Le Brio/Yvan Attal: En fait, cette histoire, c’est la mienne (It’s pure religion and culture, stupid !)

29 novembre, 2017

Image result for religion of nobel prize winners
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/14/PikiWiki_Israel_9696_jewish_laureates_promenade_in_rishon_lezion.jpg/1920px-PikiWiki_Israel_9696_jewish_laureates_promenade_in_rishon_lezion.jpg
Le salut vient des Juifs. Jésus (Jean 4:22)
Et ces commandements, que je te donne aujourd’hui, seront dans ton coeur. Tu les inculqueras à tes enfants. Deutéronome 6: 6-7
Fais de l’étude de la Torah ta principale occupation. Shammaï (10 avant JC)
Combattez ceux qui rejettent Allah et le jugement dernier et qui ne respectent pas Ses interdits ni ceux de Son messager, et qui ne suivent pas la vraie Religion quand le Livre leur a été apporté, (Combattez-les) jusqu’à ce qu’ils payent tribut de leurs mains et se considèrent infériorisés. Coran 9:29
Les musulmans n’en ont pas toujours conscience, mais ils se sont imposés les premiers en Europe comme concurrents, avec des aspirations dominatrices. La plupart des pays musulmans actuels étaient alors chrétiens – l’Egypte, la Syrie, la Turquie… Pendant longtemps, les musulmans ont été les plus forts, les plus riches, les plus civilisés. (…) L’Occident chrétien a définitivement emporté la partie quand, à partir des années 1800, sa domination technologique a été écrasante. En fait, quand les canons et les fusils occidentaux se sont mis à tirer plus vite. Maxime Rodinson
L’existence d’Israël pose le problème du droit de vivre en sujets libre et souverains des nations non musulmanes dans l’aire musulmane. L’extermination des Arméniens, d’abord par l’empire ottoman, puis par le nouvel Etat turc a représenté la première répression d’une population dhimmie en quête d’indépendance nationale. Il n’y a quasiment plus de Juifs aujourd’hui dans le monde arabo-islamique et les chrétiens y sont en voie de disparition. Shmuel Trigano
Les islamistes tentent de rallier tout un peuple de victimes et de frustrés dans un rapport mimétique à l’Occident. Les terroristes utilisent d’ailleurs à leurs fins la technologie occidentale : encore du mimétisme. Il y a du ressentiment là-dedans, au sens nietzschéen, réaction que l’Occident a favorisée par ses privilèges. René Girard
L’erreur est toujours de raisonner dans les catégories de la « différence », alors que la racine de tous les conflits, c’est plutôt la « concurrence », la rivalité mimétique entre des êtres, des pays,des cultures. La concurrence, c’est-à-dire le désir d’imiter l’autre pour obtenir la même chose que lui, au besoin par la violence. Sans doute le terrorisme est-il lié à un monde « différent » du nôtre, mais ce qui suscite le terrorisme n’est pas dans cette « différence » qui l’éloigne le plus de nous et nous le rend inconcevable. Il est au contraire dans un désir exacerbé de convergence et de ressemblance. (…) Ce qui se vit aujourd’hui est une forme de rivalité mimétique à l’échelle planétaire. Lorsque j’ai lu les premiers documents de Ben Laden, constaté ses allusions aux bombes américaines tombées sur le Japon, je me suis senti d’emblée à un niveau qui est au-delà de l’islam, celui de la planète entière. Sous l’étiquette de l’islam, on trouve une volonté de rallier et de mobiliser tout un tiers-monde de frustrés et de victimes dans leurs rapports de rivalité mimétique avec l’Occident. Mais les tours détruites occupaient autant d’étrangers que d’Américains. Et par leur efficacité, par la sophistication des moyens employés, par la connaissance qu’ils avaient des Etats-Unis, par leurs conditions d’entraînement, les auteurs des attentats n’étaient-ils pas un peu américains ? On est en plein mimétisme.Ce sentiment n’est pas vrai des masses, mais des dirigeants. Sur le plan de la fortune personnelle, on sait qu’un homme comme Ben Laden n’a rien à envier à personne. Et combien de chefs de parti ou de faction sont dans cette situation intermédiaire, identique à la sienne. Regardez un Mirabeau au début de la Révolution française : il a un pied dans un camp et un pied dans l’autre, et il n’en vit que de manière plus aiguë son ressentiment. Aux Etats-Unis, des immigrés s’intègrent avec facilité, alors que d’autres, même si leur réussite est éclatante, vivent aussi dans un déchirement et un ressentiment permanents. Parce qu’ils sont ramenés à leur enfance, à des frustrations et des humiliations héritées du passé. Cette dimension est essentielle, en particulier chez des musulmans qui ont des traditions de fierté et un style de rapports individuels encore proche de la féodalité. (…) Cette concurrence mimétique, quand elle est malheureuse, ressort toujours, à un moment donné, sous une forme violente. A cet égard, c’est l’islam qui fournit aujourd’hui le ciment qu’on trouvait autrefois dans le marxisme. René Girard
Les pays arabes enregistrent un retard par rapport aux autres régions en matière de gouvernance et de participation aux processus de décision. La vague de démocratisation, qui a transformé la gouvernance dans la plupart des pays d’Amérique latine et d’Asie orientale dans les années quatre-vingts, en Europe centrale et dans une bonne partie de l’Asie centrale à la fin des années quatre-vingt et au début des années quatre-vingt-dix, a à peine effleuré les États arabes. Ce déficit de liberté va à l’encontre du développement humain et constitue l’une des manifestations les plus douloureuses du retard enregistré en terme de développement politique. La démocratie et les droits de l’homme sont reconnus de droit, inscrits dans les constitutions, les codes et les déclarations gouvernementales, mais leur application est en réalité bien souvent négligée, voire délibérément ignorée. Le plus souvent, le mode de gouvernance dans le monde arabe se caractérise par un exécutif puissant exerçant un contrôle ferme sur toutes les branches de l’État, en l’absence parfois de garde-fous institutionnels. La démocratie représentative n’est pas toujours véritable, et fait même parfois défaut. Les libertés d’expression et d’association sont bien souvent limitées. Des modèles dépassés de légitimité prédominent.(…) La participation politique dans les pays arabes reste faible, ainsi qu’en témoignent l’absence de véritable démocratie représentative et les restrictions imposées aux libertés. Dans le même temps, les aspirations de la population à davantage de liberté et à une plus grande participation à la prise de décisions se font sentir, engendrées par l’augmentation des revenus, l’éducation et les flux d’information. La dichotomie entre les attentes et leur réalisation a parfois conduit à l’aliénation et à ses corollaires, l’apathie et le mécontentement. (…) Deux mécanismes parallèles sont en jeu. La position de l’État tutélaire va en s’amenuisant, en partie du fait de la réduction des avantages qu’il est en mesure d’offrir aujourd’hui sous forme de garantie de l’emploi, de subventions et autres mesures incitatives. Par contre, les citoyens se trouvent de plus en plus en position de force étant donné que l’État dépend d’eux de manière croissante pour se procurer des recettes fiscales, assurer l’investissement du secteur privé et couvrir d’autres besoins essentiels. Par ailleurs, les progrès du développement humain, en dotant les citoyens, en particulier ceux des classes moyennes, d’un nouvel éventail de ressources, les ont placés en meilleure position pour contester les politiques et négocier avec l’État. Rapport arabe sur le développement humain 2002
Les pays arabes doivent combler «l’écart croissant de connaissances» en investissant de manière significative dans l’éducation et en encourageant un débat intellectuel ouvert, indique le rapport arabe sur le développement humain pour l’année 2003, publié aujourd’hui par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Selon le « Rapport arabe sur le développement humain 2003 » (RADH 2003), les États arabes devraient encourager une plus grande interaction avec d’autres pays, cultures et régions du monde. « L’ouverture, l’interaction, l’assimilation, l’absorption, la révision, la critique et l’examen ne peuvent que stimuler la production de connaissances créatives au sein des sociétés du Monde arabe », est-il indiqué. Centre d’actualités de l’ONU
C’est une expérience profondément émouvante d’être à Jérusalem, la capitale d’Israël. Nos deux nations sont séparées par plus de 5 000 miles. Mais pour un Américain à l’étranger, il n’est pas possible de ressentir un plus grande proximité avec les idéaux et les convictions de son propre pays qu’ici, en Israël. Nous faisons partie de la grande fraternité des démocraties. Nous parlons la même langue de liberté et de justice, et nous incarnons le droit de toute personne à vivre en paix. Nous servons la même cause et provoquons les mêmes haines chez les mêmes ennemis de la civilisation. C’est ma ferme conviction que la sécurité d’Israël est un intérêt vital de la sécurité nationale des États-Unis. Et notre alliance est une alliance fondée non seulement sur des intérêts communs, mais aussi sur des valeurs partagées. (…) Quand on vient ici en Israël et qu’on voit que le PIB par habitant est d’environ 21.000 dollars, alors qu’il est de l’ordre de 10.000 dollars tout juste de l’autre côté dans les secteurs gérés par l’Autorité palestinienne, on constate une différence énorme et dramatique de vitalité économique. (…) C’est la culture qui fait toute la différence. Et lorsque je regarde cette ville (Jérusalem) et tout ce que le peuple de cette nation (Israël) a accompli, je reconnais pour le moins la puissance de la culture et de quelques autres choses. Mitt Romney
 La vraie intégration, c’est quand des catholiques appelleront leur enfant Mohamed. Martin Hirsch
Ce grand changement de population est particulièrement vrai en ce qui concerne la Seine-Saint-Denis, au nord de la capitale. Un grand nombre de juifs en sont partis en raison de l’insécurité ressentie après de multiples incidents de harcèlement, de pressions ou d’agressions physiques pures et simples. Partout dans la zone, en particulier au cours de la seconde Intifada en Israël [2001-2005], il y a eu des incendies de synagogues, des agressions de rabbins, des voitures béliers qui fonçaient sur les fidèles quittant la synagogue à Kippour, des bus scolaires incendiés. Les incidents continuent et, dans la majorité de ces lieux, le phénomène de l’antisémitisme de banlieue doit beaucoup au fait que les maires de nombre de ces localités étaient des communistes qui poussaient les Arabes à soutenir les Palestiniens. La Seine-Saint-Denis est le premier département musulman de France [environ 40 % sur 1,6 million d’habitants] avec des mosquées qui peuvent accueillir 6 000 à 8 000 fidèles. (…) Conséquence des tensions inévitables dans un tel environnement, les communautés juives de banlieues telles que La Courneuve, Aubervilliers, Stains, Pierrefitte-sur-Seine, Trappes, Aulnay-sous-Bois, Le Blanc-Mesnil et Saint-Denis sont en train de disparaître. En raison de l’insécurité, dans des endroits comme La Courneuve où il y avait 600 à 700 familles juives, il y en a maintenant moins de 100. Et, à Saint-Denis même, là où il y avait 500 familles juives, ils ont de la difficulté à réunir un minyan pour Kippour. Dans quelques années, il n’y aura plus un seul juif dans le département. Sammy Ghozlan (Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme)
Je suis venue ici en 1983, j’ai acheté mon cabinet dentaire avenue Niel et j’ai vu le quartier évoluer. Il y a deux ans, on a estimé la population juive du 17e à environ 40 000 personnes, soit à peu près 30 % des habitants de l’arrondissement. Et dans certains quartiers du 17e, le pourcentage est encore plus important, par exemple aux Ternes. Dès qu’une boutique se libère, elle est prise par un commerçant juif. Aux Batignolles, cela commence aussi. Il n’y a pas d’incidents – nombre de juifs se promènent librement avec des kippas, sans crainte. Le phénomène de l’ascension sociale de la communauté juive séfarade établie depuis les années soixante est fulgurant, on le mesure partout (…) Dans les 16e et 17e arrondissements, sur les plaques des médecins – un nom sur deux est à consonance juive, les docteurs, comme les dentistes. (…) Rue Barye, les gens rouspètent car les juifs font du bruit en sortant de la synagogue. Ce n’est pas de l’antisémitisme, mais parfois, néanmoins, je ressens un peu le ras-le-bol des riverains quand les portes et les fenêtres des synagogues restent ouvertes. Rue Fortuny, il y avait un immeuble où se tenaient les réceptions de mariages et de bar-mitsvot. Les voisins étaient furieux quand les invités sortaient dans la rue le dimanche soir en faisant du bruit à deux heures du matin. La rue était en ébullition. Murielle Schor (adjointe au maire du 17e et vice-présidente du Consistoire israélite de Paris)
Je suis arrivée dans le quartier au milieu des années 1980, venant du 20e arrondissement où des bandes d’Arabes et de Noirs se bagarraient entre eux et harcelaient les juifs. C’était très tendu. Comme je gagnais bien ma vie, je suis venue dans le 17e. Il y avait très peu de juifs ici à l’époque. Mon mari, arrivé directement de Tunisie, avait créé une synagogue du nom de sa jeune sœur tuée dans un accident de voiture en Israël. Au départ, il y avait une quarantaine de fidèles. Aujourd’hui, nous sommes dix fois plus et de nouveaux membres se joignent à nous en permanence, originaires d’autres quartiers de Paris et de banlieue. Francine Zana
Ici, au Kremlin-Bicêtre, de nombreuses familles sont parties qui ne supportaient plus l’atmosphère ambiante. Et nous ne sommes pourtant pas une des villes les plus sinistrées, l’immobilier reste cher, on y trouve un certain niveau de vie, mais la proportion d’immigrés musulmans est devenue très importante. Sur 25 000 habitants, on compte facilement 25 % de musulmans. Jusqu’aux années 1990, 10 % de la population était juive, aujourd’hui nous ne sommes que 5 ou 6 %. Albert Myara (Conseil des communautés juives de la région parisienne)
L’évolution démographique de la communauté juive française a fortement affecté le système scolaire juif privé, autrefois florissant. Avec le départ de certaines familles vers d’autres quartiers ou vers Israël, des écoles juives ont dû fermer ou regrouper des classes. (…) Les juifs n’ont pas supporté ces changements de physionomie sociale, cette insécurité, et sont partis dans les beaux quartiers. Ici, une dizaine de familles ont fait leur aliya et une cinquantaine ont déménagé vers des zones plus hospitalières, comme Neuilly, Levallois, Issy-les-Moulineaux, des quartiers où l’antisémitisme est tout à fait infime. Michel Elbaz (FSJU)
Plus de 70 % du demi-million estimé de juifs de France sont des Séfarades, débarqués entre 1956 et 1962, au moment où leurs terres ancestrales d’Algérie, du Maroc et de Tunisie obtiennent leur indépendance. Souvent sans le sou à leur arrivée, beaucoup s’installent dans les banlieues relativement défavorisées du nord et de l’est de Paris, où ils créent d’importantes communautés juives fortes de dizaines de synagogues et de centres communautaires. Mais les Arabes musulmans les rejoignent, fuyant les difficultés économiques de ces mêmes pays qu’ils ont quittés. Rapidement, ils les dépassent en nombre. On estime aujourd’hui à quelque six millions les musulmans de France, soit environ 10 % des 66 millions d’habitants du pays. Si les premiers immigrants arabes, en général, s’engageaient peu en politique et préféraient ne pas s’attirer d’ennuis, beaucoup de leurs enfants n’ont pas eu de tels scrupules : nés sur le sol français, ils bénéficient automatiquement de la nationalité et ne peuvent être expulsés. En désaccord avec la société française dans son ensemble, se sentant victimes de discriminations en tous genres, nombre d’enfants d’immigrants arabes musulmans des deuxième et troisième générations ont eu à cœur de venger la cause palestinienne, lorsque la seconde Intifada a éclaté en Israël et dans les territoires palestiniens en 2000. Ils n’ont depuis cessé de rendre la vie misérable à nombre de juifs vivant autour d’eux. Résultat : beaucoup de juifs français ont fait le choix de venir en Israël. Pour la première fois, en 2014, la France a pris la tête des pays d’origine des nouveaux immigrants, avec près de 7 000 arrivées, soit le double des 3 400 enregistrées en 2013. Entre le 1er janvier 2001 et le 31 décembre 2014, 36 800 juifs français ont fait leur aliya. Et près de 8 000 pour la seule année 2015. Des chiffres qu’il faut toutefois mettre en balance avec les estimations officieuses selon lesquelles ils seraient jusqu’à 30 % à repartir en France dans les cinq ans qui suivent leur arrivée, généralement en raison de difficultés d’intégration. Parallèlement, environ 4 000 juifs français se dirigent chaque année vers d’autres destinations, comme la province canadienne de langue française du Québec. Environ 20 000 des 93 000 juifs de Montréal sont des Séfarades d’Afrique du Nord, immigrés de France. Londres constitue une autre porte de sortie. Ces derniers temps, elle attire des milliers de jeunes juifs hautement qualifiés qui y trouvent des emplois dans le secteur financier. La capitale britannique et son économie dynamique agissent comme un aimant sur les jeunes Français, toutes origines confondues, et compte aujourd’hui entre 300 000 et 400 000 expatriés français. Selon Albert Myara, militant de la communauté juive, sur quelque 350 000 juifs de la région parisienne, environ 60 000 ont déménagé ces dix-quinze dernières années, soit pour quitter leurs voisins arabes, soit tout simplement parce qu’ayant étoffé leurs revenus, ils peuvent désormais se permettre d’habiter des secteurs plus aisés. L’exceptionnel succès économique et professionnel de nombreux juifs séfarades, et leur ascension au sein de la société française ont fait que certains quartiers cossus de Paris accueillent de nouvelles communautés juives sans cesse croissantes. En particulier dans le très chic 17e arrondissement, à proximité de l’avenue des Champs-Elysées et de l’Arc de Triomphe.  (…) Deux récents lauréats français du prix Nobel de physique, Claude Cohen-Tannoudji (1996), né à Alger, et Serge Haroche (2014), né à Casablanca, sont des Séfarades installés en France. L’un des philosophes français vivants les plus connus n’est autre que Bernard-Henri Lévy, né en Algérie. Et les noms juifs séfarades abondent dans l’industrie du film et dans les universités. (…) Si le 17e compte désormais la plus grande concentration de juifs de France, d’autres secteurs ont récemment engrangé d’importantes minorités juives. C’est le cas de l’adjacent 16e arrondissement, avec près de 25 000 juifs, de la banlieue ultra-bourgeoise de Neuilly-sur-Seine, ou encore des localités de Boulogne et Levallois, toutes situées à l’ouest de Paris. Et le caractère juif de la zone devrait encore s’intensifier en 2017 avec l’ouverture du Centre européen du judaïsme, une structure de 10 millions d’euros, qui combinera centre communautaire et synagogue sur une superficie de 5 000 mètres carrés sur l’animée rue de Courcelles, là encore, dans le 17e arrondissement. (…) Une présence juive accrue est également à noter dans les banlieues sud-est que constituent Saint-Mandé, Saint-Maur, Vincennes et Charenton, où des dizaines de milliers de juifs se sont regroupés ces dernières années. Ainsi que dans le 12e arrondissement voisin, proche de la porte de Vincennes où s’est déroulé l’attentat de l’Hypercacher en janvier 2015. A Saint-Mandé, banlieue verdoyante en bordure du bois de Vincennes, les dirigeants communautaires estiment qu’environ 40 % des habitants de la ville sont juifs. Les incidents antisémites ne sont pas les seuls moteurs de ces mouvements géographiques. Dans certains cas, les juifs font le choix de quitter les quartiers où les populations arabes musulmanes et originaires d’Afrique noire ont considérablement augmenté. C’est le cas du Kremlin-Bicêtre, une banlieue vivante du sud de Paris (…)  L’avenue de Fontainebleau, axe principal qui mène à Paris, est maintenant bordé de cafés et restaurants arabes. (…) On estime à 100 000 le nombre de jeunes juifs en âge d’être scolarisés en France. Un tiers fréquente les écoles juives. Mais selon Elbaz, certains parents redoutent désormais d’y scolariser leurs enfants, inquiets de la présence de soldats et de policiers qui accentuent la visibilité de ces établissements. Un second tiers est inscrit dans des établissements publics laïques, généralement dans des zones aisées où ils ne seront pas pris pour cible par des adolescents arabes. Et le reste étudie dans des écoles privées catholiques, souvent dans des endroits sans structures scolaires juives, et où les institutions publiques comptent de nombreux musulmans. Ces établissements catholiques sont également fréquentés par les enfants d’une certaine classe moyenne arabe émergente, qui veut assurer à ses enfants un diplôme et une scolarité sans problème. Car il faut dire que nombre de jeunes musulmans des écoles publiques abandonnent le système scolaire en cours de route, et se retrouvent sans emploi. En outre, selon les statistiques officielles, près des trois quarts des détenus français sont d’origine musulmane. Mais si une grande partie de la communauté juive a prospéré, environ 10 % sont encore trop pauvres pour quitter les zones potentiellement dangereuses où ils résident. La communauté en a toutefois aidé des centaines à déménager vers des quartiers plus sûrs, en coordination avec les services sociaux du gouvernement français. The Jerusalem Post
Le Centre européen du judaïsme (CEJ) (…) comprendra trois entités sur une surface de près de 5 000 m². Une synagogue de 600 places, dont 200 pour les femmes en mezzanine, sera encadrée par deux bâtiments de cinq et sept étages : des bureaux et surtout un pôle culturel de 2 500 m² comprenant des salles de spectacle et d’exposition. Le coût est d’au moins 10 millions d’euros, dont quelque 2,7 millions supportés par des fonds publics (État et région) pour la partie culturelle. La ville de Paris a mis le terrain, de 1 650 m², à disposition du Consistoire, la principale instance du judaïsme français, qui porte le projet. (…) prédisant une inauguration entre Hanoukka, la fête des lumières, en décembre prochain, et Pessah, la Pâque juive, au printemps 2018. Dans les cartons de longue date, le projet a été vraiment lancé au printemps 2015. Soit quelques semaines après l’attaque jihadiste qui a fait quatre morts dans un supermarché casher de la porte de Vincennes. (…) L’émigration vers Israël, l’alyah, s’est nourrie de ce climat d’insécurité, atteignant environ 40 000 départs en dix ans depuis la France, soit un dixième de la communauté. Dans ce contexte, « faut-il construire ? », s’est interrogé lui-même Joël Mergui. Mais beaucoup de Juifs « sont là, restent là », entre « résistance » et « espoir ». (…) Le choix de l’arrondissement ne doit rien au hasard : le centre de gravité du judaïsme en Île-de-France s’est très sensiblement déplacé de l’Est populaire vers l’Ouest, plus cossu et jugé plus sûr. Le XVIIe arrondissement est prisé par la communauté, qui y trouve pléthore de commerces casher. The Times of Israel
60 000 des 350 000 juifs de Paris et sa région ont déménagé ces dix dernières années. Les communautés juives de banlieues ont été complètement désertées Des synagogues sont sur le point de fermer. Comme à Saint-Denis, La Courneuve, Peyrefitte, Stains, Villepinte, Aulnay sous-bois, Bagnolet, Blanc-Mesnil. Un grand nombre de juifs sont partis en raison de l’insécurité ressentie après de multiples incidents de harcèlement, de pressions, d’agressions physiques. Sammy Gozlan
On compte, grosso modo, deux grands axes de regroupement de cette population de banlieue. A l’Ouest, le 17e arrondissement qui est en pleine expansion, a fédéré autour de lui le 16e, Neuilly et Boulogne. À l’Est, autour du 12e arrondissement, s’ajoutent Saint-Mandé, Vincennes, et Charenton. Haïm Korsia (Grand rabbin de France)
Certains sont amenés à quitter la banlieue pour habiter dans des quartiers au cadre de vie plus agréable. Généralement, au terme d’une vie bien remplie et surtout quand le statut social s’est élevé. Ce parcours résidentiel d’ascension sociale n’est pas évidemment spécifique à la population juive. Cependant, le départ de familles juives du 93 vers Paris, notamment le 17e arrondissement, ou vers des communes aisées des Hauts-de-Seine (Levallois, Neuilly) ou du Val-de-Marne que sont Vincennes et Saint-Mandé, renvoie pour partie à ce phénomène. Il en va de même, par exemple, de certains déménagements de Sarcelles ou Garges vers Saint-Brice, dans le Val d’Oise, ou de Créteil vers la ville de Saint-Maur-des Fossés. Ces mouvements de population sont souvent numériquement conséquents et parfois se voient car ils changent la physionomie de certaines villes. La sécurité a-t-elle joué un rôle majeur dans ces migrations qui ont, finalement, redessiné l’implantation juive à Paris et en Ile-de-France ? Bien sûr, mais ce n’est pas l’unique motif. Jérôme Fourquet (IFOP)
Dès qu’une boutique se libère, elle est prise par un commerce juif ! Quand j’ai ouvert mon cabinet de chirurgien-dentiste en 1983, avenue Niel, ce quartier était mort. Ma clientèle était composée de plusieurs noms à particules. Des nobles ! Et j’avais seulement un petit noyau de juifs. Et, petit à petit, ces dix dernières années, ma clientèle juive s’est agrandie. Murielle Schor (chirurgien-dentiste, adjointe au maire)
Nous étions une famille heureuse. Toutes les grandes marques parisiennes étaient représentées, et les écoles étaient performantes. Nous n’avions même plus besoin de descendre à Paris ! Nous formions une communauté solidaire et joyeuse. Sarcelles était l’antichambre de Paris ! Petit à petit, une petite délinquance s’est développée, laquelle a entraîné la fermeture de ces grands magasins qui étaient le joyau de Sarcelles. Tout a disparu en cinq ans. Et nous sommes partis. De porte-à-porte, de mon cabinet à la maison, il y a exactement vingt minutes. Beaucoup de médecins, dentistes, kinés ont gardé leurs cabinets à Sarcelles et habitent le 17e. Ici nous sommes respectés et nous avons nos habitudes. La communauté s’est regroupée. Nous avons une vie sociale intéressante. Le salon Hoche où nous nous retrouvons pour Kippour, et le parc Monceau pour nos promenades. De petites échoppes chinoises de manucures et de pédicures, bon marché, se sont incrustées entre les commerces. André Cohen (kinésithérapeute)
On compte aujourd’hui 40 000 juifs pour 171 000 habitants de l’arrondissement, soit 23 %. Pourquoi ont-ils choisi le 17e ? Disons que les juifs de France s’y sentent bien, et surtout se sentent protégés. Mais je souhaite que les commerces soient un peu mieux répartis. Et qu’on ne refasse pas la rue des Rosiers ! Je fais un énorme travail pour entretenir un excellent lien entre les communautés. Le rabbin Haïm Korsia a débattu avec le curé Stéphane Biaggi dans le cadre du Lyons Club. Et au moment de l’attentat contre l’Hypermarché, le lycée Blanche de Castille a ouvert sa cour aux enfants de l’Ecole juive moderne. Brigitte Kuster (maire du 17e)
Au début, mon mari avait une petite synagogue, qui n’existe plus, où nous étions une quarantaine de membres. Aujourd’hui, nous sommes dix fois plus ! 400 membres ! C’est incroyable ! Francine Zana
On compte, ici, une vingtaine de synagogues, toutes fréquentées (…) on y trouve ce qu’on veut, des écoles de bons niveaux comme le Lycée Carnot, de nombreux restaurants cashers, et surtout nous avons une bonne qualité de vie.  Haïm Korsia 
Nous étions avant tout des Français juifs. Mais depuis la violente vague d’antisémitisme qui a déferlé en France avec les affaires Ilan Halimi, Mérah, l’Hyper Cacher, et bien d’autres, nous avons été déçus d’être considérés de cette façon. Alors forcément, nous cherchons à nous regrouper, à être solidaires, à vivre en communauté. Du communautarisme dites-vous ? Oui, mais comment voulez-vous faire autrement ? Je n’étais pas particulièrement pratiquante quand je suis arrivée ici, mais je le suis devenue depuis que j’y habite. En mangeant casher, je veux vivre pleinement mon judaïsme. Et cet arrondissement m’offre cette possibilité ! Isabelle Castro (décoratrice d’intérieur)
Tout est parti d’ici. Quand j’ai ouvert ici, rue Saussier Leroy, j’étais le seul restaurant casher Beth Din, uniquement tunisien ! Puis tout autour, se sont installés d’autres restaurants comme le Rendez-vous ou La Corniche, des synagogues, des agences de voyages, des boucheries, des écoles. Sans doute cela a-t-il incité beaucoup de juifs à venir. (…) Regardez bien ! Tout le beau monde est venu chez moi : Jean-Paul Belmondo, Johnny Halliday, Patrick Bruel, Vincent Lindon, Richard Berri, Sarkozy, Lionel Jospin. La liste est longue… Pourquoi viennent-ils ? Parce que c’est Nini ! Nous avons une clientèle fidèle. J‘en suis à ma 4e génération ! Viennent à nous des jeunes dont on a connu l’arrière-grand-mère ! Nini Laloum
Ce quartier huppé du sud du 17e a tout pour séduire les nouveaux venus. De grands boulevards, un parc Monceau aux allures de Central Park où courent des joggers tout au long de la journée, des immeubles cossus, plus de 30 restaurants casher – à peine moins que dans le 19e arrondissement –, quatre boucheries, 3 épiceries fines, 2 pâtisseries, une librairie Beit Hassofer, et l’impressionnant Musée Nissim de Camondo des frères Pereire au XIXe siècle. Sans oublier, trois écoles juives qui totalisent plus de 800 élèves. « Pour n’en citer qu’un seul exemple, l’Ecole juive moderne, ses effectifs sont en progression constante : ouverte en septembre 2007 avec 22 enfants, elle compte aujourd’hui plus de 160 enfants, précise Patrick Petit-Ohayon, directeur de l’action scolaire au FSJU. Tous les établissements scolaires juifs, depuis janvier 2015, sont sous haute surveillance : rondes de militaires, cours pour préparer les enfants au pire, formation des parents à la vigilance… En effet, des équipes volontaires de parents protecteurs, créées en 2012, après la tuerie de l’école Ozar Hatorah, sont organisées par le Service de Protection de la Communauté juive (SPCJ), et qui assure, en liaison avec la police, la sécurité des lieux juifs dans l’Hexagone. Dans le 17e, c’est l’opération Sentinelle qui est déployée, explique un membre du ministère de l’Intérieur qui veut garder l’anonymat. Devant les écoles, une garde statique de 3 militaires en armes pendant la durée des cours de 8 heures 30 à 16 heures 30. Dans tous les lieux publics, des patrouilles circulent, pour tout couvrir, sans passer au même endroit, au même moment, sinon ça ne sert à rien de patrouiller. Mais je ne peux vous en dire plus ! » (…) Si avec 40 000 juifs, le 17e compte le plus grand rassemblement de juifs de France, son caractère va encore s’intensifier avec… l’ouverture du Centre Européen du Judaïsme (CEJ), fin 2017. Un complexe pharaonique dont la construction a déjà commencé ! 4 900 m2, à l’angle de la commerçante rue de Courcelles et du boulevard Reims, avec des salles modulables pour les mariages et les fêtes, des salles d’expositions, un gymnase, un théâtre, une grande synagogue, un mikvé, une grande terrasse pour accueillir une soucca, une bibliothèque, une médiathèque, et même un jardin ! Coût : 10 millions d’euros, dont une contribution de 2,7 millions de l’État français. « Est-ce le bon moment pour construire ? », s’interroge Joël Mergui, Président du Consistoire de France pour qui ce Centre est l’aboutissement institutionnel de 2 000 ans de présence juive en France. « Oui, je le pense. Personne n’a le droit de juger ceux qui partent mais personne n’a le droit de décider de l’avenir de la majorité qui reste. Ce nouveau bâtiment, lieu de vie, et symbole d’espoir, montre que nous et personne d’autre, possédons cet avenir. Il ajoute que ce que le nazisme n’a pas réussi, l’islamisme radical n’y parviendra pas non plus, les juifs ne disparaîtront pas d’Europe. Nous, juifs français qui représentons la plus importante communauté juive d’Europe, voulons croire en l’avenir d’un Judaïsme européen bimillénaire ». Pour Murielle Schor, qui accompagne le projet depuis dix-sept ans, c’est la « réalisation d’un rêve et d’une intuition » que tous les maires de la capitale ont soutenu depuis qu’est née la possibilité d’avoir ce terrain. Tribune juive
Un fort courant de pensée dénonce le mauvais accueil que l’Europe réserverait aux musulmans, contribuant aux difficultés d’intégration de ces derniers. Ce courant inspire nombre d’études affirmant que les musulmans sont victimes d’« islamophobie ». Une telle approche vient d’être illustrée par un rapport élaboré par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA). Le texte, intitulé « Second European Union Minorities and Discrimination Survey. Muslims – Selected finding », (septembre 2017), analyse les réponses de 10 527 personnes qui s’identifient elles-mêmes comme musulmanes dans quinze pays de l’Union. Or, dès qu’on examine de près les données recueillies, on voit qu’elles conduisent à des conclusions bien différentes de ce que le rapport prétend démontrer. L’étude s’appuie uniquement sur des déclarations relatives à ce qui est ressenti par les personnes interrogées. Pourtant, ce qui est déclaré est identifié à ce qui advient effectivement. On trouve sans cesse des affirmations telles que : « Les musulmans ayant répondu rencontrent de hauts niveaux de discrimination », comme s’il s’agissait d’un fait avéré. Or, on trouve chez les personnes interrogées des conceptions très larges de ce qu’elles entendent par discrimination, en y incluant des différences de traitement conformes à la loi, liées à la nationalité. Rien n’est mis en œuvre dans l’étude pour savoir si une attitude globale plutôt hostile envers la société d’accueil pousserait certains à qualifier de discrimination des réactions fondées en réalité sur des raisons nullement discriminatoires, tel un déficit de compétence. De surcroît, ceux qui affirment que les musulmans en général sont discriminés sont beaucoup plus nombreux que ceux qui se déclarent discriminés personnellement. Dans cette étude, en France, 75 % des musulmans déclarent qu’il existe une discrimination sur la base de la religion alors que seulement 20 % déclarent s’être sentis personnellement discriminés sur cette base au cours des cinq dernières années. On trouve, en réponse aux mêmes questions, 72 % et 30 % en Suède, 59 % et 19 % en Belgique, 26 % et 10 % en Espagne, etc. La croyance, que l’on retrouve au sein de la population en général, selon laquelle les musulmans seraient discriminés en raison de leur religion outrepasse donc largement la réalité. (…) Ce n’est nullement l’ensemble, ni même la majorité des musulmans qui déclarent s’être sentis discriminés du fait de leur religion, mais une petite minorité : 17 % dans les cinq ans précédant l’enquête. On retrouve ce même caractère minoritaire quand il s’agit de harcèlement (du regard perçu comme hostile à l’acte de violence physique), ou encore des rapports avec la police. Dans ce dernier cas, parmi les personnes qui se déclarent musulmanes et qui ont été interrogées, seulement 16 % des hommes et 1,8 % des femmes indiquent se sentir discriminés. En fait, on a affaire à plusieurs sous-populations suscitant des réactions très contrastées. Tandis que la majorité ne se sent jamais discriminée, une minorité se sent discriminée à répétition – cinq fois par an en moyenne, jusqu’à quotidiennement pour une partie. Un tel contraste entre des groupes traités (ou qui se sentent traités) de manière aussi radicalement différente serait impossible si on avait affaire à une discrimination s’exerçant au hasard, liée au simple fait d’être musulman. Le rapport, en outre, fournit un ensemble de données distinguant les déclarations provenant de musulmans d’origines diverses (Afrique du Nord, Afrique subsaharienne, Turquie, Asie), hommes et femmes, et vivant dans les divers pays de l’Union étudiés. En moyenne, ceux qui viennent d’Afrique du Nord sont plus de deux fois plus nombreux que ceux venant d’Asie (21 %, contre 9 %) à se déclarer discriminés sur la base de la religion. On retrouve ces différences, encore plus amples, pour le harcèlement et les rapports avec la police. Or rien n’est dit sur ce que ces différences sont susceptibles de devoir à des divergences de manière d’être des personnes concernées. L’existence de limites au droit à l’expression des religions, spécialement dans l’entreprise, est bien notée. Mais il n’est jamais envisagé qu’une acceptation de ces limites chez les uns puisse coexister avec une rébellion à leur égard chez d’autres, cette différence d’attitude entraînant une différence de réactions des employeurs. Par ailleurs, les immigrés de seconde génération déclarent davantage rencontrer des réactions négatives du fait de leur religion que ceux de première génération (22 % contre 15 % pour les discriminations, 36 % contre 22 % pour le harcèlement). Mais il n’est jamais question, dans le rapport, de l’adoption, au sein de la seconde génération, d’une posture plus revendicative, susceptible de conduire à des comportements posant problème. En arrière-fond du rapport, la vision de l’intégration mise en avant est celle d’une « accommodation mutuelle ». Il est fait appel aux orientations du Conseil de l’Europe, « regardant l’intégration comme un processus dynamique à double sens d’accommodation mutuelle de tous les immigrants, y compris les musulmans, et des résidents » . Mais, en pratique, le rapport incite uniquement à réclamer une adaptation à la société d’accueil. Il est question de racisme, de xénophobie, de « crimes causés par la haine » . En réalité, l’interprétation qui paraît la plus sensée des données d’enquête est que la grande majorité des musulmans ne pose aucun problème à la société d’accueil ; et que, corrélativement, ses membres sont traités comme tout un chacun. C’est seulement une petite minorité qui est source de problèmes pour la société d’accueil et suscite, de ce fait, des réactions négatives. Il est vraisemblable que les membres de cette petite minorité, refusant de reconnaître ce qui est dû à leur manière d’être, se déclarent discriminés. En outre, l’interprétation, par le rapport, des sentiments à l’égard de la société d’accueil est toujours à sens unique. Les musulmans dans leur grande majorité déclarent se sentir à l’aise avec des voisins d’une religion différente ou prêts à voir leurs enfants épouser des non-musulmans. Selon le rapport, « presque tous (92 %) se sentent bien à l’idée d’avoir des voisins d’une autre religion » et presque un sur deux (48 %) n’aurait aucun problème « si un membre de sa famille épousait une personne non musulmane » . (…) Dans la comparaison ainsi faite, il n’est question que d’attitudes d’ouverture et de fermeture. L’étude ne porte aucune attention à la réalité des difficultés à vivre dans un univers où des personnes d’une autre culture peuvent tendre à imposer leurs mœurs. (…) l’intensité de la pression sociale dans certains quartiers où les musulmans tendent à régenter les tenues et les conduites n’est jamais évoquée. S’agissant du mariage, on ne trouve pas, dans l’étude, de questions séparées pour le mariage des filles et celui des garçons, alors que l’islam les distingue. On ne trouve pas davantage de mention des difficultés concrètes associées pour un non-musulman à un mariage avec un musulman : possibilité pour un conjoint musulman d’enlever les enfants en cas de séparation pour les amener dans un pays musulman, en étant protégé par la justice du pays en question ; pression à la conversion du conjoint non musulman. (…) La place que tient la haine envers l’Occident au sein du monde musulman n’est jamais évoquée. Le fait que ceux qui se déclarent le plus discriminés soient aussi ceux qui déclarent le moins d’attachement à la société d’accueil est interprété, comme si cela allait de soi, comme une relation de cause à effet. Ce serait ceux qui sont le plus discriminés qui, pour cette raison, s’attacheraient le moins à la société qui les accueille. Cette relation à sens unique est postulée, en particulier quand il s’agit de radicalisation islamiste. Il n’est pas envisagé qu’on ait affaire à un effet inverse : une attitude de rejet de la société d’accueil liée à une conception « dure » de l’islam, engendrant à la fois des comportements qui suscitent des réactions négatives et une tendance à interpréter ces réactions comme des discriminations. L’étude de l’Union européenne ne se demande jamais pourquoi il existe un tel contraste entre une grande majorité des musulmans qui déclare ne jamais se sentir discriminée et une petite minorité qui déclare l’être intensément. Ce contraste montre que l’on n’a pas affaire à des réactions globales à l’égard des musulmans en tant que tels, mais à des réactions différenciées, ce qui suggère que les manières d’être de chacun, considérées dans leur grande diversité, ont un rôle majeur. Pourtant l’étude affirme, comme si cela allait de soi, que les barrières à une pleine inclusion des musulmans dans les sociétés européennes ne sont imputables qu’à ces sociétés et sont exclusivement dues à « discrimination, harcèlement, violences motivées par la haine, fréquence des contrôles policiers ». Ce sont ces expériences qui peuvent à la longue réduire l’attachement des populations concernées au pays où elles résident, soutient l’étude. Le communiqué de presse diffusé à la suite de la parution de l’étude indique, comme première solution aux problèmes d’intégration des musulmans, « des sanctions efficaces contre les violations de la législation de lutte contre la discrimination » . Alors que l’intention affichée par l’étude, comme de manière générale à la famille d’études à laquelle elle appartient, est d’être au service d’une meilleure intégration des musulmans, son effet tend à être exactement inverse. Elle incite les musulmans à croire, à tort, que leurs efforts d’intégration sont vains et donc à nourrir du ressentiment et à les détourner d’accomplir de tels efforts. L’étude sert involontairement, par ailleurs, les stratégies des islamistes militants qui travaillent à la construction d’une contre-société islamique hostile aux pays d’accueil et plus généralement à l’Occident. Philippe d’Iribarne
