Puis ils prirent Jonas, et le jetèrent dans la mer. Et la fureur de la mer s’apaisa. Jonas 1: 15
Une génération méchante et adultère demande un miracle; il ne lui sera donné d’autre miracle que celui du prophète Jonas. Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. Les hommes de Ninive se lèveront, au jour du jugement, avec cette génération et la condamneront, parce qu’ils se repentirent à la prédication de Jonas; et voici, il y a ici plus que Jonas. Jésus (Matthieu 12: 39-41)
Le roi dit: Coupez en deux l’enfant qui vit, et donnez-en la moitié à l’une et la moitié à l’autre. Alors la femme dont le fils était vivant sentit ses entrailles s’émouvoir pour son fils, et elle dit au roi: Ah! mon seigneur, donnez-lui l’enfant qui vit, et ne le faites point mourir. Jugement de Salomon (I Rois 3: 25-26)
Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Jésus (Jean 15: 13)
Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits; car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. Car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu. Que vous en semble? Si un homme a cent brebis, et que l’une d’elles s’égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes, pour aller chercher celle qui s’est égarée Et, s’il la trouve, je vous le dis en vérité, elle lui cause plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées. De même, ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu’il se perde un seul de ces petits. Jésus (Matthieu 18: 10-14)
Vous ne réfléchissez pas qu’il est dans votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas. Caïphe (Jean 11: 50)
Une nation ne se régénère que sur un monceau de cadavres. Saint-Just
Qu’un sang impur abreuve nos sillons! Air connu
L’arbre de la liberté doit être revivifié de temps en temps par le sang des patriotes et des tyrans. Jefferson
Dionysos contre le ‘crucifié’ : la voici bien l’opposition. Ce n’est pas une différence quant au martyre – mais celui-ci a un sens différent. La vie même, son éternelle fécondité, son éternel retour, détermine le tourment, la destruction, la volonté d’anéantir pour Dionysos. Dans l’autre cas, la souffrance, le ‘crucifié’ en tant qu’il est ‘innocent’, sert d’argument contre cette vie, de formulation de sa condamnation. (…) L’individu a été si bien pris au sérieux, si bien posé comme un absolu par le christianisme, qu’on ne pouvait plus le sacrifier : mais l’espèce ne survit que grâce aux sacrifices humains… La véritable philanthropie exige le sacrifice pour le bien de l’espèce – elle est dure, elle oblige à se dominer soi-même, parce qu’elle a besoin du sacrifice humain. Et cette pseudo-humanité qui s’institue christianisme, veut précisément imposer que personne ne soit sacrifié. Nietzsche
Où est Dieu? cria-t-il, je vais vous le dire! Nous l’avons tué – vous et moi! Nous tous sommes ses meurtriers! Mais comment avons-nous fait cela? Comment avons-nous pu vider la mer? Qui nous a donné l’éponge pour effacer l’horizon tout entier? Dieu est mort! (…) Et c’est nous qui l’avons tué ! (…) Ce que le monde avait possédé jusqu’alors de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous nos couteaux (…) Quelles solennités expiatoires, quels jeux sacrés nous faudra-t-il inventer? Nietzsche
Le christianisme est une rébellion contre la loi naturelle, une protestation contre la nature. Poussé à sa logique extrême, le christianisme signifierait la culture systématique de l’échec humain. Adolf Hitler
Le marxisme doit mourir pour que la nation renaisse. Banderole de la Grand messe nazie de Berlin (1933)
Nul ne peut ne pas mourir, mais l’homme seul peut donner sa vie. André Malraux
La vérité, dit-on, est la première victime de la guerre. Philip Snowden (1916)
Un jeune homme à cheveux longs grimpait le Golgotha. La foule sans tête était à la fête. Pilate a raison de ne pas tirer dans le tas. C’est plus juste en somme d’abattre un seul homme. Ce jeune homme a dit la vérité. Il doit être exécuté. Guy Béart (1968)
L’éthique de la victime innocente remporte un succès si triomphal aujourd’hui dans les cultures qui sont tombées sous l’influence chrétienne que les actes de persécution ne peuvent être justifiés que par cette éthique, et même les chasseurs de sorcières indonésiens y ont aujourd’hui recours. La même force culturelle et spirituelle qui a joué un rôle si décisif dans la disparition du sacrifice humain est aujourd’hui en train de provoquer la disparition des rituels de sacrifice humain qui l’ont jadis remplacé. Tout cela semble être une bonne nouvelle, mais à condition que ceux qui comptaient sur ces ressources rituelles soient en mesure de les remplacer par des ressources religieuses durables d’un autre genre. Priver une société des ressources sacrificielles rudimentaires dont elle dépend sans lui proposer d’alternatives, c’est la plonger dans une crise qui la conduira presque certainement à la violence. Gil Bailie
Les banlieues ont inventé une nouvelle forme de sacrifice : la destruction de l’objet symbolique fondamental de la société de consommation qu’est l’automobile. On se passe les nerfs en détruisant des automobiles. C’est très mauvais. Je ne suis pas du tout partisan de cela, mais on ne s’en prend pas aux personnes. René Girard
Voici quelques semaines, nous connûmes en France, pour la seconde fois, des révoltes sans morts, des violences déchaînées sans victimes humaines. Avons-nous vu, nous, vieillards, témoins des horreurs de la guerre et à qui l’histoire enseigna, contre le message d’Abraham et de Jésus, le bûcher de Jeanne d’Arc ou celui de Giordano Bruno ; avons-nous vu les révoltés en question ne brûler, par mimétisme, que des automobiles ; avons-nous observé la police, postée devant eux, épargner aussi les vies humaines ? Je vois ici une suite immanquable de votre anthropologie, où la violence collective passa, jadis, de l’homme à l’animal et, maintenant, de la bête, absente de nos villes, à des objets techniques. Parmi ces révoltes fument des chevaux-vapeur. Michel Serres
Jésus s’appuie sur la Loi pour en transformer radicalement le sens. La femme adultère doit être lapidée : en cela la Loi d’Israël ne se distingue pas de celle des nations. La lapidation est à la fois une manière de reproduire et de contenir le processus de mise à mort de la victime dans des limites strictes. Rien n’est plus contagieux que la violence et il ne faut pas se tromper de victime. Parce qu’elle redoute les fausses dénonciations, la Loi, pour les rendre plus difficiles, oblige les délateurs, qui doivent être deux au minimum, à jeter eux-mêmes les deux premières pierres. Jésus s’appuie sur ce qu’il y a de plus humain dans la Loi, l’obligation faite aux deux premiers accusateurs de jeter les deux premières pierres ; il s’agit pour lui de transformer le mimétisme ritualisé pour une violence limitée en un mimétisme inverse. Si ceux qui doivent jeter » la première pierre » renoncent à leur geste, alors une réaction mimétique inverse s’enclenche, pour le pardon, pour l’amour. (…) Jésus sauve la femme accusée d’adultère. Mais il est périlleux de priver la violence mimétique de tout exutoire. Jésus sait bien qu’à dénoncer radicalement le mauvais mimétisme, il s’expose à devenir lui-même la cible des violences collectives. Nous voyons effectivement dans les Évangiles converger contre lui les ressentiments de ceux qu’ils privent de leur raison d’être, gardiens du Temple et de la Loi en particulier. » Les chefs des prêtres et les Pharisiens rassemblèrent donc le Sanhédrin et dirent : « Que ferons-nous ? Cet homme multiplie les signes. Si nous le laissons agir, tous croiront en lui ». » Le grand prêtre Caïphe leur révèle alors le mécanisme qui permet d’immoler Jésus et qui est au cœur de toute culture païenne : » Ne comprenez-vous pas ? Il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour tout le peuple plutôt que la nation périsse » (Jean XI, 47-50) (…) Livrée à elle-même, l’humanité ne peut pas sortir de la spirale infernale de la violence mimétique et des mythes qui en camouflent le dénouement sacrificiel. Pour rompre l’unanimité mimétique, il faut postuler une force supérieure à la contagion violente : l’Esprit de Dieu, que Jean appelle aussi le Paraclet, c’est-à-dire l’avocat de la défense des victimes. C’est aussi l’Esprit qui fait révéler aux persécuteurs la loi du meurtre réconciliateur dans toute sa nudité. (…) Ils utilisent une expression qui est l’équivalent de » bouc émissaire » mais qui fait mieux ressortir l’innocence foncière de celui contre qui tous se réconcilient : Jésus est désigné comme » Agneau de Dieu « . Cela veut dire qu’il est la victime émissaire par excellence, celle dont le sacrifice, parce qu’il est identifié comme le meurtre arbitraire d’un innocent — et parce que la victime n’a jamais succombé à aucune rivalité mimétique — rend inutile, comme le dit l’Épître aux Hébreux, tous les sacrifices sanglants, ritualisés ou non, sur lesquels est fondée la cohésion des communautés humaines. La mort et la Résurrection du Christ substituent une communion de paix et d’amour à l’unité fondée sur la contrainte des communautés païennes. L’Eucharistie, commémoration régulière du » sacrifice parfait » remplace la répétition stérile des sacrifices sanglants. René Girard
Le christianisme (…) nous a fait passer de l’archaïsme à la modernité, en nous aidant à canaliser la violence autrement que par la mort.(…) En faisant d’un supplicié son Dieu, le christianisme va dénoncer le caractère inacceptable du sacrifice. Le Christ, fils de Dieu, innocent par essence, n’a-t-il pas dit – avec les prophètes juifs : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice » ? En échange, il a promis le royaume de Dieu qui doit inaugurer l’ère de la réconciliation et la fin de la violence. La Passion inaugure ainsi un ordre inédit qui fonde les droits de l’homme, absolument inaliénables. (…) l’islam (…) ne supporte pas l’idée d’un Dieu crucifié, et donc le sacrifice ultime. Il prône la violence au nom de la guerre sainte et certains de ses fidèles recherchent le martyre en son nom. Archaïque ? Peut-être, mais l’est-il plus que notre société moderne hostile aux rites et de plus en plus soumise à la violence ? Jésus a-t-il échoué ? L’humanité a conservé de nombreux mécanismes sacrificiels. Il lui faut toujours tuer pour fonder, détruire pour créer, ce qui explique pour une part les génocides, les goulags et les holocaustes, le recours à l’arme nucléaire, et aujourd’hui le terrorisme. René Girard
Il me semblait que la définition traditionnelle de la Passion en termes de sacrifice fournissait des arguments supplémentaires à ceux qui voulaient assimiler le christianisme à une religion archaïque , et je l’ai longtemps rejetée. (…) Je voulais seulement dissiper chez les non-chrétiens et, de nos jours, chez les chrétiens eux-mêmes, l’équivoque entretenue par l’ambivalence du terme de ‘sacrifice’. Ce souci reste légitime à mes yeux mais il ne faut pas l’absolutiser. (…) le recours au même mot pour les deux types de sacrifice, si trompeur qu’il soit à un premier niveau, suggère, il me semble, quelque chose d’essentiel, à savoir l’unité paradoxale du religieux d’un bout à l’autre de l’histoire humaine. (…) Plus les extrêmes sont éloignés l’un de l’autre et plus leur union en un même mot, paradoxalement, suggère un au-delà de l’opposition. Le jugement de Salomon suggère cet au-delà. (…) Nous disons très bien nous-mêmes que la seconde femme sacrifie la rivalité à son enfant, alors que la première acceptait de sacrifier l’enfant à sa rivalité. Ce que dit le texte, c’est qu’on ne peut renoncer au sacrifice première manière, qui est sacrifice d’autrui, violence contre l’autre, qu’en assumant le risque du sacrifice deuxième manière, le sacrifice du Christ qui meurt pour ses amis. Le recours au même mot coupe court à l’illusion d’un terrain neutre complètement étranger à la violence. René Girard
L’inauguration majestueuse de l’ère ‘post-chrétienne’ est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en ‘radicalisant’ le souci des victimes dans un sens antichrétien. (…) Jusqu’au nazisme, le judaïsme était la victime préférentielle de ce système de bouc émissaire. Le christianisme ne venait qu’en second lieu. Depuis l’Holocauste , en revanche, on n’ose plus s’en prendre au judaïsme, et le christianisme est promu au rang de bouc émissaire numéro un. (…) Le mouvement antichrétien le plus puissant est celui qui réassume et ‘radicalise’ le souci des victimes pour le paganiser. (…) Comme les Eglises chrétiennes ont pris conscience tardivement de leurs manquements à la charité, de leur connivence avec l’ordre établi, dans le monde d’hier et d’aujourd’hui, elles sont particulièrement vulnérables au chantage permanent auquel le néopaganisme contemporain les soumet. René Girard
Le monde moderne n’est pas mauvais : à certains égards, il est bien trop bon. Il est rempli de vertus féroces et gâchées. Lorsqu’un dispositif religieux est brisé (comme le fut le christianisme pendant la Réforme), ce ne sont pas seulement les vices qui sont libérés. Les vices sont en effet libérés, et ils errent de par le monde en faisant des ravages ; mais les vertus le sont aussi, et elles errent plus férocement encore en faisant des ravages plus terribles. Le monde moderne est saturé des vieilles vertus chrétiennes virant à la folie. G.K. Chesterton
Rappelons que, selon la tradition chinoise, les catastrophes naturelles peuvent annoncer que la dynastie régnante a perdu le « mandat du Ciel » et doit donc laisser la place. Jean-Philippe Béja
The world is in your debt. The people of that city have gone through an extraordinary period and they’re still going through it. Bruce Aylward (WHO)
Governments, citizens, media, key influencers and communities have an important role to play in preventing and stopping stigma surrounding people from China and Asia in general. WHO
Social stigma in the context of health is the negative association between a person or group of people who share certain characteristics and a specific disease. In an outbreak, this may mean people are labelled, stereotyped, discriminated against, treated separately, and/or experience loss of status because of aperceived linkwith a disease. Such treatment can negatively affect those with the disease, as well as their caregivers, family, friends and communities. People who don’t have the disease but share other characteristics with this group may also suffer from stigma. The current COVID-19 outbreak has provoked social stigma and discriminatory behaviours against people of certain ethnic backgrounds as well as anyone perceived to have been in contact with the virus. The level of stigma associated with COVID-19 is based on three main factors: 1) it is a disease that’s new and for which there are still many unknowns; 2) we are often afraid of the unknown; and 3) it is easy to associate that fear with ‘others’. It is understandable that there is confusion, anxiety, and fear among the public. Unfortunately, these factors are also fueling harmful stereotypes. Stigma can undermine social cohesion and prompt possible social isolation of groups, which might contribute to a situation where the virus is more, not less, likely to spread. This can result in more severe health problems and difficulties controlling a disease outbreak. WHO
When we give talks we’re careful to call it 1918 influenza – there’s no way its origin was Spain. There’s a joke that when an epidemic is said to emerge first in a place, it almost certainly didn’t. Except Wuhan might actually be right. Prof Julia Gog (Cambridge)
When did patient zero begin in US? How many people are infected? What are the names of the hospitals? It might be US army who brought the epidemic to Wuhan. Be transparent! Make public your data! US owe us an explanation! Zhao Lijian (Chinese foreign ministry spokesman)
It is highly irresponsible for some media to dub it « China virus ». We firmly oppose that. I want to stress two points. First, no conclusion has been reached yet on the origin of the virus, as relevant tracing work is still underway. The WHO has said many times that what we are experiencing now is a global phenomenon with its source still undetermined, and we should focus on containing it and avoid stigmatizing language toward certain places. The name COVID-19 was chosen by the WHO for the purpose of making no connections between the virus and certain places or countries. Dr. Zhong Nanshan, respiratory specialist and member of the Chinese Academy of Engineering, said that the epidemic was first reported in China but was not necessarily originated in China. Second, we should all say no to « information virus » and « political virus ». By calling it « China virus » and thus suggesting its origin without any supporting facts or evidence, some media clearly want China to take the blame and their ulterior motives are laid bare. The epidemic is a global challenge. The right move should be working together to fight it, which means no place for rumors and prejudice. We need science, reason and cooperation to drive out ignorance and bias. Zhao Lijian (Chinese Foreign Ministry Spokesperson, March 4, 2020)
As China spares no efforts and makes huge sacrifices to fight the novel coronavirus (COVID-19) outbreak, some U.S. individuals and media outlets have alleged the virus « originated in China » and demanded an apology from the country. This kind of absurd argument smears the Chinese people and runs counter to the urgent need of international collaboration in the face of the epidemic. Such an argument, like a « political virus, » is even more dangerous than COVID-19. It reveals nothing but prejudice, arrogance and ignorance. The epidemic was first reported in China but that does not mean it necessarily originated in China, specialists have explained. The World Health Organization (WHO) has said many times that COVID-19 is a global phenomenon with its source still undetermined. The name COVID-19 was chosen by the WHO for the purpose of making no connections between the virus and certain places or countries. Moreover, no matter where the origin is, China and other countries hit by the epidemic are all victims of the virus and are faced with a serious battle against the outbreak. What is the point of blaming the victim and arguing that someone should apologize for it? However, there are people who ignore the facts, put political interests above public interests and science, spread rumors and incite ideological prejudices, even racial discrimination and xenophobia. What are they up to? Viruses know no borders. To protect the health and safety of the people across the world, the Chinese people have made huge sacrifices and major contributions. Since the outbreak, China has been fighting at the forefront against the epidemic. The country has taken the utmost effort to contain the epidemic and shared information and experience with the rest of the world. As WHO Director-General Tedros Adhanom Ghebreyesus said, China’s containment of the outbreak has bought time for the rest of the world. Bruce Aylward, an epidemiologist who recently headed the WHO-China Joint Mission on COVID-19, spelled out the impact of aggressive containment measures adopted by the Chinese government. He told reporters following his visit to Wuhan, the epicenter of the outbreak and an 11-million-metropolis that has been under lockdown for more than a month, that it is important to recognize the people of Wuhan. « The world is in your debt. » COVID-19 is a virus of humanity, not of any certain country. WHO has published data that over 17,000 cases have been confirmed in 88 countries and regions outside China by Friday, calling for early and aggressive measures to break the chain of transmission worldwide. As the saying goes, a small leak will sink a great ship. What we need in the face of the epidemic is not stigmatizing a country or attacking a country, but science, rationality and solidarity. These are the most powerful weapons against our common enemy. If there is anyone who owes the world an apology, it must be those who spread « political virus » that smears China. Xinhua
