être impliqué. L’accusation donna aux États-Unis un prétexte pour forcer le président yéménite Ali Abdullah Saleh à coopérer à la lutte contre l’islamisme anti-impérialiste, en fermant pour commencer treize camps paramilitaires sur son territoire. En plus de cela, quelques semaines avant les élections, l’attentat fut l’October Surprise qui porta Bush au pouvoir.

John O’Neill fut chargé de l’enquête. Au FBI depuis vingt ans, spécialiste expérimenté du contre-terrorisme, il avait déjà enquêté en 1993 sur l’attentat à la bombe au WTC. Son équipe en vint à soupçonner Israël d’avoir tiré un missile depuis un sous-marin : le trou était en effet indicatif d’une charge perforante et inexplicable par la seule explosion du dinghy. Les soupçons étaient partagés par le président Saleh, qui évoqua dans une interview à Newsweek la possibilité que l’attaque soit due à Israël, « essayant de nuire aux relations USA-Yémen [31]. » O’Neill et son équipe subirent l’hostilité de l’ambassadrice US, Barbara Bodine. Ils se virent interdire de plonger pour inspecter les dégâts. Finalement, profitant de leur retour à New York pour Thanksgiving, Bodine leur refusa l’entrée au Yémen. Les membres de l’équipage du Cole se virent ordonner de ne parler de l’attentat qu’au Naval Criminal Investigative Service (NCIS). En juillet 2001, O’Neill démissionna du FBI. Il se vit peu après offrir un poste de responsable de la sécurité au WTC, qu’il devait assurer à partir du 11 septembre 2001. Son corps fut retrouvé dans les décombres du WTC, après qu’il ait disparu depuis deux jours. Quant à Barbara Bodine, elle intégrera en 2003 l’équipe corrompue de la Coalition Provisional Authority (CPA) de Baghdad.

Où s’arrête la liste du faux terrorisme islamique de conception sioniste ? Le « New York Times » et d’autres journaux rapportèrent que le 19 septembre 2005, deux agents des forces spéciales britanniques (SAS) furent arrêtés après avoir forcé un barrage à bord d’une voiture remplie d’armes, munitions, explosifs et détonateurs, qu’ils conduisaient déguisés en Arabes. On soupçonne qu’ils planifiaient de commettre des attentats meurtriers dans le centre de Bassora durant un événement religieux, pour attiser les conflits entre shiites et sunnites. Le soir même, une unité du SAS libéra les deux agents en détruisant la prison à l’aide d’une dizaine de tanks assistés par des hélicoptères. Le capitaine Masters, chargé de l’enquête sur cette affaire embarrassante, mourut à Bassora le 15 octobre.

[1] Article original en italien : « Demystifying 9/11 : Israel and the Tactics of Mistake »,

[2] “Wildcard. Ruthless and cunning. Has capability to target U.S. forces and make it look like a Palestinian/Arab act” (Rowan Scarborough, « U.S. troops would enforce peace Under Army study », The Washington Times, 10 septembre 2001, ).

[3] Outre le livre de Hicham Hamza et celui de Christopher Bollyn, on consultera sur ce dossier : Justin Raimondo, The Terror Enigma : 9/11 and the Israeli Connection, iUniversal, 2003 ainsi qu’à un article de Christopher Ketcham, « What Did Israel Know in Advance of the 9/11 Attacks ? » CounterPunch, 2007, vol. 14, p. 1-10, ).

[4] « Vehicle possibly related to New York terrorist attack. White, 2000 Chevrolet van with New Jersey registration with ’Urban Moving Systems’ sign on back seen at Liberty State Park, Jersey City, NJ, at the time of first impact of jetliner into World Trade Center. Three individuals with van were seen celebrating after initial impact and subsequent explosion » (Raimondo, The Terror Enigma, p. xi).

[5] « We are Israelis. We are not your problem. Your problems are our problems. The Palestinians are your problem » (Hicham Hamza, Le Grand Tabou, ch. 2).

[6] « There are maps of the city in the car with certain places highlighted. It looked like they’re hooked in with this. It looked like they knew what was going to happen when they were at Liberty State Park » (Raimondo, The Terror Enigma, p. xi).

[7] « I was in tears. These guys were joking and that bothered me » (Raimondo, The Terror Enigma, p. 19 ). Hamza, Le Grand Tabou, ch. 2.

[8] « They smiled, they hugged each other and they appeared to ‘high five’ one another » ; « the United States will take steps to stop terrorism in the world » ; « Give us twenty years and we’ll take over your media and destroy your country » ; « an individual in South America with authentic ties to Islamic militants in the middle east » ; « The vehicule was also searched by a trained bomb-sniffing dog which yielded a positive result for the presence of explosive traces » (Hamza, Le Grand Tabou, ch. 2).

[9] « that the FBI no longer has any investigative interests in the detainees and they should proceed with the appropriate immigration proceedings » (Hamza, Le Grand Tabou, ch. 2).

[10] “Our purpose was to document the event” (voir sur Youtube, « Dancing Israelis Our purpose was to document the event »).

[11] « Yes, we have a white van, 2 or 3 guys in there, they look like Palestinians and going around a building. […] I see the guy by Newark Airport mixing some junk and he has those sheikh uniforms. […] He’s dressed like an Arab » (Bollyn, Solving 9-11, p. 278-80).

[12] « Yes, we have a white van, 2 or 3 guys in there, they look like Palestinians and going around a building. […] I see the guy by Newark Airport mixing some junk and he has those sheikh uniforms. […] He’s dressed like an Arab » (Bollyn, Solving 9-11, p. 278-80).

[13] In the past six weeks, employees in federal office buildings located throughout the United States have reported suspicious activities connected with individuals representing themselves as foreign students selling or delivering artwork.” “these individuals have also gone to the private residences of senior federal officials under the guise of selling art.” Le rapport comlet de la DEA est sur

[14] “The nature of the individuals’ conducts […] leads us to believe the incidents may well be an organized intelligence gathering activity” (Raimondo, The Terror Enigma, p. x).

[15] “acknowledged he could blow up buildings, bridges, cars, and anything else that he needed to” (Bollyn, Solving 9/11, p. 159).

[16] The Hollywood, Florida, area seems to be a central point for these individuals” (Raimondo, The Terror Enigma, p. 3).

[17] David Ray Griffin, 9/11 Contradictions, Arris Books, 2008, p. 142-156, citant le Daily Mail, le Boston Herald, le San Francisco Chronicle et le Wall Street Journal.

[18] « The aircraft cut a gash that was over half the width of the building and extended from the 93rd floor to the 99th floor. All but the lowest of these floors were occupied by Marsh & McLennan, a worldwide insurance company, which also occupied the 100th floor » (p. 20). Ces éléments ont été analysés par Lalo Vespera dans La Parenthèse enchantée, chapitre 10.

[19] « Like an act of God, we moved » (USA Today, 17 septembre 2001).

[20] “evidence that there were foreign governments involved in facilitating the activities of at least some of the terrorists in the United States” (Raimondo, The Terror Enigma, p. 64).

[21] « the threat of civil unrest against the monarchy, led by al Qaeda » » (« Saudi Arabia : Friend or Foe ? », The Daily Beast, 11 juillet 2011).

[22] The Keys to the Kingdom, Vanguard Press, 2011.

[23] Résumé d’Amazon.ca

[24] « Le contrôle des dégâts : Noam Chomsky et le conflit israélo-israélien » et « Contrairement aux théories de Chomsky, les États-Unis n’ont aucun intérêt à soutenir Israël », par Jeffrey Blankfort, Traduction Marcel Charbonnier, Réseau Voltaire, 30 juillet et 21 août 2006,

[25] “Of course it was Iraq’s energy resources. It’s not even a question” (cité dans Stephen Sniegoski, The Transparent Cabal : The Neoconservative Agenda, War in the Middle East, and the National Interest of Israel, Enigma Edition, 2008, p. 333).

[26] « ‘Big Oil’ not only did not promote the invasion, but has failed to secure a single oil field, despite the presence of 160,000 US troops, 127,000 Pentagon/State Department paid mercenaries and a corrupt puppet régime » (James Petras, Zionism, Militarism and the Decline of US Power, Clarity Press, 2008, p. 18).

[27] http://www.voltairenet.org/article1…

[28] Gordon Thomas, Histoire secrète du Mossad : de 1951 à nos jours, Nouveau Monde éditions, 2006, p. 384-5.

[29] Thomas, Histoire secrète du Mossad, p. 410-41.

[30] “An act of catastrophic terrorism that killed thousands or tens of thousands of people and/or disrupted the necessities of life for hundreds of thousands, or even millions, would be a watershed event in America’s history. It could involve loss of life and property unprecedented for peacetime and undermine Americans’ fundamental sense of security within their own borders in a manner akin to the 1949 Soviet atomic bomb test, or perhaps even worse. […] Like Pearl Harbor, the event would divide our past and future into a before and after. The United States might respond with draconian measures scaling back civil liberties, allowing wider surveillance of citizens, detention of suspects and use of deadly force” (Griffin, 9/11 Contradictions, p. 295-6).

[31] trying to spoil the U.S.-Yemeni Relationship

21 juillet 2016

Dans une enquête publiée aujourd’hui, Libération accuse le ministre de l’Intérieur d’avoir menti s’agissant de la sécurisation de la Promenade des Anglais le soir du 14 juillet dernier. Riposte immédiate de Bernard Cazeneuve : Libération utilise des «procédés qui empruntent aux ressorts du complotisme» et cherche à l’atteindre «dans sa réputation». Dans un édito en forme de «c’est celui qui dit qui l’est», Johan Hufnagel, directeur délégué de Libération, suggère que c’est Bernard Cazeneuve qui est victime d’«une poussée de complotisme».

Première observation : on peut regretter que le ministre de l’Intérieur ne se soit pas abstenu d’user du terme «complotisme» sans préciser la différence de nature qu’il peut y avoir entre un journal comme Libération et les médias authentiquement complotistes qui prolifèrent sur la Toile. Surtout dans un moment où la prévention «des risques d’emprise complotiste» est constitutive des actions que le Gouvernement cherche à mettre en oeuvre pour lutter contre la radicalisation et le terrorisme.

Remarquons cependant que Bernard Cazeneuve n’accuse pas la rédaction de Libération d’être complotiste, comme le suggère le titre de l’édito de Johan Hufnagel. Dans un contexte où Libération lui reproche rien moins que d’avoir diffusé «un mensonge», de surcroît en une de son édition, le locataire de la place Beauvau a cru devoir dénoncer des «procédés qui empruntent aux ressorts du complotisme», ce qui n’est pas exactement la même chose que de mettre sur le même plan Libération et, mettons, Egalité & Réconciliation.

Le ministre a également laissé entendre que Libération était partie prenante «de campagnes politiques ou de presse qui visent à [l’] atteindre […] dans sa réputation». Etait-il vraiment nécessaire que Libération en tire prétexte pour accuser à son tour Bernard Cazeneuve de céder aux sirènes du complotisme ? Ne peut-on pas, là aussi, regretter l’usage d’un tel terme dirigé contre un ministre de la République qui ne saurait être confondu avec le premier théoricien du complot venu ? Ne peut-on, dans le même temps, trouver malvenue sa dénonciation de «campagnes de presse» là où, de toute évidence, Libération se contente d’assumer le rôle que lui assigne son statut d’acteur du quatrième pouvoir ?

Ni la presse ni le Gouvernement, cibles de choix des complotistes patentés, ne sortent grandis d’une telle séquence. Morale de l’histoire : cessons de gloser sur le complotisme présumé des uns et des autres à partir de matériaux aussi fragiles. Ne contribuons pas à faire du «complotisme» une étiquette infamante parmi d’autres. Utiliser ce mot de manière aussi peu fondée pour délégitimer un détracteur est en réalité une manière d’œuvrer à sa démonétisation et de rendre, au final, un fier service à tous ceux – vrais imposteurs et autres désinformateurs professionnels – qui prospèrent sur la montée contemporaine du complotisme.

Attentat de Nice : le retour des théories du complot

Metronews
16-07-2016 20:40

Attentat de Nice: L’Apocalypse, c’est maintenant ! (From 9/11 to Nice: Slouching towards the Apocalypse, one massacre at a time)

21 juillet, 2016
https://i0.wp.com/extremecentre.org/wp-content/uploads/2016/07/Nice.jpgTout se disloque. Le centre ne peut tenir. L’anarchie se déchaîne sur le monde Comme une mer noircie de sang : partout On noie les saints élans de l’innocence …Sûrement que quelque révélation, c’est pour bientôt … Sûrement que la Seconde Venue, c’est pour bientôt. La Seconde Venue ! A peine dits ces mots, Une image, immense, du Spiritus Mundi Trouble ma vue : quelque part dans les sables du désert, Une forme avec corps de lion et tête d’homme Et l’oeil nul et impitoyable comme un soleil Se meut, à cuisses lentes, tandis qu’autour Tournoient les ombres d’une colère d’oiseaux… La ténèbre, à nouveau ; mais je sais, maintenant, Que vingt siècles d’un sommeil de pierre, exaspérés Par un bruit de berceau, tournent au cauchemar, – Et quelle bête brute, revenue l’heure, Traîne la patte vers Bethléem, pour naître enfin ? Yeats (1919)
Une nation ne se régénère que sur un monceau de cadavres. Saint-Just
Auden’s Herod is not the raging tyrant that the poet might have drawn from medieval models or the example of Hitler. Instead he is the dutiful public manager, the skeptical apostle of rationality and progress. « Yes, in 20 years I have managed to do a little, » he tells himself in a long prose passage. « Soft drinks and sandwiches may be had in the inns at reasonable prices » and « the truck-drivers no longer carry guns. Things are beginning to take shape. » But « this little civilized patch » of empire is still threatened by a howling wilderness of barbaric superstition, he muses. A single spark might ruin everything, and now « judging by the trio who came to see me this morning with an ecstatic grin on their scholarly faces, the job has been done, » he says of the Magi.  » ‘God has been born,’ they cried. » In no time at all, Herod fears, reason will be replaced by revelation and justice by pity. Society will honor « hermits, bums and permanent invalids » instead of generals, philosophers and statesmen. « Civilization must be saved even if this means sending for the miltary, » he concludes petulantly. « Why can’t people be sensible? I don’t want to be horrid. » The NYT
For many Israelis, the horrifying images of a truck plowing through crowds for more than a mile in the French resort town of Nice struck a macabrely familiar chord. (…)  Nice was an even more direct, if far deadlier, echo of a 2011 rampage in which an Arab-Israeli man’s truck barreled down a Tel Aviv street for a mile, killing one and wounding 17. These followed a spate of attacks with heavy construction vehicles and cars as weapons in 2008. And since October, according to Shin Bet, Israel’s domestic security agency, at least 32 Palestinians have rammed vehicles into people at bus stops, intersections and military checkpoints. The French prime minister said after the Nice attack, the nation’s third mass killing in 18 months, that France “must live with terrorism.” That is what Israelis have been doing for decades, through the plane hijackings of the 1970s; the suicide bombers of the second intifada, or Palestinian uprising, which began in 2000; and the lone-wolf stabbings and shootings of the past 10 months. In Israel, ordinary citizens, security officials and experts feel they have seen it all and say they have adapted to a perennial, if ever-changing, threat. They speak of constantly staying alert, exercising caution and growing accustomed to what some may find to be intrusive levels of security, but essentially carrying on.  (…) That routine includes opening bags for a check and passing through metal detectors at train or bus stations, shopping malls and movie complexes. At the height of the suicide bombings, customers paid a small surcharge at cafes and restaurants to subsidize the cost of a guard at the door. Hundreds of armed civilian guards have been deployed to protect public transportation in Jerusalem in recent months amid the wave of attacks, which have been glorified by some Palestinians on social media. The guards stand at bus and light-rail stops, and hop on and off buses along main routes, with the same powers to search and arrest as the police. Israel has also invested hugely in intelligence, its tactics evolving as its enemies change theirs. Several psychological studies in Israel have found that people habituate quickly to threats, making adjustments to daily life — keeping children at home, for example, rather than sending them to summer camp — and adopting dark humor about the randomness of the threat. (…) Some Israeli politicians have been disparaging about what they view as European negligence in security matters. After the attacks in March in Brussels, for example, a senior minister, Israel Katz, said Belgium would not be able to fight Islamist terrorism “if Belgians continue eating chocolate and enjoying life and looking like great democrats and liberals.” In a radio interview on Sunday, Yaakov Perry, a former Shin Bet chief now in Parliament, recommended deeper intelligence supervision of neighborhoods “where Muslims, refugees, Daesh supporters of various sorts live,” using an Arabic acronym to refer to the Islamic State. He also suggested that the French police were complacent, referring to news reports that the driver in Nice had told officers he was delivering ice cream. “If the driver says he has ice cream, open the truck and check if he has ice cream,” Mr. Perry said. That the attack occurred at a mass gathering for Bastille Day, France’s national holiday, had Israelis shaking their heads. Micky Rosenfeld, an Israeli police spokesman, said that to secure a major event like Independence Day celebrations, when tens of thousands of people gather along the Tel Aviv seafront to watch an air and naval display, officers gather intelligence for weeks beforehand, and erect a 360-degree enclosure of the area, with layers of security around the perimeter. Main roads are typically blocked off with rows of buses, and smaller side streets with patrol cars. In addition to a large uniformed and undercover police presence, counterterrorism teams are strategically placed to provide a rapid response if needed. For intelligence gathering, Shin Bet has used a “basic coverage” method, which involves homing in on a particular neighborhood or population sector that is considered a potential security risk. The agency then builds an intimate system of surveillance and a network of local informers who can point to any sign of suspicious or unusual activity.(…) But several security experts acknowledged that with citizens in a democracy, including Israel’s large Arab minority, these methods of intelligence gathering — “neighbors informing on neighbors,” as one put it — can be difficult to balance with civil liberties. These measures are also less effective, they say, in trying to prevent individual attacks that are not affiliated with any organization and that at times appear to have erupted spontaneously. The NYT
Even the Sicilian mafia has to deal with the wave of migration from Africa. The neighbourhoods under mafia control have changed profoundly in recent years due to the growing presence of foreigners, especially Nigerians coming on boats. Among them, there [are a small number] of people who want to transfer their illegal trafficking, linked to prostitution and drug dealing, to Sicily. And the mafia was quite happy to integrate them into their criminal business. Leonardo Agueci (Palermo’s deputy chief prosecutor)
Nous imaginons, parce que la Guerre froide est finie en Europe, que toute la série de luttes qui ont commencé avec la Première guerre mondiale et qui sont passées par différents mouvements totalitaires — fasciste, nazi et communiste — était finalement terminée. (…) Hors de la Première guerre mondiale est venue une série de révoltes contre la civilisation libérale. Ces révoltes accusaient la civilisation libérale d’être non seulement hypocrite ou en faillite, mais d’être en fait la grande source du mal ou de la souffrance dans le monde. (…) [Avec] une fascination pathologique pour la mort de masse [qui] était elle-même le fait principal de la Première guerre mondiale, dans laquelle 9 ou 10 millions de personnes ont été tués sur une base industrielle. Et chacun des nouveaux mouvements s’est mis à reproduire cet événement au nom de leur opposition utopique aux complexités et aux incertitudes de la civilisation libérale. Les noms de ces mouvements ont changé comme les traits qu’ils ont manifestés – l’un s’est appelé bolchévisme, et un autre s’est appelé fascisme, un autre s’est appelé nazisme. (…) À un certain niveau très profond tous ces mouvements étaient les mêmes — ils partageaient tous certaines qualités mythologiques, une fascination pour la mort de masse et tous s’inspiraient du même type de paranoïa. (…) Mon argument est que l’islamisme et un certain genre de pan-arabisme dans les mondes arabe et musulman sont vraiment d’autres branches de la même impulsion. Mussolini a mis en scène sa marche sur Rome en 1922 afin de créer une société totalitaire parfaite qui allait être la résurrection de l’empire romain. En 1928, en Egypte, de l’autre côté de la Méditerranée, s’est créée la secte des Frères musulmans afin de ressusciter le Califat antique de l’empire arabe du 7ème siècle, de même avec l’idée de créer une société parfaite des temps modernes. Bien que ces deux mouvements aient été tout à fait différents, ils étaient d’une certaine manière semblables. (…) La doctrine islamiste est que l’Islam est la réponse aux problèmes du monde, mais que l’Islam a été la victime d’une conspiration cosmique géante pour la détruire, par les Croisés et les sionistes. (le sionisme dans la doctrine de Qutb n’est pas un mouvement politique moderne, c’est une doctrine cosmique se prolongeant tout au long des siècles.) L’Islam est la victime de cette conspiration, qui est également facilitée par les faux musulmans ou hypocrites, qui feignent d’être musulmans mais sont réellement les amis des ennemis de l’Islam. D’un point de vue islamiste, donc, la conspiration la plus honteuse est celle menée par les hypocrites musulmans pour annihiler l’Islam du dedans. Ces personnes sont surtout les libéraux musulmans qui veulent établir une société libérale, autrement dit la séparation de l’église et de l’état. (…) De même que les progressistes européens et américains doutaient des menaces de Hitler et de Staline, les Occidentaux éclairés sont aujourd’hui en danger de manquer l’urgence des idéologies violentes issues du monde musulman. (…) Les socialistes français des années 30 (…) ont voulu éviter un retour de la première guerre mondiale; ils ont refusé de croire que les millions de personnes en Allemagne avaient perdu la tête et avaient soutenu le mouvement nazi. Ils n’ont pas voulu croire qu’un mouvement pathologique de masse avait pris le pouvoir en Allemagne, ils ont voulu rester ouverts à ce que les Allemands disaient et aux revendications allemandes de la première guerre mondiale. Et les socialistes français, dans leur effort pour être ouverts et chaleureux afin d’éviter à tout prix le retour d’une guerre comme la première guerre mondiale, ont fait tout leur possible pour essayer de trouver ce qui était raisonnable et plausible dans les arguments d’Hitler. Ils ont vraiment fini par croire que le plus grand danger pour la paix du monde n’était pas posé par Hitler mais par les faucons de leur propre société, en France. Ces gens-là étaient les socialistes pacifistes de la France, c’était des gens biens. Pourtant, de fil en aiguille, ils se sont opposés à l’armée française contre Hitler, et bon nombre d’entre eux ont fini par soutenir le régime de Vichy et elles ont fini comme fascistes! Ils ont même dérapé vers l’anti-sémitisme pur, et personne ne peut douter qu’une partie de cela s’est reproduit récemment dans le mouvement pacifiste aux Etats-Unis et surtout en Europe. Paul Berman
L’erreur est toujours de raisonner dans les catégories de la « différence », alors que la racine de tous les conflits, c’est plutôt la « concurrence », la rivalité mimétique entre des êtres, des pays,des cultures. La concurrence, c’est-à-dire le désir d’imiter l’autre pour obtenir la même chose que lui, au besoin par la violence. Sans doute le terrorisme est-il lié à un monde « différent » du nôtre, mais ce qui suscite le terrorisme n’est pas dans cette « différence » qui l’éloigne le plus de nous et nous le rend inconcevable. Il est au contraire dans un désir exacerbé de convergence et de ressemblance. (…) Ce qui se vit aujourd’hui est une forme de rivalité mimétique à l’échelle planétaire. Lorsque j’ai lu les premiers documents de Ben Laden, constaté ses allusions aux bombes américaines tombées sur le Japon, je me suis senti d’emblée à un niveau qui est au-delà de l’islam, celui de la planète entière. Sous l’étiquette de l’islam, on trouve une volonté de rallier et de mobiliser tout un tiers-monde de frustrés et de victimes dans leurs rapports de rivalité mimétique avec l’Occident. Mais les tours détruites occupaient autant d’étrangers que d’Américains. Et par leur efficacité, par la sophistication des moyens employés, par la connaissance qu’ils avaient des Etats-Unis, par leurs conditions d’entraînement, les auteurs des attentats n’étaient-ils pas un peu américains ? On est en plein mimétisme.Ce sentiment n’est pas vrai des masses, mais des dirigeants. Sur le plan de la fortune personnelle, on sait qu’un homme comme Ben Laden n’a rien à envier à personne. Et combien de chefs de parti ou de faction sont dans cette situation intermédiaire, identique à la sienne. Regardez un Mirabeau au début de la Révolution française : il a un pied dans un camp et un pied dans l’autre, et il n’en vit que de manière plus aiguë son ressentiment. Aux Etats-Unis, des immigrés s’intègrent avec facilité, alors que d’autres, même si leur réussite est éclatante, vivent aussi dans un déchirement et un ressentiment permanents. Parce qu’ils sont ramenés à leur enfance, à des frustrations et des humiliations héritées du passé. Cette dimension est essentielle, en particulier chez des musulmans qui ont des traditions de fierté et un style de rapports individuels encore proche de la féodalité. (…) Cette concurrence mimétique, quand elle est malheureuse, ressort toujours, à un moment donné, sous une forme violente. A cet égard, c’est l’islam qui fournit aujourd’hui le ciment qu’on trouvait autrefois dans le marxisme. René Girard
(Le 11 septembre,) je le vois comme un événement déterminant, et c’est très grave de le minimiser aujourd’hui. Le désir habituel d’être optimiste, de ne pas voir l’unicité de notre temps du point de vue de la violence, correspond à un désir futile et désespéré de penser notre temps comme la simple continuation de la violence du XXe siècle. Je pense, personnellement, que nous avons affaire à une nouvelle dimension qui est mondiale. Ce que le communisme avait tenté de faire, une guerre vraiment mondiale, est maintenant réalisé, c’est l’actualité. Minimiser le 11 Septembre, c’est ne pas vouloir voir l’importance de cette nouvelle dimension. (…) Mais la menace actuelle va au-delà de la politique, puisqu’elle comporte un aspect religieux. Ainsi, l’idée qu’il puisse y avoir un conflit plus total que celui conçu par les peuples totalitaires, comme l’Allemagne nazie, et qui puisse devenir en quelque sorte la propriété de l’islam, est tout simplement stupéfiante, tellement contraire à ce que tout le monde croyait sur la politique. (…) Le problème religieux est plus radical dans la mesure où il dépasse les divisions idéologiques – que bien sûr, la plupart des intellectuels aujourd’hui ne sont pas prêts d’abandonner.(…) Il s’agit de notre incompréhension du rôle de la religion, et de notre propre monde ; c’est ne pas comprendre que ce qui nous unit est très fragile. Lorsque nous évoquons nos principes démocratiques, parlons-nous de l’égalité et des élections, ou bien parlons-nous de capitalisme, de consommation, de libre échange, etc. ? Je pense que dans les années à venir, l’Occident sera mis à l’épreuve. Comment réagira-t-il : avec force ou faiblesse ? Se dissoudra-t-il ? Les occidentaux devraient se poser la question de savoir s’ils ont de vrais principes, et si ceux-ci sont chrétiens ou bien purement consuméristes. Le consumérisme n’a pas d’emprise sur ceux qui se livrent aux attentats suicides. (…) Allah est contre le consumérisme, etc. En réalité, le musulman pense que les rituels de prohibition religieuse sont une force qui maintient l’unité de la communauté, ce qui a totalement disparu ou qui est en déclin en Occident. Les gens en Occident ne sont motivés que par le consumérisme, les bons salaires, etc. Les musulmans disent : « leurs armes sont terriblement dangereuses, mais comme peuple, ils sont tellement faibles que leur civilisation peut être facilement détruite ».
L’avenir apocalyptique n’est pas quelque chose d’historique. C’est quelque chose de religieux sans lequel on ne peut pas vivre. C’est ce que les chrétiens actuels ne comprennent pas. Parce que, dans l’avenir apocalyptique, le bien et le mal sont mélangés de telle manière que d’un point de vue chrétien, on ne peut pas parler de pessimisme. Cela est tout simplement contenu dans le christianisme. Pour le comprendre, lisons la Première Lettre aux Corinthiens : si les puissants, c’est-à-dire les puissants de ce monde, avaient su ce qui arriverait, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de la Gloire – car cela aurait signifié leur destruction (cf. 1 Co 2, 8). Car lorsque l’on crucifie le Seigneur de la Gloire, la magie des pouvoirs, qui est le mécanisme du bouc émissaire, est révélée. Montrer la crucifixion comme l’assassinat d’une victime innocente, c’est montrer le meurtre collectif et révéler ce phénomène mimétique. C’est finalement cette vérité qui entraîne les puissants à leur perte. Et toute l’histoire est simplement la réalisation de cette prophétie. Ceux qui prétendent que le christianisme est anarchiste ont un peu raison. Les chrétiens détruisent les pouvoirs de ce monde, car ils détruisent la légitimité de toute violence. Pour l’État, le christianisme est une force anarchique, surtout lorsqu’il retrouve sa puissance spirituelle d’autrefois. Ainsi, le conflit avec les musulmans est bien plus considérable que ce que croient les fondamentalistes. Les fondamentalistes pensent que l’apocalypse est la violence de Dieu. Alors qu’en lisant les chapitres apocalyptiques, on voit que l’apocalypse est la violence de l’homme déchaînée par la destruction des puissants, c’est-à-dire des États, comme nous le voyons en ce moment. Lorsque les puissances seront vaincues, la violence deviendra telle que la fin arrivera. Si l’on suit les chapitres apocalyptiques, c’est bien cela qu’ils annoncent. Il y aura des révolutions et des guerres. Les États s’élèveront contre les États, les nations contre les nations. Cela reflète la violence. Voilà le pouvoir anarchique que nous avons maintenant, avec des forces capables de détruire le monde entier. On peut donc voir l’apparition de l’apocalypse d’une manière qui n’était pas possible auparavant. Au début du christianisme, l’apocalypse semblait magique : le monde va finir ; nous irons tous au paradis, et tout sera sauvé ! L’erreur des premiers chrétiens était de croire que l’apocalypse était toute proche. Les premiers textes chronologiques chrétiens sont les Lettres aux Thessaloniciens qui répondent à la question : pourquoi le monde continue-t-il alors qu’on en a annoncé la fin ? Paul dit qu’il y a quelque chose qui retient les pouvoirs, le katochos (quelque chose qui retient). L’interprétation la plus commune est qu’il s’agit de l’Empire romain. La crucifixion n’a pas encore dissout tout l’ordre. Si l’on consulte les chapitres du christianisme, ils décrivent quelque chose comme le chaos actuel, qui n’était pas présent au début de l’Empire romain. (..) le monde actuel (…) confirme vraiment toutes les prédictions. On voit l’apocalypse s’étendre tous les jours : le pouvoir de détruire le monde, les armes de plus en plus fatales, et autres menaces qui se multiplient sous nos yeux. Nous croyons toujours que tous ces problèmes sont gérables par l’homme mais, dans une vision d’ensemble, c’est impossible. Ils ont une valeur quasi surnaturelle. Comme les fondamentalistes, beaucoup de lecteurs de l’Évangile reconnaissent la situation mondiale dans ces chapitres apocalyptiques. Mais les fondamentalistes croient que la violence ultime vient de Dieu, alors ils ne voient pas vraiment le rapport avec la situation actuelle – le rapport religieux. Cela montre combien ils sont peu chrétiens. La violence humaine, qui menace aujourd’hui le monde, est plus conforme au thème apocalyptique de l’Évangile qu’ils ne le pensent.
(la Guerre Froide est) complètement dépassée. (…) Et la rapidité avec laquelle elle a été dépassée est incroyable. L’Union Soviétique a montré qu’elle devenait plus humaine lorsqu’elle n’a pas tenté de forcer le blocus de Kennedy, et à partir de cet instant, elle n’a plus fait peur. Après Khrouchtchev on a eu rapidement besoin de Gorbatchev. Quand Gorbatchev est arrivé au pouvoir, les oppositions ne se trouvaient plus à l’intérieur de l’humanisme. (…) Cela dit, de plus en plus de gens en Occident verront la faiblesse de notre humanisme ; nous n’allons pas redevenir chrétiens, mais on fera plus attention au fait que la lutte se trouve entre le christianisme et l’islam, plus qu’entre l’islam et l’humanisme. Avec l’islam je pense que l’opposition est totale. Dans l’islam, si l’on est violent, on est inévitablement l’instrument de Dieu. Cela veut donc dire que la violence apocalyptique vient de Dieu. Aux États-Unis, les fondamentalistes disent cela, mais les grandes églises ne le disent pas. Néanmoins, ils ne poussent pas suffisamment leur pensée pour dire que si la violence ne vient pas de Dieu, elle vient de l’homme, et que nous en sommes responsables. Nous acceptons de vivre sous la protection d’armes nucléaires. Cela a probablement été la plus grande erreur de l’Occident. Imaginez-vous les implications. (…) Nous croyons que la violence est garante de la paix. Mais cette hypothèse ne me paraît pas valable. Nous ne voulons pas aujourd’hui réfléchir à ce que signifie cette confiance dans la violence. (Avec un autre événement tel que le 11 Septembre) Je pense que les gens deviendraient plus conscients. Mais cela serait probablement comme la première attaque. Il y aurait une période de grande tension spirituelle et intellectuelle, suivie d’un lent relâchement. Quand les gens ne veulent pas voir, ils y arrivent. Je pense qu’il y aura des révolutions spirituelles et intellectuelles dans un avenir proche. Ce que je dis aujourd’hui semble complètement invraisemblable, et pourtant je pense que le 11 Septembre va devenir de plus en plus significatif. René Girard
Deux romans français prestigieux, dissemblables dans le temps et le ton, décrivent deux visions influentes de la France dans l’avenir. Non seulement intéressants à lire (et toutes deux traduits en anglais), ils stimulent ensemble la réflexion sur les crises de l’immigration et du changement culturel dans le pays. Jean Raspail (1925-) imagine une invasion raciale venant de la mer par canots et bateaux depuis le sous-continent indien et se dirigeant lentement, inexorablement vers le Sud de la France (…) dans le « Camp des Saints », publié en1973   (…) Michel Houellebecq (1956-) raconte l’histoire non pas d’un pays (la France) mais d’un individu (François) dans « Soumission » (2015). (…) Si le roman de 1973 ne mentionne jamais les mots islam ou musulman, sa contrepartie de 2013 insiste sur les deux – à commencer par le titre : Islam signifie en Arabe soumission. A l’inverse, le premier livre est centré sur la race alors que le second la note à peine (la prostituée favorite de François est Nord-Africaine). Un récit s’achève diaboliquement, l’autre agréablement. Le premier livre est un traité politique apocalyptique déguisé en amusement, le second livre une vue littéraire et sardonique de la perte de volonté de l’Europe sans exprimer d’hostilité envers l’islam ou les Musulmans. Le premier documente une agression, l’autre une consolation. Les romans décrivent deux courants croisés majeurs presque contradictoires d’après-guerre. L’attrait d’une Europe libre et riche pour des peuples lointains et pauvres, en particulier des Musulmans. ; et l’attrait d’un islam vigoureux pour une Europe affaiblie, postchrétienne. Dans les deux cas, l’Europe – représentant seulement 7 % des terres émergées du monde mais la région dominante pendant cinq siècles, de 1450 à 1950 – s’apprête à perdre ses coutumes, sa culture et ses mœurs, en devenant une simple extension, voire une dépendance de l’Afrique du Nord. Les romans impliquent que le souci alarmant exprimé depuis des décennies (des masses de peuples sombres, violents, en colère) est devenu familier et même bénin (les universités du Moyen Orient offrent de meilleurs salaires). Ils suggèrent que le temps de la panique est passé, remplacé par le temps d’une capitulation progressive. « Camp » a éclaboussé la Droite quand il a paru mais les deux livres traitent de préoccupations plus largement partagées aujourd’hui : la réimpression de « Camp » en 2011 a atteint le sommet de la liste des meilleures ventes en France et « Soumission » est devenu simultanément la meilleure vente quatre ans plus tard en France, en Italie et en Allemagne. Quarante-deux ans séparent ces deux livres ; en sautant 42 ans de plus dans le futur, quelle histoire un roman futuriste publié en 2057 pourrait-il raconter ? Des penseurs comme Oriana Fallaci, Bat Ye’or et Mark Steyn s’attendent à un compte-rendu présumant la victoire de l’islam et raconte la chasse des quelques croyants Chrétiens restant. Mais je prédis le contraire pour bientôt : un rapport qui présume le grand remplacement de Camus a échoué et imagine une violente répression des Musulmans (selon les mots de Claire Berlinski) « titubant hors des brumes de l’histoire européenne » accompagnée d’une réaffirmation nativiste. Daniel Pipes

L’Apocalypse, c’est maintenant !

Et si au lendemain de Nice

Sur fond d’israélisation de plus en plus avancée du reste du ronde …

Et sans compter la simple criminalisation

Derrière cette guerre vraiment mondiale rêvée par le communisme …

Et cette tentative de refondation qu’on trouvait autrefois dans le marxisme …

Loin des slogans creux de nos Obama et de nos Hollande …

Comme des Grands soirs ou lendemains qui chantent de nos communistes …

Ou même le grand feu d’artifice final de nos fondamentalistes …

Ce n’était pas ca comme le suggérait René Girard …

La révélation (premier sens du mot apocalypse) qui arrivait …

Ou plutôt qui rampait comme l’avait vu Yeats …

Massacre après massacre …

Ou alors comme Houellebecq …

Soumission après soumission ?

Qui écrira l’avenir de la France?
Daniel Pipes
Washington Times
7 juin 2016

Version originale anglaise: Who Will Write France’s Future?
Adaptation française: Sentinelle 5776

Deux romans français prestigieux, dissemblables dans le temps et le ton, décrivent deux visions influentes de la France dans l’avenir. Non seulement intéressants à lire (et toutes deux traduits en anglais), ils stimulent ensemble la réflexion sur les crises de l’immigration et du changement culturel dans le pays.

Jean Raspail (1925-) imagine une invasion raciale venant de la mer par canots et bateaux depuis le sous-continent indien et se dirigeant lentement, inexorablement vers le Sud de la France. Dans le « Camp des Saints », publié en1973, il documente d’abord la réaction française impuissante, paniquée face à la horde (mot utilisé 34 fois) « continuant de venir rejoindre les foules gonflées ».

Dans une puissante fantaisie dystopique sur la race blanche et la vie européenne correspondant aux peurs décrites par Charles de Gaulle, le politicien dominant de la France d’après-guerre, qui faisait bon accueil à des citoyens français non blancs « à la condition qu’ils demeurent une petite minorité. Faute de quoi, la France ne serait plus la France. Nous sommes après tout, d’abord un peuple européen de race blanche ».

« Camp » anticipe aussi la notion du « Grand Remplacement », conceptualisé par l’intellectuel français Renaud Camus, qui prédit le remplacement rapide « du peuple historique de notre pays par des peuples d’origine immigrée et non Européens dans leur immense majorité ». Globalement la même peur – des immigrants repoussant le peuple français indigène pour s’emparer du pays – inspire le Front National atteignant désormais près de 30 % des suffrages et il poursuit sa croissance.

Michel Houellebecq (1956-) raconte l’histoire non pas d’un pays (la France) mais d’un individu (François) dans « Soumission » (2015). François est un professeur blasé, quelque peu décadent, du mouvement décadent de la littérature française. Il n’a pas de famille, d’amis, ni d’ambition ; bien qu’arrivé seulement à la mi-quarantaine, sa volonté de vivre s’est érodée dans l’ennui d’une nourriture à emporter et d’une procession de partenaires sexuelles interchangeables.

Quand un politicien musulman ostensiblement modéré devient de façon inattendue président de la France en 2022, beaucoup de changements radicaux s’ensuivent rapidement dans la vie française. Dans un mouvement surpris, ce qui commence de façon menaçante (un cadavre dans une station d’essence) se transforme assez vite de façon inoffensive (délicieuse nourriture du Moyen Orient). Attiré par un job satisfaisant et bien payé avec l’avantage d’un accès à de nombreuses étudiantes jolies et couvertes, François abandonne facilement sa vie d’avant pour se convertir à l’islam, qui lui offre les récompenses du luxe, de l’exotisme et du patriarcat.

Si le roman de 1973 ne mentionne jamais les mots islam ou musulman, sa contrepartie de 2013 insiste sur les deux – à commencer par le titre : Islam signifie en Arabe soumission. A l’inverse, le premier livre est centré sur la race alors que le second la note à peine (la prostituée favorite de François est Nord-Africaine). Un récit s’achève diaboliquement, l’autre agréablement. Le premier livre est un traité politique apocalyptique déguisé en amusement, le second livre une vue littéraire et sardonique de la perte de volonté de l’Europe sans exprimer d’hostilité envers l’islam ou les Musulmans. Le premier documente une agression, l’autre une consolation.

Les romans décrivent deux courants croisés majeurs presque contradictoires d’après-guerre. L’attrait d’une Europe libre et riche pour des peuples lointains et pauvres, en particulier des Musulmans. ; et l’attrait d’un islam vigoureux pour une Europe affaiblie, postchrétienne. Dans les deux cas, l’Europe – représentant seulement 7 % des terres émergées du monde mais la région dominante pendant cinq siècles, de 1450 à 1950 – s’apprête à perdre ses coutumes, sa culture et ses mœurs, en devenant une simple extension, voire une dépendance de l’Afrique du Nord.

Les romans impliquent que le souci alarmant exprimé depuis des décennies (des masses de peuples sombres, violents, en colère) est devenu familier et même bénin (les universités du Moyen Orient offrent de meilleurs salaires). Ils suggèrent que le temps de la panique est passé, remplacé par le temps d’une capitulation progressive.

« Camp » a éclaboussé la Droite quand il a paru mais les deux livres traitent de préoccupations plus largement partagées aujourd’hui : la réimpression de « Camp » en 2011 a atteint le sommet de la liste des meilleures ventes en France et « Soumission » est devenu simultanément la meilleure vente quatre ans plus tard en France, en Italie et en Allemagne.

Quarante-deux ans séparent ces deux livres ; en sautant 42 ans de plus dans le futur, quelle histoire un roman futuriste publié en 2057 pourrait-il raconter ? Des penseurs comme Oriana Fallaci, Bat Ye’or et Mark Steyn s’attendent à un compte-rendu présumant la victoire de l’islam et raconte la chasse des quelques croyants Chrétiens restant. Mais je prédis le contraire pour bientôt : un rapport qui présume le grand remplacement de Camus a échoué et imagine une violente répression des Musulmans (selon les mots de Claire Berlinski) « titubant hors des brumes de l’histoire européenne » accompagnée d’une réaffirmation nativiste

Voir aussi:

To France From Israel: Lessons on Living With Terror

JERUSALEM — For many Israelis, the horrifying images of a truck plowing through crowds for more than a mile in the French resort town of Nice struck a macabrely familiar chord.

“We had tractors!” said Ami Zini, 49, who runs a boutique on the shopping street of the leafy German Colony neighborhood of Jerusalem. “One of them flipped over a bus with its bucket.”

He was referring to a 2014 attack, by a Palestinian resident of the city, that killed an Israeli pedestrian. Nice was an even more direct, if far deadlier, echo of a 2011 rampage in which an Arab-Israeli man’s truck barreled down a Tel Aviv street for a mile, killing one and wounding 17.

These followed a spate of attacks with heavy construction vehicles and cars as weapons in 2008. And since October, according to Shin Bet, Israel’s domestic security agency, at least 32 Palestinians have rammed vehicles into people at bus stops, intersections and military checkpoints.

The French prime minister said after the Nice attack, the nation’s third mass killing in 18 months, that France “must live with terrorism.” That is what Israelis have been doing for decades, through the plane hijackings of the 1970s; the suicide bombers of the second intifada, or Palestinian uprising, which began in 2000; and the lone-wolf stabbings and shootings of the past 10 months.

“There were times when we were afraid to stop our cars at a red light next to a bus,” Mr. Zini, whose clothing store is named Rendezvous, to lend an air of French chic, recalled of the years in which buses were a frequent bombing target. “We live with terrorism. But we are not fearful. It is part of our daily routine.”

That routine includes opening bags for a check and passing through metal detectors at train or bus stations, shopping malls and movie complexes. At the height of the suicide bombings, customers paid a small surcharge at cafes and restaurants to subsidize the cost of a guard at the door.

Hundreds of armed civilian guards have been deployed to protect public transportation in Jerusalem in recent months amid the wave of attacks, which have been glorified by some Palestinians on social media. The guards stand at bus and light-rail stops, and hop on and off buses along main routes, with the same powers to search and arrest as the police.

Israel has also invested hugely in intelligence, its tactics evolving as its enemies change theirs.

Several psychological studies in Israel have found that people habituate quickly to threats, making adjustments to daily life — keeping children at home, for example, rather than sending them to summer camp — and adopting dark humor about the randomness of the threat.

“If I don’t get blown up, I will meet you at Dizengoff Center in about 45 minutes,” a Tel Aviv bus rider told a friend over a cellphone, in a conversation overheard by Israeli psychologists researching the aftermath of the second intifada.

The survey of 458 people, led by Yechiel Klar of Tel Aviv University, found that 55 percent had changed their behavior — spending less time outside the house, for instance, or making fewer long trips by public transportation. The other 45 percent said they had made no changes.

A separate study, done in 2003-4 at Ben Gurion University, found that residents close to attack sites — in this case, those living in Israeli settlements then in the Gaza Strip — reported a lower sense of personal threat and stress than those in two other communities, one in a Tel Aviv suburb and one in a larger settlement near the occupied West Bank city of Hebron. The research suggested that the religious fervor of the Gaza residents might have been a key factor.

In a radio interview on Sunday, Yaakov Perry, a former Shin Bet chief now in Parliament, recommended deeper intelligence supervision of neighborhoods “where Muslims, refugees, Daesh supporters of various sorts live,” using an Arabic acronym to refer to the Islamic State. He also suggested that the French police were complacent, referring to news reports that the driver in Nice had told officers he was delivering ice cream. “If the driver says he has ice cream, open the truck and check if he has ice cream,” Mr. Perry said.

That the attack occurred at a mass gathering for Bastille Day, France’s national holiday, had Israelis shaking their heads. Micky Rosenfeld, an Israeli police spokesman, said that to secure a major event like Independence Day celebrations, when tens of thousands of people gather along the Tel Aviv seafront to watch an air and naval display, officers gather intelligence for weeks beforehand, and erect a 360-degree enclosure of the area, with layers of security around the perimeter.

Main roads are typically blocked off with rows of buses, and smaller side streets with patrol cars. In addition to a large uniformed and undercover police presence, counterterrorism teams are strategically placed to provide a rapid response if needed.

For intelligence gathering, Shin Bet has used a “basic coverage” method, which involves homing in on a particular neighborhood or population sector that is considered a potential security risk. The agency then builds an intimate system of surveillance and a network of local informers who can point to any sign of suspicious or unusual activity.

Lior Akerman, a former Shin Bet division head, said that while an attack like the one in Nice could certainly happen in Israel, “it should be emphasized that the French, like the rest of the European countries, do not conduct themselves intelligence-wise in this way at all.”

But several security experts acknowledged that with citizens in a democracy, including Israel’s large Arab minority, these methods of intelligence gathering — “neighbors informing on neighbors,” as one put it — can be difficult to balance with civil liberties. These measures are also less effective, they say, in trying to prevent individual attacks that are not affiliated with any organization and that at times appear to have erupted spontaneously.

“The bad news is that even Israel doesn’t have good experience in preventing lone-wolf attacks,” said Boaz Ganor, who heads the International Institute for Counterterrorism at the Interdisciplinary Center in Herzliya, Israel, “or local network attacks, because traditional intelligence is almost nonrelevant in those cases.”

Many here said that even if Israel’s security apparatus could not have prevented an attack like the one in Nice, they imagine it would have been ended far sooner — with many fewer casualties.

“It would be impossible here because there is good security,” said Muhammad Anati, 18, a Palestinian resident of the Shuafat refugee camp in East Jerusalem.

Inbal Berner, 37, an Israeli school librarian who was sipping an iced coffee at a nearby bus stop, gave voice to the new normal the French may now face.

“I look around; I don’t go to crowded places if I don’t have to,” she said. It has been that way “forever,” Ms. Berner added, or at least since the bus bombings of more than a decade ago. Because while people do get used to terrorism to some extent, she said, “something always remains.”

Voir par ailleurs:

An uneasy alliance exists on the streets of Palermo between the traditional Sicilian mafia and Nigerian migrants encroaching on their illegal trades

Prosecutors in the Sicilian capital of Palermo are warning that a new alliance between the mafia and Nigerian criminal gangs moving in from Libya could herald a new era of organised crime.

“Even the Sicilian mafia has to deal with the wave of migration from Africa,” said Leonardo Agueci, Palermo’s deputy chief prosecutor. “The neighbourhoods under mafia control have changed profoundly in recent years due to the growing presence of foreigners, especially Nigerians coming on boats. Among them, there [are a small number] of people who want to transfer their illegal trafficking, linked to prostitution and drug dealing, to Sicily. And the mafia was quite happy to integrate them into their criminal business.”

In Ballarò, a mafia stronghold market area in the historic centre of the city, a whistle is traditionally used by drug dealers to attract customers, who are offered hashish, marijuana and cocaine. In the past this signal was only used by Italian dealers working for Cosa Nostra, the Sicilian mafia. About two years ago, when Nigerians adopted the whistle, offering drugs at a discount, it was clear that a new criminal organisation had set foot in the city.

State prosecutors in Palermo say the mafia brings in drugs and the Nigerians distribute them among both Italian and African clients.

“It is clear there is a subordinate relationship between Cosa Nostra and the Nigerian clans, with the former controlling the latter,” said Agueci. “If a Nigerian boss tried to rebel against Cosa Nostra, he would probably end up incaprettato [tied up and killed] in the countryside.”

In Ballarò, profits from pizzo – the tax levied on merchants by the Sicilian mafia – are reinvested to buy drugs for resale to Nigerian clans and their dealers. To have better control of their new African partners, Cosa Nostra seems to have made another rule clear: no guns.

“We have reason to assume,” said Agueci, “that the mafia prohibits Nigerians from owning firearms. So when Nigerians have to settle accounts within their community, they do it with axes and machetes.”

Prostitution is thought to be one of the most profitable businesses for the Nigerian clans. According to police data, 90% of prostitutes in Palermo come from Nigeria. Traditionally, Cosa Nostra is reluctant to directly manage this business – according to the old mafia codes of honour, prostitution is considered a shameful activity.

Recent months have seen a spike in violence linked to Nigerian gangs.

In the state court of Palermo a trial against an alleged Nigerian gangster, Austin Ewosa, 32, is under way. His street name is John Bull and he was arrested in September 2014, in a local bar in Ballarò. He stands accused of assault, intimidation, criminal association and attempted murder, charges that could see him jailed for 10 years.

According to the prosecution, Ewosa is the head of the feared Nigerian clan Black Axe, a criminal organisation born as a sort of student fraternity in the 1970s at the University of Benin City.

On the night of 27 January 2014, Ewosa and his thugs allegedly dragged a 27-year-old man called Don Emeka down Via del Bosco, not far from Piazza Ballarò, where they brutally disfigured him with axe and machete blows. Emeka was allegedly one of dozens of Ewosa’s victims and was punished for not having submitted to his power.

The risk of Nigerian criminals operating in Europe was revealed in a letter sent to the Italian prosecutors from the Nigerian ambassador to Rome in 2011.

“I would like to draw your attention to the new criminal activity of a group of Nigerians belonging to secret societies, forbidden by the government because of violent acts,” wrote the diplomat. “Unfortunately, former members of these sects were able to get into Italy where they re-established their criminal organisations.”

According to the prosecutors, some of the Black Axe members, including Ewosa, and also his victims, arrived in Sicily by boat. Most of them were temporarily hosted in the immigration camp at Caltanissetta, in the centre of the island.

Legal and well established Nigerians in Sicily are paying the price for this new criminal alliance between the gangs and the mafia. “Many honest Nigerians live in Palermo,” says Osas Egbon, 35, vice-president of Women of Benin City, an association that tries to take Nigerian prostitutes off the streets. “They work hard and live in fear. These families are victims on two fronts. They are victims of both Sicilian and Nigerian criminality.”

For now, Nigerians and Sicilians live in peace with the Abuja clans at the service of Cosa Nostra. But the equilibrium may not last.

“At the moment,” says Agueci, “it is hard to imagine Nigerians taking over the Sicilians. Cosa Nostra is too strong and can’t be compared to the Nigerian clans.’’

But the old Palermo godfathers have been replaced by young mafiosi who don’t seem to carry the same authority as their predecessors. Meanwhile, the Nigerian gangs are getting stronger.

Voir de même:

Slouching Toward The Center

Charles Krauthammer

The Washington Post

October 8, 1999

There are a lot of ways to say « becoming decadent » or « losing our moral moorings » or « in steep social decline. » « Slouching toward Gomorrah » is not the one that comes most readily to mind.

But that was precisely the way George W. Bush phrased it in his speech to the Manhattan Institute in New York last Tuesday. « Too often, on social issues, my party has painted an image of America slouching toward Gomorrah. »

Interesting locution. « Slouching Towards Gomorrah » happens to be the title of Robert Bork’s bestseller decrying American cultural decline. And Bush did not just allude to the title. He took exception to Bork’s very premise when he said: « Something unexpected happened on the way to cultural decline. Problems that seemed inevitable proved to be reversible. »

Of course, Bork did not originate the « slouching » image. But Bush was hardly dissing William Butler Yeats. Bush was doing an ever so subtle Sister Souljah on Robert Bork.

You remember Sister Souljah. She is the black rap artist known for inflammatory racial rhetoric whom President Clinton pointedly denounced in a 1992 campaign speech before Jesse Jackson and the Rainbow Coalition. It helped define Clinton as a Democrat who was not a captive of his party’s staunchest constituency, and helped position him as a centrist in the general election.

Bush’s Manhattan Institute speech was clearly meant to distance him from his party’s extremes and position him as a centrist too. Not content just to define his own conservatism as « the creed of social progress » concerned with « human problems » and not « CBO and GNP, » he conjured up a foil with his veiled reproach to Bork and Borkian pessimism.

Just when we thought W. was struggling to get out from under the shadow of dad, it turns out he’s trying to get out from under the cloud of Robert Bork. Bork is a central figure among social conservatives, not just for the valiant way he soldiered through his failed confirmation to the Supreme Court in 1987, but even more so for the moral passion of his subsequent writings excoriating every manifestation of American decline from euthanasia to abortion.

To be sure, the Bush speech was full of specifics and programs on how to improve education. Some very sound ideas, although none of them varied greatly from the general conservative approach of testing, excellence and vouchers–or last-resort « scholarships » as Bush delicately calls them–when the public schools utterly fail.

But Bush’s « slouching » speech will no more be remembered for its content than will Clinton’s Sister Souljah speech.

In the 2000 campaign, issuelessness reigns. Positioning is everything. Indeed, the main function of « issues »–education, health care, Medicare–is not to provide governing programs or even debating fodder. It is to serve as a vehicle for political positioning.

What, after all, are the issues in a time of amazing prosperity at home and tranquillity abroad? The traditional cutting-edge issues of taxes and abortion are both being finessed. Taxes died after the Republican Congress went home this summer and failed to find any resonance in the electorate for a tax cut.

And abortion is being smothered by the vast number of Republicans who do not want it barring their road back to the White House. (Invaluable aid is provided by Pat Buchanan’s imminent defection to the Reform Party, which is indifferent to abortion–making the point that even a pro-life totem such as Buchanan will play down abortion in order to fight for bigger prizes.)

And what, on the Democratic side, are the real issue differences between Al Gore and Bill Bradley?

There is but one overriding issue in this campaign season: electability. Bradley is rising largely because Gore looks–as Pat Moynihan so rudely pointed out–like a loser. And George W. continues his high-wire act–fantastic fund-raising and runaway poll numbers–because he looks like a winner.

How to keep looking like a winner? Slouch toward the center. With electability next November being the main campaign issue, the major candidates are not playing to their extremes–as they traditionally do to win their hard-core party primary voters–later to tack back. They are straddling the center now.

George W. begins by attacking his own party in Congress for a budgetary device that would have delayed paying income support to the working poor. « Balancing the budget on the backs of the poor, » he said with Gephardtian flourish.

Then he triangulates off Robert Bork.

Next thing you know he’ll say he loves the Edmund Morris book.

Voir encore:

Beliefs

There it was, nestled among the secondhand classics, the soft-core pornography and the old National Geographics spread out for sale on blankets and tables along Manhattan’s Upper Broadway. The subtitle on the bedraggled bookjacket announced « A Christmas Oratorio, » a phrase that makes many people think of orchestras and choirs performing Bach or Handel at Carnegie Hall rather than a thin volume of poetry.

But for a small band of faithful readers the long poem in that volume, W. H. Auden’s « For the Time Being, » remains one of the most powerful expressions of the meaning of Christmas in the 20th century.

With its metaphysical musings and theological underpinnings, the poem will never replace « The Night Before Christmas » or the seasonal pageant at Radio City Music Hall. But Auden’s is a Christmas that can glimpse redemption even in the trivialization of Christmas, in the frantic shopping, distracted gaiety and unsuccessful attempts, as he says, to love all of our relatives. This is a Christmas for the day after Christmas. This is a Christmas for grown-ups.

Coming across a tattered copy of his work on a sidewalk might have struck the poet himself as especially suited to the subject of divinity born in a cattle stall.

Someone once said of the perpetually disheveled Auden, « Everything he touched turned to cigarette ashes. » The opposite was also true. He had a touch for turning cigarette ashes to poetry, for transforming everyday idioms, simple meters and rollicking jingles into profound and haunting stanzas. His verses undercut grandiloquence with the mundane and the conversational. In « For the Time Being » he brought this gift to the Christmas theme of the Incarnation, God’s taking on the humblest of forms, power and vulnerability fused, the sacredness of the mundane.

The poem was written in oratorio form as a long dramatic musical composition with a chorus, a narrator and all the characters of the Christmas story. Auden had hoped that his friend Benjamin Britten would set it to music — a task that the distinguished English composer passed by when faced with a text he considered too long. Another composer eventually set an abridged version to music, but, usually, the oratorio is simply read aloud.

As Auden described it, the world that Jesus’s birth silently, but decisively, disrupted was one of sophisticated knowledge undermined by philosophical confusion, of political power sapped by moral complacency. « The evil and armed draw near, » recites the chorus. « The weather smells of their hate/And the houses smell of our fear.  »

It could be the world of 1990. And it was obviously the world of 1941-42 when, not long after his mother’s death and under the shadow of war and personal crisis, Auden wrote the oratorio. The Christianity to which he had recently returned, after sampling the progressive ideologies of the age, was being tested. Whatever joy Christ’s coming may ultimately promise, the poem makes clear that faith, like love, will not be easy.

Love of every sort, erotic and sacrificial, faithful and unfaithful, marital and parental, is evoked here, as it is throughout Auden’s poetry. In a comic turn gleaned from medieval religious drama, a doubting Joseph begs for certainty about Mary’s miraculous pregnancy: « All I ask is one/Important and elegant proof/That what my love had done/Was really at your will. » The Angel Gabriel replies abruptly: « No, you must believe;/Be silent, and sit still. »

Auden’s Joseph, it seems, must atone for all the sins of male arrogance and infidelity. Auden’s Mary, in a lullaby over the manger, laments that through the humanity she has bestowed, God’s own son has become subject to fear, anxiety, tears, solitude and death. Auden’s Magi confront the limits of their analytical reasoning. Auden’s shepherds seek relief from lives of drudgery.

Auden’s Herod is not the raging tyrant that the poet might have drawn from medieval models or the example of Hitler. Instead he is the dutiful public manager, the skeptical apostle of rationality and progress.

« Yes, in 20 years I have managed to do a little, » he tells himself in a long prose passage. « Soft drinks and sandwiches may be had in the inns at reasonable prices » and « the truck-drivers no longer carry guns. Things are beginning to take shape. »

But « this little civilized patch » of empire is still threatened by a howling wilderness of barbaric superstition, he muses. A single spark might ruin everything, and now « judging by the trio who came to see me this morning with an ecstatic grin on their scholarly faces, the job has been done, » he says of the Magi.  » ‘God has been born,’ they cried. »

In no time at all, Herod fears, reason will be replaced by revelation and justice by pity. Society will honor « hermits, bums and permanent invalids » instead of generals, philosophers and statesmen.

« Civilization must be saved even if this means sending for the miltary, » he concludes petulantly. « Why can’t people be sensible? I don’t want to be horrid. »

The oratorio culminates in the narrator’s final words. Christmas has passed and: « Now we must dismantle the tree,/Putting the decorations back into their cardboard boxes. » Now we eat the leftovers and return to « the moderate Aristotelian city/Of darning and the Eight-Fifteen. »

« To those who have seen/ The Child, however dimly, however incredulously, » Auden writes, « The Time Being is, in a sense, the most trying time of all. » The moment of completeness is past, and we are tempted to seek a renewal of intensity even in « some great suffering. » Suffering will come in due course, Auden warns, but the challenge now is to recognize the miracle of God’s entry into all that is routine and mundane. « In the meantime, » Auden concludes: There are bills to be paid, machines to keep in repair, Irregular verbs to learn, the Time Being to redeem From insignificance.

Voir enfin:

« La Seconde venue »

W. B. Yeats serait devenu, selon un article du New York Times, le poème officiel de la guerre en Irak. A vous d’en juger.

Tournant, tournant dans la gyre toujours plus large,
Le faucon ne peut plus entendre le fauconnier.
Tout se disloque. Le centre ne peut tenir.
L’anarchie se déchaîne sur le monde
Comme une mer noircie de sang : partout
On noie les saints élans de l’innocence.
Les meilleurs ne croient plus à rien, les pires
Se gonflent de l’ardeur des passions mauvaises.

Sûrement que quelque révélation, c’est pour bientôt.
Sûrement que la Seconde Venue, c’est pour bientôt.
La Seconde Venue ! A peine dits ces mots,
Une image, immense, du Spiritus Mundi
Trouble ma vue : quelque part dans les sables du désert,
Une forme avec corps de lion et tête d’homme
Et l’oeil nul et impitoyable comme un soleil
Se meut, à cuisses lentes, tandis qu’autour
Tournoient les ombres d’une colère d’oiseaux…
La ténèbre, à nouveau ; mais je sais, maintenant,
Que vingt siècles d’un sommeil de pierre, exaspérés
Par un bruit de berceau, tournent au cauchemar,
– Et quelle bête brute, revenue l’heure,
Trâine la patte vers Bethléem, pour naître enfin ?

COMPLEMENT:

Terror, Brexit and U.S. Election Have Made 2016 the Year of Yeats

Amid a bevy of bad news and political upheaval, journalists, commentators and others are turning to W.B. Yeats’s chilling 1919 poem ‘The Second Coming’ with unusual frequency

So long, 2016: the year of the political earthquake

Farewell Barack Obama, David Cameron and Europe: how will this year go down in history?

On the evening of 8 November, the world gathered in front of TV screens for the news. In the early hours of 9 November, it began to dawn on us that what we were watching was no longer news but history. Not since 9/11 could many recall such a sense of incredulous dread, and as Florida fell to Donald Trump, I found myself seized by an eerie premonition. I saw schoolchildren turning over history examination papers in the future, to find a question as predictable and familiar to their generation as one about the origins of the second world war had been to mine: “Identify and analyse the parallels,” it would read, “between the 1930s and the 2010s.”

No one yet knows how 2016 will be remembered, and if Boris Johnson turns out to be right, we will wonder why anyone ever worried about the arrival of another “liberal guy from New York” in the White House. If, however, pupils do one day have to answer that exam question, they might well begin by observing that we were every bit as slow as our forefathers to recognise impending catastrophe.

When David Cameron returned from Brussels in February, brandishing his peace-in-our-time renegotiated EU membership terms – can anyone now even remember what they were? – it looked as if the referendum promised nothing more sinister than the entertaining spectacle of the government tearing itself apart. No one was surprised to see Iain Duncan Smith, Chris Grayling, John Whittingdale and Theresa Villiers side with Vote Leave, but Michael Gove’s defection was a bombshell. When Johnson followed a day later, “after a huge amount of heartache”, the audacity of the pretence that he was acting on deeply held anti-EU conviction fooled nobody. As the columnist Nick Cohen put it after the vote, “There are liars, and then there’s Boris.”

In Johnson’s defence, he wasn’t the only one exploiting Europe for personal ambition. Cameron’s motives for calling the referendum had little to do with principle and everything to do with neutralising Ukip’s threat and silencing internal dissent. Europe had been a toxic nuisance to Tory leaders for 40 years, and back in 2006 Cameron famously blamed “banging on about Europe” for his party’s unpopularity (“Instead of talking about the things that most people care about,” he declared, “we talked about what we cared about most”). By the time the campaign began, fevered speculation about its implications for the Tories left little room for much thought about the damage it could do to the country.

The remain campaign imagined they’d put this right by orchstrating a chorus of hair-raising warnings. Everyone from Mark Carney to Richard Branson, the TUC to the IMF, warned of economic Armageddon. Such a powerful consensus seemed so self-evidently persuasive to remain campaigners that when voters said they were fed up with Project Fear, they refused to believe them and wheeled out President Obama, only to give leave another boost in the polls. “Bring Obama back again!” Nigel Farage gloated gleefully. “Let’s have another visit!” The then Ukip leader was more attuned than most to the new populist mood of anti-elite resentment; and when Gove told us “the people of this country have had enough of experts”, liberals were so quick to ridicule him that few considered the possibility he might, in fact, be right.

In a year when the phrase “post-truth” entered the Oxford Dictionary, and fake news helped win the White House, facts were at best worthless and at worst a liability. Once again, many of us were slow to grasp the implications of this new paradigm. Focus groups of undecided voters told remain’s leaders that their minds would be made up by hard facts – and were taken at their word. Remain duly kept churning out data – Brexit would cost “£4,300 per household”, claimed George Osborne – apparently unaware that no one likes to think, let alone admit, that what really informs their decisions is much more elusive and emotional. In the febrile new mood of 2016, remain’s threat that you would lose “vital EU funding for the farming, scientific and medical research and programmes that make a real difference in your local community” was no match for the potent promise of leave’s “Take back control”.

For a fleeting moment, the campaign seemed almost festive, when Bob Geldof and Farage traded insults across the Thames from rival flotillas. The leave boats had Joey Essex on board, while the 60s soul song The In Crowd blasted out from Geldof’s. The referendum had everyone talking, and optimists could feasibly mistake the national conversation for a unifying moment. But seven days before the vote, the mood darkened. Ukip revealed its infamous Breaking Point poster, an almost exact copy of footage from a Nazi propaganda film; hours later, an idealistic young pro-EU Labour MP was shot and stabbed to death on the street in her constituency by a Nazi sympathiser shouting “Britain first”. Even Farage privately admitted that Jo Cox’s murder would finish off leave’s chances, and liberals, though deeply shaken, assumed such grotesque ugliness couldn’t fail to bring the country to its senses. All the polls agreed.

They were wrong. On 23 June, 52% of us chose instead to vote for chaos; by breakfast the following morning, the prime minister had resigned, and even Johnson and Gove looked shell-shocked. Within days, they would destroy one another in a Shakespearean bloodbath to succeed Cameron. Once Andrea Leadsom’s misapprehension that motherhood qualified her for the job had ruled her out, Theresa May was the only one left standing, and thus became our new prime minister.

But if the Tories’ leadership race was unedifying, Labour MPs could only look on with envy. Incensed by Jeremy Corbyn’s absenteeism during the referendum campaign, more than 60 resigned from the shadow front bench, and days later 172 voted no confidence in their leader. Corbynistas retaliated with a torrent of online abuse, much of it violent and misogynistic, and a brick through leadership challenger Angela Eagle’s window put paid to any hope of a “kinder, gentler politics”. After an inflammatory summer of courtroom battles, allegations of MI5 infiltrators, rock star-style Corbyn rallies and squabbles over a £25 fee to vote, Corbyn was duly re-elected Labour leader, and promptly vanished from view again.

Historians will probably argue for ever about why we voted to leave the EU, but none could conclude that immigration played little part. The 58% spike in hate crimes that followed the vote only confirmed what the result had already told us: our compassion for migrants had curdled into fearful hostility as the crisis in mainland Europe spiralled. Hungary declared a nationwide state of emergency, and Italy replaced Greece as the people traffickers’ destination of choice, with 180,000 reaching its shores this year. The likelihood of drowning while crossing the Med narrowed from the previous year’s record of one in 269, to just one in 88; but sympathy hardened as the crisis became fatally entwined in public minds with the Islamic terror attacks rocking the continent.

Seven of the nine jihadis who attacked Paris late last year, killing 130, were reported to have smuggled themselves into Europe disguised as Syrian refugees. In March, Brussels became the next target, when bombs at the airport and a metro station killed more than 30 and injured 300. But July was to be the deadliest month: Bastille Day celebrations on a balmy night in Nice became a massacre when a Tunisian man drove a truck into the crowds, killing 86 and injuring more than 400. Twelve days later, two 19-year-old jihadis forced an 85-year-old priest to kneel at his own altar in a Normandy church and slit his throat. In Germany, an Afghan asylum seeker ran amok with an axe on a train, a Syrian refugee blew up a wine bar, another hacked a colleague to death with a machete, and a German-Iranian teenage gunman went on a rampage, killing nine. Earlier this week, a Tunisian asylum seeker was was shot dead by Italian police after being identified as the man who drove a truck into a Berlin Christmas market, killing at least 12 people.

Measures that would only recently have been unthinkable were passed with little public protest. Denmark introduced a law authorising the confiscation of jewellery and cash from asylum seekers to pay for their care, undeterred by UN warnings against fuelling “fear and xenophobia”. French seaside resorts imposed a burkini ban, leading to the surreal spectacle of armed policemen ordering Muslim women on beaches to undress, which was reversed not by public revulsion (opinion polls found two-thirds of French people in favour) but a court ruling. When the migrant camp in Calais was bulldozed, Britain agreed to take its unaccompanied minors, only for our tabloids to whip up outrage about arrivals who didn’t “look” under 18. A Tory backbencher proposed subjecting them to dental tests, to determine if they were deserving of British kindness.

The three biggest nationalities pouring into Europe were fleeing conflicts caused by events long predating 2016 and not confined within their borders. Fifteen years after western coalition forces first sought revenge for 9/11, Afghanistan and Iraq remain locked in bloody turmoil, but it was the tragedy of Syria that horrified the world this year. Five years into civil war, the president, Bashar al-Assad, remained undefeated and the international community paralysed, unable to decide which, if any, side to support.

Diplomatic scruples did not inhibit Vladimir Putin, who was all too happy to fill the vacuum. Any hope that Russian airstrikes on Syria would be confined to Isis targets soon faded as Moscow subjected eastern Aleppo to the same ruthless bombardment that had once reduced Grozny to rubble. Cluster and barrel bombs rained down on civilian homes and hospitals, even a UN aid convoy, rendering Aleppo our Guernica and killing more civilians, according to one NGO monitoring the war (the UN-sanctioned Syrian Network for Human Rights), than even Isis has. The world was shaken by footage of a shell-shocked five-year-old boy being pulled from the wreckage of his home, coated in grey dust, dazed – but still it wasn’t moved to act. “All the world has failed us,” a resident of Aleppo despaired. “The city is dying. Rapidly by bombardment, and slowly by hunger and fear of the advance of the Assad regime.” As the year drew to a close, the fall of Aleppo to Assad became inevitable, and from the ruins of one of the world’s oldest cities rose a resurgent Kremlin, restored as a global superpower.

A once faintly ridiculous figure, mocked in the west for his fondness for posing topless, Putin could plausibly claim to be the most influential world leader of 2016. For the first time in history, a Russian president was accused of deploying cyber warfare to influence the outcome of a US presidential election. Putin denied the CIA’s charge, but few in Washington doubted that he was behind the Russian hackers who infiltrated Democratic National Committee email servers and the private email account of Hillary Clinton’s campaign chairman, releasing material calculated to embarrass and undermine their candidate. Her rival had even urged Moscow to hack her account: “Russia, if you’re listening,” he declared at a press conference in July, “I hope you’re able to find the 30,000 emails that are missing.” In the words of one stunned Clinton aide: “This has to be the first time that a major presidential candidate has actively encouraged a foreign power to conduct espionage against his political opponent.”

But it was only one of many firsts in a US presidential election unlike any the world had seen. When Donald J Trump entered the race, few imagined the reality star and property tycoon with four business bankruptcies and two ex-wives behind him stood a chance against the most qualified Democratic candidate in history. This would be the year America elected its first female president, not the first leader of the free world to have never held public office. Pundits shook their heads and laughed back in January when Trump told a rally, “I could stand in the middle of 5th Avenue and shoot somebody and I wouldn’t lose any voters.” Who was he kidding? Every bizarre step he took towards November’s vote was judged by sniggering pundits to be leading him farther from the White House.

Build a wall on the Mexican border to keep out all those Latino rapists? The idea was surely absurd. Punish women for having abortions? Even pro-lifers were appalled. July’s Republican Convention was meant to confer respectability on Trump’s maverick campaign, but unravelled into farce after his wife, Melania, delivered a speech lifted verbatim from one Michelle Obama made eight years earlier. Matters only got worse when Trump launched a Twitter attack on the Muslim parents of a US soldier killed fighting in Iraq. The following week he suggested a Clinton presidency could be dealt with by “the Second Amendment people”, by which he could only mean that they assassinate her.

When a tape emerged of Trump boasting in 2005 about grabbing women “by the pussy” and getting away with it because he was famous, he retaliated by inviting three women who had accused Bill Clinton of inappropriate sexual conduct to the next presidential debate. The tape was nothing but “locker room banter”, Trump scoffed, showcasing his unparalleled gift for post-truth politics with the solemn assertion: “Nobody has more respect for women than I do.” He announced his intention to jail Clinton if he won. Even George W Bush’s former secretary for homeland security was appalled: “It smacks of what we read about tinpot dictators in other parts of the world.”

Trump dismissed as “liars” the 12 women who came forward to accuse him of having acted out his banter. Some, he sneered, weren’t even good-looking enough for him to sexually assault. “Look at her,” he mocked one. Of another: “That would not be my first choice.” In the campaign’s final weeks, what caution he ever had was thrown to the wind, as he led rallies in a mob chant of “Lock her up!”, “Build that wall!” and “Drain the swamp!” Channelling his new best friend Farage, he urged America to make 8 November “our independence day”.

As Noam Chomsky observed, “Every time Trump makes a nasty comment about whoever, his popularity goes up. Because it’s based on hate, you know. Hate and fear,” he warned, “reminiscent of something unpleasant: Germany, not many years ago.” Yet even at the 11th hour, when the FBI reopened its investigation into Clinton’s private email server, the polls still assured the world Trump could not win. And then, on 8 November, a man widely described as a sociopathic bully, grandiose narcissist, dangerous demagogue and pathological liar, who scored higher than Hitler in an Oxford University study of psychopathic tendencies, became the 45th president of the USA. It was indeed “Brexit plus plus plus”, celebrated by America’s white supremacist “alt-right” movement with cries of “Hail Trump!” and rigid one-armed Nazi salutes. In the words of veteran constitutional historian Professor Vernon Bogdanor, Trump’s election was “the most troubling political event in my lifetime. It’s not difficult to arouse nationalist passions. We saw that in the 1930s.”

The world waits to see whether President Trump will govern as he campaigned. So far he has appointed a Texan oilman and Putin ally as secretary of state, put a retired general nicknamed Mad Dog in charge of defence, a climate change denier in charge of the Environmental Protection Agency, and chosen for his chief strategist the head of Breitbart news. His foreign heroes are Putin and Farage, and his preferred medium for conducting international diplomacy is Twitter. At the very moment when America’s system of checks and balances has never been more necessary, his party controls the White House, the house and the senate.

Meanwhile, the global institutions designed to keep us safe are in trouble. The UN secretary general used to be a household name, but Ban Ki-moon’s only discernible achievement in eight years was to make himself and the UN so invisible that most of the world would struggle to recognise, let alone name, his successor taking office in January. (It’s António Guterres.) The head of the IMF, Christine Lagarde, has gone on trial in France charged with criminal negligence, and Nato’s member states have failed to pay their dues for so long that they could hardly be surprised by Trump’s reluctance to carry on bankrolling an “obsolete” institution costing the US “a fortune”. The fourth estate’s future has become increasingly fragile, too, as readers and viewers defected to the raunchier wilds of social media, and politicians from left and right discovered they could escape scrutiny from the mainstream media by simply snubbing it. When Facebook is the primary source of many voters’ news, and a conspiracy theory as crazy as Pizzagate (which linked Hillary Clinton and other Democrats to a child-abuse network run from a Washington pizzeria) can command global attention, how the powerful will be held to account is no longer clear.

If western liberal democracy reached its high point with the fall of the Berlin Wall, by the end of this year its very survival began to look in doubt. As Timothy Garton Ash put it, 2016 was “1989 in reverse”. The far right is on the rise across Europe; Marine Le Pen is a frontrunner in 2017’s French presidential election; and even if Angela Merkel holds on to power next year, the anti-immigration, populist, far-right Alternative for Germany is predicted to win seats in the Bundestag. It is with this fractured and fractious EU that Britain will negotiate the terms of its departure, cheered on by flag-waving tabloids, unconstrained by a functioning opposition, and we will finally find out what “Brexit means Brexit” means.

How did all of this happen? Following David Bowie’s death in January, and Britain’s vote to leave in June, the actor Paul Bettany tweeted one suggestion: “In January I dismissed my mate’s theory that David Bowie was the glue holding the universe together but I don’t know man… I don’t know.” After so many shockwaves and dramas, it was tempting to view the year as a freak surge of ahistorical exceptionalism, analogous to nothing and a law unto itself. History will see it differently. Just as the legacy of the great crash of 1929 took several years to manifest itself, so the consequences of the financial crash of 2008 are only now becoming clear. There was nothing magical or inexplicable about 2016. We were merely reminded of what happens when most of us do not have enough money, and a few of us have much too much.
Additional research by Matilda Munro

Where did it all go right? For a more positive view of the world in 2017, follow the Guardian’s Half Full online series, with reports on innovative ideas and solutions to the challenges of the day. Wishing you all a happier new year.


Attentat de Nice: C’est du théâtre, imbécile ! (It’s theater, stupid !)