Moi, j’ai eu envie de ce film parce qu’en fait cette histoire, c’est la mienne. J’ai grandi dans une famille – mes parents sont originaires d’Algérie aussi – où on m’a pas donné des livres, on m’a pas emmené à l’opéra. Et pour des raisons mystérieuses, j’ai eu envie d’être acteur et en allant dans un cours de théâtre, je suis tombé sur un professeur qui m’a fait découvrir des auteurs qui m’emmerdaient au lycée et qui tout d’un coup prenaient du sens. (…) C’était pas un Pierre Mazard. Il pouvait être humiliant, il pouvait être brutal. (…) Alors, on se protège de temps en temps et en même temps des fois on est bien obligé de se le prendre dans la figure et de se remettre en question parce que aussi les auteurs et les mots, c’est pas que les mots. Les mots, c’est aussi une façon de penser, une façon de comprendre. Yvan Attal
Cette histoire, c’est la mienne en fait. Je suis issu d’une famille d’Algérie, pas musulmane (de juifs séfarades, ndlr) qui arrive d’Algérie après l’indépendance avec rien. J’ai grandi dans une cité à Créteil à côte de la cité où on a tourné. Mes parents ne m’ont pas donné des livres à lire, ne m’ont pas amené à l’opéra et pour reprendre les dialogues du film, je n’ai pas eu la chance de faire du solfège et du char à voile à l’Ile de Ré. Pour des raisons mystérieuses j’ai eu envie d’être acteur, je me suis inscrit dans un cours de théâtre et là je suis tombé sur un professeur qui m’a fait découvrir Molière, Marivaux, Musset, Shakespeare et les autres. Et aujourd’hui, grâce à lui, je suis acteur et réalisateur. (…) Tout est possible, même si on est à une autre époque, qu’il y a des difficultés supplémentaires, même si on porte un nom qui est difficile à porter pour certains. On ne peut pas toujours brandir la carte de la discrimination toute la journée. Il faut se bouger le cul. (…)  Mazard n’est pas raciste, c’est un provocateur, c’est quelqu’un qui nous sort de notre zone de confort, même s’il dérape, évidemment, comme ces intellectuels qui pour nous démontrer une idée vont un peu trop loin mais peut-être que l’intention n’était pas mauvaise. (…) C’est un film chauvin, on fait référence au patrimoine culturel, à nos auteurs. Yvan Attal
Someone just wrote to me  » what did Jews bring to the world beside Palestinian holocaust ?… Well, maybe Jesus, Spinoza, Freud, Einstein and those guys… Let’s not even account Whatsapp, Facebook, Google, Vibber, Fiverr, and everything in ur cellphone. Pierre Rehov
All the world’s Muslims have fewer Nobel Prizes than Trinity College, Cambridge. They did great things in the Middle Ages, though. Richard Dawkins
That was unfortunate. I should have compared religion with religion and compared Islam not with Trinity College but with Jews, because the number of Jews who have won Nobel Prizes is phenomenally high. Race does not come into it. It is pure religion and culture. Something about the cultural tradition of Jews is way, way more sympathetic to science and learning and intellectual pursuits than Islam. That would have been a fair comparison. Ironically, I originally wrote the tweet with Jews and thought, That might give offense. And so I thought I better change it. (…) I haven’t thought it through. I don’t know. But I don’t think it is a minor thing; it is colossal. I think more than 20 percent of Nobel Prizes have been won by Jews. And especially if you don’t count peace prizes, which I think don’t count actually (…) Most of the ones that have gone to Muslims have been peace prizes, and the [number of Muslims] who have gotten them for scientific work is exceedingly low. But in Jews, it is exceedingly high. That is a point that needs to be discussed. I don’t have the answer to it. I am intrigued by it. I didn’t even know this extraordinary effect until it was pointed out to me by the [former] chief rabbi of Britain, Jonathan Sacks. (…) He shared it with due modesty, but I thought it was astounding, and I am puzzled about it. Richard Dawkins
As of 2017, Nobel Prizes have been awarded to 892 individuals, of whom 201 or 22.5% were Jews, although the total Jewish population comprises less than 0.2% of the world’s population. This means the percentage of Jewish Nobel laureates is at least 112.5 times or 11250% above average. Wikipedia
Si les apôtres, qui aussi étaient juifs, s’étaient comportés avec nous, Gentils, comme nous Gentils nous nous comportons avec les Juifs, il n’y aurait eu aucun chrétien parmi les Gentils… Quand nous sommes enclins à nous vanter de notre situation de chrétiens, nous devons nous souvenir que nous ne sommes que des Gentils, alors que les Juifs sont de la lignée du Christ. Nous sommes des étrangers et de la famille par alliance; ils sont de la famille par le sang, des cousins et des frères de notre Seigneur. En conséquence, si on doit se vanter de la chair et du sang, les Juifs sont actuellement plus près du Christ que nous-mêmes… Si nous voulons réellement les aider, nous devons être guidés dans notre approche vers eux non par la loi papale, mais par la loi de l’amour chrétien. Nous devons les recevoir cordialement et leur permettre de commercer et de travailler avec nous, de façon qu’ils aient l’occasion et l’opportunité de s’associer à nous, d’apprendre notre enseignement chrétien et d’être témoins de notre vie chrétienne. Si certains d’entre eux se comportent de façon entêtée, où est le problème? Après tout, nous-mêmes, nous ne sommes pas tous de bons chrétiens. Luther (Que Jésus Christ est né Juif, 1523)
Les Juifs sont notre malheur (…) Les Juifs sont un peuple de débauche, et leur synagogue n’est qu’une putain incorrigible. On ne doit montrer à leur égard aucune pitié, ni aucune bonté. Nous sommes fautifs de ne pas les tuer! Luther
C’est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre. Voltaire (Article « Tolérance »)
Juifs. Faire un article contre cette race qui envenime tout, en se fourrant partout, sans jamais se fondre avec aucun peuple. Demander son expulsion de France, à l’exception des individus mariés avec des Françaises ; abolir les synagogues, ne les admettre à aucun emploi, poursuivre enfin l’abolition de ce culte. Ce n’est pas pour rien que les chrétiens les ont appelés déicides. Le juif est l’ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie, ou l’exterminer. Pierre-Joseph Proudhon (1849)
Observons le Juif de tous les jours, le Juif ordinaire et non celui du sabbat. Ne cherchons point le mystère du Juif dans sa religion, mais le mystère de sa religion dans le Juif réel. Quelle est donc la base mondaine du judaïsme ? C’est le besoin pratique, l’égoïsme. Quel est le culte mondain du Juif ? C’est le trafic. Quelle est la divinité mondaine du Juif ? C’est l’argent. Karl Marx
L’argent est le dieu jaloux d’Israël devant qui nul autre Dieu ne doit subsister. Karl Marx
Dans les villes, ce qui exaspère le gros de la population française contre les Juifs, c’est que, par l’usure, par l’infatigable activité commerciale et par l’abus des influences politiques, ils accaparent peu à peu la fortune, le commerce, les emplois lucratifs, les fonctions administratives, la puissance publique . […] En France, l’influence politique des Juifs est énorme mais elle est, si je puis dire, indirecte. Elle ne s’exerce pas par la puissance du nombre, mais par la puissance de l’argent. Ils tiennent une grande partie de la presse, les grandes institutions financières, et, quand ils n’ont pu agir sur les électeurs, ils agissent sur les élus. Ici, ils ont, en plus d’un point, la double force de l’argent et du nombre. Jean Jaurès (La question juive en Algérie, Dépêche de Toulouse, 1er mai 1895)
Nous savons bien que la race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n’est pas par la force du prophétisme, nous savons bien qu’elle manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corset, d’extorsion. Jean Jaurès (Discours au Tivoli, 1898)
Qu’ils s’en aillent! Car nous sommes en France et non en Allemagne!” … Notre République est menacée d’une invasion de protestants car on choisit volontiers des ministres parmi eux., … qui défrancise le pays et risque de le transformer en une grande Suisse, qui, avant dix ans, serait morte d’hypocrisie et d’ennui. Zola (Le Figaro, le 17/5/1881)
Ce projet a causé la désertion de 80 à 100 000 personnes de toutes conditions, qui ont emporté avec elles plus de trente millions de livres ; la mise à mal de nos arts et de nos manufactures. (…) Sire, la conversion des cœurs n’appartient qu’à Dieu …Vauban (« Mémoire pour le rappel des Huguenots », 1689)
Dans la dispute entre ces races pour savoir à laquelle revient le prix de l’avarice et de la cupidité, un protestant genevois vaut six juifs. A Toussenel (disciple de Fourier, 1845)
Qu’ils s’en aillent! Car nous sommes en France et non en Allemagne! … Notre République est menacée d’une invasion de protestants car on choisit volontiers des ministres parmi eux., … qui défrancise le pays et risque de le transformer en une grande Suisse, qui, avant dix ans, serait morte d’hypocrisie et d’ennui. Zola (Le Figaro, le 17/5/1881)
Luther rend nécessaire ce que Gutenberg a rendu possible : en plaçant l’Écriture au centre de l’eschatologie chrétienne, la Réforme fait d’une invention technique une obligation spirituelle. François Furet et Jacques Ozouf
On pouvait se demander, en effet, et on se demandait même chez beaucoup de Juifs, si l’implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et au milieu des peuples arabes qui lui étaient foncièrement hostiles, n’allait pas entraîner d’incessants, d’interminables, frictions et conflits. Certains même redoutaient que les Juifs, jusqu’alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tous temps, c’est-à-dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur, n’en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf siècles. De Gaulle (conférence de presse du 27 novembre 1967)
Tout ce qui se passe dans le monde aujourd’hui est la faute des sionistes. Les Juifs Américains sont derrière la crise économique mondiale qui a aussi frappé la Grèce. Mikis Theodorakis (2011)
Ils ont tout, c’est connu. Vous êtes passé par le centre-ville de Metz ? Toutes les bijouteries appartiennent aux juifs. On le sait, c’est tout. Vous n’avez qu’à lire les noms israéliens sur les enseignes. Vous avez regardé une ancienne carte de la Palestine et une d’aujourd’hui ? Ils ont tout colonisé. Maintenant c’est les bijouteries. Ils sont partout, sauf en Chine parce que c’est communiste. Tous les gouvernements sont juifs, même François Hollande. Le monde est dirigé par les francs-maçons et les francs-maçons sont tous juifs. Ce qui est certain c’est que l’argent injecté par les francs-maçons est donné à Israël. Sur le site des Illuminatis, le plus surveillé du monde, tout est écrit. (…) On se renseigne mais on ne trouve pas ces infos à la télévision parce qu’elle appartient aux juifs aussi. Si Patrick Poivre d’Arvor a été jeté de TF1 alors que tout le monde l’aimait bien, c’est parce qu’il a été critique envers Nicolas Sarkozy, qui est juif… (…)  Mais nous n’avons pas de potes juifs. Pourquoi ils viendraient ici ? Ils habitent tous dans des petits pavillons dans le centre, vers Queuleu. Ils ne naissent pas pauvres. Ici, pour eux, c’est un zoo, c’est pire que l’Irak. Peut-être que si j’habitais dans le centre, j’aurais des amis juifs, mais je ne crois pas, je n’ai pas envie. J’ai une haine profonde. Pour moi, c’est la pire des races. Je vous le dis du fond du cœur, mais je ne suis pas raciste, c’est un sentiment. Faut voir ce qu’ils font aux Palestiniens, les massacres et tout. Mais bon, on ne va pas dire que tous les juifs sont des monstres. Pourquoi vouloir réunir les juifs et les musulmans ? Tout ça c’est politique. Cela ne va rien changer. C’est en Palestine qu’il faut aller, pas en France. Karim
Ce sont les cerveaux du monde. Tous les tableaux qui sont exposés au centre Pompidou appartiennent à des juifs. A Metz, tous les avocats et les procureurs sont juifs. Ils sont tous hauts placés et ils ne nous laisseront jamais monter dans la société. « Ils ont aussi Coca-Cola. Regardez une bouteille de Coca-Cola, quand on met le logo à l’envers on peut lire : « Non à Allah, non au prophète ». C’est pour cela que les arabes ont inventé le « Mecca-cola ». Au McDo c’est pareil. Pour chaque menu acheté, un euro est reversé à l’armée israélienne. Les juifs, ils ont même coincé les Saoudiens. Ils ont inventé les voitures électriques pour éviter d’acheter leur pétrole. C’est connu. On se renseigne. (…) Si Mohamed Merah n’avait pas été tué par le Raid, le Mossad s’en serait chargé. Il serait venu avec des avions privés. Ali
Les enfants de Trump doivent reprendre l’entreprise avec le conflit d’intérêt, ils pourront vendre des gratte-ciels au gouvernement israélien. Des immeubles luxueux à construire dans les territoires occupés, que le Président des États-Unis les aidera à occuper et il leur enverra des Mexicains pour nettoyer les chiottes. Charline Vanhoenacker
I am aware than I incur the risk of being accused of Jewish pretentiousness when I emphasize the fact that so many of the Nobel prize winners have been jews, but a Jew cannot, nowadays, afford to be squeamish. Stephan Zweig (1937)
Certains trouvent encore intolérable d’admettre que le peuple juif se soit trouvé, à trois reprises, plus ou moins volontairement, un élément essentiel au patrimoine de l’humanité: le monothéisme, le marché et les lieux saints. Car il n’est pas faux de dire, même si c’est schématique, que les juifs ont été mis en situation d’avoir à prêter aux deux autres monothéismes, et à les partager avec eux, leur dieu, leur argent et leurs lieux saints. Et comme la meilleure façon de ne pas rembourser un créancier, c’est de le diaboliser et de l’éliminer, ceux qui, dans le christianisme et l’islam, n’acceptent toujours pas cette dette à l’égard du judaïsme, se sont, à intervalles réguliers, acharnés à le détruire, attendant pour recommencer que le souvenir de l’élimination précédente se soit estompé. Jacques Attali
L’Âge moderne est l’Âge des Juifs, et le XXe siècle est le Siècle des Juifs. La modernité signifie que chacun d’entre nous devient urbain, mobile, éduqué, professionnellement flexible. Il ne s’agit plus de cultiver les champs ou de surveiller les troupeaux, mais de cultiver les hommes et de veiller sur les symboles […] En d’autres termes, la modernité, c’est le fait que nous sommes tous devenus juifs. Yuri Slezkine
Written by economists Maristella Botticini and Zvi Eckstein, the paper explained Jewish success in terms of early literacy in the wake of Rome’s destruction of the Temple in 70 C.E. and the subsequent dispersion of Jews throughout the Roman empire – Jews who had to rely on their own rabbis and synagogues to sustain their religion instead of the high priests in Jerusalem. You may know a similar story about the Protestant Reformation: the bypassing of the Catholic clergy and their Latin liturgy for actual reading of Scripture in native languages and the eventual material benefits of doing so. Why is Northern Europe — Germany, Holland, England, Sweden — so much more prosperous than Southern Europe: Portugal, Italy, Greece, Spain? Why do the latter owe the former instead of the other way around? Might it have something to do with the Protestant legacy of the North, the Catholic legacy of the South? Paul Solman
The key message of “The Chosen Few” is that the literacy of the Jewish people, coupled with a set of contract-enforcement institutions developed during the five centuries after the destruction of the Second Temple, gave the Jews a comparative advantage in occupations such as crafts, trade, and moneylending — occupations that benefited from literacy, contract-enforcement mechanisms, and networking and provided high earnings. (…) the Jews in medieval Europe voluntarily entered and later specialized in moneylending and banking because they had the key assets for being successful players in credit markets: capital already accumulated as craftsmen and trade networking abilities because they lived in many locations, could easily communicate with and alert one another as to the best buying and selling opportunities, and literacy, numeracy, and contract-enforcement institutions — “gifts” that their religion has given them — gave them an advantage over competitors. Maristella Botticini and Zvi Eckstein
Wherever and whenever Jews lived among a population of mostly unschooled people, they had a comparative advantage. They could read and write contracts, business letters, and account books using a common [Hebrew] alphabet while learning the local languages of the different places they dwelled. These skills became valuable in the urban and commercially oriented economy that developed under Muslim rule in the area from the Iberian Peninsula to the Middle East. Maristella Botticini
En fait, ce que nous avons voulu démontrer, ma collègue Maristella Botticini, de la Bocconi, et moi, c’est que l’obligation d’étudier a un coût, et oblige donc l’individu rationnel à rechercher une compensation pour obtenir un retour sur investissement. Dans le cas des juifs, le problème se pose après la destruction du Temple de Jérusalem, en 70 de l’ère courante. La caste des prêtres qui constituait alors l’élite perd le pouvoir au profit de la secte des pharisiens, qui accorde une grande importance à l’étude. C’est de cette secte que vont sortir les grands rabbis, ceux qui vont pousser les juifs à se concentrer sur l’étude de la Torah, un texte dont la tradition veut qu’elle ait été écrite par Moïse sous la dictée de Dieu. Vers l’an 200, obligation est ainsi faite aux pères de famille d’envoyer leurs fils dès l’âge de 6 ans à l’école rabbinique pour apprendre à lire et étudier la fameuse Torah. Or l’essentiel des juifs sont des paysans, et pour les plus pauvres, cette obligation pèse très lourd car elle les prive de bras pour travailler aux champs. Beaucoup vont alors préférer se convertir au christianisme, d’où, on le voit dans les statistiques de l’époque, une baisse drastique de la population juive au Proche-Orient à partir du IIIe siècle alors que, jusqu’à la destruction du Temple, cette religion était en augmentation constante et multipliait les convertis. Pour ceux qui ont accepté le sacrifice financier que représente la dévotion, il va s’agir de valoriser leur effort. Or autour d’eux, ni les chrétiens ni, plus tard, les musulmans n’imposent à leurs enfants d’apprendre à lire et à écrire. Les juifs bénéficient donc d’un avantage compétitif important. C’est ainsi un juif converti à l’islam qui a servi de scribe à Mahomet et aurait mis par écrit pour la première fois le Coran. (…) Notre étude, fondée sur l’évolution économique et démographique du peuple juif, de l’Antiquité à la découverte de l’Amérique, remet en cause en fait la plupart des théories avancées jusqu’ici. Si les juifs sont médecins, juristes ou banquiers plus souvent qu’à leur tour, ce n’est pas parce qu’ils sont persécutés et condamnés à s’exiler régulièrement, comme l’a avancé l’économiste Gary Becker, ou parce qu’ils n’avaient pas le droit d’être agriculteurs, comme l’a soutenu Cecil Roth. Car si dans certains pays, on les a empêchés de posséder des terres, c’était bien après qu’ils aient massivement abandonné l’agriculture, et s’ils ont pu être persécutés, cela ne justifie pas qu’ils soient devenus médecins ou juristes : les Samaritains, très proches des juifs et eux aussi traités comme des parias, sont demeurés paysans. De même, contrairement à ce que dit Max Weber, ce n’est pas parce qu’un juif ne peut pas être paysan du fait des exigences de la Loi juive. Les juifs du temps du Christ la respectaient alors qu’ils étaient majoritairement occupés à des travaux agricoles et à la pêche. C’est dans l’Orient musulman, sous les Omeyyades et les Abbassides, à un moment où ils sont particulièrement valorisés, que les juifs s’installent massivement dans les villes et embrassent des carrières citadines. Pourquoi ? Parce qu’ils peuvent alors tirer parti du fait d’être lettrés. D’un point de vue purement économique, il est alors beaucoup plus rentable de devenir marchand ou scientifique que de labourer la terre. D’où notre théorie : si les juifs sont devenus citadins et ont occupé des emplois indépendants de l’agriculture, c’est d’abord parce qu’ils étaient formés. Et s’ils étaient formés, c’est que leur religion exigeait qu’ils le soient. (…) ces professions étaient beaucoup plus rentables que le travail de paysan. Pour un juif du Moyen Âge, l’apprentissage de la Torah allait de pair avec le fait de faire des affaires. Rachi, le grand commentateur du Talmud, était un entrepreneur qui possédait des vignes. Ses quatre fils, tous érudits, se sont installés dans quatre villes différentes où ils ont tous fait du business, notamment de prêts d’argent, tout en étant rabbins. Grâce à leur connaissance des langues et leurs réseaux familiaux, les juifs ont pu rentabiliser leur formation, le fait de savoir lire et écrire, mais aussi raisonner, plus aisément que d’autres communautés. (…) Il est essentiel que la culture fasse partie intégrante de l’éducation quotidienne. Et en cela, la mère joue un rôle essentiel, toutes les études le montrent. C’est elle qui transmet les valeurs fondamentales. La probabilité que vous alliez à l’université est plus importante si votre mère a été elle-même à l’université. Donc, le fait que la mère ait un minimum d’éducation a représenté très tôt un avantage compétitif par rapport aux autres communautés religieuses où la femme n’en recevait pas. Nous étudions actuellement la période allant de la Renaissance à l’Holocauste. Et nous avons déjà découvert ceci : en Pologne, au XVIIe siècle, la population juive a fortement progressé par rapport à la population chrétienne. Pourquoi ? Tout simplement parce que la mortalité infantile y était plus faible. Conformément à l’enseignement du Talmud, les enfants bénéficiaient en effet d’un soin tout particulier. Les femmes gardaient leur enfant au sein plus longtemps que les chrétiennes, et elles s’en occupaient elles-mêmes. Voilà un exemple tout simple des effets que peut avoir l’éducation. Zvi Eckstein
Pour faire face au danger que le christianisme et la romanisation faisaient courir à la survie du judaïsme, les Pharisiens imposèrent une nouvelle forme de dévotion. Tout chef de famille, pour rester fidèle à la foi judaïque, se devait d’envoyer ses fils à l’école talmudique, afin de perpétuer et d’approfondir, par un travail cumulatif de commentaire, la connaissance de la Torah. Cette nouvelle obligation religieuse a eu des répercussions socio-économiques considérables. Envoyer ses fils à l’école représentait un investissement coûteux qui n’était pas à la portée de la majorité des juifs, simples paysans comme les autres populations du Moyen-Orient au milieu desquelles ils vivaient. Ceux qui n’en avaient pas les moyens et restèrent paysans, s’éloignèrent du judaïsme. Ils  se convertirent souvent au christianisme.  C’est ce qui explique l’effondrement de la population juive durant l’Antiquité tardive. Ceux qui tenaient au contraire à remplir leurs obligations religieuses, durent choisir des métiers plus rémunérateurs. Ils devinrent commerçants, artisans, médecins et surtout financiers. Les juifs ne se sont pas tournés vers ces métiers urbains parce qu’on leur interdisait l’accès à la terre, comme on l’a dit souvent, mais pour pouvoir gagner plus d’argent et utiliser en même temps leurs compétences de lettrés. Ils étaient capables désormais de tenir des comptes, écrire des ordres de paiement, etc… (…) S’ils s’imposent partout dans le crédit, ce n’est pas parce que l’Eglise interdisait aux chrétiens le prêt à intérêt (en réalité l’islam et le judaïsme lui imposaient des restrictions comme le christianisme), mais parce qu’ils ont à la fois la compétence et le réseau pour assurer le crédit, faire circuler les ordres de paiements et les marchandises précieuses du fond du monde musulman aux confins de la chrétienté.  (…) c’est souvent à la demande des seigneurs ou évêques locaux qu’ils étaient venus s’installer dans les villes chrétiennes, parce qu’on recherchait leur savoir faire pour développer les échanges et l’activité bancaire. Les premières mesures d’expulsion des juifs par des princes chrétiens à la fin du XIII° siècle semblent avoir été guidées par la volonté de mettre la main sur leurs richesses beaucoup plus que par le désir de les convertir. (…) C’est pour des raisons religieuses que le judaïsme s’est imposé brusquement un investissement éducatif coûteux qui le singularise parmi les grandes religions du livre. Car ni le Christianisme qui  s’est donné une élite particulière, à l’écart du monde, vouée à la culture écrite, ni l’Islam n’ont imposé à leur peuple de croyants un tel investissement dans l’alphabétisation. Cet investissement a eu l’effet d’une véritable sélection darwinienne.  Il a provoqué une réorientation complète de l’activité économique du monde juif  en même temps  qu’il faisait fondre sa masse démographique. Il a surtout fait fleurir, par le miracle de l’éducation, des aptitudes intellectuelles précieuses qui en ont fait durablement une minorité recherchée et jalousée. André Burguière
A distinctively large proportion of Jewish youth go to college –  in the early 1970s, for example, 80 percent of American Jews of college age as compared with 40 percent for the college-age population as a whole (Lipset and Ladd
Protestants turn up among the the American-reared laureates in slightly greater proportion to their numbers in the general population. Thus 72 percent of the seventy-one laureates but about two thirds of the American population were reared in one or another Protestant denomination – mostly Presibterian, episcopalian, or lutheran, rather than Baptist or Fundamentalst. However, only I percent of the laureates came from a catholic background, one twenty-fifth the percentage of Americans counted as adherents to Roman catholicism (US bureau of the Census, 1958). jews, on the other hand, are overreprsented: comprising about 3 percent of the US population, they make up 27 percent of the Nobelists who were brought up in the United states. (…) These figures, it should be emphasized, refer to the religious origins of this scientific ultra-elite, not to their own religious preferences. Whatever those origins, laureates often describe themselves as agnostics, without formal religious affiliation or commitment to a body of religious doctrine. the large representation of Jews among laureates is by no means a uniquely American phenomenon. By rough estimates, Jews make up 19 percent of the 286 Nobelists of all natinalities named up to 1972, a percentage many times greater than than that found in the population of the countries from which they came and one that may be related to the often documented proclivity of jews for the leraned professions in general,and for science in particular. These data would begin to put in question the often expressed belief that the notable representation of jews among « American » laureates resulted from the great migration of talented young scientists in the wake of Hitler’s rise to power.. it is true that many scientists did escape to the United States where they significantly augmented the numbers of jews among the scientific elite as well as among the rank and file. but the refugees did not materially increase the proortion of Jews among the future laureates. Nineteen of the 71 laureates raised in the United States (27 percent) and seven of the 21 raised abroad (33 percent) were of Jewiish origin. The seven Jewish emigré laureates-to-be, though a substantial addition to the ultra-elite, raised the proportion of Jews among all ninety-two future laureates by only one percent. (…) Contributions by emigré scientists to the war effort and particularly to the development of the atom bomb have by now become the conventional measure of their first impact on American science. But (…) their influence was more farreaching. many made their mark not only by their own scintific work but also by training apprentices who would in turn make major scientific contributions. (…) Thus, gauge the true extent of « Hitler’s gift » requires that we take into account not only the scientific work of the emigrés themselves (during the war and afterward) but their multiplier effect as mentors to new generations of scientists, including a good many Nobelists. We should pause for a moment to consider how the same events can be considered from the complementary perspective of what the nazi hegemony meant for science in Germany. (…) Germany dominated the Nobel awards up to Worl War II. By 1933, the when the Nazis came to power, the combined total Nobels awarded to scientists who had done their prize-winning research in Germany came to thirty-one: 30 percent of the 103 prizes awarded since their founding in 1901. After 1934 and up to 1976, only nineteen who worked in Germany won prizes, or 9 percent of the total of 210 for the period. Part of this decline involves the drastic reduction in the number of Jewish laureates from nine to just two. in the number of Jewish laureates from nine to just two. Not even these two , max Borrn and Oto Stern, chose to ride out the strom in Germany. Born settled in Edinburgh in 1936, ten years after publishing his statistical interpretation of the wave function. Stern accepted a chair at Carnegie Institute of Technology  in the number of Jewish laureates from nine to just two. Not even these two , max Borrn and Oto Stern, chose to ride out the strom in Germany. Born settled in Edinburgh in 1936, ten years after publishing his statistical interpretation of the wave function. Stern accepted a chair at Carnegie Institute of technology and emigrated in 1933, having already developed the molecular beam method and mesaured the magnetic moment of the proton. While officially credited to both Great britain and the United states respectively, they should be counted as Germans since the research was done in Germany. More telling perhaps than the virtual elimination of Jewish laureates from Germany after 1933 is the fact that the number of Gentile laureates also declined by 20 percent. The Nazi effect on German science cannot be attributed exclusively to the persecution of Jews. The Nazis’ dismantling of much of the scietific establishment and the impoverished conditions prevailing after the war help to account for the decline in the numbers of German laureates. Harriet Zuckerman
Jews are a famously accomplished group. They make up 0.2 percent of the world population, but 54 percent of the world chess champions, 27 percent of the Nobel physics laureates and 31 percent of the medicine laureates. Jews make up 2 percent of the U.S. population, but 21 percent of the Ivy League student bodies, 26 percent of the Kennedy Center honorees, 37 percent of the Academy Award-winning directors, 38 percent of those on a recent Business Week list of leading philanthropists, 51 percent of the Pulitzer Prize winners for nonfiction. In his book, “The Golden Age of Jewish Achievement,” Steven L. Pease lists some of the explanations people have given for this record of achievement. The Jewish faith encourages a belief in progress and personal accountability. It is learning-based, not rite-based. Most Jews gave up or were forced to give up farming in the Middle Ages; their descendants have been living off of their wits ever since. They have often migrated, with a migrant’s ambition and drive. They have congregated around global crossroads and have benefited from the creative tension endemic in such places. No single explanation can account for the record of Jewish achievement. The odd thing is that Israel has not traditionally been strongest where the Jews in the Diaspora were strongest. Instead of research and commerce, Israelis were forced to devote their energies to fighting and politics. Milton Friedman used to joke that Israel disproved every Jewish stereotype. People used to think Jews were good cooks, good economic managers and bad soldiers; Israel proved them wrong. But that has changed. Benjamin Netanyahu’s economic reforms, the arrival of a million Russian immigrants and the stagnation of the peace process have produced a historic shift. The most resourceful Israelis are going into technology and commerce, not politics. This has had a desultory effect on the nation’s public life, but an invigorating one on its economy. Tel Aviv has become one of the world’s foremost entrepreneurial hot spots. Israel has more high-tech start-ups per capita than any other nation on earth, by far. It leads the world in civilian research-and-development spending per capita. It ranks second behind the U.S. in the number of companies listed on the Nasdaq. Israel, with seven million people, attracts as much venture capital as France and Germany combined. As Dan Senor and Saul Singer write in “Start-Up Nation: The Story of Israel’s Economic Miracle,” Israel now has a classic innovation cluster, a place where tech obsessives work in close proximity and feed off each other’s ideas. (…) Israel’s technological success is the fruition of the Zionist dream. The country was not founded so stray settlers could sit among thousands of angry Palestinians in Hebron. It was founded so Jews would have a safe place to come together and create things for the world. This shift in the Israeli identity has long-term implications. Netanyahu preaches the optimistic view: that Israel will become the Hong Kong of the Middle East, with economic benefits spilling over into the Arab world. And, in fact, there are strands of evidence to support that view in places like the West Bank and Jordan. But it’s more likely that Israel’s economic leap forward will widen the gap between it and its neighbors. All the countries in the region talk about encouraging innovation. Some oil-rich states spend billions trying to build science centers. But places like Silicon Valley and Tel Aviv are created by a confluence of cultural forces, not money. The surrounding nations do not have the tradition of free intellectual exchange and technical creativity. For example, between 1980 and 2000, Egyptians registered 77 patents in the U.S. Saudis registered 171. Israelis registered 7,652. The tech boom also creates a new vulnerability. As Jeffrey Goldberg of The Atlantic has argued, these innovators are the most mobile people on earth. To destroy Israel’s economy, Iran doesn’t actually have to lob a nuclear weapon into the country. It just has to foment enough instability so the entrepreneurs decide they had better move to Palo Alto, where many of them already have contacts and homes. American Jews used to keep a foothold in Israel in case things got bad here. Now Israelis keep a foothold in the U.S. David Brooks
Mais aussi derrière la remarquable ascension sociale de toute la génération qu’il incarne de juifs expulsés d’Algérie avec quasiment rien il y a plus de 50 ans …
L’incroyable aventure de ce petit peuple dont, à la suite de l’interminable liste d’antisémites de l’humanité et avant tout récemment le cadre du PS Gérard Filoche, de Gaulle lui-même avait perçu l’indiscutable domination intellectuelle …

