Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! parce vous bâtissez les tombeaux des prophètes et ornez les sépulcres des justes et que vous dites: Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang des prophètes. Vous témoignez ainsi contre vous-mêmes que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes. Jésus (Matthieu 23: 29-32)
Et tout Israël le lapida. On les brûla au feu, on les lapida, et l’on éleva sur Acan un grand monceau de pierres, qui subsiste encore aujourd’hui. Et l’Éternel revint de l’ardeur de sa colère. C’est à cause de cet événement qu’on a donné jusqu’à ce jour à ce lieu le nom de vallée d’Acor. L’Éternel dit à Josué (…) Vois, je livre entre tes mains le roi d’Aï et son peuple, sa ville et son pays. Tu traiteras Aï et son roi comme tu as traité Jéricho et son roi; (…) Josué brûla Aï, et en fit à jamais un monceau de ruines, qui subsiste encore aujourd’hui. Il fit pendre à un bois le roi d’Aï, et l’y laissa jusqu’au soir. Au coucher du soleil, Josué ordonna qu’on descendît son cadavre du bois; on le jeta à l’entrée de la porte de la ville, et l’on éleva sur lui un grand monceau de pierres, qui subsiste encore aujourd’hui. Alors Josué bâtit un autel à l’Éternel, le Dieu d’Israël, sur le mont Ébal. Josué 7: 25-26 – 8: 1-30
Jephthé fit un voeu à l’Éternel, et dit: Si tu livres entre mes mains les fils d’Ammon, quiconque sortira des portes de ma maison au-devant de moi, à mon heureux retour de chez les fils d’Ammon, sera consacré à l’Éternel, et je l’offrirai en holocauste. Jephthé marcha contre les fils d’Ammon, et l’Éternel les livra entre ses mains. (…) Jephthé retourna dans sa maison à Mitspa. Et voici, sa fille sortit au-devant de lui avec des tambourins et des danses. C’était son unique enfant; il n’avait point de fils et point d’autre fille. Dès qu’il la vit, il déchira ses vêtements, et dit: Ah! ma fille! tu me jettes dans l’abattement, tu es au nombre de ceux qui me troublent! J’ai fait un voeu à l’Éternel, et je ne puis le révoquer. Juges 11: 29-40
Ils (…) entrèrent dans un bourg des Samaritains, pour lui préparer un logement. Mais on ne le reçut pas, parce qu’il se dirigeait sur Jérusalem. Les disciples Jacques et Jean, voyant cela, dirent: Seigneur, veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel et les consume? Jésus se tourna vers eux, et les réprimanda, disant: Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. Car le Fils de l’homme est venu, non pour perdre les âmes des hommes, mais pour les sauver. Luc 9: 52-56
Si ton frère a péché, reprends-le; et, s’il se repent, pardonne-lui. Et s’il a péché contre toi sept fois dans un jour et que sept fois il revienne à toi, disant: Je me repens, tu lui pardonneras. Jésus (Luc 17: 3-4)
Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. Jésus (Luc 23: 34)
Pour expliquer cette coutume, on peut y voir un sous-produit des lapidations rituelles. Lapider une victime, c’est recouvrir son corps de pierre. Lorsqu’on jette beaucoup de pierres sur un vivant, non seulement il meurt mais ces pierres prennent tout naturellement la forme tronconique du « tumulus » qu’on retrouve, plus ou moins géométrisée, dans les pyramides sacrificielles ou funéraires de nombreux peuples. (…) le tombeau est inventé à partir du moment où la coutume de recouvrir les cadavres de pierres se répand en l’absence de toute lapidation. René Girard
Le tombeau, ce n’est jamais que le premier monument humain à s’élever autour de la victime émissaire, la première couche des significations, la plus élémentaire, la plus fondamentale. Pas de culture sans tombeau, pas de tombeau sans culture. A la limite, le tombeau est le premier et seul symbole culturel. René Girard
On ne veut pas savoir que l’humanité entière est fondée sur l’escamotage mythique de sa propre violence, toujours projetée sur de nouvelles victimes. Toutes les cultures, toutes les religions, s’édifient autour de ce fondement qu’elles dissimulent, de la même façon que le tombeau s’édifie autour du mort qu’il dissimule. Le meurtre appelle le tombeau et le tombeau n’est que le prolongement et la perpétuation du meurtre. La religion-tombeau n’est rien d’autre que le devenir invisible de son propre fondement, de son unique raison d’être. Autrement dit, l’homme tue pour ne pas savoir qu’il tue. (…) Les hommes tuent pour mentir aux autres et se mentir à eux-mêmes au sujet de la violence et de la mort. René Girard
Nous avons à notre gauche ce qu’on nomme le tombeau de l’Ermite. C’est un amoncellement de pierres où chaque passant jette de nouveaux matériaux. Que recouvre ce tumulus alpestre ? Je l’ignore. Suivons la tradition, jetons notre pierre sur le tas, ne serait ce que pour déblayer un peu le sentier et continuons. Un sacré archaïque revient au détour d’un rituel de la marche. Cette « tradition » qu’il faut suivre rejoue une scène de lapidation. Le souvenir de l’Ermite est maintenu dans la mémoire des randonneurs grâce à la pierre qu’il jette sur le monticule en passant. l’Ermite n’est saint que de recevoir ces cailloux. Il n’a pas d’autre réalité. Mais elle est spirituelle. Il est le dernier esprit totémique du lieu. La montagne est un gigantesque cairn. Chaque promeneur pour peu qu’il soit du pays, y renoue avec son origine, partageant son être propre avec l’esprit dormant dans ces pierres. Benoit Chantre
Montjoie (…) le cri d’armes des guerriers francs apparaît bien comme le nom de l’Ancêtre divinisé, qu’ils appelaient à la rescousse dans leur langue. (…) Le lieu dit la Monjoie dans la Plaine Saint-Denis occupe l’emplacement du tumulus de l’ancêtre tutélaire des Gaulois, adopté par les Francs et nommé par eux *Mundgawi. (…) Munjoie! est l’aboutissement en roman du francique *Mundgawi, qui signifie « Protège-pays ». Le mot, quatorze fois répété dans la première version du Roland (entre 1125 et 1150), remonte à un passé plus lointain et à une version antérieure de la Chanson (XIe siècle). (…) Möns Gaudii est la traduction en latin de Munjoie que Homophonie orienta vers le sens de « Mont (de la) joie ». Il est probable que la christianisation du tumulus par le martyre de saint Denis facilita cette évolution sémantique. Elle dut intervenir au IXe siècle, après quHilduin eut écrit les Areopagitica. (…) Au Xe siècle, les pèlerins et croisés français se servirent, par analogie, de ce nom célèbre et familier pour désigner les hauteurs voisines des lieux saints, à Jérusalem, à Rome, à Compostene, etc.; puis d’autres hauteurs, un peu partout en France et à l’étranger, le reçurent également. En tant que toponyme Morts Gaudii est attesté dès la fin du Xe siècle et Monjoïe à partir de la fin du XIIe siècle. (…) Devenu nom commun, montjoie fut appliqué à des tas de pierres, à des éminences, à des croix, qui servaient de repères routiers, et, plus tardivement, aux petits monuments chrétiens élevés en bordure des chemins, qui, tous, avaient un rôle de protection. Cette diffusion, impossible à suivre avec précision dans l’espace et le temps, eut lieu à partir du XIIe siècle. (…) Montjoie est un terme spécifique, dont l’origine est bien datée et localisée et dont l’évolution sémantique est justifiée. La longue durée du cri de guerre, la vaste diffusion géographique du toponyme et la multitude des significations du nom commun, bref : le succès du mot montjoie, s’explique par l’importance historique du nom propre qui en est le point de départ. Anne Lombard-Jourdan
Le monde moderne n’est pas mauvais : à certains égards, il est bien trop bon. Il est rempli de vertus féroces et gâchées. Lorsqu’un dispositif religieux est brisé (comme le fut le christianisme pendant la Réforme), ce ne sont pas seulement les vices qui sont libérés. Les vices sont en effet libérés, et ils errent de par le monde en faisant des ravages ; mais les vertus le sont aussi, et elles errent plus férocement encore en faisant des ravages plus terribles. Le monde moderne est saturé des vieilles vertus chrétiennes virant à la folie. G.K. Chesterton
La première victime d’une guerre, c’est toujours la vérité. Eschyle
Comme une réponse, les trois slogans inscrits sur la façade blanche du ministère de la Vérité lui revinrent à l’esprit. La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force. 1984 (George Orwell)
La liberté, c’est la liberté de dire que deux et deux font quatre. Lorsque cela est accordé, le reste suit. George Orwell (1984)
Il est des idées d’une telle absurdité que seuls les intellectuels peuvent y croire. George Orwell
Les intellectuels sont portés au totalitarisme bien plus que les gens ordinaires. George Orwell
Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres, et à donner l’apparence de la solidité à ce qui n’est que vent. George Orwell
Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre. George Orwell
Nous avons si peu, nous Français, le sentiment d’être en guerre que la mort de quelques soldats d’élite en Afghanistan fait moins de bruit qu’un caillassage de CRS. François-Bernard Huyghe
Une autre décision délirante de l’Unesco. Cette fois-ci, ils ont estimé que le tombeau des Patriarches à Hébron est un site palestinien, ce qui veut dire non juif, et que c’est un site en danger. Pas un site juif ? Qui est enterré là ? Abraham, Isaac et Jacob. Sarah, Rebecca, et Léa. Nos pères et nos mères (bibliques). Benjamin Netanyahou
Au nom du gouvernement du Canada, nous souhaitons présenter nos excuses à Omar Khadr pour tout rôle que les représentants canadiens pourraient avoir joué relativement à l’épreuve qu’il a subie à l’étranger ainsi que tout tort en résultant. Ralph Goodale et Chrystia Freeland
Ça n’a rien à voir avec ce que Khadr a fait, ou non. Lorsque le gouvernement viole les droits d’un Canadien, nous finissons tous par payer. La Charte protège tous les Canadiens, chacun d’entre nous, même quand c’est inconfortable. Justin Trudeau
Même si je vais devoir quitter mon poste, je ne compromettrai pas le salaire d’un martyr (Shahid) où d’un prisonnier, car je suis le président de l’ensemble du peuple palestinien, y compris les prisonniers, les martyrs, les blessés, les expulsés et les déracinés. Mahmoud Abbas
Je sais votre engagement constant en faveur de la non-violence. Emmanuel Macron
Voulez-vous devenir une vedette dans la presse algérienne arabophone? C’est facile. Prêchez la haine des Juifs […]. Je suis un rescapé de l’école algérienne. On m’y a enseigné à détester les Juifs. Hitler y était un héros. Des professeurs en faisaient l’éloge. Après le Coran, Mein Kampf et Les Protocoles des sages de Sion sont les livres les plus lus dans le monde musulman. Karim Akouche
Après le mois sacré, les imams sont épuisés et doivent se reposer. Ils n’ont que le mois de juillet ou d’août pour le faire. Ce moment est très mal choisi pour la marche. Fathallah Abdessalam (conseiller islamique de prison belge)
65 % des Français estiment ainsi qu’« il y a trop d’étrangers en France », soit un niveau identique à 2016 et pratiquement constant depuis 2014. Sur ce point au moins, le clivage entre droites et gauches conserve toute sa pertinence : si 95 % des sympathisants du Front national partagent cette opinion, ils sont presque aussi nombreux chez ceux du parti Les Républicains (83 %, + 7 points en un an) ; à l’inverse, ce jugement est minoritaire chez les partisans de La France insoumise (30 %), du PS (46 %) et d’En marche ! (46 %). De même, les clivages sociaux restent un discriminant très net : 77 % des ouvriers jugent qu’il y a trop d’étrangers en France, contre 66 % des employés, 57 % des professions intermédiaires et 46 % des cadres. Dans des proportions quasiment identiques, 60 % des Français déclarent que, « aujourd’hui, on ne se sent plus chez soi comme avant ». Enfin, 61 % des personnes interrogées estiment que, « d’une manière générale, les immigrés ne font pas d’efforts pour s’intégrer en France », même si une majorité (54 %) admet que cette intégration est difficile pour un immigré. L’évolution du regard porté sur l’islam est tout aussi négative. Seulement 40 % des Français considèrent que la manière dont la religion musulmane est pratiquée en France est compatible avec les valeurs de la société française. Ce jugement était encore plus minoritaire en 2013 et 2014 (26 % et 37 %), mais, de manière contre-intuitive, il avait fortement progressé (47 %) au lendemain des attentats djihadistes de Paris en janvier 2015. Depuis, il s’est donc à nouveau dégradé. Le Monde
“Comme des millions de gens à travers le globe ces dernières années, les deux auteurs ont attaqué le colonialisme et le système capitaliste et impérialiste. Comme beaucoup d’entre nous, ils dénoncent une idéologie toujours très en vogue : le racisme, sous ses formes les plus courantes mais aussi les plus décomplexées”, expliquaient-ils, en exigeant l’abandon des poursuites engagées à la suite d’une plainte de l’Agrif. (…) Renaud, Saïdou et Saïd Bouamama ont choisi d’assumer leur “devoir d’insolence” afin d’interpeller et de faire entendre des opinions qui ont peu droit de cité au sein des grands canaux de diffusion médiatique.” Pétition signée par Danièle Obono (porte-parole de JL Mélenchon)
Faisons du défi migratoire une réussite pour la France. Anne Hidalgo
Aucun principe de droit international n’oblige les Français déjà surendettés, à hauteur de plus de 2000 milliards, à financer par leurs impôts et leurs cotisations sociales des soins gratuits pour tous les immigrés illégaux présents sur notre sol… en 2016, l’octroi du statut de demandeur d’asile est devenu un moyen couramment utilisé par des autorités dépassées pour vider les camps de migrants, à Paris bien sûr, mais aussi par exemple, à Calais, dans la fameuse «jungle» qui, avant son démantèlement, comptait environ 14 000 «habitants». Ces derniers, essentiellement des migrants économiques, ont été qualifiés de réfugiés politiques dans l’unique but de pouvoir les transférer vers d’autres centres, dénommés CAO ou CADA en province. De telles méthodes relèvent d’une stratégie digne du mythe de Sisyphe: plus ils sont vidés, plus ils se remplissent à nouveau… Pierre Lellouche
Madame Hidalgo prétend vouloir améliorer l’intégration des nouveaux migrants. Ses amis n’ont pas réussi en deux décennies à intégrer des populations culturellement et socialement plus aisément intégrables. À aucun moment Anne Hidalgo n’a eu le mauvais goût d’évoquer la question de l’islam. Madame Hidalgo n’aurait pas songé à demander aux riches monarques du golfe, à commencer par celui du Qatar, à qui elle tresse régulièrement des couronnes, de faire preuve de générosité à l’égard de leurs frères de langue, de culture et de religion. Madame le maire n’est pas très franche. Dans sa proposition, elle feint de séparer les réfugiés éligibles au droit d’asile et les migrants économiques soumis au droit commun. Elle fait semblant de ne pas savoir que ces derniers pour leur immense majorité ne sont pas raccompagnés et que dès lors qu’ils sont déboutés , ils se fondent dans la clandestinité la plus publique du monde. (…) À la vérité, c’est bien parce que les responsables français démissionnaires n’ont pas eu la volonté et l’intelligence de faire respecter les lois de la république souveraine sur le contrôle des flux migratoires , et ont maintenu illégalement sur le sol national des personnes non désirées, que la France ne peut plus se permettre d’accueillir des gens qui mériteraient parfois davantage de l’être. Qui veut faire l’ange fait la bête. Mais le premier Français, n’aura pas démérité non plus à ce concours de la soumission auquel il semble aussi avoir soumissionné. C’est ainsi que cette semaine encore, le président algérien a, de nouveau, réclamé avec insistance de la France qu’elle se soumette et fasse repentance . Cela tourne à la manie. La maladie chronique macronienne du ressentiment ressassé de l’Algérie faillie. À comparer avec l’ouverture d’esprit marocaine. En effet, Monsieur Bouteflika a des circonstances atténuantes. Son homologue français lui aura tendu la verge pour fouetter la France. On se souvient de ses propos sur cette colonisation française coupable de crimes contre l’humanité. Je n’ai pas noté que Monsieur Macron, le 5 juillet dernier, ait cru devoir commémorer le massacre d’Oran de 1962 et le classer dans la même catégorie juridique de droit pénal international. Il est vrai que ce ne sont que 2000 Français qui furent sauvagement assassinés après pourtant que l’indépendance ait été accordée. (…) Au demeurant, Monsieur Macron a depuis récidivé: accueillant cette semaine son homologue palestinien Abbou Abbas, il a trouvé subtil de déclarer: «l’absence d’horizon politique nourrit le désespoir et l’extrémisme» . Ce qui est la manière ordinaire un peu surfaite d’excuser le terrorisme. À dire le vrai, le président français, paraît-il moderne, n’a cessé de trouver de fausses causes sociales éculées à ce terrorisme islamiste qui massacre les Français depuis deux années. Gilles-William Goldnadel
L’indifférence apparente des Français à la situation peut sembler étrange, s’assimiler à du déni, à la volonté de ne pas voir. Elle peut aussi se comprendre comme une stratégie de survie analogue à ce qui se passe depuis de nombreuses années en Israël. Les terroristes et leurs alliés wahabites, salafistes ou frères musulmans espéraient non seulement semer la mort mais tétaniser les populations, tarir les foules dans les salles de spectacle, les restaurants, nous contraindre à vivre comme dans ces pays obscurantistes dont ils se réclament. Or c’est l’inverse : les Français continuent à vivre presque comme d’habitude, ils sortent, vont au café, partent en vacances, acceptent de se soumettre à des procédures de sécurité renforcées. (…) Depuis les attentats de 1995, chacun de nous devient malgré soi une sorte d’agent de sécurité : entrer dans une rame de métro nous contraint à regard circulaire pour détecter un suspect éventuel. Un colis abandonné nous effraie. Dans une salle de cinéma ou de musique, nous calculons la distance qui nous sépare de la sortie en cas d’attaques surprises. Nous nous mettons à la place d’un djihadiste éventuel pour déjouer ses plans. (…) Pour comprendre ce scandaleux silence [concernant le meurtre de Sarah Halimi], il faut partir d’un constat fait par un certain nombre de nos têtes pensantes de gauche et d’extrême gauche : l’antisémitisme, ça suffit. C’est une vieille rengaine qu’on ne veut plus entendre. Il faut s’attaquer maintenant au vrai racisme, l’islamophobie qui touche nos amis musulmans. Bref, comme le disent beaucoup, le musulman en 2017 est le Juif des années 30, 40. On oublie au passage que l’antisémitisme ne s’est jamais adressé à la religion juive en tant que telle mais au peuple juif coupable d’exister et qu’enfin dans les années 40 il n’y avait pas d’extrémistes juifs qui lançaient des bombes dans les gares ou les lieux de culte, allaient égorger les prêtres dans leurs églises. Juste une remarque statistique : depuis Ilan Halimi, kidnappé et torturé par le Gang des Barbares jusqu’à Mohammed Mehra, l’Hyper casher de Vincennes et Sarah Halimi, pas moins de dix Français juifs ont été tués ces dernières années parce que juifs par des extrémistes de l’islam. Cela n’empêche pas les radicaux du Coran de se plaindre de l’islamophobie officielle de l’Etat français. Ce serait à hurler de rire si ça n’était pas tragique ! Dans la doxa officielle de la gauche, seule l’extrême droite souffre d’antisémitisme. Que le monde arabo musulman soit, pour une large part, rongé par la haine des Juifs, ces inférieurs devenus des égaux, est impensable pour eux. (…) Soutenir les Indigènes de la République en 2017, ce Ku Klux Klan islamiste, antisémite et fascisant est pour le moins problématique. Beaucoup à gauche pensent que les anciens dominés ou colonisés ne peuvent être racistes puisqu’ils ont été eux-mêmes opprimés. C’est d’une naïveté confondante. Il y a même ce que j’avais appelé il y a dix ans “un racisme de l’antiracisme” où les nouvelles discriminations à l’égard des Juifs, des Blancs, des Européens s’expriment au nom d’un antiracisme farouche. Le suprématisme noir ou arabe n’est pas moins odieux que le suprématisme blanc dont ils ne sont que le simple décalque. Les déclarations de Madame Obono relèvent d’une stratégie de la provocation que le Front de gauche partage avec le Front national, ce qui est normal puisque ce sont des frères ennemis mais jumeaux. Lancer une polémique, c’est chercher la réprobation pour se poser en victimes. Multiplier les transgressions va constituer la ligne politique de ceux qui s’appellent “Les insoumis”, nom assez cocasse quand on connaît l’ancien notable socialiste, le paria pépère qui est à leur tête et dont le patrimoine déclaré se monte à 1 135 000 euros, somme coquette pour un ennemi des riches. Pascal Bruckner
Le sujet n’a pas été abordé pendant la campagne présidentielle, pas davantage que les enjeux, plus larges, du «commun», de ce que c’est aujourd’hui qu’être Français, des frontières du pays, de notre «identité nationale». Et que cette occultation n’a pas fait disparaître cet enjeu fondamental pour nos concitoyens, contrairement à ce qu’ont voulu croire certains observateurs ou certains responsables politiques. (…) il y a la crainte d’aborder des enjeux tels que l’immigration ou la place de la religion dans la société par exemple. Crainte de «faire le jeu du FN» dans le langage politique de ces 20 dernières années suivant un syllogisme impeccable: le FN est le seul parti qui parle de l’immigration dans le débat public, le FN explique que «l’immigration est une menace pour l’identité nationale», donc parler de l’immigration, c’est dire que «l’immigration est une menace pour l’identité nationale»! La seule forme acceptable d’aborder le sujet étant de «lutter contre le FN» en expliquant que «l’immigration est une chance pour la France» et non une menace. Ce qui interdit tout débat raisonnable et raisonné sur le sujet. Enfin, les partis et responsables politiques qui avaient prévu d’aborder la question ont été éliminés ou dans l’incapacité concrète de le faire: songeons ici à Manuel Valls et François Fillon. Et notons que le FN lui-même n’a pas joué son rôle pendant la campagne, en mettant de côté cette thématique de campagne pour se concentrer sur le souverainisme économique, notamment avec la proposition de sortie de l’euro. Tout ceci a déséquilibré le jeu politique et la campagne, et n’a pas réussi au FN d’ailleurs qui s’est coupé d’une partie de son électorat potentiel. (…) L’opinion majoritairement négative de l’islam de la part de nos compatriotes vient de l’accumulation de plusieurs éléments. Le premier, ce sont les attentats depuis le début 2015, à la fois sur le sol national et de manière plus générale. Les terroristes qui tuent au nom de l’islam comme la guerre en Syrie et en Irak ou les actions des groupes djihadistes en Afrique font de l’ensemble de l’islam une religion plus inquiétante que les autres. Même si nos compatriotes font la part des choses et distinguent bien malgré ce climat islamisme et islam. On n’a pas constaté une multiplication des actes antimusulmans depuis 2015 et les musulmans tués dans des attaques terroristes depuis cette date l’ont été par les islamistes. Un deuxième élément, qui date d’avant les attentats et s’enracine plus profondément dans la société, tient à la visibilité plus marquée de l’islam dans le paysage social et politique français, comme ailleurs en Europe. En raison essentiellement de la radicalisation religieuse (pratiques alimentaires et vestimentaires, prières, fêtes, ramadan…) d’une partie des musulmans qui vivent dans les sociétés européennes – l’enquête réalisée par l’Institut Montaigne l’avait bien montré. Enfin, troisième élément de crispation, de nombreuses controverses de nature très différentes mais toutes concernant la pratique visible de l’islam ont défrayé la chronique ces dernières années, faisant l’objet de manipulations politiques tant de la part de ceux qui veulent mettre en accusation l’islam, que d’islamistes ou de partisans de l’islam politique qui les transforment en combat pour leur cause. On peut citer la question des menus dans les cantines, celle du fait religieux en entreprise, le port du voile ou celui du burkini, la question des prières de rue, celle de la présence de partis islamistes lors des élections, les controverses sur le harcèlement et les agressions sexuelles de femmes lors d’événements ou dans des quartiers où sont concentrées des populations musulmanes, etc. (…) Aujourd’hui, cette défiance s’étend à de multiples sujets, notamment aux enjeux sur l’identité commune et à l’immigration. Et, de ce point de vue, l’occultation de ces enjeux à laquelle on a pu assister pendant ces derniers mois, pendant la campagne dont cela aurait dû être un des points essentiels, est une très mauvaise nouvelle. Cela va encore renforcer cette défiance aux yeux de nos concitoyens car non seulement les responsables politiques ne peuvent ou ne veulent plus agir sur l’économie mais en plus ils tournent la tête dès lors qu’il s’agit d’immigration ou de définition d’une identité commune pour le pays et ses citoyens. Laurent Bouvet
