Coronavirus: Et si nous avions suivi l’exemple suédois ? (As Sweden has shown, what’s the point of shutting down if the countries that shut down the most see rates shoot up when they open up again?)

3 septembre, 2020

Le but de la politique est de garder la population inquiète et donc en demande d’être mise en sécurité, en la menaçant d’une série ininterrompue de monstres, tous étant imaginaires. H.L. Mencken (Défense des femmes, 1918)
La prophétie de malheur est faite pour éviter qu’elle ne se réalise; et se gausser ultérieurement d’éventuels sonneurs d’alarme en leur rappelant que le pire ne s’est pas réalisé serait le comble de l’injustice: il se peut que leur impair soit leur mérite. Hans Jonas
Quiconque tient une guerre imminente pour certaine contribue à son déclenchement, précisément par la certitude qu’il en a. Quiconque tient la paix pour certaine se conduit avec insouciance et nous mène sans le vouloir à la guerre. Seul celui qui voit le péril et ne l’oublie pas un seul instant se montre capable de se comporter rationnellement et de faire tout le possible pour l’exorciser. Karl Jaspers
Annoncer que la catastrophe est certaine, c’est contribuer à la rendre telle. La passer sous silence ou en minimiser l’importance, à la façon des optimistes béats, conduit au même résultat. Ce qu’il faudrait, c’est combiner les deux démarches : annoncer un avenir destinal qui superposerait l’occurrence de la catastrophe, pour qu’elle puisse faire office de dissuasion, et sa non-occurrence, pour préserver l’espoir. C’est parce que la catastrophe constitue un destin détestable dont nous devons dire que nous n’en voulons pas qu’il faut garder les yeux fixés sur elle, sans jamais la perdre de vue. Jean-Pierre Dupuy
Environ 40 millions de personnes sont mortes lors de l’épidémie de grippe espagnole de 1918. Il y a six fois plus de personnes sur la planète aujourd’hui, ce qui fait qu’on pourrait probablement atteindre 200 millions de personnes. » Neil Ferguson (pire des scénarios pour l’épidémie de grippe aviaire, août 2005)
L’épidémie [en Suède] (…) a clairement ralenti sa propagation grâce à l’instauration d’une distance sociale volontaire. Et nous pensons que c’est ce qui a conduit le taux de reproduction à passer d’environ 3, à 1,5 ou 1,4. Neil Ferguson
This post originally claimed that Ferguson had predicted that 150,000 people could die from foot-and-mouth disease. In fact, that figure was Ferguson’s upper-bound estimate of deaths for mad-cow disease by 2080. It has been corrected and we regret the error. National review (Editor’s Note)
L’accent mis sur l’exactitude de la modélisation est une mauvaise compréhension de ce qu’est la modélisation. La modélisation ne peut pas prédire les nombres exacts. Elle peut les prédire seulement à court terme ou si vous avez eu de la chance. L’objectif de la modélisation est plutôt de comprendre la situation dans son ensemble». Si des critiques ont été faites sur la valeur des paramètres pris en compte par l’équipe de Neil Ferguson, les principales conclusions de ce document étaient conformes à ce que d’autres personnes avaient trouvé. En Allemagne, de nombreux groupes sont arrivés aux mêmes conclusions : nous devions arrêter l’épidémie. Car même si on changeait les paramètres, en les baissant de 10% ou 20%, le risque de submerger le système de santé était très élevé avec cette épidémie. Rafael Mikolajczyk (Halle-Wittenberg)
Certes, une surestimation du nombre de décès est également associée à une surestimation du nombre d’admissions à l’hôpital, et il est possible que le modèle de Ferguson ait tendance à surestimer ces nombres. Cependant, supposer que le modèle est faux parce qu’il surestime une ou quelques observations est épistémologiquement incorrect. Cela équivaut à dire que les modèles météorologiques sont faux parce que la prédiction pour aujourd’hui était un jour ensoleillé et qu’il a plu. Les modèles épidémiologiques devraient être systématiquement accompagnés de la probabilité de se réaliser ou non. Fernando Peruani (Université Côte-d’Azur
Il faut distinguer deux formes de prévisions en épidémiologie : le nowcasting (prédire aujourd’hui) et le forecasting (prédire l’avenir). Et la deuxième est à considérer avec précaution : Personne n’est devin. Les mathématiques ne permettent pas de prédire l’avenir. Elles permettent en revanche de simuler différents scénarios sous différentes hypothèses, qui peuvent être du domaine du plausible. Antoine Flahault (Université de Genève)
La phase initiale d’une épidémie, c’est une fonction mathématique exponentielle. Or une exponentielle, ça va à l’infini. On sent très bien qu’en fonction des scénarios que vous allez avoir, certains paramètres vont laisser courir l’exponentielle beaucoup plus loin que d’autres, et donc vous allez avoir une forme de catastrophisme presque inhérent à ces modèles mathématiques. (…) Livrer des chiffres de morts prévisionnels, même en précisant que c’est un scénario du possible seulement, cela revient à dire : « Il y aura possiblement 100 000 morts en Suède au mois de juin ». Comme on n’en sait absolument rien, le mieux est de ne jamais évoquer de tels chiffres dans les médias. Le faire, c’est se décrédibiliser, même si on assortit cette annonce du terme de scénario. Parce qu’en fin de compte, on finit par n’écouter que ce qui va probablement se passer. Alors qu’en fait, on ne sait absolument pas, aujourd’hui, évaluer la probabilité pour que cette prévision se réalise. Antoine Flahault
La polémique remonte au 16 mars, date à laquelle Neil Ferguson et son équipe ont publié un document indiquant qu’en l’absence de mesures pour freiner la propagation de l’épidémie, le virus était susceptible de causer 510 000 morts au Royaume-Uni et plus de 2,2 millions aux Etats-Unis. Dans ce rapport, l’Imperial College testait les stratégies de mitigation (ralentir la propagation du virus sans forcément la stopper) et de suppression (confinement strict), afin d’en déduire leurs effets. Ferguson et son équipe estimaient alors que la stratégie de mitigation pouvait entraîner jusqu’à 250 000 morts au Royaume-Uni, et qualifiaient l’autre stratégie, celle du confinement, d’«option politique privilégiée» pour réduire le nombre de décès liés au Covid-19. Le document du 16 mars de l’Imperial College est, depuis, considéré comme ayant eu un impact important sur les décideurs politiques, puisqu’il aurait fait changer de stratégie le Premier ministre britannique, Boris Johnson (qui visait d’abord l’immunité collective), et aurait poussé d’autres chefs d’Etat à mettre en place des mesures de distanciation sociale et de confinement strict. Dans le texte de National Review, publié après la démission de Neil Ferguson du conseil du gouvernement pour lutter contre le Covid-19 (il avait fait venir sa maîtresse à deux reprises chez lui malgré les restrictions de déplacement), l’auteur demande : «Pourquoi [?] a-t-on jamais écouté ce type ?» Et met en avant trois éléments censés décrédibiliser le travail de l’Imperial College de Londres : 1) le modèle est inexact puisqu’il a mal prédit la situation en Suède, où il y a eu moins de morts que prévus sans confinement ; 2) Neil Ferguson n’est pas fiable parce que ses prédictions pour d’autres épidémies ont souvent été fausses ; 3) le code informatique utilisé pour prédire les effets de la pandémie date d’il y a treize ans. (…) Dans l’article de National Review, l’auteur écrit qu’ «il a été prouvé que le modèle de l’Imperial College de Ferguson est totalement inexact. Pour ne citer qu’un exemple, ce modèle voyait la Suède payer cher pour l’absence de confinement, avec 40 000 décès par Covid-19 au 1er mai et 100 000 au mois de juin. La Suède compte maintenant 2 854 décès et a atteint un sommet il y a deux semaines. Comme le fait remarquer Fraser Nelson, rédacteur en chef du journal britannique Spectator : « Le modèle de l’Imperial College se trompe de façon très importante ».» Le média américain va également reprendre la critique de Johan Giesecke, l’ancien responsable scientifique du Centre européen de contrôle et de prévention des maladies, et ex-épidémiologiste en chef de Suède, pays qu’il continue de conseiller. (…) Giesecke indique notamment que le modèle ne prend pas en compte le fait que les hôpitaux se sont renforcés, en multipliant les lits de réanimation. Il reproche aussi au document de n’avoir jamais été publié scientifiquement : «Il n’a pas fait l’objet d’un examen par les pairs, ce qui devrait être le cas. C’est juste un rapport interne du département de l’Impérial College. C’est fascinant : aucune autre entreprise scientifique n’a fait une telle impression sur le monde que ce document, plutôt discutable.» (…) Neil Ferguson, lui, a répondu à sa critique lors d’une interview à Unherd le 25 avril. (…) Concernant la Suède : «L’épidémie […] a clairement ralenti sa propagation grâce à l’instauration d’une distance sociale volontaire. Et nous pensons que c’est ce qui a conduit le taux de reproduction à passer d’environ 3, à 1,5 ou 1,4.» Autrement dit, même sans confinement, la vie dans le royaume n’est plus la même que dans le scénario où le virus circulerait sans changement d’habitudes. Pour les épidémiologistes ou mathématiciens contactés par CheckNews, reprocher au modèle présenté par Neil Ferguson d’être inexact est un mauvais argument. Pour l’épidémiologiste Rafael Mikolajczyk, de la faculté de médecine allemande Martin-Luther de Halle-Wittenberg, «l’accent mis sur l’exactitude de la modélisation est une mauvaise compréhension de ce qu’est la modélisation. La modélisation ne peut pas prédire les nombres exacts. Elle peut les prédire seulement à court terme ou si vous avez eu de la chance. L’objectif de la modélisation est plutôt de comprendre la situation dans son ensemble». S’il note que des critiques ont été faites sur la valeur des paramètres pris en compte par l’équipe de Neil Ferguson, il estime que «les principales conclusions de ce document étaient conformes à ce que d’autres personnes avaient trouvé». «En Allemagne, ajoute-t-il, de nombreux groupes sont arrivés aux mêmes conclusions : nous devions arrêter l’épidémie. Car même si on changeait les paramètres, en les baissant de 10% ou 20%, le risque de submerger le système de santé était très élevé avec cette épidémie.» Un avis partagé par Fernando Peruani, physicien au laboratoire de mathématiques J.A Dieudonné de l’Université Côte-d’Azur, qui considère que la prédiction importante est le nombre de patients devant être admis à l’hôpital : «Certes, une surestimation du nombre de décès est également associée à une surestimation du nombre d’admissions à l’hôpital, et il est possible que le modèle de Ferguson ait tendance à surestimer ces nombres. Cependant, supposer que le modèle est faux parce qu’il surestime une ou quelques observations est épistémologiquement incorrect. Cela équivaut à dire que les modèles météorologiques sont faux parce que la prédiction pour aujourd’hui était un jour ensoleillé et qu’il a plu.» Le chercheur estime que les modèles épidémiologiques devraient être systématiquement accompagnés de la probabilité de se réaliser ou non. Egalement joint par CheckNews, Antoine Flahault, directeur de l’Institut de Santé Publique à l’Université de Genève, distingue deux formes de prévisions en épidémiologie : le nowcasting (prédire aujourd’hui) et le forecasting (prédire l’avenir). Et estime que la deuxième forme est à considérer avec précaution : «Personne n’est devin. Les mathématiques ne permettent pas de prédire l’avenir. Elles permettent en revanche de simuler différents scénarios sous différentes hypothèses, qui peuvent être du domaine du plausible.» Quant au fait que le modèle de l’Imperial College aurait surévalué le nombre de morts en Suède, les chercheurs contactés par CheckNews considèrent, comme Ferguson, que le pays n’a jamais été dans un scénario où la vie continuait comme avant. Ce changement, certes moins brutal que le confinement dans d’autres Etats d’Europe, ne correspond donc pas au scénario du laisser-faire simulé par l’Imperial College. Le deuxième point soulevé dans l’article de National Review est la crédibilité de Neil Ferguson, qui «s’est trompé si souvent que certains de ses collègues modélistes l’appellent « Le maître du désastre »». Le magazine détaille en effet les erreurs de l’épidémiologiste britannique : «En 2002, Ferguson a prédit que, d’ici 2080, jusqu’à 150 000 personnes pourraient mourir d’une exposition à l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) (la maladie de la vache folle). Au Royaume-Uni, il n’y a eu que 177 décès dus à l’ESB» ; «En 2005, Ferguson a prédit jusqu’à 150 millions morts de la grippe aviaire. Au final, seules 282 personnes sont décédées de la maladie dans le monde entre 2003 et 2009». Et enfin : «En 2009, une estimation du gouvernement, basée sur les conseils de Ferguson, prévoyait, dans le « pire scénario raisonnable », que la grippe porcine entraînerait la mort de 65 000 Britanniques. Au final, la grippe porcine a tué 457 personnes au Royaume-Uni.» Certes, ces chiffres cités par National Review correspondent bien aux calculs de Neil Ferguson. Mais le média américain omet [au départ] de préciser qu’il s’agit à chaque fois de la fourchette haute ou du pire scénario. Ainsi, pour la maladie de la vache folle, l’étude correspondante notait que «l’intervalle de confiance à 95% pour la mortalité future due à la variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob est de 50 à 50 000 décès humains si l’on considère l’exposition à la seule ESB bovine, la limite supérieure passant à 150 000 si l’on tient compte de l’exposition au pire scénario d’ESB ovine». Les 177 décès constatés entrent bien dans la fourchette très large évoquée par le chercheur britannique. Concernant la mort de 150 millions de personnes à cause de la grippe aviaire, Neil Ferguson avait déclaré, en août 2005 au Guardian : «Environ 40 millions de personnes sont mortes lors de l’épidémie de grippe espagnole de 1918. Il y a six fois plus de personnes sur la planète aujourd’hui, ce qui fait qu’on pourrait probablement atteindre 200 millions de personnes.» A l’époque, Neil Ferguson considérait que la moitié de la population pourrait être atteinte par l’épidémie en l’espace d’un an, ce qui expliquerait ce nombre important de morts. Mais le Guardian précisait aussi que «le professeur Ferguson est arrivé à cette conclusion après que son équipe de scientifiques a étudié le pire des scénarios pour la grippe aviaire.» L’estimation citée est donc la prévision la plus catastrophiste. Le même raisonnement s’applique à la grippe porcine de 2009, où National Review note qu’il s’agit du «pire scénario raisonnable» envisagé par l’Imperial College. Interrogé sur la crédibilité de Neil Ferguson, attaqué sur ces anciens scénarios, le professeur Antoine Flahault explique : «La phase initiale d’une épidémie, c’est une fonction mathématique exponentielle. Or une exponentielle, ça va à l’infini. On sent très bien qu’en fonction des scénarios que vous allez avoir, certains paramètres vont laisser courir l’exponentielle beaucoup plus loin que d’autres, et donc vous allez avoir une forme de catastrophisme presque inhérent à ces modèles mathématiques.» Dans son document du 16 mars, Neil Ferguson et son équipe de chercheurs font d’ailleurs figurer les différents scénarios selon les mesures prises, comme fermer uniquement les écoles, ou appliquer les règles de distanciation sociale aux plus vieux ou à l’ensemble de la population. Antoine Flahault s’interroge cependant sur l’utilité de tels scénarios et leur médiatisation : «Livrer des chiffres de morts prévisionnels, même en précisant que c’est un scénario du possible seulement, cela revient à dire : « Il y aura possiblement 100 000 morts en Suède au mois de juin ». Comme on n’en sait absolument rien, le mieux est de ne jamais évoquer de tels chiffres dans les médias. Le faire, c’est se décrédibiliser, même si assortit cette annonce du terme de scénario. Parce qu’en fin de compte, on finit par n’écouter que ce qui va probablement se passer. Alors qu’en fait, on ne sait absolument pas, aujourd’hui, évaluer la probabilité pour que cette prévision se réalise.» Dernier argument de National Review : «En mars, Ferguson a admis que son modèle de la maladie Covid-19 de l’Imperial College était basé sur un code informatique vieux de 13 ans, non documenté, destiné à être utilisé pour une pandémie de grippe redoutée, plutôt que pour un coronavirus. Ferguson a refusé de divulguer son code original pour que d’autres scientifiques puissent vérifier ses résultats. Il n’a publié une série de codes fortement révisés que la semaine dernière, après un délai de six semaines.» Dans son document du 16 mars, Neil Ferguson écrit noir sur blanc, en indiquant sa source, qu’il a modifié un modèle de simulation développé en 2006 pour étudier une grippe pandémique afin d’explorer des scénarios pour le Covid-19 en Grande-Bretagne. Il a réitéré cette indication dans un tweet posté le 22 mars 2020, où il note : «Je suis conscient que beaucoup de gens aimeraient voir et exécuter le code de simulation de pandémie que nous utilisons pour modéliser les mesures de contrôle contre Covid-19. Pour expliquer le contexte – j’ai écrit le code (des milliers de lignes de C non documentées) il y a plus de treize ans pour modéliser les pandémies de grippe…» Pour le journaliste de National Review, Ferguson avouerait ainsi avoir utilisé un code obsolète pour analyser la pandémie actuelle. Cet argument n’a pas convaincu nos interlocuteurs. Pour Laurent Dumas, professeur de Mathématiques à l’Université de Versailles-Saint-Quentin et auteur d’un article publié dans The Conversation au sujet des modèles mathématiques en épidémiologie, au vu des connaissances que l’on avait du virus au 15 mars, «il n’est pas du tout illlogique de se fier à quelque chose qui a déjà eu lieu, que ce soit il y a 13 ans ou même plus. Ce n’est pas gênant en soi parce que c’est ainsi qu’on travaille. […] Ce n’est pas choquant que le modèle ait 13 ans parce que ces modèles ont plus que 13 ans, ils ont 100 ans». Une version confirmée par l’épidémiologiste Antoine Flahault : «Tous les modèles mathématiques qui sont aujourd’hui développés pour le coronavirus ne remontent pas à 13 ans mais à la théorie mathématique des épidémies, qui a été développée en 1927.» Quant au reproche sur le manque de transparence et de documentation du code, Laurent Dumas explique : «Il n’y a aucune obligation de fournir son code de calcul dans une publication […] Il me paraît tout aussi transparent que tous les autres que j’ai pu voir. Il n’y a pas de reproche à faire sur ce point-là.» Au vu des conséquences politiques et de l’impact sur la vie de millions de personnes qu’a pu avoir ce premier rapport, on peut néanmoins comprendre qu’une forme de transparence était attendue de la part du grand public. Mais cette exigence n’apparaissait alors pas nécessaire pour les chercheurs de l’équipe de l’Imperial College, qui a depuis indiqué se faire aider par Microsoft pour mettre de l’ordre dans le code et le rendre disponible. Jacques Pezet
L’événement déterminant dans l’histoire des confinements de Covid en Occident s’est produit le 16 mars 2020, avec la publication du désormais tristement célèbre rapport Covid de l’Imperial College London, qui prévoyait qu’en «l’absence de toute mesure de contrôle ou de changement spontané du comportement individuel», il serait de 510 000 morts Covid en Grande-Bretagne et 2,2 millions aux États-Unis. Cette prédiction a provoqué des ondes de choc dans le monde entier. Dès le lendemain, les médias britanniques annonçaient que le pays allait se confiner. L’impact du rapport a été amplifié par la machine à sof power du Royaume-Uni, la BBC. Sa portée n’a pas d’égal : diffusant en 42 langues, touchant 468 millions de personnes dans le monde chaque semaine et diffusant efficacement son message. Avec la BBC en plein cri et le public véritablement alarmé, pas de place pour la dissidence. Une cascade d’imitations s’est alors installée, les États-Unis et d’autres pays adoptant le message et les mesures de Londres. Le résultat a été une politique basée sur un modèle défectueux qui a pris naissance à l’Imperial College sous la direction de Neil Ferguson. Le principal défaut du modèle est son hypothèse selon laquelle les gens seraient insensibles aux dangers qui accompagnent une pandémie. Cette hypothèse comportementale est irréaliste. Si on dit aux gens qu’ils risquent de contracter une maladie potentiellement mortelle, la plupart prendront des mesures pour réduire leur exposition. L’équipe impériale a bouleversé le monde avec des chiffres fantaisistes sur un scénario qui ne pouvait jamais se matérialiser. Avant de se précipiter dans des décisions politiques de panique, les décideurs politiques britanniques auraient dû savoir que l’équipe de l’Imperial College de Neil Ferguson avait des antécédents de modélisation défectueuse. Avec un minimum d’efforts, les décideurs auraient rapidement découvert que cette équipe avait un bilan qui rendrait l’astrologie respectable. Ce terrible bilan a commencé avec l’épidémie de fièvre aphteuse du Royaume-Uni en 2001, au cours de laquelle les modélisateurs de l’Imperial College ont persuadé le gouvernement d’adopter une politique d’abattage massif d’animaux. Leur modèle prévoyait que l’incidence quotidienne des cas culminerait à environ 420. À l’époque, le nombre d’incidences avait déjà culminé à un peu plus de 50 et était en baisse. La prédiction a raté sa cible et pas moins de 10 millions d’animaux, dont la plupart auraient pu être vaccinés, ont été inutilement tués. Peu de temps après, en janvier 2002, l’équipe impériale a suggéré que jusqu’à 150 000 personnes au Royaume-Uni pourraient mourir de la maladie de la vache folle. Il s’est avéré que le nombre total de décès au Royaume-Uni n’a pas dépassé 178 – un autre raté pour l’équipe impériale. Puis, en 2005, Neil Ferguson a suggéré que « jusqu’à environ 200 millions de personnes » pourraient mourir de la grippe aviaire dans le monde. Il a justifié cette affirmation en comparant la létalité de la grippe aviaire à celle de l’épidémie de grippe espagnole de 1918, qui a tué 40 millions de personnes. En 2021, la grippe aviaire avait tué 456 personnes dans le monde, ce qui en faisait le plus grand raté de l’Impérial à ce jour. Neil Ferguson et son équipe étaient de retour en 2009 lorsqu’ils ont affirmé que 65 000 personnes pouvaient mourir de la grippe porcine au Royaume-Uni. Fin mars 2010, l’épidémie avait tué moins de 500 personnes avant de disparaître. Le scénario du «pire cas raisonnable» de Neil Ferguson était plus de 130 fois trop élevé – encore un autre gros raté. Dans chaque cas, il y avait le même schéma : modélisation défectueuse, prédictions ébouriffantes de catastrophe qui ratent leur cible et aucune leçon apprise. Les mêmes erreurs ont été répétées maintes et maintes fois et n’ont jamais été contestées par les autorités. Pourquoi? Peut-être que les modèles de l’Imperial College sont des machines génératrices de peur idéales pour les politiciens et les gouvernements en quête de toujours plus de pouvoir. H. L. Mencken avait mis le doigt sur ce phénomène lorsqu’il écrivait que « tout le but de la politique pratique est de maintenir la population alarmée (et donc pressée d’être conduite en lieu sûr) par une série interminable de monstres, pour la plupart imaginaires ». L’équipe de modélisation de l’Imperial College aurait dû subir un audit de ses modèles et de ses pratiques après la débâcle de la fièvre aphteuse il y a plus de 20 ans. Si cela avait été fait, les fiascos ultérieurs auraient pu être évités. Quoi qu’il en soit, l’Impérial devrait certainement faire l’objet d’un audit maintenant, et celui-ci devrait se concentrer sur les insuffisances des modèles de l’équipe et sur la façon dont des recommandations politiques erronées en ont été tirées. Les gouvernements du monde entier devraient également lancer leurs propres enquêtes publiques pour tirer des leçons et prendre les mesures nécessaires pour protéger leurs citoyens contre les modèles de santé publique imprudents. Plus jamais les « scientifiques » armés de modèles défectueux ne devraient s’en tirer en criant « Pandémie ! » dans un théâtre rempli de politiciens et de bureaucrates désireux de saisir encore plus de pouvoir. Steve H. Hanke et Kevin Dowd (2022)
La Covid est terminée en Suède. Les gens sont revenus à leur vie normale et presque personne n’est plus infecté. Je suis prêt à parier que les pays qui ont complètement fermé verront leurs taux monter en flèche lorsqu’ils ouvriront. Si tel est le cas, alors c’est qu’il n’y avait aucune raison de se confiner en premier lieu … Arrêter complètement pour réduire le nombre total de décès n’a de sens que si vous êtes prêt à rester fermé jusqu’à ce qu’un vaccin soit disponible. Ce qui pourrait prendre des années. Aucun pays n’est prêt à attendre aussi longtemps. Sebastian Rushworth (médecin suédois, 04.08.2020)
Obliger les gens des plus grandes villes bas-rhinoises à promener leur chien à deux heures du matin avec un masque porte atteinte aux libertés fondamentales. Maintenant, la préfète va devoir prendre des mesures plus restreintes en termes de zones et de plages horaires. J’insiste : mes deux clients ne sont pas des anti-masque mais ils veulent qu’il soit porté de manière utile. Marc Jantkowiak (avocat de Vincent Feireisen, psychologue hospitalier, et Christian Chartier, médecin)
On veut nous faire croire que la deuxième vague arrive, je l’ai toujours pas vu arriver. (…) Les personnes hospitalisées sont de moins en moins nombreuses. (…) Ce qui compte, c’est les hospitalisations et les décès. (…) Les décès, il y en avait 500 par jour il y a quelques mois. Maintenant, c’est entre 10 et 20. Quand je vois des personnes qui décèdent à l’hôpital, ce sont des gens extrêmement âgés qui ont beaucoup de maladies sous-jacentes qui les fragilisent. (…) L’épidémie est en train de se terminer et on nous fait peur, on nous fait peur pourquoi ? (…)Au départ, on avait pas de tests quand il en fallait. Maintenant que l’épidémie se termine, ils en font 700 000, 800 000 par semaine. Et Olivier Véran était tout fier d’annoncer l’autre jour: ‘on va passer à un million de tests par semaine’.  (…) Un test PCR, il y a environ 3% de faux positifs. (…) donc on va inventer des gens qui sont en pleine forme, qui n’ont aucun symptôme (…) Si Olivier Véran est suivi et qu’il y a vraiment un million de tests par semaine, on aura 30 000 faux positifs par semaine. Sans compter  les vrais positifs (…) qui ont pratiquement pas de symptômes. C’est des sujets jeunes qui ont un petit rhume, une petite grippe ou une bronchite. (…) C’est du délire total. (…) C’est un non-sens scientifique de faire d’un test comme ça un dépistage de masse. (…) Ils entretiennent la peur en disant ‘regardez l’épidémie repart à la hausse !’ Tout ça, c’est bidon. (…) On a vraiment pris les Français pour des cons, pardonnez-moi l’expression. On a voulu les culpabiliser. (…) À chaque fois, on a rejeté la faute sur les Français qui faisaient pas bien. (…) Les décisions politiques étaient mauvaises, ce n’est pas la faute des Français. On les a vraiment pris pour des enfants, on leur a fait la leçon… (…) Les Français ont eu très peur, après ils ont eu moins peur, maintenant on leur refait peur, je n’ai jamais vu une nouvelle peur comme ça alors qu’il n’y a plus de maladie quasiment. Tout ça, c’est un peu de la manipulation de masse, (…) je trouve qu’il y a une dérive grave. (…) Le coup des masques aujourd’hui, c’est totalement débile. Qu’on garde le masque chez les soignants, quand il y a des personnes qui vraiment sont malades, qui projettent des sécrétions contaminantes pour leur entourage, dans certains lieux clos, il y a un risque, c’est très bien, je suis pas contre le masque en soi. Mais dire à tous ces gens dans les open spaces où tout le monde est en pleine forme, de porter le masque toute la journée, ils étouffent, les pauvres… (…)  Les écoles, c’est complètement délirant. (…) On culpabilise tout le monde et le masque dans la rue, c’est du grand délire »… (…) Il y a aucune base scientifique. Pr Christian Perronne
Le but des gouvernements était à l’origine d’éviter de saturer les systèmes de santé, mais il s’est ensuite déplacé vers un objectif de zéro transmission, avec l’objectif de préserver quasiment toute vie à n’importe quel prix. (…) C’est un mauvais moment pour quiconque est porteur du virus, mais c’est aussi un mauvais moment pour tout ceux qui préféraient ne pas se faire dicter leur conduite par les autorités, aussi bien intentionnées soient-elles. (…) Dans ce climat de peur, il était difficile pour les gouvernements de poser la question « combien vaut une vie ? » parce que chaque vie est précieuse, et chaque mort est triste, mais cela n’a jamais empêché des familles de parfois faire le choix d’accompagner leurs proches âgés au mieux tout en laissant la nature suivre son cours. (…) Il n’est pas possible de maintenir 40% de notre main-d’œuvre sur une sorte d’allocation gouvernementale, et d’accumuler un déficit inédit depuis la Seconde Guerre Mondiale, alors que le monde entre dans un marasme jamais vu depuis la Grande Dépression, causé autant par la réponse du gouvernement que par le virus lui-même. (…) Du point de vue de la santé, cette pandémie a été grave. D’un point de vue économique, elle a été désastreuse. Mais je soupçonne que c’est du point de vue du bien-être général que cela se révélera le pire de tout : parce que c’est ce qui arrive quand, pendant bien plus qu’un simple instant, nous laissons la peur de tomber malade nous empêcher d’être pleinement en vie. (…) Chaque jour qui passe risque de voir se mettre en place un nouveau normal (…) d’autant plus si la crise ajoute à leur autorité ou renforce leur position. Après 6 mois de pandémie, le but dans la plupart des pays est toujours de préserver presque chaque vie à n’importe quel prix, avec le confinement comme réponse instinctive des gouvernements à chaque regain du virus. (…) En cours de route, leur objectif est passé d’aplatir la courbe pour que les hôpitaux ne soient pas débordés, à la suppression du virus, puis à zéro transmission au sein de la communauté. (…) Maintenant que chacun de nous a eu six mois pour considérer cette pandémie et se faire son propre jugement à ce sujet, il est sûrement temps d’assouplir les règles afin que les individus puissent prendre plus de responsabilités personnelles et prendre davantage leurs propres décisions quant aux risques qu’ils sont prêts à courir. (…) La génération de la Seconde Guerre mondiale était prête à risquer sa vie pour préserver la liberté. Cette génération est prête à risquer sa liberté pour préserver la vie. Tony Abbott
Six months into the pandemic, the aim in most countries is still to preserve almost every life at almost any cost; with renewed lockdown most governments’ instinctive response to any increase in the virus. The New Zealand government has locked down Auckland after just four new cases, and postponed the national election with under 100 active cases. When new cases peaked at about 700 a day, the Victorian government put five and half million Melburnians into virtual house arrest, under nighttime curfew, and banned at other times from leaving home for more than an hour a day, or from travelling more than five kilometres. For more than six months now in Victoria, under disaster and emergency declarations, homes can be entered, people can be detained, and the ordinary law of the land suspended; and the Premier now wants to extend this health dictatorship for at least another six months. As with the Spanish Flu state border closures, only worse, it’s been every jurisdiction for itself, in a form of “pandemic protectionism”. One Australian state with virtually no corona cases won’t admit people from another state with virtually no corona cases. States that want to admit foreign students, because they need the money, don’t want to admit Australians from another state. And every day, premiers and their chief health officers front the media with casualty lists, and stern warnings that it could easily get worse unless people stay in their homes and avoid each other. It’s a bad time, obviously, for anyone with the virus. It’s also a bad time for anyone who would rather not be dictated to by officials, however well-meaning; or who instinctively chafes under a policy that’s clearly unsustainable yet may be kept up indefinitely in the absence of an effective vaccine. Given that lockdowns can reduce disease but hardly eliminate it, the result is not just a stop-start economy, but a stop-start life. In this climate of fear, it was hard for governments to ask: “how much is a life worth?” because every life is precious,and every death is sad; but that’s never stopped families sometimes electing to make elderly relatives as comfortable as possible while nature takes its course. Likewise, people anticipating serious health problems sometimes elect not to be resuscitated. When a trauma victim comes into an emergency department, almost no effort is spared to keep that person alive. But when a cancer patient wants access to very expensive new drugs, governments normally ask tough questions about how much good life will be gained before making it available; and what the alternative might be. So far, with Sweden the most notable exception, governments have approached the pandemic like trauma doctors; instead of thinking like health economists, trained to pose uncomfortable questions about a level of deaths we might have to live with. So far, Australia’s national government has committed some $300 billion to soften the economic consequences of state governments’ enforced social distancing. Even if mandatory shut-down really was all that avoided the initially-predicted 150,000 deaths, that still works out at about $2 million per life saved. If the average age of those who would have died is 80, even with roughly 10 years of expected life left, that’s still $200,000 per quality life year –or substantially beyond what governments are usually prepared to pay for life-saving drugs. Once it was clear that a 60 per cent infection rate and a 1 per cent death rate was unlikely, shouldn’t we have started to ask whether the cure was proportionate to the disease? Based on the anti-bodies present in blood tests, the NSW Chief Health Officer has recently said that up to a half million Australians could already have been infected, most of them asymptomatic. On that basis, while our case fatality rate is close to two per cent, our infection fatality rate, would be more like one in a thousand, or zero point one per cent. Of course, there is still much that we don’t know (like why infections haven’t increased that much in Europe as restrictions have eased; why deaths haven’t ticked up as infections have; and why death rates seem to have fallen everywhere despite little agreement on the most effective treatments). And it’s sensible to err on the side of caution. Sometimes though, officials get trapped in crisis mode longer than they need to, especially if the crisis adds to their authority or boosts their standing. One of the surprising features of this pandemic has been the lack of published modelling from government and the dearth of officially-accepted epidemiological data, after the daunting initial predictions from the Imperial College team in London changed most governments’ strategy from herd immunity to preventing infections via drastic, compulsory social distancing. Along the way, official objectives have shifted from “flattening the curve”, so hospitals wouldn’t be overwhelmed, to “suppression”, to “zero-community transmission”.  Governments have justified it as following “the expert advice”, as if this has always been clear; or as if we should be ruled, rather than merely guided, by unaccountable experts. Inevitably, much of the media has spread virus-hysteria with the occasional virus-linked death of a younger person highlighted to show that deadly threat isn’t confined to the very old or the already-very-sick or those exposed to massive viral loads. As Sweden demonstrates, you can cop both the corona deaths and the economic costs even without the government-imposed lockdowns as people choose to travel less, to go out less and to spend less. But for a free people, there’s a world of difference between a course of conduct that individuals choose for themselves and one that government orders them to adopt, even if turns out to be much the same. There’s no doubt that lockdowns, at least initially, reassured worried populations that governments had their well-being at heart. A recent poll showed that only 7 per cent of Australians thought that COVID restrictions were “too tough”, while 33 per cent thought them “too lenient”. Only 11 per cent thought that “getting the economy moving” was more important than “stopping the virus’ spread”, hence most governments’ tendency to make rules rather than let people make their own judgments. Faced with an unprecedented challenge, governments were always going to be damned if they do, and damned if they don’t. Or perhaps: damned now if they didn’t lock down and damned later if they did.  Because it’s clearly not possible indefinitely to keep 40 per cent of the workforce on some kind of government benefit, and to accumulate debt and deficit on a scale not seen since the Second World War, while the world goes into a slump not seen since the great depression –caused as much by governments’ response as by the virus itself. Almost a million people in Victoria, close to 20 per cent of the workforce, still technically have a job but aren’t actually working due to the lockdown. In the absence of effective treatment or a vaccine that may never come, at some point, we just have to learn to live with this virus, in ways that can be kept-up more or less indefinitely: with borders managed but open; businesses vigilant but otherwise fully operational; and normal life continuing, with more precautions, more humane ones, for the sick and elderly. Sadly, most of the elderly victims have died alone –without the solace of family and friends –because of the measures put in place to protect them. It’s this psychic damage, I fear, that will be at least as bad as the pandemic’s toll on health and wealth: people once sturdily self-reliant looking to government more than ever for support and sustenance, a “something for nothing” mindset reinforced among young people spared the need of searching for jobs, and magic pudding economics entrenched under the guise of “modern monetary theory”. Governments paying businesses’ wages bill for them, borrowers freed from mortgage repayments, and tenants no longer having to pay rent: none of this can last, yet every day it goes on risks establishing a new normal. The sooner citizens don’t have to offer police an explanation for their movements, the less anxious we will feel. The sooner the airwaves are not filled by officials telling us not to go out, not to see people, and not to shake anyone’s hand, the more resilient we will be, even if there may be some modest uptick in corona cases. From a health perspective, this pandemic has been serious; and from an economic perspective it’s been disastrous; but I suspect that it’s from an overall wellbeing perspective that it will turn out worst of all: because this is what happens when, for much more than a mere moment, we let fear of falling sick stop us from being fully alive. Now that each one of us has had six months to consider this pandemic and to make our own judgments about it, surely it’s time to relax the rules, so that individuals can take more personal responsibility and make more of their own decisions about the risks they’re prepared to run.  For me, the recent 75th anniversary of the end of World War Two prompted this reflection: that generation: ready to risk life to preserve freedom; this generation: ready to risk freedom to preserve life. Yet we don’t think of our parents and our grandparents as too brave, do we; I wonder what judgment history will pass on us? Tony Abbott
Des études séparées menées par le Karolinska Institutet (KI) de Suède, un institut de recherche médicale indépendant, et le Réseau européen des médiateurs pour les enfants et l’Unicef, ont montré que les enfants suédois se sont mieux comportés que les enfants d’autres pays pendant la pandémie, à la fois en termes d’éducation et de santé mentale. Reuters
The world should have followed Sweden’s example. That country never locked down and has even kept children under 16 in school the entire time. As Reuters reported on July 15, the number of Swedish children between 1 and 19 years of age who have died of COVID-19 is zero. And the percentage of children who contracted the illness was the exact same in Sweden as it was in Finland, which locked down its schools. As regards teachers, Sweden’s Public Health Agency reported that “a comparison of the incidence of COVID-19 in different professions suggested no increased risk for teachers.” Nevertheless, with few exceptions, teachers in Los Angeles and elsewhere refuse to enter a classroom that has students in it. Their disdain for their profession has been superseded only by that of the Los Angeles teachers union, which announced that teachers will not resume teaching until the police are defunded. People who defend lockdowns and closing schools point out that Sweden has the eighth-highest death rate per million in the Western world. But, needless to say, this has no bearing at all on the issue of whether Sweden was right to keep schools open or whether our country was wrong to close them, let alone keep them closed now. The overwhelming majority of deaths from COVID-19 in Sweden were among people over 70 years of age, and most of those were people over 80 and with compromised immune systems. Reuters reported that three separate studies, including one by UNICEF, “showed that Swedish children fared better than children in other countries during the pandemic, both in terms of education and mental health.” For more than a month, Sweden has had almost no deaths from COVID-19 while the entire society remains open and almost no one wears masks. (In Holland, too, almost no one wears masks.) For all intents and purposes, the virus is over in Sweden. I live in California, a state governed by that most dangerous of leaders: a fool with unlimited power. Despite the fact that California ranks 28th among the 50 states in deaths per million, Gov. Gavin Newsom has destroyed and continues to destroy tens of thousands of small businesses and untold numbers of livelihoods. His continuing to forbid — a half-year after the onset of the pandemic — indoor dining in restaurants is leading to a projected permanent closure of approximately 1 in every 3 restaurants in the state. The same catastrophic destruction will likely affect retail businesses and services such as hair and nail salons. But all this human tragedy — not to mention increased depression and suicides among the young and increased abuse of children and partners — means nothing to Newsom, to Los Angeles Mayor Eric Garcetti or to the Los Angeles Times, whose editors and columnists continue to advocate for the lockdown while they receive their salaries. Why can people eat with no mask in an airplane — inches, not six feet, from strangers — but cannot eat in a California restaurant, which is so much bigger than the inside of an airplane, while sitting six feet from others? Because Newsom ordered it, the Los Angeles Times supports it and, like sheep, Californians have accepted it. According to the California Association of Museums, “Museums are losing over $22 million a day due to the statewide quarantine. As of August 1, 2020, California museums have lost more than $2.9 billion in revenue. Museums have a $6.55 billion financial impact on California’s economy, support 80,722 jobs, and generated $492 million in tax revenues for the State of California in 2017 and over $1 billion in federal taxes.” And the American Alliance of Museums issued results from a survey on July 22, 2020, that warned 1 out of every 3 museums may shutter forever as funding sources and financial reserves run dry. On Aug. 3, The Wall Street Journal wrote, “In March … There was broad public support for the prudent goals of preventing hospitals from being overwhelmed and buying scientists time to develop therapies.” But the left — the media and Democratic governors and mayors — immediately moved the goalposts to “bending the curve” and “saving one life,” enabling them to get away with destroying lives and livelihoods. (…) The lockdown is a crime. But even more upsetting is that it is supported by so many Americans. This country is unrecognizable to those of us who lived through the 1968-1970 pandemic, which killed, according to the Centers for Disease Control and Prevention, approximately 100,000 Americans — the 2020 equivalent of 170,000 Americans. Nothing shut down. Not one mask was worn. Dennis Prager
Dans quelle mesure les masques peuvent-ils limiter la propagation de l’infection dans la société? C’est très difficile à mesurer. D’abord parce que les études et les preuves scientifiques sont étonnamment faibles. Ensuite parce qu’il peut y avoir des effets pervers induits par le port du masque, qui peut être contaminé, et que l’on touche. Nous pensons que la distanciation sociale, le fait que les gens ne se regroupent pas, qu’ils restent chez eux quand ils sont malades, sont des mesures beaucoup plus efficaces. Anders Tegnell (épidémiologiste en chef suédois)
Pendant qu’en France, et dans le reste du monde, le port du masque se généralise jusque dans la rue, un pays d’Europe résiste encore et toujours à cette mesure pour lutter contre la pandémie : la Suède. Le pays scandinave s’était déjà fait remarquer au printemps en refusant de confiner sa population pour éviter une crise économique trop importante. Aujourd’hui, il continue de rejeter le port du masque, qui n’apparaît nulle part dans les recommandations sanitaires de l’agence de santé publique suédoise. Le bilan humain de la pandémie en Suède est pourtant loin d’être le meilleur : au 27 août, 5 820 personnes y sont mortes du Covid-19, soit 57 décès pour 100 000 habitants. Un chiffre, certes, loin des 86 morts pour 100 000 habitants en Belgique, ou des bilans espagnol et britannique (62), mais proche de celui des États-Unis (55) et de l’Italie (59), deux pays fortement touchés. En France, l’épidémie a fait 46 décès pour 100 000 habitants. (…) La stratégie suédoise repose en fait quasi exclusivement sur la distanciation physique – ainsi que sur l’hygiène – quand, en France par exemple, elle est souvent assouplie et complétée par le port du masque. Les rassemblements de plus de 50 personnes y sont notamment toujours interdits, et le télétravail doit être favorisé jusqu’à la fin de l’année pour ne pas engorger les transports. L’épidémiologiste en chef de l’agence de santé publique suédoise, Anders Tegnell, a estimé le 24 août sur LCI qu’il était « dangereux de voir les masques comme la solution à cette pandémie ». Dans Le Figaro, il se justifie et pointe « les études et les preuves scientifiques » sur l’efficacité du port du masque, qui, selon lui, « sont étonnamment faibles ». Anders Tegnell estime surtout que le masque pourrait conduire à un relâchement de la distanciation et des gestes barrières. « Il peut y avoir des effets pervers induits par le port du masque, qui peut être contaminé et que l’on touche. » Un discours étonnant aujourd’hui, mais qui était celui de l’OMS – et des autorités françaises – il y a encore quelques mois, au début de la pandémie, avant que la connaissance scientifique sur la transmission du virus n’évolue. Si, au début du mois, ses voisins étaient encore sur la même ligne, le Danemark, la Finlande et la Norvège ont finalement décidé, mi-août, d’imposer ou de recommander le port du masque dans les transports publics. Pas de quoi faire douter les autorités suédoises, qui mettent en avant le ralentissement des contaminations dans le pays depuis l’été. Le Point
Que ce soit dans le bus, les trains ou les aéroports, dans les magasins ou dans les rues, le constat est le même: les Suédois, en temps de coronavirus, portent peu le masque, voire pas du tout. Et les quelques illuminés qui se couvrent la bouche courent même le risque de voir les regards devenir suspicieux, ou leur voisin changer de place. «Je n’ai qu’un passager sur dix avec un masque, assure un chauffeur de bus, et le plus souvent c’est un touriste, ou une personne très âgée.» Seuls les employés des hôpitaux et des maisons de retraite ne vaquent pas à leurs occupations à visage découvert. Alors que la France commence à rendre le masque obligatoire dans certaines rues fréquentées, et que dans la plupart des pays européens il est devenu l’arme privilégiée de la lutte contre le coronavirus, les Suédois continuent de l’ignorer. Certes, le télétravail est encouragé, les plus de 70 ans sont invités à limiter leurs contacts et les rassemblements de plus de 50 personnes restent interdits, mais l’Agence suédoise de santé ne mentionne même pas le masque dans les mesures de protection que pourrait adopter la population. Elle reste de même sourde aux recommandations de l’OMS qui le préconise en complément du lavage des mains ; ou du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies infectieuses (ECDC), basé à Stockholm, favorable au port du masque quand la distanciation physique n’est pas possible, comme dans les transports publics. Ce désintérêt est d’ailleurs similaire dans tous les pays scandinaves, avec cependant une différence de taille: la circulation du virus y est beaucoup moins élevée qu’en Suède. (…) L’épidémiologiste en chef Anders Tegnell reste cependant sur la même position: «Dans quelle mesure les masques peuvent-ils limiter la propagation de l’infection dans la société? C’est très difficile à mesurer, estime-t-il. D’abord parce que les études et les preuves scientifiques sont étonnamment faibles. Ensuite parce qu’il peut y avoir des effets pervers induits par le port du masque, qui peut être contaminé, et que l’on touche. Nous pensons que la distanciation sociale, le fait que les gens ne se regroupent pas, qu’ils restent chez eux quand ils sont malades, sont des mesures beaucoup plus efficaces.»Une position reprise par le premier ministre, Stefan Löfven, mais qui ne fait pas l’unanimité. Régulièrement, des militants «pro-masque» manifestent devant le siège de l’Agence de santé pour dénoncer les près de 6000 morts du coronavirus tombés selon eux à cause du non-confinement et de «l’inaction» du gouvernement social-démocrate. Les médias se sont aussi fait l’écho du travail mené par des chercheurs suédois de l’Institut Karolinska et des collègues canadiens qui ont compilé vingt-cinq études publiées dans le monde entier sur les masques faciaux. Selon leurs conclusions, si «l’efficacité de filtration varie», les masques «offrent toujours un degré non négligeable de protection» en stoppant notamment les larges particules émises lorsque l’on parle, tousse ou éternue. Mais, pour Anders Tegnell, le port du masque est d’autant moins une priorité que la situation épidémiologique ne le justifie pas. À la fin du printemps, la Suède était certes le pays où l’on avait le plus de chance de succomber au coronavirus, et son taux de mortalité par million d’habitants a alors dépassé celui de la France. Mais, aujourd’hui, la situation s’est stabilisée, et l’épidémiologiste parle même de «tendance positive»: «Les admissions en soins intensifs ont considérablement baissé, et certains jours il n’y en a même pas une seule. Le constat est le même pour la mortalité.» La Suède n’ayant pas eu à déconfiner, et donc à assouplir les règles de distanciation sociale, elle ne craint pas non plus cette deuxième vague qui semble naître ailleurs, même si une reprise légère des contaminations chez les jeunes adultes a été observée ces derniers jours. Signe que la situation s’améliore, les Suédois peuvent depuis le 1er août se rendre librement chez leurs voisins danois, qui jusqu’à cette date leur avaient fermé la porte. Mais Anders Tegnell, figure de la lutte contre le coronavirus en Suède, reste vigilant: «Si cette évolution se poursuit, avec un niveau très faible de contamination, je ne pense pas que nous introduirons l’usage du masque. Si la contamination s’accélère, si nous avons des problèmes dans les bus et les trains, c’est bien sûr une solution que nous regarderons de près.» Le Figaro

Nous aurions dû suivre l’exemple suédois!

A l’heure où après un confinement aussi aveugle que catastrophique

Effrayée comme les autres pays par les hypothèses les plus folles du « Maitre es désatre » de l’Imperial college de Londres Neil Ferguson…

La France est repartie dans le délire du masque partout, y compris à l’extérieur …

Retour sur le cas du seul pays

Qui a su ménager aussi bien son économie que la liberté et l’intelligence de ses citoyens …


21 000 MORTS !!!! (Is Europe ready to sacrifice its very lifeblood to save… its octogenerians ?)

