Pâques/2020e: Si le grain ne meurt (Ou la longue histoire, d’Isaac à Moïse et de la circoncision à l’eucharistie comme de l’avortement à la contraception et de la vaccination au confinement, de l’abandon comme des substituts et survivances du sacrifice d’enfants)

10 avril, 2020

The sacrifice of Isaac - collection of Marc Chagall Museum… | Flickr

The First mourning (William-Adolphe Bouguereau, 1888)Death of the Pharaoh Firstborn son (Lawrence Alma-Tadema, 1872)Lamentations over the Death of the First-Born of Egypt (Charles Sprague Pearce, 1877)La Fille de Jephté (Alexandre Cabanel, 1879)
Four sunflowers gone to seed - Vincent van Gogh (1853 - 1890)See, I think there’s a plan. There’s a design for each and every one of us. You look at nature. Bird flies somewhere, picks up a seed, shits the seed out, plant grows. Bird’s got a job, shit’s got a job, seed’s got a job. And you’ve got a job. Maddy (Cold mountain)
Que dire des procédés modernes d’immunisation et de vaccination ? (…) L’intervention médicale consiste à inoculer “un peu” de la maladie, exactement comme dans les rites qui injectent “un peu” de la violence dans le corps social pour le rendre capable de résister à la violence. Les analogies donnent le vertige par leur nombre et leur exactitude. Les « piqûres de rappel » correspondent à la répétition des sacrifices et on retrouve, bien entendu, comme dans tous les modes de protection sacrificielle, les possibilités d’inversion catastrophique: une vaccine trop virulente, un pharmakon trop puissant, peut répandre la contagion qu’il s’agissait de juguler. René Girard
En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Jésus (Jean 12: 24)
Tu me donneras le premier-né de tes fils. Tu me donneras aussi le premier-né de ta vache et de ta brebis; il restera sept jours avec sa mère; le huitième jour, tu me le donneras. Exode 22: 29-30
Tout premier-né m’appartient (…) tu rachèteras tout premier-né de tes fils; et l’on ne se présentera point à vide devant ma face. Exode 34: 19-20
Lorsqu’une femme deviendra enceinte, et qu’elle enfantera un mâle, elle sera impure pendant sept jours; elle sera impure comme au temps de son indisposition menstruelle. Le huitième jour, l’enfant sera circoncis. Elle restera encore trente-trois jours à se purifier de son sang; elle ne touchera aucune chose sainte, et elle n’ira point au sanctuaire, jusqu’à ce que les jours de sa purification soient accomplis. (…) Lorsque les jours de sa purification seront accomplis, pour un fils ou pour une fille, elle apportera au sacrificateur, à l’entrée de la tente d’assignation, un agneau d’un an pour l’holocauste, et un jeune pigeon ou une tourterelle pour le sacrifice d’expiation. Lévitique 12: 2-6
S’il n’a pas de quoi se procurer une brebis ou une chèvre, il offrira en sacrifice de culpabilité à l’Éternel pour son péché deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, l’un comme victime expiatoire, l’autre comme holocauste. Lévitique 5: 7
Qu’on ne trouve chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu. Deutéronome 18: 10
Et, quand les jours de leur purification furent accomplis, selon la loi de Moïse, Joseph et Marie le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur, – suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur: Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur, – et pour offrir en sacrifice deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, comme cela est prescrit dans la loi du Seigneur. Luc 2: 22-24
Au bout de quelque temps, Caïn fit à l’Éternel une offrande des fruits de la terre; et Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. L’Éternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande; mais il ne porta pas un regard favorable sur Caïn et sur son offrande. (…) Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua. (…) L’Éternel lui dit: Si quelqu’un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois. Et l’Éternel mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le tuât point. Genèse 4: 3-15
Dieu dit à Abraham: Toi, tu garderas mon alliance, toi et tes descendants après toi, selon leurs générations. C’est ici mon alliance, que vous garderez entre moi et vous, et ta postérité après toi: tout mâle parmi vous sera circoncis. Vous vous circoncirez; et ce sera un signe d’alliance entre moi et vous. A l’âge de huit jours, tout mâle parmi vous sera circoncis, selon vos générations, qu’il soit né dans la maison, ou qu’il soit acquis à prix d’argent de tout fils d’étranger, sans appartenir à ta race.  On devra circoncire celui qui est né dans la maison et celui qui est acquis à prix d’argent; et mon alliance sera dans votre chair une alliance perpétuelle. Un mâle incirconcis, qui n’aura pas été circoncis dans sa chair, sera exterminé du milieu de son peuple: il aura violé mon alliance. Genèse 17: 9-14
Abraham circoncit son fils Isaac, âgé de huit jours, comme Dieu le lui avait ordonné. Genèse 21: 4
Dieu dit: Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac; va-t’en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste sur l’une des montagnes que je te dirai. (…) Puis Abraham étendit la main, et prit le couteau, pour égorger son fils. Alors l’ange de l’Éternel (…) dit: N’avance pas ta main sur l’enfant, et ne lui fais rien; car je sais maintenant que tu crains Dieu, et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. Abraham leva les yeux, et vit derrière lui un bélier retenu dans un buisson par les cornes; et Abraham alla prendre le bélier, et l’offrit en holocauste à la place de son fils. Genèse 22: 2-13
Pendant le voyage, en un lieu où Moïse passa la nuit, l’Éternel l’attaqua et voulut le faire mourir. Séphora prit une pierre aiguë, coupa le prépuce de son fils, et le jeta aux pieds de Moïse, en disant: Tu es pour moi un époux de sang! Et l’Éternel le laissa. C’est alors qu’elle dit: Époux de sang! à cause de la circoncision. Exode 4: 24-26
Parlez à toute l’assemblée d’Israël, et dites: Le dixième jour de ce mois, on prendra un agneau pour chaque famille, un agneau pour chaque maison. (…) On prendra de son sang, et on en mettra sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte des maisons où on le mangera. (…) Cette nuit-là, je passerai dans le pays d’Égypte, et je frapperai tous les premiers-nés du pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’aux animaux, et j’exercerai des jugements contre tous les dieux de l’Égypte. (…) Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez; je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie qui vous détruise, quand je frapperai le pays d’Égypte. Vous conserverez le souvenir de ce jour, et vous le célébrerez par une fête en l’honneur de l’Éternel; vous le célébrerez comme une loi perpétuelle pour vos descendants. Exode 12: 3-14
Maudit soit devant l’Éternel l’homme qui se lèvera pour rebâtir cette ville de Jéricho! Il en jettera les fondements au prix de son premier-né, et il en posera les portes au prix de son plus jeune fils. Josué 6: 26
De son temps, Hiel de Béthel bâtit Jéricho; il en jeta les fondements au prix d’Abiram, son premier-né, et il en posa les portes aux prix de Segub, son plus jeune fils, selon la parole que l’Éternel avait dite par Josué, fils de Nun. I Rois 16: 34
Jephthé fit un voeu à l’Éternel, et dit: Si tu livres entre mes mains les fils d’Ammon, quiconque sortira des portes de ma maison au-devant de moi, à mon heureux retour de chez les fils d’Ammon, sera consacré à l’Éternel, et je l’offrirai en holocauste. Jephthé marcha contre les fils d’Ammon, et l’Éternel les livra entre ses mains. (…) Jephthé retourna dans sa maison à Mitspa. Et voici, sa fille sortit au-devant de lui avec des tambourins et des danses. C’était son unique enfant; il n’avait point de fils et point d’autre fille. Dès qu’il la vit, il déchira ses vêtements, et dit: Ah! ma fille! tu me jettes dans l’abattement, tu es au nombre de ceux qui me troublent! J’ai fait un voeu à l’Éternel, et je ne puis le révoquer. Elle lui dit: Mon père, si tu as fait un voeu à l’Éternel, traite-moi selon ce qui est sorti de ta bouche, maintenant que l’Éternel t’a vengé de tes ennemis, des fils d’Ammon. (…) Au bout des deux mois, elle revint vers son père, et il accomplit sur elle le voeu qu’il avait fait. Juges 11: 30-40
Et Saül dit: Que Dieu me traite dans toute sa rigueur, si tu ne meurs pas, Jonathan! Le peuple dit à Saül: Quoi! Jonathan mourrait, lui qui a opéré cette grande délivrance en Israël! Loin de là! L’Éternel est vivant! il ne tombera pas à terre un cheveu de sa tête, car c’est avec Dieu qu’il a agi dans cette journée. Ainsi le peuple sauva Jonathan, et il ne mourut point. I Samuel 14: 44-45
Alors Salomon bâtit sur la montagne qui est en face de Jérusalem un haut lieu pour Kemosch, l’abomination de Moab, et pour Moloc, l’abomination des fils d’Ammon. I Rois 11: 7
Achaz (…) marcha dans la voie des rois d’Israël; et même il fit passer son fils par le feu, suivant les abominations des nations que l’Éternel avait chassées devant les enfants d’Israël. II Rois 16: 2-3
Manassé (…) fit passer son fils par le feu. II Rois 21: 1-6
Le roi Josias (…) souilla Topheth dans la vallée des fils de Hinnom, afin que personne ne fît plus passer son fils ou sa fille par le feu en l’honneur de Moloc. 2 Rois 23: 1-10
Et il s’éleva sur la mer une grande tempête. Le navire menaçait de faire naufrage. Les mariniers eurent peur, ils implorèrent chacun leur dieu, et ils jetèrent dans la mer les objets qui étaient sur le navire, afin de le rendre plus léger. (…) Et il se rendirent l’un à l’autre: Venez, et tirons au sort, pour savoir qui nous attire ce malheur. Ils tirèrent au sort, et le sort tomba sur Jonas. Alors ils lui dirent: Dis-nous qui nous attire ce malheur. (…) Ils lui dirent: Que te ferons-nous, pour que la mer se calme envers nous? Car la mer était de plus en plus orageuse. Il leur répondit: Prenez-moi, et jetez-moi dans la mer, et la mer se calmera envers vous; car je sais que c’est moi qui attire sur vous cette grande tempête. (…) Puis ils prirent Jonas, et le jetèrent dans la mer. Et la fureur de la mer s’apaisa. Jonas 1: 15
Ils ont rempli ce lieu de sang innocent; Ils ont bâti des hauts lieux à Baal, Pour brûler leurs enfants au feu en holocaustes à Baal: Ce que je n’avais ni ordonné ni prescrit, Ce qui ne m’était point venu à la pensée. C’est pourquoi voici, les jours viennent, dit l’Éternel, Où ce lieu ne sera plus appelé Topheth et vallée de Ben Hinnom, Mais où on l’appellera vallée du carnage. Jérémie 19: 4-6
Je leur donnai aussi des préceptes qui n’étaient pas bons, et des ordonnances par lesquelles ils ne pouvaient vivre.Je les souillai par leurs offrandes, quand ils faisaient passer par le feu tous leurs premiers-nés; je voulus ainsi les punir, et leur faire connaître que je suis l’Éternel. Ezéchiel 20: 25-26
Avec quoi me présenterai-je devant l’Éternel, Pour m’humilier devant le Dieu Très Haut? Me présenterai-je avec des holocaustes, Avec des veaux d’un an? L’Éternel agréera-t-il des milliers de béliers, Des myriades de torrents d’huile? Donnerai-je pour mes transgressions mon premier-né, Pour le péché de mon âme le fruit de mes entrailles? – On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien; Et ce que l’Éternel demande de toi, C’est que tu pratiques la justice, Que tu aimes la miséricorde, Et que tu marches humblement avec ton Dieu. Michée 6: 6-8
Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation… Donc j’ai dit: Voici, je viens. Psaume 40: 7-8
Le roi dit: Coupez en deux l’enfant qui vit, et donnez-en la moitié à l’une et la moitié à l’autre. Alors la femme dont le fils était vivant sentit ses entrailles s’émouvoir pour son fils, et elle dit au roi: Ah! mon seigneur, donnez-lui l’enfant qui vit, et ne le faites point mourir. Jugement de Salomon (I Rois 3: 25-26)
Il ne lui sera donné d’autre miracle que celui du prophète Jonas. Jésus (Matthieu 12: 39)
Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Jésus (Jean 15: 13)
Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits; car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. Car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu. Que vous en semble? Si un homme a cent brebis, et que l’une d’elles s’égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes, pour aller chercher celle qui s’est égarée Et, s’il la trouve, je vous le dis en vérité, elle lui cause plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées. De même, ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu’il se perde un seul de ces petits. Jésus (Matthieu 18: 10-14)
Vous ne réfléchissez pas qu’il est dans votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas. Caïphe (Jean 11: 50)
Nul ne peut ne pas mourir, mais l’homme seul peut donner sa vie. André Malraux
Après ce, vint une merdaille Fausse, traître et renoïe : Ce fu Judée la honnie, La mauvaise, la desloyal, Qui bien het et aimme tout mal, Qui tant donna d’or et d’argent Et promist a crestienne gent, Que puis, rivieres et fonteinnes Qui estoient cleres et seinnes En plusieurs lieus empoisonnerent, Dont pluseurs leurs vies finerent ; Car trestuit cil qui en usoient Assez soudeinnement moroient. Dont, certes, par dis fois cent mille En morurent, qu’a champ, qu’a ville. Einsois que fust aperceuë Ceste mortel deconvenue. Mais cils qui haut siet et louing voit, Qui tout gouverne et tout pourvoit, Ceste traïson plus celer Ne volt, enis la fist reveler Et si generalement savoir Qu’ils perdirent corps et avoir. Car tuit Juif furent destruit, Li uns pendus, li autres cuit, L’autre noié, l’autre ot copée La teste de hache ou d’espée. Et maint crestien ensement En morurent honteusement.  Guillaume de Machaut (Jugement du Roy de Navarre, v. 1349
Une nation ne se régénère que sur un monceau de cadavres. Saint-Just
Qu’un sang impur abreuve nos sillons! Air connu
L’arbre de la liberté doit être revivifié de temps en temps par le sang des patriotes et des tyrans. Jefferson
Dionysos contre le ‘crucifié’ : la voici bien l’opposition. Ce n’est pas une différence quant au martyre – mais celui-ci a un sens différent. La vie même, son éternelle fécondité, son éternel retour, détermine le tourment, la destruction, la volonté d’anéantir pour Dionysos. Dans l’autre cas, la souffrance, le ‘crucifié’ en tant qu’il est ‘innocent’, sert d’argument contre cette vie, de formulation de sa condamnation. (…) L’individu a été si bien pris au sérieux, si bien posé comme un absolu par le christianisme, qu’on ne pouvait plus le sacrifier : mais l’espèce ne survit que grâce aux sacrifices humains… La véritable philanthropie exige le sacrifice pour le bien de l’espèce – elle est dure, elle oblige à se dominer soi-même, parce qu’elle a besoin du sacrifice humain. Et cette pseudo-humanité qui s’institue christianisme, veut précisément imposer que personne ne soit sacrifié. Nietzsche
Le christianisme est une rébellion contre la loi naturelle, une protestation contre la nature. Poussé à sa logique extrême, le christianisme signifierait la culture systématique de l’échec humain. Adolf Hitler
Les catholiques et les orthodoxes décrivent l’Eucharistie comme une véritable « actualisation », non sanglante, du sacrifice du Christ en vue du salut, par le ministère du prêtre. De leur côté, les protestants s’y refusent, considérant que cela diminue la dignité du sacrifice de la Croix et affirmant que le texte biblique ne soutient pas la théorie de la transsubstantiation enseignée par l’Église catholique. Les luthériens emploient le terme de consubstantiation. Chez les chrétiens évangéliques, on parle d’un mémorial du sacrifice de Jésus-Christ et d’une annonce de son retour. Wikipedia
Un homme pur recueillera la cendre de la vache, et la déposera hors du camp, dans un lieu pur; on la conservera pour l’assemblée des enfants d’Israël, afin d’en faire l’eau de purification. C’est une eau expiatoire. Nombres 19: 9
Le baptême ou baptême d’eau est un rite ou un sacrement symbolisant la nouvelle vie du croyant chrétien. Il est partagé par la quasi-totalité des Églises chrétiennes, étant donné son importance dans les textes bibliques. L’eau symbolise à la fois la mort par noyade des baptisés dans leur ancienne vie caractérisée par le péché, et leur nouvelle naissance dans une vie nouvelle et éternelle. (…) Dans le judaïsme, le mikvé est un bain rituel utilisé pour l’ablution nécessaire aux rites de pureté. L’immersion totale du corps dans l’eau du mikvé fait partie du processus de conversion au judaïsme. On y voit généralement l’ancêtre du baptême chrétien. Dans l’esprit de la Torah et dans les rites d’immersion juifs demandés à Moïse par YHWH, l’immersion représente l’engloutissement dans l’eau d’un corps qui a été touché par l’impur. Wikipedia
L’histoire de Caïn et Abel, rapportée dans le chapitre IV du livre de la Genèse (…) soulève la question de savoir si l’auto-domestication sacrificielle est une tâche dont les hommes peuvent venir à bout ou un travail sans cesse à reprendre pour ne pas retomber dans la barbarie. Des deux fils d’Adam et Ève, nous savons seulement que l’un et l’autre font des offrandes à Dieu. Abel, qui est éleveur, sacrifie les premiers-nés de son troupeau, Caïn, qui est agriculteur, fait des offrandes végétales. Or, Dieu accepte les offrandes d’Abel, mais refuse celles de Caïn, sans qu’on sache pourquoi. (…) Dieu n’agit pas de façon arbitraire, car il y a bien une différence cruciale entre les sacrifices offerts par les deux frères. Il accepte le sacrifice d’Abel, parce qu’il est sanglant, il refuse celui de Caïn, parce qu’il n’est pas sanglant. Dire qu’il accepte le premier est une manière théologique de dire que celui-ci est approprié et efficace, dire que le second est refusé, de laisser entendre qu’il est inapproprié et inefficace. La suite de l’histoire montre aussitôt en quoi consiste l’efficacité du sacrifice. Abel met à mort les premiers-nés de son troupeau et, pour cette raison, ne devient pas meurtrier, alors que Caïn, ne faisant pas de sacrifice animal, devient homicide. Il s’agit là, en quelque sorte, d’une loi naturelle, qui s’impose à Dieu lui-même, et qui explique la protection accordée à Caïn. Au fond, tout se passe comme si, faute de victime animale, la mise à mort d’Abel était ou valait un sacrifice, et donc comme si Caïn était une sorte de sacrificateur (…) Pour saisir toute la porté de ce passage de la Genèse, il faut le rapprocher de l’épisode non moins célèbre du sacrifice, ou de la «ligature », comme dit la tradition juive, d’Isaac. Cet épisode, ainsi que le thème récurrent du rachat des premiers-nés, montrent que chez les Hébreux, comme ailleurs, la victime sacrificielle idéale est un être humain, mais aussi qu’il est possible de détourner la violence rituelle et, avec elle, toute la violence humaine, sur une victime animale. En revanche, l’histoire de Caïn et Abel laisse entendre qu’il serait dangereux, ou du moins prématuré, de vouloir se soustraire totalement de l’ordre sacrificiel et s’affranchir de toute violence. Qui veut faire l’ange fait la bête. On peut sacrifier un animal à la place d’un homme, mais en voulant remplacer le sacrifice animal par des offrandes végétales, on prend le risque de retomber dans la violence même que l’on voulait éviter. Bref, le sacrifice est un moyen violent de tromper la violence, de lui céder localement du terrain pour mieux la dominer globalement et la contenir dans les limites les plus étroites possibles. Mais, sans que cette violence rituelle, on peut le craindre, puisse être réduite à zéro. Telle est la conjecture qui ressort de nos exemples. Jusqu’à preuve du contraire, elle semble corroborée par l’histoire, pleine de bruit et de fureur, des sociétés humaines. (…) si la théologie chrétienne traditionnelle a pu permettre à ses adversaires de lui imputer une réhabilitation du sacrifice humain et d’assimiler la communion à une nouvelle forme de cannibalisme, il est patent que le rituel chrétien, qui ici comme ailleurs constitue le noyau dur d’une religion, est, depuis toujours, et à l’instar, pourrait-on dire, du sacrifice de Caïn, aux antipodes du sacrifice humain. Ou plutôt, à l’instar de celui de Melchisédech, auquel il se réfère expressément, et qui est à peine un sacrifice, puisqu’il consiste en une simple offrande de pain et de vin. Le protestantisme a d’ailleurs rejeté, de longue date, toute interprétation sacrificielle du culte, et, cinq siècles plus tard, on s’aperçoit que, sans vraiment se l’avouer, le rituel catholique lui emboîte le pas. La «célébration eucharistique » tend à remplacer le «sacrifice de la messe », mettant l’accent sur le partage du pain et du vin, «fruit de la terre et du travail des hommes », entre les membres de la communauté, plutôt que sur le sacrifice du dieu ou au dieu. Mais, si cette sortie du sacrifice est indéniable, il est plus difficile de savoir s’il s’agit bien d’un progrès, comme le croient spontanément nos contemporains, chrétiens, irréligieux ou agnostiques, d’accord en cela avec Girard. (…) là aussi, l’acte central est un sacrifice, indéfiniment répété dans le repas de communion, pour la rémission des péchés, c’est-à-dire pour atténuer le mal sans pouvoir jamais s’y soustraire définitivement (…). Pour établir la supériorité du judaïsme sur le christianisme, certains auteurs juifs, tels que Hyam Maccoby, ont fait grief au second de retomber dans le sacrifice humain dont le premier avait su sortir depuis Abraham. Pour les raisons déjà dites, cet argument nous semble irrecevable. C’est un moyen maladroit de masquer le fait, apparemment difficile à assumer de nos jours, que le judaïsme est beaucoup plus sacrificiel que son rejeton chrétien. C’est, en effet, seulement à un accident historique, la destruction du Temple par les Romains, que le judaïsme doit d’avoir abandonné, ou plutôt interrompu, l’usage des sacrifices sanglants. Comme le rappellent les juifs orthodoxes, dès que le Temple sera reconstruit, il faudra y reprendre les sacrifices. Quant à la circoncision, qui se rattache au rachat des premiers-nés, et, en dernière instance, au sacrifice des enfants que pratiquaient les anciens Hébreux, elle est manifestement plus sacrificielle et sanglante que le baptême chrétien. Lucien Scubla
Du point de vue égyptien, le départ des Hébreux d’Egypte était en fait une expulsion justifiable. Les principales sources sont les écrits de Manéthon et Apion, qui sont résumés et réfutés dans l’ouvrage de Josephus contre Apion. . . Manetho était un prêtre égyptien à Héliopolis. Apion était un Égyptien qui écrivait en grec et qui joua un rôle de premier plan dans la vie culturelle et politique égyptienne. Son récit de l’Exode a été utilisé dans une attaque contre les revendications et les droits des Juifs d’Alexandrie. . . La version hellénistique-égyptienne de l’Exode peut être résumée comme suit: les Egyptiens faisaient face à une crise importante précipitée par une population souffrant de diverses maladies. Par crainte de voir la maladie se répandre ou que quelque chose de plus grave encore ne se produise, cette bande a été rassemblée et expulsée du pays. Sous la conduite d’un certain Moïse, ces personnes ont été renvoyées; puis elles se sont constituées en unité religieuse et nationale. Et elles se sont finalement établies à Jérusalem et sont devenues les ancêtres des juifs. James G. Williams
L’accusation de crime rituel à l’encontre des Juifs est l’une des plus anciennes allégations antijuives et antisémites de l’Histoire. En effet, bien que l’accusation de crime de sang ait touché d’autres groupes que les Juifs, dont les premiers chrétiens, certains détails, parmi lesquels l’allégation que les Juifs utilisaient du sang humain pour certains de leurs rituels religieux, principalement la confection de pains azymes (matza) lors de la Pâque, leur furent spécifiques. (…) Le premier exemple connu d’accusation de ce type précède le christianisme, puisqu’il est fourni, selon Flavius Josèphe, par Apion, un écrivain sophiste égyptien hellénisé ayant vécu au Ier siècle. (…) Après la première affaire à Norwich (Angleterre) en 1144, les accusations se multiplient dans l’Europe catholique. De nombreuses disparitions inexpliquées d’enfants et de nombreux meurtres sont expliqués par ce biais. Wikipedia
Le poète et musicien Guillaume de Machaut écrivait au milieu du XIVe siècle. Son Jugement du Roy de Navarre mériterait d’être mieux connu. La partie principale de l’œuvre, certes, n’est qu’un long poème de style courtois, conventionnel de style et de sujet. Mais le début a quelque chose de saisissant. C’est une suite confuse d’événements catastrophiques auxquels Guillaume prétend avoir assisté avant de s’enfermer, finalement, de terreur dans sa maison pour y attendre la mort ou la fin de l’indicible épreuve. Certains événements sont tout à fait invraisemblables, d’autres ne le sont qu’à demi. Et pourtant de ce récit une impression se dégage : il a dû se passer quelque chose de réel. Il y a des signes dans le ciel. Les pierres pleuvent et assomment les vivants. Des villes entières sont détruites par la foudre. Dans celle où résidait Guillaume – il ne dit pas laquelle – les hommes meurent en grand nombre. Certaines de ces morts sont dues à la méchanceté des juifs et de leurs complices parmi les chrétiens. Comment ces gens-là s’y prenaient-ils pour causer de vastes pertes dans la population locale? Ils empoisonnaient les rivières, les sources d’approvisionnement en eau potable. La justice céleste a mis bon ordre à ces méfaits en révélant leurs auteurs à la population qui les a tous massacrés. Et pourtant les gens n’ont pas cessé de mourir, de plus en plus nombreux, jusqu’à un certain jour de printemps où Guillaume entendit de la musique dans la rue, des hommes et des femmes qui riaient. Tout était fini et la poésie courtoise pouvait recommencer. (…) aujourd’hui, les lecteurs repèrent des événements réels à travers les invraisemblances du récit. Ils ne croient ni aux signes dans le ciel ni aux accusations contre les juifs mais ils ne traitent pas tous les thèmes incroyables de la même façon; ils ne les mettent pas tous sur le même plan. Guillaume n’a rien inventé. C’est un homme crédule, certes, et il reflète une opinion publique hystérique. Les innombrables morts dont il fait état n’en sont pas moins réelles, causées de toute évidence par la fameuse peste noire qui ravagea la France en 1349 et 1350. Le massacre des juifs est également réel, justifié aux yeux des foules meurtrières par les rumeurs d’empoisonnement qui circulent un peu partout. C’est la terreur universelle de la maladie qui donne un poids suffisant à ces rumeurs pour déclencher lesdits massacres. (…) Mais les nombreuses morts attribuées par l’auteur au poison judaïque suggèrent une autre explication. Si ces morts sont réelles – et il n’y a pas de raison de les tenir pour imaginaires – elles pourraient bien être les premières victimes d’un seul et même fléau. Mais Guillaume ne s’en doute pas, même rétrospectivement. A ses yeux les boucs émissaires traditionnels conservent leur puissance explicatrice pour les premiers stades de l’épidémie. Pour les stades ultérieurs, seulement, l’auteur reconnaît la présence d’un phénomène proprement pathologique. L’étendue du désastre finit par décourager la seule explication par le complot des empoisonneurs, mais Guillaume ne réinterprète pas la suite entière des événements en fonction de leur raison d’être véritable. (…) Même rétrospectivement, tous les boucs émissaires collectifs réels et imaginaires, les juifs et les flagellants, les pluies de pierre et l’epydimie, continuent à jouer leur rôle si efficacement dans le récit de Guillaume que celui-ci ne voit jamais l’unité du fléau désigné par nous comme la « peste noire ». L’auteur continue à percevoir une multiplicité de désastres plus ou moins indépendants ou reliés les uns aux autres seulement par leur signification religieuse, un peu comme les dix plaies d’Egypte. René Girard
Le passage du sacrifice humain au sacrifice animal (…) représente un progrès immense (…) que le judaïsme est le seul à interpréter dans le sacrifice d’Isaac. Le seul à le symboliser dans une grande scène qui est une des premières scènes de l’Ancien Testament. Il ne faut pas oublier ce dont ce texte tient compte et dont la tradition n’a pas assez tenu compte : tout l’Ancien Testament  se situe dans le contexte du sacrifice du premier né. Rattacher le christianisme au sacrifice du premier né est absurde, mais derrière le judaïsme se trouve ce qu’il y a dans toutes les civilisations moyen-orientales, en particulier chez les Phéniciens : le sacrifice des enfants. Lorsque Flaubert le représente dans  Salambo, Sainte-Beuve avait bien tort de se moquer de lui parce que ce dont parle Flaubert est très réel. Les chercheurs ont découvert dans les cimetières de Carthage des tombes qui étaient des mélanges d’animaux à demi-brulés et d’enfants à la naissance à demi-brulés. Il a beaucoup été reproché à Flaubert la scène du dieu Moloch où les parents carthaginois jettent leurs enfants dans la fournaise. Or, les dernières recherches lui donnent raison contre Sainte-Beuve. En définitive, c’est le romancier qui a raison : cette scène est l’un des éléments les plus terrifiants et magnifiques de  Salambo. La mode intellectuelle de ces dernières années selon laquelle la violence a été inventée par le monde occidental à l’époque du colonialisme est une véritable absurdité et les archéologues n’en ont pas tenu compte. Aux Etats-Unis, des programmes de recherche se mettent en place notamment sur les Mayas. Ces derniers ont souvent été considérés comme des « anti-Aztèques » : ils n’auraient pas pratiqué de sacrifices humains. Pourtant, dès que l’on fait la moindre fouille, on découvre des choses extraordinaires : chez les Mayas, il y a des kilomètres carrés de villes enfouies. C’est une population formidable avec de nombreux temples et les traces du sacrifice humain y sont partout : des crânes de petits-enfants mêlés à des crânes d’animaux. René Girard
Dans le christianisme, on ne se martyrise pas soi-même. On n’est pas volontaire pour se faire tuer. On se met dans une situation où le respect des préceptes de Dieu (tendre l’autre joue, etc.) peut nous faire tuer. Cela dit, on se fera tuer parce que les hommes veulent nous tuer, non pas parce qu’on s’est porté volontaire. Ce n’est pas comme la notion japonaise de kamikaze. La notion chrétienne signifie que l’on est prêt à mourir plutôt qu’à tuer. C’est bien l’attitude de la bonne prostituée face au jugement de Salomon. Elle dit : « Donnez l’enfant à mon ennemi plutôt que de le tuer. » Sacrifier son enfant serait comme se sacrifier elle-même, car en acceptant une sorte de mort, elle se sacrifie elle-même. Et lorsque Salomon dit qu’elle est la vraie mère, cela ne signifie pas qu’elle est la mère biologique, mais la mère selon l’esprit. Cette histoire se trouve dans le Premier Livre des Rois (3, 16-28), qui est, à certains égards, un livre assez violent. Mais il me semble qu’il n’y a pas de meilleur symbole préchrétien du sacrifice de soi par le Christ. René Girard
‘Ils m’ont haï sans cause’ (…) ‘Il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture’, ‘On l’a compté parmi les criminels [ou les transgresseurs]’ (…) C’est tout simplement le refus de la causalité magique, et le refus des accusations stéréotypées qui s’énonce dans ces phrases apparemment trop banales pour tirer à conséquence. C’est le refus de tout ce que les foules persécutrices acceptent les yeux fermés. C’est ainsi que les Thébains adoptent tous sans hésiter l’hypothèse d’un Oedipe responsable de la peste, parce qu’incestueux ; c’est ainsi que les Égyptiens font enfermer le malheureux Joseph, sur la foi des racontars d’une Vénus provinciale, tout entière à sa proie attachée. Les Égyptiens n’en font jamais d’autres. Nous restons très égyptiens sous le rapport mythologique, avec Freud en particulier qui demande à l’Égypte la vérité du judaïsme. Les théories à la mode restent toutes païennes dans leur attachement au parricide, à l’inceste, etc., dans leur aveuglement au caractère mensonger des accusations stéréotypées. Nous sommes très en retard sur les Évangiles et même sur la Genèse. René Girard
Les banlieues ont inventé une nouvelle forme de sacrifice : la destruction de l’objet symbolique fondamental de la société de consommation qu’est l’automobile. On se passe les nerfs en détruisant des automobiles. C’est très mauvais. Je ne suis pas du tout partisan de cela, mais on ne s’en prend pas aux personnes. René Girard
Voici quelques semaines, nous connûmes en France, pour la seconde fois, des révoltes sans morts, des violences déchaînées sans victimes humaines. Avons-nous vu, nous, vieillards, témoins des horreurs de la guerre et à qui l’histoire enseigna, contre le message d’Abraham et de Jésus, le bûcher de Jeanne d’Arc ou celui de Giordano Bruno ; avons-nous vu les révoltés en question ne brûler, par mimétisme, que des automobiles ; avons-nous observé la police, postée devant eux, épargner aussi les vies humaines ? Je vois ici une suite immanquable de votre anthropologie, où la violence collective passa, jadis, de l’homme à l’animal et, maintenant, de la bête, absente de nos villes, à des objets techniques. Parmi ces révoltes fument des chevaux-vapeur. Michel Serres
Nous vivons dans un monde, je l’ai dit, qui se reproche sa propre violence constamment, systématiquement, rituellement. Nous nous arrangeons pour transposer tous nos conflits, même ceux qui se prêtent le moins à cette transposition, dans le langage des victimes innocentes. Le débat sur l’avortement par exemple : qu’on soit pour ou contre, c’est toujours dans l’intérêt des « vraies victimes », à nous en croire, que nous choisissons notre camp. Qui mérite le plus nos lamentations, les mères qui se sacrifient pour leurs enfants ou les enfants sacrifiés à l’hédonisme contemporain. Voilà la question. (…) Contrairement au totalitarisme d’extrême droite – celui qui est ouvertement païen, comme le nazisme, dont on parle plus que jamais, et qui est, je pense, complètement fini -, le totalitarisme d’extrême gauche a de l’avenir. Des deux totalitarismes c’est le plus malin, parce qu’il est le rival du christianisme, comme l’était déjà le marxisme. Au lieu de s’opposer franchement au christianisme, il le déborde sur sa gauche. Le mouvement antichrétien le plus puissant est celui qui prend en compte et radicalise le souci des victimes, pour le paganiser. Ainsi, les puissances et les principautés reprochent au christianisme de ne pas défendre les victimes avec assez d’ardeur. Dans le passé chrétien elles ne voient que persécutions, oppressions, inquisitions. L’Antéchrist, lui, se flatte d’apporter aux hommes la paix et la tolérance que le christianisme leur promet et ne leur apporte pas. En réalité, c’est un retour très effectif à toutes sortes d’habitudes païennes : l’avortement, l’euthanasie, l’indifférenciation sexuelle, les jeux du cirque à gogo, mais sans victimes réelles, grâce aux simulations électroniques, etc. Le néo-paganisme veut faire du Décalogue et de toute la morale judéo-chrétienne une violence intolérable, et leur abolition complète est le premier de ses objectifs. Ce néo-paganisme situe le bonheur dans l’assouvissement illimité des désirs et, par conséquent, dans la suppression de tous les interdits. René Girard
Le christianisme (…) nous a fait passer de l’archaïsme à la modernité, en nous aidant à canaliser la violence autrement que par la mort.(…) En faisant d’un supplicié son Dieu, le christianisme va dénoncer le caractère inacceptable du sacrifice. Le Christ, fils de Dieu, innocent par essence, n’a-t-il pas dit – avec les prophètes juifs : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice » ? En échange, il a promis le royaume de Dieu qui doit inaugurer l’ère de la réconciliation et la fin de la violence. La Passion inaugure ainsi un ordre inédit qui fonde les droits de l’homme, absolument inaliénables. (…) l’islam (…) ne supporte pas l’idée d’un Dieu crucifié, et donc le sacrifice ultime. Il prône la violence au nom de la guerre sainte et certains de ses fidèles recherchent le martyre en son nom. Archaïque ? Peut-être, mais l’est-il plus que notre société moderne hostile aux rites et de plus en plus soumise à la violence ? Jésus a-t-il échoué ? L’humanité a conservé de nombreux mécanismes sacrificiels. Il lui faut toujours tuer pour fonder, détruire pour créer, ce qui explique pour une part les génocides, les goulags et les holocaustes, le recours à l’arme nucléaire, et aujourd’hui le terrorisme. René Girard
Jésus s’appuie sur la Loi pour en transformer radicalement le sens. La femme adultère doit être lapidée : en cela la Loi d’Israël ne se distingue pas de celle des nations. La lapidation est à la fois une manière de reproduire et de contenir le processus de mise à mort de la victime dans des limites strictes. Rien n’est plus contagieux que la violence et il ne faut pas se tromper de victime. Parce qu’elle redoute les fausses dénonciations, la Loi, pour les rendre plus difficiles, oblige les délateurs, qui doivent être deux au minimum, à jeter eux-mêmes les deux premières pierres. Jésus s’appuie sur ce qu’il y a de plus humain dans la Loi, l’obligation faite aux deux premiers accusateurs de jeter les deux premières pierres ; il s’agit pour lui de transformer le mimétisme ritualisé pour une violence limitée en un mimétisme inverse. Si ceux qui doivent jeter » la première pierre » renoncent à leur geste, alors une réaction mimétique inverse s’enclenche, pour le pardon, pour l’amour. (…) Jésus sauve la femme accusée d’adultère. Mais il est périlleux de priver la violence mimétique de tout exutoire. Jésus sait bien qu’à dénoncer radicalement le mauvais mimétisme, il s’expose à devenir lui-même la cible des violences collectives. Nous voyons effectivement dans les Évangiles converger contre lui les ressentiments de ceux qu’ils privent de leur raison d’être, gardiens du Temple et de la Loi en particulier. » Les chefs des prêtres et les Pharisiens rassemblèrent donc le Sanhédrin et dirent : « Que ferons-nous ? Cet homme multiplie les signes. Si nous le laissons agir, tous croiront en lui ». » Le grand prêtre Caïphe leur révèle alors le mécanisme qui permet d’immoler Jésus et qui est au cœur de toute culture païenne : » Ne comprenez-vous pas ? Il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour tout le peuple plutôt que la nation périsse » (Jean XI, 47-50) (…) Livrée à elle-même, l’humanité ne peut pas sortir de la spirale infernale de la violence mimétique et des mythes qui en camouflent le dénouement sacrificiel. Pour rompre l’unanimité mimétique, il faut postuler une force supérieure à la contagion violente : l’Esprit de Dieu, que Jean appelle aussi le Paraclet, c’est-à-dire l’avocat de la défense des victimes. C’est aussi l’Esprit qui fait révéler aux persécuteurs la loi du meurtre réconciliateur dans toute sa nudité. (…) Ils utilisent une expression qui est l’équivalent de » bouc émissaire » mais qui fait mieux ressortir l’innocence foncière de celui contre qui tous se réconcilient : Jésus est désigné comme » Agneau de Dieu « . Cela veut dire qu’il est la victime émissaire par excellence, celle dont le sacrifice, parce qu’il est identifié comme le meurtre arbitraire d’un innocent — et parce que la victime n’a jamais succombé à aucune rivalité mimétique — rend inutile, comme le dit l’Épître aux Hébreux, tous les sacrifices sanglants, ritualisés ou non, sur lesquels est fondée la cohésion des communautés humaines. La mort et la Résurrection du Christ substituent une communion de paix et d’amour à l’unité fondée sur la contrainte des communautés païennes. L’Eucharistie, commémoration régulière du » sacrifice parfait » remplace la répétition stérile des sacrifices sanglants. René Girard
Ce que dit le texte, c’est qu’on ne peut renoncer au sacrifice première manière, qui est sacrifice d’autrui, violence contre l’autre, qu’en assumant le risque du sacrifice deuxième manière, le sacrifice du Christ qui meurt pour ses amis. Le recours au même mot coupe court à l’illusion d’un terrain neutre complètement étranger à la violence. René Girard
La même force culturelle et spirituelle qui a joué un rôle si décisif dans la disparition du sacrifice humain est aujourd’hui en train de provoquer la disparition des rituels de sacrifice humain qui l’ont jadis remplacé. Tout cela semble être une bonne nouvelle, mais à condition que ceux qui comptaient sur ces ressources rituelles soient en mesure de les remplacer par des ressources religieuses durables d’un autre genre. Priver une société des ressources sacrificielles rudimentaires dont elle dépend sans lui proposer d’alternatives, c’est la plonger dans une crise qui la conduira presque certainement à la violence. Gil Bailie
Ce que nous vivons n’est pas simplement une pandémie mondiale, mais une pandémie numérique, où les effets du virus sont relayés par une information dite virale. Nous sommes confinés comme des poissons rouges, mais sur les parois de notre bocal nous n’arrêtons pas de consulter les chiffres de la surmortalité, en attendant que l’hameçon de la maladie vienne nous attraper et nous fasse basculer dans un autre monde. On s’aperçoit soudain que ce qui n’était qu’une unité dans un compte est un nom propre avec un visage. On passe d’un coup de la prophylaxie à l’asphyxie, du statistique au dramatique. Dans la Bible, la peste s’abat sur Israël parce que David a voulu recenser son peuple, c’est-à-dire ne plus le considérer dans la singularité de ses personnes, de ses familles et de ses tribus, mais comme un grand ensemble manipulable. Aujourd’hui, c’est la peste elle-même qui induit des recensements sans fin, à la fois hypnotiques et anxiogènes. Pendant ce temps, du fait de l’isolement des personnes âgées et des consignes de distanciation sociale, le mourant se voit dépouillé de son entourage au profit de l’assistance de la chimie et des machines, et le mort, privé de rites funéraires au profit du four crématoire. Sous ce rapport, l’épidémie ne fait qu’intensifier et dévoiler une structure qui était déjà là, et que l’on pourrait qualifier de structure techno-émotionnelle: face à la mort, on ne sait plus rien faire d’autre que de passer d’une gestion technologique qui nous permet de surnager, à une émotion qui brusquement nous noie. (…) Une crise ne produit pas des effets univoques. En termes de médecine, elle est état transitoire du patient, et peut être heureuse ou funeste, parce qu’elle débouche soit sur la guérison soit sur la mort. Les geeks vivaient déjà confinés derrière leurs écrans. Est-ce leur victoire, ou la preuve qu’ils vivaient déjà comme des malades? L’industrie des applications mobiles est en pleine forme, et le patron de Netflix peut se frotter les mains, mais on découvre aussi, avec les problèmes de ravitaillement, que l’agriculture est plus fondamentale que la haute finance, et l’œuvre des soignants plus essentielle que celle des winners. Hier, on parlait beaucoup de transhumanisme. L’épidémie nous ramène à la condition humaine, à notre mortalité, à la précarité de nos existences. Soudain Thucydide redevient notre contemporain, puisqu’il a traversé la peste d’Athènes. Sophocle, Bocacce, Manzoni, Giono ou Camus se révèlent plus actuels que nos actualités, parce qu’ils témoignent de ce qui appartient de manière indépassable à la chair de l’homme. Le confinement peut nous perdre dans nos tablettes, mais il est aussi l’occasion de réinventer la table familiale, et de retrouver le sens d’une culture toujours plus neuve que nos innovations – de même que le printemps restera toujours plus neuf que nos derniers gadgets. (…) S’il y a quelque chose qu’on ne peut virtualiser, c’est le rite chrétien. Les sacrements exigent une proximité physique. Ils communiquent la grâce par mode de contagion, de proche en proche, parce que l’amour de Dieu est inséparable de l’amour du prochain. C’est pourquoi, l’épidémie se propageant de la même façon, les fidèles ont été privés de l’eucharistie… Comme l’Église fait normalement obligation de communier au moins à Pâques, certains ont jugé bon de discuter cette mesure, voire de la braver. Je préfère la penser. Vivre la Pâque dans cette privation, c’est aussi reconnaître que le christianisme n’est pas un spiritualisme, mais une religion de l’Incarnation, où le plus spirituel rejoint le plus charnel, où le don de la grâce passe par un prêtre balourd, près d’un voisin antipathique, en mastiquant un insipide bout de pain. L’an dernier, au début de la semaine sainte, c’était l’incendie de Notre-Dame: l’édifice incomparable brûlait, mais le rituel était intact. À présent, sans rien de spectaculaire, mais de manière plus profonde, c’est le rituel lui-même qui est atteint. Le drame est plus grand, même s’il se voit moins. Mais si grand que soit le drame, c’est encore de cela que parle le sacrifice de la Croix. Sous le rapport, non pas du rite, mais de ce à quoi il renvoie, en cette heure où l’ange de la mort passe à travers les villes, la Pâque nous rejoint dans toute sa force. Judas transmet la mort par un baiser. Pilate se lave les mains avec du gel hydroalcoolique. Jésus demande: Mon Dieu, pourquoi? Et il ne lui est pas répondu. Mais si nous crions ainsi sous le mal, c’est que nous avons d’abord vu la bonté de la vie. Comme le dit Rilke dans ce vers que je ne me lasse pas de répéter: «Seule la louange ouvre un espace à la plainte». Nous ne pouvons gémir devant ce qui nous détruit que parce que nous célébrons ce qui nous porte. L’envers du cri, si désespéré soit-il, est encore un appel à l’espérance. La nuit nous fait horreur parce que nous avons goûté à la beauté du jour, mais la perte de cette lumière, qui nous fait si mal, nous suggère aussi qu’au bout de la nuit noire l’aurore finit par poindre, plus poignante que jamais. Fabrice Hadjadj
C’est l’une des plus grandes révolutions qui aient jamais eu lieu au monde. Le Juif va être connu ! Un combat identique à celui que Pasteur et Koch ont dû mener doit aujourd’hui être livré par nous. Des maladies sans nombre sont dues au même bacille : le Juif ! (…). Nous guérirons si nous éliminons le Juif. Hitler
Cette flambée de judéophobie confirme l’hypothèse selon laquelle, dans les situations d’incertitude et de désarroi, lorsque se propage le sentiment d’une menace et que les explications officielles ne satisfont pas l’opinion, les Juifs sont accusés d’être liés d’une manière ou d’une autre au phénomène qui provoque des peurs, voire des paniques. Par ailleurs, en dehors même des situations de crise, la défiance des citoyens à l’égard des élites dirigeantes et des médias ne cesse de croître. Or, le manque de confiance favorise la diffusion des récits complotistes prétendant dévoiler des vérités cachées sur les causes des événements inquiétants et ainsi répondre au besoin d’explication. On observe que, dans ces récits pseudo-explicatifs et accusatoires, les Juifs (ou les « sionistes ») jouent souvent un rôle majeur. Lorsque, dans une situation de crise profonde, les élites du pouvoir sont d’origine juive, elles deviennent des cibles privilégiées pour les chasseurs de responsables et de coupables. S’il est vrai qu’il n’y a pas de croyances conspirationnistes sans événements déclencheurs, l’épidémie de coronavirus constitue l’événement déclencheur parfait, en ce qu’elle cumule un certain nombre de traits : elle est perçue comme un phénomène important, menaçant, ambigu, inexpliqué ou mal expliqué. Il s’agit à la fois d’expliquer l’apparition du phénomène anxiogène et de se défendre contre la menace qu’il représente, en désignant ceux qu’on suppose incarner la causalité diabolique. Dans la mise en accusation d’Agnès Buzyn, d’Yves Lévy et de Jérôme Salomon, dont la commune judéité est soulignée par les caricaturistes, la dénonciation complotiste s’entrecroise avec une incrimination de complicité dans une opération criminelle, dans laquelle on peut voir une forme dérivée de l’accusation de meurtre rituel. La cause cachée est en dernière analyse le diable, le principe du Mal. La logique du raisonnement complotiste inclut le biais de proportion, qui pousse le sujet à croire que de « grandes » et terribles conséquences (« l’enfer sur terre », une crise mondiale, la « fin d’une époque », la fin d’une civilisation) ne peuvent être engendrées que par de « grandes », puissantes et terribles causes (Satan, « le Juif », « les sionistes », le Capital, la CIA, « les élites », etc.). Depuis les années 1950, une analyse comparée de la littérature complotiste occidentale permet d’établir que les complots des puissants ou des dominants sont devenus plus crédibles que les complots des minorités actives ou des sociétés secrètes subversives, privilégiés à la fin du XVIIIe siècle ainsi qu’au cours du XIXe. L’âge de l’information globalisée et du libéralisme cognitif est aussi celui de la circulation planétaire de l’information erronée, trompeuse et manipulée, celui de la désinformation et de la mésinformation. Il est à bien des égards l’âge de la conspiration comme réalité et comme représentation, car ceux qui dénoncent compulsivement les complots rêvent de comploter et parfois passent à l’acte. Les croyances complotistes constituent notre mythologie, dans laquelle les démons de divers types ont chassé les dieux. Une démonologie populaire se forme sous nos yeux sur les réseaux sociaux. Or, l’on constate que cette démonologie contient une dimension judéophobe dont la visibilité et la virulence sont plus ou moins grandes selon les contextes. (…) Le concept de causalité diabolique, modèle élaboré par l’historien Léon Poliakov, est ici fort éclairant. Il permet de comprendre pourquoi les complotistes excluent à la fois le hasard et les causes naturelles de leurs modes d’explication des phénomènes dérangeants et inquiétants : non seulement rien n’arrive par accident, mais tous les événements malheureux sont les résultats d’intentions ou de volontés cachées, qui peuvent être liées à des entreprises criminelles. L’étude des accusations de meurtre rituel conduit à distinguer, parmi les modes de diabolisation des Juifs, ceux qui sont centrés sur le projet d’une domination du monde et ceux qui tournent autour d’une pulsion meurtrière visant les non-Juifs. Si les mythes complotistes se nourrissent du fantasme du Juif dominateur et conspirateur, visant la puissance mondiale, les mythes construits sur la base de l’accusation de meurtre rituel sont structurés par l’idée selon laquelle les Juifs poursuivent, en raison de leur nature – leurs instincts sanguinaires – ainsi que des enseignements secrets de leur religion – supposés consignés dans le Talmud –, l’élimination physique des non-Juifs. S’y greffe souvent l’attribution aux Juifs de plans secrets pour obtenir divers avantages ou faire des profits au détriment des non-Juifs. Les Juifs apparaissent alors comme un groupe soudé par la poursuite d’intérêts ou d’objectifs communs et inavouables. Le stéréotype du Juif exploiteur et parasite entre en synthèse avec celui du Juif conspirateur et criminel. Parmi les formes dérivées du mythe, qui prolifèrent dans des contextes de crise sanitaire, on trouve des énoncés selon lesquels « les Juifs » auraient créé le virus du SIDA, le virus H1N1 (responsable de la grippe A) ou le Covid-19 pour réaliser tel ou tel objectif criminel. Il en va ainsi de l’accusation, lancée le 26 février 2020 au moment de l’épidémie de coronavirus, par un « analyste politique » irakien, Muhammad Sadeq al-Hashemi : « Le coronavirus est un complot juif américain financé par Rothschild pour réduire la population mondiale. » Confirmation et condensation de quatre stéréotypes antijuifs : les Juifs sont riches, puissants, conspirateurs et criminels. Ils sont capables de créer et de propager un « tueur de masse » tel qu’un virus. Mais le peuple juif n’a-t-il pas été lui-même assimilé à un bacille ou à un virus ? « L’éternel bacille de l’humanité », comme le désignait Hitler en 1928 dans le « Second Livre ». Hitler définissait « le Juif » comme l’« ennemi mortel » (Todfeind) et l’assimilait au virus porteur d’une maladie mortelle en recourant à la métaphore du « parasite » destructeur (le Juif comme agent infectieux, « virus » ou « bacille »). Le 22 février 1942, dans l’une de ses « conversations secrètes » recueillies sous la direction de Martin Bormann entre 1941 et 1944, Hitler revient sur le traitement qu’il réserve à l’ennemi juif en mimant le langage biomédical, montrant qu’il prenait à la lettre la métaphore virologique :
« C’est l’une des plus grandes révolutions qui aient jamais eu lieu au monde. Le Juif va être connu ! Un combat identique à celui que Pasteur et Koch ont dû mener doit aujourd’hui être livré par nous. Des maladies sans nombre sont dues au même bacille : le Juif ! […]. Nous guérirons si nous éliminons le Juif. » Un autre exemple d’accusation dérivée, fondée sur la pathologisation du peuple juif assimilé à un virus, est fourni par la déclaration faite le 8 mars 2020 sur Yarmouk TV, la chaîne de télévision jordanienne affiliée aux Frères musulmans, par le cheikh Ahmad al-Shahrouri : « Est-il normal de parler du coronavirus parce que c’est l’actualité brûlante, et d’oublier les Juifs, qui sont plus dangereux que le sida, le coronavirus, le choléra et toutes les maladies de ce monde ? » Et le prédicateur d’adresser ce conseil à ses « frères » : « Pour être épargnés de ces maladies mortelles, nous devrions tous nous souvenir du djihad. Le djihad est un moyen de purification. » Le djihad est présenté comme le seul bon remède contre le « virus juif ». Du côté de l’extrême droite raciste, on relève la déclaration par laquelle Henry de Lesquen, invité par le groupuscule identitaire Résistance helvétique, a commencé sa conférence sur la « question raciale » à Aigle (Suisse) le 7 mars 2020 : « Il y a pire que le coronavirus : le judéovirus. » La représentation de l’invisibilité de « l’ennemi », qui fait partie du code culturel de l’antisémitisme moderne, facilite le recours à la métaphore polémique du « virus » pour accuser les Juifs. Le fantasme du « Juif invisible » hante en effet l’imaginaire judéophobe tel qu’il s’est reconfiguré à l’âge de l’émancipation et du projet normatif d’assimilation totale des Juifs, alimentant le soupçon qu’ils jouent un double jeu (assimilation apparente/persistance réelle). Rappelons la hantise d’Édouard Drumont, dans La France juive (1886) : « Le Juif dangereux, c’est le Juif vague (…) ; c’est l’animal nuisible par excellence et en même temps l’animal insaisissable (…). Il est le plus puissant agent de trouble que jamais la terre ait produit. » Plus le Juif est invisible – ou est perçu comme tel –, et plus l’hostilité des antijuifs s’intensifie en glissant vers une vision paranoïaque : puisqu’on ne les voit nulle part, c’est donc que « les Juifs sont partout » et qu’ils agissent dans l’ombre, « contre nous ». Un paradoxe est cependant à noter : dans cette configuration mythologique, les Juifs sont accusés de vouloir détruire le « matériel » humain dont ils ont besoin pour leurs rituels, pour satisfaire leurs pulsions criminelles ou pour faire des profits en les parasitant. Ce paradoxe s’ajoute à celui qui consiste à accuser les Juifs d’être mus par une volonté de dominer tous les peuples non juifs et à les accuser en même temps de vouloir exterminer ces derniers. Mais, tout comme l’inconscient, la pensée mythique ignore les contradictions formelles. (…) Il faut remonter à l’accusation de « meurtre rituel » portée contre les Juifs, qui constitue l’un des plus anciens mythes antijuifs, plus ancien que le mythe du complot juif. Cette accusation a surgi en même temps que celle de « haine du genre humain », dont on trouve des traces au IIIe siècle avant J.-C. Il s’agit d’une accusation chimérique, qui ne se fonde sur aucune preuve factuelle, contrairement aux assertions xénophobes, qui impliquent des généralisations abusives. Les récits où elle figure transmettent depuis plus de deux millénaires le stéréotype du Juif cruel et sanguinaire. Mais elle s’avère inséparable d’une autre accusation, celle de cannibalisme rituel, alors même que les sacrifices humains et la consommation du sang font l’objet d’un strict interdit dans le texte biblique (Lévitique, XVII, 2 ; XVIII, 21 ; XX, 2 et suiv. ; Deutéronome, XII, 31 ; XVIII, 10). Ces accusations couplées structurent le discours antijuif élaboré, de la judéophobie antique et de l’antijudaïsme médiéval à l’antisionisme radical d’aujourd’hui, en passant par l’antisémitisme apocalyptique dont l’hitlérisme a représenté la forme extrême. Les accusations les plus délirantes contre les Juifs ont pour résultat de transformer ces derniers en symboles du mal et, à ce titre, en représentants de l’ennemi absolu. D’où la représentation des Juifs en tant que proches alliés ou disciples du diable. La croyance que les sacrifices humains ou les meurtres rituels de non-Juifs, assortis ou non de cannibalisme, sont une caractéristique du peuple juif est apparue dans le monde antique, et circulait au cours des IIe et Ier siècles avant J.-C. À en croire Flavius Josèphe, le grammairien Apion (1ère moitié du Ier siècle après J.-C.), dans son Histoire d’Égypte, aurait accusé les Juifs de pratiquer des meurtres rituels – à la périodicité variable – dont les victimes étaient des Grecs : « Les Juifs […] s’emparaient d’un voyageur grec, l’engraissaient pendant une année, puis, au bout de ce temps, le conduisaient dans une forêt où ils l’immolaient ; son corps était sacrifié suivant les rites prescrits, et les Juifs, goûtant de ses entrailles, juraient, en sacrifiant le Grec, de rester les ennemis des Grecs ; ensuite ils jetaient dans un fossé les restes de leur victime. » L’historien Damocrite, avant Apion, affirmait que « tous les sept ans ils [les Juifs] capturaient un étranger, l’amenaient [dans leur temple], et l’immolaient en coupant ses chairs en petits morceaux ». La rumeur de crime rituel chez les Juifs a été vraisemblablement notée pour la première fois, ou bien fabriquée pour justifier la profanation et le pillage du temple, par Antiochus IV Épiphane en 168, par l’historien Posidonios au deuxième siècle avant J.-C. On peut supposer que la rumeur exprimait la haine qu’éprouvaient les Grecs à l’égard des Juifs, en particulier à Alexandrie. Au cours du IIe siècle après J.-C., des accusations analogues furent portées par les Romains contre les chrétiens, les victimes supposées étant des enfants : à l’accusation de cannibalisme rituel s’ajouta celle d’infanticide rituel. L’accusation diffamatoire a été réinterprétée ensuite dans le monde chrétien sur la base de la vision du « peuple déicide » et, plus particulièrement aux XIIe et XIIIe siècles, dans le contexte de la découverte du Talmud par le monde chrétien. Christianisée, elle s’est transformée en accusation d’infanticide rituel. Le premier infanticide rituel imputé aux Juifs remonte à 1144 en Angleterre : après la découverte, le 25 mars, du corps affreusement mutilé de William, âgé de douze ans, dans le bois de Thorpe à côté de Norwich, les Juifs chez qui il travaillait sont accusés par la mère et l’oncle de l’enfant de l’avoir tué après l’avoir torturé. Quelques années plus tard, la légende de l’enfant martyr, « tué par les Juifs », est mise en forme par le moine bénédictin Thomas de Monmouth, qui affirme que le meurtre de William aurait été commis d’une façon rituelle, en vue de reproduire la crucifixion de Jésus le Vendredi Saint. En Angleterre, des accusations similaires sont lancées contre les Juifs à Gloucester en 1168, à Bury St Edmunds en 1181, à Winchester en 1192 et une seconde fois à Norwich en 1235. En 1189, les Juifs sont attaqués à Londres puis dans tout le royaume. Le 6 février 1190, tous les Juifs de Norwich sont massacrés, à l’exception de ceux qui ont pu se réfugier au château. Je ne ferai ici qu’évoquer l’accusation d’empoisonnement massif des fontaines et des puits (1321) ainsi que celle de conspiration pour provoquer l’épidémie de « Peste noire » (1347-1348), accusations censées illustrer et prouver la méchanceté criminelle des Juifs, qui furent victimes de grands pogromes. Cette construction victimaire, pour être délirante, n’a cessé depuis le milieu du XIIe siècle, en Europe, de déclencher des réactions violentes contre les Juifs – émeutes sanglantes et pogromes –, de légitimer des chasses aux Juifs ou de justifier des mesures d’expulsion. La désignation d’un groupe de coupables imaginaires constitue en elle-même un acte de stigmatisation globale dudit groupe : elle transmet donc des stéréotypes négatifs sur ce groupe. Mais elle représente en même temps une incitation à la violence contre les membres du groupe stigmatisé et un puissant mode de légitimation des actions violentes contre ces derniers. Il y a là l’illustration d’un processus ou d’un mécanisme victimaire qu’on peut présumer universel : l’auto-victimisation d’un groupe à travers des récits qui criminalisent un autre groupe, quant à lui réellement innocent des crimes qu’on lui impute. L’inversion victimaire est le facteur déclenchant d’une forme de mobilisation sociale et politique dont on peut fournir de multiples exemples historiques. Ce mécanisme psychologique est au principe de la construction de l’ennemi absolu, celui qui incarne le Mal et contre lequel il faut lutter par tous les moyens.
Pierre-André Taguieff
What a tragedy that the 100,000 pangolins that are purged every year are sacrificed over the false belief that their scales can aid in blood circulation and cure rheumatism! Melissa Chen
Given China’s relatively limited medical resources – its per capita number of intensive care beds and ventilators is far too small – Beijing can’t afford to fight a prolonged battle with the coronavirus. The county can only concentrate its fight on one front, and thus is transporting all the medical equipment it can there, and sending all the medical personnel it can as well. China can only mobilize its national medical resources to tackle the virus head-on in Wuhan. If this battle fails, the fate of the country is at stake. People in Wuhan and Hubei had no choice but to sacrifice themselves. This is the luck of the Chinese people and the misfortune of the people of Wuhan and Hubei. People blessed with luck need to be grateful. Wang Shuo
Epidémie de grippe saisonnière: une surmortalité de 21.000 décès cet hiver. France Soir (01/03/2017)
En dépit d’une loi qui l’interdit, la Cour constitutionnelle a décrété mercredi que le suicide assisté peut être jugé licite en Italie si une série de conditions sont réunies, une décision qualifiée de « victoire » par les partisans de l’euthanasie. Dans une sentence très attendue, la haute cour a estimé que l’aide au suicide « n’est pas punissable » quand sont respectés « le consentement éclairé » de la personne, « les soins palliatifs », « la sédation profonde » ainsi qu’un contrôle (« vérification de ces conditions et des modalités d’exécution » du suicide assisté) effectué par les autorités de santé publique après « avis du comité éthique » local. La Cour a souligné que l’aide au suicide ne peut concerner que des patients « maintenus en vie par des traitements vitaux et atteints d’une pathologie irréversible, source de souffrances physiques et psychologiques jugées insupportables, mais pleinement en mesure de prendre des décisions libres et conscientes ». La Cour a aussi précisé que sa décision était prise « dans l’attente d’une intervention indispensable du législateur », demandant donc au parlement de modifier la législation en vigueur. En Italie, pays à forte tradition catholique, l’euthanasie est interdite et le code pénal punit « l’instigation ou l’aide au suicide » avec des peines comprises entre 5 ans et 12 ans de prison. Les juges constitutionnels étaient saisis du cas de Marco Cappato, un responsable du Parti radical (historiquement favorable à l’avortement et à l’euthanasie), qui avait conduit un célèbre DJ italien en Suisse en 2017 pour un suicide assisté. Fabiano Antoniani, dit DJ Fabo, grand voyageur, pilote de moto-cross et musicien, était resté tétraplégique et aveugle après un accident de la route en 2014. « A partir d’aujourd’hui nous sommes tous plus libres, y compris ceux qui ne sont pas d’accord » avec l’euthanasie, s’est félicité M. Cappato sur Facebook, évoquant une « victoire de la désobéissance civile ». « Pour moi aider DJ Fabo était un devoir, la Cour a établi que c’était son droit », a-t-il ajouté. Beppino Englaro, papa d’Eluana, plongée dans un état végétatif et qui fut entre 2008 et sa mort en 2009 un symbole de la lutte pour l’euthanasie, a salué en M. Cappato « un pionnier qui a ouvert la voie vers l’établissement d’un droit ». Le Point
Nous, les ouvriers, on nous dit : ‘Allez travailler !’ Alors que les cadres travaillent depuis chez eux. M. Leroy (élu CGT, Wattrelos)
« Quarantaine à deux vitesses : repos et loisirs pour les uns, précarité et risque sanitaire pour les autres. » « Le confinement, c’est pour les riches. » « On est 300 à bosser sur le site et les cadres sont en télétravail. Nous, qu’on se mette en danger, tout le monde s’en fout. » Les riches à l’abri, les pauvres au turbin ? Les aisés, en télétravail depuis leur maison secondaire du bord de mer, les précaires à l’usine ?  La formule est caricaturale, mais illustre ce sentiment diffus qui pointe, depuis quelques jours, chez certains travailleurs de terrain : deux salles, deux ambiances. Ou plutôt, deux poids, deux mesures. Car si Bruno Le Maire a appelé ce mardi, sur BFMTV, « tous les salariés des entreprises qui sont encore ouvertes, des activités qui sont indispensables au fonctionnement du pays, à se rendre sur leurs lieux de travail », pointe parfois, chez ceux qui sont mobilisés sur le terrain, l’impression d’être « envoyé au front », dans les usines, les bureaux, pour faire tourner la machine, et s’exposer, pendant que les autres, les confinés, préservent, au chaud et en télétravail, leur santé. Et tout ça pour très peu de reconnaissance. Ils sont caissiers, ouvriers, préparateur de commandes, logisticien, travaillent dans les transports, le commerce, ce sont les invisibles, ceux qui travaillent dans les tréfonds des usines, ceux qui ont les mains dans le cambouis. D’après le ministère du Travail, c’est un peu plus de quatre emplois sur dix qui peuvent être exercés à distance. Mais dans la conjoncture actuelle, les remarques fusent : « On ne peut pas aller voir la grand-mère, ni la famille, mais par contre, vous pouvez aller bosser. Et empilés les uns sur les autres », dit un salarié. Lâchés seuls en première ligne ? (…) Ce qui entretient encore plus particulièrement le sentiment d’injustice, c’est qu’on « laisse ouvrir des activités qui devraient être fermées », souligne Laurent Degousée.  « Le 14 mars, on a un arrêté qui indique la fermeture des commerces non utiles. Le 15, un autre arrêté liste les exceptions : les magasins de vapotage ont le droit d’être ouvert, la jardinerie, animalerie, la téléphonie mobile… On  se moque de qui ? » Qu’est-ce qui est utile, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Pour certains salariés ou travailleurs, la réponse est toute trouvée : ils sont sacrifiés pour des besoins non-utiles. Les livreurs de plateformes se considèrent ainsi comme des « travailleurs sacrifiables pour du récréatif ».  LCI
Il ne faudrait pas qu’en gagnant la bataille sanitaire, on se dirige vers un drame économique. Or, d’ores et déjà, le sort à moyen terme d’environ 20 à 30% de la population, entrepreneurs, personnes à leur compte, est très délicat. João Miguel Tavares
L’idéologie de la peur est devenue extrêmement présente dans l’esprit de nos concitoyens. On trouve notamment des traces de cette idéologie dans les fictions hollywoodiennes qui nous décrivent des apocalypses écologiques. A la différence des années 50 où les apocalypses étaient fondées sur l’imaginaire des soucoupes volantes ou de la guerre thermonucléaire, aujourd’hui la fin des temps viendra de l’action de l’homme et des conséquences désastreuses de cette action. La caractéristique de cette idéologie de la peur, c’est la crainte a priori que l’action de l’homme puisse conduire à des déséquilibres de la nature. Cette crainte peut se muer en une détestation de l’homme, vu comme « vorace », et de son action, ce que j’appelle « l’anthrophobie ». (…) La loi sur la transition énergétique s’inscrit dans un fait historique qui est celui de la question climatique. Une question réelle, qu’il faut prendre au sérieux, mais qui sert en quelque sorte d’otage à cette idéologie de la peur. Sur la base des dérèglements climatiques, et des conséquences désastreuses qui ne manqueront pas de survenir, on en infère des scénarios apocalyptiques qui devraient suspendre toutes nos actions y compris nos actions technologiques. Or, je pense qu’il y a un grand danger à suspendre nos actions : c’est celui de ne pas penser les conséquences catastrophiques de notre inaction. En ce sens, la loi sur la transition énergétique tient compte d’un certain nombre d’enjeux idéologiques qui cherchent à regrouper des considérations opportunistes et qui n’ont pas grand-chose à faire ensemble. Par exemple, plafonner la production nucléaire en France est problématique si on considère que le but est de lutter contre les énergies émettrices de gaz à effet de serre. Dans ce cas, pourquoi ne pas plus se préoccuper d’autres énergies comme le gaz ou le pétrole ? [réenchanter le risque] C’est non seulement possible mais c’est absolument nécessaire. Je suis assez préoccupé du fait que toute l’idéologie contemporaine nous oriente vers les conséquences possibles de notre action. Si nous devons être comptables des conséquences de notre action, cette idéologie nous rend totalement aveugle quant aux conséquences possibles de notre inaction. Celle-ci pourrait avoir des coûts cataclysmiques. Par exemple, pour le vaccin, on constate que la couverture maximale baisse y compris dans notre pays et qu’augmentent les craintes concernant le vaccin. En 2000, 9 % des Français se méfiaient des vaccins, ils sont près de 40 % en 2010. Cette méfiance aura des conséquences terribles sur les générations futures. (…) Ces questions ne peuvent avoir que des réponses technologiques. Or, ces réponses technologiques, nous ne les avons pas encore. Toute tentative d’enfermement des technologies du présent pourrait constituer un drame pour les générations futures. En d’autres termes, bâillonner le présent, c’est désespérer le futur. Le réenchantement du risque passe par une première étape celui de la conscience que le risque zéro n’existe pas. En effet, chacune de nos actions charrie une part incompressible de risque. La seconde étape consiste à dire que nous ne pouvons pas ne pas prendre de risque et qu’il n’y a pas de plus grand risque que celui de ne pas en prendre. A partir de là, il nous faut gérer de manière beaucoup plus raisonnable le rapport des coûts et des bénéfices de toute innovation technologique. Gérald Bronner
Êtes-vous prêt à prendre le risque afin de conserver l’Amérique que tout le monde aime pour vos enfants et petits-enfants ? Si c’est le deal, je suis prêt à me lancer. Je ne veux pas que tout le pays soit sacrifié. Dan Patrick (vice-gouverneur du Texas)
Coronavirus : sacrifier les personnes âgées pour sauver l’économie ? Les propos chocs du vice-gouverneur du Texas La Dépêche
Selon Trump et ses amis, qui veulent remettre les travailleurs au boulot dès avril, le ralentissement de l’économie américaine est aussi dangereuse que le coronavirus. C’est aussi ce que pense Dan Patrick, le vice-gouverneur du Texas, qui a appelé les personnes âgées à aller travailler. Autrement dit, se sacrifier pour « conserver l’Amérique que tout le monde aime ». C’est vrai que les plus âgés sont aussi les plus susceptibles d’être touchée par le virus, alors foutu pour foutu, autant qu’ils aillent se tuer à la tâche ! « L’Amérique qu’on aime » : celle où les plus faibles sont sacrifiés sur l’autel des profits ? Convergences révolutionnaires
Covid-19: les grands parents prêts à «se sacrifier» afin de sauver l’économie, affirme un vice-gouverneur du Texas Le vice-gouverneur du Texas s’est déclaré prêt à donner sa vie plutôt que de voir l’économie américaine sombrer à cause des mesures sanitaires liées à la pandémie de Covid-19. Selon lui, «beaucoup de grands-parents» à travers le pays partagent cette position. Nombreux sont les Américains âgés qui sont prêts à «se sacrifier» afin d’empêcher la pandémie de coronavirus de porter un grave préjudice à l’économie nationale et par conséquent au bien-être de leurs petits-enfants, estime le vice-gouverneur du Texas Dan Patrick. «Mon message est le suivant: reprenons le travail, reprenons la vie normale, soyons intelligents, et ceux d’entre nous qui ont plus de 70 ans, nous nous occuperons de nous», a confié le responsable dans un entretien avec un journaliste de la chaîne Fox News. Lui-même âgé de 69 ans, il s’est dit prêt à mourir plutôt que de voir l’économie américaine détruite par les mesures sanitaires décrétées sur fond de pandémie. D’après lui, cette position est partagée par «beaucoup de grands-parents» à travers le pays. Sputnik
Lorsqu’une question se pose, il faut toujours avoir la prudence de considérer attentivement la question qui est posée et le contexte dans lequel elle est posée. Très souvent, c’est là que se trouve la réponse. On s’interroge il est vrai à propos de la question de savoir ce qu’il faut sauver en priorité : l’économie ou les vies humaines ? Cette question appelle quatre remarques. – En premier lieu, formulée telle quelle, cette question date. Donald Trump aux États Unis et Boris Johnson en Angleterre se la sont posée il y a plus d’une semaine déjà en clamant haut et fort qu’il fallait penser avant tout à sauver l’économie. La réalité s’est chargée d’apporter elle même la réponse. Face à l’afflux des malades dans les hôpitaux, face à l’inquiétude des populations, face au fait pour Boris Johnson d’avoir été testé comme étant positif au virus du Covid 19, que ce soit Donald Trump ou bien encore Boris Johnson, tous deux ont fait machine arrière en décidant 1). de s’occuper des vies humaines en mettant les moyens pour cela, 2). de sauver l’économie autrement, par une intervention de l’État allant contre le dogme libéral de sa non intervention dans l’économie.- Par ailleurs, il importe de ne pas oublier le contexte. Qui pose la question de savoir ce qu’il faut sauver ? Les plus grands dirigeants de la planète à savoir le Président des Etats-Unis et le Premier Ministre de Grande Bretagne. Quand ils se posent cette question, comment le font ils ? Sous la forme d’une grande annonce extrêmement médiatisée. Pour qui ? Pour rassurer les milieux financiers. Sur le moment, ce coup d’éclat a l’effet de communication escompté. Il crée un choc psychologique qui rassure les milieux économiques avant de paniquer l’opinion publique. Moralité : la question de savoir s’il faut sauver les vies humaines ou l’économie est un coup politique qui commence sur le ton grandiloquent d’une tragédie cornélienne avant de s’effondrer lamentablement. On veut nous faire croire que certaines questions sont essentielles. Vu ceux qui la posent et le ridicule des réponses qui lui sont apportées qu’il soit permis d’en douter – Dans la façon dont la question et posée, quelque chose ne va pas. On oublie le temps. Lorsque l’épidémie du Corona virus a commencé, désireux de ne pas freiner l’économie, les autorités françaises ont reculé le plus possible la décision du confinement avant de ne pas pouvoir faire autrement. La nécessité économique a alors précédé l’urgence sanitaire. Aujourd’hui, l’urgence sanitaire est devenue première et l’urgence économique a été placée en second. Jusqu’au pic de l’épidémie cela va être le cas. Le temps sanitaire va l’emporter sur le temps économique. Dès que la décrue épidémiologique commencera, le temps économique va reprendre ses droits. En conséquence de quoi, qui décide de ce qui doit se faire ou pas ? Ce n’est pas l’économie ni la vie, mais l’opportunité et, derrière elle, c’est l’être humain capable de juger et d’avoir de la sagesse. – On oublie enfin les hommes. Dans le Cid de Corneille, Rodrigue le héros, se demande s’il doit choisir son amour contre l’honneur de sa famille ou l’honneur de sa famille contre son amour. Au théâtre, cette alternative est admirable. Elle crée le spectacle. Avec l’épreuve que l’humanité endure, on fera du bien à tout le monde en évitant de basculer dans le théâtre. Si on ne s’occupe pas des vies humaines, il y aura des morts et avec eux une inquiétude collective ainsi qu’un drame social qui pèsera sur l’économie. Si on ne s’occupe pas d’économie, il y aura des morts et un drame économique qui pèsera sur les vivants. Si on choisit l’économie contre la santé, il y aura des morts. Si on choisit la santé contre l’économie, il y aura des morts. De toute façon quoi que l’on choisisse et que l’on sacrifie, ne croyons pas qu’il n’y aura pas de morts. Il y en aura. Il est possible toutefois de limiter la casse. Entre la richesse et la mort, on oublie quelque chose d’énorme qui est plus riche que la richesse et plus vivant que la mort : il s’agit de nous. Il s’agit des hommes. Il s’agit des vivants. Si nous avons la volonté chevillée au corps de nous en sortir et si nous sommes solidaires, nous serons capables de surmonter cette crise. Nous devons être humains et forts comme jamais nous ne l’avons été. Nous avons la possibilité de l’être. La solidarité avec le personnel soignant tous les soirs à 20h montre que nous sommes capables de solidarité. L’humour qui circule montre que nous sommes capables de créativité. En ces temps de distanciation sociale, nous sommes en train de fabriquer des proximités inédites, totalement nouvelles et créatrices. Notre instinct de vie a parfaitement compris le message qui est lancé par ce qui se passe : soyez proches autrement. Là se trouve la richesse et la vie qui permettront de relever le défi économique et sanitaire qui est lancé. (…) Il y a deux façons de mesurer. La première se fait par le calcul et les mathématiques en appliquant des chiffres et des courbes à la réalité. La seconde se fait par l’émotion, la sensation, la sensibilité. Quand quelque chose plaît, je n’ai pas besoin de chiffres et de courbes pour savoir que cela plaît. Quand cela déplaît également. Lorsque Donald Trump a compris qu’il fallait s’occuper de la question sanitaire aux États-Unis et pas simplement d’économie, il n’a pas eu cette révélation à la suite d’un sondage. Il n’a pas utilisé les compétences d’instituts spécialisés. La réaction ne se faisant pas attendre, il a été plus rapide que les chiffres, les courbes et les sondages en changeant immédiatement son discours. Il a été découvert récemment que l’intelligence émotionnelle est infiniment plus rapide que l’intelligence mathématique, abstraite et calculatrice. On peut sur le papier démontrer que l’humain coûte trop cher. Lorsque dans la réalité concrète on ne s’en occupe pas assez et mal, on a immédiatement la réponse. Donald Trump s’en est très vite aperçu. (…) On veut des règles pour répondre à la question de savoir comment décider qui doit vivre ou pas et qui doit mourir ou pas. Les règles en la matière sont au nombre de deux : la première qui fonde toute notre civilisation consiste à dire que, par principe, on soigne tout le monde et on sauve tout le monde. Pour éviter la folie monstrueuse des régimes qui décident que telle classe de la population a le droit de vivre et pas telle autre, on n’a pas trouvé autre chose. La seconde règle est empirique. Tout médecin vous dira qu’en matière de vie et de mort aucun médecin ne sait. Ce qu’il faut faire est dicté par chaque malade, jour après jour. A priori, un médecin sauve tout le monde et soigne tout le monde, jusqu’au moment où, basculant du soin et du sauvetage dans l’acharnement et de l’acharnement dans l’absurde, il décide d’arrêter de soigner et de sauver. Ainsi, un médecin aujourd’hui soigne une vielle dame de quatre-vingt cinq ans grabataire et atteinte d’Alzheimer. Maintenant si dans une situation d’extrême urgence il faut choisir entre un jeune de vingt ans et cette vieille dame, le médecin choisira le jeune en plaçant la vie qui commence avant celle qui se termine. Il fera comme les médecins faisaient au XIXème siècle quand il s’agissait de savoir si, lors d’un accouchement qui se passe mal, il faut choisir la mère ou l’enfant. Il choisira l’enfant. Choix déchirant, tragique, insupportable, n’ayant aucune valeur de règle, la responsabilité face à la vie étant la règle. Et ce, parce qu’il ne faut jamais l’oublier : on choisit toujours la vie deux fois : la première contre la mort et la seconde contre la folie. D’où la complexité du choix, choisir la vie contre la folie n’allant jamais de soi. Relever la complexité de ce choix est risqué. On l’a par exemple vu sur tweeter, où de tels commentaires ont déchaîné la colère des internautes. Pourtant si la population grogne lorsqu’elle voit la courbe du chômage monter et les premières conséquences d’une économie au ralenti se concrétiser, n’est-ce pas également parce qu’elle est consciente que équation est impossible ? (…) L’expérience ne se transmet pas. Pour une raison très simple : c’est en ne se transmettant pas qu’elle transmet le message le plus essentiel qui soit afin de surmonter les crises : aucune crise ne ressemble à une autre. Chaque crise étant singulière, chaque crise a un mode de résolution qui lui est propre et qu’elle doit inventer. Quand une crise est résolue, cela vient de ce que ceux qui la traversent ont su inventer la solution qu’il faut pour cette crise précise. Le message des crises est de ce fait clair. Il convient de les étudier afin de comprendre l’originalité qui a été déployée pour sortir de la crise afin de cultiver sa propre originalité. Pour sortir de la crise que nous endurons, nous allons inventer une solution inédite et c’est cette invention qui nous permettra de sortir de cette crise. Bertrand Vergely
Et tout cela aura pour conséquence, dans l’année 2020 et aussi dans les années à venir, d’exclure certains travailleurs, de les marginaliser, de les contraindre à une misère sociale accrue. La France des « gilets jaunes », des zones périphériques, des précaires, des auto-entrepreneurs, des indépendants, va trinquer plus que celle des grands groupes ou de la fonction publique. Si nous étions cyniques (ou d’une lucidité froide), (mais nos sociétés ne le sont plus), nous aurions pu, collectivement, examiner le « coût » de deux stratégies : le confinement avec une décroissance massive et des conséquences négatives en chaîne sur les années à venir ; le maintien au ralenti de l’économie avec des mesures de protection individuelle massive. Une question n’est jamais posée, quand on compare la stratégie du Japon et celle de l’Europe : les choix faits l’ont-ils été par souci des populations et de la pandémie (avec un virus que nous ne connaissons pas et qui évolue d’une manière plus incontrôlée que ce que nous pouvions penser au début) ou pour suppléer l’incurie des politiques de santé publiques qui n’ont pas prévu ce genre de situation et n’ont rien fait pour nous donner les moyens d’y faire face. Damien Le Guay
Rappelons-nous tout d’abord que nous abordons la pandémie avec le regard d’une société individualiste. Nos ancêtres de 1914 ont accepté la mort pour la défense de la patrie parce qu’ils avaient le sentiment d’être un chaînon dans une lignée. Ils défendaient la terre de leurs ancêtres et ils la défendaient pour leurs enfants. Quelques générations plus tôt, quand il y avait encore des épidémies régulières, on prenait des mesures de précaution, on soignait, mais on acceptait la mort éventuelle parce qu’on avait le sentiment d’appartenir à une société. Aujourd’hui, il n’y a plus qu’un tout petit nombre de nos concitoyens qui a l’expérience de la guerre. Nous avons derrière nous 60 ans d’individualisme absolu. Le christianisme est devenu ultraminoritaire. Il s’agit donc, dans l’absolu, d’avoir « zéro mort ». Effectivement notre société semble prête à sacrifier l’économie. Sans se rendre compte que ce genre de mentalités n’amène pas le « zéro mort » mais une catastrophe sanitaire. Et qu’une crise économique aussi fait des morts. (…) L’une des leçons de la crise du COVID 19, c’est que nous avons sous nos yeux la preuve expérimentale des ravages causés par l’effondrement de l’Education Nationale. En particulier, l’enseignement de l’économie tel qu’il est dispensé dans nos lycées, depuis des années, très hostile à l’entreprise et incapable de faire comprendre la dynamique du capitalisme, aboutit aux discours que nous entendons aujourd’hui. Il y aurait des activités indispensables et d’autres qui ne le seraient pas ! En fait, une économie moderne repose sur un fonctionnement très complexe. Les fonctionnaires du Ministère de l’Economie ont pris peur quand ils ont vu le nombre de demandes de mise au chômage partiel ! Dans un Etat qui prélève et redistribue 57% du PIB, on redécouvre qu’il y a beaucoup plus d’emplois utiles que ce qu’on pensait ! Et l’on risque de découvrir, à ce rythme, qu’il y aura encore plus de personnes mourant du fait du ralentissement de l’économie qu’à cause de l’épidémie. On ne peut pas dire que l’histoire des crises et leur taux de mortalité ne soit pas connu: de la crise de 1929 à l’asphyxie de la Grèce par l’Eurogroupe depuis 2015, tout est documenté. (…) Nos gouvernants ne feront pas un choix, s’ils arbitrent entre deux maux. Actuellement, ils sont dans l’incapacité de choisir entre les personnes qu’ils doivent soigner quand elles arrivent à l’hôpital et qu’ils n’ont pas assez de lit. Donc ils appliquent une règle mécanique: au-dessus d’un certain âge, on n’est plus soigné. Ce n’est pas un choix, car choisir c’est faire exercice de sa liberté, c’est pouvoir se déterminer entre deux options. Pour pouvoir choisir, il faut « avoir le choix ». Nous pourrions choisir un type d’équilibre entre la lutte contre la pandémie et la protection de notre économie si nous avions agi en amont. Si nous avions fermé nos frontières, testé largement, distribué massivement des masques etc…Il ne peut pas y avoir, en bonne philosophie, de choix entre des catégories de morts qui seraient préférables. Quand on en est arrivé là c’est qu’on subit. En revanche, aujourd’hui, le gouvernement pourrait choisir d’autoriser la généralisation du traitement du Professeur Raoult. (…) En fait, je pense que le dilemme est entre le fatalisme et le désir d’échapper à un destin tracé. Rappelez-vous, il y a quelques semaines, Emmanuel Macron parlait des progrès « inexorables » de l’épidémie. Au contraire, Boris Johnson et Donald Trump, qui sont des lutteurs, des battants, des hommes de liberté, ont commencé par penser qu’il fallait laisser passer l’épidémie, en faisant confiance aux capacités d’immunisation de la population. Puis, ils ont compris que toutes les grippes ne se ressemblent pas et qu’il fallait prendre des mesures. Ils font passer leur société aux tests massifs et au confinement partiel. Le redémarrage de l’économie apparaîtra d’autant plus souhaitable à leurs concitoyens que l’épidémie aura été jugulée. Ce qui est à craindre en France, comme en Italie, c’est qu’on ait deux crises, sanitaire et économique, qui s’éternisent. (…) Si l’on se réfère à la tradition occidentale, née entre Jérusalem, Athènes et Rome, l’être humain est appelé à se libérer des déterminismes naturels ou sociaux. L’homme occidental est celui qui propose à toute l’humanité d’apprendre la liberté, c’est-à-dire le choix. De la Genèse, où l’homme se voit enjoindre de dominer la Création, à René Descartes (il nous faut devenir « comme maîtres et possesseurs de la nature »), on s’est efforcé d’émanciper l’individu. Le grand paradoxe du dernier demi-siècle a consisté dans l’introduction en Occident de philosophies profondément étrangères à la tradition de l’émancipation individuelle, des sagesses orientales à la vénération de la Terre-Mère. La crise du Coronavirus vient nous rappeler que la nature n’est pas cette force bienveillante envers l’humanité que décrivent les écologistes. Et le yoga et le New Age sont de peu de secours pour lutter contre la pandémie. Si j’avais à me tourner vers la théologie, pour dire la même pensée de l’émancipation individuelle, je citerais Saint Ignace: « Agis comme si tout dépendait de toi, en sachant qu’en réalité tout dépend de Dieu ». Quand on voit nos dirigeants avoir comme premier mouvement l’interdiction de la participation à un enterrement mais aussi la fermeture des églises, on se dit que ceux qui ne savent plus agir ne savent plus croire. (…) Tout doit être fait pour sortir du fatalisme ! C’est la seule possibilité de se garder une marge de manoeuvre. Le scénario le plus probable, actuellement dans notre pays est au contraire le cumul des crises, du fait de la passivité des gouvernants, qui prennent des décisions toujours trop tardives. Nous en revenons à la complexité des sociétés modernes. Elle peut être maîtrisée à condition, d’une part, de savoir traiter les innombrables données générées par chaque individu, chaque secteur d’activité; à condition, d’autre part, d’intégrer toutes les dimensions du problème à résoudre dans une stratégie unifiée. Réunir ces deux conditions, c’est commencer à pouvoir choisir ce qui servira le mieux la société et l’économie. Edouard Husson
Les hommes au paléolithique pratiquaient certainement la contraception. Déjà chez les Mésopotamiens (1600 av. J.-C.), les femmes utilisent des pierres pour ne pas concevoir: elles choisissent des pierres ovales ou arrondies qu’elles s’introduisent dans le vagin, le plus loin possible ; c’est la méthode intra-utérine. En Égypte, le Papyrus Ebers et Kahun prescrivent plusieurs recettes contraceptives, composées d’excréments de crocodile, de natron, de miel et de gomme arabique. Les remèdes de contraception dans l’Égypte antique sont des produits d’origine végétale, minérale ou animale. Certains sont aujourd’hui reconnus comme efficaces et utilisés dans les spermicides modernes.On dit aussi que les premiers préservatifs masculins seraient égyptiens, confectionnés avec des intestins de petits animaux (chats…). Selon certains auteurs5, il existerait aussi, dans les papyrus égyptiens, des écrits disant que Ramsès aurait fait distribuer à la population des contraceptifs pour limiter la surpopulation et les risques de famine. La sexualité dans le judaïsme se fonde sur la Bible et les Mishnas. La contraception n’est tolérée que dans certains cas et pour une durée définie. Le contrôle des naissances va à l’encontre de deux fondements du judaïsme, l’obligation de concevoir et l’interdiction d’onanisme. Néanmoins, selon le commentaire de la Bible du rabbin Raschi, Onan aurait été puni pour avoir transgressé les lois du lévirat, plus que « pour avoir gaspillé sa semence ». Les anciens Hébreux, qui pratiquaient la polygamie, étaient parfois autorisés des moyens contraceptifs si la grossesse risquait de mettre en danger la vie de la mère. Le droit talmudique, tiré de la Halakha admet la prévention mais en laisse uniquement l’initiative à la femme. De leur côté, les Araméennes de confession hébraïque utilisent, sur le conseil du rabbin (IIe siècle apr. J.-C.), le moukh, une éponge placée dans le vagin qui empêche le sperme d’atteindre l’utérus. (…) Les Grecs et les Romains ont quant à eux utilisé l’avortement et l’infanticide en cas d’échec des drogues et des amulettes, notamment pour éviter un enfant issu d’un riche citoyen et de son esclave. (…) Quant aux femmes, puisque l’allaitement arrête l’ovulation, la façon la plus naturelle pour elles de se protéger d’une éventuelle nouvelle grossesse était de prolonger la période pendant laquelle elles nourrissaient au sein leur enfant. Par ailleurs, le calcul des cycles menstruels devait leur permettre de savoir à quelles périodes elles étaient les plus fécondes ; on estimait alors qu’il s’agit de celles survenant juste avant ou juste après les menstruations. (…) Les études démographiques, telles celles de Louis Henry montrent que la fécondité diminue au sein de la bourgeoisie au XVIIe siècle. Cela va de pair avec la perte des recettes contraceptives des sorcières et sages-femmes. Au XVIIe siècle, la fécondité naturelle reprend. Les villes européennes croissent plus rapidement et apparaît alors des discussions et des controverses portant sur les avantages et les inconvénients de cette croissance. Nicolas Machiavel, un philosophe italien de la renaissance écrit alors que « Lorsque toutes les provinces du monde se seront remplies d’habitants tel qu’ils ne pourront plus subsister où ils sont ni se déplacer quelque part d’autre…alors le monde se purgera lui-même grâce à une de ces trois méthodes » en parlant des inondations, de la peste et des famines. Martin Luther affirme à cette époque que « Dieu fait les enfants. Il va aussi les nourrir ». (…) Les registres paroissiaux du XVIIIe siècle montrent un contrôle actif des naissances par la contraception, la continence ou le coït interrompu. Wikipedia
L’histoire de l’avortement remonte selon l’anthropologie à l’Antiquité. Pratiqué dans toutes les sociétés, les techniques (herbes abortives, utilisation d’objets tranchants, curetage, application d’une forte pression abdominale) et les conditions dans lesquelles l’avortement a été réalisé ont changé dans les pays où est reconnu le droit à l’avortement mais il demeure un fait de société. Le Code de Hammurabi daté d’environ 1750 av. J.-C. interdit l’avortement1. Le papyrus Ebers contient des prescriptions pour faire avorter les femmes. Ainsi, dès l’Antiquité, des politiques ont tenté de contrôler la fécondité. L’avortement est poursuivi très strictement chez les Hébreux. Dans la Grèce classique et la Rome antique, l’avortement est une pratique réprouvée (car elle prive le père de son droit de disposer de sa progéniture comme il l’entend) mais non interdite par un texte législatif. Ce n’est qu’avec l’expansion du christianisme et le besoin de gérer l’équilibre démographique que les empereurs romains Septime Sévère et Caracalla punissent dans des rescrits l’avortement au IIIe siècle. À cette époque, une plante (le silphium) servait principalement comme abortif et contraceptif. La très grande majorité des Églises chrétiennes condamnent fermement l’avortement mais au Moyen Âge, la sanction est différente selon que l’avortement est pratiqué avant ou après l’animation du fœtus. Au XIIIe siècle, les théologiens chrétiens optent pour une animation différenciée entre garçons et filles : ils fixent l’apparition d’une âme chez les fœtus à 40 jours pour les garçons et à 80 jours pour les filles. La Constitutio Criminalis Carolina, édictée par Charles Quint en 1532, fixe au milieu de la grossesse le moment de l’animation du fœtus, c’est-à-dire dès que la mère perçoit ses mouvements. Néanmoins, le pape Sixte Quint condamne de façon formelle l’avortement, quel qu’en soit le terme. Des femmes, au péril de leur vie en raison des techniques utilisées et du manque d’hygiène, s’avortent alors elles-mêmes, font appel à leur entourage ou recourent alors à un tiers. (…) Dès la fin du XVIIIe siècle en France et au XIXe siècle dans les autres pays d’Europe occidentale, les femmes mariées y recourent de plus en plus souvent afin de limiter la taille de leur famille. Elles font appel à des femmes sans qualification, surnommées « faiseuses d’anges », parmi lesquelles les « tricoteuses », célèbres pour leurs aiguilles à tricoter, qu’elles utilisent pour percer la poche des eaux ou ouvrir le col de l’utérus, et entraîner une fausse-couche. L’avortement dans ce contexte se pratique toujours dans la clandestinité, notamment par l’intervention appelée « dilatation et curetage ». La médecine du XIXe siècle voit des progrès dans les domaines de la chirurgie, de l’anesthésie et de l’hygiène. À la même époque, des médecins associés à l’Association médicale américaine font pression pour l’interdiction de l’avortement aux États-Unis alors que les interruptions de grossesse sont de plus en plus punies, comme en attestent en France l’article 317 du code pénal de 1810 qui punit de la réclusion d’un an à cinq ans aussi bien la femme qui avorte que le tiers avorteur, ou les articles 58 et 59 du Offences against the Person Act 1861 adoptés par le Parlement du Royaume-Uni qui criminalise l’avortement. Dans les années 1970, des féministes américaines développent la méthode de Karman qui permet d’avorter de manière sécuritaire. En Angleterre et aux États-Unis, cet avortement par aspiration se pratique en consultation externe, c’est ce que l’on appelle le « lunch-time abortion » (avortement pratiqué à l’heure du déjeuner). L’avortement devient plus sûr, ne nécessite aucun cadre hospitalier et peut même être réalisée par des non-médecins. Wikipedia
Des méthodes empiriques de variolisation sont apparues très tôt dans l’histoire de l’humanité, grâce à l’observation du fait qu’une personne qui survit à la maladie est épargnée lors des épidémies suivantes. L’idée de prévenir le mal par le mal se concrétise dans des pratiques populaires sur les continents asiatique et africain. La pratique de l’inoculation était en tout cas connue en Afrique depuis plusieurs siècles et c’est de son esclave Onésime que l’apprit le pasteur américain Cotton Mather. La première mention indiscutable de la variolisation apparaît en Chine au XVIe siècle. Il s’agissait d’inoculer une forme qu’on espérait peu virulente de la variole en mettant en contact la personne à immuniser avec le contenu de la substance qui suppure des vésicules d’un malade (le pus). Le risque n’était cependant pas négligeable : le taux de mortalité pouvait atteindre 1 ou 2 %. (…) Dans de très rares cas, la vaccination peut entraîner des effets indésirables sérieux et, exceptionnellement, fatals. Un choc anaphylactique, extrêmement rare, peut par exemple s’observer chez des personnes susceptibles avec certains vaccins (incidence de 0,65 par million, voir 10 par million pour le vaccin rougeole-rubéole-oreillons (RRO). En France, la loi prévoit le remboursement des dommages et intérêts par l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux lorsqu’il s’agit de vaccins obligatoires. Wikipedia
La politique de vaccination française contre la grippe est de vacciner les personnes qui ont des risques de faire des complications suite à une grippe, des complications qui vont les emmener à l’hôpital, voire qui peuvent évoluer vers le décès [9 900 décès ont été attribués à la grippe en France pendant l’hiver 2018-2019]. Donc les gens à risque sont les personnes les plus âgées, à partir de 65 ans, les personnes qui ont un déficit de l’immunité, celles qui ont des maladies cardiaques, pulmonaires, respiratoires, rénales, hépatiques, neurologiques, et puis également les femmes enceintes. Il faut savoir que vacciner la femme enceinte protège aussi son bébé pour les 6 premiers mois de sa vie. Les personnes obèses sont également concernées. L’intérêt c’est de protéger toutes ces personnes-là. (…) Les personnes âgées (…) le vaccin marche moins bien chez elles, mais il y a aussi les adultes plus jeunes qui ont des complications, des maladies respiratoires, cardiaques… Ces personnes-là peuvent être protégées par la vaccination et puis on a aussi la possibilité de vacciner l’entourage, les gens qui vivent à proximité, en particulier les professionnels de santé, mais également l’entourage des petits nourrissons qu’on ne peut pas vacciner avant 6 mois. Dans ce cas, pour un nourrisson qui a des facteurs de risque, on va recommander la vaccination à son entourage. (…) On rencontre des difficultés à faire vacciner les professionnels de santé, d’abord parce que le vaccin de la grippe a lieu tous les ans, donc c’est relativement contraignant. Ensuite, parce que de façon générale le vaccin est responsable d’une réticence de la part des professionnels de santé, peut-être à cause de la vaccination hépatite B et des potentiels effets secondaires qui avaient été mis en doute à l’époque et qui depuis ont été infirmés. Aujourd’hui, on a une bonne couverture vaccinale chez les médecins et les étudiants en médecine, globalement on arrive à 60 -70% de couverture vaccinale, mais ça reste encore difficile chez les infirmières ou les aides soignantes. (…) Le vaccin antigrippal actuellement disponible en France ne comporte pas d’adjuvants, c’est peut-être aussi pour ça qu’il n’est pas aussi efficace que d’autres vaccins pour lesquels on a des adjuvants efficaces. Et les principaux effets secondaires, se font au moment de la vaccination donc soit au site d’injection, soit de la fièvre, un peu de fatigue et des douleurs articulaires et musculaires. Ensuite, il existe un effet secondaire, plus spécifique de la vaccination antigrippale, qui est lié au virus lui-même, une complication neurologique mais assez exceptionnelle avec le virus et encore plus exceptionnelle avec le vaccin, donc qui ne remet pas en cause l’intérêt même de ce vaccin. (…) Si vous n’êtes pas dans les populations à risque, vous pouvez vous faire vacciner d’une part pour protéger votre entourage éventuellement, et d’autre part pour vous protéger, vous. Il faut savoir que dans certains pays, pas très loin de chez nous au Royaume-Uni, la politique vaccinale est différente. On vaccine les enfants de façon généralisée pour qu’ils limitent la transmission de la grippe aux personnes fragiles, puisqu’on estime que pendant une épidémie de grippe environ 20% des enfants vont être affectés et seront donc le réservoir principal du virus. Dr. Odile Launay (Université de Paris, Centre d’Investigation Clinique Cochin-Pasteur)
Le saviez-vous ? 900 000 Juifs ont été exclus ou expulsés des Etats arabo-musulmans entre 1940 et 1970. L’histoire de la disparition du judaïsme en terres d’islam est la clef d’une mystification politique de grande ampleur qui a fini par gagner toutes les consciences. Elle fonde le récit qui accable la légitimité et la moralité d’Israël en l’accusant d’un pseudo « péché originel ». La fable est simpliste : le martyre des Juifs européens sous le nazisme serait la seule justification de l’État d’Israël. Sa « création » par les Nations Unies aurait été une forme de compensation au lendemain de la guerre. Cependant, elle aurait entraîné une autre tragédie, la « Nakba », en dépossédant les Palestiniens de leur propre territoire. Dans le meilleur des cas, ce récit autorise à tolérer que cet État subsiste pour des causes humanitaires, malgré sa culpabilité congénitale. Cette narration a, de fait, tout pour sembler réaliste. Elle surfe sur le sentiment de culpabilité d’une Europe doublement responsable : de la Shoah et de l’imposition coloniale d’Israël à un monde arabe innocent.  Dans le pire des cas, cette narration ne voit en Israël qu’une puissance colonialiste qui doit disparaître. Ce qui explique l’intérêt d’accuser sans cesse Israël de génocide et de nazisme : sa seule « raison d’être » (la Shoah) est ainsi sapée dans son fondement. La « Nakba » est le pendant de la Shoah. La synthèse politiquement correcte de ces deux positions extrêmes est trouvée dans la doctrine de l’État bi-national ou du « retour » des « réfugiés » qui implique que les Juifs d’Israël mettent en oeuvre leur propre destruction en disparaissant dans une masse démographique arabo-musulmane. Shmuel Trigano
Hors du sacrifice point de salut !
En ce 2020e vendredi saint …
Et premier jour de la Pâque juive …
Où nous chrétiens nous remémorons, à travers le don suprême de la vie du Christ, le sacrifice qui devait mettre fin à tous les sacrifices …
Et nos amis juifs, à travers leur expulsion pour crime rituel évidemment mythique mais contre-factuellement attribué à leur propre dieu des premiers nés égyptiens, le salut et la fondation de leur peuple …
Et où pour préserver aujourd’hui en une sorte de peur panique du risque, ses membres les plus vulnérables du virus chinois …
L’Humanité entière semble prête au sacrifice de l’avenir de ses propres enfants …
Sur fond, comme par hasard, de résurgence de l’antique accusation de crime rituel contre les juifs …
Comment ne pas voir à nouveau …
Derrière la longue histoire …
D’Isaac à Moïse et de la circoncision à l’eucharistie et au baptême comme de l’avortement à la contraception et de la vaccination à l’actuel confinement
De l’abandon comme de ses substituts et survivances …
L’ inévitable nécessité, jusqu’aux animaux eux-mêmes, du sacrifice
Comme à la Nietzsche, élimination de l’autre …
Ou préfiguré par la bonne prostituée du jugement de Salomon …
Ou incarné par le Christ lui-même…
Du don ultime de soi ?