Et qui à l’instar de leur surreprésentation dans la super élite des prix Nobel (plus de 20% pour moins de 0,2% de la population mondiale !) …

A contraint jusqu’au plus virulent des athées de la planète à avouer sa perplexité et à reconnaitre que cela ne pouvait être qu’une question de « pure religion et de culture » ?

Voir également:

A remarkable week for Jewish Nobel Prize winners

The Jewish chronicle

October 10, 2013

No less than six Jewish scientists were awarded Nobel Prizes this week, and two others came very close.

Belgian-born Francois Englert won the accolade in physics for his groundbreaking work on the origins of sub-atomic particles.

Prof Englert, 80, spent decades studying the Higgs boson particle, and was recognised “for the theoretical discovery of a mechanism that contributes to our understanding of the origin of the mass of subatomic particles”.

Prof Englert, who is a Holocaust survivor, shared the prize with Edinburgh University professor Peter Higgs, after whom the particle is named.

“At first I thought I didn’t have it because I didn’t see the announcement,” said a “very happy” Prof Englert.

The theoretical physicist teaches at Tel Aviv University and is emeritus professor at the Université libre de Bruxelles, where he graduated as an engineer and received a PhD in physical sciences in the 1950s.

Born into a Belgian Jewish family, Prof Englert survived the Nazi occupation by hiding in orphanages and children’s homes in Dinant, Lustin and Stoumont until Belgium was liberated by the US army.

Also this week, two American Jews were awarded the Nobel Prize in medicine, pipping two Israelis to the post.

James Rothman and Randy Schekman, together with German researcher Thomas Suedhof, were awarded the prize for their work on how proteins and other materials are transported within cells.

Hebrew University professors Aharon Razin and Howard Cedar were very close contenders.

Professor Rothman is based at Yale University and Professor Schekman teaches at the University of California.

The Nobel committee said their research on “traffic” within cell vesicles — bubbles within the cells — helped scientists understand how “cargo is delivered to the right place at the right time”.

Prof Schekman said he planned to celebrate the award with his colleagues. “I called my lab manager and I told him to go buy a couple bottles of Champagne and expect to have a celebration with my lab,” he said.

The trio have been working on cell transportation “over years, if not decades”, Prof Rothman told Associated Press.

Meanwhile, three Jewish-American scientists, Arieh Warshel, Michael Levitt and Martin Karplus, shared the Nobel Prize in chemistry.

The trio won the award for their work on computer simulations that enable the closer study of complex reactions such as photosynthesis and combustion, and the design of new drugs.

Prof Warshel, who has Israeli citizenship, studied at the Weizmann Institute in Rehovot. Prof Levitt also holds an Israeli passport and taught at the Weizmann Institute throughout the 1980s. Vienna-born Prof Karplus, who received his PhD from the California Institute of Technology, fled the Nazi occupation of Austria as a child in 1938.

IT’S A WIN-WIN SITUATION

An estimated 190 Jewish or half-Jewish people have received Nobel Prizes since they were first handed out in 1901.

Jews have won more than 20 per cent of the 850-plus prizes awarded, despite making up just 0.2 per cent of world’s population.

The first Jewish recipient was Adolf von Baeyer, who received the prize in chemistry in 1905.

Other notable recipients include writer and Holocaust survivor Elie Wiesel, physicist Alfred Einstein, playwright Harold Pinter, novelist Saul Bellow and Israeli President Shimon Peres.

Jews have received awards in all six categories, with the most won in medicine.

Voir encore:

One-of-five Nobel Prize Laureates are Jewish
Israel High-Tech & Investment Report

December 2004

In the 20th century, Jews, more than any other minority, ethnic or cultural, have been recipients of the Nobel Prize, with almost one-fifth of all Nobel laureates being Jewish. Of the total Israel has six Nobel laureates.

In December 1902, the first Nobel Prize was awarded in Stockholm to Wilhelm Roentgen, the discoverer of X-rays. Alfred Nobel, 1833-1996, a Swedish industrialist and inventor of dynamite, bequeathed a $9 million endowment to fund prizes of $40,000 in 1901. Today the prize has grown to $1 million, to those individuals who have made the most important contributions in five areas. The sixth, « economic sciences, » was added in 1969.

Nobel could hardly have imagined the almost mythic status that would accrue to the laureates. From the start « The Prize » (as it was sensationalized in Irving Wallace’s 1960 novel) became one of the most sought-after awards in the world, and eventually the yardstick against which other prizes and recognition were to be measured.

A total of nearly 700 individuals and 20 organizations have been Nobel recipients, including two who refused the prize (Leo Tolstoy in 1902 and Jean-Paul Sartre in 1964.) Thirty women have won Nobels. The United States has about one-third of all winners. Also remarkable is the fact that 14 percent of all the laureates in a 100-year span have been Californians, most of them affiliated with one or more of the world-class higher education and research institutions in that state.

Jewish names appear 127 times on the list, about 18 percent of the total. This is an astonishing percentage for a group of people who add up to 1/24th of 1 percent of the world’s population. But this positive disproportion is echoed even further in the over-representation of Jews, compared to the general population, in such fields as the physical and social sciences, and in literature. An examination of the large professional communities from which Nobel laureates are selected would reveal an even more dominant disproportion. As an example, it is estimated that about one-third of the faculty at Harvard Medical School is Jewish.

The figure for the total number of Jewish nobel Prize winners varies slightly, depending on the strictness of the « Who’s a Jew? » definition. But the figure cited most frequently is 161, or 22 percent of Nobel Prizes in all categories awarded between 1901-2003. With the 2004 additions, the total stands at 166.

Voir de même:

As the Nobel Prize marks centennial, Jews constitute 1/5 of laureates

Throughout the 20th century, Jews, more so than any other minority, ethnic or cultural group, have been recipients of the Nobel Prize — perhaps the most distinguished award for human endeavor in the six fields for which it is given. Remarkably, Jews constitute almost one-fifth of all Nobel laureates. This, in a world in which Jews number just a fraction of 1 percent of the population.

This year’s winners for physics, chemistry, physiology or medicine, literature, economics and peace are being announced this week.

To mark the 100th anniversary of the Nobel Prize, an all-day California Nobel Prize Centennial Symposium will be held Friday, Oct. 26 at the Palace of Fine Arts Theatre in San Francisco. More than 12 Nobel laureates are expected to attend the event, which will include panel and roundtable discussions and excerpts from a documentary film in progress.

The event is presented by the Exploratorium and the Consulates General of Sweden in Los Angeles and San Francisco, in cooperation with several Bay Area universities, Lawrence Livermore Lab and KQED-TV.

Laureates will include economist Milton Friedman of the Hoover Institution, Stanford molecular biologist Paul Berg and U.C. Berkeley physicist Donald Glaser, among others.

It is ironic that this international recognition has rewarded Jewish accomplishment in the same century that witnessed pogroms, the Holocaust and wars that killed millions for no other reason than that they were Jewish. Certainly the Nobel Prize was not awarded to Jews because they were entitled to it, were smarter or better educated than everyone else, or because they were typically over-represented in the six fields honored by the award.

Rather, all Nobel laureates have earned their distinction in a traditionally fierce competition among the best and the brightest, although politics and controversy have not infrequently followed in the wake of the Nobel.

In December 1902, the first Nobel Prize was awarded in Stockholm to Wilhelm Roentgen, the discoverer of X-rays. Alfred Nobel (1833-96), a Swedish industrialist and inventor of dynamite, had bequeathed a $9 million endowment to fund significant cash prizes ($40,000 in 1901, about $1 million today) to those individuals who had made the most important contributions in five domains; the sixth, in « economic sciences, » was added in 1969.

Nobel could hardly have imagined the almost mythic status that would accrue to the laureates. From the start « The Prize » (as it was sensationalized in Irving Wallace’s 1960 novel) became one of the most sought-after awards in the world, and eventually the yardstick against which other prizes and recognition were to be measured.

Certainly the roster of Nobel laureates includes many of the most famous names of the 20th century: Marie Curie, Albert Einstein, Mother Teresa, Winston Churchill, Albert Camus, Boris Pasternak, Albert Schweitzer, the Dalai Lama and many others.

The list of American Nobel laureates in literature alone is a pantheon of our writers, including Sinclair Lewis, Eugene O’Neill, Pearl Buck, William Faulkner, Ernest Hemingway, John Steinbeck, Saul Bellow, Isaac Bashevis Singer and Toni Morrison. American peace laureates include Presidents Theodore Roosevelt and Woodrow Wilson, Jane Addams, Ralph Bunche, Linus Pauling (a two-time winner, also awarded a Nobel for chemistry), Martin Luther King Jr., Henry Kissinger and Jody Williams.

A total of nearly 700 individuals and 20 organizations have been Nobel recipients, including two who refused the prize (Leo Tolstoy in 1902 and Jean-Paul Sartre in 1964.) Thirty women have won Nobels. The United States has had about one-third of all winners. Also remarkable is the fact that 14 percent of all the laureates in a 100-year span have been Californians, most of them affiliated with one or more of the world-class higher education and research institutions in our state.

Jewish names appear 127 times on the list, about 18 percent of the total. This is an astonishing percentage for a group of people who add up to 1/24th of 1 percent of the world’s population. But this positive disproportion is echoed even further in the over-representation of Jews, compared to the general population, in such fields as the physical and social sciences, and in literature. An examination of the large professional communities from which Nobel laureates are selected would reveal an even more dominant disproportion. As an example, it is estimated that about one-third of the faculty at Harvard Medical School is Jewish.

How to account for Jewish proficiency at winning Nobels? It’s certainly not because Jews do the judging: All but one of the Nobels are awarded by Swedish institutions (the Peace Prize by Norway). The standard answer is that the premium placed on study and scholarship in Jewish culture inclines Jews toward more education, which in turn makes a higher proportion of them « Nobel-eligible » than in the larger population. There is no denying that as a rule the laureates in all six domains are highly educated, although there are notable exceptions, such as Mother Teresa. Nevertheless, in a world where so many millions have university degrees it is difficult to see why on that basis alone Jews should prevail in this high-level competition.

Another question is why the physical sciences admired by Alfred Nobel are so attractive to Jewish scientists. Albert Einstein, the successor to Newton, Galileo and Copernicus and the greatest name in modern science, was Jewish. This is more than a matter of historic pride; it is an enormous statistical improbability. And such achievements were not always attained on a level playing field. For example, the Nazis dismissed relativity as « Jewish physics » and caused the uprooting and exile (mostly to the United States) of a generation of German scientists who happened to be Jewish.

In literature and peace as well, Jews are disproportionately represented among the winners. Jewish writers honored include Henri Bergson, Boris Pasternak, S.Y. Agnon, Nelly Sachs, Saul Bellow, Isaac Bashevis Singer, Joseph Brodsky and Nadine Gordimer. Peace laureates include Henry Kissinger, Menachem Begin, Elie Wiesel, Yitzhak Rabin and Shimon Peres. In economics, for which the Nobel has been awarded for only the last 31 years, 13 laureates are Jewish, more than 40 percent of the total, including Paul Samuelson, Herbert Simon and Milton Friedman.

But it still seems insufficient to credit all this to reverence for education, skill at theoretical thinking or competitive instincts forged in a millennial-old struggle to survive and prosper.

Perhaps the desire to understand the world is also a strong or defining Jewish cultural trait, leading to education and careers suited to exploration and discovery. Science may have furnished an opportunity to not only understand but to lead, and to have one’s work judged without bias in collegial communities that have no use for religious intolerance.

Whatever the reasons, Jewish successes in the high-stakes world of the Nobel Prize are nothing short of astonishing, and a source of understandable pride to Jews throughout the world. Consider the scorecard: 37 awards in physics, 21 in chemistry, 39 in physiology and medicine, 10 in literature, seven in peace and 13 in economics.

Listings and descriptions of the contributions of the Jewish laureates may be found in Burton Feldman’s recently published book, « The Nobel Prize: A History of Genius, Controversy, and Prestige » (Arcade Publishing).

Other information about the Nobel Prize — its history, institutions, background on the winners and their work, acceptance speeches, etc. can be found on the Internet at www.nobel.se For California centennial activities, visit www.calnobel.org

 Voir enfin:
Hebrew University study reveals global Jewish population reached 13.75 million in past year; about 43% of world’s Jewish community lives in Israel

About 43% of the world’s Jewish community lives in Israel, making Israel the country with the largest Jewish population.

The Central Bureau of Statistics reported on the eve of Rosh Hashana, the Jewish New Year 5773, that the total population of Israel in 2012 grew to nearly 8 million. About 73% of the population is native born.

The Israeli Jewish population stands at 5,978,600, up 1.8%; the Arab population numbers at 1,636,600, up 2.4%; and the rest of the population including Christians and non-Jews reached 318,000 people, up 1.3%. Israel’s Jewish population makes up 75% of the state’s total people.

In all, the Jewish state’s population increased by 96,300 people in 2012, a growth rate that did not diverge from the average rate in the past eight years.

Part of Israel’s population increase comes in part of the new immigrants that have arrived to the country. In 2011, Israel welcomed 16,892 new immigrants as citizens, with the largest populations coming from Russia (3,678), followed by Ethiopia (2,666), United States (2,363), Ukraine (2,051) and France (1,775).Israel’s population is relatively young compared to populations in other western countries, with 28% of the population aged 0-14. Israel’s life expectancy is one of the highest of the international Organization for Economic Cooperation and Development’s (OECD) 34 member states, with Jewish males’ life expectancy 4.2 years higher than their Arab counterparts.

The Central Bureau of Statistics also found that 40% of Israel’s population lives in the center of the country, with Tel Aviv as Israel’s densest region, while 17 % lives in the north, 14% in the south, 12% in Jerusalem and Haifa, and 4% in Judea and Samaria.

Over 47,885 couples married in Israel in the past year, of which 75% were Jewish and 21% Muslim. In 2011, there were 166, 296 babies born in Israel.The world’s principal religious populations divide as follows according to the Central Intelligence Agency (CIA) in 2012: Christians at 33% or 2.1 billion, Muslims at 24% or 1.65 billion, Hindus at 14% or 900 million, and Buddhists at 6% or 350 million. At least one billion people in the world do not ascribe to any religion at all.

Voir par ailleurs:

« Les musulmans sont-ils discriminés ? »
Philippe d’Iribarne
Le Figaro
26/11/2017

Un fort courant de pensée dénonce le mauvais accueil que l’Europe réserverait aux musulmans, contribuant aux difficultés d’intégration de ces derniers. Ce courant inspire nombre d’études affirmant que les musulmans sont victimes d’« islamophobie ». Une telle approche vient d’être illustrée par un rapport élaboré par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA). Le texte, intitulé « Second European Union Minorities and Discrimination Survey. Muslims – Selected finding », (septembre 2017), analyse les réponses de 10 527 personnes qui s’identifient elles-mêmes comme musulmanes dans quinze pays de l’Union. Or, dès qu’on examine de près les données recueillies, on voit qu’elles conduisent à des conclusions bien différentes de ce que le rapport prétend démontrer. L’étude s’appuie uniquement sur des déclarations relatives à ce qui est ressenti par les personnes interrogées. Pourtant, ce qui est déclaré est identifié à ce qui advient effectivement. On trouve sans cesse des affirmations telles que : « Les musulmans ayant répondu rencontrent de hauts niveaux de discrimination », comme s’il s’agissait d’un fait avéré. Or, on trouve chez les personnes interrogées des conceptions très larges de ce qu’elles entendent par discrimination, en y incluant des différences de traitement conformes à la loi, liées à la nationalité. Rien n’est mis en œuvre dans l’étude pour savoir si une attitude globale plutôt hostile envers la société d’accueil pousserait certains à qualifier de discrimination des réactions fondées en réalité sur des raisons nullement discriminatoires, tel un déficit de compétence. De surcroît, ceux qui affirment que les musulmans en général sont discriminés sont beaucoup plus nombreux que ceux qui se déclarent discriminés personnellement. Dans cette étude, en France, 75 % des musulmans déclarent qu’il existe une discrimination sur la base de la religion alors que seulement 20 % déclarent s’être sentis personnellement discriminés sur cette base au cours des cinq dernières années.

On trouve, en réponse aux mêmes questions, 72 % et 30 % en Suède, 59 % et 19 % en Belgique, 26 % et 10 % en Espagne, etc. La croyance, que l’on retrouve au sein de la population en général, selon laquelle les musulmans seraient discriminés en raison de leur religion outrepasse donc largement la réalité. Par ailleurs, « les musulmans » en général sont supposés traités sans distinction par les sociétés d’accueil, en tant que musulmans ou vraisemblablement musulmans. L’état même de musulman est censé engendrer une réaction négative. Dès sa première phrase, le rapport annonce : « Vous souvenez-vous de la dernière fois où vous avez postulé pour un emploi ? Vous pouvez avoir craint que vos compétences informatiques soient insuffisantes, ou vous vous êtes tracassé à propos d’une faute d’orthographe dans votre CV. Mais, si vous êtes musulman ou d’origine musulmane et vivez dans l’Union européenne, votre nom peut suffire pour rendre certain que vous ne recevrez jamais d’invitation à un entretien d’embauche. » Or, en réalité, les données mêmes de l’enquête montrent qu’on observe, dans les pays de l’Union, des réactions très différenciées à l’égard de ceux qui se déclarent musulmans. Ce n’est nullement l’ensemble, ni même la majorité des musulmans qui déclarent s’être sentis discriminés du fait de leur religion, mais une petite minorité : 17 % dans les cinq ans précédant l’enquête. On retrouve ce même caractère minoritaire quand il s’agit de harcèlement (du regard perçu comme hostile à l’acte de violence physique), ou encore des rapports avec la police. Dans ce dernier cas, parmi les personnes qui se déclarent musulmanes et qui ont été interrogées, seulement 16 % des hommes et 1,8 % des femmes indiquent se sentir discriminés. En fait, on a affaire à plusieurs sous-populations suscitant des réactions très contrastées.

Tandis que la majorité ne se sent jamais discriminée, une minorité se sent discriminée à répétition – cinq fois par an en moyenne, jusqu’à quotidiennement pour une partie. Un tel contraste entre des groupes traités (ou qui se sentent traités) de manière aussi radicalement différente serait impossible si on avait affaire à une discrimination s’exerçant au hasard, liée au simple fait d’être musulman. Le rapport, en outre, fournit un ensemble de données distinguant les déclarations provenant de musulmans d’origines diverses (Afrique du Nord, Afrique subsaharienne, Turquie, Asie), hommes et femmes, et vivant dans les divers pays de l’Union étudiés. En moyenne, ceux qui viennent d’Afrique du Nord sont plus de deux fois plus nombreux que ceux venant d’Asie (21 %, contre 9 %) à se déclarer discriminés sur la base de la religion. On retrouve ces différences, encore plus amples, pour le harcèlement et les rapports avec la police. Or rien n’est dit sur ce que ces différences sont susceptibles de devoir à des divergences de manière d’être des personnes concernées. L’existence de limites au droit à l’expression des religions, spécialement dans l’entreprise, est bien notée. Mais il n’est jamais envisagé qu’une acceptation de ces limites chez les uns puisse coexister avec une rébellion à leur égard chez d’autres, cette différence d’attitude entraînant une différence de réactions des employeurs. Par ailleurs, les immigrés de seconde génération déclarent davantage rencontrer des réactions négatives du fait de leur religion que ceux de première génération (22 % contre 15 % pour les discriminations, 36 % contre 22 % pour le harcèlement). Mais il n’est jamais question, dans le rapport, de l’adoption, au sein de la seconde génération, d’une posture plus revendicative, susceptible de conduire à des comportements posant problème. En arrière-fond du rapport, la vision de l’intégration mise en avant est celle d’une « accommodation mutuelle » . Il est fait appel aux orientations du Conseil de l’Europe, « regardant l’intégration comme un processus dynamique à double sens d’accommodation mutuelle de tous les immigrants, y compris les musulmans, et des résidents » . Mais, en pratique, le rapport incite uniquement à réclamer une adaptation à la société d’accueil. Il est question de racisme, de xénophobie, de « crimes causés par la haine » . En réalité, l’interprétation qui paraît la plus sensée des données d’enquête est que la grande majorité des musulmans ne pose aucun problème à la société d’accueil ; et que, corrélativement, ses membres sont traités comme tout un chacun. C’est seulement une petite minorité qui est source de problèmes pour la société d’accueil et suscite, de ce fait, des réactions négatives. Il est vraisemblable que les membres de cette petite minorité, refusant de reconnaître ce qui est dû à leur manière d’être, se déclarent discriminés. En outre, l’interprétation, par le rapport, des sentiments à l’égard de la société d’accueil est toujours à sens unique. Les musulmans dans leur grande majorité déclarent se sentir à l’aise avec des voisins d’une religion différente ou prêts à voir leurs enfants épouser des non-musulmans. Selon le rapport, « presque tous (92 %) se sentent bien à l’idée d’avoir des voisins d’une autre religion » et presque un sur deux (48 %) n’aurait aucun problème « si un membre de sa famille épousait une personne non musulmane » . Ce fait est l’objet d’une interprétation laudative.