20 mars, 2020

Grippe : 21 000 morts, « ça ne peut devenir la norme »La France compte 66,6 millions d'habitants: boom des décès et recul de l'espérance de vieGraphique: Les vagues de chaleur les plus meurtrières | StatistaImage result for longévité hommes europeImage result for loi sur l'euthanasie en Europe
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Les justes lui répondront: Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, et t’avons-nous donné à manger; ou avoir soif, et t’avons-nous donné à boire? Quand t’avons-nous vu étranger, et t’avons-nous recueilli; ou nu, et t’avons-nous vêtu? Quand t’avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous allés vers toi? Et le roi leur répondra: Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. Jésus (Matthieu 25: 44-45)
Une civilisation est testée sur la manière dont elle traite ses membres les plus faibles. Pearl Buck
Le monde moderne n’est pas mauvais : à certains égards, il est bien trop bon. Il est rempli de vertus féroces et gâchées. Lorsqu’un dispositif religieux est brisé (comme le fut le christianisme pendant la Réforme), ce ne sont pas seulement les vices qui sont libérés. Les vices sont en effet libérés, et ils errent de par le monde en faisant des ravages ; mais les vertus le sont aussi, et elles errent plus férocement encore en faisant des ravages plus terribles. Le monde moderne est saturé des vieilles vertus chrétiennes virant à la folie.  G.K. Chesterton
L’exigence chrétienne a produit une machine qui va fonctionner en dépit des hommes et de leurs désirs. Si aujourd’hui encore, après deux mille ans de christianisme, on reproche toujours, et à juste titre, à certains chrétiens de ne pas vivre selon les principes dont ils se réclament, c’est que le christianisme s’est universellement imposé, même parmi ceux qui se disent athées. Le système qui s’est enclenché il y a deux millénaires ne va pas s’arrêter, car les hommes s’en chargent eux-mêmes en dehors de toute adhésion au christianisme. Le tiers-monde non chrétien reproche aux pays riches d’être leur victime, car les Occidentaux ne suivent pas leurs propres principes. Chacun de par le vaste monde se réclame du système de valeurs chrétien, et, finalement, il n’y en a plus d’autres. Que signifient les droits de l’homme si ce n’est la défense de la victime innocente? Le christianisme, dans sa forme laïcisée, est devenu tellement dominant qu’on ne le voit plus en tant que tel. La vraie mondialisation, c’est le christianisme! René Girard
Je crois que le moment décisif en Occident est l’invention de l’hôpital. Les primitifs s’occupent de leurs propres morts. Ce qu’il y a de caractéristique dans l’hôpital c’est bien le fait de s’occuper de tout le monde. C’est l’hôtel-Dieu donc c’est la charité. Et c’est visiblement une invention du Moyen-Age. René Girard
Notre monde est de plus en plus imprégné par cette vérité évangélique de l’innocence des victimes. L’attention qu’on porte aux victimes a commencé au Moyen Age, avec l’invention de l’hôpital. L’Hôtel-Dieu, comme on disait, accueillait toutes les victimes, indépendamment de leur origine. Les sociétés primitives n’étaient pas inhumaines, mais elles n’avaient d’attention que pour leurs membres. Le monde moderne a inventé la « victime inconnue », comme on dirait aujourd’hui le « soldat inconnu ». Le christianisme peut maintenant continuer à s’étendre même sans la loi, car ses grandes percées intellectuelles et morales, notre souci des victimes et notre attention à ne pas nous fabriquer de boucs émissaires, ont fait de nous des chrétiens qui s’ignorent. René Girard
On a commencé avec la déconstruction du langage et on finit avec la déconstruction de l’être humain dans le laboratoire. (…) Elle est proposée par les mêmes qui d’un côté veulent prolonger la vie indéfiniment et nous disent de l’autre que le monde est surpeuplé. René Girard
L’idée d’une Chine naturellement pacifique et trônant, satisfaite, au milieu d’un pré carré qu’elle ne songe pas à arrondir est une fiction. L’idée impériale, dont le régime communiste s’est fait l’héritier, porte en elle une volonté hégémoniste. La politique de puissance exige de « sécuriser les abords ». Or les abords de la Chine comprennent plusieurs des grandes puissances économiques du monde d’aujourd’hui : la « protection » de ses abords par la Chine heurte de plein fouet la stabilité du monde. Et ce, d’autant qu’elle est taraudée de mille maux intérieurs qui sont autant d’incitations aux aventures extérieurs et à la mobilisation nationaliste. Que veut la République Populaire ? Rétablir la Chine comme empire du Milieu. (…) À cet avenir glorieux, à la vassalisation par la Chine, les Etats-Unis sont l’obstacle premier. La Chine ne veut pas de confrontation militaire, elle veut intimider et dissuader, et forcer les Etats-Unis à la reculade.  (…) Pékin a récupéré Hong-Kong – l’argent, la finance, les communications. L’étape suivante, c’est Taïwan – la technologie avancée, l’industrie, d’énormes réserves monétaires. Si Pékin parvient à imposer la réunification à ses propres conditions, si un « coup de Taïwan » réussissait, aujourd’hui, demain ou après-demain, tous les espoirs seraient permis à Pékin. Dès lors, la diaspora chinoise, riche et influente, devrait mettre tous ses œufs dans le même panier ; il n’y aurait plus de centre alternatif de puissance. La RPC contrôlerait désormais les ressources technologiques et financières de l’ensemble de la « Grande Chine ». Elle aurait atteint la masse critique nécessaire à son grand dessein asiatique. Militairement surclassés, dénués de contrepoids régionaux, les pays de l’ASEAN, Singapour et les autres, passeraient alors sous la coupe de la Chine, sans heurts, mais avec armes et bagages. Pékin pourrait s’attaquer à sa « chaîne de première défense insulaire » : le Japon, la Corée, les Philippines, l’Indonésie. La Corée ? Privée du parapluie américain, mais encore menacée par l’insane régime nord-coréen, elle ferait face à un choix dramatique : soit accepter l’affrontement avec le géant chinois, se doter d’armes nucléaires et de vecteurs balistiques, et d’une défense antimissiles performante, soit capituler, et payer tribut, tel un vassal, au grand voisin du sud. Elle pourrait théoriquement s’allier au Japon pour que les deux pays – dont les rapports ne sont jamais faciles – se réarment et se nucléarisent ensemble. Il est également possible – c’est le plan chinois – qu’ils se résolvent tous deux à capituler. Le Japon, géant techno-industriel, nain politico militaire, archipel vulnérable, serait confronté au même dilemme. L’Asie du Sud-Est, sans soutien américain ni contrepoids à la Chine en Asie du Nord, est désarmée. Tous montreraient la porte aux Etats-Unis, dont les bases militaires seraient fermées, en Corée et au Japon. Les Etats-Unis seraient renvoyés aux îles Mariannes, Marshall et à Midway – comme l’entendait le général Tojo, le chef des forces armées impériales du Japon et l’amiral Yamamoto, le stratège de l’attaque de Pearl Harbour en 1941. La Chine est-elle maîtresse de l’Asie ? Reste à neutraliser l’Inde, l’égale démographique, la rivale démocratique, anglophone, peu disposée à s’en laisser compter. Mais il faut la clouer sur sa frontière occidentale par l’éternel conflit avec le Pakistan islamiste et nucléaire. La Chine doit neutraliser l’Inde, ou l’attaquer, avant que ses progrès économiques et militaires ne lui confèrent une immunité stratégique. La Mongolie « extérieure » est récupérée, Pékin ne s’étant jamais accommodé de son indépendance ni de sa soumission à la Russie. Plus loin, le traité de Pékin de 1860, qui donna à la Russie les territoires de l’Extrême-Orient russe, pourra être effacé ou abrogé, la faiblesse russe allant s’aggravant. Au XXIe siècle, l’hégémonie asiatique, c’est le tremplin vers la domination mondiale. Harold Mackinder, le géopoliticien britannique, affirmait il y a un siècle que la domination du cœur de l’Eurasie, c’était la domination du monde. Les déplacements tectoniques intervenus dans l’économie et la politique mondiale font de l’Asie peuplée, riche et inventive, le pivot de la domination mondiale. Tel est le grand dessein chinois, à un horizon qui peut être placé entre 2025 et 2050. Pour qu’il réussisse, la condition nécessaire est l’élimination des Etats-Unis comme facteur stratégique majeur dans l’Asie-Pacifique. Objectera-t-on qu’il y a là une bonne dose d’irréalisme ? Le PNB du Japon de 1941 ne se montait guère qu’à 20 pour cent de celui des Etats-Unis. L’erreur de calcul est commune dans les affaires internationales, et fournit souvent la poudre dont sont faites les guerres. L’aptitude à se méprendre du tout au tout sur les rapports de force est caractéristique des dictatures. La Pax Sinica désirée par le nouvel hégémon bute sur bien d’autres obstacles. La course au nationalisme des dirigeants du régime est non seulement le produit atavique d’une tradition dont nous avons démonté les ressorts – « de même qu’il n’y a pas deux soleils dans le ciel, il ne peut y avoir qu’un empereur sur terre », dit le Livre des rites confucéen – elle est également le produit d’une fuite en avant provoquée par les multiples crises qui affligent la Chine. Le régime devrait résoudre la quadrature du cercle pour maîtriser ces crises : la perspective est improbable. L’échec probable rend possible l’ouverture d’un nouveau cycle de crise systémique. L’agressivité nationaliste du régime en serait aggravée. Jamais ses chefs n’ont été aussi isolés de la société, jamais la Chine n’a été aussi anomique qu’elle ne l’est devenue sous la férule de Jiang Zemin. L’absurde méga-projet de projet de barrage des Trois-Gorges sur le Yangzien en est l’éclatante démonstration : ce chantier pharaonique absorbe des investissements gigantesques au détriment de bien des projets plus réalistes, dans le but de résoudre en quelque sorte d’un seul coup la pénurie d’électricité nationale. Les études de faisabilité et d’impact environnemental ont été bâclées : nu ne sait ce qui adviendra de ce bricolage géant sur le géant fluvial de Chine du Sud. Les risques de catastrophe écologique sont considérables. Des millions de villageois ont été délogés. La corruption s’est emparée du projet, au point de menacer la stabilité et la solidité du barrage : le sable a remplacé le béton dans un certain nombre d’éléments du barrage. Une société moderne ne peut être gérée sur la base des choix arbitraires de quelques centaines de dirigeants reclus, opérant dans le secret et en toute souveraineté. Ce que les tenants, aujourd’hui déconfits, des « valeurs asiatiques », n’avaient pas compris, dans leurs plaidoyers pro domo en faveur d’un despotisme qu’ils prétendaient éclairé, c’est que les contre-pouvoirs, les contrepoids, que sont une opposition active, une presse libre et critique, des pouvoirs séparés selon les règles d’un Montesquieu, l’existence d’une société civile et de multitudes d’organisations associatives, font partie de la nécessaire diffusion du pouvoir qui peut ainsi intégrer les compétences, les intérêts et les opinions différentes. Mais, pour ce faire, il convient de renoncer au modèle chinois, c’est-à-dire au monolithisme intérieur. La renonciation au monolithisme extérieur n’est pas moins indispensable : la Chine doit participer à un monde dont elle n’a pas créé les règles, et ces règles sont étrangères à l’esprit même de sa politique multimillénaire. La Chine vit toujours sous la malédiction de sa propre culture politique. La figure que prendra le siècle dépendra largement du maintien de la Chine, ou de l’abandon par elle, de cette culture, et de sa malédiction. Laurent Murawiec (2000)
La «grippe de Hongkong» alias «grippe de 68» est pourtant la plus récente des pandémies grippales. Troisième du XXe siècle après la «grippe espagnole» (20 à 40 millions de morts en 1918-1920) et la «grippe asiatique» (2 millions de morts en 1957), elle a fait le tour du monde entre l’été 1968 et le printemps 1970, tuant environ un million de personnes, selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Combien en France ? Il a fallu la grande peur d’une nouvelle pandémie liée à l’émergence du virus H5N1 pour que l’on s’aperçoive que nul n’avait fait le compte. C’est ainsi que les statisticiens et épidémiologistes Antoine Flahault et Alain-Jacques Valleron viennent de découvrir, au terme d’une analyse encore inédite des fichiers de mortalité conservés par l’unité CEPIDC (Centre épidémiologique sur les causes médicales de décès) de l’Inserm, l’ampleur exacte de cette grippe «oubliée» : «25 068 morts en décembre 1969 et 6 158 en janvier 1970, soit 31 226 en deux mois, révèle Antoine Flahault. La grippe de Hongkong a tué en France deux fois plus que la canicule de 2003 ! Fait frappant, cette énorme surmortalité saisonnière est passée pratiquement inaperçue.» A la fin des sixties, la grippe, ses malades et ses morts n’intéressent pas. Ni les pouvoirs publics, ni le public, ni les médias. L’événement est sur la Lune avec l’équipage d’Apollo 12, au Vietnam où l’Amérique s’enlise, au Biafra qui agonise, en Chine où s’achève la Révolution culturelle, à l’Elysée où s’installe Pompidou avec mission de gérer l’après-68 et les grèves qui perlent toujours dans les entreprises, les universités et les lycées. Mais assurément pas dans les hôpitaux. Témoin la presse française qui, en cet hiver 1969, alors même que la grippe de Hongkong atteint son apogée dans l’Hexagone, consacre des articles sporadiques à l’«épidémie» ­ on n’use pas alors du mot «pandémie». (…) La grippe, dont nul ne signale les morts, est alors moins qu’un fait divers. C’est un «marronnier d’hiver», écrit France-Soir… Un marronnier pour tous, sauf pour les collaborateurs du réseau international de surveillance de la grippe créé par l’OMS dès sa fondation, en 1947. Un article du Times de Londres les a alertés, le 12 juillet 1968, en signalant une forte vague de «maladie respiratoire» dans le sud-est de la Chine, à Hongkong. C’est dans cette colonie britannique surpeuplée qu’avaient été recensées, en 1957, les premières victimes du virus de la «grippe asiatique». Depuis, Hongkong est devenu, pour les épidémiologistes, la sentinelle des épidémies dont la Chine communiste est soupçonnée d’être le berceau. Fin juillet 1968, le Dr W. Chang dénombre 500 000 cas dans l’île. La «grippe de Hongkong» est née. Le virus, expédié sur un lit de glace à Londres où siège l’un des deux centres internationaux de référence de la grippe, est identifié comme une «variante» du virus de la grippe asiatique, un virus de type A2 ­ on dirait aujourd’hui H2. Erreur : on établira bientôt, après de vifs débats d’experts, qu’il s’agit d’un virus d’un nouveau genre, baptisé ultérieurement H3. Qu’importe, il voyage. Et vite. Profitant de l’émergence des transports aériens de masse. Gagne Taiwan, puis Singapour et le Vietnam. Ironie de la guerre : en septembre, il débarque en Californie avec des marines de retour au pays. Ironie de la science : au cours de ce même mois, il décime les rangs d’un Congrès international qui réunit à Téhéran 1 036 spécialistes des maladies infectieuses tropicales. «C’était un gag», raconte le virologiste Claude Hannoun, pionnier du vaccin antigrippal français et futur directeur du centre de référence de la grippe à l’Institut Pasteur. «Le troisième jour, alors que j’étais cloué au lit, un confrère m’a dit qu’il y avait plus de monde dans les chambres qu’en session. Près de la moitié des participants sont tombés malades sur place ou à leur retour chez eux.» Une enquête montrera qu’ils ont contribué à l’introduction du virus non seulement en Iran, mais dans huit pays de trois continents, du Sénégal au Koweït en passant par l’Angleterre et la Belgique. Fin 1968, le virus a traversé les Etats-Unis, tuant plus de 50 000 personnes en l’espace de trois mois. En janvier 1969, il accoste l’Europe de l’Ouest, mais sans grands dégâts, et en mai il semble avoir disparu de la circulation. Tant et si bien qu’en octobre 1969, lorsque l’OMS réunit à Atlanta une conférence internationale sur la grippe de Hongkong, les scientifiques estiment que la pandémie est finie, et plutôt bien : «Il n’y a pas eu de grand excès de mortalité, excepté aux Etats-Unis», conclut alors l’Américain Charles Cockburn. «En décembre, ça a été la douche froide», dit Claude Hannoun. Le virus de Hongkong est revenu en Europe. Méchant, cette fois. D’autant plus que le Vieux Continent a négligé de préparer un vaccin adéquat. Certes, en France, on a vacciné. Quelques jours durant, le service de vaccination de Lyon a même été pris d’assaut. «Il y a eu un moment où les vaccinations se faisaient sur le trottoir, avec des étudiants en médecine recrutés dans les amphis et la police qui bloquait les accès de la rue», raconte le Pr Dellamonica. Hélas, à la différence des vaccins américains, les produits français, fabriqués alors de façon assez artisanale par Pasteur (Paris) et Mérieux (Lyon), n’incluent pas la souche de Hongkong, malgré un débat d’experts. «De fait, les vaccins ont été d’une efficacité très médiocre ­ 30 % au lieu de l’usuel 70 %», relève Claude Hannoun. Autres temps, autres moeurs : nul n’a alors accusé les experts de la grippe et/ou le ministre de la Santé, Robert Boulin, d’avoir négligé ce «marronnier d’hiver» qui a envoyé 31 000 personnes au cimetière. On est loin de la France du sang contaminé dénonçant les responsabilités des politiques et des scientifiques, loin de ce début de millénaire où gouvernements et experts égrènent avec angoisse le nombre de personnes mortes d’avoir été contaminées par des volailles excrétant le virus aviaire H5N1 (une soixantaine en deux ans), guettent les premiers frémissements d’une «humanisation» du virus et se préparent, à coups de millions de dollars, à affronter les retombées sanitaires, économique. «A la fin des années 60, on a confiance dans le progrès en général, et le progrès médical en particulier, analyse Patrice Bourdelais, historien de la santé publique à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Il y a encore beaucoup de mortalité infectieuse dans les pays développés, mais la plupart des épidémies y ont disparu grâce aux vaccins, aux antibiotiques et à l’hygiène. La grippe va donc, inéluctablement, disparaître.» Pour la communauté scientifique, la pandémie de Hongkong est cependant un choc. «Elle a sonné l’alarme, réveillé la peur de la catastrophe de 1918 et boosté les recherches sur le virus», dit Claude Hannoun. L’Institut Pasteur lui demande en effet dès 1970 de laisser ses travaux sur la fièvre jaune pour revenir à la grippe. «C’est elle aussi qui a dopé la production de vaccins, passée en France de 200 000 doses par an en 1968 à 6 millions en 1972.» Pour les épidémiologistes, «la grippe de Hongkong est entrée dans l’histoire comme la première pandémie de l’ère moderne. Celle des transports aériens rapides. La première, aussi, à avoir été surveillée par un réseau international, note Antoine Flahault. De fait, elle est la base de tous les travaux de modélisation visant à prédire le calendrier de la future pandémie». La grippe de Hongkong a bouclé son premier tour du monde en un an avant de revenir attaquer l’Europe. Elle nous dit que le prochain nouveau virus ceinturera la planète en quelques mois. Libération (2005)
Based on the data, I believe that the current dire models radically overestimate the ultimate death toll. There are three reasons for this. First, they underestimate the rate of adaptive responses, which should slow down the replication rate. Second, the models seem to assume that the vulnerability of infection for the older population—from 70 upward—gives some clue as to the rate of spread over the general population, when it does not. Third, the models rest on a tacit but questionable assumption that the strength of the virus will remain constant throughout this period, when in fact its potency should be expected to decline over time, in part because of temperature increases. As of March 16, the data from the United States falls short of justifying the draconian measures that are now being implemented. As of two days ago, 39 states have declared states of emergency, and they have been joined at the federal level with President Trump’s recent declaration to the same effect. These declarations are meant to endow governments with the power to impose quarantines and travel bans, close schools, restrict public gatherings, shut down major sporting events, stop public meetings, and close restaurants and bars. Private institutions are imposing similar restrictions. The one-two punch of public and private restrictions has caused a huge jolt to the economy. The irony here is that even though self-help measures like avoiding crowded spaces make abundant sense, the massive public controls do not. In light of the available raw data, public officials have gone overboard. To begin with, the word pandemic should not be lightly used. Recall that the Spanish influenza pandemic, fully worthy of the name, resulted in perhaps as many as a half-billion infections and between 50 and 100 million deaths, world-wide, of which some 675,000 were Americans, many coming back from Europe in the aftermath of the First World War. The World Health Organization recently declared coronavirus a pandemic at a time when the death count was at 4,000, presently being just over 6,500. It will surely rise no matter what precautions are taken going forward, but what is critical is some estimate of the rate. By way of comparison, the toll from the flu in the United States since October ran as follows: between 36 to 51 million infections, between 370 thousand to 670 thousand flu hospitalizations, and between 22 thousand to 55 thousand flu deaths. That works out to between roughly between 230,000 to 320,000 new infections per day, and between 140 to 350 deaths per day for an overall mortality rate of between 0.044 percent to 0.152 percent. As we think about the mortality rate of COVID-19, there are some important pieces of data to consider. (…) Washington state, with 676 reported cases and 42 deaths, has a mortality rate of 6.21 percent, which can be traced to a nursing facility in Kirkland Washington. While only contributing 57 cases, it was the source of 27 of the reported deaths, almost two-thirds of the fatalities. (We should expect, as has been the case, that the mortality rate in Washington will decline as the newer cases will not come exclusively from that high-risk population.) The next three states have 1,577 diagnosed cases and 11 deaths for a mortality rate of 0.69 percent, a number which has trended lower over the last few days. Unlike the deadly exposures in Kirkland, the exposures in New York state produced many documented illnesses, but only two deaths even after two weeks of exposure. And while it is easy to miss latent cases, it is harder to miss any virus-related death. Given that the incubation period is about two-weeks, the pool of cases before March 1 should be small. Many of the dire media accounts do not mention evolution. After the initial outburst in Kirkland, the target population was fitter. It is instructive therefore to look at the total number of cases, which spiked from 70 cases on March 5 to 672 cases on March 15. But those figures do not presage an increase into the thousands of daily cases that would be needed to reach the totals of the flu season. The current numbers are about 3 per cent of the rate of new flu cases in the 2019-2020 virus season. Even if there is some undercounting, it is highly unlikely, given the relatively short (two-week) incubation period, that the number of current cases will more than double or triple. It is also unlikely that most of the increase in reported cases (as opposed to deaths) will be in the population over age 70. More importantly, these numbers, as reported by the Centers for Disease Control, do not give any indication of heightened severity. What, then, does all of this portend for the future of COVID-19 in the United States? Good news is more likely than bad, notwithstanding the models that predict otherwise. The deaths in Washington have risen only slowly, even as the number of infections mount. The New York cases have been identified for long enough that they should have produced more deaths if the coronavirus was as dangerous as is commonly believed. (…) The theoretical answer to the question of how deadly the virus will turn out lies in part in a strong analytical relationship between the rate of spread and the strength of the virus. Start with the simple assumption that there is some variance in the rate of seriousness of any virus, just as there is in any trait for any species. In the formative stage of any disease, people are typically unaware of the danger. Hence, they take either minimal or no precautions to protect themselves from the virus. In those settings, the virus—which in this instance travels through droplets of moisture from sneezing and bodily contact—will reach its next victim before it kills its host. Hence the powerful viruses will remain dominant only so long as the rate of propagation is rapid. But once people are aware of the disease, they will start to make powerful adaptive responses, including washing their hands and keeping their distance from people known or likely to be carrying the infection. Various institutional measures, both private and public, have also slowed down the transmission rate. At some tipping point, the most virulent viruses will be more likely to kill their hosts before the virus can spread. In contrast, the milder versions of the virus will wreak less damage to their host and thus will survive over the longer time span needed to spread from one person to another. Hence the rate of transmission will trend downward, as will the severity of the virus. It is a form of natural selection. One key question is how rapidly this change will take place. There are two factors to consider. One is the age of the exposed population, and the other is the rate of change in the virulence of the virus as the rate of transmission slows, which should continue apace. By way of comparison, the virulent AIDS virus that killed wantonly in the 1980s crested and declined in the 1990s when it gave way to a milder form of virus years later once the condition was recognized and the bath houses were closed down. Part of the decline was no doubt due to better medicines, but part of it was due to this standard effect for diseases. Given that the coronavirus can spread through droplets and contact, the consequences of selection should manifest themselves more quickly than they did for AIDS. It is instructive to see how this analysis fares by taking into account the Korean data, which is more complete than the American data. South Korea has been dealing with the coronavirus since January 20. Since that time, the Korean government has administered a total of 261,335 tests to its citizens. In press releases updated every day, the Korean CDC is reporting (as of March 15) 8,162 total infections against 75 deaths for an overall mortality rate of 0.92 percent. But as shown in the table below, the age-disparity in outcome is striking: Clearly, the impact on elderly and immunocompromised individuals is severe, with nearly 90% of total deaths coming from individuals 60 and over. But these data do not call for shutting down all public and private facilities given the extraordinarily low rates of death in the population under 50. The adaptive responses should reduce the exposures in the high-risk groups, given the tendency for the coronavirus to weaken over time. My own guess is that the percentage of deaths will decline in Korea for the same reasons that they are expected to decline in the United States. It is highly unlikely that there will ever be a repetition of the explosive situation in Wuhan, where air quality is poorer and smoking rates are higher. So what then should be done? The first point is to target interventions where needed, toward high-risk populations, including older people and other people with health conditions that render them more susceptible to disease. But the current organized panic in the United States does not seem justified on the best reading of the data. In dealing with this point, it is critical to note that the rapid decline in the incidence of new cases and death in China suggests that cases in Italy will not continue to rise exponentially over the next several weeks. Moreover, it is unlikely that the healthcare system in the United States will be compromised in the same fashion as the Italian healthcare system in the wake of its quick viral spread. The amount of voluntary and forced separation in the United States has gotten very extensive very quickly, which should influence rates of infection sooner rather than later. Perhaps my analysis is all wrong, even deeply flawed. But the stakes are too high to continue on the current course without reexamining the data and the erroneous models that are predicting doom. Richard Epstein
In the earlier, March 16, 2020 version, of this essay, I made the single largest unforced intellectual error in my entire academic career, when I included numerical estimates about the possible impact of the coronavirus in terms of life and death. Those estimates were obviously ridiculously too low. Those mistakes brought on a torrent of criticism, pointing out the magnitude of those errors. Unfortunately, those responses detracted from the main purpose of that initial essay, which was to question some of the basic assumptions of the standard model. I regret those mistakes, and of course, I retract them. It is, however, important to stress that those errors were in no way essential to the central point that I made there, and continue to put forward—namely the serious overprojection of cases and deaths found in the New York Times graphic below, and in similar studies that predict tens of millions of coronavirus cases, and upwards of one million deaths. These proposals all rest on some version of the standard (“logistic”) models. In the constant efforts to criticize the incorrect numbers, little or no attention has been paid to my substantive queries as to the soundness of the standard models, by taking into account both the evolutionary forces of natural selection on the one side and the individual and institutional responses to incentives on the other. Adding those two elements into the mix led me to suggest that the estimates generated by the standard model would turn out to be far too high, perhaps by an order of magnitude. I have recently come across this extraordinary interview by Professor Knut Wittkowski, an epidemiologist which states in powerful form why the current policies of social distancing will prolong but not eliminate the disease. His insights go a long way toward explaining why, in the three weeks that have followed, the recent data has not come close to reaching those high estimates, and it seems unlikely that they will. The recent data shows that as of Monday morning April 6, 2020 the number of deaths in the United States stood at 9,655, and the total number of cases stood at 336,776, distributed as follows (where the sharp decline on April 5, 2020 may reflect some Sunday underreporting): These numbers are far below those predicted by the conventional models, and it is important to explain the discrepancy. As I mentioned in the initial version of this essay, I am fully aware that these views are contrary to the standard wisdom. But I hope that even my strongest critics will address the substantive arguments raised here against the conventional model, which seems systematically to have overpredicted the duration and severity of the current coronavirus pandemic. Richard Epstein
The immune system is a marvel of complexity and efficiency. It is designed to protect us from foreign invaders of all kinds, the most important of which are infectious agents, and from dangerous enemies that are generated within, like cancer. It is composed of a variety of defense strategies: it can generate chemicals to kill invaders; it can mobilize armies of cells to swallow them up; and it has an elaborate system whereby it can recognize thousands of substances that are foreign to our bodies and then neutralize them. For years it was thought by immunologists to be an autonomous system, though there were disconcerting stories about patients along the way that suggested that the mind might have something to do with the way it worked. For the most part these stories were discounted by the experts, but now there is concrete evidence that cannot be ignored that the brain is involved in the system. (…) there is a long history of awareness that the emotions have something to do with our susceptibility to or ability to fight off infection, but none of it is generally accepted by medical doctors and rarely applied in everyday practice. Frequent colds and genitourinary infections are among the most common but it is likely that psychological factors play a role in all infectious processes. As with cancer, it is the efficiency of the immune system to do its job of eradicating the infectious agent that is at issue. Stressful emotions can reduce that effectiveness and allow the infection to flourish but there is ample anecdotal evidence that people have the capacity to enhance immunologic efficiency by improving their emotional states. John E. Sarno (Healing back pain, 1991)
Selon un communiqué du 22 mars 2007 de l’Inserm, le nombre de décès du fait de la canicule 2003 s’élève à 19 490 en France et à 20 089 en Italie ; pour l’ensemble de l’Europe, il est de l’ordre de 70 000. Le chiffre de 25 000 morts des conséquences de la canicule est avancé par les syndicats des urgentistes de France. Wikipedia
Overall, this Review suggests that the psychological impact of quarantine is wide-ranging, substantial, and can be long lasting. This is not to suggest that quarantine should not be used; the psychological effects of not using quarantine and allowing disease to spread might be worse. However, depriving people of their liberty for the wider public good is often contentious and needs to be handled carefully. If quarantine is essential, then our results suggest that officials should take every measure to ensure that this experience is as tolerable as possible for people. This can be achieved by: telling people what is happening and why, explaining how long it will continue, providing meaningful activities for them to do while in quarantine, providing clear communication, ensuring basic supplies (such as food, water, and medical supplies) are available, and reinforcing the sense of altruism that people should, rightly, be feeling. Health officials charged with implementing quarantine, who by definition are in employment and usually with reasonable job security, should also remember that not everyone is in the same situation. If the quarantine experience is negative, the results of this Review suggest there can be long-term consequences that affect not just the people quarantined but also the health-care system that administered the quarantine and the politicians and public health officials who mandated it. The Lancet
Freshly killed hens are much better than frozen meat in supermarkets, if you want to make perfect chicken soup. The flavor is richer. Ran
Traditional medicine is a treasure of Chinese civilization, embodying the wisdom of the nation and its people. Xi Jinping
What a tragedy that the 100,000 pangolins that are purged every year are sacrificed over the false belief that their scales can aid in blood circulation and cure rheumatism! Melissa Chen
Wet markets, like the one in Wuhan that was ground zero for the COVID-19 pandemic raging across the globe, are common throughout Asia. The larger newly-industrialized cities in China play host to hundreds of such markets, providing fresh produce and meat but also functioning as social nuclei. Dubious food safety and hygiene standards aside, what made the Wuhan Seafood Market such a swarming petri dish for viral pathogens is the compendium of dead and live wildlife that were kept in close proximity, sometimes festering in their own fecal matter. Pictures and video clips circulated on Weibo and other social media platforms showed the range of animals on sale — wolf pups, rats, peacocks, raccoons, porcupines, snakes, crocodiles and foxes, all jammed side-by-side in flimsy cages awaiting their own slaughter, making it easy for zoonotic diseases to leap from species to species and from animals to humans. Scientists believe that the pangolin, an endangered Southeast Asian mammal that looks like the lovechild of a scaly anteater and an armadillo, was the intermediary that helped bridge the novel coronavirus’s jump from its original host, bats, to humans. To date, the virus has infected more than 200,000 and killed more than 8,000 people worldwide. The Chinese preference for wet markets and exotic wildlife has deep social, historical and cultural roots. Around 1960, Chairman Mao’s disastrous Great Leap Forward led to agricultural collapse and the starvation of tens of millions of people, a trauma that continues to make an indelible print on China’s collective psyche today. For one, it necessitated a scarcity mindset. Under starvation conditions, does it really matter what vessel of bodily flesh was delivering your next caloric intake? Why would you squander any body part? There’s an old Cantonese saying that goes, ‘anything that walks, swims, crawls, or flies with its back to heaven is edible’. The myth that freshly killed animals taste superior is very pervasive, particularly among the older generation. ‘Freshly killed hens are much better than frozen meat in supermarkets, if you want to make perfect chicken soup,’ a 60-year-old woman named Ran told Bloomberg while shopping at a Chinese wet market. ‘The flavor is richer.’ Perhaps because home refrigeration only became widespread in China in the last few decades, Chinese folks with rural roots still associate freshness with how recently the meat was slaughtered. This is why sellers keep their animals alive and only butcher them before their customers’ eyes. As for what’s driving the demand for exotic wildlife, we need only look to Traditional Chinese Medicine (TCM) which is very widely-adopted in China and among the Chinese diaspora. Its philosophical roots can be traced all the way back to the ancient text The Yellow Emperor’s Classic of Medicine, written roughly 2,000 years ago. This is the source material that lays out the various therapeutic effects of specific wild animal parts and suggests that consuming exotic meats confers wealth and status upon its devotee. What a tragedy that the 100,000 pangolins that are purged every year are sacrificed over the false belief that their scales can aid in blood circulation and cure rheumatism! Meanwhile, Beijing continues to aggressively promote TCM both internationally and domestically, in a bid to project nationalistic pride and soft power. Late last year, the state-run China Daily news website reported Xi Jinping saying that ‘traditional medicine is a treasure of Chinese civilization, embodying the wisdom of the nation and its people’. Most recently, Chinese officials have also been touting the success of deploying TCM methods to treat over half of the hospitalized COVID-19 patients in Hubei province, an ironic move given that it was the very indulgence of magical belief in traditional remedies that most likely caused the coronavirus outbreak in the first place. To its credit, the Chinese government has since taken swift action to close down some 20,000 wildlife farms and punish over 2,000 people for wildlife crimes since COVID-19 broke out uncontrollably. They have also temporarily banned the wildlife trade until the epidemic is over, but not without carving out exceptions for wild animals for the purposes of TCM. Unless this loophole is closed, people can and will simply abuse the system and use TCM as an excuse to smuggle in more meat and partake in the trade. Meanwhile, several articles have decried the problematic ways in which Chinese eating and hygiene habits have been discussed in light of the outbreak, especially because they may lead to stereotyping Chinese people as a whole for being barbaric and uncivilized. These stereotypes, they fear, will only end up fueling xenophobia and racism. The temptation here is to avoid falling into the trap of cultural relativism. It’s perfectly appropriate to criticize China’s rampant consumption of exotic animals, lack of hygiene standards and otherwise risky behavior that puts people at risk for zoonotic infections. Until these entrenched behaviors based on cultural or magical beliefs are divorced from Chinese culture, wet wildlife markets will linger as time-bombs ready to set off the next pandemic, which in a globalized age is proving only too easy to do. We already know that more than 75 percent of emerging diseases originate in animals and that in the last century, at least 10 infectious diseases jumped from animals to people. China should be aghast at its role setting off the global domino effect at Wuhan Seafood Market in late 2019. After countless infections and death, the obliteration of trillions of dollars and the radical retooling of modern life as we know it, the least China could do is introduce higher food safety regulations, eradicate all wet markets and ban the wildlife trade, once and for all. Melissa Chen
As early as Dec 27, a Guangzhou-based genomics company had sequenced most of the virus from fluid samples from the lung of a 65-year old deliveryman who worked at the seafood market where many of the first cases emerged. The results showed an alarming similarity to the deadly Sars coronavirus that killed nearly 800 people between 2002 and 2003. Around that time, local doctors sent at least eight other patient samples from hospitals around Wuhan to multiple Chinese genomics companies, including industry heavyweight BGI, as they worked to determine what was behind a growing number of cases of unexplained respiratory disease. The results all pointed to a dangerous Sars-like virus. That was days before China notified the World Health Organisation (WHO) on Dec 31 about the emergence of an unidentified infectious disease, two weeks before it shared the virus’ genome sequence with the world, and crucially, more than three weeks before Chinese authorities confirmed publicly that the virus was spreading between people. Concerns about the new disease were initially kept within a small group of medical workers, researchers and officials. On Dec 30, Dr Li Wenliang was one of several in Wuhan who sounded the first alarms and released initial evidence online. Dr Li, who was punished for releasing the information, would perish from the disease five weeks later, after contracting it from a patient. On Jan 1, after several batches of genome sequence results had been returned to hospitals and submitted to health authorities, an employee of one genomics company received a phone call from an official at the Hubei Provincial Health Commission, ordering the company to stop testing samples from Wuhan related to the new disease and destroy all existing samples. (…) Then on Jan 3, China’s National Health Commission (NHC), the nation’s top health authority, ordered institutions not to publish any information related to the unknown disease, and ordered labs to transfer any samples they had to designated testing institutions, or to destroy them. The order, which Caixin has seen, did not specify any designated testing institutions. It was Jan 9 when the Chinese authorities finally announced that a novel coronavirus was behind Wuhan’s viral pneumonia outbreak. Even then, the transmissibility of the virus was downplayed, leaving the public unaware of the imminent danger. Finally, on Jan 20, Dr Zhong Nanshan, a leading authority on respiratory health who came to national attention in his role fighting Sars, confirmed in a TV interview that the disease was spreading from person-to-person. (…) On the evening of Dec 30, several doctors in Wuhan, including the late Dr Li Wenliang, privately shared CapitalBio’s results as a warning to friends and colleagues to take protective measures. Those messages then circulated widely online and sparked a public uproar demanding more information. Several people, including Dr Li and two other doctors who sent the messages that night, were later punished by the authorities for « spreading rumours ». Caixa Global (29.02. 2020)As early as Dec 27, a Guangzhou-based genomics company had sequenced most of the virus from fluid samples from the lung of a 65-year old deliveryman who worked at the seafood market where many of the first cases emerged. The results showed an alarming similarity to the deadly Sars coronavirus that killed nearly 800 people between 2002 and 2003. Around that time, local doctors sent at least eight other patient samples from hospitals around Wuhan to multiple Chinese genomics companies, including industry heavyweight BGI, as they worked to determine what was behind a growing number of cases of unexplained respiratory disease. The results all pointed to a dangerous Sars-like virus. That was days before China notified the World Health Organisation (WHO) on Dec 31 about the emergence of an unidentified infectious disease, two weeks before it shared the virus’ genome sequence with the world, and crucially, more than three weeks before Chinese authorities confirmed publicly that the virus was spreading between people. Concerns about the new disease were initially kept within a small group of medical workers, researchers and officials. On Dec 30, Dr Li Wenliang was one of several in Wuhan who sounded the first alarms and released initial evidence online. Dr Li, who was punished for releasing the information, would perish from the disease five weeks later, after contracting it from a patient. On Jan 1, after several batches of genome sequence results had been returned to hospitals and submitted to health authorities, an employee of one genomics company received a phone call from an official at the Hubei Provincial Health Commission, ordering the company to stop testing samples from Wuhan related to the new disease and destroy all existing samples. (…) Then on Jan 3, China’s National Health Commission (NHC), the nation’s top health authority, ordered institutions not to publish any information related to the unknown disease, and ordered labs to transfer any samples they had to designated testing institutions, or to destroy them. The order, which Caixin has seen, did not specify any designated testing institutions. It was Jan 9 when the Chinese authorities finally announced that a novel coronavirus was behind Wuhan’s viral pneumonia outbreak. Even then, the transmissibility of the virus was downplayed, leaving the public unaware of the imminent danger. Finally, on Jan 20, Dr Zhong Nanshan, a leading authority on respiratory health who came to national attention in his role fighting Sars, confirmed in a TV interview that the disease was spreading from person-to-person. (…) On the evening of Dec 30, several doctors in Wuhan, including the late Dr Li Wenliang, privately shared CapitalBio’s results as a warning to friends and colleagues to take protective measures. Those messages then circulated widely online and sparked a public uproar demanding more information. Several people, including Dr Li and two other doctors who sent the messages that night, were later punished by the authorities for « spreading rumours ». Caixa Global (29.02. 2020)As early as Dec 27, a Guangzhou-based genomics company had sequenced most of the virus from fluid samples from the lung of a 65-year old deliveryman who worked at the seafood market where many of the first cases emerged. The results showed an alarming similarity to the deadly Sars coronavirus that killed nearly 800 people between 2002 and 2003. Around that time, local doctors sent at least eight other patient samples from hospitals around Wuhan to multiple Chinese genomics companies, including industry heavyweight BGI, as they worked to determine what was behind a growing number of cases of unexplained respiratory disease. The results all pointed to a dangerous Sars-like virus. That was days before China notified the World Health Organisation (WHO) on Dec 31 about the emergence of an unidentified infectious disease, two weeks before it shared the virus’ genome sequence with the world, and crucially, more than three weeks before Chinese authorities confirmed publicly that the virus was spreading between people. Concerns about the new disease were initially kept within a small group of medical workers, researchers and officials. On Dec 30, Dr Li Wenliang was one of several in Wuhan who sounded the first alarms and released initial evidence online. Dr Li, who was punished for releasing the information, would perish from the disease five weeks later, after contracting it from a patient. On Jan 1, after several batches of genome sequence results had been returned to hospitals and submitted to health authorities, an employee of one genomics company received a phone call from an official at the Hubei Provincial Health Commission, ordering the company to stop testing samples from Wuhan related to the new disease and destroy all existing samples. (…) Then on Jan 3, China’s National Health Commission (NHC), the nation’s top health authority, ordered institutions not to publish any information related to the unknown disease, and ordered labs to transfer any samples they had to designated testing institutions, or to destroy them. The order, which Caixin has seen, did not specify any designated testing institutions. It was Jan 9 when the Chinese authorities finally announced that a novel coronavirus was behind Wuhan’s viral pneumonia outbreak. Even then, the transmissibility of the virus was downplayed, leaving the public unaware of the imminent danger. Finally, on Jan 20, Dr Zhong Nanshan, a leading authority on respiratory health who came to national attention in his role fighting Sars, confirmed in a TV interview that the disease was spreading from person-to-person. (…) On the evening of Dec 30, several doctors in Wuhan, including the late Dr Li Wenliang, privately shared CapitalBio’s results as a warning to friends and colleagues to take protective measures. Those messages then circulated widely online and sparked a public uproar demanding more information. Several people, including Dr Li and two other doctors who sent the messages that night, were later punished by the authorities for « spreading rumours ». Caixa Global (29.02. 2020)
We routinely differentiate between two kinds of military action: the inevitable carnage and collateral damage of diffuse hostilities, and the precision of a “surgical strike,” methodically targeted to the sources of our particular peril. The latter, when executed well, minimizes resources and unintended consequences alike. As we battle the coronavirus pandemic, and heads of state declare that we are “at war” with this contagion, the same dichotomy applies. This can be open war, with all the fallout that portends, or it could be something more surgical. The United States and much of the world so far have gone in for the former. I write now with a sense of urgency to make sure we consider the surgical approach, while there is still time. (…) What we know so far about the coronavirus makes it a unique case for the potential application of a “herd immunity” approach, a strategy viewed as a desirable side effect in the Netherlands, and briefly considered in the United Kingdom. The data from South Korea, where tracking the coronavirus has been by far the best to date, indicate that as much as 99 percent of active cases in the general population are “mild” and do not require specific medical treatment. (…) These conclusions are corroborated by the data from Wuhan, China, which show a higher death rate, but an almost identical distribution. The higher death rate in China may be real, but is perhaps a result of less widespread testing. South Korea promptly, and uniquely, started testing the apparently healthy population at large, finding the mild and asymptomatic cases of Covid-19 other countries are overlooking. The experience of the Diamond Princess cruise ship, which houses a contained, older population, proves the point. The death rate among that insular and uniformly exposed population is roughly 1 percent. We have, to date, fewer than 200 deaths from the coronavirus in the United States — a small data set from which to draw big conclusions. Still, it is entirely aligned with the data from other countries. The deaths have been mainly clustered among the elderly, those with significant chronic illnesses such as diabetes and heart disease, and those in both groups. (…) The clustering of complications and death from Covid-19 among the elderly and chronically ill, but not children (there have been only very rare deaths in children), suggests that we could achieve the crucial goals of social distancing — saving lives and not overwhelming our medical system — by preferentially protecting the medically frail and those over age 60, and in particular those over 70 and 80, from exposure. (…) I am deeply concerned that the social, economic and public health consequences of this near total meltdown of normal life — schools and businesses closed, gatherings banned — will be long lasting and calamitous, possibly graver than the direct toll of the virus itself. The stock market will bounce back in time, but many businesses never will. The unemployment, impoverishment and despair likely to result will be public health scourges of the first order. (…) in more and more places we are limiting gatherings uniformly, a tactic I call “horizontal interdiction” — when containment policies are applied to the entire population without consideration of their risk for severe infection. But as the work force is laid off en masse (our family has one adult child home for that reason already), and colleges close (we have another two young adults back home for this reason), young people of indeterminate infectious status are being sent home to huddle with their families nationwide. And because we lack widespread testing, they may be carrying the virus and transmitting it to their 50-something parents, and 70- or 80-something grandparents. If there are any clear guidelines for behavior within families — what I call “vertical interdiction” — I have not seen them. Such is the collateral damage of this diffuse form of warfare, aimed at “flattening” the epidemic curve generally rather than preferentially protecting the especially vulnerable. I believe we may be ineffectively fighting the contagion even as we are causing economic collapse. There is another and much overlooked liability in this approach. If we succeed in slowing the spread of coronavirus from torrent to trickle, then when does the society-wide disruption end? When will it be safe for healthy children and younger teachers to return to school, much less older teachers and teachers with chronic illnesses? When will it be safe for the work force to repopulate the workplace, given that some are in the at-risk group for severe infection? (…) We just don’t know. We could wait until there’s an effective treatment, a vaccine or transmission rates fall to undetectable levels. But what if those are a year or more away? Then we suffer the full extent of societal disruption the virus might cause for all those months. The costs, not just in money, are staggering to contemplate. So what is the alternative? Well, we could focus our resources on testing and protecting, in every way possible, all those people the data indicate are especially vulnerable to severe infection: the elderly, people with chronic diseases and the immunologically compromised. (…) But there are several major problems with subsuming the especially vulnerable within the policies now applied to all. First, the medical system is being overwhelmed by those in the lower-risk group seeking its resources, limiting its capacity to direct them to those at greatest need. Second, health professionals are burdened not just with work demands, but also with family demands as schools, colleges and businesses are shuttered. Third, sending everyone home to huddle together increases mingling across generations that will expose the most vulnerable. As the virus is already circulating widely in the United States, with many cases going undetected, this is like sending innumerable lit matches into small patches of tinder. (…)This focus on a much smaller portion of the population would allow most of society to return to life as usual and perhaps prevent vast segments of the economy from collapsing. Healthy children could return to school and healthy adults go back to their jobs. Theaters and restaurants could reopen, though we might be wise to avoid very large social gatherings like stadium sporting events and concerts. So long as we were protecting the truly vulnerable, a sense of calm could be restored to society. Just as important, society as a whole could develop natural herd immunity to the virus. The vast majority of people would develop mild coronavirus infections, while medical resources could focus on those who fell critically ill. Once the wider population had been exposed and, if infected, had recovered and gained natural immunity, the risk to the most vulnerable would fall dramatically. (…) The path we are on may well lead to uncontained viral contagion and monumental collateral damage to our society and economy. A more surgical approach is what we need. David L. Katz
Epidémie de grippe saisonnière: une surmortalité de 21.000 décès cet hiver. France Soir (01/03/2017)
La France a enregistré en 2015 un boom des décès, «au plus haut depuis l’après-guerre», mais aussi un recul de l’espérance de vie et une légère baisse des naissances, pour atteindre 66,6 millions d’habitants au 1er janvier 2016, a indiqué mardi l’Insee. (…) En 2015, 600.000 personnes sont décédées (+7,3% sur un an). Cette «forte hausse s’explique par l’augmentation du nombre des 65 ans et plus et par la hausse des taux de mortalité après 65 ans». En cause, trois épisodes sanitaires de surmortalité: la grippe au premier trimestre 2015, la canicule en juillet et une vague de froid en octobre. Sous l’effet de ce surcroît de mortalité, l’espérance de vie à la naissance «diminue nettement», de 0,4 an pour les femmes, de 0,3 an pour les hommes. La Croix
La France a enregistré 600 000 décès l’an dernier, une « forte hausse » par rapport à 2014 (+41 000, soit +7,3 %) mais aussi un nombre de morts « à son plus haut depuis la Seconde guerre mondiale ». Ce bond s’explique par l’augmentation du nombre de personnes de 65 ans et plus, et par la hausse des taux de mortalité après 65 ans, due à trois épisodes sanitaires en 2015 : grippe au premier trimestre, canicule en juillet et vague de froid en octobre. Conséquence, l’espérance de vie à la naissance diminue, de 0,4 an pour les femmes et de 0,3 an pour les hommes. En 2015, une femme peut espérer vivre 85 ans et un homme 78,9 ans. Ouest France
En dépit d’une loi qui l’interdit, la Cour constitutionnelle a décrété mercredi que le suicide assisté peut être jugé licite en Italie si une série de conditions sont réunies, une décision qualifiée de « victoire » par les partisans de l’euthanasie. Dans une sentence très attendue, la haute cour a estimé que l’aide au suicide « n’est pas punissable » quand sont respectés « le consentement éclairé » de la personne, « les soins palliatifs », « la sédation profonde » ainsi qu’un contrôle (« vérification de ces conditions et des modalités d’exécution » du suicide assisté) effectué par les autorités de santé publique après « avis du comité éthique » local. La Cour a souligné que l’aide au suicide ne peut concerner que des patients « maintenus en vie par des traitements vitaux et atteints d’une pathologie irréversible, source de souffrances physiques et psychologiques jugées insupportables, mais pleinement en mesure de prendre des décisions libres et conscientes ». La Cour a aussi précisé que sa décision était prise « dans l’attente d’une intervention indispensable du législateur », demandant donc au parlement de modifier la législation en vigueur. En Italie, pays à forte tradition catholique, l’euthanasie est interdite et le code pénal punit « l’instigation ou l’aide au suicide » avec des peines comprises entre 5 ans et 12 ans de prison. Les juges constitutionnels étaient saisis du cas de Marco Cappato, un responsable du Parti radical (historiquement favorable à l’avortement et à l’euthanasie), qui avait conduit un célèbre DJ italien en Suisse en 2017 pour un suicide assisté. Fabiano Antoniani, dit DJ Fabo, grand voyageur, pilote de moto-cross et musicien, était resté tétraplégique et aveugle après un accident de la route en 2014. « A partir d’aujourd’hui nous sommes tous plus libres, y compris ceux qui ne sont pas d’accord » avec l’euthanasie, s’est félicité M. Cappato sur Facebook, évoquant une « victoire de la désobéissance civile ». « Pour moi aider DJ Fabo était un devoir, la Cour a établi que c’était son droit », a-t-il ajouté. Beppino Englaro, papa d’Eluana, plongée dans un état végétatif et qui fut entre 2008 et sa mort en 2009 un symbole de la lutte pour l’euthanasie, a salué en M. Cappato « un pionnier qui a ouvert la voie vers l’établissement d’un droit ». Le Point
En Italie, le patient « zéro » n’a pas pu être identifié. Seul le patient «un» est connu: un cadre de 38 ans, pris en charge au service des urgences de Codogno, en Lombardie et qui semble avoir été un amplificateur majeur de la diffusion initiale du nouveau coronavirus. On ignore toutefois comment cet homme a contracté l’infection, n’ayant pas voyagé lui-même dans une zone à risque, ni fréquenté des personnes déjà malades. Une hypothèse évoque une contamination à Munich, en Allemagne, auprès d’une personne en provenance de Shanghai. « Le virus est probablement arrivé d’un autre pays européen, donc pas directement de Chine. Puis il a circulé de façon souterraine de fin janvier au 21 février, explique le Pr Massimo Galli chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital Luigi Sacco (Milan). Il s’est diffusé de façon très efficace dans la zone rouge, sans qu’aucune mesure de contrôle ne soit mise en place. » À ce stade, les premiè·res malades n’ont donc pas été diagnostiqué·es, leurs symptômes pouvant être assimilés à de simples grippes saisonnières. Ce n’est que dans la dernière semaine de février qu’une première alerte a pu être donnée, notamment grâce à Attilio Fontana, président de la Lombardie, qui a annoncé s’être mis de lui-même en quarantaine, un de ses collaborateurs ayant été infecté par le virus. Il a alors annoncé cette décision sur Facebook via une vidéo où on le voit en train de mettre un masque chirurgical. Plus de 300 personnes avaient alors déjà été testées positives en Lombardie. On devait également découvrir que l’Italie n’avait pas fait de véritable contrôle des retours d’Italien·nes en provenance de Chine en janvier. Le gouvernement avait certes interdits certains vols, mais des Italien·nes qui étaient en Chine sont rentré·es en Italie par des voies différentes, via d’autres pays –de même que des citoyen·nes chinois·es ont pu venir par ces mêmes voies en Italie. « Je crois que nous avons fait des erreurs, reconnaît Mateo Renzi. L’Italie était la première à décider d’arrêter les vols entre la Chine et l’Italie en janvier. Cette décision semblait une très bonne décision mais c’était seulement un bloc de vols directs. Mais beaucoup de Chinois ont décidé d’arriver en Italie avec d’autres vols. Aujourd’hui, il n’est pas nécessaire d’arrêter les vols directs. Ce qui est nécessaire, c’est d’arrêter les occasions de rendez-vous, les échanges. Aujourd’hui, c’est plus important de fermer les écoles que les vols directs. » Ce fut l’une des premières explications avancées par les spécialistes italien·nes pour expliquer la situation de leur pays: on y pratiquait beaucoup plus de tests de dépistage que dans les autres pays d’Europe. Ainsi, les patient·es présentant des symptômes mais ne nécessitant pas d’hospitalisation étaient d’emblée comptabilisé·es. (…) Les explications des spécialistes italien·nes peuvent sans aucun doute expliquer l’augmentation du nombre de cas détectés en Italie. Pour autant elles ne suffisent pas à expliquer l’important taux de mortalité du coronavirus observé dans le pays. Une analyse complète publiée le 17 février par le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (CCDC) établit que le taux de létalité du Covid-19 augmente avec l’âge: 3,6% chez les 60-69 ans, 8% chez les 70-79 ans et 14,8% chez les plus de 80 ans. Or on sait que la population italienne est celle dont la moyenne d’âge est la plus élevée de l’Union européenne. Près d’un·e Italien·ne sur quatre (23%, contre 19,6% en France –données Eurostat) est âgé·e de plus de 65 ans. Et au niveau mondial, l’Italie occupe la deuxième place derrière le Japon. Est-ce suffisant pour expliquer le nombre important de cas et de décès observés dans le pays? Les avis des spécialistes, ici, divergent. (…) La situation ainsi créée met avant tout en lumière les difficultés massives rencontrées par un système sanitaire devant, en urgence, répondre à un afflux massif et brutal de malades. La leçon est d’autant plus importante que ce phénomène a concerné la Lombardie, l’une des régions les plus riches d’Europe et les mieux équipées, en infrastructures comme en compétences. « S’il y a autant de morts, c’est que nous n’avons pas réussi à les soigner, estime l’épidémiologiste italien Carlo La Vecchia. En Italie, les services sanitaires ne sont plus en mesure de fournir d’assistance respiratoire. Il n’y a pas assez d’appareils, mais surtout il n’y a pas assez de personnel en mesure de les utiliser. Nous manquons de structures adaptées. » (…) L’un des meilleurs systèmes de santé au monde, celui de la Lombardie, est à deux pas de l’effondrement», explique le Dr Pesenti dans une interview au quotidien milanais Il Corriere della Sera. (…) « C’est un cauchemar, confie le Dr Bassetti. Nous avons beaucoup de patients âgés avec des comorbidités, mais nous avons aussi beaucoup de patients plus jeunes, qui souffrent de pneumonies avec une insuffisance respiratoire», explique le médecin, ce qui requiert «une ventilation pendant une semaine ou deux ». (…) Il faut se rappeler que la pandémie de grippe de 1918 (très bien étudiée aux États-Unis) avait diffusée en trois vagues successives. La première (fin du printemps 1918) souvent appelée «annonciatrice» avait des caractéristiques qui ressemblent un peu à la dynamique observée actuellement avec le Covid-19. La deuxième (au début de l’automne 1918) fut la plus haute et la plus meurtrière. Quant à la troisième (hiver 1918-1919) elle fut plus haute que la première, mais inférieure à la deuxième. Un tel scénario est tout à fait envisageable désormais avec le Covid-19. Nous assisterions alors aujourd’hui à des soubresauts un peu erratiques qui ne seraient que le tout début d’un processus qui s’annoncerait prolongé mais long et entrecoupé de répits durant les périodes estivales, au moins dans les latitudes tempérées. Un élément plaide pour une telle «pause estivale»: c’est le calme relatif actuellement observé dans l’hémisphère sud. Cette hypothèse se verrait renforcée si nous devions observer, à l’approche de l’hiver austral (juin-septembre), une émergence marquée de l’activité virale en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud et en Amérique Latine. Slate
L’âge moyen des personnes décédées en Italie et testées positives au Covid-19 est de 79,5 ans et les hommes représentent 70% des morts, a annoncé l’Institut supérieur de la santé (ISS) qui publie régulièrement ses statistiques. Sur un échantillon de 2.003 morts, sur les 2.503 que le pays avait enregistrés mardi, 707 se trouvaient dans la tranche d’âge 70-79 ans, 852 dans la tranche d’âge 80-89 ans et 198 ont plus de 90 ans, selon un communiqué de l’ISS. « Dix-sept personnes positives au Covid-19 de moins de 50 ans sont mortes. En particulier, cinq de ces personnes avaient moins de 40 ans, toutes de sexe masculin, avec un âge compris entre 31 et 39 ans, avec de graves pathologies précédentes », précise l’ISS. Recensant une dizaine de pathologies les plus courantes relevées sur les personnes décédées, dont les plus fréquentes sont l’hypertension, le diabète ou la cardiopathie ischémique, l’ISS souligne que 48,5% des personnes décédées souffraient de 3 ou plus de ces pathologies et 25,6% de 2 pathologies. Seulement 0,8% des personnes, trois au total, n’avaient aucune pathologie, selon la même source. AFP
85 ans en France, contre 77 ans en Bulgarie : l’espérance de vie à la naissance des femmes connaît de grandes disparités en Europe. Le constat est identique en ce qui concerne les hommes. Les Françaises ont une espérance de vie de 85,3 ans à la naissance (données 2011), contre 77,8 ans pour les Bulgares. Chez les hommes, les Suédois et les Italiens peuvent espérer vivre un peu plus de 79 ans, contre aux alentours de 71 ans pour les Hongrois, Roumains et Bulgares. Au sein de l’Europe, les populations les mieux loties ont une longévité supérieure d’environ 9 ans à celles pour qui l’espérance de vie est la moins élevée. Les écarts sont aussi marqués entre hommes et femmes : les Français ont une espérance de vie à peine supérieure aux Roumaines. Mais les disparités entre les sexes ne sont pas équivalentes au sein de chaque pays : de près de 5 ans en Grèce et de 4 ans en Suède, on passe à 7 et 8,5 ans respectivement en France et en Pologne. Quelques changements apparaissent dans la hiérarchie des pays dès lors que l’on tient compte de l’espérance de vie en bonne santé. Cet indice mesure le nombre d’années qu’une personne peut potentiellement vivre sans subir de handicaps majeurs. Dans ce cas de figure, les écarts entre les femmes et les hommes se réduisent considérablement. L’espérance de vie en bonne santé est même supérieure pour les hommes en Suède (69,2 contre 68,7 années pour les femmes). Les Portugaises ont l’espérance de vie la plus faible, avec 57,2 années. Pour les hommes, ce sont les Autrichiens qui connaissent le niveau le plus bas (58 ans). Mais attention, il s’agit d’indicateurs subjectifs : ce sont les personnes interrogées qui indiquent être ou non en bonne santé. La perception d’être en « bonne » santé peut varier d’un pays à un autre. Inégalités
Si seulement il avait mentionné les caissières ! Vous n’imaginez pas comme on aurait été fières ! Caissière
Nous, les ouvriers, on nous dit : ‘Allez travailler !’ Alors que les cadres travaillent depuis chez eux. M. Leroy (élu CGT, Wattrelos)
La seule consigne que nous avons est de ne pas faire signer les clients sur nos téléphones. Pour le reste, c’est comme si de rien n’était : nous n’avons pas de mètre de sécurité car c’est impossible à appliquer, nous continuons le tri côte-à-côte. [Le gel hydroalcoolique] en tournée il est impossible de s’en servir toutes les demi-heures où dès que l’on touche une lettre ou un colis: Nous n’avons aucun gant ni masque, on nous dit que le masque n’est pas obligatoire. Les voitures sont partagées et non désinfectées, nous sommes ensemble 6 jours sur 7 sans protection, nous touchons les sonnettes, les portes… Nos chefs s’en fichent royalement, les syndicats nous disent que nous ne pouvons pas appliquer le droit de retrait car toutes les mesures de sécurité sont prises… Du gel hydroalcoolique  ! En vérité nous sommes juste résignés à attendre la maladie. Et pourtant, j’aime mon travail. Ils sont en train de nous dégoûter. Je suis tellement déçue. Factrice
« Quarantaine à deux vitesses : repos et loisirs pour les uns, précarité et risque sanitaire pour les autres. » « Le confinement, c’est pour les riches. » « On est 300 à bosser sur le site et les cadres sont en télétravail. Nous, qu’on se mette en danger, tout le monde s’en fout. » Les riches à l’abri, les pauvres au turbin ? Les aisés, en télétravail depuis leur maison secondaire du bord de mer, les précaires à l’usine ?  La formule est caricaturale, mais illustre ce sentiment diffus qui pointe, depuis quelques jours, chez certains travailleurs de terrain : deux salles, deux ambiances. Ou plutôt, deux poids, deux mesures. Car si Bruno Le Maire a appelé ce mardi, sur BFMTV, « tous les salariés des entreprises qui sont encore ouvertes, des activités qui sont indispensables au fonctionnement du pays, à se rendre sur leurs lieux de travail », pointe parfois, chez ceux qui sont mobilisés sur le terrain, l’impression d’être « envoyé au front », dans les usines, les bureaux, pour faire tourner la machine, et s’exposer, pendant que les autres, les confinés, préservent, au chaud et en télétravail, leur santé. Et tout ça pour très peu de reconnaissance. Ils sont caissiers, ouvriers, préparateur de commandes, logisticien, travaillent dans les transports, le commerce, ce sont les invisibles, ceux qui travaillent dans les tréfonds des usines, ceux qui ont les mains dans le cambouis. D’après le ministère du Travail, c’est un peu plus de quatre emplois sur dix qui peuvent être exercés à distance. Mais dans la conjoncture actuelle, les remarques fusent : « On ne peut pas aller voir la grand-mère, ni la famille, mais par contre, vous pouvez aller bosser. Et empilés les uns sur les autres », dit un salarié. Lâchés seuls en première ligne ? (…) Ce qui entretient encore plus particulièrement le sentiment d’injustice, c’est qu’on « laisse ouvrir des activités qui devraient être fermées », souligne Laurent Degousée.  « Le 14 mars, on a un arrêté qui indique la fermeture des commerces non utiles. Le 15, un autre arrêté liste les exceptions : les magasins de vapotage ont le droit d’être ouvert, la jardinerie, animalerie, la téléphonie mobile… On  se moque de qui ? » Qu’est-ce qui est utile, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Pour certains salariés ou travailleurs, la réponse est toute trouvée : ils sont sacrifiés pour des besoins non-utiles. Les livreurs de plateformes se considèrent ainsi comme des « travailleurs sacrifiables pour du récréatif ».  LCI

Quel monde moderne rempli d’idées chrétiennes devenues folles ?

A l’heure où avec 372 morts en deux mois pour la France …

Contre 21 000 pour l’hiver d’il y a trois ans …

Ou les 70 000 de la canicule de l’été 2003

Ou, conjonction grippe, canicule et vague de froid, les 41 000 morts excédentaires de 2015

Voire – qui s’en souvient encore ? – les 31 000 morts en deux mois pour en 1968 une France de 50 millions d’habitants (et 50 000 en trois mois pour une Amérique de 200 millions) …

Et une moyenne d’âge des décès en Italie de 79,5 ans

Dont 99, 2% à une ou plusieurs comorbidités …

Pour la pire réplique sur le continent européen de l’épidémie chinoise, initialement cachée, du coronovirus …

Pour cause, dans l’une des régions les plus riches d’Italie, du manque d’isolement des premiers malades

Mais au moment aussi où la grogne monte, pendant que les riches se prélassent ou télétravaillent dans leurs gentilhommières, de toute une chair à canon de petits métiers

Comment ne pas voir …

Non seulement l’incroyable disproportion

Mais la véritable hystérie collective …

En une Europe où, sur fond d’appel à la décroissance, certains se battent, y compris en Italie, pour la généralisation de l’euthanasie active ou passive …

D’un pays prêt, via le confinement prolongé forcé, au suicide économique et au sacrifice de la totalité de ses forces vives…

Pour sauver en un hiver apparemment un peu plus rigoureux que d’habitude …

Habitudes culinaires et médicinales si particulières de nos amis chinois obligent …

Ses octogénères ???

Epidémie de grippe saisonnière: une surmortalité de 21.000 décès cet hiver
France Soir
01/03/2017

« Cette hausse » de la mortalité, toutes causes confondues, « concerne quasi-exclusivement les personnes âgées de 65 ans ou plus », a précisé l’agence de santé publique. « La très grande majorité de ces décès sont liés à la grippe », directement ou indirectement, estimait la semaine dernière, lors d’un précédent bilan, Daniel Levy-Bruhl, responsable de l’unité infections respiratoires à l’agence sanitaire. La surmortalité s’élevait alors à 19.400, selon ce précédent bilan. Le nombre de cas de grippe n’a pas été particulièrement important cette année (1,9 million de consultations), mais ils ont été « quasiment exclusivement occasionnés par un virus de la famille H3N2, particulièrement dangereux pour les personnes les plus fragiles », a expliqué l’épidémiologiste. Cette caractéristique a provoqué un taux d’hospitalisation important, en particulier chez les personnes âgées, à l’origine d’un engorgement dans certains hôpitaux au cours des dernières semaines de 2016. En France métropolitaine, la semaine dernière, le taux d’incidence des cas de syndromes grippaux vus en consultation de médecine générale a été estimé à 52 cas pour 100.000 habitants, en dessous du seuil épidémique (150 cas pour 100.000 habitants)…

 Voir aussi:

Italie: l’âge moyen des décédés du virus est de 79,5 ans

L’âge moyen des personnes décédées en Italie et testées positives au Covid-19 est de 79,5 ans et les hommes représentent 70% des morts, a annoncé l’Institut supérieur de la santé (ISS) qui publie régulièrement ses statistiques. Sur un échantillon de 2.003 morts, sur les 2.503 que le pays avait enregistrés mardi, 707 se trouvaient dans la tranche d’âge 70-79 ans, 852 dans la tranche d’âge 80-89 ans et 198 ont plus de 90 ans, selon un communiqué de l’ISS. « Dix-sept personnes positives au Covid-19 de moins de 50 ans sont mortes. En particulier, cinq de ces personnes avaient moins de 40 ans, toutes de sexe masculin, avec un âge compris entre 31 et 39 ans, avec de graves pathologies précédentes », précise l’ISS. Recensant une dizaine de pathologies les plus courantes relevées sur les personnes décédées, dont les plus fréquentes sont l’hypertension, le diabète ou la cardiopathie ischémique, l’ISS souligne que 48,5% des personnes décédées souffraient de 3 ou plus de ces pathologies et 25,6% de 2 pathologies. Seulement 0,8% des personnes, trois au total, n’avaient aucune pathologie, selon la même source…

 Voir également:

Qui vit le plus longtemps en Europe ?

Données 25 août 2011

85 ans en France, contre 77 ans en Bulgarie : l’espérance de vie à la naissance des femmes connaît de grandes disparités en Europe. Le constat est identique en ce qui concerne les hommes.

Europe Conditions de vie

Les Françaises ont une espérance de vie de 85,3 ans à la naissance (données 2011), contre 77,8 ans pour les Bulgares. Chez les hommes, les Suédois et les Italiens peuvent espérer vivre un peu plus de 79 ans, contre aux alentours de 71 ans pour les Hongrois, Roumains et Bulgares. Au sein de l’Europe, les populations les mieux loties ont une longévité supérieure d’environ 9 ans à celles pour qui l’espérance de vie est la moins élevée. Les écarts sont aussi marqués entre hommes et femmes : les Français ont une espérance de vie à peine supérieure aux Roumaines. Mais les disparités entre les sexes ne sont pas équivalentes au sein de chaque pays : de près de 5 ans en Grèce et de 4 ans en Suède, on passe à 7 et 8,5 ans respectivement en France et en Pologne.

Espérance de vie à la naissance en Europe
Unité : années
Femmes Hommes Écart femmes/hommes
Pays-Bas 83,2 79,9 3,3
Royaume-Uni 82,8 79,2 3,6
Suède 84,1 80,4 3,7
Norvège 84,2 80,5 3,7
Irlande 83,4 79,6 3,8
Danemark 82,7 78,8 3,9
Italie 84,9 80,3 4,6
Belgique 83,4 78,7 4,7
Allemagne 83,1 78,3 4,8
Autriche 83,7 78,8 4,9
Grèce 83,7 78,5 5,2
Union européenne (28 pays) 83,3 77,9 5,4
Espagne 85,7 80,1 5,6
Finlande 84,4 78,7 5,7
Portugal 84,3 78,1 6,2
France 85,5 79,2 6,3
Hongrie 79,0 72,3 6,7
Pologne 81,6 73,5 8,1
Source : Eurostat – Données 2015 – © Observatoire des inégalités

Quelques changements apparaissent dans la hiérarchie des pays dès lors que l’on tient compte de l’espérance de vie en bonne santé. Cet indice mesure le nombre d’années qu’une personne peut potentiellement vivre sans subir de handicaps majeurs. Dans ce cas de figure, les écarts entre les femmes et les hommes se réduisent considérablement. L’espérance de vie en bonne santé est même supérieure pour les hommes en Suède (69,2 contre 68,7 années pour les femmes). Les Portugaises ont l’espérance de vie la plus faible, avec 57,2 années. Pour les hommes, ce sont les Autrichiens qui connaissent le niveau le plus bas (58 ans). Mais attention, il s’agit d’indicateurs subjectifs : ce sont les personnes interrogées qui indiquent être ou non en bonne santé. La perception d’être en « bonne » santé peut varier d’un pays à un autre.

Espérance de vie en bonne santé
Unité : années
Femmes Hommes
Suède 68,7 69,2
Royaume-Uni 66,3 65
Grèce 65,8 65,4
Bulgarie 65,5 61,9
Irlande 65 63,2
France 64,2 62,4
Belgique 63,8 63,2
Espagne 63,3 63,8
Pologne 62,6 58,4
Roumanie 62,6 60
Union européenne 62 60,9
Italie 61,2 62,4
Danemark 60,7 62,3
Pays-Bas 59,8 62,4
Autriche 59,5 58
Finlande 59,4 58,6
Hongrie 58 54,6
Allemagne 57,4 55,8
Portugal 57,2 59
Source : Eurostat – 2008

On sait en réalité assez mal expliquer ces écarts. L’espérance de vie tient à de très nombreux facteurs, où se mêlent l’accès aux soins, les conditions et la durée du travail, les modes de vie (consommation de tabac, d’alcool, etc.), etc. La qualité du système de soins ne joue que très partiellement, ce qui explique par exemple que l’espérance de vie des Polonaises soit proche de celle des Danoises, alors que leur système de santé n’est pas comparable.

Voir de plus:

Italie: la Cour constitutionnelle rend possible le suicide assisté

Le Point/AFP

Voir encore:

Les différentes législations et pratiques de l’euthanasie en Europe

Alors que des heurts ont opposé mardi 10 février des manifestants anti et pro-euthanasie en Italie après la mort d’Eluana, devenue le symbole de la lutte pour le droit de mourir, état des lieux des différentes pratiques de l’euthanasie.

L’Obs

En Europe, seuls les Pays-Bas et la Belgique ont légalisé l’euthanasie, la Suisse la tolère tandis qu’au Luxembourg le processus de légalisation est en cours.

– Les pays qui ont légalisé l’euthanasie

Le 1er avril 2002, les Pays-Bas deviennent le premier pays au monde à légaliser l’euthanasie: la loi exempte le médecin de poursuites judiciaires s’il respecte certains « critères de minutie ».
La Belgique suit en septembre 2002.
Le 18 décembre 2008, les députés luxembourgeois se sont prononcés en faveur de la légalisation de l’euthanasie, en cas de situation médicale « sans issue », mais l’interdisent pour les mineurs. La validation du texte, auquel s’oppose le grand-duc Henri, pourrait prendre du temps, une loi réduisant ses pouvoirs n’étant pas entrée en vigueur.

– Les pays qui interdisent l’euthanasie mais autorisent une forme d’aide à la mort

En Italie, l’euthanasie est interdite. Le droit de refuser des soins est reconnu par la Constitution.
En France, la Loi Leonetti du 22 avril 2005 a instauré un droit au « laisser mourir », sans permettre aux médecins de pratiquer l’euthanasie.
En Suisse, un médecin peut fournir à un malade condamné et désirant mourir une dose mortelle d’un médicament qu’il prendra lui-même.
En Grande-Bretagne, l’euthanasie est interdite. Depuis 2002, la justice autorise l’interruption des soins dans certains cas.
En Allemagne, l’euthanasie passive, comme le fait de débrancher une machine n’est pas illégale si le patient a donné son consentement. La situation est sensiblement la même en Autriche.
En Espagne, l’euthanasie n’est pas autorisée mais la loi reconnaît aux malades le droit de refuser d’être soignés. Le gouvernement, après avoir envisagé une légalisation du suicide assisté, a indiqué en janvier qu’il ne prévoyait pas de loi en la matière sous cette législature.
Au Portugal, l’euthanasie comme le suicide assisté sont considérés par le code pénal comme des homicides qualifiés. Selon le nouveau code déontologique des médecins, adopté en janvier, « l’utilisation de moyens extraordinaires pour maintenir la vie » peut être interrompue en cas de mort cérébrale ou à la demande du malade, mais en aucun cas l’hydratation ou l’alimentation même administrées artificiellement.
En Norvège, un médecin peut décider de ne pas traiter un patient agonisant à sa demande, ou, s’il ne peut communiquer, à celle de ses proches.
Au Danemark, depuis fin 1992, on peut faire un « testament médical » que les médecins doivent respecter. En Suède, une assistance médicale au suicide est possible.
En Hongrie, les malades incurables peuvent refuser leur traitement ainsi qu’en République tchèque.
En Slovaquie, si « l’euthanasie et le suicide assisté sont inacceptables », le personnel médical « atténue la douleur des malades incurables et des mourants (…) et respecte les souhaits du patient en accord avec la législation ».

– Les pays où l’euthanasie est strictement interdite et qui ne prévoient pas d’aide à la mort

L’euthanasie est interdite en Grèce, comme en Roumanie, où elle est passible d’une peine allant jusqu’à sept ans de prison.
La Bosnie, la Croatie et la Serbie considèrent l’euthanasie comme un homicide qu’ils punissent.
En Pologne, l’euthanasie est passible de 3 mois à 5 ans de prison, mais « dans des cas exceptionnels » le tribunal peut appliquer une atténuation extraordinaire de la peine, voire renoncer à l’infliger.

Voir aussi:

We routinely differentiate between two kinds of military action: the inevitable carnage and collateral damage of diffuse hostilities, and the precision of a “surgical strike,” methodically targeted to the sources of our particular peril. The latter, when executed well, minimizes resources and unintended consequences alike.

As we battle the coronavirus pandemic, and heads of state declare that we are “at war” with this contagion, the same dichotomy applies. This can be open war, with all the fallout that portends, or it could be something more surgical. The United States and much of the world so far have gone in for the former. I write now with a sense of urgency to make sure we consider the surgical approach, while there is still time.

Outbreaks tend to be isolated when pathogens move through water or food, and of greater scope when they travel by widespread vectors like fleas, mosquitoes or the air itself. Like the coronavirus pandemic, the infamous flu pandemic of 1918 was caused by viral particles transmitted by coughing and sneezing. Pandemics occur when an entire population is vulnerable — that is, not immune — to a given pathogen capable of efficiently spreading itself.

Immunity occurs when our immune system has developed antibodies against a germ, either naturally or as a result of a vaccine, and is fully prepared should exposure recur. The immune system response is so robust that the invading germ is eradicated before symptomatic disease can develop.

Importantly, that robust immune response also prevents transmission. If a germ can’t secure its hold on your body, your body no longer serves as a vector to send it forward to the next potential host. This is true even if that next person is not yet immune. When enough of us represent such “dead ends” for viral transmission, spread through the population is blunted, and eventually terminated. This is called herd immunity.

What we know so far about the coronavirus makes it a unique case for the potential application of a “herd immunity” approach, a strategy viewed as a desirable side effect in the Netherlands, and briefly considered in the United Kingdom.

The data from South Korea, where tracking the coronavirus has been by far the best to date, indicate that as much as 99 percent of active cases in the general population are “mild” and do not require specific medical treatment. The small percentage of cases that do require such services are highly concentrated among those age 60 and older, and further so the older people are. Other things being equal, those over age 70 appear at three times the mortality risk as those age 60 to 69, and those over age 80 at nearly twice the mortality risk of those age 70 to 79.

These conclusions are corroborated by the data from Wuhan, China, which show a higher death rate, but an almost identical distribution. The higher death rate in China may be real, but is perhaps a result of less widespread testing. South Korea promptly, and uniquely, started testing the apparently healthy population at large, finding the mild and asymptomatic cases of Covid-19 other countries are overlooking. The experience of the Diamond Princess cruise ship, which houses a contained, older population, proves the point. The death rate among that insular and uniformly exposed population is roughly 1 percent.

We have, to date, fewer than 200 deaths from the coronavirus in the United States — a small data set from which to draw big conclusions. Still, it is entirely aligned with the data from other countries. The deaths have been mainly clustered among the elderly, those with significant chronic illnesses such as diabetes and heart disease, and those in both groups.

This is not true of infectious scourges such as influenza. The flu hits the elderly and chronically ill hard, too, but it also kills children. Trying to create herd immunity among those most likely to recover from infection while also isolating the young and the old is daunting, to say the least. How does one allow exposure and immunity to develop in parents, without exposing their young children?

The clustering of complications and death from Covid-19 among the elderly and chronically ill, but not children (there have been only very rare deaths in children), suggests that we could achieve the crucial goals of social distancing — saving lives and not overwhelming our medical system — by preferentially protecting the medically frail and those over age 60, and in particular those over 70 and 80, from exposure.

Why does this matter?

I am deeply concerned that the social, economic and public health consequences of this near total meltdown of normal life — schools and businesses closed, gatherings banned — will be long lasting and calamitous, possibly graver than the direct toll of the virus itself. The stock market will bounce back in time, but many businesses never will. The unemployment, impoverishment and despair likely to result will be public health scourges of the first order.

Worse, I fear our efforts will do little to contain the virus, because we have a resource-constrained, fragmented, perennially underfunded public health system. Distributing such limited resources so widely, so shallowly and so haphazardly is a formula for failure. How certain are you of the best ways to protect your most vulnerable loved ones? How readily can you get tested?

We have already failed to respond as decisively as China or South Korea, and lack the means to respond like Singapore. We are following in Italy’s wake, at risk of seeing our medical system overwhelmed twice: First when people rush to get tested for the coronavirus, and again when the especially vulnerable succumb to severe infection and require hospital beds.

Yes, in more and more places we are limiting gatherings uniformly, a tactic I call “horizontal interdiction” — when containment policies are applied to the entire population without consideration of their risk for severe infection.

But as the work force is laid off en masse (our family has one adult child home for that reason already), and colleges close (we have another two young adults back home for this reason), young people of indeterminate infectious status are being sent home to huddle with their families nationwide. And because we lack widespread testing, they may be carrying the virus and transmitting it to their 50-something parents, and 70- or 80-something grandparents. If there are any clear guidelines for behavior within families — what I call “vertical interdiction” — I have not seen them.

Such is the collateral damage of this diffuse form of warfare, aimed at “flattening” the epidemic curve generally rather than preferentially protecting the especially vulnerable. I believe we may be ineffectively fighting the contagion even as we are causing economic collapse.

There is another and much overlooked liability in this approach. If we succeed in slowing the spread of coronavirus from torrent to trickle, then when does the society-wide disruption end? When will it be safe for healthy children and younger teachers to return to school, much less older teachers and teachers with chronic illnesses? When will it be safe for the work force to repopulate the workplace, given that some are in the at-risk group for severe infection?

When would it be safe to visit loved ones in nursing homes or hospitals? When once again might grandparents pick up their grandchildren?

There are many possible answers, but the most likely one is: We just don’t know. We could wait until there’s an effective treatment, a vaccine or transmission rates fall to undetectable levels. But what if those are a year or more away? Then we suffer the full extent of societal disruption the virus might cause for all those months. The costs, not just in money, are staggering to contemplate.

So what is the alternative? Well, we could focus our resources on testing and protecting, in every way possible, all those people the data indicate are especially vulnerable to severe infection: the elderly, people with chronic diseases and the immunologically compromised. Those that test positive could be the first to receive the first approved antivirals. The majority, testing negative, could benefit from every resource we have to shield them from exposure.

To be sure, while mortality is highly concentrated in a select groups, it does not stop there. There are poignant, heart-rending tales of severe infection and death from Covid-19 in younger people for reasons we do not know. If we found over time that younger people were also especially vulnerable to the virus, we could expand the at-risk category and extend protections to them.

We have already identified many of the especially vulnerable. A detailed list of criteria could be generated by the Centers for Disease Control and Prevention, updated daily and circulated widely to health professionals and the public alike. The at-risk population is already subject to the protections of our current policies: social distancing, medical attention for fever or cough. But there are several major problems with subsuming the especially vulnerable within the policies now applied to all.

First, the medical system is being overwhelmed by those in the lower-risk group seeking its resources, limiting its capacity to direct them to those at greatest need. Second, health professionals are burdened not just with work demands, but also with family demands as schools, colleges and businesses are shuttered. Third, sending everyone home to huddle together increases mingling across generations that will expose the most vulnerable.

As the virus is already circulating widely in the United States, with many cases going undetected, this is like sending innumerable lit matches into small patches of tinder. Right now, it is harder, not easier, to keep the especially vulnerable isolated from all others — including members of their own families — who may have been exposed to the virus.

If we were to focus on the especially vulnerable, there would be resources to keep them at home, provide them with needed services and coronavirus testing, and direct our medical system to their early care. I would favor proactive rather than reactive testing in this group, and early use of the most promising anti-viral drugs. This cannot be done under current policies, as we spread our relatively few test kits across the expanse of a whole population, made all the more anxious because society has shut down.

This focus on a much smaller portion of the population would allow most of society to return to life as usual and perhaps prevent vast segments of the economy from collapsing. Healthy children could return to school and healthy adults go back to their jobs. Theaters and restaurants could reopen, though we might be wise to avoid very large social gatherings like stadium sporting events and concerts.

So long as we were protecting the truly vulnerable, a sense of calm could be restored to society. Just as important, society as a whole could develop natural herd immunity to the virus. The vast majority of people would develop mild coronavirus infections, while medical resources could focus on those who fell critically ill. Once the wider population had been exposed and, if infected, had recovered and gained natural immunity, the risk to the most vulnerable would fall dramatically.

A pivot right now from trying to protect all people to focusing on the most vulnerable remains entirely plausible. With each passing day, however, it becomes more difficult. The path we are on may well lead to uncontained viral contagion and monumental collateral damage to our society and economy. A more surgical approach is what we need.

David L. Katz is a specialist in preventive medicine and public health, president of True Health Initiative and the founding director of Yale University’s Yale-Griffin Prevention Research Center.

Voir également:

Les riches à la maison, les pauvres envoyés au front ? Le sentiment d’injustice monte chez les non-confinés

GUERRE DES MONDES ? – Avec les mesures de confinement, se dessinent deux réalités pour les travailleurs : ceux qui peuvent se préserver, en télétravail, et ceux qui sont sur le terrain. Avec parfois, le sentiment d’y risquer leur santé.

« Quarantaine à deux vitesses : repos et loisirs pour les uns, précarité et risque sanitaire pour les autres. » « Le confinement, c’est pour les riches. » « On est 300 à bosser sur le site et les cadres sont en télétravail. Nous, qu’on se mette en danger, tout le monde s’en fout. » Les riches à l’abri, les pauvres au turbin ? Les aisés, en télétravail depuis leur maison secondaire du bord de mer, les précaires à l’usine ?  La formule est caricaturale, mais illustre ce sentiment diffus qui pointe, depuis quelques jours, chez certains travailleurs de terrain : deux salles, deux ambiances. Ou plutôt, deux poids, deux mesures.Car si Bruno Le Maire a appelé ce mardi, sur BFMTV, « tous les salariés des entreprises qui sont encore ouvertes, des activités qui sont indispensables au fonctionnement du pays, à se rendre sur leurs lieux de travail », pointe parfois, chez ceux qui sont mobilisés sur le terrain, l’impression d’être « envoyé au front », dans les usines, les bureaux, pour faire tourner la machine, et s’exposer, pendant que les autres, les confinés, préservent, au chaud et en télétravail, leur santé. Et tout ça pour très peu de reconnaissance.
Ils sont caissiers, ouvriers, préparateur de commandes, logisticien, travaillent dans les transports, le commerce, ce sont les invisibles, ceux qui travaillent dans les tréfonds des usines, ceux qui ont les mains dans le cambouis. D’après le ministère du Travail, c’est un peu plus de quatre emplois sur dix qui peuvent être exercés à distance. Mais dans la conjoncture actuelle, les remarques fusent : « On ne peut pas aller voir la grand-mère, ni la famille, mais par contre, vous pouvez aller bosser. Et empilés les uns sur les autres », dit un salarié. Lâchés seuls en première ligne ? L’incompréhension monte. Le sentiment d’injustice aussi. Tout ça prépare la colère, car ils se sentent en danger.A la RATP, c’est un salarié affecté au Poste de manœuvre local, qui dit : « Nous sommes déjà 7 et j’ai déjà croisé plus de 15 collègues ! Je ne suis pas en train de dire que je refuse de travailler, je souhaite et j’exige des précautions pour nous protéger. » A La Poste, c’est une employée qui travaille sur un site logistique, mêlant facteurs, colis et courriers, qui raconte l’inquiétude, et même la frayeur, qui s’insinue, peu à peu. « Un agent a signalé que son enfant avait 40 de fièvre et une toux, et que lui-même commençait à tousser. Il a demandé au chef de se mettre lui-même en quarantaine, il n’a pas voulu », nous confie-t-elle. « Donc, nous avons un cas possiblement porteur du virus avec nous. Un autre agent, dont la femme est suspectée de coronavirus, a été mis en quarantaine, mais personne au bureau n’est au courant, à part quelques-uns. Dans un bureau voisin, ils ont laissé partir une factrice avec de la fièvre en tournée. »
En vérité nous sommes juste résignés à attendre la maladie– Une factrice
La Poste se veut rassurante : « Nous nous adaptons un peu tous les jours », indique-t-on à LCI, en insistant sur l’attention portée aux règles d’hygiène : « Seuls 1600 bureaux sont ouverts sur 7700 en France, nous faisons tourner les équipes avec certaines qui restent chez elles, pour ne pas exposer tout le monde. Et pour les 80% de facteurs qui continuent les tournées le matin, tout est fait pour qu’ils aient le moins de contacts possible: on ne fait plus signer sur les smartphones, on va se laver les mains chez les buralistes. Mais notre rôle est aussi de rassurer la population, il est hyper important. »Depuis le terrain, la factrice tique : « La seule consigne que nous avons est de ne pas faire signer les clients sur nos téléphones, raconte-t-elle. « Pour le reste, c’est comme si de rien n’était : nous n’avons pas de mètre de sécurité car c’est impossible à appliquer, nous continuons le tri côte-à-côte. » Elle a bien reçu des gels hydroalcoolique, la semaine dernière, « mais en tournée il est impossible de s’en servir toutes les demi-heures où dès que l’on touche une lettre ou un colis » : « Nous n’avons aucun gant ni masque, on nous dit que le masque n’est pas obligatoire. Les voitures sont partagées et non désinfectées, nous sommes ensemble 6 jours sur 7 sans protection, nous touchons les sonnettes, les portes…  » Elle est désabusée : « Nos chefs s’en fichent royalement, les syndicats nous disent que nous ne pouvons pas appliquer le droit de retrait car toutes les mesures de sécurité sont prises… Du gel hydroalcoolique  ! » Elle en rit jaune, vert, bleu, elle en grince : « En vérité nous sommes juste résignés à attendre la maladie », reprend-elle. « Et pourtant, j’aime mon travail. Ils sont en train de nous dégoûter. Je suis tellement déçue. »
C’est une dinguerie ce qu’il se passe. Les salariés vont bosser la boule au ventre– Laurent Degousée, de Sud Commerce
Reste ce sentiment d’être envoyé au casse-pipe que perçoivent bien les syndicats, qui relaient depuis quelques jours ces inquiétudes. Que des commerces doivent ouvrir ? Aucun problème, c’est une évidence, pour Laurent Degousée, co-délégué de la fédération Sud-Commerces. « Je ne remets évidemment pas en cause le fait que, de Franprix à Carrefour, il faut que ce soit ouvert », explique le syndicaliste à LCI. « Mais les salariés travaillent dans des situation indigentes, malgré des mesures de protection extrêmement simples à mettre en œuvre. » « C’est une situation d’incurie, avec impréparation complète du côté des employeurs et du gouvernement », pointe-t-il. « En première ligne, on a le service public et les soignants, mais aussi 700.000 salariés de la distribution alimentaire. Et c’est une dinguerie ce qu’il se passe. Les salariés vont bosser la boule au ventre. »Le syndicaliste raconte pèle-mêle les témoignages qu’il n’arrête plus de recevoir : « Cela va des gens qui n’ont pas de gants, à ceux qui en ont, mais des gants pour le pain qui se déchirent au bout de dix minutes, à ceux qui n’ont pas de masques, parce qu’on leur dit que c’est anxiogène. Ce sont encore des salariés qui doivent s’acheter eux-mêmes le gel hydroalcoolique. Et ceux qui, quand ils en ont, ils ne disposent pas de temps de pause pour se laver les mains. » Il pointe aussi le non-respect des distances de sécurité, le fait qu’il n’y ait pas toujours d’agents de sécurité – alors que certains magasins ont vécu des incidents parfois violents… Ce sont, aussi des vitres de protection boutiquées avec du plastique et des films alimentaires… « Mais avant de vouloir fabriquer des vitres en plexiglas, donnez donc d’abord des gants ! » martèle-t-il.
Ce qui entretient encore plus particulièrement le sentiment d’injustice, c’est qu’on « laisse ouvrir des activités qui devraient être fermées », souligne Laurent Degousée.  « Le 14 mars, on a un arrêté qui indique la fermeture des commerces non utiles. Le 15, un autre arrêté liste les exceptions : les magasins de vapotage ont le droit d’être ouvert, la jardinerie, animalerie, la téléphonie mobile… On  se moque de qui ? » Qu’est-ce qui est utile, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Pour certains salariés ou travailleurs, la réponse est toute trouvée : ils sont sacrifiés pour des besoins non-utiles. Les livreurs de plateformes se considèrent ainsi comme des « travailleurs sacrifiables pour du récréatif ».

La colère des salariés de terrain

Certains sites de production font face à une grogne des équipes, depuis quelques jours. Comme La Redoute, à Wattrelos dans le Nord où, explique 20 minutes Lille, 20 salariés ont débrayé mardi matin ; ou encore Amazon, particulièrement dans le collimateur des syndicats. Laurent Degousée y va à la sulfateuse pour « dénoncer l’attitude criminelle de la direction » : « La seule chose qu’ils ont, dans les entrepôts, ce sont des gants. Les mêmes qu’en temps normal, contre les coupures. Le respect de la distance minimale de sécurité, le fait de pouvoir se laver les mains, il n’y a rien. La seule mesure forte, c’est, à la cantine, de laisser un siège à côté de soi ! »De son côté, Amazon assure que la sécurité des personnels est « la priorité absolue », et souhaite aussi « pouvoir continuer à livrer les clients les plus touchés, dont beaucoup n’ont aucun autre moyen d’obtenir des produits essentiels. » Et rappelle les mesures prises : nettoyage de tous les installations, désinfection des postes au début et à la fin des shifts, l’aménagement des lieux de travail pour garder une « distance sociale », la mise en place de « pauses échelonnées » pour réduire le nombre de personnes dans les espaces de restauration.Pas suffisant pour la CFDT Amazon electrics : « Pour la direction, tout va bien, il faut travailler, quelques lingettes par-ci par-là, un peu de gel hydroalcoolique. Mais nous sommes des centaines de personnes à nous croiser chaque jour sur ces sites logistiques. » Et dénonce au passage des petits coups de pression : « Amazon en est à proposer des augmentations de salaire temporaires, jusqu’au 30 avril, pour faire venir les salariés. Les services RH Amazon menacent également les salariés faisant usage de leur droit de retrait. » Or, les syndicats appellent ainsi à ce droit de retrait : « L’activité d’Amazon n’est pas essentielle à la nation, les godemichets et DVD attendront quelques semaines pour être livrés », indiquait la CFDT dans un communiqué. D’autant que l’inquiétude sourd : « Plusieurs salariés Amazon sont désormais confinés chez eux car malades et suspectés de coronavirus », indique la CFDT.

Et le droit de retrait ?

Ce droit de retrait, souvent invoqué par les syndicats, reste délicat dans la pratique. Il est en effet prévu par le Code du travail, et permet à tout salarié de quitter son poste s’il s’estime soumis à un « danger grave et imminent », et que son employeur ne le protège pas. La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, puis la ministre du travail Muriel Pénicaud, ont redit début mars que ce droit de retrait ne pouvait pas être invoqué dans le cas de l’épidémie en cours, si l’employeur a mis en place les précautions de sécurité sur le lieu de travail. Solliciter son droit de retrait dans ces conditions, c’est donc s’exposer sur le moment à une perte de salaire. Qui pourrait être invalidée par les Prud’hommes, mais dans de long mois. Ce qui rend beaucoup de salariés frileux, comme le raconte cet employé de la RATP : « J’ai milité auprès de mes collègues pour un droit de retrait afin de réclamer des mesures adéquates aux instructions données et également pour avoir des réponses aux questions qu’on se pose. Ils sont tous d’accord avec moi mais personne n’est prêt à exercer son droit ! »Dans certaines usines, le rapport de force se fait en faveur des ouvriers. Est-ce un effet de l’exemple italien, où des usines de tous secteurs se sont mises en grève la semaine dernière pour obtenir des règles de sécurité strictes et des protocoles de sécurité ? Quoi qu’il en soit, le constructeur automobile PSA a annoncé lundi qu’il fermait ses usines en Europe. Renault a stoppé l’usine de Douai dans la foulée. Chez Amazon, la mobilisation est lancée : selon les syndicats, environ 200 salariés du site de Douai (Nord) ont fait valoir mardi leur droit de retrait. Mercredi, ce sont 50% des CDI qui ont fait la même démarche ou étaient en débrayage à Montélimar (Drôme). En attendant, la CFDT prêche dorénavant pour une sorte grève du zèle… par l’hygiène, en appliquant les consignes à la lettre : 1 mètre entre chaque salarié, du gel hydroalcoolique à chaque changement de chariot, s’hydrater toutes les 15 minutes, et donc prévenir son manager qu’on va aux toilettes, nettoyer ses outils dès qu’ils changent… « Amazon veut qu’on vienne bosser, faisons-le sans penser productivité. »
Voir également:

Coronavirus : dans toute la France, les caissières en première ligne

Raphaëlle Rérolle , Marie-Béatrice Baudet , Béatrice Gurrey et Annick Cojean

Le Monde

22 mars 2020

Enquête La plupart des « hôtesses de caisse » n’ont pas cessé le travail depuis le début de l’épidémie, obligées de rester fidèles au poste, malgré la peur d’être exposées au virus.

Ces gants-là, ça ne vaut rien. Assise derrière la caisse, elle regarde sa main comme un objet étrange, dans un bref moment d’accalmie. Ces doigts en plastique transparent, beaucoup trop larges, la légère transpiration à l’intérieur… Elle l’agite comme une marionnette et on entend le froissement du plastique. Un peu plus tard, elle accepte de donner son numéro de téléphone pour raconter, à l’abri des oreilles indiscrètes, sa vie de caissière pendant l’épidémie.

Maintenant on dit « hôtesse de caisse », mais il faudrait, en temps de guerre contre le coronavirus, parler de bons petits soldats, voire de chair à canon, tant elles ont subi – ce sont des femmes à 90 % – l’assaut d’une clientèle devenue folle, juste avant le confinement, décrété mardi 17 mars à midi.

Elles sont de moins en moins nombreuses depuis dix ans dans les super et les hypermarchés, avec l’apparition des caisses automatiques. Une baisse d’environ 10 %, soit un bataillon de 150 000 équivalents temps plein, selon la Fédération du commerce et de la distribution. Mais il est chaque jour au front depuis que tous les commerces « non indispensables » ont fermé. On ne peut plus dire « l’intendance suivra ». Elle précède tout.

Bénédicte, le prénom qu’elle a choisi pour ne pas être reconnue, a 30 ans et travaille en Normandie pour une chaîne de supermarchés de hard discount. « Ce sont des gants de boulangerie, on s’en sert pour mettre les viennoiseries en rayon, question d’hygiène. On se protège comme on peut mais ce n’est pas pratique pour rendre la monnaie. » La jeune femme travaille là depuis plusieurs années, payée au smic avec un contrat de 30 heures : « C’était ça ou rien. Quand il y a un rush on fait un avenant au contrat. »

Du jamais vu

Pour un rush, c’en était un, du jamais vu. Une heure et demie de queue devant le magasin, dès que les rumeurs de confinement ont commencé à courir, vendredi. Lundi, ce fut bien pire. « J’avais l’impression qu’on n’allait pas s’en sortir. Forcément, la contamination on y pense. On est en communication avec les microbes », dit cette mère de deux jeunes enfants.

Ses journées durent dix heures. Après le paiement, les clients sont à touche-touche avec elle car les caisses n’ont pas de rebord, à dessein : « Faut que ça soit du tac au tac, que ça dégage vite. On doit passer 3 000 articles à l’heure, c’est l’objectif fixé. » Quand il y a moins de monde, Bénédicte fait le ménage ou de la mise en rayon. Pour la semaine du 23 mars, on leur a promis un bouclier de Plexiglas. Mais toujours pas de masques.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Nous, les ouvriers, on nous dit : “Allez travailler !” alors que les cadres travaillent depuis chez eux »

Des masques, il n’en manque pas dans cet hypermarché d’Ille-et-Vilaine. Au rayon frais, charcuterie et fromage, les deux vendeuses articulent haut et fort pour être comprises des clients. Jeudi, la circulation des chariots est plutôt fluide dans les allées, où des hommes, masqués eux aussi, réapprovisionnent les rayons.

Aux caisses, en revanche, le visage de Manon se montre à découvert. « J’ai essayé le masque mais ça me gêne, ça m’oppresse. Je n’en ai jamais porté, je n’ai pas l’habitude, c’est pas comme les soignants », explique la jeune femme, en apparence guère affolée.

Au sol, des lignes bleues marquent l’espacement obligatoire entre chaque chariot, « 1 mètre », répète une voix au micro. Nathalie, qui officie à la caisse prioritaire pour femmes enceintes et handicapées, apprécie cette précaution mais a renoncé au masque : « J’ai essayé, mais très vite je ne vois plus rien, tellement j’ai de buée sur mes lunettes. »

Petit salaire et horaires de fou

Ce sont les invisibles, les discrètes, les modestes. Les fragiles, souvent. Celles qui se perdent dans le décor, confondues avec la caisse qui semble faire le seul travail incontestable : compter. Celles à qui l’on ne reconnaît aucune expertise – et pourtant. « Les hôtesses de caisse, on passe pour des nulles, tranche Déborath, 38 ans. Mais s’il fallait que les clients prennent notre place, ils ne tiendraient pas cinq minutes. »

Elle travaille dans un hypermarché du Var, très saisonnier, la première ville est à 5 km. Elle aime bien rire, Déborath, mais il était temps qu’un peu de reconnaissance arrive, enfin, avec le virus : « Pour une fois, la roue tourne. Ils ont besoin de nous pour manger. C’est con hein, mais un merci et un bravo, c’est la première fois et ça fait du bien. » Elle raconte le petit salaire, les horaires de fou, les gens qui les prennent pour des idiotes « alors qu’il faut gérer les clients, les problèmes de prix, les conflits entre personnes ».

Déborath, caissière : « On aurait dit qu’on allait tous mourir. Les gens se battaient pour des produits d’entretien et du papier toilette »

Le jour de la grande ruée l’a mise en colère : « C’était genre fin du monde. On aurait dit qu’on allait tous mourir. Les gens se battaient pour des produits d’entretien et du papier toilette. S’il y en avait un de contaminé, on le sera tous. » Les trois agents de sécurité étaient débordés, les clients se servaient sur les palettes : « J’étais du soir, on est partis à 21 heures au lieu de 20 h 30. Il a fallu ramasser la cinquantaine de chariots abandonnés dans le magasin. » Puis tout remettre en rayon, sauf le frais et le surgelé, partis à la poubelle. Combien de manipulations ? Cela fait quelques jours maintenant, et cela semble une éternité : « On était très en colère contre l’humain ce jour-là. » Déborath se demande encore comment des clients ont pu faire, qui 650 euros de courses, qui 900 euros : « D’où ils les sortent ? »

« Ce que j’ai ressenti, c’est de la peur, de l’angoisse, du stress, malgré toutes les précautions prises ici », dit-elle. Peur de contaminer sa mère de 70 ans, avec laquelle elle vit. Angoisse de voir resurgir une crise de polyarthrite, dont elle-même est atteinte. Stress de journées qui ne ressembleront plus à celles d’avant. Que faire aujourd’hui de ces deux heures de pause qui lui permettaient d’aller à la plage ou d’aller se balader dans le centre commercial ?

C’est un sujet de discussion avec le directeur du magasin, qui s’est montré exemplaire, assure la trentenaire : « Ça va être un moment compliqué à vivre ensemble et il n’a pas envie qu’on tombe malade. Sa femme travaille dans la santé. » Une entrée au lieu de trois habituellement, un système de barrières, des intérimaires embauchés, travail nocturne pour les manutentionnaires, « qui ont énormément apprécié, parce qu’ils ne sont plus en présence des gens », gants obligatoires, gel hydroalcoolique à disposition et conseils d’hygiène. Aux caisses, elles ne sont plus qu’une sur deux et les clients ne passent plus devant elles. Ils récupèrent leur marchandise au bout du comptoir, en passant par-derrière.

« Malade ou pas ? On se croirait dans un film mais ce n’est pas un film »

« L’ambiance est bizarre. Un client qui porte un masque, on se pose la question à chaque fois. Malade ou pas ? On se croirait dans un film mais ce n’est pas un film. » Cette atmosphère irréelle, presque de science-fiction, tient aussi aux confinements individuels improvisés dans les magasins, telles ces caissières de Chamalières (Puy-de-Dôme) entourées d’un habillage en cellophane, comme une sorte de cloche, ou les vitres de protection en Plexiglas, apparues ici ou là.

Ce n’est pas le cas partout. Aucun masque, aucune explication, aucune réunion, par exemple, dans ce grand magasin de proximité parisien. Une chaîne pourtant « branchée » qui s’est adaptée à son public de bobos. Une de ces femmes-troncs remarque, sans perdre son sourire, qu’on ne les a pas averties non plus du changement d’horaire, survenu du jour au lendemain pour avancer la fermeture du magasin, habituellement nocturne. Aucune instruction sur l’hygiène et les comportements à observer avec la clientèle. Les gants jetables que l’on a mis à leur disposition se trouent à la première occasion.

« La trouille au ventre »

Le directeur, lui, est parti en vacances et la chef du secteur caisses aussi. « Nous sommes livrées à nous-mêmes. Et j’ai la trouille au ventre, conclut une brune dynamique. On sait que la maladie circule parmi nos clients et qu’on finira par l’avoir. Comment faire autrement ? Ils sont proches de nous, on sent souvent leur souffle… »

Un client de ce quartier cossu lui a confié l’autre jour que sa fille, restée à la maison, avait le Covid-19. Il attendait peut-être du réconfort, mais il lui parlait à moins de 1 mètre, sans penser un instant qu’il la mettait en danger. Elle, elle l’avait bien en tête. « J’étais glacée d’angoisse mais je n’ai rien montré. C’est la règle. Et quand ils sont agressifs on serre les dents. Sinon, nous serions dans notre tort. »

Un droit de retrait ? Bien sûr que non ! Elles ont trop peur de perdre leur job, ces femmes, ces mères de famille, parfois célibataires ou divorcées. « Avec un loyer qui prend plus de la moitié de mon salaire net, 1 200 euros, je n’ai aucune marge de manœuvre », explique l’une d’elles.