Une partie du pays a eu le sentiment que la campagne avait été détournée de son sens et accaparée, à dessein, par les «affaires» que l’on sait, la presse étant devenue en la matière moins un contre-pouvoir qu’un anti-pouvoir, selon le mot de Marcel Gauchet. Cette nouvelle force politique pêche par sa représentativité dérisoire, doublée d’un illusoire renouvellement sociologique, quand 75 % des candidats d’En marche appartiennent à la catégorie «cadres et professions intellectuelles supérieures». Le seul véritable renouvellement est générationnel, avec l’arrivée au pouvoir d’une tranche d’âge plus jeune évinçant les derniers tenants du «baby boom». Pour une «disparue», la lutte de classe se porte bien. Pour autant, elle a rarement été aussi occultée. Car cette victoire, c’est d’abord celle de l’entre-soi d’une bourgeoisie qui ne s’assume pas comme telle et se réfugie dans la posture morale (le fameux chantage au fascisme devenu, comme le dit Christophe Guilluy, une «arme de classe» contre les milieux populaires). Fracture sociale, fracture territoriale, fracture culturelle, désarroi identitaire, les questions qui nourrissent l’angoisse française ont été laissées de côté pour les mêmes raisons que l’antisémitisme, dit «nouveau», demeure indicible. C’est là qu’il faut voir l’une des causes de la dépression collective du pays, quand la majorité sent son destin confisqué par une oligarchie de naissance, de diplôme et d’argent. Une sorte de haut clergé médiatique, universitaire, technocratique et culturellement hors sol. Toutefois, le plus frappant demeure à mes yeux la façon dont le gauchisme culturel s’est fait l’allié d’une bourgeoisie financière qui a prôné l’homme sans racines, le nomade réduit à sa fonction de producteur et de consommateur. Un capitalisme financier mondialisé qui a besoin de frontières ouvertes mais dont ni lui ni les siens, toutefois, retranchés dans leur entre-soi, ne vivront les conséquences. (…) Dans un autre ordre d’idées, peut-on déconnecter la constante progression du taux d’abstention et l’évolution de notre société vers une forme d’anomie, de repli sur soi et d’individualisme triste? Comme si l’exaltation ressassée du «vivre-ensemble» disait précisément le contraire. Cette évolution, elle non plus, n’est pas sans lien à ce retournement du clivage de classe qui voit une partie de la gauche morale s’engouffrer dans un ethos méprisant à l’endroit des classes populaires, qu’elle relègue dans le domaine de la «beauferie» méchante des «Dupont Lajoie». Certains analystes ont déjà lumineusement montré (je pense à Julliard, Le Goff, Michéa, Guilluy, Bouvet et quelques autres), comment le mouvement social avait été progressivement abandonné par une gauche focalisée sur la transformation des mœurs. (…) Par le refus de la guerre qu’on nous fait dès lors que nous avons décidé qu’il n’y avait plus de guerre («Vous n’aurez pas ma haine» ) en oubliant, selon le mot de Julien Freund, que «c’est l’ennemi qui vous désigne». En privilégiant cette doxa habitée par le souci grégaire du «progrès» et le permanent désir d’«être de gauche», ce souci dont Charles Péguy disait qu’on ne mesurera jamais assez combien il nous a fait commettre de lâchetés. (…) Le magistère médiatico-universitaire de cette bourgeoisie morale (Jean-Claude Michéa parlait récemment dans la Revue des deux mondes, (avril 2017) d’une «représentation néocoloniale des classes populaires […] par les élites universitaires postmodernes», affadit les joutes intellectuelles. Chacun sait qu’il lui faudra rester dans les limites étroites de la doxa dite de l’«ouverture à l’Autre». De là une censure intérieure qui empêche nos doutes d’affleurer à la conscience et qui relègue les faits derrière les croyances. «Une grande quantité d’intelligence peut être investie dans l’ignorance lorsque le besoin d’illusion est profond», notait jadis l’écrivain américain Saul Bellow. (…) La chape de plomb qui pèse sur l’expression publique détourne le sens des mots pour nous faire entrer dans un univers orwellien où le blanc c’est le noir et la vérité le mensonge. (…) il s’agit aussi, et en partie, d’un antijudaïsme d’importation. Que l’on songe simplement au Maghreb, où il constitue un fond culturel ancien et antérieur à l’histoire coloniale. L’anthropologie culturelle permet le décryptage du soubassement symbolique de toute culture, la mise en lumière d’un imaginaire qui sous-tend une représentation du monde. (…) Mais, pour la doxa d’un antiracisme dévoyé, l’analyse culturelle ne serait qu’un racisme déguisé.En juillet 2016, Abdelghani Merah (le frère de Mohamed) confiait à la journaliste Isabelle Kersimon que lorsque le corps de Mohamed fut rendu à la famille, les voisins étaient venus en visite de deuil féliciter ses parents, regrettant seulement, disaient-ils, que Mohamed «n’ait pas tué plus d’enfants juifs»(sic). Cet antisémitisme est au mieux entouré de mythologies, au pire nié. Il serait, par exemple, corrélé à un faible niveau d’études alors qu’il demeure souvent élevé en dépit d’un haut niveau scolaire. On en fait, à tort, l’apanage de l’islamisme seul. Or, la Tunisie de Ben Ali, longtemps présentée comme un modèle d’«ouverture à l’autre», cultivait discrètement son antisémitisme sous couvert d’antisionisme (cfNotre ami Ben Ali, de Beau et Turquoi, Editions La Découverte). Et que dire de la Syrie de Bachar el-Assad, à la fois violemment anti-islamiste et antisémite, à l’image d’ailleurs du régime des généraux algériens? Ou, en France, de l’attitude pour le moins ambiguë des Indigènes de la République sur le sujet comme celle de ces autres groupuscules qui, sans lien direct à l’islamisme, racialisent le débat social et redonnent vie au racisme sous couvert de «déconstruction postcoloniale»? (…) Les universitaires et intellectuels signataires font dans l’indigénisme comme leurs prédécesseurs faisaient jadis dans l’ouvriérisme. Même mimétisme, même renoncement à la raison, même morgue au secours d’une logorrhée intellectuelle prétentieuse (c’est le parti de l’intelligence, à l’opposé des simplismes et des clichés de la «fachosphère»). Un discours qui fait fi de toute réalité, à l’instar du discours ouvriériste du PCF des années 1950, expliquant posément la «paupérisation de la classe ouvrière». De cette «parole raciste qui revendique l’apartheid», comme l’écrit le Comité laïcité république à propos de Houria Bouteldja, les auteurs de cette tribune en défense parlent sans ciller à son propos de «son attachement au Maghreb […] relié aux Juifs qui y vivaient, dont l’absence désormais créait un vide impossible à combler».Une absence, ajoutent-ils, qui rend l’auteur «inconsolable». Cette forme postcoloniale de la bêtise, entée par la culpabilité compassionnelle, donne raison à George Orwell, qui estimait que les intellectuels étaient ceux qui, demain, offriraient la plus faible résistance au totalitarisme, trop occupés à admirer la force qui les écrasera. Et à préférer leur vision du monde à la réalité qui désenchante. Nous y sommes. (…) L’islam radical use du droit pour imposer le silence. Cela, on le savait déjà. Mais mon procès a mis en évidence une autre force d’intimidation, celle de cette «gauche morale» qui voit dans tout contradicteur un ennemi contre lequel aucun procédé ne saurait être jugé indigne. Pas même l’appel au licenciement, comme dans mon cas. Un ordre moral qui traque les mauvaises pensées et les sentiments indignes, qui joue sur la mauvaise conscience et la culpabilité pour clouer au pilori. Et exigera (comme la Licra à mon endroit) repentance et «excuses publiques», à l’instar d’une cérémonie d’exorcisme comme dans une «chasse aux sorcières» du XVIIe siècle. (…) En se montrant incapable de voir le danger qui vise les Juifs, une partie de l’opinion française se refuse à voir le danger qui la menace en propre. Georges Bensoussan
Attention: un tombeau peut en cacher un autre !
Président palestinien au mandat expiré depuis huit ans et financier revendiqué du terrorisme salué par son homologue français pour son « engagement en faveur de la non-violence »; terroriste notoire se voyant gratifié pour cause de détention d’excuses officielles et d’une dizaine de millions de dollars de compensation financière; pétition de la première lycéenne venue contre le racisme de Victor Hugo; associations humanitaires apportant leur soutien explicite à l’un des pires trafics d’êtres humains de l’histoire; ministres de la République française soutenant, entre deux frasques ou démissions pour affaires de corruption, le droit à « niquer » la France ou célébrant, via l’écriture anonyme de romans érotiques l’encanaillement des bourgeoises dans les » banlieues chaudes »; occultation du thème de l’immigration et du terrorisme islamique tout au long d’une campagne ayant abouti, via un véritable hold up et l’élimination ou la stigmatisation des principaux candidats de l’opposition à l’élection d’un président n’ayant recueilli que 17% des inscrits au premier tour, alors que le sujet est censé être une importante préoccupation des Français et qu’on en est à la 34e évacuation en deux ans de quelque 2 800 migrants clandestins en plein Paris, installation dans la quasi-indifférence générale depuis plus d’un an de quasi-favelas de gitans le long d’une route nationale à la sortie de Paris; dénonciation ou censure de ceux qui osent nommer, sur fond d’israélisation toujours plus grande, le nouvel antisémitisme d’origine musulmane ou d’extrême-gauche, marche d’imams européens contre le terrorisme peinant, pour cause de fatigue post-ramadan et malgré pourtant un bilan récent de quelque centaines de victimes, à réunir les participants; peuple américain contraint, après les huit années de l’accident industriel Obama, de se choisir un président américain issu du monde de l’immobilier et de la télé-réalité (monde du catch compris où le bougre a littéralement risqué sa peau sans répétitions !); informations sur la véritable cabale des services secrets comme des médias contre ledit président américain disponibles que sur le seul site d’un des plus grands complotistes de l’histoire …
A l’heure où un tombeau de 4 000 ans entouré d’une enceinte de 2 000 ans …
Se voit magiquement transmué après l’an dernier un Temple lui aussi bimillénaire …
En propriété d’une religion d’à peine 1 100 ans …
Comment ne pas repenser …
Vieille comme le monde dans ce nouveau tombeau du politiquement correct …
A cette propension humaine dont parlaient Eschyle comme Orwell ou Girard …
A toujours ensevelir comme première victime de la violence et de la guerre…
La simple vérité ?
Georges Bensoussan : «Nous entrons dans un univers orwellien où la vérité c’est le mensonge»
Alexandre Devecchio
Le Figaro
07/07/2017
ENTRETIEN – L’auteur des Territoires perdus de la République (Fayard) et d’Une France soumise (Albin Michel) revisite la campagne présidentielle. Fracture sociale, fracture territoriale, fracture culturelle, désarroi identitaire : pour l’historien, les questions qui nourrissent l’angoisse française ont été laissées de côté.
En 2002, Georges Bensoussan publiait Les Territoires perdus de la République, un recueil de témoignages d’enseignants de banlieue qui faisait apparaître l’antisémitisme, la francophobie et le calvaire des femmes dans les quartiers dits sensibles.«Un livre qui faisait exploser le mur du déni de la réalité française», se souvient Alain Finkielkraut, l’un des rares défenseurs de l’ouvrage à l’époque.
Une France soumise, paru cette année, montrait que ces quinze dernières années tout s’était aggravé. L’élection présidentielle devait répondre à ce malaise. Mais, pour Georges Bensoussan, il n’en a rien été. Un voile a été jeté sur les questions qui fâchent. Un symbole de cet aveuglement? Le meurtre de Sarah Halimi, défenestrée durant la campagne aux cris d’«Allah Akbar» sans qu’aucun grand média ne s’en fasse l’écho. Une chape de plomb médiatique, intellectuelle et politique qui, selon l’historien, évoque de plus en plus l’univers du célèbre roman de George Orwell, 1984.
Selon un sondage du JDD paru cette semaine, le recul de l’islam radical est l’attente prioritaire des Français (61 %), loin devant les retraites (43 %), l’école (36 %), l’emploi (36 %) ou le pouvoir d’achat (30 %). D’après une autre étude, 65 % des sondés considèrent qu’«il y a trop d’étrangers en France» et 74 % que l’islam souhaite «imposer son mode de fonctionnement aux autres».
LE FIGARO. – Des résultats en décalage avec les priorités affichées par le nouveau pouvoir: moralisation de la vie politique, loi travail, construction européenne… Les grands enjeux de notre époque ont- ils été abordés durant la campagne présidentielle?
Georges BENSOUSSAN. – Une partie du pays a eu le sentiment que la campagne avait été détournée de son sens et accaparée, à dessein, par les «affaires» que l’on sait, la presse étant devenue en la matière moins un contre-pouvoir qu’un anti-pouvoir, selon le mot de Marcel Gauchet. Cette nouvelle force politique pêche par sa représentativité dérisoire, doublée d’un illusoire renouvellement sociologique, quand 75 % des candidats d’En marche appartiennent à la catégorie «cadres et professions intellectuelles supérieures». Le seul véritable renouvellement est générationnel, avec l’arrivée au pouvoir d’une tranche d’âge plus jeune évinçant les derniers tenants du «baby boom».
Fracture sociale, fracture territoriale, fracture culturelle, désarroi identitaire, les questions qui nourissent l’angoisse française ont été laissées de côté
Pour une «disparue», la lutte de classe se porte bien. Pour autant, elle a rarement été aussi occultée. Car cette victoire, c’est d’abord celle de l’entre-soi d’une bourgeoisie qui ne s’assume pas comme telle et se réfugie dans la posture morale (le fameux chantage au fascisme devenu, comme le dit Christophe Guilluy, une «arme de classe» contre les milieux populaires). Fracture sociale, fracture territoriale, fracture culturelle, désarroi identitaire, les questions qui nourrissent l’angoisse française ont été laissées de côté pour les mêmes raisons que l’antisémitisme, dit «nouveau», demeure indicible.
C’est là qu’il faut voir l’une des causes de la dépression collective du pays, quand la majorité sent son destin confisqué par une oligarchie de naissance, de diplôme et d’argent. Une sorte de haut clergé médiatique, universitaire, technocratique et culturellement hors sol.
Toutefois, le plus frappant demeure à mes yeux la façon dont le gauchisme culturel s’est fait l’allié d’une bourgeoisie financière qui a prôné l’homme sans racines, le nomade réduit à sa fonction de producteur et de consommateur. Un capitalisme financier mondialisé qui a besoin de frontières ouvertes mais dont ni lui ni les siens, toutefois, retranchés dans leur entre-soi, ne vivront les conséquences.
Ce gauchisme culturel est moins l’«idiot utile» de l’islamisme que celui de ce capitalisme déshumanisé qui, en faisant de l’intégration démocratique à la nation un impensé, empêche d’analyser l’affrontement qui agite souterrainement notre société. De surcroît, l’avenir de la nation France n’est pas sans lien à la démographie des mondes voisins quand la machine à assimiler, comme c’est le cas aujourd’hui, fonctionne moins bien.
Dans un autre ordre d’idées, peut-on déconnecter la constante progression du taux d’abstention et l’évolution de notre société vers une forme d’anomie, de repli sur soi et d’individualisme triste? Comme si l’exaltation ressassée du «vivre-ensemble» disait précisément le contraire. Cette évolution, elle non plus, n’est pas sans lien à ce retournement du clivage de classe qui voit une partie de la gauche morale s’engouffrer dans un ethos méprisant à l’endroit des classes populaires, qu’elle relègue dans le domaine de la «beauferie» méchante des «Dupont Lajoie».Certains analystes ont déjà lumineusement montré (je pense à Julliard, Le Goff, Michéa, Guilluy, Bouvet et quelques autres), comment le mouvement social avait été progressivement abandonné par une gauche focalisée sur la transformation des mœurs.
La France que vous décrivez semble au bord de l’explosion. Dès lors, comment expliquez-vous le déni persistant d’une partie des élites?
Par le refus de la guerre qu’on nous fait dès lors que nous avons décidé qu’il n’y avait plus de guerre («Vous n’aurez pas ma haine» ) en oubliant, selon le mot de Julien Freund, que «c’est l’ennemi qui vous désigne». En privilégiant cette doxa habitée par le souci grégaire du «progrès» et le permanent désir d’«être de gauche», ce souci dont Charles Péguy disait qu’on ne mesurera jamais assez combien il nous a fait commettre de lâchetés. Enfin, en éprouvant, c’est normal, toutes les difficultés du monde à reconnaître qu’on s’est trompé, parfois même tout au long d’une vie. Comment oublier à cet égard les communistes effondrés de 1956?
Quant à ceux qui jouent un rôle actif dans le maquillage de la réalité, ils ont, eux, prioritairement le souci de maintenir une position sociale privilégiée. La perpétuation de la doxa est inséparable de cet ordre social dont ils sont les bénéficiaires et qui leur vaut reconnaissance, considération et avantages matériels.
Le magistère médiatico-universitaire de cette bourgeoisie morale (Jean-Claude Michéa parlait récemment dans la Revue des deux mondes, (avril 2017) d’une «représentation néocoloniale des classes populaires […] par les élites universitaires postmodernes», affadit les joutes intellectuelles. Chacun sait qu’il lui faudra rester dans les limites étroites de la doxa dite de l’«ouverture à l’Autre». De là une censure intérieure qui empêche nos doutes d’affleurer à la conscience et qui relègue les faits derrière les croyances. «Une grande quantité d’intelligence peut être investie dans l’ignorance lorsque le besoin d’illusion est profond», notait jadis l’écrivain américain Saul Bellow.
Avec 16 autres intellectuels, dont Alain Finkielkraut, Jacques Julliard, Elisabeth Badinter, Michel Onfray ou encore Marcel Gauchet, vous avez signé une tribune pour que la vérité soit dite sur le meurtre de Sarah Halimi. Cette affaire est-elle un symptôme de ce déni que vous dénoncez?
La chape de plomb qui pèse sur l’expression publique détourne le sens des mots pour nous faire entrer dans un univers orwellien où le blanc c’est le noir et la vérité le mensonge. Nous avons signé cette tribune pour tenter de sortir cette affaire du silence qui l’entourait, comme celui qui avait accueilli, en 2002, la publication des Territoires perdus de la République.
C’était il y a quinze ans et vous alertiez déjà sur la montée d’un antisémitisme dit «nouveau»…
Faut-il parler d’un «antisémitisme nouveau»? Je ne le crois pas. Non seulement parce que les premiers signes en avaient été détectés dès la fin des années 1980. Mais plus encore parce qu’il s’agit aussi, et en partie, d’un antijudaïsme d’importation. Que l’on songe simplement au Maghreb, où il constitue un fond culturel ancien et antérieur à l’histoire coloniale. L’anthropologie culturelle permet le décryptage du soubassement symbolique de toute culture, la mise en lumière d’un imaginaire qui sous-tend une représentation du monde.
Mais, pour la doxa d’un antiracisme dévoyé, l’analyse culturelle ne serait qu’un racisme déguisé. En septembre 2016, le dramaturge algérien Karim Akouche déclarait: «Voulez-vous devenir une vedette dans la presse algérienne arabophone? C’est facile. Prêchez la haine des Juifs […]. Je suis un rescapé de l’école algérienne. On m’y a enseigné à détester les Juifs. Hitler y était un héros. Des professeurs en faisaient l’éloge. Après le Coran, Mein Kampf et Les Protocoles des sages de Sion sont les livres les plus lus dans le monde musulman.» En juillet 2016, Abdelghani Merah (le frère de Mohamed) confiait à la journaliste Isabelle Kersimon que lorsque le corps de Mohamed fut rendu à la famille, les voisins étaient venus en visite de deuil féliciter ses parents, regrettant seulement, disaient-ils, que Mohamed «n’ait pas tué plus d’enfants juifs»(sic).
Cet antisémitisme est au mieux entouré de mythologies, au pire nié. Il serait, par exemple, corrélé à un faible niveau d’études alors qu’il demeure souvent élevé en dépit d’un haut niveau scolaire. On en fait, à tort, l’apanage de l’islamisme seul. Or, la Tunisie de Ben Ali, longtemps présentée comme un modèle d’«ouverture à l’autre», cultivait discrètement son antisémitisme sous couvert d’antisionisme (cfNotre ami Ben Ali, de Beau et Turquoi, Editions La Découverte). Et que dire de la Syrie de Bachar el-Assad, à la fois violemment anti-islamiste et antisémite, à l’image d’ailleurs du régime des généraux algériens? Ou, en France, de l’attitude pour le moins ambiguë des Indigènes de la République sur le sujet comme celle de ces autres groupuscules qui, sans lien direct à l’islamisme, racialisent le débat social et redonnent vie au racisme sous couvert de «déconstruction postcoloniale»?
Justement, le 19 juin dernier, un collectif d’intellectuels a publié dans Le Monde un texte de soutien à Houria Bouteldja, la chef de file des Indigènes de la République.
Que penser de l’évolution sociétale d’une partie des élites françaises quand le même quotidien donne la parole aux détracteurs de Kamel Daoud, aux apologistes d’Houria Bouteldja et offre une tribune à Marwan Muhammad, du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qualifié par ailleurs de «porte-parole combatif des musulmans»?
