Identités: Cachez cette loi commune que je ne saurais voir ! (Will the new religion of social justice, identity politics and intersectionality help reelect America’s most unpolitically correct president ?)

25 octobre, 2019

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Political Cartoons by Bob Gorrell
Ce sera pour vous (…) une loi perpétuelle. Lévitique 16: 31
Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé. Celui donc qui supprimera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. Jésus (Matthieu 5: 17-19)
A la résurrection, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel.  Jésus (Matthieu 22: 30)
Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Paul (Galates 3: 28)
Bernard de Chartres avait l’habitude de dire que nous sommes comme des nains sur les épaules de géants, afin que nous puissions voir plus qu’eux et les choses plus éloignées, pas en vertu d’une netteté de la vue de notre part, ou d’une distinction physique, mais parce que nous sommes portés haut et soulevé vers le haut par leur taille gigantesque. John de Salisbury (1159)
Si j’ai vu plus loin que les autres, c’est parce que j’ai été porté par des épaules de géants. Isaac Newton (1676)
Tout droit mobile est à la merci des plus forts, quelle que soit la forme du gouvernement, que le peuple ait à sa tête un chef unique ou la majorité d’un corps qui délibère ; dans l’un et l’autre cas, le sort de tous ou au moins le sort de la minorité est sans protecteur, s’il n’existe entre le souverain et les sujets un droit inviolable, qui couvre la cité tout entière et assure le dernier des citoyens contre les entreprises du plus grand nombre et même de tous. Tant que le droit n’est pas cela, il n’est rien. Jean-Jacques Rousseau a dit: « Si le peuple veut se faire du mal à lui-même, qui est-ce qui a le droit de l’en empêcher ? Je réponds tout le monde; car tout le monde est intéressé à ce que le peuple n’abuse pas de sa force et de son unanimité, attendu que son unanimité retombe finalement sur quelqu’un, et n’est, en fait, qu’une oppression déguisée par l’excès même de son poids. C’est contre tous que le droit est nécessaire, bien que plus contre qui que ce soit; car le nombre a l’inconvénient de joindre à la puissance matérielle la sanction d’une apparente justice. Mais le droit n’est quelque chose contre tous que quand il est doué d’immutabilité, et qu’en vertu de cette ressemblance avec Dieu, il oppose une invincible résistance aux faiblesses de la cité comme à ses conjurations. Lacordaire (32e conférence)
Est-ce bien la France qui méconnaît à ce point les devoirs les plus sacrés de l’homme envers l’homme ? Est-ce elle qui déchire le pacte fondamental de l’humanité, qui livre au riche l’âme et le corps du pauvre pour en user à son plaisir, qui foule aux pieds le jour de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, le jour sublime du peuple et de Dieu ? Je vous le demande, est-ce bien la France ? Ne l’excusez pas en disant qu’elle permet à chacun le libre exercice de son culte, et que nul, s’il ne le veut, n’est contraint de travailler le septième jour ; car c’est ajouter à la réalité de la servitude l’hypocrisie de l’affranchissement. Demandez à l’ouvrier s’il est libre d’abandonner le travail à l’aurore du jour qui lui commande le repos […]. Demandez à ces êtres flétris qui peuplent les cités de l’industrie, s’ils sont libres de sauver leur âme en soulageant leur corps. Demandez aux innombrables victimes de la cupidité d’un maître, s’ils sont libres de devenir meilleurs, et si le gouffre d’un travail sans réparation physique ni morale ne les dévore pas vivants […]. Non, Messieurs, la liberté de conscience n’est ici que le voile de l’oppression ; elle couvre d’un manteau d’or les lâches épaules de la plus vile des tyrannies, la tyrannie qui abuse des sueurs de l’homme par cupidité et par impiété […]. Sachent donc ceux qui l’ignorent, sachent les ennemis de Dieu et du genre humain, quelque nom qu’ils prennent, qu’entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime, et la loi qui affranchit. Le droit est l’épée des grands, le devoir est le bouclier des petits. Henri Lacordaire (52e conférence de Notre-Dame, 16 avril 1848)
Debout ! les damnés de la terre ! Debout ! les forçats de la faim ! La raison tonne en son cratère, C’est l’éruption de la fin. Du passé faisons table rase, Foule esclave, debout ! debout ! Le monde va changer de base : Nous ne sommes rien, soyons tout ! C’est la lutte finale Groupons-nous, et demain, L’Internationale, Sera le genre humain. Eugène Pottier (1871)
Où est Dieu? cria-t-il, je vais vous le dire! Nous l’avons tué – vous et moi! Nous tous sommes ses meurtriers! Mais comment avons-nous fait cela? Comment avons-nous pu vider la mer? Qui nous a donné l’éponge pour effacer l’horizon tout entier? Dieu est mort! (…) Et c’est nous qui l’avons tué ! (…) Ce que le monde avait possédé jusqu’alors de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous nos couteaux (…) Quelles solennités expiatoires, quels jeux sacrés nous faudra-t-il inventer? Nietzsche
« Dionysos contre le « crucifié » : la voici bien l’opposition. Ce n’est pas une différence quant au martyr – mais celui-ci a un sens différent. La vie même, son éternelle fécondité, son éternel retour, détermine le tourment, la destruction, la volonté d’anéantir pour Dionysos. Dans l’autre cas, la souffrance, le « crucifié » en tant qu’il est « innocent », sert d’argument contre cette vie, de formulation de sa condamnation. (…) L’individu a été si bien pris au sérieux, si bien posé comme un absolu par le christianisme, qu’on ne pouvait plus le sacrifier : mais l’espèce ne survit que grâce aux sacrifices humains… La véritable philanthropie exige le sacrifice pour le bien de l’espèce – elle est dure, elle oblige à se dominer soi-même, parce qu’elle a besoin du sacrifice humain. Et cette pseudo-humanité qui s’institue christianisme, veut précisément imposer que personne ne soit sacrifié. Nietzsche
Je condamne le christia­nisme, j’élève contre l’Église chrétienne la plus terrible de toutes les accusa­tions, que jamais accusateur ait prononcée. Elle est la plus grande corruption que l’on puisse imaginer, elle a eu la volonté de la dernière corruption possible. L’Église chrétienne n’épargna sur rien sa corruption, elle a fait de toute valeur une non-valeur, de chaque vérité un mensonge, de chaque intégrité une bassesse d’âme (…) L’ « égalité des âmes devant Dieu », cette fausseté, ce prétexte aux rancunes les plus basses, cet explosif de l’idée, qui finit par devenir Révo­lution, idée moderne, principe de dégénérescence de tout l’ordre social — c’est la dynamite chrétienne… (…) Le christianisme a pris parti pour tout ce qui est faible, bas, manqué (…) La pitié entrave en somme la loi de l’évolution qui est celle de la sélection. Elle comprend ce qui est mûr pour la disparition, elle se défend en faveur des déshérités et des condamnés de la vie. Par le nombre et la variété des choses manquées qu’elle retient dans la vie, elle donne à la vie elle-même un aspect sombre et douteux. On a eu le courage d’appeler la pitié une vertu (— dans toute morale noble elle passe pour une faiblesse —) ; on est allé plus loin, on a fait d’elle la vertu, le terrain et l’origine de toutes les vertus. Nietzsche
A l’origine, la guerre n’était qu’une lutte pour les pâturages. Aujourd’hui la guerre n’est qu’une lutte pour les richesses de la nature. En vertu d’une loi inhérente, ces richesses appartiennent à celui qui les conquiert. Les grandes migrations sont parties de l’Est. Avec nous commence le reflux, d’Ouest en Est. C’est en conformité avec les lois de la nature. Par le biais de la lutte, les élites sont constamment renouvelées. La loi de la sélection naturelle justifie cette lutte incessante en permettant la survie des plus aptes. Le christianisme est une rébellion contre la loi naturelle, une protestation contre la nature. Poussé à sa logique extrême, le christianisme signifierait la culture systématique de l’échec humain. Hitler
Jésus a tout fichu par terre. Le Désaxé (Les braves gens ne courent pas les rues, Flannery O’Connor)
Le monde moderne n’est pas mauvais : à certains égards, il est bien trop bon. Il est rempli de vertus féroces et gâchées. Lorsqu’un dispositif religieux est brisé (comme le fut le christianisme pendant la Réforme), ce ne sont pas seulement les vices qui sont libérés. Les vices sont en effet libérés, et ils errent de par le monde en faisant des ravages ; mais les vertus le sont aussi, et elles errent plus férocement encore en faisant des ravages plus terribles. Le monde moderne est saturé des vieilles vertus chrétiennes virant à la folie. Elles ont viré à la folie parce qu’on les a isolées les unes des autres et qu’elles errent indépendamment dans la solitude. Ainsi des scientifiques se passionnent-ils pour la vérité, et leur vérité est impitoyable. Ainsi des « humanitaires » ne se soucient-ils que de la pitié, mais leur pitié (je regrette de le dire) est souvent mensongère. G.K. Chesterton
L’inauguration majestueuse de l’ère « post-chrétienne » est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en « radicalisant » le souci des victimes dans un sens antichrétien. (…) Jusqu’au nazisme, le judaïsme était la victime préférentielle de ce système de bouc émissaire. Le christianisme ne venait qu’en second lieu. Depuis l’Holocauste, en revanche, on n’ose plus s’en prendre au judaïsme, et le christianisme est promu au rang de bouc émissaire numéro un. René Girard
L’erreur est toujours de raisonner dans les catégories de la « différence », alors que la racine de tous les conflits, c’est plutôt la « concurrence », la rivalité mimétique entre des êtres, des pays, des cultures. La concurrence, c’est-à-dire le désir d’imiter l’autre pour obtenir la même chose que lui, au besoin par la violence. Sans doute le terrorisme est-il lié à un monde « différent » du nôtre, mais ce qui suscite le terrorisme n’est pas dans cette « différence » qui l’éloigne le plus de nous et nous le rend inconcevable. Il est au contraire dans un désir exacerbé de convergence et de ressemblance. (…) Ce qui se vit aujourd’hui est une forme de rivalité mimétique à l’échelle planétaire. Lorsque j’ai lu les premiers documents de Ben Laden, constaté ses allusions aux bombes américaines tombées sur le Japon, je me suis senti d’emblée à un niveau qui est au-delà de l’islam, celui de la planète entière. Sous l’étiquette de l’islam, on trouve une volonté de rallier et de mobiliser tout un tiers-monde de frustrés et de victimes dans leurs rapports de rivalité mimétique avec l’Occident. Mais les tours détruites occupaient autant d’étrangers que d’Américains. Et par leur efficacité, par la sophistication des moyens employés, par la connaissance qu’ils avaient des Etats-Unis, par leurs conditions d’entraînement, les auteurs des attentats n’étaient-ils pas un peu américains ? On est en plein mimétisme.Ce sentiment n’est pas vrai des masses, mais des dirigeants. Sur le plan de la fortune personnelle, on sait qu’un homme comme Ben Laden n’a rien à envier à personne. Et combien de chefs de parti ou de faction sont dans cette situation intermédiaire, identique à la sienne. Regardez un Mirabeau au début de la Révolution française : il a un pied dans un camp et un pied dans l’autre, et il n’en vit que de manière plus aiguë son ressentiment. Aux Etats-Unis, des immigrés s’intègrent avec facilité, alors que d’autres, même si leur réussite est éclatante, vivent aussi dans un déchirement et un ressentiment permanents. Parce qu’ils sont ramenés à leur enfance, à des frustrations et des humiliations héritées du passé. Cette dimension est essentielle, en particulier chez des musulmans qui ont des traditions de fierté et un style de rapports individuels encore proche de la féodalité. (…) Cette concurrence mimétique, quand elle est malheureuse, ressort toujours, à un moment donné, sous une forme violente. A cet égard, c’est l’islam qui fournit aujourd’hui le ciment qu’on trouvait autrefois dans le marxismeRené Girard
Le christianisme (…) nous a fait passer de l’archaïsme à la modernité, en nous aidant à canaliser la violence autrement que par la mort.(…) En faisant d’un supplicié son Dieu, le christianisme va dénoncer le caractère inacceptable du sacrifice. Le Christ, fils de Dieu, innocent par essence, n’a-t-il pas dit – avec les prophètes juifs : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice » ? En échange, il a promis le royaume de Dieu qui doit inaugurer l’ère de la réconciliation et la fin de la violence. La Passion inaugure ainsi un ordre inédit qui fonde les droits de l’homme, absolument inaliénables. (…) l’islam (…) ne supporte pas l’idée d’un Dieu crucifié, et donc le sacrifice ultime. Il prône la violence au nom de la guerre sainte et certains de ses fidèles recherchent le martyre en son nom. Archaïque ? Peut-être, mais l’est-il plus que notre société moderne hostile aux rites et de plus en plus soumise à la violence ? Jésus a-t-il échoué ? L’humanité a conservé de nombreux mécanismes sacrificiels. Il lui faut toujours tuer pour fonder, détruire pour créer, ce qui explique pour une part les génocides, les goulags et les holocaustes, le recours à l’arme nucléaire, et aujourd’hui le terrorisme. René Girard
On a commencé avec la déconstruction du langage et on finit avec la déconstruction de l’être humain dans le laboratoire. (…) Elle est proposée par les mêmes qui d’un côté veulent prolonger la vie indéfiniment et nous disent de l’autre que le monde est surpeuplé. René Girard
Tout le monde sait que l’avenir de l’idée européenne, et donc aussi de la vérité chrétienne qui la traverse, se jouera en Amérique du Sud, en Inde, en Chine, tout autant qu’en Europe. Cette dernière a joué, mais en pire, le rôle de l’Italie pendant les guerres du XVIe siècle  : le monde entier s’y est battu. C’est un continent fatigué, qui n’oppose plus beaucoup de résistance au terrorisme. D’où le caractère foudroyant de ces attaques, menées souvent par des gens « de l’intérieur ». La résistance est d’autant plus complexe en effet que les terroristes sont proches de nous, à nos côtés. L’imprévisibilité de ces actes est totale. L’idée même de « réseaux dormants » vient corroborer tout ce que nous avons dit de la médiation interne, de cette identité des hommes entre eux qui peut soudain tourner au pire. (…) Le nombre croissant d’attentats en Irak est impressionnant. Je trouve étrange qu’on s’intéresse si peu à ces phénomènes qui dominent le monde, comme la guerre froide le dominait auparavant. Depuis quand ? On ne le sait même pas, au juste. Personne n’aurait pu imaginer, après l’effondrement du mur de Berlin, qu’on en serait là, à peine vingt ans plus tard. Ceci ébranle notre vision de l’histoire, telle qu’elle s’écrit depuis les Révolutions américaine et française, et qui ne tient pas compte du fait que l’Occident tout entier est défié, menacé par cela. On est obligé de dire « cela », parce qu’on ne sait pas ce que c’est. La révolution islamiste a été relancée avec des attentats contre deux ambassades en Afrique, sous la présidence de Bill Clinton. On a bien cherché, mais on n’a rien trouvé. (…) Les gens s’imaginent-ils vraiment dans quelle histoire ils sont entrés ? et de quelle histoire ils sont sortis ? Je n’ai plus grand-chose à dire à partir d’ici, parce que cette réalité est trop inconnue, et que notre réflexion connaît là ses limites. Je me sens, devant cela, un peu comme Hölderlin devant l’abîme qui le séparait de la Révolution française. Même à la fin du XIXe siècle, on se serait encore aperçu qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire. Nous assistons à une nouvelle étape de la montée aux extrêmes. Les terroristes ont fait savoir qu’ils avaient tout leur temps, que leur notion du temps n’était pas la nôtre. C’est un signe clair du retour de l’archaïque : un retour aux VIIe-IXe siècles, qui est important en soi. Mais qui s’occupe de cette importance, qui la mesure ? Est-ce du ressort des Affaires étrangères ? Il faut s’attendre à beaucoup d’imprévu dans l’avenir. Nous allons assister à des choses qui seront certainement pires. Les gens n’en resteront pas moins sourds. Au moment du 11 Septembre, il y a quand même eu un ébranlement, mais il s’est tout de suite apaisé. Il y a eu un éclair de conscience, qui a duré quelques fractions de seconde : on a senti que quelque chose se passait. Et une chape de silence est venue nous protéger contre cette fêlure introduite dans notre certitude de sécurité. Le rationalisme occidental agit comme un mythe : nous nous acharnons toujours à ne pas vouloir voir la catastrophe. Nous ne pouvons ni ne voulons voir la violence telle qu’elle est. On ne pourra pourtant répondre au défi terroriste qu’en changeant radicalement nos modes de pensée. Or, plus ce qui se passe s’impose à nous, plus le refus d’en prendre conscience se renforce. Cette configuration historique est si nouvelle que nous ne savons par quel bout la prendre. Elle est bien une modalité de ce qu’avait aperçu Pascal  : la guerre de la violence et de la vérité. Songeons à la carence de ces avant-gardes qui nous prêchaient l’inexistence du réel ! Il nous faut entrer dans une pensée du temps où la bataille de Poitiers et les Croisades sont beaucoup plus proches de nous que la Révolution française et l’industrialisation du Second Empire. Les points de vue des pays occidentaux constituent tout au plus pour les islamistes un décor sans importance. Ils pensent le monde occidental comme devant être islamisé le plus vite possible. Les analystes tendent à dire qu’il s’agit là de minorités isolées, très étrangères à la réalité de leur pays. Elles le sont sur le plan de l’action, bien sûr, mais sur le plan de la pensée ? N’y aurait-il pas là, malgré tout, quelque chose d’essentiellement islamique ? C’est une question qu’il faut avoir le courage de poser, quand bien même il est acquis que le terrorisme est un fait brutal qui détourne à son profit les codes religieux. Il n’aurait néanmoins pas acquis une telle efficacité dans les consciences s’il n’avait actualisé quelque chose de présent depuis toujours dans l’islam. Ce dernier, à la grande surprise de nos républicains laïcs, est encore très vivant sur le plan de la pensée religieuse. Il est indéniable qu’on retrouve aujourd’hui certaines thèses de Mahomet. Mais ce à quoi nous assistons avec l’islamisme est néanmoins beaucoup plus qu’un retour de la Conquête, c’est ce qui monte depuis que la révolution monte, après la séquence communiste qui aura fourni un intermédiaire. Le léninisme comportait en effet déjà certains de ces éléments. Mais ce qui lui manquait, c’était le religieux. La montée aux extrêmes est donc capable de se servir de tous les éléments : culture, mode, théorie de l’État, théologie, idéologie, religion. Ce qui mène l’histoire n’est pas ce qui apparaît comme essentiel aux yeux du rationaliste occidental. Dans l’invraisemblable amalgame actuel, je pense que le mimétisme est le vrai fil conducteur. Si l’on avait dit aux gens, dans les années 1980, que l’islam jouerait le rôle qu’il joue aujourd’hui, on serait passé pour dément. Or il y avait déjà dans l’idéologie diffusée par Staline des éléments para-religieux qui annonçaient des contaminations de plus en plus radicales, à mesure que le temps passerait. L’Europe était moins malléable au temps de Napoléon. Elle est redevenue, après le Communisme, cet espace infiniment vulnérable que devait être le village médiéval face aux Vikings. La conquête arabe a été fulgurante, alors que la contagion de la Révolution française a été freinée par le principe national qu’elle avait levé dans toute l’Europe. L’islam, dans son premier déploiement historique, a conquis religieusement. C’est ce qui a fait sa force. D’où la solidité aussi de son implantation. L’élan révolutionnaire accéléré par l’épopée napoléonienne a été contenu par l’équilibre des nations. Mais celles-ci se sont enflammées à leur tour et ont brisé le seul frein possible aux révolutions qui pointent. Il faut donc changer radicalement nos modes de pensée, essayer de comprendre sans a priori cet événement avec toutes les ressources que peut nous apporter l’islamologie. Le chantier est à entreprendre, et il est immense. J’ai personnellement l’impression que cette religion a pris appui sur le biblique pour refaire une religion archaïque plus puissante que toutes les autres. Elle menace de devenir un instrument apocalyptique, le nouveau visage de la montée aux extrêmes. Alors qu’il n’y a plus de religion archaïque, tout se passe comme s’il y en avait une autre qui se serait faite sur le dos du biblique, d’un biblique un peu transformé. Elle serait une religion archaïque renforcée par les apports du biblique et du chrétien. Car l’archaïque s’était évanoui devant la révélation judéo-chrétienne. Mais l’islam a résisté, au contraire. Alors que le christianisme, partout où il entre, supprime le sacrifice, l’islam semble à bien des égards se situer avant ce rejet. Certes, il y a du ressentiment dans son attitude à l’égard du judéo-christianisme et de l’Occident. Mais il s’agit aussi d’une religion nouvelle, on ne peut le nier. La tâche qui incombe aux historiens des religions, voire aux anthropologues, sera de montrer comment et pourquoi elle est advenue. Car il y a dans certains aspects de cette religion un rapport à la violence que nous ne comprenons pas et qui est justement d’autant plus inquiétant. Pour nous, être prêt à payer de sa vie le plaisir de voir l’autre mourir, ne veut rien dire. Nous ne savons pas si ces phénomènes relèvent ou non d’une psychologie particulière. On est donc dans l’échec total, on ne peut pas en parler. Et on ne peut pas non plus se documenter, car le terrorisme est une situation inédite qui exploite les codes islamiques, mais qui n’est pas du tout du ressort de l’islamologie classique. Le terrorisme actuel est nouveau, même d’un point de vue islamique. Il est un effort moderne pour contrer l’instrument le plus puissant et le plus raffiné du monde occidental : sa technologie. Il le fait d’une manière que nous ne comprenons pas, et que l’islam classique ne comprend peut-être pas non plus. Il ne suffit donc pas de condamner les attentats. La pensée défensive que nous opposons à ce phénomène n’est pas forcément désir de compréhension. Elle est même souvent désir d’incompréhension, ou volonté de se rassurer. Clausewitz est plus facile à intégrer dans un développement historique. Il nous fournit un outillage intellectuel pour comprendre cette escalade violente. Mais où trouve-t-on de telles idées dans l’islamisme ? Le ressentiment moderne, en effet, ne va jamais jusqu’au suicide. Nous n’avons donc pas les chaînes d’analogies qui nous permettraient de comprendre. Je ne dis pas qu’elles ne sont pas possibles, qu’elles ne vont pas apparaître, mais j’avoue mon impuissance à les saisir. C’est pourquoi les explications que nous donnons sont souvent du ressort d’une propagande frauduleuse contre les musulmans. Nous ne savons pas, nous n’avons aucun contact, intime, spirituel, phénoménologique avec cette réalité. Le terrorisme est une violence supérieure, et cette violence affirme qu’elle va triompher. Mais rien ne dit que le travail qui reste à faire pour libérer le Coran de ses caricatures aura une quelconque influence sur le phénomène terroriste lui-même, à la fois lié à l’islam et différent de lui. On peut donc dire, de façon tout à fait provisoire, que la montée aux extrêmes se sert aujourd’hui de l’islamisme comme elle s’est servie hier du napoléonisme ou du pangermanisme. Le terrorisme est redoutable dans la mesure où il sait très bien s’articuler sur les technologies les plus mortifères, et ceci hors de toute institution militaire. La guerre clausewitzienne était une analogie encore imparfaite pour l’appréhender. Il est indéniable, en revanche, qu’elle l’annonçait. J’ai emprunté au Coran, dans La Violence et le Sacré, l’idée que le bélier qui sauve Isaac du sacrifice est le même que celui qui avait été envoyé à Abel pour ne pas tuer son frère : preuve que le sacrifice est là aussi interprété comme un moyen de lutter contre la violence. On peut en déduire que le Coran a compris des choses que la mentalité laïque ne comprend pas, à savoir que le sacrifice empêche les représailles. Il n’en reste pas moins que cette problématique a disparu dans l’islam, de la même manière qu’elle a disparu en Occident. Le paradoxe que nous devons donc affronter est que l’islam est plus proche de nous aujourd’hui que le monde d’Homère. Clausewitz nous l’a fait entrevoir, à travers ce que nous avons appelé sa religion guerrière, où nous avons vu apparaître quelque chose de très nouveau et de très primitif en même temps. L’islamisme est, de la même façon, une sorte d’événement interne au développement de la technique. Il faudrait pouvoir penser à la fois l’islamisme et la montée aux extrêmes, l’articulation complexe de ces deux réalités. L’unité du christianisme du Moyen Âge a donné la Croisade, permise par la papauté. Mais la Croisade n’a pas l’importance que l’islam imagine. C’était une régression archaïque sans conséquence sur l’essence du christianisme. Le Christ est mort partout et pour tout le monde. Le fait de concevoir les juifs et les chrétiens comme des falsificateurs, en revanche, est ce qu’il y a de plus irrémédiable. Ceci permet aux musulmans d’éliminer toute discussion sérieuse, toute approche comparative entre les trois religions. C’est une manière indéniable de ne pas vouloir voir ce qui est en jeu dans la tradition prophétique. Pourquoi la révélation chrétienne a-t-elle été soumise pendant des siècles à des critiques hostiles, aussi féroces que possible, et jamais l’islam ? Il y a là une démission de la raison. Elle ressemble par certains côtés aux apories du pacifisme, dont nous avons vu à quel point elles pouvaient encourager le bellicisme. Le Coran gagnerait donc à être étudié comme l’ont été les textes juifs et chrétiens. Une approche comparative révélerait, je pense, qu’il n’y a pas là de réelle conscience du meurtre collectif. Il y a, en revanche, une conscience chrétienne de ce meurtre. Les deux plus grandes conversions, celle de Pierre et celle de Paul, sont analogues : elles ne font qu’un avec la conscience d’avoir participé à un meurtre collectif. Paul était là quand on a lapidé Étienne. Le départ pour Damas se greffe sur ce lynchage, qui ne peut que l’avoir angoissé terriblement. Les chrétiens comprennent que la Passion a rendu le meurtre collectif inopérant. C’est pour cela que, loin de réduire la violence, la Passion la démultiplie. L’islamisme aurait très tôt compris cela, mais dans le sens du djihad. Il y a ainsi des formes d’accélération de l’histoire qui se perpétuent. On a l’impression que le terrorisme actuel est un peu l’héritier des totalitarismes, qu’il y a des formes de pensées communes, des habitudes prises. Nous avons suivi l’un des fils possibles de cette continuité, avec la construction du modèle napoléonien par un général prussien. Ce modèle a été repris ensuite par Lénine et Mao Tsé-Toung, auquel se réfère, dit-on, Al Qaida. Le génie de Clausewitz est d’avoir anticipé à son insu une loi devenue planétaire. Nous ne sommes plus dans la guerre froide, mais dans une guerre très chaude, étant donné les centaines, voire demain les milliers de victimes quotidiennes en Orient. Le réchauffement de la planète et cette montée de la violence sont deux phénomènes absolument liés. J’ai beaucoup insisté sur cette confusion du naturel et de l’artificiel, qui est ce que les textes apocalyptiques apportent peut-être de plus fort. L’amour s’est en effet « refroidi ». Certes, on ne peut pas nier qu’il travaille comme il n’a jamais travaillé dans le monde, que la conscience de l’innocence de toutes les victimes a progressé. Mais la charité fait face à l’empire aujourd’hui planétaire de la violence. Contrairement à beaucoup, je persiste à penser que l’histoire a un sens, qui est précisément celui dont nous n’avons cessé de parler. Cette montée vers l’apocalypse est la réalisation supérieure de l’humanité. Or plus cette fin devient probable, et moins on en parle. J’en suis venu à un point décisif : celui d’une profession de foi, plus que d’un traité stratégique, à moins que les deux mystérieusement s’équivalent, dans cette guerre essentielle que la vérité livre à la violence. J’ai toujours eu l’intime conviction que cette dernière participe d’une sacralité dégradée, redoublée par l’intervention du Christ venu se placer au cœur du système sacrificiel. Satan est l’autre nom de la montée aux extrêmes. Mais ce que Hölderlin a entrevu, c’est aussi que la Passion a radicalement transformé l’univers archaïque. La violence satanique a longtemps réagi contre cette sainteté qui est une mue essentielle du religieux ancien. C’est donc que Dieu même s’était révélé en son Fils, que le religieux avait été confirmé une fois pour toutes dans l’histoire des hommes, au point d’en modifier le cours. La montée aux extrêmes révèle, à rebours, la puissance de cette intervention divine. Du divin est apparu, plus fiable que dans toutes les théophanies précédentes, et les hommes ne veulent pas le voir. Ils sont plus que jamais les artisans de leur chute, puisqu’ils sont devenus capables de détruire leur univers. Il ne s’agit pas seulement, de la part du christianisme, d’une condamnation morale exemplaire, mais d’un constat anthropologique inéluctable. Il faut donc réveiller les consciences endormies. Vouloir rassurer, c’est toujours contribuer au pire. René Girard
C’est comme si les conservateurs pouvaient entendre cinq octaves de musique, mais les progressistes n’en percevaient que deux, à l’intérieur desquels ils sont devenus particulièrement exigeants. Jonathan Haidt
Tous les indicateurs montrent que l’exposition à la différence, les discours sur la différence et le fait d’applaudir la différence – autant de marques de fabrique de la démocratie libérale – sont les meilleurs moyens d’exaspérer ceux qui sont foncièrement intolérants. (…) Paradoxalement, il semblerait donc que le meilleur moyen de juguler l’intolérance envers la différence soit d’exhiber nos ressemblances, d’en discuter, de les applaudir. (…) Au bout du compte, rien n’inspire plus la tolérance chez l’intolérant qu’une abondance de croyances, de pratiques, de rituels, d’institutions et de processus communs et fédérateurs. Karen Stenner
The problem for liberals is that conservatives understand this better than they do. As one conservative friend put it, “it has taken modern science to remind liberals what our grandparents knew.” Ed Miliband’s difficulty is not so much that he is weird but that he is WEIRD. Yet help is at hand in the shape of a truly seminal book—out of that remarkable Amerian popular-science-meets-political-speculation stable—called The Righteous Mind by Jonathan Haidt. Like Steven Pinker, Haidt is a liberal who wants his political tribe to understand humans better. His main insight is simple but powerful: liberals understand only two main moral dimensions, whereas conservatives understand all five. (Over the course of the book he decides to add a sixth, liberty/oppression, but for simplicity’s sake I am sticking to his original five.) Liberals care about harm and suffering (appealing to our capacities for sympathy and nurturing) and fairness and injustice. All human cultures care about these two things but they also care about three other things: loyalty to the in-group, authority and the sacred. As Haidt puts it: “It’s as though conservatives can hear five octaves of music, but liberals respond to just two, within which they have become particularly discerning.” This does not mean that liberals are necessarily wrong but it does mean that they have more trouble understanding conservatives than vice versa. The sacred is especially difficult for liberals to understand. This isn’t necessarily about religion but about the idea that humans have a nobler, more spiritual side and that life has a higher purpose than pleasure or profit. If your only moral concepts are suffering and injustice then it is hard to understand reservations about everything from swearing in public to gay marriage—after all, who is harmed? Haidt and his colleagues have not just plucked these moral senses from the air. He explains the evolutionary roots of the different senses from a close reading of the literature but has also then tested them in internet surveys and face to face interviews in many different places around the world. Morality “binds and blinds,” which is why it has made it possible for human beings, alone in the animal kingdom, to produce large co-operative groups, tribes and nations beyond the glue of kinship. Haidt’s central metaphor is that we are 90 per cent chimp and 10 per cent bee—we are driven by the “selfish gene” but, under special circumstances, we also have the ability to become like cells in a larger body, or like bees in a hive, working for the good of the group. These experiences are often among the most cherished of our lives. One of my most politically liberal friends read this book and declared his world view to be transformed. Not that he was no longer a liberal but now “he couldn’t be so rude about the other side, because I understand where they’re coming from.” This will be music to Haidt’s ears as the book was written partly as an antidote to the more polarised American politics of the past 20 years, marked by the arrival of Bill Clinton and the liberal baby boomers onto the political stage. The American culture wars began earlier, back in the 1960s, with young liberals angry at the suffering in Vietnam and the injustice still experienced by African-Americans. But when some of them adopted a style that was anti-American, anti-authority and anti-puritanical, conservatives saw their most sacred values desecrated and they counter-attacked. Some conflicts are unavoidable and Haidt is not suggesting that liberals should stop being liberal—rather, that they will be more successful if instead of telling conservatives that their moral intuitions are wrong, they seek to shift them in a liberal direction by accommodating, as far as possible, their anxieties. For example, if you want to improve integration and racial justice in a mixed area, you do not just preach the importance of tolerance but you promote a common in-group identity. As Haidt puts it: “You can make people care less about race by drowning race differences in a sea of similarities, shared goals and mutual interdependencies.” (…) Post-liberalism, like the promised land of a post-racial politics, does not seek to refight old battles but to move on from victories won. Its concern is not to repeal equality laws, or reject the market economy, but rather to consider where the social glue comes from in a fragmented society. To that end, it acknowledges authority and the sacred as well as suffering and injustice. It recognises the virtues of particular loyalties—including nations—rather than viewing them as prejudices. And it seeks to apply these ideas to the economic as well as the social sphere. Much of this goes against the grain of an increasingly WEIRD and legalistic politics in Britain. The problem for the left has not so much been “rights without responsibilities” as rights without the relationships that help sustain them. If we are to be entangled in one another’s lives, for example as funders or recipients of social security, it helps to identify ourselves as part of a group. Meanwhile the right remains attached to its own form of abstract universalism, more concerned with the procedures of the market than what kind of society they have helped create. Some of the notions of loyalty, civility and respect that conservatives are so comfortable with in politics need to be reintroduced into the economic sphere. David Goodhart
Depuis toujours, dès que la France est affaiblie, les élites ont tendance à sacrifier la France et le peuple français à leurs idéaux universalistes. C’est très frappant. Vous verrez dans le livre. Je remonte le temps. Je suis remonté à l’évêque Cauchon et Jeanne d’Arc. On voit bien que cela a toujours été une tentation des élites françaises. Pour aller vite, depuis 1940, la France est très affaiblie. Et nous avons des élites qui ont décidé de jeter par-dessus bord la France et le peuple français au nom de l’Europe, des droits de l’homme et de l’universalisme. Macron est vraiment l’incarnation de ces élites-là. Il est passionnant, car c’est une espèce de quintessence chimiquement pure. Quand il dit : « Nous avons fait du mal », c’est déjà le discours de Chirac sur le Vel’ d’Hiv’ ou le discours de Hollande sur le Vel’ d’Hiv’ et en Algérie. Paul Thibaud avait écrit un très bon article qui faisait remarquer que, comme les politiques ne maîtrisaient plus rien, ils ont trouvé une posture qui consiste à dire du mal de nos ancêtres pour exister. (…) C’est la « révolte des élites » de Christopher Lasch à la fin des années 70. Il avait très bien vu cela aux États-Unis. C’est évidemment venu chez nous ensuite. (…) Je voulais montrer aux gens que tout cela était lié à une histoire millénaire et qu’il y avait des petites pierres comme dans Le Petit Poucet qu’on pouvait retrouver à chaque fois. Certaines époques nous ressemblent de plus en plus. Je retrouvais la phrase de René Girard dans son dernier livre qui disait : « Nous devons entrer dans une pensée du temps où Charles Martel et les croisades seront plus proches de nous que la Révolution française et l’industrialisation du Second Empire. » Je trouve cette phrase très frappante. Lorsque je dis cela, on dit que j’ai des obsessions et que je ne pense qu’à l’islam. Pourtant, ces paroles viennent de René Girard. Il a très bien compris que nous étions revenus dans un temps qui est celui des affrontements de civilisations entre chrétienté et islam, des guerres de religion et de la féodalité pré-étatique. (…) Ces pays de l’Est se révoltent, parce que la Hongrie a connu trois siècles d’occupation ottomane. C’est un roi polonais Jean III Sobieski , qui a arrêté les Ottomans à Vienne, en 1683. Il n’y a pas de hasard. Cette Histoire revient à une vitesse folle. Tout se remet en place pour nous rappeler à cette Histoire. (…) il y a effectivement un effet d’accumulation de toutes les crises du passé qui se concentrent aujourd’hui. C’est pour cette raison qu’il y a autant de pessimisme chez moi. L’idée même de roman national est finie. Je n’ai même pas essayé de refaire un roman national. La déconstruction des historiens qui, depuis cinquante ans, nous interdisent de parler de roman national était trop forte. Il n’en reste presque que des ruines. Si j’avais voulu faire un roman national, j’aurais fait une romance nationale. Ce n’est pas ce que j’ai fait. En revanche, j’ai voulu écrire une Histoire de France réaliste, non pas en fonction des idéaux et des populations d’aujourd’hui, mais en fonction de la réalité historique de l’époque. Aujourd’hui, les historiens ont décidé d’inventer une Histoire de France qui correspond à leurs obsessions et à leurs idéologies actuelles. Ils disent que j’ai des obsessions, mais les leurs sont : une histoire féministe, une histoire des minorités africaines et maghrébines, une histoire pacifiste, c’est-à-dire une histoire qui n’a jamais existé. Dans les livres d’histoire d’aujourd’hui, sur la Révolution française, il y a deux pages sur Olympe de Gouges, la grande militante féministe. Quand elle est guillotinée, en 93, par Robespierre, j’ai coutume de dire, pour plaisanter, que Robespierre ne sait même pas qu’il l’a fait guillotiner, tellement elle compte peu. Lors d’une émission sur France 2, mardi dernier, on a vu une grande fresque qui expliquait comment la France a été faite par les immigrés nord-africains et africains avec un grand manitou qui s’appelle de Gaulle. C’est une histoire inventée. (…) Ils sont tellement allés loin dans la diabolisation de Pétain et dans l’invention d’une histoire qui ne correspond plus à la réalité. Lorsqu’on repose le tableau de Pétain, de De Gaulle, de ce qu’était Vichy à l’époque et de ce qu’était 1940, que je dis que tout le monde se moquait, à l’époque, du statut des Juifs d’octobre 40, à Paris, à Vichy ou à Londres, et que les rats qui s’y intéressent disent « il a bien raison », car ils estiment à l’époque que les Juifs ont une responsabilité dans la défaite, j’ai l’impression de blasphémer. C’est tout simplement la réalité historique. On a tellement réinventé une histoire en disant que l’essentiel de la Seconde Guerre mondiale était la question juive qu’on tombe des nues quand je dis qu’à l’époque, personne n’en parlait. À Londres, ceux qui rejoignent le général de Gaulle sont d’accord avec Vichy là-dessus. Aujourd’hui, la réalité paraît blasphématoire. C’est extraordinaire. C’est pour dire la force inouïe de cette déconstruction historique. Pour moi, c’est le grand effacement de l’histoire pour correspondre au Grand Remplacement des populations. Eric Zemmour
La vérité biblique sur le penchant universel à la violence a été tenue à l’écart par un puissant processus de refoulement. (…) La vérité fut reportée sur les juifs, sur Adam et la génération de la fin du monde. (…) La représentation théologique de l’adoucissement de la colère de Dieu par l’acte d’expiation du Fils constituait un compromis entre les assertions du Nouveau Testament sur l’amour divin sans limites et celles sur les fantasmes présents en chacun. (…) Même si la vérité biblique a été de nouveau  obscurcie sur de nombreux points, (…) dénaturée en partie, elle n’a jamais été totalement falsifiée par les Églises. Elle a traversé l’histoire et agit comme un levain. Même l’Aufklärung critique contre le christianisme qui a pris ses armes et les prend toujours en grande partie dans le sombre arsenal de l’histoire de l’Eglise, n’a jamais pu se détacher entièrement de l’inspiration chrétienne véritable, et par des détours embrouillés et compliqués, elle a porté la critique originelle des prophètes dans les domaines sans cesse nouveaux de l’existence humaine. Les critiques d’un Kant, d’un Feuerbach, d’un Marx, d’un Nietzsche et d’un Freud – pour ne prendre que quelques uns parmi les plus importants – se situent dans une dépendance non dite par rapport à l’impulsion prophétique. Raymund Schwager
L’éthique de la victime innocente remporte un succès si triomphal aujourd’hui dans les cultures qui sont tombées sous l’influence chrétienne que les actes de persécution ne peuvent être justifiés que par cette éthique, et même les chasseurs de sorcières indonésiens y ont aujourd’hui recours. La même force culturelle et spirituelle qui a joué un rôle si décisif dans la disparition du sacrifice humain est aujourd’hui en train de provoquer la disparition des rituels de sacrifice humain qui l’ont jadis remplacé. Tout cela semble être une bonne nouvelle, mais à condition que ceux qui comptaient sur ces ressources rituelles soient en mesure de les remplacer par des ressources religieuses durables d’un autre genre. Priver une société des ressources sacrificielles rudimentaires dont elle dépend sans lui proposer d’alternatives, c’est la plonger dans une crise qui la conduira presque certainement à la violence. Gil Bailie
Nous devons reconnaître le caractère révolutionnaire de la pensée paulinienne. Paul marquera profondément l’histoire de l’Occident en fondant un nouveau type de communauté que ne connaissaient ni le judaïsme ni le monde gréco-romain. La société qui se construit ainsi est marquée à la fois par son universalisme – elle est ouverte à tous – et par son pluralisme – elle n’abolit pas les différences entre les personnes, mais considère que ces différences ne créent pas de hiérarchie devant Dieu. L’Antiquité n’a jamais connu de société qui combine d’une telle façon l’universalisme et le pluralisme, l’ouverture à tous et la particularité de chacun. Le type de communauté que fonde Paul se démarque à la foi de l’universalisme centralisateur (empire romain) et du pluralisme discriminatoire (synagogue). Le Dieu de Paul est le Dieu de tous et de chacun. Daniel Marguerat
Inévitablement, nous considérons la société comme un lieu de conspiration qui engloutit le frère que beaucoup d’entre nous ont des raisons de respecter dans la vie privée, et qui impose à sa place un mâle monstrueux, à la voix tonitruante, au poing dur, qui, d’une façon puérile, inscrit dans le sol des signes à la craie, ces lignes de démarcation mystiques entre lesquelles sont fixés, rigides, séparés, artificiels, les êtres humains. Ces lieux où, paré d’or et de pourpre, décoré de plumes comme un sauvage, il poursuit ses rites mystiques et jouit des plaisirs suspects du pouvoir et de la domination, tandis que nous, »ses« femmes, nous sommes enfermées dans la maison de famille sans qu’il nous soit permis de participer à aucune des nombreuses sociétés dont est composée sa société. Virginia Woolf (1938)
Plus les femmes deviennent fortes, plus les hommes aiment le football. Mariah Burton Nelson (1994)
Le privilège masculin est aussi un piège et il trouve sa contrepartie  dans la tension et la contention permanentes, parfois poussées jusqu’à l’absurde, qu’impose à chaque homme le devoir d’affirmer en toute circonstance sa virilité. (…) Tout concourt ainsi à faire de l’idéal impossible de virilité le principe d’une immense vulnérabilité. C’est elle qui conduit, paradoxalement, à l’investissement, parfois forcené, dans tous les jeux de violence masculins, tels dans nos sociétés les sports, et tout spécialement ceux qui sont les mieux faits pour produire les signes visibles de la masculinité, et pour manifester et aussi éprouver les qualités dites viriles, comme les sports de combat. Pierre Bourdieu (1998)
The real core of the feminist vision, its revolutionary kernel if you will, has to do with the abolition of all sex roles – that is, an absolute transformation of human sexuality and the institutions derived from it. In this work, no part of the male sexual model can possibly apply. Equality within the framework of the male sexual model, however that model is reformed or modified, can only perpetuate the model itself and the injustice and bondage which are its intrinsic consequences. I suggest to you that transformation of the male sexual model under which we now all labor and « love » begins where there is a congruence, not a separation, a congruence of feeling and erotic interest; that it begins in what we do know about female sexuality as distinct from male – clitoral touch and sensitivity, multiple orgasms, erotic sensitivity all over the body (which needn’t – and shouldn’t – be localized or contained genitally), in tenderness, in self-respect and in absolute mutual respect. For men I suspect that this transformation begins in the place they most dread – that is, in a limp penis. I think that men will have to give up their precious erections and begin to make love as women do together. I am saying that men will have to renounce their phallocentric personalities, and the privileges and powers given to them at birth as a consequence of their anatomy, that they will have to excise everything in them that they now value as distinctively « male. » No reform, or matching of orgasms, will accomplish this. Andrea Dworkin (Our Blood: Prophecies and Discourses on Sexual Politics, 1976)
C’est le sens de l’histoire (…) Pour la première fois en Occident, des hommes et des femmes homosexuels prétendent se passer de l’acte sexuel pour fonder une famille. Ils transgressent un ordre procréatif qui a reposé, depuis 2000 ans, sur le principe de la différence sexuelle. Evelyne Roudinesco
Si j’étais législateur, je proposerais tout simplement la disparition du mot et du concept de “mariage” dans un code civil et laïque. Le “mariage”, valeur religieuse, sacrale, hétérosexuelle – avec voeu de procréation, de fidélité éternelle, etc. -, c’est une concession de l’Etat laïque à l’Eglise chrétienne – en particulier dans son monogamisme qui n’est ni juif (il ne fut imposé aux juifs par les Européens qu’au siècle dernier et ne constituait pas une obligation il y a quelques générations au Maghreb juif) ni, cela on le sait bien, musulman. En supprimant le mot et le concept de “mariage”, cette équivoque ou cette hypocrisie religieuse et sacrale, qui n’a aucune place dans une constitution laïque, on les remplacerait par une “union civile” contractuelle, une sorte de pacs généralisé, amélioré, raffiné, souple et ajusté entre des partenaires de sexe ou de nombre non imposé.(…) C’est une utopie mais je prends date. Jacques Derrida
Nous ne pouvons pas faire de distinction dans les droits, que ce soit la PMA, la GPA ou l’adoption. Moi, je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? C’est faire un distinguo qui est choquant. Pierre Bergé
Dans les couloirs du palais Bourbon, on m’opposa même « mais enfin qu’as-tu contre les gens qui s’aiment ? ». Comme si le critère absolu de bonheur pour un enfant était d’avoir été désiré, d’avoir déjà reçu des likes avant même d’avoir existé. Je me suis demandé qui serait finalement la victime : l’enfant né de PMA et ses questions existentielles ou celui issu de la méthode habituelle et son incompréhension de ne pas bénéficier des dernières avancées biotechnologiques et de ne pas faire partie de l’humanité augmentée qui se sera un peu « libérée » du joug du hasard. (…) Mais revenons à la vie intérieure, à l’amour et au bonheur si chers aux pro-PMA pour toutes, puisque c’est sur ce terrain dégoulinant qu’on a voulu nous laisser en hémicycle. Se sont-ils mis une fois à la place des enfants dont ils parlent ? Acclamant une vision essentialiste et marxiste, réduisant l’individu à une construction et faisant fi de la biologie et de son bagage génétique, ils pensent les gamètes comme un simple véhicule et un bien commun à partager, mais ils ne donnent pas les leurs pour autant. Je leur ai opposé ma vérité : moi JSF, né en Corée du Sud de parents coréens, adopté français par un couple caucasien, ma réalité génétique est un fait, que le miroir et les autres m’ont toujours renvoyé, dans ma chère Haute-Marne où j’ai grandi 17 années de ma vie. Je connais mon village de Marnay sur Marne et la forêt qui l’entoure comme ma poche certes et « je me sens bien du coin ». Mais je reste avec une morphologie asiatique. J’étais plus souple pour les arts martiaux. Mes yeux étaient bridés. Si un groupe de coréens me croise, il sait que je le suis quand bien même je me sens français. Les faits sont têtus. La biologie est là en coexistence avec l’acquis, c’est ce qui nous laisse égaux, pauvres ou riches, et cette liberté n’est contrainte que par une réalité, celle de deux gamètes du sexe opposé pouvant donner naissance à un nouveau-né. Le hasard du processus d’édition génétique, sélectionné par des milliards d’années d’évolution, permet de retrouver une chance à chaque génération de faire mieux dans notre humilité charnelle. Grandir dans une famille sans vraisemblance biologique de parentalité (novlangue pour dire que vous n’avez pas l’air d’être le fils de vos parents) n’est pas facile. Les questions existentielles du jour le jour d’un enfant qui ne connaît pas son ascendance sont douloureuses ; le regard de l’autre qui vous pense plus faible compte bien sûr pour vous enfermer dans ce schéma du « ah ça doit être dur », mais il n’y a pas que cela. Vous tournez autour du pot de vos origines et les approchez par des moyens détournés (je m’intéressais au Japon et à la Chine). Vous les rejetez en allant chercher d’autres cultures où le lien familial patriarcal ou matriarcal est fort pour chercher une solution de substitution (je me suis intéressé fortement aux cultures balkaniques, du Proche et du Moyen-Orient, à la mystique chrétienne et au judaïsme). Vous pouvez faire votre propre famille biologique, parfois tôt (j’ai eu la chance d’avoir mon premier enfant à 23 ans, beau garçon brillant de bientôt 13 ans aujourd’hui, mais les conditions familiales entre moi et sa maman n’étaient pas suffisamment solides pour une telle décision). J’ai toujours eu une fascination pour les grandes familles françaises aristocrates, pour celles qui ont fait l’histoire de France, avec des particules à l’envi. Même quand ils n’apprécient pas leurs familles, eux ont le choix de revendiquer leurs titres ou de laisser leur chevalière dans la table de nuit ; un enfant né sans père n’a pas d’autre option que l’ignorance. Voulons-nous réellement faire venir au monde de enfants qui naissent sans savoir d’où ils viennent ? Ceux qui veulent un enfant, parce que « j’y ai droit comme tout le monde », ne savent pas ce qu’est la souffrance d’un enfant qui cherche à qui il ressemble. Les parents adoptifs sont une construction sociale, les parents biologiques ne le sont pas, qu’on le veuille ou non. Cette construction sociale peut être une belle histoire, elle l’est souvent, elle n’en est pas moins un chemin très difficile. On se demande au passage pourquoi les facilités d’accès à l’adoption n’ont pas été d’abord discutées avant tout dans le débat parlementaire français. A moins que les gènes comptent finalement plus qu’ils ne le disent à celles qui veulent des enfants toutes seules ou en couples de femmes ? La PMA post-mortem a aussi failli passer à quelque chose près, c’est dire si le glissement est imminent. Voilà le message qu’on voudrait donner et les fausses promesses d’éternité. Cela fait aussi partie de la sagesse d’une société que d’accepter la mort et la finitude d’un parcours de vie. Quand je venais d’être adopté en France, la mère de mon épouse, s’est retrouvée accidentellement jeune veuve avec deux enfants en bas âge. Dans le même pays où les miens m’avaient abandonné et où les filles mères n’étaient pas bien vues et devaient souvent abandonner leurs enfants pour espérer trouver un nouveau mari : elle a fait le choix de donner une belle éducation à ses filles, de poursuivre son travail d’institutrice, avec l’aide de sa belle-famille qui ne l’a jamais abandonnée. Alors oui, il y aura toujours les types comme moi et d’autres self-made rebelles plus ou moins dans le droit chemin, que la situation adverse a rendus encore plus forts, les Benalla, les Steve Jobs, les Marilyn Monroe, les Edgar Allan Poe, les Malcolm X. Ils ont cette caractéristique d’être différents et de chercher à continuer à l’être, tout en cherchant l’amour impossible de ceux qui sont trop normaux pour les comprendre. Mais il y aura surtout beaucoup de douleur, de problèmes jamais résolus, de plongée dans l’enfer, de retrouvailles souvent impossibles avec les origines. Cela implique déjà des millions de personnes adoptées. Et demain des millions de personnes issues de la PMA se poseront les leurs. Mais aussi, ceux qui ne seront pas du club Pimp my Baby, reprocheront à leurs parents d’être de faibles humains non améliorés. L’histoire de l’homme est de se demander d’où il vient, où et qui il est, et où il va. Sa rationalité s’égare quand il s’agit de vie et de mort ou de reproduction. Les mécanismes évolutionnistes à l’œuvre sont complexes et difficiles à comprendre, ils poussent irrationnellement vers ce dessein de survie à elle-même de l’humanité depuis qu’elle est. A condition qu’elle n’aille pas aujourd’hui vers la précipitation de sa destruction via la biotechnologie de la naissance, à trop craindre de périr. Joachim Son-Forget
Si les forêts tropicales méritent notre protection, l’homme (…) ne la mérite pas moins (…) Parler de la nature de l’être humain comme homme et femme et demander que cet ordre de la création soit respecté ne relève pas d’une métaphysique dépassée. Benoit XVI
Nous sommes entrés dans un mouvement qui est de l’ordre du religieux. Entrés dans la mécanique du sacrilège : la victime, dans nos sociétés, est entourée de l’aura du sacré. Du coup, l’écriture de l’histoire, la recherche universitaire, se retrouvent soumises à l’appréciation du législateur et du juge comme, autrefois, à celle de la Sorbonne ecclésiastique. Françoise Chandernagor
Toutefois, ces formes radicales de refus du réel restent marginales et relativement exceptionnelles. L’attitude la plus commune, face à la réalité déplaisante, est assez différente. Si le réel me gêne et si je désire m’en affranchir, je m’en débarrasserai d’une manière généralement plus souple, grâce à un mode de réception du regard qui se situe à mi-chemin entre l’admission et l’expulsion pure et simple : qui ne dit ni oui ni non à la chose perçue, ou plutôt lui dit à la fois oui et non. Oui à la chose perçue, non aux conséquences qui devraient normalement s’ensuivre. Cette autre manière d’en finir avec le réel ressemble à un raisonnement juste que viendrait couronner une conclusion aberrante : c’est une perception juste qui s’avère impuissante à faire embrayer sur un comportement adapté à la perception. Je ne refuse pas de voir, et ne nie en rien le réel qui m’est montré. Mais ma complaisance s’arrête là. J’ai vu, j’ai admis, mais qu’on ne m’en demande pas davantage. Pour le reste, je maintiens mon point de vue, persiste dans mon comportement, tout comme si je n’avais rien vu. Coexistent paradoxalement ma perception présente et mon point de vue antérieur. Il s’agit là moins d’une perception erronée que d’une perception inutile. Clément Rosset
G. K. Chesterton (…) insiste sur le caractère parasitique du monde moderne, qui vit de principes, de biens et de conquêtes intellectuelles, spirituelles et morales qui lui sont antérieurs. (…) L’idée fondamentale de ce livre, qui se reflète aussi à travers le titre, est que les biens intellectuels et moraux dont nous vivons ont tendance à se dissoudre lorsqu’ils sont plongés dans un milieu moderne, et fleurissent lorsqu’ils sont replacés dans le contexte prémoderne qui les a hébergés. (…) En raison de son mantra “du passé faisons table rase”, de cette volonté de repartir de zéro en balayant les héritages du passé. J’analyse tout particulièrement cela dans le Règne de l’homme. Il s’agit de suspendre tout ce dont on vivait pour construire sur une base entièrement nouvelle, ou de détourner le capital des mondes anciens pour servir les nouveaux buts de ce monde moderne. Dans les Déshérités, ou l’urgence de transmettre, François-Xavier Bellamy identifie les trois auteurs correspondant aux trois étapes de répudiation de l’héritage : Descartes, Rousseau et Bourdieu. On a ainsi progressivement perdu le sens de la continuité et du développement. Pourtant, j’estime que la continuité devrait être l’un des droits les plus fondamentaux de l’humanité, pour reprendre la formule de Charles Dupont-White, « la continuité est un droit de l’homme ». Il ne s’agit pas d’exalter un fixisme mais de ne pas perdre le contact avec ce qui nous a faits et de faire que l’héritage et les beautés du passé enrichissent l’avenir. Car qu’on le veuille ou non, nous sommes des héritiers. Les physiciens expliquent d’ailleurs que les atomes qui font nos corps sont apparus quelques secondes après le big bang. Bien entendu, cela ne signifie pas que l’histoire serait notre code, mais cela demande un certain respect pour ce qui a été, ne serait-ce que pour ne pas scier la branche de l’arbre sur laquelle nous sommes assis. La continuité est la condition de la continuation : si on se coupe de tout ce qui nous précède, on est obligé de s’arrêter pour panne sèche. C’est ce qui me fait donner une acception positive au terme “tradition”. La tradition a, en effet, un avantage : elle a abouti à nos personnes. En revanche, il n’est pas certain que nos modes de vie contemporains puissent produire un avenir. (…) Certes, il y a une prise de conscience en matière d’ écologie mais, en ce qui concerne la disparition des pratiques culturelles, ce niveau de conscience est dans les limbes. Notamment quand on voit la façon dont on se débarrasse des grands écrivains français, de moins en moins étudiés à l’école. Au moins, les classes préparatoires littéraires, si elles ne donnent évidemment pas la connaissance de l’ensemble de l’histoire littéraire, ont l’avantage de faire découvrir l’existence d’auteurs de plus en plus oubliés. Elles donnent la carte du pays de la culture. [ce refus de la continuité] provient du rêve de ne pas dépendre d’autre chose que soi. De l’idée d’autonomie comprise de travers par rapport à sa signification philosophique, qui est d’“être capable d’avoir accès soi-même à la loi”. Cela ne veut pas dire n’en faire qu’à sa tête, c’est même presque le contraire, car n’en faire qu’à sa tête met à la merci de tous ses désirs et entraîne ainsi une perte de liberté. Mais la liberté que comprennent beaucoup de nos contemporains est celle de la chute libre de la pierre ou encore de la liberté du taxi vide, qui ne va nulle part et que n’importe qui peut prendre et mener où il veut tant qu’il peut payer. (…) L’idée d’un progrès irrésistible qui nous mènerait, que nous le voulions ou non, vers des “sommets radieux”, pour parler comme Staline. Elle fait d’ailleurs système avec l’idée de “projet” : je détermine désormais ce que je vais être. Il s’agit d’une confusion grossière. Il y a eu, ces derniers siècles, un accroissement de nos connaissances et une augmentation de notre pouvoir d’agir sur l’extérieur (la technologie). L’idée de progrès est alors née au XVIIIe siècle, quand on s’est dit que de ces augmentations allait découler nécessairement une amélioration des régimes politiques. Et que de cette amélioration des régimes allait découler, quasi automatiquement, une élévation du niveau moral de l’humanité. Le XIXe siècle a orchestré cela, puis le XXe siècle, avec deux guerres mondiales et des génocides qui ont fait de ce siècle le nadir de tous les siècles, est venu briser cette illusion. Les gens un peu intelligents en Europe ont alors cessé de croire que nous étions sur un tapis roulant qui nous mènerait vers les “lendemains qui chantent”. Mais l’idée reste dans les milieux populaires, car on se scandalise que la vie ne s’améliore pas, comme si le temps travaillait pour nous. Certains surfent sur cette idée tenace : on essaye de nous vendre des réformes dites “sociétales” en affirmant qu’elles constituent des avancées. Mais qui nous dit qu’elles avancent dans le bon sens ? (…) l’État, selon sa propre logique, a intérêt à être la seule instance vers laquelle puisse se tourner un individu isolé. L’existence de la famille, de tout corps intermédiaire est un obstacle à l’action de l’État. Car pour l’État, on doit recevoir ce que l’on mérite, ni plus ni moins. Or cela ne se passe pas ainsi au sein de la famille : on aime ses enfants quoi qu’ils fassent. La logique de la famille n’est pas celle de l’État et encore moins celle du marché. Pour ce dernier, la situation idéale est celle du consommateur isolé qui fait ses courses au supermarché et qui n’a d’autres soucis que de minimiser la dépense et maximiser le gain. (…) Loin d’être l’époque obscurantiste que l’on cherche souvent à nous dépeindre, le Moyen Âge fut une période au cours de laquelle grandeur et misère, innovation et conservation n’ont cessé de se mêler. Je ne me fais aucune illusion sur le Moyen Âge réel : les gens étaient aussi bêtes et méchants qu’avant et que nous maintenant – ce qui n’est pas peu dire ! Je ne crois pas du tout au progrès linéaire. Mais il y existait un rattachement à la transcendance, en particulier au sein des élites, qui donnait sens et orientait l’existence. Les vertus étaient présentes sous leur forme originelle et n’avaient pas encore subi les distorsions de la modernité. L’autre Moyen Âge possible qui s’offre à nous est l’islam, sous sa forme la plus bête : une loi divine qu’on ne discute pas mais que l’on fait appliquer et qui régit tous les domaines de la vie humaine. À nous de voir quel Moyen Âge nous choisirons. Mais si ce pas en arrière n’est pas fait, nous allons disparaître, car nous n’aurons plus de raisons réelles d’exister ou de perpétuer l’espèce humaine. [l’athéisme] Il faut déjà lui concéder que la science n’a pas besoin de ce que Laplace appelait “l’hypothèse Dieu” pour élaborer une description rigoureuse de l’univers : il suffit de trouver les lois mathématiques qui le gouvernent. Par ailleurs, en politique, on peut construire un système dans lequel la croyance est rejetée dans le domaine privé : il suffit de mettre au point une sorte de gentleman’s agreement dans lequel personne n’aura intérêt à faire du mal à son prochain. Je ne suis d’ailleurs pas certain que ce système, qui s’est mis en place par étapes, puisse perdurer sur le long terme. En revanche, l’athéisme se trouve sans réponse quand il s’agit de justifier le pourquoi de l’existence d’un être capable de faire de la science et de la politique. Il se trouve incapable de répondre à l’interrogation : pourquoi est-il bon que les hommes existent ? Car pour justifier cette existence, il faut un point de référence extérieure sur lequel s’appuyer. Quelqu’un qui nous dise : “Choisis la vie !” Rémi Brague
51% of Americans think the First Amendment is outdated and should be rewritten. The First Amendment protects your right to free speech, free assembly, and freedom of religion, among other things. 48% believe “hate speech” should be illegal. (“Hate speech” is not defined—we left it up to the individual participant.) Of those, about half think the punishment for “hate speech” should include possible jail time, while the rest think it should just be a ticket and a fine. 80% don’t actually know what the First Amendment really protects. Those polled believed this statement is true: “The First Amendment allows anyone to say their opinion no matter what, and they are protected by law from any consequences of saying those thoughts or opinions.” It’s actually not true. The First Amendment prevents the government from punishing you for your speech (with exceptions such as yelling “fire” in a crowded area to induce panic). But more broadly, freedom of speech does not mean you are protected from social consequences for your speech. You may have the right to say something extreme or hateful and not get thrown in jail, but others in society have the right to shun you. What explains these results? We believe there are at least two factors at play. One is the obvious polarization of politics and the media. While many who identify as conservative may dislike the reporting of CNN and would likely favor sanctions for “fake news,” many progressives or liberals may feel the same way towards Fox News. Second, we hear much about “hate speech.” Although the term is never defined, most agree that it should be opposed, rebuked, and criticized. But should it be punished by the government? If the government is in charge of determining what is hate speech, then it inevitably becomes political—a weapon that can be used to punish people on the other side of an issue. Campaign for free speech
Il existe en effet des enjeux qui ne peuvent être traités sous l’empire du «en même temps». Et la laïcité en fait partie! Sur l’immense majorité des sujets, on peut prendre «en même temps» des mesures de droite et de gauche: sur la fiscalité, sur la politique sociale… Mais il existe des enjeux politiques fondamentaux sur lesquels c’est impossible. Sur ce sujet, on ne peut pas être «en même temps» d’accord avec Aurélien Taché et Jean-Louis Bianco d’un côté, et de l’autre avec Marlène Schiappa ou Jean-Michel Blanquer par exemple, il faut choisir une vision, une orientation. Le chef de l’État sait parfaitement que la laïcité ne se résume pas à la loi de 1905. Le principe avant même le mot trouve son origine pendant la Révolution française et prend toute sa force au moment de la fondation de l’école publique dans les années 1880. La laïcité ne renvoie pas seulement à la liberté de conscience et de culte (article 1er de la loi de 1905) et à la séparation des Églises et de l’État (prévue à l’article 2 et organisée par les articles suivants) ; il ne s’agit pas uniquement de principes juridiques mais aussi de garanties politiques. La laïcité est le pilier de l’identité collective française contemporaine: elle organise notre rapport à la liberté et à l’égalité, et elle contribue à définir notre citoyenneté, notre commun. Or Emmanuel Macron ne répond pas aux interrogations qui traversent aujourd’hui la société française de manière architectonique sur tous ces enjeux. Comme s’il les laissait délibérément de côté afin de ne pas avoir à trancher entre les grandes orientations possibles qui s’ordonnent autour d’interprétations divergentes de la laïcité. (…) Schématiquement, il y a d’un côté un courant que l’on peut qualifier de libéral, au sens contemporain du libéralisme globalisé d’origine américaine, tolérantiste et multiculturaliste, qu’incarne bien le député Aurélien Taché par exemple au sein de La République en Marche. Ce courant vise à faire entrer la laïcité française dans le moule de ce libéralisme aujourd’hui dominant. Dans cette perspective, l’idée fondamentale est que toutes les opinions, tous les choix individuels, sont légitimes dès lors qu’ils sont adoptés librement, c’est la liberté définie par «c’est mon choix». Ce qui donne une laïcité réduite à son principe de liberté comme droit, sans responsabilité ni devoir collectifs. C’est une laïcité individualiste sans élément permettant de construire le commun ; elle concerne l’individu et non le citoyen. Une telle conception est très éloignée de la laïcité telle qu’elle a été pensée et construite en France, elle ne mérite d’ailleurs pas le nom de laïcité, c’est un usage abusif du terme qui est fait par ceux qui s’en réclament. (..) Au sens général, philosophique ou politique, la laïcité englobe toutes ces dimensions! Sur le plan cultuel, elle permet de répondre à de nombreuses questions: faut-il autoriser les processions ou les prières de rue, les crèches dans les mairies, les réunions publiques dans les lieux de culte, certains financements publics dans des lieux de culte?… C’est ce qu’on appelle la «police des cultes». Mais la laïcité, c’est aussi un enjeu culturel! Lorsque le chef de l’État déclarait, face à Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin, que «le voile n’est pas conforme à la civilité dans notre pays», il reconnaissait que la laïcité dépasse la seule régulation des cultes, qu’elle touche à ce qui nous est commun, aux fondements de ce qui fait de nous des Français et non des Anglais, des Allemands ou des Américains. Il faut donc être à la fois extrêmement clair et précis sur un tel sujet. La confusion, c’est de dire que la laïcité se limiterait à une question purement juridique, et donc qu’on se refuse à l’invoquer dès lors qu’une pratique n’est pas interdite au sens strict par une loi. Outre que le droit n’est pas lui-même toujours parfaitement défini – les travaux sur les frontières et les zones grises en la matière de mes collègues juristes spécialistes de ce sujet, Gwénaèle Calvès ou Frédérique de la Morena l’ont bien montré -, la laïcité est aussi et sans doute même avant tout un principe philosophique et politique. Ce qui n’en fait pas pour autant une doctrine ou une idéologie, contrairement à ce qu’opposent régulièrement à ses partisans ceux qui voudraient en amoindrir la portée. Ainsi, lorsque l’on défend la laïcité comme élément fondamental de notre commun, on est vite accusé d’être un «laïcard», de vouloir s’en prendre aux religions dans l’espace public notamment, au nom de je ne sais quelle idée, comme si l’on voulait à tout prix renvoyer les laïques vers l’athéisme ou l’anticléricalisme, comme si l’on était un disciple d’Émile Combes! N’en déplaise à tous les tenants de la normalisation libérale que j’évoquais plus haut, on peut parfaitement être républicain et en faveur de la liberté la plus étendue possible, mais une liberté qui s’applique et concerne d’abord les citoyens, et non les individus. Une liberté qui permet d’organiser le corps social et non de le diviser voire de le dissoudre. (…) La laïcité est l’une des réponses possibles à cette préoccupation que l’on retrouve dans de nombreux contextes nationaux aujourd’hui, c’est la réponse française, celle de la politique de civilisation que nous avons choisie et que nous devons continuer de choisir, collectivement, entre citoyens. Elle s’est forgée tout au long de notre histoire, et elle forge notre identité commune. C’est elle qui permet de donner un sens à toutes nos différences, culturelles ou religieuses notamment, en laissant à chacun la plus grande liberté possible et en assurant la protection des citoyens vis-à-vis non seulement des empiétements toujours possibles de l’État mais aussi, on l’oublie souvent, des autres individus ou des communautés sur notre propre liberté, tout spécialement en matière religieuse. Ainsi, en matière religieuse, la neutralité de l’État sert-elle à nous protéger, en tant que citoyen, de l’État lui-même bien évidemment ; mais elle sert aussi et indissociablement à protéger chacun d’entre nous de nos coreligionnaires le cas échéant ou plus largement de toute croyance ou pratique que l’on voudrait nous imposer dans la société. La laïcité est une liberté publique. Dans les systèmes hérités du droit anglo-saxon, cette protection est laissée aux individus eux-mêmes, au fonctionnement de la société civile, et en particulier aux communautés religieuses qui y évoluent librement, on parle alors de liberté civile. Il s’agit de deux modèles, de deux manières différentes de comprendre la liberté. Or aujourd’hui, notre modèle français et républicain est très minoritaire parmi les démocraties occidentales et sous la pression à la fois des représentations culturelles venues des États-Unis et d’un droit d’inspiration anglo-saxonne. D’où l’attention permanente portée aux droits individuels, à la satisfaction des revendications identitaires promues par les représentants de «minorités» qui se définissent comme victimes de l’oppression majoritaire. Dans le cas de l’islam dans les pays occidentaux, cela conduit le plus souvent à une forme d’inversion du combat laïque: l’exigence que l’on applique au christianisme (religion majoritaire) n’est pas la même que celle que l’on applique à l’islam. Or pour un républicain laïc, tout le monde est citoyen avant d’être chrétien, musulman, juif, athée, etc., et les individus sont protégés comme citoyens, pas comme croyants. C’est ce point précis que les tenants d’une laïcité libérale telle que définie ci-dessus ne veulent pas voir ou ne veulent pas comprendre, par aveuglement ou par idéologie. C’est pourtant fondamental à l’âge identitaire si l’on veut continuer de construire du commun plutôt que de se recroqueviller sur telle ou telle de nos différences. Laurent Bouvet
Les questions d’identité collective (laïcité, place de l’Islam, immigration…) divisent profondément la majorité. Il sera très difficile au président de la République de clarifier la ligne en la matière. Il a en effet besoin de l’ensemble de sa majorité, composée de lignes irréconciliables sur ces questions, pour pouvoir continuer son action et évidemment être réélu en 2022. Le plus probable est donc qu’il tentera de ménager les contraires, de continuer une forme de «en même temps». Le problème est que sur ce type d’enjeux, il n’y a pas de « en même temps » qui tienne, en tout cas pas aux yeux de nos concitoyens. Précisément parce que ce sont des enjeux d’identité qui impliquent des conceptions essentielles de ce que nous sommes et de ce que nous voulons faire ensemble, comme Français. C’est le plus grand danger politique pour le chef de l’État qui a construit sa victoire à la présidentielle et sa majorité sans avoir à traiter de ces enjeux. Ceux qui l’ont rejoint, que ce soit par conviction ou par opportunisme, n’y ont pas plus prêté attention. Or on ne peut ignorer, politiquement, de telles questions. On vit aujourd’hui le retour du boomerang. (…) Qu’on pense simplement ici à l’inversion spectaculaire du principe de liberté qui consiste à dire que c’est le port du voile qui rend la femme libre! La responsabilité de tous ceux qui appuient ou corroborent cette inversion, à gauche, chez les féministes, parmi les intellectuels, dans les médias… est immense. Ils minent les fondements mêmes de notre société tels qu’ils ont été refondés avec les Lumières. Au nom d’une vision profondément biaisée de l’émancipation, qui serait réservée uniquement à certaines catégories de population eu égard à leurs identités d’origine, ils sapent la possibilité même d’une humanité commune. C’est cette démarche, essentialiste, identitaire, réductionniste… qui stigmatise et exclut les femmes musulmanes. Laurent Bouvet
Article après article, avec un bonheur incertain, je m’essaie de faire comprendre à mes contemporains que nous vivons un temps médiatique névrotique et même schizophrénique. J’essaie aussi d’expliquer que cette névrose profonde provient d’un antiracisme dévoyé, lui-même issu d’un antinazisme devenu fou. Le courant médiatique islamo-gauchiste considère encore que qui touche l’islamisme touche l’islam et qui touche l’islam touche tous les musulmans. La folle quinzaine qui commença par le drame de quatre policiers assassinés par un islamiste à la préfecture de Paris pour s’achever par un psychodrame disproportionné autour d’une femme voilée à la vie paraît-il gâchée en est la triste et énième illustration. Tellement prévisible également. Qu’on me permette de citer la conclusion de la chronique que j’ai publiée dans ces mêmes colonnes le 7 octobre dernier : «Mais pas d’illusions, le réel sera vite à nouveau rattrapé par le virtuel. Aujourd’hui l’heure est encore à la colère avec la mise en accusation du laxisme envers les islamistes. Demain, viendra l’oubli des victimes quand elles reposeront dedans la guerre froide. Après-demain, un nouveau pilori sera dressé pour ceux qui font radicalement le procès de l’islam radical. Le jour d’après, sera jour d’attentat.» Nous avons donc connu le troisième jour: celui de la victimisation à l’envers. C’était un jour forcément nécessaire. La France était la seule victime, les Français étaient en colère, l’islamisme coupable était montré du doigt. Comme à chaque fois, le courant médiatique que je ne peux nommer autrement qu’islamo-gauchiste mais qui par capillarité a contaminé depuis des lustres l’inconscient collectif bien au-delà de l’islam et bien au-delà du gauchisme, considère encore que qui touche l’islamisme touche l’islam et qui touche l’islam touche tous les musulmans. Le prétexte de la sortie funeste et maladroite de Julien Odoul au sein d’une assemblée territoriale mettant en cause une femme voilée en présence de son enfant affolé n’était pas mal trouvé. Une pétition dans Le Monde donnait le la à la musique de la victimisation frénétique. La névrose médiatique faisait le reste. Une pétition dans Le Monde signée notamment par des artistes à la réflexion politique étroite mais à la morale esthétique infinie donnait le la à la musique de la victimisation frénétique. Notre président de la République, illustra jusqu’à la perfection son ambivalence hybride qui se mariait harmonieusement avec l’esprit schizophrénique du temps. Au premier jour de l’assassinat des quatre authentiques martyrs de l’islamisme, Monsieur Macron n’hésitait pas à appeler martialement au devoir de «vigilance» contre «l’hydre islamiste». J’écrivais alors que l’exercice s’avérerait périlleux dans la pratique, au regard du surmoi prétendument antiraciste. Je ne croyais pas si bien écrire: dans un article du Figaro daté du 16 octobre («Détection de la radicalisation à l’université: un sujet délicat») Marie-Estelle Pech raconte comment l’université de Cergy-Pontoise a été contrainte, après protestations, de regretter un appel à la vigilance dans lequel on considérait par courriel comme inquiétants le fait, notamment , qu’un étudiant ou un fonctionnaire dédaignerait l’autorité des femmes ou porterait «une djellaba, ou un pantalon dont les jambes s’arrêtent à mi-mollets». Frédérique Vidal, notre ministre de l’enseignement supérieur aura été de ceux qui auront condamné cette vigilance politiquement osée. Au demeurant, l’université de Cergy-Pontoise aura été bien naïve de prendre le discours présidentiel à la lettre et de ne pas donner du temps psychodramatique aux temps dramatiques. Dès que le psychodrame de la femme voilée s’empara des esprits tourmentés et que celle-ci déclarait à ce CCIF proche des Frères musulmans qui traque l’islamophobie «qu’on avait gâché sa vie», notre président vigilant appelait désormais les Français à la vigilance non plus contre l’hydre islamiste mais contre cette vieille hydre de la «stigmatisation». Je défie cependant qui que ce soit de me mettre sous les yeux la moindre déclaration d’un seul membre de l’Assemblée nationale élue par les Français incriminant l’ensemble de la population musulmane en tant que responsable des attentats islamistes. Ou que l’on me montre la moindre agression physique d’un salaud exalté contre une femme voilée. Dans la réalité, le seul agitateur d’une stigmatisation imaginaire s’appelle Emmanuel Macron. Il était pourtant à la portée de l’intelligence présidentielle de comprendre que c’est précisément cette victimisation imaginaire qui est depuis longtemps l’une des matrices de la radicalisation islamique et de ses conséquences. Tant il est caractéristique de l’esprit humain de se persuader sincèrement que l’on est une victime. A fortiori lorsque de grands esprits vous l’affirment. Il en faudra encore des victimes avant que le jour de l’attentat réel ne soit pas suivi de la victimisation nécessaire au fantasme virtuel. Gilles William Goldnadel
Même s’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, les choses ont évolué. Toutefois, cela n’ est pas suffisant pour une certaine partie de la gauche qui estime que l’échelle des privilèges doit être inversée. Dans cette vision du monde, les groupes qui étaient auparavant marginalisés devraient maintenant être privilégiés et inversement. Comme la situation a été trop injuste pendant très longtemps, des gens de gauche bien intentionnés s’attellent à réparer toutes les inégalités en même temps, ce qui conduit à une sorte de période jacobine de rectitude morale (mais sans la guillotine), un concept familier aux lecteurs français. Telle est la bataille qui se déroule en Amérique aujourd’hui. La gauche est perçue comme trop sensible et la droite comme ignorante et anhistorique. Ces deux manières de les présenter recèlent, chacune, une part de vérité. Pour un écrivain, ce contexte est troublant. Alors que les jugements critiques émanaient autrefois de la seule droite, ils émergent aujourd’hui avec la même vigueur, voire avec plus de virulence, de la gauche qui, tout en prétendant abhorrer l’héritage de Staline, n’est que trop heureuse d’imiter son approche de la culture. Aux États-Unis, existent désormais deux phénomènes : la call-out culture (culture de la dénonciation), qui signifie que si une personne fait une déclaration perçue comme une chose à ne pas dire, elle se fera lyncher sur Twitter, mais aussi la cancel culture (littéralement «culture de l’effacement »), une version encore plus acerbe de la call-out culture, dont le but est littéralement de ruiner la carrlère de la personne en question. La situation est intenable et manque cruellement d’humour. L’humour fait, à présent, l’objet d’une surveillance étroite. La police de l’humour est partout, ce qui tombe plutôt bien puisqu’un clown occupe la Maison-Blanche. (…) À gauche, il existe toutes sortes de tests de pureté conçus pour déterminer si quelqu’un est suffisamment woke (éveillé, conscient des injustices qui pèsent sur les minorités, NDRL), une expression qui s’est répandue depuis que j’ai commencé à écrire le livre et qui signifie, globalement, être favorable au programme de l’ extrême gauche. À l’heure actuelle, aux États-Unis, la « gauche éveillée » est en conflit avec les progressistes traditionnels et ma crainte est que cette lutte fratricide pourrait conduire à la réélection de Trump. (…) Bien que les réseaux sociaux aient leur utilité (je vais tweeter un lien vers cette interview!), ils sont, en grande partie, un ramassis de déchets toxiques et l’un des aspects les plus inacceptables de ce nouveau monde dans lequel nous vivons est le lynchage qui s’y déroule. « Lyncher » est un mot profondément chargé d’histoire aux États- Unis, pour des raisons évidentes, mais en tant que verbe qui décrit une exécution extrajudiciaire métaphorique, il est difficile de trouver mieux. Puisque la culture de la honte reste particulièrement ancrée dans le pays (à l’exception de Donald Trump qui n’a honte de rien), se faire lyncher sur les réseaux sociaux reste un véritable problème pour la plupart des gens à qui cela arrive. (…) L’un des effets secondaires regrettables de ce phénomène est que les écrivains et les artistes s’autocensurent désormais, bien plus qu’ils ne l’auraient probablement fait avant l’ avènement de Twitter et de ses esprits prompts à s’enflammer. C’est un contexte difficile pour les personnes créatives et cela nous ramène à votre question précédente sur le politiquement correct. La gauche et la droite sont tout aussi coupables d’essayer de détruire des gens sur les réseaux sociaux, mais il faut bien avouer que, dans cet exercice, la gauche est bien meilleure. Seth Greenland
En Amérique, chaque saison universitaire apporte désormais son épisode à la chronique ubuesque de la vie des campus et de la frénésie idéologique robespierrienne de ses « justiciers sociaux ». En 2017, les errements du collège Evergreen, dans l’État de Washington, avaient défrayé la chronique, quand un professeur de biologie, Bret Weinstein, progressiste déclaré, fut pris à partie pour avoir refusé de participer à « une journée de l’absence » blanche organisée par des associations d’étudiants de couleur anti-racistes. Venu donner ses cours, Il fut encerclé par des activistes l’ accusant de racisme et l’appelant à démissionner très agressivement. Des vidéos finirent par révéler les séquences pathétiques durant lesquelles les professeurs d’ Evergreen énuméraient en public « les cartes de leurs privilèges » (être blanc, homme, hétéro, éduqué, etc.), afin d’ aider au rétablissement de la justice sociale. Quand Weinstein demanda pourquoi il était accusé de racisme, on lui répondit que le demander était raciste. Sa « blanchité » le mettait d’entrée de jeu dans le camp du « racisme systémique » , concept qui fait fureur dans les départements d’ études critiques d ‘outre-Atlantique (et de plus en plus hélas en France). Au terme d ‘une négociation, l’administration, qui avait pris lâchement le parti de la rébellion étudiante, fut condamnée à verser à Weinstein 500 000 dollars en échange de sa démission. Il fut aussi reçu devant une commission du Congrès mise en place par les républicains. Mais l’épidémie du « politiquement correct » continua, portée par l’idée qu’il faut interdire tout discours qui pourrait « offenser » les sensibilités des minorités. En 2018, c’était au tour de Christina Hoff Sommers, philosophe féministe de gauche, d’être forcée de partir au milieu d’un discours au College Lewis and Clark. Accusée de fascisme pour avoir osé dire que toutes les différences entre les genres ne sont pas sociales ! La fonction délibérative de l’université, où la recherche de la vérité doit faire l’objet d’un débat, se retrouve menacée. L’idéologie de la justice sociale imprègne largement le programme des démocrates, qui comptent sur l’arc-en-ciel des minorités « opprimées » pour gagner en 2020. Ce prisme identitaire a joué un rôle clé dans le succès de Donald Trump, par effet boomerang. Des bataillons d’ électeurs blancs des classes populaires ont plébiscité ses écarts de langage, y voyant « un bol d’air frais » alors que ses prédécesseurs républicains s’ étaient pliés poliment aux règles de bienséance verbale des élites libérales. L’un des effets collatéraux de cette « libération » trumpienne du langage a été l’apparition de hordes racistes qui font, elles, un usage inquiétant de leur liberté de parole, nourrissant les arguments des extrémistes de l’anti-racisme. Mais l’un des éléments notables de cette bataille vient du malaise grandissant des libéraux de l’ancienne génération, à gauche mais désormais pris à partie par les vigles du politiquement correct. Selon Jamie Kirschik, de la Brookings Institution, nombre d’élus démocrates n’ oseraient pas s’ exprimer, de crainte d’être « lynchés » par les « justiciers » de leur camp sur les réseaux sociaux. Laure Mandeville
Trump (…) n’est pas un politicien classique. Contrairement à la plupart des politiques traditionnels, qui s’en tiennent encore à des règles de bienséance communément admises, (ce qui pourrait changer dans l’avenir à son exemple), il est sans filtre. Il est donc capable de parler comme le gars du café du commerce, qui assis au comptoir, déclare que ceux qui ne sont pas contents «n’ont qu’à rentrer chez eux», ce qu’il a fait il y a quelques jours. En ce sens, pour reprendre là encore, une formule de Mansfield, il représente le côté «vulgaire de la démocratie» au sens littéral du terme Vulgaire. Il donne une voix au Vulgus, au peuple. (…) Mais je ne vois pas pour autant Trump comme un raciste prêt à discriminer quelqu’un sur sa couleur de peau, pas plus qu’il n’est «anti-femme», à mon avis, contrairement à ce que soutiennent là encore ses ennemis politiques. Aurait-il sinon suggéré à la célèbre star démocrate de la téléréalité Oprah Winfrey, une Afro-américaine, d’être son binôme quand il envisageait déjà une campagne présidentielle dans le passé? Je peux me tromper, mais je vois plutôt Trump comme un gars grandi dans la banlieue new-yorkaise de Queens dans les années 50, habitué au multiculturalisme mais surtout aux rapports de force, et ayant l’habitude de ne prendre de gants avec personne, quelle que soit sa couleur ou son sexe. Ceci dit, il joue sur tous les tableaux pour aller à la chasse aux voix, sans se préoccuper de savoir si cela peut exciter les franges minoritaires racistes, ce que ses adversaires ont beau jeu de souligner. Mais Trump sait surtout que beaucoup d’Américains sont réceptifs au coup de gueule qu’il a poussé et ses électeurs n’apprécient pas que les élues de la gauche démocrate aient le culot de comparer les camps installés sur la frontière mexicaine par la police des frontières à des camps nazis (car cette comparaison est tout à fait absurde). Alors il pousse son avantage. Il a compris qu’il pouvait profiter du radicalisme de ces quatre jeunes députées, pour coller à l’ensemble du parti démocrate une image extrémiste. De ce point de vue, beaucoup estiment qu’il a trouvé son thème pour 2020. Se présenter comme un rempart contre l’extrémisme culturel de la Gauche tout en vantant son bilan économique. (…) Il ne faut pas s’attendre à un changement de thèmes de campagne, car ceux que le président a lancés sans crier gare dans la conversation électorale en 2016, restent extrêmement porteurs auprès de son électorat: l’immigration hors de contrôle, l’ouvrier américain mis sur la touche par la globalisation et la délocalisation massive, l’importance de rétablir du coup une forme de protectionnisme. La bataille contre la Chine. Le retour à une forme de nationalisme et de restreinte en matière d’interventions extérieures, au motif que l’Amérique, en portant seule le fardeau de gendarme du monde, s’est affaiblie. Et bien sûr la bataille contre le politiquement correct. Regardez d’ailleurs son nouveau slogan de campagne, ce n’est pas «Rendre sa grandeur à l’Amérique» comme en 2016, c’est désormais «Maintenir la grandeur de l’Amérique», ce qui veut dire la même chose, sauf qu’il sous-entend qu’il a tenu ses promesses. (…) Donald Trump est adoré par sa base, détesté par l’autre partie du pays, et toléré par les élites du parti républicain, qui à l’exception d’un petit bataillon de «Never Trumpers» (les Jamais Trumpistes), essaient de s’accommoder de sa présidence, à défaut de pouvoir l’influencer (parce qu’ils estiment que le camp démocrate est pire). Bien sûr, il y a dans les rangs du centre, chez les indépendants susceptibles de voter alternativement à droite ou à gauche, et chez une partie des républicains modérés des gens qui sont très embarrassés par les mauvaises manières de Trump et ses dérapages. Je me souviens que pendant sa campagne de 2016, beaucoup de ses électeurs fronçaient les sourcils et disaient qu’ils aimeraient qu’il apprenne à «fermer parfois sa grande gueule». Mais ils ajoutaient aussi qu’il ne fallait pas prendre les sorties de Trump de manière littérale, et qu’eux ne le faisaient pas. Les troupes trumpiennes ont toujours reconnu les défauts de Trump, mais elles sont passées outre car elles ont vu en lui l’homme capable de dire des vérités que personne ne voulait plus entendre, notamment sur la question des frontières (son idée qu’un pays sans frontières n’est plus un pays). Les électeurs républicains et la partie des ex-démocrates qui ont voté pour lui ont soutenu Trump, parce qu’il est indomptable et qu’ils voient en lui l’homme qui a porté leur rébellion contre le système jusqu’au cœur de la Maison blanche. Ils ont le sentiment qu’il n’a pas changé et ne les a pas trahis, et d’une certaine manière, c’est vrai. Il reste leur homme. Regardez la vigueur il essaie contre vents et marées de faire construire son fameux Mur. Je pense que ses électeurs le soutiennent aussi d’autant plus que les démocrates n’ont jamais renoncé à l’expulser du pouvoir, le déclarant illégitime depuis le premier jour et maintenant ouverte la possibilité d’une destitution jusqu’à aujourd’hui. Pour la base républicaine, cet acharnement contre Trump est la meilleure preuve qu’il est l’homme qu’il leur faut. L’acharnement des médias mainstream à son encontre joue aussi en sa faveur. C’est trop voyant, trop unanime, trop obsessionnel, le tableau qui est fait de lui est si noir qu’il devient contre-productif. Beaucoup de gens à droite sont fatigués de Trump, voire exaspérés. Ils s’inquiètent aussi à juste titre de son mode de fonctionnement purement tactique, du chaos qui règne dans son équipe, où tout est suspendu à ses humeurs et ses derniers tweets. Mais ils en ont marre, aussi, de l’anti-trumpisme primaire et constatent que l’apocalypse économique et politique qui avait été annoncée à l’arrivée de Trump n’a pas eu lieu. L’économie affiche une santé insolente, malgré toutes ses foucades, le président n’a pas déclenché la guerre nucléaire que tant d’observateurs annonçaient vu sa supposée «folie». Bien sûr, son action suscite bien des controverses et donne le vertige. Reste ouverte la possibilité d’un dérapage en politique extérieure, si ses interlocuteurs chinois, nord-coréens ou iraniens décident de le tester. Mais ce que nous ne mesurons pas bien, c’est si l’embarras et l’inquiétude que suscite Trump sont supérieurs à la satisfaction que suscite sa capacité à s’élever contre les élites. C’est sans doute dans ce dilemme que se jouera l’élection. (…) La question du degré de division de l’Amérique est un sujet sur lequel tout observateur des États-Unis finit par s’interroger. S’accroît-elle ou est-elle une donnée persistante, dont on oublie seulement l’acuité avec le temps? La présidence Trump l’a-t-elle exacerbée? Quand les Américains vous disent qu’ils n’ont jamais vu «division pareille», on a tendance à les croire sur parole, mais on réalise ensuite qu’ils oublient parfois largement l’intensité des fractures du passé, alors qu’elles ont toujours été là. Entre le Sud anciennement ségrégationniste et le Nord largement abolitionniste, entre la droite chrétienne conservatrice et les libéraux laïques. Entre l’Amérique démocrate des côtes, et le pays profond du milieu. Entre les partisans de l’État minimal et les partisans du New Deal et des lois sociales…L’opposition entre la gauche américaine et les Mccarthystes dans les années 50 était-elle vraiment moins profonde que celle des démocrates et des républicains sous Trump? Et que dire de la bataille jonchée de cadavres des années 60 pour arracher les droits civiques des Noirs sous Kennedy et sous Johnson, puis des divisions sociétales autour de la guerre du Vietnam? A-t-on oublié les furieuses batailles sous Reagan, sous Clinton, sous les Bush Père et fils, puis sous Obama, qui devait pourtant réconcilier l’Amérique bleue des démocrates et l’Amérique rouge des républicains? Qu’est-ce qui change sous Trump par rapport au passé? En dehors de la personnalité même du président, qui a effectivement le plus haut taux d’impopularité d’un président, les vieux routiers de la politique washingtonienne citent la disparition quasi-totale des ailes modérées des deux camps, qui ne sont plus vraiment représentées au Congrès, ce qui rend de plus en plus difficile la création de compromis. Les compromis exigeaient la volonté de «travailler avec l’autre aile». Mais ce champ s’étiole faute de «soldats» désireux de coopérer. La radicalisation du champ de l’information sous l’effet des réseaux sociaux participe aussi à l’accroissement des fossés, car on ne partage plus les mêmes faits! Du coup, on est dans un combat sans répit et un dialogue de sourds, dont l’issue semble être de vouloir annihiler l’autre camp, au lieu de le laisser vivre. La manière dont la confirmation du juge Bret Kavanaugh a tourné au pugilat, à l’automne, a été à cet égard très significative, car les «troupes» des deux camps ne se sont pas privées d’envoyer des «commandos de militants» huer et menacer les élus qui avaient pris des positions nuancées contraires à l’orthodoxie du parti, pour ou contre le juge suprême! Il me semble qu’entre Trump et les démocrates, la confrontation est presque devenue un jeu de rôles ; une sorte de théâtre, où chacun s’enferme dans son personnage ou son parti…Trump est traité de «raciste», lui dénonce à son tour le caractère «anti-américain» de ses adversaires, et cela s’enflamme. C’est comme si ces deux forces se nourrissaient l’une l’autre. Le problème est de savoir comment tout cela est reçu «en bas», chez les électeurs de base. J’ai peur qu’à force de jouer la carte de l’ennemi, les gens finissent par se haïr vraiment. Les attaques seront-elles encore pires en 2020 qu’en 2016? C’est possible car dans les deux partis, ce sont les plus vocaux et les plus extrêmes, qui couvrent le débat de leur brouhaha et semblent donner le «la». Il règne un véritable climat de «guerre civile politique». Il faut espérer que la violence ne sortira pas du cadre verbal. (…) Élément intéressant, Trump est aujourd’hui aussi populaire que Reagan au même moment, ce qui veut dire qu’il pourrait aussi surprendre et faire mieux que la dernière fois chez les minorités, le taux de chômage des noirs par exemple, ayant atteint un seuil à la baisse historique. Surtout, Trump pourrait bénéficier d’un cru démocrate où les candidats capables de s’imposer dans le fameux Midwest ne sont pas légion, en dehors de l’ancien vice président Joe Biden, originaire de Pennsylvanie, et qui a été récemment l’objet d’une attaque en règle de la Gauche identitaire du parti démocrate, qui l’accuse de sexisme et de racisme, rien de moins! (…) Depuis l’arrivée de Trump au pouvoir, le parti démocrate a été si sonné et si ulcéré de le voir gagner au détriment de la «reine Hillary» qu’il a conclu à son illégitimité. Il en a fait un repoussoir, un diable qui finirait par être expulsé de la Maison Blanche, rapidement. Pendant deux ans et demi, leur stratégie a donc consisté à attaquer chaque sujet sous l’angle de la personnalité de Trump, au lieu de prendre la mesure des problèmes que son élection révèle. Ainsi par exemple de la question de la migration, approchée seulement sous l’angle de la «cruauté» de Trump, de sa folie et de son racisme supposés, sans aucune tentative de prise en compte de la crise migratoire aiguë réelle, qui se joue à la frontière avec le Mexique. Mais cette stratégie a échoué à atteindre son but et de ce point de vue, l’intervention du procureur spécial Robert Mueller devant le Congrès, qui n’a pas apporté confirmation de l’attitude criminelle du président en matière d’obstruction (même s’il a clairement eu la tentation d’arrêter l’enquête), ni trace d’une collusion avec la Russie, marque la fin d’un cycle. (…) Si une centaine d’élus souhaiteraient poursuivre la procédure de destitution, une partie très substantielle du camp démocrate n’en veut pas, persuadé que cette stratégie serait perdue d’avance et qu’il est temps de passer à l’ordre du jour. Dans ce camp, figure notamment la Speaker de la Chambre Nancy Pelosi, mais aussi toute une série d’élus des États du MidWest, qui souhaiteraient aussi s’éloigner du parti pris idéologique centré sur la défense des minorités, la fameuse «politique des identités», pour revenir à une approche plus sociale des dossiers et construire une alternative crédible à Trump, prenant en compte les problèmes qu’il a soulevés. L’autre camp, qui regroupe notamment le fameux commando des quatre élues en bataille contre Trump, mais aussi une grande partie des élites intellectuelles, veut persister dans l’entreprise de destitution du président avec une ferveur quasi religieuse. (…) Du coup, les démocrates se retrouvent presque forcés d’endosser des propositions incroyablement radicales venues de la gauche sur le financement de l‘assurance médicale pour les illégaux en situation irrégulière, la nécessité de dissoudre les services d’immigration ICE. Une radicalisation qui ouvrira un boulevard à Trump dans le Midwest si l’aile modérée ne parvient pas à contenir ces élans. Le paradoxe est que cette approche excessive permet à Trump de se recentrer et de passer par pertes et profits tous ses gigantesques travers, et notamment sa sous-estimation inquiétante des attaques russes sur les élections américaines. En voulant l’abattre trop grossièrement, les démocrates l’ont presque sanctuarisé… Leur persistance à jouer la carte identitaire, et à tenter de rassembler toutes les minorités, femmes y compris, contre «le patriarcat de «l’Homme blanc» qu’il incarnerait supposément, pourrait lui servir de tremplin. Si on ajoute à ça, ses excellents chiffres économiques et l’absence de leader clair et incontesté face à lui, on voit à quel point la bataille va être difficile pour les démocrates. Encore une fois, la manière dont ils ont attaqué Joe Biden, le seul candidat susceptible de concurrencer Trump dans les États pivots du MidWest, révèle le piège dans lequel ils pourraient se laisser enfermer. Il faut en effet reconnaître qu’accuser de racisme supposé, l’homme qui a été le vice président du premier président noir de l’Histoire des États-Unis ne manque pas de sel. Laure Mandeville
La médiocrité spirituelle que les immigrés islamiques perçoivent dans l’Occident moderne n’est pas imaginaire et pourrait être la plus grande entrave à la préservation de la culture européenne. Christopher Caldwell
La question de la langue, des mots pour dire les choses, est absolument décisive en ce domaine, comme dans tous les autres d’ailleurs : il ne pourra y avoir de politique à la hauteur des défis que l’islamisation de la France nous pose, aussi longtemps que nous en resterons à cette langue de carton. Même si naturellement, cela ne saurait suffire. On le voit avec notre Président qui excelle dans l’art de nommer les choses, il n’a pas craint de parler d’ « hydre islamiste », de volonté de « sécession » de l’islam politique, mais comme si c’était une fin en soi. Je ne demande qu’à être détrompée, mais jusqu’à présent, Emmanuel Macron s’est seulement distingué, par rapport à ses prédécesseurs, dans l’exercice de ce que le philosophe Clément Rosset appelait la « perception inutile » : « C’est une perception juste, explique-il, qui s’avère impuissante à faire embrayer sur un comportement adapté à la perception. […] J’ai vu, j’ai admis, mais qu’on ne m’en demande pas davantage. Pour le reste, […] je persiste dans mon comportement, tout comme si je n’avais rien vu ». (…) Si j’exclus de parler d’actes à caractère spirituel, il me semble en revanche pertinent de les qualifier d’idéologiques, au sens littéral qu’Hannah Arendt donnait à ce terme dans les Origines du Totalitarisme, comme « logique d’une idée » c’est-à-dire reposant sur un grand récit d’une cohérence extrême qui « ne se rencontre nulle part dans la réalité », qui offre ceci de formidablement réconfortant pour l’esprit humain qu’il « permet de tout expliquer jusqu’au moindre événement ». Évidemment cela a un prix, pour pouvoir ainsi tout expliquer, il faut « s’affranchir de toute expérience », « s’émanciper de toute réalité que nous percevons au moyen de nos cinq sens et affirmer l’existence d’une réalité “plus vraie” qui se dissimule derrière les choses que l’on perçoit ». D’où l’adhésion à l’idéologie complotiste. (…) Sans exonérer un instant les coupables de leur responsabilité – on pactise toujours en première personne avec le diable –, il est difficile de ne pas penser que l’attrait qu’exerce l’islamisme sur une partie des musulmans soit sans lien avec la philosophie et l’anthropologie qui nous gouvernent depuis les années 1970. Le péché originel du progressisme est d’avoir prêté des vertus émancipatrices à la désaffiliation et à la désidentification d’avoir prétendu que l’individu serait d’autant plus libre, plus original qu’li serait délié de toute héritage. Depuis lors, l’éducation consiste en une succession de désidentifications : désidentification religieuse, désidentification nationale, et désormais, dernier avatar de ce processus, désidentification sexuée et sexuelle. d’abord religieux, ensuite national. Le retrait de l’identité nationale – seule identité à fabriquer du commun, à cimenter un peuple – a permis l’offensive actuelle des identités particulières, et singulièrement du communautarisme musulman. Quand nous travaillons avec obstination à délester l’individu de tout passé, de toute histoire, l’islamisme leur livre un kit identitaire n’autorisant aucun jeu, aucun écart ; quand nous nous faisons un devoir de lever tous les interdits, l’islam radical parle d’autorité, imposant prescriptions, proscriptions à ses recrues, leur confie des missions, meurtrières assurément mais qui donnent un sens, dans la double acception du mot, une signification et une direction, à leur vie. La propagande islamiste vient ainsi moins satisfaire un irrésistible besoin de spiritualité ou de religion que combler un vide creusé par l’éducation et la pensée progressistes. Les communiqués djihadistes diffusés en français jouent de cet argument d’un besoin spirituel ou religieux sacrifié par l’Occident et tout particulièrement par la France, opposant ce « pays faible [qui] abrutit son peuple de divertissement » à l’État islamique dont chaque membre est « un combattant en puissance, ayant suivi un entraînement militaire, faisant la guerre pour sa foi, espérant le paradis éternel s’il est tué ». L’abrutissement des masses par l’industrie de l’entertainment est parfaitement indifférent à un islam qui n’exècre rien tant que l’esprit des Lumières et la passion du questionnement, du discernement. Notre enfoncement dans le consumérisme et l’utilitarisme travaille assurément contre nous. « La médiocrité spirituelle que les immigrés islamiques perçoivent dans l’Occident moderne n’est pas imaginaire et pourrait être la plus grande entrave à la préservation de la culture européenne », écrivait ainsi en 2011 le journaliste américain Christopher Caldwell. Kamel Daoud a très bien raconté comment, dans sa jeunesse, il se laissa harponner par la rhétorique des Frères musulmans : « L’offre religieuse donnait du sens à mon corps, à ma sexualité, à mon rapport à la femme, à l’au-delà, etc. L’effondrement philosophique est plus grave que l’échec économique. » (…) On sait que les mouvements dits masculinistes qui sont venus répliquer à la criminalisation des hommes blancs par les mouvement féministes, sont puissants aux Etats-Unis et entretiennent une idée régressive, caricaturale de la virilité. On ne rappellera jamais assez que notre idée de la virilité était faite de codes, de normes, elle consistait en une domestication des pulsions, une mise en forme du désir, un idéal de constance, de fermeté. La négation de la différence des sexes et la disqualification des représentations traditionnelles livre le jeune garçon à des formes de masculinité des plus sommaires. Cependant, la crise de la masculinité ne peut à elle seule expliquer les tueries de masse. Quant aux attentats islamistes, les hommes n’en ont pas l’exclusivité. Certes jusqu’à présent, ceux qui nous ont frappés ont été commis par des hommes mais au moment même où Mickaël Harpon égorgeait ses victimes à la Préfecture de police se déroulait le procès de quatre des huit jeunes filles poursuivies pour tentative d’attentat à proximité de Notre-Dame en septembre 2016. (…) La pratique des jeux vidéos contribue à faire vivre celui qui en est familier dans un monde fictif. Les jeux vidéo, mais aussi la pratique des réseaux sociaux, sont de redoutables machines à déréaliser le réel. Et cela rejoint ce que je disais plus haut concernant le caractère idéologique de ces actes. Bérénice Levet
Il est surprenant d’entendre dire de la part du ministre de l’intérieur ainsi que de son secrétaire d’État que la tuerie qui a eu lieu à la Préfecture de Police ne relève pas du terrorisme. Certes, cette tuerie n’a pas été faite par une bande organisée comme cela a été le cas de la tuerie du Bataclan en 2015. Mais tout de même, si ce n’est pas du terrorisme qu’est-ce ? Dans la façon dont les medias ainsi que les responsables politiques distinguent la tuerie de la Préfecture de Police du terrorisme, on sent comme une peur d’apparaître comme raciste en les reliant. Ce comportement est d’autant plus étrange que Jeudi 10 Octobre le ministre de l’Intérieur a interdit la tenue d’une manifestation à Gonesse lancée par un activiste s’insurgeant contre l’amalgame entre la tuerie de la Préfecture de Police et le terrorisme islamiste. Il faut savoir : ou il n’y a aucun lien et dans ce cas on n’interdit pas la manifestation prévue à Gonesse, ou il y a lien et dans ce cas on le dit. En vérité, une fois de plus, à chaque fois qu’un attentat islamiste a lieu on passe davantage de temps à expliquer que cela n’a rien à voir avec l’islam et qu’il ne faut pas faire d’amalgame qu’à comprendre pourquoi il s’agit d’un attentat effectivement islamiste. L’islamisme fascine un certain nombre de jeunes. La raison en est simple. Il leur offre de pouvoir jouer avec la violence en toute légitimité en reconnaissant cette violence comme un acte héroïque au nom des valeurs supérieures Quand l’islamisme attire et recrute il le fait de trois façons : par le combat militaire direct, par l’attentat en bande organisée ou bien par l’action purement solitaire comme celle du tueur qui se précipite au milieu d’une foule avec un couteau en tuant au nom de « Allah Akbar », « Dieu est grand ». Le ministre de l’intérieur pense que la tuerie de la Préfecture de Police ne relève pas du terrorisme parce qu’elle est le fait d’un tueur isolé et non d’une bande. Il néglige le fait que tuer de façon solitaire est recommandé par Daech depuis sa défaite. Quand donc un tueur agit de façon solitaire, il est le terrorisme à lui tout seul. C’est d’ailleurs pour cela qu’il tue, être le terrorisme à lui tout seul étant ce qui le fascine. (…) Dans l’Islam on trouve des courants religieux comme le soufisme qui, étant d’une haute spiritualité, sont totalement éloignés de la violence qu’ils réprouvent. Il y a cependant des courants religieux qui sont radicalement le contraire en prêchant la violence. Ces courants reproduisent ce à quoi on assiste toujours quand on a affaire à un maniement primaire des idées à savoir d’abord l’apparition d’un système politique ou religieux prétendant tout expliquer, puis transformation de cette théorie prétendant tout expliquer en théorie prétendant tout régler pratiquement, enfin transformation de cette théorie prétendant tout régler pratiquement en projet de dictature, puis passage à l’acte et mise en place de la dictature par des actes au sein d’une milice, d’une bande ou seul. Dans les années soixante dix le gauchisme en Europe a fonctionné sur ce mode. Aujourd’hui, c’est l’islamisme, avec parfois une convergence de luttes entre gauchisme et islamisme débouchant sur l’islamo-gauchisme. Pour comprendre ce qui se passe, autrement dit, ne faisons pas l’erreur de parler de religion ou de spiritualité. Parlons plutôt du poids des images et des idées à l’intérieur du champ religieux, politique, social et culturel, la violence terroriste étant le fait de l’emprise des mots, des images, des idées, des idéaux et derrière eux de la passion de « la solution finale » pour tout, que ce soit la pensée, la pratique, la religion, la culture et l’humanité dans son ensemble. (…) Pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui avec la violence il importe de distinguer ce qui nous est propre, l’attentat d’extrême droite en Allemagne et les attentats islamistes de Paris et de Manchester. La crise spirituelle liée à la déconstruction nous concerne. Elle ne concerne pas l’extrême droite allemande et les islamistes. La France a été un pays catholique. Puis elle a été un pays républicain. Aujourd’hui la déconstruction ne veut ni du catholicisme ni de la République mais l’ultra-démocratie et l’individualisme absolu. Cela se traduit non pas par un terrorisme physique faisant des attentats mais par un terrorisme intellectuel jouant à fond la carte du politiquement correct, de l’ultra-féminisme et de l’ultra-écologie. Via cette radicalité on voit s’exprimer un désir de liberté et de pureté comblant une mystique qui n’a pas lieu. Il n’y a pas d’attentat physique, mais il convient d’être prudent. Il y a les gilets jaunes, les black blocks, les zadistes, les vegan qui attaquent des boucheries et un militantisme écologique prenant d’assaut des grandes surfaces comme à la place d’Italie le weekend dernier ou bien récemment un pont près de l’île de la Cité. S’agissant de l’extrême droite allemande on est dans une autre problématique. Manifestement de jeunes allemands épris de provocation s’identifient à l’antisémitisme nazi. À cela s’ajoute le réveil de l’extrême droite en Allemagne et dans l’Europe de l’Est. S’ajoute également un courant anti-migrants qui y prend de l’ampleur. Enfin, il y a la mouvance islamiste. Si l’on considère les jeunes qui rejoignent celle-ci une chose est frappante : ces jeunes sont attirés par la structure à la fois rigide et communautaire que l’islam leur offre. Alors que certains jeunes s’engagent dans l’armée pour ces mêmes raisons, eux s’engagent dans l’islam. Pour ces jeunes, l’Islam est commode. Il leur permet de revenir vers des valeurs dites traditionnelles comme la religion,  mais via l’islam comme figure contestataire de l’Occident. Si bien que l’islam leur permet d’être traditionnaliste dans la contestation et contestataire dans une tradition. Une façon de dépasser l’opposition droite-gauche qui n’intéresse plus personne. Autrement dit, ce n’est pas vraiment la déconstruction qui est à la base des attentats qui se commettent : leur source se trouve dans la provocation. (…) Certes, ce sont des hommes qui font les attentats. Mais attribuer ces derniers à la crise de la virilité n’est pas la bonne raison. Qui s’intéresse à la crise de la virilité ? Ceux qui cherchent à la mettre en crise comme la LGBT ou bien encore l’ultra-féminisme. Pour faire advenir la transsexualité comme vérité de la sexualité, la LGBT a besoin à tout prix de défaire la notion de virilité. Aussi ne perd-telle pas une occasion de mettre celle-ci en crise en se servant par exemple des attentats commis par des hommes. De son côté, quand il attaque la virilité, l’ultra-féminisme ne cherche pas tant à faire advenir le transsexualisme qu’à attaquer le machisme en se servant là encore de toutes les occasions. Quand un attentat se produit tout le monde cherche à en tirer profit en voyant dans celui-ci la confirmation des thèses qu’il défend. Un homme sort un couteau dans la foule ? La LGBT va y voir l’expression d’un monde qui ignore le transsexualisme en se disant que si cet homme avait été un transsexuel jamais il n’y aurait eu d’attentat. L’ultra-féminisme va y voir de son côté une manifestation du machisme. Si celui a commis un attentat avait été transsexuel, jamais il n’y aurait eu d’attentat. La psychologie est intéressante. Elle n’explique pas tout et notamment les attentats dont les racines plongent dans le pouvoir de l’idéologie. La théorie du genre entend réinterpréter l’ensemble de la culture mondiale. L’idée que le terrorisme est lié à une quête éperdue de virilité par peur de se dépouiller de l’orgueil masculin a encore du chemin à faire afin d’être convaincante. D’autant qu’il va falloir que celle-ci explique pourquoi, il y a deux ans de cela, des jeunes filles ont été arrêtées à la suite d’un projet d’attentat avec bouteilles de gaz et clous, pourquoi d’autre jeunes femmes ont décidé d’aller en Syrie combattre aux côtés de Daech, pourquoi certaines jeunes filles aujourd’hui deviennent musulmanes et décident de prendre le voile musulman. (…) Il est vrai que le nihilisme ainsi que le cynisme s’appuient sur une vision du monde dans laquelle tout est jeu. Il est vrai également que certaines violences produites par la délinquance sont liées au désir de reproduire la toute puissance que l’on voit s’exercer dans les jeux vidéo où il s’agit de tuer un maximum d’adversaires. Il est vrai enfin que des films comme La tour infernale ont pu donner des idées aux terroristes du 11 Septembre 2001 à New York. Néanmoins, n’oublions jamais le poids de l’idéologie. Quand un terroriste d’extrême droite fait un attentat comme à Halle, si la modalité de son attentat relève d’une mise en scène ludique le fond de son geste criminel renvoie au simplisme idéologique qui s’est emparé de son esprit à travers des explications expéditives de la réalité et des solutions improvisées toutes aussi expéditives. En fait, il y a derrière de tels comportements un jeu idéologique réducteur se mariant avec un univers ludique pour déboucher sur un scénario de films d’épouvante. Bertrand Vergely
La distinction entre immigration légale et illégale doit tenir. Certaines personnes, qui prônent l’ouverture des frontières, demandent «quelle est la différence?» La réponse est «la loi». (…) C’est pourquoi je dis que si nous ne parvenons pas à maintenir nos lois et nos frontières maintenant, alors nous n’avons aucune chance de résister. (…) Tous ces phénomènes sont largement favorisés par les ONG «open borders», organisations dirigées par des gens qui sont de véritables extrémistes. Ils distribuent des informations aux migrants et aux migrants potentiels pour les aider à contourner les règles existantes et en leur expliquant comment rester définitivement en Europe. Ces ONG pensent que le monde ne devrait pas avoir de frontières. Que les frontières sont racistes. Que les frontières causent tous les problèmes du monde. Ils ont pris sur eux d’affaiblir les frontières de l’Europe. Les autorités italiennes ont pris un certain nombre d’ONG en flagrant délit de coopération active avec les réseaux de contrebande. Ces ONG ont été surprises au téléphone avec des contrebandiers, arrangeant les points de rencontre et retournant même les bateaux aux gangs. Qui a donné à ces groupes le droit de dicter l’avenir de notre continent? Qui leur a permis d’être nos arbitres de moralité? Ou de décider de notre avenir sociétal à court et à long terme?  Douglas Murray
The explanations for our existence that used to be provided by religion went first, falling away from the nineteenth century onwards. Then over the last century the secular hopes held out by all political ideologies began to follow in religion’s wake. In the latter part of the twentieth century we entered the postmodern era. An era which defined itself, and was defined, by its suspicion towards all grand narratives. However, as all schoolchildren learn, nature abhors a vacuum, and into the postmodern vacuum new ideas began to creep, with the intention of providing explanations and meanings of their own. Douglas Murray
Je retrace en résumé l’irruption de ces sujets à tous les niveaux de la société. Ce sont surtout les universités américaines qui ont absorbé une partie du corpus philosophique de la «French Theory» (essentiellement les thèses de Michel Foucault). Elles la font passer pour une discipline académique, qui doit attirer sans cesse de nouveaux étudiants, et avec eux, des sommes importantes d’argent: c’est un véritable système de Ponzi. D’autant que si leur prestige universitaire est certain, leur pensée demeure largement incompréhensible. Leur usage peut devenir transdisciplinaire: on a ainsi vu se développer au cours des dernières décennies des «études» de toutes sortes: «black studies», «queer studies», etc. Et comme ces domaines de recherche factices s’auto-alimentent, puisque ceux qui en sont diplômés ont ensuite des postes au sein de ces mêmes universités, les théories postmodernes de la déconstruction ont peu à peu irrigué tout le reste de la culture. On en fait même aujourd’hui des armes politiques, au travers de concepts comme la justice sociale, les politiques identitaires ou «l’intersectionnalité» – le mot le plus laid que notre époque ait inventé! (…) C’est une idée vaine, contradictoire, et qui n’est sous-tendue par aucun fondement philosophique sérieux, aucun écrit notable. J’ai été stupéfait de constater la pauvreté intellectuelle de cette notion. Des universitaires comme Peggy McIntosh ont rédigé des textes «fondateurs» qui ne consistent en réalité qu’en une longue énumération de pétitions de principe et de revendications ; puis ce système de pensée a été enseigné aux élèves du monde entier et s’est propagé dans les entreprises. Le monde ne fonctionne pas de la manière que décrivent les intersectionnalistes. Ne leur déplaise, n’en déplaise à Michel Foucault lui-même, le «pouvoir» n’est pas l’explication première et universelle de tous les phénomènes sociaux. Le postulat principal de l’intersectionnalité, à savoir que toutes les oppressions se rejoignent et font système, et que, par conséquent, elles doivent être combattues ensemble, est absurde. Par exemple, si vous combattez la transphobie, vous ne mettrez pas un terme au patriarcat, et il est fascinant de voir à quel point le combat pour les droits des personnes transsexuelles va à l’encontre des principaux acquis du féminisme. On réalise même peu à peu que les trans remettent en cause certains des droits conquis par les mouvements homosexuels. (…) nos grands récits communs, politiques ou religieux se sont tous effondrés. Il fallait trouver du sens ailleurs: nous étions donc prédisposés à écouter l’enseignement des nouveaux prophètes qui viennent à présent expliquer que le but de nos vies est de nous battre pour la «justice sociale» et de lutter pour accorder sans cesse de nouveaux droits à des minorités de plus en plus groupusculaires… (…) Fragilisées par la crise [de 2008], les jeunes générations se sont inévitablement détournées du capitalisme, et le succès de systèmes de pensée prétendant pouvoir mettre fin à toutes les injustices du monde était prévisible: lorsque l’économie est en mauvaise santé, les sociétés sont davantage à la merci d’idéologies néfastes, leur système immunitaire est défaillant. Les théories qui sous-tendent le mouvement que j’analyse étaient en gestation depuis les années 1970 ou 1980, mais elles ne sont devenues dominantes qu’au cours de la dernière décennie. Et désormais, les groupes concernés ne se battent plus seulement pour leurs droits, mais instrumentalisent les individus les uns contre les autres à des fins politiques: on dresse ainsi les gays contre les hétéros, les Noirs contre les Blancs, les femmes contre les hommes, ou les trans contre le monde entier. (…) Je suis frappé de voir à quel point ces thèmes dominent aujourd’hui le débat, et plus seulement à l’université ou dans la Silicon Valley. Dans l’entreprise ou l’administration, on recrute davantage en fonction de l’identité du candidat que pour les compétences professionnelles. On ne se demande plus qui exercera au mieux telle ou telle responsabilité, mais qui présente sur son profil les bonnes caractéristiques, de sorte que l’on ait l’air de coller au mieux aux dernières exigences diversitaires en vigueur. Que les choses soient bien claires: je suis favorable à l’égalité des droits. Mais les partisans des politiques identitaires ne s’arrêtent pas à l’égalité. Les minorités qui estiment avoir été victimes de discriminations entendent aujourd’hui obtenir réparation et exigent plus de droits que les autres groupes, au moins pour un temps. Notre culture ne fait plus des homosexuels (comme moi) des gens normaux, mais des individus meilleurs que les autres… Et malheureusement, sans vouloir nier l’existence du racisme dans l’Histoire, on voit se répandre l’idée qu’un Blanc a moins de valeur qu’un Noir. Par conséquent, les Blancs doivent «prendre conscience de leur privilège blanc», pour reprendre le vocabulaire des campus américains. On sent là comme un parfum de vengeance… Or, je suis favorable à l’égalité, pas à la revanche. (…) [Le syndrome de Saint Georges »] C’est une expression qu’emploie le philosophe australien Kenneth Minogue, qui est décédé récemment, mais que j’ai eu la chance de connaître. Dans son livre The Liberal Mind (1961), il compare le libéralisme moderne au chevalier saint Georges après sa victoire sur le dragon: le héros ne se contente pas de son exploit, il part errer à travers la lande à la recherche d’un nouvel ennemi à pourfendre. Cette image est encore plus appropriée aujourd’hui: faute d’autres dragons, le chevalier part abattre la moindre petite bête qui croise sa route, et, dépité, finit par lancer son épée dans les airs. Si certains caricaturent nos sociétés occidentales comme étant profondément racistes, homophobes ou iniques, c’est qu’ils aimeraient connaître la même gloire que leurs prédécesseurs qui ont combattu avant eux d’autres formes d’oppression. Ils veulent leur propre dragon, pour trouver un sens à leur vie. Le paradoxe, c’est qu’alors même que nos sociétés n’ont jamais été aussi justes qu’aujourd’hui, on les décrit comme plus oppressives que jamais. (…) Ceux qui n’appartiennent pas aux minorités ne supporteront pas longtemps d’être ainsi humiliés et insultés. Le racisme antiblanc commence déjà à exaspérer de nombreux Occidentaux. Le féminisme actuel est si virulent à l’égard des hommes qu’il risque de générer, par retour de bâton, un recul du droit des femmes. Et je crois qu’il en va de même pour le mouvement LGBT: à force de voir des médias gay promouvoir des drag-queens âgées de 10 ans seulement, ou répéter à longueur de journée que l’on peut être non binaire, leurs droits aussi seront peut-être un jour remis en question. (…) Le modèle économique sur lequel se fondent les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook suppose que les gens se «corrigent» les uns les autres. Les plateformes encouragent la démoralisation de la société ; pire encore, elles ont politisé leurs algorithmes: j’ai été atterré de découvrir, en me rendant dans la Silicon Valley au cours de mes travaux, que des entreprises comme Google faussent délibérément les résultats des recherches des internautes pour orienter leur opinion, au point de déformer la lecture du présent et même la compréhension de l’Histoire… La Silicon Valley est l’endroit au monde où le gauchisme a le plus triomphé: ces firmes sont convaincues que nos sociétés sont racistes ou sexistes, et qu’il faut les guérir. Et, lentement mais sûrement, elles travaillent à vouloir changer le monde. (…) Je reconnais que [«dépolitiser» nos existences] c’est une préconisation contre-intuitive, et qui va surtout à l’encontre de l’esprit de l’époque: on ne cesse d’exhorter les plus jeunes à politiser chaque parcelle de leur vie. Je suis pour ma part déterminé à conduire mes lecteurs, et en particulier mes nombreux jeunes lecteurs, à ramer à contre-courant. Certes, la politique est une chose importante, mais elle n’épuise pas tout le sens de la vie humaine, et d’ailleurs de très nombreuses personnalités politiques diront la même chose que moi! Surtout, lorsque l’on politise absolument tout, y compris la culture ou les relations entre les hommes et les femmes, alors on s’enferme dans une guerre de tous contre tous – et c’est un jeu à somme nulle. Il faut sortir de cet abîme! Les générations présentes sont les plus chanceuses de l’histoire humaine: nous avons un accès infini à l’information, grâce auquel nous pouvons communier à toutes les découvertes du monde, à condition d’être un tant soit peu astucieux et d’avoir une connexion internet. Ce serait terrible si les jeunes générations gaspillaient leur temps à faire la guerre aux hommes au nom du féminisme ou aux Blancs au nom de l’antiracisme. Et il reste bien d’autres combats à mener, plus justes et plus utiles, que les guerres identitaires que je décris dans mon livre. Douglas Murray
Dans ce livre, Douglas Murray s’interroge sur les dérives de la nouvelle orthodoxie en matière de justice sociale très marquée par des préoccupations identitaires. Celle-ci prend la place des grands récits qui donnaient du sens à l’existence. Elle a tout d’une nouvelle religion. L’intersectionnalité y joue un rôle fondamental en établissant une hiérarchie des identités dites vulnérables en quête de justice sociale. Et les vivants et les morts ont intérêt à se trouver du bon côté. Le combat identitaire pour la justice sociale est sorti de l’espace confiné des sciences sociales. The Guardian a ainsi pu titrer le 13 juin 2018 à propos des pistes cyclables à Londres : “Roads designed by men are killing women”. Douglas Murray consacre un chapitre à chaque aspect des politiques identitaires (Gays, femmes, race, trans) très en vogue aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et dont la France ne connaît encore que les prémisses. Son dernier chapitre sur la transsexualité est celui qui rend sans doute le mieux compte de la folie collective qui nous a saisis. Il y ajoute des interludes dans lesquels il approfondit certains aspects transversaux à ces différentes causes. Tous ces combats identitaires pour la justice sociale ont en commun d’avoir été des mouvements légitimes à leurs débuts, mais de s’être emballés en prétendant que la situation n’avait jamais été pire alors que la victoire était en vue. Douglas Murray évoque à ce propos la jolie formule du philosophe australien Kenneth Minogue : le syndrome de Saint-Georges à la retraite. Que faire après avoir terrassé le dragon ? S’en inventer de nouveaux ? Notre monde est rempli, écrit Douglas Murray, de gens qui veulent absolument construire leur barricade alors que la révolution est finie. Et l’affichage vertueux nécessite une surestimation des problèmes. Toutes ces questions identitaires mises ensemble sont à l’origine d’une folie collective dont Douglas Murray se demande comment on pourrait en sortir. Un premier pas dans cette direction serait, écrit-il, de pouvoir en parler librement. C’est ce qu’il fait dans ce livre en illustrant son argumentation, comme dans son précédent livre, par des exemples très éclairants. (…) En fait, on se rend compte que l’intersectionnalité, c’est de la blague la plupart du temps, tant les argumentations sont changeantes et contradictoires. Celle des transgenres ne s’appliquerait pas à la race. L’argument tant décrié des femmes, selon lequel les trans nés hommes ne peuvent savoir ce que c’est qu’être une femme, est jugé recevable s’agissant de la race. La testostérone que prennent les athlètes trans en transition n’est pas considérée comme un dopant. Les trans veulent être considérés comme des femmes mais refusent qu’un trans soit incarné au cinéma par une femme ! Il est devenu difficile de s’orienter dans un tel champ de mines et un des plaisirs favoris de l’époque est de voir un des gardiens de l’orthodoxie poser le pied sur une mine dont il ne soupçonnait pas l’existence et essayer de sauver sa carrière en postant des douzaines de tweets d’excuses. Ceux qui attendent que le mouvement pour toujours plus de justice sociale s’effondre sous le poids de ses contradictions peuvent attendre longtemps car ils ignorent le soubassement marxiste du mouvement. Une telle espérance suppose que ce mouvement ait en vue la résolution des problèmes. Or la description qu’ils font de la société ne les conduit pas à chercher à l’améliorer mais à la détruire. Le but n’est pas de remédier mais de diviser, d’enflammer. Si l’on ne peut faire tout s’effondrer, reste l’option de semer le doute, la division, l’animosité et la crainte. Douglas Murray cherche à savoir comment sortir de ce guêpier. Essayer de faire usage de la bienveillance à l’égard des opposants pour les contraindre à une discussion plus sérieuse ? On peut tenter de semer le doute chez les avocats des causes identitaires en leur demandant quel système plus performant que celui des sociétés occidentales ils ont en vue. Et, lorsqu’ils se réfèrent à une société qui n’existe pas encore, la suspicion devrait être de mise, compte tenu des ravages que ce genre de doctrine a déjà produit. Douglas Murray nous incite à dépolitiser nos vies, à garder un intérêt pour la chose politique sans que ce soit ce qui leur donne un sens. S’il faut faire en sorte que la vie de quelqu’un ne soit pas entravée en raison de caractéristiques contre lesquelles il ne peut rien, il ne faut guère aller au-delà. Fonder sa vie sur la bataille politique identitaire pour la justice sociale, c’est gâcher sa vie. Michèle Tribalat
Si les classes moyennes, socle populaire du monde d’en haut, ne sont plus les référents culturels de celui-ci, qui ne cesse de les décrire comme des déplorables, elles ne peuvent plus mécaniquement être celles à qui ont envie de ressembler les immigrés. Hier, un immigré qui débarquait s’assimilait mécaniquement en voulant ressembler au Français moyen. De même, l’American way of life était porté par l’ouvrier américain à qui l’immigré avait envie de ressembler. Dès lors que les milieux modestes sont fragilisés et perçus comme des perdants, ils perdent leur capacité d’attractivité. C’est un choc psychologique gigantesque. Cerise sur le gâteau, l’intelligentsia vomit ces gens, à l’image d’Hillary Clinton qui traitait les électeurs de Trump de ‘déplorables’. Personne n’a envie de ressembler à un déplorable ! Christophe Guilluy
 La France périphérique, dans laquelle se classent d’ailleurs les départements et territoires d’outre-mer, n’est pas exclusivement blanche. Il suffit de se balader en France pour le constater. Concernant les quartiers de la politique de la ville, on peut rappeler que les quartiers sensibles de petites et moyennes villes de la France périphérique sont plus pauvres que les quartiers de logements sociaux de Seine-Saint-Denis. Cela s’explique par le fait que le dynamisme économique y est beaucoup plus faible. Pourquoi autant d’attention aux banlieues des grandes villes ? Parce qu’elles se situent dans les grandes métropoles, là où vivent les élites, les prescripteurs d’opinion, là où est le business. On n’a pas intérêt à ce que ces territoires explosent. Aucun gouvernement de droite ou de gauche n’a remis en cause la politique de la ville. On ne peut réaliser un diagnostic objectif de la politique de la ville si l’on ne prend pas en compte le fait que ces quartiers sont devenus des sas : on y entre, on en sort. Dès qu’on a intégré le marché de l’emploi, on cherche à quitter les lieux. Ces populations partantes sont remplacées par des populations venues de l’extérieur, beaucoup plus précaires. En fait, il y a une instrumentalisation des questions autour de l’immigration alors que le sujet est consensuel dans la population : tout le monde souhaite la régulation des flux migratoires. Selon les sondages, 65 à 80 % des Français sont pour l’arrêt de l’immigration. Ces Français ne sont pas tous blancs ; ils sont aussi noirs, maghrébins, etc. Ces questions sont clivées non pas ethniquement mais socialement. La demande de régulation émane des « petits » Blancs, des « petits » Noirs, des « petits » Maghrébins, des « petits » musulmans. Elle est majoritaire en France, en Europe, aux États-Unis, en Algérie, au Maroc, en Israël. La question de la régulation s’impose. Elle est devenue idéologique, alors qu’elle ne pourra se traiter que sur des critères pragmatiques et réalistes. J’ai travaillé par le passé sur la question du logement social à Paris dans le XIXe arrondissement et c’est à cette occasion que j’ai développé le concept d’insécurité culturelle. Ma mission était de comprendre pourquoi les gens demandaient des changements d’attribution de logement alors qu’ils habitaient des quartiers où il n’y avait pas trop de violence ni trop de trafic de drogue. Toutes ces demandes émanaient d’immeubles dans lesquels il y avait eu un turnover important : les Blancs étaient déjà partis et à leur tour les populations maghrébines se trouvaient dans des situations d’insécurité culturelle par rapport à de nouvelles populations comme les Tchétchènes, etc. Ce qui n’a rien de scandaleux : on souhaite tous vivre dans des immeubles où tout ne change pas en permanence, dans lesquels on peut communiquer avec ses voisins et partager des valeurs communes. Cela n’interdit pas l’accueil, mais personne ne souhaite devenir minoritaire. C’est une question anthropologique : quand on est minoritaire, on dépend de la bienveillance de la majorité. J’avais travaillé sur les populations juives et leur déplacement en région parisienne dès les années deux mille. Je travaillais avec des gens de gauche et je pensais que dénoncer l’antisémitisme serait une évidence. Or pas du tout. On m’a sévèrement critiqué pour cela. (…) Je suis très proche des idées de Jean-Pierre Chevènement. Avant, j’étais proche du Parti communiste, lorsque celui-ci représentait les classes populaires ; Georges Marchais dénonçait les flux migratoires qui représentaient une menace de dumping social : vous verrez, prédisait-il en 1981, la droite et l’élite de gauche nous traiteront de « beaufs », de racistes. C’est aussi ce qu’on a vécu avec les « gilets jaunes » : en quarante-huit heures, le mouvement est devenu xénophobe, antisémite, homophobe, sexiste, etc. (…) Le nouvel antisémitisme s’est répandu dans la société et l’incident avec Alain Finkielkraut en est une illustration mais qui n’est pas représentative des « gilets jaunes ». La technique d’invisibilisation et de délégitimisation des classes populaires remonte aux années quatre-vingt, quand la gauche a abandonné la question sociale. La vieille technique de l’antiracisme et de l’antifascisme est devenue une arme de classe : on se protège en délégitimant le diagnostic des gens d’en bas. Il y a autant de racistes, d’antisémites et d’homophobes dans le monde d’en haut sauf qu’ils sont beaucoup plus discrets. L’antisémitisme de gauche, appelé antisionisme, est culturellement très puissant. Ce n’est pas le monde d’en bas qui contourne la carte scolaire à Paris et qui déscolarise ses enfants des collèges à majorité d’immigrés. Ce sont des bons bobos parisiens de gauche. Christophe Guilluy
Le droit a pour rôle d’instituer et d’assurer les personnes de leur identité. Il faudrait se demander si reporter sur les individus, et en particulier sur les jeunes, le poids de devoir définir et (ré)affirmer eux-mêmes à tout moment les éléments de leur identité sans jamais pouvoir rien tenir pour acquis est vraiment libérateur. Muriel Fabre-Magnan
Une des raisons qui m’ont poussée à écrire ce livre était la lassitude de voir des termes juridiques employés à contresens, comme le contrat ou le consentement, qu’on associe toujours à la liberté dans le grand public, alors qu’en réalité, pour un juriste, qui dit contrat et consentement dit au contraire que l’on renonce à une partie de sa liberté ; le contrat n’est pas le mode normal de l’exercice des libertés. Je voulais alors souligner le risque de retournement de la liberté qui en résulte. Le lexique utilisé dans le cadre de débats de société conduit en outre souvent à polariser les opinions. La question de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) est un excellent exemple. On trouve un camp qui pousse à une interprétation toujours plus individualiste des droits de l’homme par la CEDH et un autre qui condamne de façon générale les droits de l’homme. Le Royaume-Uni, par exemple, avait menacé de dénoncer la Convention européenne des droits de l’homme avant même le Brexit. Il me semble possible et préférable de trouver une voie alternative : il faut en effet défendre les droits de l’homme, qui sont une avancée démocratique essentielle, et la CEDH a ainsi rendu une série d’arrêts extrêmement précieux, par exemple pour condamner l’état des prisons, garantir le respect des droits de la défense ou encore dénoncer des pays qui se livrent à des traitements inhumains ou dégradants. Et, en même temps, la CEDH dérape parfois dans ses arrêts et abuse de ses prérogatives. Seule une analyse juridique précise permet de démonter les rouages, comprendre à quel endroit exact se fait ce dérapage et d’essayer d’y remédier. Sinon, on est inévitablement conduit à adopter une position excessive dans un sens ou dans un autre. (…) C’est effectivement très récemment que ce terme de liberté a pris un sens général, et presque philosophique, qui est celui du droit pour les individus de mener leur vie comme ils l’entendent. La liberté est devenue la faculté de pouvoir faire tous les choix pour soi-même, ce qu’on appelle aujourd’hui un droit à l’autonomie personnelle. Cet énoncé peut certes sembler satisfaisant dans un cadre autre que juridique, mais demander au droit de garantir que les personnes puissent faire ce qu’elles veulent quand elles veulent conduit à l’effet inverse et à un risque de retournement de cette liberté. Si, en effet, le droit doit garantir à toute personne la possibilité de faire ce qu’elle veut, y compris de renoncer à sa liberté, on finit évidemment par détruire le concept même de liberté. (…) Et, comme le soulignent plusieurs auteurs, l’ultralibéralisme économique ou sociétal sont les deux faces d’une même médaille. La liberté est souvent revendiquée pour que les autres puissent se mettre à notre disposition. La faculté de renoncer à sa liberté n’est cependant pas la liberté. Plus généralement, ce qu’on appelle une protection des personnes contre elles-mêmes, et qui est dénoncé comme une forme de paternalisme étatique, est en réalité toujours une protection des personnes contre autrui. L’exemple de la prostitution est assez typique, et il illustre aussi un des autres points que je voulais souligner dans ce livre, à savoir que tous les débats contemporains, sociétaux ou économiques qui posent la question de la licéité sont toujours appréciés par rapport au seul critère du consentement. Cela signifie que l’on ramène tout à un débat interindividuel quand il serait plus pertinent de s’interroger, par exemple, sur les politiques économiques et sociales donnant aux personnes une plus grande faculté de choix de vie. Que signifie le consentement d’une prostituée si elle n’a pas d’autre choix que de consentir ? (…) La liberté sexuelle implique la faculté pour chacun d’avoir la sexualité de son choix sans avoir à subir aucune discrimination. Mais pourquoi l’État devrait-il donner sa bénédiction à chaque nouvelle pratique ? De même, la contractualisation des relations sexuelles n’est pas la meilleure façon de protéger juridiquement contre les agressions sexuelles ni de respecter le consentement des personnes. Si on contractualise, on s’oblige à ces pratiques. Or la liberté consiste en la capacité de pouvoir refuser un rapport initialement consenti. (…) Le droit doit tenir compte des évolutions sociales, mais il est aussi un horizon tracé pour une société. Il est en effet de l’ordre du devoir-être. Les juristes opposent toujours le fait et le droit, donc le réel et ce qui doit être. Le droit est, dans une société, les valeurs et les objectifs sur lesquels les personnes s’accordent. Pour vivre ensemble, il est nécessaire de définir un projet commun, lequel peut évidemment évoluer dans le temps. Le terme d’institution de la liberté cherche à exprimer l’aspect dynamique de cette liberté et le rôle que le droit doit jouer pour la garantir. On ne naît pas libre, on le devient, et c’est ce processus d’émancipation que doit soutenir le droit. Muriel Fabre-Magnan
C’est peu dire que Michael Pollak n’apprécia pas le titre donné par Pierre Bourdieu au numéro d’Actes de la recherche en sciences sociales dans lequel furent publiés les premiers résultats de son enquête sur l’expérience concentrationnaire (Pollak 1986a et b) : des années de travail avec plusieurs collaborateurs ; seize longs entretiens avec des rescapées d’Auschwitz-Birkenau en France, Autriche, Allemagne et Pologne ; l’analyse de vingt-cinq textes autobiographiques en français, anglais et allemand ; le dépouillement attentif des dépositions judiciaires conservées dans différentes archives et des témoignages historiques recueillis par plusieurs commissions ou centres de recherche ; des analyses thématiques, des tableaux synoptiques, de longues heures de lectures, de discussions, de réflexions, d’écriture1 – tout cela pour figurer dans un numéro de revue intitulé L’illusion biographique… Je n’ai sans doute pas pris toute la mesure, à l’époque, de la blessure que cela a pu représenter pour Michael. Je le ressens mieux aujourd’hui. (…) La première illusion épistémique qui transparaît dans cet article de Bourdieu (1986) touche au dogme constructiviste. Celui-ci en effet ne ressortit pas seulement au simple constat de la nature foncièrement « sociale » des faits sociaux (constat qui n’est rien d’autre, tout compte fait, qu’une lapalissade, tout juste bonne à épater les profanes), mais aussi et surtout à la dénonciation de leur artificialisme, de leur conventionalité : dénonciation qui elle-même s’adosse, implicitement, à l’idée que seul serait nécessaire ce qui relèverait de la « nature » et non de la « construction sociale » – celle-ci ne pouvant renvoyer qu’à l’arbitraire, au contingent. C’est dire à quel point le constructivisme postmoderne (que Bourdieu ne se privait pas de moquer d’une main tout en le pratiquant, si nécessaire, de l’autre) est englué dans un naturalisme rampant, héritier des conceptions pré-sociologiques – propres à la tradition philosophique comme au sens commun – qui ne connaissent d’autres réalités que celle, métaphysique, de la « nature » et celle, concrète, de l’individu hic et nunc. Les sciences sociales ont pourtant largement montré la puissance du langage, des institutions, des conventions, des mœurs, des lois, supérieure et aux données de la « nature », et aux capacités d’action du « sujet ». Qu’importe : voilà qu’on nous serine encore qu’un récit ne serait « que » socialement construit, donc artificiel, mensonger, illusoire, autant dire dispensable dans la panoplie des méthodes offertes aux sciences sociales. À naïf, qui « croit » à la transparence du discours, naïf et demi : celui qui croit, comme Bourdieu, qu’un « bon » discours » serait un discours transparent à la réalité qu’il vise. Alors que tout discours devient intéressant, pertinent, riche de sens, dès lors qu’on s’attache à rendre signifiante son opacité même – c’est-à-dire ses propriétés, pragmatiques autant que discursives –, en tant qu’elle nous conduit à la façon dont la réalité en question fait sens pour celui qui la vit. Mais pour concevoir cela, il faut sortir d’une autre illusion, également présente dans la dénonciation bourdieusienne de l’« illusion biographique » : non plus l’illusion naturaliste, mais l’illusion explicative. « Rendre compte d’un trajet dans le métro », écrit donc Bourdieu dans son second argument. On a beaucoup glosé sur la métaphore du métro, mais je m’attarderai plutôt ici sur le sens de ce « rendre compte ». S’agit-il d’expliquer la logique objective d’un choix d’itinéraire par une mise à plat (une « objectivation », dans son langage) de l’ensemble des trajets possibles ? Ou bien s’agit-il de comprendre la façon dont ce trajet-ci est vécu par le voyageur ? L’une et l’autre perspectives – explicative, compréhensive – sont parfaitement légitimes, intéressantes, utiles. Simplement, elles ne visent pas la même opération intellectuelle et n’emploient pas les mêmes outils. Or, ce que vise Bourdieu dans cette image du métro, c’est manifestement une explication – structuraliste, objectiviste, spatialisée – de l’expérience par ses causes objectives : explication qu’il oppose à une autre – narrative, subjectiviste, temporalisée. Mais ce qu’il ne voit pas, c’est que l’outil biographique donne bien plutôt accès à une compréhension, c’est-à-dire une explicitation des raisons, des logiques sous-jacentes au vécu du sujet. Dans les deux cas, on « rend compte », certes, mais pas des mêmes réalités. Et l’illusion ici consiste à ne pas voir la discordance entre la visée et l’outil, parce qu’on ne voit pas qu’une autre visée est à l’œuvre. Je ne m’attarderai pas sur cette opposition bien connue entre explication et compréhension : bien connue, mais dont on sous-estime sans doute les implications pour les sciences sociales et les confusions qu’elle entraîne. Ici, la principale confusion porte sur le fait que dans une perspective explicative et objectiviste, le récit biographique n’est qu’un outil, faute de mieux, pour atteindre la réalité à laquelle il réfère tout en la déformant ; alors que dans une perspective compréhensive (qui ne serait subjectiviste, soit dit en passant, qu’à condition de s’exonérer de toute comparaison entre les différentes expériences, et de toute tentative pour dégager la structuration de l’espace des possibles telle qu’elle s’offre aux acteurs), ce récit fait partie de la matière même de l’investigation : non pas seulement ce qui permet de comprendre, mais aussi ce qui doit être compris. Dans cette dernière perspective, le soupçon du sociologue « désillusionnant » se retourne contre lui-même : le naïf n’est plus celui qui croirait à l’« objectivité » du récit biographique, comme ne cesse de le marteler Bourdieu, mais il est celui qui croit, comme lui, que le locuteur et son interlocuteur prennent ce récit pour la réalité, alors que l’un et l’autre savent bien qu’ils ont affaire à un récit – cette forme particulière de réalité, si riche d’enseignements pour peu qu’on l’écoute vraiment, c’est-à-dire pour elle-même en tant qu’elle vise, avec ses moyens propres, son référent, et non pour ce référent lui-même. Face, donc, à celui qui se gausse des naïfs amateurs de biographies, on a envie de poser la question fameuse de Paul Veyne (1982) : dans quelle mesure, de quelle façon, à quelles conditions les biographiés croient-ils à l’histoire qu’ils racontent, et les biographes à celle qu’on leur raconte ? Et, au-delà de l’adhésion (de la « croyance ») à ce que racontent ces récits, quelles fonctions revêtent pour leurs narrateurs leur production et leur circulation ? De quels outils disposent-ils pour les rendre dicibles et intelligibles ? C’est là qu’intervient un autre déplacement de la pensée sociologique : non plus de l’explication à la compréhension, mais de la visée référentielle à l’outil sémiotique. Encore une fois, Bourdieu n’y a vu que du feu. « Le récit, qu’il soit biographique ou autobiographique, comme celui de l’enquêté qui “se livre” à un enquêteur », écrit-il (1986 : 69). Cet écrasement des genres narratifs en dit long sur son peu d’intérêt envers la matière du récit et les conditions de sa production ; autrement dit, sur la logique des choix de narration adoptés par le sujet, à laquelle donne accès la perspective compréhensive. Car la question primordiale que devrait se poser le chercheur face à ce genre de récits n’est pas de savoir dans quelle mesure ils sont « véridiques », « manipulés », « artificiels » ou purement « rhétoriques », mais dans quel contexte ils ont été produits et, le cas échéant, publiés, et sous quelle forme : biographie rédigée par un tiers, autobiographie spontanée ou sollicitée, entretien – et quel sens peut avoir l’adoption de tel genre discursif par rapport à l’expérience relatée. Ce furent, précisément, l’originalité et l’intelligence du travail de Pollak sur la déportation : au lieu de se laisser fasciner par le contenu atroce des récits, s’obliger à se concentrer tout d’abord sur le filtre de leur forme. (…) C’est dire combien le titre de l’article de Bourdieu et de ce numéro de la revue fut mal venu, j’ajouterai même dans ce contexte, indécent : plutôt que l’« illusion biographique », c’est le « travail biographique » qu’il aurait fallu saluer. Avec le respect dû à tout travail – celui du biographié comme celui du biographe. (…) On est loin, très loin, de l’« illusion biographique » sous le chapeau de laquelle furent publiés ces deux articles, à l’extrême opposé de l’esprit dans lequel ils avaient été écrits. Et c’est pitié, en y revenant plus de vingt ans après, que de réaliser à quel point la superbe intelligence qui fut celle de Bourdieu a pu se dévoyer dans cette forme de bêtise typique de notre époque que sont le soupçon généralisé, la critique aveugle et systématique. Nathalie Heinich
L’identité est à la fois une notion de sens commun et un concept utilisé par les sciences de l’homme – psychologie, sociologie, histoire, anthropologie, polito-logie… En tant que notion de sens commun, elle tend à être perçue, selon une tradition essentialiste et métaphysique, comme une réalité objective, intemporelle, transcendante, qui existerait indépendamment de l’idée qu’on s’en ferait : par exemple, « l’identité de la France ». En tant que concept savant, elle est plutôt analysée comme une construction historique sans autre fondement que la croyance en son existence, autrement dit comme une illusion – c’est la position postmoderne, constructiviste et critique. La première acception nourrit les usages « droitiers » de la notion, en tout cas en matière d’identité nationale et de politique « identitariste » ; la seconde alimente ses critiques « gauchistes ». Le problème est que l’une et l’autre conceptions sont aussi naïvement erronées l’une que l’autre. (…) Certes (…) soumise aux contingences temporelles, narratives et représentationnelles, l’identité est tout sauf un fait brut, une réalité évidente. Malheureusement, la suite du raisonnement tombe aisément dans les sophismes de la pensée postmoderne mâtinée de French theory : l’identité ne serait, de ce fait, qu’une « illusion », comme l’affirma Pierre Bourdieu en son temps. Une telle conclusion pèche par une faute de raisonnement classique dans les sciences sociales contemporaines : le monde serait fait soit de faits bruts, soit de faits « socialement construits », donc assimilables à des illusions ; ou, en d’autres termes, soit de réalité, soit de fictions – plus ou moins naïves ou intéressées, c’est-à-dire mensongères. Pris comme synonyme de « fabriqué » au sens de factice, donc d’inauthentique, le « construit » devient, dans cette perspective critique, rien de mieux qu’une « fable », un « mythe », dont il ne reste rien une fois qu’on l’a dévoilé comme tel. Dès lors on pourrait en faire ce qu’on veut, s’en débarrasser ou le transformer selon son bon vouloir. C’est le programme qui sous-tend la réduction de la notion d’identité à un simple « discours », soumis aux aléas de la temporalité, du récit et de la variabilité des points de vue : l’élimination pour cause d’inconsistance. C’est ainsi que l’argument de la « construction » historique et sociale glisse du statut de découverte à celui de lieu commun, puis de dénonciation en forme de critique de la « croyance ». C’est en matière d’identité sexuée que le glissement s’est produit de la façon la plus flagrante, sur fond de confusion entre différence et discrimination (la différence des sexes impliquerait forcément inégalité, donc devrait être éradiquée pour cause d’inconvenance politique), ainsi que de fantasme de toute-puissance poussant à refuser et donc à récuser toute catégorisation, synonyme de limitation. Le déconstructionnisme derridien s’en donne ici à cœur joie (…) Ce type de raisonnement repose sur la suprématie non négociable de la liberté individuelle contre la contrainte du « social » : dans cette perspective, qui rappelle étrangement les rêves infantiles de toute-puissance, la notion d’identité n’est supportable qu’à condition d’être dépouillée de toute limite, de tout ancrage, de toute stabilité, libérée donc de toute réduction à un fait social, voire à un fait tout court. Bref, la différence des sexes, puisque « socialement construite », ne serait qu’une « illusion » destinée à perpétrer la « domination masculine ». Ces dérives à partir d’une tentative – légitime – pour désubstantialiser la notion d’identité reposent sur une ignorance mal-heureusement largement répandue, y compris chez des chercheurs estimables : l’ignorance de la notion de représentation, au sens de « se représenter », c’est-à-dire l’ignorance de ce que le monde social est fait beaucoup plus de conceptions mentales partagées – plus ou moins véridiques – que de faits bruts ou, plus encore, d’illusions. Ainsi, ce n’est pas parce que l’identité est plurielle, variable et historiquement construite qu’elle serait illusoire : ni illusion ni, à l’opposé, réalité objective, elle est une représentation mentale, plus ou moins partagée et plus ou moins agissante, que se font les individus de ce qu’ils sont, de ce que sont les autres ou de ce qu’est une entité abstraite tel qu’un pays. Ni totalement objective ni totalement contingente, cette représentation est structurée, appuyée sur des caractéristiques factuelles et des institutions, qui peuvent être décrites et analysées : ainsi, les plus graves problèmes d’identité n’empêchent pas que l’identité d’un sujet soit ancrée dans un corps, instituée par un nom propre et par une signature. De même, l’identité sexuée, quoique soumise à maintes variations socio-historiques, ne peut se modifier d’un mot ou d’un trait de plume, étant composée à la fois de réalités physiologiques, d’expériences psychiques, de procédures administratives et, éventuellement, de manipulations cosmétiques, prises dans un système symbolique et juridique fortement institué. De même encore, s’agissant de l’identité nationale, elle repose sur des propriétés récurrentes tels qu’un État, une langue, une conscience historique, un patrimoine, une mémoire collective: vue sous cet angle, la notion d’« identité nationale » peut devenir un objet de recherche ou de réflexion qui ne soit instrumentalisé ni par la mémoire militante et le nationalisme ni, à l’inverse, par la stigmatisation a priori de tout attachement patriotique.Il n’est guère aujourd’hui de notion qui, davantage que celle d’identité, subisse les ravages intellectuels qu’engendre le déni des représentations, dans une conception binaire du monde qui ne laisserait exister que des faits bruts ou des illusions, du naturel ou de l’artificiel, du donné ou du fabriqué, du nécessaire ou du contingent : une conception qui ignore le poids des réalités sociales et des institutions, des traces mémorielles et des images mentales, des catégories et des mots – qui ignore, autrement dit, ce qui fait la spécificité de l’existence humaine dans un monde partagé. L’identité a donc des limites, non parce qu’elle serait une réalité factuelle et inamovible, mais parce que, en tant que représentation soutenue par des données objectivables, elle n’est pas accessible à toutes les manipulations individuelles, à toutes les modifications fantasmatiques. Faut-il s’en désoler ? Ce serait là adhérer à une conception de l’identité qu’Elias stigmatisait comme celle de l’Homo clausus, l’individu fermé sur lui-même, indépendant de toute interaction, de toute influence de et sur autrui : un individu qui pourrait donc être totalement libre ou, du moins, non déterminé – mais qui serait du même coup irrémédiablement seul. Et la juriste Muriel Fabre-Magnan a raison d’évoquer à ce sujet ce que la contrainte juridique peut avoir de protecteur pour les individus : « Le droit a pour rôle d’instituer et d’assurer les personnes de leur identité. Il faudrait se demander si reporter sur les individus, et en particulier sur les jeunes, le poids de devoir définir et (ré)affirmer eux-mêmes à tout moment les éléments de leur identité sans jamais pouvoir rien tenir pour acquis est vraiment libérateur. » Car les limites, ce sont d’abord les mots et les catégories qui nous permettent de nous orienter dans le monde, et c’est aussi ce qui nous permet de nous coordonner avec autrui, de faire commerce avec les autres, de cultiver en paix les interdépendances qui nous construisent, tout autant que nos libres mouvements. Et parmi les nombreuses limites qui bornent notre monde tout en l’organisant, les limites identitaires – notre sexe, notre âge, notre profession, notre origine géographique ou sociale, notre religion si nous en avons une, notre nationalité, voire notre sexualité si nous en faisons une façon de nous définir – ne sont pas les moins efficaces pour nous aider à être au monde sans risquer de nous y perdre. Nathalie Heinich