Contempler.
Le fils unique, le fils aimé
Le ciel s’ouvre devant le père brisé. Mais le fils seul entrevoit, au-delà, la splendeur de Dieu et la douleur humaine.
Gérard Billon
La Croix
24/02/2018

Le Sacrifice d’Isaac (1960-1966), peint par Marc Chagall, est conservé au Musée national Marc- Chagall à Nice. Adagp, Paris 2018

Nous percevons d’abord les couleurs : rouge, jaune, bleu. Claires, elles débordent le dessin, enveloppent les personnages, les recouvrent. Rouge pour Abraham hébété, jaune pour Isaac offert, bleu pour l’ange secourable. Couleurs premières d’une histoire qui nous défie.

Du ciel, un cri…
« C’est l’ange du Seigneur qui appelle : Abraham ! Abraham ! Réponse : Oui, je suis là. – Arrête-toi, dit-il, ne fais rien à l’enfant. Je sais. Tu crains Dieu… » (Gn 22,11-12). Privilège de la peinture : arrêter le flot narratif pour explorer une phrase et discerner l’indiscernable, ce qui est écrit mais que l’on ne voit pas, que l’on n’entend pas encore.

Dieu a parlé. Abraham est à l’épreuve : prendre son fils unique, son fils aimé, le rire de sa vieillesse touchée par la mort, et l’offrir en holocauste. Offrir, donner sans retour ce qui lui a été donné. L’obéissance peut-elle aller jusqu’à répandre le sang et brûler la chair ? Le père et le fils ont gravi ensemble la montagne. L’autel est dressé, et les bûches, le feu bientôt. Lentement, le père prend le couteau. Le fils, lui, se tait.

Le tableau, grand, presque carré (230 x 235 cm), s’insère dans les silences du récit. Marc Chagall, rêveur juif de Vitebsk exilé en France (1887-1985), l’a conçu comme partie d’un cycle de douze toiles intitulé Message biblique (1960-1966). Grâce à Adam, Noé, Abraham et Moïse, Dieu y dialogue avec nous. En contrepoint, cinq autres toiles chantent le Cantique des Cantiques.

Invisible, Dieu parle. Ses mots sont dans le geste de l’ange recouvert d’azur, bras tendus pour consoler après l’épreuve. Car l’épreuve s’achève. Au loin mais face à son mari, Sara angoissée respire et le bélier attend au pied d’un arbre. Abraham avait repoussé jusqu’à l’ultime instant le coup fatal. Son couteau, sa bouche se figent. Le couteau, serré entre les doigts multipliés, n’a pu encore se retourner vers l’enfant. Le sang qu’il n’a pas versé coule en pluie libératrice sur le père, atteint le fils mais ne peut entacher le soleil du corps offert.

La vision du fils
Isaac s’est abandonné. Librement. Dos sur le bûcher, il n’est pas lié, contrairement au récit biblique. Nu, il se sépare de son père pour contempler le ciel, un œil ouvert, l’autre fermé, encore ici, déjà ailleurs. Indifférent à l’ange consolateur, lui seul voit un deuxième ange, d’un blanc radieux, en haut à gauche. Fugitive gloire divine. Le bras pointe d’autres drames au-dessus du drame, en haut à droite. Au jeune et lumineux Isaac, au bel Isaac, est accordée une vision d’avenir, d’incendies et de pogroms : une mère serre son enfant, un homme porte sa croix – Jésus le juif solidaire des Juifs persécutés –, un rabbin fuit, on s’affole. Viendra un temps déraisonnable où l’homme, au contraire d’Abraham, agira vite, sauvage, et l’ange ne pourra suspendre son geste meurtrier. Un temps où la crainte de Dieu aura disparu.

Isaac voit. Contre l’inéluctable, il s’offre en victime innocente, pure et sans péché. Son offrande et l’épreuve de son père peuvent-elles changer l’avenir ? Pour le XXe siècle, il est trop tard, nous dit Chagall. Pour le XXIe, pour notre siècle, rien n’est perdu.

Voir par ailleurs:

Re-visions of Sacrifice

Abraham in Art and Interfaith Dialogue

Aaron Rosen reflects on the manifold ways in which  Abrahams near-sacrifice of Isaac has been portrayed in the ‘Abrahamic’ religions and in art and literature

In a poignant episode in his bestseller, Abraham: A Journey to the Heart of Three Faiths, Bruce Feiler relates a conversation in Jerusalem with Petra Heldt, a Lutheran minister. Despite witnessing the power of religious intolerance firsthand, Heldt – who suffered severe burns during a suicide bombing in 1997 – sketches an optimistic vision for interfaith dialogue. Like Feiler, she sees the greatest source of conversation and consensus between Jews, Christians, and Muslims in the shared figured of Abraham. If we can learn to alter our “exclusivist thinking”, she tells the author, we can “sit down and begin to draw a picture of Abraham”. The resulting image, she muses, will be a figure capable of “representing the best of ourselves. It’s beautiful,” she adds, “and it can happen.” Heldt no doubt intended this image metaphorically. But what if we take her words literally? What would happen if we really put Jews, Christians, and Muslims around a table together and asked them to sketch a portrait of this ancient forefather? Would all those invited even agree to such an exercise? And where would they even begin? One can only imagine the tricky task of drafting a patriarchal proboscis that appealed to all parties. While this thought experiment might seem a bit frivolous at first glance, looking closely at how we picture Abraham can disclose tensions which are often left unexamined when we engage in interfaith dialogue. Heldt’s vision is indeed a beautiful one, but it is stilmportant to identify the impediments to imagining a shared Abraham. This task is especially critical at a time when references to ‘the Abrahamic faiths’ have become seemingly indispensable when talking about relations between Jews, Christians, and Muslims. Numerous interfaith organisations have taken Abraham as a figurehead, including Abraham’s Vision and the Abrahamic Alliance International in the United States, Abraham House in the United Kingdom, and the Abraham Fund in Israel. Universities have followed suit, with Oxford and Cambridge respectively establishing professorships in “The Study of the Abrahamic Religions” and “Abrahamic Faiths and Shared Values The proliferation of such gatherings, institutions, and lectureships is certainly a boon to interfaith dialogue and academic study. The more traction the idea of the ‘Abrahamic’ has attained, however – the more it has solidified its place within our vocabulary – the less attentive we have become to what this label might obscure or ignore. If we are really aiming at an informed practice of interfaith dialogue, one of our first steps must be to reflect rigorously on the language we employ. If we are going to call for interfaith dialogue under the banner of ‘the Abrahamic’, we need to wrestle first of all with the legacy of Abraham himself. By looking at how artists from different backgrounds depict Abraham, I hope to show that the ways we imagine Abraham today are at once more promising and more problematic for interfaith dialogue than we usually recognise. There is no single Abraham whose dignified portrait we can hang above the mantle, expecting him to gaze down approvingly on our interfaith salons and seminars. What visual art can show us, more palpably than any other medium, is a multiplicity of Abrahams, figures who embrace and exclude each other at the same time. Seen in this light, what constitutes ‘the Abrahamic’ is not any immutable bond over a common forefather, but rather a fraternal tension; a spiritual tug-of-war which draws the participants closer, even as they struggle with one another. I want to explore this tension through works of art which depict Abraham’s near sacrifice of his son, understood as Isaac in Judaism and Christianity, and usually as Ishmael in Islam. This traumatic event, known to Jews as the Akedah , to Christians as the Sacrifice of Isaac, and to Muslims as the Dhabih , is a major theme in the scriptures, interpretive traditions, and practices of all three faiths. Indeed, for each religion – albeit in distinct ways – Abraham’s willingness to slaughter his son has come to be seen as the defining moment in the patriarch’s spiritual life. After familiarising ourselves with interpretations of this event in Judaism, Christianity, and Islam, we will turn our attention to revealing examples of modern art. By providing embodied visions of the characters in question, these works force us to examine possibilities for interfaith dialogue which we might otherwise pass over.At the core of this story is a terrible divine demand, and a horrifying human willingness to execute it. Even the notion that this sequence of events constitutes a test for the patriarch – a major theme in each of the Abrahamic religions – leaves faith and obedience worryingly entwined with violence and bloodshed. For some commentators, this is compelling evidence of the “violent legacy of monotheism”. While it is reductive to read the Akedah as a cause of contemporary violence, the story does reinforce a logic which values religious commitment above the preservation of human life; a hierarchy with a dubious historical track record. Yet rather than throwing the baby – or in this case Isaac – Jewish Quarterly — Summer 2014 11 The proliferation of such gatherings, institutions, and lectureships is certainly a boon to interfaith dialogue and academic study. The more traction the idea of the ‘Abrahamic’ has attained, however – the more it has solidified its place within our vocabulary – the less attentive we have become to what this label might obscure or ignore. If we are really aiming at an informed practice of interfaith dialogue, one of our first steps must be to reflect rigorously on the language we employ. If we are going to call for interfaith dialogue under the banner of ‘the Abrahamic’, we need to wrestle first of all with the legacy of Abraham himself. By looking at how artists from different backgrounds depict Abraham, I hope to show that the ways we imagine Abraham today are at once more promising and more problematic for interfaith dialogue than we usually recognise. There is no single Abraham whose dignified portrait we can hang above the mantle, expecting him to gaze down approvingly on our interfaith salons and seminars. What visual art can show us, more palpably than any other medium, is a multiplicity of Abrahams, figures who embrace and exclude each other at the same time. Seen in this light, what constitutes ‘the Abrahamic’ is not any immutable bond over a common forefather, but rather a fraternal tension; a spiritual tug-of-war which draws the participants closer, even as they struggle with one another. I want to explore this tension through works of art which depict Abraham’s near sacrifice of his son, understood as Isaac in Judaism and Christianity, and usually as Ishmael in Islam. This traumatic event, known to Jews as the Akedah , to Christians as the Sacrifice of Isaac, and to Muslims as the Dhabih , is a major theme in the scriptures, interpretive traditions, and practices of all three faiths. Indeed, for each religion – albeit in distinct ways – Abraham’s willingness to slaughter his son has come to be seen as the defining moment in the patriarch’s spiritual life. After familiarising ourselves with interpretations of this event in Judaism, Christianity, and Islam, we will turn our attention to revealing examples of modern art. By providing embodied visions of the characters in question, these works force us to examine possibilities for interfaith dialogue which we might otherwise pass over.At the core of this story is a terrible divine demand, and a horrifying human willingness to execute it. Even the notion that this sequence of events constitutes a test for the patriarch – a major theme in each of the Abrahamic religions – leaves faith and obedience worryingly entwined with violence and bloodshed. For some commentators, this is compelling evidence of the “violent legacy of monotheism”. While it is reductive to read the Akedah as a cause of contemporary violence, the story does reinforce a logic which values religious commitment above the preservation of human life; a hierarchy with a dubious historical track record. Yet rather than throwing the baby – or in this case Isaac – ‘What would happen if we put Jews, Christians, and Muslims around a table together and asked them to sketch a portrait of this ancient forefather?’ he boy or do anything to him; for now I know that you fear God, since you have not withheld your son, your only son, from me” (Gen. 22.12). Glancing up, Abraham spies a ram caught in a thicket, which he slaughters instead. After a second encomium booms down from heaven, the story concludes on a seemingly prosaic note. “Abraham returned to his young men” and journeys back to Beer-sheba (Gen. 22.19). Surprisingly, the Akedah barely features in the remainder of the Hebrew Bible. Coupled with the episode’s sparse and cryptic narration, the narrative absolutely clamors for interpretation. The rabbis were happy to oblige. Even the opening words: “After these things”, suggested a whole scene in which Satan baits God into testing Abraham, à la Job (1.6-12). In another tradition, of central importance in Islam, a devil appears to Abraham, Isaac, and Sarah, arguing that such a monstrous demand transgresses moral law; precisely the argument later made by Immanuel Kant! Some midrashim fly in the face of the text’s plain sense, claiming that Abraham had wounded or even slaughtered his son. In one version Isaac is whisked away to the Garden of Eden for three years to rehabilitate, presumably mentally as well as physically. According to another, “When Father Isaac was bound on the altar and reduced to ashes… [God] immediately brought upon him dew and revived him.” The site of Isaac’s sacrifice became identified with the Temple in Jerusalem and Isaac himself came to be construed as a willing adult, an exemplar for martyrs (e.g. 4 Macc. 13.12), especially during the persecution of Jews during the Crusades. While many of these associations have become muted for contemporary Jews, the blast of the shofar on High Holidays, continues to recall Isaac’s miraculous deliverance. The early followers of Jesus quickly recognised a powerful affinity between Abraham’s offering of Isaac and God’s sacrifice of his own beloved son. When Paul asserted in his Letter to the Romans that God “did not withhold his own Son, but gave him up for all of us” (8.32), he directly echoed the language of the Hebrew Bible, which praises Abraham for not withholding his son (Genesis 22.12, 16). The Letter to the Hebrews develops another influential line of thought: By faith Abraham, when put to the test, offered up Isaac. He who had received the promises was ready to offer up his only son, of whom he had been told, “It is through Isaac that descendants shall be named for you.” He considered the fact that God is able even to raise someone from the dead—and figuratively speaking, he did receive him back (11.17-19) Abraham’s deed became – first and foremost – a measure of faith; a familiar touchstone in Christian interpretations from Paul to Søren Kierkegaard. While Hebrews does not explicitly link the sacrifice of Isaac to Christ’s resurrection, later interpreters soon cemented this connection. Over the next several centuries, the Church Fathers wrote extensively on Genesis 22, frequently reading it as a prototype for the perfected sacrifice of Christ. Thus, for Saint Augustine, Isaac carrying the wood for the burnt offering anticipated Jesus shouldering the cross on his way to Golgotha. And the ram caught in thicket also became a symbol for the Saviour, “crowned with Jewish thorns before he was offered in sacrifice.” Taking their cue from such typologies, many churches today read Genesis 22 during the Easter Holy Week, when Christians remember Jesus’ sacrifice as the Paschal Lamb. If Genesis 22 is laconic, the Qur’anic rendering of this story is downright hermetic. Here it is in its entirety: And when (his son) was old enough to walk with him, (Abraham) said: O my dear son, I have seen in a dream that I must sacrifice thee. So look, what thinkest thou? He said: O my father! Do that which thou art commanded. Allah willing, thou shalt find me steadfast. Then, when they had both surrendered (to Allah), and he had flung him down upon his face, we called unto him: O Abraham! Thou hast already fulfilled the vision. Lo! Thus do we reward the good. Lo! that verily was a clear test. Then we ransomed him with a tremendous victim (q37.102-107) Certain elements are familiar, but the differences are crucial. Abraham receives God’s call in a dream, and rather than deliberately keeping his son in the dark, he immediately asks his opinion. For his part, the son is less like the naïve Isaac of Genesis and more like the steadfast martyr of midrash. It is not even clear which son is the protagonist. Early Islamic interpreters leaned towards Isaac and imagined the events transpiring near Jerusalem, while later interpreters favored Ishmael, and the Muslim holy city of Mecca as the setting. Although overall Ishmael features as the hero in only slightly more authoritative texts than Isaac, he is the overwhelming consensus among Muslims today. Picking up elements from both Jewish exegesis and pre-Islamic traditions, numerous sources describe Abraham and Isaac or Ishmael stoning Satan as he attempts to dissuade them from their sacrifice. This is the basis for the Hajj ritual in which pilgrims hurl pebbles at stone pillars representing the devil. The pilgrimage culminates with the Eid al- Adha , the Feast of the Sacrifice, in which an animal is slaughtered in memory of Abraham’s trial. While the texts and traditions of the Abrahamic faiths frequently intersect, this trend is even more pronounced when we turn to the visual arts. The binding or sacrifice has featured prominently in ancient synagogue mosaics and Christian funerary art, medieval Hebrews does not explicitly link the sacrifice of Isaac to Christ’s resurrection, later interpreters soon cemented this connection. Over the next several centuries, the Church Fathers wrote extensively on Genesis 22, frequently reading it as a prototype for the perfected sacrifice of Christ. Thus, for Saint Augustine, Isaac carrying the wood for the burnt offering anticipated Jesus shouldering the cross on his way to Golgotha. And the ram caught in thicket also became a symbol for the Saviour, “crowned with Jewish thorns before he was offered in sacrifice.” Taking their cue from such typologies, many churches today read Genesis 22 during the Easter Holy Week, when Christians remember Jesus’ sacrifice as the Paschal Lamb. If Genesis 22 is laconic, the Qur’anic rendering of this story is downright hermetic. Here it is in its entirety: And when (his son) was old enough to walk with him, (Abraham) said: O my dear son, I have seen in a dream that I must sacrifice thee. So look, what thinkest thou? He said: O my father! Do that which thou art commanded. Allah willing, thou shalt find me steadfast. Then, when they had both surrendered (to Allah), and he had flung him down upon his face, we called unto him: O Abraham! Thou hast already fulfilled the vision. Lo! Thus do we reward the good. Lo! that verily was a clear test. Then we ransomed him with a tremendous victim (q37.102-107) Certain elements are familiar, but the differences are crucial. Abraham receives God’s call in a dream, and rather than deliberately keeping his son in the dark, he immediately asks his opinion. For his part, the son is less like the naïve Isaac of Genesis and more like the steadfast martyr of midrash. It is not even clear which son is the protagonist. Early Islamic interpreters leaned towards Isaac and imagined the events transpiring near Jerusalem, while later interpreters favored Ishmael, and the Muslim holy city of Mecca as the setting. Although overall Ishmael features as the hero in only slightly more authoritative texts than Isaac, he is the overwhelming consensus among Muslims today. Picking up elements from both Jewish exegesis and pre-Islamic traditions, numerous sources describe Abraham and Isaac or Ishmael stoning Satan as he attempts to dissuade them from their sacrifice. This is the basis for the Hajj ritual in which pilgrims hurl pebbles at stone pillars representing the devil. The pilgrimage culminates with the Eid al- Adha , the Feast of the Sacrifice, in which an animal is slaughtered in memory of Abraham’s trial. While the texts and traditions of the Abrahamic faiths frequently intersect, this trend is even more pronounced when we turn to the visual arts. The binding or sacrifice has featured prominently in ancient synagogue mosaics and Christian funerary art, medieval Hebrews does not explicitly link the sacrifice of Isaac to Christ’s resurrection, later interpreters soon cemented this connection. Over the next several centuries, the Church Fathers wrote extensively on Genesis 22, frequently reading it as a prototype for the perfected sacrifice of Christ. Thus, for Saint Augustine, Isaac carrying the wood for the burnt offering anticipated Jesus shouldering the cross on his way to Golgotha. And the ram caught in thicket also became a symbol for the Saviour, “crowned with Jewish thorns before he was offered in sacrifice.” Taking their cue from such typologies, many churches today read Genesis 22 during the Easter Holy Week, when Christians remember Jesus’ sacrifice as the Paschal Lamb. If Genesis 22 is laconic, the Qur’anic rendering of this story is downright hermetic. Here it is in its entirety: And when (his son) was old enough to walk with him, (Abraham) said: O my dear son, I have seen in a dream that I must sacrifice thee. So look, what thinkest thou? He said: O my father! Do that which thou art commanded. Allah willing, thou shalt find me steadfast. Then, when they had both surrendered (to Allah), and he had flung him down upon his face, we called unto him: O Abraham! Thou hast already fulfilled the vision. Lo! Thus do we reward the good. Lo! that verily was a clear test. Then we ransomed him with a tremendous victim (q37.102-107) Certain elements are familiar, but the differences are crucial. Abraham receives God’s call in a dream, and rather than deliberately keeping his son in the dark, he immediately asks his opinion. For his part, the son is less like the naïve Isaac of Genesis and more like the steadfast martyr of midrash. It is not even clear which son is the protagonist. Early Islamic interpreters leaned towards Isaac and imagined the events transpiring near Jerusalem, while later interpreters favored Ishmael, and the Muslim holy city of Mecca as the setting. Although overall Ishmael features as the hero in only slightly more authoritative texts than Isaac, he is the overwhelming consensus among Muslims today. Picking up elements from both Jewish exegesis and pre-Islamic traditions, numerous sources describe Abraham and Isaac or Ishmael stoning Satan as he attempts to dissuade them from their sacrifice. This is the basis for the Hajj ritual in which pilgrims hurl pebbles at stone pillars representing the devil. The pilgrimage culminates with the Eid al- Adha , the Feast of the Sacrifice, in which an animal is slaughtered in memory of Abraham’s trial. While the texts and traditions of the Abrahamic faiths frequently intersect, this trend is even more pronounced when we turn to the visual arts. The binding or sacrifice has featured prominently in ancient synagogue mosaics and Christian funerary art, medieval Hebrews does not explicitly link the sacrifice of Isaac to Christ’s resurrection, later interpreters soon cemented this connection. Over the next several centuries, the Church Fathers wrote extensively on Genesis 22, frequently reading it as a prototype for the perfected sacrifice of Christ. Thus, for Saint Augustine, Isaac carrying the wood for the burnt offering anticipated Jesus shouldering the cross on his way to Golgotha. And the ram caught in thicket also became a symbol for the Saviour, “crowned with Jewish thorns before he was offered in sacrifice.” Taking their cue from such typologies, many churches today read Genesis 22 during the Easter Holy Week, when Christians remember Jesus’ sacrifice as the Paschal Lamb. If Genesis 22 is laconic, the Qur’anic rendering of this story is downright hermetic. Here it is in its entirety: And when (his son) was old enough to walk with him, (Abraham) said: O my dear son, I have seen in a dream that I must sacrifice thee. So look, what thinkest thou? He said: O my father! Do that which thou art commanded. Allah willing, thou shalt find me steadfast. Then, when they had both surrendered (to Allah), and he had flung him down upon his face, we called unto him: O Abraham! Thou hast already fulfilled the vision. Lo! Thus do we reward the good. Lo! that verily was a clear test. Then we ransomed him with a tremendous victim (q37.102-107) Certain elements are familiar, but the differences are crucial. Abraham receives God’s call in a dream, and rather than deliberately keeping his son in the dark, he immediately asks his opinion. For his part, the son is less like the naïve Isaac of Genesis and more like the steadfast martyr of midrash. It is not even clear which son is the protagonist. Early Islamic interpreters leaned towards Isaac and imagined the events transpiring near Jerusalem, while later interpreters favored Ishmael, and the Muslim holy city of Mecca as the setting. Although overall Ishmael features as the hero in only slightly more authoritative texts than Isaac, he is the overwhelming consensus among Muslims today. Picking up elements from both Jewish exegesis and pre-Islamic traditions, numerous sources describe Abraham and Isaac or Ishmael stoning Satan as he attempts to dissuade them from their sacrifice. This is the basis for the Hajj ritual in which pilgrims hurl pebbles at stone pillars representing the devil. The pilgrimage culminates with the Eid al- Adha , the Feast of the Sacrifice, in which an animal is slaughtered in memory of Abraham’s trial. While the texts and traditions of the Abrahamic faiths frequently intersect, this trend is even more pronounced when we turn to the visual arts. The binding or sacrifice has featured prominently in ancient synagogue mosaics and Christian funerary art, medieval Hebrews does not explicitly link the sacrifice of Isaac to Christ’s resurrection, later interpreters soon cemented this connection. Over the next several centuries, the Church Fathers wrote extensively on Genesis 22, frequently reading it as a prototype for the perfected sacrifice of Christ. Thus, for Saint Augustine, Isaac carrying the wood for the burnt offering anticipated Jesus shouldering the cross on his way to Golgotha. And the ram caught in thicket also became a symbol for the Saviour, “crowned with Jewish thorns before he was offered in sacrifice.” Taking their cue from such typologies, many churches today read Genesis 22 during the Easter Holy Week, when Christians remember Jesus’ sacrifice as the Paschal Lamb. If Genesis 22 is laconic, the Qur’anic rendering of this story is downright hermetic. Here it is in its entirety: And when (his son) was old enough to walk with him, (Abraham) said: O my dear son, I have seen in a dream that I must sacrifice thee. So look, what thinkest thou? He said: O my father! Do that which thou art commanded. Allah willing, thou shalt find me steadfast. Then, when they had both surrendered (to Allah), and he had flung him down upon his face, we called unto him: O Abraham! Thou hast already fulfilled the vision. Lo! Thus do we reward the good. Lo! that verily was a clear test. Then we ransomed him with a tremendous victim (q37.102-107) Certain elements are familiar, but the differences are crucial. Abraham receives God’s call in a dream, and rather than deliberately keeping his son in the dark, he immediately asks his opinion. For his part, the son is less like the naïve Isaac of Genesis and more like the steadfast martyr of midrash. It is not even clear which son is the protagonist. Early Islamic interpreters leaned towards Isaac and imagined the events transpiring near Jerusalem, while later interpreters favored Ishmael, and the Muslim holy city of Mecca as the setting. Although overall Ishmael features as the hero in only slightly more authoritative texts than Isaac, he is the overwhelming consensus among Muslims today. Picking up elements from both Jewish exegesis and pre-Islamic traditions, numerous sources describe Abraham and Isaac or Ishmael stoning Satan as he attempts to dissuade them from their sacrifice. This is the basis for the Hajj ritual in which pilgrims hurl pebbles at stone pillars representing the devil. The pilgrimage culminates with the Eid al- Adha , the Feast of the Sacrifice, in which an animal is slaughtered in memory of Abraham’s trial. While the texts and traditions of the Abrahamic faiths frequently intersect, this trend is even more pronounced when we turn to the visual arts. The binding or sacrifice has featured prominently in ancient synagogue mosaics and Christian funerary art, medieval over a bolster. Compared to the hand of Rembrandt’s Abraham, clamped like an octopus over Isaac’s face, the executioner’s hand rests almost gingerly across her victim’s throat. The young women in this tableau may be acting out the patriarchal roles assigned to them, but they do so dispassionately, rather than fired by religious fervor, like Rembrandt’s Abraham. And instead of the knife that plummets towards Isaac in Rembrandt, in Topçuoğlu the executioner brandishes the sharp edge of a book. But is the book ultimately any less dangerous? Is it any less of a weapon? The real violence, Topçuoğlu suggests, is hermeneutic: the way in which we interpret our holy books. As disturbing as Abraham’s readiness to sacrifice his son may be, his most dubious and enduring legacy may be his literalism.Perhaps it is fitting that we should look to an image to show us what is at stake in the relations between the “People of the Book”. Calls for dialogue between the Abrahamic faiths frequently begin with the assertion that what binds together Jews, Christians, and Muslims is, above all, their scriptural heritage. This emphasis has yielded some valuable insights into the intersecting traditions and practices of these religions, and stimulated interfaith exchange. Despite this rich textual legacy, however, these faiths are also people of the image . If we are willing to open our eyes to this fact, we will discover that visual art has an essential role to play in inter-religious dialogue. Art has the capacity to challenge fundamental preconceptions about the sacrifice of Isaac and Ishmael as a paradigm of faith and obedience. Together, Chagall, Kadishman, Mansour, and Topçuoğlu encourage us to pry open new spaces within accepted narratives, inhabiting received texts and traditions from different positions. If Abraham might look askance at such endeavors, perhaps his sons, and their mothers, would see things differently. The poet Eleanor Wilner imagines Sarah asking Isaac to run away with her on the eve of the Akedah, to join Hagar and Ishmael in exile, far away from Abraham. “But Ishmael,” said Isaac, “How should I greet him?” “As you greet yourself,” she said, “when you bend over the well to draw water and see your image, not knowing it reversed. You must know your brother now, or you will see your own face looking back the day you’re at each other’s throats.” The act of looking, as Sarah intuitively understands, is not merely incidental to dialogue, it is at its very heart. For Isaac and Ishmael – and their latter day descendants – the consequences of dis- regarding the Other can be fatal. Art may not be able to present us with a portrait of Abraham we can all agree on, but it can train us to see difference in a new light. —

Voir encore:

Le sociologue Gerald Bronner : notre société doit accepter le risque

Déjà auteur d’un livre remarqué sur la dérégulation des médias, « La démocratie des crédules », le sociologue Gérald Bronner s’interroge dans un nouvel ouvrage, « La planète des hommes », sur le rejet par la société moderne de l’idée de risque et l’excès du principe de précaution.

Boris Le Ngoc

Energie/Expansion

-SFEN
22 octobre 2014

Voir son interview intégrale sur le blog de la SFEN

Extraits :

Notre société est-elle gouvernée par « l’idéologie de la peur » ?

L’idéologie de la peur est devenue extrêmement présente dans l’esprit de nos concitoyens. On trouve notamment des traces de cette idéologie dans les fictions hollywoodiennes qui nous décrivent des apocalypses écologiques. A la différence des années 50 où les apocalypses étaient fondées sur l’imaginaire des soucoupes volantes ou de la guerre thermonucléaire, aujourd’hui la fin des temps viendra de l’action de l’homme et des conséquences désastreuses de cette action.

La caractéristique de cette idéologie de la peur, c’est la crainte a priori que l’action de l’homme puisse conduire à des déséquilibres de la nature. Cette crainte peut se muer en une détestation de l’homme, vu comme « vorace », et de son action, ce que j’appelle « l’anthrophobie ».

La loi sur la transition énergétique s’inscrit-elle dans cette idéologie ?

La loi sur la transition énergétique s’inscrit dans un fait historique qui est celui de la question climatique. Une question réelle, qu’il faut prendre au sérieux, mais qui sert en quelque sorte d’otage à cette idéologie de la peur. Sur la base des dérèglements climatiques, et des conséquences désastreuses qui ne manqueront pas de survenir, on en infère des scénarios apocalyptiques qui devraient suspendre toutes nos actions y compris nos actions technologiques.

Or, je pense qu’il y a un grand danger à suspendre nos actions : c’est celui de ne pas penser les conséquences catastrophiques de notre inaction. En ce sens, la loi sur la transition énergétique tient compte d’un certain nombre d’enjeux idéologiques qui cherchent à regrouper des considérations opportunistes et qui n’ont pas grand-chose à faire ensemble. Par exemple, plafonner la production nucléaire en France est problématique si on considère que le but est de lutter contre les énergies émettrices de gaz à effet de serre. Dans ce cas, pourquoi ne pas plus se préoccuper d’autres énergies comme le gaz ou le pétrole ?
(…)

Est-il possible de réenchanter le risque ?

C’est non seulement possible mais c’est absolument nécessaire. Je suis assez préoccupé du fait que toute l’idéologie contemporaine nous oriente vers les conséquences possibles de notre action. Si nous devons être comptables des conséquences de notre action, cette idéologie nous rend totalement aveugle quant aux conséquences possibles de notre inaction. Celle-ci pourrait avoir des coûts cataclysmiques.

Par exemple, pour le vaccin, on constate que la couverture maximale baisse y compris dans notre pays et qu’augmentent les craintes concernant le vaccin. En 2000, 9 % des français se méfiaient des vaccins, ils sont près de 40 % en 2010. Cette méfiance aura des conséquences terribles sur les générations futures.

(…) Ces questions ne peuvent avoir que des réponses technologiques. Or, ces réponses technologiques, nous ne les avons pas encore. Toute tentative d’enfermement des technologies du présent pourrait constituer un drame pour les générations futures. En d’autres termes, bâillonner le présent, c’est désespérer le futur.

Le réenchantement du risque passe par une première étape celui de la conscience que le risque zéro n’existe pas. En effet, chacune de nos actions charrie une part incompressible de risque. La seconde étape consiste à dire que nous ne pouvons pas ne pas prendre de risque et qu’il n’y a pas de plus grand risque que celui de ne pas en prendre. A partir de là, il nous faut gérer de manière beaucoup plus raisonnable le rapport des coûts et des bénéfices de toute innovation technologique.
(…)

Gérald Bronner est professeur de sociologie à l’université Paris Diderot.
« La planète des hommes » (réenchanter le risque) est publié aux PUF.

Voir de plus:

Fabrice Hadjadj: « À l’heure où l’ange de la mort passe dans les villes, Pâques prend toute sa force »

ENTRETIEN – Tandis que les chrétiens vont vivre Pâques confinés et sans sacrements, le philosophe voit dans la privation de rites religieux l’occasion de redécouvrir leur prix.

Eugénie Bastié
Le Figaro

Fabrice Hadjadj est philosophe, directeur de l’Institut Philanthropos, lieu de formation à l’anthropologie chrétienne situé à Fribourg, en Suisse.

Dernier ouvrage paru: À moi la gloire (Éditions Salvator, 2019, 160 pages, 15 €).


Comme la peste chez Sophocle, l’épidémie de coronavirus nous ramène à la dimension tragique de notre condition: la confrontation avec un mal irréductible, explique avec élévation le philosophe. Tandis que les chrétiens vont vivre Pâques confinés et sans sacrements, comment éviter la victoire du virtuel sur le charnel?

«Le confinement peut nous perdre dans nos tablettes, mais il est aussi l’occasion de réinventer la table familiale et de retrouver le sens d’une culture toujours plus neuve que nos innovations», observe Fabrice Hadjadj. Et le penseur voit dans la privation de rites pour les chrétiens l’occasion de redécouvrir leur prix.

LE FIGARO. – L’une des premières représentations de la peste se trouve dans Œdipe roi de Sophocle. L’Occident voit-il avec le coronavirus le « retour du tragique », comme on l’entend beaucoup?

Fabrice HADJADJ. – Œdipe roi s’ouvre en effet sur la peste de Thèbes. Le peuple meurt, et l’oracle déclare que ce fléau a été envoyé parce que le meurtrier de Laïos court toujours. Œdipe va donc mener l’enquête pour découvrir qui a tué son prédécesseur sur le trône. Dès l’Antiquité, Sophocle invente une «detective story» ultramoderne, où l’enquêteur découvre qu’il est lui-même l’assassin, et que l’assassin est pire qu’on ne l’imagine au départ, puisqu’il s’avère parricide et incestueux. Cela ne suffit pas, cependant, à faire entrer dans le tragique.

Une telle histoire pourrait aussi bien relever de l’absurde ou du méchant fait divers. Ce qui fait le tragique d’une situation, ce ne sont pas les faits comme tels, mais la manière dont nous les lisons. L’épidémie peut être traitée de manière statistique – ou mélodramatique. C’est ce que l’on entend le plus souvent: un discours qui oscille entre le calcul et l’émotion. Il y a bien sûr aussi les vidéo-gags sur le confinement, qui tournent la chose à la farce, ou encore, à l’extrême opposé, le travail des microbiologistes, pour qui c’est un défi thérapeutique. Je ne méprise pas ces perspectives, qui ont chacune leur temps et leur nécessité.

La tragédie, ultimement, nous dit que la plus grande dignité de l’homme est dans ce déchirement vertical, qui vient questionner jusqu’aux sources de la vie

Je dis seulement que le tragique implique autre chose, et, d’abord, un cheminement de l’extérieur vers l’intérieur: Œdipe essaie de remédier à la peste, mais il ne se contente pas de prendre des mesures sanitaires, il rentre en lui-même, il médite sur sa propre destinée. Ensuite, le tragique suppose la confrontation à un mal irréductible: il ne suffit pas de désigner les coupables, car le coupable, ici, est aussi une victime, la peste frappe tout le monde, et ceux qui en sont préservés, comme Œdipe, découvrent en eux un mal encore plus grand.

Enfin, et c’est le point le plus important, puisque le roi se montre ici à jamais fragile et qu’aucun progrès ne pourra en finir avec le drame, il n’y a pas de solution définitive, il ne nous reste qu’une supplication sans réponse, une interpellation du ciel et des dieux, à la limite de la révolte et de l’abandon. La tragédie, ultimement, nous dit que la plus grande dignité de l’homme est dans ce déchirement vertical, qui vient questionner jusqu’aux sources de la vie.

Vous venez d’évoquer la lecture statistique. Chaque fin de journée, nous avons droit au décompte macabre des morts dans le monde entier. Que penser de cette épidémie des chiffres et du rapport à la mort qu’elle institue?

Ce que nous vivons n’est pas simplement une pandémie mondiale, mais une pandémie numérique, où les effets du virus sont relayés par une information dite virale. Nous sommes confinés comme des poissons rouges, mais sur les parois de notre bocal nous n’arrêtons pas de consulter les chiffres de la surmortalité, en attendant que l’hameçon de la maladie vienne nous attraper et nous fasse basculer dans un autre monde.

On découvre, avec les problèmes de ravitaillement, que l’agriculture est plus fondamentale que la haute finance, et l’œuvre des soignants plus essentielle que celle des winners

On s’aperçoit soudain que ce qui n’était qu’une unité dans un compte est un nom propre avec un visage. On passe d’un coup de la prophylaxie à l’asphyxie, du statistique au dramatique. Dans la Bible, la peste s’abat sur Israël parce que David a voulu recenser son peuple, c’est-à-dire ne plus le considérer dans la singularité de ses personnes, de ses familles et de ses tribus, mais comme un grand ensemble manipulable. Aujourd’hui, c’est la peste elle-même qui induit des recensements sans fin, à la fois hypnotiques et anxiogènes.

Pendant ce temps, du fait de l’isolement des personnes âgées et des consignes de distanciation sociale, le mourant se voit dépouillé de son entourage au profit de l’assistance de la chimie et des machines, et le mort, privé de rites funéraires au profit du four crématoire. Sous ce rapport, l’épidémie ne fait qu’intensifier et dévoiler une structure qui était déjà là, et que l’on pourrait qualifier de structure techno-émotionnelle: face à la mort, on ne sait plus rien faire d’autre que de passer d’une gestion technologique qui nous permet de surnager, à une émotion qui brusquement nous noie.

Nous sommes confinés et, en même temps, nous n’avons jamais été aussi connectés. Cette crise signe-t-elle le triomphe du virtuel sur le charnel?

Une crise ne produit pas des effets univoques. En termes de médecine, elle est état transitoire du patient, et peut être heureuse ou funeste, parce qu’elle débouche soit sur la guérison soit sur la mort. Les geeks vivaient déjà confinés derrière leurs écrans. Est-ce leur victoire, ou la preuve qu’ils vivaient déjà comme des malades? L’industrie des applications mobiles est en pleine forme, et le patron de Netflix peut se frotter les mains, mais on découvre aussi, avec les problèmes de ravitaillement, que l’agriculture est plus fondamentale que la haute finance, et l’œuvre des soignants plus essentielle que celle des winners. Hier, on parlait beaucoup de transhumanisme.

Vivre la Pâque dans cette privation, c’est aussi reconnaître que le christianisme n’est pas un spiritualisme, mais une religion de l’Incarnation, où le plus spirituel rejoint le plus charnel

L’épidémie nous ramène à la condition humaine, à notre mortalité, à la précarité de nos existences. Soudain Thucydide redevient notre contemporain, puisqu’il a traversé la peste d’Athènes. Sophocle, Bocacce, Manzoni, Giono ou Camus se révèlent plus actuels que nos actualités, parce qu’ils témoignent de ce qui appartient de manière indépassable à la chair de l’homme. Le confinement peut nous perdre dans nos tablettes, mais il est aussi l’occasion de réinventer la table familiale, et de retrouver le sens d’une culture toujours plus neuve que nos innovations – de même que le printemps restera toujours plus neuf que nos derniers gadgets.

Nous entrons dans le triduum pascal, ces trois jours qui vont de la messe du soir le Jeudi saint (la Cène) au dimanche de Pâques (la Résurrection). La virtualisation des rites ne nous fait-elle pas mieux sentir le prix de la communion et des églises?

S’il y a quelque chose qu’on ne peut virtualiser, c’est le rite chrétien. Les sacrements exigent une proximité physique. Ils communiquent la grâce par mode de contagion, de proche en proche, parce que l’amour de Dieu est inséparable de l’amour du prochain. C’est pourquoi, l’épidémie se propageant de la même façon, les fidèles ont été privés de l’eucharistie…

L’an dernier, au début de la semaine sainte, c’était l’incendie de Notre-Dame : l’édifice incomparable brûlait, mais le rituel était intact

Comme l’Église fait normalement obligation de communier au moins à Pâques, certains ont jugé bon de discuter cette mesure, voire de la braver. Je préfère la penser. Vivre la Pâque dans cette privation, c’est aussi reconnaître que le christianisme n’est pas un spiritualisme, mais une religion de l’Incarnation, où le plus spirituel rejoint le plus charnel, où le don de la grâce passe par un prêtre balourd, près d’un voisin antipathique, en mastiquant un insipide bout de pain.

L’an dernier, au début de la semaine sainte, c’était l’incendie de Notre-Dame: l’édifice incomparable brûlait, mais le rituel était intact. À présent, sans rien de spectaculaire, mais de manière plus profonde, c’est le rituel lui-même qui est atteint. Le drame est plus grand, même s’il se voit moins. Mais si grand que soit le drame, c’est encore de cela que parle le sacrifice de la Croix. Sous le rapport, non pas du rite, mais de ce à quoi il renvoie, en cette heure où l’ange de la mort passe à travers les villes, la Pâque nous rejoint dans toute sa force. Judas transmet la mort par un baiser. Pilate se lave les mains avec du gel hydroalcoolique. Jésus demande: Mon Dieu, pourquoi? Et il ne lui est pas répondu.

Mais si nous crions ainsi sous le mal, c’est que nous avons d’abord vu la bonté de la vie. Comme le dit Rilke dans ce vers que je ne me lasse pas de répéter: «Seule la louange ouvre un espace à la plainte». Nous ne pouvons gémir devant ce qui nous détruit que parce que nous célébrons ce qui nous porte. L’envers du cri, si désespéré soit-il, est encore un appel à l’espérance. La nuit nous fait horreur parce que nous avons goûté à la beauté du jour, mais la perte de cette lumière, qui nous fait si mal, nous suggère aussi qu’au bout de la nuit noire l’aurore finit par poindre, plus poignante que jamais.

Voir enfin:

Les animaux aussi se sacrifient

Réformés
1 mars 2018
ALTRUISME
Chez certaines espèces de fourmis, d’abeilles, d’oiseaux ou de mammifères, on observe des comportements altruistes qui ressemblent à des sacrifices personnels. Mais il est délicat de comparer ces actes avec les attitudes humaines.

Nous les êtres humains n’avons pas le monopole des comportements de sacrifice. Au contraire, les attitudes altruistes sont très prononcées chez certaines espèces d’insectes, dont les hyménoptères sociaux. Fourmis, abeilles et termites forment des colonies gigantesques au sein desquelles certains individus se sacrifient pour la survie de la communauté. L’abeille ouvrière, par exemple, meurt en piquant un intrus dans la ruche, car elle ne peut retirer son dard cranté planté dans la chair de son adversaire.

Apparente moralité

Faut-il dès lors supposer qu’il existe une morale chez les insectes? Ces derniers sont-ils doués d’une volonté généreuse envers leur prochain? Ni Christine Clavien, philosophe des sciences à l’Université de Genève, ni Laurent Keller, spécialiste mondialement connu des insectes sociaux à l’Université de Lausanne, ne le croient une seule seconde! «Un comportement semblable chez les humains et les insectes n’appelle pas la même explication dans les deux cas», précise d’emblée Christine Clavien.

«L’explication des attitudes sacrificielles chez les insectes est d’ordre génétique», explique Laurent Keller, «elle ne suppose aucune décision libre de la part des individus. Le comportement altruiste de ces animaux est déterminé par leurs gènes en raison de l’avantage reproductif qu’il confère à l’ensemble de la colonie. Derrière ces comportements d’apparence altruiste se cache la logique implacable de la transmission des gènes, commandée par la sélection naturelle».

Oiseaux, mammifères et humains

L’attitude des oiseaux et des mammifères, qui prennent soin de leurs petits parfois jusqu’à l’épuisement et en prenant des risques énormes, fonctionne différemment de celle des insectes. Ces animaux sont dotés d’une intelligence qui leur permet de faire des choix plus complexes, et les mammifères sont, comme les humains, doués d’émotions. Pourtant, Laurent Keller souligne qu’en biologie, on ne parle pas d’altruisme lorsqu’il s’agit d’un sacrifice réalisé en faveur de ses petits. Tout ce qui permet d’augmenter sa «fitness reproductive», c’est-à-dire la transmission de ses gènes à sa descendance directe, n’est pas réellement altruiste. Un comportement est appelé altruiste en biologie «uniquement lorsqu’il diminue le nombre de bébés qu’un individu va générer, à la faveur d’un autre», clarifie le biologiste.

Même ainsi définis, les comportements altruistes concernent des milliers d’espèces animales, dont… l’être humain. Selon Laurent Keller, «nous sommes le produit de nos gènes comme les autres espèces animales», mais le chercheur reconnaît que «nous devons être responsables de nos actes». Christine Clavien considère aussi que nos sentiments d’empathie ont une base génétique, mais à ses yeux «nos choix conscients nous permettent de dépasser nos pulsions biologiques, pour le meilleur et pour le pire».

Voir enfin:

Taguieff : « Une démonologie populaire se forme sous nos yeux sur les réseaux sociaux »
Conspiracy watch
25 mars 2020

Depuis quelques jours, on assiste au partage massif, sur les réseaux sociaux, de posts (ici, là ou encore là) accusant Agnès Buzyn, son époux Yves Lévy ou encore l’actuel directeur général de la santé, Jérôme Salomon, d’avoir une responsabilité majeure dans l’épidémie de coronavirus actuelle quand on ne leur reproche pas carrément d’avoir comploté pour l’aggraver ou même de l’avoir créée de toutes pièces. Des montages violemment antisémites accompagnent cette fièvre inquisitrice.

Conspiracy Watch : Avec l’apparition de la pandémie de coronavirus, on pouvait raisonnablement s’attendre à une circulation importante de contenus à caractère conspirationniste. Mais les théories du complot qui sont apparues semblent aussi aller de pair avec la réactivation de très anciens lieux communs antisémites. Qu’est-ce que cela nous dit de l’époque ?

Pierre-André Taguieff : Cette flambée de judéophobie confirme l’hypothèse selon laquelle, dans les situations d’incertitude et de désarroi, lorsque se propage le sentiment d’une menace et que les explications officielles ne satisfont pas l’opinion, les Juifs sont accusés d’être liés d’une manière ou d’une autre au phénomène qui provoque des peurs, voire des paniques. Par ailleurs, en dehors même des situations de crise, la défiance des citoyens à l’égard des élites dirigeantes et des médias ne cesse de croître. Or, le manque de confiance favorise la diffusion des récits complotistes prétendant dévoiler des vérités cachées sur les causes des événements inquiétants et ainsi répondre au besoin d’explication. On observe que, dans ces récits pseudo-explicatifs et accusatoires, les Juifs (ou les « sionistes ») jouent souvent un rôle majeur. Lorsque, dans une situation de crise profonde, les élites du pouvoir sont d’origine juive, elles deviennent des cibles privilégiées pour les chasseurs de responsables et de coupables.

S’il est vrai qu’il n’y a pas de croyances conspirationnistes sans événements déclencheurs, l’épidémie de coronavirus constitue l’événement déclencheur parfait, en ce qu’elle cumule un certain nombre de traits : elle est perçue comme un phénomène important, menaçant, ambigu, inexpliqué ou mal expliqué. Il s’agit à la fois d’expliquer l’apparition du phénomène anxiogène et de se défendre contre la menace qu’il représente, en désignant ceux qu’on suppose incarner la causalité diabolique. Dans la mise en accusation d’Agnès Buzyn, d’Yves Lévy et de Jérôme Salomon, dont la commune judéité est soulignée par les caricaturistes, la dénonciation complotiste s’entrecroise avec une incrimination de complicité dans une opération criminelle, dans laquelle on peut voir une forme dérivée de l’accusation de meurtre rituel. Résurgence d’une mentalité archaïque.
Post accusant Agnès Buzyn, Yves Lévy et Jérôme Salomon de comploter contre la santé publique (Twitter, 23/03/2020).

La cause cachée est en dernière analyse le diable, le principe du Mal. La logique du raisonnement complotiste inclut le biais de proportion, qui pousse le sujet à croire que de « grandes » et terribles conséquences (« l’enfer sur terre », une crise mondiale, la « fin d’une époque », la fin d’une civilisation) ne peuvent être engendrées que par de « grandes », puissantes et terribles causes (Satan, « le Juif », « les sionistes », le Capital, la CIA, « les élites », etc.). Depuis les années 1950, une analyse comparée de la littérature complotiste occidentale permet d’établir que les complots des puissants ou des dominants sont devenus plus crédibles que les complots des minorités actives ou des sociétés secrètes subversives, privilégiés à la fin du XVIIIe siècle ainsi qu’au cours du XIXe.

L’âge de l’information globalisée et du libéralisme cognitif est aussi celui de la circulation planétaire de l’information erronée, trompeuse et manipulée, celui de la désinformation et de la mésinformation. Il est à bien des égards l’âge de la conspiration comme réalité et comme représentation, car ceux qui dénoncent compulsivement les complots rêvent de comploter et parfois passent à l’acte. Les croyances complotistes constituent notre mythologie, dans laquelle les démons de divers types ont chassé les dieux. Une démonologie populaire se forme sous nos yeux sur les réseaux sociaux. Or, l’on constate que cette démonologie contient une dimension judéophobe dont la visibilité et la virulence sont plus ou moins grandes selon les contextes.

CW : Est-ce que cela étonne l’historien des idées et des mythes modernes que vous êtes ?

P-A T. : Je ne vous étonnerai pas en vous disant que non. Le concept de causalité diabolique, modèle élaboré par l’historien Léon Poliakov, est ici fort éclairant. Il permet de comprendre pourquoi les complotistes excluent à la fois le hasard et les causes naturelles de leurs modes d’explication des phénomènes dérangeants et inquiétants : non seulement rien n’arrive par accident, mais tous les événements malheureux sont les résultats d’intentions ou de volontés cachées, qui peuvent être liées à des entreprises criminelles. L’étude des accusations de meurtre rituel conduit à distinguer, parmi les modes de diabolisation des Juifs, ceux qui sont centrés sur le projet d’une domination du monde et ceux qui tournent autour d’une pulsion meurtrière visant les non-Juifs. Si les mythes complotistes se nourrissent du fantasme du Juif dominateur et conspirateur, visant la puissance mondiale, les mythes construits sur la base de l’accusation de meurtre rituel sont structurés par l’idée selon laquelle les Juifs poursuivent, en raison de leur nature – leurs instincts sanguinaires – ainsi que des enseignements secrets de leur religion – supposés consignés dans le Talmud –, l’élimination physique des non-Juifs. S’y greffe souvent l’attribution aux Juifs de plans secrets pour obtenir divers avantages ou faire des profits au détriment des non-Juifs. Les Juifs apparaissent alors comme un groupe soudé par la poursuite d’intérêts ou d’objectifs communs et inavouables. Le stéréotype du Juif exploiteur et parasite entre en synthèse avec celui du Juif conspirateur et criminel.

Parmi les formes dérivées du mythe, qui prolifèrent dans des contextes de crise sanitaire, on trouve des énoncés selon lesquels « les Juifs » auraient créé le virus du SIDA, le virus H1N1 (responsable de la grippe A) ou le Covid-19 pour réaliser tel ou tel objectif criminel. Il en va ainsi de l’accusation, lancée le 26 février 2020 au moment de l’épidémie de coronavirus, par un « analyste politique » irakien, Muhammad Sadeq al-Hashemi : « Le coronavirus est un complot juif américain financé par Rothschild pour réduire la population mondiale. » Confirmation et condensation de quatre stéréotypes antijuifs : les Juifs sont riches, puissants, conspirateurs et criminels. Ils sont capables de créer et de propager un « tueur de masse » tel qu’un virus.

Mais le peuple juif n’a-t-il pas été lui-même assimilé à un bacille ou à un virus ? « L’éternel bacille de l’humanité », comme le désignait Hitler en 1928 dans le « Second Livre ». Hitler définissait « le Juif » comme l’« ennemi mortel » (Todfeind) et l’assimilait au virus porteur d’une maladie mortelle en recourant à la métaphore du « parasite » destructeur (le Juif comme agent infectieux, « virus » ou « bacille »). Le 22 février 1942, dans l’une de ses « conversations secrètes » recueillies sous la direction de Martin Bormann entre 1941 et 1944, Hitler revient sur le traitement qu’il réserve à l’ennemi juif en mimant le langage biomédical, montrant qu’il prenait à la lettre la métaphore virologique :

« C’est l’une des plus grandes révolutions qui aient jamais eu lieu au monde. Le Juif va être connu ! Un combat identique à celui que Pasteur et Koch ont dû mener doit aujourd’hui être livré par nous. Des maladies sans nombre sont dues au même bacille : le Juif ! […]. Nous guérirons si nous éliminons le Juif. »

Un autre exemple d’accusation dérivée, fondée sur la pathologisation du peuple juif assimilé à un virus, est fourni par la déclaration faite le 8 mars 2020 sur Yarmouk TV, la chaîne de télévision jordanienne affiliée aux Frères musulmans, par le cheikh Ahmad al-Shahrouri : « Est-il normal de parler du coronavirus parce que c’est l’actualité brûlante, et d’oublier les Juifs, qui sont plus dangereux que le sida, le coronavirus, le choléra et toutes les maladies de ce monde ? » Et le prédicateur d’adresser ce conseil à ses « frères » : « Pour être épargnés de ces maladies mortelles, nous devrions tous nous souvenir du djihad. Le djihad est un moyen de purification. » Le djihad est présenté comme le seul bon remède contre le « virus juif ».
Caricature antisémite postée le 22 mars 2020 sur le forum 4chan.

Du côté de l’extrême droite raciste, on relève la déclaration par laquelle Henry de Lesquen, invité par le groupuscule identitaire Résistance helvétique, a commencé sa conférence sur la « question raciale » à Aigle (Suisse) le 7 mars 2020 : « Il y a pire que le coronavirus : le judéovirus. » La représentation de l’invisibilité de « l’ennemi », qui fait partie du code culturel de l’antisémitisme moderne, facilite le recours à la métaphore polémique du « virus » pour accuser les Juifs. Le fantasme du « Juif invisible » hante en effet l’imaginaire judéophobe tel qu’il s’est reconfiguré à l’âge de l’émancipation et du projet normatif d’assimilation totale des Juifs, alimentant le soupçon qu’ils jouent un double jeu (assimilation apparente/persistance réelle). Rappelons la hantise d’Édouard Drumont, dans La France juive (1886) : « Le Juif dangereux, c’est le Juif vague (…) ; c’est l’animal nuisible par excellence et en même temps l’animal insaisissable (…). Il est le plus puissant agent de trouble que jamais la terre ait produit. » Plus le Juif est invisible – ou est perçu comme tel –, et plus l’hostilité des antijuifs s’intensifie en glissant vers une vision paranoïaque : puisqu’on ne les voit nulle part, c’est donc que « les Juifs sont partout » et qu’ils agissent dans l’ombre, « contre nous ».

Un paradoxe est cependant à noter : dans cette configuration mythologique, les Juifs sont accusés de vouloir détruire le « matériel » humain dont ils ont besoin pour leurs rituels, pour satisfaire leurs pulsions criminelles ou pour faire des profits en les parasitant. Ce paradoxe s’ajoute à celui qui consiste à accuser les Juifs d’être mus par une volonté de dominer tous les peuples non juifs et à les accuser en même temps de vouloir exterminer ces derniers. Mais, tout comme l’inconscient, la pensée mythique ignore les contradictions formelles.

CW : Quelle est l’origine de ces accusations ?

P-A T. : Il faut remonter à l’accusation de « meurtre rituel » portée contre les Juifs, qui constitue l’un des plus anciens mythes antijuifs, plus ancien que le mythe du complot juif. Cette accusation a surgi en même temps que celle de « haine du genre humain », dont on trouve des traces au IIIe siècle avant J.-C. Il s’agit d’une accusation chimérique, qui ne se fonde sur aucune preuve factuelle, contrairement aux assertions xénophobes, qui impliquent des généralisations abusives. Les récits où elle figure transmettent depuis plus de deux millénaires le stéréotype du Juif cruel et sanguinaire. Mais elle s’avère inséparable d’une autre accusation, celle de cannibalisme rituel, alors même que les sacrifices humains et la consommation du sang font l’objet d’un strict interdit dans le texte biblique (Lévitique, XVII, 2 ; XVIII, 21 ; XX, 2 et suiv. ; Deutéronome, XII, 31 ; XVIII, 10). Ces accusations couplées structurent le discours antijuif élaboré, de la judéophobie antique et de l’antijudaïsme médiéval à l’antisionisme radical d’aujourd’hui, en passant par l’antisémitisme apocalyptique dont l’hitlérisme a représenté la forme extrême. Les accusations les plus délirantes contre les Juifs ont pour résultat de transformer ces derniers en symboles du mal et, à ce titre, en représentants de l’ennemi absolu. D’où la représentation des Juifs en tant que proches alliés ou disciples du diable.

La croyance que les sacrifices humains ou les meurtres rituels de non-Juifs, assortis ou non de cannibalisme, sont une caractéristique du peuple juif est apparue dans le monde antique, et circulait au cours des IIe et Ier siècles avant J.-C. À en croire Flavius Josèphe, le grammairien Apion (1ère moitié du Ier siècle après J.-C.), dans son Histoire d’Égypte, aurait accusé les Juifs de pratiquer des meurtres rituels – à la périodicité variable – dont les victimes étaient des Grecs :

« Les Juifs […] s’emparaient d’un voyageur grec, l’engraissaient pendant une année, puis, au bout de ce temps, le conduisaient dans une forêt où ils l’immolaient ; son corps était sacrifié suivant les rites prescrits, et les Juifs, goûtant de ses entrailles, juraient, en sacrifiant le Grec, de rester les ennemis des Grecs ; ensuite ils jetaient dans un fossé les restes de leur victime. »

L’historien Damocrite, avant Apion, affirmait que « tous les sept ans ils [les Juifs] capturaient un étranger, l’amenaient [dans leur temple], et l’immolaient en coupant ses chairs en petits morceaux ». La rumeur de crime rituel chez les Juifs a été vraisemblablement notée pour la première fois, ou bien fabriquée pour justifier la profanation et le pillage du temple, par Antiochus IV Épiphane en 168, par l’historien Posidonios au deuxième siècle avant J.-C. On peut supposer que la rumeur exprimait la haine qu’éprouvaient les Grecs à l’égard des Juifs, en particulier à Alexandrie. Au cours du IIe siècle après J.-C., des accusations analogues furent portées par les Romains contre les chrétiens, les victimes supposées étant des enfants : à l’accusation de cannibalisme rituel s’ajouta celle d’infanticide rituel.

L’accusation diffamatoire a été réinterprétée ensuite dans le monde chrétien sur la base de la vision du « peuple déicide » et, plus particulièrement aux XIIe et XIIIe siècles, dans le contexte de la découverte du Talmud par le monde chrétien. Christianisée, elle s’est transformée en accusation d’infanticide rituel. Le premier infanticide rituel imputé aux Juifs remonte à 1144 en Angleterre : après la découverte, le 25 mars, du corps affreusement mutilé de William, âgé de douze ans, dans le bois de Thorpe à côté de Norwich, les Juifs chez qui il travaillait sont accusés par la mère et l’oncle de l’enfant de l’avoir tué après l’avoir torturé. Quelques années plus tard, la légende de l’enfant martyr, « tué par les Juifs », est mise en forme par le moine bénédictin Thomas de Monmouth, qui affirme que le meurtre de William aurait été commis d’une façon rituelle, en vue de reproduire la crucifixion de Jésus le Vendredi Saint. En Angleterre, des accusations similaires sont lancées contre les Juifs à Gloucester en 1168, à Bury St Edmunds en 1181, à Winchester en 1192 et une seconde fois à Norwich en 1235. En 1189, les Juifs sont attaqués à Londres puis dans tout le royaume. Le 6 février 1190, tous les Juifs de Norwich sont massacrés, à l’exception de ceux qui ont pu se réfugier au château.

Je ne ferai ici qu’évoquer l’accusation d’empoisonnement massif des fontaines et des puits (1321) ainsi que celle de conspiration pour provoquer l’épidémie de « Peste noire » (1347-1348), accusations censées illustrer et prouver la méchanceté criminelle des Juifs, qui furent victimes de grands pogromes.

Cette construction victimaire, pour être délirante, n’a cessé depuis le milieu du XIIe siècle, en Europe, de déclencher des réactions violentes contre les Juifs – émeutes sanglantes et pogromes –, de légitimer des chasses aux Juifs ou de justifier des mesures d’expulsion. La désignation d’un groupe de coupables imaginaires constitue en elle-même un acte de stigmatisation globale dudit groupe : elle transmet donc des stéréotypes négatifs sur ce groupe. Mais elle représente en même temps une incitation à la violence contre les membres du groupe stigmatisé et un puissant mode de légitimation des actions violentes contre ces derniers. Il y a là l’illustration d’un processus ou d’un mécanisme victimaire qu’on peut présumer universel : l’auto-victimisation d’un groupe à travers des récits qui criminalisent un autre groupe, quant à lui réellement innocent des crimes qu’on lui impute. L’inversion victimaire est le facteur déclenchant d’une forme de mobilisation sociale et politique dont on peut fournir de multiples exemples historiques. Ce mécanisme psychologique est au principe de la construction de l’ennemi absolu, celui qui incarne le Mal et contre lequel il faut lutter par tous les moyens.

Pierre-André Taguieff est philosophe, politiste et historien des idées, directeur de recherche au CNRS. Il vient de publier Criminaliser les Juifs. Le mythe du “meurtre rituel” et ses avatars (antijudaïsme, antisémitisme, antisionisme) aux éditions Hermann.


Messianisme homosexuel: Quand le cannibalisme n’est plus qu’une affaire de goût (What moral depravities can not be excused by the sole criterion of « warm, meaningful human relations » or « fulfillment », the newest semantic heirs to « love »?)