Despite the fact that the WHO has officially named this novel type of coronavirus, (a) certain American politician, disrespecting science and the WHO decision, jumped at the first chance to stigmatize China and Wuhan with it. We condemn this despicable practice. Geng Shuang
Given China’s relatively limited medical resources – its per capita number of intensive care beds and ventilators is far too small – Beijing can’t afford to fight a prolonged battle with the coronavirus. The county can only concentrate its fight on one front, and thus is transporting all the medical equipment it can there, and sending all the medical personnel it can as well. China can only mobilize its national medical resources to tackle the virus head-on in Wuhan. If this battle fails, the fate of the country is at stake. People in Wuhan and Hubei had no choice but to sacrifice themselves. This is the luck of the Chinese people and the misfortune of the people of Wuhan and Hubei. People blessed with luck need to be grateful. Wang Shuo
No less authority than the Chinese Communist Party said it came from Wuhan. So don’t take Mike Pompeo’s word for it. We have pretty high confidence that we know where this began. Mike Pompeo
We might be heading into first global recession caused by CCP mismanagement. Previous manmade disasters in China since 1949 never really spread outside the PRC’s borders in meaningful ways. This time looks to be different, and being the proximate cause of a global recession may not be helpful to the PRC’s global image and aspirations. And that is likely one of the reasons the propaganda apparatus and PRC officials are pushing so hard the idea that virus may not have originated in China. Now is not the time for apportioning blame, and the PRC government does deserve credit for its brutal, herculean and effective efforts to arrest the outbreak inside China, once it got past the initial coverup and missteps that allowed the epidemic to explode into something that threatens people everywhere. Bill Bishop
I think the consensus is still clearly that the virus did originate in China. This would appear to be a nationalist narrative aimed at countering criticism of the Chinese government for not better managing the outbreak in its early stages. Jane Duckett (University of Glasgow)
This is a propaganda effort aimed at the domestic audience. Among the Chinese public, there is a general awareness that delays in notifying the public led to many more infections in Wuhan. This campaign is aimed at distracting the public from the party’s delayed response. Victor Shih (UC, San Diego)
Tout ça, ce n’est pas de ma faute, c’est la faute de ceux d’en haut qui ne m’avaient pas donné le feu vert. Zhou Xianwang (maire de Wuhan)
Le point de départ de cette pandémie, c’est un marché ouvert de Wuhan dans lequel s’accumulent des animaux sauvages, serpents, chauves-souris, pangolins, conservés dans des caisses en osier. En Chine, ces animaux sont achetés pour la fête du Rat. Ils coûtent assez cher et ce sont des aliments de choix. Sur ce marché, ils sont touchés par les vendeurs, dépecés, alors qu’ils sont maculés d’urine et que les tiques et les moustiques font une sorte de nuage autour de ces pauvres animaux, par milliers. Ces conditions ont fait que quelques animaux infectés ont forcément infecté d’autres animaux en quelques jours. On peut faire l’hypothèse qu’un vendeur s’est blessé ou a touché des urines contaminantes avant de porter la main à son visage. Et c’est parti ! Ce qui me frappe toujours, c’est l’indifférence au point de départ. Comme si la société ne s’intéressait qu’au point d’arrivée : le vaccin, les traitements, la réanimation. Mais pour que cela ne recommence pas, il faudrait considérer que le point de départ est vital. Or c’est impressionnant de voir à quel point on le néglige. L’indifférence aux marchés d’animaux sauvages dans le monde est dramatique. On dit que ces marchés rapportent autant d’argent que le marché de la drogue. Au Mexique, il y a un tel trafic que les douaniers retrouvent même des pangolins dans des valises… (…) Les animaux sont (…) à l’origine de la plupart des crises épidémiques depuis toujours : le VIH, les grippes aviaires type H5N1, Ebola. Ces maladies virales viennent toujours d’un réservoir de virus animal. Et on ne s’y intéresse pratiquement pas. C’est la même chose pour la dengue. (…) C’est exactement comme le travail qui reste à faire sur les chauves-souris. Elles sont elles-mêmes porteuses d’une trentaine de coronavirus ! Il faut que l’on mène des travaux sur ces animaux. Evidemment, ce n’est pas très facile : aller dans des grottes, bien protégé, prendre des vipères, des pangolins, des fourmis, regarder les virus qu’ils hébergent, ce sont des travaux ingrats et souvent méprisés par les laboratoires. Les chercheurs disent : ‘Nous préférons travailler dans le laboratoire de biologie moléculaire avec nos cagoules de cosmonautes. Aller dans la jungle, ramener des moustiques, c’est dangereux.’ Pourtant, ce sont de très loin les pistes essentielles. Par ailleurs, on sait que ces épidémies vont recommencer dans les années à venir de façon répétée si on n’interdit pas définitivement le trafic d’animaux sauvages. Cela devrait être criminalisé comme une vente de cocaïne à l’air libre. Il faudrait punir ce crime de prison. Je pense aussi à ces élevages de poulet ou de porc en batterie que l’on trouve en Chine. Ils donnent chaque année de nouvelles crises grippales à partir de virus d’origine aviaire. Rassembler comme cela des animaux, ce n’est pas sérieux. C’est comme si l’art vétérinaire et l’art médical humain n’avaient aucun rapport. L’origine de l’épidémie devrait être l’objet d’une mobilisation internationale majeure. Il faut essayer de reconstituer le parcours épidémiologique qui fait que la chauve-souris tolère des coronavirus depuis des millions d’années, mais aussi qu’elle les disperse. Elle contamine ainsi d’autres animaux. Lorsque les chauves-souris sont accrochées dans les grottes et meurent, elles tombent par terre. Alors les serpents, les vipères en particulier, qui raffolent de leurs cadavres, les mangent. Tout comme les petits chauves-souriceaux enfants qui tombent et sont dévorés immédiatement par ces serpents qui sont donc probablement des hôtes intermédiaires des virus. En plus, il y a dans ces grottes des nuages de moustiques et de tiques et il faudrait essayer de voir quels sont les insectes qui sont aussi éventuellement transmetteurs du virus. Une autre hypothèse porte sur la transmission qui se produit quand les chauves-souris sortent la nuit manger des fruits, en particulier dans les bégoniacées. Elles ont un réflexe quasiment automatique, dès qu’elles déglutissent, elles urinent. Elles vont donc contaminer les fruits de ces arbres et les civettes, qui adorent les mêmes fruits, se contaminent en les mangeant. Les fourmis participent aux agapes et les pangolins – pour lesquels la nourriture la plus merveilleuse est constituée de fourmis – dévorent les fourmis et s’infectent à leur tour. C’est toute cette chaîne de contamination qu’il faut explorer. Les réservoirs de virus les plus dangereux sont probablement les serpents, car ce sont eux qui se nourrissent perpétuellement des chauves-souris, elles-mêmes porteuses des coronavirus. Il se pourrait donc que les serpents hébergent ces virus en permanence. Mais c’est justement cela qu’il faut savoir et vérifier. Il faudrait donc que des chercheurs capturent des chauves-souris, mais aussi qu’ils fassent le même travail sur les fourmis, les civettes, les pangolins et essayent de comprendre leur tolérance au virus. C’est un peu ingrat, mais essentiel. (…) Ce qui m’a frappé au Laos, où je vais souvent, c’est que la forêt primaire est en train de régresser parce que les Chinois y construisent des gares et des trains. Ces trains, qui traversent la jungle sans aucune précaution sanitaire, peuvent devenir le vecteur de maladies parasitaires ou virales et les transporter à travers la Chine, le Laos, la Thaïlande, la Malaisie et même Singapour. La route de la soie, que les chinois sont en train d’achever, deviendra peut-être aussi la route de propagation de graves maladies. Sur place, les grottes sont de plus en plus accessibles. Les humains ont donc tendance à s’approcher des lieux d’habitation des chauves-souris, qui sont de surcroît des aliments très recherchés. Les hommes construisent aussi désormais des parcs d’arbres à fruit tout près de ces grottes parce qu’il n’y a plus d’arbres en raison de la déforestation. Les habitants ont l’impression qu’ils peuvent gagner des territoires, comme en Amazonie. Et ils construisent donc des zones agricoles toutes proches de zones de réservoir de virus extrêmement dangereuses. (…) Le réseau des Instituts Pasteurs – qui existent dans plusieurs pays – est une structure que le monde nous envie. Mais des instituts comme celui du Laos ont besoin d’être aidé beaucoup plus qu’il ne l’est actuellement. Ces laboratoires ont du mal à boucler leur budget et ils ont aussi de la peine à recruter des chercheurs. La plupart d’entre eux préfèrent être dans leur laboratoire à l’Institut Pasteur à Paris ou dans un laboratoire Sanofi ou chez Merieux, mais se transformer en explorateur dans la jungle, il n’y a pas beaucoup de gens qui font cela. Or c’est ce que faisait Louis Pasteur, il allait voir les paysans dans les vignes, il allait voir les bergers et leurs moutons. Il sortait de son laboratoire. Tout comme Alexandre Yersin qui était sur le terrain, au Vietnam, quand il a découvert le bacille de la peste. (…) Parce que ce qui fascine les candidats au Prix Nobel, c’est de trouver un traitement ou un nouveau virus en biologie moléculaire et pas de reconstituer les chaînes épidémiologiques. Or les grandes découvertes infectieuses sont nées ainsi : l’agent du paludisme, le Plasmodium, a été découvert par un Français, Alphonse Laveran sur le terrain, en Tunisie. Et ce sont des recherches qui sont fondamentales et qui sont faites à une échelle qu’on a un peu oubliée. Comme si la vision micro avait fini par faire disparaître l’importance du macro. (…) La peste reste un exemple passionnant. Le réservoir de la peste, ce sont les rats. Il y a des populations de rats qui sont très résistantes et qui transmettent le bacille de la peste, mais s’en fichent complètement. Et puis, il y a des populations de rats très sensibles. Il suffit qu’un jour, quelques individus de la population de rats sensible rencontrent la population de rats qui est résistante pour qu’ils se contaminent. Les rats sensibles meurent. A ce moment là, les puces qui se nourrissent du sang des rats, désespérées de ne plus avoir de rats vivants, vont se mettre à piquer les hommes. Reconstituer ce tout début de la chaîne de transmission permet d’agir. Dans les endroits où la peste sévit encore, en Californie, à Madagascar, en Iran ou en Chine, lorsque l’on constate que quelques rats se mettent à mourir, c’est exactement le moment où il faut intervenir : c’est extrêmement dangereux car c’est le moment où les puces vont se mettre à vouloir piquer les humains. Dans les régions pesteuses, lorsque l’on voit des centaines de rats morts, c’est une véritable bombe. Heureusement, la peste est une maladie du passé. Il doit y avoir encore 4 000 ou 5 000 cas de peste dans le monde. Ce n’est pas considérable et puis les antibiotiques sont efficaces. Mais c’est un exemple, pour montrer que l’origine animale est fondamentale et toujours difficile à appréhender. Elle est néanmoins essentielle pour la compréhension et permet de mettre en place des politiques de prévention. Aujourd’hui, si l’on continue à vendre des animaux sauvages sur un marché, on est dans une situation délirante. Il faut appliquer le principe de précaution. (…) en Chine, notamment, cette convention internationale n’est pas respectée. Il faudrait créer une sorte de tribunal sanitaire international. On voit bien que si on demande à chaque pays de s’organiser nationalement, rien ne changera. La Chine a fait pression au début sur l’OMS pour qu’on ne dise pas qu’il s’agissait d’une pandémie. Elle a tenté de bloquer les choses, car elle contribue fortement au financement de l’OMS. Il serait donc important que ce soit un tribunal sanitaire totalement indépendant, comme un tribunal international pour les crimes de guerre, avec des inspecteurs indépendants qui vérifient ce qui se passe sur le terrain. Au Laos, dans la campagne, il y a beaucoup de marchés où les animaux sauvages sont vendus comme des poulets ou des lapins. Dans l’indifférence générale, car c’est la culture locale. Or la culture est la chose la plus difficile à faire évoluer dans un pays. Didier Sicard
Nous, les Cantonais, nous sommes convaincus depuis toujours que la viande de serpent guérit les maladies. En plus de cela, elle est nutritive et protège du rhume”. M. Qiu
L’appétit toujours plus grand des Cantonais pour les plats à base d’espèces rares pourrait bien entraîner l’éradication des pangolins, des serpents sauvages et autres salamandres géantes. (…) De nombreux Cantonais n’aiment rien tant que de prendre un bol de soupe au serpent bien chaude au petit déjeuner pour lutter contre le froid. (…) Le marché de la viande d’animaux sauvages est en plein essor. Ainsi, les restaurants font de bonnes affaires, même s’ils flirtent avec l’illégalité. Des espèces protégées comme les varans ou les pangolins sont chassées et vendues illégalement, puis finissent dans les assiettes des clients. La réputation qu’ont les Cantonais de manger des animaux sauvages n’est pas usurpée : cette tradition ancrée fait partie de la culture du Lingnan (la zone comprenant Canton et les provinces avoisinantes). Un salarié du bureau chinois de la Wildlife Conservation Society (WCS) affirme que les Cantonais “mangent absolument de tout” – les mets les plus recherchés étant des espèces en voie de disparition. Parmi les espèces les plus consommées à Canton, on trouve le varan, la salamandre géante de Chine, des serpents sauvages, des hiboux et le bruant auréole. Une fois préparé, un hibou entier peut valoir environ 1 800 yuans [221 euros]. Les pangolins se vendent à 500 yuans [61 euros] le jin [env. 500 grammes], les varans à environ 100 yuans [12 euros]. (…) Préparer ces mets délicats est une activité des plus sanguinaires. Un cuisinier d’un restaurant de Shenzhen (province de Canton), nous explique comment on tue et on prépare le pangolin : d’abord, on l’assomme d’un coup de marteau sur la tête, puis on le suspend au bout d’une corde, et on l’égorge à l’aide d’un couteau pour le saigner. Ensuite, on le plonge dans l’eau bouillante pour enlever les écailles – comme on plume un poulet. Puis, il faut le passer à feu doux pour enlever les poils fins. Enfin, on le vide, on le lave et on le cuit. La viande peut ensuite être braisée, cuite à la vapeur dans une soupe claire ou cuite en ragoût. “La plupart des habitués ne paient pas eux-mêmes la note, explique un patron de restaurant. Les hommes d’affaires qui doivent leur demander une faveur invitent lesdits habitués à dîner, soit pour étaler leur cash, soit pour régaler un fonctionnaire”. Et ce sont ces mêmes fonctionnaires qui protègent les restaurants où l’on vend de la viande illégale. La passion des Chinois pour la consommation d’animaux sauvages est liée aux propriétés médicinales qu’ils prêtent à ces aliments. D’anciens écrits médicaux attribuent de telles vertus à presque toutes les plantes et animaux – et même aux organes d’animaux, à leurs excréments, leurs humeurs, leur peau ou leurs plumes. La médecine chinoise considère que l’art médical et la nourriture puisent aux mêmes sources. Ces conceptions sont encore extrêmement répandues, et même les illettrés peuvent citer un certain nombre de “prescriptions” pour diverses affections : des alcools faits à partir de pénis de tigre ou de testicules de bélier pour la virilité, ou encore des os de tigre pour un squelette solide et des muscles vigoureux. Et il est généralement admis qu’on préserve mieux sa santé par son régime que par la médecine. Mais ces idées sont poussées de plus en plus loin. Presque toutes les plantes et les animaux rares ou inhabituels se voient maintenant conférer des propriétés médicinales ou nutritionnelles extraordinaires. (…) Feng Yongfeng, journaliste spécialisé dans l’environnement au Quotidien de Guangming, fait valoir que la plupart des bienfaits de ces aliments sont psychologiques. Il n’en reste pas moins que ces idées d’un autre âge entraînent encore l’abattage d’animaux sauvages. M. Luo, un habitant de Guangzhou avec qui nous nous sommes entretenus, reconnaît qu’il mange de la viande de ces animaux, mais qu’il aurait dû mal à changer ses habitudes du jour au lendemain. Par ailleurs, il estime que les autorités devraient davantage communiquer sur l’interdiction de consommer des espèces protégées. “Les pouvoirs publics et les médias ont incité les gens à ne pas manger d’aileron de requin, de pénis de tigre et de patte d’ours, alors je n’en mange pas”, concède-t-il. Mais il ajoute qu’il a mangé du pangolin pendant dix ans avant d’apprendre qu’il s’agissait d’une espèce protégée. A l’en croire, il faudrait dire clairement aux citoyens ce qu’ils peuvent et ce qu’ils ne peuvent pas manger.