Légalisation, via le mariage pour tous et la PMA, du mensonge sur l’origine de nos enfants

Résurrection, via la criminalisation –  jusque dans les écoles de nos enfants – du discours dit « de haine », des lois anti-blasphèmes les plus rétrogrades …

Demande, entre appels à la dénonciation et à l’ « effacement » (autrement dit au boycott), de modification du 1er amendement américain …

Persécution d’esthéticiennes refusant d’épiler le sexe masculin d’une femme transexuelle …

Sportifs transexuels raflant toutes les médailles dans les compétitions féminines ou potentiellement dangereux pour leurs adversaires  …

Mise à disposition de la castration chimique à des enfants de sept ans …

Remise en question, pour cause de non-parité stricte, des collections d’animaux des musées d’histoire naturelle

Cachez cette loi commune que je ne saurai voir !

En ces temps étranges …

Entre soupe alphabétique d’identités sexuelles ou raciales et immigration sauvage sur fond de terrorisme islamique

Du sansfrontiérisme le plus débridé …

Où malgré quelques avancées comme, véritable « mur de Trump payé par le Mexique« , la reprise du contrôle de leurs frontières par les autorités mexicaines …

Et de Hong Kong à l’Irak et au Liban ou à l’Amérique latine et avant l’Iran, le début de soulèvement des peuples contre leurs kleptocraties …

Se creuse la fracture, cinéma compris, entre gagnants de la mondialisation des grandes métropoles et perdants des zones périphériques …

Et  où la « plaisanterie de l’inauguration majestueuse de l’ère « post-chrétienne » dont parlait René Girard

Nous plonge dans un ultra-christianisme anti-chrétien toujours plus caricatural …

Comment ne pas voir avec la sociologue Nathalie Heinich

L’aberration d’un déconstructionnisme sans limites …

Qui réduisant l’identité à de la pure illusion prétend la recréer à l’infini  …

Ou repérer avec la juriste Muriel Fabre-Magnan

Derrière la demande toujours plus grande de législation …

La réalité d’une dilution et d’un dévoiement de l’idée de liberté …

Qui ignorant la dimension protectrice du droit et des interdits …

Va jusqu’à basculer, via le prétendu droit à son renoncement, dans son retournement et sa propre négation ….

Et pourrait à nouveau réussir l’exploit de faire réélire l’an prochain …

L’un des présidents américains les plus politiquement incorrects ?

LES LIMITES DE L’IDENTITÉ
Nathalie Heinich
Nathalie Heinich est sociologue. Dernier ouvrage publié : Ce que n’est pas l’identité (Gallimard, 2018).› nathalie.heinich@ehess.fr
Revue des deux mondes
avril 2019

L’identité est à la fois une notion de sens commun et un concept utilisé par les sciences de l’homme – psychologie, sociologie, histoire, anthropologie, polito-logie… En tant que notion de sens commun, elle tend à être perçue, selon une tradition essentialiste et métaphysique, comme une réalité objective, intemporelle, transcendante, qui existerait indépendamment de l’idée qu’on s’en ferait : par exemple, « l’identité de la France ». En tant que concept savant, elle est plutôt analysée comme une construction historique sans autre fondement que la croyance en son existence, autrement dit comme une illusion – c’est la position postmoderne, constructiviste et critique.La première acception nourrit les usages « droitiers » de la notion, en tout cas en matière d’identité nationale et de politique « identitariste » ; la seconde alimente ses critiques « gauchistes ». Le problème est que l’une et l’autre conceptions sont aussi naïvement erronées l’une que l’autre (1).

La vulgate postmoderne

Certes, la critique postmoderne d’une conception substantialiste de l’identité (ou de « l’illusion essentialiste », comme l’a justement qualifiée le philosophe Pierre-André Taguieff (2)) s’appuie sur des constats qui ont leur part de vérité. Le premier constat est celui de la temporalité, qui soumet toute identité au changement, faisant d’elle non pas une « substance inaltérable » mais une « entité historique » (3): « L’identité n’est pas tant celle d’une substance que celle de la continuité des transforma-tions conduisant d’un stade au suivant » (4), expliquait le sociologue Norbert Elias. Et il ajoutait : « Il s’agit d’une continuité remémorée », ce qui nous renvoie au deuxième constat rendant illusoire la conception substantialiste, à savoir celui de sa dimension narrative, qui fait de l’iden-tité non un fait brut mais un « récit », selon le philosophe Paul Ricœur (5), ou encore une affaire de « réflexivité », selon le sociologue Anthony Giddens (6). Enfin, un troisième constat met à mal la croyance naïve en une réalité factuelle de l’identité, à savoir celui de sa pluralité, sa multiplicité, sa labilité (7). Ainsi le sociologue Erving Goffman a utilisé la métaphore de la barbe-à-papa : l’identité personnelle serait un « enregistrement unique et ininterrompu de faits sociaux qui vient s’attacher, s’entortiller, comme de la barbe-à-papa, comme une substance poisseuse à laquelle se collent sans cesse de nouveaux détails biographiques » (8). Bref, soumise aux contingences temporelles, narratives et représentationnelles, l’identité est tout sauf un fait brut, une réalité évidente.Malheureusement, la suite du raisonnement tombe aisément dans les sophismes de la pensée postmoderne mâtinée de French theory : l’identité ne serait, de ce fait, qu’une « illusion », comme l’affirma Pierre Bourdieu en son temps (9). Une telle conclusion pèche par une faute de raisonnement classique dans les sciences sociales contemporaines : le monde serait fait soit de faits bruts, soit de faits « socialement construits », donc assimilables à des illusions ; ou, en d’autres termes, soit de réalité, soit de fictions – plus ou moins naïves ou intéressées, c’est-à-dire mensongères (10). Pris comme synonyme de « fabriqué » au sens de factice, donc d’inauthentique, le « construit » devient, dans cette perspective critique, rien de mieux qu’une « fable », un « mythe », dont il ne reste rien une fois qu’on l’a dévoilé comme tel. Dès lors on pourrait en faire ce qu’on veut, s’en débarrasser ou le transformer selon son bon vouloir. C’est le programme qui sous-tend la réduction de la notion d’identité à un simple « discours », soumis aux aléas de la temporalité, du récit et de la variabilité des points de vue : l’élimination pour cause d’inconsistance.

C’est ainsi que l’argument de la « construction » historique et sociale glisse du statut de découverte à celui de lieu commun, puis de dénonciation en forme de critique de la « croyance ». C’est en matière d’identité sexuée que le glissement s’est produit de la façon la plus flagrante, sur fond de confusion entre différence et discrimination (la différence des sexes impliquerait forcément inégalité, donc devrait être éradiquée pour cause d’inconvenance politique (11)), ainsi que de fantasme de toute-puissance poussant à refuser et donc à récuser toute catégorisation, synonyme de limitation. Le déconstructionnisme der-ridien s’en donne ici à cœur joie : « Dès qu’on entend le mot “genre”, dès qu’il paraît, dès qu’on tente de le penser, une limite se dessine. Et quand une limite vient à s’assigner, la norme et l’interdit ne se font pas attendre : “il faut”, “il ne faut pas”, dit le “genre”, le mot “genre”, la figure, la voix ou la loi du genre. (12) »Ce type de raisonnement repose sur la suprématie non négociable de la liberté individuelle contre la contrainte du « social » : dans cette perspective, qui rappelle étrangement les rêves infantiles de toute-puissance, la notion d’identité n’est supportable qu’à condition d’être dépouillée de toute limite, de tout ancrage, de toute stabilité, libérée donc de toute réduction à un fait social, voire à un fait tout court. Bref, la différence des sexes, puisque « socialement construite », ne serait qu’une « illusion » destinée à perpétrer la « domination masculine ».

L’ignorance des représentations

Ces dérives à partir d’une tentative – légitime – pour désubstantialiser la notion d’identité reposent sur une ignorance mal-heureusement largement répandue, y compris chez des chercheurs estimables : l’ignorance de la notion de représentation, au sens de « se représenter », c’est-à-dire l’ignorance de ce que le monde social est fait beaucoup plus de conceptions mentales partagées – plus ou moins véridiques – que de faits bruts ou, plus encore, d’illusions. Ainsi, ce n’est pas parce que l’identité est plurielle, variable et historiquement construite qu’elle serait illusoire : ni illusion ni, à l’opposé, réalité objective, elle est une représentation mentale, plus ou moins partagée et plus ou moins agissante, que se font les individus de ce qu’ils sont, de ce que sont les autres ou de ce qu’est une entité abstraite tel qu’un pays.Ni totalement objective ni totalement contingente, cette représentation est structurée, appuyée sur des caractéristiques factuelles et des institutions, qui peuvent être décrites et analysées : ainsi, les plus graves problèmes d’identité n’empêchent pas que l’identité d’un sujet soit ancrée dans un corps, instituée par un nom propre et par une signature. De même, l’identité sexuée, quoique soumise à maintes variations socio-historiques (13), ne peut se modifier d’un mot ou d’un trait de plume, étant composée à la fois de réalités physiologiques, d’expériences psychiques, de procédures administratives et, éventuellement, de manipulations cosmétiques, prises dans un système symbolique et juridique fortement institué (14). De même encore, s’agissant de l’identité nationale, elle repose sur des propriétés récurrentes tels qu’un État, une langue, une conscience historique, un patrimoine, une mémoire collective (15): vue sous cet angle, la notion d’« identité nationale » peut devenir un objet de recherche ou de réflexion qui ne soit instrumentalisé ni par la mémoire militante et le nationalisme (16) ni, à l’inverse, par la stigmatisation a priori de tout attachement patriotique.Il n’est guère aujourd’hui de notion qui, davantage que celle d’identité, subisse les ravages intellectuels qu’engendre le déni des représentations, dans une conception binaire du monde qui ne laisse-rait exister que des faits bruts ou des illusions, du naturel ou de l’artificiel, du donné ou du fabriqué, du nécessaire ou du contingent : une conception qui ignore le poids des réalités sociales et des institutions, des traces mémorielles et des images mentales, des catégories et des mots – qui ignore, autrement dit, ce qui fait la spécificité de l’existence humaine dans un monde partagé.L’identité a donc des limites, non parce qu’elle serait une réalité factuelle et inamovible, mais parce que, en tant que représentation soutenue par des données objectivables, elle n’est pas accessible à toutes les manipulations individuelles, à toutes les modifications fantasmatiques. Faut-il s’en désoler ? Ce serait là adhérer à une conception de l’identité qu’Elias stigmatisait comme celle de l’Homo clausus, l’individu fermé sur lui-même, indépendant de toute interaction, de toute influence de et sur autrui : un individu qui pourrait donc être totalement libre ou, du moins, non déterminé – mais qui serait du même coup irrémédiablement seul. Et la juriste Muriel Fabre-Magnan a raison d’évoquer à ce sujet ce que la contrainte juridique peut avoir de protecteur pour les individus : « Le droit a pour rôle d’instituer et d’assurer les personnes de leur identité. Il faudrait se demander si reporter sur les individus, et en particulier sur les jeunes, le poids de devoir définir et (ré)affirmer eux-mêmes à tout moment les éléments de leur identité sans jamais pouvoir rien tenir pour acquis est vraiment libérateur. (17) »Car les limites, ce sont d’abord les mots et les catégories qui nous permettent de nous orienter dans le monde, et c’est aussi ce qui nous permet de nous coordonner avec autrui, de faire commerce avec les autres, de cultiver en paix les interdépendances qui nous construisent, tout autant que nos libres mouvements. Et parmi les nombreuses limites qui bornent notre monde tout en l’organisant, les limites identitaires – notre sexe, notre âge, notre profession, notre origine géographique ou sociale, notre religion si nous en avons une, notre nationalité, voire notre sexualité si nous en faisons une façon de nous définir – ne sont pas les moins efficaces pour nous aider à être au monde sans risquer de nous y perdre.

1. Cet article reprend en les développant une partie des propositions présentées dans Nathalie Heinich, Ce que n’est pas l’identité, Gallimard, 2018.

2. « L’illusion essentialiste » consiste à « figer et réifier ce qui est intrinsèquement fluctuant, mouvant et diversifié » (Pierre-André Taguieff, « Être français : une évidence, un “je-ne-sais-quoi” et une énigme », Dogma. Revue de philosophie et de sciences humaines, mars 2016).

3. Vincent Descombes, Les Embarras de l’identité, Gallimard, 2013, p. 174.

4. Norbert Elias, Du temps (1984), Fayard, 1996, p. 53, note 1.

5. Cf. Paul Ricœur, Temps et récit, Seuil, 1984.

6. Cf. Anthony Giddens, Modernity and Self-Identity. Self and Society in the Late Modern Age, Polity Press, 1991.

7. Cf. notamment Alex Mucchielli, L’Identité, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 1986, p. 7.

8. Erving Goffman, Stigmate (1963), Minuit, 1975, p. 74.

9. Cf. Pierre Bourdieu, « L’illusion biographique », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 62-63, juin 1986.

10. Cf. Nathalie Heinich, « Pour en finir avec “l’illusion” biographique », L’Homme, n° 195-196, juillet-décembre 2010 (repris dans Sortir des camps, sortir du silence, Les Impressions nouvelles, 2011).

11. Sur ce sophisme qui alimente malheureusement les tendances les plus naïves du féminisme et de la « théorie du genre », cf. Nathalie Heinich, Le Bêtisier du sociologue, Klincksieck, 2009.

12. Jacques Derrida, Parages, Galilée, 1986, p. 252.

13. Cf. notamment Élisabeth Badinter, XY. De l’identité masculine, Odile Jacob, 1992.

14. Cf. notamment Pierre Legendre, Sur la question dogmatique en Occident, Fayard, 1999 ; Jean-Pierre Lebrun, Un monde sans limites. Essai pour une clinique psychanalytique du social, Érès, 1997.

15. Cf. Pierre Nora, « Les avatars de l’identité française », Le Débat, n° 159, mars-avril 2010.

16. Idem, p. 18-19.17. Muriel Fabre-Magnan, L’Institution de la liberté, Presses universitaires de France, 2018, p 220.

Voir aussi:

Fabre-Magnan : l’interdit n’est pas l’ennemi de la liberté
Dans « L’Institution de la liberté », Muriel Fabre-Magnan critique le désir de faire reconnaître par le droit certaines pratiques individuelles. Entretien.
Propos recueillis par Gabriel Bouchaud
13/10/2018
Le Point
Muriel Fabre-Magnan est professeure de droit à l’université Paris-1.

Le Point : Pourquoi avez-vous décidé d’écrire ce livre ? La liberté telle qu’elle est garantie par le droit est-elle menacée ?

Muriel Fabre-Magnan : Une des raisons qui m’ont poussée à écrire ce livre était la lassitude de voir des termes juridiques employés à contresens, comme le contrat ou le consentement, qu’on associe toujours à la liberté dans le grand public, alors qu’en réalité, pour un juriste, qui dit contrat et consentement dit au contraire que l’on renonce à une partie de sa liberté ; le contrat n’est pas le mode normal de l’exercice des libertés. Je voulais alors souligner le risque de retournement de la liberté qui en résulte. Le lexique utilisé dans le cadre de débats de société conduit en outre souvent à polariser les opinions. La question de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) est un excellent exemple. On trouve un camp qui pousse à une interprétation toujours plus individualiste des droits de l’homme par la CEDH et un autre qui condamne de façon générale les droits de l’homme. Le Royaume-Uni, par exemple, avait menacé de dénoncer la Convention européenne des droits de l’homme avant même le Brexit. Il me semble possible et préférable de trouver une voie alternative : il faut en effet défendre les droits de l’homme, qui sont une avancée démocratique essentielle, et la CEDH a ainsi rendu une série d’arrêts extrêmement précieux, par exemple pour condamner l’état des prisons, garantir le respect des droits de la défense ou encore dénoncer des pays qui se livrent à des traitements inhumains ou dégradants. Et, en même temps, la CEDH dérape parfois dans ses arrêts et abuse de ses prérogatives. Seule une analyse juridique précise permet de démonter les rouages, comprendre à quel endroit exact se fait ce dérapage et d’essayer d’y remédier. Sinon, on est inévitablement conduit à adopter une position excessive dans un sens ou dans un autre.

La conception de ce qu’est la liberté a-t-elle beaucoup évolué dans les dernières décennies ? Y a-t-il une confusion dans les termes que l’on emploie à cause de cette évolution ?

C’est effectivement très récemment que ce terme de liberté a pris un sens général, et presque philosophique, qui est celui du droit pour les individus de mener leur vie comme ils l’entendent. La liberté est devenue la faculté de pouvoir faire tous les choix pour soi-même, ce qu’on appelle aujourd’hui un droit à l’autonomie personnelle. Cet énoncé peut certes sembler satisfaisant dans un cadre autre que juridique, mais demander au droit de garantir que les personnes puissent faire ce qu’elles veulent quand elles veulent conduit à l’effet inverse et à un risque de retournement de cette liberté. Si, en effet, le droit doit garantir à toute personne la possibilité de faire ce qu’elle veut, y compris de renoncer à sa liberté, on finit évidemment par détruire le concept même de liberté.

Vous citez le proverbe du renard libre dans le poulailler libre qui, sous couvert d’une liberté absolue de tous, garantit un retour de la loi du plus fort sur le plus faible…

Tout à fait. Et, comme le soulignent plusieurs auteurs, l’ultralibéralisme économique ou sociétal sont les deux faces d’une même médaille. La liberté est souvent revendiquée pour que les autres puissent se mettre à notre disposition. La faculté de renoncer à sa liberté n’est cependant pas la liberté. Plus généralement, ce qu’on appelle une protection des personnes contre elles-mêmes, et qui est dénoncé comme une forme de paternalisme étatique, est en réalité toujours une protection des personnes contre autrui. L’exemple de la prostitution est assez typique, et il illustre aussi un des autres points que je voulais souligner dans ce livre, à savoir que tous les débats contemporains, sociétaux ou économiques qui posent la question de la licéité sont toujours appréciés par rapport au seul critère du consentement. Cela signifie que l’on ramène tout à un débat interindividuel quand il serait plus pertinent de s’interroger, par exemple, sur les politiques économiques et sociales donnant aux personnes une plus grande faculté de choix de vie. Que signifie le consentement d’une prostituée si elle n’a pas d’autre choix que de consentir ?

Vous soulignez un écart entre l’encadrement de facto des pratiques sexuelles et la demande d’encadrement de ces pratiques. Le droit a-t-il cette vocation ?

La liberté sexuelle implique la faculté pour chacun d’avoir la sexualité de son choix sans avoir à subir aucune discrimination. Mais pourquoi l’État devrait-il donner sa bénédiction à chaque nouvelle pratique ? De même, la contractualisation des relations sexuelles n’est pas la meilleure façon de protéger juridiquement contre les agressions sexuelles ni de respecter le consentement des personnes. Si on contractualise, on s’oblige à ces pratiques. Or la liberté consiste en la capacité de pouvoir refuser un rapport initialement consenti.

Pour vous, le droit doit-il plutôt représenter un horizon de ce que la société devrait être, à travers des garanties, ou encadrer ce qui existe déjà ?

Les deux aspects coexistent. Le droit doit tenir compte des évolutions sociales, mais il est aussi un horizon tracé pour une société. Il est en effet de l’ordre du devoir-être. Les juristes opposent toujours le fait et le droit, donc le réel et ce qui doit être. Le droit est, dans une société, les valeurs et les objectifs sur lesquels les personnes s’accordent. Pour vivre ensemble, il est nécessaire de définir un projet commun, lequel peut évidemment évoluer dans le temps. Le terme d’institution de la liberté cherche à exprimer l’aspect dynamique de cette liberté et le rôle que le droit doit jouer pour la garantir. On ne naît pas libre, on le devient, et c’est ce processus d’émancipation que doit soutenir le droit.

Voir également:

Joachim Son-Forget sur la PMA : “Voulons-nous réellement des enfants qui naissent sans savoir d’où ils viennent ?”

Joachim Son-Forget est député des Français établis hors de France. Ancien militant PS, il a rejoint la République en Marche avant de quitter le parti en 2018. Docteur en médecine, Coréen de naissance et Français d’adoption, il s’interroge sur les conséquences pour les enfants de la naissance par PMA.

J’ai bien réfléchi avant de savoir si j’allais être un pro ou un anti-procréation médicalement assisté (PMA).

J’ai décidé de ne pas m’attarder sur l’intérêt de parents égoïstes, intention incarnée par la formule de « projet parental ». Dans les couloirs du palais Bourbon, on m’opposa même « mais enfin qu’as-tu contre les gens qui s’aiment ? ». Comme si le critère absolu de bonheur pour un enfant était d’avoir été désiré, d’avoir déjà reçu des likes avant même d’avoir existé.

Je me suis demandé qui serait finalement la victime : l’enfant né de PMA et ses questions existentielles ou celui issu de la méthode habituelle et son incompréhension de ne pas bénéficier des dernières avancées biotechnologiques et de ne pas faire partie de l’humanité augmentée qui se sera un peu « libérée » du joug du hasard.

La loi française, impuissante à empêcher les dérives

Comme l’a avoué l’air de rien la ministre de la Santé pendant le débat, l’enfant né d’un don a une chance supplémentaire de ne pas être malade. Dans une surenchère mondiale où la PMA deviendrait la norme, cela deviendra d’abord le privilège des plus riches et des plus puissants, puis des classes moyennes supérieures voulant les imiter, puis les Gilets Jaunes du moment demanderont aussi à pouvoir avoir des enfants parfaits. Qui préférerait le cancer précoce qui vous tombe dessus à 50 ans ou la chorée de Huntington qui anéantit soudainement votre système nerveux à l’âge adulte ? La petite loi française ne pourra rien faire pour s’opposer à de telles évolutions de la pratique, d’autant moins qu’elle aura mis le doigt dans l’engrenage, prise au piège des bons sentiments égalitaristes. Pendant que l’eugénisme sera à l’œuvre sur les Français à naître, on nous vantera toujours les bienfaits de la diversité…

La beauté de l’aléa existait encore avec la fécondation in vitro. Avec la PMA, fini. Le diagnostic préimplantatoire actuel n’est que l’avatar d’un eugénisme plus grave encore, qui au début du 20ème siècle, en Suède, en Suisse, au Japon, au Canada, au Danemark, en Allemagne, aux États-Unis, faisait stériliser des handicapés mentaux. Adolf Hitler a tenté de mettre en œuvre cette folie. Julian Huxley, (frère d’Aldous – auteur du Meilleur des Mondes), alors futur 1er directeur de l’UNESCO, la pensait et la revendiquait encore en 1941 quand les exactions des nazis étaient déjà connues. « L’eugénique deviendra inévitablement une partie intégrante de la religion de l’avenir. » La France faisait partie des rares pays épargnés par le choix sur catalogue des caractéristiques sociales et phénotypiques du donneur. Cela me rappelle cette 1ère photo de moi toujours bébé orphelin, parvenue à un foyer français, et qui mena à un refus et à une réattribution à une autre famille. Trop joufflu, trop de cheveux, et les plaques rouges d’un eczéma qui m’a enquiquiné toute ma vie jusqu’alors.

Dire oui à la PMA et non à la GPA est une illusion

Tout ce qui est techniquement possible est en principe réalisé par quelqu’un en ce bas monde, quand les considérations éthiques restent grossièrement « un truc de Français humanistes », on l’a vu pour le RGPD. Dire oui à la PMA, « et bien sûr non à la GPA » est une illusion. La GPA n’est que le cadet de nos soucis. Nous sommes déjà dans une autre ère. Notre présent, ce sont les reproductions à 3 génomes (celui des parents et l’ADN mitochondrial d’un donneur, réalisé par des chercheurs aux USA en 2016), et les gamètes artificiels issus de cellules souches permettant de donner naissance à des modèles animaux de souris. Dans notre futur proche, nous n’échapperons pas non plus à la recherche des allèles dangereux, sous prétexte d’éviter à des demi-frères et sœurs qui s’ignorent de s’accoupler.