17 juillet, 2016
RammingPostertruck
Ceux qui affirment que Mahomet était pacifiste sont des menteurs et des incultes. Il a usé de la violence et l’a prêchéeMohammed Bouyeri (assassin de Theo Van Gogh, 2 février 2006)
Nous avons constaté que le sport était la religion moderne du monde occidental. Nous savions que les publics anglais et américain assis devant leur poste de télévision ne regarderaient pas un programme exposant le sort des Palestiniens s’il y avait une manifestation sportive sur une autre chaîne. Nous avons donc décidé de nous servir des Jeux olympiques, cérémonie la plus sacrée de cette religion, pour obliger le monde à faire attention à nous. Nous avons offert des sacrifices humains à vos dieux du sport et de la télévision et ils ont répondu à nos prières. Terroriste palestinien (Jeux olympiques de Munich, 1972)
Kidnapper des personnages célèbres pour leurs activités artistiques, sportives ou autres et qui n’ont pas exprimé d’opinions politiques peut vraisemblablement constituer une forme de propagande favorable aux révolutionnaires. ( …) Les médias modernes, par le simple fait qu’ils publient ce que font les révolutionnaires, sont d’importants instruments de propagande. La guerre des nerfs, ou guerre psychologique, est une technique de combat reposant sur l’emploi direct ou indirect des médias de masse.( …) Les attaques de banques, les embuscades, les désertions et les détournements d’armes, l’aide à l’évasion de prisonniers, les exécutions, les enlèvements, les sabotages, les actes terroristes et la guerre des nerfs sont des exemples. Les détournements d’avions en vol, les attaques et les prises de navires et de trains par les guérilleros peuvent également ne viser qu’à des effets de propagande. Carlos Marighela (« Minimanuel de guerilla urbaine », 1969)
Lorsque Boris Savinkov, chef du parti socialiste révolutionnaire russe avant la Première Guerre mondiale, a publié son autobiographie, il n’a pas hésité à l’intituler Souvenirs d’un terroriste. Aujourd’hui, cela serait impensable – le terroriste moderne veut qu’on l’appelle partisan, guérillero, militant, insurgé, rebelle, révolutionnaire, tout sauf terroriste, tueur d’enfants innocents. William Laqueur
More ink equals more blood,  newspaper coverage of terrorist incidents leads directly to more attacks. It’s a macabre example of win-win in what economists call a « common-interest game. Both the media and terrorists benefit from terrorist incidents, » their study contends. Terrorists get free publicity for themselves and their cause. The media, meanwhile, make money « as reports of terror attacks increase newspaper sales and the number of television viewers ». Bruno S. Frey (University of Zurich) et Dominic Rohner (Cambridge)
Tuez les Juifs partout où vous les trouverez. Cela plaît à Dieu, à l’histoire et à la religion. Cela sauve votre honneur. Dieu est avec vous. (…) [L]es Allemands n’ont jamais causé de tort à aucun musulman, et ils combattent à nouveau contre notre ennemi commun […]. Mais surtout, ils ont définitivement résolu le problème juif. Ces liens, notamment ce dernier point, font que notre amitié avec l’Allemagne n’a rien de provisoire ou de conditionnel, mais est permanente et durable, fondée sur un intérêt commun. Haj Amin al-Husseini (moufti de Jérusalem, discours sur Radio Berlin, le 1er mars 1944)
Si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen – en particulier les méchants et sales Français – ou un Australien ou un Canadien, ou tout […] citoyen des pays qui sont entrés dans une coalition contre l’État islamique, alors comptez sur Allah et tuez-le de n’importe quelle manière. (…) Tuez le mécréant qu’il soit civil ou militaire. (…) Frappez sa tête avec une pierre, égorgez-le avec un couteau, écrasez-le avec votre voiture, jetez-le d’un lieu en hauteur, étranglez-le ou empoisonnez-le. Abou Mohammed al-Adnani (porte-parole de l’EI, 2015)
Ce n’est pas la bataille d’Israël, c’est la bataille de la France, car s’ils réussissent ici et que nous ne sommes pas solidaires, et bien cette peste du terrorisme viendra chez vous. C’est une question de temps mais elle viendra en France. Et c’est déjà le cas. Benjamin Netanyahou (2014)
Lorsqu’on entend les réactions musulmanes actuelles selon lesquelles ce ne sont pas des vrais musulmans qui ont commis ces actes ou que ce n’est pas l’islam, cela reviendrait à dire que ce ne sont pas les Etats-Unis qui ont mené la Guerre au Vietnam parce que ce n’est pas cela les vrais Américains, ou encore que le Congo n’a pas été colonisé par les Belges parce que ce n’est pas cela la vraie belgitude, etc. Il faut cesser de dire l’Etat islamique (Daesh), ce n’est pas l’islam. Il suffit d’écouter les discours et les prêches d’Abou Bakr al-Baghdadi ou d’autres responsables de cette organisation pour comprendre qu’ils ont une bonne connaissance des sources coraniques. L’Etat islamique publie sur internet une revue en anglais, Dabiq, et même en français, Dar al-Islam, dans laquelle l’ensemble des articles sont truffés de références au Coran, à des Hadith, et à un nombre considérable de penseurs particulièrement conservateurs comme Ibn Taymiyya ou Mohammed Ben Abdelwahhab, le fondateur du wahhabisme. Ces textes sont cités avec les références de la même manière qu’un article pour une revue scientifique occidentale. Xavier Luffin
A un certain moment, le seuil de résilience sera atteint. Après un ou plusieurs autres attentats massifs commis par la mouvance islamiste, une réaction violente se produira. Je ne crois pas que la population d’un pays puisse indéfiniment digérer des attaques massives et les exorciser par des commémorations. Je le crois d’autant moins que le schéma d’une confrontation violente à caractère ethnique existe de longue date à l’extrême droite. (…) Ce schéma était en quelque sorte le match retour de la guerre d’Algérie. (…) J’ajoute que cette confrontation est voulue par les deux parties. Car pour les islamistes radicaux, elle est aussi un moyen de souder autour d’une identité commune des gens dont les rapports à l’islam sont parfois différents. Des gens qu’il s’agit de convaincre que, vivant une répression commune, ils ont aussi une destinée commune dans le jihad. (…) Dans cette famille, les mots ont toujours été plus forts que le risque terroriste. Pour l’instant, tous les actes terroristes venant de l’ultradroite étaient extrêmement «artisanaux», de basse intensité, à l’image de la tentative d’assassinat de Jacques Chirac par Maxime Brunerie ou des actes antimusulmans, malheureusement de plus en plus nombreux. Pour l’instant, on n’a pas dépassé le stade du cocktail Molotov ou du tir de carabine, à chaque fois par des individus isolés. Et, à mon avis, aucun groupe constitué et publiquement visible ne représente, à l’heure actuelle, un danger terroriste. (…)  Depuis les années 80, existe aux Etats-Unis la théorie de la «résistance sans chef», qui a notamment inspiré les auteurs de l’attentat d’Oklahoma City en 1995. Dans ce schéma, les terroristes agissent individuellement ou par petites cellules décentralisées, ce qui rend très difficile leur détection. Autre risque : l’ancien militaire politisé, qui a le savoir-faire technique et veut continuer ici un conflit auquel il a participé ailleurs. Jean-Yves Camus
We still don’t have many details about last night’s attacker. But we know that the man driving the truck was called Mohammed. Of course that doesn’t mean there is any connection to Mohammed Atta, Mohammed Merah, Mohammed Bouyeri, Mohammed Sadiq Khan, Mohammed Abrini or the most famous Mohammed of all – Mohammed. On the contrary, the striking prevalence of people called Mohammed going nuts and slaughtering everyone is just an unhappy coincidence. It could just have easily been people called Gary or Nigel … Douglas Murray
Israël est confronté depuis des décennies à une menace multiforme et diffuse. Le pays a connu une série d’attaques terroristes, dont le mode opératoire n’a cessé d’évoluer. L’antiterrorisme israélien a dû s’adapter en permanence en adoptant une approche fondée sur l’anticipation et la rapidité d’intervention. Le bilan est contrasté mais l’expérience accumulée est observée à la loupe par les pays confrontés à un risque terroriste élevé. L’antiterrorisme israélien est fondé sur des modes d’action défensifs (« barrière de sécurité », barrages militaires filtrants…) et offensifs (infiltrations, arrestations préventives, assassinats ciblés…). Cette double approche couplée à la coopération sécuritaire avec l’Autorité palestinienne a permis à l’Etat hébreu de faire baisser de manière substantielle le nombre d’attentats de grande ampleur, même si les attaques palestiniennes de basse intensité menées à l’aide de moyens rudimentaires ont pris le relais ces derniers mois. David Khalfa
« La sensibilisation et la résilience du grand public constituent un atout maître », souligne Boaz Ganor, le directeur exécutif de l’Institut international du contre-terrorisme (ICT) du Centre interdisciplinaire d’Herzliya. Tout comme les mesures préventives mises en place par les pouvoirs publics.(…) Ponctué par plus de 140 attaques palestiniennes à l’arme blanche, à l’arme à feu ou à la voiture-bélier, ce cycle de violences initié en majorité par de jeunes Palestiniens, considérés comme des « loups solitaires », n’a certes pas eu le même impact psychologique que la vague d’attentats suicide de la seconde Intifada. « Nous avons connu pire mais l’Intifada des couteaux est venue briser six années de calme sécuritaire relatif », observe Ely Karmon, directeur de recherches au sein de l’ICT. De fait, les forces de l’ordre israéliennes se sont retrouvées démunies face à des assaillants palestiniens âgés de treize à vingt ans, agissant le plus souvent seuls, et sur lesquels les services de renseignement ne disposent pas d’informations. Mais là encore, l’ajustement opérationnel a été rapide. Pour parer les attaques à la voiture-bélier contre les piétons exposés aux stations de bus, des blocs de ciment ou des piliers en métal ont été posés pour protéger les usagers. Et la population a été sensibilisée à ce risque. Autre axe défensif en pleine mutation : la veille sur les réseaux sociaux. « Israël a beaucoup investi dans ce domaine », relève encore David Khalfa, « notamment depuis que l’influence de l’Etat islamique se fait ressentir auprès de certains jeunes Palestiniens autoradicalisés, dont le combat s’inscrit davantage dans une logique djihadiste, comme on a pu l’observer récemment lors de l’attaque perpétuée à Tel-Aviv dans le marché de Sarona ». Les Echos
Aucun dispositif physique ne permet d’éviter ces attaques, même si on peut « compliquer la vie » des terroristes. C’est en amont qu’il faut agir, en amplifiant le renseignement, la difficulté étant que les individus isolés passent facilement sous le radar des services. En sus d’une politique claire et ample de répression des djihadistes, sur notre territoire ou en Syrie et Irak, il faut aussi, mais cela prendra des années, s’engager dans un effort de contre-propagande. Un effort inexistant actuellement, car vous pensez bien que la diffusion de messages de type « stop djihadisme » sous l’adresse « gouv.fr » fait bien ricaner les recrues potentielles. C’est un effort qui nécessiterait de véritables « brigades » de guerre psychologique, agissant sous couverture sur les réseaux sociaux pour démotiver et décrédibiliser le djihad, contrer les prêcheurs de haine. Différents projets sont en discussion mais rien d’opérationnel pour l’instant. (…) Cela représente plusieurs dizaines de milliers de cibles potentielles. En outre, si ces cibles sont protégées cela ne fera que déplacer le problème, les djihadistes viseront alors des marchés, des trains, métros, des plages, des stades de foot. Plus vous durcissez, plus la menace se redéploie. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas sécuriser des évènements importants, comme l’a été l’Euro 2016, mais c’est illusoire de croire qu’on peut protéger les dizaines de milliers d’endroits où, chaque jour, des foules se concentrent. (…) Le terme de guerre mondiale est une expression, mais pas une réalité, Daech et consorts n’ont pas la capacité d’action d’un grand pays, seulement d’inspirer directement ou indirectement des attentats dans de nombreux pays, France hier, Etats-Unis il y a peu, avec Orlando, Bangladesh, Irak, etc. C’est une menace multinationale, oui, où la France est, avec le Royaume Uni , la Russie et les Etats-Unis, en première ligne pour des raisons spécifiques liées à sa position sur la laïcité, à son soutien à l’Algérie contre le GIA dans les années 90, à son implication en Afghanistan, au Sahel, aujourd’hui en Irak et Syrie. Le Royaume Uni est plus difficile à frapper, disposant d’une partie de diaspora complaisante moins nombreuse et d’un faible nombre de points d’entrée sur son territoire, guère plus d’une dizaine. Il ne faut évidemment pas croire que nous serions préservés si nous nous abstenions de toute implication au Proche Orient. L’essor de Daech constitue en soi une menace terrible en raison de son pouvoir de mobilisation et d’attraction. Face à cela, nos gouvernements semblent avoir une guerre de retard sur l’Etat islamique, en nous attachant notamment à essayer de rétablir des Etats irakien et syrien qui n’existent de facto plus et n’existeront certainement plus jamais dans la forme sous laquelle nous les avons connus jusqu’en 2014. Claude Moniquet
Comme l’a de nouveau montré l’attaque de Nice, il n’est plus forcément question pour les terroristes de mener des opérations avec de grands moyens, du type 11-Septembre. « On est dans un mode opératoire qui a évolué vers de plus en plus de simplicité dans l’action » : « Si vous préparez un attentat avec des armes, il faut les acheter, il faut aller les chercher ; avec des explosifs, ça ne marche pas toujours, comme on l’a vu au Stade de France ». Là, on n’a même plus un couteau, on a un camion, un véhicule utilitaire, qui est simplement lancé sur la foule, ce qui provoque « un effet d’horreur et un état de sidération qui est incommensurable avec la médiocrité des moyens utilisés ». Dans la « continuité » des tueries précédentes, « c’est la signature de l’Etat islamique et de ce djihadisme de troisième génération », ou de « proximité », porté par des individus qui suivent « la même feuille de route » mais à qui on laisse « une assez grande latitude d’action ». Contrairement, là encore, au 11-Septembre qu’Oussama Ben Laden avait entièrement planifié. Le problème, c’est que « le logiciel de ce terrorisme-là n’a toujours pas été compris par le pouvoir politique, quel qu’il soit (…) On est dans une autre dimension, il ne s’agit pas de dire qu’on va faire appel à la réserve, tout le monde sait que les forces de l’armée et de la police sont épuisées. Et c’est du reste l’objectif des textes mis en ligne depuis 2005 par ce djihadisme de troisième génération : il faut épuiser les forces de l’ordre et il faut faire en sorte que la société, qui est totalement déboussolée, se prépare à une logique de guerre civile entre enclaves de confessions différentes » La solution, « c’est la mobilisation de la société. Ce n’est pas seulement l’Etat français qui est attaqué, c’est la société française dans son essence et la pluralité de ses composantes ». Gilles Kepel
Un terroriste ne raisonne pas comme un général d’armée, mais comme un metteur en scène de théâtre (…)  Le terrorisme, c’est du théâtre, nous le comprenons intuitivement – et c’est pourquoi nous le jugeons à l’aune de son impact émotionnel plus que matériel. (…) À l’instar des terroristes,eux qui les combattent devraient aussi penser en metteurs en scène plutôt qu’en généraux. Pour commencer, si l’on veut combattre le terrorisme efficacement, il faut prendre conscience que rien de ce que les terroristes font ne peut vraiment nous détruire. C’est nous seuls qui nous détruisons nous-mêmes, si nous surréagissons et donnons les mauvaises réponses à leurs provocations. Les terroristes s’engagent dans une mission impossible, quand ils veulent changer l’équilibre des pouvoirs politiques par la violence, alors qu’ils n’ont presque aucune capacité militaire. Pour atteindre leur but, ils lancent à nos États un défi tout aussi impossible : prouver qu’ils peuvent protéger tous leurs citoyens de la violence politique, partout et à tout moment. Ce qu’ils espèrent, c’est que, en s’échinant à cette tâche impossible, ils vont rebattre les cartes politiques, et leur distribuer un as au passage. Certes, quand l’État relève le défi, il parvient en général à écraser les terroristes. En quelques dizaines d’années, des centaines d’organisations terroristes ont été vaincues par différents États. En 2002-2004, Israël a prouvé qu’on peut venir à bout, par la force brute, des plus féroces campagnes de terreur. Les terroristes savent parfaitement bien que, dans une telle confrontation, ils ont peu de chance de l’emporter. Mais, comme ils sont très faibles et qu’ils n’ont pas d’autre solution militaire, ils n’ont rien à perdre et beaucoup à gagner. Il arrive parfois que la tempête politique déclenchée par les campagnes de contre-terrorisme joue en faveur des terroristes: c’est pour cette raison que cela vaut le coup de jouer. Un terroriste, c’est un joueur qui, ayant pioché au départ une main particulièrement mauvaise, essaye de convaincre ses rivaux de rebattre les cartes. Il n’a rien à perdre, tout à gagner. (…) Au cours de l’époque moderne, les États centralisés ont peu à peu réduit le niveau de violence politique sur leur territoire, et depuis quelques dizaines d’années les pays occidentaux l’ont pratiquement abaissé à zéro. En Belgique, en France ou aux États-Unis, les citoyens peuvent se battre pour le contrôle des villes, des entreprises et autres organisations, et même du gouvernement lui-même sans recourir à la force brute. Le commandement de centaines de milliards d’euros, de centaines de milliers de soldats, de centaines de navires, d’avions et de missiles nucléaires passe ainsi d’un groupe d’hommes politiques à un autre sans que l’on ait à tirer un seul coup de feu. Les gens se sont vite habitués à cette façon de faire, qu’ils considèrent désormais comme leur droit le plus naturel. Par conséquent, des actes, même sporadiques, de violence politique, qui tuent quelques dizaines de personnes, sont vus comme une atteinte fatale à la légitimité et même à la survie de l’État. Une petite pièce, si on la lance dans une jarre vide, suffit à faire grand bruit. C’est ce qui explique le succès des mises en scène terroristes. L’État a créé un immense espace vide de violence politique – un espace qui agit comme une caisse de résonance, amplifiant l’impact de la moindre attaque armée, si petite soit-elle. Moins il y a de violence politique dans un État, plus sa population sera choquée face à un acte terroriste. Tuer trente personnes en Belgique attire bien plus d’attention que tuer des centaines de personnes au Nigeria ou en Iraq. Paradoxalement, donc, c’est parce qu’ils ont réussi à contenir la violence politique que les États modernes sont particulièrement vulnérables face au terrorisme. Un acte de terreur qui serait passé inaperçu dans un royaume médiéval affectera bien davantage les États modernes, touchés au cœur. L’État a tant martelé qu’il ne tolérerait pas de violence politique à l’intérieur de ses frontières qu’il est maintenant contraint de considérer tout acte de terrorisme comme intolérable. Les citoyens, pour leur part, se sont habitués à une absence totale de violence politique, de sorte que le théâtre de la terreur fait naître en eux une peur viscérale de l’anarchie, comme si l’ordre social était sur le point de s’effondrer. Après des siècles de batailles sanglantes, nous nous sommes extraits du trou noir de la violence, mais ce trou noir, nous le sentons, est toujours là, attendant patiemment le moment de nous avaler à nouveau. Quelques atrocités, quelques horreurs – et nous voilà, en imagination, en train de retomber dedans. Afin de soulager ces peurs, l’État est amené à répondre au théâtre de la terreur par un théâtre de la sécurité. La réponse la plus efficace au terrorisme repose sans doute sur de bons services secrets et sur une action discrète contre les réseaux financiers qui alimentent le terrorisme. Mais ça, les gens ne peuvent pas le voir à la télévision. Or ils ont vu le drame terroriste de l’effondrement des tours du World Trade Center. L’État se sent donc obligé de mettre en scène un contre-drame aussi spectaculaire, avec plus de feu et de fumée encore. Alors au lieu d’agir calmement et efficacement, il déclenche une énorme tempête qui, bien souvent, comble les rêves les plus chers des terrorists. Comment l’État devrait-il faire face au terrorisme ? Pour réussir, la lutte devrait être menée sur trois fronts. Les gouvernements, d’abord, devraient se concentrer sur une action discrète contre les réseaux terroristes. Les médias, ensuite, devraient relativiser les événements et éviter de basculer dans l’hystérie. Le théâtre de la terreur ne peut fonctionner sans publicité. Or malheureusement, les médias ne font souvent que fournir cette publicité gratuitement: ils ne parlent que des attaques terroristes, de façon obsessionnelle, et exagèrent largement le danger, parce que de tels articles sensationnels font vendre les journaux, bien mieux que les papiers sur le réchauffement climatique. Le troisième front, enfin, est celui de notre imagination à tous. Les terroristes tiennent notre imagination captive, et l’utilisent contre nous. Sans cesse, nous rejouons les attaques terroristes dans notre petit théâtre mental, nous repassant en boucle les attaques du 11 Septembre ou les attentats de Bruxelles. Pour cent personnes tuées, cent millions s’imaginent désormais qu’il y a un terroriste tapi derrière chaque arbre. Il en va de la responsabilité de chaque citoyen et de chaque citoyenne de libérer son imagination, et de se rappeler quelles sont les vraies dimensions de la menace. C’est notre propre terreur intérieure qui incite les médias à traiter obsessionnellement du terrorisme et le gouvernement à réagir de façon démesurée. Yuval Harari

Alors qu’avec leur nouvelle attaque au camion bélier de Nice …

Et qu’après les mois de nouvelle intifada des couteaux et des voitures bélier en Israel …

Pendant qu’en Turquie, ils descendent dans la rue pour « défendre la démocratie » …

Les islamistes se tuent littéralement à nous démontrer qu’ils peuvent désormais confier leurs basses oeuvres au premier venu …

 Et que l’israélisation du monde est désormais complète …

Comment expliquer l’aveuglement persistant de nos gouvernants et de nos médias …

Multipliant les débats oiseux sur les prétendues raisons métaphysiques ou états d’ame de gens dont le seul but est de maximiser les victimes  avec le minimum de préparation ?
Et comment ne pas voir avec le lumineux texte de Yuval Harari …
Qu’étant pour l’essentiel du théâtre le terrorisme ne tient sa force que de notre propre faiblesse
D’ou la nécessité de s’inspirer de l’exemple des pays qui comme Israel ont réussi à le contenir …
A savoir avec un mélange de discrétion de la part des autorités et des medias
Comme d’une vigilance et d’une mobilisation de tous les instants de la part de la population ?
Il fait relativement peu de victimes, n’endommage pas les infrastructures de l’ennemi. Et pourtant, ça marche. Par Yuval Noah Harari, auteur de “Sapiens”.
Yuval Harari

Le théâtre de la terreur

Un terroriste, c’est comme une mouche qui veut détruire un magasin de porcelaine. Petite, faible, la mouche est bien incapable de déplacer ne serait-ce qu’une tasse. Alors, elle trouve un éléphant, pénètre dans son oreille, et bourdonne jusqu’à ce qu’enragé, fou de peur et de colère, ce dernier saccage la boutique. C’est ainsi, par exemple, que la mouche Al-Qaeda a amené l’éléphant américain à détruire le magasin de porcelaine du Moyen-Orient.

Comme son nom l’indique, la terreur est une stratégie militaire qui vise à modifier la situation politique en répandant la peur plutôt qu’en provoquant des dommages matériels. Ceux qui l’adoptent sont presque toujours des groupes faibles, qui n’ont pas, de toute façon, la capacité d’infliger d’importants dommages matériels à leurs ennemis. Certes, n’importe quelle action militaire engendre de la peur. Mais dans la guerre conventionnelle, la peur n’est qu’un sous-produit des pertes matérielles, et elle est généralement proportionnelle à la force de frappe de l’adversaire. Dans le cas du terrorisme, la peur est au cœur de l’affaire, avec une disproportion effarante entre la force effective des terroristes et la peur qu’ils parviennent à inspirer.

Modifier une situation politique en recourant à la violence n’est pas chose aisée. Le premier jour de la bataille de la Somme, le 1er juillet 1916, l’armée britannique a déploré 19.000 morts et 40.000 blessés. À la fin de la bataille, en novembre, les deux camps réunis comptaient au total plus d’un million de victimes, dont 300.000 morts. Pourtant, ce carnage inimaginable ne changea quasiment pas l’équilibre des pouvoirs en Europe. Il fallut encore deux ans et des millions de victimes supplémentaires pour que la situation bascule.

En comparaison, le terrorisme est un petit joueur. Les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016 ont fait trente et un morts. En 2002, en plein cœur de la campagne de terreur palestinienne contre Israël, alors que des bus et des restaurants étaient frappés tous les deux ou trois jours, le bilan annuel a été de 451 morts dans le camp israélien. La même année, 542 Israéliens ont été tués dans des accidents de voiture. Certaines attaques terroristes, comme l’attentat du vol Pan Am 103 de 1988, qui a explosé au-dessus du village de Lockerbie, en Écosse, font parfois quelques centaines de victimes. Les 3.000 morts des attentats du 11 Septembre constituent un record à cet égard. Mais cela reste dérisoire en comparaison du prix de la guerre conventionnelle.

Faites le compte de toutes les victimes (tuées ou blessées) d’attaques terroristes en Europe depuis 1945 (qu’elles aient été perpétrées par des groupes nationalistes, religieux, de gauche ou de droite…), vous resterez toujours très en-deçà du nombre de victimes de n’importe quelle obscure bataille de l’une ou l’autre guerre mondiale, comme la 3e bataille de l’Aisne (250.000 victimes) ou la 10e bataille de l’Isonzo (225.000 victimes). Aujourd’hui, pour chaque Européen tué dans une attaque terroriste, au moins un millier de personnes meurent d’obésité ou des maladies qui lui sont associées. Pour l’Européen moyen, McDonalds est un danger bien plus sérieux que l’État islamique.

Comment alors les terroristes peuvent-ils espérer arriver à leurs fins ? À l’issue d’un acte de terrorisme, l’ennemi a toujours le même nombre de soldats, de tanks et de navires qu’avant. Ses voies de communication, routes et voies ferrées, sont largement intactes. Ses usines, ses ports et ses bases militaires sont à peine touchées. Ce qu’espèrent pourtant les terroristes, quand bien même ils n’ébranlent qu’à peine la puissance matérielle de l’ennemi, c’est que, sous le coup de la peur et de la confusion, ce dernier réagira de façon disproportionnée et fera un mauvais usage de sa force préservée.

Leur calcul est le suivant: en tournant contre eux son pouvoir massif, l’ennemi, fou de rage, déclenchera une tempête militaire et politique bien plus violente que celle qu’eux-mêmes auraient jamais pu soulever. Et au cours de ces tempêtes, ce qui n’était jamais arrivé arrive: des erreurs sont faites, des atrocités sont commises, l’opinion publique se divise, les neutres prennent position, et les équilibres politiques sont bouleversés. Les terroristes ne peuvent pas prévoir exactement ce qui sortira de leur action de déstabilisation, mais ce qui est sûr, c’est que la pêche a plus de chance d’être bonne dans ces eaux troubles que dans une mer politique calme.

Voilà pourquoi un terroriste ressemble à une mouche qui veut détruire un magasin de porcelaine. Petite, faible, la mouche est incapable de déplacer ne serait-ce qu’une simple tasse. Alors, elle trouve un éléphant, pénètre dans son oreille, et bourdonne jusqu’à ce qu’enragé, fou de peur et de colère, ce dernier saccage la boutique. C’est ce qui est arrivé au Moyen-Orient ces dix dernières années. Les fondamentalistes islamiques n’auraient jamais pu renverser eux-mêmes Saddam Hussein. Alors ils s’en sont pris aux États-Unis, et les États-Unis, furieux après les attaques du 11 Septembre, ont fait le boulot pour eux: détruire le magasin de porcelaine du Moyen-Orient. Depuis, ces décombres leur sont un terreau fertile.

Rebattre les cartes

Le terrorisme est une stratégie militaire peu séduisante, parce qu’elle laisse toutes les décisions importantes à l’ennemi. Comme les terroristes ne peuvent pas infliger de dommages matériels sérieux, toutes les options que l’ennemi avait avant une attaque terroriste sont encore à sa disposition après, et il est complètement libre de choisir entre elles. Les armées régulières cherchent normalement à éviter une telle situation à tout prix. Quand elles attaquent, leur but n’est pas d’orchestrer un spectacle terrifiant qui attise la colère de l’ennemi et l’amène à répliquer.

Au contraire, elles essaient d’infliger à leur ennemi des dommages matériels sérieux afin de réduire sa capacité à répliquer. Elles cherchent notamment à le priver de ses armes et de ses solutions tactiques les plus dangereuses. C’est, par exemple, ce qu’a fait le Japon en décembre 1941, avec l’attaque surprise qui a coulé la flotte américaine à Pearl Harbor. Ce n’était pas un acte terroriste; c’était un acte de guerre. Les Japonais ne pouvaient prévoir avec certitude quelle seraient les représailles, à part sur un point : quel que soit ce qu’ils décideraient de faire, il ne leur serait plus possible d’envoyer une flotte dans le Sud-Est asiatique en 1942.

Provoquer l’ennemi sans le priver d’aucune de ses armes ou de ses possibilités de répliquer est un acte de désespoir, un dernier recours. Quand on a la capacité d’infliger de gros dommages matériels à l’ennemi, on n’abandonne pas cette stratégie pour du simple terrorisme. Imaginez que, en décembre 1941, les Japonais aient, pour provoquer les États-Unis, torpillé un navire civil sans toucher à la flotte du Pacifique à Pearl Harbor: ç’aurait été de la folie !

Mais les terroristes n’ont pas trop le choix. Ils sont si faibles qu’ils n’ont pas les moyens de couler une flotte ou de détruire une armée. Ils ne peuvent pas mener de guerre régulière. Alors, ils choisissent de faire dans le spectaculaire pour, espèrent-ils, provoquer l’ennemi, et le faire réagir de façon disproportionnée. Un terroriste ne raisonne pas comme un général d’armée, mais comme un metteur en scène de théâtre: c’est là un constat intuitif, qu’illustre bien, par exemple, ce que la mémoire collective a conservé des attentats du 11 Septembre. Si vous demandez aux gens ce qu’il s’est passé le 11 Septembre, ils répondront probablement que les tours jumelles du World Trade Center sont tombées sous le coup d’une attaque terroriste d’Al-Qaeda. Pourtant, en plus des attentats contre les tours, il y a eu ce jour-là deux autres attaques, notamment une attaque réussie contre le Pentagone. Comment se fait-il qu’aussi peu de gens s’en souviennent?

Si l’opération du 11-Septembre avait relevé d’une campagne militaire conventionnelle, l’attaque du Pentagone aurait retenu la plus grande attention. Car elle a permis à Al-Qaeda de détruire une partie du QG ennemi, tuant et blessant au passage des dirigeants et des experts de haut rang. Comment se fait-il que la mémoire collective accorde bien plus d’importance à la destruction de deux bâtiments civils et à la disparition de courtiers, de comptables et d’employés de bureaux?

C’est que le Pentagone est un bâtiment relativement plat et arrogant, tandis que le World Trade Center était un grand totem phallique dont l’effondrement a produit un énorme effet audiovisuel. Qui a vu les images de cet effondrement ne pourra jamais les oublier. Le terrorisme, c’est du théâtre, nous le comprenons intuitivement – et c’est pourquoi nous le jugeons à l’aune de son impact émotionnel plus que matériel. Rétrospectivement, Oussama ben Laden aurait peut-être préféré trouver à l’avion qui a frappé le Pentagone une cible plus pittoresque, comme la statue de la Liberté. Il y aurait certes eu peu de morts, et aucun atout militaire de l’ennemi n’aurait été détruit, mais quel puissant geste théâtral !

À l’instar des terroristes, ceux qui les combattent devraient aussi penser en metteurs en scène plutôt qu’en généraux. Pour commencer, si l’on veut combattre le terrorisme efficacement, il faut prendre conscience que rien de ce que les terroristes font ne peut vraiment nous détruire. C’est nous seuls qui nous détruisons nous-mêmes, si nous surréagissons et donnons les mauvaises réponses à leurs provocations.

Les terroristes s’engagent dans une mission impossible, quand ils veulent changer l’équilibre des pouvoirs politiques par la violence, alors qu’ils n’ont presque aucune capacité militaire. Pour atteindre leur but, ils lancent à nos États un défi tout aussi impossible : prouver qu’ils peuvent protéger tous leurs citoyens de la violence politique, partout et à tout moment. Ce qu’ils espèrent, c’est que, en s’échinant à cette tâche impossible, ils vont rebattre les cartes politiques, et leur distribuer un as au passage.

Certes, quand l’État relève le défi, il parvient en général à écraser les terroristes. En quelques dizaines d’années, des centaines d’organisations terroristes ont été vaincues par différents États. En 2002-2004, Israël a prouvé qu’on peut venir à bout, par la force brute, des plus féroces campagnes de terreur. Les terroristes savent parfaitement bien que, dans une telle confrontation, ils ont peu de chance de l’emporter. Mais, comme ils sont très faibles et qu’ils n’ont pas d’autre solution militaire, ils n’ont rien à perdre et beaucoup à gagner. Il arrive parfois que la tempête politique déclenchée par les campagnes de contre-terrorisme joue en faveur des terroristes: c’est pour cette raison que cela vaut le coup de jouer. Un terroriste, c’est un joueur qui, ayant pioché au départ une main particulièrement mauvaise, essaye de convaincre ses rivaux de rebattre les cartes. Il n’a rien à perdre, tout à gagner.

Une petite pièce dans une jarre vide

Pourquoi l’État devrait-il accepter de rebattre les cartes ? Puisque les dommages matériels causés par le terrorisme sont négligeables, l’État pourrait théoriquement en faire peu de cas, ou bien prendre des mesures fermes mais discrètes loin des caméras et des micros. C’est d’ailleurs bien souvent ce qu’il fait. Mais d’autres fois, les États s’emportent, et réagissent bien trop vivement et trop publiquement, faisant ainsi le jeu des terroristes. Pourquoi les États sont-ils aussi sensibles aux provocations terrorists?

S’ils ont souvent du mal à supporter ces provocations, c’est parce que la légitimité de l’État moderne se fonde sur la promesse de protéger l’espace public de toute violence politique. Un régime peut survivre à de terribles catastrophes, voire s’en laver les mains, du moment que sa légitimité ne repose pas sur le fait de les éviter. Inversement, un problème mineur peut provoquer la chute d’un régime, s’il est perçu comme sapant sa légitimité. Au XIVe siècle, la peste noire a tué entre un quart et la moitié de la population européenne, mais nul roi n’a perdu son trône pour cela, nul non plus n’a fait beaucoup d’effort pour vaincre le fléau. Personne à l’époque ne considérait que contenir les épidémies faisait partie du boulot d’un roi. En revanche, les monarques qui laissaient une hérésie religieuse se diffuser sur leurs terres risquaient de perdre leur couronne, voire d’y laisser leur tête!

Aujourd’hui, un gouvernement peut tout à fait fermer les yeux sur la violence domestique ou sexuelle, même si elle atteint de hauts niveaux, parce que cela ne sape pas sa légitimité. En France, par exemple, plus de mille cas de viols sont signalés chaque année aux autorités, sans compter les milliers de cas qui ne font pas l’objet de plaintes. Les violeurs et les maris abusifs, au demeurant, ne sont pas perçus comme une menace existentielle pour l’État parce que historiquement ce dernier ne s’est pas construit sur la promesse d’éliminer la violence sexuelle. A contrario, les cas, bien plus rares, de terrorisme, sont perçus comme une menace fatale, parce que, au cours des siècles derniers, les États occidentaux modernes ont peu à peu construit leur légitimité sur la promesse explicite d’éradiquer la violence politique à l’intérieur de leurs frontières.

Au Moyen Âge, la violence politique était omniprésente dans l’espace public. La capacité à user de violence était de fait le ticket d’entrée dans le jeu politique; qui en était privé n’avait pas voix au chapitre. Non seulement de nombreuses familles nobles, mais aussi des villes, des guildes, des églises et des monastères avaient leurs propres forces armées. Quand la mort d’un abbé ouvrait une querelle de succession, il n’était pas rare que les factions rivales – moines, notables locaux, voisins inquiets – recourent aux armes pour résoudre le problème.

Le terrorisme n’avait aucune place dans un tel monde. Qui n’était pas assez fort pour causer des dommages matériels substantiels était insignifiant. Si, en 1150, quelques musulmans fanatiques avaient assassiné une poignée de civils à Jérusalem, en exigeant que les Croisés quittent la terre sainte, ils se seraient rendus ridicules plutôt que d’inspirer la terreur. Pour être pris au sérieux, il fallait commencer par s’emparer d’une ou deux places fortes. Nos ancêtres médiévaux se fichaient bien du terrorisme: ils avaient trop de problèmes bien plus importants à régler.

Au cours de l’époque moderne, les États centralisés ont peu à peu réduit le niveau de violence politique sur leur territoire, et depuis quelques dizaines d’années les pays occidentaux l’ont pratiquement abaissé à zéro. En Belgique, en France ou aux États-Unis, les citoyens peuvent se battre pour le contrôle des villes, des entreprises et autres organisations, et même du gouvernement lui-même sans recourir à la force brute. Le commandement de centaines de milliards d’euros, de centaines de milliers de soldats, de centaines de navires, d’avions et de missiles nucléaires passe ainsi d’un groupe d’hommes politiques à un autre sans que l’on ait à tirer un seul coup de feu. Les gens se sont vite habitués à cette façon de faire, qu’ils considèrent désormais comme leur droit le plus naturel. Par conséquent, des actes, même sporadiques, de violence politique, qui tuent quelques dizaines de personnes, sont vus comme une atteinte fatale à la légitimité et même à la survie de l’État. Une petite pièce, si on la lance dans une jarre vide, suffit à faire grand bruit.

C’est ce qui explique le succès des mises en scène terroristes. L’État a créé un immense espace vide de violence politique – un espace qui agit comme une caisse de résonance, amplifiant l’impact de la moindre attaque armée, si petite soit-elle. Moins il y a de violence politique dans un État, plus sa population sera choquée face à un acte terroriste. Tuer trente personnes en Belgique attire bien plus d’attention que tuer des centaines de personnes au Nigeria ou en Iraq. Paradoxalement, donc, c’est parce qu’ils ont réussi à contenir la violence politique que les États modernes sont particulièrement vulnérables face au terrorisme. Un acte de terreur qui serait passé inaperçu dans un royaume médiéval affectera bien davantage les États modernes, touchés au cœur.

L’État a tant martelé qu’il ne tolérerait pas de violence politique à l’intérieur de ses frontières qu’il est maintenant contraint de considérer tout acte de terrorisme comme intolérable. Les citoyens, pour leur part, se sont habitués à une absence totale de violence politique, de sorte que le théâtre de la terreur fait naître en eux une peur viscérale de l’anarchie, comme si l’ordre social était sur le point de s’effondrer. Après des siècles de batailles sanglantes, nous nous sommes extraits du trou noir de la violence, mais ce trou noir, nous le sentons, est toujours là, attendant patiemment le moment de nous avaler à nouveau. Quelques atrocités, quelques horreurs – et nous voilà, en imagination, en train de retomber dedans.

Désormais, nous serons gouvernés par la peur et les bons sentiments

Afin de soulager ces peurs, l’État est amené à répondre au théâtre de la terreur par un théâtre de la sécurité. La réponse la plus efficace au terrorisme repose sans doute sur de bons services secrets et sur une action discrète contre les réseaux financiers qui alimentent le terrorisme. Mais ça, les gens ne peuvent pas le voir à la télévision. Or ils ont vu le drame terroriste de l’effondrement des tours du World Trade Center. L’État se sent donc obligé de mettre en scène un contre-drame aussi spectaculaire, avec plus de feu et de fumée encore. Alors au lieu d’agir calmement et efficacement, il déclenche une énorme tempête qui, bien souvent, comble les rêves les plus chers des terroristes.

Comment l’État devrait-il faire face au terrorisme ? Pour réussir, la lutte devrait être menée sur trois fronts. Les gouvernements, d’abord, devraient se concentrer sur une action discrète contre les réseaux terroristes. Les médias, ensuite, devraient relativiser les événements et éviter de basculer dans l’hystérie. Le théâtre de la terreur ne peut fonctionner sans publicité. Or malheureusement, les médias ne font souvent que fournir cette publicité gratuitement: ils ne parlent que des attaques terroristes, de façon obsessionnelle, et exagèrent largement le danger, parce que de tels articles sensationnels font vendre les journaux, bien mieux que les papiers sur le réchauffement climatique.

Le troisième front, enfin, est celui de notre imagination à tous. Les terroristes tiennent notre imagination captive, et l’utilisent contre nous. Sans cesse, nous rejouons les attaques terroristes dans notre petit théâtre mental, nous repassant en boucle les attaques du 11 Septembre ou les attentats de Bruxelles. Pour cent personnes tuées, cent millions s’imaginent désormais qu’il y a un terroriste tapi derrière chaque arbre. Il en va de la responsabilité de chaque citoyen et de chaque citoyenne de libérer son imagination, et de se rappeler quelles sont les vraies dimensions de la menace. C’est notre propre terreur intérieure qui incite les médias à traiter obsessionnellement du terrorisme et le gouvernement à réagir de façon démesurée.

Que dire encore du terrorisme nucléaire ou bio-terrorisme? Que se passerait-il si ceux qui prédisent l’Apocalypse avaient raison? si les organisations terroristes venaient à acquérir des armes de destruction massive, susceptibles, comme dans la guerre conventionnelle, de causer d’immenses dommages matériels? Quand cela arrivera (si cela arrive), l’État tel que nous le connaissons sera dépassé. Et du même coup, le terrorisme tel que nous le connaissons cessera également d’exister, comme un parasite meurt avec son hôte.

Si de minuscules organisations représentant une poignée de fanatiques peuvent détruire des villes entières et tuer des millions de personnes, l’espace public ne sera plus vierge de violence politique. La vie politique et la société connaîtront des transformations radicales. Il est difficile de savoir quelle forme prendront les batailles politiques, mais elles seront certainement très différentes des campagnes de terreur et de contre-terreur du début du XXIe siècle. Si en 2050 le monde est plein de terroristes nucléaires et de bio-terroristes, leurs victimes songeront au monde occidental d’aujourd’hui avec une nostalgie teintée d’incrédulité: comment des gens qui jouissaient d’une telle sécurité ont-ils pu se sentir aussi menacés ?

Voir aussi

Etat islamique

Nicolas Zomersztajn
Regards n°829

Mardi 17 novembre 2015

Pour Xavier Luffin, professeur de littérature arabe à l’Université libre de Bruxelles (ULB), les musulmans doivent se demander pourquoi le texte coranique peut être si souvent utilisé pour revendiquer des actes meurtriers et cesser de s’enfermer dans des schémas victimaires qui sont encore repris suite aux tueries de Paris du 13 novembre 2015.

Quel regard portez-vous sur cette réaction musulmane selon laquelle la violence de l’Etat islamique n’a rien à voir avec l’islam ? Xavier Luffin : Cela nous renvoie à un problème récurrent dans le monde arabo-musulman : le refus d’assumer la part de responsabilité des maux qu’il connaît et une grande propension à souligner la responsabilité de l’autre, que ce soit l’Occident, Israël ou le monde chrétien. On voit bien qu’il existe une réelle difficulté à assumer une responsabilité dans son propre chef, même quand un parallèle peut être établi. Ainsi les conquêtes coloniales et l’esclavage ne seraient des questions que seul l’Occident doit assumer, alors qu’on trouve des phénomènes similaires dans l’histoire arabo-musulmane. Outre les facteurs historiques qui expliquent cette incapacité d’assumer, il y a aussi des facteurs religieux. Le Coran étant considéré par les musulmans comme un texte révélé, le texte ne peut donc être remis en question. Or, le Coran contient des passages problématiques, et notamment belliqueux. Par ailleurs, ces passages sont utilisés par les extrémistes religieux et les propagandistes de l’Etat islamique. Il faut bien comprendre que ces passages existent. On peut certes décider de les expliquer, et c’est ce que font les exégètes du Coran. Mais le problème, c’est que bien souvent ce travail d’exégèse est trop proche du sens littéral du texte. Je n’ignore pas non plus les approches visant à replacer ces passages problématiques dans un contexte historique bien précis remontant aux périodes conflictuelles de l’expansion de l’islam au 7e siècle. En réalité, on trouve de tout dans ces approches exégétiques et il n’existe aucune hiérarchisation. Personne n’indique clairement quel texte il faut suivre ni celui qu’il faut abandonner une fois pour toutes. Les musulmans se retrouvent donc avec un discours qui n’est pas suffisamment remis en question. Il est donc urgent que les musulmans s’interrogent, se demandent pourquoi le texte coranique peut être si souvent utilisé pour revendiquer des actes aussi violents que les tueries de Paris.

Cela signifie-t-il que l’Etat islamique n’est pas un repère d’ignorants des sources coraniques ? X.L. : Tout à fait. Il faut cesser de dire l’Etat islamique (Daesh), ce n’est pas l’islam. Il suffit d’écouter les discours et les prêches d’Abou Bakr al-Baghdadi ou d’autres responsables de cette organisation pour comprendre qu’ils ont une bonne connaissance des sources coraniques. L’Etat islamique publie sur internet une revue en anglais, Dabiq, et même en français, Dar al-Islam, dans laquelle l’ensemble des articles sont truffés de références au Coran, à des Hadith, et à un nombre considérable de penseurs particulièrement conservateurs comme Ibn Taymiyya ou Mohammed Ben Abdelwahhab, le fondateur du wahhabisme. Ces textes sont cités avec les références de la même manière qu’un article pour une revue scientifique occidentale. On ne peut donc pas du tout affirmer que ces gens ne connaissent rien aux textes coraniques qu’ils citent abondamment.

Que faut-il faire alors ? X.L. : Commencer par entamer un travail critique au sein même de l’islam. Car lorsqu’on entend les réactions musulmanes actuelles selon lesquelles ce ne sont pas des vrais musulmans qui ont commis ces actes ou que ce n’est pas l’islam, cela reviendrait à dire que ce ne sont pas les Etats-Unis qui ont mené la Guerre au Vietnam parce que ce n’est pas cela les vrais Américains, ou encore que le Congo n’a pas été colonisé par les Belges parce que ce n’est pas cela la vraie belgitude, etc. Il y a un moment où un groupe humain, quel qu’il soit, doit pouvoir dire qu’il assume la responsabilité des actes commis par les siens au nom des références dont se revendique l’ensemble du groupe, même si ces références ne sont pas claires. C’est un travail que les musulmans doivent aussi entreprendre, sinon ils resteront enfermés dans ce discours de la victimisation et de la déresponsabilisation. Quand on regarde de nombreux discours de prédicateurs musulmans vivant en Europe, on s’aperçoit qu’ils ne remettent nullement en cause des passages belliqueux du Coran.

Des tentatives d’approches critiques ont pourtant été initiées… X.L. : Oui, mais elles posent deux problèmes majeurs. Tout d’abord, ces réouvertures de la tradition exégétique du Coran depuis le début du 20e siècle, comme celle de Mohammed Arkoun, sont certes très intéressantes, mais elles restent prisonnières du texte. Puisque le Coran est censé être une parole divine révélée, elles doivent tenter de critiquer le texte sans pour autant l’invalider, ce qui est un exercice périlleux. Mais cette explication critique est toujours littéraliste. Le deuxième problème de ce mouvement de pensée réside dans son impact réel. Ces nouveaux penseurs de l’islam existent bel et bien, ils publient énormément par ailleurs, mais leurs travaux sont surtout lus par des intellectuels occidentaux ou par une frange marginale d’intellectuels du monde arabo-musulman. Ainsi, je n’ai jamais entendu un imam bruxellois se référer aux écrits de Nasr Hamid Abou Zayd, ce théologien égyptien cherchant à interpréter le Coran à travers une herméneutique humaniste. Je n’affirme pas que l’impact de ces penseurs musulmans humanistes soit inexistant, mais il demeure malgré tout très faible. Quand on franchit la porte d’une librairie musulmane du boulevard Lemonnier à Bruxelles, les livres qu’on vend sont surtout des traités médiévaux conservateurs et des manuels d’une pauvreté intellectuelle et spirituelle n’abordant que la question du licite et de l’illicite ! Il n’est jamais question de remettre en cause certains préceptes problématiques ni de les contextualiser historiquement. Or, le discours ambiant répétant que l’Etat islamique n’est pas l’islam minimise complètement la portée des textes qui sont réels et qui sont utilisés par les fondamentalistes les plus violents et les plus rétrogrades, comme par les plus modérés et les plus humanistes.

Les musulmans doivent-ils manifester leur désapprobation des exactions perpétrées par l’Etat islamique ?

Certes, rien ne les y oblige. Mais rappelons que manifester sa solidarité avec des victimes est avant tout un acte altruiste, et responsable, et non un quelconque aveu de culpabilité. Par le passé, les Américains opposés à la guerre du Vietnam ne se sont pas abstenus de manifester sous prétexte qu’ils n’avaient pas à se justifier pour des actes d’un gouvernement dans lequel ils ne se reconnaissaient pas parce que son message n’était pas celui des Pères fondateurs, les Européens hostiles à l’apartheid ne se sont pas abstenus de manifester contre le régime de Pretoria sous prétexte qu’être Blanc ne signifiait pas être forcément en faveur d’un régime ségrégationniste. Ceux qui manifestaient le faisaient d’abord et avant tout pour montrer aux gouvernements concernés que le monde ne restait pas immobile devant leurs exactions, qu’eux-mêmes n’étaient pas d’accord avec ces actes, commis ou non en leur nom, et qu’ils voulaient qu’ils cessent, peu importe leur lien religieux, ethnique ou politique avec les régimes critiqués. Les musulmans d’Occident, mais aussi ceux qui vivent au Proche-Orient et au Maghreb lorsqu’ils le peuvent, ne doivent donc pas manifester contre l’Etat islamique, contre les atrocités innommables commises contre les Yézidis, contre les destructions d’églises en Irak, en Egypte et ailleurs, ou contre la destruction des mausolées soufis de Tombouctou. Ils ne le doivent pas, certes, mais ils le peuvent, comme ils l’ont fait à plusieurs reprises en solidarité avec les Palestiniens.

Voir encore

Israël a connu 43 attaques « comme celles de Nice » en 8 mois… Mais le dites pas à France 2 !

Cyril Berthier

avec la RTBF – JSSNews

15 juillet 2016
Dans un reportage sur les attaques à la voiture bélier, comme celle qui a fait au moins 84 morts à Nice, un journaliste donne l’exemple de ces attaques: « il y en a eu au Canada… Il y en a eu à Londres… » et rien, pas un mot, sur Israël…

Denis Ducarme, chef de groupe d’un parti de droite à la Chambre et membre de la commission terrorisme (en Belgique) a affirmé, pour sa part, qu’il faut maintenant prendre en compte la nouvelle donne concernant la menace terroriste afin d’anticiper des modes attaques qui évoluent sans cesse: « Par rapport aux véhicules béliers, des mesures ont déjà été prises en Belgique pour protéger certaines cibles à la veille de la fête nationale. Nous devons élargir les possibilités et prendre un certains nombres de décisions pour anticiper et ne pas subir puis réagir par après« .

Denis Ducarme
Et en dehors de la collaboration déjà poussée avec les services français depuis les attentats deParis et de Bruxelles, Denis Ducarme plaide pour des liens renforcés avec des pays qui vivent depuis longtemps avec une menace permanente: « Des pays comme les Etats-Unis ou Israël ont l’expérience que nous n’avons pas vu qu’il vivent sous la menace de terroristes depuis parfois 20 ou 30 ans. Israël a connu 43 attaques de ce type en 8 mois. L’Etat islamique préconise ce type d’attaque (à la voiture ou au camion bélier). Nous devons anticiper ce type d’attaque plutôt que subir et ensuite seulement réagir« .

« Horrifié comme plusieurs fois par an depuis 2014 et l’attentat au musée juif« , Denis Ducarme n’est pourtant pas dépité face à l’enchaînement des actes terroristes chez nous ou à nos portes: « Nous devons intégrer ces nouveaux schémas opérationnels utilisé par les terroristes. On échange avec les Français sur les méthodes de lutte pour élever le niveau de sécurité. Si nous n’avions pas relevé le niveau de sécurité, n’aurions nous pas connus plus d’attaques? C’est ce que nous allons faire pour les prochains événements comme la fête nationale. Des mesures supplémentaires qui vont être prises« .

Voir enfin

Comment Israël est devenu la référence dans la lutte antiterroriste
Nathalie Hamou

Les Echos

17/07/2016

Le maire Cannes appel services d’un ancien brigadier général l’armée israélienne aider autorités locales préparer éventuelle attaque

Depuis sa création, l’Etat hébreu a su s’adapter en permanence à la menace terroriste. Grâce à un modèle dynamique dont les clefs de voûte sont le renseignement, et l’implication de la société civile.

Au lendemain du carnage de Nice comme dans la foulée des attentats du 13 novembre, le scénario se répète : « l’exemple israélien », où la menace terroriste fait partie de la vie quotidienne, est mis en avant. Les experts militaires sollicités sur les plateaux de télévision à Tel-Aviv ont beau se montrer modestes, voire éviter toute référence à un « modèle israélien de lutte antiterroriste », il n’empêche. L’Etat hébreu, dont la population a connu sept guerres et deux Intifada depuis sa création, est bel est bien devenu un cas d’école, dans sa façon de gérer une situation d’insécurité permanente. Une expertise dans la mire des décideurs européens.

Signe qui ne trompe pas : dans la foulée des attentats du 13 novembre, le maire de Cannes, David Lisnard, a fait appel aux services d’un ancien brigadier général de l’armée israélienne, Nitzan Nuriel, pour aider les autorités locales et les équipes d’intervention d’urgence à se préparer à une éventuelle attaque lors du Festival phare de la Croisette.

En avril dernier, cet ancien chef du bureau de lutte contre le terrorisme en Israël (entre 2007 et 2012) avait notamment dirigé une attaque terroriste simulée au Palais des festivals pour tester les mesures de sécurité renforcées dans la ville. Auparavant, il avait mené un audit, en s’inspirant des leçons tirées des attentats menés contre des palaces à Bombay et dans les gares de Madrid, les deux scénarios catastrophes les plus retenus par les professionnels.

L’une de ses préconisations : « la sécurisation du front de mer » ainsi qu’un contrôle renforcé de tous les accès de la ville de Cannes, y compris maritimes. Interrogé sur l’attentat de Nice, il confiait ce week-end aux « Echos » : « J’ai le sentiment que la France n’était pas vraiment prête à envisager ce scénario catastrophe. »

Ben Gourion, l’aéroport le plus sûr du monde

En fait, cela fait dix-huit mois maintenant que les délégations de dirigeants de pays frappés par la menace djihadiste débarquent en nombre à l’aéroport international de Ben Gourion, considéré comme le plus sûr du monde, pour prendre la mesure du système de lutte antiterroriste en vigueur sur le sol israélien. Un pays où la sécurité intérieure relève non pas de l’armée, mais des services de renseignement et de la police.

En février, l’ancien maire de Nice, Christian Estrosi, s’est par exemple rendu en Israël, où il a rencontré notamment le PDG de la société Eagle Security and Defense, Giora Eiland, par ailleurs ex-directeur du Conseil de sécurité nationale israélien. Lors de cette visite, Christian Estrosi avait insisté sur la nécessité « d’être à la pointe de la lutte par le renseignement contre la cybercriminalité lorsqu’on sait que la radicalisation se fait par le biais des réseaux sociaux ». Un domaine dans lequel l’Etat hébreu excelle puisqu’il se classe dans le Top 5 des cyberpuissances, aux côtés des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie et du Royaume-Uni.

Intensification des attentats à la voiture-bélier ou des attaques au couteau

A quoi tient l’efficacité de l’approche israélienne ? « Israël est confronté depuis des décennies à une menace multiforme et diffuse. Le pays a connu une série d’attaques terroristes, dont le mode opératoire n’a cessé d’évoluer. L’antiterrorisme israélien a dû s’adapter en permanence en adoptant une approche fondée sur l’anticipation et la rapidité d’intervention. Le bilan est contrasté mais l’expérience accumulée est observée à la loupe par les pays confrontés à un risque terroriste élevé », décrypte David Khalfa, chercheur associé du think tank IPSE, (Institut prospective et sécurité en Europe).

A l’en croire, cette menace a connu d’importantes transformations au cours de quatre grandes périodes. Avec d’une part, les années 1970 caractérisées par des attaques de fedayin palestiniens ; l’époque des Accords israélo-palestiniens d’Oslo (1993) ponctuée d’attentats suicide ; les années post-Oslo durant lesquelles Israël, confronté à la seconde Intifada, s’est retrouvé sous le feu des tirs de roquettes ou de missiles du Hamas et du Hezbollah, avant de connaître plus récemment une intensification des attentats à la voiture-bélier ou des attaques au couteau.

« L’antiterrorisme israélien est fondé sur des modes d’action défensifs (« barrière de sécurité », barrages militaires filtrants…) et offensifs (infiltrations, arrestations préventives, assassinats ciblés…). Cette double approche couplée à la coopération sécuritaire avec l’Autorité palestinienne a permis à l’Etat hébreu de faire baisser de manière substantielle le nombre d’attentats de grande ampleur, poursuit David Khalfa, même si les attaques palestiniennes de basse intensité menées à l’aide de moyens rudimentaires ont pris le relais ces derniers mois. »

La clé de voûte : le renseignement

Restent les fondamentaux. La clef de voûte du système antiterroriste israélien est le renseignement qui fonctionne « en cercles concentriques » : en Cisjordanie, aux frontières d’Israël et à l’intérieur du pays. Dans les villes israéliennes, l’Etat hébreu s’appuie sur des unités d’élite antiterroristes d’intervention placées sous le commandement de la police ; à l’exception de Yasam, une unité anciennement dédiée à la lutte antiémeutes qui depuis quelques années, patrouille en moto à l’intérieur d’Israël, et dépend directement des services de sécurité intérieure (Shin Bet).

Israël peut donc faire preuve d’une capacité de réaction ultra rapide lorsqu’un attentat se produit. D’autant que la société civile israélienne est très impliquée dans le combat antiterroriste. Et ce, en raison du rôle central joué par l’armée puisque chaque jeune Israélien doit passer trois ans (deux pour les femmes) sous les drapeaux. Mais aussi, du fait que le port d’armes est facilité, ce qui permet aux civils de riposter plus rapidement en cas d’attaques. Sans oublier l’importance des sociétés de protection privées qui se sont multipliées au début de la seconde Intifada et de la vague des attaques suicide.

« La sensibilisation et la résilience du grand public constituent un atout maître », souligne Boaz Ganor, le directeur exécutif de l’Institut international du contre-terrorisme (ICT) du Centre interdisciplinaire d’Herzliya. Tout comme les mesures préventives mises en place par les pouvoirs publics. Lors d’événements ou de rassemblements de grande ampleur, des zones entières peuvent être totalement interdites aux véhicules, outre la mise en place de barrages filtrants et de barricades. Un dispositif qui a été renforcé lors de la dernière vague de terreur qui a déferlé depuis l’automne 2015 et a coûté la vie à plus de 31 Israéliens, 4 étrangers, et 207 Palestiniens (dont plus de 130 assaillants).

La population sensibilisée au risque

Ponctué par plus de 140 attaques palestiniennes à l’arme blanche, à l’arme à feu ou à la voiture-bélier, ce cycle de violences initié en majorité par de jeunes Palestiniens, considérés comme des « loups solitaires », n’a certes pas eu le même impact psychologique que la vague d’attentats suicide de la seconde Intifada. « Nous avons connu pire mais l’Intifada des couteaux est venue briser six années de calme sécuritaire relatif », observe Ely Karmon, directeur de recherches au sein de l’ICT. De fait, les forces de l’ordre israéliennes se sont retrouvées démunies face à des assaillants palestiniens âgés de treize à vingt ans, agissant le plus souvent seuls, et sur lesquels les services de renseignement ne disposent pas d’informations. Mais là encore, l’ajustement opérationnel a été rapide. Pour parer les attaques à la voiture-bélier contre les piétons exposés aux stations de bus, des blocs de ciment ou des piliers en métal ont été posés pour protéger les usagers. Et la population a été sensibilisée à ce risque.

Autre axe défensif en pleine mutation : la veille sur les réseaux sociaux. « Israël a beaucoup investi dans ce domaine », relève encore David Khalfa, « notamment depuis que l’influence de l’Etat islamique se fait ressentir auprès de certains jeunes Palestiniens autoradicalisés, dont le combat s’inscrit davantage dans une logique djihadiste, comme on a pu l’observer récemment lors de l’attaque perpétuée à Tel-Aviv dans le marché de Sarona ».

Cet attentat du 8 juin a été commis par deux cousins originaires d’un village du Sud-Hébron (en Cisjordanie), qui ont mitraillé les clients attablés à la terrasse d’un bar à chocolat, faisant quatre victimes et une quinzaine de blessés. Selon l’enquête du Shin Bet, les deux terroristes avaient décidé de mener une attaque inspirée par l’EI ; mais sans avoir été officiellement recrutés par l’organisation terroriste et sans avoir reçu d’aide. Un mode opératoire contre lequel Israël n’a pas encore trouvé de solution imparable.


14-juillet/134e: Grandeurs et misères de la démocratie (From persecuted to persecutors: looking back at democracy’s unique risks and vulnerabilities)

14 juillet, 2016
https://jcdurbant.files.wordpress.com/2013/11/80825-marie_antoinette_execution.jpgLa prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 | Histoire et analyse d'images et oeuvresfederation
July14.1880
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BastilledayMilitaryParadeFanzoneauschwitz2
J’aime la piété et non les sacrifices, et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes. Osée 6: 6-7
L’arbre de la liberté doit être revivifié de temps en temps par le sang des patriotes et des tyrans. Jefferson
Une nation ne se régénère que sur un  monceau de cadavres. Saint-Just
La punition d’un tyran, obtenue après tant de débats odieux, sera-t-elle donc le seul hommage que nous ayons rendu à la liberté et à l’égalité ? Souffrirons-nous qu’un être non moins coupable, non moins accusé par la Nation, et qu’on a ménagé jusqu’ici, comme par un reste de superstition pour la royauté; souffrirons-nous qu’il attende tranquillement ici le fruit de ses crimes ? Une grande République, outragée avec tant d’insolence, trahie avec tant d’audace, attend de vous l’impulsion qui doit ranimer dans tous les cœurs une sainte antipathie pour la royauté, et donner une nouvelle force à l’esprit public. Robespierre (27 mars 1793)
Qu’un sang impur abreuve nos sillons! Air connu
Une civilisation est testée sur la manière dont elle traite ses membres les plus faibles. Pearl Buck
Je crois que le moment décisif en Occident est l’invention de l’hôpital. Les primitifs s’occupent de leurs propres morts. Ce qu’il y a de caractéristique dans l’hôpital c’est bien le fait de s’occuper de tout le monde. C’est l’hôtel-Dieu donc c’est la charité. Et c’est visiblement une invention du Moyen-Age. René Girard
Notre monde est de plus en plus imprégné par cette vérité évangélique de l’innocence des victimes. L’attention qu’on porte aux victimes a commencé au Moyen Age, avec l’invention de l’hôpital. L’Hôtel-Dieu, comme on disait, accueillait toutes les victimes, indépendamment de leur origine. Les sociétés primitives n’étaient pas inhumaines, mais elles n’avaient d’attention que pour leurs membres. Le monde moderne a inventé la « victime inconnue », comme on dirait aujourd’hui le « soldat inconnu ». Le christianisme peut maintenant continuer à s’étendre même sans la loi, car ses grandes percées intellectuelles et morales, notre souci des victimes et notre attention à ne pas nous fabriquer de boucs émissaires, ont fait de nous des chrétiens qui s’ignorent. René Girard
L’inauguration majestueuse de l’ère « post-chrétienne » est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en « radicalisant » le souci des victimes dans un sens antichrétien. (…) Jusqu’au nazisme, le judaïsme était la victime préférentielle de ce système de bouc émissaire. Le christianisme ne venait qu’en second lieu. Depuis l’Holocauste , en revanche, on n’ose plus s’en prendre au judaïsme, et le christianisme est promu au rang de bouc émissaire numéro un. (…) Le mouvement antichrétien le plus puissant est celui qui réassume et « radicalise » le souci des victimes pour le paganiser. (…) Comme les Eglises chrétiennes ont pris conscience tardivement de leurs manquements à la charité, de leur connivence avec l’ordre établi, dans le monde d’hier et d’aujourd’hui, elles sont particulièrement vulnérables au chantage permanent auquel le néopaganisme contemporain les soumet. René Girard
La reine appartient à plusieurs catégories victimaires préférentielles; elle n’est pas seulement reine mais étrangère. Son origine autrichienne revient sans cesse dans les accusations populaires. Le tribunal qui la condamne est très fortement influencé par la foule parisienne. Notre premier stéréotype est également présent: on retrouve dans la révolution tous les traits caractéristiques des grandes crises qui favorisent les persécutions collectives. (…) Je ne prétends pas que cette façon de penser doive se substituer partout à nos idées sur la Révolution française. Elle n’en éclaire pas moins d’un jour intéressant une accusation souvent passée sous silence mais qui figure explicitement au procès de la reine, celui d’avoir commis un inceste avec son fils. René Girard
Une femme ça souffre. Un Noir, une Noire, ou un (une) Arabe ça souffre. Un migrant(te), un immigré, ça souffre. Un gay ça souffre. Une lesbienne ça souffre. Tout ça, on le sait depuis longtemps. C’est disponible dans toutes les boutiques qui ont pour enseigne “abrutis du monde entiers unissez-vous !”. Mais, comme on dit, on n’arrête pas le progrès. De nouveaux produits ont fait leur apparition, plus fins, plus modernes, plus pointus. Ils sont regroupés sous l’appellation de “intersectionnalité”. C’est un concept -je recopie Libération- “visant à regrouper les discriminations de classe, de sexe et de race.” Si j’ai bien compris, l’intersectionnalité prend en compte l’addition de plusieurs handicaps cumulés par la même personne. Par exemple : femme + Noire + lesbienne + immigrée. Dès lors la souffrance devient insupportable : c’est triple ou quadruple peine. La question est posée en ces termes. “On sait les discriminations dont les femmes sont victimes. On étudie celles qui visent les Français d’origine algérienne ou les homosexuels. Mais quelle est la situation des femmes migrantes ou celle des hommes d’origine algérienne homosexuels ?”. Il est vrai qu’on peut avoir en même temps un rhume, une jambe cassée, une crise de foie. Plus c’est compliqué, mieux c’est… “L’intersectionnalité permet de penser de manière plurielle la domination masculine” écrit l’historienne Florence Rochefort. Donc, vous pensez, en bonne logique, que le port du voile serait l’exemple le pus frappant de la “domination masculine”. Vous n’y êtes pas, mais pas du tout. (…) Au royaume des fous (je ne dis pas des folles, ça pourrait être mal compris), la compétition est rude pour savoir qui s’assiéra sur le trône. Comme ça, pour le plaisir, j’ai tenté ma chance. Avec un produit du terroir. Un Creusois catholique (habitant du département de la Creuse, le plus pauvre de France) vivant du RMI, transsexuel et séropositif ! J’ai été brutalement retoqué au motif que la couleur n’était pas bonne, et la religion non plus. Tenace je n’ai pas abandonné le combat. Il fallait, ai-je compris tardivement, s’ouvrir vers le vaste monde. J’ai trouvé un produit qui approche de l’excellence. Une Erythréenne noire, voilée, lesbienne, migrante et handicapée moteur ! On m’a félicité mais on ne m’a rien promis tant la concurrence est forte. Benoît Rayski
The police force in Nottinghamshire, East Midlands, will become the first in the U.K. to record misogyny as a hate crime in an effort to tackle the increasing number of incidents in the county. Misogynist hate crime is defined by the force as:  » Incidents against women that are motivated by an attitude of a man towards a woman and includes behaviour targeted towards a woman by men simply because they are a woman. » The new category will include everything from verbal comments to unwanted physical approaches. The use of mobile devices to send uninvited messages or take photographs without consent will also warrant police attention. When reported, Nottinghamshire police will investigate the claim and specially trained officers will provide support for the victim. Domestic abuse will not be recorded as a misogyny hate crime because it already has a separate comprehensive procedure. « What women face, often on a daily basis, is absolutely unacceptable and can be extremely distressing, » said Chief Constable Sue Fish. « Nottinghamshire Police is committed to taking misogynistic hate crime seriously and encourages anyone who is affected by it to contact us without hesitation. » The urgent need to provide greater support for women facing abuse of various kinds became clear during the Nottinghamshire Safer for Women Conference last year, when, while reporting on the event, Sarah Teale, a BBC broadcaster was verbally harassed by a man in the street. Newsweek
The people now armed themselves with such weapons as they could find in armourer shops & privated houses, and with bludgeons, & were roaming all night through all parts of the city without any decided & practicable object. The next day the states press on the King to send away the troops, to permit the Bourgeois of Paris to arm for the preservation of order in the city, & offer to send a deputation from their body to tranquilize them. He refuses all their propositions. A committee of magistrates & electors of the city are appointed, by their bodies, to take upon them its government. The mob, now openly joined by the French guards, force the prisons of St. Lazare, release all the prisoners, & take a great store of corn, which they carry to the corn market. Here they get some arms, & the French guards begin to to form & train them. The City committee determine to raise 48,000 Bourgeois, or rather to restrain their numbers to 48,000, On the 16th they send one of their numbers (Monsieur de Corny whom we knew in America) to the Hotel des Invalides to ask arms for their Garde Bourgeoise. He was followed by, or he found there, a great mob. The Governor of the Invalids came out & represented the impossibility of his delivering arms without the orders of those from whom he received them. De Corny advised the people then to retire, retired himself, & the people took possession of the arms. It was remarkable that not only the invalids themselves made no opposition, but that a body of 5000 foreign troops, encamped with 400 yards, never stirred. Monsieur De Corny and five others were then sent to ask arms of Monsieur de Launai, Governor of the Bastille. They found a great collection of people already before the place, & they immediately planted a flag of truce, which was answered by a like flag hoisted on the parapet. The depositition prevailed on the people to fall back a little, advanced themselves to make their demand of the Governor. & in that instant a discharge from the Bastille killed 4 people of those nearest to the deputies. The deputies retired, the people rushed against the place, and almost in an instant were in possession of a fortification, defended by 100 men, of infinite strength, which in other times had stood several regular sieges & had never been taken. How they got in, has as yet been impossible to discover. Those, who pretend to have been of the party tell so many different stories as to destroy the credit of them all. They took all the arms, discharged the prisoners & such of the garrison as were not killed in the first moment of fury, carried the Governor and Lieutenant Governor to the Greve (the place of public execution) cut off their heads, & sent them through the city in triumph to the Palais royal… I have the honor to be with great esteem & respect, Sir, your most obedient and most humble servant. Thomas Jefferson (lettre à John Jay, 19 juillet 1789)
Le 14 juillet, c’est la Révolution tout entière. C’est bien plus que le 4 août, qui est l’abolition des privilèges féodaux ; c’est bien plus que le 21 septembre, qui est l’abolition du privilège royal, de la monarchie héréditaire. C’est la victoire décisive de l’ère nouvelle sur l’Ancien Régime. Les premières conquêtes qu’avait values à nos pères le serment du Jeu de paume étaient menacées ; un effort suprême se préparait pour étouffer la Révolution dans son berceau ; une armée en grande partie étrangère se concentrait autour de Paris. Paris se leva, et, en prenant la vieille citadelle du despotisme, il sauva l’Assemblée nationale et l’avenir. Il y eut du sang versé le 14 juillet : les grandes transformations des sociétés humaines – et celle-ci a été la plus grande de toutes – ont toujours jusqu’ici coûté bien des douleurs et bien du sang. Nous espérons fermement que, dans notre chère patrie, au progrès par les révolutions, succède, enfin ! le progrès par les réformes pacifiques. Mais, à ceux de nos collègues que des souvenirs tragiques feraient hésiter, rappelons que le 14 juillet 1789, ce 14 juillet qui vit prendre la Bastille, fut suivi d’un autre 14 juillet, celui de 1790, qui consacra le premier par l’adhésion de la France entière, d’après l’initiative de Bordeaux et de la Bretagne. Cette seconde journée du 14 juillet, qui n’a coûté ni une goutte de sang ni une larme, cette journée de la Grande Fédération, nous espérons qu’aucun de vous ne refusera de se joindre à nous pour la renouveler et la perpétuer, comme le symbole de l’union fraternelle de toutes les parties de la France et de tous les citoyens français dans la liberté et l’égalité. Le 14 juillet 1790 est le plus beau jour de l’histoire de France, et peut-être de toute l’histoire. C’est en ce jour qu’a été enfin accomplie l’unité nationale, préparée par les efforts de tant de générations et de tant de grands hommes, auxquels la postérité garde un souvenir reconnaissant. Fédération, ce jour-là, a signifié unité volontaire. Elles ont passé trop vite, ces heures où tous les cœurs français ont battu d’un seul élan ; mais les terribles années qui ont suivi n’ont pu effacer cet immortel souvenir, cette prophétie d’un avenir qu’il appartient à nous et à nos fils de réaliser. Henri Martin (29 juin 1880)
Les journées les plus décisives de la Révolution française sont contenues, sont impliquées dans ce premier fait qui les enveloppe : le 14 juillet 1789. Et voilà pourquoi aussi c’est la vraie date révolutionnaire, celle qui fait tressaillir la France ! On comprend que ce jour-là notre Nouveau Testament nous a été donné et que tout doit en découler. Léon Gambetta (14 juillet 1872)
La Fête de la Fédération: Il s’agit de la fête la plus célèbre de la Révolution française. Fête emblématique, au point qu’aujourd’hui encore notre fête nationale réunit en elle deux adversaires : la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, et la Fédération du 14 juillet 1790. L’intention primitive de la fête n’était pourtant pas celle d’une célébration unanime. L’idée était née en province, dans cet hiver 1790 où les alliances défensives, hantées par les souvenirs de la Grande Peur, n’avaient cessé de se nouer entre les gardes nationales et l’armée tout entière. Des fêtes locales et toutes militaires scellaient ces pactes. Paris s’inquiète alors de l’agitation qui risque de gagner les troupes régulières et choisit de la contrôler en convoquant dans la capitale, pour le 14 juillet, les députations provinciales. Mais le caractère conservateur d’une fête destinée à garantir l’ordre est vite débordé par l’enthousiasme collectif d’où la Fédération tire son prestige légendaire. Mona Ozouf
Les légitimistes s’évertuent alors à démonter le mythe du 14 Juillet, à le réduire à l’expression violente d’une foule (pas du peuple) assoiffée de sang (les meurtres des derniers défenseurs de la Bastille malgré la promesse de protection) allant jusqu’au sacrilège du cadavre (des têtes dont celle du gouverneur Launay parcourant Paris plantée au bout d’une pique) (…) la Bastille n’était pas un bagne, occupée qu’elle était par quelques prisonniers sans envergure, elle n’était pas la forteresse du pouvoir royal absolu tourné contre le peuple à travers l’instrumentalisation des canons, elle n’était pas la forteresse à partir de laquelle la reconquête de la ville pouvait être envisagée puisqu’elle n’était défendue que par quelques soldats qui du reste se sont rendus en fin d’après-midi. Le mythe de la prise de la Bastille tombe de lui-même pour les monarchistes et même plus il est une création politique construisant artificiellement le mythe du peuple s’émancipant, plus encore il apparaît comme annonciateur de la Terreur, justifiant les surnoms de « saturnales républicaines », de « fête de l’assassinat »… Pierrick Hervé
Le 14 juillet 1935: La SFIO se rallient aux communistes et acceptent une grande alliance avec les Radicaux. Un « Congrès international des écrivains pour la défense et la culture », réuni à Paris , rassemble des humanistes et des anti-fascistes allemands. Le mouvement Amsterdam-Pleyel propose de manifester le 14 juillet 1935 dans toute la France contre le fascisme. Le jour de la fête nationale, des délégués venus de tous les départements jurent de « défendre les libertés démocratiques, de donner du pain aux travailleurs, du travail à la jeunesse et au monde la grande paix humaine ». 500 000 personnes défilent de la Bastille à Vincennes avec Léon Blum à leur tête. Le leader de la SFIO est accompagné de Maurice Thorez (PC), de Benoît Frachon (CGTU) et Léon Jouhaux (CGT) ainsi que Edouard Daladier (Parti Radical). En Province, les manifestations atteignent également du 12 février 1934. On entend en même temps l’Internationale et la Marseillaise, on mêle le drapeau tricolore au drapeau rouge. Cette fois, l’unité est en marche pour de bon. Et dès le lendemain, on crée le comité national du Rassemblement populaire pour le pain la paix et la liberté. L’expression Front Populaire s’impose dans le langage. David Martin
Dans les grandes démocraties du monde, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, les Etats-unis, le Canada, les fêtes nationales se fêtent sans défilé militaire. Ce sont les dictatures qui font les défilés militaires. C’est l’URSS, c’est la Chine, c’est l’iran; ce sont des pays non démocratiques. Et la France est l’une des seules démocraties à organiser sa fête nationale autour d’un défilé militaire: ça n’a aucune justification même historique. Sylvain Garel (élu vert de Paris, 02.07.10)
Le défilé du 14 Juillet tel que nous le connaissons aujourd’hui n’a été instauré qu’en 1880, grâce à un vote de l’Assemblée nationale faisant du 14 juillet le jour de la Fête nationale française. La jeune IIIe République cherche à créer un imaginaire républicain commun pour souder le régime, après des décennies d’instabilité (Directoire, Consulat, premier et second Empire, IIe République …). C’est dans la même période que la Marseillaise sera adoptée comme hymne national. La date a pourtant fait polémique au sein de l’hémicycle. Pouvait-on adopter comme acte fondateur de la Nation la sanglante prise de la Bastille? Les conservateurs s’y opposent. Le rapporteur de la loi, Benjamin Raspail, propose alors une autre date : le 14 juillet 1790, jour de la Fête de la Fédération. Le premier anniversaire de la prise de la Bastille avait été célébré à Paris par le défilé sur le Champ-de-Mars de milliers de «fédérés», députés et délégués venus de toute la France. Louis XVI avait prêté serment à la Nation, et avait juré de protéger la Constitution. (…) Convaincue, l’Assemblée nationale a donc adopté le 14 Juillet comme Fête nationale, mais sans préciser si elle se réfèrait à 1789 ou 1790. (…) La IIIe République est née en 1870 après la défaite de l’Empereur Napoléon III à Sedan contre la Prusse. La France y a perdu l’Alsace et la Lorraine, ce qui sera vécu comme un traumatisme national. Dix ans après la défaite, le régime veut montrer que le pays s’est redressé. Jules Ferry, Léon Gambetta et Léon Say remettent aux militaires défilant à Longchamp de nouveaux drapeaux et étendards, remplaçant ceux de 1870. L’armée est valorisée comme protectrice de la Nation et de la République. Hautement symbolique, ce premier défilé du 14 Juillet permet également de montrer à l’opinion nationale et internationale le redressement militaire de la France, qui compte bien reconquérir les territoires perdus. Le caractère militaire du 14 Juillet est définitivement acquis lors du «Défilé de la victoire» de 1919 sur les Champs-Elysées. Le Figaro (16.07.11)
En fait, la Révolution française n’est qu’un aspect d’une révolution occidentale, ou plus exactement atlantique, qui a commencé dans les colonies anglaises d’Amérique peu après 1763, s’est prolongée par les révolutions de Suisse, des Pays-Bas, d’Irlande avant d’atteindre la France en 1787 et 1789. Jacques Godechot
Je constate qu’après la formation de leur Etat, les Juifs, de victimes, sont devenus bourreaux. Ils ont pris les maisons, les terres des Palestiniens. Abbé Pierre (1991)
Qui eût pu penser à la fin de la seconde guerre mondiale, qu’après les siècles d’humiliation et de déni, l’affaire Dreyfus, le ghetto de Varsovie, Auschwitz, les descendants et héritiers de cette terrible expérience feraient subir aux palestiniens occupés humiliations et dénis? Comment comprendre le passage du juif persécuté à l’Israélien persécuteur? (…) On a peine à imaginer qu’une nation de fugitifs, issue du peuple le plus longtemps persécuté dans l’histoire de l’humanité, ayant subi les pires humiliations et le pire mépris, soit capable de se transformer en deux générations en « peuple dominateur et sûr de lui » et, à l’exception d’une admirable minorité, en peuple méprisant ayant satisfaction à humilier.Les juifs d’Israël, descendants des victimes d’un apartheid nommé ghetto, ghettoïsent les Palestiniens. Les juifs qui furent humiliés, méprisés, persécutés, humilient, méprisent, persécutent les Palestiniens. Les juifs qui furent victimes d’un ordre impitoyable imposent leur ordre impitoyable aux Palestiniens. Les juifs victimes de l’inhumanité montrent une terrible inhumanité. Les juifs, boucs émissaires de tous les maux, « bouc-émissarisent » Arafat et l’Autorité palestinienne, rendus responsables d’attentats qu’on les empêche d’empêcher. Edgar Morin (1997)
Eli [sic] Wiesel soutenait les droits de l’Homme pour tous sauf les Palestiniens, où il défendait plus de politiques israéliennes contre notre peuple. Xavier Abu Eid (conseiller de l’OLP)
Les Palestiniens se rappelleront d’Elie Wiesel pour son racisme et sa propagande aux services de leurs oppresseurs, nettoyeurs ethniques et tueurs. Ali Abuminah (Electronic Intifada)
Elie Wiesel était un escroc qui a menti sur son expérience et soutenu le nettoyage ethnique du peuple palestinien dans le processus. Rien d’honorable. Abbas Hamideh (Al-Awda)
La promesse de Wiesel de ne jamais être en paix devant la souffrance d’un être humain était un mensonge. Reza Aslan (auteur irano-américain)
 Wiesel est passé de grande victime de crimes de guerre à apologue de ceux qui en commettent. Hassan (Al-Jazeera)
Elie Wiesel est passé de victime de crimes de guerre à soutien de ceux qui en commettent. Il a fait plus de mal que de bien, et ne devrait pas être honoré. Max Blumenthal (journaliste américain)
Vous avez dit hommage à propos d’Elie Wiesel. Sûrement qu’il y aura un hommage rendu pour Elie Wiesel. Il y aura beaucoup de gens pour le faire. Mais moi c’est quand même un peu différent, parce que je ne suis pas fanatique d’Elie Wiesel à beaucoup d’égards. (…) l’idée que je réalise Shoah semblait le rendre fou (…) La Shoah, cétait, pensait-il, son domaine à lui et moi, je n’étais pas survivant d’un camp (…) Imre Kertész, dans “Être sans destin”, dit ceci, c’est que Elie Wiesel a passé à Auschwitz en tout et pour tout trois ou quatre nuits et jours, le reste du temps il était à Buchenwald. Il n’était pas à Auschwitz. C’est un témoin fiable, Imre Kertész. Claude Lanzmann
Pour moi, il était évident que le préjugé était au contraire un phénomène universel, et que toutes les minorités, tous les groupes qui n’occupaient pas le sommet de l’échelle sociale devenaient par là même des victimes potentielles. (…) Dénoncer l’antisémitisme sans dénoncer la cruauté humaine en général, voilà qui me tourmentait en permanence. L’aveuglement général est tel que j’ai entendu des Juifs se désoler sans retenue devant le phénomène de l’antisémitisme pour aborder sans se démonter la question afro-américaine et en parler en petits Hitler. Si je le leur faisais remarquer en protestant énergiquement, ils se retournaient contre moi. Ils ne se rendaient pas du tout compte de ce qu’ils faisaient. J’ai entendu une fois une dame tenir des propos enflammés sur les gentils qui n’avaient rien fait pour sauver les Juifs d’Europe. « On ne peut pas leur faire confiance », affirmait- elle. J’ai laissé passer un temps, puis je lui ai subitement demandé : « Et vous, qu’est-ce que vous faites pour aider les Noirs à obtenir leurs droits civiques ? — Ecoutez, m’a-t-elle rétorqué. J’ai assez avec mes propres problèmes. » Et moi : « C’est exactement ce que se sont dit les gentils d’Europe. » (…) en mai 1977. J’étais convié à une table ronde en compagnie notamment d’Elie Wiesel, qui a survécu à l’Holocauste et, depuis, ne sait plus parler d’autre chose. Ce jour-là, il m’a agacé en prétendant qu’on ne pouvait pas faire confiance aux savants, aux techniciens, parce qu’ils avaient contribué à rendre possible l’Holocauste. Voilà bien une généralisation abusive ! Et précisément le genre de propos que tiennent les antisémites : « Je me méfie des Juifs, parce que jadis, des Juifs ont crucifié mon Sauveur. » J’ai laissé les autres débattre un moment en remâchant ma rancœur puis, incapable de me contenir plus longtemps, je suis intervenu : « Monsieur Wiesel, vous faites erreur ; ce n’est pas parce qu’un groupe humain a subi d’atroces persécutions qu’il est par essence bon et innocent. Tout ce que montrent les persécutions, c’est que ce groupe était en position de faiblesse. Si les Juifs avaient été en position de force, qui sait s’ils n’auraient pas pris la place des persécuteurs ? » A quoi Wiesel m’a répliqué, très emporté : « Citez-moi un seul cas où des Juifs auraient persécuté qui que ce soit ! » Naturellement, je m’y attendais. « Au temps des Macchabées, au IIe siècle av. J.-C., Jean Hyrcan de Judée a conquis Edom et donné à choisir aux Edomites entre la conversion au judaïsme et l’épée. N’étant pas idiots, les Edomites se sont convertis, mais par la suite, on les a quand même traités en inférieurs, car s’ils étaient devenus des Juifs, ils n’en restaient pas moins des Edomites. » Et Wiesel, encore plus énervé : « Il n’y a pas d’autre exemple. » — C’est qu’il n’y a pas d’autre période dans l’histoire où les Juifs aient exercé le pouvoir, ai-je répondu. La seule fois où ils l’ont eu, ils ont fait comme les autres. » (…) J’aurais pu aller plus loin. Faire allusion au sort réservé par les Israélites aux Cananéens au temps de David et de Salomon, par exemple. Et si j’avais pu prédire l’avenir, j’aurais évoqué ce qui se passe en Israël aujourd’hui. Les Juifs d’Amérique auraient une vision plus claire de la situation s’ils se représentaient un renversement des rôles : les Palestiniens gouvernant le pays et les Juifs les bombardant de pierres avec l’énergie du désespoir. J’ai eu le même type de querelle avec Avram Davidson, brillant auteur de science-fiction qui, naturellement, est juif, et a été, du moins à une époque, ostensiblement orthodoxe. J’avais consacré un essai au Livre de Ruth, où je voyais un appel à la tolérance par opposition aux édits du cruel scribe Ezra, qui incitait les Juifs à « répudier » leurs épouses étrangères. Ruth était une Moabite, peuple haï des juifs s’il en est ; pourtant, elle est dépeinte dans l’Ancien Testament sous les traits d’une femme modèle ; en outre, elle compte parmi les ancêtres de David. Avram Davidson a pris ombrage de mon sous-entendu (les Juifs présentés comme intolérants) et j’ai eu droit à une lettre fort sarcastique dans laquelle il me demandait lui aussi si les Juifs s’étaient jamais livrés à des persécutions. Je lui ai répondu notamment : « Avram, vous et moi vivons dans un pays à 95 % non juif et cela ne nous pose pas de problème particulier. En revanche, qu’adviendrait-il de nous si nous étions des gentils habitant un pays à 95 % juif orthodoxe ? » (…)  En réalité, là encore le phénomène est universel. Au temps où Rome persécutait les premiers chrétiens, ceux-ci plaidaient pour la tolérance. Mais quand le christianisme l’a emporté, est-ce la tolérance qui a régné ? Jamais de la vie. Au contraire, les persécutions ont aussitôt repris dans l’autre sens. Prenez les Bulgares, qui réclamaient la liberté à leur régime dictatorial et qui, une fois qu’ils l’ont eue, s’en sont servis pour agresser leur minorité turque. Ou le peuple d’Azerbaïdjan, qui a exigé de l’Union soviétique une liberté dont il était privé par le pouvoir central pour s’en prendre aussitôt à la minorité arménienne. La Bible enseigne que les victimes de persécutions ne doivent en aucun cas devenir à leur tour des persécuteurs : « Vous n’attristerez et vous n’affligerez pas l’étranger, parce que vous avez été étrangers vous-mêmes dans le pays d’Egypte » (Exode 22 : 21).  Isaac Asimov

C’est universel, imbécile !

En cette journée où, via un défilé militaire digne des dernières dictatures de la planète, l’une des grandes démocraties du monde fête sa fondation

Célébrant le lynchage en fait d’un gouverneur de garnison à l’origine, puis tour à tour la reprise en main de l’agitation provinciale, la préparation de la revanche après une défaite militaire et enfin la fête d’une victoire militaire …

Et inspirée de la guerre d’indépendance et de la révolution de la première grande démocratie du monde …

Fondée accessoirement sur le massacre d’une de ses minorités et l’esclavage d’une autre …

Elle-même issue de la révolution de la nation qui a inventé le parlementarisme moderne avec décapitation puis expulsion de ses rois …

Et au lendemain d’une autre fête nationale (sportive cette fois) censée à l’origine raviver la fusion « black-blanc-beur » et requinquer un pouvoir aux abois mais gâchée par la défaite, les gaz lacrymogènes et les incendies de voitures de police ou de mobilier urbain  …

Après l’hommage quasi-universel la semaine dernière d’une des figures les plus reconnues – survivant de la Shoah et prix Nobel de la Paix – et encensées de l’après-guerre flétrie par la polémique de quelques uns …

Comment ne pas voir avec l’extrait de l’autobiographie du père de la science-fiction Isaac Asimov qui relate justement sa polémique avec Elie Wiesel …

La vérité et la grandeur d’un monde occidental qui s’efforce d’élargir chaque jour un peu plus le cercle des individus ou groupes qu’il cherche à défendre ou secourir  …

Mais aussi, derrière les origines inévitablement violentes de ses principales incarnations nationales, la menace spécifique qui hante ce type de régime …

Et donc, à l’instar de son plus petit et seul représentant au sein de l’immensité totalitaire du Moyen-Orient, sa vulnérabilité particulière face aux dénonciations intéressées de ses ennemis ?

Isaac Asimov, Elie Wiesel et l’antisémitisme
Isaac Asimov, né en 1920 à Petrovitchi, en Russie, et mort en 1992 à New York, est l’un des plus grands auteurs de science-fiction. Il est notamment le père du cycle « Fondation » et du cycle des « Robots ». Il a écrit une autobiographie, « Moi, Asimov », parue chez Denoël en 1996. Il y évoque notamment ses origines juives et la polémique qui l’opposa à Elie Wiesel, dans un passage que je reproduis ci-après (1).
Alain Gresh
Le Monde Diplomatique
18 janvier 2010

Mon père était fier de dire qu’il n’y avait jamais eu de pogrom dans sa petite ville natale, où juifs et gentils cohabitaient sans problème. En fait, lui-même avait pour ami un fils de gentils à qui il donnait un coup de main pour ses devoirs du soir. Après la Révolution [de 1917], il s’avéra que l’ami d’enfance était devenu fonctionnaire local du Parti ; à son tour, il aida mon père à réunir les papiers nécessaires pour émigrer aux Etats-Unis. Ce détail a son importance, car j’ai souvent lu sous la plume de romantiques échevelés que ma famille avait fui la Russie pour échapper aux persécutions. D’après eux, c’est tout juste si, pour quitter le pays, nous n’avions pas traversé le Dniepr en sautant de bloc de glace en bloc de glace, avec sur les talons une meute de chiens assoiffés de sang et la totalité de l’Armée rouge.

Evidemment, il n’en est rien. Nous n’avons nullement été persécutés, et c’est en toute légalité que nous sommes partis de chez nous, sans plus de tracasseries administratives qu’on ne peut en attendre de la bureaucratie en général, et de la nôtre en particulier. Tant pis si c’est une déception.

Je n’ai pas non plus d’histoires horribles à raconter sur ma vie aux Etats-Unis. Littéralement, je n’ai jamais eu à souffrir d’être juif ; je veux dire qu’on ne m’a ni frappé ni maltraité de quelque façon que ce soit. En revanche, j’ai été maintes fois provoqué, ouvertement par les jeunes butors, plus subtilement par les gens instruits. Mais j’acceptais ; pour moi, ces choses faisaient inévitablement partie d’un univers que je ne pouvais changer.

Je savais aussi que de vastes secteurs de la société américaine me resteraient fermés parce que j’étais juif, mais qu’il en allait ainsi dans toutes les sociétés chrétiennes, et cela depuis deux mille ans ; là encore, cela faisait partie des choses de la vie. Difficile à supporter en revanche fut le sentiment d’insécurité permanente, et parfois même de terreur, face à ce qui se passait dans le monde. Je veux parler ici des années 30 et de l’ascension d’Hitler, avec sa folie antisémite toujours plus féroce et toujours plus meurtrière.

Nul Juif américain ne pouvait ignorer alors que, d’abord en Allemagne, puis en Autriche, les Juifs étaient constamment humiliés, maltraités, emprisonnés, torturés et assassinés simplement parce qu’ils étaient juifs. Nous ne pouvions fermer les yeux sur le fait que des partis « naziisants » voyaient le jour dans d’autres régions d’Europe en faisant de l’antisémitisme leur maître mot. Même la France et la Grande-Bretagne furent touchées ; toutes deux virent l’émergence d’un parti de type fasciste, et toutes deux avaient déjà un lourd passé en matière d’antisémitisme.

Nous n’étions pas même en sécurité aux Etats-Unis, pays où sévissait en permanence un antisémitisme sous-jacent et qui n’était pas à l’abri d’une bouffée de violence occasionnelle chez les gangs de rue les plus frustes. Là aussi existait une certaine attirance pour le nazisme. Ne parlons pas du German-American Bund, cette antenne déclarée des nazis, mais on a pu entendre des individus comme le père Charles Coughlin, ou encore Charles Lindbergh, exprimer ouvertement des opinions antisémites. Sans parler des mouvements fascisants autochtones qui se rassemblaient autour de la bannière de l’antisémitisme.

Comment les juifs américains ont-ils pu supporter cette pression ? Comment n’ont-ils pas cédé sous son poids ? La plupart, je présume, ont simplement appliqué la stratégie du « déni », du refus de voir les choses en face. Ils se sont efforcés de ne pas y penser et ont fait de leur mieux pour continuer à vivre comme avant. Et dans une large mesure, c’est ce que j’ai fait moi aussi. On n’avait pas le choix. (Les juifs d’Allemagne se sont comportés de la même manière jusqu’à ce que l’orage éclate et qu’il soit trop tard.) En outre, j’avais trop foi en mon pays, les Etats-Unis d’Amérique, pour croire qu’il pourrait suivre un jour l’exemple allemand.

Il est un fait que les outrances d’Hitler, non seulement dans le racisme mais aussi dans le nationalisme va-t-en-guerre, ajoutées à une paranoïa galopante de plus en plus manifeste, suscitaient le dégoût et la colère chez un nombre non négligeable d’Américains. Le gouvernement des Etats-Unis avait beau se montrer globalement réservé sur le sort funeste des juifs d’Europe, les citoyens étaient de plus en plus opposés à Hitler. C’est du moins ce qu’il me semblait, et j’y trouvais quelque réconfort.

J’essayais par ailleurs de ne pas me laisser désagréablement obnubiler par le sentiment que l’antisémitisme était le problème mondial majeur. Autour de moi, beaucoup de Juifs divisaient la population de la terre en deux camps : les Juifs et les autres, point final. Nombreux étaient ceux qui ne prenaient en compte aucun autre problème que l’antisémitisme, quels que soient le lieu et l’époque.

Pour moi, il était évident que le préjugé était au contraire un phénomène universel, et que toutes les minorités, tous les groupes qui n’occupaient pas le sommet de l’échelle sociale devenaient par là même des victimes potentielles. Dans l’Europe des années 30, ce sont les Juifs qui en ont pâti de manière spectaculaire, mais aux Etats-Unis, ce n’étaient pas eux les plus mal traités. Chez nous, quiconque ne se fermait pas délibérément les yeux voyait bien que c’étaient les Afro-Américains. Pendant deux siècles, ils avaient été réduits en esclavage. Puis on avait théoriquement mis fin à cet état de fait, mais un peu partout, ils n’avaient accédé qu’au statut de quasi- esclaves : on les avait privés de leurs droits les plus fondamentaux, traités par le mépris et délibérément exclus de ce qu’il est convenu d’appeler le « rêve américain ».

Quoique juif, et pauvre de surcroît, j’ai pu bénéficier du système éducatif américain dans ce qu’il a de meilleur et fréquenter une de ses meilleures universités ; je me demandais, à l’époque, combien d’Afro-Américains se verraient offrir la même chance. Dénoncer l’antisémitisme sans dénoncer la cruauté humaine en général, voilà qui me tourmentait en permanence. L’aveuglement général est tel que j’ai entendu des Juifs se désoler sans retenue devant le phénomène de l’antisémitisme pour aborder sans se démonter la question afro-américaine et en parler en petits Hitler. Si je le leur faisais remarquer en protestant énergiquement, ils se retournaient contre moi. Ils ne se rendaient pas du tout compte de ce qu’ils faisaient.

J’ai entendu une fois une dame tenir des propos enflammés sur les gentils qui n’avaient rien fait pour sauver les Juifs d’Europe. « On ne peut pas leur faire confiance », affirmait- elle.

J’ai laissé passer un temps, puis je lui ai subitement demandé : « Et vous, qu’est-ce que vous faites pour aider les Noirs à obtenir leurs droits civiques ?

— Ecoutez, m’a-t-elle rétorqué. J’ai assez avec mes propres problèmes. »

Et moi : « C’est exactement ce que se sont dit les gentils d’Europe. » J’ai lu une totale incompréhension dans son regard. Elle ne voyait pas où je voulais en venir. Qu’y faire ? Le monde entier semble brandir en permanence une bannière clamant : « Liberté !… mais pas pour les autres. »

Je me suis publiquement exprimé là-dessus une seule fois, dans des circonstances délicates. C’était en mai 1977. J’étais convié à une table ronde en compagnie notamment d’Elie Wiesel, qui a survécu à l’Holocauste et, depuis, ne sait plus parler d’autre chose. Ce jour-là, il m’a agacé en prétendant qu’on ne pouvait pas faire confiance aux savants, aux techniciens, parce qu’ils avaient contribué à rendre possible l’Holocauste. Voilà bien une généralisation abusive ! Et précisément le genre de propos que tiennent les antisémites : « Je me méfie des Juifs, parce que jadis, des Juifs ont crucifié mon Sauveur. »

J’ai laissé les autres débattre un moment en remâchant ma rancœur puis, incapable de me contenir plus longtemps, je suis intervenu : « Monsieur Wiesel, vous faites erreur ; ce n’est pas parce qu’un groupe humain a subi d’atroces persécutions qu’il est par essence bon et innocent. Tout ce que montrent les persécutions, c’est que ce groupe était en position de faiblesse. Si les Juifs avaient été en position de force, qui sait s’ils n’auraient pas pris la place des persécuteurs ? »

A quoi Wiesel m’a répliqué, très emporté : « Citez-moi un seul cas où des Juifs auraient persécuté qui que ce soit ! »

Naturellement, je m’y attendais. « Au temps des Macchabées, au IIe siècle av. J.-C., Jean Hyrcan de Judée a conquis Edom et donné à choisir aux Edomites entre la conversion au judaïsme et l’épée. N’étant pas idiots, les Edomites se sont convertis, mais par la suite, on les a quand même traités en inférieurs, car s’ils étaient devenus des Juifs, ils n’en restaient pas moins des Edomites. »

Et Wiesel, encore plus énervé : « Il n’y a pas d’autre exemple. »

— C’est qu’il n’y a pas d’autre période dans l’histoire où les Juifs aient exercé le pouvoir, ai-je répondu. La seule fois où ils l’ont eu, ils ont fait comme les autres. »

Ce qui mit fin à la discussion. J’ajoute cependant que l’auditoire était totalement acquis à Elie Wiesel.