La récente plainte déposée par Huawei France contre Valérie Niquet, chercheuse à la FRS et experte reconnue du monde asiatique, vient opportunément souligner la sensibilité du sujet et le caractère devenu épidermique de la question abordée par Antoine Izambard, journaliste au magazine économique Challenges. La Chine mène une politique expansionniste directement sous le contrôle de Xi Jinping et du Parti communiste chinois visant à établir un leadership mondial incontesté, et la France constitue une cible de choix de par sa puissance économique, industrielle et scientifique, même si celle-ci est en relatif déclin. Et ce n’est pas la reconnaissance historique de la RPC par le général de Gaulle en 1964 qui préserve encore notre pays des ambitions de Pékin et de l’emploi de méthodes plutôt discutables pour piller nos pépites technologiques. D’où l’intérêt de ce livre plutôt corrosif et remettant en cause certaines pratiques où l’aveuglement français laisse sans voix. S’appuyant sur des exemples et des faits très concrets, le constat est sévère en dévoilant de véritables failles sécuritaires. Les enjeux sont importants, car Pékin dispose d’une arme quasi absolue : sa puissance financière sans limites, lui permettant de financer toutes ses acquisitions et pouvant acheter une clientèle aveugle sur leurs compromissions potentielles. Antoine Izambard propose ainsi plusieurs approches illustrant ce rouleau compresseur chinois utilisant toutes les ressources du soft power, dont l’espionnage à outrance, notamment via l’envoi d’étudiants « bien sous tout rapport », mais qui permettent à Pékin de siphonner notre technologie. Le cas de Toulouse et de ses universités scientifiques en est une illustration. Pékin s’appuie aussi sur un réseau d’influenceurs, mêlant politiques, diplomates et hommes d’affaires souhaitant favoriser les échanges entre les deux pays, mais souvent à la naïveté confondante face à la prédation quasi systémique pilotée par la Chine. Le mirage du grand marché chinois a tant fasciné que les principes de précaution face à une future concurrence n’ont pas été respectés. Ainsi, nos laboratoires de recherche et nos universités accueillent pléthore d’étudiants et étudiantes dont certains sont très avides d’informations et pillent sans vergogne les travaux effectués. Curieusement, les universités à dominante SHS (sciences humaines et sociales) sont peu concernées, le risque étant pour le Parti communiste chinois d’avoir alors de futurs contestataires potentiels. Et si le rachat de grands crus bordelais peut contribuer à rééquilibrer notre balance commerciale, d’autres pratiques sont plus douteuses comme l’a démontré le fiasco autour de l’aéroport de Toulouse dont les propriétaires chinois ont pratiqué une gouvernance pour le moins baroque. Parmi les autres points soulevés par l’auteur, il y a l’intérêt suspect pour la Bretagne avec une présence importante dans les universités dont particulièrement l’UBO (université de Bretagne occidentale), mais aussi la présence d’un institut Confucius à Brest sur les 14 présents en France, deuxième port militaire de France avec notamment la Force océanique stratégique (Fost) basée dans la rade à l’île Longue. Cette coïncidence n’est pas due au hasard et soulève bien des interrogations. Il y a également le rachat du groupe Demos faisant de la formation professionnelle continue et qui possède entre autres la Revue d’études préparant les militaires à différents concours, avec environ 2 000 élèves par an, et dont le fichier pourrait être intéressant à exploiter. Faut-il pour autant cesser toute activité avec Pékin ? Ce serait impossible et inutile tant l’interdépendance est désormais irréversible. Par contre, il est urgent de faire preuve de plus de réalisme et d’exercer un contrôle accru sur les investissements chinois. Cela signifie également une réponse européenne plus solide et consciente des enjeux de souveraineté actuellement remis en cause par Pékin. En effet, les efforts chinois sont tous azimuts et visent également les instances internationales avec un succès certain favorisé par la candeur de nombreux États devenus « clients ». Ainsi, les Chinois sont à la tête de l’Organisation de l’aviation civile internationale (2015), de l’Union internationale des télécommunications (2018) et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (2019), pouvant d’ores et déjà influer sur les normes de régulation internationales de demain dans des domaines clés. Cette mainmise sur ces organisations doit désormais inquiéter. (…) La lucidité est indispensable alors que la naïveté de certains dirigeants politiques et économiques est une faute, et fragilise notre indépendance et notre souveraineté. Jérôme Pellistrandi
Décidément la Chine est placée sous le signe des catastrophes sanitaires à répétition. En 2003, ce fut l’épidémie du SRAS [syndrome respiratoire aigu sévère] qui se répandit à travers le monde et fit plus de huit cents morts. Durant l’année du cochon, qui vient de se terminer ce 24 janvier, ce sont plus de trois cents millions de porcs qui ont dû être abattus dans le pays, et maintenant que l’année du rat débute, on se demande si ce n’est pas la mauvaise habitude des gourmets chinois de rechercher des aliments « exotiques » comme le rat des bambous ou la chauve-souris qui ont provoqué l’irruption d’un nouveau virus mortel à Wuhan. Déjà en 2003, l’épidémie du SRAS avait été provoquée dans la province du Guangdong par la consommation de civettes qui avaient été infectées par les chauves-souris qui pullulent dans la province voisine du Yunnan. Quelles que soient les causes de l’épidémie, ce qui frappe le plus les observateurs, c’est la façon dont les autorités chinoises ne parviennent pas à se défaire d’un vieux réflexe bureaucratique issu de la tradition communiste : cacher les problèmes aussi longtemps que possible, afin d’éviter de porter la responsabilité du drame. La catastrophe de Tchernobyl est évoquée sur les réseaux chinois par les internautes qui discutent fiévreusement de l’évolution de ce qui ressemble de plus en plus à une pandémie. Si le gouvernement avait pris les mesures requises à temps, en serions-nous là aujourd’hui, se demandent-ils. L’épidémie du SRAS avait commencé à la fin de l’année 2002, mais il a fallu attendre que des victimes soient reconnues à Hongkong avant que Pékin ne décide de prendre des mesures à l’échelle nationale en février 2003. Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, la liberté d’expression a été mise à rude épreuve. Aujourd’hui le seul média qui s’autorise encore à communiquer quelques informations est le journal en ligne Caixin. D’après ce média, le premier cas avéré de malade atteint par le coronavirus a été découvert à Wuhan le 8 décembre 2019. Les autorités locales ont choisi de ne pas transmettre l’information à la direction du Parti. A la fin du mois de décembre 2019, les autorités centrales commencent à s’inquiéter. Une information interne circule à Pékin, et des fuites parviennent à informer quelques Chinois actifs sur les réseaux. Le pot aux roses est dévoilé et c’est le 31 décembre seulement que les autorités de Wuhan envoient le virus pour le faire analyser à Pékin. Le 2 janvier, le virus est identifié et les annonces commencent : il y a bien une épidémie à Wuhan, mais « tout est sous contrôle ». Réaction locale ? Huit internautes sont accusés de « transmettre des rumeurs » et sont arrêtés à Wuhan. Aujourd’hui, l’exaspération de la population chinoise est à son comble. La décision de fermer la ville de Wuhan, ainsi qu’une dizaine de villes avoisinantes, c’est-à-dire à isoler près de soixante millions de Chinois passe d’autant plus mal qu’elle a été prise du jour au lendemain, et sans avertir au préalable la population. Et ceci dans les pires conditions, puisque le réveillon du Nouvel an était le 24 janvier et c’est le moment de l’année où plusieurs centaines de millions de migrants retournent dans leur village, et où de nombreux habitants de Wuhan sont en vacances. Les voyageurs dont la plaque d’immatriculation montrait qu’ils venaient de Wuhan ont été aussitôt interdits de séjour partout où ils passaient : ni les hôtels, ni les restaurants n’acceptaient de les laisser entrer dans leur établissement ! (…) Le problème fondamental en Chine aujourd’hui, c’est que plus personne ne croit en la parole officielle. Il existe du coup un nouveau type d’information privée créée par des intellectuels émigrés : des émissions sur YouTube commentent l’actualité chinoise avec un professionnalisme qui convainc le public chinois. Décryptant les reportages et l’actualité en Chine, ils parviennent à en donner une lecture objective. Désormais les seules informations non censurées viennent des réseaux sociaux. Avec des faits mais aussi des rumeurs même si colportées de bonne foi. Le nombre des contaminations n’en parait pas moins déjà beaucoup plus important que celui reconnu par les autorités. Le directeur de la faculté de médecine de Hongkong University assure que les malades se comptent par dizaine de milliers et non par milliers. Sans être démenti. Il a fallu attendre le 24 janvier pour que le gouvernement chinois se réunisse en urgence. Un groupe de commandement national a été créé pour gérer la crise, et le premier ministre Li Keqiang en a pris la direction. Il ne s’est rendu à Wuhan que le 27 janvier. Quelques jours plus tôt, le 20 janvier, le maire de Wuhan, qui n’a pourtant pas l’habitude de s’exprimer devant les médias, a accepté une interview de la chaîne officielle, CCTV 13, où il explique maladroitement pourquoi il n’a pas pu s’exprimer plus tôt. Traduction : « Tout ça, ce n’est pas de ma faute, c’est la faute de ceux d’en haut qui ne m’avaient pas donné le feu vert ». Comme l’écrivit en 2003 Liu Xiaobo [Prix Nobel de la paix 2010 mort en prison en juillet 2017] : « Les services de la santé du Parti communiste chinois ont caché des nouvelles déterminantes. Ce que ce genre de censure provoque, ce n’est pas seulement la mort de la presse, mais c’est aussi la vie des citoyens qui est mise en danger. » Cette déclaration n’a rien perdu de son actualité.
La fête des morts en Chine, c’est le 5 avril. Il faut que les gens soient enterrés, qu’ils puissent pleurer leurs morts. Les autorités avaient décidé que, pendant le pic de l’épidémie, il n’était pas question de remettre les urnes des morts aux familles parce que tout cela était en pleine épidémie. Les gens ne pouvaient pas venir chercher les urnes, donc elles ont été empilées et ils n’ont commencé à les distribuer que là, il y a quelques jours. Marie Holzman
I wondered if [the municipal health authority] got it wrong. I had never expected this kind of thing to happen in Wuhan, in central China. If coronaviruses were the culprit, could they have come from our lab? (…) The Wuhan outbreak is a wake-up call.” (…) What we have uncovered is just the tip of an iceberg. Bat-borne coronaviruses will cause more outbreaks. We must find them before they find us. Dr. Shi Zhengli
A Chinese doctor who exposed the cover-up of China’s SARS outbreak in 2003 has been barred from traveling to the United States to collect a human rights award, a friend of the doctor and a human rights group said this week. The doctor, Jiang Yanyong, a retired surgeon in the People’s Liberation Army, was awarded the Heinz R. Pagels Human Rights of Scientists Award by the New York Academy of Sciences. (…) Dr. Jiang rose to international prominence in 2003, when he disclosed in a letter circulated to international news organizations that at least 100 people were being treated in Beijing hospitals for severe acute respiratory syndrome, or SARS. At the time, the Chinese medical authorities were asserting that the entire nation had only a handful of cases of the disease. The revelation prompted China’s top leaders to acknowledge that they had provided false information about the epidemic. The health minister and the mayor of Beijing were removed from their posts. SARS eventually killed more than 800 people worldwide, and the government came under international scrutiny for failing to provide timely information that medical experts said might have saved lives. Dr. Jiang was initially hailed as a hero in Chinese and foreign news media. He used his new prestige in 2004 to press China’s ruling Politburo Standing Committee to admit that the leadership had made a mistake in ordering the military to shoot unarmed civilians on June 3 and 4, 1989, when troops were deployed to suppress democracy protests that began in Tiananmen Square in Beijing. Dr. Jiang, who treated Beijing residents wounded in the 1989 assault, contended that the official line that the crackdown was necessary to put down a rebellion was false. His statement antagonized party leaders, who consider the crackdown a matter of enormous political sensitivity. Jiang Zemin, then the leader of the military, ordered the detention of Dr. Jiang, who spent several months in custody, people involved in his defense say. Dr. Jiang was eventually allowed to return to his home but remained under constant watch. He has not been allowed to accept press requests for interviews or to visit family members who live in the United States, friends and human rights groups say. NYT (2007)
The Chinese government locked down Wuhan on Jan. 23, halting all public transportation going in and out of the city. The following day an order was issued suspending group travel within China. But in a blunder that would have far reaching consequences, China did not issue an order suspending group travel to foreign countries until three days later, on Jan. 27. In retrospect, it was a painful mistake. This is what happened in those critical three days: The weeklong Lunar New Year string of holidays began on Jan. 24, with the outbound traffic peak lasting through Jan. 27. The Chinese government let the massive exodus of group travelers continue despite the public health crisis. No explanation has been given. Furthermore, while suspending group travel, China did nothing to limit individuals traveling overseas. Groups account for less than half of all Chinese tourists heading abroad. Chinese travelers journeyed to Japan, South Korea, Italy, Spain, France, the U.K., Australia, North America and South America, one planeload after another. This was happening while many restaurants in China were unable to open for business due to the outbreak. It is said that once abroad, many Chinese prolonged their vacations as much as possible to avoid having to return home. The number of infections gradually increased at popular winter destinations, such as Japan’s Hokkaido. In other destinations like Thailand, cases have surged in recent days. A considerable number of Chinese individual travelers were staying put in the Hokkaido capital of Sapporo in mid-February, even after the annual Snow Festival ended. (…) And as the doctor predicted, infections spread to many people, and across the world. Now we are seeing the « second wave » that the team talked about. After the first wave hit China, the outbreak went on a second wave across the world, especially in Europe. The number of deaths from the coronavirus in Italy, home to many Chinese residents, has topped 2,100. The delay in the Chinese government’s ban on group travel to foreign countries may have helped to double or possibly triple the number of people infected. In the days before Wuhan was locked down on Jan. 23, as many as 5 million of its 11 million citizens had already left the city, as the mayor and others have testified.
Nous ne savons pas quel sera le niveau de décès supplémentaires dans l’épidémie, à savoir, à la fin de l’année, quelle proportion de personnes décédées du coronavirus seraient décédées [de toute façon] ? Cela pourrait représenter jusqu’à la moitié ou les deux tiers des décès que nous voyons, car ce sont des personnes en fin de vie ou ayant des conditions sous-jacentes, donc ce sont des considérations à avoir. Les décès sont probablement peu susceptibles de dépasser 20 000 avec les stratégies de distanciation sociale, mais cela pourrait être considérablement inférieur à cela et c’est là qu’une analyse en temps réel sera nécessaire. Professeur Neil Ferguson
The situation is tough for young people. They were hit hard by the Great Recession, and their labour market situation has improved only little since. This is a problem we must address now urgently. Kicking it down the road will hurt our children and society as a whole. Current working-age, middle-class groups are increasingly concerned with their and their children’s job prospects. An increasing number of people think children in their country will be worse off financially than their parents. Angel Gurría (OECD)
We’ve never had, since the dawn of capitalism really, this situation of a population that is ageing so much and in some countries also shrinking, and we just don’t know whether we can continue growing the economy in the same way we once have. Prof Diane Coyle
La Génération Y (composée de ceux qui sont nés entre 1980 et 1995) est la grande oubliée des trente dernières années de croissance dans les pays développés. Les journalistes britanniques se sont penchés sur la vaste base de données du Luxembourg Income Study, et en ont tirés plusieurs enseignements très intéressants sur les niveaux de richesse des différentes générations dans huit pays développés (la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l’Allemagne, le Canada, l’Australie, l’Italie et l’Espagne). Dans tous ces pays, exceptés l’Australie, le revenu disponible (c’est à dire celui qui reste après avoir payé ses impôts) des vingtenaires a progressé beaucoup plus lentement que celui des Baby-boomers et retraités. Pire, dans certains pays comme la France et les Etats-Unis, le revenu disponible de la Génération Y est inférieur de 20% à la moyenne nationale. Alors qu’en 1978, les jeunes de cet âge avaient plutôt tendance à être plus riches que la moyenne ! La situation est complètement inédite et explique le sentiment croissant de déclassement ressentis par certains jeunes comme l’exprime Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, au Guardian : “Un nombre croissant de gens pensent que dans leur pays les enfants gagneront moins bien leur vie que leurs parents”. Pour expliquer cette progression déséquilibrée du revenu disponible, le quotidien britannique avance plusieurs causes : la crise économique et le chômage bien sûr qui empêchent les jeunes d’accéder à un poste stable et rémunérateur, mais aussi le poids croissant de la dette, surtout pour les diplômés aux Etats-Unis, et la hausse des prix de l’immobilier. Les conséquences de ces inégalités entre générations pourraient se révéler dramatiques. D’abord parce qu’elles menacent la cohésion sociale mais aussi parce qu’elles aggravent les inégalités entre classes sociales, les jeunes étant de plus en plus dépendants de l’aide de leurs parents à un moment clé de leur vie, celui du passage à l’âge adulte. Enfin, la faiblesse des revenus des jeunes adultes peut les contraindre à rester plus longtemps chez leurs parents, les empêchant ainsi de fonder leur propre famille. En Espagne par exemple, 8 jeunes sur 10 vivent encore chez leurs parents à trente ans. Cela risque d’avoir un impact négatif plus large sur la natalité dans les pays développés déjà confrontés à une population vieillissante. Les Echos
I turn 70 next week. (…) So I’m automatically in the high risk pool. (…) I’m living smart. Listening to the president, the CDC guidelines like all people should. But I’m not living in fear of covid19. What I’m living in fear of is what’s happening to this country. And you know no one reached out to me and said: as a senior citizen, are you willing to take a chance for your survival in exchange for keeping the America that all America loves for your children and grandchildren? And if that’s the exchange, I’m all in. And that doesn’t make me nobler or braver or anything like that. I just think there are lots of grandparents out there in this country like me — I have 6 grandchildren — that, what we all care about, and what we love more than anything are those children. And I want to live smart and see through this, but I don’t want the whole country to be sacrificed. And that’s what I see. I’ve talked to hundreds of people in just the last week, making calls all the time. And everyone says pretty much the same thing. That we can’t lose our whole country. We’re having an economic collapse. I’m also a small businesman, I understand it. And I talk to business people all the time. My heart is lifted tonight by what I heard the president say, because we can’t do more than one thing at a time. We can’t do two things. So, my message is that, let’s get back to work. Let’s get back to living, let’s be smart about it, and those of us who are 70-plus, we’ll take care of ourselves. But don’t sacrifice the country. (…) Look, I’m going to do everything I can to live. But if you said, ‘Are you willing to take a chance’ — you know and if I get sick, I’ll go and try to get better. But if I don’t, I don’t. And I’m not trying to think in any kind of morbid way. But I’m just saying that we’ve got a choice here. We’re going to be in a total collapse, recession, depression, collapse in our society if this goes on another several months. There won’t be any jobs to come back to for many people. So I’m going to be smart. I think all of my fellow grand parents out there, they’re going be smart. We all want to live, we all want to live with our grand children as long as we can. But the point is, our biggest gift we give to our country and our children and our grand children is the legacy of a country. And right now that is at risk. And I feel, as the president said, the mortality rate is so low, do we have to shut down the whole country for this? I think we can get back to work. And I think we should wait out this time. And if he says we need we need another week, I trust his judgment. But we have to have a time certainty. We can’t say in three months or six months or twelve months. These businesses can’t wait that long.(…) I’m optimistic. We’re going to make it. Dan Patrick (Texas Lieutenant-governor)