11 février, 2020
The Quietus | Features | Tome On The Range | Gay Propaganda: Russian Love Stories

Si toutes les valeurs sont relatives, alors le cannibalisme n’est plus qu’une affaire de goût. Leo Strauss (?)
Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination. Lévitique 18:22
Il n’y aura aucune prostituée parmi les filles d’Israël, et il n’y aura aucun prostitué parmi les fils d’Israël. Tu n’apporteras point dans la maison de l’Éternel, ton Dieu, le salaire d’une prostituée ni le prix d’un chien, pour l’accomplissement d’un voeu quelconque; car l’un et l’autre sont en abomination à l’Éternel, ton Dieu. Deutéronome 23: 17-18
La vertu même devient vice, étant mal appliquée, et le vice est parfois ennobli par l’action. Frère Laurent (Roméo et Juliette, Shakespeare)
Le monde moderne n’est pas mauvais : à certains égards, il est bien trop bon. Il est rempli de vertus féroces et gâchées. Lorsqu’un dispositif religieux est brisé (comme le fut le christianisme pendant la Réforme), ce ne sont pas seulement les vices qui sont libérés. Les vices sont en effet libérés, et ils errent de par le monde en faisant des ravages ; mais les vertus le sont aussi, et elles errent plus férocement encore en faisant des ravages plus terribles. Le monde moderne est saturé des vieilles vertus chrétiennes virant à la folie.  G.K. Chesterton
Nous vivons dans un monde (…) qui se reproche sa propre violence constamment, systématiquement, rituellement. Nous nous arrangeons pour transposer tous nos conflits, même ceux qui se prêtent le moins à cette transposition, dans le langage des victimes innocentes. Le débat sur l’avortement par exemple : qu’on soit pour ou contre, c’est toujours dans l’intérêt des « vraies victimes », à nous en croire, que nous choisissons notre camp. Qui mérite le plus nos lamentations, les mères qui se sacrifient pour leurs enfants ou les enfants sacrifiés à l’hédonisme contemporain. Voilà la question. (…) Contrairement au totalitarisme d’extrême droite – celui qui est ouvertement païen, comme le nazisme, dont on parle plus que jamais, et qui est, je pense, complètement fini -, le totalitarisme d’extrême gauche a de l’avenir. Des deux totalitarismes, c’est le plus malin, parce qu’il est le rival du christianisme, comme l’était déjà le marxisme. Au lieu de s’opposer franchement au christianisme, il le déborde sur sa gauche. Le mouvement antichrétien le plus puissant est celui qui prend en compte et radicalise le souci des victimes, pour le paganiser. Ainsi, les puissances et les principautés reprochent au christianisme de ne pas défendre les victimes avec assez d’ardeur. Dans le passé chrétien elles ne voient que persécutions, oppressions, inquisitions. L’Antéchrist, lui, se flatte d’apporter aux hommes la paix et la tolérance que le christianisme leur promet et ne leur apporte pas.C’est un retour très effectif à toutes sortes d’habitudes païennes : l’avortement, l’euthanasie, l’indifférenciation sexuelle, les jeux du cirque à gogo, mais sans victimes réelles, grâce aux simulations électroniques, etc. Le néo-paganisme veut faire du Décalogue et de toute la morale judéo-chrétienne une violence intolérable, et leur abolition complète est le premier de ses objectifs. Ce néo-paganisme situe le bonheur dans l’assouvissement illimité des désirs et, par conséquent, dans la suppression de tous les interdits. René Girard
La liberté, c’est la liberté de dire que deux et deux font quatre. Lorsque cela est accordé, le reste suit. George Orwell (1984)
Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre. George Orwell
Il faut constamment se battre pour voir ce qui se trouve au bout de son nez. Orwell
Le plus difficile n’est pas de dire ce que l’on voit mais d’accepter de voir ce que l’on voit. Péguy
Si vous admettez qu’un homme revêtu de la toute-puissance peut en abuser contre ses adversaires, pourquoi n’admettez-vous pas la même chose pour une majorité?  (…) Le pouvoir de tout faire, que je refuse à un seul de mes semblables, je ne l’accorderai jamais à plusieurs. Tocqueville
Nous vivons dans un monde, je l’ai dit, qui se reproche sa propre violence constamment, systématiquement, rituellement. Nous nous arrangeons pour transposer tous nos conflits, même ceux qui se prêtent le moins à cette transposition, dans le langage des victimes innocentes. Le débat sur l’avortement par exemple : qu’on soit pour ou contre, c’est toujours dans l’intérêt des « vraies victimes », à nous en croire, que nous choisissons notre camp. Qui mérite le plus nos lamentations, les mères qui se sacrifient pour leurs enfants ou les enfants sacrifiés à l’hédonisme contemporain. Voilà la question. (…) Contrairement au totalitarisme d’extrême droite – celui qui est ouvertement païen, comme le nazisme, dont on parle plus que jamais, et qui est, je pense, complètement fini -, le totalitarisme d’extrême gauche a de l’avenir. Des deux totalitarismes c’est le plus malin, parce qu’il est le rival du christianisme, comme l’était déjà le marxisme. Au lieu de s’opposer franchement au christianisme, il le déborde sur sa gauche. Le mouvement antichrétien le plus puissant est celui qui prend en compte et radicalise le souci des victimes, pour le paganiser. Ainsi, les puissances et les principautés reprochent au christianisme de ne pas défendre les victimes avec assez d’ardeur. Dans le passé chrétien elles ne voient que persécutions, oppressions, inquisitions. L’Antéchrist, lui, se flatte d’apporter aux hommes la paix et la tolérance que le christianisme leur promet et ne leur apporte pas. En réalité, c’est un retour très effectif à toutes sortes d’habitudes païennes : l’avortement, l’euthanasie, l’indifférenciation sexuelle, les jeux du cirque à gogo, mais sans victimes réelles, grâce aux simulations électroniques, etc. Le néo-paganisme veut faire du Décalogue et de toute la morale judéo-chrétienne une violence intolérable, et leur abolition complète est le premier de ses objectifs. Ce néo-paganisme situe le bonheur dans l’assouvissement illimité des désirs et, par conséquent, dans la suppression de tous les interdits. René Girard
Si j’étais législateur, je proposerais tout simplement la disparition du mot et du concept de “mariage” dans un code civil et laïque. Le “mariage”, valeur religieuse, sacrale, hétérosexuelle – avec voeu de procréation, de fidélité éternelle, etc. -, c’est une concession de l’Etat laïque à l’Eglise chrétienne – en particulier dans son monogamisme qui n’est ni juif (il ne fut imposé aux juifs par les Européens qu’au siècle dernier et ne constituait pas une obligation il y a quelques générations au Maghreb juif) ni, cela on le sait bien, musulman. En supprimant le mot et le concept de “mariage”, cette équivoque ou cette hypocrisie religieuse et sacrale, qui n’a aucune place dans une constitution laïque, on les remplacerait par une “union civile” contractuelle, une sorte de pacs généralisé, amélioré, raffiné, souple et ajusté entre des partenaires de sexe ou de nombre non imposé.(…) C’est une utopie mais je prends date. Jacques Derrida
C’est le sens de l’histoire (…) Pour la première fois en Occident, des hommes et des femmes homosexuels prétendent se passer de l’acte sexuel pour fonder une famille. Ils transgressent un ordre procréatif qui a reposé, depuis 2000 ans, sur le principe de la différence sexuelle. Evelyne Roudinesco
Les enfants adoptés ou nés sous X revendiquent aujourd’hui le droit de connaître leur histoire. Nul n’échappe à son destin, l’inconscient vous rattrape toujours. (…)  les enfants adoptés ou issus de la PMA ne sortent jamais indemnes des perturbations liées à leur naissance. Il faut rester ouvert, être attentif à leurs questions, s’ils en posent, et surtout ne pas chercher à cacher la vérité. L’idéal serait de trouver une position équilibrée entre le système de transparence absolue à l’américaine et le système de dissimulation à la française, lequel, ne l’oublions pas, reposait autrefois sur une intention généreuse d’égalité des droits entre les enfants issus de différentes filiations. Evelyne Roudinesco
1936, dans les quartiers bourgeois de Tokyo. Sada Abe, ancienne prostituée devenue domestique, aime épier les ébats amoureux de ses maîtres et soulager de temps à autre les vieillards vicieux. Son patron Kichizo, bien que marié, va bientôt manifester son attirance pour elle et va l’entraîner dans une escalade érotique qui ne connaîtra plus de bornes. Kichizo a désormais deux maisons : celle qu’il partage avec son épouse et celle qu’il partage avec Sada. Les rapports amoureux et sexuels entre Sada et Kichizo sont désormais épicés par des relations annexes, qui sont pour eux autant de célébrations initiatiques. Progressivement, ils vont avoir de plus en plus de mal à se passer l’un de l’autre, et Sada va de moins en moins tolérer l’idée qu’il puisse y avoir une autre femme dans la vie de son compagnon. Kichizo demande finalement à Sada, pendant un de leurs rapports sexuels, de l’étrangler sans s’arrêter, quitte à le tuer. Sada accepte, l’étrangle jusqu’à ce qu’il meure, avant de l’émasculer, dans un geste ultime de mortification ; puis elle écrit sur la poitrine de Kichizo, avec le sang de ce dernier : ‘Sada et Kichi, maintenant unis’. Wikipedia
Il nous arriverait, si nous savions mieux analyser nos amours, de voir que souvent les femmes ne nous plaisent qu’à cause du contrepoids d’hommes à qui nous avons à les disputer (…) ce contrepoids supprimé, le charme de la femme tombe. On en a un exemple dans l’homme qui, sentant s’affaiblir son goût pour la femme qu’il aime, applique spontanément les règles qu’il a dégagées, et pour être sûr qu’il ne cesse pas d’aimer la femme, la met dans un milieu dangereux où il faut la protéger chaque jour. Proust (La Prisonnière)
C’est déjà ou presque de l’homosexualité, en vérité, que nous parlons puisque le modèle-rival se trouve normalement un individu du même sexe, du fait même que l’objet est hétérosexuel. Toute rivalité sexuelle est donc structurellement homosexuelle. Ce que nous appelons homosexualité, c’est la subordination complète, cette fois, de l’appétit sexuel aux effets du jeu mimétique qui concentre toutes les puissances d’attention et d’absorption du sujet sur l’individu responsable du double bind, le modèle en tant que rival, le rival en tant que modèle. Pour rendre cette genèse plus évidente, il faut évoquer ici un fait curieux observé par l’éthologie. Chez certains singes, quand un mâle se reconnaît battu par un rival et renonce à la femelle qu’il lui disputait, il se met, vis à vis de ce vainqueur, en position, nous dit-on, d’ ‘offre homosexuelle’. (…) S’il n’y a pas d’homosexualité ‘véritable’ chez les animaux, c’est parce que le mimétisme, chez eux, n’est pas assez intense pour infléchir durablement l’appétit sexuel vers le rival. Il est déjà assez intense, pourtant, au paroxysme des rivalités mimétiques, pour ébaucher cet infléchissement. Si j’ai raison, on devrait trouver dans les formes rituelles, le chaînon manquant entre la vague ébauche animale et l’homosexualité proprement dite. Et effectivement, l’homosexualité rituelle est un phénomène assez fréquent; elle se situe au paroxysme de la crise et on la trouve dans des cultures qui ne font aucune place, semble-t-il, à l’homosexualité, en dehors des rites religieux. Une fois de plus, en somme, c’est dans un contexte de rivalité aigüe qu’apparait l’homosexualité. Une comparaison du phénomène animal, de l’homosexualité rituelle, et de l’homosexualité moderne ne peut manquer de signaler que c’est le mimétisme qui entraine la sexualité et non l’inverse. De cette l’homosexualité rituelle, il faut rapprocher, je pense, un certain cannibalisme rituel qui se pratique dans des cultures , également, où le cannibalisme n’existe pas en temps ordinaire. Dans ce cas comme dans l’autre, il me semble, l’appétit instinctuel, alimentaire ou sexuel, se détache de l’objet que les hommes se disputent pour se fixer sur celui ou ceux qui nous le disputent. (…) Un des avantages de la genèse par la rivalité, c’est qu’elle se présente de façon absolument symétrique chez les deux sexes. Autrement dit, toute rivalité sexuelle est de structure homosexuelle chez la femme comme chez l’homme, aussi longtemps toutefois que l’objet reste hétérosexuel, c’est-à-dire qu’il reste l’objet prescrit par le montage instinctuel hérité de la vie animale. (…) C’est sur ce parallélisme que se base Proust pour affirmer qu’on peut transcrire une expérience homosexuelle en termes hétérosexuels sans jamais trahir la vérité de l’un ou l’autre désir. René Girard
On a commencé avec la déconstruction du langage et on finit avec la déconstruction de l’être humain dans le laboratoire. (…) Elle est proposée par les mêmes qui d’un côté veulent prolonger la vie indéfiniment et nous disent de l’autre que le monde est surpeuplé. René Girard
En conclusion, nous devons nous demander pourquoi le principe de précaution si souvent mis en avant et dans tous les domaines, y compris à propos du maïs transgénique, ne devrait pas s’appliquer au projet de loi actuel. Maurice Berger
La lisibilité de la filiation, qui est dans l’intérêt de l’enfant, est sacrifiée au profit du bon vouloir des adultes et la loi finit par mentir sur l’origine de la vieConférence des évêques
C’est au nom de l’égalité, de l’ouverture d’esprit, de la modernité et de la bien-pensance dominante qu’il nous est demandé d’accepter la mise en cause de l’un des fondements de notre société. (…) Ce n’est pas parce que des gens s’aiment qu’ils ont systématiquement le droit de se marier. Des règles strictes délimitent et continueront de délimiter les alliances interdites au mariage. Un homme ne peut pas se marier avec une femme déjà mariée, même s’ils s’aiment. De même, une femme ne peut pas se marier avec deux hommes. (…) « le mariage pour tous est uniquement un slogan car l’autorisation du mariage homosexuel maintiendrait des inégalités et des discriminations à l’encontre de tous ceux qui s’aiment, mais dont le mariage continuerait d’être interdit. (…) L’enjeu n’est pas ici l’homosexualité qui est un fait, une réalité, quelle que soit mon appréciation de Rabbin à ce sujet (…)  c’est l’institution qui articule l’alliance de l’homme et de la femme avec la succession des générations. C’est l’institution d’une famille, c’est-à-dire d’une cellule qui crée une relation de filiation directe entre ses membres. C’est un acte fondamental dans la construction et dans la stabilité tant des individus que de la société. (…) résumer le lien parental aux facettes affectives et éducatives, c’est méconnaître que le lien de filiation est un vecteur psychique et qu’il est fondateur pour le sentiment d’identité de l’enfant. (…) l’enfant ne se construit qu’en se différenciant, ce qui suppose d’abord qu’il sache à qui il ressemble. Il a besoin, de ce fait, de savoir qu’il est issu de l’amour et de l’union entre un homme, son père, et une femme, sa mère, grâce à la différence sexuelle de ses parents. (…) Le droit à l’enfant n’existe ni pour les hétérosexuels ni pour les homosexuels. Aucun couple n’a droit à l’enfant qu’il désire, au seul motif qu’il le désire. L’enfant n’est pas un objet de droit mais un sujet de droit. Gilles Bernheim
Ce qui pose problème dans la loi envisagée, c’est le préjudice qu’elle causerait à l’ensemble de notre société au seul profit d’une infime minorité, une fois que l’on aurait brouillé de façon irréversible trois choses:  les généalogies en substituant la parentalité à la paternité et à la maternité;  le statut de l’enfant, passant de sujet à celui d’un objet auquel chacun aurait droit; les identités où la sexuation comme donnée naturelle serait dans l’obligation de s’effacer devant l’orientation exprimée par chacun, au nom d’une lutte contre les inégalités, pervertie en éradication des différences. Ces enjeux doivent être clairement posés dans le débat sur le mariage homosexuel et l’homoparentalité. Ils renvoient aux fondamentaux de la société dans laquelle chacun d’entre nous a envie de vivre. Gilles Bernheim (Grand rabbin de France)
He said, ‘Look Juan Carlos, the pope loves you this way. God made you like this and he loves you. Juan Carlos Cruz
The pope is saying what every reputable biologist and psychologist will tell you, which is that people do not choose their sexual orientation. A great failing of the church is that many Catholics have been reluctant to say so, which then “makes people feel guilty about something they have no control over. Rev. James Martin (Jesuit)
The Vatican declined to confirm or deny the remarks in keeping with its policy not to comment on the pope’s private conversations. The comments first were reported by Spain’s El Pais newspaper. Official church teaching calls for gay men and lesbians to be respected and loved, but considers homosexual activity “intrinsically disordered.” Francis, though, has sought to make the church more welcoming to gays, most famously with his 2013 comment “Who am I to judge?” He also has spoken of his own ministry to gay and transgender people, insisting they are children of God, loved by God and deserving of accompaniment by the church. As a result, some sought to downplay the significance of the comments as merely being in line with Francis’ pastoral-minded attitude. In addition, there was a time not so long ago when the Catholic Church officially taught that sexual orientation was not something people choose, the implication being it was how God made them. The first edition of the Catechism of the Catholic Church, the dense summary of Catholic teaching published by St. John Paul II in 1992, said gay individuals “do not choose their homosexual condition; for most of them it is a trial.” The updated edition, which is the only edition available online and on the Vatican website, was revised to remove the reference to homosexuality not being a choice. The revised edition says: “This inclination, which is objectively disordered, constitutes for most of them a trial.” Francis DeBernardo, executive director of New Ways Ministry, which advocates for equality for LGBTQ Catholics, said the pope’s comments were “tremendous” and would do a lot of good. “It would do a lot better if he would make these statements publicly, because LGBT people need to hear that message from religious leaders, from Catholic leaders,” he said. The Rev. James Martin, a Jesuit whose book “Building a Bridge” called for the church to find new pastoral ways of ministering to gays, noted that the pope’s comments were in a private conversation, not a public pronouncement or document. But citing the original version of the Catechism of the Catholic Church, Martin said they were nevertheless significant. Martin’s book is being published this week in Italian, with a preface by the Francis-appointed bishop of Bologna, Monsignor Matteo Zuppi, a sign that the message of acceptance is being embraced even in traditionally conservative Italy. NBC news
Why did god make me this way? Why did god make me wrong? Mia Lamay
The doctor said that we had a girl coming, so we started thinking of girl names. » « ‘Mia’ was born in 2010. » « Mia constantly wanted to change her clothes, like 12 times a day. » »Then the dog sweater came and she became obsessed with wearing one garment for six months straight. In hindsight I think she was trying to dispel a sense of discomfort in her image that was being shown to the world. » »She would take on boy personas and always want to play with boy things, we thought we had a tomboy on our hands. » « She didn’t fit in with the boys and she didn’t fit in with the girls. It was obvious to her and to the other kids. » « Her need to play boy roles and to be seen or spoken to as a boy at home became very persistent, and very consistent. Those are the hallmarks of a possibly transgender child — consistence, persistence, and insistence. And she was meeting all of those markers. » « A mother’s heart knows when her child is suffering, » says Jacob’s mom. « He was talking about hating his body, I found him angrily poking at himself one day, wanting to be something different. He would say ‘Why did god make me this way? Why did god make me wrong?' »One day after a near car accident, Jacob’s mom realized that if something were to happen, she didn’t want to « force her to be Mia for that one last day. At that point, my mind was made up. » In April of last year, the family took a trip and bought Jacob a Prince Charming costume. « We hadn’t yet transitioned Jacob, but he had short hair and was wearing almost entirely boy clothes… and he just glowed. Something clicked. » « There had been a video that had gone viral of an adorable little boy in California, Ryland Whittington, and his parents had made a video of him explaining transitioning and clearly this boy is so happy now. We were struck by that. » Jacob’s parents showed him the video of the boy, asking if he wanted to be like Ryland, but he said: « I can’t, I can be what I like at home, but I have to be Mia at school. » Jacob’s parents explained that he could start at a new school where everyone would know him as a boy from the beginning, and he immediately said « That’s what I want. I want to be a boy always. I want to be a boy named Jacob. » « Before the transition, he didn’t smile a lot. I had never seen him throw his head back and laugh. He’s a different person, he’s becoming himself. » »He started looking people in the eye, talking to people, and striking up conversations. I realized how much he had come out of his shell and how much being Jacob suited him. » »I couldn’t ask for a better son, » concludes Jacob’s dad. His mom agrees: « I want him to know how proud of him I am, how brave I believe he is, how no matter what I am in his corner, and I will always love him — because he’s my son. » Business insider
It’s not how you act, or what you wear, or anything like that. It’s just how you really are inside. … You just feel like you just got put in the wrong body. Jacob Lemay
Fourth grader Jacob Lemay knew he was a boy before he could properly pronounce the word “transgender.” His whole family now advocates for trans rights. Now, Mimi Lemay has written a memoir titled “What We Will Become” about love, acceptance and change. Jacob is now in fourth grade. He has a pet hedgehog named Trinket, and he loves hockey, jumping on his backyard trampoline and playing with his sisters. He is a typical 9-year-old boy in every way, except for being transgender. He said some of his friends know and some don’t. But to most kids, it’s just not that big a deal. Over the last five years, he has grown and matured, and he is more sophisticated now when he talks about what it means to him to be transgender. And since he has reached the early stages of puberty, Jacob has opted to take a puberty blocker. This is a completely reversible step endorsed by the medical community. It is also the very kind of treatment that some state lawmakers are looking to stop. More than half a dozen states, most recently Ohio, have introduced bills seeking to ban gender-affirming health care for minors. This type of care, Mimi Lemay said, will save the lives of children like Jacob. More than half a dozen states, most recently Ohio, have introduced bills seeking to ban gender-affirming health care for minors. This type of care, Mimi Lemay said, will save the lives of children like Jacob. Mimi and Joe Lemay said their entire family now advocates for transgender rights. In fact, Jacob recently asked presidential hopeful Sen. Elizabeth Warren, D-Mass., a question at a televised town hall. The Lemays said they want to keep sharing their story to help other families with trans kids. “Your child will be OK as long as you support them,” Mimi Lemay said. “There is no harm in saying to your child, ‘I see you … and believe you, and you are who you say you are.’ NBC news
Je suis un prêtre clandestin. (…) À 18 ans, j’ai fait mon coming-out. Cela ne s’est pas bien passé. Au point que j’en suis venu à cette alternative : le suicide ou l’exil. (…) J’ai été accusé d’être un activiste homosexuel infiltré dans l’Église. Tout récemment, un archevêque a même voulu me défroquer. (…) Le point de départ a été la découverte de l’œuvre de René Girard. Avec sa lecture rigoureusement anthropologique du texte biblique, il a montré que l’on n’est face ni à une mythologie ni même à une théologie humaine mais, au contraire, à une anthropologie divine. (…) René Girard m’a aidé à prendre conscience que ce n’est pas Dieu qui est violent mais l’homme. Par exemple, le Christ n’est pas sacrifié par les hommes pour payer le prix exigé par un dieu sanguinaire. Que signifie alors la mort de Jésus ? Que les hommes sont violents. Et, ne se rebellant pas, Jésus s’est donné au milieu d’un de nos typiques épisodes de lynchage comme incarnant le pardon en tant que valeur divine. (…) La haine des autres est réelle mais je n’ai pas à me laisser définir par elle. Je cherche toujours à enseigner comment vivre au-delà du ressentiment. Devenir soi et pardonner, voici quelque chose au cœur de la foi chrétienne. (…) Si le rejet de l’homosexualité au sein de l’Église est si fort, c’est aussi parce qu’il y a tellement de gays mal à l’aise au sein du clergé (…) Cette parole est trop rare et pourtant indispensable pour que les positions dogmatiques sur la famille ou sur l’homosexualité évoluent au sein de l’Église et de la société. James Alison
In general, despite what those who try to conflate “gay” with “paedophile” would have you believe, a knowing clerical gay milieu is genuinely shocked and baffled when minors are involved. In all these cases, in as far as the behaviour was adult-related, plenty of people in authority sort-of-knew what was going on, and had known throughout the clerics’ respective careers. However the informal rule among the Catholic Clergy – the last remaining outpost of enforced homosociality in the Western world – is strictly “don’t ask, don’t tell.” Typically, blind eyes are turned to the active sex lives of those clerics who have them, only two things being beyond the pale: whistle-blowing on the sex lives of others, or public suggestions that the Church’s teaching in this area is wrong. These lead to marginalisation, whether formal or informal. Given all this, it seems to me entirely reasonable that people should now be asking “How deep does this go?” If such careers were the result of blind eyes being turned, legal settlements made, and these clerics themselves were in positions of influence and authority, how much more are we going to learn about those who promoted and protected them? Or about those whom they promoted? So it is that voices like Rod Dreher – keenly followed blogger at The American Conservative – are resuscitating talk of the “Lavender Mafia”, and the demand, which became popular in conservative circles from 2002 onwards, that the priesthood be purged of gay men. Investigative journalists are being encouraged to lay bare the informal gay networks of friendship, patronage, and potential for blackmail which structure clerical life (or are being excoriated for their politically correct cowardice in failing to do so). The aim is to weed out the gays, especially the treasonous bishops who have perpetuated the system. Ross Douthat – the New York Times columnist – has called for a papally mandated investigation into the American Church (I guess along the lines of Mgr Charles Scicluna’s in Chile) in order to restore its moral authority. Others, like Robert Mickens, The Tablet’s Rome correspondent for many years, are equally aware of the “elephant in the sacristy” which is the massively disproportionate number of gay men in the clergy, but highlight the refusal of the Roman authorities to engage in any kind of publicly accountable, adult discussion about this fact. Their refusal reinforces collective dishonesty and perpetuates the psychosexual immaturity of all gay clergy, whether celibate, partnered or practitioners of so-called “serial celibacy”. How to approach this issue in a healthy way? As a gay priest myself I am obviously more in agreement with Mickens than with Dreher or Douthat. However I would like to record my complete sympathy with the passion of the latter two as well as with their rage at a collective clerical dishonesty which renders farcical the claim to be teachers of anything at all, let alone divine truth. Jesus becomes credible through witnesses, not corrupt party-line pontificators. Having said that, I suspect that particular interventions, whether by civil authority or Papal mandate, are always going to run aground on the fact that they can only deal with, and bring to light specific bad acts, usually ones that rise to the level of criminality. I cannot imagine a one-off legal intervention in this sphere that would be able to make appropriate distinctions where there are so many fine lines: between innocent friendship, sexually charged admiration, abusive sexual suggestion, emotional blackmail, financial blackmail, recognition of genuine talent, genuine love lived platonically, genuine love lived with sexual intimacy, sexual favours granted with genuine freedom, sexual favours granted out of fear or in exchange for promotion, covering peccadillos for a friend, covering graver matters for a rival in exchange for some benefit, not wanting to know too much about other people’s lives, or obsessively wanting to know too much about them. Let alone the usual rancours of break-ups, career disappointments, petty jealousies, bitterness, revenge and so on. All of these tend to shade into or out of each other over time, making effective outside assessment, even if it were desirable, impossible. (…) An anecdotal illustration: a few years ago, I found myself leading a retreat for Italian gay priests in Rome. Of the nearly fifty participants some were single, some partnered, for others it was the first time they had ever been able to talk honestly with other priests outside the confessional. Among them there were seven or eight mid-level Vatican officials. I asked one from the Congregation for the Clergy what he made of those attending with their partners. He smiled and said, “Of course, we know that the partnered ones are the healthy ones.” Let that sink in. In the clerical closet, dishonesty is functional, honesty is dysfunctional, and the absence or presence of circumspect sexual practice between adult males is irrelevant. And so to some systemic dimensions of “The elephant in the sacristy”. The first is its size. A far, far greater proportion of the clergy, particularly the senior clergy, is gay than anyone has been allowed to understand, even the bishops and cardinals themselves. Harvard Professor Mark Jordan’s phrase “a honeycomb of closets”, in which each enclosed participant has very little access to the overall picture, is exactly right. But the proportion is going to become more and more self-evident thanks to social media and the generalized expectations of gay honesty and visibility in the civil sphere. This despite many years of bishops resisting accurate sociological clergy surveys. At the time of the last papal election in 2013 we did have hints that the Vatican and the cardinal electors were shocked at discovering from reports commissioned by Benedict how many of them were gay. Part of their shock has to have been their fear at how the faithful would be scandalized if they had any idea. They were right to be afraid, and the faithful are going to have an idea as the implosion of the closet accelerates. (…) A second dimension is grasped when you understand the general rule that the heterosexuality of a cleric is inversely proportional to the stridency of his homophobia. This is one of the reasons why I am sceptical of all attempts to “weed out the gays”. The principal clerical crusaders in this area turn out to be gay themselves – in some cases, so deeply in denial that they don’t know it. And in some cases knowingly so. My own experience, which has since been confirmed by hundreds of echoes worldwide, is that there are proportionately few straight men in the clergy (leaving aside rural dioceses in some countries, where heterosexual concubinage is the customary norm) and they do not, as a rule, persecute gay men. It is closeted men who are the worst persecutors. Some are very sadly disturbed souls who cannot but try to clean outwardly what they cannot admit to being inwardly. These can’t be helped since Church teaching reinforces their hell. For others the lure of upward mobility leads them to strategic displays of enthusiasm for the enforcement of the house rules. A third dimension is that banning gay men from the seminary never works. In practise, the ban means that those “tempted” by honesty will be weeded out, or will weed themselves out, uncomfortable with the inducements to a double life. Those unconcerned by honesty, and happy to swim in the wake of the double lives of those doing the weeding, will learn how to look the part. The only seminaries that might avoid this are those that differentiate on the basis not of sexual orientation, but of honesty, which is a primary requisite for any form of psycho-sexual maturity. And there are some that do, presumably with the permission of wise Bishops, but in quiet contravention of the official line. These of course are instantly vulnerable to accusations of being liberal, of promoting homosexuality or whatever, when in practical terms, the reverse is true. For honesty is effectively forbidden by a Church teaching, which tells you that you are an intrinsically heterosexual person who is inexplicably suffering from a grave objective disorder called “same-sex attraction”. And so we get seminaries in which there are no gay seminarians, but whose rectors nevertheless push programmes like those of “Courage” on their oh-so-non-gay-but-transitorily-same-sex-attracted charges. A fourth dimension: no attempt to view this issue through culture war lenses will be helpful. The clerical closet is not the result of some 1960s liberal conspiracy. It is a systemic structure in which, absent scandal, all of its survivors are functional. (…) This is not a matter of left or right, traditional or progressive, good or bad, chaste or practising; nor even a matter of twenty five years of Karol Wojtyla’s notoriously poor judgment of character, though all these feed into it. It is a systemic structural trap, and if we are to get out of it, it must be described in such a way as to recognise that unknowing innocence as much as knowing guilt, well-meaning error as well as malice, has been, and is, involved in both its constitution and its maintenance. (…) What is to be done, and what is quietly happening? In my view the first thing is for the laity to be encouraged in their fast growing majority acceptance of being gay as a normal part of life. This, despite fierce resistence from elements of the clerical closet. Pope Francis’ reported conversation with Juan Carlos Cruz (a gay man abused in his youth by the Chilean priest, Fr Karadima) is a gem in this area: “Look Juan Carlos, the pope loves you this way. God made you like this and he loves you”. This remark led to much spluttering and explaining away from those who realise that the moment you say “God made you like this” then the game is up as regards the “intrinsic evil” of the acts. Nevertheless, it is only when straightforward, and obviously true, Christian messaging like Francis’ becomes normal among the laity themselves that honesty can become the norm among the clergy. Otherwise we will continue with the absurd and pharisaical current situation in which there is one rule for the clergy (“doesn’t matter what you do so long as you don’t say so in public or challenge the teaching”) and another for the laity, passed off as “the teaching of the Church”, and brutally enforced, for instance, among employees of Catholic schools, parish organists, softball coaches and the like. Only when it is clear (as it is increasingly) that the laity are quite confident in the (obviously true) view that “if you are this way, then learning to love appropriately is going to flow from, not despite, this” will it be possible to change, without scandal, the formal rules regarding the clergy. I bring this out since much was made of Francis’ reported answer to the Italian Bishops when asked if they should admit gay men to the seminary: “if you are in any doubt, no”. This was read as Francis being against gay men. I read the remark differently: that of a wise and merciful man addressing a group of men, a significant proportion of whom are gay, and telling them, in effect, that only those among them who are capable of honesty in dealing with their future charges should induct people like themselves into the clergy. “Are you yourself going to vacillate in standing up publicly for the honesty of the young man? If so, don’t make his future dependent on your cowardice”. James Alison
Aucune religion n’interdit le cannibalisme. Je ne trouve pas non plus de loi qui nous empêche de manger des gens. J’ai profité de l’espace entre la morale et la loi et c’est là-dessus que j’ai basé mon travail. Zhu Yu 
Sur internet : les gens racontent beaucoup de choses. Des choses pour se faire peur, ou pour se faire jouir, et parfois les deux se confondent. Il suffit de fouiller un peu sur le web pour s’en rendre compte. Commençons par le vore, une « paraphilie » (ce qu’on appelait autrefois « perversion », une pratique ou attirance considérée comme « anormale ») qui consiste à avaler ou être avalé par un animal ou un individu, sans effusion de sang ni violence. On se fait engloutir d’un coup, gloups, comme le Petit Chaperon rouge, fantasme du retour au ventre de la mère, avant de ressortir indemne. La plupart des sites pornos en proposent quelques vidéos, souvent une mauvaise 3D, le reste se passe dans la tête. Variantes : les giant vore, où des hommes minuscules se font ingurgiter par d’immenses maîtresses plantureuses ; ou le cock vore, lorsque la proie se fait avaler par un urètre géant, souvent à grands traits de style manga et avec des personnages indéterminés, quelque part entre l’humain et l’animal. Loin de ces supports masturbatoires, d’autres préfèrent une version plus réaliste : des vidéos façon snuff movies, où des membres plus vrais que nature grillent sur des barbecues. Devant lesquelles on se demande si c’est pour de faux, ou pas. Ils ont un rapport sexuel, puis décident ensemble de couper le pénis de Bernd, de le faire flamber, de le goûter. Puis ils le font sauter à la poêle avant de le terminer. Dans les Google Groupes, des topics spécialisés recensent les annonces de milliers de personnes « sérieuses » qui veulent manger, ou se faire manger, au milieu de dessins et montages grossiers de femmes avec une pomme dans la bouche et d’hommes avec une broche dans le derrière. Mais pour remonter à la source de l’imaginaire cannibale, il faut se rendre sur le forum DolcettGirls : fondé par un dessinateur canadien sous le pseudo de Perro Loco, il rassemble une communauté qui s’échange bons plans pornos, nouvelles érotiques, comics mordants et recettes. C’est à Perro Loco, aussi, qu’on doit le Cannibal Cafe Forum, institution fermée après un « terrible fait divers » : c’est là que l’informaticien allemand Armin Meiwes (aka le cannibale de Rotenbourg) a posté ses annonces pour trouver sa victime. En 2001, il reçoit la réponse de Bernd Jürgen Brandes, un Berlinois de 43 ans à la recherche de « l’excitation ultime ». Armin, qui rêve de « quelqu’un qui serait pour toujours avec lui », le reçoit. Ils ont un rapport sexuel, puis décident ensemble de couper le pénis de Bernd, de le faire flamber, de le goûter. Puis ils le font sauter à la poêle avant de le terminer. Armin tue ensuite Bernd de plusieurs coups de couteau, en découpe 30 kg et met « les meilleurs morceaux » au congélateur. « Ce qui a le plus choqué n’est pas le fait que Meiwes ait mangé une partie de Brandes, mais que Brandes ait consenti à être mangé », note le psychologue Mark Grifths, de la Nottingham Trent University : « On connaît peu la prévalence de ce type de comportements, bien que Meiwes affirme qu’au moins 800 personnes partageaient sa passion. » Alors Perro Loco a fermé le Cannibal Cafe et ouvert DolcettGirls, spécialisé dans les trips trash. Depuis cette affaire, il affirme que son site n’est qu’une plate-forme d’échanges de fantasmes, pas de rencontres meurtrières. Condamné à perpétuité, Armin est aujourd’hui en prison. Et végétarien. (…) Comme l’explique Bill Schutt dans son livre Cannibalism, a Perfectly Natural History, la nature abonde de cas de cannibalisme. Les araignées Amaurobius ferox pondent dans l’unique but de nourrir leur portée. Quand les bébés deviennent trop gros et que les œufs viennent à manquer, maman se laisse dévorer, dernière étape avant que sa progéniture, une fois adulte, puisse reproduire le schéma. En se faisant cannibaliser, les mantes religieuses produisent plus de sperme. Et on ne vous parle pas des requins : les fœtus s’entredévorent dans l’utérus de la mère et seul naît le plus fort, ragaillardi par toutes ces protéines avalées. Difficile pourtant de généraliser : d’une région à une autre, ou même d’un groupe à un autre au sein d’une même espèce, le cannibalisme apparaît ou disparaît. Pas de déterminisme, simplement une stratégie contingente de survie et d’évolution. Il en fut de même chez les humains : chez nous non plus, le cannibalisme n’a jamais été ancré, jamais des « sauvages » n’ont mangé leur prochain comme ils auraient savouré un steak d’élan. Chez nos ancêtres préhistoriques, on ne soupçonne que des cas isolés ; d’ailleurs l’espèce n’aurait pas survécu à un cannibalisme généralisé. Partout où l’anthropophagie s’est développée, elle était encadrée et liée à un contexte précis. Plus souvent, elle ne se résumait en réalité qu’à des fantasmes d’Occidentaux ou à des arguments inventés pour mieux éradiquer des populations (coucou Christophe Colomb). « Le cannibalisme survient toujours dans des sociétés en proie à des crises historiques, démographiques ou écologiques terribles. En plus, dès que les Européens arrivaient, ils décuplaient les crises, et vingt ans après les premiers contacts, le phénomène avait pris des proportions monumentales », explique l’anthropologue et chercheur au CNRS Georges Guille-Escuret. Parfois autorisé, voire valorisé (pour honorer un ancêtre ou saluer le courage d’un ennemi), le cannibalisme a très vite été rejeté par ceux qui ne le pratiquaient pas. « Nous vivons dans des sociétés qui ont décrété une rupture entre le monde de la nature et celui de la culture, analyse l’anthropologue. Dans la vision chinoise par exemple, cette césure n’existe pas : le cannibalisme va être progressivement prohibé pour maintenir les rapports sociaux, mais une anthropophagie pour raisons médicales ou sexuelles perdure encore, ce n’est pas un tabou ultime. » Chez nous, si. La faute aux Grecs, tout d’abord, qui jugeaient le cannibalisme incompatible avec le fonctionnement d’une cité, au même titre qu’un gouvernement de femmes. « Deux sociétés les effrayaient : les cannibales et les Amazones. D’ailleurs, partout où on a trouvé les premiers, on a subodoré les secondes. » Plus tard vient s’ajouter la phobie chrétienne : le fait de consommer de la chair humaine devient un sacrilège, l’homme ayant été créé « à l’image de Dieu ». « Il y a aussi la règle de l’interdiction du “redoublement du même” : on ne peut pas mettre l’identique sur l’identique », développe l’anthropologue. En clair : on ne couche pas avec sa sœur car c’est le même sang, on ne mange pas un membre de notre espèce car c’est la même chair. « En Polynésie, on considère même que le cannibalisme est un inceste alimentaire. Mais le double tabou, la phobie politique grecque et la phobie cosmogonique chrétienne, peut créer une double fascination. Toute prohibition implique une contestation fantasmatique. On n’interdit pas sans provoquer le désir de transgression. » Alors, dès qu’un cas est connu, tout le monde fait « beurk », mais tout le monde veut savoir. L’histoire du vol 571, où les survivants du crash ont dû manger leurs congénères pendant les deux mois qu’ont duré les recherches dans les Andes, a été adaptée au cinéma. Luka Rocco Magnotta, le dépeceur de Montréal, a son fan-club et va bientôt se marier. Issei Sagawa, l’étudiant japonais qui a mangé une Néerlandaise à Paris en 1981 (jugé irresponsable et libéré depuis), a écrit une douzaine de livres et tourné des pubs pour des restaurants de viande. Il a même participé à quelques pornos. « Il n’y a rien de plus excitant qu’une jolie fille en train de manger, quoi qu’elle mange. » Au restaurant, si Appetizing Kid en voit une en train de ronger une cuisse de poulet « ou une saucisse » avec les mains, le Croate de 28 ans reconnaît qu’il doit masquer son trouble avec sa serviette. « Je suis sûr que beaucoup imaginent pire, mais ils ne l’admettront jamais. » « La sexualité et l’alimentation sont des zones de métaphore l’une pour l’autre : c’est universel, comme Levi-Strauss l’avait remarqué, confirme Georges Guille-Escuret. Dans le cannibalisme, beaucoup de métaphores sexuelles s’expriment. Le va-et-vient est permanent. » Ne dit-on pas qu’il/elle est « à croquer » ? Au lit, qui ne s’est jamais fait mordiller une oreille ou un téton ? Et ce bébé joufflu, pourquoi mémé dit-elle qu’« on le mangerait » en embrassant ses petits petons ? « Bien sûr, je trouve excitant une cannibale qui mange une jambe ou la masculinité d’un mec, mais je préfère encore plus le vore classique, précise Appetizing Kid : un requin qui avale un surfeur, une géante qui mange un homme… » Alors quand Dinoshark ou Shark Attack passe à la télé, il sort le Sopalin. Des cannibales, des vrais, il affirme en avoir croisé. Il a vu des photos (je recevrai moi-même quelques images où le montage est difficile à prouver). Des gens dont il se tient éloigné. « J’aime l’art, l’imaginaire du cannibalisme, mais ça reste virtuel pour la plupart d’entre nous. On estime plus nos vies que nos fantasmes. » Ce désir, le psychologue américain Steven J. Scher et son équipe l’ont analysé. Résultat : le degré d’horreur que nous ressentons vis-à-vis de l’anthropophagie dépend de notre attirance pour la victime. En demandant à leurs cobayes de choisir, parmi plusieurs personnes, qui ils embrasseraient et qui ils mangeraient, ils ont remarqué qu’on trouve moins dégoûtant de manger une personne de l’autre sexe, soit un potentiel partenaire. On trouve aussi moins répugnant de manger une personne « sexuellement attirante » qu’une moche, un adulte qu’un enfant. « La corrélation [entre désir et cannibalisme] est proche de 90 %, écrivent-ils dans leur étude. En général, ce qui provoque le dégoût à l’idée de manger une personne est aussi ce qui provoque le dégoût lorsqu’il s’agit de choisir un partenaire sexuel. » A quel moment peut-on switcher de « tiens, si on faisait l’amour » à « tiens, si on se grignotait l’oignon » ? D’un point de vue purement sadomasochiste, on peut imaginer le fait de cannibaliser comme l’acte ultime de domination, et le fait d’être mangé comme celui de la soumission. Neon
L’oppression mentale totalitaire est faite de piqûres de moustiques et non de grands coups sur la tête. (…) Quel fut le moyen de propagande le plus puissant de l’hitlérisme? Etaient-ce les discours isolés de Hitler et de Goebbels, leurs déclarations à tel ou tel sujet, leurs propos haineux sur le judaïsme, sur le bolchevisme? Non, incontestablement, car beaucoup de choses demeuraient incomprises par la masse ou l’ennuyaient, du fait de leur éternelle répétition.[…] Non, l’effet le plus puissant ne fut pas produit par des discours isolés, ni par des articles ou des tracts, ni par des affiches ou des drapeaux, il ne fut obtenu par rien de ce qu’on était forcé d’enregistrer par la pensée ou la perception. Le nazisme s’insinua dans la chair et le sang du grand nombre à travers des expressions isolées, des tournures, des formes syntaxiques qui s’imposaient à des millions d’exemplaires et qui furent adoptées de façon mécanique et inconsciente. Victor Klemperer (LTI, la langue du IIIe Reich)
Il m’était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais : « Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi m’avez-vous choisi, moi, et pas d’autres gosses? » Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même ». Daniel Cohn-Bendit (Grand Bazar, 1975)
Dénoncé en direct comme un quasi-pédophile appelé à répondre de ses actes devant la justice pour les outrages imposés à des  jeunes filles flétries», «Gab’la rafale» tint le choc, mais ce lynchage télévisuel laissa des traces. En avouant son penchant pour des jouvencelles, Matzneff fut la proie d’un néopuritanisme conquérant qui, paradoxalement, accompagnerait, les années suivantes, le déferlement d’une pornographie «chic» sévissant aussi bien dans le cinéma, la publicité que la littératureLe Figaro (2009)
 Matzneff est un personnage public. Lui permettre d’exprimer au grand jour ses viols d’enfants sans prendre les mesures nécessaires pour que cela cesse, c’est donner à la pédophilie une tribune, c’est permettre à des adultes malades de violenter des enfants au nom de la littérature. Marie-France Botte et Jean-Paul Mari
Un écrivain comme Gabriel Matzneff n’hésite pas à faire du prosélytisme. Il est pédophile et s’en vante dans des récits qui ressemblent à des modes d’emploi. Or cet écrivain bénéficie d’une immunité qui constitue un fait nouveau dans notre société. Il est relayé par les médias, invité sur les plateaux de télévision, soutenu dans le milieu littéraire. Souvenez-vous, lorsque la Canadienne Denise Bombardier l’a interpellé publiquement chez Pivot, c’est elle qui, dès le lendemain, essuya l’indignation des intellectuels. Lui passa pour une victime : un comble ! (…) Je ne dis pas que ce type d’écrits sème la pédophilie. Mais il la cautionne et facilite le passage du fantasme à l’acte chez des pédophiles latents. Ces écrits rassurent et encouragent ceux qui souffrent de leur préférence sexuelle, en leur suggérant qu’ils ne sont pas les seuls de leur espèce. D’ailleurs, les pédophiles sont très attentifs aux réactions de la société française à l’égard du cas Matzneff. Les intellectuels complaisants leur fournissent un alibi et des arguments: si des gens éclairés défendent cet écrivain, n’est-ce pas la preuve que les adversaires des pédophiles sont des coincés, menant des combats d’arrière-garde? Bernard Cordier (psychiatre, 1995)
Nous considérons qu’il y a une disproportion manifeste entre la qualification de ‘crime’ qui justifie une telle sévérité, et la nature des faits reprochés; d’autre part, entre le caractère désuet de la loi et la réalité quotidienne d’une société qui tend à reconnaître chez les enfants et les adolescents l’existence d’une vie sexuelle (si une fille de 13 ans a droit à la pilule, c’est pour quoi faire ?), TROIS ANS DE PRISON POUR DES CARESSES ET DES BAISERS, CELA SUFFIT !” Nous ne comprendrions pas que, le 29 janvier, Dejager, Gallien et Bruckardt ne retrouvent pas la liberté.  Aragon, Ponge, Barthes, Beauvoir, Deleuze, Glucksmann,  Hocquenghem, Kouchner, Lang, Gabriel Matzneff, Catherine Millet,  Sartre, Schérer et Sollers (Pétition de soutien à trois accusés de pédophilie, Le Monde, 1977)
Presidents run for re-election against real opponents, not public perceptions. For all the media hype, voters often pick the lesser of two evils, not their ideals of a perfect candidate. Victor Davis Hanson
How can evangelicals support Donald Trump? That question continues to befuddle and exasperate liberals. How, they wonder, can a man who is twice divorced, a serial liar, a shameless boaster (including about alleged sexual assault) and an unrepentant xenophobe earn the enthusiastic backing of so many devout Christians? About 80% of evangelicals voted for Trump in 2016; according to a recent poll, almost 70% of white evangelicals approve of how he has handled the presidency – far more than any other religious group. To most Democrats, such support seems a case of blatant hypocrisy and political cynicism. Since Trump is delivering on matters such as abortion, the supreme court and moving the US embassy in Israel to Jerusalem, conservative Christians are evidently willing to overlook the president’s moral failings. In embracing such a one-dimensional explanation, however, liberals risk falling into the same trap as they did in 2016, when their scorn for evangelicals fed evangelicals’ anger and resentment, contributing to Trump’s huge margin among this group. Bill Maher fell into this trap during a biting six-minute polemic he delivered on his television show in early March. Evangelicals, he said, “needed to solve this little problem” – they want to support a Republican president, but this particular one “happens to be the least Christian person ever”. “How to square the circle?” he asked. “Say that Trump is like King Cyrus.” According to Isaiah 45, God used the non-believer Cyrus as a vessel for his will; many evangelicals today believe that God is similarly using the less-than-perfect Trump to achieve Christian aims. But Trump isn’t a vessel for God’s will, Maher said, and Cyrus “wasn’t a fat, orange-haired, conscience-less scumbag”. Trump’s supporters “don’t care”, he ventured, because “that’s religion. The more it doesn’t make sense the better, because it proves your faith.” Maher portrayed evangelical Christians as a dim-witted group willing to make the most ludicrous theological leaps to advance their agenda. As I watched, I tried to imagine how evangelicals would view this routine. I think they would see a secular elitist eager to assert what he considers his superior intelligence. They would certainly sense his contempt for the many millions of Americans who believe fervently in God, revere the Bible and see Trump as representing their interests. Maher’s diatribe reminded me of a pro-Trump acquaintance from Ohio who now lives in Manhattan and who says that New York liberals are among the most intolerant people he has ever met. Liberals have good cause to decry the ideology of conservative Christians, given their relentless assault on abortion rights, same-sex marriage, transgender rights and climate science. But the disdain for Christians common among the credentialed class can only add to the sense of alienation and marginalization among evangelicals. Many evangelicals feel themselves to be under siege. In a 2016 survey, 41% said it was becoming more difficult to be an evangelical. And many conservative Christians see the national news media as unrelievedly hostile to them. Most media coverage of evangelicals falls into a few predictable categories. One is the exotic and titillating – stories of ministers who come out as transgender, or stories of evangelical sexual hypocrisies. Another favorite subject is progressive evangelicals who challenge the Christian establishment. (…) In 2016, [ the Times’ Nicholas Kristof,] wrote a column criticizing the pervasive discrimination toward Christians in liberal circles. He quoted Jonathan Walton, a black evangelical and professor of Christian morals at Harvard, who compared the common condescension toward evangelicals to that directed at racial minorities, with both seen as “politically unsophisticated, lacking education, angry, bitter, emotional, poor”. Strangely, the group most overlooked by the press is the people in the pews. It would be refreshing for more reporters to travel through the Bible belt and talk to ordinary churchgoers about their faith and values, hopes and struggles. Such reporting would no doubt show that the world of American Christianity is far more varied and complex than is generally thought. It would reveal, for instance, a subtle but important distinction between the Christian right and evangelicals in general, who tend to be less political (though still largely conservative). This kind of deep reporting would probably also highlight the enduring power of a key tenet of the founder of Protestantism. “Faith, not works,” was Martin Luther’s watchword. In his view, it is faith in Christ that truly matters. If one believes in Christ, then one will feel driven to do good works, but such works are always secondary. Trump’s own misdeeds are thus not central; what he stands for – the defense of Christian interests and values – is. Luther also preached the doctrine of original sin, which holds that all humans are tainted by Adam’s transgression in the Garden of Eden and so remain innately prone to pride, anger, lust, vengeance and other failings. Many evangelicals have themselves struggled with divorce, broken families, addiction and abuse. We are thus all sinners – the president included. (…) I can hear the reactions of some readers to this column: Enough! Enough trying to understand a group that helped put such a noxious man in the White House. Yet such a reaction is both ungenerous and shortsighted. Liberals take pride in their empathy for “the other” and their efforts to understand the perspective of groups different from themselves. They should apply that principle to evangelicals. If liberals continue to scoff, they risk reinforcing the rage of evangelicals – and their support for Trump. Michael Massing
Comment les évangéliques peuvent-ils soutenir Donald Trump? Cette question continue de brouiller et d’exaspérer les progressistes. Comment, se demandent-ils, un homme qui est divorcé deux fois, un menteur en série, un fanfaron éhonté (y compris au sujet d’une agression sexuelle présumée) et un xénophobe impénitent peut-il obtenir le soutien enthousiaste de tant de chrétiens dévots? Environ 80% des évangéliques ont voté pour Trump en 2016; selon un récent sondage, près de 70% des évangéliques blancs approuvent la façon dont il a géré la présidence – bien plus que tout autre groupe religieux. Pour la plupart des démocrates, un tel soutien semble être un cas d’hypocrisie flagrante et de cynisme politique. Étant donné que Trump se prononce sur des questions telles que l’avortement, la Cour suprême et le déplacement de l’ambassade américaine en Israël à Jérusalem, les chrétiens conservateurs sont évidemment prêts à ignorer les défauts moraux du président. Cependant, en adoptant une telle explication unidimensionnelle, les libéraux risquent de tomber dans le même piège qu’en 2016, lorsque leur mépris pour les évangéliques a nourri la colère et le ressentiment des évangéliques, contribuant à l’énorme marge de Trump parmi ce groupe. Bill Maher est tombé dans ce piège dans la diatribe mordante de six minutes qu’il a prononcée lors de son émission de télévision début mars. Les évangéliques, a-t-il dit, « devaient résoudre ce petit problème » – ils veulent soutenir un président républicain, mais celui-ci « se trouve être le moins chrétien de tous les temps ». « Comment résoudre cette quadrature du cercle? », a-t-il demandé. « Dire que Trump est comme le roi Cyrus. » Selon Ésaïe 45, Dieu a utilisé le non-croyant Cyrus comme véhicule de sa volonté; de nombreux évangéliques croient aujourd’hui que Dieu utilise de la même manière un Trump moins que parfait pour atteindre les objectifs chrétiens. Mais Trump n’est pas un vaisseau pour la volonté de Dieu, a déclaré Maher, et Cyrus « n’était pas un nul gras, aux cheveux orange et sans conscience ». Les partisans de Trump « ne s’en soucient pas », s’est-il aventuré, parce que « c’est la religion. Moins cela a de sens, mieux c’est, car cela prouve votre foi. »Maher a dépeint les chrétiens évangéliques comme un groupe humble disposé à faire les sauts théologiques les plus ridicules pour faire avancer leur programme. Pendant que je regardais, j’ai essayé d’imaginer comment les évangéliques verraient cette routine. Je pense qu’ils verraient un élitiste laïc désireux d’affirmer ce qu’il considère comme son intelligence supérieure. Ils ressentiraient certainement son mépris pour les millions d’Américains qui croient ardemment en Dieu, vénèrent la Bible et considèrent Trump comme représentant leurs intérêts. La diatribe de Maher m’a rappelé une connaissance pro-Trump de l’Ohio qui vit maintenant à Manhattan et qui dit que les libéraux de New York sont parmi les personnes les plus intolérantes qu’il ait jamais rencontrées. Les libéraux ont de bonnes raisons de dénoncer l’idéologie des chrétiens conservateurs, étant donné leur assaut incessant contre les droits à l’avortement, le mariage homosexuel, les droits des transgenres et la science du climat. Mais le mépris pour les chrétiens, commun à la classe diplômée, ne peut qu’ajouter au sentiment d’aliénation et de marginalisation des évangéliques. De nombreux évangéliques se sentent assiégés. Dans une enquête de 2016, 41% ont déclaré qu’il devenait plus difficile d’être évangélique. Et de nombreux chrétiens conservateurs considèrent les médias nationaux comme hostiles à leur égard. La plupart des reportages médiatiques sur les évangéliques se répartissent en quelques catégories prévisibles. L’une est les histoires exotiques et émouvantes – des histoires de pasteurs qui se révèlent transgenres, ou des histoires d’hypocrisies sexuelles évangéliques. Un autre sujet de prédilection est celui des évangélistes progressistes qui défient l’establishment chrétien. (…) En 2016, [léditorialiste du NYT Nicholas Kristof] a écrit une chronique critiquant la discrimination omniprésente envers les chrétiens dans les milieux de gauche. Il a cité Jonathan Walton, un évangélique noir et professeur de morale chrétienne à Harvard, qui a comparé la condescendance commune envers les évangéliques à celle dirigée contre les minorités raciales, les deux étant considérées comme «politiquement peu sophistiquées, manquant d’éducation, en colère, amères, émotionnelles, pauvres». Étrangement, le groupe le plus négligé par la presse est celui des blancs. Il serait rafraîchissant que davantage de journalistes parcourent la « Bible belt » et parlent aux fidèles ordinaires de leur foi et de leurs valeurs, de leurs espoirs et de leurs luttes. De tels reportages montreraient sans aucun doute que le monde du christianisme américain est beaucoup plus varié et complexe qu’on ne le pense généralement. Cela révélerait, par exemple, une distinction subtile mais importante entre la droite chrétienne et les évangéliques en général, qui ont tendance à être moins politiques (quoique encore largement conservateurs). Ce genre de reportage approfondi mettrait probablement également en évidence le pouvoir durable d’un principe clé du fondateur du protestantisme.«La foi, pas les œuvres», était le mot d’ordre de Martin Luther. Selon lui, c’est la foi en Christ qui compte vraiment. Si l’on croit en Christ, on se sent poussé à faire de bonnes œuvres, mais ces œuvres sont toujours secondaires. Les propres manquements de Trump ne sont donc pas centraux; mais c’est ce qu’il représente – la défense des intérêts et des valeurs chrétiennes – qui l’est. Luther a également prêché la doctrine du péché originel, selon laquelle tous les humains sont entachés par la transgression d’Adam dans le jardin d’Eden et restent donc naturellement enclins à l’orgueil, la colère, la luxure, la vengeance et d’autres défauts. De nombreux évangéliques ont eux-mêmes lutté contre le divorce, la rupture dans leurs familles, la toxicomanie et les abus. Nous sommes donc tous pécheurs – y compris le président. (…) J’entends les réactions de certains lecteurs à cette chronique: Il y en assez d’essayer de comprendre un groupe qui a permis l’arrivée d’un homme aussi nocif à la Maison Blanche. Pourtant, une telle réaction est à la fois peu généreuse et à courte vue. Les libéraux sont fiers de leur empathie pour ‘l’autre’ et de leurs efforts pour comprendre la perspective de groupes différents d’eux. Ils devraient appliquer ce principe aux évangéliques. Si la gauche continue ses moqueries, elle risque de renforcer la rage des évangéliques – et leur soutien à Trump. » Michael Massing
C’est au nom de la liberté, bien entendu, mais aussi au nom de l’ « amour, de la fidélité, du dévouement » et de la nécessité de « ne pas condamner des personnes à la solitude » que la Cour suprême des Etats-Unis a finalement validé le mariage entre personnes de même sexe. Tels furent en tout cas les mots employés au terme de cette longue décision rédigée par le Juge Kennedy au nom de la Cour. (…) Le mariage gay est entré dans le droit américain non par la loi, librement débattue et votée au niveau de chaque Etat, mais par la jurisprudence de la plus haute juridiction du pays, laquelle s’impose à tous les Etats américains. Mais c’est une décision politique. Eminemment politique à l’instar de celle qui valida l’Obamacare, sécurité sociale à l’américaine, reforme phare du Président Obama, à une petite voix près. On se souviendra en effet que cette Cour a ceci de particulier qu’elle prétend être totalement transparente. Elle est composée de neuf juges, savants juristes, et rend ses décisions à la suite d’un vote. Point de bulletins secrets dans cette enceinte ; les votants sont connus. A se fier à sa composition, la Cour n’aurait jamais dû valider le mariage homosexuel : cinq juges conservateurs, quatre progressistes. Cinq a priori hostiles, quatre a priori favorables. Mais le sort en a décidé autrement ; le juge Kennedy, le plus modéré des conservateurs, fit bloc avec les progressistes, basculant ainsi la majorité en faveur de ces derniers. C’est un deuxième coup dur pour les conservateurs de la Cour en quelques mois : l’Obamacare bénéficia également de ce même coup du sort ; à l’époque ce fut le président, le Juge John Roberts, qui permit aux progressistes de l’emporter et de valider le système. (…) La spécificité de l’évènement est que ce sont des juges qui, forçant l’interprétation d’une Constitution qui ne dit rien du mariage homosexuel, ont estimé que cette union découlait ou résultait de la notion de « liberté ». C’est un « putsch judiciaire » selon l’emblématique juge Antonin Scalia, le doyen de la Cour. Un pays qui permet à un « comité de neuf juges non-élus » de modifier le droit sur une question qui relève du législateur et non du pouvoir judiciaire, ne mérite pas d’être considéré comme une « démocratie ». Mais l’autre basculement désormais acté, c’est celui d’une argumentation dont le centre de gravité s’est déplacé de la raison vers l’émotion, de la ratio vers l’affectus. La Cour Suprême des Etats-Unis s’est en cela bien inscrite dans une tendance incontestable au sein de la quasi-totalité des juridictions occidentales. L’idée même de raisonnement perd du terrain : énième avatar de la civilisation de l’individu, les juges éprouvent de plus en plus de mal à apprécier les arguments en dehors de la chaleur des émotions. Cette décision fait en effet la part belle à la médiatisation des revendications individualistes, rejouées depuis plusieurs mois sur le modèle de la « lutte pour les droits civiques ». Ainsi la Cour n’hésite pas à comparer les lois traditionnelles du mariage à celles qui, à une autre époque, furent discriminatoires à l’égard des afro-américains et des femmes. (…) La Maison Blanche s’est instantanément baignée des couleurs de l’arc-en-ciel, symbole de la « gay pride ». Les réseaux sociaux ont été inondés de ces mêmes couleurs en soutien à ce qui est maintenant connu sous le nom de la cause gay. (…) Comme le relève un autre juge de la Cour ayant voté contre cette décision, il est fort dommage que cela se fasse au détriment du droit et de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique. Yohann Rimokh
Le droit a pour rôle d’instituer et d’assurer les personnes de leur identité. Il faudrait se demander si reporter sur les individus, et en particulier sur les jeunes, le poids de devoir définir et (ré)affirmer eux-mêmes à tout moment les éléments de leur identité sans jamais pouvoir rien tenir pour acquis est vraiment libérateur. Muriel Fabre-Magnan
Une des raisons qui m’ont poussée à écrire ce livre était la lassitude de voir des termes juridiques employés à contresens, comme le contrat ou le consentement, qu’on associe toujours à la liberté dans le grand public, alors qu’en réalité, pour un juriste, qui dit contrat et consentement dit au contraire que l’on renonce à une partie de sa liberté ; le contrat n’est pas le mode normal de l’exercice des libertés. Je voulais alors souligner le risque de retournement de la liberté qui en résulte. Le lexique utilisé dans le cadre de débats de société conduit en outre souvent à polariser les opinions. La question de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) est un excellent exemple. On trouve un camp qui pousse à une interprétation toujours plus individualiste des droits de l’homme par la CEDH et un autre qui condamne de façon générale les droits de l’homme. Le Royaume-Uni, par exemple, avait menacé de dénoncer la Convention européenne des droits de l’homme avant même le Brexit. Il me semble possible et préférable de trouver une voie alternative : il faut en effet défendre les droits de l’homme, qui sont une avancée démocratique essentielle, et la CEDH a ainsi rendu une série d’arrêts extrêmement précieux, par exemple pour condamner l’état des prisons, garantir le respect des droits de la défense ou encore dénoncer des pays qui se livrent à des traitements inhumains ou dégradants. Et, en même temps, la CEDH dérape parfois dans ses arrêts et abuse de ses prérogatives. Seule une analyse juridique précise permet de démonter les rouages, comprendre à quel endroit exact se fait ce dérapage et d’essayer d’y remédier. Sinon, on est inévitablement conduit à adopter une position excessive dans un sens ou dans un autre. (…) C’est effectivement très récemment que ce terme de liberté a pris un sens général, et presque philosophique, qui est celui du droit pour les individus de mener leur vie comme ils l’entendent. La liberté est devenue la faculté de pouvoir faire tous les choix pour soi-même, ce qu’on appelle aujourd’hui un droit à l’autonomie personnelle. Cet énoncé peut certes sembler satisfaisant dans un cadre autre que juridique, mais demander au droit de garantir que les personnes puissent faire ce qu’elles veulent quand elles veulent conduit à l’effet inverse et à un risque de retournement de cette liberté. Si, en effet, le droit doit garantir à toute personne la possibilité de faire ce qu’elle veut, y compris de renoncer à sa liberté, on finit évidemment par détruire le concept même de liberté. (…) Et, comme le soulignent plusieurs auteurs, l’ultralibéralisme économique ou sociétal sont les deux faces d’une même médaille. La liberté est souvent revendiquée pour que les autres puissent se mettre à notre disposition. La faculté de renoncer à sa liberté n’est cependant pas la liberté. Plus généralement, ce qu’on appelle une protection des personnes contre elles-mêmes, et qui est dénoncé comme une forme de paternalisme étatique, est en réalité toujours une protection des personnes contre autrui. L’exemple de la prostitution est assez typique, et il illustre aussi un des autres points que je voulais souligner dans ce livre, à savoir que tous les débats contemporains, sociétaux ou économiques qui posent la question de la licéité sont toujours appréciés par rapport au seul critère du consentement. Cela signifie que l’on ramène tout à un débat interindividuel quand il serait plus pertinent de s’interroger, par exemple, sur les politiques économiques et sociales donnant aux personnes une plus grande faculté de choix de vie. Que signifie le consentement d’une prostituée si elle n’a pas d’autre choix que de consentir ? (…) La liberté sexuelle implique la faculté pour chacun d’avoir la sexualité de son choix sans avoir à subir aucune discrimination. Mais pourquoi l’État devrait-il donner sa bénédiction à chaque nouvelle pratique ? De même, la contractualisation des relations sexuelles n’est pas la meilleure façon de protéger juridiquement contre les agressions sexuelles ni de respecter le consentement des personnes. Si on contractualise, on s’oblige à ces pratiques. Or la liberté consiste en la capacité de pouvoir refuser un rapport initialement consenti. (…) Le droit doit tenir compte des évolutions sociales, mais il est aussi un horizon tracé pour une société. Il est en effet de l’ordre du devoir-être. Les juristes opposent toujours le fait et le droit, donc le réel et ce qui doit être. Le droit est, dans une société, les valeurs et les objectifs sur lesquels les personnes s’accordent. Pour vivre ensemble, il est nécessaire de définir un projet commun, lequel peut évidemment évoluer dans le temps. Le terme d’institution de la liberté cherche à exprimer l’aspect dynamique de cette liberté et le rôle que le droit doit jouer pour la garantir. On ne naît pas libre, on le devient, et c’est ce processus d’émancipation que doit soutenir le droit. Muriel Fabre-Magnan
Nine in 10 Americans are satisfied with the way things are going in their personal life, a new high in Gallup’s four-decade trend. The latest figure bests the previous high of 88% recorded in 2003. Gallup
The Rasmussen Reports daily Presidential Tracking Poll for Monday shows that 50% of Likely U.S. Voters approve of President Trump’s job performance. Forty-eight percent (48%) disapprove. Rasmussen (Feb. 10, 2020)
The turnout in the Iowa caucus was below what we expected, what we wanted. Trump’s approval rating is probably as high as it’s been. This is very bad. And now it appears the party can’t even count votes. (…) We have candidates on the debate stage talking about open borders and decriminalizing illegal immigration. They’re talking about doing away with nuclear energy and fracking. You’ve got Bernie Sanders talking about letting criminals and terrorists vote from jail cells. It doesn’t matter what you think about any of that, or if there are good arguments — talking about that is not how you win a national election. It’s not how you become a majoritarian party. For fuck’s sake, we’ve got Trump at Davos talking about cutting Medicare and no one in the party has the sense to plaster a picture of him up there sucking up to the global elites, talking about cutting taxes for them while he’s talking about cutting Medicare back home. Jesus, this is so obvious and so easy and I don’t see any of the candidates taking advantage of it. The Republicans have destroyed their party and turned it into a personality cult, but if anyone thinks they can’t win, they’re out of their damn minds. (…) Bernie Sanders isn’t a Democrat. He’s never been a Democrat. He’s an ideologue. And I’ve been clear about this: If Bernie is the nominee, I’ll vote for him. No question. I’ll take an ideological fanatic over a career criminal any day. But he’s not a Democrat. (…) what I’m saying is the Democratic Party isn’t Bernie Sanders, whatever you think about Sanders. (…) First, a lot of people don’t trust the Democratic Party, don’t believe in the party, for reasons you’ve already mentioned, and so they just don’t care about that. They want change. And I guess the other thing I’d say is, 2016 scrambled our understanding of what’s possible in American politics. (…) Sanders might get 280 electoral votes and win the presidency and maybe we keep the House. But there’s no chance in hell we’ll ever win the Senate with Sanders at the top of the party defining it for the public. Eighteen percent of the country elects more than half of our senators. That’s the deal, fair or not. So long as McConnell runs the Senate, it’s game over. There’s no chance we’ll change the courts, and nothing will happen, and he’ll just be sitting up there screaming in the microphone about the revolution. The purpose of a political party is to acquire power. All right? Without power, nothing matters. (…) [The answer is] framing, repeating, and delivering a coherent, meaningful message that is relevant to people’s lives and having the political skill not to be sucked into every rabbit hole that somebody puts in front of you. The Democratic Party is the party of African Americans. It’s becoming a party of educated suburbanites, particularly women. It’s the party of Latinos. We’re a party of immigrants. Most of the people aren’t into all this distracting shit about open borders and letting prisoners vote. They don’t care. They have lives to lead. They have kids. They have parents that are sick. That’s what we have to talk about. That’s all we should talk about. It’s not that this stuff doesn’t matter. And it’s not that we shouldn’t talk about race. We have to talk about race. It’s about how you deliver and frame the message. (…) They’ve tacked off the damn radar screen. And look, I don’t consider myself a moderate or a centrist. I’m a liberal. But not everything has to be on the left-right continuum. (…) Here’s another stupid thing: Democrats talking about free college tuition or debt forgiveness. I’m not here to debate the idea. What I can tell you is that people all over this country worked their way through school, sent their kids to school, paid off student loans. They don’t want to hear this shit. And you saw Warren confronted by an angry voter over this. It’s just not a winning message. The real argument here is that some people think there’s a real yearning for a left-wing revolution in this country, and if we just appeal to the people who feel that, we’ll grow and excite them and we’ll win. But there’s a word a lot of people hate that I love: politics. It means building coalitions to win elections. It means sometimes having to sit back and listen to what people think and framing your message accordingly. That’s all I care about. (…) We can’t win the Senate by looking down at people. The Democratic Party has to drive a narrative that doesn’t give off vapors that we’re smarter than everyone or culturally arrogant. (…) With a lot of these candidates, their consultants are telling them, “If you doubt it, just go left. We got to get the nomination.” (…) I’m hoping that someone gets knocked off their horse on the road to Damascus. (…) Mayor Pete has to demonstrate over the course of a campaign that he can excite and motivate arguably the most important constituents in the Democratic Party: African Americans. These voters are a hell of a lot more important than a bunch of 25-year-olds shouting everyone down on Twitter. James Carville
Progressive candidates and new Democratic representatives have offered lots of radical new proposals lately about voting and voters. They include scrapping the 215-year-old Electoral College. Progressives also talk of extending the vote to 16- or 17-year-olds and ex-felons. They wish to further relax requirements for voter identification, same-day registration and voting, and undocumented immigrants voting in local elections.The 2016 victory of Donald Trump shocked the left. It was entirely unexpected, given that experts had all but assured a Hillary Clinton landslide. Worse still for those on the left, Trump, like George W. Bush in 2000 and three earlier winning presidential candidates, lost the popular vote.  From 2017 on, Trump has sought to systematically dismantle the progressive agenda that had been established by his predecessor, Barack Obama — often in a controversial and unapologetic style. The furor over the 2016 Clinton loss and thenew Trump agenda, the fear that Trump could be re-elected, and anger about the Electoral College have mobilized progressives to demand changes to the hallowed traditions of electing presidents. (…) Most Americans are skeptical of reparations. They do not favor legalizing infanticide. They do not want open borders, sanctuary cities, or blanket amnesties. They are troubled by the idea of wealth taxes and top marginal tax rates of 70 percent or higher. Many Americans certainly fear the Green New Deal. Many do not favor abolishing all student debt, U.S. Immigration and Customs Enforcement, or the Electoral College. Nor do many Americans believe in costly ideas such as Medicare for All and free college tuition. The masses do not unanimously want to stop pipeline construction or scale back America’s booming natural gas and oil production. A cynic might suggest that had Hillary Clinton actually won the 2016 Electoral College vote but lost the popular vote to Trump, progressives would now be praising our long-established system of voting. Had current undocumented immigrants proved as conservative as past waves of legal immigrants from Hungary and Cuba, progressives would now likely wish to close the southern border and perhaps even build a wall. If same-day registration and voting meant that millions of new conservatives without voter IDs were suddenly showing their Trump support at the polls, progressives would insist on bringing back old laws that required voters to have previously registered and to show valid identification at voting precincts. If felons or 16-year-old kids polled conservative, then certainly there would be no progressive push to let members of these groups vote. Expanding and changing the present voter base and altering how we vote is mostly about power, not principles. Without these radical changes, a majority of American voters, in traditional and time-honored elections, will likely not vote for the unpopular progressive agenda. Victor Davis Hanson
When candidate Donald Trump campaigned on calling China to account for its trade piracy, observers thought he was either crazy or dangerous. Conventional Washington wisdom had assumed that an ascendant Beijing was almost preordained to world hegemony. Trump’s tariffs and polarization of China were considered about the worst thing an American president could do. The accepted bipartisan strategy was to accommodate, not oppose, China’s growing power. The hope was that its newfound wealth and global influence would liberalize the ruling communist government. Four years later, only a naif believes that. Instead, there is an emerging consensus that China’s cutthroat violations of international norms were long ago overdue for an accounting. China’s re-education camps, its Orwellian internal surveillance, its crackdown on Hong Kong democracy activists and its secrecy about the deadly coronavirus outbreak have all convinced the world that China has now become a dangerous international outlier. Trump courted moderate Arab nations in forming an anti-Iranian coalition opposed to Iran’s terrorist and nuclear agendas. His policies utterly reversed the Obama administration’s estrangement from Israel and outreach to Tehran. Last week, Trump nonchalantly offered the Palestinians a take-it-or-leave-it independent state on the West Bank, but without believing that a West Bank settlement was the key to peace in the entire Middle East. Trump’s cancellation of the Iran deal, in particular, was met with international outrage. More global anger followed after the targeted killing of Iranian terrorist leader Gen. Qassem Soleimani. In short, Trump’s Middle East recalibrations won few supporters among the bipartisan establishment. But recently, Europeans have privately started to agree that more sanctions are needed on Iran, that the world is better off with Soleimani gone, and that the West Bank is not central to regional peace. Iran has now become a pariah. U.S.-sponsored sanctions have reduced the theocracy to near-bankruptcy. Most nations understand that if Iran kills Americans or openly starts up its nuclear program, the U.S. will inflict disproportional damage on its infrastructure — a warning that at first baffled, then angered and now has humiliated Iran. In other words, there is now an entirely new Middle East orthodoxy that was unimaginable just three years ago. Suddenly the pro-Iranian, anti-Western Palestinians have few supporters. Israel and a number of prominent Arab nations are unspoken allies of convenience against Iran. And Iran itself is seemingly weaker than at any other time in the theocracy’s history. Stranger still, instead of demanding that the U.S. leave the region, many Middle Eastern nations privately seem eager for more of a now-reluctant U.S. presence. (…) Trump got little credit for these revolutionary changes because he is, after all, Trump — a wheeler-dealer, an ostentatious outsider, unpredictable in action and not shy about rude talk. But his paradoxical and successful policies — the product of conservative, antiwar and pro-worker agendas — are gradually winning supporters and uniting disparate groups. (…) The result of the new orthodoxy is that the U.S. has become no better friend to an increasing number of allies and neutrals, and no worse an adversary to a shrinking group of enemies. And yet Trump’s paradox is that America’s successful new foreign policy is as praised privately as it is caricatured publicly — at least for now. Victor Davis Hanson
Une cote de popularité au plus bas, des cafouillages dans la majorité, une étude qui remet en question sa politique économique… Les obstacles se multiplient pour le président de la République française. Cela pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la suite, explique la presse étrangère. “Pas de repos pour Emmanuel Macron”, souligne le quotidien espagnol El País. En effet, si “le président a survécu à la plus longue grève de ces dernières décennies en France, il ne cesse d’accumuler les problèmes”. Le conflit autour des retraites, d’une part, n’est pas totalement réglé. Certes, les transports ont repris et les dernières manifestations ont rassemblé moins de monde qu’au début du mouvement. Mais “les ennuis de Macron ne sont pas terminés”, prévient le site britannique The Article. “Beaucoup s’attendent à ce que le printemps à Paris soit, eh bien, le printemps à Paris.” D’autant que de nombreux secteurs, habituellement peu prompts à protester, ont rejoint la grogne. Aujourd’hui, avec les 22 000 amendements déposés en parallèle au projet de réforme, le processus législatif est encore loin d’être terminé. Des journées de mobilisations sont d’ailleurs déjà prévues à la RATP le 17 février et partout en France le 20 février. Dans sa majorité aussi, Emmanuel Macron rencontre des difficultés. À un mois des municipales, La République en marche multiplie les faux pas et fait preuve de division. Avec bien sûr, le duel fraticide entre les candidats, Benjamin Griveaux (tête d’affiche officielle) et Cédric Villani (dissident qui refuse de reculer) pour la mairie de Paris. Mais les récents cafouillages des ministres macronistes, au sujet du droit au blasphème ou de la durée d’allongement du congé en cas de perte d’un enfant, n’arrangent pas non plus les choses pour Macron. Résultat ? Le gouvernement est “qualifié d’amateur” et l’image du président se retrouve toujours plus entachée, relate ABC. Au point que le jeune chef d’État rivalise désormais avec “François Hollande pour le titre de président le plus impopulaire de l’histoire de la Vème République”. Selon les derniers sondages, 73 % des Français auraient une mauvaise opinion d’Emmanuel Macron. Ce n’est assurément pas le rapport publié le 5 février par l’OFCE [Observatoire français des conjonctures économiques] qui va changer la donne. Après l’abrogation partielle de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), le chef d’État avait très vite “hérité du surnom de ‘président des riches’”, rappelle le quotidien Suisse Le Temps. Or, la récente publication des économistes “juge qu’il correspond à la réalité”. Plus aucun doute : “La théorie macronienne du ‘ruissellement’ – selon laquelle l’attractivité fiscale conçue pour inciter les entreprises et les ménages les plus aisés à investir engendre à terme une hausse de revenus pour tous – ne fonctionne pas.” Pire encore, ajoute le quotidien suisse, “l’OFCE souligne une détérioration de la fracture sociale” puisque, assurent les experts : Les ménages appartenant aux 20 % les plus modestes, c’est-à-dire ceux ayant un niveau de vie individuel inférieur à 1 315 euros par mois, devraient perdre en 2020.” Ces difficultés pourraient avoir de lourdes conséquences sur l’avenir politique de Macron, prévient donc The Financial Times. Un an à peine après le “grand débat national”, “son attitude hautaine et son manque de finesse psychologique le rendent vulnérable”, et Marine Le Pen entend profiter de la situation pour la prochaine présidentielle. Or, sa potentielle arrivée à l’Élysée, en 2022, incarnerait un “séisme politique” dont les “ondes de choc seraient ressenties bien au-delà des frontières de la France”. Toutefois, si “le ciel s’assombrit pour le Roi Soleil français, il est beaucoup trop tôt pour affirmer que c’en est fait des espoirs de Macron”, rassure le FT. Ceux qui prédisent aujourd’hui sa chute, sont les mêmes qui se sont souvent trompés en 2017 sur sa capacité à briser l’ancien système” du bipartisme français. En somme, personne n’est capable de dire si la crise actuelle que rencontre le chef de l’État s’envenimera pour le reste de son quinquennat, conclut El País.“Mais en tout cas, elle envoie un signal inquiétant pour le président.” Courrier international
La dauphine désignée d’Angela Merkel en Allemagne, Annegret Kramp-Karrenbauer, a décidé de renoncer à lui succéder et va abandonner la présidence du parti conservateur, a indiqué à l’AFP ce lundi 10 février une source proche du mouvement. Lors d’une réunion ce matin de la direction du parti démocrate-chrétien CDU de la chancelière, Kramp-Karrenbauer a notamment justifié sa décision par les événements de Thuringe et la tentation d’une frange du parti de s’allier avec le mouvement d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). Elle a expliqué qu’«une partie de la CDU a une relation non clarifiée avec l’AfD» mais aussi avec le parti de gauche radicale Die Linke, alors qu’elle même rejette clairement toute alliance avec l’une ou l’autre de ces formations, a indiqué à l’AFP une source proche du mouvement. Dans la mesure où la candidature à la chancellerie doit aller de pair avec la présidence du parti à ses yeux, AKK a en conséquence décidé de renoncer dans les mois qui viennent à cette présidence. «AKK va organiser cet été le processus de sélection de la candidature à la chancellerie» pour succéder à Angela Merkel au plus tard fin 2021, a indiqué cette source. «Elle va continuer à préparer le parti pour affronter l’avenir et ensuite abandonner la présidence», a-t-elle ajouté. Elle doit en revanche conserver son poste de ministre de la Défense. AKK avait été élue en décembre 2018 à la présidence de la CDU, en remplacement d’Angela Merkel qui avait à l’époque renoncé en raison de son impopularité croissante après une série de revers électoraux et la poussée dans les urnes de l’extrême droite. AKK n’a toutefois jamais réussi à s’imposer à la présidence de la CDU. Elle a été en particulier très critiquée après l’alliance surprise nouée la semaine dernière entre des élus CDU de Thuringe et l’extrême droite pour élire un nouveau dirigeant pour cet Etat régional. AKK s’est vu reprocher de ne pas tenir son parti, tiraillé entre adversaires et partisans d’une coopération avec l’AfD, surtout dans les Etats de l’ex-RDA, où l’extrême droite est très puissante et complique la formation des majorités régionales. Le Figaro
Buttigieg is a gay Episcopalian veteran in a party torn between identity politics and heartland appeals. He’s also a fresh face in a year when millennials are poised to become the largest eligible voting bloc. Many Democrats are hungry for generational change, and the two front runners are more than twice his age. (…) In many ways, Buttigieg is Trump’s polar opposite: younger, dorkier, shorter, calmer and married to a man. His success may depend on whether Democrats want a fighter to match Trump, or whether Americans want to ‘change the channel,’ as Buttigieg puts it. ‘People already have a leader who screams and yells,’ he says. ‘How do you think that’s working out for us?’Time
Le 16 juin 2015, Buttigieg annonce dans une publication qu’il est homosexuel. Il est le premier homme politique ouvertement gay de l’Indiana. Le 28 décembre 2017, Buttigieg annonce ses fiançailles avec Chasten Glezman (né en 1989), professeur de pédagogie Montessori dans un collège privé de l’Indiana. Le couple se marie le 16 juin 2018 lors d’une cérémonie à la cathédrale de Saint-James de South Bend et fait en 2019 la couverture du magazine Time. En plus de l’anglais, Pete Buttigieg parle le norvégien, le français, l’espagnol, l’italien, le maltais, l’arabe et le dari, soit un total de huit langues. Buttigieg est chrétien et a déclaré que sa foi avait fortement influencé sa vie. Wikipedia
Va-t-il transformer l’essai? Après ses résultats inespérés dans l’Iowa (toujours contestés par Bernie Sanders), Pete Buttigieg espère bien récolter les fruits de l’énorme coup de pouce médiatique dont il a bénéficié tout au long de cette semaine chaotique. Le jeune candidat, encore inconnu il y a un an, croise donc les doigts ce mardi 11 février pour à nouveau s’imposer -ou du moins décrocher un score plus qu’honorable- dans le New Hampshire, deuxième État à voter aux primaires démocrates.  Si créer la surprise au cours des prochains scrutins et finir par décrocher la nomination du parti cet été est actuellement le rêve de tous les candidats, la seule vraie prouesse sera la suivante: battre Donald Trump lors de l’élection générale du 3 novembre et le sortir de la Maison Blanche. Pete Buttigieg est-il le meilleur candidat pour cette périlleuse mission? Le HuffPost a rassemblé plusieurs forces (et faiblesses) du candidat pour tenter d’y voir plus clair. Comme il aime souvent le rappeler en campagne, Pete Buttigieg a un atout majeur face à Donald Trump: son CV. Il faut dire qu’on pourrait difficilement imaginer un curriculum plus à l’opposé de celui du président républicain. Contrairement à l’occupant actuel de la Maison Blanche, le démocrate a tout d’abord de l’expérience politique. Alors que le magnat de l’immobilier était l’hôte d’une téléréalité avant de se présenter à la présidence, Pete Buttigieg vient lui de terminer son 2e mandat de maire. Trump s’est construit dans la plus grande ville du pays qu’est New York, Buttiegieg a fait décoller sa carrière à South Bend, 100.000 habitants, dans l’État de l’Indiana. Buttigieg met aussi régulièrement en avant son expérience dans l’armée. Il a passé sept mois en Afghanistan, un avantage sur tous ses concurrents démocrates et surtout sur Trump. Ce dernier a en effet réussi à échapper pas mois de cinq fois à la guerre du Vietnam: quatre reports grâce aux études qu’il suivait puis une dispense médicale pour une excroissance osseuse au pied dont les médias n’ont jamais retrouvé de trace. Diplômé de grandes universités, le candidat a aussi montré qu’il était polyglotte. En plus de l’anglais, il peut parler en norvégien, espagnol, italien, arabe, dari ou encore français comme il l’a montré en commentant l’incendie de Notre-Dame. Face à un président qui est parfois pointé du doigt pour la faiblesse du vocabulaire qu’il emploie dans son anglais natal. Pete Buttigieg se présente aussi aux antipodes de Donald Trump sur des aspects plus personnels. Là où Trump s’emporte et est devenu le roi du surnom mesquin, Buttigieg apparaît dans ses interventions comme calme, confiant et au point sur ses dossiers. Alors que les Américains LGBT ont vu leurs droits régresser sous la présidence républicaine, Buttigieg est le premier candidat démocrate ouvertement gay et apparaît régulièrement au bras de son mari Chasten. Âgé de seulement 38 ans, il est de loin le plus jeune de la course. Il n’hésite pas non plus à mettre l’accent sur sa foi chrétienne, un sujet généralement accaparé par les républicains. Quant à son programme, il ne renferme pas (encore?) de mesure phare, mais sa position modérée sur les impôts et la couverture santé pourrait bien attirer de précieux électeurs indépendants qui avaient penché pour Donald Trump en 2016. Au sein de ce groupe-clé pour départager une élection, la question du système de santé sera en effet la priorité numéro un pour faire son choix en novembre 2020, selon un sondage Gallup paru en janvier. Si la réussite de Pete Buttigieg dans l’Iowa et un très bon score dans le New Hampshire ce mardi serait un énorme tremplin, le candidat traîne cependant un énorme problème de popularité auprès d’électorats-clés pour un démocrate dans une élection présidentielle. Comme le montrent de nombreux sondages, l’ancien maire n’enregistre pour l’heure qu’un soutien très faible auprès des deux minorités ethniques principales aux États-Unis: les électeurs afro-américains et hispaniques. La présence de ces derniers, qui ont peu voté républicain en 2016, sera cruciale dans les bureaux de vote en novembre 2020 face à Trump. Les difficultés ne s’arrêtent pas là. Buttigieg pourrait aussi avoir une mauvaise surprise avec les jeunes, potentiel sous-exploité en 2016. Bien qu’il se vante d’incarner le renouveau politique du haut de ses 38 ans, le candidat n’est à l’heure actuelle pas très populaire avec les démocrates de moins de 38 ans, un groupe d’âge qui englobera 25% des électeurs en novembre. Son approche trop modérée ne fait pas le poids face à la politique autrement plus radicale de Sanders, qui lui a gagné le soutien massif des générations Y et Z. Buttigieg pourrait donc avoir bien du mal à donner envie à ce réservoir de voix démocrates de participer au scrutin. Reste enfin la faible notoriété de l’ancien maire de South Bend. The Huffington post
Il est déjà assez sûr de déduire des recherches en laboratoire et des parallèles éthologiques que les différentes manières dont les hommes et les femmes sont câblés sont directement liées à nos rôles sexuels traditionnels … Freud a dramatiquement déclaré que notre anatomie est notre destinée. Les scientifiques qui frémissent devant une formulation aussi dramatique, quelle que soit sa justesse, pourraient le reformuler ainsi: l’anatomie est fonctionnelle, les fonctions corporelles ont des significations psychologiques profondes pour les gens, et l’anatomie et la fonction sont souvent élaborées socialement. Arno Karlen
Les questions morales nous entraînent dans le bourbier de perpétuelles recherches philosophiques de nature fondamentale. D’une certaine manière, cela facilite le problème pour celui qui cherche une opinion juive. Le judaïsme n’accepte pas le type de relativisme poussé utilisé pour justifier le mode de vie homosexuel comme un simple mode de vie alternatif. Et tandis que la question de l’autonomie humaine mérite certainement d’être prise en considération dans le domaine de la sexualité, il faut se méfier des conséquences de tout argument quand il est poussé jusqu’à sa logique extrême. Le judaïsme chérit clairement la sainteté comme une valeur supérieure à la liberté ou à la santé. De plus, si l’autonomie de chaque individu nous amène à conférer une légitimité morale à toute forme d’expression sexuelle que celui-ci désire, nous devons être prêts à tirer la couverture de cette validité morale sur presque tout le catalogue de la perversion décrit par Krafft-Ebing, puis, par le tour de passe-passe consistant à accorder des droits civiques aux pratiques moralement non répréhensibles ou à autoriser le prosélytisme public aux défenseurs de la sodomie, du fétichisme ou de n’importe autre pratique. Dans ce cas, pourquoi pas dans le système scolaire? Et si le consentement est obtenu avant la mort d’un partenaire, pourquoi pas la nécrophilie ou le cannibalisme? Sûrement, si nous déclarons que la pédérastie est simplement idiosyncrasique et non une « abomination », quel droit avons-nous de condamner le cannibalisme sexuel – simplement parce que la plupart des gens réagiraient avec répulsion et dégoût? «L’affection aimante et désintéressée» et les «relations personnelles significatives» – les grands slogans de la Nouvelle Moralité et les représentants de l’éthique de la situation – sont devenus la litanie de la sodomie à notre époque. Une logique simple devrait nous permettre d’utiliser les mêmes critères pour excuser l’adultère ou tout autre acte considéré jusqu’ici comme immoral: et c’est exactement ce qui a été fait, et il a reçu la sanction non seulement des progressistes et des humanistes, mais de certains les religieux aussi. « Amour », « épanouissement », « exploiteur », « significatif » – la liste elle-même ressemble à un lexique de termes chargés d’émotions tirés au hasard des sources disparates des cercles agnostiques à la fois chrétiens et psychologiquement orientés. Logiquement, nous devons nous poser la question suivante: quelles dépravations morales ne peuvent pas être excusées par le seul critère des «relations humaines chaleureuses et significatives» ou de «l’accomplissement», les nouveaux héritiers sémantiques de «l’amour»? L’amour, l’épanouissement et le bonheur peuvent également être atteints dans les contacts incestueux – et certainement dans les relations polygames. N’y a-t-il plus rien qui soit « pécheur », « contre nature » ou « immoral » s’il est pratiqué « entre deux adultes consentants? » Pour les groupes religieux, établir qu’une relation homosexuelle doit être jugée selon les mêmes critères qu’une relation hétérosexuelle – c’est-à-dire «si elle vise à entretenir une relation d’amour permanente» – revient à abandonner la dernière prétention de représenter le « judéo-chrétien ». (…) Rien dans la lettre ou l’esprit de la loi juive ne devrait nous inciter à préconiser l’emprisonnement des homosexuels. La Halakha n’a pas, dans l’ensemble, encouragé la privation de liberté comme forme de punition recommandée. La flagellation est, d’un certain point de vue, beaucoup moins cruelle et beaucoup plus éclairée. La peine capitale étant hors de question, et l’incarcération n’étant pas un substitut recommandable, il ne nous reste qu’un minimum absolu : la désapprobation ferme de l’acte proscrit. Mais nous ne sommes pas liés à un instrument pénologique spécifique qui n’a pas de fondement dans la loi ou la tradition juive. (…) Tant que la violence et la séduction des enfants ne sont pas impliquées, il serait préférable d’abandonner toute loi sur l’homosexualité et de laisser aux inévitables sanctions sociales le soin de contrôler, de manière informelle, ce qui peut l’être. Cependant, cette approche n’est pas conforme à la tradition juive. L’abrogation des lois anti-homosexuelles implique la suppression de la stigmatisation de l’homosexualité, et cette diminution de la censure sociale affaiblit la société dans sa formation des jeunes à des modèles de conduite acceptables. L’absence d’une réprobation sociale adéquate pourrait bien encourager l’expression de tendances homosexuelles chez ceux qui, autrement, pourraient les réprimer. La loi elle-même a une fonction éducative et l’abrogation des lois, aussi justifiable qu’elle puisse être d’un certain point de vue, a pour effet de signaler l’acceptabilité d’une plus grande permissivité. Les propositions qui suivent sont peut-être la meilleure façon d’exprimer tout ce qui a été dit ci-dessus. Tout d’abord, la société et le gouvernement doivent reconnaître les distinctions entre les différentes catégories énumérées plus haut dans cet essai. Nous devons offrir une assistance médicale et psychologique à ceux dont l’homosexualité est l’expression d’une pathologie, qui la reconnaissent comme telle et qui sont prêts à chercher de l’aide. Nous ne devons pas être moins généreux envers l’homosexuel qu’envers le toxicomane, à qui le gouvernement offre diverses formes de thérapie sur demande. Deuxièmement, les peines de prison doivent être abolies pour tous les homosexuels, à l’exception de ceux qui se sont rendus coupables de violence, de séduction des jeunes ou de sollicitation publique. Troisièmement, les lois doivent rester en vigueur, mais, d’un commun accord entre la justice et la police, ne pas être appliquées. Cela se rapproche de ce que les juristes appellent « l’effet de dissuasion », et c’est la catégorie la plus proche de celle qui est si bien connue dans la Halakha, où une forte désapprobation est exprimée par l’affirmation d’une interdiction halakhique, sans qu’aucune punition ne soit imposée. C’est une catégorie qui comble le fossé entre la morale et le droit. Dans une société où l’homosexualité est si répandue et où l’incarcération est si contre-productive, l’approche hortatoire pourrait bien être un moyen d’officialiser la répulsion de la société tout en évitant les pièges de notre pénologie acceptée. (…) Les congrégations régulières et autres groupes juifs ne devraient pas hésiter à accorder l’hospitalité et l’adhésion, sur une base individuelle, aux homosexuels « visibles » qui entrent dans la catégorie des malades. Les homosexuels ne violent pas moins les normes juives que les profanateurs du sabbat ou ceux qui ne respectent pas les lois de la cacherout. Mais accepter l’organisation de groupes « gays » distincts sous les auspices du judaïsme n’a pas plus de sens, du point de vue juif, que d’accepter la formation de synagogues qui s’occupent exclusivement des idolâtres, des adultères, des commères, des fraudeurs fiscaux ou de ceux qui violent le shabbat. En fait, cela a moins de sens, car cela fournit, sous des auspices religieux, une clientèle toute faite parmi laquelle l’homosexuel peut plus facilement choisir ses partenaires. En restant fidèle aux sources de la tradition juive. Les juifs sont tenus d’éviter la folie qui s’empare de la société à diverses époques et sous diverses formes, tout en conservant un sang-froid moral et un équilibre psychologique suffisants pour exercer cette combinaison de discipline et de charité qui est le signe distinctif du judaïsme. Dr. Norman Lamm
The moral issues lead us into the quagmire of perennial philosophical disquisitions of a fundamental nature. In a way, this facilitates the problem for one seeking a Jewish view. Judaism does not accept the kind of thoroughgoing relativism used to justify the gay life as merely an alternate lifestyle And while the question of human autonomy is certainly worthy of consideration in the area of sexuality, one must beware of the consequences of taking the argument to its logical extreme. Judaism clearly cherishes holiness as a greater value than either freedom or health. Furthermore, if every individual’s autonomy leads us to lend moral legitimacy to any form of sexual expression he may desire, we must be ready to pull the blanket of this moral validity over almost the whole catalogue of perversion described by Krafft-Ebing, and then, by the legerdemain of granting civil rights to the morally non-objectionable, permit the advocates of buggery, fetishism, or whatever to proselytize in public. In that case, why not in the school system? And if consent is obtained before the death of one partner, why not necrophilia or cannibalism? Surely, if we declare pederasty to be merely idiosyncratic and not an « abomination, » what right have we to condemn sexually motivated cannibalism – merely because most people would react with revulsion and disgust? « Loving, selfless concern » and « meaningful personal relationships » – the great slogans of the New Morality and the exponents of situation ethics – have become the litany of sodomy in our times. Simple logic should permit us to use the same criteria for excusing adultery or any other act heretofore held to be immoral: and indeed, that is just what has been done, and it has received the sanction not only of liberals and humanists, but of certain religionists as well. « Love, » « fulfillment, » « exploitative, » « meaningful » – the list itself sounds like a lexicon of emotionally charged terms drawn at random from the disparate sources of both Christian and psychologically-orientated agnostic circles. Logically, we must ask the next question: what moral depravities can not be excused by the sole criterion of « warm, meaningful human relations » or « fulfillment, » the newest semantic heirs to « love »? Love, fulfillment, and happiness can also be attained in incestuous contacts -and certainly in polygamous relationships. Is there nothing at all left that is « sinful, » « unnatural, » or « immoral » if it is practiced « between two consenting adults? » For religious groups to aver that a homosexual relationship should be judged by the same criteria as a heterosexual one – i.e., « whether it is intended to foster a permanent relationship of love » – is to abandon the last claim of representing the « Judeo-Christian tradition. »Clearly, while Judaism needs no defense or apology in regard to its esteem for neighborly love and compassion for the individual sufferer, it cannot possibly abide a wholesale dismissal of its most basic moral principles on the grounds that those subject to its judgments find them repressive. All laws are repressive to some extent -they repress illegal activities- and all morality is concerned with changing man and improving him and his society. Homosexuality imposes on one an intolerable burden of differentness, of absurdity, and of loneliness, but the Biblical commandment outlawing pederasty cannot be put aside solely on the basis of sympathy for the victim of these feelings. Morality, too, is an element which each of us, given his sensuality, his own idiosyncracies, and his immoral proclivities, must take into serious consideration before acting out his impulses. Several years ago I recommended that Jews regard homosexual deviance as a pathology, thus reconciling the insights of Jewish tradition with the exigencies of contemporary life and scientific information, such as it is, on the nature of homosexuality. (…) The proposal that homosexuality be viewed as an illness will immediately be denied by three groups of people. Gay militants object to this view as an instance of heterosexual condescension. Evelyn Hooker and her group of psychologists maintain that homosexuals are no more pathological in their personality structures than heterosexuals. And psychiatrists Thomas Szasz in the U.S. and Ronald Laing in England reject all traditional ideas of mental sickness and health as tools of social repressiveness or, at best, narrow conventionalism. While granting that there are indeed unfortunate instances where the category of mental disease is exploited for social or political reasons, we part company with all three groups and assume that there are significant number of pederasts and lesbians who, by the criteria accepted by most psychologists and psychiatrists, can indeed be termed pathological. (…) Of course, one cannot say categorically that all homosexuals are sick – any more than one can casually define all thieves as kleptomaniacs. In order to develop a reasonable Jewish approach to the problem and to seek in the concept of illness some mitigating factor, it is necessary first to establish the main types of homosexuals. Dr. Judd Marmor speaks of four categories. « Genuine homosexuality » is based on strong preferential erotic feelings for members of the same sex. « Transitory homosexual behavior » occurs among adolescents who would prefer heterosexual experiences but are denied such opportunities because of the social, cultural, or psychological reasons. « Situational homosexual exchanges » are characteristic of prisoners, soldiers and others who are heterosexual but are denied access to women for long periods of time. « Transitory and opportunistic homosexuality » is that of delinquent young men who permit themselves to be used by pederasts in order to make money or win other favors, although their primary erotic interests are exclusively heterosexual. To these may be added, for purposes of our analysis, two other types. The first category, that of genuine homosexuals, may be said to comprehend two sub-categories: those who experience their condition as one of duress or uncontrollable passion which they would rid themselves of if they could, and those who transform their idiosyncrasy into an ideology, i.e., the gay militants who assert the legitimacy and validity of homosexuality as an alternative way to heterosexuality. The sixth category is based on what Dr. Rollo May has called « the New Puritanism », the peculiarly modern notion that one must experience all sexual pleasures, whether or not one feels inclined to them, as if the failure to taste every cup passed at the sumptuous banquet of carnal life means that one has not truly lived. Thus, we have transitory homosexual behavior not of adolescents, but of adults who feel that: they must « try everything » at least once or more than once in their lives. (…) Clearly, genuine homosexuality experienced under duress (Hebrew: ones) most obviously lends itself to being termed pathological especially where dysfunction appears in other aspects of personality. Opportunistic homosexuality, ideological homosexuality, and transitory adult homosexuality are at the other end of the spectrum, and appear most reprehensible. As for the intermediate categories, while they cannot be called illness, they do have a greater claim on our sympathy than the three types mentioned above. (…) To apply the Halakhah strictly in this case is obviously impossible; to ignore it entirely is undesirable, and tantamount to regarding Halakhah as a purely abstract, legalistic system which can safely be dismissed where its norms and prescriptions do not allow full formal implementation. Admittedly, the method is not rigorous, and leaves room to varying interpretations as well as exegetical abuse, but it is the best we can do. Hence there are types of homosexuality that do not warrant any special considerateness, because the notion of ones or duress (i.e., disease) in no way applies. Where the category of mental illness does apply, the act itself remains to´evah (an abomination), but the fact of illness lays upon us the obligation of pastoral compassion, psychological understanding, and social sympathy. In these senses, homosexuality is no different from any other social or anti-halakhic act, where it is legitimate to distinguish between the objective itself including its social and moral consequences, and the mentality and inner development of the person who perpetrates the act. For instance, if a man murders in a cold and calculating fashion for reasons of profit, the act is criminal and the transgressor is criminal. If, however, a psychotic murders, the transgressor is diseased rather than criminal, but the objective act itself remains a criminal one. The courts may therefore treat the perpetrator of the crime as they would a patient, with all the concomitant compassion and concern for therapy, without condoning the act as being morally neutral. To use halakhic terminology, the objective crime remains a ma´aseh averah, whereas a person who transgresses is considered innocent on the grounds of ones. In such case, the transgressor is spared the full legal consequences of his culpable act, although the degree to which he may be held responsible varies from case to case. (…) By the same token, in orienting ourselves to certain types of homosexuals as patients rather than criminals, we do not condone the act but attempt to help the homosexual. Under no circumstances can Judaism suffer homosexuality to become respectable. Were society to give its open or even tacit approval to homosexuality, it would invite more aggressiveness on the part of adult pederasts toward young people. Indeed, in the currently permissive atmosphere, the Jewish view would summon us to the semantic courage of referring to homosexuality not as « deviance » with the implication of moral neutrality and non-judgmental idiosyncrasy, but as « perversion » – a less clinical and more old-fashioned word, perhaps, but one that is more in keeping with the Biblical to´evah. (…) There is nothing in the Jewish law’s letter or spirit that should incline us toward advocacy of imprisonment for homosexuals. The Halakhah did not, by and large, encourage the denial of freedom as a recommended form of punishment. Flogging is, from a certain perspective, far less cruel and far more enlightened. Since capital punishment is out of the question, and since incarceration is not an advisable substitute, we are left with one absolute minimum: strong disapproval of the proscribed act. But we are not bound to any specific penological instrument that has no basis in Jewish law or tradition. (…) As long as violence and the seduction of children are not involved, it would best to abandon all laws on homosexuality and leave it to the inevitable social sanctions to control, informally,what can be controlled. However, this approach is not consonant with Jewish tradition. The repeal of anti-homosexual laws implies the removal of the stigma from homosexuality, and this diminution of social censure weakens society in its training of the young toward acceptable patterns of conduct. The absence of adequate social reproach may well encourage the expression of homosexual tendencies by those in whom they might otherwise be suppressed. Law itself has an educative function, and the repeal of laws, no matter how justifiable such repeal may be from one point of view, does have the effect of signaling the acceptability of greater permissiveness. Perhaps all that has been said above can best be expressed in the proposals that follow. First, society and government must recognize the distinctions between the various categories enumerated earlier in this essay. We must offer medical and psychological assistance to those whose homosexuality is an expression of pathology, who recognize it as such, and are willing to seek help. We must be no less generous to the homosexual than to the drug addict, to whom the government extends various forms of therapy upon request. Second, jail sentences must be abolished for all homosexuals, save those who are guilty of violence, seduction of the young, or public solicitation. Third, the laws must remain on the books, but by mutual consent of judiciary and police, be unenforced. This approximates to what lawyers call « the chilling effect », and is the nearest one can come to the category so well known in the Halakhah, whereby strong disapproval is expressed by affirming a halakhic prohibition, yet no punishment is mandated. It is a category that bridges the gap between morality and law. In a society where homosexuality is so rampant, and where incarceration is so counterproductive, the hortatory approach may well be a way of formalizing society’s revulsion while avoiding the pitfalls in our accepted penology. (…) Regular congregations and other Jewish groups should not hesitate to accord hospitality and membership, on an individual basis, to those « visible » homosexuals who qualify for the category of the ill. Homosexuals are no less in violation of Jewish norms than Sabbath desecrators or those who disregard the laws of kashrut. But to assent to the organization of separate « gay » groups under Jewish auspices makes no more sense, Jewishly, than to suffer the formation of synagogues that care exclusively to idol worshipers, adulterers, gossipers, tax evaders, or Sabbath violators. Indeed, it makes less sense, because it provides, under religious auspices, a ready-made clientele from which the homosexual can more easily choose his partners. In remaining true to the sources of Jewish tradition. Jews are commanded to avoid the madness that seizes society at various times and in many forms, while yet retaining a moral composure and psychological equilibrium sufficient to exercise that combination of discipline and charity that is the hallmark of Judaism. Dr. Norman Lamm