Ainsi, demain la victime pourrait être l’enfant « naturel », regardé comme un être inférieur par les autres, et reprochant à ses parents de l’avoir fait naître avec un handicap dans la vie : celui de l’aléa, celui des tares qui n’auront pas été prévenues par ses parents.

Mais revenons à la vie intérieure, à l’amour et au bonheur si chers aux pro-PMA pour toutes, puisque c’est sur ce terrain dégoulinant qu’on a voulu nous laisser en hémicycle. Se sont-ils mis une fois à la place des enfants dont ils parlent ? Acclamant une vision essentialiste et marxiste, réduisant l’individu à une construction et faisant fi de la biologie et de son bagage génétique, ils pensent les gamètes comme un simple véhicule et un bien commun à partager, mais ils ne donnent pas les leurs pour autant.

Les pro-PMA se sont-ils mis une seule fois à la place de ces enfants ?

Je leur ai opposé ma vérité : moi JSF, né en Corée du Sud de parents coréens, adopté français par un couple caucasien, ma réalité génétique est un fait, que le miroir et les autres m’ont toujours renvoyé, dans ma chère Haute-Marne où j’ai grandi 17 années de ma vie. Je connais mon village de Marnay sur Marne et la forêt qui l’entoure comme ma poche certes et « je me sens bien du coin ». Mais je reste avec une morphologie asiatique. J’étais plus souple pour les arts martiaux. Mes yeux étaient bridés. Si un groupe de coréens me croise, il sait que je le suis quand bien même je me sens français. Les faits sont têtus.

La biologie est là en coexistence avec l’acquis, c’est ce qui nous laisse égaux, pauvres ou riches, et cette liberté n’est contrainte que par une réalité, celle de deux gamètes du sexe opposé pouvant donner naissance à un nouveau-né. Le hasard du processus d’édition génétique, sélectionné par des milliards d’années d’évolution, permet de retrouver une chance à chaque génération de faire mieux dans notre humilité charnelle. Grandir dans une famille sans vraisemblance biologique de parentalité (novlangue pour dire que vous n’avez pas l’air d’être le fils de vos parents) n’est pas facile. Les questions existentielles du jour le jour d’un enfant qui ne connaît pas son ascendance sont douloureuses ; le regard de l’autre qui vous pense plus faible compte bien sûr pour vous enfermer dans ce schéma du « ah ça doit être dur », mais il n’y a pas que cela. Vous tournez autour du pot de vos origines et les approchez par des moyens détournés (je m’intéressais au Japon et à la Chine). Vous les rejetez en allant chercher d’autres cultures où le lien familial patriarcal ou matriarcal est fort pour chercher une solution de substitution (je me suis intéressé fortement aux cultures balkaniques, du Proche et du Moyen-Orient, à la mystique chrétienne et au judaïsme). Vous pouvez faire votre propre famille biologique, parfois tôt (j’ai eu la chance d’avoir mon premier enfant à 23 ans, beau garçon brillant de bientôt 13 ans aujourd’hui, mais les conditions familiales entre moi et sa maman n’étaient pas suffisamment solides pour une telle décision). J’ai toujours eu une fascination pour les grandes familles françaises aristocrates, pour celles qui ont fait l’histoire de France, avec des particules à l’envi. Même quand ils n’apprécient pas leurs familles, eux ont le choix de revendiquer leurs titres ou de laisser leur chevalière dans la table de nuit ; un enfant né sans père n’a pas d’autre option que l’ignorance.

Ceux qui veulent un enfant, parce que « j’y ai droit comme tout le monde », ne savent pas ce qu’est la souffrance d’un enfant qui cherche à qui il ressemble

Voulons-nous réellement faire venir au monde de enfants qui naissent sans savoir d’où ils viennent ? Ceux qui veulent un enfant, parce que « j’y ai droit comme tout le monde », ne savent pas ce qu’est la souffrance d’un enfant qui cherche à qui il ressemble. Les parents adoptifs sont une construction sociale, les parents biologiques ne le sont pas, qu’on le veuille ou non. Cette construction sociale peut être une belle histoire, elle l’est souvent, elle n’en est pas moins un chemin très difficile. On se demande au passage pourquoi les facilités d’accès à l’adoption n’ont pas été d’abord discutées avant tout dans le débat parlementaire français. A moins que les gènes comptent finalement plus qu’ils ne le disent à celles qui veulent des enfants toutes seules ou en couples de femmes ?

La PMA post-mortem a aussi failli passer à quelque chose près, c’est dire si le glissement est imminent. Voilà le message qu’on voudrait donner et les fausses promesses d’éternité. Cela fait aussi partie de la sagesse d’une société que d’accepter la mort et la finitude d’un parcours de vie. Quand je venais d’être adopté en France, la mère de mon épouse, s’est retrouvée accidentellement jeune veuve avec deux enfants en bas âge. Dans le même pays où les miens m’avaient abandonné et où les filles mères n’étaient pas bien vues et devaient souvent abandonner leurs enfants pour espérer trouver un nouveau mari : elle a fait le choix de donner une belle éducation à ses filles, de poursuivre son travail d’institutrice, avec l’aide de sa belle-famille qui ne l’a jamais abandonnée.

L’histoire de l’homme est de se demander d’où il vient, où et qui il est, et où il va

Alors oui, il y aura toujours les types comme moi et d’autres self-made rebelles plus ou moins dans le droit chemin, que la situation adverse a rendus encore plus forts, les Benalla, les Steve Jobs, les Marilyn Monroe, les Edgar Allan Poe, les Malcolm X. Ils ont cette caractéristique d’être différents et de chercher à continuer à l’être, tout en cherchant l’amour impossible de ceux qui sont trop normaux pour les comprendre. Mais il y aura surtout beaucoup de douleur, de problèmes jamais résolus, de plongée dans l’enfer de retrouvailles souvent impossibles avec les origines. Cela implique déjà des millions de personnes adoptées. Et demain des millions de personnes issues de la PMA se poseront les leurs. Mais aussi, ceux qui ne seront pas du club Pimp my Baby, reprocheront à leurs parents d’être de faibles humains non améliorés.

L’histoire de l’homme est de se demander d’où il vient, où et qui il est, et où il va. Sa rationalité s’égare quand il s’agit de vie et de mort ou de reproduction. Les mécanismes évolutionnistes à l’œuvre sont complexes et difficiles à comprendre, ils poussent irrationnellement vers ce dessein de survie à elle-même de l’humanité depuis qu’elle est. A condition qu’elle n’aille pas aujourd’hui vers la précipitation de sa destruction via la biotechnologie de la naissance, à trop craindre de périr.

Voir de même:

Christophe Guilluy: « NOTRE MODÈLE DE SOCIÉTÉ N’EST PLUS VIABLE »
Valérie Toranian
Revue des deux mondes
avril 2019

Il fut le premier à théoriser et à populariser le concept de France périphérique, cette France des classes populaires vivant à l’écart des grands centres urbains. Sans surprise, la cartographie de ces territoires délaissés par la République se superpose à celle des ronds-points envahis par les « gilets jaunes » depuis le 17 novembre 2018. L’auteur de No Society analyse les racines profondes de cette fracture française et interpelle les élites dirigeantes. Si rien ne bouge après le mouvement des « gilets jaunes », s’inquiète le géographe, « la tentation d’un totalitarisme soft » nous guette.

«Revue des Deux Mondes – Comment qualifier la séquence des « gilets jaunes » ? Est-ce une révolte, une révolution, une insurrection, une jacquerie ?

Christophe Guilluy J’essaye de ne pas voir dans un mouvement contemporain une résurgence d’un épisode du XIXe ou du XXe siècle. Nous ne sommes pas dans la révolution française, ni dans Mai 68, cela ne ressemble à aucun mouvement social connu. Le mouvement peuple contre élites. histoire d’une France brisée social classique se caractérise par un lien entre la classe populaire et la bourgeoisie, et par des relais au sein des milieux intellectuels et journalistiques. Les « gilets jaunes » sont en dehors des partis et des syn-dicats ; ils n’ont pas de représentant politique, intellectuel, culturel. Le mouvement naît après trente ans de ce que Christopher Lasch (1) a appelé la sécession des élites ; les classes populaires ont répondu par ce que je qualifie de marronage – « on va voir ailleurs ». Et ce « on va voir ailleurs » donne des mouvements non structurés, aux revendications tous azimuts. C’est toute la symbolique du « gilet jaune » : je veux être vu. Nous sommes dans une crise démocratique, intellectuelle et une crise de représentation : la scission du monde d’en haut a abouti à un assèchement de la pensée. Ces catégories populaires ne sont plus incarnées. J’ai parlé de France périphérique. Le concept n’a pas toujours été bien compris. Je suis géographe mais je ne crois pas au territoire. Un territoire ne veut rien dire ; ce qui compte, ce sont les personnes vivant sur ce territoire. Celui-ci peut changer du jour au lendemain si la population change. Il n’y a pas de déterminisme géographique, j’explique d’ailleurs exactement le contraire. Le concept a été élaboré à partir de travaux réalisés avec un autre géographe, Christophe Noyé ; nous repérions les espaces où vivaient les catégories modestes, c’est ce que nous avons appelé un indicateur de fragilité sociale : nous partions donc des personnes ; nous nous moquions de savoir si celles-ci vivaient à la campagne, dans une petite ville, dans une ville moyenne… la question était de repérer les territoires où il y avait une majorité de classes populaires : ouvriers, employés, « petites gens », paysans. Ce socle, potentiellement majoritaire, se situe aujourd’hui, le plus souvent, en dehors des grands centres urbains. Les quinze plus grandes métropoles représentent 40 % de la population comme en 1968, cela n’a pas changé. La recomposition sociale dans ces villes, elle, a changé : hier vous aviez dans Paris une composante populaire, avec des ouvriers, des « petites gens » ; tout cela s’est réduit comme peau de chagrin ; la partie populaire des grandes métropoles est désormais constituée par les quartiers « sensibles ».

Les grandes métropoles se caractérisent par leur dynamisme économique, c’est là que se concentre l’essentiel des richesses. Il y a donc une dimension économique, sociale, culturelle. Et une plus grande mobilité sociale, contrairement aux trois quarts des classes populaires dispersées dans la France périphérique. On le constate lors des plans sociaux : on demande aux salariés d’aller vivre dans un territoire où il y a de l’emploi – c’est ce qu’on avait dit aux femmes de Moulinex et aux « bonnets rouges ». Seulement quand vous êtes propriétaire d’une maison dans ces territoires-là, vous ne pouvez pas acheter ou louer à Paris, à Nantes ou à Toulouse. Les logiques foncières rendent l’accès à la ville très difficile et les gens ne veulent pas vivre dans les logements sociaux, là où se concentrent les populations immigrées. La France périphérique n’est pas une géographie ni une cartographie de la pauvreté : la France métropolitaine compte aussi des pauvres. Comme hier, la bourgeoisie instrumentalise la question de la pauvreté : la vieille bourgeoisie catholique redistribuait quelques subsides aux populations pauvres et niait le prolétariat ; aujourd’hui, la nouvelle bourgeoisie, ce que j’appelle la « bourgeoisie cool », met en avant banlieues et minorités et nie l’existence d’une France périphérique. Dans les deux cas, on oppose les classes populaires aux pauvres pour nier une question sociale majoritaire.

Revue des Deux Mondes – Vos détracteurs vous reprochent d’opposer la France périphérique des « petits Blancs » à la population issue de l’immigration, des quartiers populaires des métropoles, qui bénéficieraient de plus de subventions que la France périphérique. Les pouvoirs publics en ont-ils trop fait avec la politique de la ville et pas assez avec la France périphérique ?

Christophe Guilluy Je ne l’ai jamais dit ni écrit ! La France périphérique, dans laquelle se classent d’ailleurs les départements et territoires d’outre-mer, n’est pas exclusivement blanche. Il suffit de se balader en France pour le constater. Concernant les quartiers de la politique de la ville, on peut rappeler que les quartiers sensibles de petites et moyennes villes de la France périphérique sont plus pauvres que les quartiers de logements sociaux de Seine-Saint-Denis. Cela s’explique par le fait que le dynamisme économique y est beaucoup plus faible. Pourquoi autant d’attention aux banlieues des grandes villes ? Parce qu’elles se situent dans les grandes métropoles, là où vivent les élites, les prescripteurs d’opinion, là où est le business. On n’a pas intérêt à ce que ces territoires explosent. Aucun gouvernement de droite ou de gauche n’a remis en cause la politique de la ville. On ne peut réaliser un diagnostic objectif de la politique de la ville si l’on ne prend pas en compte le fait que ces quartiers sont devenus des sas : on y entre, on en sort. Dès qu’on a intégré le marché de l’emploi, on cherche à quitter les lieux. Ces populations partantes sont remplacées par des populations venues de l’extérieur, beaucoup plus précaires. En fait, il y a une instrumentalisation des questions autour de l’immigration alors que le sujet est consensuel dans la population : tout le monde souhaite la régulation des flux migratoires. Selon les sondages, 65 à 80 % des Français sont pour l’arrêt de l’immigration. Ces Français ne sont pas tous blancs ; ils sont aussi noirs, maghrébins, etc. Ces questions sont clivées non pas ethniquement mais socialement. La demande de régulation émane des « petits » Blancs, des « petits » Noirs, des « petits » Maghrébins, des « petits » musulmans. Elle est majoritaire en France, en Europe, aux États-Unis, en Algérie, au Maroc, en Israël. La question de la régulation s’impose. Elle est devenue idéologique, alors qu’elle ne pourra se traiter que sur des critères pragmatiques et réalistes. J’ai travaillé par le passé sur la question du logement social à Paris dans le XIXe arrondissement et c’est à cette occasion que j’ai développé le concept d’insécurité culturelle. Ma mission était de comprendre pourquoi les gens demandaient des changements d’attribution de logement alors qu’ils habitaient des quartiers où il n’y avait pas trop de violence ni trop de trafic de drogue. Toutes ces demandes émanaient d’immeubles dans lesquels il y avait eu un turnover important : les Blancs étaient déjà partis et à leur tour les populations maghrébines se trouvaient dans des situations d’insécurité culturelle par rapport à de nouvelles populations comme les Tchétchènes, etc. Ce qui n’a rien de scandaleux : on souhaite tous vivre dans des immeubles où tout ne change pas en permanence, dans lesquels on peut communiquer avec ses voisins et partager des valeurs communes. Cela n’interdit pas l’accueil, mais personne ne souhaite devenir minoritaire. C’est une question anthropologique : quand on est minoritaire, on dépend de la bienveillance de la majorité. J’avais travaillé sur les populations juives et leur déplacement en région parisienne dès les années deux mille. Je travaillais avec des gens de gauche et je pensais que dénoncer l’antisémitisme serait une évidence. Or pas du tout. On m’a sévèrement critiqué pour cela.

Revue des Deux Mondes – La société multiculturelle est-elle un échec ?

Christophe Guilluy La société multiculturelle, c’est la société où l’autre ne devient pas soi. À partir du moment où l’autre ne devient pas moi, la loi du nombre joue. Nous avons besoin de préserver un capital social et un capital culturel. C’est fondamental, quelles que soient votre origine et votre religion.

Revue des Deux Mondes – Croyez-vous encore en l’efficacité du modèle républicain ?

Christophe Guilluy J’y ai longtemps cru. Je suis très proche des idées de Jean-Pierre Chevènement. Avant, j’étais proche du Parti communiste, lorsque celui-ci représentait les classes populaires ; Georges Marchais dénonçait les flux migratoires qui représentaient une menace de dumping social : vous verrez, prédisait-il en 1981, la droite et l’élite de gauche nous traiteront de « beaufs », de racistes. C’est aussi ce qu’on a vécu avec les « gilets jaunes » : en quarante-huit heures, le mouvement est devenu xénophobe, antisémite, homophobe, sexiste, etc.

Revue des Deux Mondes – Il y avait des radicaux. Et des antisémites comme Alain Soral et Dieudonné. Alain Finkielkraut a été agressé verbalement par un antisémite…

Christophe Guilluy Le nouvel antisémitisme s’est répandu dans la société et l’incident avec Alain Finkielkraut en est une illustration mais qui n’est pas représentative des « gilets jaunes ». La technique d’invisibilisation et de délégitimisation des classes populaires remonte aux années quatre-vingt, quand la gauche a abandonné la question sociale. La vieille technique de l’antiracisme et de l’antifascisme est devenue une arme de classe : on se protège en délégitimant le diagnostic des gens d’en bas. Il y a autant de racistes, d’antisémites et d’homophobes dans le monde d’en haut sauf qu’ils sont beaucoup plus discrets. L’antisémitisme de gauche, appelé antisionisme, est culturellement très puissant. Ce n’est pas le monde d’en bas qui contourne la carte scolaire à Paris et qui déscolarise ses enfants des collèges à majorité d’immigrés. Ce sont des bons bobos parisiens de gauche.

Revue des Deux Mondes – Les mouvements sociaux vont-ils devenir de plus en plus violents ?

Christophe Guilluy Le « gilet jaune » n’est pas un saint. Tous les mouvements sociaux dégénèrent et sont aujourd’hui violents. La question est l’instrumentalisation de la violence. Même si les gens la condamnent, ils l’instrumentalisent : elle attire les médias. Les barri-cades sur les Champs-Élysées ont fait la une du New York Times. Par ailleurs, ces mouvements n’ont plus rien à voir avec des mouvements sociaux traditionnels. L’idée de réunir le plus de personnes possible pour aller d’un point A à un point B afin d’obtenir quelque chose est com-plètement dépassée. On a un mouvement du XXIe siècle sans représen-tant, sans corps intermédiaires, sans revendications claires. Il vaut mieux mille manifestations de cent personnes qu’une manifestation de cent mille personnes à Paris.Revue des Deux Mondes – Marie Le Pen est-elle la candidate naturelle des « gilets jaunes » ?

Christophe Guilluy Une fraction importante ira vers le parti le plus en dehors du système, le plus ostracisé. C’est pour cela que Jean-Luc Mélenchon perd : c’est un ancien sénateur, il fait partie du système. Tous les mouvements populistes sont structurés autour de la même sociologie : l’ancien socle de la classe moyenne occiden-tale (ouvriers, employés, petits indépendants…) et une même géo-graphie : en général, les zones les plus éloignées des grandes métro-poles mondialisées (zones rurales, petites villes, villes moyennes, en excluant évidemment la ville riche du coin). Il s’agit toujours de la même spirale : d’abord vous avez une désaffiliation, puis un marronnage, une abstention et/ou un vote populiste plus ou moins majoritaire. À chaque fois on retrouve les mêmes indicateurs : reléga-tion culturelle, éloignement des territoires, perte de pouvoir d’achat, parfois pauvreté. À chaque fois on retrouve les mêmes catégories : l’Allemagne périphérique se compose de l’ex-Allemagne de l’Est et des franges rurales en Bavière dans des régions riches. L’Italie péri-phérique, c’est le Mezzogiorno avec certaines franges rurales et de petites communes dans le Nord qui regroupent constamment les mêmes catégories. Ainsi, l’électorat de la Ligue du Nord se compose de petits indépendants mais aussi d’ouvriers et d’employés. Même chose en Suède : l’émergence des populistes suédois a été un choc dans ce pays, considéré comme le modèle absolu. Le vote d’extrême droite est pourtant très fort dans le nord du pays, dans le Sud rural et dans les petites villes désindustrialisées.
Revue des Deux Mondes – Certaines catégories, comme les retraités, qui étaient hostiles aux extrêmes pourraient-elles basculer ?
Christophe Guilluy Emmanuel Macron s’est fait élire par des gagnants du système, des retraités et une partie de la fonction publique. Ces deux catégories, qui représentaient le dernier socle de résistance à la tentation populiste, sont celles qu’il a le plus fragilisées économi-quement ! Les retraités ont fait le Brexit au Royaume-Uni parce que les pensions de retraite sont quasi nulles et que l’État-providence s’est effondré depuis les années quatre-vingt. La protection sociale n’existe pas. Quand vous n’avez rien à perdre, vous êtes prêt à faire basculer les choses.
Revue des Deux Mondes – Le statut des retraités en France est différent…
Christophe Guilluy Les retraités ont très longtemps été relativement protégés. La pension médiane est de 1 100 euros. Il faut mettre un bémol : le retraité de la Côte d’Azur n’est pas celui du fin fond de la Creuse. La hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) fragilisait des catégories modestes. Pour le pouvoir, c’était prendre un risque important. Le système tient grâce à ces catégories-là, surtout dans un pays qui vieillit. La droite grâce aux retraités, et la gauche grâce aux fonctionnaires. Ce sont les dernières catégories issues de la classe moyenne qui sont encore debout. Mais pour combien de temps ? Nous sommes dans un processus que j’appelle de sortie de la classe moyenne. C’est du temps long, cela a commencé avec les ouvriers (la désindustrialisation), puis les paysans, les employés, les petits indépendants, etc. et ce, en touchant à des territoires très différents : les zones industrielles du Nord et de l’Est, certaines zones rurales, puis les villes moyennes, avec la désertification commerciale…
Revue des Deux Mondes – Vous dites que la classe moyenne a dis-paru en tant que classe intégrée économiquement et référente culturellement…
Christophe Guilluy Auparavant, les partis politiques s’adressaient à elle. Ils la représentaient et portaient ses aspirations. Les intellectuels aussi s’adressaient à cette classe moyenne, dans laquelle on trouvait les ouvriers, les employés, les fonctionnaires, des universitaires… Tout s’est rompu avec le modèle économique mondialisé : il y a désormais deux catégories d’emplois, très qualifiés et précaires, qui se retrouvent dans les grandes métropoles avec la population précaire et immigrée et les catégories supérieures. Ce qui disparaît, c’est la classe moyenne et ses emplois. C’est vrai à Paris comme à New York, à Milan ou à Stockholm. Le modèle mondialisé n’a plus besoin du socle représenté par la classe moyenne. On a une déconnexion entre l’économie et la société. C’est la première fois que cela arrive. Avant, l’économie fai-sait société : elle intégrait. Il y avait une logique vertueuse, avec une intégration politique. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La croissance au XXIe siècle est une croissance sans emploi, et s’il y a croissance de l’emploi, elle va se concentrer toujours dans les mêmes lieux. Elle ne bénéficie pas aux catégories populaires.
Revue des Deux Mondes – N’est-ce pas un peu facile et excessif d’accuser la mondialisation, le néolibéralisme et l’Europe de tous les maux ?
Christophe Guilluy Le débat pour ou contre la mondialisation est stupide, comme le débat pour ou contre le multiculturalisme. Les classes populaires ne sont pas contre la mondialisation, contre l’Europe. Aujourd’hui elles sont contre un modèle qui ne leur a pas été bénéfique, c’est différent.On a besoin des grandes métropoles, qui créent deux tiers du PIB, ce produit intérieur brut qui n’a cessé d’augmenter ces qua-rante-cinquante dernières années. Nous sommes de plus en plus riches. Si le modèle ne fonctionnait pas, on le changerait. La ques-tion est : comment faire société avec une économie qui divise de plus en plus, et qui ne permet pas d’intégrer les autres ? La mondialisation continuera à produire des inégalités, à renforcer les fractures géogra-phiques. Comment compenser ses effets négatifs ? Certains secteurs stratégiques essentiels ne doivent-ils pas être protégés ? On peut ima-giner des modèles mixtes. Il faut être pragmatique. Faire vivre des projets contradictoires, voilà les vertus essentielles de la démocratie. Le modèle actuel n’est plus viable. Ce qui émerge n’est pas le retour de l’ancien monde contre le nouveau – les « gilets jaunes », par leur sociologie, incarnent le nouveau monde. La question fondamentale qui se pose est : comment faire cohabiter tout le monde, soit par exemple, au Royaume-Uni, la City et les brexiters ? Car le Royaume-Uni, c’est bien la City et les brexiters, pas l’une contre les autres. Nous devons impérativement donner du pouvoir aux élus des terri-toires les plus fragilisés. On a fait le contraire avec la réforme territoriale : les pouvoirs se concentrent dans les grandes métropoles, qui sont déjà hégémoniques culturellement et économiquement.
Revue des Deux Mondes – Emmanuel Macron a fait appel aux maires. Sont-ils les bons interlocuteurs ?
Christophe Guilluy Oui, les maires ou les présidents de conseils départementaux. Je ne suis pas un nostalgique du département. Que l’on fasse disparaître les départements dans des espaces où se trouvent les grandes métropoles, comme le département du Rhône ou les départements franciliens, ne me choquerait pas. Je suis dans une logique pragmatique : nous avons des métropoles, profitons-en, supprimons ces départements et donnons à ces métropoles la politique sociale pour qu’elles gèrent elles-mêmes toute la politique de la ville. Cela permettrait de faire baisser la tension chez certains habitants ruraux, persuadés que l’on donne tout aux banlieues. On peut de cette façon imaginer des organisations différentes et souples. En revanche, sur les autres territoires, le département me semble assez pertinent : il favorise la connaissance des élus de leur territoire. Les présidents de conseils départementaux que j’ai rencontrés, qu’ils soient de droite ou de gauche, connaissent parfaitement leur terri-toire. Ils sont très bons, savent quelles sont les entreprises qui fonc-tionnent ou non, quelles sont les zones en difficulté, les populations au chômage, etc. Mais ils n’ont aucun pouvoir, aucune compétence économique. Le département est devenu un guichet social, avec le RSA (revenu de solidarité active) à payer, les dépendances pour les personnes âgées, etc. C’est illogique. Nous avons là des territoires qui doivent penser leur développement de manière souple et décentralisée. Qu’il y ait de l’emploi ou non dans cette France périphérique ne changera absolument rien au niveau du PIB. On gagnerait peut-être 0,1 % de PIB. En revanche, et c’est fondamental, cela fera société : les gens seront économiquement et culturellement intégrés.
Revue des Deux Mondes – Rien ne sera possible sans une reconnaissance culturelle de la classe moyenne, dites-vous. Par quoi cela passe-t-il ?
Christophe Guilluy Il faut penser la question du modèle d’intégration. Les Américains, les Britanniques, les Scandinaves, les Allemands, qui ont tous des modèles différents, ont le même débat. Aucun modèle ne fonctionne. Toutes ces sociétés deviennent multiculturelles ; elles ont toutes fragilisé le socle de la classe moyenne. Vous ne pouvez pas avoir d’intégration et d’assimilation si les classes populaires et moyennes ne sont pas respectées culturellement. Hier, les gens qui arrivaient en France ne se disaient pas « je vais épouser le modèle assimilationniste républicain, celui des Lumières et de la révolution française ». L’intégration et l’assimilation fonctionnaient parce que l’immigré avait envie de ressembler à son voisin ouvrier ou employé dans son quartier. C’est la même chose aux États-Unis. L’American way of life n’était pas uniquement porté par Hollywood, James Stewart ou New York. Il était porté par l’ouvrier américain. Quand cet ouvrier devient le loser culturel et économique, personne n’a envie de lui ressembler. Le modèle d’assimi-lation ne fonctionne plus. Le modèle, pour certains Français musulmans, peut alors devenir celui d’un islam politique identitaire.
Revue des Deux Mondes – La question de l’islam politique n’est pas uniquement liée au facteur économique. Ne sous-estimez-vous pas la résurgence identitaire de l’islam au niveau mondial ?
Christophe Guilluy Hier, les valeurs de la République s’incarnaient dans un mode de vie : il était hors de question de porter un voile ou une kippa dans la rue ; ce n’était pas une loi, décidée d’en haut, cela ne se faisait tout simplement pas dans le quartier. Pas besoin de grands discours, ni même de pression sociale. On voulait partager des valeurs, être intégré économiquement, respecté culturellement… C’est fini. À partir des années quatre-vingt, nous avons commencé à basculer à la fois démographiquement et politiquement dans la société multiculturelle.
Revue des Deux Mondes – Au moment où la gauche « renonce au peuple » ?
Christophe Guilluy Oui, le basculement date de 1983 et depuis – et on ne le dit pas assez – les banlieues n’ont jamais participé à aucun mouvement social. Pire, aucun mouvement social n’a émergé des ban-lieues. C’est un fantasme complet. Il y a eu des émeutes, et c’est tout. SOS Racisme était une émanation du Parti socialiste, ce n’était pas quelque chose de spontané. L’intelligentsia a survalorisé la banlieue, la considérant comme un prolétariat de substitution ; elle pensait qu’un mouvement social émergerait, mais rien n’a eu lieu. Les gens ne se reconnaissent pas dans les mouvements sociaux qui sont ceux de la classe moyenne, ceux des catégories dénigrées.Revue des Deux Mondes – Se reconnaissent-ils dans des combats identitaires ?
Christophe Guilluy Oui, car il ne reste plus que cela. Une mani-festation cégétiste du 1er Mai est un truc de « beauf blanc » du point de vue de la banlieue, et non quelque chose censé vous représenter. La gauche en banlieue ne représente rien. Elle gagne les élections avec des taux d’abstention de 80 %. Les classes populaires se moquent é per-dument des représentations politiques et syndicales.Revue des Deux Mondes – Pourquoi Emmanuel Macron est-il détesté à ce point ?

Christophe Guilluy Emmanuel Macron s’est fait élire sur une image un peu subversive, il avait compris que le clivage gauche-droite était terminé. Il avait aussi compris que la classe moyenne, telle qu’elle existe aujourd’hui, allait disparaître. Seulement il n’est pas allé au bout ; il aurait dû penser contre lui-même, ne pas enfiler les chaussons du libé-ralisme le plus échevelé et encourager ce qui marche. Le pouvoir et les élites ont oublié les classes moyennes. Il est d’ailleurs frappant de remarquer à quel point le monde de la culture s’est relativement peu engagé en faveur des « gilets jaunes », à son début, avant les violences, alors qu’il fut le premier à se manifester en faveur de mouvements comme « Nuit debout ». Si ce monde ne prend pas au sérieux les catégories qui sont dans la rue aujourd’hui, eh bien les populistes qui jouent jusqu’à présent le jeu de la démocratie ne le joueront plus demain. Les réactions du monde d’en haut à l’égard des « gilets jaunes » m’effraient un peu. C’est la première fois dans l’histoire des mouvements sociaux, sauf erreur, que des intellectuels, des journalistes et des universitaires ont essayé de prou-ver à quel point ces gens finalement ne vivaient pas si mal : ils possédaient un écran plat, un smartphone, etc. Lorsqu’il y a des mouvements de cheminots, des manifestations de la CGT, se demande-t-on si le cheminot possède une grande télévision ou s’il part en vacances sur la Côte d’Azur ? Est-on allé dans le salon des émeutiers de banlieue ? On essaie de faire passer le message : « mais de quoi se plaignent-ils ? » Tout cela reflète quelque chose de plus profond, de manque de légitimation de ce peuple et de mépris de classe. Personne n’aurait osé faire un tel constat lors des émeutes en banlieue ou pendant les grèves de 1995.

Revue des Deux Mondes – La gauche a-t-elle une carte à jouer ?

Christophe Guilluy Le schéma gauche-droite est dépassé. Les individus sont sociaux et identitaires. La droite y voit un révélateur de la droitisation de la société. La gauche, elle, évoque un mouvement social. C’est stupide. Il n’y a pas de droitisation de la société française mais simplement des gens qui dressent un constat sur leur vie : cela va du pouvoir d’achat à l’immigration en passant par le culturel. C’est« notre modèle de société n’est plus viable  lun bloc. La demande est d’abord une demande d’intégration et de respect culturel : « j’existe, je veux continuer à exister ». Tout cela se diffuse aussi dans le champ culturel. Le Prix Goncourt 2018, Nicolas Mathieu (2), a dit : « J’ai fait le roman de la France périphérique. »Revue des Deux Mondes – Le mouvement des « gilets jaunes » peut-il déboucher sur un mouvement comme 5 étoiles en Italie ?

Christophe Guilluy Le Mouvement 5 étoiles est plutôt sur la dimension sociale et la Ligue du Nord est plutôt sur la dimension culturelle et identitaire. C’est cette combinaison-là qui est gagnante. Je ne crois absolument pas au grand clash, au grand soir. Je crois au mouvement réel des sociétés, celui du plus grand nombre. La demande majoritaire est simple : un travail, une intégration économique – et non un revenu universel, les gens ne veulent pas la charité. Emmanuel Macron a émergé en six mois environ. Un Beppe Grillo français peut-il émerger dans le même laps de temps ? Tout est possible.

Revue des Deux Mondes – Êtes-vous optimiste ou pessimiste ?

Christophe Guilluy Je crois au soft power des classes populaires. Leurs demandes, parce qu’elles sont majoritaires, parce qu’elles repré-sentent la société elle-même, s’imposeront et fragiliseront intellectuel-lement le monde d’en face. Après le mouvement des « gilets jaunes », il va falloir bouger ou alors ce sera la tentation d’un totalitarisme soft. Soit on croit à la démocratie, soit on n’y croit pas. J’y crois encore. Le monde d’en haut va-t-il parvenir à faire sa révolution culturelle et intellectuelle ? Il ne s’agit pas de se faire hara-kiri, il s’agit de penser un peu contre soi-même. De toute façon, il n’a pas le choix. Le peuple n’a pas disparu.

1. Voir l’entretien avec Renaud Beauchard, « L’actualité de Christopher Lasch », dans ce même numéro, p. 56.

2. Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux, Actes sud, 2018.

Voir de plus:

Ce fléau du politiquement correct qui divise la gauche américaine
Laure Mandeville
Le Figaro
17 octobre 2019

En Amérique, chaque saison universitaire apporte désormais son épisode à la chronique ubuesque de la vie des campus et de la frénésie idéologique robespierrienne de ses « justiciers sociaux ». En 2017, les errements du collège Evergreen, dans l’État de Washington, avaient défrayé la chronique, quand un professeur de biologie, Bret Weinstein, progressiste déclaré, fut pris à partie pour avoir refusé de participer à « une journée de l’absence » blanche organisée par des associations d’étudiants de couleur anti-racistes. Venu donner ses cours, Il fut encerclé par des activistes l’ accusant de racisme et l’appelant à démissionner très agressivement. Des vidéos finirent par révéler les séquences pathétiques durant lesquelles les professeurs d’ Evergreen énuméraient en public « les cartes de leurs privilèges » (être blanc, homme, hétéro, éduqué, etc.), afin d’ aider au rétablissement de la justice sociale. Quand Weinstein demanda pourquoi il était accusé de racisme, on lui répondit que le demander était raciste. Sa « blanchité » le mettait d’entrée de jeu dans le camp du « racisme systémique » , concept qui fait fureur dans les départements d’ études critiques d ‘outre-Atlantique (et de plus en plus hélas en France).

Au terme d ‘une négociation, l’administration, qui avait pris lâchement le parti de la rébellion étudiante, fut condamnée à verser à Weinstein 500 000 dollars en échange de sa démission. Il fut aussi reçu devant une commission du Congrès mise en place par les républicains.

Mais l’épidémie du « politiquement correct » continua, portée par l’idée qu’il faut interdire tout discours qui pourrait « offenser » les sensibilités des minorités. En 2018, c’était au tour de Christina Hoff Sommers, philosophe féministe de gauche, d’être forcée de partir au milieu d’un discours au College Lewis and Clark. Accusée de fascisme pour avoir osé dire que toutes les différences entre les genres ne sont pas sociales ! La fonction délibérative de l’université, où la recherche de la vérité doit faire l’objet d’un débat, se retrouve menacée. L’idéologie de la justice sociale imprègne largement le programme des démocrates, qui comptent sur l’arc-en-ciel des minorités « opprimées » pour gagner en 2020. Ce prisme identitaire a joué un rôle clé dans le succès de Donald Trump, par effet boomerang. Des bataillons d’ électeurs blancs des classes populaires ont plébiscité ses écarts de langage, y voyant « un bol d’air frais » alors que ses prédécesseurs républicains s’ étaient pliés poliment aux règles de bienséance verbale des élites libérales. L’un des effets collatéraux de cette « libération » trumpienne du langage a été l’apparition de hordes racistes qui font, elles, un usage inquiétant de leur liberté de parole, nourrissant les arguments des extrémistes de l’anti-racisme. Mais l’un des éléments notables de cette bataille vient du malaise grandissant des libéraux de l’ancienne génération, à gauche mais désormais pris à partie par les vigles du politiquement correct. Selon Jamie Kirschik, de la Brookings Institution, nombre d’élus démocrates n’ oseraient pas s’ exprimer , de crainte d’être « lynchés » par les « justiciers » de leur camp sur les réseaux sociaux. Tocqueville et ses interactions locales entre citoyens, seule garantie d’une démocratie protégée « des errements de l’opinion publique », paraissent bien loin.

Voir encore:

Laure Mandeville: «En persistant à jouer la carte identitaire, les démocrates aident Trump»

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – La fin de son mandat approchant, le président américain continue d’alimenter les polémiques. Laure Mandeville, grand reporter pour Le Figaro, analyse sa stratégie et ses chances de remporter à nouveau les élections présidentielles face à un camp démocrate divisé.

Alexandre Devecchio et Louise Darbon
2 août 2019

Laure Mandeville est grand reporter chargée des enquêtes sur l’Europe et les États-Unis au Figaro. Elle est l’auteur de Qui est vraiment Donald Trump? (Éditions des Équateurs, 2016)


FIGAROVOX.- Donald Trump a été très critiqué pour une série de déclarations jugées racistes. Il semble jouer avec la même rhétorique que lors des dernières élections, va-t-on revivre la même campagne qu’en 2016, sans renouveau dans le camp républicain?

Laure MANDEVILLE.- Comme disent les observateurs américains, Trump fera toujours du Trump! Il ne faut donc pas s’attendre à un changement de style, mais cela n’exclut pas les surprises qui font partie de l’arsenal politique du président américain. Depuis son entrée en politique en juin 2015, il n’a pas bougé d’un iota dans son comportement, multipliant les déclarations à l’emporte-pièce, et déclinant les mêmes thèmes dans un style qui a créé un véritable tremblement de terre politique. C’est une sorte d’ouragan fait homme. Armé de son compte Twitter, et désormais fort de la chambre d’écho formidable que lui donne le «pupitre» présidentiel, il scandalise, indigne, choque, se permet presque tout dans la rhétorique, même l’indécence. Comme le soulignait récemment le professeur de science politique de Harvard, Harvey Mansfield lors des Conversations Tocqueville, de ce point de vue, c’est clairement un adepte de Machiavel: tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins.

Trump ne changera pas car ce n’est pas un politicien classique. Contrairement à la plupart des politiques traditionnels, qui s’en tiennent encore à des règles de bienséance communément admises, (ce qui pourrait changer dans l’avenir à son exemple), il est sans filtre. Il est donc capable de parler comme le gars du café du commerce, qui assis au comptoir, déclare que ceux qui ne sont pas contents «n’ont qu’à rentrer chez eux», ce qu’il a fait il y a quelques jours. En ce sens, pour reprendre là encore, une formule de Mansfield, il représente le côté «vulgaire de la démocratie» au sens littéral du terme Vulgaire. Il donne une voix au Vulgus, au peuple.

Ses adversaires y voient la preuve de son «racisme» envers les minorités de couleur. Donald Trump est-il raciste?

Ses récentes déclarations sont indignes d’un président vis-à-vis d’élues qui sont des citoyennes américaines. Cette inadéquation de la rhétorique hante beaucoup d’observateurs, qui se demandent, non sans raison, quel impact de long terme sur les mœurs politiques aura l’abaissement de la fonction présidentielle, car jusqu’ici, le président se devait d’être un exemple. Mais je ne vois pas pour autant Trump comme un raciste prêt à discriminer quelqu’un sur sa couleur de peau, pas plus qu’il n’est «anti-femme», à mon avis, contrairement à ce que soutiennent là encore ses ennemis politiques. Aurait-il sinon suggéré à la célèbre star démocrate de la téléréalité Oprah Winfrey, une Afro-américaine, d’être son binôme quand il envisageait déjà une campagne présidentielle dans le passé? Je peux me tromper, mais je vois plutôt Trump comme un gars grandi dans la banlieue new-yorkaise de Queens dans les années 50, habitué au multiculturalisme mais surtout aux rapports de force, et ayant l’habitude de ne prendre de gants avec personne, quelle que soit sa couleur ou son sexe. Ceci dit, il joue sur tous les tableaux pour aller à la chasse aux voix, sans se préoccuper de savoir si cela peut exciter les franges minoritaires racistes, ce que ses adversaires ont beau jeu de souligner. Mais Trump sait surtout que beaucoup d’Américains sont réceptifs au coup de gueule qu’il a poussé et ses électeurs n’apprécient pas que les élues de la gauche démocrate aient le culot de comparer les camps installés sur la frontière mexicaine par la police des frontières avec des camps nazis (car cette comparaison est tout à fait absurde). Alors il pousse son avantage. Il a compris qu’il pouvait profiter du radicalisme de ces quatre jeunes députées, pour coller à l’ensemble du parti démocrate une image extrémiste. De ce point de vue, beaucoup estiment qu’il a trouvé son thème pour 2020. Se présenter comme un rempart contre l’extrémisme culturel de la Gauche tout en vantant son bilan économique.

Les thèmes de la campagne de 2016 restent extrêmement porteurs auprès de son électorat.

Il ne faut pas s’attendre à un changement de thèmes de campagne, car ceux que le président a lancés sans crier gare dans la conversation électorale en 2016, restent extrêmement porteurs auprès de son électorat: l’immigration hors de contrôle, l’ouvrier américain mis sur la touche par la globalisation et la délocalisation massive, l’importance de rétablir du coup une forme de protectionnisme. La bataille contre la Chine. Le retour à une forme de nationalisme et de restreinte en matière d’interventions extérieures, au motif que l’Amérique, en portant seule le fardeau de gendarme du monde, s’est affaiblie. Et bien sûr la bataille contre le politiquement correct. Regardez d’ailleurs son nouveau slogan de campagne, ce n’est pas «Rendre sa grandeur à l’Amérique» comme en 2016, c’est désormais «Maintenir la grandeur de l’Amérique», ce qui veut dire la même chose, sauf qu’il sous-entend qu’il a tenu ses promesses.

Sa popularité est en hausse chez les sympathisants républicains et reste stable dans l’ensemble du pays. Jusqu’à présent, ses multiples provocations ne lui ont rien coûté sur le plan électoral, est-ce parti pour continuer?

Donald Trump est adoré par sa base, détesté par l’autre partie du pays, et toléré par les élites du parti républicain, qui à l’exception d’un petit bataillon de «Never Trumpers» (les Jamais Trumpistes), essaient de s’accommoder de sa présidence, à défaut de pouvoir l’influencer (parce qu’ils estiment que le camp démocrate est pire). Bien sûr, il y a dans les rangs du centre, chez les indépendants susceptibles de voter alternativement à droite ou à gauche, et chez une partie des républicains modérés des gens qui sont très embarrassés par les mauvaises manières de Trump et ses dérapages. Je me souviens que pendant sa campagne de 2016, beaucoup de ses électeurs fronçaient les sourcils et disaient qu’ils aimeraient qu’il apprenne à «fermer parfois sa grande gueule». Mais ils ajoutaient aussi qu’il ne fallait pas prendre les sorties de Trump de manière littérale, et qu’eux ne le faisaient pas. Les troupes trumpiennes ont toujours reconnu les défauts de Trump, mais elles sont passées outre car elles ont vu en lui l’homme capable de dire des vérités que personne ne voulait plus entendre, notamment sur la question des frontières (son idée qu’un pays sans frontières n’est plus un pays). Les électeurs républicains et la partie des ex-démocrates qui ont voté pour lui ont soutenu Trump, parce qu’il est indomptable et qu’ils voient en lui l’homme qui a porté leur rébellion contre le système jusqu’au cœur de la Maison blanche. Ils ont le sentiment qu’il n’a pas changé et ne les a pas trahis, et d’une certaine manière, c’est vrai.. Il reste leur homme. Regardez la vigueur il essaie contre vents et marées de faire construire son fameux Mur.

Le tableau qui est fait de lui est si noir qu’il devient contre-productif.

Je pense que ses électeurs le soutiennent aussi d’autant plus que les démocrates n’ont jamais renoncé à l’expulser du pouvoir, le déclarant illégitime depuis le premier jour et maintenant ouverte la possibilité d’une destitution jusqu’à aujourd’hui. Pour la base républicaine, cet acharnement contre Trump est la meilleure preuve qu’il est l’homme qu’il leur faut. L’acharnement des médias mainstream à son encontre joue aussi en sa faveur. C’est trop voyant, trop unanime, trop obsessionnel, le tableau qui est fait de lui est si noir qu’il devient contre-productif. Beaucoup de gens à droite sont fatigués de Trump, voire exaspérés. Ils s’inquiètent aussi à juste titre de son mode de fonctionnement purement tactique, du chaos qui règne dans son équipe, où tout est suspendu à ses humeurs et ses derniers tweets. Mais ils en ont marre, aussi, de l’anti-trumpisme primaire et constatent que l’apocalypse économique et politique qui avait été annoncée à l’arrivée de Trump n’a pas eu lieu. L’économie affiche une santé insolente, malgré toutes ses foucades, le président n’a pas déclenché la guerre nucléaire que tant d’observateurs annonçaient vu sa supposée «folie». Bien sûr, son action suscite bien des controverses et donne le vertige. Reste ouverte la possibilité d’un dérapage en politique extérieure, si ses interlocuteurs chinois, nord-coréens ou iraniens décident de le tester. Mais ce que nous ne mesurons pas bien, c’est si l’embarras et l’inquiétude que suscite Trump sont supérieurs à la satisfaction que suscite sa capacité à s’élever contre les élites. C’est sans doute dans ce dilemme que se jouera l’élection.

L’opinion publique n’est cependant pas majoritairement acquise à sa cause: sa présidence n’a-t-elle pas finalement exacerbé les divisions entre les Américains (divisions sur lesquelles ont pu jouer les démocrates)?

La question du degré de division de l’Amérique est un sujet sur lequel tout observateur des États-Unis finit par s’interroger. S’accroît-elle ou est-elle une donnée persistante, dont on oublie seulement l’acuité avec le temps? La présidence Trump l’a-t-elle exacerbée? Quand les Américains vous disent qu’ils n’ont jamais vu «division pareille», on a tendance à les croire sur parole, mais on réalise ensuite qu’ils oublient parfois largement l’intensité des fractures du passé, alors qu’elles ont toujours été là. Entre le Sud anciennement ségrégationniste et le Nord largement abolitionniste, entre la droite chrétienne conservatrice et les libéraux laïques. Entre l’Amérique démocrate des côtes, et le pays profond du milieu. Entre les partisans de l’État minimal et les partisans du New Deal et des lois sociales…L’opposition entre la gauche américaine et les Mccarthystes dans les années 50 était-elle vraiment moins profonde que celle des démocrates et des républicains sous Trump? Et que dire de la bataille jonchée de cadavres des années 60 pour arracher les droits civiques des Noirs sous Kennedy et sous Johnson, puis des divisions sociétales autour de la guerre du Vietnam? A-t-on oublié les furieuses batailles sous Reagan, sous Clinton, sous les Bush Père et fils, puis sous Obama, qui devait pourtant réconcilier l’Amérique bleue des démocrates et l’Amérique rouge des républicains? Qu’est-ce qui change sous Trump par rapport au passé?

Il règne un véritable climat de « guerre civile politique  ».

En dehors de la personnalité même du président, qui a effectivement le plus haut taux d’impopularité d’un président, les vieux routiers de la politique washingtonienne citent la disparition quasi-totale des ailes modérées des deux camps, qui ne sont plus vraiment représentées au Congrès, ce qui rend de plus en plus difficile la création de compromis. Les compromis exigeaient la volonté de «travailler avec l’autre aile». Mais ce champ s’étiole faute de «soldats» désireux de coopérer. La radicalisation du champ de l’information sous l’effet des réseaux sociaux participe aussi à l’accroissement des fossés, car on ne partage plus les mêmes faits! Du coup, on est dans un combat sans répit et un dialogue de sourds, dont l’issue semble être de vouloir annihiler l’autre camp, au lieu de le laisser vivre. La manière dont la confirmation du juge Bret Kavanaugh a tourné au pugilat, à l’automne, a été à cet égard très significative, car les «troupes» des deux camps ne se sont pas privées d’envoyer des «commandos de militants» huer et menacer les élus qui avaient pris des positions nuancées contraires à l’orthodoxie du parti, pour ou contre le juge suprême!

Il me semble qu’entre Trump et les démocrates, la confrontation est presque devenue un jeu de rôles ; une sorte de théâtre, où chacun s’enferme dans son personnage ou son parti…Trump est traité de «raciste», lui dénonce à son tour le caractère «anti-américain» de ses adversaires, et cela s’enflamme. C’est comme si ces deux forces se nourrissaient l’une l’autre. Le problème est de savoir comment tout cela est reçu «en bas», chez les électeurs de base. J’ai peur qu’à force de jouer la carte de l’ennemi, les gens finissent par se haïr vraiment. Les attaques seront-elles encore pires en 2020 qu’en 2016? C’est possible car dans les deux partis, ce sont les plus vocaux et les plus extrêmes, qui couvrent le débat de leur brouhaha et semblent donner le «la». Il règne un véritable climat de «guerre civile politique». Il faut espérer que la violence ne sortira pas du cadre verbal.

Trump devra-t-il adopter une stratégie particulière pour élargir sa base électorale?

L’élection se jouera à nouveau à la marge dans les États clé du Midwest, mais aussi en Floride, au Nevada ; dans le Missouri, tous ces États violets, à moitié rouges et à moitié bleus, où la question de la participation et donc de la mobilisation de la base sera clé….Il faudra aussi aller chercher les électeurs au centre, ces fameux indépendants ou ces démocrates reaganiens, qui se définissent comme conservateurs et qui tout en votant souvent démocrate pour des raisons historiques, ne se reconnaissent plus dans le parti démocrate actuel, parti trop à gauche. Dans le cas de Trump, cela veut dire qu’il lui faut persister dans son approche ouvriériste de défense de l’ouvrier américain et de renégociation musclée des conséquences de la globalisation, bref, miser sur son cœur de cible, en présentant l’adversaire comme une armée de radicaux inquiétants.

Il ne faut pas sous-estimer la capacité de Trump à l’emporter à nouveau en 2020.

Si certains observateurs notent que Trump part avec un désavantage car il va devoir convaincre les électeurs désabusés par ses scandales et sa pusillanimité, il ne faut pas sous-estimer sa capacité à l’emporter à nouveau, qui est très réelle, même si rien ne peut être prédit aujourd’hui, vu l’éloignement de la date. Car il présente aussi des avantages. Il n’a peur de rien, il tient ses promesses (en tout cas certaines!). Il est drôle et il crée sans cesse l’évènement. L’ancienne porte-parole du Pentagone Dana White que j’interviewais récemment, estime qu’ «il sera réélu d’abord parce qu’il est le président sortant, un avantage énorme, deuxièmement parce que l’économie affiche des chiffres excellents, notamment en matière de chômage, mais aussi parce que le pays ne devient pas plus violet, mais plus rouge là où il est rouge, et plus bleu là où il est bleu, ce qui signifie que Trump devrait gagner à nouveau le MidWest». White remarque à juste titre qu’ «il y a une majorité silencieuse dans ces États pivots qui pense que le président Trump se bat pour eux-mêmes quand le combat tourne au pugilat» . Élément intéressant, Trump est aujourd’hui aussi populaire que Reagan au même moment, ce qui veut dire qu’il pourrait aussi surprendre et faire mieux que la dernière fois chez les minorités, le taux de chômage des noirs par exemple, ayant atteint un seuil à la baisse historique. Surtout, Trump pourrait bénéficier d’un cru démocrate où les candidats capables de s’imposer dans le fameux Midwest ne sont pas légion, en dehors de l’ancien vice président Joe Biden, originaire de Pennsylvanie, et qui a été récemment l’objet d’une attaque en règle de la Gauche identitaire du parti démocrate, qui l’accuse de sexisme et de racisme, rien de moins!

Une procédure de destitution à l’encontre de Trump a échoué à la chambre des Représentants pourtant contrôlée par les démocrates. Est-ce que cela témoignerait d’une division également présente au sein du camp démocrate? Est-ce que cela pourrait profiter à Trump en pleine campagne pour sa réélection en 2020?

Depuis l’arrivée de Trump au pouvoir, le parti démocrate a été si sonné et si ulcéré de le voir gagner au détriment de la «reine Hillary» qu’il a conclu à son illégitimité. Il en a fait un repoussoir, un diable qui finirait par être expulsé de la Maison Blanche, rapidement. Pendant deux ans et demi, leur stratégie a donc consisté à attaquer chaque sujet sous l’angle de la personnalité de Trump, au lieu de prendre la mesure des problèmes que son élection révèle. Ainsi par exemple de la question de la migration, approchée seulement sous l’angle de la «cruauté» de Trump, de sa folie et de son racisme supposés, sans aucune tentative de prise en compte de la crise migratoire aiguë réelle, qui se joue à la frontière avec le Mexique. Mais cette stratégie a échoué à atteindre son but et de ce point de vue, l’intervention du procureur spécial Robert Mueller devant le Congrès, qui n’a pas apporté confirmation de l’attitude criminelle du président en matière d’obstruction (même s’il a clairement eu la tentation d’arrêter l’enquête), ni trace d’une collusion avec la Russie, marque la fin d’un cycle.

En voulant l’abattre trop grossièrement, les démocrates ont sanctuarisé Trump.

Si une centaine d’élus souhaiteraient poursuivre la procédure de destitution, une partie très substantielle du camp démocrate n’en veut pas, persuadé que cette stratégie serait perdue d’avance et qu’il est temps de passer à l’ordre du jour. Dans ce camp, figure notamment la Speaker de la Chambre Nancy Pelosi, mais aussi toute une série d’élus des États du MidWest, qui souhaiteraient aussi s’éloigner du parti pris idéologique centré sur la défense des minorités, la fameuse «politique des identités», pour revenir à une approche plus sociale des dossiers et construire une alternative crédible à Trump, prenant en compte les problèmes qu’il a soulevés. L’autre camp, qui regroupe notamment le fameux commando des 4 élues en bataille contre Trump, mais aussi une grande partie des élites intellectuelles, veut persister dans l’entreprise de destitution du président avec une ferveur quasi religieuse. D’après ce que rapporte l’analyste James Kirchick de la Brookings Institution, la bataille qui se joue en coulisses pour trancher ce désaccord est si féroce qu’un groupe d’élus démocrates modérés aurait fait passer discrètement récemment auprès des journaux américains un sondage révélant la faible popularité de la jeune pasionaria de gauche Alexandra Ocasio Cortez et de ses trois alliées. Cette offensive ne se fait pas au grand jour, car bien des élus ont peur d’être accusés de racisme et ne veulent pas donner d’armes à Trump. Du coup, les démocrates se retrouvent presque forcés d’endosser des propositions incroyablement radicales venues de la gauche sur le financement de l‘assurance médicale pour les illégaux en situation irrégulière, la nécessité de dissoudre les services d’immigration ICE. Une radicalisation qui ouvrira un boulevard à Trump dans le Midwest si l’aile modérée ne parvient pas à contenir ces élans.

Le paradoxe est que cette approche excessive permet à Trump de se recentrer et de passer par pertes et profits tous ses gigantesques travers, et notamment sa sous-estimation inquiétante des attaques russes sur les élections américaines. En voulant l’abattre trop grossièrement, les démocrates l’ont presque sanctuarisé…Leur persistance à jouer la carte identitaire, et à tenter de rassembler toutes les minorités, femmes y compris, contre «le patriarcat de «l’Homme blanc» qu’il incarnerait supposément, pourrait lui servir de tremplin. Si on ajoute à ça, ses excellents chiffres économiques et l’absence de leader clair et incontesté face à lui, on voit à quel point la bataille va être difficile pour les démocrates. Encore une fois, la manière dont ils ont attaqué Joe Biden, le seul candidat susceptible de concurrencer Trump dans les États pivots du MidWest, révèle le piège dans lequel ils pourraient se laisser enfermer. Il faut en effet reconnaître qu’accuser de racisme supposé, l’homme qui a été le vice président du premier président noir de l’Histoire des États-Unis ne manque pas de sel…

Voir aussi:

« Aux États-Unis, les écrivains et artistes s’autocensurent par peur du lynchage »
PROPOS RECUEILLIS PAR EUGÉNIE BASTIÉ
Le Figaro
17 octobre 2019

LE FIGARO – Certains critiques ont comparé votre roman au Bûcher des vanités de Tom Wolfe. Que pensez-vous de cette comparaison ?

Seth GREENLAND. – Je suis un grand fan de Tom Wolfe depuis que j’ ai lu Acid Test quand j’avais 17 ans et j’ai beaucoup aimé Le Bûcher des vanités. J’ai lu tous ses romans et je pense, d’ailleurs, que c’est son meilleur. Quelques similitudes existent, bien évidemment, avec Méca-nique de la chute. Un puissant homme blanc américain tue accidentellement un homme noir et les problèmes sur-viennent. Mais, globalement, les similitudes s’arrêtent là. Tom Wolfe, malgré son indéniable talent de conteur, n’est pas un auteur axé sur la psychologie. J’ai écrit un roman psychologique dans lequel le lecteur a constamment accès à l’intériorité du héros, Jay Gladstone, mais également à celle de tous les personnages principaux. Contrairement à Sherman McCoy, obscur trader dans le roman de Wolfe, Jay Gladstone est une personnalité publique vivant à l’ère d’internet. Son malheur est inéluctable-ment lié aux circonstances particulières de son épo-que, celle de la po-pulace de Twitter, des fusillades policières et du politiquement correct. En outre, Gladstone est juif et l’un des thè-mes de mon livre est la relation historique tendue entre Juifs et Afro-Américains aux États-Unis.

Vous décrivez très habilement les mécanismes du politiquement correct. Diriez-vous que le politiquement correct reste une réalité incontestable dans I’Amérique d’aujourd’ hui ?

Le débat national sur le politiquement correct en est venu à définir l’époque dans laquelle nous vivons. Commençons par définir cette expression : le politique-ment correct, dans son sens le plus élémentaire, désigne la sensibilité aux sentiments des autres. La plupart des êtres humains rationnels, à savoir ceux qui ne sont pas des sociopathes, peuvent convenir que pour vivre dans une société pacifique et productive, faire preuve d’une certaine sensibilité aux sentiments des autres est une bonne chose. Examinons, à présent, le contexte historique. Depuis la fondation de l’Amérique et jusqu’à très récemment, les femmes, les homo-sexuels, les Afro-Américains et d’autres groupes marginalisés n’ont pas eu le même accès aux avantages que confère la citoyenneté américaine que les hommes blancs chrétiens. La plupart des Américains se sont mis d’accord au fil des cinquante dernières années pour dire que cela devrait changer et notre société s’est transformée à tel point que nous avons déjà eu un président noir (qu’est-ce qu’il nous manque ! ) , que les couples gays peu-vent se marier et que les portes qui étaient fermées aux femmes sont désormais grandes ouvertes. Ainsi, même s’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, les choses ont évolué. Toutefois, cela n’ est pas suffisant pour une certaine partie de la gauche qui estime que l’échelle des privilèges doit être inversée. Dans cette vision du monde, les groupes qui étaient auparavant marginalisés devraient maintenant être privilégiés et in-versement. Comme la situation a été trop injuste pendant très longtemps, des gens de gauche bien intentionnés s’attellent à réparer toutes les inégalités en même temps, ce qui conduit à une sorte de pé-riode jacobine de rectitude morale (mais sans la guillotine), un concept familier aux lecteurs français.

Telle est la bataille qui se déroule en Amérique aujourd’hui. La gauche est perçue comme trop semsible et la droite comme ignorante et anhistorique. Ces deux manières de les présenter recèlent, chacune, une part de vérité. Pour un écrivain, ce contexte est troublant. Alors que les jugements critiques émanaient autrefois de la seule droite, ils émergent aujourd’hui avec la même vigueur, voire avec plus de virulence, de la gauche qui, tout en prétendant abhorrer l’héritage de Staline, n’est que trop heureuse d’imiter son approche de la culture. Aux États-Unis, existent désormais deux phénomènes : la call-out culture (culture de la dénonciation), qui signifie que si une personne fait une déclaration perçue comme une chose à ne pas dire, elle se fera lyncher sur Twitter, mais aussi la cancel culture (littéralement «culture de l’effacement »), une version encore plus acerbe de la call-out culture, dont le but est littéralement de ruiner la carrlère de la personne en question. La situation est intenable et manque cruellement d’humour. L’humour fait, à présent, l’objet d’une surveillance étroite. La poli-ce de l’humour est partout, ce qui tombe plutôt bien puisqu’un clown occupe la Maison-Blanche.

Votre personnage principal,

Jay Gladstone, est un milliardaire démocrate juif persuadé d’ être du côté du progrès, mais il est sévèrement critiqué par sa propre fille qui étudie le genre et la race à l’université. La morale de cette histoire est-elle que les libéraux sont dévorés par leurs propres héritiers ? Même si ce n’était pas mon intention lorsque j’ai commencé à écrire ce livre, la relation entre Jay Gladstone et sa fille Aviva reflète ce qui se joue actuellement au sein du Parti démocrate où l’aile gau

che (Aviva) lutte avec le centre (Jay) pour prendre le contrôle du parti. Pour Aviva et ses amis, Jay est un capitaliste vorace et les idées progressistes qu’il défend sont tout sauf convaincantes. À gauche, il existe toutes sortes de tests de pureté conçus pour déterminer si quelqu’un est suffisamment woke (éveillé, conscient des injustices qui pèsent sur les minorités, NDRL), une expression qui s’est répandue depuis que j’ai commencé à écrire le livre et qui signifie, globalement, être favorable au programme de l’ extrême gauche. À l’heure actuelle, aux États-Unis, la « gauche éveillée » est en conflit avec les progressistes traditionnels et ma crainte est que cette lutte fratricide pourrait conduire à la réélection de Trump.

Sans entrer dans un débat sur la politique publique, ces désaccords entre gens de gauche arrivent au plus mauvais moment. Défendre les droits des personnes transgenres pour qu’elles puissent utiliser les toilettes qu’elles veulent est certes important, mais cela ne devrait pas faire partie du débat national, en ce moment, si l’objectif est de se débarrasser de Trump.

Votre livre décrit également la chute d ‘un homme incapable de se défendre. Êtes-vous préoccupé par la notion de lynchage médiatique à I’ère des réseaux sociaux ?

Bien que les réseaux sociaux aient leur utilité (je vais tweeter un lien vers cette interview!), ils sont, en grande partie, un ramassis de déchets toxiques et l’un des aspects les plus inacceptables de ce nouveau monde dans lequel nous vivons est le lynchage qui s’y déroule. « Lyncher » est un mot profondément chargé d’histoire aux États- Unis, pour des raisons évidentes, mais en tant que verbe qui décrit une exécution extrajudiciaire métaphorique, il est difficile de trouver mieux. Puisque la culture de la honte reste particulièrement ancrée dans le pays (à l’exception de Donald Trump qui n’a honte de rien), se faire lyncher sur les réseaux sociaux reste un véritable problème pour la plupart des gens à qui cela arrive. Alors, est-ce que cela m’inquiète ? Oui, bien sûr. L’un des effets secondaires regrettables de ce phénomène est que les écrivains et les artistes s’autocensurent désormais, bien plus qu’ils ne l’auraient probablement fait avant l’ avènement de Twitter et de ses esprits prompts à s’enflammer. C’est un contexte difficile pour les personnes créatives et cela nous ramène à votre question précédente sur le politiquement correct. La gauche et la droite sont tout aussi coupables d’essayer de détruire des gens sur les réseaux sociaux, mais il faut bien avouer que, dans cet exercice, la gauche est bien meilleure.

Quand on généralise la souffrance, on a le communisme. Quand on particularise la souffrance, on a la littérature, écrivait Philip Roth dans J’ai épousé un communiste. Êtes-vous d’ accord ? Je suis ravi que vous parliez de Philip Roth. Cela m’offre l’opportunité de vous dire à quel point j’admire son œuvre. Je suis d’accord avec ce qu’il a écrit à pro-pos du communisme et de la littérature. La littérature est un antidote parfait à l’idéologie puisqu’elle exalte l’individu.

Elle nous permet d’accéder à la conscience d’une autre personne dans une plus grande mesure que toute autre forme d’art. Elle favorise l’empathie, ce qui est rare de nos jours, et l’appréciation de la nuance.

Voir également:

De Mickaël Harpon, au pilote de Germanwings, en passant par les tueurs de masse : la crise du sens qui ébranle le monde occidental
Atlantico
13 octobre 2019

Atlantico : On en sait désormais davantage sur le profil de Mikhaël Harpon, le tueur de la Préfecture de Police de Paris. Comme l’a indiqué Laurent Nunez, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur : « La piste privilégiée est celle d’un individu passant à l’acte au nom d’un « projet personnel ». Les tueurs de ces dernières semaines sont des « loups solitaires » ne faisant partie d’aucune organisation politique les poussant à agir. Faut-il conclure que leurs motivations sont spirituelles ?

Bérénice Levet : Je ne parlerai pas de « loup solitaire », cette expression est sans fondement, Gilles Kepel l’a puissamment établi : quand bien même Mickaël Harpon aurait agi seul, il s’inscrit dans un faisceau de relations, son acte est directement inspiré par les vidéos diffusées par les réseaux islamistes.

On ne saurait qualifier ces tueries de spirituelles. La vie de l’esprit est une chose trop noble pour les en gratifier. Gardons-nous de confondre le prêt-à-penser délivré par le discours islamiste avec le travail de la pensée. La vie de l’esprit est d’abord inquiétude au sens étymologique du terme, c’est-à-dire non repos. Elle suppose la passion d’interroger. Socrate, le premier des philosophes, lui-même se compare un taon. Autant de choses étrangères aux terroristes.

Qu’entendait Laurent Nuñez par la formule « projet personnel » ? Sans doute lui-même l’ignore-t-il ! Permettez-moi à cet égard, une brève parenthèse. La question de la langue, des mots pour dire les choses, est absolument décisive en ce domaine, comme dans tous les autres d’ailleurs : il ne pourra y avoir de politique à la hauteur des défis que l’islamisation de la France nous pose, aussi longtemps que nous en resterons à cette langue de carton. Même si naturellement, cela ne saurait suffire. On le voit avec notre Président qui excelle dans l’art de nommer les choses, il n’a pas craint de parler d’ « hydre islamiste », de volonté de « sécession » de l’islam politique, mais comme si c’était une fin en soi. Je ne demande qu’à être détrompée, mais jusqu’à présent, Emmanuel Macron s’est seulement distingué, par rapport à ses prédécesseurs, dans l’exercice de ce que le philosophe Clément Rosset appelait la « perception inutile » : « C’est une perception juste, explique-il, qui s’avère impuissante à faire embrayer sur un comportement adapté à la perception. […] J’ai vu, j’ai admis, mais qu’on ne m’en demande pas davantage. Pour le reste, […] je persiste dans mon comportement, tout comme si je n’avais rien vu ».

J’en reviens à votre question. Si j’exclus de parler d’actes à caractère spirituel, il me semble en revanche pertinent de les qualifier d’idéologiques, au sens littéral qu’Hannah Arendt donnait à ce terme dans les Origines du Totalitarisme, comme « logique d’une idée » c’est-à-dire reposant sur un grand récit d’une cohérence extrême qui « ne se rencontre

nulle part dans la réalité », qui offre ceci de formidablement réconfortant pour l’esprit humain qu’il « permet de tout expliquer jusqu’au moindre événement ». Évidemment cela a un prix, pour pouvoir ainsi tout expliquer, il faut « s’affranchir de toute expérience », « s’émanciper de toute réalité que nous percevons au moyen de nos cinq sens et affirmer l’existence d’une réalité “plus vraie” qui se dissimule derrière les choses que l’on perçoit ». D’où l’adhésion à l’idéologie complotiste.

Bertrand Vergely : Il est surprenant d’entendre dire de la part du ministre de l’intérieur ainsi que de son secrétaire d’État que la tuerie qui a eu lieu à la Préfecture de Police ne relève pas du terrorisme. Certes, cette tuerie n’a pas été faite par une bande organisée comme cela a été le cas de la tuerie du Bataclan en 2015. Mais tout de même, si ce n’est pas du terrorisme qu’est-ce ? Dans la façon dont les medias ainsi que les responsables politiques distinguent la tuerie de la Préfecture de Police du terrorisme, on sent comme une peur d’apparaître comme raciste en les reliant. Ce comportement est d’autant plus étrange que Jeudi 10 Octobre le ministre de l’Intérieur a interdit la tenue d’une manifestation à Gonesse lancée par un activiste s’insurgeant contre l’amalgame entre la tuerie de la Préfecture de Police et le terrorisme islamiste. Il faut savoir : ou il n’y a aucun lien et dans ce cas on n’interdit pas la manifestation prévue à Gonesse, ou il y a lien et dans ce cas on le dit.

En vérité, une fois de plus, à chaque fois qu’un attentat islamiste a lieu on passe davantage de temps à expliquer que cela n’a rien à voir avec l’islam et qu’il ne faut pas faire d’amalgame qu’à comprendre pourquoi il s’agit d’un attentat effectivement islamiste.

L’islamisme fascine un certain nombre de jeunes. La raison en est simple. Il leur offre de pouvoir jouer avec la violence en toute légitimité en reconnaissant cette violence comme un acte héroïque au nom des valeurs supérieures Quand l’islamisme attire et recrute il le fait de trois façons : par le combat militaire direct, par l’attentat en bande organisée ou bien par l’action purement solitaire comme celle du tueur qui se précipite au milieu d’une foule avec un couteau en tuant au nom de « Allah Akbar », « Dieu est grand ». Le ministre de l’intérieur pense que la tuerie de la Préfecture de Police ne relève pas du terrorisme parce qu’elle est le fait d’un tueur isolé et non d’une bande. Il néglige le fait que tuer de façon solitaire est recommandé par Daech depuis sa défaite. Quand donc un tueur agit de façon solitaire, il est le terrorisme à lui tout seul. C’est d’ailleurs pour cela qu’il tue, être le terrorisme à lui tout seul étant ce qui le fascine.

La spiritualité est ce qu’il y a de plus élevé dans la vie humaine. Résidant dans le fait de pratiquer l’esprit qui est présence et intelligence de la présence, cette expérience est tellement passionnante que l’on pense à tout sauf à aller égorger ses semblables. Quand il y a tuerie cela ne peut jamais venir de la spiritualité mais plutôt de son absence. Dans l’Islam on trouve des courants religieux comme le soufisme qui, étant d’une haute spiritualité, sont totalement éloignés de la violence qu’ils réprouvent. Il y a cependant des courants religieux qui sont radicalement le contraire en prêchant la violence. Ces courants reproduisent ce à quoi on assiste toujours quand on a affaire à un maniement primaire des idées à savoir d’abord l’apparition d’un système politique ou religieux prétendant tout expliquer, puis transformation de cette théorie prétendant tout expliquer en théorie prétendant tout régler pratiquement, enfin transformation de cette théorie prétendant tout régler pratiquement en projet de dictature, puis passage à l’acte et mise en place de la dictature par des actes au sein d’une milice, d’une bande ou seul. Dans les années soixante dix le gauchisme en Europe a fonctionné sur ce mode. Aujourd’hui c’est l’islamisme, avec parfois une convergence de luttes entre gauchisme et islamisme débouchant sur l’islamo-gauchisme. Pour comprendre ce qui se passe, autrement dit, ne faisons pas l’erreur de parler de religion ou de spiritualité. Parlons plutôt du poids des images et des idées à l’intérieur du champ religieux, politique, social et culturel, la violence terroriste étant le fait de l’emprise des mots, des images, des idées, des idéaux et derrière eux de la passion de « la solution finale » pour tout, que ce soit la pensée, la pratique, la religion, la culture et l’humanité dans son ensemble.

À la base des tueurs n’y a-t-il pas une crise spirituelle ? Et cette crise n’est-elle pas le résultat de la déconstruction des repères traditionnels (famille, religion, patriotisme) qui donnaient un sens à la vie ? 

Bérénice Levet : Sans exonérer un instant les coupables de leur responsabilité – on pactise toujours en première personneavec le diable –, il est difficile de ne pas penser que l’attrait qu’exerce l’islamisme sur une partie des musulmans soit sans lien avec la philosophie et l’anthropologie qui nous gouvernent depuis les années 1970. Le péché originel du progressisme est d’avoir prêté des vertus émancipatrices à la désaffiliation et à la désidentification d’avoir prétendu que l’individu serait d’autant plus libre, plus original qu’li serait délié de toute héritage. Depuis lors, l’éducation consiste en une succession de désidentifications : désidentification religieuse, désidentification nationale, et désormais, dernier avatar de ce processus, désidentification sexuée et sexuelle. d’abord religieux, ensuite national. Le retrait de l’identité nationale – seule identité à fabriquer du commun, à cimenter un peuple – a permis l’offensive actuelle des identités particulières, et singulièrement du communautarisme musulman.

Quand nous travaillons avec obstination à délester l’individu de tout passé, de toute histoire, l’islamisme leur livre un kit identitaire n’autorisant aucun jeu, aucun écart ; quand nous nous faisons un devoir de lever tous les interdits, l’islam radical parle d’autorité, imposant prescriptions, proscriptions à ses recrues, leur confie des missions, meurtrières assurément mais qui donnent un sens, dans la double acception du mot, une signification et une direction, à leur vie.

La propagande islamiste vient ainsi moins satisfaire un irrésistible besoin de spiritualité ou de religion que combler un vide creusé par l’éducation et la pensée progressistes. Les communiqués djihadistes diffusés en français jouent de cet argument d’un besoin spirituel ou religieux sacrifié par l’Occident et tout particulièrement par la France, opposant ce « pays faible [qui] abrutit son peuple de divertissement » à l’État islamique dont chaque membre est « un combattant en puissance, ayant suivi un entraînement militaire, faisant la guerre pour sa foi, espérant le paradis éternel s’il est tué ». L’abrutissement des masses par l’industrie de l’entertainment est parfaitement indifférent à un islam qui n’exècre rien tant que l’esprit des Lumières et la passion du questionnement, du discernement. Notre enfoncement dans le consumérisme et l’utilitarisme travaille assurément contre nous. « La médiocrité spirituelle que les immigrés islamiques perçoivent dans l’Occident moderne n’est pas imaginaire et pourrait être la plus grande entrave à la préservation de la culture européenne », écrivait ainsi en 2011 le journaliste américain Christopher Caldwell. Kamel Daoud a très bien raconté comment, dans sa jeunesse, il se laissa harponner par la rhétorique des Frères musulmans : « L’offre religieuse donnait du sens à mon corps, à ma sexualité, à mon rapport à la femme, à l’au-delà, etc. L’effondrement philosophique est plus grave que l’échec économique. »

Bertrand Vergely : Pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui avec la violence il importe de distinguer ce qui nous est propre, l’attentat d’extrême droite en Allemagne et les attentats islamistes de Paris et de Manchester. La crise spirituelle liée à la déconstruction nous concerne. Elle ne concerne pas l’extrême droite allemande et les islamistes. La France a été un pays catholique. Puis elle a été un pays républicain. Aujourd’hui la déconstruction ne veut ni du catholicisme ni de la République mais l’ultra-démocratie et l’individualisme absolu. Cela se traduit non pas par un terrorisme physique faisant des attentas mais par un terrorisme intellectuel jouant à fond la carte du politiquement correct, de l’ultra-féminisme et de l’ultra-écologie. Via cette radicalité on voit s’exprimer un désir de liberté et de pureté comblant une mystique qui n’a pas lieu. Il n’y a pas d’attentat physique, mais il convient d’être prudent. Il y a les gilets jaunes, les black blocks, les zadistes, les vegan qui attaquent des boucheries et un militantisme écologique prenant d’assaut des grandes surfaces comme à la place d’Italie le weekend dernier ou bien récemment un pont près de l’île de la Cité. S’agissant de l’extrême droite allemande on est dans une autre problématique. Manifestement de jeunes allemands épris de provocation s’identifient à l’antisémitisme nazi. À cela s’ajoute le réveil de l’extrême droite en Allemagne et dans l’Europe de l’Est. S’ajoute également un courant anti-migrants qui y prend de l’ampleur. Enfin il y a la mouvance islamiste. Si l’on considère les jeunes qui rejoignent celle-ci une chose est frappante : ces jeunes sont attirés par la structure à la fois rigide et communautaire que l’islam leur offre. Alors que certains jeunes s’engagent dans l’armée pour ces mêmes raisons, eux s’engagent dans l’islam. Pour ces jeunes, l’Islam est commode. Il leur permet de revenir vers des valeurs dites traditionnelles comme la religion,  mais via l’islam comme figure contestataire de l’Occident. Si bien que l’islam leur permet d’être traditionnaliste dans la contestation et contestataire dans une tradition. Une façon de dépasser l’opposition droite-gauche qui n’intéresse plus personne. Autrement dit, ce n’est pas vraiment la déconstruction qui est à la base des attentats qui se commettent : leur source se trouve dans la provocation .

Pour expliquer les tueries qui ont lieu au États unis certains avancent une crise de la masculinité. Dans les faits tous les terroristes qui sont passés à l’acte sont des hommes. L’explosion de violence à laquelle nous assistons est-elle liée au bouleversement actuel des modèles de virilité ? 

Bérénice Levet : On sait que les mouvements dits masculinistes qui sont venus répliquer à la criminalisation des hommes blancs par les mouvement féministes, sont puissants aux Etats-Unis et entretiennent une idée régressive, caricaturale de la virilité. On ne rappellera jamais assez que notre idée de la virilité était faite de codes, de normes, elle consistait en une domestication des pulsions, une mise en forme du désir, un idéal de constance, de fermeté. La négation de la différence des sexes et la disqualification des représentations traditionnelles livre le jeune garçon à des formes de masculinité des plus sommaires.

Cependant, la crise de la masculinité ne peut à elle seule expliquer les tueries de masse.

Quant aux attentats islamistes, les hommes n’en ont pas l’exclusivité. Certes jusqu’à présent, ceux qui nous ont frappés ont été commis par des hommes mais au moment même où Mickaël Harpon égorgeait ses victimes à la Préfecture de police se déroulait le procès de quatre des huit jeunes filles poursuivies pour tentative d’attentat à proximité de Notre-Dame en septembre 2016.

Bertrand Vergely. Certes, ce sont des hommes qui font les attentats. Mais attribuer ces derniers à la crise de la virilité n’st pas la bonne raison. Qui s’intéresse à la crise de la virilité ? Ceux qui cherchent à la mettre en crise comme la LGBT ou bine encore l’ultra-féminisme. Pour faire advenir la transsexualité comme vérité de la sexualité la LGBT a besoin à tout prix de défaire la notion de virilité. Aussi ne perd-telle pas une occasion de mettre celle-ci en crise en se servant par exemple des attentats commis par des hommes. De son côté quand il attaque la virilité L’ultra-féminisme ne cherche pas tant à faire advenir le transsexualisme qu’à attaquer le machisme en se servant là encore de toutes les occasions. Quand un attenta se produit tout le monde cherche à en tirer profit en voyant dans celui-ci la confirmation des thèses qu’il défend. Un homme sort un coteau dans la foule ? La LGBT va y voir l’expression d’un monde qui ignore le transsexualisme en se disant que si cet homme avait été un transsexuel jamais il n’y aurait eu d’attentat. L’ultra-féminisme va y voir de son côté une manifestation du machisme. Si celui a commis un attentat avait été transsexuel, jamais il n’y aurait eu d’attentat. La psychologie est intéressante. Elle n’explique pas tout et notamment les attentats dont les racines plongent dans le pouvoir de l’idéologie. La théorie du genre entend réinterpréter l’ensemble de la culture mondiale. L’idée que le terrorisme est lié à une quête éperdue de virilité par peur de se dépouiller de l’orgueil masculin a encire du chemin à faire afin d’être convaincante. D’autant qu’il va falloir que celle-ci explique pourquoi, il y a deux ans de cela, des jeunes filles ont étét arrêtées à la suite d’un projet d’attentat avec bouteilles de gaz et clous, pourquoi d’autre jeunes femmes ont décidé d’aller en Syrie combattre aux côtés de Daech, pourquoi certaines jeunes filles aujourd’hui deviennent musulmanes et décident de prendre le voile musulman.

Pour expliquer son acte le tueur de Halle en Allemagne s’est appuyé sur les jeux vidéo qui utilisent des cibles parmi lesquelles certaines sont qualifiées de « bonus ». Quel rôle joue la montée d’un monde ludique dans les tueries auxquelles nous assistons ? 

Bérénice Levet : La pratique des jeux vidéos contribue à faire vivre celui qui en est familier dans un monde fictif. Les jeux vidéo, mais aussi la pratique des réseaux sociaux, sont de redoutables machines à déréaliser le réel. Et cela rejoint ce que je disais plus haut concernant le caractère idéologique de ces actes.

Bertrand Vergely : Il est vrai que le nihilisme ainsi que le cynisme s’appuient sur une vision du monde dans laquelle tout est jeu. Il est vrai également que certaines violences produites par la délinquance sont liées au désir de reproduire la toute puissance que l’on voit s’exercer dans les jeux vidéo où il s’agit de tuer un maximum d’adversaires. Il est vrai enfin que des films comme La tour infernale ont pu donner des idées aux terroristes du 11 Septembre 2001 à New York. Néanmoins, n’oublions jamais le poids de l’idéologie. Quand un terroriste d’extrême droite fait un attentat comme à halle si la modalité de son attentat relève d’une mise en scène ludique le fond de son geste criminel renvoie au simplisme idéologique qui s’est emparé de son esprit à travers des explications expéditives de la réalité et des solution s improvisées toutes aussi expéditives. En fait, il y a derrière de tels comportements un jeu idéologique réducteur se mariant avec un univers ludique pour déboucher sur un scénario de films d’épouvante.

Voir de plus:

THE MADNESS OF CROWDS
gender, race and identity
Douglas Murray
Bloomsbury Continuum
Michèle Tribalat
17 septembre 2017, 288 p.

Dans ce livre, Douglas Murray s’interroge sur les dérives de la nouvelle orthodoxie en matière de justice sociale très marquée par des préoccupations identitaires. Celle-ci prend la place des grands récits qui donnaient du sens à l’existence. Elle a tout d’une nouvelle religion. L’intersectionnalité y joue un rôle fondamental en établissant une hiérarchie des identités dites vulnérables en quête de justice sociale. Et les vivants et les morts ont intérêt à se trouver du bon côté.

Le combat identitaire pour la justice sociale est sorti de l’espace confiné des sciences sociales. The Guardian a ainsi pu titrer le 13 juin 2018 à propos des pistes cyclables à Londres : “Roads designed by men are killing women”. Douglas Murray consacre un chapitre à chaque aspect des politiques identitaires (Gays, femmes, race, trans) très en vogue aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et dont la France ne connaît encore que les prémisses. Son dernier chapitre sur la transsexualité est celui qui rend sans doute le mieux compte de la folie collective qui nous a saisis. Il y ajoute des interludes dans lesquels il approfondit certains aspects transversaux à ces différentes causes.

Tous ces combats identitaires pour la justice sociale ont en commun d’avoir été des mouvements légitimes à leurs débuts, mais de s’être emballés en prétendant que la situation n’avait jamais été pire alors que la victoire était en vue. Douglas Murray évoque à ce propos la jolie formule du philosophe australien Kenneth Minogue : le syndrome de Saint-Georges à la retraite. Que faire après avoir terrassé le dragon ? S’en inventer de nouveaux ? Notre monde est rempli, écrit Douglas Murray, de gens qui veulent absolument construire leur barricade alors que la révolution est finie. Et l’affichage vertueux nécessite une surestimation des problèmes.

Toutes ces questions identitaires mises ensemble sont à l’origine d’une folie collective dont Douglas Murray se demande comment on pourrait en sortir. Un premier pas dans cette direction serait, écrit-il, de pouvoir en parler librement. C’est ce qu’il fait dans ce livre en illustrant son argumentation, comme dans son précédent livre, par des exemples très éclairants.

LES GAYS

Ce qui a changé l’opinion publique à l’égard des gays est la vision de l’homosexualité comme étant innée (hardware) et non plus comme un choix (software) qu’on pourrait réexaminer. Pourquoi punir quelqu’un pour quelque chose sur lequel il n’a pas de prise ? Même si la plupart des études génétiques n’ont guère été conclusives, l’esprit du temps a opté pour « né comme ça ». À tel point qu’un gay qui ne l’est plus passe pour quelqu’un qui vit dans le mensonge. À vrai dire, personne n’a envie aujourd’hui de risquer sa réputation pour trancher la question, d’autant qu’on a déjà décidé de la réponse.

On parle des LGBT comme d’une communauté religieuse alors que gays et lesbiennes n’ont pas grand-chose en commun, sans parler de la dispute à propos des transsexuels. Les gays se divisent en deux camps : 1) ceux qui se pensent comme les autres, à l’exception de leur préférence sexuelle ; 2) les queers qui veulent être reconnus comme des êtres complètement différents. Ceux qui soutiennent la vision queer ont tendance, écrit Douglas Murray, à laisser croire qu’être gay est un travail à plein temps, ce que les gays n’aiment pas trop. Le désir d’égalité trouve aussi ses limites dans les spécificités du mariage gay dont les partenaires, bien que mariés, ont tendance à se déclarer dans une relation ouverte, tolérant l’infidélité. Égaux, écrit Douglas Murray, mais avec un petit bonus gay. Il est aussi de bon ton aujourd’hui de répondre par l’affirmative, sauf à paraître borné, à la question : « Deux hommes peuvent-ils avoir un bébé ? »

On finit par se demander si être gay c’est être attiré par des personnes de même sexe ou si c’est être partie prenante d’un grand projet politique. En effet, lorsque des gays célèbres prennent position du mauvais côté d’une question, ils se voient répudiés par la « communauté » même s’ils couchent avec des hommes.

Interlude sur les fondements marxistes

« J’y crois parce que c’est absurde », attribué à Tertullien

Dans la nouvelle formule marxiste, c’est le pouvoir patriarcal des mâles blancs qu’il faut abattre. Les Universités ont été le lieu d’élaboration de la nouvelle théorie marxiste qui s’est ensuite répandue dans la société. Pour les héritiers de Michel Foucault, tout dans la vie est politique et tout est à déconstruire, tout particulièrement ce qui, précédemment, semblait à peu près certain. Des textes d’universitaires américains (Peggy McIntosh, Kimberlé Crenshaw), tout particulièrement ceux de Ernesto Laclau et Chantal Mouffe (Hegemony and Socialist Strategy, 1985), ont construit les fondements de ce qui allait devenir la politique des identités. Pour revivifier la cause socialiste, il fallait trouver une nouvelle classe exploitée et les nouveaux mouvements identitaires, tout en poursuivant chacun leur cause sous le parapluie de la lutte socialiste, étaient les bons clients. La rhétorique marxiste pouvait alors reprendre des couleurs et décrire les opposants comme n’agissant que pour les motivations les plus basses.

Les écrits intersectionnalistes dissimulent leurs contradictions dans une prose à peu près illisible mais qui se veut scientifique par la multitude d’écrits de la même eau auxquels ils font référence. C’est pourquoi Butler et les autres écrivent si mal, nous dit Douglas Murray et deviennent incapables de détecter les faux. Douglas Murray raconte la série de canulars acceptés par des revues scientifiques et proposés par l’équipe Peter Boghossian et James Lyndsay, dont un texte mêlant des extraits de Mein Kampf et des pastiches de littérature féministe intitulé « Our Struggle is My Struggle ».  Il n’y a aucune limite aux sottises susceptibles de recevoir un adoubement scientifique, pourvu qu’elles confirment les théories identitaires et qu’elles soient écrites de manière incompréhensible. La réponse des pairs offusqués fut d’essayer de faire expulser Boghossian de sa position universitaire.