Obviously we put life and this virus first, as the president does, but we also have to measure that and weigh that with people losing their jobs and losing their businesses. As a senior citizen, my focus is on my grandchildren and your grandchildren and the entire next generation, that we have an America to leave them. And on the path that we are on right now, if we close down America, that American dream is going to disappear very quickly. (…) If he needs more time, let’s trust his judgment. (…) when people go back to work they will be smarter. Dan Patrick (Texas Lieutenant-governor)
Êtes-vous prêt à prendre le risque afin de conserver l’Amérique que tout le monde aime pour vos enfants et petits-enfants ? Si c’est le deal, je suis prêt à me lancer. Je ne veux pas que tout le pays soit sacrifié. Dan Patrick (vice-gouverneur du Texas)
Ce qui me gêne le plus, c’est que le confinement vise surtout à protéger les plus vieux (moyenne d’âge des décès liés au Covid-19 : 81 ans), alors le coût immense sera payé par les actifs et leurs enfants. Je me fais plus de soucis pour les jeunes, et pour la dette que nous allons leur laisser, que pour ma santé de presque septuagénaire ! André Comte-Sponville
Plus je vieillis, moins j’ai peur de la mort. Et c’est normal : il est moins triste de mourir à 68 ans, c’est mon âge, qu’à 20 ans. Ensuite, parce que mes enfants sont moins exposés que moi. Je n’arrive pas, enfin, à m’effrayer d’une maladie qui n’est mortelle que pour 1 % des cas (un peu plus pour les gens de mon âge). Il meurt, en France, 600 000 personnes par an, dont 150 000 de cancer. En vérité, je crains beaucoup plus la maladie d’Alzheimer, dont mon père est mort après des années d’une tristesse infinie. Il y a 225 000 nouveaux cas d’Alzheimer chaque année, avec un taux de guérison de 0 %. (…) Même à deux, le confinement reste une privation de liberté – la plus grave, de très loin, que les gens de ma génération aient jamais connue ! J’ai dit qu’il fallait respecter scrupuleusement le confinement, et je le fais. Mais, comme tout le monde, j’ai hâte d’en sortir ! Heureusement qu’Emmanuel Macron n’a pas suivi l’avis de certains médecins, qui voulaient nous confiner, nous les vieux, pour une durée indéterminée ! (…) Ce sont les politiques qui décident, et c’est bien ainsi ! Qu’ils demandent l’avis des médecins, c’est d’évidence nécessaire. Mais ils doivent aussi demander celui des économistes, des chefs d’entreprise et des syndicats de salariés. Ce qui m’a inquiété, c’est qu’on n’entendait plus, sur nos radios et télévisions, que des médecins. Comme si c’étaient eux seuls qui devaient décider. Il n’en est rien ! La démocratie, c’est le pouvoir du peuple et de ses élus, pas celui des experts ! Attention de ne pas tomber dans ce que j’appelle l’« ordre sanitaire » (au sens où l’on parle d’« ordre moral ») ! (…) L’État paiera », dit Macron, et ce, « quel qu’en soit le coût ». Il a raison. Mais l’État, c’est nous. « Il n’y a pas d’argent magique », disait le même Macron avant la pandémie. Les 100 milliards d’euros dépensés pour soutenir nos entreprises, il faudra les financer. Notre dette publique qui s’envole, il faudra la rembourser. Ce qui me gêne le plus, c’est que le confinement vise surtout à protéger les plus vieux (moyenne d’âge des décès liés au Covid-19 : 81 ans), alors le coût immense sera payé par les actifs et leurs enfants. Je me fais plus de soucis pour les jeunes, et pour la dette que nous allons leur laisser, que pour ma santé de presque septuagénaire ! (…) Ce n’est pas le principe de précaution qui me gêne, quand il est bien appliqué. C’est plutôt ce que j’appelle le « pan-médicalisme » : faire de la santé la valeur suprême (ce qu’elle n’est pas : je mets plus haut la justice, l’amour ou la liberté). Cela conduit à déléguer à la médecine la gestion non seulement de nos maladies, ce qui est normal, mais aussi de nos vies et de notre société, ce qui est beaucoup plus inquiétant ! Souvenez-vous de ce dessin de Sempé : dans une église vide, une femme, seule devant l’autel, est en train de prier : « Mon Dieu, mon Dieu, j’ai tellement confiance en vous que, des fois, je voudrais vous appeler Docteur ! » Dieu est mort, vive la Sécu ! C’est une boutade, mais qui dit quelque chose d’essentiel. Ne comptez pas sur la médecine pour tenir lieu de morale, de politique ou de spiritualité ! Pour résoudre les maux de notre société, je compte plus sur la politique que sur la médecine. Pour guider ma vie, je compte plus sur moi-même que sur mon médecin. André Comte-Sponville
Imaginez que tout le corps médical, les soignants, fassent une grève totale pendant un an. Qu’est-ce qui se passe pour l’économie ? De gros problèmes ! Mais enfin il y a quand même du pain chez votre boulanger, de la viande chez votre boucher et de l’essence dans votre voiture. Autrement dit, si toute la médecine s’arrête, la vie continue. Imaginez à l’inverse que tout le monde fasse grève pendant un an sauf les médecins et les soignants. Qu’est-ce qui se passe ? Il n’y a plus de patients, il n’y a plus de médecins, tout le monde est mort de faim. Autrement dit, arrêtons de dire la santé, c’est formidable, l’économie, c’est mal, c’est de l’argent, c’est pour les méchants. Il n’y a pas de santé sans économie. André Comte-Sponville
Coronavirus : sacrifier les personnes âgées pour sauver l’économie ? Les propos chocs du vice-gouverneur du Texas La Dépêche
Selon Trump et ses amis, qui veulent remettre les travailleurs au boulot dès avril, le ralentissement de l’économie américaine est aussi dangereuse que le coronavirus. C’est aussi ce que pense Dan Patrick, le vice-gouverneur du Texas, qui a appelé les personnes âgées à aller travailler. Autrement dit, se sacrifier pour « conserver l’Amérique que tout le monde aime ». C’est vrai que les plus âgés sont aussi les plus susceptibles d’être touchée par le virus, alors foutu pour foutu, autant qu’ils aillent se tuer à la tâche ! « L’Amérique qu’on aime » : celle où les plus faibles sont sacrifiés sur l’autel des profits ? Convergences révolutionnaires
Covid-19: les grands parents prêts à «se sacrifier» afin de sauver l’économie, affirme un vice-gouverneur du Texas Le vice-gouverneur du Texas s’est déclaré prêt à donner sa vie plutôt que de voir l’économie américaine sombrer à cause des mesures sanitaires liées à la pandémie de Covid-19. Selon lui, «beaucoup de grands-parents» à travers le pays partagent cette position. Nombreux sont les Américains âgés qui sont prêts à «se sacrifier» afin d’empêcher la pandémie de coronavirus de porter un grave préjudice à l’économie nationale et par conséquent au bien-être de leurs petits-enfants, estime le vice-gouverneur du Texas Dan Patrick. «Mon message est le suivant: reprenons le travail, reprenons la vie normale, soyons intelligents, et ceux d’entre nous qui ont plus de 70 ans, nous nous occuperons de nous», a confié le responsable dans un entretien avec un journaliste de la chaîne Fox News. Lui-même âgé de 69 ans, il s’est dit prêt à mourir plutôt que de voir l’économie américaine détruite par les mesures sanitaires décrétées sur fond de pandémie. D’après lui, cette position est partagée par «beaucoup de grands-parents» à travers le pays. Sputnik
La crise sanitaire est rude pour les démocraties libérales. Impréparées face à une telle onde de choc, le défi est immense pour ces nations plus que jamais ouvertes à une mondialisation où le rôle de l’Etat se réduit à peau de chagrin. Désormais, les démocraties doivent résoudre une équation complexe ; entre garantie des libertés individuelles et efficacité de la gestion de la crise. L’action trop tardive des gouvernements européens lors des premières semaines a provoqué une propagation non maitrisée du Covid-19 sur plusieurs pays avec un foyer très actif en Italie. En France, le discours affirmant que le pays était largement équipé et que le virus n’était pas plus dangereux qu’une grippe saisonnière dominait largement. Comme du temps de la ligne Maginot et de la guerre éclair (Blitzkrieg), les certitudes d’une protection totalement étanche ont été battues en brèche par les faits. Désormais, la crise est au cœur du Vieux Continent et la politique de rigueur budgétaire et ses 3% de déficit semble bien dérisoire face aux funestes conséquences des fermetures de lits, des délocalisations de la production de denrées médicales et des baisses de commandes de masques. Au pied du mur, le gouvernement fait le choix d’un comité scientifique sur lequel il fonde ses décisions. Le rôle du politique est pourtant, en consultation étroite avec les experts, d’arbitrer selon des valeurs et avec humanité, il est impensable en démocratie de déléguer le pouvoir démocratique aux mêmes experts. En parallèle de cette gouvernance des experts, la tentation de la surveillance de masse devient l’un des remèdes qui s’instille insidieusement dans les esprits depuis quelques jours. Des drones sont ainsi déployés dans les rues de Nice ou Paris afin de rappeler à l’ordre les citoyens. Si ce type d’usages reste circonscrit en France, en Asie son usage est bien plus contestable. En Corée du Sud, la stratégie numérique d’identification des citoyens est mise en place et les déplacements des individus sont tracés et contrôlés à distance à l’aide des smartphones. A la manière des récits de science-fiction des années 1980, l’Asie du sud-est devient un terrain d’expérimentation pour une surveillance orwellienne profitant du climat de pandémie. Là-bas, les individus se déplacent sous l’œil acéré d’un « big brother étatique ». Partout dans le monde, le e-commerce devient incontournable en temps de crise et se donne quasiment une mission de service public auprès des citoyens ; derrière cette image vertueuse et bienveillante reste pourtant un nouveau pouvoir désormais incontournable, aux capacités de surveillance immenses. La France est aujourd’hui tentée d’emprunter cette voie. Certains experts réclament au comité scientifique français d’explorer ces mesures venues d’Asie. (…) Faire croire aux Français que face à la crise sanitaire, il serait incontournable de recourir à de telles méthodes constitue une grave menace. Ouvrir la voie à de telles mesures, quand bien même nous soyons face à une pandémie, est la garantie de décennies bien plus funestes à l’issue de la crise. Outre la dimension liberticide de la surveillance de masse, son efficacité très limitée doit être relevée. Les premiers retours d’expérience étrangers montrent que le confinement strict et la distribution massive de masques sont les seules façons d’endiguer le mal en attendant un remède. Ceci réclame de la part de la France deux réponses ; logistique et juridique. Le basculement réel et profond de l’économie nationale afin de mobiliser pleinement l’appareil productif (réquisition de sites industriels notamment) et l’utilisation de l’arsenal juridique dont la constitution de 1958 voulut par le Général de Gaulle permet de disposer en cas de crise. La sortie de crise nécessite un Etat fort s’inscrivant dans le strict respect des libertés publiques et dans une action politique au service des citoyens. C’est dans les temps de crise que les démocraties doivent demeurer des lueurs d’espoir, sans jamais éteindre leur humanité au nom d’une hypothétique rationalité, fussent-elles professées par des « experts ». L’après crise ne pourra se passer d’une réflexion collective, pour choisir les nouveaux fondamentaux qui demain orchestreront notre quotidien. Demain, l’expertise devra être citoyenne ! Paul Melun et Philippe Dorthe
Le Covid-19 prendra des milliers de vies et chaque vie perdue trop tôt est une mort de trop. Il fallait lutter de manière déterminée contre cette épidémie. Mais ne faut-il pas aussi raison garder? Selon les propos de Monsieur Macron, la situation prouverait que «la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe». N’est-ce pas l’inverse? Peut-être payons-nous aujourd’hui des décennies d’étatisation de la santé en France qui ont conduit à une insuffisance du nombre de généralistes et autres praticiens, des urgences en surchauffe permanente et des hôpitaux publics qui manquent de moyens par suite de quotas stupides imposés depuis des décennies aux examens de médecine, d’une sécurité sociale impotente et qui paupérise progressivement médecins et personnels hospitaliers, d’une politique centralisatrice, restrictive et néanmoins très onéreuse, représentant 11,2% du PIB en 2018, parmi les quatre pays dont le financement est le plus élevé de l’OCDE? Peut-on, doit-on faire confiance à cet État qui n’a pas prévu de stocks suffisants de masques et de tests, qui s’inquiète de l’insuffisance de lits respiratoire et tarde à en appeler aux lits inoccupés des hôpitaux privés? L’État ne sait pas tout! D’autres politiques étaient possibles. Sans confinement généralisé, la Corée du Sud et Taïwan, dont le système de santé est très largement privatisé, ont réussi à maîtriser la propagation de la maladie avec des distributions ou ventes massives de masques de protection et la multiplication des dépistages permettant un suivi des parcours du virus pour chaque patient. L’État pourtant s’institue désormais en grand ordonnateur. Puisqu’il a renvoyé les salariés chez eux et que d’autres utilisent leur droit de retrait, qui leur permet de quitter leur travail en cas de danger tout en étant payé, il lui faut venir au secours des entreprises en perdition. Va-t-il prendre en charge les loyers des commerces fermés, s’opposer aux cessations de paiement, réquisitionner… et à quel coût? Il a annoncé des dizaines de milliards et il en faudra peut-être des centaines… à la charge des contribuables bien sûr, car ce sont toujours eux qui payent à la fin. Pourtant, avec l’argent perdu par tant d’activités étouffées dans l’industrie et le commerce, combien d’autres vies aurions-nous pu sauver par la recherche, la découverte accélérée d’autres remèdes et vaccins? Et combien d’autres morts ou d’autres malades causeront indirectement ces faillites inévitables, le chômage qui s’ensuivra, la pauvreté et la détresse qui augmenteront? Il y a ce qui se voit et ce qui ne se voit pas! Mais l’État aura pris déjà soin des affaires de tous. Il se croira indispensable. Sûr que sa douce tyrannie est bonne, n’en profitera-t-il pas, comme en Chine, pour étendre son pouvoir sur les citoyens et bientôt sur leur esprit qu’il confinera aussi dans une pensée correcte? Pour le craindre, il suffit de lire le projet de loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19 selon lequel «la déclaration de l’état d’urgence sanitaire donne pouvoir au Premier ministre de prendre par décret pris sur le rapport du ministre chargé de la santé, les mesures générales limitant la liberté d’aller et venir, la liberté d’entreprendre et la liberté de réunion et permettant de procéder aux réquisitions de tout bien et services nécessaires (…)». Il s’agit de nos libertés essentielles, constitutionnelles. Et on les supprime dans une loi d’urgence qui sera adoptée en catimini dans des hémicycles désertés par la peur! Il n’est pas sûr que ce soit conforme à la Constitution, mais qui osera s’y opposer puisque nous sommes en guerre! (…) Une nouvelle religion de précaution se sera répandue pour croire que l’héroïsme conduit à vivre chez soi s’il est dangereux d’en sortir. Tous se seront accoutumés à une présence publique plus tutélaire que jamais. Patrons, indépendants et salariés garderont tendue la main qui réclame l’aumône que l’État leur consent après en avoir prélevé le montant sur leur dos. Les libertés dédaignées seront amoindries et difficiles à recouvrer. Jean-Philippe Delsol
I’m deeply concerned that the social, economic and public health consequences of this near total meltdown of normal life” could be “graver than the direct toll of the virus itself. Dr. David Katz (Yale-Griffin Prevention Research Center)
Essentially, what flattening the curb does is keep people away from one another and away from the virus so the virus doesn’t spread. But you also don’t cultivate any immunity. If you do a really, effective job of locking everybody in place and preventing viral transmission, there’s still some low level potential for viral exposure out in the world. But very few of us get that exposure. The minute you release those clams and let people back into the world, we’re all vulnerable, so most of the models suggest that flattening the curve makes sense in phase one so you don’t overwhelm medical systems, for example, but you ve got to have a phase two. If you dont transition to a phase two, whenever you release the clamps, the virus is out in the world waiting for you, everybody’s vulnerable and that big peak in cases – that big peak you’re trying to avoid – it really just happens at a later date. (…) So let let me start by saying essentially what I reject, because I think we’re very polarized society. I think the way media hype things up actually amplifies the extremes. So one extreme, we ve got the lock everything down, hunker in a bunker, until a) there’s a vaccine, eighteen months or years or whenever; b) forever or c) you die of something else whichever comes first. That’s just horrible, it’s inhumane, makes no sense. But at the other extreme, we ve got the liberate blank fill in the name of the state, which is basically everybody in the water, including grandma, and never mind the riptides and the sharks, every man for himself. That’s also absurd. So in the middle, what you do is you identify who is at risk of a severe case of this infection and who’s not. Who is at risk of dying of this with a pretty high frequency and who’s at extremely low risk. So, this is just like risks we take every day: some young people will die of this, but sadly, tragically some young people die crossing the street or in a car crash every day. There are risks we willingly take on every day. Sweden’s approach is a little too close to the everybody in the water, don’t worry about the riptide end of the spectrum for my taste. I think we can do a little better. We can kind of look around the world and say: okay, if you don’t lock this down at all, if you don’t protect the vulnerable, mortality in Sweden does look to me to be higher, not massively higher than every place else, but higher. Why put those lives at risk. On the other hand, if you lock everything down, you destroy livelihoods, you destroy jobs. And what I was saying, and what I didn’t really think was a controversial oped at the beginning, is there’s really more than one way, Bill, for this situation, to hurt people or even kill them, and all of them are bad. And there’s more than one way to protect people and save them, and all of those are good. So one thing we want to do is keep those vulnerable to severe infection away from this nasty bug, but we don’t want to destroy people’s lives and livelihoods and means of feeding their families. And interestingly, I’m just back from three days in an emergency department, in the Bronx, where I was volunteering as a physician to support my colleagues who I applaud. You know they’ve been in there from the beginning, they’ll be there through the end. But this is exactly the view that prevails there, you know, there might be the notion that the frontline people, they’re much more concerned about staying away from the virus than they are about can we open society up. Not true, they’re parents. You know, I was talking to my colleague, who say I’m really struggling to balance my clinical duties with home schooling my kids. And think of a scenario like this: dad is a nurse, mom’s a paramedic. They’ve got two kids at home, and there’s no school, no daycare, no nannies, no au pairs, nothing for them to do. One of these frontline people who really wants to be in the battle has to stay home to take care of the kids and they’re really torn. So there’s a middle path and the middle path essentially is high risk people are protected from exposure, low risk people go out in the world early and here’s the odd part, though, that I think people have a hard time confronting and accepting we actually kind of want to get this and get it over with and be immune, because that is the path to the all clear that doesn’t require us to make way for a vaccine which optimistically is eighteen months away, but could be much longer.