Seules quelques mamans de très jeunes enfants ont demandé à ne pas venir pendant quelques jours. Une autre hôtesse nuance : « Ce n’est pas qu’une histoire d’argent. Les caissières ont aussi une conscience professionnelle ! On est là en temps de crise. On assure un service public. On ne flanche pas. »

« Si seulement Macron avait mentionné les caissières ! Vous n’imaginez pas comme on aurait été fières ! »

Elles ont noté – et approuvé – l’hommage appuyé du président de la République, Emmanuel Macron, aux personnels soignants, l’autre soir, à la télévision. Mais elles auraient aimé un mot, rien qu’un mot, pour les « obscurs », les « petites mains », les « chevilles ouvrières », qui contribuent à l’effort pour que le pays continue à manger, à boire, à vivre. « Si seulement il avait mentionné les caissières ! Vous n’imaginez pas comme on aurait été fières ! »

Dans ce magasin bio de Haute-Loire, situé dans une ville de 6 800 habitants, Maxime, le gérant, a reçu, lui, une avalanche d’instructions de sa chaîne, réactualisées plusieurs fois par jour, comme le lavage des mains tous les quarts d’heure. « Nous ne portons pas de gants, c’est un faux ami qui donne une impression de sécurité alors qu’on peut avoir les mains sales », détaille-t-il. Deux gros bidons de gel hydroalcoolique, fabriqué par une entreprise locale, attendent les clients à l’entrée. « Je ne suis pas angoissé du tout, assure Thomas, un caissier de 32 ans. Ce n’est pas dans ma nature et nos clients sont respectueux. »

Le port du masque peut être inconfortable quand on n’y est pas habitué, certains n’en portent donc pas. Ici à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), le 18 mars. LUCAS BARIOULET POUR LE MONDE

Mercredi 18 mars, Maxime, dépité de s’être vu refuser des masques à la pharmacie, s’est approvisionné en visières transparentes, celles dont on se sert pour éviter les projections dans les opérations de tronçonnage. Au petit supermarché voisin, les caissières portent toutes ces masques tant convoités et réservés aux soignants. « Ce sont des réserves de la dernière épidémie de grippe. Mais on en a peu, alors on les garde toute la journée », précise l’une d’elles. Il ne faut pourtant pas les conserver plus de quatre heures pour s’assurer de leur efficacité…

« Quand on voit des gens venir acheter une bouteille de bière toutes les deux heures, une par une, on se dit qu’ils n’ont rien compris »

Dans une moyenne surface du même département, les caissières s’ennuient un peu derrière leur vitre de Plexiglas, maintenant que l’heure du reflux a sonné. Se sentent-elles rassurées dans ce magasin dépeuplé ? « Bah, quand on voit des gens venir acheter une bouteille de bière toutes les deux heures, une par une, on se dit qu’ils n’ont rien compris », se désole Sylvie.

Au moins, se sentent-elles un peu mieux protégées que leurs collègues, à 15 km de là. De vagues morceaux de carton, de moins d’un mètre de côté, taillés dans de vieux emballages, ont été placés devant les caisses. « C’est tout ce que le gérant a trouvé pour nous protéger », déplore Monique.

La foule s’est évanouie et un aspirateur vrombit. Les caissières montent la garde derrière leur illusoire bouclier de carton. Angoissées mais étonnamment stoïques, quand des clients, âgés pour la plupart, passent leur tête sur les côtés pour mieux les entendre. Comme si le carton n’existait pas. Comme si l’épidémie n’existait pas. Comme si de rien n’était.

Voir enfin:

« Nous, les ouvriers, on nous dit : ‘Allez travailler !’ alors que les cadres travaillent depuis chez eux »

Alors que l’épidémie de coronavirus prend de l’ampleur, le gouvernement surveille de près le climat social, notamment dans le secteur de la grande distribution alimentaire où de nombreux salariés hésitent à se rendre au travail.

Audrey Tonnelier, Bertrand Bissuel, Juliette Garnier, Cécile Prudhomme, Perrine Mouterde, Eric Béziat, Véronique Chocron et Jordan Pouille

Le Monde

19 mars 2020 

Face à la pandémie liée au coronavirus, la colère gronde chez les salariés maintenus en poste, faute de pouvoir télétravailler. Et la peur tétanise de nombreux employés des secteurs jugés « essentiels ». PSA a fermé tous ses sites de production européens. Renault a suspendu la production de ses douze usines en France. Les manufactures Chanel sont à l’arrêt. « Alors, pourquoi pas nous ? », s’agace un manutentionnaire, Jean-Christophe Leroy, élu CGT de La Redoute. A Wattrelos (Nord), une trentaine des 50 salariés de l’entreprise de vente à distance ont alerté la société, mardi 17 mars, lors d’un débrayage au sein de ce site qui expédie ses colis. Malgré la réduction des effectifs, la fermeture des vestiaires pour éviter la promiscuité et la distribution de gants, « il est aberrant de nous faire travailler pour expédier des tee-shirts », juge M. Leroy.

Le président délégué du Medef s’alarme déjà d’un « changement d’attitude brutal » des salariés, depuis l’adoption de mesures de confinement mardi. Car « de nombreux salariés ont demandé à ce que leurs employeurs prennent des mesures d’activité partielle sans quoi ils exerceraient un droit de retrait », a déclaré Patrick Martin mercredi, à l’Agence France-Presse (AFP), se disant « très préoccupé » par la situation.

Conditions de sécurité insuffisantes

Chez Amazon, la fronde menace. Alors que le site de vente en ligne connaît un regain d’activité depuis la fermeture des magasins non alimentaires, samedi 14 mars, « les consignes contre le coronavirus ne sont pas respectées », assure Gaël Begot, élu CGT au sein de l’entrepôt du groupe américain, situé à Lauwin-Planque (Nord). Depuis mardi, des salariés Amazon s’y mobilisent contre les conditions de sécurité jugées insuffisantes et mal appliquées. Deux autres sites, à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) et Montélimar (Drôme), sont aussi concernés, souligne Julien Vincent, délégué général CFDT Amazon. Plus d’une centaine d’employés ont exercé leur droit de retrait, estimant que le coronavirus les met en danger sur leur lieu de travail, selon la CFDT. SUD-Solidaires à Saran et la CGT à Lauwin-Planque l’envisagent aussi.

A Strasbourg, dans l’usine Punch Powerglide (ex-General Motors), qui fabrique des boîtes de vitesse, les élus du personnel ont croisé le fer avant d’obtenir le chômage partiel. « Deux de nos collègues, infectés, ont été hospitalisés », rapport Julien Laurent (CFDT). D’après lui, des « mesures de confinement de la fonderie » ont été réclamées par les salariés, car un ouvrier de cette unité est tombé malade. En vain. « Révoltés » par l’attitude de leur employeur et inquiets pour la santé du personnel, les élus du comité social et économique de l’entreprise ont exigé l’arrêt de l’activité, mardi. Toujours en vain. Mercredi matin, aux aurores, « tous les gens sont sortis et ont fait jouer leur droit de retrait », raconte M. Laurent. Leur initiative a alors porté ses fruits : Punch Powerglide va passer en chômage partiel durant quatre semaines.

Chez Valeo, la CFDT espère obtenir « la fermeture provisoire des sites de production », confie un élu, Ivan Estlimbaum, selon lequel dans toutes les usines de l’équipementier auto les distances de sécurité sur les chaînes d’assemblage ne sont pas respectées. Et les gants et gels hydroalcooliques manquent.

Ces équipements font aussi défaut dans les agences bancaires qui, elles, resteront ouvertes au public. Les banques ayant le statut d’opérateur d’importance vitale (OIV), leurs activités sont considérées comme indispensables pour la population qui doit conserver l’accès à son argent. « Compte tenu du statut OIV, les salariés qui se sentent en danger sur leur lieu de travail ne peuvent pas exercer leur droit de retrait », souligne Frédéric Guyonnet, le président national du syndicat SNB-CFE-CGC, pour qui l’angoisse est palpable.

Gants, masques, gel hydroalcoolique

Or, partout, gants, masques et bidons de gel hydroalcoolique font défaut. Et ce manque d’équipements alimente un fort sentiment d’injustice. Y a-t-il deux poids deux mesures dans une même entreprise ?, s’interrogent les ouvriers. « Nous, les ouvriers, on nous dit : Allez travailler !”, s’agace M. Leroy, élu CGT à Wattrelos, alors que les cadres travaillent depuis chez eux. »

« La protection des travailleurs en activité [est] un gros point noir », a résumé Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, sur France Inter, mercredi 18 mars. « Il y a des insuffisances », a-t-il relevé, plaidant pour que ceux qui poursuivent leurs activités soient équipés « de manière rapide. »

A défaut, l’exercice du droit de retrait – il est ouvert à tout salarié si la situation de travail présente un danger grave et imminent – pourrait vite prendre de l’ampleur, y compris au sein d’entreprises dites essentielles. Parce que La Poste a pris des mesures « insuffisantes pour protéger leur santé », selon le syndicat SUD-PTT, des préposés y ont eu recours dans des bureaux de poste de Loire-Atlantique, mais aussi à Grenoble. Des agents de la SNCF l’ont aussi exercé, reconnaît la société.

Face à ce phénomène, le gouvernement table sur l’instauration de l’état d’urgence sanitaire pour maintenir l’activité dans les entreprises « de secteurs particulièrement nécessaires à la sécurité de la nation ou à la continuité de la vie économique et sociale », selon le texte du projet de loi discuté, mercredi 18 mars après-midi, en conseil des ministres. Objectif : éviter un arrêt complet de l’économie tricolore, alors que la France s’impose des mesures de confinement pour lutter contre l’épidémie due au coronavirus.

Quelques heures avant la discussion du projet, Bruno Le Maire, ministre de l’économie, avait invité « tous les salariés des entreprises encore ouvertes et des activités indispensables au bon fonctionnement du pays nettoyage, traitement des eaux, industrie agroalimentaire, grande distribution à se rendre sur leur lieu de travail ».

Jeudi 19 mars, c’est Elisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire, qui a publié une lettre ouverte aux agents et salariés de l’énergie, des transports, de l’eau et des déchets, dans laquelle elle loue leur « rôle fondamental pour la vie de la nation ».

Cette reconnaissance sera-t-elle suffisante, alors que les salariés du secteur de traitement des déchets commencent aussi à se mobiliser ? En Seine-Saint-Denis, chez Otus, filiale de Veolia, certains camions-poubelles sont restés au garage, mercredi 18 mars. Dix-huit éboueurs ont exercé leur droit de retrait, rapporte Abdelkader Dif, représentant du personnel CGT. En cause, entre autres : un nombre insuffisant de flacons de gel hydroalcoolique. « Quatorze pour 130 salariés. Nous travaillons par équipes de trois, ça ne fait même pas un gel par équipe ! »

« On ne veut pas y laisser notre peau »

Des employés de la Blanchisserie blésoise, près de Blois, envisagent eux aussi d’avoir recours à ce droit, assure Eric Gondy, secrétaire général Force ouvrière du Loir-et-Cher. Dans ce site industriel où, de jour comme de nuit, 180 opérateurs lavent le linge d’hôpitaux franciliens, « nous avons du gel, des gants, mais pas de masques », déplore l’un d’entre eux en évoquant « les chariots de draps souillés, parfois gorgés de sang et d’excréments » qui y sont triés. « Or si le linge sort parfaitement propre, les chariots de transport ne sont pas décontaminés comme il le faudrait et cela représente un risque pour les opérateurs. On sait tous qu’il faut continuer de traiter le linge pour ne pas paralyser les hôpitaux, mais on ne veut pas y laisser notre peau », explique ce dernier.

Qu’en sera-t-il dans les secteurs de la grande distribution, de ses fournisseurs et de ses transporteurs ? Le président de l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA), Richard Girardot, a mis en garde mercredi contre d’éventuelles difficultés logistiques de nature à perturber le fonctionnement des magasins. Le gouvernement y surveille de près le climat social. « Il n’y a pas de problème d’approvisionnement aujourd’hui (…), mais il commence à y avoir une tension dans un certain nombre de supermarchés, de commerces, en matière de salariés », a reconnu le ministre des finances, Bruno Le Maire, à l’issue du conseil des ministres, mercredi soir.

Le gouvernement multiplie les gestes d’encouragement aux caissières, employés et manutentionnaires qui travaillent dans les grandes surfaces. Mercredi, le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, et M. Le Maire ont diffusé dans la matinée un message « d’encouragement et de reconnaissance » aux salariés du secteur, saluant leur « sens des responsabilités » qui permet « d’assurer aux Français qu’ils pourront se nourrir sainement et sans privation ». « Nous comptons sur vous », ont fait valoir les deux ministres en promettant qu’« en retour, l’Etat sera à [leurs] côtés pour traverser cette période difficile ».

En première ligne

Car, partout en France, en magasin, à l’entrée, derrière la caisse, en réserve ou lors des livraisons, les employés des supermarchés sont en première ligne. La foule se presse en magasins depuis plusieurs jours, accroissant les risques de propagation du virus. « Les employés sont très angoissés, mais ils viennent quand même », rapporte Laurence Gilardo, déléguée syndicale FO du Groupe Casino. Lundi 16 mars, Carrefour avait enregistré moins de 10 % d’absentéisme dans ses effectifs. Ont-ils toujours le choix ? « Certains magasins Leclerc mettent la pression sur les salariés pour qu’ils ne se mettent pas en arrêt pour s’occuper de leurs enfants », a dénoncé le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.

Dans le secteur du transport, ce taux d’absentéisme ne cesse de croître. « Nous sommes un peu plus inquiets qu’hier [mardi] », déclare Alexis Degouy, délégué général de l’Union des entreprises transport et logistique de France. Est-ce aussi un effet collatéral de l’indemnisation élargie du chômage partiel ? A l’en croire, « c’est une très bonne mesure pour les salariés, mais elle fonctionne aussi comme une incitation à rester à la maison ».

Voir par ailleurs:

Coronavirus Perspective

Richard A. Epstein

Hoover

March 16, 2020

[This article has been revised on April 6, 2020, and the updated version can be found here.]

The world is in a full state of panic about the spread and incidence of COVID-19. The latest world-wide tallies, as of this writing are:

The most dramatic news of the day has been the sudden spike in the number of Italian cases, totaling 24,747 with 1,809 deaths, which may grow to exceed the 3,099 in China.

Overlooked is the good news coming out of China, where the latest report shows 16 new cases and 14 new deaths, suggesting that the number of deaths in the currently unresolved group will be lower than the 5.3 percent conversion rate in the cases resolved to date. In my view, we will see a similar decline in Italy, for reasons that I shall outline in the remainder of this article.

From this available data, it seems more probable than not that the total number of cases world-wide will peak out at well under 1 million, with the total number of deaths at under 50,000. In the United States, the current 67 deaths should reach about 5000 (or ten percent of my estimated world total, which may also turn out to be low).

[Correction & Addendum as of March 24, 2020: 

My original erroneous estimate of 500 dead in the US is a number ten times smaller than I intended to state, and it too could prove somewhat optimistic. But any possible error rate in this revised projection should be kept in perspective. The current U.S. death toll stands at 592 as of noon on March 24, 2020, out of about 47,000 cases. So my adjusted figure, however tweaked, remains both far lower, and I believe far more accurate, than the common claim that there could be a million dead in the U.S. from well over 150 million coronavirus cases before the epidemic runs its course.]

Of course, every life lost is a tragedy—and the potential loss of 50,000 lives world-wide would be appalling—but those deaths stemming from the coronavirus are not more tragic than others, so that the same social calculus applies here that should apply in other cases.

These are deeply contrarian estimates. In dealing with any future prediction it is necessary to develop some model. Right now, the overwhelming consensus, based upon the most recent reports, is that the rate of infection will continue to increase so that the most severe interventions are needed to control what will under the worst of circumstances turn into a high rate of death. This pessimistic view is well captured in an op-ed by Nicholas Kristof and Stuart Thompson, who offer this graph to stress the importance and the immediacy of the looming crisis.

The model here projects a slow takeoff, a sharp rise, and an equally dramatic decline, with a huge cumulative total of deaths. The authors allow that if moderate precautions are taken, these totals might be reduced by about half. The key assumption of this model is a replication rate of 2.3, whereby each person who is infected then infects two others, seemingly without end. But the model does not specify the periodicity of the replication rate or allow it to vary with any downward changes in viral toxicity or human behavioral responses that delay interaction. Nor does the model recognize that if the most vulnerable people are hit first, subsequent iterations will be slower because the remaining pool of individuals is more resistant to infection. And finally, the model explicitly ignores the possibility that the totals will decline as the weather gets warmer.

The writer Tomas Pueyo has struck a similar chord with his viral post “Coronavirus: Why You Must Act Now.” That article contains graph after graph indicating an exponential expansion of cases in the last several days, and then claims that these infections will translate themselves into a similar number of deaths down the line unless radical countermeasures are taken.

Much of the current analysis does not explain how and why rates of infection and death will spike, so I think that it is important to offer a dissenting voice. In what follows, I look first at the trends in the American data, and then, building on my conclusions there, I construct a theoretical framework to evaluate the evolution of the coronavirus in other places.

Based on the data, I believe that the current dire models radically overestimate the ultimate death toll. There are three reasons for this.

First, they underestimate the rate of adaptive responses, which should slow down the replication rate. Second, the models seem to assume that the vulnerability of infection for the older population—from 70 upward—gives some clue as to the rate of spread over the general population, when it does not. Third, the models rest on a tacit but questionable assumption that the strength of the virus will remain constant throughout this period, when in fact its potency should be expected to decline over time, in part because of temperature increases.

As of March 16, the data from the United States falls short of justifying the draconian measures that are now being implemented. As of two days ago, 39 states have declared states of emergency, and they have been joined at the federal level with President Trump’s recent declaration to the same effect. These declarations are meant to endow governments with the power to impose quarantines and travel bans, close schools, restrict public gatherings, shut down major sporting events, stop public meetings, and close restaurants and bars. Private institutions are imposing similar restrictions. The one-two punch of public and private restrictions has caused a huge jolt to the economy.

The irony here is that even though self-help measures like avoiding crowded spaces make abundant sense, the massive public controls do not. In light of the available raw data, public officials have gone overboard. To begin with, the word pandemic should not be lightly used. Recall that the Spanish influenza pandemic, fully worthy of the name, resulted in perhaps as many as a half-billion infections and between 50 and 100 million deaths, world-wide, of which some 675,000 were Americans, many coming back from Europe in the aftermath of the First World War. The World Health Organization recently declared coronavirus a pandemic at a time when the death count was at 4,000, presently being just over 6,500. It will surely rise no matter what precautions are taken going forward, but what is critical is some estimate of the rate.

By way of comparison, the toll from the flu in the United States since October ran as follows: between 36 to 51 million infections, between 370 thousand to 670 thousand flu hospitalizations, and between 22 thousand to 55 thousand flu deaths. That works out to between roughly between 230,000 to 320,000 new infections per day, and between 140 to 350 deaths per day for an overall mortality rate of between 0.044 percent to 0.152 percent.

As we think about the mortality rate of COVID-19, there are some important pieces of data to consider. The chart below documents the most current numbers reported by the New York Times (as of March 16) for the four hardest hit states:

Note that Washington state, with 676 reported cases and 42 deaths, has a mortality rate of 6.21 percent, which can be traced to a nursing facility in Kirkland Washington. While only contributing 57 cases, it was the source of 27 of the reported deaths, almost two-thirds of the fatalities. (We should expect, as has been the case, that the mortality rate in Washington will decline as the newer cases will not come exclusively from that high-risk population.) The next three states have 1,577 diagnosed cases and 11 deaths for a mortality rate of 0.69 percent, a number which has trended lower over the last few days. Unlike the deadly exposures in Kirkland, the exposures in New York state produced many documented illnesses, but only two deaths even after two weeks of exposure. And while it is easy to miss latent cases, it is harder to miss any virus-related death. Given that the incubation period is about two-weeks, the pool of cases before March 1 should be small.

Many of the dire media accounts do not mention evolution. After the initial outburst in Kirkland, the target population was fitter. It is instructive therefore to look at the total number of cases, which spiked from 70 cases on March 5 to 672 cases on March 15. But those figures do not presage an increase into the thousands of daily cases that would be needed to reach the totals of the flu season. The current numbers are about 3 per cent of the rate of new flu cases in the 2019-2020 virus season. Even if there is some undercounting, it is highly unlikely, given the relatively short (two-week) incubation period, that the number of current cases will more than double or triple. It is also unlikely that most of the increase in reported cases (as opposed to deaths) will be in the population over age 70. More importantly, these numbers, as reported by the Centers for Disease Control, do not give any indication of heightened severity.

What, then, does all of this portend for the future of COVID-19 in the United States? Good news is more likely than bad, notwithstanding the models that predict otherwise. The deaths in Washington have risen only slowly, even as the number of infections mount. The New York cases have been identified for long enough that they should have produced more deaths if the coronavirus was as dangerous as is commonly believed.

But why might the dire predictions be wrong?  Consider the New York Times graphic below, which catalogs the daily totals of new coronavirus cases:

The theoretical answer to the question of how deadly the virus will turn out lies in part in a strong analytical relationship between the rate of spread and the strength of the virus. Start with the simple assumption that there is some variance in the rate of seriousness of any virus, just as there is in any trait for any species. In the formative stage of any disease, people are typically unaware of the danger. Hence, they take either minimal or no precautions to protect themselves from the virus. In those settings, the virus—which in this instance travels through droplets of moisture from sneezing and bodily contact—will reach its next victim before it kills its host. Hence the powerful viruses will remain dominant only so long as the rate of propagation is rapid. But once people are aware of the disease, they will start to make powerful adaptive responses, including washing their hands and keeping their distance from people known or likely to be carrying the infection. Various institutional measures, both private and public, have also slowed down the transmission rate.

At some tipping point, the most virulent viruses will be more likely to kill their hosts before the virus can spread. In contrast, the milder versions of the virus will wreak less damage to their host and thus will survive over the longer time span needed to spread from one person to another. Hence the rate of transmission will trend downward, as will the severity of the virus. It is a form of natural selection.

One key question is how rapidly this change will take place. There are two factors to consider. One is the age of the exposed population, and the other is the rate of change in the virulence of the virus as the rate of transmission slows, which should continue apace. By way of comparison, the virulent AIDS virus that killed wantonly in the 1980s crested and declined in the 1990s when it gave way to a milder form of virus years later once the condition was recognized and the bath houses were closed down. Part of the decline was no doubt due to better medicines, but part of it was due to this standard effect for diseases. Given that the coronavirus can spread through droplets and contact, the consequences of selection should manifest themselves more quickly than they did for AIDS.

It is instructive to see how this analysis fares by taking into account the Korean data, which is more complete than the American data. South Korea has been dealing with the coronavirus since January 20. Since that time, the Korean government has administered a total of 261,335 tests to its citizens. In press releases updated every day, the Korean CDC is reporting (as of March 15) 8,162 total infections against 75 deaths for an overall mortality rate of 0.92 percent. But as shown in the table below, the age-disparity in outcome is striking:

Clearly, the impact on elderly and immunocompromised individuals is severe, with nearly 90% of total deaths coming from individuals 60 and over. But these data do not call for shutting down all public and private facilities given the extraordinarily low rates of death in the population under 50. The adaptive responses should reduce the exposures in the high-risk groups, given the tendency for the coronavirus to weaken over time. My own guess is that the percentage of deaths will decline in Korea for the same reasons that they are expected to decline in the United States. It is highly unlikely that there will ever be a repetition of the explosive situation in Wuhan, where air quality is poorer and smoking rates are higher.

So what then should be done?

The first point is to target interventions where needed, toward high-risk populations, including older people and other people with health conditions that render them more susceptible to disease. But the current organized panic in the United States does not seem justified on the best reading of the data. In dealing with this point, it is critical to note that the rapid decline in the incidence of new cases and death in China suggests that cases in Italy will not continue to rise exponentially over the next several weeks. Moreover, it is unlikely that the healthcare system in the United States will be compromised in the same fashion as the Italian healthcare system in the wake of its quick viral spread. The amount of voluntary and forced separation in the United States has gotten very extensive very quickly, which should influence rates of infection sooner rather than later.

Perhaps my analysis is all wrong, even deeply flawed. But the stakes are too high to continue on the current course without reexamining the data and the erroneous models that are predicting doom.

Voir aussi:

Richard A. Epstein
Hoover
Monday, April 6, 2020

In the earlier, March 16, 2020 version, of this essay, I made the single largest unforced intellectual error in my entire academic career, when I included numerical estimates about the possible impact of the coronavirus in terms of life and death. Those estimates were obviously ridiculously too low. Those mistakes brought on a torrent of criticism, pointing out the magnitude of those errors. Unfortunately, those responses detracted from the main purpose of that initial essay, which was to question some of the basic assumptions of the standard model. I regret those mistakes, and of course, I retract them.

It is, however, important to stress that those errors were in no way essential to the central point that I made there, and continue to put forward—namely the serious overprojection of cases and deaths found in the New York Times graphic below, and in similar studies that predict tens of millions of coronavirus cases, and upwards of one million deaths. These proposals all rest on some version of the standard (“logistic”) models. In the constant efforts to criticize the incorrect numbers, little or no attention has been paid to my substantive queries as to the soundness of the standard models, by taking into account both the evolutionary forces of natural selection on the one side and the individual and institutional responses to incentives on the other.

Adding those two elements into the mix led me to suggest that the estimates generated by the standard model would turn out to be far too high, perhaps by an order of magnitude. I have recently come across this extraordinary interview by Professor Knut Wittkowski, an epidemiologist which states in powerful form why the current policies of social distancing will prolong but not eliminate the disease. His insights go a long way toward explaining why, in the three weeks that have followed, the recent data has not come close to reaching those high estimates, and it seems unlikely that they will. The recent data shows that as of Monday morning April 6, 2020 the number of deaths in the United States stood at 9,655, and the total number of cases stood at 336,776, distributed as follows (where the sharp decline on April 5, 2020 may reflect some Sunday underreporting):

These numbers are far below those predicted by the conventional models, and it is important to explain the discrepancy. As I mentioned in the initial version of this essay, I am fully aware that these views are contrary to the standard wisdom. But I hope that even my strongest critics will address the substantive arguments raised here against the conventional model, which seems systematically to have overpredicted the duration and severity of the current coronavirus pandemic.

The first paragraphs of the earlier version of this essay have been deleted. The remainder, is as it appeared on March 16, 2020.

***

These are deeply contrarian estimates. In dealing with any future prediction it is necessary to develop some model. Right now, the overwhelming consensus, based upon the most recent reports, is that the rate of infection will continue to increase so that the most severe interventions are needed to control what will under the worst of circumstances turn into a high rate of death. This pessimistic view is well captured in an op-ed by Nicholas Kristof and Stuart Thompson, who offer this graph to stress the importance and the immediacy of the looming crisis.

The model here projects a slow takeoff, a sharp rise, and an equally dramatic decline, with a huge cumulative total of deaths. The authors allow that if moderate precautions are taken, these totals might be reduced by about half. The key assumption of this model is a replication rate of 2.3, whereby each person who is infected then infects two others, seemingly without end. But the model does not specify the periodicity of the replication rate or allow it to vary with any downward changes in viral toxicity or human behavioral responses that delay interaction. Nor does the model recognize that if the most vulnerable people are hit first, subsequent iterations will be slower because the remaining pool of individuals is more resistant to infection. And finally, the model explicitly ignores the possibility that the totals will decline as the weather gets warmer.

The writer Tomas Pueyo has struck a similar chord with his viral post “Coronavirus: Why You Must Act Now.” That article contains graph after graph indicating an exponential expansion of cases in the last several days, and then claims that these infections will translate themselves into a similar number of deaths down the line unless radical countermeasures are taken.

Much of the current analysis does not explain how and why rates of infection and death will spike, so I think that it is important to offer a dissenting voice. In what follows, I look first at the trends in the American data, and then, building on my conclusions there, I construct a theoretical framework to evaluate the evolution of the coronavirus in other places.

Based on the data, I believe that the current dire models radically overestimate the ultimate death toll. There are three reasons for this.

First, they underestimate the rate of adaptive responses, which should slow down the replication rate. Second, the models seem to assume that the vulnerability of infection for the older population—from 70 upward—gives some clue as to the rate of spread over the general population, when it does not. Third, the models rest on a tacit but questionable assumption that the strength of the virus will remain constant throughout this period, when in fact its potency should be expected to decline over time, in part because of temperature increases.

As of March 16, the data from the United States falls short of justifying the draconian measures that are now being implemented. As of two days ago, 39 states have declared states of emergency, and they have been joined at the federal level with President Trump’s recent declaration to the same effect. These declarations are meant to endow governments with the power to impose quarantines and travel bans, close schools, restrict public gatherings, shut down major sporting events, stop public meetings, and close restaurants and bars. Private institutions are imposing similar restrictions. The one-two punch of public and private restrictions has caused a huge jolt to the economy.

The irony here is that even though self-help measures like avoiding crowded spaces make abundant sense, the massive public controls do not. In light of the available raw data, public officials have gone overboard. To begin with, the word pandemic should not be lightly used. Recall that the Spanish influenza pandemic, fully worthy of the name, resulted in perhaps as many as a half-billion infections and between 50 and 100 million deaths, world-wide, of which some 675,000 were Americans, many coming back from Europe in the aftermath of the First World War. The World Health Organization recently declared coronavirus a pandemic at a time when the death count was at 4,000, presently being just over 6,500. It will surely rise no matter what precautions are taken going forward, but what is critical is some estimate of the rate.

By way of comparison, the toll from the flu in the United States since October ran as follows: between 36 to 51 million infections, between 370 thousand to 670 thousand flu hospitalizations, and between 22 thousand to 55 thousand flu deaths. That works out to between roughly between 230,000 to 320,000 new infections per day, and between 140 to 350 deaths per day for an overall mortality rate of between 0.044 percent to 0.152 percent.

As we think about the mortality rate of COVID-19, there are some important pieces of data to consider. The chart below documents the most current numbers reported by the New York Times (as of March 16) for the four hardest hit states:

Note that Washington state, with 676 reported cases and 42 deaths, has a mortality rate of 6.21 percent, which can be traced to a nursing facility in Kirkland Washington. While only contributing 57 cases, it was the source of 27 of the reported deaths, almost two-thirds of the fatalities. (We should expect, as has been the case, that the mortality rate in Washington will decline as the newer cases will not come exclusively from that high-risk population.) The next three states have 1,577 diagnosed cases and 11 deaths for a mortality rate of 0.69 percent, a number which has trended lower over the last few days. Unlike the deadly exposures in Kirkland, the exposures in New York state produced many documented illnesses, but only two deaths even after two weeks of exposure. And while it is easy to miss latent cases, it is harder to miss any virus-related death. Given that the incubation period is about two-weeks, the pool of cases before March 1 should be small.

Many of the dire media accounts do not mention evolution. After the initial outburst in Kirkland, the target population was fitter. It is instructive therefore to look at the total number of cases, which spiked from 70 cases on March 5 to 672 cases on March 15. But those figures do not presage an increase into the thousands of daily cases that would be needed to reach the totals of the flu season. The current numbers are about 3 per cent of the rate of new flu cases in the 2019-2020 virus season. Even if there is some undercounting, it is highly unlikely, given the relatively short (two-week) incubation period, that the number of current cases will more than double or triple. It is also unlikely that most of the increase in reported cases (as opposed to deaths) will be in the population over age 70. More importantly, these numbers, as reported by the Centers for Disease Control, do not give any indication of heightened severity.

What, then, does all of this portend for the future of COVID-19 in the United States? Good news is more likely than bad, notwithstanding the models that predict otherwise. The deaths in Washington have risen only slowly, even as the number of infections mount. The New York cases have been identified for long enough that they should have produced more deaths if the coronavirus was as dangerous as is commonly believed.

But why might the dire predictions be wrong?  Consider the New York Times graphic below, which catalogs the daily totals of new coronavirus cases:

The theoretical answer to the question of how deadly the virus will turn out lies in part in a strong analytical relationship between the rate of spread and the strength of the virus. Start with the simple assumption that there is some variance in the rate of seriousness of any virus, just as there is in any trait for any species. In the formative stage of any disease, people are typically unaware of the danger. Hence, they take either minimal or no precautions to protect themselves from the virus. In those settings, the virus—which in this instance travels through droplets of moisture from sneezing and bodily contact—will reach its next victim before it kills its host. Hence the powerful viruses will remain dominant only so long as the rate of propagation is rapid. But once people are aware of the disease, they will start to make powerful adaptive responses, including washing their hands and keeping their distance from people known or likely to be carrying the infection. Various institutional measures, both private and public, have also slowed down the transmission rate.

At some tipping point, the most virulent viruses will be more likely to kill their hosts before the virus can spread. In contrast, the milder versions of the virus will wreak less damage to their host and thus will survive over the longer time span needed to spread from one person to another. Hence the rate of transmission will trend downward, as will the severity of the virus. It is a form of natural selection.

One key question is how rapidly this change will take place. There are two factors to consider. One is the age of the exposed population, and the other is the rate of change in the virulence of the virus as the rate of transmission slows, which should continue apace. By way of comparison, the virulent AIDS virus that killed wantonly in the 1980s crested and declined in the 1990s when it gave way to a milder form of virus years later once the condition was recognized and the bath houses were closed down. Part of the decline was no doubt due to better medicines, but part of it was due to this standard effect for diseases. Given that the coronavirus can spread through droplets and contact, the consequences of selection should manifest themselves more quickly than they did for AIDS.

It is instructive to see how this analysis fares by taking into account the Korean data, which is more complete than the American data. South Korea has been dealing with the coronavirus since January 20. Since that time, the Korean government has administered a total of 261,335 tests to its citizens. In press releases updated every day, the Korean CDC is reporting (as of March 15) 8,162 total infections against 75 deaths for an overall mortality rate of 0.92 percent. But as shown in the table below, the age-disparity in outcome is striking:

Clearly, the impact on elderly and immunocompromised individuals is severe, with nearly 90% of total deaths coming from individuals 60 and over. But these data do not call for shutting down all public and private facilities given the extraordinarily low rates of death in the population under 50. The adaptive responses should reduce the exposures in the high-risk groups, given the tendency for the coronavirus to weaken over time. My own guess is that the percentage of deaths will decline in Korea for the same reasons that they are expected to decline in the United States. It is highly unlikely that there will ever be a repetition of the explosive situation in Wuhan, where air quality is poorer and smoking rates are higher.

So what then should be done?

The first point is to target interventions where needed, toward high-risk populations, including older people and other people with health conditions that render them more susceptible to disease. But the current organized panic in the United States does not seem justified on the best reading of the data. In dealing with this point, it is critical to note that the rapid decline in the incidence of new cases and death in China suggests that cases in Italy will not continue to rise exponentially over the next several weeks. Moreover, it is unlikely that the healthcare system in the United States will be compromised in the same fashion as the Italian healthcare system in the wake of its quick viral spread. The amount of voluntary and forced separation in the United States has gotten very extensive very quickly, which should influence rates of infection sooner rather than later.

Perhaps my analysis is all wrong, even deeply flawed. But the stakes are too high to continue on the current course without reexamining the data and the erroneous models that are predicting doom.

Correction & Addendum, added March 24, 2020: 

That estimate is ten times greater than the 500 number I erroneously put in the initial draft of the essay, and it, too, could prove somewhat optimistic. But any possible error rate in this revised projection should be kept in perspective. The current U.S. death toll stands at 592 as of noon on March 24, 2020, out of about 47,000 cases. So my adjusted figure, however tweaked, remains both far lower, and I believe far more accurate, than the common claim that there could be a million dead in the U.S. from well over 150 million coronavirus cases before the epidemic runs its course.

Voir également:

Grippe : 21 000 morts, « ça ne peut devenir la norme »

Alors que l’épidémie se termine, Benoît Vallet, le numéro 2 du ministère de la Santé, tente d’expliquer la surmortalité record de cet hiver. Sans aller jusqu’à vouloir rendre la vaccination obligatoire.

Le Parisien
8 mars 2017

Ça y est, l’épidémie de grippe est terminée. Derrière la bonne nouvelle, des chiffres qui montrent que « l’hécatombe » que notre journal avait décrite s’est confirmée. Cette saison, le virus a contribué à une surmortalité d’au moins 21 000 personnes. Les chiffres seront actualisés aujourd’hui mais c’est d’ores et déjà le pic le plus élevé depuis la mise en place du système d’évaluation de l’excès de décès hivernal en 2006. Le professeur Benoît Vallet, directeur général de la Santé, tente néanmoins de rassurer pour l’avenir.

Comment expliquer ce triste record ?

Benoît Vallet. Le virus H3N2 qui a sévi cette année de manière quasi exclusive est très virulent, notamment chez les plus de 65 ans. En 2014-2015, il avait déjà été responsable du surcroît important de décès (NDLR : 18 300). L’autre facteur est la couverture vaccinale qui reste faible : moins de 50 % des personnes à risque sont protégées contre la grippe.

Sauf qu’il y a deux ans, le vaccin n’était pas adapté au H3N2. Cette année, il était censé l’être…

L’efficacité du vaccin reste faible, 23 % chez les plus de 65 ans selon une étude européenne. Mais ce chiffre ne peut pas être compris tout seul. Car lorsqu’un vaccin, même à l’efficacité modeste, est appliqué de manière collective, il fait office de barrière naturelle. Une couverture de 75 ou 80 % protégerait la population de manière plus efficace. Regardez dans les maisons de retraite : ce taux de vaccination est à 85 % et les décès sont moins nombreux que chez les plus de 65 ans en général.

Qu’attendez-vous alors pour rendre le vaccin obligatoire ?

Pour la population en général, cela n’est pas à l’ordre du jour. Pour les personnels de santé, les taux sont très faibles, le rapport du professeur Fischer (NDLR : président du comité de la concertation citoyenne sur la vaccination) préconise une « recommandation forte ». Ils ont un devoir d’exemplarité. Selon moi, c’est même une question de déontologie.

Une efficacité faible du vaccin, pas de volonté politique de le rendre obligatoire… On peut craindre que 20 000 seniors qui succombent à la grippe ne devienne une habitude…

Non, cet excès de mortalité ne peut pas devenir la norme. On ne peut pas l’admettre. La préparation du système de santé a été précoce, il n’y a pas eu de retard de soins. Cela est très positif. Ce sur quoi nous pouvons nous améliorer est la prévention et l’amélioration de la couverture vaccinale.

Comment ?

Par des campagnes sur la nécessité de se faire vacciner pour se protéger soi-même mais aussi pour protéger les autres. A 65 ans, on ne se sent pas vieux, mais on a l’âge d’être à risque. Il faut réussir à faire passer ce message.

Voir de même:

La France compte 66,6 millions d’habitants: boom des décès et recul de l’espérance de vie
La Croix
19/01/2016

La France a enregistré en 2015 un boom des décès, «au plus haut depuis l’après-guerre», mais aussi un recul de l’espérance de vie et une légère baisse des naissances, pour atteindre 66,6 millions d’habitants au 1er janvier 2016, a indiqué mardi l’Insee.

Ainsi, 64,5 millions d’habitants vivent en métropole et 2,1 millions dans les cinq départements d’outre-mer. La population a augmenté de 247.000 personnes au cours de 2015 (+0,4%), quasi exclusivement portée par le solde naturel, différence entre les naissances et les décès, précise l’institut dans son dernier bilan démographique.

Ce solde naturel, le plus faible enregistré depuis quarante ans (+200.000 en 2015 sur un an), reste le principal moteur de la croissance démographique, bien supérieur au solde migratoire (+47.000).

Autres faits notables de l’année écoulée, les naissances ont légèrement diminué (-19.000 sur un an) et le nombre de décès a fortement augmenté (+41.000 sur un an), enregistrant «son plus haut niveau depuis l’après-guerre», souligne Marie Reynaud, cheffe des études démographiques et sociales de l’Insee.

En 2015, 600.000 personnes sont décédées (+7,3% sur un an). Cette «forte hausse s’explique par l’augmentation du nombre des 65 ans et plus et par la hausse des taux de mortalité après 65 ans».

En cause, trois épisodes sanitaires de surmortalité: la grippe au premier trimestre 2015, la canicule en juillet et une vague de froid en octobre.

Sous l’effet de ce surcroît de mortalité, l’espérance de vie à la naissance «diminue nettement», de 0,4 an pour les femmes, de 0,3 an pour les hommes.

En 2015, une femme peut espérer vivre 85 ans et un homme 78,9 ans.

Cependant, ce n’est pas «un coup d’arrêt dans la tendance à la hausse de l’espérance de vie», tempère Mme Reynaud. Depuis vingt ans, elle a augmenté de 3,1 ans pour les femmes et de 5,1 ans pour les hommes.

En 2003 et en 2012, l’espérance de vie à la naissance avait reculé pour les femmes uniquement pour repartir ensuite à la hausse. La baisse pour les deux sexes remonte à 1969.

– 800.000 bébés en 2015 –

«La population continue de vieillir, avec l’avancée en âge des baby-boomers (nés entre 1946 et 1974). La part des 65 ans et plus s’établit à 18,8% au 1er janvier 2016, contre 18,4% un an plus tôt», ajoute-t-elle.

Quant à la baisse des naissances en 2015, «elle n’a rien d’exceptionnel», assure l’Insee. D’une part, elle est faible (-2,3% par rapport à 2014), d’autre part, la natalité reste élevée, avec 800.000 nouveau-nés, un nombre à peu près stable depuis la fin du baby-boom.

«De telles fluctuations ont été observées dans le passé. Le point le plus bas avait été atteint en 1994 avec 741.000 naissances et le pic en 2010 avec 833.000 bébés», précise l’institut.

Cette baisse s’explique par la diminution depuis 1995 du nombre de femmes en âge de procréer et le léger recul de la fécondité en 2015: 1,96 enfant par femme (niveau observé en 2005), contre 2 en 2014.

En cause, la baisse de la fécondité des femmes de moins de 30 ans, qui s’est un peu accentuée. Celle des femmes de 30 à 34 a également reculé. Elle était stable depuis 2011.

«La baisse des naissances devrait se poursuivre, avec le recul du nombre de femmes en âge de procréer, mais rien n’indique que la fécondité suive le même chemin», selon Marie Reynaud.

Pour l’Union nationale des associations familiales (Unaf), cette baisse était prévisible, en raison «des remises en cause répétées et massives des politiques familiales» qui entament selon elle la confiance des familles et donc la natalité.

L’âge moyen à l’accouchement atteint désormais 30,4 ans.

Néanmoins, la fécondité française maintient son rang en Europe. L’Irlande et la France restent depuis 1999 les deux pays européens les plus féconds.

Enfin, si le nombre de mariages hétérosexuels demeure stable, à 231.000, les mariages entre personnes de même sexe sont moins nombreux: 8.000 l’an dernier contre 10.522 en 2014.

Voir enfin:

Insee. L’espérance de vie recule en France, la natalité reste élevée

La France a enregistré 600 000 décès l’an dernier, une « forte hausse » par rapport à 2014 (+41 000, soit +7,3%), selon un rapport de l’Insee.
Ouest-France
19/01/2016

La France métropolitaine et les départements d’outre-mer comptaient 66,6 millions d’habitants au 1er janvier 2016, une croissance de 247 000 personnes (+0,4 %) sur un an, marquée par une hausse exceptionnelle des décès et une baisse des naissances, a annoncé mardi l’Insee.

A cette date, la population de la métropole s’élevait à 64,5 millions d’habitants, précise l’institut dans son bilan démographique 2015.

La croissance annuelle a été quasi exclusivement portée par le solde naturel (différence entre les naissances et les décès), même si ce solde est le plus bas depuis quarante ans (+200 000).

 41 000 morts en plus en 2015

La France a enregistré 600 000 décès l’an dernier, une « forte hausse » par rapport à 2014 (+41 000, soit +7,3 %) mais aussi un nombre de morts « à son plus haut depuis la Seconde guerre mondiale ».

Ce bond s’explique par l’augmentation du nombre de personnes de 65 ans et plus, et par la hausse des taux de mortalité après 65 ans, due à trois épisodes sanitaires en 2015 : grippe au premier trimestre, canicule en juillet et vague de froid en octobre.

Conséquence, l’espérance de vie à la naissance diminue, de 0,4 an pour les femmes et de 0,3 an pour les hommes. En 2015, une femme peut espérer vivre 85 ans et un homme 78,9 ans.

« On ne peut pas dire que cette baisse marque un coup d’arrêt dans la tendance à la hausse de l’espérance de vie », relève l’Insee. Depuis 20 ans, elle a augmenté de 3,1 ans pour les femmes et de 5,1 ans pour les hommes.

Une baisse relative des naissances

Quant à la baisse des naissances, « elle n’a rien d’exceptionnel », assure l’Insee. D’une part, elle est faible, avec 19 000 naissances en moins en 2015 (-2,3 %), d’autre part, la natalité reste à un niveau élevé, avec 800 000 nouveau-nés. « De telles fluctuations ont été observées dans le passé », ajoute l’institut.

La baisse s’explique par la diminution du nombre de femmes en âge de procréer depuis 1995 et le léger recul de la fécondité en 2015: 1,96 enfant par femme, contre 2 en 2014. | VISACTU

La baisse s’explique par la diminution du nombre de femmes en âge de procréer depuis 1995 et le léger recul de la fécondité en 2015 : 1,96 enfant par femme, contre 2 en 2014.

Néanmoins, l’Irlande et la France restent depuis 1999 les deux pays européens les plus féconds. Enfin, on estime que 239 000 mariages ont été célébrés en 2015, accusant un léger recul, dont 8 000 entre personnes de même sexe, contre 10 522 l’année précédente.


Coronavirus: Quel fiasco du siècle ? (When we lock down the whole world with potentially tremendous social and financial consequences while the fatality rate in the one situation where an entire, closed, largely elderly population was tested did not exceed 1 % ?)