LES FEMMES

Steven Pinker avait montré dans Blank Slate, The Modern Denial of Human Nature, publié en 2002, que les effets de la testostérone et des androgènes sur le cerveau ne s’accordaient guère avec la thèse de l’indifférenciation. Depuis Pinker, le délire sur l’absence de différence entre les sexes s’est aggravé. On est prié de se fonder sur les mensonges des sciences sociales sur le sujet plutôt que sur la science ou ce que l’on a sous les yeux.

Hollywood reflète assez bien la confusion ambiante sur le rôle des femmes, entre libertinage et pruderie. Surtout depuis Metoo. Douglas Murray déclare qu’avec un peu d’honnêteté on est obligé de reconnaître qu’il arrive aux femmes, particulièrement les plus célèbres, d’envoyer des messages confus sur le sujet. Comment soutenir, par exemple, que porter des « stick nipples » ou des « camel toe underwears »  sert à se sentir bien et non à « faire saliver » (make him drool !) les hommes ? En fait, cela revient à soutenir qu’une femme peut être aussi sexy et suggestive qu’elle le veut sans être sexualisée. N’est-ce pas une demande excessive faite aux hommes s’interroge Douglas Murray ? Une étude de Bloomberg auprès des plus hauts dirigeants de la finance, qui sont très souvent des hommes (30 entretiens), a montré qu’ils ne voulaient plus diner avec des collègues femmes, s’asseoir à leur côté dans l’avion, avoir une chambre au même étage dans l’hôtel et qu’ils évitaient les rencontres en face-à-face.

On nous répète aussi que les femmes sont pareilles aux hommes mais en même temps meilleures. Ainsi, Christine Lagarde a déclaré en 2018, que le monde aurait pu être différent si la banque Lehman Brothers s’était appelée Lehman Sisters !

Le succès de la notion d’intersectionnalité a entraîné le développement de formations et de tests censés détecter nos biais inconscients. Douglas Murray se demande quels pourront bien être les effets de ces expérimentations à large échelle qui cherchent à agir sur les connections dans le cerveau (rewire the brain). La pyramide hiérarchique construite par l’intersectionnalité a fabriqué des groupes structurellement opprimés dont l’intérêt commun serait de déloger celui qui se trouve placé en haut de la pyramide. Comme avec la politique d’affirmative action aux Etats-Unis, la course à la diversité dans les entreprises a favorisé ceux qui, dans leur groupe, l’étaient déjà. La nouvelle hiérarchie intersectionnelle secrète ainsi ses oppresseurs et ses opprimés.

La dernière vague du féminisme, celle des années 2010, semble souffrir du syndrome de Saint Georges à la retraite. Mais, déjà au début des années 1990, Marilyn French avait intitulé son livre The War Against Women. Elle y déclarait que, si les femmes étaient les égales des hommes il y a 3,5 millions d’années, la situation n’avait cessé d’empirer depuis ! À l’exagération et au catastrophisme, s’ajoute la haine des hommes, comme l’indique le succès sur Twitter de hashtags tels que : “Men are trash” et même “Kill All Men”. Cette violence, infiniment plus grande que lorsque les enjeux étaient plus importants, trouve un encouragement dans les commentaires lénifiants qu’elle suscite. D’ailleurs, cette tonalité agressive a terni la réputation du féminisme. Une enquête britannique en 2016 a montré que l’association spontanée la plus fréquente avec le féminisme était « bitchy «  (garce, vacharde). Cependant, une étude menée en 2014-2017 montrait que l’homme attractif, pour les femmes comme pour les gays, était musclé et riche.

Contrairement à la stratégie gay des années 1990 visant à faire de l’homosexualité une question hardware, les féministes ont suivi le chemin inverse, laissant ainsi les femmes démunies face à la transsexualité. Ce revirement nous demande de croire que tout ce que l’on a vu et su jusque-là était un mirage et de transformer nos vies et sociétés en conséquence.

Interlude : L’impact de la technologie

L’atmosphère politique à la Silicon Valley est encore quelques degrés à gauche de celle d’une université d’art libérale, écrit Douglas Murray. Internet nous entraîne à nous placer dans les hiérarchies intersectionnelles. Les entreprises tech investissent dans une “Machine Learning Fairness” afin d’aboutir à une forme d’équité dont aucun humain ne serait capable. Ainsi, une recherche “white men”  sur Google va donner en 1er, David Beckham, en 2ème un mannequin noir et, toutes les cinq images à peu près, un ou deux noirs. De nombreuses images d’hommes blancs sont celles de personnes reconnues coupables de crimes, ce qui sous-entend que les hommes blancs sont mauvais. Mais dans une recherche “black men”, il faut attendre une douzaine de lignes avant de voir un blanc. Plus on s’éloigne des langues européennes – de l’anglais surtout – plus on a de chances de tomber sur le contenu recherché. De même, si on cherche “Asian couple”, on n’aura presque que ce que l’on recherche. On ne s’embarrasse pas de rééduquer les Asiatiques.  On sacrifie ainsi la vérité pour achever un but politique. Résultat : les gens qui se servent de cette technologie obtiennent quelque chose qu’ils n’ont pas demandé, en ligne avec un projet pour lequel ils n’ont pas signé et à la poursuite d’un but qu’ils jugent indésirable.

LA RACE

Même problème avec la race. À un moment où elle aurait pu être mise de côté, elle est devenue à nouveau une question importante. C’est venu, là encore, de l’Université, notamment avec les Whiteness Studies, et s’est étendu à l’ensemble de la société. Ce qui a fait dire à Andrew Sullivan : « maintenant, nous vivons tous sur un campus ».

À force de problématiser la blancheur, on en arrive à des situations où tout est considéré non seulement en termes de race mais aussi dans des termes racistes les plus agressifs possibles. Et c’est dans les lieux les plus irréprochables en matière de racisme que l’on trouve les réclamations et les comportements les plus extrêmes.

Pour ceux qui n’auraient pas entendu parler de l’Université Evergreen, ils peuvent regarder le documentaire en langue française – https://www.europe-israel.org/2019/07/evergreen-une-universite-americaine-bascule-dans-la-pensee-antiraciste-radicale-des-professeurs-demissionnent/ – ou lire ce qu’en disent Greg Lukianoff et Jonathan Haidt (http://www.micheletribalat.fr/440866626).

Qu’on regarde devant ou derrière, c’est toujours à travers les lunettes de la race. C’est ainsi qu’en 2018, le magazine National Geographic a consacré un numéro à s’excuser d’avoir publié un article traitant des Aborigènes d’Australie datant de… 1916 ! Ce qui a fait dire à David Olusago dans The Gardian que l’excuse n’avait que trop tardé ! Pas étonnant, écrit Douglas Murray, que l’on soit aujourd’hui saisi d’une crainte névrotique pour savoir quoi dire.

L’art et la fiction sont devenus les terrains privilégiés de la bataille pour l’exclusivité et l’exclusion raciales. La dénonciation de l’appropriation culturelle vient des Postcolonial Studies. Douglas Murray raconte l’histoire de cette femme qui, à Portland dans l’Oregon, en 2016, avait ouvert un bistro appelé Saffron Colonial (Le safran des colonies). Elle dut débaptiser son restaurant. Dans tous ces épisodes de foules enragées, ce sont ceux qui se déclarent les plus mécontents qui reçoivent le plus d’attention médiatique.

Il n’est pas toujours facile de s’y retrouver. Tantôt ce sont les caractéristiques de celui qui parle qui comptent, tantôt c’est ce qu’il dit. Le rappeur Kanye West prit une volée de bois vert de la part de la « communauté » noire lorsqu’il fut reçu par Donald Trump qu’il disait soutenir. Par contre, le New York Times défendit Sarah Jeong qui venait de rejoindre son comité de rédaction, malgré des tweets du genre : « Mec,  c’est un truc de dingue à quel point je prends plaisir à être cruelle avec des hommes blancs et vieux. » On est donc gracié ou condamné en fonction de qui on est et de ceux contre qui on porte les attaques. Une option est de ne rien dire d’important en public, stratégie adoptée par de nombreux politiques.

Dans la marche des femmes à Londres en janvier 2018 se côtoyaient, à côté du cénotaphe en hommage aux jeunes combattants de la 1ère Guerre mondiale, dont beaucoup étaient blancs et n’avaient pas eu le temps de vieillir comme le souligne Douglas Murray, une banderole portée par une jeune femme sur laquelle était écrit “No Country for an Old White Man” et celle d’un travailleur socialiste disant “No to racism” !

Douglas Murray aborde aussi la question des différences raciales de QI, en rappelant le destin de Charles Murray qui, avec Richard Herrnstein (mort peu de temps après la parution de leur livre), avait mis les pieds dans ce champ de mines et publié The Bell Curve en 1994. Expérience qui fera « marcher sur des œufs » les scientifiques qui s’approcheront ensuite de ce sujet. Pour Charles Murray, la rage qui s’est abattue sur lui tient à l’engagement de toutes les institutions sur l’égalité et la diversité qui exige que tout le monde soit pareil “above the neck ”.

Harvard, qui se vante d’éliminer les biais de sélection est confronté à un procès mené par des étudiants asiatiques qui se disent discriminés pour satisfaire des quotas raciaux. Si Harvard l’a pour l’instant emporté en 1ère instance, l’examen de dossiers sur plusieurs années a montré que les Asiatiques étaient mal notés sur les traits de personnalité alors qu’Harvard n’avait pas forcément eu d’entretien avec eux. En fait, si Harvard ne désavantageait pas certains candidats, ses étudiants seraient, de manière disproportionnée, asiatiques ou juifs ashkénazes, écrit Douglas Murray.

Interlude sur l’indulgence, le pardon (Forgiveness)

L’abolition de la barrière entre vie privée et vie publique sur les réseaux sociaux produit des catastrophes sans possibilité de les réparer. Si c’est la foule qui décide de ce que l’on est, nous avons du souci à nous faire. Le pardon est lié à l’oubli. Or il n’y a pas d’oubli sur internet. Nous vivons dans un monde où chacun d’entre nous court le risque de devoir être étiqueté sa vie durant d’après sa plus mauvaise blague. De nouveaux crimes sont inventés sans cesse et nous ne savons pas comment sera vu dans 20 ans ce que nous faisons aujourd’hui. Comment anticiper sur ce que pourraient être les retournements de foule au cours de notre vie ? Aujourd’hui, nos erreurs nous suivent partout et c’est l’instinct de châtiment qui domine à l’égard des gens d’autrefois. Regarder le passé avec indulgence est pourtant la condition pour être traité avec indulgence plus tard, ou tout au moins compris.

LES TRANSSEXUELS

Douglas Murray commence ce chapitre par le récit de la vie tragique d’une jeune fille belge qui avait trois frères – chouchous des parents –, qui a subi de multiples opérations pour devenir un homme et s’est finalement fait euthanasiée pour ne pas vivre dans la peau d’un monstre. Douglas Murray en conclut que la médecine belge a essayé de faire d’une femme un homme et, n’ayant pas réussi, l’a finalement tuée, le tout dans un esprit de compassion.

La question des trans est devenue une sorte de dogme en un temps record. Elle concerne en partie les intersexués qui présentent des organes des deux sexes. Leur cas relevant du hardware, ils ont plutôt attiré la sympathie, mais leur cause n’a pas retenu l’attention parce qu’elle a été captée par celle des trans qui a émergé en même temps. Pourtant, cette dernière est beaucoup plus problématique car on n’a pas trouvé de différences physiologiques entre les trans et ceux qui ne le sont pas. Qu’est-ce qui relève du hardware ou du software ? Ceux qui s’aventurent sur le terrain ont intérêt, eux aussi, à se placer du bon côté, sauf à subir des campagnes de dénigrement féroces. Comme pour les gays, la tendance est à essayer de prouver que les trans sont « nés comme ça » et la cause transsexuelle est devenue la nouvelle frontière à conquérir dans la bataille des droits civiques. Si des réticences subsistent, c’est parce que les connaissances sont incertaines et que les interventions médicales et chirurgicales sont irréversibles. C’est particulièrement vrai pour la dysphorie de genre des enfants dont on a constaté qu’elle a tendance à augmenter dans une école qui a connu des demandes trans.

La question trans rend visibles les contradictions intersectionnelles. Les gays ont admis que les revendications des trans étaient dans le continuum des leurs, alors qu’elles les sapent : les hommes un peu efféminés ne seraient pas gays mais habiteraient un corps qui n’est pas le bon. Revendiquer que la condition trans relève du hardware suppose qu’être une femme est du software ! Ce que des féministes « traditionnelles » ne peuvent admettre. Mais elles se font alors excommunier par la dernière vague féministe qui a grandement bénéficié de ce que les premières ont conquis. C’est ce qui est arrivé à Germaine Greer, notamment pour avoir déclaré qu’une opération ne fait pas d’un trans une femme. D’autant que ces trans piétinent souvent les conquêtes féministes. C’est le cas par exemple lorsque, en 2015, la trans Jane Fae vint sur un plateau de télévision avec son tricot !

La question du changement de genre est un drame pour les parents. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, ces derniers sont inquiets de la publicité qui est faite sur les écrans en faveur du changement de sexe. Par exemple, lorsqu’une drag-queen âgée de 9 ans dit dans un spot publicitaire pour la mode LGBT sur Youtube : «  Si vous voulez être une drag-queen et que vos parents ne veulent pas, il vous faut de nouveaux parents ». Ou lorsque l’école change, à l’insu des parents, le pronom avec lequel elle s’adresse à leur enfant en classe. Les extraits de la série documentaire I am Jazz (qui en est à sa cinquième saison), sur la transformation de Jazz Jennings, né garçon en 2000, qui vient d’avoir 18 ans et va se faire opérer, ont été consultés des millions de fois sur Youtube.

Mais il ne faut pas sous-estimer la connivence des professionnels de la médecine. Ainsi le NSH en Angleterre a signé une convention dans laquelle les professionnels s’engagent à ne pas réfréner l’expression de l’identité de genre. Les parents sont souvent démunis face à des professionnels qui leur disent, par exemple, que leur consentement est le 1er pas pour prévenir un suicide de leur enfant. Une des grandes « prêtresses » sur le sujet est Johanna Olson-Kennedy. Elle dirige le centre pour le développement et la santé des jeunes trans à l’hôpital des enfants de Los Angeles, la plus grande clinique de la jeunesse transgenre des Etats-Unis, laquelle participe à une étude, sans groupe de contrôle, sur l’impact des bloqueurs de puberté et des hormones sur les enfants. Des enfants sont devenus éligibles pour ces traitements dès 8 ans. Pour Johanna Olson-Kennedy, c’est un choix comme un autre qu’il faut respecter et qui marche la plupart du temps. Sur la question de l’ablation des seins, elle prétend qu’en cas de regret, « on vous en fera de nouveaux ». Elle a participé, en février 2017, à une conférence inaugurale de l’ONG WPATH (World Professional Association for Transgender Health) intitulée : Sortir du binaire (Outside of the binary). Elle y raconta l’histoire d’une fillette de 8 ans qui s’habillait comme un garçon et était vue comme telle dans une école religieuse pour filles. Lorsqu’elle la reçut avec sa mère, elle demanda à la petite fille si elle était une fille ou un garçon. Ce à quoi la gamine répondit : « une fille à cause de ce corps ». Pour l’aider à se déterminer, elle lui demanda de se prononcer sur une tarte à la framboise qui se trouverait dans un emballage censé ne contenir que des tartes à la cannelle. Était-ce encore une tarte à la framboise ? La gamine, qui a tout de suite compris l’allusion, dit alors à sa mère qui la prit alors dans ses bras : « je pense que je suis un garçon dissimulé dans une fille ». Johanna Olson-Kennedy conclut l’anecdote en disant qu’il était important de donner à cette enfant le langage lui permettant de parler de son genre. Elle-même a opéré la transition vers un homme, a subi une double mastectomie et est consultante pour l’entreprise Endo qui commercialise la testostérone.

De LGBT, c’est la lettre T la plus déstabilisante, écrit Douglas Murray. L’âge à partir duquel on encourage les enfants à subir un traitement n’a cessé de baisser, ce qui s’explique par la rhétorique menaçante et catastrophiste avec laquelle les spécialistes s’adressent aux parents. Une autre tendance inquiétante est celle qui consiste à présenter une question incroyablement difficile comme la plus évidente et la mieux connue.

En fait, on se rend compte que l’intersectionnalité c’est de la blague la plupart du temps, tant les argumentations sont changeantes et contradictoires. Celle des transgenres ne s’appliquerait pas à la race. L’argument tant décrié des femmes, selon lequel les trans nés hommes ne peuvent savoir ce que c’est qu’être une femme, est jugé recevable s’agissant de la race. La testostérone que prennent les athlètes trans en transition n’est pas considérée comme un dopant. Les trans veulent être considérés comme des femmes mais refusent qu’un trans soit incarné au cinéma par une femme ! Il est devenu difficile de s’orienter dans un tel champ de mines et un des plaisirs favoris de l’époque est de voir un des gardiens de l’orthodoxie poser le pied sur une mine dont il ne soupçonnait pas l’existence et essayer de sauver sa carrière en postant des douzaines de tweets d’excuses. Ceux qui attendent que le mouvement pour toujours plus de justice sociale s’effondre sous le poids de ses contradictions peuvent attendre longtemps car ils ignorent le soubassement marxiste du mouvement. Une telle espérance suppose que ce mouvement ait en vue la résolution des problèmes. Or la description qu’ils font de la société ne les conduit pas à chercher à l’améliorer mais à la détruire. Le but n’est pas de remédier mais de diviser, d’enflammer. Si l’on ne peut faire tout s’effondrer, reste l’option de semer le doute, la division, l’animosité et la crainte.

Douglas Murray cherche à savoir comment sortir de ce guêpier. Essayer de faire usage de la bienveillance à l’égard des opposants pour les contraindre à une discussion plus sérieuse ? On peut tenter de semer le doute chez les avocats des causes identitaires en leur demandant quel système plus performant que celui des sociétés occidentales ils ont en vue. Et, lorsqu’ils se réfèrent à une société qui n’existe pas encore, la suspicion devrait être de mise, compte tenu des ravages que ce genre de doctrine a déjà produit. Douglas Murray nous incite à dépolitiser nos vies, à garder un intérêt pour la chose politique sans que ce soit ce qui leur donne un sens. S’il faut faire en sorte que la vie de quelqu’un ne soit pas entravée en raison de caractéristiques contre lesquelles il ne peut rien, il ne faut guère aller au-delà. Fonder sa vie sur la bataille politique identitaire pour la justice sociale, c’est gâcher sa vie.

Voir encore:

The Madness of Crowds by Douglas Murray — slay the dragon, then stop
A robust critique of progressives fails to explore their impact on populism
The Financial Times
Eric Kaufmann
October 11 2019

“Kill all men” and “cancel white people” are harmless satire, but “America is a colour-blind society” is racist. Gender and race are social constructs, so changing gender is great. Changing your race, however, is a no-no — one of many contradictions in the social justice religion. Get it wrong and you wind up Twitter-mobbed or fired.

Douglas Murray’s new book reports from the front lines of the “culture wars”, the battle to define the core values of western societies. The deepening cultural divide between progressives and conservatives is reshaping politics, displacing the left-right economic cleavage of the past century. But economic interests are easier to reconcile than sacred values: if we fail to make cultural peace, our future looks bleak.

Murray is a prominent British member of the “Intellectual Dark Web” (IDW) of countercultural intellectuals — such as Sam Harris or Jordan Peterson — who openly contest the sacralisation of disadvantaged race, gender and sexual identities. The IDW’s willingness to transgress the speech rules of the progressive twitterati marks them out as heretics who violate the sensibility of academia, Hollywood and parts of the media.

How did our societies become so insane? In The Madness of Crowds, Murray argues that it’s because highly educated people cling to a new religion known variously as “social justice”, “identity politics” or “intersectionality”. Essentially this is the old Marxist faith poured from the class bottle into the race-sex-gender one. Meaning is realised through struggle against those who commit wrongthink.

Identity politics helped reduce prejudice but, having vanquished its foe, began manufacturing phantom enemies. Murray, following the late conservative political theorist Kenneth Minogue, dubs this “St George in retirement” syndrome. Having slain the dragon, he charges off in pursuit of ever-smaller ones and ends by “swinging his sword at thin air, imagining it to contain dragons”.

Murray’s tone, as in his previous book on immigration, The Strange Death of Europe, is often contemplative. As a gay man, he captures the way identity politics flattens the complexity of the homosexual experience. Ignoring the literary tradition of gays as privy to the mysteries each sex holds for the other, it reduces them to moral ciphers, what Bret Easton Ellis terms “The Gay Man as Magical Elf . . . some kind of saintly ET” who symbolises how tolerant we are.

Murray’s analytical frame turns on his distinction between identity as “hardware” or “software”. That is, whether race, sexuality and gender are hard-wired by nature or learned through nurture. Science tells us a great deal about these questions. But faith, not science, guides radical progressivism. Gender is held to be socially constructed, hence the vitriol directed at TERFs (trans-exclusionary radical feminists) such as Germaine Greer, who question the bona fides of trans women. Homosexuality, however, is a genetic characteristic that only a religious fundamentalist would suggest is learned.

The new sensibility tells us when race is, or isn’t, biological. “Whiteness” is a social construct designed to divide the workers and bolster caste privilege. However, Murray notes that when Rachel Dolezal, a white woman, passed herself off as black, she was attacked as an interloper. And when philosopher Rebecca Tuvel asked whether, since transgenderism is possible, transracialism should be, all hell broke loose. Radical progressives penned an open letter and both Tuvel and the journal she published in prostrated themselves before the Twitter authorities. The journal apologised and its editors resigned. As hoax papers by academics Helen Pluckrose, Peter Boghossian and James Lindsay later revealed, “grievance studies” fields like feminism or critical race studies are anchored by holy writ, not logic and evidence.

Murray catalogues the injustice of the progressive mob — reputations trashed, careers ruined — and their illiberal stifling of intellectual freedom. But such concerns can appear distant for some. Murray might therefore have explored how these ideas fuel the polarisation and populism of our time. He hints at these effects, but studies show that hostility to political correctness powered the Trump vote, while Murray’s “tripwires” establishing boundaries of acceptable debate shut down discussion of immigration. This allowed populists to own the issue and flourish. The book could also have drawn on data to establish the parameters of the problem and propose policy solutions.

The “madness” of the title points to the way radical progressivism weaponises norms that allow for civilised societies. Norms are the control mechanism in systems like herds: if a few activist sheep command, everyone follows out of fear. Disrupting the herding taking place in cultural institutions is one of our great challenges. At its heart, the problem is how to moderate cultural egalitarianism, balancing it against competing aims like liberty, reason and community. We accept limits on economic levelling but have yet to reject the misguided idea that all race and gender groups must have equal outcomes.

Murray’s book performs a great service in exposing the excesses of the left-modernist faith. Let’s hope we find a way to slay this dragon. The Madness of Crowds: Gender, Race and Identity, by Douglas Murray, Bloomsbury Continuum, RRP£20, 288 pages Eric Kaufmann is author of ‘Whiteshift: Populism, Immigration and the Future of White Majorities’ (Penguin)

Voir aussi:

The Madness of Crowds by Douglas Murray review – a rightwing diatribe
Do racism and sexism really exist, or are they just the creation of angry lefties? The bizarre fantasies of a rightwing provocateur, blind to oppression
William Davies
The Guardian
19 Sep 2019

Being stuck in a culture war is a bit like being a driver stuck in a traffic jam. From within one’s own car, the absurdity and injustice of the situation is abundantly plain. Other drivers can be seen cutting in, changing lanes excessively, and getting worked up. Roadworks appear needlessly restrictive. Why are there so many cars on the road anyway? Horns begin to honk. There is one question that few drivers ever consider: what is my own contribution to this quagmire?

Psychoanalysts refer to the process of “splitting”, where the self is unable to cope with its good and bad qualities simultaneously, and so “splits” the bad ones off and attributes them to other people. The result is an exaggerated sense of one’s own virtue and innocence, but an equally exaggerated sense of the selfishness and corruption of others. We are all guilty of this from time to time, rarely more so than on social media, where the world can appear perfectly split into goodies and baddies. Populism and culture warriors exploit this aspect of human psychology, reinforcing the comforting (but ultimately harmful) feeling that any conflict in the world is their fault not ours.

The left is not averse to playing this game. Why did the financial crisis occur? Because bankers and Blairites are bad, selfish people. Apart from anything else, this makes for woeful social science. But the right plays it more dangerously. Where the left spies moral depravity in centres of wealth and power (which, as we know, can produce antisemitic conspiracy theories), the right sees it among newcomers, intellectuals and the already marginalised. The potential political implications of this don’t need spelling out.

In The Madness of Crowds, Douglas Murray sets out to explain why societies are now so characterised by conflict. “In public and in private, both online and off, people are behaving in ways that are increasingly irrational, feverish, herd-like and simply unpleasant. The daily news cycle is filled with the consequences. Yet while we see the symptoms everywhere, we do not see the causes.”

Few would fail to recognise this as a starting point. MPs and journalists are being harassed and threatened simply for doing their jobs. A university was recently forced out of Hungary by the government. The Home Office is growing increasingly anxious about the threat of far-right extremists cooperating across Europe. But there is not so much as a sniff of these trends in The Madness of Crowds. Instead, Murray organises his material into four themes: “Gay”, “Gender”, “Race” and “Trans”. You can see where this is heading.

Murray’s stock in trade is a tone of genteel civility. He writes gracefully and wittily, in keeping with his demeanour as a clubbable conservative, who simply wishes we could all just muddle through a little better. While never over-egging it, he proffers a kindly Christian gospel of love and forgiveness, which he believes might rid us of the political and cultural toxins that have so polluted our lives. Scratch beneath the surface, though, and his account of recent history is clear: authorised by leftwing academics, minority groups have been concocting conflict and hatred out of thin air, polluting an otherwise harmonious society, for their own gratification.

His narrative is roughly as follows. The decline of ideologies at the end of the 20th century created a vacuum of meaning, which was waiting to be filled. This coincided with the birth of a whole range of critical cultural theories, producing fields of gender studies, race studies and queer studies. Most damagingly of all, for Murray, was the rise of intersectional feminism, which assumes that different types of oppression (especially racial and patriarchal) tend to “intersect” and reinforce one another.

The bitter irony, as far as Murray is concerned, is that these new theories of oppression arose at the precise moment in human history when actual racism, sexism and homophobia had evaporated. “Suddenly – after most of us had hoped it had become a non-issue – everything seemed to have become about race,” he writes. This seems to bug him more than anything else: “Among the many depressing aspects of recent years, the most troubling is the ease with which race has returned as an issue.”

History, therefore, is much as his fellow neoconservative Francis Fukuyama brashly described it in 1989: ended. Or rather, it could have ended, if it weren’t for troublemaking intellectuals and activists. Murray is quick to celebrate past struggles for racial, sexual and gay equality, but he is adamant that they have now been settled. Questions persist regarding the nature of sex, sexuality and innate ability (what belongs to our physical “hardware” and what to our cultural “software”, as he puts it), but these are far better handled by biologists than political thinkers. The problem, as he sees it, is that malicious, fraudulent and resentful forces – emerging from universities – have refused to accept that justice has now been delivered.

The acclaimed gender theorist Judith Butler is held up as a malignant fraud who hides behind the complexity of her prose. The entire venture of social science is deemed corrupted by its insidious fixation on oppression. Murray turns to recent hoax articles that were published in the academic journal Cogent Social Sciences (a prank that he describes as “one of the most beautiful things to happen in recent years”) as evidence that social and cultural theory is all a sham. The reader is assured – falsely – that this is all a vast Marxist project, aimed at sowing dissatisfaction and discord.

Murray presumably knows that Michel Foucault was not a Marxist, but it’s important to his branch of conservatism that this is brushed over. The M word serves as a coded way of tying together the humanities, Marx himself and (with a small leap of imagination) the Gulag. The fact that it is now illegal to teach gender studies in Hungary, as decreed by Viktor Orbán (favourite intellectual: Douglas Murray), poses questions as to where the real threat to liberty is coming from. But you won’t find any discussion of that in The Madness of Crowds.

We learn that the doctrine of intersectionality has now swept the world, even becoming embedded in the search algorithms written in Silicon Valley. Why? Because tech workers “have decided to ‘stick’ it to people” towards whom they “feel angry”. It’s for this reason, apparently, that Google image search throws up a disproportionate number of black faces. Intersectionality is being “force-fed” to people, encouraging them to seek “revenge” on white men, and that is why there is so much conflict.

Murray has no shortage of examples and anecdotes to back this up, many gleaned from the US. But it’s notable that they nearly all operate at the level of discourse, and mostly in the media and social media. It’s not difficult to come up with absurd cases of “social justice warriors” saying stupid and hypocritical things online, especially when the Daily Mail appears to have an entire desk dedicated to unearthing them.

And there are plenty of well-known cases of people being shamed and sacked for things they’ve said, many of which are unfair and sadistic. One critique of this would be that the logic of public relations and credit rating has now infiltrated every corner of our lives, such that we are constantly having to consider the effects of our words on our reputations. Another is that a global “Marxist” conspiracy has duped people into a fantasy of their own oppression. I know which I find more plausible.

Whenever Murray strays too close to any actual oppression (as opposed to the controversies surrounding it), he quickly veers away. His chapter on gender refers to the “‘MeToo’ claims against Harvey Weinstein”, but never to Weinstein or the power structures he built. His chapter on race (the longest in the book) makes no reference to one of the most controversial campaigns in recent US history, Black Lives Matter, presumably because it’s impossible to discuss without acknowledging what prompted it: black men being gunned down by police officers.

Anger is ultimately a mystery to Murray, seeming to emanate spontaneously from his political and ideological foes. He can come up with no better explanation for it than that bad people enjoy it, that “their desire is not to heal but to divide, not to placate but to inflame”. And yet when an author goes to such great lengths to assure you that others are degraded, and that “we” white, male conservatives simply want to live in harmony, you have to wonder whom much of this anger truly belongs to.

Nervous States: How Feeling Took Over the World by William Davies is out in paperback from Vintage. The Madness of Crowds: Gender, Race and Identity is published by Bloomsbury (£20). To order a copy go to guardianbookshop.com or call 0330 333 6846. Free UK p&p over £15, online orders only. Phone orders min p&p of £1.99.

Voir encore:

Goldnadel: «Faux prétexte et stigmatisation imaginaire»

FIGAROVOX/TRIBUNE – L’avocat Gilles-William Goldnadel fustige une victimisation des musulmans qu’il juge imaginaire, née d’un dévoiement de l’antiracisme.

Gilles William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Son récent ouvrage, Névroses Médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée, est paru chez Plon.


Article après article, avec un bonheur incertain, je m’essaie de faire comprendre à mes contemporains que nous vivons un temps médiatique névrotique et même schizophrénique. J’essaie aussi d’expliquer que cette névrose profonde provient d’un antiracisme dévoyé, lui-même issu d’un antinazisme devenu fou.

Le courant médiatique islamo-gauchiste considère encore que qui touche l’islamisme touche l’islam et qui touche l’islam touche tous les musulmans.

La folle quinzaine qui commença par le drame de quatre policiers assassinés par un islamiste à la préfecture de Paris pour s’achever par un psychodrame disproportionné autour d’une femme voilée à la vie paraît-il gâchée en est la triste et énième illustration. Tellement prévisible également. Qu’on me permette de citer la conclusion de la chronique que j’ai publiée dans ces mêmes colonnes le 7 octobre dernier : «Mais pas d’illusions, le réel sera vite à nouveau rattrapé par le virtuel. Aujourd’hui l’heure est encore à la colère avec la mise en accusation du laxisme envers les islamistes. Demain, viendra l’oubli des victimes quand elles reposeront dedans la guerre froide. Après-demain, un nouveau pilori sera dressé pour ceux qui font radicalement le procès de l’islam radical. Le jour d’après, sera jour d’attentat.»

Nous avons donc connu le troisième jour: celui de la victimisation à l’envers. C’était un jour forcément nécessaire. La France était la seule victime, les Français étaient en colère, l’islamisme coupable était montré du doigt. Comme à chaque fois, le courant médiatique que je ne peux nommer autrement qu’islamo-gauchiste mais qui par capillarité a contaminé depuis des lustres l’inconscient collectif bien au-delà de l’islam et bien au-delà du gauchisme, considère encore que qui touche l’islamisme touche l’islam et qui touche l’islam touche tous les musulmans.

Le prétexte de la sortie funeste et maladroite de Julien Odoul au sein d’une assemblée territoriale mettant en cause une femme voilée en présence de son enfant affolé n’était pas mal trouvé.

Une pétition dans Le Monde donnait le la à la musique de la victimisation frénétique.

La névrose médiatique faisait le reste. Une pétition dans Le Monde signée notamment par des artistes à la réflexion politique étroite mais à la morale esthétique infinie donnait le la à la musique de la victimisation frénétique.

Notre président de la République, illustra jusqu’à la perfection son ambivalence hybride qui se mariait harmonieusement avec l’esprit schizophrénique du temps. Au premier jour de l’assassinat des quatre authentiques martyrs de l’islamisme, Monsieur Macron n’hésitait pas à appeler martialement au devoir de «vigilance» contre «l’hydre islamiste».

J’écrivais alors que l’exercice s’avérerait périlleux dans la pratique, au regard du surmoi prétendument antiraciste. Je ne croyais pas si bien écrire: dans un article du Figaro daté du 16 octobre («Détection de la radicalisation à l’université: un sujet délicat») Marie-Estelle Pech raconte comment l’université de Cergy-Pontoise a été contrainte, après protestations, de regretter un appel à la vigilance dans lequel on considérait par courriel comme inquiétants le fait, notamment , qu’un étudiant ou un fonctionnaire dédaignerait l’autorité des femmes ou porterait «une djellaba, ou un pantalon dont les jambes s’arrêtent à mi-mollets». Frédérique Vidal, notre ministre de l’enseignement supérieur aura été de ceux qui auront condamné cette vigilance politiquement osée.

Au demeurant, l’université de Cergy-Pontoise aura été bien naïve de prendre le discours présidentiel à la lettre et de ne pas donner du temps psychodramatique aux temps dramatiques.

Dans la réalité, le seul agitateur d’une stigmatisation imaginaire s’appelle Emmanuel Macron.

Dès que le psychodrame de la femme voilée s’empara des esprits tourmentés et que celle-ci déclarait à ce CCIF proche des Frères musulmans qui traque l’islamophobie «qu’on avait gâché sa vie», notre président vigilant appelait désormais les Français à la vigilance non plus contre l’hydre islamiste mais contre cette vieille hydre de la «stigmatisation».

Je défie cependant qui que ce soit de me mettre sous les yeux la moindre déclaration d’un seul membre de l’Assemblée nationale élue par les Français incriminant l’ensemble de la population musulmane en tant que responsable des attentats islamistes. Ou que l’on me montre la moindre agression physique d’un salaud exalté contre une femme voilée.

Dans la réalité, le seul agitateur d’une stigmatisation imaginaire s’appelle Emmanuel Macron.

Il était pourtant à la portée de l’intelligence présidentielle de comprendre que c’est précisément cette victimisation imaginaire qui est depuis longtemps l’une des matrices de la radicalisation islamique et de ses conséquences. Tant il est caractéristique de l’esprit humain de se persuader sincèrement que l’on est une victime. A fortiori lorsque de grands esprits vous l’affirment.

Il en faudra encore des victimes avant que le jour de l’attentat réel ne soit pas suivi de la victimisation nécessaire au fantasme virtuel.

Enfin, pour ceux qui n’ont pas encore compris le lien insécable dans l’inconscient collectif entre le destin juif éprouvé et le destin musulman fantasmé, agité depuis des lustres par des intellectuels tels qu’Edwy Plenel, je signale ce dessin qui agite actuellement la toile électronique.

On y voit à droite une mère de famille portant en 1940 sur son manteau l’étoile juive tenant par la main son petit enfant et à gauche une autre maman voilée en 2019 tenant par la main un enfant marqué du croissant, en partance toutes deux vers un destin incertain.

Au-delà de l’obscénité de la comparaison qui rejoint l’obscénité du temps, nul ne m’empêchera de rappeler que les 11 juifs tués parce que juifs depuis 2006 l’ont été tous par des musulmans radicaux.

Il en faudra encore des victimes avant que le jour de l’attentat réel ne soit pas suivi de la victimisation nécessaire au fantasme virtuel.

Voir par ailleurs:

Roads designed by men are killing women – and stop millions from cycling

It will come as little surprise to anyone who cycles that twice as many men as women ride their bikes at least once a week, according to research from Sustrans, the cycling and walking charity. Almost three-quarters of women living in seven major UK cities never cycle for local journeys, the study found. Despite this, over two-thirds said their home town would be a better place if more people pedalled. Some 76% of women who already cycled or wanted to start said segregated lanes would help them to cycle more.

As a woman who cycles, I am often asked why so few others follow suit. Is it because of helmet hair? Or the bottom-amplifying effects of Lycra? There’s no doubt that women generally feel more pressure to look presentable than men. And although I’m rarely troubled by saddle sores, I find the logistics of cycling to work a right pain in the bum: the skanky showers, the outfit changes, the struggle to find somewhere discreet to plug in a hairdryer. And yes, I know that everyone in the Netherlands rides in their ordinary clothes, but I live in Stockport and work in Manchester: would you like to sit next to me unwashed after I’ve ridden 10 miles?

The main reason most women don’t cycle in the UK is because they think it is dangerous. You can tell them until the cows come home that the roads are statistically safe, and that you are more likely to be killed walking than on a bicycle. But when they sit on the top deck of a bus and look down to see a cyclist squashed up against the kerb they feel no compulsion whatsoever to join them. Women do seem to be more vulnerable, perhaps because they are often more reluctant to “own” the lane and so end up in the gutter: 10 out of 13 cyclists killed in London in 2009 were women, and eight of them were killed by left-turning HGVs, according to the campaign group Cycling UK.

Xavier Brice, at Sustrans, believes city planners are to blame. “Fifty-one per cent of the UK population is female, yet most of our cities are failing to design roads and streets for women to cycle,” he says. It cannot help that women remain under-represented among the transport planners and engineers who design our streets. And most council leaders, who decide how to spend the transport budget, are men.

Take Manchester, which has been ruled for more than 20 years by Richard Leese, the council leader. He cycles but was always lukewarm on segregated cycle lanes, say local campaigners. His view, they say, was that smoother tarmac was the answer: if only they could find the cash to fill in all the potholes then more people would saddle up. When new infrastructure was proposed he was against it if it threatened traffic flows.

Recently Leese has changed his tune: a nasty scare after getting his wheel stuck in the tram tracks may or may not have sped up his conversion. He now has an Olympic champion on his case too, after Andy Burnham, Greater Manchester’s mayor, appointed Chris Boardman to be its first cycling and walking commissioner. In his first interview after getting the job last year Boardman told me even he no longer felt safe riding on UK streets. Now we have a developing network of segregated lanes in Greater Manchester, with Boardman due to announce more by the end of the month. I regularly ride along one of them, which goes through the university and hospital districts, and am often struck by how many women I see. On Tuesday I took a Mobike to interview students at Manchester Met and was pleased to see a nurse fly by in her blue uniform, perhaps late for a shift at the infirmary.

Until very recently I took a slightly quicker route home, bombing along main roads. Then I got knocked off by someone who didn’t bother looking before he opened his door. I was unhurt, and will not appear in the cycling safety statistics. But when women tell me cycling is too dangerous I can’t, in good conscience, persuade them otherwise.

Helen Pidd is the Guardian’s North of England editor

Voir de plus:

Meet the “new man”: whatever others say he is.

Mr. Labash is the author of “Fly Fishing With Darth Vader.”

The New York Times

John Wayne, that repository of testosterone — now considered an illicit substance in many states — once played a character who said, “You have to be a man first, before you’re a gentleman.” Who knows what, exactly, he meant by it? It sounded like a fine thing to say, back when men were unabashed “men.” Now, we have #MeToo, and toxic males, and even such a once man-friendly rag as Gentlemen’s Quarterly (i.e., GQ), which has historically celebrated men, seems to be just sick about them, eager to atone for their Y chromosome.

As a subscriber for decades — and as a biological male — I eagerly delved into GQ’s “New Masculinity” issue. I’ve historically read the magazine that “meets millions of modern men where they live” for high-grade long-form journalism, or to settle existential quandaries such as, “What the hell is face serum and do I need to use it?” Still, one generally doesn’t turn to men’s magazine editors with soft hands who fret about conquering “your complex pant-shoe relationship” for instruction on the meaning of manhood. Not to pick on GQ, which, after all, helps us perform vital functions, such as how to “salute the celebrity mustache.”

But after years of #MeToo scandals, which have revealed weirdos and perverts and sex criminals (and that’s just R. Kelly), “toxic masculinity” is now regarded as tautology in some quarters. In more than a few tellings today, just to be a man is to be toxic.

So GQ’s newish editor in chief, Will Welch, is taking a crack at overhauling our benighted gender, presenting an issue in which, as he puts it, “traditional notions of masculinity are being challenged” and “overturned.” In doing so, he holds, we can be more generous, empathetic humans, even to ourselves, since “toxicity simply cannot thrive in the golden presence of genuine self-love.” Tell that to Harvey Weinstein, who allegedly “self-loved” into a potted plant in front of one of his trapped victims.

For those curious to see just how much American masculinity is shifting — at least at Condé Nast headquarters in Manhattan — the trouble starts on the cover, in which the singer Pharrell Williams sports a canary-yellow, high-fashion Moncler sleeping-bag-as-gown, looking like Cinderella going to the Dick’s Sporting Goods ball. From there, “The Glorious Now of Men in Makeup” spread is little surprise, with lacquered-up boy-banders, models and influencers dispensing invaluable beauty pointers, such as Gen Z trans model Casil McArthur, who advises going with “mascara and lip tint. If I want to be extra, I’ll incorporate intense sparkles.”

It’s difficult to envision the guys down at the tackle shop or Tractor Supply going in for sleeping-bag couture and hot makeup tips. But then, they’re the Old Man, the kind of man the new masculinity seeks to leave behind. Maybe they haven’t paraded around female job applicants with open kimono, à la Charlie Rose, or haven’t traumatized female colleagues by subjecting them to pelvic pinball, à la Mark Halperin. But in GQ’s eyes they’re guilty of a more universal sin: They’re still living as men undefined by non-men.

The bulk of GQ’s conversation starter is a package in which “18 powerful voices” have their say on the new masculinity. You’d think this would make for an interesting cross-section of representative men, but there, you’d largely be wrong, since traditional men seem afterthoughts in their own discussion. As the writer Rod Dreher has noted in his own analysis of the GQ spread, scratching out some back-of-the-envelope calculations, of these 18 purportedly definitive figures, there are perhaps four who are heterosexual cis men, about 20 percent (even though 95 percent of all males identify as hetero).

Aside from the views of men like the filmmaker John Waters (“men are the ones who have penis envy”), or Magic Johnson’s son, who has chosen a life “embracing traditionally feminine clothing and cosmetics,” GQ seems primarily interested in soliciting women’s opinions of what being a man means. Imagine Ms. or Jezebel doing the mirror version of this, with men mansplaining what women should be. Then run for your life.

You do get transgender men, like the boxer Thomas Page McBee, celebrating his “newly weaponized body,” which might sound like a threat to women if he hadn’t been originally gender-assigned to womanhood. There’s the rapper Killer Mike, who, along with his wife, Shana Render, is interviewed in one of Atlanta’s iconic strip clubs. But don’t strip clubs demean women? No bother. Killer Mike is otherwise woke enough to pass muster (he is, after all, a Bernie Sanders supporter), and Ms. Render informs that they do dispense investment tips to strippers. “Catering, massage companies, real estate,” Killer Mike adds.

Otherwise, there are a lot of women, all kinds of women. There’s the comedian Hannah Gadsby, who suggests men scale back their confidence, refrain from sharing their opinions, while looking “to traditional feminine traits” and then “incorporating them into your masculinity.” And there’s Al Freeman, whose soft-sculpture work is an effort to examine hypermasculine spaces, “a mirror of the things that I wish would be softer, or more benign, or less threatening somehow.” Think pillow versions of male genitalia or frat-house Jagermeister bottles. “I guess it’s castrating humor, to some degree,” Ms. Freeman says.

In an interview with Gayle King on “CBS This Morning,” Mr. Welch reported that in GQ’s survey of attitudes on masculinity, 97 percent said they felt masculinity was changing, and “30 percent of men said that they were confused by the changes.”

Wonder how that could’ve happened.

As for me, I might be tempted to answer Vox’s Liz Plank, one of GQ’s 18 voices, who recently published a book, “For the Love of Men.” While writing it, she went to Washington Square in Manhattan, thoughtfully asking men, “What’s hard about being a man?”

“Having to listen to people who aren’t men, or who are ashamed of manhood, constantly telling me how to be one,” would be my short answer, after I stopped, dropped and rolled for cover.

But for actual guidance — more sage than anything I read in GQ’s masculinity symposium — I’d turn to Edward Abbey, the ornery liberal who enjoyed baiting those on his own team. By most lights, he was a more reliable environmentalist than he was a feminist. (“The feminists have a legitimate grievance,” he said. “But so does everyone else.”) But Mr. Abbey, a former park ranger, did spend a lot of time observing nature up close, and not just the flora and fauna. Of man/woman relations, he wrote, “It is the difference between men and women, not the sameness, that creates the tension and the delight.”

Why keep fuzzing distinctions that for millenniums have resisted fuzzing? Punish the sex criminals and pelvic pinball wizards. Good riddance to them all. But otherwise, let men and women be men and women, however that appropriately breaks, without laboring so hard to fuse them. Maybe our opposites attracting, which the furtherance of our species has depended on, isn’t a design flaw, but its very essence. And maybe the wokerati ought to take their own most oft-repeated cliché to heart: Our diversity is our strength.

Matt Labash was a national correspondent at The Weekly Standard.

Voir enfin:

Pour en finir avec l’ “illusion biographique”
Nathalie Heinich
L’Homme, 195-196
2010

C’est peu dire que Michael Pollak n’apprécia pas le titre donné par Pierre Bourdieu au numéro d’Actes de la recherche en sciences sociales dans lequel furent publiés les premiers résultats de son enquête sur l’expérience concentrationnaire (Pollak 1986a et b) : des années de travail avec plusieurs collaborateurs ; seize longs entretiens avec des rescapées d’Auschwitz-Birkenau en France, Autriche, Allemagne et Pologne ; l’analyse de vingt-cinq textes autobiographiques en français, anglais et allemand ; le dépouillement attentif des dépositions judiciaires conservées dans différentes archives et des témoignages historiques recueillis par plusieurs commissions ou centres de recherche ; des analyses thématiques, des tableaux synoptiques, de longues heures de lectures, de discussions, de réflexions, d’écriture1 – tout cela pour figurer dans un numéro de revue intitulé L’illusion biographique… Je n’ai sans doute pas pris toute la mesure, à l’époque, de la blessure que cela a pu représenter pour Michael. Je le ressens mieux aujourd’hui.

« L’illusion biographique » : c’était aussi le titre du court article que Bourdieu publia dans ce même numéro (Bourdieu 1986), seul texte théorique au milieu de contributions variées portant aussi bien sur les témoignages de rescapés des camps que sur la confession, les fils de pasteur, la vie d’un artisan, la trajectoire d’un ouvrier, l’itinéraire d’un drogué… Pourquoi ne pas l’avoir placé plutôt en tête, ou en conclusion, comme la logique l’aurait voulu ? Sans doute pour atténuer l’effet d’auto-contradiction que ne pouvait manquer de produire cette disqualification, par le directeur d’une revue, de l’objet même des contributions rassemblées par lui ? Peut-être aussi par un reste de scrupule envers ses auteurs ? Je ne vois pas aujourd’hui d’autre explication à ce choix éditorial pour le moins étrange.

Quant aux raisons, sur le fond, de cette démolition qui apparaît comme un règlement de compte, je n’en trouve pas d’autre que celle-ci : à la même époque se tenait à l’Ihtp (l’Institut d’histoire du temps présent, dont Pollak était membre) une table ronde sur l’histoire orale, dont les actes paraîtront un an plus tard dans la revue de l’institut, avec une introduction de son directeur, Jean-Pierre Rioux (1987), et un long article liminaire de Pollak (1987) ; elle faisait suite à une première table ronde sur le même sujet organisée six ans auparavant. Ce début des années 1980 avait été marqué dans nos disciplines par l’arrivée de la « micro-histoire » (cf. notamment Ginzburg & Poni 1981), l’intérêt pour les « histoires de vie » et, plus généralement, l’appui sur le matériau biographique et autobiographique. Bourdieu prenait donc, d’une certaine façon, le train en marche en consacrant un numéro de sa revue à ce thème (sans oublier que Sartre, dont il ne cessa pas de se démarquer tout en le « marquant » – comme on dit au football –, Sartre, donc, en avait fait figure de locomotive avec son essai sur Flaubert). Sans doute n’en fallait-il pas plus pour l’inciter à minimiser d’une main ce qui ne l’avait pas attendu pour exister, en même temps que de l’autre il affirmait sa présence dans un domaine devenu porteur. Peut-être ce jeu de positionnements stratégiques dans le milieu intellectuel n’était-il pas la seule raison de cette suspicion affichée envers la biographie ; en tout cas, c’est une raison cohérente avec ce qu’on connaît de lui par ailleurs2.

Mais les marquages de territoire ne sont pas tout : encore faut-il des arguments pour prendre position. Que pouvait donc reprocher Bourdieu à la biographie ? Deux choses, essentiellement – le premier argument étant longuement développé, le second à peine esquissé.

La biographie à l’épreuve du soupçon

Le sujet se prêtait admirablement à la sociologie du soupçon, jamais mieux à son aise qu’avec tout ce qui peut entrer dans la vaste orbite de la « construction sociale ». Bien naïf en effet, argumentait Bourdieu dans son article, celui qui ne verrait pas ce qui, dans le récit de vie, relève « en fait » : du mensonge ou, du moins, de la dissimulation et de la déformation, opposées à la transparence du discours (« se faire l’idéologue de sa propre vie en sélectionnant… » [1986 : 69]) ; de l’illusion propre à toute entreprise narrative, opposée à la pureté de l’expérience vécue (« illusion rhétorique » [ibid. : 70]) ; de l’artificialisme, opposé à la réalité brute des faits (« création artificielle de sens » [ibid. : 69], « cette sorte d’artefact socialement irréprochable qu’est “l’histoire de vie” » [ibid. : 71]) ; de la convention et de l’officialité, opposées à l’authenticité (« convention rhétorique », « présentation officielle de soi » [ibid. : 70]) ; de l’instabilité stratégique, opposée à la stabilité du monde tel qu’il est (« le récit de vie variera, tant dans sa forme que dans son contenu, selon la qualité sociale » [ibid. : 71]) ; du marché, forcément corrupteur, opposé à l’état de nature (« selon la qualité sociale du marché sur lequel il sera offert » [ibid.]) ; de la contrainte, opposée à la libre expression (« un surcroît de contraintes et de censures spécifiques » [ibid.]) ; de la manipulation, opposée au libre choix individuel (« manipuler » [ibid.]).

Mais bien naïf aussi – et c’est la dernière phrase de l’article, qui tempère quelque peu cet argumentaire foncièrement rousseauiste – celui qui ne verrait pas, dans l’entreprise biographique, tout ce qui ressortit à l’illusion individualiste, simple support du « narcissisme », opposée à la vérité du « social » : « l’individu […] vers lequel nous porte irrésistiblement une pulsion narcissique socialement renforcée, est aussi la plus réelle, en apparence, des réalités » (ibid. : 72). Bref, toute entreprise biographique est forcément suspecte, au plus haut point, tant en ce qui provient du biographié lui-même que de la « complicité naturelle du biographe » (ibid. : 69).

Ci-gît, donc, la biographie…

L’identité à l’épreuve de l’habitus

Après ce facile jeu de massacre constructiviste appliqué à l’illusion d’une « identité » objective3 (exercice devenu banal et qui serait sans doute accessible aujourd’hui à n’importe quel étudiant en sociologie), arrive un second argument :

« Essayer de comprendre une vie comme une série unique et à soi suffisante d’événements successifs sans autre lien que l’association à un “sujet” dont la constance n’est sans doute que celle d’un nom propre, est à peu près aussi absurde que d’essayer de rendre compte d’un trajet dans le métro sans prendre en compte la structure du réseau, c’est-à-dire la matrice des relations objectives entre les différentes stations »(ibid. : 71).

Jean-Claude Passeron a montré, dans un article un peu postérieur, que le principal problème posé aux sciences sociales par l’approche biographique relève moins du matériau (comme le suggère l’argument constructiviste longuement décliné par Bourdieu) que de la méthode appliquée à ce matériau4. En l’occurrence, le problème de méthode que pointe Bourdieu dans ce second argument renvoie à l’opposition classique entre le point de vue individuel et le point de vue collectif, entre le niveau micro et le niveau macro : opposition que la question biographique permet de retraduire sous une autre forme, celle de l’opposition entre, d’une part, la temporalité (accessible à la perception individuelle des profanes) et, de l’autre, les structures (qui n’apparaissent que grâce à la prise en compte de la dimension collective par le travail des sciences sociales)5. Ainsi l’entrée par la biographie – forcément narrative – apparaît-elle comme un crime de lèse-habitus – incorporé et structuré.

Ajoutons une dernière hypothèse quant aux motifs non plus seulement stratégiques ni même théoriques mais, peut-être, infra-conscients, de cette distance prise à l’égard de l’approche biographique et, plus précisément, autobiographique : c’est qu’elle requiert à la fois la collaboration active du sujet (et non plus sa soumission passive à l’interprétation du sociologue), la confiance dans le langage comme conducteur de sens, y compris dans ses non-dits ou ses errances (et non plus sa disqualification comme écran à traverser pour atteindre la vérité), et le recours à la mémoire, avec et malgré ses manques (et non plus l’observation du présent ou la prévision des conduites à venir). Elle est proche en cela de la cure analytique6 : propriété qui n’avait rien pour lui attirer la sympathie de Bourdieu, pris dans une lutte hégémonique de la sociologie avec non seulement la philosophie, dont il venait, mais aussi avec la psychanalyse dont, à l’évidence, il ne voulait pas.

Il se peut que sur le moment cette double attaque, constructiviste et structuraliste, contre l’approche biographique ait pu faire impression. À l’usage, toutefois, elle échoue devant l’intérêt des travaux issus de ce type de matériau (dont ceux de Pollak lui-même), et qui ne cessent d’en prouver par l’exemple la richesse et la productivité. Reste qu’il peut être intéressant de comprendre en quoi cette tentative de disqualification n’atteint pas son objet : en d’autres termes, en quoi Bourdieu s’est enferré ici dans l’« illusion d’une illusion ».

À naïf, naïf et demi : l’illusion naturaliste

La première illusion épistémique qui transparaît dans cet article de Bourdieu (1986) touche au dogme constructiviste. Celui-ci en effet ne ressortit pas seulement au simple constat de la nature foncièrement « sociale » des faits sociaux (constat qui n’est rien d’autre, tout compte fait, qu’une lapalissade, tout juste bonne à épater les profanes), mais aussi et surtout à la dénonciation de leur artificialisme, de leur conventionalité : dénonciation qui elle-même s’adosse, implicitement, à l’idée que seul serait nécessaire ce qui relèverait de la « nature » et non de la « construction sociale » – celle-ci ne pouvant renvoyer qu’à l’arbitraire, au contingent.

C’est dire à quel point le constructivisme postmoderne (que Bourdieu ne se privait pas de moquer d’une main tout en le pratiquant, si nécessaire, de l’autre) est englué dans un naturalisme rampant, héritier des conceptions pré-sociologiques – propres à la tradition philosophique comme au sens commun – qui ne connaissent d’autres réalités que celle, métaphysique, de la « nature » et celle, concrète, de l’individu hic et nunc. Les sciences sociales ont pourtant largement montré la puissance du langage, des institutions, des conventions, des mœurs, des lois, supérieure et aux données de la « nature », et aux capacités d’action du « sujet ». Qu’importe : voilà qu’on nous serine encore qu’un récit ne serait « que » socialement construit, donc artificiel, mensonger, illusoire, autant dire dispensable dans la panoplie des méthodes offertes aux sciences sociales.

À naïf, qui « croit » à la transparence du discours, naïf et demi : celui qui croit, comme Bourdieu, qu’un « bon » discours » serait un discours transparent à la réalité qu’il vise. Alors que tout discours devient intéressant, pertinent, riche de sens, dès lors qu’on s’attache à rendre signifiante son opacité même – c’est-à-dire ses propriétés, pragmatiques autant que discursives –, en tant qu’elle nous conduit à la façon dont la réalité en question fait sens pour celui qui la vit.

Mais pour concevoir cela, il faut sortir d’une autre illusion, également présente dans la dénonciation bourdieusienne de l’« illusion biographique » : non plus l’illusion naturaliste, mais l’illusion explicative.

À naïf, naïf et demi : l’illusion explicative

« Rendre compte d’un trajet dans le métro », écrit donc Bourdieu dans son second argument. On a beaucoup glosé sur la métaphore du métro, mais je m’attarderai plutôt ici sur le sens de ce « rendre compte ». S’agit-il d’expliquer la logique objective d’un choix d’itinéraire par une mise à plat (une « objectivation », dans son langage) de l’ensemble des trajets possibles ? Ou bien s’agit-il de comprendre la façon dont ce trajet-ci est vécu par le voyageur ?

L’une et l’autre perspectives – explicative, compréhensive – sont parfaitement légitimes, intéressantes, utiles. Simplement, elles ne visent pas la même opération intellectuelle et n’emploient pas les mêmes outils. Or, ce que vise Bourdieu dans cette image du métro, c’est manifestement une explication – structuraliste, objectiviste, spatialisée – de l’expérience par ses causes objectives : explication qu’il oppose à une autre – narrative, subjectiviste, temporalisée. Mais ce qu’il ne voit pas, c’est que l’outil biographique donne bien plutôt accès à une compréhension, c’est-à-dire une explicitation des raisons, des logiques sous-jacentes au vécu du sujet. Dans les deux cas, on « rend compte », certes, mais pas des mêmes réalités. Et l’illusion ici consiste à ne pas voir la discordance entre la visée et l’outil, parce qu’on ne voit pas qu’une autre visée est à l’œuvre

Je ne m’attarderai pas sur cette opposition bien connue entre explication et compréhension : bien connue, mais dont on sous-estime sans doute les implications pour les sciences sociales et les confusions qu’elle entraîne7. Ici, la principale confusion porte sur le fait que dans une perspective explicative et objectiviste, le récit biographique n’est qu’un outil, faute de mieux, pour atteindre la réalité à laquelle il réfère tout en la déformant ; alors que dans une perspective compréhensive (qui ne serait subjectiviste, soit dit en passant, qu’à condition de s’exonérer de toute comparaison entre les différentes expériences, et de toute tentative pour dégager la structuration de l’espace des possibles telle qu’elle s’offre aux acteurs), ce récit fait partie de la matière même de l’investigation : non pas seulement ce qui permet de comprendre, mais aussi ce qui doit être compris.

Dans cette dernière perspective, le soupçon du sociologue « désillusionnant » se retourne contre lui-même : le naïf n’est plus celui qui croirait à l’« objectivité » du récit biographique, comme ne cesse de le marteler Bourdieu, mais il est celui qui croit, comme lui, que le locuteur et son interlocuteur prennent ce récit pour la réalité, alors que l’un et l’autre savent bien qu’ils ont affaire à un récit – cette forme particulière de réalité, si riche d’enseignements pour peu qu’on l’écoute vraiment, c’est-à-dire pour elle-même en tant qu’elle vise, avec ses moyens propres, son référent, et non pour ce référent lui-même.

Face, donc, à celui qui se gausse des naïfs amateurs de biographies, on a envie de poser la question fameuse de Paul Veyne (1982) : dans quelle mesure, de quelle façon, à quelles conditions les biographiés croient-ils à l’histoire qu’ils racontent, et les biographes à celle qu’on leur raconte ? Et, au-delà de l’adhésion (de la « croyance ») à ce que racontent ces récits, quelles fonctions revêtent pour leurs narrateurs leur production et leur circulation ? De quels outils disposent-ils pour les rendre dicibles et intelligibles ?

La confusion des genres

C’est là qu’intervient un autre déplacement de la pensée sociologique : non plus de l’explication à la compréhension, mais de la visée référentielle à l’outil sémiotique. Encore une fois, Bourdieu n’y a vu que du feu.

« Le récit, qu’il soit biographique ou autobiographique, comme celui de l’enquêté qui “se livre” à un enquêteur », écrit-il (1986 : 69). Cet écrasement des genres narratifs en dit long sur son peu d’intérêt envers la matière du récit et les conditions de sa production ; autrement dit, sur la logique des choix de narration adoptés par le sujet, à laquelle donne accès la perspective compréhensive. Car la question primordiale que devrait se poser le chercheur face à ce genre de récits n’est pas de savoir dans quelle mesure ils sont « véridiques », « manipulés », « artificiels » ou purement « rhétoriques », mais dans quel contexte ils ont été produits et, le cas échéant, publiés, et sous quelle forme : biographie rédigée par un tiers, autobiographie spontanée ou sollicitée, entretien – et quel sens peut avoir l’adoption de tel genre discursif par rapport à l’expérience relatée.

Ce furent, précisément, l’originalité et l’intelligence du travail de Pollak sur la déportation : au lieu de se laisser fasciner par le contenu atroce des récits, s’obliger à se concentrer tout d’abord sur le filtre de leur forme. Avec, en toile de fond, ce constat originel, accablant : leur existence même est fonction de la capacité des narrateurs à avoir survécu à l’expérience qui en fait la substance. Car, en matière concentrationnaire, un témoin, avant d’être quelqu’un qui a décidé de témoigner, est quelqu’un qui en est revenu. Codicille : un rescapé qui témoigne est quelqu’un qui est revenu avec, non seulement, la possibilité physique de s’exprimer, mais aussi avec sa possibilité morale ; quelqu’un donc dont l’identité n’a pas été détruite au point de ne plus pouvoir s’autoriser à parler. Et enfin : un rescapé qui témoigne est quelqu’un qui a trouvé une écoute ou, au moins, la promesse, l’espoir qu’il y aurait un jour une écoute.

C’est cela « la gestion de l’indicible », selon le beau titre de l’article de Pollak (1986b). Et ce sont ces trois conditions – la condition de la survie, la condition du maintien de l’identité, la condition de l’écoute – qui ont fait l’objet conjoint de son travail sur ces récits, sans que jamais ces trois dimensions ne soient déconnectées les unes des autres. D’où l’attention scrupuleuse qu’il porte à la forme et aux conditions du témoignage, à la différenciation entre dépositions juridiques, témoignages historiques, autobiographies et romans, ainsi qu’à l’examen attentif des formes rhétoriques – usage des pronoms personnels, temps grammaticaux, organisation plus ou moins chronologique ou thématique de la narration. Tout cela a du sens, car ces choix génériques et formels sont étroitement liés – comme le montrera finalement ce travail – et au contexte de production du récit, et aux conditions de l’expérience elle-même (cf. Heinich 2005).

C’est dire combien le titre de l’article de Bourdieu et de ce numéro de la revue fut mal venu, j’ajouterai même dans ce contexte, indécent : plutôt que l’« illusion biographique », c’est le « travail biographique » qu’il aurait fallu saluer. Avec le respect dû à tout travail – celui du biographié comme celui du biographe.

L’impératif de cohérence

S’il avait eu cela en tête, sans doute Bourdieu se serait-il aussi abstenu – et je finirai sur ce point – de fustiger l’effort de cohérence du récit biographique, en réduisant la visée de « consistance et de constance » à une simple « prétention » (« prétendent à s’organiser en séquences ordonnées selon des relations intelligibles ») : pour lui, établir « des connexions propres à donner cohérence », ce n’est rien d’autre que ce qui se fabrique avec la « complicité naturelle du biographe » (1986 : 69) ; et « traiter la vie comme une histoire, c’est-à-dire comme le récit cohérent d’une séquence signifiante et orientée d’événements », c’est l’« illusion rhétorique », ou encore la « convention rhétorique », forcément « arbitraire », du roman « comme histoire cohérente et totalisante » (ibid. : 70).

Michael Pollak, lui, s’est bien gardé de faire du souci de cohérence une illusion propre à berner le naïf. Au contraire, il a su y voir ce qu’il est : une valeur, c’est-à-dire une visée partagée. Mais, dans la sociologie de Bourdieu, les valeurs ne peuvent être qu’illusions naïves ou cyniques dissimulations d’intérêts. Comment aurait-il pu dans ces conditions prendre au sérieux l’impératif de cohérence, cette valeur fondamentale que tout un chacun vise tant bien que mal à réaliser ? Et qui ne peut se réaliser qu’avec l’aide des institutions (oui, ces repaires de la « convention », de l’« artificialité », de la « contrainte »), au premier rang desquelles cette « institution du sens » par excellence qu’est le langage (cf. Descombes 1996) ?

« L’histoire orale », écrivait ainsi Pollak, « rejoint ici les préoccupations des nouvelles théories de la communication qui ne considèrent plus comme évidentes la cohérence et la continuité de la réalité, mais qui posent plutôt la question : comment le monde social s’y prend-il pour se doter de cohérence et de continuité ? » (1987 : 17). Or, la réponse à cette question réside pour une bonne part, précisément, dans l’activité narrative, qu’elle soit fictionnelle ou documentaire, collective ou individuelle, profane ou savante :

« Une telle pratique ouverte de la recherche historique, en montrant à quel point il a toujours été difficile dans la réalité sociale de créer de la continuité et de la cohérence, nous rappellerait que celle-ci, loin de constituer un équilibre stable que l’historiographie peut se contenter de décrire, représente un précaire équilibre de forces qui résulte d’un travail permanent de négociation et de compromis auquel la production historique elle-même n’est pas étrangère, tant dans sa constitution que dans son utilisation »(Pollak 1986a : 26).

C’est sur ce constat à la fois riche d’ouvertures épistémiques et plein d’humanité que se clôt l’article de Pollak, rendant finalement leur place, dans un nouage serré, au point de vue individuel, à la dimension institutionnelle et au regard du chercheur :

« Cette recherche sur une expérience-limite rappelle aussi combien est difficile le maintien de la continuité et de la cohérence, tant pour un individu que pour un groupe […]. Ainsi, en rendant compte de troubles identitaires fondamentaux et de leur possible maîtrise, l’analyse de l’expérience concentrationnaire atteste à quel point […] les individus, en tant qu’ils sont le produit d’une construction sociale, sont également une construction d’eux-mêmes »(Ibid. : 29).

On est loin, très loin, de l’« illusion biographique » sous le chapeau de laquelle furent publiés ces deux articles, à l’extrême opposé de l’esprit dans lequel ils avaient été écrits. Et c’est pitié, en y revenant plus de vingt ans après, que de réaliser à quel point la superbe intelligence qui fut celle de Bourdieu a pu se dévoyer dans cette forme de bêtise typique de notre époque que sont le soupçon généralisé, la critique aveugle et systématique.

Bibliographie

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Bourdieu, Pierre, 1986 « L’illusion biographique », Actes de la recherche en sciences sociales 62-63 : L’illusion biographique : 69-72.
DOI : 10.3406/arss.1986.2317

Descombes, Vincent, 1996 Les Institutions du sens. Paris, Minuit (« Critique »).

Ginzburg, Carlo & Carlo Poni, 1981 « La micro-histoire », Le Débat 17 : 133-136.
DOI : 10.3917/deba.017.0133

Heinich, Nathalie, 2005 « Les limites de la fiction », L’Homme 175-176 : Vérités de la fiction : 57-76.
—, 2007a « Hommage à Michael Pollak », in Comptes rendus à Walter Benjamin, Pierre Bourdieu, Norbert Elias, Erving Goffman, Françoise Héritier, Bruno Latour, Erwin Panofsky, Michael Pollak. Paris, Les Impressions nouvelles (« Réflexions faites »).
—, 2007b Pourquoi Bourdieu. Paris, Gallimard (« Le débat »).
—, 2008 « Régime vocationnel et pluriactivité chez les écrivains : une perspective compréhensive et ses incompréhensions », Socio-logos 3.
[http://socio-logos.revues.org/1793]
DOI : 10.4000/lhomme.29504

Israël, Liora & Danièle Voldman, eds, 2008 Michael Pollak. De l’identité blessée à une sociologie des possibles. Paris, Complexe (« Histoire du temps présent »)

Jackson, John E., 1988 « Mythes du sujet : à propos de l’autobiographie et de la cure analytique », in Michel Neyraut et al., eds, L’Autobiographie : 6e rencontres psychanalytiques d’Aix-en-Provence. Paris, Les Belles Lettres (« Confluents psychanalytiques »).

Passeron, Jean-Claude, 1990 « Biographies, flux, itinéraires, trajectoires », Revue française de sociologie 31 (1) : 3-22.
DOI : 10.2307/3321486

Pollak, Michael, 1986a « Le témoignage (avec Nathalie Heinich) », Actes de la recherche en sciences sociales 62-63 : L’illusion biographique : 3-29.
—, 1986b « La gestion de l’indicible », Actes de la recherche en sciences sociales 62-63 : L’illusion biographique : 30-53.
—, 1987 « Pour un inventaire », Cahiers de l’Ihtp 4 : Questions à l’histoire orale, table ronde du 20 juin 1986 : 11-31.
—, 1990 L’Expérience concentrationnaire. Essai sur le maintien de l’identité sociale. Paris, Métailié.

Rioux, Jean-Pierre, 1987 « Six ans après », Cahiers de l’Ihtp 4 : Questions à l’histoire orale, table ronde du 20 juin 1986 : 1-11.

Veyne, Paul, 1982 Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? Essai sur l’imagination constituante. Paris, Le Seuil (« Des travaux »).

Notes

1 L’ensemble de ce travail a été publié dans Pollak (1990) ; sur la place de cette recherche dans son œuvre, cf. Israël & Voldman (2008) ; sur les circonstances dans lesquelles elle a été menée, cf. Heinich (2007a).

2 Sur quelques stratégies analogues de « double discours », cf. Heinich (2007b).

3 Notons que Bourdieu aurait pu citer là Ricœur, dont les trois volumes de Temps et Récit venaient de paraître au Seuil en 1983, 1984 et 1985.

4 « On voit que l’hésitation porte sur les choix de traitement et non de matériau : le matériau biographique est du matériau historique comme un autre et souvent plus complet qu’un autre, en tout cas toujours organisé autrement ; la question est de savoir qu’en faire » (Passeron 1990 : 10).

5 C’est ce que met en évidence Passeron (in ibid.).

6 « La cure analytique et l’autobiographie se rejoignent encore, dans la visée qu’un je y poursuit de son unité, par leur élection commune du champ dans lequel elles choisissent de se déployer ainsi que du mode sur lequel ce champ se découvre : le langage et la remémoration » (Jackson 1988 : 139).

7 Pour un exemple récent, je me permets de renvoyer à Heinich (2008).

Pour citer ce document

Référence papier

Nathalie Heinich, « Pour en finir avec l’ “illusion biographique” », L’Homme, 195-196 | 2010, 421-430.

Référence électronique

Nathalie Heinich, « Pour en finir avec l’ “illusion biographique” », L’Homme [En ligne], 195-196 | 2010, mis en ligne le 04 novembre 2012, consulté le 24 octobre 2019. URL : http://journals.openedition.org/lhomme/22560 ; DOI : 10.4000/lhomme.22560

Cet article est cité par

  • (2017) Juifs d’Europe. DOI: 10.4000/books.pufr.16170
  • André, Bernard. (2013) Évaluer la formation pratique des enseignants : enjeux, défis et propositions. Revue française de pédagogie. DOI: 10.4000/rfp.4208
  • Maitilasso, Annalisa. (2014) « Raconte-moi ta migration ». Cahiers d’études africaines. DOI: 10.4000/etudesafricaines.17655
  • Eczet, Jean-Baptiste. Cometti, Geremia. (2017) Est-il possible de faire le portrait d’un migrant ?. Terrain. DOI: 10.4000/terrain.16129

Auteur

Nathalie Heinich

Centre national de la recherche scientifiqueLaboratoire d’anthropologie et d’histoire de l’institution de la culture (Lahic), Charenton-le-Pont

Du même auteur

Voir par ailleurs:

Pierre Manent : « Les droits individuels règnent sans partage jusqu’à faire périr l’idée du bien commun »

BONNES FEUILLES – Le Figaro publie en exclusivité de larges extraits du remarquable nouveau livre du philosophe Pierre Manent, La Loi naturelle et les droits de l’homme, qui fera date.

Pierre Manent

Disciple de Raymond Aron, dont il fut l’assistant au Collège de France, directeur d’études honoraire à l’École des hautes études en sciences sociales, Pierre Manent occupe une place éminente dans le paysage intellectuel français. Il a œuvré pour remettre à l’honneur les grands penseurs libéraux du XIXe siècle puis s’est consacré à l’étude des formes politiques – la tribu, la cité, l’empire, la nation – et à l’histoire politique, intellectuelle et religieuse de l’Occident. Plusieurs de ses ouvrages sont des classiques.

Pierre Manent, « La Loi naturelle et les droits de l'homme», PUF, en librairie le 14 mars.
Pierre Manent, « La Loi naturelle et les droits de l’homme», PUF, en librairie le 14 mars. Puf

La doctrine des droits de l’homme, seul principe de légitimité encore accepté dans les pays européens, ôte toute boussole à la vie sociale et à l’art du gouvernement. Telle est la thèse que défend le philosophe Pierre Manent dans son ouvrage. «L’institution n’est plus protégée ni réglée par une loi opposable à l’individu ; celui-ci jouit en revanche d’un droit inconditionnel opposable à l’institution», s’inquiète l’auteur.

Extraits choisis et présentés par Guillaume Perrault.

«Qui suis-je pour juger?»

Quand nous regardons «ailleurs», en direction des «cultures» ou des «civilisations» extérieures à notre aire ou «exotiques» au sens propre du terme, celles qui ont fourni sa matière infiniment diverse à l’ingéniosité des ethnologues et qui continuent d’exciter la curiosité des touristes, nous nous faisons un devoir et un mérite de ne pas les juger, nous nous flattons de ne pas être choqués par les conduites parfois fort choquantes qu’on y observe, et qui trouvent selon nous, ou selon la philosophie qui nous guide, un sens raisonnable, ou acceptable, en tout cas innocent, dans cet ensemble organisé et cohérent qu’est la «culture» considérée. En revanche, quand il s’agit du domaine où nous agissons, où nous sommes citoyens, nous ne laissons pas une pierre à sa place, notre zèle réformateur est infatigable, et implacable la sévérité du jugement que nous portons sur nos arrangements sociaux et moraux qui ont toujours à nos yeux quelque chose d’irrationnel, d’inadmissible et de vicieux. «Ailleurs», nous rougirions d’oser prétendre changer quoi que ce soit à «leurs mœurs» ; «ici», la réprobation de l’opinion gouvernante, celle qui légifère, s’adresse à ceux qui voudraient conserver quelque chose de «nos mœurs». (…) Cette division de l’esprit caractérise la posture progressiste dans laquelle nous nous sommes installés lorsque l’empire occidental a commencé à refluer.

Elle continue de dominer l’esprit public même si elle suscite un malaise croissant depuis que les «gens d’ailleurs» sont arrivés «ici» en grand nombre et que «leurs mœurs» sont installées dans le lieu où nous agissons au lieu de caractériser seulement celui que nous regardons ou visitons. (…) D’une part, nous posons que les droits humains sont un principe rigoureusement universel, valant pour tous les êtres humains sans exception ; d’autre part, nous posons que toutes les «cultures», toutes les formes de vie, sont égales, et que toute appréciation qui tendrait à les juger au sens plein du terme, qui ainsi envisagerait au moins la possibilité de les hiérarchiser avec justice, serait discriminatoire, donc que tout jugement proprement dit serait attentatoire à l’égalité des êtres humains. (…) Non seulement ce critère n’est pleinement applicable que «chez nous», mais il ne s’applique effectivement qu’à «nous», c’est-à-dire aux citoyens qui ne viennent pas d’«ailleurs». Un éminent sociologue, spécialiste reconnu de l’islam, réprouve les chrétiens qui font publiquement des réserves sur les «droits LGBT» car ils se mettent ainsi en contradiction avec les «valeurs communes européennes», mais il déclare «compatible avec nos sociétés modernes» l’islam «pas forcément libéral» des «nouvelles élites musulmanes».

Ainsi Olivier Roy réprouve-t-il explicitement chez les chrétiens ce qu’il s’abstient de juger chez les musulmans (…) L’autorité devenue exclusive des droits de l’homme simultanément excite et entrave notre faculté de juger.(…) Pris en tenailles entre d’une part la diversité sans règle des cultures, d’autre part la liberté sans loi des droits humains, nous n’avons plus de point d’appui fiable pour exercer le jugement pratique.

«Rien n’est naturel, tout est culturel»

Les règles publiques comme les conduites privées sont tenues de reconnaître et de faire apparaître qu’aucun de ces caractères (le sexe, l’âge, les formes de vie) ne résulte d’une détermination naturelle ni ne peut se prévaloir de l’autorité de la nature. Cette recomposition du monde humain est présentée comme la concrétisation des droits humains compris dans leurs dernières conséquences, et bien sûr comme l’accomplissement ultime de la liberté puisque chacun est désormais autorisé et encouragé à composer librement le bouquet de caractères constituant l’humanité qu’il s’est choisie (…) toute nouvelle «forme de l’homme» qui prétendrait tourner vers elle les aspirations humaines, à supposer qu’elle ait pu être produite, serait immédiatement soumise à la déconstruction (…) au nom des droits humains.

La loi chargée de nier la loi

L’État moderne entend régler un monde humain qui se croit ou se veut sans loi ni règle. À cette entreprise sans espoir sinon sans conséquence, nous avons donné l’apparence avantageuse d’une heureuse redéfinition de la loi, celle-ci consistant désormais non à fixer les meilleures règles ou le meilleur régime, mais à protéger, garantir et promouvoir les droits constitutifs de la liberté naturelle. La loi désormais se propose de donner aux sociétaires les seuls commandements qui leur sont nécessaires pour mener une vie sans loi. Tout ce qui irait au-delà, qui aurait un contenu positif, qui viserait un bien défini, une forme de vie jugée bonne, violerait en quelque façon les droits humains, nous ramenant dans le monde ancien du commandement et de l’obéissance. (….) Nous avons chargé la loi politique d’être autre chose et finalement le contraire d’une loi ; nous avons chargé la loi politique d’agir contre son essence de loi, une essence pourtant dont elle ne peut se défaire.

«J’y ai droit»

(À partir du «moment 68») toutes les grandes institutions successivement, d’abord l’Église catholique, puis l’Université, enfin la Nation, eurent à affronter une contestation radicale de leur légitimité propre et de leur sens intérieur. Ce n’était pas seulement que leurs membres manifestèrent un désir de plus en plus vif d’en relâcher et éventuellement d’en supprimer les règles. Le mouvement vint aussi de l’extérieur, ou plutôt il visait à effacer la frontière entre l’intérieur et l’extérieur, entre l’Église et le «monde», entre l’université et la société, entre la nation et l’humanité. La souveraineté illimitée des droits individuels devint l’argument sans réplique de quiconque voulait s’en prévaloir contre les règles et le sens de l’institution quelle qu’elle soit. C’est ainsi que le législateur et le juge français, en rejetant le principe de la sélection à l’entrée de l’université, tendirent à priver de son sens et de sa substance ce qui est sans doute l’institution la plus utile et la plus juste, ou la plus noble, qu’ait produite ou refondée la politique moderne.

C’est ainsi qu’au nom du principe des droits humains, on veut interdire aux nations de prendre les lois qu’elles jugeraient éventuellement utiles ou nécessaires pour préserver ou encourager la vie et l’éducation communes qui donnent à chacune sa physionomie et sa raison d’être. Ce n’est plus aux cités de déterminer qui sera citoyen et à quelles conditions, puisque chacun désormais est supposé avoir le droit de devenir citoyen de la cité qu’il choisit. Quelle que soit l’institution, pourrait-on dire, tout individu a le droit inconditionnel d’en devenir membre – inconditionnel, c’est-à-dire sans avoir à se soumettre aux règles spécifiques – à la «loi» – qui règle la vie de cette institution, ou en ne s’y soumettant que de la manière la plus approximative et pour ainsi dire la plus dédaigneuse. Qu’il s’agisse de la nation, de la famille ou de l’université, l’institution ne saurait légitimement opposer sa règle à l’individu qui invoque son désir ou son droit, les deux tendant à se confondre désormais (…) ce «droit» est compris d’une manière de plus en plus extensive, en vérité d’une manière proprement illimitée: non seulement comme le droit de «tout avoir» mais, de manière plus troublante encore, comme le droit d’être tout ce que nous sommes ou voulons être.

«Respectez ma sensibilité»

Lorsque les droits sont parvenus au terme de leur extension, lorsqu’ils ont installé leur légitimité exclusive en s’opposant victorieusement à toute règle collective, lorsque la loi, esclave des droits, n’a pour ainsi dire plus de «matière pratique» à régler, elle vient chercher chacun dans sa souffrance ou jouissance subjective – c’est politiquement la même chose car dans les deux cas l’individu est convoqué dans sa passivité – et elle porte ce je souffrant ou jouissant à la lumière publique, commandant à tous de reconnaître cette souffrance ou jouissance – de la «reconnaître», c’est-à-dire de lui accorder une valeur opposable à quelque loi ou règle que ce soit. (…) L’être humain cesse d’être un animal politique, définition, nous l’avons vu, qui abrite un essaim de questions éminemment pratiques, dont la plus pénétrante s’enquiert du meilleur régime de la cité, ou de l’ordre politique juste.

La loi des droits n’a pas de place pour ces questions. (…) Le droit déclaré et garanti par la loi nouvelle ne concerne pas la «part» ou la «contribution» de chacun à la chose commune, mais le rapport à soi de chacun, divorcé de toute participation à la vie commune, ou même dépourvu de toute signification pour la vie commune. (…) Cette séparation de l’intime ou du privé, et du commun ou du public, est mise à mal lorsque le rapport à soi, sous ses différentes modalités, est installé dans la lumière publique, lorsqu’on le force pour ainsi dire à occuper l’espace public. Dès lors en effet, celui-ci est de moins en moins accueillant ou disponible pour l’action et l’institution qui, en tant que telles, sont indifférentes au «sentiment de soi» des sujets. L’action et l’institution ne trouvent plus guère d’appui dans une atmosphère sociale saturée par la revendication subjective de ceux qui réclament la reconnaissance non de ce qu’ils font mais de ce qu’ils sont. Au lieu que l’énergie sociale soit dépensée principalement pour «sortir de soi», pour entrer dans des activités partagées et participer à la chose commune, une partie croissante en est détournée pour faire valoir le sentiment pourtant incommunicable de l’individu-vivant, du je sentant ou sensible.

Charme et péril du lâcher-prise

«Laissez-faire, laissez-passer», telle est la formule simple mais prodigieusement séduisante de la liberté moderne, qu’il s’agisse de la circulation des blés, des travailleurs, des idées, ou des pulsions. Il y a toujours une partie de la société, un secteur d’activité, un aspect de la nature humaine, un domaine de l’être qui est encore entravé. Il y a toujours des obstacles, hommes et choses, qui empêchent ou ralentissent le mouvement. Il y a toujours une liberté nouvelle, des droits nouveaux à promulguer afin de désentraver, dégager, libérer la nécessité naturelle qui était déjà là et faisait sentir sa pression. (…) Si nous fermons un instant nos oreilles à la suggestion sans cesse susurrée de laissez-faire, laissez-passer, si nous nous efforçons d’être attentifs à la vie pratique telle que nous pouvons l’observer en nous et hors de nous, nous percevrons que toute action est au moins tendanciellement ou implicitement commandante ou commandée. C’est pourquoi d’ailleurs la vie humaine, qu’elle soit publique, sociale ou privée, est toujours essentiellement tendue. Ce n’est ni un défaut que nous devrions corriger ni une maladie dont nous devrions guérir. (…) (Or,) nous mettons notre foi dans le postulat qu’une certaine inaction, ou une certaine abstention, est à l’origine des plus grands biens.

Tandis que gonflent et s’accélèrent les flux qui emportent les hommes en même temps que les produits de leurs activités, nous ôtons les freins et nous abstenons des actions qui seraient susceptibles de modérer et de diriger le mouvement des hommes et des choses. D’ailleurs, pensons-nous, rien n’est plus ingrat ou stérile en général que la tension propre à l’homme agissant, qu’il se soucie de ce monde ou de l’autre. «Éviter le stress», «rester cool», «ne pas se prendre la tête», telles sont quelques versions du seul commandement dont nous reconnaissions la validité. La grammaire de la vie humaine s’est réduite pour nous au pâtir et au jouir. Entre ces deux modes de la passivité qui ont toute notre attention et qui fournissent la matière de tous nos nouveaux droits, nous n’avons plus de place pour l’agir. (…) L’humanité occidentale, en tout cas européenne, semble vouloir se rassembler tout entière non pour faire quelque grande chose nouvelle mais pour refuser unanimement et irrévocablement d’écouter et même d’entendre la question: que faire?

COMPLEMENT:

Rémi Brague : “L’idée d’un progrès irrésistible vers des sommets radieux est complètement folle”
La volonté moderne de la table rase porte atteinte à nos biens intellectuels et moraux, déplore Rémi Brague.
Anne-Laure Debaecker
Valeurs actuelles
27/10/2019

Sauver les vertus, les idées ou les vérités que le projet moderne a conduites à la folie, c’est là l’intention de Rémi Brague dans son ouvrage Des vérités devenues folles qui regroupe les textes de diverses conférences prononcées entre 2009 et 2016, en Grande-Bretagne ou aux États-Unis. À travers ces textes, le philosophe et essayiste, membre de l’Institut de France, souligne les impasses générées par le culte du progrès et appelle à renouer avec la forme prémoderne de ces vertus, idées et vérités enracinées dans la culture occidentale issue aussi bien d’Athènes que de Jérusalem.

Valeurs actuelles. Pourquoi ce titre évocateur ?
Rémi Brague. 
Mon titre est une allusion tout à fait claire à la fameuse phrase de G. K. Chesterton dans Orthodoxie , selon laquelle le monde moderne est « saturé de vieilles vertus chrétiennes virant à la folie » . Je critique cette formulation car il n’y a pas de vertus chrétiennes, il y a des vertus tout court, qui sont approfondies par le christianisme.

Il n’existe pas deux manières d’être juste, d’être courageux, d’être tempérant… C’est pour cela que j’ai aussi introduit un autre texte de Chesterton, issu du chapitre « L ‘humanisme est-il une religion ? » de Pourquoi je suis catholique , dans lequel il insiste sur le caractère parasitique du monde moderne, qui vit de principes, de biens et de conquêtes intellectuelles, spirituelles et morales qui lui sont antérieurs. Ils datent du Moyen Âge, le Moyen Âge ayant lui-même approfondi et développé une partie de l’héritage antique. En matière de philosophie morale médiévale, saint Thomas d’Aquin emprunte des pans entiers à Aristote. Et Roger Bacon cite des pages entières de Sénèque. Ainsi, il n’y a pas de vertus chrétiennes, il y a une manière chrétienne de vivre et d’exercer des vertus humaines.

L’idée fondamentale de ce livre, qui se reflète aussi à travers le titre, est que les biens intellectuels et moraux dont nous vivons ont tendance à se dissoudre lorsqu’ils sont plongés dans un milieu moderne, et fleurissent lorsqu’ils sont replacés dans le contexte prémoderne qui les a hébergés.