(…) But the simple fact is: we should come together in common cause, on common ground. Maybe there’s a real opportunity here for an American moment. that’s between the extremes of left and right, where we all say, yeah, actually, we want to save as many lives as possible. And one of the interesting things, Bill, is sort of the left side of the spectrum, the liberal ideology, that seems to be so resistant to talking at all about unemployment and the economy. But that’s the very same camp that tends to appreciate that the single leading driver of bad health outcomes is poverty. Social determinants of health are massively important, so, frankly, thirty million people unemployed, that falls disproportionately hard on the people, who can least bear the unemployed, wo are at most risk of food insecurity, who are at most risk of depression and addiction. All that’s important too, so maybe there is a real opportunity here to say: hey, there’s a middle path we’ve been neglecting it, it’s the way through this thing, and it leads to total harm minimization. We want to minimize deaths and severe cases of the infection We also want to minimize the fall out. The health fall out of societal collapse and economic ruin. (…) So from the beginning, we ve been posting materials, my colleagues and I, under the rubric total harm minimization, this is we want to achieve here. (…) But on the testing front, we’re making a mistake, Bill, because we do have testing. It’s not great by the way, one day, one of these twelve hours in the emergency room in the Bronx we admitted, maybe twenty people we were sure had Covid. You know there is no doubt about it. They absolutely positively had covered and either nineteen or twenty of them tested negative so that the testing not great and the false negative rate is high. Some of the tasks were pretty well there, certainly better than nothing and here’s the thing. What we are going to have any time soon is the capacity to test the whole population, but we deal with at all the time the CDC routinely does what’s called representative random sampling, randomly select people and make sure that day first, the gamut of age and so economics and zip code and health status, and you extrapolate the whole population. We could do that with ten thousand people, and we have the tests for that. So we really need grown ups in charge, need federal oversight. We need a commitment to getting the critical data and frightening. That could happen fast as the work of seventy two hours, in the absence of that were turning to state, so, for example, we just heard there is widespread testing in New York. I think the governor is doing a great job there and it looks like at least twenty percent of the population in Europe may have antibodies. Well, that’s close. The four million people and what that means is the death toll in New York, tragic though it is in again, These tests are real people and my condolences to the families, but just looking at the statistics for a minute, twenty thousand deaths out of four million people- that’s half a percent- you know what we’re starting to see that the mortality toll of this when you get the denominator, really small and I think the denominators even bigger than that, so we’re not totally blind yet I think we do have to fly in a bit of a fog but we’re not totally blind. (…) First of all, I just want people to understand. Again, I’m a physician, I do public health, I’m trained in epidemiology. It really still looks to me as it did that month ago, when I wrote my piece for the New York Times: 98 to 99 % of the cases of this infection are mild. Most people don’t even seem to know they have it, and this is true even in the emergency department. A small portion of the cases are potentially severe and that’s what makes your point so important, Bill. The severe cases occur in people who are old and people who are sick. Now, those things go together, but sadly in America, they also splay apart. There are a lot of young people with coronary disease, obesity, type 2 diabetes, hypertension. And by and large, those are diseases of lifestyle. I’m a past president of the American College of Lifestyle medicine. That’s what we advocate. Lifestyle is medicine because it can fix all of that. Here’s the interesting bit: the stuff we can’t sell to people: eat well, exercise, don’t smoke, don’t drink excessively, get enough sleep, manage your stress because it’s such potent medicine, we can’t sell it because the timeline for harm is too long. Essentially, heart disease stalks you in slow motion, type two diabetes stalks you in slow motion and our DNA is wired to fight or flight: if it’s not coming at me in minutes or days, I’m sort of blind to it. Well, Covid is coming at you in minutes and days and everybody is alarmed and all the same things are risk factors. So essentially, what this pandemic has done has turned America’s chronic health liabilities into an acute threat. There is an opportunity, a crisis is an opportunity, the very things that we’re always telling people to do to promote their long term health actually do fortify your immunity against this virus. If you start eating right, start fitting physical activity into your routine, if you get enough sleep, it can effect your immune system to function in hours, certainly in days and a whole lot in a span of weeks, there’s been no better time for America to get healthy. If I were one of the grown ups in charge of this mess, I would have a national health promotion campaign as part of what we do in an organised way look we’re all social distancing sheltering placed. Let’s make lemonade from the lemons. Let’s turn this into an opportunity to get healthy, it will protect you in the short run. It will protect your loved ones and when this is over we’ll be a healthier nation into the bargain. Dr. David Katz
By now, commentators have noted the similarities between our coronavirus crisis and the classic “trolley problem,” first formulated by the late philosopher Philippa Foot. Imagine there’s a runaway trolley heading straight for five people who will be killed. You’re standing next to a lever. If you pull it, the trolley will switch to a different track where only one person will be killed. Most people say the moral choice is to spare the five and sacrifice the one. This may be akin to how many conceive of extreme measures to limit the spread of the novel coronavirus: The right thing to do is to issue and enforce stay-at-home orders and shutter businesses for as long as it takes to spare the maximum number of people at greatest risk from the virus. For many of those who are certain that this is the only moral solution, the choice seems crystal clear. It appears to be a tradeoff between lives and money — that is, between a sacred value and a secular interest. This is what social scientist Philip Tetlock calls a “taboo tradeoff.” When a tradeoff is taboo, there is no discussion or debate possible. Choosing the sacred value is entirely uncontroversial. As New York Governor Andrew Cuomo put it, “I’m not willing to put a price on a human life,” and “we’re not going to accept a premise that human life is disposable.” (…) using this lens, skeptics aren’t the cold-hearted monsters they’re made out to be. It’s not that they care more about money than your grandmother’s life. Instead, they are thinking about the people who will suffer from unemployment, poverty, loneliness, and despair. And they are imagining some point in the future when an unknown number could die from increases in child and domestic abuse, addiction and overdose, unmet medical needs, suicide, and so on. Dr. David Katz of the Yale-Griffin Prevention Research Center articulated this view when he wrote about the “unemployment, impoverishment, and despair likely to result” from a long-term economic shutdown. He is “deeply concerned that the social, economic and public health consequences of this near total meltdown of normal life” could be “graver than the direct toll of the virus itself.” From this perspective, the tradeoff is not taboo. We aren’t talking about substituting lives for money, but one set of lives for another. We aren’t talking about substituting lives for money, but one set of lives for another. In all of these trolley scenarios tragedy ensues regardless of the choice. There is no happy solution. There are no uncontroversial answers. These are the hallmarks of a classic moral dilemma. (…) This brings us to the larger point. We urgently need to reject the idea that these choices are uncontroversial. It is all too easy to cast some people as saints and others as knaves. And we must get past the false debate of lives-versus-money. The harder but truer and more productive debate rejects casting moral aspersions. It involves recognizing that we share common goals but have different views about how to achieve them, based on our different ways of conceptualizing unknowables and prioritizing immediate versus future dangers. In order to solve pressing problems, we need to free our minds from the constraints that drive us to interpret and represent our ideological opponents’ ideas as attacks from enemies. Instead, we need to be able to use their ideas to test, strengthen, and build on our own. This requires habits of mind that in recent times we have practiced too seldom and valued too little: Approaching dissenters’ views with curiosity, critical thinking, intellectual humility, and a willingness to be wrong; using the principle of charity when evaluating ideological opponents’ ideas; thoroughly considering views before rejecting them; refusing to assign malign intentions to those whose ideas we dislike; accepting that for some problems there are no risk-free solutions; and welcoming dissent and disagreement as necessary to a functioning liberal democracy. One of the chief reasons these habits of a free mind are so essential is that without exercising them, we cannot even get to the point of having the right conversations. Having the right conversation doesn’t guarantee that we will get to the right answer, but at least it gives us a fighting chance. Pamela Paresky
Nous poursuivons nos efforts de préparation à la survenue d’une éventuelle pandémie, grâce à la constitution de stocks de masques et de vaccins. Nous serions, d’après certains observateurs, parmi les pays les mieux préparés au monde. Xavier Bertrand (ministre de la santé et des solidarités, 22 janvier 2007)
A la suite de l’épidémie de grippe aviaire (H5N1) de 2006 et à l’initiative du sénateur Francis Giraud (1932-2010), le gouvernement de l’époque a fait adopter, en mars 2007, une loi au titre prémonitoire : « Loi relative à la préparation du système de santé à des menaces sanitaires de grande ampleur ». Elle comportait deux dispositions essentielles. D’abord, la création du fameux corps de réserve sanitaire, sur lequel on ne s’attardera pas ici, et, ensuite, celle d’un nouvel établissement public, l’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus), dont la mission principale était « l’acquisition, la fabrication, l’importation, le stockage, la distribution et l’exportation des produits et services nécessaires à la protection de la population face aux mesures sanitaires graves », y compris bien sûr les vaccins et les fameux masques chirurgicaux et FFP2 ! La crise H5N1 avait en effet mis en évidence diverses faiblesses dans la réponse logistique de l’Etat. Les moyens dévolus à cette toute petite structure (17 agents en 2007 et 30 en 2015), cofinancée par l’Etat et l’Assurance-maladie, étaient considérables. On ne résiste pas à l’envie de citer l’inventaire estimé à un milliard d’euros qu’en fait l’exposé des motifs de la loi : 70 millions de vaccins antivarioliques et autant d’aiguilles, embouts et pipettes ; 81,5 millions de traitements d’antibiotiques en cas d’attaque bioterroriste de charbon, peste ou tularémie ; 11,7 millions de traitements antiviraux et 11,5 tonnes de substance active (oseltamivir) en cas de pandémie grippale ; 285 millions de masques de filtration de type FFP2 et 20 millions de boîtes de 50 masques chirurgicaux (soit le milliard de masques après lequel le ministre de la santé, Olivier Véran, court aujourd’hui) ; 2 100 respirateurs et bouteilles d’oxygène ; 20 équipements de laboratoires d’analyse (automates PCR et extracteurs ADN/ARN) ; 11 000 tenues de protection NRBC et accessoires. (…) Comment est-on passé de la pléthore à la pénurie ? L’événement majeur est, à mon sens, la crise du H1N1 de 2008-2009. Au-delà des critiques politiques virulentes et souvent injustes adressées à la ministre de l’époque, Roselyne Bachelot, elle a fait naître dans une partie de la haute administration de la santé le sentiment d’en avoir trop fait, d’avoir surestimé la crise et, finalement, d’avoir inutilement gaspillé des fonds publics au profit des laboratoires pharmaceutiques. L’horreur ! La Cour des comptes a estimé à près de 450 millions d’euros l’ensemble des dépenses d’achat spécifiquement liées à la lutte contre la grippe H1N1, y compris une indemnisation de 48,5 millions due aux laboratoires pour rupture unilatérale de contrat. L’Etat s’est ainsi convaincu qu’une réduction de la voilure était nécessaire, d’autant que le déficit de la Sécurité sociale avait atteint ces années-là des records « abyssaux » : 27 milliards d’euros en 2010 ! Le budget de l’Eprus a donc été drastiquement réduit, passant de 281 millions en 2007 – avant la crise H1N1 – à 25,8 millions en 2015 (10,5 pour l’Etat et 15,3 pour l’Assurance-maladie) selon un rapport du sénateur Francis Delattre. Parallèlement, les stocks ont été considérablement réduits en ne renouvelant pas, par exemple, des marchés concernant des biens arrivés à leur date de péremption. Estimée à 992 millions d’euros en 2010, la valeur du stock avait été réduite de moitié en 2014, à 472 millions, avant la disparition de l’établissement. (…) Outre ces questions économiques, la crise due au H1N1 a poussé à une réflexion sur la gouvernance du système de réponse aux crises sanitaire. Le ministère de la santé a toujours confiné l’Eprus dans une simple fonction logistique, sans aucune marge d’autonomie. La convention-cadre avec l’Etat précise que celui-ci ne peut réaliser aucune opération d’acquisition de produits de santé sans en avoir préalablement reçu l’ordre par le ministre chargé de la santé. (…) [soit] la disparition pure et simple de l’Eprus, qui est intégré en 2016 dans le nouvel Institut national de prévention, de veille et d’intervention en santé publique, plus connu sous son nom « commercial » de Santé publique France. Il rejoignait ainsi l’Institut de veille sanitaire (InVS) et l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes). Claude Le Pen
Lorsqu’une question se pose, il faut toujours avoir la prudence de considérer attentivement la question qui est posée et le contexte dans lequel elle est posée. Très souvent, c’est là que se trouve la réponse. On s’interroge il est vrai à propos de la question de savoir ce qu’il faut sauver en priorité : l’économie ou les vies humaines ? Cette question appelle quatre remarques. – En premier lieu, formulée telle quelle, cette question date. Donald Trump aux États Unis et Boris Johnson en Angleterre se la sont posée il y a plus d’une semaine déjà en clamant haut et fort qu’il fallait penser avant tout à sauver l’économie. La réalité s’est chargée d’apporter elle même la réponse. Face à l’afflux des malades dans les hôpitaux, face à l’inquiétude des populations, face au fait pour Boris Johnson d’avoir été testé comme étant positif au virus du Covid 19, que ce soit Donald Trump ou bien encore Boris Johnson, tous deux ont fait machine arrière en décidant 1). de s’occuper des vies humaines en mettant les moyens pour cela, 2). de sauver l’économie autrement, par une intervention de l’État allant contre le dogme libéral de sa non intervention dans l’économie.- Par ailleurs, il importe de ne pas oublier le contexte. Qui pose la question de savoir ce qu’il faut sauver ? Les plus grands dirigeants de la planète à savoir le Président des Etats-Unis et le Premier Ministre de Grande Bretagne. Quand ils se posent cette question, comment le font ils ? Sous la forme d’une grande annonce extrêmement médiatisée. Pour qui ? Pour rassurer les milieux financiers. Sur le moment, ce coup d’éclat a l’effet de communication escompté. Il crée un choc psychologique qui rassure les milieux économiques avant de paniquer l’opinion publique. Moralité : la question de savoir s’il faut sauver les vies humaines ou l’économie est un coup politique qui commence sur le ton grandiloquent d’une tragédie cornélienne avant de s’effondrer lamentablement. On veut nous faire croire que certaines questions sont essentielles. Vu ceux qui la posent et le ridicule des réponses qui lui sont apportées qu’il soit permis d’en douter – Dans la façon dont la question et posée, quelque chose ne va pas. On oublie le temps. Lorsque l’épidémie du Corona virus a commencé, désireux de ne pas freiner l’économie, les autorités françaises ont reculé le plus possible la décision du confinement avant de ne pas pouvoir faire autrement. La nécessité économique a alors précédé l’urgence sanitaire. Aujourd’hui, l’urgence sanitaire est devenue première et l’urgence économique a été placée en second. Jusqu’au pic de l’épidémie cela va être le cas. Le temps sanitaire va l’emporter sur le temps économique. Dès que la décrue épidémiologique commencera, le temps économique va reprendre ses droits. En conséquence de quoi, qui décide de ce qui doit se faire ou pas ? Ce n’est pas l’économie ni la vie, mais l’opportunité et, derrière elle, c’est l’être humain capable de juger et d’avoir de la sagesse. – On oublie enfin les hommes. Dans le Cid de Corneille, Rodrigue le héros, se demande s’il doit choisir son amour contre l’honneur de sa famille ou l’honneur de sa famille contre son amour. Au théâtre, cette alternative est admirable. Elle crée le spectacle. Avec l’épreuve que l’humanité endure, on fera du bien à tout le monde en évitant de basculer dans le théâtre. Si on ne s’occupe pas des vies humaines, il y aura des morts et avec eux une inquiétude collective ainsi qu’un drame social qui pèsera sur l’économie. Si on ne s’occupe pas d’économie, il y aura des morts et un drame économique qui pèsera sur les vivants. Si on choisit l’économie contre la santé, il y aura des morts. Si on choisit la santé contre l’économie, il y aura des morts. De toute façon quoi que l’on choisisse et que l’on sacrifie, ne croyons pas qu’il n’y aura pas de morts. Il y en aura. Il est possible toutefois de limiter la casse. Entre la richesse et la mort, on oublie quelque chose d’énorme qui est plus riche que la richesse et plus vivant que la mort : il s’agit de nous. Il s’agit des hommes. Il s’agit des vivants. Si nous avons la volonté chevillée au corps de nous en sortir et si nous sommes solidaires, nous serons capables de surmonter cette crise. Nous devons être humains et forts comme jamais nous ne l’avons été. Nous avons la possibilité de l’être. La solidarité avec le personnel soignant tous les soirs à 20h montre que nous sommes capables de solidarité. L’humour qui circule montre que nous sommes capables de créativité. En ces temps de distanciation sociale, nous sommes en train de fabriquer des proximités inédites, totalement nouvelles et créatrices. Notre instinct de vie a parfaitement compris le message qui est lancé par ce qui se passe : soyez proches autrement. Là se trouve la richesse et la vie qui permettront de relever le défi économique et sanitaire qui est lancé. (…) Il y a deux façons de mesurer. La première se fait par le calcul et les mathématiques en appliquant des chiffres et des courbes à la réalité. La seconde se fait par l’émotion, la sensation, la sensibilité. Quand quelque chose plaît, je n’ai pas besoin de chiffres et de courbes pour savoir que cela plaît. Quand cela déplaît également. Lorsque Donald Trump a compris qu’il fallait s’occuper de la question sanitaire aux États-Unis et pas simplement d’économie, il n’a pas eu cette révélation à la suite d’un sondage. Il n’a pas utilisé les compétences d’instituts spécialisés. La réaction ne se faisant pas attendre, il a été plus rapide que les chiffres, les courbes et les sondages en changeant immédiatement son discours. Il a été découvert récemment que l’intelligence émotionnelle est infiniment plus rapide que l’intelligence mathématique, abstraite et calculatrice. On peut sur le papier démontrer que l’humain coûte trop cher. Lorsque dans la réalité concrète on ne s’en occupe pas assez et mal, on a immédiatement la réponse. Donald Trump s’en est très vite aperçu. (…) On veut des règles pour répondre à la question de savoir comment décider qui doit vivre ou pas et qui doit mourir ou pas. Les règles en la matière sont au nombre de deux : la première qui fonde toute notre civilisation consiste à dire que, par principe, on soigne tout le monde et on sauve tout le monde. Pour éviter la folie monstrueuse des régimes qui décident que telle classe de la population a le droit de vivre et pas telle autre, on n’a pas trouvé autre chose. La seconde règle est empirique. Tout médecin vous dira qu’en matière de vie et de mort aucun médecin ne sait. Ce qu’il faut faire est dicté par chaque malade, jour après jour. A priori, un médecin sauve tout le monde et soigne tout le monde, jusqu’au moment où, basculant du soin et du sauvetage dans l’acharnement et de l’acharnement dans l’absurde, il décide d’arrêter de soigner et de sauver. Ainsi, un médecin aujourd’hui soigne une vielle dame de quatre-vingt cinq ans grabataire et atteinte d’Alzheimer. Maintenant si dans une situation d’extrême urgence il faut choisir entre un jeune de vingt ans et cette vieille dame, le médecin choisira le jeune en plaçant la vie qui commence avant celle qui se termine. Il fera comme les médecins faisaient au XIXème siècle quand il s’agissait de savoir si, lors d’un accouchement qui se passe mal, il faut choisir la mère ou l’enfant. Il choisira l’enfant. Choix déchirant, tragique, insupportable, n’ayant aucune valeur de règle, la responsabilité face à la vie étant la règle. Et ce, parce qu’il ne faut jamais l’oublier : on choisit toujours la vie deux fois : la première contre la mort et la seconde contre la folie. D’où la complexité du choix, choisir la vie contre la folie n’allant jamais de soi. Relever la complexité de ce choix est risqué. On l’a par exemple vu sur tweeter, où de tels commentaires ont déchaîné la colère des internautes. Pourtant si la population grogne lorsqu’elle voit la courbe du chômage monter et les premières conséquences d’une économie au ralenti se concrétiser, n’est-ce pas également parce qu’elle est consciente que équation est impossible ? (…) L’expérience ne se transmet pas. Pour une raison très simple : c’est en ne se transmettant pas qu’elle transmet le message le plus essentiel qui soit afin de surmonter les crises : aucune crise ne ressemble à une autre. Chaque crise étant singulière, chaque crise a un mode de résolution qui lui est propre et qu’elle doit inventer. Quand une crise est résolue, cela vient de ce que ceux qui la traversent ont su inventer la solution qu’il faut pour cette crise précise. Le message des crises est de ce fait clair. Il convient de les étudier afin de comprendre l’originalité qui a été déployée pour sortir de la crise afin de cultiver sa propre originalité. Pour sortir de la crise que nous endurons, nous allons inventer une solution inédite et c’est cette invention qui nous permettra de sortir de cette crise. Bertrand Vergely