Quand le cannibalisme n’est plus qu’une affaire de goût…

A l’heure où l’actualité se charge de nous rappeler chaque jour …

Les ravages dans tous les secteurs de la société, entre « mariage » et « enfants pour tous », du dérèglement des moeurs que nous vivons …

Pendant que devant le retour du réel le costume messianique de nos Obama français ou allemand semble lui aussi sérieusement prendre l’eau …

Et où face à l’insubmersible Donald Trump …

Et la confirmation de plus en plus éclatante par la réalité et les faits  …

De la justesse, face aux tigres de papier iraniens, chinois ou palestiniens, de nombre de ses intuitions et décisions …

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Entre soutien aux villes-sanctuaire et appels à l’extension du droit de vote aux mineurs, repris de justice et immigrés illégaux comme à la suppression du collège électoral, des contrôles d’identité pour les électeurs et des frontières …

Et où profitant de la campagne présidentielle américaine …

Les lobbies homosexuels et leur claque médiatique …

Tentent contre toute évidence …

De nous imposer la candidature de ce qui serait …

Jeune, ancien militaire, surdiplômé d’Harvard, malto-américain, polyglotte, dûment marié à l’église et revendiquant sa foi chrétienne, s’il vous plait !

Le premier président ouvertement homosexuel et, putsch judiciaire et couverture de Time aidant, de son éventuelle « première famille » …

Petit retour avec le président de la Yeshiva university, le Dr. Norman Lamm

Et contre les nouveaux diktats de la pensée unique et du politiquement correct …

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Des nombreux problèmes moraux et sociaux que, sauf rares exceptions, posent …

Le véritable messianisme homosexuel qui, par médias et show biz interposés, nous est actuellement imposé …

Et qui au nom des nouveaux impératifs catégoriques de l »amour », de « l’épanouissement » et du « bonheur » …

Pourrait en arriver à nous faire avaliser …

A condition bien sûr d’être pratiqué « entre deux adultes consentants » et avec la « visée d’une relation d’amour permanente »…

Sans compter, dès l’âge de deux ans, le choix de sa propre assignation sexuelle …

Tant les contacts incestueux que les relations polygames …

Voire la nécrophilie ou le cannibalisme sexuel ?

Judaism and the Modern Attitude to Homosexuality
Dr. Norman Lamm
Jonah web
March 30, 2007

Dr. Norman Lamm presently serves as President of Yeshiva University.

Popular wisdom has it that our society is wildly hedonistic, with the breakdown of family life, rampant immorality, and the world, led by the United States, in the throes of a sexual revolution. The impetus of this latest revolution is such that new ground is constantly being broken, while bold deviations barely noticed one year are glaringly more evident the year following and become the norm for the « younger generation » the year after that.

Some sex researchers accept this portrait of a steady deterioration in sex inhibitions and of increasing permissiveness. Opposed to them are the « debunkers » who hold that this view is mere fantasy and that, while there may have been a significant leap in verbal sophistication, there has probably been only a short hop in actual behavior. They point to statistics which confirm that now, as in Kinsey’s day, there has been no reported increase in sexual frequencies along with alleged de-inhibition to rhetoric and dress. The « sexual revolution » is, for them, largely a myth. Yet others maintain that there is in Western society a permanent revolution against moral standards, but that the form and style of the revolt keeps changing.

The determination of which view is correct will have to be left to the sociologists and statisticians -or, better, to historians of the future who will have the benefit of hindsight. But certain facts are quite clear. First, the complaint that moral restraints are crumbling has a two or three thousand year history in Jewish tradition and in continuous history of Western civilization. Second, there has been a decided increase at least in the area of sexual attitudes, speech, and expectations, if not in practice. Third, such social and psychological phenomena must sooner or later beget changes in mores and conduct. And finally, it is indisputable that most current attitudes are profoundly at variance with traditional Jewish views on sex and sex morality.

Of all the current sexual fashions, the one most notable for its militancy, and which most conspicuously requires illumination from the sources of Jewish tradition, is that of sexual deviancy. This refers primarily to homosexuality, male or female, along with a host of other phenomena such as transvestism and transexualism. They all form part of the newly approved theory of idiosyncratic character of sexuality. Homosexuals have demanded acceptance in society, and this demand has taken various forms -from a plea that they should not be liable to criminal prosecution, to a demand that they should not be subjected to social sanctions, and then to a strident assertion that they represent an « alternative life-style » no less legitimate that « straight heterosexuality. The various forms of homosexual apologetics appear largely in contemporary literature and theater, as well as in the daily press. In the United States, « gay » activists have become increasingly and progressively more vocal and militant.

Legal Position

Homosexuals have, indeed, been suppressed by the law. For instance, the Emperor Valentinian, in 390 C.E., decreed that pederasty be punished by burning at the stake. The sixth-century Code of Justinian ordained that homosexuals be tortured, mutilated, paraded in public, and executed. A thousand years later, Gibbon said of the penalty the Code decreed that « pederasty became the crime of those to whom no crime could be imputed ». In more modern times, however, the Napoleonic Code declared consensual homosexuality legal in France. A century ago, anti-homosexual laws were repealed in Belgium and Holland. In this century, Denmark, Sweden and Switzerland followed suit and, more recently, Czechoslovakia and England. The most severe laws in the West are found in the United States, where they come under the jurisdiction of the various states and are known by a variety of names, usually as « sodomy laws ». Punishment may range from light fines to five or more years in prison (in some cases even life imprisonment), indeterminate detention to a mental hospital, and even to compulsory sterilization. Moreover, homosexuals are, in various states, barred from licensed professions, from many professional societies, from teaching, and from the civil service -to mention only a few of the sanctions encountered by the known homosexual.

More recently, a new tendency has been developing in the United States and elsewhere with regard to homosexuals. Thus, in 1969, the National Institute of Mental Health issued a majority report advocating that adult consensual homosexuality be declared legal. The American Civil Liberties Union concurred. Earlier, Illinois had done so in 1962, and in 1971 the state of Connecticut revised its laws accordingly. Yet despite the increasing legal and social tolerance of deviance, basic feelings toward homosexuals have not really changed. The most obvious example is France, where although legal restraints were abandoned over 150 years ago, the homosexual of today continues to live in shame and secrecy.

Statistics

Statistically, the proportion the proportion of homosexuals in society does not seem to have changed much since Professor Kinsey’s day (his book, Sexual Behavior in the Human Male, was published in 1948, and his volume on the human female in 1953). Kinsey’s studies revealed that hard-core male homosexuals constituted about 4-6% of the population: 10% experienced « problem » behavior during a part of their lives. One man out of three indulges in some form of homosexual behavior from puberty until his early twenties. The dimensions of the problem become quite overwhelming when it is realized that, according to these figures, of 200 million people in the United States some ten million will become or are predominant or exclusive homosexuals, and over 25 million will have at least a few years of significant homosexual experience.

The New Permissiveness

The most dramatic change in our attitudes to homosexuality has taken place in the new mass adolescent subculture -the first such in history- where it is part of the whole new outlook on sexual restraints in general. It is here that the fashionable Sexual Left has had its greatest success on a wide scale, appealing especially to the rejection of Western traditions of sex roles and sex typing. A number of different streams feed into this ideological reservoir from which the new sympathy for homosexuality flows. Freud and his disciples began the modern protest against traditional restraints, and blamed the guilt that follows transgression for the neuroses that plague man. Many psychoanalysts began to overemphasize the importance of sexuality in human life, and this ultimately gave birth to a kind of sexual messianism. Thus, in our own day Wilhelm Reich identifies sexual energy as « vital energy per se » and, in conformity with his Marxist ideology, seeks to harmonize Marx and Freud. For Reich and his followers, the sexual revolution is a machina ultima for the whole Leninist liberation in all spheres of life and society. Rebellion against restrictive moral codes has become, for them, not merely a way to hedonism but a form of sexual mysticism: orgasm is seem not only as the pleasurable climatic release of internal sexual pressure, but as a means to individual creativity and insight as well as to the reconstruction and liberation of society. Finally, the emphasis on freedom and sexual autonomy derives from the Sartrean version of Kant’s view of human autonomy.

It is in this atmosphere that pro-deviationist sentiments have proliferated, reaching into many strata of society. Significantly, religious groups have joined the sociologists and ideologists of deviance to affirm what has been called « man’s birthright of unbounded ambisexuality. » A number of Protestant churches in America, and an occasional Catholic clergyman, have plead for more sympathetic attitudes toward homosexuals. Following the new Christian permissiveness espoused in Sex and Morality (1966), the report of a working party of the British Council of Churches, a group of American Episcopalian clergymen in November 1967 concluded that homosexual acts ought not to be considered wrong, per se. A homosexual relationship is, they implied, no different from a heterosexual marriage: but must be judged by one criterion -« whether it is intended to foster a permanent relation of love. » Jewish apologists for deviationism have been prominent in the Gay Liberation movement and have not hesitated to advocate their position in American journals and in the press. Christian groups began to emerge which catered to a homosexual clientele, and Jews were not too far behind. This latest Jewish exemplification of the principle of wie es sich christelt, so juedelt es sich will be discussed at the end of this essay.

Homosexual militants are satisfied neither with a « mental health » approach nor with demanding civil rights. They are clear in insisting on society’s recognition of sexual deviance as an « alternative lifestyle, » morally legitimate and socially acceptable.
Such are the basic facts and theories of the current advocacy of sexual deviance. What is the classical Jewish attitude to sodomy, and what suggestions may be made to develop a Jewish approach to the complex problem of the homosexual in contemporary society?

Biblical View

The Bible prohibits homosexual intercourse and labels it an abomination: « Thou shalt not lie with a man as one lies with a woman: it is an abomination » (Lev. 18:22). Capital punishment is ordained for both transgressors in Lev. 20:13. In the first passage, sodomy is linked with buggery, and in the second with incest and buggery. (There is considerable terminological confusion with regard to these words. We shall here use « sodomy » as a synonym for homosexuality and « buggery » for sexual relations with animals.)

The city of Sodom had the questionable honor of lending its name to homosexuality because of the notorious attempt at homosexual rape, when the entire population -« both young and old, all the people from every quarter »- surrounded the home of Lot, the nephew of Abraham, and demanded that he surrender his guests to them « that we may know them » (Gen. 19:5). The decimation of the tribe of Benjamin resulted from the notorious incident, recorded in Judges 19, of a group of Benjamites in Gibeah who sought to commit homosexual rape.

Scholars have identified the kadesh proscribed by the Torah (Deut. 23:18) as a ritual male homosexual prostitute. This form of healthen cult penetrated Judea from the Canaanite surroundings in the period of the early monarchy. So Rehoboam, probably under the influence of his Ammonite mother, tolerated this cultic sodomy during his reign (I Kings 14:24). His grandson Asa tried to cleanse the Temple in Jerusalem of the practice (I Kings 15:12), as did his great-grandson Jehoshaphat. But it was not until the days of Josiah and the vigorous reforms he introduced that the kadesh was finally removed from the Temple and the land (II Kings 23:7). The Talmund too (Sanhedrin, 24b) holds that the kadesh was a homosexual functionary. (However, it is possible that the term also alludes to a heterosexual male prostitute. Thus, in II kings 23:7, women are described as weaving garments for the idols in the batei ha-kedeshim (houses of the kadesh): the presence of women may imply that the kadesh was not necessarily homosexual. The Talmudic opinion identifying the kadesh as a homosexual prostitute may be only an asmakhta. Moreover, there are other opinions in Talmudic literature as to the meaning of the verse: see Onkelos, Lev. 23:18, and Nachmanides and Torah Temimah, ad loc.)

Talmudic Approach

Rabbinic exegesis of the Bible finds several other homosexual references in the scriptural narratives. The generation of Noah was condemned to eradication by the Flood because they had sunk so low morally that, according to Midrashic teaching, they wrote out formal marriage contracts for sodomy and buggery -a possible cryptic reference to such practices in the Rome of Nero and Hadrian (Lev. R. 18:13).

Of Ham, the son of Noah, we are told that « he saw the nakedness of his father » and told his two brothers (Gen. 9:22). Why should this act have warranted the harsh imprecation hurled at Ham by his father? The Rabbis offer two answers: one, that the text implied that Ham castrated Noah: second, that the Biblical expression is an idiom for homosexual intercourse (see Rashi, ad loc.). On the scriptural story of Potiphar’s purchase of Joseph as a slave (Gen. 39:1), the Talmund comments that he acquired him for homosexual purposes, but that a miracle occurred and God sent the angel Gabriel to castrate Potiphar (Sotah 13b).

Post-Biblical literature records remarkably few incidents of homosexuality. Herod’s son Alexander, according to Josephus (Wars, I, 24:7), had homosexual contact with a young eunuch. Very few reports of homosexuality have come to us from the Talmudic era (TJ Sanhedrin 6:6, 23c: Jos. Ant., 15:25-30).

The incidence of sodomy among Jews is interestingly reflected in the Halakhah on mishkav zakhur (the Talmudic term for homosexuality: the Bible uses various terms- thus the same term in Num. 31:17 and 35 refers to heterosexual intercourse by a woman, whereas the expression for male homosexual intercourse in Lev. 18:22 and 20:13 is mishkevei ishah). The Mishnah teaches that R. Judah forbade two bachelors from sleeping under the same blanket, for fear that this would lead to homosexual temptation (Kiddushin 4:14). However, the Sages permitted it (ibid.) because homosexuality was so rare among Jews that such preventive legislation was considered unnecessary (Kiddushin 82a). This latter view is codified as Halakhah by Malmonides (Yad, Issurei Bi’ah 22:2). Some 400 years later R. Joseph Caro , who did not codify the law against sodomy proper, nevertheless cautioned against being alone with another male because of the lewdness prevalent « in our times » (Even ha-Ezer 24). About a hundred years later, R. Joel Sirkes reverted to the original ruling, and suspended the prohibition because such obscene acts were unheard of amongst Polish Jewry (Bayit Hadash to Tur, Even ha-Ezer 24). Indeed, a distinguished contemporary of R. Joseph Caro, R. Solomon Luria, went even further and declared homosexuality so very rare that, if one refrains from sharing a blanket with another male as a special act of piety, one is guilty of self-righteous pride or religious snobbism (for the above and additional authorities, see Ozar ha-Posekim, IX, 236-238).

Responsa

As is to be expected, the responsa literature is also very scant in discussions of homosexuality. One of the few such responsa is by the late R. Abraham Isaac Ha-Kohen Kook, when he was still the rabbi of Jaffa. In 1912 he was asked about a ritual slaughterer who had come under suspicion of homosexuality. After weighing all aspects of the case, R. Kook dismissed the charges against the accused, considering them unsupported hearsay. Furthermore, he maintained the man might have repented and therefore could not be subject to sanctions at the present time.

The very scarcity of halakhic deliberations on homosexuality, and the quite explicit insistence of various halakhic authorities, provide sufficient evidence of the relative absence of this practice among Jews from ancient times down to the present. Indeed, Prof. Kinsey found that, while religion was usually an influence of secondary importance on the number of homosexual as well as heterosexual acts by males. Orthodox Jews proved an exception, homosexuality being phenomenally rare among them.

Jewish laws treated the female homosexual more leniently than the male. It considered lesbianism as issur, an ordinary religious violation, rather than arayot, a specifically sexual infraction, regarded much more severely than issur. R. Huna held that lesbianism is the equivalent of harlotry and disqualified the woman from marrying a priest. The Halakhah is, however, more lenient, and decides that while the act is prohibited, the lesbian is not punished and is permitted to marry a priest (Sifra 9:8: Shab. 65a: Yev. 76a). However, the transgression does warrant disciplinary flagellation (Maimonides, Yad, Issurei Bi’ah 21:8). The less punitive attitude of the Halakhah to the female homosexual than to the male does not reflect any intrinsic judgment on one as opposed to the other, but is rather the result of a halakhic technicality: there is no explicit Biblical proscription of lesbianism, and the act does not entail genital intercourse (Maimonides, loc. cit.).

The Halakhah holds that the ban on homosexuality applies universally, to non-Jew as well as to Jew (Sanh 58a: Maimonides, Melakhim 9:5, 6). It is one of the six instances of arayot (sexual transgressions) forbidden to the Noachide (Maimonides, ibid).

Most halakhic authorities – such as Rashba and Ritba – agree with Maimonides. A minority opinion holds that pederasty and buggery are « ordinary » prohibitions rather than arayot – specifically sexual infractions which demand that one submit to martyrdom rather than violate the law – but the Jerusalem Talmud supports the majority opinion. (See D. M. Krozer, Devar Ha-Melekh, I, 22, 23 (1962), who also suggests that Maimonides may support a distinction whereby the « male » or active homosexual partner is held in violation of arayot whereas the passive or « female » partner transgresses issur, an ordinary prohibition.)

Reasons of Prohibition

Why does the Torah forbids homosexuality? Bearing in mind that reasons proferred for the various commandments are not to be accepted as determinative, but as human efforts to explain immutable divine law, the rabbis of the Talmud and later Talmudists did offer a number of illuminating rationales for the law.

As stated, the Torah condemns homosexuality as to’evah, an abomination. The Talmud records the interpretation of Bar Kapparah who, in a play on words, defined to’evah as to’eh attah bah. « You are going astray because of it » (Nedarim 51a). The exact meaning of this passage is unclear, and various explanations have been put forward.

The Pesikta (Zutarta) explains the statement of Bar Kapparah as referring to the impossibility of such a sexual resulting in procreation. One of the major functions (if not the major purpose) of sexuality is reproduction, and this reason for man’s sexual endowment is frustrated by mishkav zakhur (so too Sefer ha-Hinnukh, no. 209).

Another interpretation is that of the Tosafot and R. Asher ben Jehiel (in their commentaries to Ned. 51a) which applies the « going astray » or wandering to the homosexual’s abandoning his wife. In other words, the abomination consists of the danger that a married man with homosexual tendencies may disrupt his family life in order to indulge his perversions. Saadiah Gaon holds the rational basis of most of the Bible’s moral legislation to be the preservation of the family structure (Emunot ve-De’ot 3:1: cf. Yoma 9a). (This argument assumes contemporary cogency in the light of the avowed aim of some gay militants to destroy the family, which they consider an « oppressive institution. »)

A third explanation is given by a modern scholar, Rabbi Baruch Ha-Levi Epstein (Torah Temimah to Lev. 18:22), who emphasizes the unnaturalness of the homosexual liaison: « You are going astray from the foundations of the creation. » Mishkav zakhur defies the very structure of the anatomy of the sexes, which quite obviously was designed for heterosexual relationships.

It may be, however, that the very variety of interpretations of to’evah points to a far more fundamental meaning, namely, that an act characterized as an « abomination » is prima facie disgusting and cannot be further defined or explained. Certain acts are considered to’evah by the Torah, and there the matter rests. It is, as it were, a visceral reaction, an intuitive disqualification of the act, and we run the risk of distorting the Biblical judgment if we rationalize it. To’evah constitutes a category of objectionableness sui generis: it is a primary phenomenon. (This lends additional force to Rabbi David Z. Hoffmann’s contention that to’evah is used by the Torah to indicate the repulsiveness of a proscribed act, no matter how much it may be in vogue among advanced and sophisticated cultures: see his Sefer Va-yikra, II, p. 54.).

Jewish Attitudes

It is on the basis of the above that an effort must be made to formulate a Jewish response to the problems of homosexuality in the conditions under which most Jews live today, namely, those of free and democratic societies and, with the exception of Israel, non-Jewish lands and traditions.

Four general approaches may be adopted:1) Repressive: No leniency toward the homosexual, lest the moral fiber of the rest of society be weakened.2) Practical: Dispense with imprisonment and all forms of social harassment, for eminently practical and prudent reasons.3) Permissive: The same as the above, but for the ideological reasons, viz., the acceptance of homosexuality as a legitimate alternative « lifestyle »4) Psychological: Homosexuality, in at least some forms, should be recognized as a disease and this recognition must determine our attitude toward the homosexual.
Let us consider each of these critically.

Repressive Attitude

Exponents of the most stringent approach hold that pederasts are the vanguard of moral malaise, especially in our society. For on thing, they are dangerous to children. According to a recent work, one third of the homosexuals in the study were seduced in their adolescence by adults. It is best for society that they be imprisoned, and if our present penal institutions are faulty, let them be improved. Homosexuals should certainly not be permitted to function as teachers, group leaders, rabbis, or in any other capacity where they might be models for, and come into close contact with, young people. Homosexuality must not be excused as a sickness. A sane society assumes that its members have free choice, and are therefore responsible for their conduct. Sex offenders, including homosexuals, according to another recent study, operate « at a primate level with the philosophy that necessity is the mother of improvisation. » As Jews who believe that the Torah legislated certain moral laws for all mankind, it is incumbent upon us to encourage all societies, including non-Jewish ones, to implement the Noachide laws. And since, according to the halakhah, homosexuality is prohibited to Noachides as well as to Jews, we must seek to strengthen the moral quality of society by encouraging more restrictive laws against homosexuals. Moreover, if we are loyal to the teachings of Judaism, we cannot distinguish between « victimless » crimes and crimes of violence. Hence, if our concern for the murder, racial oppression, or robbery, we must do no less with regard to sodomy.

This argument is, however, weak on a number of grounds. Practically, it fails to take into cognizance the number of homosexuals of all categories, which, as we have pointed out, is vast. We cannot possibly imprison all offenders, and it is a manifest miscarriage of justice to vent our spleen only on the few unfortunates who are caught by the police. It is inconsistent because there has been no comparable outcry for harsh sentencing of other transgressors of sexual morality, such as those who indulge in adultery or incest. To take consistency to its logical conclusion, this hard line on homosexuality should not stop with imprisonment but demand the death sentence, as is Biblically prescribed. And why not the same death sentence for blasphemy, eating a limb torn from a live animal, idolatry, robbery -all of which are Noachide commandments? And why not capital punishment for Sabbath transgressors in the State of Israel? Why should the pederast be singled out for opprobrium and be made an object lesson while all others escape?

Those who might seriously consider such logically consistent, but socially destructive, strategies had best think back to the fate of that Dominican reformer, the monk Girolamo Savonarola, who in 15th-century Florence undertook a fanatical campaign against vice and all suspected of venal sin, with emphasis on pederasty. The society of that time and place, much like ours, could stand vast improvement. But too much medicine in too strong doses was the monk’s prescription, whereupon the population rioted and the zealot was hanged.

Finally, there is indeed some halakhic warrant for distinguishing between violent and victimless (or consensual and non-consensual) crimes. Thus, the Talmud permits a passer-by to kill a man in pursuit of another man or of a woman when the pursuer is attempting homosexual or heterosexual rape, as the case may be, whereas this is not permitted in the case of a transgressor pursuing an animal to commit buggery or on his way to worship an idol or to violate the Sabbath, (Sanh. 8:7, and v. Rashi to Sanh. 73a, s.v. al ha-behemah).

Practical Attitude

The practical approach is completely pragmatic and attempts to steer clear of any ideology in its judgments and recommendations. It is, according to its advocates, eminently reasonable. Criminal laws requiring punishment for homosexuals are simply unenforceable in society at the present day. We have previously cited the statistics on the extremely high incidence of pederasty in our society. Kinsey once said of the many sexual acts outlawed by the various states, that, were they all enforced, some 95% of men in the United States would be in jail. Furthermore, the special prejudice of law enforcement authorities against homosexuals – rarely does one hear of police entrapment or of jail sentences for non-violent heterosexuals – breeds a grave injustice: namely, it is an invitation to blackmail. The law concerning sodomy has been called « the blackmailer’s charter. » It is universally agreed that prison does little to help the homosexual rid himself of his peculiarity. Certainly, the failure of rehabilitation ought to be of concern to civilized men. But even if it is not, and the crime be considered so serious that incarceration is deemed advisable even in the absence of any real chances of rehabilitation, the casual pederast almost always leaves prison as a confirmed criminal. He has been denied the company of women and forced into society of those whose sexual expression is almost always channeled to pederasty. The casual pederast has become a habitual one: his homosexuality has now been ingrained in him. Is society any safer for having taken an errant man and, in the course of a few years, for having taught him to transform his deviancy into a hard and fast perversion, then turning him loose on the community? Finally, from a Jewish point of view, since it is obviously impossible for us to impose the death penalty for sodomy, we may as well act on purely practical grounds and do away with all legislation and punishment in this area of personal conduct.

This reasoning is tempting precisely because it focuses directly on the problem and is free of any ideological commitments. But the problem with it is that it is too smooth, too easy. By the same reasoning one might, in a reductio ad absurdum do away with all laws on income tax evasion, or forgive, and dispense with all punishment of Nazi murders. Furthermore, the last element leaves us with a novel view of the Halakhah: if it cannot be implemented in its entirely, it ought to be abandoned completely. Surely the Noachide laws, perhaps above all others, place us under clear moral imperatives, over and above purely penological instructions? The very practicality of this position leaves it open to the charge of evading the very real moral issues, and for Jews the halakhic principles, entailed in any discussion of homosexuality.

Permissive Attitude

The ideological advocacy of a completely permissive attitude toward consensual homosexuality and the acceptance of its moral legitimacy is, of course, the « in » fashion in sophisticated liberal circles. Legally, it holds that deviancy is none of the law’s business; the homosexual’s civil rights are as sacred as those of any other « minority group. » From the psychological angle, sexuality must be emancipated from the fetters of guilt induced by religion and code-morality, and its idiosyncratic nature must be confirmed.

Gay Liberationists aver that the usual « straight » attitude toward homosexuality is based on three fallacies or myths: that homosexuality is an illness; that it is unnatural; and that it is immoral. They argue that it cannot be considered an illness, because so many people have been shown to practice it. It is not unnatural, because its alleged unnaturalness derives from the impossibility of sodomy leading to reproduction, whereas our overpopulated society no longer needs to breed workers, soldiers, farmers, or hunters. And it is not immoral, first, because morality is relative, and secondly, because moral behavior is that characterized by « selfless, loving concern. »

Now, we are here concerned with the sexual problem as such, and not with homosexuality as a symbol of the whole contemporary ideological polemic against restraint and tradition. Homosexuality is too important – and too agonizing – a human problem to allow it to be exploited for political aims or entertainment or shock value.

The bland assumption that pederasty cannot be considered an illness because of the large number of people who have or express homosexual tendencies cannot stand up under criticism. No less an authority than Freud taught that a whole civilization can be neurotic. Erich Fromm appeals for the establishment of The Sane Society – because ours is not. If the majority of a nation are struck down by typhoid fever, does this condition, by so curious a calculus of semantics, become healthy? Whether or not homosexuality can be considered an illness is a serious question, and it does depend on one’s definition of health and illness. But mere statistics are certainly not the coup de grâce to the psychological argument, which will be discussed shortly.

The validation of gay life as « natural » on the basis of changing social and economic conditions is an act of verbal obfuscation. Even if we were to concur with the widely held feeling that the world’s population is dangerously large, and that Zero Population Growth is now a desideratum, the anatomical fact remains unchanged: the generative organs are structured for generation. If the words « natural » and « unnatural » have any meaning at all, they must be rooted in the unchanging reality of man’s sexual apparatus rather than in his ephmeral social configurations.

Militant feminists along with the gay activists react vigorously against the implication that natural structure implies the naturalness or unnaturalness of certain acts, but this very view has recently been confirmed by one of the most informed writers on the subject. « It is already pretty safe to infer from laboratory research and ethological parallels that male and female are wired in ways that relate to our traditional sex roles… Freud dramatically said that anatomy is destiny. Scientists who shudder at the dramatic, no matter how accurate, could rephrase this: anatomy is functional, body functions have profound psychological meanings to people, and anatomy and function are often socially elaborated » (Arno Karlen, Sexuality and Homosexuality, p. 501).

The moral issues lead us into the quagmire of perennial philosophical disquisitions of a fundamental nature. In a way, this facilitates the problem for one seeking a Jewish view. Judaism does not accept the kind of thoroughgoing relativism used to justify the gay life as merely an alternate lifestyle And while the question of human autonomy is certainly worthy of consideration in the area of sexuality, one must beware of the consequences of taking the argument to its logical extreme. Judaism clearly cherishes holiness as a greater value than either freedom or health. Furthermore, if every individual’s autonomy leads us to lend moral legitimacy to any form of sexual expression he may desire, we must be ready to pull the blanket of this moral validity over almost the whole catalogue of perversion described by Krafft-Ebing, and then, by the legerdemain of granting civil rights to the morally non-objectionable, permit the advocates of buggery, fetishism, or whatever to proselytize in public. In that case, why not in the school system? And if consent is obtained before the death of one partner, why not necrophilia or cannibalism? Surely, if we declare pederasty to be merely idiosyncratic and not an « abomination, » what right have we to condemn sexually motivated cannibalism – merely because most people would react with revulsion and disgust?

« Loving, selfless concern » and « meaningful personal relationships » – the great slogans of the New Morality and the exponents of situation ethics – have become the litany of sodomy in our times. Simple logic should permit us to use the same criteria for excusing adultery or any other act heretofore held to be immoral: and indeed, that is just what has been done, and it has received the sanction not only of liberals and humanists, but of certain religionists as well. « Love, » « fulfillment, » « exploitative, » « meaningful » – the list itself sounds like a lexicon of emotionally charged terms drawn at random from the disparate sources of both Christian and psychologically-orientated agnostic circles. Logically, we must ask the next question: what moral depravities can not be excused by the sole criterion of « warm, meaningful human relations » or « fulfillment, » the newest semantic heirs to « love »?

Love, fulfillment, and happiness can also be attained in incestuous contacts -and certainly in polygamous relationships. Is there nothing at all left that is « sinful, » « unnatural, » or « immoral » if it is practiced « between two consenting adults? » For religious groups to aver that a homosexual relationship should be judged by the same criteria as a heterosexual one – i.e., « whether it is intended to foster a permanent relationship of love » – is to abandon the last claim of representing the « Judeo-Christian tradition. »

I have elsewhere essayed a criticism of the situationalists, their use of the term « love, » and their objections to traditional morality as exemplified by the Halakhah as « mere legalism » (see my Faith and Doubt, chapter IX, p. 249 ff). Situationalists, such as Joseph Fletcher, have especially attacked « pilpolistic Rabbis » for remaining entangled in the coils of statutory and legalistic hairsplitting. Among the other things this typically Christian polemic reveals is an ignorance of the nature of Halakhah and its place in Judaism, which never held that law was totality of life, pleaded again and again for supererogatory conduct, recognized that individuals may be disadvantaged by the law, and which strove to rectify what could be rectified without abandoning the large majority to legal and moral chaos simply because of the discomfiture of the few.

Clearly, while Judaism needs no defense or apology in regard to its esteem for neighborly love and compassion for the individual sufferer, it cannot possibly abide a wholesale dismissal of its most basic moral principles on the grounds that those subject to its judgments find them repressive. All laws are repressive to some extent -they repress illegal activities- and all morality is concerned with changing man and improving him and his society. Homosexuality imposes on one an intolerable burden of differentness, of absurdity, and of loneliness, but the Biblical commandment outlawing pederasty cannot be put aside solely on the basis of sympathy for the victim of these feelings. Morality, too, is an element which each of us, given his sensuality, his own idiosyncracies, and his immoral proclivities, must take into serious consideration before acting out his impulses.

Psychological Attitudes

Several years ago I recommended that Jews regard homosexual deviance as a pathology, thus reconciling the insights of Jewish tradition with the exigencies of contemporary life and scientific information, such as it is, on the nature of homosexuality (Jewish Life, Jan-Feb. 1968). The remarks that follow are an expansion and modification of that position, together with some new data and notions.

The proposal that homosexuality be viewed as an illness will immediately be denied by three groups of people. Gay militants object to this view as an instance of heterosexual condescension. Evelyn Hooker and her group of psychologists maintain that homosexuals are no more pathological in their personality structures than heterosexuals. And psychiatrists Thomas Szasz in the U.S. and Ronald Laing in England reject all traditional ideas of mental sickness and health as tools of social repressiveness or, at best, narrow conventionalism. While granting that there are indeed unfortunate instances where the category of mental disease is exploited for social or political reasons, we part company with all three groups and assume that there are significant number of pederasts and lesbians who, by the criteria accepted by most psychologists and psychiatrists, can indeed be termed pathological. Thus, for instance, Dr. Albert Ellis, an ardent advocate of the right to deviancy, denies there is such a thing as a well-adjusted homosexual. In an interview, he has stated that whereas he used to believe that most homosexuals were neurotic, he is now convinced that about 50% are borderline psychotics, that the usual fixed male homosexual is a severe phobic, and that lesbians are even more disturbed than male homosexuals (see Karlem, op. cit., p. 223ff.).

No single cause of homosexuality has been established. In all probability, it is based on a conglomeration of a number of factors. There is overwhelming evidence that the condition is developmental, not constitutional. Despite all efforts to discover something genetic in homosexuality, no proof has been adduced, and researchers incline more and more to reject the Freudian concept of fundamental human biological bisexuality and its corollary of homosexual latency. It is now widely believed that homosexuality is the result of a whole family constellation. The passive, dependent, phobic male homosexual is usually the product of an aggressive, covertly seductive mother who is overly rigid and puritanical with her son – thus forcing him into a bond where he is sexually aroused, yet forbidden to express himself in any heterosexual way – and of a father who is absent, remote, emotionally detached, or hostile (I. Bieber et al. Homosexuality, 1962).

Can the homosexual be cured? There is a tradition of therapeutic pessimism that goes back to Freud but a number of psychoanalysis, including Freud’s daughter Anna, have reported successes in treating homosexuals as any other phobics (in this case, fear of the female genitals). It is generally accepted that about a third of all homosexuals can be completely cured: behavioral therapists report an even larger number of cures.

Of course, one cannot say categorically that all homosexuals are sick – any more than one can casually define all thieves as kleptomaniacs. In order to develop a reasonable Jewish approach to the problem and to seek in the concept of illness some mitigating factor, it is necessary first to establish the main types of homosexuals. Dr. Judd Marmor speaks of four categories. « Genuine homosexuality » is based on strong preferential erotic feelings for members of the same sex. « Transitory homosexual behavior » occurs among adolescents who would prefer heterosexual experiences but are denied such opportunities because of the social, cultural, or psychological reasons. « Situational homosexual exchanges » are characteristic of prisoners, soldiers and others who are heterosexual but are denied access to women for long periods of time. « Transitory and opportunistic homosexuality » is that of delinquent young men who permit themselves to be used by pederasts in order to make money or win other favors, although their primary erotic interests are exclusively heterosexual. To these may be added, for purposes of our analysis, two other types. The first category, that of genuine homosexuals, me be said to comprehend two sub-categories: those who experience their condition as one of duress or uncontrollable passion which they would rid themselves of if they could, and those who transform their idiosyncrasy into an ideology, i.e., the gay militants who assert the legitimacy and validity of homosexuality as an alternative way to heterosexuality. The sixth category is based on what Dr. Rollo May has called « the New Puritanism », the peculiarly modern notion that one must experience all sexual pleasures, whether or not one feels inclined to them, as if the failure to taste every cup passed at the sumptuous banquet of carnal life means that one has not truly lived. Thus, we have transitory homosexual behavior not of adolescents, but of adults who feel that: they must « try everything » at least once or more than once in their lives.

A Possible Halakhic Solution

This rubric will now permit us to apply the notion of disease (and, from the halakhic point of view, of its opposite, moral culpability) to the various types of sodomy. Clearly, genuine homosexuality experienced under duress (Hebrew: ones) most obviously lends itself to being termed pathological especially where dysfunction appears in other aspects of personality. Opportunistic homosexuality, ideological homosexuality, and transitory adult homosexuality are at the other end of the spectrum, and appear most reprehensible. As for the intermediate categories, while they cannot be called illness, they do have a greater claim on our sympathy than the three types mentioned above.

In formulating the notion of homosexuality as a disease, we are not asserting the formal halakhic definition of mental illness as mental incompetence, as described in TB Hag. 3b, 4a, and elsewhere. Furthermore, the categorization of a prohibited sex act as ones (duress) because of uncontrolled passions is valid, in a technical halakhic sense, only for a married woman who was ravished and who, in the course of the act, became a willing participant. The Halakhah decides with Rava, against the father of Samuel, that her consent is considered duress because of the passions aroused in her (Ket, 51b). However, this holds true only if the act was initially entered into under physical compulsion (Kesef Mishneh to Yad, Sanh. 20:3). Moreover, the claim of compulsion by one’s erotic passions is not valid for a male, for any erection is considered a token of his willingness (Yev, 53b; Maimonides, Yad, Sanh, 20:3). In the case of a male who was forced to cohabit with a woman forbidden to him, some authorities consider him guilty and punishable, while others hold him guilty but not subject to punishment by the courts (Tos., Yev, 53b; Hinnukh, 556; Kesef Mishneh, loc. cit.: Maggid Mishneh to Issurei Bi´ah, 1:9). Where a male is sexually aroused in a permissible manner, as to begin coitus with his wife and is then forced to conclude the act with another woman, most authorities exonerate him (Rabad and Maggid Mishned, to Issurei Bi´ah, in loc). If, now, the warped family background of the genuine homosexual is considered ones, the homosexual act may possibly lay claim to some mitigation by the Halakhah. (However, see Minhat Hinnukh, 556, end; and M. Feinstein, Iggerot Moshe (1973) on YD, no. 59, who holds, in a different context, that any pleasure derived from a forbidden act performed under duress increases the level of prohibition. This was anticipated by R. Joseph Engel, Atvan de-Oraita, 24). These latter sources indicate the difficulty of exonerating sexual transgressors because of psycho-pathological reasons under the technical rules of the Halakhah.

However, in the absence of a Sanhedrin and since it is impossible to implement the whole halakhic penal system, including capital punishment, such strict applications are unnecessary. What we are attempting is to develop guidelines, based on the Halakhah, which will allow contemporary Jews to orient themselves to the current problems of homosexuality in a manner articulating with the most fundamental insights of the Halakhah in a general sense, and consistent with the broadest world-view that the halakhic commitment instills in its followers. Thus, the aggadic statement that « no man sins unless he is overcome by a spirit of madness » (Sot. 3a) is not an operative halakhic rule, but does offer guidance on public policy and individual pastoral compassion. So in the present case, the formal halakhic strictures do not in any case apply nowadays, and it is our contention that the aggadic principle must lead us to seek out the mitigating halakhic elements so as to guide us in our orientation to homosexuals who, by the standards of modern psychology, may be regarded as acting under compulsion.

To apply the Halakhah strictly in this case is obviously impossible; to ignore it entirely is undesirable, and tantamount to regarding Halakhah as a purely abstract, legalistic system which can safely be dismissed where its norms and prescriptions do not allow full formal implementation. Admittedly, the method is not rigorous, and leaves room to varying interpretations as well as exegetical abuse, but it is the best we can do.

Hence there are types of homosexuality that do not warrant any special considerateness, because the notion of ones or duress (i.e., disease) in no way applies. Where the category of mental illness does apply, the act itself remains to´evah (an abomination), but the fact of illness lays upon us the obligation of pastoral compassion, psychological understanding, and social sympathy. In these sense, homosexuality is no different from any other social or anti-halakhic act, where it is legitimate to distinguish between the objective itself including its social and moral consequences, and the mentality and inner development of the person who perpetrates the act. For instance, if a man murders in a cold and calculating fashion for reasons of profit, the act is criminal and the transgressor is criminal. If, however, a psychotic murders, the transgressor is diseased rather than criminal, but the objective act itself remains a criminal one. The courts may therefore treat the perpetrator of the crime as they would a patient, with all the concomitant compassion and concern for therapy, without condoning the act as being morally neutral. To use halakhic terminology, the objective crime remains a ma´aseh averah, whereas a person who transgresses is considered innocent on the grounds of ones. In such case, the transgressor is spared the full legal consequences of his culpable act, although the degree to which he may be held responsible varies from case to case.

An example of a criminal act that is treated with compassion by the Halakhah, which in practice considers the act pathological rather than criminal, is suicide. Technically, the suicide or attempted suicide is in violation of the law. The Halakhah denies to the suicide the honor of a eulogy, the rending of the garments by relatives or witnesses to the death, and (according to Maimonides) insist that the relatives are not to observe the usual mourning period for the suicide. Yet, in the course of time, the tendency has been to remove the stigma from the suicide on the basis of mental disease. Thus, halakhic scholars do not apply the technical category of intentional (la-da´at) suicide to one who did not clearly demonstrate before performing the act, that he knew what he was doing and was of sound mind, to the extent that there was no hiatus between the act of self-destruction and actual death. If these conditions are not present, we assume that it was an insane act or that between the act and death he experienced pangs of contrition and is therefore repentant, hence excused before the law. There is even one opinion which exonerates the suicide unless he received adequate warning (hatra´ah) before performing the act, and responded in a manner indicating that he was fully aware of what he was doing and that he was lucid (J.M Tykocinski, Gesher ha-Hayyim, I, ch. 25, and Encyclopaedia Judaica, 15:490).

Admittedly, there are differences between the two cases: pederasty is clearly a severe violation of Biblical law, whereas the stricture against suicide is derived exegetically from a verse in the Genesis. Nevertheless, the principle operative in the one is applicable to the other: where one can attribute an act to mental illness, it is done out of simple humanitarian considerations.

The suicide analogy should not, of course, lead one to conclude that there are grounds for a blanket exculpation of homosexuality as mental illness. Not all forms of homosexuality can be so termed, as indicated above, and the act itself remains an « abomination ». With few exceptions, most people do not ordinarily propose that suicide be considered an acceptable and legitimate alternative to the rigors of daily life. No sane and moral person sits passively and watches a fellow man attempt suicide because he « understands » him and because it has been decided that suicide is a « morally neutral » act. By the same token, in orienting ourselves to certain types of homosexuals as patients rather than criminals, we do not condone the act but attempt to help the homosexual. Under no circumstances can Judaism suffer homosexuality to become respectable. Were society to give its open or even tacit approval to homosexuality, it would invite more aggressiveness on the part of adult pederasts toward young people. Indeed, in the currently permissive atmosphere, the Jewish view would summon us to the semantic courage of referring to homosexuality not as « deviance » with the implication of moral neutrality and non-judgmental idiosyncrasy, but as « perversion » – a less clinical and more old-fashioned word, perhaps, but one that is more in keeping with the Biblical to´evah.

Yet, having passed this moral judgment, we cannot in the name of Judaism necessarily demand that we strive for the harshest possible punishment. Even where it was halakhically feasible to execute capital punishment, we have a tradition of leniency. Thus, R. Akiva and R. Tarfon declared that had they lived during the time of the Sanhedrin, they never would have executed a man. Although the Halakhah does not decide in their favor (Mak., end of ch. I), it was rare indeed that the death penalty was actually imposed. Usually, the Biblically mandated penalty was regarded as an index of the severity of the transgression, and the actual execution was avoided by strict insistence upon all technical requirements – such al hatra´ah (forewarning the potential criminal) and rigorous cross-examination of witnesses, etc. In the same spirit, we are not bound to press for the most punitive policy toward contemporary lawbreakers. We are required to lead them to rehabilitation (teshuva). The Halakhah sees no contradiction between condemning a man to death and exercising compassion, even love, toward him (Sanh. 52a). Even a man on the way to his execution was encouraged to repent (Sanh. 6:2). In the absence of a death penalty, the tradition of teshuva and pastoral compassion to the sinner continues.

I do not find any warrant in the Jewish tradition for insisting on prison sentences for homosexuals. The singling-out of homosexuals as victims of society’s righteous indignation is patently unfair. In Western history, anti-homosexual crusades have too often been marked by cruelty, destruction, and bigotry. Imprisonment in modern times has proven to be extremely haphazard. The number of homosexuals unfortunate enough to be apprehended is infinitesimal as compared to the number of known homosexuals; estimates vary from one to 300.000 to one to 6.000.000!. For homosexuals to be singled out for special punishment while all the rest of society indulges itself in every other form of sexual malfeasance (using the definitions of Halakhah, not the New Morality) is a species of double-standard morality that the spirit of Halakhah cannot abide. Thus, the Mishnah declares that the « scroll of the suspected adulteress » (megillat sotah) – whereby a wife suspected of adultery was forced to undergo the test of « bitter waters » – was cancelled when the Sages became aware of the ever-larger number of adulterers in general (Sot. 9:9). The Talmud bases this decision on an aversion to the double standard: if the husband is himself an adulterer, the « bitter waters » will have no effect on his wife, even though she too be guilty of the offense (Sot. 47b). By the same token, a society in which heterosexual immorality is not conspicuously absent has no moral right to sit in stern judgment and mete out harsh penalties to homosexuals.

Furthermore, sending a homosexual to prison is counterproductive if punishment is to contain any element of rehabilitation or teshuva. It has rightly been compared to sending an alcoholic to a distillery. The Talmud records that the Sanhedrin was unwilling to apply the full force of the law where punishment had lost its quality of deterrence; thus, 40 (or four) years before the destruction of the Temple, the Sanhedrin voluntarily left the precincts of the Temple so as not to be able, technically, to impose the death sentence, because it had noticed the increasing rate of homicide (Sanh. 41a, and elsewhere).

There is nothing in the Jewish law’s letter or spirit that should incline us toward advocacy of imprisonment for homosexuals. The Halakhah did not, by and large, encourage the denial of freedom as a recommended form of punishment. Flogging is, from a certain perspective, far less cruel and far more enlightened. Since capital punishment is out of the question, and since incarceration is not an advisable substitute, we are left with one absolute minimum: strong disapproval of the proscribed act. But we are not bound to any specific penological instrument that has no basis in Jewish law or tradition.

How shall this disapproval be expressed? It has been suggested that, since homosexuality will never attain acceptance anyway, society can afford to be humane. As long as violence and the seduction of children are not involved, it would best to abandon all laws on homosexuality and leave it to the inevitable social sanctions to control, informally,what can be controlled.

However, this approach is not consonant with Jewish tradition. The repeal of anti-homosexual laws implies the removal of the stigma from homosexuality, and this diminution of social censure weakens society in its training of the young toward acceptable patterns of conduct. The absence of adequate social reproach may well encourage the expression of homosexual tendencies by those in whom they might otherwise be suppressed. Law itself has an educative function, and the repeal of laws, no matter how justifiable such repeal may be from one point of view, does have the effect of signaling the acceptability of greater permissiveness.

Some New Proposals

Perhaps all that has been said above can best be expressed in the proposals that follow.

First, society and government must recognize the distinctions between the various categories enumerated earlier in this essay. We must offer medical and psychological assistance to those whose homosexuality is an expression of pathology, who recognize it as such, and are willing to seek help. We must be no less generous to the homosexual than to the drug addict, to whom the government extends various forms of therapy upon request.

Second, jail sentences must be abolished for all homosexuals, save those who are guilty of violence, seduction of the young, or public solicitation.

Third, the laws must remain on the books, but by mutual consent of judiciary and police, be unenforced. This approximates to what lawyers call « the chilling effect », and is the nearest one can come to the category so well known in the Halakhah, whereby strong disapproval is expressed by affirming a halakhic prohibition, yet no punishment is mandated. It is a category that bridges the gap between morality and law. In a society where homosexuality is so rampant, and where incarceration is so counterproductive, the hortatory approach may well be a way of formalizing society’s revulsion while avoiding the pitfalls in our accepted penology.

For the Jewish community as such, the same principles, derived from the tradition, may serve as guidelines. Judaism allows for no compromise in its abhorrence of sodomy, but encourages both compassion and efforts at rehabilitation. Certainly, there must be no acceptance of separate Jewish homosexual societies, such as – or specially – synagogues set aside as homosexual congregations. The first such « gay synagogue », apparently, was the « Beth Chayim Chadashim » in Los Angeles. Spawned by that city’s Metropolitan Community Church in March 1972, the founding group constituted itself as a Reform congregation with the help of the Pacific Southwest Council of the Union of American Hebrew Congregations some time in early 1973. Thereafter, similar groups surfaced in New York City and elsewhere. The original group meets on Friday evenings in the Leo Baeck Temple and is searching for a rabbi – who must himself be « gay ». The membership sees itself as justified by « the Philosophy of Reform Judaism ». The Temple president declared that God is « more concerned in our finding a sense of peace in which to make a better world, than He is in whom someone sleeps with » (cited in « Judaism and Homosexuality » C.C.A.R. Journal, summer 1973, p. 38; five articles in this issue of the Reform group’s rabbinic journal are devoted to the same theme, and most of them approve of the Gay Synagogue).

But such reasoning is specious, to say the least. Regular congregations and other Jewish groups should not hesitate to accord hospitality and membership, on an individual basis, to those « visible » homosexuals who qualify for the category of the ill. Homosexuals are no less in violation of Jewish norms than Sabbath desecrators or those who disregard the laws of kashrut. But to assent to the organization of separate « gay » groups under Jewish auspices makes no more sense, Jewishly, than to suffer the formation of synagogues that care exclusively to idol worshipers, adulterers, gossipers, tax evaders, or Sabbath violators. Indeed, it makes less sense, because it provides, under religious auspices, a ready-made clientele from which the homosexual can more easily choose his partners.

In remaining true to the sources of Jewish tradition. Jews are commanded to avoid the madness that seizes society at various times and in many forms, while yet retaining a moral composure and psychological equilibrium sufficient to exercise that combination of discipline and charity that is the hallmark of Judaism.

Voir aussi:

Buttigieg en tête des démocrates dans l’Iowa, une première

Métro

12 novembre 2018

Le jeune maire américain modéré Pete Buttigieg a dépassé pour la première fois les poids lourds de la primaire démocrate dans un sondage publié mardi portant sur l’Iowa, un État-clé dans la course à la Maison-Blanche car il sera le premier à voter.

C’est la première fois que Pete Buttigieg, 37 ans, arrive en tête d’un sondage dans la campagne pour la primaire démocrate.

Le maire enregistre 22% des intentions de vote dans l’Iowa selon un sondage de l’institut de Monmouth University, devant les grands favoris jusqu’ici: l’ancien vice-président de Barack Obama, Joe Biden (19%), la sénatrice progressiste Elizabeth Warren (18%) et le sénateur indépendant Bernie Sanders (13%).

Encore inconnu du grand public il y a un an, le maire de South Bend, dans l’Indiana, s’est depuis forgé un nom en se posant en modéré capable de rassembler l’Amérique pour battre le républicain Donald Trump en novembre 2020.

Ancien militaire, polyglotte et utra-diplômé, il est le premier grand candidat ouvertement homosexuel à la Maison-Blanche, marié depuis 2018 à un enseignant, Chasten.

Dans l’Iowa, où la primaire sera organisée le 3 février, «Buttigieg émerge comme un choix de premier plan pour un large éventail de démocrates», quel que soit leur niveau d’«éducation ou leur idéologie», a écrit mardi Patrick Murray, directeur de l’institut de sondage Monmouth University, dans un communiqué.

Plus de deux tiers des 451 personnes interrogées –du 7 au 11 novembre– disent pouvoir encore changer d’avis, précise l’institut. La marge d’erreur est importante, à 4,6 points, mais ce nouveau sondage vient confirmer l’ascension de M. Buttigieg dans l’Iowa depuis plusieurs semaines.

Sur les 17 candidats encore en lice pour l’investiture démocrate, Joe Biden reste favori au niveau national mais est en perte de vitesse (26,8%), suivi par Elizabeth Warren (20,8%), Bernie Sanders (17%), avec, loin derrière, Pete Buttigieg (7,5%).

Voir également:

Pete Buttigieg, meilleur candidat pour battre Trump à l’élection présidentielle?

Après avoir brillé dans l’Iowa, l’ancien maire mise sur la primaire dans le New Hampshire pour affronter Donald Trump à l’élection présidentielle américaine.

PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE – Va-t-il transformer l’essai? Après ses résultats inespérés dans l’Iowa (toujours contestés par Bernie Sanders), Pete Buttigieg espère bien récolter les fruits de l’énorme coup de pouce médiatique dont il a bénéficié tout au long de cette semaine chaotique.

Le jeune candidat, encore inconnu il y a un an, croise donc les doigts ce mardi 11 février pour à nouveau s’imposer -ou du moins décrocher un score plus qu’honorable- dans le New Hampshire, deuxième État à voter aux primaires démocrates.

Si créer la surprise au cours des prochains scrutins et finir par décrocher la nomination du parti cet été est actuellement le rêve de tous les candidats, la seule vraie prouesse sera la suivante: battre Donald Trump lors de l’élection générale du 3 novembre et le sortir de la Maison Blanche.

Pete Buttigieg est-il le meilleur candidat pour cette périlleuse mission? Le HuffPost a rassemblé plusieurs forces (et faiblesses) du candidat pour tenter d’y voir plus clair.

Aux antipodes de Trump

Comme il aime souvent le rappeler en campagne, Pete Buttigieg a un atout majeur face à Donald Trump: son CV. Il faut dire qu’on pourrait difficilement imaginer un curriculum plus à l’opposé de celui du président républicain.

Contrairement à l’occupant actuel de la Maison Blanche, le démocrate a tout d’abord de l’expérience politique. Alors que le magnat de l’immobilier était l’hôte d’une téléréalité avant de se présenter à la présidence, Pete Buttigieg vient lui de terminer son 2e mandat de maire. Trump s’est construit dans la plus grande ville du pays qu’est New York, Buttiegieg a fait décoller sa carrière à South Bend, 100.000 habitants, dans l’État de l’Indiana.

Buttigieg met aussi régulièrement en avant son expérience dans l’armée. Il a passé sept mois en Afghanistan, un avantage sur tous ses concurrents démocrates et surtout sur Trump. Ce dernier a en effet réussi à échapper pas mois de cinq fois à la guerre du Vietnam: quatre reports grâce aux études qu’il suivait puis une dispense médicale pour une excroissance osseuse au pied dont les médias n’ont jamais retrouvé de trace.

Diplômé de grandes universités, le candidat a aussi montré qu’il était polyglotte(vidéo ci-dessous). En plus de l’anglais, il peut parler en norvégien, espagnol, italien, arabe, dari ou encore français comme il l’a montré en commentant l’incendie de Notre-Dame. Face à un président qui est parfois pointé du doigt pour la faiblesse du vocabulaire qu’il emploie dans son anglais natal.