18 mars, 2020
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Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres: gardez-vous d’être troublés, car il faut que ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas encore la fin. Une nation s’élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume, et il y aura, en divers lieux, des famines et des tremblements de terre. Tout cela ne sera que le commencement des douleurs. Alors on vous livrera aux tourments, et l’on vous fera mourir; et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom. Jésus (Matt. 24: 6-9)
La logique des pandémies dans l’histoire a toujours été une logique de guerre. C’est une logique qui vise à la guerre entre les hommes à l’intérieur de la société et entre les hommes à l’extérieur de la société. C’est une logique de guerre civile et une logique de guerre entre les civilisations. Comme c’est une logique de guerre, je pense que les moyens doivent être aujourd’hui stockés non pas individuellement mais au niveau des états. Et que les états utiliseront les moyens dont ils disposent le jour où on en aura besoin. Si vous mettez du tamiflu partout, vous allez le retrouver vendu sur internet ou dérobé dans les pharmacies par des gangsters. (…) Qu’est-ce qu’on peut faire du tamiflu aujourd’hui alors que le tamiflu doit être gardé pour une pandémie et que la pandémie n’existe pas ? Imaginez de voir dans les pharmacies françaises du tamiflu pour un Français sur quatre ? Les gens se battraient pour en avoir, le revendraient, se le voleraient et tout ça pour une chose qu’ils ne sauraient même pas comment s’en servir le jour où ça viendrait. Ce serait une totale absurdité. Au contraire, il faut rassurer les populations en disant: les armes vont être stockées par les institutions étatiques, elle sont en lieu sûr, elles ne vont pas disparaitre et le jour où on en aura besoin, elles seront là. Jean-Philippe Derenne (23.10.2005)
​Les événements qui se déroulent sous nos yeux sont à la fois naturels et culturels, c’est-à-dire qu’ils sont apocalyptiques. Jusqu’à présent, les textes de l’Apocalypse faisaient rire. Tout l’effort de la pensée moderne a été de séparer le culturel du naturel. La science consiste à montrer que les phénomènes culturels ne sont pas naturels et qu’on se trompe forcément si on mélange les tremblements de terre et les rumeurs de guerre, comme le fait le texte de l’Apocalypse. Mais, tout à coup, la science prend conscience que les activités de l’homme sont en train de détruire la nature. C’est la science qui revient à l’Apocalypse. René Girard
L’avenir apocalyptique n’est pas quelque chose d’historique. C’est quelque chose de religieux sans lequel on ne peut pas vivre. C’est ce que les chrétiens actuels ne comprennent pas. Parce que, dans l’avenir apocalyptique, le bien et le mal sont mélangés de telle manière que d’un point de vue chrétien, on ne peut pas parler de pessimisme. Cela est tout simplement contenu dans le christianisme. Pour le comprendre, lisons la Première Lettre aux Corinthiens : si les puissants, c’est-à-dire les puissants de ce monde, avaient su ce qui arriverait, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de la Gloire – car cela aurait signifié leur destruction (cf. 1 Co 2, 8). Car lorsque l’on crucifie le Seigneur de la Gloire, la magie des pouvoirs, qui est le mécanisme du bouc émissaire, est révélée. Montrer la crucifixion comme l’assassinat d’une victime innocente, c’est montrer le meurtre collectif et révéler ce phénomène mimétique. C’est finalement cette vérité qui entraîne les puissants à leur perte. Et toute l’histoire est simplement la réalisation de cette prophétie. Ceux qui prétendent que le christianisme est anarchiste ont un peu raison. Les chrétiens détruisent les pouvoirs de ce monde, car ils détruisent la légitimité de toute violence. Pour l’État, le christianisme est une force anarchique, surtout lorsqu’il retrouve sa puissance spirituelle d’autrefois. Ainsi, le conflit avec les musulmans est bien plus considérable que ce que croient les fondamentalistes. Les fondamentalistes pensent que l’apocalypse est la violence de Dieu. Alors qu’en lisant les chapitres apocalyptiques, on voit que l’apocalypse est la violence de l’homme déchaînée par la destruction des puissants, c’est-à-dire des États, comme nous le voyons en ce moment. Lorsque les puissances seront vaincues, la violence deviendra telle que la fin arrivera. Si l’on suit les chapitres apocalyptiques, c’est bien cela qu’ils annoncent. Il y aura des révolutions et des guerres. Les États s’élèveront contre les États, les nations contre les nations. Cela reflète la violence. Voilà le pouvoir anarchique que nous avons maintenant, avec des forces capables de détruire le monde entier. On peut donc voir l’apparition de l’apocalypse d’une manière qui n’était pas possible auparavant. Au début du christianisme, l’apocalypse semblait magique : le monde va finir ; nous irons tous au paradis, et tout sera sauvé ! L’erreur des premiers chrétiens était de croire que l’apocalypse était toute proche. Les premiers textes chronologiques chrétiens sont les Lettres aux Thessaloniciens qui répondent à la question : pourquoi le monde continue-t-il alors qu’on en a annoncé la fin ? Paul dit qu’il y a quelque chose qui retient les pouvoirs, le katochos (quelque chose qui retient). L’interprétation la plus commune est qu’il s’agit de l’Empire romain. La crucifixion n’a pas encore dissout tout l’ordre. Si l’on consulte les chapitres du christianisme, ils décrivent quelque chose comme le chaos actuel, qui n’était pas présent au début de l’Empire romain. (..) le monde actuel (…) confirme vraiment toutes les prédictions. On voit l’apocalypse s’étendre tous les jours : le pouvoir de détruire le monde, les armes de plus en plus fatales, et autres menaces qui se multiplient sous nos yeux. Nous croyons toujours que tous ces problèmes sont gérables par l’homme mais, dans une vision d’ensemble, c’est impossible. Ils ont une valeur quasi surnaturelle. Comme les fondamentalistes, beaucoup de lecteurs de l’Évangile reconnaissent la situation mondiale dans ces chapitres apocalyptiques. Mais les fondamentalistes croient que la violence ultime vient de Dieu, alors ils ne voient pas vraiment le rapport avec la situation actuelle – le rapport religieux. Cela montre combien ils sont peu chrétiens. La violence humaine, qui menace aujourd’hui le monde, est plus conforme au thème apocalyptique de l’Évangile qu’ils ne le pensent. René Girard
La prophétie de malheur est faite pour éviter qu’elle ne se réalise ; et se gausser ultérieurement d’éventuels sonneurs d’alarme en leur rappelant que le pire ne s’est pas réalisé serait le comble de l’injustice : il se peut que leur impair soit leur mérite. Hans Jonas
Annoncer que la catastrophe est certaine, c’est contribuer à la rendre telle. La passer sous silence ou en minimiser l’importance, à la façon des optimistes béats, conduit au même résultat. Ce qu’il faudrait, c’est combiner les deux démarches : annoncer un avenir destinal qui superposerait l’occurrence de la catastrophe, pour qu’elle puisse faire office de dissuasion, et sa non-occurrence, pour préserver l’espoir. C’est parce que la catastrophe constitue un destin détestable dont nous devons dire que nous n’en voulons pas qu’il faut garder les yeux fixés sur elle, sans jamais la perdre de vue. Jean-Pierre Dupuy
Depuis 30 ans, de mon observatoire hospitalier, j’ai vécu de nombreuses crises sanitaires, HIV, SRAS, MERS, résurgence de la tuberculose, bactéries multi-résistantes, nous les avons gérées dans le calme et très efficacement. Aucune n’a donné lieu à la panique actuelle. Je n’ai jamais vécu un tel degré d’inquiétude pour une maladie infectieuse et d’ailleurs pour aucune autre. Et pourtant, Je ne suis pas inquiet quant aux conséquences médicales du Coronavirus. Rien dans les chiffres actuels sur la mortalité et la diffusion du virus ne justifie la panique mondiale sanitaire et surtout économique. Les mesures prises sont adaptées et efficaces et elles permettront le contrôle de l’épidémie. C’est déjà le cas en Chine, foyer initial et de loin le plus important de cet agent infectieux, ou l’épidémie est en train de s’éteindre. L’avenir proche dira si je me suis trompé. Par contre, je suis inquiet des vols de masques et que ceux nécessaires à la protection des personnels soignants et des personnes à risque, nos anciens et celles déjà malades, en particulier les patients immunodéprimés, soient distribués pour une efficacité nulle dans les aéroports, les cafés et les centres commerciaux. (…) Je suis inquiet pour nos anciens déjà seuls et qu’il ne faut plus ni voir ni toucher de peur de les tuer. Ils mourront plus vite mais “seulement” de solitude. Nous avions l’habitude de ne pas rendre visite à nos parents et grands-parents si nous avions la grippe, pas de les éviter “au cas où” et pour une durée indéterminée, ce n’est en rien différent pour le coronavirus. (…) Je suis inquiet que notre système de santé, déjà en grandes difficultés, soit prochainement débordé par un afflux de malades au moindre signe de syndrome grippal. Ce sont alors toutes les autres maladies que nous ne pourrons prendre en charge. Un infarctus du myocarde ou une appendicite, ce sont toujours des urgences, un virus rarement. La couverture médiatique sur le coronavirus est très anxiogène et elle participe à l’affolement de chacun. (…) Le coronavirus ne tue (presque) que les organismes déjà fragiles. (…) Les morts qui se compteront alors par millions seront ceux de l’affrontement des individus dans l’indifférence totale de l’intérêt collectif. Pr Gilbert Deray
Le décompte en direct du nombre de cas et de morts en particulier fait ressentir que la progression du danger est terrible, alors qu’une telle multiplication est propre à toutes les épidémies ! Le même traitement dramaturgique appliqué à n’importe quelle autre infection respiratoire virale produirait la même perception de catastrophe. Imaginez : la grippe saisonnière tue entre 10’000 et 60’000 personnes en France chaque année dans l’indifférence générale. Un décompte « live » de l’extension géographique du virus et du nombre de morts serait tout aussi terrifiant… La carte donnée en sommet d’article reflète l’évolution hebdomadaire de l’épidémie de grippe saisonnière en France au cours de la saison 2016-2017. Rien de fondamentalement différent avec le Sars-CoV-2. Voici comment on transforme des événements sanitaires banals en catastrophe apparente… Cette considération, froide puisque rationnelle, ne devant impliquer aucun déni de la gravité des complications vécues dans une faible proportion des cas. Ceux sur lesquels nous alertent des médecins en front dans les services d’urgence, et qui bien sûr sont dramatiques. Toute détresse respiratoire aigüe requérant une assistance respiratoire est terrible, a fortiori lorsqu’il y a un certain nombre de cas. Toujours cet équilibre : bien sûr, le Sars-CoV-2 n’est pas une simple grippette ! Mais la grippe saisonnière non plus… Les appels à la panique (on en a lus) sont compréhensibles et face à tout « négationnisme » peuvent même faire sens. Mais aussi causer des dommages psychotraumatiques ! Ce qui est un nouveau sacré paradoxe. Comment paniquer sans paniquer tout en paniquant quand même suffisamment, mais pas trop non plus, voilà la situation compliquée dans laquelle nous sommes. Petit koan zen : paniquer sereinement ? Peut-être plus simplement : soyons responsables, engagés et vigilants pour ne nourrir ni l’inconscience ni la panique ! La notion de risque est cognitivement déroutante. Nous avons beau avoir affiné nos modèles probabilistes, la notion de risque encouru se réduit à une alternative bête et méchante pour chacun(e) d’entre nous : ou bien nous sommes en danger (ce qui est forcément hyper grave !), ou bien pas. Que nous ayons une chance sur cent, sur mille ou sur un million de mourir de quelque chose, notre cerveau effectue cette réduction en pilote automatique et c’est en l’occurrence le principal processus à l’origine de la psychose. D’où l’importance d’une mise en perspective de la part des scientifiques et des autorités. On observe un silence assourdissant des scientifiques et des autorités quant à cette juste mise en perspective des données. Certes, comparaison n’est pas raison. Rappeler, comme je l’ai fait précédemment, que la mortalité annuelle due à la pollution atmosphérique est de 550’000 personnes en Europe chaque année (1’000’000 en Chine, 5’000 en Suisse) relève d’un autre ordre de données puisque chaque personne décédée n’en aura pas contaminé d’autres… Toutefois, et sans cynisme, rappeler des ordres de grandeur est essentiel pour nuancer et contraster les données. Le monde entier panique parce que (à ce jour) le Sars-CoV-2 a tué 5’000 personnes, dans une pandémie que nous avons les moyens d’arrêter par des mesures raisonnables. Alors que le problème cité plus haut en tue chaque année près de 9’000’000 dans le monde, sans que les autorités ne s’en soucient réellement nulle part et sans générer la moindre panique collective ! Les maladies respiratoires infectieuses « courantes » font chaque année 2,6 millions de morts à travers le monde. Nous en sommes à 6’500 morts pour le COVID-19. La pire épidémie de grippe saisonnière en France (en 2017, ayant causé 60’000 morts) a réduit, de manière infime mais significative, l’espérance de vie nationale. Pour l’instant, avec le Sars-CoV-2, nous sommes dans un événement de faible amplitude de ce point de vue-là, et il faudrait des dizaines de milliers de morts supplémentaires chez nos voisins pour constater le moindre effet de cet ordre sur les statistiques de mortalité… Cela n’enlève rien au drame de chaque décès et au problème sanitaire majeur qui est posé. Mais doit nous protéger contre cette perception fausse en termes de santé publique que la situation actuelle est catastrophique. Elle est grave, dramatique, préoccupante, mais reste limitée en rapport de ce que serait une véritable catastrophe ou à d’autres problèmes sanitaires actuels bien plus délétères mais moins visibles. Les projections alarmistes des autorités sanitaires reposent sur des modèles mathématiques systématiquement surévalués. Les prédictions des épidémiologues font froid dans le dos. Dans le pire des cas, si nous ne faisions rien, il pourrait y avoir jusqu’à 70’000 morts en Suisse nous dit-on. La probabilité que ces projections se confirment est toutefois proche de zéro. Elles reposent sur une amplification à l’extrême des variables possibles selon le scénario du pire. Si le pire n’est en théorie pas absolument impossible, il est improbable en proportion de l’exagération des hypothèses. L’exemple chinois montre qu’avec des mesures au besoin vigoureuses il sera possible de contenir puis inverser les courbes épidémiques. D’où, bien sûr l’importance de la mobilisation en cours, mais sans peur particulière. Les données plaident à ce stade pour une certaine « banalité » du Sars-CoV-2. Contrairement à ce qui est déclamé, le nouveau coronavirus semble montrer pour l’instant une virulence et une létalité comparables à celles de différents coronavirus déjà en circulation dans nos contrées. C’est en tout cas l’analyse de l’Institut Méditerranée Infection, principal centre de compétence pour les maladies infectieuses en Europe. Son danger réside dans sa diffusion rapide et le nombre de cas requérant une hospitalisation. Ceci aujourd’hui compris et mesuré, les mesures prises visent à contenir autant que possible l’augmentation du nombre de cas critiques. Une fois le pic (et le flip) passés, le Sars-CoV-2 a toutes les probabilités de subsister comme le 21ème d’une série composée de 20 virus infectieux respiratoires déjà actifs, avec des caractéristiques en termes de virulence / contagiosité / létalité « habituelles ». Ou même de disparaître dans les mois qui viennent, aidés en cela par la mobilisation collective. Nous avons toutes les raisons d’espérer en l’immunité de groupe et l’effet d’atténuation. Lorsqu’une épidémie se répand, les personnes infectées (sans dommage pour l’immense majorité d’entre elles) développent une immunité qui par effet de masse devient un facteur de protection collective. Toute la logique vaccinale est basée sur ce principe. Ici, on évalue à 60% le seuil à partir duquel l’immunité de groupe mettra en échec la propagation du virus. C’est bien sûr beaucoup, mais certains de ces effets seront toutefois heureusement agissant avant cela… L’atténuation est un processus en lien avec le saut de la barrière inter-spécifique. On sait que le Sars-CoV-2 avait pour hôtes habituels d’autres espèces de mammifères. Quand un virus trouve le moyen d’envahir une nouvelle espèce et de s’y transmettre, on constate une virulence initiale, qui tend à s’atténuer par la suite. En fait, un virus n’a pas intérêt à tuer l’hôte qu’il envahit puisque sa propre survie en dépend. On peut donc espérer que la virulence -statistiquement relative- décroisse au cours des semaines. En particulier, l’usage de la chloroquine (la nivaquine, antipaludique bien connu des voyageurs tropicaux du siècle passé) semble prometteur. Il s’agit d’un médicament efficace sur les coronavirus, peu coûteux, dont la pharmacocinétique est parfaitement connue. Le Pr Raoult vient de démarrer un essai clinique à Marseille, faisant suite à une première étude in vivo publiée par les Chinois et faisant état de résultats intéressants : il réduirait la durée de portage viral de 12 à 4 jours (ces résultats étant à confirmer) dessinant un possible usage curatif aussi bien que pour prévenir la contagion. D’autres médicaments déjà employés sur d’autres virus sont en train d’être évalués, avec de bonnes chances de présenter une efficacité thérapeutique. Soyons sérieux, certes. Mais de grâce sortons de cette spirale insensée qui nous tient en haleine dans un état d’esprit apocalyptique. Il s’agit d’une situation sans précédent récent, mais avec un virus dans l’ensemble plutôt banal -malgré des conséquences graves dans une petite proportion de cas. Ces caractéristiques ne laissent pas sérieusement penser à ce stade que nous soyons face à une catastrophe sanitaire. Un état d’urgence sanitaire, oui. Une responsabilité sanitaire, oui. Un nécessaire engagement sanitaire de chacun(e), oui. Jean-Dominique Michel
The history of human coronaviruses began in 1965 when Tyrrell and Bynoe found that they could passage a virus named B814. It was found in human embryonic tracheal organ cultures obtained from the respiratory tract of an adult with a common cold. The presence of an infectious agent was demonstrated by inoculating the medium from these cultures intranasally in human volunteers; colds were produced in a significant proportion of subjects, but Tyrrell and Bynoe were unable to grow the agent in tissue culture at that time. At about the same time, Hamre and Procknow were able to grow a virus with unusual properties in tissue culture from samples obtained from medical students with colds. Both B814 and Hamre’s virus, which she called 229E, were ether-sensitive and therefore presumably required a lipid-containing coat for infectivity, but these 2 viruses were not related to any known myxo- or paramyxoviruses. While working in the laboratory of Robert Chanock at the National Institutes of Health, McIntosh et al reported the recovery of multiple strains of ether-sensitive agents from the human respiratory tract by using a technique similar to that of Tyrrell and Bynoe. These viruses were termed “OC” to designate that they were grown in organ cultures. Within the same time frame, Almeida and Tyrrell performed electron microscopy on fluids from organ cultures infected with B814 and found particles that resembled the infectious bronchitis virus of chickens. The particles were medium sized (80–150 nm), pleomorphic, membrane-coated, and covered with widely spaced club-shaped surface projections. The 229E agent identified by Hamre and Procknow and the previous OC viruses identified by McIntosh et al had a similar morphology. In the late 1960s, Tyrrell was leading a group of virologists working with the human strains and a number of animal viruses. These included infectious bronchitis virus, mouse hepatitis virus and transmissible gastroenteritis virus of swine, all of which had been demonstrated to be morphologically the same as seen through electron microscopy. This new group of viruses was named coronavirus (corona denoting the crown-like appearance of the surface projections) and was later officially accepted as a new genus of viruses. Ongoing research using serologic techniques has resulted in a considerable amount of information regarding the epidemiology of the human respiratory coronaviruses. It was found that in temperate climates, respiratory coronavirus infections occur more often in the winter and spring than in the summer and fall. Data revealed that coronavirus infections contribute as much as 35% of the total respiratory viral activity during epidemics. Overall, he proportion of adult colds produced by coronaviruses was estimated at 15%. (…) Given the enormous variety of animal coronaviruses, it was not surprising when the cause of a very new, severe acute respiratory syndrome, called SARS, emerged in 2002–2003 as a coronavirus from southern China and spread throughout the world with quantifiable speed. This virus grew fairly easily in tissue culture, enabling quick sequencing of the genome. Sequencing differed sufficiently from any of the known human or animal coronaviruses to place this virus into a new group, along with a virus that was subsequently cultured from Himalayan palm civets, from which it presumably had emerged. During the 2002–2003 outbreak, SARS infection was reported in 29 countries in North America, South America, Europe and Asia. Overall 8098 infected individuals were identified, with 774 SARS-related fatalities.26 It is still unclear how the virus entered the human population and whether the Himalayan palm civets were the natural reservoir for the virus. (…) Curiously data from seroepidemiologic studies conducted among food market workers in areas where the SARS epidemic likely began indicated that 40% of wild animal traders and 20% of individuals who slaughter animals were seropositive for SARS, although none had a history of SARS-like symptoms. These findings suggest that these individuals were exposed through their occupation to a SARS-like virus that frequently caused asymptomatic infection. Infection control policies may have contributed to the halt of the SARS epidemic. The last series of documented cases to date, in April 2004, were laboratory-acquired. (…) Since 2003, five new human coronaviruses have been discovered. Three of these are group I viruses that are closely related and likely represent the same viral species. Jeffrey S Kahn and Kenneth McIntosh (Nov 2005)
The immune system is a marvel of complexity and efficiency. It is designed to protect us from foreign invaders of all kinds, the most important of which are infectious agents, and from dangerous enemies that are generated within, like cancer. It is composed of a variety of defense strategies: it can generate chemicals to kill invaders; it can mobilize armies of cells to swallow them up; and it has an elaborate system whereby it can recognize thousands of substances that are foreign to our bodies and then neutralize them. For years it was thought by immunologists to be an autonomous system, though there were disconcerting stories about patients along the way that suggested that the mind might have something to do with the way it worked. For the most part these stories were discounted by the experts, but now there is concrete evidence that cannot be ignored that the brain is involved in the system. (…) there is a long history of awareness that the emotions have something to do with our susceptibility to or ability to fight off infection, but none of it is generally accepted by medical doctors and rarely applied in everyday practice. Frequent colds and genitourinary infections are among the most common but it is likely that psychological factors play a role in all infectious processes. As with cancer, it is the efficiency of the immune system to do its job of eradicating the infectious agent that is at issue. Stressful emotions can reduce that effectiveness and allow the infection to flourish but there is ample anecdotal evidence that people have the capacity to enhance immunologic efficiency by improving their emotional states. John E. Sarno (Healing back pain, 1991)
Overall, this Review suggests that the psychological impact of quarantine is wide-ranging, substantial, and can be long lasting. This is not to suggest that quarantine should not be used; the psychological effects of not using quarantine and allowing disease to spread might be worse. However, depriving people of their liberty for the wider public good is often contentious and needs to be handled carefully. If quarantine is essential, then our results suggest that officials should take every measure to ensure that this experience is as tolerable as possible for people. This can be achieved by: telling people what is happening and why, explaining how long it will continue, providing meaningful activities for them to do while in quarantine, providing clear communication, ensuring basic supplies (such as food, water, and medical supplies) are available, and reinforcing the sense of altruism that people should, rightly, be feeling. Health officials charged with implementing quarantine, who by definition are in employment and usually with reasonable job security, should also remember that not everyone is in the same situation. If the quarantine experience is negative, the results of this Review suggest there can be long-term consequences that affect not just the people quarantined but also the health-care system that administered the quarantine and the politicians and public health officials who mandated it. The Lancet
L’idée d’une Chine naturellement pacifique et trônant, satisfaite, au milieu d’un pré carré qu’elle ne songe pas à arrondir est une fiction. L’idée impériale, dont le régime communiste s’est fait l’héritier, porte en elle une volonté hégémoniste. La politique de puissance exige de « sécuriser les abords ». Or les abords de la Chine comprennent plusieurs des grandes puissances économiques du monde d’aujourd’hui : la « protection » de ses abords par la Chine heurte de plein fouet la stabilité du monde. Et ce, d’autant qu’elle est taraudée de mille maux intérieurs qui sont autant d’incitations aux aventures extérieurs et à la mobilisation nationaliste. Que veut la République Populaire ? Rétablir la Chine comme empire du Milieu. (…) À cet avenir glorieux, à la vassalisation par la Chine, les Etats-Unis sont l’obstacle premier. La Chine ne veut pas de confrontation militaire, elle veut intimider et dissuader, et forcer les Etats-Unis à la reculade.  (…) Pékin a récupéré Hong-Kong – l’argent, la finance, les communications. L’étape suivante, c’est Taïwan – la technologie avancée, l’industrie, d’énormes réserves monétaires. Si Pékin parvient à imposer la réunification à ses propres conditions, si un « coup de Taïwan » réussissait, aujourd’hui, demain ou après-demain, tous les espoirs seraient permis à Pékin. Dès lors, la diaspora chinoise, riche et influente, devrait mettre tous ses œufs dans le même panier ; il n’y aurait plus de centre alternatif de puissance. La RPC contrôlerait désormais les ressources technologiques et financières de l’ensemble de la « Grande Chine ». Elle aurait atteint la masse critique nécessaire à son grand dessein asiatique. Militairement surclassés, dénués de contrepoids régionaux, les pays de l’ASEAN, Singapour et les autres, passeraient alors sous la coupe de la Chine, sans heurts, mais avec armes et bagages. Pékin pourrait s’attaquer à sa « chaîne de première défense insulaire » : le Japon, la Corée, les Philippines, l’Indonésie. La Corée ? Privée du parapluie américain, mais encore menacée par l’insane régime nord-coréen, elle ferait face à un choix dramatique : soit accepter l’affrontement avec le géant chinois, se doter d’armes nucléaires et de vecteurs balistiques, et d’une défense antimissiles performante, soit capituler, et payer tribut, tel un vassal, au grand voisin du sud. Elle pourrait théoriquement s’allier au Japon pour que les deux pays – dont les rapports ne sont jamais faciles – se réarment et se nucléarisent ensemble. Il est également possible – c’est le plan chinois – qu’ils se résolvent tous deux à capituler. Le Japon, géant techno-industriel, nain politico militaire, archipel vulnérable, serait confronté au même dilemme. L’Asie du Sud-Est, sans soutien américain ni contrepoids à la Chine en Asie du Nord, est désarmée. Tous montreraient la porte aux Etats-Unis, dont les bases militaires seraient fermées, en Corée et au Japon. Les Etats-Unis seraient renvoyés aux îles Mariannes, Marshall et à Midway – comme l’entendait le général Tojo, le chef des forces armées impériales du Japon et l’amiral Yamamoto, le stratège de l’attaque de Pearl Harbour en 1941. La Chine est-elle maîtresse de l’Asie ? Reste à neutraliser l’Inde, l’égale démographique, la rivale démocratique, anglophone, peu disposée à s’en laisser compter. Mais il faut la clouer sur sa frontière occidentale par l’éternel conflit avec le Pakistan islamiste et nucléaire. La Chine doit neutraliser l’Inde, ou l’attaquer, avant que ses progrès économiques et militaires ne lui confèrent une immunité stratégique. La Mongolie « extérieure » est récupérée, Pékin ne s’étant jamais accommodé de son indépendance ni de sa soumission à la Russie. Plus loin, le traité de Pékin de 1860, qui donna à la Russie les territoires de l’Extrême-Orient russe, pourra être effacé ou abrogé, la faiblesse russe allant s’aggravant. Au XXIe siècle, l’hégémonie asiatique, c’est le tremplin vers la domination mondiale. Harold Mackinder, le géopoliticien britannique, affirmait il y a un siècle que la domination du cœur de l’Eurasie, c’était la domination du monde. Les déplacements tectoniques intervenus dans l’économie et la politique mondiale font de l’Asie peuplée, riche et inventive, le pivot de la domination mondiale. Tel est le grand dessein chinois, à un horizon qui peut être placé entre 2025 et 2050. Pour qu’il réussisse, la condition nécessaire est l’élimination des Etats-Unis comme facteur stratégique majeur dans l’Asie-Pacifique. Objectera-t-on qu’il y a là une bonne dose d’irréalisme ? Le PNB du Japon de 1941 ne se montait guère qu’à 20 pour cent de celui des Etats-Unis. L’erreur de calcul est commune dans les affaires internationales, et fournit souvent la poudre dont sont faites les guerres. L’aptitude à se méprendre du tout au tout sur les rapports de force est caractéristique des dictatures. La Pax Sinica désirée par le nouvel hégémon bute sur bien d’autres obstacles. La course au nationalisme des dirigeants du régime est non seulement le produit atavique d’une tradition dont nous avons démonté les ressorts – « de même qu’il n’y a pas deux soleils dans le ciel, il ne peut y avoir qu’un empereur sur terre », dit le Livre des rites confucéen – elle est également le produit d’une fuite en avant provoquée par les multiples crises qui affligent la Chine. Le régime devrait résoudre la quadrature du cercle pour maîtriser ces crises : la perspective est improbable. L’échec probable rend possible l’ouverture d’un nouveau cycle de crise systémique. L’agressivité nationaliste du régime en serait aggravée. Jamais ses chefs n’ont été aussi isolés de la société, jamais la Chine n’a été aussi anomique qu’elle ne l’est devenue sous la férule de Jiang Zemin. L’absurde méga-projet de projet de barrage des Trois-Gorges sur le Yangzien en est l’éclatante démonstration : ce chantier pharaonique absorbe des investissements gigantesques au détriment de bien des projets plus réalistes, dans le but de résoudre en quelque sorte d’un seul coup la pénurie d’électricité nationale. Les études de faisabilité et d’impact environnemental ont été bâclées : nu ne sait ce qui adviendra de ce bricolage géant sur le géant fluvial de Chine du Sud. Les risques de catastrophe écologique sont considérables. Des millions de villageois ont été délogés. La corruption s’est emparée du projet, au point de menacer la stabilité et la solidité du barrage : le sable a remplacé le béton dans un certain nombre d’éléments du barrage. Une société moderne ne peut être gérée sur la base des choix arbitraires de quelques centaines de dirigeants reclus, opérant dans le secret et en toute souveraineté. Ce que les tenants, aujourd’hui déconfits, des « valeurs asiatiques », n’avaient pas compris, dans leurs plaidoyers pro domo en faveur d’un despotisme qu’ils prétendaient éclairé, c’est que les contre-pouvoirs, les contrepoids, que sont une opposition active, une presse libre et critique, des pouvoirs séparés selon les règles d’un Montesquieu, l’existence d’une société civile et de multitudes d’organisations associatives, font partie de la nécessaire diffusion du pouvoir qui peut ainsi intégrer les compétences, les intérêts et les opinions différentes. Mais, pour ce faire, il convient de renoncer au modèle chinois, c’est-à-dire au monolithisme intérieur. La renonciation au monolithisme extérieur n’est pas moins indispensable : la Chine doit participer à un monde dont elle n’a pas créé les règles, et ces règles sont étrangères à l’esprit même de sa politique multimillénaire. La Chine vit toujours sous la malédiction de sa propre culture politique. La figure que prendra le siècle dépendra largement du maintien de la Chine, ou de l’abandon par elle, de cette culture, et de sa malédiction. Laurent Murawiec (2000)
As early as Dec 27, a Guangzhou-based genomics company had sequenced most of the virus from fluid samples from the lung of a 65-year old deliveryman who worked at the seafood market where many of the first cases emerged. The results showed an alarming similarity to the deadly Sars coronavirus that killed nearly 800 people between 2002 and 2003. Around that time, local doctors sent at least eight other patient samples from hospitals around Wuhan to multiple Chinese genomics companies, including industry heavyweight BGI, as they worked to determine what was behind a growing number of cases of unexplained respiratory disease. The results all pointed to a dangerous Sars-like virus. That was days before China notified the World Health Organisation (WHO) on Dec 31 about the emergence of an unidentified infectious disease, two weeks before it shared the virus’ genome sequence with the world, and crucially, more than three weeks before Chinese authorities confirmed publicly that the virus was spreading between people. Concerns about the new disease were initially kept within a small group of medical workers, researchers and officials. On Dec 30, Dr Li Wenliang was one of several in Wuhan who sounded the first alarms and released initial evidence online. Dr Li, who was punished for releasing the information, would perish from the disease five weeks later, after contracting it from a patient. On Jan 1, after several batches of genome sequence results had been returned to hospitals and submitted to health authorities, an employee of one genomics company received a phone call from an official at the Hubei Provincial Health Commission, ordering the company to stop testing samples from Wuhan related to the new disease and destroy all existing samples. (…) Then on Jan 3, China’s National Health Commission (NHC), the nation’s top health authority, ordered institutions not to publish any information related to the unknown disease, and ordered labs to transfer any samples they had to designated testing institutions, or to destroy them. The order, which Caixin has seen, did not specify any designated testing institutions. It was Jan 9 when the Chinese authorities finally announced that a novel coronavirus was behind Wuhan’s viral pneumonia outbreak. Even then, the transmissibility of the virus was downplayed, leaving the public unaware of the imminent danger. Finally, on Jan 20, Dr Zhong Nanshan, a leading authority on respiratory health who came to national attention in his role fighting Sars, confirmed in a TV interview that the disease was spreading from person-to-person. (…) On the evening of Dec 30, several doctors in Wuhan, including the late Dr Li Wenliang, privately shared CapitalBio’s results as a warning to friends and colleagues to take protective measures. Those messages then circulated widely online and sparked a public uproar demanding more information. Several people, including Dr Li and two other doctors who sent the messages that night, were later punished by the authorities for « spreading rumours ». Caixa Global (29.02. 2020)
La vie continue. Il n’y a aucune raison, mis à part pour les populations fragilisées, de modifier nos habitudes de sortie. Emmanuel Macron (7.03.2020)
We want to build “group immunity” while waiting for a vaccine, by letting the least vulnerable people catch the virus while protecting the elderly and sick. This could take “months, or even longer. There’s no easy message to you this evening… The reality is that a large part of the Dutch population will be infected by the coronavirus. That is what the experts are telling us. But unlike Italy or Spain which have imposed draconian measures on movement to curb the virus, the Netherlands is not going to go “completely locked. In that scenario, we would actually have to shut down our country for a year or even longer, with all its consequences, as the virus could re-emerge immediately if the measures were withdrawn. Mark Rutte (Dutch Prime Minister)
There’s no other country in the world managing the epidemic in the same way. But it’s not an insane decision. And it might actually pay off. The idea is more to minimize the number of casualties over the long term, and that’s completely unique. All other countries are firefighting in the short term. Pr Francois Balloux (University College London)
En Italie, le patient « zéro » n’a pas pu être identifié. Seul le patient «un» est connu: un cadre de 38 ans, pris en charge au service des urgences de Codogno, en Lombardie et qui semble avoir été un amplificateur majeur de la diffusion initiale du nouveau coronavirus. On ignore toutefois comment cet homme a contracté l’infection, n’ayant pas voyagé lui-même dans une zone à risque, ni fréquenté des personnes déjà malades. Une hypothèse évoque une contamination à Munich, en Allemagne, auprès d’une personne en provenance de Shanghai. « Le virus est probablement arrivé d’un autre pays européen, donc pas directement de Chine. Puis il a circulé de façon souterraine de fin janvier au 21 février, explique le Pr Massimo Galli chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital Luigi Sacco (Milan). Il s’est diffusé de façon très efficace dans la zone rouge, sans qu’aucune mesure de contrôle ne soit mise en place. » À ce stade, les premiè·res malades n’ont donc pas été diagnostiqué·es, leurs symptômes pouvant être assimilés à de simples grippes saisonnières. Ce n’est que dans la dernière semaine de février qu’une première alerte a pu être donnée, notamment grâce à Attilio Fontana, président de la Lombardie, qui a annoncé s’être mis de lui-même en quarantaine, un de ses collaborateurs ayant été infecté par le virus. Il a alors annoncé cette décision sur Facebook via une vidéo où on le voit en train de mettre un masque chirurgical. Plus de 300 personnes avaient alors déjà été testées positives en Lombardie. On devait également découvrir que l’Italie n’avait pas fait de véritable contrôle des retours d’Italien·nes en provenance de Chine en janvier. Le gouvernement avait certes interdits certains vols, mais des Italien·nes qui étaient en Chine sont rentré·es en Italie par des voies différentes, via d’autres pays –de même que des citoyen·nes chinois·es ont pu venir par ces mêmes voies en Italie. « Je crois que nous avons fait des erreurs, reconnaît Mateo Renzi. L’Italie était la première à décider d’arrêter les vols entre la Chine et l’Italie en janvier. Cette décision semblait une très bonne décision mais c’était seulement un bloc de vols directs. Mais beaucoup de Chinois ont décidé d’arriver en Italie avec d’autres vols. Aujourd’hui, il n’est pas nécessaire d’arrêter les vols directs. Ce qui est nécessaire, c’est d’arrêter les occasions de rendez-vous, les échanges. Aujourd’hui, c’est plus important de fermer les écoles que les vols directs. » Ce fut l’une des premières explications avancées par les spécialistes italien·nes pour expliquer la situation de leur pays: on y pratiquait beaucoup plus de tests de dépistage que dans les autres pays d’Europe. Ainsi, les patient·es présentant des symptômes mais ne nécessitant pas d’hospitalisation étaient d’emblée comptabilisé·es. (…) Les explications des spécialistes italien·nes peuvent sans aucun doute expliquer l’augmentation du nombre de cas détectés en Italie. Pour autant elles ne suffisent pas à expliquer l’important taux de mortalité du coronavirus observé dans le pays. Une analyse complète publiée le 17 février par le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (CCDC) établit que le taux de létalité du Covid-19 augmente avec l’âge: 3,6% chez les 60-69 ans, 8% chez les 70-79 ans et 14,8% chez les plus de 80 ans. Or on sait que la population italienne est celle dont la moyenne d’âge est la plus élevée de l’Union européenne. Près d’un·e Italien·ne sur quatre (23%, contre 19,6% en France –données Eurostat) est âgé·e de plus de 65 ans. Et au niveau mondial, l’Italie occupe la deuxième place derrière le Japon. Est-ce suffisant pour expliquer le nombre important de cas et de décès observés dans le pays? Les avis des spécialistes, ici, divergent. (…) La situation ainsi créée met avant tout en lumière les difficultés massives rencontrées par un système sanitaire devant, en urgence, répondre à un afflux massif et brutal de malades. La leçon est d’autant plus importante que ce phénomène a concerné la Lombardie, l’une des régions les plus riches d’Europe et les mieux équipées, en infrastructures comme en compétences. « S’il y a autant de morts, c’est que nous n’avons pas réussi à les soigner, estime l’épidémiologiste italien Carlo La Vecchia. En Italie, les services sanitaires ne sont plus en mesure de fournir d’assistance respiratoire. Il n’y a pas assez d’appareils, mais surtout il n’y a pas assez de personnel en mesure de les utiliser. Nous manquons de structures adaptées. » (…) L’un des meilleurs systèmes de santé au monde, celui de la Lombardie, est à deux pas de l’effondrement», explique le Dr Pesenti dans une interview au quotidien milanais Il Corriere della Sera. (…) « C’est un cauchemar, confie le Dr Bassetti. Nous avons beaucoup de patients âgés avec des comorbidités, mais nous avons aussi beaucoup de patients plus jeunes, qui souffrent de pneumonies avec une insuffisance respiratoire», explique le médecin, ce qui requiert «une ventilation pendant une semaine ou deux ». (…) Il faut se rappeler que la pandémie de grippe de 1918 (très bien étudiée aux États-Unis) avait diffusée en trois vagues successives. La première (fin du printemps 1918) souvent appelée «annonciatrice» avait des caractéristiques qui ressemblent un peu à la dynamique observée actuellement avec le Covid-19. La deuxième (au début de l’automne 1918) fut la plus haute et la plus meurtrière. Quant à la troisième (hiver 1918-1919) elle fut plus haute que la première, mais inférieure à la deuxième. Un tel scénario est tout à fait envisageable désormais avec le Covid-19. Nous assisterions alors aujourd’hui à des soubresauts un peu erratiques qui ne seraient que le tout début d’un processus qui s’annoncerait prolongé mais long et entrecoupé de répits durant les périodes estivales, au moins dans les latitudes tempérées. Un élément plaide pour une telle «pause estivale»: c’est le calme relatif actuellement observé dans l’hémisphère sud. Cette hypothèse se verrait renforcée si nous devions observer, à l’approche de l’hiver austral (juin-septembre), une émergence marquée de l’activité virale en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud et en Amérique Latine. Slate
While countries across Europe have shut schools, sporting events and even restaurants and bars, Mr. Johnson has largely kept Britain open, opting for more targeted measures like asking people with respiratory symptoms to stay home. In effect, his government has said that mass closures will not halt the outbreak, and that exposing a large segment of the population will help build immunity and limit future infections. That strategy has startled some epidemiologists, drawn criticism from a former health secretary and political ally, and prompted angry demands that Mr. Johnson’s government reveal more of its reasoning. Cases of the coronavirus in Britain, held low for weeks as officials tracked down the contacts of known patients, have now surged, rising to nearly 800 on Friday from fewer than 600 a day before. With testing limited to hospital patients, Mr. Johnson said on Thursday that the true number of people infected may be as many as 10,000. (…) The government is leaning heavily on skepticism in some scientific circles about the effectiveness of mass closures. Some epidemiologists fear that closing schools only pulls front-line doctors and nurses away from their work, and believe that large events are less dangerous for spreading the virus than more intimate gatherings at bars or at people’s homes. It has also said that the measures it has taken, like asking people with persistent coughs and high temperatures to stay home for a week, will reduce the spread of the virus considerably. But British advisers are also leaning on a more contentious theory: that exposing a large proportion of the population to the coronavirus could help people develop immunity, and put Britain in a better position to defend itself against the virus roaring back next winter. Sir Patrick Vallance, England’s chief scientific adviser, said the government was looking “to build up some kind of herd immunity so more people are immune to this disease and we reduce the transmission.” Herd immunity, a term usually used to refer to the way mass vaccinations can stop the spread of disease and protect people who are not immune, is not seen by many scientists as a tool to be used against the coronavirus. Mr. Vallance has said that it would require roughly 60 percent of Britons to become infected, creating enough immunity in the population that a second surge in cases next winter would be less severe. But experts said that was an unusual and untested approach, and that it would be impossible to keep older and more vulnerable people from becoming infected too, putting them at a significant risk. They cautioned that the science was unsettled on how quickly people develop immunity to the coronavirus, and for how long. And experts urged the government to show more of the evidence behind its thinking. (…) In this instance, Mr. Johnson has fashioned himself as the dispassionate answer to leaders across Europe who have acted more aggressively. But his government is not immune from public alarm, signaling late Friday night that it would reverse course on at least some aspects of its approach. It told British news outlets that it would ban some mass gatherings, like sporting matches and concerts, starting next weekend, and lay the groundwork for more widespread working at home. (…) Mr. Johnson’s government itself moved on Friday to postpone hundreds of local elections and the London mayoral election for a year after a watchdog said the coronavirus would affect campaigning and voting. But Mr. Johnson has resisted other measures, like closing schools, restricting mass gatherings, steering people away from restaurants or bars and banning crowds from sporting events. “They’re trying to walk this terrible balance between not alarming the public, not hurting the economy, but making sure you try to flatten this epidemic,” said Roy Anderson, a professor of infectious disease epidemiology at Imperial College London. “Is it going to work? I’m not sure, to be honest.” The strategy amounts to a blunt admission by the British government that stopping the coronavirus here was now impossible, and replicating the success of places like Hong Kong that have encouraged more extreme social distancing a futile hope. Instead, Britain is effectively banking that its more modest restrictions will keep the outbreak limited until summer, scientists said. By then, it hopes that the warmer weather will reduce further transmission — though virologists still do not know if that will hold true — and the National Health Service, free of the usual wintertime crowds, will be better able to cope with whomever is infected. (…) But the clamor for short-term firefighting has picked up in recent days. Jeremy Hunt, the former health secretary, who like Mr. Johnson is a Conservative lawmaker, broke ranks and called for more stringent restrictions: banning visitors from nursing homes, encouraging people to work from home and closing schools. The New York Times
C’était déjà tendu sur le bateau, lundi après-midi… On est passé in extremis. Et l’accueil des Belillois est glacial : ils nous reprochent d’apporter le virus, de vider les rayons des supermarchés et de risquer de prendre les rares lits d’hôpital. Mathilde
Ceux là même qui à longueur de temps pestent contre les nuisances sonores et olfactives de nos campagnes (clochers, coqs, tracteur, fumier etc…etc..) font profils bas? et ils ont bien raison!!!! peut être sont ils porteurs du virus sans le savoir, quitte à contaminer les autochtones, mais bon sang restez chez vous qu’il à dit le ministre !!!!!!!!  Autochtone en colère
« En chômage technique, nous sommes avec deux enfants dans un appartement de 60 m². Nous préférons nous isoler à Sauzon, où nous avons une résidence secondaire », confiait ce mardi matin un couple de Parisiens sur la place du marché resté ouvert. Comme eux, de nombreux résidents secondaires ont fait le choix de quitter leur résidence principale, anticipant les restrictions de déplacements et faisant fi des alertes sanitaires. « Il serait dommage que cet afflux de visiteurs aggrave la situation plutôt bien contenue jusqu’ici dans le territoire », s’alarme un médecin du pays d’Auray, qui constitue l’un des premiers foyers épidémiques apparus en France, et où les établissements scolaires sont fermés depuis déjà 15 jours. Les personnels de la compagnie Océane, qui exploite les liaisons maritimes avec le continent pour le compte de la Région Bretagne, ont constaté depuis dimanche une hausse massive du nombre de passagers sur leurs navires. Les bateaux taxis sont sollicités pour contourner la limitation du nombre de voyageurs, « mais nous refusons, car nous ne sommes pas équipés sanitairement », témoigne l’un d’eux. Les entreprises de gardiennage de véhicules sont débordées, les loueurs de voitures ont fermé et des files d’attente sont rapidement apparues devant les commerces du port de Palais. De quoi créer de vives tensions sur la plus grande des îles bretonnes (quelque 5 500 résidents à l’année), qui ne compte officiellement aucun cas coronavirus. « C’était déjà tendu sur le bateau, lundi après-midi… On est passé in extremis. Et l’accueil des Bellilois est glacial : ils nous reprochent d’apporter le virus, de vider les rayons des supermarchés et de risquer de prendre les rares lits d’hôpital », résume Mathilde, venue se réfugier à Locmaria avec sa fille. « Mon voisin m’a fait la morale derrière sa haie, alors que je déchargeais mes valises… Du coup, on culpabilise et on fait profil bas, en se promettant d’appliquer au mieux les mesures de confinement, sans quitter la maison, où il y a de quoi faire au jardin ! ». Dans un communiqué annonçant la limitation des rotations vers le continent, Frédéric Le Gars, président de la communauté de communes de Belle-Ile-en-Mer, demandait dès lundi aux résidents secondaires de ne pas venir, « eu égard aux capacités de l’île ». « Il y a clairement un risque de saturation de notre hôpital local, qui n’a pas de salle de réanimation, et donc d’engorgement des évacuations sanitaires vers le continent », alerte Thibault Grollemund, nouveau maire de Palais et président du conseil de surveillance de l’hôpital de Belle-Ile. Il appelle ses concitoyens « à la retenue et au civisme. L’île continuera d’être approvisionnée normalement, pas la peine de se précipiter dans les magasins ». Il demandait depuis plusieurs jours une limitation du nombre de passagers et de rotations, réduites à deux par jour à partir de ce mercredi et peut-être à une seule dans les jours qui viennent. Trop tard pour beaucoup d’îliens, qui se sentaient jusqu’ici protégés par l’océan. Le Télégramme
Aug 8, 2011 (CIDRAP News) – Researchers who combed through scores of serologic studies estimate that the global cumulative incidence of pandemic H1N1 influenza infection before vaccines became available was probably below 20%, far lower than the 50% that pandemic planners had envisioned as a possible worst case. They came up with an overall estimate of 11% to 21%, according to their report in PLoS One … [ie. 0.7 to 1.4 billion] CIDRAP
June 25, 2012 — A study published today in The Lancet Infectious Diseases Online Firstexternal icon provides the first global estimates of how many people died as a result of the 2009 H1N1 influenza pandemic. The study, co-authored by 9 members of the CDC Influenza Division, used an improved modeling approach which resulted in an estimated range of deaths from between 151,700 and 575,400 people who perished worldwide from 2009 H1N1 virus infection during the first year the virus circulated. A disproportionate number of deaths occurred in Southeast Asia and Africa, where access to prevention and treatment resources are more likely to be limited. Study authors hope that this work can be used not only to improve how influenza deaths are estimated, but also to improve the public health response during future pandemics in parts of the world that suffer more influenza-related deaths. These global estimates are more than 15 times higher than the number of laboratory-confirmed deaths reported to the World Health Organization (WHO). WHO has acknowledged for some time that official, lab-confirmed reports are an underestimate of actual number of influenza deaths. Diagnostic specimens are not always collected from people who die with influenza; for others, influenza virus may not be detectable by the time of death. Because of these challenges, modeling is used to estimate the actual burden of disease. (…) Though the most recent influenza pandemic was hard on the young, the impact on the global population overall during the first year was less severe than that of previous pandemics. Estimates of pandemic influenza mortality ranged from 0.03% of the world’s population during the 1968 pandemic to 1–3% of the world’s population during the 1918 pandemic. It was estimated that 0.001–0.007% of the world’s population died of respiratory complications associated with 2009 H1N1 virus infection during the first 12 months the virus circulated (or 0.001–0.011% when cardiovascular deaths were included). Because respiratory or cardiovascular influenza-related complications can lead to death, researchers estimated both respiratory and cardiovascular deaths to reach a total global estimate of mortality. An estimated 105,700-395,600 respiratory deaths occurred, while an additional 46,000-179,900 deaths were attributed to cardiovascular complications. (Influenza-associated cardiovascular deaths were only estimated in persons 18 years of age and older since cardiovascular complications are relatively rare in children younger than 18 years.) CDC
By the time the vaccines became widely available in November, though, H1N1 was already on the decline. By January, many countries were canceling their vaccine orders, and a German physician and former Social Democratic politician was leading a campaign lambasting the WHO for declaring a “fake” pandemic to gin up business for pharmaceutical manufacturers. That doesn’t seem fair, given that H1N1 did infect as much as 24% of the world’s population. The overall fatality rate was quite low, at about 0.02% of estimated cases — five time lower than the 0.1% average fatality rate for the seasonal flu — but that’s mainly because H1N1 had little effect on the demographic usually hit hardest by influenza: those 65 and older. For younger people, H1N1 was more dangerous than the seasonal flu, and in countries in South Asia and Africa with youthful populations the H1N1 pandemic really was a big deal, with the CDC later estimating a global death toll ranging from 151,700 to 575,400. Still, that’s lower than the range that the CDC and WHO now put on the annual death toll from seasonal flu: 290,000 to 650,000. In the U.S., an estimated 60.8 million people contracted the new H1N1 virus from April 2009 through April 2010, 274,304 were hospitalized and 12,469 died. Because the CDC changed the statistical model it uses to make such estimates in 2010 that last number can’t really be compared to recent estimates of seasonal flu fatalities, which ranged from 12,000 in 2011-2012 to 61,000 in 2017-2018. But earlier estimates of overall flu-related deaths in 2008-2009 and 2009-2010 indicate that both flu seasons were less deadly than average. (…) of the cases reported to the WHO so far 3.4% have resulted in fatalities. That’s probably misleadingly high because there are so many unreported cases, and in South Korea, which has done the best job of keeping up with the spread of the virus through testing, the fatality rate so far is about 0.7%. But even that is 35 times worse than H1N1 in 2009 and 2010. Multiply 12,469 by 35 and you get 436,415 — which would amount to the biggest U.S. infectious-disease death toll since the 1918 flu. Hospitalization rates are also many times higher for Covid-19, meaning that if it spread as widely as H1N1 it would overwhelm the U.S. health-care system. That’s one very important reason governments (and stock markets) around the world have reacted so much more strongly to Covid-19 than to the 2009 H1N1 pandemic. Another reason is somewhat more hope-inspiring. It’s that public health experts generally don’t think influenza can be controlled once it starts spreading, other than with a vaccine, whereas several Asian countries seem to have successfully turned back the coronavirus tide, for now at least. Influenza can’t be controlled because as much as half the transmission of the disease occurs before symptoms appear. With Covid-19 that proportion seems to be lower, meaning that even though it’s more contagious than influenza once symptoms appear, it may be possible to control by testing widely and quickly isolating those who have the disease. This is one reason (there are others) the WHO’s Tedros won’t call it a pandemic. “The threat of a pandemic has become very real,” he said Monday. “But it would be the first pandemic in history that could be controlled.” H1N1 couldn’t be controlled in 2009, but was mild enough that this did not lead to disaster. Covid-19 is a much more dangerous disease that maybe, just maybe, can be stopped. Bloomberg
Nous sommes encore au tout premier stade de la pandémie liée au virus A (H1N1) et le plus difficile est sans doute à venir. Keiji Fukuda, l’adjoint du directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), estimait vendredi que 2 milliards de personnes dans le monde seront touchées par cette infection dans les deux ans à venir. Des prédictions basées sur l’extrême rapidité de circulation du virus qui, quatre mois seulement après son apparition au Mexique, aura bientôt frappé la totalité des pays de la planète : 160 des 193 États membres de l’OMS sont désormais concernés. Selon Grégory Hartl, porte-parole de l’Organisation, il y aurait déjà près de 800 décès dus à cette grippe dans le monde, pour des centaines de milliers de personnes déjà contaminées. Si le taux de mortalité semble faible, il n’est pas encore mesuré avec précision, tant le nombre exact de personnes ayant été infectées reste imprécis. Le virus, très contagieux, n’entraîne dans une majorité de cas que des troubles bénins, pouvant passer inaperçus, avec cependant un petit pourcentage de formes graves, là encore pas clairement chiffrées pour l’instant. C’est ce qu’a d’ailleurs confirmé vendredi le porte-parole de l’OMS en précisant que «plus il y a de cas, plus il y aura de morts», sans pouvoir avancer un taux de mortalité. «Nous n’avons ni le numérateur, ni le dénominateur pour faire le calcul» reconnaissant que «plusieurs questions n’ont toujours pas de réponse». Pour l’instant, les menaces qui pèsent sur notre pays, relativement épargné, sont de deux ordres. La première est celle d’une épidémie active annoncée et qui semble inéluctable, dès le mois de septembre, avec comme risque principal une désorganisation socio-économique – dont l’importance est encore difficile à apprécier -, si beaucoup de salariés, employés, ouvriers, cadres, sont malades en même temps. Et avec un taux certain de décès à déplorer, mais qui restera relativement limité. L’autre menace, c’est la mutation du virus H1N1 vers une forme plus grave et qui provoquerait alors un nombre de morts bien plus important. Ainsi, la pandémie de 1918 terriblement mortelle avait été précédée d’une épidémie estivale relativement bénigne. Cependant, les pandémies grippales de 1957 et 1968 n’ont pas connu une telle situation et les virus en cause n’ont pas évolué vers plus de virulence. «Nous devons savoir qu’il peut y avoir des changements et être prêts à cela», a dit M. Hartl. «Pour le moment, nous n’avons observé aucun changement dans le comportement du virus. Ce que nous observons, c’est son expansion géographique.» Dans l’hypothèse d’une telle mutation, quelle sera l’efficacité du vaccin qui est en cours de préparation ? Personne pour l’instant n’est capable de répondre à cette question. Mais par exemple, on sait que lors de la pandémie de 1918, ceux qui avaient été contaminés pendant la phase estivale et n’avaient souffert que d’une forme bénigne. Le Figaro
L’ensemble des chiffres sur la mortalité reste approximatif car l’incidence des grippes (tant saisonnières que celle-ci) est potentiellement sous-évaluée (et donc leur mortalité sur-évaluée) : étant donné le caractère bénin des symptômes, une proportion difficile à estimer de la population malade ne consulte pas et peut n’être pas prise en compte dans ces statistiques. D’après les données disponibles, le taux de mortalité global de cette grippe A (H1N1) reste faible et serait inférieur à celui de la grippe saisonnière. Ainsi « la proportion des morts dues au virus de la grippe A s’élève à 0,2 – 0,3 pour mille, soit un taux inférieur à la grippe habituelle, qui tuerait à peu près un patient sur mille ». Néanmoins chez les populations sans facteurs de risques et en particulier chez les enfants et les jeunes adultes, cette grippe A présente un taux de mortalité de 3 à 13 pour 100 000 qui est environ 50 fois plus élevé que ce qui est observé pour les grippes saisonnières dans ces populations où le taux de mortalité est de l’ordre de 0.2-0.3 pour 100 000. Dans le monde, la grippe saisonnière tue chaque année entre 250 000 et 500 000 personnes. En France, la grippe tue entre 10 000 et 15 000 personnes par an et elle en tue chaque année de l’ordre de 36 000 aux États-Unis. Elle ne tue cependant que la fraction de la population la plus fragile : les personnes âgées, celles atteintes d’affections de longue durée ou les plus jeunes enfants. Ce profil de léthalité semble se dessiner pour la grippe A (H1N1) et pour les pays riches. Richard Besser, directeur des Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC) indique qu’il est : « encourageant de constater que ce virus n’avait pas l’air jusqu’à présent plus sévère qu’une souche de grippe saisonnière. » Le Brésil, où la grippe A (H1N1) a tué 657 personnes (août 2009), est le pays qui compte le plus grand nombre de décès dûs au H1N1 dans le monde. Néanmoins, à l’issue de la phase pandémique, les États-Unis sont le pays comptant le plus de victimes avec 3 132 décès, le Brésil arrivant en 2e position avec 1 705 morts. L’impact psychologique de la létalité de la grippe A (H1N1) de 2009 diffère grandement de la grippe saisonnière. En effet, alors que « les virus de la grippe saisonnière peuvent entraîner des formes compliquées voire mortelles notamment chez les personnes âgées (90 % des décès touchent des personnes de plus de 65 ans), le virus A(H1N1) semble s’en prendre plus particulièrement aux adultes jeunes et aux enfants, globalement les sujets de 5 à 50 ans. L’explication la plus plausible est que les sujets jeunes n’ont pas eu l’occasion d’être exposés aux virus de la famille H1N1 qui ont circulé abondamment jusque dans les années 1950 ». Ainsi, en tenant compte de l’espérance de vie des victimes, cette souche de grippe pourrait avoir sensiblement dépassé celles des grippes saisonnières les plus sévères. (…) L’un des plus grands élevages industriels de porcs, situé à La Gloria (en) dans la municipalité de Perote dans l’État de Veracruz, au Mexique, est suspecté, par la population locale fortement touchée et les autorités environnantes, d’être à l’origine de la pandémie. Dans un premier temps, les autorités mexicaines pensent y avoir trouvé le patient zéro : Edgar Hernandez, malade fin mars d’un cas avéré de H1N1. Toutefois, le 30 avril, le centre de contrôle d’Atlanta publie un rapport sur un autre cas au Mexique ayant développé le virus mi-mars, soit 15 jours avant Hernandez. Le 23 juin 2009, le New York Times rapporte que le département de l’Agriculture des États-Unis a déclaré que « contrairement à l’hypothèse courante qui est que le virus pandémique de la grippe a pour origine des fermes industrielles du Mexique », le virus a « plus probablement émergé de porcs en Asie et a voyagé jusqu’en Amérique du Nord chez un humain ». Dans son numéro de juillet-septembre 2009, le magazine l’Écologiste défend le point de vue que « l’élevage concentrationnaire des animaux favorise les recombinaisons de virus », en s’appuyant sur des références scientifiques. (…) L’Organisation mondiale de la santé, tient depuis la détection du virus un décompte des décès imputables, de manière confirmée, au moins en partie à la grippe A H1N1. Celui-ci s’élevait le 4 juin 2010, à 18 138 mort. Cependant, les tests qui mènent à ces confirmations ne sont pas menés de façon systématique. L’afflux de ces confirmations varie donc d’un pays à l’autre et d’une période à l’autre et peuvent conduire à une sous-estimation significative du nombre de cas réels. Les estimations du nombre total de morts tombent généralement dans les marges des morts des grippes saisonnières (250 000 – 500 000 morts toute souches confondues). Une estimation publiée en juin 2012 fait état de 280 000 morts : 201 200 morts de causes respiratoires et 83 300 de causes cardiovasculaires pendant la première année. Fin janvier 2010, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe auditionne l’OMS, suspecté « d’avoir exagéré la menace de la grippe « sous la pression des laboratoires » ». Il est reproché notamment à l’OMS d’avoir récemment modifié la définition d’une pandémie mondiale grippale, retirant la notion d’un taux de mortalité supérieure à une grippe normale. Avec ces nouveaux critères, une pandémie existe dès qu’un nouveau virus se répand rapidement à travers le monde, même si sa mortalité est faible. Une enquête affirme également que des « liens d’intérêt entre six experts de l’OMS et des firmes pharmaceutiques sont avérés. » Wikipedia
Racism worse enemy than epidemic. Xinhua
President Xi Jinping says China deserves to be treated as a great power, but on Wednesday his country expelled three Wall Street Journal reporters over a headline. Yes, a headline. Or at least that was the official justification. The truth is that Beijing’s rulers are punishing our reporters so they can change the subject from the Chinese public’s anger about the government’s management of the coronavirus scourge. “China Is the Real Sick Man of Asia” was the headline over Walter Russell Mead’s Feb. 3 column in the Journal. Mr. Mead, a fellow at the Hudson Institute, writes a weekly column on foreign affairs for us. He did not write the headline. Anyone who reads the piece can see it describes the problems in Chinese governance exposed by the response to the coronavirus outbreak. Beijing has since sacked Wuhan province officials, proving Mr. Mead’s point. As for that headline, we have heard from thoughtful people that to Chinese ears the “sick man” reference echoes in insensitive fashion the West’s exploitation of China in the mid-19th century during the opium wars. Others say it refers to Japan’s 20th-century invasion of China. We take the point, and we were happy to run letters to the editor criticizing the headline. Most Americans, however, understand the phrase in the context of the dying Ottoman Empire as “the sick man of Europe.” That was our historical analogy. These days the “sick man” phrase is used to describe many countries, most notably the Philippines as the sick man of Asia. The Financial Times, the Economist and the Guardian all referred to Britain as “the sick man of Europe” in the throes of Brexit. The Global Times, a publication that expresses Chinese government views, republished a Reuters article in 2016 whose lead sentence referred to Egypt as the “sick man of the Middle East.” In 2011 Foreign Affairs used the headline “The Sick Man of Asia: China’s Health Crisis” over an article by Yanzhong Huang, a professor who grew up in China and graduated from Fudan University. In any event, Mr. Mead’s column and headline were never published in China. That’s because the Journal is banned there. Our website has been shut down since 2014. Our reporters can cover China for the rest of the world but not for Chinese readers. That didn’t stop the Chinese government from starting a public campaign against the headline. A Foreign Ministry spokesman denounced the column, and several Chinese propaganda organs spread the same theme. “Racism worse enemy than epidemic,” read a headline in Xinhua lumping Mr. Mead’s article with one from Der Spiegel. Our email inbox was soon flooded with complaints about the headline, all containing remarkably similar language and demanding an apology. A campaign was orchestrated to get Mr. Mead barred from Twitter. If you think this was spontaneous outrage, you don’t understand how China’s government works to influence public opinion at home and abroad. Beijing knows how to exploit America’s identity politics to charge “racism” in service of its censorship. And now China has escalated to ban our three reporters, who had nothing to do with the headline or Mr. Mead’s column. As our readers know, and as we have explained to Chinese officials for years, our news and opinion departments are run independently and have separate reporting lines to the publisher. The Wall Street Journal
The world should thank China for its gargantuan efforts and sacrifices to prevent the spread of the disease to other countries, an act that is really startling the universe and moving the gods. Now we can say with confidence that the U.S. owes China an apology, and the world owes China thanks. Xinuha
Amid China’s intensifying propaganda campaign to reverse global perceptions of the Wuhan coronavirus epidemic in that country, Chinese state media Xinhua News Agency is taking the gambit to new heights, suggesting the « United States owes China an apology » and that the world ought to acknowledge China for its remarkable achievements in its fight against the novel virus. « The world should thank China for its gargantuan efforts and sacrifices to prevent the spread of the disease to other countries, an act that is really startling the universe and moving the gods (驚天地、泣鬼神), » the commentary reads. Frustration and anger have been felt across China over the initial cover-up of the deadly virus and under-reported number of infections and deaths, with the confidence of many Chinese in the communist regime rattled and the legitimacy of Xi Jinping’s leadership coming into question. To address the crisis, the government has adopted radical lockdowns and launched a propaganda campaign of sugar-coated stories about patients’ recoveries, frontline medical workers, and of course, members of the Chinese Communist Party. State media outlets began to play down the threat in mid-February, hailing the Chinese government as a « role model » in the global fight against the virus. A Feb. 24 editorial from the Global Times, a media mouthpiece for Beijing, even assailed other countries (Japan, South Korea, Iran, and Italy) as « slow to respond to the virus. » On March 3, Chinese state media went a step further with a commentary republished on Xinhua News by the outspoken Chinese investor Huang Shen (黃生). According to Huang, the U.S. denying entry to those who had been in China as the outbreak began was unfair, as China has not reciprocated the travel ban; in fact, he said the U.S. should apologize to China for these wrongdoings, which are damaging to the Chinese economy. Huang also cast doubts over the number of confirmed cases in the U.S., believing it to be severely under-reported, and said he imagines that U.S. President Donald Trump must be extremely anxious over the outbreak. Meanwhile, China has made significant progress in the fight against the disease, and many businesses have reopened, Huang added. Huang went on to ridicule the idea that China owes the world an apology, saying there is no reason to expect contrition from the communist country, especially when numerous studies point to the U.S., Italy, and Iran as the possible origins of the virus. He believes China should instead take credit for preventing the virus from spreading to the world. « Now we can say with confidence that the U.S. owes China an apology, and the world owes China thanks, » he concluded. Taiwan news
Chinese propaganda mouthpieces have launched a broad array of attacks against the facts, attempting to create a new narrative about China’s historic victory over the Wuhan virus. Chinese state media is praising the government’s “effective, responsible governance, » but the truth is that Beijing is culpable for the spread of the pathogen around China and the world. Chinese officials knew about the new virus back in December, and did nothing to warn their citizens or impose measures to curb it early on. Instead of acting with necessary speed and transparency, the party-state looked to its own reputation and legitimacy. It threatened whistleblowers like the late Dr. Li Wenliang, and clamped down on social media to prevent both information about the virus and criticism of the Communist Party and government from spreading. Unsurprisingly, China also has enablers abroad helping to whitewash Beijing’s culpability. World Health Organization Director-General Tedros Adhanom Ghebreyesus refused for months to declare a pandemic, and instead thanked China for “making us safer,” a comment straight out of an Orwell novel. This is the same WHO that has refused to allow Taiwan membership, due undoubtedly to Beijing’s influence over the WHO’s purse strings. Most egregiously, some Chinese government officials have gone so far as to claim that the Wuhan virus was not indigenous to China at all, while others, like Mr. Tedros, suggest that China’s response somehow bought the world “time” to deal with the crisis. That such lines are being repeated by global officials and talking heads shows how effectively China’s propaganda machine is shaping the global narrative. The world is quickly coming to praise the Communist Party’s governance model, instead of condemn it. The reality is that China did not tell its own people about the risk for weeks and refused to let in major foreign epidemiological teams, including from the U.S. Centers for Disease Control. Thus, the world could not get accurate information and laboratory samples early on. By then, it was too late to stop the virus from spreading, and other world capitals were as lax in imposing meaningful travel bans and quarantines as was Beijing. Because of China’s initial failures, governments around the world, including democratic ones, now are being forced to take extraordinary actions that mimic to one degree or another Beijing’s authoritarian tendencies, thus remaking the world more in China’s image. Not least of the changes will be in more intrusive digital surveillance of citizens, so as to be able to better track and stop the spread of future epidemics, a step that might not have been necessary if Beijing was more open about the virus back in December and if the WHO had fulfilled its responsibilities earlier. Regardless of how much some governments and global voices praise China, Xi and the Communist Party care about dominating the propaganda war because the Wuhan virus has stood their nation on a razor’s edge. Xi’s own legitimacy is not merely at stake. His government is ferociously fighting to divert blame and attention, fearing that the world rightfully may utterly reassess modern China, from its technocratic prowess to its safety. Decades of a carefully curated global image may crumble if nations around the globe start paying attention to China’s lax public health care, incompetent and intrusive government, and generally less developed domestic conditions. Xi’s fears are well founded, as a global reconsideration of China is long overdue. Legitimate criticisms and doubts about China’s governance and growth model were long suppressed by Chinese pressure and the willingness of many to buy into the Communist Party’s public line. Public shaming of foreign corporations, global influence operations, and “elite capture” — all are policies Beijing has deployed to maintain China’s public image. That carefully tended image is now cracked. Those concerned with global health issues may wonder why it is that China is wracked regularly by viral epidemics in addition to coronavirus, such as SARS, African Swine Fever, and avian flu (another outbreak is happening right now). Others may begin to look more carefully at China’s environmental devastation and the hundreds of thousands of premature deaths each year from air and water pollution. On the trade side, many foreign corporations already have been reconsidering their operations in China, due to rampant intellectual property theft and rising production costs; now, they may seriously question how safe it is to continue to do business in China. Not only is the health of their employees at risk, but they no longer can be assured that China will be a stable supplier. If coronavirus becomes a seasonal phenomenon, as some experts predict, then even with a vaccine, new strains of the pathogen will always raise the specter of another out-of-control epidemic overwhelming the party-state’s capabilities and infecting the rest of the world. More broadly, the pandemic of 2020 has brought doubts about globalization into the mainstream. Decades of open borders, unceasing intercontinental travel, study abroad, just-in-time inventory systems, and the like have created unexpected vulnerabilities in populations and economies thanks to unfettered openness. To worry about such weaknesses is not to adopt a Luddite reactionary stance, but to try and salvage the bases of the post-World War II global economic architecture. Those who assumed that global markets were the optimal economic model and would always work, now have to consider whether globalization is the best system for dealing with pandemics like coronavirus, let alone old-fashioned state power plays like China imposed on Japan back in 2010, when it blocked the export of rare-earth minerals over territorial disputes in the East China Sea. Perhaps the biggest long-term economic effect of coronavirus will be on long-standing assumptions about global supply chains. Because of the way the global economy has developed since 1980, to question globalization today is in large part to question the world’s relationship to China. As Sens. Marco Rubio and Tom Cotton have pointed out, America and the world have a prudential responsibility to reconsider their dependence on China. It is only since the outbreak of the pandemic that Americans have come to learn that China is the major supplier for U.S. medicines. The first drug shortages, due to dependence on China, have already occurred. Eighty percent of America’s “active pharmaceutical ingredients” comes from abroad, primarily from China (and India); 45% of the penicillin used in the country is Chinese-made; as is nearly 100% of the ibuprofen. Rosemary Gibson, author of “China Rx,” testified last year to the U.S.-China Economic and Security Review Commission about this critical dependence, but nothing has changed in this most vital of supply chains. The medicine story is repeated throughout the U.S. economy and the world. The unparalleled economic growth of China over the past generation has hollowed out domestic industries around the globe and also prevented other nations, such as Vietnam, from moving up the value-added chain. Many industries are quite frankly stuck with Chinese companies as their only or primary suppliers. Thus, the costs of finding producers other than China, what is known as “decoupling,” are exorbitant, and few countries currently can replicate China’s infrastructure and workforce. The world never should have been put at risk by the coronavirus. Equally, it never should have let itself become so economically dependent on China. The uniqueness of the coronavirus epidemic is to bring the two seemingly separate issues together. That is why Beijing is desperate to evade blame, not merely for its initial incompetence, but because the costs of the system it has built since 1980 are now coming into long-delayed focus. Coronavirus is a diabolus ex machina that threatens the bases of China’s modern interaction with foreign nations, from tourism to trade, and from cultural exchange to scientific collaboration. Xi can best avoid this fate by adopting the very transparency that he and the party have assiduously avoided. Yet openness is a mortal threat to the continued rule of the CCP. The virus thus exposes the CCP’s mortal paradox, one which shows the paralysis at the heart of modern China. For this reason alone, the world’s dependence on China should be responsibly reduced. To begin with, Washington must mandate that some significant percentage of major drugs, everyday medicines, first-aid material such as masks and gowns, and higher-end medical equipment like ventilators, will be produced domestically, so that we are better prepared for the next pandemic. In addition, controlling our own supply of vital medicines and equipment will allow Washington to continue to be able to assist other countries during similar emergencies, something we are not able to do with coronavirus and which Beijing is stepping in to take advantage of. Second, America’s broader economic dependence on China needs to be reduced. Materials such as rare earths, 80% of which come from China, should be produced at home when possible, while the U.S. military needs to limit its exposure to Chinese goods for everything from transistors to tire rubber. Thirdly, Washington must ensure that China does not capture the global semiconductor chip-making industry, which is a priority for Beijing. To surrender the crown jewel of the digital economy would put America in a position of permanent dependence vis-à-vis China. The coronavirus pandemic is a turning point for China and the world. Today, Washington and other global capitals are solely responsible for the success or failure of their own efforts to control the Wuhan virus. In the short term, however, they should not let Mr. Xi and China get away with rewriting the history of the epidemic. In the longer run, they must look to reform globalization by prudently reshaping their economies and societies in the shadow of future crises. Michael Auslin
La Corée du Sud a connu une diminution constante des nouveaux cas de coronavirus pendant quatre jours consécutifs, bien qu’elle soit l’un des pays les plus touchés en dehors de la Chine, même si l’attention mondiale s’est portée sur les épidémies en Italie et en Iran. Le pays a connu une moyenne de plus de 500 nouvelles infections par jour au cours des deux dernières semaines, mais vendredi dernier, ce nombre est tombé à 438, puis à 367 samedi et 248 dimanche. Le président sud-coréen Moon Jae-in a noté lundi la « tendance au ralentissement » des nouvelles infections dans son pays, mais a mis en garde : « Nous ne devons pas du tout nous reposer sur nos lauriers ». (…) La diminution constante des cas a été attribuée à divers facteurs, notamment les tests de masse, l’amélioration des communications publiques et l’utilisation de la technologie. Les tests approfondis effectués sur les membres de l’église Shincheonji de Jésus, qui était liée à plus de 60 % des cas du pays, a été achevée. Les responsables sud-coréens ont fait part de leur expérience en matière d’endiguement de l’épidémie, affirmant qu’il est difficile de mettre en œuvre dans une société ouverte les mesures de confinement imposées par la Chine à Wuhan, où l’épidémie a pris naissance. (…) « Sans porter atteinte au principe d’une société transparente et ouverte, nous recommandons un système de réponse qui associe la participation volontaire du public à des applications créatives de technologies avancées », a déclaré le vice-ministre sud-coréen de la santé, Kim Gang-lip, aux journalistes. Les mesures conventionnelles et coercitives telles que le verrouillage des zones touchées présentent des inconvénients, a-t-il déclaré, sapant l’esprit de démocratie et aliénant le public qui devrait participer activement aux efforts de prévention. « La participation du public doit être assurée par l’ouverture et la transparence », a-t-il déclaré. La Corée du Sud a été proactive en fournissant à ses citoyens les informations nécessaires pour assurer leur sécurité, notamment en organisant des points de presse deux fois par jour et en envoyant des alertes d’urgence par téléphone portable aux personnes vivant ou travaillant dans les districts où de nouveaux cas ont été confirmés. Des détails sur les antécédents de voyage des patients confirmés sont également disponibles sur les sites web municipaux, parfois avec des informations sur le lieu de résidence ou l’employeur du patient, ce qui permet de les identifier individuellement, ce qui suscite des inquiétudes quant à la protection de la vie privée. L’importance du maintien d’une bonne hygiène a également été soulignée. Les Sud-Coréens sortent rarement de chez eux sans porter de masque facial, et de nombreux bâtiments affichent des panneaux indiquant « Pas de masque, pas d’entrée ». Les employés des restaurants et des commerces de détail portent des masques lorsqu’ils servent les clients. La Corée du Sud a également mis en place des mesures créatives, notamment une cinquantaine de stations de test au volant dans tout le pays, où il ne faut que 10 minutes pour effectuer l’ensemble de la procédure. Les résultats des tests sont disponibles en quelques heures. Le coût des tests Covid-19 est prohibitif dans de nombreux pays, mais en Corée du Sud, tous les tests sont gratuits. Le pays est également capable de traiter jusqu’à 15 000 tests de diagnostic par jour, et le nombre total de tests a atteint près de 200 000. Cette capacité de test a permis au pays d’identifier les patients à un stade précoce et de minimiser les effets néfastes, selon les experts de la santé. Mais cela a également permis à la Corée du Sud d’avoir le deuxième plus grand nombre d’infections confirmées dans le monde après la Chine, bien que celle-ci ait été remplacée par l’Italie cette semaine. La Corée du Sud a mis en place des « procédures spéciales d’immigration » pour surveiller les arrivées pendant deux semaines sans avoir à interdire l’entrée du pays aux voyageurs entrants. Les personnes arrivant de Chine, y compris de Hong Kong et de Macao mais à l’exclusion de Taïwan, font vérifier leur température corporelle, tandis que leurs coordonnées nationales sont vérifiées et qu’elles doivent remplir un questionnaire de santé. On leur demande également de télécharger une application d’autodiagnostic sur leur téléphone portable et de se soumettre à une gestion intensive s’ils présentent des symptômes. La Corée du Sud utilise également sa technologie informatique de pointe et ses caméras de surveillance omniprésentes pour suivre les sources d’infection, en identifiant les mouvements des cas confirmés sur la base de leurs transactions par carte de crédit et du suivi des téléphones portables, et en divulguant ces informations pour aider à retrouver ceux qui ont pu entrer en contact avec eux. Pour faire face à la pénurie de lits d’hôpitaux, le pays a transformé de nombreux centres de formation professionnelle et autres installations publiques en « centres de vie et de traitement » où les patients présentant de légers symptômes du coronavirus sont placés en quarantaine. Le professeur Kim Woo-joo, de la faculté de médecine de l’université coréenne, a déclaré que le pays avait acquis de l’expérience en traitant des urgences sanitaires antérieures, comme la pandémie de grippe H1N1 de 2009, qui a provoqué environ 750 000 cas et 180 décès en Corée du Sud, et l’épidémie de syndrome respiratoire du Moyen-Orient (SRAS) de 2015, qui a infecté 186 personnes et entraîné au moins 39 décès dans le pays. (…) Le pays a par la suite formé des agents de santé pour faire face aux épidémies, en particulier pour tester les infections, suivre et isoler les contacts. (…) Malgré ces installations, Kim a déclaré qu’il serait difficile pour une société ouverte comme la Corée du Sud ou d’autres pays de l’OCDE, d’appliquer des mesures de confinement comme en Chine. (…) Kim a mis en garde contre un optimisme prématuré, notant qu’il y a eu de petits groupes d’infections dans certains hôpitaux, appartements, églises et maisons de retraite dans des endroits autres que Daegu, y compris Séoul et la ville voisine de Seongnam City. South China Morning Post
Boris Johnson a choisi l’immunité collective tout en combinant des mesures fortes envers les plus fragiles et en renforçant les moyens hospitaliers afin de prendre en charge les cas extrêmes en demandant par exemple à certaines industries de fabriquer bien plus d’appareils respiratoires. Cette position est bien sûr controversée par ceux qui considèrent que cela va faire exploser le système de santé, or, ce pari n’est pas aussi insensé qu’il est prétendu, surtout en absence de vaccin, et devant également l’impossibilité de se tester hormis les cas graves. L’hypothèse pour l’instant tient (55 morts au RU). Y compris mondialement (7154 décès sur 7,53 milliards… comparés aux millions de morts de la bronchite, du cancer, du paludisme, de la gastro etc etc, même si tout n’est pas comparable évidemment). En fait, se trouve de plus en plus en jeu deux théories, l’une scientiste et principalement allopathique, considérant que le corps humain est une « machine » bien trop fragile sans protection s’il n’y a pas divers stimulants et prothèses diverses de plus en plus « intelligentes », l’autre à la fois ancienne et contemporaine fait le pari que le corps vivant humain est capable, sous certaines conditions, de s’immuniser, se « réparer » (voir les travaux de Jean-Jacques Wunenburger) ce qui ne veut pas dire qu’en cas d’affaiblissement bactérien ou virale l’allopathie soit inutile ne nous méprenons pas ; en fait nous devrions aujourd’hui plutôt combiner toutes les médecines, positives, énergétiques, mécaniques, allo et homéopathiques. Alors que seules les remèdes allopathiques sont remboursés… (…) Tout cela pour dire que nous sommes peut-être enfin à la croisée des chemins où une véritable discussion en profondeur va émerger, tout en ne mélangeant pas les niveaux : nécessité d’avoir une prise en charge irréprochable pour les cas les plus graves, hygiène de base fondamentale, et confiance dans l’interaction entre les êtres humains susceptible de créer cette immunité solidaire. Lucien SA Oulahbib
L’État français n’aurait donc pas « dysfonctionné » pendant l’été 2003, en tout cas pas plus que les autres pays européens, contrairement à ce qui a été asséné lors de la crise politique qui a suivi cette terrible canicule. La mise en cause du ministre de la Santé de l’époque, Jean-François Mattei, du directeur général de la santé, Lucien Abenhaim, et même de Jean-Pierre Raffarin par le Parti socialiste et en particulier par Patrick Pelloux, l’urgentiste de l’hôpital Saint-Antoine apparaît aujourd’hui à la lumière de cette enquête comme relevant d’une analyse insuffisante et partiale. (…) Intrigué par le décalage entre les conséquences de la canicule de 2003 en France et le silence de nos voisins sur cette vague de chaleur qui ne les a pas épargnés, [Jean-Marie Robine] a proposé à l’Union européenne de financer un travail de recherche sur le décompte précis des morts sur le Vieux Continent en 2003. (…)  Sur les 122 jours d’été, de juin à septembre, 95 ont présenté partout en Europe un excès de mortalité. « Tout l’été, et pas seulement le mois d’août, a été caractérisé par une surmortalité, explique Jean-Marie Robine. Ily a eu trois pics de décès. La première quinzaine de juin, il a concerné le Portugal, l’Italie, l’Espagne et le sud de la France, avec 10 000 décès supplémentaires. La deuxième quinzaine de juillet, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, avec là encore 10 000 décès en plus. » Enfin, les 15 premiers jours d’août, la vague de chaleur du sud de l’Espagne, remontant en diagonale vers le nord-est et centré sur Paris, explose en feu d’artifice au nord, au sud, à l’est et à l’ouest en faisant 45 000 morts supplémentaires. Au total, 70 000 morts en plus sont recensés en Europe, avec les 5 000 décès de septembre. L’Espagne a présenté le taux de morts le plus élevé rapporté à sa population (14 % en plus et 15 000 décès) comme le Luxembourg. Viennent ensuite la France et l’Italie avec 12 % en plus et 20 000 décès, suivi de l’Allemagne (9 500), le Portugal (2 500) la Belgique (1 200), la Suisse et les Pays-Bas (1 000). Personne en Europe n’était préparé à une telle vague de chaleur. Contrairement à ce qu’a laissé entendre une enquête parlementaire en France, il n’y a eu ni héros, ni coupable. Le Figaro
Enrayer la propagation d’une maladie infectieuse dans une population par l’immunisation d’un certain pourcentage des individus. Le principe de l’immunité de groupe, aussi appelée immunité collective, grégaire ou de troupeau, sur lequel le gouvernement britannique mise pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, est bien connu avec les vaccinations. Outre qu’ils protègent à l’échelle individuelle, les vaccins permettent de contribuer à la protection d’autres personnes. Bien souvent, la vaccination prévient la multiplication de l’agent pathogène, virus ou bactérie, chez la personne vaccinée. Celle-ci n’est donc plus susceptible de transmettre l’infection à ses proches, et elle agit « vis-à-vis du reste de la population, comme une barrière contre l’agent pathogène en interrompant la chaîne de transmission », selon un dossier pédagogique de Santé publique France. Cette stratégie peut-elle être appliquée, sciemment, au nouveau coronavirus, contre lequel il n’existe aucun vaccin et auquel a priori 100 % de la population est sensible ? Alors que tous les pays prônent des mesures de distanciation sociale et de confinement, les Anglais sont les seuls à faire le pari d’une immunité collective, estimant que si 60 % de la population est infectée, cela permettrait d’éviter un second pic épidémique en 2021. Une politique contestée de toute part, car jugée risquée. Même le Britannique Roy Anderson, un des grands spécialistes de l’immunité de groupe et qui a théorisé cette notion, ne semble pas l’envisager dans le cas présent. Dans un article publié en ligne le 9 mars dans la revue The Lancet, il insiste au contraire sur les mesures de distanciation sociale, et d’isolement précoce des malades. En outre, les projections concernant l’impact du SARS-CoV-2 en cas de laisser-faire sont très pessimistes. L’équipe de Neil Ferguson (Imperial College, Londres) a travaillé sur cette option. Dans le cas de la France, si aucune action d’atténuation ou de confinement n’était menée, ses modélisations prévoyaient entre 300 000 et 500 000 morts dans l’hypothèse la plus pessimiste, les services de réanimation se trouvant rapidement submergés. Ces chiffres, présentés à l’exécutif français par le conseil d’experts mis en place par le gouvernement, ont contribué au durcissement des mesures de « distanciation sociale » prises ces derniers jours. Neil Ferguson devrait présenter les projections concernant différents pays européens dans les prochains jours. (…) C’est ce mécanisme qui explique que lors de la pandémie grippale A (H1N1) de 2009-2010, les personnes nées avant 1957 ont été relativement protégées : elles avaient une immunité partielle contre le virus, car elles avaient déjà rencontré des virus grippaux de type H1N1, qui ont largement circulé entre 1918 et 1957, avant d’être supplantés par des souches H2N2. D’une certaine manière, la grippe saisonnière bénéficie aussi d’une protection de groupe : l’ampleur des épidémies est limitée chaque année car seuls 20 % à 30 % des personnes seraient susceptibles de contracter le virus pour une année donnée. Les autres ne le sont pas car infectées les années précédentes et immunisées ou simplement vaccinées. Le Monde
Lorsque l’épidémie est arrêtée de façon artificielle, elle repart dès qu’on réinjecte du virus. Jean-Stéphane Dhersin
Une épidémie comme ça ou une pandémie, c’est du terrorisme, le terrorisme de la nature et on se protège comme contre le terrorisme. Si vous croyez que vous allez échapper à tout risque ça n’existe pas. Il faut accepter un certain nombre de risques. (…) Il y a une réalité et des fantasmes. Le 27 février on en avait à peu près 77.000 malades (…) On est loin des milliards et des 70%, ce sont les chiffres des épidémiologistes. Et ils manipulent des chiffres et n’ont pas trop d’idées de ce qu’il y a dedans. (…) Il s’est passé ce que j’avais prévu en Chine. Sur 1,3 milliard d’habitants on a 80.000 cas. Cette maladie c’est la petite sœur du SRAS. Qu’est-ce qu’a fait le SRAS ? il est arrivé et il a disparu. Les contaminations sont exponentielles puis deviennent linéaires et deviennent sigmoïdes donc en baisse. La courbe de malades n’est pas exponentielle à l’infini, le seul endroit où elle continue ainsi, c’est en Italie. En Corée du Sud depuis quelques jours il n’y a quasiment plus de nouveau cas. (…] Il n’y a pas d’Etat réellement dans ces deux pays. L’Italie est complètement débordée et aux Etats-Unis cela augmente de façon très inquiétante. (…) Faisons tout ce que l’on peut collectivement et individuellement pour limiter la maladie et quand elle arrive pour la soigner, c’est très simple. Jean-Philippe Derenne
Décision a été prise de laisser l’épidémie suivre son cours et de ne pas tenter de l’arrêter brutalement. Cela ne veut pas dire ne rien faire: les pouvoirs publics mettent désormais toute leur énergie à ralentir la propagation du virus pour éviter l’engorgement des services d’urgence. Il s’agit «d’aplanir» la courbe épidémique, en limitant les contacts entre les gens, notamment, pour l’étaler dans le temps. Allonger sa durée pour limiter son ampleur à un instant T. C’est le seul moyen de limiter l’engorgement des hôpitaux.Il faudra ensuite attendre, peut-être plusieurs mois, qu’un nombre suffisant de personnes soient infectées pour atteindre l’«immunité de groupe». Le seuil au-delà duquel le virus ne parvient plus à circuler, car il n’y a plus assez de gens à contaminer. C’est aussi la stratégie adoptée par la Grande-Bretagne et l’Allemagne, de manière plus officielle. Angela Merkel s’attend à ce qu’il faille que 60 à 70 % des Allemands soient infectés! Idem en Grande-Bretagne. On comprend mieux les mots soigneusement choisis par Emmanuel Macron pour préparer les Français. Ce n’est pas forcément un mauvais choix, entendons-nous. Les mesures drastiques prises en Italie avaient laissé croire pendant un temps que la France pourrait faire elle aussi le pari de l’endiguement. Il aurait fallu pour cela appeler au confinement de toute la population, fermer les commerces, limiter drastiquement les déplacements et mettre en place des systèmes coercitifs pour que ces mesures soient respectées. Cela revenait à tuer l’économie, bouleverser la vie démocratique en reportant les élections, et restreindre in fine la liberté des citoyens. Une décision d’autant plus difficile que le résultat serait resté incertain. Car si la Chine a réussi à éteindre la flambée du virus aujourd’hui, rien ne dit que le pays ne devra pas faire face à un «rebond» de l’épidémie dans les semaines ou les mois à venir. En effet, avec «seulement» 80.000 malades sur 1,4 milliard d’habitants, la population chinoise dans sa très grande majorité n’a pas «rencontré» le virus et n’est donc pas immunisée. «Lorsque l’épidémie est arrêtée de façon artificielle, elle repart dès qu’on réinjecte du virus», rappelle Jean-Stéphane Dhersin, professeur à l’université Sorbonne Paris Nord et directeur adjoint scientifique de l’Institut national des sciences mathématiques et de leurs interactions du CNRS. De nouveaux foyers épidémiques risquent de s’allumer à tout moment. Le virus est très contagieux et présente la particularité d’être aussi transmis par des personnes asymptomatiques, ce qui en fait un cauchemar pour la prévention. L’Italie, si elle parvient elle aussi à stopper l’épidémie, ce qui est loin d’être gagné, devrait faire face à la même situation. C’est en lisant entre les lignes de l’allocution solennelle du président de la République jeudi soir que l’on peut se faire une idée du choix stratégique opéré en coulisse. En déclarant que l’épidémie de Covid-19 en cours était «la plus grave crise sanitaire qu’ait connue la France depuis plus d’un siècle», Emmanuel Macron s’est évidemment projeté dans l’avenir. Car avec 3661 cas identifiés et 79 morts jeudi, ce n’est pas la situation actuelle qui est dramatique, mais bien celle qui nous attend: des millions de personnes infectées, des centaines de milliers de cas graves, et des dizaines de milliers de morts potentiels. En d’autres termes, décision a été prise de laisser l’épidémie suivre son cours et de ne pas tenter de l’arrêter brutalement. Cela ne veut pas dire ne rien faire: les pouvoirs publics mettent désormais toute leur énergie à ralentir la propagation du virus pour éviter l’engorgement des services d’urgence. Il s’agit «d’aplanir» la courbe épidémique, en limitant les contacts entre les gens, notamment, pour l’étaler dans le temps. Allonger sa durée pour limiter son ampleur à un instant T. C’est le seul moyen de limiter l’engorgement des hôpitaux. Il faudra ensuite attendre, peut-être plusieurs mois, qu’un nombre suffisant de personnes soient infectées pour atteindre l’«immunité de groupe». Le seuil au-delà duquel le virus ne parvient plus à circuler, car il n’y a plus assez de gens à contaminer. C’est aussi la stratégie adoptée par la Grande-Bretagne et l’Allemagne, de manière plus officielle. Angela Merkel s’attend à ce qu’il faille que 60 à 70 % des Allemands soient infectés! Idem en Grande-Bretagne. On comprend mieux les mots soigneusement choisis par Emmanuel Macron pour préparer les Français. Ce n’est pas forcément un mauvais choix, entendons-nous. Les mesures drastiques prises en Italie avaient laissé croire pendant un temps que la France pourrait faire elle aussi le pari de l’endiguement. Il aurait fallu pour cela appeler au confinement de toute la population, fermer les commerces, limiter drastiquement les déplacements et mettre en place des systèmes coercitifs pour que ces mesures soient respectées. Cela revenait à tuer l’économie, bouleverser la vie démocratique en reportant les élections, et restreindre in fine la liberté des citoyens. Une décision d’autant plus difficile que le résultat serait resté incertain. Car si la Chine a réussi à éteindre la flambée du virus aujourd’hui, rien ne dit que le pays ne devra pas faire face à un «rebond» de l’épidémie dans les semaines ou les mois à venir. En effet, avec «seulement» 80.000 malades sur 1,4 milliard d’habitants, la population chinoise dans sa très grande majorité n’a pas «rencontré» le virus et n’est donc pas immunisée. «Lorsque l’épidémie est arrêtée de façon artificielle, elle repart dès qu’on réinjecte du virus», rappelle Jean-Stéphane Dhersin, professeur à l’université Sorbonne Paris Nord et directeur adjoint scientifique de l’Institut national des sciences mathématiques et de leurs interactions du CNRS. De nouveaux foyers épidémiques risquent de s’allumer à tout moment. Le virus est très contagieux et présente la particularité d’être aussi transmis par des personnes asymptomatiques, ce qui en fait un cauchemar pour la prévention. L’Italie, si elle parvient elle aussi à stopper l’épidémie, ce qui est loin d’être gagné, devrait faire face à la même situation. Plutôt que de gérer une épidémie en dents de scie, la France va donc essayer de contrôler une épidémie au long cours. De la «méchanceté» du virus et sa létalité dépendront en grande partie le bilan humain qu’il faudra dresser à la fin de la crise. En Chine, les autorités ont dénombré 20 % de cas graves. Selon des estimations, la mortalité serait comprise entre 0,5 et 1 %… La question du nombre de cas sans aucun symptôme n’est toutefois pas clairement tranchée et pourrait laisser espérer une situation un peu moins dramatique. À l’inverse, si les hôpitaux n’arrivent pas à absorber l’affluence de malades, le bilan humain pourrait s’envoler. D’où l’urgence de ralentir la propagation du virus. La fermeture des établissements scolaires, qui sont des accélérateurs des contaminations, va bien dans ce sens. De même que l’interdiction de tous les rassemblements de plus de 100 personnes sur tout le territoire prise vendredi. On peut en revanche s’interroger sur l’opportunité d’avoir maintenu les élections dans ce contexte, mais c’est là un arbitrage politique qui dépasse la seule science épidémiologique. Le Figaro
Some health officials believe that the virus arrived in Italy long before the first case was discovered. “The virus had probably been circulating for quite some time,” Flavia Riccardo, a researcher in the Department of Infectious Diseases at the Italian National Institute of Health tells TIME. “This happened right when we were having our peak of influenza and people were presenting with influenza symptoms.”Before the first case was reported, there was an unusually high number of pneumonia cases recorded at a hospital in Codogno in northern Italy, the head of the emergency ward Stefano Paglia told the newspaper La Repubblica, suggesting it is possible patients with the virus were treated as if they had a seasonal flu. Health facilities hosting these patients could have become sites for infection, helping proliferate the spread of the virus. Time
Freshly killed hens are much better than frozen meat in supermarkets, if you want to make perfect chicken soup. The flavor is richer. Ran
Traditional medicine is a treasure of Chinese civilization, embodying the wisdom of the nation and its people. Xi Jinping
What a tragedy that the 100,000 pangolins that are purged every year are sacrificed over the false belief that their scales can aid in blood circulation and cure rheumatism! Melissa Chen
Wet markets, like the one in Wuhan that was ground zero for the COVID-19 pandemic raging across the globe, are common throughout Asia. The larger newly-industrialized cities in China play host to hundreds of such markets, providing fresh produce and meat but also functioning as social nuclei. Dubious food safety and hygiene standards aside, what made the Wuhan Seafood Market such a swarming petri dish for viral pathogens is the compendium of dead and live wildlife that were kept in close proximity, sometimes festering in their own fecal matter. Pictures and video clips circulated on Weibo and other social media platforms showed the range of animals on sale — wolf pups, rats, peacocks, raccoons, porcupines, snakes, crocodiles and foxes, all jammed side-by-side in flimsy cages awaiting their own slaughter, making it easy for zoonotic diseases to leap from species to species and from animals to humans. Scientists believe that the pangolin, an endangered Southeast Asian mammal that looks like the lovechild of a scaly anteater and an armadillo, was the intermediary that helped bridge the novel coronavirus’s jump from its original host, bats, to humans. To date, the virus has infected more than 200,000 and killed more than 8,000 people worldwide. The Chinese preference for wet markets and exotic wildlife has deep social, historical and cultural roots. Around 1960, Chairman Mao’s disastrous Great Leap Forward led to agricultural collapse and the starvation of tens of millions of people, a trauma that continues to make an indelible print on China’s collective psyche today. For one, it necessitated a scarcity mindset. Under starvation conditions, does it really matter what vessel of bodily flesh was delivering your next caloric intake? Why would you squander any body part? There’s an old Cantonese saying that goes, ‘anything that walks, swims, crawls, or flies with its back to heaven is edible’. The myth that freshly killed animals taste superior is very pervasive, particularly among the older generation. ‘Freshly killed hens are much better than frozen meat in supermarkets, if you want to make perfect chicken soup,’ a 60-year-old woman named Ran told Bloomberg while shopping at a Chinese wet market. ‘The flavor is richer.’ Perhaps because home refrigeration only became widespread in China in the last few decades, Chinese folks with rural roots still associate freshness with how recently the meat was slaughtered. This is why sellers keep their animals alive and only butcher them before their customers’ eyes. As for what’s driving the demand for exotic wildlife, we need only look to Traditional Chinese Medicine (TCM) which is very widely-adopted in China and among the Chinese diaspora. Its philosophical roots can be traced all the way back to the ancient text The Yellow Emperor’s Classic of Medicine, written roughly 2,000 years ago. This is the source material that lays out the various therapeutic effects of specific wild animal parts and suggests that consuming exotic meats confers wealth and status upon its devotee. What a tragedy that the 100,000 pangolins that are purged every year are sacrificed over the false belief that their scales can aid in blood circulation and cure rheumatism! Meanwhile, Beijing continues to aggressively promote TCM both internationally and domestically, in a bid to project nationalistic pride and soft power. Late last year, the state-run China Daily news website reported Xi Jinping saying that ‘traditional medicine is a treasure of Chinese civilization, embodying the wisdom of the nation and its people’. Most recently, Chinese officials have also been touting the success of deploying TCM methods to treat over half of the hospitalized COVID-19 patients in Hubei province, an ironic move given that it was the very indulgence of magical belief in traditional remedies that most likely caused the coronavirus outbreak in the first place. To its credit, the Chinese government has since taken swift action to close down some 20,000 wildlife farms and punish over 2,000 people for wildlife crimes since COVID-19 broke out uncontrollably. They have also temporarily banned the wildlife trade until the epidemic is over, but not without carving out exceptions for wild animals for the purposes of TCM. Unless this loophole is closed, people can and will simply abuse the system and use TCM as an excuse to smuggle in more meat and partake in the trade. Meanwhile, several articles have decried the problematic ways in which Chinese eating and hygiene habits have been discussed in light of the outbreak, especially because they may lead to stereotyping Chinese people as a whole for being barbaric and uncivilized. These stereotypes, they fear, will only end up fueling xenophobia and racism. The temptation here is to avoid falling into the trap of cultural relativism. It’s perfectly appropriate to criticize China’s rampant consumption of exotic animals, lack of hygiene standards and otherwise risky behavior that puts people at risk for zoonotic infections. Until these entrenched behaviors based on cultural or magical beliefs are divorced from Chinese culture, wet wildlife markets will linger as time-bombs ready to set off the next pandemic, which in a globalized age is proving only too easy to do. We already know that more than 75 percent of emerging diseases originate in animals and that in the last century, at least 10 infectious diseases jumped from animals to people. China should be aghast at its role setting off the global domino effect at Wuhan Seafood Market in late 2019. After countless infections and death, the obliteration of trillions of dollars and the radical retooling of modern life as we know it, the least China could do is introduce higher food safety regulations, eradicate all wet markets and ban the wildlife trade, once and for all. Melissa Chen
As a result of backdoor globalisation, Italian businesses are being forced to restructure. At the moment there are approximately 4,000 Chinese-run clothing factories in Prato. These new production dynamics are compelling the remaining Italian businesses based there to rethink their markets. More than half of Italian-owned businesses in the industrial zone have gone to the wall over the past decade. « There are now more Chinese garment manufacturers than there are Italian textile producers. Marco Landi (Tuscany branch of trade body CNA)
More than 99% of Italy’s coronavirus fatalities were people who suffered from previous medical conditions, according to a study by the country’s national health authority. After deaths from the virus reached more than 2,500, with a 150% increase in the past week, health authorities have been combing through data to provide clues to help combat the spread of the disease. (…) The new study could provide insight into why Italy’s death rate, at about 8% of total infected people, is higher than in other countries. The Rome-based institute has examined medical records of about 18% of the country’s coronavirus fatalities, finding that just three victims, or 0.8% of the total, had no previous pathology. Almost half of the victims suffered from at least three prior illnesses and about a fourth had either one or two previous conditions. More than 75% had high blood pressure, about 35% had diabetes and a third suffered from heart disease. The average age of those who’ve died from the virus in Italy is 79.5. As of March 17, 17 people under 50 had died from the disease. All of Italy’s victims under 40 have been males with serious existing medical conditions. While data released Tuesday point to a slowdown in the increase of cases, with a 12.6% rise, a separate study shows Italy could be underestimating the real number of cases by testing only patients presenting symptoms. According to the GIMBE Foundation, about 100,000 Italians have contracted the virus, daily Il Sole 24 Ore reported. That would bring back the country’s death rate closer to the global average of about 2%. Bloomberg
The transformation of a town in Tuscany from a traditional stronghold of the Italian textile industry into a capital of cheap clothing is causing widespread discontent among locals who complain they are losing out to the Chinese on their own turf. But the Chinese view the rapidly expanding fast-fashion market in Prato, a satellite town of fashionable Florence, as an opportunity for Italian companies to exploit the desirability of the « Made in Italy » brand in new ways. (…) The long thread of history connecting Prato with textiles stretches back to the 12th Century, when garment manufacturing was regulated by the wool merchants’ guild. Before the arrival of the Chinese, thousands of small Italian textile units were a source of cheap « Italian made » clothes, producing them on the side from Italian-made fabric – often with the help of hired Chinese workers. But the Chinese have beaten the Italians at their own game by setting up their own businesses and driving down prices by importing far cheaper fabrics from China. The Prato industrial zone now accounts for more than 30% of Italy’s textile imports from China. BBC
Milan’s world-renowned textile industry has long been popular with Chinese investors. The BBC described it as being “led by the Chinese,” who have operated over 4,000 shops in the region since 2013. Chinese sweatshop workers may have brought the disease from Wuhan, China, to Northern Italy soon after the outbreak started in December. That would certainly help explain Italy’s high caseload. But some experts believe the Italian outbreak came from Germany. Massimo Galli, head of the infectious disease department at Milan’s Sacco Hospital, has matched the genetic sequencing of the Italian strain of the virus to a case that emerged in Germany in January. Galli told Reuters: The sequence closest to the base of the branch, which is the one that probably precedes the others, came from a person infected in Munich in all likelihood between Jan. 19-22. He elaborates: We can imagine that a person who contracted the virus in the context of those infected in Munich came to Italy and the area where the virus first spread without showing any symptom. CNN
Many overseas Chinese return home during China’s new year celebrations. In 2020, the celebrations ran from January 21 to February 20. Many U.S. tech companies in the Seattle area employ many Chinese H-1B visa-workers or sponsor Chinese to become legal immigrants, even though many Americans also apply for jobs at the companies. By January 29, companies began asking their employees not to travel to China. Bedford’s analysis also shows how travelers from Iran and Italy brought infections to cities on the East Coast. Breitbart
On January 19, 2020, a 35-year-old man presented to an urgent care clinic in Snohomish County, Washington, with a 4-day history of cough and subjective fever. On checking into the clinic, the patient put on a mask in the waiting room. After waiting approximately 20 minutes, he was taken into an examination room and underwent evaluation by a provider. He disclosed that he had returned to Washington State on January 15 after traveling to visit family in Wuhan, China. The patient stated that he had seen a health alert from the U.S. Centers for Disease Control and Prevention (CDC) about the novel coronavirus outbreak in China and, because of his symptoms and recent travel, decided to see a health care provider. (…) On hospital day 8 (illness day 12), the patient’s clinical condition improved. Supplemental oxygen was discontinued, and his oxygen saturation values improved to 94 to 96% while he was breathing ambient air. The previous bilateral lower-lobe rales were no longer present. His appetite improved, and he was asymptomatic aside from intermittent dry cough and rhinorrhea. As of January 30, 2020, the patient remains hospitalized. He is afebrile, and all symptoms have resolved with the exception of his cough, which is decreasing in severity. NEJM
Eighty-three percent of our economy will be suppressed to relieve pressure on the 17% represented by health care. This will have to last months, not weeks, to modulate the rate at which a critical mass of 330 million get infected and acquire natural immunity. Will people put up with it once they realize they are still expected to get the virus? Wouldn’t it make more sense to pour resources into isolating the vulnerable rather than isolating everyone? (…) Essentially we are killing other sectors indefinitely to manage the load on the health-care sector. (…) America’s shutdown strategy is interesting because it was not a choice that any one person or authority made. You can’t blame the NBA or Tom Hanks or Congress. Donald Trump is being pilloried for leaning against panic, urging comparisons to the flu, suggesting the stock market is overreacting. Like the bus, another reason to pillory Mr. Trump will come along in five minutes and not one of his critics will engage in soul-searching over whether he might have had a point. (…) There’s a vast gap between people washing their hands, avoiding crowds, shielding the old and using good judgment, and sweeping lockdowns and curfews. Holman W. Jenkins, Jr.
Extended longevity has played some role in changing the population structure. But it actually has most to do with how rapid the decline in fertility has been in a population. One of the points that we were trying to make is that it’s not necessarily just about isolating the older population—we are identifying that they’re the most vulnerable—but the general social distancing that’s being encouraged to flatten the curve. I think our point was that’s actually more important when you have a higher fraction of your population that is vulnerable. But we can use Italy’s example to take practical steps in fighting the pandemic. We might pinpoint areas with older populations and try to anticipate a little bit where the burden of care is going to be the most severe. Jennifer Beam Dowd (Oxford)
Florida is like an uber-Italy. Florida is going to be a tough situation, I would predict. In a place with so many elderly people, many of them living close together in retirement homes, social distancing will be extra important to avoid disaster. It’s not destiny to say Florida is going to be absolutely clobbered by this. There is time with social distancing to flatten the peak. Maybe we can make this the dog that didn’t bark, so to speak. Andrew Noymer (University of California, Irvine)
Il n’y a pas eu de blocage généralisé comme en Chine, les gens continuent d’aller au travail. Si le coronavirus est présent, c’est surtout dans les conversations. Pierre-Yves Baubry
Le port du masque est un réflexe culturel. On le met, quand on est malade, dès qu’on entre dans un espace public pour protéger les autres ; et de manière préventive, pour se protéger en cas d’épidémie. Et l’éducation à l’hygiène commence dès les petites classes. Stéphane Corcuff
Plus d’un million de Taïwanais vivent ou travaillent en Chine, des millions de touristes venus du continent y voyagent chaque année, les échanges commerciaux entre les deux pays sont constants et Taïwan n’est situé qu’à 130 kilomètres des côtes chinoises… Autant dire qu’une propagation du coronavirus à grande échelle sur cette île de 23 millions d’habitants semblait inévitable. Pourtant, à ce jour, Taïwan n’a recensé que 49 cas et un décès, ce qui en fait un pays à la pointe dans cette crise planétaire. Si les autorités gèrent aussi bien la situation, c’est en grande partie en raison du traumatisme provoqué par l’épidémie de Sras de 2003. Durement touchée, Taïwan avait décidé de tirer les leçons de cette crise, en créant notamment un système de « commandement unifié ». Un mécanisme interministériel chapeauté par le ministre de la Santé pour coordonner la lutte contre les épidémies à tous les échelons de l’administration du pays. Suite à des cas de fièvres et de pneumonies sur des vols provenant de Wuhan repérés fin décembre, les autorités décident d’activer ce dispositif le 20 janvier 2020. Des mesures pour tenter d’enrayer la propagation du virus sont aussitôt prises, avec des contrôles et des restrictions d’accès au territoire. Les vols en provenance de Wuhan sont annulés, puis ceux reliant la Chine, à l’exception de cinq aéroports. L’entrée à Taiwan des ressortissants de Chine, Hong Kong et Macao est suspendue, sauf de rares exceptions. Les étrangers ayant visité ces régions sont interdits de séjour. Les Taïwanais venant des provinces de Chine touchées par le virus sont soumis à une quarantaine. Et, à mesure que les cas se confirment à travers le monde, les autorités décident d’étendre la mesure en voyageurs de Corée du Sud, d’Iran ou d’Italie. Ceux provenant de pays au stade 2 sont soumis à un suivi strict, avec prise de température et port du masque obligatoire. Les masques, précisément, deviennent une priorité pour limiter la contamination. Taïwan cesse ses exportations et décide non seulement de relancer sa production en la matière, mais aussi de la renforcer drastiquement. Et entreprend de les rationner. Mais « au lieu de faire des tickets de rationnement, les autorités ont décidé d’organiser la vente, avec un système de jours pairs et impairs et en utilisant la carte vitale plutôt que des prescriptions », explique le sinologue Stéphane Corcuff. Le gouvernement va même jusqu’à développer une application qui permet de voir en temps réel dans quelles pharmacies des stocks de masques sont disponibles. Outre la réactivité de son gouvernement, Taïwan peut aussi compter sur « un système de santé hyper-performant », analyse le chercheur Stéphane Corcuff, maître de conférences à Science-Po Lyon. « Le nombre et le niveau de formation des médecins est très élevé, la couverture est universelle, le budget de la santé n’a pas connu de coupes et le secteur est très intégré à la recherche ». Une recherche fondamentale rapidement mise à contribution dans la crise et qui développe en ce moment même des tests de dépistage et des vaccins. Mais les autorités de l’île ont également mis l’accent sur l’information et la sensibilisation. Tous les jours, le centre de commandement unifié tient des conférences de presse pour faire le point sur la situation, rappeler les consignes de sécurité et expliquer les décisions mises en œuvre. « Ces conférences sont très suivies, explique Pierre-Yves Baubry rédacteur pour le site d’information gouvernemental taïwanais Taïwan Info. Et, pour la population, comprendre les mesures rassure beaucoup. » Or, ces consignes sont étroitement respectées par l’administration, les écoles, les universités ou les hôpitaux, mais aussi par les entreprises. Toutes sont équipées de désinfectants pour les mains et les prises de températures sont régulières. Et au quotidien, « les gens font attention », estime Pierre-Yves Baubry, notamment en portant des masques dans les transports en commun. « Le masque est aussi un signe de civisme, ça montrer qu’on est mobilisé, qu’on fait attention à l’autre », souligne ce Français installé à Taïwan depuis 12 ans. « Le port du masque est un réflexe culturel, confirme Stéphane Corcuff.On le met, quand on est malade, dès qu’on entre dans un espace public pour protéger les autres ; et de manière préventive, pour se protéger en cas d’épidémie ». Par ailleurs, les mesures d’hygiène font partie intégrante de la société taïwanaise, en raison notamment de son histoire avec le Japon ou les États-Unis, deux pays pour qui la notion de salubrité est importante. « Et l’éducation à l’hygiène commence dès les petites classes », rapporte le chercheur. Le civisme de la population et la communication du gouvernement, qui n’hésite pas à mettre en avant les différents acteurs de la société impliqués dans la lutte, contribuent à « un vrai sentiment de mobilisation générale » à Taïwan, pointe Pierre-Yves Baubry. Un sentiment renforcé par l’isolement du pays sur la scène internationale, exclu notamment de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « L’impression, c’est que Taïwan doit se débrouiller seule et ne peut s’appuyer que sur ses propres forces ». Un isolement qui a participé à la réactivité de l’île au début de l’épidémie, estime le spécialiste de Taïwan Stéphane Corcuff. « Le niveau de préparation était probablement plus élevé parce que le pays se sent isolé, vulnérable et redouble donc de vigilance. D’une certaine manière, son exclusion des instances internationales renforce sa détermination ». A l’heure actuelle, mis à part une rentrée des classes retardée et quelques évènements culturels annulés ou reportés, la vie à Taïwan n’a pas été bouleversée par l’épidémie de coronavirus. Les déplacements à l’intérieur du pays ne sont pas limités et les entreprises ont continué de fonctionner normalement. « Il n’y a pas eu de blocage généralisé comme en Chine, les gens continuent d’aller au travail, témoigne Pierre-Yves Baubry. Si le coronavirus est présent, c’est surtout dans les conversations. » Malgré ce que le chercheur Stéphane Corcuff estime être un « sans faute » pour le moment, les autorités se gardent de tout triomphalisme. Si le ministre de la Santé Chen Shih-Chung – devenue une personnalité publique incontournable dans cette crise – a expliqué la semaine dernière que la situation « est sous contrôle » à Taïwan, il a également prévenu qu’avec la propagation exponentielle du virus dans le monde, il y avait le risque d’une nouvelle vague d’infections, nécessitant de « rester vigilant ». RFI
I’ve been in this business for 30 years. I’ve been through MERS, SARS, Ebola, the first Gulf war and the second, and I don’t recall anything like this. There’s unnecessary, exaggerated panic. We have to calm people down. People are thinking that there’s a kind of virus, it’s in the air, it’s going to attack every one of us, and whoever is attacked is going to die. That’s not the way it is at all. It’s not in the air. Not everyone [who is infected] dies; most of them will get better and won’t even know they were sick, or will have a bit of mucus. But in Israel and around the world, “everybody is whipping everybody else up into panic — the leaders, via the media, and the wider public — who then in turn start to stress out the leaders. We’ve entered some kind of vicious cycle. We’re talking about a virus that is not airborne. Infection is via droplet transmission… Only if you are close to someone who has the virus, and you get the saliva when he sneezes or coughs, can you get ill. And if you don’t, then maintain personal hygiene, primarily by washing hands. Quarantine is an effective precaution, but there has to be temperate use. You can shut down a whole country, but there are other means. At this stage, we know how the virus behaves, how it spreads, and which groups are in danger. We know now that his virus is primarily dangerous to old people, and to people with a history of chronic disease, and those who are immunocompromised. Leaders who are appearing every night at 8 p.m. to announce all kinds of steps, some of them very important, should first and foremost calm people down. (…) the virus does not appear to be “too intelligent” — unlike flu, “which is very intelligent, it changes, adapts, and it infects people via their airway passages.” Some of the harsh steps taken in Israel — which has essentially closed its borders, limited gatherings to no more than 10 people, closed all educational facilities, and shut down malls, restaurants and places of entertainment and culture — were motivated by the leaders’ acknowledged awareness that the Israeli health system will buckle under any further strain. Home quarantine has been ordered for “everyone who has passed by someone who may have been infected by someone else,” he protested, “because they know that our health system cannot withstand coming under any more strain, because we are perennially stretched to the limit. Prof. Jihad Bishara
The mighty Chinese juggernaut has been humbled this week, apparently by a species-hopping bat virus. While Chinese authorities struggle to control the epidemic and restart their economy, a world that has grown accustomed to contemplating China’s inexorable rise was reminded that nothing, not even Beijing’s power, can be taken for granted. We do not know how dangerous the new coronavirus will be. There are signs that Chinese authorities are still trying to conceal the true scale of the problem, but at this point the virus appears to be more contagious but considerably less deadly than the pathogens behind diseases such as Ebola or SARS—though some experts say SARS and coronavirus are about equally contagious. China’s initial response to the crisis was less than impressive. The Wuhan government was secretive and self-serving; national authorities responded vigorously but, it currently appears, ineffectively. China’s cities and factories are shutting down; the virus continues to spread. We can hope that authorities succeed in containing the epidemic and treating its victims, but the performance to date has shaken confidence in the Chinese Communist Party at home and abroad. Complaints in Beijing about the U.S. refusing entry to noncitizens who recently spent time in China cannot hide the reality that the decisions that allowed the epidemic to spread as far and as fast as it did were all made in Wuhan and Beijing. The likeliest economic consequence of the coronavirus epidemic, forecasters expect, will be a short and sharp fall in Chinese economic growth rates during the first quarter, recovering as the disease fades. The most important longer-term outcome would appear to be a strengthening of a trend for global companies to “de-Sinicize” their supply chains. Add the continuing public health worries to the threat of new trade wars, and supply-chain diversification begins to look prudent. Events like the coronavirus epidemic, and its predecessors—such as SARS, Ebola and MERS—test our systems and force us to think about the unthinkable. If there were a disease as deadly as Ebola and as fast-spreading as coronavirus, how should the U.S. respond? What national and international systems need to be in place to minimize the chance of catastrophe on this scale? Epidemics also lead us to think about geopolitical and economic hypotheticals. We have seen financial markets shudder and commodity prices fall in the face of what hopefully will be a short-lived disturbance in China’s economic growth. What would happen if—perhaps in response to an epidemic, but more likely following a massive financial collapse—China’s economy were to suffer a long period of even slower growth? What would be the impact of such developments on China’s political stability, on its attitude toward the rest of the world, and to the global balance of power? China’s financial markets are probably more dangerous in the long run than China’s wildlife markets. Given the accumulated costs of decades of state-driven lending, massive malfeasance by local officials in cahoots with local banks, a towering property bubble, and vast industrial overcapacity, China is as ripe as a country can be for a massive economic correction. Even a small initial shock could lead to a massive bonfire of the vanities as all the false values, inflated expectations and misallocated assets implode. If that comes, it is far from clear that China’s regulators and decision makers have the technical skills or the political authority to minimize the damage—especially since that would involve enormous losses to the wealth of the politically connected. We cannot know when or even if a catastrophe of this scale will take place, but students of geopolitics and international affairs—not to mention business leaders and investors—need to bear in mind that China’s power, impressive as it is, remains brittle. A deadlier virus or a financial-market contagion could transform China’s economic and political outlook at any time. Many now fear the coronavirus will become a global pandemic. The consequences of a Chinese economic meltdown would travel with the same sweeping inexorability. Commodity prices around the world would slump, supply chains would break down, and few financial institutions anywhere could escape the knock-on consequences. Recovery in China and elsewhere could be slow, and the social and political effects could be dramatic. If Beijing’s geopolitical footprint shrank as a result, the global consequences might also be surprising. Some would expect a return of unipolarity if the only possible great-power rival to the U.S. were to withdraw from the game. Yet in the world of American politics, isolation rather than engagement might surge to the fore. If the China challenge fades, many Americans are likely to assume that the U.S. can safely reduce its global commitments. So far, the 21st century has been an age of black swans. From 9/11 to President Trump’s election and Brexit, low-probability, high-impact events have reshaped the world order. That age isn’t over, and of the black swans still to arrive, the coronavirus epidemic is unlikely to be the last to materialize in China. Walter Russell Mead
Au début du 21e siècle, les cosmopolites jaillissaient que la haute technologie, les communications instantanées, les agences et accords transnationaux, les capitaux à circulation libre, les sociétés internationales et une nouvelle élite mondiale étrangement uniforme avaient finalement fait le nationalisme, les frontières et même la nation. – se déclare tout hors de propos. Le nationalisme a apparemment été relégué à la poubelle de l’histoire, alors que nous atteignions le sommet du citoyen socratique du monde. Il y avait toujours deux défauts à ces reportages étourdissants d’adolescents de journalistes d’opinion du New York Times de renommée mondiale sur la mondialisation gagnant-gagnant, avec leur éloge des aéroports étincelants et du train à grande vitesse supérieur dans ce qui était autrement la Chine communiste, ou des récits de vol la première classe sur Qatar Airlines était paradisiaque par rapport à United ou American Airlines. Premièrement, la mondialisation n’était pas la fin de l’histoire. Il s’agit d’un phénomène récurrent, cyclique et au mieux moralement neutre qui a toujours, au moins en termes relatifs, grandi et diminué au cours des 2 500 dernières années de civilisation – bien que le transcontinentalisme récent ait des conséquences plus importantes à l’ère de l’interconnexion électronique.  Il n’a jamais été gravé dans le marbre que l’Union européenne pourrait à tout jamais abolir les frontières nationales et inventer quelque chose de permanent appelé l’européanisme. Ou que la nouvelle Route de la Soie chinoise lierait le monde sous l’hégémonie chinoise. Ou que les protocoles internationaux de l’Organisation mondiale de la santé rendraient quelque chose comme le coronavirus pratiquement impossible. Ou que le monde se rétrécirait alors que des dizaines de millions volaient sur des Boeing 737 Maxes identiques. (…) Un deuxième problème: pourquoi avons-nous supposé que la mondialisation était intrinsèquement supérieure, disons, au nationalisme, ou que l’agglomération pancontinentale était supérieure aux petits pays autonomes? Bien sûr, l’absorption des coutumes et protocoles locaux dans une culture uniforme pourrait être bénéfique dans certaines régions, mais pourquoi par extension serait-elle dans la plupart des régions? Pourquoi les projets et empires mondialisés en soi devaient-ils être préférés aux républiques locales? La prémisse de la dystopie d’Orwell en 1984 est que les nations du monde d’après-guerre ont été absorbées par seulement trois empires transcontinentaux rivaux, l’Océanie, l’Eurasie et l’Estasie; et avec une telle agrégation cauchemardesque vient la mort de la libre expression et de l’individualisme lui-même. Les arguments de vente supposés de la mondialisation – marchés mondiaux, goûts populaires partagés, langue et devise commerciales communes, culture d’élite sans nation, facilité de déplacement, diffusion d’informations et communications – n’ont jamais été aussi simples. Le réseau transocéanique facile qui reliait Christopher Steele, John Brennan, Stefan Harper, Joseph Mifsud et divers marchands de ragots oligarchiques russes était-il la preuve des attraits d’une culture mondiale commune? Après tout, nous sentons-nous vraiment à l’aise avec les laboratoires de virologie occidentalisés sous le contrôle du Parti communiste chinois qui pourraient avoir la capacité de propager une erreur à travers le monde en quelques heures? Est-ce vraiment une bonne chose que l’importation de cloisons sèches chinoises toxiques ou d’aliments pour chiens chinois contaminés sape les fournisseurs américains et nous rend ainsi plus «compétitifs» et détruit de manière créative les entreprises qui «doivent» être détruites? Pensez-vous que ce soit une bonne affaire de tout produire, de nos médicaments pour le cœur à la chimiothérapie, en Chine?  Trump a été élu en partie parce que les électeurs se méfiaient de la mondialisation asymétrique. Il a fait campagne pour des frontières sûres, une immigration légale et la fin de l’externalisation des industries clés (défense, industries stratégiques et fabrication) dans une Chine totalitaire et hostile, et il a promu l’indépendance générale des États-Unis en matière de carburant, de nourriture et de composants clés. de la vie quotidienne. L’antithèse de son programme – ouverture des frontières, libre circulation de tous les ressortissants étrangers, augmentation de la production de la consommation américaine clé en Chine – est-elle le moyen de lutter contre le coronavirus? La diversité est-elle réellement notre force lorsque plus d’un million d’immigrants illégaux au cours des trois dernières années en provenance d’Amérique centrale appauvrie et du sud du Mexique – sans sanction légale, sans vérification des antécédents criminels, principalement sans diplôme et compétences secondaires, sans audits de santé et sans aucune connaissance ou familiarité avec l’Amérique – simplement écrasé en masse la frontière américaine et se déclarant résidents permanents sinon citoyens de facto? Dans mon quartier, nous voyons des routes voisines maintenant jonchées de canapés abandonnés, de réfrigérateurs tombés en panne et de pneus usés; les fusillades occasionnelles entre gangs rivaux; les salons de coiffure illégaux des arbres d’ombrage, les garderies illicites et les meutes de chiens non autorisés et non vaccinés – sont-ils tous en train de m’apprendre à célébrer la diversité et à comprendre la culture de la plupart des pays du monde? Savons-nous vraiment quels étudiants chinois en technologie dans la Silicon Valley – avec des nuances, des Levi et des tongs – sont parfois employés par l’armée chinoise?  Est-ce que ça importe? Ceux qui se jettent à Davos sont-ils du genre à qui nous faisons confiance pour guider notre avenir politique, commercial, d’entreprise et de divertissement, pour protéger la Déclaration américaine des droits? Est-il si soigné que les joueurs de la NBA adaptent désormais leur expression politique aux souhaits de leurs facilitateurs financiers en Chine? Les visions globalisées d’Angela Merkel sur l’immigration sont-elles descendues sur terre dans les fétides camps de réfugiés de Turquie et de Lesbos et Chios? Je peux comprendre pourquoi des grands brillants ou puissants ou au moins bien connectés – Bill Gates, Mark Zuckerberg, Jeff Bezos, George Soros, Barack Obama, Bill et Hillary Clinton, Emmanuel Macron, les génies de la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, le Conseil des relations étrangères et l’Union européenne – applaudissent la mondialisation du monde. Mais je ne suis pas rassuré que leur argent, leurs titres, leur influence, leurs diplômes ou leurs relations signifient qu’ils sont soit sages, soit même toujours bien intentionnés. La description par Mike Bloomberg de l’agriculture supposée ne rien savoir, ancienne et moderne, rappelle à quel point l’éclat commercial mondial et la stupidité pratique sont souvent symbiotiques. Pensions-nous vraiment que l’islam fondamentaliste accepterait simplement l’empiétement de l’Occident sur sa culture de l’âge sombre et permettrait de perturber sa portée et son influence ferventes, simplement parce que nous l’avons appelé «mondialisation» – sans voir cette uniformité croissante comme une menace pour son huitième siècle vue sur le monde et à l’emprise des imams et des mollahs? Était-il vraiment imprévu que Ben Laden ou les talibans ou le flippant al-Baghdadi puissent trouver les médias sociaux occidentalisés et Internet utiles pour accélérer la terreur anti-occidentale? Le fait que Ben Laden était autrefois un playboy à Beyrouth ou dans son entourage soi-disant collé au porno occidentalisé sur son ordinateur ne suggère pas qu’il ressentait autre chose que de la haine pour le monde moderne occidentalisé et souhaitait utiliser ses propres protocoles pour le détruire. Comme il est étrange que la plupart des pires islamistes soient des créatures de la mondialisation, sans lesquelles personne ne se soucierait beaucoup de leurs activités locales de levée de l’enfer et de voyous dans les rues de Bagdad, Damas ou Le Caire. Ou étaient-ils des créatures virtuelles du centre commercial Western Strip: accrochés au consumérisme tout en méprisant les forces qui l’ont créé, comme des vieilles basses vétéranes au fond de l’étang qui ne peuvent toujours pas résister à mordre sur les leurres brillants qui les enrouleront. Si notre mondialisation l’avenir est ce qui est régurgité tous les soirs sur les nouvelles internationales homogénéisées standard CNN ou BBC, l’orthodoxie politique de Davos, les platitudes de Bruxelles et de Strasbourg, ou l’éthos mondialisé qui a envoyé Bill Clinton à Moscou pour une contrepartie de 500000 $ en honoraires ou Hunter Biden à Burisma ou Google pour extraire des données et masser les recherches internationales sur Internet de plus de 3 milliards de personnes, alors je préférerais vivre sous les coutumes et la culture d’une nation survolée. Oui, la mondialisation sans entraves a donné aux populations appauvries de l’Afrique subsaharienne un coup de feu aux produits pharmaceutiques vitaux, et elle a propagé le capitalisme de marché qui a sorti des milliards de la pauvreté. L’ironie est que les gardiens les plus fiables et les plus fiables de la science mondialisée et internationalisée dangereuse – ou de la culture, du commerce et de la politique harmonisés volatils – n’étaient pas des technocrates orwelliens internationaux et apatrides mais des États-nations viables qui pourraient encore réglementer et filtrer les excès et les dangers du mondialisme. . En fin de compte, nous n’avons aucun contrôle sur Wuhan, en Chine, mais il a apparemment beaucoup de contrôle sur nous. Il y avait aussi des concepts occidentaux à l’ancienne et honorés tels que l’autonomie et l’autarcie – indépendance et autosuffisance – qui ont maintenant été diabolisés comme chauvinisme et protectionnisme. (…) Lorsque nous devenons des citoyens du monde, c’est-à-dire des citoyens de partout, nous finissons par devenir des citoyens d’utopie. Autrement dit, en tant que citoyens de οὐ τόπος – de «pas de place». Victor Davis Hanson
By the early 21st century, cosmopolitans were gushing that high-tech, instant communications, transnational agencies and agreements, free-flowing capital, international corporations, and a new eerily uniform global elite had, finally, made nationalism, borders, and even the nation-state itself all irrelevant. Nationalism was apparently relegated to the dustbin of history, as we hit peak Socratic citizen-of-the-worldism. There were always two flaws to these adolescent giddy reports from world-bestriding New York Times op-ed journalists about win-win globalization, with their praise of gleaming airports and superior high-speed rail in what was otherwise Communist China, or accounts of flying first-class on Qatar Airlines was heavenly compared with backward United or American Airlines. One, globalization was not the end of history. It is a recurrent, cyclical, and at best morally neutral phenomenon that has always, at least in relative terms, waxed and waned over the past 2,500 years of civilization — although recent transcontinentalism carries greater consequences in the era of electronic interconnectedness. (…)It was never set in stone that the European Union could forever abolish national borders and invent something permanent called Europeanism. Or that the new Chinese Silk Road would tie the world together under Chinese hegemony. Or that the World Health Organization’s international protocols would make something like the coronavirus virtually impossible. Or that the world would shrink as tens of millions flew on identical Boeing 737 Maxes. (…) A second problem: Why did we assume that globalization was inherently superior to, say, nationalism, or that pancontinental conglomeration was superior to small autonomous countries? Of course, absorption of local customs and protocols into a uniform culture could be beneficial in some areas, but why by extension would it be in most all areas? Why were globalized projects and empires per se to be preferred to local republics? The premise of Orwell’s dystopian 1984 is that the nations of the postwar world have been absorbed by just three transcontinental feuding empires, Oceania, Eurasia, and Eastasia; and with such nightmarish aggregation comes the death of free expression and individualism itself. Globalization’s supposed selling points — worldwide markets, shared popular tastes, a common commercial language and currency, a nationless elite culture, ease of travel, dissemination of information, and communications — were never so simple. Was the easy transoceanic networking that linked Christopher Steele, John Brennan, Stefan Harper, Joseph Mifsud, and various Russian oligarchical gossip-mongers proof of the attractions of a common global culture? After all, do we really feel comfortable with Westernized virology labs under the control of the Chinese Communist Party that might have the ability to spread a mistake throughout the world in a matter of hours? Is it really a great thing that imported toxic Chinese drywall or tainted Chinese dog food undercuts American suppliers, and thereby makes us more “competitive,” and creatively destroys those businesses that “need” to be destroyed? Do we think it is good business to have everything from our heart medicines to chemotherapy produced in China? Trump got elected in part because voters were wary of asymmetrical globalization. He campaigned on secure borders, legal-only immigration, and an end to the outsourcing of key industries (defense, strategic industries, and manufacturing) to a totalitarian and hostile China, and he promoted general American independence in fuel, food, and key components of everyday life. Is the antithesis of his agenda — open borders, the free flow of all foreign nationals, more production of key U.S. consumption in China — the way to combat the coronavirus? Is diversity actually our strength when over a million illegal immigrants over the past three years from impoverished Central America and southern Mexico — without legal sanction, without criminal background checks, mostly without high-school diplomas and skills, without health audits, and without any knowledge of or familiarity with America — simply en masse crashed the U.S. border and declared themselves permanent residents if not de facto citizens? In my neighborhood, we see nearby roads now littered with abandoned couches, cast-off refrigerators, and worn-out tires; the occasional shoot-outs between rival gangs; shade-tree illegal barber shops, illicit day-care centers, and unlicensed, unvaccinated packs of dogs — are these all teaching me to celebrate diversity and to get with the culture of most of the world? Do we really know which particular Chinese technology students in Silicon Valley — with shades, Levi’s, and flip-flops — are in the sometime employment of the Chinese military? Does it matter? Are those who jet into Davos the sort that we trust to guide our political, commercial, corporate, and entertainment future, to protect the American Bill of Rights? Is it so neat that the NBA players now tailor their political expression to fit the wishes of their financial enablers in China? Has Angela Merkel’s globalized visions of immigration come down to earth at the fetid refugee camps of Turkey and Lesbos and Chios? I can understand why brilliant or powerful or at least well-connected grandees — Bill Gates, Mark Zuckerberg, Jeff Bezos, George Soros, Barack Obama, Bill and Hillary Clinton, Emmanuel Macron, the geniuses of the World Bank, the International Monetary Fund, the Council on Foreign Relations, and the European Union — applaud the globalization of the world. But I am not reassured that their money, titles, influence, degrees, or connections mean that they are either wise or even always well-intentioned. Mike Bloomberg’s description of supposed know-nothing farming, ancient and modern, reminds one of how global commercial brilliance and practical stupidity are often symbiotic. Did we really think that fundamentalist Islam would simply accept Western encroachment on its Dark Age culture and allow the disruption of its fervent reach and influence, simply because we called it “globalization” — without seeing such growing uniformity as a threat to its eighth-century view of the world and to the sway of imams and mullahs? Was it really unforeseen that Bin Laden or the Taliban or the creepy al-Baghdadi might find Westernized social media and the Internet useful in expediting anti-Western terror? The fact that Bin Laden was once a playboy in Beirut or in his dotage supposedly sat glued to Westernized porn on his computer did not suggest he felt anything but hatred for the Westernized modern world and wished to use its own protocols to destroy it. How strange that most of the worst Islamists were creatures of globalization, without which no one would have cared much about their usual local hell-raising and thuggery in the streets of Baghdad, Damascus, or Cairo. Or were they virtual creatures of the Western strip mall: hooked on consumerism while despising the forces that created it, like veteran old bass at the bottom of the pond that still cannot resist biting on the shiny lures that will reel them in. If our globalized future is what is regurgitated nightly on the standard homogenized CNN or BBC international news, the political orthodoxy of Davos, the platitudes of Brussels and Strasbourg, or the globalized ethos that sent Bill Clinton to Moscow for a quid pro quo $500,000 honorarium or Hunter Biden to Burisma, or Google to data-mine and massage the international Internet searches of over a 3 billion people, then I would prefer to live under the customs and culture of a flyover nation. Yes, unfettered globalization gave the impoverished people of sub-Saharan Africa a shot at lifesaving pharmaceuticals, and it spread market capitalism that lifted billions out of poverty. The irony is that the most reliable and trustworthy custodians of dangerous globalized and internationalized science — or volatile harmonized culture, commerce, and politics — were not Orwellian international and stateless technocrats but viable nation-states that still might regulate and filter out globalism’s excesses and dangers. In the end, we have no control over Wuhan, China, but it apparently has a lot of control over us. There also used to be old-fashioned, honored Western concepts such as autonomia and autarkeia — independence and self-sufficiency — that have now been demonized as chauvinism and protectionism. (…) When we become citizens of the world, that is, citizens of everyplace, then we end up citizens of utopia. That is, as citizens of οὐ τόπος — of “no place.” Victor Davis Hanson
The current coronavirus disease, Covid-19, has been called a once-in-a-century pandemic. But it may also be a once-in-a-century evidence fiasco. At a time when everyone needs better information, from disease modelers and governments to people quarantined or just social distancing, we lack reliable evidence on how many people have been infected with SARS-CoV-2 or who continue to become infected. Better information is needed to guide decisions and actions of monumental significance and to monitor their impact. Draconian countermeasures have been adopted in many countries. If the pandemic dissipates — either on its own or because of these measures — short-term extreme social distancing and lockdowns may be bearable. How long, though, should measures like these be continued if the pandemic churns across the globe unabated? How can policymakers tell if they are doing more good than harm? Vaccines or affordable treatments take many months (or even years) to develop and test properly. Given such timelines, the consequences of long-term lockdowns are entirely unknown. The data collected so far on how many people are infected and how the epidemic is evolving are utterly unreliable. Given the limited testing to date, some deaths and probably the vast majority of infections due to SARS-CoV-2 are being missed. We don’t know if we are failing to capture infections by a factor of three or 300. Three months after the outbreak emerged, most countries, including the U.S., lack the ability to test a large number of people and no countries have reliable data on the prevalence of the virus in a representative random sample of the general population. This evidence fiasco creates tremendous uncertainty about the risk of dying from Covid-19. Reported case fatality rates, like the official 3.4% rate from the World Health Organization, cause horror — and are meaningless. Patients who have been tested for SARS-CoV-2 are disproportionately those with severe symptoms and bad outcomes. As most health systems have limited testing capacity, selection bias may even worsen in the near future. The one situation where an entire, closed population was tested was the Diamond Princess cruise ship and its quarantine passengers. The case fatality rate there was 1.0%, but this was a largely elderly population, in which the death rate from Covid-19 is much higher. Projecting the Diamond Princess mortality rate onto the age structure of the U.S. population, the death rate among people infected with Covid-19 would be 0.125%. But since this estimate is based on extremely thin data — there were just seven deaths among the 700 infected passengers and crew — the real death rate could stretch from five times lower (0.025%) to five times higher (0.625%). It is also possible that some of the passengers who were infected might die later, and that tourists may have different frequencies of chronic diseases — a risk factor for worse outcomes with SARS-CoV-2 infection — than the general population. Adding these extra sources of uncertainty, reasonable estimates for the case fatality ratio in the general U.S. population vary from 0.05% to 1%. That huge range markedly affects how severe the pandemic is and what should be done. A population-wide case fatality rate of 0.05% is lower than seasonal influenza. If that is the true rate, locking down the world with potentially tremendous social and financial consequences may be totally irrational. It’s like an elephant being attacked by a house cat. Frustrated and trying to avoid the cat, the elephant accidentally jumps off a cliff and dies. John P.A. Ioannidis (Stanford University)
La maladie actuelle du coronavirus, Covid-19, a été qualifiée de pandémie du siècle. Mais elle pourrait aussi être le fiasco de preuves du siècle. À une époque où tout le monde a besoin de meilleures informations, des modélisateurs de maladie et des gouvernements aux personnes mises en quarantaine ou se soumettant simplement à la distance sociale, nous manquons de preuves fiables sur le nombre de personnes infectées par le SRAS-CoV-2 ou qui continuent de l’être. Une meilleure information est nécessaire pour guider des décisions et des actions d’une importance monumentale et pour surveiller leur impact. Des contre-mesures draconiennes ont été adoptées dans de nombreux pays. Si la pandémie se dissipe – d’elle-même ou suite à ces mesures – une distanciation sociale et des confinements extrêmes à court terme peuvent être supportables. Cependant, pendant combien de temps de telles mesures devraient-elles être maintenues si la pandémie se propage à travers le monde sans relâche? Comment les décideurs peuvent-ils dire s’ils font plus de bien que de mal? Les vaccins ou les traitements abordables mettent plusieurs mois (voire des années) à être développés et testés correctement. Compte tenu de ces délais, les conséquences du confinement à long terme sont totalement inconnues. Les données recueillies à ce jour sur le nombre de personnes infectées et l’évolution de l’épidémie ne sont absolument pas fiables. Compte tenu des tests limités à ce jour, certains décès et probablement la grande majorité des infections dues au SRAS-CoV-2 ne sont pas repérés. Nous ne savons pas si nous ne parvenons pas à capturer les infections par un facteur de trois ou de 300. Trois mois après l’apparition de l’épidémie, la plupart des pays, y compris les États-Unis, n’ont pas la capacité de tester un grand nombre de personnes et aucun pays ne dispose de données fiables sur la prévalence du virus dans un échantillon aléatoire représentatif de la population générale. Ce fiasco de preuves crée une énorme incertitude quant au risque de mourir du Covid-19. Les taux de létalité signalés, comme le taux officiel de 3,4% de l’OMS, provoquent l’horreur – et n’ont aucun sens. Les patients qui ont été testés pour le SRAS-CoV-2 sont de manière disproportionnée ceux qui présentent des symptômes graves et de mauvais résultats. Comme la plupart des systèmes de santé ont une capacité de test limitée, le biais de sélection peut même s’aggraver dans un avenir proche. La seule situation où une population entière et fermée a été testée était le bateau de croisière Diamond Princess et ses passagers en quarantaine. Le taux de létalité était de 1,0%, mais il s’agissait d’une population largement âgée, dans laquelle le taux de mortalité du Covid-19 est beaucoup plus élevé. En projetant le taux de mortalité du Diamond Princess sur la structure par âge de la population américaine, le taux de mortalité parmi les personnes infectées par le Covid-19 serait de 0,125%. Mais comme cette estimation est basée sur des données extrêmement minces – il n’y a eu que sept décès parmi les 700 passagers et membres d’équipage infectés – le taux de mortalité réel pourrait aller de cinq fois moins (0,025%) à cinq fois plus (0,625%). Il est également possible que certains des passagers infectés décèdent plus tard, et que les touristes aient des fréquences de maladies chroniques différentes – un facteur de risque de pire issue de l’infection par le SRAS-CoV-2 – que la population générale. En ajoutant ces sources supplémentaires d’incertitude, les estimations raisonnables du taux de létalité dans la population générale des États-Unis varient de 0,05% à 1%. Cet énorme éventail affecte considérablement la gravité de la pandémie et ce qu’il convient de faire. Un taux de létalité de 0,05% dans l’ensemble de la population est inférieur à celui de la grippe saisonnière. Si tel est le véritable taux, confiner le monde avec des conséquences sociales et financières potentiellement énormes peut être totalement irrationnel. C’est comme un éléphant attaqué par un chat domestique. Frustré et essayant d’éviter le chat, l’éléphant saute accidentellement d’une falaise et meurt. John P.A. Ioannidis (Stanford University)