Pourquoi le projet moderne a-t-il un tel impact sur nos biens intellectuels et moraux ?
En raison de son mantra “du passé faisons table rase”, de cette volonté de repartir de zéro en balayant les héritages du passé. J’analyse tout particulièrement cela dans le Règne de l’homme . Il s’agit de suspendre tout ce dont on vivait pour construire sur une base entièrement nouvelle, ou de détourner le capital des mondes anciens pour servir les nouveaux buts de ce monde moderne. Dans les Déshérités, ou l’urgence de transmettre, François-Xavier Bellamy identifie les trois auteurs correspondant aux trois étapes de répudiation de l’héritage : Descartes, Rousseau et Bourdieu. On a ainsi progressivement perdu le sens de la continuité et du développement. Pourtant, j’estime que la continuité devrait être l’un des droits les plus fondamentaux de l’humanité, pour reprendre la formule de Charles Dupont-White, « la continuité est un droit de l’homme ». Il ne s’agit pas d’exalter un fixisme mais de ne pas perdre le contact avec ce qui nous a faits et de faire que l’héritage et les beautés du passé enrichissent l’avenir. Car qu’on le veuille ou non, nous sommes des héritiers. Les physiciens expliquent d’ailleurs que les atomes qui font nos corps sont apparus quelques secondes après le big bang. Bien entendu, cela ne signifie pas que l’histoire serait notre code, mais cela demande un certain respect pour ce qui a été, ne serait-ce que pour ne pas scier la branche de l’arbre sur laquelle nous sommes assis. La continuité est la condition de la continuation : si on se coupe de tout ce qui nous précède, on est obligé de s’arrêter pour panne sèche. C’est ce qui me fait donner une acception positive au terme “tradition”. La tradition a, en effet, un avantage : elle a abouti à nos personnes. En revanche, il n’est pas certain que nos modes de vie contemporains puissent produire un avenir.

Le mouvement écologiste prend d’ailleurs de l’ampleur…
Certes, il y a une prise de conscience en matière d’ écologie mais, en ce qui concerne la disparition des pratiques culturelles, ce niveau de conscience est dans les limbes. Notamment quand on voit la façon dont on se débarrasse des grands écrivains français, de moins en moins étudiés à l’école. Au moins, les classes préparatoires littéraires, si elles ne donnent évidemment pas la connaissance de l’ensemble de l’histoire littéraire, ont l’avantage de faire découvrir l’existence d’auteurs de plus en plus oubliés. Elles donnent la carte du pays de la culture.

Comment expliquer ce refus de la continuité ?
Il provient du rêve de ne pas dépendre d’autre chose que soi. De l’idée d’autonomie comprise de travers par rapport à sa signification philosophique, qui est d’“être capable d’avoir accès soi-même à la loi”. Cela ne veut pas dire n’en faire qu’à sa tête, c’est même presque le contraire, car n’en faire qu’à sa tête met à la merci de tous ses désirs et entraîne ainsi une perte de liberté. Mais la liberté que comprennent beaucoup de nos contemporains est celle de la chute libre de la pierre ou encore de la liberté du taxi vide, qui ne va nulle part et que n’importe qui peut prendre et mener où il veut tant qu’il peut payer.

Quelle définition de la liberté lui préférez-vous ?
La route du bien est ouverte !

Quelle est l’idée du monde moderne devenue la plus folle ?
L’idée d’un progrès irrésistible qui nous mènerait, que nous le voulions ou non, vers des “sommets radieux”, pour parler comme Staline. Elle fait d’ailleurs système avec l’idée de “projet” : je détermine désormais ce que je vais être. Il s’agit d’une confusion grossière. Il y a eu, ces derniers siècles, un accroissement de nos connaissances et une augmentation de notre pouvoir d’agir sur l’extérieur (la technologie). L’idée de progrès est alors née au XVIIIe siècle, quand on s’est dit que de ces augmentations allait découler nécessairement une amélioration des régimes politiques. Et que de cette amélioration des régimes allait découler, quasi automatiquement, une élévation du niveau moral de l’humanité. Le XIXe siècle a orchestré cela, puis le XXe siècle, avec deux guerres mondiales et des génocides qui ont fait de ce siècle le nadir de tous les siècles, est venu briser cette illusion. Les gens un peu intelligents en Europe ont alors cessé de croire que nous étions sur un tapis roulant qui nous mènerait vers les “lendemains qui chantent”. Mais l’idée reste dans les milieux populaires, car on se scandalise que la vie ne s’améliore pas, comme si le temps travaillait pour nous. Certains surfent sur cette idée tenace : on essaye de nous vendre des réformes dites “sociétales” en affirmant qu’elles constituent des avancées. Mais qui nous dit qu’elles avancent dans le bon sens ?

Comment expliquez-vous la destruction de la famille traditionnelle par l’État et le marché, dont nous avons encore un exemple récent avec le projet de loi bioéthique ?
Parce que l’État, selon sa propre logique, a intérêt à être la seule instance vers laquelle puisse se tourner un individu isolé. L’existence de la famille, de tout corps intermédiaire est un obstacle à l’action de l’État. Car pour l’État, on doit recevoir ce que l’on mérite, ni plus ni moins. Or cela ne se passe pas ainsi au sein de la famille : on aime ses enfants quoi qu’ils fassent. La logique de la famille n’est pas celle de l’État et encore moins celle du marché. Pour ce dernier, la situation idéale est celle du consommateur isolé qui fait ses courses au supermarché et qui n’a d’autres soucis que de minimiser la dépense et maximiser le gain.

« D’une manière ou d’une autre, notre culture devra faire un pas en arrière en direction d’un certain Moyen Âge. » Pourquoi ?
Loin d’être l’époque obscurantiste que l’on cherche souvent à nous dépeindre, le Moyen Âge fut une période au cours de laquelle grandeur et misère, innovation et conservation n’ont cessé de se mêler. Je ne me fais aucune illusion sur le Moyen Âge réel : les gens étaient aussi bêtes et méchants qu’avant et que nous maintenant – ce qui n’est pas peu dire ! Je ne crois pas du tout au progrès linéaire. Mais il y existait un rattachement à la transcendance, en particulier au sein des élites, qui donnait sens et orientait l’existence. Les vertus étaient présentes sous leur forme originelle et n’avaient pas encore subi les distorsions de la modernité.

L’autre Moyen Âge possible qui s’offre à nous est l’islam, sous sa forme la plus bête : une loi divine qu’on ne discute pas mais que l’on fait appliquer et qui régit tous les domaines de la vie humaine. À nous de voir quel Moyen Âge nous choisirons. Mais si ce pas en arrière n’est pas fait, nous allons disparaître, car nous n’aurons plus de raisons réelles d’exister ou de perpétuer l’espèce humaine.

Vous mettez en avant l’importance de la transcendance. Quelles sont les limites de l’athéisme ?
Il faut déjà lui concéder que la science n’a pas besoin de ce que Laplace appelait “l’hypothèse Dieu” pour élaborer une description rigoureuse de l’univers : il suffi t de trouver les lois mathématiques qui le gouvernent. Par ailleurs, en politique, on peut construire un système dans lequel la croyance est rejetée dans le domaine privé : il suffi t de mettre au point une sorte de gentleman’s agreement dans lequel personne n’aura intérêt à faire du mal à son prochain. Je ne suis d’ailleurs pas certain que ce système, qui s’est mis en place par étapes, puisse perdurer sur le long terme.

En revanche, l’athéisme se trouve sans réponse quand il s’agit de justifier le pourquoi de l’existence d’un être capable de faire de la science et de la politique. Il se trouve incapable de répondre à l’interrogation : pourquoi est-il bon que les hommes existent ? Car pour justifier cette existence, il faut un point de référence extérieure sur lequel s’appuyer. Quelqu’un qui nous dise : “Choisis la vie !”

Des vérités devenues folles, de Rémi Brague, éditions Salvator, 192 pages, 20 €.

Voir par ailleurs:

 Il est vraiment sincère, ce film » : dans les petites et moyennes villes, « Au nom de la terre » fait carton plein

Le film sur un agriculteur poussé au suicide a été vu par 1,3 million de personnes, surtout dans les villes qui épousent la géographie agricole et rurale.

Sandrine Blanchard

Le Monde

23 octobre 2019

REPORTAGE Abbeville, Amiens, Doullens(somme) ­ envoyée spéciale

René et Marie ont du malà se souvenir de leur dernière sortie au ci­néma. « Ce devait être pour Qu’est­-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu ?, en janvier », finit par se remémorer ce couple de retraités. Dimanche 20 octobre,en fin d’après­midi, ils font la queue au CGR d’Abbeville (Somme) pour découvrir le film Au nom de la terre. « On vit dans une région agricole, alors on est intéressés par le sujet », explique René. « Et puis on a vu Guillaume Canet en parler au journal de France 2, je l’aime bien cet ac­teur », complète Marie.

Dans ce multiplexe installé à l’entrée de la ville sur l’ancienne friche industrielle de la sucrerie, dont il ne reste que la cheminée en briques au milieu du parking, la séance pour ce drame vécu par un agriculteur affiche complet. « C’est comme ça depuis plus de trois semaines, le film fonctionne super bien, constate la guiche­tière, et il sera encore à l’affiche la semaine prochaine. »

Depuis sa sortie, le 25 septem­bre, ce premier long­métrage d’Edouard Bergeon, inspiré de l’histoire de son père, qui s’est suicidé sous le poids des dettes et du travail, cumule plus de 1,3 mil­lion d’entrées en France. Pour sa cinquième semaine d’exploita­tion, il sera sur 550 écrans, contre 437 au départ. « Ça nous dé­passe », reconnaît, face à ce succès inattendu, le producteur, Christo­phe Rossignon, cogérant de Nord­Ouest Films et, comme le réalisateur, fils d’agriculteur.

L’exception Paris intra-muros

Dans la Somme, où les champs cultivés s’étendent à perte de vue, entre villages de briques rouges et éoliennes, nombreux sont les spectateurs, à l’image de René et Marie, qui ont été ou connaissent des agriculteurs. « On est de ce mi­lieu, l’histoire de ce film m’inter­pelle, c’est vrai qu’on ne sait jamais à quelle heure on va terminer la journée, tellement y a de boulot », témoigne Vincent, venu en fa­mille. « Notre petit­ fils fait ses étu­des au lycée agricole, ça nous parle », racontent Mireille et Ger­main, qui n’avaient pas mis les pieds au cinéma depuis Belle et Sébastien 3 en 2018.

Que ce soit à Abbeville (23 000habitants), à Amiens (134 000 ha­bitants) ou à Doullens (6 000 ha­bitants), Au nom de la terre fait un carton. « Même à la séance de mercredi soir, alors que d’habi­tude peu de gens ici sortent en se­maine, on a fait le plein », constate Fabrice Lejeune, responsable du cinéma Le Tivoli (93 places) à Doullens.

Entre mercredi 16 et di­manche 20 octobre, le film a enre­gistré, en quatre séances, 338 en­trées dans cette petite commune, contre 117 pour Rambo : LastBlood, et 6 pour la comédie Le Dindon avec Dany Boon. « Au­delà du public habituel, je vois de nou­veaux spectateurs. On est dans un milieu rural, les gens sont très tou­chés par cette histoire », témoigne Fabrice Lejeune. Samedi, Brigitte et Gaby sortentde la séance le cœur serré. « On a été agriculteurs, on a vécu cette pé­riode productiviste, cet engrenage terrible, se souviennent-­ils. On ne pouvait plus cultiver comme nos parents. Aujourd’hui, on est con­tents que nos enfants fassent un autre métier. » Et Brigitte d’ajou­ter : « Il est vraiment sincère ce film, et très réaliste. »

En haut du box­ office, juste der­rière Joker, le succès de ce long ­métrage à 5 millions d’euros de budget épouse en grande partie la géographie agricole et rurale française. Dans les petites et moyennes villes des Hauts­ de ­France, de Bretagne, de Norman­die, des Pays de la Loire, etc., il fait carton plein. En revanche, l’en­gouement est beaucoup moins fort en Provence­Alpes­Côte d’Azur et surtout à Paris, où sa programmation a fondu comme neige au soleil.

« L’exception, c’est vraiment Paris intra­muros, parce qu’à Lyon, Bordeaux, Lille ou en pé­riphérie, ça va », résume le pro­ducteur Chistophe Rossignon. « Le rapport Paris­ province est din­gue, constate Michel Saint­Jean, président de la société de distri­bution Diaphana. D’habitude, la proportion est de 1 à 3 – si vous fai­tes 100 000 entrées dans la capitale, vous ferez 300 000 en France. Là, il va être de 1 à 17, c’est disproportionné. »

Comment expliquer cet écart considérable entre Paris et le reste du pays ? « Ce gap, on n’en sort pas, mais quand vous faites de tels scores en province vous vous en moquez », balaie Christo­phe Rossignon. Avant de livrer son « analyse » : « A Paris, il y a pro­bablement encore l’influence de certaines critiques des médias na­tionaux. Le casque et l’enclume [allusion à l’émission « Le Mas­que et la plume » sur France Inter] nous a massacrés, et Le Monde ignorés. On nous a accusés d’être cucul la praline avec une histoire soi­-disant trop facile qui tire les larmes à la fin à cause des vraies images du père du réalisateur. Quand ce sont les Américains qui font ça, c’est génial, quand c’est nous, c’est de la merde. »

Le lancement d’Au nom de laterre a été mûrement planifié. Enjuin et juillet, 356 avant­-premiè­res ont été organisées à travers la France. « Je n’avais jamais fait ça en trente ans de carrière », recon­naît Michel Saint­Jean. Cette« tournée » s’est réalisée avec le soutien de l’association nationale Solidarité paysans. Puis, la promo­tion a repris dès le 20 août, Guillaume Canet participant à de nombreuses séances et France Bleu (partenaire du film) relayant sa médiatisation.

« Les débats après les projections se sont souvent éloignés de l’his­toire pour embrasser d’autres sujets prégnants comme l’utilisation des produits chimiques et la malbouffe, se souvient le distributeur. Il y a la prise de conscience que quelque chose ne tourne pas rond, insiste Christophe Rossignon, et que la souffrance de l’agriculteur arrive peut­être jusqu’à notre assiette. »

COMPLEMENT:

GRAND ENTRETIEN – Familier des «terrains minés», l’écrivain et journaliste britannique enquête sur la «guerre des identités» et l’obsession de nos sociétés pour le genre ou la race. Décapant.

LE FIGARO. – Les recherches sur le genre ou l’identité ethnique fleurissent à l’université. Mais le titre de votre livre est La Grande Déraison: voulez-vous dire par là que l’obsession pour ces thèmes s’est répandue dans toute la société? Et de quelle manière?

Douglas MURRAY. – Oui, je retrace en résumé l’irruption de ces sujets à tous les niveaux de la société. Ce sont surtout les universités américaines qui ont absorbé une partie du corpus philosophique de la «French Theory» (essentiellement les thèses de Michel Foucault). Elles la font passer pour une discipline académique, qui doit attirer sans cesse de nouveaux étudiants, et avec eux, des sommes importantes d’argent: c’est un véritable système de Ponzi. D’autant que si leur prestige universitaire est certain, leur pensée demeure largement incompréhensible. Leur usage peut devenir transdisciplinaire: on a ainsi vu se développer au cours des dernières décennies des «études» de toutes sortes: «black studies», «queer studies», etc. Et comme ces domaines de recherche factices s’auto-alimentent, puisque ceux qui en sont diplômés ont ensuite des postes au sein de ces mêmes universités, les théories postmodernes de la déconstruction ont peu à peu irrigué tout le reste de la culture. On en fait même aujourd’hui des armes politiques, au travers de concepts comme la justice sociale, les politiques identitaires ou «l’intersectionnalité» – le mot le plus laid que notre époque ait inventé!

Quelles critiques formulez-vous à l’égard du concept d’«intersectionnalité»?

C’est une idée vaine, contradictoire, et qui n’est sous-tendue par aucun fondement philosophique sérieux, aucun écrit notable. J’ai été stupéfait de constater la pauvreté intellectuelle de cette notion. Des universitaires comme Peggy McIntosh ont rédigé des textes «fondateurs» qui ne consistent en réalité qu’en une longue énumération de pétitions de principe et de revendications ; puis ce système de pensée a été enseigné aux élèves du monde entier et s’est propagé dans les entreprises.

Le monde ne fonctionne pas de la manière que décrivent les intersectionnalistes. Ne leur déplaise, n’en déplaise à Michel Foucault lui-même, le «pouvoir» n’est pas l’explication première et universelle de tous les phénomènes sociaux. Le postulat principal de l’intersectionnalité, à savoir que toutes les oppressions se rejoignent et font système, et que, par conséquent, elles doivent être combattues ensemble, est absurde. Par exemple, si vous combattez la transphobie, vous ne mettrez pas un terme au patriarcat, et il est fascinant de voir à quel point le combat pour les droits des personnes transsexuelles va à l’encontre des principaux acquis du féminisme. On réalise même peu à peu que les trans remettent en cause certains des droits conquis par les mouvements homosexuels.

Selon vous, ces luttes pour la justice sociale ont pris la place des grands récits narratifs qui servaient autrefois à «expliquer le sens de nos existences»…

En effet, car nos grands récits communs, politiques ou religieux se sont tous effondrés. Il fallait trouver du sens ailleurs: nous étions donc prédisposés à écouter l’enseignement des nouveaux prophètes qui viennent à présent expliquer que le but de nos vies est de nous battre pour la «justice sociale» et de lutter pour accorder sans cesse de nouveaux droits à des minorités de plus en plus groupusculaires…

Pourquoi la crise de 2008 a-t-elle accéléré la diffusion de ces nouvelles luttes?

Fragilisées par la crise, les jeunes générations se sont inévitablement détournées du capitalisme, et le succès de systèmes de pensée prétendant pouvoir mettre fin à toutes les injustices du monde était prévisible: lorsque l’économie est en mauvaise santé, les sociétés sont davantage à la merci d’idéologies néfastes, leur système immunitaire est défaillant. Les théories qui sous-tendent le mouvement que j’analyse étaient en gestation depuis les années 1970 ou 1980, mais elles ne sont devenues dominantes qu’au cours de la dernière décennie. Et désormais, les groupes concernés ne se battent plus seulement pour leurs droits, mais instrumentalisent les individus les uns contre les autres à des fins politiques: on dresse ainsi les gays contre les hétéros, les Noirs contre les Blancs, les femmes contre les hommes, ou les trans contre le monde entier.

Pourquoi avoir choisi d’étudier ensemble ces identités qui n’ont en apparence rien à voir (ethniques, sexuelles…)?

Je suis frappé de voir à quel point ces thèmes dominent aujourd’hui le débat, et plus seulement à l’université ou dans la Silicon Valley. Dans l’entreprise ou l’administration, on recrute davantage en fonction de l’identité du candidat que pour les compétences professionnelles. On ne se demande plus qui exercera au mieux telle ou telle responsabilité, mais qui présente sur son profil les bonnes caractéristiques, de sorte que l’on ait l’air de coller au mieux aux dernières exigences diversitaires en vigueur.

Que les choses soient bien claires: je suis favorable à l’égalité des droits. Mais les partisans des politiques identitaires ne s’arrêtent pas à l’égalité. Les minorités qui estiment avoir été victimes de discriminations entendent aujourd’hui obtenir réparation et exigent plus de droits que les autres groupes, au moins pour un temps. Notre culture ne fait plus des homosexuels (comme moi) des gens normaux, mais des individus meilleurs que les autres… Et malheureusement, sans vouloir nier l’existence du racisme dans l’Histoire, on voit se répandre l’idée qu’un Blanc a moins de valeur qu’un Noir. Par conséquent, les Blancs doivent «prendre conscience de leur privilège blanc», pour reprendre le vocabulaire des campus américains. On sent là comme un parfum de vengeance… Or, je suis favorable à l’égalité, pas à la revanche.

«La guerre a déjà été gagnée», écrivez-vous: quel est donc ce «syndrome de saint Georges» auquel vous faites allusion pour qualifier les luttes identitaires?

C’est une expression qu’emploie le philosophe australien Kenneth Minogue, qui est décédé récemment, mais que j’ai eu la chance de connaître. Dans son livre The Liberal Mind (1961), il compare le libéralisme moderne au chevalier saint Georges après sa victoire sur le dragon: le héros ne se contente pas de son exploit, il part errer à travers la lande à la recherche d’un nouvel ennemi à pourfendre. Cette image est encore plus appropriée aujourd’hui: faute d’autres dragons, le chevalier part abattre la moindre petite bête qui croise sa route, et, dépité, finit par lancer son épée dans les airs. Si certains caricaturent nos sociétés occidentales comme étant profondément racistes, homophobes ou iniques, c’est qu’ils aimeraient connaître la même gloire que leurs prédécesseurs qui ont combattu avant eux d’autres formes d’oppression. Ils veulent leur propre dragon, pour trouver un sens à leur vie. Le paradoxe, c’est qu’alors même que nos sociétés n’ont jamais été aussi justes qu’aujourd’hui, on les décrit comme plus oppressives que jamais.

Au risque de voir reculer certains droits acquis?

Oui. Ceux qui n’appartiennent pas aux minorités ne supporteront pas longtemps d’être ainsi humiliés et insultés. Le racisme antiblanc commence déjà à exaspérer de nombreux Occidentaux. Le féminisme actuel est si virulent à l’égard des hommes qu’il risque de générer, par retour de bâton, un recul du droit des femmes. Et je crois qu’il en va de même pour le mouvement LGBT: à force de voir des médias gay promouvoir des drag-queens âgées de 10 ans seulement, ou répéter à longueur de journée que l’on peut être non binaire, leurs droits aussi seront peut-être un jour remis en question.

En quoi les réseaux sociaux aggravent-ils, selon vous, les conflits identitaires?

Le modèle économique sur lequel se fondent les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook suppose que les gens se «corrigent» les uns les autres. Les plateformes encouragent la démoralisation de la société ; pire encore, elles ont politisé leurs algorithmes: j’ai été atterré de découvrir, en me rendant dans la Silicon Valley au cours de mes travaux, que des entreprises comme Google faussent délibérément les résultats des recherches des internautes pour orienter leur opinion, au point de déformer la lecture du présent et même la compréhension de l’Histoire… La Silicon Valley est l’endroit au monde où le gauchisme a le plus triomphé: ces firmes sont convaincues que nos sociétés sont racistes ou sexistes, et qu’il faut les guérir. Et, lentement mais sûrement, elles travaillent à vouloir changer le monde.

Pour pallier le risque de voir se renforcer les tensions sociales, vous recommandez de «dépolitiser» nos existences. Que voulez-vous dire par là?

Je reconnais que c’est une préconisation contre-intuitive, et qui va surtout à l’encontre de l’esprit de l’époque: on ne cesse d’exhorter les plus jeunes à politiser chaque parcelle de leur vie. Je suis pour ma part déterminé à conduire mes lecteurs, et en particulier mes nombreux jeunes lecteurs, à ramer à contre-courant. Certes, la politique est une chose importante, mais elle n’épuise pas tout le sens de la vie humaine, et d’ailleurs de très nombreuses personnalités politiques diront la même chose que moi! Surtout, lorsque l’on politise absolument tout, y compris la culture ou les relations entre les hommes et les femmes, alors on s’enferme dans une guerre de tous contre tous – et c’est un jeu à somme nulle.

Il faut sortir de cet abîme! Les générations présentes sont les plus chanceuses de l’histoire humaine: nous avons un accès infini à l’information, grâce auquel nous pouvons communier à toutes les découvertes du monde, à condition d’être un tant soit peu astucieux et d’avoir une connexion internet. Ce serait terrible si les jeunes générations gaspillaient leur temps à faire la guerre aux hommes au nom du féminisme ou aux Blancs au nom de l’antiracisme. Et il reste bien d’autres combats à mener, plus justes et plus utiles, que les guerres identitaires que je décris dans mon livre.


Columbus Day/527e: Cherchez le massacre ! (Looking back at the holiday that helped Italians join the white race)

14 octobre, 2019

Chagall-Tabernacles-1916Le premier repas de Thanksgiving (novembre 1621), par Jean Leon Gerome FerrisImage result for Canadian Thanksgiving Oct 14 2019Related imagehttps://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/88/1891_New_Orleans_Italian_lynching.jpg?uselang=frMontgomery Advertiser, Vol. LXXVII, Issue 21, p. 4.https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/0c/Biblioteca_del_Senado_de_la_Provincia_-_52_-_Por_una_raza_fuerte%2C_laboriosa%2C_pacifista_y_soberana.jpg

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Graph demonstrating the population collapse in Central Mexico brought on by successive epidemics in the early colonial period.

Le quinzième jour du septième mois, quand vous récolterez les produits du pays, vous célébrerez donc une fête à l’Éternel (…) et vous vous réjouirez devant l’Éternel, votre Dieu, pendant sept jours. (…) Vous demeurerez pendant sept jours sous des tentes … afin que vos descendants sachent que j’ai fait habiter sous des tentes les enfants d’Israël, après les avoir fait sortir du pays d’Égypte. Je suis l’Éternel, votre Dieu. Lévitique 23: 39-43
They all laughed at Columbus when he said the world was round, They all laughed when Edison recorded sound. Ira Gershwin
Je vous diray, que soubs le ciel, il n’y a nation plus liberalle, de ce qui croist en leur païs, que ceux-cy, pourvu que ce ne soient point de leurs ennemys. Thevet
Je pense qu’il y a plus de barbarie à manger un homme vivant qu’à le manger mort, à déchirer par tourments et par géhennes un corps encore plein de sentiment, le faire rôtir par le menu, le faire mordre et meurtrir aux chiens et aux pourceaux (comme nous l’avons non seulement lu, mais vu de fraîche mémoire, non entre des ennemis anciens, mais entre des voisins et concitoyens, et, qui pis est, sous prétexte de piété et de religion), que de le rôtir et manger après qu’il est trépassé. Il ne faut pas juger à l’aune de nos critères. (…) Je trouve… qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage. (…) Leur guerre est toute noble et généreuse, et a autant d’excuse et de beauté que cette maladie humaine en peut recevoir ; elle n’a d’autre fondement parmi eux que la seule jalousie de la vertu… Ils ne demandent à leurs prisonniers autre rançon que la confession et reconnaissance d’être vaincus ; mais il ne s’en trouve pas un, en tout un siècle, qui n’aime mieux la mort que de relâcher, ni par contenance, ni de parole, un seul point d’une grandeur de courage invincible ; il ne s’en voit aucun qui n’aime mieux être tué et mangé, que de requérir seulement de ne l’être pas. Ils les traitent en toute liberté, afin que la vie leur soit d’autant plus chère ; et les entretiennent communément des menaces de leur mort future, des tourments qu’ils y auront à souffrir, des apprêts qu’on dresse pour cet effet, du détranchement de leurs membres et du festin qui se fera à leurs dépens. Tout cela se fait pour cette seule fin d’arracher de leur bouche parole molle ou rabaissée, ou de leur donner envie de s’enfuir, pour gagner cet avantage de les avoir épouvantés, et d’avoir fait force à leur constance. Car aussi, à le bien prendre, c’est en ce seul point que consiste la vraie victoire. Montaigne
Aux États-Unis, certains musées d’ethnologie amérindienne minimisent, et parfois éliminent, toute violence religieuse et guerrière dans les cultures des native Americans. Pour en revenir aux Tupinambas, il se trouve qu’on est très bien renseigné sur eux. Alfred Métraux a fait le point sur la question, dès 1928, s’appuyant sur plusieurs témoignages distincts de contemporains de Montaigne : capturés par cette peuplade farouche, ils avaient pu s’en sortir, et nous décrivent par le menu les mœurs terribles de ces peuples, qui faisaient des prisonniers afin de se procurer de futures victimes sacrificielles, mises à mort et dévorées après acclimatation à la tribu des vainqueurs ! Métraux ironisait sur le fait que cette tribu fût justement à l’origine du mythe du « bon sauvage » ! Son texte, si contraire à la vague primitiviste qui allait suivre, fut repris plusieurs fois; L’anthropologie rituelle des Tupinambas se trouve aujourd’hui dans Religions et magies indiennes d’Amérique du Sud (Gallimard 1967). (…)  D’une part, on a pu trouver chez de vieux auteurs (imparfaitement christianisés !) la justification de l’offrande du Christ à la messe au titre d’une « efficacité » comparable à celle des sacrifices païens qui obtiennent quelques bons résultats, quand c’est, au cœur du salut, l’efficace de l’amour du Fils qui est à l’œuvre… et vous savez que la Rédemption elle-même a pu être interprétée dans des langages discutables. D’autre part, on rencontre, dans certains rites païens, une espèce d’excuse présentée à la victime, comme si, sachant qu’elle n’était pas vraiment coupable, on lui reprochait seulement son imprudence… (…) Toute la part esthétique de la religion, cette espèce d’amoindrissement du sacrifice que constitue la cérémonie (par rapport au lynchage), nous ne devons pas la négliger. On pourrait peut-être en dessiner le parcours dans une histoire de la danse, qui montrerait qu’elle va des choses les plus sauvages aux figures les plus sereines… En tous cas, l’apaisement obtenu par un rite sacrificiel de plus en plus symbolique, on aurait tort d’en faire fi trop vite, et d’en détruire sans précaution les usages sous prétexte de « lumières », dans un monde qui cherche fiévreusement des « repères ». (…) à Byzance, on jouait Oedipe-Roi comme la Passion du Christ ? Je trouve cela bouleversant; cette lecture naïve illustre, avec une grande force, le regard que le christianisme porte légitimement sur la culture. (…) je m’intéresse de plus en plus à Pascal. Cette œuvre est si puissante ! Mais, pour appliquer ce que vous dites à ce que nous vivons, n’est-il pas clair qu’on met bien à tort sur le dos de « différences » (traditionnelles, ancestrales, culturelles, religieuses…) des phénomènes enracinés au contraire dans la perte de ces traditions ? L’incapacité – par trop de retard pris – à participer à la concurrence avec l’Occident, dont on rêve, qui fait le tourment unique, et dont on a, par imitation, adopté les valeurs, devient le désir brûlant de briser ce qu’on ne peut atteindre. Peut-être Pascal n’a-t-il pas vu pleinement cet entraînement mimétique; mais comment ne pas admirer la mise en cause du désir qu’il opère à travers la notion de « divertissement » ? (…) J’adhère profondément à l’idée chrétienne que notre âme est une passion du divin. Simplement, quand nous le rencontrons, ce désir, il a déjà manqué son objet, il est dévoyé. Gare aux conséquences ! (…) Il semble en effet inconcevable qu’on puisse être jaloux du bien. Et cependant… Vous connaissez cette histoire de monarchie sacrée au Soudan : renversant les anciennes façons, le nouveau roi et son épouse avaient instauré le régime le plus raisonnable qu’il soit possible d’imaginer, et produisant le plus de bien commun. Une telle envie en était résultée que les voisins s’étaient réunis pour le détruire… Sans aucunement idéaliser notre propre histoire, c’est peut-être la fable du destin de l’Occident… (…) C’est justement ce qui justifie « la repentance », que certains catholiques ont bien tort de reprocher au pape. Certes, les non-chrétiens, qui oublient régulièrement de se repentir, n’ont pas moins de choses à se reprocher (souvent, bien davantage : quand je pense que l’on continue à monter en épingle les abus de l’Inquisition, après ce que l’incroyance a fait au XXe siècle !) Mais grâce à la Révélation, les chrétiens auraient dû avancer, et faire avancer le monde plus vite. Nous avons « les paroles de la vie éternelle ». Or, c’est toujours le petit nombre qui a compris, et vécu de l’esprit du Christ. Seulement, aujourd’hui, je ne vois pas d’autre lieu que l’Église pour faire barrière à cette terrible désagrégation de tout, qu’on appelle parfois l’apocalypse. Est-ce pour cela que cette Église devient comme un ultime bouc émissaire, et qu’on emploie tant d’efforts pour discréditer ou empêcher sa parole, alors qu’elle n’a plus de pouvoir que spirituel ? Et parfois de son sein même… On a l’impression d’une force diabolique d’auto-destruction. René Girard
La rapidité de la conquête de l’Amérique ibérique, comme l’ampleur du traumatisme démographique subi par les populations amérindiennes, ont très vite interpellé les contemporains. Deux principales explications fleurissent ainsi dès le XVT siècle. Popularisée par les écrits de Bartholomé de Las Casas, la première insiste sur la cruauté des Espagnols ; une explication aussitôt reprise et amplifiée par les ressortissants des nouvelle puissances coloniales de l’Europe du Nord-Ouest, ennemies plus ou moins acharnées de la très catholique Espagne. Cette « légende noire »: devait ensuite connaître un succès durable, réapparaître avec force lors de la guerre hispano-américaine de 1898, et persister encore, en certains milieux. Inversement, dégageant le colon de toute responsabilité, voire légitimant son intrusion, la seconde explication était religieuse : en favorisant la disparition des populations locales, Dieu avait voulu punir les natifs de leurs crimes réels ou supposés (cannibalisme, sacrifices humains) et faciliter ainsi la mission des Européens qui consistait à édifier un monde nouveau et civilisé. Les pertes, en fait, s’expliquent à 90% par les effets de la maladie. Les natifs sont morts en grand nombre partout où ils ont été mis en contact avec les Européens, quelle que soit la nationalité de ces derniers et la nature du régime colonial imposé. Il a fallu attendre le XX’ siècle et les progrès de la médecine afin de comprendre vraiment et de pouvoir expliquer ce que l’on avait pu jusque-là pressentir. Depuis les travaux de John Duffy, en 1951, les recherches à propos des liens entre maladie et conquête se sont multipliées, sans pour autant conduire à une véritable synthèse. L’ouvrage de N.D. Cook comble donc une réelle lacune. (…) On voit ainsi que le nouveau monde n’était pas exempt de germes pathogènes avant la conquête, mais qu’ils prirent souvent une allure destructive du fait de l’introduction de vecteurs extérieurs. Parmi les forces de mort importées, la variole d’abord, puis la rougeole furent essentielles. Vinrent également la peste, le typhus et choléra, ce dernier de manière tardive, avec le temps de la navigation à vapeur et des voyages transocéaniques écourtés. Leur transmission fut largement involontaire. La plupart de ces maladies existaient dans de nombreuses parties de l’Europe du début de la Renaissance, notamment dans les villes, où des formes endémiques étaient régulièrement réactivées en période de crise (malnutrition, guerre…), comme lors de la prise de Grenade. Des épidémies répétées de variole et rougeole touchaient alors les plus jeunes dans les ports de l’Andalousie. Aux Amériques, la maladie préparait la famine, laquelle touchait également les nouveaux venus, souvent affaiblis par une constitution fragile, le climat et la pratique de nouveaux aliments. Peu à peu, l’on passa du stade des épidémies à celui des endémies, soit de la « visite » de la maladie à la vie avec elle. La succession des vagues mortelles – souvent séparées par le temps d’une génération – explique que ceux ayant résisté à une première ont souvent été conduits au tombeau par une seconde. Ajoutons que de nombreuses maladies opèrent leur travail morbide de manière combinée (…) Il résulte de tout cela que les épidémies ont grandement facilité la conquête, affaiblissant parfois les populations natives des semaines ou des années avant leur véritable confrontation avec les hordes coloniales. Même en l’absence d’échanges importants, l’existence de contacts permanents entre les périphéries de territoires différents (par le biais, par exemple, d’une importante navigation indigène dans les Caraïbes et le long des côtes de l’Amérique andine) facilite en effet la propagation des maladies. Tous les Européens, et non les seuls Espagnols, ont tiré profit des ravages ainsi causés. On oublie souvent que les terres décrites comme vierges par les Français, les Hollandais et les Anglais étaient en fait des territoires dépeuplés, et qu’à l’époque où le Mayflower aborda les côtes américaines la conquête était déjà pratiquement complète. Pour des raisons humanitaires parfois, afin de pouvoir conserver une main d’ œuvre nécessaire souvent, les Ibériques se sont assez vite préoccupés de sort des populations amérindiennes. Au XVI’ siècle ils ont même tenté (et échoué) de s’opposer à la propagation des germes nocifs. Ce ne fut pas le cas des puritains anglais persuadés du caractère divin de leur mission : civiliser un monde sauvage. Aux XVIII’ et XIX’ siècles, les colons anglais ont même parfois utilisé des linges infectés afin de mieux faire le vide autour d’eux ; mode de conquête qui n’a pas disparu au XX’ siècle et que l’on a rencontré dans certaines zones pionnières du Brésil. Face au fléau, les natifs ont réagi de diverses manières. Ils ont fait appel à la médecine traditionnelle, sans succès, et se sont tournés vers leurs sorciers. Les maladies arrivant généralement avec les Européens, et ceux-ci tentant aussitôt de les christianiser, les Amérindiens ont parfois cru que le baptême était un instrument de mort. Cela a conduit à la réactivation de certaines traditions religieuses et au déclenchement de révoltes à caractère messianique. Olivier Pétré-Grenouilleau (Université de Bretagne-Sud à Lorient)
My undergraduate alma mater, UC Santa Cruz, recently agreed to remove a mission bell donated years ago by a local women’s club. (…) Apparently, no one wondered, while considering the list of impediments to the progress of Native Americans, just how high an offending bell at UC Santa Cruz ranks. About the same time, at San Francisco’s Washington High School, it was announced that an 83-year-old mural chronicling George Washington’s life was slated to be removed, destroyed, or covered up, owing to “accusations of racism.” Yet the artist, Victor Arnautoff, was a leftist who in 1936 had sought to offer a realistic view of what he thought was a flawed American history. (…) These examples of destruction or removal could easily be multiplied. (…) Epidemics of iconoclasm (from the Greek “breaking of icons”) erupt often throughout history, usually but not always in a religious context. And is not political correctness our era’s version of religion? In our own time, we remember the Taliban’s recent destruction of the monumental sixth-century “Buddhas of Bamiyan” statues in Afghanistan, or the torching of priceless manuscripts in Timbuktu by Mali Islamists. The arguments for such destruction were not unfamiliar to American leftists and identity-politics activists: Such icons were hurtful to particular marginalized groups and an affront to their dignity and therefore must vanish. The destruction of pictures, books, statues, and icons occurred periodically during Byzantine, Catholic, and Protestant church history, and was usually marked spurts of religious fanaticism, intolerance, and fear. Indeed, in early Byzantine history, iconoclasm was in part driven by frontier Christian towns, terrified that Constantinople’s use of ubiquitous symbols of Christ and Church fathers might provoke their neighboring Muslim adversaries into violence. We forget the role of fear and cowardice in iconoclasm, ancient and modern. Politics of the day of course often determined who or what was defaced or destroyed. Yesterday’s deified Roman emperor was today’s persona non grata. Recently deceased Roman grandees suffered damnatio memoriae (damnation of memory) and so, Soviet-style, had their faces erased from stone imagery — albeit sometimes bodies were left intact as a money-saving gesture, in perhaps history’s first example of the efficacy of interchangeable parts. French revolutionaries, like our modern iconoclasts who topple statues of Confederate soldiers in the night, often went wild destroying monuments, portraits, and names affiliated with the Ancien Régime and the Catholic Church. Like frontier posses who stormed jails to lynch detained suspects, such gangs often relied on numbers and darkness. (…) So iconoclasm of the past and our current social-justice statue-topplers, aggrieved name-changers, and angry image-removers are often predictable. Here are a few of the rules of their ancient and modern wars on the past. The agitators are never democratic and rarely act with any popular mandate or consensus. (…) Instead, in most cases, bureaucrats simply react to the loudest and most bothersome agitation. Their assumption is that political activists can easily smear their résumés, while the silent majority of citizens is mostly too busy to object and will not rally en masse to their sobriety. When the wild demands of a few are made to destroy this or rename that, the race is on among administrators, bureaucrats, and careerist state officials to appease rapidly, and in the most unctuous fashion, usually by employing bureaucratese such as “harmful” and “hurtful” and “impacts” — without any real research into the complexities of the history in question, which so often is paradoxically tragic rather than simplistically melodramatic. (…) Rarely do the revisionists who wage war on history offer any rational and systematic agenda for their otherwise spontaneous tantrums. (…) Note that the university is no more likely to change the name of Stanford to something like Amah Mutsun University to rectify the theft of indigenous peoples’ lands than Yale University is willing to give up the names of its slave-owning founders. The selective outrage is not just because old white Neanderthal alumni love going to Yale or Stanford iconic football games, but rather because tens of thousands of woke nonwhite students and alumni are proud of their tony “Yale” and “Stanford” diplomas. They are not about to destroy their career investments in such a brand name on the altar of systematic and coherent politically correct name-changing. The new iconoclasm is almost as exclusively progressive in the West as it is reactionary in the contemporary Muslim world. But the common thread, past and present, East and West, to epidemics of name-changing, statue-smashing, and mural-erasing is political opportunism fueled by fear and careerist anxiety. Certainly — in the age of #MeToo and heightened awareness of the lifelong damage to women from rape, sexual harassment, and asymmetrical sexual relationships fueled by an imbalance of power — no one is suggesting that thousands of local and state boulevards that were renamed Martin Luther King Jr. in the 1970s should now retransition, given recent disturbing revelations that King might have allowed a rape to occur in his presence, was a serial philanderer, and often, under today’s definitions, pressured sex from younger and more vulnerable females. No one would dare suggest that feminist icon Margaret Sanger’s name be removed from awards, dinners, or monuments, given that by any modern standard she would be classified as a racist eugenicist. She saw abortion on demand, at least partly, as a way of limiting the growth of perceived nonwhite populations. The disproportionate number of African Americans aborted through the agency of Sanger’s legacy, Planned Parenthood, seems a logical consequence of her founding ideology. In my hometown, I certainly have not demanded that the city council remove what I see as a somewhat offensive statue of the Aztec goddess Coatlicue. She is usually portrayed as a hideous clawed mother goddess, decked out in writhing serpents, with a grotesque necklace of dangling human hearts, skulls, and hands. She was an unforgiving goddess for whom tens of thousands of innocent men, women, and especially children, many of them indigenous peoples enslaved by the Aztecs, were sacrificed. Why honor such a monster? In such a vein, one could argue that the San Diego State “Aztecs” glorify triumphalist imperialist mass murderers, even more than the supposedly offensively named Washington Redskins do. Immigrants from Oaxaca and southern Mexico are as likely to be descendants from Tlaxcala, which resisted the Aztec Empire, as they are descendants of the Aztecs themselves. So they could be the progeny of people targeted for extinction and human sacrifice by a neighboring fascist imperialist bully. The truth is that once the statue-smasher and name-changer gets a free hand, we should expect no logic, no respite from zealotry and bigotry. He operates from emotion, not reason, and his currency is intimidation, not persuasion, consistency, and coherence — when no official is willing to just say “No!” Taking down a mural of George Washington makes about as much sense as erasing all the thousands of streets and statues named for Caesar Chavez, who at times operated hand in glove with a nightmarish Synanon cult to denigrate his own members (“Every time we look at them, they want more money,” Chavez said in 1977, complaining about farm workers. “Like pigs, you know. Here we’re slaving, and we’re starving and the goddamn workers don’t give a shit about anything.”) Chavez sent his union goons down to the border to beat up, intimidate, and force back illegal aliens whom he derided as scab laborers dangerous to the unionizing efforts of his familial union empire. Pressed on his derogatory use of “illegals” and treatment of the undocumented, he scoffed, “No, a spade’s a spade. You guys get these hang-ups. Goddamn it, how do we build a union? They’re wets, you know. They’re wets, and let’s go after them.” (…) The insanity that we are witnessing has little or nothing to do with icons that institutionalize disparities or impede social justice. Iconoclasm is about power — and the psychological lift that comes with exercising it. Victor Davis Hanson
Si l’image nous révolte tant, c’est parce que nous en sommes tous collectivement responsables (…) cette scène, ces mots, ce comportement sont d’une violence et d’une haine inouïes. Mais par notre lâcheté, par nos renoncements, nous avons contribué, petit à petit, à les laisser passer, à les accepter. Cette femme a été « publiquement piétinée, chosifiée, déshumanisée, devant le groupe d’enfants qu’elle accompagnait bénévolement (…) Quelles seront les conséquences d’une telle humiliation publique si ce n’est renvoyer à cet enfant qu’il demeure un citoyen de seconde zone, indigne d’être pleinement français et reconnu comme tel ? Où est l’indignation générale ? Où sont les émissions de télévision, de radio, hormis quelques billets et tribunes comme celle-ci pour condamner cette agression ? Où est la parole publique de premier niveau, celle de nos élus, des partis politiques, celle des ministres, celle du président de la République pour refuser l’inacceptable ? Ne nous y trompons donc pas. L’extrême droite a fait de la haine contre les musulmans un outil majeur de sa propagande, mais elle n’en a pas le monopole. Des membres de la droite et de la gauche dites républicaines n’hésitent pas à stigmatiser les musulmans, et en premier lieu les femmes portant le voile, souvent -au nom de la laïcité-. Jusqu’où laisserons-nous passer ces haines ? (…) Jusqu’à quand allons-nous accepter que la laïcité, socle de notre République, soit instrumentalisée pour le compte d’une vision ségrégationniste, raciste, xénophobe, mortifère de notre société ? Acceptons-nous de nous laisser sombrer collectivement ou disons-nous stop maintenant, tant qu’il est encore temps ? Nous demandons urgemment au Président de la République de condamner publiquement l’agression dont cette femme a été victime devant son propre fils (…) de refuser que nos concitoyens musulmans soient fichés, stigmatisés, dénoncés pour la simple pratique de leur religion et d’exiger solennellement que cessent les discriminations et les amalgames envers une partie de notre communauté nationale. 90 personnalités
Dans une tribune publiée ce mardi sur lemonde.fr, 90 personnalités, dont l’acteur Omar Sy, le rappeur Nekfeu, le réalisateur Mathieu Kassovitz, ou encore la députée LFI Danièle Obono demandent au Chef de l’Etat d’intervenir pour condamner fermement « l’agression » dont a été victime la mère voilée vendredi dernier après la vidéo tournée par un élu RN au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Parmi les 90 personnalités signataires : Rokhaya Diallo, journaliste et réalisatrice, DJ Snake, artiste, Marina Foïs, actrice, Mathieu Kassovitz, acteur et réalisateur, Kyan Khojandi, auteur, Tonie Marshall, réalisatrice, productrice, Guillaume Meurice, humoriste, Géraldine Nakache, actrice et réalisatrice, Nekfeu, artiste, Danièle Obono, députée (La France insoumise), Alessandra Sublet, animatrice, Omar Sy, acteur… France bleu
Columbus makes Hitler look like a juvenile delinquent. Russell Means
It’s almost obscene to celebrate Columbus because it’s an unmitigated record of horror. We don’t have to celebrate a man who was really — from an Indian point of view — worse than Attila the Hun. Hans Koning
The evidence of Aztec cannibalism has largely been ignored and consciously or unconsciously covered up. Michael Harner (New School for Social Research)
Dr. Harner’s theory of nutritional need is based on a recent revision in the number of people thought to have been sacrificed by the Aztecs. Dr. Woodrow Borah an authority on the demography of ancient Mexico at the University of California, Berkeley, has recently estimated that the Aztecs sacrificed 250,000 people a year. This consituted about 1 percent of the region’s population of 25 million. (…) He argues that cannibalism, which may have begun for purely religious reasons, appears to have grown to serve nutritional needs because the Aztecs, unlike nearly all other civilizations, lacked domesticated herbivores such as pigs or cattle. Staples of the Aztec diet were corn and beans supplemented with a few vegetables, lizards, snakes and worms. There were some domesticated turkeys and hairless dogs. Poor people gathered floating mats of vegetation from lakes. (…) In contemporary sources, however, such as the writings of Hernando Cortes, who conquered the Aztecs in 1521, and Bernal Diaz, who accompanied Cortes, Dr. Hamer says there is abundant evidence that human sacrifice was a common event in every town and that the limbs of the victims were boiled or roasted and eaten. Diaz, who is regarded by anthropologists as a highly reliable source, wrote in “The Conquest of New Spain,” for example, that in the town of Tlaxcala “we found wooden cages made of lattice‐work in which men and women were imprisoned and fed until they were fat enough to be sacrificed and eaten. These prison cages existed throughout the country.” The sacrifices, carried out by priests, took place atop the hundreds of steepwalled pyramids scattered about the Valley of Mexico. According to Diaz, the victims were taken up the pyramids where the priests “laid them down on their backs on some narrow stones of sacrifice and, cutting open their chests, drew out their palpitating hearts which they offered to the idols before them. Then they kicked the bodies down the steps, and the Indian butchers who were waiting below cut off their arms and legs. Then they ate their flesh with a sauce of peppers and tomatoes.” (…) Diaz’s accounts indicate that the Aztecs ate only the limbs of their victims. The torsos were fed to carnivores in zoos. According to Dr. Harner, the Aztecs never sacrificed their own people. Instead they battled neighboring nations, using tactics that minimized deaths in battle and maximized the number of prisoners. The traditional explanation for Aztec human sacrifice has been that it was religious—a way of winning the support of the gods for success in battle. Victories procured even more victims, thus winning still more divine support in the next war. (…) Traditional anthropological accounts indicate that to win more favor from the gods during the famine the Aztecs arranged with their neighbors to stage battles for prisoners who could be sacrificed. The Aztecs’ neighbors, sharing similar religious tenets, wanted to sacrifice Aztecs to their gods. The NYT
Specialists in Mesoamerican history are going to be upset about this for obvious reasons. They’re not going to have the people they study looking like cannibals. They’re clinging to a very romantic point of view about the Aztecs. It’s the Hiawatha syndrome. Michael Harner
Some conquistadors wrote about the tzompantli and its towers, estimating that the rack alone contained 130,000 skulls. But historians and archaeologists knew the conquistadors were prone to exaggerating the horrors of human sacrifice to demonize the Mexica culture. As the centuries passed, scholars began to wonder whether the tzompantli had ever existed. Archaeologists at the National Institute of Anthropology and History (INAH) here can now say with certainty that it did. Beginning in 2015, they discovered and excavated the remains of the skull rack and one of the towers underneath a colonial period house on the street that runs behind Mexico City’s cathedral. (The other tower, they suspect, lies under the cathedral’s back courtyard.) The scale of the rack and tower suggests they held thousands of skulls, testimony to an industry of human sacrifice unlike any other in the world. Science
Some post-conquest sources report that at the re-consecration of Great Pyramid of Tenochtitlan in 1487, the Aztecs sacrificed about 80,400 prisoners over the course of four days. This number is considered by Ross Hassig, author of Aztec Warfare, to be an exaggeration. Hassig states « between 10,000 and 80,400 persons » were sacrificed in the ceremony. The higher estimate would average 15 sacrifices per minute during the four-day consecration. Four tables were arranged at the top so that the victims could be jettisoned down the sides of the temple. Nonetheless, according to Codex Telleriano-Remensis, old Aztecs who talked with the missionaries told about a much lower figure for the reconsecration of the temple, approximately 4,000 victims in total. Michael Harner, in his 1977 article The Enigma of Aztec Sacrifice, cited an estimate by Borah of the number of persons sacrificed in central Mexico in the 15th century as high as 250,000 per year which may have been one percent of the population. Fernando de Alva Cortés Ixtlilxochitl, a Mexica descendant and the author of Codex Ixtlilxochitl, estimated that one in five children of the Mexica subjects was killed annually. Victor Davis Hanson argues that a claim by Don Carlos Zumárraga of 20,000 per annum is « more plausible ». Wikipedia
Certains chercheurs ont émis l’hypothèse que l’apport en protéines des aliments dont disposaient les Aztèques était insuffisant, en raison de l’absence de grands mammifères terrestres domesticables, et que les sacrifices humains avaient pour fonction principale de pallier cette carence nutritionnelle. Cette théorie, en particulier quand elle a été diffusée par le New York Times, a été critiquée par la majorité des spécialistes de la Mésoamérique. Michael Harner a notamment accusé les chercheurs mexicains de minimiser le cannibalisme aztèque par nationalisme ; Bernardo R. Ortiz de Montellano, en particulier, a publié en 1979 un article détaillant les failles de l’analyse de Harner, en démontrant notamment que le régime alimentaire aztèque était équilibré, varié et suffisamment riche en protéines, grâce à la pêche d’une abondante faune aquatique et la chasse de nombreux oiseaux, et que donc l’anthropophagie ne pouvait pas être une nécessité, car elle n’aurait pas pu améliorer significativement un apport en protéines déjà suffisant. Michel Graulich a apporté d’autres éléments de critique. Il affirme que si cette théorie était exacte, la chair des victimes aurait dû être distribuée au moins autant aux gens modestes qu’aux puissants, mais il semble que ce n’était pas le cas ; il ajoute que seules les grandes villes pratiquaient le sacrifice humain de masse, et que ce phénomène n’a pas été prouvé dans la plupart des autres populations mésoaméricaines, dont l’alimentation semble pourtant comparable à celle des Aztèques. Wikipedia
Considérant que c’est le devoir de toutes les Nations de reconnaître la providence de Dieu Tout-puissant, d’obéir à sa volonté, d’être reconnaissantes pour ses bienfaits, et humblement implorer sa protection et sa faveur, et tandis que les deux Chambres du Congrès m’ont, par leur Comité mixte, demandé de recommander au Peuple des États-Unis qu’un jour public d’action de grâce et de prières soit observé en reconnaissance aux nombreux signes de faveur de Dieu Tout-puissant, particulièrement en ayant donné au Peuple les moyens d’établir pacifiquement une forme de gouvernement pour sa sûreté et son bonheur. Maintenant donc, je recommande et assigne que le premier jeudi après le 26e jour de novembre soit consacré par le Peuple de ces États au service du grand et glorieux Être, qui est l’Auteur bienfaisant de tout ce qu’il y a eu, qu’il y a et qu’il y aura de bon. Nous pouvons alors tous nous unir en lui donnant notre sincère et humble merci, pour son soin et sa protection, appréciés du Peuple de ce Pays, avant que celui-ci ne soit devenu une Nation de pitié ; pour les interpositions favorables de sa Providence lors de nos épreuves durant le cours et la fin de la récente guerre ; pour le grand degré de tranquillité, d’union, et d’abondance, que nous avons depuis appréciées ; pour le pacifisme et la raison qui nous ont été conférés pour nous permettre d’établir des constitutions de gouvernement pour notre sûreté et notre bonheur, en particulier la Loi nationale récemment instituée, ; pour la liberté civile et la liberté religieuse formant à elles seules une vraie bénédiction ; pour les moyens que nous avons d’acquérir et de répandre la connaissance utile ; et d’une manière générale pour toutes les grandes et diverses faveurs qu’il nous a bien heureusement conférées. Nous pouvons alors nous unir en offrant le plus humblement nos prières et supplications au grand Seigneur et Gouverneur des Nations et le solliciter pour pardonner nos transgressions nationales et autres transgressions ; pour nous permettre à tous, en poste public ou privé, de remplir nos nombreuses fonctions respectives, correctement et ponctuellement ; pour permettre à notre gouvernement national de rendre bénédiction à toutes les personnes, en étant constamment un Gouvernement de lois sages, justes, et constitutionnelles, discrètement et loyalement exécutées et obéies ; pour protéger, guider et bénir tous les Souverains et toutes les Nations (particulièrement celles qui ont montré de la bonté envers nous), afin de leur assurer paix et concordance, et assurer un bon gouvernement ; pour favoriser la connaissance et la pratique vraies de la religion et de la vertu, ainsi que davantage de science parmi eux et nous, et accorder généralement à toute l’Humanité un tel degré de prospérité temporelle comme lui seul sait pour être le meilleur. « Donné sous ma main à la Ville de New-York le troisième jour d’octobre par année 1789 de notre Seigneur. George Washington
The year that is drawing towards its close, has been filled with the blessings of fruitful fields and healthful skies. To these bounties, which are so constantly enjoyed that we are prone to forget the source from which they come, others have been added, which are of so extraordinary a nature, that they cannot fail to penetrate and soften even the heart which is habitually insensible to the ever watchful providence of Almighty God. In the midst of a civil war of unequalled magnitude and severity, which has sometimes seemed to foreign States to invite and to provoke their aggression, peace has been preserved with all nations, order has been maintained, the laws have been respected and obeyed, and harmony has prevailed everywhere except in the theatre of military conflict; while that theatre has been greatly contracted by the advancing armies and navies of the Union. Needful diversions of wealth and of strength from the fields of peaceful industry to the national defence, have not arrested the plough, the shuttle or the ship; the axe has enlarged the borders of our settlements, and the mines, as well of iron and coal as of the precious metals, have yielded even more abundantly than heretofore. Population has steadily increased, notwithstanding the waste that has been made in the camp, the siege and the battle-field; and the country, rejoicing in the consciousness of augmented strength and vigor, is permitted to expect continuance of years with large increase of freedom. No human counsel hath devised nor hath any mortal hand worked out these great things. They are the gracious gifts of the Most High God, who, while dealing with us in anger for our sins, hath nevertheless remembered mercy. It has seemed to me fit and proper that they should be solemnly, reverently and gratefully acknowledged as with one heart and one voice by the whole American People. I do therefore invite my fellow citizens in every part of the United States, and also those who are at sea and those who are sojourning in foreign lands, to set apart and observe the last Thursday of November next, as a day of Thanksgiving and Praise to our beneficent Father who dwelleth in the Heavens. And I recommend to them that while offering up the ascriptions justly due to Him for such singular deliverances and blessings, they do also, with humble penitence for our national perverseness and disobedience, commend to His tender care all those who have become widows, orphans, mourners or sufferers in the lamentable civil strife in which we are unavoidably engaged, and fervently implore the interposition of the Almighty Hand to heal the wounds of the nation and to restore it as soon as may be consistent with the Divine purposes to the full enjoyment of peace, harmony, tranquillity and Union. In testimony whereof, I have hereunto set my hand and caused the Seal of the United States to be affixed. Done at the City of Washington, this Third day of October, in the year of our Lord one thousand eight hundred and sixty-three, and of the Independence of the United States the Eighty-eighth. Abraham Lincoln
Whereas by a joint resolution approved June 29, 1892, it was resolved by the Senate and House of Representatives of the United States of America in Congress assembled— That the President of the United States be authorized and directed to issue a proclamation recommending to the people the observance in all their localities of the four hundredth anniversary of the discovery of America, on the 21st of October, 1892, by public demonstrations and by suitable exercises in their schools and other places of assembly. Now, therefore, I, Benjamin Harrison, President of the United States of America, in pursuance of the aforesaid joint resolution, do hereby appoint Friday, October 21, 1892, the four hundredth anniversary of the discovery of America by Columbus, as a general holiday for the people of the United States. On that day let the people, so far as possible, cease from toil and devote themselves to such exercises as may best express honor to the discoverer and their appreciation of the great achievements of the four completed centuries of American life. Columbus stood in his age as the pioneer of progress and enlightenment. The system of universal education is in our age the most prominent and salutary feature of the spirit of enlightenment, and it is peculiarly appropriate that the schools be made by the people the center of the day’s demonstration. Let the national flag float over every schoolhouse in the country and the exercises be such as shall impress upon our youth the patriotic duties of American citizenship. In the churches and in the other places of assembly of the people let there be expressions of gratitude to Divine Providence for the devout faith of the discoverer and for the divine care and guidance which has directed our history and so abundantly blessed our people. (…) Done at the city of Washington, this 21st day of July, A.D. 1892, and of the Independence of the United States the one hundred and seventeenth. US president Benjamin Harrison
Of all the bedtime-story versions of American history we teach, the tidy Thanksgiving pageant may be the one stuffed with the heaviest serving of myth. This iconic tale is the main course in our nation’s foundation legend, complete with cardboard cutouts of bow-carrying Native American cherubs and pint-size Pilgrims in black hats with buckles. And legend it largely is. In fact, what had been a New England seasonal holiday became more of a “national” celebration only during the Civil War, with Lincoln’s proclamation calling for “a day of thanksgiving” in 1863. That fall, Lincoln had precious little to be thankful for. The Union victory at Gettysburg the previous July had come at a dreadful cost – a combined 51,000 estimated casualties, with nearly 8,000 dead. Enraged by draft laws and emancipation, rioters in Northern cities like New York went on bloody rampages. And the president and his wife, Mary, were still mourning the loss of their 11-year-old son, Willie, who had died the year before. So it might seem odd that Lincoln chose this moment to announce a national day of thanksgiving, to be marked on the last Thursday in November. His Oct. 3, 1863, proclamation read: “In the midst of a civil war of unequaled magnitude and severity … peace has been preserved with all nations, order has been maintained, the laws have been respected and obeyed, and harmony has prevailed everywhere, except in the theater of military conflict.” But it took another year for the day to really catch hold. In 1864 Lincoln issued a second proclamation, which read, “I do further recommend to my fellow-citizens aforesaid that on that occasion they do reverently humble themselves in the dust.”(…) What prompted Lincoln to issue these proclamations – the first two in an unbroken string of presidential Thanksgiving proclamations – is uncertain. He was not the first president to do so. George Washington and James Madison had earlier issued “thanksgiving” proclamations, calling for somber days of prayer. Perhaps Lincoln saw an opportunity to underscore shared American traditions – a theme found in the “mystic chords of memory” stretching from “every patriot grave” in his first inaugural. Or he may have been responding to the passionate entreaties of Sara Josepha Hale, editor of Godey’s Lady’s Book – the Good Housekeeping of its day. Hale, who contributed to American folkways as the author of “Mary had a Little Lamb,” had been advocating in the magazine for a national day of Thanksgiving since 1837. (…)  But one crucial piece remained: The elevation of Thanksgiving to a true national holiday, a feat accomplished by Franklin D. Roosevelt. In 1939, with the nation still struggling out of the Great Depression, the traditional Thanksgiving Day fell on the last day of the month – a fifth Thursday. Worried retailers, for whom the holiday had already become the kickoff to the Christmas shopping season, feared this late date. Roosevelt agreed to move his holiday proclamation up one week to the fourth Thursday, thereby extending the critical shopping season. Some states stuck to the traditional last Thursday date, and other Thanksgiving traditions, such as high school and college football championships, had already been scheduled. This led to Roosevelt critics deriding the earlier date as “Franksgiving.” With 32 states joining Roosevelt’s “Democratic Thanksgiving, ” 16 others stuck with the traditional date, or “Republican Thanksgiving.” After some congressional wrangling, in December 1941, Roosevelt signed the legislation making Thanksgiving a legal holiday on the fourth Thursday in November. And there it has remained. Kenneth C. Davis
Le 14 mars 1891, à la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, onze Italiens furent lynchés par la foule en raison du rôle qu’ils avaient supposément joué dans le meurtre du commissaire de police David Hennessy. Ce lynchage, qui restera comme le lynchage de masse le plus important de toute l’histoire des États-Unis, eut lieu le lendemain du procès de neuf sur les dix-neuf hommes inculpés dans cette affaire de meurtre. Six de ces prévenus furent alors acquittés, et le jugement fut ajourné concernant les trois autres, pour défaut d’unanimité dans le jury sur le verdict. Croyant que le jury avait été soudoyé, une foule d’émeutiers fit irruption dans la prison où les hommes étaient détenus et tuèrent onze d’entre eux. Ce lynchage apparaît inhabituel en ceci que les émeutiers étaient au nombre de plusieurs milliers et que dans leurs rangs figuraient quelques-uns parmi les citoyens les plus en vue de la ville. La couverture de l’événement par la presse américaine fut d’ailleurs largement complaisante, et les responsables du lynchage ne furent jamais poursuivis. Le New York Times félicita les meurtriers, car la mort des Italiens « accroissait la sécurité des biens et de la vie des habitants de La Nouvelle-Orléans ». Le Washington Post assura que le lynchage mettrait un terme au « règne de la terreur » qu’imposerait les Italiens. Selon le Saint Louis Globe Democrat, les lyncheurs n’avaient fait qu’exercer « les droits légitimes de la souveraineté populaire ». L’incident eut de graves répercussions au plan national. L’Italie suspendit ses relations diplomatiques avec les États-Unis après le refus du président Benjamin Harrison d’ouvrir une enquête fédérale. La presse et la rumeur publique propagèrent l’idée que la marine italienne s’apprêtait à attaquer les ports américains et des milliers de volontaires se présentèrent pour faire la guerre à l’Italie3. La recrudescence des sentiments anti-italiens s’accompagna d’appels à une restriction de l’immigration. Le vocable mafia fit son entrée dans le lexique des Américains, et le stéréotype du mafioso italo-américain s’implanta durablement dans l’imaginaire populaire. En 1955, un homme d’affaires, décédé cette année-là, reconnut dans une lettre que l’assassinat du policier avait été organisé par un comité d’une cinquantaine d’hommes d’affaires anglo-saxons qui entendaient se débarrasser d’hommes d’affaires rivaux italiens. Ces lynchages constituent l’argument du téléfilm Vendetta, produit en 1999 par HBO et adapté d’un ouvrage de Richard Gambino paru en 1977, avec Christopher Walken dans le rôle principal. Wikipedia
La première célébration du jour de Christophe Colomb s’est faite dans la ville de San Francisco, en 1869, par une communauté majoritairement italo-américaine. Pourtant, le premier État tout entier à célébrer cette fête fut le Colorado, en 1907. Trente ans après, Franklin D. Roosevelt instaure ce jour comme un jour de fête nationale aux États-Unis. Il faudra cependant attendre la Proclamation du président George W. Bush du 4 octobre 2007 pour que le jour de Christophe Colomb soit officiellement fixé au deuxième lundi du mois d’octobre de chaque année. Christophe Colomb était au service de l’Espagne cependant il était d’origine italienne. « Cristoforo Colombo » est né en 1451 sur le territoire de la République de Gênes. Les Italiens ont été les premiers à célébrer le jour de Christophe Colomb lors de leur immigration vers les États-Unis. L’Empire State Building se pare alors des couleurs du drapeau italien (vert, blanc et rouge). Le Jour de Christophe Colomb (Columbus Day) est un jour férié fédéral aux États-Unis. Il est organisé depuis 1929 par la Columbus Citizens Foundation. Chaque État célèbre différemment le jour de Christophe Colomb. Cette fête a lieu sous forme de parades dans les rues américaines, il y a plusieurs défilés. Une Columbus Day Parade est organisée dans plusieurs villes comme à Denver. À New York, la Columbus Day Parade a lieu depuis 1915 le long de la célèbre 5e avenue à la hauteur de la 44e rue et continue sur la célèbre avenue de la Big Apple jusqu’au niveau de la 86e rue. On retrouve ainsi des fanfares, des chars, et différentes manifestations et fêtes dans tous les quartiers aux alentours de la route de la parade. À Washington, devant la Gare de l’Union a lieu une cérémonie officielle devant le Mémorial de Christophe Colomb. Les festivités commencent juste après le dépôt de gerbes aux pieds de ce monument. Ce n’est pas un jour férié dans tous les États des États-Unis, comme en Alaska, dans le Nevada, à Hawaï et dans le Dakota du Sud. Ces États ne reconnaissent pas le Jour de Christophe Colomb et fêtent d’autres événements. Cette fête est contestée aux États-Unis. Nombreux sont ceux rappelant que derrière la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb se cachent des faits moins glorieux, tels que la colonisation ou encore le massacre des Indiens d’Amérique. Le Jour de Christophe Colomb est plus communément appelé « Jour de la Race » (Día de la Raza) dans les pays d’Amérique Latine comme le Brésil, le Guatemala, le Paraguay, Porto Rico, le Nicaragua ou la République Dominicaine. Il se déroule généralement le 12 octobre et est considéré, pour de nombreux pays, comme un anti-Colombus Day. Il célèbre la résistance à l’arrivée des européens dans le Nouveau Monde et est aussi utilisé pour commémorer les cultures indigènes. Au cours de cette journée des festivités sont organisées pour lutter contre le racisme, se souvenir des cultures et des traditions des peuples précolombiens. En Argentine la fête est appelée « Journée de la Diversité Culturelle » (Día de la Diversidad Cultural). Elle se veut être la naissance d’une nouvelle identité, issue de la fusion entre les peuples d’origine et les colonisateurs espagnols. Le 24 septembre 1892, le Congrès mexicain décréta le 12 octobre jour de fête nationale. Depuis 1917 à l’initiative de Venustiano Carranza il porte le nom de Día de la Raza. Le président Emilio Portes Gil lui donna le nom de Día de la Raza y Aniversario del Descubrimiento de América en 1929. Ce jour n’est plus un jour férié officiel actuellement, mais il donne lieu a de nombreuses festivités. L’Espagne est la seule à utiliser le nom de « Jour de l’Hispanité » (Día de la Hispanidad) pour célébrer cette fête. Le terme « hispanité » a été défini à la fin du XIXe siècle par des intellectuels. Il est officialisé fête nationale par Alfonso XIII en 1918 sous l’appellation «Fête de la Race » (Día de la Raza) en contradiction avec les idées progressistes. Après la restauration de la monarchie en 1981, un arrêté royal publié dans le premier Bulletin Officiel de l’État en 1982, officialise la date de 12 octobre en tant que Fête Nationale de l’Espagne et Jour de l’Hispanité. Cet événement est très cher au cœur des Espagnols puisque le navigateur est venu chercher la grande majorité de son équipage en Espagne. Wikipedia
Sans pouvoir préciser avec certitude l’ampleur de l’impact des maladies infectieuses chez les Amérindiens, le taux de mortalité aurait atteint 90 pour cent pour certaines populations durement affectées. Les Amérindiens, qui n’étaient pas immunisés contre des virus et maladies comme la coqueluche, la rougeole ou la variole qui sévissaient depuis des millénaires dans l’Ancien Monde, auraient été foudroyés par des épidémies plusieurs décennies avant que des colons arrivent dans des territoires apparemment peu peuplés de l’intérieur. N’ayant aucune connaissance sur les virus à l’époque, les Européens n’ont donc aucunement profité en connaissance de cause des faiblesses immunitaires des populations autochtones. Le processus a commencé dès les années 1500 et a emporté des centaines de milliers de vies. En 1520 et 1521, une épidémie de variole toucha les habitants de Tenochtitlan et fut l’un des principaux facteurs de la chute de la ville au moment du siège. En effet, on estime entre 10 et 50 % la part de la population de la cité qui serait morte à cause de cette maladie en deux semaines. Deux autres épidémies affectèrent la vallée de Mexico : la variole en 1545-1548 et le typhus en 1576-1581. Les Espagnols, pour compenser la diminution de la population, ont rassemblé les survivants des petites villes de la vallée de Mexico dans de plus grandes cités. Cette migration a brisé le pouvoir des classes supérieures, mais n’a pas dissous la cohésion de la société indigène dans un Mexique plus grand. Les épidémies de variole, de typhus, de grippe, de diphtérie de rougeole, de peste auraient tué entre 50 et 66 % de la population indigène selon les régions de Amérique latine. En 1617-1619, une épidémie de peste bubonique ravage la Nouvelle-Angleterre. Le bilan de ces épidémies est difficile à donner avec exactitude. Les sources sont inexistantes et les historiens ne sont pas d’accord sur les estimations. Certains avancent 10 millions d’Amérindiens pour tout le continent ; d’autres pensent plutôt à 90 millions, dont 10 pour l’Amérique du Nord. Le continent américain entier (de l’Alaska au Cap Horn) aurait abrité environ 50 millions d’habitants en 1492 ; pour comparaison, il y avait 20 millions de Français au XVIIe siècle. Les chiffres avancés pour le territoire des États-Unis d’aujourd’hui sont compris entre 7 et 12 millions d’habitants. Environ 500 000 Amérindiens peuplaient la côte Est de cet espace. Ils ne sont plus que 100 000 au début du XVIIIe siècle. Dans l’Empire espagnol, la mortalité des Amérindiens était telle qu’elle fut l’un des motifs de la traite des Noirs, permettant d’importer dans le « Nouveau Monde » de la main-d’œuvre pour les mines et les plantations. Wikipedia
Celebration of Christopher Columbus’s voyage in the early United States is recorded from as early as 1792. In that year, the Tammany Society in New York City (for whom it became an annual tradition) and the Massachusetts Historical Society in Boston celebrated the 300th anniversary of Columbus’ landing in the New World. For the 400th anniversary in 1892, following a lynching in New Orleans where a mob had murdered 11 Italian immigrants, President Benjamin Harrison declared Columbus Day as a one-time national celebration. The proclamation was part of a wider effort after the lynching incident to placate Italian Americans and ease diplomatic tensions with Italy. During the anniversary in 1892, teachers, preachers, poets and politicians used rituals to teach ideals of patriotism. These rituals took themes such as citizenship boundaries, the importance of loyalty to the nation, and the celebration of social progress. Many Italian-Americans observe Columbus Day as a celebration of their heritage, and the first such celebration had already been held in New York City on October 12, 1866. The day was first enshrined as a legal holiday in the United States through the lobbying of Angelo Noce, a first generation Italian, in Denver. The first statewide holiday was proclaimed by Colorado governor Jesse F. McDonald in 1905, and it was made a statutory holiday in 1907. In April 1937, as a result of lobbying by the Knights of Columbus and New York City Italian leader Generoso Pope, Congress and President Franklin Delano Roosevelt proclaimed October 12 be a federal holiday under the name Columbus Day. Since 1971 (Oct. 11), the holiday has been attributed to the second Monday in October,[20] coincidentally exactly the same day as Thanksgiving in neighboring Canada since 1957. It is generally observed nowadays by banks, the bond market, the U.S. Postal Service, other federal agencies, most state government offices, many businesses, and most school districts. Some businesses and some stock exchanges remain open, and some states and municipalities abstain from observing the holiday. The traditional date of the holiday also adjoins the anniversary of the United States Navy (founded October 13, 1775), and thus both occasions are customarily observed by the Navy and the Marine Corps with either a 72- or 96-hour liberty period. Actual observance varies in different parts of the United States, ranging from large-scale parades and events to complete non-observance. Most states do not celebrate Columbus Day as an official state holiday. Some mark it as a « Day of Observance » or « Recognition.” Most states that celebrate Columbus Day will close state services, while others operate as normal. San Francisco claims the nation’s oldest continuously existing celebration with the Italian-American community’s annual Columbus Day Parade, which was established by Nicola Larco in 1868, while New York City boasts the largest, with over 35,000 marchers and one million viewers around 2010. As in the mainland United States, Columbus Day is a legal holiday in the U.S. territory of Puerto Rico. In the United States Virgin Islands, the day is celebrated as both Columbus Day and « Puerto Rico Friendship Day. » Virginia also celebrates two legal holidays on the day, Columbus Day and Yorktown Victory Day, which honors the final victory at the Siege of Yorktown in the Revolutionary War. The celebration of Columbus Day in the United States began to decline at the end of the 20th century, although many Italian-Americans, and others, continue to champion it. The states of Florida, Hawaii, Alaska, Vermont, South Dakota, New Mexico, Maine, Wisconsin, and parts of California including, for example, Los Angeles County do not recognize it and have each replaced it with celebrations of Indigenous People’s Day (in Hawaii, « Discoverers’ Day », in South Dakota, « Native American Day »). A lack of recognition or a reduced level of observance for Columbus Day is not always due to concerns about honoring Native Americans. For example, a community of predominantly Scandinavian descent may observe Leif Erikson Day instead. In the state of Oregon, Columbus Day is not an official holiday. Iowa and Nevada do not celebrate Columbus Day as an official holiday, but the states’ respective governors are « authorized and requested » by statute to proclaim the day each year. Several states have removed the day as a paid holiday for state government workers, while still maintaining it—either as a day of recognition, or as a legal holiday for other purposes, including California and Texas. The practice of U.S. cities eschewing Columbus Day to celebrate Indigenous Peoples’ Day began in 1992 with Berkeley, California. The list of cities which have followed suit as of 2018 includes Austin, Boise, Cincinnati, Denver, Los Angeles, Mankato, Minnesota, Portland, Oregon, San Francisco, Santa Fe, New Mexico, Seattle, St. Paul, Minnesota, Phoenix, Tacoma, and « dozens of others. » Columbus, Ohio has chosen to honor veterans instead of Christopher Columbus, and removed Columbus Day as a city holiday. Various tribal governments in Oklahoma designate the day as Native American Day, or name it after their own tribe. Wikipedia
In a country of diverse religious faiths and national origins like the United States, it made sense to develop a holiday system that was not entirely tied to a religious calendar. (Christmas survives here, of course, but in law it’s a secular holiday much like New Year’s Day.) So Americans do not all leave for the shore on August 15th, the Feast of the Assumption of the Blessed Virgin, the way Italians do; and while St. Patrick’s Day is celebrated by many Americans, it is not a legal holiday in any of the states. The American system of holidays was constructed mostly around a series of great events and persons in our nation’s history. The aim was to instill a feeling of civic pride. Holidays were chosen as occasions to bring everyone together, not for excluding certain people. They were supposed to be about the recognition of our society’s common struggles and achievements. Civic religion is often used to describe the principle behind America’s calendar of public holidays. Consider the range and variability of the meanings of our holidays. Certainly they have not always been occasions for celebration: Memorial Day and Veterans’ Day involve mourning for the dead and wounded. Labor Day commemorated significant hardships in the decades when unions were struggling to organize. Having grown up in the 1960s I remember how Abraham Lincoln’s Birthday (now lumped in with Presidents’ Day, and with some of its significance transferred to Martin Luther King, Jr. Day) took on special meaning during the Civil Rights movement and after the JFK assassination. When thinking about the Columbus Day holiday it helps to remember the good intentions of the people who put together the first parade in New York. Columbus Day was first proclaimed a national holiday by President Benjamin Harrison in 1892, 400 years after Columbus’s first voyage. The idea, lost on present-day critics of the holiday, was that this would be a national holiday that would be special for recognizing both Native Americans, who were here before Columbus, and the many immigrants—including Italians—who were just then coming to this country in astounding numbers. It was to be a national holiday that was not about the Founding Fathers or the Civil War, but about the rest of American history. Like the Columbian Exposition dedicated in Chicago that year and opened in 1893, it was to be about our land and all its people. Harrison especially designated the schools as centers of the Columbus celebration because universal public schooling, which had only recently taken hold, was seen as essential to a democracy that was seriously aiming to include everyone and not just preserve a governing elite. You won’t find it in the public literature surrounding the first Columbus Day in 1892, but in the background lay two recent tragedies, one involving Native Americans, the other involving Italian Americans. The first tragedy was the massacre by U.S. troops of between 146 and 200 Lakota Sioux, including men, women and children, at Wounded Knee, South Dakota, on December 29, 1890. Shooting began after a misunderstanding involving an elderly, deaf Sioux warrior who hadn’t heard and therefore did not understand that he was supposed to hand over his rifle to the U.S. Cavalry. The massacre at Wounded Knee marked the definitive end of Indian resistance in the Great Plains. The episode was immediately seen by the government as potentially troubling, although there was much popular sentiment against the Sioux. An inquiry was held, the soldiers were absolved, and some were awarded medals that Native Americans to this day are seeking to have rescinded. A second tragedy in the immediate background of the 1892 Columbus celebration took place in New Orleans. There, on March 14, 1891—only 10 weeks after the Wounded Knee Massacre—11 Italians were lynched in prison by a mob led by prominent Louisiana politicians. A trial for the murder of the New Orleans police chief had ended in mistrials for three of the Italians and the acquittal of the others who were brought to trial. Unhappy with the verdict and spurred on by fear of the “Mafia” (a word that had only recently entered American usage), civic leaders organized an assault on the prison to put the Italians to death. This episode was also troubling to the U.S. Government. These were legally innocent men who had been killed. But Italians were not very popular, and even Theodore Roosevelt was quoted as saying that he thought the New Orleans Italians “got what they deserved.” A grand jury was summoned, but no one was charged with a crime. President Harrison, who would proclaim the Columbus holiday the following year, was genuinely saddened by the case, and over the objections of some members of congress he paid reparations to the Italian government for the deaths of its citizens. Whenever I hear of protests about the Columbus Day holiday—protests that tend to pit Native Americans against Italian Americans, I remember these tragedies that occurred so soon before the first Columbus Day holiday, and I shake my head. President Harrison did not allude to either of these sad episodes in his proclamation of the holiday, but the idea for the holiday involved a vision of an America that would get beyond the prejudice that had led to these deaths. Columbus Day was supposed to recognize the greatness of all of America’s people, but especially Italians and Native Americans. Consider how the first Columbus Day parade in New York was described in the newspapers. It consisted mostly of about 12,000 public school students grouped into 20 regiments, each commanded by a principal. The boys marched in school uniforms or their Sunday best, while the girls, dressed in red, white and blue, sat in bleachers. Alongside the public schoolers there were military drill squads and 29 marching bands, each of 30 to 50 instruments. After the public schools, there followed 5,500 students from the Catholic schools. Then there were students from the private schools wearing school uniforms. These included the Hebrew Orphan Asylum, the Barnard School Military Corps, and the Italian and American Colonial School. The Dante Alighieri Italian College of Astoria was dressed entirely in sailor outfits. These were followed by the Native American marching band from the Carlisle Indian School in Pennsylvania, which, according to one description, included “300 marching Indian boys and 50 tall Indian girls.” That the Native Americans came right after the students from the Dante Alighieri School speaks volumes about the spirit of the original Columbus Day. (…) So Columbus Day is for all Americans. It marks the first encounter that brought together the original Americans and the future ones. A lot of suffering followed, and a lot of achievement too. That a special role has been reserved for Italians in keeping the parades and the commemoration alive for well over a century seems right, since Columbus was Italian (…) So much for his ethnicity. What about his moral standing? In the late 19th century an international movement, led by a French priest, sought to have Columbus canonized for bringing Christianity to the New World. To the Catholic Church’s credit, this never got very far. It sometimes gets overlooked in current discussions that we neither commemorate Columbus’s birthday (as was the practice for Presidents Washington and Lincoln, and as we now do with Martin Luther King, Jr.) nor his death date (which is when Christian saints are memorialized), but rather the date of his arrival in the New World. The historical truth about Columbus—the short version suitable for reporters who are pressed for time—is that Columbus was Italian, but he was no saint. The holiday marks the event, not the person. What Columbus gets criticized for nowadays are attitudes that were typical of the European sailing captains and merchants who plied the Mediterranean and the Atlantic in the 15th century. Within that group he was unquestionably a man of daring and unusual ambition. But what really mattered was his landing on San Salvador, which was a momentous, world-changing occasion such as has rarely happened in human history. William J. Connell
These sneaking and cowardly Sicilians, the descendants of bandits and assassins, who have transported to this country the lawless passions, the cutthroat practices … are to us a pest without mitigations. Our own rattlesnakes are as good citizens as they. Our own murderers are men of feeling and nobility compared to them. The Times
Congress envisioned a white, Protestant and culturally homogeneous America when it declared in 1790 that only “free white persons, who have, or shall migrate into the United States” were eligible to become naturalized citizens. The calculus of racism underwent swift revision when waves of culturally diverse immigrants from the far corners of Europe changed the face of the country. As the historian Matthew Frye Jacobson shows in his immigrant history “Whiteness of a Different Color,” the surge of newcomers engendered a national panic and led Americans to adopt a more restrictive, politicized view of how whiteness was to be allocated. Journalists, politicians, social scientists and immigration officials embraced the habit, separating ostensibly white Europeans into “races.” Some were designated “whiter” — and more worthy of citizenship — than others, while some were ranked as too close to blackness to be socially redeemable. The story of how Italian immigrants went from racialized pariah status in the 19th century to white Americans in good standing in the 20th offers a window onto the alchemy through which race is constructed in the United States, and how racial hierarchies can sometimes change. Darker skinned southern Italians endured the penalties of blackness on both sides of the Atlantic. In Italy, Northerners had long held that Southerners — particularly Sicilians — were an “uncivilized” and racially inferior people, too obviously African to be part of Europe. Racist dogma about Southern Italians found fertile soil in the United States. As the historian Jennifer Guglielmo writes, the newcomers encountered waves of books, magazines and newspapers that “bombarded Americans with images of Italians as racially suspect.” They were sometimes shut out of schools, movie houses and labor unions, or consigned to church pews set aside for black people. They were described in the press as “swarthy,” “kinky haired” members of a criminal race and derided in the streets with epithets like “dago,” “guinea” — a term of derision applied to enslaved Africans and their descendants — and more familiarly racist insults like “white nigger” and “nigger wop.” The penalties of blackness went well beyond name-calling in the apartheid South. Italians who had come to the country as “free white persons” were often marked as black because they accepted “black” jobs in the Louisiana sugar fields or because they chose to live among African-Americans. This left them vulnerable to marauding mobs like the ones that hanged, shot, dismembered or burned alive thousands of black men, women and children across the South. The federal holiday honoring the Italian explorer Christopher Columbus — celebrated on Monday — was central to the process through which Italian-Americans were fully ratified as white during the 20th century. The rationale for the holiday was steeped in myth, and allowed Italian-Americans to write a laudatory portrait of themselves into the civic record. Few who march in Columbus Day parades or recount the tale of Columbus’s voyage from Europe to the New World are aware of how the holiday came about or that President Benjamin Harrison proclaimed it as a one-time national celebration in 1892 — in the wake of a bloody New Orleans lynching that took the lives of 11 Italian immigrants. The proclamation was part of a broader attempt to quiet outrage among Italian-Americans, and a diplomatic blowup over the murders that brought Italy and the United States to the brink of war. (…) Italian immigrants were welcomed into Louisiana after the Civil War, when the planter class was in desperate need of cheap labor to replace newly emancipated black people, who were leaving backbreaking jobs in the fields for more gainful employment. These Italians seemed at first to be the answer to both the labor shortage and the increasingly pressing quest for settlers who would support white domination in the emerging Jim Crow state. Louisiana’s romance with Italian labor began to sour when the new immigrants balked at low wages and dismal working conditions. The newcomers also chose to live together in Italian neighborhoods, where they spoke their native tongue, preserved Italian customs and developed successful businesses that catered to African-Americans, with whom they fraternized and intermarried. In time, this proximity to blackness would lead white Southerners to view Sicilians, in particular, as not fully white and to see them as eligible for persecution — including lynching — that had customarily been imposed on African-Americans. (…) The carnage in New Orleans was set in motion in the fall of 1890, when the city’s popular police chief, David Hennessy, was assassinated on his way home one evening. Hennessy had no shortage of enemies. The historian John V. Baiamonte Jr. writes that he had once been tried for murder in connection with the killing of a professional rival. He is also said to have been involved in a feud between two Italian businessmen. On the strength of a clearly suspect witness who claimed to hear Mr. Hennessy say that “dagoes” had shot him, the city charged 19 Italians with complicity in the chief’s murder. That the evidence was distressingly weak was evident from the verdicts that were swiftly handed down: Of the first nine to be tried, six were acquitted; three others were granted mistrials. The leaders of the mob that then went after them advertised their plans in advance, knowing full well that the city’s elites — who coveted the businesses the Italians had built or hated the Italians for fraternizing with African-Americans — would never seek justice for the dead. After the lynching, a grand jury investigation pronounced the killings praiseworthy, turning that inquiry into what the historian Barbara Botein describes as “possibly one of the greatest whitewashes in American history. (…) President Harrison would have ignored the New Orleans carnage had the victims been black. But the Italian government made that impossible. It broke off diplomatic relations and demanded an indemnity that the Harrison administration paid. Harrison even called on Congress in his 1891 State of the Union to protect foreign nationals — though not black Americans — from mob violence. Harrison’s Columbus Day proclamation in 1892 opened the door for Italian-Americans to write themselves into the American origin story, in a fashion that piled myth upon myth. As the historian Danielle Battisti shows in “Whom We Shall Welcome,” they rewrote history by casting Columbus as “the first immigrant” — even though he never set foot in North America and never immigrated anywhere (except possibly to Spain), and even though the United States did not exist as a nation during his 15th-century voyage. The mythologizing, carried out over many decades, granted Italian-Americans “a formative role in the nation-building narrative.” It also tied Italian-Americans closely to the paternalistic assertion, still heard today, that Columbus “discovered” a continent that was already inhabited by Native Americans. But in the late 19th century, the full-blown Columbus myth was yet to come. The New Orleans lynching solidified a defamatory view of Italians generally, and Sicilians in particular, as irredeemable criminals who represented a danger to the nation. The influential anti-immigrant racist Representative Henry Cabot Lodge of Massachusetts, soon to join the United States Senate, quickly appropriated the event. He argued that a lack of confidence in juries, not mob violence, had been the real problem in New Orleans. “Lawlessness and lynching are evil things,” he wrote, “but a popular belief that juries cannot be trusted is even worse.” Facts aside, Lodge argued, beliefs about immigrants were in themselves sufficient to warrant higher barriers to immigration. Congress ratified that notion during the 1920s, curtailing Italian immigration on racial grounds, even though Italians were legally white, with all of the rights whiteness entailed. The Italian-Americans who labored in the campaign that overturned racist immigration restrictions in 1965 used the romantic fictions built up around Columbus to political advantage. This shows yet again how racial categories that people mistakenly view as matters of biology grow out of highly politicized myth making. NYT

Attention: un massacre peut en cacher beaucoup d’autres !