 


Journée internationale de commémoration des victimes de l’Holocauste/75e: Détacher le judaïsme d’Israël, c’est en faire un cadavre sans vie dépourvu d’âme (After the Holocaust, any argument that Jews can survive as a religion without a state is profoundly ridiculous)

27 janvier, 2020

Vous qui aimez l’Éternel, haïssez le mal! Psaume 97: 10
Celui qui est sans foyer n’est pas une personne. Le Talmud
Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples. Je savais que, au milieu de facteurs enchevêtrés, une partie essentielle s’y jouait. Il fallait donc en être. Charles de Gaulle (avril 1941)
99% des migrants non européens s’intègrent parfaitement à la nation française (…) l’islam n’est pas une menace pour la France, il est une composante depuis le VIIIe siècle. (…) ce qui se cache aujourd’hui derrière le « souverainisme » désigne en fait la même xénophobie, la même fermeture, la même absence de confiance en soi que les idéologies anti-italienne, antipolonaise, antiarménienne, et antisémites des siècles passés. Jacques Attali
Le souverainisme n’est que le nouveau nom de l’antisémitisme. Jacques Attali
Ecoutez-les : ils se lamentent cette semaine sur la montée de l’antisémitisme ; mais ils s’arrangent pour ne pas désigner les coupables. Ainsi font les faux-culs de l’antiracisme. Leur silence vaut camouflage. Ce qu’ils cherchent à taire est, il est vrai, le résultat de leur idéologie. Car ils savent, ces prétendues belles âmes, que la haine du juif a muté avec leur consentement tacite. Elle n’est plus tant dans la vieille extrême droite nostalgique de fantômes vichyssois qu’au cœur de la nouvelle société arabo-musulmane issue de l’immigration. Un rapport de l’Ifop confirme ces jours-ci qu’un Français juif sur trois se sent menacé au quotidien. 84% des juifs âgés entre 18 et 24 ans disent avoir été victimes d’actes antisémites. Ce mercredi, Emmanuel Macron entame en Israël un court séjour à l’occasion du 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz. Mais les nazis d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec ceux d’hier. Certes, certains attentats commis à l’étranger contre des musulmans par des suprémacistes blancs – notamment ceux de Christchurch (Nouvelle Zélande) le 15 mars 2019 – permettent aux faussaires d’alerter sur le danger d’une renaissance de l’extrême droite. En France, Jacques Attali est de ces intellectuels qui s’emploient à brouiller les réalités. C’est lui qui a déclaré, le 3 octobre 2019 : « 99% des migrants non européens s’intègrent parfaitement à la nation française (…) l’islam n’est pas une menace pour la France, il est une composante depuis le VIIIe siècle ». Dans un tweet du 4 octobre, il a aussi assuré : « Le souverainisme n’est que le nouveau nom de l’antisémitisme ». Mais ceux qui n’osent nommer les ennemis des Juifs avalisent une ignominie. Ils sont les traîtres. Oui, les Français juifs ont été trahis par la République capitularde. Ils ont été trahis par ceux qui avaient pour mission de protéger la nation de cette authentique « lèpre qui monte » qu’est l’antisémitisme. Or, quand Macron emploie cette expression, c’est pour dénoncer les peuples qui se réveillent. Le président porte une lourde responsabilité dans l’occultation des sources. Dans mon essai – Les Traîtres – je rappelle les procédés ignobles qui furent ceux du chef de l’Etat quand il laissa croire, à l’instar de Bernard-Henri Lévy, que l’antisémitisme était porté par les Gilets jaunes et plus généralement par les populistes. Je reprends ici quelques lignes de mon livre : « Quand Macron rend hommage à Simone Veil devant le Panthéon, en juillet 2018, il évoque « les vents mauvais qui à nouveau se lèvent ». Mais il ne vise pas là, comme on pourrait s’y attendre vu les circonstances, la judéophobie islamique qui massacre des innocents en France et ailleurs. Non, il vise les populistes, les eurosceptiques, tous ceux qui ne le suivent pas. Pour la Macronie et ses désinformateurs agréés, l’antisémitisme est, forcément, au centre du mouvement des Gilets jaunes. Le chercheur Jean-Yves Camus a beau objecter : « Le mouvement des Gilets jaunes en tant que tel n’est pas antisémite », le bourrage de crâne élyséen ne changera rien à son réquisitoire hystérique. Voici dont un chef d’Etat qui accuse une partie de son peuple d’être porteur d’une maladie de l’esprit qui touche, en réalité, ceux qui se sont soumis à l’islam le plus rétrograde mais que Macron, en revanche, choisit d’épargner. ». Comment respecter un pouvoir qui démissionne, toute honte bue ? Ivan Rioufol
La participation de Donald Trump [à la ‘Marche pour la vie’] est entièrement opportuniste. Il ne me semble pas qu’il ait des convictions morales solides. Il a découvert que les chrétiens conservateurs évangéliques le soutiennent, ils sont eux-mêmes pro-vie donc finalement il leur donne ce qu’ils veulent. Il est peut-être hypocrite à propos du droit à l’avortement, mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’il a nommé des juges pro-vie à la Cour Suprême. Et je préfère avoir un président hypocrite qui reste constant dans sa politique sur l’avortement, qu’un président qui soit sincèrement pro-vie mais qui ne soit pas suffisamment engagé pour cette cause… George W. Bush était fermement engagé pour la vie également. Il ne faut pas oublier que les alliés de Trump comme ses ennemis adorent les exagérations pour parler de lui… Et encore une fois, l’essentiel est dans ce qu’il fait et non pas dans la sincérité de ses actions. (…) l’avortement n’est pas une nouvelle fracture, c’est une ligne de clivage depuis les années 1980 lors de la première campagne électorale de Ronald Reagan. Le fait que l’avortement demeure une fracture depuis toutes ces années est particulièrement intéressant: le pays a beaucoup évolué, même au sujet de la libération sexuelle. Un rapport de 2003 publié dans The Atlantic par Thomas B. Edsall intitulé «Blue Movie» montre de manière éloquente comment les questions de sexualité, incluant l’avortement, permettent de prédire avec précision le parti pour lequel les personnes interrogées vont voter. Depuis, les États-Unis sont devenus plus libéraux sur ces questions. La pornographie s’est répandue et est devenue largement accessible. Le mariage homosexuel a gagné un soutien majoritaire à une vitesse fulgurante et particulièrement auprès des jeunes. Après l’arrêt Obergefell qui déclare le droit constitutionnel du mariage homosexuel, pour les chrétiens la question des droits des homosexuels n’est plus centrée sur l’homosexualité elle-même mais sur la confrontation entre les droits LGBT et la liberté de conscience des croyants. Tous les vieux combats culturels concernant les questions de sexualité ont été perdus par la droite… à l’exception de l’avortement. Étrangement, l’opinion publique à propos de l’avortement n’a pas véritablement évolué depuis 1973. La plupart des Américains sont favorables à l’avortement, qui est légalisé, mais en y appliquant des restrictions. Alors qu’en 1973 l’arrêt Roe v. Wade prévoit un avortement sans restrictions. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que même si les «millennials» sont bien plus libres sur les questions de sexualité que les générations précédentes, et malgré le fait qu’ils sont la génération la plus laïque de l’histoire des États-Unis, l’opposition à un avortement sans restriction demeure forte parmi eux. Je ne suis pas certain d’avoir la clef d’explication de ce phénomène mais je pense que la technologie est un élément de compréhension. Les avancées des échographies ont permis aux gens de véritablement voir pour la première fois ce qui se passe dans l’utérus et de prendre conscience qu’ils n’y voient pas qu’un morceau de chair mais un être humain en train de se développer. Les miracles de la médecine actuelle qui sauve la vie de bébés nés grands prématurés sont plus parlants pour cette génération que les sermons des prêtres. (…) La probabilité de la réélection de Donald Trump dépend de sa capacité à rallier sa base et à convaincre les conservateurs qui rechignent à voter démocrate, mais qui n’avaient pas voté pour lui en 2016 à cause de doutes profonds sur sa personne. Trump n’a pas été aussi mauvais que ce que je craignais. Pour autant je ne crois pas qu’il a été un bon président. Néanmoins, je vais sûrement voter pour lui en 2020, et ce pour une bonne raison: le parti démocrate est extrêmement hostile envers les conservateurs religieux et sociétaux mais aussi envers nos libertés fondamentales. Leur combat pour la théorie du genre et l’extension maximale des droits de la communauté LGBT sont les principaux piliers du programme démocrate. Les activistes progressistes ont désigné les chrétiens conservateurs comme leur principal ennemi. Sur ces questions et sur la protection de la liberté d’expression, on ne peut pas leur faire confiance. Ils sont devenus les ennemis de la liberté. Il est clair que le nombre d’Américains qui est d’accord avec les traditionalistes sur ces questions diminue. Je crois que dans les mois et les décennies à venir, les juges fédéraux conservateurs que Trump a nommés seront les seuls à offrir une véritable sauvegarde de la liberté religieuse aux États-Unis. Les Républicains au Congrès et à la Maison Blanche n’ont pas vraiment agi en faveur du renforcement de la liberté religieuse contre les revendications des droits LGBT. Ils sont terrifiés à l’idée de passer pour bigots. Malheureusement, beaucoup de chrétiens américains ont eu des faux espoirs avec le Grand Old Party, en pensant qu’il suffisait de voter républicain pour gagner sur ces questions. En réalité, dans tous les domaines, académiques, médicaux, juridiques, dans les entreprises, les droits LGBT et l’idéologie du genre sont triomphants. Voter républicain est le seul moyen de ralentir cette «Blitzkrieg» progressiste et peut être à travers des biais juridiques y mettre fin dans le futur. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est tout ce que nous pouvons faire pour le moment sur le front politique. (…) Il est vrai que Trump a la présidence, les Républicains tiennent la majorité au Congrès et pour ces deux raisons les Républicains nomment un certain nombre de juges fédéraux. C’est un élément important mais ce n’est pas suffisant face au pouvoir culturel immense que les progressistes détiennent de leur côté. Ils contrôlent les plus grands médias d’information et de divertissement, ils contrôlent les écoles et les universités, la médecine et le droit et aussi de manière assez improbable, les grandes entreprises. L’émergence d’un «woke capitalism», un capitalisme progressiste, est un des faits politiques les plus significatifs de la décennie. La majorité des conservateurs n’a pas conscience de leur puissance ni de la manière dont ils se sont clairement positionnés contre le conservatisme social. Ils sont encore attachés à l’ère reaganienne et à illusion que le monde des affaires est conservateur. Quand Ronald Reagan a été élu président en 1980, il a ouvert une nouvelle ère dans la politique américaine, dominée par la droite, plus précisément par les néolibéraux de la droite. Cette ère s’est achevée avec Obama et Trump, mais l’avenir n’est pas écrit. Si on avait dit à un électeur conservateur au moment de l’investiture de Reagan que 30 ans plus tard le christianisme serait déclinant en Amérique, que le mariage homosexuel et l’adoption seraient légaux, que la pornographie violente serait uniformément répandue et accessible à tous y compris aux enfants grâce aux smartphones, que les médecins seraient autorisés à retirer des poitrines féminines à des jeunes filles pour devenir des hommes transgenres, je pense que cet électeur ne croirait pas une seconde qu’un pays qui autorise cela puisse être véritablement conservateur. Et pourtant c’est la réalité de l’Amérique d’aujourd’hui. Si nous sommes un pays conservateur, pourquoi n’avons-nous pas eu un mouvement comme celui de la Manif pour tous, qui pourtant en France, au pays de la laïcité, a conduit des centaines de milliers de personnes dans les rues de Paris pour manifester? J’ai le sentiment que nous sommes plus un pays houllebecquien, même si les conservateurs ne veulent pas l’admettre. Les chrétiens traditionnels, catholiques, protestants, orthodoxes, ont perdu la guerre culturelle. Nous devons nous préparer à une longue période d’occupation et de résistance. C’est ce que j’appelle choisir l’option bénédictine. Même si mon livre s’est bien vendu aux États-Unis, proportionnellement il a eu plus de succès en Europe. En France, en Italie, en Espagne et dans d’autres pays européens mes lecteurs sont des catholiques de moins de 40 ans. Lorsque vous êtes aussi jeune et que vous allez encore à la messe, vous n’avez pas à être convaincu de la vérité du diagnostic que je porte sur le malaise culturel actuel. De même, vous n’avez pas besoin d’être convaincu de l’impuissance de l’église post-soixante-huitarde dans cette crise. En Amérique, les chrétiens n’ont pas encore vu pleinement cette vérité. Cela nous attend dans cette nouvelle décennie. Ce sera un choc douloureux mais nous ne serons pas en mesure de constituer une vraie résistance tant que nous n’accepterons pas cette réalité. Après Trump, le déluge. Rod Dreher
Le voyage de milliers de réfugiés juifs, en 1947, sur le vieux navire « Exodus » en direction de la Palestine. Otto Preminger retrace la naissance de l’État d’Israël dans une fresque majestueuse portée par Paul Newman et Eva Marie Saint. En 1947, des réfugiés juifs européens en partance pour la Palestine mandataire sont refoulés par les autorités britanniques et placés dans des camps d’internement sur l’île de Chypre. Alors que les Nations unies s’apprêtent à se prononcer sur le plan de partage de la Palestine, Ari ben Canaan, un agent de la Haganah, une organisation paramilitaire sioniste, se fait passer pour un officier anglais et embarque des centaines de réfugiés sur un vieux navire rebaptisé Exodus. Lorsque le subterfuge est découvert, Canaan menace de faire sauter le bateau et obtient ainsi du général Sutherland la levée du blocus britannique. L’infirmière américaine Kitty Fremont, qui s’est prise d’affection pour Karen, une jeune passagère à la recherche de son père biologique, fait partie du voyage vers Haïfa. Tandis que Kitty se rapproche d’Ari, sa protégée s’éprend de Dov, un rescapé d’Auschwitz qui, une fois à terre, s’engage dans les rangs de l’Irgoun, une organisation clandestine aux méthodes violentes… Fondée sur le best-seller de Leon Uris, dont Otto Preminger a confié l’adaptation – créditée – à Dalton Trumbo, scénariste inscrit sur la liste noire d’Hollywood, cette fresque de plus de trois heures entrelace destins individuels et grande histoire, amours contrariées et soubresauts politiques avec une fluidité époustouflante, dénuée de tout effet démonstratif. Si elle s’autorise quelques libertés avec les faits et dédaigne le point de vue des Arabes, cette épopée, tournée dans des décors naturels à Chypre et en Israël, dépeint avec finesse le traumatisme des rescapés de l’Holocauste – personnifié par Dov, interprété par Sal Mineo, dans une bouleversante séquence d’interrogatoire. Elle met aussi l’accent sur la confusion des autorités britanniques, les dissensions entre factions sionistes, les germes du conflit israélo-palestinien… Rythmé par la partition exaltée d’Ernest Gold et magnifiquement interprété par Paul Newman et Eva Maria Saint, l’un des chefs-d’œuvre d’Otto Preminger. Arte
Dans la réalité, le navire fut intercepté en 1947 au large de Haïfa par les autorités britanniques, et ses passagers furent tout d’abord transférés à Port-de-Bouc en France, puis redéployés dans des camps de déportés en Allemagne. Ce n’est qu’en 1948, après l’établissement de l’État d’Israël, qu’une première partie des réfugiés de l’Exodus parvint en Palestine. L’attentat de l’hôtel King David eut lieu avant l’affaire de l’Exodus, en juillet 1946, et non en juillet 1947 comme montré dans le film. Il causa notamment la fin du « Mouvement de la révolte hébraïque », réunion de la Haganah, de l’Irgoun, et du Lehi : la Haganah quitta ce mouvement après l’attentat, en protestation contre cette action. De même, l’attaque de la prison d’Acre eut lieu en mai 1947, toujours avant l’affaire de l’Exodus, et fut montée entièrement par l’Irgoun. La tentative de prise de Safed est montrée comme une attaque arabe alors que la ville a été prise par les forces juives en mai 1947 et sa population arabe expulsée. La principale critique de l’historien Larry Portis est que ce film ne présente qu’un côté du conflit, en nous montrant comment quelques rares membres de la Haganah, peu armés mais courageux et unis, parviennent à empêcher l’attaque d’un kibboutz par des Arabes fanatisés et encadrés par d’anciens soldats du Troisième Reich, alors que les Britanniques refusent d’intervenir. Les Arabes ne tueront que deux personnes autour du camp : l’innocente et très blonde Karen, tuée dans la nuit, et le mukhtar du village arabe voisin, Taha, ami d’enfance d’Ari Ben Canaan. Le village arabe est d’ailleurs mystérieusement abandonné, ce qui permet aux jeunes sionistes de se lancer à la défense de Safed dont on entend l’attaque dans le lointain. Wikipedia
Not only were both film and novel tremendous commercial successes, but they were conceived of as the two axes of a single, mutually reinforcing project.* The idea for the book was suggested to Leon Uris by Dore Schary, a top executive at Metro-Goldwyn-Mayer (MGM). The motivation behind the project is described by Kathleen Christison. « The idea for the book » she says, « began with a prominent public-relations consultant who in the early 1950s decided that the United States was too apathetic about Israel’s struggle for survival and recognition. » Uris received a contract from Doubleday and went to Israel and Cyprus where he carried out extensive research. The book was published in September, 1958. It was first re-printed in October the following year. By 1964, it had gone through 30 re-printings. This success was undoubtedly helped by the film’s release in 1960, but not entirely, as Uris’s novel was a book-of-the-month club selection in September, 1959 (which perhaps explains the first re-printing). The film was to be made by MGM. But when the time came, the studio hesitated. The project was perhaps too political for the big producers. At this moment Otto Preminger bought the screen rights from MGM. He then produced and directed the film, featuring an all-star cast including Paul Newman, Eva Marie-Saint, Lee J. Cobb, Sal Mineo, Peter Lawford and other box-office draws of the moment. The film also benefited from a lavish production in “superpanavision 70” after having been filmed on location. The music was composed by Ernest Gold, for which he received an Academy Award for the best music score of 1960. The screenplay was written by Dalton Trumbo. In spite of its length—three and a half hours—the film was a tremendous popular and critical success. It is noteworthy that the release of “Exodus” the film in 1960 indicates that its production began upon Exodus the book’s publication. It is reasonable, therefore, to suppose a degree of coordination, in keeping with the origins of the project. In short, it was a major operation which brilliantly succeeded. It has been estimated that in excess of 20 million people have read the novel, and that hundreds of millions have seen the film. Not only was this success a financial bonanza, but its political impact has been equally considerable. There can be little doubt that “Exodus” the film has been one of the most important influences on US perceptions and understanding of the hostilities between the Israeli state and the Palestinian people. It is thusly illuminating to return to the message communicated by this film, in attempting to gage its role in ideological formation. “Exodus” is the story of the Exodus 1947, a ship purchased in the United States and used to transport 4,500 Jewish refugees to Palestine. In reality, the novel and film take great liberties with the original story. Intercepted by the British authorities in the port of Haïfa, the real-life refugees were taken to the French port of Sête, where they were held, becoming the object of intense Zionist agitation and propaganda. Eventually they were transported to Germany and held temporarily in transit camps. Although this incident was used by Uris as the point of departure for his novel, the book is a work of fiction. Not only were the characters invented, but the events did not correspond to reality except in the most general way. In Uris’s narrative, an intercepted ship (not named “Exodus”) is intercepted on the high sea and taken to Cyprus where the passengers are put in camps. Representatives of the Haganah, the secret Jewish army in Palestine, arrive secretly in Cyprus in order to care for, educate and mobilize the refugees. The agent-in-chief is Ari Ben Canaan, played by Paul Newman. Ben Canaan is the son of Barak Ben Canaan, prominent leader of the Yishuv, the Jewish, Zionist community in Palestine. Tricking the British with great intelligence and audacity, Ari Ben Canaan arranges for the arrival of a ship purchased in the United States, on which he places 600 Jewish refugee children—orphans from the Nazi extermination camps and elsewhere. Once the children are on the ship, Ben Canaan names the ship the “Exodus”, and runs up the Zionist flag. He then informs the British authorities that, if the ship is not allowed to depart for Palestine, it will be blown up with all aboard. Before having organized this potential suicide bombing (of himself, the Haganah agents and the 600 children), Ben Canaan has met Kitty Fremont, an American nurse who has become fond of the children and, it must be said, of Ari Ben Canaan. This love interest is carefully intertwined with the major theme: the inexorable need and will of the Jewish people to occupy the soil of Palestine. As it might be expected, the British give in. After some discussion between a clearly anti-semitic officer and those more troubled by the plight of the refugees, the ship is allowed to depart for Palestine. It arrives just before the vote of the United Nations Organization recommending the partition of Palestine between the Jewish and non-Jewish populations. As the partition is refused by the Palestinians and the neighbouring Arab states, war breaks out and the characters all join the ultimately successful effort against what are described as over-whelming odds. Even Kitty and Major Sutherland, the British officer who tipped the balance in favour of releasing the “Exodus,” join the fight. Sutherland’s participation, representing the defection of a British imperialist to the zionist cause, if particularly symbolic. Why did Sutherland jeopardize his position and reputation, and then resign from the army? His humanitarian was forged by the fact that he had seen the Nazi extermination camps when Germany was liberated and, more troubling, his mother was Jewish, although converted to the Church of England. Sutherland has a belated identity crisis which led him, too, to establish himself in the naitive Israel. The other major characters is the film similarly represent the “return” of Jewish people to their “promised land.” For example, Karen, the young girl who Kitty would like to adopt and take to the United States, is a German Jew who was saved by placement in a Danish family during the war. Karen will elect to stay with her people, in spite of her affection for Kitty. Karen is also attached to Dov Landau, a fellow refugee, 17 year-old survivor of the Warsaw ghetto and death camps. Once in Palestine, Dov joins a Zionist terrorist organization (based on the Irgun) and, in the book and film (but not, of course, in reality), places a bomb in the wing of King David Hotel housing the British Command, causing considerable loss of life. The role of human agency, leadership and the nature of decision-making, are a dimension of “Exodus” that is particularly revealing of the propagandistic intent of the film. Most noteworthy is the fact that all the major characters are presented as exceptional people, and all are Jewish, with the exception of Kitty. However, it is not as individuals that the protagonists of the film are important, but rather as representatives of the Jewish people. In this respect, in its effort to portray Jewishness as a special human condition distinguishing Jews and Jewish culture from others, that “Exodus” is most didactic. Ari Ben Canaan is clearly a superior being, but he merely represents the Jewish people. They are, collectively, just as strong, resourceful and determined as Ari. This positive image is highlighted by the portrayal of other ethnic groupings present in the film. The British, for example, are seen, at best, as divided and, at their worst, as degenerate products of national decay and imperialistic racism. The most striking contrast to the collective solidarity, intellectual brilliance, and awesome courage of the Jews is, with the “Arabs.” In spite of their greater numbers, the culture and character of the Arabs show them to be clearly inferior. Ari, who is a “sabra”—a Jewish person born in Palestine—and, as a consequence, understands the Arab character, knows that they are no match for determined Jews. “You turn 400 Arabs loose,” he says, and “they will run in 400 different directions.” This assessment of the motional and intellectual self-possession of the Arabs was made prior to the spectacular jail break at Acre prison. The very indiscipline of the Arabs would cover the escape of the determined Zionists. The Arab leaders are equally incapable of effective action, as they are essentially self-interested and uncaring about their own people. In the end, it is this lack of tolerance and human sympathy in the non Jews that most distinguishes Jews and Arabs. In Exodus the novel, Arabs are constantly, explicitly, and exclusively, described as lazy and shiftless, dirty and deceitful. They have become dependant upon the Jews, and hate them for it. In “Exodus” the film, however, this characterization is not nearly as insisted upon, at least not in the dialogue. Still, way they are portrayed on the screen inspires fear and distrust. (…) What is absent from Preminger’s film—the moral misery, the existential despair, the doubts and confusion of the survivors of the Judeocide—is focused upon in Gitaï’s film. Conversely, what is absent from Gitaï’s film—the expression of Zionist ideals, aspirations and dogma, the glorifications of one ethnic group at the expense of others—is the very point of Preminger’s. This thematic inversion is particularly evident in reference to two aspect of the films: firstly, in the use of names and, secondly, in the dramatic monologues or soliloquies which end both films. In “Exodus”, the use of names for symbolic purposes is immediately evident. “Exodus” refers to the biblical return of the Jews from slavery to the Holy Land—their god-given territory, a sacred site. This sacred site is necessary to Jewish religious observance and identity. Only here, it is explained in “Exodus,” can Jews be safe. Only here, it is asserted, can they throw-off invidious self-perceptions, imposed by antisemitism and assimilation pressures, and become the strong, self-reliant and confident people they really are. This vision of Jewish identity propagated by Zionism is implicitly challenged in Kedma. Again, the title of the film is symbolically significant. “Kedma” means the “East” or “Orient”, or “going towards the East.” The people on the Kedma—Jewish refugees from Europe, speaking European languages and Yiddish—were arriving in another cultural world an alien one, in the East. The result would be more existential disorientation and another ethnically conflictual environment. The difference in perspective manifest in the two films is found also in the names given to the protagonists. In Kedma, an example is given of the abrupt Hebrewization of names as the passengers arrived in the new land, thus highlighting the cultural transformation central to the Zionist project. In “Exodus,” there is much explicit discussion of this aspect of Zionism, and some of the names given to central characters reveal the heavy-handedness of its message. It is, of course, a well-established convention to give evocative names to the protagonists of a literary or cinematographic work. Where would be, for example, Jack London’s The Iron Hell, without his hero, Ernest Everhard? The answer is that the novel might be more impressive without such readily apparent propagandistic trappings. And the same is true for Exodus. Leon Uris’s chief protagonist is Ari Ben Canaan, Hebrew for “Lion, son of Canaan.” This role model for Jewish people everywhere is thusly the direct heir of the ancient Canaanites, precursors of the Jewish community in the land of Palestine. This historical legacy and patrimony established, Paul Newman had only to play the strong fighter—ferocious, hard and wily—with his blond mane cut short, in the military style. The object of Ari’s affections, however ambivalent they may be, is Kitty Fremont, played by Eva Marie Saint. Not only does the pairing of the earnest and ever-hard Ari, the “Lion,” and the compliant but faithful “Kitty” imply a classic gender relationship, but the coupling of this prickly Sabra and the cuddly American symbolizes the special relationship between the United States and native state of Israel that has come to be called the “fifty-first state” of the union. The other major character, played by the baby-faced Sal Mineo, is “Dov Landau,” the 17-year-old survivor of the Warsaw ghetto and Auschwitz. This name evokes the dove of peace and the infancy indirectly evoked by the term “landau” (baby carriage?). The irony is that the angelic Dov, alights on Palestinian soil with the fury of a maddened bird of prey. He is the consummate terrorist—angry and bloodthirsty. Dov’s conversion to Zionism as a collective project, as opposed to a vehicle for his personal vengeance, comes at the end of the story when peace has been (temporarily) achieved through unrelenting combat. Dov then leaves Israel for MIT (Massachusetts Institute of Technology) where he will perfect the engineering skills learned building bombs in Warsaw and in Palestine. Peace means refining the technical capacity for the new nation’s defence. In the meantime, Dov’s fiancee, the soft and sweet Karen, has been cruelly murdered by the Arabs. « Exodus » and « Kedma » differ most notably in the latter’s avoidance of the kind of crude propaganda that Leon Uris and Otto Preminger so heavily developed. Rather than forcing his viewers to accept a vision of the birth of Israel founded upon characters, distortions and omissions from historical reality, Amos Gitaï chose to simply place characters that we see briefly in a specific situation which is the real focus of the film. Whereas Preminger symbolized the destiny of a people in the story of strong characters, Gitaï illustrated the tragedy of an historical conjuncture in which the historical actors were largely incidental. We see this aspect of Gitaï’s thematic inversion of Preminger’s film in the soliloquies delivered in both films. At the very end of “Exodus,” Ari Ben Canaan delivers a speech at Karen’s graveside, in which he justifies the Zionist project as the just and prophetic return of a people forced to err in a hostile world for 2000 years. The resistance encountered to this project, he explains, is only the result of evil, self-interested individuals (such as the Grand Mufti of Jerusalem) who are afraid of losing their privileges once the Arabs learn that Jewish settlement is in their interest. Ari concludes: “I swear that the day will come when Arab and Jew will live in Peace together.” The film then ends with a military convey receding into the distance, towards a new battle in the just cause. In Kedma, there are two soliloquies, delivered not by strong and self-composed leaders, but by distraught, frightened people, caught in a web woven by the apprentice sorcerers in the background—the real architects of the situations in which destinies are sealed and lives are broken. The first speech is made by a middle-aged Polish Jew. Appalled by the new cycle of suffering he witnessed upon arrival in Palestine, he shouts that suffering, guilt and martyrdom have become essential to the Jewish character. Without it, he cries, the Jewish people “cannot exist.” This is their tragedy. The second expression of despair is made by an aged Palestinian peasant, pushed off his land, fleeing the combat. Disregarding the danger, he says: “we will stay here in spite of you. Like a wall, and we will fill the streets with demonstrations, generation after generation.” How to reconcile the Holocaust (the fascist judeocide) and the Nakba (the Palestinian « disaster » of the Zionist ethnic cleansing)? Gitaï’s « Kedma » places the contemporary dilemma within its historical and existential context. Preminger’s “Exodus” did everything not to provide movie-goers with the elements necessary to informed understanding. This is the difference between, on the one hand, demagogy and propaganda and, on the other hand, a call to reason and justice. Representations of leadership in « Exodus » were carefully contrived to create support, in the United States and elsewhere for the State of Israel. It is for this reason that the machinations and tractations of the world leaders who created the situation are conspicuously absent from the story. In « Kedma, » on the contrary, the absence of leaders and any characterization of leadership is designed to have an entirely different effect: namely the evocation of the hatred and human suffering caused when people are instrumental in the service of political and ideological projects. Larry Portis
‘En parler jamais, y penser toujours !’… A l’inverse du «communautarisme», politiquement impensé en France, mais quotidiennement évoqué («communautés» gay, juive, musulmane, arménienne, etc.), la pensée commune française est infectée par la pensée communautaire. Considérée comme étant d’origine anglo-saxonne, cette pensée a pourtant façonné (et miné) la société coloniale en Afrique du Nord. Ce n’était pas «classe contre classe» dans l’égalité citoyenne comme en métropole, mais religion contre religion, dans l’inégalité statutaire et juridique (« citoyens français», «Européens», «israélites», «sujets français musulmans», «indigènes»)… Des millions de Français et d’étrangers habitant aujourd’hui en France ont vécu dans cette pratique politique quotidienne, inconsciemment transmise à leurs enfants. Que l’héritage du communautarisme colonial provienne du refoulé politique français, qu’il ait été fécondé par la pensée politique musulmane (statut des dhimmis ou «protégés»), ou par le communautarisme institutionnel ottoman, a aujourd’hui peu d’importance. Ce qui importe en revanche, c’est qu’au Maghreb, depuis 1945, le communautarisme a conduit à son terme naturel, une épuration ethnique soft, c’est-à-dire au départ concomitant (Algérie) ou successif (Tunisie, Maroc) des «communautés» française, européenne et israélite. Les deux premières ont quitté le Maghreb dans le cadre de la légitime lutte d’indépendance ; la dernière a été délégitimée par son identité extra-musulmane. Les guerres du Proche-Orient ne sont pas étrangères au phénomène (au moins au Maroc et en Tunisie) : elles ont produit une insécurité de basse intensité qui, en trente ans, a vidé le Maghreb de ses communautés juives bimillénaires. Le résultat est connu. Alors que l’Afrique du Sud a préservé son miracle multiethnique, et est aujourd’hui le géant économique de l’Afrique, le Maghreb s’est économiquement réduit comme peau de chagrin. Son PIB n’excède pas celui des Bouches-du-Rhône (90 milliards d’euros), département nourri et irrigué par l’apport des migrants de toute la Méditerranée (« israélites», pieds-noirs, musulmans nord-africains, arméniens…). La violence antisémite qui frappe aujourd’hui en France est moralement et politiquement insupportable. Elle est d’autant plus dramatique que les jeunes beurs qui la mettent en oeuvre rejouent (inconsciemment ?) des scènes qui ont vidé l’Afrique du Nord de ses communautés… Le gouvernement israélien prend acte de cet état de fait, mais Israël n’a-t-il pas justement été créé pour cela ? La perspective d’un départ programmé des juifs de France, ne serait-ce que d’une importante minorité d’entre eux, serait l’échec le plus retentissant de la République française depuis Vichy. Mais cette violence est aussi économiquement et intellectuellement catastrophique. Faut-il rappeler que la nation américaine, la plus riche du monde, est aussi la plus brassée ? Le Proche-Orient, entré il y a plus d’un demi-siècle dans un processus de purification ethnico-religieuse, s’abîme dans les crises et la récession économique, au fur et à mesure que le quittent ses minorités : Européens, juifs d’Europe, Arméniens, juifs arabes, et maintenant chrétiens d’Orient. Intellectuellement, il est plus insupportable encore, qu’en dehors des plus hautes autorités de l’Etat français, il revienne aux intellectuels juifs de France de lancer des signaux d’alarme. Le principe de la démocratie confie à des médiateurs ou représentants (du peuple) la défense de tous les citoyens. Confier la défense d’une «communauté» agressée à ses propres médiateurs est une régression. Il est vrai que traditionnellement, les israélites d’Europe ont été interdits d’activités productives et cantonnés aux services et activités d’échange. L’émancipation des juifs de France au XIXe siècle, puis les traumatismes du XXe siècle, alliés aux fantastiques progrès de l’école, ont accompagné la «montée en gamme» de cette population. Les intellectuels d’origine juive (ou de judaïsme revendiqué) animent aujourd’hui largement le débat public national (au grand dam de Tariq Ramadan), et il va sans dire que leur départ vers les Etats-Unis ou Israël serait une perte incalculable. La France généreuse accueille 80 % de migrants avec un niveau d’études infrasecondaire (quand plus de 80 % des migrants aux Etats-Unis sont diplômés du supérieur), peut-elle de surcroît se permettre de se vider d’une partie croissante de ses forces vives intellectuelles ? Pierre Vermeren
Il y a un syndrome de Jérusalem des dirigeants français. Le syndrome en question, bien connu des psychiatres, projette le visiteur dans un univers mystico-fantasmatique où il se sent illico investi d’une mission sacrée. Certes, ni Jacques Chirac en 1996, ni Emmanuel Macron, aujourd’hui, ne se sont pris pour le Messie. Pourtant, leur passage, dans des contextes bien différents, se sera déroulé avec les mêmes réflexes, suscitant la même vague d’émotion. Au terme d’une longue balade, le 22 janvier, dans la vieille ville, après force accolades et mots profonds – « en ce petit lieu, tant de jaillissements… »- le président, euphorique, s’est rendu à l’Eglise Sainte-Anne. Edifiée par les Croisés, puis transformée en mosquée par Saladin, elle fut offerte à la France en 1856 par les Ottomans de la Sublime Porte, alors maitres de la Palestine, pour services rendus contre l’Empire russe pendant la guerre de Crimée. Et là, divine surprise pour les témoins palestiniens qui n’apprécient guère de voir reconnue par près de 40 chefs d’Etat la centralité d’Israël dans la mémoire du génocide ! Emmanuel Macron, endossant sans le savoir tout en le sachant les habits du Jacques Chirac de 1996, s’est engueulé – ce mot trivial est cependant le seul qui convienne – avec les gardes de la sécurité israélienne. Ces derniers étaient sur les dents depuis des jours. Il y avait de quoi. Recevoir les grands de ce monde dans une capitale sous haute tension n’est pas une mince affaire. La veille, le quotidien palestinien Al Hayat al Jedida, organe officiel de l’Autorité palestinienne, avait publié sans complexe l’édito d’un certain Yahya Rabah qui écrivait mot pour mot, à propos de ce Forum sur le génocide : « Un coup de feu perturbera la cérémonie et un cadavre annulera l’événement ». Le Shin Bet, le renseignement intérieur, prend tout au sérieux et, quoiqu’on puisse en dire sur les réseaux sociaux marqués du sceau de la haine d’Israël, sans la vigilance du Shin Bet, les citoyens de l’Etat hébreu et ses visiteurs auraient du souci à se faire. L’Eglise Sainte-Anne est bel et bien domaine français mais en matière d’anti-terrorisme, les Israéliens sont au parfum. Les agents pénètrent donc dans les lieux, ce qui est à la fois illégitime et compréhensible. Voire « souhaitable » nous confie une source française anonyme, consciente des dangers de la ville sainte et habituée au professionnalisme des collègues israéliens. C’est alors qu’Emmanuel Macron voit rouge. Jérusalem baignait, cette après-midi là, dans une lumière de Golgotha. Les cieux déversaient les eaux du déluge sur la terre promise. Le protocole français, fine mouche, avait prévu 200 parapluies. Il y eut une éclaircie. Macron vit se profiler dans les nuées la silhouette de Chirac et entendit à travers l’orage l’impayable apostrophe, en english dans le texte, de son prédécesseur en 1996. Les hommes du Shin Bet, à l’époque, redoutaient comme aujourd’hui l’incident mortel et s’interposaient entre le « Rais » gaulois et la foule palestinienne. Ce fut alors que tonna l’immortel : « You want me to back to my plane ?????? ». Saisi par l’éternel syndrome de Jérusalem, Macron à son tour gronda : « I don’t like what you did in front of me », « Je n’aime pas ce que vous avez fait devant moi ! » et ordonna qu’on vire illico de Sainte-Anne, territoire français, les agents de l’Etat hébreu, ces étrangers, ces provocateurs. L’affaire fit la Une de la presse israélienne, palestinienne et, forcément, française. Comme de bien entendu, on loua d’un côté la merveilleuse colère du frenchie face à ces gros bras israéliens tandis qu’on s’étonna, de l’autre, d’une telle similitude avec l’affaire Chirac. En réalité, nous sommes en mesure de prouver que le président a été saisi de ce fameux syndrome qui fait les saints, les martyrs et les bonnes consciences. C’était en effet diablement compliqué, en même temps que l’on honorait Israël en acceptant pour la première fois d’y commémorer le génocide (l’historienne Annette Wievorka a écrit là-dessus une fort belle tribune dans les colonnes du Monde), très compliqué d’assurer les Palestiniens de l’historique empathie tricolore à leur égard. Le Macron version Forum de la Shoah pourfend l’antisémitisme, ce qui, du reste, ne rassure pas un instant les Français juifs, en dehors des représentants peu représentatifs des institutions communautaires, mais le Macron version Eglise Sainte-Anne entonne le grand air de la résistance à l’occupation. Bien joué. Enfin, dernier aspect du syndrome de Jérusalem des dirigeants français : le retour du refoulé de la fille ainée de l’Eglise. Il n’a jamais été admis et ne sera sans doute jamais admis au tréfonds des consciences que les juifs aient pu défier le temps, l’oubli et la mort, pour retrouver la Jérusalem biblique et en arpenter les rues en êtres libres et souverains. Que musulmans et chrétiens palestiniens y vivent avec eux dans la même dignité constitue l’espérance naturelle des hommes de paix. Cette espérance, un jour, finira par être comblée. Mais la paix, justement, ne pourra se négocier et s’accomplir qu’en abandonnant les préjugés tenaces, la vision des Israéliens comme venus d’ailleurs et non comme fils fidèles de cette ville. En oubliant ce très politique et très démago syndrome de Jérusalem. Martine Gozlan
Mon identité relationnelle séduisait une foule de gauche qui me considérait comme un rabbin en phase avec les temps modernes, quelqu’un qui rendait la religion accessible et pertinente. Ma défense d’Israël plaisait à un public opposé de conservateurs qui considéraient Israël comme injustement diffamé par la gauche. Les chrétiens évangéliques affluaient vers le message d’Israël en tant que phare de la liberté et bastion des droits de l’homme. Cependant, plus je défendais Israël, en particulier par le biais d’annonces dans les médias, plus mes amis et admirateurs libéraux commençaient à me déserter. Comment mon message universel d’une famille humaine pouvait-il s’intégrer à ma défense passionnée d’un État-nation juif? Comment ma croyance en l’égalité de toute l’humanité pouvait-elle coexister avec ce qu’ils considéraient comme le déplacement des Palestiniens par Israël? L’accord nucléaire du président Barack Obama avec l’Iran de l’époque a mis ce conflit en exergue. Les libéraux se sont réjouis de son élection et de sa politique. Ceux qui l’aimaient et le soutenaient étaient les mêmes personnes qui étaient d’accord avec mes réflexions sur le judaïsme, soutenaient mes campagnes anti-génocide dans des endroits tels que le Rwanda et approuvaient ma poursuite de l’éducation sur l’Holocauste. Alors, comment pouvais-je m’opposer si fermement à Obama sur l’Iran? N’avais-je pas compris que ce leader éclairé faisait la paix? Le dédain que les gens ressentaient pour mon opposition féroce à la politique iranienne d’Obama était pour eux une déception non pas de mes vues politiques, mais de ma foi. Le judaïsme n’est-il pas une religion de paix? Comment pouvions-nous haïr les mollahs iraniens? J’ai soudain ressenti le choc de deux identités. Mon identité juive et rabbinique me disait de suivre Ésaïe, de battre des épées en socs de charrue, remplissant le monde d’amour et d’harmonie. Mais en regardant la menace existentielle qui pèse sur Israël, je ne sentais plus que les paroles d’Isaïe étaient immédiatement pertinentes; les paroles du roi David dans les Psaumes semblaient plus appropriées: «Ceux qui aiment Dieu détestent le mal. Alors que nous publiions plus d’annonces – y compris avec Elie Wiesel – contre l’accord avec l’Iran, soulignant l’abomination de donner au premier parrain du terrorisme au monde 150 milliards de dollars d’actifs non gelés – en grande partie en espèces – je me sentais perdre ma base libérale autrefois fidèle. « Peut-être que Shmuley nous avait trompés et était un fondamentaliste extrémiste depuis le début. »  (…) Le judaïsme a permis au peuple juif d’être la première et seule nation à survivre par la croyance plutôt que par les frontières, avec des rabbins plutôt que des combattants, et la Bible et les prophètes plutôt qu’une économie et des marchés. Mais Theodor Herzl est arrivé et a gâché la fête. Quel genre d’existence était-ce, a-t-il demandé, alors qu’il examinait l’humiliation sans fin des Juifs européens – même ceux qui, comme Alfred Dreyfus, avaient pensé qu’ils pourraient s’assimiler et être accepté des non juifs ? C’est une vie misérable, pensait Herzl. Nous n’avons aucune dignité. Nous avons besoin d’un État-nation. Un foyer juif. Un endroit où les Juifs peuvent vivre avec la prospérité et la sécurité fournies par leur propre armée. Les rabbins ont crié à la faute. Est-ce à dire qu’Israël remplacerait le judaïsme? En effet, nombre des premiers sionistes étaient farouchement laïcs. Ce n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Ils pensaient que le judaïsme avec sa dépendance ultime en Dieu plutôt que les efforts de l’individu freinait le peuple juif. Herzl prédisait un État juif avant 50 ans. Il s’était trompé de cinq ans. Cependant, ces cinq années critiques sont arrivées avec un événement: l’Holocauste. Si Israël avait respecté sa prédiction, 6 millions de vies juives auraient pu être épargnées. La politique nazie était l’émigration juive avant son anéantissement. C’est juste qu’aucun pays – y compris les États-Unis – ne voulait les accepter. Ils ont donc été tués à raison de 10 000 par jour. En fait, ce qu’Herzl avait fait, c’est de révéler la profonde erreur de Zakkai. Oui, le judaïsme a permis au peuple juif de survivre – jusqu’à ce qu’il soit gazé et transformé en cendres dans les crématoires d’Auschwitz, Majdanek, Bergen-Belsen et Dachau. Après l’Holocauste, tout argument selon lequel les Juifs peuvent survivre en tant que religion sans État est profondément ridicule, c’est pourquoi le Neturei Karta, en plus d’être un embarras pour le judaïsme alors qu’il traîne avec des tueurs tels que l’ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad, est également profondément ignorant. Le monde n’est pas habitué à voir les Juifs se défendre et préférerait que nous soyons le peuple du livre plutôt que le peuple des Uzi. Je suis rabbin. Je veux que le peuple juif soit une lumière pour les nations. Je crois que le judaïsme a des enseignements rédempteurs à partager avec le monde sur la famille, la sexualité, le mariage, la dignité humaine, la mise en perspective de l’accumulation de richesses, l’égalité des femmes, le respect de tous les enfants de Dieu, la haine du mal et la lutte contre les violations des droits de l’homme. (…) Mais alors que le monde se tournait vers Israël, j’ai ressenti l’appel de mon peuple. Comment pourrais-je ne pas défendre l’État juif, où deux de mes enfants ont servi dans l’armée et où mon peuple réalisait l’ancien rêve de retourner en Israël et à Sion? Je me suis lancé dans les guerres d’Israël via des débats publics sur le campus, des débats publics sur CNN, Fox et MSNBC et des campagnes publicitaires mondiales qui ont défendu l’État juif. Cette décision a entraîné la perte d’une grande partie de mon public de gauche. Comment une personne éclairée comme moi pouvait  parler des droits de l’homme et du sauvetage des relations personnelles et ne pas me soucier des Palestiniens, mes critiques, qui étaient aussi les critiques d’Israël. Comment pouvais-je justifier l’agression d’Israël? Ma réponse selon laquelle Israël est le grand espoir arabe est tombée sur une sourde oreille. Je crois que l’épanouissement d’une démocratie au Moyen-Orient avec tous les droits pour tous ses citoyens arabes et musulmans ferait mentir les dictateurs arabes qui prétendent que des choses comme la liberté de la presse sont impossibles au Moyen-Orient. Il y avait un parti pris contre Israël qui semblait difficile à surmonter. (…) Alors que le monde se retournait contre Israël et que l’antisémitisme se développait à travers le monde, être un combattant pour Israël signifiait souvent perdre l’opportunité d’être une lumière pour les nations. Le monde dans son ensemble n’allait pas écouter quelqu’un l’accuser d’antisémitisme. Le monde n’allait pas voir quelqu’un qui défendait Israël – qu’il diffamait comme un occupant de l’apartheid – comme une lumière morale et spirituelle. Comme mon fils Mendy me l’a dit, c’est presque comme si les nations du monde étaient si brutales envers nous qu’elles ont complètement réorienté notre mission nationale de la propagation de la parole de Dieu à la survie de base. Et après qu’ils nous aient forcés à survivre, ils nous ont reproché de riposter et ont dit que ceux qui se battent n’ont pas le droit de prêcher un message spirituel d’unité universelle et de guérison cosmique. L’élection du président Donald Trump a amplifié ce fossé. Ces Juifs reconnaissants à Trump d’avoir déplacé l’ambassade américaine en Israël à Jérusalem; le retrait de l’accord nucléaire iranien catastrophique; l’arrêt de la diffamation d’Israël aux Nations Unies; l’arrêt du financement de l’Autorité palestinienne tant qu’elle utilise cet argent  pour récompenser l’assassinat de Juifs; et la reconnaissance des hauteurs du Golan, sont traités comme indignes d’un rabbin.  (…) Nous ne devons pas renoncer à expliquer que la spiritualité juive et sa réussite à soutenir le peuple juif sont intimement liées à Israël. Oui, le monde n’est pas habitué à voir les Juifs se défendre et préférerait que nous soyons le peuple du livre plutôt que le peuple des uzis. Un cynique pourrait dire que le monde ne déteste pas tant les Juifs que les Juifs qui détiennent le pouvoir et se défendent pour eux-mêmes. Prenez Hollywood, par exemple. Presque tous les mois, l’industrie sort un excellent film sur la tragédie de l’Holocauste – mais elle n’a produit aucun film positif sur Israël depuis que Paul Newman a joué dans «Exodus». Des juifs avec des étoiles jaunes de David sur eux mourant et étant gazés touchent les scénaristes, réalisateurs et producteurs hollywoodiens. Les Juifs qui se battent dans les chars Merkava sur les hauteurs du Golan, ou les commandos israéliens qui prennent d’assaut les avant-postes terroristes à Gaza pour s’assurer qu’ils ne seront plus jamais abattus, est considéré non pas aussi héroïque mais oppressant pour les voisins d’Israël. D’un autre côté, avoir des guerriers israéliens a considérablement amélioré le judaïsme. Avoir une maison pour laquelle nous sommes prêts à nous battre et à nous défendre dans les relations publiques mondiales a donné au peuple juif une dignité que nous ne possédions pas auparavant lorsque nous étions une nation pitoyable. Les évangéliques chrétiens affluent désormais non seulement pour soutenir l’État juif, mais aussi pour en apprendre davantage sur la judéité de Jésus. (…) Sans Israël, le peuple juif – et la religion juive par extension – n’aurait pas l’impact qu’il a sur les chrétiens évangéliques. De même, sans Israël, il n’y aurait pas une véritable renaissance du judaïsme – non seulement avec les centaines de yeshivots et de séminaires qui ont ouvert, mais avec les communautés juives du monde entier qui ont renforcé leurs liens avec leur foi en raison de l’inspiration d’Israël. Pour le moment, nous ne gagnerons pas nécessairement les mondialistes alors que nous nous battons pour Israël. Ils nous puniront pour notre défense de nous-mêmes. Mais je crois qu’avec le temps, cela va changer. Il y aura un retour de bâton contre le libéralisme faux et frauduleux d’aujourd’hui qui diabolisait Israël alors qu’il fêtait l’Iran, la Turquie et la Chine. Quant au prix que nous paierons jusque-là, je pense qu’il en vaut vraiment la peine. Israël en vaut la peine. La patrie juive en vaut la peine. L’État juif en vaut la peine. Non seulement parce que sans Israel, il n’y aurait pas de sanctuaire pour les Juifs à l’ère de la persécution mondiale, mais parce que, comme le dit le Talmud, ‘Celui qui est sans foyer n’est pas une personne.’ Même pour les Juifs qui vivent dans la diaspora, c’est Israël qui donne à notre identité juive sa dignité. C’est Israël qui donne un sens à notre observance juive. Et c’est Israël qui donne à chaque homme, femme et enfant juif la plus grande fierté. Quel sens auraient nos prières quotidiennes sans la supplication de la présence divine retournant à Jérusalem? Comment pouvons-nous chercher à être connectés aux enseignements d’Abraham sans comprendre qu’ils proviennent d’un lieu et d’un temps particuliers en Israël? Détacher le judaïsme d’Israël, c’est faire de notre religion un cadavre sans vie dépourvu d’âme. Tant que le monde ne verra pas la vertu d’Israël – un événement rendu beaucoup plus difficile par l’antisémitisme mondialement ancré – mon avis est que nous ne pouvons pas abandonner la bataille pour joindre les deux. Nous ne devons pas renoncer à expliquer que la spiritualité juive et sa réussite à soutenir le peuple juif sont intimement liées à Israël. Rabbin Shmuley Boteach
My relationships identity appealed to a liberal crowd that saw me as a rabbi in tune with modern times, someone who made religion accessible and relevant. My defense of Israel appealed to an opposite audience of conservatives that saw Israel as being unfairly maligned by the left. Evangelical Christians flocked to the message of Israel as a beacon of freedom and bastion of human rights. However, the more I stood up for Israel, especially through ads in the media, the more my liberal friends and admirers began to desert me. How did my universal message of one human family mesh with my passionate defense of a Jewish nation state? How did my belief in the equality of all humankind coexist with what they saw was Israel’s displacement of the Palestinians? Then-President Barack Obama’s nuclear deal with Iran brought this conflict into stark relief. Liberals delighted in his election and his policies. Those who loved him and supported him were the same people who agreed with my thoughts on Judaism, supported my anti-genocide campaigns in places such as Rwanda, and agreed with my furtherance of Holocaust education. So how could I so strongly oppose Obama on Iran? Did I not understand this enlightened leader was making peace? The disdain people felt for my ferocious opposition to Obama’s Iran policy was a disappointment not in my politics, but my faith. Is Judaism not a religion of peace? How could we hate the Iranian mullahs? I suddenly felt the clash of two identities. My Jewish, rabbinical identity told me to follow Isaiah, beating swords into plowshares, filling the world with love and harmony. But in looking at the existential threat facing Israel, I did not feel the words of Isaiah were immediately relevant; the words of King David in Psalms seemed more appropriate: “Those who love God hate evil.” As we took out more ads — including with Elie Wiesel — against the Iran deal, pointing out the abomination of giving the world’s foremost sponsor of terror $150 billion in unfrozen assets — much of it in cash — I felt myself losing my once-stalwart liberal base. “Perhaps Shmuley had bamboozled us and was an extremist fundamentalist all along.” (…) Judaism ensured the Jewish people would be the first and only nation to survive by belief rather than borders, with rabbis rather than fighters, and the Bible and Prophets rather than an economy and markets. But along came Theodor Herzl and spoiled the party. What kind of existence is this, he asked, as he surveyed the never-ending humiliation of European Jewry — even those who, like Alfred Dreyfus, had thought they might assimilate into non-Jewish acceptance? This is a wretched life, Herzl thought. We have no dignity. We need a nation state. A Jewish home. A place where Jews can live with prosperity and security provided by their own army. The rabbis cried foul. Does this mean Israel would replace Judaism? Indeed, many early Zionists were fiercely secular. It’s not hard to understand why. They felt Judaism with its ultimate reliance on God rather than the efforts of the individual was holding back the Jewish people. Herzl predicted a Jewish state within 50 years. He was off by about five. However, those critical five came with an event: the Holocaust. If Israel had met his prediction, 6 million Jewish lives might have been spared. The Nazi policy was Jewish emigration before it was annihilation. It’s just that no country — including the United States — would take them in. So they were killed at a rate of about 10,000 per day. In effect, what Herzl did was expose Zakkai’s decision as profoundly incorrect. Yes, Judaism allowed the Jewish people to survive — until they were gassed and turned into ash in the crematoria of Auschwitz, Majdanek, Bergen-Belsen and Dachau. After the Holocaust, any argument that Jews can survive as a religion without a state is profoundly ridiculous, which is why the Neturei Karta, aside from being an embarrassment to Judaism as they hang out with killers such as former Iranian President Mahmoud Ahmadinejad, also are profoundly ignorant. The world is not accustomed to seeing Jews stand up for themselves and would prefer us being the people of the book rather than the people of the Uzi. I am a rabbi. I want the Jewish people to be a light unto the nations. I believe Judaism has redemptive teachings to share with the world on family, sexuality, marriage, human dignity, putting the accumulation of wealth in perspective, equality of women, respect for all of God’s children, hatred of evil and fighting human rights abuses. (…) But as the world turned on Israel, I felt the call of my people. How could I not stand up for the Jewish state, where two of my children served in the army and where my people were fulfilling the ancient dream of returning to Israel and Zion? I threw myself into the Israel wars via public debates on campus, public debates on CNN, Fox and MSNBC and global advertising campaigns that defended the Jewish state. With that decision came the loss of much of my liberal audience. How could I, an enlightened person who spoke about human rights and rescuing relationships, not care about the Palestinians, my critics, who were also Israel’s critics. How could I justify Israel’s aggression? My response that Israel is the great Arab hope was met with deaf ears. I believe the flourishing of a democracy in the Middle East with full rights for all its Arab and Muslim citizens would give lie to Arab dictators who claim that things such as press freedom are impossible in the Middle East. There was a bias against Israel that seemed hard to surmount. (…) As the world turned against Israel and as anti-Semitism sprang up around the world, being a fighter for Israel often meant forfeiting the opportunity to be a light unto the nations. The world at large was not going to listen to someone accusing it of anti-Semitism. The world was not going to see someone who defended Israel — which it vilified as an apartheid occupier — as a moral and spiritual light. As my son Mendy told me, it’s almost as if the nations of the world were so brutal toward us that they completely reoriented our national mission from spreading the word of God to basic survival. And after they forced us into survival mode, they faulted us for fighting back and said those who fight have no right to preach a spiritual message of universal oneness and cosmic healing. The election of President Donald Trump has magnified this divide. Those Jews thankful to Trump for moving the American embassy in Israel to Jerusalem; withdrawing from the catastrophic Iran nuclear deal; stopping the vilification of Israel at the United Nations; ceasing the funding to the Palestinian Authority as long as it channels that money in a pay-for-slay policy for killing Jews; and recognizing the Golan Heights, are treated as unworthy of the mantle of Jewish teacher. If you show the Jewish virtue of hakarat hatov, basic gratitude, toward a president who has strengthened and legitimized Israel immeasurably, especially at the United Nations, you are promoting darkness to the nations rather than serving as a light. (…) We must not give up on explaining that Jewish spirituality and its success in sustaining the Jewish people is intimately connected with Israel. Yes, the world is not accustomed to seeing Jews stand up for themselves and would prefer us being the people of the book rather than the people of the Uzi. A cynic might say the world does not so much hate Jews as hate Jews who have power and stick up for themselves. Take Hollywood, for example. Nearly every month, the industry releases an excellent movie about the tragedy of the Holocaust — yet it has not produced one positive movie about Israel since Paul Newman starred in “Exodus.” Jews with yellow Stars of David on them dying and being gassed moves and touches Hollywood writers, directors and producers. Jews battling in Merkava tanks on the Golan Heights, or Israeli commandos storming terrorist outposts in Gaza to ensure they never again are slaughtered, is seen not so much as heroic but as oppressive to Israel’s neighbors. On the other hand, having Israel warriors has greatly enhanced Judaism. Having a home for which we are prepared to fight and stand up for ourselves in global PR has given the Jewish people a dignity we previously did not possess when we were a pitied nation. Christian evangelicals now flock not only to support the Jewish state but to learn about the Jewishness of Jesus. (…) Were it not for Israel, the Jewish people — and the Jewish religion by extension — would not have the impact it is having on evangelical Christians. Likewise, were it not for Israel, there would not be a true renaissance of Judaism — not only with the hundreds of yeshivot and seminaries that have opened but with Jewish communities the world over that have strengthened their bonds to their faith because of Israel’s inspiration. (…) Right now, we may not necessarily win over the globalists as we fight for Israel. They will punish us for standing up for ourselves. But I believe that in time, this will change. There will be a backlash against the false and fraudulent liberalism of today that would demonize Israel even as it fetes Iran, Turkey and China. As for the price we pay until then, I feel it absolutely is worth it. Israel is worth it. The Jewish homeland is worth it. The Jewish state is worth it. Not only because without Israe there would be no sanctuary for Jews in an age of global persecution, but because as the Talmud says, “He who is without a home is not a person.” Even for Jews who live in the Diaspora, it is Israel that gives our Jewish identity dignity. It is Israel that gives our Jewish observance meaning. And it is Israel that gives every Jewish man, woman and child the greatest pride. What meaning would our daily prayers have without the supplication of the divine presence returning to Jerusalem? How do we seek to be connected to the teachings of Abraham without understanding that they stemmed from a particular place and time in Israel? To detach Judaism from Israel is to make our religion a lifeless corpse bereft of soul. Until such time as the world comes to see Israel’s virtue — an event made much harder by globally ingrained anti-Semitism — my advice is that we cannot give up the battle on joining the two. We must not give up on explaining that Jewish spirituality and its success in sustaining the Jewish people is intimately connected with Israel. Rabbi Shmuley Boteach

Cachez cet Israël que je ne saurai voir !

En ce 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz …

Au lendemain d’un forum où l’on honorait Israël en acceptant pour la première fois d’y commémorer le génocide …

Qui vit à nouveau syndrome de Jérusalem oblige …

Selon l’heureuse formule de Martine Gozlan du magazine Marianne …

Un président français « entonner à nouveau,  pour rassurer les Palestiniens de l’historique empathie tricolore à leur égard, le grand air de la résistance à l’occupation » …

Mais aussi de la rafraichissante rediffusion sur Arte

Avec ses distorsions historiques, ses Arabes fanatisés et encadrés par d’anciens soldats du Troisième Reich et ses Britanniques refusant d’intervenir …

D’un Exodus avec toute la force et la passion bien vivantes de l’idéal sioniste  …

Et à l’heure où comme le rappelait Pierre Vermeren il y a déjà 16 ans …

Une France généreuse qui accueille 80 % de migrants au niveau d’études infrasecondaire contre plus de 80 % de diplômés du supérieur aux Etats-Unis …

Est en train de payer le prix à nouveau, après les pays arabes avant elle et sur fond de cécité redoublée, de la fuite de ses élites juives …

Pendant que le meilleur défenseur qu’ait connu tant le peuple juif qu’iranien ou même chrétien depuis Reagan …

Se voir moquer comme le premier idiot du village venu …

Comment ne pas voir avec le rabbin américain Shmuley Boteach …

Qu’ « après l’Holocauste, tout argument selon lequel les Juifs peuvent survivre en tant que religion sans État est profondément ridicule » …

Et que « détacher le judaïsme d’Israël, c’est faire d’en faire un cadavre sans vie dépourvu d’âme « ?

The Clash Over Support for Israel
Have the Jews paid a price for defending Israel?
Rabbi Shmuley Boteach
Jewish Journal
Jan 22, 2020

I am a lover and supporter of Israel. I dedicate much of my life and waking hours to defending, supporting and promoting Israel. I say this not to brag or take credit, but to be crystal clear that in asking whether Israel has helped or hurt Judaism, I am not querying whether the state of Israel should exist or whether it has been a blessing to the Jewish people.

Israel is the greatest modern miracle of the Jewish nation. Its existence has saved countless lives. It is the sole democracy in the Middle East and is a global bastion of human rights. Had Israel existed in 1940, 6 million Jews may not have died, and the Holocaust might not have occurred. Israel is the pride and joy of the Jewish people. Those who do not agree with this statement likely are ignorant of Jewish history and blind to Jewish purpose.

But what is the price Judaism has paid for the state of Israel? Is it possible for the Jewish people to remain a light for other nations as they engage in daily struggles to protect and promote their nation state as it is assailed from all sides?

I joined the Chabad movement as a boy, attending summer camp and meeting the Rebbe, Menachem Mendel Schneerson, when I was about 10 years old. The Rebbe’s universal message of globally spreading Judaism appealed to me. By 14, I had switched to a full-time, live-in Chabad yeshiva in Los Angeles. By 19, I was the Rebbe’s student emissary in Sydney, and by 22, along with my wife, Debbie, his full-time rabbinical emissary at Oxford University.

I reveled in making Judaism a light unto the nations. Why should Christianity and Islam, daughter religions of Judaism, make all the impact, with Judaism getting no credit? Where was the Jewish message for non-Jews about passionate marriages, kosher sex, raising inspired children and creating close-knit communities? Why was Judaism a spiritual backwater that appealed only to Jews?

My intention was not to proselytize non-Jews to Judaism. To the contrary, I wanted everyone to find purpose in their own identities and backgrounds. I wanted everyone to — as my friend Marianne Williamson once said — “honor their own incarnation.” But I also wanted universal Jewish values to influence them.

To that extent, I diverged from the traditional Hillel and Chabad campus model of focusing almost exclusively on Jews, and created a student organization that had thousands of non-Jews. Within two years of its creation, the Oxford L’Chaim Society had grown to become the second largest in Oxford’s history.

At that time, the late 1980s, I was keenly aware my beloved Israel was under attack. I was astonished by how much hatred the Jewish state engendered. I dedicated myself and our organization to Israel’s defense. In 11 years, we hosted six men who had or would serve as Israel’s prime ministers: Benjamin Netanyahu, Ariel Sharon, Ehud Olmert, Shimon Peres, Yitzhak Shamir and Yitzhak Rabin. This was in addition to hundreds of other pro-Israel speakers and debaters.

The more I stood up for Israel, especially through ads in the media, the more my liberal friends and admirers began to desert me.

We trained students to be Israel’s spokespeople at important forums such as the Oxford Union. Some of our student leaders and participants went on to be top political officials, including Ambassador Ron Dermer, Mayor Eric Garcetti of Los Angeles and Sen. Cory Booker (D-N.J.), who was one of Israel’s greatest champions before turning on Israel with his support for the Iran nuclear agreement and his vote against the Taylor Force act in Senate committee.

While I continued to defend Israel, I published books on sex, relationships and marriage. I was wearing two hats: Hebrew warrior and relationship guru. The two peacefully coexisted — until about a decade ago, when they began to sharply diverge.

My relationships identity appealed to a liberal crowd that saw me as a rabbi in tune with modern times, someone who made religion accessible and relevant. My defense of Israel appealed to an opposite audience of conservatives that saw Israel as being unfairly maligned by the left. Evangelical Christians flocked to the message of Israel as a beacon of freedom and bastion of human rights.

However, the more I stood up for Israel, especially through ads in the media, the more my liberal friends and admirers began to desert me. How did my universal message of one human family mesh with my passionate defense of a Jewish nation state? How did my belief in the equality of all humankind coexist with what they saw was Israel’s displacement of the Palestinians?

Then-President Barack Obama’s nuclear deal with Iran brought this conflict into stark relief. Liberals delighted in his election and his policies. Those who loved him and supported him were the same people who agreed with my thoughts on Judaism, supported my anti-genocide campaigns in places such as Rwanda, and agreed with my furtherance of Holocaust education.

So how could I so strongly oppose Obama on Iran? Did I not understand this enlightened leader was making peace? The disdain people felt for my ferocious opposition to Obama’s Iran policy was a disappointment not in my politics, but my faith. Is Judaism not a religion of peace? How could we hate the Iranian mullahs?

After the Holocaust, any argument that Jews can survive as a religion without a state is profoundly ridiculous.

I suddenly felt the clash of two identities. My Jewish, rabbinical identity told me to follow Isaiah, beating swords into plowshares, filling the world with love and harmony. But in looking at the existential threat facing Israel, I did not feel the words of Isaiah were immediately relevant; the words of King David in Psalms seemed more appropriate: “Those who love God hate evil.”

As we took out more ads — including with Elie Wiesel — against the Iran deal, pointing out the abomination of giving the world’s foremost sponsor of terror $150 billion in unfrozen assets — much of it in cash — I felt myself losing my once-stalwart liberal base. “Perhaps Shmuley had bamboozled us and was an extremist fundamentalist all along.”

But the clash here was not about Shmuley-the-relationship-counselor versus Shmuley-the-Hebrew-warrior; it was a clash of Shmuley the rabbi, representing the universalist goals of Judaism, with Shmuley the Israel fighter, representing the existential survival needs of the Jewish nation-state.

As many saw it, it was a conflict between Jewish universalism and Hebrew parochialism; Judaism as a religion for all people versus Israel as a state for only Jewish people.

It was at this point I recalled the story of Roman Emperor Vespasian and the greatest rabbi of the last years of the Second Temple, Rabbi Yochanan ben Zakkai.

The gist of the story is this: It’s 2,000 years ago and the Romans have surrounded Jerusalem. They are about to invade, annihilate the population and destroy the Holy Temple. The Jewish rebels fighting the Romans have made it a capital offense for anyone — including the greatest rabbis — to leave Jerusalem, for fear traitors will seek terms with the Romans or betray the Jewish cause.

Zakkai decides the Jewish cause is lost. The Romans will destroy everything. He fakes his death and is taken out of Jerusalem in a coffin, as bodies cannot be buried in the holy city. He is granted an audience with Vespasian, who is then a general, and greets him with the words, “Hail, Caesar.” Vespasian says the rabbi deserves death for giving him the imperial salutation when he is only a commanding general. Just then, a messenger comes in from Rome and says, “Hail, Caesar. The Roman emperor in the capital city has been deposed. You have been proclaimed the new emperor by your troops.”

Vespasian looks at Zakkai and is impressed, thinking the man is some kind of prophet. Vespasian agrees to grant the rabbi three wishes, the most important of which is Zakkai’s request that even if Jerusalem is destroyed, Vespasian will allow the rabbis and teachers to go to the city of Yavneh and establish a yeshiva there for the continuity of Judaism, the religion, unmolested by Rome.

But wait. What about the Temple? What about Israel? What about Jerusalem? What about the Jewish nation state? Clearly, Zakkai made a decision. Israel was lost, but Judaism would remain. The Jewish people would live on not through borders, an army and a capital, but through Jewish mitzvot and Torah observance. The people would survive through rabbis rather than soldiers, through scripture rather than a state, through the minute strictures of the halachah rather than the borders of a country.

From that fork in the road where Zakkai could have asked Vespasian to spare the country instead of sparing the Torah and teachers comes our present dilemma. For 2,000 years, Zakkai’s gamble — for which he was strongly criticized by fellow Talmudists — more or less worked. The Jewish people survived in exile through their Judaism.

I say “more or less” because survival came at the price of humiliation, expulsion, persecution, constant attack and finally, annihilation in the Holocaust. Yet for all those immeasurable and unspeakable horrors, Judaism and the Jewish people survived, even as millions did not.

Judaism ensured the Jewish people would be the first and only nation to survive by belief rather than borders, with rabbis rather than fighters, and the Bible and Prophets rather than an economy and markets.

But along came Theodor Herzl and spoiled the party. What kind of existence is this, he asked, as he surveyed the never-ending humiliation of European Jewry — even those who, like Alfred Dreyfus, had thought they might assimilate into non-Jewish acceptance? This is a wretched life, Herzl thought. We have no dignity. We need a nation state. A Jewish home. A place where Jews can live with prosperity and security provided by their own army.

The rabbis cried foul. Does this mean Israel would replace Judaism? Indeed, many early Zionists were fiercely secular. It’s not hard to understand why. They felt Judaism with its ultimate reliance on God rather than the efforts of the individual was holding back the Jewish people.

Herzl predicted a Jewish state within 50 years. He was off by about five. However, those critical five came with an event: the Holocaust. If Israel had met his prediction, 6 million Jewish lives might have been spared. The Nazi policy was Jewish emigration before it was annihilation. It’s just that no country — including the United States — would take them in. So they were killed at a rate of about 10,000 per day.

In effect, what Herzl did was expose Zakkai’s decision as profoundly incorrect. Yes, Judaism allowed the Jewish people to survive — until they were gassed and turned into ash in the crematoria of Auschwitz, Majdanek, Bergen-Belsen and Dachau.

After the Holocaust, any argument that Jews can survive as a religion without a state is profoundly ridiculous, which is why the Neturei Karta, aside from being an embarrassment to Judaism as they hang out with killers such as former Iranian President Mahmoud Ahmadinejad, also are profoundly ignorant.

The world is not accustomed to seeing Jews stand up for themselves and would prefer us being the people of the book rather than the people of the Uzi.

I am a rabbi. I want the Jewish people to be a light unto the nations. I believe Judaism has redemptive teachings to share with the world on family, sexuality, marriage, human dignity, putting the accumulation of wealth in perspective, equality of women, respect for all of God’s children, hatred of evil and fighting human rights abuses.

As a religion, we can and should impart those values. No one gave us the opportunity to do so when authorities shoved us into ghettos, resulting in poverty-level existence. However, the emancipation of European Jewry provided that opportunity. Judaism finally might be heard.

Jewish luminaries such as philosopher Moses Mendelssohn (1729-86) began the process, even as they compromised some of the core of Judaism in an effort to make it more palatable. The creation of the United States gave Jews full rights and acceptance, and for the first time in 2,000 years, there arose the possibility that rabbis and Jewish thinkers might go public via TV, radio and later, the internet, as well as publish books that profoundly impact hundreds of millions of non-Jews.

Modern media and a new, open, liberal mindset allowed Judaism — for the first time in history — to become a light unto the nations, without having to influence the world through the medium of Christianity or Islam.

I firmly jumped on this bandwagon, using Jewish wisdom to counsel non-Jewish families on a national TV show. I sought to rescue faltering marriages, restore lost intimacy and passion from monogamous relationships, and help parents inspire their children with values.

But as the world turned on Israel, I felt the call of my people. How could I not stand up for the Jewish state, where two of my children served in the army and where my people were fulfilling the ancient dream of returning to Israel and Zion?

I threw myself into the Israel wars via public debates on campus, public debates on CNN, Fox and MSNBC and global advertising campaigns that defended the Jewish state.

With that decision came the loss of much of my liberal audience. How could I, an enlightened person who spoke about human rights and rescuing relationships, not care about the Palestinians, my critics, who were also Israel’s critics. How could I justify Israel’s aggression?

My response that Israel is the great Arab hope was met with deaf ears. I believe the flourishing of a democracy in the Middle East with full rights for all its Arab and Muslim citizens would give lie to Arab dictators who claim that things such as press freedom are impossible in the Middle East. There was a bias against Israel that seemed hard to surmount.

The quandary I faced took me back two millennia to Zakkai, sitting before Vespasian. Would I be silent on Israel so I could remain a rabbi to the gentiles? Would I allow Israel to suffer while I spoke on television about kosher sex? Would I allow my closest friend and former student president Cory Booker to betray Israel and the United States by voting to give the killer mullahs in Tehran $150 billion so Booker’s many admirers would continue to see me as the enlightened Chassidic rabbi who mentored him? Would I be silent to remain popular among the Hollywood set while Israelis were blown up on buses and in cafes?

No, I would not. I would not remain silent, regardless of personal cost.

But this wasn’t primarily about me and the price I personally paid. It was about a choice. As the world turned against Israel and as anti-Semitism sprang up around the world, being a fighter for Israel often meant forfeiting the opportunity to be a light unto the nations. The world at large was not going to listen to someone accusing it of anti-Semitism. The world was not going to see someone who defended Israel — which it vilified as an apartheid occupier — as a moral and spiritual light.

As my son Mendy told me, it’s almost as if the nations of the world were so brutal toward us that they completely reoriented our national mission from spreading the word of God to basic survival. And after they forced us into survival mode, they faulted us for fighting back and said those who fight have no right to preach a spiritual message of universal oneness and cosmic healing.

The election of President Donald Trump has magnified this divide. Those Jews thankful to Trump for moving the American embassy in Israel to Jerusalem; withdrawing from the catastrophic Iran nuclear deal; stopping the vilification of Israel at the United Nations; ceasing the funding to the Palestinian Authority as long as it channels that money in a pay-for-slay policy for killing Jews; and recognizing the Golan Heights, are treated as unworthy of the mantle of Jewish teacher. If you show the Jewish virtue of hakarat hatov, basic gratitude, toward a president who has strengthened and legitimized Israel immeasurably, especially at the United Nations, you are promoting darkness to the nations rather than serving as a light.

There now is an undeniable conflict between being an Israel warrior and serving as an exponent of Judaism, such that the more one engages in the former, the less effective he or she is in the latter. And one is forced to choose?

To detach Judaism from Israel is to make our religion a lifeless corpse bereft of soul.

Don’t believe me? Take a look at Hillel and Chabad on campus. They care deeply about Israel. Still, they pay, at best, lip service to the battle against the boycott, divestment and sanctions movement on college campuses without mounting any serious and coordinated national campaign to combat it. Why? Their local directors will say — in their minds, with good cause — that if they stand for Israel or fight openly against Israel Apartheid Week, then students won’t come for chicken soup on Friday night. Hillel directors and Chabad rabbis feel they are forced to choose between advocating for Israel and losing more liberal-minded Jewish students, or forfeiting the fight for Israel and getting Jewish students to come to Torah classes or lectures on the Holocaust.

I cannot tell you how many college campus activists have expressed to me privately that Israel now is so toxic a subject on campuses that mixing it with their Jewish activities would cause them to lose more than half their participants.

To these Chabad rabbis and Hillel directors, I responded, “But, wait. If you’re going to cut out Israel from your programs — with the exception for some meaningless tokenism like having a falafel party on Yom HaAtzmaut — then you’ve cut out the heart of Judaism. Israel is central to everything Judaism stands for. What’s next? If God is offensive to atheists and makes you look backward and unscientific for your beliefs, do you drop Him as well? If mikveh is misunderstood by women as a belief that their menses make then unclean, do we cut out that, too? Or the Sabbath, if people believe it’s a day of idleness for people who are lazy and don’t want to work, will the Sabbath also be stripped out of Judaism?”

To this, one of Hillel’s most generous benefactors told me, “Look. I would never say this in public, but the battle for Israel on campus is lost. We should have woken up two decades ago. But we didn’t. And now, if we prioritize fighting for Israel, we cannot be impactful with teaching Judaism.”

So what can we do? Is Israel an unqualified blessing, or has its creation come at the expense of Jewish globalism? Has the creation of a nation-state in our ancient homeland in the Middle East compromised the universal impact we Jews were meant to make as a religion? Has Israel made us parochial rather than global? Myopic rather than universal? Limited rather than expansive? Controversial rather than popular?

Has Israel and the battle we must wage for Israel undermined the Jewish people’s capacity to use Jewish spirituality to influence the nations? The answer is yes and no.

We must not give up on explaining that Jewish spirituality and its success in sustaining the Jewish people is intimately connected with Israel.

Yes, the world is not accustomed to seeing Jews stand up for themselves and would prefer us being the people of the book rather than the people of the Uzi. A cynic might say the world does not so much hate Jews as hate Jews who have power and stick up for themselves. Take Hollywood, for example. Nearly every month, the industry releases an excellent movie about the tragedy of the Holocaust — yet it has not produced one positive movie about Israel since Paul Newman starred in “Exodus.” Jews with yellow Stars of David on them dying and being gassed moves and touches Hollywood writers, directors and producers. Jews battling in Merkava tanks on the Golan Heights, or Israeli commandos storming terrorist outposts in Gaza to ensure they never again are slaughtered, is seen not so much as heroic but as oppressive to Israel’s neighbors.

On the other hand, having Israel warriors has greatly enhanced Judaism. Having a home for which we are prepared to fight and stand up for ourselves in global PR has given the Jewish people a dignity we previously did not possess when we were a pitied nation.

Christian evangelicals now flock not only to support the Jewish state but to learn about the Jewishness of Jesus. In my book “Kosher Jesus,” I argue, based on Christian scripture and the New Testament, that Jesus was a Jewish patriot who fought for the freedom of Israel against the Roman oppressors and was put to death by Roman proconsul Pontius Pilate for his defiance.

Were it not for Israel, the Jewish people — and the Jewish religion by extension — would not have the impact it is having on evangelical Christians. Likewise, were it not for Israel, there would not be a true renaissance of Judaism — not only with the hundreds of yeshivot and seminaries that have opened but with Jewish communities the world over that have strengthened their bonds to their faith because of Israel’s inspiration.

But for those who are more liberally minded and are true globalists, yes, standing up for Israel has somewhat impaired our ability to influence them with Jewish values. For example, the World Economic Forum at Davos, Switzerland, may be the ultimate statement of globalist influence. When I was last there three years ago, Iranian President Hassan Rouhani was treated as a global celebrity, feted by world leaders, even as Benjamin Netanyahu, who spoke two hours after him, couldn’t fill half the room because attendees were boycotting his appearance.

Right now, we may not necessarily win over the globalists as we fight for Israel. They will punish us for standing up for ourselves. But I believe that in time, this will change. There will be a backlash against the false and fraudulent liberalism of today that would demonize Israel even as it fetes Iran, Turkey and China.

As for the price we pay until then, I feel it absolutely is worth it. Israel is worth it. The Jewish homeland is worth it. The Jewish state is worth it. Not only because without Israe there would be no sanctuary for Jews in an age of global persecution, but because as the Talmud says, “He who is without a home is not a person.” Even for Jews who live in the Diaspora, it is Israel that gives our Jewish identity dignity. It is Israel that gives our Jewish observance meaning. And it is Israel that gives every Jewish man, woman and child the greatest pride.

What meaning would our daily prayers have without the supplication of the divine presence returning to Jerusalem? How do we seek to be connected to the teachings of Abraham without understanding that they stemmed from a particular place and time in Israel? To detach Judaism from Israel is to make our religion a lifeless corpse bereft of soul.

Until such time as the world comes to see Israel’s virtue — an event made much harder by globally ingrained anti-Semitism — my advice is that we cannot give up the battle on joining the two. We must not give up on explaining that Jewish spirituality and its success in sustaining the Jewish people is intimately connected with Israel.

We Jews create strong families because we understand bonds that stretch across time and space, like our connection to Israel. We understand holiness because of the holy land of Israel. We understand ecstasy and longing because every year, we read of Moses’ ecstatic longing to enter Israel. We understand the need to keep one’s word and fulfill one’s promises — because after 2,000 years of exile, God kept his promise and returned us to the glorious, beautiful and majestic land of Israel, even as we continue to wait for the long-promised complete redemption of our people with the Messiah, when Israel and all the nations of the Earth will live in peace, men will beat their swords into plowshares, and no man will ever again teach his son the art of war.

May it happen now.


Rabbi Shmuley Boteach is the author of 33 books, including “Judaism for Everyone,” “Renewal: A Guide to the Values-Filled Life,” “Kosher Sex,” “Kosher Adultery” and “Lust for Love,” co-authored with actress and activist Pamela Anderson. Follow him on Twitter and Instagram @RabbiShmuley. 

Voir aussi:

Colère de Macron : le syndrome de Jérusalem des présidents français
Martine Gozlan
Marianne
23/01/2020

Rédactrice en chef
Travaille sur les questions et les pays d’Islam et couvre le conflit israélo-palestinien. A publié de nombreux livres sur l’islamisme, entre autres Pour comprendre l’intégrisme islamiste (Albin Michel 2002), Le sexe d’Allah ( Grasset 2004), Le désir d’islam (Grasset 2005), Sunnites-Chiites, pourquoi ils s’entretuent (Le Seuil 2008), L’imposture turque (Grasset 2011), ainsi qu’un récit sur l’Etat hébreu Israël contre Israël (L’Archipel, 2012) et une biographie Hannah Szenes l’étoile foudroyée (l’Archipel 2014).

En marge du sommet international sur la mémoire de la Shoah et l’antisémitisme qui réunit une quarantaine de chefs d’Etat en Israël, le président français a eu une vive altercation ce 22 janvier, comme Jacques Chirac en 1996, avec la sécurité israélienne, cette fois à la basilique Sainte-Anne, domaine français au cœur de la vieille ville.

Il y a un syndrome de Jérusalem des dirigeants français. Le syndrome en question, bien connu des psychiatres, projette le visiteur dans un univers mystico-fantasmatique où il se sent illico investi d’une mission sacrée. Certes, ni Jacques Chirac en 1996, ni Emmanuel Macron, aujourd’hui, ne se sont pris pour le Messie. Pourtant, leur passage, dans des contextes bien différents, se sera déroulé avec les mêmes réflexes, suscitant la même vague d’émotion. Au terme d’une longue balade, le 22 janvier, dans la vieille ville, après force accolades et mots profonds – « en ce petit lieu, tant de jaillissements… »- le président, euphorique, s’est rendu à l’Eglise Sainte-Anne. Edifiée par les Croisés, puis transformée en mosquée par Saladin, elle fut offerte à la France en 1856 par les Ottomans de la Sublime Porte, alors maitres de la Palestine, pour services rendus contre l’Empire russe pendant la guerre de Crimée. Et là, divine surprise pour les témoins palestiniens qui n’apprécient guère de voir reconnue par près de 40 chefs d’Etat la centralité d’Israël dans la mémoire du génocide ! Emmanuel Macron, endossant sans le savoir tout en le sachant les habits du Jacques Chirac de 1996, s’est engueulé – ce mot trivial est cependant le seul qui convienne – avec les gardes de la sécurité israélienne. Ces derniers étaient sur les dents depuis des jours. Il y avait de quoi.

Recevoir les grands de ce monde dans une capitale sous haute tension n’est pas une mince affaire. La veille, le quotidien palestinien Al Hayat al Jedida, organe officiel de l’Autorité palestinienne, avait publié sans complexe l’édito d’un certain Yahya Rabah qui écrivait mot pour mot, à propos de ce Forum sur le génocide : « Un coup de feu perturbera la cérémonie et un cadavre annulera l’événement ». Le Shin Bet, le renseignement intérieur, prend tout au sérieux et, quoiqu’on puisse en dire sur les réseaux sociaux marqués du sceau de la haine d’Israël, sans la vigilance du Shin Bet, les citoyens de l’Etat hébreu et ses visiteurs auraient du souci à se faire. L’Eglise Sainte-Anne est bel et bien domaine français mais en matière d’anti-terrorisme, les Israéliens sont au parfum. Les agents pénètrent donc dans les lieux, ce qui est à la fois illégitime et compréhensible. Voire « souhaitable » nous confie une source française anonyme, consciente des dangers de la ville sainte et habituée au professionnalisme des collègues israéliens.

La colère du Frenchie

C’est alors qu’Emmanuel Macron voit rouge. Jérusalem baignait, cette après-midi là, dans une lumière de Golgotha. Les cieux déversaient les eaux du déluge sur la terre promise. Le protocole français, fine mouche, avait prévu 200 parapluies. Il y eut une éclaircie. Macron vit se profiler dans les nuées la silhouette de Chirac et entendit à travers l’orage l’impayable apostrophe, en english dans le texte, de son prédécesseur en 1996. Les hommes du Shin Bet, à l’époque, redoutaient comme aujourd’hui l’incident mortel et s’interposaient entre le « Rais » gaulois et la foule palestinienne. Ce fut alors que tonna l’immortel : « You want me to back to my plane ?????? ». Saisi par l’éternel syndrome de Jérusalem, Macron à son tour gronda : « I don’t like what you did in front of me », « Je n’aime pas ce que vous avez fait devant moi ! » et ordonna qu’on vire illico de Sainte-Anne, territoire français, les agents de l’Etat hébreu, ces étrangers, ces provocateurs.

L’affaire fit la Une de la presse israélienne, palestinienne et, forcément, française. Comme de bien entendu, on loua d’un côté la merveilleuse colère du frenchie face à ces gros bras israéliens tandis qu’on s’étonna, de l’autre, d’une telle similitude avec l’affaire Chirac. En réalité, nous sommes en mesure de prouver que le président a été saisi de ce fameux syndrome qui fait les saints, les martyrs et les bonnes consciences. C’était en effet diablement compliqué, en même temps que l’on honorait Israël en acceptant pour la première fois d’y commémorer le génocide (l’historienne Annette Wievorka a écrit là-dessus une fort belle tribune dans les colonnes du Monde), très compliqué d’assurer les Palestiniens de l’historique empathie tricolore à leur égard. Le Macron version Forum de la Shoah pourfend l’antisémitisme, ce qui, du reste, ne rassure pas un instant les Français juifs, en dehors des représentants peu représentatifs des institutions communautaires, mais le Macron version Eglise Sainte-Anne entonne le grand air de la résistance à l’occupation. Bien joué.

Enfin, dernier aspect du syndrome de Jérusalem des dirigeants français : le retour du refoulé de la fille ainée de l’Eglise. Il n’a jamais été admis et ne sera sans doute jamais admis au tréfonds des consciences que les juifs aient pu défier le temps, l’oubli et la mort, pour retrouver la Jérusalem biblique et en arpenter les rues en êtres libres et souverains. Que musulmans et chrétiens palestiniens y vivent avec eux dans la même dignité constitue l’espérance naturelle des hommes de paix. Cette espérance, un jour, finira par être comblée. Mais la paix, justement, ne pourra se négocier et s’accomplir qu’en abandonnant les préjugés tenaces, la vision des Israéliens comme venus d’ailleurs et non comme fils fidèles de cette ville. En oubliant ce très politique et très démago syndrome de Jérusalem.

Voir également:

Le coût du communautarisme
Pressions et violences contre les juifs peuvent amputer une nation d’une de ses forces vives.
Pierre Vermeren
Libération
13 juillet 2004

«En parler jamais, y penser toujours !»… A l’inverse du «communautarisme», politiquement impensé en France, mais quotidiennement évoqué («communautés» gay, juive, musulmane, arménienne, etc.), la pensée commune française est infectée par la pensée communautaire. Considérée comme étant d’origine anglo-saxonne, cette pensée a pourtant façonné (et miné) la société coloniale en Afrique du Nord. Ce n’était pas «classe contre classe» dans l’égalité citoyenne comme en métropole, mais religion contre religion, dans l’inégalité statutaire et juridique (« citoyens français», «Européens», «israélites», «sujets français musulmans», «indigènes»)… Des millions de Français et d’étrangers habitant aujourd’hui en France ont vécu dans cette pratique politique quotidienne, inconsciemment transmise à leurs enfants. Que l’héritage du communautarisme colonial provienne du refoulé politique français, qu’il ait été fécondé par la pensée politique musulmane (statut des dhimmis ou «protégés»), ou par le communautarisme institutionnel ottoman, a aujourd’hui peu d’importance.