Les universitaires et intellectuels signataires font dans l’indigénisme comme leurs prédécesseurs faisaient jadis dans l’ouvriérisme. Même mimétisme, même renoncement à la raison, même morgue au secours d’une logorrhée intellectuelle prétentieuse (c’est le parti de l’intelligence, à l’opposé des simplismes et des clichés de la «fachosphère»). Un discours qui fait fi de toute réalité, à l’instar du discours ouvriériste du PCF des années 1950, expliquant posément la «paupérisation de la classe ouvrière». De cette «parole raciste qui revendique l’apartheid», comme l’écrit le Comité laïcité république à propos de Houria Bouteldja, les auteurs de cette tribune en défense parlent sans ciller à son propos de «son attachement au Maghreb […] relié aux Juifs qui y vivaient, dont l’absence désormais créait un vide impossible à combler».Une absence, ajoutent-ils, qui rend l’auteur «inconsolable». Cette forme postcoloniale de la bêtise, entée par la culpabilité compassionnelle, donne raison à George Orwell, qui estimait que les intellectuels étaient ceux qui, demain, offriraient la plus faible résistance au totalitarisme, trop occupés à admirer la force qui les écrasera. Et à préférer leur vision du monde à la réalité qui désenchante. Nous y sommes.
Vous vous êtes retrouvé sur le banc des accusés pour avoir dénoncé l’antisémitisme des banlieues dans l’émission «Répliques» sur France Culture. Il a suffi d’un signalement du CCIF pour que le parquet décide de vous poursuivre cinq mois après les faits. Contre toute attente, SOS-Racisme, la LDH, le Mrap mais aussi la Licra s’étaient associés aux poursuites.
En dépit de la relaxe prononcée le 7 mars dernier, et brillamment prononcée même, le mal est fait: ce procès n’aurait jamais dû se tenir. Car, pour le CCIF, l’objectif est atteint: intimider et faire taire. Après mon affaire, comme après celle de tant d’autres, on peut parier que la volonté de parler ira s’atténuant.
A-t-on remarqué d’ailleurs que, depuis l’attentat de Charlie Hebdo, on n’a plus vu une seule caricature du Prophète dans la presse occidentale?
L’islam radical use du droit pour imposer le silence. Cela, on le savait déjà. Mais mon procès a mis en évidence une autre force d’intimidation, celle de cette «gauche morale» qui voit dans tout contradicteur un ennemi contre lequel aucun procédé ne saurait être jugé indigne. Pas même l’appel au licenciement, comme dans mon cas. Un ordre moral qui traque les mauvaises pensées et les sentiments indignes, qui joue sur la mauvaise conscience et la culpabilité pour clouer au pilori. Et exigera (comme la Licra à mon endroit) repentance et «excuses publiques», à l’instar d’une cérémonie d’exorcisme comme dans une «chasse aux sorcières» du XVIIe siècle.
Comment entendre la disproportion entre l’avalanche de condamnations qui m’a submergé et les mots que j’avais employés au micro de France Culture?
J’étais entré de plain-pied, je crois, dans le domaine d’un non-dit massif, celui d’un antisémitisme qui, en filigrane, pose la question de l’intégration et de l’assimilation. Voire, en arrière-plan, celle du rejet de la France. En se montrant incapable de voir le danger qui vise les Juifs, une partie de l’opinion française se refuse à voir le danger qui la menace en propre.
Une France soumise. Les voix du refus,collectif dirigé par Georges Bensoussan. Albin Michel, 672 p., 24,90 €. Préface d’Elisabeth Badinter
Voir aussi:
“Pour la doxa officielle, le seul antisémitisme est d’extrême-droite”
Interview. Terrorisme, communautarisme, délires antiracistes : le philosophe et essayiste Pascal Bruckner décrypte les dernières polémiques et ce qu’elles disent de la société française.
Mickaël Fonton
Valeurs actuellles
10 juillet 2017
Le 19 juin dernier, une agression terroriste se produisait sur les Champs-Elysées. L’opinion s’en est trouvée agitée quelques heures, puis la vie a repris son cours. Alors qu’approche la commémoration de l’attentat du 14 juillet à Nice, croyez-vous que les Français aient pris la mesure exacte de la menace qui pèse sur le pays ?
L’indifférence apparente des Français à la situation peut sembler étrange, s’assimiler à du déni, à la volonté de ne pas voir. Elle peut aussi se comprendre comme une stratégie de survie analogue à ce qui se passe depuis de nombreuses années en Israël. Les terroristes et leurs alliés wahabites, salafistes ou frères musulmans espéraient non seulement semer la mort mais tétaniser les populations, tarir les foules dans les salles de spectacle, les restaurants, nous contraindre à vivre comme dans ces pays obscurantistes dont ils se réclament. Or c’est l’inverse : les Français continuent à vivre presque comme d’habitude, ils sortent, vont au café, partent en vacances, acceptent de se soumettre à des procédures de sécurité renforcées.
La présence de policiers armés les rassure. Mais la peur reste latente. Depuis les attentats de 1995, chacun de nous devient malgré soi une sorte d’agent de sécurité : entrer dans une rame de métro nous contraint à regard circulaire pour détecter un suspect éventuel. Un colis abandonné nous effraie. Dans une salle de cinéma ou de musique, nous calculons la distance qui nous sépare de la sortie en cas d’attaques surprises. Nous nous mettons à la place d’un djihadiste éventuel pour déjouer ses plans. Nous sommes devenus malgré nous la victime et le tueur. Nous sommes bien en guerre civile larvée mais avec un sang- froid étonnant dont ne font preuve ni les Nord-américains ni les Britanniques.
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Comment expliquez-vous le silence médiatique qui a entouré le meurtre de Sarah Halimi ? Indifférence, lassitude, volonté de ne pas “faire le jeu” de tel ou tel parti à l’approche de la présidentielle ?
Pour comprendre ce scandaleux silence, il faut partir d’un constat fait par un certain nombre de nos têtes pensantes de gauche et d’extrême gauche : l’antisémitisme, ça suffit. C’est une vieille rengaine qu’on ne veut plus entendre. Il faut s’attaquer maintenant au vrai racisme, l’islamophobie qui touche nos amis musulmans. Bref, comme le disent beaucoup, le musulman en 2017 est le Juif des années 30, 40. On oublie au passage que l’antisémitisme ne s’est jamais adressé à la religion juive en tant que telle mais au peuple juif coupable d’exister et qu’enfin dans les années 40 il n’y avait pas d’extrémistes juifs qui lançaient des bombes dans les gares ou les lieux de culte, allaient égorger les prêtres dans leurs églises.
Juste une remarque statistique : depuis Ilan Halimi, kidnappé et torturé par le Gang des Barbares jusqu’à Mohammed Mehra, l’Hyper casher de Vincennes et Sarah Halimi, pas moins de dix Français juifs ont été tués ces dernières années parce que juifs par des extrémistes de l’islam. Cela n’empêche pas les radicaux du Coran de se plaindre de l’islamophobie officielle de l’Etat français. Ce serait à hurler de rire si ça n’était pas tragique ! Dans la doxa officielle de la gauche, seule l’extrême droite souffre d’antisémitisme. Que le monde arabo musulman soit, pour une large part, rongé par la haine des Juifs, ces inférieurs devenus des égaux, est impensable pour eux.
Que vous inspire la polémique autour de Danièle Obono, députée de la France insoumise qui réitère son soutien à des personnes qui insultent la France ?
Soutenir les Indigènes de la République en 2017, ce Ku Klux Klan islamiste, antisémite et fascisant est pour le moins problématique. Beaucoup à gauche pensent que les anciens dominés ou colonisés ne peuvent être racistes puisqu’ils ont été eux-mêmes opprimés. C’est d’une naïveté confondante. Il y a même ce que j’avais appelé il y a dix ans “un racisme de l’antiracisme” où les nouvelles discriminations à l’égard des Juifs, des Blancs, des Européens s’expriment au nom d’un antiracisme farouche. Le suprématisme noir ou arabe n’est pas moins odieux que le suprématisme blanc dont ils ne sont que le simple décalque. Les déclarations de Madame Obono relèvent d’une stratégie de la provocation que le Front de gauche partage avec le Front national, ce qui est normal puisque ce sont des frères ennemis mais jumeaux. Lancer une polémique, c’est chercher la réprobation pour se poser en victimes. Multiplier les transgressions va constituer la ligne politique de ceux qui s’appellent “Les insoumis”, nom assez cocasse quand on connaît l’ancien notable socialiste, le paria pépère qui est à leur tête et dont le patrimoine déclaré se monte à 1 135 000 euros, somme coquette pour un ennemi des riches.
FIGAROVOX/CHRONIQUE – Dans sa chronique, l’avocat Gilles-William Goldnadel dénonce la mauvaise gestion d’Anne Hidalgo de l’afflux de migrants vers la capitale. Pour elle, en proposant une loi sur le sujet, la maire de Paris montre sa volonté de rejeter la responsabilité de cette catastrophe humaine et sécuritaire sur l’État.
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l’association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l’actualité pour FigaroVox.
Je soumets cette question: y aurait-il une manière de concours de soumission entre la première magistrate de Paris et le premier magistrat de France? À celui ou celle qui aurait la soumission la plus soumise?
Ainsi, cette semaine, Madame Hidalgo a-t-elle proposé une loi sur les migrants qu’on ne lui demandait pas et pour laquelle on ne lui connaît aucune compétence particulière.
C’est le moins que l’on puisse écrire. En réalité, un esprit chagrin soupçonnerait l’édile municipal, dépassé par des événements migratoires dans sa ville qu’elle aura pourtant accueillis extatiquement, de vouloir faire porter le chapeau aux autres villes et à l’État.
Les responsables socialistes comme elle ont bien raison de ne pas être complexés. Personne ne leur a demandé raison d’une irresponsabilité qui aura accouché d’une catastrophe démographique et sécuritaire dont on ne perçoit pas encore toute la gravité. Dans un monde normal, ils devraient raser les murs, mais dans le monde virtuel ils peuvent se permettre de construire sur la comète des ponts suspendus. L’idéologie esthétique qui les porte et supporte considère la réalité comme une obscénité.
Et les arguments les plus gênants comme des grossièretés. C’est ainsi, que faire remarquer que toutes les belles âmes, les artistes généreux (pardon pour le pléonasme), les citoyens aériens du monde, prêts à accueillir l’humanité entière sans accueillir un seul enfant dans mille mètres au carré, relève d’une insupportable vulgarité.
Madame Hidalgo s’exclame: «faisons du défi migratoire une réussite pour la France» sur le même ton assuré que ses amis chantaient il y a 20 ans: «L’immigration, une chance pour la France». Décidément, ils ne manquent pas d’air.
Madame Hidalgo prétend vouloir améliorer l’intégration des nouveaux migrants. Ses amis n’ont pas réussi en deux décennies à intégrer des populations culturellement et socialement plus aisément intégrables. À aucun moment Anne Hidalgo n’a eu le mauvais goût d’évoquer la question de l’islam.
Madame Hidalgo n’aurait pas songé à demander aux riches monarques du golfe, à commencer par celui du Qatar, à qui elle tresse régulièrement des couronnes, de faire preuve de générosité à l’égard de leurs frères de langue, de culture et de religion.
Madame le maire n’est pas très franche. Dans sa proposition, elle feint de séparer les réfugiés éligibles au droit d’asile et les migrants économiques soumis au droit commun. Elle fait semblant de ne pas savoir que ces derniers pour leur immense majorité ne sont pas raccompagnés et que dès lors qu’ils sont déboutés , ils se fondent dans la clandestinité la plus publique du monde.
Comme l’écrit Pierre Lellouche dans Une guerre sans fin (Cerf) que je recommande: «Aucun principe de droit international n’oblige les Français déjà surendettés, à hauteur de plus de 2000 milliards, à financer par leurs impôts et leurs cotisations sociales des soins gratuits pour tous les immigrés illégaux présents sur notre sol… en 2016, l’octroi du statut de demandeur d’asile est devenu un moyen couramment utilisé par des autorités dépassées pour vider les camps de migrants, à Paris bien sûr, mais aussi par exemple, à Calais, dans la fameuse «jungle» qui, avant son démantèlement, comptait environ 14 000 «habitants». Ces derniers, essentiellement des migrants économiques, ont été qualifiés de réfugiés politiques dans l’unique but de pouvoir les transférer vers d’autres centres, dénommés CAO ou CADA en province. De telles méthodes relèvent d’une stratégie digne du mythe de Sisyphe: plus ils sont vidés, plus ils se remplissent à nouveau…»
Surtout, Madame Hidalgo n’est pas très courageuse: elle n’ose pas dire le fond de sa pensée: Que l’on ne saurait sans déchoir dire «Non» à l’Autre , «ici c’est chez moi, ce n’est pas chez toi».
J’ai moi-même posé la question, au micro de RMC, à son adjoint chargé du logement, le communiste Iann Brossat: «Oui ou non, faut-il expulser les déboutés du droit d’asile? Réponse du collaborateur: «non bien sûr».
Madame Hidalgo n’a pas le courage de dire le fond de sa pensée soumise .
À la vérité, c’est bien parce que les responsables français démissionnaires n’ont pas eu la volonté et l’intelligence de faire respecter les lois de la république souveraine sur le contrôle des flux migratoires , et ont maintenu illégalement sur le sol national des personnes non désirées, que la France ne peut plus se permettre d’accueillir des gens qui mériteraient parfois davantage de l’être. Qui veut faire l’ange fait la bête.
Mais le premier Français, n’aura pas démérité non plus à ce concours de la soumission auquel il semble aussi avoir soumissionné.
C’est ainsi que cette semaine encore, le président algérien a, de nouveau, réclamé avec insistance de la France qu’elle se soumette et fasse repentance .
Cela tourne à la manie. La maladie chronique macronienne du ressentiment ressassé de l’Algérie faillie. À comparer avec l’ouverture d’esprit marocaine.
En effet, Monsieur Bouteflika a des circonstances atténuantes. Son homologue français lui aura tendu la verge pour fouetter la France. On se souvient de ses propos sur cette colonisation française coupable de crimes contre l’humanité.
Je n’ai pas noté que Monsieur Macron, le 5 juillet dernier, ait cru devoir commémorer le massacre d’Oran de 1962 et le classer dans la même catégorie juridique de droit pénal international. Il est vrai que ce ne sont que 2000 Français qui furent sauvagement assassinés après pourtant que l’indépendance ait été accordée.
On serait injuste de penser que cette saillie un peu obscène n’aurait que des raisons bassement électoralistes. Je crains malheureusement que Jupiter ne soit sincère. Enfant de ce siècle névrotiquement culpabilisant , il a dans ses bagages tout un tas d’ustensiles usagés qui auront servi à tourmenter les Français depuis 30 ans et à inoculer dans les quartiers le bacille mortel de la détestation pathologique de l’autochtone.
Au demeurant, Monsieur Macron a depuis récidivé: accueillant cette semaine son homologue palestinien Abbou Abbas, il a trouvé subtil de déclarer: «l’absence d’horizon politique nourrit le désespoir et l’extrémisme» . Ce qui est la manière ordinaire un peu surfaite d’excuser le terrorisme.
À dire le vrai, le président français, paraît-il moderne, n’a cessé de trouver de fausses causes sociales éculées à ce terrorisme islamiste qui massacre les Français depuis deux années.
Pour vaincre l’islamisme radical, il préfère à présent soumettre le thermomètre.
C’est à se demander si la pensée complexe de Jupiter n’est pas un peu simpliste.
Le journaliste James O’Keffe (photo) réalise depuis plusieurs années des vidéos en caméra cachée. Il y filme les commentaires, voire les aveux, de personnalités politiques sur les scandales du moment. Proche de Breibart et du président Trump, il vient de réaliser trois vidéos sur le traitement par CNN des possibles ingérences russes dans la campagne présidentielle états-unienne.
La première partie, diffusée le 26 juin 2017, montre un producteur-en-chef de CNN, John Bonifield, responsable de séquences non-politiques, affirmer que les accusations de collusion entre la Russie et l’équipe Trump ne sont que « des conneries » diffusées « pour l’audience ».
La seconde partie, diffusée le 28 juin, montre le présentateur de CNN Anthony Van Jones (ancien collaborateur de Barack Obama licencié de la Maison-Blanche pour avoir publiquement mis en cause la version officielle des attentats du 11-Septembre) affirmant que cette histoire d’ingérence russe est une nullité.
La troisième partie, diffusée le 30 juin, montre le producteur associé de CNN, Jimmy Carr, déclarer que le président Donald Trump est un malade mental et que ses électeurs sont stupides comme de la merde.
CNN a accusé le Project Veritas de James O’Keefe d’avoir sorti ces déclarations de leur contexte plus général. Ses collaborateurs ont tenté de minimiser leurs propos enregistrés. Cependant, la porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Sanders, a souligné le caractère scandaleux de ces déclarations et appelé tous les États-uniens à voir ces vidéos et à en juger par eux-mêmes.
L’enquête de CNN sur la possible ingérence russe est devenue l’obsession de la chaîne. Elle l’a abordée plus de 1 500 fois au cours des deux derniers mois. Personne n’a à ce jour le moindre début de commencement de preuve pour étayer l’accusation de la chaîne d’information contre Moscou.
Voir également:
La majorité républicaine de la Commission sénatoriale de la Sécurité de la patrie et des Affaires gouvernementales dénonce les conséquences désastreuses des fuites actuelles de l’Administration.
Ce phénomène, qui était très rare sous les présidences George Bush Jr. et Barack Obama, s’est soudain développé contre la présidence Donald Trump causant des dommages irréversibles à la Sécurité nationale.
Au cours des 126 premiers jours de la présidence Trump, 125 informations classifiées ont été illégalement transmises à 18 organes de presse (principalement CNN). Soit environ une par jour, c’est-à-dire 7 fois plus que durant la période équivalente des 4 précédents mandats. La majorité de ces fuites concernait l’enquête sur de possibles ingérences russes durant la campagne électorale présidentielle.
Le président de la Commission, Ron Johnson (Rep, Wisconsin) (photo) a saisi l’Attorney General, Jeff Sessions.
L’existence de ces fuites répétées laisse penser à un complot au sein de la haute administration dont 98% des fonctionnaires ont voté Clinton contre Trump.
Voir de plus:

L’ex-directeur du FBI, James Comey, dont le témoignage devant le Congrès devait permettre de confondre le président Trump pour haute trahison au profit de la Russie, est désormais lui-même mis en cause.
James Comey avait indiqué par deux fois lors de son audition qu’il remettait au Congrès ses notes personnelles sur ses relations avec le président. Or, selon les parlementaires qui ont pu consulter ces neuf documents, ceux-ci contiennent des informations classifiées.
Dès lors se pose la question de savoir comment l’ex-directeur du FBI a pu violer son habilitation secret-défense et faire figurer des secrets d’État dans des notes personnelles, ou si ces notes sont des documents officiels qu’il aurait volés.
“Comey’s private memos on Trump conversations contained classified material”, John Solomon, The Hill, July 9, 2017.
Voir encore:
En s’arrogeant le titre de « 4ème Pouvoir », la presse états-unienne s’est placée à égalité avec les trois Pouvoirs démocratiques, bien qu’elle soit dénuée de légitimité populaire. Elle mène une vaste campagne, à la fois chez elle et à l’étranger, pour dénigrer le président Trump et provoquer sa destitution ; une campagne qui a débuté le soir de son élection, c’est-à-dire bien avant son arrivée à la Maison-Blanche. Elle remporte un vif succès parmi l’électorat démocrate et dans les États alliés, dont la population est persuadée que le président des États-Unis est dérangé. Mais les électeurs de Donald Trump tiennent bon et il parvient efficacement à lutter contre la pauvreté.
4 juillet 2017
La campagne de presse internationale visant à déstabiliser le président Trump se poursuit. La machine à médire, mise en place par David Brock durant la période de transition [1], souligne autant qu’elle le peut le caractère emporté et souvent grossier des Tweets présidentiels. L’Entente des médias, mise en place par la mystérieuse ONG First Draft [2], répète à l’envie que la Justice enquête sur les liens entre l’équipe de campagne du président et les sombres complots attribués au Kremlin.
Une étude du professeur Thomas E. Patterson de l’Harvard Kennedy School a montré que la presse US, britannique et allemande, a cité trois fois plus Donald Trump que les présidents précédents. Et que, au cours des 100 premiers jours de sa présidence, 80% des articles lui étaient clairement défavorables [3].
Durant la campagne du FBI [4] visant à contraindre le président Nixon à la démission, la presse états-unienne s’était attribuée le qualificatif de « 4ème Pouvoir », signifiant par là que leurs propriétaires avaient plus de légitimité que le Peuple. Loin de céder à la pression, Donald Trump, conscient du danger que représente l’alliance des médias et des 98% de hauts fonctionnaires qui ont voté contre lui, déclara « la guerre à la presse », lors de son discours du 22 janvier 2017, une semaine après son intronisation. Tandis que son conseiller spécial, Steve Bannon, déclarait au New York Times que, de fait, la presse était devenue « le nouveau parti d’opposition ».
Quoi qu’il en soit, les électeurs du président ne lui ont pas retiré leur confiance.
Rappelons ici comment cette affaire a débuté. C’était durant la période de transition, c’est-à-dire avant l’investiture de Donald Trump. Une ONG, Propaganda or Not ?, lança l’idée que la Russie avait imaginé des canulars durant la campagne présidentielle de manière à couler Hillary Clinton et à faire élire Donald Trump. À l’époque, nous avions souligné les liens de cette mystérieuse ONG avec Madeleine Albright et Zbigniew Brzeziński [5]. L’accusation, longuement reprise par le Washington Post, dénonçait une liste d’agents du Kremlin, dont le Réseau Voltaire. Cependant à ce jour, rien, absolument rien, n’est venu étayer cette thèse du complot russe.
Chacun a pu constater que les arguments utilisés contre Donald Trump ne sont pas uniquement ceux que l’on manie habituellement dans le combat politique, mais qu’ils ressortent clairement de la propagande de guerre [6].
La palme de la mauvaise foi revient à CNN qui traite cette affaire de manière obsessionnelle. La chaîne a été contrainte de présenter ses excuses à la suite d’un reportage accusant un des proches de Trump, le banquier Anthony Scaramucci, d’être indirectement payé par Moscou. Cette imputation étant inventée et Scaramucci étant suffisamment riche pour poursuivre la chaîne en justice, CNN présenta ses excuses et les trois journalistes de sa cellule d’enquête « démissionnèrent ».
Puis, le Project Veritas du journaliste James O’Keefe publia trois séquences vidéos tournées en caméra cachée [7]. Dans la première, l’on voit un superviseur de la chaîne rire dans un ascenseur en déclarant que ces accusations de collusion du président avec la Russie ne sont que « des conneries » diffusées « pour l’audience ». Dans la seconde, un présentateur vedette et ancien conseiller d’Obama affirme que ce sont des « nullités ». Tandis que dans la troisième, un producteur déclare que Donald Trump est un malade mental et que ses électeurs sont « stupides comme de la merde » (sic).
En réponse, le président posta une vidéo-montage réalisée à partir d’images, non pas extraites d’un western, mais datant de ses responsabilités à la Fédération états-unienne de catch, la WWE. On peut le voir mimer casser la figure de son ami Vince McMahon (l’époux de sa Secrétaire aux petites entreprises) dont le visage a été recouvert du logo de CNN. Le tout se termine avec un logo altéré de CNN en Fraud News Network, c’est-à-dire le Réseau escroc d’information.