Le rapport dénonce, par contraste, les réactions peu favorables de l’ensemble de la population envers les musulmans, une personne sur cinq n’aimant pas avoir des musulmans parmi ses voisins et 30 % n’appréciant pas que son fils ou sa fille ait une relation amoureuse avec une personne musulmane. Selon le rapport, ces réponses prouvent que les musulmans sont plus ouverts et tolérants que les membres des sociétés d’accueil. Dans la comparaison ainsi faite, il n’est question que d’attitudes d’ouverture et de fermeture. L’étude ne porte aucune attention à la réalité des difficultés à vivre dans un univers où des personnes d’une autre culture peuvent tendre à imposer leurs mœurs. Il est bien noté, certes, que l’environnement institutionnel est sans doute meilleur dans les pays d’accueil que dans les pays d’origine et que cela peut intervenir dans le haut niveau de confiance que les personnes interrogées expriment envers les institutions du pays d’accueil. Mais l’intensité de la pression sociale dans certains quartiers où les musulmans tendent à régenter les tenues et les conduites n’est jamais évoquée. S’agissant du mariage, on ne trouve pas, dans l’étude, de questions séparées pour le mariage des filles et celui des garçons, alors que l’islam les distingue. On ne trouve pas davantage de mention des difficultés concrètes associées pour un non-musulman à un mariage avec un musulman : possibilité pour un conjoint musulman d’enlever les enfants en cas de séparation pour les amener dans un pays musulman, en étant protégé par la justice du pays en question ; pression à la conversion du conjoint non musulman. Quand des sentiments de haine sont évoqués par le rapport, c’est toujours envers les musulmans et jamais provenant d’eux. Il est question de « harcèlement provoqué par la haine » , de « harceleurs motivés par la haine » . La place que tient la haine envers l’Occident au sein du monde musulman n’est jamais évoquée. Le fait que ceux qui se déclarent le plus discriminés soient aussi ceux qui déclarent le moins d’attachement à la société d’accueil est interprété, comme si cela allait de soi, comme une relation de cause à effet. Ce serait ceux qui sont le plus discriminés qui, pour cette raison, s’attacheraient le moins à la société qui les accueille. Cette relation à sens unique est postulée, en particulier quand il s’agit de radicalisation islamiste. Il n’est pas envisagé qu’on ait affaire à un effet inverse : une attitude de rejet de la société d’accueil liée à une conception « dure » de l’islam, engendrant à la fois des comportements qui suscitent des réactions négatives et une tendance à interpréter ces réactions comme des discriminations. L’étude de l’Union européenne ne se demande jamais pourquoi il existe un tel contraste entre une grande majorité des musulmans qui déclare ne jamais se sentir discriminée et une petite minorité qui déclare l’être intensément. Ce contraste montre que l’on n’a pas affaire à des réactions globales à l’égard des musulmans en tant que tels, mais à des réactions différenciées, ce qui suggère que les manières d’être de chacun, considérées dans leur grande diversité, ont un rôle majeur. Pourtant l’étude affirme, comme si cela allait de soi, que les barrières à une pleine inclusion des musulmans dans les sociétés européennes ne sont imputables qu’à ces sociétés et sont exclusivement dues à « discrimination, harcèlement, violences motivées par la haine, fréquence des contrôles policiers ». Ce sont ces expériences qui peuvent à la longue réduire l’attachement des populations concernées au pays où elles résident, soutient l’étude. Le communiqué de presse diffusé à la suite de la parution de l’étude indique, comme première solution aux problèmes d’intégration des musulmans, « des sanctions efficaces contre les violations de la législation de lutte contre la discrimination » . Alors que l’intention affichée par l’étude, comme de manière générale à la famille d’études à laquelle elle appartient, est d’être au service d’une meilleure intégration des musulmans, son effet tend à être exactement inverse. Elle incite les musulmans à croire, à tort, que leurs efforts d’intégration sont vains et donc à nourrir du ressentiment et à les détourner d’accomplir de tels efforts. L’étude sert involontairement, par ailleurs, les stratégies des islamistes militants qui travaillent à la construction d’une contre-société islamique hostile aux pays d’accueil et plus généralement à l’Occident. *

Philippe d’Iribarne est l’auteur de nombreux ouvrages dont plusieurs sont devenus des classiques, tels « La Logique de l’honneur. Gestion des entreprises et traditions nationales » (1989) et « L’Étrangeté française » (2006).

Voir par ailleurs:

La mobilité géographique des juifs de France
Aujourd’hui, plus que jamais, les juifs de l’Hexagone sont sur le départ. Mais tous ne mettent pas le cap sur Israël. Depuis une quinzaine d’années, ils sont des dizaines de milliers à avoir changé de quartier, poussés par l’hostilité de leurs voisins arabes, ou entraînés par une ascension sociale fulgurante
Bernard Edinger
The Jerusalem Post
January 5, 2016

Les quartiers multiethniques se vident peu à peu de leurs juifs. Ces quinze dernières années, le mouvement migratoire s’est accéléré : des communautés entières ont déserté les banlieues multiraciales de la capitale. Beaucoup ont quitté la France, entre autres pour Israël – les immigrants en provenance de l’Hexagone constituant désormais le plus grand groupe d’arrivants de l’Etat juif. Mais plus nombreux encore sont ceux qui ont changé de lieu de résidence pour rester en France, avec l’émergence de communautés flambant neuves dans des quartiers aisés comme l’élégant 17e arrondissement de Paris.

Ce grand changement de population est particulièrement vrai en ce qui concerne la Seine-Saint-Denis, au nord de la capitale. Un grand nombre de juifs en sont partis en raison de l’insécurité ressentie après de multiples incidents de harcèlement, de pressions ou d’agressions physiques pures et simples, explique Sammy Ghozlan, président du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme, l’un des principaux groupes de défense de la communauté juive. « Partout dans la zone, en particulier au cours de la seconde Intifada en Israël [2001-2005], il y a eu des incendies de synagogues, des agressions de rabbins, des voitures béliers qui fonçaient sur les fidèles quittant la synagogue à Kippour, des bus scolaires incendiés. Les incidents continuent et, dans la majorité de ces lieux, le phénomène de l’antisémitisme de banlieue doit beaucoup au fait que les maires de nombre de ces localités étaient des communistes qui poussaient les Arabes à soutenir les Palestiniens », poursuit Ghozlan, commissaire de police à la retraite, également président du Conseil des communautés juives de Seine-Saint-Denis.

Et de préciser : « La Seine-Saint-Denis est le premier département musulman de France [environ 40 % sur 1,6 million d’habitants] avec des mosquées qui peuvent accueillir 6 000 à 8 000 fidèles. » Conséquence des tensions inévitables dans un tel environnement, les communautés juives de banlieues telles que La Courneuve, Aubervilliers, Stains, Pierrefitte-sur-Seine, Trappes, Aulnay-sous-Bois, Le Blanc-Mesnil et Saint-Denis sont en train de disparaître.
« En raison de l’insécurité, dans des endroits comme La Courneuve où il y avait 600 à 700 familles juives, il y en a maintenant moins de 100. Et, à Saint-Denis même, là où il y avait 500 familles juives, ils ont de la difficulté à réunir un minyan pour Kippour », pointe Ghozlan. C’est d’ailleurs dans un quartier délabré du centre de la localité que la police française a perquisitionné, le 18 novembre dernier, l’appartement dans lequel Abdelhamid Abaaoud – le cerveau islamiste présumé du massacre de 130 personnes quelques jours plus tôt à Paris – s’était retranché. C’est là qu’il a été traqué et tué, avec deux de ses complices. « Dans quelques années, il n’y aura plus un seul juif dans le département », affirme Ghozlan, qui partage désormais son temps entre la France et Israël.

Les attaques du 13 novembre, au Bataclan, au Stade de France et dans plusieurs cafés et restaurants populaires parisiens, n’ont pas eu lieu dans des quartiers juifs ou dotés d’institutions notables de la communauté. Peut-être parce que les synagogues et les écoles juives, protégées par des soldats français équipés de fusils d’assaut, n’auraient pas constitué une cible aussi « facile » que ces lieux de loisirs et divertissement, laminés sans opposition à l’arme automatique.

Quitter la banlieue à tout prix

Plus de 70 % du demi-million estimé de juifs de France sont des Séfarades, débarqués entre 1956 et 1962, au moment où leurs terres ancestrales d’Algérie, du Maroc et de Tunisie obtiennent leur indépendance. Souvent sans le sou à leur arrivée, beaucoup s’installent dans les banlieues relativement défavorisées du nord et de l’est de Paris, où ils créent d’importantes communautés juives fortes de dizaines de synagogues et de centres communautaires. Mais les Arabes musulmans les rejoignent, fuyant les difficultés économiques de ces mêmes pays qu’ils ont quittés. Rapidement, ils les dépassent en nombre. On estime aujourd’hui à quelque six millions les musulmans de France, soit environ 10 % des 66 millions d’habitants du pays.

Si les premiers immigrants arabes, en général, s’engageaient peu en politique et préféraient ne pas s’attirer d’ennuis, beaucoup de leurs enfants n’ont pas eu de tels scrupules : nés sur le sol français, ils bénéficient automatiquement de la nationalité et ne peuvent être expulsés. En désaccord avec la société française dans son ensemble, se sentant victimes de discriminations en tous genres, nombre d’enfants d’immigrants arabes musulmans des deuxième et troisième générations ont eu à cœur de venger la cause palestinienne, lorsque la seconde Intifada a éclaté en Israël et dans les territoires palestiniens en 2000. Ils n’ont depuis cessé de rendre la vie misérable à nombre de juifs vivant autour d’eux.
Résultat : beaucoup de juifs français ont fait le choix de venir en Israël. Pour la première fois, en 2014, la France a pris la tête des pays d’origine des nouveaux immigrants, avec près de 7 000 arrivées, soit le double des 3 400 enregistrées en 2013. Entre le 1er janvier 2001 et le 31 décembre 2014, 36 800 juifs français ont fait leur aliya. Et près de 8 000 pour la seule année 2015. Des chiffres qu’il faut toutefois mettre en balance avec les estimations officieuses selon lesquelles ils seraient jusqu’à 30 % à repartir en France dans les cinq ans qui suivent leur arrivée, généralement en raison de difficultés d’intégration.

Parallèlement, environ 4 000 juifs français se dirigent chaque année vers d’autres destinations, comme la province canadienne de langue française du Québec. Environ 20 000 des 93 000 juifs de Montréal sont des Séfarades d’Afrique du Nord, immigrés de France. Londres constitue une autre porte de sortie. Ces derniers temps, elle attire des milliers de jeunes juifs hautement qualifiés qui y trouvent des emplois dans le secteur financier. La capitale britannique et son économie dynamique agissent comme un aimant sur les jeunes Français, toutes origines confondues, et compte aujourd’hui entre 300 000 et 400 000 expatriés français.
Selon Albert Myara, militant de la communauté juive, sur quelque 350 000 juifs de la région parisienne, environ 60 000 ont déménagé ces dix-quinze dernières années, soit pour quitter leurs voisins arabes, soit tout simplement parce qu’ayant étoffé leurs revenus, ils peuvent désormais se permettre d’habiter des secteurs plus aisés.

Cap sur le 17e, quartier chic

L’exceptionnel succès économique et professionnel de nombreux juifs séfarades, et leur ascension au sein de la société française ont fait que certains quartiers cossus de Paris accueillent de nouvelles communautés juives sans cesse croissantes. En particulier dans le très chic 17e arrondissement, à proximité de l’avenue des Champs-Elysées et de l’Arc de Triomphe. « Je suis venue ici en 1983, j’ai acheté mon cabinet dentaire avenue Niel et j’ai vu le quartier évoluer. Il y a deux ans, on a estimé la population juive du 17e à environ 40 000 personnes, soit à peu près 30 % des habitants de l’arrondissement. Et dans certains quartiers du 17e, le pourcentage est encore plus important, par exemple aux Ternes. Dès qu’une boutique se libère, elle est prise par un commerçant juif. Aux Batignolles, cela commence aussi », explique Murielle Schor, adjointe au maire du 17e et vice-présidente du Consistoire israélite de Paris.

Le Consistoire ne dénombre d’ailleurs pas moins de 29 restaurants, charcuteries et boulangeries cachers dans l’arrondissement. Un kiosque à journaux, installé sur l’élégante avenue de Wagram bordée d’arbres, affiche bien en évidence des publications juives comme Israël Magazine, L’Arche ou Actualité juive. Et la rue Jouffroy d’Abbans abrite de savoureuses épiceries fines, comme Berbèche et Charles Traiteur, cachers et spécialisés dans les délices d’Afrique du Nord. Sans oublier la librairie Beit Hasofer, qui vend des livres religieux et propose des services de vérifications de mezouzot. « Il n’y a pas d’incidents – nombre de juifs se promènent librement avec des kippas, sans crainte », conclut Schor.

Francine Zana, est un membre actif de la communauté juive. « Je suis arrivée dans le quartier au milieu des années 1980, venant du 20e arrondissement où des bandes d’Arabes et de Noirs se bagarraient entre eux et harcelaient les juifs. C’était très tendu. Comme je gagnais bien ma vie, je suis venue dans le 17e », explique-t-elle. Et d’ajouter : « Il y avait très peu de juifs ici à l’époque. Mon mari, arrivé directement de Tunisie, avait créé une synagogue du nom de sa jeune sœur tuée dans un accident de voiture en Israël. Au départ, il y avait une quarantaine de fidèles. Aujourd’hui, nous sommes dix fois plus et de nouveaux membres se joignent à nous en permanence, originaires d’autres quartiers de Paris et de banlieue. »

Selon Murielle Schor, « le phénomène de l’ascension sociale de la communauté juive séfarade établie depuis les années soixante est fulgurant, on le mesure partout (…) Dans les 16e et 17e arrondissements, sur les plaques des médecins – un nom sur deux est à consonance juive, les docteurs, comme les dentistes. » Deux récents lauréats français du prix Nobel de physique, Claude Cohen-Tannoudji (1996), né à Alger, et Serge Haroche (2014), né à Casablanca, sont des Séfarades installés en France. L’un des philosophes français vivants les plus connus n’est autre que Bernard-Henri Lévy, né en Algérie. Et les noms juifs séfarades abondent dans l’industrie du film et dans les universités.
Murielle Schor note que les relations avec les églises locales sont excellentes. Certains voisins non juifs se plaignent toutefois auprès de la municipalité de l’arrondissement de ces voitures garées en double voire triple file, à proximité des magasins d’alimentation juifs peu avant chabbat. « Rue Barye, les gens rouspètent car les juifs font du bruit en sortant de la synagogue. Ce n’est pas de l’antisémitisme, mais parfois, néanmoins, je ressens un peu le ras-le-bol des riverains quand les portes et les fenêtres des synagogues restent ouvertes. Rue Fortuny, il y avait un immeuble où se tenaient les réceptions de mariages et de bar-mitsvot. Les voisins étaient furieux quand les invités sortaient dans la rue le dimanche soir en faisant du bruit à deux heures du matin. La rue était en ébullition. »

Pas tous des nantis

Si le 17e compte désormais la plus grande concentration de juifs de France, d’autres secteurs ont récemment engrangé d’importantes minorités juives. C’est le cas de l’adjacent 16e arrondissement, avec près de 25 000 juifs, de la banlieue ultra-bourgeoise de Neuilly-sur-Seine, ou encore des localités de Boulogne et Levallois, toutes situées à l’ouest de Paris. Et le caractère juif de la zone devrait encore s’intensifier en 2017 avec l’ouverture du Centre européen du judaïsme, une structure de 10 millions d’euros, qui combinera centre communautaire et synagogue sur une superficie de 5 000 mètres carrés sur l’animée rue de Courcelles, là encore, dans le 17e arrondissement. L’Etat français a contribué au projet à hauteur de 2,7 millions d’euros, et le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a présidé en juin dernier, aux côtés de la maire de Paris Anne Hidalgo, un dîner organisé par la communauté juive dans le but de lever des fonds privés supplémentaires.

Une présence juive accrue est également à noter dans les banlieues sud-est que constituent Saint-Mandé, Saint-Maur, Vincennes et Charenton, où des dizaines de milliers de juifs se sont regroupés ces dernières années. Ainsi que dans le 12e arrondissement voisin, proche de la porte de Vincennes où s’est déroulé l’attentat de l’Hypercacher en janvier 2015. A Saint-Mandé, banlieue verdoyante en bordure du bois de Vincennes, les dirigeants communautaires estiment qu’environ 40 % des habitants de la ville sont juifs.

Les incidents antisémites ne sont pas les seuls moteurs de ces mouvements géographiques. Dans certains cas, les juifs font le choix de quitter les quartiers où les populations arabes musulmanes et originaires d’Afrique noire ont considérablement augmenté. C’est le cas du Kremlin-Bicêtre, une banlieue vivante du sud de Paris, dont Albert Myara préside la communauté. Il est également le secrétaire général du Conseil des communautés juives du Val-de-Marne et coordinateur des CCJ de la région parisienne.
« Ici, au Kremlin-Bicêtre, de nombreuses familles sont parties qui ne supportaient plus l’atmosphère ambiante. Et nous ne sommes pourtant pas une des villes les plus sinistrées, l’immobilier reste cher, on y trouve un certain niveau de vie, mais la proportion d’immigrés musulmans est devenue très importante. Sur 25 000 habitants, on compte facilement 25 % de musulmans. Jusqu’aux années 1990, 10 % de la population était juive, aujourd’hui nous ne sommes que 5 ou 6 % », explique Myara.
L’avenue de Fontainebleau, axe principal qui mène à Paris, est maintenant bordé de cafés et restaurants arabes, et un magasin expose les tenues traditionnelles des femmes musulmanes, y compris des robes de style burqa. Beaucoup de passants conversent en arabe. « Les juifs n’ont pas supporté ces changements de physionomie sociale, cette insécurité, et sont partis dans les beaux quartiers. Ici, une dizaine de familles ont fait leur aliya et une cinquantaine ont déménagé vers des zones plus hospitalières, comme Neuilly, Levallois, Issy-les-Moulineaux, des quartiers où l’antisémitisme est tout à fait infime », poursuit-il.

L’évolution démographique de la communauté juive française a fortement affecté le système scolaire juif privé, autrefois florissant, ajoute Michel Elbaz, directeur de l’action sociale au FSJU, qui chapeaute les associations d’entraide juive en France. Avec le départ de certaines familles vers d’autres quartiers ou vers Israël, des écoles juives ont dû fermer ou regrouper des classes, explique-t-il.
On estime à 100 000 le nombre de jeunes juifs en âge d’être scolarisés en France. Un tiers fréquente les écoles juives. Mais selon Elbaz, certains parents redoutent désormais d’y scolariser leurs enfants, inquiets de la présence de soldats et de policiers qui accentuent la visibilité de ces établissements. Un second tiers est inscrit dans des établissements publics laïques, généralement dans des zones aisées où ils ne seront pas pris pour cible par des adolescents arabes. Et le reste étudie dans des écoles privées catholiques, souvent dans des endroits sans structures scolaires juives, et où les institutions publiques comptent de nombreux musulmans. Ces établissements catholiques sont également fréquentés par les enfants d’une certaine classe moyenne arabe émergente, qui veut assurer à ses enfants un diplôme et une scolarité sans problème. Car il faut dire que nombre de jeunes musulmans des écoles publiques abandonnent le système scolaire en cours de route, et se retrouvent sans emploi. En outre, selon les statistiques officielles, près des trois quarts des détenus français sont d’origine musulmane.

Mais si une grande partie de la communauté juive a prospéré, environ 10 % sont encore trop pauvres pour quitter les zones potentiellement dangereuses où ils résident. La communauté en a toutefois aidé des centaines à déménager vers des quartiers plus sûrs, en coordination avec les services sociaux du gouvernement français.

Voir enfin:

Le 17ème : nouveaux venus dans un arrondissement très branché

Depuis l’installation croissante de nombreuses familles juives, le 17e a le vent en poupe. Enquête.

Alain Chouffan

Depuis des années, on le sait, les juifs de France sont inquiets. Beaucoup partent en Israël. D’autres, poussés par l’hostilité de leurs voisins arabes, déménagent de la banlieue vers Paris, pour des quartiers où il fait bon vivre comme dans l’élégant 17e.

Et ils sont nombreux ! « 60 000 des 350 000 juifs de Paris et sa région ont déménagé ces dix dernières années, diagnostique Sammy Gozlan, président du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme. Les communautés juives de banlieues ont été complètement désertées Des synagogues sont sur le point de fermer. Comme à Saint-Denis, La Courneuve, Peyrefitte, Stains, Villepinte, Aulnay sous-bois, Bagnolet, Blanc-Mesnil. Un grand nombre de juifs sont partis en raison de l’insécurité ressentie après de multiples incidents de harcèlement, de pressions, d’agressions physiques. »

Alors déménager ? Oui, pour aller où ? À Paris, de préférence. « On compte, grosso modo, deux grands axes de regroupement de cette population de banlieue, analyse Haïm Korsia, Grand rabbin de France : à l’Ouest, le 17e arrondissement qui est en pleine expansion, a fédéré autour de lui le 16e, Neuilly et Boulogne. À l’Est, autour du 12e arrondissement, s’ajoutent Saint-Mandé, Vincennes, et Charenton. » La sécurité a-t-elle joué un rôle majeur dans ces migrations qui ont, finalement, redessiné l’implantation juive à Paris et en Ile-de-France ? Bien sûr, mais ce n’est pas l’unique motif. Jérôme Fourquet y rajoute une « logique d’ascension sociale ». Selon le directeur du département Opinion de l’IFOP « certains sont amenés à quitter la banlieue pour habiter dans des quartiers au cadre de vie plus agréable. Généralement, au terme d’une vie bien remplie et surtout quand le statut social s’est élevé. Ce parcours résidentiel d’ascension sociale n’est pas évidemment spécifique à la population juive. Cependant, le départ de familles juives du 93 vers Paris, notamment le 17e arrondissement, ou vers des communes aisées des Hauts-de-Seine (Levallois, Neuilly) ou du Val-de-Marne que sont Vincennes et Saint-Mandé, renvoie pour partie à ce phénomène. Il en va de même, par exemple, de certains déménagements de Sarcelles ou Garges vers Saint-Brice, dans le Val d’Oise, ou de Créteil vers la ville de Saint-Maur-des Fossés. Ces mouvements de population sont souvent numériquement conséquents et parfois se voient car ils changent la physionomie de certaines villes. » (1)

Cette volonté de jouir d’un cadre de vie plus agréable, pour soi et sa famille, explique cet engouement pour le 17e arrondissement. « C’est sûr que si je ne gagnais pas bien ma vie, je n’aurais jamais pu habiter le 17e arrondissement. Croyez-moi, c’est cher ! », avoue ce jeune publicitaire de 45 ans qui a créé sa propre agence de pub et qui habite rue de Courcelles. C’est vrai que l’ascension sociale de la communauté juive séfarade, établie depuis les années soixante, est fulgurante. « On le mesure partout ! Dès qu’une boutique se libère, elle est prise par un commerce juif !, confirme Murielle Schor, chirurgien-dentiste, doyenne du 17e, adjointe au maire, la plus connue, et la plus militante de cet arrondissement. On le constate aussi dans les 16e et 17e arrondissements sur les plaques des médecins, comme des dentistes ? Quand j’ai ouvert mon cabinet de chirurgien-dentiste en 1983, avenue Niel, ce quartier était mort. Ma clientèle était composée de plusieurs noms à particules. Des nobles ! Et j’avais seulement un petit noyau de juifs. Et, petit à petit, ces dix dernières années, ma clientèle juive s’est agrandie. »

André Cohen fait partie de ce noyau. Quand ce kinésithérapeute de 60 ans a pris, en 1997, la décision de s’installer dans le 17e, il habitait Sarcelles depuis plus de vingt ans. « Nous étions une famille heureuse, raconte-t-il avec nostalgie. Toutes les grandes marques parisiennes étaient représentées, et les écoles étaient performantes. Nous n’avions même plus besoin de descendre à Paris ! Nous formions une communauté solidaire et joyeuse. Sarcelles était l’antichambre de Paris ! Petit à petit, une petite délinquance s’est développée, laquelle a entraîné la fermeture de ces grands magasins qui étaient le joyau de Sarcelles. Tout a disparu en cinq ans. Et nous sommes partis. » Mais, il a voulu garder, à Sarcelles, son cabinet de kinésithérapeute. De porte-à-porte, de mon cabinet à la maison, il y a exactement vingt minutes. Beaucoup de médecins, dentistes, kinés ont gardé leurs cabinets à Sarcelles et habitent le 17e. Ici nous sommes respectés et nous avons nos habitudes. La communauté s’est regroupée. Nous avons une vie sociale intéressante. Le salon Hoche où nous nous retrouvons pour Kippour, et le parc Monceau pour nos promenades. De petites échoppes chinoises de manucures et de pédicures, bon marché, se sont incrustées entre les commerces. »

Depuis l’installation croissante de nombreuses familles juives, le 17e a le vent en poupe. C’est Françoise de Panafieu, l’ancienne maire (2001-2008) du 17e qui a favorisé et facilité l’arrivée des juifs dans ce quartier. « On compte aujourd’hui 40 000 juifs pour 171 000 habitants de l’arrondissement, soit 23 %, affirme Brigitte Kuster qui lui a succédé (2). Pourquoi ont-ils choisi le 17e ? Disons que les juifs de France s’y sentent bien, et surtout se sentent protégés. Mais je souhaite que les commerces soient un peu mieux répartis. Et qu’on ne refasse pas la rue des Rosiers ! Je fais un énorme travail pour entretenir un excellent lien entre les communautés. Le rabbin Haïm Korsia a débattu avec le curé Stéphane Biaggi dans le cadre du Lyons Club. Et au moment de l’attentat contre l’Hypermarché, le lycée Blanche de Castille a ouvert sa cour aux enfants de l’Ecole juive moderne. »

Ce quartier huppé du sud du 17e a tout pour séduire les nouveaux venus. De grands boulevards, un parc Monceau aux allures de Central Park où courent des joggers tout au long de la journée, des immeubles cossus, plus de 30 restaurants casher – à peine moins que dans le 19e arrondissement –, quatre boucheries, 3 épiceries fines, 2 pâtisseries, une librairie Beit Hassofer, et l’impressionnant Musée Nissim de Camondo des frères Pereire au XIXe siècle. Sans oublier, trois écoles juives qui totalisent plus de 800 élèves. « Pour n’en citer qu’un seul exemple, l’Ecole juive moderne, ses effectifs sont en progression constante : ouverte en septembre 2007 avec 22 enfants, elle compte aujourd’hui plus de 160 enfants, précise Patrick Petit-Ohayon, directeur de l’action scolaire au FSJU.

Tous les établissements scolaires juifs, depuis janvier 2015, sont sous haute surveillance : rondes de militaires, cours pour préparer les enfants au pire, formation des parents à la vigilance… En effet, des équipes volontaires de parents protecteurs, créées en 2012, après la tuerie de l’école Ozar Hatorah, sont organisées par le Service de Protection de la Communauté juive (SPCJ), et qui assure, en liaison avec la police, la sécurité des lieux juifs dans l’Hexagone. Dans le 17e, c’est l’opération Sentinelle qui est déployée, explique un membre du ministère de l’Intérieur qui veut garder l’anonymat. Devant les écoles, une garde statique de 3 militaires en armes pendant la durée des cours de 8 heures 30 à 16 heures 30. Dans tous les lieux publics, des patrouilles circulent, pour tout couvrir, sans passer au même endroit, au même moment, sinon ça ne sert à rien de patrouiller. Mais je ne peux vous en dire plus ! »

Alors, des gens heureux dans cet écrin bourgeois du 17e ? Sans doute. À voir tous ces jeunes, assis autour d’une table, chez Schwartz Deli, un delicatessen new-yorkais, avenue Niel, et dont ils ont fait leur quartier général le week-end, on pourrait le penser. « C’est pour moi, l’arrondissement le plus branché de Paris », s’exclame d’une voix enjouée, Johanna, 20 ans, étudiante en droit, tout en continuant à manger un cheese cake qu’elle trouve « grave bon ». Un bonheur qui se reflète aussi sur le visage de Francine Zana dont le mari gère les synagogues de la rue Barye, et qui habite le 17e depuis 1986.

« Au début, raconte-t-elle, mon mari avait une petite synagogue, qui n’existe plus, où nous étions une quarantaine de membres. Aujourd’hui, nous sommes dix fois plus ! 400 membres ! C’est incroyable ! » « On compte, ici, une vingtaine de synagogues, toutes fréquentées », précise Haïm Korsia qui sait de quoi il parle puisqu’il habite le 17e, qu’il trouve plus accessible, « car on y trouve ce qu’on veut, des écoles de bons niveaux comme le Lycée Carnot, de nombreux restaurants cashers, et surtout nous avons une bonne qualité de vie. »

Isabelle Castro, 54 ans, décoratrice d’intérieur, y habite depuis une vingtaine d’années. Si elle a choisi cet arrondissement, c’est parce qu’il lui permet de retrouver son identité juive. Jusque-là, elle n’en éprouvait pas le besoin. Elle s’en explique : « Nous étions avant tout des Français juifs. Mais depuis la violente vague d’antisémitisme qui a déferlé en France avec les affaires Ilan Halimi, Mérah, l’Hyper Cacher, et bien d’autres, nous avons été déçus d’être considérés de cette façon. Alors forcément, nous cherchons à nous regrouper, à être solidaires, à vivre en communauté. Du communautarisme dites-vous ? Oui, mais comment voulez-vous faire autrement ? Je n’étais pas particulièrement pratiquante quand je suis arrivée ici, mais je le suis devenue depuis que j’y habite. En mangeant casher, je veux vivre pleinement mon judaïsme. Et cet arrondissement m’offre cette possibilité ! ».

Installé depuis plus de 31 ans, le restaurant Nini est à lui tout seul une institution. Par sa notoriété, il rayonne dans tout l’arrondissement. « Tout est parti d’ici, dit fièrement le patron, Nini Laloum, un Tune jovial et accueillant. Quand j’ai ouvert ici, rue Saussier Leroy, j’étais le seul restaurant casher Beth Din, uniquement tunisien ! Puis tout autour, se sont installés d’autres restaurants comme le Rendez-vous ou La Corniche, des synagogues, des agences de voyages, des boucheries, des écoles. Sans doute cela a-t-il incité beaucoup de juifs à venir. » Il se lève pour chercher son livre d’or et s’exclame : « Regarder bien ! Tout le beau monde est venu chez moi : Jean-Paul Belmondo, Johnny Halliday, Patrick Bruel, Vincent Lindon, Richard Berri, Sarkozy, Lionel Jospin. La liste est longue… Pourquoi viennent-ils ? Parce que c’est Nini ! Nous avons une clientèle fidèle. J‘en suis à ma 4e génération ! Viennent à nous des jeunes dont on a connu l’arrière-grand-mère ! »

Si avec 40 000 juifs, le 17e compte le plus grand rassemblement de juifs de France, son caractère va encore s’intensifier avec… l’ouverture du Centre Européen du Judaïsme (CEJ), fin 2017. Un complexe pharaonique dont la construction a déjà commencé ! 4 900 m2, à l’angle de la commerçante rue de Courcelles et du boulevard Reims, avec des salles modulables pour les mariages et les fêtes, des salles d’expositions, un gymnase, un théâtre, une grande synagogue, un mikvé, une grande terrasse pour accueillir une soucca, une bibliothèque, une médiathèque, et même un jardin ! Coût : 10 millions d’euros, dont une contribution de 2,7 millions de l’État français. « Est-ce le bon moment pour construire ? », s’interroge Joël Mergui, Président du Consistoire de France pour qui ce Centre est l’aboutissement institutionnel de 2 000 ans de présence juive en France. « Oui, je le pense. Personne n’a le droit de juger ceux qui partent mais personne n’a le droit de décider de l’avenir de la majorité qui reste. Ce nouveau bâtiment, lieu de vie, et symbole d’espoir, montre que nous et personne d’autre, possédons cet avenir. Il ajoute que ce que le nazisme n’a pas réussi, l’islamisme radical n’y parviendra pas non plus, les juifs ne disparaîtront pas d’Europe. Nous, juifs français qui représentons la plus importante communauté juive d’Europe, voulons croire en l’avenir d’un Judaïsme européen bimillénaire ».