En cette journée où, entre Israël, les Etats-Unis et le Canada, voire les pays hispaniques, coïncident les célébrations de plusieurs traditions culturelles différentes …

Et où, énième illustration de la division toujours plus grande des Etats-Unis par nos déconstructeurs postmodernes obsédés par un prétendu génocide indien – pire qu’Attila et Hitler réunis !

Dû pour l’essentiel à un choc microbien, un nombre croissant d’états ne la fêtent plus ou l’ont même remplacée par la Journée des peuples indigènes  …

Pendant qu’après l’égorgement de quatre policiers du renseignement de la lutte anti-islamique et quelque 250 victimes de la barbarie islamiste …

Nos courageux enfants gâtés du showbiz dénonçaient dès le lendemain l’agression « d’une violence et d’une haine inouïes » que l’on sait …

Retour …

Sans parler, avant et après Colomb ou Cortez, des centaines de milliers de sacrifices humains de nos amis aztèques et mayas

Sur le massacre …

Et pratiquement plus grand lynchage, avec 11 immigrants italiens extraits manu militari de leur prison de la Nouvelle Orléans et sommairement abattus, de l’histoire américaine …

Qui comme après la fête du Thanksgiving du président Lincoln suite aux centaines de milliers de morts de la Guerre civile américaine …

Et à l’instar de la Saint Patrick d’une communauté irlandaise elle aussi initialement discriminée …

Lança nationalement, au moins pour une journée, cette véritable marche des fiertés

Qu’est devenue le Columbus Day pour une communauté italo-américaine et notamment sicilienne …

Jusque-là assimilée non seulement à une race de criminels …

Mais à une sous-race à peine au-dessus des esclaves affranchis et des emplois méprisés …

Qu’ils étaient venus remplacer dans un Sud tout récemment sorti du traumatisme d’une guerre civile meurtrière…

How Italians Became ‘White’
Vicious bigotry, reluctant acceptance: an American story.

Brent Staples Mr. Staples is a member of the editorial board.
NYT
Oct. 12, 2019

Congress envisioned a white, Protestant and culturally homogeneous America when it declared in 1790 that only “free white persons, who have, or shall migrate into the United States” were eligible to become naturalized citizens. The calculus of racism underwent swift revision when waves of culturally diverse immigrants from the far corners of Europe changed the face of the country.

As the historian Matthew Frye Jacobson shows in his immigrant history “Whiteness of a Different Color,” the surge of newcomers engendered a national panic and led Americans to adopt a more restrictive, politicized view of how whiteness was to be allocated. Journalists, politicians, social scientists and immigration officials embraced the habit, separating ostensibly white Europeans into “races.” Some were designated “whiter” — and more worthy of citizenship — than others, while some were ranked as too close to blackness to be socially redeemable. The story of how Italian immigrants went from racialized pariah status in the 19th century to white Americans in good standing in the 20th offers a window onto the alchemy through which race is constructed in the United States, and how racial hierarchies can sometimes change.

Darker skinned southern Italians endured the penalties of blackness on both sides of the Atlantic. In Italy, Northerners had long held that Southerners — particularly Sicilians — were an “uncivilized” and racially inferior people, too obviously African to be part of Europe.

Racist dogma about Southern Italians found fertile soil in the United States. As the historian Jennifer Guglielmo writes, the newcomers encountered waves of books, magazines and newspapers that “bombarded Americans with images of Italians as racially suspect.” They were sometimes shut out of schools, movie houses and labor unions, or consigned to church pews set aside for black people. They were described in the press as “swarthy,” “kinky haired” members of a criminal race and derided in the streets with epithets like “dago,” “guinea” — a term of derision applied to enslaved Africans and their descendants — and more familiarly racist insults like “white nigger” and “nigger wop.”

The penalties of blackness went well beyond name-calling in the apartheid South. Italians who had come to the country as “free white persons” were often marked as black because they accepted “black” jobs in the Louisiana sugar fields or because they chose to live among African-Americans. This left them vulnerable to marauding mobs like the ones that hanged, shot, dismembered or burned alive thousands of black men, women and children across the South.

The federal holiday honoring the Italian explorer Christopher Columbus — celebrated on Monday — was central to the process through which Italian-Americans were fully ratified as white during the 20th century. The rationale for the holiday was steeped in myth, and allowed Italian-Americans to write a laudatory portrait of themselves into the civic record.

Few who march in Columbus Day parades or recount the tale of Columbus’s voyage from Europe to the New World are aware of how the holiday came about or that President Benjamin Harrison proclaimed it as a one-time national celebration in 1892 — in the wake of a bloody New Orleans lynching that took the lives of 11 Italian immigrants. The proclamation was part of a broader attempt to quiet outrage among Italian-Americans, and a diplomatic blowup over the murders that brought Italy and the United States to the brink of war.

Historians have recently showed that America’s dishonorable response to this barbaric event was partly conditioned by racist stereotypes about Italians promulgated in Northern newspapers like The Times. A striking analysis by Charles Seguin, a sociologist at Pennsylvania State University, and Sabrina Nardin, a doctoral student at the University of Arizona, shows that the protests lodged by the Italian government inspired something that had failed to coalesce around the brave African-American newspaper editor and anti-lynching campaigner Ida B. Wells — a broad anti-lynching effort.

A Black ‘Brute’ Lynched

The lynchings of Italians came at a time when newspapers in the South had established the gory convention of advertising the far more numerous public murders of African-Americans in advance — to attract large crowds — and justifying the killings by labeling the victims “brutes,” “fiends,” “ravishers,” “born criminals” or “troublesome Negroes.” Even high-minded news organizations that claimed to abhor the practice legitimized lynching by trafficking in racist stereotypes about its victims.

As Mr. Seguin recently showed, many Northern newspapers were “just as complicit” in justifying mob violence as their Southern counterparts. For its part, The Times made repeated use of the headline “A Brutal Negro Lynched,” presuming the victims’ guilt and branding them as congenital criminals. Lynchings of black men in the South were often based on fabricated accusations of sexual assault. As the Equal Justice Initiative explained in its 2015 report on lynching in America, a rape charge could occur in the absence of an actual victim and might arise from minor violations of the social code — like complimenting a white woman on her appearance or even bumping into her on the street.

The Times was not owned by the family that controls it today when it dismissed Ida B. Wells as a “slanderous and nasty-minded mulattress” for rightly describing rape allegations as “a thread bare lie” that Southerners used against black men who had consensual sexual relationships with white women. Nevertheless, as a Times editorialist of nearly 30 years standing — and a student of the institution’s history — I am outraged and appalled by the nakedly racist treatment my 19th-century predecessors displayed in writing about African-Americans and Italian immigrants.

When Wells took her anti-lynching campaign to England in the 1890s, Times editors rebuked her for representing “black brutes” abroad in an editorial that joked about what they described as “the practice of roasting Negro ravishers alive and boring out their eyes with red-hot pokers.” The editorial slandered African-Americans generally, referring to rape as “a crime to which Negroes are particularly prone.” The Times editors may have lodged objections to lynching — but they did so in a rhetoric firmly rooted in white supremacy.
‘Assassins by Nature’

Italian immigrants were welcomed into Louisiana after the Civil War, when the planter class was in desperate need of cheap labor to replace newly emancipated black people, who were leaving backbreaking jobs in the fields for more gainful employment.

These Italians seemed at first to be the answer to both the labor shortage and the increasingly pressing quest for settlers who would support white domination in the emerging Jim Crow state. Louisiana’s romance with Italian labor began to sour when the new immigrants balked at low wages and dismal working conditions.

The newcomers also chose to live together in Italian neighborhoods, where they spoke their native tongue, preserved Italian customs and developed successful businesses that catered to African-Americans, with whom they fraternized and intermarried. In time, this proximity to blackness would lead white Southerners to view Sicilians, in particular, as not fully white and to see them as eligible for persecution — including lynching — that had customarily been imposed on African-Americans.

Nevertheless, as the historian Jessica Barbata Jackson showed recently in the journal Louisiana History, Italian newcomers were still well thought of in New Orleans in the 1870s when negative stereotypes were being established in the Northern press.

The Times, for instance, described them as bandits and members of the criminal classes who were “wretchedly poor and unskilled,” “starving and wholly destitute.” The stereotype about inborn criminality is plainly evident in an 1874 story about Italian immigrants seeking vaccinations that refers to one immigrant as a “burly fellow, whose appearance was like that of the traditional brigand of the Abruzzi.”

A Times story in 1880 described immigrants, including Italians, as “links in a descending chain of evolution.” These characterizations reached a defamatory crescendo in an 1882 editorial that appeared under the headline “Our Future Citizens.” The editors wrote:

“There has never been since New York was founded so low and ignorant a class among the immigrants who poured in here as the Southern Italians who have been crowding our docks during the past year.”

The editors reserved their worst invective for Italian immigrant children, whom they described as “utterly unfit — ragged, filthy, and verminous as they were — to be placed in the public primary schools among the decent children of American mechanics.”

The racist myth that African-Americans and Sicilians were both innately criminal drove an 1887 Times story about a lynching victim in Mississippi whose name was given as “Dago Joe” — “dago” being a slur directed at Italian and Spanish-speaking immigrants. The victim was described as a “half breed” who “was the son of a Sicilian father and a mulatto mother, and had the worst characteristics of both races in his makeup. He was cunning, treacherous and cruel, and was regarded in the community where he lived as an assassin by nature.”
Sicilians as ‘Rattlesnakes’

The carnage in New Orleans was set in motion in the fall of 1890, when the city’s popular police chief, David Hennessy, was assassinated on his way home one evening. Hennessy had no shortage of enemies. The historian John V. Baiamonte Jr. writes that he had once been tried for murder in connection with the killing of a professional rival. He is also said to have been involved in a feud between two Italian businessmen. On the strength of a clearly suspect witness who claimed to hear Mr. Hennessy say that “dagoes” had shot him, the city charged 19 Italians with complicity in the chief’s murder.

That the evidence was distressingly weak was evident from the verdicts that were swiftly handed down: Of the first nine to be tried, six were acquitted; three others were granted mistrials. The leaders of the mob that then went after them advertised their plans in advance, knowing full well that the city’s elites — who coveted the businesses the Italians had built or hated the Italians for fraternizing with African-Americans — would never seek justice for the dead. After the lynching, a grand jury investigation pronounced the killings praiseworthy, turning that inquiry into what the historian Barbara Botein describes as “possibly one of the greatest whitewashes in American history.”

The blood of the New Orleans victims was scarcely dry when The Times published a cheerleading news story — “Chief Hennessy Avenged: Eleven of his Italian Assassins Lynched by a Mob” — that reveled in the bloody details. It reported that the mob had consisted “mostly of the best element” of New Orleans society. The following day, a scabrous Times editorial justified the lynching — and dehumanized the dead, with by-now-familiar racist stereotypes.

“These sneaking and cowardly Sicilians,” the editors wrote, “the descendants of bandits and assassins, who have transported to this country the lawless passions, the cutthroat practices … are to us a pest without mitigations. Our own rattlesnakes are as good citizens as they. Our own murderers are men of feeling and nobility compared to them.” The editors concluded of the lynching that it would be difficult to find “one individual who would confess that privately he deplores it very much.”
Lynchers in 1891 storming the New Orleans city jail, where they killed 11 Italian-Americans accused in the fatal shooting of Chief Hennessy. Italian Tribune

President Harrison would have ignored the New Orleans carnage had the victims been black. But the Italian government made that impossible. It broke off diplomatic relations and demanded an indemnity that the Harrison administration paid. Harrison even called on Congress in his 1891 State of the Union to protect foreign nationals — though not black Americans — from mob violence.

Harrison’s Columbus Day proclamation in 1892 opened the door for Italian-Americans to write themselves into the American origin story, in a fashion that piled myth upon myth. As the historian Danielle Battisti shows in “Whom We Shall Welcome,” they rewrote history by casting Columbus as “the first immigrant” — even though he never set foot in North America and never immigrated anywhere (except possibly to Spain), and even though the United States did not exist as a nation during his 15th-century voyage. The mythologizing, carried out over many decades, granted Italian-Americans “a formative role in the nation-building narrative.” It also tied Italian-Americans closely to the paternalistic assertion, still heard today, that Columbus “discovered” a continent that was already inhabited by Native Americans.

But in the late 19th century, the full-blown Columbus myth was yet to come. The New Orleans lynching solidified a defamatory view of Italians generally, and Sicilians in particular, as irredeemable criminals who represented a danger to the nation. The influential anti-immigrant racist Representative Henry Cabot Lodge of Massachusetts, soon to join the United States Senate, quickly appropriated the event. He argued that a lack of confidence in juries, not mob violence, had been the real problem in New Orleans. “Lawlessness and lynching are evil things,” he wrote, “but a popular belief that juries cannot be trusted is even worse.”

Facts aside, Lodge argued, beliefs about immigrants were in themselves sufficient to warrant higher barriers to immigration. Congress ratified that notion during the 1920s, curtailing Italian immigration on racial grounds, even though Italians were legally white, with all of the rights whiteness entailed.

The Italian-Americans who labored in the campaign that overturned racist immigration restrictions in 1965 used the romantic fictions built up around Columbus to political advantage. This shows yet again how racial categories that people mistakenly view as matters of biology grow out of highly politicized myth making.

Voir aussi:

What Columbus Day Really Means

If you think the holiday pits Native Americans against Italian Americans, consider the history behind its origin

William J. Connell
American scholar
October 4, 2012

During the run-up to Columbus Day I usually get a call from at least one and sometimes several newspaper reporters who are looking for the latest on what has become one of the most controversial of our national holidays. Rather than begin with whatever issues the media are covering—topics like the number of deaths in the New World caused by the European discovery; or the attitude of Columbus toward the indigenous inhabitants of the Caribbean (whom he really did want to use as forced laborers); or whether syphilis really came from the Americas to Europe; or whether certain people (the cast of The Sopranos, Supreme Court Justice Antonin Scalia) deserve to be excluded from or honored in the parade in New York—I always try to remind the reporters that Columbus Day is just a holiday.

Leave the parades aside. The most evident way in which holidays are celebrated is by taking a day off from work or school. Our system of holidays, which developed gradually over time and continues to evolve, is founded upon the recognition that weekends are not sufficient, that some jobs don’t offer much time off, and that children and teachers need a break now and then in the course of the school year. One characteristic of holidays is that unless they are observed widely, which is to say by almost everyone, many of us wouldn’t take them. There are so many incremental reasons for not taking time off (to make some extra money, to impress the boss, or because we’re our own bosses and can’t stop ourselves) that a lot of us would willingly do without a day’s vacation that would have been good both for us and for society at large if we had taken it. That is why there are legal holidays.

But which days should be holidays? Another way of posing the question would be to say, “Given that holidays are necessary, but that left to their own devices people would simply work, how do you justify a legal holiday so that it does not appear completely arbitrary, and so that people will be encouraged to observe it?” Most of the media noise around the Columbus Day holiday is about the holiday’s excuse, not the holiday itself. Realizing that helps to put matters in perspective.

In a country of diverse religious faiths and national origins like the United States, it made sense to develop a holiday system that was not entirely tied to a religious calendar. (Christmas survives here, of course, but in law it’s a secular holiday much like New Year’s Day.) So Americans do not all leave for the shore on August 15th, the Feast of the Assumption of the Blessed Virgin, the way Italians do; and while St. Patrick’s Day is celebrated by many Americans, it is not a legal holiday in any of the states. The American system of holidays was constructed mostly around a series of great events and persons in our nation’s history. The aim was to instill a feeling of civic pride. Holidays were chosen as occasions to bring everyone together, not for excluding certain people. They were supposed to be about the recognition of our society’s common struggles and achievements. Civic religion is often used to describe the principle behind America’s calendar of public holidays.

Consider the range and variability of the meanings of our holidays. Certainly they have not always been occasions for celebration: Memorial Day and Veterans’ Day involve mourning for the dead and wounded. Labor Day commemorated significant hardships in the decades when unions were struggling to organize. Having grown up in the 1960s I remember how Abraham Lincoln’s Birthday (now lumped in with Presidents’ Day, and with some of its significance transferred to Martin Luther King, Jr. Day) took on special meaning during the Civil Rights movement and after the JFK assassination.

When thinking about the Columbus Day holiday it helps to remember the good intentions of the people who put together the first parade in New York. Columbus Day was first proclaimed a national holiday by President Benjamin Harrison in 1892, 400 years after Columbus’s first voyage. The idea, lost on present-day critics of the holiday, was that this would be a national holiday that would be special for recognizing both Native Americans, who were here before Columbus, and the many immigrants—including Italians—who were just then coming to this country in astounding numbers. It was to be a national holiday that was not about the Founding Fathers or the Civil War, but about the rest of American history. Like the Columbian Exposition dedicated in Chicago that year and opened in 1893, it was to be about our land and all its people. Harrison especially designated the schools as centers of the Columbus celebration because universal public schooling, which had only recently taken hold, was seen as essential to a democracy that was seriously aiming to include everyone and not just preserve a governing elite.

You won’t find it in the public literature surrounding the first Columbus Day in 1892, but in the background lay two recent tragedies, one involving Native Americans, the other involving Italian Americans. The first tragedy was the massacre by U.S. troops of between 146 and 200 Lakota Sioux, including men, women and children, at Wounded Knee, South Dakota, on December 29, 1890. Shooting began after a misunderstanding involving an elderly, deaf Sioux warrior who hadn’t heard and therefore did not understand that he was supposed to hand over his rifle to the U.S. Cavalry. The massacre at Wounded Knee marked the definitive end of Indian resistance in the Great Plains. The episode was immediately seen by the government as potentially troubling, although there was much popular sentiment against the Sioux. An inquiry was held, the soldiers were absolved, and some were awarded medals that Native Americans to this day are seeking to have rescinded.

A second tragedy in the immediate background of the 1892 Columbus celebration took place in New Orleans. There, on March 14, 1891—only 10 weeks after the Wounded Knee Massacre—11 Italians were lynched in prison by a mob led by prominent Louisiana politicians. A trial for the murder of the New Orleans police chief had ended in mistrials for three of the Italians and the acquittal of the others who were brought to trial. Unhappy with the verdict and spurred on by fear of the “Mafia” (a word that had only recently entered American usage), civic leaders organized an assault on the prison to put the Italians to death. This episode was also troubling to the U.S. Government. These were legally innocent men who had been killed. But Italians were not very popular, and even Theodore Roosevelt was quoted as saying that he thought the New Orleans Italians “got what they deserved.” A grand jury was summoned, but no one was charged with a crime. President Harrison, who would proclaim the Columbus holiday the following year, was genuinely saddened by the case, and over the objections of some members of congress he paid reparations to the Italian government for the deaths of its citizens.

Whenever I hear of protests about the Columbus Day holiday—protests that tend to pit Native Americans against Italian Americans, I remember these tragedies that occurred so soon before the first Columbus Day holiday, and I shake my head. President Harrison did not allude to either of these sad episodes in his proclamation of the holiday, but the idea for the holiday involved a vision of an America that would get beyond the prejudice that had led to these deaths. Columbus Day was supposed to recognize the greatness of all of America’s people, but especially Italians and Native Americans.

Consider how the first Columbus Day parade in New York was described in the newspapers. It consisted mostly of about 12,000 public school students grouped into 20 regiments, each commanded by a principal. The boys marched in school uniforms or their Sunday best, while the girls, dressed in red, white and blue, sat in bleachers. Alongside the public schoolers there were military drill squads and 29 marching bands, each of 30 to 50 instruments. After the public schools, there followed 5,500 students from the Catholic schools. Then there were students from the private schools wearing school uniforms. These included the Hebrew Orphan Asylum, the Barnard School Military Corps, and the Italian and American Colonial School. The Dante Alighieri Italian College of Astoria was dressed entirely in sailor outfits. These were followed by the Native American marching band from the Carlisle Indian School in Pennsylvania, which, according to one description, included “300 marching Indian boys and 50 tall Indian girls.” That the Native Americans came right after the students from the Dante Alighieri School speaks volumes about the spirit of the original Columbus Day.

I teach college kids, and since they tend to be more skeptical about Columbus Day than younger students, it’s nice to point out that the first Columbus Day parade had a “college division.” Thus 800 New York University students played kazoos and wore mortarboards. In between songs they chanted “Who are we? Who are we? New York Universitee!” The College of Physicians and Surgeons wore Skeletons on their hats. And the Columbia College students marched in white hats and white sweaters, with a message on top of their hats that spelled out “We are the People.”

So Columbus Day is for all Americans. It marks the first encounter that brought together the original Americans and the future ones. A lot of suffering followed, and a lot of achievement too. That a special role has been reserved for Italians in keeping the parades and the commemoration alive for well over a century seems right, since Columbus was Italian—although even in the 1890s his nationality was being contested. Some people, who include respectable scholars, still argue, based on elements of his biography and family history, that Columbus must really have been Spanish, Portuguese, Jewish, or Greek, instead of, or in addition to, Italian. One lonely scholar in the 1930s even wrote that Columbus, because of a square jaw and dirty blond hair in an old portrait, must have been Danish. The consensus, however, is that he was an Italian from outside of Genoa.

So much for his ethnicity. What about his moral standing? In the late 19th century an international movement, led by a French priest, sought to have Columbus canonized for bringing Christianity to the New World. To the Catholic Church’s credit, this never got very far. It sometimes gets overlooked in current discussions that we neither commemorate Columbus’s birthday (as was the practice for Presidents Washington and Lincoln, and as we now do with Martin Luther King, Jr.) nor his death date (which is when Christian saints are memorialized), but rather the date of his arrival in the New World. The historical truth about Columbus—the short version suitable for reporters who are pressed for time—is that Columbus was Italian, but he was no saint.

The holiday marks the event, not the person. What Columbus gets criticized for nowadays are attitudes that were typical of the European sailing captains and merchants who plied the Mediterranean and the Atlantic in the 15th century. Within that group he was unquestionably a man of daring and unusual ambition. But what really mattered was his landing on San Salvador, which was a momentous, world-changing occasion such as has rarely happened in human history. Sounds to me like a pretty good excuse for taking a day off from work.

Voir également:

Study traces origins of syphilis in Europe to New World

New evidence from the jungles of Guyana suggests Christopher Columbus and his crewmates carried syphilis-causing bacteria from America to Europe, triggering a massive epidemic that killed more than five million people there.

The findings — which scientists said are the first attempt to use molecular genetics to address the problem of the origin of the venereal disease — were published Monday in the online journal Public Library of Science/Neglected Tropical Disease.

They suggest that Columbus and his crew of explorers brought the deadly disease back from the New World during their famous voyage in 1492 while a non-sexually transmitted subspecies was already in existence in Renaissance Europe, or the Old World.

The study was based around an exceptionally large specimen provided by Canadian infectious disease specialist Dr. Michael Silverman, who leads a medical team into the rainforests of Guyana each year to treat villagers who have virtually no contact with the outside world.

There, he discovered children with ulcer-like lesions on their arms and legs, « just like you get with syphilis but in the wrong place, » he told CBC.

Blood tests confirmed the children had yaws, an infectious skin disease believed to be extinct in the Western Hemisphere, though still present in parts of Africa and southeast Asia.

Yaws is considered the cousin of syphilis as they are both distinct varieties of the same bacterium.

Further testing by researchers in the United States suggested that yaws, in fact, was the elder cousin — an ancient infection that evolved from a harmless skin-to-skin condition of the limbs into a devastating sexually transmitted disease around the time of contact with Europeans.

« They couldn’t really catch it because they had long sleeves, long pants, » Silverman said. « So the only way they could get it, the only time they would expose their skin and might touch somebody was when they dropped their pants to have sex. »

Upon the Europeans’ return, many of them joined the army of Charles VIII in 1495 and invaded Italy. After their victory in Naples, the army — mostly made of mercenaries — returned home and spread syphilis across the Continent, culminating in the Great Pox.

This first outbreak of syphilis, documented just two years after Columbus and his men sailed the ocean blue in 1492, is believed to have killed more than five million Europeans.

« In this case we have an example of a disease that went the other way, from Native Americans to Europeans, » said Dr. Kristin Harper, a researcher in molecular genetics at Atlanta’s Emory University and the principal investigator in the study published Monday.

« So that’s especially interesting, I think. »

Syphilis is usually transmitted through sexual contact and initially results in a painless, open sore or ulcer in the area of exposure. The second stage consists of a rash on the palms of the hands or soles of the feet.

Left untreated, the disease eventually attacks the heart, eyes and brain and can lead to mental illness, blindness and death.

Voir de plus:

Case Closed? Columbus Introduced Syphilis to Europe

Syphilis was one of the first global diseases, and understanding where it came from and how it spread may help us combat diseases today

In 1492, Columbus sailed the ocean blue, but when he returned from ‘cross the seas, did he bring with him a new disease?

New skeletal evidence suggests Columbus and his crew not only introduced the Old World to the New World, but brought back syphilis as well, researchers say.

Syphilis is caused by Treponema pallidum bacteria, and is usually curable nowadays with antibiotics. Untreated, it can damage the heart, brain, eyes and bones; it can also be fatal.

The first known epidemic of syphilis occurred during the Renaissance in 1495. Initially its plague broke out among the army of Charles the VIII after the French king invaded Naples. It then proceeded to devastate Europe, said researcher George Armelagos, a skeletal biologist at Emory University in Atlanta.

« Syphilis has been around for 500 years, » said researcher Molly Zuckerman at Mississippi State University. « People started debating where it came from shortly afterward, and they haven’t stopped since. It was one of the first global diseases, and understanding where it came from and how it spread may help us combat diseases today. »

Stigmatized disease

The fact that syphilis is a stigmatized sexually transmitted disease has added to the controversy over its origins. People often seem to want to blame some other country for it, said researcher Kristin Harper, an evolutionary biologist at Emory. [Top 10 Stigmatized Health Disorders]

Armelagos originally doubted the so-called Columbian theory for syphilis when he first heard about it decades ago. « I laughed at the idea that a small group of sailors brought back this disease that caused this major European epidemic, » he recalled. Critics of the Columbian theory have proposed that syphilis had always bedeviled the Old World but simply had not been set apart from other rotting diseases such as leprosy until 1500 or so.

However, upon further investigation, Armelagos and his colleagues got a shock — all of the available evidence they found supported the Columbian theory, findings they published in 1988. « It was a paradigm shift, » Armelagos says. Then in 2008, genetic analysis by Armelagos and his collaborators of syphilis’s family of bacteria lent further support to the theory.

Still, there have been reports of 50 skeletons from Europe dating back from before Columbus set sail that apparently showed the lesions of chronic syphilis. These seemed to be evidence that syphilis originated in the Old World and that Columbus was not to blame.

Armelagos and his colleagues took a closer look at all the data from these prior reports. They found most of the skeletal material didn’t actually meet at least one of the standard diagnostic criteria for chronic syphilis, such as pitting on the skull, known as caries sicca, and pitting and swelling of the long bones.

In the seafood?

The 16 reports that did meet the criteria for syphilis came from coastal regions where seafood was a large part of the diet. This seafood contains « old carbon » from deep, upwelling ocean waters. As such, they might fall prey to the so-called « marine reservoir effect » that can throw off radiocarbon dating of a skeleton by hundreds or even thousands of years. To adjust for this effect, the researchers figured out the amount of seafood these individuals ate when alive. Since our bodies constantly break down and rebuild our bones, measurements of bone-collagen protein can provide a record of diet.

« Once we adjusted for the marine signature, all of the skeletons that showed definite signs of treponemal disease appeared to be dated to after Columbus returned to Europe, » Harper said, findings detailed in the current Yearbook of Physical Anthropology.

« What it really shows to me is that globalization of disease is not a modern condition, » Armelagos said. « In 1492, you had the transmission of a number of diseases from Europe that decimated Native Americans, and you also had disease from Native Americans to Europe. »

« The lesson we can learn for today from history is that these epidemics are the result of unrest, » Armelagos added. « With syphilis, wars were going on in Europe at the time, and all the turmoil set the stage for the disease. Nowadays, a lot of diseases jump the species barrier due to environmental unrest. »

« The origin of syphilis is a fascinating, compelling question, » Zuckerman said. « The current evidence is pretty definitive, but we shouldn’t close the book and say we’re done with the subject. The great thing about science is constantly being able to understand things in a new light. »

Of all the bedtime-story versions of American history we teach, the tidy Thanksgiving pageant may be the one stuffed with the heaviest serving of myth. This iconic tale is the main course in our nation’s foundation legend, complete with cardboard cutouts of bow-carrying Native American cherubs and pint-size Pilgrims in black hats with buckles. And legend it largely is.

In fact, what had been a New England seasonal holiday became more of a “national” celebration only during the Civil War, with Lincoln’s proclamation calling for “a day of thanksgiving” in 1863.

That fall, Lincoln had precious little to be thankful for. The Union victory at Gettysburg the previous July had come at a dreadful cost – a combined 51,000 estimated casualties, with nearly 8,000 dead. Enraged by draft laws and emancipation, rioters in Northern cities like New York went on bloody rampages. And the president and his wife, Mary, were still mourning the loss of their 11-year-old son, Willie, who had died the year before.

So it might seem odd that Lincoln chose this moment to announce a national day of thanksgiving, to be marked on the last Thursday in November. His Oct. 3, 1863, proclamation read: “In the midst of a civil war of unequaled magnitude and severity … peace has been preserved with all nations, order has been maintained, the laws have been respected and obeyed, and harmony has prevailed everywhere, except in the theater of military conflict.”

But it took another year for the day to really catch hold. In 1864 Lincoln issued a second proclamation, which read, “I do further recommend to my fellow-citizens aforesaid that on that occasion they do reverently humble themselves in the dust.” Around the same time, the heads of Union League clubs – Theodore Roosevelt’s father among them – led an effort to provide a proper Thanksgiving meal, including turkey and mince pies, for Union troops. As the Civil War raged on, four steamers sailed out of New York laden with 400,000 pounds of ham, canned peaches, apples and cakes – and turkeys with all the trimmings. They arrived at Ulysses S. Grant’s headquarters in City Point, Va., then one of the busiest ports in the world, to deliver dinner to the Union’s “gallant soldiers and sailors.”

This Thanksgiving delivery was an unprecedented effort – a huge fund-raising and food-collection drive. One soldier said, “It isn’t the turkey, but the idea we care for.”

The good people of nearby Petersburg, Va., had no turkey. Surrounded and besieged by Grant’s armies since June, they were lucky to eat at all. The local flocks of pigeons had all mysteriously disappeared and “starvation parties” were a form of mordant entertainment in this once cosmopolitan town.

What prompted Lincoln to issue these proclamations – the first two in an unbroken string of presidential Thanksgiving proclamations – is uncertain. He was not the first president to do so. George Washington and James Madison had earlier issued “thanksgiving” proclamations, calling for somber days of prayer. Perhaps Lincoln saw an opportunity to underscore shared American traditions – a theme found in the “mystic chords of memory” stretching from “every patriot grave” in his first inaugural.

Or he may have been responding to the passionate entreaties of Sara Josepha Hale, editor of Godey’s Lady’s Book – the Good Housekeeping of its day. Hale, who contributed to American folkways as the author of “Mary had a Little Lamb,” had been advocating in the magazine for a national day of Thanksgiving since 1837. Even as many states had begun to observe Thanksgiving, she wrote in 1860, “It will no longer be a partial and vacillating commemoration of our gratitude to our Heavenly Father, observed in one section or State, while other portions of our common country do not sympathize in the gratitude and gladness.”

So how did the lore of that Pilgrim repast get connected to Lincoln’s wartime proclamations?

The Plymouth “first Thanksgiving” dates from an October 1621 harvest celebration, an event at which the surviving passengers of the Mayflower – about half of the approximately 100 on board — were able to mark their communal harvest with a shared feast. By the account of the Pilgrim leader Edward Winslow, this event was no simple sit-down dinner, but a three-day revel. “Amongst other recreations,” Winslow wrote, “we exercised our arms, many of the Indians coming amongst us, and among the rest their greatest king Massasoit, with some ninety men, whom for three days we entertained and feasted, and they went out and killed five deer, which we brought to the plantation.”

There is nothing novel or uniquely American — and nothing especially “Pilgrim”– about giving thanks for a successful harvest. Certainly it has been done by people throughout history and surely by earlier Europeans in America as well as Native Americans.

But New Englanders, who had long marked a Founders Day as a celebration of the Pilgrim and Puritan arrivals, began to move across America and took this tradition – and their singular version of history — with them. Essentially a churchgoing day with a meal that followed, the celebration of that legendary feast gradually evolved into the Thanksgiving we know.

Eventually, it was commingled with Lincoln’s first proclamation. During the post-Civil War period, the iconic Thanksgiving meal and the connection to the Pilgrims were cemented in the popular imagination, through artistic renderings of black-cloaked, churchgoing, gun-toting Puritans, a militant, faithful past that most likely rang familiar for many Civil War Americans.

But one crucial piece remained: The elevation of Thanksgiving to a true national holiday, a feat accomplished by Franklin D. Roosevelt. In 1939, with the nation still struggling out of the Great Depression, the traditional Thanksgiving Day fell on the last day of the month – a fifth Thursday. Worried retailers, for whom the holiday had already become the kickoff to the Christmas shopping season, feared this late date. Roosevelt agreed to move his holiday proclamation up one week to the fourth Thursday, thereby extending the critical shopping season.

Some states stuck to the traditional last Thursday date, and other Thanksgiving traditions, such as high school and college football championships, had already been scheduled. This led to Roosevelt critics deriding the earlier date as “Franksgiving.” With 32 states joining Roosevelt’s “Democratic Thanksgiving, ” 16 others stuck with the traditional date, or “Republican Thanksgiving.” After some congressional wrangling, in December 1941, Roosevelt signed the legislation making Thanksgiving a legal holiday on the fourth Thursday in November. And there it has remained.


Kenneth C. Davis is the author of “Don’t Know Much About History” and “America’s Hidden History.” His forthcoming book, “The Hidden History of America At War: Untold Tales from Yorktown to Fallujah,” includes an account of the siege of Petersburg, Va.

Voir par ailleurs:

The Cowardly Incoherence of Name-Changing, Statue-Toppling, and other Iconoclasms

 

 

 

 

A few activists succeed in demonizing Father Serra and removing a mission bell, but progressives still want the names ‘Stanford’ and ‘Yale’ on their résumés.My undergraduate alma mater, UC Santa Cruz, recently agreed to remove a mission bell donated years ago by a local women’s club.

The university ceded to the wishes of one Valentin Lopez. He is the chairman of the Amah Mutsun Tribal Band.

Val brought forth concerns to us about the symbolism of the bell. He spoke of the historical injustices and oppression that the bell represents to the Amah Mutsun and indigenous populations. It was such a compelling statement of impact and I am pleased we have been able to work in partnership with them on the removal. Our students have also given voice to the need to remove the bell.

So said Sarah Latham, vice chancellor for business and administrative services at UCSC.

The triumphant Lopez added, “These bells are deeply painful symbols that celebrate the destruction, domination and erasure of our people. They are constant reminders of the disrespect our tribe faces to this day.” Latham offered no clarification about the definition of “students have also given voice,” in terms of numbers of students or votes. Neither the taxpayers of the state-funded institution nor the alumni were surveyed. Apparently, no one wondered, while considering the list of impediments to the progress of Native Americans, just how high an offending bell at UC Santa Cruz ranks.

About the same time, at San Francisco’s Washington High School, it was announced that an 83-year-old mural chronicling George Washington’s life was slated to be removed, destroyed, or covered up, owing to “accusations of racism.”

Yet the artist, Victor Arnautoff, was a leftist who in 1936 had sought to offer a realistic view of what he thought was a flawed American history. No matter. The school board caved to the objections of one Virginia Marshall, apparent spokesperson for “the Alliance of Black School Educators,” who demanded the removal: “It is a racist mural. My history should not be racist but it is. I came from slaves.”

Apparently thus spoke Zarathustra. And, presto, the board of education then caved, vowing to find the $375,000 to $825,000 to Trotskyize the mural and please Virginia Marshall.

No one meekly suggested that perhaps 20 to 30 annual tutors might be hired for the same sum to address any perceived asymmetries in comparative school achievement. A cynic might add that there are greater challenges to achieving parity for black public-school students than a historic mural. (I would suggest either recalling the school board, providing more vouchers and access to charter schools, or inculcating a new ethos among wealthy progressives that would lead them to enroll their children in inner-city public schools and match their elevated rhetoric with concrete reality.)

These examples of destruction or removal could easily be multiplied. My graduate alma mater and current employer, Stanford University, recently removed the name of Father Junipero Serra from two buildings and a mall on campus. Yet to avoid too much disruption (and perhaps to allay fears of alumni donors), it did not erase all things referencing the now odious Serra from other more recognizable streets and places.

As Stanford put it, describing the deplatformed and defriended Father Serra: As founder of the missions of early California, he was responsible for “harmful and violent impacts of the mission system on Native Americans, including through forced labor, forced living arrangements and corporal punishment.”

Epidemics of iconoclasm (from the Greek “breaking of icons”) erupt often throughout history, usually but not always in a religious context. And is not political correctness our era’s version of religion?

In our own time, we remember the Taliban’s recent destruction of the monumental sixth-century “Buddhas of Bamiyan” statues in Afghanistan, or the torching of priceless manuscripts in Timbuktu by Mali Islamists. The arguments for such destruction were not unfamiliar to American leftists and identity-politics activists: Such icons were hurtful to particular marginalized groups and an affront to their dignity and therefore must vanish.

The destruction of pictures, books, statues, and icons occurred periodically during Byzantine, Catholic, and Protestant church history, and was usually marked spurts of religious fanaticism, intolerance, and fear. Indeed, in early Byzantine history, iconoclasm was in part driven by frontier Christian towns, terrified that Constantinople’s use of ubiquitous symbols of Christ and Church fathers might provoke their neighboring Muslim adversaries into violence. We forget the role of fear and cowardice in iconoclasm, ancient and modern.

Politics of the day of course often determined who or what was defaced or destroyed. Yesterday’s deified Roman emperor was today’s persona non grata. Recently deceased Roman grandees suffered damnatio memoriae (damnation of memory) and so, Soviet-style, had their faces erased from stone imagery — albeit sometimes bodies were left intact as a money-saving gesture, in perhaps history’s first example of the efficacy of interchangeable parts.

French revolutionaries, like our modern iconoclasts who topple statues of Confederate soldiers in the night, often went wild destroying monuments, portraits, and names affiliated with the Ancien Régime and the Catholic Church. Like frontier posses who stormed jails to lynch detained suspects, such gangs often relied on numbers and darkness.

When I lived in Greece, it became a parlor game in my Athenian neighborhood to count how many time nocturnal political vandals would chop off the bronze head of the Harry Truman statue. His apparent sins at that time were that, years earlier, he had funneled American money to war-torn impoverished Greece and thus curtained its chance of enjoying the benefits of Soviet Communism with its Balkan neighbors of the era. Since then, poor twelve-foot bronze Harry has been guillotined, graffitied, painted, bombed, and toppled, according to the current anti-American gripe of the day.

So iconoclasm of the past and our current social-justice statue-topplers, aggrieved name-changers, and angry image-removers are often predictable. Here are a few of the rules of their ancient and modern wars on the past.

Undemocratic

The agitators are never democratic and rarely act with any popular mandate or consensus. UC Santa Cruz did not hold a referendum to see whether Valentin Lopez enjoyed majority student, much less community, support. Many in the Latino community, as traditional Catholics, might hold a more balanced view of Father Serra, given the crowds of present-day tourists and worshipers who daily frequent the California missions. That demographic fact may be why an otherwise hyper-political and often unhinged California state government apparently does not dare rename, remodel, or close down the touristy missions.

Instead, in most cases, bureaucrats simply react to the loudest and most bothersome agitation. Their assumption is that political activists can easily smear their résumés, while the silent majority of citizens is mostly too busy to object and will not rally en masse to their sobriety.

Bureaucratic and Careerist

When the wild demands of a few are made to destroy this or rename that, the race is on among administrators, bureaucrats, and careerist state officials to appease rapidly, and in the most unctuous fashion, usually by employing bureaucratese such as “harmful” and “hurtful” and “impacts” — without any real research into the complexities of the history in question, which so often is paradoxically tragic rather than simplistically melodramatic. Anyone who has served on a dean or provost’s search committee will be familiar with the embarrassing boilerplate letter from the applicant that references his past progressive dexterity in caving to such demands, the more obsequiously the better for future advancement.

Opportunistic and Selective

Rarely do the revisionists who wage war on history offer any rational and systematic agenda for their otherwise spontaneous tantrums. Father Serra is a demon because his views of civilization included transforming California from a sparsely populated land of impoverished native peoples into a Catholic outpost of the Spanish Empire, to be supposedly enriched by faith, commerce, agriculture, communications, and literacy — an agenda that included coercive beating and cultural transformation.

But is Father Serra a Hitlerian figure to his contemporary enemies or just a nuisance? Translated, does that mean Lopez is satisfied that he gets credit for removing one obscure bell at UC Santa Cruz, when there are still hundreds of such iconic bells dotting the ancient El Camino Real that joined the missions? Would he be willing to take on much of the working classes of the California Latino community who may feel that Serra’s legacy enhances their religious heritage and whose anachronistic ideas of “progress,” mutatis mutandis, nonetheless helped make California the sort of place that was preferable to, say, Oaxaca and thus worth risking one’s life to cross the border to reach?

Stanford justifies its selective Father Serra name-changing by citing the “violent impacts” of his “forced labor, forced living arrangements and corporal punishment.”

How rich the vocabulary, given that many social reformers of the last 150 years have targeted Leland Stanford himself — maligned as the “robber baron” and “Big Four” schemer, founder and donor of Leland Stanford Jr. University — with precisely that allegation. The usual writ is that Stanford brutally imported Asian laborers as construction workers in his vast railroad archipelago. He wrote freely about their racial inferiority, and he exploited them mercilessly as he built a vast fortune, much of it central to founding the university that now bears both his son’s and, by extension, his own family name.

When I was a graduate student in 1975, undergraduates (at least then far less hypocritical than their contemporary descendants) voted to rename their own university mascot from “Indians” to “Robber Barons,” a plebiscite whose results were quickly nullified by administrators.

In the pantheon of race, class, and gender villains, many historians might rank Stanford as a Serra coequal who justified his civilizing mission in terms of breaking eggs to make an omelet.

To be consistent, Stanford University might at least decide whether or not Serra nomenclature is toxic, rather than selectively blotting out a rarer Serra reference here and there on the theory that students will be pacified by a morsel of politically correct iconoclasm while gift-giving alums might go ballistic at a politically correct feast. Certainly, Stanfordites would not welcome any name change of their beloved Junipero Serra Boulevard that runs through campus; otherwise, it logically might be the best virtue-signaled target of Stanford political correctness.

Note that the university is no more likely to change the name of Stanford to something like Amah Mutsun University to rectify the theft of indigenous peoples’ lands than Yale University is willing to give up the names of its slave-owning founders. The selective outrage is not just because old white Neanderthal alumni love going to Yale or Stanford iconic football games, but rather because tens of thousands of woke nonwhite students and alumni are proud of their tony “Yale” and “Stanford” diplomas. They are not about to destroy their career investments in such a brand name on the altar of systematic and coherent politically correct name-changing.

Left-Wing

The new iconoclasm is almost as exclusively progressive in the West as it is reactionary in the contemporary Muslim world. But the common thread, past and present, East and West, to epidemics of name-changing, statue-smashing, and mural-erasing is political opportunism fueled by fear and careerist anxiety.

Certainly — in the age of #MeToo and heightened awareness of the lifelong damage to women from rape, sexual harassment, and asymmetrical sexual relationships fueled by an imbalance of power — no one is suggesting that thousands of local and state boulevards that were renamed Martin Luther King Jr. in the 1970s should now retransition, given recent disturbing revelations that King might have allowed a rape to occur in his presence, was a serial philanderer, and often, under today’s definitions, pressured sex from younger and more vulnerable females.

No one would dare suggest that feminist icon Margaret Sanger’s name be removed from awards, dinners, or monuments, given that by any modern standard she would be classified as a racist eugenicist. She saw abortion on demand, at least partly, as a way of limiting the growth of perceived nonwhite populations. The disproportionate number of African Americans aborted through the agency of Sanger’s legacy, Planned Parenthood, seems a logical consequence of her founding ideology.

In my hometown, I certainly have not demanded that the city council remove what I see as a somewhat offensive statue of the Aztec goddess Coatlicue. She is usually portrayed as a hideous clawed mother goddess, decked out in writhing serpents, with a grotesque necklace of dangling human hearts, skulls, and hands. She was an unforgiving goddess for whom tens of thousands of innocent men, women, and especially children, many of them indigenous peoples enslaved by the Aztecs, were sacrificed. Why honor such a monster?

In such a vein, one could argue that the San Diego State “Aztecs” glorify triumphalist imperialist mass murderers, even more than the supposedly offensively named Washington Redskins do. Immigrants from Oaxaca and southern Mexico are as likely to be descendants from Tlaxcala, which resisted the Aztec Empire, as they are descendants of the Aztecs themselves. So they could be the progeny of people targeted for extinction and human sacrifice by a neighboring fascist imperialist bully.

The truth is that once the statue-smasher and name-changer gets a free hand, we should expect no logic, no respite from zealotry and bigotry. He operates from emotion, not reason, and his currency is intimidation, not persuasion, consistency, and coherence — when no official is willing to just say “No!” Taking down a mural of George Washington makes about as much sense as erasing all the thousands of streets and statues named for Caesar Chavez, who at times operated hand in glove with a nightmarish Synanon cult to denigrate his own members (“Every time we look at them, they want more money,” Chavez said in 1977, complaining about farm workers. “Like pigs, you know. Here we’re slaving, and we’re starving and the goddamn workers don’t give a shit about anything.”) 

Chavez sent his union goons down to the border to beat up, intimidate, and force back illegal aliens whom he derided as scab laborers dangerous to the unionizing efforts of his familial union empire. Pressed on his derogatory use of “illegals” and treatment of the undocumented, he scoffed, “No, a spade’s a spade. You guys get these hang-ups. Goddamn it, how do we build a union? They’re wets, you know. They’re wets, and let’s go after them.” In comparison, Father Serra might seem to some benign.

The insanity that we are witnessing has little or nothing to do with icons that institutionalize disparities or impede social justice. Iconoclasm is about power — and the psychological lift that comes with exercising it.

Voir enfin:

Cook (Noble David), Born to Die. Disease and New World Conquest, 1492-1650

[compte-rendu]

Outre-Mers. Revue d’histoire Année 1999 324-325 pp. 363-365

COOK (Noble David), Born to Die. Diseuse and New World Conquest, 1492-1650. Cambridge University Press, 1998, 23 cm, 248 pages, cartes, illustrations, index.

La rapidité de la conquête de l’Amérique ibérique, comme l’ampleur du traumatisme démographique subi par les populations amérindiennes, ont très vite interpellé les contemporains. Deux principales explications fleurissent ainsi dès le XVT siècle. Popularisée par les écrits de Bartholomé de Las Casas, la première insiste sur la cruauté des Espagnols ; une explication aussitôt reprise et amplifiée par les ressortissants des nouvelle puissances coloniales de l’Europe du Nord-Ouest, ennemies plus ou moins acharnées de la très catholique Espagne. Cette « légende noire » devait ensuite connaître un succès durable, réapparaître avec force lors de la guerre hispano-américaine de 1898, et persister encore, en certains milieux. Inversement, dégageant le colon de toute responsabilité, voire légitimant son intrusion, la seconde explication était religieuse : en favorisant la disparition des populations locales, Dieu avait voulu punir les natifs de leurs crimes réels ou supposés (cannibalisme, sacrifices humains) et faciliter ainsi la mission des Européens qui consistait à édifier un monde nouveau et civilisé.

Les pertes, en fait, s’expliquent à 90% par les effets de la maladie. Les natifs sont morts en grand nombre partout où ils ont été mis en contact avec les Européens, quelle que soit la nationalité de ces derniers et la nature du régime colonial imposé. Il a fallu attendre le XX’ siècle et les progrès de la médecine afin de comprendre vraiment et de pouvoir expliquer ce que l’on avait pu jusque-là pressentir. Depuis les travaux de John Duffy, en 1951, les recherches à propos des liens entre maladie et conquête se sont multipliées, sans pour autant conduire à une véritable synthèse. L’ouvrage de N.D. Cook comble donc une réelle lacune. Son objectif -couvrir l’histoire de la conquête épidémiologique d’un continent sur une période de deux siècles- est ambitieux ; ne serait-ce que parce que l’identification précise de la nature des maladies des XVIe et XVII’ siècles est parfois bien périlleuse. Mais la tentative était nécessaire afin, comme le dit justement l’auteur, de sortir d’un cercle vicieux où le débat non informé est la contrepartie logique d’une incomplète information. Servi par une connaissance très érudite de son sujet, maîtrisant une large bibliographie (dans laquelle, cependant, les travaux français sont bien rares), et utilisant des sources aussi nombreuses que variées, émanant d’Européens et d’Amérindiens auxquels il donne souvent la parole, N.D. Cook remplit pleinement sa mission. Les modes de transmission et de réception des maladies, la chronologie et la géographie des épidémies sont soigneusement disséqués. Au passage, des points sont faits à propos de sujets où les statistiques divergent souvent, comme celui du nombre d’habitants à Hispaniola avant l’arrivée de Colomb.

On voit ainsi que le nouveau monde n’était pas exempt de germes pathogènes avant la conquête, mais qu’ils prirent souvent une allure destructive du fait de l’introduction de vecteurs extérieurs. Parmi les forces de mort importées, la variole d’abord, puis la rougeole furent essentielles. Vinrent également la peste, le typhus et choléra, ce dernier de manière tardive, avec le temps de la navigation à vapeur et des voyages transocéaniques écourtés. Leur transmission fut largement involontaire. La plupart de ces maladies existaient dans de nombreuses parties de l’Europe du début de la Renaissance, notamment dans les villes, où des formes endémiques étaient régulièrement réactivées en période de crise (malnutrition, guerre…), comme lors de la prise de Grenade. Des épidémies répétées de variole et rougeole touchaient alors les plus jeunes dans les ports de l’Andalousie. Aux Amériques, la maladie préparait la famine, laquelle touchait également les nouveaux venus, souvent affaiblis par une constitution fragile, le climat et la pratique de nouveaux aliments. Peu à peu, l’on passa du stade des épidémies à celui des endémies, soit de la « visite » de la maladie à la vie avec elle. La succession des vagues mortelles – souvent séparées par le temps d’une génération – explique que ceux ayant résisté à une première ont souvent été conduits au tombeau par une seconde. Ajoutons que de nombreuses maladies opèrent leur travail morbide de manière combinée et l’on s’accordera parfaitement avec le titre de l’ouvrage : naître pour mourir, tel a été le destin partagé par des millions d’individus.

Il résulte de tout cela que les épidémies ont grandement facilité la conquête, affaiblissant parfois les populations natives des semaines ou des années avant leur véritable confrontation avec les hordes coloniales. Même en l’absence d’échanges importants, l’existence de contacts permanents entre les périphéries de territoires différents (par le biais, par exemple, d’une importante navigation indigène dans les Caraïbes et le long des côtes de l’Amérique andine) facilite en effet la propagation des maladies. Tous les Européens, et non les seuls Espagnols, ont tiré profit des ravages ainsi causés. On oublie souvent que les terres décrites comme vierges par les Français, les Hollandais et les Anglais étaient en fait des territoires dépeuplés, et qu’à l’époque où le Mayflower aborda les côtes américaines la conquête était déjà pratiquement complète. Pour des raisons humanitaires parfois, afin de pouvoir conserver une main d’ œuvre nécessaire souvent, les Ibériques se sont assez vite préoccupés de sort des populations amérindiennes. Au XVI’ siècle ils ont même tenté (et échoué) de s’opposer à la propagation des germes nocifs. Ce ne fut pas le cas des puritains anglais persuadés du caractère divin de leur mission : civiliser un monde sauvage. Aux XVIII’ et XIX’ siècles, les colons anglais ont même parfois utilisé des linges infectés afin de mieux faire le vide autour d’eux ; mode de conquête qui n’a pas disparu au XX’ siècle et que l’on a rencontré dans certaines zones pionnières du Brésil.

Face au fléau, les natifs ont réagi de diverses manières. Ils ont fait appel à la médecine traditionnelle, sans succès, et se sont tournés vers leurs sorciers. Les maladies arrivant généralement avec les Européens, et ceux-ci tentant aussitôt de les christianiser, les Amérindiens ont parfois cru que le baptême était un instrument de mort. Cela a conduit à la réactivation de certaines traditions religieuses et au déclenchement de révoltes à caractère messianique. Ces pistes, simplement suggérées par N.D. Cook auraient pu être plus largement développées. S ‘attachant surtout à une analyse chronologique et régionale de la conquête épidémiologique du nouveau monde, il ne fait qu’une place réduite aux données culturelles. Il manque peut-être également un aperçu synthétique et global de cette conquête. Mais cela n’était sans doute pas l’objectif premier de l’auteur. Grâce à lui, nous disposons désormais, sur les faits proprement dits, d’une synthèse très utile, tout à la fois claire et précise.

Université de Bretagne-Sud à Lorient Olivier Pétré-Grenouilleau


Cherchez l’erreur: Des imams ont organisé un rassemblement en hommage aux familles des victimes et… personne n’est venu ! (In France, the most radical voice of social cohesion may very well be the ‘imam of the Jews’ who refuses to shut up and pray)

12 octobre, 2019
L’imam français Hassen Chalghoumi et Reuven Rivlin, président de l’Etat d’Israël. (Crédit photo : Facebook / Hassen Chalghoumi)

La majorité silencieuse, (…) on ne [la] voit jamais à la télévision. On ne montre que les barbus, les fanatiques, ceux qui affirment que je suis isolé et font régner un climat de peur. Hassam Chalghoumi
Ce rassemblement a pour but de montrer que nous sommes tous ensemble. Soutiens aux victimes et à leurs familles. Nous sommes tous contre l’islamisme, qui est une maladie de l’Islam malheureusement. Un assassin tue au nom de ma religion, il prend en otage les musulmans. C’est nous les musulmans les premières victimes. J’invite les fidèles à sortir pour dénoncer l’islamisme, dire : ‘ma vision de l’Islam n’a rien à voir avec ces criminels et ces assassins, cette minorité qui gangrène nos jeunesses, qui manipule. L’islamisme c’est la parole de la haine, c’est des fachos. Nous on ne veut pas ça’. Quelqu’un qui n’a pas une vision républicaine, qui n’aime pas la France, qu’est-ce qu’il fait ici ? Il peut partir ailleurs, il nous laisse en paix. Hassam Chalghoumi (conférence des imams sans mosquée de France)
J’accuse la chaîne Al Jazeera, avec sa propagande de haine et celle du Hamas, celle de tous les sites islamistes… Al Jazeera m’a qualifié de traître, de vendu et j’ai été obligé de déposer une plainte pour menace de mort. (…) parce que nous avons dénoncé la mascarade des islamistes et leurs manipulations. Nous voulons montrer le côté positif de l’islam. Il y a trop de sites qui expriment leur haine notamment contre Israël, mais cette jeunesse ne va pas s’arrêter là, parce nous allons faire une tournée à travers la France pour poursuivre notre mission et transmettre ce que nous avons vu en Israël. A ceux qui me menacent de mort, je veux leur dire qu’ils ne me font pas peur, et je ne baisserai jamais les bras, j’avance vers le dialogue, je suis un homme de paix, et telle est ma vision de l’islam. Hassen Chalghoumi
Il faut faire attention aux amalgames et aux surenchères: la société américaine surtout celle de Manhattan est ouverte et tolérante… Il y a des racistes et des fascistes évangélistes… Ce n’est pas une raison pour jouer avec le feu, à la provocation… On peut construire une mosquée n’importe où, mais pas à coté d’un charnier, d’un mémorial de la barbarie terroriste des islamistes d’Al-Qaïda. (…) Aucun texte coranique ne parle de la burqa. Il faut faire la différence entre la religion musulmane et les traditions de certains musulmans. Dans l’islam sunnite, il y quatre écoles théologiques: les quatre disent que la burqa n’est pas une obligation. Tous les savants musulmans disent que le visage de la femme n’est pas une partie intime… Alors, il y a plus important et plus sacré dans notre religion qu’un bout de tissu. (…) Si vous dites le contraire, citez le verset coranique qui parle de la burqa! Il n’y en a aucun. La burqa est un phénomène étranger au coran, étranger à l’islam du Maghreb, étranger à l’islam qui n’a rien à cacher, étranger à l’islam des Lumières. [un islam de France] C’est un Islam libre des ingérences étrangères et des ingérences policières ; Libéré des manipulations des politiques et des gesticulations des fanatiques ; Libéré du paternalisme post-colonialistes des indigènes-nihilistes et des idiots-arrivistes ; Libéré des intégristes et des affairistes ; Libéré des surenchères gauloises et des compromissions munichoises ; l’Islam de France est Contre les racistes musulmans et les extrémistes islamistes. (…) Il y a beaucoup d’imams qui pensent comme moi, malheureusement ils ont peur. Certains ont pris position comme moi, ils ont été « chassés » de leurs mosquées, ou insultés, ou menacés… Et puis ils ont vu un mauvais exemple dans la mosquée de Drancy: assiégée, agressée pendant plusieurs mois sous le regard impuissant des pouvoirs publics… Et puis il y a des imams fonctionnaires, salariés des gouvernements étrangers… Et surtout certains représentants de notre Etat et certains représentants de notre nation préfère fricoter avec les intégristes et les affairistes de l’UOIF. (…) j’ai condamné les « BRUITS ET LES ODEURS » de certains politiciens français, j’ai condamné les surenchères irresponsables et les dérapages intolérables des Estrosi et des Lefevre… Malheureusement, nous les musulmans de France, nous n’avons pas un média digne qui fait entendre notre voix. [l’influence des Frères Musulmans en France] elle est dangereuse, elle est grandissante, elle est lâche, elle est usurpatrice… La majorité des musulmans de France n’appartiennent pas à cette secte intégriste et populiste qui a fait 200 000 morts en Algérie par exemple, mais la cécité et la lâcheté des pouvoirs publiques ont laisser s’épanouir et grandir ce monstre qui mange ses enfants. (…) Nous sommes des Français… Et il faut imposer au gouvernement français nos vrais problèmes et surtout le racisme. Par exemple, SOS Racisme doit commencer à s’intéresser réellement au racisme que subissent plusieurs catégories de Français au lieu de jouer aux apparatchiks idéologiques de la morale sélective. SOS Racisme doit comprendre que le racisme que subissent les musulmans n’est pas celui que subissent des assassins menacés par la perte de leurs papiers de nationalités, ni les regards choqués ou mêmes haineux que subissent certaines femmes dont le regard et le visage sont cachés par une insupportable burqa, ni la discrimination réelle à l’entrée des discothèques. Le vrai racisme, c’est ce que subissent nos enfants à l’école, nos familles au logement, nos salariés au travail, nos diplômés à la promotion sociale… (…) Le président actuel a sauvé la Tunisie de la guerre civile algérienne. Les mêmes intégristes tunisiens voulaient instaurer la même barbarie talibane et provoquer la même guerre civile algérienne… La Tunisie est un pays libre et moderne… Il y a même des Français qui vont se soigner la bas… L’islam de la Tunisie est l’islam modèle, celui de la modération et de la modernité….. Je suis imam français et je suis fier de mon pays d’origine la Tunisie qu’Allah protège. (..) Je déteste l’expression « les quartiers », ce que vous appelez ainsi, sont une partie de la France, que plusieurs gouvernement de notre France ont négligé, et que les Frères Musulmans soutenus par des gouvernements étrangers sont en train de gangrener. (…) Ce n’est pas le combat d’un seul homme, ni de la seule communauté musulmane, ni seulement du gouvernement… Tout le monde doit concourir à combattre les extrémistes, surtout en luttant d’abord contre le racisme. Le département du 93 est le symbole de la diversité, il est le thermomètre de l’intégration: Les représentants de l’Etat et de la nation doivent réussir à faire de ce département un modèle économique, social et républicain, un modèle du vivre ensemble. Dans le 93, il y a le siège de tous les mouvements, sectes et organisations musulmanes ou islamistes. Je demande que les intégristes islamistes ne restent pas les interlocuteurs exclusifs des représentants de la Nation. Il y a parmi nous, les musulmans français, des cadres républicains, des hauts fonctionnaires, des patrons, des professeurs de médecine, des professeurs émérites d’université, des créateurs de richesses et des vecteurs de sagesse, des personnes méritantes qui aiment la France et qui respectent l’islam. Il n’y a pas que des intégristes qui font du business avec l’islam. (…) Regardez les vidéos postées par les intégristes du collectif Cheikh Yassin et vous écouterez les messages de haine contre les juifs. il faut être courageux pour admettre que les intégristes islamistes détestent les juifs comme ils détestent les femmes d’ailleurs. (…) Le terme charia est très manipulé et galvaudé… Pour des imbéciles, la charia c’est le mariage du libertinage et la lapidation des femmes adultères… La charia est le chemin de la religion. Alors il faut réformer notre façon de voir les choses… Il faut réformer nos visions… Il faut nous réformer nous musulmans, parfois indignes d’une belle et grande religion qu’est l’islam. (…) Vous me parlez de Tariq Ramadan qui est un intégriste suisse et non pas un musulman français.. Lui et sa secte dangereuse, les Frères Musulmans, ont perverti la religion au point de pousser les Suisses à devenir racistes et à interdire les minarets. Est-il normal que ce Tariq Ramadan aille soutenir le voyou polygame de Nantes qui a insulté notre religion en déclarant que l’islam autorise les maitresses ? J’ai honte. (…) il n’y a pas de dirigeant de l’islam de France… le CFCM est une catastrophe honteuse, une coquille vide gangrenée par l’UOIF. Le Président de notre République a bien fait de créer cette institution, mais ce n’est pas à lui de remplacer les intégristes ou les fonctionnaires étrangers qui la dirigent pas des musulmans français compétents… C’est un vrai problème. (…) J’aimerais remercier particulièrement le maire de Drancy, l’un des hommes politiques français les plus courageux et les plus républicains… Il a résisté avec moi aux racistes et aux islamistes. Il mérite de remplacer la catastrophe qu’est devenue Fadela Amara, car la Politique de la Ville mérite des hommes ou des femmes compétents et non des guignols, sinon le racisme et l’islamisme vont s’accroitre, se nourrir mutuellement et nous mettre TOUS en danger. Hassen Chalghoumi
As right-wing rabble rousers throughout Europe make themselves known to media, it’s time to tell the more surprising stories. Here’s one: in France, the most radical voice of social cohesion may very well be an imam. Yup, a Muslim cleric. Hassen Chalghoumi deserves to become a household name in America. Chalghoumi is the imam of Drancy, a suburban Parisian town that deported Jews to their death during World War II. Imam Chalgoumi seeks to preserve this history so that it’s never forgotten. In fact, we met him at the Holocaust Memorial in Drancy, where he recited the opening verses of the Qur’an. The imam later told us that the Holocaust isn’t only a Jewish issue; it’s a human one that Muslims must honestly grapple with if they want credibility when complaining about Islamophobia. Coming from an imam, such a statement is more than rare. It’s refreshing. But Chalghoumi’s platform doesn’t end in Drancy. He founded the French Conference of Imams, has written several books in French and Arabic, and intends to speak with American audiences as his English improves. We can only hope that he’ll be welcomed, since he seeks to unite Muslims, Christians and Jews to conquer what he calls the real enemy: fanaticism, including the Islamist kind. His message of peace has its detractors. Opponents sarcastically describe Chalghoumi as the “Imam of the Jews.” He frequently faces death threats via voicemail. His house was trashed soon after he led a 2006 Holocaust remembrance. Later, vandals doused his car with gasoline. More polite pushback comes in the form of counsel to stop appearing publicly and to end interfaith dialogue. Translation: shut up and pray. Chalghoumi follows half that advice. The other half, Chalghoumi flouts: He brought 20 French imams to Jerusalem’s Yad Vashem Holocaust memorial, where they proclaimed that life is more important than doctrine. The intensity of his moral courage doesn’t really reveal itself in Chalghoumi’s background. Born in Tunisia, he served as a conflict mediator for France’s national rail system. Then he opened a pizzeria, which became a neighborhood hotspot. In a gesture of sweetness but not necessarily backbone, Chalghoumi reached out to the local cops bearing gifts of pastry. On further reflection, though, we detect a pattern. The imam’s adult life is suffused with his intention to open lines of communication between seeming rivals. It’s a pattern rooted firmly in faith: in Islam, proper intention (known as “niyyah”) is at least as significant as action. But Chalghoumi also walks the talk, embodying the bold declaration that human dignity trumps religious identity. Irshad Manji and Antonio Marrero
Militants et intellectuels, une quinzaine de personnalités lancent un appel à la démission de Hassen Chalghoumi du poste de Président de l’association culturelle des musulmans de Drancy. Dans la ville de Drancy, le député-maire en place Jean-Christophe Lagarde, centriste de droite, maintient depuis 2008 le très controversé Hassen Chalghoumi à ses côtés en tant que Président de l’association culturelle des musulmans de Drancy. Ce faisant, il expérimente ce que Nicolas Sarkozy préconisait au niveau national : subventionner le culte musulman pour mieux le domestiquer. Le tout dans le mépris de la loi de 1905. Pari réussi, M. Chalghoumi n’a eu de cesse de servir le pouvoir en place contre les intérêts légitimes de la communauté musulmane à exercer son culte de manière indépendante et paisible. En janvier 2010, dans un contexte d’islamophobie porté par le pouvoir en place, il se prononce en faveur de la loi liberticide interdisant le port du voile intégral en France. Il avait par ailleurs activement soutenu le dictateur Ben Ali, alors que le régime réprimait dans le sang les manifestations pacifiques de la révolution tunisienne. En novembre 2011, alors que les Tunisiens élisent démocratiquement leurs représentants politiques, il agite l’épouvantail de l’islamisme et met en garde l’Occident contre la volonté d’Ennahda d’imposer la charia en Tunisie. Pendant les élections présidentielles de 2012, il milite avec M. Lagarde pour la candidature de Nicolas Sarkozy, par sa présence ostensible aux meetings du président sorti. Dernièrement en collaboration avec le CRIF, il va parader en Israël où il apparaît notamment aux côtés de Caroline Fourest, d’Elisabeth Levy et d’Alain Finkielkraut, personnalités dont les prises de position à caractère islamophobes ne sont plus à démontrer. Les actes de M. Chalghoumi dénotent une compromission avec un pouvoir dévoyé. Ils sont totalement incompatibles avec l’exercice de responsabilités au sein de l’association culturelle des musulmans de Drancy qui a vocation à permettre l’affirmation d’un islam empreint des valeurs de dignité, d’éthique, de justice et de liberté. L’instrumentalisation de M. Chalghoumi dans le déni de la laïcité, la gestion coloniale et l’ingérence politique de Jean-Christophe Lagarde à l’égard du culte musulman sont contraires à notre vision de la morale, de l’éthique politique et trahissent les valeurs de la République. Pour toutes ces raisons, nous exigeons la démission de Hassen Chalghoumi du poste de Président de l’association culturelle des musulmans de Drancy et la désignation consensuelle à cette fonction d’une personne intègre et légitime choisie par la communauté musulmane. Nous appelons les élus à ne pas instrumentaliser plus longtemps les institutions de culte dans le respect des valeurs de la République. Collectif pour la dignité des musulmans
Farid Hannache balance sec. L’ancien conseiller de Hassen Chalghoumi, sans qui son premier livre « Pour l’islam de France » sorti en 2010 n’aurait pas été possible, a décidé de sortir de l’ombre et de faire des révélations, sur le ton de la dénonciation, quant au passé du président de l’association gestionnaire de la mosquée de Drancy. Invité au micro de Beur FM mardi 26 février, Farid Hannache a ainsi fermement attesté que Hassen Chalghoumi a mené campagne pour Nicolas Sarkozy pendant la campagne électorale de 2012. Une information qui ne surprend guère puisqu’il est un des soutiens du maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde, engagé en 2012 pour la réélection de l’ancien chef de l’Etat. « C’est l’une des personnes qui a envoyé un bus de la mosquée de Drancy au meeting de Villepinte » en mars 2012 où « il était assis au premier rang avec les ministres et Sarkozy lui-même est venu le saluer », affirme-t-il, révélant que M. Chalghoumi est un de ceux qui auraient véhiculé le « fameux sms » dans lequel il était mentionné « les 10 raisons de ne pas voter PS ». « Dans l’immédiat, il critique Sarkozy car il roule pour Valls. Parce que ce que cherchent les politiques, ce sont des béni-oui-oui. » Sur son passé, Farid Hannache en dit long. Il affirme qu’à l’époque où il fut un prédicateur du mouvement des Tablighs, « il était tellement fiché intégriste que le ministère de l’Intérieur avait décidé de l’expulser » mais « ce sont les bons offices de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France, aujourd’hui décrié par M. Chalghoumi, ndlr), par l’intermédiaire de l’ancien président Lhaj Thami Breze, qui ont convaincu le ministère de ne pas l’expulser ». Toutefois, « il est interdit de séjour aux Etats-Unis malgré qu’il ait été reçu à Tel Aviv sur tapis rouge », selon M. Hannache qui raconte que l’ancien imam du foyer Sonacotra de Bobigny, employé en 2002 pour la société Fedex, s’était même vu retirer son permis de travail à l’aéroport Charles De Gaulle « parce qu’il était fiché dans la liste rouge des RG ». M. Chalghoumi fut bien manutentionnaire. Pourquoi se manifester que maintenant ? Celui qui fut la plume de Hassen Chalghoumi a déclaré vouloir « faire pénitence » auprès de tous ceux qui l’ont écouté du temps où il soutenait le président de la mosquée de Drancy. Il entend ainsi dénoncer « la gestion policière de l’islam de France et sa gestion néocolonialiste avec la prédominance des lobbies sionistes qui sont en train d’imposer qui doit parler ou non au nom des musulmans ». Sa sortie médiatique lui permet également, à bien des égards, de ne plus voir son nom associé à l’impopulaire Hassen Chalghoumi. Ce dernier, si décrié des musulmans, est adulé des médias à l’heure où le livre d’entretien « Agissez avant qu’il ne soit trop tard » signé David Pujadas jouit d’une belle promotion. Les failles dans sa communication font jour. Les révélations de Farid Hannache ne manqueront pas d’éclabousser « l’imam de Drancy ». Saphir news
L’imam Hassen Chalghoumi est particulièrement choyé par les médias et de nombreux responsables politiques. Il est censé représenter un islam modéré, sans interférence de l’étranger. Il veut également promouvoir le dialogue judéo-musulman, apaiser les tensions communautaires qui traversent notre pays et contribuer à combattre la mauvaise image de l’islam en France. Un récent sondage montrait que 74% des Français expriment un sentiment de défiance à l’égard de cette religion. Ces intentions sont louables. Mais son action et sa mise en scène vont à l’encontre des buts recherchés. L’imam Chalghoumi est largement ignoré, voire violemment rejeté par ses coreligionnaires. Début décembre 2012, j’avais pointé l’écart entre son exposition médiatique forte et son enracinement pathétique sur les réseaux sociaux (à l’époque 37 followers pour Twitter et 105 mentions « j’aime » sur Facebook). Pas vraiment un leader populaire. Il n’est en rien représentatif des musulmans. Ce sont les médias et quelques responsables politiques qui le désignent comme tel. D’où un grand malaise provoquant un rejet, les musulmans refusant de se voir assigner par des non-musulmans un représentant qu’ils n’acceptent pas. Si Chalghoumi est rejeté, ce n’est pas parce qu’il est modéré, comme certains veulent le faire croire, mais parce qu’il est illégitime. Il est désigné représentant d’une communauté par ceux qui n’y appartiennent pas. Chalghoumi est ce que la sociologie américaine appelle un « native informant », ces figures qui occupent la parole d’une communauté dont ils n’ont pas le soutien, mais qui tirent leur légitimité des médias et des milieux politiques dominants. Il dit ce que la majorité a envie d’entendre de la part d’une minorité, mais pas ce qu’elle pense réellement. Les « informateurs indigènes » valident les stéréotypes que la majorité véhicule sur leur communauté. On parle également des « rented negroes », ces noirs américains qui monopolisent le paysage médiatique pour donner « un visage de noir pour une opinion de blanc ». Chalgoumi est loué dans les deux sens du terme et l’un parce que l’autre ! Si la communauté concernée commence à être informée, comme le sont aujourd’hui les musulmans français, la manœuvre ne marche plus. Cette manipulation de l’information devient un défi démocratique. De surcroit, elle conforte les stéréotypes que l’on dit vouloir combattre. Le message qui est envoyé au public c’est qu’un imam modéré est rejeté par ses coreligionnaires qui sont donc, dans leur majorité, extrémistes. La mise en scène de Chalghoumi, loin de combattre le préjugé d’un islam radical et intolérant, le conforte puissamment. Développer le dialogue judéo-musulman est une bonne chose. Le faire comme Chalghoumi ne créé pas un pont, mais creuse le fossé. Cela accrédite l’idée que le conflit du Proche-Orient est d’essence religieuse. Le problème de ce conflit n’est pas l’islam. C’est l’occupation israélienne des Territoires palestiniens. Chalghoumi renforce l’idée que si les musulmans étaient plus modérés, le conflit pourrait être résolu, et la France préservée de son importation. Il est considéré comme une vedette par les représentants institutionnels de la communauté juive, où il a plus de soutien que parmi les musulmans. Cela n’est pas sans poser un problème de légitimité de représentation. Il ne s’est jamais élevé contre l’occupation israélienne. Il est muet sur les appels à une solidarité inconditionnelle avec le gouvernement israélien lancés régulièrement par les responsables institutionnels de la communauté juive. Son partenariat avec les institutions juives n’est en rien équilibré ou réciproque. Il fait allégeance et obtient en retour une reconnaissance politique et médiatique nationale personnelle, mais rien pour sa communauté ou pour la cause palestinienne. Il accrédite l’idée qu’un musulman « modéré » ne critique pas le gouvernement israélien, et que ceux qui le font sont des extrémistes. L’immense majorité des musulmans, tout en étant critiques à l’égard de la politique israélienne, condamnent l’antisémitisme et les actes antisémites. Ils ne peuvent donc se considérer comme représentés par Chalghoumi. En favorisant Chalghoumi, le CRIF privilégie le soutien à Israël sur la lutte contre l’antisémitisme. Chalghoumi, faisant une mission de paix en plein bombardement israélien sur Gaza en novembre dernier, n’a pas condamné ces derniers. Richard Prasquier, président du CRIF, se félicite de l’avoir connu au moment de l’époque de « Plomb durci ». Il dit qu’il fallait « avoir beaucoup de courage pour afficher ses relations avec la communauté juive » – mais donc aussi beaucoup d’opportunisme pour ne pas dire un mot sur (ou contre) les bombardements israéliens sur Gaza par l’armée israélienne. Il est au dialogue judéo-musulman ce que les bourgeois de Calais étaient au dialogue franco-britannique. Encore que ces derniers n’avaient guère le choix. Pascal Boniface
Votre livre est aussi intéressant par les sujets qu’il évite. On y chercherait en vain quoi que ce soit sur plusieurs sujets qui rendent l’islam inacceptable au sein de nos démocraties : L’absence de liberté de conscience. L’absence de liberté religieuse : l’interdiction faite à un musulman de renoncer à l’islam. Tout ce qui dans le Coran – ne parlons même pas de la sunna – est crime contre les droits de l’homme, les très nombreux versets qui appellent à la guerre pour discrimination religieuse, l’autorisation donnée aux maris de battre leurs épouses, le droit de flageller la femme adultère… tout cela disparaît dans votre islam tronqué, truqué, inventé seulement pour servir de leurre dans une guerre subversive. Il faudrait un volume aussi épais que le vôtre pour relever vos filouteries. J’espère que les quelques perles que j’ai relevées permettront de se faire une idée de l’ignominie de votre attitude à l’égard d’un pays où vous vivez, que vous avez le front de dire aimer, que vous trahissez au profit d’un totalitarisme, dont les Français ne veulent pas et qu’ils n’accepteront jamais. Une remarque encore : l’actualité nous a appris que certains musulmans de Drancy s’étaient dressés contre vous et vos prêches. Je ne veux pas croire qu’il s’agit là d’un coup monté par vos soins, pour mieux vous distinguer, vous « le modéré, le moderniste, le républicain, le laïque », des « islamistes » que, hors l’Islam, le monde entier exècre. Je pense sincèrement que vos agresseurs étaient des musulmans ordinaires, sincèrement soucieux du bon renom de leur religion et de leur civilisation : ils se sont sentis insultés par vos propos, qui présentent l’islam et son prophète sous des traits outrageants par leur fausseté ; ils ne savaient pas que vous jouiez un double jeu à l’intention des infidèles. Ce sont là les risques de la taqiyya. On peut supposer que vous les connaissiez quand, il y a une vingtaine d’années, vous avez décidé de partir en mission pour la France afin d’y accomplir un devoir, sacré en votre âme et conscience, ordonné précisément dans votre Livre saint : œuvrer à l’asservissement, puis à l’anéantissement de toute communauté autre que l’umma, la communauté totalitaire islamique. Riposte laïque
Hassen Chalghoumi, l’imam solitaire, le prêcheur de Drancy (…) incarne aujourd’hui un islam modéré et se bat depuis des années pour favoriser le dialogue entre jeunes des banlieues, musulmans et juifs. (…) à Drancy (…) En 2002, à la recherche d’un lieu de prière pour ses fidèles qui se comptent en milliers, il reçoit l’aide du maire de l’époque, Jean-Christophe Lagarde. (…) Chaque vendredi, son prêche attire quelque 4 000 Musulmans : 2 000 dans l’édifice, et autant dans les jardins de ce qu’il appelle la “mosquée de la paix”. Chalghoumi parle d’amour, entre les hommes et envers Dieu. Ses fidèles ? “La majorité silencieuse, celle qu’on ne voit jamais à la télévision. On ne montre que les barbus”, déplore-t-il, “les fanatiques, ceux qui affirment que je suis isolé et font régner un climat de peur”. En 2010, alors qu’il cristallise les passions par ses prises de position en faveur de l’interdiction du niqab, les caméras accourent à Drancy. Et ne montrent à l’écran que cette minorité visible que Chalghoumi dénonce pourtant. Les fils de Ouma.com, qu’il rebaptise “Haine.com”. Ou ceux du Collectif Cheikh Yassine. L’imam en colère pointe du doigt cinq ou six sites fanatiques, connus de tous, financés par les Frères musulmans ou d’autres mouvances salafistes. Des vecteurs d’intégrisme dont Merah serait le produit direct pour s’y être gavé de vidéos, affirme-t-il. “Pourquoi, pour l’amour du Ciel, le gouvernement ne ferme-t-il pas une fois pour toutes ces plates-formes web ? Par manque de courage politique ?”. La France doit balayer devant sa porte, insiste-t-il. “Il faut arrêter de chercher les coupables en Afghanistan, ils sont chez nous, dans nos prisons”. Les cellules constituent les terres de chasse des Frères musulmans, estime Chalghoumi. Et là encore, il en appelle au gouvernement : “Nous devons protéger notre avenir pour que la France reste la France de Voltaire”. Sa solution : créer un islam de France. Former des imams français. Car, explique-t-il, “on ne veut pas d’ingérence étrangère dans nos villes”. Celle de pays arabes, “comme l’Algérie, qui gère la Grande mosquée de Paris”. Ou celle, surtout, des Frères musulmans, ramifiés, infiltrés, omniprésents dans la capitale et ses zones satellites, mais aussi en province. Et de partir en croisade contre ceux qui se revendiquent de l’islam, “mais ont vendu leur âme à la haine, à l’antisémitisme”. Il faut prendre exemple sur la communauté juive, revendique Chalghoumi. Selon lui, “la communauté musulmane est à la traîne”. Des propos chocs, encensés par les uns, conspués par les siens. Peu importe, l’imam se bat pour ses idées : ôter toute stigmatisation sur les Juifs de la part des jeunes Arabes de banlieue qui exportent le conflit moyen-oriental, une fois encore, en toute méconnaissance du sujet. La Shoah, cela fait près de dix ans qu’il essaie d’en parler auprès des Musulmans de Drancy. Une évidence, selon lui. Par respect, pour contrer l’oubli. Et celui que d’aucuns taxent “d’islamo-guignol”, de “Sioniste”, “d’imam des Juifs”, a même fait la démarche de venir en Israël, en juin dernier. Invité par l’Institut français, à l’occasion du Forum de la Démocratie, Chalghoumi savait que son déplacement attiserait les foudres de ses détracteurs. Aux Israéliens venus le saluer et le remercier de ses prises de position courageuses, il répondait, la main sur le coeur, “souhaitez-moi bonne chance pour le retour”. Et de fait, il était attendu par des articles incendiaires dans la presse tunisienne et des insultes de certains groupes propalestiniens français. (…) A ceux qui lui attribuent une période intégriste dans sa jeunesse, il rétorque : “Il ne faut pas croire tout ce que vous pouvez lire sur Internet. Je suis obligé de payer une société pour remettre à jour régulièrement ma fiche Wikipédia, hackée par les Frères musulmans”. Certes, il a roulé sa bosse dans les madrasas de Syrie, Turquie, Inde, Iran ou Pakistan. Mais ce Tunisien sunnite d’origine, né dans une famille modeste traditionaliste, inscrit dans un lycée alaouite jusqu’au bac, présente cela comme un parcours initiatique. A la recherche de sa foi. A Damas, il s’immerge pendant deux ans au coeur du nationalisme arabe, évolue de mouvances en mouvements, se familiarise avec les différents courants. Avant de séjourner quelques mois en Turquie, où il sera “très touché par l’islam turc, assez proche de l’islam tunisien”. Puis l’Iran, en 1993. Un passage “terrible” pour celui qui se déclare être en désaccord avec le Régime des Mollahs et leurs manipulations de pouvoir, surtout depuis l’avènement de Khomeiny. Il déplore le voile et le sort réservé aux femmes, les barbus et leur “Islam de l’apparence, fait de provocations”. Pour Chalghoumi, la religion se porte dans le coeur et s’exprime par les actes. Aujourd’hui, cet imam de 40 ans est régulièrement la cible des intégristes français dont il est devenu l’ennemi numéro 1. Sa vie est périodiquement menacée. Sa femme a par deux fois été agressée, victime de crachats au marché. Ses cinq enfants sont inscrits dans une école catholique privée, “par mesure de sécurité”. Et lui-même évolue sous protection policière. Dans le camp extrémiste musulman, les appels à sa démission sont légion. En vain, clame-t-il : “rien ne saura me faire taire”. Chalghoumi refuse de céder à l’intimidation. Bien décidé à parler, jusqu’au bout. Pour distiller son message de paix, d’amour et de tolérance, et contrer les déviances de l’islam. “Il faut avoir le courage de dire la vérité”, ponctue l’imam, “peut-être que le courage a manqué en France, en 1940, pour dénoncer ce qui était en train de se passer. Aujourd’hui, je suis prêt à parler envers et contre tout, pour que de telles horreurs, comme la Shoah ou la tragédie de Toulouse ne se reproduisent pas”. Jerusalem Post
Cherchez l’erreur !
Des imams ont organisé comme l’annoncent TF1 ou RTL
Un rassemblement en hommage aux familles des victimes de la récente attaque de la préfecture de police de Paris ….
Et nos médias nous parlent…
De l‘appel à manifester en soutien à l’égorgeur !
Mais mis à part les médias sulfureux de la fachosphère ou de la néoPravda poutiniste RT ou Sputnik news
Qui prendra la peine de rendre compte …
Non seulement de la ridicule, mais ô combien significative, faiblesse de la mobilisation ….
Mais du statut, tout aussi significatif malgré son passé effectivement radical, d’ « imam sans mosquée » opposé au port du voile intégral et contraint de vivre sous protection policière du principal organisateur
Pour avoir commis l’irréparable péché …
D’avoir poussé la volonté de dialogue avec les sionistes …
Jusqu’à en fréquenter, entre Elisabeth Levy et Alain Finkielkraut, les personnalités les plus islamophobes
Et, comme le rappelle notre Pacal Boniface national, de s’être non seulement rendu en Israël …
Mais d’avoir, injure suprême, refusé de condamner l’abjecte occupation des Territoires palestiniens ?

Des imams rendent un hommage aux familles des victimes de l’attaque de la Préfecture de police

Des imams ont organisé sur la place Saint-Michel de Paris, un rassemblement aux familles des victimes de la récente attaque de la préfecture de police de Paris. L’un de ces imams, Hassen Chalghoumi, s’est dit déçu par la faiblesse de la mobilisation.

Pour exprimer leur solidarité aux familles des victimes de l’attaque de la préfecture de police de Paris, des imams ont organisé une mobilisation le 10 octobre 2019, sur la place Saint-Michel de Paris.

L’un de ces organisateurs, Hassen Chalghoumi, président de la Conférence des imams de France, s’est dit lui-même déçu par le faible nombre de personnes ayant répondu à l’appel. Et pour cause : ils n’étaient qu’une poignée – dont l’écrivain Marek Halter – sur la place parisienne, en fin d’après-midi, déployant une banderole indiquant : «Citoyens musulmans contre la radicalisation» et «Soutiens aux victimes et leurs familles».

L’ancien imam de la mosquée de Drancy Hassen Chalghoumi, dont la légitimé au sein de la communauté musulmane française ne fait pas l’unanimité, a déclaré que la mobilisation constituait «un appel à joindre le discours du président de la République de s’engager».

Les imams à l’origine du rassemblement ont réalisé une prière en hommage aux victimes de la tuerie de la préfecture.

Le 3 octobre, Mickaël Harpon, qui travaillait depuis 2003 à la préfecture, a tué quatre de ses collègues avec un couteau (en métal et non en céramique, comme indiqué pendant un temps dans les médias), avant d’être abattu. Cet informaticien de 45 ans s’était converti à l’islam depuis une dizaine d’années et fréquentait des membres de la mouvance «islamiste salafiste», selon les enquêteurs. L’enquête menée conjointement par la brigade criminelle et la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) sur l’attentat aurait révélé, selon le Parisien, que Mickaël Harpon avait en sa possession à son domicile une clé USB contenant des vidéos de propagande de l’organisation terroriste djihadiste Daesh.

Voir aussi:

Chalghoumi, l’imam qui dérange l’islam de France

Les organisations musulmanes représentatives dénoncent l’activisme et « l’autoflagellation » du responsable de la mosquée de Drancy, Hassen Chalghoumi.