Outre que cet événement montre qu’aux États-Unis le président n’a pas l’exclusivité de la grossièreté, il atteste que CNN —qui a abordé la question de l’ingérence russe plus de 1 500 fois en deux mois— ne fait pas de journalisme et se moque de la vérité. On le savait depuis longtemps pour ses sujets de politique internationale, on le découvre pour ceux de politique intérieure.
Bien que ce soit beaucoup moins significatif, une nouvelle polémique oppose les présentateurs de l’émission matinale de MSNBC, Morning Joe, au président. Ceux-ci le critiquent vertement depuis des mois. Il se trouve que Joe Scarborough est un ancien avocat et parlementaire de Floride qui lutte contre le droit à l’avortement et pour la dissolution des ministères « inutiles » que sont ceux du Commerce, de l’Éducation, de l’Énergie et du Logement. Au contraire, sa partenaire (au sens propre et figuré) Mika Brzeziński est une simple lectrice de prompteur qui soutenait Bernie Sanders. Dans un Tweet, le président les a insulté en parlant de « Joe le psychopathe » et de « Mika au petit quotient intellectuel ». Personne ne doute que ces qualificatifs ne sont pas loin de la vérité, mais les formuler de cette manière vise uniquement à blesser l’amour-propre des journalistes. Quoi qu’il en soit, les deux présentateurs rédigèrent une tribune libre dans le Washington Post pour mettre en doute la santé mentale du président.
Mika Brzeziński est la fille de Zbigniew Brzeziński, un des tireurs de ficelles de Propaganda or not ?, décédé il y a un mois.
La grossièreté des Tweets présidentiels n’a rien à voir avec de la folie. Dwight Eisenhower et surtout Richard Nixon étaient bien plus obscènes que lui, ils n’en furent pas moins de grands présidents.
De même leur caractère impulsif ne signifie pas que le président le soit. En réalité, sur chaque sujet, Donald Trump réagit immédiatement par des Tweets agressifs. Puis, il lance des idées dans tous les sens, n’hésitant pas à se contredire d’une déclaration à l’autre, et observe attentivement les réactions qu’elles suscitent. Enfin, s’étant forgé une opinion personnelle, il rencontre la partie opposée et trouve généralement un accord avec elle.
Donald Trump n’a certes pas la bonne éducation puritaine de Barack Obama ou d’Hillary Clinton, mais la rudesse du Nouveau Monde. Tout au long de sa campagne électorale, il n’a cessé de se présenter comme le nettoyeur des innombrables malhonnêtetés que cette bonne éducation permet de masquer à Washington. Il se trouve que c’est lui et non pas Madame Clinton que les États-uniens ont porté à la Maison-Blanche.
Bien sûr, on peut prendre au sérieux les déclarations polémiques du président, en trouver une choquante et ignorer celles qui disent le contraire. On ne doit pas confondre le style Trump avec sa politique. On doit au contraire examiner précisément ses décisions et leurs conséquences.
Par exemple, on a pris son décret visant à ne pas laisser entrer aux États-Unis des étrangers dont le secrétariat d’État n’a pas la possibilité de vérifier l’identité.
On a observé que la population des sept pays dont il limitait l’accès des ressortissants aux États-Unis est majoritairement musulmane. On a relié ce constat avec des déclarations du président lors de sa campagne électorale. Enfin, on a construit le mythe d’un Trump raciste. On a mis en scène des procès pour faire annuler le « décret islamophobe », jusqu’à ce que la Cour suprême confirme sa légalité. On a alors tourné la page en affirmant que la Cour s’était prononcée sur une seconde mouture du décret comportant divers assouplissements. C’est exact, sauf que ces assouplissement figuraient déjà dans la première mouture sous une autre rédaction.
Arrivant à la Maison-Blanche, Donald Trump n’a pas privé les États-uniens de leur assurance santé, ni déclaré la Troisième Guerre mondiale. Au contraire, il a ouvert de nombreux secteurs économiques qui avaient été étouffés au bénéfice de multinationales. En outre, on assiste à un reflux des groupes terroristes en Irak, en Syrie et au Liban, et à une baisse palpable de la tension dans l’ensemble du Moyen-Orient élargi, sauf au Yémen.
Jusqu’où ira cet affrontement entre la Maison-Blanche et les médias, entre Donald Trump et certaines puissances d’argent ?
[1] « Le dispositif Clinton pour discréditer Donald Trump », par Thierry Meyssan, Al-Watan (Syrie) , Réseau Voltaire, 28 février 2017.
[2] « Le nouvel Ordre Médiatique Mondial », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 7 mars 2017.
[3] « News Coverage of Donald Trump’s First 100 Days », Thomas E. Patterson, Harvard Kennedy School, May 18, 2017.
[4] On apprit trente ans plus tard que la mystérieuse « Gorge profonde » qui alimenta le scandale du Watergate n’était autre que W. Mark Felt, l’ancien adjoint de J. Edgard Hoover et lui-même numéro 2 du Bureau fédéral.
[5] « La campagne de l’Otan contre la liberté d’expression », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 5 décembre 2016.
[6] « Contre Donald Trump : la propagande de guerre », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 7 février 2017.
[7] « Project Veritas dévoile une campagne de mensonges de CNN », Réseau Voltaire, 1er juillet 2017.
Voir enfin:
The Definitive History Of That Time Donald Trump Took A Stone Cold Stunner
A decade ago, Trump literally tussled with a wrestling champ. The people who were there are still shocked he did it.
Stone Cold Steve Austin was waiting calmly in the bowels of Detroit’s Ford Field when a frantic Vince McMahon turned the corner.
WrestleMania 23’s signature event was just minutes away. Austin and McMahon would soon bound into the stadium, where they’d be greeted by fireworks, their respective theme songs and 80,000 people pumped for “The Battle of the Billionaires,” a match between two wrestlers fighting on behalf of McMahon and real estate mogul Donald Trump.
McMahon, the founder and most prominent face of World Wrestling Entertainment, had spent months before the April 1, 2007, event putting the storyline in place. Trump, then known primarily as the bombastic host of “The Apprentice,” had appeared on a handful of WWE broadcasts to sell the idea that his two-decade friendship with McMahon had collapsed into a bitter “feud.” They had spent hours rehearsing a match with many moving parts: two professional wrestlers in the ring, two camera-thirsty characters outside it, and in the middle, former champ Stone Cold serving as the referee.
The selling point of The Battle of the Billionaires was the wager that Trump and McMahon had placed on its outcome a month earlier during “Monday Night Raw,” WWE’s signature prime time show. Both Trump and McMahon took great pride in their precious coifs, and so the winner of the match, they decided, would shave the loser’s head bald right there in the middle of the ring.
But now, at the last possible moment, McMahon wanted to add another wrinkle.
“Hey, Steve,” McMahon said, just out of Trump’s earshot. “I’m gonna see if I can get Donald to take the Stone Cold stunner.”
Austin’s signature move, a headlock takedown fueled by Stone Cold’s habit of chugging cheap American beer in the ring, was already part of the plan for the match. But Trump wasn’t the intended target.
Austin and McMahon approached Trump and pitched the idea.
“I briefly explained how the stunner works,” Austin said. “I’m gonna kick him in the stomach ― not very hard ― then I’m gonna put his head on my shoulder, and we’re gonna drop down. That’s the move. No rehearsal, [decided] right in the dressing room, 15 minutes before we’re gonna go out in front of 80,000 people.”
Trump’s handler was appalled, Austin said. Trump wasn’t a performer or even a natural athlete. Now, the baddest dude in wrestling, a former Division I college football defensive end with tree trunks for biceps, wanted to drop him with his signature move? With no time to even rehearse it? That seemed … dangerous.
“He tried to talk Donald out of it a million ways,” Austin said.
But Trump, without hesitation, agreed to do it.
The man who became the 45th president of the United States in January has a history with Vince McMahon and WWE that dates back more than two decades, to when his Trump Plaza hotel in Atlantic City hosted WrestleManias IV and V in 1988 and 1989. The relationship has continued into Trump’s presidency. On Tuesday, the Senate confirmed the nomination of Linda McMahon ― Vince’s wife, who helped co-found WWE and served as its president and chief executive for 12 years ― to head the Small Business Administration.
After Trump launched his presidential campaign with an escalator entrance straight out of the wrestling playbook, journalists began pointing to his two-decade WWE career to help explain his political appeal. WWE, in one telling, was where Trump first discovered populism. According to another theory, wrestling was where he learned to be a heel ― a villainous performer loved by just enough people to rise to the top, despite antics that make many people hate him.
To those who were present, though, The Battle of the Billionaires is more an outrageous moment in wrestling history than an explanation of anything that happened next. No one in the ring that night thought Trump would one day be president. But now that he is, they look back and laugh about the time the future commander-in-chief ended up on the wrong side of a Stone Cold stunner.
‘To Get To The Crescendo, You’ve Got To Go On A Journey’
Professional wrestling is, at its core, a soap opera and a reality TV spectacle, and its best storylines follow the contours of both: A hero squares off with a heel as the masses hang on their fates.
The Battle of the Billionaires was the same tale, played out on wrestling’s biggest stage. WrestleMania is WWE’s annual mega-event. It commands the company’s largest pay-per-view audiences and biggest crowds. At WrestleMania, WWE’s stars compete in high-stakes matches ― including the WWE Championship ― and wrap up loose ends on stories developed during weekly broadcasts of “Monday Night Raw” and special events over the previous year. Even before Trump, WrestleMania had played host to a number of celebrity interlopers, including boxer Mike Tyson and NFL linebacker Lawrence Taylor.
Building a story ― and, for Trump, a character ― fit for that stage required months of work that started with Trump’s initial appearance on “Monday Night Raw” in January 2007. He would show up on “Raw” at least two more times over the next two months, with each appearance raising the stakes of his feud with McMahon and setting up their battle at WrestleMania on April 1.
“The Battle of the Billionaires, and all the hyperbole, was the crescendo,” said Jim Ross, the longtime voice of WWE television commentary. “But to get to the crescendo, you’ve got to go on a journey and tell an episodic story. That’s what we did with Donald.”
Creating a feud between Trump and McMahon, and getting wrestling fans to take Trump’s side, wasn’t actually a huge challenge. McMahon “was the big-shot boss lording over everybody,” said Jerry “The King” Lawler, a former wrestler and Ross’ sidekick in commentary. It was a role McMahon had long embraced: He was the dictator wrestling fans loved to hate.
Trump was never going to pull off the sort of character that McMahon’s most popular foes had developed. He wasn’t Austin’s beer-chugging, south Texas everyman. And vain and cocky as he might be, he never possessed the sexy swagger that made Shawn Michaels one of the greatest in-ring performers in pro wrestling history.
But rain money on people’s heads, and they’ll probably love you no matter who you are. So that’s what Trump did.
Trump’s first appearance on “Monday Night Raw” came during an episode that centered on McMahon, who was throwing himself the sort of self-celebratory event that even The Donald might find overly brash. As McMahon showered the crowd with insults and they serenaded him with boos, Trump’s face appeared on the jumbotron and money began to fall from the sky.
“Look up at the ceiling, Vince,” Trump said as fans grasped at the falling cash. “Now that’s the way you show appreciation. Learn from it.”
In true Trump fashion, the money wasn’t actually his. It was McMahon’s. But the fans didn’t know that.
The folks with slightly fatter wallets than they’d had moments before loved the contrast between the two rich guys. One was the pompous tyrant. The other might have been even wealthier and just as prone to outlandish behavior, but Trump was positioned as the magnanimous billionaire, the one who understood what they wanted.
“That went over pretty well, as you can imagine, dropping money from the sky,” said Scott Beekman, a wrestling historian and author. “Trump was the good guy, and he got over because of how hated McMahon was. Vince McMahon played a fantastic evil boss and was absolutely hated by everyone. So anyone who stood up to McMahon at that point was going to get over well.”
The wrestlers that each billionaire chose to fight for them also bolstered the narrative. Umaga, McMahon’s representative, was an emerging heel who had gone undefeated for most of 2006. “A 400-pound carnivore,” as Ross described him on TV, he was a mountainous Samoan whose face bore war paint and who barely spoke except to scream at the crowd.
Trump’s guy, on the other hand, was Bobby Lashley, a former Army sergeant who might have been cut straight from a granite slab. Lashley was the good-looking, classically trained college wrestler, the reigning champion of ECW (a lower-level WWE property). Even his cue-ball head seemed to have muscles.
Another selling point for the match: the wrestler who won would likely emerge as a top contender to challenge for the WWE title.
Then McMahon added another twist ― as if the match needed it. He enlisted Austin, a multi-time champion who had retired in 2003, as a guest referee.
“It sounded like an easy gig, sounded like a fun gig,” Austin said. “It didn’t take a whole lot of convincing. The scope of Donald Trump … would bring a lot of eyeballs. A chance to do business with a high-profile guy like that sounded like a real fun deal.”
The minute Austin signed up, Trump should have known that despite his “good guy” posture, he, too, was in trouble. When Stone Cold entered the ring at “Raw” to promote the match, he introduced himself to The Donald with a stern warning.
“You piss me off,” Austin said, “I’ll open up an $8 billion can of whoop ass and serve it to ya, and that’s all I got to say about that.”
‘We Thought We Were Shittin’ The Bed’
The opening lines of the O’Jays’ 1973 hit “For the Love of Money” ― also the theme song for Trump’s “Celebrity Apprentice” ― rang out of Ford Field’s loudspeakers a few minutes after Trump and Austin’s impromptu meeting backstage. It was time for Trump to make his way to the ring.
“Money, money, money, money, money,” the speakers blared. Trump emerged. The crowd erupted, and cash, even more than had fallen during his previous appearances, cascaded from the ceiling like victory confetti.
“There was a ton of money that had been dropped during Donald Trump’s entrance,” said Haz Ali, who, under the name Armando Estrada, served as Umaga’s handler. “There was about $20, $25,000 that they’d dropped. … Every denomination ― 1s, 5s, 10s, 20s.”
Lashley appeared next, bounding into the ring without the help of the stairs the others had needed.
For months, McMahon and Trump had sold the story of this match. Now, as Umaga and Lashley stood face to face in the ring, it was time to deliver.
The match started fairly routinely, perhaps even a bit slowly.
“I’m seeing it the same as anyone else who’s watching it,” said Ross, the commentator, who regularly skipped rehearsals to ensure matches would surprise him. “The entire arena was emotionally invested in the storyline. Once they got hooked in it months earlier, now they want the payout.”
On the TV broadcast, it’s obvious that the crowd was hanging on every twist, eager to see which of the two billionaires would lose his hair and how Austin ― famous for intervening in matches and now at the dead center of this one ― might shape it.
But Ford Field, an NFL stadium, is massive compared to the arenas that had hosted previous WrestleManias. Even with 80,000 people packed in, it was difficult to read the crowd from inside the ring.
“Me and Vince keep looking back and forth at each other like, ‘Man, this match is not successful because the crowd is not reacting,’” Austin recalled. “We thought we were shittin’ the bed.”
Trump, for all his usual braggadocio, wasn’t helping.
From outside the ring, McMahon ― a professional performer if there ever was one ― was selling even the most minor details of the match. He was haranguing Austin, instructing Umaga and engaging the crowd all at once. Trump was stiff. His repeated cries of “Kick his ass, Bobby!” and “Come on, Bobby!” came across as stale and unconvincing.
“It’s very robotic, it’s very forced, and there’s no genuine emotion behind it,” said Ali, who had been power-slammed by Lashley early in the match and was watching from the dressing room. “He was just doing it to do it. Hearing him say, ‘Come on, Bobby!’ over and over again ― it didn’t seem like he cared whether Bobby won or lost. That’s the perspective of a former wrestler and entertainer.”
‘He Punched Me As Hard As He Could’
The match turned when Vince’s son, Shane McMahon, entered the fray. Shane and Umaga ganged up on Austin, knocking the guest ref from the ring. Then they turned their attention to Lashley, slamming his head with a metal trash can as he lay on the ground opposite Trump ― whose golden mane, it seemed, might soon be lying on the floor next to his wrestler.
But just as Umaga prepared to finish Lashley off, Austin rebounded, dragging Shane McMahon from the ring and slamming him into a set of metal stairs. Trump ― who moments before had offered only a wooden “What’s going on here?” ― sprang into action.
Out of nowhere, Trump clotheslined Vince McMahon to the ground and then sat on top of him, wailing away at his skull.
“[Ross] and I were sitting right there about four feet from where Vince landed,” Lawler said. “The back of Vince’s head hit the corner of the ring so hard that I thought he was gonna be knocked out for a week.”
Professional wrestling is fake. Trump’s punches weren’t.
Hours before the match, WWE officials had roped the participants into one final walk-through. Vince McMahon was busy handling the production preparations and didn’t attend. So when it came time to rehearse Trump’s attack on WWE’s top man, Ali stood in for McMahon.
Ali gave Trump instructions on how to hit him on the head to avoid actual injury. Because it was just a rehearsal, he figured Trump would go easy. He figured wrong.
“He proceeds to punch me in the top of the head as if he was hammering a nail in the wall. He punched me as hard as he could,” Ali said. “His knuckle caught me on the top of my head, and the next thing I know, I’ve got an egg-sized welt on the top of my head. He hit me as hard as he could, one, two, three. I was like, ‘Holy shit, this guy.’”
“He actually hit Vince, too,” Ali said. “Which made it even funnier. That’s how Vince would want it.”
Back in the ring, Austin ducked under a punch from Umaga and then made him the match’s first victim of a Stone Cold stunner. Umaga stumbled toward the center of the ring, where Lashley floored him with a move called a running spear. Lashley pinned Umaga, Austin counted him out, Trump declared victory, and McMahon began to cry as he ran his fingers through hair that would soon be gone.
“I don’t think Donald’s hair was ever truly in jeopardy,” Lawler said.
‘It May Be One Of The Uglier Stone Cold Stunners In History’
Moments after the match ended, before he raised Trump and Lashley’s arms in victory, Austin handed out his second stunner of the night to Shane McMahon. Vince McMahon tried to escape the same fate. But Lashley chased him down, threw him over his shoulder and hauled McMahon back to the ring, where he, too, faced the stunner.
Trump’s reaction in this moment was a little disappointing. He offered only the most rigid of celebrations, his feet nailed to the floor as his knees flexed and his arms flailed in excitement. It’s as if he knew his joy would be short-lived. He, too, would end up the one thing he never wants to be: a loser.
“Woo!” Trump yelled, before clapping in McMahon’s face while Austin and Lashley strapped their boss into a barber’s chair. “How ya doin’, man, how ya doin’?” he asked, taunting McMahon with a pair of clippers. Then he and Lashley shaved the WWE chairman bald.
As a suitably humiliated McMahon left the ring, Austin launched his typical celebration, raising his outstretched hands in a call for beers that someone ringside was supposed to toss his way. Trump is a famous teetotaler, but Austin shoved a beer can into his hand anyway.
“I didn’t know that Donald Trump didn’t drink,” Austin said. “I didn’t know that back then.”
It didn’t matter. For veteran wrestling fans, the beers were a sign that Stone Cold had a final treat to deliver.
“I threw beer to everybody I got in the ring with,” he said. “Here’s the bait, and it’s the hook as well. Long as I get him holding those beers, everybody knows that anybody who … takes one of my beers is gonna get stunned.”
As McMahon trudged away, Austin climbed to the top rope, saluted the crowd and dumped the full contents of a can into his mouth. Then he hopped down ― and blew the roof off Ford Field.
He turned, kicked Trump in the stomach and stunned him to the floor.
“Austin stunned The Donald!” Ross screamed.
Trump failed to fully execute the move. He didn’t quite get his chin all the way to Austin’s shoulder; then he halfway pulled out of the move before falling to his knees and lying flat on his back.
“It may be one of the uglier Stone Cold stunners in history,” Ross said.
“He’s not a natural-born athlete,” Austin said. “I just remember the stunner didn’t come off as smooth as it would have had he been one of the guys. But we never rehearsed it. He didn’t even know what it was. Vince botched half the ones I gave him [and] Vince is a great athlete. So that’s no knock on Donald Trump.”
And despite Trump’s less-than-stellar wrestling and acting in the ring, those who were close to the action at WrestleMania 23 were impressed by his willingness to even take the stunner.
“We put him in some very unique positions that a lot of people ― big-name actors in Hollywood ― wouldn’t do because they didn’t want to risk looking bad,” Ross said. “He had the balls to do it.”
‘You Could Argue That Nothing In Wrestling Has Any Meaning’
For almost a decade, the stunning of Donald Trump remained a relic of WWE lore, a moment rehashed occasionally by diehard wrestling fans but forgotten otherwise.
WWE’s ratings tumbled later in 2007, amid congressional scrutiny of steroid use and wrestler deaths. That June, wrestler Chris Benoit murdered his wife and son and then killed himself. He was 40 years old.
Edward Smith Fatu, the wrestler known as Umaga, died from a heart attack in 2009. He was 36.
Lashley, who did not respond to interview requests, left WWE in 2008 after a failed pursuit of the WWE title and an injury that sidelined him for months. He is now a mixed martial arts fighter and the champion of Total Nonstop Action Wrestling.
In 2009, Trump returned to “Monday Night Raw” with a proposal to buy it from McMahon, promising fans that he would run the first Trump-owned episode without commercials. WWE and the USA Network, which broadcast “Raw,” even sent out a press release announcing the sale. When WWE’s stock price plummeted, it was forced to admit that the whole thing was a publicity ploy. The faux sale raised questions about whether everyone involved had violated federal law, but the Securities and Exchange Commission apparently had better things to investigate.
Trump was inducted into the WWE Hall of Fame in 2013, over a chorus of boos from the fans at Madison Square Garden. The Battle of the Billionaires was, at the time, WWE’s highest-grossing pay-per-view broadcast, drawing 1.2 million pay-per-view buys and $24.3 million in global revenue, according to WWE’s estimates. It’s also the most notorious of Trump’s interactions with the company. But that’s about all the significance it really holds.
“You could argue that nothing in wrestling has any meaning,” said Beekman, the historian. The feud between Trump and McMahon “was an angle, and it was a successful angle, and then they moved on to the next one.”
Vince and Linda McMahon together donated $7.5 million to super PACs that backed Trump’s winning presidential campaign. Linda McMahon had earlier spent nearly $100 million on two failed efforts, in 2010 and 2012, to get herself elected to the U.S. Senate. In December, Trump nominated her to head the Small Business Administration, a Cabinet-level job potentially at odds with the methods she and her husband had used to build WWE into a wrestling empire ― but one to which she was easily confirmed. (Neither the McMahons nor the president chose to comment on the president’s WWE career.)
Linda McMahon once took a Stone Cold stunner, too, so Steve Austin is responsible for stunning at least two top Trump administration officials. But he has doled out thousands of those in his career, and until he was reminded, he didn’t even remember what year he had laid Trump out.
“I’ve stunned a couple members of the Cabinet,” Austin said. “But I don’t think about it like that. It was so long ago. I don’t know Donald Trump. We did business together, we shook hands, and I appreciated him taking that. But I don’t sit here in my house, rubbing my hands together thinking, ‘Aw, man, I was the only guy that ever stunned a United States president.’”
“Yeah, it’s pretty cool,” Stone Cold said. “But it was part of what I did. To me, hey, man, it’s just another day at the office.”