Pour Murielle Schor, qui accompagne le projet depuis dix-sept ans, c’est la « réalisation d’un rêve et d’une intuition » que tous les maires de la capitale ont soutenu depuis qu’est née la possibilité d’avoir ce terrain. Le 29 juin 2015, un « dîner des donateurs » a eu lieu dans les salons de l’Hôtel de Ville (3) où les recevait Anne Hidalgo pour qui « Paris a une âme juive et une culture juive ». Parmi les invités, Brigitte Kuster, bien sûr, qui a « beaucoup aidé à faire avancer le projet et qui se félicite aujourd’hui de voir la réalisation d’un centre culturel et cultuel juif », les ministres Bernard Cazeneuve, Christiane Taubira et Harlem Désir, Moshe Kantor, Président du Congrès juif européen, Anne Sinclair, directrice éditorialiste du Huffington Post, qui pense que « notre place est ici, la tête haute et la parole libre.Bâtir ce Centre Européen, ouvert, culturel, tolérant du judaïsme, en ces temps troublés est une initiative très symbolique que je soutiens avec force ». Maurice Lévy, Président du directoire Publicis, Claude Berda (AB production), Mara Carfagna, députée italienne, Jean-Claude Darmon, Sydney Tolédano (groupe Dior), David de Rothschild, Alexandre Elicha (The Kooples) ou Enrico Macias. Les noms des Fondateurs seront gravés sur un mur de pierres de Jérusalem. Enfin, François Hollande, recevant le jour même à l’Élysée, Moshé Kantor, lui déclarait en évoquant le CEJ (4) : « C’est la meilleure réponse pour ceux qui pensent que l’avenir des Juifs de France est ailleurs. Les Juifs français méritent de vivre ici, de rester ici, et être sûrs et en sécurité. » Un ensemble de déclarations qui rassureront, certainement, les plus inquiets….

(1) Jérôme Fourquet/Sylvain Manternach, L’an prochain à Jérusalem ? » Editions de l’Aube. Un livre sur les inquiétudes des juifs de France qui n’ont cessé de croître depuis une trentaine d’années.

(2) Auteur du livre Madame le ou la maire ? Appelez-moi Brigitte (Editions Panthéon)

(3) Deux siècles après l’Assemblée des notaires et le grand Sanhédrin qui participèrent à la fondation du judaïsme français et à la naissance du Consistoire.

(4) Times of Israël. Juillet 2015.


Affaire Weinstein: C’est l’Esprit de vérité, imbécile ! (Blowing in the wind: The rules are changing invisibly underneath our feet and we’re just trying to catch up, Hollywood actor says)

11 novembre, 2017
Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit. Jésus (Jean 3: 8)
Si vous m’aimez, gardez mes commandements. Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous. Jésus (Jean 14: 15-17)
Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. Jésus (Matthieu 10 : 34-36)
The answer, my friend, is blowin’ in the wind. Robert Zimmerman
Bientôt, se retirant dans un hideux royaume, La Femme aura Gomorrhe et l’Homme aura Sodome, Et se jetant, de loin, un regard irrité, Les deux sexes mourront chacun de son côté. Vigny
« Dionysos contre le « crucifié » : la voici bien l’opposition. Ce n’est pas une différence quant au martyr – mais celui-ci a un sens différent. La vie même, son éternelle fécondité, son éternel retour, détermine le tourment, la destruction, la volonté d’anéantir pour Dionysos. Dans l’autre cas, la souffrance, le « crucifié » en tant qu’il est « innocent », sert d’argument contre cette vie, de formulation de sa condamnation. (…) L’individu a été si bien pris au sérieux, si bien posé comme un absolu par le christianisme, qu’on ne pouvait plus le sacrifier : mais l’espèce ne survit que grâce aux sacrifices humains… La véritable philanthropie exige le sacrifice pour le bien de l’espèce – elle est dure, elle oblige à se dominer soi-même, parce qu’elle a besoin du sacrifice humain. Et cette pseudo-humanité qui s’institue christianisme, veut précisément imposer que personne ne soit sacrifié. Nietzsche
Je condamne le christia­nisme, j’élève contre l’Église chrétienne la plus terrible de toutes les accusa­tions, que jamais accusateur ait prononcée. Elle est la plus grande corruption que l’on puisse imaginer, elle a eu la volonté de la dernière corruption possible. L’Église chrétienne n’épargna sur rien sa corruption, elle a fait de toute valeur une non-valeur, de chaque vérité un mensonge, de chaque intégrité une bassesse d’âme (…) L’ « égalité des âmes devant Dieu », cette fausseté, ce prétexte aux rancunes les plus basses, cet explosif de l’idée, qui finit par devenir Révo­lution, idée moderne, principe de dégénérescence de tout l’ordre social — c’est la dynamite chrétienne… (…) Le christianisme a pris parti pour tout ce qui est faible, bas, manqué (…) La pitié entrave en somme la loi de l’évolution qui est celle de la sélection. Elle comprend ce qui est mûr pour la disparition, elle se défend en faveur des déshérités et des condamnés de la vie. Par le nombre et la variété des choses manquées qu’elle retient dans la vie, elle donne à la vie elle-même un aspect sombre et douteux. On a eu le courage d’appeler la pitié une vertu (— dans toute morale noble elle passe pour une faiblesse —) ; on est allé plus loin, on a fait d’elle la vertu, le terrain et l’origine de toutes les vertus. Nietzsche
A l’origine, la guerre n’était qu’une lutte pour les pâturages. Aujourd’hui la guerre n’est qu’une lutte pour les richesses de la nature. En vertu d’une loi inhérente, ces richesses appartiennent à celui qui les conquiert. Les grandes migrations sont parties de l’Est. Avec nous commence le reflux, d’Ouest en Est. C’est en conformité avec les lois de la nature. Par le biais de la lutte, les élites sont constamment renouvelées. La loi de la sélection naturelle justifie cette lutte incessante en permettant la survie des plus aptes. Le christianisme est une rébellion contre la loi naturelle, une protestation contre la nature. Poussé à sa logique extrême, le christianisme signifierait la culture systématique de l’échec humain. Hitler
Jésus a tout fichu par terre. Le Désaxé (Les braves gens ne courent pas les rues, Flannery O’Connor)
Le monde moderne n’est pas mauvais : à certains égards, il est bien trop bon. Il est rempli de vertus féroces et gâchées. Lorsqu’un dispositif religieux est brisé (comme le fut le christianisme pendant la Réforme), ce ne sont pas seulement les vices qui sont libérés. Les vices sont en effet libérés, et ils errent de par le monde en faisant des ravages ; mais les vertus le sont aussi, et elles errent plus férocement encore en faisant des ravages plus terribles. Le monde moderne est saturé des vieilles vertus chrétiennes virant à la folie.  G.K. Chesterton
Pour qu’il y ait cette unanimité dans les deux sens, un mimétisme de foule doit chaque fois jouer. Les membres de la communauté s’influencent réciproquement, ils s’imitent les uns les autres dans l’adulation fanatique puis dans l’hostilité plus fanatique encore. René Girard
Il y avait vraiment des gens qui s’agitaient devant des courts-bouillons de grenouilles et de scorpions, mais nous savons que leurs manigances n’empêcheraient pas les avions de voler (…) C’est bien pourquoi, même lorsqu’elles étaient condamnées, même lorsqu’elles étaient techniquement coupables, les sorcières étaient des boucs émissaires. René Girard
C’est parce que nos ancêtres se sont longtemps nourris de la Bible et des Evangiles que nous comprenons ces phénomènes et que nous les condamnons. (…) L’idéal d’une société étrangère à la violence remonte visiblement à la prédication de Jésus, à l’annonce du royaume de Dieu. Loin de diminuer à mesure que le christianisme s’éloigne, son intensité augmente. Ce paradoxe est facile à expliquer. Le souci des victimes est devenu un enjeu paradoxal des rivalités mimétiques, des surenchères concurrentielles. Il y a les victimes en général mais les plus intéressantes sont celles qui nous permettent de condamner nos voisins. (…) Dans notre univers, en somme, tout le monde se jette des victimes à la tête (…) Nous avons désormais nos rites victimaires, antisacrificiels, et ils se déroulent dans un ordre aussi immuable que les rites proprement religieux. On se lamente d’abord sur les victimes qu’on s’accuse mutuellement de faire ou de laisser faire. On se lamente ensuite sur l’hypocrisie de toute lamentation; on se lamente enfin  sur le christianisme, indispensable bouc émissaire  car il n’est pas de rite sans victime (…) depuis le haut Moyen Age, toutes les grandes institutions humaines évoluent dans le même sens, le droit public et privé, la législation pénale, la pratique judiciaire, le statut des personnes. Tout se modifie très lentement d’abord mais le rythme s’accélère de plus en plus, et, vue de très haut, l’évolution va toujours dans le même sens, vers l’adoucissement des peines, vers la plus grande protection des victimes. (…) Notre société a aboli l’esclavage puis le servage. Plus tard sont venues la protection de l’enfance, des fermmes, des vieillards, des étrangers du dehors et des étrangers du dedans, la lutte contre la misère et le « sous-développement ». Plus récemment encore on a universalisé les soins médicaux, la protection des handicapés, etc.Tous les jours, de nouveaux seuils sont franchis. (…) De nos jours, il s’exaspère parfois de façon caricaturale qu’il suscite le rire mais il faut se garder d’y voir une simple mode, un bavardage toujours plus inefficace. Il n’est pas d’abord une hypocrite comédie. Au cours des âges, il a créé une société incomparable à toutes les autres. Il a unifié le monde. (…) A chaque génération, les législateurs descendaient plus profondément dans un héritage ancestral qu’ils se faisaient un devoir de transformer. Là où leurs ancêtres ne voyaient rien à réformer, ils découvraient l’oppression et l’injustice. Le statu quo avait longtemps paru intouchable, déterminé par la nature ou voulu par les dieux, souvent même par le Dieu chrétien. Depuis des siècles, les vagues successives  du souci  des victimes ont révélé et réhabilité de nouvelles catégories de boucs émissaires dans les soubassements de la société, des êtres dont seuls quelques génies spirituels, dans le passé, soupçonnaient que les injustices dont ils souffraient pouvaient être éliminées. (…) Il y a une avance historique inexorable de la vérité chrétienne dans notre monde. Elle ne fait qu’un paradoxalement avec l’affaiblissement apparent du christianisme. (… ) Les mondes anciens étaient comparables entre eux, le nôtre est unique. Sa supériorité dans tous les domaines est tellement écrasante, tellement évidente  que, paradoxalement, il est interdit d’en faire état. (…) La montée en puissance de la victime ne coïncide pas par hasard avec l’avènement de la première culture vraiment planétaire. (..) Au-delà des absolus récemment écroulés, l’humanisme, le rationalisme, la révolution, la science même, il n’y a pas aujourd’hui le vide absolu qu’on nous annonçait naguère. Il y a le souci des victimes et c’est lui qui, pour le meilleur et pour le pire, domine la monoculture planétaire dans laquelle nous vivons. La mondialisation est le fruit de ce souci et non pas l’inverse. Dans toutes les activités économiques, scientifiques, artistiques et même religieuses, c’est le souci des victimes qui détermine l’essentiel, ce n’est ni le progrès des sciences, ni l’économie de marché, ni « l’histoire de la métaphysique ».  (…) De nos jours, tout se décante et le souci des victimes apparait au grand jour, dans toute sa pureté et son impureté. Rétrospectivement c’est lui, on le voit bien , qui depuis des siècles, gouverne en sous-main  l’évolution de notre monde. (…) Ce qui exigeait encore pour être repéré, il y a un siècle, la perspicacité d’un Nietzsche, aujourd’hui le premier venu le perçoit. La surenchère perpétuelle transforme le souci des victimes en une injonction totalitaire, une inquisition permanente. Les médias même s’en aperçoivent et se moquent de la « victimologie », ce qui ne les empêche pas de l’exploiter. Le fait que notre monde devienne massivement antichrétien, au moins dans ses élites, n’empêche donc pas le souci des victimes de se perpétuer et de se renforcer, tout en prenant souvent des formes aberrantes. L’inauguration majestueuse de l’ère « post-chrétienne » est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en « radicalisant » le souci des victimes dans un sens antichrétien. René Girard
Cela ressemble bien aux Américains d’inventer un big bang à l’origine de nos univers. Julien Green (écrivain franco-américain)
L’univers a été réglé très précisément pour l’émergence de la vie et de la conscience. Le réglage initial est d’une virtuosité époustouflante: on pourrait le comparer à l’habileté d’un archer qui réussirait à planter sa flèche au milieu d’une cible carrée de 1 centimètre de coté, éloignée de 15 milliards d’années-lumière… Trinh Xuan Thuan
Nous sommes une société qui, tous les cinquante ans ou presque, est prise d’une sorte de paroxysme de vertu – une orgie d’auto-purification à travers laquelle le mal d’une forme ou d’une autre doit être chassé. De la chasse aux sorcières de Salem aux chasses aux communistes de l’ère McCarthy à la violente fixation actuelle sur la maltraitance des enfants, on retrouve le même fil conducteur d’hystérie morale. Après la période du maccarthisme, les gens demandaient : mais comment cela a-t-il pu arriver ? Comment la présomption d’innocence a-t-elle pu être abandonnée aussi systématiquement ? Comment de grandes et puissantes institutions ont-elles pu accepté que des enquêteurs du Congrès aient fait si peu de cas des libertés civiles – tout cela au nom d’une guerre contre les communistes ? Comment était-il possible de croire que des subversifs se cachaient derrière chaque porte de bibliothèque, dans chaque station de radio, que chaque acteur de troisième zone qui avait appartenu à la mauvaise organisation politique constituait une menace pour la sécurité de la nation ? Dans quelques décennies peut-être les gens ne manqueront pas de se poser les mêmes questions sur notre époque actuelle; une époque où les accusations de sévices les plus improbables trouvent des oreilles bienveillantes; une époque où il suffit d’être accusé par des sources anonymes pour être jeté en pâture à la justice; une époque où la chasse à ceux qui maltraitent les enfants est devenu une pathologie nationale. Dorothy Rabinowitz
Loin que les nécessités de la reproduction biologique déterminent l’organisation symbolique de la division sexuelle du travail, et de proche en proche, de tout l’ordre naturel et social, c’est une construction arbitraire du biologique, et en particulier du corps, masculin et féminin, de ses usages et de ses fonctions, notamment dans la reproduction biologique, qui donne un fondement en apparence naturel à la vision androcentrique de la division du travail sexuel et de la division sexuelle du travail et, par-là, de tout le cosmos. Pierre Bourdieu
Je ne veux pas éliminer les hommes, bien entendu. Ségolène Royal
In the context of sexual relationships, masculinity is expressed through ‘erection, penetration, and climax,’ so it is possible that threats to gender identity . . . manifest as sexual problems. Cornwell and Laumann
Our findings suggest the importance of socialized gender roles for sexual frequency in heterosexual marriage. (…) Couples in which men participate more in housework typically done by women report having sex less frequently. Similarly, couples in which men participate more in traditionally masculine tasks — such as yard work, paying bills, and auto maintenance — report higher sexual frequency. (…) The first mechanism—that sexual scripts activate desire and sexual behavior in the presence of gendered activity—would operate in the following fashion. Traditional gender per- formances serve as cues of masculine and feminine behavior; these cues activate individuals’ internalized cultural sexscripts, creating sexual desire and activity. In essence, traditionally masculine and feminine behaviors consciously or unconsciously serve as turn-ons for individuals. We do not argue that this takes place instantly, but rather over time, individuals perceive their spouse as more masculine or feminine as they engage in gender-traditional behaviors, and this increases sexual attraction. To the extent that masculinity and femininity are central parts of both the household division of labor and sexual attraction and activity, we expect that households with more traditionally gendered divisions of labor will experience greater sexual frequency. (…) A second possibility is that couples with more gender-traditional divisions of house- work hold more traditional beliefs and act in more gender-typical ways, which leads to more frequent sex. More masculine-identified men may value more frequent sex, and more highly feminine-identified wives may refuse sex less often because they view providing sex as part of being a good wife. Thus, men may initiate sex more frequently, and wives refuse less, with no link to desire. In essence, this mechanism suggests that both housework and sexual behavior are ways that couples do gender, and any observed relationship between the two would reflect couples’ under- lying orientations toward gender rather than causal influence. (…) A third possibility is simply that gender- traditional arrangements are linked to sexual activity because couples perceive greater affection and love when partners do more (albeit in traditionally gendered ways) in the household. Rather than couples engaging in more sexual activity because traditional divisions of housework act as signals of masculinity and femininity, couples may instead feel more affection and satisfaction within their relationships under traditional gender divisions of labor, and this leads to more frequent sex. Doing housework can convey affection, although often in traditionally gendered ways. As DeVault notes, “the gender relations of feeding and eating seem to convey the message that giving service is part of being a woman, and receiving it fundamentally part of being a man.” Gender-traditional beliefs and practices are often associated with greater marital happiness and men’s emotion work in the family. Sexual frequency appears to lie in the realm of sexual scripts, but couples are not purely interested in the amount of sex they have—they undoubtedly also care about the quality of sex. Although sexual frequency is correlated with sexual satisfaction, the correlation is far from perfect. Sabino Kornrich
« Ville sanctuaire » désigne une ville qui met en place certaines pratiques pour protéger les immigrants illégaux/sans-papiers. Elles sont une trentaine aux Etats-Unis à avoir ce « label ». Ces pratiques peuvent être définies par la loi (de jure) ou simplement dans les fait (de facto). Concrètement, une ville n’accordera aucun budget pour lutter contre l’immigration illégale ou ne permettra pas aux autorités locales de contrôler le statut d’immigrant d’un civil. Depuis 1996 et surtout depuis 2006, des séries de lois portées en majorité par le parti Républicain, lutte contre ces « libertés » accordées aux immigrants illégaux et tente de donner davantage de pouvoir au gouvernement fédéral (dont dépend la gestion de l’immigration) localement au sein des Etats. A l’heure actuelle, ce sont surtout les Etats du Sud du pays qui sont touchés : Alabama, Texas, Arizona, Mississippi et Géorgie… Mais la tendance, surtout depuis la crise financière de 2008, s’oriente vers davantage de contrôle ainsi qu’un renforcement des lois. A New York, il est possible mais peu probable que des agents de l’immigration débarquent dans un restaurant ou un bar pour faire un contrôle car vous l’aurez compris, les lois locales sont en « faveur » des immigrants. Et dans la réalité, la plupart des bars et restaurants de la ville fermeraient car la main d’œuvre utilisée par cette industrie est en majorité ici illégalement ! Dans la pratique donc, les travailleurs illégaux sont « tolérés » par les autorités locales. Dans les faits, la police peut vérifier votre identité mais n’a pas le droit (contrairement à la France) de vérifier la situation relative à votre visa. Par exemple, il est tout à fait possible en étant sans-papiers, de passer devant un juge et être condamné pour des faits mineurs, sans se faire par la suite expulser. C’est arrivé à un de nos cuisiniers mexicains… Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que ce n’est pas le rôle de la justice locale de s’occuper de l’immigration ! Cela tient aussi au fait que le travail des différentes agences locales ou fédérales ne collaborent pas vraiment ensemble et ne travaillent pas à partir des mêmes bases de données. Lyon69rue89
Dès la Rome antique s’opère un clivage radical entre les pénétrants (les citoyens, les maîtres) et les pénétrés (souvent de jeunes esclaves). L’homme libre se devait d’être marié, d’honorer sa femme et ses maîtresses et pouvait aussi soumettre de jeunes corps masculins pour son plaisir. Pour reprendre le langage cru qu’appréciaient les Romains, un vir [un mâle romain] « encule » mais n’est pas « enculé », alors que les « culs larges » et les « suceurs de bites » étaient méprisés et insultés. Autrement dit, la virilité, c’est la pénétration active ; la dévirilisation, c’est la pénétration passive. Prenez le viol carcéral, un phénomène très répandu et largement tabou. Selon une enquête menée aux Etats-Unis par Human Rights Watch, ces viols sont majoritairement perpétrés par des prisonniers qui, hors les murs, sont hétérosexuels. Ce sont des caïds, qui n’hésitent pas à se glorifier de leurs prouesses sexuelles avec les femmes, et qui « baisent » des détenus pour les humilier et affirmer leur virilité triomphale. Les hommes victimes de ces agressions sont perçus comme féminins, car ils n’affichent pas les marqueurs de la virilité : une voix fluette, un petit gabarit, ou trop peu d’appétit pour la bagarre suffisent pour être rangés du côté des « tafioles », qu’on soit ou non homosexuel. Et, pour le violeur, il s’agit, là encore, d’imposer sa loi par l’asservissement sexuel de l’autre. (…) Ce genre de compliments [« Je t’encule » ou « Je te nique ], très prisés au volant, signifie « Je te soumets à mon phallus » et cela ne va pas te laisser un très bon souvenir. De nombreuses métaphores assimilent le pénis à une arme : pistolet, fusil, gourdin, braquemart… C’est dire que celui qui profère ce type de phrases parle de la puissance de son membre et de sa capacité à anéantir l’autre. Quant à « sale pédé », c’est une amabilité qui est aussi souvent adressée à des hétérosexuels qu’à des homosexuels. Elle vise juste à déprécier l’autre. (…) C’est parce que le féminin est dévalorisé que l’effémination est perçue comme un avilissement (…) C’est, d’après moi, l’une des leçons à tirer de l’affaire Weinstein et de ses suites : pour que les hommes changent leur regard sur les femmes et le féminin, ils doivent d’abord changer le regard qu’ils portent sur eux-mêmes, comme dominants et pénétrants. Le vrai sujet tabou, il est là. On parle énormément, et à juste titre, de la discrimination envers les femmes ; en revanche, l’oppression de l’homme par l’homme, l’homophobie, la confusion entre effémination et homosexualité sont des sujets dont on s’empare trop peu. Il y a un vrai travail de pédagogie à faire pour dissocier l’« effemination », c’est-à-dire le fait de posséder des caractères essentialisés comme féminins (la douceur, la sensibilité, la bienveillance, l’empathie…) et l’orientation sexuelle, qui est un tout autre sujet. Il existe des homos très virils et des hétéros efféminés (…) Cette discrimination archaïque entre le pénétrant-dominant et le pénétré-dominé mérite d’être définitivement abandonnée. Olivia Gazalé
I have been silenced for 20 years. I have been slut-shamed. I have been harassed. I have been maligned, and you know what? I’m just like you because what happened to me behind the scenes happens to all of us in this society. And that cannot stand, and it will not stand. No more. Name it. Shame it. Call it out. It’s time to be whole, it’s time to rise, it’s time to be brave. Rose McGowan
Well, I know what you mean. Sometimes I think that coming into the studio with you, John, is a bit like going into Harvey Weinstein’s bedroom. John goes way past groping – way past groping. You just pray that you emerge with your dignity intact, but the broader point is that, yes, you can make a fool of yourself. Michael Gove
 Le Coran comporte un grand nombre de versets concernant les juifs, dont certains leur sont très hostiles. Enfants, nous les apprenions par cœur à l’école. Les juifs étaient, pour nous, perfides, falsificateurs, immoraux, diaboliques, etc., et, chose primordiale, ces versets étaient les paroles de Dieu. Chaque enfant arabe grandit avec ces images. Dans une monarchie arabe du Golfe par exemple, on lit aujourd’hui dans les manuels scolaires que les juifs descendent des singes parce qu’un verset du Coran (II-65) menace les transgresseurs du Sabbat d’être transformés en singes. (…) les juifs du Coran étaient, en réalité, les juifs de Médine, qui avaient été d’abord perçus par Mahomet comme des alliés potentiels avant de devenir ses ennemis mortels puisqu’ils ne le reconnurent pas comme prophète. L’âge d’or de la condition juive dans le monde arabe est un mythe. Les juifs y vivaient dans une situation meilleure que celle des juifs d’Europe avec des périodes de relative tolérance mais, globalement, du Maroc à l’Irak, ils étaient méprisés, brimés et humiliés quand ils n’étaient pas massacrés de sorte qu’ils n’avaient pas d’autre choix que celui de quitter les terres de leurs ancêtres pour aller s’établir en Europe ou en Israël. C’est dans le monde arabe que les protocoles des sages de Sion ont connu et continuent de connaître leur plus grand succès de vente. L’antisémitisme des Arabes, aujourd’hui, est le même que le vieil antisémitisme européen. Il fonctionne sur le même registre, comme une paranoïa dépourvue d’argumentation. Les juifs ont beaucoup d’argent et sont solidaires entre eux. C’est ce que disait Merah, l’assassin des enfants juifs de l’école Ozar-Hatorah de Toulouse, mais aussi toute une littérature européenne d’avant 1945 (que Merah n’a certainement pas lue). Que de fois ai-je entendu des gens dire en Tunisie que les récoltes sont mauvaises parce que le Mossad empoisonne les sols ou que ce dernier est à l’origine de l’attentat du 11-Septembre, afin d’aider les Américains à mettre la main sur le pétrole irakien. Le mal est là, tapi au fond de nous. Ses racines sont profondes. Des centaines de milliers d’Arabes meurent assassinés par d’autres Arabes en Syrie, en Irak, en Libye, au Soudan, mais cela nous importe apparemment moins que les crimes commis par l’armée israélienne qui sont, eux, toujours dénoncés par une partie, fut-elle minoritaire, de la presse et de la société civile de ce pays. Said Ben Said
À la une du Parisien, le 25 octobre, seize portraits d’hommes « soutenus » par ce titre en gras : « Les hommes s’engagent. » Ces messieurs font connaître urbi et orbi qu’ils sont opposés… au harcèlement sexuel (et, sans doute, à la faim dans le monde, au dépassement d’honoraires des notaires sans cravate, aux intempéries, aux hémorroïdes) : « Après l’onde de choc créée par l’affaire Weinstein, seize personnalités masculines sollicitées par notre journal expriment leur solidarité avec les femmes. » On reconnaît l’intellectuel azuréen Christian Estrosi, et Michel Cymes, conseiller omnimédiatique à caducée. Ce dernier profite de l’occasion pour parler… de lui ! « Moi aussi, lorsque j’avais 15 ans, j’ai subi des attouchements par un homme dans le métro. C’est très perturbant. Sur le moment je n’ai rien osé dire. » Contrairement à ce que ces déclarations pourraient faire croire, le sujet de l’article n’est nullement Michel Cymes et sa psychose suburbaine, mais bel et bien la condition faite aux femmes par de grossiers personnages, qui profitent de leur pouvoir pour exiger d’elles des faveurs sexuelles. Mais, ô surprise ! Perdu au milieu des seize messagers féministes, qui voit-on ? François Hollande ! Alors, un souvenir nous revient… M. Hollande sur une estrade, à Tulle, au soir de sa victoire, le 6 mai 2012 : à ses côtés Valérie Trie – rweiler, heureuse, compagne épanouie du vainqueur et présentée comme telle à la foule. Bref, une femme amoureuse, compagne d’un homme comblé, entrait officiellement à l’Élysée. Las ! La ronde 1 des corps et des visages ne saurait suivre une voie rectiligne. M. Hollande, non pas saisi par la débauche, mais fidèle à sa devise « le changement, c’est maintenant ! » s’éprend d’une jolie comédienne. Le 10 janvier 2014, le magazine Closer le montre casqué, furtif, quittant le domicile de l’élue au petit matin. Mme Trierweiler découvre son infortune en même temps que les Français : rage, désespoir, dépression ! Le 25, s’adressant au téléphone à l’AFP, il déclare ceci : « Je fais savoir que j’ai mis fin à la vie commune que je partageais avec Valérie Trierweiler. » Par cette formule de dix-huit mots M. Hollande, ineffable « partageur » de vie commune (!) paraissait plutôt congédier une courtisane que rompre avec une compagne, et moins encore répudier une reine. Nombre d’observateurs virent d’ailleurs dans ce communiqué lapidaire et glaçant tout le caractère de la goujaterie. Patrick Mandon
Les temps d’émotion obligatoire peuvent susciter, chez les esprits contrariants, de coupables tendances goguenardes, qu’il vaudrait mieux savoir réprimer. Quand tous les marteaux du moment se mettent à taper en chœur sur le même clou, tenter de glisser un doigt de contradiction, ou plus grave encore, d’ironie, est plutôt périlleux. Ainsi, apprend-on, entre mille nouvelles de la même veine, que le ministre britannique de l’Environnement s’est fait poisser pour une « blague douteuse » – que je trouve pour ma part très drôle – et de surcroît très facile à adapter chez nous. Entrant dans le studio de BBC Radio 4, Michael Gove a déclaré : « C’est comme entrer dans la chambre à coucher de Harvey Weinstein – on espère en sortir avec sa dignité intacte. » La plaisanterie a, paraît-il, beaucoup amusé l’auditoire présent, mais précise l’article, « elle a été largement condamnée sur les réseaux sociaux », ce qui laisse penser que la merveilleuse génération ne rigole pas beaucoup. (…)  Quand Carol Galand, l’une des activistes du mouvement antiporc, se réjouit parce que « les #metoo qui se sont répandus comme un feu de forêt ont mis sur le grill des milliers de porcs, vaste méchoui d’une omerta honteuse », le mâle blanc ne s’insurge pas contre cette animalisation, il implore son pardon. On saluera BHL qui pour le coup, s’est énervé – « Je n’aime pas qu’on traite un homme de porc ! » –, Alain Finkielkraut, qui ne cède rien à la pression ambiante (…), sans oublier Jaccard, Mandon, Rosenzweig et tous ceux qui prennent le risque de se voir dénoncés comme complices de l’infâme. Mais pour l’essentiel, la gent masculine se tient à carreau. L’homme occidentalisé n’est pas un porc, mais un repentant. Face à la forêt planétaire de doigts accusateurs, il finit par croire à sa propre culpabilité. « Je me suis mal exprimé », confesse Bruno Lemaire, coupable, non pas de gestes indécents (on a vraiment du mal à l’imaginer), mais de refus de dénoncer. « J’ai honte pour les hommes », roucoule le chef Yves Camdeborde dans un numéro du Parisien qui figurera un jour dans les annales de la domination féminine, où seize people mâles (dont François Hollande, voir encadré) s’engagent pour la sauvegarde de nos amies les femmes. Ces seize- là, suppose-t-on, n’ont jamais contraint aucune femme, mais ils ne le feront plus. Plus de blagues lourdes, plus de regards insistants, plus d’avances « non désirées ». Plus rien qui puisse mettre une femme mal à l’aise, comme l’expliquera bientôt aux contrevenants le « zéro-six anti – relous » (comprenez le numéro de mobile qu’on utilisera comme un leurre antidragueur et au bout duquel le relou se fera sermonner – espérons qu’ils ne choisiront pas une voix trop sexy). À mon humble avis, beaucoup d’histoires d’amour commencent par quelque chose qui peut mettre mal à l’aise, mais passons. (…) Il faut cependant répondre, non pas à cet argument lourdingue, mais à tous ceux qui s’indignent sincèrement que l’on plaisante alors que nous voyons défiler sur nos écrans des femmes, brisées ou combatives, qui relatent pour certaines un véritable calvaire où la contrainte sexuelle se double de sévices, pour d’autres une situation pesante, pour d’autres encore un incident pénible. Certains de ces témoignages sont difficilement supportables et appellent la compassion, l’effroi, voire la furieuse envie de planter quelques coups de genou dans quelques génitoires dûment sélectionnées. Mais l’esprit de sérieux qui s’est abattu sur le féminisme ne rend pas cette souffrance plus tolérable, au contraire. Du reste, ce n’est pas seulement l’humour qui est placé sous surveillance, mais tout propos sur le sujet, surtout s’il est tenu par un homme. Le fossé abyssal entre ce qui se raconte en privé (où on blague à tout-va y compris sur les moments difficiles) et ce qu’on ose dire publiquement révèle une forme de terreur. Bien sûr, nul n’a été arrêté pour avoir contesté le déballage en cours, mais tout homme public, qu’il officie dans le show-biz, la politique ou les médias, sait qu’il pourrait perdre son job, des contrats et l’estime de ses contemporains pour un mot de trop. (…) En attendant, un pays où des adultes craignent de soutenir publiquement une opinion minoritaire n’est pas libre. Que la censure ne soit pas imposée par le pouvoir mais par les réseaux sociaux et qu’on ne risque pas sa vie mais sa vie sociale ne rend pas ce climat étouffant plus supportable. « La peur change de camp » , s’enchantent des féministes, bruyamment applaudies par des hommes qui consentent ainsi à leur destitution. Quel aveu que cette peur des hommes célébrée comme une victoire ! Ce n’est donc pas de la souffrance qu’on s’amuse, mais du flot de sottises que l’on entend à son sujet. Les indignés d’aujourd’hui ne cessent de s’émerveiller de la libération de la parole, oubliant à quel point ils la trouvaient malodorante, cette parole libérée, quand elle pointait la sécession en cours dans l’islam européen, et combien il était alors urgent de l’interdire. Tenir en suspicion les témoignages de ceux qui vivent au quoti dien le choc des civilisations (des ploucs) n’était pas un crime, mais un devoir moral. Les mêmes, aujourd’hui, ne se soucient guère de la liberté de parole de tous ceux qui trouvent la délation aussi abjecte que les agissements qu’elle vise, et encore moins de celle des porcs présumés. Il y a deux raisons fondamentales (et pas mal d’accessoires) d’être terrifié par la mécanique irrépressible qui s’est mise en place à partir d’un scandale hollywoodien certes déplorable, mais assez classique : tout d’abord, on ne saurait obtenir justice en suspendant les formes et les garanties essentielles de la justice ; ensuite, ce déferlement de vérités individuelles brosse un tableau global mensonger de la vie des femmes et des hommes en France. (…) Cette nouvelle forme du pilori envoie aussi aux oubliettes la présomption d’innocence à laquelle même le dernier des salauds a droit. (…) Il faut donc se défier du réflexe qui nous fait penser « bien fait pour sa gueule ! » quand les turpitudes de tel ou tel sont étalées – et plus encore quand l’étalage confirme la piètre opinion que l’on avait du personnage. Après avoir entendu l’effroyable récit de Henda Ayari sur Tariq Ramadan, on s’en veut de mégoter sa solidarité à une femme qui a eu le courage de parler. Car, bien sûr, on la croit, et c’est tout le problème : pour moi, comme pour les millions de Français qui l’ont entendue, Ramadan est déjà coupable. Et il a été condamné sans jugement. Il est vrai que, contrairement à tous ceux à qui on reprochera des faits prescrits, lui aura droit, malgré tout, à un procès. Mais quelle qu’en soit l’issue, il restera aux yeux de tous comme un gros dégueulasse. Au lieu de faire croire aux femmes agressées qu’elles obtiendront toutes réparation et d’agiter le fantasme de l’imprescriptibilité des crimes sexuels (également contraire à tout notre droit), on devrait avoir le courage de dire aux femmes que la justice des hommes ne peut pas réparer toutes les injustices de l’existence et que, sauf s’ils ont laissé des traces physiques, des méfaits commis entre quatre yeux ont toutes les chances de rester impunis, comme le sont du reste des milliers de crimes et délits qui passent à travers les mailles de notre système libéral. En leur racontant le contraire, en les invitant à « se lâcher », on ne les aide pas, on les traite comme des enfants qui demandent à être consolés, serait-ce par des mensonges. Moi aussi ! Moi aussi ! Mon chef ! Mon collègue ! Mon plombier ! Mon prof de macramé ! Mon dentiste ! À en juger par le succès viral de ce hashtag en forme de cri du cœur, on vivait au milieu des porcs et on ne le savait pas. Du cinéma à l’hôpital, de la fonction publique au journalisme, du monde du sport à l’armée, tous les milieux, toutes les corporations ont été invitées à faire leur examen de conscience. (…) Alors que le Code pénal sanctionne (et heureusement) tout l’éventail des mauvais traitements infligés aux femmes et que ces comportements suscitent un haut-le-cœur général, ce pathos délirant m’a donné un fou rire. (…) L’échec patent de ce happening victimaire laisse supposer que, comme pour l’écriture inclusive, c’est une avant-garde groupusculaire et radicale qui veut faire passer les déviances pour la norme et la transgression pour la règle. Notons que cette même avant-garde préfère regarder ailleurs quand l’infériorité des femmes est effectivement la norme, c’est-à-dire dans les quartiers islamisés. Caroline De Haas, qui n’a pas de la « merde raciste dans les yeux » , voit des porcs partout, sauf à Cologne ou à La Chapelle-Pajol où il n’y a, pour elle, que des victimes de l’islamophobie. Seulement, pour accomplir ce tour de passe-passe et faire admettre comme une vérité que toute femme ou presque avait déjà été harcelée, il a fallu, comme l’analyse Finkielkraut, étendre considérablement le domaine du harcèlement. (…) Si on désigne comme prédateurs tous les hommes qui ont un jour manqué de respect verbalement à une femme, on n’a pas fini de rire. Alors que se préparent les festivités du cinquantième anniversaire de Mai 68, la rage punitive et policière des héritières de la joyeuse libération sexuelle a de quoi terrifier. Toutes les femmes n’ont pas subi de violences ou d’outrages. En revanche, toutes ont eu à faire avec le désir des hommes et toutes savent que, s’il est souvent un délicieux hommage, il peut aussi être importun, pesant, embarrassant. Tant qu’il ne s’impose pas par la force physique, le chantage ou la pression morale – pratiques sanctionnées par la loi –, il relève des relations entre adultes et non de la surveillance citoyenne. (…) Quand la demande égalitaire s’offusque de toute différence, en particulier de l’entêtante différence des sexes, la sexualité demeure le refuge de la dissymétrie acceptée, de la domination fluctuante et, surtout, du secret qui protège la chambre à coucher (ou la table de la cuisine) de l’aveuglante et déprimante lumière de la transparence. Reste à savoir pour combien de temps. Elisabeth Lévy
I became an a–hole — the kind of performative masculine man my father had modeled for me to be. I lived by the motto, ‘If you don’t flirt, you die.’ And flirt I did. I flirted with all women, be they actresses, producers, or 80-year-old grandmothers. I even flirted with those who were out of bounds, like the wives of some of my best friends, which especially revolts me. I disrespected myself, and I disrespected them, and ignored my own ethics, which I regret more deeply than I can express. During those years I was swept up in a world of celebrity and drugs — which are not excuses, just truths. Since then I have had to redefine what it means to be a man, and an ethical man. I think every man on Earth has or will have to grapple with this question. But I am not an assaulter. I emphatically deny ever “exposing” myself to Jessica Teich, whom I have considered a friend for 30 years. I did flirt with her, and I remember trying to kiss Jessica as part of what I thought was a consensual seduction ritual that went on and on for many years. I am horrified and bewildered to discover that it wasn’t consensual. I didn’t get it. It makes me reassess every relationship I have ever thought was playful and mutual. There is a sea-change happening right now, which we can look upon as a problem or an opportunity. We all of us are awakening to the reality that how men have behaved toward women for eons is not OK. The rules are changing invisibly underneath our feet. I am playing catch up. Maybe we all are. I hope people can join me in honestly looking at our behavior and trying to make it right. We have to relearn every rule we thought we knew about how men and women interact, because after all getting together is the most fundamental human compulsion. And if we don’t succeed in that, what do we have? I hope this is the beginning of a larger conversation we can have as a culture. Richard Dreyfuss
Wow, I don’t quite know what to make of that. I respect that he’s trying to grapple with it, and I regret that he’s not being totally honest. Sadly, what I regret even more is I’ll never forget the sight of his penis because I was so surprised to see it there. The fact that he can’t quite acknowledge all of it is understandable. But he certainly acknowledges that something happened, and he certainly acknowledges that it might have been inappropriate now that he looks back on. Jessica Teich
It’s blowing in the wind, stupid !