Aziz Zemouri

Le Point

Prêcher l’exemple

Alors que l’antisémitisme reprend du galon dans une France qui peine à gérer ses extrêmes, Hassen Chalghoumi, l’imam qui dérange, confirme son discours pacifié

Nathalie Blau
Jerusalem Post
August 1, 2012
Agression dans un train, plaque médicale taguée, ces derniers temps, la France enregistre une recrudescence des actes antisémites. Plus 46 % entre janvier et avril 2012 par rapport à 2011. Si elle n’est pas nouvelle, cette haine du Juif semble trouver sa source dans un racisme primaire, essentiellement confessionnel. Le 12 juillet dernier, le Grand Rabbin de France faisait ainsi part de son inquiétude au nouveau président de la République. Certes, “la très grande majorité de la communauté musulmane vit en bonne entente avec la communauté juive”, déclarait le leader cultuel, qui avait toutefois tenu à dénoncer “certains propos qui tentent de mythifier la personne de Merah”. Mohammed Merah. L’assassin de Jonathan Sandler et ses deux garçonnets, de la jeune Myriam Montenegro et de trois gendarmes. Merah, la brute meurtrière, née sur le sol français, qui semble bien faire des émules. Suite à ses actes barbares de mars dernier, le ministère de l’Intérieur a relevé “un pic” des agressions antisémites.
Récemment, à l’occasion des 70 ans de la Rafle du Vel’ d’Hiv, François Hollande prononçait un discours symbolique et largement salué, hormis quelques voix discordantes. Mais la demande du Grand Rabbin de France reste plus actuelle que jamais : il appelle la communauté musulmane à témoigner haut et fort “sa prise de distance, sa récusation pleine et entière de tout ce qui peut de près ou de loin rappeler l’intégrisme, le fondamentalisme et la violence que portent certains courants de l’islam”.
S’il est un homme qui remplit précisément cette mission, c’est bien Hassen Chalghoumi, l’imam solitaire, le prêcheur de Drancy. Celui qui incarne aujourd’hui un islam modéré et se bat depuis des années pour favoriser le dialogue entre jeunes des banlieues, musulmans et juifs.
“On n’est pas français” 
En 1997, quand il pose ses valises en France, à Bobigny où son frère réside, il sonde sa communauté : “connaissezvous d’autres religions ?” La réponse est non. Chalghoumi n’aura alors de cesse que de créer des ponts inter-confessionnels. Aller à la rencontre des hommes d’Eglises et de synagogues. Trois ans plus tard, il fait l’acquisition d’un petit pavillon de banlieue et s’installe à Drancy. En 2002, à la recherche d’un lieu de prière pour ses fidèles qui se comptent en milliers, il reçoit l’aide du maire de l’époque, Jean- Christophe Lagarde. Objectif : créer un foyer musulman pour les jeunes du quartier à la dérive. Leur proposer une alternative aux sirènes du fanatisme et qu’ils évitent d’aller gonfler les rangs de l’islamisme radical. Avant tout, martèle Chalghoumi, leur donner envie d’être français. Très vite, ce Tunisien d’origine qui a embrassé une nationalité française revendiquée, constate un malaise dans sa banlieue. Un blocage identitaire et social qui fait le lit, selon lui, des recruteurs d’Al-Qaïda.
Au sein de cette communauté maghrébine, d’origine algérienne pour une bonne part, l’allégeance à la patrie de Voltaire n’est pas systématique. “On n’est pas français”, disent-ils. Beaucoup ont un père, un frère moudjahidin, assassiné par soldats de l’armée française. Comment alors, pour eux, honorer ce pays d’adoption sans avoir le sentiment de trahir leur famille ? Chalghoumi parle aussi de ces Maliens, ou autres Sénégalais qui ne se retrouvent pas dans la culture française. Des immigrés sans repères, en manque de reconnaissance. “Il faut les valoriser”, pointe l’imam, “leur rappeler que le chiffre zéro a été inventé par les Arabes”.
Et cette jeunesse à l’identité multiple et complexe se caractérise aussi par une méconnaissance totale de l’islam, note Chalghoumi. Elle constitue alors une proie facile pour les rabatteurs des mouvances radicales, qui viennent recruter leurs combattants de Dieu dans les zones urbaines sensibles. En France, mais aussi en Europe. “C’est plus simple qu’avec les jeunes des pays arabes, et ce sont eux qui sont ensuite les auteurs de la majorité des attentats commis”. Chalghoumi s’échine, lui, à leur rappeler que la religion n’a rien à voir avec le pays d’adoption. “Aimez votre patrie”, clame l’imam au discours républicain qui se déclare en faveur de l’éducation dans les écoles publiques, “on peut s’intégrer en gardant ses valeurs”.
Fermez ces sites, pour l’amour du Ciel ! 
Chaque vendredi, son prêche attire quelque 4 000 Musulmans : 2 000 dans l’édifice, et autant dans les jardins de ce qu’il appelle la “mosquée de la paix”. Chalghoumi parle d’amour, entre les hommes et envers Dieu. Ses fidèles ? “La majorité silencieuse, celle qu’on ne voit jamais à la télévision. On ne montre que les barbus”, déplore-t-il, “les fanatiques, ceux qui affirment que je suis isolé et font régner un climat de peur”. En 2010, alors qu’il cristallise les passions par ses prises de position en faveur de l’interdiction du niqab, les caméras accourent à Drancy. Et ne montrent à l’écran que cette minorité visible que Chalghoumi dénonce pourtant. Les fils de Ouma.com, qu’il rebaptise “Haine.com”. Ou ceux du Collectif Cheikh Yassine.
L’imam en colère pointe du doigt cinq ou six sites fanatiques, connus de tous, financés par les Frères musulmans ou d’autres mouvances salafistes. Des vecteurs d’intégrisme dont Merah serait le produit direct pour s’y être gavé de vidéos, affirme-t-il. “Pourquoi, pour l’amour du Ciel, le gouvernement ne ferme-t-il pas une fois pour toutes ces plates-formes web ? Par manque de courage politique ?”. La France doit balayer devant sa porte, insiste-t-il. “Il faut arrêter de chercher les coupables en Afghanistan, ils sont chez nous, dans nos prisons”. Les cellules constituent les terres de chasse des Frères musulmans, estime Chalghoumi. Et là encore, il en appelle au gouvernement : “Nous devons protéger notre avenir pour que la France reste la France de Voltaire”. Sa solution : créer un islam de France. Former des imams français. Car, explique-t-il, “on ne veut pas d’ingérence étrangère dans nos villes”. Celle de pays arabes, “comme l’Algérie, qui gère la Grande mosquée de Paris”.
Ou celle, surtout, des Frères musulmans, ramifiés, infiltrés, omniprésents dans la capitale et ses zones satellites, mais aussi en province. Et de partir en croisade contre ceux qui se revendiquent de l’islam, “mais ont vendu leur âme à la haine, à l’antisémitisme”. Il faut prendre exemple sur la communauté juive, revendique Chalghoumi. Selon lui, “la communauté musulmane est à la traîne”. Des propos chocs, encensés par les uns, conspués par les siens. Peu importe, l’imam se bat pour ses idées : ôter toute stigmatisation sur les Juifs de la part des jeunes Arabes de banlieue qui exportent le conflit moyen-oriental, une fois encore, en toute méconnaissance du sujet. La Shoah, cela fait près de dix ans qu’il essaie d’en parler auprès des Musulmans de Drancy. Une évidence, selon lui. Par respect, pour contrer l’oubli.
Et celui que d’aucuns taxent “d’islamo-guignol”, de “Sioniste”, “d’imam des Juifs”, a même fait la démarche de venir en Israël, en juin dernier. Invité par l’Institut français, à l’occasion du Forum de la Démocratie, Chalghoumi savait que son déplacement attiserait les foudres de ses détracteurs. Aux Israéliens venus le saluer et le remercier de ses prises de position courageuses, il répondait, la main sur le coeur, “souhaitez-moi bonne chance pour le retour”. Et de fait, il était attendu par des articles incendiaires dans la presse tunisienne et des insultes de certains groupes propalestiniens français. Celle qui lui fait le plus mal ? “Traître”, répond-il. “Un traître, c’est un homme politique qui a trahi son parti. Je suis un homme de religion qui n’a jamais trahi sa foi. Le Coran, c’est la paix. Certains le transforment en haine”.
L’ennemi numéro 1 
A ceux qui lui attribuent une période intégriste dans sa jeunesse, il rétorque : “Il ne faut pas croire tout ce que vous pouvez lire sur Internet. Je suis obligé de payer une société pour remettre à jour régulièrement ma fiche Wikipédia, hackée par les Frères musulmans”. Certes, il a roulé sa bosse dans les madrasas de Syrie, Turquie, Inde, Iran ou Pakistan. Mais ce Tunisien sunnite d’origine, né dans une famille modeste traditionaliste, inscrit dans un lycée alaouite jusqu’au bac, présente cela comme un parcours initiatique. A la recherche de sa foi.
A Damas, il s’immerge pendant deux ans au coeur du nationalisme arabe, évolue de mouvances en mouvements, se familiarise avec les différents courants. Avant de séjourner quelques mois en Turquie, où il sera “très touché par l’islam turc, assez proche de l’islam tunisien”. Puis l’Iran, en 1993. Un passage “terrible” pour celui qui se déclare être en désaccord avec le Régime des Mollahs et leurs manipulations de pouvoir, surtout depuis l’avènement de Khomeiny. Il déplore le voile et le sort réservé aux femmes, les barbus et leur “Islam de l’apparence, fait de provocations”. Pour Chalghoumi, la religion se porte dans le coeur et s’exprime par les actes. Aujourd’hui, cet imam de 40 ans est régulièrement la cible des intégristes français dont il est devenu l’ennemi numéro 1. Sa vie est périodiquement menacée.
Sa femme a par deux fois été agressée, victime de crachats au marché. Ses cinq enfants sont inscrits dans une école catholique privée, “par mesure de sécurité”. Et lui-même évolue sous protection policière. Dans le camp extrémiste musulman, les appels à sa démission sont légion. En vain, clame-t-il : “rien ne saura me faire taire”. Chalghoumi refuse de céder à l’intimidation. Bien décidé à parler, jusqu’au bout. Pour distiller son message de paix, d’amour et de tolérance, et contrer les déviances de l’islam. “Il faut avoir le courage de dire la vérité”, ponctue l’imam, “peutêtre que le courage a manqué en France, en 1940, pour dénoncer ce qui était en train de se passer. Aujourd’hui, je suis prêt à parler envers et contre tout, pour que de telles horreurs, comme la Shoah ou la tragédie de Toulouse ne se reproduisent pas”.
Voir de même:

L’imam français Hassen Chalghoumi menacé de mort après sa visite en Israël

Le responsable a dénoncé un « tsunami de haine » suite à son séjour la semaine dernière – durant lequel il a visité une implantation et rencontré Reuven Rivlin

Dans une interview à la chaine I24News, l’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, a dénoncé un « tsunami de haine » suite à sa visite en Israël la semaine dernière, durant laquelle il était accompagné d’une délégation de responsables musulmans et de jeunes belges et français.

« J’accuse la chaîne Al Jazeera, avec sa propagande de haine et celle du Hamas, celle de tous les sites islamistes… Al Jazeera m’a qualifié de traître, de vendu et j’ai été obligé de déposer une plainte pour menace de mort », a-t-il expliqué.

Il a également salué le courage des participants au voyage « parce que nous avons dénoncé la mascarade des islamistes et leurs manipulations ».

« Il y a trop de sites qui expriment leur haine notamment contre Israël, mais cette jeunesse ne va pas s’arrêter là, parce que nous allons faire une tournée à travers la France pour poursuivre notre mission et transmettre ce que nous avons vu en Israël, a-t-il ajouté. A ceux qui me menacent de mort, je veux leur dire qu’ils ne me font pas peur, et je ne baisserai jamais les bras, j’avance vers le dialogue, je suis un homme de paix, et telle est ma vision de l’islam. »

Durant son voyage en Israël et dans les Territoires palestiniens, Hassen Chalghoumi s’est notamment rendu dans le nord de la Cisjordanie suite à l’invitation d’un responsable d’implantations. L’imam a expliqué que le soutien au boycott anti-Israël était contraire à la loi coranique.

Le voyage avait été organisé par ELNET (European Leadership Network), une organisation qui cherche à renforcer les liens entre Israéliens et Européens. Il s’est conclu par une rencontre avec Reuven Rivlin, président de l’Etat d’Israël.

« Nous devons travailler ensemble. Nous devons lutter contre l’antisémitisme. Le judaïsme n’a jamais été en guerre avec l’islam. Le judaïsme et l’islam sont des religions sœurs, et nous devrions nous comprendre de cette façon », a notamment déclaré le dirigeant israélien.

Connu en France pour son implication dans des forums et dans des initiatives interconfessionnelles, Hassen Chalghoumi a reçu un grand nombre de menaces de mort pour les liens amicaux qu’il entretient avec le CRIF, l’organisation-cadre qui représente les communautés juives françaises, et pour s’être rendu en Israël à plusieurs occasions.

Chalghoumi a expliqué durant ce récent séjour qu’il espérait encourager le dialogue entre Israéliens et Palestiniens de manière à ce que plus jamais « aucune mère – qu’elle soit Israélienne ou Palestinienne – ne verse de larmes » à l’avenir.

Chers amis,La fin de notre voyage en Israël et en Palestine, avec les 40 jeunes belges et français s’est conclue par…

פורסם על ידי ‏‎Imam Hassen Chalghoumi‎‏ ב- יום שני, 17 ביוני 2019

Il a également critiqué le rejet par les Palestiniens de la conférence sur la paix au Bahreïn. « Je ne pense pas que ce soit une bonne chose. Il faut toujours aller discuter, s’asseoir autour de la table. Même si vous n’êtes pas d’accord – le dialogue pourra nous sauver », a-t-il clamé.

Chalghoumi est quelque peu un cas particulier dans le discours religieux musulman, et il a été remarqué pour avoir soutenu l’interdiction de la burka en France, qui recouvre entièrement le visage.

Voir de plus:

L’Imam de Drancy: « La burqa est un phénomène étranger à l’islam des Lumières »

Hassen Chalghoumi, Imam de Drancy et président de la Conférence des imams de France a discuté de « L’islam de France » avec les metronautes.

Métronews

15-09-2010

Halima77 : Bonjour. Ca consiste en quoi le travail d’imam?
L’imam explique l’islam et aide les musulmans à pratiquer la religion surtout les cultes collectifs.

Mad : Le projet de construction d’une mosquée près de Ground Zéro et le pasteur qui voulait brûler le Coran ont crée une vive polémique, au delà des frontières américaines. Derrière ces affaires, de hauts responsables religieux se sont inquiétés d’une récente montée « du sentiment anti-musulman » aux USA. Que pensez-vous de ces deux affaires et comment expliquez-vous ce sentiment ? Ce climat est-il aussi palpable en France ?
Il faut faire attention aux amalgames et aux surenchères: la société américaine surtout celle de Manhattan est ouverte et tolérante… Il y a des racistes et des fascistes évangélistes… Ce n’est pas une raison pour jouer avec le feu, à la provocation… On peut construire une mosquée n’importe où, mais pas à coté d’un charnier, d’un mémorial de la barbarie terroriste des islamistes d’Al-Qaïda.

Niche : Quelles sont vos arguments pour une loi contre le burqa?
Aucun texte coranique ne parle de la burqa. Il faut faire la différence entre la religion musulmane et les traditions de certains musulmans. Dans l’islam sunnite, il y 4 écoles théologiques: les 4 disent que la burqa n’est pas une obligation. Tous les savants musulmans disent que le visage de la femme n’est pas une partie intime… Alors, il y a plus important et plus sacré dans notre religion qu’un bout de tissu.

Barbu : Dire que le niqab n’est pas une obligation en islam, cela relève d’une interprétation juridique. Mais comment osez-vous affirmer qu’il soit étranger aux textes de référence, à savoir le Coran et la Sounnah ?
Si vous dites le contraire, citez le verset coranique qui parle de la burqa! Il n’y en a aucun. La burqa est un phénomène étranger au coran, étranger à l’islam du Maghreb, étranger à l’islam qui n’a rien à cacher, étranger à l’islam des Lumières.

Lila : C’est quoi pour vous un islam de France?
C’est un Islam libre des ingérences étrangères et des ingérences policières ; Libéré des manipulations des politiques et des gesticulations des fanatiques ; Libéré du paternalisme post-colonialistes des indigènes-nihilistes et des idiots-arrivistes ; Libéré des intégristes et des affairistes ; Libéré des surenchères gauloises et des compromissions munichoises ; l’Islam de France est Contre les racistes musulmans et les extrémistes islamistes.

Kjaiber : L’islam est-il divisé en islam de chaque pays?
L’islam est universel, intemporel, mais il s’adapte. L’islam algérien n’est pas l’islam saoudien, l’islam marocain n’est pas l’islam taliban, l’islam tunisien n’est pas l’islam iranien.

Popof : Est-ce que la polygamie est autorisée par le coran?
Elle est est EXCEPTIONNELLEMENT autorisée, et elle est autorisée CONDITIONNELEMENT… de telle façon qu’elle est presque dure à accepter… surtout si des gens utilisent la polygamie pour se faire un harem, pour faire du mal aux femmes, aux enfants et à la société.

Barbu : Sourate Al Ahzab Verset 59. Lorsque ce verset a été révélé, les femmes du Prophète ont rabattu un voile noir sur leur visage. Que doit-on en déduire ?
Vous parlez des Femmes du Prophète, Prière sur lui.. dans le même verset, AlLLAH s’adresse aux femmes du Prophète leur disant que vous n’êtes pas comme les autres femmes… J’espère que vous pensez comme notre Dieu que les femmes du Prophète ne sont pas comme les autres femmes ; alors ce qui s’applique à elles ne peut pas s’appliquer à toutes les femmes.

Hanniy : Bonjour Mr l’Imam. Etes-vous seul à penser ça ou y’a t’il d’autres imams qui partagent votre opinion mais qui n’osent prendre la parole ? Et qu’en pensent vos supérieurs religieux ? Je voulais saluer votre courage, l’image que vous donnez : juifs et arabes n’ont aucune raison d’être ennemis. Bravo !
Merci. Il y a beaucoup d’imams qui pensent comme moi, malheureusement ils ont peur. Certains ont pris position comme moi, ils ont été « chassés » de leurs mosquées, ou insultés, ou menacés… Et puis ils ont vu un mauvais exemple dans la mosquée de Drancy: assiégée, agressée pendant plusieurs mois sous le regard impuissant des pouvoirs publiques… Et puis il y a des imams fonctionnaires, salariés des gouvernements étrangers… Et surtout certains représentants de notre Etat et certains représentants de notre nation préfère fricoter avec les intégristes et les affairistes de l’UOIF.

Bachir : L’islam est une religion qui condamne les actes blâmables, pourquoi ne vous entendons donc pas sur la vindicte politique dont les Roms et les gens du voyage sont victimes?
Si, j’ai condamné les « BRUITS ET LES ODEURS » de certains politiciens français, j’ai condamné les surenchères irresponsables et les dérapages intolérables des Estrosi et des Lefevre… Malheureusement, nous les musulmans de France, nous n’avons pas un média digne qui fait entendre notre voix.

Sony : Quelle est l’influence des Frères Musulmans en France ?
Elle est dangereuse, elle est grandissante, elle est lâche, elle est usurpatrice… La majorité des musulmans de France n’appartiennent pas à cette secte intégriste et populiste qui a fait 200 000 morts en Algérie par exemple, mais la cécité et la lâcheté des pouvoirs publiques ont laisser s’épanouir et grandir ce monstre qui mange ses enfants.

Oula : C’est bien gentil tous ces discours mais au quotidien comment faire quand on est toujours considéré comme des étrangers qui volent le pain des « vrais » français?
Nous sommes des Français… Et il faut imposer au gouvernement français nos vrais problèmes et surtout le racisme. Par exemple, SOS Racisme doit commencer à s’intéresser réellement au racisme que subissent plusieurs catégories de Français au lieu de jouer aux apparatchiks idéologiques de la morale sélective. SOS Racisme doit comprendre que le racisme que subissent les musulmans n’est pas celui que subissent des assassins menacés par la perte de leurs papiers de nationalités, ni les regards choqués ou mêmes haineux que subissent certaines femmes dont le regard et le visage sont cachés par une insupportable burqa, ni la discrimination réelle à l’entrée des discothèques. Le vrai racisme, c’est ce que subissent nos enfants à l’école, nos familles au logement, nos salariés au travail, nos diplômés à la promotion sociale…

Bachir : Vous êtes Tunisien, que pensez-vous du despotisme exercé par le président en place, et des pressions et répressions exercées sur les musulmans en Tunisie?
Le président actuel a sauvé la Tunisie de la guerre civile algérienne. Les mêmes intégristes tunisiens voulaient instaurer la même barbarie talibane et provoquer la même guerre civile algérienne… La Tunisie est un pays libre et moderne… Il y a même des Français qui vont se soigner la bas… L’islam de la Tunisie est l’islam modèle, celui de la modération et de la modernité….. Je suis imam français et je suis fière de mon pays d’origine la Tunisie qu’Allah protège.

Alison : Que pensez-vous de l’ouverture de restaurant uniquement halal ?
Ce n’est pas du communautarisme, c’est une affaire de business. Plusieurs restaurants ont été sauvés du dépôt de bilan en s’adressant directement à une certaine clientèle. Il ne faut donc pas en faire un fromage et laisser les musulmans manger tranquillement.

Niche : Les quartiers ne sont-ils pas en train de se radicaliser? Comment expliquez-vous cette « extrémisation »?
Je déteste l’expression « les quartiers », ce que vous appelez ainsi, sont une partie de la France, que plusieurs gouvernement de notre France ont négligé, et que les Frères Musulmans soutenus par des gouvernements étrangers sont en train de gangrener.

Chian : Comment entendez -vous lutter contre les extrémismes?
Ce n’est pas le combat d’un seul homme, ni de la seule communauté musulmane, ni seulement du gouvernement… Tout le monde doit concourir à combattre les extrémistes, surtout en luttant d’abord contre le racisme. Le département du 93 est le symbole de la diversité, il est le thermomètre de l’intégration: Les représentants de l’Etat et de la nation doivent réussir à faire de ce département un modèle économique, social et républicain, un modèle du vivre ensemble. Dans le 93, il y a le siège de tous les mouvements, sectes et organisations musulmanes ou islamistes. Je demande que les intégristes islamistes ne restent pas les interlocuteurs exclusifs des représentants de la Nation. Il y a parmi nous, les musulmans français, des cadres républicains, des hauts fonctionnaires, des patrons, des professeurs de médecine, des professeurs émérites d’université, des créateurs de richesses et des vecteurs de sagesse, des personnes méritantes qui aiment la France et qui respectent l’islam. Il n’y a pas que des intégristes qui font du business avec l’islam.

Barbu : Ce qui vous est reproché, ce sont vos liens avec le CRIF, sous marin de la droite israélienne en France, pas vos relations avec la communauté juive. pourquoi entretenez-vous cet amalgame ?
regardez les vidéos postés par les intégristes du collectif Cheikh Yassin et vous écouterez les messages de haine contre les juifs. il faut être courageux pour admettre que les intégristes islamistes détestent les juifs comme ils détestent les femmes d’ailleurs.

Amina : Y-a-t’il plus de fidèle dans votre mosquée depuis tout ces évènements ?
Pendant l’Aid, il y avait plus de 6 000 fidèles. Chaque vendredi, il y a plus de 3 000 fidèles. La mosquée de Drancy est celle d’ALLAH et ceux qui aiment ALLAH ne vont pas suivre le diable pour fermer ou détruire cette mosquée comme ont voulu faire les islamistes ou des naïfs manipulés par les Frères Musulmans.

Amina : Pourquoi avez-vous dit que dans la mosquée de Drancy, il n’y avait aucune femme qui porte ni la burqa ni le niqab, alors que j’ai pu m’y rendre et voir le contraire ?
Avant la tentative de putsch et l’explosion de la fitna dans la mosquée de Drancy, il n’y avait pas de femmes en burqa, pendant les émeutes, certaines sont venues en provocation… Je dis certaines, peut-être que c’était des hommes déguisés en burqa, qui sait?

Pitou002 : Ne faudrait-il pas que des intellectuels musulmans réforment la charia qui n’est pas d’origine divine pour la mettre en conformité au 21ème siècle et en conformité avec les lois de la République?
Le terme charia est très manipulé et galvaudé… Pour des imbéciles, la charia c’est le mariage du libertinage et la lapidation des femmes adultères… La charia est le chemin de la religion. Alors il faut réformer notre façon de voir les choses… Il faut réformer nos visions… Il faut nous réformer nous musulmans, parfois indignes d’une belle et grande religion qu’est l’islam.

Bachir : Economiquement et socialement, vous êtes de quel clivage politique?
je suis du Juste milieu, pas le Nouveau Centre que je respecte, mais LE JUSTE MILIEU qui est l’expression que notre Dieu a utilisé dans le Coran pour qualifier les musulmans.

Amina : Certains tel que Tariq Ramadan ont été contre la burqa et le niqab, et pourtant il n’ont pas été critiqués…
Vous me parlez de Tariq Ramadan qui est un intégriste suisse et non pas un musulman français.. Lui et sa secte dangereuse, les Frères Musulmans, ont perverti la religion au point de pousser les suisses à devenir racistes et à interdire les minarets. Est-il normal que ce Tariq Ramadan aille soutenir le voyou polygame de Nantes qui a insulté notre religion en déclarant que l’islam autorise les maitresses ? J’ai honte.

Bachir : Hassen Chelgoumi, ne pensez-vous pas que le fait de vous montrer véhément à l’encontre d’autres musulmans qui ne demandent qu’à pratiquer leur religion dans la bienséance islamique constitue un acte de niffaq (Hypocrisie)?
Le Nifaq, c’est le double discours…

Pseudo modéré : Pourquoi ,lorsque des abus liés à la charia ont lieu dans des républiques islamiques, tant à l’encontre des musulmans eux-mêmes que des chrétiens qui y vivent, n’entend t-on jamais les protestations des dirigeants de l’Islam de France ?
Malheureusement vous avez raison, mais il n’y a pas de dirigeant de l’islam de France… le CFCM est une catastrophe honteuse, une coquille vide gangrenée par l’UOIF. Le Président de notre République a bien fait de créer cette institution, mais ce n’est pas à lui de remplacer les intégristes ou les fonctionnaires étrangers qui la dirigent pas des musulmans français compétents… C’est un vrai problème.

Rez : L’extrémisme religieux en France a disparu en même temps que la foi, pensez-vous que les musulmans peuvent devenir plus modérés en continuant à peupler les mosquées ?
Oui car l’islam est religion pas une idéologie… La mosquée doit être un carrefour musulman et non un maquis islamiste.

Un dernier mot Hassen Chelgoumi?
J’aimerai remercier particulièrement le maire de Drancy, l’un des hommes politiques français les plus courageux et les plus républicains… Il a résisté avec moi aux racistes et aux islamistes. Il mérite de remplacer la catastrophe qu’est devenue Fadela Amara, car la Politique de la Ville mérite des hommes ou des femmes compétents et non des guignols, sinon le racisme et l’islamisme vont s’accroitre, se nourrir mutuellement et nous mettre TOUS en danger.

Hassen Chalghoumi, avec la collaboration de Farid Hannache, « Pour un islam de France ». Ed. Le cherche midi, 412p; 18 euros.

Voir encore:

Collectif pour la dignité des musulmans
Saphir news
9 Juin 2012


Militants et intellectuels, une quinzaine de personnalités lancent un appel à la démission de Hassen Chalghoumi du poste de Président de l’association culturelle des musulmans de Drancy.

Voir encore:

Hassen Chalghoumi a perdu un de ses valeureux soutiens en la personne de Farid Hannache, son ex-plume qui dit aujourd’hui s’être repenti d’avoir suivi les pas du « faux imam de Drancy ». Ce dernier, qui s’est distingué mardi 26 février sur les ondes de Beur FM [l’enregistrement plus bas], ne cache rien de son amertume à l’encontre de l’actuel chouchou des médias dont la côté d’impopularité auprès des musulmans est au plus haut.

Hanan Ben Rhouma

Saphir news
27 Février 2013

Farid Hannache balance sec. L’ancien conseiller de Hassen Chalghoumi, sans qui son premier livre « Pour l’islam de France » sorti en 2010 n’aurait pas été possible, a décidé de sortir de l’ombre et de faire des révélations, sur le ton de la dénonciation, quant au passé du président de l’association gestionnaire de la mosquée de Drancy.

Invité au micro de Beur FM mardi 26 février, Farid Hannache a ainsi fermement attesté que Hassen Chalghoumi a mené campagne pour Nicolas Sarkozy pendant la campagne électorale de 2012. Une information qui ne surprend guère puisqu’il est un des soutiens du maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde, engagé en 2012 pour la réélection de l’ancien chef de l’Etat.

« C’est l’une des personnes qui a envoyé un bus de la mosquée de Drancy au meeting de Villepinte » en mars 2012 où « il était assis au premier rang avec les ministres et Sarkozy lui-même est venu le saluer », affirme-t-il, révélant que M. Chalghoumi est un de ceux qui auraient véhiculé le « fameux sms » dans lequel il était mentionné « les 10 raisons de ne pas voter PS ». « Dans l’immédiat, il critique Sarkozy car il roule pour Valls. Parce que ce que cherche les politiques, ce sont des béni-oui-oui. »

Un homme au passé sulfureux

Sur son passé, Farid Hannache en dit long. Il affirme qu’à l’époque où il fut un prédicateur du mouvement des Tablighs, « il était tellement fiché intégriste que le ministère de l’Intérieur avait décidé de l’expulser » mais « ce sont les bons offices de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France, aujourd’hui décrié par M. Chalghoumi, ndlr), par l’intermédiaire de l’ancien président Lhaj Thami Breze, qui ont convaincu le ministère de ne pas l’expulser ».

Toutefois, « il est interdit de séjour aux Etats-Unis malgré qu’il ait été reçu à Tel Aviv sur tapis rouge », selon M. Hannache qui raconte que l’ancien imam du foyer Sonacotra de Bobigny, employé en 2002 pour la société Fedex, s’était même vu retirer son permis de travail à l’aéroport Charles De Gaulle « parce qu’il était fiché dans la liste rouge des RG ». M. Chalghoumi fut bien manutentionnaire

Pourquoi se manifester que maintenant ? Celui qui fut la plume de Hassen Chalghoumi a déclaré vouloir « faire pénitence » auprès de tous ceux qui l’ont écouté du temps où il soutenait le président de la mosquée de Drancy. Il entend ainsi dénoncer « la gestion policière de l’islam de France et sa gestion néocolonialiste avec la prédominance des lobbies sionistes qui sont en train d’imposer qui doit parler ou non au nom des musulmans ». Sa sortie médiatique lui permet également, à bien des égards, de ne plus voir son nom associé à l’impopulaire Hassen Chalghoumi.

Ce dernier, si décrié des musulmans, est adulé des médias à l’heure où le livre d’entretien « Agissez avant qu’il ne soit trop tard » signé David Pujadas jouit d’une belle promotion. Les failles dans sa communication font jour. Les révélations de Farid Hannache ne manqueront pas d’éclabousser « l’imam de Drancy ».

Voir aussi:

Comment l’imam Chalghoumi renforce malgré lui les préjugés sur les musulmans
LE PLUS. Hassen Chalghoumi est un des imams les plus connus de France, notamment grâce à une importante médiatisation de ses positions. Mais cela sert-il vraiment la communauté dont il se fait le représentant ? Non, répond Pascal Boniface, directeur de l’Iris, jugeant au contraire son action contre-productive.

Pascal Boniface
Directeur de l’IRIS

L’Obs

14-02-2013

L’imam Hassen Chalghoumi est particulièrement choyé par les médias et de nombreux responsables politiques. Il est censé représenter un islam modéré, sans interférence de l’étranger. Il veut également promouvoir le dialogue judéo-musulman, apaiser les tensions communautaires qui traversent notre pays et contribuer à combattre la mauvaise image de l’islam en France. Un récent sondage montrait que 74% des Français expriment un sentiment de défiance à l’égard de cette religion.

Ces intentions sont louables. Mais son action et sa mise en scène vont à l’encontre des buts recherchés.

Chalghoumi, un « native informant »

L’imam Chalghoumi est largement ignoré, voire violemment rejeté par ses coreligionnaires. Début décembre 2012, j’avais pointé l’écart entre son exposition médiatique forte et son enracinement pathétique sur les réseaux sociaux (à l’époque 37 followers pour Twitter et 105 mentions « j’aime » sur Facebook). Pas vraiment un leader populaire.

Il n’est en rien représentatif des musulmans. Ce sont les médias et quelques responsables politiques qui le désignent comme tel. D’où un grand malaise provoquant un rejet, les musulmans refusant de se voir assigner par des non-musulmans un représentant qu’ils n’acceptent pas. Si Chalghoumi est rejeté, ce n’est pas parce qu’il est modéré, comme certains veulent le faire croire, mais parce qu’il est illégitime. Il est désigné représentant d’une communauté par ceux qui n’y appartiennent pas.

Chalghoumi est ce que la sociologie américaine appelle un « native informant », ces figures qui occupent la parole d’une communauté dont ils n’ont pas le soutien, mais qui tirent leur légitimité des médias et des milieux politiques dominants. Il dit ce que la majorité a envie d’entendre de la part d’une minorité, mais pas ce qu’elle pense réellement. Les « informateurs indigènes » valident les stéréotypes que la majorité véhicule sur leur communauté.

On parle également des « rented negroes », ces noirs américains qui monopolisent le paysage médiatique pour donner « un visage de noir pour une opinion de blanc ». Chalgoumi est loué dans les deux sens du terme et l’un parce que l’autre !

La position de Chalghoumi conforte les préjugés contre l’islam

Si la communauté concernée commence à être informée, comme le sont aujourd’hui les musulmans français, la manœuvre ne marche plus. Cette manipulation de l’information devient un défi démocratique. De surcroit, elle conforte les stéréotypes que l’on dit vouloir combattre.

Le message qui est envoyé au public c’est qu’un imam modéré est rejeté par ses coreligionnaires qui sont donc, dans leur majorité, extrémistes. La mise en scène de Chalghoumi, loin de combattre le préjugé d’un islam radical et intolérant, le conforte puissamment.

Développer le dialogue judéo-musulman est une bonne chose. Le faire comme Chalghoumi ne créé pas un pont, mais creuse le fossé. Cela accrédite l’idée que le conflit du Proche-Orient est d’essence religieuse. Le problème de ce conflit n’est pas l’islam. C’est l’occupation israélienne des Territoires palestiniens. Chalghoumi renforce l’idée que si les musulmans étaient plus modérés, le conflit pourrait être résolu, et la France préservée de son importation.

Il est considéré comme une vedette par les représentants institutionnels de la communauté juive, où il a plus de soutien que parmi les musulmans. Cela n’est pas sans poser un problème de légitimité de représentation. Il ne s’est jamais élevé contre l’occupation israélienne. Il est muet sur les appels à une solidarité inconditionnelle avec le gouvernement israélien lancés régulièrement par les responsables institutionnels de la communauté juive. Son partenariat avec les institutions juives n’est en rien équilibré ou réciproque. Il fait allégeance et obtient en retour une reconnaissance politique et médiatique nationale personnelle, mais rien pour sa communauté ou pour la cause palestinienne. Il accrédite l’idée qu’un musulman « modéré » ne critique pas le gouvernement israélien, et que ceux qui le font sont des extrémistes.

L’immense majorité des musulmans, tout en étant critiques à l’égard de la politique israélienne, condamnent l’antisémitisme et les actes antisémites. Ils ne peuvent donc se considérer comme représentés par Chalghoumi. En favorisant Chalghoumi, le CRIF privilégie le soutien à Israël sur la lutte contre l’antisémitisme.

Chalghoumi, faisant une mission de paix en plein bombardement israélien sur Gaza en novembre dernier, n’a pas condamné ces derniers. Richard Prasquier, président du CRIF, se félicite de l’avoir connu au moment de l’époque de « Plomb durci ». Il dit qu’il fallait « avoir beaucoup de courage pour afficher ses relations avec la communauté juive » – mais donc aussi beaucoup d’opportunisme pour ne pas dire un mot sur (ou contre) les bombardements israéliens sur Gaza par l’armée israélienne.

Il est au dialogue judéo-musulman ce que les bourgeois de Calais étaient au dialogue franco-britannique. Encore que ces derniers n’avaient guère le choix.

Voir enfin:

Quand une taupe nous dévoile sans le vouloir la stratégie de conquête de la France par la taqiyya

Lettre ouverte à Hassen Chalghoumi,
imam à Drancy, président de la Conférence des imams de France

Monsieur l’imam,

Merci, mille fois merci !
Une taupe comme vous, j’en rêvais.
Musulman, d’origine étrangère, formé à l’étranger (Tunisie, Syrie, Pakistan…), installé chez nous depuis peu, parlant mal notre langue, ne pouvant l’écrire qu’avec l’aide d’un nègre, vous prétendez donner des leçons de patriotisme et de légalité républicaine aux Français. Ne connaissant ni les Français ni la France, croyant que notre civilisation se réduit à l’image qu’en donnent les quelques élus frileux, idiots utiles, benêts divers qui vous témoignent leur allégeance, vous dévoilez au grand public, sans le vouloir, par vos maladresses, vos patauderies, vos insistances, votre manque de précautions dans l’expression…, la stratégie de l’islam en guerre par la taqiyya.
Monsieur l’imam, les 424 pages de votre livre Pour l’islam de France m’ont comblé.

L’action psychologique contre la France : une mécanique simple

En fait, l’action psychologique des djihadistes à destination des Français, au stade actuel du conflit, est simple dans sa conception et d’application facile pour les taupes. Elle s’articule en quatre axes de communication, toujours les mêmes, qui s’entrecroisent pour, d’une part déstabiliser les Français, entamer leur volonté d’agir contre l’invasion dont ils sont l’objet, d’autre part les convaincre d’accorder toujours plus à l’islam chez eux. Ces axes (ils seront exposés ci-après) sont étayés et alimentés par des séries d’affirmations non prouvées, de mensonges et de dissimulations. Le ton doit être assuré (celui qui osera douter ou contredire sera forcément un « raciste », un « islamophobe »…). Mais chaque interprète a loisir de mâtiner la partition comme il le souhaite par des appels aux grands sentiments, de l’érudition, des témoignages…

Vous, vous avez choisi, pour la tonalité générale de votre texte, l’hyperbole, le lyrisme, les oriflammes et les cuivres. Du coup, tout ce que vous avancez est écrit au crayon gras et les rouages de votre mécanique de propagande en deviennent si voyants que n’importe qui est en mesure de les démonter. (D’autres taupes sont plus habiles, laissez-moi vous le dire, et vos chefs pourraient être mécontents d’une balourdise qui compromet leur stratégie de sape.)

Premier axe de communication : les Français doivent accepter la « religion » islamique chez eux

Les taupes – toutes les taupes – affirment toujours la même fausseté pour nous piéger : l’islam est une « religion » et, toutes les taupes, toujours, invitent aussitôt les Français à prendre acte d’un fait : l’islam est désormais bien implanté chez nous.
Ce que vous, monsieur l’imam, résumez ainsi : « L’islam n’est plus la religion des immigrés ou des colonisés.
L’islam est la religion de millions de citoyens français.
L’islam en France est l’affaire de la France. »

Selon vous, les Musulmans sont, sur notre sol, « peut-être dix millions ».

L’islam serait simplement une « religion » ? Aussitôt, nous voici désarmés devant les prétentions des musulmans à prendre toutes leurs aises dans notre patrie. Une religion, c’est pour nous quelque chose qui ressortit à l’intime, à la liberté de conscience, au droit privé. Donc, pour nous, interdiction de regarder la chose d’un peu près et, surtout, de légiférer à son endroit. Or, vous le savez parfaitement, l’islam n’est pas une religion au sens où nous l’entendons. C’est une idéologie et un système de gouvernement des communautés et des hommes qui mêlent, de manière insécable, identité, religion, droit, politique, mœurs, morale ; c’est un «totalitarisme ». Le piège « islam-religion » a beaucoup servi aux musulmans en guerre contre nous pour dissimuler leur volonté colonisatrice et leurs manoeuvres. Il commence à être quelque peu usé. Mais, vous, vous pensez qu’il peut encore servir et vous allez en jouer tout au long de votre plaidoyer en faveur de votre totalitarisme.

Quant à l’incitation à tenir compte du fait accompli, elle revient à nous dire :

– Vous, Français, certes vos dirigeants ne vous ont jamais consultés sur votre sentiment à l’égard de cette présence étrangère à votre culture, certes vous pouvez pensez qu’elle est inopportune, qu’elle menace l’unité de votre nation, la paix intérieure… mais les faits sont là : vous devez en prendre acte et vous soumettre au réel, vous incliner devant la réalité que nous représentons.

Une objurgation qui comporte en filigrane une menace, c’est évident. Sinon, pourquoi gonfler les chiffres au-delà de la vraisemblance ? (A moins que… Et si les organismes officiels français chargés d’évaluer le nombre des Musulmans présents dans l’hexagone nous trompaient sciemment ?)

Ces préalables étant posés sans être aucunement discutés ou seulement mis en doute, arrive une autre affirmation : les effets positifs de l’immigration musulmane ? Vous soulignez « les richesses qu’ils [les Musulmans] apportent à notre nation », ajoutant avec une emphase qui est votre marque et qui aurait réjoui Molière : « La liaison entre nos concitoyens musulmans et la France n’est plus les flux migratoires, mais l’adhésion patriotique et la pratique méritoire des valeurs et des talents de la République. »

Suit, après cela, comme une explication du phénomène : par les origines religieuses communes – toujours l’antienne de l’islam-religion – : « Les trois Dieux ne sont en réalité qu’un Seul. Les trois Prophètes, Moïse, Jésus et Mohamed, ne sont que les arrière petits frères d’Abraham. La fraternité qui existe entre ces prophètes doit exister entre leurs disciples. » « N’avons-nous pas le même Dieu ? » (sauf que, nuance parmi d’autres, Allah n’a pas fait « l’homme à son image »). « Ne partageons-nous pas les mêmes prophètes ? » (sauf que Mahomet, « le sceau de la Prophétie », les corrige tous selon vous), « le même monothéisme » (sauf que, pour les Musulmans, les chrétiens sont associateurs, mushrikûn, polythéistes). »

Incidemment, posez-vous la question, monsieur l’imam : Quel Français se définirait aujourd’hui prioritairement comme « enfant d’Abraham » ? Et oseriez vous affirmer en toute honnêteté que le ‘Isâ de votre Coran (simple homme, jamais crucifié ni ressuscité) est le Jésus, le Yasû‘, des chrétiens ? Et placez-vous hors de la nation les athées, les agnostiques, les indifférents en matière religieuse ? Et n’avez-vous jamais entendu parler de nos héritages grec, celte, latin ? des Lumières ?

Force vous est de prendre acte que des Français demeurent rétifs à la présence de l’islam chez eux, « qu’il y aura toujours des imbéciles qui envisageront les musulmans français comme une immigration de colonisation ou comme un cheval de Troie de l’islamisme ». Ceux-là sont, purement et simplement, des « racistes » (le mot est sans fondement : l’islam n’est pas une race, que l’on sache ; il est cependant répété souvent). Honte donc aux Français qui « stigmatisent, clouent au pilori, bannissent en banlieue une communauté, presque entièrement suspecte ; certains vomissent des inepties parfois abjectes. » Par leur refus de l’immigration musulmane, ce sont même des assassins : « La Méditerranée est remplie de cadavres d’immigrés clandestins. »

Axe 2 : les Musulmans aiment la France et la république

Autre maillon dans la chaîne des affirmations assénées : les Musulmans présents en France, non seulement aiment le pays qui les accueille, mais, même, ils adhèrent à la République. Vous êtes vous-même un républicain exemplaire.

Avec quelle violence vous rejetez le communautarisme, « le clanisme » – alors que vous prêchez pour la reconnaissance d’une communauté musulmane de plein droit !
Et vous rendez hommage à… la laïcité, à la loi de 1905, que les Musulmans « doivent respecter ».
(Cependant, ajoutez-vous, «ceux qui se réfèrent à la loi de 1905 ou le Bleu-Blanc-Rouge « pour prétendre sauver l’identité et la Patrie » sont des racistes. »)

Inutile d’insister : par qui ferez-vous admettre que l’islam, qui place toute vie humaine sous tous ses aspects dans le devoir d’obéissance à une Révélation d’origine divine, est compatible avec la République, avec la laïcité ? Bien sûr, vous mentez. Vous mentez effrontément, appliquant le principe d’un des grands maîtres de la propagande politique, Joseph Goebbels, qui affirmait : « Plus gros est un mensonge, plus facilement il est accepté » ?

Axe 3 : condamnation de l’islam tel que nous le constatons

Dans leurs opérations d’enfumage, les taupes de l’islam se trouvent, à un moment ou à un autre, dans la nécessité de prendre leur distance avec l’image, très négative, que les autres civilisations se font de l’islam à la lumière de l’actualité et de l’histoire. Vous ne manquez pas à cette tâche de désaveu, de reniement.

Vous avez des mots extrêmement durs pour condamner l’islam à l’étranger. Quelle variété d’islam, quel grand pays musulman échappe à votre vitriol ? Un Occidental qui s’exprimerait avec votre fureur serait immédiatement traîné en justice pour incitation à la haine raciale.
Khomeiny ne songeait qu’à « domestiquer son peuple ». (Il est vrai qu’il était shiite, un hérétique pour le sunnite que vous êtes.)
L’islam pakistanais est « gangrené par la radicalisation »
La pratique religieuse des talibans est « inhumaine, antimusulmane ».
Vous énumérez les « crimes » commis par les radicaux en Algérie.
La Ligue islamique mondiale est « la voix et le bras de la propagande wahhabite, mélangeant le caritatif et le politique ».
Al-Karadâwi, président du Conseil européen de la fatwa et de la recherche, est un « propagandiste de la haine », (certainement, mais vous ne dites pas qu’il est aussi président de l’Union internationale des Savants musulmans – les oulémas –, ce qui en fait une des plus grandes références pour les dogmes, la Loi et les pratiques de l’islam).
Le salafisme : « l’intégrisme religieux ».
Les Frères musulmans : « à la fois une secte religieuse et un groupuscule politique », « qui pratique le double langage ».
Etc.

Vous êtes aussi sévère pour l’islam en France.
Le Conseil français du Culte musulman, dirigé « par un musulman d’une nationalité étrangère », est « une usine à gaz, organe schizophrène, infantile, liberticide », « estropié ou embourbé ».
L’UOIF, qui y domine, c’est « l’islamisme politique ».
La main et l’argent de l’étranger sont partout : « La gestion financière des mosquées, ou des lieux de culte, même les plus petits, provoque et entretient un climat délétère dans plusieurs villes. »
(Mais la faute à qui ? « Depuis l’arrivée massive et précaire de l’islam combattant pour libérer la France ou exécutant tous les métiers pénibles pour construire la France, l’État français a préféré abandonner la gestion de l’islam aux chancelleries. »)
Vous ne niez pas les turbulences et les incivilités de la « communauté musulmane » : Les dérapages des pro-palestiniens « risquent de compromettre la paix civile ici ». (Vos « frères juifs » ont droit à une cinquantaine de pages d’affilée : « L’antijudaïsme, l’antisémitisme, l’antisionisme et le négationnisme s’abreuvent habituellement dans le même marécage. »)
Les « jeunes » de banlieue doivent savoir que le vandalisme est un délit « et surtout, un acte illicite, harâm, puni par Allâh ».

Vous paraissez presque prêt à désapprouver les prières publiques de la rue Myrrha : « Le Prophète a interdit les assemblées sur les routes, qui peuvent aussi être des rassemblements dans les halls d’immeuble, des attroupements dans les cages d’escalier, car l’esprit de l’islam est d’interdire la nuisance, physique u sonore, matérielle ou même visuelle. »
Vous déplorez la « victimisation » où se complaisent tant d’immigrés : « Nous sommes les premiers coupables de nos malheurs.
Etc.

Voilà pour le constat. Mais, foin de tout cela ; l’islam a été défiguré pour des raisons politiciennes ou matérielles. L’islam authentique est bien différent.

Axe 4 : l’islam authentique qui sera celui de la France

Comment définissez-vous cette merveille ?
« Une religion de la paix et de la justice », car « le cœur de l’islam est la paix ».
Une affirmation que vous seriez bien en peine de justifier. Décidément, vous semblez tenir l’aphorisme de Goebbels pour une vérité opérationnelle !

Une religion de paix ? Vous évacuez le Coran et ses appels à la guerre contre les juifs, les chrétiens, les polythéistes…, ainsi que la sunna du prophète, « le beau modèle » (Coran : XXXIII. 21), qui, à Médine, ne cessa de conduire le jihâd, et avec quel acharnement !

Et seulement une religion ? Votre culot va jusqu’à « refuser catégoriquement » dans l’islam « la confusion entre le sacré et le profane, entre le religieux et le politique », « cette dérive abyssale et souvent sanglante », alors que votre système, comme le Coran d’où il est issu, place toute la vie humaine sous la Loi d’Allah. Vous écrivez : « La vraie religion musulmane, celle qui n’est pas travestie par la politique et celle qui ne pervertit pas la politique ; celle qui n’est pas instrumentalisée par l’Etat et celle qui ne cherche pas à manipuler l’Etat ».
En conséquence de l’islam réduit à la religion, l’imam ne doit s’occuper que « du culte ». Mais comment définirez-vous ce mot, qui n’a aucun sens dans un système qui régente autant le port de la barbe ou le maillot de bain des femmes que la prière ou le jeûne ?
Et, je le répète, vous approuvez la laïcité, la loi de 1905, puisque l’islam n’est qu’une religion qui ne se mêle pas de politique

Vos mensonges et dissimulations sont particulièrement éhontés en ce qui concerne votre Prophète : « Le Messager Mohammed a amené avec lui l’amour et la paix » quand le hadîth et la sîra, jamais discutés en Terre d’islam, lui imputent à gloire batailles, massacre et assassinats ciblés.
Il est un exemple « d’amour et de tolérance ».

Et son attitude à l’égard des femmes ?
Une affirmation incroyable : « L’islam a révolutionné le statut des femmes en instituant pour elle (sic) les droits de propriété, de succession, d’éducation, de divorce », alors que, avant l’islam, à La Mekke, la première épouse de Mahomet, Khadîja, dirigeait une entreprise et gérait seule sa fortune, ce qui sera interdit aux musulmanes. « L’islam a apporté aux Arabes du VIIe siècle l’humanité et la modernité. »

Le Prophète, qui aurait eu, selon la sîra, une vingtaine d’épouses et de concubines, s’est marié uniquement « pour des raisons politiques, sociologiques ou familiales ». Autrement dit, il était opposé à la polygamie et, en multipliant les partenaires sexuels, il n’aurait fait que se sacrifier dans l’intérêt de sa communauté. Mais alors, quid de ses unions, à Médine, en 627, avec la juive Râhina et, à Khaybar, l’année suivante, avec une autre juive, Safiyya, deux femmes dont les bourreaux de l’islam avaient exécuté le mari le jour même ?

Et son mariage, avec Aicha ? Vous désapprouvez un moufti marocain qui, en 2008, a autorisé le mariage des filles à partir de neuf ans. (De « la pédophilie », dites vous justement.). Mais vous négligez de préciser que ce saint homme se référait à l’exemple de son Prophète qui a défloré Aicha à cet âge.

Sur ce chapitre, sensible aux yeux des Occidentaux, du statut des femmes, vous poussez la tartufferie jusqu’à affirmer : « Les femmes et les hommes sont égaux dans la pratique de l’islam ». Et ceci, écrit sans une démonstration (impossible) : « Les versets [du Coran] concernant l’égalité entre les femmes et les hommes sont nombreux et clairs ».
Vous-même êtes contre la burqa, mais vous êtes pour le voile, dont le symbolisme est le même : l’inégalité homme-femme, l’interdiction pour une musulmane d’épouser un non-musulman. Par une très brève allusion, nous apprenons que votre épouse est voilée.

Sur l’histoire de l’islam après Mahomet, sur le statut des dhimmis, vos triches sont innombrables. Jadis, « les juifs et les Arabes vivaient en bonne intelligence, dans le partage de la science et de la paix ». Le deuxième calife du Prophète, Omar Ibn Al-Khattab, « a établi un pacte garantissant aux juifs et aux chrétiens la liberté du culte et le respect de leur statut ». Une insulte au martyre des dhimmis.

Rien sur les questions de fond

Votre livre est aussi intéressant par les sujets qu’il évite. On y chercherait en vain quoi que ce soit sur plusieurs sujets qui rendent l’islam inacceptable au sein de nos démocraties :
L’absence de liberté de conscience.
L’absence de liberté religieuse : l’interdiction faite à un musulman de renoncer à l’islam.

Tout ce qui dans le Coran – ne parlons même pas de la sunna – est crime contre les droits de l’homme, les très nombreux versets qui appellent à la guerre pour discrimination religieuse, l’autorisation donnée aux maris de battre leurs épouses, le droit de flageller la femme adultère… tout cela disparaît dans votre islam tronqué, truqué, inventé seulement pour servir de leurre dans une guerre subversive.

Il faudrait un volume aussi épais que le vôtre pour relever vos filouteries. J’espère que les quelques perles que j’ai relevées permettront de se faire une idée de l’ignominie de votre attitude à l’égard d’un pays où vous vivez, que vous avez le front de dire aimer, que vous trahissez au profit d’un totalitarisme, dont les Français ne veulent pas et qu’ils n’accepteront jamais.

Les risques de la taqiyya

Une remarque encore : l’actualité nous a appris que certains musulmans de Drancy s’étaient dressés contre vous et vos prêches. Je ne veux pas croire qu’il s’agit là d’un coup monté par vos soins, pour mieux vous distinguer, vous « le modéré, le moderniste, le républicain, le laïque », des « islamistes » que, hors l’Islam, le monde entier exècre. Je pense sincèrement que vos agresseurs étaient des musulmans ordinaires, sincèrement soucieux du bon renom de leur religion et de leur civilisation : ils se sont sentis insultés par vos propos, qui présentent l’islam et son prophète sous des traits outrageants par leur fausseté ; ils ne savaient pas que vous jouiez un double jeu à l’intention des infidèles.
Ce sont là les risques de la taqiyya. On peut supposer que vous les connaissiez quand, il y a une vingtaine d’années, vous avez décidé de partir en mission pour la France afin d’y accomplir un devoir, sacré en votre âme et conscience, ordonné précisément dans votre Livre saint : œuvrer à l’asservissement, puis à l’anéantissement de toute communauté autre que l’umma, la communauté totalitaire islamique.

Jérôme Capistran

Voir par ailleurs:

Moral Courage: Imam for Peace

A Muslim cleric from France hopes to unite Muslims, Christians and Jews in the fight against fanaticism.

 

As right-wing rabble rousers throughout Europe make themselves known to media, it’s time to tell the more surprising stories. Here’s one: in France, the most radical voice of social cohesion may very well be an imam. Yup, a Muslim cleric. Hassen Chalghoumi deserves to become a household name in America.

Chalghoumi is the imam of Drancy, a suburban Parisian town that deported Jews to their death during World War II. Imam Chalgoumi seeks to preserve this history so that it’s never forgotten. In fact, we met him at the Holocaust Memorial in Drancy, where he recited the opening verses of the Qur’an. The imam later told us that the Holocaust isn’t only a Jewish issue; it’s a human one that Muslims must honestly grapple with if they want credibility when complaining about Islamophobia. Coming from an imam, such a statement is more than rare. It’s refreshing.

But Chalghoumi’s platform doesn’t end in Drancy. He founded the French Conference of Imams, has written several books in French and Arabic, and intends to speak with American audiences as his English improves. We can only hope that he’ll be welcomed, since he seeks to unite Muslims, Christians and Jews to conquer what he calls the real enemy: fanaticism, including the Islamist kind.

His message of peace has its detractors. Opponents sarcastically describe Chalghoumi as the “Imam of the Jews.” He frequently faces death threats via voicemail. His house was trashed soon after he led a 2006 Holocaust remembrance. Later, vandals doused his car with gasoline. More polite pushback comes in the form of counsel to stop appearing publicly and to end interfaith dialogue. Translation: shut up and pray.

Chalghoumi follows half that advice. The other half, Chalghoumi flouts: He brought 20 French imams to Jerusalem’s Yad Vashem Holocaust memorial, where they proclaimed that life is more important than doctrine.

The intensity of his moral courage doesn’t really reveal itself in Chalghoumi’s background. Born in Tunisia, he served as a conflict mediator for France’s national rail system. Then he opened a pizzeria, which became a neighborhood hotspot. In a gesture of sweetness but not necessarily backbone, Chalghoumi reached out to the local cops bearing gifts of pastry.

On further reflection, though, we detect a pattern. The imam’s adult life is suffused with his intention to open lines of communication between seeming rivals. It’s a pattern rooted firmly in faith: in Islam, proper intention (known as “niyyah”) is at least as significant as action. But Chalghoumi also walks the talk, embodying the bold declaration that human dignity trumps religious identity.

Think we’re exaggerating? Watch this video clip from Moral Courage TV. For English subtitles, click “cc” at the bottom of the video:


Liberté d’expression: Vous avez dit ‘élucubrations sur les réseaux sociaux’ ? (Big Brother Facebook and his sleeping giants friends are watching you)

11 octobre, 2019

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Nous sommes entrés dans un mouvement qui est de l’ordre du religieux. Entrés dans la mécanique du sacrilège : la victime, dans nos sociétés, est entourée de l’aura du sacré. Du coup, l’écriture de l’histoire, la recherche universitaire, se retrouvent soumises à l’appréciation du législateur et du juge comme, autrefois, à celle de la Sorbonne ecclésiastique. Françoise Chandernagor
L’islam essaie d’imposer à l’Europe ses règles : ouverture des piscines à certaines heures exclusivement aux femmes, interdiction de caricaturer cette religion, exigence d’un traitement diététique particulier des enfants musulmans dans les cantines, combat pour le port du voile à l’école, accusation d’islamophobie contre les esprits libres. Le Coran est un livre d’inouïe violence. Exaltation de la violence: chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame, tel se révèle Mahomet à travers le Coran. De fait, l’Église catholique n’est pas exempte de reproches. … Mais ce qui différencie le christianisme de l’islam apparaît : il est toujours possible de retourner les valeurs évangéliques, la douce personne de Jésus contre les dérives de l’Église. Aucune des fautes de l’Église ne plonge ses racines dans l’Évangile. Jésus est non-violent. Le retour à Jésus est un recours contre les excès de l’institution ecclésiale. Le recours à Mahomet, au contraire, renforce la haine et la violence. Jésus est un maître d’amour, Mahomet un maître de haine. Comme jadis avec le communisme, l’Occident se retrouve sous surveillance idéologique. L’islam se présente, à l’image du défunt communisme, comme une alternative au monde occidental. À l’instar du communisme d’autrefois, l’islam, pour conquérir les esprits, joue sur une corde sensible. Il se targue d’une légitimité qui trouble la conscience occidentale, attentive à autrui : être la voix des pauvres de la planète. Hier, la voix des pauvres prétendait venir de Moscou, aujourd’hui elle viendrait de La Mecque ! Aujourd’hui à nouveau, des intellectuels incarnent cet oeil du Coran, comme ils incarnaient l’oeil de Moscou hier. Ils excommunient pour islamophobie, comme hier pour anticommunisme. À l’identique de feu le communisme, l’islam tient la générosité, l’ouverture d’esprit, la tolérance, la douceur, la liberté de la femme et des moeurs, les valeurs démocratiques, pour des marques de décadence. Ce sont des faiblesses qu’il veut exploiter au moyen «d’idiots utiles», les bonnes consciences imbues de bons sentiments, afin d’imposer l’ordre coranique au monde occidental lui-même. Comme aux temps de la guerre froide, violence et intimidation sont les voies utilisées par une idéologie à vocation hégémonique, l’islam, pour poser sa chape de plomb sur le monde. Benoît XVI en souffre la cruelle expérience. Comme en ces temps-là, il faut appeler l’Occident «le monde libre» par rapport au monde musulman, et comme en ces temps-là les adversaires de ce «monde libre», fonctionnaires zélés de l’oeil du Coran, pullulent en son sein. Robert Redeker
Les racines de l’Europe sont autant musulmanes que chrétiennes. Jacques Chirac
Dans le cadre du dialogue des civilisations et des cultures, il faut éviter tout ce qui anime les tensions et l’amalgame entre l’islam, qui est une grande religion respectée et respectable, et l’islamisme radical. Jacques Chirac
[La piste terroriste] n’est évidemment pas écartée. D’abord, je pense qu’il est important de le dire régulièrement: ce n’est pas parce qu’on est musulman qu’on est terroriste. Donc le fait qu’on se convertisse à l’islam n’est pas un signe automatique de radicalisation. Les faits doivent être regardés avec précision. C’est ce que les services enqêteurs sont en train de réaliser. Et donc avant que ces services enquêteurs ne nous donnent des informations tangibles et qui ne sont pas des élucubrations sur les réseaux sociaux, je ne me prononcerai pas. Sibeth N’Diaye (porte-parole du gouvernement Macron)
Tous nos problèmes aggravés par l’immigration sont aggravés par l’islam. En France, comme dans toute l’Europe, tous nos problèmes sont aggravés par l’immigration, école, logement, chômage, déficits sociaux, ordre public, prisons (…) et tous nos problèmes aggravés par l’immigration sont aggravés par l’islam. C’est la double peine. L’Etat français est devenu l’arme de destruction de la nation et de l’asservissement de son peuple, du remplacement de son peuple par un autre peuple, une autre civilisation. Entre vivre (et vivre) ensemble, il faut choisir. La question qui se pose à nous est la suivante: les jeunes Français vont-ils accepter de vivre en minorité sur la terre de leurs ancêtres ? Nos progressistes si brillants (…) nous ont ramenés à la guerre des races et à la guerre des religions. Comment ne pas être ébloui par les tenues de notre ministre préférée, Sibeth Ndiaye, sommet de la distinction française. Eric Zemmour
C’est ma dernière élection. Après mon élection, j’aurai plus de flexibilité. Obama (à Medvedev, 27.03.12)
Le battre dans les urnes rendrait un mauvais service à l’histoire, rendrait un mauvais service à notre pays. J’ai peur que si nous ne destituons pas le président, il sera réélu. Al Green (repésentant démocrate du Texas)
Aside from the emotional issue that Democrats, NeverTrumpers, and celebrities loathe Donald Trump, recently Representative Al Green (D-Texas) reminded us why the Democrats are trying to impeach the president rather than just defeat him in the 2020 general election. “To defeat him at the polls would do history a disservice, would do our nation a disservice,” Green said.  “I’m concerned that if we don’t impeach the president, he will get re-elected.” Translated, that means Green accepts either that Trump’s record is too formidable or that the agendas of his own party’s presidential candidates are too frightening for the American people to elect one of them. And that possibility is simply not permissible. Thus, impeachment is the only mechanism left to abort an eight-year Trump presidency—on a purely partisan vote to preclude an election, and thus contrary to the outlines of impeachment as set out by the Constitution. Consider it another way: Why is it that the House is controlled by Democrats, yet its leadership is not pushing through any of the policy proposals voiced so openly on the Democratic primary stage? Why aren’t progressive representatives introducing bills to pay reparations to African Americans, to legalize infanticide in some cases of late-term abortion, to offer free medical care to illegal aliens, to confiscate AR-15s, to extend Medicare for all, to impose a wealth tax and raise top rates to between 70 and 90 percent, to abolish student debt and ensure free college for all, or to grant blanket amnesty to those currently living in the country illegally? Simple answer: none of those issues poll anywhere near 50 percent approval. And no Democratic candidate would expect to beat Trump as the emissary of such an agenda. If the economy was in a recession, if we were embroiled in another Iraq-like or Vietnam-sort of war, and if Trump’s polls were below 40 percent, then the Democrats would just wait 13 months and defeat him at the polls. But without a viable agenda and because they doubt they can stop Trump’s reelection bid, they feel they have no recourse but to impeach. If Trump were to be reelected, not a shred of Barack Obama’s “fundamental transformation” would be left, and the strict constructionist Supreme Court would haunt progressives for a quarter-century. (…) In a sane world, the impeachers would worry their charges that Trump forced Ukrainian President Vladimir Zelensky to investigate his possible 2020 Democratic opponent Joe Biden might boomerang. After all, Trump never actually cut off Ukrainian aid. Nor did he outline a quid pro quo deal. Essentially he is accused of unduly asking a foreign president to clamp down on corruption in his midst going back to 2016. So what? Especially if there is something more to the strange antics of Hunter Biden and CrowdStrike. Biden’s problems are not such thought crimes, but are confirmed by his own boasting: that he used the clout of the United States to help his own family financially, by threatening to cut off U.S. aid unless a Ukrainian state prosecutor looking into his own son’s suspicious lobbying was fired within six hours. And in Biden’s own words, “Son of a bitch,” he was fired. In contrast, Trump might have been all over the map in his call, but he kept the aid to Ukraine coming without demanding the scalp of any Ukrainian official. In some sense, Trump’s culpability boils down to one issue: progressives believe that in not-too-veiled a manner, he threatened a foreign government to start going after the Biden family without cause, whose patriarch Joe might be Trump’s 2020 election opponent. The other half of the country believes that what is material is not Biden’s current transient electoral status (he is not now and may not be the Democratic nominee), but the fact that he was vice president of the United States when he used his office to threaten the loss of foreign aid to stop investigations of his son, who was using his father’s position to further his own profiteering. Given that Trump denies any quid pro quo and his call supports that fact, while Biden, on the other hand, openly brags that he made threats which made the Ukrainian to cave (“in six hours”), one can draw one’s own conclusions. (…) As far as precedent, there is a good recent example. Barack Obama got caught promising to consider cuts in Eastern-European-based missile defense if Vladimir Putin would give him some room during his reelection campaign. Translated into Adam Schiff’s Mafiosi parody lingo: Putin would calm down on the international stage to make the U.S.-Russia “reset” look good, Obama would then get rid of Eastern-European missile defense, and Obama would get reelected in 2012. And all three of those events transpired as planned—one can surmise whether any of the three would have happened without Obama compliance with Russian conditions. Remember, Obama’s quid pro quo was caught on a hot mic on the premise that what he said to Russian President Medvedev was never supposed to be heard. “On all these issues, but particularly missile defense, this can be solved,” Obama said. “But it’s important for him [Putin] to give me space . . . This is my last election. After my election I have more flexibility.” Once that understanding was excused, and the media was mute about such collusion, can any notion of collusion as a crime still exist? (…) So if Trump’s health holds out, if we don’t have a recession, if there is not an optional war, and Trump endures the next few weeks of 360-degree, 24/7 targeting, 2020 will be far more favorable than ever imaginable for him. Victor Davis Hanson
A Trump presidency would change the pro-Ukrainian agenda in American foreign policy. For me it was important to show not only the corruption aspect, but that he is [a] pro-Russian candidate who can break the geopolitical balance in the world. Serhiy Leshchenko (Ukrainian journalist and member of parliament)
It’s no wonder that some key Ukrainian political figures are getting involved to an unprecedented degree in trying to weaken the Trump bandwagon. Adrian Karatnycky (Washington’s Atlantic Council think-tank)
My desire to expose Manafort’s doings was motivated by the desire for justice. Neither Hillary Clinton nor Joe Biden, nor John Podesta, nor George Soros asked me to publish the information from the black ledger. Serhiy Leshchenko
The United States has not even grappled with the full scope of Ukraine’s impact on the 2016 election. Earlier this year, I broke down Trump and Rudy Giuliani’s allegation that Biden forced Kiev to fire a corrupt prosecutor in order to protect his son Hunter. (As I and nearly every other Ukraine watcher pointed out, Giuliani’s claim is meritless.) But Ukraine did play a significant factor in the 2016 election: the exposure of Paul Manafort’s corruption. Of course, Manafort, who is currently serving time in prison, is legendarily corrupt. But the larger question is how to handle the fact that, in helping to expose his corruption, Ukrainian entities shaped the course of an American election. Ukraine’s role in the 2016 race is undeniable: In the summer of 2016, Kiev’s release of the so-called “black ledger” resulted in Manafort’s ouster from the Trump campaign. The actions of foreign actors—however well-intentioned—directly impacted an American election. One would imagine Washington media and lawmakers—who spent three years combing through every aspect of Moscow’s interference in our election—might direct similar attention to Kiev’s impact. Yet the Ukrainian angle barely made headlines. If we want to get serious about safeguarding our electoral process from all foreign actors, not just Moscow-based ones, it’s time to examine Ukraine as well. On August 14, 2016, The New York Times published a bombshell about what would become known as the “black ledger”—a handwritten document alleging millions of off-the-books payments to Manafort by the Party of Regions, led by his former client Viktor Yanukovych, the ousted pro-Russian president of Ukraine. The Times received the ledger from the National Anti-Corruption Bureau of Ukraine (NABU), an independent government agency. The story rocked the 2016 election, given Manafort’s position as head of Trump’s campaign. The Hillary Clinton campaign immediately seized on it as proof that Manafort—and therefore Trump—was tied to Yanukovych and the Kremlin. Four days later, the Times ran a follow-up story, based on more details released by NABU and publicity by Serhei Leshchenko, a member of the Ukrainian parliament, who told the Times he’d studied the ledger. The next day, Manafort resigned from Trump’s campaign. Two weeks later, the Financial Times did a story about Ukraine’s takedown of Manafort, including quotes from Leshchenko and Western analysts. “The prospect of Mr Trump, who has praised Ukraine’s arch-enemy Vladimir Putin, becoming leader of the country’s biggest ally,” it began, “has spurred not just Mr Leshchenko but Kiev’s wider political leadership to do something they would never have attempted before: intervene, however indirectly, in a US election.” “Mr Leshchenko and other political actors in Kiev say they will continue their efforts to prevent a candidate…from reaching the summit of American political power,” the story went on. Reading the article in 2019, after three years of nonstop coverage about overseas meddling in US democracy, is stunning. Here is an established Western outlet calmly discussing successful foreign influence of an American presidential campaign as a neat little coup, a bit of gutsy international derring-do. Calling the intervention “indirect” is a bit generous, as well. Manafort was ousted based on handwritten pieces of paper—the story would’ve never gone anywhere without NABU and Leshchenko’s vouching for the ledger’s authenticity. That’s as direct as it gets. Of course, all this occurred in August of 2016, when the prospect of a Trump presidency was seen as inconceivable. After Trump’s election, Leshchenko and NABU frantically denied their intent to damage the Trump campaign, claiming the ledger was publicized solely because of their concern to stamp out corruption and had nothing to do with US politics. “My desire to expose Manafort’s doings was motivated by the desire for justice,” wrote Leschenko in a recent Washington Post op-ed. “Neither Hillary Clinton nor Joe Biden, nor John Podesta, nor George Soros asked me to publish the information from the black ledger.” Ukrainians certainly had every reason to expose Manafort’s corruption, and the man’s subsequent trial showed there was an enormous amount to expose. But Ukraine’s efforts also happened to coincide with—and have an immediate impact on—an American campaign. And yet, despite this information’s being available in English, and published by established Western media, we’ve had almost no debate about its implications. To understand just how astounding that is, simply imagine if the situation were reversed. Imagine the Financial Times ran a story about a Russian government bureau and lawmaker leaking documents that directly resulted in the ouster of the Clinton campaign manager. Even if everything exposed by Russia were true, it’d still be a major scandal. None of this is to say we should ignore the Kremlin’s election meddling or Trump’s current attempt to coerce Ukraine into investigating Biden. These are extraordinarily serious issues—but so is Ukraine’s impact in 2016. It seems many Americans are under the mistaken assumption that the moment Trump leaves office, things will return to normal. They won’t. If anything, the 2016 election let the devil out of the box—other actors in other nations surely took notice of the ease with which a handful of individuals in Ukraine were able to influence an American campaign. There will be more of this. Some may be in good faith; some will not. It is impossible to say we’re taking foreign interference seriously until the media, lawmakers, and political activists have an honest conversation about the new norms. And that involves looking not only at Trump and Russia, but at Ukraine as well. The Nation
Vanité des entreprises humaines… Tout débutait si bien: la meute média-antifa aux trousses d’Éric Zemmour… L’amorce d’un dialogue détendu-convivial sur l’immigration lancé par l’Élysée. Soudain, le vrai monde anéantit tout cela avec fracas. Car si la moitié de ce qu’on lit sur la tuerie de la Préfecture de police est vrai – nous y revenons – la sécurité de la France, la confiance des Français en leur État, seront gravement affectés. Le philosophe Clément Rosset édicta naguère que « la réalité est insupportable, mais irrémédiable »: nous y voilà. Résumons : un individu depuis dix ans fasciné par l’islam… converti depuis deux ans peut-être… habilité au secret-défense… niché au cœur informatique du service opérant le renseignement d’une capitale mondiale majeure… Aussi: on ne compte plus les missions ultra-sensibles récemment confiées à la DRPP, de par sa taille réduite, son étanchéité et son esprit de corps. Les dégâts potentiels sont vertigineux. (…) Quand vos chefs prônent le politiquement-correct ; quand cent stages vantent l’idéal du vivre-ensemble et l’horreur de la discrimination ; quand toute blague déclenche la foudre ; s’inquiéter d’un collègue infirme et antillais est ardu. Preuve, la réaction de l’État : le piteux Castaner bredouille que tout est normal et une péronnelle de la présidence suggère d’éviter les amalgames. Quand ces réactions émanent du sommet d’un État fort pyramidal, sa base évite tout propos malsonnant – comment lui donner tort ? Second point majeur. On lit que l’assassin était « signalé » depuis 2015. mais signalé par qui ? Et vers qui ? En 2015, l’ambiance était électrique entre la direction de la DGSI et celle de la DRPP, pour affaires touchant à la françafrique. Que s’est il alors passé – ou pas passé, plutôt ? Il serait judicieux d’aller y voir de près. Dernier point : Macron a fondé la coordination du renseignement : bien. Or depuis, sous l’empire de la nécessité – protéger le président de ses « affaires »… ambitions pseudo-savantes sans vrai contenu… la coordination semble oublier ses fondamentaux, dont celui-ci : coordonner est bien s’il s’agit d’un tout étanche et cohérent – ce n’est pas le cas, on l’a vu. Brutal résultat – le protocole de la médecine d’urgence vaut pour le renseignement : toujours envisager le pire. Nul catastrophisme, mais seul moyen de sauver le patient. Et si M. H. était une taupe islamiste ? Qu’a-t-il transmis et à qui, des bases numériques de la DRPP ? Y a-t-il logé un logiciel-malveillant, cheminant ensuite – vers où ? On imagine la réaction des services alliés. Au pire, tout ou partie de l’informatique de la DRPP est à revoir. (…) même, on aggrave les choses. Un exemple inquiétant. Pour grappiller quelques sous, l’Intérieur externalise la réparation de ses véhicules, camions de CRS, etc. Or dans leurs garages, les mécaniciens de la police voient ces sous-traitants chercher les véhicules à réparer. Parfois, des barbus portant au front la zebiba, tache noire du prosterné en prière. Voilà à qui on confie les camions des CRS. On détecte ainsi des sots trop voyants, mais de longue date, les durs des Frères musulmans et les salafistes disposent de fatwas leur permettant de se raser et porter costume-cravate pour infiltrer les structures infidèles. Quand ils l’ont pu dans le monde musulman, ils ont infiltré les centres d’éducation : leurs recrues savent se planquer. En Turquie, on voit le mal qu’a Erdogan à éradiquer la secte islamiste de Fetullah Gülen de l’administration et l’armée. » Xavier Raufer
Ce fonctionnaire né à Fort de France servait depuis 2003 comme adjoint administratif (agent de catégorie C) au sein du au service technique de la Direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP). Il n’avait jamais attiré défavorablement l’attention de sa hiérarchie quant à sa conduite. Il a certainement été l’objet d’une enquête de sécurité au moment de son recrutement (en 2003) puis d’un suivi épisodique pour proroger ses habilitations au secret défense (tous les cinq ans). Sa conversion à la religion musulmane ne constituait pas un acte délictueux et, jusqu’à plus ample informé, il ne fréquentait pas des lieux de culte salafistes incubateurs d’activistes – même si fort heureusement, ils ne passent majoritairement pas à l’acte -. Non seulement dans son cas avec les éléments connus, il n’y avait pas matière à enquêter plus avant, mais si cela avait été le cas, cela aurait pu être assimilé à du « harcèlement » et à de l' »islamophobie ». La hiérarchie de l’administration – quelqu’elle soit – a très peur de se retrouver dans cette position face aux influents intellectuels qui n’attendent que ce prétexte pour intervenir dans les medias dans le seul but d’affaiblir l’Etat. Cela dit, l’enquête en cours aurait prouvé qu’il s’était converti en 2008 et pas il y a 18 mois comme cela avait été annoncé précédemment. Si ce fait est confirmé, cela prouverait qu’il pratiquait la Taqiya (l’art de la dissimulation surtout en usage chez les chiites mais méthode reprise par les salafistes) à l’évidence pour cacher sa conversion à son environnement. De plus, il semble qu’il avait préparé son coup au dernier moment ayant acquis le couteau de cuisine en céramique qui a servi à ces assassinats le matin même de son action. (…) Les services de l’Etat sont à l’image de la nation. Les chiffres varient car les statistiques officielles restent interdites mais il y aurait entre 7 et 10% de musulmans en France. Le chiffre devrait être logiquement le même au sein de l’administration. Cela dit, seule une infime partie des musulmans adhère aux thèses extrémistes des salafistes-djihadistes qui puisent leur inspiration sur les sites spécialisés (que décidément la puissance publique a bien du mal à entraver). En France, il existe aussi d’autres versions de l’islam sunnite qui ne prônent pas la violence comme le mouvement tablligh et les Frères musulmans. Le cas des salafistes dits quiétistes pose question car c’est dans leurs rangs que les salafistes-djihadistes viennent recruter de nouveaux adeptes. Les activistes n’ont pas besoin d’être très nombreux pour être dangereux. C’est d’ailleurs la caractéristique des mouvement terroristes : quelques activistes bien formés valent mieux que des gros bataillons facilement repérables. (…) pour le moment, ce ne sont pas les revenants qui représentent le menace principale en Occident en général et en Europe en particulier. Daech n’est pas vaincu militairement mais a actuellement d’autres soucis comme relancer la guérilla sur le front syro-irakien, activer ses provinces extérieures comme en Afrique – particulièrement au Sahel – , dans le Causasse et en Extrême-Orient. Par contre, Daech continue à prodiguer sa propagande et à appeler ses adeptes au meurtre là où ils se trouvent. C’est sans doute ce qui explique cette dernière opération meurtrière. Il va être affirmé que l’assassin était quelque part « dérangé mentalement » mais il convient de se poser la question suivante: un individu qui se livre à un acte terroriste est-il mentalement sain d’esprit ? Il aurait aussi été insatisfait de sa position professionnelle qui n’évoluait pas mais cela ne peut pas expliquer grand chose. Il gardait son libre arbitre. Le cas juridique du « suspect » est clos puisque l’action est éteinte avec sa mort. Cela dit, il reste un gros problème. Daech possède un service de sécurité (Amniyat) dont une des missions est le renseignement. Ce mouvement semblait se renseigner sur le passé des volontaires français qui le rejoignaient en Syrie. Quel rôle pourrait avoir joué le suspect dans ces enquêtes « de sécurité » (et autres) car sa position professionnelle au sein de la DRPP pouvait lui permettre d’avoir accès à des fichiers informatique confidentiels ? En effet, il pourrait avoir été recruté comme source par Daech ce qui expliquerait pour partie. (…) Il est évident que cela va créer une inquiétude au sein de la population qui constate que même les organismes chargés de la protéger peuvent être infiltrés par des mouvements terroristes. Tous les ministères vont se sentir concernés et vont devoir revoir les procédures de sécurité et les enquêtes d’habilitation de leurs personnels. Cela va être très nuisible à l’ambiance interne qui risque de devenir suspicieuse. » Alain Rodier
« On sent bien que la énième répétition du même mode opératoire, à savoir une personnalité seule qui profite d’un effet de surprise dans la vie quotidienne pour poignarder des quidam, ici ce sont des collègues de travail, mais d’autres fois ce sont des passants, des gens qui rentrent chez eux dans des transports en commun, des jeunes femmes qui attendent un train dans une gare, des soldats en faction, un prêtre dans son église, c’est-à-dire n’importe qui ou tout le monde, tout cela use l’opinion publique et donne le sentiment qu’un danger imminent s’est diffusé dans notre vie quotidienne et peut nous guetter n’importe où à n’importe quel moment. On sent bien que l’ambiance se tend, et qu’une violence au quotidien se banalise. L’idée qu’à tout instant un attentat peut se produire sous nos yeux et qu’il faudra agir fait désormais partie du paysage. A long terme, la notion de tension religieuse prend forme, malgré les nombreux appels au calme et malgré les dénis sur le « pas d’amalgame ». La multiplication, partout en Europe d’ailleurs, de ces épisodes fébriles où quelques personnes sont tuées au couteau, comme ça, simplement, dans un flash terroriste, lézarde progressivement la certitude que ces attentats ne seraient pas de nature religieuse. Sur ce point, la stratégie des pouvoirs publics suivie en France comme en Allemagne, consistant à expliquer immédiatement après les faits qu’il s’agit d’un acte perpétré par un déséquilibré et qui ne serait pas de nature religieuse devient une source ce méfiance. (…) Cette fois-ci, le déni est terrible. On a tous entendu Christophe Castaner et Sibeth Ndiaye expliquer que rien ne permettait de présager l’action de cet informaticien habilité au secret défense et employé dans les services de renseignement. Mais le Parisien a révélé qu’il avait fait l’objet d’un signalement à sa hiérarchie en 2015 pour dérive radicale. Il semble que la machine administrative n’en ait pas tenu compte. En termes de gestion publique, ce hiatus entre les propos du gouvernement et la réalité est redoutable, parce qu’il donne à l’opinion publique le sentiment que la situation n’est pas sous contrôle. Ce sentiment est apparu très nettement avec l’affaire Lubrizol. Alors qu’une usine Seveso seuil haut était en feu, provoquant nausées et vomissements dans la population, le gouvernement est resté sourd et aveugle face aux évidences en expliquant que les fumées ne présentaient pas de toxicité inquiétante. La réaction incrédule de la population devrait alerter les pouvoirs publics, d’autant que l’émission de dioxine est désormais attestée, ce qui dément les propos des ministres. La même semaine, le même sketch reprend. Alors qu’un fonctionnaire de nos services de renseignement égorge l’un de ses collègues sur son lieu de travail, à savoir la Préfecture de police, ce qui n’est pas rien, deux ministres interviennent immédiatement pour tenir des discours qui manquent singulièrement de prudence, et qui sont démentis dans la journée par la presse. Le discrédit guette. Quand, sur deux affaires majeures en un laps de huit jours, des ministres sont pris en flagrant délit d’erreurs sur des faits et dans l’appréciation de leur gravité, la conséquence est bien connue: ils perdent toute crédibilité, et c’est l’équipe entière d’Edouard Philippe qui est désormais menacée de discrédit. » Eric Verhaeghe
Votre publication ne respecte pas nos Standards de la communauté sur les individus et organismes dangereux. Nos Standards s’appliquent dans le monde entier à tous les types de contenu. Nos Standards de la communauté ont pour objectif d’encourager l’expression et de créer un environnement sûr. (…) Afin d’éviter et d’empêcher toute nuisance et tout danger réel, les organisations ou individus qui revendiquent des objectifs violents ou qui sont impliqués dans des activités violentes ne sont pas les bienvenus sur Facebook. Cela comprend les organisations et les individus impliqués dans les activités suivantes : les activités terroristes, la haine organisée, les meurtres de masse ou en série, la traite des personnes, la violence ou les activités criminelles organisées. Nous supprimons également tout contenu soutenant ou faisant l’éloge de groupes, dirigeants ou individus impliqués dans ces activités. Une organisation animée par la haine correspond à : toute association de trois personnes ou plus organisées sous un nom ou un symbole et dont l’idéologie, les déclarations ou les actions physiques portent atteinte à des individus en fonction de caractéristiques, notamment la race, l’affiliation religieuse, la nationalité, l’ethnicité, le sexe, l’orientation sexuelle, une maladie grave ou un handicap. Facebook
C’est un réseau international sans structure ni hiérarchie, de tous âges, étudiants comme retraités. Beaucoup d’internautes veulent nous rejoindre, mais il nous faut trouver des gens fiables et de confiance. Mine de rien, c’est une activité dangereuse qui nécessite beaucoup de précautions pour protéger son identité et agir en sécurité face aux menaces. La propagation de la haine et la manipulation de Breitbart étaient devenues pour moi inadmissibles et insupportables. Ce n’est pas un engagement politique, mais plutôt de l’ordre de la philosophie. Il y a aussi des médias spécialisés dans la manipulation par la peur, en France, dont certains sont financés par la publicité, justifie l’activiste. Avec mon partenaire, nous avons choisi de commencer par Boulevard Voltaire : c’était moins dangereux que Fdesouche [blog nationaliste très populaire à l’extrême droite, ndlr], dont les contributeurs sont particulièrement agressifs. En plus, Boulevard Voltaire fait passer des idées nauséabondes sous couvert de respectabilité chrétienne. Cela le rend à mes yeux encore plus insidieux. (…) On a cherché des sites d’extrême gauche qui diffusaient de la peur, mais ils sont peu organisés et aucun ne profite de la pub. R
Sleeping Giants (« Les Géants Endormis ») est une organisation activiste agissant sur les réseaux sociaux visant à persuader les entreprises de supprimer leurs publicités de certains médias conservateurs tenant des propos jugés racistes et/ou sexistes. La campagne a débuté en novembre 2016 peu après la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine de 2016, avec le lancement d’un compte Twitter visant à boycotter Breitbart News. Le premier message (sur Twitter) ciblait la société de gestion financière SoFi1 (compagnie spécialisée dans la gestion financière). La plupart des messages de l’organisation sur le réseau social Twitter sont des messages destinés aux entreprises fournissant de la publicité à la chaîne Breitbart News. La majorité de leurs messages incitent à participer au boycott de l’entreprise tant que celle-ci n’aura pas rejoint la lutte contre Breitbart. La plupart de l’activité du réseau ne provient pas du compte lui-même, mais sont des « retweets » de ceux-ci, cette méthode donne à l’organisation un très grand impact sur les utilisateurs des réseaux sociaux. Jusqu’en juillet 2018, personne ne savait qui était à la tête du mouvement, mais finalement, après deux ans d’activités, Matt Rivitz, un publicitaire, confirme qu’il est le fondateur du groupe, après avoir été identifié par le média conservateur Daily Caller. L’organisation agit principalement depuis son compte Twitter mais dispose également d’un compte Facebook. Elle a monté, au fil du temps, diverses antennes régionales en Australie, en Belgique, au Brésil, au Canada, en Finlande, en France, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas, en Nouvelle-Zélande, en Norvège, en Espagne, en Suède, en Suisse et enfin au Royaume-Uni (antennes possédant aussi leurs propres comptes Twitter). En février 2017, 820 entreprises avaient rejoint le mouvement et avaient cessé de fournir de la publicité (et donc de l’argent) à Breitbart News, selon les statistiques fournies par l’organisation1. Un peu plus tard, en mai 2017, l’ampleur du mouvement ne peut plus être qualifié de négligeable : plusieurs milliers d’annonceurs ont cessé de placer leurs produits sur la chaîne Breitbart News (les publicités sont la source de revenus principales des chaînes de télévision), considérant la campagne comme un moyen de protester ouvertement contre la politique de Donald Trump ainsi que de se garantir la confiance des militants (et par conséquent celle de tous les citoyens suivants l’organisation sur les réseaux sociaux). La liste des entreprises ayant rejoint le mouvement ne cesse de s’agrandir mais on peut retenir comme noms les plus célèbres les marques, AT & T, Kellogg’s, BMW, Visa, Autodesk, Lenovo, HP Inc., Vimeo, Deutsche Telekom, Lyft, Allstate, Nest et Warby Parker (société spécialisée dans la vente de lunettes sur internet). Le gouvernement canadien a également cessé de fournir de la publicité à Breitbart News après avoir déclaré que son contenu « n’était pas conforme au code de valeur et d’éthique du gouvernement ». La stratégie de Sleeping Giants consiste à faire pression sur les annonceurs en associant méthodes traditionnelles (manifestations, etc.) et méthodes plus « numériques » (activisme en ligne) dans le but de recruter et de mobiliser une large population d’utilisateurs des réseaux sociaux.  (…) Sleeping Giants a notamment mené une longue campagne visant à convaincre les entreprises à ne plus fournir des publicités à The O’Reilly Factor dès que l’affaire des cinq accords de harcèlement sexuel de l’animateur Bill O’Reilly et de la chaîne de télévision ultra-conservatrice Fox News a été révélée. L’organisation a fini par remporter la victoire, entraînant l’annulation de l’émission. Depuis mai 2017, l’antenne locale canadienne a utilisé les mêmes moyens pour faire pression sur les sociétés fournissant la publicité au média conservateur canadien The Rebel Media, la réussite de l’opération est confirmée quelques mois après le début de celle-ci. L’antenne régionale française conduit en ce moment même une campagne proche de celle de l’antenne principale visant le site aligné d’extrême droite, Boulevard Voltaire. Wikipedia
Né aux Etats-Unis pour contrer les “fake news” de la droite radicale, le réseau d’activistes Sleeping Giants cible désormais les médias d’extrême droite (sic) français. En alertant les marques dont les publicités financent Boulevard Voltaire, ils auraient fait perdre près de cinq cents annonceurs au site réactionnaire (sic) cofondé par le maire de Béziers. Savamment disposés autour de l’article « Des migrants pourris-gâtés ? » en une de la page d’accueil, les bandeaux publicitaires ne font pas dans le haut de gamme. « Investissez dans l’immobilier et effacez vos impôts pendant douze ans ! », « Alzheimer : nés avant 1965 ? Lisez vite ceci », « Rencontrez des célibataires philippines ! », « Comment la rendre folle d’amour : la méthode infaillible »… Le contenu publicitaire de Boulevard Voltaire, le site d’opinion ultraconservateur (sic) fondé en 2012 par Robert Ménard et Dominique Jamet, ressemble davantage à celui d’un obscur blog. Il y a encore, ici et là, une sélection de livres d’extrême droite (sic) sur Amazon, une campagne pour les cars de la SNCF ou une réclame d’Uber, mais la très grande majorité des annonces du site n’ont à vendre que lampes d’autodéfense, programmes de régime, sous-vêtements et jeux vidéo en ligne. Depuis plusieurs mois, les grandes marques fuient une à une Boulevard Voltaire. Ce lâchage en règle n’est pas dû au hasard : il est le résultat d’une mobilisation intense d’internautes regroupés sous le nom de Sleeping Giants. Ce réseau d’activistes s’est d’abord lancé aux Etats-Unis, peu après l’élection de Donald Trump et l’arrivée à la Maison-Blanche de son ex-conseiller Stephen Bannon, patron du site ultraconservateur Breitbart News (qu’il vient de rejoindre à nouveau), pourvoyeur régulier de fausses informations (sic) et de théories sexistes, racistes, antisémites et homophobes (sic). Inquiets face à la place accrue occupée par cette droite radicale (sic) au sommet de l’Etat et sur la Toile, des internautes décident de s’intéresser au financement publicitaire de Breitbart. Ils découvrent que nombre de grandes marques, mais aussi des ONG aux antipodes des idées véhiculées par le site, n’ont absolument pas connaissance de la présence de leurs publicités sur le média conservateur. « Nous avons décidé qu’il était temps de les prévenir, pour couper les ressources de Breitbart, défend l’un des activistes américains. Notre objectif est de stopper l’ascension des médias racistes et sexistes en les attaquant au portefeuille. » Comment une publicité pour la Croix-Rouge peut-elle se retrouver sur un site aux relents racistes (sic) ? C’est tout le problème du marketing programmatique, le modèle de publicité dominant sur Internet. Le placement des publicités est automatisé par des régies pour cibler les consommateurs via des mots-clés et des algorithmes — les marques n’achètent plus d’encarts sur un site en particulier. Les publicités s’afficheront n’importe où, hors du regard des annonceurs eux-mêmes, créant des situations possiblement cocasses voire très embarassantes : une compagnie de cars pour visiter le Canada s’est ainsi retrouvée à côté d’un article expliquant que l’immigration est à l’origine d’un « génocide en douce du Québec » sur Boulevard Voltaire… S’ils le souhaitent, les annonceurs peuvent cependant exclure certains domaines de leur campagne d’affichage. Sleeping Giants a ainsi mis à leur disposition un tutoriel détaillant la démarche via la régie publicitaire de Google. A ce jour, plus de 2 600 entreprises et organisations ont retiré leur publicité de Breitbart News, parmi lesquelles des géants comme BMW, Virgin, Kellogg’s ou HP. Un spécialiste des données à l’agence marketing WordStream a fait le calcul : entre novembre 2016 et aujourd’hui, le revenu généré par un clic sur une publicité affichée par Breitbart a été divisé par deux, passant d’un peu plus de 75 cents à moins de 40 cents. L’initiative inspire d’autres internautes dans le reste du monde : en Europe, des utilisateurs de Twitter interpellent eux aussi des marques de leur pays dont la publicité se retrouve sur Breitbart. Parmi eux, « R ». De l’identité de R, nous ne saurons que ce que son accent britannique et ses belgicismes laissent deviner au téléphone : les Sleeping Giants agissent dans l’anonymat, s’appelant entre eux par des lettres de l’alphabet. Elle est approchée en début d’année 2017 par le réseau américain pour ouvrir une entité en France. Déjà occupée par son travail et sa vie familiale, R accepte à condition d’être accompagnée. Un deuxième activiste français la rejoint et ils lancent ensemble le compte Sleeping Giants France sur Twitter en février. Beaucoup d’autres suivront : Sleeping Giants est aujourd’hui actif dans seize pays, ses membres échangeant via des messageries sécurisées comme Telegram. Une entité européenne centralise les actions des différents pays qu’elle relaie ensuite aux activistes américains. (…) Sleeping Giants France poursuit le travail d’épuration de Breitbart auprès des marques hexagonales mais décide également d’appliquer le même principe aux sites français qu’il juge équivalents. (…) R et son partenaire observent les publicités sur le site et interpellent sur Twitter les annonceurs pour leur signaler que leur marque « finance la haine ». (…) Lorsque leurs messages restent sans réponse, R. et son partenaire relancent, allant jusqu’à contacter directement les responsables des entreprises. « Nous avions repéré sur Boulevard Voltaire une publicité pour l’émission Le jour du Seigneur, de France 2, mais nos messages sont restés sans réponse pendant des semaines, se souvient R. J’ai donc écrit à un membre du conseil d’administration de la chaîne. Cela a pris plus de deux mois et demi mais France 2 n’a plus de publicité sur Boulevard Voltaire. » En quatre mois, Sleeping Giants France, épaulé par des internautes participant à l’opération via leur propre compte Twitter, a contacté 1 094 annonceurs, et 483 lui ont assuré avoir stoppé leurs campagnes sur Boulevard Voltaire. Parmi eux, Carrefour, Nestlé, BNP Paribas, Citroën ou Decathlon. « Ils ont fait preuve de bienveillance lors de nos discussions et nous avons compris que c’était dans notre intérêt, explique-t-on du côté de l’enseigne sportive. Ce site ne correspond pas aux valeurs de Decathlon. En quelques jours à peine, nous l’avions blacklisté. » Sleeping Giants leur a également fait suivre une liste de « sites du même acabit », que la marque a également bloqués, sur laquelle on retrouve Valeurs actuelles, Fdesouche ou Dreuz.info. Le préjudice financier pour le site conservateur est difficile à évaluer, mais il est important. Sleeping Giants avance le chiffre de « 90 % de revenus publicitaires en moins », ce que refuse de confirmer ou d’infirmer Boulevard Voltaire. Contactée par Télérama, Gabrielle Cluzel, la directrice de publication, nous affirme que leur conseiller juridique « ne juge pas souhaitable de communiquer sur ce sujet » et qu’il « se réserve la possibilité d’entamer une action en justice ». De leur côté, les activistes assurent qu’ils vont continuer à « vider » le site, avant d’élargir leur action à d’autres dans les prochains mois, médias installés comme blogs complotistes. Les Sleeping Giants ne cherchent-ils donc à viser que les plateformes d’extrême droite ? « Non, répond R. On a cherché des sites d’extrême gauche qui diffusaient de la peur, mais ils sont peu organisés et aucun ne profite de la pub. » R. sait ce qui les attend en s’attaquant à la « fachosphère » : à 6h30 chaque matin, dès son réveil, elle vérifie qu’elle n’a pas été victime d’un « doxxing », ce procédé qui consiste à publier des informations sur l’identité (nom complet, adresse, numéro de téléphone, numéro de compte bancaire, etc.) d’un internaute. « En marge de la campagne contre Boulevard Voltaire, nous nous sommes mobilisés sur certaines causes et nous avons subi des attaques informatiques ou verbales venant de forums de Reddit, 4chan et autres. » Sleeping Giants a notamment été très actif pour enrayer la mission antimigrants Defend Europe — leurs membres italiens et français sont à l’origine du blocage de leur compte PayPal. « On aimerait ne rien faire d’autre que travailler sur les médias qui propagent des “fake news” ou de la haine, mais certains événements sont les résultats directs des problèmes causés par ces médias. Dans ces situations, nous nous impliquons. » Mais la priorité du moment, ce sont bien les publicités SNCF qui tapissent encore Boulevard Voltaire. « Ils sont pourtant bien au courant, mais je ne lâche pas tant que je n’ai pas de réponse. » D’ici quelques jours, les membres du conseil d’administration de la SNCF découvriront dans leur boîte mail un petit message des « géants endormis » aux yeux grands ouverts. (…) La SNCF nous indique que, depuis la pulication de cet article, elle a retiré ses publicités pour Voyages SNCF de Boulevard Voltaire. Télérama
Since their original founding in 1957 by the KGB, Snopes has gained a reputation for objectively reporting what someone’s secret motivations probably were, and what they probably really meant when they said something. More recently, they have perfected the art of determining whether a satirical article is hilarious, left-leaning comedy or divisive, conservative-leaning fake news. As part of their ongoing goal of being able to rush to judgment as quickly as possible, Snopes published a pre-approval of all future statements made by candidates during the Democratic debates. “While we understand there may be some disagreements among progressive candidates on certain issues, we know that nobody who shares our worldview would ever say anything factually untrue,” Snopes explains in their article. Snopes also clarified that in the event a candidate does say anything that sounds untrue/conservative, they will automatically conclude that the individual had pure intentions and meant something completely different. As a very last resort, they may change a particular rating to “mixed,” assuming some context was missing. At publishing time, Snopes had also released a fact-check for all future statements by President Trump, rating them all as “False.” Babylon bee
One of my favorite websites, the Babylon Bee. It’s distinctly conservative, it’s distinctly Christian, it’s very, very funny (especially if you’ve grown up as an Evangelical Christian), and it’s obviously, clearly satire. Click on the site, and the banner advertisement describes it as “fake news you can trust.” By contrast, the well-known secular satire site The Onion calls itself “America’s finest news source.” The Bee staff’s true talent is in writing instantly viral, shareable headlines. They can be hilarious and cutting — and the site loves taking on hipster Christianity, Trump-worship, and political correctness. Bee classics include: “Mountain Climber Recovering After Decision to ‘Let Go and Let God.’” “Man Drowns While Politically Correct Passengers Describe What Just Went Overboard.” “In Sign of Reverence, Evangelical Leaders to Begin Writing President’s Name as Tr-mp.” What does this have to do with Snopes? The Bee’s viral satire of progressive politicians is apparently intolerable, and so Snopes has taken upon itself the task of fact-checking satire. Go to the site, type in “Babylon Bee,” and you’ll find page after page of fact-checks. Snopes has fact-checked whether Democrats demanded that “Brett Kavanaugh submit to a DNA test to prove he’s not actually Hitler.” It’s fact-checked whether Alexandria Ocasio-Cortez repeatedly “guessed ‘free’ on TV show ‘The Price is Right,’” and whether Ilhan Omar actually asked, “If Israel is so innocent, then why do they insist on being Jews?” Perhaps my favorite (non-political) fact check was of the Bee’s “report” that VeggieTales had introduced a new character named “Cannabis Carl.” If you peruse Snopes’s many, many Babylon Bee fact-checks, you’ll find it’s quite diligent in policing hits on progressive politicians and far less concerned about the Bee’s many satirical swipes at Trump. It’s absolutely true that some readers are unable to distinguish between truth and obvious fiction. Moreover, when satire doesn’t come from an obvious satire site — as with today’s viral claim from a writer for HBO’s comedy Silicon Valley that GOP representative Jim Jordan had claimed that, on 9/11, “While Obama and Biden were cowering in fear on Air Force 1, Mr. Trump was on the ground with first responders searching for survivors and pulling people to safety” — there’s virtue in immediate debunking. But Snopes’s actions against the Bee have had real teeth. In 2018, after Snopes fact-checked a Bee article titled “CNN Purchases Industrial-Sized Washing Machine to Spin News Before Publication” (no, really), Facebook warned the Bee that it could be penalized with reduced distribution and demonetization. Facebook later apologized for its warning. And last week Snopes escalated its attack. It fact-checked an article called “Georgia Lawmaker Claims Chick-Fil-A Employee Told Her To Go Back To Her Country, Later Clarifies He Actually Said ‘My Pleasure.’” But rather than merely noting that the story was clearly satire from a known satire site, it launched an attack on the Bee’s motives and methods. In its original fact-check, it questioned whether the article was satire, accusing the Bee of “fanning the flames of a controversy” and “muddying the details of a news story.” It posted a misleading and incomplete summary of the ridiculous Erica Thomas incident in Georgia (where a black Georgia lawmaker accused a fellow Publix customer of telling her to “go back” where she came from and then walked back her accusation) and then called the Bee article a “ruse” and an “apparent attempt to maximize the online indignation.” It bears repeating that the Bee is obvious satire. Obvious. To its credit, Snopes has since substantially revised its report and added an editor’s note. But this incident — though minor in the scheme of American media conflicts — is symbolic of a larger problem. As American partisanship grows more intense, respected media outlets and organizations are throwing away years of accumulated goodwill through partisan misjudgments and partisan attacks. Ideological uniformity can blind them to their own biases, and a sense of national emergency can lead them to betray their own principles. Yet even as they slip into partisan advocacy, these institutions often maintain their influence over important American institutions. Snopes had a formal relationship with Facebook. Major American corporations still look to the Southern Poverty Law Center for guidance in defining hate groups. Snopes can serve a useful purpose. And there’s a space for it to remind readers that satire is satire. But if it wants to serve its purpose, it must not use its remaining cultural power and its remaining commercial influence to target the satire that stings its allies. Hands off the Babylon Bee. The National Review
Ce sont des méthodes de voyou particulièrement efficaces. Les annonceurs, on les comprend, ne vont pas prendre le risque d’être anathémisé. (…) Ce sont des ennemis de la liberté d’expression. Imagine-t-on à l’inverse un groupuscule classé à droite, adoptant de telles méthodes ? La presse s’en émouvrait, à juste titre. Robert Ménard
Vous avez dit indépendance ? Alors que Le Monde, dans un éditorial publié ce jeudi, redoute « les risques » du futur projet de loi contre les « fake news » annoncé par Emmanuel Macron, le Canard enchaîné révèle que Facebook collabore avec le quotidien du soir pour faire le ménage sur le réseau social, fréquenté par 33 millions d’abonnés en France. Moyennant finance. Titre de l’article : « Entre “Le Monde” et Facebook, un beau conte de “fake” ». Le Monde, « dans le cadre d’un partenariat avec Facebook, a été mandaté par le réseau social […] pour épousseter ses pages », écrit l’hebdomadaire satirique. « Julien Codorniou, le vice-président de Facebook chargé des partenariats, qui vit à Londres, est membre du… conseil de surveillance du « Monde » ! », précise le palmipède. Ce dernier est aussi un « grand ami de Xavier Niel – le coproprio du quotidien ». Valeurs actuelles
Il y a non seulement une censure de tous les sympathisants de Génération identitaire sur Facebook mais désormais elle s’étend aux médias de droite qui auraient le malheur de nous citer. En revanche, les médias de gauche ne le sont jamais lorsqu’ils nous consacrent des articles à charge. Cela indique clairement que l’algorithme de Facebook a été construit avec un biais idéologique dont le but est de promouvoir la pensée progressiste et d’étouffer toute contestation. Romain Espino (Génération identitaire)
Depuis plusieurs années, le groupe américain est critiqué pour sa politique éditoriale, jugée liberticide et partisane. Son fondateur et PDG, Mark Zuckerberg, a lui-même dénoncé des positions défendues par le président Trump. Malgré ses démentis, Facebook est régulièrement accusé aux États-Unis de favoriser les personnalités et idées progressistes au détriment du camp conservateur. Sollicité par nos soins pour expliquer sa décision, Facebook France n’a pas daigné nous répondre. L’article interdit, repartagé vendredi, a été une nouvelle fois censuré samedi par le réseau social qui a même menacé depuis de supprimer notre page. Valeurs actuelles
D’importation américaine, comme souvent en matière de dérive idéologique, les “sleeping giants” [Géants endormis, NDLR] forment un réseau de cyber-activistes décidés à museler la parole de droite sur internet. Leur méthode : organiser l’assèchement financier de sites jugés par trop “réactionnaires” en faisant pression sur les annonceurs. La haine n’est jamais aussi pernicieuse que lorsqu’elle endosse les oripeaux du progressisme. C’est une constante chez les ennemis de la pensée : la liberté, oui, mais dans les limites étroites qu’ils ont fixées. Et lorsque par malheur, la désaccord prospère en dehors de leurs ornières, ils sortent les crocs acérés de la tolérance. Les « sleeping giants » sont de ceux-là. Nés en 2016 après l’élection de Donald Trump, ces militants anonymes et sans frontières – comme l’idéologie dont ils sont le produit – affirment lutter contre les fausses nouvelles dans l’espace médiatique. Leur cible : les sites pourvoyeurs de haine. Comme de juste avec les amis du progrès, celle-ci est avant tout de droite. Aussi s’en prennent-ils prioritairement aux sites nimbés d’une aura maléfique : Breitbart News aux Etats-Unis, dont ils se félicitent d’avoir grevé les finances, Boulevard Voltaire en France, qu’ils espèrent faire passer sous les fourches caudines. Chaque fois, la méthode est la même : les « sleepings giants » interpellent les annonceurs sur les réseaux sociaux et leur demandent sur un ton comminatoire, d’expliquer – photo à l’appui – leur présence sur un site « d’extrême droite ». Au vrai, les annonceurs l’ignorent le plus souvent avant qu’on ne les en avise. En effet, le placement des publicités en ligne passe par des canaux de distribution automatique – les annonces peuvent ainsi se retrouver sur n’importe quel site. Qu’à cela ne tienne ! Pour ce comité de salut public 2.0, ne pas s’amender c’est pêcher par complicité. Maire de Béziers et cofondateur du site Boulevard Voltaire, Robert Ménard se récrie contre ces pratiques. (…) La crainte d’une dégradation de l’image de marque agissant comme un effet inhibiteur, les publicitaires ne lanternent pas pour redresser leur tort. Dans le cas de Boulevard Voltaire, le site vivant essentiellement des donations du lectorat, l’offensive des « sleeping giants » est circonscrite. Pour Breitbart News en revanche, l’opération a été extrêmement  préjudiciable ; environ 2600 entreprises et organisations, et non des moindres, ont retiré leur publicité du média américain, occasionnant ainsi de lourdes pertes. Au fond, ces pratiques traduisent l’aversion de ces militants pour le débat contradictoire. (…) Sauf que les « sleeping giants » appartiennent au camp du bien. Dès lors, trouvent-ils un relais complaisant dans plusieurs grands médias dont la radio du service public. Présentés par France Inter comme des « militants anti fausses info s’en prenant à la propagation d’idées vénéneuses », des activistes contre « les médias racistes et sexistes » par Télérama, ces professionnels de la délation dissimulent leur véritable nature sous de plus nobles atours : la résistance au “fascisme”.  Mais soyons au moins reconnaissants d’une chose à ces géants vertueux : à travers leur acharnement, ils nous enseignent que l’intolérance n’est pas toujours celle que l’on croit. Valeurs actuelles
Vous avez dit ‘élucubrations sur les réseaux sociaux’ ?
En ces temps étranges …
Où, pour cause de vote non-conforme, un président américain et ses électeurs se voient de la part d’adversaires politiques manifestement impuissants devant ses succès électoraux, systématiquement délégitimés et subvertis « par tous les moyens nécessaires » …
Y compris, derrière l’hystérie sur les tentatives d’interférence russes dans ladite élection, le total désinstérêt médiatique pour une tentative d’interférence ukrainienne dont à l’époque les intéressés s’étaient même vanté
Où entre les frasques du premier président de la république condamné par la justice et l’origine de la vie et de nos enfants, le mensonge est désormais de rigueur et institutionnalisé par nos plus hautes autorités gouvernementales et juridiques …
Où après des années de persécutions judiciaires, l’un des principaux lanceurs d’alerte sur la menace islamiste en France se voit à nouveau menacé de pousuites et progressivement lâché par ses employeurs …
Alors qu’avant le carnage au couteau de cuisine dument dénié à l’avance par la porte-parole du gouvernement Macron comme « élucubrations sur les réseaux sociaux », un futur terroriste islamiste pouvait tranquillement poursuivre sa carrière dans le saint des saints de la lutte contre le terrorisme islamique …
Où non content à l’instar de ses congénères GAFA de ne payer quasiment aucun impôt et d’accentuer chaque jour un peu plus son quasi-monopole sur les recettes publicitaires …
Un réseau social comme Facebook se permet, sur simple dénonciation, de censurer ad vitam eternam le premier blogueur venu comme votre serviteur ou ponctuellement un média aussi installé et reconnu que Valeurs actuelles …
Voire, pour faire bonne mesure, un site explicitement parodique …
Retour sur ces courageux nouveaux inquisiteurs  et croisés de la bien-pensance…
Qui véritable nouvelle imprimatur papale ou « oeil de Moscou », caché comme il se doit chez les nouveaux « Résistants » à la « menace Trump » sous le nom de Sleeping giants
Distribue les excommunications et s’acharnent, comme par hasard via les menaces de boycott et l’asséchement des ressources publicitaires, sur les seuls sites de droite …