J’aurais pu aller plus loin. Faire allusion au sort réservé par les Israélites aux Cananéens au temps de David et de Salomon, par exemple. Et si j’avais pu prédire l’avenir, j’aurais évoqué ce qui se passe en Israël aujourd’hui. Les Juifs d’Amérique auraient une vision plus claire de la situation s’ils se représentaient un renversement des rôles : les Palestiniens gouvernant le pays et les Juifs les bombardant de pierres avec l’énergie du désespoir.

J’ai eu le même type de querelle avec Avram Davidson, brillant auteur de science-fiction qui, naturellement, est juif, et a été, du moins à une époque, ostensiblement orthodoxe. J’avais consacré un essai au Livre de Ruth, où je voyais un appel à la tolérance par opposition aux édits du cruel scribe Ezra, qui incitait les Juifs à « répudier » leurs épouses étrangères. Ruth était une Moabite, peuple haï des juifs s’il en est ; pourtant, elle est dépeinte dans l’Ancien Testament sous les traits d’une femme modèle ; en outre, elle compte parmi les ancêtres de David. Avram Davidson a pris ombrage de mon sous-entendu (les Juifs présentés comme intolérants) et j’ai eu droit à une lettre fort sarcastique dans laquelle il me demandait lui aussi si les Juifs s’étaient jamais livrés à des persécutions. Je lui ai répondu notamment : « Avram, vous et moi vivons dans un pays à 95 % non juif et cela ne nous pose pas de problème particulier. En revanche, qu’adviendrait-il de nous si nous étions des gentils habitant un pays à 95 % juif orthodoxe ? »

Je n’ai jamais reçu de réponse.

A l’heure où j’écris, on assiste à un afflux de Juifs ex-soviétiques en Israël. S’ils fuient leur pays, c’est bien parce qu’ils redoutent des persécutions de nature religieuse. Pourtant, dès qu’ils posent le pied sur le sol d’Israël, ils se muent en sionistes extrémistes impitoyables à l’égard des Palestiniens. Ils passent en un clin d’œil du statut de persécutés à celui de persécuteurs.

Cela dit, les Juifs ne sont pas les seuls dans ce cas. Si je suis sensible à ce problème particulier, c’est parce que je suis juif moi-même. En réalité, là encore le phénomène est universel. Au temps où Rome persécutait les premiers chrétiens, ceux-ci plaidaient pour la tolérance. Mais quand le christianisme l’a emporté, est-ce la tolérance qui a régné ? Jamais de la vie. Au contraire, les persécutions ont aussitôt repris dans l’autre sens. Prenez les Bulgares, qui réclamaient la liberté à leur régime dictatorial et qui, une fois qu’ils l’ont eue, s’en sont servis pour agresser leur minorité turque. Ou le peuple d’Azerbaïdjan, qui a exigé de l’Union soviétique une liberté dont il était privé par le pouvoir central pour s’en prendre aussitôt à la minorité arménienne.

La Bible enseigne que les victimes de persécutions ne doivent en aucun cas devenir à leur tour des persécuteurs : « Vous n’attristerez et vous n’affligerez pas l’étranger, parce que vous avez été étrangers vous-mêmes dans le pays d’Egypte » (Exode 22 : 21). Mais qui obéit à cet enseignement ? Personnellement, chaque fois que je tente de le répandre, je m’attire des regards hostiles et je me rends impopulaire.

Isaac Asimov, Moi, Asimov, traduit de l’américain par Hélène Collon, Folio Science Fiction, Paris, 1996 [1994]

Voir aussi:

Elie Wiesel. Les réactions après l’annonce de son décès
Ouest France

03/07/2016

Voici les premières réactions politiques et de la société civile à la mort samedi à New York de l’écrivain Elie Wiesel, prix Nobel de la paix et rescapé de la Shoah.

– Barack Obama, président des Etats-Unis, a salué la mémoire d’un « ami », « de l’une des grandes voix morales de notre temps, et à bien des égards, la conscience du monde ». M. Wiesel ne se battait pas uniquement contre l’antisémitisme, a rappelé le locataire de la Maison blanche, soulignant son engagement contre la haine, la bigoterie et l’intolérance sous toutes ses formes.

-Benyamin Nétanyahou, premier ministre israélien, a salué sa mémoire, faisant valoir qu’il était un « rayon de lumière et un exemple d’humanité croyant en la bonté de l’homme ». « L’Etat d’Israël et le peuple juif pleurent avec amertume la mort d’Elie Wiesel », a dit M. Nétanyahou.
En France
– Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères: « l’humanité perd un grand témoin de l’holocauste, un infatigable combattant de la mémoire et un prodigieux homme de lettres de langue française ». « Notre devoir est de faire vivre son message, qui lui avait valu le prix Nobel de la Paix, et les valeurs qu’il incarnait » (communiqué).

– Bernard Cazeneuve, ministre français de l’Intérieur, salue « la mémoire de cet homme exceptionnel, qui fut un immense écrivain, luttant par son oeuvre contre les forces de l’oubli et de l’indifférence, mais aussi un militant inlassable des droits de l’homme, appelant l’attention de l’opinion mondiale sur les individus et sur les peuples victimes de persécutions ». « Le monde perd un témoin de l’univers concentrationnaire, l’une des grandes voix qui ont contribué à révéler au monde l’horreur singulière de la Shoah et à en perpétuer la mémoire » (communiqué).

– Audrey Azoulay, ministre de la Culture, rend hommage à un « soldat de la paix ». Cet « homme au regard si doux, avait connu le pire de ce que l’humanité peut produire, mais avait fait de sa vie une victoire. Il avait gardé confiance en l’homme, défendu ses droits dans les tribunes internationales comme ses livres ». (communiqué)

– Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France): « Elie Wiesel était une figure emblématique de la mémoire de la Shoah et de la souffrance des Juifs. Toute sa vie, il fut un intellectuel engagé ». « Pour le Crif, il fut un résistant à l’oubli et un militant de la mémoire. C’est un phare pour l’humanité qui disparaît. »

– Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes: « Avec la disparition d’un infatigable et admirable témoin, il nous reste la force du témoignage de paix, par l’un de ceux qui ont été confrontés à l’horreur absolue ». Sa « lutte contre l’indifférence, l’intolérance et l’injustice a aujourd’hui force d’exemple » (communiqué).

– Anne Hidalgo, maire de Paris: « De l’importance du devoir de mémoire. « Celui qui ne connaît pas l’Histoire est condamné à la revivre », disait Elie Wiesel. N’oublions jamais ».

– Jack Lang, ancien ministre de la Culture: « C’était d’abord un ami fidèle auquel me liait des liens étroits d’affection. Il fut aussi indéfectiblement attaché à la personne de François Mitterrand dont il a suivi l’action en permanence. Elie Wiesel était l’élégance même, la grandeur, la générosité. Les horribles souffrances que la vie lui a infligées ont fait grandir en lui sa profonde humanité. Immense écrivain, il a su admirablement exprimer la densité de l’âme humaine. Son amour de la France le portait à écrire dans la langue française qu’il savourait avec passion. Elie, ce cher et grand Elie, appartient au Panthéon des hommes de lumière » (communiqué).

– Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale: « Grande tristesse, Elie Wiesel nous a quittés. Une conscience universelle disparaît dont la voix ne s’éteindra jamais » (tweet)

– Gérard Larcher, président (LR) du Sénat: « E. #Wiesel restera cet infatigable militant au service de la paix et des Droits de l’Homme » (tweet)

– François Fillon, ancien Premier ministre: « c’est une voix de paix qui s’éteint. Une mémoire, une conscience, un grand écrivain. N’oublions jamais ». (tweet)

– Christiane Taubira, ancienne ministre: « #ElieWiesel, ou la défaite de l’horreur absolue : un esprit lumineux invaincu, une conscience vigilante au monde » (tweet)

– Nathalie Kosciusko-Morizet, députée LR et chef de file de la droite parisienne: « Elie Wiesel, rescapé de la Shoah, intellectuel brillant, humaniste engagé. C’est une conscience qui nous quitte. Son combat reste le nôtre ». (tweet)

Voir également:

‘L’hommage’ acerbe de Claude Lanzmann à Elie Wiesel
Au micro de France Inter, le réalisateur juif français a fortement critiqué l’écrivain et prix Nobel de la Paix
Times of Israel

6 juillet 2016

Les hommages à Elie Wiesel, prix Nobel de la Paix et survivant de la Shoah, décédé le 2 juillet dernier, se succèdent, mais certains sont plus critiques que d’autres.

Des militants pro-palestiniens ont ainsi reproché à l’écrivain son soutien public de Benjamin Netanyahu et de l’Etat d’Israël, allant jusqu’à le traiter « d’escroc » sur Twitter et d’allié du « nettoyage ethnique du peuple palestinien ».

Un journaliste américain a écrit que Wiesel ne méritait aucun honneur, et qu’il était « passé de victime de crimes de guerre à soutien de ceux qui en commettent. Il a fait plus de mal que de bien, et ne devrait pas être honoré. »

En France, et dans une moindre dimension, la critique est notamment venue de Claude Lanzmann qui s’est exprimé au micro de France Inter dimanche matin. selon lui, l’écrivain juif américain tenait beaucoup, voire trop, à son statut d’icône de la Shoah : « la Shoah, c’était, pensait-il, son domaine à lui, et moi je n’étais pas survivant d’un camp », a déclaré le réalisateur de « Shoah » – qui, ironiquement, a souvent été accusé d’effectuer un monopole sur le récit de la Shoah.

Le cinéaste explique qu’il avait en effet rencontré Wiesel dans les années 70, souhaitant centrer son film magistral autour du philosophe, mais que sa réaction à l’annonce du projet lui avait donné l’impression d’avoir commis « un crime de lèse-majesté ».

C’est donc une voix discordante, qui « n’est pas fanatique d’Elie Wiesel », qui s’élève à France Inter, face à Laetitia Gayet, qui tente tant bien que mal de garder l’interview sur les rails.

Car Claude Lanzmann, âgé de 90 ans, continue et critique le statut même de Wiesel comme survivant d’Auschwitz : « Elie Wiesel a passé à Auschwitz, en tout et pour tout, trois ou quatre nuits et jours. Le reste du temps, il était à Buchenwald, il n’était pas à Auschwitz ».

Comme le note le Nouvel Obs, dans une fine analyse de l’interview, « [Lanzmann] affirme avoir lu ça dans « Etre sans destin » du Hongrois Imre Kertész, prix Nobel de littérature et survivant des camps, qu’il considère comme ‘un témoin fiable’.

Il n’en fallait pas plus pour agiter la presse française : pendant que le Point titre « Lanzmann règle ses comptes avec Elie Wiesel », les sites antisémites s’en donnent à cœur joie et utilisent les propos de Lanzmann – qui s’est probablement trompé, comme l’explique le journaliste de l’Obs – pour nier le calvaire enduré par les survivants de la Shoah.

Et l’Obs de conclure, très justement, « l’hostilité que Lanzmann essuie depuis dimanche pour son refus bourru de « rendre hommage » illustre tragiquement notre incapacité à être sereins face à la mémoire du génocide ».

Voir encore:

Après sa mort, Wiesel est critiqué pour son soutien à Israël
Des activistes pro-palestiniens crient au scandale après les éloges sur le défenseur des droits de l’Homme
Times of Israel
3 juillet 2016

La mort du survivant de l’Holocauste et prix Nobel de la Paix Elie Wiesel, 87 ans, était largement déplorée dimanche, mais certains critiques d’Israël et militants pro-palestiniens se sont concentrés sur le soutien ardent de Wiesel au sionisme, disant que son soutien à l’Etat juif a terni sa réputation de défenseur des droits de l’Homme.

Wiesel était un soutien public du Premier ministre de droite Benjamin Netanyahu, qui est très impopulaire parmi les Palestiniens.

Le leader juif et auteur prolifique a aussi ouvertement reproché à son ami, le président américain Barack Obama, d’appeler à la fin de la construction dans les implantations, et de négocier un accord nucléaire levant les sanctions avec l’Iran. La position de Wiesel sur ces sujets a été critiquée, même par ses admirateurs de longue date.

« Eli [sic] Wiesel soutenait les droits de l’Homme pour tous sauf les Palestiniens, où il défendait plus de politiques israéliennes contre notre peuple », a écrit sur Twitter Xavier Abu Eid, conseiller en communications du département de négociations de l’OLP [Organisation de libération de la Palestine].

Après avoir survécu à l’Holocauste, Wiesel, romancier et militant, est devenu célèbre, l’un des témoins principaux de l’Holocauste et un homme qui a non seulement documenté les horreurs du passé mais aussi cherché à empêcher de futures tragédies en se battant pour els droits de l’Homme.

« En tant qu’écrivain, qu’orateur, que militant, et en tant qu’intellectuel, il était l’une de ces personnes qui ont changé le monde en tant que citoyen du monde, plus que ceux qui ont des mandats et des postes traditionnels de pouvoir. Sa vie, et la puissance de son exemple, nous appelle à faire mieux », a déclaré Obama samedi soir.

Pendant plus d’un demi-siècle, Wiesel a exprimé ses croyances passionnées aux dirigeants mondiaux, aux célébrités et à des publics généraux au nom des victimes de violence et d’oppression. Il a écrit 57 livres, mais son roman le plus influant est de loin La nuit, un classique rangé aux côtés du Journal d’Anne Frank dans les lectures classiques sur l’Holocauste.

Mais pour certains militants pro-palestiniens, son soutien à Israël l’a emporté sur le reste de son héritage.

« Les Palestiniens se rappelleront d’Elie Wiesel pour son racisme et sa propagande aux services de leurs oppresseurs, nettoyeurs ethniques et tueurs », a écrit Ali Abuminah, cofondateur du blog palestinien Electronic Intifada.

Abbas Hamideh, cofondateur d’Al-Awda, une association qui vise à permettre aux réfugiés palestiniens de la guerre d’indépendance israélienne de 1948 à revenir sur leurs anciennes terres, a déclaré que Wiesel était un « escroc ».

« Elie Wiesel était un escroc qui a menti sur son expérience et soutenu le nettoyage ethnique du peuple palestinien dans le processus. Rien d’honorable », a-t-il écrit.

Certaines personnalités médiatiques internationales ont aussi utilisé Twitter pour critiquer les hommages mondiaux unanimes au militant des droits de l’Hommes récemment décédé.

Reza Aslan, auteur irano-américain et chercheur en religion qui apparait souvent dans les médias américains, a déclaré que la promesse de Wiesel de ne jamais être en paix devant la souffrance d’un être humain était un mensonge.

Mehdi Hassan, présentateur de télévision et journaliste pour Al Jazeera, a suggéré que les fortes louanges de Wiesel étaient sans fondement étant donné sa position envers les Palestiniens.

« Pauvres vieux Palestiniens, le seul peuple dont vous pouvez ignorer/compromettre les droits et être toujours appelé un défenseur des droits de l’Hommes quand vous mourrez », a écrit Hassan.

Dans un autre tweet, le journaliste d’Al-Jazeera a essayé de clarifier son opinion, écrivant que « pour être clair, il est possible d’apprécier le combat de Wiesel, son héritage et sa littérature tout en étant repoussé par son soutien aux colons. »

Max Blumenthal, journaliste, militant, et fils de Sidney Blumenthal, conseiller de longue date de la candidate à la présidentielle américaine Hillary Clinton, a affirmé que Wiesel ne méritait aucun honneur.

« Elie Wiesel est passé de victime de crimes de guerre à soutien de ceux qui en commettent. Il a fait plus de mal que de bien, et ne devrait pas être honoré. »

Un important diplomate arabe a cependant publiquement rendu hommage à Wiesel sans mentionner les Palestiniens.

Khalid Bin Ahmad, ministre des Affaires étrangères de Bahreïn depuis 2005, a écrit, « Repose en paix #ElieWiesel. Ton noble héritage survivra. »

La chancelière allemande Angela Merkel a estimé qu’avec la mort « de l’une des personnalités les plus marquantes du siècle passé », « une voix de la morale et de l’humanité s’était (s’est) tue ».

« Elie Wiesel nous a tendu la main à nous, les Allemands et a travaillé avec nous inlassablement pour rendre possible un monde meilleur », a-t-elle insisté.

Voir de plus:

Face à Elie Wiesel : Claude Lanzmann, Jean Robin et Isaac Asimov sonnent la charge !
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Agoravox
5 juillet 2016

Elie Wiesel est décédé le 2 juillet 2016. Rescapé de la Shoah, il constituait une figure d’autorité très respectée : Grand-croix de la Légion d’honneur et commandeur de l’ordre de l’Empire britannique, ayant reçu aux États-Unis la médaille d’or du Congrès et la médaille présidentielle de la Liberté, fait docteur honoris causa par plus de cent universités parmi lesquelles Harvard, Yale, Stanford, Cambridge, Princeton, Columbia, l’École normale supérieure, Oxford, la Sorbonne et l’université hébraïque de Jérusalem, il reçoit le Prix Nobel de la paix en 1986. Son livre La Nuit est resté sur la liste des meilleures ventes du New York Times pendant neuf semaines d’affilée, un record inégalé pour un livre de non-fiction.

Le personnage faisait pourtant polémique, comme en témoignent plusieurs réactions fracassantes émises ou exhumées ces derniers jours.

Lanzmann règle ses compte avec Wiesel

Invité de France Inter dimanche 3 juillet peu avant 8 heures, Claude Lanzmann, le réalisateur de Shoah, reproche d’abord au Prix Nobel de ne pas lui avoir réservé un bon accueil lorsqu’il lui a annoncé à New York qu’il allait préparer le film. «  L’idée que je réalise Shoah le rendait fou. Je crois que l’explication est simple. La Shoah était, pensait-il, son domaine à lui et moi, je n’étais pas survivant d’un camp », explique Lanzmann.

Plus tard, il dresse Imre Kertész, Prix Nobel de littérature, contre Wiesel en lisant un extrait d’un de ses ouvrages : « Imre Kertész, dans “Être sans destin”, dit ceci : Elie Wiesel a passé à Auschwitz en tout et pour tout trois ou quatre nuits et jours, le reste du temps il était à Buchenwald. Il n’était pas à Auschwitz. […] C’est un témoin fiable, Imre Kertész. »

L’interview de près de 8 minutes, donné à France Inter, n’était plus disponible ce mardi matin sur le site de la radio, qui semble avoir choisi la voie de la censure, mais quelques blogueurs l’ont néanmoins conservée. Le Point (qui a récupéré l’enregistrement) propose ainsi à ses lecteurs de l’écouter in extenso :

Une enquête explosive mais très controversée

Autre réaction, celle de l’inénarrable Jean Robin, écrivain, journaliste et éditeur exilé en Polynésie suite à un appel de son Seigneur Jésus Christ. Celui-ci prétend avoir démontré « que Wiesel n’a jamais mis les pieds à Auschwitz de sa vie« , et donc que « Lanzmann ment et va jusqu’au maximum de ce qu’il peut aller sans accuser Wiesel d’être un faux déporté« .

Ses accusations, étayées par plusieurs articles, sont terribles :

« Elie Wiesel, qui a menti sur son identité, son tatouage à Auschwitz qu’il n’avait pas, et sa détention imaginaire à Buchenwald, comme nous l’avons prouvé, vient de mourir. Tous les médias vont faire l’éloge d’un faussaire de l’histoire, dont les mensonges ont permis aux négationnistes de mettre en doute la Shoah elle-même. »

Jean Robin a bien conscience qu’il marche sur des oeufs : Wiesel « étant devenu un demi-dieu, il est désormais interdit de le critiquer, sous peine d’accusation en négationnisme, antisémitisme, nazisme, etc. » Le bougre, repris par le site de son ennemi juré, Alain Soral (qui ne manque pas une information pouvant aller dans le sens du révisionnisme, si ce n’est du négationnisme), n’a pas tardé à en faire les frais, comme il nous le confie sur son site :

« Je viens d’ailleurs d’en faire les frais en me faisant virer sans notification et après maintes insultes du groupe des amis de Guy Millière, dont je suis quand même l’éditeur de 3 livres. »

Selon l’écrivain Michaël de Saint-Cheron, Elie Wiesel est aujourd’hui critiqué par des « personnes inqualifiables qui cherchent non pas à salir mais à démolir la statue morale » qu’il incarne. Il mentionne l’Américaine Carolyn Yeager et le juif hongrois Miklos Grüner. Ce dernier, rescapé d’Auschwitz, accuse Wiesel d’avoir « usurpé le numéro matricule A-7713 d’un certain Lazar Wiesel et [de s’être] approprié le récit de ce dernier sur son passage à Auschwitz ». Cette thèse se trouve soutenue par des négationnistes, ainsi que par Jean Robin, qui aurait reçu des archives du Musée national Auschwitz-Birkenau un courriel selon lequel le déporté immatriculé A-7713 était nommé Lazar Wiesel et avait pour année de naissance 1913 (alors qu’Elie Wiesel est né en 1928). Michaël de Saint-Cheron met en question la fiabilité de ces archives, soutient que Wiesel a progressivement changé l’orthographe de son prénom (Lazar étant le diminutif yiddish d’Eliezer), et affirme avoir vu par lui-même son tatouage.

On espère que des journalistes contre-enquêteront sur l’enquête de Robin. Si ce dernier prétend que ce sont les supposés « mensonges » de Wiesel qui feraient le jeu des négationnistes, d’autres l’accusent désormais de faire, lui, le jeu des négationnistes.

La sagesse d’Isaac Asimov : les persécutés deviennent les persécuteurs… lorsqu’ils sont les plus forts

Le troisième témoignage, plus apaisé et profond, est post-mortem, et nous le devons à Jean Bricmont, qui l’a publié dès le 3 juillet sur sa page Facebook. Il est signé Isaac Asimov.

Né en 1920 à Petrovitchi, en Russie, et mort en 1992 à New York, Asimov est l’un des plus grands auteurs de science-fiction. Il est notamment le père du cycle Fondation et du cycle des Robots. Il a écrit une autobiographie, Moi, Asimov, parue chez Denoël en 1996. Il y évoque notamment ses origines juives et la polémique qui l’opposa en 1977 à Elie Wiesel (le passage qui suit a été publié en 2010 par Le Monde diplomatique) :

Mon père était fier de dire qu’il n’y avait jamais eu de pogrom dans sa petite ville natale, où juifs et gentils cohabitaient sans problème. En fait, lui-même avait pour ami un fils de gentils à qui il donnait un coup de main pour ses devoirs du soir. Après la Révolution [de 1917], il s’avéra que l’ami d’enfance était devenu fonctionnaire local du Parti ; à son tour, il aida mon père à réunir les papiers nécessaires pour émigrer aux Etats-Unis. Ce détail a son importance, car j’ai souvent lu sous la plume de romantiques échevelés que ma famille avait fui la Russie pour échapper aux persécutions. D’après eux, c’est tout juste si, pour quitter le pays, nous n’avions pas traversé le Dniepr en sautant de bloc de glace en bloc de glace, avec sur les talons une meute de chiens assoiffés de sang et la totalité de l’Armée rouge.

Evidemment, il n’en est rien. Nous n’avons nullement été persécutés, et c’est en toute légalité que nous sommes partis de chez nous, sans plus de tracasseries administratives qu’on ne peut en attendre de la bureaucratie en général, et de la nôtre en particulier. Tant pis si c’est une déception.

Je n’ai pas non plus d’histoires horribles à raconter sur ma vie aux Etats-Unis. Littéralement, je n’ai jamais eu à souffrir d’être juif ; je veux dire qu’on ne m’a ni frappé ni maltraité de quelque façon que ce soit. En revanche, j’ai été maintes fois provoqué, ouvertement par les jeunes butors, plus subtilement par les gens instruits. Mais j’acceptais ; pour moi, ces choses faisaient inévitablement partie d’un univers que je ne pouvais changer.

Je savais aussi que de vastes secteurs de la société américaine me resteraient fermés parce que j’étais juif, mais qu’il en allait ainsi dans toutes les sociétés chrétiennes, et cela depuis deux mille ans ; là encore, cela faisait partie des choses de la vie. Difficile à supporter en revanche fut le sentiment d’insécurité permanente, et parfois même de terreur, face à ce qui se passait dans le monde. Je veux parler ici des années 30 et de l’ascension d’Hitler, avec sa folie antisémite toujours plus féroce et toujours plus meurtrière.

Nul Juif américain ne pouvait ignorer alors que, d’abord en Allemagne, puis en Autriche, les Juifs étaient constamment humiliés, maltraités, emprisonnés, torturés et assassinés simplement parce qu’ils étaient juifs. Nous ne pouvions fermer les yeux sur le fait que des partis « naziisants » voyaient le jour dans d’autres régions d’Europe en faisant de l’antisémitisme leur maître mot. Même la France et la Grande-Bretagne furent touchées ; toutes deux virent l’émergence d’un parti de type fasciste, et toutes deux avaient déjà un lourd passé en matière d’antisémitisme.

Nous n’étions pas même en sécurité aux Etats-Unis, pays où sévissait en permanence un antisémitisme sous-jacent et qui n’était pas à l’abri d’une bouffée de violence occasionnelle chez les gangs de rue les plus frustes. Là aussi existait une certaine attirance pour le nazisme. Ne parlons pas du German-American Bund, cette antenne déclarée des nazis, mais on a pu entendre des individus comme le père Charles Coughlin, ou encore Charles Lindbergh, exprimer ouvertement des opinions antisémites. Sans parler des mouvements fascisants autochtones qui se rassemblaient autour de la bannière de l’antisémitisme.

Comment les juifs américains ont-ils pu supporter cette pression ? Comment n’ont-ils pas cédé sous son poids ? La plupart, je présume, ont simplement appliqué la stratégie du « déni », du refus de voir les choses en face. Ils se sont efforcés de ne pas y penser et ont fait de leur mieux pour continuer à vivre comme avant. Et dans une large mesure, c’est ce que j’ai fait moi aussi. On n’avait pas le choix. (Les juifs d’Allemagne se sont comportés de la même manière jusqu’à ce que l’orage éclate et qu’il soit trop tard.) En outre, j’avais trop foi en mon pays, les Etats-Unis d’Amérique, pour croire qu’il pourrait suivre un jour l’exemple allemand.

Il est un fait que les outrances d’Hitler, non seulement dans le racisme mais aussi dans le nationalisme va-t-en-guerre, ajoutées à une paranoïa galopante de plus en plus manifeste, suscitaient le dégoût et la colère chez un nombre non négligeable d’Américains. Le gouvernement des Etats-Unis avait beau se montrer globalement réservé sur le sort funeste des juifs d’Europe, les citoyens étaient de plus en plus opposés à Hitler. C’est du moins ce qu’il me semblait, et j’y trouvais quelque réconfort.

J’essayais par ailleurs de ne pas me laisser désagréablement obnubiler par le sentiment que l’antisémitisme était le problème mondial majeur. Autour de moi, beaucoup de Juifs divisaient la population de la terre en deux camps : les Juifs et les autres, point final. Nombreux étaient ceux qui ne prenaient en compte aucun autre problème que l’antisémitisme, quels que soient le lieu et l’époque.

Pour moi, il était évident que le préjugé était au contraire un phénomène universel, et que toutes les minorités, tous les groupes qui n’occupaient pas le sommet de l’échelle sociale devenaient par là même des victimes potentielles. Dans l’Europe des années 30, ce sont les Juifs qui en ont pâti de manière spectaculaire, mais aux Etats-Unis, ce n’étaient pas eux les plus mal traités. Chez nous, quiconque ne se fermait pas délibérément les yeux voyait bien que c’étaient les Afro-Américains. Pendant deux siècles, ils avaient été réduits en esclavage. Puis on avait théoriquement mis fin à cet état de fait, mais un peu partout, ils n’avaient accédé qu’au statut de quasi-esclaves : on les avait privés de leurs droits les plus fondamentaux, traités par le mépris et délibérément exclus de ce qu’il est convenu d’appeler le « rêve américain ».

Quoique juif, et pauvre de surcroît, j’ai pu bénéficier du système éducatif américain dans ce qu’il a de meilleur et fréquenter une de ses meilleures universités ; je me demandais, à l’époque, combien d’Afro-Américains se verraient offrir la même chance. Dénoncer l’antisémitisme sans dénoncer la cruauté humaine en général, voilà qui me tourmentait en permanence. L’aveuglement général est tel que j’ai entendu des Juifs se désoler sans retenue devant le phénomène de l’antisémitisme pour aborder sans se démonter la question afro-américaine et en parler en petits Hitler. Si je le leur faisais remarquer en protestant énergiquement, ils se retournaient contre moi. Ils ne se rendaient pas du tout compte de ce qu’ils faisaient.

J’ai entendu une fois une dame tenir des propos enflammés sur les gentils qui n’avaient rien fait pour sauver les Juifs d’Europe. « On ne peut pas leur faire confiance », affirmait-elle.

J’ai laissé passer un temps, puis je lui ai subitement demandé : « Et vous, qu’est-ce que vous faites pour aider les Noirs à obtenir leurs droits civiques ?

— Ecoutez, m’a-t-elle rétorqué. J’ai assez avec mes propres problèmes. »

Et moi : « C’est exactement ce que se sont dit les gentils d’Europe. » J’ai lu une totale incompréhension dans son regard. Elle ne voyait pas où je voulais en venir. Qu’y faire ? Le monde entier semble brandir en permanence une bannière clamant : « Liberté !… mais pas pour les autres.  »

Je me suis publiquement exprimé là-dessus une seule fois, dans des circonstances délicates. C’était en mai 1977. J’étais convié à une table ronde en compagnie notamment d’Elie Wiesel, qui a survécu à l’Holocauste et, depuis, ne sait plus parler d’autre chose. Ce jour-là, il m’a agacé en prétendant qu’on ne pouvait pas faire confiance aux savants, aux techniciens, parce qu’ils avaient contribué à rendre possible l’Holocauste. Voilà bien une généralisation abusive ! Et précisément le genre de propos que tiennent les antisémites : « Je me méfie des Juifs, parce que jadis, des Juifs ont crucifié mon Sauveur. »

J’ai laissé les autres débattre un moment en remâchant ma rancœur puis, incapable de me contenir plus longtemps, je suis intervenu : « Monsieur Wiesel, vous faites erreur ; ce n’est pas parce qu’un groupe humain a subi d’atroces persécutions qu’il est par essence bon et innocent. Tout ce que montrent les persécutions, c’est que ce groupe était en position de faiblesse. Si les Juifs avaient été en position de force, qui sait s’ils n’auraient pas pris la place des persécuteurs ? »

A quoi Wiesel m’a répliqué, très emporté : « Citez-moi un seul cas où des Juifs auraient persécuté qui que ce soit !  »

Naturellement, je m’y attendais. « Au temps des Macchabées, au IIe siècle av. J.-C., Jean Hyrcan de Judée a conquis Edom et donné à choisir aux Edomites entre la conversion au judaïsme et l’épée. N’étant pas idiots, les Edomites se sont convertis, mais par la suite, on les a quand même traités en inférieurs, car s’ils étaient devenus des Juifs, ils n’en restaient pas moins des Edomites. »

Et Wiesel, encore plus énervé : « Il n’y a pas d’autre exemple. »

— C’est qu’il n’y a pas d’autre période dans l’histoire où les Juifs aient exercé le pouvoir, ai-je répondu. La seule fois où ils l’ont eu, ils ont fait comme les autres. »

Ce qui mit fin à la discussion. J’ajoute cependant que l’auditoire était totalement acquis à Elie Wiesel.

J’aurais pu aller plus loin. Faire allusion au sort réservé par les Israélites aux Cananéens au temps de David et de Salomon, par exemple. Et si j’avais pu prédire l’avenir, j’aurais évoqué ce qui se passe en Israël aujourd’hui. Les Juifs d’Amérique auraient une vision plus claire de la situation s’ils se représentaient un renversement des rôles : les Palestiniens gouvernant le pays et les Juifs les bombardant de pierres avec l’énergie du désespoir.

J’ai eu le même type de querelle avec Avram Davidson, brillant auteur de science-fiction qui, naturellement, est juif, et a été, du moins à une époque, ostensiblement orthodoxe. J’avais consacré un essai au Livre de Ruth, où je voyais un appel à la tolérance par opposition aux édits du cruel scribe Ezra, qui incitait les Juifs à « répudier » leurs épouses étrangères. Ruth était une Moabite, peuple haï des juifs s’il en est ; pourtant, elle est dépeinte dans l’Ancien Testament sous les traits d’une femme modèle ; en outre, elle compte parmi les ancêtres de David. Avram Davidson a pris ombrage de mon sous-entendu (les Juifs présentés comme intolérants) et j’ai eu droit à une lettre fort sarcastique dans laquelle il me demandait lui aussi si les Juifs s’étaient jamais livrés à des persécutions. Je lui ai répondu notamment : « Avram, vous et moi vivons dans un pays à 95 % non juif et cela ne nous pose pas de problème particulier. En revanche, qu’adviendrait-il de nous si nous étions des gentils habitant un pays à 95 % juif orthodoxe ?  »

Je n’ai jamais reçu de réponse.

A l’heure où j’écris, on assiste à un afflux de Juifs ex-soviétiques en Israël. S’ils fuient leur pays, c’est bien parce qu’ils redoutent des persécutions de nature religieuse. Pourtant, dès qu’ils posent le pied sur le sol d’Israël, ils se muent en sionistes extrémistes impitoyables à l’égard des Palestiniens. Ils passent en un clin d’œil du statut de persécutés à celui de persécuteurs.

Cela dit, les Juifs ne sont pas les seuls dans ce cas. Si je suis sensible à ce problème particulier, c’est parce que je suis juif moi-même. En réalité, là encore le phénomène est universel. Au temps où Rome persécutait les premiers chrétiens, ceux-ci plaidaient pour la tolérance. Mais quand le christianisme l’a emporté, est-ce la tolérance qui a régné ? Jamais de la vie. Au contraire, les persécutions ont aussitôt repris dans l’autre sens. Prenez les Bulgares, qui réclamaient la liberté à leur régime dictatorial et qui, une fois qu’ils l’ont eue, s’en sont servis pour agresser leur minorité turque. Ou le peuple d’Azerbaïdjan, qui a exigé de l’Union soviétique une liberté dont il était privé par le pouvoir central pour s’en prendre aussitôt à la minorité arménienne.

La Bible enseigne que les victimes de persécutions ne doivent en aucun cas devenir à leur tour des persécuteurs : « Vous n’attristerez et vous n’affligerez pas l’étranger, parce que vous avez été étrangers vous-mêmes dans le pays d’Egypte » (Exode 22 : 21). Mais qui obéit à cet enseignement ? Personnellement, chaque fois que je tente de le répandre, je m’attire des regards hostiles et je me rends impopulaire.

———————————–

Isaac Asimov, Moi, Asimov, traduit de l’américain par Hélène Collon, Folio Science Fiction, Paris, 1996 [1994].

Voir encore:

Quel procès pour ceux qui mettent Elie Wiesel en procès ?
Michaël de Saint-Cheron
11 mars 2013

Aujourd’hui, avec l’affaire Wiesel, c’est sa déportation qui est insidieusement remise en cause

Laisserons-nous outrepasser la simple critique intellectuelle par des personnes inqualifiables qui cherchent non pas à salir mais à démolir la statue morale d’Elie Wiesel ? Sur quel autre rescapé juif des camps a-t-on aussi gratuitement déblatéré, menti de façon éhontée, trahi la vérité historique, non pas depuis hier mais grosso-modo depuis qu’il fut lauréat du prix Nobel de la paix à Oslo en 1986 ?

Parmi les premiers à se déchaîner contre cette attribution, se trouvaient les amis de Simon Wiesenthal puis quelque Suédois me rappelait encore Elie Wiesel au téléphone cette semaine. Cette fois c’est un Juif hongrois, Miklos Grüner, dans un procès pour diffamation contre le rabbin Shlomo Köves dans lequel le cas de Wiesel fut très présent, qu’il perdit en première instance et en appel. Parmi toutes les impostures, celle de ce Miklos Grüner est l’une des plus énormes. Pour lui l’écrivain, prix Nobel, est un « imposteur qui a usurpé le numéro matricule A-7713 d’un certain Lazar Wiesel et s’est approprié le récit de ce dernier sur son passage à Auschwitz. » Tout le document sur ce procès intenté à l’écrivain par le rescapé juif hongrois, est en ligne sur un site à mouvance révisionniste, sous le titre « Affaire Elie Wiesel » ou encore sur un site intitulé « Résistance » [mais de quelle résistance parle-t-on ? sûrement pas de celle à l’infamie] avec ce titre « Elie Wiesel est-il un imposteur ? »

On se souvient que Simone Veil, ministre de la santé, défendant le projet de loi sur l’IVG (si mal appliquée et toujours si mal considérée en France, mais c’est un tout autre débat !) avait été la cible d’attaques antisémites ignobles d’opposants catholiques intégristes et/ou d’extrême-droite. « Dommage que tu n’y sois pas restée ! », lui lançaient certaines lettres infâmes et anonymes !

Aujourd’hui, avec l’affaire Wiesel, c’est sa déportation qui est simplement remise en cause, donc tout naturellement son récit La Nuit jusqu’à sa renommée morale qui lui valut son prix Nobel…

Est-il utile ou plus exactement nécessaire de répondre à autant de calomnies sans queue ni tête, quant elles ne sont guidées que par un esprit malin, quant ce n’est un esprit qui ne sait pas discerner l’immoral du moral ? On sait qu’il existe un site américain alimenté par une certaine Carolyn Yeager « Elie Wiesel cons the world » (Elie Wiesel escroque le monde), qui se consacre au « faux-témoignage du plus célèbre survivant de l’Holocauste ».

Revenons-en aux faits de cette dernière affaire, sans doute la plus ignoble de toutes celles qui se sont portées contre Wiesel depuis toutes ces décennies. On ne veut ni plus ni moins le dénantir de sa condition de survivant. Miklos Grüner, rejoint par quelques tristes individus se réclamant pour la plupart de thèses révisionnistes, pour qui tout combat de cette nature est salutaire, même les plus risibles, réfute ni plus ni moins que le numéro tatoué [« qu’Elie Wiesel dit avoir »] sur son avant bras-gauche : A-7713 (que j’ai vu de mes yeux !) est vraiment le sien… S’il n’est pas le sien, il n’est pas tatoué et ne fut pas déporté à Birkenau au printemps 1944 ! Nous sommes entre le rêve et le cauchemar. La thèse qui s’ensuit est donc qu’Elie Wiesel aurait usurpé l’identité d’un autre déporté, au nom étrangement voisin : Lazar Wiesel, qui ne porta jamais plainte pour usurpation d’identité – et pour cause… Lazar ou plus exactement Leizer, est le diminutif yiddish d’Eliezer, qu’après la guerre Wiesel simplifia en Elie. L’un des journalistes du site Enquête & Débat (mais de quelles enquêtes et de quels débats s’agit-il au fait ?), qui se dit « anti-antisémite » et entend défendre la mémoire de la Shoah, a écrit au responsable des archives du Museum d’État d’Auschwitz-Birkenau à Oświęcim, pour en avoir confirmation et le courriel reçu fait bien état d’un Lazar Wiesel né en 1913, sauf qu’Elie Wiesel est né en 1928, soit quinze plus tard.

Les archives d’Auschwitz-Birkenau sont-elles fiables ? On peut en douter à lire de pareilles informations erronées.

Après quoi il écrivit à Elie Wiesel et à son assistante à New York, leur demandant d’apporter des preuves sur sa déportation, i.e. son véritable numéro tatoué…

Un website a repris tout ce procès fou intenté à l’écrivain sous le titre « eliewieseltattoo.com ». Faut-il aller plus avant dans la dénonciation de la supercherie, de la haine qui se cachent ici derrière de faux-semblants tragiques et pathétiques ?

On arbore une photo de Wiesel son bras gauche nu et replié sans que l’on y discerne le tatouage et l’on en déduit qu’aucun numéro n’y figure. Mais ce tatouage beaucoup de gens qui ont connu ou connaissent Wiesel l’ont vu – dont je suis. Que cherchent alors à prouver ces calomniateurs ? Que la haine, dans son travail d’élaboration, a beaucoup de temps à faire perdre à ceux qui en sont devenus ni plus ni moins ses instruments aveugles.

Alors qu’il devient de plus en plus impossible de nier l’existence des chambres à gaz, il reste à s’attaquer par tous les moyens à ce qui est encore tangible. Or, parmi les dernières figures d’écrivains ou d’intellectuels survivants de l’extermination des Juifs, tels qu’Imre Kertész pourtant prix Nobel de littérature, ou Aharon Appelfeld, Wiesel reste celui qui continue à attiser les haines les plus irrationnelles et les plus farouches…

Quand on a encore à l’oreille les paroles de la sœur aînée d’Elie Wiesel, Hilda, morte voici deux ans à Nice, se souvenant de l’ultime scène sur le quai maudit de Birkenau avec sa mère lui disant  : « cours, cours dire à papa de ne pas se séparer de ton frère[1] ! », il est absolument immoral, indécent, de se poser simplement la question de la véracité du dire d’Elie Wiesel.

Il est un texte dans l’Evangile où il est dit que tous les péchés seront remis, sauf le péché contre l’Esprit ! Il faut croire que les coupables de crimes contre l’humanité et ceux qui de près ou de loin font le lit de ces abominations de la désolation, ont commis et commettent chaque jour un péché contre l’Esprit inexpiable. Ceux qui attentent aujourd’hui un tel procès à Elie Wiesel au nom d’une  mémoire qu’ils disent servir, diffament cette mémoire.
[1] Voir son témoignage dans mon livre Elie Wiesel, l’homme de la mémoire,Bayard éditions, 1998

Voir de plus:

Elie Wiesel l’imposteur et Jérusalem

Alain Gresh
Le Monde  diplomatique
18 avril 2010

Dans une publicité intitulée « For Jerusalem » et reproduite par l’International Herald Tribune (16 avril 2010), Elie Wiesel, prix Nobel de la paix, réaffirme son inquiétude. Ce texte affirme hautement que « Jérusalem est au-dessus de la politique ». Ce qui, pour l’auteur, signifie qu’elle doit… rester israélienne.

Pour lui, précise-t-il, sa présence dans l’histoire juive est totale, elle est mentionnée « 600 fois dans les écritures et pas une seule fois dans le Coran ». Outre que cela est discutable (je ne vais pas entrer ici dans une interprétation du texte coranique), on ne voit pas en quoi la mention d’une ville dans un texte vieux de quelques milliers d’années donnerait un droit de propriété à quiconque. Ou alors il faudrait redéfinir les frontières de l’Europe en fonction des textes latins du Moyen Age ou des textes grecs de l’Antiquité.

Lire aussi Philippe Rekacewicz & Dominique Vidal, « Comment Israël confisque Jérusalem-Est », Le Monde diplomatique, février 2007. « Il n’y a pas de prière plus émouvante dans l’histoire juive, poursuit-il, que celle qui exprime notre (les juifs) désir ardent de retourner à Jérusalem. » Cette interprétation politique d’une prière n’a évidemment aucun sens. Pendant des siècles, les juifs religieux ont effectivement prononcé cette prière, mais sans jamais vouloir la mettre en œuvre. Jusqu’en 1948, les juifs pouvaient se rendre à Jérusalem (certains y allaient pour être enterrés). C’est seulement avec la naissance du mouvement sioniste que l’objectif est devenu politique. Comme l’écrit si pertinemment Gilles Perrault dans sa biographie d’Henri Curiel, Un homme à part (Fayard), « la minorité sioniste exceptée, personne ne ressentait la nécessité d’un Etat juif et l’on n’éprouvait pas le besoin de psalmodier “l’an prochain à Jérusalem” quand il suffisait de prendre le train de 9h45 pour s’y rendre ».

« Aujourd’hui, poursuit Wiesel, pour la première fois dans l’histoire, juifs, chrétiens et musulmans peuvent accomplir leurs rites religieux librement. Et, contrairement à certaines affirmations des médias, juifs, chrétiens et musulmans ONT (en capitale) l’autorisation de construire leurs foyers n’importe où dans la ville. »

Il faut le dire clairement : il s’agit d’un honteux mensonge. Non seulement chrétiens et musulmans sont sans arrêt interdits d’accès à leurs lieux saints, non seulement ils n’ont pas le droit de construire dans Jérusalem, mais les maisons qu’ils ont sont détruites, comme l’ont reconnu mille et un rapports d’organisations diverses, mais aussi de gouvernements. Même les Etats-Unis se sont émus de la destruction de maisons arabes (« U.S. furious over Israel’s demolition of East Jerusalem homes », par Barak Ravid et Natasha Mozgovaya, Haaretz, 22 mars 2009). Et il suffit de lire le rapport des consuls européens à Jérusalem. Wiesel l’ignore-t-il ?

Lire aussi Alain Gresh, « Jérusalem, le rapport occulté », Le Monde diplomatique, juillet 2009. Dans une réponse à ce texte, « For Jerusalem, a response to Elie Wiesel » (Haaretz, 18 avril), Yossi Sarid écrit :

« Quelqu’un vous a trompé, mon cher ami. Non seulement un Arabe ne peut pas construire “n’importe où”, mais il peut remercier son Dieu s’il n’est pas expulsé de sa maison et jeté à la rue avec sa famille et des biens. Peut-être avez-vous entendu parler de résidents arabes de Sheikh Jarrah, qui ont vécu là depuis 1948, qui sont à nouveau devenus des réfugiés déracinés, parce que certains juifs se jouent des contraintes de l’espace à Jérusalem. »

« Ces juifs zélés insistent même pour s’insérer comme autant d’os dans les gorges des quartiers arabes, pour les purifier et les judaïser avec l’aide de riches bienfaiteurs américains, dont vous connaissez plusieurs personnellement. Dans les coulisses, notre premier ministre et le maire de Jérusalem activent les fils de ce spectacle de marionnettes tout en se défaussant de leur responsabilité face à cette anarchie et cette cupidité. C’est la raison réelle pour laquelle “les nouvelles et les anciennes tensions” dont vous parlez dans votre lettre refont surface, “avec une telle rapidité”. »

Wiesel conclut en appelant à ne pas résoudre le problème de Jérusalem, c’est-à-dire, clairement, à maintenir la ville sous occupation.

Ce n’est pas sa première intervention sur la question de Jérusalem. Déjà, durant les négociations entre Israéliens et Palestiniens avant la seconde Intifada, alors que la presse évoquait un partage de Jérusalem, il prenait la plume et publiait une tribune dans le quotidien Le Monde (« Jérusalem, il est urgent d’attendre », 17 janvier 2001), reprochant au premier ministre israélien d’alors ses éventuelles concessions. Ce texte, repris sur tous les sites pro-israéliens les plus extrémistes, pouvait ainsi se résumer : mieux vaut le mur des lamentations que la paix.

Dans les deux textes, celui de l’IHT et celui du Monde, Wiesel cite le rabbin hassidique Nahman de Breslev (né en 1772) pour justifier ses dires. Que dirait-on d’un intellectuel musulman qui citerait une sommité religieuse de l’époque des califes pour justifier la revendication musulmane sur Jérusalem ?

Cette « grande conscience », rarement critiquée publiquement, est pourtant un imposteur moral qui mériterait un traitement différent dans les médias.

Rappelons que, outre ses positions sur le conflit israélo-palestinien, il a fait l’éloge de la torture, celle du financier Bernard Madoff chez qui il avait placé une partie de sa fortune (il ne lui a jamais semblé immoral de gagner des millions de dollars grâce à lui quand ses combinaisons financières marchaient), comme le rapportait LeMonde.fr (« Bernard Madoff est un “psychopathe”, selon Elie Wiesel », 27 février 2009).

« “Psychopathe est un mot trop gentil pour le qualifier”, a déclaré M. Wiesel. “Il devrait être placé à l’isolement pendant au moins cinq ans avec un écran sur lequel seraient diffusées des photos de ses victimes. […] Il faudrait inventer n’importe quoi pour le faire souffrir. (…) Il devrait être présenté à des juges qui trouveraient un châtiment”, a ajouté ce survivant de l’Holocauste. »

D’autre part, comme le rappelle Max Blumenthal, un membre du lobby J-street, Elie Wiesel s’est adressé le 25 octobre 2009 à 6 000 chrétiens sionistes adeptes du pasteur John Hagee, un homme qui tient des propos homophobes, mais aussi négationistes et antisémites (rappelons qu’une partie des chrétiens sionistes sont antisémites) (« Elie Wiesel’s “Dear Pastor” Hagee Trashes Obama (and my response to Goldfarb/Goldberg) », 29 octobre 2009). En échange, si l’on peut dire, il a obtenu un chèque de 500 000 dollars pour sa fondation. Cette somme était d’autant plus nécessaire que la crise financière a frappé ce pauvre Wiesel et qu’il ne s’en est pas remis.

Nous avons déjà rappelé ce que le grand auteur de science-fiction Isaac Asimov écrivait de Wiesel, « qui a survécu à l’Holocauste et, depuis, ne sait plus parler d’autre chose. Ce jour-là, il m’a agacé en prétendant qu’on ne pouvait pas faire confiance aux savants, aux techniciens, parce qu’ils avaient contribué à rendre possible l’Holocauste. Voilà bien une généralisation abusive ! Et précisément le genre de propos que tiennent les antisémites : “Je me méfie des Juifs, parce que jadis, des Juifs ont crucifié mon Sauveur.” » Et Asimov ajoute : « J’ai laissé les autres débattre un moment en remâchant ma rancœur puis, incapable de me contenir plus longtemps, je suis intervenu : “Monsieur Wiesel, vous faites erreur ; ce n’est pas parce qu’un groupe humain a subi d’atroces persécutions qu’il est par essence bon et innocent. Tout ce que montrent les persécutions, c’est que ce groupe était en position de faiblesse. Si les Juifs avaient été en position de force, qui sait s’ils n’auraient pas pris la place des persécuteurs ?” »

Voir de même:

Elie Wiesel n’a pas le tatouage d’Auschwitz qu’il prétend avoir
Jean Robin
24 décembre 2012

Enquête exclusive d’Enquête & Débat. (To read the English version of this article, click here)

Qui ne connaît pas Elie Wiesel ? Véritable conscience vivante de la Shoah, il est l’un des survivants des camps, sinon le survivant le plus connu et reconnu mondialement. Prix Nobel de la paix en 1986, plus de 10 millions d’exemplaires de son livre La nuit ont été écoulés dans le monde entier depuis sa sortie en 1958, docteur honoris causa de plus d’une centaine d’universités dans le monde, Grand-croix de la Légion d’honneur en France, il a également reçu la Médaille d’or du Congrès américain. Or, notre enquête démontre et confirme qu’Elie Wiesel n’a pas le tatouage d’Auschwitz qu’il prétend avoir (dans son livre La nuit, qui n’est pas une fiction selon lui, et dans d’autres déclarations publiques, y compris certaines sous serment), le numéro A-7713. Le premier à l’avoir révélé, dans un silence médiatique total, fut Nikolaus Grüner, survivant d’Auschwitz lui aussi, qui a écrit un livre où il le révèle, ainsi que bien d’autres choses sur Elie Wiesel. Ne pouvant vérifier tout ce qu’il affirme dans son livre, Stolen Identity (Identité volée), nous avons voulu vérifier le fait le plus accablant, en contactant Auschwitz d’abord par mail, puis par téléphone. C’est le responsable des archives du musée, M. Plosa, qui a confirmé que le numéro A-7713, revendiqué par Elie Wiesel sans jamais l’avoir montré, avait été attribué à Lazar Wisel, né 15 ans avant lui, et qui ne peut donc par conséquent pas être confondu avec lui.

Voici tout d’abord notre échange téléphonique avec M. Plosa :

Et voici le mail traduit en français (pour voir la version originale en anglais cliquez ici) qu’il nous avait envoyé quelques jours auparavant :
“Oświęcim, 17 Décembre 2012
L.dz.I.Arch-577//202
Mr. Jean ROBIN
e-mail: jean@enquete-debat.fr

Cher Mr. Robin,
Merci beaucoup pour votre message du 4 Décembre 2012. J’aimerais vous informer qu’en nous basant sur les documents des archives dont nous disposons il est possible de déterminer les choses suivantes :
Le numéro de prisonnier A-7713 a été attribué le 24 mai 1944 à Mr. Lazar WISEL, né le 4 Septembre 1913 à Marmaroasieget (Hongrie). Après la liquidation et l’évacuation du camp d’Auschwitz, Mr. Lazar Wisel a été transféré à KL Buchenald. Son arrivée à ce camp date du 26 Janvier 1945.

Mr. Nikolaus GRÜNER, né le 4 ou le 6 avril 1928 à Nyiregihaza (Hongrie), avait dans le camp KL Auschwitz le numéro de prisonnier A-11104. Cela signifie que Mr. Grüner a été enregistré dans le camp le 31 mai 1944 après l’arrivée du transport depuis la Hongrie. Après la liquidation et l’évacuation du camp d’Auschwitz Mr. Nikolaus Grüner a été transféré à KL Buchenald. Son arrivée dans ce camp date du 26 Janvier 1945.
Cordialement
Wojciech Płosa
Responsables des Archives
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau à Oświęcim”

Ce mail était la réponse au nôtre (pour voir l’e-mail original en anglais cliquez ici) :

“Madame, monsieur,

Je suis un journaliste français qui travaille pour Enquête & Débat, et nous voulions nous assurer qu’Elie Wiesel a bien été prisonnier à Auschwitz.
Comme vous le savez, des rumeurs courent sur Internet selon lesquelles il n’a jamais été prisonnier à Auschwitz, puisque le numéro de prisonnier (A-7713 dans son cas) n’est pas tatoué sur son avant-bras gauche, comme on peut le voir sur cette vidéo.
Un autre prisonnier à Auschwitz, Miklos Grüner, prétend qu’Elie Wiesel n’était pas prisonnier à Auschwitz mais que Lazar Wiesel l’était, et Lazar Wiesel avait ce numéro A-7713 mais pas Elie Wiesel.
Donc pour savoir qui dit la vérité, pourriez-vous nous confirmer qu’Elie Wiesel, Miklos Grüner et Lazar Wiesel étaient prisonniers à Auschwitz, sous quelle identité et quel numéro ?

Cela nous aidera à nous débarrasser des négationnistes qui ont exploité cette suspicion depuis plus de 3 ans maintenant.
Bien cordialement
Jean Robin
(par ailleurs je suis également intéressé par ces questions car la partie juive de ma famille du côté de ma mère a péri en partie à Auschwitz, et mon arrière-grand-père paternel, Noël Robin, a été déporté à Buchenwald et à Dora – où il est mort – pour acte de résistance contre les nazis).”

Pourquoi avoir enquêté sur cette question maintenant ?

Certains d’entre vous, surtout si vous découvrez ainsi Enquête & Débat, se demanderont peut-être pourquoi nous avons décidé d’enquêter maintenant sur cette question. En effet, Nikolaus Grüner a publié ces révélations (et bien d’autres sur Elie Wiesel) il y a déjà quelques années dans son livre, dont nous vous recommandons la lecture. Même nous qui sommes extrêmement informés sur ces questions, et ce depuis de nombreuses années, nous n’en avions jamais entendu parler. Il a fallu que l’antisémite Alain Soral nous lance le défi de mener cette enquête, dans sa vidéo d’octobre 2012 (cliquez ici, et allez vers la 11ème minute), pour que nous en prenions connaissance. C’est alors qu’en nous penchant sur cette question, nous avons découvert que ce sujet était largement traité par les antisémites, négationnistes et autres nazis depuis plusieurs années. Ainsi, le frère Nathanaël sur lequel Soral s’appuie est un antisémite revendiqué et rabique : un rapide survol de son site internet ne laisse aucun doute à ce sujet. Soral lui-même est obsédé par les juifs et s’est même revendiqué de l’antisémitisme. Enfin, Carolyn Yeager, une nazie elle aussi revendiquée traque Wiesel depuis 2010 via un site où elle diffuse tout ce qui peut avoir un rapport direct ou indirect à la question du tatouage d’Elie Wiesel.

Or la dernière chose à faire serait de faire le cadeau du réel aux antisémites et aux négationnistes, pour paraphraser Alain Finkielkraut. Ces antisémites carabinés utilisent et instrumentalisent le travail et le prestige de Nikolaus Grüner, authentique déporté à Auschwitz et Buchenwald, sur lequel ne pèse aucun doute (il a même montré son tatouage à la télévision américaine) et qui prétend défendre la mémoire de son ami Lazar. Mais les véritables responsables de cette instrumentalisation du travail de Grüner par des antisémites, ce sont les médias et les personnalités en général qui ont eu vent de cette affaire Wiesel et qui n’ont jamais enquêté, ou contre-enquêté, comme nous venons de le faire. En effet, garder tout cela tabou permet à l’antisémitisme de grandir et de se parer des atours du réel, tout en renforçant la négation de la Shoah. En effet, si Wiesel n’est pas celui qu’il prétend être et qu’aucun média ni aucune personnalité ne l’a dénoncé alors qu’un livre avec des preuves factuelles est paru sur le sujet, alors les antisémites peuvent expliquer aux esprits faibles ou corrompus que l’antisémitisme ou le négationnisme a raison, quand l’anti-antisémitisme a tort, et ce factuellement. Encore plus quand il s’agit de l’un des symboles des rescapés de l’holocauste. En mémoire des déportés, dont un bon nombre de membres de ma propre famille, on ne peut laisser passer cela.

Quelles conséquences ont ces révélations ?

Cet échange avec le responsable des archives d’Auschwitz, ainsi que le mail reçu de leur part peu de temps auparavant, ne permet plus de douter. Il n’est même plus temps de vouloir demander à M. Wiesel (qui n’est pas revenu vers nous quand nous l’avons contacté par le biais de sa fondation) de montrer son tatouage pour faire taire les rumeurs. Il est temps pour les grands médias surtout, voire des personnalités prétendant être concernées par la Shoah, de se réveiller enfin et de ne plus laisser passer cela.

Je le répète : les médias n’ont pas fait leur travail, étant donné que le travail de recherche d’un ancien détenu indiscutable d’Auschwitz et de Buchenwald, donc témoin direct, existe depuis des années, et que nous avons pu le vérifier sur un point majeur.

La catastrophe, la Shoah, doit impérativement empêcher et interdire tout soupçon de fraude à son sujet. En plus M. Wiesel a été couvert d’éloges et d’argent depuis une cinquantaine d’années grâce ou à cause de la Shoah. Un survivant aussi illustre de la Shoah que M. Wiesel doit impérativement avoir un comportement exemplaire. J’en appelle donc à la communauté juive dans le monde, aux personnalités qui se sentent concernées par la Shoah et l’avenir de sa mémoire, ainsi qu’aux grands médias pour prendre leurs responsabilités et l’obliger à répondre aux questions graves qui se posent à son sujet. Il faut le faire pendant que MM. Wiesel et Grüner, les deux principaux concernés dans cette affaire, sont encore en vie, ce qui est une chance mais ne durera hélas plus très longtemps vu leur âge (ils ont tous deux plus de 80 ans).

Nous ignorons tout à fait si tout cela cache autant de choses que le prétend M. Grüner dans son livre. Mais cela nous suffit à publier noir sur blanc cet article factuel nourri d’indignation, de stupéfaction et de colère. Sans faire le moindre lien entre Elie Wiesel et les autres personnes dont il est question juste après, il convient de rappeler que l’histoire récente nous a fourni des exemples de fraudeurs et d’exploiteurs de la Shoah, qui ont porté un tort incommensurable à la mémoire des victimes et des déportés. Citons Misha Defonseca (1), et le film tiré du livre Survivre avec les loups, dont l’histoire était totalement inventée. Herman Rosenblat, qui avait inventé son histoire d’amour avec sa femme venant lui jeter des pommes de l’autre côté du camp de concentration. Etc.

M. Wiesel n’a désormais plus le choix, il doit la vérité au monde. Les honneurs qu’il a reçus depuis si longtemps, sa fortune, et sa gloire ne peuvent souffrir plus longtemps le doute, car l’affaire est désormais connue de trop de monde pour ne pas faire plus de dégâts. Alain Soral touche désormais des centaines de milliers de personnes avec ses vidéos, et Internet lui permet de doubler son audience tous les trimestres environ depuis 2 ans. Il n’est pas le seul antisémite revendiqué, hélas, à surfer sur la vague grandissante de la haine anti-juive, et la pire des choses consisteraient à fermer les yeux en attendant que l’orage passe. Non, l’orage ne passera pas, il ne fait que commencer.

Des médias qui n’enquêtent plus

La conclusion la plus amère à tirer de toute cette affaire revient sans doute aux médias. Alors qu’ils étaient les chiens de garde de la démocratie et de la liberté d’expression, ils en sont devenus les premiers ennemis. Nous avions déjà l’exemple de Matt Drudge, qui avait révélé l’affaire Monika Lewinski alors que de grands médias américains détenaient les mêmes informations que lui mais sans oser les publier. Wikileaks, avec ses limites, démontre également que les médias cachent bon nombre d’informations utiles à la démocratie. Maintenant cette affaire Wiesel démontre que les médias n’enquêtent plus, car cette affaire du numéro A-7713 était révélée en 2007 par une source sûre, et démontrée factuellement, preuves à l’appui. Nous n’avons fait que revérifier une information à sa source, et la porter à l’attention du grand public.

A l’ère d’Internet, les rapports de force entre citoyens et médias ne sont plus les mêmes. N’importe quel citoyen peut devenir un enquêteur, une source voire un journaliste de qualité. Les journalistes dits professionnels ont le plus souvent été formatés dans des écoles de journalisme dont le but est de faire “pisser de la copie” selon un format conforme aux attentes de l’actionnaire principal, qu’il s’agisse de l’État ou d’une multinationale en contrat avec l’État. Tout cela ne peut plus durer, de nouveaux médias totalement indépendants des anciens et de tout pouvoir politique ou financier doivent émerger afin de protéger voire réinstaurer la vérité là où elle a été bâillonnée. La démocratie en dépend.

Addendum 10 janvier 2013 : l’assistante d’Elie Wiesel nous raccroche au nez en guise de réponse.

(1) Elie Wiesel avait d’ailleurs soutenu et cautionné le livre de Misha Defonseca, contrairement à Raul Hilberg, Lawrence L. Langer of Newton et d’autres spécialistes de la Shoah qui avaient trouvé dès 2001 l’histoire impossible. La supercherie sera révélée en 2008.

Voir par ailleurs:

Chronique de la bêtise triomphante
Le comble du chic : être migrant + noir (ou arabe) + femme + homosexuelle…
C’est un nouveau produit qui s’expose en vitrine du magasin « la pensée folle ». Et ça se vend très bien.
Avec Benoît Rayski
Atlantico
7 Juillet 2015

Une femme ça souffre. Un Noir, une Noire, ou un (une) Arabe ça souffre. Un migrant(te), un immigré, ça souffre. Un gay ça souffre. Une lesbienne ça souffre. Tout ça, on le sait depuis longtemps. C’est disponible dans toutes les boutiques qui ont pour enseigne “abrutis du monde entiers unissez-vous !”.

Mais, comme on dit, on n’arrête pas le progrès. De nouveaux produits ont fait leur apparition, plus fins, plus modernes, plus pointus. Ils sont regroupés sous l’appellation de “intersectionnalité”. C’est un concept -je recopie Libération- “visant à regrouper les discriminations de classe, de sexe et de race.” Si j’ai bien compris, l’intersectionnalité prend en compte l’addition de plusieurs handicaps cumulés par la même personne. Par exemple : femme + Noire + lesbienne + immigrée. Dès lors la souffrance devient insupportable : c’est triple ou quadruple peine.

La question est posée en ces termes. “On sait les discriminations dont les femmes sont victimes. On étudie celles qui visent les Français d’origine algérienne ou les homosexuels. Mais quelle est la situation des femmes migrantes ou celle des hommes d’origine algérienne homosexuels ?”. Il est vrai qu’on peut avoir en même temps un rhume, une jambe cassée, une crise de foie. Plus c’est compliqué, mieux c’est… “L’intersectionnalité permet de penser de manière plurielle la domination masculine” écrit l’historienne Florence Rochefort.

Donc, vous pensez, en bonne logique, que le port du voile serait l’exemple le pus frappant de la “domination masculine”. Vous n’y êtes pas, mais pas du tout. Car vous n’avez pas fait d’études de sociologie et la vie ne vous a donné qu’un CAP de bon sens qui ne vaut pas un sou sur le marché de l’intersectionnalité. Océane Rosemarie sait, elle. Elle est comédienne, très certainement cultivée et présente un spectacle intitulé “La Lesbienne invisible”. Pour elle, en effet « lutter contre l’islamophobie est une priorité ». Car, c’est une autre givrée qui parle, les attaques contre les femmes voilées sont également “sexistes”.

Au royaume des fous (je ne dis pas des folles, ça pourrait être mal compris), la compétition est rude pour savoir qui s’assiéra sur le trône. Comme ça, pour le plaisir, j’ai tenté ma chance. Avec un produit du terroir. Un Creusois catholique (habitant du département de la Creuse, le plus pauvre de France) vivant du RMI, transsexuel et séropositif ! J’ai été brutalement retoqué au motif que la couleur n’était pas bonne, et la religion non plus. Tenace je n’ai pas abandonné le combat. Il fallait, ai-je compris tardivement, s’ouvrir vers le vaste monde. J’ai trouvé un produit qui approche de l’excellence. Une Erythréenne noire, voilée, lesbienne, migrante et handicapée moteur ! On m’a félicité mais on ne m’a rien promis tant la concurrence est forte.

PS : Dans les années 80, il y eu un chanteur très connu : Sammy Davis Jr. Il était de son propre aveu « noir, juif et borgne ». Il ne s’en plaignait pas. Aujourd’hui il serait recalé par les examinatrices de l’intersectionnalité : un mot de trop.

Voir aussi:

CHRONIQUE «AU MOT»
Intersectionnalité [nom] : concept visant à révéler la pluralité des discriminations de classe, de sexe et de race
Sonya Faure
Libération
2 juillet 2015

Intersectionnalité [nom] : concept visant à révéler la pluralité des discriminations de classe, de sexe et de race

Décryptage d’un terme qui apparaît ou ressurgit dans le débat public. Aujourd’hui, à l’occasion du partenariat de «Libération» avec le documentaire «Trop noire pour être Française ?», analyse du terme «intersectionnalité», de plus en plus débattu par les militants anti-racistes ou féministes.

Intersectionnalité [nom] : concept visant à révéler la pluralité des discriminations de classe, de sexe et de race

Comme en géométrie, ça parle de trajectoires qui se croisent et de zones de recoupement. Mais en France «l’intersectionnalité» est une notion avant tout utilisée par les sociologues. Le concept est à première vue simple: montrer que la domination est plurielle et tenter de mesurer l’impact de discriminations multiples – de sexe, de classe, de race surtout, mais aussi de handicap ou d’orientation sexuelle – qui se croisent, parfois se renforcent, mais pas toujours.

On sait les discriminations dont les femmes sont victimes. On étudie celles qui visent les Français d’origine algérienne. Ou les homosexuels. Mais quelle est la situation spécifique des femmes migrantes ou celle des hommes d’origine algérienne homosexuels? Peu connue du grand public, «l’intersectionnalité» fait aujourd’hui l’objet de multiples colloques universitaires et vient nourrir à nouveau les débats militants.
Un «hit concept»

A l’origine du concept, une juriste féministe américaine, Kimberlé Crenshaw, qui conceptualise alors une idée issue du black feminism américain. Dans un article de droit écrit en 1989 et devenu fameux (1), elle tente de comprendre pourquoi les femmes noires ont du mal à faire reconnaître par la justice les discriminations qu’elles subissent au travail. En droit américain, les victimes de discrimination doivent choisir le fondement de discrimination sur lequel elles vont engager leurs poursuites: le sexe ou la race par exemple. Or, cette contrainte joue contre les Noires, explique Crenshaw. Comme le résumait la juriste française Stéphanie Hennette-Vauchez, lors d’un colloque consacré à l’intersectionnalité à Brest, «si elles se présentent comme victimes de discriminations fondées sur le sexe, les juridictions les déboutent en soulignant que d’autres femmes (blanches) ne rencontrent pas les difficultés dont elles se plaignent. Si elles se présentent comme victimes de discriminations fondées sur la race, les juridictions les déboutent en soulignant que d’autres Noirs (des hommes) ne rencontrent pas les mêmes difficultés qu’elles.» Voilà l’exemple type de la discrimination intersectionnelle, écrit Crenshaw : les femmes noires ne sont pas discriminées comme femmes, ni comme Noires. Elles sont discriminées comme femmes noires. C’est à cela que doit servir l’intersectionnalité: révéler la spécificité de situations souvent invisibilisées.

Rapidement, l’intersectionnalité s’exporte et fait fureur – au risque de devenir «gadget», note Florence Rochefort. «Il est très étonnant de voir à quel point elle est devenue un «hit concept», pointe la philosophe Elsa Dorlin, qui vient de créer une nouvelle revue, «Comment s’en sortir», dont le premier numéro, passionnant, est consacré aux Féminismes noirs (2). Cette dissémination internationale repose d’ailleurs aussi sur un malentendu.» Issu d’une critique du droit américain, un cas d’école qui ne peut pas être transposé tel quel dans d’autres pays comme la France, l’intersectionnalité est devenu un mot-clef pour désigner les interactions plus générales entre le genre et d’autres situations de discrimination.
Penser de manière plurielle la domination masculine

En France justement, où elle débarque dans les années 2000, «l’intersectionnalité a permis de penser de manière plurielle la domination masculine», reconnaît l’historienne Florence Rochefort. Et la domination tout court, qui, traditionnellement en France, était avant tout étudiée comme un rapport de classe. Non pas que le croisement entre classe et sexe n’ait jamais été étudié. «Danièle Kergoat avait bien montré que la situation des ouvriers n’était pas la même que les ouvrières: ce n’est ni mieux ni moins bien, ce n’est simplement pas le même rapport de domination», rappelle la sociologue Armelle Testenoire.

Armelle Testenoire est de celles qui pensent que l’intersectionnalité est un outil utile, aussi bien dans le champ universitaire que politique. «Non seulement il offre une gymnastique intellectuelle et nous interdit de « raisonner toute chose égale par ailleurs ». Mais il permet d’étudier si telle ou telle mesure de politique publique visant à aider les femmes « en général » n’est pas en réalité discriminante pour une partie d’entre elles.»

Venue du militantisme féministe noir américain, devenue un outil de réflexion juridique puis sociologique et philosophique, l’intersectionnalité agite à nouveau depuis plusieurs années les milieux militants français – féministes notamment. Le mot y est devenu synonyme de la convergence des luttes contre le sexisme, l’homophobie ou le racisme. Mais il peut provoquer des débats houleux. Une nouvelle génération de féministes reproche en effet aux plus anciennes de ne pas assez s’ouvrir aux dimensions raciales et culturelles. «On ne peut pas considérer que toutes les femmes sont blanches», résume Rokhaya Diallo. A contrario, bien des associations antiracistes ne prennent pas en compte la question féministe ou les discriminations vécues par les homosexuels. La question du voile est l’acmé de ces dissensions. « La grande majorité des actes islamophobes concernent des femmes voilées, et sont donc manifestement sexistes. Or cela ne suscite aucune réaction des associations féministes traditionnelles», regrette Rokhaya Diallo.

Pour les militantes «traditionnelles» justement, comme au Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) qui estime que le voile est avant tout un «instrument de marquage et d’oppression», l’intersectionnalité est mal comprise par les jeunes féministes françaises. «Plaquer les théories du black feminism sur le contexte français est tiré par les cheveux et ce n’est pas en regroupant un agrégat de gens qui ne se sentent pas représentés qu’on fait de l’intersectionnalité!, estime Suzy Rojtman, porte-parole du CNDF. Nous avons parlé de féminisme de classe dès les années 70, nous travaillons avec les femmes de ménages des hôtels de luxe: ça aussi c’est de l’intersectionnalité!»

Pour donner un visage à ce mot ardu, on aurait bien pensé à Oceanerosemarie dont le spectacle, «La lesbienne invisible», parle justement d’identités multiples. Pas si simple. Car pour la comédienne, derrière le mot «intersectionnalité» si souvent revendiqué, se cache parfois une certaine «hypocrisie»: «Beaucoup de féministes blanches se réclament de ce concept à la mode, qui ne leur pose pas de problème tant qu’il faut marcher avec les homosexuels pour le mariage gay, explique Oceanerosemarie. Mais leur intersectionnalité s’arrête quand il s’agit de manifester contre l’islamophobie, avec des associations, certes très problématiques, comme l’UOIF. Etre intersectionnelle suppose à  mon avis d’avoir des priorités: aujourd’hui la lutte contre l’islamophobie. Et donc d’accepter, parfois, d’être en présence de personnes qu’on aurait préféré ne jamais côtoyer.»

(1) « Demarginalizing the Intersection of Race and Sex: A Black Feminist Critique of Antidiscrimination Doctrine, Feminist Theory and Antiracist Politics », University of Chicago Legal Forum, 1989

(2) «Féminismes noirs», Revue Comment s’en sortir, n°1, Editions iXe, 14 euros et sur internet http://www.commentsensortir.org

(3) «Qu’est-ce que l’intersectionnalité» ? Revue L’Homme et la Société n°176, L’Harmattan

(4) Dans un article reproduit en français dans les Cahiers du genre en 2005.

Voir enfin:

Misogyny To Be Considered a Hate Crime For First Time in U.K.

Women in Nottinghamshire encouraged to report misogynist incidents in an effort to tackle sexual harassment.

The police force in Nottinghamshire, East Midlands, will become the first in the U.K. to record misogyny as a hate crime in an effort to tackle the increasing number of incidents in the county.

Misogynist hate crime is defined by the force as:  » Incidents against women that are motivated by an attitude of a man towards a woman and includes behaviour targeted towards a woman by men simply because they are a woman. »

The new category will include everything from verbal comments to unwanted physical approaches. The use of mobile devices to send uninvited messages or take photographs without consent will also warrant police attention. When reported, Nottinghamshire police will investigate the claim and specially trained officers will provide support for the victim. Domestic abuse will not be recorded as a misogyny hate crime because it already has a separate comprehensive procedure.

« What women face, often on a daily basis, is absolutely unacceptable and can be extremely distressing, » said Chief Constable Sue Fish. « Nottinghamshire Police is committed to taking misogynistic hate crime seriously and encourages anyone who is affected by it to contact us without hesitation. »

The urgent need to provide greater support for women facing abuse of various kinds became clear during the Nottinghamshire Safer for Women Conference last year, when, while reporting on the event, Sarah Teale, a BBC broadcaster was verbally harassed by a man in the street.

« We’re pleased to see Nottinghamshire Police recognize the breadth of violence and intimidation that women experience on a daily basis in our communities,” said Melanie Jeffs, centre manager at Nottingham Women’s Centre. « Understanding this as a hate crime will help people to see the seriousness of these incidents and hopefully encourage more women to come forward and report offences. »

Sam Smethers, Chief Executive at The Fawcett Society, the leading U.K. charity campaigning for women’s rights, is supportive of Nottinghamshire Police’s decision:

« This is what the Fawcett Society has been calling for. Nottinghamshire Police’s commitment to taking misogynistic hate crime seriously should be welcomed and rolled out nationwide, » she said in a statement issued to Newsweek. “We need to call out misogyny for what it is – a hate crime. Women and girls face a tidal wave of abuse and harassment every day. Our law has to send a clear signal that this is not acceptable. It is a crime.”

Rachel Noble, Women’s Rights Policy Adviser at ActionAid U.K., a charity providing hands-on support to women and children in need, agrees.  She also hopes that the initiative will draw attention to female harassment across the world: « Nottinghamshire Police force have taken an important step in recognising the scope and scale of the violence and harassment that women face every day, » she told Newsweek.

“For far too long women and girls in this country and around the world have endured misogynistic abuse as they go about their daily lives, amongst many other forms of violence and harassment. ActionAid’s own research highlights that globally three in four women experience harassment on the streets of their cities. »


Euro 2016: Il est des immigrations heureuses (Model minority: With Portugal’s Euro win, France rediscovers its Portuguese-French community)

11 juillet, 2016

PARIS, FRANCE - JULY 10: Cristiano Ronaldo of Portugal lies injured as teammate Adrien Silva of Portugal (L) checks on him during the UEFA EURO 2016 Final match between Portugal and France at Stade de France on July 10, 2016 in Paris, France. (Photo by Laurence Griffiths/Getty Images)

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LA FRANCE DANS LA PRESSE PALESTINIENNE - PDF Free DownloadVoici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes. Jésus (Matthieu 10: 16)
La noble idée de « la guerre contre le racisme » se transforme graduellement en une idéologie hideusement mensongère. Et cet antiracisme sera, pour le XXIe siècle, ce qu’a été le communisme pour le XXe. Alain Finkielkraut
Mais si cette équipe ne représente pas la France, hélas, elle la reflète: avec ses clans, ses divisions ethniques, sa persécution du premier de la classe, Yoann Gourcuff. Elle nous tend un miroir terrible. Ce qui est arrivé à Domenech est le lot quotidien de nombreux éducateurs et de professeurs dans les cités dites sensibles. Cette équipe renvoie à la France le spectacle de sa désunion et de son implacable déliquescence. (…) On a voulu confier l’équipe de France à des voyous opulents et pour certains inintelligents, il faudra maintenant sélectionner des gentlemen. Alain Finkielkraut (juin 2010)
Le problème, c’est qu’on parle de la « lepénisation » des esprits, mais il y a aussi une « sarkoïsation » des esprits ! ». Personne ne le dit. Un truc de fous : on est en France, un pays dit civilisé et l’on accepte que des gens soient expulsés, j’allais dire « déportés ». On va chercher des enfants à l’école pour les expulser : je ne comprends pas qu’on accepte ça. Dans quel pays vit-on ? Dans quel monde veut-on vivre ? J’ai rencontré des parents dont les enfants ont peur lorsqu’ils sont à l’école. C’est quelque chose qui est en train de s’immiscer dans la société petit à petit et qui voudrait que ceux qui n’ont pas de papiers aillent mourir ailleurs. Je ne comprends pas que les gens n’y voient pas un problème. Ils apprennent à être cyniques : il faut faire du chiffre, on est noté au nombre de personnes expulsées… Tout cela voudrait dire qu’un étranger aurait moins le droit de vivre que les autres ? Lilian Thuram (les Inrockuptibles, 18.07. 2006)
Une telle visite d’une star internationale comme Thuram participe aux efforts contre l’embargo (israélien) imposé sur le sport palestinien. Abdoul Majid Hijeh (secrétaire général de la PFA)
Il y a trente ans, quand je jouais avec l’équipe de France, la Marseillaise était sifflée sur tous les terrains. Mais à l’époque, les politiques ne s’intéressaient pas au football et ça ne choquait personne. Aujourd’hui, c’est devenu une obligation pour un homme politique, en fonction de son étiquette, de se positionner. Une fois encore, le football est pris en otage par le monde politique car cette histoire de sifflets est devenue une affaire politique qui n’a rien à voir avec le sport. […] Je ne vois pas dans les sifflets qu’on a entendus au Stade de France un manque de respect ou une insulte à la France mais simplement des manifestations contre un adversaire d’un soir, en l’occurrence l’équipe de France, que l’on veut battre.  Michel Platini (Le Monde, 2008)
Le football était une composante essentielle de ce qu’un sociologue, Nobert Elias, a appelé le ’’processus de civilisation’’. […] Là, nous le voyons depuis un certain temps, un processus de décivilisation est à l’œuvre, et le football, le sport, est l’un de ses théâtres, comme aussi l’école. Et il y a dans tous ces événements une sorte de grand dévoilement qui se produit. On ne peut plus se mentir : on voit l’esprit de la Cité se laisser dévorer par l’esprit des cités. Alain Finkielkraut
Voyant que 25 % des médailles gagnées par les Etats-Unis [aux JO de Berlin de 1936] l’avaient été par des Afro-Américains, les autorités sportives françaises de l’époque et L’Auto [ancêtre de L’Equipe] se sont dit qu’il serait stupide de ne pas faire la même chose. Une mission en Afrique occidentale française a été organisée, des milliers de gamins ont été réunis torse nu dans des stades. Cela n’a rien rapporté sur le coup, mais cela a semé une idée. Des clubs pro ont vite compris l’intérêt de regarder en direction de ce potentiel composé de joueurs coûtant peu cher. Une dynamique s’est installée. Dont l’équipe de France a ensuite profité. Pascal Blanchard
Les spectateurs étaient surpris. Ils imaginaient l’équipe de France… différente. Lilian Thuram (après un match de l’équipe de France en Afrique du Sud,  2000)
Foot français: les dirigeants veulent moins de noirs et d’arabes Moins de noirs et moins d’arabes sur les terrains de foot ! Plusieurs dirigeants de la Direction technique nationale de la Fédération française de football, dont le sélectionneur des Bleus, Laurent Blanc, ont approuvé dans le plus grand secret, fin 2010, le principe de quotas discriminatoires officieux dans les centres de formation et les écoles de foot du pays. Objectif: limiter le nombre de joueurs français de type africains et nord-africains. Pour les plus hautes instances du football français, l’affaire est entendue: il y a trop de noirs, trop d’arabes et pas assez de blancs sur les terrains. Plusieurs dirigeants de la Direction technique nationale (DTN) de la Fédération française de football (FFF), dont le sélectionneur des Bleus en personne, Laurent Blanc, ont approuvé dans le plus grand secret, fin 2010, le principe de quotas discriminatoires officieux dans les centres de formation de la fédération, les écoles de foot du pays, selon une enquête de Mediapart. L’objectif avoué au sein de la DTN, mais inavouable au grand public, est de limiter, en les triant dès l’âge de 12-13 ans, le nombre de joueurs français de type africains et nord-africains. Une authentique ségrégation appliquée au football. Mediapart
Même fermement démenties, les intentions prêtées par Mediapart aux instances dirigeantes du football français n’auront malheureusement pas surpris les amateurs de cuir, témoins traumatisés de la crise traversée par les Bleus lors du Mondial sud-africain. Pire que le fond de jeu, fadasse, offert par l’équipe nationale, c’est le fond de sauce, nauséabond, dans lequel elle aura été contrainte d’évoluer qui aura, de fait, durablement marqué les esprits. Le sociologue Stéphane Beaud l’a brillamment déglacé dans un essai récent, réhabilitant du même coup ces «traîtres à la nation» qui avaient osé se mettre en grève. Ce fond de l’air moisi ne date pas d’hier, et dépasse de loin les lignes blanches des rectangles engazonnés. Il est le produit d’une série de dérapages et de tacles, de hors-jeu malsains menés au nom de l’anti-politiquement correct par tous ceux qui voudraient nous faire croire que l’antiracisme est devenu un problème plus grave que le racisme, ou que le racisme anti-Blanc serait désormais autrement préoccupant que celui qui vise les Noirs et les Arabes. Loin d’être l’apanage des classes populaires, le racisme est sans doute l’une des choses les mieux partagées dans ce pays. Et, de ce point de vue, la responsabilité de certains segments des élites politiques, intellectuelles et télévisuelles apparaissait déjà décisive. Si ces révélations se confirment, il faudra se rendre à l’évidence : le football, autrefois creuset efficace et visible de l’intégration à la française, sera devenu une marmite peu ragoûtante. Libération
Je ne retire rien aux propos que j’ai tenus hier. Que certains termes employés au cours d’une réunion de travail, sur un sujet sensible et à bâtons rompus, puissent prêter à équivoque, sortis de leur contexte, je l’admets et si, pour ce qui me concerne, j’ai heurté certaines sensibilités, je m’en excuse. Mais être soupçonné de racisme ou de xénophobie, moi qui suis contre toute forme de discrimination, je ne le supporte pas. Il faut être de mauvaise foi pour ne pas voir que le débat auquel j’ai participé n’avait évidemment pas pour objectif de « diminuer le nombre de noirs et d’arabes dans le football français » comme voulait le laisser entendre le titre outrancier de l’article, mais uniquement d’envisager le futur du football français et donc d’aborder, par voie de conséquence, le lourd et délicat problème des joueurs à double nationalité ainsi que les modalités de détection/sélection pour un nouveau projet de jeu. Que cela ait des incidences, à moyen ou long terme, sur les différents profils de joueurs en préformation ou en formation, c’est l’évidence, mais il n’y a là aucun lien, strictement aucun, avec une préférence ou un rejet de telle ou telle nationalité. Mon seul souci est d’avoir de bons joueurs pour une bonne équipe de France, qu’ils soient petits ou grands, quels que soient leur lieu de naissance ou leurs ascendances. C’est assez facile à comprendre sauf, apparemment, pour ceux qui, pour des motifs qui m’échappent, mais avec des procédés douteux, mélangent tout et font un mal considérable, et pas seulement au football français. Laurent Blanc
C’est le problème des sélections avec des joueurs à double ou triple nationalité: ce sont des nombres qui augmentent et qui font qu’on ne peut plus assurer le fonctionnement des sélections. C’est bien pour eux de pouvoir choisir, mais ça pose un problème de gestion des effectifs. Quand on voit sur une génération entre 10 et 30% de joueurs de 18 à 21 ans nous quitter, c’est un problème. On a 45% de joueurs dans les sélections qui ont la possibilité de nous quitter, on pense que c’est beaucoup. On veut essayer de le réduire. C’est un problème dans la gestion de l’effectif. (…) L’idée était de dire: ‘Faites attention à ne pas avoir trop de joueurs binationaux’. On s’est aperçu que ce n’était pas une bonne solution: cette histoire nous aurait amenés à éliminer des joueurs d’avenir. On a envisagé de limiter cette situation pour ne pas nous mettre en danger, mais à partir du moment où ce n’est pas une bonne solution, on l’a éliminée. On va travailler sur l’accompagnement relationnel pour évaluer la motivation des joueurs à jouer pour l’équipe de France et les accompagner éventuellement pour faire leur choix. Nous avons abandonné cette idée de pourcentage, mais nous avons demandé d’être vigilants sur la motivation des joueurs. François Blaquart
La FIFA s’est copieusement vendue aux nations africaines. Ce sont des enjeux électoraux. Ces pays se sont débrouillés pour qu’il y ait beaucoup plus de souplesse et d’ouverture au niveau de la réglementation. (…) Actuellement, en moyenne, 50 % des jeunes des sélections nationales sont des binationaux. (…) En France, on reproche aux joueurs de ne pas chanter la Marseillaise. Mais là, ils ne connaissent même pas l’hymne. (…) Ce qui me choque, c’est que nous faisons un gros travail, et ils viennent prendre ce travail tel qu’il est fait. C’est un rôle facile. (…) Un joueur de 20 ans comme Boudebouz qui joue dans un club pro en France va devoir attendre cinq ans pour gagner sa place en équipe de France. Là, le pays l’appelle et lui propose de jouer une Coupe du monde tout de suite. Derrière, il y a aussi l’agent et la famille qui peuvent mettre une pression. (…) Jusque-là, on avait pas trop bougé, parce que les cas étaient particuliers et rares. Aujourd’hui, le système s’amplifie, donc ça nous pose des problèmes. (…) Il faut que l’on travaille avec ceux dont on est sûr. Il s’agit pour nous de réguler l’approche, mais sans être discriminant. (…) C’est très prononcé en France [car le pays] a été une terre d’immigration, à une époque où d’autres grandes nations du foot ne l’étaient pas. (…) Ces dernières années, l’Espagne a accueilli massivement des immigrés marocains et roumains. Et la sélection allemande des moins de 17 ans, par exemple, compte 7-8 joueurs d’origine turque. François Blaquart (directeur technique national)
Vendredi, c’est le nouveau DTN, François Blaquart, qui est venu expliquer une idée qui aurait été mal interprétée. Pour lui, la fameuse formation à la française, encensée du temps où ça rigolait pour les Bleus, se serait en fait fourvoyée, en privilégiant chez les gamins les capacités physiques aux facilités techniques. Dans les centres de formation des clubs, il est de fait interdit de dribbler. D’où la volonté de revenir sur cette doxa. D’autant que les succès de l’Espagne et du FC Barcelone, avec des joueurs de poche, prouvent que l’on peut gagner au foot sans aligner des équipes de Golgoths. En France, les Barcelonais Xavi (1,70 m) et Iniesta (1,69 m) se seraient sans doute vus claquer au nez la porte des centres de formation, a reconnu Laurent Blanc. «Nos critères de sélection doivent désormais être liés au potentiel des joueurs, défend Blaquart. Nous estimons qu’il y a des joueurs qui passent à côté, trop souvent à cause du gabarit et d’une maturité physique moins précoce. Ce retard dans leur formation physique les pénalise. Je rappelle qu’avant l’âge de 16 ou 17 ans, on ne sait rien d’un joueur. Alors imaginez à 12 ou 13 ans… c’est un moment où on leur dit surtout d’être patients… » Libération
Vouloir changer le type de joueur qui sort des centres de formation, très bonne initiative, parce que tout le foot français en a marre des grands bourrins (…) à cause des centres de formations français qui ont pendant des années, après la coupe du monde 98, privilégié ce type de joueur « noir costaud » (la couleur de peau faisant parti du profil (…) suite aux succès des Desailly, Thuram, Viera, Henry, etc) Le petit noir technique il passait à la trappe autant que le petit blanc technique. Ali (forum arrêt sur images)
L’Espagne est fougueuse, l’Espagne joue remarquablement au football (61% de possession du ballon, selon la Fifa), mais l’Espagne ne bat jamais l’équipe de France dans les compétitions qui comptent. L’Equipe (juin 2006)
En France, on s’est aperçu que les clubs s’étaient trop attachés à former des athlètes pour les transformer en footballeurs privilégiant ainsi le physique sur la technique, contrairement à ce que fait le Brésil ou l’Espagne. En se privant de joueurs très techniques qui n’avaient pas un gabarit assez imposant, on a mis à la trappe d’excellents jeunes. En France, Messi ne serait peut-être pas devenu professionnel. (…) On a remarqué, après avoir décortiqué les images à la vidéo, que certains buts de l’Espagne pendant la Coupe du monde en Afrique du Sud étaient clairement d’inspiration futsal de par le jeu de passes rapides, les mouvements et les centres en retrait notamment. Franck Ferrier (FFF)
Depuis vingt ans, une des caractéristiques principales de l’équipe de France est la puissance physique et athlétique de ses joueurs, développée de manière consciente et volontaire dès le plus jeune âge. Un atout unanimement souligné par les observateurs après la victoire contre l’Espagne et ses petits gabarits techniques en huitième de finale de la Coupe du monde 2006. Mais cinq ans plus tard, deux fiascos consécutifs des Français et deux victoires indiscutables de l’Espagne en 2008 et 2010 ont bouleversé les certitudes. Les responsables du football français se demandent désormais si des joueurs comme Xavi ou Iniesta, grands artisans des succès espagnols, auraient eu leur chance dans le système de formation français où le physique est le critère de sélection numéro un. Pour remédier à cette situation, François Blaquart cherche à rendre obligatoire des séances de futsal, discipline très pratiquée chez les jeunes en Espagne et au Brésil et qui fait travailler la technique, au programme des clubs formateurs. Slate.fr
« Islamistes », « gris », « sarrasins »: selon Mediapart, il ne serait pas rare d’entendre ainsi désigner les joueurs maghrébins dans les couloirs de la Fédération. Où, toujours selon le site, nombreux sont ceux qui imputent le fiasco du Mondial aux Blacks et/ou aux musulmans : les Evra, Abidal, Anelka, Ribéry, supposés être les meneurs de la mutinerie. Les problèmes de la FFF avec les Bleus ne sont pas récents. En 2008, après un Euro piteux, la fédé reprochait aux internationaux qui snobaient la Marseillaise, d’être «peu attachés à leur identité française». A tel point qu’on avait même imaginé leur faire signer une charte rappelant «les devoirs qu’impose l’appartenance à une équipe de France et cela dès les premières sélections de jeunes : respect du maillot, de l’arbitre, de l’adversaire, du public, et de l’hymne national. » Libération
Mediapart mêle deux sujets : la question de la discrimination selon des critères ethniques et celle de la binationalité des joueurs et du choix du pays d’origine de leurs parents comme équipe nationale. Ils n’ont, à mon avis, rien à voir. Le fait que la FFF, conformément au vœu tôt formulé par Laurent Blanc, s’empare de ce problème posé par le départ en nombre croissant de jeunes joueurs français très doués, formés dans les meilleurs clubs formateurs français, qui ont joué pour les équipes françaises de jeunes, ne me paraît pas illégitime : ce n’est pas faire preuve de nationalisme étroit que de clarifier cette question, d’encadrer le choix de cette nationalité sportive et de les inciter à jouer pour leur pays de naissance (la France). (…) Cette grève des Bleus a provoqué un séisme non seulement dans le football professionnel, mais pour l’ensemble du football amateur. En 2010-2011, il y aurait 8% de licenciés en moins. C’est considérable. La DTN a dû se demander à la hâte comment, à l’avenir, éviter un tel fiasco. Le vrai problème que doivent aujourd’hui affronter à tous les niveaux (amateur comme professionnel) les dirigeants et éducateurs de foot, ce n’est pas la couleur de la peau des joueurs, mais la difficulté croissante d’adapter ces joueurs, venus pour beaucoup de cités, aux contraintes du football en club. Et c’est un travail de tous les jours, ingrat, difficile, qui renvoie aux conditions de socialisation des jeunes de milieux populaires. (…) J’ai du mal à imaginer que ces personnes qui ont consacré leur vie professionnelle au foot, qui ont passé des heures et des heures avec ces différentes générations de joueurs plus ou moins «colorés» puissent tenir des discours, au sens propre du terme, «racistes». Qu’ils puissent être exaspérés par certains comportements, qu’ils reprennent parfois des expressions discutables («sarrasins», dans quel contexte est-ce dit ?….), certes ! Mais de là à les accuser de racisme, c’est un pas que je ne franchirai certainement pas. (…) si on pouvait cesser d’instrumentaliser le football et surtout de «projeter» à ce point sur cette équipe de France de foot les graves problèmes sociaux et politiques de notre nation en crise… Stéphane Beau
Sans doute même les plus chauds supporters des Bleus étaient un peu gênés, et surtout frustrés : la partie venait de perdre subitement et rapidement le sel du grand affrontement annoncé, le choc des titans, la superbe affiche de gladiateurs placardée sur tous les écrans depuis trois jours : Cristiano contre Antoine, le champion consacré contre le champion naissant, le roi multi-couronné contre le petit prince, l’âme du Portugal contre l’âme de la France. Des commentateurs, plus embarrassés, évoquaient l’hypothèse dérangeante d’un « contrat sur Ronaldo » comme il en existait, paraît-il, jadis au football : éliminer d’emblée le meilleur joueur adverse est évidemment une solution tentante dans un match aussi capital qu’incertain. Mais, juré-craché, ces temps sont révolus… Et la version « footballistiquement correcte » s’est imposée très vite, tant les enjeux commerciaux et nationaux étaient considérables : « Ronaldo sorti sur blessure à la 25ème minute » ; « coup dur pour Ronaldo » etc. Et de verser des larmes de crocodile sur la « sortie prématurée du meilleur joueur du monde ». A entendre ces commentaires, si l’on n’avait pas vu le début de la première mi-temps, l’on pouvait croire à une glissade malheureuse, à un genou tordu dans un crochet manqué, à une chute mal amortie sur ces maudites pelouses… Ah oui certes, il y avait eu un » « gros contact » (sic) avec Payet (et Evra, coutumier des chocs rudes et curieusement oublié dans le récit) à la 8e minute. Un accident sans responsable en somme. La fatalité pour tout dire. En rhétorique cela s’appelle un euphémisme ou plutôt un déni. Déni d’image aussi, tant l’action coupable sera la grande oubliée des innombrables « replay » : toujours et partout le spectacle d’un Ronaldo en larmes ; mais rien sur ce qui les aura causées. Les images – qu’il fallait aller chercher sur les chaînes étrangères –  ne laissent hélas aucun doute sur l’agression caractérisée contre Ronaldo. Le football en donne encore trop souvent l’exemple. Mais l’on croyait au moins que l’arbitre était là pour sanctionner. Eh bien non, rien. Ni carton, pas plus jaune que rouge, ni même coup-franc. L’on ne comprend toujours pas le refus têtu de la vidéo, qui rend tant service au tennis et plus encore au rugby où « les gros contacts » ne manquent pas. A moins que cette absence ne permette justement les grands et les petits arrangements ? L’arbitraire en lieu et place de l’arbitrage, en somme ? En tout cas l’on ne s’y prendrait pas autrement si l’on voulait revenir au calamiteux catenaccio d’autrefois, dont cet Euro 2016 semble d’ailleurs annoncer le triste retour. L’affaire laisse un goût d’autant plus amer que la France est hantée depuis plus de 30 ans par le souvenir d’un autre « gros contact », lui aussi non sanctionné : celui de Schumacher avec Battiston lors de la coupe du monde 1982. De ce choc-là, les images continuent à tourner en boucle. (…) En tout cas la fête a été gâchée … le beau football n’est pas revenu avec lui. Comme parti en même temps que l’un de ses héros. Comme si les Dieux du sport se détournaient d’un match qui ne respectait pas les règles. Il est vrai, dira-t-on, que le football n’est pas vraiment un sport mais une forme adoucie de la guerre : l’aveuglement chauvin qui s’est emparé du public et de certains commentateurs pour qui « ce qui est arrivé à Ronaldo fait, hélas, partie du jeu » n’en est-il pas la preuve ? Mais même la guerre a ses règles : Achille ne faisait pas de croche-pied à Hector et David, de tacle par derrière à Goliath. Les Dieux ont donc fini par se fâcher contre la France : en prenant un malin plaisir à dévier les tirs les mieux cadrés ; en accordant leur toute-puissance au gardien portugais qui ne touchait plus terre. Et en donnant in extremis le but de la victoire à l’équipe victime. Christophe de Voogd