Ce qui importe en revanche, c’est qu’au Maghreb, depuis 1945, le communautarisme a conduit à son terme naturel, une épuration ethnique soft, c’est-à-dire au départ concomitant (Algérie) ou successif (Tunisie, Maroc) des «communautés» française, européenne et israélite. Les deux premières ont quitté le Maghreb dans le cadre de la légitime lutte d’indépendance ; la dernière a été délégitimée par son identité extra-musulmane. Les guerres du Proche-Orient ne sont pas étrangères au phénomène (au moins au Maroc et en Tunisie) : elles ont produit une insécurité de basse intensité qui, en trente ans, a vidé le Maghreb de ses communautés juives bimillénaires.

Le résultat est connu. Alors que l’Afrique du Sud a préservé son miracle multiethnique, et est aujourd’hui le géant économique de l’Afrique, le Maghreb s’est économiquement réduit comme peau de chagrin. Son PIB n’excède pas celui des Bouches-du-Rhône (90 milliards d’euros), département nourri et irrigué par l’apport des migrants de toute la Méditerranée (« israélites», pieds-noirs, musulmans nord-africains, arméniens…).

La violence antisémite qui frappe aujourd’hui en France est moralement et politiquement insupportable. Elle est d’autant plus dramatique que les jeunes beurs qui la mettent en oeuvre rejouent (inconsciemment ?) des scènes qui ont vidé l’Afrique du Nord de ses communautés… Le gouvernement israélien prend acte de cet état de fait, mais Israël n’a-t-il pas justement été créé pour cela ? La perspective d’un départ programmé des juifs de France, ne serait-ce que d’une importante minorité d’entre eux, serait l’échec le plus retentissant de la République française depuis Vichy.

Mais cette violence est aussi économiquement et intellectuellement catastrophique. Faut-il rappeler que la nation américaine, la plus riche du monde, est aussi la plus brassée ? Le Proche-Orient, entré il y a plus d’un demi-siècle dans un processus de purification ethnico-religieuse, s’abîme dans les crises et la récession économique, au fur et à mesure que le quittent ses minorités : Européens, juifs d’Europe, Arméniens, juifs arabes, et maintenant chrétiens d’Orient. Intellectuellement, il est plus insupportable encore, qu’en dehors des plus hautes autorités de l’Etat français, il revienne aux intellectuels juifs de France de lancer des signaux d’alarme. Le principe de la démocratie confie à des médiateurs ou représentants (du peuple) la défense de tous les citoyens. Confier la défense d’une «communauté» agressée à ses propres médiateurs est une régression.

Il est vrai que traditionnellement, les israélites d’Europe ont été interdits d’activités productives et cantonnés aux services et activités d’échange. L’émancipation des juifs de France au XIXe siècle, puis les traumatismes du XXe siècle, alliés aux fantastiques progrès de l’école, ont accompagné la «montée en gamme» de cette population. Les intellectuels d’origine juive (ou de judaïsme revendiqué) animent aujourd’hui largement le débat public national (au grand dam de Tariq Ramadan), et il va sans dire que leur départ vers les Etats-Unis ou Israël serait une perte incalculable. La France généreuse accueille 80 % de migrants avec un niveau d’études infrasecondaire (quand plus de 80 % des migrants aux Etats-Unis sont diplômés du supérieur), peut-elle de surcroît se permettre de se vider d’une partie croissante de ses forces vives intellectuelles ?

Voir encore:

Absent Leaders: Heroes and Villains in Otto Preminger’s “Exodus” and Amos Gitaï’s Kedma

Larry Portis

Events in the Middle East have become more and more difficult to ignor. They are unquestionably vital, not only to our interests, but to our ideals. For this reason our understanding of the history of the region, and our vision of it, should be a major preoccupation. The problem is that, given the centrality of the region in contemporary geo-political relations, it is difficult to distinguish between historical facts and the ideological distortions of them. This is why a backward look at the film “Exodus” is both timely and important. Produced and directed by Otto Preminger, « Exodus » was released in 1960, and had enormous success. In evaluating this success, we are helped by the release in 2002 of another film, « Kedma », directed by Amos Gitaï. These two films treat the same subject—the clandestine arrival of Jewish refugees in Palestine in 1947 in the midst of armed conflict. This was the eve of the partition of Palestine, proposed by the United Nations Organization but rejected by the non Jewish (or, rather, non-zionist) population and states of the entire eastern mediterranean region. Following the British announcement of their withdrawal from the protectorate established in 1920 by the mandate system of the treaty of Verseille, the stage was set for a defining event of the short, brutal twentieth century : the creation of the state of Israel and the population transfers and ethnic conflicts that accompanied it. Comparison of the two films, both in terms of their genesis as artistic creations and as political statements, elucidates aspects of a complex process of ideological formation. Seen terms of representations of leadership, the two films are extremely different. “Exodus” is a glorification of a certain type of leadership, at a certain level of decision-making. It works only at the level of strategic and tactical zionist command within Palestine immediately before, during and after the war for the creation of the state of Israel. The film is discrete relative to a higher level (higher in terms of power relations)—that of international diplomacy. Although decisions of the British military administration are implicitly criticized in the film, such criticism is not allowed to call into question Britain itself as an actor on the international stage. When either the British or the United-Statesians (and the French and Italians) are referred to, it is always as individuals, not representatives of overall national sentiments. Representations of leadership, and this includes tacit representations of the absence of leadership and/or the absence of leaders, are important in the films both in relation to their narrative content and to the ideological or perceptual effects intended by their directors. In Kedma, representations of leadership are only implicit. Amos Gitaï was concerned to present an historical situation by depicting a single incident, the origins of which are not explained directly and, in the course of which, individuals are shown to be subordinate to developments over which they have no real control. The incident in question is the illegal arrival of a ship, “Kedma,” on the coast of Palestine. There is an important qualification to make before any attempt to compare these films. The problem is that a discussion of the narrative content of Preminger’s film “Exodus” would not be legitimate without speaking of Exodus the novel, written by Leon Uris. Not only were both film and novel tremendous commercial successes, but they were conceived of as the two axes of a single, mutually reinforcing project.* The idea for the book was suggested to Leon Uris by Dore Schary, a top executive at Metro-Goldwyn-Mayer (MGM). The motivation behind the project is described by Kathleen Christison. « The idea for the book » she says, « began with a prominent public-relations consultant who in the early 1950s decided that the United States was too apathetic about Israel’s struggle for survival and recognition. » Uris received a contract from Doubleday and went to Israel and Cyprus where he carried out extensive research. The book was published in September, 1958. It was first re-printed in October the following year. By 1964, it had gone through 30 re-printings. This success was undoubtedly helped by the film’s release in 1960, but not entirely, as Uris’s novel was a book-of-the-month club selection in September, 1959 (which perhaps explains the first re-printing). The film was to be made by MGM. But when the time came, the studio hesitated. The project was perhaps too political for the big producers. At this moment Otto Preminger bought the screen rights from MGM. He then produced and directed the film, featuring an all-star cast including Paul Newman, Eva Marie-Saint, Lee J. Cobb, Sal Mineo, Peter Lawford and other box-office draws of the moment. The film also benefited from a lavish production in “superpanavision 70” after having been filmed on location. The music was composed by Ernest Gold, for which he received an Academy Award for the best music score of 1960. The screenplay was written by Dalton Trumbo. In spite of its length—three and a half hours—the film was a tremendous popular and critical success. It is noteworthy that the release of “Exodus” the film in 1960 indicates that its production began upon Exodus the book’s publication. It is reasonable, therefore, to suppose a degree of coordination, in keeping with the origins of the project. In short, it was a major operation which brilliantly succeeded. It has been estimated that in excess of 20 million people have read the novel, and that hundreds of millions have seen the film. Not only was this success a financial bonanza, but its political impact.

has been equally considerable. There can be little doubt that “Exodus” the film has been one of the most important influences on US perceptions and understanding of the hostilities between the Israeli state and the Palestinian people. It is thusly illuminating to return to the message communicated by this film, in attempting to gage its role in ideological formation. “Exodus” is the story of the Exodus 1947, a ship purchased in the United States and used to transport 4,500 Jewish refugees to Palestine. In reality, the novel and film take great liberties with the original story. Intercepted by the British authorities in the port of Haïfa, the real-life refugees were taken to the French port of Sête, where they were held, becoming the object of intense Zionist agitation and propaganda. Eventually they were transported to Germany and held temporarily in transit camps. Although this incident was used by Uris as the point of departure for his novel, the book is a work of fiction. Not only were the characters invented, but the events did not correspond to reality except in the most general way. In Uris’s narrative, an intercepted ship (not named “Exodus”) is intercepted on the high sea and taken to Cyprus where the passengers are put in camps. Representatives of the Haganah, the secret Jewish army in Palestine, arrive secretly in Cyprus in order to care for, educate and mobilize the refugees. The agent-in-chief is Ari Ben Canaan, played by Paul Newman. Ben Canaan is the son of Barak Ben Canaan, prominent leader of the Yishuv, the Jewish, Zionist community in Palestine. Tricking the British with great intelligence and audacity, Ari Ben Canaan arranges for the arrival of a ship purchased in the United States, on which he places 600 Jewish refugee children—orphans from the Nazi extermination camps and elsewhere. Once the children are on the ship, Ben Canaan names the ship the “Exodus”, and runs up the Zionist flag. He then informs the British authorities that, if the ship is not allowed to depart for Palestine, it will be blown up with all aboard. Before having organized this potential suicide bombing (of himself, the Haganah agents and the 600 children), Ben Canaan has met Kitty Fremont, an American nurse who has become fond of the children and, it must be said, of Ari Ben Canaan. This love interest is carefully intertwined with the major theme: the inexorable need and will of the Jewish people to occupy the soil of Palestine. As it might be expected, the British give in. After some discussion between a clearly anti-semitic officer and those more troubled by the plight of the refugees, the ship is allowed to depart for Palestine. It arrives just before the vote of the United Nations Organization recommending the partition of Palestine between the Jewish and non-Jewish populations. As the partition is refused by the Palestinians and the neighbouring Arab states, war breaks out and the characters all join the ultimately successful effort

against what are described as over-whelming odds. Even Kitty and Major Sutherland, the British officer who tipped the balance in favour of releasing the “Exodus,” join the fight. Sutherland’s participation, representing the defection of a British imperialist to the zionist cause, if particularly symbolic. Why did Sutherland jeopardize his position and reputation, and then resign from the army? His humanitarian was forged by the fact that he had seen the Nazi extermination camps when Germany was liberated and, more troubling, his mother was Jewish, although converted to the Church of England. Sutherland has a belated identity crisis which led him, too, to establish himself in the naitive Israel. The other major characters is the film similarly represent the “return” of Jewish people to their “promised land.” For example, Karen, the young girl who Kitty would like to adopt and take to the United States, is a German Jew who was saved by placement in a Danish family during the war. Karen will elect to stay with her people, in spite of her affection for Kitty. Karen is also attached to Dov Landau, a fellow refugee, 17 year-old survivor of the Warsaw ghetto and death camps. Once in Palestine, Dov joins a Zionist terrorist organization (based on the Irgun) and, in the book and film (but not, of course, in reality), places a bomb in the wing of King David Hotel housing the British Command, causing considerable loss of life. The role of human agency, leadership and the nature of decision-making, are a dimension of “Exodus” that is particularly revealing of the propagandistic intent of the film. Most noteworthy is the fact that all the major characters are presented as exceptional people, and all are Jewish, with the exception of Kitty. However, it is not as individuals that the protagonists of the film are important, but rather as representatives of the Jewish people. In this respect, in its effort to portray Jewishness as a special human condition distinguishing Jews and Jewish culture from others, that “Exodus” is most didactic. Ari Ben Canaan is clearly a superior being, but he merely represents the Jewish people. They are, collectively, just as strong, resourceful and determined as Ari. This positive image is highlighted by the portrayal of other ethnic groupings present in the film. The British, for example, are seen, at best, as divided and, at their worst, as degenerate products of national decay and imperialistic racism. The most striking contrast to the collective solidarity, intellectual brilliance, and awesome courage of the Jews is, with the “Arabs.” In spite of their greater numbers, the culture and character of the Arabs show them to be clearly inferior. Ari, who is a “sabra”—a Jewish person born in Palestine—and, as a consequence, understands the Arab character, knows that they are no match for determined Jews. “You turn 400 Arabs loose,” he says, and “they will run in 400 different directions.” This assessment of the emotional and intellectual self-possession of the Arabs was made prior to the spectacular jail break at Acre prison. The very indiscipline of the Arabs would cover the escape of the determined Zionists. The Arab leaders are equally incapable of effective action, as they are essentially self-interested and uncaring about their own people. In the end, it is this lack of tolerance and human sympathy in the non Jews that most distinguishes Jews and Arabs. In Exodus the novel, Arabs are constantly, explicitly, and exclusively, described as lazy and shiftless, dirty and deceitful. They have become dependant upon the Jews, and hate them for it. In “Exodus” the film, however, this characterization is not nearly as insisted upon, at least not in the dialogue. Still, way they are portrayed on the screen inspires fear and distrust. The contrast between the ethnic stereotyping exhibited in “Exodus” and the portrayal of characters in Amos Gitaï’s Kedma could not be greater. In Kedma, there is no discussion of strategy or tactics, and thusly no invidious reflections upon one ethnic group’s capacity in relation to another’s. People simply find themselves in situations, and attempt to survive. This is how the survivors of the Judeocide perpetrated by the German government describe their experiences during the voyage, before the Kedma arrives. This is how all the characters—European Jews and Palestinians—react once the ship has disembarked its passengers. In Kedma, there are no leaders visible. Their existence can only be supposed. Their plans, strategies and justifications are unexplained. They remain in the background as part of a larger tragedy produced by forces over which “ordinary” people seemingly have little or no control. Gitaï’s film expresses a lack of confidence in leadership and, in this way, Kedma can be understood as a reading (and viewing) of « Exodus. » There is, in fact, a remarkable parallel development of the two films. What is absent from Preminger’s film—the moral misery, the existential despair, the doubts and confusion of the survivors of the Judeocide—is focused upon in Gitaï’s film. Conversely, what is absent from Gitaï’s film—the expression of Zionist ideals, aspirations and dogma, the glorifications of one ethnic group at the expense of others—is the very point of Preminger’s. This thematic inversion is particularly evident in reference to two aspect of the films: firstly, in the use of names and, secondly, in the dramatic monologues or soliloquies which end both films. In “Exodus”, the use of names for symbolic purposes is immediately evident. “Exodus” refers to the biblical return of the Jews from slavery to the Holy Land—their god-given territory, a sacred site. This sacred site is necessary to Jewish religious observance and identity. Only here, it is explained in “Exodus,” can Jews be safe. Only here, it is asserted, can they throw-off invidious self-perceptions, imposed by anti-semitism and assimilation pressures, and become the strong, self-reliant and confident people they really are. This vision of Jewish identity propagated by Zionism is implicitly challenged in Kedma. Again, the title of the film is symbolically significant. “Kedma” means the “East” or “Orient”, or “going towards the East.” The people on the Kedma—Jewish refugees from Europe, speaking European languages and Yiddish—were arriving in another cultural world an alien one, in the East. The result would be more existential disorientation and another ethnically conflictual environment. The difference in perspective manifest in the two films is found also in the names given to the protagonists. In Kedma, an example is given of the abrupt Hebrewization of names as the passengers arrived in the new land, thus highlighting the cultural transformation central to the Zionist project. In “Exodus,” there is much explicit discussion of this aspect of Zionism, and some of the names given to central characters reveal the heavy-handedness of its message. It is, of course, a well-established convention to give evocative names to the protagonists of a literary or cinematographic work. Where would be, for example, Jack London’s The Iron Hell, without his hero, Ernest Everhard? The answer is that the novel might be more impressive without such readily apparent propagandistic trappings. And the same is true for Exodus. Leon Uris’s chief protagonist is Ari Ben Canaan, Hebrew for “Lion, son of Canaan.” This role model for Jewish people everywhere is thusly the direct heir of the ancient Canaanites, precursors of the Jewish community in the land of Palestine. This historical legacy and patrimony established, Paul Newman had only to play the strong fighter—ferocious, hard and wily—with his blond mane cut short, in the military style. The object of Ari’s affections, however ambivalent they may be, is Kitty Fremont, played by Eva Marie Saint. Not only does the pairing of the earnest and ever-hard Ari, the “Lion,” and the compliant but faithful “Kitty” imply a classic gender relationship, but the coupling of this prickly Sabra and the cuddly American symbolizes the special relationship between the United States and native state of Israel that has come to be called the “fifty-first state” of the union. The other major character, played by the baby-faced Sal Mineo, is “Dov Landau,” the 17-year-old survivor of the Warsaw ghetto and Auschwitz. This name evokes the dove of peace and the infancy indirectly evoked by the term “landau” (baby carriage?). The irony is that the angelic Dov, alights on Palestinian soil with the fury of a maddened bird of prey. He is the consummate terrorist—angry and bloodthirsty. Dov’s conversion to Zionism as a collective project, as opposed to a vehicle for his personal vengeance, comes at the end of the story when peace has been (temporarily) achieved through unrelenting combat. Dov then leaves Israel for MIT (Massachusetts Institute of Technology) where he will perfect the engineering skills learned building bombs in Warsaw and in Palestine. Peace means refining the technical capacity for the new nation’s defence. In the meantime, Dov’s fiancee, the soft and sweet Karen, has been cruelly murdered by the Arabs. « Exodus » and « Kedma » differ most notably in the latter’s avoidance of the kind of crude propaganda that Leon Uris and Otto Preminger so heavily developed. Rather than forcing his viewers to accept a vision of the birth of Israel founded upon characters, distortions and omissions from historical reality, Amos Gitaï chose to simply place characters that we see briefly in a specific situation which is the real focus of the film. Whereas Preminger symbolized the destiny of a people in the story of strong characters, Gitaï illustrated the tragedy of an historical conjuncture in which the historical actors were largely incidental. We see this aspect of Gitaï’s thematic inversion of Preminger’s film in the soliloquies delivered in both films. At the very end of “Exodus,” Ari Ben Canaan delivers a speech at Karen’s graveside, in which he justifies the Zionist project as the just and prophetic return of a people forced to err in a hostile world for 2000 years. The resistance encountered to this project, he explains, is only the result of evil, self-interested individuals (such as the Grand Mufti of Jerusalem) who are afraid of losing their privileges once the Arabs learn that Jewish settlement is in their interest. Ari concludes: “I swear that the day will come when Arab and Jew will live in Peace together.” The film then ends with a military convey receding into the distance, towards a new battle in the just cause. In Kedma, there are two soliloquies, delivered not by strong and self-composed leaders, but by distraught, frightened people, caught in a web woven by the apprentice sorcerers in the background—the real architects of the situations in which destinies are sealed and lives are broken. The first speech is made by a middle-aged Polish Jew. Appalled by the new cycle of suffering he witnessed upon arrival in Palestine, he shouts that suffering, guilt and martyrdom have become essential to the Jewish character. Without it, he cries, the Jewish people “cannot exist.” This is their tragedy. The second expression of despair is made by an aged Palestinian peasant, pushed off his land, fleeing the combat. Disregarding the danger, he says: “we will stay here in spite of you. Like a wall, and we will fill the streets with demonstrations, generation after generation.” How to reconcile the Holocaust (the fascist judeocide) and the Nakba (the Palestinian « disaster » of the Zionist ethnic cleansing)? Gitaï’s « Kedma » places the contemporary dilemma within its historical and existential context. Preminger’s “Exodus” did everything not to provide movie-goers with the elements necessary to informed understanding. This is the difference between, on the one hand, demagogy and propaganda and, on the other hand, a call to reason and justice. Representations of leadership in « Exodus » were carefully contrived to create support, in the United States and elsewhere for the State of Israel. It is for this reason that the machinations and tractations of the world leaders who created the situation are conspicuously absent from the story. In « Kedma, » on the contrary, the absence of leaders and any characterization of leadership is designed to have an entirely different effect: namely the evocation of the hatred and human suffering caused when people are instrumental in the service of political and ideological projects.

Voir enfin:

La thèse mortifère de l’envahissement de la France

Il faut à tout prix dénoncer les discours délirants, d’Eric Zemmour, de William Goldnadel, ou même, dans de trop nombreuses de ses déclarations, d’Alain Finkielkraut, écrit Jacques Attali. Tant les discours hostiles aux musulmans en France sont mortifères.

Jacques Attali
Les Echos
3 oct. 2019

Quand on parle de « souverainisme », beaucoup de gens veulent croire qu’on ne parle, en Europe, que d’une maîtrise des importations et d’un refus des disciplines communautaires. En réalité, dans la plupart des cas, ceux qui en font l’apologie parlent en fait ainsi à mots couverts d’un refus des migrants, et plus largement, d’un refus des musulmans.

Rien ne serait pourtant plus terrible, en particulier dans la société française, que de laisser dénoncer impunément la présence musulmane, et de transformer une (légale) critique de l’islam en un (illégale) racisme antiafricain (et en particulier antiarabe).

L’islam n’est pas une menace

D’abord, les discours ainsi tenus sont faux. Il n’y a aucun envahissement de la France ni de l’Europe par l’Islam ou par l’Afrique. Les migrants non européens en France ne représentent pas, en solde net annuel, 450.000 personnes, comme le prétendent les extrêmes, mais moins de 185.000 personnes (et encore, en tenant compte des naturalisations, qui en représentent la moitié), soit moins d’un demi pour cent de la population française.

99 % d’entre eux s’intègrent parfaitement dans la nation française ; ils font des études, fondent des familles, parlent en français à leurs enfants, créent des entreprises, deviennent professeurs ou médecins. Les mères musulmanes et africaines ne sont pas de moins bonnes mères que les autres françaises ou résidentes en France. Et les musulmans ne sont pas beaucoup plus pratiquants que ne le sont aujourd’hui les fidèles des autres monothéismes.

L’islam n’est pas une menace pour la France ; il en est une composante depuis le VIIIe siècle. C’est même par lui, et par les philosophes juifs, que la pensée grecque est arrivée en France au tournant du premier millénaire. Et jamais le monde ne s’est mieux porté que quand judaïsme, chrétienté et Islam travaillaient ensemble à faire triompher la raison sur l’obscurantisme.

Bien sûr, on doit tout faire pour faciliter l’intégration des migrants, favoriser la réussite de leurs enfants ; et s’opposer à toutes les tentatives religieuses, d’où qu’elles viennent, pour imposer une conception du monde, ou un mode de vie, contraires aux règles de la laïcité, non respectueuses des droits des femmes ou, plus généralement, violant les lois de la République. Ce n’est pas le cas en France de la quasi-totalité des gens de foi, quelle que soit leur foi. Et en particulier ce n’est pas le cas des musulmans.

Discours hostiles

Ces discours hostiles aux musulmans de France sont mortifères. En particulier quand ils viennent de Juifs, qui devraient ne pas oublier que l’antisémitisme vise à la fois les uns et les autres. Il faut donc à tout prix dénoncer les discours délirants d’Eric Zemmour, de William Goldnadel, ou même, dans de trop nombreuses de ses déclarations, d’Alain Finkielkraut ; et de tant d’autres.

En particulier, il est triste de voir des descendants de Juifs d’Algérie oublier le rôle magnifique que les musulmans algériens ont joué pour soutenir et protéger leurs parents, aux temps horribles de l’antisémitisme triomphant en métropole, et plus encore en Algérie, sous Vichy, sous Giraud, et même sous de Gaulle.

Il ne serait pas de l’intérêt de la communauté juive française que les musulmans de France en viennent à penser que leurs concitoyens juifs se joignent à ceux qui veulent les chasser du pays, alors que les deux communautés sont encore considérées par d’autres Français comme des nouveaux venus indésirables. Ce serait aussi faire le jeu de ce qui aimerait importer en Europe le tragique conflit du Moyen-Orient.

Ne pas oublier le passé

La France ne se résume pas à un passé, souvent insupportable, ni à une histoire, souvent critiquable. La France n’est pas à prendre en bloc, à vénérer en tant que telle. Elle doit savoir critiquer son propre rôle dans l’esclavage, dans le colonialisme, dans la xénophobie, dans l’antisémitisme, dans la collaboration, dans la destruction de la nature. Elle ne doit pas céder à ces fantasmes de « grand remplacement », et elle doit se souvenir qu’elle porte le nom d’un peuple envahisseur, et qu’elle est, depuis son origine, le lieu privilégié d’installation d’innombrables peuples, dont chaque Français, d’où qu’il vienne, est l’héritier.

Elle ne doit pas oublier non plus que ce qui se cache aujourd’hui derrière le « souverainisme » désigne en fait la même xénophobie, la même fermeture, la même absence de confiance en soi que les idéologies anti-italienne, antipolonaise, antiarménienne, et antisémites des siècles passés.

La France est un devenir dont le passé ne peut être pris en bloc, mais doit être soigneusement trié, selon des critères que, justement, la République française a contribué à construire.

La France n’est grande que quand elle est ouverte, accueillante, sûre d’elle-même. Quand elle se construit, siècle après siècle en confiance, dans le brassage et l’intégration d’idées et de familles nouvelles, venues enrichir la communauté nationale. Quand elle permet de donner à la mondialisation la dimension qui lui manque tant, celle de la démocratie, de la justice sociale, et de la défense des libertés, contre toutes les dictatures.

Voir par ailleurs:

Rod Dreher: « Les Américains sont-ils redevenus conservateurs? »

FIGAROVOX/ENTRETIEN – Donald Trump participe ce vendredi à la «Marche pour la vie» de Washington, et la Cour suprême des États-Unis est redevenue majoritairement conservatrice sous son mandat. L’essayiste américain Rod Dreher nuance pourtant ce basculement politique.
Paul Sugy
Le Figaro
24 janvier 2020

Rod Dreher est un journaliste et écrivain américain, éditorialiste à l’American Conservative. Il a publié Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus: le pari bénédictin (Artège, 2017).


FIGAROVOX. – Donald Trump assiste ce vendredi à la «Marche pour la vie» à Washington. C’est la première fois qu’un président américain y participe. Pourtant il y a quelques années, il se déclarait «pro-choix»…

Rod DREHER. – La participation de Donald Trump est entièrement opportuniste. Il ne me semble pas qu’il ait des convictions morales solides. Il a découvert que les chrétiens conservateurs évangéliques le soutiennent, ils sont eux-mêmes pro-vie donc finalement il leur donne ce qu’ils veulent. Il est peut-être hypocrite à propos du droit à l’avortement, mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’il a nommé des juges pro-vie à la Cour Suprême. Et je préfère avoir un président hypocrite qui reste constant dans sa politique sur l’avortement, qu’un président qui soit sincèrement pro-vie mais qui ne soit pas suffisamment engagé pour cette cause…

Est-il réellement «le président le plus pro-vie de l’histoire» comme l’a expliqué Russel T. Vought au Daily Wire?

Je ne connais pas la réponse à cette question. Il se peut qu’il le soit, mais George W. Bush était fermement engagé pour la vie également. Il ne faut pas oublier que les alliés de Trump comme ses ennemis adorent les exagérations pour parler de lui… Et encore une fois, l’essentiel est dans ce qu’il fait et non pas dans la sincérité de ses actions.

Le droit à l’avortement est-il une nouvelle ligne de fracture pour la politique américaine?

Non, l’avortement n’est pas une nouvelle fracture, c’est une ligne de clivage depuis les années 1980 lors de la première campagne électorale de Ronald Reagan. Le fait que l’avortement demeure une fracture depuis toutes ces années est particulièrement intéressant: le pays a beaucoup évolué, même au sujet de la libération sexuelle.

Tous les vieux combats culturels concernant les questions de sexualité ont été perdus par la droite… à l’exception de l’avortement.

Un rapport de 2003 publié dans The Atlantic par Thomas B. Edsall intitulé «Blue Movie» montre de manière éloquente comment les questions de sexualité, incluant l’avortement, permettent de prédire avec précision le parti pour lequel les personnes interrogées vont voter. Depuis, les États-Unis sont devenus plus libéraux sur ces questions. La pornographie s’est répandue et est devenue largement accessible. Le mariage homosexuel a gagné un soutien majoritaire à une vitesse fulgurante et particulièrement auprès des jeunes. Après l’arrêt Obergefell qui déclare le droit constitutionnel du mariage homosexuel, pour les chrétiens la question des droits des homosexuels n’est plus centrée sur l’homosexualité elle-même mais sur la confrontation entre les droits LGBT et la liberté de conscience des croyants. Tous les vieux combats culturels concernant les questions de sexualité ont été perdus par la droite… à l’exception de l’avortement. Étrangement, l’opinion publique à propos de l’avortement n’a pas véritablement évolué depuis 1973. La plupart des Américains sont favorables à l’avortement, qui est légalisé, mais en y appliquant des restrictions. Alors qu’en 1973 l’arrêt Roe v. Wade prévoit un avortement sans restrictions.

Les miracles de la médecine actuelle qui sauve la vie de bébés nés grands prématurés sont plus parlants pour cette génération que les sermons des prêtres.

Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que même si les «millennials» sont bien plus libres sur les questions de sexualité que les générations précédentes, et malgré le fait qu’ils sont la génération la plus laïque de l’histoire des États-Unis, l’opposition à un avortement sans restriction demeure forte parmi eux. Je ne suis pas certain d’avoir la clef d’explication de ce phénomène mais je pense que la technologie est un élément de compréhension. Les avancées des échographies ont permis aux gens de véritablement voir pour la première fois ce qu’il se passe dans l’utérus et de prendre conscience qu’ils n’y voient pas qu’un morceau de chair mais un être humain en train de se développer. Les miracles de la médecine actuelle qui sauve la vie de bébés nés grands prématurés sont plus parlants pour cette génération que les sermons des prêtres.

Dans la campagne pour sa réélection, Donald Trump va-t-il tenter de rallier un électorat profondément conservateur?

Oui évidemment, il n’a plus grand monde à convaincre. La probabilité de la réélection de Donald Trump dépend de sa capacité à rallier sa base et à convaincre les conservateurs qui rechignent à voter démocrate, mais qui n’avaient pas voté pour lui en 2016 à cause de doutes profonds sur sa personne.

Les activistes progressistes ont désigné les chrétiens conservateurs comme leur principal ennemi.

Trump n’a pas été aussi mauvais que ce que je craignais. Pour autant je ne crois pas qu’il a été un bon président. Néanmoins, je vais sûrement voter pour lui en 2020, et ce pour une bonne raison: le parti démocrate est extrêmement hostile envers les conservateurs religieux et sociétaux mais aussi envers nos libertés fondamentales. Leur combat pour la théorie du genre et l’extension maximale des droits de la communauté LGBT sont les principaux piliers du programme démocrate. Les activistes progressistes ont désigné les chrétiens conservateurs comme leur principal ennemi. Sur ces questions et sur la protection de la liberté d’expression, on ne peut pas leur faire confiance. Ils sont devenus les ennemis de la liberté.

Il est clair que le nombre d’Américains qui est d’accord avec les traditionalistes sur ces questions diminue. Je crois que dans les mois et les décennies à venir, les juges fédéraux conservateurs que Trump a nommés seront les seuls à offrir une véritable sauvegarde de la liberté religieuse aux États-Unis. Les Républicains au Congrès et à la Maison Blanche n’ont pas vraiment agi en faveur du renforcement de la liberté religieuse contre les revendications des droits LGBT. Ils sont terrifiés à l’idée de passer pour bigots. Malheureusement, beaucoup de chrétiens américains ont eu des faux espoirs avec le Grand Old Party, en pensant qu’il suffisait de voter républicain pour gagner sur ces questions. En réalité, dans tous les domaines, académiques, médicaux, juridiques, dans les entreprises, les droits LGBT et l’idéologie du genre sont triomphants. Voter républicain est le seul moyen de ralentir cette «Blitzkrieg» progressiste et peut être à travers des biais juridiques y mettre fin dans le futur. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est tout ce que nous pouvons faire pour le moment sur le front politique.

À en croire les journaux français, les États-Unis vivent en ce moment un crépuscule du progressisme… Est-ce aussi votre sentiment?

C’est faux, mais je peux comprendre que cela semble apparaître de cette manière pour quelqu’un qui ne s’intéresse qu’au pouvoir politique. Il est vrai que Trump a la présidence, les Républicains tiennent la majorité au Congrès et pour ces deux raisons les Républicains nomment un certain nombre de juges fédéraux.

L’émergence d’un « woke capitalism  », un capitalisme progressiste, est un des faits politiques les plus significatifs de la décennie.

C’est un élément important mais ce n’est pas suffisant face au pouvoir culturel immense que les progressistes détiennent de leur côté. Ils contrôlent les plus grands médias d’information et de divertissement, ils contrôlent les écoles et les universités, la médecine et le droit et aussi de manière assez improbable, les grandes entreprises. L’émergence d’un «woke capitalism», un capitalisme progressiste, est un des faits politiques les plus significatifs de la décennie. La majorité des conservateurs n’a pas conscience de leur puissance ni de la manière dont ils se sont clairement positionnés contre le conservatisme social. Ils sont encore attachés à l’ère reaganienne et à illusion que le monde des affaires est conservateur.

Quand Ronald Reagan a été élu président en 1980, il a ouvert une nouvelle ère dans la politique américaine, dominée par la droite, plus précisément par les néolibéraux de la droite. Cette ère s’est achevée avec Obama et Trump, mais l’avenir n’est pas écrit. Si on avait dit à un électeur conservateur au moment de l’investiture de Reagan que 30 ans plus tard le christianisme serait déclinant en Amérique, que le mariage homosexuel et l’adoption seraient légaux, que la pornographie violente serait uniformément répandue et accessible à tous y compris aux enfants grâce aux smartphones, que les médecins seraient autorisés à retirer des poitrines féminines à des jeunes filles pour devenir des hommes transgenres, je pense que cet électeur ne croirait pas une seconde qu’un pays qui autorise cela puisse être véritablement conservateur. Et pourtant c’est la réalité de l’Amérique d’aujourd’hui.

Les chrétiens traditionnels, catholiques, protestants, orthodoxes, ont perdu la guerre culturelle.

Si nous sommes un pays conservateur, pourquoi n’avons-nous pas eu un mouvement comme celui de la Manif pour tous, qui pourtant en France, au pays de la laïcité, a conduit des centaines de milliers de personnes dans les rues de Paris pour manifester? J’ai le sentiment que nous sommes plus un pays houllebecquien, même si les conservateurs ne veulent pas l’admettre. Les chrétiens traditionnels, catholiques, protestants, orthodoxes, ont perdu la guerre culturelle. Nous devons nous préparer à une longue période d’occupation et de résistance. C’est ce que j’appelle choisir l’option bénédictine. Même si mon livre s’est bien vendu aux États-Unis, proportionnellement il a eu plus de succès en Europe. En France, en Italie, en Espagne et dans d’autres pays européens mes lecteurs sont des catholiques de moins de 40 ans. Lorsque vous êtes aussi jeune et que vous allez encore à la messe, vous n’avez pas à être convaincu de la vérité du diagnostic que je porte sur le malaise culturel actuel. De même, vous n’avez pas besoin d’être convaincu de l’impuissance de l’église post-soixante-huitarde dans cette crise. En Amérique, les chrétiens n’ont pas encore vu pleinement cette vérité. Cela nous attend dans cette nouvelle décennie. Ce sera un choc douloureux mais nous ne serons pas en mesure de constituer une vraie résistance tant que nous n’accepterons pas cette réalité. Après Trump, le déluge.


Hanouka/2184e: Trump invente le sionisme antisémite ! (Ultimate sleight of hand: How can opposition to the existence of an apartheid state be called racism ?)

23 décembre, 2019
tied willyPresident Trump at the Israeli American Council National Summit last week in Hollywood, Fla.En ces jours-là surgit d’Israël une génération de vauriens qui séduisirent beaucoup de personnes en disant : “Allons, faisons alliance avec les nations qui nous entourent, car depuis que nous nous sommes séparés d’elles, bien des maux nous sont advenus.” (…) Plusieurs parmi le peuple s’empressèrent d’aller trouver le roi, qui leur donna l’autorisation d’observer les coutumes païennes. Ils construisirent donc un gymnase à Jérusalem, selon les usages des nations, se refirent des prépuces et renièrent l’alliance sainte pour s’associer aux nations. 1 Maccabées 1: 11-15
Il n’était même pas permis de célébrer le sabbat, ni de garder les fêtes de nos pères, ni simplement de confesser que l’on était Juif. On était conduit par une amère nécessité à participer chaque mois au repas rituel, le jour de la naissance du roi et, lorsqu’arrivaient les fêtes dionysiaques, on devait, couronné de lierre, accompagner le cortège de Dionysos. (…) Ainsi deux femmes furent déférées en justice pour avoir circoncis leurs enfants. On les produisit en public à travers la ville, leurs enfants suspendus à leurs mamelles, avant de les précipiter ainsi du haut des remparts. D’autres s’étaient rendus ensemble dans des cavernes voisines pour y célébrer en cachette le septième jour. Dénoncés à Philippe, ils furent brûlés ensemble, se gardant bien de se défendre eux-mêmes par respect pour la sainteté du jour. (…) Eléazar, un des premiers docteurs de la Loi, homme déjà avancé en âge et du plus noble extérieur, était contraint, tandis qu’on lui ouvrait la bouche de force, de manger de la chair de porc. Mais lui, préférant une mort glorieuse à une existence infâme, marchait volontairement au supplice de la roue,non sans avoir craché sa bouchée, comme le doivent faire ceux qui ont le courage de rejeter ce à quoi il n’est pas permis de goûter par amour de la vie. 2 Maccabées 6 : 6-20
On célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace. C’était l’hiver. Et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon. Jean 10: 22
La crise maccabéenne n’est pas un affrontement entre un roi grec fanatique et des Juifs pieux attachés à leurs traditions. C’est d’abord une crise interne au judaïsme, d’un affrontement entre ceux qui estiment qu’on peut rester fidèle au judaïsme en adoptant néanmoins certains traits de la civilisation du monde moderne, le grec, la pratique du sport, etc.., et ceux qui au contraire, pensent que toute adoption des mœurs grecques porte atteinte de façon insupportable à la religion des ancêtres. Si le roi Antiochos IV intervient, ce n’est pas par fanatisme, mais bien pour rétablir l’ordre dans une province de son royaume qui, de plus, se place sur la route qu’il emprunte pour faire campagne en Égypte. (…) Là où Antiochos IV commettait une magistrale erreur politique, c’est qu’il n’avait pas compris qu’abolir la Torah ne revenait pas seulement à priver les Juifs de leurs lois civiles, mais conduisait à l’abolition du judaïsme. Maurice Sartre
L’assemblée générale (…) considère que le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale. Résolution 379 (ONU, le 10 novembre 1975)
L’assemblée générale décide de déclarer nulle la conclusion contenue dans le dispositif de sa résolution 3379 (XXX) du 10 novembre 1975. Résolution 4686 (ONU, le 16 décembre 1991)
I stand before you as the daughter of Palestinian immigrants, parents who experienced being stripped of their human rights – the right to freedom of travel, equal treatment. I cannot stand by and watch this attack on our freedom of speech and the right to boycott the racist policies of the government and the State of Israel. I love our country’s freedom of speech, madam speaker. Dissent is how we nurture democracy. and grow to be better and more humane and just. This is why I oppose resolution 243. All Americans have a right, a constitutional right guaranteed by the first amendment to freedom of speech. To petition their government and participate in boycotts. Speech in pursuit of civil rights at home and abroad is protected by our first amendment. That is one reason why our first amendment is so powerful. With a few exceptions the government is simply not allowed to discriminate against speech based on its viewpoint or speaker. The right to boycott is deeply rooted in the fabric of our country. What was the Boston tea party but a boycott ? Where would we be now with the civil rights activists in the 1950’s and 1960’s like the united farm workers grape boycott? Some of this country’s most important advances in racial equality and equity and workers’ rights has been achieved through collective action, protected by our constitution. Americans of conscience have long and proud history of participating in boycotts, specifically to advocate for human rights abroad. Americans boycotted nazi Germany in response to dehumanization, imprisonment, and genocide of Jewish people. In the 1980’s, many of us in this very body boycotted South African goods in the fight against apartheid. Our right to free speech is being threatened with this resolution. It sets a dangerous precedent because it attempts to delegitimatize a certain people’s political speech and to send a message that our government can and will take action against speech it doesn’t like. Madam speaker, the Supreme court has time and time again recognized the expressive conduct is protected by the constitution. from burning a flag to baking a cake, efforts to restrict and target that protected speech run the risk of eroding the civil rights that form the foundation of our democracy. All Americans have the right to participate in boycotts, and I oppose all legislative efforts that target speech. I urge congress, state governments, and civil rights leaders from all communities to preserve our constitution, preserve our bill of rights, and preserve the first amendment’s guaranteed of freedom of speech by opposing h. res. 246 and the boycott, anti-boycott efforts wherever they rise. Rashida Tlaib (July 23, 2019)
Melania and I send our warmest wishes to Jewish people in the United States, Israel and across the world as you commence the 8-day celebration of Hanukkah. More than 2,000 years ago, the Maccabees boldly reclaimed the Holy Temple in Jerusalem, securing a victory for the Jewish people and their faith. They proudly lit the menorah to rededicate the Second Temple. Even though there was only enough olive oil to burn for one day, through divine providence, the flames miraculously burned for eight nights. As the Jewish community gathers together to celebrate this special and sacred time of year, we are reminded of God’s message of hope, mercy, and love. Throughout the coming eight days, each candle to be lit on the menorah will signal to the world that freedom and justice will always shine brighter than hate and oppression. Today, the relationship between the United States and Israel, one of our most cherished allies and friends, is stronger than ever. We will continue to stand with the Jewish people in defending the God-given right to worship freely and openly. As our Jewish brothers and sisters gather around the menorah each night, we pray for a memorable and blessed celebration of the Festival of Lights. May the light of the menorah and the fellowship of family and friends fill your hearts with happiness and a renewed sense of faith. Happy Hanukkah! President Trump
Le président Donald J. Trump prend un décret présidentiel pour renforcer la lutte contre la montée de l’antisémitisme aux États-Unis. Le décret du président Trump indique clairement que le Titre VI de la loi sur les droits civils de 1964 s’applique à la discrimination antisémite fondée sur la race, la couleur ou l’origine nationale. Dans le cadre de l’application du Titre VI contre la discrimination antisémite dissimulée, les agences se référeront à la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) ainsi que ses exemples contemporains. (…) Ces dernières années, les Américains ont assisté à une augmentation inquiétante des incidents antisémites et à une montée de la rhétorique correspondante dans l’ensemble du pays. (…) Les incidents antisémites se sont multipliés en Amérique depuis 2013, en particulier dans les écoles et sur les campus universitaires. Il s’agit en particulier d’actes de violence horribles à l’encontre de Juifs américains et de synagogues aux États-Unis. 18 membres démocrates du Congrès ont coparrainé cette année une législation en faveur du mouvement antisémite « Boycott, désinvestissement, sanctions » (BDS). Dans leur résolution, ces membres du Congrès comparaient de manière choquante le soutien à Israël à celui à l’Allemagne nazie. Ambassade des Etats-Unis en France
États-unis. Quand Trump voit le judaïsme comme une nationalité: Sous prétexte de combattre l’antisémitisme, le président américain signe un décret qui empêche toute critique d’Israël. L’Humanité
Le président Trump prévoit de signer mercredi un décret visant à cibler ce qu’il considère comme de l’antisémitisme sur les campus universitaires en menaçant de retenir l’argent fédéral des établissements d’enseignement qui ne parviennent pas à lutter contre la discrimination, ont déclaré mardi trois responsables de l’administration. L’ordonnance devrait effectivement interpréter  le judaïsme comme une race ou une nationalité, et pas seulement comme une religion, pour inciter une loi fédérale pénalisant les collèges et universités qui se dérobent à leur responsabilité à favoriser un climat ouvert pour les étudiants issus de minorités. Ces dernières années, le boycott, le désinvestissement et les sanctions – ou B.D.S. – le mouvement contre Israël a troublé certains campus, laissant certains étudiants juifs se sentir importuns ou attaqués. En signant l’ordonnance, M. Trump utilisera son pouvoir exécutif pour agir là où le Congrès ne l’a pas fait, reproduisant essentiellement une législation bipartite bloquée par le Capitol Hill depuis plusieurs années. D’éminents démocrates se sont joints aux républicains pour promouvoir un tel changement de politique afin de combattre l’antisémitisme ainsi que le mouvement de boycott d’Israël. Mais les critiques se sont plaints qu’une telle politique pourrait être utilisée pour étouffer la liberté d’expression et l’opposition légitime à la politique d’Israël envers les Palestiniens au nom de la lutte contre l’antisémitisme. La définition de l’antisémitisme utilisée dans l’ordonnance correspond à celle utilisée par le Département d’État et par d’autres nations, mais elle a été critiquée comme étant trop ouverte et trop générale. Par exemple, il y est décrit comme antisémite « nier au peuple juif son droit à l’autodétermination » dans certaines circonstances et offre comme exemple de ce comportement « affirmer que l’existence d’un État d’Israël est une entreprise raciste ». (…) Les responsables de l’administration, qui ont insisté sur l’anonymat pour discuter de l’ordonnance avant son annonce officielle, ont déclaré qu’elle n’était pas destiné à étouffer la liberté d’expression. La Maison Blanche a contacté certains démocrates et groupes militants qui ont critiqué le président pour obtenir un soutien à cette décision. (…) Au fil des ans, M. Trump a été accusé de faire des remarques antisémites, de fermer les yeux sur les tropes antisémites ou d’enhardir les suprémacistes blancs comme ceux de Charlottesville, en Virginie, en 2017. Le week-end dernier, il a été critiqué pour ses propos tenus en Floride devant le Conseil israélo-américain au cours de laquelle il a déclaré au public juif qu’ils n’étaient « pas des gens sympas » mais qu’ils appuieraient sa réélection parce que « vous n’allez pas voter pour l’impôt sur la fortune ». Mais il s’est également positionné comme un partisan indéfectible d’Israël et un champion des Juifs américains, en déplaçant l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, en soutenant les colonies en Cisjordanie et en reconnaissant la saisie des hauteurs du Golan. Il a également agressé la représentante Ilhan Omar, démocrate du Minnesota, lorsqu’elle a déclaré que le soutien à Israël était « tout au sujet des Benjamins », ce qui signifie de l’argent. (…) L’ordonnance à signer par M. Trump habiliterait le Département de l’éducation à de telles actions. En vertu du titre VI de la loi sur les droits civils de 1964, le ministère peut retenir le financement de tout collège ou programme éducatif qui établit une discrimination «fondée sur la race, la couleur ou l’origine nationale». La religion n’était pas incluse dans les catégories protégées, donc l’ordre de Donald Trump aura pour effet d’embrasser un argument selon lequel les Juifs sont un peuple ou une race d’origine nationale collective au Moyen-Orient, comme les Italo-Américains ou les Polonais américains. La définition de l’antisémitisme qui doit être adoptée par le Département d’État et formulée à l’origine par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste comprend « une certaine perception des Juifs, qui peut être exprimée comme de la haine envers les Juifs ». Cependant, elle ajoute que « des critiques d’Israël similaires à ce niveau contre tout autre pays ne peut pas être considéré comme antisémite ». (…) Bien qu’un ordre exécutif ne soit pas aussi permanent que la législation et puisse être annulé par le prochain président, l’action de M. Trump peut avoir pour effet d’étendre la politique au-delà de son administration, car ses successeurs peuvent trouver politiquement peu attrayant de le renverser. NYT
President Trump plans to sign an executive order on Wednesday targeting what he sees as anti-Semitism on college campuses by threatening to withhold federal money from educational institutions that fail to combat discrimination, three administration officials said on Tuesday. The order will effectively interpret Judaism as a race or nationality, not just a religion, to prompt a federal law penalizing colleges and universities deemed to be shirking their responsibility to foster an open climate for minority students. NYT
In an alternate universe, the idea of a presidential order designed to protect Jews from discrimination on college campuses would not necessarily create a firestorm of mutual recrimination and internecine political warfare. True, there is no consensus on whether “Jewish” is a religious, cultural, ethnic, or national identity. Most often, it is framed as a combination of at least three, but not always and certainly not in the views of all the various denominations and sects that accept the appellation. But there is no question that anti-Semitic acts are increasing across the United States, and they are being undertaken by people who could not care less about these distinctions. And there is nothing inherently objectionable about using the power of the federal government to try to protect people, including college students, from those incidents’ consequences. But in this universe, the guy who ordered this protection, Donald Trump, has revealed himself repeatedly to be an inveterate anti-Semite. (…) That’s on the one hand. On the other, Trump has been a perfect patsy for Israel’s right-wing government and its supporters in what is misnamed the American “pro-Israel” community. While previous presidents sought, without much success, to restrain Israel on behalf of a hoped-for future peace agreement with the Palestinians, Trump has given that nation’s most corrupt and extremist leadership in its 71-year-history carte blanche—peace and the Palestinians be damned. If the simultaneous embrace of anti-Semitism at home and philo-Semitism when it comes to Israel strikes one as contradictory, this is a mistake. Trump, like so many of today’s elected “populists,” sees considerable advantage in playing to hometown prejudices for personal gain while boosting Israel as a bulwark against worldwide Islam, which many of the president’s supporters consider an even greater offense to Christian belief than Jews are. Jews may be greedy and disloyal at home, but as long as Israel is out there kicking the shit out of the Arabs, it’s a trade-off that right-wing autocrats and their neofascist followers can get behind. (…) But the issue of the executive order is complicated by the fact that it is understood by all to be a means for the federal government to step in and quash the intensifying criticism of Israel on college campuses—most notably, criticism that takes the form of the boycott, divestment, and sanctions movement, or BDS. And it does this in part by insisting, as Jared Kushner recently argued in a New York Times op-ed, that all “anti-Zionism is anti-Semitism.” I’ve been an outspoken critic of the academic BDS movement for some time now. But if you ask me, the movement has been a spectacular failure in every respect, save one: It has succeeded in turning many college campuses into anti-Israel inculcation centers and therefore has scared the bejesus out of the Jewish parents paying for their kids to attend them. At the same time—even if you allow that occasional anti-Semitic comments and actions by some of BDS’s supporters are outliers and not indicative of most of its followers—I find the idea and, even more so, the practice of an academic boycott to be undeniably contradictory to universities’ philosophical commitment to freedom of expression and ideas. Nonetheless, the explicit and intellectually indefensible equation of anti-Zionism with actionable anti-Semitism is an obvious offense to the notion of freedom of expression, however much it cheers the tiny hearts of right-wing Jews and other Trump defenders. Jewish students already had all the protections they needed before Trump’s executive order. Title VI of the Civil Rights Act covers discrimination on the basis of a “group’s actual or perceived ancestry or ethnic characteristics” or “actual or perceived citizenship or residency in a country whose residents share a dominant religion or a distinct religious identity.” The New York Times’ early, inaccurate reporting on the executive order, in which the paper falsely stated that the order would “effectively interpret Judaism as a race or nationality,” deserves special mention here for creating the panic. But the result of the entire episode is that, yet again, the Trump administration has placed a stupid, shiny object before the media, and the hysteria that has ensued has divided Americans, Jews, liberals and conservatives, and free speech and human rights activists, all while the administration continues its relentless assault on our democracy and better selves. The Nation
US President Donald Trump thinks that anti-Semitism is a serious problem in America. But Trump is not so much concerned about neo-Nazis who scream that Jews and other minorities “will not replace us,” for he thinks that many white supremacists are “very fine people.” No, Trump is more worried about US college campuses, where students call for boycotts of Israel in support of the Palestinians. (…) In the first years of the Jewish state, Israel was popular among many leftists, because it was built on socialist ideas. Left-wing opinion in Europe and the United States began to turn against Israel after the Six-Day War in 1967, when Arab territories were occupied by Israeli troops. More and more, Israel came to be seen as a colonial power, or an apartheid state. One may or may not agree with that view of Israel. But few would deny that occupation, as is usually the case when civilians are under the thumb of a foreign military power, has led to oppression. So, to be a strong advocate for Palestinian rights and a critic of Israeli policies, on college campuses or anywhere else, does not automatically make one an anti-Semite. But there are extreme forms of anti-Zionism that do. The question is when that line is crossed. Some would claim that it is anti-Semitic to deny Jews the right to have their own homeland. This is indeed one of the premises of Trump’s presidential order. There are also elements on the radical left, certainly represented in educational institutions, who are so obsessed by the oppression of Palestinians that they see Israel as the world’s greatest evil. Just as anti-Semites in the past often linked Jews with the US, as the twin sources of rootless capitalist malevolence, some modern anti-Zionists combine their anti-Americanism with a loathing for Israel.In the minds of certain leftists, Israel and its American big brother are not just the last bastions of racist Western imperialism. The idea of a hidden Jewish capitalist cabal can also enter left-wing demonology as readily as it infects the far right. This noxious prejudice has haunted the British Labour Party, something its leader, Jeremy Corbyn, has consistently failed to recognize.In short, anti-Zionism can veer into anti-Semitism, but not all critics of Israel are anti-Zionist, and not all anti-Zionists are prejudiced against Jews.Quite where people stand on this issue depends heavily on how they define a Jew – a source of endless vagueness and confusion. (…)There is, in any case, something ill-conceived about the stress on race and nationhood in Trump’s order on combating anti-Semitism. Israel is the only state claiming to represent all Jews, but not all Jews necessarily identify with Israel. Some even actively dislike it. Trump’s order might suggest that such people are renegades, or even traitors. This idea might please Israel’s current government, but it is far from the spirit of the Halakha, or even from the liberal idea of citizenship.Defining Jews as a “race” is just as much of a problem. Jews come from many ethnic backgrounds: Yemenite, Ethiopian, Russian, Moroccan, and Swedish Jews are hard to pin down as a distinctive ethnic group. Hitler saw Jews as a race, but that is no reason to follow his example.To combat racism, wherever it occurs, is a laudable aim. But singling out anti-Semitism in an executive order, especially when the concept is so intimately linked to views on the state of Israel, is a mistake. Extreme anti-Zionists may be a menace; all extremists are. But they should be tolerated, as long as their views are peacefully expressed. To stifle opinions on campuses by threatening to withhold funds runs counter to the freedom of speech guaranteed by the US Constitution. This is, alas, not the only sign that upholding the constitution is not the main basis of the current US administration’s claim to legitimacy. Ian Buruma
Donald Trump has a knack for taking some of humanity’s most problematic ideas and turning them on their head to make them even worse. He has done it again. On Wednesday, he signed an executive order that will allow federal funds to be withheld from colleges where students are not protected from anti-Semitism—using an absurdly defined version of what constitutes anti-Semitism. Recent precedent and the history of legislative efforts that preceded the executive order would suggest that its main targets are campus groups critical of Israeli policies. What the order itself did not make explicit, the President’s son-in-law did: on Wednesday, Jared Kushner published an Op-Ed in the Times in which he stressed that the definition of anti-Semitism used in the executive order “makes clear what our administration has stated publicly on the record: Anti-Zionism is anti-Semitism.” Both Kushner and the executive order refer to the definition of anti-Semitism that was formulated, in 2016, by the International Holocaust Remembrance Alliance; it has since been adopted by the State Department. The definition supplies examples of anti-Semitism, and Kushner cited the most problematic of these as the most important: “the targeting of the state of Israel, conceived as a Jewish collectivity”; denial to “the Jewish people their right to self-determination, e.g. by claiming that the existence of a state of Israel is a racist endeavor”; and comparing “contemporary Israeli policy to that of the Nazis.” All three examples perform the same sleight of hand: they reframe opposition to or criticism of Israeli policies as opposition to the state of Israel. And that, says Kushner, is anti-Semitism. To be sure, some people who are critical of Israeli policies are opposed to the existence of the state of Israel itself. And some of those people are also anti-Semites. I am intimately familiar with this brand of anti-Semitism, because I grew up in the Soviet Union, where anti-Zionist rhetoric served as the propaganda backbone of state anti-Semitism. The word “Zionist,” when deployed by Pravda, served as incitement to violence and discrimination against Soviet Jews. All of this can be true at the same time that it is also true that Israel has effectively created an apartheid state, in which some Palestinians have some political rights and the rest have none. Human-rights organizations such as Breaking the Silence and B’Tselem—Israeli groups, founded and run by Jews—continue to document harrowing abuse of Palestinians in Israel, the occupied West Bank, and Gaza. One does not have to be an anti-Semite to be an anti-Zionist, but one certainly can be both an anti-Semite and an anti-Zionist. Trump, however, has inverted this formula by positioning himself as a pro-Zionist anti-Semite. Masha Gessen (New Yorker)
The key point we were making is that sometimes discrimination against Jews, Muslims, and others is based on a perception of shared race, ethnicity, or national origin, and in those cases it’s appropriate to think of that discrimination as race or national origin discrimination as well as religious discrimination. It doesn’t mean that the government is saying that the group is a racial or national group. The government is saying that the discrimination is based on the discriminator’s perception of race or national origin. That’s a very different matter from saying that anti-Israel or pro-Palestinian speech constitutes discrimination. Sam Bagenstos (University of Michigan Law School)
The text of the order, which leaked on Wednesday, does not redefine Judaism as a race or nationality. It does not claim that Jews are a nation or a different race. The order’s interpretation of Title VI—insofar as the law applies to Jews—is entirely in line with the Obama administration’s approach. It only deviates from past practice by suggesting that harsh criticism of Israel—specifically, the notion that it is “a racist endeavor”—may be used as evidence to prove anti-Semitic intent. There is good reason, however, to doubt that the order can actually be used to suppress non-bigoted disapproval of Israel on college campuses. Title VI bars discrimination on the basis of “race, color or national origin” in programs that receive federal assistance—most notably here, educational institutions. It does not prohibit discrimination on the basis of religion, an omission that raises difficult questions about religions that may have an ethnic component. For example, people of all races, ethnicities, and nationalities can be Muslim. But Islamophobia often takes the form of intolerance against individuals of Arab or Middle Eastern origin. If a college permits rampant Islamophobic harassment on campus, has it run afoul of Title VI? In a 2004 policy statement, Kenneth L. Marcus—then–deputy assistant secretary for enforcement at the Department of Education’s Office of Civil Rights—answered that question. “Groups that face discrimination on the basis of shared ethnic characteristics,” Marcus wrote, “may not be denied the protection” under Title VI “on the ground that they also share a common faith.” Put differently, people who face discrimination because of their perceived ethnicity do not lose protection because of their religion. The Office of Civil Rights, Marcus continued, “will exercise its jurisdiction to enforce the Title VI prohibition against national origin discrimination, regardless of whether the groups targeted for discrimination also exhibit religious characteristics. Thus, for example, OCR aggressively investigates alleged race or ethnic harassment against Arab Muslim, Sikh and Jewish students.” The Obama administration reaffirmed this position in a 2010 letter written by Assistant Attorney General Thomas E. Perez, who is now the chair of the Democratic National Committee. “We agree,” Perez wrote, with Marcus’ analysis. “Although Title VI does not prohibit discrimination on the basis of religion, discrimination against Jews, Muslims, Sikhs, and members of other religious groups violates Title VI when that discrimination is based on the group’s actual or perceived shared ancestry or ethnic characteristics, rather than its members’ religious practice.” Perez added that Title VI “prohibits discrimination against an individual where it is based on actual or perceived citizenship or residency in a country whose residents share a dominant religion or a distinct religious identity.” On Wednesday, I asked Perez’s former principal deputy, Sam Bagenstos—now a professor at University of Michigan Law School—whether he felt this reasoning equated any religious group of a nationality or race. “The key point we were making,” he told me, “is that sometimes discrimination against Jews, Muslims, and others is based on a perception of shared race, ethnicity, or national origin, and in those cases it’s appropriate to think of that discrimination as race or national origin discrimination as well as religious discrimination. It doesn’t mean that the government is saying that the group is a racial or national group. The government is saying that the discrimination is based on the discriminator’s perception of race or national origin. That’s a very different matter from saying that anti-Israel or pro-Palestinian speech constitutes discrimination.” Trump’s executive order mostly just reaffirms the current law. Trump’s EO does not deviate from this understanding of the overlap between discrimination on the basis of race or nationality and discrimination against religion. It only changes the law insofar as it expands the definition of anti-Semitism that may run afoul of Title VI. In assessing potential violations, the order directs executive agencies to look to the International Holocaust Remembrance Alliance’s definition—chiefly “hatred toward Jews” directed at individuals, their property, their “community institutions and religious facilities.” Agencies must also refer to the IHRA’s “Contemporary Examples of Anti-Semitism.” That list contains a number of obvious, unobjectionable examples. But it also includes two more controversial examples: “Denying the Jewish people their right to self-determination, e.g., by claiming that the existence of a State of Israel is a racist endeavor,” and “Applying double standards by requiring of it a behavior not expected or demanded of any other democratic nation.” To the extent that anyone is alarmed by Wednesday’s order, these examples should be the focus of their concern. A tendentious reading of this rule could theoretically get students in trouble for severe condemnation of Israeli policy, even when it does not cross the line into a condemnation of Jews. But the order only directs agencies to consider the IHRA’s list “to the extent that any examples might be useful as evidence of discriminatory intent.” In other words, applying double standards to Israel alone would not trigger a Title VI investigation. Instead, the IHRA’s list would only come into play after an individual is accused of overt anti-Semitism with an ethnic component, and then only as evidence of bigoted intent. Moreover, the order states that agencies “shall not diminish or infringe upon any right protected under Federal law or under the First Amendment” in enforcing Title VI. Because political criticism of Israel is plainly protected speech, the impact of the order’s revised definition of anti-Semitism will likely be limited. In fact, it’s unclear whether Wednesday’s order will have any impact, given that it mostly just reaffirms the current law. The New York Times’ reporting provoked anger among many Jews, who feared that an order to “effectively interpret Judaism as a race or nationality” would stoke anti-Semitism. But the order does no such thing. It restates the federal government’s long-standing interpretation of Title VI to encompass some anti-Jewish bias. And it raises the faint possibility that, in some case down the road, a student’s sharp criticism of Israel may be used as evidence of anti-Semitic intent after he has been accused of targeting Jews because of their perceived race or nationality. Is this order red meat for Republicans who believe colleges are increasingly hostile to Jews? Probably. Will it quash the pro-Palestine movement on campuses or impose an unwanted classification on American Jews? Absolutely not.

Plus raciste que moi, tu meurs !

En cette première journée d’Hanoukah, la Fête des lumières juive célébrant la reconsécration du Temple par les Maccabées en décembre 165 avant notre ère suite à sa désécration par le roi Séleucide (syrien descendant des généraux d’Alexandre) Antiochus (ou Antiochos) IV dit Epiphane …

Qui derrière la tentative d’héllénisation forcée et les mesures d’une sorte de génocide culturel …

Et la véritable crise identitaire que déclencha, avant celle des Romains puis la nôtre aujourd’hui, cette première mondialisation …

Vit en fait au sein même d’Israël non seulement une révolte fiscale…

Mais une véritable guerre civile entre factions opposées du judaïsme (héllenisés contre traditionalistes) …

Les premiers allant jusqu’à faire appel à la puissante occupante des Séleucides pour arbitrer le conflit …

Et au lendemain de la retentissante et réjouissante remise aux poubelles de l’histoire par le peuple britannique …

De la véritable institutionnalisation de l’antisémitisme, derrière le parti de Jeremy Corbyn, de toute une gauche européenne et américaine …

Comment ne pas voir rejouer sous nos yeux, toutes proportions gardées, cette même guerre culturelle …

Au sein même de la communauté juive aussi bien américaine que mondiale …

Et, 70 ans après sa re-création, ce même refus d’une souveraineté juive restaurée

Suite aux premières fuites (d’un toujours aussi zélé NYT ayant conclu un peu hâtivement à une assimilation qui y aurait été faite du judaïsme à une race ou un groupe ethnique) d’un décret que vient de publier le président Trump contre l’antisémitisme  …

Qui, entre appels au boycott d’Israël et intimidation de toute parole pro-israélienne, continue ses ravages sur les campus américains …

Et comment ne pas découvrir horrifié derrière l’interdiction de l’antisionisme …

L’opposition à un « Etat d’apartheid » ne pouvant être, y compris on le sait à coup d’associations au nazisme, qualifié de racisme …

L’abomination de cette nouvelle race de super-racistes …

A savoir celle du… sioniste antisémite ?

Trump’s Racist Ban on Anti-Semitism
To combat racism, wherever it occurs, is a laudable aim. But singling out anti-Semitism in an executive order, especially when the concept is so intimately linked to views on the state of Israel, is a mistake.
Ian Buruma
Project syndicate
Dec 13, 2019

NEW YORK – US President Donald Trump thinks that anti-Semitism is a serious problem in America. But Trump is not so much concerned about neo-Nazis who scream that Jews and other minorities “will not replace us,” for he thinks that many white supremacists are “very fine people.” No, Trump is more worried about US college campuses, where students call for boycotts of Israel in support of the Palestinians.

Trump just signed an executive order requiring that federal money be withheld from educational institutions that fail to combat anti-Semitism. Since Jews are identified in this order as a discriminated group on the grounds of ethnic, racial, or national characteristics, an attack on Israel would be anti-Semitic by definition. This is indeed the position of Jared Kushner, Trump’s Jewish son-in-law, who believes that “anti-Zionism is anti-Semitism.”There are, of course, as many forms of anti-Semitism as there are interpretations of what it means to be Jewish. When Trump and his supporters rant in campaign rallies about shadowy cabals of international financiers who undermine the interests of “ordinary, decent people,” some might interpret that as a common anti-Semitic trope, especially when an image of George Soros is brandished to underline this message. Trump even hinted at the possibility that the liberal Jewish human rights promoter and philanthropist was deliberately funding “caravans” of refugees and illegal aliens so that they could spread mayhem in the US. In Soros’s native Hungary, attacks on him as a cosmopolitan enemy of the people are unmistakably anti-Semitic.Conspiracy theories about sinister Jewish power have a long history. The Protocols of the Elders of Zion, a Russian forgery published in 1903, popularized the notion that Jewish bankers and financiers were secretly pulling the strings to dominate the world. Henry Ford was one of the more prominent people who believed this nonsense.The history of extreme anti-Zionism is not so long. In the first years of the Jewish state, Israel was popular among many leftists, because it was built on socialist ideas. Left-wing opinion in Europe and the United States began to turn against Israel after the Six-Day War in 1967, when Arab territories were occupied by Israeli troops. More and more, Israel came to be seen as a colonial power, or an apartheid state.One may or may not agree with that view of Israel. But few would deny that occupation, as is usually the case when civilians are under the thumb of a foreign military power, has led to oppression. So, to be a strong advocate for Palestinian rights and a critic of Israeli policies, on college campuses or anywhere else, does not automatically make one an anti-Semite. But there are extreme forms of anti-Zionism that do. The question is when that line is crossed.

Some would claim that it is anti-Semitic to deny Jews the right to have their own homeland. This is indeed one of the premises of Trump’s presidential order. There are also elements on the radical left, certainly represented in educational institutions, who are so obsessed by the oppression of Palestinians that they see Israel as the world’s greatest evil. Just as anti-Semites in the past often linked Jews with the US, as the twin sources of rootless capitalist malevolence, some modern anti-Zionists combine their anti-Americanism with a loathing for Israel.

In the minds of certain leftists, Israel and its American big brother are not just the last bastions of racist Western imperialism. The idea of a hidden Jewish capitalist cabal can also enter left-wing demonology as readily as it infects the far right. This noxious prejudice has haunted the British Labour Party, something its leader, Jeremy Corbyn, has consistently failed to recognize.In short, anti-Zionism can veer into anti-Semitism, but not all critics of Israel are anti-Zionist, and not all anti-Zionists are prejudiced against Jews.Quite where people stand on this issue depends heavily on how they define a Jew – a source of endless vagueness and confusion. According to Halakha, or Jewish law, anyone with a Jewish mother, or who has converted to Judaism, is Jewish. That is the general Orthodox view. But more liberal Reform Jews allow Jewish identity to pass through the father as well.On the other hand, while most Orthodox Jews consider a person to be Jewish even if they convert to another religion, Reform Jews do not. Israel’s Law of Return grants “every Jew” the right to immigrate, but refrains from defining Jewishness. Since 1970, even people with one Jewish grandparent have been eligible to become Israeli citizens. In the infamous Nuremberg laws, promulgated by the Nazis in 1935, people with only one Jewish parent could retain German citizenship, while “full” Jews could not.The whole thing is so complicated that Amos Oz, the Israeli novelist, once sought to simplify the matter as follows: “Who is a Jew? Everyone who is mad enough to call himself or herself a Jew, is a Jew.”There is, in any case, something ill-conceived about the stress on race and nationhood in Trump’s order on combating anti-Semitism. Israel is the only state claiming to represent all Jews, but not all Jews necessarily identify with Israel. Some even actively dislike it. Trump’s order might suggest that such people are renegades, or even traitors. This idea might please Israel’s current government, but it is far from the spirit of the Halakha, or even from the liberal idea of citizenship.Defining Jews as a “race” is just as much of a problem. Jews come from many ethnic backgrounds: Yemenite, Ethiopian, Russian, Moroccan, and Swedish Jews are hard to pin down as a distinctive ethnic group. Hitler saw Jews as a race, but that is no reason to follow his example.To combat racism, wherever it occurs, is a laudable aim. But singling out anti-Semitism in an executive order, especially when the concept is so intimately linked to views on the state of Israel, is a mistake. Extreme anti-Zionists may be a menace; all extremists are. But they should be tolerated, as long as their views are peacefully expressed. To stifle opinions on campuses by threatening to withhold funds runs counter to the freedom of speech guaranteed by the US Constitution. This is, alas, not the only sign that upholding the constitution is not the main basis of the current US administration’s claim to legitimacy.

Voir aussi:

The Real Purpose of Trump’s Executive Order on Anti-Semitism
The President’s new order will not protect anyone against anti-Semitism, and it’s not intended to. Its sole aim is to quash the defense—and even the discussion—of Palestinian rights.
Masha Gessen
The New Yorker
December 12, 2019

Donald Trump has a knack for taking some of humanity’s most problematic ideas and turning them on their head to make them even worse. He has done it again. On Wednesday, he signed an executive order that will allow federal funds to be withheld from colleges where students are not protected from anti-Semitism—using an absurdly defined version of what constitutes anti-Semitism. Recent precedent and the history of legislative efforts that preceded the executive order would suggest that its main targets are campus groups critical of Israeli policies. What the order itself did not make explicit, the President’s son-in-law did: on Wednesday, Jared Kushner published an Op-Ed in the Times in which he stressed that the definition of anti-Semitism used in the executive order “makes clear what our administration has stated publicly on the record: Anti-Zionism is anti-Semitism.”

Both Kushner and the executive order refer to the definition of anti-Semitism that was formulated, in 2016, by the International Holocaust Remembrance Alliance; it has since been adopted by the State Department. The definition supplies examples of anti-Semitism, and Kushner cited the most problematic of these as the most important: “the targeting of the state of Israel, conceived as a Jewish collectivity”; denial to “the Jewish people their right to self-determination, e.g. by claiming that the existence of a state of Israel is a racist endeavor”; and comparing “contemporary Israeli policy to that of the Nazis.” All three examples perform the same sleight of hand: they reframe opposition to or criticism of Israeli policies as opposition to the state of Israel. And that, says Kushner, is anti-Semitism.

To be sure, some people who are critical of Israeli policies are opposed to the existence of the state of Israel itself. And some of those people are also anti-Semites. I am intimately familiar with this brand of anti-Semitism, because I grew up in the Soviet Union, where anti-Zionist rhetoric served as the propaganda backbone of state anti-Semitism. The word “Zionist,” when deployed by Pravda, served as incitement to violence and discrimination against Soviet Jews. All of this can be true at the same time that it is also true that Israel has effectively created an apartheid state, in which some Palestinians have some political rights and the rest have none. Human-rights organizations such as Breaking the Silence and B’Tselem—Israeli groups, founded and run by Jews—continue to document harrowing abuse of Palestinians in Israel, the occupied West Bank, and Gaza.

In August, I went on a tour designed by Breaking the Silence that aims to show Israelis and foreigners what the occupation looks like. This particular tour ended in a Palestinian village which has been largely overtaken by an Israeli settlement that is illegal under international law. One of the Palestinian houses ended up on territory claimed by the settlers, so the settlers built a chain-link cage around the house, the yard, and the driveway. A young Palestinian child, who is growing up in a house inside a cage, waved to us through the fencing. Comparing this sort of approach to Nazi policies may not make for the most useful argument, but it is certainly not outlandish. The memory of the Holocaust stands as a warning to humanity about the dangers of dehumanizing the other—and invoking that warning in Palestine is warranted.

One does not have to be an anti-Semite to be an anti-Zionist, but one certainly can be both an anti-Semite and an anti-Zionist. Trump, however, has inverted this formula by positioning himself as a pro-Zionist anti-Semite. He has proclaimed his support often for the state of Israel. His Administration’s policies, which have included moving the U.S. Embassy to Jerusalem and, more recently, declaring that the U.S. does not view Israeli settlements in the West Bank as illegal, have pleased the state of Israel, especially its most militantly expansionist citizens. Over the weekend, however, at the Israeli American Council National Summit, in Florida, Trump gave a speech that brimmed with Jewish stereotypes: Jews and greed, Jews and money, Jews as ruthless wheeler-dealers. “A lot of you are in the real estate business because I know you very well,” he said. « You’re brutal killers, not nice people at all.” It was the kind of stuff that requires no definitions, op-eds, or explanations—it was plain, easily recognizable anti-Semitism. And it was not the first time that Trump trafficked in anti-Semitic stereotypes. The world view behind these stereotypes, combined with support for Israel, is also recognizable. To Trump, Jews—including American Jews, some of whom vote for him—are alien beings whom he associates with the state of Israel. He finds these alien beings at once distasteful and worthy of a sort of admiration, perhaps because he ascribes to them many of the features that he also recognizes in himself.

It should come as no surprise that anti-Semitic incidents in the U.S. increased by sixty per cent during the first year of Trump’s Presidency, according to the Anti-Defamation League. The current year is on track to set a record for the number of anti-Semitic attacks. The latest appears to have occurred on Tuesday, when shooters reportedly connected to a fringe group targeted a kosher supermarket in Jersey City, killing four people.

The new executive order will not protect anyone against anti-Semitism, and it’s not intended to. Its sole aim is to quash the defense—and even the discussion—of Palestinian rights. Its victim will be free speech.

Voir également:

No, the Trump Administration Is Not Redefining Judaism as a Nationality

Its executive order on anti-Semitism won’t change much at all.

The New York Times published a bombshell report on Tuesday claiming that President Donald Trump planned to sign an executive order that interpreted Judaism “as a race or nationality” under Title VI of the Civil Rights Act of 1964. Title VI governs federally funded educational programs, so the Times warned that the order might be deployed to squelch anti-Israel speech on campus. “Mr. Trump’s order,” the Times further claimed, “will have the effect of embracing an argument that Jews are a people or a race with a collective national origin in the Middle East, like Italian Americans or Polish Americans.”

That turned out to be untrue. The text of the order, which leaked on Wednesday, does not redefine Judaism as a race or nationality. It does not claim that Jews are a nation or a different race. The order’s interpretation of Title VI—insofar as the law applies to Jews—is entirely in line with the Obama administration’s approach. It only deviates from past practice by suggesting that harsh criticism of Israel—specifically, the notion that it is “a racist endeavor”—may be used as evidence to prove anti-Semitic intent. There is good reason, however, to doubt that the order can actually be used to suppress non-bigoted disapproval of Israel on college campuses.

Title VI bars discrimination on the basis of “race, color or national origin” in programs that receive federal assistance—most notably here, educational institutions. It does not prohibit discrimination on the basis of religion, an omission that raises difficult questions about religions that may have an ethnic component. For example, people of all races, ethnicities, and nationalities can be Muslim. But Islamophobia often takes the form of intolerance against individuals of Arab or Middle Eastern origin. If a college permits rampant Islamophobic harassment on campus, has it run afoul of Title VI?

In a 2004 policy statement, Kenneth L. Marcus—then–deputy assistant secretary for enforcement at the Department of Education’s Office of Civil Rights—answered that question. “Groups that face discrimination on the basis of shared ethnic characteristics,” Marcus wrote, “may not be denied the protection” under Title VI “on the ground that they also share a common faith.” Put differently, people who face discrimination because of their perceived ethnicity do not lose protection because of their religion. The Office of Civil Rights, Marcus continued, “will exercise its jurisdiction to enforce the Title VI prohibition against national origin discrimination, regardless of whether the groups targeted for discrimination also exhibit religious characteristics. Thus, for example, OCR aggressively investigates alleged race or ethnic harassment against Arab Muslim, Sikh and Jewish students.”

The Obama administration reaffirmed this position in a 2010 letter written by Assistant Attorney General Thomas E. Perez, who is now the chair of the Democratic National Committee. “We agree,” Perez wrote, with Marcus’ analysis. “Although Title VI does not prohibit discrimination on the basis of religion, discrimination against Jews, Muslims, Sikhs, and members of other religious groups violates Title VI when that discrimination is based on the group’s actual or perceived shared ancestry or ethnic characteristics, rather than its members’ religious practice.” Perez added that Title VI “prohibits discrimination against an individual where it is based on actual or perceived citizenship or residency in a country whose residents share a dominant religion or a distinct religious identity.”

On Wednesday, I asked Perez’s former principal deputy, Sam Bagenstos—now a professor at University of Michigan Law School—whether he felt this reasoning equated any religious group of a nationality or race. “The key point we were making,” he told me, “is that sometimes discrimination against Jews, Muslims, and others is based on a perception of shared race, ethnicity, or national origin, and in those cases it’s appropriate to think of that discrimination as race or national origin discrimination as well as religious discrimination. It doesn’t mean that the government is saying that the group is a racial or national group. The government is saying that the discrimination is based on the discriminator’s perception of race or national origin. That’s a very different matter from saying that anti-Israel or pro-Palestinian speech constitutes discrimination.”

Trump’s EO does not deviate from this understanding of the overlap between discrimination on the basis of race or nationality and discrimination against religion. It only changes the law insofar as it expands the definition of anti-Semitism that may run afoul of Title VI. In assessing potential violations, the order directs executive agencies to look to the International Holocaust Remembrance Alliance’s definition—chiefly “hatred toward Jews” directed at individuals, their property, their “community institutions and religious facilities.”

Agencies must also refer to the IHRA’s “Contemporary Examples of Anti-Semitism.” That list contains a number of obvious, unobjectionable examples. But it also includes two more controversial examples: “Denying the Jewish people their right to self-determination, e.g., by claiming that the existence of a State of Israel is a racist endeavor,” and “Applying double standards by requiring of it a behavior not expected or demanded of any other democratic nation.” To the extent that anyone is alarmed by Wednesday’s order, these examples should be the focus of their concern. A tendentious reading of this rule could theoretically get students in trouble for severe condemnation of Israeli policy, even when it does not cross the line into a condemnation of Jews.

But the order only directs agencies to consider the IHRA’s list “to the extent that any examples might be useful as evidence of discriminatory intent.” In other words, applying double standards to Israel alone would not trigger a Title VI investigation. Instead, the IHRA’s list would only come into play after an individual is accused of overt anti-Semitism with an ethnic component, and then only as evidence of bigoted intent. Moreover, the order states that agencies “shall not diminish or infringe upon any right protected under Federal law or under the First Amendment” in enforcing Title VI. Because political criticism of Israel is plainly protected speech, the impact of the order’s revised definition of anti-Semitism will likely be limited.

In fact, it’s unclear whether Wednesday’s order will have any impact, given that it mostly just reaffirms the current law. The New York Times’ reporting provoked anger among many Jews, who feared that an order to “effectively interpret Judaism as a race or nationality” would stoke anti-Semitism. But the order does no such thing. It restates the federal government’s long-standing interpretation of Title VI to encompass some anti-Jewish bias. And it raises the faint possibility that, in some case down the road, a student’s sharp criticism of Israel may be used as evidence of anti-Semitic intent after he has been accused of targeting Jews because of their perceived race or nationality. Is this order red meat for Republicans who believe colleges are increasingly hostile to Jews? Probably. Will it quash the pro-Palestine movement on campuses or impose an unwanted classification on American Jews? Absolutely not.

Voir de même:

In an alternate universe, the idea of a presidential order designed to protect Jews from discrimination on college campuses would not necessarily create a firestorm of mutual recrimination and internecine political warfare. True, there is no consensus on whether “Jewish” is a religious, cultural, ethnic, or national identity. Most often, it is framed as a combination of at least three, but not always and certainly not in the views of all the various denominations and sects that accept the appellation. But there is no question that anti-Semitic acts are increasing across the United States, and they are being undertaken by people who could not care less about these distinctions. And there is nothing inherently objectionable about using the power of the federal government to try to protect people, including college students, from those incidents’ consequences.

But in this universe, the guy who ordered this protection, Donald Trump, has revealed himself repeatedly to be an inveterate anti-Semite. Just a few days before he issued the executive order, he told supporters of the Israeli-American Council, “You’re brutal killers, not nice people at all…. Some of you don’t like me. Some of you I don’t like at all, actually.” He went on to insist nevertheless that the Jews gathered to hear him were “going to be my biggest supporters,” because Democrats were proposing to raise taxes on the superwealthy. In other words, Jews are greedy and care only about their personal fortunes. Trump, of course, was playing to type. He, his party, and his highest-profile supporters have repeatedly demonized Jews in political advertisements, deploying age-old anti-Semitic tropes that have been used to stir up violence against vulnerable Jewish communities in Europe and elsewhere. In addition, Trump frequently implies that Jews are not “real” Americans. He tells Jews that Bibi Netanyahu is “your prime minister” and complains that Jewish Democrats—which is most Jews—are “disloyal to Israel.”

That’s on the one hand. On the other, Trump has been a perfect patsy for Israel’s right-wing government and its supporters in what is misnamed the American “pro-Israel” community. While previous presidents sought, without much success, to restrain Israel on behalf of a hoped-for future peace agreement with the Palestinians, Trump has given that nation’s most corrupt and extremist leadership in its 71-year-history carte blanche—peace and the Palestinians be damned.

If the simultaneous embrace of anti-Semitism at home and philo-Semitism when it comes to Israel strikes one as contradictory, this is a mistake. Trump, like so many of today’s elected “populists,” sees considerable advantage in playing to hometown prejudices for personal gain while boosting Israel as a bulwark against worldwide Islam, which many of the president’s supporters consider an even greater offense to Christian belief than Jews are. Jews may be greedy and disloyal at home, but as long as Israel is out there kicking the shit out of the Arabs, it’s a trade-off that right-wing autocrats and their neofascist followers can get behind.