Nutella, MAIF, Groupama, Monabanq … la pub fuit les chaînes qui accueillent Zemmour

Plusieurs annonceurs refusent d’être associés aux émissions ou aux chaînes où travaille l’éditorialiste, à cause de ses propos polémiques. D’autres marques ont été interpellées sur les réseaux sociaux.

Le Parisien
Le 9 octobre 2019

La polémique Zemmour s’invite dans les campagnes de publicité des grandes marques. Ferrero, la MAIF, Groupama, et Monabanq ont décidé de ne plus être annonceurs de l’émission hebdomadaire de Paris Première « Zemmour et Naulleau », dont le nouvel épisode sera diffusé ce mercredi soir, a appris le Parisien.

« Nous avons demandé à Paris Première d’exclure ce programme de notre liste de diffusion », a d’abord écrit Ferrero sur Twitter lundi, en réponse à la branche française du groupe Sleeping Giants.

Une pub pour le Nutella avant l’émission

Ce collectif se présente sur Twitter avec pour mission de « lutter contre le financement du discours de haine ». C’est lui qui avait interpellé la semaine dernière le groupe Ferrero, quelques jours après les propos polémiques d’Eric Zemmour tenus le 28 septembre lors de la « convention de la droite ».

Le polémiste avait notamment fait un rapprochement entre islam et nazisme, et le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour « injures publiques » et « provocation publique à la discrimination, la haine ou la violence ».

Une publicité pour le Nutella, produit star de Ferrero, avait été diffusée sur Paris Première mercredi dernier, juste avant le début de l’émission « Zemmour et Naulleau ». « En aucun cas nous ne cautionnons les propos et prises de position de M. Zemmour. Nous avions effectivement un spot avant l’émission. Notre agence média ne connaissait ni le contenu ni la programmation au moment où elle a réalisé nos achats média avec Paris Première », a détaillé Ferrero dans son message.

Les membres de Sleeping Giants ont interpellé plusieurs autres groupes qui disposent de campagnes de pub sur Paris Première, mais aussi sur CNEWS. Car le polémiste est pressenti pour animer un débat quotidien sur la chaîne info, même si les dirigeants de celle-ci semblent temporiser.

Groupama et Monabanq retirent aussi leurs pubs

Les marques Lipton, la MAIF, le Club Med, Groupama, Amazon, Mazda ou encore Monabanq, ont notamment été citées par Sleeping Giants.

La MAIF a répondu vendredi dernier sur Twitter via un message adressé au « Mouvement », un autre collectif militant qui se dit « anti-raciste, féministe, écologiste et social ».

« Notre campagne actuelle est maintenue jusqu’au 13 octobre, dans l’attente d’une position claire de CNEWS sur le sujet », y indique le groupe mutualiste, se disant « extrêmement attentif » à cette interpellation.

Contacté par le Parisien, le groupe nous indique avoir également « exclu le programme Zemmour et Naulleau de [ses] futurs investissements sur la chaîne » Paris Première, tout en maintenant ses « achats programmés, effectués bien avant les événements récents ».

Groupama nous informe de son côté avoir « retiré immédiatement ses publicités des chaînes où travaille ou pourrait travailler Eric Zemmour ». Le groupe nous a ensuite précisé que ce boycott concernait « les émissions d’Eric Zemmour et non pas les chaînes où [il] pourrait travailler ». Autrement dit, des pubs pour Groupama pourront toujours être diffusées en dehors des créneaux où le polémiste est présent à l’antenne.

Monabanq, de son côté, « ne diffusera plus, à partir de ce soir, ses publicités sur les chaînes Paris Première et CNEWS durant les émissions d’Eric Zemmour », nous a annoncé l’enseigne.

Également contactés, les autres groupes n’ont pas répondu au moment de la publication de cet article.

Les annonceurs reviendront-ils ?

Quelles que soient leurs décisions dans l’immédiat, il restera à voir quelle sera l’attitude de ces marques sur la durée, une fois que la polémique concernant les propos d’Eric Zemmour sera peut-être retombée.

Le boycott de l’émission « Touche poste à mon poste » après l’affaire du canular homophobe en mai 2017, n’avait été que d’assez courte durée. Selon Checknews, moins d’un an et demi plus tard, la quasi-totalité des 60 annonceurs avaient repris leurs campagnes publicitaires dans l’émission de C8.

Voir également:

Né aux Etats-Unis pour contrer les “fake news” de la droite radicale, le réseau d’activistes Sleeping Giants cible désormais les médias d’extrême droite français. En alertant les marques dont les publicités financent Boulevard Voltaire, ils auraient fait perdre près de cinq cents annonceurs au site réactionnaire cofondé par le maire de Béziers.

Savamment disposés autour de l’article « Des migrants pourris-gâtés ? » en une de la page d’accueil, les bandeaux publicitaires ne font pas dans le haut de gamme. « Investissez dans l’immobilier et effacez vos impôts pendant douze ans ! », « Alzheimer : nés avant 1965 ? Lisez vite ceci », « Rencontrez des célibataires philippines ! », « Comment la rendre folle d’amour : la méthode infaillible »… Le contenu publicitaire de Boulevard Voltaire, le site d’opinion ultraconservateur fondé en 2012 par Robert Ménard et Dominique Jamet, ressemble davantage à celui d’un obscur blog. Il y a encore, ici et là, une sélection de livres d’extrême droite sur Amazon, une campagne pour les cars de la SNCF ou une réclame d’Uber, mais la très grande majorité des annonces du site n’ont à vendre que lampes d’autodéfense, programmes de régime, sous-vêtements et jeux vidéo en ligne.

Stopper les médias racistes et sexistes

Depuis plusieurs mois, les grandes marques fuient une à une Boulevard Voltaire. Ce lâchage en règle n’est pas dû au hasard : il est le résultat d’une mobilisation intense d’internautes regroupés sous le nom de Sleeping Giants. Ce réseau d’activistes s’est d’abord lancé aux Etats-Unis, peu après l’élection de Donald Trump et l’arrivée à la Maison-Blanche de son ex-conseiller Stephen Bannon, patron du site ultraconservateur Breitbart News (qu’il vient de rejoindre à nouveau), pourvoyeur régulier de fausses informations et de théories sexistes, racistes, antisémites et homophobes. Inquiets face à la place accrue occupée par cette droite radicale au sommet de l’Etat et sur la Toile, des internautes décident de s’intéresser au financement publicitaire de Breitbart. Ils découvrent que nombre de grandes marques, mais aussi des ONG aux antipodes des idées véhiculées par le site, n’ont absolument pas connaissance de la présence de leurs publicités sur le média conservateur. « Nous avons décidé qu’il était temps de les prévenir, pour couper les ressources de Breitbart, défend l’un des activistes américains. Notre objectif est de stopper l’ascension des médias racistes et sexistes en les attaquant au portefeuille. »

Les effets pervers de la publicité programmatique

Comment une publicité pour la Croix-Rouge peut-elle se retrouver sur un site aux relents racistes ? C’est tout le problème du marketing programmatique, le modèle de publicité dominant sur Internet. Le placement des publicités est automatisé par des régies pour cibler les consommateurs via des mots-clés et des algorithmes — les marques n’achètent plus d’encarts sur un site en particulier. Les publicités s’afficheront n’importe où, hors du regard des annonceurs eux-mêmes, créant des situations possiblement cocasses voire très embarassantes : une compagnie de cars pour visiter le Canada s’est ainsi retrouvée à côté d’un article expliquant que l’immigration est à l’origine d’un « génocide en douce du Québec » sur Boulevard Voltaire… S’ils le souhaitent, les annonceurs peuvent cependant exclure certains domaines de leur campagne d’affichage. Sleeping Giants a ainsi mis à leur disposition un tutoriel détaillant la démarche via la régie publicitaire de Google.

A ce jour, plus de 2 600 entreprises et organisations ont retiré leur publicité de Breitbart News, parmi lesquelles des géants comme BMW, Virgin, Kellogg’s ou HP. Un spécialiste des données à l’agence marketing WordStream a fait le calcul : entre novembre 2016 et aujourd’hui, le revenu généré par un clic sur une publicité affichée par Breitbart a été divisé par deux, passant d’un peu plus de 75 cents à moins de 40 cents. L’initiative inspire d’autres internautes dans le reste du monde : en Europe, des utilisateurs de Twitter interpellent eux aussi des marques de leur pays dont la publicité se retrouve sur Breitbart. Parmi eux, « R ». De l’identité de R, nous ne saurons que ce que son accent britannique et ses belgicismes laissent deviner au téléphone : les Sleeping Giants agissent dans l’anonymat, s’appelant entre eux par des lettres de l’alphabet. Elle est approchée en début d’année 2017 par le réseau américain pour ouvrir une entité en France. Déjà occupée par son travail et sa vie familiale, R accepte à condition d’être accompagnée. Un deuxième activiste français la rejoint et ils lancent ensemble le compte Sleeping Giants France sur Twitter en février.

Un réseau international

Beaucoup d’autres suivront : Sleeping Giants est aujourd’hui actif dans seize pays, ses membres échangeant via des messageries sécurisées comme Telegram. Une entité européenne centralise les actions des différents pays qu’elle relaie ensuite aux activistes américains. « C’est un réseau international sans structure ni hiérarchie, de tous âges, étudiants comme retraités, détaille R. Beaucoup d’internautes veulent nous rejoindre, mais il nous faut trouver des gens fiables et de confiance. Mine de rien, c’est une activité dangereuse qui nécessite beaucoup de précautions pour protéger son identité et agir en sécurité face aux menaces. »

“Il ne s’agit pas de dénoncer les entreprises, mais de les alerter”

R. connaît bien, de par son travail, les sphères médiatiques et communautaires en ligne. « La propagation de la haine et la manipulation de Breitbart étaient devenues pour moi inadmissibles et insupportables, raconte R. Ce n’est pas un engagement politique, mais plutôt de l’ordre de la philosophie. » Sleeping Giants France poursuit le travail d’épuration de Breitbart auprès des marques hexagonales mais décide également d’appliquer le même principe aux sites français qu’il juge équivalents. « Il y a aussi des médias spécialisés dans la manipulation par la peur, en France, dont certains sont financés par la publicité, justifie l’activiste. Avec mon partenaire, nous avons choisi de commencer par Boulevard Voltaire : c’était moins dangereux que Fdesouche [blog nationaliste très populaire à l’extrême droite, ndlr], dont les contributeurs sont particulièrement agressifs. En plus, Boulevard Voltaire fait passer des idées nauséabondes sous couvert de respectabilité chrétienne. Cela le rend à mes yeux encore plus insidieux. »

R et son partenaire observent les publicités sur le site et interpellent sur Twitter les annonceurs pour leur signaler que leur marque « finance la haine ». « Il ne s’agit pas de dénoncer les entreprises, mais de les alerter, assure la militante de Sleeping Giants. Beaucoup d’entre elles nous remercient ensuite, de la multinationale à la petite fleuriste terrifiée de se retrouver sur un site d’extrême droite. » Lorsque les annonceurs confirment avoir retiré Boulevard Voltaire de leurs diffuseurs, les « géants » se fendent d’un tweet de félicitations, petite bonne pub pour la marque. « Nous savons bien sûr que certains réagissent à cause de l’affichage public, qui les met dans l’embarras. Le journal Libération s’était par exemple montré assez agressif lorsque nous l’avions interpellé. Certains tentent de se trouver des excuses, mais nous les renvoyons simplement à leur responsabilité d’annonceur. » Lorsque leurs messages restent sans réponse, R. et son partenaire relancent, allant jusqu’à contacter directement les responsables des entreprises. « Nous avions repéré sur Boulevard Voltaire une publicité pour l’émission Le jour du Seigneur, de France 2, mais nos messages sont restés sans réponse pendant des semaines, se souvient R. J’ai donc écrit à un membre du conseil d’administration de la chaîne. Cela a pris plus de deux mois et demi mais France 2 n’a plus de publicité sur Boulevard Voltaire. »

Près de 500 annonceurs en moins pour Boulevard Voltaire

En quatre mois, Sleeping Giants France, épaulé par des internautes participant à l’opération via leur propre compte Twitter, a contacté 1 094 annonceurs, et 483 lui ont assuré avoir stoppé leurs campagnes sur Boulevard Voltaire. Parmi eux, Carrefour, Nestlé, BNP Paribas, Citroën ou Decathlon. « Ils ont fait preuve de bienveillance lors de nos discussions et nous avons compris que c’était dans notre intérêt, explique-t-on du côté de l’enseigne sportive. Ce site ne correspond pas aux valeurs de Decathlon. En quelques jours à peine, nous l’avions blacklisté. » Sleeping Giants leur a également fait suivre une liste de « sites du même acabit », que la marque a également bloqués, sur laquelle on retrouve Valeurs actuelles, Fdesouche ou Dreuz.info.

Le préjudice financier pour le site conservateur est difficile à évaluer, mais il est important. Sleeping Giants avance le chiffre de « 90 % de revenus publicitaires en moins », ce que refuse de confirmer ou d’infirmer Boulevard Voltaire. Contactée par Télérama, Gabrielle Cluzel, la directrice de publication, nous affirme que leur conseiller juridique « ne juge pas souhaitable de communiquer sur ce sujet » et qu’il « se réserve la possibilité d’entamer une action en justice ». De leur côté, les activistes assurent qu’ils vont continuer à « vider » le site, avant d’élargir leur action à d’autres dans les prochains mois, médias installés comme blogs complotistes. Les Sleeping Giants ne cherchent-ils donc à viser que les plateformes d’extrême droite ? « Non, répond R. On a cherché des sites d’extrême gauche qui diffusaient de la peur, mais ils sont peu organisés et aucun ne profite de la pub. »

En terrain hostile

R. sait ce qui les attend en s’attaquant à la « fachosphère » : à 6h30 chaque matin, dès son réveil, elle vérifie qu’elle n’a pas été victime d’un « doxxing », ce procédé qui consiste à publier des informations sur l’identité (nom complet, adresse, numéro de téléphone, numéro de compte bancaire, etc.) d’un internaute. « En marge de la campagne contre Boulevard Voltaire, nous nous sommes mobilisés sur certaines causes et nous avons subi des attaques informatiques ou verbales venant de forums de Reddit, 4chan et autres. » Sleeping Giants a notamment été très actif pour enrayer la mission antimigrants Defend Europe — leurs membres italiens et français sont à l’origine du blocage de leur compte PayPal. « On aimerait ne rien faire d’autre que travailler sur les médias qui propagent des “fake news” ou de la haine, mais certains événements sont les résultats directs des problèmes causés par ces médias. Dans ces situations, nous nous impliquons. » Mais la priorité du moment, ce sont bien les publicités SNCF qui tapissent encore Boulevard Voltaire. « Ils sont pourtant bien au courant, mais je ne lâche pas tant que je n’ai pas de réponse. » D’ici quelques jours, les membres du conseil d’administration de la SNCF découvriront dans leur boîte mail un petit message des « géants endormis » aux yeux grands ouverts.

Mise à jour du 1er septembre 2017
La SNCF nous indique que, depuis la pulication de cet article, elle a retiré ses publicités pour Voyages SNCF de Boulevard Voltaire.
Voir de même:

Facebook censure Valeurs actuelles et compare les identitaires à des “individus dangereux”

La rédaction de Valeurs actuelles

13 septembre 2019

Notre article sur la série “Alex Hugo” de France 2, traitant de l’opération de Génération identitaire à la frontière italienne, a été supprimé sans avertissement par le réseau social.

La politique réglementaire de Facebook vient de faire une nouvelle victime : Valeurs actuelles. Ce vendredi, le réseau social a censuré sur notre page l’article titré « Alex Hugo contre les “identitaires” : quand la télévision publique fait sa propagande pour les migrants » et partagé plus tôt dans la matinée. Motif de la suppression ? « Votre publication ne respecte pas nos Standards de la communauté sur les individus et organismes dangereux. »

L’article en question, publié sur notre site jeudi soir, critiquait l’épisode de la série « Alex Hugo », diffusé sur la chaîne publique France 2 la veille et qui caricaturait le combat des militants identitaires contre les migrants à la frontière italienne dans une allusion évidente à l’opération « Mission Alpes », organisée par le mouvement Defend Europe en 2018, quand une centaine d’activistes avaient bloqué le col de l’échelle pendant quelques heures.

« Violence et comportement criminel »

Valeurs actuelles a donc reçu une « notification » de la part de Facebook à propos de cette « infraction » à ses standards de la communauté, nous informant de la suppression immédiate du contenu, sans avertissements ni précisions. « Nos Standards s’appliquent dans le monde entier à tous les types de contenu », explique le groupe américain. « Nos Standards de la communauté ont pour objectif d’encourager l’expression et de créer un environnement sûr. »

La consultation des dits standards laisse pourtant perplexe. Ceux concernant « les individus et organismes dangereux », cités par Facebook, font partie de la rubrique intitulée « Violence et comportement criminel ». Justification : « Afin d’éviter et d’empêcher toute nuisance et tout danger réel, les organisations ou individus qui revendiquent des objectifs violents ou qui sont impliqués dans des activités violentes ne sont pas les bienvenus sur Facebook. »

Identitaires et « haine organisée »

Et le réseau social aux plus de 2,4 milliards d’utilisateurs d’ajouter : « Cela comprend les organisations et les individus impliqués dans les activités suivantes : les activités terroristes, la haine organisée, les meurtres de masse ou en série, la traite des personnes, la violence ou les activités criminelles organisées. Nous supprimons également tout contenu soutenant ou faisant l’éloge de groupes, dirigeants ou individus impliqués dans ces activités. »

Dans le cas de « la haine organisée », apparemment assimilée par Facebook au combat des identitaires, il est même précisé : « Une organisation animée par la haine correspond à : toute association de trois personnes ou plus organisées sous un nom ou un symbole et dont l’idéologie, les déclarations ou les actions physiques portent atteinte à des individus en fonction de caractéristiques, notamment la race, l’affiliation religieuse, la nationalité, l’ethnicité, le sexe, l’orientation sexuelle, une maladie grave ou un handicap. »

« Un biais idéologique pour étouffer toute contestation »

Contacté par Valeurs actuelles, Romain Espino, porte-parole de Génération identitaire (condamné avec deux autres militants à de la prison ferme, fin août, pour sa participation à l’opération « Mission Alpes ») fustige la réaction du réseau social : « Il y a non seulement une censure de tous les sympathisants de Génération identitaire sur Facebook mais désormais elle s’étend aux médias de droite qui auraient le malheur de nous citer. En revanche, les médias de gauche ne le sont jamais lorsqu’ils nous consacrent des articles à charge. Cela indique clairement que l’algorithme de Facebook a été construit avec un biais idéologique dont le but est de promouvoir la pensée progressiste et d’étouffer toute contestation. »

Depuis plusieurs années, le groupe américain est critiqué pour sa politique éditoriale, jugée liberticide et partisane. Son fondateur et PDG, Mark Zuckerberg, a lui-même dénoncé des positions défendues par le président Trump. Malgré ses démentis, Facebook est régulièrement accusé aux États-Unis de favoriser les personnalités et idées progressistes au détriment du camp conservateur. Sollicité par nos soins pour expliquer sa décision, Facebook France n’a pas daigné nous répondre. L’article interdit, repartagé vendredi, a été une nouvelle fois censuré samedi par le réseau social qui a même menacé depuis de supprimer notre page.

Voir aussi:

Médias. Libération avec LibéDésintox et d’autres médias français sont aussi concernés.

Valeurs actuelles

4 janvier 2018

Vous avez dit indépendance ? Alors que Le Monde, dans un éditorial publié ce jeudi, redoute « les risques » du futur projet de loi contre les « fake news » annoncé par Emmanuel Macron, le Canard enchaîné révèle que Facebook collabore avec le quotidien du soir pour faire le ménage sur le réseau social, fréquenté par 33 millions d’abonnés en France. Moyennant finance. Titre de l’article : « Entre “Le Monde” et Facebook, un beau conte de “fake” ».

Le Monde, « dans le cadre d’un partenariat avec Facebook, a été mandaté par le réseau social […] pour épousseter ses pages », écrit l’hebdomadaire satirique. « Julien Codorniou, le vice-président de Facebook chargé des partenariats, qui vit à Londres, est membre du… conseil de surveillance du « Monde » ! », précise le palmipède. Ce dernier est aussi un « grand ami de Xavier Niel – le coproprio du quotidien ».

LES CONCOMBRES MASQUES ONT TROUVE LEUR PRAVDA (Et courageux en plus ! – « L’anonymat est un élément important dans la philosophie des « sleeping giants »)
« Notre seul intérêt, c’est lutter contre l’intolérance, la haine, la désinformation qui se répand ».
Rachel Laplanquée
Bien souvent, les sociétés n’ont aucune idée que leurs annonces finissent sur de tels sites. La faute à un système un peu complexe qui s’appelle la « publicité programmatique ». En résumé, avec cette technologie, l’annonceur ne sait pas sur quel site s’affiche son encart publicitaire. Pour les informer, les « sleeping giants » leur montrent photo à l’appui. À eux ensuite, de demander (ou non) le retrait de leur publicité. Ce n’est pas de l’appel au boycott, il n’y a pas de contrainte pour l’annonceur. Mais ainsi l’information est donnée. Les « sleeping giants », monsieur et madame tout le monde, avec un pouvoir immense au bout du clic. France Inter a pu joindre l’une des militantes de la section française de cette « armée » de citoyens. Rachel est un pseudonyme. Elle préfère appeler avec un numéro masqué. L’anonymat est un élément important dans la philosophie des « sleeping giants ». Pour deux raisons, explique-t-elle. D’abord pour faire face à la violence des sites d’extrême-droite, toujours très créatifs pour les insultes et les menaces de mort. Mais aussi, explique Rachel, parce qu’il serait dangereux de résumer un mouvement comme celui-ci à un leader affiché, charismatique.
« C’est un engagement énorme. Ça prend beaucoup de temps. On fait ça en plus de notre travail. Il faut aussi beaucoup de résilience face à la violence des ripostes des sites d’extrême-droite », confie-t-elle. Rachel ne dit pas combien il y a en France de géants endormis dans leur réseau, pour ne pas donner trop d’informations aux sites qu’ils ciblent.
En France, le premier d’entre eux est « Boulevard Voltaire », cofondé par le maire de Béziers Robert Ménard. Aujourd’hui selon la section française des « sleeping giants », près de 1 000 annonceurs ont choisi de ne plus faire figurer leur publicité sur « boulevard Voltaire ». Jusqu’au jour où le site a été privé de publicité… avant de reprendre ses activités.
Depuis, le site de désinformation a multiplié les initiatives pour contourner ses difficultés financières, liées à cette privation de rentrées publicitaires. Un site miroir a été créé : il se finissait en .com ou lieu du .fr qui lui interdisait ses encarts pub. Mais là encore les « sleeping giants » ont continué leurs actions.
Les militants anti fausses infos surveillent aussi sites comme Breizatao (dont le webmaster a été condamné plusieurs fois pour négationnisme, appel à la haine raciale et au crime). D’autres noms ne sont pas cités ouvertement, mais les « sleeping giants » s’intéressent aussi aux sites pseudo-scientifiques, anti-vaccins…
Rachel se défend d’appartenir à un courant politique. « Notre seul intérêt, c’est lutter contre l’intolérance, la haine, la désinformation qui se répand ». Le collectif ne reçoit aucun financement. « La seule chose qui nous coûte, résume Rachel, c’est le temps consacré à cette activité qui nécessite sans cesse une mise à jour des données ». C’est le prix à payer pour montrer que dans un monde d’algorithmes, chacun doit rester responsable…
Voilà qu’en plein mois d’août il souffle un vent froid et mauvais sur nos libertés les plus fondamentales.Le 12 août, France Inter a cru devoir publier sur tous ses sites et applications un article unilatéralement hagiographique sur une organisation d’activistes anonymes dénommés «sleeping giants». L’intitulé du titre résume bien l’empathie enthousiaste de la radio d’État pour le projet des activistes: «assécher financièrement les sites de désinformation, le combat sans relâche des «sleeping giants».
L’article explique que ces géants endormis ont traversé l’océan après être nés et avoir grandi aux États-Unis sous l’empire du président honni. Bien qu’ils se défendent de faire de la politique, l’objet de leur détestation est bien politiquement géolocalisé, puisqu’il s’agit de «prévenir les annonceurs que leurs publicités arrivent sur des sites d’extrême droite» (sic).
Ces militants se donnent le beau rôle du résistant antifasciste alors qu’ils sont des agresseurs de la liberté à visage couvert
Les militants sont décrits avec une bienveillance touchante comme des résistants condamnés à vivre dans une clandestinité protectrice: «France Inter a pu joindre l’une des militants de la section française de cette «armée» de citoyens. Rachel est un pseudonyme.». «L’anonymat est un élément très important dans la philosophie des sleeping giants» est-il précisé. On tremble en effet pour la sécurité de la militante, au cas où son véritable prénom serait jeté en pâture sur la toile.
Plus loin, hommage est rendu au dévouement désintéressé des militants: «c’est un engagement énorme. Ça prend beaucoup de temps. Il faut beaucoup de résilience face à la violence des ripostes des sites d’extrême droite».
France Inter explique ensuite qu’une des cibles est le site d’opinion Boulevard Voltaire: «aujourd’hui selon la section française des sleeping giants près de mille annonceurs ont choisi de ne plus faire figurer leurs publicités sur Boulevard Voltaire… jusqu’au jour où le site a été privé de publicité…».
Depuis, déplore sans complexe la radio d’État «le site de désinformation a multiplié les initiatives pour contourner ses difficultés financières.».
Les défenseurs déterminés de la liberté d’informer et de s’exprimer ne s’effaroucheront que modérément des menées d’activistes d’extrême -gauche qui s’octroient le pouvoir divinatoire de fixer la limite extrême entre le toléré à droite et l’intolérable au-delà.
Ils ne s’étonneront pas davantage que ces militants se donnent le beau rôle du résistant antifasciste tout en se conduisant comme des agresseurs de la liberté à visage couvert.
Mais l’intolérable intolérance est d’autant plus scandaleuse qu’une radio de service public, astreinte à un devoir de neutralité, dont on sait déjà le caractère effectif très théorique au regard de son irrespect assumé de son obligation de pluralisme, se fait la propagandiste zélée d’une organisation d’activistes aussi marquée.
Le candide se perd en conjectures pour savoir selon quels critères la radio nationale s’octroie le droit de déterminer qu’un site serait «de désinformation». Après tout, le site précité est animé, renseignement pris, par des journalistes professionnels encartés et non par des repris de justice, au même titre que ceux de la radio publique.
Au demeurant, cette dernière est-elle la mieux placée pour donner des leçons d’information sérieuse?
Rien que cette semaine, il nous aura été donné la pénible occasion de devoir la rappeler à ses obligations, en notre modeste mais incontestable qualité de contribuable et copropriétaire de l’antenne d’État: Dimanche, le préposé à la revue de presse prenait grand plaisir à souligner la proximité de feu Epstein avec Donald Trump… tout en oubliant celle du «suicidé» avec Bill Clinton. Ayant interpellé publiquement ledit préposé, la revue de presse du lendemain réparera l’étrange omission.
Le lendemain, un portrait flatteur de la famille palestinienne de la militante Ahed Tamimi était brossé puisque qualifiée de «pacifique», alors même que de nombreux internautes sur Twitter, y compris Antoine Berranger, très opposé pourtant à la politique israélienne, faisaient remarquer que certains de ses membres s’étaient réjouis ouvertement d’attentats terroristes contre des civils.
Enfin, et pour faire bonne mesure, le même jour, France Inter recevait Julien Bayou porte-parole d‘ EELV qui, peut-être en mal d’inspiration, trouva judicieux d’annoncer qu’une fuite au tritium menaçait la population francilienne. Ce dont il se repentit par la suite. Mais comme le remarquait en temps réel sur Twitter par des messages ulcérés, Emmanuelle Ducros, journaliste à l’Opinion, le plus grave était l’absence totale de contradiction des journalistes: «Je suis sidérée, France Inter: quelqu’un sur votre antenne évoque une fuite radioactive en Île-de-France et ça ne suscite AUCUNE réaction? AUCUNE question? C’est ahurissant».
Vous avez dit «Désinformation»?
Il se trouve que ce grave manquement à la sérénité d’une presse libre et plurielle s’inscrit dans un contexte très anxiogène.
J’ai décrit ici le 24 juin l’appréhension que m’inspire cette loi Avia qui me paraît destinée, au-delà de son noble projet affiché de lutter contre la haine électronique, à vouloir réduire l’expression de la pensée dérangeant l’idéologie multiculturaliste encore en majesté médiatique.
Cette dangerosité est d’autant plus réelle que les grandes plates-formes anglo-saxonnes ne demandent pas mieux que d’appliquer un «politically correct» convenu et pourront trouver dans la loi nouvelle, moins une menace de sanctions financières qu’une permission de sévir.
Je viens d’écrire que l’idéologie multiculturaliste était en majesté. Je le redis, mais celle que j’appelle l’église cathodique sait que son trône vacille.
Et des réactions d’intolérance, comme celle de France Inter, doivent être avant tout interprétées comme l’expression de la rage d’être en train de perdre la bataille des idées.
L’église cathodique doit désormais miser davantage sur son sabre que sur son goupillon.
Gilles William Goldnadel
Voir par ailleurs:

Impeachment Coup Analytics

The Democrats have exhausted every other mechanism for destroying Trump—and they are running out of time before November 2020 election.

Victor Davis Hanson
American greatness
September 29th, 2019

Aside from the emotional issue that Democrats, NeverTrumpers, and celebrities loathe Donald Trump, recently Representative Al Green (D-Texas) reminded us why the Democrats are trying to impeach the president rather than just defeat him in the 2020 general election.

“To defeat him at the polls would do history a disservice, would do our nation a disservice,” Green said.  “I’m concerned that if we don’t impeach the president, he will get re-elected.”

Translated, that means Green accepts either that Trump’s record is too formidable or that the agendas of his own party’s presidential candidates are too frightening for the American people to elect one of them. And that possibility is simply not permissible. Thus, impeachment is the only mechanism left to abort an eight-year Trump presidency—on a purely partisan vote to preclude an election, and thus contrary to the outlines of impeachment as set out by the Constitution.

Consider it another way: Why is it that the House is controlled by Democrats, yet its leadership is not pushing through any of the policy proposals voiced so openly on the Democratic primary stage?

Why aren’t progressive representatives introducing bills to pay reparations to African Americans, to legalize infanticide in some cases of late-term abortion, to offer free medical care to illegal aliens, to confiscate AR-15s, to extend Medicare for all, to impose a wealth tax and raise top rates to between 70 and 90 percent, to abolish student debt and ensure free college for all, or to grant blanket amnesty to those currently living in the country illegally?

Simple answer: none of those issues poll anywhere near 50 percent approval. And no Democratic candidate would expect to beat Trump as the emissary of such an agenda.

If the economy was in a recession, if we were embroiled in another Iraq-like or Vietnam-sort of war, and if Trump’s polls were below 40 percent, then the Democrats would just wait 13 months and defeat him at the polls.

But without a viable agenda and because they doubt they can stop Trump’s reelection bid, they feel they have no recourse but to impeach. If Trump were to be reelected, not a shred of Barack Obama’s “fundamental transformation” would be left, and the strict constructionist Supreme Court would haunt progressives for a quarter-century.

Why Impeachment Now?

The Democrats have exhausted every other mechanism for destroying Trump—and they are running out of time before November 2020 election.

Think of what we have witnessed since the 2016 election. Do we even remember charges that voting machines in the 2016 election were rigged, and the efforts to subvert Electoral College voting, or to invoke the Logan Act, the emoluments clause, and the 25th Amendment?

The “collusion” and “obstruction” fantasies of the Mueller investigation now seem like ancient history. So do the James Comey leaks, the palace coup of Andrew McCabe, the Trump tax records, the celebrity rhetoric about blowing up, shooting, stabbing, burning and variously killing off the president of the United States—along with the satellite frenzies of Stormy Daniels, Michael Avenatti, Charlottesville, Jussie Smollett, the Covington Kids, and the Kavanaugh hearings.

What is left but to try the new “Ukraine collusion”—especially given three other considerations?

First, volatile and always changing polls appearing to favor impeachment roughly reflect Trump’s own popularity (or lack of same). Around 45-46 percent of Americans do not want him impeached and about the same or slightly more say they do.

Second, the hard left-wing of the party might not yet control all the Democrats, but it does not matter because they are clearly younger, more energized, and better organized. And they want something to show for all their social media and photo-op grandstanding, given their socialist agenda is mysteriously moribund.

Third, House Speaker Nancy Pelosi (D-Calif.) is said to oppose impeachment on pragmatic grounds, but I am not sure that is right. It’s the equivalent of saying Senator Dianne Feinstein (D-Calif.) was opposed to the progressive character assassination of Brett Kavanaugh. Neither is or was true.

A better description would be that Pelosi and Feinstein simply go along with the perceived 51-plus percent surge of their party, and sit back gleefully watching the fireworks happen, willing to jump in or pull back depending on the atmospherics and polling. Impeachment, remember, will make the Kavanaugh hearings look like a seminar on etiquette, and so everything and anything can happen once dozens of unhinged leftists are unbound.

Be prepared for a half-dozen Christine Blasey Ford-type witnesses to pop up, and 20 or so unhinged Cory Booker-esque “I am Spartacus” performance acts, along with a whole slew of new Steele dossiers—all interspersed with breathless CNN bulletins announcing new fake news developments with “the walls are closing in” and “the end is near” prognostications. Rep. Adam Schiff (D-Calif.) is already reading fantasies to the House Intelligence Committee and passing them off as the text of Trump’s phone call to Ukraine’s new president. Only after he was called on such absurdities did he describe his performance as a parody.

Facts Won’t Matter that Much

The Left is hellbent on impeachment and the absence of a case won’t matter. They do not care if they will sow the wind and reap the whirlwind.

In the coming days, after all, we will probably learn that the whistleblower’s “Schiff dossier” was prepared by ex-Lawfare-type lawyers in service to House Democrats, who just needed a vessel to pass off the hit as a genuine cry of the heart, rather than a scripted attack with all the Steele dossier/Mueller report/Comey memo fingerprints: classification obfuscations, footnotes to liberal media hit pieces, pseudo-scholarly references to court cases, and lawsuit-avoiding, preemptive disclaimers about not actually possessing firsthand knowledge of any of the evidence, prepped hearsay, supposition, and the subjunctive and optative mood composition.

In a sane world, the impeachers would worry their charges that Trump forced Ukrainian President Vladimir Zelensky to investigate his possible 2020 Democratic opponent Joe Biden might boomerang. After all, Trump never actually cut off Ukrainian aid. Nor did he outline a quid pro quo deal. Essentially he is accused of unduly asking a foreign president to clamp down on corruption in his midst going back to 2016. So what? Especially if there is something more to the strange antics of Hunter Biden and CrowdStrike.

Biden’s problems are not such thought crimes, but are confirmed by his own boasting: that he used the clout of the United States to help his own family financially, by threatening to cut off U.S. aid unless a Ukrainian state prosecutor looking into his own son’s suspicious lobbying was fired within six hours. And in Biden’s own words, “Son of a bitch,” he was fired.

In contrast, Trump might have been all over the map in his call, but he kept the aid to Ukraine coming without demanding the scalp of any Ukrainian official. In some sense, Trump’s culpability boils down to one issue: progressives believe that in not-too-veiled a manner, he threatened a foreign government to start going after the Biden family without cause, whose patriarch Joe might be Trump’s 2020 election opponent.

The other half of the country believes that what is material is not Biden’s current transient electoral status (he is not now and may not be the Democratic nominee), but the fact that he was vice president of the United States when he used his office to threaten the loss of foreign aid to stop investigations of his son, who was using his father’s position to further his own profiteering.

Given that Trump denies any quid pro quo and his call supports that fact, while Biden, on the other hand, openly brags that he made threats which made the Ukrainian to cave (“in six hours”), one can draw one’s own conclusions.

For now, we await more documents—with caveats that the canny Ukrainians, for their own self-interest, will predicate their release of information on the likelihood of which party will win the 2020 election.

The Left hints it has lots of incriminating documents outlining a quid pro quo threat; conservatives suspect that Ukrainian and legal documents will show the prosecutor was neither unethical nor uninterested in Hunter Biden, but was fired precisely because he was not corrupt and very much concerned with Biden.

As far as precedent, there is a good recent example. Barack Obama got caught promising to consider cuts in Eastern-European-based missile defense if Vladimir Putin would give him some room during his reelection campaign.

Translated into Adam Schiff’s Mafiosi parody lingo: Putin would calm down on the international stage to make the U.S.-Russia “reset” look good, Obama would then get rid of Eastern-European missile defense, and Obama would get reelected in 2012.

And all three of those events transpired as planned—one can surmise whether any of the three would have happened without Obama compliance with Russian conditions. Remember, Obama’s quid pro quo was caught on a hot mic on the premise that what he said to Russian President Medvedev was never supposed to be heard. “On all these issues, but particularly missile defense, this can be solved,” Obama said. “But it’s important for him [Putin] to give me space . . . This is my last election. After my election I have more flexibility.”

Once that understanding was excused, and the media was mute about such collusion, can any notion of collusion as a crime still exist?

Conspiracy Theories

Finally, who are the winners in these impeachment psychodramas, both short-term and long-term?

Short-term, Trump may lose traction due to the media frenzy. He lost some of his ongoing momentum that had recently seen his polls steadily creeping up. He gave a fine speech at the United Nations and sounded presidential in his talks with foreign leaders—all overshadowed or now forgotten due to the impeachment psychodrama.

Trump’s critics have become emboldened, Left and Right. The Drudge Report has flip-flopped and is as anti-Trump as Vox or Slate. Many at National Review call for or anticipate impeachment without much regret. Likewise, some at Fox News—Shepard Smith, Andrew Napolitano, and Chris Wallace—are nonstop critics of Trump and hardly disguise their contempt.

The leftist media is on uppers, and completely ecstatic in moth-to-flame fashion, as if it were May 2017 again and Trump’s demise was a day away.

Because Joe Biden faces far more legal exposure than Trump, he is mentioned (if even to contextualize and exonerate him) in every news account of Ukraine. Whether or not Senator Elizabeth Warren (D-Mass.) or her erstwhile henchwoman, Kamala Harris (D-Calif.), was behind this gambit, does not matter. (Nothing much from either one had worked to slow down Biden in the last six months). Biden is simply not physically or mentally up to a year of cross-examination. And Hunter Biden is more unsteady than Joe and will thus be hard to locate.

We are starting to see the outlines of a progressive fantasy on the horizon: Biden will be sacrificed. The party will unite around Warren. The left-wing media narrative will be, “We took out one of our own, now it is your turn to depose Trump.” Chaos overload for two or three weeks might keep Trump’s polling low.

Long-term, however, Trump wins.

We still have a number of government audits coming from Michael Horowitz, John Durham, and John Huber—and the targets are not Trump. The Senate will not convict the president under any foreseeable circumstances. The full story of the whistleblower has not been told, but there are a lot of narratives to come about the sudden rules allowing hearsay, DNC involvement, and who knew far in advance about the complainant’s writ. Once the Democratic debates continue, the candidates’ screaming and hysterics return, and the impeachment hearings descend into a Kavanaugh-esque farce, the public will begin to get scared again by the Left’s shrieking Jacobins. Schiff’s “parody” is a small foretaste of what’s to come. Voters soon will surmise that the only thing between their 401k plans and socialism is Donald J. Trump.

Warren or her possible facsimile is a weaker candidate than even the enfeebled Biden. Her lack of viability will be of enormous advantage in NeverHillary-fashion to Trump. His fundraising, already ascendant, will hit the stratosphere. The idea that the new and old NeverTrumpers will be on the side of socialism will finally discredit them. Wall Street and Silicon Valley will keep trashing Trump, but privately write checks to stop Warren’s wealth tax that would be only the beginning of her Venezuelization of America.

So if Trump’s health holds out, if we don’t have a recession, if there is not an optional war, and Trump endures the next few weeks of 360-degree, 24/7 targeting, 2020 will be far more favorable than ever imaginable for him.

Voir enfin:

Monika Bickert, VP Global Product Management

Facebook

24 avril 2018

L’une des questions qui nous est le plus souvent posée concerne la manière dont nous décidons du type de contenu autorisé, ou pas, sur Facebook. Ces décisions sont parmi les plus importantes que nous prenons. Elles sont essentielles pour garantir que Facebook soit un endroit sûr et un espace où l’on peut discuter librement de différents points de vue. Depuis des années, nous avons des Standards de la Communauté qui expliquent ce qui est autorisé, ou pas, sur Facebook. Aujourd’hui, nous allons encore plus loin en publiant les directives internes que nos équipes utilisent pour faire respecter ces Standards. Et pour la première fois, nous vous offrons la possibilité de faire appel de nos décisions sur des contenus individuels, afin que vous puissiez demander un deuxième avis lorsque vous pensez que nous avons commis une erreur.

Nous avons décidé de publier ces directives internes pour deux raisons. Premièrement, elles aideront chacun à comprendre où nous plaçons la limite sur les questions complexes ou nuancées. Deuxièmement, en fournissant ces détails, il est plus facile pour tout le monde, y compris les experts dans différents domaines, de nous faire part de leurs observations, afin que nous puissions améliorer ces directives – ainsi que les décisions que nous prenons – au fil du temps.

Processus d’élaboration des politiques sur les contenus

L’équipe en charge des politiques de contenu de Facebook est responsable de l’élaboration de nos Standards de la Communauté. Nous avons des collaborateurs dans 11 bureaux à travers le monde, y compris des experts spécialisés dans des domaines tels que le terrorisme, l’incitation à la haine ou la protection de l’enfance. Nous sommes nombreux à avoir travaillé sur les questions d’expression et de sécurité bien avant notre arrivée chez Facebook. J’ai, pour ma part, travaillé de la sécurité des enfants à la lutte contre le terrorisme lorsque j’étais procureur général. L’équipe comprend par exemple une ancienne conseillère en matière de viol, une universitaire spécialisée dans les organisations haineuses, une avocate des droits de la personne et une enseignante. Chaque semaine, notre équipe sollicite l’avis d’experts et d’organisations extérieures à Facebook afin de mieux comprendre les différents points de vue sur la sécurité et l’expression, ainsi que l’impact de nos politiques sur les différentes communautés dans le monde.

Sur la base de ces observations et des évolutions des normes sociales et des langues, nos Standards évoluent au fil du temps. Ce qui n’a pas changé, et qui ne changera pas, ce sont les principes fondamentaux de sécurité, de participation et d’équité sur lesquels se fondent ces Standards. Pour initier des conversations et construire des liens, les gens ont besoin de savoir qu’ils sont en sécurité. Facebook devrait également être un lieu où les gens peuvent exprimer librement leurs opinions, même si certaines personnes pourraient trouver ces opinions répréhensibles. C’est pourquoi l’équité est un principe si important : nous visons à appliquer ces normes de manière cohérente et équitable à toutes les communautés et à toutes les cultures. Nous exposons explicitement ces principes dans le préambule des Standards, en expliquant la raison d’être de chaque politique.

Application de nos politiques

L’efficacité de nos politiques dépend de la force et de l’exactitude de leur application, et leur mise en œuvre n’est pas toujours parfaite.

L’un des défis consiste à identifier les violations potentielles de nos Standards afin que nous puissions les examiner. La technologie nous aide. Nous utilisons une combinaison d’intelligence artificielle et de signalement de notre communauté d’utilisateurs pour identifier les messages, images ou autres contenus susceptibles de violer nos Standards de la Communauté. Ces signalement sont examinés par notre équipe en charge de l’application des Standards de la Communauté, qui travaille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, dans plus de 40 langues. À l’heure actuelle, nous nous appuyons sur plus de 7 500 vérificateurs de contenu – plus de 40 % par rapport à la même période l’an dernier.

Un autre défi consiste à appliquer avec précision nos politiques aux contenus qui nous a été signalé. Dans certains cas, nous commettons des erreurs parce que nos politiques ne sont pas suffisamment claires pour nos vérificateurs de contenu ; lorsque c’est le cas, nous nous efforçons de combler ces lacunes. Nous commettons parfois des erreurs car nos processus font appel à des individus, et chacun sait que l’erreur est humaine.

Recours

Nous savons que nous devons faire plus. C’est la raison pour laquelle, au cours de l’année à venir, nous allons donner aux gens la possibilité de faire appel de nos décisions. Dans un premier temps, nous allons lancer des procédures de recours pour les messages qui ont été retirés pour cause de nudité ou d’activité sexuelle, d’incitation à la haine et à la violence.

Voici comment fonctionne ce processus :

  • Si votre photo, vidéo ou message a été retiré(e) pour infraction à nos Standards de la Communauté, vous serez averti et aurez la possibilité d’effectuer une demande de révision supplémentaire.
  • Cette requête mènera à une révision par notre équipe (toujours par une personne), généralement sous 24 heures.
  • Si nous avons fait une erreur, nous vous en informerons et votre post, photo ou vidéo sera restauré.

Nous nous efforçons d’étendre ce processus en soutenant davantage de types d’infractions, en donnant aux gens l’occasion de fournir plus de contexte qui pourrait nous aider à prendre la bonne décision, et la mise à disposition du recours non seulement pour le contenu qui a été retiré mais aussi pour le contenu qui a été signalé et laissé. Nous croyons que le fait de donner à chacun la possibilité de participer au processus est un autre élément essentiel à la mise en place d’un système équitable.

Participation et contribution de la communauté

Nos efforts pour expliquer, améliorer et affiner nos Standards de la Communauté dépendent de la participation et de la contribution de gens du monde entier. En mai, nous lancerons les Forums Facebook, une série d’événements publics de dialogue et de débat autour des Standards de la Communauté, organisés en Allemagne, France, au Royaume-Uni, en Inde, à Singapour, aux Etats-Unis et dans d’autres pays afin de recueillir les commentaires des utilisateurs. Nous partagerons plus de détails sur ces initiatives au fur et à mesure que nous les finaliserons.

Comme l’a souligné notre PDG Mark Zuckerberg au début de l’année : « Nous n’empêcherons pas toutes les erreurs ou les abus, mais nous commettons actuellement trop d’erreurs en appliquant nos politiques et en empêchant l’utilisation abusive de nos outils ». La publication de nos directives internes aujourd’hui, ainsi que l’élargissement de notre processus de recours, nous permettra de nous améliorer au fil du temps. Ce sont des questions complexes et nous sommes engagés à faire mieux.

Retrouvez le texte des Standards de la Communauté détaillés ici : https://www.facebook.com/communitystandards


FAQ

  • Avez-vous modifié l’une de vos politiques avec cette mise à jour ?

Ce que nous partageons aujourd’hui n’est pas nouveau ; cela reflète des Standards qui sont en place depuis longtemps. Cependant, pour la première fois, nous publions l’ensemble de directives internes d’application des Standards de la Communauté sur lesquels nos vérificateurs de contenu s’appuient pour prendre des décisions sur ce qui est autorisé ou non sur Facebook.

Il est important de noter que nos normes évoluent. Dans certains cas, les changements sont provoqués par des retours que nous recevons de parties prenantes externes. Dans d’autres, nous apportons des changements pour tenir compte de la façon dont le langage est utilisé. Dans d’autres encore, un changement est nécessaire en raison d’une lacune dans la politique existante. Ce processus se poursuivra, ainsi que les mises à jour de nos Standards.

Nous partagerons ces mises à jour publiquement et publierons des archives consultables afin que les gens puissent suivre les changements au fil du temps.

  • S’agit-il des mêmes directives que celles que vos vérificateurs utilisent ? Avez-vous enlevé quelque chose ?

Oui. À compter d’aujourd’hui, nos Standards de la Communauté externes reflètent étroitement nos directives internes d’application. Vous nous avez dit que vous ne comprenez pas nos politiques ; c’est notre responsabilité de fournir de la clarté. Il s’agit d’un effort pour expliquer où nous plaçons les limites quand il s’agit de contenu sur Facebook. Nous espérons que cette publication invite et encourage un échange qui nous aide à peaufiner et à améliorer nos politiques.

  • Vous dites que vous travaillez avec des experts. Qui sont-ils ?

Nous travaillons avec des experts du monde entier, notamment des universitaires, des organisations non-gouvernementales, des chercheurs et des juristes. Ces personnes et organisations représentent la diversité de pensée, d’expérience et de parcours. Ils apportent une contribution inestimable lorsque nous réfléchissons à la révision de nos politiques et nous aident à mieux comprendre l’impact de nos politiques.

En ce qui concerne le discours de haine, par exemple, nous avons travaillé avec Timothy Garton Ash, professeur à l’Université d’Oxford, qui a créé le Free Speech Debate (Débat sur la liberté d’expression) pour examiner ces questions sur une base interculturelle. De même, dans le cadre de l’élaboration de nos politiques visant à protéger les personnes contre l’exploitation sexuelle, nous avons réuni plus de 150 organisations et experts en sécurité dans des pays du monde entier, dont les États-Unis, le Kenya, l’Inde, l’Irlande, l’Espagne, la Turquie, la Suède et les Pays-Bas.

  • Comment assurez-vous la cohérence au sein de vos équipes de vérificateurs et vous protégez-vous contre les préjugés et les erreurs humaines ?

Nos Standards de la Communauté sont mondiaux, et tous les vérificateurs utilisent les directives que nous avons publiées aujourd’hui pour prendre des décisions. Ils suivent une formation approfondie dans le cadre de leur processus d’intégration et sont formés et testés à intervalles réguliers par la suite.

Nous sommes extrêmement prescriptifs dans l’élaboration de nos politiques, et nous essayons de rédiger des politiques qui permettent de distinguer clairement les contenus qui violent nos Standards et ceux qui les respectent, afin de rendre le processus de prise de décision pour les vérificateurs aussi objectif que possible. Nos vérificateurs bénéficient de mécanismes de contrôle de la qualité, et d’une équipe de management vers laquelle ils peuvent se tourner pour obtenir des conseils. Nous vérifions également l’exactitude des décisions des vérificateurs sur une base hebdomadaire. Lorsque des erreurs sont commises, nous assurons un suivi auprès des membres de l’équipe afin d’éviter qu’elles se reproduisent.

Même avec nos audits de qualité, nous savons que nous pouvons faire des erreurs. C’est pourquoi nous avons donné aux gens la possibilité de faire appel de nos décisions lorsque nous avons retiré leur profil, Page ou Groupe. Au cours de l’année, nous allons étendre la capacité des gens de faire appel de nos décisions. Dans un premier temps, nous lançons des recours pour des contenus retirés pour nudité ou activité sexuelle, discours de haine et violence, afin que les gens puissent nous faire savoir quand ils pensent que nous avons fait une erreur.

  • Pourriez-vous m’en dire plus sur les Forums Facebook ? Avez-vous déjà organisé de tels événements avant ?

Nous faisons de notre mieux pour recueillir des commentaires externes de différentes façons. Les Forums Facebook sont un format que nous n’avons jamais essayé auparavant, et nous sommes impatients d’écouter et d’apprendre de notre communauté. La structure de l’événement variera selon la ville dans laquelle nous nous trouvons, et nous avons hâte de partager plus de détails prochainement.

Voir par ailleurs:

Satire or Deceit? Christian Humor Site Feuds With Snopes
The Babylon Bee says Snopes went too far in fact-checking a satirical story. Snopes had suggested the Bee twisted its joke to deceive readers.
Niraj Chokshi
NYT
Aug. 3, 2019

It’s a fake-news feud made for 2019.

On one side is Snopes, the influential fact-checking website founded 25 years ago.

On the other is the Babylon Bee, an upstart Christian satirical website that lampoons progressive ideas, Democrats, Christians and President Trump.

They are fighting over how Snopes characterizes stories published by the Bee, which says Snopes has veered from its fact-checking mission by suggesting that the satirical site may be twisting its jokes to deceive readers.

“The reason we have to take it seriously is because social networks, which we depend on for our traffic, have relied upon fact-checking sources in the past to determine what’s fake news and what isn’t,” Seth Dillon, the Bee’s chief executive, said in an interview on Thursday with Shannon Bream of Fox News.

“In cases where they’re calling us fake news and lumping us in with them rather than saying this is satire, that could actually damage us,” he added. “It could put our business in jeopardy.”

Indeed, the line between misinformation and satire can be thin, and real consequences can result when it is crossed. On social media, parody can be misconstrued or misrepresented as it moves further and further from its source. And humor has been weaponized to help spread falsehoods online.

About two weeks ago, the Bee published an article that it thought was clearly satire. The piece, headlined “Georgia Lawmaker Claims Chick-Fil-A Employee Told Her To Go Back To Her Country, Later Clarifies He Actually Said ‘My Pleasure’,” was a parody of a real controversy involving a claim of racism, a counterclaim and a fair amount of outrage.

Soon after, Snopes, which investigates assertions based on their popularity or after requests from readers, published a fact check of that article that called its intent into question.

Mr. Dillon said the Bee was so frustrated by the way that Snopes had characterized its work that it had retained a law firm, but he did not say whether any legal action had been taken. David Mikkelson, a founder of Snopes, said he received a letter from a Bee lawyer complaining about the fact check, but was unaware of any legal action.

Mr. Mikkelson disputed the suggestion that his website had a political motive for fact-checking the Bee, but acknowledged that the piece in question, which has since been updated, had been poorly phrased.

“The article that people were focusing on was not worded very well,” he said. “That’s our bad. We need to own that.”

He added that Snopes was not trying to discredit the Bee. “That’s not our intent and if we have conveyed that intent, then I apologize for that,” he said.

This week, a Bee piece satirizing the episode — titled “Snopes Issues Pre-Approval Of All Statements Made During Tonight’s Democratic Debate” — became the top-performing article on Facebook related to the topic “democratic debate,” according to BuzzSumo, a social media analysis company, as first reported by BuzzFeed.

Some conservatives said the Bee’s experience revealed political bias at Snopes. But in Mr. Mikkelson’s view, Snopes is now subject to the very kind of attack it has been accused of carrying out.

“It’s now been spun into this ridiculous conspiracy theory that seems pretty contrived to gin up outrage” and clicks, he said.

The story of the feud began with a viral Facebook post July 19 in which Erica Thomas, a Georgia state representative, said she had been told by a white man at a grocery store to “go back” to where she came from. The man later came forward, identified himself as a Democrat and disputed her account, fueling outrage on the right by those who believe reports of racism are overblown.

The Bee published its parody of the events July 22. Two days later, Snopes published its fact check of that article.

The original Snopes piece included the subheadline, “we’re not sure if fanning the flames of controversy and muddying the details of a news story classify an article as ‘satire.’” It called the Bee story a “ruse” and suggested it had been published “in an apparent attempt to maximize the online indignation.”

That language has since been removed “for tone and clarity,” according to an editors’ note atop the piece. Snopes, it says, is working to create standards for how to address humor and satire.

On Twitter, Adam Ford, the founder of the Bee, described the Snopes article as a “hit piece.” He also complained that Snopes had not been as critical in another fact-check of a piece from The Onion, a satirical website that, despite its fame and absurdist articles, continues to fool unsuspecting readers.

“A clumsy mistake or an incompetent writer are insufficient explanations for publishing something like this when you position yourself as an unbiased, stalwart arbiter of truth and presume to wield the influence that comes along with that title,” he wrote.

In a recent newsletter, the Bee said a past Snopes fact-check had prompted Facebook, which was then in a fact-checking partnership with Snopes, to “threaten us with limitations and demonetization.” Facebook eventually acknowledged the mistake and said the Bee piece — about CNN buying industrial washing machines to “spin” news — “should not have been rated false in our system.”

Snopes pulled out of the Facebook partnership in February, but some critics of the recent fact-check have argued that Snopes’s actions could still affect the Bee’s Facebook presence, a suggestion Mr. Mikkelson disputes.

“We have absolutely no ability to demonetize, deplatform, blacklist anybody,” he said. “We have no means to stop anyone from publishing on a particular platform or to limit their reach.”

Snopes determines what to cover based on reader input via email, Facebook and Twitter as well as what’s trending on Google, social media and its own website searches. As a result, it often covers claims and satire that, to many, may seem obviously false or intentionally humorous.

“Some people just don’t get or are not very good at recognizing uses of sarcasm or irony or archness,” Mr. Mikkelson said.

In the Fox News appearance, Mr. Dillon, the Bee chief executive, seemed to acknowledge that.

“There’s people who aren’t familiar with us who are seeing our stuff,” he said. “So if they want to fact-check it, fine. You can rate it false, you can rate it satire, ideally, and just say ‘Hey, this came from the Bee, it’s obviously satire, they’re a well-known satire publication.’ That would be as far as it needs to go.”

Voir par ailleurs:

WHAT UKRAINIAN INTERFERENCE ? (What if the Financial Times ran a story about a Russian government bureau and lawmaker leaking documents that directly resulted in the ouster of the Clinton campaign manager ?)

The Full Scope of Ukraine’s Impact on the 2016 Election Has Yet to Be Examined

Vulnerabilities in US election security need attention, and Ukraine’s 2016 impact could be instructive.

The United States has not even grappled with the full scope of Ukraine’s impact on the 2016 election. Earlier this year, I broke down Trump and Rudy Giuliani’s allegation that Biden forced Kiev to fire a corrupt prosecutor in order to protect his son Hunter. (As I and nearly every other Ukraine watcher pointed out, Giuliani’s claim is meritless.) But Ukraine did play a significant factor in the 2016 election: the exposure of Paul Manafort’s corruption. Of course, Manafort, who is currently serving time in prison, is legendarily corrupt. But the larger question is how to handle the fact that, in helping to expose his corruption, Ukrainian entities shaped the course of an American election. Ukraine’s role in the 2016 race is undeniable: In the summer of 2016, Kiev’s release of the so-called “black ledger” resulted in Manafort’s ouster from the Trump campaign. The actions of foreign actors—however well-intentioned—directly impacted an American election. One would imagine Washington media and lawmakers—who spent three years combing through every aspect of Moscow’s interference in our election—might direct similar attention to Kiev’s impact. Yet the Ukrainian angle barely made headlines. If we want to get serious about safeguarding our electoral process from all foreign actors, not just Moscow-based ones, it’s time to examine Ukraine as well.
On August 14, 2016, The New York Times published a bombshell about what would become known as the “black ledger”—a handwritten document alleging millions of off-the-books payments to Manafort by the Party of Regions, led by his former client Viktor Yanukovych, the ousted pro-Russian president of Ukraine. The Times received the ledger from the National Anti-Corruption Bureau of Ukraine (NABU), an independent government agency. The story rocked the 2016 election, given Manafort’s position as head of Trump’s campaign. The Hillary Clinton campaign immediately seized on it as proof that Manafort—and therefore Trump—was tied to Yanukovych and the Kremlin. Four days later, the Times ran a follow-up story, based on more details released by NABU and publicity by Serhei Leshchenko, a member of the Ukrainian parliament, who told the Times he’d studied the ledger. The next day, Manafort resigned from Trump’s campaign.
Two weeks later, the Financial Times did a story about Ukraine’s takedown of Manafort, including quotes from Leshchenko and Western analysts. “The prospect of Mr Trump, who has praised Ukraine’s arch-enemy Vladimir Putin, becoming leader of the country’s biggest ally,” it began, “has spurred not just Mr Leshchenko but Kiev’s wider political leadership to do something they would never have attempted before: intervene, however indirectly, in a US election.” “Mr Leshchenko and other political actors in Kiev say they will continue their efforts to prevent a candidate…from reaching the summit of American political power,” the story went on.
Reading the article in 2019, after three years of nonstop coverage about overseas meddling in US democracy, is stunning. Here is an established Western outlet calmly discussing successful foreign influence of an American presidential campaign as a neat little coup, a bit of gutsy international derring-do. Calling the intervention “indirect” is a bit generous, as well. Manafort was ousted based on handwritten pieces of paper—the story would’ve never gone anywhere without NABU and Leshchenko’s vouching for the ledger’s authenticity. That’s as direct as it gets.
Of course, all this occurred in August of 2016, when the prospect of a Trump presidency was seen as inconceivable. After Trump’s election, Leshchenko and NABU frantically denied their intent to damage the Trump campaign, claiming the ledger was publicized solely because of their concern to stamp out corruption and had nothing to do with US politics.
“My desire to expose Manafort’s doings was motivated by the desire for justice,” wrote Leschenko in a recent Washington Post op-ed. “Neither Hillary Clinton nor Joe Biden, nor John Podesta, nor George Soros asked me to publish the information from the black ledger.”
Ukrainians certainly had every reason to expose Manafort’s corruption, and the man’s subsequent trial showed there was an enormous amount to expose. But Ukraine’s efforts also happened to coincide with—and have an immediate impact on—an American campaign. And yet, despite this information’s being available in English, and published by established Western media, we’ve had almost no debate about its implications.
To understand just how astounding that is, simply imagine if the situation were reversed. Imagine the Financial Times ran a story about a Russian government bureau and lawmaker leaking documents that directly resulted in the ouster of the Clinton campaign manager. Even if everything exposed by Russia were true, it’d still be a major scandal.
None of this is to say we should ignore the Kremlin’s election meddling or Trump’s current attempt to coerce Ukraine into investigating Biden. These are extraordinarily serious issues—but so is Ukraine’s impact in 2016.
It seems many Americans are under the mistaken assumption that the moment Trump leaves office, things will return to normal. They won’t. If anything, the 2016 election let the devil out of the box—other actors in other nations surely took notice of the ease with which a handful of individuals in Ukraine were able to influence an American campaign. There will be more of this. Some may be in good faith; some will not.
It is impossible to say we’re taking foreign interference seriously until the media, lawmakers, and political activists have an honest conversation about the new norms. And that involves looking not only at Trump and Russia, but at Ukraine as well.
Voir enfin:

Ukraine’s leaders campaign against ‘pro-Putin’ Trump

Fears over effect Republican’s victory would have on US policy towards Kiev
For years, Serhiy Leshchenko, a top Ukrainian anti-corruption campaigner, worked to expose kleptocracy under former president Viktor Yanukovich. Now, he is focusing on a new perceived pro-Russian threat to Ukraine: US presidential candidate Donald Trump.
The prospect of Mr Trump, who has praised Ukraine’s arch-enemy Vladimir Putin, becoming leader of the country’s biggest ally has spurred not just Mr Leshchenko but Kiev’s wider political leadership to do something they would never have attempted before: intervene, however indirectly, in a US election.
Mr Leshchenko and Ukraine’s anti-corruption bureau published a secret ledger this month that authorities claim show millions of dollars of off-the-book cash payments to Paul Manafort, Mr Trump’s campaign director, while he was advising Mr Yanukovich’s Regions party from 2005.
Mr Manafort, who vigorously denies wrongdoing, subsequently resigned from his campaign role. But Mr Leshchenko and other political actors in Kiev say they will continue their efforts to prevent a candidate — who recently suggested Russia might keep Crimea, which it annexed two years ago — from reaching the summit of American political power.
“A Trump presidency would change the pro-Ukrainian agenda in American foreign policy,” Mr Leshchenko, an investigative journalist turned MP, told the Financial Times. “For me it was important to show not only the corruption aspect, but that he is [a] pro-Russian candidate who can break the geopolitical balance in the world.”
Mr Trump’s rise has led to a new cleavage in Ukraine’s political establishment. Hillary Clinton, the Democratic nominee, is backed by the pro-western government that took power after Mr Yanukovich was ousted by street protests in 2014. The former Yanukovich camp, its public support sharply diminished, leans towards Mr Trump.
If the Republican candidate loses in November, some observers suggest Kiev’s actions may have played at least a small role.
“Ukraine’s anti-corruption activists have probably saved the Western world,” Anton Shekhovtsov, a western-based academic specialising in Russia and Ukraine, tweeted after Mr Manafort resigned.
Concerns about Mr Trump rocketed in Kiev when he hinted some weeks ago he might recognise Russia’s claim to Crimea, suggesting “the people of Crimea, from what I’ve heard, would rather be with Russia than where they were”.
Natalie Jaresko, a US-born Ukrainian and former State Department official who served for a year as Ukraine’s finance minister, fired off a volley of tweets to US officials. In one, she challenged former Republican presidential candidate John McCain: “Please assure us you disagree with statement on Crimea/Ukraine. Trump’s lies not position of free world, inc Rep party.”
On Facebook, Arseny Yatseniuk, the former prime minister, warned that Mr Trump had “challenged the very values of the free world”. Arsen Avakov, interior minister, called the candidate’s statement the “diagnosis of a dangerous marginal”.
Ukrainian politicians were also angered by the Trump team’s alleged role in removing a reference to providing arms to Kiev from the Republican party platform at its July convention.
Adrian Karatnycky, a senior fellow at Washington’s Atlantic Council think-tank, said it was “no wonder that some key Ukrainian political figures are getting involved to an unprecedented degree in trying to weaken the Trump bandwagon”.
Kiev moved beyond verbal criticism when Ukraine’s national anti-corruption bureau and Mr Leshchenko — who has a reputation for being close to the bureau — published the ledger showing alleged payments to Mr Manafort last week.
The revelations provoked fury among former Regions party backers. Asked by telephone about Mr Manafort’s activities in Ukraine, a former Yanukovich loyalist now playing a lead role in the Regions party’s successor, called Opposition Bloc, let loose a string of expletives. He accused western media of “working in the interests of Hillary Clinton by trying to bring down Trump”.
Though most Ukrainians are disillusioned with the country’s current leadership for stalled reforms and lacklustre anti-corruption efforts, Mr Leshchenko said events of the past two years had locked Ukraine on to a pro-western course. The majority of Ukraine’s politicians, he added, are “on Hillary Clinton’s side”.