Le choix est tout sauf évident – même s’il s’impose d’une façon majoritaire en faveur d’un confinement. Un choix est fait, dont nous ne mesurons pas toutes les conséquences : étouffer l’économie, la mettre sous cloche, faire porter sur les générations futures la santé des contemporains, plutôt que de laisser la pandémie se dérouler comme toutes les pandémies en protégeant les individus. D’une certaine manière, nous nous donnons le choix, nous croyons avoir le choix, pour être des économies riches et pour faire porter par la solidarité collective une grosse partie du coût de cet étouffement économique. Et, dans des économies plus libérales que les nôtres, comme les pays anglo-saxons, ce choix, quand il est fait en faveur du confinement, pèse plus lourdement sur les individus eux-mêmes. Certains économistes vont même jusqu’à considérer que dans le monde cette crise va provoquer 25 millions de chômeurs. Je note que la Japon, par exemple, pour être plus prévoyant, pour avoir plus de masques, pour avoir une discipline sociale plus grande, ne pratique pas (du moins jusqu’à présent) ce confinement massif. De toute évidence, dans sa culture, comme dans celles de beaucoup de pays asiatiques, le souci du collectif prend le pas sur le souci individuel. Et le sens du sacrifice semble être accepté plus facilement. Dès lors, quatre facteurs semblent entrer en ligne de compte pour opter, ou non, pour une mise en quarantaine sur plusieurs semaines, des travailleurs et de l’activité économique : un niveau de protection social plus ou moins important pour prendre en charge le coût économique de cet arrêt d’activité ; un sens plus ou moins fort du collectif au détriment de l’individuel ; une discipline sociale plus ou moins naturelle qui fait que la population accepte plus aisément les « gestes-barrières » édictés par les autorités ; une anticipation (ou non) des Etats de ce genre de risques avec toute la panoplie des outils nécessaires pour y faire face. De toute évidence, en France, ces quatre facteurs nous ont conduits à choisir, sans hésiter pour le confinement et la mise à l’arrêt de l’économie. Nous misons sur l’Etat-Providence ; l’individu est privilégié ; nous manquons de discipline collective ; l’incurie de l’Etat est flagrante en matière de prévoyance d’un risque sanitaire pandémique. (…) Mourir d’une épidémie et les situations de détresse sociale qui peuvent pousser certains individus au désespoir, ne sont pas du même ordre. Ne confondons pas tout. Par contre, il est vrai que ce qui est fait d’un côté, avec des mesures d’urgence, pour tenter de gérer une épidémie, au point d’appuyer sur le frein de l’économie, avec l’espoir qu’une fois la crise passée, l’économie pourra repartir d’une bonne allure, aura, indéniablement, des conséquences lourdes, durables sur l’Economie – avec des conséquences catastrophiques sur bien des secteurs. Lesquels ? Affaiblissement de la santé des entreprises. Crise de trésorerie. Paupérisation des travailleurs. Augmentation du chômage. Diminution des revenus d’un grand nombre de salariés. Et tout cela aura pour conséquence, dans l’année 2020 et aussi dans les années à venir, d’exclure certains travailleurs, de les marginaliser, de les contraindre à une misère sociale accrue. La France des « gilets jaunes », des zones périphériques, des précaires, des auto-entrepreneurs, des indépendants, va trinquer plus que celle des grands groupes ou de la fonction publique. Si nous étions cyniques (ou d’une lucidité froide), (mais nos sociétés ne le sont plus), nous aurions pu, collectivement, examiner le « coût » de deux stratégies : le confinement avec une décroissance massive et des conséquences négatives en chaîne sur les années à venir ; le maintien au ralenti de l’économie avec des mesures de protection individuelle massive. Une question n’est jamais posée, quand on compare la stratégie du Japon et celle de l’Europe : les choix faits l’ont-ils été par souci des populations et de la pandémie (avec un virus que nous ne connaissons pas et qui évolue d’une manière plus incontrôlée que ce que nous pouvions penser au début) ou pour suppléer l’incurie des politiques de santé publiques qui n’ont pas prévu ce genre de situation et n’ont rien fait pour nous donner les moyens d’y faire face. Nous sommes ravis que la médecine, en France, puisse apparaître excellente quand il faut faire des opérations extraordinaires comme, dernièrement, séparer deux sœurs siamoises ou faire des reconstructions faciales ou même dépenser beaucoup d’argent pour des recherches sur des maladies rares qui touchent peu de monde. Ces technologies médicales de haute précision sont superbes. Mais, en même temps, n’a-t-on pas oublié de faire provision d’outils simples qui nous auraient permis, aujourd’hui, d’envisager autrement cette pandémie : des centaines de millions de masques de protection, de tests de dépistages, de gels hydro-alcooliques, des équipements de protection, des respirateurs artificiels…. N’a-t-on pas oublié d’anticiper et d’établir, par avance, des « plans orsec » contre les pandémies ? N’a-t-on pas, en voulant faire des économies de bout de chandelle sur les stocks sanitaires, mis en danger des soignants et autres intervenants de première ligne ? (…) l’équation est impossible. Les choix tragiques. Qui pourrait dire qu’il « accepte » des morts aujourd’hui pour éviter du chômage demain ? Qui pourrait assumer de mettre la santé de l’Economie avant celle des Français ? Qui pourrait ne pas prendre les mesures adaptées aujourd’hui pour préserver les entreprises ? Qui ? Personne. Surtout dans nos démocraties compassionnelles. Surtout quand on croit que tout est possible et que « la santé n’a pas de prix » – pour reprendre les mots du président de la République. Surtout quand on croit que la générosité de l’État (et donc de la France de demain qui devra payer les dettes d’aujourd’hui) est sans limite, sans fond, sans contrainte. L’Etat se croit généreux pour les Français d’aujourd’hui en multipliant les amortisseurs sociaux, les prises en charge collectives, en creusant les déficits alors qu’il ne fait qu’arbitrer, sans le dire, entre la France d’aujourd’hui (qui se protège) et la France de demain qui devra payer, en remboursant la dette, les protections d’aujourd’hui. Si l’équation est impossible, n’est-elle pas, cependant, au cœur du politique et des choix à faire – qui, comme il se doit, ont de multiples composantes. Souvent, le « en même temps » est impossible pour, à terme, n’être gagnant sur aucun des deux tableaux. S’agit-il de déclarer une impossible guerre à un ennemi invisible que nous portons tous sans le savoir, ou d’arbitrer entre deux choix impossibles. Dura lex, sed lex. Dure est la loi politique, mais telle est la loi du politique : faire des choix tragiques, tous plus improbables, loin des évidences, pour le salut d’une nation. Si les responsables politiques se posent la question comme Donald Trump l’a mis en évidence et comme le gouvernement français l’exprime avec plus de subtilité, les citoyens seront probablement de moins en moins au clair sur leurs propres sentiments au fur et à mesure que les effets sociaux se feront sentir. Et que nous enseigne l’expérience des crises précédentes ? (…) Ce principe nous dit quelque chose qui est vrai sur le papier et inapplicable tel quel dans la réalité. Quand on a affaire aux êtres humains, rien ne se règle uniquement par un choix rationnel. La raison en est simple. Quand on fait un choix optimal, on sacrifie forcément un certain nombre de choses. Quand ce sont des hommes que l’on sacrifie pour faire exister ce choix optimal, les sacrifiés tôt ou tard vont réagir Et, réagissant, ils peuvent pourrir la vie. L’histoire a sacrifié beaucoup de monde. Aujourd’hui encore, les sacrifiés et la descendance de ces sacrifiés continue de crier sa colère et sa souffrance. On parle d’économie et de choix optimal. C’est bien. Il faut être rationnel. Mais il ne faut jamais oublier que l’on parle d’économie et de choix optimal dans un cadre humain et pour les hommes. Si on n’en tient pas compte, on est sûr à un moment ou à un autre de se retrouver avec une addition salée. C’est la raison pour laquelle l’économie est toujours associée à la politique. (…) La philosophie nous apprend la prudence. Les Grecs l’appelaient du nom de sophrosune. La prudence n’est pas la frilosité de la pensée et de l’action mais son acuité, c’est-à-dire son sens du détail. Quand il s’agit d’évaluer une situation, il convient de tenir compte de tout. Ainsi, dans les choix qui nous sont proposés, il importe de penser avec l’urgence sanitaire, avec l’économie, mais aussi avec le temps et avec les hommes ainsi que leurs ressources qui sont immenses. Quant à la théologie, elle nous enseigne à aller au plus profond en ne perdant jamais de vue que l’humanité est reliée à un plan céleste qui ne nous abandonne jamais, malgré les apparences qui peuvent laisser croire le contraire. Il y a eu par le passé une théologie accusatrice qui pensait d’abord à culpabiliser les hommes à propos de ce qui leur arrive. La véritable théologie pense non pas à accuser mais à dire et à redire en permanence que le monde peut être sauvé. Beaucoup de personnes aujourd’hui rentrent en elles-mêmes à l’occasion du confinement en faisant la découverte de ressources d’une force incroyable. Puisqu’il est demandé d’aller vers l’intérieur, elles vont vers l’intérieur et là où il y avait désespoir et colère montent force, confiance, solidarité. Cela va bientôt être Pâques pour les chrétiens, Pâques pour les juifs et le ramadan pour les musulmans. Pâques est la fête de la victoire de la vie sur l’enfer. Aujourd’hui, sans le savoir, toute l’humanité est en train de vivre une formidable marche vers la victoire de la vie sur les enfers. Aussi n’y a t-t-il qu’une seule chose qu’il importe de se dire et de dire parce qu’elle est la plus sage et la plus spirituelle qui soit : plus que jamais restons forts et unis. En ce sens, comment choisir ? Comment choisit-on de préférer une mort à une autre ? Comment justifier un tel choix auprès d’une population bouleversée par la crise sanitaire qu’elle traverse ? (…) Si l’art de gouverner est impossible, la critique est facile – et pourtant elle est nécessaire et ne doit en rien être étouffée sous une « union nationale » un peu trop martiale. Il est sûr que fermer les frontières de l’Europe en mars, en pleine crise sanitaire, semble risible, quand il eut été plus efficace de prendre cette même mesure mi-janvier. Il est sûr qu’envoyer dix-sept tonnes, prélevées sur les stocks français de masques, gel et autres matériels de protection (et plus de cinquante en Europe) mi-février pour la Chine, avec l’espoir, avéré faux, de « contenir » le Corona là-bas, semble une décision presque criminelle, quand on constate que depuis lors des médecins de premières ligne sont morts faute de protection et que nombreux sont les fonctionnaires ou les membres des équipes médicales qui n’arrivent toujours pas à se protéger autant qu’ils le devraient. Il est sûr que les atermoiements du discours gouvernemental, que les informations contradictoires de certains, que les promesses non-tenues, depuis des semaines, sur l’arrivée de masques de protection qui « arrivent » qui «seront-là à disposition », qui « vont être livrés », ne font rien pour renforcer l’autorité de la parole politique. Il est sûr que les déclarations de Madame Buzyn indiquant, après coup, qu’elle avait prévenu le Premier ministre, fin janvier, que la crise allait être gravissime, et qu’il fallait donc différer les élections municipales de mars, donnent l’impression d’un amateurisme au plus haut niveau de l’État. Alors, aujourd’hui, s’il fallait tenir un autre discours, mettant l’accent sur l’économie et la santé des entreprises, personne ne comprendrait pourquoi maintenant. Et donc malheureusement, nous aurons et la crise sanitaire et la crise économique – sans parler de la crise de l’épargne que nous avons déjà subie. Il n’est plus possible de faire machine arrière. Nous allons payer tout cela pendant des années – avec une reprise poussive, des déficits massifs, un chômage de masse, une épargne amputée durablement et le risque d’un retour de l’inflation. (…) Le problème (et nous le découvrons brutalement avec cette crise sanitaire) est que nous payons aujourd’hui une double défaillance : une défaillance stratégique de nos politiques publiques qui ont, en Europe, favorisé la mondialisation au détriment des intérêts stratégiques nationaux, sans définir des secteurs à protéger et sans mettre en place, au niveau des pays ou de l’Europe, des coordinations en cas de risques sanitaires ; une défaillance des entreprises pharmaceutiques et de santé publique qui ont cru qu’elles pouvaient se délester de secteurs entiers jugés « peu rentables », comme les systèmes de protections, la fabrication des médicaments génériques, les masques. La Chine, « usine du monde », détient ces marchés et ne peuvent répondre quand le monde entier passe d’énorme commande. La mondialisation se retourne contre les Nations en cas de crise. Elle se grippe avec une pandémie mondiale. Et les individus nationaux paient le prix de cette mondialisation défaillante. Pour toutes ces raisons, nous n’avons plus la possibilité d’avoir le choix. Nos défaillances collectives nous font faire des choix malgré nous. L’Etat imprévoyant, l’Europe tatillonne pour les détails et aveugle sur les grands défis de santé publique et, pour finir, les entreprises médicales inconséquentes, soucieuses d’augmenter leurs profits, ont décidé à notre place. Ils nous ont privés du choix d’avoir le choix. Damien Le Guay
Rappelons-nous tout d’abord que nous abordons la pandémie avec le regard d’une société individualiste. Nos ancêtres de 1914 ont accepté la mort pour la défense de la patrie parce qu’ils avaient le sentiment d’être un chaînon dans une lignée. Ils défendaient la terre de leurs ancêtres et ils la défendaient pour leurs enfants. Quelques générations plus tôt, quand il y avait encore des épidémies régulières, on prenait des mesures de précaution, on soignait, mais on acceptait la mort éventuelle parce qu’on avait le sentiment d’appartenir à une société. Aujourd’hui, il n’y a plus qu’un tout petit nombre de nos concitoyens qui a l’expérience de la guerre. Nous avons derrière nous 60 ans d’individualisme absolu. Le christianisme est devenu ultraminoritaire. Il s’agit donc, dans l’absolu, d’avoir « zéro mort ». Effectivement notre société semble prête à sacrifier l’économie. Sans se rendre compte que ce genre de mentalités n’amène pas le « zéro mort » mais une catastrophe sanitaire. Et qu’une crise économique aussi fait des morts. (…) L’une des leçons de la crise du COVID 19, c’est que nous avons sous nos yeux la preuve expérimentale des ravages causés par l’effondrement de l’Education Nationale. En particulier, l’enseignement de l’économie tel qu’il est dispensé dans nos lycées, depuis des années, très hostile à l’entreprise et incapable de faire comprendre la dynamique du capitalisme, aboutit aux discours que nous entendons aujourd’hui. Il y aurait des activités indispensables et d’autres qui ne le seraient pas ! En fait, une économie moderne repose sur un fonctionnement très complexe. Les fonctionnaires du Ministère de l’Economie ont pris peur quand ils ont vu le nombre de demandes de mise au chômage partiel ! Dans un Etat qui prélève et redistribue 57% du PIB, on redécouvre qu’il y a beaucoup plus d’emplois utiles que ce qu’on pensait ! Et l’on risque de découvrir, à ce rythme, qu’il y aura encore plus de personnes mourant du fait du ralentissement de l’économie qu’à cause de l’épidémie. On ne peut pas dire que l’histoire des crises et leur taux de mortalité ne soit pas connu: de la crise de 1929 à l’asphyxie de la Grèce par l’Eurogroupe depuis 2015, tout est documenté. (…) Nos gouvernants ne feront pas un choix, s’ils arbitrent entre deux maux. Actuellement, ils sont dans l’incapacité de choisir entre les personnes qu’ils doivent soigner quand elles arrivent à l’hôpital et qu’ils n’ont pas assez de lit. Donc ils appliquent une règle mécanique: au-dessus d’un certain âge, on n’est plus soigné. Ce n’est pas un choix, car choisir c’est faire exercice de sa liberté, c’est pouvoir se déterminer entre deux options. Pour pouvoir choisir, il faut « avoir le choix ». Nous pourrions choisir un type d’équilibre entre la lutte contre la pandémie et la protection de notre économie si nous avions agi en amont. Si nous avions fermé nos frontières, testé largement, distribué massivement des masques etc…Il ne peut pas y avoir, en bonne philosophie, de choix entre des catégories de morts qui seraient préférables. Quand on en est arrivé là c’est qu’on subit. En revanche, aujourd’hui, le gouvernement pourrait choisir d’autoriser la généralisation du traitement du Professeur Raoult. (…) En fait, je pense que le dilemme est entre le fatalisme et le désir d’échapper à un destin tracé. Rappelez-vous, il y a quelques semaines, Emmanuel Macron parlait des progrès « inexorables » de l’épidémie. Au contraire, Boris Johnson et Donald Trump, qui sont des lutteurs, des battants, des hommes de liberté, ont commencé par penser qu’il fallait laisser passer l’épidémie, en faisant confiance aux capacités d’immunisation de la population. Puis, ils ont compris que toutes les grippes ne se ressemblent pas et qu’il fallait prendre des mesures. Ils font passer leur société aux tests massifs et au confinement partiel. Le redémarrage de l’économie apparaîtra d’autant plus souhaitable à leurs concitoyens que l’épidémie aura été jugulée. Ce qui est à craindre en France, comme en Italie, c’est qu’on ait deux crises, sanitaire et économique, qui s’éternisent. (…) Si l’on se réfère à la tradition occidentale, née entre Jérusalem, Athènes et Rome, l’être humain est appelé à se libérer des déterminismes naturels ou sociaux. L’homme occidental est celui qui propose à toute l’humanité d’apprendre la liberté, c’est-à-dire le choix. De la Genèse, où l’homme se voit enjoindre de dominer la Création, à René Descartes (il nous faut devenir « comme maîtres et possesseurs de la nature »), on s’est efforcé d’émanciper l’individu. Le grand paradoxe du dernier demi-siècle a consisté dans l’introduction en Occident de philosophies profondément étrangères à la tradition de l’émancipation individuelle, des sagesses orientales à la vénération de la Terre-Mère. La crise du Coronavirus vient nous rappeler que la nature n’est pas cette force bienveillante envers l’humanité que décrivent les écologistes. Et le yoga et le New Age sont de peu de secours pour lutter contre la pandémie. Si j’avais à me tourner vers la théologie, pour dire la même pensée de l’émancipation individuelle, je citerais Saint Ignace: « Agis comme si tout dépendait de toi, en sachant qu’en réalité tout dépend de Dieu ». Quand on voit nos dirigeants avoir comme premier mouvement l’interdiction de la participation à un enterrement mais aussi la fermeture des églises, on se dit que ceux qui ne savent plus agir ne savent plus croire. (…) Tout doit être fait pour sortir du fatalisme ! C’est la seule possibilité de se garder une marge de manoeuvre. Le scénario le plus probable, actuellement dans notre pays est au contraire le cumul des crises, du fait de la passivité des gouvernants, qui prennent des décisions toujours trop tardives. Nous en revenons à la complexité des sociétés modernes. Elle peut être maîtrisée à condition, d’une part, de savoir traiter les innombrables données générées par chaque individu, chaque secteur d’activité; à condition, d’autre part, d’intégrer toutes les dimensions du problème à résoudre dans une stratégie unifiée. Réunir ces deux conditions, c’est commencer à pouvoir choisir ce qui servira le mieux la société et l’économie. Edouard Husson