Parfois, il faut savoir être pragmatique pour gagner un match. Nous aimerions jouer de façon plus spectaculaire, mais ce n’est pas toujours de cette manière que vous gagnez un tournoi. Fernando Santos (sélectionneur du Portugal et précédemment de la Grèce)

Nous avons été simples comme des colombes mais prudents comme des serpents. Fernando Santos
Dans la nuit de dimanche à lundi, sur les Champs-Elysées, la célébration de la victoire du Portugal a été perturbée par divers incidents et marquée par une grande confusion. Après la finale, des centaines de supporters portugais ont afflué vers l’Arc de Triomphe : à pied ou en voiture, ils ont fait retentir leurs chants, brandi leurs drapeaux et allumé fumigènes et feux d’artifice pour fêter le premier titre international de leur équipe. Mais comme un peu plus tôt autour de la fan-zone de Paris, puis près du Trocadéro, plusieurs incidents ont éclaté et les forces de l’ordre sont intervenues à diverses reprises, suite notamment à des jets de projectiles, de pétards et d’engins pyrotechniques ainsi que des incendies de poubelles. D’incessants mouvements de foule ont gâché la fête. Plusieurs individus ont été interpellés, et au moins une personne a été blessée. En plus des supporters portugais, la foule était composée de nombreux supporters français et de groupes de jeunes habillés aux couleurs du PSG et de clubs anglais, certains brandissant des drapeaux algériens et marocains. L’Equipe
Je vois là la marque du succès récent de l’Atlético Madrid. Sans avoir une des meilleures équipes mais en jouant bien regroupé et en lançant des contres, Diego Simeone a mené les Colchoneros en finale de la Ligue des champions. Forcément, ça a donné des idées à toutes les petites équipes de l’Euro. Nestor Subiat
Donc, la France espère en Griezmann. « Attaquant, option gendre idéal » titrait même M le magazine ce week end. Griezmann, espoir d’une France du football qui désespère de Cantona, Benzema et les autres. Griezmann, ce brave petit, bien chez nous. Griezmann, sérieux, appliqué, travailleur, sympathique, courageux, tenace, volontaire et talentueux. Griezmann, ce joueur si Français. La France aime Griezmann. De quoi Griezmann est-il le nom ? Du footballeur idéal à la française. Seulement voilà. Griezmann est un paradoxe. Si l’on parle football, seulement football, culture football, Griezmann est tout sauf un produit de l’école française. Et pire encore, il est le symbole de tous les échecs possibles de la formation à la française du début des années 2000. On explique. Quand il est âgé de 13 ans, pas un centre de formation français de futurs footballeurs professionnels ne veut de Griezmann. Trop petit. Trop fragile. Trop frêle. Trop technique. (…) Par hasard, un recruteur de la Real San Sebastian croise la route du gamin. Eric Olhats (c’est le nom du recruteur) prend le pari. Et voilà Griezmann en Espagne. A l’école du football espagnol. Formé comme un espagnol. Eduqué comme un espagnol. Il finit par humilier le pauvre OL d’Aulas en Ligue des Champions, avec la Real Sociedad (quelle revanche) et s’en va pour l’Atlético, grandir encore avec Simeone. Et jouer une finale de Ligue des Champions. Et devenir le grand espoir du football français. Ainsi se mesure le paradoxe Griezmann. Benzema, Nasri, Menez et les autres ont naufragé, Ben Arfa n’a pas su convaincre Deschamps de la réalité de sa rédemption, et voici que Griezmann est célébré comme l’incarnation des valeurs du football français alors qu’il est le produit le plus achevé des valeurs espagnoles du football, entre rage de vaincre et soif de victoires, détermination et travail, tenacité et volonté. (…) La France du football est étonnante, qui ne parait même pas réaliser qu’en célébrant Griezmann, à le voir si beau, si grand, si fort, elle confesse un aveu d’échec considérable. Elle se berce d’illusions. Nous avons Griezmann, tout est possible, sans admettre qu’elle n’est pour rien dans l’accomplissement de Griezmann. Cet aveuglement, en forme de déni de réalité, laisse pantois tant il signe les symptomes de ce mal français qui consiste, en tous lieux et toutes époques, à se voir plus beau que l’on est. Et à ne tirer aucune conséquence des échecs avérés et répétés. Hélas ! Balzac s’est trompé, la France n’est toujours pas le pays des illusions perdues. Bruno Roger-Petit
Bravo, mais que c’est laid ! (…) Les avocats autoproclamés de la très décriée sélection portugaise la défendent d’une curieuse manière. (…) Jamais une équipe nationale n’avait remporté un titre majeur en alignant trois matches nuls en phase de groupe. Qui eût cru que les héritiers d’Eusébio, Luís Figo et Rui Costa allaient prendre pour modèle l’équipe qui les a privés du titre en finale de l’Euro 2004, leur Euro organisé chez eux, en terre lusitanienne ? La rancoeur est tenace, et pourtant, ils ont tout fait comme eux. Sauf que cette Grèce ne comptait pas dans ses rangs un joueur de la trempe de Cristiano Ronaldo, ni même de celle de Nani et de Renato Sanches. La stratégie était claire : on bétonne littéralement en défense, quitte à broyer la dimension spectaculaire du football, et on compte sur l’individualité et la réussite pour marquer, en prolongation le plus souvent – contre la Croatie et la France –, une fois que l’adversaire est usé de faire le jeu, seul, et contre un mur. Sinon, on s’en remet à la loterie des tirs au but, comme ce fut le cas contre la Pologne en quart de finale de cet Euro. Comme la Grèce en 2004, le Portugal de 2016 a défait l’hôte de la compétition en finale sur le score de 1-0, mais au terme des prolongations, confirmant par là sa propension dans cet Euro à ne gagner aucun match dans le temps réglementaire, exception faite de la demi-finale contre le pays de Galles. Le hasard faisant bien les choses, le sélectionneur portugais Fernando Santos a entraîné de nombreuses équipes dans sa carrière, dont Porto, Benfica et – eurêka ! – l’équipe de Grèce entre 2010 et 2014. L’homme est un fin connaisseur du football grec puisqu’il a entraîné trois clubs grecs au total : l’AEK Athènes, le Panathinaïkos et le PAOK Salonique. On comprend mieux pourquoi les champions d’Europe 2016 ressemblent autant aux champions d’Europe 2004. Joli coup signé Fernando Santos ! C’est tant mieux pour le Portugal et c’est tant pis pour le football. Le Point
S’il y a bien un enseignement à tirer de cet Euro à vingt-quatre, c’est qu’il n’y a plus de «petites» équipes. À l’image de l’Islande quart de finaliste, qui aurait cru avant la compétition que le pays de Galles intégrerait le dernier carré ? Personne. Et pourtant, il n’y a rien de plus logique quand on analyse le jeu des Gallois. Organisé en 3-5-2, le pays de Galles fait preuve de discipline tactique et de rigueur défensive, une des clés pour pouvoir rivaliser avec les «grandes» nations. Même s’ils laissent majoritairement le ballon à leurs adversaires (47% de possession de balle en moyenne, le plus petit total des demi-finalistes), les Gallois respectent leur position. Leur bloc équipe est compact, coulissant parfaitement de gauche à droite et inversement. Les Britanniques n’ont pas peur d’aller au duel, au sol et dans les airs, dans le plus pur style anglo-saxon (dix-sept duels aériens gagnés par match en moyenne, seule la France fait mieux dans le dernier carré). Bref, les hommes du sélectionneur Chris Coleman sont solides. De plus, ils se connaissent parfaitement. Huit joueurs ont démarré tous les matches du pays de Galles dans cet Euro. Les automatismes sont nombreux et renforcent leur solidarité. «La star, c’est l’équipe. On lutte ensemble, on tacle et on s’entend comme des frères», avouait Gareth Bale en conférence de presse lundi. (…)  Au pays de Galles, il y a un collectif mais aussi des individualités. Parmi celles-ci, il y a bien sûr Gareth Bale. Le Madrilène est capable de faire la différence sur une attaque rapide, grâce à sa pointe de vitesse ; sur une attaque placée grâce à sa qualité de passe et de centre, et aussi sur coup de pied arrêté (déjà deux buts sur les trois à son actif) grâce à sa frappe de balle flottante. Il a cadré treize tirs, le total le plus élevé de la compétition. Juste derrière lui, Aaron Ramsey oriente chaque offensive galloise. Son aisance technique offre des temps de conservation de balle importants, qui soulagent ses partenaires. Il est toujours proche des attaquants pour leur délivrer des caviars (meilleur passeur du tournoi avec quatre passes décisives en cinq matches, à égalité avec Eden Hazard). Le Figaro
L’Islande, c’est l’équipe hype de cet Euro. Un petit pays exotique qui se qualifie pour les 8es de finale, un public qui suit en nombre et des joueurs qui ont un bon look. Un bon look au point d’ériger l’Islande au rang d’équipe la plus stylée de la compétition. (…) Ils ont de belles barbes (…) Ils ont des coiffures soignées (…) Ils aiment les tatouages et bien se saper. 20 minutes
Tout plaidait en faveur d’un succès de l’équipe de France dans son jardin, à Saint-Denis. Ses triomphes à domicile à l’Euro 1984 et au Mondial 1998. Ses performances depuis le début du tournoi (meilleure attaque avec treize buts marqués). La forme de ses leaders (Antoine Griezmann, six buts pendant le tournoi dont cinq à partir des huitièmes de finale). L’alignement des planètes semblait parfait, à un petit détail près: depuis le début, la compétition affichait un visage singulier, une logique propre. Et la finale remportée dimanche soir par le Portugal résume parfaitement toutes les grandes tendances observées en un mois intensif de football. La fin de l’efficacité du jeu de possession à l’espagnole, qui a permis à la Roja de remporter un Mondial et deux Euros entre 2008 et 2012, est un thème récurrent depuis quelques années. A la Coupe du monde 2014, les champions du monde en titre avaient été éliminés dès le premier tour, mais l’Allemagne – qui allait lui succéder – prolongeait son influence en ajoutant à sa palette tactique une capacité à changer de rythme pour mener des attaques très directes. Cet été en France, les équipes qui gardaient le ballon n’ont pas nécessairement gagné, à l’instar des Bleus en finale (53% de possession de balle). Elargi à 24 équipes, l’Euro accueillait de nombreuses équipes peu habituées aux grands rendez-vous. Elles ne nourrissaient pas l’ambition de soulever le trophée Henri Delauney promis au vainqueur, mais clairement celle de traverser le tournoi sans être ridicule. Et elles ont fait d’un football sans prise de risque le paradigme de l’été.  Conséquences: les stars les plus attendues ont eu mille peines à briller dans le ciel de l’Euro. Tout un symbole, la blessure et la sortie dès la 25e minute de jeu de Cristiano Ronaldo – qui n’avait pas quitté le terrain une minute jusqu’alors – n’ont pas empêché le Portugal de remporter le premier titre majeur de son histoire. Décisif lors de la demi-finale contre le Pays de Galles, l’attaquant du Real Madrid avait été plutôt en retrait jusque-là. Il y a quelques exceptions au relatif mutisme des footballeurs européens les plus en vue du moment, dont le très remarqué Antoine Griezmann (six buts, meilleur joueur du tournoi aux yeux de l’UEFA) ou Gareth Bale. Mais l’ailier du Pays de Galles a moins fait l’unanimité par ses trois buts que parce qu’il s’est mis corps et âme au service de son équipe. A l’instar du Portugal en finale, de nombreuses formations se sont montrées bien organisées, solidaires, patientes et dures au mal. Les équipes d’Islande, d’Irlande du Nord et de République d’Irlande ont, par leur vaillante résistance opposée aux «grandes» équipes, offert à ce tournoi de belles histoires. Elles ont été reçues de manière assez paradoxale par les amateurs de football, qui d’un côté se prenaient de passion pour les besogneux «Vikings» de Reykjavik tout en regrettant de l’autre un Euro trop fermé, trop défensif, pas assez enlevé. (…) Mais au cours de la compétition, les surprises se sont succédé, la loi des séries a été mise à mal et les bookmakers ont dû s’en arracher les cheveux. L’Euro 2016 a rappelé que le football est un sport qui se joue à onze contre onze et qu’à la fin, on ne sait jamais vraiment qui va gagner. Le Temps
Après le drame d’Orlando, inutile de chercher dans les oraisons présidentielles la raison islamiste. Le «la» du diapason était ainsi donné aux médias bien disposés pour l’unisson: la faute aux armes à feu, à l’homophobie (et tant pis pour les orientations sexuelles du terroriste) mais pas question de réclamer des comptes à l’Autre es qualité de musulman radical. Après le carnage cruel de Dallas, un mot manquait cruellement au discours du premier Américain: «raciste». Un Noir, adepte du suprématisme noir, déclarait avoir massacré des policiers blancs pour venger des crimes commis par d’autres policiers blancs. Mais le mot qui serait venu naturellement aux lèvres de n’importe qui si, par exemple improbable, un Français voulait tuer un musulman intégriste pour venger le 13 novembre ou un délinquant noir parce qu’il aurait été volé par un autre Noir, manquait. Comme si, ici, l’évocation du racisme d’un noir, forcément victime par essence, était impossible à dire. Et comme si le blanc, par essence raciste, n’était jamais totalement innocent. (…) À ce stade du devoir parler vrai et sans crainte, les mots sont impuissants pour dire l’échec calamiteux du premier président noir des États-Unis d’Amérique dans sa tentative alléguée d’avoir voulu apaiser les tensions raciales. Sans doute, le ver était logé dans le fruit racialiste de ceux qui exultaient au soir de son élection, non en raison de son habileté oratoire incontestable, de son intelligence, de son élégance et de sa prestance, mais à raison essentiellement essentialiste de la couleur de sa peau. Et ce président n’aura eu de cesse depuis le début de sa présidence d’accuser la police d’être raciste envers les noirs et de s’en prendre particulièrement aux policiers blancs ou, plus largement, à tous les blancs susceptibles de se défendre contre des criminels. (…) À chaque fois qu’une polémique a défrayé la chronique policière et criminelle (Trayvon Martin à Stanford en Floride, Michael Brown à Ferguson dans le Missouri ou Freddy Gray à Baltimore), à chaque fois Obama, pour le plus grand plaisir de la presse de gauche et des démocrates gauchisants, a pris parti systématiquement contre la police. On a vu plus tard que la justice voyait les choses moins simplement et moins systématiquement. (…) Et pourtant, dans l’hypothèse spéculative, on affirme le racisme, et dans le cas indiscutable, on le passe sous silence… (…) par une dynamique perverse et dialectique, une sorte de choc en retour et d’un excès l’autre, les vecteurs principaux d’agrandissement du cercle vicieux se nomment racialisme obsessionnel et antiracisme professionnel, avec leur cortège de culture de l’excuse et de victimisation systématiques a priori. (…) Mais on aurait tort de penser que ces deux fléaux n’ont pas franchi allègrement l’Atlantique. Que penser par exemple, puisqu’il faut parler vrai, de cet article publié sans le moindre recul le 5 juillet dans notre vespéral national et intitulé: «Dans les banlieues populaires, l’absence de Benzema ne passe (toujours) pas»?: «On veut pas de reubeus en équipe de France, on l’entend beaucoup. Il y a une identification aux joueurs exclus» (…) «Bien sûr, il y a Sissoko, Pogba qui viennent de la région parisienne, mais ma génération est déçue qu’il n’y ait pas de reubeus des quartiers, des mecs qui nous ressemblent» fait dire la journaliste à des figures de l’immigration arabo-maghrébine. Bref de l’ethnicisme tranquille et assumé: c’est bien qu’il y ait des Noirs mais il faudrait aussi des Arabes. Quant à savoir la répartition quantitative entre marocains et algériens, l’article ne le dit pas. Heureusement, il n’y a pas que cela. Le Portugal a battu la France. Les Franco-Portugais n’ont pas caché, pour leur majorité, leur préférence lusitanienne. Et pourquoi non? Une intégration réussie n’impose pas une assimilation forcée. Battus, ils ne se seraient certainement pas vengés sur le matériel urbain. Il est des immigrations heureuses quand elles sont légales, paisibles et librement acceptées par la population d’accueil. L’immigration portugaise est une chance pour la France. Gilles William Goldnadel
Après l’épisode Domenech-Ribery-Anelka, comment expliquer que nos compatriotes se reconnaissent à nouveau dans une équipe qui leur fait plaisir ? Nul ne peut nier que les joueurs choisis par Didier Deschamps sont des garçons polis, bien élevés, respectueux, même s’il faut sans doute surveiller Paul Pogba comme le lait sur le feu. Ils ont compris (ou on leur a fait comprendre) que La Marseillaise était un symbole incontournable, pour le public français. L’attitude méprisante, pendants les hymnes, des Ribery-Benzema-Nasri ne passait plus, quand les Italiens chantaient à tue-tête « Fratelli d’Italia », et que toutes les autres équipes montraient leur attachement à leur pays. Ils ont fait cet effort, même si on sent que La Marseillaise, pour Giroud, Griezmann ou Matuidi, c’est autre chose que pour Pogba, mais ce dernier fait tout de même l’effort. Et puis, sachons le dire, la victoire contre l’Allemagne, jeudi dernier, a fait plaisir à toute la France, et à de nombreux anciens qui n’oublieront jamais le formidable match de Séville, en 1982, et son issue aussi cruelle qu’injuste. Pour dire les choses crûment, les Français en avaient marre de toujours perdre, en compétition officielle, contre les « casques à pointe », et ils sont contents que les hommes de Deschamps aient mis fin à cette malédiction. N’oublions pas un autre phénomène : la vedette de l’équipe, c’est Antoine Griezmann. Il a 25 ans, il est humble, il ramène toujours ses performances à celles du collectif, à celles de l’équipe. Quand il avait 15 ans, personne n’en voulait, en France. C’était la dictature du gabarit, du physique, donc de ce qu’on appelle « les gros Blacks ». Griezmann, jugé trop fluet, n’intéressait aucun recruteur français. C’est pour avoir osé remettre en cause ces critères, et le phénomène de la double nationalité, que certains dirigeants du football français ont été, en 2011, qualifiés de racistes par Thuram et Plenel. Moins stupides, moins dogmatiques, les Espagnols ne sont pas passés à côté d’un tel joyau. Aujourd’hui à l’Atletico de Madrid, Griezmann est considéré comme un des meilleurs joueurs du monde. Et cela fait plaisir aux Français. Les journaleux, qui marquent une préférence pour la diversité, ont beau rabaisser de manière scandaleuse les exploits de Koscielny (pourtant le vrai patron de la défense) et de Giroud (coupable d’avoir remplacé, avantageusement, leur chouchou Benzema), les Français sont ravis de constater que, même minoritaires, les « tauliers » de l’équipe leur ressemblent. Une fois qu’on a dit tout cela, faut-il vraiment pleurer de cette énorme déception ? En cas de victoire, les crapules socialistes auraient instrumentalisé cet événement pour faire oublier leurs brillants résultats à la tête de la France. Ils nous auraient fait le coup de la société multiculturelle, et nous auraient expliqué que c’est grâce à notre diversité (où les « Beurs » sont absents) que la France est championne d’Europe. Et ce Guignol de Hollande aurait été capable de gagner quelques points de popularité, comme au lendemain d’attentats islamistes. Mais il y a une contradiction majeure, autour d’un football mondialisé, souvent pratiqué par des mercenaires. Nos dirigeants ont eu beau vouloir remplacer le nom de « Coupe d’Europe des Nations » par « Euro » (quel symbole), le patriotisme des peuples européens n’a jamais été aussi fort, et le football y contribue. Il suffisait, à chaque match, de voir le nombre de drapeaux dans les tribunes, et la ferveur des hymnes nationaux, pour mieux s’en rendre compte. On n’a pas vu un drapeau européen pendant un mois, dans aucun stade. Nos dirigeants ont beau nous raconter que l’Europe, c’est la diversité et le multiculturalisme, mis à part la France et quelques pays d’Europe de l’ouest, la plupart des équipes étaient homogènes, blanches, avec, parfois, une ou deux exceptions. Et les sympathiques Islandais ont envoyé une image identitaire et patriotique qui est juste le contraire du discours dominant des dirigeants européens. N’en déplaise aux enseignants gauchistes, des millions d’enfants ont entendu leurs parents chanter La Marseillaise, et l’ont apprise à cette occasion. Conclusion : le pas regretté Rocard, Attali, Hollande, Merkel et autres traîtres qui dirigent nos pays ont beau raconter, au lendemain du Brexit, qu’il faut davantage d’Europe, et donc moins de souveraineté et de nations, il demeure, chez une grande partie des peuples européens, une appartenance identitaire qui va compliquer la vie de ceux qui veulent en finir avec nos pays, et la France en premier. Cela s’appelle l’amour charnel de notre pays, de sa civilisation et de sa terre. Tout ce qu’ils veulent détruire. Mais à condition, pour les fêtards, qui ont sorti les drapeaux bleu-blanc-rouge et chanté La Marseillaise durant un mois, de virer Hollande, à la prochaine présidentielle, sans remettre à la place ses clones républicains… Sinon, à quoi servirait d’honorer la France, le temps d’un match de football, pour élire, dix mois plus tard, ses pires fossoyeurs… Riposte laïque

Où l’on redécouvre qu’il y  a des immigrations heureuses …

Au lendemain du premier trophée européen, acquis dans la douleur que l’on sait, de nos amis portugais …

A l’heure où, comme vient de le démontrer le Brexit, nombre d’Européens n’en peuvent plus du mépris et de l’irresponsabilité de certaines de nos élites européennes …

Et où, de l’autre côté de l’Atlantique, un président post-racial auto-proclamé et chasseur d’ambulances patenté qui ne perd pas une occasion d’agiter la question raciale au premier incident venu (quand il s’agit de blancs) …

Déploie des trésors d’éloquence pour la dissimuler quand elle est indiscutable (quand il s’agit de noirs ou de musulmans) …

Comment bouder son plaisir avec l’avocat Gilles William Goldnadel ou le site Riposte laïque …

Au-delà de l’amère déception de la défaite et après les frasques d’une génération de racailles et de donneurs de leçons …

Devant le talent comme l’humilité bienvenue, après une suspension d’un an pour virée nocturne non autorisée à la veille d’un match perdu, d’un joueur que son gabarit avait contraint à s’expatrier en Espagne …

Mais aussi derrière le « football d’épiciers » tour à tour décrié ou encensé par nos médias (l’effet de l’arrivée de petites nations avec l’extension de la compétition à 24 équipes ?) …

La tranquille fierté d’une « immmigration heureuse » parce que « légale, paisible et librement acceptée par la population d’accueil » …

De toute une génération de Franco-Portugais qui n’ont jamais senti le besoin, eux, toutes les fois qu’ils ont été battus, de siffler l’hymne national, envahir le terrain ou « se venger sur le matériel urbain » ?

Après Dallas, la consternante absence du mot «racisme»
Gilles William Goldnadel
Le Figaro

11/07/2016

FIGAROVOX/CHRONIQUE – Pour Gilles-William Goldnadel, le drame de Dallas est révélateur d’une racialisation inquiétante des rapports sociaux accompagnée d’un antiracisme à géométrie variable.
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l’association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l’actualité pour FigaroVox.
Ceux qui veulent bien me lire chaque semaine dans ces colonnes savent que je suis de ceux qui pensent que non seulement toute vérité est bonne à dire, mais encore que le mal à dire aggrave la maladie.

Autrement dit, en matière de non-dits, les lois de la psychologie collective sont identiques à celles de la psychologie individuelle.

Commençons par les non-dits de Monsieur Obama. Il est des mots qui lui écorcheraient sa bouche pourtant prolixe.

Après le drame d’Orlando, inutile de chercher dans les oraisons présidentielles la raison islamiste. Le «la» du diapason était ainsi donné aux médias bien disposés pour l’unisson: la faute aux armes à feu, à l’homophobie (et tant pis pour les orientations sexuelles du terroriste) mais pas question de réclamer des comptes à l’Autre es qualité de musulman radical.

Après le carnage cruel de Dallas, un mot manquait cruellement au discours du premier Américain: «raciste». Un Noir, adepte du suprématisme noir, déclarait avoir massacré des policiers blancs pour venger des crimes commis par d’autres policiers blancs. Mais le mot qui serait venu naturellement aux lèvres de n’importe qui si, par exemple improbable, un Français voulait tuer un musulman intégriste pour venger le 13 novembre ou un délinquant Noir parce qu’il aurait été volé par un autre Noir, manquait.

Comme si, ici, l’évocation du racisme d’un noir, forcément victime par essence, était impossible à dire. Et comme si le blanc, par essence raciste, n’était jamais totalement innocent.

C’est dans le creux vertigineux de ce manque que niche une grande partie du drame racial qui enlaidit la vie.

À ce stade du devoir parler vrai et sans crainte, les mots sont impuissants pour dire l’échec calamiteux du premier président noir des États-Unis d’Amérique dans sa tentative alléguée d’avoir voulu apaiser les tensions raciales.

Sans doute, le ver était logé dans le fruit racialiste de ceux qui exultaient au soir de son élection, non en raison de son habileté oratoire incontestable, de son intelligence, de son élégance et de sa prestance, mais à raison essentiellement essentialiste de la couleur de sa peau.

Le ver était logé dans le fruit racialiste de ceux qui exultaient au soir de son élection, non en raison de son habileté oratoire, de son intelligence, de son élégance et de sa prestance, mais à raison essentialiste de la couleur de sa peau.
Et ce président n’aura eu de cesse depuis le début de sa présidence d’accuser la police d’être raciste envers les noirs et de s’en prendre particulièrement aux policiers blancs ou, plus largement, à tous les blancs susceptibles de se défendre contre des criminels. Comme le rappelle Guy Milliere dans un article du 9 juillet (Dreuz), Obama s’est appuyé pour cela sur les professionnels de la tension raciale tel Al Sharpton, et a accordé ces derniers mois son soutien à des organisations extrémistes ouvertement anti policières telles que Black Lives Matter.

À chaque fois qu’une polémique a défrayé la chronique policière et criminelle (Trayvon Martin à Stanford en Floride, Michael Brown Ferguson dans le Missouri ou Freddy Gray à Baltimore), à chaque fois Obama, pour le plus grand plaisir de la presse de gauche et des démocrates gauchisants, a pris parti systématiquement contre la police. On a vu plus tard que la justice voyait les choses moins simplement et moins systématiquement.

Je ne veux pas caricaturer ma propre pensée: je ne sous-estime pas la violence de la police américaine, à l’image de la société américaine. Je ne sous-estime pas le racisme de certains policiers blancs, pas plus que je ne sous-estime le racisme de certains délinquants noirs.

Mais j’affirme que considérer l’ensemble des faits divers précités comme le résultat d’un racisme évident plutôt que celui de l’instinct de peur ou même de la défense légitime relève d’une spéculation intellectuelle infiniment plus oiseuse que lorsqu’il s’agit de caractériser l’acte d’un criminel qui fait un carton sur des policiers blancs uniquement parce qu’ils sont blancs.

Et pourtant, dans l’hypothèse spéculative, on affirme le racisme, et dans le cas indiscutable, on le passe sous silence…

De même, je réfute par principe l’évidence propagée ad nauseam de ce que la justice américaine aurait, à chaque fois qu’elle a relaxé un policier mis en cause, fait montre de partialité. Après tout, en France aussi, des politiciens spéculant façon Benoît Hamon ont critiqué des décisions bien fondées en droit comme en fait comme dans l’affaire Ziad et Bounia.

À la suite de ces spéculations médiatiques et politiques, on imagine avec quelle sérénité intellectuelle les prochains juges américains appréhenderont les prochains «dérapages policiers» qui seront déférés devant eux.

L’opinion publique, cette catin, n’a rien à faire dans le prétoire déclarait autrefois mon confrère Moro-Giafferi… C’est loin.

Dans ce cadre intellectuel vicié, un cercle culturel vicieux s’est agrandi sans fin. Bien sûr que la question noire américaine a été mal réglée.

Les préjugés contre les noirs, pendant des années et contrairement à ce qu’on pouvait espérer se sont envenimées après la suppression de l’esclavagisme. Les stigmates anti- noirs se sont renforcés et ont été traduits en un système de lois et de normes dites «Jim Crow» destiné à préserver l’ordre racial. Interdiction faite aux noirs de voter, d’étudier dans les écoles blanches, d’aller dans les magasins, les restaurants fréquentés par les blancs. Comme l’indique pertinemment Yuval N. Harari (Sapiens, une brève histoire de l’humanité, Albin-Michel): «au milieu du XXe siècle, la ségrégation dans les anciens états confédérés était probablement pire qu’à la fin du XIXe siècle. Clennon King, l’étudiant noir qui voulut entrer à l’université du Mississippi en 1958, fut interné de force dans un

Les préjugés contre les noirs, pendant des années et contrairement à ce qu’on pouvait espérer se sont envenimées après la suppression de l’esclavagisme.
asile psychiatrique. Le juge trancha qu’un noir était forcément fou s’il imaginait pouvoir y être admis».

Il n’en demeure pas moins que le sort des Noirs américains, leur situation sociale et culturelle se sont, depuis les années 60, très considérablement améliorés.

J’affirme qu’aujourd’hui, que par une dynamique perverse et dialectique, une sorte de choc en retour et d’un excès l’autre, les vecteurs principaux d’agrandissement du cercle vicieux se nomment racialisme obsessionnel et antiracisme professionnel, avec leur cortège de culture de l’excuse et de victimisation systématiques a priori.

De ce point de vue, Barack Obama en aura été à la fois le triste héros et la victime consentante.

Mais on aurait tort de penser que ces deux fléaux n’ont pas franchi allègrement l’Atlantique.

Que penser par exemple, puisqu’il faut parler vrai, de cet article publié sans le moindre recul le 5 juillet dans

Barack Obama en aura été à la fois le triste héros et la victime consentante.
notre vespéral national et intitulé: «Dans les banlieues populaires, l’absence de Benzema ne passe (toujours) pas»?: «On veut pas de reubeus en équipe de France, on l’entend beaucoup. Il y a une identification aux joueurs exclus» (…) «Bien sûr, il y a Sissoko, Pogba qui viennent de la région parisienne, mais ma génération est déçue qu’il n’y ait pas de reubeus des quartiers, des mecs qui nous ressemblent» fait dire la journaliste à des figures de l’immigration arabo-maghrébine.

Bref de l’ethnicisme tranquille et assumé: c’est bien qu’il y ait des Noirs mais il faudrait aussi des Arabes. Quant à savoir la répartition quantitative entre marocains et algériens, l’article ne le dit pas.

Les mêmes qui n’avaient pas de mots assez durs pour Nadine Morano…

Heureusement, il n’y a pas que cela. Le Portugal a battu la France. Les Franco-Portugais n’ont pas caché, pour leur majorité, leur préférence lusitanienne. Et pourquoi non? Une intégration réussie n’impose pas une assimilation forcée. Battus, ils ne se seraient certainement pas vengés sur le matériel urbain. Il est des immigrations heureuses quand elles sont légales, paisibles et librement acceptées par la population d’accueil. L’immigration portugaise est une chance pour la France.

C’est dit.

Voir aussi:

Quand le football mondialisé réhabilite le patriotisme français
Cyrano

Riposte laïque

10 juillet 2016

Grosse déception, l’équipe de France n’a pas été capable de battre le Portugal, en finale de l’Euro foot 2016, malgré la blessure de la vedette Ronaldo. Même si nombre de lecteurs, voire de contributeurs, de Riposte Laïque, comme Paul Le Poulpe, Josiane Filio ou Gérard Brazon, ont essayé d’expliquer les enjeux de cet Euro 2016 de football, et son instrumentalisation par le pouvoir et ses propagandistes, il est un phénomène incontournable : les Français aiment le foot, et préfèrent voir la France gagner que perdre ! D’où l’énorme déception de tout le pays.

Certains diront, à juste titre, que cette équipe, d’aspect très africaine, ne ressemble pas à la réalité de la vraie France. C’est sans doute vrai, mais elle est proche, hélas, de nombreuses écoles de la région parisienne et de périphéries urbaines. On pourrait, malgré tout, ajouter que ces joueurs, souvent possesseurs d’une double nationalité, ont choisi de jouer pour la France, sont passés par des centres de formation de notre pays, et sont donc tous assimilés, ce qui est devenu tellement rare qu’il faut le faire remarquer. D’autres affirmeront, ce qui n’est pas faux, qu’aucun joueur de cette équipe ne joue en France, à l’exception de Blaise Matuidi, qui joue au Paris Saint-Germain (appelé le Paris Qatar), et de Samuel Umtiti, lyonnais cette année, mais barcelonais l’an prochain. On pourrait encore évoquer les salaires exorbitants des footballeurs français, et constater que ce magnifique sport échappe à présent, dans les stades, aux classes populaires, vu le prix des places. C’est encore vrai. Et les sponsors de l’épreuve s’appellent, entre autres, McDonalds, Coca Cola ou Turkish Airlines… Les Français savent tout cela, mais aux yeux d’une majorité d’entre eux, le plus important, c’est que la France gagne, que les Bleus leur fassent plaisir et les rendent fiers d’une France qui gagne. D’où encore l’énorme déception.

Il n’y a eu qu’une seule période où les Français souhaitaient viscéralement la défaite de leur pays : celle de la période Domenech, quand les islamo-racailles Ribery et Anelka avaient pris le contrôle des vestiaires, avec la complicité d’un sélectionneur, militant de la diversité, entre les années 2006 et 2010. Cela se termina par la mascarade de l’Afrique du Sud. Les années suivantes, celle de Laurent Blanc et des racailles Ribery-Benzema-Nasri, n’arrangèrent pas ce profond désamour.

Historiquement, les Français ont connu trois grands champions : Raymond Kopa, fils de mineur polonais, Michel Platini, fils d’un footballeur italien, et Zinedine Zidane, fils d’un immigré algérien. Tous trois sont nés en France. Mais les deux premiers ont des prénoms français, pas le troisième. Quand les deux premiers rencontraient leur pays d’origine, ils n’y avait aucune ambiguïté, ils étaient français avant d’être polonais ou italiens. Le troisième disait qu’il souhaitait un match nul. Les enfants de Polonais et d’Italiens chantaient La Marseillaise, les enfants d’Algériens la siffleront en 2001, au Stade de France, comme les Marocains et les Tunisiens quelques années plus tard.

Zidane fut champion du monde, en 1998. On parlait, de manière propagandiste, d’une équipe black-blanc-beur. Mais c’était avant tout encore l’équipe de l’assimilation. Les chefs s’appelaient Aimé Jacquet et Roger Lemerre, ils avaient été ouvriers. Sur le terrain, les patrons s’appelaient Didier Deschamps et Laurent Blanc. Les Français se retrouvaient encore en eux.

Après l’épisode Domenech-Ribery-Anelka, comment expliquer que nos compatriotes se reconnaissent à nouveau dans une équipe qui leur fait plaisir ? Nul ne peut nier que les joueurs choisis par Didier Deschamps sont des garçons polis, bien élevés, respectueux, même s’il faut sans doute surveiller Paul Pogba comme le lait sur le feu. Ils ont compris (ou on leur a fait comprendre) que La Marseillaise était un symbole incontournable, pour le public français. L’attitude méprisante, pendants les hymnes, des Ribery-Benzema-Nasri ne passait plus, quand les Italiens chantaient à tue-tête « Fratelli d’Italia », et que toutes les autres équipes montraient leur attachement à leur pays. Ils ont fait cet effort, même si on sent que La Marseillaise, pour Giroud, Griezmann ou Matuidi, c’est autre chose que pour Pogba, mais ce dernier fait tout de même l’effort.

Et puis, sachons le dire, la victoire contre l’Allemagne, jeudi dernier, a fait plaisir à toute la France, et à de nombreux anciens qui n’oublieront jamais le formidable match de Séville, en 1982, et son issue aussi cruelle qu’injuste. Pour dire les choses crûment, les Français en avaient marre de toujours perdre, en compétition officielle, contre les « casques à pointe », et ils sont contents que les hommes de Deschamps aient mis fin à cette malédiction.

N’oublions pas un autre phénomène : la vedette de l’équipe, c’est Antoine Griezmann. Il a 25 ans, il est humble, il ramène toujours ses performances à celles du collectif, à celles de l’équipe. Quand il avait 15 ans, personne n’en voulait, en France. C’était la dictature du gabarit, du physique, donc de ce qu’on appelle « les gros Blacks ». Griezmann, jugé trop fluet, n’intéressait aucun recruteur français. C’est pour avoir osé remettre en cause ces critères, et le phénomène de la double nationalité, que certains dirigeants du football français ont été, en 2011, qualifiés de racistes par Thuram et Plenel. Moins stupides, moins dogmatiques, les Espagnols ne sont pas passés à côté d’un tel joyau. Aujourd’hui à l’Atletico de Madrid, Griezmann est considéré comme un des meilleurs joueurs du monde. Et cela fait plaisir aux Français. Les journaleux, qui marquent une préférence pour la diversité, ont beau rabaisser de manière scandaleuse les exploits de Koscielny (pourtant le vrai patron de la défense) et de Giroud (coupable d’avoir remplacé, avantageusement, leur chouchou Benzema), les Français sont ravis de constater que, même minoritaires, les « tauliers » de l’équipe leur ressemblent.

Une fois qu’on a dit tout cela, faut-il vraiment pleurer de cette énorme déception ? En cas de victoire, les crapules socialistes auraient instrumentalisé cet événement pour faire oublier leurs brillants résultats à la tête de la France. Ils nous auraient fait le coup de la société multiculturelle, et nous auraient expliqué que c’est grâce à notre diversité (où les « Beurs » sont absents) que la France est championne d’Europe. Et ce Guignol de Hollande aurait été capable de gagner quelques points de popularité, comme au lendemain d’attentats islamistes.

Mais il y a une contradiction majeure, autour d’un football mondialisé, souvent pratiqué par des mercenaires. Nos dirigeants ont eu beau vouloir remplacer le nom de « Coupe d’Europe des Nations » par « Euro » (quel symbole), le patriotisme des peuples européens n’a jamais été aussi fort, et le football y contribue. Il suffisait, à chaque match, de voir le nombre de drapeaux dans les tribunes, et la ferveur des hymnes nationaux, pour mieux s’en rendre compte. On n’a pas vu un drapeau européen pendant un mois, dans aucun stade.

Nos dirigeants ont beau nous raconter que l’Europe, c’est la diversité et le multiculturalisme, mis à part la France et quelques pays d’Europe de l’ouest, la plupart des équipes étaient homogènes, blanches, avec, parfois, une ou deux exceptions.

Et les sympathiques Islandais ont envoyé une image identitaire et patriotique qui est juste le contraire du discours dominant des dirigeants européens.

N’en déplaise aux enseignants gauchistes, des millions d’enfants ont entendu leurs parents chanter La Marseillaise, et l’ont apprise à cette occasion.

Conclusion : le pas regretté Rocard, Attali, Hollande, Merkel et autres traîtres qui dirigent nos pays ont beau raconter, au lendemain du Brexit, qu’il faut davantage d’Europe, et donc moins de souveraineté et de nations, il demeure, chez une grande partie des peuples européens, une appartenance identitaire qui va compliquer la vie de ceux qui veulent en finir avec nos pays, et la France en premier. Cela s’appelle l’amour charnel de notre pays, de sa civilisation et de sa terre. Tout ce qu’ils veulent détruire.

Mais à condition, pour les fêtards, qui ont sorti les drapeaux bleu-blanc-rouge et chanté La Marseillaise durant un mois, de virer Hollande, à la prochaine présidentielle, sans remettre à la place ses clones républicains…

Sinon, à quoi servirait d’honorer la France, le temps d’un match de football, pour élire, dix mois plus tard, ses pires fossoyeurs…

Voir par  ailleurs:

Euro : le paradoxe Griezmann, quand la France adore un pur produit du foot espagnol
Bruno Roger-Petit

Les blogs du Figaro

6 juin 2016

Donc, la France espère en Griezmann. « Attaquant, option gendre idéal » titrait même M le magazine ce week end. Griezmann, espoir d’une France du football qui désespère de Cantona, Benzema et les autres. Griezmann, ce brave petit, bien chez nous. Griezmann, sérieux, appliqué, travailleur, sympathique, courageux, tenace, volontaire et talentueux. Griezmann, ce joueur si Français. La France aime Griezmann. De quoi Griezmann est-il le nom ? Du footballeur idéal à la française.

Seulement voilà. Griezmann est un paradoxe. Si l’on parle football, seulement football, culture football, Griezmann est tout sauf un produit de l’école française. Et pire encore, il est le symbole de tous les échecs possibles de la formation à la française du début des années 2000.

On explique. Quand il est âgé de 13 ans, pas un centre de formation français de futurs footballeurs professionnels ne veut de Griezmann. Trop petit. Trop fragile. Trop frêle. Trop technique. Le grand OL de l’arrogant Aulas n’en veut pas. Et le FC Metz non plus, club qui aura réussi l’exploit de manquer en quarante ans et Platini et Griezmann. Par hasard, un recruteur de la Real San Sebastian croise la route du gamin. Eric Olhats (c’est le nom du recuteur) prend le pari. Et voilà Griezmann en Espagne. A l’école du football espagnol. Formé comme un espagnol. Eduqué comme un espagnol. Il finit par humilier le pauvre OL d’Aulas en Ligue des Champions, avec la Real Sociedad (quelle revanche) et s’en va pour l’Atlético, grandir encore avec Simeone. Et jouer une finale de Ligue des Champions. Et devenir le grand espoir du football français.

Ainsi se mesure le paradoxe Griezmann. Benzema, Nasri, Menez et les autres ont naufragé, Ben Arfa n’a pas su convaincre Deschamps de la réalité de sa rédemption, et voici que Griezmann est célébré comme l’incarnation des valeurs du football français alors qu’il est le produit le plus achevé des valeurs espagnoles du football, entre rage de vaincre et soif de victoires, détermination et travail, tenacité et volonté.

Oui, en reportant sur Griezmann sa volonté de célébrer un footballeur bien sous tous rapports, la France du football applaudit un chef d’oeuvre issu de l’école espagnole du football. Et acte, par contre coup, que les centres de formation à la française, entre conceptions tactiques à côté de la plaque et incapacité à former des hommes émancipés, ont été à la ramasse. L’Espagne a fait Griezmann, la France a fait Benzema. Ce qui nous inclinerait à penser que Benzema n’est pas le seul responsable de la dérive de Benzema et qu’à ce titre, quelques circonstances atténuantes doivent lui être accordées (ce qui n’excuse pas l’inexcusable).

La France du football est étonnante, qui ne parait même pas réaliser qu’en célébrant Griezmann, à le voir si beau, si grand, si fort, elle confesse un aveu d’échec considérable. Elle se berce d’illusions. Nous avons Griezmann, tout est possible, sans admettre qu’elle n’est pour rien dans l’accomplissement de Griezmann. Cet aveuglement, en forme de déni de réalité, laisse pantois tant il signe les symptomes de ce mal français qui consiste, en tous lieux et toutes époques, à se voir plus beau que l’on est. Et à ne tirer aucune conséquence des échecs avérés et répétés. Hélas ! Balzac s’est trompé, la France n’est toujours pas le pays des illusions perdues.

Voir encore:

Euro 2016 : le Portugal a oublié le football
La Selecção das Quinas a déviergé son palmarès hier en faisant main basse sur le trophée Henri Delaunay, au terme d’un parcours éminemment critiquable.
Emmanuel Amma

Le Point

11/07/2016

Bravo, mais que c’est laid ! Le Portugal n’a pas « volé » cet Euro, ni lésé quiconque, sauf peut-être la totalité des amateurs de football et des esthètes du sport. Si la légalité sportive de ce succès paraît indiscutable, sa légitimité demeure contestable pour ceux qui se font une certaine idée du mérite. Quand on prend le parti de mépriser le jeu, on se doit au moins de gagner, même petitement, la victoire étant le seul juge de paix du football s’il y en a un. La troupe de Fernando Santos ne s’est pas embarrassée un seul instant de ces considérations puisqu’elle a trouvé le moyen de mettre la main sur un trophée majeur en remportant à peine plus de la moitié de ses rencontres dans cet Euro. Et il faut voir de quelle façon !

7 matches, 4 victoires
Les avocats autoproclamés de la très décriée sélection portugaise la défendent d’une curieuse manière. Cette équipe serait, paraît-il, devenue une gagnante cynique pour conjurer son passé de perdante magnifique. Encore faut-il gagner pour mériter cette étiquette. Pour rappel, les coéquipiers de Cristiano Ronaldo se sont hissés en phase finale de la compétition sans compter le moindre succès dans une poule facilissime et grâce à une troisième place étonnamment qualificative. Et il leur a fallu trois électrochocs – l’Autriche, l’Islande, puis la Hongrie – pour commencer à gagner… en prolongation contre la Croatie en huitième de finale et hériter par la même occasion d’une partie de tableau en forme de boulevard jusqu’en finale avec un dernier carré rêvé contre les néophytes gallois.

D’ordinaire, les compétitions internationales exigent d’être performant d’entrée de jeu pour qui prétend à la victoire finale, et il n’y a pas de séance de rattrapage. Le hasard des chiffres et la bizarrerie du système de qualification pour les huitièmes dicté par l’UEFA pour cet Euro ont permis au Portugal de déroger à la norme. Jamais une équipe nationale n’avait remporté un titre majeur en alignant trois matches nuls en phase de groupe.

Le Portugal se prend pour la Grèce de 2004
Qui eût cru que les héritiers d’Eusébio, Luís Figo et Rui Costa allaient prendre pour modèle l’équipe qui les a privés du titre en finale de l’Euro 2004, leur Euro organisé chez eux, en terre lusitanienne ? La rancoeur est tenace, et pourtant, ils ont tout fait comme eux. Sauf que cette Grèce ne comptait pas dans ses rangs un joueur de la trempe de Cristiano Ronaldo, ni même de celle de Nani et de Renato Sanches. La stratégie était claire : on bétonne littéralement en défense, quitte à broyer la dimension spectaculaire du football, et on compte sur l’individualité et la réussite pour marquer, en prolongation le plus souvent – contre la Croatie et la France –, une fois que l’adversaire est usé de faire le jeu, seul, et contre un mur. Sinon, on s’en remet à la loterie des tirs au but, comme ce fut le cas contre la Pologne en quart de finale de cet Euro.

Comme la Grèce en 2004, le Portugal de 2016 a défait l’hôte de la compétition en finale sur le score de 1-0, mais au terme des prolongations, confirmant par là sa propension dans cet Euro à ne gagner aucun match dans le temps réglementaire, exception faite de la demi-finale contre le pays de Galles. Le hasard faisant bien les choses, le sélectionneur portugais Fernando Santos a entraîné de nombreuses équipes dans sa carrière, dont Porto, Benfica et – eurêka ! – l’équipe de Grèce entre 2010 et 2014. L’homme est un fin connaisseur du football grec puisqu’il a entraîné trois clubs grecs au total : l’AEK Athènes, le Panathinaïkos et le PAOK Salonique. On comprend mieux pourquoi les champions d’Europe 2016 ressemblent autant aux champions d’Europe 2004. Joli coup signé Fernando Santos ! C’est tant mieux pour le Portugal et c’est tant pis pour le football.

Voir de plus:

Les secrets gagnants du pays de Galles
Alexandre Kotowski

Sport 24-Figaro

05/07/2016

Le pays de Galles, l’une des surprises de cet Euro 2016, défie le Portugal ce mercredi à Lyon (21h) et peut légitimement rêver à une place en finale.

S’il y a bien un enseignement à tirer de cet Euro à vingt-quatre, c’est qu’il n’y a plus de «petites» équipes. À l’image de l’Islande quart de finaliste, qui aurait cru avant la compétition que le pays de Galles intégrerait le dernier carré ? Personne. Et pourtant, il n’y a rien de plus logique quand on analyse le jeu des Gallois.

Une organisation bien huilée
Organisé en 3-5-2, le pays de Galles fait preuve de discipline tactique et de rigueur défensive, une des clés pour pouvoir rivaliser avec les «grandes» nations. Même s’ils laissent majoritairement le ballon à leurs adversaires (47% de possession de balle en moyenne, le plus petit total des demi-finalistes), les Gallois respectent leur position. Leur bloc équipe est compact, coulissant parfaitement de gauche à droite et inversement. Les Britanniques n’ont pas peur d’aller au duel, au sol et dans les airs, dans le plus pur style anglo-saxon (dix-sept duels aériens gagnés par match en moyenne, seule la France fait mieux dans le dernier carré). Bref, les hommes du sélectionneur Chris Coleman sont solides.

De plus, ils se connaissent parfaitement. Huit joueurs ont démarré tous les matches du pays de Galles dans cet Euro. Les automatismes sont nombreux et renforcent leur solidarité. «La star, c’est l’équipe. On lutte ensemble, on tacle et on s’entend comme des frères», avouait Gareth Bale en conférence de presse lundi. Il suffit de voir la triple occasion de la Belgique dans les premières minutes du quart de finale (3-1). Derrière le portier Hennessey sorti devant Ferreira Carrasco, ils sont six quasiment sur leur ligne de but pour empêcher le ballon d’entrer. Le seul point négatif, c’est un temps de cadrage parfois trop long sur le porteur de balle adverse. C’était le cas sur le deuxième but encaissé contre l’Angleterre mais aussi celui contre la Belgique. Une frappe lointaine de Radja Nainggolan, spécialiste du genre et pourtant seul dans l’axe aux trente mètres.

Des individualités qui subliment l’équipe
Au pays de Galles, il y a un collectif mais aussi des individualités. Parmi celles-ci, il y a bien sûr Gareth Bale. Le Madrilène est capable de faire la différence sur une attaque rapide, grâce à sa pointe de vitesse ; sur une attaque placée grâce à sa qualité de passe et de centre, et aussi sur coup de pied arrêté (déjà deux buts sur les trois à son actif) grâce à sa frappe de balle flottante. Il a cadré treize tirs, le total le plus élevé de la compétition.

Juste derrière lui, Aaron Ramsey oriente chaque offensive galloise. Son aisance technique offre des temps de conservation de balle importants, qui soulagent ses partenaires. Il est toujours proche des attaquants pour leur délivrer des caviars (meilleur passeur du tournoi avec quatre passes décisives en cinq matches, à égalité avec Eden Hazard). Suspendu pour la demi-finale, tout comme le défenseur Ben Davies, il va manquer à ses coéquipiers. Mais c’est l’occasion pour d’autres joueurs de se révéler, à l’instar d’Hal Robson-Kanu, buteur face à la Belgique au prix d’une magnifique feinte, ou du capitaine Ashley Williams. À n’en pas douter, les Gallois n’ont pas fini de montrer leurs talents.

Voir de plus:

Euro 2016: Barbes, tatouages… Pourquoi l’Islande est l’équipe la plus stylée de la compétition
Marc Nouaux

20 minutes

27.06.2016

L’Islande, c’est l’équipe hype de cet Euro. Un petit pays exotique qui se qualifie pour les 8es de finale, un public qui suit en nombre et des joueurs qui ont un bon look. Un bon look au point d’ériger l’Islande au rang d’équipe la plus stylée de la compétition. Avant son match historique face à l’Angleterre (lundi à 21h), on vous explique pourquoi.

Ils ont de belles barbes
Ils n’ont pas tous une pilosité hors du commun mais certains joueurs se distinguent par de belles barbes. Exemple avec le capitaine, Aron Gunnarsson, symbole de la combativité de l’équipe. Derrière sa barbe, le milieu de terrain dégage une agressivité et un côté assez rugueux qui peut avoir tendance à « effrayer » l’adversaire. Du côté de Runar Sigurjonsson ou de Birkir Bjarnason, on n’est pas en reste non plus.

Ils ont des coiffures soignées
Hipsters, les Islandais ? Si on se dégage du mot au sens strict du terme (qui qualifie des habitudes culturelles, vestimentaires, de style ou de consommation…), on peut se dire que les Islandais en ont en tout cas des allures. « C’est sans doute l’équipe la plus hipster de la compétition, sourit Guillaume qui a effectué plusieurs [longs] séjours en Islande. Mais attention, la Belgique aussi c’est pas mal mais l’Islande plus que tout. » A l’image de leurs coiffures telle celle du jeune Hordur Magnusson.

Gunnar, supporter islandais de 30 ans nous éclaire sur cette pratique. « Une grande partie de la jeune génération islandaise suit cette tendance mais ce n’est pas la majorité de la population. » A l’image du vieux, Eidur Gudjohnsen (37 ans), qui lui, préfère rester classique.

Ils aiment les tatouages et bien se saper
Les Islandais ont vraiment de la gueule. Si on a tendance à remarquer que nombreux sont les footballeurs tatoués, en Islande, il y a un vrai phénomène de mode. Les joueurs dégagent un vrai style viking avec leurs tatouages et les affichent sur les bras. Ainsi, Ari Skulason, le défenseur, est plutôt impressionnant.

Le bras tatoué d’Hordur Magnusson, le jeune défenseur de l’Islande. – B. Horvar / AFP
Niveau sape, on aime aussi se démarquer chez les Vikings. « Vous pouvez le voir en France pendant l’Euro. Les Islandais sont avant-gardistes en termes de tenues vestimentaires et de look. Tous les jours de la semaine ils portent des costumes sur mesure. » C’est sûr que ça contraste avec les costards mal taillés de Wayne Rooney…

Voir enfin:

Islande, Pays de Galles, Roumanie… En Europe, ce sont les « petites nations » qui font la loi
Alessandro Pitzus
Eurosport

04/09/2015

QUALIFICATIONS EURO 2016 – Plusieurs équipes inattendues jouent les premiers rôles depuis le début des éliminatoires. L’Islande, le Pays de Galles, la Slovaquie ou encore la Roumanie sont proches d’obtenir un aller direct pour la France en juillet prochain et ils ne l’ont pas volé.
Il fut un temps où se qualifier pour l’Euro était beaucoup plus difficile qu’obtenir sa place en Coupe du monde. Mais ça, c’était avant. En ouvrant la porte à 24 nations contre 16 lors des précédentes éditions, l’UEFA a choisi d’être moins élitiste. Les deux premiers de chaque groupe composteront leur billet, le meilleur troisième aussi et pour les autres trainards, il y aura une séance de rattrapage sous forme de barrages traditionnels.

La nouvelle formule a ouvert la porte mais le règlement novateur n’est pas forcément surexploité par les « petites nations ». Les Pays-Bas, l’Espagne, la Belgique, l’Allemagne n’occupent pas les premières places de leurs groupes respectifs à trois journées de la fin. Relâchements inconscients, mises en route difficiles, il y a plusieurs raisons pour expliquer les défaillances relatives des grands d’Europe. Ils s’appellent Islande, Pays de Galles, Pologne, Roumanie ou encore Autriche et ils sont proches de décrocher un aller simple amplement mérité pour l’Euro 2016.

L’Islande cartonne devant les Tchèques et les Néerlandais
C’était l’une des grosses côtes au début des éliminatoires et l’Islande joue parfaitement son rôle de trublion dans le groupe A. Quinze points dans la besace, une première place, des succès bien construits, les Nordiques n’en espéraient pas tant. En battant pour la première fois de son histoire les Pays-Bas, l’équipe islandaise, guidée par un irréprochable Gylfi Sigurdsson (4 buts) s’est donnée les moyens de ses ambitions.

Petite particularité : l’Islande est la seule sélection dirigée par deux sélectionneurs. Ce n’est peut-être pas qu’un détail. Le tandem Heimir Hallgrimsson – Lars Lagerbäck pourrait offrir à l’Islande sa première participation à une grande compétition majeure. Une qualification serait synonyme de continuité pour cette équipe qui aligne les bons résultats internationaux depuis trois ans et qui avait échoué en barrages lors des derniers éliminatoires du Mondial.

Pour le moment, le Pays de Galles de Bale effectue un sans faute
Avec la nouvelle réforme, voir le Pays de Galle à l’Euro était une possibilité tout à fait envisageable. Aujourd’hui, elle est en passe de se réaliser. L’équipe de Chris Coleman est toujours invaincue (14 points, 4 victoires, 2 nul). En revanche, pas grand monde n’imaginait les Gallois devant les Belges dans un groupe B où les Bosniens se sont écroulés.
Sous l’impulsion d’un Gareth Bale toujours plus impressionant (5 buts en 6 matches), le Pays de Galles n’enchaine pas les scores fleuves (8 buts marqués) mais il fait le « job » sobrement. Sa dernière victoire contre la Belgique à Cardiff (1-0 but de Bale) lui a permis de faire un pas important vers une éventuelle première qualification de son histoire pour un championnat d’Europe.

Carton plein pour la Slovaquie
Difficile de faire mieux que la Slovaquie (6 victoires). Les hommes de Jan Kozak présentent un bilan parfait en tête du groupe C devant l’Espagne. A défaut d’être spectaculaires, les Slovaques font preuve d’une efficacité redoutable. Leur victoire inattendue contre l’Espagne (2-1) lors de la 2e journée a lancé la machine. Elle ne s’est pas arrêtée depuis.

La grande force de cette équipe est aussi sa plus grande faiblesse : Marek Hamsik. Dans ses bons jours, le milieu offensif napolitain peut faire la pluie et le beau temps (3 buts en 6 matches). Pour l’instant, le joueur de 28 ans est régulier et ça paye.

Invaincue, la Pologne continue de tenir tête à l’Allemagne
L’époque où la Pologne prenait des fessés contre l’Allemagne semble révolue. Son succès contre la Mannschaft (2-0, 2e journée) a complètement décomplexé la bande à Robert Lewandowski. Le meilleur buteur des qualifications (7 buts) a inscrit l’intégralité de ses buts en deux rencontres. Contre Gibraltar (4) et la Géorgie (3).

La Pologne, attaque la plus prolifique des éliminatoires, a suivi l’exemple de son artificier bavarois en marquant 15 de ses 20 buts contre les deux bonnets d’âne du groupe D. Avec un point d’avance sur l’Allemagne, les Polonais auront du mal à conserver leur première place mais ils ont toutes les chances de décrocher un aller simple pour l’Euro.

La Roumanie en position idéale, l’Irlande du Nord en embuscade
Dans le groupe le moins relevé (et le moins attractif) de ces qualifications, la Roumanie et l’Irlande du Nord sont en train de tirer leur épingle du jeu. Pendant que les Grecs et les Finlandais sombraient, les Roumains faisaient le plein (14 points et invaincus) s’appuyant sur une défense de fer (la meilleure de la zone Euro avec un but encaissé).

Côté nord-irlandais (13 points), on s’accroche à Kyle Lafferty. Le buteur de Norwich est impliqué sur 6 des 8 buts de son équipe (5 buts, 1 passe). La formation de Michael O’Neill jouera sa qualification directe contre la Hongrie (3e avec 11 points). Dans le pire des cas, elle passera par la case barrages pour tenter de participer au premier Euro de son histoire.

L’Autriche touche au but
Absente des grandes compétitions depuis 2008 et l’Euro co-organisé sur ses terres, l’Autriche est proche de la délivrance. Son effectif, plus mature, a parfaitement géré l’adversité. Les Autrichiens ont profité des faux pas à répétition de la Suède de Zlatan Ibrahimovic et de la Russie pour s’installer confortablement en tête du groupe G (16 points).

La polyvalence et le leadership de David Alaba (3 buts) sont des atouts précieux. Mais il n’y a pas que ça. Quand le latéral du Bayern s’est retrouvé sur le flanc, les Autrichiens ont pris leur responsabilité, comme Marc Janko (3 buts), afin d’enregistrer deux succès sans leur leader.

L’Albanie a encore son mot à dire
D’habitude, l’Albanie fait de la figuration lors des qualifications continentales. La donne va bientôt changer. Assurée de terminer au moins à la 3e place d’un groupe I qui ne comptabilise que cinq équipes, la bande à Lorik Cana sera au pire barragiste. Un minimum pour une sélection qui présente le même nombre de points que le Danemark (2e avec 10 points) et seulement deux longueurs de retard sur le Portugal (1er).

Les Albanais ne sont pas arrivés là par hasard. La série de matches amicaux face aux Bleus (1 victoire, 1 nul) à montrer à quel point cette équipe était difficile à manœuvrer. Leur victoire contre le Portugal (1-0) en ouverture est là aussi pour le rappeler.

COMPLEMENT:

Le Portugal signe la victoire d’un football sans prise de risque
Peu spectaculaire, remportée par l’équipe qui avait moins le ballon au bout du suspense, la finale gagnée dimanche par le Portugal contre la France a parfaitement résumé le tournoi. Les équipes bien organisées, solidaires, patientes et dures au mal ont été à l’honneur

Lionel Pittet
Le Temps

12 juillet 2016

«Les Portugais sont champions. S’ils ont gagné ce tournoi, c’est qu’ils le méritent. Après, on peut toujours discuter de la manière dont ils jouent mais ça reste efficace et il faut les féliciter.» Pour le gardien des Bleus Hugo Lloris comme pour ses coéquipiers et leurs supporters, la défaite en finale de l’Euro (1-0 après prolongations, but d’Eder) était difficile à accepter. Tout plaidait en faveur d’un succès de l’équipe de France dans son jardin, à Saint-Denis. Ses triomphes à domicile à l’Euro 1984 et au Mondial 1998. Ses performances depuis le début du tournoi (meilleure attaque avec treize buts marqués). La forme de ses leaders (Antoine Griezmann, six buts pendant le tournoi dont cinq à partir des huitièmes de finale).

L’alignement des planètes semblait parfait, à un petit détail près: depuis le début, la compétition affichait un visage singulier, une logique propre. Et la finale remportée dimanche soir par le Portugal résume parfaitement toutes les grandes tendances observées en un mois intensif de football.

La marque de l’Atletico Madrid
La fin de l’efficacité du jeu de possession à l’espagnole, qui a permis à la Roja de remporter un Mondial et deux Euros entre 2008 et 2012, est un thème récurrent depuis quelques années. A la Coupe du monde 2014, les champions du monde en titre avaient été éliminés dès le premier tour, mais l’Allemagne – qui allait lui succéder – prolongeait son influence en ajoutant à sa palette tactique une capacité à changer de rythme pour mener des attaques très directes. Cet été en France, les équipes qui gardaient le ballon n’ont pas nécessairement gagné, à l’instar des Bleus en finale (53% de possession de balle). L’équipe de Suisse en sait aussi quelque chose. Elle a eu le ballon 55% du temps ou plus lors de chacune de ses quatre rencontres, ce qui n’a pas empêché son élimination en huitièmes de finale contre la Pologne (5-4 aux tirs au but).

Sans avoir une des meilleures équipes mais en jouant bien regroupé et en lançant des contres, Diego Simeone a mené les Colchoneros en finale de la Ligue des champions.
Elargi à 24 équipes, l’Euro accueillait de nombreuses équipes peu habituées aux grands rendez-vous. Elles ne nourrissaient pas l’ambition de soulever le trophée Henri Delauney promis au vainqueur, mais clairement celle de traverser le tournoi sans être ridicule. Et elles ont fait d’un football sans prise de risque le paradigme de l’été. «Je vois là la marque du succès récent de l’Atlético Madrid. Sans avoir une des meilleures équipes mais en jouant bien regroupé et en lançant des contres, Diego Simeone a mené les Colchoneros en finale de la Ligue des champions. Forcément, ça a donné des idées à toutes les petites équipes de l’Euro», estimait l’ancien attaquant international Nestor Subiat dans Le Temps, après le premier tour.

Conséquences: les stars les plus attendues ont eu mille peines à briller dans le ciel de l’Euro. Tout un symbole, la blessure et la sortie dès la 25e minute de jeu de Cristiano Ronaldo – qui n’avait pas quitté le terrain une minute jusqu’alors – n’ont pas empêché le Portugal de remporter le premier titre majeur de son histoire. Décisif lors de la demi-finale contre le Pays de Galles, l’attaquant du Real Madrid avait été plutôt en retrait jusque-là. Il y a quelques exceptions au relatif mutisme des footballeurs européens les plus en vue du moment, dont le très remarqué Antoine Griezmann (six buts, meilleur joueur du tournoi aux yeux de l’UEFA) ou Gareth Bale. Mais l’ailier du Pays de Galles a moins fait l’unanimité par ses trois buts que parce qu’il s’est mis corps et âme au service de son équipe

Le paradoxe viking
A l’instar du Portugal en finale, de nombreuses formations se sont montrées bien organisées, solidaires, patientes et dures au mal. Les équipes d’Islande, d’Irlande du Nord et de République d’Irlande ont, par leur vaillante résistance opposée aux «grandes» équipes, offert à ce tournoi de belles histoires. Elles ont été reçues de manière assez paradoxale par les amateurs de football, qui d’un côté se prenaient de passion pour les besogneux «Vikings» de Reykjavik tout en regrettant de l’autre un Euro trop fermé, trop défensif, pas assez enlevé.

Lire aussi: L’Islande, sensation de l’Euro 2016

«Parfois, il faut savoir être pragmatique pour gagner un match. Nous aimerions jouer de façon plus spectaculaire, mais ce n’est pas toujours de cette manière que vous gagnez un tournoi», déclarait le sélectionneur du Portugal Fernando Santos après le huitième de finale chichement gagné par son équipe contre la Croatie (1-0 après prolongations). Ses protégés ont enchaîné avec une qualification via les tirs au but contre la Pologne, puis une victoire contre le Pays de Galles en demi-finale. La seule acquise par les Portugais en 90 minutes lors de l’Euro 2016. Au premier tour, ils avaient concédé trois matches nuls (1-1 contre l’Islande, 0-0 contre l’Autriche, 3-3 contre la Hongrie) qui ne laissaient en rien présager de leur succès en finale.

Mais au cours de la compétition, les surprises se sont succédé, la loi des séries a été mise à mal et les bookmakers ont dû s’en arracher les cheveux. L’Euro 2016 a rappelé que le football est un sport qui se joue à onze contre onze et qu’à la fin, on ne sait jamais vraiment qui va gagner.


Policiers tués à Dallas: Attention, une violence peut en cacher une autre ! (The real danger behind the myths of the “Black Lives Matter” movement)

9 juillet, 2016

Fry'em

Pigs AADL Micah Xavier JohnsonBHOCharleston-Dallas
https://jcdurbant.files.wordpress.com/2015/10/homicidesbyrace.gifbaby-killed-drive-by-shooting