Au-delà, entre tribunaux du viol universitaires ou  villes-sanctuaires et listes progressives, des habituelles et inévitables dérives et hypocrisies (les fameuses « vertus chrétiennes devenues folles » de Chesterton) …

Comme des risques de lynchage et de chasse aux sorcières que nos esprits contrariants ont raison de dénoncer …
« Quand tous les marteaux du moment se mettent à taper en chœur sur le même clou » …
Alors que du côté même de ses pratiquants la vérité sort enfin sur l’islam
Pendant qu’en Occident certains voudraient étendre à la division du travail sexuel la remise en question de la division sexuelle du travail
Comment ne pas trouver complètement fou ce que l’on est en train de vivre …
Qui aurait imaginé en effet jusqu’il y a deux ou trois semaines un tel degré d’introspection publique de la part d’un acteur d’Hollywood …
Comme cette confession que l’actualité vient d’arracher à un poids lourd d’Hollywood tel que Richard Dreyfus
Reconnaissant que « les règles sont en train de changer de manière invisible sous nos pieds et qu’on essaie juste de suivre » ?
Comment ne pas voir …
Même si on n’est pas judéo-chrétien ou girardien …
Qu’il devient ou va devenir de plus en plus difficile de ne pas être affecté …
Par le souffle désormais planétaire et instantané via les communications actuelles …
De l’autre big bang pourtant vieux de 2 000 ans …
De l’irruption du judéo-christianisme sur la scène humaine ?

L.A. Writer Says Richard Dreyfuss Sexually Harassed and Exposed Himself to Her in the 1980s

Jada Yuan

Vulture

Six days ago, the actor and writer Harry Dreyfuss gave a detailed account to BuzzFeed News, alleging that Kevin Spacey groped his crotch when he was 18, while his father, Richard Dreyfuss, was in the room. Richard confirmed to BuzzFeed that he didn’t see the groping and didn’t know about it until his son told him years later, but was present the night Harry says it occurred. “[Spacey] knew he could fondle me in a room with my father and that I wouldn’t say a word,” wrote Harry. “He knew I wouldn’t have had the guts. And I didn’t.” A few hours after the story was published, Richard tweeted a statement in support of his son:

It was a response that many applauded. But as Los Angeles–based writer Jessica Teich read the elder Dreyfuss’s tweet, she grew “bothered,” she says. “When I read about his support for his son, which I would never question, I remember thinking, But wait a minute, this guy harassed me for months,” Teich told me in an interview. “He was in a position of so much power over me, and I didn’t feel I could tell anyone about it. It just seemed so hypocritical.” She began drafting a Facebook post that she shared with her friends, one of whom is a New York staff member, who gave Teich my number. The harassment, Teich says, was constant over a two- to three-year period in the mid-1980s when she worked as a researcher and junior writer on a TV passion-project of Dreyfuss’s — and included an incident where she says that he exposed himself to her.

The project was an ABC comedy special called Funny, You Don’t Look 200: A Constitutional Vaudeville, which Dreyfuss dreamed up, hosted, co-wrote, and produced to mark the bicentennial of the American Constitution. When Teich and Dreyfuss began working together in 1984 — first at the Mark Taper Forum theater in Los Angeles, where they met, and then on 200 — Teich was in her mid-20s and in an entry-level job, fresh out of grad school. Dreyfuss was 12 years older, married with a child, and starring in a play at the Taper, where Teich was a dramaturg. At the time, he held the record for becoming the youngest Best Actor Academy Award winner ever. “He wasn’t that much older than I was, but in every possible way his position in life couldn’t have been less comparable to mine,” says Teich. “That’s how vast the power differential was. He was famous, he was rich, he had an Oscar.” And, as she pointed out to me emphatically, “He was my boss. There was no question about it.”

While they were both at the Taper, Dreyfuss had asked Teich to work on developing 200 with him, first on an informal basis over lunches, and then with the formal backing of the Disney Channel, where they had a tiny production office. Over the next several years, they spent countless hours together developing the script. One day, deep into the development process, with the TV special set to air in October 1987, Teich says Dreyfuss asked her to meet him in his trailer on the Los Angeles studio lot of a movie he was starring in at the time. As with all her script meetings with Dreyfuss, this one was set up by his female secretary. (The secretary could not be reached for comment.)

“I remember walking up the steps into the trailer and turning towards my left,” says Teich, “and he was at the back of the trailer, and just — his penis was out, and he sort of tried to draw me close to it.” Dreyfuss never asked for her to fellate him or jerk him off, Teich says, but she remembers the situation being unambiguous. “He was hard. I remember my face being brought close to his penis,” she continues. “I can’t remember how my face got close to his penis, but I do remember that the idea was that I was going to give him a blow job. I didn’t, and I left.”

How she extricated herself, she can’t recall. “It was like an out-of-body experience. I just tried to swiftly get out of the room. I pretended it hadn’t really happened,” she says. “I kept moving because it was part of my job, and I knew he was, at the time, a very important guy, and certainly important to me. I trusted him. That’s what’s always so weird. I liked him. That’s part of why it’s so painful, because of the level of innocence one brings to these things. I felt responsible, that I must have indicated in some way that I was available for this.”

Teich says that, at the time, she told no one about the exposure incident, or what she claims were years of continual, overt, lewd comments and invitations from Dreyfuss. “He created a very hostile work environment, where I felt sexualized, objectified, and unsafe,” says Teich. The exposure in the trailer, she says, was the most shocking Dreyfuss’s behavior got, but perhaps more pernicious, she contends, was that she couldn’t do her job without him coming on to her. She’s referring to moments when Dreyfuss tried to kiss her in professional settings, slip her “I love you” notes during meetings, and his unsubtle verbal sneak attacks. “He has that way of sidling up to you and saying things like, ‘I want to fuck you,’” Teich says. “That was said all the time. He would constantly steer conversations to this yucky, insinuating thing, and I would sort of try to pull us back to a place where we could actually get some work done.” Throughout the research process, Teich says, Dreyfuss set up multiple trips where it was just the two of them, to Yale, Stanford, and Washington, D.C. One morning, when they were going to meet with Ronald Reagan, Teich recalls, Dreyfuss “told me he’d spent the night with his ear next to the wall, listening to my movements in my hotel room.”

Despite how unequivocal Teich is about her experience, she believes “Richard would be very surprised if 30-odd years later he heard that I felt completely coerced and disenfranchised. I think he’d be like, ‘Oh no, I thought you really liked me.’ I don’t think he had any idea.”

Dreyfuss, who’s now 70, responded swiftly to my request for comment, through representation, and asked for a limited deadline extension so he could write something thoughtful. Here are the first, most pertinent, paragraphs of his statement:

I value and respect women, and I value and respect honesty. So I want to try to tell you the complicated truth. At the height of my fame in the late 1970s I became an asshole–the kind of performative masculine man my father had modeled for me to be. I lived by the motto, “If you don’t flirt, you die.” And flirt I did. I flirted with all women, be they actresses, producers, or 80-year-old grandmothers. I even flirted with those who were out of bounds, like the wives of some of my best friends, which especially revolts me. I disrespected myself, and I disrespected them, and ignored my own ethics, which I regret more deeply than I can express. During those years I was swept up in a world of celebrity and drugs – which are not excuses, just truths. Since then I have had to redefine what it means to be a man, and an ethical man. I think every man on Earth has or will have to grapple with this question. But I am not an assaulter.

I emphatically deny ever “exposing” myself to Jessica Teich, whom I have considered a friend for 30 years. I did flirt with her, and I remember trying to kiss Jessica as part of what I thought was a consensual seduction ritual that went on and on for many years. I am horrified and bewildered to discover that it wasn’t consensual. I didn’t get it. It makes me reassess every relationship I have ever thought was playful and mutual.

“Wow, I don’t quite know what to make of that,” Teich said, when I read the statement to her aloud. She paused for a long time before speaking again. “I respect that he’s trying to grapple with it, and I regret that he’s not being totally honest. Sadly, what I regret even more is I’ll never forget the sight of his penis because I was so surprised to see it there. The fact that he can’t quite acknowledge all of it is understandable. But he certainly acknowledges that something happened, and he certainly acknowledges that it might have been inappropriate now that he looks back on it.”

In the last 30 years, Teich, who is 58, says she confided in three people about Dreyfuss: a family member and a close confidante, who both asked to remain anonymous, and her therapist. The family member confirmed that Teich had discussed Dreyfuss’s alleged misconduct decades ago, including the exposure incident. The confidante provided a statement recalling that Teich long ago talked about her discomfort with Dreyfuss hitting on her. Her therapist declined to comment due to doctor-patient confidentiality.

Teich’s memoir, The Future Tense of Joy, released in 2016, details a year of sexual molestation and horrific beatings she endured when she was 16, at the hands of a man who was 12 years her senior, and whom she’d also met in a professional setting at an Orlando ballet company they were both in. “When I wouldn’t do some of the things that he wanted me to do, sexually, he would beat the shit out of me,” she tells me. She believes this prior experience with abuse, plus the power imbalance between her and Dreyfuss and the culture surrounding allegations of sexual assault 30 years ago, contributed to why she kept silent. “I knew it was incredibly unpleasant,” she says. “I knew I felt awful about it and during it, but it wasn’t of such greater horribleness than a lot of other things that happened. And because I had been abused as a 16-year-old, and that was my introduction to any kind of intimacy, I thought, Oh, is this okay? I just didn’t have any perspective on it because no one was talking about it.” She’d worried about going public because Dreyfuss has grown children, and his son’s story of abuse is what prompted her post. “But then I thought, ‘I have children, too’” — daughters, 16 and 21 — “and I don’t want them to live in a world where people can’t tell the truth about these things.”

In his statement, Dreyfuss concluded with a broader acknowledgment of the conversations currently happening around sexual harassment and assault:

There is a sea-change happening right now, which we can look upon as a problem or an opportunity. We all of us are awakening to the reality that how men have behaved toward women for eons is not OK. The rules are changing invisibly underneath our feet. I am playing catch up. Maybe we all are.

I hope people can join me in honestly looking at our behavior and trying to make it right. We have to relearn every rule we thought we knew about how men and women interact, because after all getting together is the most fundamental human compulsion. And if we don’t succeed in that, what do we have? I hope this is the beginning of a larger conversation we can have as a culture.

After I read Teich the statement, I asked if she felt like this was a dialogue she would ever have with Dreyfuss. “Yeah, I think if I did it in a context where there were other people involved,” she says. “Because I’m not confronting him, I’m not suing him for damages of any kind. And his statement to you is more than I thought anyone would get from him.” Still, she did take issue with certain words he’d used that she found to be “loaded.” “‘Flirt’ is absolutely not the right word,” Teich says. “It suggests something mutual, and that was not the case.” She also thought he was stretching when he called her someone “whom I have considered a friend for 30 years.” The word “friend” was problematic in this context. “The suggestion is that if I were a true colleague I never would’ve been public about this, that it should’ve all been kept among friends,” she says. “I’m not that guy’s friend. I haven’t seen that guy or spoken to him in 25 years. But as a person, I respond to the sense of hurt that underlies his words, and something in me feels compassion for him, even though he made my life hell. And that’s part of the complexity of the whole thing, I think.

Voir aussi:

Harcèlement féministe: Habeas Porcus
Les magistrates de #balancetonporc ont condamné la gent masculine
Elisabeth Lévy
Causeur
10 novembre 2017

Avant même que la justice s’en mêle, les magistrates de #balancetonporc ont déjà condamné l’ensemble de la gent masculine. Quand il s’agit de stigmatiser tous les hommes, les féministes n’ont pas peur de l’amalgame.

Les temps d’émotion obligatoire peuvent susciter, chez les esprits contrariants, de coupables tendances goguenardes, qu’il vaudrait mieux savoir réprimer. Quand tous les marteaux du moment se mettent à taper en chœur sur le même clou, tenter de glisser un doigt de contradiction, ou plus grave encore, d’ironie, est plutôt périlleux. Ainsi, apprend-on, entre mille nouvelles de la même veine, que le ministre britannique de l’Environnement s’est fait poisser pour une « blague douteuse » – que je trouve pour ma part très drôle – et de surcroît très facile à adapter chez nous. Entrant dans le studio de BBC Radio 4, Michael Gove a déclaré : « C’est comme entrer dans la chambre à coucher de Harvey Weinstein – on espère en sortir avec sa dignité intacte. » La plaisanterie a, paraît-il, beaucoup amusé l’auditoire présent, mais précise l’article, « elle a été largement condamnée sur les réseaux sociaux », ce qui laisse penser que la merveilleuse génération ne rigole pas beaucoup. Ou alors des blagues d’Alex Wizorek.

Et comme la justice se rend désormais sur Twitter, le ministre a dû s’excuser.
Le problème, c’est la blague

Cet épisode a valeur d’apologue. Pour le parti de « la parole libérée », le problème, c’est la blague. Pour les défenseurs de l’humour libre, ce sont les excuses. Quand Carol Galand, l’une des activistes du mouvement antiporc, se réjouit parce que « les #metoo qui se sont répandus comme un feu de forêt ont mis sur le grill des milliers de porcs, vaste méchoui d’une omerta honteuse », le mâle blanc ne s’insurge pas contre cette animalisation, il implore son pardon. On saluera BHL qui pour le coup, s’est énervé – « Je n’aime pas qu’on traite un homme de porc ! » –, Alain Finkielkraut, qui ne cède rien à la pression ambiante (pages 50-51), sans oublier Jaccard, Mandon, Rosenzweig et tous ceux qui prennent le risque de se voir dénoncés comme complices de l’infâme. Mais pour l’essentiel, la gent masculine se tient à carreau. L’homme occidentalisé n’est pas un porc, mais un repentant. Face à la forêt planétaire de doigts accusateurs, il finit par croire à sa propre culpabilité. « Je me suis mal exprimé », confesse Bruno Lemaire, coupable, non pas de gestes indécents (on a vraiment du mal à l’imaginer), mais de refus de dénoncer.

« J’ai honte pour les hommes », roucoule le chef Yves Camdeborde dans un numéro du Parisien qui figurera un jour dans les annales de la domination féminine, où seize people mâles (dont François Hollande, voir encadré) s’engagent pour la sauvegarde de nos amies les femmes. Ces seize- là, suppose-t-on, n’ont jamais contraint aucune femme, mais ils ne le feront plus. Plus de blagues lourdes, plus de regards insistants, plus d’avances « non désirées ». Plus rien qui puisse mettre une femme mal à l’aise, comme l’expliquera bientôt aux contrevenants le « zéro-six anti – relous » (comprenez le numéro de mobile qu’on utilisera comme un leurre antidragueur et au bout duquel le relou se fera sermonner – espérons qu’ils ne choisiront pas une voix trop sexy). À mon humble avis, beaucoup d’histoires d’amour commencent par quelque chose qui peut mettre mal à l’aise, mais passons.

L’inévitable Caroline De Haas ayant semble-t-il échoué à faire reculer le président sur sa réforme du droit du travail, elle a dégainé là où on l’atten – dait, c’est-à-dire en balançant Eugénie Bastié comme « l’alliée indéfectible des agresseurs » . Si tu n’es pas avec moi, tu es avec les cogneurs. Dialectique, quand tu nous tiens. Il faut cependant répondre, non pas à cet argument lourdingue, mais à tous ceux qui s’indignent sincère – ment que l’on plaisante alors que nous voyons défiler sur nos écrans des femmes, brisées ou combatives, qui relatent pour certaines un véritable calvaire où la contrainte sexuelle se double de sévices, pour d’autres une situation pesante, pour d’autres encore un incident pénible. Certains de ces témoignages sont difficilement supportables et appellent la compassion, l’effroi, voire la furieuse envie de planter quelques coups de genou dans quelques génitoires dûment sélectionnées. Mais l’esprit de sérieux qui s’est abattu sur le féminisme ne rend pas cette souffrance plus tolérable, au contraire. Du reste, ce n’est pas seulement l’humour qui est placé sous surveillance, mais tout propos sur le sujet, surtout s’il est tenu par un homme. Le fossé abyssal entre ce qui se raconte en privé (où on blague à tout-va y compris sur les moments difficiles) et ce qu’on ose dire publique – ment révèle une forme de terreur.

Bien sûr, nul n’a été arrêté pour avoir contesté le débal – lage en cours, mais tout homme public, qu’il officie dans le show-biz, la politique ou les médias, sait qu’il pourrait perdre son job, des contrats et l’estime de ses contempo – rains pour un mot de trop. Quelques-uns ont renoncé à intervenir dans ce numéro, persuadés de ne récolter que des ennuis – incluant parfois une bonne engueulade de madame. On ne saurait leur donner tort. En attendant, un pays où des adultes craignent de soutenir publique – ment une opinion minoritaire n’est pas libre. Que la censure ne soit pas imposée par le pouvoir mais par les réseaux sociaux et qu’on ne risque pas sa vie mais sa vie sociale ne rend pas ce climat étouffant plus supportable. « La peur change de camp » , s’enchantent des féministes, bruyamment applaudies par des hommes qui consentent ainsi à leur destitution. Quel aveu que cette peur des hommes célébrée comme une victoire ! Ce n’est donc pas de la souffrance qu’on s’amuse, mais du flot de sottises que l’on entend à son sujet. Les indignés d’aujourd’hui ne cessent de s’émerveiller de la libération de la parole, oubliant à quel point ils la trouvaient malodorante, cette parole libérée, quand elle pointait la sécession en cours dans l’islam européen, et combien il était alors urgent de l’interdire. Tenir en suspicion les témoignages de ceux qui vivent au quoti – dien le choc des civilisations (des ploucs) n’était pas un crime, mais un devoir moral. Les mêmes, aujourd’hui, ne se soucient guère de la liberté de parole de tous ceux qui trouvent la délation aussi abjecte que les agisse – ments qu’elle vise, et encore moins de celle des porcs présumés. Il y a deux raisons fondamentales (et pas mal d’acces – soires) d’être terrifié par la mécanique irrépressible qui s’est mise en place à partir d’un scandale hollywoodien certes déplorable, mais assez classique : tout d’abord, on ne saurait obtenir justice en suspendant les formes et les garanties essentielles de la justice ; ensuite, ce déferlement de vérités individuelles brosse un tableau global mensonger de la vie des femmes et des hommes en France.

« Toi aussi, raconte, en donnant le nom et les détails, un harcèlement dont tu as été victime. » C’est avec ce message, dont nous avons charitablement corrigé l’orthographe, que Sandra Muller, journaliste basée aux États-Unis, a lancé le 13 octobre le hashtag « balance ton porc », la grammaire suggérant que toute femme a un porc à balancer. Comme l’observe alors Le Monde , extatique, « le verrou a sauté. La vanne s’est ouverte ». En quelques jours, des centaines de microrécits sont publiés, l’écœurant côtoyant le futile et le sordide l’ano – din. L’une parle d’attouchements subis à 11 ans, l’autre d’une blague sur ses bottes. Très vite, des noms sont divulgués : dans la liste noire qui s’enrichit d’heure en heure, on trouve un ancien ministre balancé par la fille d’un autre, quelques journalistes et animateurs, un député promptement débarqué de son groupe. Qu’une femme ayant subi une agression sans pouvoir se défendre ait le sentiment de rétablir la balance en jetant le nom de son agresseur en pâture au public, on peut le comprendre. Il n’en est pas moins choquant que la quasi-totalité de la classe médiatique et poli – tique, garde des Sceaux compris, l’encourage dans cette fâcheuse illusion. Votée en 1679 par le Parlement anglais, la loi sur l’Habeas corpus (qui intègre des dispositions antérieures) prévoit que « toute personne arrêtée a le droit de savoir pourquoi elle est arrêtée et de quoi elle est accusée » . Ce principe, inscrit dans notre droit bien avant 1789, est encore l’un des fondements de toute justice démocratique, puisque c’est de lui que découle le caractère contradictoire d’un procès équi – table. C’est sans doute difficile à admettre quand on a eu affaire à un gros dégueulasse, mais c’est ainsi : la seule façon d’obtenir justice, c’est de porter plainte et de se plier aux règles formelles exigées par la procé – dure. La justice ne fait pas son boulot, répondra-t- on. Admettons qu’il reste dans nos commissariats et dans nos prétoires des dinosaures qui détournent la tête quand une femme vient demander leur protec – tion. On a du mal à croire que ce soit la règle. De plus, faut-il, au prétexte que la justice fonctionne mal, laisser les femmes se faire justice elles-mêmes ? Cette nouvelle forme du pilori envoie aussi aux oubliettes la présomption d’innocence à laquelle même le dernier des salauds a droit. Tandis que Murielle Salmona réclame à leur profit une « présomption de vérité » (!), des femmes se déclarent « humiliées » qu’on mette leur parole en doute. Mais le premier devoir de tout juge est de mettre en doute la parole de la victime présu – mée. Même quand elle est criante de vérité. Il faut donc se défier du réflexe qui nous fait penser « bien fait pour sa gueule ! » quand les turpitudes de tel ou tel sont étalées – et plus encore quand l’étalage confirme la piètre opinion que l’on avait du personnage. Après avoir entendu l’effroyable récit de Henda Ayari sur Tariq Ramadan, on s’en veut de mégoter sa soli – darité à une femme qui a eu le courage de parler. Car, bien sûr, on la croit, et c’est tout le problème : pour moi, comme pour les millions de Français qui l’ont enten – due, Ramadan est déjà coupable. Et il a été condamné sans jugement. Il est vrai que, contrairement à tous ceux à qui on reprochera des faits prescrits, lui aura droit, malgré tout, à un procès. Mais quelle qu’en soit l’issue, il restera aux yeux de tous comme un gros dégueulasse. Au lieu de faire croire aux femmes agressées qu’elles obtiendront toutes réparation et d’agiter le fantasme de l’imprescriptibilité des crimes sexuels (également contraire à tout notre droit), on devrait avoir le courage de dire aux femmes que la justice des hommes ne peut pas réparer toutes les injustices de l’existence et que, sauf s’ils ont laissé des traces physiques, des méfaits commis entre quatre yeux ont toutes les chances de rester impu – nis, comme le sont du reste des milliers de crimes et délits qui passent à travers les mailles de notre système libéral. En leur racontant le contraire, en les invitant à « se lâcher », on ne les aide pas, on les traite comme des enfants qui demandent à être consolés, serait-ce par des mensonges.