Voir par ailleurs:
« MUNJOIE! », MONT JOIE ET MONJOIE à HISTOIRE D’UN MOT*
Ffance qui a longtemps souffert meschief,
Qui se plaingiioit et regretoil Monijoye,
Disant : ‘Taray encor soulas etjoye.
Riens ne me fault, mais que j’aye bon cliief ». Eustache Deschamps, Ballade (XVe s.).
« Munjoie! » est le cri de guerre des Francs, attesté quatorze fois dans le Roland, à la fin du XIe siècle, et dans beaucoup d’autres chansons de geste depuis ; Montjoie, c’est aussi un nom propre qu’ont rencontré, un jour ou l’autre, tous ceux qui s’occupent de toponymie ; montjoie, c’est encore un substantif féminin, qui apparaît tôt en vieux français avec des emplois variés, au propre et au figuré, tous dérivés de l’idée de hauteur ou d’amoncellement. Le lien qui unit ces mots n’est pas tout d’abord évident. Ce qui a amené à penser que, seule, une homophonie fortuite permettait de les rapprocher, et que leurs étymologies étaient différentes. Solution de facilité que nous refusons.
Disons-le tout de suite : pour bien saisir la nature et la vie de ce mot, il faut avoir recours à des considérations géographiques et historiques autant qu’à des règles philologiques. Comme le recommandait Arsène Darmesteter, on doit «prendre chaque mot à son origine, déterminer le genre de composition qui lui a donné naissance, et, ensuite, en suivre l’histoire à travers les modifications et altérations qui en ont pu changer le caractère»1. Montjoie est un terme difficile, qui intéresse bien des domaines : histoire, littérature épique, toponymie, linguistique, folklore. Il traîne à sa suite, par surcroît, une vaste et déroutante bibliographie2, car ce mot « fossile » de la Chanson de Roland a soulevé, de longue date, la curiosité et la controverse, à l’étranger comme en France3. La découverte de son étymologie ne devait-elle pas apporter la solution d’une énigme : la signification perdue de l’ancien cri de guerre des Francs » Munjoie Г resté vivant dans les mémoires sous une forme stéréotypée, puis amplifié en » Montjoie et saint Denis » ?
Les trois problèmes à résoudre sont les suivants : Io Quelle est l’étymologie du mot Munjoie tel qu’il apparaît dans la Chanson de Roland ? 2° Comment le même mot a-t-il pu servir à la fois de cri de guerre et de toponyme ? 3° Comment le nom propre est-il devenu nom commun ?
Principales étymologies proposées du cri de guerre et du toponyme
Le cri : » Munjoie très ancien et finalement incompris, fut longtemps transmis par voie orale avant d’être consigné dans le Roland. Une ancienne interprétation, due à Orderic Vital, latinisa en Meum gaudium! « ma joie », l’appel des Francs à la bataille de Brémule en 1 1 194. Au XIIIe siècle, la chanson de Girard de Roussillon explique :
Le cris de ces François est de Ione temps « Monijoye » ;
Bien saiches que eis cris, pour voir, si leur rent j oye5.
Et Charles d’Orléans, vers 1430, admoneste son lecteur :
* Cet article précise la communication que j’ai feite à la Société Française d’Onomastique le 22 mars 1 990. Il reprend l’analyse de problèmes déjà évoqués dans mon livre : » Montjoie et saint Denis ! » Le centre de la Gaule aux origines de Paris et de Saint-Denis. Paris, Presses du CNRS, 1989, pp.50-65. Je suis reconnaissante à la Nouvelle Revue d’Onomastique de m’offrir l’occasion d’exposer plus complètement mon opinion sur le sujet.
Souviengne toy comment voult ordonner Que criasses « Montjoye », par liesse…6.
L’étymologie par « joie » a été vigoureusement défendue de nos jours par Laure Hibbard-Loomis, qui pensait que ce mot avait été également du masculin au Moyen Âge et que les combattants criaient : » Mon joie! »7.
Au XVIe siècle, dans sa Gallica historia (1557), Robert Cenai, évêque d’Avranches, avance que Clovis, lors de la bataille de Tolbiac, reconnut dans saint Denis « son Jove », c’est à dire « son Jupiter » ; le cri « Mon Jove » serait par la suite devenu « Monjoie ». Cette explication déjà préconisée par Nicole Gilles dans ses Annales et croniques de France, imprimées en 1525, fut admise par Etienne Pasquier. Elle bénéficia d’un grand succès. Elle est pourtant insoutenable du point de vue phonétique, car Monte Jovem donne en français Montjeu ou Montjou et non Montjoie.
D’autres explications plus ou moins fantaisistes sont intervenues. Sébastien Roulliard, au début du XVIIe siècle, proposa Moult-joie, ou « joie multipliée », qu’il dit avoir lu «escript dans les Archives de Saint Denis»8. Quant à Du Cange, il condamne comme « forcées et peu naturelles » les explications par mon Jove, ma joie, ou moult de joie ; il demande «pourquoy en l’invocation de saint Denys, patron de la France, on a ajouté le mot de Montjoie ?» ; il pense que celui-ci évoque «la montagne ou la colline de Montmartre ou saint Denys souffrit le martyre avec ses compagnons»9 ; mais il identifie le « monticule » sanctifié avec la colline même de Montmartre, ce qui est inadmissible pour de multiples raisons10. Littré souscrivit à l’opinion de Du Cange en ajoutant qu’un «lieu de martyre était un lieu de joie pour le saint qui recevait sa récompense».
Ajoutons que, dès la fin du Xe siècle, Montjoie était traduit en latin par Möns Gaudii, « Mont (de la) joie », et servait à désigner les petites hauteurs situées à proximité d’un lieu saint et d’où les pèlerins et les croisés contemplaient pour la première fois leur but enfin atteint et laissaient éclater leur joie (mons vocatur exultationis vel laetitiae ). Sur les champs de bataille, les guerriers se seraient remémoré cette heureuse circonstance et auraient crié : « Montjoie! ».
La première des objections qu’on puisse faire à ces diverses étymologies est de bon sens. Comment imaginer que des chrétiens invoquent saint Denis en l’appelant « leur Jupiter » ; et n’est-il pas dérisoire de supposer que des hommes, placés dans une situation assez désespérée pour réclamer une aide immédiate d’un pouvoir surnaturel, aient pu manifester « leur joie » ou crier un toponyme. Ce n’est que plus tard qu’on criera : Jerusalem ! ou même Arras! ou Chartres!.
La nature des plus anciens cris de guerre infirme radicalement de telles interprétations. Tous sont composés du nom d’une puissance surnaturelle, suivi, le plus souvent, d’une formule qui l’apostrophe à l’impératif pour lui réclamer son aide ou qui exprime un souhait au subjonctif. Ainsi, dans le Roland, les Francs crient : « Dieu aide! » ou « Damnedeus nos ait! » (vers 3358) et les Sarrasins : « Aïe nos, Mahum! » (vers 1906). En latin, on trouve : « Christe, tuos sustenta Francos! » (Ô Christ, soutiens tes Francs!)11. On appellera aussi Notre-Dame ou un saint patron particulier, mais toujours dans les mêmes termes.
César remarque que toutes les nations commencent le combat par des cris. L’appel chrétien prit la suite du « cri héroïque » de la tradition antique, qualifié par les auteurs latins de patrius clamor 12 . Les Francs, comme les Gaulois, le poussaient avec ferveur tous ensemble, ce qui rendait présent l’Ancêtre tutélaire et garantissait l’octroi de son appui dans la lutte engagée. Ce cri galvanisait les combattants et provoquait l’épouvante et la fuite magique des ennemis. Les Germains pensaient aussi que la divinité accourait pour les aider13. Au moment où Constantin Ier traversa la Gaule pour aller affronter Maxime à Rome (bataille du Pont Milvius en 312), les populations, qui se pressaient sur son passage, crurent voir dans le ciel les « armées célestes » que son père, le défunt Constance Chlore, amenait à son secours14. En effet, la puissance surnaturelle intervient le plus souvent à titre de père ou d’aïeul. C’est ainsi que le Dieu celte Lug vient au secours de son fils Cuchulainn. Au Х1Пе siècle encore, un croisé galvanisait ses compagnons dans la lutte contre les Sarrasins en criant en français : « D’aaz ait! », c’est-à-dire : « Que l’ancêtre (ase) nous aide! »15-
C’est dans le sens d’un appel à un protecteur à la fois surnaturel et familier qu’il faut chercher, pour rester fidèle aux mentalités et aux usages du haut Moyen Âge et pour élucider le cri Munjoie!.
C’est de cette forme, la plus ancienne en langue vernaculaire, qu’il faut partir. Le mot est attesté quatorze fois avec la même orthographe Hans la Chanson de Roland, ce qui ne laisse aucune place aux hésitations qu’auraient pu susciter des variantes.
П apparaît qu’au haut Moyen Âge le souvenir de la signification et du mode de formation du cri Munjoie ! s’était perdu et que le mot avait commencé à servir pour désigner le tumulus de la Plaine Saint-Denis16. Les clercs médiévaux appréhendèrent alors le terme comme composé de deux substantifs juxtaposés, selon le type existant en latin : pater familias, et en ancien français : connétable, Hôtel-Dieu , avec ellipse de la préposition intermédiaire, qui marquait la subordination. Par homophonie et attraction, Mun devint Mon(t) et joie exprima une joie chrétienne. Le second élément : joie, en fonction de génitif, fut considéré comme le complément déterminatif du premier : mont, avec peut-être un rôle d’attribut. C’est pourquoi on interpréta : « Mont (de la) Joie » et on traduisit en latin par Möns Gaudii, Möns Laetitiae, ou « Mont (de) joie », traduit par Möns Alacris, Möns Jucundus.
Un sérieux argument milite en faveur de ce processus : le fait qu’Orderic Vital (1075-1143) fut abusé, lui aussi, par l’homophonie ; mais il donna un autre sens aux deux syllabes du cri Munjoie! qu’il traduisit par » Meum Gaudium/ », c’est-à-dire en vieux français : « Ma joie! ». D’autre part, la traduction du mot en latin par Möns Gaudii ou Meum Gaudium -et formes similaires -apporte la preuve que ces équivalents sont des approximations. René Louis les a qualifiés de « fantaisies de clercs latinisants ». On doit pourtant tenir compte de ce que la traduction par Möns Gaudii fut précoce, puisqu’elle est attestée dès 997 pour désigner un toponyme17. À une époque où l’on écrivait peu en roman, elle donna à cette interprétation par « Mont (de la) Joie » l’autorité du latin18. Bien plus, refaisant arbitrairement le chemin, cette fois en sens inverse, du latin au français, on a pris la peine de chercher les règles phonétiques, qui justifiaient l’évolution de Möns Gaudii > Montjoie > Munjoie!.
Cette étymologie bénéficia d’un grand succès depuis la fin du Xe siècle. Elle a été acceptée de nos jours par J. Bédier, J. Soyer, K. Löffel, R. Louis, W. von Wartburg, G. Rohlfs et beaucoup d’autres romanistes19. On peut lui objecter cependant que, si elle peut convenir à un toponyme, elle ne saurait expliquer un cri de guerre, alors que le terme Munjoie / montjoie est, nous l’avons dit, trop spécifique pour qu’on puisse lui supposer deux étymologies différentes. Or, il est possible de lui trouver ime origine unique et les explications sémantiques, qui rendent compte de ses emplois divers. L’étymologie par un composé francique, proposée dès 1928 par Ernst Gamillscheg, professeur à l’université de Berlin, largement discutée et finalement abandonnée, offre, à condition d’y apporter quelques modifications, une réponse satisfaisante au problème qui nous occupe.
Une étymologie francique ?
En 1928, Ernst Gamillscheg préconisa l’étymologie de Munjoie! par un composé francique *mund-gawi. Le premier élément était, disait-il, le substantif germanique mundo, a.h.a. munt « protection, défense » (cf. agis, mound) et le second était gau, goth. gawi « territoire, pays » ; et il traduisit : « territoire de protection » (Schutzgau, Grenzgau, Sicherheitszone).
Vigoureusement contestée20 -et bien que E. Gamillscheg l’ait à nouveau défendue en 1951, puis en 1967 et encore en 196921 -, cette étymologie fut finalement abandonnée. René Louis, qui s’y était rallié en 1938-1939, y renonça en 1957, sur les conseils de Ferdinand Lot et de Jacques Soyer. On revint à l’ancienne explication par Möns Gaudii, de nouveau tenue pour recevable jusqu’à aujourd’hui.
Les principales objections adressées à E. Gamillscheg n’étaient ni d’ordre historique : les Francs ont laissé beaucoup de mots derrière eux, ni d’ordre phonétique : l’évolution menant *Mundgawi à Munjoie! est régulière. Elles étaient les suivantes :
Io Dans les composés avec le substantif Mund, celui-ci est toujours placé en second élément.
2° Dans les formations germaniques, le déterminatif précède toujours le déterminé, lequel entraîne le genre. Cf. a.h.a. guntfano, « étendard de combat, gonfanon ». Or, gau est toujours du masculin, alors que « montjoie » est invariablement du féminin. L’objection était ici la même que celle adressée à l’étymologie par Möns gaudii où mons est du masculin.
3° Gau désigne, en germanique comme en allemand moderne, un « vaste territoire », non un lieu restreint du type « hauteur stratégique, site fortifié ». « Il n’existe pas, a écrit R. Louis, un seul texte médiéval qui attribue au toponyme Montjoie un sens technique d’ordre militaire et défensif. Ce sens est une pure hypothèse et qui ne repose sur rien ». Cette constatation fut peut-être celle qui pesa le plus lourdement dans la décision d’écarter l’étymologie par *mundgawi.
4° D’autres ont objecté l’invraisemblance de l’importation en Francia par les Francs du mot *mundgawi qu’on ne rencontre nulle part en Franconie ou en Rhénanie. Le seul exemple : Munschau , près d’Aix-la-Chapelle, est issu du fiançais Montjoie. Le j passe régulièrement à sch en allemand.
Je suis néanmoins convaincue que l’étymologie par le francique *mundgawi, est la bonne. Les arguments qui lui ont été opposés peuvent tous être réfutés, à condition de modifier :
Io l’interprétation grammaticale des deux éléments du composé.
2° l’explication sémantique qu’Ernst Gamillscheg a donnée du mot. Cette nouvelle réflexion sur les origines de Munjoie! a, nous le verrons, l’avantage -indispensable à mes yeux et que ne possède aucune des autres étymologies jusqu’ici proposées -de fournir un sens, qui soit valable à la fois pour le cri de guerre et pour le toponyme.
Contexte géohistorique
Mais, avant d’exposer les corrections que je propose d’apporter à la formulation de l’étymologie par *mundgawi, je dois résumer brièvement les résultats d’une étude que j’ai récemment publiée et que les lecteurs de cet article peuvent ne pas connaître22.
J’ai dit l’existence, au nord immédiat de Paris et dès l’indépendance gauloise, d’un tumulus considéré comme celui de l’ancêtre de la race. On sait que la vénération de ces tumuli était pratiquée dans l’Antiquité gréco-romaine comme chez les Celtes, les Germains et les Slaves. Ils devenaient les centres autour desquels s’assemblaient tous les membres d’une même peuplade pour y prier ensemble, y prendre les décisions nécessaires, régler les affaires courantes et y échanger leurs produits23. Ces tumuli à pierre plate sont datés de l’Âge du Bronze ou de l’époque de Hallstatt, c’est-à-dire des années 1200 à 800 avant notre ère24. Le lieu dit la Monjoie, qui figure sur les plans de la Plaine Saint-Denis datant du début du XVIIIe siècle25, marque encore l’emplacement d’un tumulus protohistorique et de son « Perron » ; ils sont situés à six kilomètres de Paris et à trois kilomètres de Saint-Denis, ce qui correspond aux distances stipulées dans les Vies de saint Denis pour les déambulations de ce martyr céphalophore. L’endroit est occupé aujourd’hui par une rue de la Montjoie ; il avoisine le Champ du Lendit {Campus Indicti), lieu du pouvoir, où se tenaient les réunions communautaires, près de la tombe de l’Ancêtre, et où se perpétua la foire célèbre du Moyen Age26.
Ce lieu dit Monjoie polarise toutes les indications fournies par les textes avec une constance et une conformité, que des coïncidences répétées ne suffisent pas à expliquer. De toute ancienneté, les documents localisent dans la Plaine, le long de l’Estrée et au pied de Montmartre, le « petit mont » ou « monticule » que christianisa le martyre de saint Denis. Aucune fouille n’a été opérée à cet endroit. Comme beaucoup de buttes semblables en Europe et quand il eut cessé de provoquer un respect religieux, ce tumulus fut arrasé et son sol bouleversé par la culture, puis par l’occupation due aux entreprises commerciales ou industrielles qui s’y sont succédées, à la fin du XIXe et au XXe siècle. Il y a peu d’espoir que des vestiges aient été conservés sur place.
C’est au sommet de la Monjoie {in parvo montículo), que la primitive tradition chrétienne plaça l’endroit où le premier évêque de Paris fut décapité. D’après les hagiographes des Ve et IXe siècles, il sanctifia ainsi par son martyre le lieu «où il apprit que le paganisme sévissait avec le plus de force27». Evangélisateur et saint patron de toute la Gaule, Denis prit, en quelque sorte, la suite de l’Ancêtre protecteur des temps païens.
Nouvel examen de l’étymologie par *mundgawi
Munis de ces quelques notions sur l’origine et la nature de la Montjoie près de Saint-Denis, il est possible de procéder à un nouvel examen de l’étymologie préconisée par E. Gamillscheg et d’y apporter quelques corrections.
Tout d’abord, il est préférable de voir dans mund, première partie du mot *mundgawi, non un substantif, mais bien une forme verbale à l’impératif, 2e personne du singulier, du verbe a.h.a. munton, m.h.a. munden : « protéger ». Gawi, gau « pays » en est le complément d’objet direct.
Ce type de composition a été étudié de façon brillante et convaincante à la fin du siècle dernier par Arsène Darmesteter28. П a montré, par de multiples exemples, que la formation, qui associe un veibe à la 2e personne du singulier de l’impératif et un substantif, est une création spontanée, qui fut «très riche et très vivante, aussi vieille que la langue et encore en pleine activité». Elle n’est pas spéciale à un idiome particulier, mais est d’un usage général, car elle est conforme aux lois de l’esprit humain29. La composition avec l’impératif est directe et primitive, ce que n’est pas la formation avec l’indicatif. Elle est naturelle, «éminemment synthétique», et «porte bien le cachet de l’esprit populaire».
À l’origine de cette formation, le dialogue (impératif avec ellipse instinctive de l’interlocuteur) est encore apparent ; mais, par la suite, il s’efface. Le verbe à l’impératif est compris comme exprimant l’action au présent de l’indicatif, aidé en cela par l’analogie et la confusion des formes verbales à ces deux temps. C’est ainsi que le nom propre Boileau, « Bois l’eau », où l’impératif est incontestable, devient « (celui qui) boit l’eau ».
L’ancien allemand offre des exemples de cette composition. Citons bergfried , m.h.a. bercvrit, composé de bere « protège » et de vrit « sûreté » et qui, latinisé en berfredum a donné berfroi, puis beffroi 30 ; ou encore Störenfried, « trouble-fête », taugenichts, « vaurien ».
En France, indépendamment de multiples noms propres venus de surnoms, comme Boileau, il existe des toponymes : Crèvecoeur « crève (le) coeur » (1087, Nord), Machecoul « meurtris (le) cou » (1115, Loire-Maritime), Bapaume « bats (tes) paumes » (1142, Pas-de-Calais), Matafelon « mate (le) felon » (1291, Ain) ; et également des noms communs comme : allume-feu, casse-tête, gagne-pain, grippe-sou, licol, etc…
Certains préféreront envisager une construction relative avec un verbe à l’indicatif et ellipse de qui ; « (Qui) protège le pays » ; ou encore «un élément verbal extérieur au paradigme, étranger aux notions de personne, de temps, de mode, ayant pour base la forme la plus réduite du veibe, celle de la 3e personne de l’indicatif. C’est la définition même du thème»31. Darmesteter estimait que «la compo¬ sition thématique est inconnue à notre langue» ; elle offre cependant, dans certains cas, une expli¬ cation séduisante. Il faut aussi tenir compte des difficultés et des hésitations que les traducteurs et les scribes éprouvèrent au cours des temps face à plusieurs formes et plusieurs orthographes possibles.
L’impératif nous semble plus conforme à un mode primitif de pensée et au cas envisagé. Mais, que l’on attribue un mode ou l’autre à l’élément verbal qui entre dans la composition de *Mundgawi, que l’idée de « protection » soit exprimée par l’impératif ou par une sorte de déverbatif, cela ne change rien aux conclusions qu’on peut en tirer. La nouvelle façon d’envisager le mot permet d’écarter les principales objections formulées à l’encontre de l’étymologie voulue par Gamillscheg :
Io II ne s’agit plus ici de deux substantifs : un déterminé gau précédé de son déterminant mund, mais d’une forme verbale suivie de son complément d’objet direct.
2° Le germanique Mund n’a subsisté en allemand moderne qu’en composition ou dérivation : Vormund « tuteur », Mundel « pupille », ainsi que dans les adjectifs mundig et unmundig « majeur et mineur ». À l’époque fìanque, on a mundboro « mairibour, curateur ». La mainbournie est la tutelle à laquelle se soumettent les individus ou les communautés pour se mettre à l’abri des menaces extérieures. Tous ces mots évoquent la protection d’un père ou d’un patron, non une protection militaire. Au Moyen Âge, mundium, qui latinise le germanique mund, renvoie aussi à une protection par l’autorité, non par les armes32. *Mundgawi évoque, dans le même sens pacifique, la protection par un héros divinisé.
3° Avec notre interprétation, gau ne renvoie plus à une position stratégique et militaire d’étendue restreinte. Il a son acception habituelle de « territoire, région, province ». Cf. Rheingau, Hennegau,
Brisgau, Aargau. Comme land, « terre, pays », (cf. Rheinland, Saarland, Russland), il désigne des espaces d’une étendue variable. Il évoque ici la Gaule franque.
4° L’étonnement, que certains ont ressenti en constatant que *mundgawi n’a laissé aucune trace dans les pays de langue germanique, disparaît si l’on veut bien considérer que le mot est, à l’origine, unique. C’est une épithète, une formule précative, devenue un nom propre, qui servit à désigner un seul être divin, en un lieu précis : la plaine Saint-Denis près de Paris, et pendant un temps limité : après l’arrivée des Francs au Ve siècle et avant que s’impose la toute puissance du christianisme. Le mot était de formation francique et il resta propre à la Francia.
Ce nom propre, d’origine étrangère, naquit et évolua hors de son environnement naturel des bords du Rhin. À peine formé, il fut, en outre, soumis à la volonté d’étouffement des autorités chrétiennes, puisqu’il servait à invoquer un dieu païen, dont le culte était réprouvé. La traduction en latin de Munjoie par Möns gaudii, fausse interprétation transmise par l’écrit, est née au Xe siècle, en milieu ecclésiastique (voir infra p. 168 et n. 61). Elle fut responsable des errements postérieurs. Mais les populations, et surtout la classe guerrière, étaient fortement attachées à leur dieu ancestral et « national ». Étrangère et prohibée, l’appellation qui servait à le désigner perdit sa signification ; mais son importance affective et historique explique qu’elle ait pu se maintenir victorieusement, résister à l’oubli jusqu’à nos jours et se répandre un peu partout avec des sens dérivés.