Il n’y a rien de plus douloureux pour moi à ce stade de ma vie que de marcher dans la rue, d’entendre des pas derrière moi, de penser que quelqu’un veut me voler, et en regardant autour de moi, de me sentir soulagé quand c’est un Blanc. Après tout ce que nous avons traversé. Juste penser que nous ne pouvons pas marcher dans nos propres rues, c’est humiliant. Jesse Jackson (1993)
I had feared that thousands of furious blond, blue-eyed women and their brunette sympathizers would take their rage into the streets, burning, killing and looting. While I don’t condone rioting, the historic and sociological reasons would have made such violence understandable. As one woman told me after the verdict: « For thousands of years, we have been putting up with abuse from large, strong, arrogant, evil-tempered men. « There is no group on Earth that has been kicked around the way women have. Since the dawn of history, we’ve been beaten, violated, enslaved, abandoned, stalked, pimped, murdered and even dissed by men. « Now this jury and the legal system have sent a clear message to society: It’s OK for men to cut our throats from ear to ear. » Mike Royko
Quand on prend (…) les données nord-américaines, les homicides prennent une plus grande place qu’en Europe de l’Ouest. On est en moyenne de l’ordre de 5 à 10 pour 100 000 dans les années 1980 à 2000 aux États-Unis. Le taux d’homicides imputés aux Noirs est en gros de 50 pour 100 000, celui qu’on impute aux Blancs d’environ 5 pour 100 000. Donc il y a une différence nette de 1 à 10. Evidemment, on peut s’interroger sur le fait que les Noirs soient plus souvent interpellés, et ensuite plus lourdement condamnés. Mais, en matière d’homicides, en Amérique du Nord, les faits sont souvent avérés : on ne se trompe rarement sur les auteurs et les faits sont assez correctement rapportés. Alors ensuite, il peut y avoir des niveaux de condamnation extrêmement variables entre les Noirs et les Blancs, et cela j’en suis tout à fait conscient. De même qu’il y a des niveaux d’arrestations et de présomption de culpabilité très inégaux. Mais on peut penser qu’une telle différence d’ordre de grandeur n’est pas simplement due à une différence dans l’imputation des faits mais renvoie bien à une différence en termes de comportements violents qui à ce jour n’a jamais reçu d’explication ou d’interprétation totalement satisfaisante. Parce qu’à l’évidence, cela ne s’explique pas totalement par la pauvreté : certains travaux ont en effet mis en évidence une différence importante entre Latinos et Noirs à des niveaux de pauvreté semblables. Je n’ai pas là-dessus davantage de réponse. Certains ont mis en avant l’héritage de la ségrégation, de l’esclavage, autant de facteurs d’humiliation. Des explications que je crois fondées mais qui sont très difficiles à quantifier et à mettre en rapport de manière fine avec ces faits. (…) Dans le contexte français, je suis un des rares (avec Sebastian Roché) à m’être intéressé à la « délinquance en herbe », c’est-à-dire le cas des jeunes de 16 ans mis en cause pour une infraction, en fonction de l’origine des auteurs – car les données françaises ne fournissent pas cette variable. J’ai mis en évidence des différences qui ne renvoient pas à la couleur de peau, mais davantage à ce que j’ai appelé la « culture » – terme problématique s’il en est-, mais que l’on peut définir comme un d’héritage historique : structures familiales, traditions, langue, etc. J’ai ainsi repéré des différences entre des enfants d’immigrés pouvant aller facilement du simple au double. La fragilité de ce résultat, c’est qu’il pourrait s’agir d’un effet de sélection, argument classique. Mais pourquoi cette sélection s’appliquerait-elle alors à certains jeunes Noirs et pas à d’autres ? Là-dessus, je suggère d’aller plus loin dans l’exploration de la construction de la « culture » : origine rurale ou urbaine, conditions d’installation et de ségrégation en France, taille de la fratrie et modes d’éducation. C’est ce que je développe dans mon livre, il faut prendre davantage en compte les caractéristiques et le contexte d’installation d’un groupe particulier, sans oublier les conditions très difficiles d’accès à un certain nombre de ressources en France : logement, emploi, etc. Hughes Lagrange
« 60 % à 70 % » des détenus en France sont musulmans alors qu’ils représentent « à peine 12 % de la population totale du pays ». « Sur un continent où la présence des immigrés et de leurs enfants dans les systèmes carcéraux est généralement disproportionnée, les données françaises sont les plus flagrantes. En Grande-Bretagne, 11 % des prisonniers seraient musulmans, pour 3 % de la population. Une étude de l’ONG Open Society du milliardaire américain George Soros souligne de son côté qu’aux Pays-Bas, 20 % des détenus sont musulmans alors qu’ils représentent 5,5 % de la population, et, en Belgique, au moins 16 % de la population carcérale pour 2 % de la population totale. Les chiffres avancés ne sont pas officiels, car l’Etat français ne demande pas à ses citoyens de communiquer leur origine ou leur religion. En revanche, le quotidien affirme qu’il s’agit d’« estimations généralement acceptées » par les démographes et les sociologues. The Washington Post
Savez-vous que les Noirs sont 10 pour cent de la population de Saint-Louis et sont responsables de 58% de ses crimes? Nous avons à faire face à cela. Et nous devons faire quelque chose au sujet de nos normes morales. Nous savons qu’il y a beaucoup de mauvaises choses dans le monde blanc, mais il y a aussi beaucoup de mauvaises choses dans le monde noir. Nous ne pouvons pas continuer à blâmer l’homme blanc. Il y a des choses que nous devons faire pour nous-mêmes. Martin Luther King (St Louis, 1961)
Nous devons admettre le fait que ce type de violence n’arrive pas dans d’autres pays développés (…) Le fait que cela ait eu lieu dans une église noire soulève évidemment des questions sur une page sombre de notre histoire. Ce n’est pas la première fois que des églises noires ont été attaquées. Et nous savons que la haine entre les races et les religions posent une menace particulière pour notre démocratie et nos idéaux. Barack Hussein Obama (19.06.2015)
Je pense qu’il est très difficile de démêler les motivations de ce tireur. Par définition, si vous tirez sur des gens qui ne constituent aucune menace pour vous, vous avez un problème. Barack Hussein Obama (09.07.2016)
L’Amérique n’est pas aussi divisée qu’on le suggère (…)  L’individu dément qui a accompli ces attaques, il n’est pas plus représentatif des Noirs américains que le tireur de Charleston ne l’était des Américains blancs ou que le tireur d’Orlando ou de San Bernardino n’était représentatif des Américains musulmans. Barack Hussein Obama (09.07.2016)
It’s just not the police. (…) It’s a kind of anti-black mood, anti-semitism, anti-Muslim bashing, immigrant bashing, female bashing, a kind of mean spirited division in the country. (…) The poison of the rhetoric has had a devastating impact. (…) Just the permissiveness of violence towards black people is ready and apparent. We’ve being used as scapegoats for deeper economic and social fears. (…) It’s not just Trump, it’s the followers of Trump. Jessie Jackson
But what about all the other young black murder victims? Nationally, nearly half of all murder victims are black. And the overwhelming majority of those black people are killed by other black people. Where is the march for them? Where is the march against the drug dealers who prey on young black people? Where is the march against bad schools, with their 50% dropout rate for black teenaged boys? Those failed schools are certainly guilty of creating the shameful 40% unemployment rate for black teens? How about marching against the cable television shows constantly offering minstrel-show images of black youth as rappers and comedians who don’t value education, dismiss the importance of marriage, and celebrate killing people, drug money and jailhouse fashion—the pants falling down because the jail guard has taken away the belt, the shoes untied because the warden removed the shoe laces, and accessories such as the drug dealer’s pit bull. (…) There is no fashion, no thug attitude that should be an invitation to murder. But these are the real murderous forces surrounding the Martin death—and yet they never stir protests. The race-baiters argue this case deserves special attention because it fits the mold of white-on-black violence that fills the history books. Some have drawn a comparison to the murder of Emmett Till, a black boy who was killed in 1955 by white racists for whistling at a white woman. (…) While civil rights leaders have raised their voices to speak out against this one tragedy, few if any will do the same about the larger tragedy of daily carnage that is black-on-black crime in America. (…) Almost one half of the nation’s murder victims that year were black and a majority of them were between the ages of 17 and 29. Black people accounted for 13% of the total U.S. population in 2005. Yet they were the victims of 49% of all the nation’s murders. And 93% of black murder victims were killed by other black people, according to the same report. (…) The killing of any child is a tragedy. But where are the protests regarding the larger problems facing black America? Juan Williams
The absurdity of Jesse Jackson and Al Sharpton is that they want to make a movement out of an anomaly. Black teenagers today are afraid of other black teenagers, not whites. … Trayvon’s sad fate clearly sent a quiver of perverse happiness all across America’s civil rights establishment, and throughout the mainstream media as well. His death was vindication of the ‘poetic truth’ that these establishments live by. Shelby Steele
Would Trayvon be alive today had he been walking home—Skittles and ice tea in hand—wearing a polo shirt with an alligator logo? Possibly. And does this make the ugly point that dark skin late at night needs to have its menace softened by some show of Waspy Americana? Possibly. (…) Before the 1960s the black American identity (though no one ever used the word) was based on our common humanity, on the idea that race was always an artificial and exploitive division between people. After the ’60s—in a society guilty for its long abuse of us—we took our historical victimization as the central theme of our group identity. We could not have made a worse mistake. It has given us a generation of ambulance-chasing leaders, and the illusion that our greatest power lies in the manipulation of white guilt. Shelby Steele
When we say fry them, we’re not speaking of killing a police officer…we’re saying, treat the police the same as you’re going to treat a civilian who commits murder against a police officer. Rashad Turner (Black lives matter activist)
Pour neutraliser l’homme suspecté d’avoir abattu plusieurs officiers, les forces de l’ordre américaines ont eu recours à une machine armée d’une bombe. Vendredi à l’aube, un sniper suspecté d’avoir tiré sur des policiers et retranché depuis des heures dans un bâtiment est finalement tué par un robot télécommandé, utilisé pour faire détoner une bombe. Micah Johnson, jeune Noir de 25 ans, avait servi dans l’armée américaine en Afghanistan. Sur son profil Facebook, il avait publié des images avec le slogan «Black Power» des extrémistes afro-américains des années 1960 et 1970. Il avait également ajouté la lettre «X» entre son prénom et son nom, probablement en référence à Malcolm X, leader noir opposé à la non-violence prônée par Martin Luther King. Pour neutraliser ce suspect armé, la police de Dallas disposait d’un robot Northrop Grumman Andros, conçu pour les équipes de démineurs et l’armée. (…) «C’est la première fois qu’un robot est utilisé de cette façon par la police», a assuré sur Twitter Peter Singer, de la fondation New America, un groupe de réflexion spécialisé notamment dans les questions de sécurité. Ce spécialiste des méthodes modernes de combat a précisé qu’un appareil baptisé Marcbot «a été employé de la même façon par les troupes en Irak». (…) Des chercheurs de l’université de Floride travaillent eux au développement de «Telebot», comparé dans certains articles au célèbre «Robocop» imaginé au cinéma. Destiné notamment à assister des policiers handicapés pour qu’ils puissent reprendre le service, Telebot a été conçu «pour avoir l’air intimidant et assez autoritaire pour que les citoyens obéissent à ses ordres» tout un gardant «une apparence amicale» qui rassurent «les citoyens de tous âges», selon un rapport d’étudiants de l’université de Floride. L’arrivée de robots aux armes létales dans la police suscite de nombreuses interrogations. L’ONG Human Rights Watch et l’organisation International Human Rights Clinic, qui dépend de l’université de Harvard, s’inquiétaient ainsi en 2014 du recours aux robots par les forces de l’ordre. Ces engins «ne sont pas dotés de qualités humaines, telles que le jugement et l’empathie, qui permettent à la police d’éviter de tuer illégalement dans des situations inattendues», écrivaient-elles dans un rapport. Si l’emploi des robotos armés était amené à se développer, le bouleversement anthropologique suscité serait considérable. Le Figaro
For nearly a year, Richard Rosenfeld’s research on crime trends has been used to debunk the existence of a “Ferguson effect”, a suggested link between protests over police killings of black Americans and an increase in crime and murder. Now, the St Louis criminologist says, a deeper analysis of the increase in homicides in 2015 has convinced him that “some version” of the Ferguson effect may be real. Looking at data from 56 large cities across the country, Rosenfeld found a 17% increase in homicide in 2015. Much of that increase came from only 10 cities, which saw an average 33% increase in homicide. “These aren’t flukes or blips, this is a real increase,” he said. “It was worrisome. We need to figure out why it happened.” All 10 cities that saw sudden increases in homicide had large African American populations, he said. While it’s not clear what drove the increases, he said, he believes there is some connection between high-profile protests over police killings of unarmed black men, a further breakdown in black citizens’ trust of the police, and an increase in community violence. “The only explanation that gets the timing right is a version of the Ferguson effect,” Rosenfeld said. Now, he said, that’s his “leading hypothesis”. (…) Rosenfeld said that the version of the Ferguson effect he now found plausible was very different from the one Mac Donald had described. “She thinks the solution is to stop criticizing the police; I think the criticism is understandable, rooted in a history of grievance, and serves as a reminder that the police must serve and protect our most vulnerable communities.” If a breakdown of trust between police and community is leading a spike in murders, he wrote in an email, the solution required two things: better community policing in communities of color, and “more effective response to serious violent crime,” focused on redoubled efforts to solve homicides and other acts of violence. (…) Rosenfeld, a professor of criminology at the University of Missouri St Louis and the chair of a National Academy of Sciences roundtable on crime trends, said the Brennan Center’s focus on the economic roots of violence was not enough to explain “why homicide increased as much as it did in these cities in a one-year period”. “The conclusion one draws from the Brennan Center’s report is, ‘Not much changed,’ and that is simply not true. In the case of homicide, a lot did change, in a very short period of time,” he said. While “economic disadvantage is an extraordinarily important predictor of the level of homicide in cities,” he said, “there’s no evidence of a one year substantial economic decline in those cities. There have to be other factors involved.” (…) When Rosenfeld analyzed St Louis’s crime data, he found the increase in homicides there could not have been caused by a “Ferguson effect”, because the greatest increase came early in the year, months before Michael Brown’s death or the protests that followed. Rosenfeld’s research was widely cited in articles debunking the Ferguson effect. But that paper only looked at the evidence for the effect in one city. With funding from the National Institute of Justice, the justice department’s research arm, Rosenfeld did a new study early this year that looked that more broadly at homicide trends in the nation’s 56 largest cities and found an overall 17% increase in homicide. As a result of that broader national analysis he said, he has had “second thoughts” about the Ferguson effect. “My views have been altered.” Looking at the additional homicides in large cities, he found that two-thirds of the increase was concentrated in 10 cities: Baltimore, Chicago, Houston, Milwaukee, Cleveland, Washington, Nashville, Philadelphia, Kansas City and St Louis. Those 10 cities had somewhat higher levels of poverty than the other cities he examined. But, he said, the “key difference” was that “their African American population was substantially larger than other large cities”: an average of 41% in those 10 cities, compared with 19.9% in the others. Separate analyses looked at two of these cities in 2015 and early 2016. A FiveThirtyEight assessment of Chicago crime data concluded that the city’s increase in gun violence was statistically significant, that the spike dated back to the release of the video of the police shooting of 17-year-old Laquan McDonald, and that it was closely correlated with a drop in police arrests. Researchers in Baltimore found a similar correlation between a drop in arrests and an increase in violence in the wake of protests over Freddie Gray’s death, and concluded that while the Ferguson effect played no role in Baltimore’s rising violence, a “Freddie Gray effect” may have been a significant factor. (…) Rosenfeld considered two potential alternative explanations: the US heroin epidemic, and the number of former inmates returning home from prison. Neither of these explanations quite lined up with the increase in violence, he said. For instance, the country has been in the midst of a heroin epidemic since 2011. Why there would be a four to five year lag before the epidemic caused murders to spike? “That led me to conclude, preliminarily, that something like a Ferguson effect was responsible for the increase,” he said. What exactly that effect might be is far from clear, he said. The fierce debate over the “Ferguson effect” or Comey’s “viral video effect” has described the dynamic in several ways, including criminals being “emboldened” by protests against the police, and “de-policing”, or police drawing back from proactive activities, in the wake of increased public scrutiny. One Chicago officer said that police were drawing back not because of public scrutiny via cell phone videos, but because of their fear that city officials would no longer protect officers who made honest mistakes while doing a difficult job. Rosenfeld said he has only seen clear evidence of decreases in proactive police activity in Chicago and Baltimore. He said he believed “de-policing” was not a major factor in other cities – and that even in Chicago, changes in proactive police activity could only be responsible for some of the increase in shootings and violence. One potential link between public attention to police violence and increased violent crime in the community, he said, might be if intensified community mistrust of the police make offenders think “that they can commit crime with impunity. They don’t think the community is willing to cooperate with the police and investigations or they think the community is less likely to contact the police when victimized.” “We don’t yet have the data to understand the mechanism for the Ferguson effect,” he said. (…) Phillip Atiba Goff, a leading researcher on racial bias in policing and the president of the Center for Policing Equity, said in an April interview that one way of interpreting the Ferguson effect is “on its face, offensive”, but that there is clear research evidence linking perceptions of police legitimacy to how willing people are to break the law. (…) “A far more reasonable hypothesis is that the decay in police legitimacy is harming both police morale and community morale,” he said. “When you don’t believe police are legitimate, you are much more likely to be engaged in illegal behaviors and be uncooperative with law enforcement.” The Guardian
According to the FBI, homicide is the leading cause of death among young black men, who are 10 times more likely than their white counterparts to be murdered. And while you’d never know it watching MSNBC, the police are not to blame. Blacks are just 13% of the population but responsible for a majority of all murders in the U.S., and more than 90% of black murder victims are killed by other blacks. Liberals like to point out that most whites are killed by other whites, too. That’s true but beside the point given that the white crime rate is so much lower than the black rate. Blacks commit violent crimes at 7 to 10 times the rate that whites do. The fact that their victims tend to be of the same race suggests that young black men in the ghetto live in danger of being shot by each other, not cops. Nor is this a function of “over-policing” certain neighborhoods to juice black arrest rates. Research has long shown that the rate at which blacks are arrested is nearly identical to the rate at which crime victims identify blacks as their assailants. The police are in these communities because that’s where the emergency calls originate, and they spend much of their time trying to stop residents of the same race from harming one another. (…) Chicago had 507 murders in 2012, only 26% of which were solved. “To put it another way: About three-quarters of the people who killed someone in Chicago in 2012 have gotten away with murder—so far, at least,” Chicago Magazine noted. Mr. Dyson and others on the left are not oblivious to this black pathology, but they are at pains even to acknowledge it, let alone make it a focus. Instead, liberals spend their time spotlighting white racism, real or imagined, and touting it as an all-purpose explanation for bad black outcomes. Ferguson helps further that agenda in ways that Chicago does not. Hence, the left posits that the Michael Brown shooting is the norm, even though the data show that it’s the exception. And if black criminal behavior is a response to white racism, how is it that black crime rates were lower in the 1940s and 1950s, when black poverty was higher, racial discrimination was rampant and legal, and the country was more than a half-century away from twice electing a black president? Racial profiling and tensions between the police and poor black communities are real problems, but these are effects rather than causes, and they can’t be addressed without also addressing the extraordinarily high rates of black criminal behavior—yet such discussion remains taboo. Blacks who bring it up are sell-outs. Whites who mention it are racists. (…) But so long as young black men are responsible for an outsize portion of violent crime, they will be viewed suspiciously by law enforcement and fellow citizens of all races. Pretending that police behavior is the root of the problem is not only a dodge but also foolish. The riots will succeed in driving business out of town, which means that Ferguson’s residents will be forced to pay more at local stores or travel farther for competitive prices on basic goods and services. Many Ferguson residents today can’t go to work because local businesses have been burned down. Even worse, when you make police targets, you make low-income communities less safe. Ferguson’s problem isn’t white cops or white prosecutors; it’s the thug behavior exhibited by individuals like Michael Brown, which puts a target on the backs of other young black men. Romanticizing such behavior instead of condemning it only makes matters worse. Jason Riley
We recently published the most rigorous study of the Ferguson effect on crime rates to date based on monthly crime data from 81 of the 105 largest U.S. cities (population over 200,000).  We examined crime trends in the 12 months before and after Ferguson. The short answer: no nationwide crime wave could be pinned to Ferguson, at least among the largest U.S. cities. These results apply to overall crime rates, violent and property crime rates, and six out of the seven FBI Part I crimes. However, there was a significant increase in robbery rates across the United States that began about the time that Michael Brown was killed in Ferguson. This is an important finding. It suggests that a Ferguson effect may exist for robbery—a violent street crime that can be effectively combated by good policing (or allowed to increase if de-policing is occurring). A handful of cities—those with historically high levels of violence, a greater proportion of African-American residents, and socioeconomic disadvantages (e.g., Baltimore, St. Louis, New Orleans, and Detroit)—experienced increases in homicide rates after the Ferguson incident. Indeed, this is evidence of a Ferguson effect. It is notable however that each of these cities has been the subject of federal scrutiny and in two cases (New Orleans and Detroit) the police department has operated under a consent decree providing federal oversight of police operations. Our study didn’t please everyone. One of the more common critiques levied against our work was that we incorrectly conclude that there is no Ferguson effect on crime. Heather Mac Donald in City Journal, for example, in response to our findings, held: “the existence of a Ferguson effect does not depend on its operating uniformly across the country in cities with very different demographics.” We agree with Mac Donald. As would be expected, we observed heterogeneity in how cities responded to the events in Ferguson—most cities experienced no change in crime rates while a small number saw increases. This seems straightforward enough. The analogy would be a stock portfolio, where some holdings increase even in a down market. We concluded that some cities could have been “primed” for a Ferguson effect on crime, a conclusion that Mac Donald curiously termed “groundless.” But we wonder why Mac Donald titled her original opinion piece (the one that really stoked the Ferguson effect fire) in the  “The New Nationwide Crime Wave” (our italics). Now strong empirical evidence exists that finds no evidence of a nationwide crime wave among large cities. Despite this, the knee jerk reaction is a revision of the original hypothesis out of fear that the facts and good research will get in the way of a good story, or a political opinion. Revising theories in the face of observation is part of the scientific process. The only difference is that Mac Donald doesn’t acknowledge that her original hypothesis was wrong. And our results are good news for cities and the police: on the whole crime is not up. Scott E Wolfe Scott H Decker and David C Pyrooz
A group of criminologists has purported to answer the question: “Was there a Ferguson effect on crime rates in large U.S. cities?” The “Ferguson effect” refers to the phenomenon of police officers backing off from proactive policing in response to the anti-cop Black Lives Matter movement, with a resulting rise in violent crime. The criminologists answer their own question with a minutely qualified “No.” In fact, their analysis resoundingly confirms the existence of the Ferguson effect. (…) The authors, four professors led by sociologist David Pyrooz of the University of Colorado Boulder, created a complex econometric model that analyzed monthly rates of change in crime rates in 81 U.S. cities with populations of 200,000 or more. The other 24 cities in that size cohort were not included in the study due to lack of crime data. The researchers found that in the 12 months before Michael Brown was shot in Ferguson, Missouri—the event that catalyzed the Black Lives Matter movement—major felony crime, averaged across all 81 cities, was going down. In the 12 months after Brown was shot, that aggregate drop in crime slowed down considerably. But that deceleration of the crime drop was not large enough to be deemed statistically significant, say the criminologists. Therefore, they conclude, “there is no systematic evidence of a Ferguson Effect on aggregate crime rates throughout the large U.S. cities . . . in this study.” But the existence of a Ferguson effect does not depend on its operating uniformly across the country in cities with very different demographics. When the researchers disaggregated crime trends by city, they found that the variance among those individual city trends had tripled after Ferguson. That is, before the Brown shooting, individual cities’ crime rates tended to move downward together; after Ferguson, their crime rates were all over the map. Some cities had sharp increases in aggregate crime, while others continued their downward trajectory. The variance in homicide trends was even greater—nearly six times as large after Ferguson. And what cities had the largest post-Ferguson homicide surges? Precisely those that the Ferguson effect would predict: cities with high black populations, low white populations, and high preexisting rates of violent crime. A virulent anti-cop protest movement dedicated to the proposition that murderous, racist cops are the biggest threat facing young black men today will have its biggest impact on policing in black neighborhoods. It is in these neighborhoods that cops will face the most hostility from residents steeped in the Black Lives Matter ideology and where cops will most worry that, if an encounter with a civilian goes awry, they will become the latest racist officer-of-the-week on CNN. It is in black neighborhoods, in other words, where proactive policing—making pedestrian stops, enforcing quality-of-life public order laws—will be most inhibited. And given the already high rates of violent crime in black neighborhoods, any drop-off in policing is going to unleash even more crime, since it is in these high-crime neighborhoods where informal social controls have most disintegrated and where cops alone stand between law-abiding residents and anarchy. Even if the Black Lives Matter movement inhibited proactive policing uniformly in cities across the country, a place like Scottsdale, Arizona, say, will suffer less of an impact if cops back off, because the police are not as essential there to maintaining order as they are in Baltimore and St. Louis. The researchers are unwilling, however, to accept the implication of their findings. They grudgingly admit that “the data offer preliminary support for a Ferguson Effect on homicide rates in a few select cities in the United States”—those cities, according to their model, are Baltimore, St. Louis, New Orleans, Washington, D.C., Newark, Milwaukee, Rochester, Detroit, Oakland, Richmond, Cincinnati, Fort Wayne, and Baton Rouge—but then they backpedal furiously. (Cities that barely missed making the “statistically significant” cut include Kansas City, Indianapolis, Oklahoma City, and Chicago.) What’s important about those cities, they claim, is that “they had much higher crime rates before Ferguson.” Those higher crime rates, they say, “in turn may have primed [those cities] for increases in crime.” That conclusion is groundless. The proactive policing revolution that began in the 1990s had its greatest effect on high-crime cities; crime went down dramatically in neighborhoods that had been written off as ungovernable. If cities with a “higher proportion of black residents, lower socioeconomic status, and more police per capita,” in the authors’ words, were primed for a crime increase, and if those factors “lead to questions that may inhibit any ability to attribute crime increases specifically to the Ferguson Effect,” the authors need to explain how those cities experienced a crime drop in the first place. Moreover, if the authors think that high-black, high-crime cities were due for a crime increase regardless of changes in policing and a worsening in resident attitudes toward law enforcement, they didn’t alert us to such a reversal ahead of the fact. In a separate analysis, the authors disaggregated the seven felonies included in the FBI’s crime index and tracked the movement of each felony averaged across all 81 cities. Robbery registered a statistically significant upward surge in monthly rates: before Ferguson, the aggregate robbery rate was dropping; after Ferguson, the rate reversed course, rising enough to be considered statistically significant. The criminologists conclude that “changes in robbery rates constitute the lone exception to a spurious Ferguson Effect,” but demur from speculating why that may be. Perhaps it is because robbery and drive-by shootings are the quintessential violent street crimes, both committed disproportionately by blacks. If police are making fewer street stops, thus deterring gun-carrying less, a rising robbery rate is not contrary to what the Ferguson effect would predict. (Shootings are not captured in the FBI data used by the researchers, so their pre- and post-Ferguson trajectories are not easily available.) (…) The Pyrooz article will undoubtedly become a standard artillery piece on the activist and academic left. You would think that the fact that the Ferguson effect has been most pronounced in black areas would be cause for concern among those who claim to represent black interests against a sea of racism and oppression. In 2015, homicides in the 50 largest cities rose nearly 17 percent, “the greatest increase in lethal violence in a quarter century,” according to the Washington Post. The overwhelming majority of those additional victims were black. But the furious attempt to deny the Ferguson effect shows yet again that black lives seem to matter only when they are taken by police officers. Heather Mac Donald
Violence in Chicago is reaching epidemic proportions. In the first five months of 2016, someone was shot every two and a half hours and someone murdered every 14 hours, for a total of nearly 1,400 nonfatal shooting victims and 240 fatalities. Over Memorial Day weekend, 69 people were shot, nearly one per hour, dwarfing the previous year’s tally of 53 shootings over the same period. The violence is spilling over from the city’s gang-infested South and West Sides into the downtown business district; Lake Shore Drive has seen drive-by shootings and robberies. The growing mayhem is the result of Chicago police officers’ withdrawal from proactive enforcement, making the city a dramatic example of what I have called the “Ferguson effect.” Since the shooting of Michael Brown in Ferguson, Missouri, in August 2014, the conceit that American policing is lethally racist has dominated the national airwaves and political discourse, from the White House on down. In response, cops in minority neighborhoods in Chicago and other cities around the country are backing off pedestrian stops and public-order policing; criminals are flourishing in the resulting vacuum. (…) Residents of Chicago’s high-crime areas are paying the price. (…) Through the end of May, shooting incidents in Chicago were up 53 percent over the same period in 2015, which had already seen a significant increase over 2014. Compared with the first five months of 2014, shooting incidents in 2016 were up 86 percent. Certain police districts saw larger spikes. The Harrison District on the West Side, encompassing West Humboldt Park, for example, had a 191 percent increase in homicides through the end of May. Shootings in May citywide averaged nearly 13 a day, a worrisome portent for summer. (…) Social breakdown lies behind Chicago’s historically high levels of violence. Fatherlessness in the city’s black community is at a cataclysmic level—close to 80 percent of children are born to single mothers in high-crime areas. Illegitimacy is catching up fast among Hispanics, as well. Gangs have stepped in where fathers are absent. A 2012 gang audit documented 59 active street gangs with 625 factions, some controlling a single block. Schools in gang territories go on high alert at dismissal time to fend off violence. Endemic crime has prevented the commercial development and gentrification that are revitalizing so many parts of Chicago closer to downtown; block after block on the South Side features a wan liquor store or check-cashing outlet, surrounded by empty lots and the occasional skeleton of a once-magnificent beaux-arts apartment complex or bank. Nonfunctioning streetlights, their fuse boxes vandalized, signal the reign of a local gang faction. (…) Public-order infractions, otherwise known as “Broken Windows” offenses, abound. Stand just a few minutes on a South or West Side thoroughfare, and someone will stride by hawking bootleg CDs or videos and loose cigarettes. Some law-abiding Chicagoans blame the rising violence on just such street disorder. (…) The drug trade is less overt but more ubiquitous than the trafficking in CDs and loosies. The majority of victims in the current crime wave are already known to the police. (…) But innocents, like the Lake Shore Drive robbery victims, are being attacked as well (…) Officers who try to intervene in this disorder face a virulent street situation, thanks to the current anti-cop ideology. “People are a hundred times more likely to resist arrest,” an officer who has worked a decade and a half on the South Side informs me. “People want to fight you; they swear at you. ‘Fuck the police, we don’t have to listen,’ they say. I haven’t seen this kind of hatred toward the police in my career.” (…) The “no-snitch” ethic of refusing to cooperate with the cops is the biggest impediment to solving crime, according to Chicago commanders. But the Black Lives Matter narrative about endemically racist cops has made the street dynamic much worse. A detective says: “From patrol to investigation, it’s almost an undoable job now. If I get out of my car, the guys get hostile right away and several people are taping [with cell phones].” Bystanders and suspects try to tamper with crime scenes and aggressively interfere with investigations. Additional officers may be needed during an arrest to keep angry onlookers away.  This volatile policing environment now exists in urban areas across the country. (…) Criminals have become emboldened by the police disengagement. “Gangbangers now realize that no one will stop them,” says a former high-ranking police official. And people who wouldn’t have carried a gun before are now armed, a South Side officer says. Heather Mac Donald
To judge from Black Lives Matter protesters and their media and political allies, you would think that killer cops pose the biggest threat to young black men today. But this perception, like almost everything else that many people think they know about fatal police shootings, is wrong. The Washington Post has been gathering data on fatal police shootings over the past year and a half to correct acknowledged deficiencies in federal tallies. The emerging data should open many eyes. For starters, fatal police shootings make up a much larger proportion of white and Hispanic homicide deaths than black homicide deaths. According to the Post database, in 2015 officers killed 662 whites and Hispanics, and 258 blacks. (The overwhelming majority of all those police-shooting victims were attacking the officer, often with a gun.) Using the 2014 homicide numbers as an approximation of 2015’s, those 662 white and Hispanic victims of police shootings would make up 12% of all white and Hispanic homicide deaths. That is three times the proportion of black deaths that result from police shootings. The lower proportion of black deaths due to police shootings can be attributed to the lamentable black-on-black homicide rate. There were 6,095 black homicide deaths in 2014—the most recent year for which such data are available—compared with 5,397 homicide deaths for whites and Hispanics combined. Almost all of those black homicide victims had black killers. Police officers—of all races—are also disproportionately endangered by black assailants. Over the past decade, according to FBI data, 40% of cop killers have been black. Officers are killed by blacks at a rate 2.5 times higher than the rate at which blacks are killed by police. Some may find evidence of police bias in the fact that blacks make up 26% of the police-shooting victims, compared with their 13% representation in the national population. But as residents of poor black neighborhoods know too well, violent crimes are disproportionately committed by blacks. According to the Bureau of Justice Statistics, blacks were charged with 62% of all robberies, 57% of murders and 45% of assaults in the 75 largest U.S. counties in 2009, though they made up roughly 15% of the population there. Such a concentration of criminal violence in minority communities means that officers will be disproportionately confronting armed and often resisting suspects in those communities, raising officers’ own risk of using lethal force. The Black Lives Matter movement claims that white officers are especially prone to shooting innocent blacks due to racial bias, but this too is a myth. A March 2015 Justice Department report on the Philadelphia Police Department found that black and Hispanic officers were much more likely than white officers to shoot blacks based on “threat misperception”—that is, the mistaken belief that a civilian is armed. (…) The Black Lives Matter movement has been stunningly successful in changing the subject from the realities of violent crime. The world knows the name of Michael Brown but not Tyshawn Lee, a 9-year-old black child lured into an alley and killed by gang members in Chicago last fall. Tyshawn was one of dozens of black children gunned down in America last year. (…) Those were black lives that mattered, and it is a scandal that outrage is heaped less on the dysfunctional culture that produces so many victims than on the police officers who try to protect them. Heather Mac Donald
However intolerable and inexcusable every act of police brutality is, and while we need to make sure that the police are properly trained in the Constitution and in courtesy, there is a larger reality behind the issue of policing, crime, and race that remains a taboo topic. The problem of black-on-black crime is an uncomfortable truth, but unless we acknowledge it, we won’t get very far in understanding patterns of policing. Every year, approximately 6,000 blacks are murdered. This is a number greater than white and Hispanic homicide victims combined, even though blacks are only 13 percent of the national population. Blacks are killed at six times the rate of whites and Hispanics combined. (…) The astronomical black death-by-homicide rate is a function of the black crime rate. Black males between the ages of 14 and 17 commit homicide at ten times the rate of white and Hispanic male teens combined. Blacks of all ages commit homicide at eight times the rate of whites and Hispanics combined, and at eleven times the rate of whites alone. (…) The nation’s police killed 987 civilians in 2015, according to a database compiled by The Washington Post. Whites were 50 percent—or 493—of those victims, and blacks were 26 percent—or 258. Most of those victims of police shootings, white and black, were armed or otherwise threatening the officer with potentially lethal force. The black violent crime rate would actually predict that more than 26 percent of police victims would be black. Officer use of force will occur where the police interact most often with violent criminals, armed suspects, and those resisting arrest, and that is in black neighborhoods. In America’s 75 largest counties in 2009, for example, blacks constituted 62 percent of all robbery defendants, 57 percent of all murder defendants, 45 percent of all assault defendants—but only 15 percent of the population. Moreover, 40 percent of all cop killers have been black over the last decade. And a larger proportion of white and Hispanic homicide deaths are a result of police killings than black homicide deaths—but don’t expect to hear that from the media or from the political enablers of the Black Lives Matter movement. Twelve percent of all white and Hispanic homicide victims are killed by police officers, compared to four percent of all black homicide victims. (…) Standard anti-cop ideology, whether emanating from the ACLU or the academy, holds that law enforcement actions are racist if they don’t mirror population data. New York City illustrates why that expectation is so misguided. Blacks make up 23 percent of New York City’s population, but they commit 75 percent of all shootings, 70 percent of all robberies, and 66 percent of all violent crime, according to victims and witnesses. Add Hispanic shootings and you account for 98 percent of all illegal gunfire in the city. Whites are 33 percent of the city’s population, but they commit fewer than two percent of all shootings, four percent of all robberies, and five percent of all violent crime. These disparities mean that virtually every time the police in New York are called out on a gun run—meaning that someone has just been shot—they are being summoned to minority neighborhoods looking for minority suspects. Officers hope against hope that they will receive descriptions of white shooting suspects, but it almost never happens. This incidence of crime means that innocent black men have a much higher chance than innocent white men of being stopped by the police because they match the description of a suspect. This is not something the police choose. It is a reality forced on them by the facts of crime. The geographic disparities are also huge. In Brownsville, Brooklyn, the per capita shooting rate is 81 times higher than in nearby Bay Ridge, Brooklyn—the first neighborhood predominantly black, the second neighborhood predominantly white and Asian. As a result, police presence and use of proactive tactics are much higher in Brownsville than in Bay Ridge. Every time there is a shooting, the police will flood the area looking to make stops in order to avert a retaliatory shooting. They are in Brownsville not because of racism, but because they want to provide protection to its many law-abiding residents who deserve safety. Who are some of the victims of elevated urban crime? On March 11, 2015, as protesters were once again converging on the Ferguson police headquarters demanding the resignation of the entire department, a six-year-old boy named Marcus Johnson was killed a few miles away in a St. Louis park, the victim of a drive-by shooting. No one protested his killing. Al Sharpton did not demand a federal investigation. Few people outside of his immediate community know his name. (…) This mindless violence seems almost to be regarded as normal, given the lack of attention it receives from the same people who would be out in droves if any of these had been police shootings. As horrific as such stories are, crime rates were much higher 20 years ago. In New York City in 1990, for example, there were 2,245 homicides. In 2014 there were 333—a decrease of 85 percent. The drop in New York’s crime rate is the steepest in the nation, but crime has fallen at a historic rate nationwide as well—by about 40 percent—since the early 1990s. The greatest beneficiaries of these declining rates have been minorities. Over 10,000 minority males alive today in New York would be dead if the city’s homicide rate had remained at its early 1990s level. What is behind this historic crime drop? A policing revolution that began in New York and spread nationally, and that is now being threatened. Starting in 1994, the top brass of the NYPD embraced the then-radical idea that the police can actually prevent crime, not just respond to it. They started gathering and analyzing crime data on a daily and then hourly basis. They looked for patterns, and strategized on tactics to try to quell crime outbreaks as they were emerging. Equally important, they held commanders accountable for crime in their jurisdictions. Department leaders started meeting weekly with precinct commanders to grill them on crime patterns on their watch. These weekly accountability sessions came to be known as Compstat. (…) For decades, the rap against the police was that they ignored crime in minority neighborhoods. Compstat keeps New York commanders focused like a laser beam on where people are being victimized most, and that is in minority communities. (…) In New York City, businesses that had shunned previously drug-infested areas now set up shop there, offering residents a choice in shopping and creating a demand for workers. Senior citizens felt safe to go to the store or to the post office to pick up their Social Security checks. Children could ride their bikes on city sidewalks without their mothers worrying that they would be shot. But the crime victories of the last two decades, and the moral support on which law and order depends, are now in jeopardy thanks to the falsehoods of the Black Lives Matter movement. Police operating in inner-city neighborhoods now find themselves routinely surrounded by cursing, jeering crowds when they make a pedestrian stop or try to arrest a suspect. Sometimes bottles and rocks are thrown. Bystanders stick cell phones in the officers’ faces, daring them to proceed with their duties. Officers are worried about becoming the next racist cop of the week and possibly losing their livelihood thanks to an incomplete cell phone video that inevitably fails to show the antecedents to their use of force.  (…) As a result of the anti-cop campaign of the last two years and the resulting push-back in the streets, officers in urban areas are cutting back on precisely the kind of policing that led to the crime decline of the 1990s and 2000s. (…) On the other hand, the people demanding that the police back off are by no means representative of the entire black community. Go to any police-neighborhood meeting in Harlem, the South Bronx, or South Central Los Angeles, and you will invariably hear variants of the following: “We want the dealers off the corner.” “You arrest them and they’re back the next day.” “There are kids hanging out on my stoop. Why can’t you arrest them for loitering?” “I smell weed in my hallway. Can’t you do something?” I met an elderly cancer amputee in the Mount Hope section of the Bronx who was terrified to go to her lobby mailbox because of the young men trespassing there and selling drugs. The only time she felt safe was when the police were there. “Please, Jesus,” she said to me, “send more police!” The irony is that the police cannot respond to these heartfelt requests for order without generating the racially disproportionate statistics that will be used against them in an ACLU or Justice Department lawsuit. Unfortunately, when officers back off in high crime neighborhoods, crime shoots through the roof. Our country is in the midst of the first sustained violent crime spike in two decades. Murders rose nearly 17 percent in the nation’s 50 largest cities in 2015, and it was in cities with large black populations where the violence increased the most. (…) I first identified the increase in violent crime in May 2015 and dubbed it “the Ferguson effect.” (…) The number of police officers killed in shootings more than doubled during the first three months of 2016. In fact, officers are at much greater risk from blacks than unarmed blacks are from the police. Over the last decade, an officer’s chance of getting killed by a black has been 18.5 times higher than the chance of an unarmed black getting killed by a cop. (…) We have been here before. In the 1960s and early 1970s, black and white radicals directed hatred and occasional violence against the police. The difference today is that anti-cop ideology is embraced at the highest reaches of the establishment: by the President, by his Attorney General, by college presidents, by foundation heads, and by the press. The presidential candidates of one party are competing to see who can out-demagogue President Obama’s persistent race-based calumnies against the criminal justice system, while those of the other party have not emphasized the issue as they might have. I don’t know what will end the current frenzy against the police. What I do know is that we are playing with fire, and if it keeps spreading, it will be hard to put out. Heather Mac Donald

Et si les principales victimes n’étaient pas celles que l’on croyait ?

Au lendemain d’un nouveau massacre américain …

Perpétré cette fois par un noir, apparemment proche de mouvements appelant au meurtre de policiers, contre des policiers blancs lors d’une manifestation justement contre les brutalités des policiers blancs contre les noirs …

Et qui sera finalement abattu par un robot raciste dont on ne sait toujours pas la couleur …

Comment ne pas voir avec la chercheuse américaine Heather MacDonald (merci Charly Karl Ékoulé Maneng) …

La terrible responsabilité, entre Maison Blanche, universités et médias, de nos pompiers-pyromanes et chasseurs d’ambulances patentés …

Qui lorsqu’ils n’appellent pas explicitement, à l’instar de nos casseurs à nous, à « griller les cochons comme du bacon » …

Nous rebattent les oreilles avec leurs habituelles contre-vérités niant l’évidence de la sur-criminalité noire (deux tiers des cambriolages, plus de la moitié des meurtres et presque la moitié des attaques à main armée dans les principales zones urbaines pour seulement 13% de la population totale – étrangement parallele d’ailleurs a la surcriminalite musulmane en France) …

Comme de la sous-victimisation noire pour les homicides du fait de la police (4% contre 12% pour les blancs et hispaniques) …

Des limites de certains concepts comme celui de « non-armé » (5 sur 7 des victimes noires d’homicides du fait de la police avaient essayé d’arracher l’arme du policier ou de le battre avec son propre équipement) …

De la survictimisation de policiers d’origine minoritaire  (18,5 fois plus probable qu’un policier soit tué par un Noir – 40% de tueurs de policiers sont des Noirs – qu’un policier tue un Noir non armé ou désarmé) mais aussi logiquement de leur plus grande tendance à faire usage de leur arme (3,3 fois plus que les policiers blancs) …

Mais aussi sur le véritable secret de polichinelle ou, comme le dit si bien l’anglais, « l’éléphant dans la pièce » de l’histoire …

A savoir la violence intra-ethnique noirs contre noirs (près de  6 000 noirs tués – sans compter les nombreux blessés et les victimes collatérales dont de nombreux enfants – majoritairement par d’autres noirs soit plus que le total de blancs et d’hispaniques pour seulement 13% de la population totale) …

Et, plus pervers encore, « l’effet Ferguson » qui, sans compter l’explosion des incivilités, l’encouragement au refus des contrôles policiers et le doublement des meurtres de policiers ce dernier semestre, voit une hausse de 17% des meurtres dans les 50 plus grandes agglomérations américaines du fait justement de la moindre activité policière, par peur d’être accusés de racisme, dans certaines zones à risque …

Et donc, à terme, la perte des acquis, en matière de sécurité, de décennies de travail policier (moins 40% d’homicides et moins 85% à New York depuis les annés 90) pour les zones et les populations qui en auraient le plus besoin …

Soit, triste ironie de l’histoire, le retour à ce qui était justement reproché à la police des années 60 et 70 voire bien avant, l’indifférence à la sécurité des plus démunis ?

The Danger of the “Black Lives Matter” Movement
Heather Mac Donald
Manhattan Institute
Imprimis – Hillsdale College
April 1, 2016

The following is adapted from a speech delivered on April 27, 2016, at Hillsdale College’s Allan P. Kirby, Jr. Center for Constitutional Studies and Citizenship in Washington, D.C., as part of the AWC Family Foundation Lecture Series.

For almost two years, a protest movement known as “Black Lives Matter” has convulsed the nation. Triggered by the police shooting of Michael Brown in Ferguson, Missouri, in August 2014, the Black Lives Matter movement holds that racist police officers are the greatest threat facing young black men today. This belief has triggered riots, “die-ins,” the murder and attempted murder of police officers, a campaign to eliminate traditional grand jury proceedings when police use lethal force, and a presidential task force on policing.

Even though the U.S. Justice Department has resoundingly disproven the lie that a pacific Michael Brown was shot in cold blood while trying to surrender, Brown is still venerated as a martyr. And now police officers are backing off of proactive policing in the face of the relentless venom directed at them on the street and in the media. As a result, violent crime is on the rise.

The need is urgent, therefore, to examine the Black Lives Matter movement’s central thesis—that police pose the greatest threat to young black men. I propose two counter hypotheses: first, that there is no government agency more dedicated to the idea that black lives matter than the police; and second, that we have been talking obsessively about alleged police racism over the last 20 years in order to avoid talking about a far larger problem—black-on-black crime.

Let’s be clear at the outset: police have an indefeasible obligation to treat everyone with courtesy and respect, and to act within the confines of the law. Too often, officers develop a hardened, obnoxious attitude. It is also true that being stopped when you are innocent of any wrongdoing is infuriating, humiliating, and sometimes terrifying. And needless to say, every unjustified police shooting of an unarmed civilian is a stomach-churning tragedy.

Given the history of racism in this country and the complicity of the police in that history, police shootings of black men are particularly and understandably fraught. That history informs how many people view the police. But however intolerable and inexcusable every act of police brutality is, and while we need to make sure that the police are properly trained in the Constitution and in courtesy, there is a larger reality behind the issue of policing, crime, and race that remains a taboo topic. The problem of black-on-black crime is an uncomfortable truth, but unless we acknowledge it, we won’t get very far in understanding patterns of policing.

Every year, approximately 6,000 blacks are murdered. This is a number greater than white and Hispanic homicide victims combined, even though blacks are only 13 percent of the national population. Blacks are killed at six times the rate of whites and Hispanics combined. In Los Angeles, blacks between the ages of 20 and 24 die at a rate 20 to 30 times the national mean. Who is killing them? Not the police, and not white civilians, but other blacks. The astronomical black death-by-homicide rate is a function of the black crime rate. Black males between the ages of 14 and 17 commit homicide at ten times the rate of white and Hispanic male teens combined. Blacks of all ages commit homicide at eight times the rate of whites and Hispanics combined, and at eleven times the rate of whites alone.

The police could end all lethal uses of force tomorrow and it would have at most a trivial effect on the black death-by-homicide rate. The nation’s police killed 987 civilians in 2015, according to a database compiled by The Washington Post. Whites were 50 percent—or 493—of those victims, and blacks were 26 percent—or 258. Most of those victims of police shootings, white and black, were armed or otherwise threatening the officer with potentially lethal force.

The black violent crime rate would actually predict that more than 26 percent of police victims would be black. Officer use of force will occur where the police interact most often with violent criminals, armed suspects, and those resisting arrest, and that is in black neighborhoods. In America’s 75 largest counties in 2009, for example, blacks constituted 62 percent of all robbery defendants, 57 percent of all murder defendants, 45 percent of all assault defendants—but only 15 percent of the population.

Moreover, 40 percent of all cop killers have been black over the last decade. And a larger proportion of white and Hispanic homicide deaths are a result of police killings than black homicide deaths—but don’t expect to hear that from the media or from the political enablers of the Black Lives Matter movement. Twelve percent of all white and Hispanic homicide victims are killed by police officers, compared to four percent of all black homicide victims. If we’re going to have a “Lives Matter” anti-police movement, it would be more appropriately named “White and Hispanic Lives Matter.”

Standard anti-cop ideology, whether emanating from the ACLU or the academy, holds that law enforcement actions are racist if they don’t mirror population data. New York City illustrates why that expectation is so misguided. Blacks make up 23 percent of New York City’s population, but they commit 75 percent of all shootings, 70 percent of all robberies, and 66 percent of all violent crime, according to victims and witnesses. Add Hispanic shootings and you account for 98 percent of all illegal gunfire in the city. Whites are 33 percent of the city’s population, but they commit fewer than two percent of all shootings, four percent of all robberies, and five percent of all violent crime. These disparities mean that virtually every time the police in New York are called out on a gun run—meaning that someone has just been shot—they are being summoned to minority neighborhoods looking for minority suspects.

Officers hope against hope that they will receive descriptions of white shooting suspects, but it almost never happens. This incidence of crime means that innocent black men have a much higher chance than innocent white men of being stopped by the police because they match the description of a suspect. This is not something the police choose. It is a reality forced on them by the facts of crime.

The geographic disparities are also huge. In Brownsville, Brooklyn, the per capita shooting rate is 81 times higher than in nearby Bay Ridge, Brooklyn—the first neighborhood predominantly black, the second neighborhood predominantly white and Asian. As a result, police presence and use of proactive tactics are much higher in Brownsville than in Bay Ridge. Every time there is a shooting, the police will flood the area looking to make stops in order to avert a retaliatory shooting. They are in Brownsville not because of racism, but because they want to provide protection to its many law-abiding residents who deserve safety.

Who are some of the victims of elevated urban crime? On March 11, 2015, as protesters were once again converging on the Ferguson police headquarters demanding the resignation of the entire department, a six-year-old boy named Marcus Johnson was killed a few miles away in a St. Louis park, the victim of a drive-by shooting. No one protested his killing. Al Sharpton did not demand a federal investigation. Few people outside of his immediate community know his name.

Ten children under the age of ten were killed in Baltimore last year. In Cleveland, three children five and younger were killed in September. A seven-year-old boy was killed in Chicago over the Fourth of July weekend by a bullet intended for his father. In November, a nine-year-old in Chicago was lured into an alley and killed by his father’s gang enemies; the father refused to cooperate with the police. In August, a nine-year-old girl was doing her homework on her mother’s bed in Ferguson when a bullet fired into the house killed her. In Cincinnati in July, a four-year-old girl was shot in the head and a six-year-old girl was left paralyzed and partially blind from two separate drive-by shootings. This mindless violence seems almost to be regarded as normal, given the lack of attention it receives from the same people who would be out in droves if any of these had been police shootings. As horrific as such stories are, crime rates were much higher 20 years ago. In New York City in 1990, for example, there were 2,245 homicides. In 2014 there were 333—a decrease of 85 percent. The drop in New York’s crime rate is the steepest in the nation, but crime has fallen at a historic rate nationwide as well—by about 40 percent—since the early 1990s. The greatest beneficiaries of these declining rates have been minorities. Over 10,000 minority males alive today in New York would be dead if the city’s homicide rate had remained at its early 1990s level.

What is behind this historic crime drop? A policing revolution that began in New York and spread nationally, and that is now being threatened. Starting in 1994, the top brass of the NYPD embraced the then-radical idea that the police can actually prevent crime, not just respond to it. They started gathering and analyzing crime data on a daily and then hourly basis. They looked for patterns, and strategized on tactics to try to quell crime outbreaks as they were emerging. Equally important, they held commanders accountable for crime in their jurisdictions. Department leaders started meeting weekly with precinct commanders to grill them on crime patterns on their watch. These weekly accountability sessions came to be known as Compstat. They were ruthless, high tension affairs. If a commander was not fully informed about every local crime outbreak and ready with a strategy to combat it, his career was in jeopardy.

Compstat created a sense of urgency about fighting crime that has never left the NYPD. For decades, the rap against the police was that they ignored crime in minority neighborhoods. Compstat keeps New York commanders focused like a laser beam on where people are being victimized most, and that is in minority communities. Compstat spread nationwide. Departments across the country now send officers to emerging crime hot spots to try to interrupt criminal behavior before it happens.

In terms of economic stimulus alone, no other government program has come close to the success of data-driven policing. In New York City, businesses that had shunned previously drug-infested areas now set up shop there, offering residents a choice in shopping and creating a demand for workers. Senior citizens felt safe to go to the store or to the post office to pick up their Social Security checks. Children could ride their bikes on city sidewalks without their mothers worrying that they would be shot. But the crime victories of the last two decades, and the moral support on which law and order depends, are now in jeopardy thanks to the falsehoods of the Black Lives Matter movement.

Police operating in inner-city neighborhoods now find themselves routinely surrounded by cursing, jeering crowds when they make a pedestrian stop or try to arrest a suspect. Sometimes bottles and rocks are thrown. Bystanders stick cell phones in the officers’ faces, daring them to proceed with their duties. Officers are worried about becoming the next racist cop of the week and possibly losing their livelihood thanks to an incomplete cell phone video that inevitably fails to show the antecedents to their use of force. Officer use of force is never pretty, but the public is clueless about how hard it is to subdue a suspect who is determined to resist arrest.

As a result of the anti-cop campaign of the last two years and the resulting push-back in the streets, officers in urban areas are cutting back on precisely the kind of policing that led to the crime decline of the 1990s and 2000s. Arrests and summons are down, particularly for low-level offenses. Police officers continue to rush to 911 calls when there is already a victim. But when it comes to making discretionary stops—such as getting out of their cars and questioning people hanging out on drug corners at 1:00 a.m.—many cops worry that doing so could put their careers on the line. Police officers are, after all, human. When they are repeatedly called racist for stopping and questioning suspicious individuals in high-crime areas, they will perform less of those stops. That is not only understandable—in a sense, it is how things should work. Policing is political. If a powerful political block has denied the legitimacy of assertive policing, we will get less of it.

On the other hand, the people demanding that the police back off are by no means representative of the entire black community. Go to any police-neighborhood meeting in Harlem, the South Bronx, or South Central Los Angeles, and you will invariably hear variants of the following: “We want the dealers off the corner.” “You arrest them and they’re back the next day.” “There are kids hanging out on my stoop. Why can’t you arrest them for loitering?” “I smell weed in my hallway. Can’t you do something?” I met an elderly cancer amputee in the Mount Hope section of the Bronx who was terrified to go to her lobby mailbox because of the young men trespassing there and selling drugs. The only time she felt safe was when the police were there. “Please, Jesus,” she said to me, “send more police!” The irony is that the police cannot respond to these heartfelt requests for order without generating the racially disproportionate statistics that will be used against them in an ACLU or Justice Department lawsuit.

Unfortunately, when officers back off in high crime neighborhoods, crime shoots through the roof. Our country is in the midst of the first sustained violent crime spike in two decades. Murders rose nearly 17 percent in the nation’s 50 largest cities in 2015, and it was in cities with large black populations where the violence increased the most. Baltimore’s per capita homicide rate last year was the highest in its history. Milwaukee had its deadliest year in a decade, with a 72 percent increase in homicides. Homicides in Cleveland increased 90 percent over the previous year. Murders rose 83 percent in Nashville, 54 percent in Washington, D.C., and 61 percent in Minneapolis. In Chicago, where pedestrian stops are down by 90 percent, shootings were up 80 percent through March 2016.

I first identified the increase in violent crime in May 2015 and dubbed it “the Ferguson effect.” My diagnosis set off a firestorm of controversy on the anti-cop Left and in criminology circles. Despite that furor, FBI Director James Comey confirmed the Ferguson effect in a speech at the University of Chicago Law School last October. Comey decried the “chill wind” that had been blowing through law enforcement over the previous year, and attributed the sharp rise in homicides and shootings to the campaign against cops. Several days later, President Obama had the temerity to rebuke Comey, accusing him (while leaving him unnamed) of “cherry-pick[ing] data” and using “anecdotal evidence to drive policy [and] feed political agendas.” The idea that President Obama knows more about crime and policing than his FBI director is of course ludicrous. But the President thought it necessary to take Comey down, because to recognize the connection between proactive policing and public safety undermines the entire premise of the anti-cop Left: that the police oppress minority communities rather than bring them surcease from disorder.

As crime rates continue to rise, the overwhelming majority of victims are, as usual, black—as are their assailants. But police officers are coming under attack as well. In August 2015, an officer in Birmingham, Alabama, was beaten unconscious by a convicted felon after a car stop. The suspect had grabbed the officer’s gun, as Michael Brown had tried to do in Ferguson, but the officer hesitated to use force against him for fear of being charged with racism. Such incidents will likely multiply as the media continues to amplify the Black Lives Matter activists’ poisonous slander against the nation’s police forces.

The number of police officers killed in shootings more than doubled during the first three months of 2016. In fact, officers are at much greater risk from blacks than unarmed blacks are from the police. Over the last decade, an officer’s chance of getting killed by a black has been 18.5 times higher than the chance of an unarmed black getting killed by a cop.

The favorite conceit of the Black Lives Matter movement is, of course, the racist white officer gunning down a black man. According to available studies, it is a canard. A March 2015 Justice Department report on the Philadelphia Police Department found that black and Hispanic officers were much more likely than white officers to shoot blacks based on “threat misperception,” i.e., the incorrect belief that a civilian is armed. A study by University of Pennsylvania criminologist Greg Ridgeway, formerly acting director of the National Institute of Justice, has found that black officers in the NYPD were 3.3 times more likely to fire their weapons at shooting scenes than other officers present. The April 2015 death of drug dealer Freddie Gray in Baltimore has been slotted into the Black Lives Matter master narrative, even though the three most consequential officers in Gray’s arrest and transport are black. There is no evidence that a white drug dealer in Gray’s circumstances, with a similar history of faking injuries, would have been treated any differently.

We have been here before. In the 1960s and early 1970s, black and white radicals directed hatred and occasional violence against the police. The difference today is that anti-cop ideology is embraced at the highest reaches of the establishment: by the President, by his Attorney General, by college presidents, by foundation heads, and by the press. The presidential candidates of one party are competing to see who can out-demagogue President Obama’s persistent race-based calumnies against the criminal justice system, while those of the other party have not emphasized the issue as they might have.

I don’t know what will end the current frenzy against the police. What I do know is that we are playing with fire, and if it keeps spreading, it will be hard to put out.

Voir aussi:

The Myths of Black Lives Matter
The movement has won over Hillary Clinton and Bernie Sanders. But what if its claims are fiction?
Heather Mac Donald
The Wall Street Journal
Feb. 11, 2016

A television ad for Hillary Clinton’s presidential campaign now airing in South Carolina shows the candidate declaring that “too many encounters with law enforcement end tragically.” She later adds: “We have to face up to the hard truth of injustice and systemic racism.”

Her Democratic presidential rival, Bernie Sanders, met with the Rev. Al Sharpton on Wednesday. Mr. Sanders then tweeted that “As President, let me be very clear that no one will fight harder to end racism and reform our broken criminal justice system than I will.” And he appeared on the TV talk show “The View” saying, “It is not acceptable to see unarmed people being shot by police officers.”

Apparently the Black Lives Matter movement has convinced Democrats and progressives that there is an epidemic of racist white police officers killing young black men. Such rhetoric is going to heat up as Mrs. Clinton and Mr. Sanders court minority voters before the Feb. 27 South Carolina primary.

But what if the Black Lives Matter movement is based on fiction? Not just the fictional account of the 2014 police shooting of Michael Brown in Ferguson, Mo., but the utter misrepresentation of police shootings generally.

To judge from Black Lives Matter protesters and their media and political allies, you would think that killer cops pose the biggest threat to young black men today. But this perception, like almost everything else that many people think they know about fatal police shootings, is wrong.

The Washington Post has been gathering data on fatal police shootings over the past year and a half to correct acknowledged deficiencies in federal tallies. The emerging data should open many eyes.

For starters, fatal police shootings make up a much larger proportion of white and Hispanic homicide deaths than black homicide deaths. According to the Post database, in 2015 officers killed 662 whites and Hispanics, and 258 blacks. (The overwhelming majority of all those police-shooting victims were attacking the officer, often with a gun.) Using the 2014 homicide numbers as an approximation of 2015’s, those 662 white and Hispanic victims of police shootings would make up 12% of all white and Hispanic homicide deaths. That is three times the proportion of black deaths that result from police shootings.

The lower proportion of black deaths due to police shootings can be attributed to the lamentable black-on-black homicide rate. There were 6,095 black homicide deaths in 2014—the most recent year for which such data are available—compared with 5,397 homicide deaths for whites and Hispanics combined. Almost all of those black homicide victims had black killers.

Police officers—of all races—are also disproportionately endangered by black assailants. Over the past decade, according to FBI data, 40% of cop killers have been black. Officers are killed by blacks at a rate 2.5 times higher than the rate at which blacks are killed by police.

Some may find evidence of police bias in the fact that blacks make up 26% of the police-shooting victims, compared with their 13% representation in the national population. But as residents of poor black neighborhoods know too well, violent crimes are disproportionately committed by blacks. According to the Bureau of Justice Statistics, blacks were charged with 62% of all robberies, 57% of murders and 45% of assaults in the 75 largest U.S. counties in 2009, though they made up roughly 15% of the population there.

Such a concentration of criminal violence in minority communities means that officers will be disproportionately confronting armed and often resisting suspects in those communities, raising officers’ own risk of using lethal force.

The Black Lives Matter movement claims that white officers are especially prone to shooting innocent blacks due to racial bias, but this too is a myth. A March 2015 Justice Department report on the Philadelphia Police Department found that black and Hispanic officers were much more likely than white officers to shoot blacks based on “threat misperception”—that is, the mistaken belief that a civilian is armed.

A 2015 study by University of Pennsylvania criminologist Greg Ridgeway, formerly acting director of the National Institute of Justice, found that, at a crime scene where gunfire is involved, black officers in the New York City Police Department were 3.3 times more likely to discharge their weapons than other officers at the scene.

The Black Lives Matter movement has been stunningly successful in changing the subject from the realities of violent crime. The world knows the name of Michael Brown but not Tyshawn Lee, a 9-year-old black child lured into an alley and killed by gang members in Chicago last fall. Tyshawn was one of dozens of black children gunned down in America last year. The Baltimore Sun reported on Jan. 1: “Blood was shed in Baltimore at an unprecedented pace in 2015, with mostly young, black men shot to death in a near-daily crush of violence.”

Those were black lives that mattered, and it is a scandal that outrage is heaped less on the dysfunctional culture that produces so many victims than on the police officers who try to protect them.

Ms. Mac Donald is the Thomas W. Smith fellow at the Manhattan Institute and author of “The War on Cops,” forthcoming in July from Encounter Books.

Voir également:

Black and Unarmed: Behind the Numbers
What the Black Lives Matter movement misses about those police shootings
Heather Mac Donald
The Marshall Project
02.08.2016

For the last year or so, the Washington Post has been gathering data on fatal police shootings of civilians. Its database for 2015 is now complete. Commentators have taken the Post’s data as evidence that the police are gunning down unarmed blacks out of implicit bias. But a close examination of the Post’s findings presents a more complicated picture of policing and casts doubt on the notion that these shootings were driven by race.

The Post began its police shootings project in response to the 2014 killing of Michael Brown in Ferguson, Missouri, a death that triggered days of rioting, the assassination of two New York City police officers, and a surge of support for the Black Lives Matter protest movement. Federal tallies of lethal police shootings are notoriously incomplete; the Post sought to correct that lacuna by searching news sites and other information sources for reports of officer-involved homicides. The results: As of Jan. 15, the Post had documented 987 victims of fatal police shootings in 2015, about twice the number historically recorded by federal agencies. Whites were 50 percent of those victims, and blacks were 26 percent. By comparison, whites are 62 percent of the U.S. population, and blacks, 13 percent. The ensuing debate has largely centered on whether the disproportionate number of black deaths was a result of police racism or the relatively high rate of crime in black neighborhoods, which brings black men into more frequent, and more fraught, encounters with the police.

In August of 2015 the Post zeroed in on unarmed black men, who the paper said were seven times more likely than unarmed white men to die by police gunfire. The article noted that 24 of the 60 “unarmed” deaths up to that date — some 40 percent — were of black men, helping to explain « why outrage continues to simmer a year after Ferguson. » By year’s end, there were 36 unarmed black men (and two black women) and 31 unarmed white men (and one white woman) among the total 987 victims. The rate at which unarmed black men were more likely than unarmed white men to die by police gunfire had dropped, but was still six-to-one.

But the numbers don’t tell the whole story. It is worth looking at the specific cases included in the Post’s unarmed victim classification in some detail, since that category is the most politically explosive. The “unarmed” label is literally accurate, but it frequently fails to convey highly-charged policing situations. In a number of cases, if the victim ended up being unarmed, it was certainly not for lack of trying. At least five black victims had reportedly tried to grab the officer’s gun, or had been beating the cop with his own equipment. Some were shot from an accidental discharge triggered by their own assault on the officer. And two individuals included in the Post’s “unarmed black victims” category were struck by stray bullets aimed at someone else in justified cop shootings. If the victims were not the intended targets, then racism could have played no role in their deaths.

In one of those unintended cases, an undercover cop from the New York Police Department was conducting a gun sting in Mount Vernon, just north of New York City. One of the gun traffickers jumped into the cop’s car, stuck a pistol to his head, grabbed $2,400 and fled. The officer gave chase and opened fire after the thief again pointed his gun at him. Two of the officer’s bullets accidentally hit a 61-year-old bystander, killing him. That older man happened to be black, but his race had nothing to do with his tragic death. In the other collateral damage case, Virginia Beach, Virginia, officers approached a car parked at a convenience store that had a homicide suspect in the passenger seat. The suspect opened fire, sending a bullet through an officer’s shirt. The cops returned fire, killing their assailant as well as a woman in the driver’s seat. That woman entered the Post’s database without qualification as an “unarmed black victim” of police fire.

Unfortunately, innocent blacks like the elderly Mount Vernon man probably do face a higher chance of getting shot by stray police fire than innocent whites. But that is because violent crime in their neighborhoods is so much higher. The per capita shooting rate in Brownsville, Brooklyn, with its legacy of poverty and crime, is 81 times higher than in working-class Bay Ridge, Brooklyn, a few miles away, according to the New York Police Department. This exponentially higher rate of gun violence means that the police will be much more intensively deployed in Brownsville, trying to protect innocent residents and gangbangers alike from shootings. If the police are forced to open fire, in rare instances a police bullet will go astray and hit a bystander. That is tragic, but that innocent’s chance of getting shot by the police is dwarfed by his chance of getting shot by criminals.

Other unarmed black victims in the Post’s database were so fiercely resisting arrest, judging from press accounts, that the officers involved could reasonably have viewed them as posing a grave danger. In October 2015, a San Diego officer was called to a Holiday Inn in nearby Point Loma, after hotel employees ejected a man causing a disturbance in the lobby. The officer approached a male casing cars in the hotel’s parking lot. The suspect jumped the officer and both fell to the ground. The officer tried to Tase the man, hitting himself as well. The suspect repeatedly tried to wrench the officer’s gun from its holster, according to news reports, and continued assaulting the officer after both had stood up. Fearing for his life, the officer shot the man. It is hard to see how race entered into that encounter. Someone who tries for an officer’s gun must be presumed to have the intention to use it. In 2015, three officers were killed with their own guns, which the suspects had wrestled from them. Similarly, in August, an officer from Prince George’s County, Maryland, pursued a man who had fled from a car crash. The man tried to grab the officer’s gun, and it discharged. The suspect continued to fight with the officer until he was Tased by a second officer and tackled by a third. The shot that was discharged during the struggle ultimately proved fatal to the suspect. In January, a sheriff’s deputy in Strong, Arkansas, responded to a pharmacy burglary alarm in the early morning. The burglar inside fought with the deputy for control of the deputy’s gun and it discharged. The suspect fled the store but was caught outside, at which point the deputy noticed the suspect’s gun injury and called an ambulance.

A police critic may reject the officers’ accounts of these deaths, invoking the cell phone videos that discredited police accounts in the shootings of Walter Scott in North Charleston, South Carolina, and Laquan McDonald in Chicago. Viral videos of these events have generated an understandable skepticism towards police narratives. But equal skepticism is warranted towards witness accounts of allegedly unjustified officer shootings. Case in point: the persistent claim by bystanders that a peaceable Michael Brown, hands up, was gunned down in cold blood by Officer Darren Wilson. In fact, as forensic evidence and more credible eyewitnesses established, Brown had assaulted Wilson and tried to grab his gun. Until there is a critical mass of such resolved narratives, whether one trusts officer accounts more than bystander accounts, or vice versa, will depend on one’s prior assumptions regarding the police and the community.

In several cases in the Post’s “unarmed black man” category, the suspect had gained control of other pieces of an officer’s equipment and was putting it to potentially lethal use. In New York City, a robbery suspect apprehended in a narrow stairwell beat two detectives’ faces bloody with a police radio. In Memphis, Tennessee, a 19-year-old wanted on two out-of-state warrants, including a sex offense in Iowa, kicked open a car door during a car stop, grabbed the officer’s handcuffs, and hit him in the face with them.

In other instances in the Post’s “unarmed black man” category, the suspect’s physical resistance was so violent that it could reasonably have put the officer in fear for his life. A trespasser at a motel in Barstow, California, brought a sheriff’s deputy to the ground and beat him in the face so viciously that he broke numerous bones and caused other injuries. The suspect refused repeated orders to desist and move away. An officer in such a situation can’t know whether he will lose consciousness under the blows to his head; if he does, he is at even greater risk that his gun will be used against him.

An Orlando, Florida, officer was called about a fight in an apartment complex. The suspect fought so violently with the responding officer that the officer’s equipment had been torn off and was strewn about the scene, including his used Taser, baton, gun magazine, and wristwatch. In Dearborn, Michigan, a probation violator escaped from officers after committing a theft; later in the day, an officer approached him and he again took off running. A fight ensued, which left the officer with his gun belt loosened, his equipment from the belt on the ground, and his uniform ripped. The officer was covered with mud and sustained minor injuries. In Miami, a man crashed a taxi cab in the early morning hours and took off running onto a highway. During the fight, the driver bit the officer’s finger so hard that he nearly severed it; surgery was required to reattach it to the left hand. One can debate the tactics used and the moment when an officer would have been justified in opening fire, but these cases are more complicated and morally ambiguous than a simple “unarmed” classification would lead a reader to believe.

The Post’s cases do not support the idea that the police have a more demanding standard for using lethal force when confronting unarmed white suspects. According to the press accounts, only one unarmed white victim attempted to grab the officer’s gun. In Tuscaloosa, Alabama, a 50-year-old white suspect in a domestic assault call ran at the officer with a spoon; he was Tased and then shot. A 28-year-old driver in Des Moines, Iowa, led police on a chase, then got out of his car and walked quickly toward the officer, and was shot. In Akron, Ohio, a 21-year-old suspect in a grocery store robbery who had escaped on a bike did not remove his hand from his waistband when ordered to do so. Had any of these victims been black, police critics might well have conferred on them instant notoriety; instead, they are unknown.

While the nation was focused on the non-epidemic of racist police killings throughout 2015, the routine drive-by shootings in urban areas were taking their usual toll, including on children, to little national notice. In Cleveland, three children ages five and younger were killed in September. Five children were shot in Cleveland over the Fourth of July weekend. A seven-year-old boy was killed in Chicago that same weekend by a bullet intended for his father. In November, a nine-year-old in Chicago was lured into an alley and killed by his father’s gang enemies; the alleged murderer was reportedly avenging the killing of his own 13-year-old brother in October. In August a nine-year-old girl was doing her homework on her mother’s bed in Ferguson when a bullet shot into the house killed her. In Cincinnati in July, a four-year-old girl was shot in the head and a six-year-old girl was left paralyzed and partially blind from two separate drive-by shootings. A six-year-old boy was killed in a drive-by shooting on West Florissant Avenue in March in St. Louis, as protesters were again converging on the Ferguson Police Department to demand the resignation of the entire department. Ten children under the age of 10 were killed in Baltimore last year; 12 victims were between the age of 10 and 17. This is just a partial list of child victims. While the world knows who Michael Brown is, few people outside these children’s immediate communities know their names.

Without question, police officers must be constantly retrained in courtesy and respect; too often they develop boorish, callous attitudes towards civilians on the street. Some are unfit to serve. Some are surely racists. And if de-escalation training can safely reduce officer use of force further, it should be widely implemented. But the Black Lives Matter movement’s focus on shootings by police should not distract attention from the most serious use-of-force problem facing black communities: criminal violence. In 2014, there were 6,095 black homicide victims, more than all white and Hispanic homicide victims combined, even though blacks are only 13 percent of the population. The black homicide toll will be even higher in 2015. In over 90 percent of those black deaths, the killer was another black civilian. By all means, we must try to eliminate unjustified use of force by police. But as long as crime rates in black communities remain so high, officers will be disproportionately engaged there, with all the attendant risks of such deployment. Indeed, the incessant refrain that cops are racist could well increase the likelihood that black suspects will resist arrest, and that witnesses will be reluctant to cooperate.

Heather Mac Donald is the Thomas W. Smith fellow at the Manhattan Institute and author of the forthcoming “The War on Cops.”

Voir encore:

Chicago on the Brink
A retreat from proactive policing has unleashed mayhem in the city
Heather Mac Donald
City journal
Summer 2016

Violence in Chicago is reaching epidemic proportions. In the first five months of 2016, someone was shot every two and a half hours and someone murdered every 14 hours, for a total of nearly 1,400 nonfatal shooting victims and 240 fatalities. Over Memorial Day weekend, 69 people were shot, nearly one per hour, dwarfing the previous year’s tally of 53 shootings over the same period. The violence is spilling over from the city’s gang-infested South and West Sides into the downtown business district; Lake Shore Drive has seen drive-by shootings and robberies.

The growing mayhem is the result of Chicago police officers’ withdrawal from proactive enforcement, making the city a dramatic example of what I have called the “Ferguson effect.” Since the shooting of Michael Brown in Ferguson, Missouri, in August 2014, the conceit that American policing is lethally racist has dominated the national airwaves and political discourse, from the White House on down. In response, cops in minority neighborhoods in Chicago and other cities around the country are backing off pedestrian stops and public-order policing; criminals are flourishing in the resulting vacuum. (An early and influential Ferguson-effect denier has now changed his mind: in a June 2016 study for the National Institute of Justice, Richard Rosenfeld of the University of Missouri–St. Louis concedes that the 2015 homicide increase in the nation’s large cities was “real and nearly unprecedented.” “The only explanation that gets the timing right is a version of the Ferguson effect,” he told the Guardian.)

Chicago mayor Rahm Emanuel warned in October 2015 that officers were going “fetal,” as shootings in the city skyrocketed. But 2016 has brought an even sharper reduction in proactive enforcement. Devastating failures in Chicago’s leadership after a horrific police shooting and an ill-considered pact between the American Civil Liberties Union and the police are driving that reduction. Residents of Chicago’s high-crime areas are paying the price.

Felicia Moore, a wiry middle-aged woman with tattoos on her face and the ravaged frame of a former drug addict, is standing inside a Polish sausage joint on Chicago’s South Side at 10 PM. Asked about crime, she responds: “I’ve been in Chicago all my life. It’s never been this bad. Mothers and grandchildren are scared to come out on their porch; if you see more than five or six niggas walking together, you gotta run.” The violence claimed her only son last year, she says, just as he was being drafted by the Atlanta Hawks. Moore is engaging in some revisionist history: her son, Jeremiah Moore, was, in fact, killed with a shot to his head—but in 2013, a little over a year after he was released from prison for shooting a mother at a bus stop; the Atlantic Hawks don’t enter into it.

Felicia Moore’s assessment of the present crime situation in Chicago, however, is more reality-based. Through the end of May, shooting incidents in Chicago were up 53 percent over the same period in 2015, which had already seen a significant increase over 2014. Compared with the first five months of 2014, shooting incidents in 2016 were up 86 percent. Certain police districts saw larger spikes. The Harrison District on the West Side, encompassing West Humboldt Park, for example, had a 191 percent increase in homicides through the end of May. Shootings in May citywide averaged nearly 13 a day, a worrisome portent for summer.

A man who calls himself City Streets is standing in a ragtag group of drinkers and hustlers outside a liquor and convenience store on the South Side. They pass around beer, cigarettes, and cash and ask strangers for money. A young woman shoves her boy along, oblivious to the late hour. “It’s terrible out here. Someone gets shot every day,” City Streets tells me. “It ain’t no place to hang,” he adds, ignoring his own advice.

Social breakdown lies behind Chicago’s historically high levels of violence. Fatherlessness in the city’s black community is at a cataclysmic level—close to 80 percent of children are born to single mothers in high-crime areas. Illegitimacy is catching up fast among Hispanics, as well. Gangs have stepped in where fathers are absent. A 2012 gang audit documented 59 active street gangs with 625 factions, some controlling a single block. Schools in gang territories go on high alert at dismissal time to fend off violence. Endemic crime has prevented the commercial development and gentrification that are revitalizing so many parts of Chicago closer to downtown; block after block on the South Side features a wan liquor store or check-cashing outlet, surrounded by empty lots and the occasional skeleton of a once-magnificent beaux-arts apartment complex or bank. Nonfunctioning streetlights, their fuse boxes vandalized, signal the reign of a local gang faction.

But disorder, bad before, seems to be worsening. The night after my conversations with Felicia Moore and City Streets, dozens of teens burst into the intersection of Cicero and Madison on the West Side, stopping traffic and ignoring the loud approach of a fire truck. They hold their cell phones high, the new sign of urban empowerment. Earlier that day, a fight involving at least 60 teens took over a nearby intersection, provoking a retaliatory shooting two days later at a local fried-chicken restaurant. On May 14, a 13-year-old girl stabbed a 15-year-old girl to death in a South Side housing complex; the murderer’s mother had given her the knife. In the summer of 2015, wolf packs of teens marauded down Michigan Avenue’s Magnificent Mile, robbing stores and pedestrians. The phenomenon started even earlier this year. A couple strolling on Lake Shore Drive downtown on Memorial Day weekend were chased by more than a half-dozen young men, at least one armed with a gun. The two tried to escape across the highway, the teens in hot pursuit. A pickup truck hit the couple, killing the female. A police officer flashed his emergency lights at the teens, and they fled. “If it wasn’t for the police being there at the time, I don’t know where I might be now,” the surviving man told the Chicago Sun-Times. “Six feet under?”

Public-order infractions, otherwise known as “Broken Windows” offenses, abound. Stand just a few minutes on a South or West Side thoroughfare, and someone will stride by hawking bootleg CDs or videos and loose cigarettes. Oliver, a 34-year-old with a Bloods tattoo and alcohol on his breath, has just been frisked by the police in a West Side White Castle parking lot around 9:30 PM. “The police are assholes,” he says. “I know my rights; I’m selling CDs, so I know I’m doing something wrong, but they weren’t visible in my bag.” Oliver then sells two loosies to a passerby, laboriously counting out change from a five-dollar bill.

Some law-abiding Chicagoans blame the rising violence on just such street disorder. After a woman and four men were shot at a bus stop on the South Side in May, a local resident complained about the illegal vending. “This sort of congregation of people who meet at this space dealing drugs and selling loose cigarettes . . . is despicable,” he told the Chicago Tribune. The drug trade is less overt but more ubiquitous than the trafficking in CDs and loosies. As I approach a Jamaican jerk restaurant on the West Side, the young men in front melt away. “You saw what happened when you pulled up here—everyone disappeared,” a middle-aged man tells me. “They sell drugs everywhere.”

The majority of victims in the current crime wave are already known to the police. Four-fifths of the Memorial Day shooting victims, for example, were on the Chicago Police Department’s list of gang members deemed most prone to violence. But innocents, like the Lake Shore Drive robbery victims, are being attacked as well: a 59-year-old Pakistani cabdriver, fatally shot in the head in February by a 19-year-old passenger; a DePaul student brutally beaten in April on the subway while other passengers passively looked on; a 49-year-old female dispatcher with the city’s 311 call center, killed in May while standing outside a Starbucks a few blocks from police headquarters; a worker driving home at night from her job at FedEx, shot four times in the head while waiting at an intersection and saved from death by the cell phone at her ear; a trucker shot in the face in May on the Dan Ryan Expressway; three eighth-graders robbed at gunpoint outside their school in May; a six-year-old girl playing outside her grandmother’s house in June, shot in the back and lung; a man stabbed in the stomach by a felon, who said: “I hate white people. Give me your money.”

The murder that shook the city to its core was the assassination of nine-year-old Tyshawn Lee. He was playing in a park on November 2, 2015, when a 22-year-old gangster, Dwight Boone-Doty, lured him into an alley with the promise of chips and candy. Boone-Doty fatally shot the boy, then fled with two accomplices, bleaching the getaway car and dumping it in Dalton, Illinois. Boone-Doty’s original plan, according to a police source, was to kidnap Tyshawn and send his ears and fingers to his mother. Tyshawn’s father was a member of the gang believed responsible for shooting the brother and mother of one of Boone-Doty’s accomplices a few weeks earlier. After the shooting, local schools went on lockdown, terrified that the children of gang members were now fair game for execution.

Officers who try to intervene in this disorder face a virulent street situation, thanks to the current anti-cop ideology. “People are a hundred times more likely to resist arrest,” an officer who has worked a decade and a half on the South Side informs me. “People want to fight you; they swear at you. ‘Fuck the police, we don’t have to listen,’ they say. I haven’t seen this kind of hatred toward the police in my career.”

Antipolice animus is nothing new in Chicago, of course. An Illinois state representative, Monique Davis, told a Detroit radio station in 2013 that people in her South Side community believed that the reason so few homicide cases were solved is that it was the police who were killing young black males. Davis later refused to repudiate her statement: “We can’t say that it is not happening.” The “no-snitch” ethic of refusing to cooperate with the cops is the biggest impediment to solving crime, according to Chicago commanders. But the Black Lives Matter narrative about endemically racist cops has made the street dynamic much worse. A detective says: “From patrol to investigation, it’s almost an undoable job now. If I get out of my car, the guys get hostile right away and several people are taping [with cell phones].” Bystanders and suspects try to tamper with crime scenes and aggressively interfere with investigations. Additional officers may be needed during an arrest to keep angry onlookers away. “It’s very dangerous out there now,” a detective tells me. In March 2016, then-chief of patrol (now superintendent) Eddie Johnson decried what he called the “string of violent attacks against the police” after an off-duty officer was shot by a felon who had ordered him on the ground after robbing him. The previous week, three officers were shot during a drug investigation.

This volatile policing environment now exists in urban areas across the country. But Chicago officers face two additional challenges: a new oversight regime for pedestrian stops; and the fallout from an officer’s killing of Laquan McDonald in October 2014.

In March 2015, the ACLU of Illinois accused the Chicago Police Department of engaging in racially biased stops, locally called “investigatory stops,” because its stop rate did not match population ratios. Blacks were 72 percent of all stop subjects during a four-month period in 2014, reported the ACLU, whereas whites were 9 percent of all stop subjects. But blacks and whites each make up roughly 32 percent of the city’s populace. Ergo, the police are racially profiling. This by-now drearily familiar and ludicrously inadequate benchmarking methodology ignores the incidence of crime. In 2014, blacks in Chicago made up 79 percent of all known nonfatal shooting suspects, 85 percent of all known robbery suspects, and 77 percent of all known murder suspects, according to police department data. Whites were 1 percent of known nonfatal shootings suspects in 2014, 2.5 percent of known robbery suspects, and 5 percent of known murder suspects, the latter number composed disproportionately of domestic homicides. Whites are nearly absent, in other words, among violent street criminals—precisely whom proactive policing aims to deter. Whites are actually over-stopped compared with their involvement in street crime. Nearly 40 percent of young white males surveyed by Northwestern University criminologist Wes Skogan in 2015 reported getting stopped in the previous year, compared with nearly 70 percent of young black males. “Statistically, age is the strongest correlate of being stopped,” says Skogan—not race.

Despite the groundlessness of the ACLU’s racial-bias charges, then–police superintendent Garry McCarthy and the city’s corporation counsel signed an agreement in August 2015 allowing the ACLU to review all future stops made by the department. The agreement also created an independent monitor for police stops. “Why McCarthy agreed to put the ACLU in charge is beyond us,” says a homicide detective. McCarthy’s signing of the stop agreement was indeed ironic, since he had encouraged a dramatic increase in stops. They rose 50 percent in his first two years, ultimately reaching about 700,000 a year, more than the NYPD performed at the height of its own stop activity, even though the CPD is about a third the size of the NYPD.

On January 1, 2016, the police department rolled out a new form for documenting investigatory stops, developed to meet ACLU demands. The new form, traditionally called a contact card, was two pages long and contained a whopping 70 fields of information to be filled out, including three narrative sections. (Those narrative sections were subsequently combined to try to quiet criticism.) The new contact card dwarfs even arrest reports and takes at least 30 minutes to complete. Every contact card is forwarded to the ACLU. Stops dropped nearly 90 percent in the first quarter of 2016. Detectives had long relied on the information contained in contact cards to solve crimes. When 15-year-old Hadiya Pendleton was killed in January 2013, days after performing with her high school band in President Barack Obama’s second inaugural, investigators identified the occupants of the getaway car through descriptions of the vehicle in previous contact cards. Now, however, crime sleuths have almost nothing to go on. Earlier this year, a detective working armed robbery had a pattern of two male Hispanics with tattoos on their faces sticking up people in front of their homes. But virtually no contact cards had been written in the area for three months. So he made car stops in the neighborhood himself, coming across the stolen car used in the robberies and the parolees responsible for the crimes. This is not a maximally efficient division of labor.

Criminals have become emboldened by the police disengagement. “Gangbangers now realize that no one will stop them,” says a former high-ranking police official. And people who wouldn’t have carried a gun before are now armed, a South Side officer says. The solution, according to officers, is straightforward: “If tomorrow, we still had to fill out the new forms, but they no longer went to the ACLU, stops would increase,” a detective claims.

But a more profound pall hangs over the department because of a shockingly unjustified police homicide and the missteps of top brass and the mayor in handling it. On the night of October 20, 2014, a report went out over the police radio that someone was breaking into cars in a trucking yard in the southwest neighborhood of Archer Heights; the vandal had threatened the 911 caller with a knife. Two officers found 17-year-old Laquan McDonald a block away; he punctured a tire on their squad car and struck its windshield with his three-inch blade. The cops trailed McDonald, who was high on PCP, for nearly half a mile while waiting for backup units with a Taser. Two additional patrol cars pulled up as McDonald strode along the middle of Pulaski Road, energetically swinging his right arm, knife in hand. One car parked behind him; its dashboard camera recorded the subsequent events. The other car stopped about 30 yards ahead. The officers in that forward vehicle jumped out, guns pointed at McDonald, commanding him to drop the knife. Less than ten seconds after exiting, Officer Jason Van Dyke began shooting. McDonald spun 360 degrees under the impact of the first bullets and dropped to the ground. Van Dyke continued shooting, emptying his cartridge into McDonald’s crumpled and gently writhing body.

The shooting, pitiable to watch, represented a catastrophic failure of tactics and judgment. Some police use-of-force experts claim that a suspect armed with a knife can rush and slash an unprepared officer if the assailant is within 21 feet. Even if that so-called 21-foot rule applied here, Van Dyke and his partner had no need to exit the car and put themselves within possible reach of McDonald. If they were in any imminent risk of lethal harm, they created that risk themselves. But even then, McDonald did not appear poised to attack, despite his failure to drop the knife. He was on a slight rightward trajectory away from Van Dyke, who was on his left, before the shooting began.

What followed the homicide was almost as shocking. Five officers at the scene all told variants of the same tale in their written reports: that McDonald had been advancing toward Van Dyke, aggressively raising his knife as if to attack. Once on the ground, McDonald tried to get up, they said, continuing to point his knife at Van Dyke. None of those claims is borne out by the video. McDonald displayed no aggressive behavior toward Van Dyke. It is true that for two strides immediately before the first bullets hit him, McDonald’s trajectory had minimally shifted to the left so as to be perpendicular to Van Dyke rather than veering diagonally away. But that modest and likely unconscious alteration of trajectory does not rise to the level of lethal threat. And having made the mistake of opening fire in the first place, Van Dyke should at least have stopped shooting once McDonald fell. Had McDonald had a gun, capable of striking from a distance, rather than a knife, the analysis might have been different.

A police-union spokesman at the scene of the killing told reporters that McDonald had been threatening Van Dyke. The police department press release a few hours later essentially echoed that account, stating that McDonald continued to approach the officers after being warned. Superintendent McCarthy viewed the video the next day, without retracting the department’s press release, explaining later that he was too busy trying to learn what had happened. From then on out, officials made no effort to countermand the McDonald attack narrative. (A rumor that cops destroyed a video of the incident taken at a nearby Burger King, however, proved not to be true.)

McCarthy immediately stripped Van Dyke of his police powers and forwarded the case to the civilian board that reviews police shootings, the Independent Police Review Authority (IPRA). The case also went to the Cook County state attorney’s office, the U.S. attorney’s office, and the FBI. In April, the mayor’s corporation counsel, Stephen Patton, attained city council approval for a $5 million settlement with the McDonald family, conditioned on the continued non-release of the video. Later that month, the detectives’ bureau cleared and closed the case, astoundingly concluding that the “recovered in-car camera video was . . . consistent with the accounts of the witnesses” and that “Van Dyke’s use of deadly force was within bounds of CPD guidelines.”

By then, the Chicago press was clamoring for the video’s release, but it was not until November 24, 2015, that the video came out, under a judge’s order. The reaction was understandably explosive; weeks of angry protests denouncing alleged police racism and brutality followed.

The Cook County state attorney announced first-degree murder charges against Officer Van Dyke on the day that the McDonald video was released. Mayor Emanuel fired McCarthy a week later and appointed the Police Accountability Task Force, dominated by critics of the police. That task force issued a report in April 2016, claiming that the Chicago Police Department is shot through with “racism.” Emanuel is now genuflecting to the city’s activists. He has adopted many of the report’s most sweeping recommendations, including the appointment of a costly and unnecessary inspector general for the department (that will come on top of the independent monitor for investigatory stops), the replacement of the IPRA with a new entity, the Civilian Police Investigative Agency, and the creation of the “Community Safety Oversight Board.” All these additional layers of oversight will only complicate chains of command and further discourage proactive policing.

McCarthy defends his decision not to release the video or to correct the record early on the ground that he didn’t want to compromise the integrity of the investigation. He did not have the legal authority to comment once the case went to federal agencies, he says. Those protocols may be appropriate in the case of an ordinary police shooting, but this was no ordinary police shooting. Allowing a fabrication about a very bad shooting to stand, especially during the current era of fevered antipolice sentiment, is guaranteed to amplify the demagoguery against the police. McCarthy, an able and accomplished police executive, should have at least called in the investigating bodies in emergency session and worked out with them a way to counter the false narrative without jeopardizing their work. The Emanuel administration also bears enormous responsibility for the crisis in legitimacy that now afflicts the department. Emanuel has praised himself for being the first Chicago mayor to acknowledge an alleged police code of silence, but he knew about the shooting, and his aides had seen the video early on. City hall was already in damage-control mode by February 2015, as Emanuel faced a tight runoff election. It is irresponsible for Emanuel to scapegoat McCarthy when his own administration also failed to set the record straight.

The damage to the Chicago police and to policing nationally from the mishandling of the McDonald homicide is incalculable. The episode can now be invoked to confirm every false generalization about the police peddled by the Black Lives Matter movement. Yet the shooting was a tragic aberration, not the norm. A New York Times Magazine article in April 2016 tried to establish the department’s racially driven malfeasance by citing the absolute number of fatal police shootings in Chicago: from 2010 to 2014, Chicago police killed 70 people, more than any other police agency. The Times article neglected to reveal that Phoenix, Philadelphia, and Dallas all lead Chicago in the per-capita rate of such fatal shootings. Chicago’s rate of police shootings is nearly 50 percent lower than Phoenix’s—even though its murder rate is twice as high—and 35 percent lower than Philadelphia’s.

The number of armed felons that the city’s cops confront dwarfs the number of officer-involved shootings. No other police department takes more guns off the street. In the first nine months of 2015, the CPD recovered 20 illegal weapons a day. From January 2007 to November 30, 2015, the police made 37,408 arrests of an armed felon, or roughly 4,670 a year. Each of those arrests could have turned into an officer shooting. But in 2015, even as crime was increasing under the Ferguson effect, the Chicago police shot 30 people, eight fatally. Those fatal shootings represent 1.6 percent of the 492 homicides that year. Nationally, police shootings make up 12 percent of all white and Hispanic homicide deaths and 4 percent of all black homicide deaths. Chicago’s ratio of fatal police shootings to criminal homicide deaths is less than the national average.

The Emanuel-appointed Police Accountability Task Force claimed that police shooting data give “validity to the widely held belief that the police have no regard for the sanctity of life when it comes to people of color.” The task force pointed to the fact that of the 404 individuals shot by the police between 2008 and 2015, both fatally and nonfatally, 74 percent (or 299) were black, and 8 percent (or 33) were white. Predictably, the task force said not one word about black and white crime rates, which were even more disproportionate in 2015 than in 2014. In 2015, blacks were 80 percent of all known murder suspects and 80 percent of all known nonfatal shooting suspects. Whites made up 0.9 percent of known murder suspects in 2015 and 1.4 percent of all known nonfatal shooting suspects. And blacks were overwhelmingly the victims of criminal shootings as well. In 2015, 2,460 blacks were shot lethally and nonlethally, or nearly seven blacks a day. By contrast, roughly 30 blacks were shot lethally and nonlethally by the police in all of 2015. Those 2,460 black victims of criminal shootings constituted nearly 81 percent of all known shooting victims. Seventy-eight whites were shot in 2015, or one white every 4.6 days, constituting 2.5 percent of all known shooting victims. If 74 percent of police shootings have black subjects, that is because officer use of force is going to occur most frequently where the police are trying to protect the law-abiding from armed and dangerous suspects—and that is in predominantly minority neighborhoods.

Emanuel is disbanding the IPRA because it found that of the 404 police shootings between 2008 and 2015, only two were unjustified. The mandate of its replacement body will be clear: penalize more cops. But absent an examination of each of those cases, no conclusion can be reached about whether the low number of findings of misconduct represents a miscarriage of justice. The IPRA has been understaffed over the years, but its fundamental design is strong. The fact that it has not found many bad shootings most likely means that they are rare. The IPRA released more than 100 files of police misconduct cases in early June, as part of a new policy of increased transparency. Prediction: the press will find few cases of clear wrongdoing.

The CPD’s critics are right about one thing, however: the cumbersome disciplinary process makes it too hard to fire officers found guilty of wrongdoing. And Chicago has had some truly bad cops over the years—most infamously, Jon Burge, a detective who tortured suspects from 1972 to 1991 to obtain false confessions. But the vast majority of officers today observe the law and are dedicated to serving the community; what they need is more tactical training, adequate staffing and equipment, and better leadership from an ingrown, highly political management cadre. As for the alleged blue wall, or code, of silence, it is hard in any department to crack the defensive solidarity among officers, who feel that they are facing an uncomprehending and often hostile world. Even now, a few of the officers I spoke with will not pass judgment on the McDonald homicide, on the ground that they were not there. Such solidarity is understandable, but commanders need to stress that when it results in distorting the truth, not only will the officer be severely punished; he is also making today’s anti-cop environment all the worse.

Despite the activists’ charge that the Chicago police are intent on killing black males, it’s easy to find support for the cops in crime-ridden areas. Mr. Fisher, a 55-year-old sanitation worker at a West Side bakery, is waiting for his wife outside Wiley’s Soul Food and Bar-B-Que on the West Side. Fisher was pulled over earlier in 2016 for a missing light on his license plate. The officer was courteous, he says. “I ain’t trying to buck them, I ain’t trying to disrespect them, I ain’t trying to give them a hard time, because I love my job. It’s not them, it’s the younger generation that’s got us messed up.” Civilians provoke confrontations with cops, not vice versa, Fisher says: “I seen a lot of people disrespect them, cussin’ and fussin’. If a cop was to get out of his car here, someone would run. To me, if you’re not doing anything, why would you run?” (Such commonsensical hypotheses have been ruled illegal by many courts—if a cop makes them.) Melissa, a 24-year-old outside D & J’s Hair Club on Pulaski Road, says that she has no problem with the police. “They doing they job. I don’t give them no reason to talk to me.” The problem is crime, she says: “I feel unsafe here. It just gets worse and worse.”

Sometimes support for the cops comes from unexpected places. In May 2016, a 38-year-old drug trafficker named Toby Jones received a 40-year federal prison sentence for repeatedly trying to gun down a federal informant, in the process shooting three people. He told the judge: “Even with all the latest police shootings on minorities in Chicago, I don’t blame these cops one bit for most of their decisions in the field. And the black community has to first come to grips with why these cops are so afraid,” the Chicago Sun-Times reported. Stories of heroic cops go untold, Jones said, “but as soon as a black kid gets shot, everyone is in an uproar.”

Activists and politicians are proposing the usual “root causes” solution to the current crime wave—more government programs—as well as less usual ones, such as abolishing the police department. The mayor’s Police Accountability Task Force wants the mayor and Cook County to “implement programs that address socioeconomic justice and equality, housing segregation, systemic racism, poverty, education, health and safety.” Such top-down spending ignores the normative breakdown that renders government social services largely futile. The bakery where Fisher works has been hiring for the last five years; he tells the “young brothers” about the jobs. “Half of them don’t show up; the others have drugs in their system. Half want to hang out and make the fast money that can get you in jail,” Fisher observes.

But the Chicago violence is also undermining the politically correct consensus about crime and policing. The Chicago Tribune has called for the police to make more traffic stops to quell the highway shootings; it points out that the Illinois vehicle code offers plenty of reasons to stop drivers, whether for a broken taillight or an expired registration sticker. Traffic stops are, of course, a prime target in the specious campaign against racial profiling; the mayor’s Police Accountability Task Force blasted the CPD for its allegedly biased stop rates, ignoring differential rates of vehicle and moving violations.

Police superintendent Eddie Johnson wants three-strikes-and-you’re-out-type sentencing laws for repeat felons. Chicago’s criminal-justice system “fails to hold these individuals accountable and allows them to bring . . . violent acts into our neighborhoods,” he said in March 2016. Stricter sentencing for repeat offenders is also a prime target for Black Lives Matter protesters. A few days after Johnson’s plea, anti-law-enforcement activists assailed former president Bill Clinton for having signed the 1994 Violent Crime Control and Law Enforcement Act, which lengthened federal sentences for repeat felony offenders. Such sentences, protesters charged, resulted in “mass incarceration” for blacks. And an Illinois bill mandating stricter sentencing for illegal gun possession was blocked by the black caucus in Springfield in 2013, on the ground that it would have a disparate impact on blacks.

Some people in the community, however, are demanding even stronger measures than Johnson calls for. After a 15-year-old car passenger was killed in a drive-by shooting on June 1 on the South Side, a friend of his family told the Chicago Tribune, “We need martial law. Period. If it’s to protect our children, then so be it.”

Such calls will undoubtedly multiply this summer, since the violence shows no signs of abating. It may not be time to call out the National Guard yet. But it is time to reinvigorate the Chicago Police Department. With the Police Accountability Task Force charge of endemic racism and the ACLU straitjacket depressing morale, and with resistance of lawful authority growing, that will be no small task. City leaders will need to show that they understand and will support officers like the cold-case homicide detective who told me, in reaction to the task-force report: “Never once has anyone complained to me that I’m racist. I’m in it to do what’s right.”

 Voir encore:

Stat Crimes Matter
How researchers try to obscure the existence of the Ferguson effect
Heather Mac Donald
February 22, 2016

A group of criminologists has purported to answer the question: “Was there a Ferguson effect on crime rates in large U.S. cities?” The “Ferguson effect” refers to the phenomenon of police officers backing off from proactive policing in response to the anti-cop Black Lives Matter movement, with a resulting rise in violent crime. The criminologists answer their own question with a minutely qualified “No.” In fact, their analysis resoundingly confirms the existence of the Ferguson effect.

Anyone not well-versed in “discontinuous growth models,” “empirical Bayes predictions,” the “Bonferroni correction,” and “Nakagawa’s hypotheticals” will have to take on faith a great deal of the recent paper published in the Journal of Criminal Justice. The authors, four professors led by sociologist David Pyrooz of the University of Colorado Boulder, created a complex econometric model that analyzed monthly rates of change in crime rates in 81 U.S. cities with populations of 200,000 or more. The other 24 cities in that size cohort were not included in the study due to lack of crime data.

The researchers found that in the 12 months before Michael Brown was shot in Ferguson, Missouri—the event that catalyzed the Black Lives Matter movement—major felony crime, averaged across all 81 cities, was going down. In the 12 months after Brown was shot, that aggregate drop in crime slowed down considerably. But that deceleration of the crime drop was not large enough to be deemed statistically significant, say the criminologists. Therefore, they conclude, “there is no systematic evidence of a Ferguson Effect on aggregate crime rates throughout the large U.S. cities . . . in this study.”

But the existence of a Ferguson effect does not depend on its operating uniformly across the country in cities with very different demographics. When the researchers disaggregated crime trends by city, they found that the variance among those individual city trends had tripled after Ferguson. That is, before the Brown shooting, individual cities’ crime rates tended to move downward together; after Ferguson, their crime rates were all over the map. Some cities had sharp increases in aggregate crime, while others continued their downward trajectory. The variance in homicide trends was even greater—nearly six times as large after Ferguson. And what cities had the largest post-Ferguson homicide surges? Precisely those that the Ferguson effect would predict: cities with high black populations, low white populations, and high preexisting rates of violent crime.

A virulent anti-cop protest movement dedicated to the proposition that murderous, racist cops are the biggest threat facing young black men today will have its biggest impact on policing in black neighborhoods. It is in these neighborhoods that cops will face the most hostility from residents steeped in the Black Lives Matter ideology and where cops will most worry that, if an encounter with a civilian goes awry, they will become the latest racist officer-of-the-week on CNN. It is in black neighborhoods, in other words, where proactive policing—making pedestrian stops, enforcing quality-of-life public order laws—will be most inhibited. And given the already high rates of violent crime in black neighborhoods, any drop-off in policing is going to unleash even more crime, since it is in these high-crime neighborhoods where informal social controls have most disintegrated and where cops alone stand between law-abiding residents and anarchy. Even if the Black Lives Matter movement inhibited proactive policing uniformly in cities across the country, a place like Scottsdale, Arizona, say, will suffer less of an impact if cops back off, because the police are not as essential there to maintaining order as they are in Baltimore and St. Louis.