Moi aussi ! Moi aussi ! Mon chef ! Mon collègue ! Mon plombier ! Mon prof de macramé ! Mon dentiste ! À en juger par le succès viral de ce hashtag en forme de cri du cœur, on vivait au milieu des porcs et on ne le savait pas. Du cinéma à l’hôpital, de la fonction publique au journalisme, du monde du sport à l’armée, tous les milieux, toutes les corporations ont été invitées à faire leur examen de conscience. « Je ne savais pas que c’ était aussi répandu » , déclarent les hommes inter – rogés par Le Parisien . Sauf qu’on ne le sait toujours pas. À entendre les récits qui se succèdent, emplissant tout l’espace médiatique, confortés par une litanie de chiffres terrifiants, la révolution féministe n’a jamais eu lieu et la vie des femmes est un chemin de croix – maltraitance sur fond d’omerta. Il n’y a plus des femmes singulières, mais « nous les femmes » , comme l’écrit Laure Adler dans un texte sobrement intitulé « La nuit des femmes » et publié par Madame Figaro le 20 octobre. « Nous les femmes. Nous les femmes qui sommes déshonorées, déconsidérées, violentées dans notre intégrité physique et psychique, dans notre dignité d’ être humain. Nous les femmes qui n’osons pas énoncer la violence dont nous sommes l’objet, juste – ment parce que nous ne sommes plus sujets. Nous les femmes, quand sortirons-nous de notre nuit immémo – riale, douloureuse, silencieuse ? » Alors que le Code pénal sanctionne (et heureusement) tout l’éventail des mauvais traitements infligés aux femmes et que ces comportements suscitent un haut-le-cœur général, ce pathos délirant m’a donné un fou rire. Tout comme celui de Carol Galland qui a appelé les femmes harce – lées à manifester le dimanche 29 octobre. « Non, il n’est pas normal que la quasi-totalité des femmes cache au creux de son cœur une salissure qui la dégoûte et lui fait honte » , écrit cette amatrice de méchoui qui ne cache pas grand-chose au creux du sien car elle exhibe tous les sentiments qui s’y trouvent, assaisonnés de force formules prétendument drôles. Avant d’ajouter : « Les femmes sont tellement brisées qu’aujourd’ hui, elles vont jusqu’ à penser qu’un rassemblement #metoo ouvert aux hommes serait dangereux pour elles. » On appréciera la réduction de toutes les femmes à de petites choses perdant leurs moyens en présence d’un butor. Un siècle de féminisme pour en arriver là. Seulement, ce ne sont pas « les femmes », mais moins de 2 000 personnes qui ont répondu à son appel dans toute la France, le dimanche 29 octobre, ce qui n’a pas empêché les perroquets de la radio publique de se féliciter que le combat quitte internet pour descendre dans la rue. L’échec patent de ce happening victimaire laisse supposer que, comme pour l’écriture inclu – sive, c’est une avant-garde groupusculaire et radicale qui veut faire passer les déviances pour la norme et la transgression pour la règle. Notons que cette même avant-garde préfère regarder ailleurs quand l’infériorité des femmes est effectivement la norme, c’est-à-dire dans les quartiers islamisés. Caroline De Haas, qui n’a pas de la « merde raciste dans les yeux » , voit des porcs partout, sauf à Cologne ou à La Chapelle-Pajol où il n’y a, pour elle, que des victimes de l’islamophobie. Seulement, pour accomplir ce tour de passe-passe et faire admettre comme une vérité que toute femme ou presque avait déjà été harcelée, il a fallu, comme l’analyse Finkielkraut, étendre considérablement le domaine du harcèlement. « Si nous aussi on donnait les noms des prédateurs sexuels qui nous ont 1/ manqué de respect verbalement 2/ tenté des tripotages » , suggère Sandra Muller dans un deuxième tweet. Si on désigne comme prédateurs tous les hommes qui ont un jour manqué de respect verbalement à une femme, on n’a pas fini de rire. Alors que se préparent les festivités du cinquantième anniversaire de Mai 68, la rage puni – tive et policière des héritières de la joyeuse libération sexuelle a de quoi terrifier. Toutes les femmes n’ont pas subi de violences ou d’outrages. En revanche, toutes ont eu à faire avec le désir des hommes et toutes savent que, s’il est souvent un délicieux hommage, il peut aussi être importun, pesant, embarrassant. Tant qu’il ne s’impose pas par la force physique, le chantage ou la pression morale – pratiques sanctionnées par la loi –, il relève des relations entre adultes et non de la surveillance citoyenne.

Or, à entendre les « agitées du porte-plainte » , pour reprendre la tranchante expression de Muray, on devrait verbaliser tous les amoureux suffisamment transis pour ne pas se laisser décourager à la première rebuffade – dont notre littérature regorge. Et comme il l’a écrit en 1991 dans le texte inédit que nous publions (pages 42-43), derrière la lutte contre le harcèle – ment, « c’est bel et bien le sexuel qui est aujourd’ hui l’objet d’une entreprise de criminalisation, ou plutôt de re-criminalisation, acharnée » . Quand la demande égalitaire s’offusque de toute différence, en particulier de l’entêtante différence des sexes, la sexualité demeure le refuge de la dissymétrie acceptée, de la domination fluctuante et, surtout, du secret qui protège la chambre à coucher (ou la table de la cuisine) de l’aveuglante et déprimante lumière de la transparence. Reste à savoir pour combien de temps. Muray aimait à ce sujet citer « La Colère de Samson », poème de Vigny : « Bientôt, se retirant dans un hideux royaume, La Femme aura Gomorrhe et l’Homme aura Sodome, Et se jetant, de loin, un regard irrité, Les deux sexes mourront chacun de son côté. » Alors que l’on prétend nous faire croire que l’humanité se partage entre victimes et porcs, l’âge de la séparation a peut-être commencé.

Un goujat nommé Hollande Par Patrick Mandon À la une du Parisien , le 25 octobre, seize portraits d’hommes « soutenus » par ce titre en gras : « Les hommes s’engagent. » Ces messieurs font connaître urbi et orbi qu’ils sont opposés… au harcèlement sexuel (et, sans doute, à la faim dans le monde, au dépassement d’honoraires des notaires sans cravate, aux intempéries, aux hémorroïdes) : « Après l’onde de choc créée par l’affaire Weinstein, seize personnalités masculines sollicitées par notre journal expriment leur solidarité avec les femmes. » On reconnaît l’intellectuel azuréen Christian Estrosi, et Michel Cymes, conseiller omnimé – diatique à caducée. Ce dernier profite de l’occa – sion pour parler… de lui ! « Moi aussi, lorsque j’avais 15 ans, j’ai subi des attouchements par un homme dans le métro. C’est très perturbant. Sur le moment je n’ai rien osé dire. » Contrairement à ce que ces déclarations pour – raient faire croire, le sujet de l’article n’est nulle – ment Michel Cymes et sa psychose suburbaine, mais bel et bien la condition faite aux femmes par de grossiers personnages, qui profitent de leur pouvoir pour exiger d’elles des faveurs sexuelles. Mais, ô surprise ! Perdu au milieu des seize messagers féministes, qui voit-on ? François Hollande ! Alors, un souvenir nous revient… M. Hollande sur une estrade, à Tulle, au soir de sa victoire, le 6 mai 2012 : à ses côtés Valérie Trie – rweiler, heureuse, compagne épanouie du vain – queur et présentée comme telle à la foule. Bref, une femme amoureuse, compagne d’un homme comblé, entrait officiellement à l’Élysée. Las ! La ronde 1 des corps et des visages ne saurait suivre une voie rectiligne. M. Hollande, non pas saisi par la débauche, mais fidèle à sa devise « le chan – gement, c’est maintenant ! » s’éprend d’une jolie comédienne. Le 10 janvier 2014, le magazine Closer le montre casqué, furtif, quittant le domi – cile de l’élue au petit matin. Mme Trierweiler découvre son infortune en même temps que les Français : rage, désespoir, dépression ! Le 25, s’adressant au téléphone à l’AFP, il déclare ceci : « Je fais savoir que j’ai mis fin à la vie commune que je partageais avec Valérie Trierweiler. » Par cette formule de dix-huit mots M. Hollande, ineffable « partageur » de vie commune (!) paraissait plutôt congédier une courtisane que rompre avec une compagne, et moins encore répudier une reine. Nombre d’observateurs virent d’ailleurs dans ce communiqué lapidaire et glaçant tout le caractère de la goujaterie… 1. La Ronde , film de Max Ophüls. Nul n’a mieux montré le manège enchanté du désir qui fait tourner les femmes et les hommes, puis les rend à leur solitude fondamentale.

Voir également:

Saïd Ben Saïd : « L’antisémitisme des Arabes aujourd’hui est le même que le vieil antisémitisme européen »

Le producteur de cinéma s’exprime dans une tribune au « Monde » après avoir appris qu’il ne pouvait plus présider le jury des journées cinématographiques de Carthage (du 4 au 11 novembre) en Tunisie. On lui reproche d’avoir produit des films en Israël.

Saïd Ben Saïd (Producteur de cinéma franco-tunisien)

Tribune. J’ai reçu au début du mois d’août une invitation pour présider le jury des journées cinématographiques de Carthage (JCC) qui se déroulent du 4 au 11 novembre à Tunis.

J’ai accepté très chaleureusement la proposition mais, lorsque le délégué général, M. Nejib Ayed, a appris que je produisais le prochain film du cinéaste israélien Nadav Lapid et que j’avais fait partie du jury du dernier festival de Jérusalem, il m’a demandé un délai de réflexion de vingt-quatre heures et ne m’a plus donné signe de vie.

Une grande partie de la presse tunisienne et du public, en prenant connaissance de mes entreprises israéliennes, aurait certainement réagi avec beaucoup de virulence à cette invitation et le festival a probablement eu raison de m’épargner (et de s’épargner) un lynchage médiatique. Cet incident tout à fait fâcheux, et qui l’est d’autant plus qu’il m’a opposé bien involontairement à des personnes que je n’ai aucune envie de désobliger, est révélateur de l’état actuel du débat sur ce pays dont le nom est devenu en Tunisie imprononçable.

Je suis né en Tunisie. J’y ai grandi dans une famille musulmane pratiquante et je m’affirme aujourd’hui avec le même enthousiasme musulman, français et tunisien. Il y a dans mon pays d’origine, et dans le monde arabe de façon générale, une hostilité (quand ce n’est pas une haine) à l’égard d’Israël, qui est liée au sort dramatique des Palestiniens dont les Tunisiens et les Arabes se sentent solidaires.

Vocable antisémite

En vérité, les choses sont un peu plus compliquées que cela. Nul ne peut nier le malheur du peuple palestinien, mais il faut bien admettre que le monde arabe est, dans sa majorité, antisémite et cette haine des juifs a redoublé d’intensité et de profondeur non pas avec le conflit israélo-arabe, mais avec la montée en puissance d’une certaine vision de l’islam.

La lecture littérale du Coran, dépourvue de tout contexte historique, donne lieu depuis un siècle et demi environ à des propos délirants sur les juifs

Bien entendu, un tas de gens sont persuadés, mais alors mordicus, qu’étant des sémites, les Arabes ne peuvent être antisémites. Or, rien n’est plus faux. Le vocable antisémite, inventé en Europe au XIXe siècle, n’a jamais concerné les Arabes. Il désignait exclusivement les juifs. A la vérité, il existe dans le Coran un discours antirabbinique qui a été à travers l’histoire progressivement décontextualisé et déshistoricisé pour devenir d’abord un discours antijudaïque, puis un discours antisémite.

La lecture littérale du Coran, dépourvue de tout contexte historique, donne lieu depuis un siècle et demi environ à des propos délirants sur les juifs. Le Coran comporte un grand nombre de versets concernant les juifs, dont certains leur sont très hostiles. Enfants, nous les apprenions par cœur à l’école. Les juifs étaient, pour nous, perfides, falsificateurs, immoraux, diaboliques, etc., et, chose primordiale, ces versets étaient les paroles de Dieu. Chaque enfant arabe grandit avec ces images. Dans une monarchie arabe du Golfe par exemple, on lit aujourd’hui dans les manuels scolaires que les juifs descendent des singes parce qu’un verset du Coran (II-65) menace les transgresseurs du Sabbat d’être transformés en singes.

Paranoïa dépourvue d’argumentation

Lorsque je suis arrivé en France à l’âge de 18 ans, je fis la connaissance de Mohamed Arkoun et Jacques Berque et je considère aujourd’hui encore ces rencontres comme un bienfait du destin. Je relus grâce à eux le Coran en m’appuyant sur un savoir construit et historique, ébranlant ainsi toutes mes certitudes passées. J’appris alors que les juifs du Coran étaient, en réalité, les juifs de Médine, qui avaient été d’abord perçus par Mahomet comme des alliés potentiels avant de devenir ses ennemis mortels puisqu’ils ne le reconnurent pas comme prophète.

L’âge d’or de la condition juive dans le monde arabe est un mythe. Les juifs y vivaient dans une situation meilleure que celle des juifs d’Europe avec des périodes de relative tolérance mais, globalement, du Maroc à l’Irak, ils étaient méprisés, brimés et humiliés quand ils n’étaient pas massacrés de sorte qu’ils n’avaient pas d’autre choix que celui de quitter les terres de leurs ancêtres pour aller s’établir en Europe ou en Israël.

Le mal est là, tapi au fond de nous. Ses racines sont profondes

C’est dans le monde arabe que les protocoles des sages de Sion ont connu et continuent de connaître leur plus grand succès de vente. L’antisémitisme des Arabes, aujourd’hui, est le même que le vieil antisémitisme européen. Il fonctionne sur le même registre, comme une paranoïa dépourvue d’argumentation. Les juifs ont beaucoup d’argent et sont solidaires entre eux. C’est ce que disait Merah, l’assassin des enfants juifs de l’école Ozar-Hatorah de Toulouse, mais aussi toute une littérature européenne d’avant 1945 (que Merah n’a certainement pas lue).

Que de fois ai-je entendu des gens dire en Tunisie que les récoltes sont mauvaises parce que le Mossad empoisonne les sols ou que ce dernier est à l’origine de l’attentat du 11-Septembre, afin d’aider les Américains à mettre la main sur le pétrole irakien.

Le mal est là, tapi au fond de nous. Ses racines sont profondes. Des centaines de milliers d’Arabes meurent assassinés par d’autres Arabes en Syrie, en Irak, en Libye, au Soudan, mais cela nous importe apparemment moins que les crimes commis par l’armée israélienne qui sont, eux, toujours dénoncés par une partie, fut-elle minoritaire, de la presse et de la société civile de ce pays.

La vérité historique me semble être une exigence morale de premier rang. Un musulman qui en fait son deuil et qui se définit uniquement par le Coran qu’il n’a pas (ou mal) lu ou par la cause palestinienne qu’il ne connaît pas me paraît manquer à sa propre islamité.

Saïd Ben Saïd a, entre autres, produit le film Elle, de Paul Verhoeven, César du meilleur film de l’année 2016.

Voir enfin:

«La norme virile valorise le pénétrant et stigmatise le pénétré», déplore la philosophe Olivia Gazalé

INTERVIEW A l’occasion de «Movember», «20 Minutes» s’intéresse au plaisir prostatique. Une pratique taboue car elle implique que l’homme soit pénétré, ce qui, symboliquement, serait associé à une perte de virilité. Entretien avec Olivia Gazalé, auteure du « Mythe de la virilité »…

  • A l’occasion de « Movember », mouvement dédié à la sensibilisation des cancers masculins, « 20 Minutes » se penche sur le plaisir prostatique. Une pratique encore taboue et source de clichés
  • « Si on veut que les hommes changent leur regard sur les femmes et le féminin, ils doivent d’abord changer le regard qu’ils portent sur eux-mêmes », analyse dans cette interview, Olivia Gazalé, enseignante en philosophie, maître de conférences à Science-Po Paris

Vous aurez peut-être remarqué qu’une des insultes les plus courantes en français est « enculé ». Plus rarement « enculée » et jamais « enculeur ». Autrement dit, l’opprobre est jeté sur celui qui est pénétré ou soupçonné de l’être. C’est peut-être ce qui explique en partie que le sujet du plaisir prostatique soit aussi tabou, cette idée que la pénétration anale passive ferait perdre à un homme sa virilité. Olivia Gazalé (photo ci-contre), enseignante en philosophie, maître de conférences à Science-Po Paris et cofondatrice des Mardis de la philo aborde ce sujet dans l’un des chapitres de son livre Le Mythe de la virilité, paru chez Robert Laffont. Entretien.

Un des chapitres de votre livre s’intitule « Entrer : l’exigence de pénétration ». Autrement dit, est viril celui qui pénètre et non celui qui est pénétré ?

Entendons-nous bien : il ne s’agit évidemment pas ici de porter un jugement de valeur sur ces pratiques, mais seulement d’observer comment elles ont été considérées l’une et l’autre au cours de l’histoire. Dès la Rome antique s’opère un clivage radical entre les pénétrants (les citoyens, les maîtres) et les pénétrés (souvent de jeunes esclaves). Les catégories d’homosexualité et d’hétérosexualité telles que nous les entendons aujourd’hui, comme deux groupes clairement séparés, n’existaient pas. L’homme libre se devait d’être marié, d’honorer sa femme et ses maîtresses et pouvait aussi soumettre de jeunes corps masculins pour son plaisir. Pour reprendre le langage cru
qu’appréciaient les Romains, un vir [un mâle romain] « encule » mais n’est pas « enculé », alors que les « culs larges » et les « suceurs de bites » étaient méprisés et insultés. Autrement dit, la virilité, c’est la pénétration active ; la dévirilisation, c’est la pénétration passive. Pour certains hommes, cela n’a pas changé depuis l’Antiquité, hélas : ils considèrent toujours leur phallus comme un outil de domination.

Qui sont ces hommes ?

Prenez le viol carcéral, un phénomène très répandu et largement tabou. Selon une enquête menée aux Etats-Unis par Human Rights Watch, ces viols sont majoritairement perpétrés par des prisonniers qui, hors les murs, sont hétérosexuels. Ce sont des caïds, qui n’hésitent pas à se glorifier de leurs prouesses sexuelles avec les femmes, et qui « baisent » des détenus pour les humilier et affirmer leur virilité triomphale. Les hommes victimes de ces agressions sont perçus comme féminins, car ils n’affichent pas les marqueurs de la virilité : une voix fluette, un petit gabarit, ou trop peu d’appétit pour la bagarre suffisent pour être rangés du côté des « tafioles », qu’on soit ou non
homosexuel. Et, pour le violeur, il s’agit, là encore, d’imposer sa loi par l’asservissement sexuel de l’autre.

Vous citez dans votre livre les insultes comme « Je t’encule » ou « Je te nique » qui, paradoxalement, peuvent être prononcées sans que celui qui les profère soit perçu comme homosexuel…

Au contraire, même ! Ce genre de compliments, très prisés au volant, signifie « Je te soumets à mon phallus » et cela ne va pas te laisser un très bon souvenir. De nombreuses métaphores assimilent le pénis à une arme : pistolet, fusil, gourdin, braquemart… C’est dire que celui qui profère ce type de phrases parle de la puissance de son membre et de sa capacité à anéantir l’autre. Quant à « sale pédé », c’est une amabilité qui est aussi souvent adressée à des hétérosexuels qu’à des homosexuels. Elle vise juste à déprécier l’autre.

Derrière cela, il y a une dimension homophobe, mais aussi misogyne ?

Oui, car l’homophobie découle de la gynéphobie. C’est parce que le féminin est dévalorisé que l’effémination est perçue comme un avilissement. C’est en ce sens que la défense de la cause des femmes et celle des LGBTQ relèvent d’un seul et même combat : celui qu’il faut continuer à mener contre le caractère aliénant des normes sexuées, qui interdisent aux individus des deux sexes de se construire librement. Cela fait déjà plus d’un siècle que les femmes ont remis en question la notion d’« éternel féminin », mais les hommes, eux, sont encore trop souvent conditionnés par les stéréotypes sexués qui leur imposent de faire sans cesse la démonstration de leur puissance, de leur performance, de leur combativité, de leur courage… et de leur hétérosexualité.

Il faudrait donc que les hommes se remettent en question ?

C’est, d’après moi, l’une des leçons à tirer de l’affaire Weinstein et de ses suites : pour que les hommes changent leur regard sur les femmes et le féminin, ils doivent d’abord changer le regard qu’ils portent sur eux-mêmes, comme dominants et pénétrants. Le vrai sujet tabou, il est là. On parle énormément, et à juste titre, de la discrimination envers les femmes ; en revanche, l’oppression de l’homme par l’homme, l’homophobie, la confusion entre effémination et homosexualité sont des sujets dont on s’empare trop peu. Il y a un vrai travail de pédagogie à faire pour dissocier l’« effémination », c’est-à-dire le fait de posséder des caractères essentialisés comme féminins (la douceur, la sensibilité, la bienveillance, l’empathie…) et l’orientation sexuelle, qui est un tout autre sujet. Il existe des homos très virils et des hétéros efféminés. Sortons des caricatures. Cette discrimination archaïque entre le pénétrant-dominant et le pénétré-dominé mérite d’être définitivement abandonnée. De même que le fait de considérer le terme de « pédé » comme une insulte. C’est à nous qu’il revient d’éduquer la prochaine génération en ce sens.

Voir encore:

Why Campus Rape Tribunals Hand Down So Many ‘Guilty’ Verdicts

Title IX training is a travesty.

In November 2014, a female member of Brown University’s debate team had oral sex with a male colleague while they watched a movie. Eleven months later, she filed a complaint with Brown, accusing him of sexual assault.

Both parties in the case had credibility issues; he had violated a no-contact order, she had withheld from the university the bulk of their text messages. But the accused student possessed strong exculpatory evidence. He produced the full record of their communications, which included texts from the accuser to him discussing the encounter in a highly positive fashion and referencing a “plan” to have sex again. Further, a friend of the accuser, who saw her shortly after the incident, recalled her raving about her “really hot” experience.

Nonetheless, Brown’s disciplinary panel returned a guilty finding by 2-to-1. The decisive vote came from Besenia Rodriguez, the university’s associate dean for curriculum.

In subsequent court testimony after the accused sued Brown, Rodriguez admitted that she had not considered the accuser’s text messages or other post-incident behavior as having any bearing on the case. The reason, she said, was the hours of training that Brown had provided to prepare her to adjudicate the complaint—training required by the federal government. Rodriguez was specifically told that the impact of trauma on sexual-assault victims often causes them to behave in counterintuitive ways, such as not being able to recount a consistent set of facts or choosing to communicate with (rather than to avoid) the alleged assailant. “I felt like it couldn’t—I couldn’t really put myself in her shoes to understand why she was representing it that way,” explained Rodriguez, “so best not to attempt to judge her behavior.”

But judging the accuser’s behavior, noted U.S. District Judge William Smith, “was precisely her job as a panel member: to interpret the evidence and make factual determinations about it.” He added, “It appears what happened here was that a training presentation was given that resulted in at least one panelist completely disregarding an entire category of evidence”—evidence severely damaging to the accuser’s credibility.

Smith invalidated the university’s decision, noting, even apart from Rodriguez’s dereliction of duty, the overall process was far from equitable. The Brown official who designed the training Rodriguez received, Alana Sacks, did not respond to a request for comment.

Since 2011, the federal government has required all universities that receive federal money to provide “training or experience in handling complaints of sexual harassment and sexual violence” to adjudicators and investigators. Since nothing in the experience of most academics prepares them to competently investigate an offense that’s a felony in all 50 states, it makes sense to train those who are assigned to investigate campus sexual-assault allegations. But the ideological regimes used on many campuses are designed more to stack the deck against accused students than to ensure a fair inquiry. The risk of injustice is enhanced by the fact that, to the best of our knowledge, no school discloses the contents of its training materials to accused students before commencing the disciplinary process. The contrast between this training regime and the instructions given by judges to jurors in criminal trials—most obviously, that they should presume defendants innocent until proven guilty—is stark.

“In a criminal trial,” says former Baltimore state’s attorney Gregg L. Bernstein, “we ask jurors to use their common sense and apply their own life experiences to determining questions of credibility and guilt or innocence. We do not ‘train’ jurors at the expense of considering equally plausible factors as to why [an alleged] victim’s testimony might not be credible.” Bernstein, who during his term in office created a special unit to handle sexual-assault cases, believes a balance “can be struck in which the victim’s account is given credence and she is respected, while at the same time, the alleged assailant has the right to test the story. We should ask for no less when a person’s reputation can be altered for life by these types of [campus] allegations.”

The training mandate originated with the Obama administration’s 2011 “Dear Colleague” letter, which dictated campus procedures for sexual-assault allegations that dramatically increased the chances of guilty findings. Expanded guidance in 2014 from the Department of Education’s Office for Civil Rights ordered that the training include “the effects of trauma, including neurobiological change”—a phrase pregnant with hidden meaning. The Obama training requirements (without the “neurobiological change” part) were then formalized in a binding federal regulation in 2015.

While Secretary of Education Betsy DeVos has rescinded the 2011 and 2014 Obama commands, the 2015 regulation keeps most of the Obama training mandate in place. All the while, the secrecy of almost all the training materials has enabled them largely to escape public scrutiny.

“The biggest problem with these training materials,” says Justin Dillon, a Washington, D.C., lawyer who has defended dozens of students accused of sexual assault, “is that if the accuser comes in, contradicts herself and the evidence, all that gets explained away because of ‘trauma.’ Junk science like that makes it extraordinarily hard for students to defend themselves effectively. Schools cherry-pick studies without actually understanding anything about them; they just take this chicanery at face value. Students would need to first pay a lawyer, and then pay that lawyer to find a neuroscience expert who is both willing and qualified to take on this issue. And if you think lawyers are expensive, wait until you see how much experts charge.”

Middlebury College’s training, for instance, urges adjudicators to “start by believing” the accuser, while asking themselves whether the accused student is “who he said he is.” The training materials twice feature a hypothetical campus rapist announcing: “I am going to have sex tonight. If it is consensual, fine. But, I am going to have sex tonight.”

The college further orders that in order to be “objective,” investigation reports must not use the word “alleged” before “victim” or “sexual assault” and must avoid passages such as “the victim’s account of the incident is not believable or credible to officers given her actions during and after the encounter with the suspect” or the “victim has inconsistencies with her story.”

The role of the investigative report is especially important at Middlebury because, like more and more schools, it has abandoned disciplinary hearings on sexual-assault claims in favor of a single-investigator system. This was designed to shield the accuser from cross-examination, but also empowers a school-appointed official to serve as “detective, judge and jury,” in the words of Greg Lukianoff, president of the Foundation for Individual Rights in Education. In the specific system used at Middlebury, a college administrator renders the final decision based primarily on a report prepared by the investigator. The accused student and his representatives have no opportunity to cross-examine the accuser or the investigator. The training’s restrictions on the content of the investigator’s report thus have a direct effect on the final outcome.

After we wrote about the Middlebury training, the firm that conducted it, Margolis Healy, removed the associated material from its website. The company did not respond to a request for comment.

Eric Rosenberg, an Ohio lawyer who has represented accused students in both state and federal lawsuits, says that the “systemic bias” in training materials extends to essentially “mandating adjudicators shield accusers from exculpatory evidence” as it might “re-victimize the victim.” A state or federal judge, Rosenberg explains, “would undoubtedly find [that any] jury pool members who promise not to re-victimize a party who alleges an injury should be stricken for cause.”

Beyond putting a thumb on the scale towards guilt, campus-training materials are permeated by highly debatable psychological theories, spawned in part by the Obama administration’s requirement of training about “neurobiological change.”

Emily Yoffe’s blockbuster September article in the Atlantic on “The Bad Science Behind Campus Response to Sexual Assault” uncovered widespread use of a concept called “tonic immobility.” Yoffe explored the pervasive influence of Rebecca Campbell, a Michigan State psychology professor, who claims that as many as half of all sexual-assault victims experience tonic immobility and that this condition, along with other neurological effects that occur during an assault, renders them unable either to resist or to recall the alleged attack accurately later. Campbell has done no empirical research on tonic immobility, and there is no clear evidence that the phenomenon—in which some prey animals go into a type of temporary paralysis when threatened—occurs in humans.

Training at Harvard Law School in 2014 borrowed heavily from Campbell’s ideas about tonic immobility, according to an article by Harvard Law professor Janet Halley. She said the school provides its tribunals with “a sixth-grade level summary of selected neurobiological research,” which claims that rape victims’ trauma causes neurological changes, which can result in tonic immobility. This “can cause the victim to appear incoherent and to have emotional swings, memory fragmentation, and ‘flat affect’ [so that her statements] can be ‘[m]isinterpreted as being cavalier about [the event] or lying.’ ” The Harvard training, Halley wrote, is “100% aimed to convince [disciplinary panelists] to believe complainants, precisely when they seem unreliable and incoherent.”

A still-pending case led U.S. District Judge John Padova to suggest that the University of Pennsylvania’s training of campus adjudicators is so biased that it may violate Title IX by discriminating against males. In a September 13, preliminary ruling, Padova cited the university’s training materials as a basis for rejecting Penn’s motion to dismiss a Title IX claim in a lawsuit filed by a student the school had found guilty of sexual assault.

Penn used a training document, “Sexual Misconduct Complaint: 17 Tips for Student Discipline Adjudicators,” disseminated by Legal Momentum, a women’s advocacy group that has harshly assailed Betsy DeVos’s efforts to make the handling of campus sexual-assault complaints more fair. The 17 “tips” about accusers include:

“The fact that a complainant recounts a sexual assault somewhat differently from one retelling to the next may reflect memory processes rather than inattentiveness or deceit.” Legal Momentum provides no guidance on how adjudicators should identify “memory processes,” “inattentiveness,” or “deceit.” The implication that inconsistencies are irrelevant to assessing credibility is contrary both to our legal traditions and human experience.

“Victim behaviors during and after a sexual assault may appear counterintuitive to those unfamiliar with sexual assault.” The Legal Momentum document goes on to offer examples suggesting that virtually any conduct or statement by an accuser—resisting or not resisting the alleged assaulter; subsequently contacting or subsequently avoiding the alleged assaulter; testifying emotionally or listlessly; recalling or not recalling events—is consistent with the guilt of the accused.

“False allegations of rape are not common” and “research places the [false rape report] rate in the general population between 2% and 10%.” But this research defines “false” extremely restrictively and excludes a great many cases in which the accused is clearly not guilty of sexual assault and many more in which the available evidence leaves unclear the veracity of the accuser’s account.

As for accused students, Penn’s training material seems designed to sow skepticism about their claims of innocence. The “typical” campus rapist, according to the document, might possess many “apparent positive attributes such as talent, charm, and maturity [and] a deep commitment to community service.” But such traits are “generally irrelevant.” Campus rapists “[p]lan and premeditate their attacks, using sophisticated strategies to groom their victims for attack and isolate them physically.”

Bernstein, the former top Baltimore prosecutor, expressed concern that the Penn training did not meet the “standards” necessary for an “objective process” that could determine the truth of allegations. Most of the tips, he notes, “leave a clear presumption of guilt in the investigator or adjudicator’s mind and provide a victim-centric explanation for otherwise inconclusive, inconsistent, and exculpatory testimony to the exclusion of other factors.” Legal Momentum did not respond to a request for comment.

The training materials and practices that have surfaced from other institutions are equally one-sided.

George Mason’s training plan contains a lengthy section instructing investigators and adjudicators to “avoid an implication of blaming a complainant,” such as by holding “the belief or expressing an opinion that a person who is alleging sexual assault was in some way responsible, whether wholly or in part, for what happened.” Testing an accuser’s truthfulness by asking about her pre-incident behavior with the accused student or why she waited for months to file a report or why she did not go to the police would all constitute blaming the victim. If even considering asking any such questions, the adjudicator is ordered by the training to adjourn the meeting and consult with fellow panelists before proceeding. There is no comparable caution regarding questions asked of accused students.

A University of Texas blueprint for sexual-assault investigations recommends reducing “the number of reports prepared by investigators,” so as to frustrate defense lawyers’ efforts to point out contradictions among an accuser’s statements. This recommendation belies any pretense that the university’s investigators are neutral fact-finders.

The training at Ohio State tells disciplinary panelists that as many as “57 percent” of college males “report perpetrating a form of sexual[ly] aggressive behavior,” among other points seemingly designed to prompt guilty findings. We are aware of no reliable study that makes such a statistical claim. The judge who cited the 57 percent did not say where Ohio State got it, and the school’s full training materials remain sealed.

Cooper Union’s training program describes a “typical” sexual-assault case as the work of a scheming predator: An upper class male who meets a freshman female at a party, accompanies her alone back to her room, and “pours ten shots out of a bottle he pulls out of his backpack” for her to drink. The accuser can later recall nothing, but believes that they had sex.

At SUNY-Plattsburgh, the school’s Title IX coordinator trains the members of sexual-assault hearing panels. In a recent appellate hearing in New York state court, it was revealed that she had misstated the university’s own definition of consent to make a guilty finding more likely, by ruling out “consent by conduct” to sex. SUNY’s lawyer conceded to the appellate judges that the coordinator’s explanations of Plattsburgh policy to the tribunal members were “admittedly confusing.”