Most American Jews understandably want no part of this devil’s bargain. They are not interested in having their patriotism questioned. They remain among the most loyal and liberal constituencies in what is left of the decidedly tattered New Deal coalition that Franklin Roosevelt constructed back in the 1930s. And most hold Trump and his alt-right supporters accountable for the atmosphere of menace that has led to horrific attacks on Jews, like the massacre at a Pittsburgh synagogue last year.

But the issue of the executive order is complicated by the fact that it is understood by all to be a means for the federal government to step in and quash the intensifying criticism of Israel on college campuses—most notably, criticism that takes the form of the boycott, divestment, and sanctions movement, or BDS. And it does this in part by insisting, as Jared Kushner recently argued in a New York Times op-ed, that all “anti-Zionism is anti-Semitism.”

I’ve been an outspoken critic of the academic BDS movement for some time now. But if you ask me, the movement has been a spectacular failure in every respect, save one: It has succeeded in turning many college campuses into anti-Israel inculcation centers and therefore has scared the bejesus out of the Jewish parents paying for their kids to attend them. At the same time—even if you allow that occasional anti-Semitic comments and actions by some of BDS’s supporters are outliers and not indicative of most of its followers—I find the idea and, even more so, the practice of an academic boycott to be undeniably contradictory to universities’ philosophical commitment to freedom of expression and ideas.

Nonetheless, the explicit and intellectually indefensible equation of anti-Zionism with actionable anti-Semitism is an obvious offense to the notion of freedom of expression, however much it cheers the tiny hearts of right-wing Jews and other Trump defenders. Jewish students already had all the protections they needed before Trump’s executive order. Title VI of the Civil Rights Act covers discrimination on the basis of a “group’s actual or perceived ancestry or ethnic characteristics” or “actual or perceived citizenship or residency in a country whose residents share a dominant religion or a distinct religious identity.”

The New York Times’ early, inaccurate reporting on the executive order, in which the paper falsely stated that the order would “effectively interpret Judaism as a race or nationality,” deserves special mention here for creating the panic. But the result of the entire episode is that, yet again, the Trump administration has placed a stupid, shiny object before the media, and the hysteria that has ensued has divided Americans, Jews, liberals and conservatives, and free speech and human rights activists, all while the administration continues its relentless assault on our democracy and better selves.

The president’s order would allow the government to withhold money from campuses deemed to be biased, but critics see it as an attack on free speech.

Peter Baker and

NYT

WASHINGTON — President Trump plans to sign an executive order on Wednesday targeting what he sees as anti-Semitism on college campuses by threatening to withhold federal money from educational institutions that fail to combat discrimination, three administration officials said on Tuesday.

The order will effectively interpret Judaism as a race or nationality, not just a religion, to prompt a federal law penalizing colleges and universities deemed to be shirking their responsibility to foster an open climate for minority students. In recent years, the Boycott, Divestment and Sanctions — or B.D.S. — movement against Israel has roiled some campuses, leaving some Jewish students feeling unwelcome or attacked.

In signing the order, Mr. Trump will use his executive power to take action where Congress has not, essentially replicating bipartisan legislation that has stalled on Capitol Hill for several years. Prominent Democrats have joined Republicans in promoting such a policy change to combat anti-Semitism as well as the boycott-Israel movement.

But critics complained that such a policy could be used to stifle free speech and legitimate opposition to Israel’s policies toward Palestinians in the name of fighting anti-Semitism. The definition of anti-Semitism to be used in the order matches the one used by the State Department and by other nations, but it has been criticized as too open-ended and sweeping.

For instance, it describes as anti-Semitic “denying the Jewish people their right to self-determination” under some circumstances and offers as an example of such behavior “claiming that the existence of a State of Israel is a racist endeavor.”

Yousef Munayyer, the executive director of the U.S. Campaign for Palestinian Rights, said Mr. Trump’s order is part of a sustained campaign “to silence Palestinian rights activism” by equating opposition to Israeli treatment of Palestinians with anti-Semitism.

“Israeli apartheid is a very hard product to sell in America, especially in progressive spaces,” Mr. Munayyer said, “and realizing this, many Israeli apartheid apologists, Trump included, are looking to silence a debate they know they can’t win.”

Administration officials, who insisted on anonymity to discuss the order before its official announcement, said it was not intended to squelch free speech. The White House reached out to some Democrats and activist groups that have been critical of the president to build support for the move.

Among those welcoming the order on Tuesday was Jonathan Greenblatt, the chief executive of the Anti-Defamation League, who said the group recorded its third-highest level of anti-Semitic episodes in the United States last year.

“Of course we hope it will be enforced in a fair manner,” he said. “But the fact of the matter is we see Jewish students on college campuses and Jewish people all over being marginalized. The rise of anti-Semitic incidents is not theoretical; it’s empirical.”

David Krone, a former chief of staff to Senator Harry Reid of Nevada when he was Senate Democratic leader, has lobbied for years for such a policy change and praised Mr. Trump for taking action.

“I know people are going to criticize me for saying this,” Mr. Krone said, “but I have to give credit where credit is due.” He added, “It’s too important to let partisanship get in the way.”

Mr. Reid helped push for legislation similar to the order called the Anti-Semitism Awareness Act of 2016. It passed the Senate in December 2016 unanimously but died in the House as that session of Congress ended. It has been reintroduced by Democrats and Republicans but has made little progress to Mr. Trump’s desk.

Mr. Krone continued to work on the issue after Mr. Reid retired and reached out through a mutual friend last summer to Jared Kushner, the president’s son-in-law and senior adviser. The Jewish grandson of Holocaust survivors, Mr. Kushner embraced the idea, which also had been explored over the past year by the president’s domestic policy aides. With Mr. Kushner’s support, the White House drafted the order and Mr. Trump agreed to sign it.

Mr. Trump over the years has been accused of making anti-Semitic remarks, turning a blind eye to anti-Jewish tropes or emboldening white supremacists like those in Charlottesville, Va., in 2017. Just last weekend, he drew criticism for remarks in Florida before the Israeli American Council in which he told the Jewish audience they were “not nice people” but would support his re-election because “you’re not going to vote for the wealth tax.”

But he has also positioned himself as an unflinching supporter of Israel and a champion of Jewish Americans, moving the United States Embassy to Jerusalem, supporting settlements in the West Bank and recognizing the seizure of the Golan Heights. He also assailed Representative Ilhan Omar, Democrat of Minnesota, when she said support for Israel was “all about the Benjamins,” meaning money.

Jeremy Ben-Ami, the president of J Street, a liberal Israel advocacy group, said the president’s order was a cynical effort to crack down on critics, not to defend Jews from bias. “It is particularly outrageous and absurd for President Trump to pretend to care about anti-Semitism during the same week in which he once again publicly spouted anti-Semitic tropes about Jews and money,” he said in a statement.

The president’s action comes soon after the Education Department ordered Duke University and the University of North Carolina at Chapel Hill to remake their joint Middle East studies program on the grounds that it featured a biased curriculum. The move was part of a broader campaign by Betsy DeVos, the education secretary, and her civil rights chief, Kenneth L. Marcus, to go after perceived anti-Israel bias in higher education.

The order to be signed by Mr. Trump would empower the Education Department in such actions. Under Title VI of the Civil Rights Act of 1964, the department can withhold funding from any college or educational program that discriminates “on the ground of race, color, or national origin.” Religion was not included among the protected categories, so Mr. Trump’s order will have the effect of embracing an argument that Jews are a people or a race with a collective national origin in the Middle East, like Italian Americans or Polish Americans.

The definition of anti-Semitism to be adopted from the State Department and originally formulated by the International Holocaust Remembrance Alliance includes “a certain perception of Jews, which may be expressed as hatred toward Jews.” However, it adds that “criticism of Israel similar to that leveled against any other country cannot be regarded as anti-Semitic.”

The American Civil Liberties Union was among the groups that opposed using the definition in the 2016 legislation, deeming it overly broad. “It cannot and must not be that our civil rights laws are used in such a way to penalize political advocacy on the basis of viewpoint,” the group said in a letter to Congress at the time. Kenneth S. Stern, the original lead author of the definition, also objected to using it, saying that “students and faculty members will be scared into silence, and administrators will err on the side of suppressing or censuring speech.”

But Representative Ted Deutch, Democrat of Florida, who was among the sponsors of the 2016 legislation, wrote in an op-ed article in The Times of Israel last week that the definition “was drafted not to regulate free speech or punish people for expressing their beliefs.” Instead, he wrote, “This definition can serve as an important tool to guide our government’s response to anti-Semitism.”

Last week, a group of 80 education, civil rights and religious organizations sent a letter to Ms. DeVos complaining that some Middle East studies centers on college campuses financed by the government under Title VI have sought to boycott Israel or shut down their universities’ study abroad programs in Israel.

“Recent incidents have demonstrated the willingness of faculty across the country to implement the academic boycott of Israel on their campuses,” the letter said.

The president is expected to be joined at the signing by several prominent Republican lawmakers, including Senators Tim Scott of South Carolina and James Lankford of Oklahoma and Representative Doug Collins of Georgia. But Democrats who have advocated the legislation in the past are not expected, including Representative Jerrold Nadler of New York, who on Tuesday released articles of impeachment against Mr. Trump.

While an executive order is not as permanent as legislation and can be overturned by the next president, Mr. Trump’s action may have the effect of extending the policy beyond his administration anyway because his successors may find it politically unappealing to reverse.

Peter Baker reported from Washington, and Maggie Haberman from Hershey, Pa.

Etats-Unis/Antisémitisme – Donald Trump cible l’antisémitisme et le boycott israélien sur les campus universitaires

L’ordonnance du président permettrait au gouvernement de retenir de l’argent sur les campus réputés biaisés, mais les critiques y voient une attaque contre la liberté d’expression.

Publié le 10 décembre dans le New York Times sous le titre Trump Targets Anti-Semitism and Israeli Boycotts on College Campuses

Traduction proposée par le Crif

Le président Trump prévoit de signer mercredi un décret visant à cibler ce qu’il considère comme de l’antisémitisme sur les campus universitaires en menaçant de retenir l’argent fédéral des établissements d’enseignement qui ne parviennent pas à lutter contre la discrimination, ont déclaré mardi trois responsables de l’administration.

L’ordonnance interprétera efficacement le judaïsme comme une race ou une nationalité, et pas seulement comme une religion, pour inciter une loi fédérale pénalisant les collèges et universités réputés pour se dérober à leur responsabilité afin de favoriser un climat ouvert pour les étudiants issus de minorités. Ces dernières années, le boycott, le désinvestissement et les sanctions – ou B.D.S. – le mouvement contre Israël a troublé certains campus, laissant certains étudiants juifs se sentir importuns ou attaqués.

En signant l’ordonnance, M. Trump utilisera son pouvoir exécutif pour agir là où le Congrès ne l’a pas fait, reproduisant essentiellement une législation bipartite bloquée par le Capitol Hill depuis plusieurs années. D’éminents démocrates se sont joints aux républicains pour promouvoir un tel changement de politique afin de combattre l’antisémitisme ainsi que le mouvement de boycott d’Israël.

Mais les critiques se sont plaints qu’une telle politique pourrait être utilisée pour étouffer la liberté d’expression et l’opposition légitime à la politique d’Israël envers les Palestiniens au nom de la lutte contre l’antisémitisme. La définition de l’antisémitisme utilisée dans l’ordonnance correspond à celle utilisée par le Département d’État et par d’autres nations, mais elle a été critiquée comme étant trop ouverte et trop générale.

Par exemple, il y est décrit comme antisémite « nier au peuple juif son droit à l’autodétermination » dans certaines circonstances et offre comme exemple de ce comportement « affirmer que l’existence d’un État d’Israël est une entreprise raciste ».

Yousef Munayyer, directeur exécutif de la Campagne américaine pour les droits des Palestiniens, a déclaré que l’ordonnance de M. Trump faisait partie d’une campagne soutenue « pour faire taire l’activisme pour les droits des Palestiniens » en assimilant l’opposition au traitement israélien des Palestiniens à l’antisémitisme.

« L’apartheid israélien est un produit très difficile à vendre en Amérique, en particulier dans les espaces progressistes« , a déclaré M. Munayyer, « et réalisant cela, de nombreux apologistes de l’apartheid israélien, Trump inclus, cherchent à faire taire un débat qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas gagner… « 

Les responsables de l’administration, qui ont insisté sur l’anonymat pour discuter de l’ordonnance avant son annonce officielle, ont déclaré qu’elle n’était pas destiné à étouffer la liberté d’expression. La Maison Blanche a contacté certains démocrates et groupes militants qui ont critiqué le président pour obtenir un soutien à cette décision.

Mardi, Jonathan Greenblatt, directeur général de la Ligue anti-diffamation, a déclaré que le groupe avait enregistré son troisième épisode antisémite aux États-Unis l’année dernière.

« Bien sûr, nous espérons qu’il sera appliqué de manière équitable », a-t-il déclaré. « Mais le fait est que nous voyons des étudiants juifs sur les campus universitaires et des Juifs partout marginalisés. La montée des incidents antisémites n’est pas théorique; c’est empirique. « 

David Krone, ancien chef de cabinet du sénateur Harry Reid du Nevada lorsqu’il était leader démocrate du Sénat, a fait pression pendant des années pour un tel changement de politique et a félicité M. Trump d’avoir pris des mesures.

« Je sais que les gens vont me critiquer pour avoir dit cela », a déclaré M. Krone, « mais je dois donner du crédit là où le mérite est dû ». Il a ajouté: « Il est trop important de laisser la partisanerie faire obstacle. »

M. Reid a aidé à faire pression pour une législation similaire à l’ordonnance appelée Anti-Semitism Awareness Act of 2016. Elle a été adoptée à l’unanimité par le Sénat en décembre 2016, mais est décédée à la Chambre à la fin de cette session du Congrès. Il a été réintroduit par les démocrates et les républicains mais a peu progressé sur le bureau de M. Trump.

M. Krone a continué de travailler sur la question après que M. Reid a pris sa retraite et a contacté l’été dernier un ami commun avec Jared Kushner, gendre du président et conseiller principal. Le petit-fils juif des survivants de l’Holocauste, M. Kushner, a adopté l’idée, qui avait également été explorée au cours de l’année écoulée par les aides à la politique intérieure du président. Avec le soutien de M. Kushner, la Maison-Blanche a rédigé l’ordonnance et M. Trump a accepté de la signer.

Au fil des ans, M. Trump a été accusé de faire des remarques antisémites, de fermer les yeux sur les tropes antisémites ou d’enhardir les suprémacistes blancs comme ceux de Charlottesville, en Virginie, en 2017. Le week-end dernier, il a critiqué les propos tenus dans La Floride devant le Conseil israélo-américain au cours de laquelle il a déclaré au public juif qu’ils n’étaient « pas des gens sympas » mais qu’ils appuieraient sa réélection parce que « vous n’allez pas voter pour l’impôt sur la fortune ».

Mais il s’est également positionné comme un partisan indéfectible d’Israël et un champion des Juifs américains, en déplaçant l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, en soutenant les colonies en Cisjordanie et en reconnaissant la saisie des hauteurs du Golan. Il a également agressé la représentante Ilhan Omar, démocrate du Minnesota, lorsqu’elle a déclaré que le soutien à Israël était « tout au sujet des Benjamins », ce qui signifie de l’argent.

Jeremy Ben-Ami, président de J Street, un groupe de défense libéral d’Israël, a déclaré que l’ordre du président était un effort cynique pour réprimer les critiques, pas pour défendre les Juifs contre les préjugés. « Il est particulièrement scandaleux et absurde que le président Trump prétende se préoccuper de l’antisémitisme au cours de la même semaine au cours de laquelle il a de nouveau publiquement jeté des tropes antisémites sur les Juifs et l’argent », a-t-il déclaré dans un communiqué.

L’action du président intervient peu de temps après que le département de l’éducation a ordonné à l’Université Duke et à l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill de refaire leur programme d’études conjointes sur le Moyen-Orient au motif qu’il comportait un programme biaisé. Cette décision faisait partie d’une campagne plus large menée par Betsy DeVos, la secrétaire à l’Éducation, et son chef des droits civiques, Kenneth L. Marcus, pour s’attaquer aux préjugés anti-Israël perçus dans l’enseignement supérieur.

L’ordonnance à signer par M. Trump habiliterait le Département de l’éducation à de telles actions. En vertu du titre VI de la loi sur les droits civils de 1964, le ministère peut retenir le financement de tout collège ou programme éducatif qui établit une discrimination «fondée sur la race, la couleur ou l’origine nationale». La religion n’était pas incluse dans les catégories protégées, donc l’ordre de Donald Trump aura pour effet d’embrasser un argument selon lequel les Juifs sont un peuple ou une race d’origine nationale collective au Moyen-Orient, comme les Italo-Américains ou les Polonais américains.

La définition de l’antisémitisme qui doit être adoptée par le Département d’État et formulée à l’origine par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste comprend « une certaine perception des Juifs, qui peut être exprimée comme de la haine envers les Juifs« . Cependant, elle ajoute que « des critiques d’Israël similaires à ce niveau contre tout autre pays ne peut pas être considéré comme antisémite ».

L’American Civil Liberties Union faisait partie des groupes qui se sont opposés à l’utilisation de la définition dans la législation de 2016, la jugeant trop large. « Il ne peut et ne doit pas être que nos lois sur les droits civils sont utilisées de manière à pénaliser le plaidoyer politique sur la base du point de vue », a déclaré le groupe dans une lettre au Congrès de l’époque. Kenneth S. Stern, l’auteur principal de la définition, s’est également opposé à son utilisation, affirmant que « les étudiants et les professeurs seront effrayés dans le silence, et les administrateurs se tromperont du côté de la suppression ou de la censure du discours. »

Mais le représentant Ted Deutch, démocrate de Floride, qui était parmi les sponsors de la législation de 2016, a écrit dans un article d’opinion dans le Times of Israel la semaine dernière que la définition « avait été rédigée pour ne pas réglementer la liberté d’expression ou punir les gens pour avoir exprimé leur opinion ». Au lieu de cela, il a écrit: « Cette définition peut servir d’outil important pour guider la réponse de notre gouvernement à l’antisémitisme ». 

La semaine dernière, un groupe de 80 organisations de l’éducation, des droits civils et des organisations religieuses a envoyé une lettre à Mme DeVos se plaignant que certains centres d’études du Moyen-Orient sur les campus universitaires financés par le gouvernement au titre VI ont cherché à boycotter Israël ou à fermer les programmes d’études de leurs universités à l’étranger en Israël.

« Les récents incidents ont démontré la volonté des professeurs à travers le pays de mettre en œuvre le boycott universitaire d’Israël sur leurs campus », indique la lettre.

Le président devrait être rejoint lors de la signature par plusieurs éminents législateurs républicains, dont les sénateurs Tim Scott de Caroline du Sud et James Lankford d’Oklahoma et le représentant Doug Collins de Géorgie. Mais les démocrates qui ont préconisé la législation dans le passé ne sont pas attendus, y compris le représentant Jerrold Nadler de New York, qui a publié mardi des articles de destitution contre M. Trump.

Bien qu’un ordre exécutif ne soit pas aussi permanent que la législation et puisse être annulé par le prochain président, l’action de M. Trump peut avoir pour effet d’étendre la politique au-delà de son administration, car ses successeurs peuvent trouver politiquement peu attrayant à renverser.

Voir de plus:

Donald Trump signe un décret controversé pour élargir la définition de l’antisémitisme sur les campus

Alors que le décret présidentiel vise à défendre les étudiants juifs, les détracteurs de Donald Trump dénoncent une atteinte à la liberté d’expression.

Le Monde avec AFP

12 décembre 2019

Le président américain se retrouve au cœur d’une nouvelle controverse. Donald Trump a signé, mercredi 11 décembre, un décret visant à lutter contre l’antisémitisme sur les campus américains. Ce texte élargit la définition de l’antisémitisme utilisée par le ministère de l’éducation lorsqu’il fait appliquer la loi sur les droits civiques de 1964. Il ordonne en particulier d’utiliser la définition de l’antisémitisme donnée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).

« C’est notre message aux universités : si vous voulez bénéficier des énormes sommes que vous recevez chaque année de la part de l’Etat fédéral, vous devez rejeter l’antisémitisme », a déclaré M. Trump à l’occasion d’une cérémonie à la Maison Blanche pour célébrer Hanouka, la fête des lumières. Avec ce décret, Donald Trump « défend les étudiants juifs » et « indique clairement que l’antisémitisme ne sera pas toléré », a insisté son gendre et conseiller Jared Kushner dans une tribune publiée dans le New York Times.

Un décret pour « limiter » les critiques visant Israël

Mais des défenseurs de la liberté d’expression redoutent qu’une définition trop large et trop vague de l’antisémitisme soit utilisée pour interdire tous les propos critiques envers la politique du gouvernement israélien.

Pour Jeremy Ben-Ami, président de l’organisation progressiste juive J-Street, le décret présidentiel « semble moins destiné à combattre l’antisémitisme qu’à limiter la liberté d’expression et sévir sur les campus contre les critiques visant Israël ».

Voir encore:

Ambassade des Etas-Unis en France

« Le poison vil et haineux de l’antisémitisme doit être condamné et combattu quel que soit le lieu et le moment auquel il surgit. »

Président Donald J. Trump

COMBATTRE L’ANTISÉMITISME : Le président Donald J. Trump prend un décret présidentiel pour renforcer la lutte contre la montée de l’antisémitisme aux États-Unis.

  • Le décret du président Trump indique clairement que le Titre VI de la loi sur les droits civils de 1964 s’applique à la discrimination antisémite fondée sur la race, la couleur ou l’origine nationale.
  • Dans le cadre de l’application du Titre VI contre la discrimination antisémite dissimulée, les agences se référeront à la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) ainsi que ses exemples contemporains.
  • Le président demande également aux agences fédérales d’identifier d’autres moyens par lesquels le gouvernement peut utiliser ses pouvoirs en matière de lutte contre la discrimination pour combattre l’antisémitisme.
  • Cette action démontre en outre l’engagement indéfectible du président Trump et de son administration à lutter contre toutes les formes d’antisémitisme.

LUTTER CONTRE LA MONTÉE DE LA HAINE : Ces dernières années, les Américains ont assisté à une augmentation inquiétante des incidents antisémites et à une montée de la rhétorique correspondante dans l’ensemble du pays.

  • Au cours des quelques dernières années, on a assisté à une tendance inquiétante à la montée de l’antisémitisme aux États-Unis.
  • Les incidents antisémites se sont multipliés en Amérique depuis 2013, en particulier dans les écoles et sur les campus universitaires.
  • Il s’agit en particulier d’actes de violence horribles à l’encontre de Juifs américains et de synagogues aux États-Unis.
  • 18 membres démocrates du Congrès ont coparrainé cette année une législation en faveur du mouvement antisémite « Boycott, désinvestissement, sanctions » (BDS).
    • Dans leur résolution, ces membres du Congrès comparaient de manière choquante le soutien à Israël à celui à l’Allemagne nazie.

AGIR : Le président Trump et son administration ont pris des mesures à plusieurs reprises pour lutter contre la haine et soutenir la communauté juive.

  • Lors du discours sur l’état de l’Union de cette année, le président Trump a promis de « ne jamais ignorer le vil poison de l’antisémitisme ou ceux qui répandent cette idéologie venimeuse ».
  • Depuis janvier 2017, la division des droits civils du département de la Justice a obtenu 14 condamnations dans des affaires d’attentats ou de menaces contre des lieux de culte.
    • La division a également obtenu 11 condamnations dans des affaires de crimes motivés par la haine en raison des convictions religieuses des victimes.
  • Le département de la Justice a lancé un nouveau site web complet qui constitue un portail centralisé permettant aux forces de l’ordre, aux médias, aux groupes de défense des droits et à d’autres organismes d’accéder à des ressources sur les crimes motivés par la haine.
  • Le service des relations avec la communauté du département de la Justice a facilité 17 forums axés sur la protection des lieux de culte et la prévention des crimes motivés par la haine depuis septembre 2018.
  • Le président a signé la loi JUST Act en faveur des efforts de restitution à la suite de l’Holocauste.
  • L’administration Trump a expulsé le dernier criminel nazi connu des États-Unis.
    Voir enfin:

    NYT

    WASHINGTON — The House, brushing aside Democratic voices of dissent over American policy in the Middle East, on Tuesday overwhelmingly passed a bipartisan resolution condemning the boycott-Israel movement as one that “promotes principles of collective guilt, mass punishment and group isolation, which are destructive of prospects for progress towards peace.”

    The 398-to-17 vote, with five members voting present, came after a debate that was equally lopsided; no one in either party spoke against the measure. The House’s two most vocal backers of the boycott movement — Representatives Rashida Tlaib of Michigan and Ilhan Omar of Minnesota, freshman Democrats and the first two Muslim women in Congress — did not participate in the floor debate.

    However, earlier in the day, Ms. Tlaib, who is Palestinian-American, delivered an impassioned speech in defense of the boycott movement. She branded Israel’s policies toward Palestinians “racist” and invoked American boycotts of Nazi Germany, among others, as an example of what she described as a legitimate economic protest to advance human rights around the world.

    “I stand before you as the daughter of Palestinian immigrants, parents who experienced being stripped of their human rights, the right to freedom of travel, equal treatment,” Ms. Tlaib said. “So I can’t stand by and watch this attack on our freedom of speech and the right to boycott the racist policies of the government and the state of Israel.”

    The Boycott, Divestment and Sanctions, or B.D.S., movement is intended, among other things, to pressure Israel into ending the occupation of the West Bank, and backed by some who advocate a single state with equal rights for all, instead of a Palestinian state alongside Israel. Opponents warn it would lead to the destruction of Israel as a Jewish state; during Tuesday’s debate, they repeatedly quoted from a founder of the movement, Omar Barghouti, who has argued for the creation of a “secular democratic state” and has called for Israel to “accept the dismantling of its Zionist apartheid regime.”

    “Boycotts have been previously used as tools for social justice in this very country,” said Representative Ted Deutch, Democrat of Florida and a backer of the resolution. “But B.D.S. doesn’t seek social justice. It seeks a world in which the state of Israel doesn’t exist.”

    For months, Ms. Tlaib and Ms. Omar have been the target of intense criticism for statements about Israel and Israel’s supporters that many have regarded as anti-Semitic tropes, including insinuations that Jews have dual loyalty to the United States and Israel. Ms. Omar drew the condemnation of House Democratic leaders, and was forced to apologize after invoking an ancient trope about Jews and money by suggesting that American support for Israel was “all about the Benjamins” — a reference to $100 bills.

    At a hearing last week, Ms. Omar spoke out forcefully against Israel, and the resolution.

    “We should condemn in the strongest terms violence that perpetuates the occupation, whether it is perpetuated by Israel, Hamas or individuals,” she said. “But if we are going to condemn violent means of resisting the occupation, we cannot also condemn nonviolent means.”

    Ms. Tlaib, Ms. Omar and two other freshman Democratic women of color — Representatives Ayanna S. Pressley of Massachusetts and Alexandria Ocasio-Cortez of New York — have lately been under fire from President Trump, who has accused them of being anti-American and suggested they should “go back” to their home countries, even though just one of them, Ms. Omar, was born outside the United States. Ms. Ocasio-Cortez voted against the resolution, as did a number of other progressives; Ms. Pressley voted in favor.

    The timing of the vote drew complaints from Palestinian rights activists and supporters of Ms. Omar and Ms. Tlaib, who said House Democratic leaders were effectively isolating them. Both women have also joined with Representative John Lewis, Democrat of Georgia and a civil rights icon, in introducing a measure affirming that “all Americans have the right to participate in boycotts in pursuit of civil and human rights at home and abroad,” as protected by the First Amendment.

    “They are displaying leadership even as the president is attacking and marginalizing people of color,” said Yousef Munayyer, the executive director of the U.S. Campaign for Palestinian Rights.

    But Democratic backers of Israel were eager to have their votes on record before Congress goes home for its six-week August recess. Earlier Tuesday, Representative Josh Gottheimer, an ardent supporter of Israel, was joined in his home state, New Jersey, by Elan Carr, the State Department’s envoy to combat anti-Semitism, at an event billed to address anti-Semitism.

    The coming vote proved to be a central topic.

    “There is of course nothing wrong about having a robust debate about our foreign policy, as I said, but that debate veers into something much darker when there is talk of dual loyalty or other ancient tropes,” Mr. Gottheimer said. “These are not legitimate opinions about our foreign policy. We have often seen such anti-Semitic tropes and rhetoric when it comes to the global B.D.S. movement.”

    Asked if he thought the timing of the vote was inopportune, Mr. Gottheimer said, “We should look for any moment to stand up to anti-Semitism, and I think, to me, the sooner the better.”

    Backers of the boycott movement say the resolution threatens free speech rights, and they argue that boycotts are a legitimate form of economic protest. In her remarks, Ms. Tlaib cited civil rights boycotts, boycotts of apartheid South Africa and American boycotts of Nazi Germany “in response to dehumanization, imprisonment and genocide of Jewish people” — a comment that raised eyebrows among Republicans.

    Proponents of the resolution argue that nothing in it abridges the right to free speech; indeed, House Democrats rejected a more far-reaching bill, passed by the Republican-led Senate, that would allow state and local government to break ties with companies that participate in the boycott movement.

    The chief sponsor of the Senate bill, Senator Marco Rubio, Republican of Florida, on Tuesday accused Speaker Nancy Pelosi of promoting a watered-down measure and allowing “the radical, anti-Semitic minority in the Democratic Party to dictate the House floor agenda.”

    During Tuesday’s floor debate, many Republicans, including Representative Lee Zeldin of New York and Representative Steve Scalise of Louisiana, the Republican whip, argued for the Rubio measure. But in a rare moment of House comity, both sounded eager to join with Democrats in passing the bipartisan resolution.

    “If a boycott is being used to advance freedom, that’s one we should support,” Mr. Scalise said. “But if a boycott is being used to undermine the very freedoms that exist in the only real elective democracy in the Middle East, we all need to rise up against that.”


Arabie saoudite: Cachez cette croix que je ne saurai voir ! (World’s best-kept secret: Guess why you probably never heard of the recent French archeological find confirming the Judeo-Christian origins of Arabic writing in Saudi Arabia 150 years before the rise of Islam ?)

26 avril, 2019
 Artikel – The Nabatean Kingdom | Lunds Mynthandelspread_of_religions600Jesus PalestinianNotre-Dame pendant l'incendie du 15 avril 2019
Veiled New Zealand PMjohn_paul_ii_kisses_koran
Je ne montai point à Jérusalem vers ceux qui furent apôtres avant moi, mais je partis pour l’Arabie [Pétra, capitale de la Nabatène ?]. Puis je revins encore à Damas. Trois ans plus tard, je montai à Jérusalem pour faire la connaissance de Céphas, et je demeurai quinze jours chez lui. Paul (Lettre aux Galates 1: 17-18)
Hagar, c’est le mont Sinaï en Arabie. Paul (Lettre aux Galates 4: 25)
Qu’on ne se fie à aucun de ses frères; car tout frère cherche à tromper… Jérémie 9: 4
Les ennemis de Juda et de Benjamin apprirent que les fils de la captivité bâtissaient un temple à l’Éternel, le Dieu d’Israël. Ils vinrent auprès de Zorobabel et des chefs de familles, et leur dirent: Nous bâtirons avec vous; car, comme vous, nous invoquons votre Dieu, et nous lui offrons des sacrifices depuis le temps d’Ésar Haddon, roi d’Assyrie, qui nous a fait monter ici. Mais Zorobabel, Josué, et les autres chefs des familles d’Israël, leur répondirent: Ce n’est pas à vous et à nous de bâtir la maison de notre Dieu; nous la bâtirons nous seuls à l’Éternel, le Dieu d’Israël, comme nous l’a ordonné le roi Cyrus, roi de Perse. Alors les gens du pays découragèrent le peuple de Juda; ils l’intimidèrent pour l’empêcher de bâtir, et ils gagnèrent à prix d’argent des conseillers pour faire échouer son entreprise. Il en fut ainsi pendant toute la vie de Cyrus, roi de Perse, et jusqu’au règne de Darius, roi de Perse. Sous le règne d’Assuérus, au commencement de son règne, ils écrivirent une accusation contre les habitants de Juda et de Jérusalem. Et du temps d’Artaxerxès, Bischlam, Mithredath, Thabeel, et le reste de leurs collègues, écrivirent à Artaxerxès, roi de Perse. Esdras 4: 1-15
Nul ami tel qu’un frère ; nul ennemi comme un frère. Proverbe indien
Nous avons tendance à penser naïvement les rapports fraternels comme une affectueuse complicité. Mais les exemples mythologiques, littéraires et historiques dessinent une autre réalité et donnent d’innombrables exemples de conflits violents. Nous citions Caïn et Abel ou Jacob et Esaü mais il y a aussi Romus et Romulus, Etéocle et Polynice, Richard Cœur de lion et Jean sans terre.…  Même quand ils ne sont pas des jumeaux, les frères ont de nombreux attributs en commun qui les confondent : ils ont le même père, la même mère, le même sexe, la même position relative dans la société. Cette proximité et cette parenté les rendent ennemis, concurrents. René Girard
C’était une cité fortement convoitée par les ennemis de la foi et c’est pourquoi, par une sorte de syndrome mimétique, elle devint chère également au cœur des Musulmans. Emmanuel Sivan
Le point intéressant est l’attitude des Palestiniens. Il me semble que ceux-ci sont attirés par deux attitudes extrêmes: l’une est la négation pure et simple de la Shoah, dont il y a divers exemples dans la littérature palestinienne ; l’autre est l’identification de leur propre destin à celui du peuple juif. Tout le monde a pu remarquer, par exemple, que la Déclaration d’indépendance des Palestiniens en novembre 1988 était calquée sur la Déclaration d’indépendance d’Israël en 1948. C’est dans cet esprit qu’il arrive aux dirigeants palestiniens de dire que la Shoah, ils savent ce que c’est, puisque c’est ce qu’ils subissent au quotidien. J’ai entendu M. Arafat dire cela, en 1989, à un groupe d’intellectuels, dont je faisais partie. Pierre Vidal-Naquet
L’erreur est toujours de raisonner dans les catégories de la « différence », alors que la racine de tous les conflits, c’est plutôt la « concurrence », la rivalité mimétique entre des êtres, des pays, des cultures. La concurrence, c’est-à-dire le désir d’imiter l’autre pour obtenir la même chose que lui, au besoin par la violence. Sans doute le terrorisme est-il lié à un monde « différent » du nôtre, mais ce qui suscite le terrorisme n’est pas dans cette « différence » qui l’éloigne le plus de nous et nous le rend inconcevable. Il est au contraire dans un désir exacerbé de convergence et de ressemblance. (…) Ce qui se vit aujourd’hui est une forme de rivalité mimétique à l’échelle planétaire. Lorsque j’ai lu les premiers documents de Ben Laden, constaté ses allusions aux bombes américaines tombées sur le Japon, je me suis senti d’emblée à un niveau qui est au-delà de l’islam, celui de la planète entière. Sous l’étiquette de l’islam, on trouve une volonté de rallier et de mobiliser tout un tiers-monde de frustrés et de victimes dans leurs rapports de rivalité mimétique avec l’Occident. Mais les tours détruites occupaient autant d’étrangers que d’Américains. Et par leur efficacité, par la sophistication des moyens employés, par la connaissance qu’ils avaient des Etats-Unis, par leurs conditions d’entraînement, les auteurs des attentats n’étaient-ils pas un peu américains ? On est en plein mimétisme. Ce sentiment n’est pas vrai des masses, mais des dirigeants. Sur le plan de la fortune personnelle, on sait qu’un homme comme Ben Laden n’a rien à envier à personne. Et combien de chefs de parti ou de faction sont dans cette situation intermédiaire, identique à la sienne. Regardez un Mirabeau au début de la Révolution française : il a un pied dans un camp et un pied dans l’autre, et il n’en vit que de manière plus aiguë son ressentiment. Aux Etats-Unis, des immigrés s’intègrent avec facilité, alors que d’autres, même si leur réussite est éclatante, vivent aussi dans un déchirement et un ressentiment permanents. Parce qu’ils sont ramenés à leur enfance, à des frustrations et des humiliations héritées du passé. Cette dimension est essentielle, en particulier chez des musulmans qui ont des traditions de fierté et un style de rapports individuels encore proche de la féodalité. (…) Cette concurrence mimétique, quand elle est malheureuse, ressort toujours, à un moment donné, sous une forme violente. A cet égard, c’est l’islam qui fournit aujourd’hui le ciment qu’on trouvait autrefois dans le marxismeRené Girard
Après ces choses, Dieu mit Abraham à l’épreuve, et lui dit: Abraham! Et il répondit: Me voici! Dieu dit: Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac; va-t’en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste sur l’une des montagnes que je te dirai. Genèse 22 :1-2
Nous lui fîmes donc la bonne annonce d’un garçon (Ismaïl) longanime. Puis quand celui-ci fut en âge de l’accompagner, [Abraham] dit: ‹Ô mon fils, je me vois en songe en train de t’immoler. Vois donc ce que tu en penses›. (Ismaël) dit: ‹Ô mon cher père, fais ce qui t’es commandé: tu me trouveras, s’il plaît à Allah, du nombre des endurants› (…) Nous lui fîmes la bonne annonce d’Isaac comme prophète d’entre les gens vertueux. Le Coran, 37, 101-102 & 112
Le Coran partage avec les apocryphes chrétiens de nombreuses scènes de vie de Marie et d’enfance de Jésus : la consécration de Marie dans la Sourate III, La famille de ‘Îmran, 31 et le Proto-évangile de Jacques, la vie de Marie au Temple dans la Sourate III, La famille de ‘Îmran, 32 et la Sourate XIX, Marie, 16 et le Proto-évangile de Jacques, le tirage au sort pour la prise en charge de Marie dans la Sourate III, La famille de ‘Imran, 39 et le Proto-évangile de Jacques, la station sous un palmier dans la Sourate XIX, Marie, 23 et l’Évangile du pseudo-Matthieu, Jésus parle au berceau dans la Sourate III, La famille de ‘Imran, 41 et la Sourate XIX, Marie, 30 et l’Évangile arabe de l’enfance, Jésus anime des oiseaux en argile dans la Sourate III, La famille de ‘Imran, 43 et la Sourate V, La Table, 110 et l’Évangile de l’enfance selon Thomas… Wikipedia
La condition préalable à tout dialogue est que chacun soit honnête avec sa tradition. (…) les chrétiens ont repris tel quel le corpus de la Bible hébraïque. Saint Paul parle de ” greffe” du christianisme sur le judaïsme, ce qui est une façon de ne pas nier celui-ci . (…) Dans l’islam, le corpus biblique est, au contraire, totalement remanié pour lui faire dire tout autre chose que son sens initial (…) La récupération sous forme de torsion ne respecte pas le texte originel sur lequel, malgré tout, le Coran s’appuie. René Girard
Dans la foi musulmane, il y a un aspect simple, brut, pratique qui a facilité sa diffusion et transformé la vie d’un grand nombre de peuples à l’état tribal en les ouvrant au monothéisme juif modifié par le christianisme. Mais il lui manque l’essentiel du christianisme : la croix. Comme le christianisme, l’islam réhabilite la victime innocente, mais il le fait de manière guerrière. La croix, c’est le contraire, c’est la fin des mythes violents et archaïques. René Girard
Le christianisme (…) nous a fait passer de l’archaïsme à la modernité, en nous aidant à canaliser la violence autrement que par la mort.(…) En faisant d’un supplicié son Dieu, le christianisme va dénoncer le caractère inacceptable du sacrifice. Le Christ, fils de Dieu, innocent par essence, n’a-t-il pas dit – avec les prophètes juifs : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice » ? En échange, il a promis le royaume de Dieu qui doit inaugurer l’ère de la réconciliation et la fin de la violence. La Passion inaugure ainsi un ordre inédit qui fonde les droits de l’homme, absolument inaliénables. (…) l’islam (…) ne supporte pas l’idée d’un Dieu crucifié, et donc le sacrifice ultime. Il prône la violence au nom de la guerre sainte et certains de ses fidèles recherchent le martyre en son nom. Archaïque ? Peut-être, mais l’est-il plus que notre société moderne hostile aux rites et de plus en plus soumise à la violence ? Jésus a-t-il échoué ? L’humanité a conservé de nombreux mécanismes sacrificiels. Il lui faut toujours tuer pour fonder, détruire pour créer, ce qui explique pour une part les génocides, les goulags et les holocaustes, le recours à l’arme nucléaire, et aujourd’hui le terrorisme. René Girard
Pour accepter l’islam, l’Europe a forgé le mythe de l’Andalousie tolérante qui aurait constitué un âge d’or pour les trois religions. Tout ce qui concerne les combats, le statut humiliant du non musulman a été soigneusement gommé. Il s’agit d’une véritable falsification de l’histoire réelle. Anne-Marie Delcambre
Je n’aime pas parler de violence islamique : si je parlais de violence islamique, je devrais également parler de violence catholique. Tous les musulmans ne sont pas violents ; tous les catholiques ne sont pas violents. Je crois que dans presque toutes les religions, il y a toujours un petit groupe fondamentaliste. Mais on ne peut pas dire — je crois que cela n’est pas vrai et que ce n’est pas juste — que l’islam est terroriste. Pape François
Je ne crois pas qu’il y ait aujourd’hui une peur de l’islam, en tant que tel, mais de Daech et de sa guerre de conquête, tirée en partie de l’islam. L’idée de conquête est inhérente à l’âme de l’islam, il est vrai. Mais on pourrait interpréter, avec la même idée de conquête, la fin de l’Évangile de Matthieu, où Jésus envoie ses disciples dans toutes les nations. (…) Devant l’actuel terrorisme islamiste, il conviendrait de s’interroger sur la manière dont a été exporté un modèle de démocratie trop occidentale dans des pays où il y avait un pouvoir fort, comme en Irak. Ou en Libye, à la structure tribale. On ne peut avancer sans tenir compte de cette culture.  (…) Sur le fond, la coexistence entre chrétiens et musulmans est possible. Je viens d’un pays où ils cohabitent en bonne familiarité. (…) En Centrafrique, avant la guerre, chrétiens et musulmans vivaient ensemble et doivent le réapprendre aujourd’hui. Le Liban aussi montre que c’est possible. Pape François
Un passage des propos du pape François attire l’œil: «L’idée de conquête est inhérente à l’âme de l’islam, il est vrai. Mais on pourrait interpréter avec la même idée de conquête la fin de l’Évangile de Matthieu, où Jésus envoie ses disciples dans toutes les nations». Voici le passage évoqué: «Allez donc, faites des disciples (“mathèteuein”, en grec) de toutes les nations, baptisant les gens (…), leur enseignant (“didaskein”) à observer tout ce que je vous ai commandé (Matthieu, 28, 19)». On peut appeler «conquête» la tâche de prêcher, d’enseigner et de baptiser. Il s’agit bien d’une mission universelle, proposant la foi à tout homme, à la différence de religions nationales comme le shintô. Le christianisme ressemble par là à l’islam, dont le prophète a été envoyé «aux rouges comme aux noirs». Mais son but est la conversion des cœurs, par enseignement, non la prise du pouvoir. Les tentatives d’imposer la foi par la force, comme Charlemagne avec les Saxons, sont de monstrueuses perversions, moins interprétation que pur et simple contresens. Le Coran ne contient pas d’équivalent de l’envoi en mission des disciples. Il se peut que les exhortations à tuer qu’on y lit n’aient qu’une portée circonstancielle, et l’on ignore les causes de l’expansion arabe du VIIe siècle. Reste que le mot de conquête n’est plus alors une métaphore et prend un sens plus concret, carrément militaire. Les deux recueils les plus autorisés (sahīh) attribuent à Mahomet cette déclaration (hadith), constamment citée depuis: «J’ai reçu l’ordre de combattre (qātala) les gens (nās) jusqu’à ce qu’ils attestent “Il n’y a de dieu qu’Allah et Muhammad est l’envoyé d’Allah”, accomplissent la prière et versent l’aumône (zakāt). S’ils le font, leur sang et leurs biens sont à l’abri de moi, sauf selon le droit de l’islam (bi-haqqi ‘l-islām), et leur compte revient à Allah (hisābu-hum ‘alā ‘Llah) (Bukhari, Foi, 17 (25) ; Muslim, Foi, 8, [124] 32-[129] 36)». J’ai reproduit l’arabe de passages obscurs. Pour le dernier, la récente traduction de Harkat Ahmed explique: «Quant à leur for intérieur, leur compte n’incombera qu’à Dieu (p. 62)» Indication précieuse: il s’agit d’obtenir la confession verbale, les gestes de la prière et le versement de l’impôt. Non pas une conversion des cœurs, mais une soumission, sens du mot «islam» dans bien des récits sur la vie de Mahomet. L’adhésion sincère pourra et devra venir, mais elle n’est pas première. Nul ne peut la forcer, car «il n’y a pas de contrainte en religion (Coran, II, 256)». Elle viendra quand la loi islamique sera en vigueur. Il sera alors dans l’intérêt des conquis de passer à la religion des conquérants. On voit que le mot «conquête» a un tout autre sens que pour le verset de Matthieu. Pourquoi insister sur ces différences? Un vaste examen de conscience est à l’œuvre chez bien des musulmans, en réaction aux horreurs de l’État islamique. Ce n’est pas en entretenant la confusion intellectuelle qu’on les aidera à se mettre au clair sur les sources textuelles et les origines historiques de leur religion. Rémi Brague
Les Chrétiens et les juifs parlent d’un livre «inspiré» par Dieu mais nullement une œuvre de Dieu. Pour les musulmans, le Coran est un «miracle» qui «éblouit le monde», c’est-à-dire une œuvre purement divine, incréée et présente depuis l’éternité. Il est donc par définition infaillible. Il n’a pas à être interprété ou analysé, la Parole de Dieu ne peut l’être, elle ne peut qu’être suivie. (…) Du point de vue coranique, un terroriste musulman n’est pas en contradiction avec les préceptes du Coran et reste donc un bon musulman. D’ailleurs les fatwas touchent des démocrates et tout à fait exceptionnellement des terroristes musulmans, il a fallu attendre jusqu’à mars 2005 pour qu’une fatwa soit lancée contre Oussama Ben Laden, émanant de la commission islamique d’Espagne. Louis Chagnon
C’est une religion aux préceptes assez simples et convaincants. Un seul Dieu, qui ordonne toute chose dans le monde… Pour adhérer à l’islam, il suffit de prononcer une formule : « J’atteste qu’il n’y a de divinité que Dieu et que Mahomet est son prophète. » Avec cela, vous êtes musulman. Il est de coutume de circoncire les nouveaux fidèles. Mais ce n’est pas obligatoire. Si les soldats de Napoléon ne se sont pas convertis à l’islam, c’est que les savants musulmans, en fait très ennuyés par la perspective d’une conversion aussi massive, ont imposé deux conditions : la circoncision et l’interdiction de boire du vin. Cette dernière était inacceptable. Et voilà pourquoi les Français sont chrétiens et pas musulmans.  Maxime Rodinson
D’après les théologiens musulmans, le Coran vient directement d’Allah, il n’a pas changé d’une seule lettre depuis qu’il a été mis par écrit, et sa langue est si somptueusement poétique qu’elle est inimitable par aucun humain. Mohammed l’a récité alors qu’il était analphabète. Avant que le monde ne soit créé, le Coran était déjà présent, ce que la théologie musulmane exprime en disant que le Coran est incréé. Le Coran est en arabe depuis avant la fondation du monde parce qu’Allah parle arabe avec les anges. (…) L’alphabet arabe ne comportait à l’époque de Mohammed que trois voyelles longues : a, i, u, et ne faisait pas la différence entre certaines consonnes. Cette écriture, nommée scriptio defectiva, est indéchiffrable, et ne peut servir que d’aide mémoire à ceux qui connaissent déjà le texte. (…) C’est vers 650, que des collectes ont été faites pour constituer le Coran. Le Coran a donc été primitivement écrit en scriptio defectiva. Vers 850, deux siècles après les collectes, des grammairiens perses qui ignoraient la culture arabe ont fait des conjectures pour passer en scriptio plena, afin de rendre le Coran compréhensible. Cela n’a pas suffi. Il a fallu y ajouter d’autres conjectures sur le sens des passages obscurs, qui concernent environ 30% du Coran. L’édition actuelle du Coran est celle du Caire, faite en 1926. Il a donc fallu 1 300 ans pour la mettre au point. C’est une traduction en arabe classique d’un texte qui est incompréhensible sous sa forme originale. (…) À l’époque de Mohammed, l’arabe n’était pas une langue de culture, ni une langue internationale. Depuis plus de mille ans, dans tout le Proche Orient, la langue de culture était l’araméen. Les lettrés arabes, peu nombreux, parlaient en arabe et écrivaient en araméen. La situation était comparable à celle de l’Europe de la même époque, où les lettrés parlaient dans leur langue locale et écrivaient en latin. Les difficultés du Coran s’éclairent si on cherche le sens à partir de l’araméen. Le Coran n’est pas écrit en arabe pur, mais en un arabe aussi chargé d’araméen que, par exemple, l’allemand est chargé de latin. André Frament
D’après la théologie musulmane, Mohammed, venant à la suite d’une longue suite de prophètes, n’aurait fait qu’un « rappel », rendu nécessaire parce que les hommes oublient. On peut donc penser que des révélations faites aux prophètes prédécesseurs de Mohammed ont du laisser des traces. D’autre part, des historiens pensent que les nouveaux systèmes d’idées se développent à partir d’ébauches antécédentes. Quelle que soit l’hypothèse choisie, il a dû exister une sorte de pré-islam qu’il est intéressant de rechercher. (…) De fait,certaines idées présentes dans l’islam d’aujourd’hui sont également présentes dans les sectes millénaristes et messianiques du Proche Orient, aux premier et deuxième siècles de notre ère. Voir comment ces idées ont cheminé dans cette région du monde a donné un éclairage supplémentaire. Dans le Coran, Myriam, sœur d’Aaron, et Marie, mère du Christ, est une seule et même personne, alors que 1.200 ans les séparent. La Trinité, formée pour les chrétiens du Père, du Christ et du Saint-Esprit, est déclarée dans le Coran formée, du Père, du Christ, et de Marie. Ces éléments, et d’autres de la sorte, font penser que le Coran est formé de plusieurs traditions différentes, comme on peut l’observer pour d’autres livres anciens. (…) Les messianismes juifs se sont formés en trois siècles, de 180 avant notre ère à 150 après. Leur théologie présente cinq idées centrales qui, durent encore de nos jours: · La première est celle d’une guerre menée pour des raisons théologiques. · La seconde est celle d’émigration : les Justes devaient d’abord aller au désert, reproduisant l’Exode de Moïse au Néguev-Sinaï. · La troisième idée était la conquête de Jérusalem. · La quatrième était la libération complète de la Palestine juive. · La cinquième était la conquête du monde entier. Alors que les quatre premières étaient tout à fait générales dans les mouvements messianiques juifs, la dernière n’était acceptée que par une partie des adeptes. Les deux premières idées sont proches de celles de l’islam, et la cinquième reste un rêve que les musulmans ont poursuivi pendant quatorze siècles. (…) Les nazaréens pratiquaient la circoncision, la polygamie limitée à 4 épouses, décrivaient un paradis où les élus trouveraient des aliments délicieux, des boissons agréables et des femmes. Toutes ces idées sont présentes dans l’islam. De plus, un grand nombre de thèses, de conceptions, de dogmes nazaréens se retrouvent à l’identique dans l’islam d’aujourd’hui : ‘Îsâ, le nom de Jésus, le statut du Christ, les récits de l’enfance de Marie, la confusion entre Marie et Myriam, le statut des femmes, la Trinité formée du Père, du Christ et de Marie, la conception du paradis, le vin, interdit sur terre mais présent en fleuves entiers au paradis… (…) Le mot musulman apparaît pour la première fois sur le Dôme du roc, en 691, il entre dans l’usage officiel vers 720, il est utilisé sur une monnaie pour la première fois en 768, et sur papyrus en 775 seulement. La recherche linguistique montre que les mots islam et musulman ne viennent pas de l’arabe, mais de l’araméen, la langue des nazaréens. (…) Le nom de Médine, d’après les documents musulmans, viendrait de madina ar-rasul Allah, la ville du messager d’Allah. Cette étymologie en langue arabe est proposée par l’islam plus de 200 ans après les faits. Or, à l’époque, madina ne signifiait pas ville, mais région. Ville se disait qura. Des textes datant de 30 ans après les faits indiquent une autre étymologie, à partir de l’araméen, impliquant les nazaréens. (…) Il est très douteux que les Arabes du VIIe siècle soient des polythéistes étrangers aux traditions biblique ou chrétienne. Par leur commerce, ils sont, en effet, depuis plus de six siècles en contact avec des juifs et depuis six siècles en contact avec des chrétiens. Ils ne pouvaient pas ignorer la révélation judéo-chrétienne. André Frament
La question de l’Hégire permet d’entrevoir immédiatement ce qui s’est passé. L’Hégire ou Émigration à l’oasis de Yathrib situé en plein désert est un événement très significatif de la vie du Mahomet historique. On sait que, très rapidement, cette année-là – 622 semble-t-il – a été tenue pour l’an 1 du calendrier du groupe formé autour de Mahomet (ou plutôt du groupe dont il était lui-même un membre). Or, la fondation d’un nouveau calendrier absolu ne s’explique jamais que par la conscience de commencer une Ère Nouvelle, et cela dans le cadre d’une vision de l’Histoire. Quelle ère nouvelle ? D’après les explications musulmanes actuelles, cette année 1 se fonderait sur une défaite et une fuite de Mahomet, parti se réfugier loin de La Mecque. Mais comment une fuite peut-elle être sacralisée jusqu’à devenir la base de tout un édifice chronologique et religieux ? Cela n’a pas de sens. Si Mahomet est bien arrivé à Yathrib – qui sera renommé plus tard Médine – en 622, ce ne fut pas seulement avec une partie de la tribu des Qoréchites, mais avec ceux pour qui le repli au désert rappelait justement un glorieux passé et surtout la figure de la promesse divine. Alors, le puzzle des données apparemment incohérentes prend forme, ainsi que Michaël Cook et d’autres l’on entrevu. Le désert est le lieu où Dieu forme le peuple qui doit aller libérer la terre, au sens de ce verset : « Ô mon peuple, entrez dans la terre que Dieu vous a destinée » (Coran V, 21). Nous sommes ici dans la vision de l’histoire dont le modèle de base est constitué par le récit biblique de l’Exode, lorsque le petit reste d’Israël préparé par Dieu au désert est appelé à conquérir la terre, c’est-à-dire la Palestine selon la vision biblique. Telle est la vision qu’avaient ceux qui accompagnaient et en fait qui dirigeaient Mahomet et les autres Arabes vers Yathrib en 622. Et voilà pourquoi une année 1 y est décrétée : le salut est en marche. Dans l’oasis de Yathrib d’ailleurs, la plupart des sédentaires sont des « juifs » aux dires mêmes des traditions islamiques. Et pourtant les traditions rabbiniques ne les ont jamais reconnus comme des leurs : ces « juifs » et ceux qui y conduisirent leurs amis arabes sont en réalité ces “judéochrétiens” hérétiques, qui vous évoquiez à l’instant. Ils appartenaient à la secte de « nazaréens » dont on a déjà parlé à propos de la sourate 5, verset 82. E.-M. Gallez
C’est à la suite de la destruction du Temple de 70 que l’idéologie judéo-nazaréenne se structura en vision cohérente du Monde et de l’Histoire, construite sous l’angle de l’affrontement des « bons » et des « méchants », les premiers devant être les instruments de la libération de la Terre. Le recoupement des données indique que c’est en Syrie, chez les judéo-chrétiens qui refusèrent de rentrer en Judée après 70 et réinterprétèrent leur foi, que cette idéologie de salut – la première de l’Histoire – s’est explicitée. (…) Pour en revenir à l’attente judéonazaréenne du Messie-Jésus, je ne vous apprendrai rien en disant qu’il n’est pas redescendu du Ciel en 638. En 639 non plus. En 640, l’espérance de le voir redescendre du Ciel apparut clairement être une chimère. C’est la crise. (…) Il est invraisemblable que Mahomet ait massacré des juifs rabbanites (orthodoxes ndlr), dont les judéo-nazaréens aussi bien que leurs alliés Arabes avaient besoin de la neutralité, au moins. Mais après 640, on imagine aisément que Umar puis son successeur Uthman aient voulu se défaire d’alliés devenus encombrants. Ironie de l’histoire : les « fils d’Israël » – au moins leurs chefs – sont massacrés par ceux qu’ils avaient eux-mêmes convaincus d’être les « fils d’Ismaël » ! En fait, le problème se posait aux Arabes de justifier d’une manière nouvelle le pouvoir qu’ils avaient pris sur le Proche-Orient. C’est dans ce cadre qu’apparut la nécessité d’avoir un livre propre à eux, opposable à la Bible des juifs et des chrétiens, et qui consacrerait la domination arabe sur le monde… et qui contribuerait à occulter le passé judéo-nazaréen. EM Gellez
Le Calife basé à l’oasis de Médine ne disposait, en fait de « textes » en arabe, que des papiers que les judéo-nazaréens y avaient laissés. Même si l’on y ajoute les textes plus anciens laissés en Syrie, cela ne fait pas encore un choix énorme. Et il fallait choisir, dans la hâte, des textes répondant aux attentes des nouveaux maîtres du Proche-Orient ! Autant dire que, quel qu’il fût, le résultat du choix ne pouvait guère être satisfaisant, même si on choisissait les textes présentant le moins d’allusions au passé judéonazaréen. C’est ainsi que les traditions musulmanes ont gardé le souvenir de « collectes » ou assemblages du Coran divergents entre eux et concurrents – parce qu’ils fournirent évidemment à des ambitieux l’occasion de se pousser au pouvoir. Umar fut assassiné. Son successeur également, et il s’ensuivit une véritable guerre intra-musulmane, aboutissant au schisme entre « chiites » et « sunnites ». Quant aux textes assemblés dans ce qu’on nomma le « Coran », ils continuèrent d’être adaptés à ce qu’on attendait d’eux, dans une suite de fuites en avant : apporter des modifications à un texte, c’est souvent se condamner à introduire de nouvelles pour pallier les difficultés ou les incohérences induites par les premières, etc. Un texte ne se laisse pas si facilement manipuler. Surtout qu’il faut chaque fois rappeler les exemplaires en circulation,les détruire et les remplacer par des nouveaux – ce dont les traditions musulmanes ont gardé le souvenir et situent jusqu’à l’époque du gouverneur Hajjaj, au début du VIIIe siècle encore ! Quand il devint trop tard pour le modifier encore en ses consonnes, sa voyellisation puis son interprétation furent à leur tour l’objet d’élaborations (parfois assez savantes). Ainsi, à force d’être manipulé, le texte coranique devint de plus en plus obscur, ce qu’il est aujourd’hui. Mais il était tout à fait clair en ces divers feuillets primitifs c’est-à-dire avant que ceux-ci aient été choisis pour constituer un recueil de 114 parties – le même nombre que de logia de l’évangile de Thomas, nombre lié aux besoins liturgiques selon Pierre Perrier. EM Gellez
Du fait de l’hyperspécialisation, très peu d’islamologues s’étaient intéressés aux textes de la mer Morte qui, particulièrement dans leur version la plus récente, reflètent une parenté avec le texte coranique ; et, en sens inverse, tout aussi peu de qoumranologues, d’exégètes ou de patrologues avaient porté de l’intérêt au Coran et à l’Islam. Or ces deux côtés de la recherche s’éclairent mutuellement, ils constituent en quelque sorte le terminus a quo et le terminus ad quem de celle-ci, renvoyant à une même mouvance religieuse : celle que des ex-judéo-chrétiens ont structurée vers la fin du Ier siècle. On la connaît surtout sous la qualification de “nazaréenne” ; les membres de cette secte apocalyptico-messianiste avaient en effet gardé l’appellation de nazaréens que les premiers judéo-chrétiens avaient portée (durant très peu d’années) avant de s’appeler précisément chrétiens d’après le terme de Messie (c’est-à-dire christianoï ou Mesihayé). Il s’agit évidemment des naçârâ du texte coranique selon le sens qu’y avait encore ce mot avant le VIIIe siècle et selon le sens qu’indiquent certains traducteurs à propos de passages où l’actuelle signification de chrétiens ne convient visiblement pas ; au reste, à propos de ces nazaréens, même certains sites musulmans libéraux en viennent aujourd’hui à se demander si leur doctrine n’était pas celle de Mahomet. À la suite de Ray A. Pritz, l’auteur préconise l’appellation de judéo-nazaréens pour éviter toute ambiguïté ; l’avantage est également de rappeler l’origine judéenne (ainsi qu’un lien primitif avec la communauté de Jacques de Jérusalem, selon les témoignages patristiques). Signalons en passant que l’auteur établit un parallélisme avec une autre mouvance qui prend sa source dans les mêmes années, le gnosticisme ; ceci offre un certain intérêt car les deux mouvances partent dans des directions qu’il présente comme radicalement opposées. L’apparition de l’islam tel qu’il se présente aujourd’hui s’explique de manière tout à fait cohérente dans le cadre de cette synthèse. À la suite de la rupture bien compréhensible avec les judéonazaréens, les nouveaux maîtres arabes du Proche-Orient ont été obligés d’inventer des références exclusivement arabes pour justifier leur pouvoir, explique l’auteur. Ceci rend compte en particulier d’une difficulté à laquelle tout islamologue est confronté, à savoir la question du polythéisme mecquois. Comment les Mecquois pouvaient-ils être convaincus par une Révélation qui leur aurait été impossible à comprendre ? Le détail du texte coranique ne s’accorde pas avec un tel présupposé. À supposer justement que Mahomet ait vécu à La Mecque avant que l’Hégire le conduise à Yathrib-Médine (en 622) : la convergence de nombreuses études, généralement récentes, oriente dans une autre direction. Le travail de recoupement et de recherche effectué par l’auteur débouche sur un tableau d’ensemble ; celui-ci fait saisir pourquoi la biographie du Prophète de l’Islam, telle qu’elle s’est élaborée et imposée deux siècles après sa mort, présente le contenu que nous lui connaissons. M.-Th. Urvoy
Christoph Luxenberg considère (…) que des pans entiers du Coran mecquois seraient un palimpseste d’hymnes chrétiennes. Avant lui, Günter Lüling avait tenté d’établir qu’une partie du Coran provenait d’hymnes chrétiennes répondant à une christologie angélique. Cela me paraît trop automatique et trop rapide. En revanche, Christoph Luxenberg m’a convaincu sur l’influence syriaque dans plusieurs passages du Coran, notamment dans la sourate 100 dans laquelle il voit une réécriture de la première épître de saint Pierre (5,8-9). On reconnaît dans le Coran des traces évidentes de syriaque. À commencer par le mot Qur’an qui, en syriaque, signifie «recueil» ou «lectionnaire». Cette influence me semble fondamentale. D’autre part, Angelika Neuwirth [NDLR spécialiste du Coran, université de Berlin] a bien souligné la forme liturgique du Coran. Et des chercheurs allemands juifs ont noté une ressemblance forte entre le Coran mecquois et les psaumes bibliques. Serait-il un lectionnaire, ou contiendrait-il les éléments d’un lectionnaire? Je suis enclin à le penser. Sans l’influence syriaque comment comprendre que le Coran ait pu reprendre le thème des sept dormants d’Éphèse qui sont d’origine chrétienne? De plus, la christologie du Coran est influencée par le Diatessaron de Tatien et par certains évangiles apocryphes. On peut penser que le groupe dans lequel le Coran primitif a vu le jour était l’un des rejetons de groupes judéo-chrétiens attachés à une christologie pré-nicéenne, avec aussi quelques accents manichéens. Claude Gilliot
Il est vrai que le mouvement national arabe n’a aucun contenu positif. Les dirigeants du mouvement sont tout à fait indifférents au bien-être de la population et à la fourniture de leurs besoins essentiels. Ils n’aident pas  le fellah ; au contraire, les dirigeants sucent son sang et l’exploitent la prise de conscience populaire pour en tirer un avantage. Mais nous faisons une erreur si nous mesurons les arabes [palestiniens] et leur mouvement à l’aune de nos normes. Chaque peuple est digne de son mouvement national. La caractéristique évidente d’un mouvement politique, c’est qu’il sait mobiliser les masses. Il n’y a aucun doute que nous sommes confrontés à un mouvement politique, et nous ne devrions pas sous-estimer ce potentiel. (…) Un mouvement national mobilise les masses, et c’est la chose principale. Les Arabes [palestiniens] ne sont pas un parti de renouveau et leur valeur morale est douteuse. Mais dans un sens politique, c’est un mouvement national. David Ben Gourion (premier Premier ministre israélien)
La grande majorité des fellahs ne tirent pas leur origine des envahisseurs arabes, mais d’avant cela, des fellahs juifs qui étaient la majorité constitutive du pays. Yitzhak Ben Zvi (second président de l’Etat d’Israël, 1929)
La grande majorité et les principales structures de la Falahin musulmane dans l’Ouest Eretz Israël nous présentent un brin racial et une unité d’ensemble ethnique, et il n’y a aucun doute que beaucoup de sang juif coule dans leurs veines, le sang de ces agriculteurs Juifs, « profanes »,  qui pris dans la folie de l’époque ont choisi d’abandonner leur foi afin de rester sur leurs terres. David Ben Gourion et Ytzhak Ben Zvi
Une très vaste étude anthropologique, diverses études génétiques, une recherche démographique historique et une enquête historique et géographique (…) renforcent une œuvre antérieure de David Ben-Gurion (le premier premier ministre d’Israël) et d’autres, dans leurs conclusions très surprenantes : une vaste majorité de Palestiniens (80-90 %) sont les descendants du peuple d’Israël qui sont restés dans le pays après la destruction du Second Temple juif. Les ancêtres de la plupart des Palestiniens ont été contraints de se convertir à l’Islam. L’Engagement
Oui, ils sont tous d’ascendance juive. Et comme ils n’avaient pas le choix, ils se sont convertis à l’Islam. Vous savez, cela date de plusieurs siècles; ce n’est pas récent, c’est rien de nouveau. Par exemple, nous n’allumions pas de feu le jour du Sabbat. Ma mère et ma grand-mère, je me rappelle, quand j’étais enfant. Elles avaient un bain spécial (mikveh). Bédouin
Cela semble très certainement surréaliste, parce qu’extrêmement révolutionnaire de dire aux gens que leurs pires ennemis sont actuellement leurs frères. Donc, il n’y a pas le choix. Ce travail surréaliste doit être fait tout comme le sionisme qui paraissait à ses débuts surréaliste. Tsvi Misinai
Il devient clair qu’une part significative des Arabes en Israël sont actuellement descendants des juifs qui ont été forcés de se convertir à l’Islam au fil des siècles. Il y a des études qui indiquent que 85% de ce groupe sont d’origine juive. Certains prétendent que ce pourcentage est moins élevé. Rabbin Dov Stein (Secrétaire du nouveau Sanhédrin)
Quand un Empire conquiert un pays, il exile l’élite et laisse les classes populaires et c’est ce qui est arrivé après la destruction du Premier comme du Second Temple. Ben Gurion disait avec le zèle qu’on lui connait: beaucoup de sang juif coule dans les veines de ces fermiers. Ils aimaient tant Israël qu’ils ont abandonné leur religion mais seulement parce qu’il leur fallut choisir entre la religion et la terre et ils firent le choix de la terre. Elon Jarden (bibliste israélien)
Nous avons constaté que bien que les Juifs ont été dispersés partout dans le monde pendant deux mille ans, ils ont maintenu toujours continuité génétique au cours des âges. Et une autre chose qui nous a surpris aussi était la proximité élevée des Arabes vivant dans les terres — les Palestiniens. (…) Le même chromosome peut apparaître dans les Juifs ashkénazes et les Palestiniens. (…) Il est clair que nous sommes tous de la même famille, mais malheureusement, les familles ont aussi leurs conflits; ce n’est pas rare que des frères et soeurs se battent entre eux. Professeur Ariella Oppenheim (Université hébraïque)
Souvenons-nous que les tribus d’Arabie étaient chrétiennes. Les meilleurs poètes et écrivains étaient chrétiens, tout comme nombre de guerriers et de philosophes (…) Ce sont eux qui portaient la bannière du panarabisme. La première université palestinienne a été créée par des chrétiens. Abd Al-Nasser Al-Najjar (Al-Ayyam)
La paix véritable, globale et durable viendra le jour où les voisins d’Israël reconnaîtront que le peuple juif se trouve sur cette terre de droit, et non de facto. (…) Tout lie Israël à cette région: la géographie, l’histoire, la culture mais aussi la religion et la langue. La religion juive est la référence théologique première et le fondement même de l’islam et de la chrétienté orientale. L’hébreu et l’arabe sont aussi proches que le sont en Europe deux langues d’origine latine. L’apport de la civilisation hébraïque sur les peuples de cette région est indéniable. Prétendre que ce pays est occidental équivaut à délégitimer son existence; le salut d’Israël ne peut venir de son déracinement. Le Moyen-Orient est le seul « club » régional auquel l’Etat hébreu est susceptible d’adhérer. Soutenir cette adhésion revient à se rapprocher des éléments les plus modérés parmi son voisinage arabe, et en premier lieu: des minorités. Rejeter cette option, c’est s’isoler et disparaître. Israël n’a pas le choix. Masri Feki
Si l’intervention militaire en Irak et le renversement du régime chauviniste de Saddam Hussein a apporté un quelconque résultat positif, hormis le déclenchement timide d’un processus politique démocratique, c’est sans doute le dévoilement de la grande diversité confessionnelle, ethnique et culturelle du Moyen-Orient qui demeure une réalité résiliente. (…) En réalité, les Egyptiens ne sont pas plus Arabes que ne sont Espagnols les Mexicains et les Péruviens. Ce qui fonde la nation, c’est la référence à une entité géographique, le partage de mêmes valeurs, une communauté de convenances politiques, d’idées, d’intérêts, d’affections, de souvenirs et de rêves communs. A contre-courant de toutes les expériences nationalistes venant couronner des faits nationaux, objectifs et observables, le nationalisme panarabe est plus le créateur que la création de la nation arabe. Sa conception arbitraire de la nation qui veut que l’on soit Arabe malgré soi, pour la simple raison que l’on fait usage de la langue arabe met à l’écart d’importants récits historiques et de légitimes revendications nationales. Masri Feki
Comme le génocide des Arméniens qui l’a précédé et le génocide des Cambodgiens qui lui a succédé, et comme tant d’autres persécutions de tant d’autres peuples, les leçons de l’Holocauste ne doivent jamais être oubliées. Ronald Reagan (22 avril 1981)
Aujourd’hui, je devrais le nommer « génocide arménien » ». « Je crois que nous – le gouvernement des Etats-Unis – devons à nos concitoyens une discussion honnête et sans détours sur ce problème. Je vous le dis en tant que personne qui a étudié le sujet – je n’ai aucun doute sur ce qui est arrivé. » « Je crois qu’il est malvenu pour nous, les Américains, de jouer avec les mots dans ce cas « . « Je crois qu’il nous faut dire les choses telles qu’elles sont. John Evans (Ambassadeur des Etats-Unis en Arménie, Berkeley, 19.02. 2005)
Aujourd’hui, nous commémorons le Meds Yeghern et honorons la mémoire de ceux qui ont souffert de l’une des pires atrocités de masse du 20e siècle. À partir de 1915, un million et demi d’Arméniens ont été déportés, massacrés ou condamnés à mort au cours des dernières années de l’Empire ottoman. En ce jour de commémoration, nous nous associons une nouvelle fois à la communauté arménienne d’Amérique et du monde entier pour porter le deuil des nombreuses vies perdues. En cette journée, nous honorons et reconnaissons également le travail de ceux qui ont essayé de mettre fin à la violence, ainsi que ceux qui ont cherché à garantir que de telles atrocités ne se reproduisent plus, à l’instar du militant des droits de l’homme et avocat, Raphael Lemkin. Nous rappelons les contributions d’Américains généreux qui ont aidé à sauver des vies et à reconstruire les communautés arméniennes. En honorant la mémoire de ceux qui ont souffert, nous nous inspirons également du courage et de la résilience du peuple arménien qui, face à une terrible adversité, a construit des communautés dynamiques dans le monde entier, y compris aux États-Unis. Nous nous engageons à tirer les leçons des tragédies du passé pour ne pas les répéter. Nous nous félicitons des efforts des Arméniens et des Turcs pour reconnaître et tenir compte de leur histoire douloureuse. Et nous nous associons au peuple arménien pour rappeler les vies perdues pendant le Meds Yeghern et réaffirmons notre engagement en faveur d’un monde plus pacifique. Donald Trump (24.04.2019)
Israël a toujours refusé de reconnaître les événements d’Arménie comme un génocide. Cette décision est moins une tentative de revendication du monopole de la souffrance (ou une volonté de présenter la Shoah comme un événement historique sans précédent) qu’une basse manœuvre politique des plus cyniques. Pendant bien des années, Israël a refusé de reconnaître ce génocide de peur de s’attirer les foudres de la Turquie. Depuis la fin des années 1950, Ankara était devenu un allié stratégique particulièrement solide de l’État hébreu –l’un de ses seuls amis dans le monde musulman. Les milieux du renseignement et de la sécurité intérieure des deux pays entretenaient des liens étroits; la Turquie constituait par ailleurs l’un des principaux clients de l’industrie de l’armement israélienne. À chaque fois qu’une personne israélienne (qu’elle soit députée, militante des droits humains ou historienne) plaidait pour une reconnaissance du génocide arménien, le pouvoir tuait l’initiative dans l’œuf. Plusieurs gouvernements successifs (quelle que soit leur idéologie et leur orientation politique) ont tout fait pour préserver cette bonne entente avec la Turquie (et les contrats de vente d’armes), préférant leur intérêt économique aux valeurs universelles. Lorsqu’ils évoquaient les événements, ils ne parlaient donc pas de «génocide», mais de «tragédie». Au fil de la dernière décennie, les relations entre Israël et la Turquie de Recep Tayyip Erdoğan se sont toutefois refroidies. Les contrats d’armement ne sont plus à l’ordre du jour et la coopération clandestine des deux services de renseignement contre l’ennemi commun (la Syrie) a été interrompue. Les relations turco-israéliennes sont aujourd’hui au plus bas: le Premier ministre Benyamin Netanyahou et son fils Yair invectivent Erdoğan sur Twitter et ce dernier le leur rend bien (ils se traitent mutuellement de «tyran» et de «meurtrier», entre autres noms d’oiseaux). Et pourtant, Israël n’en démord pas: il refuse de reconnaître le génocide arménien. Il invoque désormais une nouvelle excuse: l’Azerbaïdjan, qui a perdu une grande partie de son territoire au profit de l’Arménie entre 1991 et 1994. Ce pays musulman à majorité chiite s’est tourné vers Israël pour moderniser ses équipements militaires et l’État hébreu s’est empressé d’accepter de lui vendre son matériel dernier cri: non seulement l’Azerbaïdjan représentait un nouveau marché particulièrement prometteur, mais il se trouvait aux portes de l’Iran –l’ennemi juré d’Israël. Cette relation nouvelle a d’abord été tenue secrète; les censeurs militaires israéliens ont imposé un blackout médiatique total aux journalistes locaux. Le secret a finalement été éventé par le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev (qui est la cible de nombreuses critiques; on l’accuse notamment de corruption, d’abus de pouvoir et de violations des droits humains). C’est lors d’une conférence de presse, en décembre 2016, pendant une visite officielle de Netanyahou, qu’il a annoncé que l’Azerbaïdjan achetait pour cinq milliards de dollars d’armements israéliens. Pour Israël, ce pays occupe désormais peu ou prou la place qu’occupait autrefois la Turquie: un marché lucratif, ouvert à leurs équipements. (…) En échange, l’Azerbaïdjan vend du pétrole à Israël et permet aux services de renseignement israéliens de lancer des opérations contre l’Iran depuis son territoire. Netanyahou, qui a été réélu ce mois-ci pour un cinquième mandat de Premier ministre, craint qu’une reconnaissance du génocide arménien ne compromette la manne du marché azerbaïdjanais; Aliyev, qui s’entend à merveille avec Erdogan, pourrait en outre décider de fermer les portes de son pays au renseignement israélien. Yossi Melman
En ce jour de commémoration des 25 ans du génocide des Tutsi au Rwanda, le Président de la République exprime sa solidarité avec le peuple rwandais et sa compassion à l’égard des victimes et de leurs familles. Emmanuel Macron
Ce qu’on nous a demandé de faire est indigne. Cela nous a rendu complices des génocidaires. Capitaine Ancel
On était frustré de la victoire du FPR en rase campagne. Ne pouvait-on essayer de rétablir l’équilibre ? Général Christian Quesnot (chef d’état-major particulier de François Mitterrand)
Le film de Jean-Christophe Klotz apporte des pièces importantes sur le génocide des Tutsi. Par des témoignages, des images d’archives, des documents officiels déclassifiés ou non, il prouve que les autorités françaises ont, par leurs erreurs d’analyse, leur déni à reconnaître le génocide en cours ou leur entêtement à considérer le Front patriotique rwandais comme l’ennemi absolu, rendu cette catastrophe possible. Si le documentaire n’évalue pas la part de responsabilité de la France, il démontre qu’elle existe. En formant les soldats des Forces armées rwandaises, en livrant des armes ou en recevant à Paris les membres du gouvernement génocidaire, qui furent nommés quelques semaines plus tôt au sein de l’ambassade de France, des hommes proches de François Mitterrand ont joué un rôle dans ce drame. Par sa rigueur journalistique, Retour à Kigali prouve que le génocide au Rwanda est bien une affaire française. Mais pas seulement. Le 21 avril 1994, alors que des massacres à grande échelle étaient perpétrés dans tout le pays, l’ONU réduisait les effectifs de la Minuar (Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda) à seulement 270 casques bleus, soit une diminution de 90 % de ses hommes. Jean-Christophe Klotz, l’un des rares journalistes présents au moment des tueries, a rencontré différents responsables américains et onusiens pour comprendre comment la communauté internationale avait abandonné le Rwanda aux miliciens Interahamwe. L’Américaine Prudence Bushnell, à l’époque sous-secrétaire d’Etat adjointe aux affaires africaines, raconte comment le terme de « génocide » a été banni du Conseil de sécurité de l’ONU parce qu’il aurait « obligé à prendre des mesures pour intervenir et protéger… Il y avait des discussions interminables parmi les avocats et les services de communication du gouvernement ». Pendant ce temps, les miliciens hutu ont massacré près de 450 Tutsi par heure pendant trois mois en les jetant dans des latrines ou en les tuant à coups de machette, de gourdin, de marteau… Ce documentaire captivant montre qu’il ne s’agissait pas d’« affrontements interethniques », mais d’une extermination parfaitement planifiée. Télérama
L’architecte qui a supervisé la conception du système de sécurité incendie à Notre-Dame a reconnu que des responsables avaient sous-estimé la vitesse à laquelle un feu pouvait démarrer et se propager dans la cathédrale, avec pour conséquence un incendie bien plus dévastateur qu’anticipé. Le système reposait sur l’hypothèse que si la cathédrale venait à prendre feu, les anciennes poutres de chêne dans les combles brûleraient lentement, laissant largement assez de temps pour que les flammes soient maîtrisés, d’après Benjamin Mouton, l’architecte en chef des monuments historiques qui supervisa la mise en place des sécurités incendie. Contrairement à ce qui existe sur certains sites sensibles aux États-Unis, les alarmes incendie à Notre-Dame n’étaient pas directement reliées à une caserne de pompiers. Il fallait d’abord qu’un agent de sécurité de la cathédrale gravisse une série d’escaliers raides pour atteindre les combles – un trajet qu’une personne ‘sportive’ met six minutes à effectuer, explique M. Mouton. Ce n’est qu’après qu’un incendie était constaté que les pompiers étaient avertis et déployés. Autrement dit, même une réaction impeccable à un incendie intégrait un délai d’environ 20 minutes – entre le moment où l’alarme retentissait, et celui où les pompiers étaient arrivés et montés jusqu’aux combles avec des kilos de lances à incendie et de matériel, pour enfin s’attaquer aux flammes. Ce délai s’est avéré dévastateur. “Là où j’étais stupéfait c’est de la rapidité avec laquelle le chêne de Notre-Dame a brûlé,” dit M. Mouton. “Un chêne aussi vieux; ça ne peut pas brûler comme une allumette. C’est absolument incompréhensible.” Certains experts en sécurité incendie affirment cependant que M. Mouton et son équipe avaient sous-estimé le risque – et que la procédure de sécurité qu’ils avaient conçue était bien trop lente pour que le feu puisse être combattu à temps. “Ça n’a aucun sens,” affirme Jonathan Barnett, un responsable de sécurité incendie chez Basic Expert en Australie. “Vingt minutes avant que les gens n’interviennent; c’est un délai énorme. Quand de la charpente lourde se met à brûler, on ne peut pas l’éteindre. Donc je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle ils ont prévu ce délai.” François Chatillon, un architecte en chef des monuments historiques impliqué dans la restauration de nombreux monuments en France, signale également qu’il était bien connu que les poutres de chêne sous le toit en plomb de Notre-Dame présentaient un risque élevé d’incendie. Une fois le feu démarré, dit-il, “c’est comme jeter une allumette dans une boite qui en est remplie, c’est impossible à éteindre.” Pour lui, ce qui est surprenant ce n’est pas que Notre-Dame ait brûlé cette semaine, mais qu’elle “n’ait pas brûlé plus tôt.” M. Mouton et son équipe n’étaient les seuls en charge de la sécurisation d’un monument aussi précieux que Notre-Dame. Au minimum, leurs plans devaient être validés par leur hiérarchie au ministère de la Culture. Charlotte Hubert, présidente de la compagnie des architectes en chef des monuments historiques, souligne que la sécurité dans de tels bâtiments est étroitement réglementée. “On ne laisse pas les clés à l’architecte en chef pour qu’il fasse exactement ce qu’il veut,” explique-t-elle. Toujours est-il, selon des experts en sécurité incendie, que deux des principaux responsables à l’époque – M. Mouton et le Lieutenant-Colonel Régis Prunet, ancien pompier et conseiller en sécurité incendie pour le ministère de la Culture – semblent avoir mal évalué les mesures anti-feu nécessaires pour protéger un bâtiment aussi atypique, complexe et irremplaçable que Notre-Dame. Selon des scientifiques consultés par le New York Times, bien qu’un bois dense puisse mettre du temps à se consumer entièrement, un feu allait se propager naturellement et très rapidement parmi les vieilles poutres de Notre-Dame. Supposer le contraire, disent-il, était une erreur. M. Mouton, l’architecte en chef des monuments historiques, supervisa une rénovation de la sécurité incendie alors qu’il était responsable de Notre-Dame, entre 2000 et 2013. “Le sujet de la sécurité incendie a été posé à partir de mon arrivée,” dit M. Mouton. “J’ai géré le sujet de bout en bout.” M. Prunet, en tant que conseiller en sécurité incendie à la direction générale des patrimoines, au sein du ministère de la Culture, travailla avec M. Mouton et son équipe. Les deux hommes faisaient face à une tâche monumentale. Il n’y avait pas de plan approprié en place pour la protection contre le feu, ni même pour évacuer les touristes et les fidèles en cas d’incendie, explique M. Prunet. C’était un miracle que rien ne fût déjà arrivé, dit-il, et, selon lui, une grande ironie que cela arrive si rapidement après qu’un plan soit finalement en place. M. Mouton et M. Prunet expliquent avoir eu main libre pour concevoir le système de protection incendie le plus efficace possible. L’argent n’était pas un problème. Quand le budget s’avéra plus conséquent que prévu, les autorités françaises trouvèrent les financements, et le délai d’installation du nouveau système de sécurité passa de deux à quatre ans se rappelle M. Mouton. “Le projet n’a pas été réduit pour des questions financières, je vous le certifie absolument,” dit-il. Même si aucun coût ne fut épargné, la question de la préservation de la vieille charpente fut abordée de façon conservatrice, pour la laisser dans son état d’origine. Les concepteurs tenaient à ce que les combles ne soient pas altérées par des mesures de protection, avec des extincteurs automatiques ou des murs coupe-feu. Si le choix avait été fait de sacrifier cette ‘pureté’ de la charpente, en d’autre termes de trouver un compromis entre ce qui était possible il y a 850 ans et ce qui convient aujourd’hui, la flèche aurait pu, selon des experts, être sauvée. Si des murs coupe-feu ont pu être placés ailleurs dans la cathédrale; ils ne l’ont pas été dans les combles. D’après M. Prunet, la taille et la complexité de leur structure était d’une toute autre ampleur. “Pour la cathédrale de Paris, c’était compliqué parce que vous aviez un enchaînement de poutres en chêne, ce qu’on appelle la forêt,” explique-t-il. Mais M. Mouton a surtout renoncé à installer des murs coupe-feu car cela risquait d’être “mutilant” pour la structure, selon lui. “Il est vrai que ça avait été évoqué mais ça n’a pas été retenu,” dit-il. “Ça change l’apparence mais aussi les éléments car pour mettre en place une cloison il faut aussi couper les bois, c’est mutilant.” Et selon M. Prunet, des extincteurs automatiques n’ont pas été rajoutés parce que “le problème, c’est que vous noyez la structure.” Au lieu de cela, expliquent-ils, leur équipe avait misé sur la prévention et la détection. C’était un choix délibéré. Deux agents de sécurité étaient sur le site pour surveiller, jour et nuit, la délicate charpente du toit, tel le coffre-fort d’une banque. Un réseau de détecteurs de fumée et de chaleur était réparti de par la cathédrale. Trois fois par jour, quelqu’un montait vérifier que le système fonctionnait. M. Mouton affirme qu’il avait même testé le temps qu’il fallait pour qu’un agent fasse une levée de doute, en faisant la course avec l’un d’entre eux jusqu’en haut des combles. “Ça met un certain temps, y compris pour quelqu’un de très sportif,” dit-il. “Cette solution m’avait paru raisonnable en considérant que c’est du vieux chêne, donc ça ne brûlait pas comme ça.” Par ailleurs, le système d’alerte semble également avoir été défaillant, en commençant par la réponse à la première alerte de 18h20, lundi dernier. L’agent de sécurité, ne constatant pas de feu, avait donné une fin d’alerte et était redescendu. Mais selon Glenn Corbett, professeur associé et spécialiste de la science du feu au John Jay College of Criminal Justice à New York, quand une alarme retentit, il est impératif d’identifier l’origine et la cause de son déclenchement, y compris si c’est une défaillance ou si un insecte s’est introduit dans l’appareil. “La cause de la première alarme n’a pas été assez recherchée ,” dit M. Corbett. “C’est probablement leur plus grande erreur.” On peut supposer qu’à ce moment-là, un feu couvait vraisemblablement déjà quelque part dans les combles et commençait à se propager. Son origine reste à déterminer. Certains experts en sécurité incendie ne comprennent pas comment M. Mouton a pu croire qu’un feu se propagerait lentement sur du vieux bois dur. M. Corbett explique qu’on a longtemps cru que les feux de charpente dans des bâtiments du 19ème siècle étaient forcément de ‘combustion lente’, une croyance largement remise en cause de nos jours. M. Barnett, l’expert australien, souligne que le temps qu’il faut pour qu’un un épais morceau de charpente soit entièrement brûlé diffère entièrement de la vitesse de propagation du feu. “Il a sous-estimé le fait que c’est une très grande surface,” explique M. Barnett. “Il y a beaucoup d’énergie, et ça se propage très rapidement.” Le temps que la deuxième alarme sonne à 18h43, et qu’un agent de sécurité remonte les escaliers, le feu s’était déjà mû en brasier. Les pompiers n’ont été alertés qu’à 18h51. “On aurait pu éviter tout cela avec un système de détection moderne,” assure Guillaume Poitrinal, président de la Fondation du Patrimoine. La technologie de détection rapide en place à Notre-Dame était un système d’aspiration de la fumée fourni par Siemens en 2013, mais l’entreprise affirme qu’elle n’avait pas signé de contrat de maintenance et qu’elle ne peut pas s’exprimer sur de potentielles questions opérationnelles. Les alarmes à incendie en France ne préviennent jamais automatiquement les pompiers, confirme un porte-parole des sapeurs-pompiers de Paris. “Il peut y avoir des fausses alertes, c’est pourquoi les pompiers demandent que quelqu’un aille vérifier,” explique Gabriel Plus, le porte-parole. Mais pour des experts extérieurs, dans le cas de Notre-Dame, la procédure de sécurité incendie choisie ne prévoyait pas suffisamment de temps pour cela. Une autre solution aurait pu être envisagée: la présence permanente de pompiers sur le site. C’est le cas dans certains bâtiments encourant “un risque significatif” lors d’un incendie, explique M. Plus, comme par exemple le Louvre, le Palais de Justice, l’Assemblée Nationale et la Bibliothèque Nationale. Notre-Dame, dit-il, n’en faisait pas partie. M. Mouton reconnaît qu’une veille de pompiers sur le site aurait été la seule façon fiable d’éviter tout dégât par le feu, mais que cela ne pouvait se justifier “alors qu’il y a des incendies qui s’allument partout à Paris et en banlieue.” Il fallait accepter une part de risque, dit-il. “Ça fait partie de la relativité des choses.” “Je suis très embarrassé par ce qui arrive,” confie M. Mouton. Avec le recul, aurait-il conçu le système de façon différente aujourd’hui? “La détection serait restée la même,” dit-il. “Mais c’est la gestion qui change.” “Bien sûr, c’est les premières minutes qui comptent,” dit-il, avant de marquer une pause. “A posteriori on a toujours tort et on aurait sûrement fait mieux. “ NYT
Au classement des lieux touristiques de la capitale, Notre-Dame devance très nettement le musée du Louvre (10,2 millions de visiteurs l’an dernier) et la tour Eiffel (7 millions de visiteurs en 2018). Seul Disneyland Paris fait jeu égal avec 13,4 millions de visiteurs en 2016. Les chiffres ne peuvent toutefois pas strictement être comparés, l’accès à Notre-Dame étant gratuit, contrairement au Louvre, à la tour Eiffel et à Disneyland. La silhouette de la cathédrale apparaît en tout cas comme incontournable dans les brochures et sur les sites des voyagistes étrangers. Parmi les packages mis en avant pour la clientèle étrangère, Disneyland Paris propose par exemple une excursion dans la capitale, avec la tour Eiffel et Notre-Dame en tête d’affiche. L’agence parisienne Perfect Paris Wedding propose quant à elle aux étrangers des forfaits pour se marier à Paris, avec la possibilité d’organiser une cérémonie avec la cathédrale en toile de fond. Les professionnels du tourisme perdent une valeur sûre ! Sur son compte Twitter, Atout France déplore la disparition « d’un pan inestimable de notre histoire et de notre patrimoine ». Le réceptif Paris CityVision accuse lui aussi le coup : « La destruction de toute une partie de cet édifice est une tragédie et un réel deuil pour nous », regrette Florence Beyaert. La présidente du directoire de Paris CityVision appelle dans la foulée « l’ensemble des acteurs publics à se mobiliser pour soutenir la dynamique du tourisme et notamment pour permettre aux professionnels de pouvoir commercialiser davantage d’autres monuments tels que la tour Eiffel et le musée du Louvre ». Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde, espère quant à lui que l’incendie va justement braquer les projecteurs sur la capitale : « Le point commun avec les attentats de 2015, c’est l’immense émotion que cela suscite », avance-t-il. « Mais la grande différence est que, si les attentats avaient fait fuir les étrangers, cet incendie va provoquer l’effet inverse. » Même optimisme chez Jean-Pierre Mas. Le président des Entreprises du Voyage assure « ne pas être inquiet ». « Il n’y aura pas d’effet négatif sur la fréquentation touristique, en tout cas beaucoup moins que le mouvement des gilets jaunes », conclut-il. Tourhebdo
People worldwide have meaningful connections to Paris. It is the most-visited city in the world. As such, people have memories of Notre Dame, memories that were dusted with ash and debris in yesterday’s horrific scene. As is often the case, those nightmarishly frustrating contrarians were everywhere, taunting the mourners — remind everyone that the church was just bricks and mortar. Presumably these diehard deconstructionists also argue that art is « just paint on a canvas » and that their children are « just smaller people who look like me and live in my house. » [Arnault and Pinault] Between them, they have significantly more money than several European states — such as Croatia, Serbia, Slovakia or Slovenia. If you had €3,000 in your bank account right now and you donated a tenner to the restoration effort, you’d be giving proportionally the same amount as these two. (…) Perhaps an overlooked part of the discussion is the financial role that the Catholic Church could play in the restoration. Nobody outside the Vatican truly knows how much money the church has, but in 2012 The Economist calculated that the Vatican’s operating budget in the US alone came to $170billion. It stands to reason, then, that the global figure would be much larger again. Pope Francis has confirmed that he is praying for all those affected by the Notre Dame fire. That is to say, he is putting his hands together, rather than in his pocket. This will come as no surprise to anyone who has ever had to raise a few hundred or a few thousand euro to renovate a church in suburban or rural Ireland without the help from the Vatican’s bajillions. It would be incredibly cheap to suggest that it is in some way wrong to give money for the restoration. There is a value that transcends simple economics in restoring testaments to civilisation. Better that Notre Dame remains a symbol of European history than €300 million rests in a billionaire’s bank account. But the immediacy and magnitude of their response tells us something very important about the society we live in. If two men in a world of more than 7 billion people can provide €300million to restore Notre Dame, within six hours, then there is enough money in the world to feed every mouth, shelter every family and educate every child. The failure to do so is a matter of will, and a matter of system. The failure to do so comes from our failure to recognise the mundane emergencies that claims lives all around us every single day. Works of art and architectural history and beauty rely on the ingenuity of people, and it is people who must be protected above all else. Brick and mortar and stained-glass might burn, but they do not bleed, and they do not starve, and they do not suffer. Humans suffer. Everywhere in the world, from Paris to Persepolis, people are suffering. But their suffering is every day. It does not light up a front page, and it does not inspire immediate donations from the world’s wealthiest men. France currently counts 140,000 homeless people — 30,000 of which are children. A 2018 report by the Secours Catholique revealed that in total there are around 8.8 million people living below the poverty line in France in 2017. This means they are living on an income of less than €1,026 a month, and many of them live on considerably less. One in every eight French people live in poverty. Despite all of this, France remains the sixth richest country in the world, according to the International Monetary Fund. The next time someone tries to pretend like you need to choose between homelessness or immigration, nurses’ pay or a tax cut, a children’s hospital or a motorway, remember this moment. The money is there at a click of a finger. It just isn’t in our hands. Carl Kinsella
Major donations kicked off the evening of the fire, with French billionaires (and often competitors) Francois Pinault and Bernard Arnault pledging €100 million and €200 million, respectively. Over the next few days, companies like L’Oreal, Société Générale, and JCDecaux all made multi-million dollar pledges, the New York Times, reported, bringing the total donations up to €850 million, or about $995 million. That was all before American companies like Apple chipped in, bringing the total donations to more than $1 billion. Such a massive influx of funds, while widely considered an admirable show of support for the preservation of history and architecture, has caused some controversy. In an article widely shared on social media, Irish writer Carl Kinsella pointed out: « If two men in a world of more than 7 billion people can provide €300 million to restore Notre Dame, within six hours, then there is enough money in the world to feed every mouth, shelter every family and educate every child. The failure to do so is a matter of will, and a matter of system. » One demonstrably good way in which this focus on giving has spread beyond Paris? A spike in donations for —and attention to—a group of primarily black churches in Louisiana that had recently been destroyed by arson. A GoFundMe in support of the Seventh District Baptist Churches reached its $1.8 million fundraising goal in just days, with more than 37,000 people chipping in. Now, if only it didn’t require a new tragedy to see that kind of generosity. Hadley Keller
Mon cœur est brisé par la Nouvelle-Zélande et la communauté musulmane mondiale. Nous devons continuer à lutter contre la perpétuation et la normalisation de l’islamophobie et du racisme sous toutes ses formes. Hillary Clinton
En cette semaine sainte pour de nombreuses religions, nous devons rester unis contre la haine et la violence. Je prie pour toutes les personnes touchées par ces terribles attaques contre les fidèles et les voyageurs de Pâques au Sri Lanka. Hillary Clinton
Michelle et moi-même adressons nos condoléances au peuple néo-zélandais. Nous sommes profondément bouleversés par vous et par la communauté islamique dans son ensemble. Nous devons tous rester contre la haine sous toutes ses formes. Barack Hussein Obama
Les attaques contre les touristes et les fidèles de Pâques sont des attaques contre l’humanité. En cette journée consacrée à l’amour, à la rédemption et au renouveau, nous prions pour les victimes et restons avec le peuple du Sri Lanka. Barack Hussein Obama
The acts of violence against churches and hotels in Sri Lanka are truly appalling, and my sympathies go out to all of those affected at this tragic time. Theresa May
It remains unclear who carried out the attacks. The BBC
Sri Lanka church bombings stoke far-Right anger in the West (…) far-Right groups began to describe the attacks in specifically religious terms. To some, it was further proof that Christians in many parts of the world are under attack. The Washington Post
Islamist terrorists, bombs strapped to their backs, had gone into churches on the holiest day in the Christian calendar with the express purpose of murdering as many innocents as possible. There was also carnage at hotels popular with Western tourists. “It remains unclear who carried out the attacks,” the BBC website was still insisting 12 hours after the massacres. We knew. And they knew. But if you stayed tuned to the news all day, you would not hear the word “terrorist” and certainly not the most inflammatory term of all: “Christian”. The contrast with the reporting of the mosque shootings in New Zealand could not have been more striking. Back in March, there was no doubt that the massacres in Christchurch, by a lone gunman during Friday prayers, were motivated by hatred of Muslims. One evil man’s actions were swiftly used to extrapolate an entire theory of racism on the Right. Journalists like me, who had dared to criticise the burka, or the grievous failure of integration (finally admitted by Tony Blair this week, I see), were said by Leftists to be guilty of Islamophobia and therefore “implicated” in the murder of 50 men, women and children. When it’s the other way around, though, the denial is deafening. Theresa May tweeted, “The acts of violence against churches and hotels in Sri Lanka are truly appalling, and my sympathies go out to all of those affected at this tragic time.” But they weren’t acts of violence against buildings, were theyPrime Minister? If you detonate a bomb inside a church on Easter Sunday, the result does tend to be that you kill an awful lot of followers of Jesus Christ. When a vicar’s daughter decides that it’s wiser not to mention the C-word, you know that fear is now greater than faith. Compare and contrast the reaction of Hillary Clinton to the two tragedies. On Sunday, she tweeted, “I’m praying for everyone affected by today’s horrific attacks on Easter worshippers and travellers in Sri Lanka.” Easter worshippers? That’s a clunking new euphemism for Christians. When the mosques in Christchurch were targeted, did Clinton talk of Ramadan worshippers? No, she wrote, “My heart breaks for New Zealand and the global Muslim community.” I’m afraid that politicians like Clinton and May are paralysed by a terrible dilemma. It’s too scary to admit that militant Islamists are at war with Christianity and Western civilization, that vandalism of churches is rife across Europe and that, according to the Pew Report, Christianity is the world’s most persecuted religion. In order to cover up this inconvenient truth, politicians and the police increasingly try to create a false equivalence between terrorism committed by the far-Right and by Islamists. It’s a downright lie. In the UK alone, intelligence officers have identified 23,000 jihadist extremists, at least 3,000 of whom are believed to pose an active threat. Scores of foul fiends must have plotted and carried out the Sri Lankan attacks. This is deeply uncomfortable for the liberal media, which responds with shifty obfuscation. On Monday, The Washington Post ran a bizarre story about the Easter Sunday massacre with the headline, “Sri Lanka church bombings stoke far-Right anger in the West”. That was wildly premature, but it inadvertently revealed their overwhelming concern: not that so many had been slaughtered, but that such horrors would provoke a backlash against Muslims. The Post continued, “far-Right groups began to describe the attacks in specifically religious terms”. Possibly not unrelated to the fact that the Sri Lankan authorities had just blamed a militant Islamist group. “To some”, the paper opined gingerly, “it was further proof that Christians in many parts of the world are under attack.” Well, yes, the cold-blooded murder of more than 290 people, most of them Christians in their place of worship, does tend to give credence to the theory that a certain religion is “under attack”. Sorry. You know, we had been thinking of taking a holiday this Easter in Sri Lanka because so many friends, some of them Sri Lankans, had urged us to go. We could easily have been the Nicholsons. Mum, Anita with her adorable son and daughter, Alex and Annabel, having breakfast in their Colombo hotel while dad, Ben, popped up to the room, or back to the buffet. A beautiful family wiped out in a split second, leaving him to wonder why he was spared. In that same restaurant, Anne Storm Pedersen, the wife of Danish billionaire, Anders Holch Povlsen, cried out for people to pray for three of her four children who had just been murdered. The mind melts at the thought of such intolerable suffering. Allison Pearson
Après les terribles série d’attentats à la bombe dimanche de Pâques (21), au Sri Lanka, qui compte déjà 310 morts et plus de 500 blessés, des représentants de l’aile démocratique des Etats-Unis ont décidé de se prononcer sur le fait, mais sans reconnaître les véritables motivations et la cible du massacre: l’église persécutée. Alors que le terme « islamophobie » a été repris après une attaque contre une mosquée à Christchurch (Nouvelle-Zélande) en mars dernier, les principaux médias et les représentants démocrates refusent également de parler de « cristophobie ». (…) S’agissant du massacre au Sri Lanka, Hillary Clinton et l’ancien président des États-Unis, Barack Obama, ont refusé de reconnaître que parmi les principales victimes de ces attaques, il y avait des chrétiens. Tous deux ont préféré appeler ces gens « des fidèles de Pâques ». Les mêmes personnalités qui avaient omis d’utiliser le terme « chrétiens » dans leurs déclarations pour le remplacer par « adorateurs de Pâques » n’ont pas hésité à déplorer les violences à l’encontre de la « communauté islamique » après l’attaque de la mosquée Christchurch en Nouvelle-Zélande. Selon le chroniqueur Rodrigo Constantino, cette disparité dans les commentaires des démocrates américains est due à une vision dans laquelle les chrétiens ne peuvent être considérés comme victimes de rien. Ichrétien
Israël a hypnotisé le monde. Ilhan Omar (2012)
It’s all about the Benjamins baby. Puff Daddy (billets de cent dollars à l’effigie de Benjamin Franklin, retweeté par Ilhan Omar pour désigner AIPAC, le lobby pro-israélien aux États-Unis)
L’antisémitisme est réel et je suis reconnaissante à mes alliés et collègues juifs qui me donnent une leçon sur cette histoire douloureuse de rhétorique antisémite. Mon intention n’était pas d’offenser mes administrés ou les juifs américains. Il faut toujours être prêt à reculer et à réfléchir aux critiques, comme j’attends des gens qu’ils m’écoutent quand on m’attaque à cause de mon identité. (…) le rôle problématique des lobbyistes dans notre système politique, que ce soit l’AIPAC, la NRA ou l’industrie des énergies fossiles. Ça dure depuis trop longtemps et on doit être prêt à le régler. Ilhan Omar
CAIR a été créé après le 11 septembre 2001, parce qu’ils ont reconnu que certaines personnes avaient fait quelque chose et que nous commencions tous à perdre la jouissance de nos libertés civiles. Ilhan Omar
As I grew older, I learned that the fair-skinned, blue-eyed depiction of Jesus has for centuries adorned stained glass windows and altars in churches throughout the United States and Europe. But Jesus, born in Bethlehem, was most likely a Palestinian man with dark skin. (…) I am also interested in how white Christians feel about images of Christ. How do you feel about the possibility that Christ may not have looked the way he has been portrayed for centuries in the United States and Europe? If you’ve seen Christ depicted as a man of color, what was your reaction? Eric V Copage
Don’t they know we’re Christian too? Do they even consider us human? Don’t they know Jesus was a Palestinian? Omar Suleiman (Southern Methodist University, retweeted by Ihlan Omar)
I am amazed that the author of this article cannot simply state that Jesus was a Jew. He uses the anachronistic term ‘Palestinian.’ During Jesus’ lifetime the Romans called the province which they controlled ‘Judea.’ Later they renamed it ‘Syria Palestina.’ Referring to Jesus as ‘Palestinian’ is simply misleading in the context of his era. Jewish Times reader
The claim that Jesus was a Palestinian is so bizarre that the question becomes what one gains by making that allegation. For people who have no theological or historical rooting, the idea that Jesus was a Palestinian creates a new narrative for Palestinian history, which otherwise does not date back very far. If one can say that Jesus was Palestinian 2,000 years ago, then that means the Jews are occupying Palestinian land. For people who don’t like Jews to begin with, it is a deadly combination of the Jews killed Jesus and now they are doing the same to his progeny. From a political and propaganda point of view, there is something to be gained. The myth that Jesus was a Palestinian dates back to the days of Yasser Arafat, when his trusted Christian-Palestinian adviser Hanan Ashrawi made the claim. Since then, the idea resurfaces now and again. The absurdity of it is breathtaking. Jesus was born in Bethlehem, think about who his parents were – his mother, Mary, was betrothed to Joseph, a carpenter. In the Gospels, there is no mention of Palestine, only Judea, which is where Jews lived. If the Palestinians admit that Jesus was a Jew, then the idea that the Jews only arrived in Israel in 1948 and occupied Palestinian indigenous land becomes an absurdity. Omar knows this narrative is false but also that it has an inherent power to it. The ‘Benjamins,’ the big lie of dual loyalty, Jesus is a Palestinian – it is all rewriting history to plant in people’s minds that the Palestinian people go back thousands of years. She is a very clear person. Ilhan Omar is a clever antisemite, so truth does not play much of a role anyway. When an elected member of the US Congress retweets such a thing, that takes things to the next level. (…) I’m surprised The New York Times allowed Copage to publish an op-ed with such a line, and expected such information only to be shared on platforms like Facebook and Twitter, where users can get away with much more before it is identified – if it is ever identified – as fake news. The solution: education. It is extremely important for world Jewry and Jewish families to teach their own and go over our amazing love affair between the people and her land that stands for more than 3,000 years, it is the responsibility of educated Jews and Christians to counter such falsehoods. Rabbi Abraham Cooper (Simon Wiesenthal Center)
Au début du 20e siècle, les Arabes de la région ne se définissaient pas comme des Palestiniens. « Falastin » en arabe désignait alors la région du mandat britannique sur la Palestine, qui était habitée par des Arabes palestiniens, et des Juifs palestiniens… Le journal juif « Jerusalem Post » s’appelait alors « Palestine Post ». Dans les années 1960, soit dix-huit siècles après la popularisation du terme Palestine par les Romains, tandis que les Juifs de Palestine étaient devenus des Israéliens, les Arabes de Palestine adoptèrent le terme de Palestiniens. L’étymologie fournie par France-Soir est trompeuse puisqu’elle implique que « Palestine » soit un mot arabe, et par extension que la région ait été arabe avant même la présence des Romains. Il n’en est rien et c’est le mot latin « Palaestina » qui a été transcrit en arabe par « Falastin », pas l’inverse. L’arabe ne connaissant pas le son « P », la transcription depuis le latin l’a transformé en « F » – qui est un son proche (en hébreu, une seule lettre est d’ailleurs utilisée pour les deux sons avec une simple ponctuation pour les différencier). L’article raille ceux qui mettent en doute la légitimité historique de la « Palestine » comme entité arabe en se basant sur l’étymologie du mot. Mais une fois démontrée, la falsification de l’histoire nécessaire à l’invalidation de ce point de vue semble bien atteindre l’effet inverse… D’autant que, juste derrière la phrase en question, l’article contient un deuxième passage tout aussi aberrant. Un internaute a fait remarquer, non sans ironie, qu’aucune lettre de l’hébreu ne pouvait retranscrire le son “j”. En conséquence, Jérusalem (qui se prononce “Yerushalayim”) ne se trouve pas en Israël. C’est évidemment le nom original hébreu « Yerushalayim » qui a été transcrit en français par « Jérusalem »; le « J » du français est une adaptation issue de l’hébreu. Le grec « Hierosólyma » avait gardé la trace de la prononciation hébraïque, tout comme l’allemand qui l’écrit « Jerusalem » comme en français mais où le « J » se prononce « I ». Dire que Jérusalem ne se trouve pas en Israël est par ailleurs faux quelle que soit la justification (au minimum, tout le monde hormis les haïsseurs d’Israël reconnaît que la partie occidentale de la ville est israélienne)… Infoequitable
En 2014, des chercheurs, faisant parti d’une expédition franco-saoudienne étudiant des inscriptions sur les roches, du sud de l’Arabie saoudite, ont annoncé avoir découvert ce qui pourraient bien être les textes les plus anciens écrits en alphabet arabe. Or cette découverte est restée très confidentielle. Sans doute parce que ce que révèle le contenu des textes est quelque peu embarrassant pour certains. (…) Quelques médias dont les médias français et arabes en ont parlé, qualifiant le texte de «chaînon manquant» entre l’arabe et les alphabets antérieurs utilisés dans la région, comme le Nabatéen. La plupart des articles étaient accompagnés de photos d’autres sites archéologiques ou inscriptions anciennes. En effet, il est presque impossible de trouver une photo de cette inscription là en ligne. Impossible aussi de trouver une quelconque référence au contenu réel du texte. Ce n’est qu’en explorant le rapport de 100 pages qui rend compte des travaux de cette saison archéologique, publié en décembre par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres – qui d’ailleurs soutient ces recherches, – qu’il est possible de trouver une référence à cette découverte et d’en savoir plus. Selon le rapport, le texte arabe, griffonné sur une grosse pierre rectangulaire, se résume simplement à un nom, “Thawban (fils de) Malik”, suivi d’une date Décevant? Eh bien non. Car l’inscription est aussi précédée d’une grande croix, indubitablement chrétienne. Une autre croix identique apparaît sur l’autre stèle, qui date plus ou moins de la même période. Les sentiments des fonctionnaires saoudiens, confrontés à une découverte importante pour leur patrimoine sont mitigés et traduisent leur embarras. D’où la communication si discrète autour de cette découverte. Que l’origine de l’alphabet utilisé pour écrire leur livre sacré soit liée à un chrétien, quelque 150 ans avant l’Islam, les embarrasse. Plus consternant encore pour eux, est de devoir admettre que ces textes sont non seulement un patrimoine hérité d’une communauté chrétienne autrefois importante, mais qu’ils sont également liés à l’histoire d’une ancienne royauté juive, qui régnait autrefois sur une grande partie de ce qu’est aujourd’hui le Yémen et l’Arabie Saoudite. Le Coran et la tradition musulmane tardive ne nient pas la présence de communautés juives et chrétiennes à travers la péninsule, à l’époque de Mahomet. Mais l’image générale de l’Arabie préislamique qu’ils convoquent, est celle du chaos et de l’anarchie. La région est décrite comme ayant été dominée par jahilliyah – l’ignorance – l’anarchie, l’analphabétisme et des cultes païens barbares. Les décennies précédant le début du calendrier islamique, qui débute à la “hijra” de Mahomet, c’est-à-dire sa migration de La Mecque vers Médine, en 622, ont été marquées par un affaiblissement des sociétés et des Etats centralisés, en Europe et au Moyen-Orient. Et ce, en partie à cause de la peste, les pandémies et la guerre incessante entre les empires byzantin et perse. La sombre représentation que la tradition fait de l’Arabie pré-islamique est moins une description précise, qu’une métaphore littéraire, dont le but est de souligner la puissance unificatrice et éclairante du message de Mahomet. Le réexamen d’œuvres de l’époque, tant par des chercheurs musulmans que chrétiens, au cours de ces dernières années, ainsi que des découvertes comme celle-ci, en Arabie Saoudite, permet de se faire une image beaucoup plus élaborée et nuancée de la région avant la montée de l’Islam, et de redécouvrir son histoire riche et complexe. C’est le cas du royaume de Himyar, souvent oublié, qui est pourtant au cœur de l’une des périodes clés de l’Arabie. Établi vers le 2ème siècle EC, au 4ème siècle il s’était imposé comme une puissance régionale. Etabli là où se trouve aujourd’hui le Yémen, Himyar avait conquis les États voisins, y compris l’ancien royaume de Sheba (dont la légendaire reine est au centre d’une réunion biblique avec Salomon). Dans un récent article intitulé «Quelle sorte de judaïsme en Arabie?», Christian Robin, un historien français qui dirige également l’expédition à Bir Hima, révèlent que la plupart des érudits, s’entendent sur le fait que vers 380, les élites du royaume de Himyar s’était converti à une forme de judaïsme. Les dirigeants himyarites ont pu voir dans le judaïsme une force unificatrice potentielle pour leur nouvel empire, culturellement divers, et y ont trouvé de quoi se forger une identité fédératrice, leur permettant de résister contre le désir rampant d’hégémonie des chrétiens byzantins et éthiopiens, ainsi que de l’empire zoroastrien de Perse. (…) Pour ce qui est des premiers textes arabes découverts à Bir Hima, qui constituaient probablement un genre de monument commémoratif, l’équipe franco-saoudienne note que le nom de Thawban fils de Malik apparaît sur huit inscriptions, avec les noms d’autres chrétiens. Selon les chroniqueurs chrétiens, vers 470 (date de l’inscription Thawban), les chrétiens de la ville voisine de Najran auraient subi une vague de persécutions, perpétrée par des Himyarites. Les experts français soupçonnent Thawban et ses compagnons chrétiens d’avoir été martyrisés à cette occasion.  (…) En dépit de la domination chrétienne et musulmane, les Juifs ont continué à représenter une forte présence dans la péninsule arabique. Cela ressort clairement des relations de Mahomet (souvent conflictuelles) avec eux, mais aussi de l’influence du judaïsme sur les rituels et les interdits de la nouvelle religion (prières quotidiennes, circoncision, pureté rituelle, pèlerinage, charité, interdiction des images et de la consommation du porc). Ariel David
Selon les sources arabes, avant l’islam régnaient en Arabie anarchie, paganisme, obscurantisme et illetrisme, le tout résumé sous le terme de ‘jâhiliyya’(= ère de l’ignorance): cette présentation apologétique tendait à faire contraste avec la brillante civilisation islamique qui a suivi. De leur côté les sources externes faisaient état des principaux évènements militaires survenus dans la péninsule: conquêtes d’un roi de Babylone au nord (550 av JC); projet de conquête par Alexandre le grand (323 av JC); raid romain au Yémen (25 av JC); crise entre les royaumes de Yémen et d’Ethiopie (520 ap JC). Enfin les sources archéologiques, bien que nombreuses, restaient peu exploitées car leur datage imprécis rendait leur interprétation fragile.De très nombreuses découvertes sont venues depuis 1970 remettre en cause l’image traditionnelle de l’Arabie préislamique. Monnaies, monuments, gravures rupestres, archives, et surtout innombrables inscriptions de toutes sortes sont venues fournir du travail aux épigraphistes pour des décennies. Seule une partie de ces découvertes a déjà fait l’objet de publications, car les chercheurs compétents (un peu en Europe, un peu dans le royaume Saoudien, aucun aux USA) sont en nombre très insuffisant. Avant l’ère chrétienne, les écritures propres à la péninsule arabique dérivaient de l’ougaritique. Elles se caractérisaient par des lettres très géométriques et des mots séparés par des barres. (…) Très différente des précédentes, l’écriture araméenne se diffuse dans la péninsule Arabique au début de l’ère chrétienne. C’est une écriture beaucoup moins géométrique, sans voyelles, sans séparation entre les mots. Sa forme cursive est l’ancêtre de l’arabe, lui-même dérivé du nabatéen, une variété de l’araméen. La plus ancienne inscription en langue arabe (encore assez éloignée de sa forme actuelle)a pu être datée de 470 ap JC . C’est seulement depuis 1989, après un siècle de décantation (datation au carbone 14, traduction des inscriptions), qu’on est arrivé à faire une chronologie approximative de l’ensemble des civilisations de la péninsule Arabique. Certaines inscriptions portent des dates. Pour d’autres on se fonde sur le stade atteint dans l’évolution de l’écriture. Par ailleurs certains souverains cités, aux noms caractéristiques, sont aussi mentionnés dans les archives assyriennes, ce qui permet de dater avec sûreté les inscriptions. Enfin des inscriptions se réfèrent à des événements que l’on peut dater. (…) Situé au SO de la péninsule arabique, le Yémen en constitue la partie fertile, en raison de son altitude (moyenne 2000 m) et de son régime de pluies de mousson. Divisé en 3 ou 4 royaumes dans l’Antiquité, il a été totalement unifié vers 300 sous le nom de royaume de Himyar (capitale Zafâr). A la suite des campagnes des princes Yaz’anides (320-360), il s’est soumis durablement toute la péninsule arabique. Sa religion dominante est devenue le judéo-monothéisme vers 380. Contraint de se soumettre au royaume chrétien d’Aksûm (Ethiopie) vers 500, il a connu la révolte du roi juif Joseph en 522 et la persécution des chrétiens qui l’a accompagnée. Cette révolte a été matée par les Ethiopiens, qui ont installé le roi chrétien Abraha (535-565). En 570 le royaume de Himyar s’est soumis aux perses Sassanides et a disparu de l’Histoire. Le paganisme a laissé de nombreuses traces au Yémen (temples, inscriptions). Voici par exemple des images du temple considérable de Ma’arib, dans lequel on a trouvé plus de mille inscriptions très instructives. A noter que ce paganisme s’interdisait toute représentation divine sous forme humaine ou animale: le dieu était figuré par un trône vide, seule la représentation de ses messagers ailés étant admise.L’une des premières inscriptions monothéistes recensées (‘Avec l’aide d’Ilân, maître du Ciel’) date de 330 EC. Si en parallèle on relève les dates des dernières inscriptions trouvées dans les temples païens du Yémen, on arrive à la conclusion que presque tous ces temples ont été abandonnés au 3e siècle, les derniers et les plus grands l’ayant été à la fin du 4e siècle : la dernière inscription païenne date de 380 EC. (…) On a des preuves nombreuses de la présence juive en Arabie. Ainsi dans la nécropole juive de Bet She’arîm (découverte en Galilée à la fin des années 30, mais oubliée par la suite), on a trouvé un caveau réservé aux juifs Himyarites (ou Homérites). Par ailleurs sur le site de Hasî (près de Zafâr, au Yémen), on a trouvé la très belle inscription suivante: ‘Le prince a concédé au Seigneur du Ciel quatre parcelles, à côté de ce rocher, en descendant jusqu’à la clôture de la zone cultivée, pour y enterrer les juifs, avec l’assurance qu’on évitera d’y enterrer avec eux un non-juif ‘(‘rmy=araméen=païen). Voilà donc le témoignage explicite qu’une autorité (juive?) a accordé sa protection aux communautés juives et s’est senti une obligation de leur créer un cimetière réservé. Un grand nombre d’inscriptions sont dues aux rois de Himyar. (…) Les rois de Himyar utilisent toujours des formules monothéistes, sans que l’on puisse dire s’ils sont juifs ou non. En revanche les inscriptions rédigées par des particuliers présentent toute la gamme entre ce monothéisme neutre et un judaïsme affirmé. Comme aucune inscription ne mentionne une orientation religieuse différente, la société apparaît ainsi fortement judaïsée. Le judéomonothéisme de Himyar a une maison qui lui est consacrée en propre: le mikrâb. Elle sert au culte, à l’enseignement, et peut-être à l’hébergement des voyageurs. On trouve un mikrâb dans les cimetières juifs. Le nom de mikrâb n’est attesté dans les inscriptions que pendant la période judéomonothéiste. On a la certitude que le mikrâb est partagé entre les juifs fidèles de la Torah et les judéomonothéistes, considérés par les premiers comme des ‘craignant Dieu’. (…) Par le mikrâb, la communauté juive, sans doute minoritaire, était en relation étroite avec les monothéistes plus nombreux qui adhéraient aux principes de morale de la Torah, mais pas à l’ensemble de ses prescriptions. (…) Le judaïsme dans le nord-ouest de la péninsule arabique, attesté par des sources externes, a laissé lui aussi de nombreuses traces dans les inscriptions. Par exemple sur une stèle trouvée à Tayma, une grande oasis du nord de l’Arabie, l’inscription dit: ‘Ceci est le mémorial d’Isaïe, fils de Joseph, prince de Tayma, qu’ont érigé sur lui Amram et Rashim ses frères’. Le terme traduit par ‘prince’ désigne plus précisément le premier magistrat de la cité; il est utilisé dans ce sens sur une inscription du site voisin de Madâ’in Salih. Tous les noms étant juifs, on est assuré que le premier magistrat d’une grande oasis de l’Arabie du nord était juif en 203 EC. (…) Près de Tayma, on a trouvé une menorah avec les ustensiles caractéristiques du judaïsme qui l’accompagnaient. A Rome l’édit de tolérance de Milan est promulgué en 314, Constantin se fait baptiser en 337, son successeur Constance II devient le premier empereur chrétien, et le paganisme est interdit dans le monde romain vers 380. A Aksûm, le souverain éthiopien devient officiellement chrétien vers 360. Et à Himyar le roi se déclare juif vers 380. Cette suite de conversions montre que les royaumes d’Aksûm et d’Himyar évoluent à un rythme voisin de celui du monde méditerranéen. Circulations de personnes et échanges commerciaux font que les exigences spirituelles du monde romain touchent également les populations de l’Ethiopie et de la péninsule Arabique. Si l’on recense tous les mots religieux présents dans les inscriptions du Yémen, on trouve un grand nombre de fois ceux de ‘prière’ et d’aumône légale’. Deux des cinq piliers de l’islam étaient donc déjà fortement enracinés en Arabie quelque 250 ans avant la prédication de Mahomet. Le paganisme grossier accolé à la période préislamique ne correspond en rien à la réalité. Vers 500 le royaume de Himyar, qui domine toute l’Arabie, devient tributaire du royaume éthiopien d’Aksûm, lequel est chrétien. En 522 le roi himyarite Joseph que les Ethiopiens ont installé sur le trône se révolte et se déclare juif. Au cours de ses campagnes, il massacre les soutiens des Ethiopiens, qui sont le plus souvent chrétiens. La tradition a notamment retenu le martyre de la population chrétienne de Najrân. Mais Joseph est vaincu par les troupes Aksûmites en 525, et leur chef Abraha (531-570) impose la domination chrétienne sur toute l’Arabie. Les archives permettent de situer la plupart des sièges épiscopaux de cette époque, ainsi que la localisation de nombreuses églises. Les vestiges de plusieurs d’entre elles ont été mis au jour par les archéologues (cf oratoire d’Al Jubayl sur le Golfe). Trait piquant: on a trouvé une inscription explicite de cette soumission à un pouvoir chrétien à Yathrib (=Médine), inscription datée de 552, soit 70 ans seulement avant que Mahomet ne fasse de Médine sa capitale. Peu après sa prise de pouvoir, Abraha transféra sa capitale de Zafar à Sanaa et y bâtit une vaste église à la gloire de la religion chrétienne. (…) Plusieurs équipes d’archéologues ont travaillé ces dernières années sur la grande mosquée de Sanaa. Ils ont mis en évidence les réemplois des chapiteaux de l’ancienne église d’Abraha, avec leurs croix caractéristiques. Un fragment retrouvé de la plaque de fondation de cette église la date de 559-560. (…) Enfin dans une inscription trouvée à Murayghân et datant de 552, on ne lit plus que : ‘Avec la puissance du Miséricordieux et de son Messie’. Illustration du caractère officiel de la religion chrétienne dans l’Himyar d’Abraha, l’inscription monumentale ci-dessous, gravée en plein désert d’Arabie centrale, commence par une croix. Cette prégnance générale du judéo-christianisme a forcément influencé le fondateur de l’islam quelques décennies plus tard. Dans la région de Najrân (frontière Arabie-Yémen), sur le site désertique de Himà, on a découvert de nombreuses inscriptions que l’on peut dater de 470. Elles ont suscité un vif intérêt à un double titre. D’une part elles étaient rédigées en arabe, alors qu’on pensait jusque-là que l’écriture arabe ne s’était diffusée dans la péninsule Arabique qu’avec l’islam. D’autre part ces inscriptions, où figurait systématiquement la croix, étaient chrétiennes. Parmi elles, une grande inscription de 1 m de haut, visible de loin, répétait le nom d’un certain Thawbân, fils de Malik. Qui était ce personnage, objet de vénération dans le christianisme local? Sans doute un martyr, car cette époque (468-480) est celle de la première répression juive contre les chrétiens (cf martyre d’Azqîr). Ces inscriptions en arabe archaïque accompagnées d’une croix suggèrent par ailleurs un lien entre la diffusion de l’écriture arabe et celle du christianisme. En conclusion, l’idée d’une Arabie préislamique livrée au paganisme et à l’ignorance a été complètement ruinée par les découvertes archéologiques récentes. Le terreau judéo-chrétien y était largement présent bien avant la naissance de l’islam. Christian Robin
Cachez cette croix que je ne saurai voir !