Reste à justifier l’implantation de ce nom propre francique en plein coeur du territoire gaulois. Elle s’explique facilement. Les Gaulois désignaient leur ancêtre protecteur par une épithète : Tentâtes , « dieu de la peuplade ». César l’appelle Dispater et nous apprend que, d’après les druides, il avait engendré tous les Gaulois33. Tolérants en matière de religion, les conquérants romains assimilèrent cette divinité autochtone à un Genius loci et l’associèrent à Jupiter et à leur propre « génie public du peuple romain », qui étaient vénérés ensemble. À leur arrivée, les Francs adoptèrent, à leur tour, la divinité tutélaire du Lendit qu’entourait une crainte respectueuse. Ils la désignèrent, eux aussi, par une épithète en leur langue : *Mundgawi, « Protège-pays ».
Une telle adhésion de leur part s’intègre bien dans le contexte historique. On sait comment Clovis s’installa à Paris et choisit la ville comme « siège du royaume »34. Il donnait ainsi aux Francs les racines qui leur avaient toujours manqué cruellement35. En adoptant le « dieu ancêtre » des populations indigènes, ils exprimaient une volonté de solidarité d’autant plus sincère que leurs propres croyances, leurs pratiques religieuses, leurs coutumes étaient voisines des leurs. Comme les Gaulois, ils avaient l’habitude d’invoquer leurs dieux au cours du combat. Grégoire de Tours montre Clovis, à la bataille de Tolbiac (496), s’adressant au Christ pour obtenir la victoire, car les dieux païens qu’il avait implorés n’étaient pas intervenus36.
On sait que l’invasion de la Gaule par les Francs et l’établissement des dynasties mérovingienne et carolingienne d’origine germanique, s’ils n’ont pu modifier le galloroman qui y était parlé, ont introduit dans cette langue un grand nombre de mots, où le vocabulaire militaire a une part prédominante. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que le nom du « Protège-pays », maître des combats, soit d’origine francique et qu’il ait été choisi comme cri d’armes.
«Au moment des invasions barbares en Gaule, écrit A. Darmesteter, les idiomes germaniques possédaient à peu près les mêmes son s que le latin et l’assimilation s’est faite avec la plus grande facilité»37. *Mundgawi > Munjoie : chute du d et du t dans les groupes nd et ni. G initial devant a, e, i, > dj> j. Au suivi d’un yod > oi. Le nom formé de racines franciques semble donc s’être soumis de bonne grâce aux règles phonétiques de son pays d’origine et d’accueil. Ce fut finalement un mot « bien français ».
Munjoie, nom du dieu protecteur et guerrier, est attesté comme appel ou « cri », pour la première fois mais à quatorze reprises, par la version d’Oxford du Roland, qu’il est généralement admis de dater entre 1 125 et 1 150, mais qui s’inspire d’une version antérieure du XIe siècle. À la même époque, ce cri apparaît dans les textes sous plusieurs formes latines, qui témoignent des hésitations des traducteurs. Orderic Vital (1075-1143), à propos de la bataille de Brémule qui eut lieu en 111938, mentionne le cri des Français : Meum gaudium, quod Francorum Signum est. Matthieu Paris (mort en
1259), parle, sous l’année 1214, du cri Montis Gaudium « Joie du mont »39. Dans sa Chronique rimée, Philippe Mousket, évêque de Tournai, écrit en français cette fois :
« Montjoie » escrient à haut ton
Si haut que partout les ot-on. (vers 6950)40
Enfin, dans le Poème latin sur l’origine des fleurs de lis, dont la première partie date du XIIe siècle, Clovis règne in Monte gaudii. C’est là qu’il reçoit de Dieu le bouclier aux trois fleurs de lis, qu’il est vainqueur du païen Conflac et qu’il se convertit au christianisme41.
Qu’on nous permette ici une digression, car elle milite en faveur de nos déductions précédentes. L’histoire constate qu’en dehors de leur « ancêtre adopté » les Francs se fabriquèrent un ancêtre pseudo¬ historique et bien à eux, dont le nom : Faramund 42 était, en quelque sorte, le doublet de *Mundgawi.
Du roi Faramond
Le nom de ce roi franc apparaît pour la première fois dans le Liber Historiae Francorum, aux alentours de 72743. L’étymologie du mot n’offre pas de difficulté. Il est composé du germ, fora « famille, tribu », d’où « territoire habité par ce groupe », et de mund « protection ». Le déterminatif précédant le déterminé dans la formation des mots germaniques44, il faut comprendre : « protection de la race » ou « protection du pays ». On retrouve donc le concept exprimé par *mundgawi, à la différence que le premier terme (Faramund) est un syntagme déterminatif, tandis que le second (*Mundgawi ) est un syntagme rectif.
Or, qui est Faramund ? Alors que Marcomire et Clodion, réputés par la suite père et fils de Faramund, jouissent d’une certaine historicité -ils sont mentionnés par Grégoire de Tours et par Sidoine Apollinaire -, Faramund n’est attesté dans aucun texte digne de foi45. Appartenait-il aux traditions orales relatives aux origines de la royauté franque, auxquelles l’évêque de Tours se réfère sans les expliciter46 ? L’auteur du Liber ne fit-il que consigner son nom ou l’inventa-t-il pour l’installer en tête de la généalogie de Clovis ? П raconte, en effet, comment Marcomire conseilla aux Francs, qui n’avaient eu jusque là que des chefs (duces), de se donner un roi «comme les autres peuples» et de choisir son fils Faramundus47 .
Ne connaissant du personnage que son nom significatif, on est en droit de se demander s’il ne fut pas imaginé de toute pièce pour valider, en quelque sorte, l’accession au pouvoir des Francs en Gaule. Depuis l’Antiquité, de tels recours aux mythes d’origine ou aux généalogies prétendues sont fréquents en cas de compétitions pour le pouvoir et de rupture historique. Ils sont rarement gratuits.
Faramund deviendra donc le géniteur de la famille mérovingienne comme *Mundgawi était désormais l’ancêtre de tous les habitants du pays, Gaulois et Francs confondus. Inscrire Faramund en tête des rois Mérovingiens, c’était une façon de légitimer la nouvelle dynastie. П perpétuait, à sa façon, le mythique « Protège-pays » en lui donnant une carrure historique. Ingénieux, le procédé se révéla efficace, puisque, grâce à son seul nom, un roi légendaire fut réputé « premier roi de France » et fondateur de la monarchie48.
Il est un autre motif de réflexion : de nombreux pays ont, au Moyen Âge, choisi l’un de leurs rois comme patron céleste, que ce roi soit à l’origine de leur conversion (Europe centrale, Scandinavie) ou qu’il ait été canonisé comme l’anglais Edouard le confesseur ou l’empereur germanique Henri II49. Rien de tel en France. Les cultes de saint Charlemagne et de saint Louis ne réussirent pas vraiment à s’imposer50. Ce ne fut qu’à partir du XVIIe siècle et pour des raisons de propagande monarchique que Louis IX, jusque là simple référence spirituelle, fut reconnu comme patron de la dynastie, protecteur du royaume et garant dans l’Autre monde. Faut-il attribuer cette longue inhibition des Français à un lointain atavisme ?
Munjoie ! dans la Chanson de Roland
Leur conversion imparfaite au christianisme n’empêcha pas les guerriers francs de continuer à invoquer, par le nom francique qu’ils lui avaient donné, le « Protège-pays » du peuple avec lequel ils avaient fraternisé. Devenu traditionnel et incompris, leur appel stéréotypé « Munjoie Г figure dans la Chanson de Roland sans avoir rien perdu de sa force incantatoire.
On comprend mieux, dès lors, le lien que l’auteur du poème établit entre ce cri, l’oriflamme et l’épée de Charlemagne, lien qui constitue une preuve supplémentaire en faveur de l’exactitude de l’étymologie par *Mundgawi. Il raconte :
Munjoie escrient ; od els est Carlemagne.
Gefireid d’Anjou portet l’orie flambe :
Seint Piere fut, si aveit num Romaine ;
Mais de Munjoie ilœc out pris eschange. (vers 3092-3095)
L’oriflamme, autrefois appelée « Romaine », était gardée dans l’église dédiée à saint Pierre, primitif vocable de la basilique de Saint-Denis. C’est là (iloec ) qu’elle a changé son nom contre celui de « Munjoie ». Autrement dit : la lance ou labarum, qui était l’attribut et le symbole du dieu gaulois « protecteur du pays », et que le superstitieux Constantin Ier, empereur « romain », adopta comme fétiche, prit, quand elle est devenue l’enseigne des Francs, la même appellation francique » Munjoie « , que ceux-ci avaient imposée à l’ancêtre indigène.
Quant à Joyeuse, épée de Charlemagne, elle fut la première épée de l’épopée médiévale à avoir été individualisée par un nom propre51. Le poète s’efforce d’expliquer celui-ci par la « joie » inspirée par la relique enfermée dans son pommeau :
Li nums Joiuse l’espee fut dunet.
Baruns franceis nel deivent ublier :
Enseigne en uni de Munjoie crier ;
Pur ço nés poet nule gent cimtrester. (vers 2508-251 1)
Le Roland établit donc une relation étroite entre le cri de guerre, l’oriflamme et l’épée, grâce à une étymologie commune par « joie », qui représente le second élément de Munjoie. Or, nous avons indiqué que celui-ci n’était pas dérivé de gaudio , mais de gawi, qui signifie « pays, patrie ». On dut avoir gawi + itia > *gawisa > gauise > jouise avec le sens de « celle (l’épée) du pays ». On a ici un dérivé en -ise, dont le radical est un substantif et qui exprime une dignité, une qualité (cf. maîtrise, prêtrise). La forme Giovise est attestée par la Karlamagnus sagcr*2. Rien de plus facile que de passer de Jouise à Joiuse par mauvaise audition ou mauvaise lecture. Dans le texte d’un manuscrit du XIe ou du XIIe siècle, il suffit du déplacement -intentionnel ou non -du point de 1’/ du troisième au premier des trois jambages verticaux et voisins de Vu et de IV pour modifier la prononciation du nom et par conséquent son sens53.
La tradition épique fiançaise fait de Joyeuse une arme-fée, irrésistible et éblouissante, elle aussi « protectrice ». Dans les mains des souverains successifs : Clovis, Pépin, Charlemagne, véritables champions de Dieu, elle ne fait triompher que les causes justes : défense du territoire ou lutte contre les Sarrasins54. Ainsi, dans le Roland, quand Charlemagne, défenseur de la chrétienté, engage le combat contre Baligant, représentant de l’Islam tout entier, l’arme qui lui donne finalement la victoire n’est pas une simple épée « française », mais bien « l’épée de France », c’est-à-dire, « l’épée du pays » avec, dans la langue du poète, toute sa signification symbolique :
Fiert l’amiraill de l’espee de France…
Trenchet la teste pur la cervele espandre. (vers 3615 et 3617)
L’épée Joyeuse et l’oriflamme étaient liées au cri de guerre par l’appartenance au « pays » {gawi), à la défense duquel tous trois concouraient, comme ils le seront plus tard par la participation à une même « joie chrétienne », qu’accréditera la fausse étymologie par gaudia imaginée par les clercs médiévaux. Au moment où les combattants expulsaient leur vigoureux appel, le porte-enseigne brandissait en avant des troupes la lance ou oriflamme, symbole du « Protège-pays » invoqué.
«Montjoie et saint Denis !»
Décapité sur le tumulus du Lendit, à l’endroit même où jadis on offrait des sacrifices à l’Ancêtre, saint Denis prit la place de ce dernier comme « Protecteur » de la Gaule. C’est vers lui qu’on se tourna désormais pour obtenir du secours sur le champ de bataille. Mais les combattants restèrent fidèles au vieux « cri héroïque » Munjoie !, répété automatiquement comme une formule magique à l’efficacité de laquelle le moindre changement aurait nui. Pour christianiser cette invocation familière à une divinité païenne, l’Église elle-même n’osa que des additions. C’est ainsi que naquit d’abord le nouvel appel : » Montjoie et saint Denis.' », où l’apôtre des Gaules venait seconder le « Protège-pays ». Cette formulation apparaît, à notre connaissance, dans le Couronnement de Louis , chanson de geste composée entre 1131 et 1137, et il est difficile, à cette date, de ne pas attribuer son adoption à l’intervention de l’abbé Suger (1122-1152).
Par la suite les guerriers francs modulèrent ce cri : «François escrient : Montjoie! saint Denis!» (Girart de Viane, v.531) ou «Montjoie! Dis aidiés! saint Denis!» {Fier abras, v.1703) ou encore «Montjoie! escrie. Aïde, saint Denis!» (Anseïs de Carthage, v.2893). On a même «Montjoie! aidiés, nobile poigneor!» (Ibid., v.3258), qu’il faudrait peut-être comprendre comme un appel archaïsant au « noble combattant », qui répondait au nom de Munjoie (*Mundgawi)ss .
Il était naturel que saint Denis, patron du royaume et de la royauté, ait été invoqué le premier et avant les autres saints régionaux56. Interrogée, lors de son procès, Jeanne d’Arc déclarera qu’après avoir été blessée devant Paris, elle a offert son « blanc harnois » à saint Denis, parce que saint Denis est le « cri de France »57 et ce « cri de France » est comme un lointain écho de Tépée de France » du Roland (vers 3615).
Notons pourtant que saint Denis n’intervient jamais en personne dans les combats, et cela, sa qualité d’évêque ne suffit pas à l’expliquer. Ni les textes, ni l’iconographie ne l’ont jamais figuré en armes. Pourtant comme les anciens soldats que sont les saint Maurice, Georges ou Martin, on voit apparaître saint Jacques « Matamoros » et saint Germain, évêque de Paris, couverts d’armures au cœur de la bataille58. Saint Denis abandonnerait-il à Munjoie le côté guerrier de l’efficacité protectrice ?
Il faut écrire : Montjoie et saint Denis ! ou Montjoie! saint Denis!, invocations conjuguées ou juxtaposées à l’Ancêtre divinisé et au Saint, appelés à se seconder. Il ne faut pas écrire Montjoie! et Saint-Denis! comme beaucoup l’ont fait et le font encore, parce qu’ils y voient la réunion de deux toponymes : « la Montjoie », lieu du martyre de saint Denis, et la ville voisine, où est sa basilique ; ce qui composerait un curieux cri de guerre.
Mais comment Munjoie, nom propre d’un dieu, a-t-il pu devenir un toponyme ?
Le toponyme Montjoie
Pour en fournir l’explication, il est nécessaire de recourir, une fois encore, à des considérations historiques.
On croyait jadis que la possession du corps d’un héros divinisé était capitale pour bénéficier de son appui. Il arrivait même qu’on partageât ce corps en morceaux pour que plusieurs endroits en profitent. Le culte des reliques des saints perpétua ces croyances. Quant à l’habitude de diviser les corps des rois et des princes : coeur, entrailles, ossements, et de les disperser dans plusieurs églises, elle avait primitivement le même but.
Le tumulus du « Protège-pays », ffans la Plaine Saint-Denis, focalisait les pratiques, auxquelles le culte de son occupant donnait lieu, et participait à la vénération dont on entourait celui-ci. Il fut désigné par le même nom que lui : *Mundgawi > Munjoie59.
Nous attirerons ici l’attention sur un texte de la seconde moitié du XIe siècle, qui présente le terme qui nous intéresse comme étant d’origine germanique. Le moine allemand qui composa les Brunwilarensis monasterii fundatorum actus, au temps de l’abbé Wolfhelmus (1065-1091), écrit, à propos du châtiment de l’usurpateur Crescentius, vaincu par Otton III en 997 : «Ductus vero in montis illius planiciem, qua totam videre possis Urbem, capite truncatur ; idemque mons usque hodie ob triumphatum tirannidis presumptorem a Teutonicis Mons Gaudii, a Romanis autem Mons Malus vocatur60». D’après lui, Mons Gaudii traduirait la joie des Allemands à cause de leur victoire sur l’usurpateur Crescentius. Cette interprétation, locale et de circonstance, est contestable. Son intérêt réside en ce que le toponyme n’est pas mis en rapport avec le fait d’apercevoir Rome, pourtant évoquée en début de phrase. Le moine ne faisait-il pas allusion, au début du XIe siècle, à l’ancienne forme francique du mot ?
Au début du christianisme, le tumulus du « Protège-pays » fut considéré comme le lieu où saint Denis avait été décapité. Dans l’optique chrétienne, ce mont du martyre devint un « Mont de joie », puisque le saint y avait gagné la félicité céleste et qu’en mourant il avait converti à la vraie foi les habitants du pays. Cette considération agit, conjointement avec l’homophonie, pour aboutir à la traduction du toponyme Munjoie pax Möns Gaudii.
L’expression Möns Gaudii apparaît souvent dans les textes, à partir de 997, pour désigner les petites hauteurs d’où les pèlerins et les croisés apercevaient pour la première fois le sanctuaire ou la ville sainte, but de leur lointain et laborieux voyage, et où ils laissaient exploser leur joie61. Pour Joseph Bédier, à ce sens religieux s’ajoutait un sens laïque et militaire ; le mot désignait «une éminence d’où l’on découvre un certain point de vue et propre à servir de poste d’observation»62. Pour lui et beaucoup d’autres, telle était la signification primitive du mot et le cri de guerre en découlerait.
Il est cependant infiniment plus vraisemblable que le tertre par nous détecté dans la Plaine Saint-Denis fut le prototype de tous les Montjoie connus. Plusieurs arguments militent en ce sens :
Io Le mot *Mundgawi n’existe pas dans les pays de langue germanique63.
2° Les toponymes Montjoie se rencontrent d’abord et surtout en Ile-de-France et dans l’Est.
3° Lorsqu’on les trouve à l’étranger, ils jalonnent toujours les routes en provenance de la France. À Rome comme à Jérusalem, à Saint-Jacques-de-Compostelle et ailleurs, Möns Gaudii et Montjoie sont des termes importés par les pèlerins français. Les sources insistent souvent sur le fait que les hauteurs ont été ainsi nommées par les Franci ou les Galli.
Une fois constitué, près de Saint-Denis, le toponyme essaima dans la région parisienne, puis le long des routes qui en partaient. Il désigna d’abord des tumuli 64, puis, par analogie, toutes sortes de hauteurs naturelles ou de buttes artificielles ; et d’abord les plus célèbres, celles qui, comme la Monjoie proche de la basilique de Saint-Denis, avoisinaient un grand sanctuaire de pèlerinage : à Jérusalem65, à Rome66, à Saint-Jacques-de-Compostelle67, à Vézelay, à Rocamadour, au Puy, etc… Mais on trouve aussi ailleurs des lieux dits Montjoie ou la Montjoie ; en France du Nord, ils sont orthographiés Montjoye, Monjoi, Montgoye, Mongoy, Montjay, Montgey mMontgé, et en France du Midi : Montgauch, Montjauzy, Mongausy. Pour savoir ce qui leur a fait donner le nom de Montjoie, il faut souvent une enquête feite avec soin sur place.
Des listes du toponyme Montjoie ont été dressées68. Elles sont provisoires et incomplètes. Les reporter sur carte présenterait un intérêt, si l’on pouvait préciser, pour chaque lieu-dit, non seulement son emplacement le long des routes, mais aussi les motifs de son appellation : tumulus, hauteur naturelle, croix, etc., et s’il était possible d’établir la chronologie de la diffusion du toponyme, dont nous ne possédons généralement que les dates d’apparition dans les textes.
La ou une montjoie : on substantif du genre féminin
En même temps qu’essaimait le toponyme Montjoie, le nom propre qui le désignait fut employé comme nom commun et ce fut l’article la qui précéda ce dernier, lui conférant le genre féminin Par contrecoup, certains toponymes furent également appelés : la Montjoie.
Pourquoi le mot fut-il appréhendé comme un féminin ? Dans Munjoie! et dans Montjoie, la première syllabe fut, nous l’avons vu, comprise comme mont qui, étant le déterminé, aurait dû donner le genre masculin au mot entier. Pour tourner la difficulté, Jacques Soyer a cru pouvoir avancer que mons était, comme fons ou pons, du masculin en latin classique, mais qu’il avait pu passer au féminin en latin populaire69. Pourtant, si l’on a pu dire le val et la val en ancien français, on n’a jamais dit que le mont.
Une autre explication paraît plus recevable. Nous avons vu comment Munjoie!, première et seule forme aboutie en roman du cri de guerre, fut interprété comme un composé de deux substantifs : mont et joie, dont le second était le complément déterminatif du premier : mont (de la) joie. Par suite de la disparition de la préposition intermédiaire, le mot ne fut plus senti comme un composé, mais comme un mot entier, qui adopta le genre féminin de son deuxième élément joie , doté d’un e muet final. On dit la montjoie, comme on dit la perce-neige ou la garde-robe.
Sémantique du nom commun montjoie
Le substantif montjoie a revêtu bien des significations depuis le Moyen Age. Voici les principales70 :
Au sens propre :
Io Un tumulus ou butte artificielle de terre en forme de cône aplati, dont la hauteur peut aller de 2 à 25 mètres, généralement érigé en plaine et le long d’une route et souvent choisi pour matérialiser une frontière ou une limite71.
Un terrier du Berry établit l’identité entre tumulus et montjoie : « Une grosse mongoye de terre appelee « la Tumbelle »72. Et ffans L’Istoire de la Destruction de Troyes la Grant , composée par Jacques Millet en 1450, les Grecs projettent d’ensevelir Achille sur un terrain que Priam leur céderait. Il faut, disent-ils :
Que nous feissions une monjoye Dedens la cité proprement Et que Achilles feust mis dedens,
Affin que tousjours soit memoire Deluy…73
Nous avons vu que bon nombre de lieux dits Montjoie ou la Montjoie correspondent à des tumuli protohistoriques. Chez Jacques Millet, le mot est synonyme de « sepulture », « thumbel » et « sepulcre ».
2° Un point de repère bien visible dans une plaine, depuis un simple tas de pierres, jusqu’à une petite hauteur ou une motte susceptible de porter un château, comme celle près de Poissy où, au XIVe siècle, Raoul de Presles localisa le combat entre Clovis et Condat.
On donna de bonne heure en France le nom de montjoie aux tas de pierres qu’une coutume antique avait fait dresser par les voyageurs le long des chemins ou sur les sommets, pour honorer le dieu Mercure ou pour commémorer un événement. Au XIIIe siècle, on trouve :
Tant i ot pierres apportées,
C’une monjoie i fu fondée74.