The head of a Title IX disciplinary panel at the University of North Carolina, Charlotte, testified in federal court that his institution’s training prompted him to deny the accused student a chance to present friendly, post-incident text messages the accuser sent to him, even though they contradicted her claim that she had come to fear him after they had sex. The panel chair said that the training allowed the tribunal to consider only any messages that “directly answer[ed] the question of consent, to consent to sexual acts.” A federal judge called this exclusion of exculpatory evidence “troubling” and denied the university’s motion for summary judgment.

Such training regimes are the norm across the country, according to four lawyers we talked to and to public statements by two others who have through lawsuits obtained the training materials adopted by many schools. The training materials used by the vast majority of colleges still remain secret.

The new regulations that Betsy DeVos has promised to issue regarding campus proceedings—probably next fall, after publishing proposed rules and considering public comments—will likely continue to require training of some kind, which, at least for investigators, is sensible if it is done well.

Meanwhile, the training materials we have seen are flatly contrary to the Trump administration’s interim guidance for colleges on campus sexual-assault allegations, which provides that “training materials or investigative techniques and approaches that apply sex stereotypes or generalizations may violate Title IX.” DeVos has repeatedly called for colleges to make their processes fair to accused students as well as their accusers.

The time is ripe for some of the accused to file complaints with the Department of Education’s Office for Civil Rights challenging these training programs as violating Title IX’s prohibition on sex discrimination. Such complaints would encourage the Education Department to require that schools make public the contents of their training for sexual assault investigations and tribunals. The accused—many of whom have wrongly assumed that they would be treated fairly and the truth would set them free—would then know what they are up against.
K.C. Johnson and Stuart Taylor Jr. are the authors of The Campus Rape Frenzy: The Attack on Due Process at America’s Universities (2017).

Voir de plus:

Pedagogy questioned

Penn grad student says she’s under fire on campus and off for using a teaching technique that involves specifically calling on students from underrepresented groups.

Colleen Flaherty
Inside higher ed
October 20, 2017

Anyone who’s ever taught a class knows some students say more than others. And most professors eventually develop some way of encouraging quieter students to contribute. In one more formal discussion-management technique, called progressive stacking, professors call on students who may be — for a variety of reasons — less likely to have their say. While every student is different, the reasons typically reflect the implicit biases observed outside the classroom, such as those related to race, gender, religion, sexual orientation or disability status. So, according to progressive stacking, a professor would call on a black or Latina woman before a white man, for example.

There’s the rub, at least in one class at the University of Pennsylvania. Stephanie McKellop, a graduate teaching assistant in history there, says she is under attack by fringe-right groups for using progressive stacking in her classes and then tweeting about it. Worse, she says, the university is cowing to such groups instead of supporting her. She’s claimed on social media that her classes were canceled this week and she may be asked to leave her program.

Here’s some of what McKellop tweeted earlier this week. Her social media accounts are private, but the posts have since been shared by her supporters, some of whom have contacted Penn on her behalf. The trouble apparently began with a post in which she wrote, « I will always call on my black women students first. Other [people of color] get second-tier priority. [White women] come next. And, if I have to, white men. » In a later post, she wrote, « Penn thinks I’m racist and discriminatory towards my students for using a very well worn pedagogical tactic which includes calling on [people of color]. »

Steven J. Fluharty, dean of the School of Arts and Sciences, refuted some of those claims in a statement Thursday, saying that McKellop has not been removed from her program and that Penn has “and will continue to respect and protect the graduate student’s right to due process.”

Penn knows and values the “importance of ensuring that students in groups that were historically marginalized have full opportunity to participate in classroom discussions,” Fluharty added. “Penn is strongly committed to providing respectful work and learning environments for all members of our community.”

Yet Fluharty seemed to validate McKellop’s claim that Penn has taken issue with her teaching style, saying that Penn is “looking into the current matter involving a graduate student teaching assistant to ensure that our students were not subjected to discriminatory practices in the classroom and to ensure that all of our students feel heard and equally engaged.”

McKellop did not immediately respond to an interview request Thursday. A spokeswoman for Penn said that McKellop has not been barred from teaching, but she provided no further details. McKellop’s adviser did not respond to a request for comment.

A number of academics expressed support for McKellop on social media and for progressive stacking. In general, it doesn’t mean excluding men or white students from conversations, or forcing underrepresented students to talk. Instead, it means calling on students who want to talk in the reverse order that one might predictably do so, based on social biases.

Jessie Daniels, a professor of sociology at Hunter College and the Graduate Center of the City University of New York, said progressive stacking has been around at least since she was in graduate school in the 1990s. She still uses it informally, to right her own tendency to call on men more frequently than women.

“If I have a class of 40 students, since Hunter is predominantly young women, I may have four or five young men in class,” Daniels said. “There’s still implicit bias, where we value men’s voices more than women’s voices, or men’s voices are deeper and carry more in a class. So I’m always trying to overcome my own bias to pick on men in class more than the women.”

As to whether purposely asking a woman to answer a question over a man was a kind of discrimination, Daniels said, “That gets it the wrong way around. This is a way of dealing with discrimination that we as professors can introduce into the classroom. It’s a good strategy, if you can do it.”

Daniels said she thought that the online backlash against McKellop seemed ripped from the “playbook” of the far right, which has attacked numerous professors involved in issues of race in recent months. Worse still, she said, McKellop, as a graduate student, is a particularly vulnerable target.

Cathy Davidson, director of the Futures Initiative at CUNY’s Graduate Center, has long advocated for inclusive teaching methods, including via the Humanities, Arts, Science and Technology Alliance and Collaboratory, which she co-founded. Davidson said Thursday that she didn’t particularly like progressive stacking, and that other methods seem “far better to me than making judgments on others’ privilege.”

Davidson instead recommended « inventory » methods that require participation by all students in the classroom, such as thoughtful « exit tickets » from a session, think-pair-share exercises or asking everyone to write down and then share a memorable sentence from a given reading.

Daniels said she didn’t know how pervasive progressive stacking is, but underscored that it’s nothing new. As for the situation at Penn specifically, Daniels said it would be unfortunate for the university to punish someone trying to “uphold its values. It would be a very misguided step on the part of Penn.”

Voir également:

Cannibalism Among the Oppressed

June 10, 2013

When big-bootied FLOTUS Michelle Obama was heckled last week by a grizzled lesbian activist who sort of resembles Glenn Beck with AIDS, the entire progressive coalition nearly came crashing to the ground.

Mrs. Obama was speaking about somethin’-somethin’ black when the activist interrupted her to start screaming about somethin’-somethin’ gay, at which point Obama left the podium to confront the woman. Video documentation of the event is scant, so it’s unclear whether Obama did that black-lady thing where they wag their finger and swivel their head.

“She came right down in my face,” said gay heckler Ellen Sturtz. “I was taken aback.”

Then, but of course, Sturtz was accused of using “white privilege” and “coded racial words” to play into ancient, hateful, and obviously disproved-by-science stereotypes of an “angry black woman.”

One can only imagine the furor if the lez had accused Michelle of chimping out.

“I take tremendous pleasure when my supposed enemies start shooting each other with friendly fire.”

A fat black lesbian who says she embraces the term “BlaQueer” to describe her multiple Identities of Oppression wrote a Huffington Post puff piece about how she couldn’t decide whose side to take:

I, like many other queer people of color, can’t separate my race and its history from my sexuality (or my gender performance/identity) and its history.

Like my mom always said, “‘Can’t’ means ‘won’t.’”

In the event’s wake, pro-homo serial event-interrupters Code Pink apparently made remarks critical of Michelle Obama on Twitter, then offered a groveling apology when told to check their privilege.

This shit never ends, and I love it. Since a white penis dangles atween my legs, progressive identity groups have designated me as their natural-born enemy. Therefore, I take tremendous pleasure when my supposed enemies start shooting each other with friendly fire.

One of the most fascinating aspects of the O. J. Simpson murder trial is that it forced the progressive-minded to take sides: Do they go against the woman-killer or the racist cop?

There are numerous examples of such seemingly insoluble liberal dilemmas, all of them hilarious to me.

Do you protect the environment, or do you allow the Third World to continue breeding like dusky hamsters?

Do you support Islam or the women who are getting their clits sliced off?

Do you come down on the side of unions or illegal-alien scab laborers?

Do you support Greenpeace or Injun whalers?

Do you oppose censorship or rape jokes?

Such constant squabbling usually devolves into pissing contests about who is more oppressed and who exactly is bullying whom.

The term for when one person’s oppression collides with another’s is intersectionality. It was allegedly coined by a black female lawyer named Kimberlé Crenshaw, and the way she spells “Kimberly” is really all you need to know about her. The general concept supposedly arose in the 1970s when black feminists started bitching about white feminists over who was more oppressed. In other words, it was the fruit of infighting among leftist identity groups, the result of cannibalism among the oppressed.

People who buy into this notion that they suffer from multiple forms of oppression—rather than the more likely explanation, which is that they suffer from multiple personalities—tend to explain intersectionality in ways either histrionically angry or academically tortured.

A shining example of the histrionically angry school is a screed called “MY FEMINISM WILL BE INTERSECTIONAL OR IT WILL BE BULLSHIT!” written by a “Latina” who claims she screams so much, it sometimes scares her cat.

Intersectionality, because it is by definition an insane if unfalsifiable notion, has gained traction in the so-called social sciences. In Sweden (of course), you can get a master’s degree in it. Never have so few used so many words to say so little. Intersectionality’s proponents prattle on about standpoint epistemology and interlocking matrices of oppression, about how intercategorical approaches are needed to determine how essentialist identities foster stereotyping, about how power carries gendered connotations and has androcentric biases that promote racialized belonging, and about how straight white males suck.

This is one of the reasons I sort of hope for a wholesale economic collapse—because people who talk like this will not have jobs.

The concept of intersectionality is also related to the “progressive stack,” which assumes that white males at all times bear noxious degrees of unearned power, which is why they have to get to the back of the line and let all the legless black lesbians speak first.

So much for transcending labels and viewing one another as individuals. These people want to institutionalize such labels. They balk at the concept of “assigned identity,” yet they also seem unable to live without it. So many of these multitudinous oppressed “identities” seem like nothing more than cheap cloaks to mask nakedly annoying personalities. People with bad personalities seem to have a built-in defense mechanism that makes them believe you actually hate them for any other possible reason besides their bad personalities. With all the banter about oppression, it’s hard to think of anything that stifles free speech and free expression more than such strident humorlessness.

As an unapologetic white male and therefore a designated cultural pariah, I take a sort of emperor’s glee in the gladiatorial spectacle of these special-interest ninnies eating each other. But it’s different from lions eating Christians. It’s more like Christians eating Christians.

Personally, I found these people far more likable when they were disenfranchised.

Voir encore:

San Francisco is once again the epicenter of the sanctuary city debate with the beginning of the sad and explosive trial of one of the most well-known and infamous illegal aliens in U.S. history. Juan Garcia Zarate (also known as Juan Francisco Lopez-Sanchez), an illegal alien from Mexico with seven felony convictions and five deportations, is on trial for the murder of 32 year-old Kate Steinle. Steinle was allegedly gunned down in broad daylight as she walked arm in arm with her father near the city’s Embarcadero district.

Just months before the shooting, instead of being deported, Garcia Zarate was released from jail and allowed back onto the streets due to San Francisco’s controversial and illegal sanctuary policies. Not surprisingly, when asked why he repeatedly returned to San Francisco, Zarate told local authorities that the city attracted him because of its sanctuary policies.

For many Americans, this senseless murder was regarded as something that could have easily been prevented through adequate border enforcement and a firm federal crackdown on sanctuary cities. On the one hand, Steinle’s death served as a wake-up call for the nation, made immigration reform a rallying cry and helped to propel Donald Trump to the Oval Office.

But sadly, many California pols were more than happy to turn a deaf ear to the suffering of the Steinle family, as well as the cries from other parents across the country who had lost loved ones to illegal aliens shielded by sanctuary policies. To them, Steinle was simply an acceptable loss on the altar of open borders.Just three months after Steinle’s murder, San Francisco, her hometown, revisited the sanctuary issue and instead of scrapping the dangerous policy, doubled down on its commitment to remain a sanctuary city. By a unanimous vote, the board of supervisors embraced the longstanding policy of releasing criminal illegal aliens back onto the streets instead of notifying Immigration and Customs Enforcement so that they can be removed from the country.

The California General Assembly demonstrated equal empathy for the Steinle family, with the passage of a bill that designated California as a sanctuary state. California Assemblyman Joaquin Arambula exclaimed that the bill would ensure that “California is a safe place for immigrants,” begging the question of what, if any, value is being placed on the lives of native-born Americans and legal residents.

It’s not just in the Golden State that sanctuary fever has caught on. At the beginning of this year, FAIR estimated that there were roughly 300 sanctuary cities and jurisdictions across the nation. Unbelievably, that number has now grown to an estimated 500, according to a list compiled by the Ohio Jobs and Justice Political Action Committee, a group that has tracked the issue for a decade. Not surprisingly, 101 of them are in California.

Thankfully, there’s some good news too. President Trump campaigned on ridding the nation of dangerous sanctuary cities and his attorney general, Jeff Sessions, has promised to “claw back” key federal funds from sanctuary jurisdictions. Several cities including Miami, Florida and Dayton, Ohio, dropped their sanctuary policies to avoid losing precious federal funding. The state of Texas recently passed anti-sanctuary legislation forbidding sanctuary policies across the state, and other states, are following suit.

There is also renewed action and commitment to fight dangerous sanctuary jurisdictions on the federal level. Two bills with strong bipartisan support recently passed the House of Representatives. They are now awaiting action in the Senate and there is hope that they will soon be scheduled for a vote, despite an already crowded agenda.

Kate’s Law,” named in memory of Kate Steinle, would increase current maximum sentences for illegal reentry into the United States. The No Sanctuary for Criminals Act clarifies ICE detainer authority to hold criminal aliens for up to 48 hours so they can be handed over to ICE. At the same time, it holds state and local governments responsible for so-called sanctuary policies that protect deportable criminal aliens from being removed from the country. Additionally, the bill also protects jurisdictions that comply with detainers from being sued, while allowing victims of crime to sue jurisdictions that refuse to comply and subsequently release criminal aliens onto the streets.

The sanctuary issue might be popular with the open border pols in California, but public sentiment is clearly on the side of immigration enforcement. According to a recent Zogby poll of 11 key swing states, three out of four registered voters believe that police and sheriffs must comply with detainer requests by ICE, with Hispanic voters showing considerably stronger support. By equal margins, voters believe sanctuary jurisdictions must be held accountable for crimes committed by people who were released into the community because of those policies.

While these laws won’t be able to bring back the loved ones lost by misguided sanctuary policies, they will go a long way in preventing future heartbreak for families who needlessly lose a loved one to someone here illegally.

Dave Ray is director of communication at the Federation for American Immigration Reform (FAIR), a nonprofit aimed at promoting legal immigration.

Voir enfin:

J’ai vécu (sans encombre) à New York, dans la clandestinité

Tout a commencé au printemps 2009 lorsqu’un ami m’a proposé d’aller passer trois mois à New York pour l’été. Ses deux frères habitant à Brooklyn, il m’explique que l’on pourra loger gratuitement chez eux et travailler…

lyon69rue89

New York – Lyon69

Tout a commencé au printemps 2009 lorsqu’un ami m’a proposé d’aller passer trois mois à New York pour l’été. Ses deux frères habitant à Brooklyn, il m’explique que l’on pourra loger gratuitement chez eux et travailler (illégalement) dans des bars et restaurants où l’on sera payé grassement en pourboires.

Je suis un brin sceptique quant à notre capacité à nous faire embaucher « sans papiers » mais ses deux frères travaillant dans l’hôtellerie me confirment que ce ne sera effectivement qu’une simple formalité.

De nature aventureuse, je me débrouille pour récupérer un congé de six mois. J’achète mon billet d’avion quelques jours plus tard et me prépare mentalement à l’idée de passer un été à New York et me remplir les poches de dollars.

L’objectif, c’était d’y rester trois mois, économiser un maximum d’argent puis d’aller le dépenser en Amérique du Sud les trois mois suivants, avant de rentrer en Europe pour reprendre le boulot.

La concurrence est rude

Première constatation : ce n’est pas si évident de trouver un job. La très grande majorité des restaurants et bars ne me demande pas si je suis en règle. En parlant avec certains employés, la plupart d’entre eux travaillent illégalement en étant payé cash, du sous-chef mexicain à la serveuse d’Europe de l’Est.

A force d’acharnement, je finis par trouver un boulot de serveur à Brooklyn. Tout va bien dans le meilleur des mondes, sauf que je ne gagne pas tant de dollars que ça et que la fin de l’été approche, tout comme la validité de mon visa touristique de 90 jours.

On décide donc avec mon ami de faire un aller-retour à Montréal pour récupérer un nouveau visa de 90 jours et poursuivre l’aventure jusqu’aux fêtes de Noël, réputées très juteuses dans la restauration.

De retour à New York (sans encombre), je dois trouver au plus vite une chambre pour me loger – après trois mois à squatter les canapés. Je ne roule malheureusement pas sur l’or après un été calamiteux sur le plan des revenus. Grâce à un collègue, je dégote cependant une chambre pas chère, mais dans un appartement de Brooklyn miteux à souhait. Après avoir changé de travail et déménagé deux fois (de plus), je finis par être bien installé ainsi qu’a gagner ma vie correctement.

La saison des fêtes s’avère très rentable et en moins de deux mois j’ai réussi à économiser un joli petit pactole. Mais mon visa arrive à échéance bientôt et je dois prendre une décision :

  • dois-je rentrer en Europe pour reprendre un boulot intéressant mais très mal payé ?
  • dois-je rester à New York à faire un travail pas intéressant mais payé cinq fois plus ?

Entre temps, je suis tombé amoureux de New York : je décide finalement de rester plus longtemps. J’achète un billet d’avion pour l’Equateur et tente de récupérer un troisième visa touristique d’affilé, avec tous les risques que cela comporte. En effet, en tant que citoyens européens, nous sommes limités par la loi à deux visas touristiques de 90 jours pour une période de douze mois.

Pour l’immigration américaine, il est indispensable de posséder un billet prouvant votre intention de quitter le territoire sous 90 jours. J’ai donc également acheté un billet d’avion New York-Montréal (remboursable) qui décolle quelques jours à peine après mon retour l’Equateur.

Le passage à la douane s’est de nouveau passé sans encombre, mais cela, je le dois aux deux pauvres passagers me précédant dans la queue, qui se sont fait embarquer pour un interrogatoire. Grâce à eux, notre agent a expédié la queue dans laquelle je me trouvais, car plusieurs passagers derrière moi se plaignaient de l’attente. Comme quoi, parfois, ça ne tient pas à grand chose…

Impossible n’est pas Américain !

Maintenant que j’ai décidé de rester aux Etats-Unis un peu plus longtemps, je dois me débrouiller pour me simplifier la vie. Je commence par ouvrir un compte en banque. Techniquement, il est « impossible » aux USA de travailler, ouvrir un compte en banque, emprunter, accéder à la sécurité sociale… sans numéro de sécurité sociale.

Dans la pratique, c’est un peu différent… J’ai ouvert un compte en banque grâce à une banquière peu regardante, signé un bail à un propriétaire qui ne posait pas de questions, ouvert un contrat de téléphonie mobile. Je vais dans un centre destiné aux immigrants pour voir un dentiste et, en cas d’urgence, je peux toujours aller dans un des nombreux hôpitaux publics de la ville pour me faire soigner.

L’un des propriétaires du restaurant où je travaille, depuis mon retour d’Equateur, vient tout juste de se faire régulariser après avoir vécu ici illégalement pendant douze ans ! Il possédait une entreprise de construction
et un bar, il avait un emprunt immobilier pour sa maison et possédait deux voitures… Ici, rien n’est impossible !

Donc, même âpres avoir vécu illégalement aux Etats-Unis pendant des années, il est tout à fait possible de se faire régulariser très facilement. Il suffit pour cela, de se marier avec un(e) citoyen(ne) américain(e).

Ce n’est plus possible dans tous les Etats mais cela reste permis dans un certain nombre, notamment l’Etat de New York et ceux du Connecticut ou de Californie. Une fois marié, il suffit de faire les démarches nécessaires et sous moins de deux mois on reçoit une « green card » temporaire ainsi qu’un numéro de sécurité sociale. Sous deux ans, votre « green card » définitive vous sera délivrée suite éventuellement à un rendez-vous avec les services de l’immigration où vous aurez à prouver que votre mariage est légitime.

Il est même possible de faire la demande d’un « numéro de taxe » (ID Tax Number) pour payer des impôts en travaillant illégalement. Aussi surprenant que cela puisse paraître, payer des impôts en travaillant illégalement, c’est tout à fait possible et même conseillé ! Car si par la suite vous parvenez à vous faire régulariser (par le mariage), toutes les années ou vous aurez payé des impôts seront alors prises en compte dans les délais d’octroi de la citoyenneté américaine.

Alors, comment se fait-il qu’il soit donc plutôt aisé de vivre et travailler illégalement aux USA ?

New York, ville « sanctuaire » pour les immigrants illégaux

« Ville sanctuaire » désigne une ville qui met en place certaines pratiques pour protéger les immigrants illégaux/sans-papiers. Elles sont une trentaine aux Etats-Unis à avoir ce « label ».

Ces pratiques peuvent être définie par la loi (de jure) ou simplement dans les fait (de facto). Concrètement, une ville n’accordera aucun budget pour lutter contre l’immigration illégale ou ne permettra pas aux autorités locales de contrôler le statut d’immigrant d’un civil. Depuis 1996 et surtout depuis 2006, des séries de lois portées en majorité par le parti Républicain, lutte contre ces « libertés » accordées aux immigrants illégaux et tente de donner davantage de pouvoir au gouvernement fédéral (dont dépend la gestion de l’immigration) localement au sein des Etats.

A l’heure actuelle, ce sont surtout les Etats du Sud du pays qui sont touchés : Alabama, Texas, Arizona, Mississippi et Géorgie… Mais la tendance, surtout depuis la crise financière de 2008, s’oriente vers davantage de contrôle ainsi qu’un renforcement des lois.

A New York, il est possible mais peu probable que des agents de l’immigration débarquent dans un restaurant ou un bar pour faire un contrôle car vous l’aurez compris, les lois locales sont en « faveur » des immigrants. Et dans la réalité, la plupart des bars et restaurants de la ville fermeraient car la main d’œuvre utilisée par cette industrie est en majorité ici illégalement ! Dans la pratique donc, les travailleurs illégaux sont « tolérés » par les autorités locales.

Dans les faits, la police peut vérifier votre identité mais n’a pas le droit (contrairement à la France) de vérifier la situation relative à votre visa.

Par exemple, il est tout à fait possible en étant sans-papiers, de passer devant un juge et être condamné pour des faits mineurs, sans se faire par la suite expulser. C’est arrivé à un de nos cuisiniers mexicains… Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que ce n’est pas le rôle de la justice locale de s’occuper de l’immigration !

Cela tient aussi au fait que le travail des différentes agences locales ou fédérales ne collaborent pas vraiment ensemble et ne travaille pas à partir des mêmes bases de données.

Il ne faut pas être claustrophobe

Après avoir obtenu mon troisième visa touristique d’affilé, j’ai décidé, après mûre réflexion, de poursuivre l’aventure à New York, au-delà de mon visa et donc de rentrer dans la clandestinité.

Le risque je le connaissais bien : si je quittais ensuite le territoire moins de 365 jours après l’expiration de mon visa, je m’exposais à une exclusion du territoire de trois ans – plus de 365 jours, une exclusion de dix ans.

Dans le pire des cas, j’allais être banni des USA pour les dix prochaines années, mais à n’importe quel moment, il me suffisait de me marier avec une américaine pour faire sauter les sanctions.

Pour moi, l’un des principaux inconvénients de vivre illégalement aux Etats-Unis, c’est qu’on finit par se sentir légèrement enfermé… Il ne faut pas être claustrophobe.

Le voyage est l’une de mes grandes passions et il ne m’est pas vraiment possible de prendre l’avion. Techniquement, on peut prendre des lignes intérieures sans passer pas l’immigration mais il y a un risque, car il y a toujours un agent de l’immigration présent dans tous les terminaux des aéroports. Donc cela va faire bientôt deux ans et demi que je n’ai pas mis les pieds dans un avion et ça, c’est le coté un peu difficile à vivre.

Je me suis marié l’année dernière à l’Hôtel de ville de New York sans que l’on ne me pose la moindre question (une fois de plus !). Ma femme n’étant pas américaine (on ne force pas l’amour), nous avons donc décidé d’aller poursuivre notre aventure ailleurs. Mais j’ai passé trois années fantastiques à New York.

 COMPLEMENT:

Abus sexuels : le cauchemar sans fin de Hollywood
Harvey Weinstein, Kevin Spacey, Louis C. K., Brett Ratner… Les révélations en cascade d’abus sexuels bouleversent le monde du divertissement américain, au point d’écorner l’image d’une usine à rêves mythique.
Constance et Jamet Etienne Sorin
Le Figaro
14/11/2017

Il règne à Hollywood une atmosphère de guerre. On ignore qui, demain, sera le prochain à être reconnu comme prédateur sexuel. Des noms circulent. Des projets de films, de séries en cours suscitent l’inquiétude à la seule idée que l’une de leurs pièces maîtresses puisse être concernée», résume Jordan Mintzer, correspondant du Hollywood Reporter à Paris. Cela fait un mois que le New York Times et le New Yorker ont ouvert la boîte de Pandore en révélant les abus auxquels se livrait Harvey Weinstein envers ses collaboratrices, des actrices et même des journalistes. La chute du nabab a libéré la parole. D’autres harceleurs ont été dénoncés: le producteur Brett Ratner, le cinéaste et scénariste James Toback, les acteurs Steven Seagal, Louis C. K. et Kevin Spacey ou encore Roy Price, patron d’Amazon Studio, la branche de production de films du géant du commerce en ligne. Un séisme dont l’onde de choc ne montre aucun signe d’affaiblissement.

Contrairement aux scandales sexuels de l’âge d’or de Hollywood, les studios ne ferment plus les yeux. Craignant pour leurs recettes et leur image, ils affichent une tolérance zéro et prennent leur distance avec les mis en cause, enterrant ou suspendant des franchises emblématiques. « La rapidité et la sévérité de leur réponse sont d’une ampleur inédite » , confirme Jordan Mintzer. Vingt-quatre heures après les déclarations d’Anthony Rapp, l’acteur de Star Trek Discovery , qui accusait Kevin Spacey d’avoir tenté de le violer alors qu’il n’avait que 14 ans, Netflix, le diffuseur, et la société de production MRC interrompent le tournage de la saison 6 de House of Cards. Les témoignages des techniciens et assistants s’accumulant, la plateforme SVOD annonce, trois jours plus tard, limoger sa star et geler la production afin de permettre aux scé- naristes de réécrire leurs intrigues et trouver un moyen de tuer le personnage incarné par Spacey, le président américain sans scrupules Frank Underwood. Une solution d’autant plus complexe que deux épisodes étaient déjà en boîte. Netflix abandonne aussi le film co-produit par et avec Spacey, Gore, sur la relation entre un jeune homme et célèbre écrivain américain Gore Vidal, qui devait sortir l’an prochain. La postproduction était presque terminée. De son côté, Sony maintient la sortie en salle fin décembre de Tout l’argent du monde , projet phare de Ridley Scott avec Spacey dans un second rôle, par égard pour « les 800 comédiens et techniciens ayant contribué au long-métrage » . Mais, sans attendre l’aval de Sony, le réalisateur remplace, à moins de cinq semaines de la sortie, Kevin Spacey par Christopher Plummer. Un geste jamais vu qui a sidéré les observateurs. Le film était terminé ; les bandes-annonces en ligne sur YouTube. Les huit à dix jours de tournage additionnels, l’insertion dans le montage terminé de Plummer – qui nécessitera de nombreux effets spéciaux – se chiffreront en millions de dollars ! Mais cette audace pourrait valoir à Ridley Scott, qui s’était vu imposer Spacey par le studio, la nomination aux Oscars qui lui manque tant. Même bannissement pour l’humoriste Louis C. K.. Ayant bâti sa carrière sur son personnage quasi autobiographique d’artiste déprimé ayant le sexe triste, la vedette de stand-up a reconnu des comportements exhibitionnistes. Aussitôt, Netflix, la chaîne FX Networks, filiale de la Fox, et ses agents ont cessé toute collaboration. Sa comédie noire qui devait sortir le lendemain a été reportée sine die. ARP, le distributeur français qui a acheté I Love You Daddy ! au Festival de Toronto en septembre dernier, prévoyait une sortie le 27 décembre. Louis C. K. a annulé sa venue en France et ARP est tributaire de la décision des Américains. « C’est un film formidable, regrette Michèle Halberstadt, chez ARP. Malheureusement, il n’est plus montrable dans le contexte actuel. Le film ne peut plus être vu pour ce qu’il est. » Matthew Weiner, le showrunner de la série Mad Men , est quant à lui accusé de harcèlement sexuel par l’une des anciennes scénaristes du show, Kater Gordon. En pleine promotion de son premier roman, Heather, par dessus tout , il conteste les faits. Son éditeur français, Gallimard, confirme sa venue à Paris les 29 et 30 novembre prochain. Mais gare aux studios qui seraient trop lents à prendre la mesure du problème ! Partenaire majeur de Warner Bros via sa société RatPac, le producteur Brett Ratner a maltraité plusieurs femmes, dont les actrices Olivia Munn et Ellen Page. Warner Bros a annoncé rompre avec le réalisateur de block busters (Rush Hour , X-Men : L’Affrontement final ), chassé de ses bureaux. Le contrat de 450 millions de dollars liant RatPac et Warner court néanmoins jusqu’en 2018. Une ambiguïté insupportable pour Gal Gadot. La star de Wonder Woman, produit par Ra- tner, aurait exigé pour reprendre son rôle que la Warner rachète les parts du cinéaste, le privant ainsi de tout bénéfice. Même les rescapés de précédents scandales ne sont plus intouchables. Woody Allen, qui a survécu dans l’industrie en dépit d’accusations d’attouchements sur ses enfants adoptifs vieilles de vingt ans, vacille. Produit par Amazon, son prochain long-métrage, Wonder Wheel, a vu sa première supprimée in extremis mi-octobre. Le cinéaste, dont le fils Ronan Farrow est l’auteur de l’enquête dévastatrice du New Yorker, s’inquiétait du moral de Harvey Weinstein et d’une éventuelle chasse aux sorcières (avant de faire machine arrière). De quoi plomber son film et son interprète Kate Wins- let, qui pouvait espérer briller dans cette saison des prix mise complètement sens dessus dessous. Jadis silencieuse, car dépendante de la manne publicitaire des studios, la presse spécialisée a joint ses forces d’investigation au grand déballage. Variety et The Hollywood Reporter ont, ce week-end, révélé des témoignages à charge contre George Takei, l’icône de Star Trek , et Andrew Kreisberg, producteur exécutif de Supergirl , Flash et Arrow , les séries de super-héros de la CW, propriété de la Warner. « La mentalité machiste de Hollywood qu’incarnait à merveille Weinstein où une actrice, scénariste ou réalisatrice devait supporter gestes et paroles salaces pour être acceptée est désormais contestée » , veut croire Jordan Mintzer. Cependant, le journaliste du Hollywood Reporter reconnaît que l’affaire Weinstein est à double tranchant : « Les femmes devant et derrière la caméra seront sans doute mieux traitées. Mais, côté business, pour s’éviter des risques de procès, les agences et les studios pourraient freiner les embauches. »


%d blogueurs aiment cette page :