En ces temps étranges …

Où l’émotion planétaire suscitée par l’immolation en direct, suite à une invraisemblable série de négligences, de ce qui était largement devenu une attraction touristique

Fait oublier les profanations quotidiennes des lieux de culte, tombes ou symboles chrétiens dans ce qui reste de la Fille ainée de l’Eglise 

Mais derrière leur générosité controversée (et les habituelles prières et bonnes paroles des monopolistes des biens du salut du côté du Vatican), la rivalité proprement mimétique de nos barons voleurs semble avoir inspiré celle d’un fonds pour églises noires victimes d’incendie de Lousiane leur permettant d’atteindre en quelques minutes leur objectif de 1, 8 millions de dollars avec quelque 37 000 contributeurs …

Où le meurtre en série des 50 musulmans de Christchurch déclenche, voiles compris, plus d’hystérie médiatique

Que le massacre de plusieurs centaines de chrétiens (pardon: « fidèles de Pâques ») par les fils à papa musulmans de Colombo …

Où la promesse de commémoration future et d’ouverture d’archives du côté français …

Est censée faire oublier l’absence présente et surtout la contribution passée il y a 25 ans tout juste du Pays des droits de l’homme au génocide rwandais

Où l’arbre de la commémoration toujours implicite côté américain, Reagan excepté mais Trump comme Israël compris, du génocide d’un million et demi de chrétiens turcs il y a un peu plus d’un siècle …

Nous cache la forêt de l’actuel génocide silencieux, désormais à l’échelle de la planète entière, de la première religion du monde …

Où alors que les printemps arabes initiés en Irak par le président Bush atteignent enfin dix ans après les peuples algérien ou soudanais, l’appel au renforcement des sanctions contre les dernières dictatures de la planète à Cuba, au Venezuela ou en Iran se voient à nouveau dénoncées, anti-trumpisme primaire et intérêts économiques obligent, par les enfants gâtés de la démocratie en Europe ou au Canada

Et où, redoublant dans la crasse ignorance et entre deux éloges du mythe notamment de l’Andalousie tolérante, nos valeureux « fact-checkers » des médias proposent de corriger un simplisme étymologique par un autre, attribuant une origine prétendue arabe à une appellation évidemment romaine au terme de Palestine

Pendant que pour effacer son origine décidément bien trop juive de l’autre côté de l’Atlantique, un ancien journaliste du NYT nous proclame un « Jésus palestinien à la peau sombre »

A la grande joie, entre deux déclarations ou tweets antisémites, d’une jeune élue du Congrès seule à porter le voile islamique et prônant le boycott d’israël …

Devinez …

A la veille d’un nouveau Ramadan …

Où, sans compter les emprunts explicites aux diverses pratiques et rituels (prières quotidiennes, circoncision, pureté rituelle, pèlerinage, charité, interdiction des images et de la consommation du porc) et bien sûr aux écrits bibliques, nos amis musulmans vont mimétiquement nous rejouer la version militaire du jeûne du Yom Kippour

A l’heure où au risque de l’éventer le Pays des coupeurs de tête ouvre son territoire au tourisme et aux rallyes automobiles

Et où dans les territoires dits « palestiniens » eux-mêmes, tant les traditions bédouines que les analyses de sang confirment la filiation juive de nombre des descendants de « conversos » arabes qui les habitent aujourd’hui ….

Quel indicible secret peuvent bien cacher …

Comme vient de le confirmer, croix comprises, une équipe d’archéologues français …

Tant la multiplication, en bons frères ennemis, des imprécations et des massacres des uns …

Que l’ignorance et l’auto-censure intéressées, en bons idiots utiles, des autres ?

Quand l’Arabie saoudite était juive
Ariel David
Haaretz (traduction Jforum)
Déc 21, 2017

En 2014, des chercheurs, faisant parti d’une expédition franco-saoudienne étudiant des inscriptions sur les roches, du sud de l’Arabie saoudite, ont annoncé avoir découvert ce qui pourraient bien être les textes les plus anciens écrits en alphabet arabe. Or cette découverte est restée très confidentielle. Sans doute parce que ce que révèle le contenu des textes est quelque peu embarrassant pour certains.

Une douzaine d’inscriptions ont été gravées dans le grès tendre, le long des cols situés autour de Bir Hima. C’est un site archéologique, situé à environ 100 kilomètres au nord de la ville de Najran, qui a été recouvert de milliers d’inscriptions, par des voyageurs et des fonctionnaires. Au moins deux des premiers pétroglyphes arabes qui ont été découverts là, citent des dates d’un calendrier ancien, et les experts épigraphistes ont rapidement calculé que la plus ancienne correspondait à l’année 469 ou 470 de l’EC.

Cette découverte est sensationnelle: les premières inscriptions anciennes utilisant cette calligraphie préislamique de l’écriture arabe découvertes à ce jour, dataient au moins d’un demi-siècle plus tard. De plus, elles se trouvaient toutes en Syrie, ce qui suggérait que l’alphabet utilisé pour écrire le Coran avait été développé loin du lieu de naissance de l’Islam et de son prophète.

Or, l’annonce de cette découverte est restée très confidentielle. Quelques médias dont les médias français et arabes en ont parlé, qualifiant le texte de «chaînon manquant» entre l’arabe et les alphabets antérieurs utilisés dans la région, comme le Nabatéen. La plupart des articles étaient accompagnés de photos d’autres sites archéologiques ou inscriptions anciennes. En effet, il est presque impossible de trouver une photo de cette inscription là en ligne. Impossible aussi de trouver une quelconque référence au contenu réel du texte.

Thawban fils de Malik, le chrétien

Ce n’est qu’en explorant le rapport de 100 pages qui rend compte des travaux de cette saison archéologique, publié en décembre par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres – qui d’ailleurs soutient ces recherches, – qu’il est possible de trouver une référence à cette découverte et d’en savoir plus.

Selon le rapport, le texte arabe, griffonné sur une grosse pierre rectangulaire, se résume simplement à un nom, “Thawban (fils de) Malik”, suivi d’une date.

Décevant? Eh bien non. Car l’inscription est aussi précédée d’une grande croix, indubitablement chrétienne. Une autre croix identique apparaît sur l’autre stèle, qui date plus ou moins de la même période.

Les sentiments des fonctionnaires saoudiens, confrontés à une découverte importante pour leur patrimoine sont mitigés et traduisent leur embarras. D’où la communication si discrète autour de cette découverte. Que l’origine de l’alphabet utilisé pour écrire leur livre sacré soit liée à un chrétien, quelque 150 ans avant l’Islam, les embarrasse.

Plus consternant encore pour eux, est de devoir admettre que ces textes sont non seulement un patrimoine hérité d’une communauté chrétienne autrefois importante, mais qu’ils sont également liés à l’histoire d’une ancienne royauté juive, qui régnait autrefois sur une grande partie de ce qu’est aujourd’hui le Yémen et l’Arabie Saoudite.

Juifs contre chrétiens dans le désert

Le Coran et la tradition musulmane tardive ne nient pas la présence de communautés juives et chrétiennes à travers la péninsule, à l’époque de Mahomet. Mais l’image générale de l’Arabie préislamique qu’ils convoquent, est celle du chaos et de l’anarchie. La région est décrite comme ayant été dominée par jahilliyah – l’ignorance – l’anarchie, l’analphabétisme et des cultes païens barbares.

Les décennies précédant le début du calendrier islamique, qui débute à la “hijra” de Mahomet, c’est-à-dire sa migration de La Mecque vers Médine, en 622, ont été marquées par un affaiblissement des sociétés et des Etats centralisés, en Europe et au Moyen-Orient. Et ce, en partie à cause de la peste, les pandémies et la guerre incessante entre les empires byzantin et perse.

La sombre représentation que la tradition fait de l’Arabie pré-islamique est moins une description précise, qu’une métaphore littéraire, dont le but est de souligner la puissance unificatrice et éclairante du message de Mahomet.

Le réexamen d’œuvres de l’époque, tant par des chercheurs musulmans que chrétiens, au cours de ces dernières années, ainsi que des découvertes comme celle-ci, en Arabie Saoudite, permet de se faire une image beaucoup plus élaborée et nuancée de la région avant la montée de l’Islam, et de redécouvrir son histoire riche et complexe.

C’est le cas du royaume de Himyar, souvent oublié, qui est pourtant au cœur de l’une des périodes clés de l’Arabie. Établi vers le 2ème siècle EC, au 4ème siècle il s’était imposé comme une puissance régionale. Etabli là où se trouve aujourd’hui le Yémen, Himyar avait conquis les États voisins, y compris l’ancien royaume de Sheba (dont la légendaire reine est au centre d’une réunion biblique avec Salomon).

Dans un récent article intitulé «Quelle sorte de judaïsme en Arabie?», Christian Robin, un historien français qui dirige également l’expédition à Bir Hima, révèlent que la plupart des érudits, s’entendent sur le fait que vers 380, les élites du royaume de Himyar s’était converti à une forme de judaïsme.

Unis dans le judaïsme

Les dirigeants himyarites ont pu voir dans le judaïsme une force unificatrice potentielle pour leur nouvel empire, culturellement divers, et y ont trouvé de quoi se forger une identité fédératrice, leur permettant de résister contre le désir rampant d’hégémonie des chrétiens byzantins et éthiopiens, ainsi que de l’empire zoroastrien de Perse.

Ce qui est sûr, c’est qu’à l’époque, dans la capitale himyarite de Zafar (au sud de Sanaa), les références aux dieux païens disparaissent en grande partie des inscriptions royales et des textes sur les bâtiments publics, et sont remplacées par des écrits qui se réfèrent à une seule divinité.

Utilisant principalement la langue sabéenne locale (et dans de rares cas l’hébreu), ce dieu unique est alternativement décrit comme Rahmanan – le Miséricordieux – le «Seigneur des Cieux et de la Terre», le «Dieu d’Israël» et le «Seigneur des Juifs». Les prières invoquent ses bénédictions sur le «peuple d’Israël» et ces invocations se terminent souvent par Shalom et Amen.

Au cours du siècle et demi suivant, le royaume himyarite étend son influence à l’Arabie centrale, au golfe Persique et au Hedjaz (région de La Mecque et de Médine), comme en témoignent les inscriptions royales de ses rois, qui ont été retrouvées non seulement à Bir Hima, juste au nord du Yémen, mais aussi près de Riyad, qui est aujourd’hui la capitale saoudienne.

Thawban le martyr

Pour ce qui est des premiers textes arabes découverts à Bir Hima, qui constituaient probablement un genre de monument commémoratif, l’équipe franco-saoudienne note que le nom de Thawban fils de Malik apparaît sur huit inscriptions, avec les noms d’autres chrétiens.

Selon les chroniqueurs chrétiens, vers 470 (date de l’inscription Thawban), les chrétiens de la ville voisine de Najran auraient subi une vague de persécutions, perpétrée par des Himyarites. Les experts français soupçonnent Thawban et ses compagnons chrétiens d’avoir été martyrisés à cette occasion. Le choix de l’écriture arabe ancienne pour commémorer ces martyrs représente, en soi, un puissant symbole de défi.

Cet alphabet pré-islamique est également appelé arabe nabatéen, car il s’est construit à partir de la langue utilisée par les Nabatéens. Cette nation, autrefois puissante, a bâti la cité de Pétra et a assis sa domination sur les routes commerciales du sud du Levant au nord de l’Arabie ,avant d’être annexée par les Romains au début du 2ème siècle. Utilisé jusqu’aux portes du Yémen, cet alphabet du nord se distingue des inscriptions faites par les souverains himyarites, dans leur Sabaean natal.

“L’adoption d’une nouvelle écriture voulait témoigner de la distance qu’il voulait prendre avec le royaume de Himyar et de leur réconciliation avec le reste des Arabes”, écrivent les chercheurs français dans leur rapport. “Les inscriptions de Hima révèlent un fort mouvement d’unification culturelle des Arabes, de l’Euphrate à Najran, qui se manifeste par l’utilisation de la même écriture.”

Joseph le rebelle

Les pressions extérieures croissantes ont fini par se faire sentir sur Himyar. Vers l’an 500, le royaume tombe aux mains des envahisseurs chrétiens du royaume éthiopien d’Axoum.

Dans une dernière tentative pour sauver l’indépendance du royaume, en 522, un chef juif himyarite, Yousuf As’ar Yath’ar, s’est rebellé contre le dirigeant fantoche intronisé par le Négus et passe les troupes d’Aksoumite par le fil de l’épée. Puis il assiège Najran, qui avait refusé de lui fournir des troupes, et massacre une partie de sa population chrétienne. Un martyre qui a suscité l’indignation des ennemis de Yusuf et a précipité la vengeance de l’Ethiopie.

En 2014, l’expédition franco-saoudienne à Bir Hima a découvert une inscription laissant entendre qu’ après le massacre de Najran, Yousuf aurait été retrouvé marchant vers le nord dans le désert d’Arabie entouré de 12 000 hommes, pour tenter de récupérer le reste de son royaume. Après cela, nous perdons sa trace. Mais les chroniqueurs chrétiens pointent qu’aux environs de 525 EC les Ethiopiens auraient rattrapé puis vaincu le chef rebelle.

Selon différentes traditions, le dernier roi juif d’Arabie aurait été tué au combat ou se serait suicidé en se précipitant avec sa monture dans la mer rouge au galop

Au siècle suivant, Himyar fut un royaume chrétien qui continua à dominer l’Arabie. Au milieu du VIe siècle, l’un de ses souverains, Abraha, traversa Bir Hima, laissant au passage des inscriptions sur les pierres représentant l’éléphant d’Afrique à la tête de sa puissante armée. Une inscription postérieure, datée 552 et trouvée en Arabie centrale, fait la liste des nombreux lieux qu’il a conquis, y compris Yathrib, l’oasis du désert qui, 70 ans plus tard, deviendra Madinat al-Nabi (la ville du prophète) – ou, plus simplement , Médina.

Étaient-ils de «vrais» Juifs?

Une grande question demeure au sujet des Juifs de Himyar : quel genre de Judaïsme   pratiquaient ils. Observaient ils le Sabbat? Ou les règles de la cashroute ?

Certains érudits, comme l’orientaliste judéo-français du 19ème siècle Joseph Halevy, refusèrent de croire qu’un roi juif aurait persécuté et massacré ses sujets chrétiens, et nient l’appartenance des Himyarites  à l’une des nombreuses sectes dans chrétiennes du début du christianisme.

Robin, l’épigraphiste français, écrit dans son article que la religion officielle de Himyar peut être décrite comme étant un “judéo-monothéisme” – “une variété minimaliste de judaïsme” qui a suivi certains des principes de base de la religion.

Le fait est que les quelques inscriptions trouvées jusqu’à présent, ainsi que les écrits de chroniqueurs postérieurs, qui ont pu être biaisés contre les Himyarites, ne permettent pas aux érudits de se faire une image claire de l’orientation spirituelle du royaume.

Mais on peut considérer cette question sous un autre angle.

En dépit de la domination chrétienne et musulmane, les Juifs ont continué à représenter une forte présence dans la péninsule arabique. Cela ressort clairement des relations de Mahomet (souvent conflictuelles) avec eux, mais aussi de l’influence du judaïsme sur les rituels et les interdits de la nouvelle religion (prières quotidiennes, circoncision, pureté rituelle, pèlerinage, charité, interdiction des images et de la consommation du porc) .

Au Yémen, au cœur du vestige du royaume Himyarites, la communauté juive a été persécutée pendant des siècles, jusqu’en 1949-1950, quand presque tous ses membres restants – environ 50 000 personnes, ont été acheminées par avion vers Israël lors de l’opération Magic Carpet (tapis volant). Et bien qu’ils continuent d’observer des rituels et des traditions uniques, qui les distinguent des juifs ashkénazes et séfarades, il est indéniable qu’ils sont bien juifs, et les derniers descendants du royaume juif perdu de Himyar.

Voir aussi:

Juifs et chrétiens en Arabie à la veille de l’Islam : nouveautés archéologiques’

(Conférence donnée le 26 novembre 2016 par Christian Robin, historien de l’Orient ancien, membre de l’Institut)

Les recherches archéologiques en Arabie

Les premières recherches ont commencé au milieu du 19e siècle et se sont interrompues en 1914. Elles s’effectuaient surtout dans les régions dominées par les Ottomans, l’insécurité régnant ailleurs. L’Ecole biblique de Jérusalem a joué alors un rôle important avec les expéditions de Jaussen et Savignac (cf conférence précédente). Quelques expéditions ont pu se dérouler en 1951-52 après un long arrêt. Philby, conseiller du roi d’Arabie, a réussi à persuader le souverain de faire explorer le sud du pays par des archéologues belges (missions Philby-Ryckmans-Lippens). Par la suite une école archéologique locale a vu le jour, dotée de moyens considérables. Les découvertes se sont multipliées à partir de 1970, remettant largement en cause la représentation que l’on se faisait de l’Arabie préislamique.

Les idées traditionnelles sur l’Arabie préislamique

Avant 1970, ces idées s’appuyaient sur trois types de sources. Selon les sources arabes, avant l’islam régnaient en Arabie anarchie, paganisme, obscurantisme et illétrisme, le tout résumé sous le terme de ‘jâhiliyya’(= ère de l’ignorance): cette présentation apologétique tendait à faire contraste avec la brillante civilisation islamique qui a suivi. De leur côté les sources externes faisaient état des principaux évènements militaires survenus dans la péninsule: conquêtes d’un roi de Babylone au nord (550 av JC); projet de conquête par Alexandre le grand (323 av JC); raid romain au Yémen (25 av JC); crise entre les royaumes de Yémen et d’Ethiopie (520 ap JC). Enfin les sources archéologiques, bien que nombreuses, restaient peu exploitées car leur datage imprécis rendait leur interprétation fragile.

Des découvertes considérables depuis 1970, et notamment d’innombrables inscriptions……

De très nombreuses découvertes sont venues depuis 1970 remettre en cause l’image traditionnelle de l’Arabie préislamique. Monnaies, monuments, gravures rupestres, archives, et surtout innombrables inscriptions de toutes sortes sont venues fournir du travail aux épigraphistes pour des décennies. Seule une partie de ces découvertes a déjà fait l’objet de publications, car les chercheurs compétents (un peu en Europe, un peu dans le royaume Saoudien, aucun aux USA) sont en nombre très insuffisant.

les plus anciennes en langue arabique…

Avant l’ère chrétienne, les écritures propres à la péninsule arabique dérivaient de l’ougaritique. Elles se caractérisaient par des lettres très géométriques et des mots séparés par des barres. Dans leur version monumentale, elles sont sans doute à l’origine de l’écriture décorative islamique. Des milliers d’inscriptions de ce type ont été trouvés au Yémen. Parmi elles, un poème rimé de 27 vers qui semble le plus ancien de la littérature universelle (100 ap JC).

Les musées ont recueilli près de 10000 versions cursives de ces écritures, rédigées sur support bois dans un but d’archives. En raison de la pénurie signalée d’épigraphistes compétents, seul un millier a fait l’objet de publications. A ces archives, il faut ajouter d’innombrables inscriptions rupestres éparses dans les rochers du désert. Les échelles sont hallucinantes: sur le seul site de Himà en cours d’inventaire, on découvre des milliers d’inscriptions, et il y a des centaines de sites similaires. On nomme ces langues préislamiques selon les royaumes mentionnés dans les inscriptions quand elles sont suffisamment explicites (ex: le sabéen pour la langue du royaume de Saba, le hagarite pour celle du royaume deHagar), ou à défaut selon la géographie. A noter que des langues arabiques issues du tronc ancien (et donc sans aucun rapport avec l’arabe moderne) perdurent aujourd’hui dans le sud de la péninsule: suqutrite, jibbâlite… …

les plus récentes (ère chrétienne) en langue araméenne

Très différente des précédentes, l’écriture araméenne se diffuse dans la péninsule Arabique au début de l’ère chrétienne. C’est une écriture beaucoup moins géométrique, sans voyelles, sans séparation entre les mots. Sa forme cursive est l’ancêtre de l’arabe, lui-même dérivé du nabatéen, une variété de l’araméen. La plus ancienne inscription en langue arabe (encore assez éloignée de sa forme actuelle)a pu être datée de 470ap JC (cf infra).

Comment dater les inscriptions

C’est seulement depuis 1989, après un siècle de décantation (datation au carbone 14, traduction des inscriptions), qu’on est arrivé à faire une chronologie approximative de l’ensemble des civilisations de la péninsule Arabique. Certaines inscriptions portent des dates. Pour d’autres on se fonde sur le stade atteint dans l’évolution de l’écriture. Par ailleurs certains souverains cités, aux noms caractéristiques, sont aussi mentionnés dans les archives assyriennes, ce qui permet de dater avec sûreté les inscriptions. Enfin des inscriptions se réfèrent à des événements que l’on peut dater.

Par exemple une inscription relate qu’un ambassadeur du royaume de Saba s’est rendu à Chypre où il a réchappé à une guerre entre Ioniens et Chaldéens: on peut ainsi la dater entre 600 et 550 av JC.

Autre exemple: un commerçant du royaume de Mâ’in (Yémen) relate qu’il a survécu à une révolte des Egyptiens contre les Mèdes, ce qui permet de dater l’inscription vers 350-340 av JC. Autre exemple : des gens d’Arabie orientale gravent des inscriptions au Yémen et les datent du roi Séleukos, soit 298 av JC. On apprend au passage que l’Arabie orientale était à cette date sous domination séleucide.

Le royaume de Himyar: bref historique

Situé au SO de la péninsule arabique, le Yémen en constitue la partie fertile, en raison de son altitude (moyenne 2000 m) et de son régime de pluies de mousson. Divisé en 3 ou 4 royaumes dans l’Antiquité, il a été totalement unifié vers 300 sous le nom de royaume de Himyar (capitale Zafâr). A la suite des campagnes des princes Yaz’anides (320-360), il s’est soumis durablement toute la péninsule arabique. Sa religiondominante est devenue le judéo-monothéisme vers 380. Contraint de se soumettre au royaume chrétien d’Aksûm (Ethiopie) vers 500, il a connu la révolte du roi juif Joseph en 522 et la persécution des chrétiens qui l’a accompagnée. Cette révolte a été matée par les Ethiopiens, qui ont installé le roi chrétien Abraha (535-565). En 570 le royaume de Himyar s’est soumis aux perses Sassanides et a disparu de l’Histoire.

Le paganisme disparaît entre le 3è et le 4è siècle

Le paganisme a laissé de nombreuses traces au Yémen (temples, inscriptions). Voici par exemple des images du temple considérable de Ma’arib, dans lequel on a trouvé plus de mille inscriptions très instructives. A noter que ce paganisme s’interdisait toute représentation divine sous forme humaine ou animale: le dieu était figuré par un trône vide, seule la représentation de ses messagers ailés étant admise.L’une des premières inscriptions monothéistes recensées (‘Avec l’aide d’Ilân, maître du Ciel’) date de 330 EC. Si en parallèle on relève les dates des dernières inscriptions trouvées dans les temples païens du Yémen, on arrive à la conclusion que presque tous ces temples ont été abandonnés au 3e siècle, les derniers et les plus grands l’ayant été à la fin du 4e siècle : la dernière inscription païenne date de 380 EC.

A partir de 380, de nombreuses inscriptions commémorent des personnages officiels juifs

Premier exemple : un personnage qui s’appelle Yehuda construit un palais dans la capitale Zafâr et invoque le nom du roi. Ce haut personnage de la cour royale porte un nom juif. D’ailleurs le petit texte situé dans le monogramme central est gravé en hébreu et se termine par ‘Amen, shalom, amen’.

Autre exemple (tombe découverte au sud de la mer Morte). Le texte dit: ’Puisse reposer l’âme de Yoseh, fils d’Awfa, qui trépassa dans la ville de Zafâr, dans le pays des Himyarites, partit pour le pays d’Israël et fut enterré le jour de la veille du Sabbat, le 29e jour du mois de Tammuz, la 1ère année de la semaine d’années égale à l’an 400 de la destruction du Temple’. Donc voilà quelqu’un qui est mort dans le pays des Himyarites et dont les restes ont été transportés au voisinage de ce qui était considéré comme le pays d’Israël.

Nécropoles et cimetières juifs

On a des preuves nombreuses de la présence juive en Arabie. Ainsi dans la nécropole juive de Bet She’arîm (découverte en Galilée à la fin des années 30, mais oubliée par la suite), on a trouvé un caveau réservé aux juifs Himyarites (ou Homérites). Par ailleurs sur le site de Hasî (près de Zafâr, au Yémen), on a trouvé la très belle inscription suivante: ‘Le prince a concédé au Seigneur du Ciel quatre parcelles, à côté de ce rocher, en descendant jusqu’à la clôture de la zone cultivée, pour y enterrer les juifs, avec l’assurance qu’on évitera d’y enterrer avec eux un non-juif ‘(‘rmy=araméen=païen). Voilà donc le témoignage explicite qu’une autorité (juive?) a accordé sa protection aux communautés juives et s’est senti une obligation de leur créer un cimetière réservé.

Sans être religion officielle, le judaïsme de Himyar apparaît religion dominante

Un grand nombre d’inscriptions sont dues aux rois de Himyar. Celle-ci-contre (384) dit simplement: ‘Avec l’aide deson seigneur, le Seigneur des Cieux’. Les rois de Himyar utilisent toujours des formules monothéistes, sans que l’on puisse dire s’ils sont juifs ou non. En revanche les inscriptions rédigées par des particuliers présentent toute la gamme entre ce monothéisme neutre et un judaïsme affirmé. Comme aucune inscription ne mentionne une orientation religieuse différente, la société apparaît ainsi fortement judaïsée.

Juifs orthodoxes et judéo-monothéistes partagent le ‘mikrâb’

Le judéomonothéisme de Himyar a une maison qui lui est consacrée en propre: le mikrâb. Elle sert au culte, à l’enseignement, et peut-être à l’hébergement des voyageurs. On trouve un mikrâb dans les cimetières juifs. Le nom de mikrâb n’est attesté dans les inscriptions que pendant la période judéomonothéiste.

On a la certitude que le mikrâb est partagé entre les juifs fidèles de la Torah et les judéomonothéistes, considérés par les premiers comme des ‘craignant Dieu’. Dans l’un des plus anciens mikrâb édifiés par un roi, on a trouvé l’inscription suivante: ’Et pour que Dieu, seigneur du ciel et de la Terre, leur accorde la crainte de son nom et le salut de leurs personnes.’Par le mikrâb, la communauté juive, sans doute minoritaire, était en relation étroite avec les monothéistes plus nombreux qui adhéraient aux principes de morale de la Torah, mais pas à l’ensemble de ses prescriptions.

Particularités du judaïsme himyarite

‘Que bénissent et soient bénis le nom de Rahmânân qui est au Ciel, Israël et son Dieu, le Seigneur des juifs…’Par ailleurs on a découvert la trace d’une grande vénération des familles sacerdotales juives chargées du culte au Temple de Jérusalem: à Bayt Hâdir (près de Sanaa), une inscription enregistre soigneusement les noms des 24 familles de prêtres et de leurs villages d’origine, tous galiléens. C’est la seule inscription de ce type trouvée en dehors du territoire d’Israël.

Le judaïsme est aussi attesté dans le nord de l’Arabie dès le 3e siècle

Le judaïsme dans le nord-ouest de la péninsule arabique, attesté par des sources externes, a laissé lui aussi de nombreuses traces dans les inscriptions. Par exemple sur une stèle trouvée à Tayma, une grande oasis du nord de l’Arabie, l’inscription dit: ‘Ceci est le mémorial d’Isaïe, fils de Joseph, prince deTayma, qu’ont érigé sur lui Amram et Rashim ses frères’. Le terme traduit par ‘prince’ désigne plus précisément le premier magistrat de la cité; il est utilisé dans ce sens sur une inscription du site voisin de Madâ’in Salih. Tous les noms étant juifs, on est assuré que le premier magistrat d’une grande oasis de l’Arabie du nord était juif en 203 EC. Autres exemples: on a trouvé une stèle (356) dédiée à une descendante de Samuel, prince de Higrâ. Là aussi on a un nom typiquement juif qui est porté par un personnage occupant une position de premier plan. Près de Tayma, on a trouvé une menorah avec les ustensiles caractéristiques du judaïsme qui l’accompagnaient.

La conversion du roi de Himyar vers 380 est contemporaine de celle des monarques de l’époque

A Rome l’édit de tolérance de Milan est promulgué en 314, Constantin se fait baptiser en 337, son successeur Constance II devient le premier empereur chrétien, et le paganisme est interdit dans le monde romain vers 380. A Aksûm, le souverain éthiopien devient officiellement chrétien vers 360. Et à Himyar le roi se déclare juif vers 380. Cette suite de conversions montre que les royaumes d’Aksûm et d’Himyar évoluent à un rythme voisin de celui du monde méditerranéen. Circulations de personnes et échanges commerciaux font que les exigences spirituelles du monde romain touchent également les populations de l’Ethiopie et de la péninsule Arabique. Si l’on recense tous les mots religieux présents dans les inscriptions du Yémen, on trouve un grand nombre de fois ceux de ‘prière’ et d’aumône légale’. Deux des cinq piliers de l’islam étaient donc déjà fortement enracinés en Arabie quelque 250 ans avant la prédication de Mahomet. Le paganisme grossier accolé à la période préislamique ne correspond en rien à la réalité.

De 535 à 570 sous le roi Abraha, l’Arabie Himyarite devient un royaume chrétien …

Vers 500 le royaume de Himyar, qui domine toute l’Arabie, devient tributaire du royaume éthiopien d’Aksûm, lequel est chrétien. En 522 le roi himyarite Joseph que les Ethiopiens ont installé sur le trône se révolte et se déclare juif. Au cours de ses campagnes, il massacre les soutiens des Ethiopiens, qui sont le plus souvent chrétiens. La tradition a notamment retenu le martyre de la population chrétienne de Najrân. Mais Joseph est vaincu par les troupes Aksûmites en 525, et leur chef Abraha (531-570) impose la domination chrétienne sur toute l’Arabie. Les archives permettent de situer la plupart des sièges épiscopaux de cette époque, ainsi que la localisation de nombreuses églises.

Les vestiges de plusieurs d’entre elles ont été mis au jour par les archéologues (cf oratoire d’Al Jubayl sur le Golfe). Trait piquant: on a trouvé une inscription explicite de cette soumission à un pouvoir chrétien à Yathrib (=Médine), inscription datée de 552, soit 70 ans seulement avant que Mahomet ne fasse de Médine sa capitale.

Essais de reconstitution de la grande église de Sanaa

Peu après sa prise de pouvoir, Abraha transféra sa capitale de Zafar à Sanaa et y bâtit une vaste église à la gloire de la religion chrétienne. La tradition arabe dit que ce fut pour rivaliser avec le pèlerinage de La Mecque, mais il est possible au contraire que le pèlerinage de La Mecque n’ait vraiment prospéré qu’après la mort d’Abraha. Plusieurs équipes d’archéologues ont travaillé ces dernières années sur la grande mosquée de Sanaa. Ils ont mis en évidence les réemplois des chapiteaux de l’ancienne église d’Abraha, avec leurs croix caractéristiques. Un fragment retrouvé de la plaque de fondation de cette église la date de 559-560. En s’appuyant sur la description détaillée d’un auteur islamique et sur les vestiges des églises de Najrân (Yémen) et d’Aksûm (Ethiopie), l’architecte Ch. Darles en a proposé une reconstitution: podium carré, bâtiment fermé, cour intérieure, grande salle transversale… Les archéologues aimeraient faire des sondages dans la grande mosquée, ce qui est bien sûr problématique. Ils ont néanmoins trouvé récemment que certains bois du plafond étaient largement préislamiques, ce qui veut dire que non seulement les chapiteaux, mais aussi les décors de plafond de la mosquée sont des réemplois de l’église d’Abraha.

Christologie des inscriptions d’Abraha

Plusieurs inscriptions du 6e siècle suggèrent une évolution du contenu de la foi officielle au cours du règne d’Abraha. La première (530) dit: ‘Au nom et avec la protection du Miséricordieux, de son fils Christ vainqueur, et de l’Esprit Saint’. Elle est d’une orthodoxie rigoureuse. Dans sa grande inscription de 548, et sans doute pour des raisons politiques, Abraha recourt pour la 2e personne de la Trinité, à une formulation acceptable aussi bien par les chrétiens que par les juifs: ‘Avec la puissance, l’aide et la clémence du Miséricordieux,de son Messie, et de l’Esprit de Sainteté’. Enfin dans une inscription trouvée à Murayghân et datant de 552, on ne lit plus que : ‘Avec la puissance du Miséricordieux et de son Messie’. Illustration du caractère officiel de la religion chrétienne dans l’Himyar d’Abraha, l’inscription monumentale ci-dessous, gravée en plein désert d’Arabie centrale, commence par une croix. Cette prégnance générale du judéo-christianisme a forcément influencé le fondateur de l’islam quelques décennies plus tard.

Un lieu de vénération d’un martyr chrétien

Dans la région de Najrân (frontière Arabie-Yémen), sur le site désertique de Himà, on a découvert de nombreuses inscriptions que l’on peut dater de 470. Elles ont suscité un vif intérêt à un double titre. D’une part elles étaient rédigées en arabe, alors qu’on pensait jusque-là que l’écriture arabe ne s’était diffusée dans la péninsule Arabique qu’avec l’islam. D’autre part ces inscriptions, où figurait systématiquement la croix, étaient chrétiennes. Parmi elles, une grande inscription de 1 m de haut, visible de loin, répétait le nom d’un certain Thawbân, fils de Malik. Qui était ce personnage, objet de vénération dans le christianisme local? Sans doute un martyr, car cette époque (468-480) est celle de la première répression juive contre les chrétiens (cf martyre d’Azqîr). Ces inscriptions en arabe archaïque accompagnées d’une croix suggèrent par ailleurs un lien entre la diffusion de l’écriture arabe et celle du christianisme. Peut-être le recours à cette écriture a-t-il permis aux chrétiens d’affirmer une certaine identité par rapport au Yémen qui était alors juif?

En conclusion, l’idée d’une Arabie préislamique livrée au paganisme et à l’ignorance a été com-plètement ruinée par les découvertes archéologiques récentes. Le terreau judéo-chrétien y était largement présent bien avant la naissance de l’islam.

Voir également:

Was Jesus a Palestinian and why would Congresswoman Ilhan Omar care?

These are questions that Rabbi Abraham Cooper, associate dean and director of global social action agenda for the Simon Wiesenthal Center, asked this week.

Maayan Jaffe-Hoffman
The Jerusalem Post
April 25, 2019

These are questions that Rabbi Abraham Cooper, associate dean and director of global social action agenda for the Simon Wiesenthal Center, asked this week, after the congresswoman retweeted a New York Times op-ed by Eric V. Copage, which claimed that “Jesus, born in Bethlehem, was most likely a Palestinian man with dark skin.”

The writer was exploring why Jesus is so often illustrated as a white man with blue eyes, but Cooper contends that Omar likely had another agenda in sharing the article, which she did with the following message: “Don’t they (Christians) know Jesus was a Palestinian?”

“The claim that Jesus was a Palestinian is so bizarre that the question becomes what one gains by making that allegation,” Cooper told The Jerusalem Post. “For people who have no theological or historical rooting, the idea that Jesus was a Palestinian creates a new narrative for Palestinian history, which otherwise does not date back very far. If one can say that Jesus was Palestinian 2,000 years ago, then that means the Jews are occupying Palestinian land.”

Cooper said that for people who “don’t like Jews to begin with, it is a deadly combination of the Jews killed Jesus and now they are doing the same to his progeny,” he continued. “From a political and propaganda point of view, there is something to be gained.”
The myth that Jesus was a Palestinian dates back to the days of Yasser Arafat, when his trusted Christian-Palestinian adviser Hanan Ashrawi made the claim. Since then, the idea resurfaces now and again, according to Cooper.

“The absurdity of it is breathtaking,” Cooper said of Jesus being a Palestinian. “Jesus was born in Bethlehem, think about who is parents were – his mother, Mary, was betrothed to Joseph, a carpenter. In the Gospels, there is no mention of Palestine, only Judea, which is where Jews lived.”

Cooper said that if the Palestinians admit that Jesus was a Jew, then the idea that the Jews only arrived in Israel in 1948 and occupied Palestinian indigenous land becomes an absurdity.

He said Omar “knows this narrative is false but also that it has an inherent power to it,” said Cooper. “The ‘Benjamins,’ the big lie of dual loyalty, Jesus is a Palestinian – it is all rewriting history to plant in people’s minds that the Palestinian people go back thousands of years.”

“She is a very clear person,” Cooper continued. “Ilhan Omar is a clever antisemite, so truth does not play much of a role anyway.”
He added that, “When an elected member of the US Congress retweets such a thing, that takes things to the next level.”
Some people came out in defense of Omar, such as American Muslim scholar, civil rights activist, writer and speaker Omar Suleiman. He tweeted a speech by American Protestant Minister William J. Barber II, who likewise made the claim that “Jesus, a brown-skinned Palestinian Jew” and called out the misplaced hate directed at Omar.

Cooper said he was surprised The New York Times allowed Copage to publish an op-ed with such a line, and expected such information only to be shared on platforms like Facebook and Twitter, where users can get away with much more before it is identified – if it is ever identified – as fake news.

The solution: education, he said.

“It is extremely important for world Jewry and Jewish families to teach their own and go over our amazing love affair between the people and her land that stands for more than 3,000 years,” said Cooper, noting that is the responsibility of educated Jews and Christians to counter such falsehoods.

Voir de même:

NewYork Times Claims Jesus Was ‘Likely a Palestinian’

Ira Stoll
Algemeine
April 23, 2019

A New York Times article claiming that Jesus “was most likely a Palestinian man with dark skin” is generating a fierce push-back from the Jewish community.

The executive director of Boston’s Jewish Community Relations Council, Jeremy Burton, tweeted, “Important to point out that no, Jesus did not identify as Palestinian. He was a Judean Jew and for him, the term Palestine was that of the Roman occupier.”

A professor of Jewish history at Yeshiva University, Steven Fine, responded on the Times comments page that “for sure” Jesus “was a youngish Jewish man” who “looked like other Jews of his place and time.”

Another Jewish Times reader responded in the comments section, “I am amazed that the author of this article cannot simply state that Jesus was a Jew. He uses the anachronistic term ‘Palestinian.’ During Jesus’ lifetime the Romans called the province which they controlled ‘Judea.’ Later they renamed it ‘Syria Palestina.’ Referring to Jesus as ‘Palestinian’ is simply misleading in the context of his era.”

The editorial director of the Times reader center, Hanna Ingber, responded to the complaint: “You are of course right that Jesus was Jewish. We never intended to imply that he wasn’t, and we didn’t leave that detail out to make a point, as some readers wondered. The article was focused on what he physically looked like. But again, we do hear your concern.”

A journalist with the Jewish Chronicle in London, Daniel Sugarman, has described the “Jesus was a Palestinian” claim as “idiocy” and “deliberate historical revisionism designed to deny the Jewish connection to the Holy Land.”

An official at the Simon Wiesenthal Center, Rabbi Abraham Cooper, told The Jewish Journal newspaper that the claim Jesus was a Palestinian is a “grotesque insult.” The Journal observed this claim is being made not only by the Times but by a Muslim-American Democratic congresswoman who supports the movement to boycott, divest from, and impose economic sanctions on Israel — Ilhan Omar.

Noah Pollak, in a tweet cited by The Daily Wire, called the New York Times article “crazy.” Pollak insisted, “Jesus was not an Arab.”

Personally, I’m tempted to quip that if the Palestinians want him, they can have him. It’s a little unseemly, or at leas