The researchers are unwilling, however, to accept the implication of their findings. They grudgingly admit that “the data offer preliminary support for a Ferguson Effect on homicide rates in a few select cities in the United States”—those cities, according to their model, are Baltimore, St. Louis, New Orleans, Washington, D.C., Newark, Milwaukee, Rochester, Detroit, Oakland, Richmond, Cincinnati, Fort Wayne, and Baton Rouge—but then they backpedal furiously. (Cities that barely missed making the “statistically significant” cut include Kansas City, Indianapolis, Oklahoma City, and Chicago.) What’s important about those cities, they claim, is that “they had much higher crime rates before Ferguson.” Those higher crime rates, they say, “in turn may have primed [those cities] for increases in crime.”

That conclusion is groundless. The proactive policing revolution that began in the 1990s had its greatest effect on high-crime cities; crime went down dramatically in neighborhoods that had been written off as ungovernable. If cities with a “higher proportion of black residents, lower socioeconomic status, and more police per capita,” in the authors’ words, were primed for a crime increase, and if those factors “lead to questions that may inhibit any ability to attribute crime increases specifically to the Ferguson Effect,” the authors need to explain how those cities experienced a crime drop in the first place. Moreover, if the authors think that high-black, high-crime cities were due for a crime increase regardless of changes in policing and a worsening in resident attitudes toward law enforcement, they didn’t alert us to such a reversal ahead of the fact.

In a separate analysis, the authors disaggregated the seven felonies included in the FBI’s crime index and tracked the movement of each felony averaged across all 81 cities. Robbery registered a statistically significant upward surge in monthly rates: before Ferguson, the aggregate robbery rate was dropping; after Ferguson, the rate reversed course, rising enough to be considered statistically significant. The criminologists conclude that “changes in robbery rates constitute the lone exception to a spurious Ferguson Effect,” but demur from speculating why that may be. Perhaps it is because robbery and drive-by shootings are the quintessential violent street crimes, both committed disproportionately by blacks. If police are making fewer street stops, thus deterring gun-carrying less, a rising robbery rate is not contrary to what the Ferguson effect would predict. (Shootings are not captured in the FBI data used by the researchers, so their pre- and post-Ferguson trajectories are not easily available.)

A few analysts have pointed out that the paper’s dismissal of a more widespread Ferguson effect rests on arbitrary statistical conventions. Fordham law professor John Pfaff notes that the rate of change in the aggregate violent crime rate rose tenfold after Ferguson. That increase was not deemed “statistically significant,” however, because it missed falling within the conventional statistical confidence interval by .02 crimes per 100,000 residents per month. The confidence interval tells you how certain you can be that the events being measured actually happened or were not the products of random chance. Statistical conventions deem a data distribution statistically significant only if there is not more than a 5 percent chance that the data points were arrived at in error or that the distribution curve mapping those data points would have occurred randomly. Had the increase in the rate of change in violent crime increase been .02 crimes per 100,000 per month higher, the authors would likely have had to change their conclusion regarding a “spurious” Ferguson effect. As it is, the existing tenfold increase in the rate of change has only a 12 percent chance of being a mirage—that is, the product of incorrect crime data, say, or of a random distribution of events, according to Manhattan Institute fellow Scott Winship. And the aggregate increase in the homicide rate of change, which the authors dismiss as “statistically insignificant,” has less than an 11 percent chance of being a random occurrence, according to Winship. Concludes Pfaff about the Pyrooz study: “So [the] claim of ‘no Ferguson Effect’ is built on little more than a century-old arbitrary line that arbitrarily balances 2 core error costs.”

The authors are doing nothing untoward in resting their conclusions on statistical conventions. But a lay reader may conflate their finding of “no statistically significant effect” with no effect at all and will likely not understand how narrowly a tenfold rise in the rate of change in violent crime missed being deemed statistically significant—if that lay reader even grasps the change at all from the paper’s tables.

The Pyrooz article will undoubtedly become a standard artillery piece on the activist and academic left. You would think that the fact that the Ferguson effect has been most pronounced in black areas would be cause for concern among those who claim to represent black interests against a sea of racism and oppression. In 2015, homicides in the 50 largest cities rose nearly 17 percent, “the greatest increase in lethal violence in a quarter century,” according to the Washington Post. The overwhelming majority of those additional victims were black. But the furious attempt to deny the Ferguson effect shows yet again that black lives seem to matter only when they are taken by police officers.

Voir de plus:

5 Statistics You Need To Know About Cops Killing Blacks
Aaron Bandler
July 7, 2016

The Alton Sterling and Philando Castile shootings have caused an uproar among leftists because they fuel their narrative that racist white police officers are hunting down innocent black men. But the statistics – brought to light by the superb work of Heather MacDonald – tell a different story.

Here are five key statistics you need to know about cops killing blacks.

1. Cops killed nearly twice as many whites as blacks in 2015. According to data compiled by The Washington Post, 50 percent of the victims of fatal police shootings were white, while 26 percent were black. The majority of these victims had a gun or « were armed or otherwise threatening the officer with potentially lethal force, » according to MacDonald in a speech at Hillsdale College.

Some may argue that these statistics are evidence of racist treatment toward blacks, since whites consist of 62 percent of the population and blacks make up 12 percent of the population. But as MacDonald writes in The Wall Street Journal, 2009 statistics from the Bureau of Justice Statistics reveal that blacks were charged with 62 percent of robberies, 57 percent of murders and 45 percent of assaults in the 75 biggest counties in the country, despite only comprising roughly 15 percent of the population in these counties.

« Such a concentration of criminal violence in minority communities means that officers will be disproportionately confronting armed and often resisting suspects in those communities, raising officers’ own risk of using lethal force, » writes MacDonald.

MacDonald also pointed out in her Hillsdale speech that blacks « commit 75 percent of all shootings, 70 percent of all robberies, and 66 percent of all violent crime » in New York City, even though they consist of 23 percent of the city’s population.

« The black violent crime rate would actually predict that more than 26 percent of police victims would be black, » MacDonald said. « Officer use of force will occur where the police interact most often with violent criminals, armed suspects, and those resisting arrest, and that is in black neighborhoods. »

2. More whites and Hispanics die from police homicides than blacks. According to MacDonald, 12 percent of white and Hispanic homicide deaths were due to police officers, while only four percent of black homicide deaths were the result of police officers.

« If we’re going to have a ‘Lives Matter’ anti-police movement, it would be more appropriately named « White and Hispanic Lives Matter,' » said MacDonald in her Hillsdale speech.

3. The Post’s data does show that unarmed black men are more likely to die by the gun of a cop than an unarmed white man…but this does not tell the whole story. In August 2015, the ratio was seven-to-one of unarmed black men dying from police gunshots compared to unarmed white men; the ratio was six-to-one by the end of 2015. But MacDonald points out in The Marshall Project that looking at the details of the actual incidents that occurred paints a different picture:

The “unarmed” label is literally accurate, but it frequently fails to convey highly-charged policing situations. In a number of cases, if the victim ended up being unarmed, it was certainly not for lack of trying. At least five black victims had reportedly tried to grab the officer’s gun, or had been beating the cop with his own equipment. Some were shot from an accidental discharge triggered by their own assault on the officer. And two individuals included in the Post’s “unarmed black victims” category were struck by stray bullets aimed at someone else in justified cop shootings. If the victims were not the intended targets, then racism could have played no role in their deaths.

In one of those unintended cases, an undercover cop from the New York Police Department was conducting a gun sting in Mount Vernon, just north of New York City. One of the gun traffickers jumped into the cop’s car, stuck a pistol to his head, grabbed $2,400 and fled. The officer gave chase and opened fire after the thief again pointed his gun at him. Two of the officer’s bullets accidentally hit a 61-year-old bystander, killing him. That older man happened to be black, but his race had nothing to do with his tragic death. In the other collateral damage case, Virginia Beach, Virginia, officers approached a car parked at a convenience store that had a homicide suspect in the passenger seat. The suspect opened fire, sending a bullet through an officer’s shirt. The cops returned fire, killing their assailant as well as a woman in the driver’s seat. That woman entered the Post’s database without qualification as an “unarmed black victim” of police fire.

MacDonald examines a number of other instances, including unarmed black men in San Diego, CA and Prince George’s County, MD attempting to reach for a gun in a police officer’s holster. In the San Diego case, the unarmed black man actually « jumped the officer » and assaulted him, and the cop shot the man since he was « fearing for his life. » MacDonald also notes that there was an instance in 2015 where « three officers were killed with their own guns, which the suspects had wrestled from them. »

4. Black and Hispanic police officers are more likely to fire a gun at blacks than white officers. This is according to a Department of Justice report in 2015 about the Philadelphia Police Department, and is further confirmed that by a study conducted University of Pennsylvania criminologist Gary Ridgeway in 2015 that determined black cops were 3.3 times more likely to fire a gun than other cops at a crime scene.

5. Blacks are more likely to kill cops than be killed by cops. This is according to FBI data, which also found that 40 percent of cop killers are black. According to MacDonald, the police officer is 18.5 times more likely to be killed by a black than a cop killing an unarmed black person.

Despite the facts, the anti-police rhetoric of Black Lives Matter and their leftist sympathizers have resulted in what MacDonald calls the « Ferguson Effect, » as murders have spiked by 17 percent among the 50 biggest cities in the U.S. as a result of cops being more reluctant to police neighborhoods out of fear of being labeled as racists. Additionally, there have been over twice as many cops victimized by fatal shootings in the first three months of 2016.

Anti-police rhetoric has deadly consequences.

Voir de même:

Dallas Shooter Micah Xavier Johnson Followed Groups Promoting Black Panthers and Cop-Killing
Sigrid Johannes and Benny Johnson
Independent Journal
July 8, 2016

Police have identified the dead suspect in the Dallas police shooting incident as Micah Xavier Johnson. The 25-year-old man was a resident of Dallas. Johnson has no criminal record or ties to terror organizations, according to reports.

However, Johnson’s Facebook profile told a different story. CBS News confirmed that this now deleted profile was Johnson’s.

Before Facebook deleted the profile, which is standard practice for the social media site in the wake of one of its users committing a violent act, Independent Journal Review screen grabbed some of Johnson’s alarming activity. Johnson’s Facebook activity dates as far back as 2011.

The LA Times confirmed Johnson’s military history, but there was no mention of service on his Facebook page.

Johnson was killed after a prolonged negotiation with police. He threatened that officers would discover improvised explosives throughout the city. His stated goal was to kill white people, specifically white law enforcement.

Voir de plus:

The Dallas Shooting and the Advent of Killer Police Robots

Chief David Brown says officers used a device equipped with a bomb to kill a suspect, a perhaps unprecedented move that raises new questions about use of lethal force.
David A. Graham

The Atlantic

Jul 8, 2016

In the mourning over the murders of five police officers in Dallas, and relief that the standoff had ended, one unusual detail stuck out: the manner in which police killed one suspect after negotiations failed.

“We saw no other option but to use our bomb robot and place a device on its extension for it to detonate where the suspect was,” Chief David Brown said in a press conference Friday morning. “Other options would have exposed our officers to grave danger. The suspect is deceased … He’s been deceased because of a detonation of the bomb.”

That use of a robot raises questions about the way police adopt and use new technologies. While many police forces have adopted robots—or, more accurately, remote-controlled devices—for uses like bomb detonation or delivery of non-lethal force like tear gas, using one to kill a suspect is at least highly unusual and quite possibly unprecedented.

“I’m not aware of officers using a remote-controlled device as a delivery mechanism for lethal force,” said Seth Stoughton, an assistant professor of law at the University of South Carolina who is a former police officer and expert on police methods. “This is sort of a new horizon for police technology. Robots have been around for a while, but using them to deliver lethal force raises some new issues.”

Robotics expert Peter Singer of New America also told the Associated Press he believed the use was unprecedented.

But while there are likely to be intense ethical debates about when and how police deploy robots in this manner, Stoughton said he doesn’t think Dallas’s decision is particularly novel from a legal perspective. Because there was an imminent threat to officers, the decision to use lethal force was likely reasonable, while the weapon used was immaterial.

“The circumstances that justify lethal force justify lethal force in essentially every form,” he said. “If someone is shooting at the police, the police are, generally speaking, going to be authorized to eliminate that threat by shooting them, or by stabbing them with a knife, or by running them over with a vehicle. Once lethal force is justified and appropriate, the method of delivery—I doubt it’s legally relevant.”

Police forces have adopted remote-controlled devices for a wide variety of tasks in recent years, from tiny to large. These tools can search for bombs, take cameras into dangerous areas, deliver tear gas or pepper spray, and even rescue wounded people. Police used one small robot in the manhunt for Boston Marathon bomber Dzohkar Tsarnaev. In May, the Dallas Police Department posted on its blog that it had acquired new robots. Other law-enforcement agencies have experimented with flying “drones,” again more correctly remotely controlled aerial vehicles. So far, those uses appear to have been solely for surveillance. The Department of Justice said in 2013 that it had used drones in the U.S. on 10 occasions.

In a few cases, forces have used remote-controlled devices to deliver non-lethal force, too, as Vice reported last year. In Albuquerque, New Mexico, in 2014, “the Bomb Squad supported APD’s SWAT Team on November 9 at a local residence. The SWAT team requested robot assistance to assist on a barricaded subject armed with a gun. The Bomb Squad robot was able to deploy chemical munitions into the subject’s motel room, which led to the subject’s surrender.” Vice cited other news reports that involved hostage situations where robots were deployed, though the applications are sometimes vague. A remote-controlled device could also be equipped to deliver a flash-bang grenade, used to disorient suspects.

Brown didn’t explain what kind of explosive DPD attached to their device. While a department might stock flash-bangs, explosives for breaching doors, and a few other explosive devices, “I’m not aware of any police department having on hand something that is intended to be used as a weaponized explosive,” Stoughton said.

Use of remote-controlled devices by law enforcement raises a range of possible questions about when and where they are appropriate. The advent of new police technologies, from the firearm to the Taser, has often resulted in accusations of inappropriate use and recalibration in when police use them. Stoughton pointed out that prior to the Supreme Court’s 1985 decision in Tennessee v. Garner, the “fleeing-felon rule” gave officers the right to use lethal force to prevent a suspect in a serious crime from escaping. But the justices limited the rule, saying that firearms meant the rule was no longer current. Unless either they or civilians are in danger of death or serious bodily harm, police can only use non-lethal force to stop a fleeing felon. Similarly, the adoption of the Taser has raised questions about whether officers are too quick to use the devices when they would be better served to deescalate or use their hands.

“I think we will see similar concerns when we’re talking about the use of robots to employ lethal force,” Stoughton said. For example, in Dallas, the police appear to have faced danger of death or serious bodily harm. But imagine a scenario in which a suspect has been shooting but is not currently firing, and in which all officers are safely covered. In such a case, police would likely not open up a gun battle. But would commanders be quicker to deploy a robot, since there would be less danger to officers? And would current lethal-force rules really justify it? There is reason to believe they would not.

The nascent questions over police use of remote-controlled devices echoes an existing argument over the military use of such tools. U.S. drone strikes overseas are believed to have killed hundreds of civilians, and the legal justifications for when and where they are used are often hotly contested. In some cases, drone strikes have killed American citizens without due process. Many civil libertarians are troubled by the implications for stateside use. In 2013, Senator Rand Paul, a Kentucky Republican, mounted a 13-hour filibuster blocking the confirmation John Brennan, President Obama’s nominee to direct the CIA, over the White House’s refusal to say whether it believed it could use military drones to kill American suspects on American soil. Attorney General Eric Holder later wrote Paul to say that the president does not have the authority to do so.

Move away from the realm of remote-controlled devices into the world of autonomous or partially autonomous robots that could deliver lethal, or even non-lethal, force, and the concerns mount. There’s already a heated debate over whether and how the military should deploy lethal, autonomous robots. That debate, too, could transfer to police forces. But as Stoughton noted, law enforcement serves a different purpose than the army.

“The military has many missions, but at its core is about dominating and eliminating an enemy,” he said. “Policing has a different mission: protecting the populace. That core mission, as difficult as it is to explains sometimes, includes protecting some people who do some bad things. It includes not using lethal force when it’s possible to not.”

Voir par ailleurs:

What Does Science Tell Us About the So-Called Ferguson Effect?

Scott E Wolfe Scott H Decker and David C Pyrooz
Quillette
March 1, 2016

American policing is in the midst of a challenge to its legitimacy. The police killing of Michael Brown in Ferguson, MO in the summer of 2014 led to a firestorm of social media attention focused on police use of force against minority citizens. Social media and cell phone video fueled the viral spread of similar incidents across the United States in months to come, making police shootings a national (and international) conversation rather than one constrained locally to the jurisdictions where specific incidents occurred.

Rather than speculate about the impact of so important an issue, solid research should guide our understanding and policy responses.

Ferguson and related incidents resulted in civil unrest, microscopic scrutiny of police behavior, lawsuits, and officer terminations. Websites where citizens could post cell phone video of police-citizen interactions gained popularity, such as Cop Block and Reddit’s Bad Cop No Donut. This led some commentators, law enforcement officials, including the FBI Director, and politicians  to warn the American public of an impending crime wave. More crime was argued to be the result of officers withdrawing from their duties out of fear of being on the next viral video.

The term given to this phenomenon is the “Ferguson effect.” It speaks to both “de-policing” (a reduction in proactive police strategies) as well as crises in citizen perceptions of criminal justice system legitimacy (as citizens become aware of injustices and emboldened by hypercriticism of law enforcement).

What does science tell us about this purported Ferguson effect? For the most part the debate has been based on anecdotal evidence and back-of-the-napkin data analysis. Heather Mac Donald of the Manhattan Institute was one of the first to use data to examine the Ferguson effect. She found increases in violent crime in a small group of cities and concluded that this was evidence of a nationwide crime wave on the horizon. Other findings have been reported by the New York Times, 538.com, the Washington Post, and the Brennan Center for Justice, which reveal some evidence of increases in violent crime.

The question that wasn’t answered by Mac Donald, and others, is whether increases in violence in the United States were a result of the events surrounding Ferguson.

We recently published the most rigorous study of the Ferguson effect on crime rates to date based on monthly crime data from 81 of the 105 largest U.S. cities (population over 200,000).  We examined crime trends in the 12 months before and after Ferguson. The short answer: no nationwide crime wave could be pinned to Ferguson, at least among the largest U.S. cities. These results apply to overall crime rates, violent and property crime rates, and six out of the seven FBI Part I crimes.

However, there was a significant increase in robbery rates across the United States that began about the time that Michael Brown was killed in Ferguson. This is an important finding. It suggests that a Ferguson effect may exist for robbery—a violent street crime that can be effectively combated by good policing (or allowed to increase if de-policing is occurring).

A handful of cities—those with historically high levels of violence, a greater proportion of African-American residents, and socioeconomic disadvantages (e.g., Baltimore, St. Louis, New Orleans, and Detroit)—experienced increases in homicide rates after the Ferguson incident. Indeed, this is evidence of a Ferguson effect. It is notable however that each of these cities has been the subject of federal scrutiny and in two cases (New Orleans and Detroit) the police department has operated under a consent decree providing federal oversight of police operations.

Our study didn’t please everyone. One of the more common critiques levied against our work was that we incorrectly conclude that there is no Ferguson effect on crime. Heather Mac Donald in City Journal, for example, in response to our findings, held: “the existence of a Ferguson effect does not depend on its operating uniformly across the country in cities with very different demographics.”

We agree with Mac Donald. As would be expected, we observed heterogeneity in how cities responded to the events in Ferguson—most cities experienced no change in crime rates while a small number saw increases. This seems straightforward enough. The analogy would be a stock portfolio, where some holdings increase even in a down market. We concluded that some cities could have been “primed” for a Ferguson effect on crime, a conclusion that Mac Donald curiously termed “groundless.”

But we wonder why Mac Donald titled her original opinion piece (the one that really stoked the Ferguson effect fire) in the  “The New Nationwide Crime Wave” (our italics). Now strong empirical evidence exists that finds no evidence of a nationwide crime wave among large cities. Despite this, the knee jerk reaction is a revision of the original hypothesis out of fear that the facts and good research will get in the way of a good story, or a political opinion. Revising theories in the face of observation is part of the scientific process. The only difference is that Mac Donald doesn’t acknowledge that her original hypothesis was wrong. And our results are good news for cities and the police: on the whole crime is not up.

A second criticism offered by Mac Donald and others focused on our use of an “arbitrary” cut point to determine statistical significance (p < 0.05). While not an absolute standard, this level of significance is the most commonly used in the social sciences. Let’s assume that we ignored this convention and instead drew conclusions based on numbers that failed to recognize the possibility of chance fluctuations in crime. We would have been rightly criticized for fishing for effects to prove a point. That’s not how science is supposed to work.

One alternative is to look away from statistical significance and focus on substantive significance—that is, effect sizes. What was the magnitude of the effect of Ferguson on crime trends? When you examine the effect size for violent crime we see that it is expected to change by 0.34 offenses per 100,000 residents per month after Ferguson. This suggests that if a Ferguson effect on violent crime exists, we would observe an average of 4 more violent offenses per 100,000 people over the course of an entire year in the 81 U.S. cities. When we standardize this effect—placing it on a comparable metric—we find a 0.008 post-Ferguson monthly redirection in violent crime. Over a year, that’s a 0.096 standard deviation increase. An effect size of 0.20, according to Jacob Cohen, the pioneer of effect size interpretations, is “small.” In short, this isn’t an effect size that proponents of a Ferguson effect would want to trumpet as evidence in support of their claims.

Mac Donald seizes on Fordham law professor John Pfaff’s ill-informed tweets about a “tenfold” increase in violent crime after Ferguson. Yes, the rate of change in violent crime was 10 times greater after Ferguson. But that’s because the violent crime rate trend before Ferguson was practically flat. Any change, whether positive or negative, would have appeared massive by that standard. An analogy may be in order. Let’s say you are walking on a flat street at sea level and then step up a curb. Your elevation has now changed drastically (0 feet above sea level compared to 4 inches above sea level on the curb). Does this mean you are now standing on a mountain? No, it does not.

This does not imply that there is no such thing as a Ferguson effect. Indeed, the evidence points to other possible Ferguson effects. One study just published in Law and Human Behaviour showed that a sizable portion of sheriff’s deputies indicated that they have become less motivated in recent months as a result of negative publicity surrounding law enforcement. Indeed, this is evidence of a Ferguson effect on officer morale and behavior. The good news, however, was that there was no indication in the study that such sentiment translated into de-policing in the form of a withdrawal from community partnerships.

Another study published in Justice Quarterly revealed that officers who felt less motivated as a result of negative publicity surrounding their profession were significantly less likely to have confidence in their own authority as cops. Again, this provides support for a Ferguson effect. The bigger questions are whether and how such negative publicity translates to police activities on the street.

The Ferguson effect may mean different things. As a consequence there may be no simple yes or no answer to questions about its effect. Ignoring the nuances in a debate about crime and criminal justice leads to bad policy and potentially negative outcomes.

Despite this, some insist that a Ferguson effect exists and that crime rates are increasing. They point to unfair scrutiny of the police as a cause. Why anyone would want a Ferguson effect to exist, and criticize research of contrary evidence, is an interesting question. This tells us that such individuals believe that police are not professional enough, not trained well enough, and too hesitant under pressure to withstand the new reality that their actions can be caught on camera. This sentiment seems to be particularly “anti-cop.” It seems to us that it is much more “pro-cop” to conclude that a vast majority of officers are well-trained professionals who can withstand pressure from public scrutiny. If one accepts this premise, we would certainly not expect large groups of officers to de-police and cause higher crime rates in our communities.

Maybe herein lies the problem—threatening people with the prospect that violent crime will increase if they protest police behaviors suggests that the police should not be accountable for their behavior. The recent events in Richland County (Columbia), South Carolina involving the video of a Richland County Sheriff’s Deputy tossing a teenage girl across a classroom is an example of how a law enforcement executive can take the opposite approach to this prevailing opinion. In response to this, Sheriff Leon Lott initiated a quick, transparent, and professional investigation, fired the deputy for his actions, and people in the community largely moved on with their lives. No violent crime increase occurred, no violent protests took place. There was no “Ferguson effect” in an area that we may be most likely to see it—an urban jurisdiction with racial diversity, higher than average crime rates, and in the South which is a region that apparently has had a history of racial tension.

Any assessment of a Ferguson Effect should be one of fact and not ideology. Yet some insist that academics are out to satisfy a progressive agenda. Such attacks have no grounding in the facts and themselves advance an ideology. When such opinions come from academics it tells us that they can’t accept the evidence and that they instead resort to ad hominem attacks. Indeed, police leaders across the country are using data and research to better understand their crime problems and craft more effective responses.

In the end, one thing about the Ferguson effect is crystal clear. A substantial segment of the American public is questioning the legitimacy of police actions, including the use of force. This attention is a Ferguson effect in itself.

Perhaps we should spend more time worrying about the legitimacy crisis rather than a Ferguson effect on crime. Rather than warning the public to stop criticizing police we should work with them to restore trust and legitimacy. This argument does not give carte blanche to rabble rousers who aim to exact violence against police and file false complaints. On the contrary, such behavior is not acceptable.

At the same time, law enforcement, politicians, and talking heads need to stop threatening citizens by telling them that the police are going to de-police unless they stop criticizing officers. Such statements only communicate to the public that we should not hold public servants accountable. Such unscientific rhetoric may appeal to many but serves no one. What we need is more good inquiry and less speculation. We invite others to join the debate, but with data and analysis.

Scott E. Wolfe is an Assistant Professor in the Department of Criminology and Criminal Justice, at the University of South Carolina.

Scott H. Decker is a Professor in the School of Criminology and Criminal Justice, Arizona State University.

David C. Pyrooz is an Assistant Professor in the Department of Sociology, University of Colorado Boulder.

Voir aussi:

Is the ‘Ferguson effect’ real? Researcher has second thoughts

‘Some version’ of theory linking protests over police killings to increase in crime may be best explanation for increase in murders in 2015, St Louis criminologist says after deeper analysis of crime trends
Lois Beckett
The Guardian
Fri 13 May 2016

For nearly a year, Richard Rosenfeld’s research on crime trends has been used to debunk the existence of a “Ferguson effect”, a suggested link between protests over police killings of black Americans and an increase in crime and murder. Now, the St Louis criminologist says, a deeper analysis of the increase in homicides in 2015 has convinced him that “some version” of the Ferguson effect may be real.

Looking at data from 56 large cities across the country, Rosenfeld found a 17% increase in homicide in 2015. Much of that increase came from only 10 cities, which saw an average 33% increase in homicide.

“These aren’t flukes or blips, this is a real increase,” he said. “It was worrisome. We need to figure out why it happened.”

All 10 cities that saw sudden increases in homicide had large African American populations, he said. While it’s not clear what drove the increases, he said, he believes there is some connection between high-profile protests over police killings of unarmed black men, a further breakdown in black citizens’ trust of the police, and an increase in community violence.

“The only explanation that gets the timing right is a version of the Ferguson effect,” Rosenfeld said. Now, he said, that’s his “leading hypothesis”.

Other experts have argued that it’s still hard to know whether 2015’s increase in murders was significant, much less what might have caused the trend. The liberal Brennan Center found that increases in homicide last year were localized in only a few cities, and that “community conditions” were likely to blame, rather than “a national pandemic”.

Even if the increase in homicide is significant, there are many competing theories for what may be responsible. The Brennan Center pointed to economic deterioration of struggling neighborhoods. Columnist Shaun King argued last month that the increase in violence in two cities seemed to be caused by police officers “refusing to fully do their jobs”. Local police officials have blamed court system failures, gang dynamics and the proliferation of illegal guns.

Rosenfeld’s new analysis of homicide trends, which was was funded by the Department of Justice, is currently being reviewed by department officials and has not yet been released to the public. A justice department spokeswoman said the paper is expected to be released in July.

A political flashpoint

The question of whether there is any link between protests over police mistreatment of black Americans and an increase in violence in some black neighborhoods has been a political flashpoint for the past year. Conservative writer Heather Mac Donald warned in May 2015 that protests over police behavior would only backfire on black citizens.

“Unless the demonization of law enforcement ends, the liberating gains in urban safety over the past 20 years will be lost,” she wrote. Her op-ed, titled The New Nationwide Crime Wave, sparked a months-long debate.

The Obama administration repeatedly denied that there is any evidence of a “Ferguson effect”, while FBI director James Comey reiterated his suggestion that violent crime was increasing because of “a chill wind blowing through American law enforcement over the last year.” Protesters said the conservative focus on the Ferguson effect is an attempt to undermine the movement to reform American policing.

Rosenfeld said that the version of the Ferguson effect he now found plausible was very different from the one Mac Donald had described.

“She thinks the solution is to stop criticizing the police; I think the criticism is understandable, rooted in a history of grievance, and serves as a reminder that the police must serve and protect our most vulnerable communities.”

If a breakdown of trust between police and community is leading a spike in murders, he wrote in an email, the solution required two things: better community policing in communities of color, and “more effective response to serious violent crime,” focused on redoubled efforts to solve homicides and other acts of violence.

Comey reignited the debate on Wednesday, telling reporters that the continued increase in violence was a serious problem that national media outlets were choosing to ignore. He said that private conversations with police officials across the country convinced him that “marginal pullbacks by lots and lots of police officers” afraid of being the subject of the next viral video of police misconduct might be contributing to the increase.

“The people dying are almost entirely black and Latino men,” he said. “It’s a complicated, hard issue, but the stakes couldn’t be higher. A whole lot of people are dying. I don’t want to drive around it.”

The White House clashed with Comey last year over his previous comments on policing and crime increases, and the administration has repeatedly pushed back against the idea of a “Ferguson effect”. Obama himself cautioned against trying to “cherry-pick” crime data last year, and Attorney General Loretta Lynch said that while the idea of the Ferguson effect had been bolstered by anecdotes, “there’s no data to support it”.

Chicago, Obama’s hometown, has seen more than 1,000 shooting incidents so far this year, compared with about 600 incidents during the same period last year. Murders in Chicago are up 56%, with 70 more people murdered so far this year than last year. Among those injured in Chicago so far this year was Zariel Trotter, a 13-year-old advocate against gun violence. Lee McCullum Jr, a former South Side prom king featured in a CNN documentary, was fatally shot on Thursday.

“The numbers are not only going up, they’re continuing to go up faster than they were going up last year,” Comey said of the uptick, according to Politico. Comey told reporters he would not call the trend he was seeing the Ferguson effect, the New York Times reported.

Some protesters and law enforcement leaders criticized Comey for advancing a theory without national data to back it up.

“Director Comey’s recent comments about a ‘viral video effect’ are unfounded, and frankly, damaging to the efforts of law enforcement,” Ronal Serpas, the chairman of Law Enforcement Leaders to Reduce Crime and Incarceration, said in a statement Thursday.

Serpas cited a series of influential reports from the liberal Brennan Center that found no change in overall crime in 2015 in the nation’s 30 largest cities, and only a slight increase in violent crime.

The Brennan Center analysis did find that the murder rate had increased 13.2% in the nation’s 30 largest cities, but it downplayed this finding. “While this suggests cause for concern in some cities, murder rates vary widely from year to year, and there is little evidence of a national coming wave in violent crime,” the report noted.

The three cities that had seen the biggest increases in murder “all seem to have falling populations, higher poverty rates, and higher unemployment than the national average,” the Brennan Center report concluded. “Economic deterioration of these cities could be a contributor to murder increases.”

Rosenfeld, a professor of criminology at the University of Missouri St Louis and the chair of a National Academy of Sciences roundtable on crime trends, said the Brennan Center’s focus on the economic roots of violence was not enough to explain “why homicide increased as much as it did in these cities in a one-year period”.

“The conclusion one draws from the Brennan Center’s report is, ‘Not much changed,’ and that is simply not true. In the case of homicide, a lot did change, in a very short period of time,” he said.

While “economic disadvantage is an extraordinarily important predictor of the level of homicide in cities,” he said, “there’s no evidence of a one year substantial economic decline in those cities. There have to be other factors involved.”

History of the ‘Ferguson effect’

The idea of a “Ferguson effect” was coined in 2014 by St Louis police chief Samuel Dotson. The same year that Ferguson saw massive protests over the killing of 18-year-old Michael Brown, St Louis saw a 32.5% increase in homicides. “The criminal element is feeling empowered by the environment,” St Louis’s police chief argued, blaming the increase in crime on what he called “the Ferguson effect”, and arguing that the police department needed to hire 180 more officers.

That claim was picked up in May 2015 by Mac Donald, a fellow at the conservative Manhattan Institute which had published a researcher’s 1996 warning about the purported rise of “juvenile super-predators”.

Samuel Sinyangwe, a co-founder of Mapping Police Violence and Campaign Zero, called the conservative focus on the Ferguson effect “a reactionary attempt to undermine the movement”.

“It has been the attempt to put across this narrative that any criticism of the police is dangerous to society,” he said.

That kind of political rhetoric has been used against civil rights advocates in the past. Opponents of the 1964 Civil Rights Act argued that “civil rights would engender a crime wave”, Yale political scientist Vesla Weaver wrote in an article on how arguments about crime were used to attack and undermine African Americans’ fight for equal rights.

A closer look at many of the statistics Mac Donald used to bolster her thesis showed they did not provide sufficient evidence of a nationwide crime wave, criminologist Frank Zimring argued last year.

When Rosenfeld analyzed St Louis’s crime data, he found the increase in homicides there could not have been caused by a “Ferguson effect”, because the greatest increase came early in the year, months before Michael Brown’s death or the protests that followed.

Rosenfeld’s research was widely cited in articles debunking the Ferguson effect.

But that paper only looked at the evidence for the effect in one city. With funding from the National Institute of Justice, the justice department’s research arm, Rosenfeld did a new study early this year that looked that more broadly at homicide trends in the nation’s 56 largest cities and found an overall 17% increase in homicide.

As a result of that broader national analysis he said, he has had “second thoughts” about the Ferguson effect. “My views have been altered.”

Looking at the additional homicides in large cities, he found that two-thirds of the increase was concentrated in 10 cities: Baltimore, Chicago, Houston, Milwaukee, Cleveland, Washington, Nashville, Philadelphia, Kansas City and St Louis.

Those 10 cities had somewhat higher levels of poverty than the other cities he examined. But, he said, the “key difference” was that “their African American population was substantially larger than other large cities”: an average of 41% in those 10 cities, compared with 19.9% in the others.

Separate analyses looked at two of these cities in 2015 and early 2016. A FiveThirtyEight assessment of Chicago crime data concluded that the city’s increase in gun violence was statistically significant, that the spike dated back to the release of the video of the police shooting of 17-year-old Laquan McDonald, and that it was closely correlated with a drop in police arrests. Researchers in Baltimore found a similar correlation between a drop in arrests and an increase in violence in the wake of protests over Freddie Gray’s death, and concluded that while the Ferguson effect played no role in Baltimore’s rising violence, a “Freddie Gray effect” may have been a significant factor.

Violence has many complex causes, and decades of exhaustive research has shed only partial light. Even the dramatic drop in violence and crime since the early 1990s – the most basic fact about crime in America – is not fully understood. In trying to understand 2015’s murder trends, Rosenfeld looked for reasons why cities that already struggled with high levels of violence might see “a precipitous and very abrupt increase”.

Rosenfeld considered two potential alternative explanations: the US heroin epidemic, and the number of former inmates returning home from prison. Neither of these explanations quite lined up with the increase in violence, he said. For instance, the country has been in the midst of a heroin epidemic since 2011. Why there would be a four to five year lag before the epidemic caused murders to spike?

“That led me to conclude, preliminarily, that something like a Ferguson effect was responsible for the increase,” he said.

What exactly that effect might be is far from clear, he said. The fierce debate over the “Ferguson effect” or Comey’s “viral video effect” has described the dynamic in several ways, including criminals being “emboldened” by protests agains the police, and “de-policing”, or police drawing back from proactive activities, in the wake of increased public scrutiny. One Chicago officer said that police were drawing back not because of public scrutiny via cell phone videos, but because of their fear that city officials would no longer protect officers who made honest mistakes while doing a difficult job.

Rosenfeld said he has only seen clear evidence of decreases in proactive police activity in Chicago and Baltimore. He said he believed “de-policing” was not a major factor in other cities – and that even in Chicago, changes in proactive police activity could only be responsible for some of the increase in shootings and violence.

One potential link between public attention to police violence and increased violent crime in the community, he said, might be if intensified community mistrust of the police make offenders think “that they can commit crime with impunity. They don’t think the community is willing to cooperate with the police and investigations or they think the community is less likely to contact the police when victimized.”

“We don’t yet have the data to understand the mechanism for the Ferguson effect,” he said.

‘A largely evidence-free debate’

Advocates for police reform and community violence prevention greeted the hypothesis with some skepticism. Dante Barry, executive director of the Million Hoodies Movement for Justice, said the idea that increased political activism by black Americans could lead to increased violence was “anti-democratic”.

Mistrust between some black neighborhoods and police was not some new phenomenon, he said. “The trust factor has always been a factor, for generations.”

Sinyangwe, of Mapping Police Violence and Campaign Zero, said he could not evaluate Rosenfeld’s research before reading his full report, but noted that New York City, which saw both massive protests over the death of Eric Garner and a brief drop in proactive police activity as a protest against Mayor Bill de Blasio, has not seen dramatic increases in crime or murder.

“The reality is we really don’t know what leads to increase in homicide,” he said. “You have to go into communities and ask them what is going on.”

Phillip Atiba Goff, a leading researcher on racial bias in policing and the president of the Center for Policing Equity, said in an April interview that one way of interpreting the Ferguson effect is “on its face, offensive”, but that there is clear research evidence linking perceptions of police legitimacy to how willing people are to break the law.

“If you believe not having police doing proactive stops in neighborhoods leads to immediate upticks in violent crime, that suggests that the people who live in that neighborhood are just waiting to commit acts of violence until they’re not being watched by the hall monitors that wear badges and guns,” he said. The suggestion that some Americans “can’t control their base instincts” without someone with a badge surveilling them is the kind of logic that led to mass incarceration and the war on drugs, he said.

“A far more reasonable hypothesis is that the decay in police legitimacy is harming both police morale and community morale,” he said. “When you don’t believe police are legitimate, you are much more likely to be engage in illegal behaviors and be uncooperative with law enforcement.”

Mac Donald, whose op-ed launched the Ferguson effect debate, said in April that increased homicides in cities with large numbers of black residents “is exactly what you would predict from the Ferguson effect. That’s where the Black Lives Matter message that police are racist is going to have the most effect, and it’s where cops are getting the most pushback from proactive policing – and where policing is most necessary.”

The Obama administration has rejected the Ferguson effect because “it goes against a broader agenda of saying the real solution is social services, fighting racism,” she said.

“People are very opposed to acknowledging the connection between policing and crime,” she said. “You see the Brennan Center trying to tie itself into knots denying its own data.”

In response to criticism of the Brennan Center report, Inimai Chettiar, who oversaw the production of the report, said it “looked specifically at what’s happening to crime and not the cause. We didn’t look into whether or not there’s a Ferguson effect.”

“There have been a lot of people saying there was a crime wave and there was a murder wave nationally, and what the report’s results show is that there was not a national murder wave, there is not a national crime wave. Crime is still the same, however there are pockets that are experiencing higher murders, and those are serious things that we need to address.”

Rosenfeld blamed the FBI’s extremely slow crime data system for fueling a “largely rhetorical – largely evidence-free debate”. The FBI’s full national crime numbers for last year will not be released until September, more than a year after the debate over the year’s crime trends began.

In the absence of official national statistics, his research was based on police department data collected by the Washington Post’s Wonkblog, he said.

“That’s simply unacceptable, that’s unnecessary, and the FBI really needs to get its act together,” he said.

Voir également:

A Dallas, la police a utilisé pour la première fois un «robot tueur»
Pierre Jova , AFP agence
Le Figaro
08/07/2016

VIDÉO – Pour neutraliser l’homme suspecté d’avoir abattu plusieurs officiers, les forces de l’ordre américaines ont eu recours à une machine armée d’une bombe.

Vendredi à l’aube, un sniper suspecté d’avoir tiré sur des policiers et retranché depuis des heures dans un bâtiment est finalement tué par un robot télécommandé, utilisé pour faire détoner une bombe.

Micah Johnson, jeune Noir de 25 ans, avait servi dans l’armée américaine en Afghanistan. Sur son profil Facebook, il avait publié des images avec le slogan «Black Power» des extrémistes afro-américains des années 1960 et 1970. Il avait également ajouté la lettre «X» entre son prénom et son nom, probablement en référence à Malcolm X, leader noir opposé à la non-violence prônée par Martin Luther King.

Pour neutraliser ce suspect armé, la police de Dallas disposait d’un robot Northrop Grumman Andros, conçu pour les équipes de démineurs et l’armée. La photo d’un robot de ce type a été diffusée par le magazine américain Popular Science.

«C’est la première fois qu’un robot est utilisé de cette façon par la police», a assuré sur Twitter Peter Singer, de la fondation New America, un groupe de réflexion spécialisé notamment dans les questions de sécurité. Ce spécialiste des méthodes modernes de combat a précisé qu’un appareil baptisé Marcbot «a été employé de la même façon par les troupes en Irak».

L’arrivée des robots armés dans la police?
Dans l’armée américaine, les robots terrestres transforment le visage de la guerre depuis plusieurs années déjà. Ils sont notamment capables de récupérer et désactiver une charge explosive, à l’aide d’un bras téléguidé par des soldats restés à l’abri du danger. Ils semblent voués à être désormais de plus en plus employés à des fins de combat. Y compris par les forces de l’ordre.

En Chine, l’université de la défense nationale a conçu un appareil baptisé «AnBot», destiné à avoir «un rôle important à jouer pour renforcer les mesures anti-terroristes et anti-émeutes». «La caractéristique la plus controversée d’AnBot est bien sûr son ‘outil intégré anti-émeute électrisé’ (ressemblant certainement à un Taser ou à un aiguillon pour bétail). Il ne peut être déclenché que par les humains contrôlant Anbot à distance», écrivaient Peter Singer avec un autre spécialiste Jeffrey Lin, en avril, dans Popular Science. «Le fait qu’Anbot soit si grand veut dire qu’il a la place d’intégrer d’autres équipements de police, comme des gaz lacrymogènes et d’autres armes moins létales», poursuivaient les auteurs.

Des chercheurs de l’université de Floride travaillent eux au développement de «Telebot», comparé dans certains articles au célèbre «Robocop» imaginé au cinéma. Destiné notamment à assister des policiers handicapés pour qu’ils puissent reprendre le service, Telebot a été conçu «pour avoir l’air intimidant et assez autoritaire pour que les citoyens obéissent à ses ordres» tout un gardant «une apparence amicale» qui rassurent «les citoyens de tous âges», selon un rapport d’étudiants de l’université de Floride.

L’arrivée de robots aux armes létales dans la police suscite de nombreuses interrogations. L’ONG Human Rights Watch et l’organisation International Human Rights Clinic, qui dépend de l’université de Harvard, s’inquiétaient ainsi en 2014 du recours aux robots par les forces de l’ordre. Ces engins «ne sont pas dotés de qualités humaines, telles que le jugement et l’empathie, qui permettent à la police d’éviter de tuer illégalement dans des situations inattendues», écrivaient-elles dans un rapport.

Si l’emploi des robotos armés était amené à se développer, le bouleversement anthropologique suscité serait considérable.

Voir enfin:

The Post-O.J. Trial Upside: Riots As Scarce As Justice

October 6, 1995

 Millions of people were stunned and outraged by the not-guilty verdict in the O.J. Simpson trial. But I always try to look at the upside. And there are plenty of reasons to feel relief and gratitude.

For one thing, there was no rioting. I had feared that thousands of furious blond, blue-eyed women and their brunette sympathizers would take their rage into the streets, burning, killing and looting.

While I don’t condone rioting, the historic and sociological reasons would have made such violence understandable.

As one woman told me after the verdict: « For thousands of years, we have been putting up with abuse from large, strong, arrogant, evil-tempered men.

« There is no group on Earth that has been kicked around the way women have. Since the dawn of history, we’ve been beaten, violated, enslaved, abandoned, stalked, pimped, murdered and even dissed by men.

« Now this jury and the legal system have sent a clear message to society: It’s OK for men to cut our throats from ear to ear. »

But why haven’t you rioted?

« It would just give men another excuse to kick us around. »

Another group that I feared would riot were obscure waiters.

As one of them said after the verdict: « This figures. Throughout history, obscure waiters have received little respect. A waiter goes to a table and says to someone like O.J., `Hi, I’m Ron and I’ll be your server.’ Would O.J. say, `Hi, Ron, I’m O.J. and I’ll be your customer?’ No, all O.J. would say is: `Get me a clean fork.’

« What do you think that jury would have done if O.J. the superstar had been murdered by a obscure waiter? Do you think Johnnie Cochran would say that some cop planted the waiter’s bloody apron as false evidence? »

Then why didn’t all of you obscure waiters riot?

« What, and miss the dinner trade? »

Another positive development was that Mark Fuhrman, while a Los Angeles cop, was a bigot and had used the infamous « N-word. »

This was a shocking revelation because it shattered the widely accepted stereotype of big city cops as being incurable liberals who support the ACLU and love white wine spritzers and Woody Allen movies.

It also led to the perfectly logical conclusion that any white cop who used the « N-word » was almost certainly involved in a massive racial frame-up, regardless of what DNA and other scientific evidence indicated.

This could lead to a new body of law in which Irish-American cops are asked if they ever said « dago, » Italian-American cops if they ever said « polack, » Polish-American cops if they ever used the word « heeb, » Jewish cops if they ever used the word « schwarz, » and black cops if they ever used the word « honky. »

It could resolve the problem of overcrowded prisons by assuring just about every accused criminal an acquittal on the grounds that policemen use bad words.

My faith in the jury system has also been restored.

Until now, I didn’t believe that someone like O.J. Simpson, a black football hero and star of TV commercials and motion pictures, who could not afford to spend more than $8 million on lawyers, could possibly get a fair shake from a predominantly black jury when accused of killing his white ex-wife and a Jewish body-building young waiter.

But this jury proved that they could overlook the racially volatile fact that Simpson belongs to a mostly white golf club and reach a verdict based strictly on the evidence.

And the verdict helped wipe away the slander that America is a still a racially polarized country. No, the sight of all those middle-aged white people leaping about the streets, hugging, kissing, cheering and giving each other high fives, while blacks grimaced and shook their heads, has inspired hope for the future.

Finally, Simpson, now a free man, has vowed to devote his energies to tracking down the real murderer of his ex-wife.

That’s very good because some people had thought it strange that from the very beginning of this mystery, Simpson had seemed far more concerned with his own feelings than with the terrible fact that the woman he loved had been brutally murdered.

Now he says he will try to find the evil brute who killed the mother of his children. Maybe he can invite the Goldman and Brown families to join him in the hunt.

So those of us who believe in justice should wish him well in his search for the identity of the real killer.

But I wonder – can Simpson shave without looking in the mirror?

Voir enfin:

The Other Ferguson Tragedy

Homicide is the leading cause of death among young black men, and 90% of black murder victims are killed by other blacks.

WSJ

We now know that Michael Brown was much more of a menace than a martyr, but that won’t stop liberals from pushing an anti-police narrative that harms the black poor in the name of helping them.

The black teen in Ferguson, Mo., robbed a store, attacked a white police officer and was shot dead while resisting arrest. That was the conclusion of a St. Louis County grand jury that brought no charges against the officer after considering all the physical evidence, along with eyewitness accounts from blacks in the vicinity of the confrontation.

Not that any amount of evidence would have stopped the hooligans in Ferguson Monday night who were determined use Brown’s death as a pretext for more bad behavior. Nor will evidence thwart liberals who are bent on making excuses for black criminality and pretending that police shootings are responsible for America’s high black body count.

According to the FBI, homicide is the leading cause of death among young black men, who are 10 times more likely than their white counterparts to be murdered. And while you’d never know it watching MSNBC, the police are not to blame. Blacks are just 13% of the population but responsible for a majority of all murders in the U.S., and more than 90% of black murder victims are killed by other blacks. Liberals like to point out that most whites are killed by other whites, too. That’s true but beside the point given that the white crime rate is so much lower than the black rate.

Blacks commit violent crimes at 7 to 10 times the rate that whites do. The fact that their victims tend to be of the same race suggests that young black men in the ghetto live in danger of being shot by each other, not cops. Nor is this a function of “over-policing” certain neighborhoods to juice black arrest rates. Research has long shown that the rate at which blacks are arrested is nearly identical to the rate at which crime victims identify blacks as their assailants. The police are in these communities because that’s where the emergency calls originate, and they spend much of their time trying to stop residents of the same race from harming one another

Former New York Mayor Rudy Giuliani pointed this out recently on “Meet the Press” in a debate with sociologist Michael Eric Dyson. “What about the poor black child that is killed by another black child? Why aren’t you protesting that?” Mr. Giuliani asked.

“Those people go to jail,” Mr. Dyson responded. “I do protest it. I’m a minister. They go to jail.”

Mr. Dyson might want to try protesting a little harder. Chicago had 507 murders in 2012, only 26% of which were solved. “To put it another way: About three-quarters of the people who killed someone in Chicago in 2012 have gotten away with murder—so far, at least,” Chicago Magazine noted. Mr. Dyson and others on the left are not oblivious to this black pathology, but they are at pains even to acknowledge it, let alone make it a focus. Instead, liberals spend their time spotlighting white racism, real or imagined, and touting it as an all-purpose explanation for bad black outcomes.

Ferguson helps further that agenda in ways that Chicago does not. Hence, the left posits that the Michael Brown shooting is the norm, even though the data show that it’s the exception. And if black criminal behavior is a response to white racism, how is it that black crime rates were lower in the 1940s and 1950s, when black poverty was higher, racial discrimination was rampant and legal, and the country was more than a half-century away from twice electing a black president?

Racial profiling and tensions between the police and poor black communities are real problems, but these are effects rather than causes, and they can’t be addressed without also addressing the extraordinarily high rates of black criminal behavior—yet such discussion remains taboo. Blacks who bring it up are sell-outs. Whites who mention it are racists. (Mr. Dyson accused Mr. Giuliani of “white supremacy.”) But so long as young black men are responsible for an outsize portion of violent crime, they will be viewed suspiciously by law enforcement and fellow citizens of all races.

Pretending that police behavior is the root of the problem is not only a dodge but also foolish. The riots will succeed in driving business out of town, which means that Ferguson’s residents will be forced to pay more at local stores or travel farther for competitive prices on basic goods and services. Many Ferguson residents today can’t go to work because local businesses have been burned down.

Even worse, when you make police targets, you make low-income communities less safe. Ferguson’s problem isn’t white cops or white prosecutors; it’s the thug behavior exhibited by individuals like Michael Brown, which puts a target on the backs of other young black men. Romanticizing such behavior instead of condemning it only makes matters worse.

Mr. Riley is a member of the Journal’s editorial board and the author, most recently, of “Please Stop Helping Us: How Liberals Make It Harder for Blacks to Succeed” (Encounter Books, 2014).

Voir par ailleurs:

La pacification des mœurs à l’épreuve: l’insécurité et les atteintes prédatrices

Hugues Lagrange

Déviance et Société

1993, Vol. 17, No 3. pp. 279-289

Y a-t-il eu du point de vue de la violence, du crime et du sentiment d’insécurité un processus de civilisation des mœurs et si oui quelle est sa signification? Les normes de l’agressivité, son caractère et son intensité, dit Elias, varient actuellement parmi les nations occidentales. Mais ces variations qui, vues de près, peuvent être assez considérables, s’effacent et perdent toute signification lorsqu’on compare l’agressivité des peuples «civilisés» à celle des sociétés installées à un autre niveau de maîtrise de l’affectivité (1973, 322). Dans un article récent publié dans Current Anthropology, Bruce Knauft présente un tableau des taux d’homicide dans une trentaine de sociétés, développées ou archaïques, dans la seconde moitié du XXe siècle. Entre certaines tribus de Nouvelle-Guinée et le Royaume-Uni les taux pour cent mille varient de 800 à 0,5. Par delà les problèmes méthodologiques impliqués par le calcul de ces taux, ce passage de 1600 à 1 dans les niveaux de la violence homicide justifie au moins l’interrogation d’Elias. L’explication qu’il donne est schématiquement la suivante: la réduction de la violence interpersonnelle est la conséquence d’un processus historique de maîtrise de l’affectivité dans des Etats disposant d’institutions stables. B. Knauft, se situant dans une autre échelle de temps, suggère que la violence est particulièrement accentuée dans les sociétés décentralisées et égalitaires qui à certains égards présentent des structures analogues à celles des sociétés post-industrielles. On peut penser que trois facteurs majeurs contribuent à la pacification des mœurs: l’élévation du progrès technique, le contrôle des sentiments et la mise en place d’institutions légales stables1.

Je voudrais ici défendre l’idée que ce processus de pacification relative des mœurs — il n’y a certainement pas de tendance monotone en cette matière — est concomitant avec un processus de sécularisation des craintes qui a changé radicalement le sens même de l’appréhension. La réduction de la violence — homicide en particulier — , comme le processus de sécularisation de l’inquiétude, connaît des avancées et des reculs et, comme lui, elle est associée à une transformation du rapport de l’homme à la nature, de l’affectivité et des rapports des hommes entre eux par l’intériorisation des normes morales, par l’évolution du droit.

* OSC/CNRS, Paris. 1 La question de savoir si les structures hiérarchiques avec une articulation précise des pouvoirs et des compétences défavorisent la violence homicide est pour moi complètement ouverte.

I. Changement du sens de l’insécurité

Si l’on définit la sécurité comme l’état d’esprit de celui qui se croit à l’abri du danger, reste à préciser quel danger on a en vue. Au début de l’ère moderne les menaces se divisent en deux grandes catégories selon la manière dont on répond à la question suivante. Est-ce un danger ou une menace conçue comme préjudice matériel et/ou physique? En conséquence, cherche-t-on une assurance ou une compensation pour la perte de biens ou l’atteinte physique. Ou bien est-ce une menace perçue d’abord comme risque spirituel: la sécurité s’identifiant alors au salut qui concerne d’abord, voire exclusivement, l’âme.

Chez Saint Augustin comme chez les grands réformateurs — Luther, Calvin — le salut n’est jamais garanti et ne doit pas l’être. Saint Augustin exhorte à la vigilance de l’esprit qui doit accompagner notre pèlerinage sur terre. Luther prêche une saine inquiétude. Bref, les élites idéologico-religieuses jusqu’aux XVTe/XVIIe siècles se méfient de l’assurance de l’esprit qui est corrélative du péché sans remords. Elles associent la ferveur à la présence en chacun d’une inquiétude spirituelle dont les catastrophes et les malheurs terrestres sont les meilleurs stimulants. Autrement dit, pour les élites spirituelles issues de la Renaissance, de la Réforme et du Jansénisme, le sentiment d’insécurité est une valeur et les conquêtes matérielles un danger.

La liaison établie par les pères de l’Eglise ou les réformateurs entre la recherche de garanties matérielles ici-bas et le quiétisme spirituel, est une relation qui paraît avoir une permanence anthropologique. Ce point n’est pas pour moi seulement un rappel chronologique, mais il a un rapport direct avec notre compréhension contemporaine du crime et du sentiment d’insécurité. Cette distinction entre un sentiment d’insécurité qui a pour condition essentielle une inquiétude spirituelle du sujet et un sentiment d’insécurité qui, au contraire, trouve ses raisons majeures dans les faits objectivables traverse le débat contemporain sur la peur du crime. Ainsi, au cours d’enquêtes récentes, Roche et moi-même avons vu que le sentiment d’insécurité est plus développé chez ceux de nos contemporains qui s’affirment comme anti-introspectifs c’est-à-dire sans inquiétude d’esprit que chez ceux qui se disent intro-spectifs2.

Donc, premier risque de contre-sens, le débat sur le sentiment d’insécurité aujourd’hui prend pour acquis:

1) le fait que la sécurité est une valeur positive qui concerne les garanties matérielles,

2) et que cette sécurité séculière est une notion dépourvue d’ambivalence alors qu’aux XVI-XVII siècles, on se trouvait dans une situation plus complexe.

2 En effet, dans les enquêtes grenobloises, des questions sur le rapport à l’introspection (issues d’une vision psychologique de la faiblesse du moi influencé par la personnalité autoritaire) ont été posées. Il ressort qu’il y a un lien empirique entre: — fermeture à soi (auto-introspection) — fermeture à autrui (méfiance/repli sociable) — exigence d’ordre et d’autorité (au plan des normes et valeurs)

En schématisant, les élites religieuses voyaient dans la sécurité de l’esprit un danger et prônaient le mépris des atteintes du corps tandis que les masses, comme le montre bien Delumeau, cherchaient à écarter des menaces qu’elles voyaient comme l’incarnation du mal.

Le changement du sens de la quête de la sécurité qui s’opère au XVIIIe siècle a pour présupposé la sécularisation des valeurs, dans le nouveau contexte issu des découvertes de la science et du progrès de l’agriculture. Certes, comme le souligne L. Febvre, le développement des assurances maritimes — garanties matérielles s’il en fut — coïncide avec le déclin des garanties et surtout des espérances liées à l’existence d’une vie après la mort. Mais, à l’inverse de ce que dit Halpérin (1959), la substitution d’un traitement matériel à un traitement symbolique du risque n’est pas seulement un changement de moyen, elle implique une véritable inversion des valeurs: à la fin du XVIIIe siècle, on ne se préoccupe plus guère du destin de l’âme, c’est la pérennité du corps qui s’imposera de plus en plus comme l’enjeu décisif. En conséquence, on voit:

1) que la compréhension de la sécurité comme garantie de l’intégrité physique a pour présupposé le recul de la foi chrétienne ou du moins une certaine dé-spiritualisation qui a suivi la Contre-Réforme,

2) que la sécurité n’est pas comprise au début de l’ère moderne comme un état, un bien qu’on peut obtenir à satiété, mais comme une tension, une recherche, une faim spirituelle qui a comme telle une valeur au sens où la recherche est une valeur, indépendamment de ce à quoi elle aboutit.

II. Qu’est-ce qui nourrit le sentiment d’insécurité au début de l’ère moderne?

L. Febvre, J. Delumeau, B. Geremek, R. Muchembled, R. Mandrou affirment «peur partout» — «peur toujours» dans la société de la Renaissance. Cette omniprésence de la peur est associée à une multiplicité de dangers :

— faim (pénuries/disettes/famines),

— froid /catastrophes naturelles,

— épidémies (pestes du milieu du XIVe siècle au milieu du XVe),

— animaux sauvages.

Tout ces dangers renvoient à la nature non domestiquée. La question que je me suis posée est celle-ci: ces dangers qu’on vient de citer sont certainement à la source des appréhensions mais faut-il inclure, dans un même ensemble de facteurs suscitant un sentiment d’insécurité, les violences qui proviennent des interactions entre les hommes, celles des guerres ou celles qui traversent la vie ordinaire? Corrélativement on doit se demander comment fonctionne le sentiment d’insécurité, comment s’alimentent les peurs? Une lecture trop séculière qui ferait des dangers naturels, conçus d’après leurs effets mortifères, les motifs directs, non substituables au sens de la causalité, est à mon sens critiquable.

Figure 1 : Dangers, angoisses, croyances et châtiments (schéma du fonctionnement mental au début de la modernité).
Figure 1 : Dangers, angoisses, croyances et châtiments (schéma du fonctionnement mental au début de la modernité).

Figure 1 : Dangers, angoisses, croyances et châtiments (schéma du fonctionnement mental au début de la modernité).

Catastrophes, épidémies, famines sont les signes d’une damnation et c’est cela qui est craint. La peur a pour structure fondamentale la volonté de réduire l’incertitude, non pas celle de la vie matérielle mais l’incertitude sur ce qui sépare sauvés et damnés, et qui se décline en une série d’incertitudes concernant le futur et les limites du monde.

Catastrophes -► signes de la damnation -* peurs -* volonté de clôture du temps — par des scansions cycliques — , de l’espace — par des murs, des enceintes — et de la société — par les cercles emboîtés de la sociabilité — , tel est le circuit. Absentes de ce système, les violences interpersonnelles, précisément parce qu’elles sont explicables en termes d’intentions humaines et appartiennent à l’univers familier, ne sont pas une source majeure du sentiment d’insécurité. Sur ce point, nous avons une divergence avec R. Muchembled et J. Delumeau qui affirment que l’agressivité interpersonnelle, les violences ordinaires sont motivées par un sentiment d’insécurité et surtout en sont révélatrices. Je ne crois pas que le sentiment d’insécurité ait, du XIVe au XVIIe siècle, obéi d’une manière aussi directe qu’aujourd’hui à l’expérience de la violence criminelle.

Selon moi, si les grands fléaux sont, comme indice de la colère de Dieu, à l’origine du sentiment d’insécurité, en revanche les violences interpersonnelles et les crimes ne sont pas la source directe de l’inquiétude populaire entre le XVe et le XVIIe siècles. Les atteintes physiques sont courantes et elles font moins peur que d’autres dangers qui témoignent de manière évidente d’une colère céleste. Et lorsque les désordres et les violences humaines font peur, c’est souvent qu’on y voit une expression de la puissance diabolique.

Si l’on interroge les sanctions du crime et le crime lui-même, on a une confirmation de cette relative autonomie entre les violences interpersonnelles et la peur. La violence homicide est peu incriminée aux XV-XVI* siècles. On peut penser que les modalités des sanctions ont quelque chose à voir avec ce qui est valorisé à une époque donnée. Or, de plus en plus, les sanctions s’adressent aux individus et non à la société. Dans les supplices, c’est la promesse de l’enfer qui est évoquée, non la simple douleur physique. Il y a dans les sociétés anciennes une forte homologie entre les sanctions et les maux qu’elles visent, i.e. les appréhensions qu’elles visent à écarter. Or toutes les peines qui tournent autour a) de l’infamie, b) de l’exclusion (bannissement/déportation) apparaissent en France, comme les sanctions les plus fréquentes, à côté de la violence physique spectacularisée au XVIIe et au début du XVIIIe siècle, et progressivement à sa place. Elles énoncent les valeurs prévalentes à la fin de l’Ancien Régime:

— le statut au sein de la société, respect/honneur,

— l’appartenance à une collectivité territoriale très circonscrite.

III. Recul de l’homicide et émergence d’une préoccupation sécuritaire

Le premier tiers du XVIIIe siècle en Angleterre, la fin du XVIIIe en France vont être les moments où la peur du crime va prendre un sens nouveau, associé à des craintes séculières pour la personne physique et les biens. Ce tournant a pour prémisse une chute extraordinaire des taux de la violence homicide dans ces deux pays. Voici l’évolution des taux anglais, tels que les ont établi les recherches historiques récentes.

Tableau I: Taux des poursuites pour homicide d’après les travaux anglais.

Tableau I: Taux des poursuites pour homicide d'après les travaux anglais
Tableau I: Taux des poursuites pour homicide d’après les travaux anglais

Tableau II: Taux des accusations pour homicide dans certains comtés d’après Sharpe & Beatie.

Tableau II: Taux des accusations pour homicide dans certains comtés d'après Sharpe & Beatie.
Tableau II: Taux des accusations pour homicide dans certains comtés d’après Sharpe & Beatie.

Tableau III: Taux des poursuites pour homicide ou des atteintes connues de la police d’après Gurr A Gatrell.

Tableau III: Taux des poursuites pour homicide ou des atteintes connues de la police d'après Gurr & Gatrell.
Tableau III: Taux des poursuites pour homicide ou des atteintes connues de la police d’après Gurr & Gatrell.

Le XVIIIe siècle paraît être un siècle pivot pour la compréhension du sentiment d’insécurité contemporain.

1. En Angleterre comme en France, c’est au XVIIIe siècle que s’affirme cette pacification des mœurs qui est un corollaire essentiel de la civilisation des mœurs dont a parlé N. Elias.

2. Corrélativement, à la fin du XVIIIe siècle, les atteintes aux biens se développent. Elles prennent en Angleterre à partir de 1740, en France un peu plus tard, une importance de plus en plus grande dans les contentieux jugés par les assises, Quarter Sessions (Angleterre) et par les cours de Parlement en France.

3. Avec ce double mouvement, le crime passe du conflit à l’atteinte (prédatrice). Dans la société des XVIIe et XVIIIe siècles, les excès, les duels, les rixes sont des formes courantes, violentes et peu criminalisées de la vie civile. Il s’agit de rapport entre deux protagonistes (ou deux camps) dont l’expression en justice correspondra à un besoin d’arbitrage. Il y a en quelque sorte une litigiosité plus ou moins autogérée qui conduit les roturiers à la suite des nobles à s’affronter pour l’honneur, la réputation (cf. Y. Castan, 1975 ; N. Castan, 1981).

4. Les sanctions mêlent à la violence physique une dose importante d’infamie et d’exclusion. Ce qui indique négativement l’importance de ces valeurs.

Particulièrement en Angleterre, la liaison entre le crime et la conjoncture économique et politique est spécifique aux atteintes contre les biens. Elle n’a pas été observée aussi nettement pour les contentieux où la violence n’est pas l’instrument d’une appropriation, sauf en des temps plus reculés (ainsi, pour la France, Muchembled, 1988). Or tous les témoignages indiquent que cette criminalité là fait peur. C’est sur elle que repose le sentiment d’insécurité plus que sur les violences interpersonnelles. Après 1732, le nombre des accusations (pour vols dans le Surrey et le Sussex) s’oriente à la hausse, de façon particulièrement nette à partir de 1750. Là pour la première fois, croyons-nous, on va observer l’émergence d’une préoccupation sécuritaire analogue à celle qu’on rencontre depuis deux ou trois décades dans plusieurs pays occidentaux.

Certes, les contemporains du XVIIIe siècle n’ont ni connaissance, ni a fortiori conscience du taux des poursuites — c’est-à-dire du ratio des atteintes poursuivies à la population. Ce dont ils ont une conscience diffuse, à travers les gazettes et les journaux, c’est de la croissance du nombre absolu des incriminations pour vols avec violence, pour cambriolages, etc. En regard des niveaux actuels des atteintes aux biens, celui des poursuites au XVIIIe est certes modeste, mais dénote un phénomène nouveau en milieu urbain.

IV. Le déclin des cours d’assises et la progression des atteintes prédatrices

En France, les violences, qui ont été de plus en plus souvent poursuivies depuis le milieu du XVIIIe siècle, deviennent progressivement les seuls crimes graves traités aux assises. Parallèlement, les atteintes aux biens et les incendies qui figuraient parmi les crimes les plus graves y sont progressivement supplantés par les violences et les homicides. De ce fait, le nombre des affaires portées devant les cours d’assises diminue: ainsi dans le Nord, 300 en 1811, 200 en 1832, 100 en 1914.

Cette tendance participe au procès de civilisation des mœurs. Il y a une décri- minalisation progressive de l’action ouvrière et parallèlement le contenu des affaires portées devant les assises change. Sur cette tendance décroissante du contentieux d’assises, s’inscrivent des fluctuations qui correspondent pour l’essentiel à des variations du nombre des accusations concernant les atteintes aux biens: particulièrement en 1851-1872-1876-1919. Il semble se produire un phénomène analogue à celui qu’on a constaté dans la seconde moitié du XVIIIe siècle en Angleterre: une remontée de la criminalité d’offre — liée à la démobilisation des soldats et au chômage. On enregistre une progression des viols de 1826 à 1870. Là aussi plusieurs éléments paraissent se conjuguer. Un déplacement des enjeux: de l’ordre public vers les mœurs et la famille — infanticides et avortements connaissent un mouvement parallèle. Une nouvelle attention accordée à la liberté de la personne — la femme — et à l’enfant.

Que signifie le déclin du nombre des accusés devant les cours d’assises? 1) Un mouvement de correctionnalisation qui serait d’abord lié à la technique judiciaire — on contrôle mieux les juges professionnels que les jurys (cf. R. Martinage)? Un changement des techniques du contrôle social? 2) Un mouvement de pacification des mœurs? D’abord il y a eu un changement d’accentuation dans la hiérarchie des actes qui conduisent aux assises (on n’y va plus pour des vols qualifiés). De plus, notons qu’avant 1830, les grands bénéficiaires de l’acquittement étaient les auteurs de crimes contre les personnes; à la fin du XIXe siècle on ne va aux assises que pour ces crimes.

3) Corrélativement il y a une professionnalisation du contrôle social.

Pour l’Angleterre au XIXe siècle, T.R. Gurr & alii (1977) fournissent des estimations du taux des poursuites pour homicide devant les cours d’assises et les Quarters Sessions à Londres et dans le Middlesex: ils évoluent de 2/100 000 en 1825, à 0,5/100 000 en 1880. Mais alors que la baisse du taux d’homicidité avait été très forte de 1825 à 1860 (le taux est tombé à 1/100 000), elle remonte un peu de 1860 à 1870 — semble-t-il sous l’effet de l’envolée répressive des débuts de l’ère victorienne — pour chuter après 1870 et atteindre autour de la guerre de 1914 un taux de 0,4/100 000 qui paraît être un minimum historique. V.A.C. Gatrell & alii (1980) ont fourni des estimations des taux d’homicides pour l’Angleterre et le Pays de Galles qui suggèrent un mouvement identique après une légère remontée du taux de 1,4/100 000 (1855-60) à 1,7/100 000 (1875-70), le taux des homicides décline jusqu’à la guerre de 1914-18 à 0,8/100 000. Il se maintient autour de cet étiage de 1920 au début des années 1950 et alors commence une remontée des taux qui atteignent 2/100 000 en 1985.

Du XVIIe au début du XXe siècle, il y aurait donc au total en Angleterre, en dépit des mouvements de sens contraire, une baisse sensible des poursuites et a fortiori du taux des homicides calculé d’après les faits connus. Il y a certes dans la seconde moitié du XXe siècle un retournement de tendance3, mais ce retournement ne nous ramène pas au XVIe siècle. Vue dans la perspective historique longue, la remontée paraît être comme un moment dans l’oscillation d’un phénomène qui s’amortit. Or, l’incertitude des données démographiques n’est pas telle que cette tendance puisse être considérée comme un artifice produit par une mauvaise appréciation de la dynamique démographique. Quel que soit l’avenir, cette réduction de l’homicidité est un des arguments solides en faveur de l’idée que l’histoire des sociétés occidentales témoigne au mitan du XXe siècle d’une réduction des violences interpersonnelles les plus graves.

Les autres types d’atteintes n’autorisent pas pareil optimisme. Nous nous limiterons à quelques atteintes qui peuvent avoir un caractère emblématique. D’abord les agressions simples (common assaults) n’ont pas connu une évolution aussi favorable. Certes ces agressions baissent sensiblement, d’après les chiffres des poursuites rapportés par V.A.C. Gatrell, du milieu du XIXe siècle (317/100 000 en 1857) à 1914 (88/100 000). Mais elles connaissent une forte augmentation dans les années 1960 et 1970, en 1980 le taux est de (600/100 000) et à la fin des années 1980 on est à 850/100 000 d’après les Criminal Statistics (Home Office, 1988).

Mais surtout, dans cette même Angleterre, les atteintes aux biens les plus graves ont connu une progression vertigineuse. Laissons de côté les vols liés à l’automobile qui comptent pour près de la moitié de la criminalité enregistrée. Les vols avec violences, atteinte acquisitive qui touche l’intégrité physique, ont connu au cours du XXe siècle une véritable explosion de 0,5/100 000 en 1914 (Gatrell, 1980) on est passé à la fin des années 1980 à plus de 50/100 000: c’est-à-dire une multiplication par 100 (Home Office, Criminal Statistics, 1988). Les cambriolages connaissent une progression très forte aussi. D’après T.R. Gurr & alii (1977) leur taux serait passé à Londres de 40/100 000 en 1914 à 1 100/100 000 en 1974. Une multiplication par 20 sur la période considérée qui dure à peine plus d’un demi-siècle.

En France, les mouvements sont analogues. Prenons, là encore, des atteintes emblématiques des aspects centraux de la criminalité, pour les considérer comme indices de l’évolution des mœurs et de l’inquiétude que les violations suscitent. Les homicides volontaires, d’après la statistique des faits constatés, connaissent de 1963 à 1990 (période pour laquelle on dispose d’une série homogène) une augmentation remarquable: 1042 en 1963, 2562 en 1989, soit une multiplication par 2,5. Les vols avec violence augmentent de 2775 en 1963 à près de 53 000 en 1989, 20 fois plus. Les cambriolages enregistrés enfin s’élèvent de 53 000 en 1963 à près de 370 000 en 1989 après avoir dépassé 430 000 en 1984-85, multiplication par 7 ou 8. L’usage et la revente des stupéfiants, les vols de voitures connaissent des évolutions non moins fulgurantes. Dans cet intervalle le chiffre de la population — qui n’est au mieux un terme de référence adéquat que pour les homicides4 augmentait de 17%.

Etant donné la faible variation des effectifs de la police et de la gendarmerie au cours des trois dernières décennies, il paraît difficile de ne pas tenir cette évolution pour un événement majeur, un événement, dont la portée est d’autant plus grande que, de 1850 à 1950, le contentieux des cours d’assises a radicalement décliné et que le contentieux des tribunaux correctionnels mêmes est resté stable. On est donc en présence d’une inversion de tendance durable et spectaculaire de la délinquance et du crime, analogue à celle que l’on observe en Allemagne, en Scandinavie, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis3 depuis une trentaine d’années. Dans sa massive simplicité, c’est un des phénomènes marquants de cette fin du XXe siècle dans les pays développés de l’occident. M. Cusson croit que nous avons déjà commencé à redescendre la pente, depuis le début ou le milieu des années 1980. Aux Etats-Unis depuis 1981, en France depuis 1985 on a atteint un palier haut, voire enregistré un léger recul des crimes et des délits. Peut-on parler de «décroissance» au sens d’une nouvelle tendance longue? Va-t-on connaître des oscillations plus ou moins importantes autour de ce point haut pendant une ou plusieurs décennies?

Nous n’avons pas de réponse quoique la dernière hypothèse nous paraisse des plus vraisemblables. D’ailleurs, à quoi bon se lancer dans des prophéties ou des prédictions lorsque nous sommes fort loin de pouvoir faire même des prévisions. Les modifications qu’a déjà produites dans la vie sociale, l’évolution des incivilités, de la délinquance et du crime sont assez profondes pour qu’on y réfléchisse et qu’on les examine.

Cf. la discussion des taux de criminalité par B. Aubusson, papier présenté à La Nouvelle-Orléans, 1991. Pour ce dernier pays, la phase de déclin du crime au XIXe siècle n’est pas aussi continue.

V. Dualisation de la société et préoccupation sécuritaire

De cet examen des homicides et des atteintes aux biens ressort l’idée 1) que les homicides ont connu un déclin, certes entrecoupé d’interruptions, depuis le XVIe ou le XVIIe siècle, 2) que depuis le milieu du XIXe siècle, les crimes et délits ont connu un mouvement en U comme le chevauchement de deux J inversés. A la différence de T.R. Gurr (1977), je dissocie les deux branches du U. La première branche symbolise principalement le déclin de l’homicidité et de l’usage des châtiments physiques. Ce mouvement associé à un contrôle croissant des affects, à une réduction de la participation de la force physique au travail productif et à une régression de la densité des liens sociaux a préparé le terrain à une nouvelle sensibilité. Il est suivi d’une tendance contraire, et pour l’instant plus faible, à la remontée des violences. La seconde branche est constituée par une progression des atteintes aux biens à l’échelle du dernier demi-siècle; les violences physiques augmentent aussi — le taux des homicides double aux Etats- Unis et en Angleterre de 1930 à 1980 — mais beaucoup moins vite. C’est dans ce contexte qu’il faut interpréter les manifestations du sentiment d’insécurité: appréhension et préoccupation sécuritaire.

Une préoccupation pour l’ordre, les mœurs et la sécurité, qui n’existait pas à ce degré à l’âge classique et dans la première moitié du XVIIIe, émerge au milieu ou à la fin du XVIIIe siècle — en Angleterre et en France. Cette préoccupation sécuritaire entre en résonance avec des peurs vécues — qui sont des craintes pour son intégrité physique et pour ses biens. Cette préoccupation a pour présupposé une nouvelle valorisation de la vie terrestre et une accentuation de l’importance de la place de l’individudans la société. Elle est pour une part annonciatrice de ce qui se passera dans les secondes moitiés du XIXe siècle et du XXe siècle.

Aux XIXe et XXe siècles, le crime n’est plus, pour l’essentiel, l’expression au moyen de la force d’un litige mais un rapport unilatéral de prédation ou d’appropriation que l’Etat seul prétend contrôler. Une scène sensiblement différente de celle du crime sous l’Ancien Régime se construit. La dialectique entre crime et répression ne met en jeu explicitement que deux pôles, les agresseurs et l’Etat. Les gens ordinaires ne sont plus que des acteurs indirects, des destinateurs: c’est au nom de la sûreté des biens et des personnes (et pour garantir la paix publique) que l’Etat intervient, prévient, réprime, condamne. Garant d’une exigence d’ordre et de sûreté, dont certes les principes sont relativement pérennes mais dont l’actualisation est fluctuante, l’Etat est en quelque sorte commis par le peuple sans bras des victimes. La légitimité de son action, dont les principes sont fournis par la loi, lui vient de l’extérieur, du suffrage populaire, c’est une légitimité déléguée.

Le sentiment d’insécurité se diffuse dans la société à un moment où des fractions significatives de la population considèrent que l’Etat ne remplit plus sa mission. Ce n’est pas la peur du coin des rues, c’est un moment où la préoccupation pour le crime et l’ordre public entre en résonance avec cette peur vécue plaçant le citoyen sous la double contrainte d’une difficulté à agir et d’une exigence vécue d’action. Difficulté à agir à la fois légale — on ne doit pas se faire justice soi-même — et historique, il y a longtemps qu’on a désappris à se battre. Or d’autre part l’action est urgente parce que l’Etat ne contrôle plus la situation, bref ne remplit plus le contrat de sécurité passé.

En ce sens le sentiment d’insécurité est une peur sans débouché pragmatique, une action empêchée, entravée, qui déborde parfois sous forme d’autodéfense. Ce sentiment d’insécurité nourrit à côté de l’autodéfense des comportements massifs et graves: ce sont des changements de résidence, des replis domestiques et d’une façon plus générale, la dualisation de l’espace public, le racisme, la xénophobie. Actions discrètes ou tapageuses qui réalisent une partition de l’espace social génératrice d’apartheid. A l’Etat incapable d’assurer la sécurité, les citoyens qui le peuvent répondent en quittant les quartiers insécures, en formant des ghettos. Même si l’ampleur du phénomène diffère, rien n’interdit de penser que ceci conduise, comme dans les grandes villes d’Amérique du Nord, à une rupture de la continuité de l’espace public, à une disparition locale de l’Etat de droit.

Hugues Lagrange Observatoire Sociologique du Changement (OSC/CNRS) 7, rue Richepanse F— 75008 Paris

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Lorsque J.C. Chesnais écrit que l’insécurité moderne est un phénomène irrationnel car la violence criminelle diminue, il dit une chose discutable factuellement et théoriquement. 1) Car la période de référence qu’il choisit est trop particulière (1830-1970). En gros, la violence physique a décliné avant le XIXe siècle et elle a remonté après 1970. Il ne prend pas en compte cette montée relative de l’homicidité. 2) II écarte complètement la progression des vols avec violences, cambriolages et incivilités dans les trois dernières décades. 3) II recourt à une psychologie sans prendre en compte l’analyse que précisément suggère l’histoire plus longue à savoir que le sentiment d’insécurité — réunion de la peur personnelle et de préoccupation renvoie à une perte de contrôle de familiarité avec le monde et non à un degré de violence physique.