Puisque les ressources sont rares (et pas seulement les FFP2 et le PQ), nous avons besoin de l’analyse économique (l’oral de rattrapage du pêché originel). Car une seule chose est sûre dans un monde qui (à cause d’Eve !) connait la rareté : l’absence de calcul économique tue. Vous savez déjà que l’absence de calcul conduit à des décisions à l’aveuglette, émotives, au petit bonheur la chance : car vous vous souvenez de la présidence de François Hollande. Il se trouve que l’inefficacité est aussi meurtrière, comme un satané virus, mais en pire : car il n’y a pas de pause dans ce genre d’épidémie, et le R0 est monstrueux, surtout en France où on observe une application très sporadique de l’analyse économique, n’incluant pas une véritable réflexion sur la valeur implicite donnée à la vie humaine au-delà de quelques calculs dans le domaine de l’évaluation de grands projets de transports publics. Il y a inefficacité (et donc des vies inutilement perdues) lorsque les moyens ne sont pas affectés aux actions qui apportent le meilleur « rendement » en termes de nombre de vies sauvées, quel que soit le domaine d’action. Le fait de ne pas adopter une valeur unique de la vie humaine, appliquée de manière cohérente dans tous les domaines de l’action, conduit à la mort de nombreux individus qui auraient pu être sauvés avec les mêmes moyens. (…) C’est particulièrement bien documenté pour l’action publique. En effet, nous ne sommes plus seulement des enfants de Dieu, mais aussi des citoyens-contribuables de l’Etat Providence, et vu l’état des ressources publiques, si vous dépensez des milliards sur un projet de radars qui sauve peu de vies (les 80km/h sur les départementales pour consoler un premier ministre qui ne sert à rien), vous ne pourrez pas les utiliser pour un projet qui en sauverait plus (des masques, des tests, au hasard) mais qui passait jusqu’ici sous les radars médiatiques. Il existe pourtant en France une valeur tutélaire, officielle, de la vie humaine : elle a été fixée en 2013 à 3 millions d’euros par tête (rapport Quinet : Commissariat Général à la Stratégie et à la Prospective, « Éléments pour une révision de la valeur de la vie humaine », 2013), et évolue depuis au rythme de la croissance du PIB par habitant. Je ne suis pas un spécialiste mais cette valeur me parait raisonnable, dans la lignée des chiffres antérieurs de Marcel Boiteux, proche de la médiane européenne et proche de ce que les agents économiques révèlent dans leurs choix concrets (par exemple, en matière d’assurance). Ce chiffre circule surtout dans les administrations pour évaluer les gains liés à un investissement. On dit souvent que c’est du cynisme (le cynique connait le prix de chaque chose et la valeur d’aucune), porté par des économistes impitoyables, mais quand une deux voies peut devenir une trois ou quatre voies plus sûre, mais que cela coûte cher, comment pourrez vous savoir si vous faîtes un bon choix, sans une approximation du prix du temps, et sans une valeur monétaire de la vie ? Notez qu’il existe sur le marché deux méthodes principales pour ce type de calcul, et que la 2e méthode tend à remplacer la première : 1/ la méthode du capital humain perdu par la société lors d’un décès : une mesure monétaire et tangible, la somme de la production future de l’individu (ici, l’analyste financier vaut plus que le laveur de carreaux, c’est dire si ce n’est pas incontestable). Elle reste à la base de la détermination de la valeur de la vie dans le contexte judiciaire, comme le montre les indemnités accordées aux familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis (les indemnités ont varié en fonction des salaires espérés, de 300 000$ pour un individu de 65 ans qui gagnait 10 000$/an, à 4,35 millions de dollars pour un trentenaire gagnant 175.000$/an). On en reparlera peut-être lors du procès Buzin… 2/ la méthode du consentement à payer des individus pour éviter un accroissement de risque : la méthode moderne, qui gagne du terrain car elle part du terrain, des choix opérés par les agents. Aux Etats-Unis, les données issues du marché de l’emploi concluent à un prix de la vie d’environ 9 millions de dollars, c’est à dire qu’un emploi donnant une chance sur 10 000 de mourir dans l’année donnera lieu à une compensation de 900$/an (par rapport à un emploi équivalent sans risque). Cet ordre de grandeur est globalement repris par les agences de régulation US, sans que cela empêche un certain nombre d’incohérences (mais au moins peut-on trouver plus de données explicites chez eux que chez nous) (honte, soi dit en passant, sur notre Parlement, qui devrait s’occuper de l’évaluation des politiques publiques mais qui ne sait pas ce qu’est un taux d’actualisation ou une valeur implicite de la vie) (et honte à la « sécurité » routière, qui base le plus gros de sa propagande sur une étude ancienne et partielle, et fait fi des études nombreuses qui démontent la formule de Nilsson). Bref. Nous valons 3 millions, mais nous n’utilisons que très imparfaitement cette valeur pour améliorer nos décisions publiques. (…) Continuons notre tentative de réponse. Maintenant que nous savons ce que l’on vaut économiquement parlant (ou à peu près), nous pouvons nous faire une idée plus juste de certaines politiques publiques. Deux exemples. L’argent placé dans la protection nucléaire est largement excessif, depuis le début, et même en tenant compte de toutes les redondances nécessaires : l’atome provoquera toujours une peur irrationnelle. Il en va de même pour le Sida dans le domaine de la santé (nul besoin de suivre le professeur Raoult dans son idée que le vaccin est illusoire : la comparaison avec d’autres virus ou maladie moins richement dotés sur le plan budgétaire suffit largement). Comment se situe le Coronavirus dans cette échelle du nombre de vies sauvées par milliard dépensé ? Il nous faut dessiner les contours d’un arbitrage et d’un pic de protection (ce qui n’est pas évident à ce stade, répétons que notre approche est une TENTATIVE). Kip Viscusi est l’universitaire américain de référence sur le sujet du prix de la vie humaine, et son analyse défend l’existence d’une « borne haute » au-delà de laquelle les efforts de sécurité mandatés par la collectivité sont contre-productifs. Selon lui, la mise en œuvre d’une nouvelle régulation de sécurité s’assimile à une réaffectation de moyens, depuis des revenus privés « libres » vers une dépense contrainte visant au respect de la régulation. Or l’espérance de vie des individus s’améliore systématiquement avec leur niveau de revenus (en devenant plus riches, les hommes et les femmes allouent une part croissante de leurs moyens à la santé, réduisant leurs risques de mortalité ; la santé est un « bien supérieur »). Il existe dès lors un point au-delà duquel à trop réduire les revenus privés « libres », on aboutit à réduire l’espérance de vie de la population de l’équivalent d’une vie statistique : ce point se situerait entre 15 et 50 millions de dollars aux USA (donc autour de 15 millions d’euros chez nous, si j’applique les estimations officielles qui toutes considèrent qu’un Américain « vaut » entre deux et trois Français). Au moins une « vie statistique » serait perdue à chaque fois qu’une régulation imposerait 15 millions de dépenses contraintes par tête ; car toute régulation d’amélioration portant une valeur de la vie humaine supérieure à 15 millions d’euros va en fait augmenter le nombre de morts puisque la dépense contrainte de la régulation apporte moins de vies sauvées que la dépense « libre ». Appliquons ce raisonnement à la régulation en cours de division par 4 ou 5 des interactions sociales (le « confinement »). Je fais un vol de concept et de nombreuses approximations, mais ne sommes-nous pas dans l’urgence ?? Cette mesure de sécurité qu’est le confinement ne doit donc pas conduire à plus de 15 millions par mort, c’est-à-dire ne pas coûter à la fin plus de 15M x 20 000 (je suppose que c’est le nombre de morts que nous aurons, en scénario central, sous cette régulation, une fois comptabilisés les morts à domicile et dans les EPAD) = 300 milliards d’euros. Comme l’INSEE nous dit qu’un mois de confinement coûte à l’économie 3 points de PIB annuel, et que nous serons isolés disons 2 mois, le coût économique est de 6% de 2500 milliards, disons 150 milliards (je ne compte pas les atteintes à la croissance potentielle car ici le choc est de court terme, sans grand impact sur le capital humain ou sur le capital physique). Pour l’heure, nous respectons donc largement la norme de Viscusi. Mais de toute façon nous n’avons pas vraiment le choix : compte tenu de la nocivité du virus, de son caractère exponentiel et résilient, un confinement moindre n’allègerait pas du tout la note finale ; si un Français sur 3 chope le virus, et en appliquant une mortalité de 2% (hypothèse très conservatrice, car à ce moment là tout le système sanitaire et politique aura déjà sauté depuis longtemps…), cela donne 500 000 morts (dont au moins 100 000 appartenant à la force de travail, soit 5% de notre main d’œuvre), et alors le plafond de Viscusi se situerait à trois années de PIB pour le pays, c’est-à-dire plus que le coût de la dernière guerre mondiale (l’appareil industriel était encore là, il suffisait de demander à nos industriels de ne plus produire de chars pour les Allemands). En fait, sacrifier deux trimestres de croissance aujourd’hui est une OBLIGATION, pas seulement morale et religieuse, mais aussi économique, et encore plus si on factorise un peu la croissance de long terme. C’est comme ça. Il est vrai que vous avez dans l’autre sens trois fois plus de risques de décéder si vous êtes chômeur. Quand on nous dit que le chômage américain pourrait passer de 3% à 20% (c’est très exagéré mais cela vient du secrétaire mafieux au Trésor, Steven Mnuchin), cela doit peser dans la balance. La crise des opioïdes (qui pour la seule année 2016 a tué plus d’Américains que l’ensemble de leurs soldats morts au Vietnam) a eu pour base la désespérance d’une partie de l’Amérique qui ne bénéficiait pas de la reprise économique. Pierre Meneton de l’INSERM a conclu en 2015 à environ 14 000 décès par an dus au chômage en France (mais c’est surtout valable pour le chômage de longue durée, moins pour les chômeurs conjoncturels liés à une crise du type covid19). A cause des suicides, des addictions, d’un moindre recours au système de santé, etc. Pour mémoire, « on » a imposé de rouler à 80 km/h pour éviter (selon une règle de trois archi-contestable) 400 morts par an, mais passons. 14 000 morts chaque année multipliés par 1,5 millions (si la vie d’un chômeur vaut 50% de la vie d’un non-chômeur, je sens que je vais encore me faire des amis), cela donne une vingtaine de milliards d’euros : vous comprenez pourquoi je ne suis pas néo-autrichien en matière de politique monétaire, pourquoi je milite depuis des années pour une action contra-cyclique déterminée, et pour la fin d’une BCE sponsorisée par Dunlopilo. Car ce petit calcul morbide ne vaut que si les chômeurs conjoncturels se transforment massivement en chômeurs structurels : ce n’est pas un appel à ne pas respecter un confinement strict, c’est à appel à agir rapidement par la politique monétaire et par tous les canaux possibles. Et au final c’est bien ainsi qu’ont calculé les Chinois à la mi-janvier, eux qui n’ont pas trop lu le Talmud mais qui savent compter : ils auraient aimé réduire l’addition de court terme, qui les obligeait à renoncer à leur prévision de croissance 2020 (un 5,7% était nécessaire pour respecter l’engagement d’un doublement du produit national sur 2010-2020), qui les exposait à une crise sociale, et qui leur faisait perdre la face. Mais imaginez 20% de votre population atteinte d’un virus 30 fois plus mortel que la grippe, et sans pouvoir compter de façon sûre sur une solution vaccinale avant un an ou deux : ce n’est pas seulement l’économie qui aurait sauté, mais aussi le régime. Même embourgeoisé, le Parti a encore un certain sens de la conservation : après quelques hésitations, transactions et cafouillages (que nous reverrons en Europe puis aux USA dans les semaines suivantes…), il a tout arrêté pour que tout puisse repartir, façon Lampudesa. Si les responsables politiques se posent la question comme Donald Trump l’a mis en évidence et comme le gouvernement français l’exprime avec plus de subtilité, les citoyens seront probablement de moins en moins au clair sur leurs propres sentiments au fur et à mesure que les effets sociaux se feront sentir. (…) L’utilitarisme est vraiment une position dégueulasse, et conduit souvent à jouer avec le feu : tous les sociologues efféminés nous le disent à longueur de colonnes, de même que nos philosophes universitaires, qui n’ont jamais connu le moindre conflit en dehors de la dialectique et à qui on ne demande jamais de procéder à de vraies décisions en dehors de la notation des copies. Mais la situation pourrait devenir très tendue dans les jours à venir, et relever plus de Jack Bauer que de la revue du MAUSS. « La décision est l’art d’être cruel à temps ». Quand les choses tournent vraiment mal, à la guerre comme à la guerre : et l’utilitarisme revient, ce même utilitarisme qui vers 1945 a sauvé la vie d’un demi million de jeunes Américains, et des millions de Japonais sur des années, au prix de 150 000 morts japonais en 72 heures. Il n’y a pas beaucoup de belles plages sur les côtes nippones, et plein de jolies montagnes propices à la guérilla. Plaçons-nous toutefois dans le pire des scénarios pour nous rendre compte que l’utilitarisme et le calcul économique pur et dur auront bien du mal à passer, ou du moins que ce sera compliqué. Dans ce cadre du pire, et le temps que le vaccin soit produit à grande échelle (un temps considérable), on a deux solutions. Soit « on » choisit un principe de tirage au sort, soit « on » hiérarchise les individus en fonction de leur utilité sociale (c’est déjà ce que font nos réanimateurs, sans trop le dire). On retrouvera ce choix, au-delà des urgences, pour distribuer les doses de vaccin (ou de chloroquine) : la première méthode, le hasard, la file d’attente (disons la méthode soviético-athénienne) a le mérite d’être aveugle, et donc juste, puisque la justice est aveugle (en théorie). Mais ce n’est pas la méthode la plus efficace : ce rationnement par les quantités est très inférieur au rationnement par les prix ; et ce dernier est souvent aussi, au final, plus juste, tant il est vrai que certains dans la file d’attente seront « plus égaux que d’autres » (de nombreuses expériences, tout au long du XXe siècle…). Seulement voilà : un vaccin pricé, quoté ou mis aux enchères provoquerait des remous tels qu’il échouerait certainement. De plus, il faudra bien que tout le monde reçoive sa dose, au final : si la courbe épidémique a été maitrisée par le confinement, le vaccin n’aura qu’une valeur-temps, qui se prête plutôt bien à la file d’attente. Ajoutons que, dans nos sociétés, ce sont les vieux qui ont l’argent, ce qui reviendrait une nouvelle fois à les privilégier en cas de recours au marché, comme depuis 40 ans, sur tout, des finances publiques au combat contre une inflation qui n’existe plus ; rappelons qu’ils sont certes plus exposés, mais qu’ils incorporent moins de vie potentielle. (…) On sait par avance qu’une forme ou une autre de tirage au sort ou de file d’attente sera privilégiée, de sorte que l’espace du marché serait limité à un marché noir par internet où les plus riches, les plus averses au risque ou les plus impatients se soigneront (ou se feront rouler) sous les crachats des médias et du grand public. Ce n’est pas un optimum, au sens de Pareto ou de n’importe qui. Mais ce n’est qu’un scénario, ce n’est qu’une ébauche de réflexion sur ce thème délicat, et, après avoir commencé par le Talmud, finissons par le folklore yiddish : « on doit continuer de vivre, ne serait-ce que par curiosité’. Mathieu Mucherie
Hors du sacrifice point de salut !
En ces temps étranges …
Où pour faire la guerre, l’on se voit sommé par un gouvernement « En marche »… de rester chez soi !
Où, en un incroyable rituel 500 ans après les sanguinaires Aztèques, nos populations entières se voient conviées chaque soir à la même heure au décompte des victimes sacrificiées du jour …
Où reprenant les prédictions proprement apocalyptiques d’un expert britannique qui annonce à présent que du fait qu’elles étaient en fin de vie ou de leurs conditions sous-jacentes jusqu’à deux tiers des victimes du coronavirus seraient mortes n’importe comment à la fin de l’année …
Le conseiller scientifique du président américain annonce à son pays et au monde entier la mort possible, pour sa propre nation, de l’équivalent des victimes combinées d’Hiroshima et de Nagasaki …
Où la planète entière se lance au même moment dans la plus folle des surenchères au harakiri économique …
Où l’origine géographique même d’un virus ne peut plus être mentionnée …
Alors qu’en un véritable Etat voyou chinois prêt, comme la dernière fois après ses criminelles semaines de mensonges du départ, à reprendre ses pires habitudes …
Et en train de régler définitivement à elle toute seule, en une sorte de potlatch proprement planétaire, le problème des espèces animales protégées …
Un journal confirme, ce qu’a pu représenter pour la ville-martyre de Wuhan, le prix du sauvetage des bouchers de Tiananmen …
Comment ne pas voir …
Dans le scandale même qu’ont soulevé les propos chocs du vice-gouverneur du Texas …
Appelant non comme on l’a dit à sacrifier les personnes âgées sur l’autel des profits …
Ni même à exiger que lesdites personnes âgées se sacrifient …
Mais annonçant tout simplement sa résolution à lui et à d’autres membres de sa génération, à se battre, au prix de sa vie pour éviter le sacrifice de l’avenir de toute une génération …
La vérité que tiennent tant à cacher, première victime de toute guerre comme on le sait, nos dirigeants les mieux-pensants …
Derrière la fausse alternative entre les vies et l’économie …
Et le véritable potlatch, en centaines de milliards d’euros sans compter nos libertés, qu’ils se préparent à faire …
A savoir comme le rappelait hier même le philosophe Damien Le Guay sur le site Atlantico …
Qu’une crise économique fait aussi des morts …
Et que derrière la générosité jour après jour exhibée de l’Etat pour ses citoyens peut aussi se cacher sans le dire …
Au-delà de la nécessité de dissimuler, à présent éclatante, l’incurie et l’imprévision de décennies …
Un « arbitrage entre la France d’aujourd’hui qui se protège et la France de demain qui devra payer, en remboursant la dette, les protections d’aujourd’hui » … ?
Mais surtout comment ne pas voir …
En cette veille de Pâques …
La vérité bien plus profonde enfin toute nue et crue …
Si brillamment redécouverte, cachée depuis la fondation du monde on s’en souvient, par le philosophe René Girard …
Et regrettée par à la fois Nietzche et Hitler …
Mais déjà évoquée bien avant tout au long des Ecritures sacrées juives…
Notamment dans le fameux jugement de Salomon …
Puis énoncée, sans le savoir nous dit le texte, par le sacrificateur Caïphe il y a 2 000 ans…
Et enfin parfaitement explicitée, en paroles comme dans le don suprême de sa propre vie, par le Christ lui-même …
A savoir contre « l’illusion d’un terrain neutre complètement étranger à la violence » …
L’incontournable fait …
Que l’ « on ne peut renoncer au sacrifice première manière, qui est sacrifice d’autrui, violence contre l’autre, qu’en assumant le risque du sacrifice deuxième manière, le sacrifice du Christ qui meurt pour ses amis » ?
Convergences révolutionnaires
30 mars 2020
Selon Trump et ses amis, qui veulent remettre les travailleurs au boulot dès avril, le ralentissement de l’économie américaine est aussi dangereuse que le coronavirus. C’est aussi ce que pense Dan Patrick, le vice-gouverneur du Texas, qui a appelé les personnes âgées à aller travailler. Autrement dit, se sacrifier pour « conserver l’Amérique que tout le monde aime ». C’est vrai que les plus âgés sont aussi les plus susceptibles d’être touchée par le virus, alors foutu pour foutu, autant qu’ils aillent se tuer à la tâche !
« L’Amérique qu’on aime » : celle où les plus faibles sont sacrifiés sur l’autel des profits ?