Quel fiasco du siècle ?

Lorsque …

Pour sauver les habitudes culinaires et médicinales si particulières de nos amis chinois …

Qui ont mis près d’un mois à révéler à leur propre population et au monde la nature du virus qu’ils ont lâché sur la planète …

Et pour prolonger de quelques mois la vie de nos octogénaires

A l’instar d’une Italie vite débordée pour cause de non-isolement de ses premiers malades ..

Nous prétendons, entre psychose collective et emballement médiatique, confiner le monde entier …

Avec des conséquences sociales et financières et même psychologiques et mentales potentiellement suicidaires …

Alors que le taux de mortalité dans la seule situation où une population entière, fermée et largement âgée a été testée

Ne dépassait pas 1% ?

A fiasco in the making? As the coronavirus pandemic takes hold, we are making decisions without reliable data
John P.A. Ioannidis
STAT
March 17, 2020

The current coronavirus disease, Covid-19, has been called a once-in-a-century pandemic. But it may also be a once-in-a-century evidence fiasco.At a time when everyone needs better information, from disease modelers and governments to people quarantined or just social distancing, we lack reliable evidence on how many people have been infected with SARS-CoV-2 or who continue to become infected. Better information is needed to guide decisions and actions of monumental significance and to monitor their impact.Draconian countermeasures have been adopted in many countries. If the pandemic dissipates — either on its own or because of these measures — short-term extreme social distancing and lockdowns may be bearable. How long, though, should measures like these be continued if the pandemic churns across the globe unabated? How can policymakers tell if they are doing more good than harm?Vaccines or affordable treatments take many months (or even years) to develop and test properly. Given such timelines, the consequences of long-term lockdowns are entirely unknown.The data collected so far on how many people are infected and how the epidemic is evolving are utterly unreliable. Given the limited testing to date, some deaths and probably the vast majority of infections due to SARS-CoV-2 are being missed. We don’t know if we are failing to capture infections by a factor of three or 300. Three months after the outbreak emerged, most countries, including the U.S., lack the ability to test a large number of people and no countries have reliable data on the prevalence of the virus in a representative random sample of the general population.This evidence fiasco creates tremendous uncertainty about the risk of dying from Covid-19. Reported case fatality rates, like the official 3.4% rate from the World Health Organization, cause horror — and are meaningless. Patients who have been tested for SARS-CoV-2 are disproportionately those with severe symptoms and bad outcomes. As most health systems have limited testing capacity, selection bias may even worsen in the near future.The one situation where an entire, closed population was tested was the Diamond Princess cruise ship and its quarantine passengers. The case fatality rate there was 1.0%, but this was a largely elderly population, in which the death rate from Covid-19 is much higher.Projecting the Diamond Princess mortality rate onto the age structure of the U.S. population, the death rate among people infected with Covid-19 would be 0.125%. But since this estimate is based on extremely thin data — there were just seven deaths among the 700 infected passengers and crew — the real death rate could stretch from five times lower (0.025%) to five times higher (0.625%). It is also possible that some of the passengers who were infected might die later, and that tourists may have different frequencies of chronic diseases — a risk factor for worse outcomes with SARS-CoV-2 infection — than the general population. Adding these extra sources of uncertainty, reasonable estimates for the case fatality ratio in the general U.S. population vary from 0.05% to 1%.That huge range markedly affects how severe the pandemic is and what should be done. A population-wide case fatality rate of 0.05% is lower than seasonal influenza. If that is the true rate, locking down the world with potentially tremendous social and financial consequences may be totally irrational. It’s like an elephant being attacked by a house cat. Frustrated and trying to avoid the cat, the elephant accidentally jumps off a cliff and dies.Could the Covid-19 case fatality rate be that low? No, some say, pointing to the high rate in elderly people. However, even some so-called mild or common-cold-type coronaviruses that have been known for decades can have case fatality rates as high as 8% when they infect elderly people in nursing homes. In fact, such “mild” coronaviruses infect tens of millions of people every year, and account for 3% to 11% of those hospitalized in the U.S. with lower respiratory infections each winter.These “mild” coronaviruses may be implicated in several thousands of deaths every year worldwide, though the vast majority of them are not documented with precise testing. Instead, they are lost as noise among 60 million deaths from various causes every year.Although successful surveillance systems have long existed for influenza, the disease is confirmed by a laboratory in a tiny minority of cases. In the U.S., for example, so far this season 1,073,976 specimens have been tested and 222,552 (20.7%) have tested positive for influenza. In the same period, the estimated number of influenza-like illnesses is between 36,000,000 and 51,000,000, with an estimated 22,000 to 55,000 flu deaths.Note the uncertainty about influenza-like illness deaths: a 2.5-fold range, corresponding to tens of thousands of deaths. Every year, some of these deaths are due to influenza and some to other viruses, like common-cold coronaviruses.In an autopsy series that tested for respiratory viruses in specimens from 57 elderly persons who died during the 2016 to 2017 influenza season, influenza viruses were detected in 18% of the specimens, while any kind of respiratory virus was found in 47%. In some people who die from viral respiratory pathogens, more than one virus is found upon autopsy and bacteria are often superimposed. A positive test for coronavirus does not mean necessarily that this virus is always primarily responsible for a patient’s demise.

If we assume that case fatality rate among individuals infected by SARS-CoV-2 is 0.3% in the general population — a mid-range guess from my Diamond Princess analysis — and that 1% of the U.S. population gets infected (about 3.3 million people), this would translate to about 10,000 deaths. This sounds like a huge number, but it is buried within the noise of the estimate of deaths from “influenza-like illness.” If we had not known about a new virus out there, and had not checked individuals with PCR tests, the number of total deaths due to “influenza-like illness” would not seem unusual this year. At most, we might have casually noted that flu this season seems to be a bit worse than average. The media coverage would have been less than for an NBA game between the two most indifferent teams.

Some worry that the 68 deaths from Covid-19 in the U.S. as of March 16 will increase exponentially to 680, 6,800, 68,000, 680,000 … along with similar catastrophic patterns around the globe. Is that a realistic scenario, or bad science fiction? How can we tell at what point such a curve might stop?

The most valuable piece of information for answering those questions would be to know the current prevalence of the infection in a random sample of a population and to repeat this exercise at regular time intervals to estimate the incidence of new infections. Sadly, that’s information we don’t have.

In the absence of data, prepare-for-the-worst reasoning leads to extreme measures of social distancing and lockdowns. Unfortunately, we do not know if these measures work. School closures, for example, may reduce transmission rates. But they may also backfire if children socialize anyhow, if school closure leads children to spend more time with susceptible elderly family members, if children at home disrupt their parents ability to work, and more. School closures may also diminish the chances of developing herd immunity in an age group that is spared serious disease.

This has been the perspective behind the different stance of the United Kingdom keeping schools open, at least until as I write this. In the absence of data on the real course of the epidemic, we don’t know whether this perspective was brilliant or catastrophic.

Flattening the curve to avoid overwhelming the health system is conceptually sound — in theory. A visual that has become viral in media and social media shows how flattening the curve reduces the volume of the epidemic that is above the threshold of what the health system can handle at any moment.

Yet if the health system does become overwhelmed, the majority of the extra deaths may not be due to coronavirus but to other common diseases and conditions such as heart attacks, strokes, trauma, bleeding, and the like that are not adequately treated. If the level of the epidemic does overwhelm the health system and extreme measures have only modest effectiveness, then flattening the curve may make things worse: Instead of being overwhelmed during a short, acute phase, the health system will remain overwhelmed for a more protracted period. That’s another reason we need data about the exact level of the epidemic activity.

One of the bottom lines is that we don’t know how long social distancing measures and lockdowns can be maintained without major consequences to the economy, society, and mental health. Unpredictable evolutions may ensue, including financial crisis, unrest, civil strife, war, and a meltdown of the social fabric. At a minimum, we need unbiased prevalence and incidence data for the evolving infectious load to guide decision-making.

In the most pessimistic scenario, which I do not espouse, if the new coronavirus infects 60% of the global population and 1% of the infected people die, that will translate into more than 40 million deaths globally, matching the 1918 influenza pandemic.

The vast majority of this hecatomb would be people with limited life expectancies. That’s in contrast to 1918, when many young people died.

One can only hope that, much like in 1918, life will continue. Conversely, with lockdowns of months, if not years, life largely stops, short-term and long-term consequences are entirely unknown, and billions, not just millions, of lives may be eventually at stake.

If we decide to jump off the cliff, we need some data to inform us about the rationale of such an action and the chances of landing somewhere safe.

John P.A. Ioannidis is professor of medicine, of epidemiology and population health, of biomedical data science, and of statistics at Stanford University and co-director of Stanford’s Meta-Research Innovation Center.

Voir aussi:

Le danger du coronavirus n’est pas celui que vous croyez

Je n’ai jamais vécu un tel degré d’inquiétude pour une maladie infectieuse et d’ailleurs pour aucune autre.

Gilbert Deray
Néphrologue et pharmacologue, chef du service de Néphrologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris
The Huffington Post
13/03/2020

SANTÉ – Depuis 30 ans, de mon observatoire hospitalier, j’ai vécu de nombreuses crises sanitaires, HIV, SRAS, MERS, résurgence de la tuberculose, bactéries multi-résistantes, nous les avons gérées dans le calme et très efficacement.

Aucune n’a donné lieu à la panique actuelle. Je n’ai jamais vécu un tel degré d’inquiétude pour une maladie infectieuse et d’ailleurs pour aucune autre.

Mesures adaptées

Et pourtant, Je ne suis pas inquiet quant aux conséquences médicales du Coronavirus. Rien dans les chiffres actuels sur la mortalité et la diffusion du virus ne justifie la panique mondiale sanitaire et surtout économique.

Les mesures prises sont adaptées et efficaces et elles permettront le contrôle de l’épidémie. C’est déjà le cas en Chine, foyer initial et de loin le plus important de cet agent infectieux, ou l’épidémie est en train de s’éteindre.
L’avenir proche dira si je me suis trompé.

Inquiétudes

Par contre, je suis inquiet des vols de masques et que ceux nécessaires à la protection des personnels soignants et des personnes à risque, nos anciens et celles déjà malades, en particulier les patients immunodéprimés, soient distribués pour une efficacité nulle dans les aéroports, les cafés et les centres commerciaux.

Je suis inquiet des vols de gels nettoyants.

Je suis inquiet de ces rixes pour acheter du papier toilette et des boîtes de riz et de pâtes.

Je suis inquiet de cette terreur qui conduit à faire des stocks obscènes de nourriture dans des pays où elle est disponible dans une abondance tout aussi obscène.

Je suis inquiet pour nos anciens déjà seuls et qu’il ne faut plus ni voir ni toucher de peur de les tuer. Ils mourront plus vite mais “seulement” de solitude. Nous avions l’habitude de ne pas rendre visite à nos parents et grands-parents si nous avions la grippe, pas de les éviter “au cas où” et pour une durée indéterminée, ce n’est en rien différent pour le coronavirus.

Santé

Je suis inquiet que la santé ne devienne un objet de communication belliqueuse et de conflit comme un autre, alors qu’elle devrait être une cause ultime de lutte dans le rassemblement.

Je suis inquiet que notre système de santé, déjà en grandes difficultés, soit prochainement débordé par un afflux de malades au moindre signe de syndrome grippal. Ce sont alors toutes les autres maladies que nous ne pourrons prendre en charge. Un infarctus du myocarde ou une appendicite ce sont toujours des urgences, un virus rarement.

Médias

La couverture médiatique sur le coronavirus est très anxiogène et elle participe à l’affolement de chacun.

Cela conduit aux théories du complot les plus folles du genre, “ils nous cachent quelque chose”. Rien n’est obscur, c’est impossible en médecine dans ce monde du numérique où la connaissance scientifique est immédiate et sans filtre.

Le coronavirus ne tue (presque) que les organismes déjà fragiles.

Je suis inquiet que ce minuscule être vivant ne fasse que dévoiler les immenses fractures et fragilités de nos sociétés. Les morts qui se compteront alors par millions seront ceux de l’affrontement des individus dans l’indifférence totale de l’intérêt collectif.

Voir également:

COVID-19 : APPEL AU CALME !

Jean-Dominique Michel

« Notre plus grand ennemi à ce jour, ce n’est pas le virus lui-même. Ce sont les rumeurs, la peur et la stigmatisation. »Dr Tedros Adhanom GhebreyesusDirecteur général de l’OMS

L’épidémie en cours due au coronavirus Sars-CoV-2 est en train de générer un phénomène de panique planétaire. Ceci alors même que les autorités sanitaires ont dit et répété que la peur constituait un risque pire que l’épidémie elle-même. Et que les données dont nous disposons aujourd’hui, avec quelques semaines de recul, sont dans l’ensemble plutôt rassurantes. Explications et décryptages.

Le Pr Gilbert Deray, Médecin-chef du service de néphrologie de l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, vient de publier une tribune poignante : « Depuis 30 ans, écrit-il, de mon observatoire hospitalier, j’ai vécu de nombreuses crises sanitaires, HIV, SRAS, MERS, résurgence de la tuberculose, bactéries multi-résistantes, nous les avons gérées dans le calme et très efficacement.
Aucune n’a donné lieu à la panique actuelle. Je n’ai jamais vécu un tel degré d’inquiétude pour une maladie infectieuse et d’ailleurs pour aucune autre.
Et pourtant, je ne suis pas inquiet quant aux conséquences médicales du coronavirus. Rien dans les chiffres actuels sur la mortalité et la diffusion du virus ne justifie la panique mondiale sanitaire et surtout économique. Les mesures prises sont adaptées et efficaces et elles permettront le contrôle de l’épidémie. C’est déjà le cas en Chine, foyer initial et de loin le plus important de cet agent infectieux, ou l’épidémie est en train de s’éteindre. »

Ajoutant à juste titre que : « La couverture médiatique sur le coronavirus est très anxiogène et elle participe à l’affolement de chacun. »

Je ne suis ni microbiologiste, ni infectiologue. Mon domaine d’expertise, l’anthropologie médicale, consiste à analyser de manière scientifique les pratiques de soins et les dispositifs de santé publique. Ce que je fais depuis plus de 30 ans et m’a valu d’être invité à enseigner dans une quinzaine de programmes universitaires et de Hautes écoles en santé.

Mon expérience en santé mentale me laisse très préoccupé par la psychose collective que nous sommes en train de générer, et qui impacte violemment la vie de chacun(e) d’entre nous. Ces réactions de panique vont avoir des conséquences socio-économiques, culturelles et sociales dévastatrices. Quelques rappels sont essentiels quant à ce que nous savons et ce qui nous piège collectivement dans de graves distorsions cognitives.

 

Nos autorités font (à peu près) tout juste… et donc à peu près tout faux ?!

J’ai déjà écrit au sujet des nombreux paradoxes existant autour de cette épidémie. Celui-ci n’est sans doute pas le moindre : les décisions prises par nos autorités sont dans l’ensemble raisonnablement proportionnées. Elles rappellent qu’il n’y a pas de lieu de paniquer, seulement d’être prudents. Elles jouent une partition compliquée mais essentielle : être suffisamment alarmistes pour mobiliser autour des justes messages de prévention, sans nourrir des peurs excessives. Et elles se font donc tirer dessus des deux côtés !

C’est bien sûr la quadrature du cercle : comment garder raison sans paniquer ni minimiser les risques, de sorte à prendre les meilleures décisions face à une épidémie dont tout indique que nous pourrons la juguler efficacement.

Le Conseil d’État et le médecin cantonal genevois ont répété que les mesures prises visaient à contenir le rythme de croissance de l’épidémie pour éviter que les services d’urgence des hôpitaux soient saturés et protéger les personnes à risque. Le Pr Romand a rappelé avec fermeté que nous n’étions absolument pas en situation de catastrophe sanitaire.

Les toutes dernières mesures prises (fermetures des écoles en particulier) le sont sans que l’on sache si elles sont nécessaires ou inutiles. Le principe de précaution et une pression populaire manifeste ont conduit le Conseil fédéral à s’aligner sur les gouvernements qui ont déjà décidé de ce « grounding » scolaire. L’avenir nous dira ce qu’il en est d’une éventuelle contagiosité des enfants, qui ne tombent eux-mêmes pas malades du coronavirus. Il n’est en effet pas évident qu’ils puissent être contagieux en l’absence de symptômes comme la toux, mais les autorités ont préféré éviter d’avoir à le constater trop tard si d’aventure c’était le cas. Les donnée dont nous disposons indiquent pour l’instant que les pays qui ont fermé les écoles contenaient beaucoup mieux l’épidémie…

Quelques rappels utiles :

 

1/ L’épidémie en cours ne présente pas de danger pour l’immense majorité des gens.

La philosophie de l’OMS est de paniquer diligemment face à tout nouveau danger épidémique. L’idée est qu’il vaut mieux paniquer trop tôt que trop tard et ne pas perdre de temps face à des mesures d’endiguement. Avec une dramatisation contradictoire : on fait peur pour faire bouger les gouvernements, tout en professant par ailleurs que le virus est moins dangereux que la peur qu’il génère (?!)  Il importe donc de dire et de rappeler que les données à ce stade sont rassurantes : plus de 98% des personnes qui ont contracté le virus en guérissent, et sauf facteur de risque (comme le grand âge et/ou une pathologie somatique grave), l’infection est habituellement banale, et ne présente pas de danger particulier ! Sa mortalité (nous y reviendrons) n’est pas plus élevée que celle d’autres coronavirus. Par contre, et c’est tout le problème, elle s’avère dangereuse pour des groupes à risque avec le besoin de soins intensifs dans les cas critiques…

Le tableau statistiques suivant décrit la mortalité constatée en Italie sur les 1017 premiers cas, par tanche d’âge.

Stats Italie.jpg

2/ Le taux de mortalité est fortement surévalué.

Pour une raison très simple : nous sommes incapables de quantifier à ce stade le nombre de personnes infectées mais non dépistées (notamment parce qu’elles ne sont pas ou que peu symptomatiques ou, depuis peu, qu’on ne fait plus de dépistage hormis pour les cas critiques). Le taux de mortalité est donc établi selon le ratio entre le nombre de cas déclarés et le nombre de personnes décédées, ce qui crée une évidente distorsion à la hausse.

Le taux originellement indiqué par l’OMS est en cours de révision à la baisse. Le virologue Christian Drosten, référence en Allemagne, l’évalue dans une fourchette allant de 0,3% à 0,7%. Selon les données suisses, on est actuellement à 0,6% au lieu des 2 à 3,5% attendus -ce qui nous remet dans les statistiques de létalité habituelles des coronavirus courants.

On ne le dira jamais assez : les précautions imposées ne le sont pas à cause du danger que court tout un chacun, mais dans le but d’une part de ralentir la progression de l’épidémie pour éviter de surcharger les hôpitaux et de l’autre de protéger les personnes à risque. Ce sont des mesures de précaution pour autrui que nous devons bien sûr tous respecter mais pas parce que nous serions en danger !

 

3/ Les autres facteurs de morbidité/mortalité sont occultés.

C’est une sacrée question ! Les vrais fléaux collectifs en santé aujourd’hui sont la malbouffe, la pollution, la sédentarité et le stress. Ils sont impliqués dans la totalité des pathologies chroniques (maladies cardio-vasculaires, diabète, cancers, maladies auto-immunes, neurodégénératives, et même psychiatriques, etc.) avec un ordre de causalité allant de 50 à 80% selon les pathologies. Et une mortalité globale stratosphérique en comparaison du COVID-19 !

Or, ces maladies sont elles-mêmes le principal facteur de risque pour celui-ci…

Les différences dans les taux de mortalité du COVID-19 selon les pays et régions, une fois les statistiques pondérées de la distorsion indiquée au point précédent, devront être pondérées une nouvelle fois en fonction de l’exposition aux grands facteurs de risque mentionnés ici.

Si des « tueurs silencieux » rendent certaines personnes malades et partant incapables de se protéger contre un virus normalement inoffensif, est-ce le virus qui est en cause ou cet effondrement de la capacité immunitaire du fait de facteurs pour lesquels rien de sérieux n’a jamais été fait sur le plan sanitaire ?!

Pour en donner un seul exemple, le Grand Conseil du canton de Genève vient d’adopter (à l’initiative du député et médecin Bertrand Buchs) une motion visant à taxer les sucres ajoutés dans l’alimentation. La Norvège, exemplaire en la matière, a obtenu une baisse de 50% des cas de diabète par une politique volontariste. Une politique de santé digne de ce nom, mise en œuvre avec la même détermination que celle que les autorités montrent face au COVID-19, permettrait de réduire drastiquement les pathologies chroniques qui dévastent la santé de la population… et la rendent vulnérables face à des épidémies comme celle-ci.

Cette considération bien sûr ne changeant rien à l’urgence de la protection à court terme des personnes à risque.

 

4/ Le prisme déformant des médias génère une transe collective.

Le décompte en direct du nombre de cas et de morts en particulier fait ressentir que la progression du danger est terrible, alors qu’une telle multiplication est propre à toutes les épidémies ! Le même traitement dramaturgique appliqué à n’importe quelle autre infection respiratoire virale produirait la même perception de catastrophe. Imaginez : la grippe saisonnière tue entre 10’000 et 60’000 personnes en France chaque année dans l’indifférence générale. Un décompte « live » de l’extension géographique du virus et du nombre de morts serait tout aussi terrifiant…

La carte donnée en sommet d’article reflète l’évolution hebdomadaire de l’épidémie de grippe saisonnière en France au cours de la saison 2016-2017. Rien de fondamentalement différent avec le Sars-CoV-2. Voici comment on transforme des événements sanitaires banals en catastrophe apparente…

Cette considération, froide puisque rationnelle, ne devant impliquer aucun déni de la gravité des complications vécues dans une faible proportion des cas. Ceux sur lesquels nous alertent des médecins en front dans les services d’urgence, et qui bien sûr sont dramatiques. Toute détresse respiratoire aigüe requérant une assistance respiratoire est terrible, a fortiori lorsqu’il y a un certain nombre  de cas. Toujours cet équilibre : bien sûr, le Sars-CoV-2 n’est pas une simple grippette ! Mais la grippe saisonnière non plus…

Les appels à la panique (on en a lus) sont compréhensibles et face à tout « négationnisme » peuvent même faire sens. Mais aussi causer des dommages psychotraumatiques ! Ce qui est un nouveau sacré paradoxe.

Comment paniquer sans paniquer tout en paniquant quand même suffisamment, mais pas trop non plus, voilà la situation compliquée dans laquelle nous sommes. Petit koan zen : paniquer sereinement ? Peut-être plus simplement : soyons responsables, engagés et vigilants pour ne nourrir ni l’inconscience ni la panique !

 

5/ La notion de risque est cognitivement déroutante.

Nous avons beau avoir affiné nos modèles probabilistes, la notion de risque encouru se réduit à une alternative bête et méchante pour chacun(e) d’entre nous : ou bien nous sommes en danger (ce qui est forcément hyper grave !), ou bien pas. Que nous ayons une chance sur cent, sur mille ou sur un million de mourir de quelque chose, notre cerveau effectue cette réduction en pilote automatique et c’est en l’occurrence le principal processus à l’origine de la psychose. D’où l’importance d’une mise en perspective de la part des scientifiques et des autorités.

 

6/ On observe un silence assourdissant des scientifiques et des autorités quant à cette juste mise en perspective des données.

Certes, comparaison n’est pas raison. Rappeler, comme je l’ai fait précédemment, que la mortalité annuelle due à la pollution atmosphérique est de 550’000 personnes en Europe chaque année (1’000’000 en Chine, 5’000 en Suisse) relève d’un autre ordre de données puisque chaque personne décédée n’en aura pas contaminé d’autres…

Toutefois, et sans cynisme, rappeler des ordres de grandeur est essentiel pour nuancer et contraster les données.  Le monde entier panique parce que (à ce jour) le Sars-CoV-2 a tué 5’000 personnes, dans une pandémie que nous avons les moyens d’arrêter par des mesures raisonnables. Alors que le problème cité plus haut en tue chaque année près de 9’000’000 dans le monde, sans que les autorités ne s’en soucient réellement nulle part et sans générer la moindre panique collective !

Les maladies respiratoires infectieuses « courantes » font chaque année 2,6 millions de morts à travers le monde. Nous en sommes à 6’500 morts pour le COVID-19.

La pire épidémie de grippe saisonnière en France (en 2017, ayant causé 60’000 morts) a réduit, de manière infime mais significative, l’espérance de vie nationale. Pour l’instant, avec le Sars-CoV-2, nous sommes dans un événement de faible amplitude de ce point de vue-là, et il faudrait des dizaines de milliers de morts supplémentaires chez nos voisins pour constater le moindre effet de cet ordre sur les statistiques de mortalité…

Cela n’enlève rien au drame de chaque décès et au problème sanitaire majeur qui est posé. Mais doit nous protéger contre cette perception fausse en termes de santé publique que la situation actuelle est catastrophique. Elle est grave, dramatique, préoccupante, mais reste limitée en rapport de ce que serait une véritable catastrophe ou à d’autres problèmes sanitaires actuels bien plus délétères mais moins visibles.

Les mesures d’exception qui sont prises le sont précisément pour éviter une catastrophe.

 

7/ Les projections alarmistes des autorités sanitaires reposent sur des modèles mathématiques systématiquement surévalués.

Les prédictions des épidémiologues font froid dans le dos. Dans le pire des cas, si nous ne faisions rien, il pourrait y avoir jusqu’à 70’000 morts en Suisse nous dit-on. La probabilité que ces projections se confirment est toutefois proche de zéro. Elles reposent sur une amplification à l’extrême des variables possibles selon le scénario du pire. Si le pire n’est en théorie pas absolument impossible, il est improbable en proportion de l’exagération des hypothèses. L’exemple chinois montre qu’avec des mesures au besoin vigoureuses il sera possible de contenir puis inverser les courbes épidémiques. D’où, bien sûr l’importance de la mobilisation en cours, mais sans peur particulière.

 

8/ Les données plaident à ce stade pour une certaine « banalité » du Sars-CoV-2.

Contrairement à ce qui est déclamé, le nouveau coronavirus semble montrer pour l’instant une virulence et une létalité comparables à celles de différents coronavirus déjà en circulation dans nos contrées. C’est en tout cas l’analyse de l’Institut Méditerranée Infection, principal centre de compétence pour les maladies infectieuses en Europe.

Son danger réside dans sa diffusion rapide et le nombre de cas requérant une hospitalisation. Ceci aujourd’hui compris et mesuré, les mesures prises visent à contenir autant que possible l’augmentation du nombre de cas critiques.

Une fois le pic (et le flip) passés, le Sars-CoV-2 a toutes les probabilités de subsister comme le 21ème d’une série composée de 20 virus infectieux respiratoires déjà actifs, avec des caractéristiques en termes de virulence / contagiosité / létalité « habituelles ». Ou même de disparaître dans les mois qui viennent, aidés en cela par la mobilisation collective.

 

9/Nous avons toutes les raisons d’espérer en l’immunité de groupe et l’effet d’atténuation.

Lorsqu’une épidémie se répand, les personnes infectées (sans dommage pour l’immense majorité d’entre elles) développent une immunité qui par effet de masse devient un facteur de protection collective. Toute la logique vaccinale est basée sur ce principe. Ici, on évalue à 60% le seuil à partir duquel l’immunité de groupe mettra en échec la propagation du virus. C’est bien sûr beaucoup, mais certains de ces effets seront toutefois heureusement agissant avant cela…

Les mesures prises visent à lisser la progression de l’épidémie pour entre autres mettre à profit dans la durée l’émergence de cette immunité de groupe.

L’atténuation est un processus en lien avec le saut de la barrière inter-spécifique. On sait que le Sars-CoV-2 avait pour hôtes habituels d’autres espèces de mammifères. Quand un virus trouve le moyen d’envahir une nouvelle espèce et de s’y transmettre, on constate une virulence initiale, qui tend à s’atténuer par la suite. En fait, un virus n’a pas intérêt à tuer l’hôte qu’il envahit puisque sa propre survie en dépend. On peut donc espérer que la virulence -statistiquement relative- décroisse au cours des semaines.

 

10/Les perspectives de traitement sont bonnes.

En particulier, l’usage de la chloroquine (la nivaquine, antipaludique bien connu des voyageurs tropicaux du siècle passé) semble prometteur. Il s’agit d’un médicament efficace sur les coronavirus, peu coûteux, dont la pharmacocinétique est parfaitement connue. Le Pr Raoult vient de démarrer un essai clinique à Marseille, faisant suite à une première étude in vivo publiée par les Chinois et faisant état de résultats intéressants : il réduirait la durée de portage viral de 12 à 4 jours (ces résultats étant à confirmer) dessinant un possible usage curatif aussi bien que pour prévenir la contagion. D’autres médicaments déjà employés sur d’autres virus sont en train d’être évalués, avec de bonnes chances de présenter une efficacité thérapeutique.

 

Conclusion

Soyons sérieux, certes. Mais de grâce sortons de cette spirale insensée qui nous tient en haleine dans un état d’esprit apocalyptique. Il s’agit d’une situation sans précédent récent, mais avec un virus dans l’ensemble plutôt banal -malgré des conséquences graves dans une petite proportion de cas. Ces caractéristiques ne laissent pas sérieusement penser à ce stade que nous soyons face à une catastrophe sanitaire. Un état d’urgence sanitaire, oui. Une responsabilité sanitaire, oui. Un nécessaire engagement sanitaire de chacun(e), oui.

Raison pour laquelle nous nous devons de suivre scrupuleusement les instructions des autorités. A chacun son métier -je n’aimerais pas exercer le leur. Nous avons un devoir de solidarité et de responsabilité que nous devons assumer avec engagement et diligence.

Une fois la psychose et l’épidémie contenues ou passées, il sera important de se poser quelques questions.

Nous n’en sommes malheureusement pas encore là. D’ici là, poursuivons activement mais sereinement nos efforts !

 

Globalization Bleeding
The recurring dream — or nightmare — of being a ‘citizen of the world’
Victor Davis Hanson
National review
March 3, 2020

By the early 21st century, cosmopolitans were gushing that high-tech, instant communications, transnational agencies and agreements, free-flowing capital, international corporations, and a new eerily uniform global elite had, finally, made nationalism, borders, and even the nation-state itself all irrelevant. Nationalism was apparently relegated to dustbin of history, as we hit peak Socratic citizen-of-the-worldism.There were always two flaws to these adolescent giddy reports from world-bestriding New York Times op-ed journalists about win-win globalization, with their praise of gleaming airports and superior high-speed rail in what was otherwise Communist China, or accounts of flying first-class on Qatar Airlines was heavenly compared with backward United or American Airlines.

Nothing New under the Sun
One, globalization was not the end of history. It is a recurrent, cyclical, and at best morally neutral phenomenon that has always, at least in relative terms, waxed and waned over the past 2,500 years of civilization — although recent transcontinentalism carries greater consequences in the era of electronic interconnectedness.

By a.d. 200, there was a globalized Roman world of 2 million square miles, stretching from Hadrian’s Wall to the Persian Gulf, and from the Rhine to the Atlas Mountains. Like frogs around the pond of Mare Nostrum, all official business was conducted in Latin or, increasingly in the East, Greek. A Roman citizen could enjoy habeas corpus from Bithynia to the Atlantic. Thousands of small towns were marked by fora and agorae, colonnades, and basilicas. While multiracial and non-Italian, otherwise uniformly equipped and trained legions secured the vast borders. It was quite an achievement of providing aqueducts, security, and property rights to 70 million disparate peoples, but it was no longer really the earlier Roman Republic of the Scipios, either.

Yet by a.d. 500, the vast sameness was eroding. Most of the Empire in the West and the old borders in East had been picked apart by Vandals, Visigoths, Osogoths, Huns, Sasanians, and a host of other tribes and migrant and aggressive peoples.

History’s succession of subsequent would-be imperial globalists — the Byzantines, the Caliphates, the Ottomans, Napoleon, Stalin and Hitler — for a while collapsed national borders and spread uniform language, architecture, customs, and culture until their dreams eventually imploded, usually from overreach, military defeat, corruption, bankrupt ideology, demographic calcification, rampant inflation, or sheer inefficiency and bloated bureaucracy.

It was never set in stone that the European Union could forever abolish national borders and invent something permanent called Europeanism. Or that the new Chinese Silk Road would tie the world together under Chinese hegemony. Or that the World Health Organization’s international protocols would make something like the coronavirus virtually impossible. Or that the world would shrink as tens of millions flew on identical Boeing 737 Maxes.

History does not end in something, it continues on with everything.

Tribalism, nations, empires, and globalizations all grow and collapse, not unlike natural long-term changes in climate. Or, as the Greeks believed, societies are like the endless cycles of natural birth, aging, and decline of humans themselves.

One World, One Bigger Problem
A second problem: Why did we assume that globalization was inherently superior to, say, nationalism, or that pancontinental conglomeration was superior to small autonomous countries? Of course, absorption of local customs and protocols into a uniform culture could be beneficial in some areas, but why by extension would it be in most all areas? Why were globalized projects and empires per se to be preferred to local republics?

The premise of Orwell’s dystopian 1984 is that the nations of the postwar world have been absorbed by just three transcontinental feuding empires, Oceania, Eurasia, and Eastasia; and with such nightmarish aggregation comes the death of free expression and individualism itself.

Globalization’s supposed selling points — worldwide markets, shared popular tastes, a common commercial language and currency, a nationless elite culture, ease of travel, dissemination of information, and communications — were never so simple. Was the easy transoceanic networking that linked Christopher Steele, John Brennan, Stefan Harper, Joseph Mifsud, and various Russian oligarchical gossip-mongers proof of the attractions of a common global culture?

After all, do we really feel comfortable with Westernized virology labs under the control of the Chinese Communist Party that might have the ability to spread a mistake throughout the world in a matter of hours? Is it really a great thing that imported toxic Chinese drywall or tainted Chinese dog food undercuts American suppliers, and thereby makes us more “competitive,” and creatively destroys those businesses that “need” to be destroyed? Do we think it is good business to have everything from our heart medicines to chemotherapy produced in China?

Trump got elected in part because voters were wary of asymmetrical globalization. He campaigned on secure borders, legal-only immigration, and an end to the outsourcing of key industries (defense, strategic industries, and manufacturing) to a totalitarian and hostile China, and he promoted general American independence in fuel, food, and key components of everyday life. Is the antithesis of his agenda — open borders, the free flow of all foreign nationals, more production of key U.S. consumption in China — the way to combat the coronavirus?

Is diversity actually our strength when over a million illegal immigrants over the past three years from impoverished Central America and southern Mexico — without legal sanction, without criminal background checks, mostly without high-school diplomas and skills, without health audits, and without any knowledge of or familiarity with America — simply en masse crashed the U.S. border and declared themselves permanent residents if not de facto citizens? In my neighborhood, we see nearby roads now littered with abandoned couches, cast-off refrigerators, and worn-out tires; the occasional shoot-outs between rival gangs; shade-tree illegal barber shops, illicit day-care centers, and unlicensed, unvaccinated packs of dogs — are these all teaching me to celebrate diversity and to get with the culture of most of the world?

Do we really know which particular Chinese technology students in Silicon Valley — with shades, Levi’s, and flip-flops — are in the sometime employment of the Chinese military? Does it matter?

Are those who jet into Davos the sort that we trust to guide our political, commercial, corporate, and entertainment future, to protect the American Bill of Rights? Is it so neat that the NBA players now tailor their political expression to fit the wishes of their financial enablers in China? Has Angela Merkel’s globalized visions of immigration come down to earth at the fetid refugee camps of Turkey and Lesbos and Chios?

I can understand why brilliant or powerful or at least well-connected grandees — Bill Gates, Mark Zuckerberg, Jeff Bezos, George Soros, Barack Obama, Bill and Hillary Clinton, Emmanuel Macron, the geniuses of the World Bank, the International Monetary Fund, the Council on Foreign Relations, and the European Union — applaud the globalization of the world. But I am not reassured that their money, titles, influence, degrees, or connections mean that they are either wise or even always well-intentioned. Mike Bloomberg’s description of supposed know-nothing farming, ancient and modern, reminds one of how global commercial brilliance and practical stupidity are often symbiotic.

Did we really think that fundamentalist Islam would simply accept Western encroachment on its Dark Age culture and allow the disruption of its fervent reach and influence, simply because we called it “globalization” — without seeing such growing uniformity as a threat to its eighth-century view of the world and to the sway of imams and mullahs?

Was it really unforeseen that Bin Laden or the Taliban or the creepy al-Baghdadi might find Westernized social media and the Internet useful in expediting anti-Western terror? The fact that Bin Laden was once a playboy in Beirut or in his dotage supposedly sat glued to Westernized porn on his computer did not suggest he felt anything but hatred for the Westernized modern world and wished to use its own protocols to destroy it. How strange that most of the worst Islamists were creatures of globalization, without which no one would have cared much about their usual local hell-raising and thuggery in the streets of Baghdad, Damascus, or Cairo. Or were they virtual creatures of the Western strip mall: hooked on consumerism while despising the forces that created it, like veteran old bass at the bottom of the pond that still cannot resist biting on the shiny lures that will reel them in.

If our globalized future is what is regurgitated nightly on the standard homogenized CNN or BBC international news, the political orthodoxy of Davos, the platitudes of Brussels and Strasbourg, or the globalized ethos that sent Bill Clinton to Moscow for a quid pro quo $500,000 honorarium or Hunter Biden to Burisma, or Google to data-mine and massage the international Internet searches of over a 3 billion people, then I would prefer to live under the customs and culture of a flyover nation.

Yes, unfettered globalization gave the impoverished people of sub-Saharan Africa a shot at lifesaving pharmaceuticals, and it spread market capitalism that lifted billions out of poverty. The irony is that the most reliable and trustworthy custodians of dangerous globalized and internationalized science — or volatile harmonized culture, commerce, and politics — were not Orwellian international and stateless technocrats but viable nation-states that still might regulate and filter out globalism’s excesses and dangers. In the end, we have no control over Wuhan, China, but it apparently has a lot of control over us.

There also used to be old-fashioned, honored Western concepts such as autonomia and autarkeia — independence and self-sufficiency — that have now been demonized as chauvinism and protectionism. But it once was a reassuring fact to Americans that most of their lifesaving drugs and pharmaceuticals were produced in North America and Europe under Western auspices rather than in China and India, as it is now reassuring that most Americans consume oil and natural gas that are extracted at home and not imported from the Middle East, Russia, or North Africa. One of the reasons that maximum pressure is working on Iran, and that the theocracy is desperate, is that the Great Satan doesn’t need Iranian oil — and that the Little Satan doesn’t need it, either.

We should be relieved that the U.S. is still self-sufficient in grains, fruits, meats, and vegetables — and can export its fuels and foods to others rather than solely vice versa, given that it produces them according to standards that are far superior to China’s, Russia’s, or what is found in Africa and Latin America.

When we become citizens of the world, that is, citizens of everyplace, then we end up citizens of utopia. That is, as citizens of οὐ τόπος — of “no place.”

Voir également:

China Is the Real Sick Man of Asia

Its financial markets may be even more dangerous than its wildlife markets.

The mighty Chinese juggernaut has been humbled this week, apparently by a species-hopping bat virus. While Chinese authorities struggle to control the epidemic and restart their economy, a world that has grown accustomed to contemplating China’s inexorable rise was reminded that nothing, not even Beijing’s power, can be taken for granted.

We do not know how dangerous the new coronavirus will be. There are signs that Chinese authorities are still trying to conceal the true scale of the problem, but at this point the virus appears to be more contagious but considerably less deadly than the pathogens behind diseases such as Ebola or SARS—though some experts say SARS and coronavirus are about equally contagious.

China’s initial response to the crisis was less than impressive. The Wuhan government was secretive and self-serving; national authorities responded vigorously but, it currently appears, ineffectively. China’s cities and factories are shutting down; the virus continues to spread. We can hope that authorities succeed in containing the epidemic and treating its victims, but the performance to date has shaken confidence in the Chinese Communist Party at home and abroad. Complaints in Beijing about the U.S. refusing entry to noncitizens who recently spent time in China cannot hide the reality that the decisions that allowed the epidemic to spread as far and as fast as it did were all made in Wuhan and Beijing.

The likeliest economic consequence of the coronavirus epidemic, forecasters expect, will be a short and sharp fall in Chinese economic growth rates during the first quarter, recovering as the disease fades. The most important longer-term outcome would appear to be a strengthening of a trend for global companies to “de-Sinicize” their supply chains. Add the continuing public health worries to the threat of new trade wars, and supply-chain diversification begins to look prudent.

Events like the coronavirus epidemic, and its predecessors—such as SARS, Ebola and MERS—test our systems and force us to think about the unthinkable. If there were a disease as deadly as Ebola and as fast-spreading as coronavirus, how should the U.S. respond? What national and international systems need to be in place to minimize the chance of catastrophe on this scale?

Epidemics also lead us to think about geopolitical and economic hypotheticals. We have seen financial markets shudder and commodity prices fall in the face of what hopefully will be a short-lived disturbance in China’s economic growth. What would happen if—perhaps in response to an epidemic, but more likely following a massive financial collapse—China’s economy were to suffer a long period of even slower growth? What would be the impact of such developments on China’s political stability, on its attitude toward the rest of the world, and to the global balance of power?

China’s financial markets are probably more dangerous in the long run than China’s wildlife markets. Given the accumulated costs of decades of state-driven lending, massive malfeasance by local officials in cahoots with local banks, a towering property bubble, and vast industrial overcapacity, China is as ripe as a country can be for a massive economic correction. Even a small initial shock could lead to a massive bonfire of the vanities as all the false values, inflated expectations and misallocated assets implode. If that comes, it is far from clear that China’s regulators and decision makers have the technical skills or the political authority to minimize the damage—especially since that would involve enormous losses to the wealth of the politically connected.

We cannot know when or even if a catastrophe of this scale will take place, but students of geopolitics and international affairs—not to mention business leaders and investors—need to bear in mind that China’s power, impressive as it is, remains brittle. A deadlier virus or a financial-market contagion could transform China’s economic and political outlook at any time.

Many now fear the coronavirus will become a global pandemic. The consequences of a Chinese economic meltdown would travel with the same sweeping inexorability. Commodity prices around the world would slump, supply chains would break down, and few financial institutions anywhere could escape the knock-on consequences. Recovery in China and elsewhere could be slow, and the social and political effects could be dramatic.

If Beijing’s geopolitical footprint shrank as a result, the global consequences might also be surprising. Some would expect a return of unipolarity if the only possible great-power rival to the U.S. were to withdraw from the game. Yet in the world of American politics, isolation rather than engagement might surge to the fore. If the China challenge fades, many Americans are likely to assume that the U.S. can safely reduce its global commitments.

So far, the 21st century has been an age of black swans. From 9/11 to President Trump’s election and Brexit, low-probability, high-impact events have reshaped the world order. That age isn’t over, and of the black swans still to arrive, the coronavirus epidemic is unlikely to be the last to materialize in China.

Voir de plus:

Coronavirus : la Corée a endigué l’épidémie sans confiner les villes

Le taux d’infection de la Corée du Sud diminue sans que les villes ne soient verrouillées comme en Chine et en Italie. La Corée du Sud comptait 7 513 cas de Covid-19 à la date du lundi 9mars, les infections quotidiennes chutant pour le quatrième jour consécutif. Les fonctionnaires attribuent cette diminution aux tests de masse, à l’amélioration de la communication publique et à l’utilisation de technologies avancées

La Corée du Sud a connu une diminution constante des nouveaux cas de coronavirus pendant quatre jours consécutifs, bien qu’elle soit l’un des pays les plus touchés en dehors de la Chine, même si l’attention mondiale s’est portée sur les épidémies en Italie et en Iran. Le pays a connu une moyenne de plus de 500 nouvelles infections par jour au cours des deux dernières semaines, mais vendredi dernier, ce nombre est tombé à 438, puis à 367 samedi et 248 dimanche.

Le président sud-coréen Moon Jae-in a noté lundi la « tendance au ralentissement » des nouvelles infections dans son pays, mais a mis en garde : « Nous ne devons pas du tout nous reposer sur nos lauriers ».

Son point de vue a été souligné par le KCDC, qui a déclaré que parmi les nouveaux patients se trouvaient plus de 60 personnes qui ont été infectées alors qu’elles travaillaient à proximité les unes des autres dans un centre d’appel d’une compagnie d’assurance.

« Le nombre total de nouveaux cas confirmés est en baisse, mais ces cas d’infection massive sont préoccupants », a déclaré le directeur adjoint du KCDC, Kwon Jun-wook.

Une régulation sans confinement et sans coercition

La diminution constante des cas a été attribuée à divers facteurs, notamment les tests de masse, l’amélioration des communications publiques et l’utilisation de la technologie. Les tests approfondis effectués sur les membres de l’église Shincheonji de Jésus, qui était liée à plus de 60 % des cas du pays, a été achevée.