Le moine qui composa, peu avant 1 197, la Vie de saint Robert de Molesme75 raconte un miracle qui, de façon inaccoutumée, se produisit non auprès du tombeau du saint, mais à deux milles de là, à l’emplacement d’une montjoie. La femme paralytique, que son mari amenait, couchée dans une litière, pour implorer un remède à ses maux, fut guérie «au lieu où était un certain tas de pierres qu’on appelait Mont de la joie de Dieu » {ad locum in quo erat quaedam congeries lapidum quae vocatur Möns Gaudii Dei). Elle put alors parcourir seule les trois kilomètres, qui la séparaient de l’église où était enseveli le saint. Elle y laissa en ex-voto sa litière, qui demeura longtemps suspendue devant la porte en témoignage de sa guérison. Il arrive que le miracle se produise « à la vue du clocher ». Ici -et c’est le seul exemple que je connaisse -une montjoie est suffisamment sacralisée pour qu’un miracle s’y opère. Le fait méritait qu’on s’y arrête. Malgré la syntaxe de la phrase, qui attribue le nom de Montjoie de Dieu au tas de pierres, la hauteur où celui-ci était amoncelé doit être également concernée.
L’habitude des pèlerins d’ajouter en passant une pierre aux monceaux déjà existants ou de créer de nouveaux tas se perpétua longtemps. Le dominicain Hugues de Saint-Cher écrit, au milieu du XIIIe siècle, que les pèlerins élevaient de ces piles, les couronnaient d’une croix et les appelaient montjoie 76 . Bien français, le mot était connu en Angleterre avec ce sens en 1425. A cette date, un itinéraire anglais commence ainsi : «Here beginneth the way that is marked and made wit Mont-Joiez from the land of Engelond unto Sent Jamez in Galis»77. П semblerait donc que la route de Compostelle était jalonnée, depuis l’Angleterre, par des топу oies. Jean de Tournai raconte son arrivée à Compostene, en 1488, dans une campagne enneigée : «Nous bouttions nos bourdons bien souvent dans cette neige jusqu’au bout, pour savoir s’il n’y avoit point de montjoie et, quand nous ne trouvions rien, nous nous recommandions à Dieu et allions toujour et quand nous oyons que notre bourdon cognoit, nous étions bien joyeux, car c’était à dire qu’il y avoit une montjoie»79. À la fin du XVe siècle, on lit dans la Mer des hystoires : «Les petis monceaulx de pierre, que nous appelons montjoies, furent faits par les chemins sur les champs pour adresser les cheminans»79. En 1721, le Dictionnaire universel, dit de Trévoux, établit l’équivalence de Möns gaudi i et de Viae index.
Le nom de montjoie fut donc attribué, de bonne heure, mais secondairement, aux tas de pierres anciens ou récents, qui balisaient un itinéraire à suivre. On a supposé que, de ce sens, il était passé à celui d’enseigne militaire, qui indiquait aux soldats la direction à prendre, et, de là, au cri d’armes.
Le terme fut appliqué aussi aux hauteurs, points de vue ou belvédères naturels d’où, à la façon des pèlerins (cf. supra , p. 168), n’importe qui pouvait contempler au loin le but de son voyage. Ainsi dans le Lai de l’ombre, un chevalier à la recherche de sa dame chevauche avec ses compagnons
Tant qu’il vindrent a la monjoie Du chastel où cele manoit80*
3° Un amoncellement, un tas, un grand nombre ou une quantité considérable de n’importe quoi. Ex : une montjoie de fagots pour brûler un hérétique ; une montjoie de morts sur un champ de bataille. Rabelais parle d’une « montjoye d’ordure » (Pantagruel , XXXIII), mais aussi d’une « montjoye d’or et d’argent » {Quart Livre, Prologue de l’édition de 1552). Montaigne décrit les dunes de sable comme de « grandes montjoyes d’arenes mouvantes, qui marchent une demie lieue devant la mer » (Essais , liv.I, ch.30).
D’où les expressions : à montjoie ou en montjoie pour dire « en masse », « en grande quantité », « à profusion ».
Au sens figuré :
4° Le sommet, le point culminant, le comble de. Ex : la « montjoie de félicité », la « montjoie de paradis » ou « des deux ». Une femme peut être dite : « la montjoie de beauté », et Clément Marot qualifiera sa maîtresse de « montjoye de vertu » et de « montjoye de douleur ».
5° Au sens figuré comme au sens propre, montjoie peut désigner un repère, un lieu d’étape. Dans cet ordre d’idée la Croix est considérée «comme une seure montjoie qui mène à Jésus-Christ», c’est-à-dire comme un jalon sur la voie du Salut.
6° Au XXe siècle, en Provence, le nom Li Mount Joio a été choisi pour titre d’un recueil de proveîbes (Paul Roman, Avignon, 1908) et d’un recueil de poèmes (Marcelle Dmtel, 1968).
7° Nom du roi d’armes ou héraut de France. Le chef reconnu par le roi de tous les hérauts d’armes, portait le nom de Montjoie, par lequel les souverains étrangers l’interpellaient au cours de ses ambassades auprès d’eux81.
8° Enfin, l’original cri de guerre adopté par les Francs devint un nom commun et désigna un quelconque cri de ralliement ou de joie. On parla du « cri et monjoye » des sorciers pendant leurs sabbats et, parmi les manières de manifester son plaisir, figurent : « tapemens de mains, monjoyes et applaudissemens »82.
On aura remarqué que les sens de montjoie, qui viennent d’être énumérés, tournent autour des idées de « hauteur », « d’amoncellement » ou de « cri ». Celle de « protection », qui était à l’origine du mot, s’est estompée sans pourtant disparaître. Elle subsiste dans ces deux vers des Miracles de Notre-Dame, où il est question de la Vierge Marie :
Entre Dieu et home est montjoie,
Toutes les pais fait et ravoie83.
Ici, la mère de Dieu sert d’intermédiaire et d’appui. Elle jalonne le chemin qui mène les hommes vers Dieu ; mais aussi, elle intercède auprès de son Fils, elle aide et protège. Nous verrons que cette mission est restée aussi attachée aux petits monuments chrétiens nommés montjoies.
Le nom commun montjoie fut très employé pendant tout le Moyen Âge et encore au XVIe siècle. Au XVIIe siècle, il commença à sortir d’usage et n’apparaît plus dès lors et jusqu’à nos jours que comme un archaïsme.
Il est cependant encore employé aujourd’hui pour désigner un type précis d’oratoires de plein air, en concurrence avec d’autres termes régionaux comme oradour (Limousin), piloun (Var), bildstock (Moselle), chapelle (Nord et Hainaut). On rencontre ces petits monuments un peu partout en France, où ils ont souvent pris la place d’anciens lieux de culte païen, dédiés à des divinités protectrices au croisement des routes, le long des chemins ou au point culminant des hauteurs. Ils se composent généralement d’une pile en pierres taillées ou en maçonnerie, dans laquelle est pratiquée une niche abritant une image pieuse ou une sculpture religieuse. Parfois, mais pas toujours, une croix est au sommet. Une dalle de pierre sert quelquefois de reposoir pour les reliques transportées lors des processions et on peut éventuellement y célébrer une messe en plein air. Un agenouilloir peut compléter l’ensemble84. Aujourd’hui encore, il arrive que le passant, renouvelant une pratique séculaire, s’y arrête un moment, dise une prière et offre quelques fleurs.
Il semble que ce soit l’idée de protection, qui ait fait donner le nom de montjoie aux tas de pierres puis aux petits monuments chrétiens. Les pèlerins et les voyageurs se sentaient à la fois guidés matériellement par eux et rassurés moralement par la croix ou le saint qui y nichait. J. Scrive-Loyer a signalé que, dans le Nord de la France et en Flandres, dans nombre de cas, les montjoies protègent des propriétés familiales. Lors de la vente du champ ou du pré où elles se trouvent, elles sont exclues sur l’acte de vente et transférées sur un autre domaine de l’ancien propriétaire ou de sa famille85.
Les plus célèbres d’entre ces « montjoies » sont les sept petits édifices gothiques qui furent élevés ensemble, vers 1271, en bordure de rEstrée qui traversait la Plaine Saint-Denis du sud au nord. Chacun comportait une haute croix et trois statues de rois grandeur nature debout sur un socle fleurdelisé86. Ils furent tous démolis en 1793, en tant que « signes de religion et de royauté »87. Ils étaient censés marquer, à des intervalles irréguliers, les arrêts du cortège funèbre, qui conduisit le corps de Louis IX à la basilique de Saint-Denis. Rien ne permet d’avancer que des actes de dévotion s’y soient jamais déroulés.
Jusqu’au XVme siècle, les textes désignèrent ces petits monuments par le nom de « croix faites en façon de pyramides », de « stations ou reposoirs », de « statues de rois ». Mais peu à peu l’habitude s’introduisit de les appeler montjoies. Le premier, semble-t-il, Guillebert De Mets écrit, vers 1430, que ces croix de pierre «sont sur le chemin en maniere de monjoies pour adrechier la voie»88. Et Gilles Corrozet, dans l’édition de 1561 de ses Antiqui tez , chroniques et singularitez de Paris , précise : «Aucuns les appellent montjoyes»89, ce qui signifie que, récente, l’appellation n’était pas encore universellement adoptée. Enfin, le Plan des Environs de Paris par Nicolas De Fer porte, en 1705 : «Ces croix sur la route de Saint-Denis se nomment Mont-Joye». Le terme montjoie eut donc quelque mal à s’imposer dans ce sens particulier. Au XIXe siècle, il est généralement admis.
Au terme de notre recherche, le cri d’armes des guerriers francs apparaît bien comme le nom de l’Ancêtre divinisé, qu’ils appelaient à la rescousse dans leur langue.
Io Le lieu dit la Monjoie dans la Plaine Saint-Denis occupe l’emplacement du tumulus de l’ancêtre tutélaire des Gaulois, adopté par les Francs et nommé par eux *Mundgawi.
2° Munjoie! est l’aboutissement en roman du francique *Mundgawi, qui signifie « Protège-pays ». Le mot, quatorze fois répété dans la première version du Roland (entre 1125 et 1150), remonte à un passé plus lointain et à une version antérieure de la Chanson (XIe siècle).
3° Möns Gaudii est la traduction en latin de Munjoie que Homophonie orienta vers le sens de « Mont (de la) joie ». Il est probable que la christianisation du tumulus par le martyre de saint Denis facilita cette évolution sémantique. Elle dut intervenir au IXe siècle, après quHilduin eut écrit les Areopagitica.
4° Au Xe siècle, les pèlerins et croisés français se servirent, par analogie, de ce nom célèbre et familier pour désigner les hauteurs voisines des lieux saints, à Jérusalem, à Rome, à Compostene, etc.; puis d’autres hauteurs, un peu partout en France et à l’étranger, le reçurent également. En tant que toponyme Morts Gaudii est attesté dès la fin du Xe siècle et Monjoïe à partir de la fin du XIIe siècle.
5° Devenu nom commun, montjoie fut appliqué à des tas de pierres, à des éminences, à des croix, qui servaient de repères routiers, et, plus tardivement, aux petits monuments chrétiens élevés en bordure des chemins, qui, tous, avaient un rôle de protection. Cette diffusion, impossible à suivre avec précision dans l’espace et le temps, eut lieu à partir du XIIe siècle.
6° Montjoie est un terme spécifique, dont l’origine est bien datée et localisée et dont l’évolution sémantique est justifiée.
La longue durée du cri de guerre, la vaste diffusion géographique du toponyme et la multitude des significations du nom commun, bref : le succès du mot montjoie, s’explique par l’importance historique du nom propre qui en est le point de départ. Dans les vers inédits, à arrière-pensée politique, d*£ustache Deschamps, que j’ai choisis pour épigraphe de cet article, Montjoye a une grande valeur expressive. C’est tout un passé chevaleresque et regretté que le mot évoque, une époque à laquelle le recul prête les couleurs avantageuses d’un règne d’or90.
L’étude qui s’achève est un bon exemple de la nécessité des examens géographiques et historiques dans les recherches d’onomastique, qui sont, en retour, susceptibles de fournir un appoint déterminant91. Comme à l’archéologue après avoir fouillé un site, il arrive au philologue, après avoir satisfait aux exigences phonétiques, d’avoir encore à puiser dans sa culture historique pour interpréter correctement l’objet et faire le bon choix parmi les hypothèses qui s’offrent à lui. L’étymologie, en retour, comme la découverte du fouilleur, vient étayer les résultats obtenus par d’autres voies.
En ce qui concerne Munjoie!, Montjoie et montjoie, l’escorte des sens dérivés accompagne et corrobore le sens premier de « Protège-pays » attribué au nom propre originel et celui-ci milite en faveur de l’existence d’une tombe-sanctuaire, où était domicilié et vénéré l’Ancêtre secourable. Ainsi, par passages successifs d’un domaine à l’autre de la connaissance, peut-on espérer cerner la vérité.
Anne LOMBARD-JOURDAN
12, rue Jacques Boyceau 78000 VERSAILLES
Notes
1 . Traité de la formation des mots composés dans la langue française, 2e éd., Paris, 1894, p.6.
2. Voir infra, la bibliographie, que nous avons voulue exhaustive, des publications traitant de Montjoie.
3. Renée KAHANE a qualifié le sujet de «focus of age-old controversy».
4. Historia ecclesiastica, lib. ХП, éd. A.Le Prévost, t.IV, Paris, 1852, p.362.
5. Ed. Mignard, vers 3717-3718.
6. La Complainte de France. Dans Poésies complètes de Charles d’Orléans, éd. C.dHéricault, Paris, 1874, t.I, p. 1 90. -Philippe MOUSKET décrit la bataille de Bouvines :
Souvent oissies a grant joie
Nos François s’escrier Montjoie.
Chronique rimée, éd.Reiffenberg, Bruxelles, 1838.
7 « L’oriflamme de France et le cri « Munjoie’ au XIIe siècle », Le Moyen Age, t.65, 1959, pp.469-499.
8. La saínete Mère ou Vie de saínete Isabel de France, Paris, 1619, p.61 .
9. DU CANGE, Dissertation XI : Du cry d’armes, pp.49-50.
10. A. LOMBARD-JOURDAN, Montjoie, pp.27 et suiv.
1 1 . Chroniques des comtes d’Anjou, éd. Marchegay et Salmon, Paris, 1 856-1 871 , p. 84.
12. Camille JULLIAN, « Notes gallo-romaines, XXI. Remarques sur la plus ancienne religion gauloise », Revue des études anciennes, t.6, 1904, pp.54-55. Patrius clamor, c’est littéralement « l’appel au Père », autant que le « cri hérité du Père ».
13. « Deo… quem adesse bellantibus credunt ». TACITE, Germania, УЛ.
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14. Panegyrici latini, IX, 3, 3 et X, 14, éd. E. Galletier, t.II, p.125 et p.177. Voir aussi A. LOMBARD-JOURDAN, Montjoie, p. 128.
15. ÉTIENNE DE BOURBON, Anecdotes historiques, éd. A. Lecoy de la Marche, Paris, 1877, p.93, n° 103. L’interprétation fournie par le savant dominicain : Dei odium habeat qui ultimus curret ad Paradisum, est sujette à caution. Le terme aas « ancêtre » est employé à la fin du ХПе siècle et disparaît ensuite :
Si sont honor a vostre aas,
Que s’or volons sachier a nous,
Ja d’eus (les ennemis ) n’escapera uns sous,
Ne soient tuit et mort et pris.
Le roman de Guillaume de Palerne, vers 5612-5615, éd. H. Michelant, Paris, 1876, p.163.
16. Voir infra p. 167.
17. Voir infra p.168 et note 61.
18. En français, on dit Montjoie ; en breton, Bre Levenez (Côtes-d’Armor) ; en allemand, Frohberg (Doubs).
19. C’est celle qu’a adoptée le Trésor de la langue française. Dictionnaire de la langue du XIXe au XXe siècle (1789-1960), Paris, C.N.R.S.-Gallimard, 1985.
20. Voir les comptes rendus sévères de Leo SPITZER, Zeitschrift fur romanische Philologie , t. 48, 1928, p.108 et de Hans SPERBER, Romance Philology, t.8, 1955, p.139.
21. Voir les références citées dans la bibliographie.
22. Nous renvoyons à ce livre, cité en tête des notes, ceux qui désireraient une plus complète information et des références.
23. On connaît le texte célèbre de CÉSAR : «Ceux-ci (les druides), à une époque déterminée de l’année, aux confins du pays des Carnutes -région considérée comme le centre de toute la Gaule -, tiennent leurs assises dans un lieu consacré». De bello gallico, VI, 13, 10. -Voir John MEIER, Ahnengrab und Rechtsstein, in : Deutsche Akademie der Wissenschaft zu Berlin, Veröffentlichungen der Kommission für Volkskunde, Bd.I, 1950, note 34 ; Jacek BANASZKIEWICZ, « Entre la description historiographique et le schéma structurel. L’image de la communauté tribale », in : L ‘historiographie médiévale en Europe, Paris, Éditions du CNRS, 1991, p. 174 ; A. LOMBARD-JOURDAN, « Les antécédents de Paris comme lieu du pouvoir », à paraître dans les Actes du Colloque franco-polonais sur Les lieux du pouvoir au Moyen Age, Paris, 1er -2 avril 1992.
24. F. HENRY, Les tumulus du département de la Côte-d’or, Paris, 1932, p.97.
25. Le Plan du Terroir de Saint-Denis, gravé par Claude INSELIN en 1708, orthographie le nom du lieu-dit sans t : » La Monjoie ». Bibl.nat., Cartes et plans, Ge D 5492.
26. A. LOMBARD-JOURDAN, Montjoie, p. 17-34 ; « Les antécédents de Paris », op. cit. ; « Les foires de l’abbaye de Saint-Denis. Revue des données et révision des opinions admises », Bibliothèque de l’Ecole des chartes, t 145, 1987, pp. 273-338, pl.
27. «…quo amplius gentilitatis fervere cognovit errorem». Passio sanctorum martyrum Dionisii, Rustici et Eleutherii, éd. Auctores antiquissimi, t.IV, 2, p.103.
28. Traité de la formation des mots composés dans la langue française comparée aux autres langues romanes et au latin, 1ère édition, Paris, 1875 (Bibliothèque de l’École des Hautes Etudes, Sciences philolo¬ giques et historiques, 19e fase.). Gaston Paris, auquel cette première édition avait été dédiée, s’occupa de revoir la deuxième édition, Paris, 1894. Dans l’Introduction, il rend hommage à la force de réflexion d’A. Darmesteter et se déclare convaincu par sa démonstration de la composition par l’impératif. Les conclusions relatives à ce type de formation sont résumées dans le Traité de formation de la langue française (§ 204 à 21 1), qui précède le Dictionnaire général de la langue française du commencement du XVIF siècle jusqu’à nos jours par A. HATZFELD, A. DARMESTETER et A. THOMAS, Paris, 1889.
29. Dans l’onomastique sémitique, par exemple, certaines dénominations sont de véritables formules précatives. Ainsi le nom du roi assyrien Nabuchodonosor est un appel à la divinité : «Nebo, protège ma race». DARMESTETER, Traité, p. 192.
30. Cf. un mot de composition différente : v.h.a. hals-berc > haubert (protection du cou), qui est formé de deux substantifs, dont le premier est le complément déterminatif du second.
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« Munjoie! », Montjoie et xnontjoie. Histoire d’un mot
31. J. MAROUZEAU, « Composés à thème verbal », Le Français moderne, 20, 2, 1952, pp. 81-86 ; Pierre-Henri BELLY, « Les composés en canta-dans la toponymie de la France », Nouvelle Revue d’Onomastique, n° 15-16, pp. 62-64.
32. En anglais, le verbe to mound signifie « clôturer, fortifier », ce qui est une façon de « protéger ». D aurait donné naissance au substantif mound « barrière, limite » puis « amoncellement de terre, tumulus », peut-être par association avec mount « mont ». Les premières mentions avec ce dernier sens dateraient du début du XVIIIe siècle. Oxford English Dictionary, 1 6, pp.707-708.
33. « Galli se omnes ab Dite pâtre prognatos praedicant, idque ab Druidibus proditum dicunt ». De bello gallico, VI, 18, 1.
34. « Parisios venit ibique cathedram regni constituit ». GRÉGOIRE DE TOURS, Historia Francorum, П, 38.
35. À la fin du VIe siècle, Grégoire de Tours insiste sur l’ignorance où étaient les Francs au sujet de leurs origines, ignorance qui leur pesait. Historia Francorum, П, 9 et 10. La légende de l’origine troyenne des Francs, dont les premiers échos datent du VIIe siècle, s’efforça de combler cette lacune.
36. Historia Francorum, П, 30.
37. A. D ARMESTETER, Traité de la formation de la langue française, § 498. Sur l’évolution phonétique du germanique gawi au français joie, voir l’explication de René LOUIS, et l’exemple parallèle qu’il donne : Alsegaudia > Ajoie. » À propos des Montjoie autour de Vézelay », pp. 16-1 9.
38. Historiae ecclesiasticae libri XIII, éd. MIGNE, Patrologie latine, t. 188.
39. Abbreviatio Chronicoum Angliae Historiae, éd. M.G.H., SS, t. XXVIII, p. 446.
40. Éd. Reiffenberg, Bruxelles, 1836.
41 . Montjoie, pp. 108-124 et Annexe I.
42. Au ХПе siècle, on écrivit son nom Pharamond, peut-être pour l’helléniser en accord avec la nouvelle théorie de l’origine troyenne des Francs.
43. Monumenta Germaniae Histórica, Scriptores rerum merovingicarum, t.ïï, pp.24 1-243.
44. R. SCHMLl’lLEIN, « L’anthroponyme germanique en fonction toponymique », Revue internationale d’onomastique, t.ll, 1959, pp. 13 et 41 ; 1. 13, 1961, p.l 15.
45. La Pseudo Chronique de PROSPER TYRO porte, sous la date de 421 : Faramundus régnât in Francia. Éd. MIGNE, Patrologia latina, t.51, col. 862. Mais cette mention semble avoir été interpolée !
46. Historia Francorum, П, 9.
47. FREDÉGAIRE, Gesta regum Francorum, M.G.H., Scriptores rerum merovingicarum, t.n, pp.241-246.
48. À partir du XVIIIe siècle, Pharamond figura en tête de la généalogie des rois de France dans tous les manuels scolaires. Rappelons l’ampleur poétique et politique que prend le personnage dans Les Martyrs de CHATEAUBRIAND (Paris, 1807, l.VI) Éd. de la Pléiade, pp.200-209. L’auteur exprime d’ailleurs, dans ses Études ou discours historiques sur la chute de l’Empire romain (Paris, 1831, t.IÏÏ, p.215), ses doutes sur l’historicité de Pharamond. Ce dernier demeure une des étapes culturelles de notre identification nationale.
49. Voir l’article de Frantisek GRAUS consacré à l’étude des saints auxiliaires de bataille et à leur éventuelle « nationalisation ». «Der Heilige als Schlachtenhelfer. Zur Nationalisierung einer Wundererzählung in der Mittelalterlichen Chronistik» in : Festschrift H. Beumann, Sigmaringen, 1977, pp. 330-348.
50. Colette BEAUNE, Naissance de la nation France, Paris, 1985, p. 126 et suiv.
51. J. WATHELET -WILLEM, « L’épée dans les plus anciennes chansons de geste. Étude de vocabulaire », Mélanges R. Crozet, t.1, 1966, pp.435-449.
52. Dans la Karlamagnus Saga (ch.38 et 50), le cri de guerre est noté par » Mungeoy / » et l’épée de Charlemagne se nomme Giovise. Voir P. AEBISCHER, Rolandiana Borealia, Lausanne, 1954, p.225.