Les émeutes raciales de Chicago: Attention, un racisme peut en cacher un autre (France gets long overdue translation of Sandburg’s 1919 Chicago race riot but still no answer as to why it managed to avoid for so long the anti-black racism it loves to denounce in the US)

7 juillet, 2016

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affiche-expo-coloniale-parisbal negreBanjoRedSummerChicago-race-riotChicago_Race_Riot_Walgreenschicago-race-riot-starts-red-summer-1919-old-newspaper-Slave-tableIf we must die, let it not be like hogs
Hunted and penned in an inglorious spot,
While round us bark the mad and hungry dogs,
Making their mock at our accursèd lot.
If we must die, O let us nobly die,
So that our precious blood may not be shed
In vain; then even the monsters we defy
Shall be constrained to honor us though dead!
O kinsmen! we must meet the common foe!
Though far outnumbered let us show us brave,
And for their thousand blows deal one death-blow!
What though before us lies the open grave?
Like men we’ll face the murderous, cowardly pack,
Pressed to the wall, dying, but fighting back!
If We Must Die (Claude McKay, 1922)
Savez-vous que les Noirs sont 10 pour cent de la population de Saint-Louis et sont responsables de 58% de ses crimes? Nous avons à faire face à cela. Et nous devons faire quelque chose au sujet de nos normes morales. Nous savons qu’il y a beaucoup de mauvaises choses dans le monde blanc, mais il y a aussi beaucoup de mauvaises choses dans le monde noir. Nous ne pouvons pas continuer à blâmer l’homme blanc. Il y a des choses que nous devons faire pour nous-mêmes. Martin Luther King (St Louis, 1961)
Je ne peux qu’imaginer ce qu’endurent ses parents. Et quand je pense à ce garçon, je pense à mes propres enfants. Si j’avais un fils, il ressemblerait à Trayvon. Barack Hussein Obama
There is nothing more painful to me at this stage in my life than to walk down the street and hear footsteps and start thinking about robbery. Then look around and see somebody white and feel relieved. . . . After all we have been through. Just to think we can’t walk down our own streets, how humiliating. Jesse Jackson
How do we turn pain into power? How do we go from a moment to a movement that curries favor? (…) The blood of the innocent has power.  Jesse Jackson
Les gens pensaient que parce que nous avions élu Obama, la société américaine était devenue post-raciale, que la couleur de la peau n’avait plus aucune importance. Avec l’affaire Trayvon Martin, nous assistons à un réveil et à une mobilisation.  Geraldine Thompson (historienne et représentante démocrate de l’Etat de Floride)
But what about all the other young black murder victims? Nationally, nearly half of all murder victims are black. And the overwhelming majority of those black people are killed by other black people. Where is the march for them? Where is the march against the drug dealers who prey on young black people? Where is the march against bad schools, with their 50% dropout rate for black teenaged boys? Those failed schools are certainly guilty of creating the shameful 40% unemployment rate for black teens? How about marching against the cable television shows constantly offering minstrel-show images of black youth as rappers and comedians who don’t value education, dismiss the importance of marriage, and celebrate killing people, drug money and jailhouse fashion—the pants falling down because the jail guard has taken away the belt, the shoes untied because the warden removed the shoe laces, and accessories such as the drug dealer’s pit bull. (…) There is no fashion, no thug attitude that should be an invitation to murder. But these are the real murderous forces surrounding the Martin death—and yet they never stir protests. The race-baiters argue this case deserves special attention because it fits the mold of white-on-black violence that fills the history books. Some have drawn a comparison to the murder of Emmett Till, a black boy who was killed in 1955 by white racists for whistling at a white woman. (…) While civil rights leaders have raised their voices to speak out against this one tragedy, few if any will do the same about the larger tragedy of daily carnage that is black-on-black crime in America. (…) Almost one half of the nation’s murder victims that year were black and a majority of them were between the ages of 17 and 29. Black people accounted for 13% of the total U.S. population in 2005. Yet they were the victims of 49% of all the nation’s murders. And 93% of black murder victims were killed by other black people, according to the same report. (…) The killing of any child is a tragedy. But where are the protests regarding the larger problems facing black America? Juan Williams
The absurdity of Jesse Jackson and Al Sharpton is that they want to make a movement out of an anomaly. Black teenagers today are afraid of other black teenagers, not whites. … Trayvon’s sad fate clearly sent a quiver of perverse happiness all across America’s civil rights establishment, and throughout the mainstream media as well. His death was vindication of the ‘poetic truth’ that these establishments live by. Shelby Steele
Would Trayvon be alive today had he been walking home—Skittles and ice tea in hand—wearing a polo shirt with an alligator logo? Possibly. And does this make the ugly point that dark skin late at night needs to have its menace softened by some show of Waspy Americana? Possibly. (…) Before the 1960s the black American identity (though no one ever used the word) was based on our common humanity, on the idea that race was always an artificial and exploitive division between people. After the ’60s—in a society guilty for its long abuse of us—we took our historical victimization as the central theme of our group identity. We could not have made a worse mistake. It has given us a generation of ambulance-chasing leaders, and the illusion that our greatest power lies in the manipulation of white guilt. Shelby Steele
On peut parler aujourd’hui d’invasion arabe. C’est un fait social. Combien d’invasions l’Europe a connu tout au long de son histoire ! Elle a toujours su se surmonter elle-même, aller de l’avant pour se trouver ensuite comme agrandie par l’échange entre les cultures. Pape François
Drame raciste aux Etats-Unis : les stars dénoncent le meurtre d’Alton Sterling Une vidéo d’une violence inouïe tourne sur la Toile depuis ce mardi 5 juillet. On y voit deux policiers de Bâton-Rouge, en Louisiane, brutalement interpeller un Afro-Américain, Alton Sterling, et lui tirer une balle dans la tête. Des images insoutenables qui ont choqué à travers la planète. En première ligne aux Etats-Unis : Zendaya, Olivia Wilde ou encore Amy Schumer ont réagi. Il y a quelques jours, le discours édifiant de Jesse Williams, acteur de la série « Grey’s Anatomy » avait fait un tollé aux États-Unis. Celui qui dénonçait sur la scène des BET Awards les bavures policières contre les Afro-Américains avait fini par être accusé de racisme anti-blanc. Une pétition demandait même son renvoi des écrans télé. Mardi 5 juillet, la donne avait déjà changé outre-Atlantique, alors que l’on apprenait que la police américaine avait fait sa 558ème victime aux États-Unis (source The Guardian). La victime s’appelle Alton Sterling, âgé de 37 ans, et c’est encore un Afro-Américain. Il a trouvé la mort après une altercation brutale avec les forces de l’ordre. La police avait été alertée sur place par un témoin qui avait assuré que cet homme portant un t-shirt rouge et vendant des CD devant un magasin, l’avait menacé avec une arme à feu. Une vidéo de la scène a été tournée et partagée sur la Toile, on y voit le suspect malmené par la police. Le suspect se débat pendant quelques secondes avant d’être mis à terre et qu’un policier n’ouvre le feu sur lui « à quatre ou six reprises » rapporte la presse. Un « lynchage légal » ont commenté de nombreux internautes horrifiés qui ont repris les mots dièses #AltonSterling et #BlackLivesMatter pour dire toute leur émotion et leur colère sur les réseaux sociaux. Parmi eux, Zendaya, Olivia Wilde ou encore Amy Schumer ont envoyé leurs prières et ont appelé à une réaction massive du grand public. Public.fr
The offender said, ‘I hate white people’ and threw a punch. There is no evidence either way about what the offender meant or whether . . . she holds or promotes an ideology which would explain why this assault was aimed at this victim. I am not satisfied beyond a reasonable doubt that this offence was, even in part, motivated by racial bias. Provincial court Judge Harry Van Harten (Calgary, Canada)
Le Brexit sera-t-il un choc salutaire ou le début de la fin d’une grande aventure collective ? Je n’ai pas de réponse. Mais, ce que je peux d’ores et déjà affirmer, c’est que les eurocrates ne l’ont pas volé, car ils se sont acharnés à faire de l’Union européenne le cheval de Troie de la déseuropéanisation. Ces politiciens et ces fonctionnaires ne se vivent pas comme les dépositaires d’une grande civilisation, mais comme les héritiers du « plus jamais ça » : plus jamais la guerre, plus jamais le racisme hitlérien ni colonial. Pour éviter le retour des discours ou des comportements maléfiques, ils emploient donc les grands moyens. Ils refusent d’incarner l’Europe, par son histoire, ses paysages, ses monuments, ses villes, ses cafés, ses œuvres, une forme de vie, un mode de présence sur Terre, car ce serait tracer une ligne de partage entre un dedans et un dehors, entre un nous et un eux. Ils ne veulent pas mettre le doigt dans cet engrenage fatal. Ils effacent donc le passé. Ils s’offensent, avec Pierre Moscovici, quand on parle des racines chrétiennes de l’Europe. Le « plus jamais ça » exige que l’Europe ne soit rien de substantiel, qu’elle n’affirme que des valeurs, qu’elle ne se définisse que par des droits et des procédures, afin de pouvoir s’ouvrir sans discrimination à tous et à tout. C’est ce que disait textuellement le grand sociologue allemand Ulrich Beck. (…) La veille du référendum, j’ai vu un reportage sur la ville de Peterborough, en Angleterre. On découvrait des rues commerçantes avec des magasins afghans, pakistanais et polonais. Les habitants disaient que les Britanniques étaient désormais minoritaires et on apprenait qu’il n’y avait plus qu’un seul pub dans toute la ville. J’ai pris conscience, en regardant ces images, de la nouvelle grande division des sociétés européennes. Elles se partagent désormais entre les planétaires et les sédentaires, les globaux et les locaux, les hors-sol et les autochtones. Les premiers sont non seulement mieux lotis économiquement, mais ils se croient politiquement et moralement supérieurs. Ils traitent les autochtones de « ploucs », voire de « salauds », ils soulignent élégamment leur âge avancé, ils font tomber sur eux le triple diagnostic d’europhobie, de xénophobie et de passéisme, alors même que, ce qu’ils leur opposent, c’est un cosmopolitisme de galerie marchande et, en guise de déracinement, une complète absorption dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Le village global est un village, avec ses fausses évidences, ses œillères, sa mentalité étriquée. Les pubs font partie intégrante de la civilisation européenne. Ils sont la version anglaise du café. Ceux qui refusent la transformation de l’Angleterre ne sont pas antieuropéens, ils veulent juste que l’Angleterre reste l’Angleterre et que l’Europe reste l’Europe. (…) L’immigration a été un thème central de la campagne britannique, mais ce serait le cas dans tous les pays européens qui choisiraient la voie du référendum. L’Union européenne a voulu combiner la morale humanitaire et l’intérêt économique. Puisque nos pays se dépeuplent et vieillissent, elle a cru qu’il suffisait d’importer les enfants et les travailleurs qu’ils n’ont plus. Mais les hommes ne sont pas interchangeables. Il y a des mondes, il y a des civilisations. L’autarcie n’est certes pas la solution, les frontières ne doivent pas devenir hermétiques. Il reste que, comme l’a écrit un grand philosophe américain de gauche, Michael Walzer : « Abattre les murs de l’État, ce n’est pas créer un monde sans murs, c’est créer un millier de petites forteresses. » Nous voyons les sociétés européennes se fragmenter en communautés hostiles. Même si la libre circulation des personnes à l’intérieur de l’espace européen ne pose pas les mêmes problèmes que l’immigration arabo-musulmane, il faut savoir respecter les proportions. (…) La pluralité est essentielle à l’Europe. Pluralité des langues et des nations. En même temps, il existe une histoire commune : la Bible, la Grèce, Rome, la féodalité, la Renaissance, la Réforme, les Lumières et le romantisme. (…) J’ai vu que Donald Trump, allant inaugurer un golf en Écosse, s’est réjoui du vote britannique. Mais il représente autre chose : il est la Némésis du politiquement correct. Goya a dessiné une gravure intitulée Le sommeil de la raison engendre des monstres. On pourrait adapter cette formule à notre situation : le déni de réalité produit des monstres comme Trump. Si le danger islamiste n’est pas nommé surgit un candidat républicain qui souhaite interdire aux musulmans d’entrer sur le sol américain. Je ne suis pas sûr que le vote anglais relève exactement du même phénomène. Cette vieille démocratie européenne manifeste par ce vote sa volonté de reprendre son destin en main. Alain Finkielkraut
Il y a à peine plus de 3 millions de musulmans aux Etats-Unis, soit 1 pour cent de la population. C’est donc un peu comme si l’on assistait à l’inversion de la situation qui prévalait dans les années 1920, quand la France comptait à peine 5.000 Noirs et la «négrophilie» tenait le haut du pavé à Paris. À l’époque, l’élite française ne trouvait pas de mots assez durs pour fustiger le «racisme américain ». Géraldine Smith
Un jour j’ai réalisé que j’habitais dans un pays où j’avais peur d’être noire. C’était un pays réservé aux Blancs. Il n’y avait pas de place pour les Noirs. J’étouffais aux États-Unis. Beaucoup d’entre nous sommes partis, pas parce que nous le voulions, mais parce que nous ne pouvions plus supporter ça… Je me suis sentie libérée à Paris. Joséphine Baker
La position la plus sûre et qui doit permettre d’écarter tout risque de modifier profondément la population française et tout déboire du point de vue culturel, est certainement celle qui consiste à rechercher des immigrants dont le type ethnique est déjà présent dans la mosaïque française. Georges Mauco (1945)
Le manque d’hommes et la faiblesse de la natalité française sont la cause profonde de nos malheurs… et l’obstacle principal qui s’oppose à notre redressement. (….) Afin d’appeler à la vie les douze millions de beaux bébés qu’il faut à la France en dix ans, de réduire nos taux absurdes de mortalité et de morbidité infantile et juvénile, d’introduire au cours des prochaines années, avec méthode et intelligence, de bons éléments d’immigration dans la collectivité française, un grand plan est tracé […] pour qu’à tout prix soit obtenu le résultat vital et sacré. Charles de Gaulle (3 mars 1945)
Le Haut Comité consultatif de la Population et de la Famille étudie actuellement des projets qui constitueront son avis en ce qui concerne la politique du Gouvernement en matière d’immigration. Dès à présent il importe que les naturalisations soient effectuées selon une directive d’ensemble. Il conviendrait notamment de ne plus les faire dépendre exclusivement de l’étude des cas particuliers, mais de subordonner le choix des individus aux intérêts nationaux dans les domaines ethnique, démographique, professionnel et géographique. a) Sur le plan ethnique, limiter l’afflux des Méditerranéens et des Orientaux qui depuis un demi-siècle ont profondément modifié la structure humaine de la France. Sans aller jusqu’à utiliser comme aux États-Unis [qui ont connu les mêmes préoccupations]* un système rigide de quotas, il est souhaitable que la priorité soit accordée aux naturalisations nordiques (Belges, Luxembourgeois, Hollandais, Suisses, Danois, Scandinaves, Islandais, Anglais, Allemands, etc.). [Si on se réfère à la composition de la population étrangère aux recensements de 1881-1891, où les sources d’émigration s’équilibraient]. Étant donné le grand nombre de dossiers actuellement en instance dans les préfectures, on pourrait envisager une proportion de 50 % de ces éléments. b) Sur le plan professionnel, la France a surtout besoin de travailleurs directement producteurs : agriculteurs, mineurs, ouvriers du bâtiment, etc. D’autre part, pour conserver au pays son pouvoir d’assimilation, il est souhaitable que les professions libérales, commerciales, banquières, etc. ne soient pas trop largement ouvertes aux étrangers. C’est dans la mesure où les étrangers peuvent se donner en France des cadres intellectuels et économiques – même naturalisés – qu’ils conservent davantage leur particularisme. Il y a intérêt à limiter les naturalisations dans ces professions, et d’une manière plus générale, dans les professions urbaines. c) Sur le plan démographique, il importe de naturaliser des individus jeunes ou ayant des enfants.  [Il n’est pas souhaitable d’accorder la nationalité française à des individus de plus de 70 ans.] d) Sur le plan géographique, limiter [très] strictement les naturalisations dans les villes, spécialement à Paris, Marseille, Lyon, où l’afflux des étrangers n’est pas désirable pour de multiples raisons. Par contre, les naturalisations doivent être suscitées et multipliées en province et spécialement dans les milieux ruraux. Je vous prie de vouloir bien donner des instructions aux préfectures pour que l’étude et l’envoi des dossiers s’inspirent de ces directives et pour que soient suscitées au besoin les naturalisations désirables. Général de Gaulle (lettre à Pierre-Henri Teitgen, garde des Sceaux, 12 juin 1945 – sont barrés entre crochets les passages du projet de Mauco qui n’ont pas été repris dans la lettre de Charles de Gaulle)
C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu’on ne se raconte pas d’histoires ! Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leur djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri, même s’ils sont très savants. Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées !  Ch. de Gaulle (Conversation rapportée par Alain Peyrefitte le 5 mars 1959 suite aux événements d’Algérie)
Marseille offrait cependant un charme barbare et international qui incarnait de façon étonnante le grand flux de la vie moderne. Peu étendue, avec une population manifestement trop nombreuse, porte de service de l’Europe, chargeant et déchargeant son commerce avec l’Orient et l’Afrique, port préféré des matelots en bordée sans permission, infestée de toute la racaille des pays méditerranéens, grouillante de guides, de putes, de maquereaux, repoussante et attirante dans son abjection aux longs crocs sous ses dehors pittoresques, cette ville semblait proclamer au monde entier que la chose la plus merveilleuse de la vie moderne était le bordel. Claude McKay (Banjo)
Dans ce bouillonnement créatif, le jazz, l’art, la photographie, la mode et, bien sûr, la littérature furent plus que des expressions privilégiées pour raconter les multiples vies de l’homme noir, de véritables armes au service de la reconquête d’une identité. Celle de Claude McKay est multiple, clochard céleste, journaliste militant, bourlingeur marxiste – il résida en URSS dans les années 30, où il rencontra Trotski lors de la 4e Internationale communiste -, chroniqueur de la rue. C’est de tout cela qu’est fait son verbe vagabond. Celui de Home To Harlem, qui lui vaut, en 1928, le Harmon Gold Award Of Literature, et celui de Banjo, en 1929, où il dépeint le Marseille cosmopolite où il vécut. Banjo – du surnom de son héros, un docker noir qui, dans les bas-fonds de la cité phocéenne, s’évertue à monter un groupe de jazz -, croque un Marseille qui n’existe plus, un quartier interlope, la Fosse, situé entre le Vieux-Port et la Joliette, que l’occupant nazi rasera en 1943 pour purifier le « cloaque » du « chancre de l’Europe ». Car ce quartier réservé, à l’image du French Quarter de La Nouvelle-Orléans, est depuis 1865 le lieu de tous les plaisirs, de tous les dangers et de l’amarrage, dans les années 20, de cette « infernale musique noire qui rythme tous les bruits », comme l’écrira le romancier marseillais André Suarès. « Bars à passe en toile de fond, cafés de quartier qui émettent le son d’un « fox-trot populaire » provenant de pianos mécaniques çà et là dans « Boody Lane » qui semble proclamer au monde entier que la chose la plus merveilleuse était le bordel. […] Oh, Shake That Think, Jelly r-o-o-o-o-oll ! Tem, tem, ti-toum, tim-ti-tim, toum, tem… » Claude McKay n’a pas son pareil pour dire la bouillonnante ville-monde, ce « petit Harlem », où vivent, aiment et meurent voyous provençaux, bandits corses et italiens, dockers africains, marins, filles de joie et artistes du monde entier. Son écriture visionnaire, chaloupée et enivrante, construite, avec ses solos, comme un air de jazz, assène, près de quatre-vingt-dix ans plus tard, des questionnements toujours actuels. Ceux de la citoyenneté et du vivre-ensemble. Sa lecture ne s’en révèle que plus indispensable. Marianne (2015)
Banjo: A Story without a Plot was published by Claude McKay in 1929, between the World Wars. In the novel, McKay draws on his personal experiences living in France to depict dockworkers and drifters in the port town of Marseilles. The novel follows one group of “beach boys,” combining semi-autobiographical accounts of their pleasure-seeking lifestyle with their conversations about race relations and race politics, in France and abroad. The men in the novel represent various positions on race politics. Below are the four most prominent categories of positions in the novel—remember that each character nuances his views differently, and there are many distinctions to be made within these categories. (You might recognize some of the oppositions between these positions from later conflicts within the Civil Rights movement; they have some features in common with, for example, the political disagreements between Martin Luther King, Jr., and Malcolm X.) – Black Internationalism—This political culture linked blacks from around the world by connecting struggles against slavery, colonialism, and racism. Many of these connections are made in Banjo, like when Ray notes the similarities between the list of atrocities the French were committing in the colonies and the treatment endured by blacks in the United States. – Racial Assimilationism/Integrationism—During the early 20th century, assimilation was one possible answer to the question of how black people were to recover their full humanity: by being fully integrated into existing white society. Assimilation might include pursuing higher education and joining the professions, two things that were seen as allowing blacks to move out of their marginal position and into the respectable middle classes, as discussed in Banjo. – Black Nationalism—Opposed to assimilationists, black nationalists argued that black people should affirm and fight for their own culture and values, demanding their rights on their own terms rather than gaining a place in the existing system that had excluded them. W.E.B. Du Bois was associated with this position, which reflects the views of many of the characters in Banjo. – Black Separatism and Garveyism—These two positions are subsets of black nationalism that advocate the creation of essentially separate societies for black and white people. Whereas some black separatists thought that these two nations could be created within the United States, Marcus Garvey sought to bring blacks “Back to Africa,” a position represented in the novel by Taloufa. Berkeley university
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France n’a pas fait appel à ses territoires d’outre-mer, colonies et DOM confondus, pour combler son déficit de main-d’oeuvre bon marché. Pourquoi ? la réponse à cette question, rarement soulevée, est moins évidente qu’il n’y parait. Pour sa reconstruction, l’hexagone n’avait-il pas besoin de bras valides, de gens – de préférence francophones – taillables et corvéables ? dès lors pourquoi se priver de la « Force noire », qui venait de faire ses preuves sur le champ de bataille ? En raison d’un présupposé censément « naturel », d’un sous-entendu qui est alors au coeur des débat public sur l’immigration sans remonter à la surfacce explicite du discours: la question raciale. Quand le 3 mars 1945 devant l’Assemblée consultative, de Gaulle invoque « l’impératif migratoire », quand il précise qu’ « il faut introduire au cours des prochaines années, avec méthode et intelligence, de bons éléments d’immigration dans la collectivité française », il n’est pas dit mais entendu que ces « bons éléments » ne sauraient être des Africains ou des Antillais – des Noirs. Géraldine Faès et Stephen Smith
They were separated by a line unseen and a law unwritten: The 29th Street beach was for whites, the 25th Street beach for blacks. An invisible boundary stretched from the sand into Lake Michigan, parting the races like Moses’ staff parted the Red Sea. On this stifling hot summer Sunday, Eugene Williams, a black teenager, drifted south of that line while swimming with friends. Whites picked up rocks and let fly. Some accounts say Williams was hit on the head and went under. Others say he became tired and was too afraid to come ashore. Either way, he drowned, touching off the deadliest episode of racial violence in Chicago history. For five days it raged, mostly on the South Side. White mobs attacked isolated blacks. Blacks attacked isolated whites. John Mills, a black Stockyards worker, was riding home when a mob stopped his streetcar and beat him to death. Casmero Lazeroni, a white peddler, was pulled from his horse-drawn wagon and stabbed to death. Thirty-eight people died–23 blacks and 15 whites. By the time the National Guard and a rainstorm brought the riots to an end, more than 500 people had been injured, wounded blacks outnumbering whites by a ratio of about 2-1. Several factors had heightened tension between the races. Drawn by the promise of employment and dignity, Chicago’s black population more than doubled from 1916 to 1918. Blacks had balked at joining white-controlled unions, and in the face of violence, black leaders had begun preaching self-defense instead of self-control. But, most important of all, housing in the city’s narrow « Black Belt, » which stretched south of the Loop, had not kept pace. When blacks began moving into white neighborhoods, whites responded violently, bombing 26 homes in the two years preceding the riot. The Chicago Tribune
En avril 1919, les forces de police arrêtent un complot visant à l’envoi 36 bombes à des membres éminents de l’establishment américain politique et économique : JP Morgan, John D. Rockefeller, le juge de la Cour suprême Oliver Wendell Holmes ou encore le procureur général des États-Unis Alexander Mitchell Palmer. Le 2 juin 1919, dans sept villes du Nord-Est des États-Unis, huit bombes de fortes puissances ont explosé quasi simultanément à la même heure (une église catholique de Philadelphie étant la cible de deux bombes). L’un des objectifs était la maison, à Washington, D.C., du procureur général Palmer. L’explosion tue le poseur de bombe, qui sera la seule victime, et des témoignages confirment qu’il s’agit d’une organisation radicale d’origine italienne dont l’antenne américaine se trouverait à Philadelphie, mais l’affaire n’a jamais été résolue. C’est après, entre 1919 et 1921, que le procureur général lance les Palmer Raids. Des avocats notables dénoncent l’inconstitutionnalité de ces mesures, dont le futur juge à la Cour suprême Felix Frankfurter (notamment les quatrième, cinquième, sixième et huitième de la Constitution des États-Unis). Palmer perd de sa crédibilité lorsqu’il annonce qu’un risque de révolution est possible, le 1er mai 1920. Dès 1918, le président Woodrow Wilson avait fait pression sur le Congrès afin qu’il légifère contre les immigrés anarchistes (concrétisé par le Sedition Act of 1918 (en)) afin de protéger le moral du pays pendant la guerre. Le 1er septembre 1920, des bombes explosent à Wall Street, près de Federal Hall et de la Banque JP Morgan. Bien que deux anarchistes et des communistes soient soupçonnés d’être responsables de l’attentat, aucun n’est inculpé. On dénombre 38 morts et 141 blessés. En conséquence, l’opinion publique évolue et des organisations de gauche telles que l’Industrial Workers of the World et le Parti communiste des États-Unis perdent plusieurs de leurs militants. Entre 1919 et 1920, plusieurs états ont jugé le syndicalisme « criminel ». Cela implique alors des restrictions de la liberté d’expression. Des procès ont lieu (dont la célèbre affaire Sacco et Vanzetti), ainsi que des déportations hors du territoire américain. Wikipedia
La grande migration afro-américaine est le mouvement qui a conduit six millions d’Afro-Américains du Sud des États-Unis vers le Middle West, le Nord-Est et l’Ouest de 1910 à 1930. Les estimations du nombre de migrants varient selon les repères temporels choisis. Les Afro-Américains émigraient pour échapper au racisme et essayer de trouver du travail dans les villes industrielles. Certains historiens font une distinction entre la Première Grande Migration (de 1910 à 1940), et qui a porté sur environ 1,6 million migrants, et la Seconde Grande Migration, de 1940 à 1970. (…) Entre 1910 et 1930, la population afro-américaine s’accrut d’environ 40 % dans les États du Nord, principalement dans les grandes villes. Des villes comme Chicago, Détroit, New York et Cleveland connurent quelques-unes des plus fortes hausses dans la première partie du siècle. Du fait que cette évolution se concentrait dans les villes, les tensions urbaines augmentèrent à mesure que les Afro-Américains et les immigrants européens nouveaux ou récents, groupes qui tous les deux étaient issus de sociétés rurales, entraient en concurrence pour les emplois et le logement avec la classe ouvrière blanche d’origine. Les tensions étaient souvent les plus vives entre les Irlandais ethniques, soucieux de défendre leurs positions, et les immigrants récents et les noirs. Les Afro-Américains migraient individuellement ou en petits groupes familiaux. Ils ne recevaient aucune aide du gouvernement, mais souvent les industries du Nord, comme les chemins de fer, le conditionnement de la viande et l’élevage du bétail, avaient besoin de main-d’œuvre. Le principal facteur de la migration était le climat raciste dans le Sud et la violence généralisée qui se manifestait par des lynchages. Dans le Nord, on pouvait trouver de meilleures écoles et les hommes adultes avaient le droit de vote (ainsi que les femmes après 1920). L’essor des industries montrait qu’il y avait possibilité de trouver des emplois. (…) L’énorme expansion des industries de guerre créa pour les noirs des possibilités d’emploi, non dans les usines, mais dans les postes laissés vacants par les ouvriers appelés à y travailler. La Première Guerre mondiale et la Loi d’immigration Johnson-Reed de 1924 mirent brutalement un terme à l’afflux d’immigrants européens vers les centres industriels qui apparaissaient au Nord-Est et dans le Middle West, ce qui provoqua une pénurie de main-d’œuvre dans les usines. (…) La Grande Migration des Afro-Américains a créé les premières grandes communautés noires urbaines dans le Nord. On estime traditionnellement à 400 000 le nombre de ceux qui ont quitté le Sud pendant la période de deux années allant de 1916 à 1918, pour profiter de la pénurie de main-d’œuvre qu’avait créée la Première Guerre mondiale. (…) En 1910, la population afro-américaine de Détroit était de 6 000. Dès le début de la Grande Dépression en 1929, ce chiffre était monté à 120 000. En 1900, Chicago avait une population totale de 1 698 575 habitants. En 1920 elle avait augmenté de plus d’un million d’habitants. (…) Alors que la Grande Migration aidait les Afro-Américains instruits à obtenir des emplois, permettant à terme de mesurer la mobilité sociale, les migrants se heurtaient à des discriminations importantes. Du fait qu’un si grand nombre de personnes avaient migré dans un laps de temps assez bref, les migrants afro-américains se heurtaient souvent au ressentiment de la classe ouvrière américaine d’origine européenne, craignant que ses salaires ou la sécurité de ses emplois fût menacée par l’afflux de nouveaux travailleurs qui lui ferait concurrence. Les plus craintifs ou les plus hostiles étaient parfois les derniers en date des immigrants du XIXe siècle et les nouveaux immigrants du XXe siècle. Dans de nombreuses villes, la classe ouvrière a essayé de défendre ce qu’elle considérait comme « son » territoire. Néanmoins, les Afro-Américains ont pu gagner suffisamment d’argent dans les emplois industriels, en particulier dans la sidérurgie, l’automobile, la construction navale et les industries de préparation de la viande. Entre 1910 et 1920, le nombre de noirs employés dans l’industrie a presque doublé passant de 500 000 à 901 00010. (…) Les migrants ont découvert la discrimination raciale dans le Nord, même si elle se présentait parfois de façon plus subtile que dans le Sud. La population avait augmenté si rapidement tant chez les migrants afro-américains que chez les nouveaux immigrants venant d’Europe, qu’il y avait pénurie de logements, et les nouveaux groupes devaient rivaliser, même pour obtenir les logements les plus anciens, délabrés la plupart du temps. Les groupes ethniques se créaient des territoires qu’ils défendaient contre le changement. Souvent la discrimination forçait les Afro-Américains à rester dans les quartiers surpeuplés, comme à Chicago. Dans les villes, les populations plus à l’aise avaient tendance à se déplacer vers de nouveaux logements qui se développaient dans la périphérie. Les refus de prêts et les discriminations liées à l’habitat limitaient pour les Afro-Américains arrivés le plus récemment la possibilité de choisir leur propre logement, ou de l’obtenir à un prix raisonnable. (…) Pour de nombreux Afro-Américains cette période a marqué un profond changement dans le mode de vie : de travailleurs ruraux ils sont devenus ouvriers des industries installées dans les villes. La migration a donc eu pour eux un double effet : d’une part ils se sont intégrés de plus en plus dans la société, d’autre part le fait de vivre et de travailler en contact plus étroit avec les Américains d’origine européenne n’a cessé d’élargir le fossé qui existait entre eux. De fait, lors de la migration, les migrants se heurtaient souvent à des discriminations dans l’habitat car les propriétaires de race blanche et les agents immobiliers essayaient de les empêcher d’acheter des maisons ou de louer des appartements dans les quartiers blancs. En outre, quand des noirs allaient s’installer dans de tels quartiers, il arrivait souvent que les blancs réagissent violemment contre ces nouveaux voisins, par exemple avec une foule en émeute qui venait devant leurs domiciles, et qui allait jusqu’au jet de pierres et même jusqu’à l’assassinat. Ces tendances ont contribué à maintenir la « fracture raciale » dans le Nord et peut-être même à l’accentuer. Dans des villes comme Chicago et Omaha, le boom immobilier d’après-guerre a développé la création de banlieues réservées aux populations blanches. Le résultat est qu’à la fin des années 1950 et 1960, les Afro-Américains se sont retrouvés hyper-urbanisés et concentrés de façon beaucoup plus dense que les autres groupes dans les quartiers défavorisés. Du fait que les migrants afro-américaine avaient conservé un grand nombre de traits culturels et linguistiques du Sud, ces différences de culture ont créé chez ceux qui les avaient précédé dans les villes le sentiment qu’ils étaient des étrangers. Les stéréotypes attribués aux personnes noires au cours cette période et pendant les générations remontent souvent aux traditions culturelles rurales des migrants afro-américains, qui s’opposaient à l’environnement urbain dans lequel ils résidaient. Wikipedia
Sous la pression de la crise démographique la plus grave qu’aucune race et aucune nationalité aient connue au sein d’un quartier de Chicago, la population du secteur déborde, ou plutôt est irrésistiblement expulsée, vers d’autres quartiers. (…) Quel avenir pour les gens de couleur ? La réponse qui revient le plus souvent et semble faire consensus est celle-ci : Nous avons fait l’ultime sacrifice ; ils n’ont pas eu besoin de nous contraindre ; nos états de service, tout comme Old Glory, le drapeau que nous aimons car il symbolise notre liberté, n’ont pas une seule tâche ; nous sortons des hostilités “blanc comme neige” ; à présent, nous souhaitons voir notre nation honorer la Constitution et la Déclaration d’indépendance. (…) De meilleurs emplois, le droit de voter et de voir son vote comptabilisé lors du dépouillement, l’absence de ségrégation sur la voie publique et dans les transports, une moindre discrimination raciale, une attitude plus tolérante de la part des Blancs, l’égalité des droits en termes d’éducation : voilà quelques-unes des raisons qui attirent un flot continu de gens de couleurs fuyant le Sud. (…) Les articles de presse sur ce qui se passe à Washington citent souvent comme cause des affrontements des agressions de femmes blanches par des soldats noirs. Si cette accusation grave et sordide est répétée jour après jour dans les dépêches qui inondent le pays, elle n’est pourtant fondée sur aucune de ces preuves, éléments de connaissance ou d’information nécessaires à tout tribunal ou toute personne sensée pour parvenir à un verdict ou se forger une opinion. Carl Sandburg
Les articles qui suivent reprennent ceux publiés dans les pages du Chicago Daily News, qui avait missionné l’auteur pour enquêter sur la situation trois semaines avant le début des émeutes. Publiée depuis deux semaines, la série arrivait au stade où un ensemble de recommandations constructives aurait été le bienvenu, lorsque les émeutes ont éclaté. Et comme toujours, tout le monde, ou presque, s’est davantage intéressé à la guerre qu’à ce qui l’avait provoquée. (…) Tant que nous n’aurons pas appris à loger tout le monde, à employer tout le monde à un salaire décent et avec un statut professionnel valorisant, à garantir à chacun ses libertés civiles et lui prodiguer une éducation et des divertissements dignes de ce nom, tout ce que nous pourrons dire au sujet du « problème racial » ne restera qu’une sinistre mythologie. Walter Lippmann (août 1919)
Je lis ce rapport sur les émeutes de Chicago en 1919 et c’est comme si je lisais le rapport de la commission d’enquête sur les désordres à Harlem en 1935, le rapport de la commission d’enquête sur ceux de 1943, le rapport de la commission McCone sur les émeutes de Watts. Je dois sincèrement vous dire, Membres de la commission, qu’on se croirait dans Alice au pays des merveilles, avec le même film qu’on nous repasse éternellement : même analyse, mêmes recommandations, même inaction. Kenneth Clark (1968)
Sandburg … prend le parti de ne pas décrire sur le vif le détail saisissant des émeutes, et pas davantage de les rattacher, comme le font bon nombre de journaux d’alors, à d’obscures menées de bolchéviks poussant sourdement les Noirs à la révolte. Lui opère autrement. Il s’efforce de les rendre intelligibles, ces émeutes ; de soutirer à la cruauté de ce qui s’y joue quelque chose des conditions sociales qui les ont fait naître. (…) mais s’il faut le lire encore, si loin après sa parution initiale, c’est peut-être moins pour ce qu’il nous restitue de son époque que pour ce qu’il nous dit de la nôtre. (…) Les émeutes raciales, on le comprend mieux, ne sont pas un passage dans l’histoire américaine. Elles n’ont rien, pas plus hier qu’aujourd’hui, d’un dérèglement passager de l’ordre ordinaire des choses. Elles sont au contraire l’arête vive d’un monde d’inégalité, de misère et de violences savamment organisé. Elles sont le produit et le symptôme de ce contre quoi elles se lèvent. Christophe Granger
Chicago, juillet 1919 : un jeune Noir se noie, terrorisé par des adolescents blancs qui commençaient à lui jeter des pierres, sur une plage partagée par une frontière raciale invisible. La police refuse d’intervenir, ouvrant la voie à plusieurs jours d’émeutes qui, dans la ville, laissent derrière eux 23 morts parmi les Noirs, 15 parmi les Blancs et des dizaines d’immeubles dévastés. Rapidement, durant ce  » Red Summer « , des dizaines de villes américaines connaissent à leur tour des émeutes raciales. Carl Sandburg prend le parti d’expliquer. Il décrit l’oppression organisée des Noirs, l’immigration imposée, la ségrégation ordinaire, les logements de seconde zone et l’habitude des lynchages. A l’heure où les émeutes raciales tenaillent toujours les Etats-Unis, ce petit livre oublié éclaire l’une des périodes les plus troublées de l’Amérique – celle qui, tenaillée par la question raciale, accompagne la recrudescence du Ku Klux Klan. Il éclaire aussi une pratique journalistique, celle du reportage, qui ne cède jamais au voyeurisme de la violence, d’un auteur et poète qui, par la suite, a obtenu le prix Pulitzer. Babelio

Vous avez dit deux poids deux mesures ?

A l’heure où sort enfin pour la première fois en France avec près d’un siècle de retard …

La traduction des fameuses chroniques de l’écrivain suédo-américain Carl Sandberg pour le Chicago news sur la première émeute noire de l’histoire américaine …

Les treize jours de terreur qui avant de s’étendre à des dizaines de villes dans tous les Etats-Unis (le tristement fameux « été rouge ») feront 23 victimes noires et 15 blanches sans compter les centaines de blessés et dévasteront des quartiers entiers suite à la noyade provoquée d’un jeune Noir au large d’une plage du lac Michigan réservée aux Blancs …

Sur fond de migration massive de noirs issus du sud (500 000 en quelques années), concurrence pour les emplois et le logement avec la classe ouvrière blanche d’origine, utilisation de briseurs de grève noirs, surpeuplement suite au doublement de la population noire en deux ans, plus grand activisme de soldats noirs revenus du front « pour préserver la démocratie », série d’attentats anarchistes et grèves massives suite à la Révolution bolchévique

Publication accompagnée comme il se doit des habituels couplets de nos chasseurs d’ambulances patentés sur « les brutalités policières et émeutes qui embrasent toujours aussi fréquemment le pays » et « viennent de rappeler »,  pour ceux qui « aiment se bercer d’illusions sur l’Amérique ‘post-raciale’, « la triste réalité de ce problème sans fin » …

Pendant que mis à part les groupes protégés, la moindre agression ou brutalité policière sont dénoncées comme racistes face à des suspects qui refusent souvent d’optempérer par les mêmes qui font et vivent confortablement de l’apologie de la violence à longueur de séries télé et de films …

Et qu’avec tant le référendum britannique que la candidature d’un Donald Trump le déni de réalité de nos belles âmes et de nos bons esprits et la véritable invasion migratoire qu’ils ont provoquée viennent de recevoir la réponse que l’on sait …

Qui se souvient …

Que la France « négrophile » qui allait célébrer, sur fond d’exposition coloniale et de zoos humains et à moitié nue dans sa ceinture de sauvageonne, l’égérie des cubistes

Ou les bas fonds si pittoresques du port de Marseille décrits comme un « petit Harlem » « de la citoyenneté et du vivre-ensemble » par  le « clochard céleste, journaliste militant, bourlingeur marxiste » Claude McKay …

Et qui ne trouvait pas, loin de ses anciens esclaves parqués discrètement dans ses DOMTOM (1, 6 million quand même: 14% vs. 500 000 pour les Etats-Unis: 4% et 4 millions pour le Brésil: 35% !) et entre deux massacres coloniaux (dans les deux sens), de mots assez durs déjà pour fustiger le « racisme américain » …

Ne comptait alors pas plus de 5.000 Noirs sur son territoire métropolitain ?

Et qui rappelle …

Les raisons pour lesquelles une France saignée 25 ans plus tard par une nouvelle guerre mondiale …

Avait décidé de « se priver » pour sa reconstruction de « la Force noire » de ses territoires d’outre-mer qui « venait de faire ses preuves sur le champ de bataille » …

A savoir, comme l’avait souligné le général de Gaulle lui-même, qu’il fallait « introduire au cours des prochaines années, avec méthode et intelligence, de bons éléments d’immigration dans la collectivité française » ?

Les émeutes raciales de Chicago, juillet 1919 publiées chez Anamosa
Mohamed
Addict-Culture
9 mai 2016

Les émeutes raciales de Chicago, juillet 1919, est le troisième livre de la toute nouvelle maison d’édition Anamosa. Il s’agit là de la première traduction française (effectuée par Morgane Saysana) des articles que Carl Sandburg a consacré à Chicago avant et après le Red Summer de 1919.

Dans cette série d’articles, Sandburg fait moins oeuvre de journalisme que de sociologie, comme l’indique Christophe Granger dans la préface :

“Il prend le parti de ne pas décrire sur le vif le détail saisissant des émeutes, et pas davantage de les rattacher, comme le font bon nombre de journaux d’alors, à d’obscures menées de bolchéviks poussant sourdement les Noirs à la révolte. Lui opère autrement. Il s’efforce de les rendre intelligibles, ces émeutes ; de soutirer à la cruauté de ce qui s’y joue quelque chose des conditions sociales qui les ont fait naître”

Et c’est ainsi que l’on déambule dans les rues de Chicago pour découvrir pas à pas la condition des Noirs Américains.

Depuis 1916 les États-Unis doivent faire face à la Grande Migration des Noirs du sud vers les grandes villes industrielles du nord. Ce mouvement est qualifié par Loic Wacquant comme “le plus important de l’Histoire contemporaine”. Ce dernier écrit par ailleurs :

“Ce transfert de population a alimenté la formation des grands ghettos urbains et la première poussée des revendications pour l’accès à la pleine citoyenneté des Américains de couleurs”.

Il ne dit rien d’autre que ce que Sandburg avait écrit un siècle plus tôt :

“Sous la pression de la crise démographique la plus grave qu’aucune race et aucune nationalité aient connue au sein d’un quartier de Chicago, la population du secteur déborde, ou plutôt est irrésistiblement expulsée, vers d’autres quartiers.”

et un peu plus loin :

“Quel avenir pour les gens de couleur ? La réponse qui revient le plus souvent et semble faire consensus est celle-ci : Nous avons fait l’ultime sacrifice ; ils n’ont pas eu besoin de nous contraindre ; nos états de service, tout comme Old Glory, le drapeau que nous aimons car il symbolise notre liberté, n’ont pas une seule tâche ; nous sortons des hostilités “blanc comme neige” ; à présent, nous souhaitons voir notre nation honorer la Constitution et la Déclaration d’indépendance.”

Chicago, tout comme d’autres villes du nord, représente pour les Noirs une terre promise loin des agressions raciales et semble aussi incarner une promesse d’emploi.

“De meilleurs emplois, le droit de voter et de voir son  vote comptabilisé lors du dépouillement, l’absence de ségrégation sur la voie publique et dans les transports, une moindre discrimination raciale, une attitude plus tolérante de la part des Blancs, l’égalité des droits en termes d’éducation : voilà quelques-unes des raisons qui attirent un flot continu de gens de couleurs fuyant le Sud.”

Carl Sandburg constate donc au fil de ses enquêtes que les villes du nord ne sont pas aussi tolérantes que les Noirs eux-mêmes auraient pu le croire. La ségrégation, même si elle n’est pas aussi démonstrative que dans les villes du sud, n’en n’est pas moins réelle et plus pernicieuse. A commencer dans l’immobilier, où l’accession à la propriété n’est pas chose aisée :

“Vous autres, vous n’êtes pas admis dans notre société. Personnellement je n’ai rien contre eux (…) mais, vous savez on prévoit de rénover les abords du lac, le réseau de chemins de fer de l’Illinois, et pour le reste ; on ne peut pas se permettre de laisser ces gens là s’installer ici. (…)Loin de nous l’idée de lancer des menaces, mais il faut faire quelque chose, nous tenons à le signaler”

Ce sont ici les mots du porte-parole des intérêts immobiliers.

Sur le marché de l’emploi, les Noirs ne sont pas mieux traités. La ville profite de cette arrivée massive de travailleurs pour remplacer ceux qui sont parti en Europe. Cependant ils n’ont d’autres choix que d’occuper les métiers pénibles que les Blancs refusent d’accomplir.

Donc, dès 1919, Carl Sandburg démontre la dimension tragique, à travers cet environnement social des grandes villes, Chicago en particulier, que les Noirs doivent affronter. Il montre que cette communauté cherche à s’implanter durablement dans une société qui ne les désire pas. Ils nous parle des ces personnes de couleurs qui réussissent, certes, mais aussi des marginaux, de ceux qui demeurent dans les pires conditions de vie et ceux qui s’adonnent aux activités criminelles.

Sandburg démontre aussi la responsabilité de la presse qui n’a de cesse de colporter des rumeurs sans réel fondement sur des agressions, alimentant ainsi la haine envers les Noirs :

“Les articles de presse sur ce qui se passe à Washington citent souvent comme cause des affrontements des agressions de femmes blanches par des soldats noirs. Si cette accusation grave et sordide est répétée jour après jour dans les dépêches qui inondent le pays, elle n’est pourtant fondée sur aucune de ces preuves, éléments de connaissance ou d’information nécessaires à tout tribunal ou toute personne sensée pour parvenir à un verdict ou se forger une opinion.”

Carl Sandburg aborde donc tous les aspects de la vie des afro-américains : de l’emploi en passant par la vie religieuse et associative. Il met l’accent sur une vie qui semble paisible mais qui repose sur un équilibre fragile. Autrement dit, si les Noirs restent à leur place… tout va bien. Il traite aussi les dangers de s’aventurer hors de la “black belt”, ce territoire aux frontières imaginaires et pourtant si bien défini dans la pensée des Blancs. Pour preuve, lorsque le jeune Eugène Williams se retrouve sur un bout de plage qui n’est pas celui qui revient aux Noirs, il est alors assassiné à coup de jets de pierres par la jeunesse blanche. L’équilibre factice est rompu. Toutes ces tensions inhérentes à cette société inégalitaire finissent par devenir de fortes émeutes qui ont pour résultats des centaines de victimes et d’immenses dégâts.

Le travail de Carl Sandburg est particulièrement éclairant sur une situation qui se répète encore de nos jours, non seulement aux États-Unis mais aussi dans d’autres parties du monde où l’étranger est mal ou peu considéré.

Lors d’une allocution devant la commission Kerner sur les émeutes raciales de 1968 à Chicago, le sociologue Kenneth Clark déclare :

“Je lis ce rapport sur les émeutes de Chicago en 1919 et c’est comme si je lisais le rapport de la commission d’enquête sur les désordres à Harlem en 1935, le rapport de la commission d’enquête sur ceux de 1943, le rapport de la commission McCone sur les émeutes de Watts. Je dois sincèrement vous dire, Membres de la commission, qu’on se croirait dans Alice au pays des merveilles, avec le même film qu’on nous repasse éternellement : même analyse, mêmes recommandations, même inaction»

Chicago, Washington, New York 1919, Harlem 1935, Harlem 1943, New York 1964, Philadelphie 1964, Watts 1965, Detroit 1967, Washington, Chicago, Baltimore 1968, Los Angeles 1992, Baltimore 2015.

Voilà donc depuis presque un siècle la ritournelle des soulèvements de la population Afro-Américaine et démontre que la question raciale est toujours présente aux Etats-Unis.

Lorsque Walter Lippman  rédige son introduction à propos du travail de Carl Sandburg il en arrive à la même conclusion :

“Les articles qui suivent reprennent ceux publiés dans les pages du Chicago Daily News, qui avait missionné l’auteur pour enquêter sur la situation trois semaines avant le début des émeutes. Publiée depuis deux semaines, la série arrivait au stade où un ensemble de recommandations constructives aurait été le bienvenu, lorsque les émeutes ont éclaté. Et comme toujours, tout le monde, ou presque, s’est davantage intéressé à la guerre qu’à ce qui l’avait provoquée.”

Carl Sandburg a accompli un travail d’enquête d’une grande justesse, dans un style précis étayé par les chiffres mais aussi une réflexion pleine d’humanisme.

Il parvient à “émouvoir non seulement pour susciter l’indignation, bien que cela soit nécessaire, mais aussi pour faire réfléchir”.

Voir aussi:

LES ÉMEUTES RACIALES DE CHICAGO JUILLET 1919 de Carl Sandburg / Editions Anamosa.
clete

Nyctalopes

juin 2, 2016

Traduction: Morgane Saysana.

Troisième publication de la toute nouvelle maison d’édition Anamosa spécialisée dans les sciences humaines « les émeutes raciales de Chicago » de 1919 est un bien bel ouvrage inédit puisque l’ensemble des textes de Carl Sandburg n’avait jamais été traduit en français.

Chicago, juillet 1919 : un jeune Noir se noie, terrorisé par des adolescents blancs qui commençaient à lui jeter des pierres, sur une plage partagée par une frontière raciale invisible. La police refuse d’intervenir, ouvrant la voie à plusieurs jours d’émeutes qui, dans la ville, laissent derrière eux 23 morts parmi les Noirs, 15 parmi les Blancs et des dizaines d’immeubles dévastés. Rapidement, durant ce  » Red Summer « , des dizaines de villes américaines connaissent à leur tour des émeutes raciales.

L’ouvrage qui se décline en plusieurs parties forme un beau livre où préface, texte proprement dit, puis cahier annexe de fin d’ouvrage avec cartes, photographies et mémorial des victimes offrent un panorama complet des tragiques événements de juillet 1919 à Chicago qui ne sont néanmoins qu’une petite partie des émeutes qui ont secoué et endeuillé le pays cet été là.

La partie centrale et majeure du livre est bien sûr l’écrit de Carl Sandburg qui décrit la condition des Afro-Américains à Chicago au sortir de la guerre. Ils arrivent en grand nombre en pensant que la vie au Nord sera moins difficile que dans le terrible Sud où ils ne sont que les descendants d’esclaves et où les droits minimum ne leur sont pas garantis sans compter l’accès au travail et à la même éducation que la population blanche. Cet afflux à Chicago et dans les grandes métropoles industrielles du Nord se fait sans aucune organisation des autorités qui se contrefoutent bien des conditions de vie des arrivants qui seront forcément mieux lotis dans l’ Illinois que dans le Mississipi ou autres états moyen-moyenâgeux où les lynchages sont monnaie courante. Carl Sandburg explique d’ailleurs que chaque cas de lynchage dans un état du sud est suivi d’arrivées massives en gare de Chicago dans les jours qui suivent.

Carl Sandburg va ainsi montrer les différents aspects de la vie sociale et économique de ces arrivants qui s’ils ne sont pas haïs et méprisés comme en dessous de la ligne Mason-Dixon sont néanmoins largement exploités dans leurs conditions de vie,de travail et dans leurs accès à la propriété ou à un logement décent. Cette partie du livre qui date de l’époque fera le bonheur, bien sûr, des historiens et des sociologues mais aussi de toutes les personnes intéressées par l’Amérique, ses maux, ses fractures et ses paradoxes.

Profane, je vais sûrement faire hurler les puristes mais la partie inoubliable, brillante, c’est l’introduction écrite en février 2016 par Christophe Granger historien, membre du centre d’Histoire sociale du XXème siècle qui réussit un formidable travail de didactique pour les béotiens comme moi en démarrant son propos intitulé « L’Amérique et le démon de la race » par cette phrase : « mais s’il faut le lire encore, si loin après sa parution initiale, c’est peut-être moins pour ce qu’il nous restitue de son époque que pour ce qu’il nous dit de la nôtre ».Un siècle plus tard, on ne compte plus les émeutes raciales qui ont ensanglanté l’histoire des USA avec toujours les mêmes raisons, la ghettoïsation, les différences économiques entre les groupes, le laxisme des autorités, les inégalités sociales, la volonté universelle de médiocres d’écraser pour montrer qu’ils existent.

Si Sandburg, dans cette compilation d’articles qu’il avait écrits pour le Chicago Daily News à l’époque, explique, démontre les conditions qui ont permis l’horreur, Granger, lui, tout en nous apprenant à apprendre de l’Histoire montre les événements avec le recul de l’Historien et donne ainsi des clés indispensables à la compréhension des écrits de Sandburg et du déroulement des jours d’effroi.

On pourrait se dire que ce n’est qu’un phénomène ricain et pourtant l’universalité des maux saute aux yeux.

« Tant que nous n’aurons pas appris à loger tout le monde, à employer tout le monde à un salaire décent et avec un statut professionnel valorisant, à garantir à chacun ses libertés civiles et lui prodiguer une éducation et des divertissements dignes de ce nom, tout ce que nous pourrons dire au sujet du « problème racial » ne restera qu’une sinistre mythologie. »Walter Lippmann août 1919.

Très belle initiative des éditions Anamosa, ouvrage essentiel.

Voir également:

Les émeutes de Chicago en 1919
Zones subversives

3 Juillet 2016

En 1919, des émeutes raciales éclatent à Chicago. Mais les Noirs se révoltent surtout contre leurs conditions de vie. Cet épisode historique fait écho à la situation actuelle.

Les émeutes de Ferguson et de Baltimore s’inscrivent dans une histoire longue. Celle de la révolte des ghettos noirs des Etats-Unis. Le journaliste Carl Sandburg analyse Les émeutes raciales de Chicago de juillet 1919. Ce texte réédité décrit une situation qui n’a pas changé : misère, ségrégation, violence et injustice sociale. Carl Sandburg ne se contente pas de décrire, il analyse les émeutes et leurs causes sociales.

L’historien Christophe Granger présente le contexte d’un récit qui conserve toute son actualité. Durant le « Red Summer », les agressions racistes se multiplient. Des jeunes Blancs attaquent aveuglement des passants noirs. Les émeutes de Chicago sont déclenchées par la noyade d’un jeune Noir agressé par des Blancs. Le policier présent ne réagit pas. Dans les jours qui viennent, les affrontements se multiplient. Les Blancs et les Noirs se battent, avec des morts de chaque côté. L’émeute prend l’allure d’une « guerre raciale ».

Ce Red Summer s’inscrit dans une histoire longue des violences raciales. Les Etats du Sud ont longtemps pratiqué l’esclavage. Des émeutes raciales éclatent pendant la guerre de Sécession. Dans les années 1870, cette violence raciale participe au maintien de la ségrégation et des rapports sociaux. Ces agressions visent à faire fuir les élites noires.

Dans les années 1910, Chicago devient le centre de la « question raciale ». Cette métropole accueille les familles noires qui fuient les Etats ségrégationnistes du Sud. Mais la « terre promise » devient le ghetto noir de Chicago. La misère, des logements dégradés et des mauvaises conditions de travail installent les Noirs dans une marginalité. Ils intériorisent une infériorité par rapport aux Blancs.

Racisme et exploitation

Au début du XXe siècle, la population noire fuit les Etats du Sud avec leur racisme et leur passé esclavagiste. Les gens de couleurs se réfugient dans les grandes villes du Nord comme Chicago. Ils fuient la misère et le racisme. « Pour beaucoup de ceux qui ont gagné le Nord, la promesse d’un salaire et d’un emploi vient après le désir de fuir les lynchages », décrit Carl Sandburg. Les population noire espère trouver davantage d’égalité et d’opportunités dans les villes du Nord.

Les populations noires ont des difficultés d’accès au logement. Leur arrivée massive peut influencer le prix de l’immobilier. Les propriétaires rénovent les logements pour augmenter les prix. Inversement, l’arrivée massive d’une population noire peut contribuer à la diminution des loyers dans un quartier. Les agents immobiliers peuvent alors s’opposer à la présence des Noirs. Ils instrumentalisent l’antagonisme racial à des fins commerciales.

Les personnes de couleur doivent se contenter d’accepter les emplois les moins qualifiés et rémunérés. Les postes à pourvoir se situent dans les fonderies, les aciéries, le bâtiment et les usines qui demandent en permanence des travailleurs peu qualifiés. Les travailleurs immigrés issus des pays européens aspirent à revenir dans leur pays d’origine pour retrouver leur famille. Pour reconstituer la main d’œuvre à exploiter, le patronat doit désormais puiser dans la population noire. « L’essentiel de ce qu’on considère comme une question raciale est au fond un problème de main d’œuvre », analyse Carl Sandburg. L’accès au marché de l’emploi et l’égalité salariale pour les travailleurs noirs se situent au cœur de la « question raciale ».

Les écrits des personnes de couleur insistent sur l’importance de l’égalité économique pour régler le problème racial. Les gens de couleur insistent sur l’accès à l’emploi et à un revenu décent. « Ils tiennent en horreur la ségrégation dans les transports issue des lois Jim Crow, mais aussi les lynchages et tous les actes de discrimination raciale, parce que derrière cela, ils savent bien que, même dans le Nord, hommes et femmes de couleur ont peu de chances d’obtenir des emplois qualifiés, et même non qualifiés », observe Carl Sandburg.

Race et inégalités sociales

Les femmes de couleur travaillent surtout dans l’industrie manufacturière. « Les chapeaux de poupée, les abat-jour, la mercerie : voilà trois branches de l’industrie manufacturière où la main d’œuvre de couleur s’est introduite dans les usines et s’est aussi mise à travailler à domicile », décrit Carl Sandburg. Les hôtels et les restaurants embauchent également des aides de cuisine, des serveuses et des femmes de ménage. L’industrie de la viande emploie aussi des travailleuses de couleur. Les femmes noires doivent souvent se contenter des travaux mécanisés ou manuels. « Les ouvrières de couleur interviennent aux étapes de fabrication que les femmes blanches refusent d’effectuer », commente un observateur du monde industriel. Les femmes de couleur effectuent les tâches les plus ingrates et les moins bien rémunérées.

Les propriétaires des logements augmentent les loyers lorsque leurs locataires sont noirs. Quelles que soient les causes économiques, « le Nègre à Chicago, moins bien payé que les travailleurs blancs et plus limité dans les emplois qui s’offrent à lui, paie un loyer relativement plus élevé », indique une enquête sur le logement. Des travailleurs noirs s’organisent dans des syndicats et luttent pour l’égalité économique. « Leur hypothèse est que, une fois l’égalité des races admise sur le plan économique, elle s’imposera ensuite sans difficultés aux plans social, immobilier, dans les transports, le logement et l’éducation », souligne Carl Sandburg.

Ce livre montre bien les causes sociales de la révolte. Ces émeutes ne s’expliquent donc pas par une dimension raciale. « On le voit : invoquer la « race » pour expliquer les émeutes de Chicago, et toutes celles qui leur ressemble, c’est prendre l’effet pour la cause », analyse Christophe Granger. Une racialisation des relations sociales s’impose. C’est la façon « dont les différences raciales, loin de relever de vérités biologiques ou naturelles, ont été érigées en principe légitime d’organisation, de description et de classification des faits sociaux », observe Christophe Granger.

La race est devenue un problème pour mieux occulter les inégalités sociales. Une enquête sociologique montre au contraire les causes sociales et politiques des émeutes. Le maire de Chicago, lié à la mafia, a mis en place un véritable système clientéliste pour attribuer les logements et les emplois. Ces émeutes s’expliquent également par les gangs de jeunes blancs qui saisissent l’occasion pour se déchaîner. Mais la dimension ouvertement raciste n’est pas évidente.

Révolte sociale contre racialisation

La description de Carl Sandburg tranche avec le bavardage postmoderne des racialisateurs qui dominent désormais l’extrême gauche. Toute une mouvance sous-gauchiste, incarnée par le Parti des Indigènes de la République (PIR), insiste sur une vision raciale de la société à travers une idéologie identitaire. L’esclavage et le colonialisme suffisent alors à expliquer la situation des quartiers populaires. Les « racisés » sont simplement les victimes de représentations postcoloniales. Mais, dans le monde réel, ce sont les inégalités sociales qui expliquent les émeutes dans les quartiers populaires.

Le PIR et ses amis gauchistes gomment les clivages sociaux et les rapports de classe pour ne voir que des différences entre les races. Le PIR comprend surtout une petite bourgeoisie intellectuelle qui a trouvé un créneau pour obtenir des postes de pouvoir et de reconnaissance dans les partis de gauche. Ils n’évoquent jamais les problèmes concrets des quartiers populaires comme la précarité ou le mal-logement. Ils préfèrent pérorer sur une affirmation identitaire. Mais la véritable révolte reste toujours sociale.

L’approche identitaire du PIR ne débouche logiquement vers aucune lutte sociale. Ils proposent uniquement une Marche de la dignité pour affirmer un statut de « racisé ». La posture postmoderne consiste surtout à pleurnicher sur son sort et à cumuler les oppressions pour organiser un colloque sur l’intersectionalité. En revanche, il existe aussi de véritables révoltes comme à Ferguson ou à Baltimore, mais aussi en région parisienne en 2005. Les analyses de Carl Sandburg peuvent s’appliquer également à ces émeutes récentes. La misère, la précarité, le mépris des institutions, le mal-logement, la ségrégation sociale expliquent la colère.

Les émeutes et les révoltes ne relèvent pas uniquement de l’évènement ponctuel voué à l’oubli. « Elles sont au contraire l’arête vive d’un monde d’inégalités, de misère et de violences savamment organisé. Elles sont le produit et le symptôme de ce contre quoi elles se lèvent », analyse Christophe Granger. Des mouvements de révolte spontanée vont éclater à nouveau. Mais cette contestation doit embraser l’ensemble des classes populaires. Les races servent aussi à diviser les prolétaires qui ont pourtant le même intérêt à abattre la société marchande. Une solidarité de classe, au-delà des races, se construit dans les révoltes sociales.

Source : Carl Sandburg, Les émeutes raciales de Chicago. Juillet 1919, traduit par Morgane Saysana, Anamosa, 2016

Voir encore:

Trois romans et quelques centaines de poèmes seulement auront suffi à Claude McKay, écrivain noir américain d’origine jamaïquaine, pour devenir l’une des figures de proue du mouvement Harlem Renaissance, qui dans l’entre-deux-guerres amorça l’émancipation culturelle et politique de la communauté afro-américaine et influença le courant de la négritude d’Aimé Césaire et de Léopold Sédar Senghor.

Dans ce bouillonnement créatif, le jazz, l’art, la photographie, la mode et, bien sûr, la littérature furent plus que des expressions privilégiées pour raconter les multiples vies de l’homme noir, de véritables armes au service de la reconquête d’une identité. Celle de Claude McKay est multiple, clochard céleste, journaliste militant, bourlingeur marxiste – il résida en URSS dans les années 30, où il rencontra Trotski lors de la 4e Internationale communiste -, chroniqueur de la rue. C’est de tout cela qu’est fait son verbe vagabond. Celui de Home To Harlem, qui lui vaut, en 1928, le Harmon Gold Award Of Literature, et celui de Banjo, en 1929, où il dépeint le Marseille cosmopolite où il vécut.

Banjo – du surnom de son héros, un docker noir qui, dans les bas-fonds de la cité phocéenne, s’évertue à monter un groupe de jazz -, croque un Marseille qui n’existe plus, un quartier interlope, la Fosse, situé entre le Vieux-Port et la Joliette, que l’occupant nazi rasera en 1943 pour purifier le « cloaque » du « chancre de l’Europe ». Car ce quartier réservé, à l’image du French Quarter de La Nouvelle-Orléans, est depuis 1865 le lieu de tous les plaisirs, de tous les dangers et de l’amarrage, dans les années 20, de cette « infernale musique noire qui rythme tous les bruits », comme l’écrira le romancier marseillais André Suarès. « Bars à passe en toile de fond, cafés de quartier qui émettent le son d’un « fox-trot populaire » provenant de pianos mécaniques çà et là dans « Boody Lane » qui semble proclamer au monde entier que la chose la plus merveilleuse était le bordel. […] Oh, Shake That Think, Jelly r-o-o-o-o-oll ! Tem, tem, ti-toum, tim-ti-tim, toum, tem… »

Claude McKay n’a pas son pareil pour dire la bouillonnante ville-monde, ce « petit Harlem », où vivent, aiment et meurent voyous provençaux, bandits corses et italiens, dockers africains, marins, filles de joie et artistes du monde entier. Son écriture visionnaire, chaloupée et enivrante, construite, avec ses solos, comme un air de jazz, assène, près de quatre-vingt-dix ans plus tard, des questionnements toujours actuels. Ceux de la citoyenneté et du vivre-ensemble. Sa lecture ne s’en révèle que plus indispensable.

Banjo, de Claude McKay, L’Olivier, 380 p., 14,90 €.

Voir de plus:

Etats-Unis : deux Afro-Américains tués par la police en deux jours
Euronews

07/07/16

Les tensions raciales sont une fois encore exacerbées aux Etats-Unis après de nouvelles bavures policières. Deux jours seulement après le drame survenu en Louisiane, un autre Afro-Américain a été tué par la police dans le Minesota. Arrêté après avoir passé un feu rouge, Philando Castile, un homme de 32 ans a été abattu dans sa voiture. Selon sa compagne, qui a commencé à filmer avec son téléphone portable juste après le tir, le conducteur venait d’avertir l’agent qu’il détenait une arme avec licence et cherchait ses papiers.

Dans la ville de Bâton-Rouge, en Louisiane, l‘émotion et l’indignation sont tout aussi fortes. C’est sur le parking d’un centre commercial qu’un vendeur à la sauvette afro-américain a été abattu de plusieurs balles par des policiers. Des dizaines de personnes ont manifesté pour réclamer justice.

“Nous allons prier pour la paix, pour l’unité. Mais je veux que vous sachiez que cela ne s’arrêtera pas là, leur a promis Denise Marcelle, une élue de la chambre des Représentants. Nous voulons que justice soit faite, nous voulons de la transparence. Je n’arrêterai pas jusqu‘à ce que je découvre ce qui s’est passé, et les responsables seront poursuivis.”

Sans attendre une enquête locale, le département américain de la Justice a ouvert une enquête à l‘échelle fédérale pour déterminer les responsabilités des deux policiers, qui ont été suspendus.

Les forces de l’ordre avaient été alertées par un appel indiquant qu’un homme brandissait une arme sur le parking. Interpellé et plaqué au sol, Alton Sterling, un vendeur ambulant de 37 ans, a tenté de résister et a été tué à bout portant.

Dans la vidéo-amateur, on entend l’un des policiers s‘écrier “il est armé !” avant que son collègue n’abatte l’homme de plusieurs coups de feu.

Voir de plus:

Un réfugié nigérian battu à mort en Italie lors d’une agression raciste
Europe 1

07 juillet 2016

Emmanuel Chidi, 36 ans, a été pris à partie et battu à mort à Formi par un supporter « ultra » du club de football local.
Un réfugié nigérian, âgé de 36 ans, a été battu à mort lors d’une agression racisteà Fermo dans le centre de l’Italie, a indiqué mercredi le maire de la ville Paolo Calcinaro.

Le maire effondré. « En tant que maire d’une ville accueillante et ouverte depuis toujours à l’intégration, j’ai l’impression de plonger dans un cauchemar », a déclaré le maire peu après l’annonce de la mort de ce jeune réfugié, Emmanuel Chidi. Ce dernier se promenait mardi dans le centre de cette petite ville des Marches, accompagné de sa fiancée âgée de 24 ans, lorsqu’il a été violemment pris à partie par un homme identifié comme un supporter « ultra » de l’équipe de football local, selon l’agence italienne Agi.

Frappé à la tête. Insulté par des propos racistes, lui et sa jeune compagne, il a répondu verbalement à ces provocations, avant d’être frappé à la tête par cet homme dont l’identité n’a pas été révélée. Ce dernier a continué à le frapper alors que le jeune Nigérian se trouvait à terre. Hospitalisé dans un état grave, ce dernier est mort mercredi sans avoir repris connaissance.

Soutenu par une ONG catholique. Emmanuel Chidi et sa compagne se trouvaient à Fermo depuis huit mois, accueillis dans un centre de réfugiés de la Caritas, ONG catholique. Ils avaient fuit leur pays et la jeune femme avait perdu son bébé juste après une difficile traversée de la Méditerranée. Des centaines de réfugiés arrivent presque chaque jour sur les côtes italiennes, dont de nombreux Nigérians.

Sur le même sujet :
Royaume-Uni : les incidents racistes en hausse depuis le référundum
Insultes racistes dans un tram de Manchester, la vidéo qui choque l’Angleterre

Voir enfin:

La France après la guerre

La politique de la France en matière de naturalisation

L’abrogation des lois de Vichy suscite de nombreuses polémiques sur la conception des textes à adopter, sur les critères de leur mise en œuvre et sur la détermination des autorités compétentes. Dans les débats sur la politique d’immigration et de naturalisation, l’approche ethnique reste souvent présente et s’oppose aux conceptions égalitaires.

La loi qui avait permis de déchoir de la nationalité les résistants (dont de Gaulle…) est abrogée dès avril 1943 par la France Libre, et les personnes déchues sont réintégrées. L’abrogation de la loi de dénaturalisation provoque davantage de controverses. Le ministre de la Justice de la France Libre, de Menthon, considère en 1943 que l’annulation des dénaturalisations « pourrait dans certains cas présenter les plus sérieux inconvénients… Les naturalisations trop nombreuses, dans les années qui ont immédiatement précédé la guerre, d’éléments israélites douteux, ont donné prétexte à un antisémitisme qui peut poser au jour du retour un certain problème. Ce ne serait pas y parer par avance que d’annuler a priori toutes les mesures de retrait qui sont intervenues. »

Le Comité juridique de la France Libre adopte début 1944 un texte qui contredit ce point de vue et propose l’abrogation pure et simple des textes de Vichy. Les allers-retours entre les structures débouchent finalement sur un texte le 24 mai 1944 qui va dans le sens du Comité juridique et tous les dossiers de dénaturalisation sont réexaminés.

Les points de vue sur les nouvelles naturalisations sont encore plus contradictoires. Les dossiers s’accumulent (200 000 en 1944) dans les préfectures et le Garde des Sceaux demande leur remontée au ministère. Une Commission interministérielle est créée le 17 mars 1945 pour dégager les principes à adopter.

Se mêlent les débats sur les naturalisations et sur l’immigration. De Gaulle déclare en 1945 que « Le manque d’hommes et la faiblesse de la natalité française sont la cause profonde de nos malheurs… et l’obstacle principal qui s’oppose à notre redressement. » Il trace un grand plan afin « d’appeler à la vie les douze millions de beaux bébés qu’il faut à la France en dix ans … et d’introduire au cours des prochaines années, avec méthode et intelligence, de bons éléments d’immigration dans la collectivité française. » Un Haut Comité consultatif de la population et de la famille est créé en avril 1945. Il est dirigé par Mauco, qui s’est distingué avant et surtout pendant la guerre par ses points de vue racistes et antisémites. Aux principes égalitaires de la politique de l’immigration de la Troisième République, il oppose la nécessité d’un objectif de protection ethnique. Il collabore à L’Ethnie française jusqu’en 1943, où il publie en 1942 un article hallucinant sur les caractéristiques ethniques des Russes, des Arméniens et des Juifs – qui les rendent bien sûr inassimilables1 –, avant de rejoindre les FFI au début de 1944. Il est désormais chargé de mettre en place la nouvelle politique de l’immigration. Il utilise des études anthropologiques pour déterminer l’assimilabilité et donc la sélection des immigrés selon leur origine. Il conclut que puisqu’il est impossible de mener avec certitude une politique d’immigration totalement objective, « la position la plus sûre et qui doit permettre d’écarter tout risque de modifier profondément la population française et tout déboire du point de vue culturel, est certainement celle qui consiste à rechercher des immigrants dont le type ethnique est déjà présent dans la mosaïque française », c’est-à-dire celle de 1881-1891, considérée comme équilibrée ! Le Haut Comité décide que l’entrée des immigrés se fera selon un ordre de « désirabilité » déterminé, selon les nationalités, et des pourcentages sont fixés pour chacune d’entre elles. Les réfugiés politiques et les fugitifs sont considérés comme suspects.

En matière de naturalisation, il prône les mêmes principes. Le bureau du Sceau naturalise en priorité les résistants et les combattants de la France Libre. Mauco envoie une note pour souligner que cela conduit à naturaliser une proportion considérable de Méditerranéens, Arméniens et Israélites russes ou polonais. Il faut au contraire une politique d’ensemble qui privilégie les Nordiques, les travailleurs agricoles et les mineurs. De Gaulle tranche en faveur d’une politique d’ensemble et s’adresse en juin 1945 au nouveau garde des sceaux, Teitgen, « pour que les naturalisations soient effectuées selon une directive d’ensemble. Il conviendrait notamment de ne plus les faire dépendre exclusivement de l’étude de cas particuliers, mais de subordonner le choix des individus aux intérêts nationaux dans les domaines ethnique, démographique, professionnel et géographique. »

Lettre adressée par le Général de Gaulle à Pierre-Henri Teitgen,
garde des Sceaux, le 12 juin 1945

Le Haut Comité consultatif de la Population et de la Famille étudie actuellement des projets qui constitueront son avis en ce qui concerne la politique du Gouvernement en matière d’immigration.
Dès à présent il importe que les naturalisations soient effectuées selon une directive d’ensemble. Il conviendrait notamment de ne plus les faire dépendre exclusivement de l’étude des cas particuliers, mais de subordonner le choix des individus aux intérêts nationaux dans les domaines ethnique, démographique, professionnel et géographique.

a) Sur le plan ethnique, limiter l’afflux des Méditerranéens et des Orientaux qui depuis un demi-siècle ont profondément modifié la structure humaine de la France. Sans aller jusqu’à utiliser comme aux États-Unis [qui ont connu les mêmes préoccupations]* un système rigide de quotas, il est souhaitable que la priorité soit accordée aux naturalisations nordiques (Belges, Luxembourgeois, Hollandais, Suisses, Danois, Scandinaves, Islandais, Anglais, Allemands, etc.). [Si on se réfère à la composition de la population étrangère aux recensements de 1881-1891, où les sources d’émigration s’équilibraient]. Étant donné le grand nombre de dossiers actuellement en instance dans les préfectures, on pourrait envisager une proportion de 50 % de ces éléments.

b) Sur le plan professionnel, la France a surtout besoin de travailleurs directement producteurs : agriculteurs, mineurs, ouvriers du bâtiment, etc. D’autre part, pour conserver au pays son pouvoir d’assimilation, il est souhaitable que les professions libérales, commerciales, banquières, etc. ne soient pas trop largement ouvertes aux étrangers. C’est dans la mesure où les étrangers peuvent se donner en France des cadres intellectuels et économiques – même naturalisés – qu’ils conservent davantage leur particularisme. Il y a intérêt à limiter les naturalisations dans ces professions, et d’une manière plus générale, dans les professions urbaines.

c) Sur le plan démographique, il importe de naturaliser des individus jeunes ou ayant des enfants.
[Il n’est pas souhaitable d’accorder la nationalité française à des individus de plus de 70 ans.]

d) Sur le plan géographique, limiter [très] strictement les naturalisations dans les villes, spécialement à Paris, Marseille, Lyon, où l’afflux des étrangers n’est pas désirable pour de multiples raisons. Par contre, les naturalisations doivent être suscitées et multipliées en province et spécialement dans les milieux ruraux.
Je vous prie de vouloir bien donner des instructions aux préfectures pour que l’étude et l’envoi des dossiers s’inspirent de ces directives et pour que soient suscitées au besoin les naturalisations désirables.

Ch. de Gaulle

* Sont barrés entre crochets les passages du projet de Mauco qui n’ont pas été repris dans la lettre de Charles de Gaulle.

La Commission interministérielle fixe à 45 000 le nombre de naturalisations, soit 130 000 acquisitions de nationalité en incluant les procédures automatiques ou déclaratives. Cela correspond au nombre de nouveaux immigrés, de sorte que la proportion Français/étrangers reste identique… Elle tente de dégager les principes d’attribution. Chaque ministère pondère différemment les critères de situation de famille, de profession ou de nationalité d’origine. Finalement, les instructions publiques données aux préfectures fixent une priorité pour :

  • Les anciens combattants de 1939-45 et ceux qui ont joué un rôle dans la résistance.
  • Les parents de trois enfants et étrangers et âgés de moins de 25 ans aptes au service militaire.
  • Les parents de deux enfants et étrangers et âgés de 25 à 30 ans aptes au service militaire.

Un critère complémentaire de nationalité d’origine est ajouté.

Une circulaire du Haut Comité demande au ministère de la Justice d’accélérer les naturalisations particulièrement désirables et utiles : éléments nordiques, travailleurs directement productifs, en limitant l’étude des candidatures moins désirables : professions commerciales, libérales, artisanales, urbaines, en particulier des grandes villes.
Circulaires, instructions, notes et réponses traduisent la poursuite des débats entre Mauco, du Haut Comité, et Teitgen, du ministère de la Justice.

Un nouveau code de la nationalité est élaboré en 1945 et remplace celui de 1927. Très détaillé, il reflète les préoccupations démographiques et la volonté de renforcer le contrôle préalable de l’Etat sur les acquisitions de nationalité. Le délai de résidence est porté de trois à cinq ans (sauf exceptions), et quatre critères de recevabilité s’ajoutent : résidence effective, moralité, assimilation et bon état de santé. La gestion des naturalisations est retirée au ministère de la Justice et attribuée au ministère de la Population, créé en décembre 1945.

À cette date, il y a :
200 000 dossiers de naturalisations en instance
500 000 dossiers de déclaration en instance
90 000 dossiers à instruire annuellement
36 000 consultations juridiques
30 000 changements de noms
plus les interventions des cabinets, des parlementaires, etc.

Le rythme des naturalisations s’accélère considérablement : 17 351 en 1946, 83 317 en 1947, année-record, 58 823 en 1948. Le total des acquisitions de la nationalité française atteint 38 869 en 1946, 111 736 en 1947, 70 925 en 1948. Priorité absolue est donnée aux résistants, aux mineurs polonais, puis aux travailleurs agricoles. Mais l’impératif démographique conduit à des naturalisations massives. Les dossiers sont traités par les préfectures, puis transmis au ministère de la Population qui les traite selon l’ordre de priorité établi par le Haut Comité. D’abord ceux des ouvriers mineurs, des combattants et des familles de trois enfants, puis les autres selon l’âge, la situation familiale et professionnelle. En 1947, le taux de décision positive s’élève à 93,3 %. Cette même année, les industriels, commerçants et ouvriers de la petite industrie représentent 42,2 % du total des hommes naturalisés, les agriculteurs et ouvriers agricoles 17,2 %, les mineurs 9 %.

Le rythme se ralentit à partir de 1947-48. Au début des années cinquante, la Guerre froide et la réintégration du critère ethnique (favoriser les ressortissants d’Europe septentrionale) conduisent à faire chuter le taux de décision positive : 80 % en 1950-51 ; 63,5 % en 1952-53-54. À partir de 1953 cependant, de nouvelles directives plus libérales (abandon du critère de l’origine nationale) sont données et le taux d’acceptation remonte.

Les documents sur la naturalisation de Mendel et Mirla Milewski sont visibles dans la section documents.

Sources :
La France et ses étrangers. L’aventure d’une politique de l’immigration de 1938 à nos jours, Patrick Weil, Folio actuel, 1995.
Qu’est-ce qu’un Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution, Patrick Weil, Grasset, 2002.

1. Voir Patrick Weil, Qu’est-ce qu’un Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution, Grasset, 2002

Voir par ailleurs:

The 1919 race riots

Ken Armstrong

The Chicago Tribune

They were separated by a line unseen and a law unwritten: The 29th Street beach was for whites, the 25th Street beach for blacks. An invisible boundary stretched from the sand into Lake Michigan, parting the races like Moses’ staff parted the Red Sea. On this stifling hot summer Sunday, Eugene Williams, a black teenager, drifted south of that line while swimming with friends. Whites picked up rocks and let fly. Some accounts say Williams was hit on the head and went under. Others say he became tired and was too afraid to come ashore. Either way, he drowned, touching off the deadliest episode of racial violence in Chicago history.

For five days it raged, mostly on the South Side. White mobs attacked isolated blacks. Blacks attacked isolated whites. John Mills, a black Stockyards worker, was riding home when a mob stopped his streetcar and beat him to death. Casmero Lazeroni, a white peddler, was pulled from his horse-drawn wagon and stabbed to death. Thirty-eight people died–23 blacks and 15 whites. By the time the National Guard and a rainstorm brought the riots to an end, more than 500 people had been injured, wounded blacks outnumbering whites by a ratio of about 2-1.Several factors had heightened tension between the races. Drawn by the promise of employment and dignity, Chicago’s black population more than doubled from 1916 to 1918. Blacks had balked at joining white-controlled unions, and in the face of violence, black leaders had begun preaching self-defense instead of self-control. But, most important of all, housing in the city’s narrow « Black Belt, » which stretched south of the Loop, had not kept pace. When blacks began moving into white neighborhoods, whites responded violently, bombing 26 homes in the two years preceding the riot.

One of the riot’s great mysteries is whether the city’s future boss of bosses, Richard J. Daley, participated in the violence. At the time, Daley belonged to the Hamburgs, a Bridgeport neighborhood club whose members figured prominently in the fighting. In later years, Daley repeatedly was asked what he did during the riots. He always refused to answer.

Voir aussi:

“Chicago and Its Eight Reasons”: Walter White Considers the Causes of the 1919 Chicago Race Riot

History matters

As U.S. soldiers returned from Europe in the aftermath of World War I, scarce housing and jobs heightened racial and class antagonisms across urban America. African-American soldiers, in particular, came home from the war expecting to enjoy the full rights of citizenship that they had fought to defend overseas. In the spring and summer of 1919, murderous race riots erupted in 22 American cities and towns. Chicago experienced the most severe of these riots. The Crisis, published by the NAACP, responded to the Chicago race riot with a major article in October 1919, “Chicago and Its Eight Reasons.” Author Walter White, then assistant executive secretary of the NAACP, described eight causes of the riot and concluded that tensions had increased in the city partially in response to the influx of African Americans. Though sympathetic to the new migrants’ plight, White’s article criticized both African-American newcomers to Chicago and the city’s black politicians. White also concluded, approvingly, that some black citizens, with a newfound spirit of independence, chose to retaliate against the pervasive attacks by white Chicagoans rather than remain passive victims. In this October 1919 article in the Crisis, the NAACP national magazine, the organization’s assistant executive secretary, Walter White, asserts that the black population had been made the scapegoat in the wake of the violence. He lists eight causes for the riot, with “race prejudice” being the foremost.

Many causes have been assigned for the three days of race rioting, from July 27 to 30 in Chicago, each touching some particular phase of the general condition that led up to the outbreak. Labor union officials attribute it to the action of the packers, while the packers are equally sure that the unions themselves are directly responsible. The city administration feels that the riots were brought on to discredit the [William Hale] Thompson forces, while leaders of the anti-Thompson forces, prominent among them being State’s Attorney Maclay Hoyne, are sure that the administration is directly responsible. In this manner charges and counter-charges are made, but, as is usually the case, the Negro is made to bear the brunt of it all—to be “the scapegoat.” A background of strained race relations brought to a head more rapidly through political corruption, economic competition and clashes due to the overflow of the greatly increased colored population into sections outside of the so-called “Black Belt,” embracing the Second and Third Wards, all of these contributed, aided by magnifying of Negro crime by newspapers, to the formation of a situation where only a spark was needed to ignite the flames of racial antagonism. That spark was contributed by a white youth when he knocked a colored lad off a raft at the 29th Street bathing beach and the colored boy was drowned.

Four weeks spent in studying the situation in Chicago, immediately following the outbreaks, seem to show at least eight general causes for the riots, and the same conditions, to a greater or less degree, can be found in almost every large city with an appreciable Negro population. These causes, taken after a careful study in order of their prominence, are:

1. Race Prejudice.

2. Economic Competition.

3. Political Corruption and Exploitation of Negro Voters.

4. Police Inefficiency.

5. Newspaper Lies about Negro Crime

6. Unpunished Crimes Against Negroes.

7. Housing.

8. Reaction of Whites and Negroes from War.

Some of these can be grouped under the same headings, but due to the prominence of each they are listed as separate causes.

Prior to 1915, Chicago had been famous for its remarkably fair attitude toward colored citizens. Since that time, when the migratory movement from the South assumed large proportions, the situation has steadily grown more and more tense. This was due in part to the introduction of many Negroes who were unfamiliar with city ways and could not, naturally, adapt themselves immediately to their new environment. Outside of a few sporadic attempts, little was done to teach them the rudimentary principles of sanitation, of conduct or of their new status as citizens under a system different from that in the South. During their period of absorption into the new life, their care-free, at times irresponsible and sometimes even boisterous, conduct caused complications difficult to adjust. But equally important, though seldom considered, is the fact that many Southern whites have also come into the North, many of them to Chicago, drawn by the same economic advantages that attracted the colored workman. The exact figure is unknown, but it is estimated by men who should know that fully 20,000 of them are in Chicago. These have spread the virus of race hatred and evidences of it can be seen in Chicago on every hand. This same cause underlies each of the other seven causes.

With regard to economic competition, the age-long dispute between capital and labor enters. Large numbers of Negroes were brought from the South by the packers and there is little doubt that this was done in part so that the Negro might be used as a club over the heads of the unions. John Fitzpatrick and Ed Nockels, president and secretary, respectively, of the Chicago Federation of Labor, and William Buck, editor of the New Majority, a labor organ, openly charge that the packers subsidized colored ministers, politicians and Y. M. C. A. secretaries to prevent the colored workmen at the stockyards from entering the unions. On the other hand, the Negro workman is not at all sure as to the sincerity of the unions themselves. The Negro in Chicago yet remembers the waiters’ strike some years ago, when colored union workers walked out at the command of the unions and when the strike was settled, the unions did not insist that Negro waiters be given their jobs back along with whites, and, as a result, colored men have never been able to get back into some of the hotels even to the present day. The Negro is between “the devil and the deep blue sea.” He feels that if he goes into the unions, he will lose the friendship of the employers. He knows that if he does not, he is going to be met with the bitter antagonism of the unions. With the exception of statements made by organizers, who cannot be held to accountability because of their minor official connection, no statements have been made by the local union leaders, outside of high sounding, but meaningless, protestations of friendship for the Negro worker. He feels that he has been given promises too long already. In fact, he is “fed up” on them. What he wants are binding statements and guarantees that cannot be broken at will.

With the possible exception of Philadelphia, there is probably no city in America with more of political trickery, chicanery and exploitation than Chicago. Against the united and bitter opposition of every daily newspaper in Chicago, William Hale Thompson was elected again as mayor, due, as was claimed, to the Negro and German vote. While it is not possible to state that the anti-Thompson element deliberately brought on the riots, yet it is safe to say that they were not averse to its coming. The possibility of such a clash was seen many months before it actually occurred, yet no steps were taken to prevent it. The purpose of this was to secure a two-fold result. First, it would alienate the Negro set from Thompson through a belief that was expected to grow among the colored vote when it was seen that the police force under the direction of the mayor was unable or unwilling to protect the colored people from assault by mobs. Secondly, it would discourage the Negroes from registering and voting and thus eliminate the powerful Negro vote in Chicago. Whether or not this results remains to be seen. In talking with a prominent colored citizen of Chicago, asking why the Negroes supported Thompson so unitedly, his very significant reply was:

“The Negro in Chicago, as in every other part of America, is fighting for the fundamental rights of citizenship. If a candidate for office is wrong on every other public question except this, the Negroes are going to vote for that man, for that is their only way of securing the things they want and that are denied them.”

The value of the Negro vote to Thompson can be seen in a glance at the recent election figures. His plurality was 28,000 votes. In the second ward it was 14,000 and in the third 10,000. The second and third wards constitute most of what is known as the “Black Belt.”

The fourth contributing cause was the woeful inefficiency and criminal negligence of the police authorities of Chicago, both prior to and during the riots. Prostitution, gambling and the illicit sale of whisky flourish openly and apparently without any fear whatever of police interference. In a most dangerous statement, State’s Attorney Maclay Hoyne, on August 25, declared that the riots were due solely to vice in the second ward. He seemed either to forget or to ignore the flagrant disregard of law and order and even of the common principles of decency in city management existing in many other sections of the city.

All of this tended to contribute to open disregard for law and almost contempt for it. Due either to political “pull” or to reciprocal arrangements, many notorious dives run and policemen are afraid to arrest the proprietors.

During the riots the conduct of the police force as a whole was equally open to criticism. State’s Attorney Hoyne openly charged the police with arresting colored rioters and with an unwillingness to arrest white rioters. Those who were arrested were at once released. In one case a colored man who was fair enough to appear to be white was arrested for carrying concealed weapons, together with five white men and a number of colored men. All were taken to a police station; the light colored man and the five whites being put into one cell and the other colored men in another. In a few minutes the light colored man and the five whites were released and their ammunition given back to them with the remark, “You’ll probably need this before the night is over.”

Fifth on the list is the effect of newspaper publicity concerning Negro crime. With the exception of the Daily News, all of the papers of Chicago have played up in prominent style with glaring, prejudice-breeding headlines every crime or suspected crime committed by Negroes. Headlines such as “Negro Brutally Murders Prominent Citizen,” « Negro Robs House“ and the like have appeared with alarming frequency and the news articles beneath such headlines have been of the same sort. During the rioting such headlines as ”Negro Bandits Terrorize Town,“ « Rioters Burn 100 Homes—Negroes Suspected of Having Plotted Blaze” appeared. In the latter case a story was told of witnesses seeing Negroes in automobiles applying torches and fleeing. This was the story given to the press by Fire Attorney John R. McCabe after a casual and hasty survey. Later the office of State Fire Marshall Gamber proved conclusively that the fires were not caused by Negroes, but by whites. As can easily be seen such newspaper accounts did not tend to lessen the bitterness of feeling between the conflicting groups. Further, many wild and unfounded rumors were published in the press—incendiary and inflammatory to the highest degree, a few of them being given below in order to show their nature. Some are:

Over 1,000 Negroes had been slain and their bodies thrown in “Bubbly Creek” and the Chicago River.

A Negro had been lynched and hanged from a “Loop” building overlooking Madison Street.

A white woman had been attacked and mutilated by a Negro on State Street.

A Negro woman had been slain, her breasts cut off and her infant had been killed by having its brains dashed out against a wall.

A white child had been outraged by a colored man.

A white child had been kidnapped by a band of colored men and its body later found, badly mutilated and dismembered.

Immediately following the riots, a white woman was murdered in Evanston, Ill. Immediately the crime was laid at the door of a colored man with whom the woman had been intimate a number of years. Pitiful stories were told of the woman waiting for hours on street corners for “just one look at her Billiken-like, mulatto lover.” played up under headlines such as “Confession Expected Today From Negro Suspect,” « Negro Suspect Rapidly Weakening“ and the like which clearly led one to believe that the colored man was guilty. A few days later, in an obscure item on an inside page, a short account was given of the release of the colored suspect ”because insufficient evidence to hold him » existed. A long period of such publicity had inflamed the minds of many people against Negroes who otherwise would have been unprejudiced. Much of the blame for the riots can be laid to such sources.

For a long period prior to the riots, organized gangs of white hoodlums had been perpetrating crimes against Negroes for which no arrests had been made. These gangs in many instances masqueraded under the name of “Athletic and Social Clubs” and later direct connection was shown between them and incendiary fires started during the riots. Colored men, women and children had been beaten in the parks, most of them in Jackson and Lincoln Parks. In one case a young colored girl was beaten and thrown into a lagoon. In other cases Negroes were beaten so severely that they had to be taken to hospitals. All of these cases had caused many colored people to wonder if they could expect any protection whatever from the authorities. Particularly vicious in their attacks was an organization known locally as “Regan’s Colts.”

Much has been written and said concerning the housing situation in Chicago and its effect on the racial situation. The problem is a simple one. Since 1915 the colored population of Chicago has more than doubled, increasing in four years from a little over 50,000 to what is now estimated to be between 125,000 and 150,000. Most of them lived in the area bounded by the railroad on the west, 30th Street on the north, 40th Street on the south and Ellis Avenue on east. Already overcrowded this so-called “Black Belt” could not possibly hold the doubled colored population. One cannot put ten gallons of water in a five-gallon pail. Although many Negroes had been living in “white” neighborhoods, the increased exodus from the old areas created an hysterical group of persons who formed “Property Owners‘ Association” for the purpose of keeping intact white neighborhoods. Prominent among these was the Kenwood-Hyde Park Property Owners’ Improvement Association, as well as the Park Manor Improvement Association. Early in June the writer, while in Chicago, attended a private meeting of the first named at the Kenwood Club House, at Lake Park Avenue and 47th Street. Various plans were discussed for keeping the Negroes in “their part of the town,” such as securing the discharge of colored persons from positions they held when they attempted to move into “white” neighborhoods, purchasing mortgages of Negroes buying homes and ejecting them when mortgage notes fell due and were unpaid, and many more of the same calibre. The language of many speakers was vicious and strongly prejudicial and had the distinct effect of creating race bitterness.

In a number of cases during the period from January, 1918, to August, 1919, there were bombings of colored homes and houses occupied by Negroes outside of the “Black Belt.” During this period no less than twenty bombings took place, yet only two persons have been arrested and neither of the two has been convicted, both cases being continued.

Finally, the new spirit aroused in Negroes by their war experiences enters into the problem. From Local Board No. 4, embracing the neighborhood in the vicinity of State and 35th Streets, containing over 30,000 inhabitants of which fully ninety per cent are colored, over 9,000 men registered and 1,850 went to camp. These men, with their new outlook on life, injected the same spirit of independence into their companions, a thing that is true of many other sections of America. One of the greatest surprises to many of those who came down to “clean out the niggers” is that these same “niggers” fought back. Colored men saw their own kind being killed, heard of many more and believed that their lives and liberty were at stake. In such a spirit most of the fighting was done.

Source: Walter F. White, “N.A.A.C.P.—Chicago and Its Eight Reasons,” Crisis 18 (October 1919): 293–297.

See Also: »Says Lax Conditions Caused Race Riots »: Chicago Daily News and Carl Sandburg Report the Chicago Race Riot of 1919
« A Crowd of Howling Negroes »: The Chicago Daily Tribune Reports the Chicago Race Riot, 1919
« Ghastly Deeds of Race Rioters Told »: The Chicago Defender Reports the Chicago Race Riot, 1919
« The Problem » and « Family Histories »: Charles Johnson Analyzes the Causes of the Chicago Race Riot

Voir enfin:

Race Riots

Chicago developed a reputation as a cauldron of specifically “racial” conflict and violence largely in the twentieth century. The determination of many whites to deny African Americans equal opportunities in employment, housing, and political representation has frequently resulted in sustained violent clashes, particularly during periods of economic crisis or postwar tension.
Chicago’s most famous race riot of this type occurred between July 27 and August 3, 1919. The violence was precipitated by the drowning of an African American teenager who had crossed an invisible line at 29th Street separating customarily segregated “white” and “black” beaches. Soon, white and black Chicagoans, especially in the South Side residential areas surrounding the stockyards, engaged in a seven-day orgy of shootings, arsons, and beatings that resulted in the deaths of 15 whites and 23 blacks with an additional 537 injured (342 black, 195 white). The police force, owing both to understaffing and the open sympathy of many officers with the white rioters, was ineffective; only the long-delayed intervention of the state militia brought the violence to a halt, and heavenly intervention in the form of rain was probably an important factor as well. The passions of this outbreak were rooted in pent-up tensions surrounding the massive migration of southern blacks during World War I: sometimes hired as strikebreakers, their increased industrial presence was viewed by many white workers as a threat to their own livelihoods, fueling attempts to impose rigid physical boundaries beyond which blacks could not penetrate.

The aftermath of World War II saw a revival of white attacks on black mobility, mostly on the city’s South and Southwest Sides, but also in the western industrial suburb of Cicero. Aspiring African American professionals seeking to obtain improved housing beyond the increasingly overcrowded South Side ghetto, whether in private residences or in the new public housing developments constructed by the Chicago Housing Authority, were frequently greeted by attempted arsons, bombings, and angry white mobs often numbering into the thousands. The 1951 Cicero riot, in particular, lasting several nights and involving roughly two to five thousand white protesters, attracted worldwide condemnation. By the end of the 1950s, with black residential presence somewhat more firmly established, the battleground in many South Side neighborhoods shifted to clashes over black attempts to gain unimpeded access to neighborhood parks and beaches.Since the mid-1960s, the nature of race riots in Chicago (as elsewhere) has significantly shifted. Although violent black/white clashes continued into the mid-1970s, the term’s use shifted during the 1960s to refer to the uprisings of poorer blacks (or Latinos) protesting ghetto conditions, especially police brutality. Chicago has experienced several noteworthy outbreaks of this type, including the confrontation between police and the largely Puerto Rican communities of West Town and Humboldt Park during the summer of 1966, but most notably the massive 1968 West Side riots following the assassination of Martin Luther King. No clashes of this magnitude have occurred since (even following the 1992 Rodney King verdict in Los Angeles), but the continued salience of many of the protesters’ expressed grievances—inferior housing, lack of meaningful employment, and inequitable law enforcement—suggests that the issues surrounding racial violence are by no means a finished chapter in Chicago history.Steven EssigBibliographyGrossman, James R. Land of Hope: Chicago, Black Southerners, and the Great Migration. 1989.Hirsch, Arnold R. Making the Second Ghetto: Race and Housing in Chicago, 1940–1960. 1983.Tuttle, William M., Jr. Race Riot: Chicago in the Red Summer of 1919. 1970.