Les responsables sud-coréens ont fait part de leur expérience en matière d’endiguement de l’épidémie, affirmant qu’il est difficile de mettre en œuvre dans une société ouverte les mesures de confinement imposées par la Chine à Wuhan, où l’épidémie a pris naissance.

La Chine a également instauré une stricte distanciation sociale et une surveillance étendue des citoyens et a assuré leur adhésion aux mesures préventives avec des sanctions et des récompenses, ce qui a entraîné une baisse significative du nombre de nouveaux cas.

« Sans porter atteinte au principe d’une société transparente et ouverte, nous recommandons un système de réponse qui associe la participation volontaire du public à des applications créatives de technologies avancées », a déclaré le vice-ministre sud-coréen de la santé, Kim Gang-lip, aux journalistes.

Les mesures conventionnelles et coercitives telles que le verrouillage des zones touchées présentent des inconvénients, a-t-il déclaré, sapant l’esprit de démocratie et aliénant le public qui devrait participer activement aux efforts de prévention. « La participation du public doit être assurée par l’ouverture et la transparence », a-t-il déclaré.

« Pas de masque, pas d’entrée »

La Corée du Sud a été proactive en fournissant à ses citoyens les informations nécessaires pour assurer leur sécurité, notamment en organisant des points de presse deux fois par jour et en envoyant des alertes d’urgence par téléphone portable aux personnes vivant ou travaillant dans les districts où de nouveaux cas ont été confirmés.

Des détails sur les antécédents de voyage des patients confirmés sont également disponibles sur les sites web municipaux, parfois avec des informations sur le lieu de résidence ou l’employeur du patient, ce qui permet de les identifier individuellement, ce qui suscite des inquiétudes quant à la protection de la vie privée.

L’importance du maintien d’une bonne hygiène a également été soulignée. Les Sud-Coréens sortent rarement de chez eux sans porter de masque facial, et de nombreux bâtiments affichent des panneaux indiquant « Pas de masque, pas d’entrée ». Les employés des restaurants et des commerces de détail portent des masques lorsqu’ils servent les clients.

« Je n’aime pas porter un masque. Je n’ai pas pris la peine de porter un masque comme d’habitude lorsque j’ai éternué plusieurs fois dans le métro. Puis d’autres banlieusards m’ont désapprouvé et se sont éloignés de moi. À ce moment-là, j’ai décidé de suivre la tendance et de porter un masque », a déclaré Min Gyeong-wook, un employé de 35 ans.

Des tests quotidiens

La Corée du Sud a également mis en place des mesures créatives, notamment une cinquantaine de stations de test au volant dans tout le pays, où il ne faut que 10 minutes pour effectuer l’ensemble de la procédure. Les résultats des tests sont disponibles en quelques heures. Le coût des tests Covid-19 est prohibitif dans de nombreux pays, mais en Corée du Sud, tous les tests sont gratuits. Le pays est également capable de traiter jusqu’à 15 000 tests de diagnostic par jour, et le nombre total de tests a atteint près de 200 000.

Cette capacité de test a permis au pays d’identifier les patients à un stade précoce et de minimiser les effets néfastes, selon les experts de la santé. Mais cela a également permis à la Corée du Sud d’avoir le deuxième plus grand nombre d’infections confirmées dans le monde après la Chine, bien que celle-ci ait été remplacée par l’Italie cette semaine.

La Corée du Sud a mis en place des « procédures spéciales d’immigration » pour surveiller les arrivées pendant deux semaines sans avoir à interdire l’entrée du pays aux voyageurs entrants.

Les personnes arrivant de Chine, y compris de Hong Kong et de Macao mais à l’exclusion de Taïwan, font vérifier leur température corporelle, tandis que leurs coordonnées nationales sont vérifiées et qu’elles doivent remplir un questionnaire de santé. On leur demande également de télécharger une application d’autodiagnostic sur leur téléphone portable et de se soumettre à une gestion intensive s’ils présentent des symptômes.

Dépister les personnes à risque et les soigner

La Corée du Sud utilise également sa technologie informatique de pointe et ses caméras de surveillance omniprésentes pour suivre les sources d’infection, en identifiant les mouvements des cas confirmés sur la base de leurs transactions par carte de crédit et du suivi des téléphones portables, et en divulguant ces informations pour aider à retrouver ceux qui ont pu entrer en contact avec eux.

Les personnes à risque sont placées en isolement et font l’objet d’une gestion individuelle approfondie par les autorités sanitaires.

Pour faire face à la pénurie de lits d’hôpitaux, le pays a transformé de nombreux centres de formation professionnelle et autres installations publiques en « centres de vie et de traitement » où les patients présentant de légers symptômes du coronavirus sont placés en quarantaine.

Le professeur Kim Woo-joo, de la faculté de médecine de l’université coréenne, a déclaré que le pays avait acquis de l’expérience en traitant des urgences sanitaires antérieures, comme la pandémie de grippe H1N1 de 2009, qui a provoqué environ 750 000 cas et 180 décès en Corée du Sud, et l’épidémie de syndrome respiratoire du Moyen-Orient (SRAS) de 2015, qui a infecté 186 personnes et entraîné au moins 39 décès dans le pays.

« La Corée du Sud a tiré des enseignements précieux de ces épidémies », a déclaré M. Kim. « La sensibilisation du public à la nécessité de l’hygiène individuelle, comme le lavage des mains et le port de masques, a également été grandement renforcée, grâce à l’expérience acquise lors des précédentes épidémies ».

Le pays a par la suite formé des agents de santé pour faire face aux épidémies, en particulier pour tester les infections, suivre et isoler les contacts.

« Il n’y a pas beaucoup de pays dans le monde comme la Corée du Sud qui disposent à la fois des cerveaux et des produits nécessaires pour faire face aux épidémies de virus », a déclaré Hwang Seung-sik, professeur de santé publique à l’université nationale de Séoul.

Aucune mesure de confinement

Malgré ces installations, Kim a déclaré qu’il serait difficile pour une société ouverte comme la Corée du Sud ou d’autres pays de l’OCDE, d’appliquer des mesures de confinement comme en Chine.

Cette difficulté a été mise en évidence lorsque Hong Ik-pyo a été contraint de démissionner de son poste de porte-parole du parti démocratique au pouvoir après avoir été critiqué pour ses propos selon lesquels la ville de Daegu, l’épicentre de la récente épidémie, devrait être fermée. Ces remarques sont arrivées à un moment politiquement sensible, avec les élections parlementaires prévues pour le 15 avril.

Kim a mis en garde contre un optimisme prématuré, notant qu’il y a eu de petits groupes d’infections dans certains hôpitaux, appartements, églises et maisons de retraite dans des endroits autres que Daegu, y compris Séoul et la ville voisine de Seongnam City.

Le district de Guro à Séoul a déclaré lundi qu’au moins 46 personnes ont été infectées dans un centre d’appel d’une compagnie d’assurance, où les employés travaillant dans des pièces fermées ne sont pas autorisés à porter des masques pour pouvoir parler clairement au téléphone. Quatre autres cas concernaient des membres de la famille des employés, et 207 personnes travaillant au même étage ont été testées.

« Le meilleur scénario est que le virus meure fin mars. Le pire scénario est que le virus se répande largement dans la zone métropolitaine de Séoul et dans la province de Gyeonggi qui l’entoure », a déclaré M. Kim. Près de la moitié des 51 millions de citoyens sud-coréens vivent dans cette région.

Kim Dong-hyun, président de la Société coréenne d’épidémiologie, a déclaré qu’il est difficile d’empêcher la maladie de Covid-19 de se propager parmi les membres de la communauté, car le partage du virus peut se produire pendant les périodes asymptomatiques. « Les pays devraient prendre des mesures préventives drastiques, même au stade initial de l’apparition du virus », a-t-il ainsi déclaré.

Voir encore:

Why the Coronavirus Hit Italy So Hard
The country has the second-oldest population on earth, and its young mingle more often with elderly loved ones.
Matt Simon
Wired
3.17.2020

people on their balconies in Italy

Italy has been hit particularly hard, with some 2,000 deaths thus far. Overwhelmed hospital staffers have had to make devastating decisions about who to treat and who they must let perish. The reason why Italy is suffering so badly, write University of Oxford researchers in a new paper in the journal Demographic Science, may be twofold: The country has the second-oldest population on earth, and its young tend to mingle more often with the elderly, like their grandparents. Such demographic research will be critical in facing down the threat elsewhere, as more countries grapple with a deadly pandemic that’s just getting started and we learn more about how the virus is transmitted within families and communities.

In Italy, 23 percent of the population is over age 65, compared to the US, where that population is 16 percent. “Extended longevity has played some role in changing the population structure,” says University of Oxford demographer and epidemiologist Jennifer Beam Dowd, lead author of the new paper. “But it actually has most to do with how rapid the decline in fertility has been in a population.” That is, it’s affected more by Italians having having fewer children than it is by them living longer.

At the same time, young Italians tend to interact a lot with their elders. Dowd’s Italian coauthors note that young folks might live with their parents and grandparents in rural areas but commute to work in cities like Milan. Data on the composition of Italian households bears out this familial arrangement too.

The study’s authors argue that this frequent travel between cities and family homes may have exacerbated the “silent” spread of the novel coronavirus. Young people working and socializing in urban areas interact with large crowds, where they may pick up the disease and take it home. If they have no symptoms, they’ll have no clue that they’re infecting their elders, the most vulnerable population.

“We know now that the mortality is higher in older individuals, but what’s not clear yet is why,” says Carlos Del Rio, executive associate dean of the Emory School of Medicine at Grady Health System, who wasn’t involved in this research. For example, it could be a matter of older people having weaker respiratory systems, which could also lead to a higher mortality rate among seniors for diseases like pneumonia.

Other researchers studying why children don’t seem to get that sick from Covid-19 have pointed out the corollary: Kids tend to have “pristine” lungs that have not already been damaged by a lifetime of inflammation caused by allergies, pollutants, and diseases. This might make them more resistant to attack by the new virus.

Despite a full lockdown in place in Italy since the weekend, the virus has already spread far and wide. But with this kind of demographic knowledge, public health officials can better confront the threat elsewhere, Dowd says. “One of the points that we were trying to make is that it’s not necessarily just about isolating the older population—we are identifying that they’re the most vulnerable—but the general social distancing that’s being encouraged to flatten the curve,” says Dowd. Flattening the curve means slowing the rate of new infections, buying researchers time to develop treatments and vaccines, and giving hospitals some respite. “I think our point was that’s actually more important when you have a higher fraction of your population that is vulnerable,” she says.

But while separating younger and older people might work in theory, it can create practical problems. For example, desperate to flatten the curve, local officials in the US are closing schools. If parents can’t look after their children—because they’re still working out of the home, or because they’re ill themselves—that care might fall on grandparents.


Identités: Cachez cette loi commune que je ne saurais voir ! (Will the new religion of social justice, identity politics and intersectionality help reelect America’s most unpolitically correct president ?)