53. П sera traduit en latin par Gaudiosa (Pseudo Tuipin), Jocosa (Guillaume de Nangis), Jucunda (Guillaume le Breton).
54. L’unique fois où Joyeuse passe entre les mains d’un autre que le souverain légitime, en l’occurrence celles de Guillaume d’Orange, c’est pour qu’il défende le « pays » contre les Sarrasins à la place du faible Louis le Pieux. Voir Montjoie, p.61.
55 . Anseïs von Karthago, hgg J.Alton, Tübingen, 1892. (Bibliothek des literarischen Vereins in Stuttgart, 194).
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56. Du Xe au XIIIe siècle, des fiefs s’organisèrent autour de familles seigneuriales, qui invoquèrent chacun un protecteur céleste attitré : le Poitou eut saint Hilaire, la Touraine saint Martin, l’Orléanais saint Aignan, le Limousin saint Martial, le comté de Toulouse saint Sernin, le Vermandois saint Quentin, etc.
57. «Ipsa dicta aima obtulit sancto Dionisio, quia est acclamatilo, le cry gallice, Francie». Le Procès de condamnation de Jeanne d’Arc, éd. P.Tisset, t.I, 1960, p.272.
58. AIMOIN, Historia Miraculorum et translationum S. Germani ob irruptiones Normannicas , I, 18, éd. AA. SS. Boli, mai VI, p. 790.
59. Une démarche analogue, mais en sens inverse, s’observe en Irlande, où l’omphalos ou « Milieu » de l’île fut personnifié en « roi Mide ».
60. Éd. SS., t.XIV, p. 1 31 .
61. « Möns vocatur exultationis vel laetitiae ». Jean de MANDE VILLE, Voyage autour de la terre , ch. 11. Les première mentions de Möns gaudii dans ce sens sont : A Rome, en 998 : Johannis Chronicon Venetum, M.G.H., SS., VE, p. 31 ; TH3ETMAR, Chronicon, IV, (écr. entre 1012 et 1118), M.G.H., SS., Ш, p. 777 ; Brunwilarensis monasterii fundatorum actus, cit. supra p. 169 ; SUGER, Vita Ludovici, anno 1111. -A Jérusalem en 1098 : RAYMOND DE AGUELERS, Historia Francorum qui ceperunt Jherusalem, Recueil des historiens des croisades, t. Ш, p. 264. -A Limoges : ADHEMAR DE CHAB ANNES, Sancii Gibardi monachi commemorano abbatum Lemovicensium, éd. MIGNE, Patrologie latine, t. 141, p. 82. -Les premières mentions en français de Montjoie dans le sens de hauteur près d’une ville sainte se trouve, à Rome, dans Ami et Amile (с. 1200), vers 2479 ; UEstoufle (с . 1200), vers 459 ; et près de Jérusalem, dans La chevalerie Ogier de Danemark par RAIMBERT DE PARIS (1190 à 1200). Pour plus d’informations, voir la thèse de Kurt LÖFFEL : Beiträge zur Geschichte von Montjoie, Tübingen, 1934.
62. J. BÉDŒR, Légendes épiques, éd. 1929, t. II, p.239.
63. Munschau, à une petite distance au sud-est d’Aix-la-Chapelle, fut formé sur Montjoie. Sch rend régulièrement/.
64. Auguste VINCENT a noté que «beaucoup de monjoies sont des tumuli de l’époque du bronze à l’époque romaine». Toponymie de la France, Bruxelles, 1937, p. 198.
65. À huit kilomètres au nord-ouest de la ville, sur la route de Jaffa, la butte de Ramatila, dite Möns Gaudii, contenait la Tumba Samuelis prophetae. C’est cette colline qui donna son nom à l’Ordre éphémère de chevalerie de Notre-Dame de Montjoie, institué en 1180 par le pape Alexandre Ш pour la protection des voyageurs en Terre Sainte.
66. Près de Rome : Monte di Gioia, Monte Mario, Monte Malo.
67. Près de Saint-Jacques de Compostelle : la Monjoya. En espagnol : Monte del gozo. En galicien : Monxoi. Voir : «De ecclesia in Monte gaudio fabricate et consecrata», a. 1 105, in : Historia Compostellana, I, 20, éd. Fr. H. FLOREZ, España sagrada, t. XX (1765), p. 54.
68. Voir K. LÖFFEL (1934), pp.31-32 ; R. LOUIS (1939), pp.22-29 ; J. SOYER (1943-1946), pp.84-85 ; G. ROHLFS (1974), pour l’Italie, pp.450�51.
69. J. SOYER, Recherches sur l’origine et la formation des noms de lieux du département du Loiret, IX. Orléans, 1946, p.81. Dans le même but explicatif, Paul Lebel a supposé que, pour abréger, on passa de « la croix de Montjoie » à « la Montjoie ».
70. Voir les exemples cités par GODEFROY, Dictionnaire, s.v. montjoie. Au XVIIe siècle, Pierre RICHELET (Dictionnaire français…, Genève, 1680) ne signale qu’un seul sens du substantif montjoie : « un grand nombre, une quantité » (notre 3°).
71. C. JULLIAN, dans Revue des études anciennes, 1921, pp.37 et suiv. et 1924, p.320, note 2.
72. Arch. Nat., P 1472, fol. 1 v°.
73. Jacques MILLET, La destruction de Troye la Grant , vers 18944-18948, éd. E. Stengej, Marburg et Leipzig, 1883, p. 301.
74. Le Lusidaire, poème cité par DU CANGE, s.v. mons gaudii. Traduction en vers octosyllabiques restée inédite de XElucidarium dHonorius Augustodunensis par Gillibert de Cambres, écrivain normand du Xlllc siècle. Voir Yves LEFEVRE, L’Elucidarium et les Lucidaires, Paris, 1953 (Bibl. des Écoles françaises d’Athène et de Rome, 180), p. 31 1 .
75. Acta Sanctorum bollandiana, avril Ш, p. 682, § 21 .
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« Munjoie! », Montjoie et montjoie. Histoire d’un mot
76. «Constituunt acervum lapidum et ponunt crucem et dicitur Möns Gaudii».
77. Cit. par BARRET et GURGAND, Priez pour nous à Compostelle, Paris, 1978, p.70 (d’après S. PURCHAS, His Pilgrims).
78. Bibliothèque municipale de Valenciennes, ms.493, fol.293.
79. La Mer des histoires , t.I, éd. 1488, fol.52.
80. Lais inédits des XIIe et XIIIe siècles, éd. Francisque Michel, Paris, 1836, p. 50 ; voir aussi Le roman de l’Escoufle (с . 1200), vers 459, 4354 et 7568, éd. P. Meyer, Paris, 1894.
81. SHAKESPEARE, Henri V, Ш, 6 ; IV, 3 et 7. Cf. Robert GAGUIN, Les Gestes romaines…., Paris, A.Vérard, s.d. ; voir au fol.206, col.2 : « Comment le roy d’armes des Françoys fut premièrement créé et puis nommé Montjoye ». (Bibl. nat., hnpr. Rés. J 365) ; et le récit de l’ambassade de Montjoye, roi d’armes de par le roi de France auprès de « ceux de Venise », en avril 1509, par Jehan MAROT, Le Voyage de Venise, Paris, 1532, éd. G. Trisolini, Genève, 1977, pp.53-59.
82. Voir les exemples fournis par les Dictionnaires de GODEFROY et dHUGUET, s.v. montjoie.
83. Cit. DU CANGE, s.v. mons gaudii, p. 539.
74. C. ENLART, Manuel d’archéologie française, Première partie, Paris, 1902, p.802 ; Pierre IRIGOIN, « Montjoies et oratoires », Bulletin monumental, t.94, 1935, pp. 145-170.
85. J. SCRTVE-LOYER, « La Montjoie de Notre-Dame de Bonne Espérance », Mémoires de la Société archéologique et historique de l’arrondissement d’Avesnes, 1. 15, 1935, p.69.
86. A. LOMBARD-JOURDAN, « Montjoies et Montjoie dans la Plaine Saint-Denis », Paris et Ile-de-France, t.25, 1974, pp.141-181.
87. A. LOMBARD-JOURDAN, « Traque et abolition des marques de religion, de royauté et de féodalité à Saint-Denis après 1789 », in : Saint-Denis ou le Jugement dernier des rois. Actes du Colloque organisé du 2 au 4 février 1989 à l’Université de Paris Vffl à Saint-Denis, La Garenne-Colombes, 1992, pp.216-217.
88. « Description de Paris sous Charles VT », éd. LE ROUX DE LINCY et TISSERAND, Paris et ses historiens aux XIVe et XVe siècles, Paris, 1867, p.230.
89. Fol. 95 v°.
90. EUSTACHE DESCHAMPS, Poésies, BibLnat., ms.fr. 840, fol.131 v°.
91. Jacques CHAURAND, Préface à Toponymie et archéologie, Actes du Colloque tenu au Mans en Mai 1980, Paris, 1981, р.Ш.
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Bibliographie
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ARNOULD (Charles), « De Petromantalum à Montjoie », Revue internationale d’onomastique, t.23, 1971, pp.99-102.
* Voir surtout p. 102. Montjoie viendrait de bases gauloises : mant-« chemm » et gauda « tas, monceau ».
BABY (François), « Toponomastique du pèlerinage en Languedoc. П. Encore une fois Montjoie », Cahiers de
Fanjeaux, 1. 15, 1980, pp.59-62.
* Appauvrissement sémantique de la Maison de Dieu ou Mons Gaudii de saint Bernard.
BAR (Francis), « Montjoie et Moultjoie », Romania, t67, 1942-1943, pp.240-243.
* « Croix Moultjoie » (Beaucoup de joie), près de Bourges.
BAUDOUIN (Adolphe), « Montjoie et Saint-Denis », Revue des Pyrénées, t. 14, 1902, pp.6 19-680.
* Montjoie = tas de pierre > repère > enseigne militaire > cri de guerre.
BÉDIER (Joseph), Les légendes épiques, 4 vol., t.2, Paris, 1908, pp.225-239.
* Le cri de guerre Munjoie! viendrait d’une colline près de Rome et l’oriflamme aurait été donnée par le pape à Charlemagne (Mosaïque de Saint-Jean-de-Latran). L’auteur ajoute honnêtement : « Mais il se peut après tout que le vers Mès de Munjoie iluec out pris eschange reçoive quelque autre explication ».
BUGLER (G), « À propos de Montjoie », Revue internationale d’onomastique, t.24, 1972, pp. 1-6.
* Montjoie-le-Château, hameau de Vaufrey (Doubs).
DAUCOURT (Gérard), « Montjoie-le-Château. Notice historique et guide », s.l.(Montbéliard), 1964.
* Sur le château et les seigneurs de Montjoie, près de Vaufrey (Doubs).
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DIAMENT (H.), « Une interprétation hagiotoponymique de l’ancien cri de guerre des Français : Montjoie Saint-
Denis! », Romance Notes, 1. 12, 1971, pp.447-457.
DIAMENT (H), « La légende dionysienne et la juxtaposition des toponymes « Montjoie » et « Saint-Denis » dans la formation du cri de guerre », Romance Notes, 1. 1 3, 1971, pp.177-180.
* L’auteur opine pour une étymologie venant de Möns Jovis.
DU CANGE, Dissertation XI : « Du cry d’armes » et Dissertation ХП : « De l’usage du cry d’armes » (a. 1678), dans
Glossarium mediae et infimae latinitatis, tome VII, éd. Paris, 1 850, pp. 46-56.
ÉLOY (William), « Recherches sur les Montjoie en Picardie. Notes d’histoire et de linguistique », Linguistique picarde, mars 1970, pp.8-15.
* Donne le relevé des toponymes Montjoie dans les départements de la Somme, de l’Oise, de l’Aisne et du Pas-de-Calais.
ENLART (Camille), Manuel d’archéologie française, 1, 2 : Architecture religieuse, Paris, 1920, p.926, et note 4. F AVÈRE (Jean), « Montjoie et Moultjoie », Romania, t.69, 1946-1947, pp.101-103.
* La « croix de Moultjoie », près de Bourges, se trouve sur une ancienne hauteur de « la Montjoie ». GAMILLSCHEG (Ernst), Etymologisches Wörterbuch der französische Sprache , Heidelberg, 1928, s.v.
Montjoie.
GAMILLSCHEG (Ernst), Französische Bedeutungslehre, Tübingen, 1951, p. 135.
GAMILLSCHEG (Emst), « Frz. Montjoie, Wegweiser, Malhügel », Zeitschrift für französische Sprache und
Literatur, t. 77, 1967, pp. 369-371.
GAMILLSCHEG (Emst), Etymologisches Wörterbuch der französische Sprache, 2e éd. 1969.
* L’auteur défend avec de nouveaux arguments l’étymologie proposée par lui dès 1 928.
HARRIS (Julian), « Munjoie and Reconui sance », Romance Philology, t.10, 1957, pp. 168-1 73.
* Munjoie n’est pas un cri de guerre mais un symbole religieux, une formule d’action de grâces.
HEISIG (Karl), « Munjoie », Romanistisches Jahrbuch, t.4, 1951, pp.292-314.
* Munjoie est le reflet de l’image primitive de la Montagne du ciel.
HERBILLON (Jules), « Marcourt et Montjavoult (Montjoie) », Revue internationale d’onomastique, t.29, 1977, pp. 128-131.
* Montjavoult (Oise) vient de Möns Jovis, mais il est noté Möns Jocundiacus dans un diplôme de Charles le Chauve de 862.
HEBBARD-LOOMIS (Laura), « The Passion Lance relic and the war cry Montjoie in the Chanson de Roland », Romanic Review, t.41, 1950, pp.250-251.
* L’auteur constate que le mot Munjoie n’a jamais de t dans la Chanson de Roland, ce qui l’incite à en chercher l’étymologie dans Meum gaudium, en supposant un masculin au mot « joie » dans le français du XIIe siècle.
HIBBARD-LOOMIS (Laura), « L’oriflamme de France et le cri Munjoie au ХПе siècle », Le Moyen Age, t.65, 1959, pp.469-499, 5 fig.
* Traduction d’un article paru dans Studies in Art and Literature for Belle Da Costa Greene, New Jersey, Princeton University Press, 1954, pp.67-82.
HOCHE (Lucien), Paris occidental. XIF-XLX? siècle, 3 vol., Paris, s.d. Voir Appendice XI : La Croix Penchée et
le Cri « Montjoie Saint-Denis », pp.719-735.
IRIGOIN (Pierre), « Montjoies et oratoires », Bulletin monumental, t.94, 1935, pp. 145-170.
* Étude d’une série d’édicules très divers par leur emplacement, leur matériau, leur architecture, leur origine, et dont certains sont appelés montjoie.
KASPERS (W.), « Der Name Montjoie und seine Bedeutungsvarianten », Beiträge zur Namensforschung, t. 9, 1958, pp. 173-179.
* Propose une étymologie de montjoie par *mundigalga, composé de Mund « protection » et de * galga « croix ». LAUER (Philippe), « Le château de Montjoie en forêt de Marly », Bulletin de la Société nationale des Antiquaires
de France, t.71, 1927, pp.21 7-222.
* Fouilles exécutées de 1923 à 1927 à l’emplacement du donjon du ХПе siècle.Le nom Montjoie viendrait de l’éminence sur laquelle était bâti le château.
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« Munjoie! », Montjoie et montjoie. Histoire d’un mot
LEBEL (Paul), « Chronique de toponymie. XXVII », Revue des Études anciennes , t.40, 1 938, pp.290-29 1 .
* L’auteur qualifie la latinisation de Montjoie par Möns gaudii de « faux habillage » et fait des réserves au sujet de la dérivation phonétique de gawi.
LEBEL (Paul), « Le terme Montjoie », Travaux de linguistique et de folklore de Bourgogne, Ш, Dijon, 1972, pp.27-28.
* Le genre féminin de « la Montjoie » viendrait, par abréviation, de « la croix de Montjoie ».
LÖFFEL (Kurt), Beiträge гиг Geschichte von Montjoie, Tübingen, 1 934, pp. 1 -42.
* L’auteur donne le relevé, par ordre chronologique, des premières mentions de Mans Gaudii et de Montjoie dans les textes du Moyen Âge. П énumère (p. 17) les douze explications du terme proposées jusqu’en 1928. Compte rendu élogieux de Mario Roques dans Romania, 1 936, p. 1 38.
LOMBARD-JOURDAN (Anne), » Mont/oies et Montjoie dans la Plaine Saint-Denis », Paris et Ile-de-France ,
t.25, 1974, pp. 141-181, 5 pl.
LOMBARD-JOURDAN (Anne), « Montjoie et saint Denis! ». Le centre de la Gaule auxorigines de Paris et de
Saint-Denis. Paris, Presses du CNRS, 1989.
LOUIS (René), « Les différents sens et l’étymologie de Montjoie « , dans 1er Congrès international de toponymie,
1938, Actes et mémoires, pp.78-84 ; et Revue des Études anciennes, 1 938, p.290.
LOUIS (René), « À propos des Montjoies autour de Vézelay. Sens successifs et étymologie du nom àe Montjoie », Publications annuelles de la Société des fouilles archéologiques et des monuments historiques de l’Yonne, Série toponymique, I, Auxerre, 1939, 29 p.
* Avec un Essai provisoire d’inventaire des toponymes « Montjoie » et « Montjoy » et apparentés. L’auteur envisage avec faveur l’étymologie par *mundgawi. Il défend par l’exemple d’Elsgau : lat. mérovingien Alsegaudia > Ajoie (Ajoia en 1236), la correspondance phonétique du germ, gawi et du fiançais joie, avec e muet final féminin. Cf. le compte rendu d’Albert Dauzat dans Le français moderne, t.3, 1 940, p.94.
LOUIS (René), « La Croix sur les chemins du ХПе siècle », Table ronde, n° 120, décembre 1957, pp.99-1 10.
* Après avoir défendu l’étymologie de Montjoie par *Mundgawi dans ses deax premiers articles, l’auteur préconise ici celle par Möns gaudii.
MALAFOSSE (L. de), « Sur l’étymologie du nom de Montjoie donné à plusieurs villages de France », Bulletin de
la Société archéologique du Midi de la France, 1. 1 1 , 1 884, p. 1 3 .
MEIER (John), « Ahnengrab und Rechtsstein », Deutsche Akademie der Wissenschaft zu Berlin, VerÜffentlichungen der Kommission für Volkskunde, Bd.1, 1950.
* L’auteur ne s’est pas intéressé au terme montjoie, mais à ceux de lê et de houe, qui signifient tumulus, et recouvrent des réalités analogues.
MEURGEY DE TUPIGNY (Jacques), « Cris de guerre et devises héraldiques », Vie et langage, t.203, février 1969, pp.62-73. Voirpp.71-72 : « Un cri fameux Montjoye Saint-Denis » .
* L’auteur exclut Möns Gaudii et penche pour Mont Jave et pour l’origine dès le règne de Clovis.
NITZE (William A.), « Some remarks on the origin of French Montjoie », Romance Philology , t.9, 1955-1956, pp.1 1-17.
* Accepte l’étymologie par *Mundgcrwi, avec le sens de « Schutzgau ».
NOYER-WE3DNER (A.), « Vom biblischen ‘Gottesberg’ zur Symbolik des Heidentels’ im Rolandeslied »,
Zeitschrift fur französische Sprache und Literatur, t.8 1 , 1 971 , pp. 1 3-66.
QUENTEL (P.), « Notes et discussions, Petromantalum et Montjoie », Revue internationale d’onomastique, t.24, 1972, pp.223-224.
* L’auteur combat l’étymologie par le gaulois mant-et gauda proposée par C. Arnould.
QUENTEL (P.), « Montjoie. Toponymie et préhistoire », dans Toponymie. Archéologie, Colloque tenu au Mans
en mai 1980 , Actes publiés par M. Mulon et J.Chaurand, Paris, 1981, pp. 109-128.
RIGAUD (André), « Montjoie Saint-Denis, slogan énigmatique », Vie et langage, n°214, janvier 1970, pp. 1 9-21 . ROBLIN (Michel), « L’origine du mot Montjoie », Bulletin de fa Société des Antiquaires de France , 1946-1947, pp.45-47.
* L’auteur propose, avec prudence, deux possibilités nouvelles : manica « poignée (de terre, de cailloux) » ou monere « avertir ».
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Nouvelle Revue d’Onomastique n°21-22 -1993
ROHLFS (Gerhard), « Munjoie, ço est l’enseigne Carlun. (Querelles d’une étymologie) », Revue de linguistique romane , t. 38, 1974, pp.444-452.
* Condamne l’étymologie par *mundgawi et privilégie, comme K. Lüffel, celle par Möns gaudii , hauteur près d’un lieu de pèlerinage. Liste de toponymes italiens (Piémont et Calabre). Renvoie à son Dizionario toponomastico e onomastico della Calabria , Ravenne, 1974.
SCRTVE-LOYER (J.), « La Montjoie de Notre-Dame de Bonne Espérance. À Vellereille-le-Brayeux, près de Binche (Belgique) », Mémoires de la Société archéologique et historique de l’arrondissement d’Avesnes, 1. 15, 1935, pp. 53-74, 17 fig.
* Donne la liste des Montjoie dans la région d’Avesnes (Nord).
SERRA (G.), « Per la storia dei nomi locali lombardi e dellltalia superiore (Note in margine al Dizionario di Toponomastica Lombarda di Dante Olivieri) », Zeischrift fìir romanische Philologie, t.57, 1937, pp. 521-563.
* Voir pp.549-550 : Monte Gaudio. Titre copié sur la Montjoie des Français et donné au monastère de Tucinasco.
SILVESTRI (Domenico), НП tipo toponomastico Gioia nell’Italia meridionale », Italia dialettale, t.27, 1974, pp. 167-179.
* Le toponyme Gioia, fréquent en Italie méridionale et synonyme du fr. montjoie, avec le sens de « tas de pierre », viendrait d’un adjectif du latin tardif *jovius dans une aire linguistiquement osque, où est attesté le culte de Jupiter.
SOULARD (H.), « Ce qu’étaient autrefois les Montjoies en France », Amis de Solliès-Ville, t.9, 1 965, pp.7-1 0.
* Sur la Montjoie à Solliès-Ville, dans le Var.
SOYER (Jacques), Recherches sur l’origine et la formation des noms de lieux du département du Loiret, IX. Toponymes rappelant le culte chrétien, Orléans, 1946, n°210. pp.83-85.
* Le plus ancien sens de Montjoie est religieux ; son second sens est laïque et militaire.
SPITZER (Leo), « Zur Methodik der etymologischen Forschung », Zeitschrift für romanische Philologie, t.48, 1928, p.108.STEINRÖSE (H.), « Monjoye, Montjoie, Monschau », Der Eremit am Hohen Venn, t.37, 1965, pp.44-51 . VINCENT (Auguste), Toponymie de la France, Bruxelles, 1937, § 498, p. 198.
VOS (Marianne Cramer), « Sur l’origine du cri de guerre Munjoie », VHP Congreso de la Société Roncesvals (15-25 août 1978), Pampelune, 1981, pp.535-541.
* Montjoie dérive bien de Möns Gaudii, mais avec le sens de Montagne de Dieu, de Mont Sion de l’Ancien Testament.