Brexit: C’est les sans-dents, imbécile ! (Not thick or racist, but just poor: By forcing Britain to quit the EU, Brexit voters have given a bloody nose to an elite that views them with contempt)

2 juillet, 2016
PeasantsRevoltlevellersChartistsSwingRiotsDeathWatTylerFull
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BrexitToon
king-o‘Savage hordes approached the city like waves of the sea/At their head a peasant captain urged the madmen on/With cruel eagerness for slaughter, he shouted: “Burn and Kill.” John Gower
Je défie le pape et toutes ses lois, et si Dieu me prête vie, je ferai qu’en Angleterre le garçon qui pousse la charrue connaisse l’Écriture mieux que le pape lui-même.William Tyndale
Quand Adam bêchait et Ève filait, où donc était le gentilhomme ? John Ball
De quel droit ceux qui s’appellent seigneurs, dominent-ils sur nous ? À quel titre ont-ils mérité cette position ? Pourquoi nous traitent-ils comme des serfs ? Puisque nous descendons des mêmes parents, Adam et Ève, comment peuvent-ils prouver qu’ils valent mieux que nous, si ce n’est qu’en exploitant nos labeurs, ils peuvent satisfaire leur luxe orgueilleux ? John Ball
Wat About Di Working Claas? Linton Kwesi Johnson
J’apprends que le gouvernement estime que le peuple a ‘trahi la confiance du régime’ et ‘devra travailler dur pour regagner la confiance des autorités’. Dans ce cas, ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ? Bertolt Brecht
 Il s’est présenté comme l’homme qui n’aime pas les riches. En réalité, le président n’aime pas les pauvres. Lui, l’homme de gauche, dit en privé : ‘les sans-dents’, très fier de son trait d’humour. Valérie Trierweiler
Si j’étais législateur, je proposerais tout simplement la disparition du mot et du concept de “mariage” dans un code civil et laïque. Le “mariage”, valeur religieuse, sacrale, hétérosexuelle – avec voeu de procréation, de fidélité éternelle, etc. -, c’est une concession de l’Etat laïque à l’Eglise chrétienne – en particulier dans son monogamisme qui n’est ni juif (il ne fut imposé aux juifs par les Européens qu’au siècle dernier et ne constituait pas une obligation il y a quelques générations au Maghreb juif) ni, cela on le sait bien, musulman. En supprimant le mot et le concept de “mariage”, cette équivoque ou cette hypocrisie religieuse et sacrale, qui n’a aucune place dans une constitution laïque, on les remplacerait par une “union civile” contractuelle, une sorte de pacs généralisé, amélioré, raffiné, souple et ajusté entre des partenaires de sexe ou de nombre non imposé.(…) C’est une utopie mais je prends date. Jacques Derrida
C’est le sens de l’histoire (…) Pour la première fois en Occident, des hommes et des femmes homosexuels prétendent se passer de l’acte sexuel pour fonder une famille. Ils transgressent un ordre procréatif qui a reposé, depuis 2000 ans, sur le principe de la différence sexuelle. Evelyne Roudinesco
On peut parler aujourd’hui d’invasion arabe. C’est un fait social. Combien d’invasions l’Europe a connu tout au long de son histoire ! Elle a toujours su se surmonter elle-même, aller de l’avant pour se trouver ensuite comme agrandie par l’échange entre les cultures. Pape François
Vous allez dans certaines petites villes de Pennsylvanie où, comme dans beaucoup de petites villes du Middle West, les emplois ont disparu depuis maintenant 25 ans et n’ont été remplacés par rien d’autre (…) Et il n’est pas surprenant qu’ils deviennent pleins d’amertume, qu’ils s’accrochent aux armes à feu ou à la religion, ou à leur antipathie pour ceux qui ne sont pas comme eux, ou encore à un sentiment d’hostilité envers les immigrants. Barack Hussein Obama
Part of the reason that our politics seems so tough right now, and facts and science and argument does not seem to be winning the day all the time, is because we’re hard-wired not to always think clearly when we’re scared. Barack Obama
Il y a un manuel de stratégie à Washington que les présidents sont censés utiliser. (…) Et le manuel de stratégie prescrit des réponses aux différents événements, et ces réponses ont tendance à être des réponses militarisées. (…) Au milieu d’un défi international comme la Syrie, vous êtes jugé sévèrement si vous ne suivez pas le manuel de stratégie, même s’il y a de bonnes raisons. (…) Je suis très fier de ce moment.  Le poids écrasant de la sagesse conventionnelle et la machinerie de notre appareil de sécurité nationale était allés assez loin. La perception était que ma crédibilité était en jeu, que la crédibilité de l’Amérique était en jeu. Et donc pour moi d’appuyer sur le bouton arrêt à ce moment-là, je le savais, me coûterait cher politiquement. Le fait que je pouvais me débarrasser des pressions immédiates et réfléchir sur ce qui  était dans l’intérêt de l’Amérique, non seulement à l’égard de la Syrie, mais aussi à l’égard de notre démocratie, a été une décision très difficile – et je crois que finalement, ce fut la bonne décision à prendre. (…) Je suppose que vous pourriez me qualifier de réaliste qui croit que nous ne pouvons pas soulager toute la misère du monde. Barack Hussein Obama
Nous qui vivons dans les régions côtières des villes bleues, nous lisons plus de livres et nous allons plus souvent au théâtre que ceux qui vivent au fin fond du pays. Nous sommes à la fois plus sophistiqués et plus cosmopolites – parlez-nous de nos voyages scolaires en Chine et en Provence ou, par exemple, de notre intérêt pour le bouddhisme. Mais par pitié, ne nous demandez pas à quoi ressemble la vie dans l’Amérique rouge. Nous n’en savons rien. Nous ne savons pas qui sont Tim LaHaye et Jerry B. Jenkins. […] Nous ne savons pas ce que peut bien dire James Dobson dans son émission de radio écoutée par des millions d’auditeurs. Nous ne savons rien de Reba et Travis. […] Nous sommes très peu nombreux à savoir ce qu’il se passe à Branson dans le Missouri, même si cette ville reçoit quelque sept millions de touristes par an; pas plus que nous ne pouvons nommer ne serait-ce que cinq pilotes de stock-car. […] Nous ne savons pas tirer au fusil ni même en nettoyer un, ni reconnaître le grade d’un officier rien qu’à son insigne. Quant à savoir à quoi ressemble une graine de soja poussée dans un champ… David Brooks
Tout ce que demande aujourd’hui le Kansas, c’est qu’on lui donne un petit coup de main pour se clouer à sa croix d’or.(…) Votez pour interdire l’avortement et vous aurez une bonne réduction de l’impôt sur le capital (…). Votez pour faire la nique à ces universitaires politiquement corrects et vous aurez la déréglementation de l’électricité (…). Votez pour résister au terrorisme et vous aurez la privatisation de la sécurité sociale. Thomas Frank
I do think that when you combine that demographic change with all the economic stresses that people have been going through because of the financial crisis, because of technology, because of globalization, the fact that wages and incomes have been flatlining for some time, and that particularly blue-collar men have had a lot of trouble in this new economy, where they are no longer getting the same bargain that they got when they were going to a factory and able to support their families on a single paycheck. You combine those things, and it means that there is going to be potential anger, frustration, fear. Some of it justified, but just misdirected. I think somebody like Mr. Trump is taking advantage of that. That’s what he’s exploiting during the course of his campaign. Barack Hussein Obama
Trop menacer les gens est en fait une insulte à leur intelligence et la leçon de la visite d’Obama est encore plus fascinante. Voici l’homme le plus puissant du monde en provenance d’un pays pour lequel nous avons toujours eu un respect énorme … et un grand nombre de gens en Grande-Bretagne se sont dits: «Comment le président américain ose-t-il venir ici et nous dire ce qu’il faut faire? Et cela s’est retourné contre lui et je pense que nous avons eu un rebond Obama Brexit parce que les gens ne veulent pas que les dirigeants étrangers leur disent comment penser et comment voter. Nigel Farage
Nobody could describe Donald Trump as lacking in self-confidence, but the billionaire egomaniac is emotional jelly compared with King Barack. Even before he won the Nobel peace prize, Obama was telling America that his elevation to the presidency would be remembered as ‘the moment when the rise of the oceans began to slow’. He doesn’t have Mr Trump’s gold-plated helicopter, private jet, penthouse and yacht. But when it comes to self-reverence and sheer hauteur there is no one to beat him. Someone who believes his political personality can reverse global warming will have no doubts about his ability to persuade the British people to stay in the European Union. Just a few of his mellifluous sentences and a flash of those teeth and surely the British people will go weak at the knees! The polls show that Britain is split on the EU, so King Barack will come and help the nation resolve its indecision — to the delight of David Cameron and George Osborne. The timing of his visit, halfway through the EU referendum debate, is no accident. There is a longstanding international understanding that world leaders don’t visit during election campaigns — but such conventions were obviously designed for lesser mortals. Obama has no qualms and the Prime Minister has no shame: he needs every endorsement he can get. The Chancellor is pulling all the strings he can so the likes of the IMF’s Christine Lagarde ask us to stay in. Short of engineering a Second Coming, a visitation from King Barack is to their minds the best plug imaginable. That enthusiasm does not seem to be shared as much by British voters. Polls show that only 4 per cent of us think Mr -Obama’s primary reason for wanting us to stay in the EU is because ‘he cares about Britain’. A majority of us recognise that Mr Obama finds it easier ‘to deal with Europe as one bloc’. It’s not, as some Tory MPs have alleged, that Obama hates Britain. It’s just that he cares less about us — and our neighbours — than any of his recent predecessors. The ‘pivot’ to Asia, turning America’s strategic gaze away from Europe and towards the Pacific, has been his chief international objective. The turmoil in Europe and the Middle East — the Ukraine and Syrian refugee crises which have, at the very least, been encouraged by US withdrawal from the world — were distractions from his focus on China and the rising economies of East Asia. The world has not become a safer place as a result of Obama’s policy of ‘leading from behind’. (…) The arrogance is breathtaking but it is far from the only manifestation of, dare I say it, the madness of King Barack. Mr Obama does not let any adviser, voter or foreign leader get in his way. During his two-term presidency, his Democratic party has lost control of both the House of Representatives and the Senate. But King Barack was unimpressed at the verdicts of the people. By royal decree, or as the White House calls it, executive order, he has attempted to stop illegal immigrants being deported, increase the minimum wage, intensify gun regulation and cut greenhouse gas emissions. All of these policies may be cheered from Europe. But the US constitution is quite clear: it’s the job of the House of Representatives and the Senate to pass laws and it’s the job of the President to either veto or implement them. There is a word for ignoring and overruling the legislative branches of the American government and that word is ‘undemocratic’. It was not supposed to be this way when Mr Obama launched his transformational bid for the presidency. He came to national attention with an uplifting speech to the 2004 Democratic Convention. He told his party about gay Americans living in red-leaning Republican states and how blue-leaning Democratic states worshipped ‘an awesome God’. There weren’t red states or blue states but ‘one America: red, white, and blue’. An America demoralised by the Iraq war, the global recession and bitterness towards the often tongue-tied George W. Bush embraced Obama and his soaring oratory in 2008, in the hope that he would unite an unhappy, fractious nation. It has not come to pass, of course. Whether it’s the Black Lives Matter protests at police violence or the fact that only 1 per cent of Americans think the people who caused the 2008 crash have been brought to justice, the American left is as energised and angry as the right. Today, barely a quarter of Americans think their country is heading in the right direction. They are more pessimistic about their economic prospects than the Brits or Germans. You would, perhaps, expect the American right to be angry, because Mr Obama does little to build ties with them. He didn’t attend the funeral of the conservative Supreme Court justice Antonin Scalia or that of Nancy Reagan — choosing to speak at a music festival instead. But his lack of respect and charity is not confined to Republicans. It recently emerged that Obama declined to invite the Clintons to dinner at the White House because Michelle, the First Lady, has struggled to forgive Bill Clinton for criticising her husband. Jeffrey Goldberg’s extraordinary recent essay in the Atlantic magazine about Obama’s foreign policy gave insight after insight into the President’s arrogance. Angela Merkel is ‘one of the few foreign leaders Obama respects’. When Obama reversed his Syrian policy and decided that President Assad’s crossing of those famous ‘red lines’ would not, after all, be punished, his secretary of state, John Kerry, and defence secretary, Chuck Hagel, found out hours after he’d told his advisers. It’s a common experience for so many of his colleagues. Hillary Clinton was overruled on Syria, generals were overruled on Iraq. Obama blamed David Cameron and Nicolas Sarkozy for the Libyan ‘shit show’. It is never King Barack’s fault. Obama’s election in 2008 inspired the world. But after eight years, it’s hard not to blame his abrasive style of politics for the rise of anti-politicians such as Bernie Sanders and Donald Trump. Americans are rebelling against the emergence of an imperial presidency. As Barack Obama offers his hand to the Queen this week, and lectures the British on their place in the world, voters here might feel somewhat resentful, too. Tim Montgomerie
Wat Tyler (? – 15 juin 1381) est un paysan anglais, soldat démobilisé des guerres de France, qui a pris la tête d’une révolte des siens en lutte contre les impôts excessifs. Il n’est pas l’instigateur de la Révolte des Travailleurs mais il en a été certainement le fer de lance. Depuis le milieu du XIVe siècle, la situation du paysan anglais a sérieusement empiré. C’est lui qui a la lourde charge de payer la guerre du roi d’Angleterre en France. Le Statut des travailleurs de 1351, empêchant une hausse des salaires, a augmenté le mécontentement. En 1380, le Parlement décide la levée d’une nouvelle poll tax et l’envoi de commissaires royaux dans les campagnes pour éviter les fraudes. C’en est trop pour les paysans. Au début de 1381, la révolte éclate en Essex et se répand vite dans le Kent, le Sussex, le Norfolk. Partout, les nobles fuient, les châteaux brûlent. L’un des meneurs, le prédicateur John Ball, prêche l’égalité entre les humains. Arrêté en mai par les gardes de l’archevêque de Cantorbéry, Simon de Sudbury, il annonce: « Il y aura 20 000 hommes qui vont me libérer. » Après la guerre française, Wat Tyler était retourné travailler sur sa terre dans le Kent. Un percepteur royal se présente chez lui et tente de se payer en essayant de violer sa fille de 15 ans. Encouragé par ses voisins, Tyler assassine à coups de marteau l’agresseur de sa fille. Les paysans du Kent, qui connaissent sa valeur, l’élisent chef des rebelles. Celui-ci, qui ne peut plus revenir en arrière, accepte. Leur première direction est Cantorbéry où ils libèrent John Ball. Puis ils décident de marcher sur Londres. Sur leur chemin, ils ouvrent les prisons et décapitent les juges qui tombent entre leurs mains. Le 10 juin, lorsqu’ils arrivent aux portes de la capitale, ils sont près de 100 000 insurgés qui exigent de parler au roi. Wat Tyler ne veut pas renverser le gouvernement mais exige des réformes. C’est pourquoi il veut négocier avec le roi. C’est pourquoi aussi il impose une discipline à ses hommes en interdisant les pillages et en punissant de mort les fautifs. Finalement Richard II accepte de le rencontrer. Le jeune roi de 15 ans arrive à bord d’une barque sur la Tamise, mais il prend peur et décide de rebrousser chemin. Il va se réfugier à la Tour de Londres avec quelques notables, dont Simon Sudbury, l’archevêque de Cantorbéry. Tyler assiège alors la Tour qui est prise entre deux feux. Sudbury est arrêté et assassiné, peut-être à l’instigation de John Ball. Richard II rencontre Tyler à Mile End, un faubourg de Londres. Le capitaine des insurgés exige l’abolition du servage, de la poll tax et du privilège de la chasse et de la pêche de la noblesse. Le roi veut gagner du temps car il sait que Robert Knolles est en train de lever une armée non loin de là. Il accepte tout et fixe rendez-vous au lendemain pour finaliser les détails de l’entente. Le 15 juin, Tyler et le roi se rencontrent donc de nouveau à Smithfield. Richard II s’est entouré de provocateurs qui s’amusent à insulter le chef des insurgés. Celui-ci sort son épée. Prenant prétexte de vouloir défendre son roi, le Lord-maire de Londres, William Walworth, lui porte un coup d’épée qui le renverse. Il est aussitôt achevé par un écuyer. Richard, qui a belle prestance, parvient à calmer les insurgés présents. Il leur fait croire que Tyler est un traître qui a voulu l’assassiner et que lui, le roi, est leur véritable chef. Il leur promet qu’il respectera sa promesse et leur demande de se disperser. Ce sera leur faute. Robert Knolles les attend à la sortie de Londres. Ils sont écrasés. Ceux qui ne sont pas tués s’éparpillent dans toutes les régions. Les représailles suivent. Des milliers de paysans sont exécutés. John Ball, capturé dans une ancienne abbaye, est pendu et écartelé. Ce n’est que le 30 août qu’un ordre royal suspend les représailles. Par la suite, il ne fut plus question avant longtemps d’abolir le servage ni la poll tax. Wikipedia
L’égoïsme sacré du nationalisme restera toujours plus accessible à la moyenne des individus que l’altruisme sacré du sentiment européen? Stefan Zweig
Abattre les murs de l’État, ce n’est pas créer un monde sans murs, c’est créer un millier de petites forteresses. Michael Walzer
Le Brexit sera-t-il un choc salutaire ou le début de la fin d’une grande aventure collective ? Je n’ai pas de réponse. Mais, ce que je peux d’ores et déjà affirmer, c’est que les eurocrates ne l’ont pas volé, car ils se sont acharnés à faire de l’Union européenne le cheval de Troie de la déseuropéanisation. Ces politiciens et ces fonctionnaires ne se vivent pas comme les dépositaires d’une grande civilisation, mais comme les héritiers du « plus jamais ça » : plus jamais la guerre, plus jamais le racisme hitlérien ni colonial. Pour éviter le retour des discours ou des comportements maléfiques, ils emploient donc les grands moyens. Ils refusent d’incarner l’Europe, par son histoire, ses paysages, ses monuments, ses villes, ses cafés, ses œuvres, une forme de vie, un mode de présence sur Terre, car ce serait tracer une ligne de partage entre un dedans et un dehors, entre un nous et un eux. Ils ne veulent pas mettre le doigt dans cet engrenage fatal. Ils effacent donc le passé. Ils s’offensent, avec Pierre Moscovici, quand on parle des racines chrétiennes de l’Europe. Le « plus jamais ça » exige que l’Europe ne soit rien de substantiel, qu’elle n’affirme que des valeurs, qu’elle ne se définisse que par des droits et des procédures, afin de pouvoir s’ouvrir sans discrimination à tous et à tout. C’est ce que disait textuellement le grand sociologue allemand Ulrich Beck. (…) J’aurais moi-même pu penser de la sorte si je n’avais pas croisé la route de grands écrivains d’Europe centrale : Czeslaw Milosz, Kazimierz Brandys et surtout Milan Kundera. Ce sont eux qui ont fait de moi un Européen. Face au communisme russe, ils ne défendaient pas seulement la démocratie et les droits de l’homme, ils défendaient aussi une civilisation. L’Europe était leur identité. Ils m’ont réveillé de mon universalisme facile et ils m’ont fait comprendre que le passé de l’Europe ne se réduisait pas à ses crimes. (…) Il ne faut pas faire le cadeau de l’Europe à Hitler. L’Allemagne, c’est Bach, Goethe, Caspar Friedrich. De même, l’histoire de France ne se réduit pas à la collaboration ou à la guerre d’Algérie. Avec le sens de la continuité historique, les peuples européens doivent retrouver la véritable signification de l’hospitalité. Être hospitalier, c’est offrir quelque chose à celui qu’on reçoit. D’où le rôle névralgique de l’école. (…) La veille du référendum, j’ai vu un reportage sur la ville de Peterborough, en Angleterre. On découvrait des rues commerçantes avec des magasins afghans, pakistanais et polonais. Les habitants disaient que les Britanniques étaient désormais minoritaires et on apprenait qu’il n’y avait plus qu’un seul pub dans toute la ville. J’ai pris conscience, en regardant ces images, de la nouvelle grande division des sociétés européennes. Elles se partagent désormais entre les planétaires et les sédentaires, les globaux et les locaux, les hors-sol et les autochtones. Les premiers sont non seulement mieux lotis économiquement, mais ils se croient politiquement et moralement supérieurs. Ils traitent les autochtones de « ploucs », voire de « salauds », ils soulignent élégamment leur âge avancé, ils font tomber sur eux le triple diagnostic d’europhobie, de xénophobie et de passéisme, alors même que, ce qu’ils leur opposent, c’est un cosmopolitisme de galerie marchande et, en guise de déracinement, une complète absorption dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Le village global est un village, avec ses fausses évidences, ses œillères, sa mentalité étriquée. Les pubs font partie intégrante de la civilisation européenne. Ils sont la version anglaise du café. Ceux qui refusent la transformation de l’Angleterre ne sont pas antieuropéens, ils veulent juste que l’Angleterre reste l’Angleterre et que l’Europe reste l’Europe. (…) L’immigration a été un thème central de la campagne britannique, mais ce serait le cas dans tous les pays européens qui choisiraient la voie du référendum. L’Union européenne a voulu combiner la morale humanitaire et l’intérêt économique. Puisque nos pays se dépeuplent et vieillissent, elle a cru qu’il suffisait d’importer les enfants et les travailleurs qu’ils n’ont plus. Mais les hommes ne sont pas interchangeables. Il y a des mondes, il y a des civilisations. L’autarcie n’est certes pas la solution, les frontières ne doivent pas devenir hermétiques. Il reste que, comme l’a écrit un grand philosophe américain de gauche, Michael Walzer : « Abattre les murs de l’État, ce n’est pas créer un monde sans murs, c’est créer un millier de petites forteresses. » Nous voyons les sociétés européennes se fragmenter en communautés hostiles. Même si la libre circulation des personnes à l’intérieur de l’espace européen ne pose pas les mêmes problèmes que l’immigration arabo-musulmane, il faut savoir respecter les proportions. (…) Je ne considère pas que le fait de vouloir être majoritaire dans son propre pays relève de l’égoïsme. C’est une aspiration absolument légitime, qu’il est absurde de criminaliser. Dans son article capital Un Occident kidnappé, la tragédie de l’Europe centrale, Milan Kundera raconte qu’en septembre 1956, le directeur de l’agence de presse de Hongrie envoya par télex dans le monde entier ce message sur l’offensive russe déclenchée contre Budapest et qui allait écraser son bureau : « Nous mourrons pour la Hongrie et pour l’Europe. » Il affirmait d’un même souffle son identité nationale et son identité européenne. (…) Il faut arrêter de se payer de mots : nul n’est prêt à mourir. Mais on peut vouloir se défendre. Si renaît le patriotisme en France, si les bobos de la génération Bataclan en viennent à se réconcilier avec le drapeau tricolore et l’hymne national, c’est parce que notre pays est attaqué et, par-delà notre pays, l’Occident « idolâtre », « impie », « dominé par les juifs ». La découverte de cette fragilité peut faire renaître un sentiment européen. Mais nous payons aussi l’enseignement de l’oubli. La culture occupe une place de plus en plus réduite dans nos sociétés. J’éprouve un sentiment de tristesse, d’accablement lorsque je regarde le concours de l’Eurovision. L’Europe, c’était le maximum de diversité dans le minimum d’espace ; l’Eurovision, c’est l’apothéose de l’uniformité. Tous les chanteurs hurlent en anglais et leurs musiques sont devenues indiscernables. L’Europe se vide d’elle-même. (…) l’école ne fait plus son travail. L’enseignement humaniste a créé l’Europe. Nous aurions dû rester fidèles à cette inspiration. Mais la culture, si longtemps garante de l’unité de l’Europe, est maintenant chassée de partout, même des billets de banque, qui ne représentent plus que des aqueducs ou des ponts. (…) La pluralité est essentielle à l’Europe. Pluralité des langues et des nations. En même temps, il existe une histoire commune : la Bible, la Grèce, Rome, la féodalité, la Renaissance, la Réforme, les Lumières et le romantisme. De là vient qu’un Français éprouve, en Italie ou aux Pays-Bas, un sentiment mêlé d’étrangeté et de familiarité, de dépaysement et de reconnaissance. (…) J’ai vu que Donald Trump, allant inaugurer un golf en Écosse, s’est réjoui du vote britannique. Mais il représente autre chose : il est la Némésis du politiquement correct. Goya a dessiné une gravure intitulée Le sommeil de la raison engendre des monstres. On pourrait adapter cette formule à notre situation : le déni de réalité produit des monstres comme Trump. Si le danger islamiste n’est pas nommé surgit un candidat républicain qui souhaite interdire aux musulmans d’entrer sur le sol américain. Je ne suis pas sûr que le vote anglais relève exactement du même phénomène. Cette vieille démocratie européenne manifeste par ce vote sa volonté de reprendre son destin en main. Alain Finkielkraut
Nous sommes en train de passer d’une société où les deux tiers de la population s’estimaient satisfaites de leur sort, à un monde dans lequel ceci n’est plus vrai que pour un tiers de la population. Cette victoire n’a pour moi rien d’inattendu ; elle est le résultat de tendances de fond qui affectent différentes couches du peuple britannique. En leur permettant de se fédérer, le référendum a été pour ces groupes l’occasion d’un contrecoup décisif. Je pense en effet que nous sommes en train de passer d’une société où les deux tiers de la population environ s’estimaient satisfaites de leur sort, à un monde dans lequel ceci n’est plus vrai que pour un tiers de la population. Dit autrement, le vote en faveur du Brexit exprime le plus grand rejet de la mondialisation qu’ait connu dans les urnes le monde occidental. Les bénéficiaires de la mondialisation, tous ceux qui culturellement comme financièrement se trouvent en phase avec le nouvel ordre du monde, sont désormais minoritaires dans la société. Cette révolte contre la mondialisation ne regroupe pas seulement les catégories sociales les plus défavorisées. On y distingue aussi une population plutôt aisée, composée pour l’essentiel de personnes âgées vivant en province et qui se sentent culturellement menacés par l’immigration. Cette même population a le sentiment que le système de valeurs qui a historiquement caractérisé l’Angleterre – sans doute l’un des plus influents et des précieux dans le monde – est aujourd’hui remis en cause par l’arrivée d’une population qui lui est indifférente voire dans certains cas, carrément hostile, et que la Grande-Bretagne a abdiqué sa souveraineté face à une puissance étrangère en adhérant à l’Union Européenne. (…)La tragédie du Brexit, toutefois, c’est que la plupart des dirigeants et promoteurs du camp du «Leave» sont des partisans extrêmes du libre-échange. Ces derniers haïssent une Europe qui s’identifie pour eux à la régulation et la social-démocratie et ils ont convaincu une partie de la gauche de voter la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Nous faisons face à ce paradoxe: des classes populaires en quête de protection face à la mondialisation ont suivi des libertariens qui pensent que la Grande-Bretagne devrait abolir de manière unilatérale ses tarifs douaniers! (…) Ce divorce entre les bobos et les classes populaires se retrouve lui aussi en Grande-Bretagne – de fait, il est à l’œuvre dans l’ensemble du monde occidental. La raison tient en grande partie aux séductions comme aux échecs du libéralisme. Pour les classes moyennes, le libéralisme a plusieurs attraits: économiquement, il leur permet (ou du moins il leur permettait) d’exploiter avantageusement leur position via l’école, les réseaux ou les possibilités de carrière dans l’entreprise ; socialement, il se traduit par une licence totale en matière de choix de vie ou de comportements. Pour les classes populaires au contraire, le libéralisme est un désastre économique et culturel: économique, parce qu’il détruit leur pouvoir de négociation collective et les expose à une concurrence interne sur le marché du travail: dans une telle situation, leurs salaires ne peuvent que baisser ; sociale, parce que le libéralisme a détruit toutes les formes d’allégeance et de stabilité familiale, en laissant pour seul héritage des foyers brisés et des pères absents. En somme, le libéralisme a détruit toute notion de solidarité et c’est cela qui a le plus certainement condamné les plus pauvres à leur sort. (…) Je crois que nous devrions nous poser des questions plus fondamentales, qui de mon point de vue seraient les suivantes: pourquoi nous séparons-nous, pourquoi cherchons-nous la solidarité seulement au sein de groupes composés de personnes qui nous sont proches ou qui nous ressemblent? C’est parce que nous avons perdu nos universaux, nous avons oublié la leçon tant de Platon que d’Aristote pour lesquels il existe des universaux qui s’appliquent aux choses. Dans la mesure où nous avons laissé la croyance dans le monde objectif verser dans le pur subjectivisme, comment espérer un jour nous unir? C’est pourquoi la véritable tâche politique est de retrouver ce qui nous relie, au delà de l’inepte discours contemporain sur les droits de l’homme. Le discours sur les droits est en effet toujours dérivé, il requiert un discours plus fondamental ; c’est pour cela que vous ne pouvez arbitrer entre des droits différents et pourquoi le droit ne peut vous dire ce qui est juste. Aussi, tant que nous n’aurons pas recouvré notre héritage – c’est à dire tant que nous ne serons pas revenus aux universaux – nous ne pourrons jamais aider personne, jamais réduire aucune division ni soigner aucun mal. (…) L’affrontement droite/ gauche appartient au passé: si vous regardez les mouvements qui ont émergé récemment, leur discours emprunte des éléments issus des doctrines des deux côtés de l’échiquier politique. Prenez le Front National, par exemple: son programme nationaliste le porte évidemment à l’extrême-droite, mais ses propositions sur l’Etat-providence et les services publics semblent toutefois exhumées d’un discours socialiste des années 1970. Il en est de même en Angleterre avec UKIP, qui pourrait tout à fait devenir le parti de la classe ouvrière britannique et se substituer au parti Travailliste en offrant un mélange droite/gauche similaire. (…) Dans un certain sens, c’est à une victoire «inversée» du Red Toryism à laquelle nous avons assisté. Ce que je cherchais à promouvoir en effet, c’était l’alliance du meilleur de la tradition de droite et de celle de la gauche dans un nouveau discours positif. Ce qui est à l’œuvre ici, c’est la naissance d’un composé hybride d’une toute autre nature, au sein duquel ce serait au contraire les gènes récessifs des deux traditions qui se seraient associés dans leur mutation. (…) Là où je proposais par exemple un affranchissement économique massif des plus pauvres, au moyen d’une redistribution de l’accès à la propriété, les voilà qui mettent en avant la promotion de l’Etat providence, une politique qui a échoué de manière désastreuse par le passé. Que produit l’Etat providence en effet, sinon la perte de l’autonomie des individus et l’érosion de leur sens de la propriété, ainsi que la légitimation délétère d’une culture de l’assistance. De la droite, je garde l’idée de conservatisme social, à savoir la volonté de tisser à nouveau les liens qui naissent des affections locales comme familiales, et ce afin que la fraternité se re-déploie «par le bas», à travers les communautés concrètes. Ce qu’ils défendent en regard, ce sont les concepts délétères de l’origine, de la classe ou de la couleur de peau. Là où je souhaite un renouveau de la culture civique, ils attendent celui de la culture ethnique. Phillip Blond
It is this man, Wat Tyler, whose name will go down in history. As leader of the Peasants’ Revolt of 1381, he will be remembered for the uprising that saw tens of thousands of his poorest countrymen come close to overthrowing the establishment. Until now, we have had only the illustrations in history books to help us picture their struggle. But thanks to the work of British photographer Red Saunders, we can come closer than ever to appreciating their deadly determination.Saunders specialises in photographing huge tableaux vivants, living pictures in which dozens of actors recreate key moments in British history. His latest creations, showcased in a new exhibition in Bradford, include this depiction of the Peasants’ Revolt, and it offers many fascinating insights into why the uprising happened — and why it took the bloody course that it did. The first lies in the extraordinary array of weapons featured in the photograph. Alongside the swords and pikes, whose steel glints in the fiery glow over London, we see pick-axes, pitchforks and scythes more usually wielded on farms, but put to lethal new use as implements of death. This reminds us that the insurgents were not political saboteurs, but ordinary men and women, usually content to fight only the elements as they struggled to make a living from the land, but driven to mutiny and murder by the actions of their over-bearing and greedy rulers. Just 30 years previously, the Black Death had killed a third of the population — which then numbered between two and three million. Many of those depicted in the photograph will have lost family or friends to a catastrophe unimaginable by modern standards. Though it would not have helped these peasants in their grief, there was one ‘benefit’ of this sudden cull of much of the nation’s workforce. With fewer labourers to work the land, demand for their services was all the higher. Their wages should have risen accordingly, but in the years leading up to the Peasants’ Revolt a series of statutes were introduced imposing an ungenerous limit on the wages farm labourers could be paid. On top of this were the frustrations of serfdom, the centuries-old practice by which some peasants were still forced to work part of the time free of charge for their rich and powerful landlords. And then there was the introduction of a series of poll taxes to help fund the latest wars with France. Everyone had to pay a shilling — a pittance for the ruling classes, but a significant amount for those bound to them in serfdom. As if this was not provocative enough, the commissioners sent out to enforce these payments often abused their power, particularly when it came to investigating whether young girls in a household were over 15, the age at which the poll tax became payable. Frightened girls were forced to lift their skirts while these officials examined them for signs of maturity and sexual experience. If a girl was no longer a virgin, she was deemed old enough to pay the poll tax, whether she had reached 15 or not. Such outrages fomented public opinion, and matters appear to have reached a tipping point in May 1381, following the visit of a tax collector to the Essex village of Fobbing.The residents took great umbrage at his presence and threw him out, later giving the same treatment to soldiers sent to re-establish law and order by the 14-year-old Richard II.Unrest spread quickly throughout the South-East. The following month, a group of men marched on Rochester Castle in Kent and freed a man imprisoned for refusing to work as a serf. They were led by Wat Tyler, a man we know little about except that, as his name suggests, he may have been a roofer by trade. The efficiency with which he led his forces suggests he had experience as a soldier, perhaps as part of a militia raised by the local lord to join in the war against France. Professor John Gillingham
L’Union européenne est calquée, dans son essence, sur l’Eglise de Rome et sur le fonctionnement de la foi catholique (dans sa période moyen-âgeuse): dirigée par un pape président de la Commission européenne désigné et contrôlé par la Curie des Etats-membres, elle est la gardienne d’un dogme profane intransigeant dont elle contrôle la stricte observance par ses fidèles à travers l’Europe, sous peine de procès en hérésie et de mises à l’index. Il est donc évident, pour qui se penche sur le temps long de l’histoire européenne, que le Brexit a un sens éminemment religieux: c’est le remake de la fondation de l’Eglise anglicane. Ainsi vit-on David Cameron, nouvel Henry VIII, exiger en vain de la Commission, Vatican des européistes, qu’elle accorde au Royaume-Uni le droit de divorcer de certains de ses règlements, de la même façon que le souverain anglais avait tenté de faire annuler son mariage avec Catherine d’Aragon pour épouser Anne Boleyn. L’intransigeance du pape Clément VI n’eut d’égal que celle de l’évêque de Bruxelles Jean-Claude Juncker vis-à-vis des demandes britanniques, la première provoquant la rupture avec la papauté par l’édiction en 1534 de l’Acte de suprématie qui fit du roi d’Angleterre le chef suprême de son Eglise, la seconde amenant les Britanniques à quitter l’Union européenne. Le désarroi qui saisit les Britanniques à la suite du Brexit est d’ailleurs absolument similaire aux doutes qui traversèrent l’Angleterre du XVIème siècle et qui amenèrent Marie Tudor, fille d’Henry VIII, à vainement tenter de restaurer le catholicisme, provoquant à cette occasion de nombreuses violences. C’est peut-être le souvenir inconscient de ces évènements qui poussa David Cameron, pour couper court à tout contre-Brexit belliqueux mais vain, à proclamer haut et fort que ce dernier était définitif. Si l’on admet la similitude de nature entre le dogme bruxellois et le catéchisme romain, alors le Brexit emporte une signification plus profonde, qui nous emmène au-delà de l’épopée d’Albion. L’idéologie européenne doit en effet son succès à l’essence millénariste de son projet: faire advenir le Royaume de la paix sur l’Europe, pour se donner en exemple à imiter dans le monde entier ; et pour cela, en terminer, une fois pour toutes, avec l’Histoire. Seul le libéralisme intégral prôné par Bruxelles peut accueillir une telle ambition, et une telle dévotion, en tant qu’il se propose de remplacer l’homme d’avant, attaché à sa terre, à sa foi, à ses valeurs, à sa culture, à sa liberté politique, autant de forces qui actionnent les leviers tragiques de l’Histoire, par un homme nouveau, qui ne serait plus animé que par une seule préoccupation: la satisfaction consumériste de ses besoins. Le marché européen pourrait donc, dans cette optique, remplacer le politique et ses disputes surannées, et offrir enfin aux hommes européens le Saint Graal de la fin de l’Histoire: l’avènement d’un monde immobile vitrifié par l’échange marchand. La loi de l’offre et de la demande, qui donnerait à tout désir son juste prix, pourrait enfin stopper le cours des guerres, la marche des siècles, voire l’expansion de l’univers. Mais voilà que patatras, le Royaume-Uni vient, à son corps défendant, de briser le mythe! Voilà que l’ «Anglois abominatif», qui a nourri en son sein les pères de l’Eglise du libre-échange (David Ricardo), de la toute-puissance du marché (Adam Smith) et de l’utilitarisme (Jeremy Bentham), piliers idéologiques et religieux de l’Europe de la CECA (ancien testament), du traité de Rome (évangile), de l’Acte (de l’apôtre) unique et de toutes ses directives (canoniques), a subitement décidé de redémarrer l’Histoire, comme on le ferait du moteur poussiéreux d’une vieille Bentley décapotable qui n’aurait ni la climatisation ni le radar de parking, mais qui nous rendrait nos vingt ans et le goût de l’aventure. Ce qu’ont exprimé les Britanniques, ce n’est pas tant le souhait de reprendre leur indépendance vis-à-vis d’une Europe dont il font de toute façon partie que de rompre avec l’idéologie mortifère par laquelle Bruxelles essaie de convaincre les peuples, depuis près de soixante ans, qu’il doivent cesser de désirer quoique ce soit d’autre que de prier dans les supermarchés. Je n’ai aucune fascination pour le tragique de l’Histoire, dont ma famille a, comme beaucoup d’autres, payé le prix. Mais cette Histoire enseigne justement que les plus grandes utopies de paix définitive ont engendré, au nom du Bien et du Progrès, les plus vilains massacres. Pierre-Henri Argenson
The furor of ignored Europeans against their union is not just directed against rich and powerful government elites per se, or against the flood of mostly young male migrants from the war-torn Middle East. The rage also arises from the hypocrisy of a governing elite that never seems to be subject to the ramifications of its own top-down policies. The bureaucratic class that runs Europe from Brussels and Strasbourg too often lectures European voters on climate change, immigration, politically correct attitudes about diversity, and the constant need for more bureaucracy, more regulations, and more redistributive taxes. But Euro-managers are able to navigate around their own injunctions, enjoying private schools for their children; generous public pay, retirement packages and perks; frequent carbon-spewing jet travel; homes in non-diverse neighborhoods; and profitable revolving-door careers between government and business. The Western elite classes, both professedly liberal and conservative, square the circle of their privilege with politically correct sermonizing. They romanticize the distant “other” — usually immigrants and minorities — while condescendingly lecturing the middle and working classes, often the losers in globalization, about their lack of sensitivity. On this side of the Atlantic, President Obama has developed a curious habit of talking down to Americans about their supposedly reactionary opposition to rampant immigration, affirmative action, multiculturalism, and political correctness — most notably in his caricatures of the purported “clingers” of Pennsylvania. Yet Obama seems uncomfortable when confronted with the prospect of living out what he envisions for others. He prefers golfing with celebrities to bowling. He vacations in tony Martha’s Vineyard rather than returning home to his Chicago mansion. His travel entourage is royal and hardly green. And he insists on private prep schools for his children rather than enrolling them in the public schools of Washington, D.C., whose educators he so often shields from long-needed reform. In similar fashion, grandees such as Facebook billionaire Mark Zuckerberg and Univision anchorman Jorge Ramos do not live what they profess. They often lecture supposedly less sophisticated Americans on their backward opposition to illegal immigration. But both live in communities segregated from those they champion in the abstract. The Clintons often pontificate about “fairness” but somehow managed to amass a personal fortune of more than $100 million by speaking to and lobbying banks, Wall Street profiteers, and foreign entities. The pay-to-play rich were willing to brush aside the insincere, pro forma social-justice talk of the Clintons and reward Hillary and Bill with obscene fees that would presumably result in lucrative government attention. Consider the recent Orlando tragedy for more of the same paradoxes. The terrorist killer, Omar Mateen — a registered Democrat, proud radical Muslim, and occasional patron of gay dating sites — murdered 49 people and wounded even more in a gay nightclub. His profile and motive certainly did not fit the elite narrative that unsophisticated right-wing American gun owners were responsible because of their support for gun rights. No matter. The Obama administration and much of the media refused to attribute the horror in Orlando to Mateen’s self-confessed radical Islamist agenda. Instead, they blamed the shooter’s semi-automatic .223 caliber rifle and a purported climate of hate toward gays. (…) In sum, elites ignored the likely causes of the Orlando shooting: the appeal of ISIS-generated hatred to some young, second-generation radical Muslim men living in Western societies, and the politically correct inability of Western authorities to short-circuit that clear-cut connection. Instead, the establishment all but blamed Middle America for supposedly being anti-gay and pro-gun. In both the U.S. and Britain, such politically correct hypocrisy is superimposed on highly regulated, highly taxed, and highly governmentalized economies that are becoming ossified and stagnant. The tax-paying middle classes, who lack the romance of the poor and the connections of the elite, have become convenient whipping boys of both in order to leverage more government social programs and to assuage the guilt of the elites who have no desire to live out their utopian theories in the flesh. Victor Davis Hanson
The most striking thing about Britain’s break with the EU is this: it’s the poor wot done it. Council-estate dwellers, Sun readers, people who didn’t get good GCSE results (which is primarily an indicator of class, not stupidity): they rose up, they tramped to the polling station, and they said no to the EU. It was like a second peasants’ revolt, though no pitchforks this time. The statistics are extraordinary. The well-to-do voted Remain, the down-at-heel demanded to Leave. The Brexiteer/Remainer divide splits almost perfectly, and beautifully, along class lines. (…) of the 50 areas of Britain that have the highest number of people in social classes D and E — semi-skilled and unskilled workers and unemployed people — only three voted Remain. Three. That means 47 very poor areas, in unison, said no to the thing the establishment insisted they should say yes to. Let’s make no bones about this: Britain’s poor and workless have risen up. And in doing so they didn’t just give the EU and its British backers the bloodiest of bloody noses. They also brought crashing down the Blairite myth of a post-class, Third Way Blighty, where the old ideological divide between rich and poor did not exist, since we were all supposed to be ‘stakeholders’ in society. Post-referendum, we know society is still cut in two, not only by economics but by politics too. This isn’t just about the haves and have-nots: it’s a war of views. The wealthier sections of society like it when politics involves detached cosmopolitan institutions and the poorer people don’t. The less well-off have just asserted their stake in society and the chattering classes — who peddled all the nonsense about a ‘stakeholder society’ in the first place — aren’t happy about it. This peasants’ revolt has sent shockwaves through the elite and, like anthropologists investigating some mysterious tribe, they’re now frantically trying to work out why it happened. They’ve come up with two answers — one fuelled by rage, the other by something worse: pity. The ragers say the plebs voted Leave because they’re a bit racist and got hoodwinked by the shiny, xenophobic demagoguery of the likes of Nigel Farage. This idea — that the poor are easy prey for demagogues — is the same claptrap the Chartists had to put up with in the 1840s. Their snooty critics frequently told them that, since the poor do not have a ‘ripened wisdom’ they are ‘more exposed than any other class… to be converted to the vicious ends of faction’. Now, the metropolitan set once again accuse the little people of exactly the same thing. Surveys, however, dent this claim that the anti-EU throng was driven by disdain for foreigners. In a post-vote ComRes poll, only 34 per cent of Leave voters cited concern about immigration as their main reason for voting out (and concern about immigration isn’t necessarily racism). A majority, 53 per cent, said they rejected the EU because they think Britain should make its own laws. So this swath of the country, defamed as a brainless pogrom-in-waiting, was actually voting for democracy. Then came the pitiers. Their diagnosis was a therapeutic one: that the less well-off suffered a spasm of anger. That they felt so ignored they decided to lash out crazily, but understandably. Don’t be sucked in by this seemingly caring, Oprah-esque analysis of the masses, for it is also a way of demeaning their democratic choice by treating it as a primal scream rather than a political statement. It turns a conscious rebellion against the establishment outlook into a soppy plea for more listening exercises. But my take, from talking to numerous Leave voters, is not that they feel slighted by the political class but that they oppose it. Their concern isn’t that the elite is ignoring them but rather that it is interfering too much. They are sick of being castigated for their way of life. People have a strong sense of being ruled over by institutions that fundamentally loathe them, or at least consider them to be in dire need of moral and social correction. (…) They feel patronised, slandered and distrusted, not ignored. They feel their working-class culture and attitudes are viewed with contempt. These are the kind of people looked upon by officialdom as unhealthy and un-PC, too rowdy at the football, too keen to procreate, too fond of booze, too sweary: too attached to the idea of England. This rebellion wasn’t caused by racism or a paroxysm of infantile anger. It was considered. The workers spied an opportunity to take the elite that despises them down a peg or two — and they seized it. They asserted their power, and in the process, blimey: they changed the world. Brendan O’Neill

 C’est les sans-dents, imbécile !

Au lendemain du fiasco électoral que l’on sait …

Comment ne pas voir avec le Spectator et les fameux tableaux vivants de Red Saunders

Derrière la folie tant d’un système de décision

Que de responsables politiques aussi arrogants qu’irresponsables

Et loin des explications faciles de nos belles âmes et de nos beaux esprits …

La même hypocrisie et le même mépris face à des masses laborieuses prétendument racistes et rétrogades

Qui avaient inspiré il y a quelque 600 ans …

Toute une génération de survivants de la Peste noire …

Paysans mais surtout artisans et membres frustrés du clergé ou de la noblesse …

Poussés à bout par la levée de nouvelles taxes pour financer la Guerre dite de cent ans …

A marcher sur Londres jusqu’à faire vaciller un moment  le pouvoir royal lui-même ?

Brexit voters are not thick, not racist: just poor
By forcing Britain to quit the EU they have given a bloody nose to an elite that views them with contempt
Brendan O’Neill
The Spectator
2 July 2016

The most striking thing about Britain’s break with the EU is this: it’s the poor wot done it. Council-estate dwellers, Sun readers, people who didn’t get good GCSE results (which is primarily an indicator of class, not stupidity): they rose up, they tramped to the polling station, and they said no to the EU.

It was like a second peasants’ revolt, though no pitchforks this time. The statistics are extraordinary. The well-to-do voted Remain, the down-at-heel demanded to Leave. The Brexiteer/Remainer divide splits almost perfectly, and beautifully, along class lines. Of local authorities that have a high number of manufacturing jobs, a whopping 86 per cent voted Leave. Of those bits of Britain with low manufacturing, only 42 per cent did so. Of local authorities with average house prices of less than £282,000, 79 per cent voted Leave; where house prices are above that figure, just 28 per cent did so. Of the 240 local authorities that have low education levels — i.e. more than a quarter of adults do not have five A to Cs at GCSE — 83 per cent voted Leave. Then there’s pay, the basic gauge of one’s place in the pecking order: 77 per cent of local authorities in which lots of people earn a low wage (of less than £23,000) voted Leave, compared with only 35 per cent of areas with decent pay packets.

It’s this stark: if you do physical labour, live in a modest home and have never darkened the door of a university, you’re far more likely to have said ‘screw you’ to the EU than the bloke in the leafier neighbouring borough who has a nicer existence. Of course there are discrepancies. The 16 local authorities in Scotland that have high manufacturing levels voted Remain rather than Leave. But for the most part, class was the deciding factor in the vote. This, for me, is the most breathtaking fact: of the 50 areas of Britain that have the highest number of people in social classes D and E — semi-skilled and unskilled workers and unemployed people — only three voted Remain. Three. That means 47 very poor areas, in unison, said no to the thing the establishment insisted they should say yes to.

Let’s make no bones about this: Britain’s poor and workless have risen up. And in doing so they didn’t just give the EU and its British backers the bloodiest of bloody noses. They also brought crashing down the Blairite myth of a post-class, Third Way Blighty, where the old ideological divide between rich and poor did not exist, since we were all supposed to be ‘stakeholders’ in society. Post-referendum, we know society is still cut in two, not only by economics but by politics too. This isn’t just about the haves and have-nots: it’s a war of views. The wealthier sections of society like it when politics involves detached cosmopolitan institutions and the poorer people don’t. The less well-off have just asserted their stake in society and the chattering classes — who peddled all the nonsense about a ‘stakeholder society’ in the first place — aren’t happy about it.

This peasants’ revolt has sent shockwaves through the elite and, like anthropologists investigating some mysterious tribe, they’re now frantically trying to work out why it happened. They’ve come up with two answers — one fuelled by rage, the other by something worse: pity. The ragers say the plebs voted Leave because they’re a bit racist and got hoodwinked by the shiny, xenophobic demagoguery of the likes of Nigel Farage.

This idea — that the poor are easy prey for demagogues — is the same claptrap the Chartists had to put up with in the 1840s. Their snooty critics frequently told them that, since the poor do not have a ‘ripened wisdom’ they are ‘more exposed than any other class… to be converted to the vicious ends of faction’. Now, the metropolitan set once again accuse the little people of exactly the same thing.

Surveys, however, dent this claim that the anti-EU throng was driven by disdain for foreigners. In a post-vote ComRes poll, only 34 per cent of Leave voters cited concern about immigration as their main reason for voting out (and concern about immigration isn’t necessarily racism). A majority, 53 per cent, said they rejected the EU because they think Britain should make its own laws. So this swath of the country, defamed as a brainless pogrom-in-waiting, was actually voting for democracy.

Then came the pitiers. Their diagnosis was a therapeutic one: that the less well-off suffered a spasm of anger. That they felt so ignored they decided to lash out crazily, but understandably. Don’t be sucked in by this seemingly caring, Oprah-esque analysis of the masses, for it is also a way of demeaning their democratic choice by treating it as a primal scream rather than a political statement. It turns a conscious rebellion against the establishment outlook into a soppy plea for more listening exercises.

But my take, from talking to numerous Leave voters, is not that they feel slighted by the political class but that they oppose it. Their concern isn’t that the elite is ignoring them but rather that it is interfering too much. They are sick of being castigated for their way of life. People have a strong sense of being ruled over by institutions that fundamentally loathe them, or at least consider them to be in dire need of moral and social correction.

In Burnt Oak, the tiny working-class suburb in north-west London where I grew up, it wasn’t hard to find Leave voters, even though the borough, Barnet, voted Remain by 100,000 to 61,000 votes. All said a similar thing: ‘They look down on us.’ Everyone I spoke to said they’d had a gutful of being branded racist simply because they feel British. To prove that foreigner-bashing isn’t their thing, many of them point out that they work and socialise with Romanians (of whom there are huge numbers in Burnt Oak).

They feel patronised, slandered and distrusted, not ignored. They feel their working-class culture and attitudes are viewed with contempt. These are the kind of people looked upon by officialdom as unhealthy and un-PC, too rowdy at the football, too keen to procreate, too fond of booze, too sweary: too attached to the idea of England.

This rebellion wasn’t caused by racism or a paroxysm of infantile anger. It was considered. The workers spied an opportunity to take the elite that despises them down a peg or two — and they seized it. They asserted their power, and in the process, blimey: they changed the world.

Voir aussi:

The London Riots 1381: The blood-soaked uprising which changed the face of England forever
Professor John Gillingham
The Daily Mail
30 September 2011

They make for a rag-tag army. One of them is an elderly shepherd armed with nothing more deadly than his crook, another is a young boy who clings for protection to the drum with which he has bravely set the pace of their advance.

Nearby, a fierce-looking youth is spattered with blood from the severed head he carries on top of a long pole.

Others brandish the flaming torches with which they have set London ablaze, and in front of them stands a  thick-set brute, his face glistening with sweat from the battles recently won and his sword drawn ready for those that lie ahead.

Rag-tag army: The Peasants’ Revolt of 1381 was the uprising that saw tens of thousands of England’s poorest countrymen come close to overthrowing the establishment
It is this man, Wat Tyler, whose name will go down in history. As leader of the Peasants’ Revolt of 1381, he will be remembered for the uprising that saw tens of thousands of his poorest countrymen come close to overthrowing the establishment.

Until now, we have had only the illustrations in history books to help  us picture their struggle. But thanks  to the work of British photographer  Red Saunders, we can come closer than ever to appreciating their deadly determination.

Saunders specialises in photographing huge tableaux vivants, living pictures in which dozens of actors recreate key moments in British history.

His latest creations, showcased in a new exhibition in Bradford, include this depiction of the Peasants’ Revolt, and it offers many fascinating insights into why the uprising happened — and why it took the bloody course that it did.

The first lies in the extraordinary array of weapons featured in the photograph. Alongside the swords and pikes, whose steel glints in the fiery glow over London, we see pick-axes, pitchforks and scythes more usually wielded on farms, but put to lethal new use as implements of death.

This reminds us that the insurgents were not political saboteurs, but ordinary men and women, usually content to fight only the elements as they struggled to make a living from the land, but driven to mutiny and murder by the actions of their over-bearing and greedy rulers.

Just 30 years previously, the Black Death had killed a third of the population — which then numbered between two and three million.

Many of those depicted in the photograph will have lost family or friends to a catastrophe unimaginable by modern standards.

Though it would not have helped these peasants in their grief, there was one ‘benefit’ of this sudden cull of much of the nation’s workforce. With fewer labourers to work the land, demand for their services was all  the higher.

Their wages should have risen accordingly, but in the years leading up to the Peasants’ Revolt a series of statutes were introduced imposing an ungenerous limit on the wages farm labourers could be paid.

On top of this were the frustrations  of serfdom, the centuries-old practice by which some peasants were still forced to work part of the time free of charge for their rich and powerful landlords.

And then there was the introduction of a series of poll taxes to help fund the latest wars with France.

Everyone had to pay a shilling — a pittance for the ruling classes, but a significant amount for those bound to them in serfdom.

As if this was not provocative enough, the commissioners sent out to enforce these payments often abused their power, particularly when it came to investigating whether young girls in a household were over 15, the age at which the poll tax became payable.

Frightened girls were forced to lift their skirts while these officials examined them for signs of maturity and sexual experience. If a girl was no longer a virgin, she was deemed old enough to pay the poll tax, whether she had reached 15 or not.

Such outrages fomented public opinion, and matters appear to have reached a tipping point in May 1381, following the visit of a tax collector to the Essex village of Fobbing.

Fascinating insight: Just 30 years previously, the Black Death killed a third of the population. Many of those in the image will have lost family or friends to the catastrophe

The residents took great umbrage at his presence and threw him out, later giving the same treatment to soldiers sent to re-establish law and order by the 14-year-old Richard II.

Unrest spread quickly throughout the South-East. The following month, a group of men marched on Rochester Castle in Kent and freed a man imprisoned for refusing to work as a serf.

They were led by Wat Tyler, a man we know little about except that, as his name suggests, he may have been a roofer by trade.

The efficiency with which he led his forces suggests he had experience as a soldier, perhaps as part of a militia raised by the local lord to join in the war against France.

Deadly: As the drunken in this part of the image suggests, some of the rebels liked a drink. A few were burnt to death when they became too inebriated to escape fire
Soon there were two great  peasant armies marching on London — one led by Tyler, the other a  contingent from Essex under the command of a man called Jack Straw, most likely a thatcher.

Many thousands in number, their ranks included trained soldiers, as suggested by the photograph, but there were many civilians, too, including those like the blood-smeared blacksmith seen on Wat Tyler’s right, the understandably fearful-looking shepherd next to the drummer boy, and the young farmhand placing a protective arm around his pregnant wife, who is presumably a camp follower.

In the words of medieval poet John Gower: ‘Savage hordes approached the city like waves of the sea/At their head a peasant captain urged the madmen on/With cruel eagerness for slaughter, he shouted: “Burn and Kill.” ’

En route, they destroyed many tax records and registers, and beheaded several tax officials who tried to stop them.

Their march must have been a  terrifying prospect for the nation’s rulers, but it’s important to understand these people were not rising up against the young King. They were patriots, as suggested by the flag of St George on the right of the photograph.

Indeed, the Kent contingent gave instructions that no one living within ten miles of the South Coast was allowed to join them because these men were needed to repel any French invaders who might take advantage of their absence.

Their argument was with the King’s advisers and, with the help of Londoners who opened the gates of the city for them, they began their attacks on those they believed responsible for their oppression.

Along the way, their targets included many lawyers, as representatives of the judicial system that had kept peasants in serfdom and wages low — it is perhaps one of these unfortunates whose head is being paraded so proudly by the rebels in the photograph.

Soon they reached their ultimate prize, the Palace of Savoy, the  official residence of John of Gaunt, the King’s uncle and the real power behind the throne.

It is this great fortress — where the Savoy hotel stands today — that can be seen burning in the picture.

Luckily for John of Gaunt, he was away at the time, dealing with border disputes in Scotland, for he would almost certainly have been executed, too.

As it was, his palace was virtually destroyed though not, it’s interesting to note, looted.

As the drunken man to the right of the photograph suggests, some of the rebels liked a drink. A few of them were burnt to death when they invaded the palace’s wine  cellar and became too inebriated to escape the flames from a fire started by their fellow peasants.

But when another raider stole a piece of silver from the treasury and tried to hide it, his companions threw both it and him into the fire, saying they were lovers of truth and justice, not thieves.

The sack of the Savoy Palace must have been an electrifying moment for the rebels. Soon they went on to storm the Tower of London, seizing and beheading the Archbishop of Canterbury and the Prior of St John’s, Clerkenwell.

This was not because these two unfortunates were churchmen, but because they held high political office, being the equivalent of the prime minister and Chancellor of the Exchequer today.

Historical ‘evidence’: Leveller Women in the English Revolution, 1647 is another of Red Saunders’ ‘tableaux vivants’ which recreates famous – and not so famous – scenes from the past
To avoid further trouble, the King agreed to meet Tyler in Smithfield, just outside the eastern city walls.

Whether or not this was a deliberate trap has been debated ever since, but during the meeting the Mayor of London, outraged by Tyler’s demands and his arrogant manner when talking to the King, drew his dagger and stabbed him in the neck.

The rebel leader was taken to St Barts hospital but, on the Mayor’s orders, he was dragged from his bed and beheaded.

Suddenly, the revolt was over, just a few days after it began, and 150 of the protesters were later hanged for treason.

Yet the revolt had not been entirely in vain. The poll tax was abolished soon afterwards and it would be another 300 years before the ministers of Charles I would attempt to reintroduce it.

Successive governments, it seemed, were haunted by the ‘people power’ demonstrated during the Peasants’ Revolt. Looking at the rather fearsome bunch of characters assembled in this photograph, it’s easy to understand why.

Voir également:

Anti-Brexit Elites Aren’t the Ones Who Suffer from Their Policies
Victor Davis Hanson
National Review Online
July 1, 2016

Following the Brexit, Europe may witness even more plebiscites against the undemocratic European Union throughout the continent.

The furor of ignored Europeans against their union is not just directed against rich and powerful government elites per se, or against the flood of mostly young male migrants from the war-torn Middle East. The rage also arises from the hypocrisy of a governing elite that never seems to be subject to the ramifications of its own top-down policies. The bureaucratic class that runs Europe from Brussels and Strasbourg too often lectures European voters on climate change, immigration, politically correct attitudes about diversity, and the constant need for more bureaucracy, more regulations, and more redistributive taxes.

But Euro-managers are able to navigate around their own injunctions, enjoying private schools for their children; generous public pay, retirement packages and perks; frequent carbon-spewing jet travel; homes in non-diverse neighborhoods; and profitable revolving-door careers between government and business.

The Western elite classes, both professedly liberal and conservative, square the circle of their privilege with politically correct sermonizing. They romanticize the distant “other” — usually immigrants and minorities — while condescendingly lecturing the middle and working classes, often the losers in globalization, about their lack of sensitivity.

On this side of the Atlantic, President Obama has developed a curious habit of talking down to Americans about their supposedly reactionary opposition to rampant immigration, affirmative action, multiculturalism, and political correctness — most notably in his caricatures of the purported “clingers” of Pennsylvania.

Yet Obama seems uncomfortable when confronted with the prospect of living out what he envisions for others. He prefers golfing with celebrities to bowling. He vacations in tony Martha’s Vineyard rather than returning home to his Chicago mansion. His travel entourage is royal and hardly green. And he insists on private prep schools for his children rather than enrolling them in the public schools of Washington, D.C., whose educators he so often shields from long-needed reform.

In similar fashion, grandees such as Facebook billionaire Mark Zuckerberg and Univision anchorman Jorge Ramos do not live what they profess. They often lecture supposedly less sophisticated Americans on their backward opposition to illegal immigration. But both live in communities segregated from those they champion in the abstract.

The Clintons often pontificate about “fairness” but somehow managed to amass a personal fortune of more than $100 million by speaking to and lobbying banks, Wall Street profiteers, and foreign entities. The pay-to-play rich were willing to brush aside the insincere, pro forma social-justice talk of the Clintons and reward Hillary and Bill with obscene fees that would presumably result in lucrative government attention.

Consider the recent Orlando tragedy for more of the same paradoxes. The terrorist killer, Omar Mateen — a registered Democrat, proud radical Muslim, and occasional patron of gay dating sites — murdered 49 people and wounded even more in a gay nightclub. His profile and motive certainly did not fit the elite narrative that unsophisticated right-wing American gun owners were responsible because of their support for gun rights.

No matter. The Obama administration and much of the media refused to attribute the horror in Orlando to Mateen’s self-confessed radical Islamist agenda. Instead, they blamed the shooter’s semi-automatic .223 caliber rifle and a purported climate of hate toward gays.

Many Americans were bewildered by the logic. It’s reasonable to conclude that the shooter was conflicted over his religion’s strict prohibitions about his lifestyle — and especially the American brand of tolerance as exemplified by the nightclub. Mateen’s immigrant father from Afghanistan is a crude homophobe who had praised the murderous Taliban. Mateen somehow had cleared all background checks and on at least two occasions had been interviewed and dismissed by the FBI.

In sum, elites ignored the likely causes of the Orlando shooting: the appeal of ISIS-generated hatred to some young, second-generation radical Muslim men living in Western societies, and the politically correct inability of Western authorities to short-circuit that clear-cut connection.

Instead, the establishment all but blamed Middle America for supposedly being anti-gay and pro-gun.

In both the U.S. and Britain, such politically correct hypocrisy is superimposed on highly regulated, highly taxed, and highly governmentalized economies that are becoming ossified and stagnant.

The tax-paying middle classes, who lack the romance of the poor and the connections of the elite, have become convenient whipping boys of both in order to leverage more government social programs and to assuage the guilt of the elites who have no desire to live out their utopian theories in the flesh.

America’s version of the British antidote to elite hypocrisy is the buffoonish populist Donald Trump. Like the architects of Brexit, he arose not from what he was for, but what he said he was against.

Voir encore:

Obama’s Brexit overreach is typical of his arrogance
The British politicians counting on his endorsement don’t understand the resentment he can cause
Tim Montgomerie
The Spectator
23 April 2016

Nobody could describe Donald Trump as lacking in self-confidence, but the billionaire egomaniac is emotional jelly compared with King Barack. Even before he won the Nobel peace prize, Obama was telling America that his elevation to the presidency would be remembered as ‘the moment when the rise of the oceans began to slow’. He doesn’t have Mr Trump’s gold-plated helicopter, private jet, penthouse and yacht. But when it comes to self-reverence and sheer hauteur there is no one to beat him.

Someone who believes his political personality can reverse global warming will have no doubts about his ability to persuade the British people to stay in the European Union. Just a few of his mellifluous sentences and a flash of those teeth and surely the British people will go weak at the knees! The polls show that Britain is split on the EU, so King Barack will come and help the nation resolve its indecision — to the delight of David Cameron and George Osborne.

The timing of his visit, halfway through the EU referendum debate, is no accident. There is a longstanding international understanding that world leaders don’t visit during election campaigns — but such conventions were obviously designed for lesser mortals. Obama has no qualms and the Prime Minister has no shame: he needs every endorsement he can get. The Chancellor is pulling all the strings he can so the likes of the IMF’s Christine Lagarde ask us to stay in. Short of engineering a Second Coming, a visitation from King Barack is to their minds the best plug imaginable.

That enthusiasm does not seem to be shared as much by British voters. Polls show that only 4 per cent of us think Mr -Obama’s primary reason for wanting us to stay in the EU is because ‘he cares about Britain’. A majority of us recognise that Mr Obama finds it easier ‘to deal with Europe as one bloc’.

It’s not, as some Tory MPs have alleged, that Obama hates Britain. It’s just that he cares less about us — and our neighbours — than any of his recent predecessors. The ‘pivot’ to Asia, turning America’s strategic gaze away from Europe and towards the Pacific, has been his chief international objective. The turmoil in Europe and the Middle East — the Ukraine and Syrian refugee crises which have, at the very least, been encouraged by US withdrawal from the world — were distractions from his focus on China and the rising economies of East Asia. The world has not become a safer place as a result of Obama’s policy of ‘leading from behind’.

It’s natural that Britain’s admirers want us to stay in the EU. As the former Australian PM, Tony Abbott, recently put it, ‘There is no international problem that British involvement doesn’t improve’, and ‘no international organisation that British membership doesn’t help’. Abbott, Obama and countless other global politicians don’t worry much about what EU membership means for the British economy or British democracy. They simply want us to put our national interests second and the wider interest first. Few of them would allow citizens of much poorer neighbouring states to have full rights to live and work in their countries or let foreign courts change their laws. But that, apparently, is what Britain should accept.

The arrogance is breathtaking but it is far from the only manifestation of, dare I say it, the madness of King Barack. Mr Obama does not let any adviser, voter or foreign leader get in his way. During his two-term presidency, his Democratic party has lost control of both the House of Representatives and the Senate. But King Barack was unimpressed at the verdicts of the people. By royal decree, or as the White House calls it, executive order, he has attempted to stop illegal immigrants being deported, increase the minimum wage, intensify gun regulation and cut greenhouse gas emissions.

All of these policies may be cheered from Europe. But the US constitution is quite clear: it’s the job of the House of Representatives and the Senate to pass laws and it’s the job of the President to either veto or implement them. There is a word for ignoring and overruling the legislative branches of the American government and that word is ‘undemocratic’.

It was not supposed to be this way when Mr Obama launched his transformational bid for the presidency. He came to national attention with an uplifting speech to the 2004 Democratic Convention. He told his party about gay Americans living in red-leaning Republican states and how blue-leaning Democratic states worshipped ‘an awesome God’. There weren’t red states or blue states but ‘one America: red, white, and blue’. An America demoralised by the Iraq war, the global recession and bitterness towards the often tongue-tied George W. Bush embraced Obama and his soaring oratory in 2008, in the hope that he would unite an unhappy, fractious nation.

It has not come to pass, of course. Whether it’s the Black Lives Matter protests at police violence or the fact that only 1 per cent of Americans think the people who caused the 2008 crash have been brought to justice, the American left is as energised and angry as the right. Today, barely a quarter of Americans think their country is heading in the right direction. They are more pessimistic about their economic prospects than the Brits or Germans.

You would, perhaps, expect the American right to be angry, because Mr Obama does little to build ties with them. He didn’t attend the funeral of the conservative Supreme Court justice Antonin Scalia or that of Nancy Reagan — choosing to speak at a music festival instead. But his lack of respect and charity is not confined to Republicans. It recently emerged that Obama declined to invite the Clintons to dinner at the White House because Michelle, the First Lady, has struggled to forgive Bill Clinton for criticising her husband.

Jeffrey Goldberg’s extraordinary recent essay in the Atlantic magazine about Obama’s foreign policy gave insight after insight into the President’s arrogance. Angela Merkel is ‘one of the few foreign leaders Obama respects’. When Obama reversed his Syrian policy and decided that President Assad’s crossing of those famous ‘red lines’ would not, after all, be punished, his secretary of state, John Kerry, and defence secretary, Chuck Hagel, found out hours after he’d told his advisers. It’s a common experience for so many of his colleagues. Hillary Clinton was overruled on Syria, generals were overruled on Iraq. Obama blamed David Cameron and Nicolas Sarkozy for the Libyan ‘shit show’. It is never King Barack’s fault.

Obama’s election in 2008 inspired the world. But after eight years, it’s hard not to blame his abrasive style of politics for the rise of anti-politicians such as Bernie Sanders and Donald Trump. Americans are rebelling against the emergence of an imperial presidency. As Barack Obama offers his hand to the Queen this week, and lectures the British on their place in the world, voters here might feel somewhat resentful, too.

Voir de plus:

Le Brexit face à Bruxelles, c’est l’Eglise anglicane face au Vatican
Pierre-Henri d’Argenson
Le Figaro
01/07/2016

FIGAROVOX/TRIBUNE : Pour Pierre-Henri d’Argenson, le Brexit ressemble à la fondation de l’Eglise anglicane par Henry VIII. Portant le «religieux projet européen, Mgr Juncker, évêque de Bruxelles, rêve d’apporter la paix libérale au monde et de suspendre l’histoire».

Pierre-Henri d’Argenson est haut-fonctionnaire, titulaire d’un master de politique européenne ( London School of Economics), fin connaisseur des affaires européennes et ancien maître de conférences à Sciences Po Paris en Questions internationales.

L’Union européenne est calquée, dans son essence, sur l’Eglise de Rome et sur le fonctionnement de la foi catholique (dans sa période moyen-âgeuse): dirigée par un pape président de la Commission européenne désigné et contrôlé par la Curie des Etats-membres, elle est la gardienne d’un dogme profane intransigeant dont elle contrôle la stricte observance par ses fidèles à travers l’Europe, sous peine de procès en hérésie et de mises à l’index.

Il est donc évident, pour qui se penche sur le temps long de l’histoire européenne, que le Brexit a un sens éminemment religieux: c’est le remake de la fondation de l’Eglise anglicane. Ainsi vit-on David Cameron, nouvel Henry VIII, exiger en vain de la Commission, Vatican des européistes, qu’elle accorde au Royaume-Uni le droit de divorcer de certains de ses règlements, de la même façon que le souverain anglais avait tenté de faire annuler son mariage avec Catherine d’Aragon pour épouser Anne Boleyn. L’intransigeance du pape Clément VII

le Brexit a un sens éminemment religieux : c’est le remake de la fondation de l’Eglise anglicane. Ainsi vit-on David Cameron, nouvel Henry VIII, exiger en vain de la Commission, Vatican des européistes, qu’elle accorde au Royaume-Uni le droit de divorcer de certains de ses règlements.
n’eut d’égal que celle de l’évêque de Bruxelles Jean-Claude Juncker vis-à-vis des demandes britanniques, la première provoquant la rupture avec la papauté par l’édiction en 1534 de l’Acte de suprématie qui fit du roi d’Angleterre le chef suprême de son Eglise, la seconde amenant les Britanniques à quitter l’Union européenne.

Le désarroi qui saisit les Britanniques à la suite du Brexit est d’ailleurs absolument similaire aux doutes qui traversèrent l’Angleterre du XVIème siècle et qui amenèrent Marie Tudor, fille d’Henry VIII, à vainement tenter de restaurer le catholicisme, provoquant à cette occasion de nombreuses violences. C’est peut-être le souvenir inconscient de ces évènements qui poussa David Cameron, pour couper court à tout contre-Brexit belliqueux mais vain, à proclamer haut et fort que ce dernier était définitif.

Si l’on admet la similitude de nature entre le dogme bruxellois et le catéchisme romain, alors le Brexit emporte une signification plus profonde, qui nous emmène au-delà de l’épopée d’Albion. L’idéologie européenne doit en effet son succès à l’essence millénariste de son projet: faire advenir le Royaume de la paix sur l’Europe, pour se donner en exemple à imiter dans le monde entier ; et pour cela, en terminer, une fois pour toutes, avec l’Histoire. Seul le libéralisme intégral prôné par Bruxelles peut accueillir une telle ambition, et une telle dévotion, en tant qu’il se propose de remplacer l’homme d’avant, attaché à sa terre, à sa foi, à ses valeurs, à sa culture, à sa liberté politique, autant de forces qui actionnent les leviers tragiques de l’Histoire, par un homme nouveau, qui ne serait plus animé que par une seule préoccupation: la satisfaction consumériste de ses besoins.

L’idéologie européenne doit en effet son succès à l’essence millénariste de son projet : faire advenir le Royaume de la paix sur l’Europe, pour se donner en exemple à imiter dans le monde entier ; et pour cela, en terminer, une fois pour toutes, avec l’Histoire.
Le marché européen pourrait donc, dans cette optique, remplacer le politique et ses disputes surannées, et offrir enfin aux hommes européens le Saint Graal de la fin de l’Histoire: l’avènement d’un monde immobile vitrifié par l’échange marchand. La loi de l’offre et de la demande, qui donnerait à tout désir son juste prix, pourrait enfin stopper le cours des guerres, la marche des siècles, voire l’expansion de l’univers.

Mais voilà que patatras, le Royaume-Uni vient, à son corps défendant, de briser le mythe! Voilà que l’ «Anglois abominatif», qui a nourri en son sein les pères de l’Eglise du libre-échange (David Ricardo), de la toute-puissance du marché (Adam Smith) et de l’utilitarisme (Jeremy Bentham), piliers idéologiques et religieux de l’Europe de la CECA (ancien testament), du traité de Rome (évangile), de l’Acte (de l’apôtre) unique et de toutes ses directives (canoniques), a subitement décidé de redémarrer l’Histoire, comme on le ferait du moteur poussiéreux d’une vieille Bentley décapotable qui n’aurait ni la climatisation ni le radar de parking, mais qui nous rendrait nos vingt ans et le goût de l’aventure. Ce qu’ont exprimé les Britanniques, ce n’est pas tant le souhait de reprendre leur indépendance vis-à-vis d’une Europe dont il font de toute façon partie que de rompre avec l’idéologie mortifère par laquelle Bruxelles essaie de convaincre les peuples, depuis près de soixante ans, qu’il doivent cesser de désirer quoique ce soit d’autre que de prier dans les supermarchés. Je n’ai aucune fascination pour le tragique de l’Histoire, dont ma famille a, comme beaucoup d’autres, payé le prix. Mais cette Histoire enseigne justement que les plus grandes utopies de paix définitive ont engendré, au nom du Bien et du Progrès, les plus vilains massacres. La vie est mouvement, et les hommes de paix valent mieux que tous les petits livres.

C’est vrai, finalement, ce Brexit a le goût du péché, et il n’est sûrement pas très raisonnable. Mais Dieu qu’il fait du bien!

Voir de plus:

Alain Finkielkraut : « Nul n’est prêt à mourir pour l’Europe »
Sans essayer de deviner quelle sera la suite pour l’UE et le Royaume-Uni, le philosophe explique les raisons du désaveu anglais de la cause européenne.
Propos recueillis par Saïd Mahrane

Le Point

30 juin 2016

Le Point : Le Brexit n’est-il pas, selon vous, la preuve de la difficulté pour les peuples d’éprouver un sentiment à la fois national et européen ?

Alain Finkielkraut : Le Brexit sera-t-il un choc salutaire ou le début de la fin d’une grande aventure collective ? Je n’ai pas de réponse. Mais, ce que je peux d’ores et déjà affirmer, c’est que les eurocrates ne l’ont pas volé, car ils se sont acharnés à faire de l’Union européenne le cheval de Troie de la déseuropéanisation. Ces politiciens et ces fonctionnaires ne se vivent pas comme les dépositaires d’une grande civilisation, mais comme les héritiers du « plus jamais ça » : plus jamais la guerre, plus jamais le racisme hitlérien ni colonial. Pour éviter le retour des discours ou des comportements maléfiques, ils emploient donc les grands moyens. Ils refusent d’incarner l’Europe, par son histoire, ses paysages, ses monuments, ses villes, ses cafés, ses œuvres, une forme de vie, un mode de présence sur Terre, car ce serait tracer une ligne de partage entre un dedans et un dehors, entre un nous et un eux. Ils ne veulent pas mettre le doigt dans cet engrenage fatal. Ils effacent donc le passé. Ils s’offensent, avec Pierre Moscovici, quand on parle des racines chrétiennes de l’Europe. Le « plus jamais ça » exige que l’Europe ne soit rien de substantiel, qu’elle n’affirme que des valeurs, qu’elle ne se définisse que par des droits et des procédures, afin de pouvoir s’ouvrir sans discrimination à tous et à tout. C’est ce que disait textuellement le grand sociologue allemand Ulrich Beck.

Mais beaucoup d’intellectuels de votre génération, qui ont grandi avec le récit traumatique de la Seconde Guerre mondiale, pensent précisément comme Ulrich Beck…

J’aurais moi-même pu penser de la sorte si je n’avais pas croisé la route de grands écrivains d’Europe centrale : Czeslaw Milosz, Kazimierz Brandys et surtout Milan Kundera. Ce sont eux qui ont fait de moi un Européen. Face au communisme russe, ils ne défendaient pas seulement la démocratie et les droits de l’homme, ils défendaient aussi une civilisation. L’Europe était leur identité. Ils m’ont réveillé de mon universalisme facile et ils m’ont fait comprendre que le passé de l’Europe ne se réduisait pas à ses crimes.

Comment dépasser ces traumatismes historiques qui, selon vous, interdisent la transmission de l’héritage européen ?

Il ne faut pas faire le cadeau de l’Europe à Hitler. L’Allemagne, c’est Bach, Goethe, Caspar Friedrich. De même, l’histoire de France ne se réduit pas à la collaboration ou à la guerre d’Algérie. Avec le sens de la continuité historique, les peuples européens doivent retrouver la véritable signification de l’hospitalité. Être hospitalier, c’est offrir quelque chose à celui qu’on reçoit. D’où le rôle névralgique de l’école.

Quand on habite dans une cité ouvrière d’Everton, dans le nord de l’Angleterre, ou dans une zone périurbaine en France, cet héritage est difficilement perceptible à l’œil nu…

La veille du référendum, j’ai vu un reportage sur la ville de Peterborough, en Angleterre. On découvrait des rues commerçantes avec des magasins afghans, pakistanais et polonais. Les habitants disaient que les Britanniques étaient désormais minoritaires et on apprenait qu’il n’y avait plus qu’un seul pub dans toute la ville. J’ai pris conscience, en regardant ces images, de la nouvelle grande division des sociétés européennes. Elles se partagent désormais entre les planétaires et les sédentaires, les globaux et les locaux, les hors-sol et les autochtones. Les premiers sont non seulement mieux lotis économiquement, mais ils se croient politiquement et moralement supérieurs. Ils traitent les autochtones de « ploucs », voire de « salauds », ils soulignent élégamment leur âge avancé, ils font tomber sur eux le triple diagnostic d’europhobie, de xénophobie et de passéisme, alors même que, ce qu’ils leur opposent, c’est un cosmopolitisme de galerie marchande et, en guise de déracinement, une complète absorption dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Le village global est un village, avec ses fausses évidences, ses œillères, sa mentalité étriquée. Les pubs font partie intégrante de la civilisation européenne. Ils sont la version anglaise du café. Ceux qui refusent la transformation de l’Angleterre ne sont pas antieuropéens, ils veulent juste que l’Angleterre reste l’Angleterre et que l’Europe reste l’Europe.

Certes, mais durant cette campagne, une hostilité s’est manifestée à l’endroit du travailleur polonais, qui est blanc, européen, chrétien…

L’immigration a été un thème central de la campagne britannique, mais ce serait le cas dans tous les pays européens qui choisiraient la voie du référendum. L’Union européenne a voulu combiner la morale humanitaire et l’intérêt économique. Puisque nos pays se dépeuplent et vieillissent, elle a cru qu’il suffisait d’importer les enfants et les travailleurs qu’ils n’ont plus. Mais les hommes ne sont pas interchangeables. Il y a des mondes, il y a des civilisations. L’autarcie n’est certes pas la solution, les frontières ne doivent pas devenir hermétiques. Il reste que, comme l’a écrit un grand philosophe américain de gauche, Michael Walzer : « Abattre les murs de l’État, ce n’est pas créer un monde sans murs, c’est créer un millier de petites forteresses. » Nous voyons les sociétés européennes se fragmenter en communautés hostiles. Même si la libre circulation des personnes à l’intérieur de l’espace européen ne pose pas les mêmes problèmes que l’immigration arabo-musulmane, il faut savoir respecter les proportions.

Que vous inspire cette phrase de Stefan Zweig : « L’égoïsme sacré du nationalisme restera toujours plus accessible à la moyenne des individus que l’altruisme sacré du sentiment européen » ?

Je ne considère pas que le fait de vouloir être majoritaire dans son propre pays relève de l’égoïsme. C’est une aspiration absolument légitime, qu’il est absurde de criminaliser. Dans son article capital Un Occident kidnappé, la tragédie de l’Europe centrale, Milan Kundera raconte qu’en septembre 1956, le directeur de l’agence de presse de Hongrie envoya par télex dans le monde entier ce message sur l’offensive russe déclenchée contre Budapest et qui allait écraser son bureau : « Nous mourrons pour la Hongrie et pour l’Europe. » Il affirmait d’un même souffle son identité nationale et son identité européenne.

Alors, précisément, qui serait prêt aujourd’hui à mourir pour l’Europe ?

Il faut arrêter de se payer de mots : nul n’est prêt à mourir. Mais on peut vouloir se défendre. Si renaît le patriotisme en France, si les bobos de la génération Bataclan en viennent à se réconcilier avec le drapeau tricolore et l’hymne national, c’est parce que notre pays est attaqué et, par-delà notre pays, l’Occident « idolâtre », « impie », « dominé par les juifs ». La découverte de cette fragilité peut faire renaître un sentiment européen. Mais nous payons aussi l’enseignement de l’oubli. La culture occupe une place de plus en plus réduite dans nos sociétés. J’éprouve un sentiment de tristesse, d’accablement lorsque je regarde le concours de l’Eurovision. L’Europe, c’était le maximum de diversité dans le minimum d’espace ; l’Eurovision, c’est l’apothéose de l’uniformité. Tous les chanteurs hurlent en anglais et leurs musiques sont devenues indiscernables. L’Europe se vide d’elle-même.

D’aucuns, tel Daniel Cohn-Bendit, considèrent que l’exaltation de l’identité nationale dessert la cause européenne. Vous sentez-vous fautif ?

Absolument pas. Durant dix ans j’ai dirigé une revue intitulée Le Messager européen. J’ai publié notamment un très beau texte de Ludvik Vaculik, l’un des grands protagonistes du printemps de Prague. Il y disait notamment que « c’est par les différences de langue, de foi, de métier que l’Européen a cultivé sa personnalité ». Cette personnalité multiple ne doit pas mourir. Défaire l’Europe pour faire l’Europe, ce n’est pas le bon chemin.

Qu’y a-t-il de commun, selon vous, entre un Irlandais et un Grec ?

Yeats et Cavafy [William Butler Yeats et Constantin Cavafy, poètes irlandais et grec : NDLR].

Très élitiste !

C’est élitiste, car l’école ne fait plus son travail. L’enseignement humaniste a créé l’Europe. Nous aurions dû rester fidèles à cette inspiration. Mais la culture, si longtemps garante de l’unité de l’Europe, est maintenant chassée de partout, même des billets de banque, qui ne représentent plus que des aqueducs ou des ponts.

La langue n’est-elle pas un frein définitif au sentiment d’appartenance européen ? Hannah Arendt disait : « Chaque langue a une façon d’interpréter le monde et les grandes énigmes, produit des investissements imaginaires qui lui sont propres. Elle crée un trait identitaire entre les personnes qui la parlent. C’est une façon de voir et de sentir. »

La pluralité est essentielle à l’Europe. Pluralité des langues et des nations. En même temps, il existe une histoire commune : la Bible, la Grèce, Rome, la féodalité, la Renaissance, la Réforme, les Lumières et le romantisme. De là vient qu’un Français éprouve, en Italie ou aux Pays-Bas, un sentiment mêlé d’étrangeté et de familiarité, de dépaysement et de reconnaissance.

Peut-on faire, selon vous, un lien entre le vote pro-Brexit, le vote trumpiste et le vote lepéniste ?

J’ai vu que Donald Trump, allant inaugurer un golf en Écosse, s’est réjoui du vote britannique. Mais il représente autre chose : il est la Némésis du politiquement correct. Goya a dessiné une gravure intitulée Le sommeil de la raison engendre des monstres. On pourrait adapter cette formule à notre situation : le déni de réalité produit des monstres comme Trump. Si le danger islamiste n’est pas nommé surgit un candidat républicain qui souhaite interdire aux musulmans d’entrer sur le sol américain. Je ne suis pas sûr que le vote anglais relève exactement du même phénomène. Cette vieille démocratie européenne manifeste par ce vote sa volonté de reprendre son destin en main.

Voir par ailleurs:

La polémique sur les « sans-dents » en cinq actes

France tvinfo

 11/09/2014

C’est l’une des révélations de « Merci pour ce moment » les plus dévastatrices pour François Hollande. Depuis la publication du livre, le chef de l’Etat tente d’éteindre la polémique lancée par son ex-compagne Valérie Trierweiler.

« Je suis catastrophé », a-t-il écrit par SMS à une amie. Selon les dires de son entourage, François Hollande a été « atterré » lorsqu’il a appris la publication, à la surprise générale, de Merci pour ce moment, le livre choc de Valérie Trierweiler. Et pour cause : l’ex-Première dame brosse un portrait accablant du chef de l’Etat qui, selon elle, « n’aime pas les pauvres ». Elle lui attribue même une expression hautement polémique, les « sans-dents », pour parler des plus défavorisés.

Une attaque très dure pour un président de gauche. François Hollande s’est dit blessé par la charge de son ancienne compagne, sans toutefois démentir farouchement l’expression. D’après les informations de L’Express, Valérie Trierweiler se dit maintenant prête à fournir les preuves, en cas de procès pour diffamation, de la véracité de ses propos. Retour sur la vraie bombe à retardement de Merci pour ce moment.

Acte 1 : Trierweiler attribue « les sans-dents » à Hollande

La veille de la sortie du récit du passage éphémère de Valérie Trierweiler à l’Elysée, mercredi 3 septembre, l’hebdomadaire Paris Match, employeur de l’ancienne Première dame, publie les bonnes feuilles de l’ouvrage. Parmi les extraits révélés, un passage en particulier retient l’attention. « Il s’est présenté comme l’homme qui n’aime pas les riches, écrit Valérie Trierweiler à propos de François Hollande. En réalité, le président n’aime pas les pauvres. Lui, l’homme de gauche, dit en privé : ‘les sans-dents’, très fier de son trait d’humour. »

Acte 2 : François Hollande s’exprime sur le sujet

Vendredi 5 septembre, à l’issue un sommet de l’Otan à Newport (Royaume-Uni), François Hollande réagit à la publication de Merci pour ce moment« Je n’accepterai jamais, déclare-t-il, que puisse être remis en cause ce qui est l’engagement de toute ma vie. » Et le président de la République d’ajouter, en référence à l’expression « les sans-dents » qui lui est attribuée : « Je suis à leur service, les plus humbles, les plus fragiles, les plus pauvres, c’est ma raison d’être. »

Acte 3 : les proches du président prennent sa défense

Dans la foulée, plusieurs membres de la classe politique contestent les faits rapportés par l’ex-Première dame. C’est « n’importe quoi« , réplique Ségolène Royal, la ministre de l’Ecologie, sur BFMTV« C’est le contraire de l’engagement politique d’un grand responsable de gauche, socialiste. C’est le contraire de son identité politique », poursuit-elle. Pour Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement, « le portrait implicite qui est décrit de [François Hollande] n’est absolument pas la réalité que l’on peut percevoir ».

Ségolène Royal estime en outre qu’il faut « juger les hommes politiques sur leurs actes », rappelant « l’attention portée aux plus précaires » en Corrèze, lorsque François Hollande était à la tête du département. Sophie Dessus, actuelle députée de Corrèze, fait même visiter la chambre d’étudiant (spartiate) du chef de l’Etat lorsqu’il était maire de Tulle, en espérant sans doute démontrer la simplicité du président.

Acte 4 : François Hollande se dit blessé par ces attaques

Le 10 septembre, François Hollande tente, à nouveau, d’éteindre la polémique déclenchée par la petite phrase. Dans une interview au Nouvel Observateur, il se défend de ne pas aimer les « pauvres ». « Je ne veux pas qu’on puisse dire ou écrire que je me moque de la douleur sociale, car c’est un mensonge qui me blesse, riposte le chef de l’Etat. Cette attaque sur les pauvres, les démunis, je l’ai vécue comme un coup porté à ma vie tout entière. » Et d’ajouter : « Dans toutes mes fonctions, dans tous mes mandats, je n’ai pensé qu’à aider, qu’à représenter ceux qui souffrent. »

Acte 5 : Valérie Trierweiler dit avoir une preuve

Mais le président ne nie pas, dans cet entretien à l’Obs, avoir employé la formule. Et ce n’est pas un hasard, selon L’Express, puisque Valérie Trierweiler détiendrait la preuve de ce qu’elle avance dans son livre. L’hebdomadaire croit savoir que l’ex-Première dame a ainsi confié à des proches qu’elle pourrait la sortir si besoin. Et potentiellement en cas de procès pour diffamation ?

En outre, l’ancienne compagne de Hollande aurait conservé tous les textos du chef de l’Etat. Ce qui représente « une arme nucléaire entre les mains d’une femme prête à tout pour prendre sa revanche », lâche L’Express.