25 octobre, 2019

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Political Cartoons by Bob Gorrell
Ce sera pour vous (…) une loi perpétuelle. Lévitique 16: 31
Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé. Celui donc qui supprimera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. Jésus (Matthieu 5: 17-19)
A la résurrection, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel.  Jésus (Matthieu 22: 30)
Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Paul (Galates 3: 28)
Bernard de Chartres avait l’habitude de dire que nous sommes comme des nains sur les épaules de géants, afin que nous puissions voir plus qu’eux et les choses plus éloignées, pas en vertu d’une netteté de la vue de notre part, ou d’une distinction physique, mais parce que nous sommes portés haut et soulevé vers le haut par leur taille gigantesque. John de Salisbury (1159)
Si j’ai vu plus loin que les autres, c’est parce que j’ai été porté par des épaules de géants. Isaac Newton (1676)
Tout droit mobile est à la merci des plus forts, quelle que soit la forme du gouvernement, que le peuple ait à sa tête un chef unique ou la majorité d’un corps qui délibère ; dans l’un et l’autre cas, le sort de tous ou au moins le sort de la minorité est sans protecteur, s’il n’existe entre le souverain et les sujets un droit inviolable, qui couvre la cité tout entière et assure le dernier des citoyens contre les entreprises du plus grand nombre et même de tous. Tant que le droit n’est pas cela, il n’est rien. Jean-Jacques Rousseau a dit: « Si le peuple veut se faire du mal à lui-même, qui est-ce qui a le droit de l’en empêcher ? Je réponds tout le monde; car tout le monde est intéressé à ce que le peuple n’abuse pas de sa force et de son unanimité, attendu que son unanimité retombe finalement sur quelqu’un, et n’est, en fait, qu’une oppression déguisée par l’excès même de son poids. C’est contre tous que le droit est nécessaire, bien que plus contre qui que ce soit; car le nombre a l’inconvénient de joindre à la puissance matérielle la sanction d’une apparente justice. Mais le droit n’est quelque chose contre tous que quand il est doué d’immutabilité, et qu’en vertu de cette ressemblance avec Dieu, il oppose une invincible résistance aux faiblesses de la cité comme à ses conjurations. Lacordaire (32e conférence)
Est-ce bien la France qui méconnaît à ce point les devoirs les plus sacrés de l’homme envers l’homme ? Est-ce elle qui déchire le pacte fondamental de l’humanité, qui livre au riche l’âme et le corps du pauvre pour en user à son plaisir, qui foule aux pieds le jour de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, le jour sublime du peuple et de Dieu ? Je vous le demande, est-ce bien la France ? Ne l’excusez pas en disant qu’elle permet à chacun le libre exercice de son culte, et que nul, s’il ne le veut, n’est contraint de travailler le septième jour ; car c’est ajouter à la réalité de la servitude l’hypocrisie de l’affranchissement. Demandez à l’ouvrier s’il est libre d’abandonner le travail à l’aurore du jour qui lui commande le repos […]. Demandez à ces êtres flétris qui peuplent les cités de l’industrie, s’ils sont libres de sauver leur âme en soulageant leur corps. Demandez aux innombrables victimes de la cupidité d’un maître, s’ils sont libres de devenir meilleurs, et si le gouffre d’un travail sans réparation physique ni morale ne les dévore pas vivants […]. Non, Messieurs, la liberté de conscience n’est ici que le voile de l’oppression ; elle couvre d’un manteau d’or les lâches épaules de la plus vile des tyrannies, la tyrannie qui abuse des sueurs de l’homme par cupidité et par impiété […]. Sachent donc ceux qui l’ignorent, sachent les ennemis de Dieu et du genre humain, quelque nom qu’ils prennent, qu’entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime, et la loi qui affranchit. Le droit est l’épée des grands, le devoir est le bouclier des petits. Henri Lacordaire (52e conférence de Notre-Dame, 16 avril 1848)
Debout ! les damnés de la terre ! Debout ! les forçats de la faim ! La raison tonne en son cratère, C’est l’éruption de la fin. Du passé faisons table rase, Foule esclave, debout ! debout ! Le monde va changer de base : Nous ne sommes rien, soyons tout ! C’est la lutte finale Groupons-nous, et demain, L’Internationale, Sera le genre humain. Eugène Pottier (1871)
Où est Dieu? cria-t-il, je vais vous le dire! Nous l’avons tué – vous et moi! Nous tous sommes ses meurtriers! Mais comment avons-nous fait cela? Comment avons-nous pu vider la mer? Qui nous a donné l’éponge pour effacer l’horizon tout entier? Dieu est mort! (…) Et c’est nous qui l’avons tué ! (…) Ce que le monde avait possédé jusqu’alors de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous nos couteaux (…) Quelles solennités expiatoires, quels jeux sacrés nous faudra-t-il inventer? Nietzsche
« Dionysos contre le « crucifié » : la voici bien l’opposition. Ce n’est pas une différence quant au martyr – mais celui-ci a un sens différent. La vie même, son éternelle fécondité, son éternel retour, détermine le tourment, la destruction, la volonté d’anéantir pour Dionysos. Dans l’autre cas, la souffrance, le « crucifié » en tant qu’il est « innocent », sert d’argument contre cette vie, de formulation de sa condamnation. (…) L’individu a été si bien pris au sérieux, si bien posé comme un absolu par le christianisme, qu’on ne pouvait plus le sacrifier : mais l’espèce ne survit que grâce aux sacrifices humains… La véritable philanthropie exige le sacrifice pour le bien de l’espèce – elle est dure, elle oblige à se dominer soi-même, parce qu’elle a besoin du sacrifice humain. Et cette pseudo-humanité qui s’institue christianisme, veut précisément imposer que personne ne soit sacrifié. Nietzsche
Je condamne le christia­nisme, j’élève contre l’Église chrétienne la plus terrible de toutes les accusa­tions, que jamais accusateur ait prononcée. Elle est la plus grande corruption que l’on puisse imaginer, elle a eu la volonté de la dernière corruption possible. L’Église chrétienne n’épargna sur rien sa corruption, elle a fait de toute valeur une non-valeur, de chaque vérité un mensonge, de chaque intégrité une bassesse d’âme (…) L’ « égalité des âmes devant Dieu », cette fausseté, ce prétexte aux rancunes les plus basses, cet explosif de l’idée, qui finit par devenir Révo­lution, idée moderne, principe de dégénérescence de tout l’ordre social — c’est la dynamite chrétienne… (…) Le christianisme a pris parti pour tout ce qui est faible, bas, manqué (…) La pitié entrave en somme la loi de l’évolution qui est celle de la sélection. Elle comprend ce qui est mûr pour la disparition, elle se défend en faveur des déshérités et des condamnés de la vie. Par le nombre et la variété des choses manquées qu’elle retient dans la vie, elle donne à la vie elle-même un aspect sombre et douteux. On a eu le courage d’appeler la pitié une vertu (— dans toute morale noble elle passe pour une faiblesse —) ; on est allé plus loin, on a fait d’elle la vertu, le terrain et l’origine de toutes les vertus. Nietzsche
A l’origine, la guerre n’était qu’une lutte pour les pâturages. Aujourd’hui la guerre n’est qu’une lutte pour les richesses de la nature. En vertu d’une loi inhérente, ces richesses appartiennent à celui qui les conquiert. Les grandes migrations sont parties de l’Est. Avec nous commence le reflux, d’Ouest en Est. C’est en conformité avec les lois de la nature. Par le biais de la lutte, les élites sont constamment renouvelées. La loi de la sélection naturelle justifie cette lutte incessante en permettant la survie des plus aptes. Le christianisme est une rébellion contre la loi naturelle, une protestation contre la nature. Poussé à sa logique extrême, le christianisme signifierait la culture systématique de l’échec humain. Hitler
Jésus a tout fichu par terre. Le Désaxé (Les braves gens ne courent pas les rues, Flannery O’Connor)
Le monde moderne n’est pas mauvais : à certains égards, il est bien trop bon. Il est rempli de vertus féroces et gâchées. Lorsqu’un dispositif religieux est brisé (comme le fut le christianisme pendant la Réforme), ce ne sont pas seulement les vices qui sont libérés. Les vices sont en effet libérés, et ils errent de par le monde en faisant des ravages ; mais les vertus le sont aussi, et elles errent plus férocement encore en faisant des ravages plus terribles. Le monde moderne est saturé des vieilles vertus chrétiennes virant à la folie. Elles ont viré à la folie parce qu’on les a isolées les unes des autres et qu’elles errent indépendamment dans la solitude. Ainsi des scientifiques se passionnent-ils pour la vérité, et leur vérité est impitoyable. Ainsi des « humanitaires » ne se soucient-ils que de la pitié, mais leur pitié (je regrette de le dire) est souvent mensongère. G.K. Chesterton
L’inauguration majestueuse de l’ère « post-chrétienne » est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en « radicalisant » le souci des victimes dans un sens antichrétien. (…) Jusqu’au nazisme, le judaïsme était la victime préférentielle de ce système de bouc émissaire. Le christianisme ne venait qu’en second lieu. Depuis l’Holocauste, en revanche, on n’ose plus s’en prendre au judaïsme, et le christianisme est promu au rang de bouc émissaire numéro un. René Girard
L’erreur est toujours de raisonner dans les catégories de la « différence », alors que la racine de tous les conflits, c’est plutôt la « concurrence », la rivalité mimétique entre des êtres, des pays, des cultures. La concurrence, c’est-à-dire le désir d’imiter l’autre pour obtenir la même chose que lui, au besoin par la violence. Sans doute le terrorisme est-il lié à un monde « différent » du nôtre, mais ce qui suscite le terrorisme n’est pas dans cette « différence » qui l’éloigne le plus de nous et nous le rend inconcevable. Il est au contraire dans un désir exacerbé de convergence et de ressemblance. (…) Ce qui se vit aujourd’hui est une forme de rivalité mimétique à l’échelle planétaire. Lorsque j’ai lu les premiers documents de Ben Laden, constaté ses allusions aux bombes américaines tombées sur le Japon, je me suis senti d’emblée à un niveau qui est au-delà de l’islam, celui de la planète entière. Sous l’étiquette de l’islam, on trouve une volonté de rallier et de mobiliser tout un tiers-monde de frustrés et de victimes dans leurs rapports de rivalité mimétique avec l’Occident. Mais les tours détruites occupaient autant d’étrangers que d’Américains. Et par leur efficacité, par la sophistication des moyens employés, par la connaissance qu’ils avaient des Etats-Unis, par leurs conditions d’entraînement, les auteurs des attentats n’étaient-ils pas un peu américains ? On est en plein mimétisme.Ce sentiment n’est pas vrai des masses, mais des dirigeants. Sur le plan de la fortune personnelle, on sait qu’un homme comme Ben Laden n’a rien à envier à personne. Et combien de chefs de parti ou de faction sont dans cette situation intermédiaire, identique à la sienne. Regardez un Mirabeau au début de la Révolution française : il a un pied dans un camp et un pied dans l’autre, et il n’en vit que de manière plus aiguë son ressentiment. Aux Etats-Unis, des immigrés s’intègrent avec facilité, alors que d’autres, même si leur réussite est éclatante, vivent aussi dans un déchirement et un ressentiment permanents. Parce qu’ils sont ramenés à leur enfance, à des frustrations et des humiliations héritées du passé. Cette dimension est essentielle, en particulier chez des musulmans qui ont des traditions de fierté et un style de rapports individuels encore proche de la féodalité. (…) Cette concurrence mimétique, quand elle est malheureuse, ressort toujours, à un moment donné, sous une forme violente. A cet égard, c’est l’islam qui fournit aujourd’hui le ciment qu’on trouvait autrefois dans le marxismeRené Girard
Le christianisme (…) nous a fait passer de l’archaïsme à la modernité, en nous aidant à canaliser la violence autrement que par la mort.(…) En faisant d’un supplicié son Dieu, le christianisme va dénoncer le caractère inacceptable du sacrifice. Le Christ, fils de Dieu, innocent par essence, n’a-t-il pas dit – avec les prophètes juifs : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice » ? En échange, il a promis le royaume de Dieu qui doit inaugurer l’ère de la réconciliation et la fin de la violence. La Passion inaugure ainsi un ordre inédit qui fonde les droits de l’homme, absolument inaliénables. (…) l’islam (…) ne supporte pas l’idée d’un Dieu crucifié, et donc le sacrifice ultime. Il prône la violence au nom de la guerre sainte et certains de ses fidèles recherchent le martyre en son nom. Archaïque ? Peut-être, mais l’est-il plus que notre société moderne hostile aux rites et de plus en plus soumise à la violence ? Jésus a-t-il échoué ? L’humanité a conservé de nombreux mécanismes sacrificiels. Il lui faut toujours tuer pour fonder, détruire pour créer, ce qui explique pour une part les génocides, les goulags et les holocaustes, le recours à l’arme nucléaire, et aujourd’hui le terrorisme. René Girard
On a commencé avec la déconstruction du langage et on finit avec la déconstruction de l’être humain dans le laboratoire. (…) Elle est proposée par les mêmes qui d’un côté veulent prolonger la vie indéfiniment et nous disent de l’autre que le monde est surpeuplé. René Girard
Tout le monde sait que l’avenir de l’idée européenne, et donc aussi de la vérité chrétienne qui la traverse, se jouera en Amérique du Sud, en Inde, en Chine, tout autant qu’en Europe. Cette dernière a joué, mais en pire, le rôle de l’Italie pendant les guerres du XVIe siècle  : le monde entier s’y est battu. C’est un continent fatigué, qui n’oppose plus beaucoup de résistance au terrorisme. D’où le caractère foudroyant de ces attaques, menées souvent par des gens « de l’intérieur ». La résistance est d’autant plus complexe en effet que les terroristes sont proches de nous, à nos côtés. L’imprévisibilité de ces actes est totale. L’idée même de « réseaux dormants » vient corroborer tout ce que nous avons dit de la médiation interne, de cette identité des hommes entre eux qui peut soudain tourner au pire. (…) Le nombre croissant d’attentats en Irak est impressionnant. Je trouve étrange qu’on s’intéresse si peu à ces phénomènes qui dominent le monde, comme la guerre froide le dominait auparavant. Depuis quand ? On ne le sait même pas, au juste. Personne n’aurait pu imaginer, après l’effondrement du mur de Berlin, qu’on en serait là, à peine vingt ans plus tard. Ceci ébranle notre vision de l’histoire, telle qu’elle s’écrit depuis les Révolutions américaine et française, et qui ne tient pas compte du fait que l’Occident tout entier est défié, menacé par cela. On est obligé de dire « cela », parce qu’on ne sait pas ce que c’est. La révolution islamiste a été relancée avec des attentats contre deux ambassades en Afrique, sous la présidence de Bill Clinton. On a bien cherché, mais on n’a rien trouvé. (…) Les gens s’imaginent-ils vraiment dans quelle histoire ils sont entrés ? et de quelle histoire ils sont sortis ? Je n’ai plus grand-chose à dire à partir d’ici, parce que cette réalité est trop inconnue, et que notre réflexion connaît là ses limites. Je me sens, devant cela, un peu comme Hölderlin devant l’abîme qui le séparait de la Révolution française. Même à la fin du XIXe siècle, on se serait encore aperçu qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire. Nous assistons à une nouvelle étape de la montée aux extrêmes. Les terroristes ont fait savoir qu’ils avaient tout leur temps, que leur notion du temps n’était pas la nôtre. C’est un signe clair du retour de l’archaïque : un retour aux VIIe-IXe siècles, qui est important en soi. Mais qui s’occupe de cette importance, qui la mesure ? Est-ce du ressort des Affaires étrangères ? Il faut s’attendre à beaucoup d’imprévu dans l’avenir. Nous allons assister à des choses qui seront certainement pires. Les gens n’en resteront pas moins sourds. Au moment du 11 Septembre, il y a quand même eu un ébranlement, mais il s’est tout de suite apaisé. Il y a eu un éclair de conscience, qui a duré quelques fractions de seconde : on a senti que quelque chose se passait. Et une chape de silence est venue nous protéger contre cette fêlure introduite dans notre certitude de sécurité. Le rationalisme occidental agit comme un mythe : nous nous acharnons toujours à ne pas vouloir voir la catastrophe. Nous ne pouvons ni ne voulons voir la violence telle qu’elle est. On ne pourra pourtant répondre au défi terroriste qu’en changeant radicalement nos modes de pensée. Or, plus ce qui se passe s’impose à nous, plus le refus d’en prendre conscience se renforce. Cette configuration historique est si nouvelle que nous ne savons par quel bout la prendre. Elle est bien une modalité de ce qu’avait aperçu Pascal  : la guerre de la violence et de la vérité. Songeons à la carence de ces avant-gardes qui nous prêchaient l’inexistence du réel ! Il nous faut entrer dans une pensée du temps où la bataille de Poitiers et les Croisades sont beaucoup plus proches de nous que la Révolution française et l’industrialisation du Second Empire. Les points de vue des pays occidentaux constituent tout au plus pour les islamistes un décor sans importance. Ils pensent le monde occidental comme devant être islamisé le plus vite possible. Les analystes tendent à dire qu’il s’agit là de minorités isolées, très étrangères à la réalité de leur pays. Elles le sont sur le plan de l’action, bien sûr, mais sur le plan de la pensée ? N’y aurait-il pas là, malgré tout, quelque chose d’essentiellement islamique ? C’est une question qu’il faut avoir le courage de poser, quand bien même il est acquis que le terrorisme est un fait brutal qui détourne à son profit les codes religieux. Il n’aurait néanmoins pas acquis une telle efficacité dans les consciences s’il n’avait actualisé quelque chose de présent depuis toujours dans l’islam. Ce dernier, à la grande surprise de nos républicains laïcs, est encore très vivant sur le plan de la pensée religieuse. Il est indéniable qu’on retrouve aujourd’hui certaines thèses de Mahomet. Mais ce à quoi nous assistons avec l’islamisme est néanmoins beaucoup plus qu’un retour de la Conquête, c’est ce qui monte depuis que la révolution monte, après la séquence communiste qui aura fourni un intermédiaire. Le léninisme comportait en effet déjà certains de ces éléments. Mais ce qui lui manquait, c’était le religieux. La montée aux extrêmes est donc capable de se servir de tous les éléments : culture, mode, théorie de l’État, théologie, idéologie, religion. Ce qui mène l’histoire n’est pas ce qui apparaît comme essentiel aux yeux du rationaliste occidental. Dans l’invraisemblable amalgame actuel, je pense que le mimétisme est le vrai fil conducteur. Si l’on avait dit aux gens, dans les années 1980, que l’islam jouerait le rôle qu’il joue aujourd’hui, on serait passé pour dément. Or il y avait déjà dans l’idéologie diffusée par Staline des éléments para-religieux qui annonçaient des contaminations de plus en plus radicales, à mesure que le temps passerait. L’Europe était moins malléable au temps de Napoléon. Elle est redevenue, après le Communisme, cet espace infiniment vulnérable que devait être le village médiéval face aux Vikings. La conquête arabe a été fulgurante, alors que la contagion de la Révolution française a été freinée par le principe national qu’elle avait levé dans toute l’Europe. L’islam, dans son premier déploiement historique, a conquis religieusement. C’est ce qui a fait sa force. D’où la solidité aussi de son implantation. L’élan révolutionnaire accéléré par l’épopée napoléonienne a été contenu par l’équilibre des nations. Mais celles-ci se sont enflammées à leur tour et ont brisé le seul frein possible aux révolutions qui pointent. Il faut donc changer radicalement nos modes de pensée, essayer de comprendre sans a priori cet événement avec toutes les ressources que peut nous apporter l’islamologie. Le chantier est à entreprendre, et il est immense. J’ai personnellement l’impression que cette religion a pris appui sur le biblique pour refaire une religion archaïque plus puissante que toutes les autres. Elle menace de devenir un instrument apocalyptique, le nouveau visage de la montée aux extrêmes. Alors qu’il n’y a plus de religion archaïque, tout se passe comme s’il y en avait une autre qui se serait faite sur le dos du biblique, d’un biblique un peu transformé. Elle serait une religion archaïque renforcée par les apports du biblique et du chrétien. Car l’archaïque s’était évanoui devant la révélation judéo-chrétienne. Mais l’islam a résisté, au contraire. Alors que le christianisme, partout où il entre, supprime le sacrifice, l’islam semble à bien des égards se situer avant ce rejet. Certes, il y a du ressentiment dans son attitude à l’égard du judéo-christianisme et de l’Occident. Mais il s’agit aussi d’une religion nouvelle, on ne peut le nier. La tâche qui incombe aux historiens des religions, voire aux anthropologues, sera de montrer comment et pourquoi elle est advenue. Car il y a dans certains aspects de cette religion un rapport à la violence que nous ne comprenons pas et qui est justement d’autant plus inquiétant. Pour nous, être prêt à payer de sa vie le plaisir de voir l’autre mourir, ne veut rien dire. Nous ne savons pas si ces phénomènes relèvent ou non d’une psychologie particulière. On est donc dans l’échec total, on ne peut pas en parler. Et on ne peut pas non plus se documenter, car le terrorisme est une situation inédite qui exploite les codes islamiques, mais qui n’est pas du tout du ressort de l’islamologie classique. Le terrorisme actuel est nouveau, même d’un point de vue islamique. Il est un effort moderne pour contrer l’instrument le plus puissant et le plus raffiné du monde occidental : sa technologie. Il le fait d’une manière que nous ne comprenons pas, et que l’islam classique ne comprend peut-être pas non plus. Il ne suffit donc pas de condamner les attentats. La pensée défensive que nous opposons à ce phénomène n’est pas forcément désir de compréhension. Elle est même souvent désir d’incompréhension, ou volonté de se rassurer. Clausewitz est plus facile à intégrer dans un développement historique. Il nous fournit un outillage intellectuel pour comprendre cette escalade violente. Mais où trouve-t-on de telles idées dans l’islamisme ? Le ressentiment moderne, en effet, ne va jamais jusqu’au suicide. Nous n’avons donc pas les chaînes d’analogies qui nous permettraient de comprendre. Je ne dis pas qu’elles ne sont pas possibles, qu’elles ne vont pas apparaître, mais j’avoue mon impuissance à les saisir. C’est pourquoi les explications que nous donnons sont souvent du ressort d’une propagande frauduleuse contre les musulmans. Nous ne savons pas, nous n’avons aucun contact, intime, spirituel, phénoménologique avec cette réalité. Le terrorisme est une violence supérieure, et cette violence affirme qu’elle va triompher. Mais rien ne dit que le travail qui reste à faire pour libérer le Coran de ses caricatures aura une quelconque influence sur le phénomène terroriste lui-même, à la fois lié à l’islam et différent de lui. On peut donc dire, de façon tout à fait provisoire, que la montée aux extrêmes se sert aujourd’hui de l’islamisme comme elle s’est servie hier du napoléonisme ou du pangermanisme. Le terrorisme est redoutable dans la mesure où il sait très bien s’articuler sur les technologies les plus mortifères, et ceci hors de toute institution militaire. La guerre clausewitzienne était une analogie encore imparfaite pour l’appréhender. Il est indéniable, en revanche, qu’elle l’annonçait. J’ai emprunté au Coran, dans La Violence et le Sacré, l’idée que le bélier qui sauve Isaac du sacrifice est le même que celui qui avait été envoyé à Abel pour ne pas tuer son frère : preuve que le sacrifice est là aussi interprété comme un moyen de lutter contre la violence. On peut en déduire que le Coran a compris des choses que la mentalité laïque ne comprend pas, à savoir que le sacrifice empêche les représailles. Il n’en reste pas moins que cette problématique a disparu dans l’islam, de la même manière qu’elle a disparu en Occident. Le paradoxe que nous devons donc affronter est que l’islam est plus proche de nous aujourd’hui que le monde d’Homère. Clausewitz nous l’a fait entrevoir, à travers ce que nous avons appelé sa religion guerrière, où nous avons vu apparaître quelque chose de très nouveau et de très primitif en même temps. L’islamisme est, de la même façon, une sorte d’événement interne au développement de la technique. Il faudrait pouvoir penser à la fois l’islamisme et la montée aux extrêmes, l’articulation complexe de ces deux réalités. L’unité du christianisme du Moyen Âge a donné la Croisade, permise par la papauté. Mais la Croisade n’a pas l’importance que l’islam imagine. C’était une régression archaïque sans conséquence sur l’essence du christianisme. Le Christ est mort partout et pour tout le monde. Le fait de concevoir les juifs et les chrétiens comme des falsificateurs, en revanche, est ce qu’il y a de plus irrémédiable. Ceci permet aux musulmans d’éliminer toute discussion sérieuse, toute approche comparative entre les trois religions. C’est une manière indéniable de ne pas vouloir voir ce qui est en jeu dans la tradition prophétique. Pourquoi la révélation chrétienne a-t-elle été soumise pendant des siècles à des critiques hostiles, aussi féroces que possible, et jamais l’islam ? Il y a là une démission de la raison. Elle ressemble par certains côtés aux apories du pacifisme, dont nous avons vu à quel point elles pouvaient encourager le bellicisme. Le Coran gagnerait donc à être étudié comme l’ont été les textes juifs et chrétiens. Une approche comparative révélerait, je pense, qu’il n’y a pas là de réelle conscience du meurtre collectif. Il y a, en revanche, une conscience chrétienne de ce meurtre. Les deux plus grandes conversions, celle de Pierre et celle de Paul, sont analogues : elles ne font qu’un avec la conscience d’avoir participé à un meurtre collectif. Paul était là quand on a lapidé Étienne. Le départ pour Damas se greffe sur ce lynchage, qui ne peut que l’avoir angoissé terriblement. Les chrétiens comprennent que la Passion a rendu le meurtre collectif inopérant. C’est pour cela que, loin de réduire la violence, la Passion la démultiplie. L’islamisme aurait très tôt compris cela, mais dans le sens du djihad. Il y a ainsi des formes d’accélération de l’histoire qui se perpétuent. On a l’impression que le terrorisme actuel est un peu l’héritier des totalitarismes, qu’il y a des formes de pensées communes, des habitudes prises. Nous avons suivi l’un des fils possibles de cette continuité, avec la construction du modèle napoléonien par un général prussien. Ce modèle a été repris ensuite par Lénine et Mao Tsé-Toung, auquel se réfère, dit-on, Al Qaida. Le génie de Clausewitz est d’avoir anticipé à son insu une loi devenue planétaire. Nous ne sommes plus dans la guerre froide, mais dans une guerre très chaude, étant donné les centaines, voire demain les milliers de victimes quotidiennes en Orient. Le réchauffement de la planète et cette montée de la violence sont deux phénomènes absolument liés. J’ai beaucoup insisté sur cette confusion du naturel et de l’artificiel, qui est ce que les textes apocalyptiques apportent peut-être de plus fort. L’amour s’est en effet « refroidi ». Certes, on ne peut pas nier qu’il travaille comme il n’a jamais travaillé dans le monde, que la conscience de l’innocence de toutes les victimes a progressé. Mais la charité fait face à l’empire aujourd’hui planétaire de la violence. Contrairement à beaucoup, je persiste à penser que l’histoire a un sens, qui est précisément celui dont nous n’avons cessé de parler. Cette montée vers l’apocalypse est la réalisation supérieure de l’humanité. Or plus cette fin devient probable, et moins on en parle. J’en suis venu à un point décisif : celui d’une profession de foi, plus que d’un traité stratégique, à moins que les deux mystérieusement s’équivalent, dans cette guerre essentielle que la vérité livre à la violence. J’ai toujours eu l’intime conviction que cette dernière participe d’une sacralité dégradée, redoublée par l’intervention du Christ venu se placer au cœur du système sacrificiel. Satan est l’autre nom de la montée aux extrêmes. Mais ce que Hölderlin a entrevu, c’est aussi que la Passion a radicalement transformé l’univers archaïque. La violence satanique a longtemps réagi contre cette sainteté qui est une mue essentielle du religieux ancien. C’est donc que Dieu même s’était révélé en son Fils, que le religieux avait été confirmé une fois pour toutes dans l’histoire des hommes, au point d’en modifier le cours. La montée aux extrêmes révèle, à rebours, la puissance de cette intervention divine. Du divin est apparu, plus fiable que dans toutes les théophanies précédentes, et les hommes ne veulent pas le voir. Ils sont plus que jamais les artisans de leur chute, puisqu’ils sont devenus capables de détruire leur univers. Il ne s’agit pas seulement, de la part du christianisme, d’une condamnation morale exemplaire, mais d’un constat anthropologique inéluctable. Il faut donc réveiller les consciences endormies. Vouloir rassurer, c’est toujours contribuer au pire. René Girard
C’est comme si les conservateurs pouvaient entendre cinq octaves de musique, mais les progressistes n’en percevaient que deux, à l’intérieur desquels ils sont devenus particulièrement exigeants. Jonathan Haidt
Tous les indicateurs montrent que l’exposition à la différence, les discours sur la différence et le fait d’applaudir la différence – autant de marques de fabrique de la démocratie libérale – sont les meilleurs moyens d’exaspérer ceux qui sont foncièrement intolérants. (…) Paradoxalement, il semblerait donc que le meilleur moyen de juguler l’intolérance envers la différence soit d’exhiber nos ressemblances, d’en discuter, de les applaudir. (…) Au bout du compte, rien n’inspire plus la tolérance chez l’intolérant qu’une abondance de croyances, de pratiques, de rituels, d’institutions et de processus communs et fédérateurs. Karen Stenner
The problem for liberals is that conservatives understand this better than they do. As one conservative friend put it, “it has taken modern science to remind liberals what our grandparents knew.” Ed Miliband’s difficulty is not so much that he is weird but that he is WEIRD. Yet help is at hand in the shape of a truly seminal book—out of that remarkable Amerian popular-science-meets-political-speculation stable—called The Righteous Mind by Jonathan Haidt. Like Steven Pinker, Haidt is a liberal who wants his political tribe to understand humans better. His main insight is simple but powerful: liberals understand only two main moral dimensions, whereas conservatives understand all five. (Over the course of the book he decides to add a sixth, liberty/oppression, but for simplicity’s sake I am sticking to his original five.) Liberals care about harm and suffering (appealing to our capacities for sympathy and nurturing) and fairness and injustice. All human cultures care about these two things but they also care about three other things: loyalty to the in-group, authority and the sacred. As Haidt puts it: “It’s as though conservatives can hear five octaves of music, but liberals respond to just two, within which they have become particularly discerning.” This does not mean that liberals are necessarily wrong but it does mean that they have more trouble understanding conservatives than vice versa. The sacred is especially difficult for liberals to understand. This isn’t necessarily about religion but about the idea that humans have a nobler, more spiritual side and that life has a higher purpose than pleasure or profit. If your only moral concepts are suffering and injustice then it is hard to understand reservations about everything from swearing in public to gay marriage—after all, who is harmed? Haidt and his colleagues have not just plucked these moral senses from the air. He explains the evolutionary roots of the different senses from a close reading of the literature but has also then tested them in internet surveys and face to face interviews in many different places around the world. Morality “binds and blinds,” which is why it has made it possible for human beings, alone in the animal kingdom, to produce large co-operative groups, tribes and nations beyond the glue of kinship. Haidt’s central metaphor is that we are 90 per cent chimp and 10 per cent bee—we are driven by the “selfish gene” but, under special circumstances, we also have the ability to become like cells in a larger body, or like bees in a hive, working for the good of the group. These experiences are often among the most cherished of our lives. One of my most politically liberal friends read this book and declared his world view to be transformed. Not that he was no longer a liberal but now “he couldn’t be so rude about the other side, because I understand where they’re coming from.” This will be music to Haidt’s ears as the book was written partly as an antidote to the more polarised American politics of the past 20 years, marked by the arrival of Bill Clinton and the liberal baby boomers onto the political stage. The American culture wars began earlier, back in the 1960s, with young liberals angry at the suffering in Vietnam and the injustice still experienced by African-Americans. But when some of them adopted a style that was anti-American, anti-authority and anti-puritanical, conservatives saw their most sacred values desecrated and they counter-attacked. Some conflicts are unavoidable and Haidt is not suggesting that liberals should stop being liberal—rather, that they will be more successful if instead of telling conservatives that their moral intuitions are wrong, they seek to shift them in a liberal direction by accommodating, as far as possible, their anxieties. For example, if you want to improve integration and racial justice in a mixed area, you do not just preach the importance of tolerance but you promote a common in-group identity. As Haidt puts it: “You can make people care less about race by drowning race differences in a sea of similarities, shared goals and mutual interdependencies.” (…) Post-liberalism, like the promised land of a post-racial politics, does not seek to refight old battles but to move on from victories won. Its concern is not to repeal equality laws, or reject the market economy, but rather to consider where the social glue comes from in a fragmented society. To that end, it acknowledges authority and the sacred as well as suffering and injustice. It recognises the virtues of particular loyalties—including nations—rather than viewing them as prejudices. And it seeks to apply these ideas to the economic as well as the social sphere. Much of this goes against the grain of an increasingly WEIRD and legalistic politics in Britain. The problem for the left has not so much been “rights without responsibilities” as rights without the relationships that help sustain them. If we are to be entangled in one another’s lives, for example as funders or recipients of social security, it helps to identify ourselves as part of a group. Meanwhile the right remains attached to its own form of abstract universalism, more concerned with the procedures of the market than what kind of society they have helped create. Some of the notions of loyalty, civility and respect that conservatives are so comfortable with in politics need to be reintroduced into the economic sphere. David Goodhart
Depuis toujours, dès que la France est affaiblie, les élites ont tendance à sacrifier la France et le peuple français à leurs idéaux universalistes. C’est très frappant. Vous verrez dans le livre. Je remonte le temps. Je suis remonté à l’évêque Cauchon et Jeanne d’Arc. On voit bien que cela a toujours été une tentation des élites françaises. Pour aller vite, depuis 1940, la France est très affaiblie. Et nous avons des élites qui ont décidé de jeter par-dessus bord la France et le peuple français au nom de l’Europe, des droits de l’homme et de l’universalisme. Macron est vraiment l’incarnation de ces élites-là. Il est passionnant, car c’est une espèce de quintessence chimiquement pure. Quand il dit : « Nous avons fait du mal », c’est déjà le discours de Chirac sur le Vel’ d’Hiv’ ou le discours de Hollande sur le Vel’ d’Hiv’ et en Algérie. Paul Thibaud avait écrit un très bon article qui faisait remarquer que, comme les politiques ne maîtrisaient plus rien, ils ont trouvé une posture qui consiste à dire du mal de nos ancêtres pour exister. (…) C’est la « révolte des élites » de Christopher Lasch à la fin des années 70. Il avait très bien vu cela aux États-Unis. C’est évidemment venu chez nous ensuite. (…) Je voulais montrer aux gens que tout cela était lié à une histoire millénaire et qu’il y avait des petites pierres comme dans Le Petit Poucet qu’on pouvait retrouver à chaque fois. Certaines époques nous ressemblent de plus en plus. Je retrouvais la phrase de René Girard dans son dernier livre qui disait : « Nous devons entrer dans une pensée du temps où Charles Martel et les croisades seront plus proches de nous que la Révolution française et l’industrialisation du Second Empire. » Je trouve cette phrase très frappante. Lorsque je dis cela, on dit que j’ai des obsessions et que je ne pense qu’à l’islam. Pourtant, ces paroles viennent de René Girard. Il a très bien compris que nous étions revenus dans un temps qui est celui des affrontements de civilisations entre chrétienté et islam, des guerres de religion et de la féodalité pré-étatique. (…) Ces pays de l’Est se révoltent, parce que la Hongrie a connu trois siècles d’occupation ottomane. C’est un roi polonais Jean III Sobieski , qui a arrêté les Ottomans à Vienne, en 1683. Il n’y a pas de hasard. Cette Histoire revient à une vitesse folle. Tout se remet en place pour nous rappeler à cette Histoire. (…) il y a effectivement un effet d’accumulation de toutes les crises du passé qui se concentrent aujourd’hui. C’est pour cette raison qu’il y a autant de pessimisme chez moi. L’idée même de roman national est finie. Je n’ai même pas essayé de refaire un roman national. La déconstruction des historiens qui, depuis cinquante ans, nous interdisent de parler de roman national était trop forte. Il n’en reste presque que des ruines. Si j’avais voulu faire un roman national, j’aurais fait une romance nationale. Ce n’est pas ce que j’ai fait. En revanche, j’ai voulu écrire une Histoire de France réaliste, non pas en fonction des idéaux et des populations d’aujourd’hui, mais en fonction de la réalité historique de l’époque. Aujourd’hui, les historiens ont décidé d’inventer une Histoire de France qui correspond à leurs obsessions et à leurs idéologies actuelles. Ils disent que j’ai des obsessions, mais les leurs sont : une histoire féministe, une histoire des minorités africaines et maghrébines, une histoire pacifiste, c’est-à-dire une histoire qui n’a jamais existé. Dans les livres d’histoire d’aujourd’hui, sur la Révolution française, il y a deux pages sur Olympe de Gouges, la grande militante féministe. Quand elle est guillotinée, en 93, par Robespierre, j’ai coutume de dire, pour plaisanter, que Robespierre ne sait même pas qu’il l’a fait guillotiner, tellement elle compte peu. Lors d’une émission sur France 2, mardi dernier, on a vu une grande fresque qui expliquait comment la France a été faite par les immigrés nord-africains et africains avec un grand manitou qui s’appelle de Gaulle. C’est une histoire inventée. (…) Ils sont tellement allés loin dans la diabolisation de Pétain et dans l’invention d’une histoire qui ne correspond plus à la réalité. Lorsqu’on repose le tableau de Pétain, de De Gaulle, de ce qu’était Vichy à l’époque et de ce qu’était 1940, que je dis que tout le monde se moquait, à l’époque, du statut des Juifs d’octobre 40, à Paris, à Vichy ou à Londres, et que les rats qui s’y intéressent disent « il a bien raison », car ils estiment à l’époque que les Juifs ont une responsabilité dans la défaite, j’ai l’impression de blasphémer. C’est tout simplement la réalité historique. On a tellement réinventé une histoire en disant que l’essentiel de la Seconde Guerre mondiale était la question juive qu’on tombe des nues quand je dis qu’à l’époque, personne n’en parlait. À Londres, ceux qui rejoignent le général de Gaulle sont d’accord avec Vichy là-dessus. Aujourd’hui, la réalité paraît blasphématoire. C’est extraordinaire. C’est pour dire la force inouïe de cette déconstruction historique. Pour moi, c’est le grand effacement de l’histoire pour correspondre au Grand Remplacement des populations. Eric Zemmour
La vérité biblique sur le penchant universel à la violence a été tenue à l’écart par un puissant processus de refoulement. (…) La vérité fut reportée sur les juifs, sur Adam et la génération de la fin du monde. (…) La représentation théologique de l’adoucissement de la colère de Dieu par l’acte d’expiation du Fils constituait un compromis entre les assertions du Nouveau Testament sur l’amour divin sans limites et celles sur les fantasmes présents en chacun. (…) Même si la vérité biblique a été de nouveau  obscurcie sur de nombreux points, (…) dénaturée en partie, elle n’a jamais été totalement falsifiée par les Églises. Elle a traversé l’histoire et agit comme un levain. Même l’Aufklärung critique contre le christianisme qui a pris ses armes et les prend toujours en grande partie dans le sombre arsenal de l’histoire de l’Eglise, n’a jamais pu se détacher entièrement de l’inspiration chrétienne véritable, et par des détours embrouillés et compliqués, elle a porté la critique originelle des prophètes dans les domaines sans cesse nouveaux de l’existence humaine. Les critiques d’un Kant, d’un Feuerbach, d’un Marx, d’un Nietzsche et d’un Freud – pour ne prendre que quelques uns parmi les plus importants – se situent dans une dépendance non dite par rapport à l’impulsion prophétique. Raymund Schwager
L’éthique de la victime innocente remporte un succès si triomphal aujourd’hui dans les cultures qui sont tombées sous l’influence chrétienne que les actes de persécution ne peuvent être justifiés que par cette éthique, et même les chasseurs de sorcières indonésiens y ont aujourd’hui recours. La même force culturelle et spirituelle qui a joué un rôle si décisif dans la disparition du sacrifice humain est aujourd’hui en train de provoquer la disparition des rituels de sacrifice humain qui l’ont jadis remplacé. Tout cela semble être une bonne nouvelle, mais à condition que ceux qui comptaient sur ces ressources rituelles soient en mesure de les remplacer par des ressources religieuses durables d’un autre genre. Priver une société des ressources sacrificielles rudimentaires dont elle dépend sans lui proposer d’alternatives, c’est la plonger dans une crise qui la conduira presque certainement à la violence. Gil Bailie
Nous devons reconnaître le caractère révolutionnaire de la pensée paulinienne. Paul marquera profondément l’histoire de l’Occident en fondant un nouveau type de communauté que ne connaissaient ni le judaïsme ni le monde gréco-romain. La société qui se construit ainsi est marquée à la fois par son universalisme – elle est ouverte à tous – et par son pluralisme – elle n’abolit pas les différences entre les personnes, mais considère que ces différences ne créent pas de hiérarchie devant Dieu. L’Antiquité n’a jamais connu de société qui combine d’une telle façon l’universalisme et le pluralisme, l’ouverture à tous et la particularité de chacun. Le type de communauté que fonde Paul se démarque à la foi de l’universalisme centralisateur (empire romain) et du pluralisme discriminatoire (synagogue). Le Dieu de Paul est le Dieu de tous et de chacun. Daniel Marguerat
Inévitablement, nous considérons la société comme un lieu de conspiration qui engloutit le frère que beaucoup d’entre nous ont des raisons de respecter dans la vie privée, et qui impose à sa place un mâle monstrueux, à la voix tonitruante, au poing dur, qui, d’une façon puérile, inscrit dans le sol des signes à la craie, ces lignes de démarcation mystiques entre lesquelles sont fixés, rigides, séparés, artificiels, les êtres humains. Ces lieux où, paré d’or et de pourpre, décoré de plumes comme un sauvage, il poursuit ses rites mystiques et jouit des plaisirs suspects du pouvoir et de la domination, tandis que nous, »ses« femmes, nous sommes enfermées dans la maison de famille sans qu’il nous soit permis de participer à aucune des nombreuses sociétés dont est composée sa société. Virginia Woolf (1938)
Plus les femmes deviennent fortes, plus les hommes aiment le football. Mariah Burton Nelson (1994)
Le privilège masculin est aussi un piège et il trouve sa contrepartie  dans la tension et la contention permanentes, parfois poussées jusqu’à l’absurde, qu’impose à chaque homme le devoir d’affirmer en toute circonstance sa virilité. (…) Tout concourt ainsi à faire de l’idéal impossible de virilité le principe d’une immense vulnérabilité. C’est elle qui conduit, paradoxalement, à l’investissement, parfois forcené, dans tous les jeux de violence masculins, tels dans nos sociétés les sports, et tout spécialement ceux qui sont les mieux faits pour produire les signes visibles de la masculinité, et pour manifester et aussi éprouver les qualités dites viriles, comme les sports de combat. Pierre Bourdieu (1998)
The real core of the feminist vision, its revolutionary kernel if you will, has to do with the abolition of all sex roles – that is, an absolute transformation of human sexuality and the institutions derived from it. In this work, no part of the male sexual model can possibly apply. Equality within the framework of the male sexual model, however that model is reformed or modified, can only perpetuate the model itself and the injustice and bondage which are its intrinsic consequences. I suggest to you that transformation of the male sexual model under which we now all labor and « love » begins where there is a congruence, not a separation, a congruence of feeling and erotic interest; that it begins in what we do know about female sexuality as distinct from male – clitoral touch and sensitivity, multiple orgasms, erotic sensitivity all over the body (which needn’t – and shouldn’t – be localized or contained genitally), in tenderness, in self-respect and in absolute mutual respect. For men I suspect that this transformation begins in the place they most dread – that is, in a limp penis. I think that men will have to give up their precious erections and begin to make love as women do together. I am saying that men will have to renounce their phallocentric personalities, and the privileges and powers given to them at birth as a consequence of their anatomy, that they will have to excise everything in them that they now value as distinctively « male. » No reform, or matching of orgasms, will accomplish this. Andrea Dworkin (Our Blood: Prophecies and Discourses on Sexual Politics, 1976)
C’est le sens de l’histoire (…) Pour la première fois en Occident, des hommes et des femmes homosexuels prétendent se passer de l’acte sexuel pour fonder une famille. Ils transgressent un ordre procréatif qui a reposé, depuis 2000 ans, sur le principe de la différence sexuelle. Evelyne Roudinesco
Si j’étais législateur, je proposerais tout simplement la disparition du mot et du concept de “mariage” dans un code civil et laïque. Le “mariage”, valeur religieuse, sacrale, hétérosexuelle – avec voeu de procréation, de fidélité éternelle, etc. -, c’est une concession de l’Etat laïque à l’Eglise chrétienne – en particulier dans son monogamisme qui n’est ni juif (il ne fut imposé aux juifs par les Européens qu’au siècle dernier et ne constituait pas une obligation il y a quelques générations au Maghreb juif) ni, cela on le sait bien, musulman. En supprimant le mot et le concept de “mariage”, cette équivoque ou cette hypocrisie religieuse et sacrale, qui n’a aucune place dans une constitution laïque, on les remplacerait par une “union civile” contractuelle, une sorte de pacs généralisé, amélioré, raffiné, souple et ajusté entre des partenaires de sexe ou de nombre non imposé.(…) C’est une utopie mais je prends date. Jacques Derrida
Nous ne pouvons pas faire de distinction dans les droits, que ce soit la PMA, la GPA ou l’adoption. Moi, je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? C’est faire un distinguo qui est choquant. Pierre Bergé
Dans les couloirs du palais Bourbon, on m’opposa même « mais enfin qu’as-tu contre les gens qui s’aiment ? ». Comme si le critère absolu de bonheur pour un enfant était d’avoir été désiré, d’avoir déjà reçu des likes avant même d’avoir existé. Je me suis demandé qui serait finalement la victime : l’enfant né de PMA et ses questions existentielles ou celui issu de la méthode habituelle et son incompréhension de ne pas bénéficier des dernières avancées biotechnologiques et de ne pas faire partie de l’humanité augmentée qui se sera un peu « libérée » du joug du hasard. (…) Mais revenons à la vie intérieure, à l’amour et au bonheur si chers aux pro-PMA pour toutes, puisque c’est sur ce terrain dégoulinant qu’on a voulu nous laisser en hémicycle. Se sont-ils mis une fois à la place des enfants dont ils parlent ? Acclamant une vision essentialiste et marxiste, réduisant l’individu à une construction et faisant fi de la biologie et de son bagage génétique, ils pensent les gamètes comme un simple véhicule et un bien commun à partager, mais ils ne donnent pas les leurs pour autant. Je leur ai opposé ma vérité : moi JSF, né en Corée du Sud de parents coréens, adopté français par un couple caucasien, ma réalité génétique est un fait, que le miroir et les autres m’ont toujours renvoyé, dans ma chère Haute-Marne où j’ai grandi 17 années de ma vie. Je connais mon village de Marnay sur Marne et la forêt qui l’entoure comme ma poche certes et « je me sens bien du coin ». Mais je reste avec une morphologie asiatique. J’étais plus souple pour les arts martiaux. Mes yeux étaient bridés. Si un groupe de coréens me croise, il sait que je le suis quand bien même je me sens français. Les faits sont têtus. La biologie est là en coexistence avec l’acquis, c’est ce qui nous laisse égaux, pauvres ou riches, et cette liberté n’est contrainte que par une réalité, celle de deux gamètes du sexe opposé pouvant donner naissance à un nouveau-né. Le hasard du processus d’édition génétique, sélectionné par des milliards d’années d’évolution, permet de retrouver une chance à chaque génération de faire mieux dans notre humilité charnelle. Grandir dans une famille sans vraisemblance biologique de parentalité (novlangue pour dire que vous n’avez pas l’air d’être le fils de vos parents) n’est pas facile. Les questions existentielles du jour le jour d’un enfant qui ne connaît pas son ascendance sont douloureuses ; le regard de l’autre qui vous pense plus faible compte bien sûr pour vous enfermer dans ce schéma du « ah ça doit être dur », mais il n’y a pas que cela. Vous tournez autour du pot de vos origines et les approchez par des moyens détournés (je m’intéressais au Japon et à la Chine). Vous les rejetez en allant chercher d’autres cultures où le lien familial patriarcal ou matriarcal est fort pour chercher une solution de substitution (je me suis intéressé fortement aux cultures balkaniques, du Proche et du Moyen-Orient, à la mystique chrétienne et au judaïsme). Vous pouvez faire votre propre famille biologique, parfois tôt (j’ai eu la chance d’avoir mon premier enfant à 23 ans, beau garçon brillant de bientôt 13 ans aujourd’hui, mais les conditions familiales entre moi et sa maman n’étaient pas suffisamment solides pour une telle décision). J’ai toujours eu une fascination pour les grandes familles françaises aristocrates, pour celles qui ont fait l’histoire de France, avec des particules à l’envi. Même quand ils n’apprécient pas leurs familles, eux ont le choix de revendiquer leurs titres ou de laisser leur chevalière dans la table de nuit ; un enfant né sans père n’a pas d’autre option que l’ignorance. Voulons-nous réellement faire venir au monde de enfants qui naissent sans savoir d’où ils viennent ? Ceux qui veulent un enfant, parce que « j’y ai droit comme tout le monde », ne savent pas ce qu’est la souffrance d’un enfant qui cherche à qui il ressemble. Les parents adoptifs sont une construction sociale, les parents biologiques ne le sont pas, qu’on le veuille ou non. Cette construction sociale peut être une belle histoire, elle l’est souvent, elle n’en est pas moins un chemin très difficile. On se demande au passage pourquoi les facilités d’accès à l’adoption n’ont pas été d’abord discutées avant tout dans le débat parlementaire français. A moins que les gènes comptent finalement plus qu’ils ne le disent à celles qui veulent des enfants toutes seules ou en couples de femmes ? La PMA post-mortem a aussi failli passer à quelque chose près, c’est dire si le glissement est imminent. Voilà le message qu’on voudrait donner et les fausses promesses d’éternité. Cela fait aussi partie de la sagesse d’une société que d’accepter la mort et la finitude d’un parcours de vie. Quand je venais d’être adopté en France, la mère de mon épouse, s’est retrouvée accidentellement jeune veuve avec deux enfants en bas âge. Dans le même pays où les miens m’avaient abandonné et où les filles mères n’étaient pas bien vues et devaient souvent abandonner leurs enfants pour espérer trouver un nouveau mari : elle a fait le choix de donner une belle éducation à ses filles, de poursuivre son travail d’institutrice, avec l’aide de sa belle-famille qui ne l’a jamais abandonnée. Alors oui, il y aura toujours les types comme moi et d’autres self-made rebelles plus ou moins dans le droit chemin, que la situation adverse a rendus encore plus forts, les Benalla, les Steve Jobs, les Marilyn Monroe, les Edgar Allan Poe, les Malcolm X. Ils ont cette caractéristique d’être différents et de chercher à continuer à l’être, tout en cherchant l’amour impossible de ceux qui sont trop normaux pour les comprendre. Mais il y aura surtout beaucoup de douleur, de problèmes jamais résolus, de plongée dans l’enfer, de retrouvailles souvent impossibles avec les origines. Cela implique déjà des millions de personnes adoptées. Et demain des millions de personnes issues de la PMA se poseront les leurs. Mais aussi, ceux qui ne seront pas du club Pimp my Baby, reprocheront à leurs parents d’être de faibles humains non améliorés. L’histoire de l’homme est de se demander d’où il vient, où et qui il est, et où il va. Sa rationalité s’égare quand il s’agit de vie et de mort ou de reproduction. Les mécanismes évolutionnistes à l’œuvre sont complexes et difficiles à comprendre, ils poussent irrationnellement vers ce dessein de survie à elle-même de l’humanité depuis qu’elle est. A condition qu’elle n’aille pas aujourd’hui vers la précipitation de sa destruction via la biotechnologie de la naissance, à trop craindre de périr. Joachim Son-Forget
Si les forêts tropicales méritent notre protection, l’homme (…) ne la mérite pas moins (…) Parler de la nature de l’être humain comme homme et femme et demander que cet ordre de la création soit respecté ne relève pas d’une métaphysique dépassée. Benoit XVI
Nous sommes entrés dans un mouvement qui est de l’ordre du religieux. Entrés dans la mécanique du sacrilège : la victime, dans nos sociétés, est entourée de l’aura du sacré. Du coup, l’écriture de l’histoire, la recherche universitaire, se retrouvent soumises à l’appréciation du législateur et du juge comme, autrefois, à celle de la Sorbonne ecclésiastique. Françoise Chandernagor
Toutefois, ces formes radicales de refus du réel restent marginales et relativement exceptionnelles. L’attitude la plus commune, face à la réalité déplaisante, est assez différente. Si le réel me gêne et si je désire m’en affranchir, je m’en débarrasserai d’une manière généralement plus souple, grâce à un mode de réception du regard qui se situe à mi-chemin entre l’admission et l’expulsion pure et simple : qui ne dit ni oui ni non à la chose perçue, ou plutôt lui dit à la fois oui et non. Oui à la chose perçue, non aux conséquences qui devraient normalement s’ensuivre. Cette autre manière d’en finir avec le réel ressemble à un raisonnement juste que viendrait couronner une conclusion aberrante : c’est une perception juste qui s’avère impuissante à faire embrayer sur un comportement adapté à la perception. Je ne refuse pas de voir, et ne nie en rien le réel qui m’est montré. Mais ma complaisance s’arrête là. J’ai vu, j’ai admis, mais qu’on ne m’en demande pas davantage. Pour le reste, je maintiens mon point de vue, persiste dans mon comportement, tout comme si je n’avais rien vu. Coexistent paradoxalement ma perception présente et mon point de vue antérieur. Il s’agit là moins d’une perception erronée que d’une perception inutile. Clément Rosset
G. K. Chesterton (…) insiste sur le caractère parasitique du monde moderne, qui vit de principes, de biens et de conquêtes intellectuelles, spirituelles et morales qui lui sont antérieurs. (…) L’idée fondamentale de ce livre, qui se reflète aussi à travers le titre, est que les biens intellectuels et moraux dont nous vivons ont tendance à se dissoudre lorsqu’ils sont plongés dans un milieu moderne, et fleurissent lorsqu’ils sont replacés dans le contexte prémoderne qui les a hébergés. (…) En raison de son mantra “du passé faisons table rase”, de cette volonté de repartir de zéro en balayant les héritages du passé. J’analyse tout particulièrement cela dans le Règne de l’homme. Il s’agit de suspendre tout ce dont on vivait pour construire sur une base entièrement nouvelle, ou de détourner le capital des mondes anciens pour servir les nouveaux buts de ce monde moderne. Dans les Déshérités, ou l’urgence de transmettre, François-Xavier Bellamy identifie les trois auteurs correspondant aux trois étapes de répudiation de l’héritage : Descartes, Rousseau et Bourdieu. On a ainsi progressivement perdu le sens de la continuité et du développement. Pourtant, j’estime que la continuité devrait être l’un des droits les plus fondamentaux de l’humanité, pour reprendre la formule de Charles Dupont-White, « la continuité est un droit de l’homme ». Il ne s’agit pas d’exalter un fixisme mais de ne pas perdre le contact avec ce qui nous a faits et de faire que l’héritage et les beautés du passé enrichissent l’avenir. Car qu’on le veuille ou non, nous sommes des héritiers. Les physiciens expliquent d’ailleurs que les atomes qui font nos corps sont apparus quelques secondes après le big bang. Bien entendu, cela ne signifie pas que l’histoire serait notre code, mais cela demande un certain respect pour ce qui a été, ne serait-ce que pour ne pas scier la branche de l’arbre sur laquelle nous sommes assis. La continuité est la condition de la continuation : si on se coupe de tout ce qui nous précède, on est obligé de s’arrêter pour panne sèche. C’est ce qui me fait donner une acception positive au terme “tradition”. La tradition a, en effet, un avantage : elle a abouti à nos personnes. En revanche, il n’est pas certain que nos modes de vie contemporains puissent produire un avenir. (…) Certes, il y a une prise de conscience en matière d’ écologie mais, en ce qui concerne la disparition des pratiques culturelles, ce niveau de conscience est dans les limbes. Notamment quand on voit la façon dont on se débarrasse des grands écrivains français, de moins en moins étudiés à l’école. Au moins, les classes préparatoires littéraires, si elles ne donnent évidemment pas la connaissance de l’ensemble de l’histoire littéraire, ont l’avantage de faire découvrir l’existence d’auteurs de plus en plus oubliés. Elles donnent la carte du pays de la culture. [ce refus de la continuité] provient du rêve de ne pas dépendre d’autre chose que soi. De l’idée d’autonomie comprise de travers par rapport à sa signification philosophique, qui est d’“être capable d’avoir accès soi-même à la loi”. Cela ne veut pas dire n’en faire qu’à sa tête, c’est même presque le contraire, car n’en faire qu’à sa tête met à la merci de tous ses désirs et entraîne ainsi une perte de liberté. Mais la liberté que comprennent beaucoup de nos contemporains est celle de la chute libre de la pierre ou encore de la liberté du taxi vide, qui ne va nulle part et que n’importe qui peut prendre et mener où il veut tant qu’il peut payer. (…) L’idée d’un progrès irrésistible qui nous mènerait, que nous le voulions ou non, vers des “sommets radieux”, pour parler comme Staline. Elle fait d’ailleurs système avec l’idée de “projet” : je détermine désormais ce que je vais être. Il s’agit d’une confusion grossière. Il y a eu, ces derniers siècles, un accroissement de nos connaissances et une augmentation de notre pouvoir d’agir sur l’extérieur (la technologie). L’idée de progrès est alors née au XVIIIe siècle, quand on s’est dit que de ces augmentations allait découler nécessairement une amélioration des régimes politiques. Et que de cette amélioration des régimes allait découler, quasi automatiquement, une élévation du niveau moral de l’humanité. Le XIXe siècle a orchestré cela, puis le XXe siècle, avec deux guerres mondiales et des génocides qui ont fait de ce siècle le nadir de tous les siècles, est venu briser cette illusion. Les gens un peu intelligents en Europe ont alors cessé de croire que nous étions sur un tapis roulant qui nous mènerait vers les “lendemains qui chantent”. Mais l’idée reste dans les milieux populaires, car on se scandalise que la vie ne s’améliore pas, comme si le temps travaillait pour nous. Certains surfent sur cette idée tenace : on essaye de nous vendre des réformes dites “sociétales” en affirmant qu’elles constituent des avancées. Mais qui nous dit qu’elles avancent dans le bon sens ? (…) l’État, selon sa propre logique, a intérêt à être la seule instance vers laquelle puisse se tourner un individu isolé. L’existence de la famille, de tout corps intermédiaire est un obstacle à l’action de l’État. Car pour l’État, on doit recevoir ce que l’on mérite, ni plus ni moins. Or cela ne se passe pas ainsi au sein de la famille : on aime ses enfants quoi qu’ils fassent. La logique de la famille n’est pas celle de l’État et encore moins celle du marché. Pour ce dernier, la situation idéale est celle du consommateur isolé qui fait ses courses au supermarché et qui n’a d’autres soucis que de minimiser la dépense et maximiser le gain. (…) Loin d’être l’époque obscurantiste que l’on cherche souvent à nous dépeindre, le Moyen Âge fut une période au cours de laquelle grandeur et misère, innovation et conservation n’ont cessé de se mêler. Je ne me fais aucune illusion sur le Moyen Âge réel : les gens étaient aussi bêtes et méchants qu’avant et que nous maintenant – ce qui n’est pas peu dire ! Je ne crois pas du tout au progrès linéaire. Mais il y existait un rattachement à la transcendance, en particulier au sein des élites, qui donnait sens et orientait l’existence. Les vertus étaient présentes sous leur forme originelle et n’avaient pas encore subi les distorsions de la modernité. L’autre Moyen Âge possible qui s’offre à nous est l’islam, sous sa forme la plus bête : une loi divine qu’on ne discute pas mais que l’on fait appliquer et qui régit tous les domaines de la vie humaine. À nous de voir quel Moyen Âge nous choisirons. Mais si ce pas en arrière n’est pas fait, nous allons disparaître, car nous n’aurons plus de raisons réelles d’exister ou de perpétuer l’espèce humaine. [l’athéisme] Il faut déjà lui concéder que la science n’a pas besoin de ce que Laplace appelait “l’hypothèse Dieu” pour élaborer une description rigoureuse de l’univers : il suffit de trouver les lois mathématiques qui le gouvernent. Par ailleurs, en politique, on peut construire un système dans lequel la croyance est rejetée dans le domaine privé : il suffit de mettre au point une sorte de gentleman’s agreement dans lequel personne n’aura intérêt à faire du mal à son prochain. Je ne suis d’ailleurs pas certain que ce système, qui s’est mis en place par étapes, puisse perdurer sur le long terme. En revanche, l’athéisme se trouve sans réponse quand il s’agit de justifier le pourquoi de l’existence d’un être capable de faire de la science et de la politique. Il se trouve incapable de répondre à l’interrogation : pourquoi est-il bon que les hommes existent ? Car pour justifier cette existence, il faut un point de référence extérieure sur lequel s’appuyer. Quelqu’un qui nous dise : “Choisis la vie !” Rémi Brague
51% of Americans think the First Amendment is outdated and should be rewritten. The First Amendment protects your right to free speech, free assembly, and freedom of religion, among other things. 48% believe “hate speech” should be illegal. (“Hate speech” is not defined—we left it up to the individual participant.) Of those, about half think the punishment for “hate speech” should include possible jail time, while the rest think it should just be a ticket and a fine. 80% don’t actually know what the First Amendment really protects. Those polled believed this statement is true: “The First Amendment allows anyone to say their opinion no matter what, and they are protected by law from any consequences of saying those thoughts or opinions.” It’s actually not true. The First Amendment prevents the government from punishing you for your speech (with exceptions such as yelling “fire” in a crowded area to induce panic). But more broadly, freedom of speech does not mean you are protected from social consequences for your speech. You may have the right to say something extreme or hateful and not get thrown in jail, but others in society have the right to shun you. What explains these results? We believe there are at least two factors at play. One is the obvious polarization of politics and the media. While many who identify as conservative may dislike the reporting of CNN and would likely favor sanctions for “fake news,” many progressives or liberals may feel the same way towards Fox News. Second, we hear much about “hate speech.” Although the term is never defined, most agree that it should be opposed, rebuked, and criticized. But should it be punished by the government? If the government is in charge of determining what is hate speech, then it inevitably becomes political—a weapon that can be used to punish people on the other side of an issue. Campaign for free speech
Il existe en effet des enjeux qui ne peuvent être traités sous l’empire du «en même temps». Et la laïcité en fait partie! Sur l’immense majorité des sujets, on peut prendre «en même temps» des mesures de droite et de gauche: sur la fiscalité, sur la politique sociale… Mais il existe des enjeux politiques fondamentaux sur lesquels c’est impossible. Sur ce sujet, on ne peut pas être «en même temps» d’accord avec Aurélien Taché et Jean-Louis Bianco d’un côté, et de l’autre avec Marlène Schiappa ou Jean-Michel Blanquer par exemple, il faut choisir une vision, une orientation. Le chef de l’État sait parfaitement que la laïcité ne se résume pas à la loi de 1905. Le principe avant même le mot trouve son origine pendant la Révolution française et prend toute sa force au moment de la fondation de l’école publique dans les années 1880. La laïcité ne renvoie pas seulement à la liberté de conscience et de culte (article 1er de la loi de 1905) et à la séparation des Églises et de l’État (prévue à l’article 2 et organisée par les articles suivants) ; il ne s’agit pas uniquement de principes juridiques mais aussi de garanties politiques. La laïcité est le pilier de l’identité collective française contemporaine: elle organise notre rapport à la liberté et à l’égalité, et elle contribue à définir notre citoyenneté, notre commun. Or Emmanuel Macron ne répond pas aux interrogations qui traversent aujourd’hui la société française de manière architectonique sur tous ces enjeux. Comme s’il les laissait délibérément de côté afin de ne pas avoir à trancher entre les grandes orientations possibles qui s’ordonnent autour d’interprétations divergentes de la laïcité. (…) Schématiquement, il y a d’un côté un courant que l’on peut qualifier de libéral, au sens contemporain du libéralisme globalisé d’origine américaine, tolérantiste et multiculturaliste, qu’incarne bien le député Aurélien Taché par exemple au sein de La République en Marche. Ce courant vise à faire entrer la laïcité française dans le moule de ce libéralisme aujourd’hui dominant. Dans cette perspective, l’idée fondamentale est que toutes les opinions, tous les choix individuels, sont légitimes dès lors qu’ils sont adoptés librement, c’est la liberté définie par «c’est mon choix». Ce qui donne une laïcité réduite à son principe de liberté comme droit, sans responsabilité ni devoir collectifs. C’est une laïcité individualiste sans élément permettant de construire le commun ; elle concerne l’individu et non le citoyen. Une telle conception est très éloignée de la laïcité telle qu’elle a été pensée et construite en France, elle ne mérite d’ailleurs pas le nom de laïcité, c’est un usage abusif du terme qui est fait par ceux qui s’en réclament. (..) Au sens général, philosophique ou politique, la laïcité englobe toutes ces dimensions! Sur le plan cultuel, elle permet de répondre à de nombreuses questions: faut-il autoriser les processions ou les prières de rue, les crèches dans les mairies, les réunions publiques dans les lieux de culte, certains financements publics dans des lieux de culte?… C’est ce qu’on appelle la «police des cultes». Mais la laïcité, c’est aussi un enjeu culturel! Lorsque le chef de l’État déclarait, face à Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin, que «le voile n’est pas conforme à la civilité dans notre pays», il reconnaissait que la laïcité dépasse la seule régulation des cultes, qu’elle touche à ce qui nous est commun, aux fondements de ce qui fait de nous des Français et non des Anglais, des Allemands ou des Américains. Il faut donc être à la fois extrêmement clair et précis sur un tel sujet. La confusion, c’est de dire que la laïcité se limiterait à une question purement juridique, et donc qu’on se refuse à l’invoquer dès lors qu’une pratique n’est pas interdite au sens strict par une loi. Outre que le droit n’est pas lui-même toujours parfaitement défini – les travaux sur les frontières et les zones grises en la matière de mes collègues juristes spécialistes de ce sujet, Gwénaèle Calvès ou Frédérique de la Morena l’ont bien montré -, la laïcité est aussi et sans doute même avant tout un principe philosophique et politique. Ce qui n’en fait pas pour autant une doctrine ou une idéologie, contrairement à ce qu’opposent régulièrement à ses partisans ceux qui voudraient en amoindrir la portée. Ainsi, lorsque l’on défend la laïcité comme élément fondamental de notre commun, on est vite accusé d’être un «laïcard», de vouloir s’en prendre aux religions dans l’espace public notamment, au nom de je ne sais quelle idée, comme si l’on voulait à tout prix renvoyer les laïques vers l’athéisme ou l’anticléricalisme, comme si l’on était un disciple d’Émile Combes! N’en déplaise à tous les tenants de la normalisation libérale que j’évoquais plus haut, on peut parfaitement être républicain et en faveur de la liberté la plus étendue possible, mais une liberté qui s’applique et concerne d’abord les citoyens, et non les individus. Une liberté qui permet d’organiser le corps social et non de le diviser voire de le dissoudre. (…) La laïcité est l’une des réponses possibles à cette préoccupation que l’on retrouve dans de nombreux contextes nationaux aujourd’hui, c’est la réponse française, celle de la politique de civilisation que nous avons choisie et que nous devons continuer de choisir, collectivement, entre citoyens. Elle s’est forgée tout au long de notre histoire, et elle forge notre identité commune. C’est elle qui permet de donner un sens à toutes nos différences, culturelles ou religieuses notamment, en laissant à chacun la plus grande liberté possible et en assurant la protection des citoyens vis-à-vis non seulement des empiétements toujours possibles de l’État mais aussi, on l’oublie souvent, des autres individus ou des communautés sur notre propre liberté, tout spécialement en matière religieuse. Ainsi, en matière religieuse, la neutralité de l’État sert-elle à nous protéger, en tant que citoyen, de l’État lui-même bien évidemment ; mais elle sert aussi et indissociablement à protéger chacun d’entre nous de nos coreligionnaires le cas échéant ou plus largement de toute croyance ou pratique que l’on voudrait nous imposer dans la société. La laïcité est une liberté publique. Dans les systèmes hérités du droit anglo-saxon, cette protection est laissée aux individus eux-mêmes, au fonctionnement de la société civile, et en particulier aux communautés religieuses qui y évoluent librement, on parle alors de liberté civile. Il s’agit de deux modèles, de deux manières différentes de comprendre la liberté. Or aujourd’hui, notre modèle français et républicain est très minoritaire parmi les démocraties occidentales et sous la pression à la fois des représentations culturelles venues des États-Unis et d’un droit d’inspiration anglo-saxonne. D’où l’attention permanente portée aux droits individuels, à la satisfaction des revendications identitaires promues par les représentants de «minorités» qui se définissent comme victimes de l’oppression majoritaire. Dans le cas de l’islam dans les pays occidentaux, cela conduit le plus souvent à une forme d’inversion du combat laïque: l’exigence que l’on applique au christianisme (religion majoritaire) n’est pas la même que celle que l’on applique à l’islam. Or pour un républicain laïc, tout le monde est citoyen avant d’être chrétien, musulman, juif, athée, etc., et les individus sont protégés comme citoyens, pas comme croyants. C’est ce point précis que les tenants d’une laïcité libérale telle que définie ci-dessus ne veulent pas voir ou ne veulent pas comprendre, par aveuglement ou par idéologie. C’est pourtant fondamental à l’âge identitaire si l’on veut continuer de construire du commun plutôt que de se recroqueviller sur telle ou telle de nos différences. Laurent Bouvet
Les questions d’identité collective (laïcité, place de l’Islam, immigration…) divisent profondément la majorité. Il sera très difficile au président de la République de clarifier la ligne en la matière. Il a en effet besoin de l’ensemble de sa majorité, composée de lignes irréconciliables sur ces questions, pour pouvoir continuer son action et évidemment être réélu en 2022. Le plus probable est donc qu’il tentera de ménager les contraires, de continuer une forme de «en même temps». Le problème est que sur ce type d’enjeux, il n’y a pas de « en même temps » qui tienne, en tout cas pas aux yeux de nos concitoyens. Précisément parce que ce sont des enjeux d’identité qui impliquent des conceptions essentielles de ce que nous sommes et de ce que nous voulons faire ensemble, comme Français. C’est le plus grand danger politique pour le chef de l’État qui a construit sa victoire à la présidentielle et sa majorité sans avoir à traiter de ces enjeux. Ceux qui l’ont rejoint, que ce soit par conviction ou par opportunisme, n’y ont pas plus prêté attention. Or on ne peut ignorer, politiquement, de telles questions. On vit aujourd’hui le retour du boomerang. (…) Qu’on pense simplement ici à l’inversion spectaculaire du principe de liberté qui consiste à dire que c’est le port du voile qui rend la femme libre! La responsabilité de tous ceux qui appuient ou corroborent cette inversion, à gauche, chez les féministes, parmi les intellectuels, dans les médias… est immense. Ils minent les fondements mêmes de notre société tels qu’ils ont été refondés avec les Lumières. Au nom d’une vision profondément biaisée de l’émancipation, qui serait réservée uniquement à certaines catégories de population eu égard à leurs identités d’origine, ils sapent la possibilité même d’une humanité commune. C’est cette démarche, essentialiste, identitaire, réductionniste… qui stigmatise et exclut les femmes musulmanes. Laurent Bouvet
Article après article, avec un bonheur incertain, je m’essaie de faire comprendre à mes contemporains que nous vivons un temps médiatique névrotique et même schizophrénique. J’essaie aussi d’expliquer que cette névrose profonde provient d’un antiracisme dévoyé, lui-même issu d’un antinazisme devenu fou. Le courant médiatique islamo-gauchiste considère encore que qui touche l’islamisme touche l’islam et qui touche l’islam touche tous les musulmans. La folle quinzaine qui commença par le drame de quatre policiers assassinés par un islamiste à la préfecture de Paris pour s’achever par un psychodrame disproportionné autour d’une femme voilée à la vie paraît-il gâchée en est la triste et énième illustration. Tellement prévisible également. Qu’on me permette de citer la conclusion de la chronique que j’ai publiée dans ces mêmes colonnes le 7 octobre dernier : «Mais pas d’illusions, le réel sera vite à nouveau rattrapé par le virtuel. Aujourd’hui l’heure est encore à la colère avec la mise en accusation du laxisme envers les islamistes. Demain, viendra l’oubli des victimes quand elles reposeront dedans la guerre froide. Après-demain, un nouveau pilori sera dressé pour ceux qui font radicalement le procès de l’islam radical. Le jour d’après, sera jour d’attentat.» Nous avons donc connu le troisième jour: celui de la victimisation à l’envers. C’était un jour forcément nécessaire. La France était la seule victime, les Français étaient en colère, l’islamisme coupable était montré du doigt. Comme à chaque fois, le courant médiatique que je ne peux nommer autrement qu’islamo-gauchiste mais qui par capillarité a contaminé depuis des lustres l’inconscient collectif bien au-delà de l’islam et bien au-delà du gauchisme, considère encore que qui touche l’islamisme touche l’islam et qui touche l’islam touche tous les musulmans. Le prétexte de la sortie funeste et maladroite de Julien Odoul au sein d’une assemblée territoriale mettant en cause une femme voilée en présence de son enfant affolé n’était pas mal trouvé. Une pétition dans Le Monde donnait le la à la musique de la victimisation frénétique. La névrose médiatique faisait le reste. Une pétition dans Le Monde signée notamment par des artistes à la réflexion politique étroite mais à la morale esthétique infinie donnait le la à la musique de la victimisation frénétique. Notre président de la République, illustra jusqu’à la perfection son ambivalence hybride qui se mariait harmonieusement avec l’esprit schizophrénique du temps. Au premier jour de l’assassinat des quatre authentiques martyrs de l’islamisme, Monsieur Macron n’hésitait pas à appeler martialement au devoir de «vigilance» contre «l’hydre islamiste». J’écrivais alors que l’exercice s’avérerait périlleux dans la pratique, au regard du surmoi prétendument antiraciste. Je ne croyais pas si bien écrire: dans un article du Figaro daté du 16 octobre («Détection de la radicalisation à l’université: un sujet délicat») Marie-Estelle Pech raconte comment l’université de Cergy-Pontoise a été contrainte, après protestations, de regretter un appel à la vigilance dans lequel on considérait par courriel comme inquiétants le fait, notamment , qu’un étudiant ou un fonctionnaire dédaignerait l’autorité des femmes ou porterait «une djellaba, ou un pantalon dont les jambes s’arrêtent à mi-mollets». Frédérique Vidal, notre ministre de l’enseignement supérieur aura été de ceux qui auront condamné cette vigilance politiquement osée. Au demeurant, l’université de Cergy-Pontoise aura été bien naïve de prendre le discours présidentiel à la lettre et de ne pas donner du temps psychodramatique aux temps dramatiques. Dès que le psychodrame de la femme voilée s’empara des esprits tourmentés et que celle-ci déclarait à ce CCIF proche des Frères musulmans qui traque l’islamophobie «qu’on avait gâché sa vie», notre président vigilant appelait désormais les Français à la vigilance non plus contre l’hydre islamiste mais contre cette vieille hydre de la «stigmatisation». Je défie cependant qui que ce soit de me mettre sous les yeux la moindre déclaration d’un seul membre de l’Assemblée nationale élue par les Français incriminant l’ensemble de la population musulmane en tant que responsable des attentats islamistes. Ou que l’on me montre la moindre agression physique d’un salaud exalté contre une femme voilée. Dans la réalité, le seul agitateur d’une stigmatisation imaginaire s’appelle Emmanuel Macron. Il était pourtant à la portée de l’intelligence présidentielle de comprendre que c’est précisément cette victimisation imaginaire qui est depuis longtemps l’une des matrices de la radicalisation islamique et de ses conséquences. Tant il est caractéristique de l’esprit humain de se persuader sincèrement que l’on est une victime. A fortiori lorsque de grands esprits vous l’affirment. Il en faudra encore des victimes avant que le jour de l’attentat réel ne soit pas suivi de la victimisation nécessaire au fantasme virtuel. Gilles William Goldnadel
Même s’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, les choses ont évolué. Toutefois, cela n’ est pas suffisant pour une certaine partie de la gauche qui estime que l’échelle des privilèges doit être inversée. Dans cette vision du monde, les groupes qui étaient auparavant marginalisés devraient maintenant être privilégiés et inversement. Comme la situation a été trop injuste pendant très longtemps, des gens de gauche bien intentionnés s’attellent à réparer toutes les inégalités en même temps, ce qui conduit à une sorte de période jacobine de rectitude morale (mais sans la guillotine), un concept familier aux lecteurs français. Telle est la bataille qui se déroule en Amérique aujourd’hui. La gauche est perçue comme trop sensible et la droite comme ignorante et anhistorique. Ces deux manières de les présenter recèlent, chacune, une part de vérité. Pour un écrivain, ce contexte est troublant. Alors que les jugements critiques émanaient autrefois de la seule droite, ils émergent aujourd’hui avec la même vigueur, voire avec plus de virulence, de la gauche qui, tout en prétendant abhorrer l’héritage de Staline, n’est que trop heureuse d’imiter son approche de la culture. Aux États-Unis, existent désormais deux phénomènes : la call-out culture (culture de la dénonciation), qui signifie que si une personne fait une déclaration perçue comme une chose à ne pas dire, elle se fera lyncher sur Twitter, mais aussi la cancel culture (littéralement «culture de l’effacement »), une version encore plus acerbe de la call-out culture, dont le but est littéralement de ruiner la carrlère de la personne en question. La situation est intenable et manque cruellement d’humour. L’humour fait, à présent, l’objet d’une surveillance étroite. La police de l’humour est partout, ce qui tombe plutôt bien puisqu’un clown occupe la Maison-Blanche. (…) À gauche, il existe toutes sortes de tests de pureté conçus pour déterminer si quelqu’un est suffisamment woke (éveillé, conscient des injustices qui pèsent sur les minorités, NDRL), une expression qui s’est répandue depuis que j’ai commencé à écrire le livre et qui signifie, globalement, être favorable au programme de l’ extrême gauche. À l’heure actuelle, aux États-Unis, la « gauche éveillée » est en conflit avec les progressistes traditionnels et ma crainte est que cette lutte fratricide pourrait conduire à la réélection de Trump. (…) Bien que les réseaux sociaux aient leur utilité (je vais tweeter un lien vers cette interview!), ils sont, en grande partie, un ramassis de déchets toxiques et l’un des aspects les plus inacceptables de ce nouveau monde dans lequel nous vivons est le lynchage qui s’y déroule. « Lyncher » est un mot profondément chargé d’histoire aux États- Unis, pour des raisons évidentes, mais en tant que verbe qui décrit une exécution extrajudiciaire métaphorique, il est difficile de trouver mieux. Puisque la culture de la honte reste particulièrement ancrée dans le pays (à l’exception de Donald Trump qui n’a honte de rien), se faire lyncher sur les réseaux sociaux reste un véritable problème pour la plupart des gens à qui cela arrive. (…) L’un des effets secondaires regrettables de ce phénomène est que les écrivains et les artistes s’autocensurent désormais, bien plus qu’ils ne l’auraient probablement fait avant l’ avènement de Twitter et de ses esprits prompts à s’enflammer. C’est un contexte difficile pour les personnes créatives et cela nous ramène à votre question précédente sur le politiquement correct. La gauche et la droite sont tout aussi coupables d’essayer de détruire des gens sur les réseaux sociaux, mais il faut bien avouer que, dans cet exercice, la gauche est bien meilleure. Seth Greenland
En Amérique, chaque saison universitaire apporte désormais son épisode à la chronique ubuesque de la vie des campus et de la frénésie idéologique robespierrienne de ses « justiciers sociaux ». En 2017, les errements du collège Evergreen, dans l’État de Washington, avaient défrayé la chronique, quand un professeur de biologie, Bret Weinstein, progressiste déclaré, fut pris à partie pour avoir refusé de participer à « une journée de l’absence » blanche organisée par des associations d’étudiants de couleur anti-racistes. Venu donner ses cours, Il fut encerclé par des activistes l’ accusant de racisme et l’appelant à démissionner très agressivement. Des vidéos finirent par révéler les séquences pathétiques durant lesquelles les professeurs d’ Evergreen énuméraient en public « les cartes de leurs privilèges » (être blanc, homme, hétéro, éduqué, etc.), afin d’ aider au rétablissement de la justice sociale. Quand Weinstein demanda pourquoi il était accusé de racisme, on lui répondit que le demander était raciste. Sa « blanchité » le mettait d’entrée de jeu dans le camp du « racisme systémique » , concept qui fait fureur dans les départements d’ études critiques d ‘outre-Atlantique (et de plus en plus hélas en France). Au terme d ‘une négociation, l’administration, qui avait pris lâchement le parti de la rébellion étudiante, fut condamnée à verser à Weinstein 500 000 dollars en échange de sa démission. Il fut aussi reçu devant une commission du Congrès mise en place par les républicains. Mais l’épidémie du « politiquement correct » continua, portée par l’idée qu’il faut interdire tout discours qui pourrait « offenser » les sensibilités des minorités. En 2018, c’était au tour de Christina Hoff Sommers, philosophe féministe de gauche, d’être forcée de partir au milieu d’un discours au College Lewis and Clark. Accusée de fascisme pour avoir osé dire que toutes les différences entre les genres ne sont pas sociales ! La fonction délibérative de l’université, où la recherche de la vérité doit faire l’objet d’un débat, se retrouve menacée. L’idéologie de la justice sociale imprègne largement le programme des démocrates, qui comptent sur l’arc-en-ciel des minorités « opprimées » pour gagner en 2020. Ce prisme identitaire a joué un rôle clé dans le succès de Donald Trump, par effet boomerang. Des bataillons d’ électeurs blancs des classes populaires ont plébiscité ses écarts de langage, y voyant « un bol d’air frais » alors que ses prédécesseurs républicains s’ étaient pliés poliment aux règles de bienséance verbale des élites libérales. L’un des effets collatéraux de cette « libération » trumpienne du langage a été l’apparition de hordes racistes qui font, elles, un usage inquiétant de leur liberté de parole, nourrissant les arguments des extrémistes de l’anti-racisme. Mais l’un des éléments notables de cette bataille vient du malaise grandissant des libéraux de l’ancienne génération, à gauche mais désormais pris à partie par les vigles du politiquement correct. Selon Jamie Kirschik, de la Brookings Institution, nombre d’élus démocrates n’ oseraient pas s’ exprimer, de crainte d’être « lynchés » par les « justiciers » de leur camp sur les réseaux sociaux. Laure Mandeville
Trump (…) n’est pas un politicien classique. Contrairement à la plupart des politiques traditionnels, qui s’en tiennent encore à des règles de bienséance communément admises, (ce qui pourrait changer dans l’avenir à son exemple), il est sans filtre. Il est donc capable de parler comme le gars du café du commerce, qui assis au comptoir, déclare que ceux qui ne sont pas contents «n’ont qu’à rentrer chez eux», ce qu’il a fait il y a quelques jours. En ce sens, pour reprendre là encore, une formule de Mansfield, il représente le côté «vulgaire de la démocratie» au sens littéral du terme Vulgaire. Il donne une voix au Vulgus, au peuple. (…) Mais je ne vois pas pour autant Trump comme un raciste prêt à discriminer quelqu’un sur sa couleur de peau, pas plus qu’il n’est «anti-femme», à mon avis, contrairement à ce que soutiennent là encore ses ennemis politiques. Aurait-il sinon suggéré à la célèbre star démocrate de la téléréalité Oprah Winfrey, une Afro-américaine, d’être son binôme quand il envisageait déjà une campagne présidentielle dans le passé? Je peux me tromper, mais je vois plutôt Trump comme un gars grandi dans la banlieue new-yorkaise de Queens dans les années 50, habitué au multiculturalisme mais surtout aux rapports de force, et ayant l’habitude de ne prendre de gants avec personne, quelle que soit sa couleur ou son sexe. Ceci dit, il joue sur tous les tableaux pour aller à la chasse aux voix, sans se préoccuper de savoir si cela peut exciter les franges minoritaires racistes, ce que ses adversaires ont beau jeu de souligner. Mais Trump sait surtout que beaucoup d’Américains sont réceptifs au coup de gueule qu’il a poussé et ses électeurs n’apprécient pas que les élues de la gauche démocrate aient le culot de comparer les camps installés sur la frontière mexicaine par la police des frontières à des camps nazis (car cette comparaison est tout à fait absurde). Alors il pousse son avantage. Il a compris qu’il pouvait profiter du radicalisme de ces quatre jeunes députées, pour coller à l’ensemble du parti démocrate une image extrémiste. De ce point de vue, beaucoup estiment qu’il a trouvé son thème pour 2020. Se présenter comme un rempart contre l’extrémisme culturel de la Gauche tout en vantant son bilan économique. (…) Il ne faut pas s’attendre à un changement de thèmes de campagne, car ceux que le président a lancés sans crier gare dans la conversation électorale en 2016, restent extrêmement porteurs auprès de son électorat: l’immigration hors de contrôle, l’ouvrier américain mis sur la touche par la globalisation et la délocalisation massive, l’importance de rétablir du coup une forme de protectionnisme. La bataille contre la Chine. Le retour à une forme de nationalisme et de restreinte en matière d’interventions extérieures, au motif que l’Amérique, en portant seule le fardeau de gendarme du monde, s’est affaiblie. Et bien sûr la bataille contre le politiquement correct. Regardez d’ailleurs son nouveau slogan de campagne, ce n’est pas «Rendre sa grandeur à l’Amérique» comme en 2016, c’est désormais «Maintenir la grandeur de l’Amérique», ce qui veut dire la même chose, sauf qu’il sous-entend qu’il a tenu ses promesses. (…) Donald Trump est adoré par sa base, détesté par l’autre partie du pays, et toléré par les élites du parti républicain, qui à l’exception d’un petit bataillon de «Never Trumpers» (les Jamais Trumpistes), essaient de s’accommoder de sa présidence, à défaut de pouvoir l’influencer (parce qu’ils estiment que le camp démocrate est pire). Bien sûr, il y a dans les rangs du centre, chez les indépendants susceptibles de voter alternativement à droite ou à gauche, et chez une partie des républicains modérés des gens qui sont très embarrassés par les mauvaises manières de Trump et ses dérapages. Je me souviens que pendant sa campagne de 2016, beaucoup de ses électeurs fronçaient les sourcils et disaient qu’ils aimeraient qu’il apprenne à «fermer parfois sa grande gueule». Mais ils ajoutaient aussi qu’il ne fallait pas prendre les sorties de Trump de manière littérale, et qu’eux ne le faisaient pas. Les troupes trumpiennes ont toujours reconnu les défauts de Trump, mais elles sont passées outre car elles ont vu en lui l’homme capable de dire des vérités que personne ne voulait plus entendre, notamment sur la question des frontières (son idée qu’un pays sans frontières n’est plus un pays). Les électeurs républicains et la partie des ex-démocrates qui ont voté pour lui ont soutenu Trump, parce qu’il est indomptable et qu’ils voient en lui l’homme qui a porté leur rébellion contre le système jusqu’au cœur de la Maison blanche. Ils ont le sentiment qu’il n’a pas changé et ne les a pas trahis, et d’une certaine manière, c’est vrai. Il reste leur homme. Regardez la vigueur il essaie contre vents et marées de faire construire son fameux Mur. Je pense que ses électeurs le soutiennent aussi d’autant plus que les démocrates n’ont jamais renoncé à l’expulser du pouvoir, le déclarant illégitime depuis le premier jour et maintenant ouverte la possibilité d’une destitution jusqu’à aujourd’hui. Pour la base républicaine, cet acharnement contre Trump est la meilleure preuve qu’il est l’homme qu’il leur faut. L’acharnement des médias mainstream à son encontre joue aussi en sa faveur. C’est trop voyant, trop unanime, trop obsessionnel, le tableau qui est fait de lui est si noir qu’il devient contre-productif. Beaucoup de gens à droite sont fatigués de Trump, voire exaspérés. Ils s’inquiètent aussi à juste titre de son mode de fonctionnement purement tactique, du chaos qui règne dans son équipe, où tout est suspendu à ses humeurs et ses derniers tweets. Mais ils en ont marre, aussi, de l’anti-trumpisme primaire et constatent que l’apocalypse économique et politique qui avait été annoncée à l’arrivée de Trump n’a pas eu lieu. L’économie affiche une santé insolente, malgré toutes ses foucades, le président n’a pas déclenché la guerre nucléaire que tant d’observateurs annonçaient vu sa supposée «folie». Bien sûr, son action suscite bien des controverses et donne le vertige. Reste ouverte la possibilité d’un dérapage en politique extérieure, si ses interlocuteurs chinois, nord-coréens ou iraniens décident de le tester. Mais ce que nous ne mesurons pas bien, c’est si l’embarras et l’inquiétude que suscite Trump sont supérieurs à la satisfaction que suscite sa capacité à s’élever contre les élites. C’est sans doute dans ce dilemme que se jouera l’élection. (…) La question du degré de division de l’Amérique est un sujet sur lequel tout observateur des États-Unis finit par s’interroger. S’accroît-elle ou est-elle une donnée persistante, dont on oublie seulement l’acuité avec le temps? La présidence Trump l’a-t-elle exacerbée? Quand les Américains vous disent qu’ils n’ont jamais vu «division pareille», on a tendance à les croire sur parole, mais on réalise ensuite qu’ils oublient parfois largement l’intensité des fractures du passé, alors qu’elles ont toujours été là. Entre le Sud anciennement ségrégationniste et le Nord largement abolitionniste, entre la droite chrétienne conservatrice et les libéraux laïques. Entre l’Amérique démocrate des côtes, et le pays profond du milieu. Entre les partisans de l’État minimal et les partisans du New Deal et des lois sociales…L’opposition entre la gauche américaine et les Mccarthystes dans les années 50 était-elle vraiment moins profonde que celle des démocrates et des républicains sous Trump? Et que dire de la bataille jonchée de cadavres des années 60 pour arracher les droits civiques des Noirs sous Kennedy et sous Johnson, puis des divisions sociétales autour de la guerre du Vietnam? A-t-on oublié les furieuses batailles sous Reagan, sous Clinton, sous les Bush Père et fils, puis sous Obama, qui devait pourtant réconcilier l’Amérique bleue des démocrates et l’Amérique rouge des républicains? Qu’est-ce qui change sous Trump par rapport au passé? En dehors de la personnalité même du président, qui a effectivement le plus haut taux d’impopularité d’un président, les vieux routiers de la politique washingtonienne citent la disparition quasi-totale des ailes modérées des deux camps, qui ne sont plus vraiment représentées au Congrès, ce qui rend de plus en plus difficile la création de compromis. Les compromis exigeaient la volonté de «travailler avec l’autre aile». Mais ce champ s’étiole faute de «soldats» désireux de coopérer. La radicalisation du champ de l’information sous l’effet des réseaux sociaux participe aussi à l’accroissement des fossés, car on ne partage plus les mêmes faits! Du coup, on est dans un combat sans répit et un dialogue de sourds, dont l’issue semble être de vouloir annihiler l’autre camp, au lieu de le laisser vivre. La manière dont la confirmation du juge Bret Kavanaugh a tourné au pugilat, à l’automne, a été à cet égard très significative, car les «troupes» des deux camps ne se sont pas privées d’envoyer des «commandos de militants» huer et menacer les élus qui avaient pris des positions nuancées contraires à l’orthodoxie du parti, pour ou contre le juge suprême! Il me semble qu’entre Trump et les démocrates, la confrontation est presque devenue un jeu de rôles ; une sorte de théâtre, où chacun s’enferme dans son personnage ou son parti…Trump est traité de «raciste», lui dénonce à son tour le caractère «anti-américain» de ses adversaires, et cela s’enflamme. C’est comme si ces deux forces se nourrissaient l’une l’autre. Le problème est de savoir comment tout cela est reçu «en bas», chez les électeurs de base. J’ai peur qu’à force de jouer la carte de l’ennemi, les gens finissent par se haïr vraiment. Les attaques seront-elles encore pires en 2020 qu’en 2016? C’est possible car dans les deux partis, ce sont les plus vocaux et les plus extrêmes, qui couvrent le débat de leur brouhaha et semblent donner le «la». Il règne un véritable climat de «guerre civile politique». Il faut espérer que la violence ne sortira pas du cadre verbal. (…) Élément intéressant, Trump est aujourd’hui aussi populaire que Reagan au même moment, ce qui veut dire qu’il pourrait aussi surprendre et faire mieux que la dernière fois chez les minorités, le taux de chômage des noirs par exemple, ayant atteint un seuil à la baisse historique. Surtout, Trump pourrait bénéficier d’un cru démocrate où les candidats capables de s’imposer dans le fameux Midwest ne sont pas légion, en dehors de l’ancien vice président Joe Biden, originaire de Pennsylvanie, et qui a été récemment l’objet d’une attaque en règle de la Gauche identitaire du parti démocrate, qui l’accuse de sexisme et de racisme, rien de moins! (…) Depuis l’arrivée de Trump au pouvoir, le parti démocrate a été si sonné et si ulcéré de le voir gagner au détriment de la «reine Hillary» qu’il a conclu à son illégitimité. Il en a fait un repoussoir, un diable qui finirait par être expulsé de la Maison Blanche, rapidement. Pendant deux ans et demi, leur stratégie a donc consisté à attaquer chaque sujet sous l’angle de la personnalité de Trump, au lieu de prendre la mesure des problèmes que son élection révèle. Ainsi par exemple de la question de la migration, approchée seulement sous l’angle de la «cruauté» de Trump, de sa folie et de son racisme supposés, sans aucune tentative de prise en compte de la crise migratoire aiguë réelle, qui se joue à la frontière avec le Mexique. Mais cette stratégie a échoué à atteindre son but et de ce point de vue, l’intervention du procureur spécial Robert Mueller devant le Congrès, qui n’a pas apporté confirmation de l’attitude criminelle du président en matière d’obstruction (même s’il a clairement eu la tentation d’arrêter l’enquête), ni trace d’une collusion avec la Russie, marque la fin d’un cycle. (…) Si une centaine d’élus souhaiteraient poursuivre la procédure de destitution, une partie très substantielle du camp démocrate n’en veut pas, persuadé que cette stratégie serait perdue d’avance et qu’il est temps de passer à l’ordre du jour. Dans ce camp, figure notamment la Speaker de la Chambre Nancy Pelosi, mais aussi toute une série d’élus des États du MidWest, qui souhaiteraient aussi s’éloigner du parti pris idéologique centré sur la défense des minorités, la fameuse «politique des identités», pour revenir à une approche plus sociale des dossiers et construire une alternative crédible à Trump, prenant en compte les problèmes qu’il a soulevés. L’autre camp, qui regroupe notamment le fameux commando des quatre élues en bataille contre Trump, mais aussi une grande partie des élites intellectuelles, veut persister dans l’entreprise de destitution du président avec une ferveur quasi religieuse. (…) Du coup, les démocrates se retrouvent presque forcés d’endosser des propositions incroyablement radicales venues de la gauche sur le financement de l‘assurance médicale pour les illégaux en situation irrégulière, la nécessité de dissoudre les services d’immigration ICE. Une radicalisation qui ouvrira un boulevard à Trump dans le Midwest si l’aile modérée ne parvient pas à contenir ces élans. Le paradoxe est que cette approche excessive permet à Trump de se recentrer et de passer par pertes et profits tous ses gigantesques travers, et notamment sa sous-estimation inquiétante des attaques russes sur les élections américaines. En voulant l’abattre trop grossièrement, les démocrates l’ont presque sanctuarisé… Leur persistance à jouer la carte identitaire, et à tenter de rassembler toutes les minorités, femmes y compris, contre «le patriarcat de «l’Homme blanc» qu’il incarnerait supposément, pourrait lui servir de tremplin. Si on ajoute à ça, ses excellents chiffres économiques et l’absence de leader clair et incontesté face à lui, on voit à quel point la bataille va être difficile pour les démocrates. Encore une fois, la manière dont ils ont attaqué Joe Biden, le seul candidat susceptible de concurrencer Trump dans les États pivots du MidWest, révèle le piège dans lequel ils pourraient se laisser enfermer. Il faut en effet reconnaître qu’accuser de racisme supposé, l’homme qui a été le vice président du premier président noir de l’Histoire des États-Unis ne manque pas de sel. Laure Mandeville
La médiocrité spirituelle que les immigrés islamiques perçoivent dans l’Occident moderne n’est pas imaginaire et pourrait être la plus grande entrave à la préservation de la culture européenne. Christopher Caldwell
La question de la langue, des mots pour dire les choses, est absolument décisive en ce domaine, comme dans tous les autres d’ailleurs : il ne pourra y avoir de politique à la hauteur des défis que l’islamisation de la France nous pose, aussi longtemps que nous en resterons à cette langue de carton. Même si naturellement, cela ne saurait suffire. On le voit avec notre Président qui excelle dans l’art de nommer les choses, il n’a pas craint de parler d’ « hydre islamiste », de volonté de « sécession » de l’islam politique, mais comme si c’était une fin en soi. Je ne demande qu’à être détrompée, mais jusqu’à présent, Emmanuel Macron s’est seulement distingué, par rapport à ses prédécesseurs, dans l’exercice de ce que le philosophe Clément Rosset appelait la « perception inutile » : « C’est une perception juste, explique-il, qui s’avère impuissante à faire embrayer sur un comportement adapté à la perception. […] J’ai vu, j’ai admis, mais qu’on ne m’en demande pas davantage. Pour le reste, […] je persiste dans mon comportement, tout comme si je n’avais rien vu ». (…) Si j’exclus de parler d’actes à caractère spirituel, il me semble en revanche pertinent de les qualifier d’idéologiques, au sens littéral qu’Hannah Arendt donnait à ce terme dans les Origines du Totalitarisme, comme « logique d’une idée » c’est-à-dire reposant sur un grand récit d’une cohérence extrême qui « ne se rencontre nulle part dans la réalité », qui offre ceci de formidablement réconfortant pour l’esprit humain qu’il « permet de tout expliquer jusqu’au moindre événement ». Évidemment cela a un prix, pour pouvoir ainsi tout expliquer, il faut « s’affranchir de toute expérience », « s’émanciper de toute réalité que nous percevons au moyen de nos cinq sens et affirmer l’existence d’une réalité “plus vraie” qui se dissimule derrière les choses que l’on perçoit ». D’où l’adhésion à l’idéologie complotiste. (…) Sans exonérer un instant les coupables de leur responsabilité – on pactise toujours en première personne avec le diable –, il est difficile de ne pas penser que l’attrait qu’exerce l’islamisme sur une partie des musulmans soit sans lien avec la philosophie et l’anthropologie qui nous gouvernent depuis les années 1970. Le péché originel du progressisme est d’avoir prêté des vertus émancipatrices à la désaffiliation et à la désidentification d’avoir prétendu que l’individu serait d’autant plus libre, plus original qu’li serait délié de toute héritage. Depuis lors, l’éducation consiste en une succession de désidentifications : désidentification religieuse, désidentification nationale, et désormais, dernier avatar de ce processus, désidentification sexuée et sexuelle. d’abord religieux, ensuite national. Le retrait de l’identité nationale – seule identité à fabriquer du commun, à cimenter un peuple – a permis l’offensive actuelle des identités particulières, et singulièrement du communautarisme musulman. Quand nous travaillons avec obstination à délester l’individu de tout passé, de toute histoire, l’islamisme leur livre un kit identitaire n’autorisant aucun jeu, aucun écart ; quand nous nous faisons un devoir de lever tous les interdits, l’islam radical parle d’autorité, imposant prescriptions, proscriptions à ses recrues, leur confie des missions, meurtrières assurément mais qui donnent un sens, dans la double acception du mot, une signification et une direction, à leur vie. La propagande islamiste vient ainsi moins satisfaire un irrésistible besoin de spiritualité ou de religion que combler un vide creusé par l’éducation et la pensée progressistes. Les communiqués djihadistes diffusés en français jouent de cet argument d’un besoin spirituel ou religieux sacrifié par l’Occident et tout particulièrement par la France, opposant ce « pays faible [qui] abrutit son peuple de divertissement » à l’État islamique dont chaque membre est « un combattant en puissance, ayant suivi un entraînement militaire, faisant la guerre pour sa foi, espérant le paradis éternel s’il est tué ». L’abrutissement des masses par l’industrie de l’entertainment est parfaitement indifférent à un islam qui n’exècre rien tant que l’esprit des Lumières et la passion du questionnement, du discernement. Notre enfoncement dans le consumérisme et l’utilitarisme travaille assurément contre nous. « La médiocrité spirituelle que les immigrés islamiques perçoivent dans l’Occident moderne n’est pas imaginaire et pourrait être la plus grande entrave à la préservation de la culture européenne », écrivait ainsi en 2011 le journaliste américain Christopher Caldwell. Kamel Daoud a très bien raconté comment, dans sa jeunesse, il se laissa harponner par la rhétorique des Frères musulmans : « L’offre religieuse donnait du sens à mon corps, à ma sexualité, à mon rapport à la femme, à l’au-delà, etc. L’effondrement philosophique est plus grave que l’échec économique. » (…) On sait que les mouvements dits masculinistes qui sont venus répliquer à la criminalisation des hommes blancs par les mouvement féministes, sont puissants aux Etats-Unis et entretiennent une idée régressive, caricaturale de la virilité. On ne rappellera jamais assez que notre idée de la virilité était faite de codes, de normes, elle consistait en une domestication des pulsions, une mise en forme du désir, un idéal de constance, de fermeté. La négation de la différence des sexes et la disqualification des représentations traditionnelles livre le jeune garçon à des formes de masculinité des plus sommaires. Cependant, la crise de la masculinité ne peut à elle seule expliquer les tueries de masse. Quant aux attentats islamistes, les hommes n’en ont pas l’exclusivité. Certes jusqu’à présent, ceux qui nous ont frappés ont été commis par des hommes mais au moment même où Mickaël Harpon égorgeait ses victimes à la Préfecture de police se déroulait le procès de quatre des huit jeunes filles poursuivies pour tentative d’attentat à proximité de Notre-Dame en septembre 2016. (…) La pratique des jeux vidéos contribue à faire vivre celui qui en est familier dans un monde fictif. Les jeux vidéo, mais aussi la pratique des réseaux sociaux, sont de redoutables machines à déréaliser le réel. Et cela rejoint ce que je disais plus haut concernant le caractère idéologique de ces actes. Bérénice Levet
Il est surprenant d’entendre dire de la part du ministre de l’intérieur ainsi que de son secrétaire d’État que la tuerie qui a eu lieu à la Préfecture de Police ne relève pas du terrorisme. Certes, cette tuerie n’a pas été faite par une bande organisée comme cela a été le cas de la tuerie du Bataclan en 2015. Mais tout de même, si ce n’est pas du terrorisme qu’est-ce ? Dans la façon dont les medias ainsi que les responsables politiques distinguent la tuerie de la Préfecture de Police du terrorisme, on sent comme une peur d’apparaître comme raciste en les reliant. Ce comportement est d’autant plus étrange que Jeudi 10 Octobre le ministre de l’Intérieur a interdit la tenue d’une manifestation à Gonesse lancée par un activiste s’insurgeant contre l’amalgame entre la tuerie de la Préfecture de Police et le terrorisme islamiste. Il faut savoir : ou il n’y a aucun lien et dans ce cas on n’interdit pas la manifestation prévue à Gonesse, ou il y a lien et dans ce cas on le dit. En vérité, une fois de plus, à chaque fois qu’un attentat islamiste a lieu on passe davantage de temps à expliquer que cela n’a rien à voir avec l’islam et qu’il ne faut pas faire d’amalgame qu’à comprendre pourquoi il s’agit d’un attentat effectivement islamiste. L’islamisme fascine un certain nombre de jeunes. La raison en est simple. Il leur offre de pouvoir jouer avec la violence en toute légitimité en reconnaissant cette violence comme un acte héroïque au nom des valeurs supérieures Quand l’islamisme attire et recrute il le fait de trois façons : par le combat militaire direct, par l’attentat en bande organisée ou bien par l’action purement solitaire comme celle du tueur qui se précipite au milieu d’une foule avec un couteau en tuant au nom de « Allah Akbar », « Dieu est grand ». Le ministre de l’intérieur pense que la tuerie de la Préfecture de Police ne relève pas du terrorisme parce qu’elle est le fait d’un tueur isolé et non d’une bande. Il néglige le fait que tuer de façon solitaire est recommandé par Daech depuis sa défaite. Quand donc un tueur agit de façon solitaire, il est le terrorisme à lui tout seul. C’est d’ailleurs pour cela qu’il tue, être le terrorisme à lui tout seul étant ce qui le fascine. (…) Dans l’Islam on trouve des courants religieux comme le soufisme qui, étant d’une haute spiritualité, sont totalement éloignés de la violence qu’ils réprouvent. Il y a cependant des courants religieux qui sont radicalement le contraire en prêchant la violence. Ces courants reproduisent ce à quoi on assiste toujours quand on a affaire à un maniement primaire des idées à savoir d’abord l’apparition d’un système politique ou religieux prétendant tout expliquer, puis transformation de cette théorie prétendant tout expliquer en théorie prétendant tout régler pratiquement, enfin transformation de cette théorie prétendant tout régler pratiquement en projet de dictature, puis passage à l’acte et mise en place de la dictature par des actes au sein d’une milice, d’une bande ou seul. Dans les années soixante dix le gauchisme en Europe a fonctionné sur ce mode. Aujourd’hui, c’est l’islamisme, avec parfois une convergence de luttes entre gauchisme et islamisme débouchant sur l’islamo-gauchisme. Pour comprendre ce qui se passe, autrement dit, ne faisons pas l’erreur de parler de religion ou de spiritualité. Parlons plutôt du poids des images et des idées à l’intérieur du champ religieux, politique, social et culturel, la violence terroriste étant le fait de l’emprise des mots, des images, des idées, des idéaux et derrière eux de la passion de « la solution finale » pour tout, que ce soit la pensée, la pratique, la religion, la culture et l’humanité dans son ensemble. (…) Pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui avec la violence il importe de distinguer ce qui nous est propre, l’attentat d’extrême droite en Allemagne et les attentats islamistes de Paris et de Manchester. La crise spirituelle liée à la déconstruction nous concerne. Elle ne concerne pas l’extrême droite allemande et les islamistes. La France a été un pays catholique. Puis elle a été un pays républicain. Aujourd’hui la déconstruction ne veut ni du catholicisme ni de la République mais l’ultra-démocratie et l’individualisme absolu. Cela se traduit non pas par un terrorisme physique faisant des attentats mais par un terrorisme intellectuel jouant à fond la carte du politiquement correct, de l’ultra-féminisme et de l’ultra-écologie. Via cette radicalité on voit s’exprimer un désir de liberté et de pureté comblant une mystique qui n’a pas lieu. Il n’y a pas d’attentat physique, mais il convient d’être prudent. Il y a les gilets jaunes, les black blocks, les zadistes, les vegan qui attaquent des boucheries et un militantisme écologique prenant d’assaut des grandes surfaces comme à la place d’Italie le weekend dernier ou bien récemment un pont près de l’île de la Cité. S’agissant de l’extrême droite allemande on est dans une autre problématique. Manifestement de jeunes allemands épris de provocation s’identifient à l’antisémitisme nazi. À cela s’ajoute le réveil de l’extrême droite en Allemagne et dans l’Europe de l’Est. S’ajoute également un courant anti-migrants qui y prend de l’ampleur. Enfin, il y a la mouvance islamiste. Si l’on considère les jeunes qui rejoignent celle-ci une chose est frappante : ces jeunes sont attirés par la structure à la fois rigide et communautaire que l’islam leur offre. Alors que certains jeunes s’engagent dans l’armée pour ces mêmes raisons, eux s’engagent dans l’islam. Pour ces jeunes, l’Islam est commode. Il leur permet de revenir vers des valeurs dites traditionnelles comme la religion,  mais via l’islam comme figure contestataire de l’Occident. Si bien que l’islam leur permet d’être traditionnaliste dans la contestation et contestataire dans une tradition. Une façon de dépasser l’opposition droite-gauche qui n’intéresse plus personne. Autrement dit, ce n’est pas vraiment la déconstruction qui est à la base des attentats qui se commettent : leur source se trouve dans la provocation. (…) Certes, ce sont des hommes qui font les attentats. Mais attribuer ces derniers à la crise de la virilité n’est pas la bonne raison. Qui s’intéresse à la crise de la virilité ? Ceux qui cherchent à la mettre en crise comme la LGBT ou bien encore l’ultra-féminisme. Pour faire advenir la transsexualité comme vérité de la sexualité, la LGBT a besoin à tout prix de défaire la notion de virilité. Aussi ne perd-telle pas une occasion de mettre celle-ci en crise en se servant par exemple des attentats commis par des hommes. De son côté, quand il attaque la virilité, l’ultra-féminisme ne cherche pas tant à faire advenir le transsexualisme qu’à attaquer le machisme en se servant là encore de toutes les occasions. Quand un attentat se produit tout le monde cherche à en tirer profit en voyant dans celui-ci la confirmation des thèses qu’il défend. Un homme sort un couteau dans la foule ? La LGBT va y voir l’expression d’un monde qui ignore le transsexualisme en se disant que si cet homme avait été un transsexuel jamais il n’y aurait eu d’attentat. L’ultra-féminisme va y voir de son côté une manifestation du machisme. Si celui a commis un attentat avait été transsexuel, jamais il n’y aurait eu d’attentat. La psychologie est intéressante. Elle n’explique pas tout et notamment les attentats dont les racines plongent dans le pouvoir de l’idéologie. La théorie du genre entend réinterpréter l’ensemble de la culture mondiale. L’idée que le terrorisme est lié à une quête éperdue de virilité par peur de se dépouiller de l’orgueil masculin a encore du chemin à faire afin d’être convaincante. D’autant qu’il va falloir que celle-ci explique pourquoi, il y a deux ans de cela, des jeunes filles ont été arrêtées à la suite d’un projet d’attentat avec bouteilles de gaz et clous, pourquoi d’autre jeunes femmes ont décidé d’aller en Syrie combattre aux côtés de Daech, pourquoi certaines jeunes filles aujourd’hui deviennent musulmanes et décident de prendre le voile musulman. (…) Il est vrai que le nihilisme ainsi que le cynisme s’appuient sur une vision du monde dans laquelle tout est jeu. Il est vrai également que certaines violences produites par la délinquance sont liées au désir de reproduire la toute puissance que l’on voit s’exercer dans les jeux vidéo où il s’agit de tuer un maximum d’adversaires. Il est vrai enfin que des films comme La tour infernale ont pu donner des idées aux terroristes du 11 Septembre 2001 à New York. Néanmoins, n’oublions jamais le poids de l’idéologie. Quand un terroriste d’extrême droite fait un attentat comme à Halle, si la modalité de son attentat relève d’une mise en scène ludique le fond de son geste criminel renvoie au simplisme idéologique qui s’est emparé de son esprit à travers des explications expéditives de la réalité et des solutions improvisées toutes aussi expéditives. En fait, il y a derrière de tels comportements un jeu idéologique réducteur se mariant avec un univers ludique pour déboucher sur un scénario de films d’épouvante. Bertrand Vergely
La distinction entre immigration légale et illégale doit tenir. Certaines personnes, qui prônent l’ouverture des frontières, demandent «quelle est la différence?» La réponse est «la loi». (…) C’est pourquoi je dis que si nous ne parvenons pas à maintenir nos lois et nos frontières maintenant, alors nous n’avons aucune chance de résister. (…) Tous ces phénomènes sont largement favorisés par les ONG «open borders», organisations dirigées par des gens qui sont de véritables extrémistes. Ils distribuent des informations aux migrants et aux migrants potentiels pour les aider à contourner les règles existantes et en leur expliquant comment rester définitivement en Europe. Ces ONG pensent que le monde ne devrait pas avoir de frontières. Que les frontières sont racistes. Que les frontières causent tous les problèmes du monde. Ils ont pris sur eux d’affaiblir les frontières de l’Europe. Les autorités italiennes ont pris un certain nombre d’ONG en flagrant délit de coopération active avec les réseaux de contrebande. Ces ONG ont été surprises au téléphone avec des contrebandiers, arrangeant les points de rencontre et retournant même les bateaux aux gangs. Qui a donné à ces groupes le droit de dicter l’avenir de notre continent? Qui leur a permis d’être nos arbitres de moralité? Ou de décider de notre avenir sociétal à court et à long terme?  Douglas Murray
The explanations for our existence that used to be provided by religion went first, falling away from the nineteenth century onwards. Then over the last century the secular hopes held out by all political ideologies began to follow in religion’s wake. In the latter part of the twentieth century we entered the postmodern era. An era which defined itself, and was defined, by its suspicion towards all grand narratives. However, as all schoolchildren learn, nature abhors a vacuum, and into the postmodern vacuum new ideas began to creep, with the intention of providing explanations and meanings of their own. Douglas Murray
Je retrace en résumé l’irruption de ces sujets à tous les niveaux de la société. Ce sont surtout les universités américaines qui ont absorbé une partie du corpus philosophique de la «French Theory» (essentiellement les thèses de Michel Foucault). Elles la font passer pour une discipline académique, qui doit attirer sans cesse de nouveaux étudiants, et avec eux, des sommes importantes d’argent: c’est un véritable système de Ponzi. D’autant que si leur prestige universitaire est certain, leur pensée demeure largement incompréhensible. Leur usage peut devenir transdisciplinaire: on a ainsi vu se développer au cours des dernières décennies des «études» de toutes sortes: «black studies», «queer studies», etc. Et comme ces domaines de recherche factices s’auto-alimentent, puisque ceux qui en sont diplômés ont ensuite des postes au sein de ces mêmes universités, les théories postmodernes de la déconstruction ont peu à peu irrigué tout le reste de la culture. On en fait même aujourd’hui des armes politiques, au travers de concepts comme la justice sociale, les politiques identitaires ou «l’intersectionnalité» – le mot le plus laid que notre époque ait inventé! (…) C’est une idée vaine, contradictoire, et qui n’est sous-tendue par aucun fondement philosophique sérieux, aucun écrit notable. J’ai été stupéfait de constater la pauvreté intellectuelle de cette notion. Des universitaires comme Peggy McIntosh ont rédigé des textes «fondateurs» qui ne consistent en réalité qu’en une longue énumération de pétitions de principe et de revendications ; puis ce système de pensée a été enseigné aux élèves du monde entier et s’est propagé dans les entreprises. Le monde ne fonctionne pas de la manière que décrivent les intersectionnalistes. Ne leur déplaise, n’en déplaise à Michel Foucault lui-même, le «pouvoir» n’est pas l’explication première et universelle de tous les phénomènes sociaux. Le postulat principal de l’intersectionnalité, à savoir que toutes les oppressions se rejoignent et font système, et que, par conséquent, elles doivent être combattues ensemble, est absurde. Par exemple, si vous combattez la transphobie, vous ne mettrez pas un terme au patriarcat, et il est fascinant de voir à quel point le combat pour les droits des personnes transsexuelles va à l’encontre des principaux acquis du féminisme. On réalise même peu à peu que les trans remettent en cause certains des droits conquis par les mouvements homosexuels. (…) nos grands récits communs, politiques ou religieux se sont tous effondrés. Il fallait trouver du sens ailleurs: nous étions donc prédisposés à écouter l’enseignement des nouveaux prophètes qui viennent à présent expliquer que le but de nos vies est de nous battre pour la «justice sociale» et de lutter pour accorder sans cesse de nouveaux droits à des minorités de plus en plus groupusculaires… (…) Fragilisées par la crise [de 2008], les jeunes générations se sont inévitablement détournées du capitalisme, et le succès de systèmes de pensée prétendant pouvoir mettre fin à toutes les injustices du monde était prévisible: lorsque l’économie est en mauvaise santé, les sociétés sont davantage à la merci d’idéologies néfastes, leur système immunitaire est défaillant. Les théories qui sous-tendent le mouvement que j’analyse étaient en gestation depuis les années 1970 ou 1980, mais elles ne sont devenues dominantes qu’au cours de la dernière décennie. Et désormais, les groupes concernés ne se battent plus seulement pour leurs droits, mais instrumentalisent les individus les uns contre les autres à des fins politiques: on dresse ainsi les gays contre les hétéros, les Noirs contre les Blancs, les femmes contre les hommes, ou les trans contre le monde entier. (…) Je suis frappé de voir à quel point ces thèmes dominent aujourd’hui le débat, et plus seulement à l’université ou dans la Silicon Valley. Dans l’entreprise ou l’administration, on recrute davantage en fonction de l’identité du candidat que pour les compétences professionnelles. On ne se demande plus qui exercera au mieux telle ou telle responsabilité, mais qui présente sur son profil les bonnes caractéristiques, de sorte que l’on ait l’air de coller au mieux aux dernières exigences diversitaires en vigueur. Que les choses soient bien claires: je suis favorable à l’égalité des droits. Mais les partisans des politiques identitaires ne s’arrêtent pas à l’égalité. Les minorités qui estiment avoir été victimes de discriminations entendent aujourd’hui obtenir réparation et exigent plus de droits que les autres groupes, au moins pour un temps. Notre culture ne fait plus des homosexuels (comme moi) des gens normaux, mais des individus meilleurs que les autres… Et malheureusement, sans vouloir nier l’existence du racisme dans l’Histoire, on voit se répandre l’idée qu’un Blanc a moins de valeur qu’un Noir. Par conséquent, les Blancs doivent «prendre conscience de leur privilège blanc», pour reprendre le vocabulaire des campus américains. On sent là comme un parfum de vengeance… Or, je suis favorable à l’égalité, pas à la revanche. (…) [Le syndrome de Saint Georges »] C’est une expression qu’emploie le philosophe australien Kenneth Minogue, qui est décédé récemment, mais que j’ai eu la chance de connaître. Dans son livre The Liberal Mind (1961), il compare le libéralisme moderne au chevalier saint Georges après sa victoire sur le dragon: le héros ne se contente pas de son exploit, il part errer à travers la lande à la recherche d’un nouvel ennemi à pourfendre. Cette image est encore plus appropriée aujourd’hui: faute d’autres dragons, le chevalier part abattre la moindre petite bête qui croise sa route, et, dépité, finit par lancer son épée dans les airs. Si certains caricaturent nos sociétés occidentales comme étant profondément racistes, homophobes ou iniques, c’est qu’ils aimeraient connaître la même gloire que leurs prédécesseurs qui ont combattu avant eux d’autres formes d’oppression. Ils veulent leur propre dragon, pour trouver un sens à leur vie. Le paradoxe, c’est qu’alors même que nos sociétés n’ont jamais été aussi justes qu’aujourd’hui, on les décrit comme plus oppressives que jamais. (…) Ceux qui n’appartiennent pas aux minorités ne supporteront pas longtemps d’être ainsi humiliés et insultés. Le racisme antiblanc commence déjà à exaspérer de nombreux Occidentaux. Le féminisme actuel est si virulent à l’égard des hommes qu’il risque de générer, par retour de bâton, un recul du droit des femmes. Et je crois qu’il en va de même pour le mouvement LGBT: à force de voir des médias gay promouvoir des drag-queens âgées de 10 ans seulement, ou répéter à longueur de journée que l’on peut être non binaire, leurs droits aussi seront peut-être un jour remis en question. (…) Le modèle économique sur lequel se fondent les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook suppose que les gens se «corrigent» les uns les autres. Les plateformes encouragent la démoralisation de la société ; pire encore, elles ont politisé leurs algorithmes: j’ai été atterré de découvrir, en me rendant dans la Silicon Valley au cours de mes travaux, que des entreprises comme Google faussent délibérément les résultats des recherches des internautes pour orienter leur opinion, au point de déformer la lecture du présent et même la compréhension de l’Histoire… La Silicon Valley est l’endroit au monde où le gauchisme a le plus triomphé: ces firmes sont convaincues que nos sociétés sont racistes ou sexistes, et qu’il faut les guérir. Et, lentement mais sûrement, elles travaillent à vouloir changer le monde. (…) Je reconnais que [«dépolitiser» nos existences] c’est une préconisation contre-intuitive, et qui va surtout à l’encontre de l’esprit de l’époque: on ne cesse d’exhorter les plus jeunes à politiser chaque parcelle de leur vie. Je suis pour ma part déterminé à conduire mes lecteurs, et en particulier mes nombreux jeunes lecteurs, à ramer à contre-courant. Certes, la politique est une chose importante, mais elle n’épuise pas tout le sens de la vie humaine, et d’ailleurs de très nombreuses personnalités politiques diront la même chose que moi! Surtout, lorsque l’on politise absolument tout, y compris la culture ou les relations entre les hommes et les femmes, alors on s’enferme dans une guerre de tous contre tous – et c’est un jeu à somme nulle. Il faut sortir de cet abîme! Les générations présentes sont les plus chanceuses de l’histoire humaine: nous avons un accès infini à l’information, grâce auquel nous pouvons communier à toutes les découvertes du monde, à condition d’être un tant soit peu astucieux et d’avoir une connexion internet. Ce serait terrible si les jeunes générations gaspillaient leur temps à faire la guerre aux hommes au nom du féminisme ou aux Blancs au nom de l’antiracisme. Et il reste bien d’autres combats à mener, plus justes et plus utiles, que les guerres identitaires que je décris dans mon livre. Douglas Murray
Dans ce livre, Douglas Murray s’interroge sur les dérives de la nouvelle orthodoxie en matière de justice sociale très marquée par des préoccupations identitaires. Celle-ci prend la place des grands récits qui donnaient du sens à l’existence. Elle a tout d’une nouvelle religion. L’intersectionnalité y joue un rôle fondamental en établissant une hiérarchie des identités dites vulnérables en quête de justice sociale. Et les vivants et les morts ont intérêt à se trouver du bon côté. Le combat identitaire pour la justice sociale est sorti de l’espace confiné des sciences sociales. The Guardian a ainsi pu titrer le 13 juin 2018 à propos des pistes cyclables à Londres : “Roads designed by men are killing women”. Douglas Murray consacre un chapitre à chaque aspect des politiques identitaires (Gays, femmes, race, trans) très en vogue aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et dont la France ne connaît encore que les prémisses. Son dernier chapitre sur la transsexualité est celui qui rend sans doute le mieux compte de la folie collective qui nous a saisis. Il y ajoute des interludes dans lesquels il approfondit certains aspects transversaux à ces différentes causes. Tous ces combats identitaires pour la justice sociale ont en commun d’avoir été des mouvements légitimes à leurs débuts, mais de s’être emballés en prétendant que la situation n’avait jamais été pire alors que la victoire était en vue. Douglas Murray évoque à ce propos la jolie formule du philosophe australien Kenneth Minogue : le syndrome de Saint-Georges à la retraite. Que faire après avoir terrassé le dragon ? S’en inventer de nouveaux ? Notre monde est rempli, écrit Douglas Murray, de gens qui veulent absolument construire leur barricade alors que la révolution est finie. Et l’affichage vertueux nécessite une surestimation des problèmes. Toutes ces questions identitaires mises ensemble sont à l’origine d’une folie collective dont Douglas Murray se demande comment on pourrait en sortir. Un premier pas dans cette direction serait, écrit-il, de pouvoir en parler librement. C’est ce qu’il fait dans ce livre en illustrant son argumentation, comme dans son précédent livre, par des exemples très éclairants. (…) En fait, on se rend compte que l’intersectionnalité, c’est de la blague la plupart du temps, tant les argumentations sont changeantes et contradictoires. Celle des transgenres ne s’appliquerait pas à la race. L’argument tant décrié des femmes, selon lequel les trans nés hommes ne peuvent savoir ce que c’est qu’être une femme, est jugé recevable s’agissant de la race. La testostérone que prennent les athlètes trans en transition n’est pas considérée comme un dopant. Les trans veulent être considérés comme des femmes mais refusent qu’un trans soit incarné au cinéma par une femme ! Il est devenu difficile de s’orienter dans un tel champ de mines et un des plaisirs favoris de l’époque est de voir un des gardiens de l’orthodoxie poser le pied sur une mine dont il ne soupçonnait pas l’existence et essayer de sauver sa carrière en postant des douzaines de tweets d’excuses. Ceux qui attendent que le mouvement pour toujours plus de justice sociale s’effondre sous le poids de ses contradictions peuvent attendre longtemps car ils ignorent le soubassement marxiste du mouvement. Une telle espérance suppose que ce mouvement ait en vue la résolution des problèmes. Or la description qu’ils font de la société ne les conduit pas à chercher à l’améliorer mais à la détruire. Le but n’est pas de remédier mais de diviser, d’enflammer. Si l’on ne peut faire tout s’effondrer, reste l’option de semer le doute, la division, l’animosité et la crainte. Douglas Murray cherche à savoir comment sortir de ce guêpier. Essayer de faire usage de la bienveillance à l’égard des opposants pour les contraindre à une discussion plus sérieuse ? On peut tenter de semer le doute chez les avocats des causes identitaires en leur demandant quel système plus performant que celui des sociétés occidentales ils ont en vue. Et, lorsqu’ils se réfèrent à une société qui n’existe pas encore, la suspicion devrait être de mise, compte tenu des ravages que ce genre de doctrine a déjà produit. Douglas Murray nous incite à dépolitiser nos vies, à garder un intérêt pour la chose politique sans que ce soit ce qui leur donne un sens. S’il faut faire en sorte que la vie de quelqu’un ne soit pas entravée en raison de caractéristiques contre lesquelles il ne peut rien, il ne faut guère aller au-delà. Fonder sa vie sur la bataille politique identitaire pour la justice sociale, c’est gâcher sa vie. Michèle Tribalat
Si les classes moyennes, socle populaire du monde d’en haut, ne sont plus les référents culturels de celui-ci, qui ne cesse de les décrire comme des déplorables, elles ne peuvent plus mécaniquement être celles à qui ont envie de ressembler les immigrés. Hier, un immigré qui débarquait s’assimilait mécaniquement en voulant ressembler au Français moyen. De même, l’American way of life était porté par l’ouvrier américain à qui l’immigré avait envie de ressembler. Dès lors que les milieux modestes sont fragilisés et perçus comme des perdants, ils perdent leur capacité d’attractivité. C’est un choc psychologique gigantesque. Cerise sur le gâteau, l’intelligentsia vomit ces gens, à l’image d’Hillary Clinton qui traitait les électeurs de Trump de ‘déplorables’. Personne n’a envie de ressembler à un déplorable ! Christophe Guilluy
 La France périphérique, dans laquelle se classent d’ailleurs les départements et territoires d’outre-mer, n’est pas exclusivement blanche. Il suffit de se balader en France pour le constater. Concernant les quartiers de la politique de la ville, on peut rappeler que les quartiers sensibles de petites et moyennes villes de la France périphérique sont plus pauvres que les quartiers de logements sociaux de Seine-Saint-Denis. Cela s’explique par le fait que le dynamisme économique y est beaucoup plus faible. Pourquoi autant d’attention aux banlieues des grandes villes ? Parce qu’elles se situent dans les grandes métropoles, là où vivent les élites, les prescripteurs d’opinion, là où est le business. On n’a pas intérêt à ce que ces territoires explosent. Aucun gouvernement de droite ou de gauche n’a remis en cause la politique de la ville. On ne peut réaliser un diagnostic objectif de la politique de la ville si l’on ne prend pas en compte le fait que ces quartiers sont devenus des sas : on y entre, on en sort. Dès qu’on a intégré le marché de l’emploi, on cherche à quitter les lieux. Ces populations partantes sont remplacées par des populations venues de l’extérieur, beaucoup plus précaires. En fait, il y a une instrumentalisation des questions autour de l’immigration alors que le sujet est consensuel dans la population : tout le monde souhaite la régulation des flux migratoires. Selon les sondages, 65 à 80 % des Français sont pour l’arrêt de l’immigration. Ces Français ne sont pas tous blancs ; ils sont aussi noirs, maghrébins, etc. Ces questions sont clivées non pas ethniquement mais socialement. La demande de régulation émane des « petits » Blancs, des « petits » Noirs, des « petits » Maghrébins, des « petits » musulmans. Elle est majoritaire en France, en Europe, aux États-Unis, en Algérie, au Maroc, en Israël. La question de la régulation s’impose. Elle est devenue idéologique, alors qu’elle ne pourra se traiter que sur des critères pragmatiques et réalistes. J’ai travaillé par le passé sur la question du logement social à Paris dans le XIXe arrondissement et c’est à cette occasion que j’ai développé le concept d’insécurité culturelle. Ma mission était de comprendre pourquoi les gens demandaient des changements d’attribution de logement alors qu’ils habitaient des quartiers où il n’y avait pas trop de violence ni trop de trafic de drogue. Toutes ces demandes émanaient d’immeubles dans lesquels il y avait eu un turnover important : les Blancs étaient déjà partis et à leur tour les populations maghrébines se trouvaient dans des situations d’insécurité culturelle par rapport à de nouvelles populations comme les Tchétchènes, etc. Ce qui n’a rien de scandaleux : on souhaite tous vivre dans des immeubles où tout ne change pas en permanence, dans lesquels on peut communiquer avec ses voisins et partager des valeurs communes. Cela n’interdit pas l’accueil, mais personne ne souhaite devenir minoritaire. C’est une question anthropologique : quand on est minoritaire, on dépend de la bienveillance de la majorité. J’avais travaillé sur les populations juives et leur déplacement en région parisienne dès les années deux mille. Je travaillais avec des gens de gauche et je pensais que dénoncer l’antisémitisme serait une évidence. Or pas du tout. On m’a sévèrement critiqué pour cela. (…) Je suis très proche des idées de Jean-Pierre Chevènement. Avant, j’étais proche du Parti communiste, lorsque celui-ci représentait les classes populaires ; Georges Marchais dénonçait les flux migratoires qui représentaient une menace de dumping social : vous verrez, prédisait-il en 1981, la droite et l’élite de gauche nous traiteront de « beaufs », de racistes. C’est aussi ce qu’on a vécu avec les « gilets jaunes » : en quarante-huit heures, le mouvement est devenu xénophobe, antisémite, homophobe, sexiste, etc. (…) Le nouvel antisémitisme s’est répandu dans la société et l’incident avec Alain Finkielkraut en est une illustration mais qui n’est pas représentative des « gilets jaunes ». La technique d’invisibilisation et de délégitimisation des classes populaires remonte aux années quatre-vingt, quand la gauche a abandonné la question sociale. La vieille technique de l’antiracisme et de l’antifascisme est devenue une arme de classe : on se protège en délégitimant le diagnostic des gens d’en bas. Il y a autant de racistes, d’antisémites et d’homophobes dans le monde d’en haut sauf qu’ils sont beaucoup plus discrets. L’antisémitisme de gauche, appelé antisionisme, est culturellement très puissant. Ce n’est pas le monde d’en bas qui contourne la carte scolaire à Paris et qui déscolarise ses enfants des collèges à majorité d’immigrés. Ce sont des bons bobos parisiens de gauche. Christophe Guilluy
Le droit a pour rôle d’instituer et d’assurer les personnes de leur identité. Il faudrait se demander si reporter sur les individus, et en particulier sur les jeunes, le poids de devoir définir et (ré)affirmer eux-mêmes à tout moment les éléments de leur identité sans jamais pouvoir rien tenir pour acquis est vraiment libérateur. Muriel Fabre-Magnan
Une des raisons qui m’ont poussée à écrire ce livre était la lassitude de voir des termes juridiques employés à contresens, comme le contrat ou le consentement, qu’on associe toujours à la liberté dans le grand public, alors qu’en réalité, pour un juriste, qui dit contrat et consentement dit au contraire que l’on renonce à une partie de sa liberté ; le contrat n’est pas le mode normal de l’exercice des libertés. Je voulais alors souligner le risque de retournement de la liberté qui en résulte. Le lexique utilisé dans le cadre de débats de société conduit en outre souvent à polariser les opinions. La question de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) est un excellent exemple. On trouve un camp qui pousse à une interprétation toujours plus individualiste des droits de l’homme par la CEDH et un autre qui condamne de façon générale les droits de l’homme. Le Royaume-Uni, par exemple, avait menacé de dénoncer la Convention européenne des droits de l’homme avant même le Brexit. Il me semble possible et préférable de trouver une voie alternative : il faut en effet défendre les droits de l’homme, qui sont une avancée démocratique essentielle, et la CEDH a ainsi rendu une série d’arrêts extrêmement précieux, par exemple pour condamner l’état des prisons, garantir le respect des droits de la défense ou encore dénoncer des pays qui se livrent à des traitements inhumains ou dégradants. Et, en même temps, la CEDH dérape parfois dans ses arrêts et abuse de ses prérogatives. Seule une analyse juridique précise permet de démonter les rouages, comprendre à quel endroit exact se fait ce dérapage et d’essayer d’y remédier. Sinon, on est inévitablement conduit à adopter une position excessive dans un sens ou dans un autre. (…) C’est effectivement très récemment que ce terme de liberté a pris un sens général, et presque philosophique, qui est celui du droit pour les individus de mener leur vie comme ils l’entendent. La liberté est devenue la faculté de pouvoir faire tous les choix pour soi-même, ce qu’on appelle aujourd’hui un droit à l’autonomie personnelle. Cet énoncé peut certes sembler satisfaisant dans un cadre autre que juridique, mais demander au droit de garantir que les personnes puissent faire ce qu’elles veulent quand elles veulent conduit à l’effet inverse et à un risque de retournement de cette liberté. Si, en effet, le droit doit garantir à toute personne la possibilité de faire ce qu’elle veut, y compris de renoncer à sa liberté, on finit évidemment par détruire le concept même de liberté. (…) Et, comme le soulignent plusieurs auteurs, l’ultralibéralisme économique ou sociétal sont les deux faces d’une même médaille. La liberté est souvent revendiquée pour que les autres puissent se mettre à notre disposition. La faculté de renoncer à sa liberté n’est cependant pas la liberté. Plus généralement, ce qu’on appelle une protection des personnes contre elles-mêmes, et qui est dénoncé comme une forme de paternalisme étatique, est en réalité toujours une protection des personnes contre autrui. L’exemple de la prostitution est assez typique, et il illustre aussi un des autres points que je voulais souligner dans ce livre, à savoir que tous les débats contemporains, sociétaux ou économiques qui posent la question de la licéité sont toujours appréciés par rapport au seul critère du consentement. Cela signifie que l’on ramène tout à un débat interindividuel quand il serait plus pertinent de s’interroger, par exemple, sur les politiques économiques et sociales donnant aux personnes une plus grande faculté de choix de vie. Que signifie le consentement d’une prostituée si elle n’a pas d’autre choix que de consentir ? (…) La liberté sexuelle implique la faculté pour chacun d’avoir la sexualité de son choix sans avoir à subir aucune discrimination. Mais pourquoi l’État devrait-il donner sa bénédiction à chaque nouvelle pratique ? De même, la contractualisation des relations sexuelles n’est pas la meilleure façon de protéger juridiquement contre les agressions sexuelles ni de respecter le consentement des personnes. Si on contractualise, on s’oblige à ces pratiques. Or la liberté consiste en la capacité de pouvoir refuser un rapport initialement consenti. (…) Le droit doit tenir compte des évolutions sociales, mais il est aussi un horizon tracé pour une société. Il est en effet de l’ordre du devoir-être. Les juristes opposent toujours le fait et le droit, donc le réel et ce qui doit être. Le droit est, dans une société, les valeurs et les objectifs sur lesquels les personnes s’accordent. Pour vivre ensemble, il est nécessaire de définir un projet commun, lequel peut évidemment évoluer dans le temps. Le terme d’institution de la liberté cherche à exprimer l’aspect dynamique de cette liberté et le rôle que le droit doit jouer pour la garantir. On ne naît pas libre, on le devient, et c’est ce processus d’émancipation que doit soutenir le droit. Muriel Fabre-Magnan
C’est peu dire que Michael Pollak n’apprécia pas le titre donné par Pierre Bourdieu au numéro d’Actes de la recherche en sciences sociales dans lequel furent publiés les premiers résultats de son enquête sur l’expérience concentrationnaire (Pollak 1986a et b) : des années de travail avec plusieurs collaborateurs ; seize longs entretiens avec des rescapées d’Auschwitz-Birkenau en France, Autriche, Allemagne et Pologne ; l’analyse de vingt-cinq textes autobiographiques en français, anglais et allemand ; le dépouillement attentif des dépositions judiciaires conservées dans différentes archives et des témoignages historiques recueillis par plusieurs commissions ou centres de recherche ; des analyses thématiques, des tableaux synoptiques, de longues heures de lectures, de discussions, de réflexions, d’écriture1 – tout cela pour figurer dans un numéro de revue intitulé L’illusion biographique… Je n’ai sans doute pas pris toute la mesure, à l’époque, de la blessure que cela a pu représenter pour Michael. Je le ressens mieux aujourd’hui. (…) La première illusion épistémique qui transparaît dans cet article de Bourdieu (1986) touche au dogme constructiviste. Celui-ci en effet ne ressortit pas seulement au simple constat de la nature foncièrement « sociale » des faits sociaux (constat qui n’est rien d’autre, tout compte fait, qu’une lapalissade, tout juste bonne à épater les profanes), mais aussi et surtout à la dénonciation de leur artificialisme, de leur conventionalité : dénonciation qui elle-même s’adosse, implicitement, à l’idée que seul serait nécessaire ce qui relèverait de la « nature » et non de la « construction sociale » – celle-ci ne pouvant renvoyer qu’à l’arbitraire, au contingent. C’est dire à quel point le constructivisme postmoderne (que Bourdieu ne se privait pas de moquer d’une main tout en le pratiquant, si nécessaire, de l’autre) est englué dans un naturalisme rampant, héritier des conceptions pré-sociologiques – propres à la tradition philosophique comme au sens commun – qui ne connaissent d’autres réalités que celle, métaphysique, de la « nature » et celle, concrète, de l’individu hic et nunc. Les sciences sociales ont pourtant largement montré la puissance du langage, des institutions, des conventions, des mœurs, des lois, supérieure et aux données de la « nature », et aux capacités d’action du « sujet ». Qu’importe : voilà qu’on nous serine encore qu’un récit ne serait « que » socialement construit, donc artificiel, mensonger, illusoire, autant dire dispensable dans la panoplie des méthodes offertes aux sciences sociales. À naïf, qui « croit » à la transparence du discours, naïf et demi : celui qui croit, comme Bourdieu, qu’un « bon » discours » serait un discours transparent à la réalité qu’il vise. Alors que tout discours devient intéressant, pertinent, riche de sens, dès lors qu’on s’attache à rendre signifiante son opacité même – c’est-à-dire ses propriétés, pragmatiques autant que discursives –, en tant qu’elle nous conduit à la façon dont la réalité en question fait sens pour celui qui la vit. Mais pour concevoir cela, il faut sortir d’une autre illusion, également présente dans la dénonciation bourdieusienne de l’« illusion biographique » : non plus l’illusion naturaliste, mais l’illusion explicative. « Rendre compte d’un trajet dans le métro », écrit donc Bourdieu dans son second argument. On a beaucoup glosé sur la métaphore du métro, mais je m’attarderai plutôt ici sur le sens de ce « rendre compte ». S’agit-il d’expliquer la logique objective d’un choix d’itinéraire par une mise à plat (une « objectivation », dans son langage) de l’ensemble des trajets possibles ? Ou bien s’agit-il de comprendre la façon dont ce trajet-ci est vécu par le voyageur ? L’une et l’autre perspectives – explicative, compréhensive – sont parfaitement légitimes, intéressantes, utiles. Simplement, elles ne visent pas la même opération intellectuelle et n’emploient pas les mêmes outils. Or, ce que vise Bourdieu dans cette image du métro, c’est manifestement une explication – structuraliste, objectiviste, spatialisée – de l’expérience par ses causes objectives : explication qu’il oppose à une autre – narrative, subjectiviste, temporalisée. Mais ce qu’il ne voit pas, c’est que l’outil biographique donne bien plutôt accès à une compréhension, c’est-à-dire une explicitation des raisons, des logiques sous-jacentes au vécu du sujet. Dans les deux cas, on « rend compte », certes, mais pas des mêmes réalités. Et l’illusion ici consiste à ne pas voir la discordance entre la visée et l’outil, parce qu’on ne voit pas qu’une autre visée est à l’œuvre. Je ne m’attarderai pas sur cette opposition bien connue entre explication et compréhension : bien connue, mais dont on sous-estime sans doute les implications pour les sciences sociales et les confusions qu’elle entraîne. Ici, la principale confusion porte sur le fait que dans une perspective explicative et objectiviste, le récit biographique n’est qu’un outil, faute de mieux, pour atteindre la réalité à laquelle il réfère tout en la déformant ; alors que dans une perspective compréhensive (qui ne serait subjectiviste, soit dit en passant, qu’à condition de s’exonérer de toute comparaison entre les différentes expériences, et de toute tentative pour dégager la structuration de l’espace des possibles telle qu’elle s’offre aux acteurs), ce récit fait partie de la matière même de l’investigation : non pas seulement ce qui permet de comprendre, mais aussi ce qui doit être compris. Dans cette dernière perspective, le soupçon du sociologue « désillusionnant » se retourne contre lui-même : le naïf n’est plus celui qui croirait à l’« objectivité » du récit biographique, comme ne cesse de le marteler Bourdieu, mais il est celui qui croit, comme lui, que le locuteur et son interlocuteur prennent ce récit pour la réalité, alors que l’un et l’autre savent bien qu’ils ont affaire à un récit – cette forme particulière de réalité, si riche d’enseignements pour peu qu’on l’écoute vraiment, c’est-à-dire pour elle-même en tant qu’elle vise, avec ses moyens propres, son référent, et non pour ce référent lui-même. Face, donc, à celui qui se gausse des naïfs amateurs de biographies, on a envie de poser la question fameuse de Paul Veyne (1982) : dans quelle mesure, de quelle façon, à quelles conditions les biographiés croient-ils à l’histoire qu’ils racontent, et les biographes à celle qu’on leur raconte ? Et, au-delà de l’adhésion (de la « croyance ») à ce que racontent ces récits, quelles fonctions revêtent pour leurs narrateurs leur production et leur circulation ? De quels outils disposent-ils pour les rendre dicibles et intelligibles ? C’est là qu’intervient un autre déplacement de la pensée sociologique : non plus de l’explication à la compréhension, mais de la visée référentielle à l’outil sémiotique. Encore une fois, Bourdieu n’y a vu que du feu. « Le récit, qu’il soit biographique ou autobiographique, comme celui de l’enquêté qui “se livre” à un enquêteur », écrit-il (1986 : 69). Cet écrasement des genres narratifs en dit long sur son peu d’intérêt envers la matière du récit et les conditions de sa production ; autrement dit, sur la logique des choix de narration adoptés par le sujet, à laquelle donne accès la perspective compréhensive. Car la question primordiale que devrait se poser le chercheur face à ce genre de récits n’est pas de savoir dans quelle mesure ils sont « véridiques », « manipulés », « artificiels » ou purement « rhétoriques », mais dans quel contexte ils ont été produits et, le cas échéant, publiés, et sous quelle forme : biographie rédigée par un tiers, autobiographie spontanée ou sollicitée, entretien – et quel sens peut avoir l’adoption de tel genre discursif par rapport à l’expérience relatée. Ce furent, précisément, l’originalité et l’intelligence du travail de Pollak sur la déportation : au lieu de se laisser fasciner par le contenu atroce des récits, s’obliger à se concentrer tout d’abord sur le filtre de leur forme. (…) C’est dire combien le titre de l’article de Bourdieu et de ce numéro de la revue fut mal venu, j’ajouterai même dans ce contexte, indécent : plutôt que l’« illusion biographique », c’est le « travail biographique » qu’il aurait fallu saluer. Avec le respect dû à tout travail – celui du biographié comme celui du biographe. (…) On est loin, très loin, de l’« illusion biographique » sous le chapeau de laquelle furent publiés ces deux articles, à l’extrême opposé de l’esprit dans lequel ils avaient été écrits. Et c’est pitié, en y revenant plus de vingt ans après, que de réaliser à quel point la superbe intelligence qui fut celle de Bourdieu a pu se dévoyer dans cette forme de bêtise typique de notre époque que sont le soupçon généralisé, la critique aveugle et systématique. Nathalie Heinich
L’identité est à la fois une notion de sens commun et un concept utilisé par les sciences de l’homme – psychologie, sociologie, histoire, anthropologie, polito-logie… En tant que notion de sens commun, elle tend à être perçue, selon une tradition essentialiste et métaphysique, comme une réalité objective, intemporelle, transcendante, qui existerait indépendamment de l’idée qu’on s’en ferait : par exemple, « l’identité de la France ». En tant que concept savant, elle est plutôt analysée comme une construction historique sans autre fondement que la croyance en son existence, autrement dit comme une illusion – c’est la position postmoderne, constructiviste et critique. La première acception nourrit les usages « droitiers » de la notion, en tout cas en matière d’identité nationale et de politique « identitariste » ; la seconde alimente ses critiques « gauchistes ». Le problème est que l’une et l’autre conceptions sont aussi naïvement erronées l’une que l’autre. (…) Certes (…) soumise aux contingences temporelles, narratives et représentationnelles, l’identité est tout sauf un fait brut, une réalité évidente. Malheureusement, la suite du raisonnement tombe aisément dans les sophismes de la pensée postmoderne mâtinée de French theory : l’identité ne serait, de ce fait, qu’une « illusion », comme l’affirma Pierre Bourdieu en son temps. Une telle conclusion pèche par une faute de raisonnement classique dans les sciences sociales contemporaines : le monde serait fait soit de faits bruts, soit de faits « socialement construits », donc assimilables à des illusions ; ou, en d’autres termes, soit de réalité, soit de fictions – plus ou moins naïves ou intéressées, c’est-à-dire mensongères. Pris comme synonyme de « fabriqué » au sens de factice, donc d’inauthentique, le « construit » devient, dans cette perspective critique, rien de mieux qu’une « fable », un « mythe », dont il ne reste rien une fois qu’on l’a dévoilé comme tel. Dès lors on pourrait en faire ce qu’on veut, s’en débarrasser ou le transformer selon son bon vouloir. C’est le programme qui sous-tend la réduction de la notion d’identité à un simple « discours », soumis aux aléas de la temporalité, du récit et de la variabilité des points de vue : l’élimination pour cause d’inconsistance. C’est ainsi que l’argument de la « construction » historique et sociale glisse du statut de découverte à celui de lieu commun, puis de dénonciation en forme de critique de la « croyance ». C’est en matière d’identité sexuée que le glissement s’est produit de la façon la plus flagrante, sur fond de confusion entre différence et discrimination (la différence des sexes impliquerait forcément inégalité, donc devrait être éradiquée pour cause d’inconvenance politique), ainsi que de fantasme de toute-puissance poussant à refuser et donc à récuser toute catégorisation, synonyme de limitation. Le déconstructionnisme derridien s’en donne ici à cœur joie (…) Ce type de raisonnement repose sur la suprématie non négociable de la liberté individuelle contre la contrainte du « social » : dans cette perspective, qui rappelle étrangement les rêves infantiles de toute-puissance, la notion d’identité n’est supportable qu’à condition d’être dépouillée de toute limite, de tout ancrage, de toute stabilité, libérée donc de toute réduction à un fait social, voire à un fait tout court. Bref, la différence des sexes, puisque « socialement construite », ne serait qu’une « illusion » destinée à perpétrer la « domination masculine ». Ces dérives à partir d’une tentative – légitime – pour désubstantialiser la notion d’identité reposent sur une ignorance mal-heureusement largement répandue, y compris chez des chercheurs estimables : l’ignorance de la notion de représentation, au sens de « se représenter », c’est-à-dire l’ignorance de ce que le monde social est fait beaucoup plus de conceptions mentales partagées – plus ou moins véridiques – que de faits bruts ou, plus encore, d’illusions. Ainsi, ce n’est pas parce que l’identité est plurielle, variable et historiquement construite qu’elle serait illusoire : ni illusion ni, à l’opposé, réalité objective, elle est une représentation mentale, plus ou moins partagée et plus ou moins agissante, que se font les individus de ce qu’ils sont, de ce que sont les autres ou de ce qu’est une entité abstraite tel qu’un pays. Ni totalement objective ni totalement contingente, cette représentation est structurée, appuyée sur des caractéristiques factuelles et des institutions, qui peuvent être décrites et analysées : ainsi, les plus graves problèmes d’identité n’empêchent pas que l’identité d’un sujet soit ancrée dans un corps, instituée par un nom propre et par une signature. De même, l’identité sexuée, quoique soumise à maintes variations socio-historiques, ne peut se modifier d’un mot ou d’un trait de plume, étant composée à la fois de réalités physiologiques, d’expériences psychiques, de procédures administratives et, éventuellement, de manipulations cosmétiques, prises dans un système symbolique et juridique fortement institué. De même encore, s’agissant de l’identité nationale, elle repose sur des propriétés récurrentes tels qu’un État, une langue, une conscience historique, un patrimoine, une mémoire collective: vue sous cet angle, la notion d’« identité nationale » peut devenir un objet de recherche ou de réflexion qui ne soit instrumentalisé ni par la mémoire militante et le nationalisme ni, à l’inverse, par la stigmatisation a priori de tout attachement patriotique.Il n’est guère aujourd’hui de notion qui, davantage que celle d’identité, subisse les ravages intellectuels qu’engendre le déni des représentations, dans une conception binaire du monde qui ne laisserait exister que des faits bruts ou des illusions, du naturel ou de l’artificiel, du donné ou du fabriqué, du nécessaire ou du contingent : une conception qui ignore le poids des réalités sociales et des institutions, des traces mémorielles et des images mentales, des catégories et des mots – qui ignore, autrement dit, ce qui fait la spécificité de l’existence humaine dans un monde partagé. L’identité a donc des limites, non parce qu’elle serait une réalité factuelle et inamovible, mais parce que, en tant que représentation soutenue par des données objectivables, elle n’est pas accessible à toutes les manipulations individuelles, à toutes les modifications fantasmatiques. Faut-il s’en désoler ? Ce serait là adhérer à une conception de l’identité qu’Elias stigmatisait comme celle de l’Homo clausus, l’individu fermé sur lui-même, indépendant de toute interaction, de toute influence de et sur autrui : un individu qui pourrait donc être totalement libre ou, du moins, non déterminé – mais qui serait du même coup irrémédiablement seul. Et la juriste Muriel Fabre-Magnan a raison d’évoquer à ce sujet ce que la contrainte juridique peut avoir de protecteur pour les individus : « Le droit a pour rôle d’instituer et d’assurer les personnes de leur identité. Il faudrait se demander si reporter sur les individus, et en particulier sur les jeunes, le poids de devoir définir et (ré)affirmer eux-mêmes à tout moment les éléments de leur identité sans jamais pouvoir rien tenir pour acquis est vraiment libérateur. » Car les limites, ce sont d’abord les mots et les catégories qui nous permettent de nous orienter dans le monde, et c’est aussi ce qui nous permet de nous coordonner avec autrui, de faire commerce avec les autres, de cultiver en paix les interdépendances qui nous construisent, tout autant que nos libres mouvements. Et parmi les nombreuses limites qui bornent notre monde tout en l’organisant, les limites identitaires – notre sexe, notre âge, notre profession, notre origine géographique ou sociale, notre religion si nous en avons une, notre nationalité, voire notre sexualité si nous en faisons une façon de nous définir – ne sont pas les moins efficaces pour nous aider à être au monde sans risquer de nous y perdre. Nathalie Heinich

Légalisation, via le mariage pour tous et la PMA, du mensonge sur l’origine de nos enfants

Résurrection, via la criminalisation –  jusque dans les écoles de nos enfants – du discours dit « de haine », des lois anti-blasphèmes les plus rétrogrades …

Demande, entre appels à la dénonciation et à l’ « effacement » (autrement dit au boycott), de modification du 1er amendement américain …

Persécution d’esthéticiennes refusant d’épiler le sexe masculin d’une femme transexuelle …

Sportifs transexuels raflant toutes les médailles dans les compétitions féminines ou potentiellement dangereux pour leurs adversaires  …

Mise à disposition de la castration chimique à des enfants de sept ans …

Remise en question, pour cause de non-parité stricte, des collections d’animaux des musées d’histoire naturelle

Cachez cette loi commune que je ne saurai voir !

En ces temps étranges …

Entre soupe alphabétique d’identités sexuelles ou raciales et immigration sauvage sur fond de terrorisme islamique

Du sansfrontiérisme le plus débridé …

Où malgré quelques avancées comme, véritable « mur de Trump payé par le Mexique« , la reprise du contrôle de leurs frontières par les autorités mexicaines …

Et de Hong Kong à l’Irak et au Liban ou à l’Amérique latine et avant l’Iran, le début de soulèvement des peuples contre leurs kleptocraties …

Se creuse la fracture, cinéma compris, entre gagnants de la mondialisation des grandes métropoles et perdants des zones périphériques …

Et  où la « plaisanterie de l’inauguration majestueuse de l’ère « post-chrétienne » dont parlait René Girard

Nous plonge dans un ultra-christianisme anti-chrétien toujours plus caricatural …

Comment ne pas voir avec la sociologue Nathalie Heinich

L’aberration d’un déconstructionnisme sans limites …

Qui réduisant l’identité à de la pure illusion prétend la recréer à l’infini  …

Ou repérer avec la juriste Muriel Fabre-Magnan

Derrière la demande toujours plus grande de législation …

La réalité d’une dilution et d’un dévoiement de l’idée de liberté …

Qui ignorant la dimension protectrice du droit et des interdits …

Va jusqu’à basculer, via le prétendu droit à son renoncement, dans son retournement et sa propre négation ….

Et pourrait à nouveau réussir l’exploit de faire réélire l’an prochain …

L’un des présidents américains les plus politiquement incorrects ?

LES LIMITES DE L’IDENTITÉ
Nathalie Heinich
Nathalie Heinich est sociologue. Dernier ouvrage publié : Ce que n’est pas l’identité (Gallimard, 2018).› nathalie.heinich@ehess.fr
Revue des deux mondes
avril 2019

L’identité est à la fois une notion de sens commun et un concept utilisé par les sciences de l’homme – psychologie, sociologie, histoire, anthropologie, polito-logie… En tant que notion de sens commun, elle tend à être perçue, selon une tradition essentialiste et métaphysique, comme une réalité objective, intemporelle, transcendante, qui existerait indépendamment de l’idée qu’on s’en ferait : par exemple, « l’identité de la France ». En tant que concept savant, elle est plutôt analysée comme une construction historique sans autre fondement que la croyance en son existence, autrement dit comme une illusion – c’est la position postmoderne, constructiviste et critique.La première acception nourrit les usages « droitiers » de la notion, en tout cas en matière d’identité nationale et de politique « identitariste » ; la seconde alimente ses critiques « gauchistes ». Le problème est que l’une et l’autre conceptions sont aussi naïvement erronées l’une que l’autre (1).

La vulgate postmoderne

Certes, la critique postmoderne d’une conception substantialiste de l’identité (ou de « l’illusion essentialiste », comme l’a justement qualifiée le philosophe Pierre-André Taguieff (2)) s’appuie sur des constats qui ont leur part de vérité. Le premier constat est celui de la temporalité, qui soumet toute identité au changement, faisant d’elle non pas une « substance inaltérable » mais une « entité historique » (3): « L’identité n’est pas tant celle d’une substance que celle de la continuité des transforma-tions conduisant d’un stade au suivant » (4), expliquait le sociologue Norbert Elias. Et il ajoutait : « Il s’agit d’une continuité remémorée », ce qui nous renvoie au deuxième constat rendant illusoire la conception substantialiste, à savoir celui de sa dimension narrative, qui fait de l’iden-tité non un fait brut mais un « récit », selon le philosophe Paul Ricœur (5), ou encore une affaire de « réflexivité », selon le sociologue Anthony Giddens (6). Enfin, un troisième constat met à mal la croyance naïve en une réalité factuelle de l’identité, à savoir celui de sa pluralité, sa multiplicité, sa labilité (7). Ainsi le sociologue Erving Goffman a utilisé la métaphore de la barbe-à-papa : l’identité personnelle serait un « enregistrement unique et ininterrompu de faits sociaux qui vient s’attacher, s’entortiller, comme de la barbe-à-papa, comme une substance poisseuse à laquelle se collent sans cesse de nouveaux détails biographiques » (8). Bref, soumise aux contingences temporelles, narratives et représentationnelles, l’identité est tout sauf un fait brut, une réalité évidente.Malheureusement, la suite du raisonnement tombe aisément dans les sophismes de la pensée postmoderne mâtinée de French theory : l’identité ne serait, de ce fait, qu’une « illusion », comme l’affirma Pierre Bourdieu en son temps (9). Une telle conclusion pèche par une faute de raisonnement classique dans les sciences sociales contemporaines : le monde serait fait soit de faits bruts, soit de faits « socialement construits », donc assimilables à des illusions ; ou, en d’autres termes, soit de réalité, soit de fictions – plus ou moins naïves ou intéressées, c’est-à-dire mensongères (10). Pris comme synonyme de « fabriqué » au sens de factice, donc d’inauthentique, le « construit » devient, dans cette perspective critique, rien de mieux qu’une « fable », un « mythe », dont il ne reste rien une fois qu’on l’a dévoilé comme tel. Dès lors on pourrait en faire ce qu’on veut, s’en débarrasser ou le transformer selon son bon vouloir. C’est le programme qui sous-tend la réduction de la notion d’identité à un simple « discours », soumis aux aléas de la temporalité, du récit et de la variabilité des points de vue : l’élimination pour cause d’inconsistance.

C’est ainsi que l’argument de la « construction » historique et sociale glisse du statut de découverte à celui de lieu commun, puis de dénonciation en forme de critique de la « croyance ». C’est en matière d’identité sexuée que le glissement s’est produit de la façon la plus flagrante, sur fond de confusion entre différence et discrimination (la différence des sexes impliquerait forcément inégalité, donc devrait être éradiquée pour cause d’inconvenance politique (11)), ainsi que de fantasme de toute-puissance poussant à refuser et donc à récuser toute catégorisation, synonyme de limitation. Le déconstructionnisme der-ridien s’en donne ici à cœur joie : « Dès qu’on entend le mot “genre”, dès qu’il paraît, dès qu’on tente de le penser, une limite se dessine. Et quand une limite vient à s’assigner, la norme et l’interdit ne se font pas attendre : “il faut”, “il ne faut pas”, dit le “genre”, le mot “genre”, la figure, la voix ou la loi du genre. (12) »Ce type de raisonnement repose sur la suprématie non négociable de la liberté individuelle contre la contrainte du « social » : dans cette perspective, qui rappelle étrangement les rêves infantiles de toute-puissance, la notion d’identité n’est supportable qu’à condition d’être dépouillée de toute limite, de tout ancrage, de toute stabilité, libérée donc de toute réduction à un fait social, voire à un fait tout court. Bref, la différence des sexes, puisque « socialement construite », ne serait qu’une « illusion » destinée à perpétrer la « domination masculine ».

L’ignorance des représentations

Ces dérives à partir d’une tentative – légitime – pour désubstantialiser la notion d’identité reposent sur une ignorance mal-heureusement largement répandue, y compris chez des chercheurs estimables : l’ignorance de la notion de représentation, au sens de « se représenter », c’est-à-dire l’ignorance de ce que le monde social est fait beaucoup plus de conceptions mentales partagées – plus ou moins véridiques – que de faits bruts ou, plus encore, d’illusions. Ainsi, ce n’est pas parce que l’identité est plurielle, variable et historiquement construite qu’elle serait illusoire : ni illusion ni, à l’opposé, réalité objective, elle est une représentation mentale, plus ou moins partagée et plus ou moins agissante, que se font les individus de ce qu’ils sont, de ce que sont les autres ou de ce qu’est une entité abstraite tel qu’un pays.Ni totalement objective ni totalement contingente, cette représentation est structurée, appuyée sur des caractéristiques factuelles et des institutions, qui peuvent être décrites et analysées : ainsi, les plus graves problèmes d’identité n’empêchent pas que l’identité d’un sujet soit ancrée dans un corps, instituée par un nom propre et par une signature. De même, l’identité sexuée, quoique soumise à maintes variations socio-historiques (13), ne peut se modifier d’un mot ou d’un trait de plume, étant composée à la fois de réalités physiologiques, d’expériences psychiques, de procédures administratives et, éventuellement, de manipulations cosmétiques, prises dans un système symbolique et juridique fortement institué (14). De même encore, s’agissant de l’identité nationale, elle repose sur des propriétés récurrentes tels qu’un État, une langue, une conscience historique, un patrimoine, une mémoire collective (15): vue sous cet angle, la notion d’« identité nationale » peut devenir un objet de recherche ou de réflexion qui ne soit instrumentalisé ni par la mémoire militante et le nationalisme (16) ni, à l’inverse, par la stigmatisation a priori de tout attachement patriotique.Il n’est guère aujourd’hui de notion qui, davantage que celle d’identité, subisse les ravages intellectuels qu’engendre le déni des représentations, dans une conception binaire du monde qui ne laisse-rait exister que des faits bruts ou des illusions, du naturel ou de l’artificiel, du donné ou du fabriqué, du nécessaire ou du contingent : une conception qui ignore le poids des réalités sociales et des institutions, des traces mémorielles et des images mentales, des catégories et des mots – qui ignore, autrement dit, ce qui fait la spécificité de l’existence humaine dans un monde partagé.L’identité a donc des limites, non parce qu’elle serait une réalité factuelle et inamovible, mais parce que, en tant que représentation soutenue par des données objectivables, elle n’est pas accessible à toutes les manipulations individuelles, à toutes les modifications fantasmatiques. Faut-il s’en désoler ? Ce serait là adhérer à une conception de l’identité qu’Elias stigmatisait comme celle de l’Homo clausus, l’individu fermé sur lui-même, indépendant de toute interaction, de toute influence de et sur autrui : un individu qui pourrait donc être totalement libre ou, du moins, non déterminé – mais qui serait du même coup irrémédiablement seul. Et la juriste Muriel Fabre-Magnan a raison d’évoquer à ce sujet ce que la contrainte juridique peut avoir de protecteur pour les individus : « Le droit a pour rôle d’instituer et d’assurer les personnes de leur identité. Il faudrait se demander si reporter sur les individus, et en particulier sur les jeunes, le poids de devoir définir et (ré)affirmer eux-mêmes à tout moment les éléments de leur identité sans jamais pouvoir rien tenir pour acquis est vraiment libérateur. (17) »Car les limites, ce sont d’abord les mots et les catégories qui nous permettent de nous orienter dans le monde, et c’est aussi ce qui nous permet de nous coordonner avec autrui, de faire commerce avec les autres, de cultiver en paix les interdépendances qui nous construisent, tout autant que nos libres mouvements. Et parmi les nombreuses limites qui bornent notre monde tout en l’organisant, les limites identitaires – notre sexe, notre âge, notre profession, notre origine géographique ou sociale, notre religion si nous en avons une, notre nationalité, voire notre sexualité si nous en faisons une façon de nous définir – ne sont pas les moins efficaces pour nous aider à être au monde sans risquer de nous y perdre.

1. Cet article reprend en les développant une partie des propositions présentées dans Nathalie Heinich, Ce que n’est pas l’identité, Gallimard, 2018.

2. « L’illusion essentialiste » consiste à « figer et réifier ce qui est intrinsèquement fluctuant, mouvant et diversifié » (Pierre-André Taguieff, « Être français : une évidence, un “je-ne-sais-quoi” et une énigme », Dogma. Revue de philosophie et de sciences humaines, mars 2016).

3. Vincent Descombes, Les Embarras de l’identité, Gallimard, 2013, p. 174.

4. Norbert Elias, Du temps (1984), Fayard, 1996, p. 53, note 1.

5. Cf. Paul Ricœur, Temps et récit, Seuil, 1984.

6. Cf. Anthony Giddens, Modernity and Self-Identity. Self and Society in the Late Modern Age, Polity Press, 1991.

7. Cf. notamment Alex Mucchielli, L’Identité, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 1986, p. 7.

8. Erving Goffman, Stigmate (1963), Minuit, 1975, p. 74.

9. Cf. Pierre Bourdieu, « L’illusion biographique », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 62-63, juin 1986.

10. Cf. Nathalie Heinich, « Pour en finir avec “l’illusion” biographique », L’Homme, n° 195-196, juillet-décembre 2010 (repris dans Sortir des camps, sortir du silence, Les Impressions nouvelles, 2011).

11. Sur ce sophisme qui alimente malheureusement les tendances les plus naïves du féminisme et de la « théorie du genre », cf. Nathalie Heinich, Le Bêtisier du sociologue, Klincksieck, 2009.

12. Jacques Derrida, Parages, Galilée, 1986, p. 252.

13. Cf. notamment Élisabeth Badinter, XY. De l’identité masculine, Odile Jacob, 1992.

14. Cf. notamment Pierre Legendre, Sur la question dogmatique en Occident, Fayard, 1999 ; Jean-Pierre Lebrun, Un monde sans limites. Essai pour une clinique psychanalytique du social, Érès, 1997.

15. Cf. Pierre Nora, « Les avatars de l’identité française », Le Débat, n° 159, mars-avril 2010.

16. Idem, p. 18-19.17. Muriel Fabre-Magnan, L’Institution de la liberté, Presses universitaires de France, 2018, p 220.

Voir aussi:

Fabre-Magnan : l’interdit n’est pas l’ennemi de la liberté
Dans « L’Institution de la liberté », Muriel Fabre-Magnan critique le désir de faire reconnaître par le droit certaines pratiques individuelles. Entretien.
Propos recueillis par Gabriel Bouchaud
13/10/2018
Le Point
Muriel Fabre-Magnan est professeure de droit à l’université Paris-1.

Le Point : Pourquoi avez-vous décidé d’écrire ce livre ? La liberté telle qu’elle est garantie par le droit est-elle menacée ?

Muriel Fabre-Magnan : Une des raisons qui m’ont poussée à écrire ce livre était la lassitude de voir des termes juridiques employés à contresens, comme le contrat ou le consentement, qu’on associe toujours à la liberté dans le grand public, alors qu’en réalité, pour un juriste, qui dit contrat et consentement dit au contraire que l’on renonce à une partie de sa liberté ; le contrat n’est pas le mode normal de l’exercice des libertés. Je voulais alors souligner le risque de retournement de la liberté qui en résulte. Le lexique utilisé dans le cadre de débats de société conduit en outre souvent à polariser les opinions. La question de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) est un excellent exemple. On trouve un camp qui pousse à une interprétation toujours plus individualiste des droits de l’homme par la CEDH et un autre qui condamne de façon générale les droits de l’homme. Le Royaume-Uni, par exemple, avait menacé de dénoncer la Convention européenne des droits de l’homme avant même le Brexit. Il me semble possible et préférable de trouver une voie alternative : il faut en effet défendre les droits de l’homme, qui sont une avancée démocratique essentielle, et la CEDH a ainsi rendu une série d’arrêts extrêmement précieux, par exemple pour condamner l’état des prisons, garantir le respect des droits de la défense ou encore dénoncer des pays qui se livrent à des traitements inhumains ou dégradants. Et, en même temps, la CEDH dérape parfois dans ses arrêts et abuse de ses prérogatives. Seule une analyse juridique précise permet de démonter les rouages, comprendre à quel endroit exact se fait ce dérapage et d’essayer d’y remédier. Sinon, on est inévitablement conduit à adopter une position excessive dans un sens ou dans un autre.

La conception de ce qu’est la liberté a-t-elle beaucoup évolué dans les dernières décennies ? Y a-t-il une confusion dans les termes que l’on emploie à cause de cette évolution ?

C’est effectivement très récemment que ce terme de liberté a pris un sens général, et presque philosophique, qui est celui du droit pour les individus de mener leur vie comme ils l’entendent. La liberté est devenue la faculté de pouvoir faire tous les choix pour soi-même, ce qu’on appelle aujourd’hui un droit à l’autonomie personnelle. Cet énoncé peut certes sembler satisfaisant dans un cadre autre que juridique, mais demander au droit de garantir que les personnes puissent faire ce qu’elles veulent quand elles veulent conduit à l’effet inverse et à un risque de retournement de cette liberté. Si, en effet, le droit doit garantir à toute personne la possibilité de faire ce qu’elle veut, y compris de renoncer à sa liberté, on finit évidemment par détruire le concept même de liberté.

Vous citez le proverbe du renard libre dans le poulailler libre qui, sous couvert d’une liberté absolue de tous, garantit un retour de la loi du plus fort sur le plus faible…

Tout à fait. Et, comme le soulignent plusieurs auteurs, l’ultralibéralisme économique ou sociétal sont les deux faces d’une même médaille. La liberté est souvent revendiquée pour que les autres puissent se mettre à notre disposition. La faculté de renoncer à sa liberté n’est cependant pas la liberté. Plus généralement, ce qu’on appelle une protection des personnes contre elles-mêmes, et qui est dénoncé comme une forme de paternalisme étatique, est en réalité toujours une protection des personnes contre autrui. L’exemple de la prostitution est assez typique, et il illustre aussi un des autres points que je voulais souligner dans ce livre, à savoir que tous les débats contemporains, sociétaux ou économiques qui posent la question de la licéité sont toujours appréciés par rapport au seul critère du consentement. Cela signifie que l’on ramène tout à un débat interindividuel quand il serait plus pertinent de s’interroger, par exemple, sur les politiques économiques et sociales donnant aux personnes une plus grande faculté de choix de vie. Que signifie le consentement d’une prostituée si elle n’a pas d’autre choix que de consentir ?

Vous soulignez un écart entre l’encadrement de facto des pratiques sexuelles et la demande d’encadrement de ces pratiques. Le droit a-t-il cette vocation ?

La liberté sexuelle implique la faculté pour chacun d’avoir la sexualité de son choix sans avoir à subir aucune discrimination. Mais pourquoi l’État devrait-il donner sa bénédiction à chaque nouvelle pratique ? De même, la contractualisation des relations sexuelles n’est pas la meilleure façon de protéger juridiquement contre les agressions sexuelles ni de respecter le consentement des personnes. Si on contractualise, on s’oblige à ces pratiques. Or la liberté consiste en la capacité de pouvoir refuser un rapport initialement consenti.

Pour vous, le droit doit-il plutôt représenter un horizon de ce que la société devrait être, à travers des garanties, ou encadrer ce qui existe déjà ?

Les deux aspects coexistent. Le droit doit tenir compte des évolutions sociales, mais il est aussi un horizon tracé pour une société. Il est en effet de l’ordre du devoir-être. Les juristes opposent toujours le fait et le droit, donc le réel et ce qui doit être. Le droit est, dans une société, les valeurs et les objectifs sur lesquels les personnes s’accordent. Pour vivre ensemble, il est nécessaire de définir un projet commun, lequel peut évidemment évoluer dans le temps. Le terme d’institution de la liberté cherche à exprimer l’aspect dynamique de cette liberté et le rôle que le droit doit jouer pour la garantir. On ne naît pas libre, on le devient, et c’est ce processus d’émancipation que doit soutenir le droit.

Voir également:

Joachim Son-Forget sur la PMA : “Voulons-nous réellement des enfants qui naissent sans savoir d’où ils viennent ?”

Joachim Son-Forget est député des Français établis hors de France. Ancien militant PS, il a rejoint la République en Marche avant de quitter le parti en 2018. Docteur en médecine, Coréen de naissance et Français d’adoption, il s’interroge sur les conséquences pour les enfants de la naissance par PMA.

J’ai bien réfléchi avant de savoir si j’allais être un pro ou un anti-procréation médicalement assisté (PMA).

J’ai décidé de ne pas m’attarder sur l’intérêt de parents égoïstes, intention incarnée par la formule de « projet parental ». Dans les couloirs du palais Bourbon, on m’opposa même « mais enfin qu’as-tu contre les gens qui s’aiment ? ». Comme si le critère absolu de bonheur pour un enfant était d’avoir été désiré, d’avoir déjà reçu des likes avant même d’avoir existé.

Je me suis demandé qui serait finalement la victime : l’enfant né de PMA et ses questions existentielles ou celui issu de la méthode habituelle et son incompréhension de ne pas bénéficier des dernières avancées biotechnologiques et de ne pas faire partie de l’humanité augmentée qui se sera un peu « libérée » du joug du hasard.

La loi française, impuissante à empêcher les dérives

Comme l’a avoué l’air de rien la ministre de la Santé pendant le débat, l’enfant né d’un don a une chance supplémentaire de ne pas être malade. Dans une surenchère mondiale où la PMA deviendrait la norme, cela deviendra d’abord le privilège des plus riches et des plus puissants, puis des classes moyennes supérieures voulant les imiter, puis les Gilets Jaunes du moment demanderont aussi à pouvoir avoir des enfants parfaits. Qui préférerait le cancer précoce qui vous tombe dessus à 50 ans ou la chorée de Huntington qui anéantit soudainement votre système nerveux à l’âge adulte ? La petite loi française ne pourra rien faire pour s’opposer à de telles évolutions de la pratique, d’autant moins qu’elle aura mis le doigt dans l’engrenage, prise au piège des bons sentiments égalitaristes. Pendant que l’eugénisme sera à l’œuvre sur les Français à naître, on nous vantera toujours les bienfaits de la diversité…

La beauté de l’aléa existait encore avec la fécondation in vitro. Avec la PMA, fini. Le diagnostic préimplantatoire actuel n’est que l’avatar d’un eugénisme plus grave encore, qui au début du 20ème siècle, en Suède, en Suisse, au Japon, au Canada, au Danemark, en Allemagne, aux États-Unis, faisait stériliser des handicapés mentaux. Adolf Hitler a tenté de mettre en œuvre cette folie. Julian Huxley, (frère d’Aldous – auteur du Meilleur des Mondes), alors futur 1er directeur de l’UNESCO, la pensait et la revendiquait encore en 1941 quand les exactions des nazis étaient déjà connues. « L’eugénique deviendra inévitablement une partie intégrante de la religion de l’avenir. » La France faisait partie des rares pays épargnés par le choix sur catalogue des caractéristiques sociales et phénotypiques du donneur. Cela me rappelle cette 1ère photo de moi toujours bébé orphelin, parvenue à un foyer français, et qui mena à un refus et à une réattribution à une autre famille. Trop joufflu, trop de cheveux, et les plaques rouges d’un eczéma qui m’a enquiquiné toute ma vie jusqu’alors.

Dire oui à la PMA et non à la GPA est une illusion

Tout ce qui est techniquement possible est en principe réalisé par quelqu’un en ce bas monde, quand les considérations éthiques restent grossièrement « un truc de Français humanistes », on l’a vu pour le RGPD. Dire oui à la PMA, « et bien sûr non à la GPA » est une illusion. La GPA n’est que le cadet de nos soucis. Nous sommes déjà dans une autre ère. Notre présent, ce sont les reproductions à 3 génomes (celui des parents et l’ADN mitochondrial d’un donneur, réalisé par des chercheurs aux USA en 2016), et les gamètes artificiels issus de cellules souches permettant de donner naissance à des modèles animaux de souris. Dans notre futur proche, nous n’échapperons pas non plus à la recherche des allèles dangereux, sous prétexte d’éviter à des demi-frères et sœurs qui s’ignorent de s’accoupler.

Ainsi, demain la victime pourrait être l’enfant « naturel », regardé comme un être inférieur par les autres, et reprochant à ses parents de l’avoir fait naître avec un handicap dans la vie : celui de l’aléa, celui des tares qui n’auront pas été prévenues par ses parents.

Mais revenons à la vie intérieure, à l’amour et au bonheur si chers aux pro-PMA pour toutes, puisque c’est sur ce terrain dégoulinant qu’on a voulu nous laisser en hémicycle. Se sont-ils mis une fois à la place des enfants dont ils parlent ? Acclamant une vision essentialiste et marxiste, réduisant l’individu à une construction et faisant fi de la biologie et de son bagage génétique, ils pensent les gamètes comme un simple véhicule et un bien commun à partager, mais ils ne donnent pas les leurs pour autant.

Les pro-PMA se sont-ils mis une seule fois à la place de ces enfants ?

Je leur ai opposé ma vérité : moi JSF, né en Corée du Sud de parents coréens, adopté français par un couple caucasien, ma réalité génétique est un fait, que le miroir et les autres m’ont toujours renvoyé, dans ma chère Haute-Marne où j’ai grandi 17 années de ma vie. Je connais mon village de Marnay sur Marne et la forêt qui l’entoure comme ma poche certes et « je me sens bien du coin ». Mais je reste avec une morphologie asiatique. J’étais plus souple pour les arts martiaux. Mes yeux étaient bridés. Si un groupe de coréens me croise, il sait que je le suis quand bien même je me sens français. Les faits sont têtus.

La biologie est là en coexistence avec l’acquis, c’est ce qui nous laisse égaux, pauvres ou riches, et cette liberté n’est contrainte que par une réalité, celle de deux gamètes du sexe opposé pouvant donner naissance à un nouveau-né. Le hasard du processus d’édition génétique, sélectionné par des milliards d’années d’évolution, permet de retrouver une chance à chaque génération de faire mieux dans notre humilité charnelle. Grandir dans une famille sans vraisemblance biologique de parentalité (novlangue pour dire que vous n’avez pas l’air d’être le fils de vos parents) n’est pas facile. Les questions existentielles du jour le jour d’un enfant qui ne connaît pas son ascendance sont douloureuses ; le regard de l’autre qui vous pense plus faible compte bien sûr pour vous enfermer dans ce schéma du « ah ça doit être dur », mais il n’y a pas que cela. Vous tournez autour du pot de vos origines et les approchez par des moyens détournés (je m’intéressais au Japon et à la Chine). Vous les rejetez en allant chercher d’autres cultures où le lien familial patriarcal ou matriarcal est fort pour chercher une solution de substitution (je me suis intéressé fortement aux cultures balkaniques, du Proche et du Moyen-Orient, à la mystique chrétienne et au judaïsme). Vous pouvez faire votre propre famille biologique, parfois tôt (j’ai eu la chance d’avoir mon premier enfant à 23 ans, beau garçon brillant de bientôt 13 ans aujourd’hui, mais les conditions familiales entre moi et sa maman n’étaient pas suffisamment solides pour une telle décision). J’ai toujours eu une fascination pour les grandes familles françaises aristocrates, pour celles qui ont fait l’histoire de France, avec des particules à l’envi. Même quand ils n’apprécient pas leurs familles, eux ont le choix de revendiquer leurs titres ou de laisser leur chevalière dans la table de nuit ; un enfant né sans père n’a pas d’autre option que l’ignorance.

Ceux qui veulent un enfant, parce que « j’y ai droit comme tout le monde », ne savent pas ce qu’est la souffrance d’un enfant qui cherche à qui il ressemble

Voulons-nous réellement faire venir au monde de enfants qui naissent sans savoir d’où ils viennent ? Ceux qui veulent un enfant, parce que « j’y ai droit comme tout le monde », ne savent pas ce qu’est la souffrance d’un enfant qui cherche à qui il ressemble. Les parents adoptifs sont une construction sociale, les parents biologiques ne le sont pas, qu’on le veuille ou non. Cette construction sociale peut être une belle histoire, elle l’est souvent, elle n’en est pas moins un chemin très difficile. On se demande au passage pourquoi les facilités d’accès à l’adoption n’ont pas été d’abord discutées avant tout dans le débat parlementaire français. A moins que les gènes comptent finalement plus qu’ils ne le disent à celles qui veulent des enfants toutes seules ou en couples de femmes ?

La PMA post-mortem a aussi failli passer à quelque chose près, c’est dire si le glissement est imminent. Voilà le message qu’on voudrait donner et les fausses promesses d’éternité. Cela fait aussi partie de la sagesse d’une société que d’accepter la mort et la finitude d’un parcours de vie. Quand je venais d’être adopté en France, la mère de mon épouse, s’est retrouvée accidentellement jeune veuve avec deux enfants en bas âge. Dans le même pays où les miens m’avaient abandonné et où les filles mères n’étaient pas bien vues et devaient souvent abandonner leurs enfants pour espérer trouver un nouveau mari : elle a fait le choix de donner une belle éducation à ses filles, de poursuivre son travail d’institutrice, avec l’aide de sa belle-famille qui ne l’a jamais abandonnée.

L’histoire de l’homme est de se demander d’où il vient, où et qui il est, et où il va

Alors oui, il y aura toujours les types comme moi et d’autres self-made rebelles plus ou moins dans le droit chemin, que la situation adverse a rendus encore plus forts, les Benalla, les Steve Jobs, les Marilyn Monroe, les Edgar Allan Poe, les Malcolm X. Ils ont cette caractéristique d’être différents et de chercher à continuer à l’être, tout en cherchant l’amour impossible de ceux qui sont trop normaux pour les comprendre. Mais il y aura surtout beaucoup de douleur, de problèmes jamais résolus, de plongée dans l’enfer de retrouvailles souvent impossibles avec les origines. Cela implique déjà des millions de personnes adoptées. Et demain des millions de personnes issues de la PMA se poseront les leurs. Mais aussi, ceux qui ne seront pas du club Pimp my Baby, reprocheront à leurs parents d’être de faibles humains non améliorés.

L’histoire de l’homme est de se demander d’où il vient, où et qui il est, et où il va. Sa rationalité s’égare quand il s’agit de vie et de mort ou de reproduction. Les mécanismes évolutionnistes à l’œuvre sont complexes et difficiles à comprendre, ils poussent irrationnellement vers ce dessein de survie à elle-même de l’humanité depuis qu’elle est. A condition qu’elle n’aille pas aujourd’hui vers la précipitation de sa destruction via la biotechnologie de la naissance, à trop craindre de périr.

Voir de même:

Christophe Guilluy: « NOTRE MODÈLE DE SOCIÉTÉ N’EST PLUS VIABLE »
Valérie Toranian
Revue des deux mondes
avril 2019

Il fut le premier à théoriser et à populariser le concept de France périphérique, cette France des classes populaires vivant à l’écart des grands centres urbains. Sans surprise, la cartographie de ces territoires délaissés par la République se superpose à celle des ronds-points envahis par les « gilets jaunes » depuis le 17 novembre 2018. L’auteur de No Society analyse les racines profondes de cette fracture française et interpelle les élites dirigeantes. Si rien ne bouge après le mouvement des « gilets jaunes », s’inquiète le géographe, « la tentation d’un totalitarisme soft » nous guette.

«Revue des Deux Mondes – Comment qualifier la séquence des « gilets jaunes » ? Est-ce une révolte, une révolution, une insurrection, une jacquerie ?

Christophe Guilluy J’essaye de ne pas voir dans un mouvement contemporain une résurgence d’un épisode du XIXe ou du XXe siècle. Nous ne sommes pas dans la révolution française, ni dans Mai 68, cela ne ressemble à aucun mouvement social connu. Le mouvement peuple contre élites. histoire d’une France brisée social classique se caractérise par un lien entre la classe populaire et la bourgeoisie, et par des relais au sein des milieux intellectuels et journalistiques. Les « gilets jaunes » sont en dehors des partis et des syn-dicats ; ils n’ont pas de représentant politique, intellectuel, culturel. Le mouvement naît après trente ans de ce que Christopher Lasch (1) a appelé la sécession des élites ; les classes populaires ont répondu par ce que je qualifie de marronage – « on va voir ailleurs ». Et ce « on va voir ailleurs » donne des mouvements non structurés, aux revendications tous azimuts. C’est toute la symbolique du « gilet jaune » : je veux être vu. Nous sommes dans une crise démocratique, intellectuelle et une crise de représentation : la scission du monde d’en haut a abouti à un assèchement de la pensée. Ces catégories populaires ne sont plus incarnées. J’ai parlé de France périphérique. Le concept n’a pas toujours été bien compris. Je suis géographe mais je ne crois pas au territoire. Un territoire ne veut rien dire ; ce qui compte, ce sont les personnes vivant sur ce territoire. Celui-ci peut changer du jour au lendemain si la population change. Il n’y a pas de déterminisme géographique, j’explique d’ailleurs exactement le contraire. Le concept a été élaboré à partir de travaux réalisés avec un autre géographe, Christophe Noyé ; nous repérions les espaces où vivaient les catégories modestes, c’est ce que nous avons appelé un indicateur de fragilité sociale : nous partions donc des personnes ; nous nous moquions de savoir si celles-ci vivaient à la campagne, dans une petite ville, dans une ville moyenne… la question était de repérer les territoires où il y avait une majorité de classes populaires : ouvriers, employés, « petites gens », paysans. Ce socle, potentiellement majoritaire, se situe aujourd’hui, le plus souvent, en dehors des grands centres urbains. Les quinze plus grandes métropoles représentent 40 % de la population comme en 1968, cela n’a pas changé. La recomposition sociale dans ces villes, elle, a changé : hier vous aviez dans Paris une composante populaire, avec des ouvriers, des « petites gens » ; tout cela s’est réduit comme peau de chagrin ; la partie populaire des grandes métropoles est désormais constituée par les quartiers « sensibles ».

Les grandes métropoles se caractérisent par leur dynamisme économique, c’est là que se concentre l’essentiel des richesses. Il y a donc une dimension économique, sociale, culturelle. Et une plus grande mobilité sociale, contrairement aux trois quarts des classes populaires dispersées dans la France périphérique. On le constate lors des plans sociaux : on demande aux salariés d’aller vivre dans un territoire où il y a de l’emploi – c’est ce qu’on avait dit aux femmes de Moulinex et aux « bonnets rouges ». Seulement quand vous êtes propriétaire d’une maison dans ces territoires-là, vous ne pouvez pas acheter ou louer à Paris, à Nantes ou à Toulouse. Les logiques foncières rendent l’accès à la ville très difficile et les gens ne veulent pas vivre dans les logements sociaux, là où se concentrent les populations immigrées. La France périphérique n’est pas une géographie ni une cartographie de la pauvreté : la France métropolitaine compte aussi des pauvres. Comme hier, la bourgeoisie instrumentalise la question de la pauvreté : la vieille bourgeoisie catholique redistribuait quelques subsides aux populations pauvres et niait le prolétariat ; aujourd’hui, la nouvelle bourgeoisie, ce que j’appelle la « bourgeoisie cool », met en avant banlieues et minorités et nie l’existence d’une France périphérique. Dans les deux cas, on oppose les classes populaires aux pauvres pour nier une question sociale majoritaire.

Revue des Deux Mondes – Vos détracteurs vous reprochent d’opposer la France périphérique des « petits Blancs » à la population issue de l’immigration, des quartiers populaires des métropoles, qui bénéficieraient de plus de subventions que la France périphérique. Les pouvoirs publics en ont-ils trop fait avec la politique de la ville et pas assez avec la France périphérique ?

Christophe Guilluy Je ne l’ai jamais dit ni écrit ! La France périphérique, dans laquelle se classent d’ailleurs les départements et territoires d’outre-mer, n’est pas exclusivement blanche. Il suffit de se balader en France pour le constater. Concernant les quartiers de la politique de la ville, on peut rappeler que les quartiers sensibles de petites et moyennes villes de la France périphérique sont plus pauvres que les quartiers de logements sociaux de Seine-Saint-Denis. Cela s’explique par le fait que le dynamisme économique y est beaucoup plus faible. Pourquoi autant d’attention aux banlieues des grandes villes ? Parce qu’elles se situent dans les grandes métropoles, là où vivent les élites, les prescripteurs d’opinion, là où est le business. On n’a pas intérêt à ce que ces territoires explosent. Aucun gouvernement de droite ou de gauche n’a remis en cause la politique de la ville. On ne peut réaliser un diagnostic objectif de la politique de la ville si l’on ne prend pas en compte le fait que ces quartiers sont devenus des sas : on y entre, on en sort. Dès qu’on a intégré le marché de l’emploi, on cherche à quitter les lieux. Ces populations partantes sont remplacées par des populations venues de l’extérieur, beaucoup plus précaires. En fait, il y a une instrumentalisation des questions autour de l’immigration alors que le sujet est consensuel dans la population : tout le monde souhaite la régulation des flux migratoires. Selon les sondages, 65 à 80 % des Français sont pour l’arrêt de l’immigration. Ces Français ne sont pas tous blancs ; ils sont aussi noirs, maghrébins, etc. Ces questions sont clivées non pas ethniquement mais socialement. La demande de régulation émane des « petits » Blancs, des « petits » Noirs, des « petits » Maghrébins, des « petits » musulmans. Elle est majoritaire en France, en Europe, aux États-Unis, en Algérie, au Maroc, en Israël. La question de la régulation s’impose. Elle est devenue idéologique, alors qu’elle ne pourra se traiter que sur des critères pragmatiques et réalistes. J’ai travaillé par le passé sur la question du logement social à Paris dans le XIXe arrondissement et c’est à cette occasion que j’ai développé le concept d’insécurité culturelle. Ma mission était de comprendre pourquoi les gens demandaient des changements d’attribution de logement alors qu’ils habitaient des quartiers où il n’y avait pas trop de violence ni trop de trafic de drogue. Toutes ces demandes émanaient d’immeubles dans lesquels il y avait eu un turnover important : les Blancs étaient déjà partis et à leur tour les populations maghrébines se trouvaient dans des situations d’insécurité culturelle par rapport à de nouvelles populations comme les Tchétchènes, etc. Ce qui n’a rien de scandaleux : on souhaite tous vivre dans des immeubles où tout ne change pas en permanence, dans lesquels on peut communiquer avec ses voisins et partager des valeurs communes. Cela n’interdit pas l’accueil, mais personne ne souhaite devenir minoritaire. C’est une question anthropologique : quand on est minoritaire, on dépend de la bienveillance de la majorité. J’avais travaillé sur les populations juives et leur déplacement en région parisienne dès les années deux mille. Je travaillais avec des gens de gauche et je pensais que dénoncer l’antisémitisme serait une évidence. Or pas du tout. On m’a sévèrement critiqué pour cela.

Revue des Deux Mondes – La société multiculturelle est-elle un échec ?

Christophe Guilluy La société multiculturelle, c’est la société où l’autre ne devient pas soi. À partir du moment où l’autre ne devient pas moi, la loi du nombre joue. Nous avons besoin de préserver un capital social et un capital culturel. C’est fondamental, quelles que soient votre origine et votre religion.

Revue des Deux Mondes – Croyez-vous encore en l’efficacité du modèle républicain ?

Christophe Guilluy J’y ai longtemps cru. Je suis très proche des idées de Jean-Pierre Chevènement. Avant, j’étais proche du Parti communiste, lorsque celui-ci représentait les classes populaires ; Georges Marchais dénonçait les flux migratoires qui représentaient une menace de dumping social : vous verrez, prédisait-il en 1981, la droite et l’élite de gauche nous traiteront de « beaufs », de racistes. C’est aussi ce qu’on a vécu avec les « gilets jaunes » : en quarante-huit heures, le mouvement est devenu xénophobe, antisémite, homophobe, sexiste, etc.

Revue des Deux Mondes – Il y avait des radicaux. Et des antisémites comme Alain Soral et Dieudonné. Alain Finkielkraut a été agressé verbalement par un antisémite…

Christophe Guilluy Le nouvel antisémitisme s’est répandu dans la société et l’incident avec Alain Finkielkraut en est une illustration mais qui n’est pas représentative des « gilets jaunes ». La technique d’invisibilisation et de délégitimisation des classes populaires remonte aux années quatre-vingt, quand la gauche a abandonné la question sociale. La vieille technique de l’antiracisme et de l’antifascisme est devenue une arme de classe : on se protège en délégitimant le diagnostic des gens d’en bas. Il y a autant de racistes, d’antisémites et d’homophobes dans le monde d’en haut sauf qu’ils sont beaucoup plus discrets. L’antisémitisme de gauche, appelé antisionisme, est culturellement très puissant. Ce n’est pas le monde d’en bas qui contourne la carte scolaire à Paris et qui déscolarise ses enfants des collèges à majorité d’immigrés. Ce sont des bons bobos parisiens de gauche.

Revue des Deux Mondes – Les mouvements sociaux vont-ils devenir de plus en plus violents ?

Christophe Guilluy Le « gilet jaune » n’est pas un saint. Tous les mouvements sociaux dégénèrent et sont aujourd’hui violents. La question est l’instrumentalisation de la violence. Même si les gens la condamnent, ils l’instrumentalisent : elle attire les médias. Les barri-cades sur les Champs-Élysées ont fait la une du New York Times. Par ailleurs, ces mouvements n’ont plus rien à voir avec des mouvements sociaux traditionnels. L’idée de réunir le plus de personnes possible pour aller d’un point A à un point B afin d’obtenir quelque chose est com-plètement dépassée. On a un mouvement du XXIe siècle sans représen-tant, sans corps intermédiaires, sans revendications claires. Il vaut mieux mille manifestations de cent personnes qu’une manifestation de cent mille personnes à Paris.Revue des Deux Mondes – Marie Le Pen est-elle la candidate naturelle des « gilets jaunes » ?

Christophe Guilluy Une fraction importante ira vers le parti le plus en dehors du système, le plus ostracisé. C’est pour cela que Jean-Luc Mélenchon perd : c’est un ancien sénateur, il fait partie du système. Tous les mouvements populistes sont structurés autour de la même sociologie : l’ancien socle de la classe moyenne occiden-tale (ouvriers, employés, petits indépendants…) et une même géo-graphie : en général, les zones les plus éloignées des grandes métro-poles mondialisées (zones rurales, petites villes, villes moyennes, en excluant évidemment la ville riche du coin). Il s’agit toujours de la même spirale : d’abord vous avez une désaffiliation, puis un marronnage, une abstention et/ou un vote populiste plus ou moins majoritaire. À chaque fois on retrouve les mêmes indicateurs : reléga-tion culturelle, éloignement des territoires, perte de pouvoir d’achat, parfois pauvreté. À chaque fois on retrouve les mêmes catégories : l’Allemagne périphérique se compose de l’ex-Allemagne de l’Est et des franges rurales en Bavière dans des régions riches. L’Italie péri-phérique, c’est le Mezzogiorno avec certaines franges rurales et de petites communes dans le Nord qui regroupent constamment les mêmes catégories. Ainsi, l’électorat de la Ligue du Nord se compose de petits indépendants mais aussi d’ouvriers et d’employés. Même chose en Suède : l’émergence des populistes suédois a été un choc dans ce pays, considéré comme le modèle absolu. Le vote d’extrême droite est pourtant très fort dans le nord du pays, dans le Sud rural et dans les petites villes désindustrialisées.
Revue des Deux Mondes – Certaines catégories, comme les retraités, qui étaient hostiles aux extrêmes pourraient-elles basculer ?
Christophe Guilluy Emmanuel Macron s’est fait élire par des gagnants du système, des retraités et une partie de la fonction publique. Ces deux catégories, qui représentaient le dernier socle de résistance à la tentation populiste, sont celles qu’il a le plus fragilisées économi-quement ! Les retraités ont fait le Brexit au Royaume-Uni parce que les pensions de retraite sont quasi nulles et que l’État-providence s’est effondré depuis les années quatre-vingt. La protection sociale n’existe pas. Quand vous n’avez rien à perdre, vous êtes prêt à faire basculer les choses.
Revue des Deux Mondes – Le statut des retraités en France est différent…
Christophe Guilluy Les retraités ont très longtemps été relativement protégés. La pension médiane est de 1 100 euros. Il faut mettre un bémol : le retraité de la Côte d’Azur n’est pas celui du fin fond de la Creuse. La hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) fragilisait des catégories modestes. Pour le pouvoir, c’était prendre un risque important. Le système tient grâce à ces catégories-là, surtout dans un pays qui vieillit. La droite grâce aux retraités, et la gauche grâce aux fonctionnaires. Ce sont les dernières catégories issues de la classe moyenne qui sont encore debout. Mais pour combien de temps ? Nous sommes dans un processus que j’appelle de sortie de la classe moyenne. C’est du temps long, cela a commencé avec les ouvriers (la désindustrialisation), puis les paysans, les employés, les petits indépendants, etc. et ce, en touchant à des territoires très différents : les zones industrielles du Nord et de l’Est, certaines zones rurales, puis les villes moyennes, avec la désertification commerciale…
Revue des Deux Mondes – Vous dites que la classe moyenne a dis-paru en tant que classe intégrée économiquement et référente culturellement…
Christophe Guilluy Auparavant, les partis politiques s’adressaient à elle. Ils la représentaient et portaient ses aspirations. Les intellectuels aussi s’adressaient à cette classe moyenne, dans laquelle on trouvait les ouvriers, les employés, les fonctionnaires, des universitaires… Tout s’est rompu avec le modèle économique mondialisé : il y a désormais deux catégories d’emplois, très qualifiés et précaires, qui se retrouvent dans les grandes métropoles avec la population précaire et immigrée et les catégories supérieures. Ce qui disparaît, c’est la classe moyenne et ses emplois. C’est vrai à Paris comme à New York, à Milan ou à Stockholm. Le modèle mondialisé n’a plus besoin du socle représenté par la classe moyenne. On a une déconnexion entre l’économie et la société. C’est la première fois que cela arrive. Avant, l’économie fai-sait société : elle intégrait. Il y avait une logique vertueuse, avec une intégration politique. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La croissance au XXIe siècle est une croissance sans emploi, et s’il y a croissance de l’emploi, elle va se concentrer toujours dans les mêmes lieux. Elle ne bénéficie pas aux catégories populaires.
Revue des Deux Mondes – N’est-ce pas un peu facile et excessif d’accuser la mondialisation, le néolibéralisme et l’Europe de tous les maux ?
Christophe Guilluy Le débat pour ou contre la mondialisation est stupide, comme le débat pour ou contre le multiculturalisme. Les classes populaires ne sont pas contre la mondialisation, contre l’Europe. Aujourd’hui elles sont contre un modèle qui ne leur a pas été bénéfique, c’est différent.On a besoin des grandes métropoles, qui créent deux tiers du PIB, ce produit intérieur brut qui n’a cessé d’augmenter ces qua-rante-cinquante dernières années. Nous sommes de plus en plus riches. Si le modèle ne fonctionnait pas, on le changerait. La ques-tion est : comment faire société avec une économie qui divise de plus en plus, et qui ne permet pas d’intégrer les autres ? La mondialisation continuera à produire des inégalités, à renforcer les fractures géogra-phiques. Comment compenser ses effets négatifs ? Certains secteurs stratégiques essentiels ne doivent-ils pas être protégés ? On peut ima-giner des modèles mixtes. Il faut être pragmatique. Faire vivre des projets contradictoires, voilà les vertus essentielles de la démocratie. Le modèle actuel n’est plus viable. Ce qui émerge n’est pas le retour de l’ancien monde contre le nouveau – les « gilets jaunes », par leur sociologie, incarnent le nouveau monde. La question fondamentale qui se pose est : comment faire cohabiter tout le monde, soit par exemple, au Royaume-Uni, la City et les brexiters ? Car le Royaume-Uni, c’est bien la City et les brexiters, pas l’une contre les autres. Nous devons impérativement donner du pouvoir aux élus des terri-toires les plus fragilisés. On a fait le contraire avec la réforme territoriale : les pouvoirs se concentrent dans les grandes métropoles, qui sont déjà hégémoniques culturellement et économiquement.
Revue des Deux Mondes – Emmanuel Macron a fait appel aux maires. Sont-ils les bons interlocuteurs ?
Christophe Guilluy Oui, les maires ou les présidents de conseils départementaux. Je ne suis pas un nostalgique du département. Que l’on fasse disparaître les départements dans des espaces où se trouvent les grandes métropoles, comme le département du Rhône ou les départements franciliens, ne me choquerait pas. Je suis dans une logique pragmatique : nous avons des métropoles, profitons-en, supprimons ces départements et donnons à ces métropoles la politique sociale pour qu’elles gèrent elles-mêmes toute la politique de la ville. Cela permettrait de faire baisser la tension chez certains habitants ruraux, persuadés que l’on donne tout aux banlieues. On peut de cette façon imaginer des organisations différentes et souples. En revanche, sur les autres territoires, le département me semble assez pertinent : il favorise la connaissance des élus de leur territoire. Les présidents de conseils départementaux que j’ai rencontrés, qu’ils soient de droite ou de gauche, connaissent parfaitement leur terri-toire. Ils sont très bons, savent quelles sont les entreprises qui fonc-tionnent ou non, quelles sont les zones en difficulté, les populations au chômage, etc. Mais ils n’ont aucun pouvoir, aucune compétence économique. Le département est devenu un guichet social, avec le RSA (revenu de solidarité active) à payer, les dépendances pour les personnes âgées, etc. C’est illogique. Nous avons là des territoires qui doivent penser leur développement de manière souple et décentralisée. Qu’il y ait de l’emploi ou non dans cette France périphérique ne changera absolument rien au niveau du PIB. On gagnerait peut-être 0,1 % de PIB. En revanche, et c’est fondamental, cela fera société : les gens seront économiquement et culturellement intégrés.
Revue des Deux Mondes – Rien ne sera possible sans une reconnaissance culturelle de la classe moyenne, dites-vous. Par quoi cela passe-t-il ?
Christophe Guilluy Il faut penser la question du modèle d’intégration. Les Américains, les Britanniques, les Scandinaves, les Allemands, qui ont tous des modèles différents, ont le même débat. Aucun modèle ne fonctionne. Toutes ces sociétés deviennent multiculturelles ; elles ont toutes fragilisé le socle de la classe moyenne. Vous ne pouvez pas avoir d’intégration et d’assimilation si les classes populaires et moyennes ne sont pas respectées culturellement. Hier, les gens qui arrivaient en France ne se disaient pas « je vais épouser le modèle assimilationniste républicain, celui des Lumières et de la révolution française ». L’intégration et l’assimilation fonctionnaient parce que l’immigré avait envie de ressembler à son voisin ouvrier ou employé dans son quartier. C’est la même chose aux États-Unis. L’American way of life n’était pas uniquement porté par Hollywood, James Stewart ou New York. Il était porté par l’ouvrier américain. Quand cet ouvrier devient le loser culturel et économique, personne n’a envie de lui ressembler. Le modèle d’assimi-lation ne fonctionne plus. Le modèle, pour certains Français musulmans, peut alors devenir celui d’un islam politique identitaire.
Revue des Deux Mondes – La question de l’islam politique n’est pas uniquement liée au facteur économique. Ne sous-estimez-vous pas la résurgence identitaire de l’islam au niveau mondial ?
Christophe Guilluy Hier, les valeurs de la République s’incarnaient dans un mode de vie : il était hors de question de porter un voile ou une kippa dans la rue ; ce n’était pas une loi, décidée d’en haut, cela ne se faisait tout simplement pas dans le quartier. Pas besoin de grands discours, ni même de pression sociale. On voulait partager des valeurs, être intégré économiquement, respecté culturellement… C’est fini. À partir des années quatre-vingt, nous avons commencé à basculer à la fois démographiquement et politiquement dans la société multiculturelle.
Revue des Deux Mondes – Au moment où la gauche « renonce au peuple » ?
Christophe Guilluy Oui, le basculement date de 1983 et depuis – et on ne le dit pas assez – les banlieues n’ont jamais participé à aucun mouvement social. Pire, aucun mouvement social n’a émergé des ban-lieues. C’est un fantasme complet. Il y a eu des émeutes, et c’est tout. SOS Racisme était une émanation du Parti socialiste, ce n’était pas quelque chose de spontané. L’intelligentsia a survalorisé la banlieue, la considérant comme un prolétariat de substitution ; elle pensait qu’un mouvement social émergerait, mais rien n’a eu lieu. Les gens ne se reconnaissent pas dans les mouvements sociaux qui sont ceux de la classe moyenne, ceux des catégories dénigrées.Revue des Deux Mondes – Se reconnaissent-ils dans des combats identitaires ?
Christophe Guilluy Oui, car il ne reste plus que cela. Une mani-festation cégétiste du 1er Mai est un truc de « beauf blanc » du point de vue de la banlieue, et non quelque chose censé vous représenter. La gauche en banlieue ne représente rien. Elle gagne les élections avec des taux d’abstention de 80 %. Les classes populaires se moquent é per-dument des représentations politiques et syndicales.Revue des Deux Mondes – Pourquoi Emmanuel Macron est-il détesté à ce point ?

Christophe Guilluy Emmanuel Macron s’est fait élire sur une image un peu subversive, il avait compris que le clivage gauche-droite était terminé. Il avait aussi compris que la classe moyenne, telle qu’elle existe aujourd’hui, allait disparaître. Seulement il n’est pas allé au bout ; il aurait dû penser contre lui-même, ne pas enfiler les chaussons du libé-ralisme le plus échevelé et encourager ce qui marche. Le pouvoir et les élites ont oublié les classes moyennes. Il est d’ailleurs frappant de remarquer à quel point le monde de la culture s’est relativement peu engagé en faveur des « gilets jaunes », à son début, avant les violences, alors qu’il fut le premier à se manifester en faveur de mouvements comme « Nuit debout ». Si ce monde ne prend pas au sérieux les catégories qui sont dans la rue aujourd’hui, eh bien les populistes qui jouent jusqu’à présent le jeu de la démocratie ne le joueront plus demain. Les réactions du monde d’en haut à l’égard des « gilets jaunes » m’effraient un peu. C’est la première fois dans l’histoire des mouvements sociaux, sauf erreur, que des intellectuels, des journalistes et des universitaires ont essayé de prou-ver à quel point ces gens finalement ne vivaient pas si mal : ils possédaient un écran plat, un smartphone, etc. Lorsqu’il y a des mouvements de cheminots, des manifestations de la CGT, se demande-t-on si le cheminot possède une grande télévision ou s’il part en vacances sur la Côte d’Azur ? Est-on allé dans le salon des émeutiers de banlieue ? On essaie de faire passer le message : « mais de quoi se plaignent-ils ? » Tout cela reflète quelque chose de plus profond, de manque de légitimation de ce peuple et de mépris de classe. Personne n’aurait osé faire un tel constat lors des émeutes en banlieue ou pendant les grèves de 1995.

Revue des Deux Mondes – La gauche a-t-elle une carte à jouer ?

Christophe Guilluy Le schéma gauche-droite est dépassé. Les individus sont sociaux et identitaires. La droite y voit un révélateur de la droitisation de la société. La gauche, elle, évoque un mouvement social. C’est stupide. Il n’y a pas de droitisation de la société française mais simplement des gens qui dressent un constat sur leur vie : cela va du pouvoir d’achat à l’immigration en passant par le culturel. C’est« notre modèle de société n’est plus viable  lun bloc. La demande est d’abord une demande d’intégration et de respect culturel : « j’existe, je veux continuer à exister ». Tout cela se diffuse aussi dans le champ culturel. Le Prix Goncourt 2018, Nicolas Mathieu (2), a dit : « J’ai fait le roman de la France périphérique. »Revue des Deux Mondes – Le mouvement des « gilets jaunes » peut-il déboucher sur un mouvement comme 5 étoiles en Italie ?

Christophe Guilluy Le Mouvement 5 étoiles est plutôt sur la dimension sociale et la Ligue du Nord est plutôt sur la dimension culturelle et identitaire. C’est cette combinaison-là qui est gagnante. Je ne crois absolument pas au grand clash, au grand soir. Je crois au mouvement réel des sociétés, celui du plus grand nombre. La demande majoritaire est simple : un travail, une intégration économique – et non un revenu universel, les gens ne veulent pas la charité. Emmanuel Macron a émergé en six mois environ. Un Beppe Grillo français peut-il émerger dans le même laps de temps ? Tout est possible.

Revue des Deux Mondes – Êtes-vous optimiste ou pessimiste ?

Christophe Guilluy Je crois au soft power des classes populaires. Leurs demandes, parce qu’elles sont majoritaires, parce qu’elles repré-sentent la société elle-même, s’imposeront et fragiliseront intellectuel-lement le monde d’en face. Après le mouvement des « gilets jaunes », il va falloir bouger ou alors ce sera la tentation d’un totalitarisme soft. Soit on croit à la démocratie, soit on n’y croit pas. J’y crois encore. Le monde d’en haut va-t-il parvenir à faire sa révolution culturelle et intellectuelle ? Il ne s’agit pas de se faire hara-kiri, il s’agit de penser un peu contre soi-même. De toute façon, il n’a pas le choix. Le peuple n’a pas disparu.

1. Voir l’entretien avec Renaud Beauchard, « L’actualité de Christopher Lasch », dans ce même numéro, p. 56.

2. Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux, Actes sud, 2018.

Voir de plus:

Ce fléau du politiquement correct qui divise la gauche américaine
Laure Mandeville
Le Figaro
17 octobre 2019

En Amérique, chaque saison universitaire apporte désormais son épisode à la chronique ubuesque de la vie des campus et de la frénésie idéologique robespierrienne de ses « justiciers sociaux ». En 2017, les errements du collège Evergreen, dans l’État de Washington, avaient défrayé la chronique, quand un professeur de biologie, Bret Weinstein, progressiste déclaré, fut pris à partie pour avoir refusé de participer à « une journée de l’absence » blanche organisée par des associations d’étudiants de couleur anti-racistes. Venu donner ses cours, Il fut encerclé par des activistes l’ accusant de racisme et l’appelant à démissionner très agressivement. Des vidéos finirent par révéler les séquences pathétiques durant lesquelles les professeurs d’ Evergreen énuméraient en public « les cartes de leurs privilèges » (être blanc, homme, hétéro, éduqué, etc.), afin d’ aider au rétablissement de la justice sociale. Quand Weinstein demanda pourquoi il était accusé de racisme, on lui répondit que le demander était raciste. Sa « blanchité » le mettait d’entrée de jeu dans le camp du « racisme systémique » , concept qui fait fureur dans les départements d’ études critiques d ‘outre-Atlantique (et de plus en plus hélas en France).

Au terme d ‘une négociation, l’administration, qui avait pris lâchement le parti de la rébellion étudiante, fut condamnée à verser à Weinstein 500 000 dollars en échange de sa démission. Il fut aussi reçu devant une commission du Congrès mise en place par les républicains.

Mais l’épidémie du « politiquement correct » continua, portée par l’idée qu’il faut interdire tout discours qui pourrait « offenser » les sensibilités des minorités. En 2018, c’était au tour de Christina Hoff Sommers, philosophe féministe de gauche, d’être forcée de partir au milieu d’un discours au College Lewis and Clark. Accusée de fascisme pour avoir osé dire que toutes les différences entre les genres ne sont pas sociales ! La fonction délibérative de l’université, où la recherche de la vérité doit faire l’objet d’un débat, se retrouve menacée. L’idéologie de la justice sociale imprègne largement le programme des démocrates, qui comptent sur l’arc-en-ciel des minorités « opprimées » pour gagner en 2020. Ce prisme identitaire a joué un rôle clé dans le succès de Donald Trump, par effet boomerang. Des bataillons d’ électeurs blancs des classes populaires ont plébiscité ses écarts de langage, y voyant « un bol d’air frais » alors que ses prédécesseurs républicains s’ étaient pliés poliment aux règles de bienséance verbale des élites libérales. L’un des effets collatéraux de cette « libération » trumpienne du langage a été l’apparition de hordes racistes qui font, elles, un usage inquiétant de leur liberté de parole, nourrissant les arguments des extrémistes de l’anti-racisme. Mais l’un des éléments notables de cette bataille vient du malaise grandissant des libéraux de l’ancienne génération, à gauche mais désormais pris à partie par les vigles du politiquement correct. Selon Jamie Kirschik, de la Brookings Institution, nombre d’élus démocrates n’ oseraient pas s’ exprimer , de crainte d’être « lynchés » par les « justiciers » de leur camp sur les réseaux sociaux. Tocqueville et ses interactions locales entre citoyens, seule garantie d’une démocratie protégée « des errements de l’opinion publique », paraissent bien loin.

Voir encore:

Laure Mandeville: «En persistant à jouer la carte identitaire, les démocrates aident Trump»

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – La fin de son mandat approchant, le président américain continue d’alimenter les polémiques. Laure Mandeville, grand reporter pour Le Figaro, analyse sa stratégie et ses chances de remporter à nouveau les élections présidentielles face à un camp démocrate divisé.

Alexandre Devecchio et Louise Darbon
2 août 2019

Laure Mandeville est grand reporter chargée des enquêtes sur l’Europe et les États-Unis au Figaro. Elle est l’auteur de Qui est vraiment Donald Trump? (Éditions des Équateurs, 2016)


FIGAROVOX.- Donald Trump a été très critiqué pour une série de déclarations jugées racistes. Il semble jouer avec la même rhétorique que lors des dernières élections, va-t-on revivre la même campagne qu’en 2016, sans renouveau dans le camp républicain?

Laure MANDEVILLE.- Comme disent les observateurs américains, Trump fera toujours du Trump! Il ne faut donc pas s’attendre à un changement de style, mais cela n’exclut pas les surprises qui font partie de l’arsenal politique du président américain. Depuis son entrée en politique en juin 2015, il n’a pas bougé d’un iota dans son comportement, multipliant les déclarations à l’emporte-pièce, et déclinant les mêmes thèmes dans un style qui a créé un véritable tremblement de terre politique. C’est une sorte d’ouragan fait homme. Armé de son compte Twitter, et désormais fort de la chambre d’écho formidable que lui donne le «pupitre» présidentiel, il scandalise, indigne, choque, se permet presque tout dans la rhétorique, même l’indécence. Comme le soulignait récemment le professeur de science politique de Harvard, Harvey Mansfield lors des Conversations Tocqueville, de ce point de vue, c’est clairement un adepte de Machiavel: tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins.

Trump ne changera pas car ce n’est pas un politicien classique. Contrairement à la plupart des politiques traditionnels, qui s’en tiennent encore à des règles de bienséance communément admises, (ce qui pourrait changer dans l’avenir à son exemple), il est sans filtre. Il est donc capable de parler comme le gars du café du commerce, qui assis au comptoir, déclare que ceux qui ne sont pas contents «n’ont qu’à rentrer chez eux», ce qu’il a fait il y a quelques jours. En ce sens, pour reprendre là encore, une formule de Mansfield, il représente le côté «vulgaire de la démocratie» au sens littéral du terme Vulgaire. Il donne une voix au Vulgus, au peuple.

Ses adversaires y voient la preuve de son «racisme» envers les minorités de couleur. Donald Trump est-il raciste?

Ses récentes déclarations sont indignes d’un président vis-à-vis d’élues qui sont des citoyennes américaines. Cette inadéquation de la rhétorique hante beaucoup d’observateurs, qui se demandent, non sans raison, quel impact de long terme sur les mœurs politiques aura l’abaissement de la fonction présidentielle, car jusqu’ici, le président se devait d’être un exemple. Mais je ne vois pas pour autant Trump comme un raciste prêt à discriminer quelqu’un sur sa couleur de peau, pas plus qu’il n’est «anti-femme», à mon avis, contrairement à ce que soutiennent là encore ses ennemis politiques. Aurait-il sinon suggéré à la célèbre star démocrate de la téléréalité Oprah Winfrey, une Afro-américaine, d’être son binôme quand il envisageait déjà une campagne présidentielle dans le passé? Je peux me tromper, mais je vois plutôt Trump comme un gars grandi dans la banlieue new-yorkaise de Queens dans les années 50, habitué au multiculturalisme mais surtout aux rapports de force, et ayant l’habitude de ne prendre de gants avec personne, quelle que soit sa couleur ou son sexe. Ceci dit, il joue sur tous les tableaux pour aller à la chasse aux voix, sans se préoccuper de savoir si cela peut exciter les franges minoritaires racistes, ce que ses adversaires ont beau jeu de souligner. Mais Trump sait surtout que beaucoup d’Américains sont réceptifs au coup de gueule qu’il a poussé et ses électeurs n’apprécient pas que les élues de la gauche démocrate aient le culot de comparer les camps installés sur la frontière mexicaine par la police des frontières avec des camps nazis (car cette comparaison est tout à fait absurde). Alors il pousse son avantage. Il a compris qu’il pouvait profiter du radicalisme de ces quatre jeunes députées, pour coller à l’ensemble du parti démocrate une image extrémiste. De ce point de vue, beaucoup estiment qu’il a trouvé son thème pour 2020. Se présenter comme un rempart contre l’extrémisme culturel de la Gauche tout en vantant son bilan économique.

Les thèmes de la campagne de 2016 restent extrêmement porteurs auprès de son électorat.

Il ne faut pas s’attendre à un changement de thèmes de campagne, car ceux que le président a lancés sans crier gare dans la conversation électorale en 2016, restent extrêmement porteurs auprès de son électorat: l’immigration hors de contrôle, l’ouvrier américain mis sur la touche par la globalisation et la délocalisation massive, l’importance de rétablir du coup une forme de protectionnisme. La bataille contre la Chine. Le retour à une forme de nationalisme et de restreinte en matière d’interventions extérieures, au motif que l’Amérique, en portant seule le fardeau de gendarme du monde, s’est affaiblie. Et bien sûr la bataille contre le politiquement correct. Regardez d’ailleurs son nouveau slogan de campagne, ce n’est pas «Rendre sa grandeur à l’Amérique» comme en 2016, c’est désormais «Maintenir la grandeur de l’Amérique», ce qui veut dire la même chose, sauf qu’il sous-entend qu’il a tenu ses promesses.

Sa popularité est en hausse chez les sympathisants républicains et reste stable dans l’ensemble du pays. Jusqu’à présent, ses multiples provocations ne lui ont rien coûté sur le plan électoral, est-ce parti pour continuer?

Donald Trump est adoré par sa base, détesté par l’autre partie du pays, et toléré par les élites du parti républicain, qui à l’exception d’un petit bataillon de «Never Trumpers» (les Jamais Trumpistes), essaient de s’accommoder de sa présidence, à défaut de pouvoir l’influencer (parce qu’ils estiment que le camp démocrate est pire). Bien sûr, il y a dans les rangs du centre, chez les indépendants susceptibles de voter alternativement à droite ou à gauche, et chez une partie des républicains modérés des gens qui sont très embarrassés par les mauvaises manières de Trump et ses dérapages. Je me souviens que pendant sa campagne de 2016, beaucoup de ses électeurs fronçaient les sourcils et disaient qu’ils aimeraient qu’il apprenne à «fermer parfois sa grande gueule». Mais ils ajoutaient aussi qu’il ne fallait pas prendre les sorties de Trump de manière littérale, et qu’eux ne le faisaient pas. Les troupes trumpiennes ont toujours reconnu les défauts de Trump, mais elles sont passées outre car elles ont vu en lui l’homme capable de dire des vérités que personne ne voulait plus entendre, notamment sur la question des frontières (son idée qu’un pays sans frontières n’est plus un pays). Les électeurs républicains et la partie des ex-démocrates qui ont voté pour lui ont soutenu Trump, parce qu’il est indomptable et qu’ils voient en lui l’homme qui a porté leur rébellion contre le système jusqu’au cœur de la Maison blanche. Ils ont le sentiment qu’il n’a pas changé et ne les a pas trahis, et d’une certaine manière, c’est vrai.. Il reste leur homme. Regardez la vigueur il essaie contre vents et marées de faire construire son fameux Mur.

Le tableau qui est fait de lui est si noir qu’il devient contre-productif.

Je pense que ses électeurs le soutiennent aussi d’autant plus que les démocrates n’ont jamais renoncé à l’expulser du pouvoir, le déclarant illégitime depuis le premier jour et maintenant ouverte la possibilité d’une destitution jusqu’à aujourd’hui. Pour la base républicaine, cet acharnement contre Trump est la meilleure preuve qu’il est l’homme qu’il leur faut. L’acharnement des médias mainstream à son encontre joue aussi en sa faveur. C’est trop voyant, trop unanime, trop obsessionnel, le tableau qui est fait de lui est si noir qu’il devient contre-productif. Beaucoup de gens à droite sont fatigués de Trump, voire exaspérés. Ils s’inquiètent aussi à juste titre de son mode de fonctionnement purement tactique, du chaos qui règne dans son équipe, où tout est suspendu à ses humeurs et ses derniers tweets. Mais ils en ont marre, aussi, de l’anti-trumpisme primaire et constatent que l’apocalypse économique et politique qui avait été annoncée à l’arrivée de Trump n’a pas eu lieu. L’économie affiche une santé insolente, malgré toutes ses foucades, le président n’a pas déclenché la guerre nucléaire que tant d’observateurs annonçaient vu sa supposée «folie». Bien sûr, son action suscite bien des controverses et donne le vertige. Reste ouverte la possibilité d’un dérapage en politique extérieure, si ses interlocuteurs chinois, nord-coréens ou iraniens décident de le tester. Mais ce que nous ne mesurons pas bien, c’est si l’embarras et l’inquiétude que suscite Trump sont supérieurs à la satisfaction que suscite sa capacité à s’élever contre les élites. C’est sans doute dans ce dilemme que se jouera l’élection.

L’opinion publique n’est cependant pas majoritairement acquise à sa cause: sa présidence n’a-t-elle pas finalement exacerbé les divisions entre les Américains (divisions sur lesquelles ont pu jouer les démocrates)?

La question du degré de division de l’Amérique est un sujet sur lequel tout observateur des États-Unis finit par s’interroger. S’accroît-elle