Voir aussi:
Sputnik
Le vice-gouverneur du Texas s’est déclaré prêt à donner sa vie plutôt que de voir l’économie américaine sombrer à cause des mesures sanitaires liées à la pandémie de Covid-19. Selon lui, «beaucoup de grands-parents» à travers le pays partagent cette position.
Nombreux sont les Américains âgés qui sont prêts à «se sacrifier» afin d’empêcher la pandémie de coronavirus de porter un grave préjudice à l’économie nationale et par conséquent au bien-être de leurs petits-enfants, estime le vice-gouverneur du Texas Dan Patrick.
«Mon message est le suivant: reprenons le travail, reprenons la vie normale, soyons intélligents, et ceux d’entre nous qui ont plus de 70 ans, nous nous occuperons de nous», a confié le responsable dans un entretien avec un journaliste de la chaîne Fox News
Lui-même âgé de 69 ans, il s’est dit prêt à mourir plutôt que de voir l’économie américaine détruite par les mesures sanitaires décrétées sur fond de pandémie. D’après lui, cette position est partagée par «beaucoup de grands-parents» à travers le pays.Selon les dernières évaluations de l’Université John-Hopkins, les États-Unis comptent pour le moment 46.450 cas confirmés d’infection au coronavirus, soit le troisième pays le plus touché au monde, ainsi que près de 600 décès.
Voir également:
Dan Patrick, lieutenant-gouverneur du Texas (équivalent de vice-gouverneur), a estimé que les grands-parents, comme lui, devaient être prêts à mourir pour sauver l’économie du pays.
Invité lundi soir sur Fox News, il a assuré que le confinement de la population, et donc le ralentissement général de l’économie, était la plus grande menace pour les Etats-Unis.
«Êtes-vous prêt à prendre le risque [d’être malade] afin de conserver l’Amérique que tout le monde aime pour vos enfants et petits-enfants ?» a lancé celui qui est âgé de 69 ans et a six petits-enfants. «Si c’est le deal, je suis prêt à me lancer», a-t-il expliqué, assurant qu’il ne voulait pas «que tout le pays soit sacrifié».
Devant ce discours peu ordinaire, le journaliste a souhaité être sûr de ce que Dan Patrick pensait. «Donc, vous dites essentiellement que cette maladie pourrait vous tuer, mais que ce n’est pas la chose la plus effrayante pour vous. Il y a quelque chose qui serait pire que de mourir ?», a-t-il demandé. Ce à quoi le lieutenant-gouverneur répondu par l’affirmative.
Cette position du responsable républicain, qui peut paraître étonnante, est pourtant en accord avec celle de Donald Trump. Lundi, le président américain a exprimé des doutes sur les restrictions mises en place face au coronavirus, déplorant leur impact sur l’économie. «Nous ne pouvons laisser le remède être pire que le problème lui-même», a-t-il tweeté.
Voir de même:
“My message is that let’s get back to work,” Patrick said on Fox News. “And those of us who are 70 plus, we’ll take care of ourselves. But don’t sacrifice the country.”
« Crise sanitaire: les libertés abandonnées ne seront pas retrouvées intactes »
Avec les meilleures intentions, l’Etat devient plus tutélaire que jamais, s’inquiète l’essayiste Jean-Philippe Delsol. Dans quel état sera, demain, la liberté en France?
Jean-Philippe Delsol
Le Figaro
30 mars 2020
Jean-Philippe Delsol est avocat et président de l’Institut de Recherches Économiques et Fiscales (think-tank libéral). Il a notamment publié Éloge de l’inégalité (Manitoba, 2019).
Le Covid-19 prendra des milliers de vies et chaque vie perdue trop tôt est une mort de trop. Il fallait lutter de manière déterminée contre cette épidémie. Mais ne faut-il pas aussi raison garder? Selon les propos de Monsieur Macron, la situation prouverait que «la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe». N’est-ce pas l’inverse? Peut-être payons-nous aujourd’hui des décennies d’étatisation de la santé en France qui ont conduit à une insuffisance du nombre de généralistes et autres praticiens, des urgences en surchauffe permanente et des hôpitaux publics qui manquent de moyens par suite de quotas stupides imposés depuis des décennies aux examens de médecine, d’une sécurité sociale impotente et qui paupérise progressivement médecins et personnels hospitaliers, d’une politique centralisatrice, restrictive et néanmoins très onéreuse, représentant 11,2% du PIB en 2018, parmi les quatre pays dont le financement est le plus élevé de l’OCDE?
Taïwan, dont le système de santé est très largement privatisé, a réussi à maîtriser la propagation de la maladie sans confinement généralisé
Peut-on, doit-on faire confiance à cet État qui n’a pas prévu de stocks suffisants de masques et de tests, qui s’inquiète de l’insuffisance de lits respiratoire et tarde à en appeler aux lits inoccupés des hôpitaux privés? L’État ne sait pas tout! D’autres politiques étaient possibles. Sans confinement généralisé, la Corée du Sud et Taïwan, dont le système de santé est très largement privatisé, ont réussi à maîtriser la propagation de la maladie avec des distributions ou ventes massives de masques de protection et la multiplication des dépistages permettant un suivi des parcours du virus pour chaque patient.
L’État pourtant s’institue désormais en grand ordonnateur. Puisqu’il a renvoyé les salariés chez eux et que d’autres utilisent leur droit de retrait, qui leur permet de quitter leur travail en cas de danger tout en étant payé, il lui faut venir au secours des entreprises en perdition. Va-t-il prendre en charge les loyers des commerces fermés, s’opposer aux cessations de paiement, réquisitionner… et à quel coût? Il a annoncé des dizaines de milliards et il en faudra peut-être des centaines… à la charge des contribuables bien sûr, car ce sont toujours eux qui payent à la fin.
Pourtant, avec l’argent perdu par tant d’activités étouffées dans l’industrie et le commerce, combien d’autres vies aurions-nous pu sauver par la recherche, la découverte accélérée d’autres remèdes et vaccins? Et combien d’autres morts ou d’autres malades causeront indirectement ces faillites inévitables, le chômage qui s’ensuivra, la pauvreté et la détresse qui augmenteront? Il y a ce qui se voit et ce qui ne se voit pas!
Sûr que sa douce tyrannie est bonne, l’État n’en profitera-t-il pas pour étendre son pouvoir sur les citoyens et bientôt sur leur esprit?
Mais l’État aura pris déjà soin des affaires de tous. Il se croira indispensable. Sûr que sa douce tyrannie est bonne, n’en profitera-t-il pas, comme en Chine, pour étendre son pouvoir sur les citoyens et bientôt sur leur esprit qu’il confinera aussi dans une pensée correcte? Pour le craindre, il suffit de lire le projet de loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19 selon lequel «la déclaration de l’état d’urgence sanitaire donne pouvoir au Premier ministre de prendre par décret pris sur le rapport du ministre chargé de la santé, les mesures générales limitant la liberté d’aller et venir, la liberté d’entreprendre et la liberté de réunion et permettant de procéder aux réquisitions de tout bien et services nécessaires (…)». Il s’agit de nos libertés essentielles, constitutionnelles. Et on les supprime dans une loi d’urgence qui sera adoptée en catimini dans des hémicycles désertés par la peur! Il n’est pas sûr que ce soit conforme à la Constitution, mais qui osera s’y opposer puisque nous sommes en guerre!
Certes, je n’imagine pas que MM. Macron et Philippe instituent aujourd’hui un État totalitaire, mais ils habituent la politique française à ces mesures sur la base d’une situation décrétée d’urgence absolue dans des conditions qui ne le méritaient peut-être pas. Ils augurent mal de l’avenir pour lequel déjà ils parlent de nationaliser, de contrôler la production…
Les libertés dédaignées seront amoindries.
Une nouvelle religion de précaution se sera répandue pour croire que l’héroïsme conduit à vivre chez soi s’il est dangereux d’en sortir. Tous se seront accoutumés à une présence publique plus tutélaire que jamais. Patrons, indépendants et salariés garderont tendue la main qui réclame l’aumône que l’État leur consent après en avoir prélevé le montant sur leur dos. Les libertés dédaignées seront amoindries et difficiles à recouvrer. La puissance publique régnera et aura pris plaisir à son obésité. Sauf si nous savons réagir bien sûr et prendre mesure de toutes choses. Face au Coronavirus, gardons en tête ces mots de Corneille dans Polyeucte: «Je ne hais point la vie, et j’en aime l’usage, / Mais sans attachement qui sente l’esclavage.»
Voir encore:
Crise sanitaire : la dangereuse tentation de la surveillance de masse
La crise sanitaire est rude pour les démocraties libérales. Impréparées face à une telle onde de choc, le défi est immense pour ces nations plus que jamais ouvertes à une mondialisation où le rôle de l’Etat se réduit à peau de chagrin. Désormais, les démocraties doivent résoudre une équation complexe ; entre garantie des libertés individuelles et efficacité de la gestion de la crise.
L’Europe en crise
L’action trop tardive des gouvernements européens lors des premières semaines a provoqué une propagation non maitrisée du Covid-19 sur plusieurs pays avec un foyer très actif en Italie. En France, le discours affirmant que le pays était largement équipé et que le virus n’était pas plus dangereux qu’une grippe saisonnière dominait largement. Comme du temps de la ligne Maginot et de la guerre éclair (Blitzkrieg), les certitudes d’une protection totalement étanche ont été battues en brèche par les faits.
Désormais, la crise est au cœur du Vieux Continent et la politique de rigueur budgétaire et ses 3% de déficit semble bien dérisoire face aux funestes conséquences des fermetures de lits, des délocalisations de la production de denrées médicales et des baisses de commandes de masques. Au pied du mur, le gouvernement fait le choix d’un comité scientifique sur lequel il fonde ses décisions. Le rôle du politique est pourtant, en consultation étroite avec les experts, d’arbitrer selon des valeurs et avec humanité, il est impensable en démocratie de déléguer le pouvoir démocratique aux mêmes experts.
Faire croire aux Français que face à la crise sanitaire il serait incontournable de recourir à de telles méthodes constitue une grave menace
En parallèle de cette gouvernance des experts, la tentation de la surveillance de masse devient l’un des remèdes qui s’instille insidieusement dans les esprits depuis quelques jours. Des drones sont ainsi déployés dans les rues de Nice ou Paris afin de rappeler à l’ordre les citoyens. Si ce type d’usages reste circonscrit en France, en Asie son usage est bien plus contestable. En Corée du Sud, la stratégie numérique d’identification des citoyens est mise en place et les déplacements des individus sont tracés et contrôlés à distance à l’aide des smartphones. A la manière des récits de science-fiction des années 1980, l’Asie du sud-est devient un terrain d’expérimentation pour une surveillance orwellienne profitant du climat de pandémie.
Là-bas, les individus se déplacent sous l’œil acéré d’un « big brother étatique ». Partout dans le monde, le e-commerce devient incontournable en temps de crise et se donne quasiment une mission de service public auprès des citoyens ; derrière cette image vertueuse et bienveillante reste pourtant un nouveau pouvoir désormais incontournable, aux capacités de surveillance immenses.
La France est aujourd’hui tentée d’emprunter cette voie. Certains experts réclament au comité scientifique français d’explorer ces mesures venues d’Asie. Face à cela Jacques Toubon le défenseur des droits appelle, à raison, à la plus grande prudence sur les libertés individuelles. Faire croire aux Français que face à la crise sanitaire il serait incontournable de recourir à de telles méthodes constitue une grave menace. Ouvrir la voie à de telles mesures, quand bien même nous soyons face à une pandémie, est la garantie de décennies bien plus funestes à l’issue de la crise.
Une tentation liberticide et inefficace
Outre la dimension liberticide de la surveillance de masse, son efficacité très limitée doit être relevée. Les premiers retours d’expérience étrangers montrent que le confinement strict et la distribution massive de masques sont les seules façons d’endiguer le mal en attendant un remède. Ceci réclame de la part de la France deux réponses ; logistique et juridique. Le basculement réel et profond de l’économie nationale afin de mobiliser pleinement l’appareil productif (réquisition de sites industriels notamment) et l’utilisation de l’arsenal juridique dont la constitution de 1958 voulut par le Général de Gaulle permet de disposer en cas de crise.
Demain, l’expertise devra être citoyenne !
La sortie de crise nécessite un Etat fort s’inscrivant dans le strict respect des libertés publiques et dans une action politique au service des citoyens. C’est dans les temps de crise que les démocraties doivent demeurer des lueurs d’espoir, sans jamais éteindre leur humanité au nom d’une hypothétique rationalité, fussent-elles professées par des « experts ». L’après crise ne pourra se passer d’une réflexion collective, pour choisir les nouveaux fondamentaux qui demain orchestreront notre quotidien. Demain, l’expertise devra être citoyenne !
Voir par ailleurs:
Two thirds of coronavirus victims may have died this year anyway, government adviser says
Professor Neil Ferguson said experts were now expecting around 20,000 deaths, although said it may turn out to be a lot less
Up to two thirds of people who die from coronavirus in the next nine months are likely to have died this year from other causes, a government advisor has said.
Professor Neil Ferguson, who is recovering at home from Covid-19, told the Science and Technology Committee that experts were now expecting around 20,000 deaths, although said it may turn out to be a lot less.
But he said that many of those deaths were likely to be old and seriously ill people who would have died from other conditions before the end of the year.
Appearing via videolink, and drinking from a Keep Calm and Carry On mug, Prof Ferguson said: “We don’t know what the level of excess deaths will be in the epidemic, in that, by the end of the year what proportion of people who died from covid would have died? It might be as much as half or two thirds of the deaths we see, because these are people at the end of their lives or have underlying conditions so these are considerations. Fatalities are probably unlikely to exceed 20,000 with social distancing strategies but it could be substantially lower than that and that’s where real time analysis will be needed.”
Prof Ferguson, who sits on the government’s Scientific Advisory Group for Emergencies (Sage) said that the decision to lockdown Britain had been taken because the NHS simply could not have coped with the surge in demand, which would have had a huge knock-on effect for other health services, potentially having unintended consequences.
He said that he expected the virus to peak within 2.5 to three weeks before tailing off and said that the warmer weather could also see transmision dip by up to 20 per cent.
The government’s strategy is to keep people apart to flatten the peak so that the health service can cope with the cases until a vaccine or anti-viral is ready, which is unlikely before the end of the year.
Prof Ferguson said that the new social distancing measures announced by Boris Johnson earlier in the week meant the NHS would now be able to handle the incoming cases of coronavirus.
“The strategy being done now in some areas ICUs will get close to capacity but it won’t be reached at a national level,” he said.
“We are reasonably confident that at a national level we will be within capacity.”
The government has faced widespread criticism for failing to test people in the community and trace the people they have come into contact with, unlike other countries such as South Korea, which managed to contain the virus far more quickly.
But Prof Ferguson said they were unable to adopt a similar strategy because Public Health England (PHE) had informed the Sage committee in January that there was not the capacity to test that number of people.
Instead, the current strategy aim is to suppress transmission indefinitely until other counter-measures are put in place, including a vaccine.
Prof Ferguson said it was clear that widespread testing was needed to help move the country from suppression measures and lockdown into something the country can manage longer-term.
He suggested that local areas may face lockdown if they have especially high rates of infection.
« There will be some resurgence of transmission but the hope is that by employing more focused policies to suppress those local outbreaks, we can maintain infection levels at low levels in the country as a whole indefinitely,” he said.
« It remains to be seen how we achieve this and how practical it proves to be. The long-term exit from this is clearly the hopes around a vaccine.”
However Sage was criticised for its slow response by the Editor of the medical journal the Lancet, who said experts had failed to appreciate just how serious the situation was in China by January, and the risk to Britain.
Richard Horton, said the group did not seem to have read important modelling papers that Chinese scientists had produced early in the epidemic.
There was a mismatch between the urgent warning that was coming from the frontline in China and the pedestrian evaluation of what the likely severity of the outbreak would be,” he told MPs.
“That suggests to me that we didn’t understand fully what was taking place. I think the perspective was largely on the UK but I haven’t seen an outreach to the scientists in China,
“China has top scientists who are doing cutting edge work and have responded in the most unbelievably rapid way so if I had been chair of sage I would have wanted to go to those scientists on the frontline to find out what is coming for us in the UK.”
Voir aussi:
Republicans face backlash over racist labeling of coronavirus
China says US politicians are stigmatizing the country with ‘despicable’ practice of calling the virus ‘Wuhan coronavirus’ and ‘China coronavirus’
Adam Gabbatt in New York
Senior Republican figures are facing backlash over an apparent effort to label Covid-19 as “Chinese coronavirus” – as China accused some US politicians of “disrespecting science” in order to “stigmatize” the country.
Kevin McCarthy, the House minority leader, and Mike Pompeo, the secretary of state, are among those to add a geographical marker to the coronavirus in recent days.
Pompeo called the virus the “Wuhan coronavirus” on Friday, referring to the Chinese city where the outbreak started, and McCarthy used the term “Chinese coronavirus” on Monday, when he tweeted out a link to the Centers for Disease Control and Prevention, the federal agency that has led the US effort to fight the virus.
The CDC website specifically avoids the phrase when talking about Covid-19, the novel strain of coronavirus at the heart of the global outbreak.
Other Republicans, including Senator Tom Cotton and Representative Paul Gosar – who is in self-quarantine – have used similar terms.
China reacted furiously on Monday, with a spokesman for the foreign ministry criticizing US elected officials.
“Despite the fact that the WHO [World Health Organization] has officially named this novel type of coronavirus, certain American politician[s], disrespecting science and the WHO decision, jumped at the first chance to stigmatize China and Wuhan with it. We condemn this despicable practice,” said Geng Shuang.
Republicans’ attempts to associate Covid-19 overtly with China repeats a common theme of associating epidemics with certain countries, such as 1918 influenza pandemic being branded “Spanish flu”.
Academics have warned the practice leads to stigma and racism, and the World Health Organization sent a memo to governments and media organizations at the end of February, urging people not to use the terms “Wuhan Virus”, “Chinese Virus” or “Asian Virus”.
“Governments, citizens, media, key influencers and communities have an important role to play in preventing and stopping stigma surrounding people from China and Asia in general,” the WHO said.
The branding fits neatly with Donald Trump’s anti-China rhetoric and ongoing trade war, however – as Democratic congressman Ted Lieu pointed out in a tweet, referring to Trump as Potus, the president of the United States.
“One reason @POTUS & his enablers failed to contain #COVID2019 is due to the myopic focus on China. The virus was also carried into the US from other countries & US travelers. Calling it Chinese coronavirus is scientifically wrong & as stupid as calling it the Italian coronavirus.”
Voir de plus:
Coronavirus : « En Chine, plus personne ne croit en la parole officielle »
Marie Holzman
Traductrice, auteur de nombreux ouvrages sur la Chine contemporaine, présidente de Solidarité Chine
D’abord ignorée puis longtemps sous-estimée par les autorités de Pékin, l’épidémie de coronavirus montre les blocages d’un régime qui néanmoins ne peut plus totalement contrôler l’information, relève Marie Holzman, spécialiste du monde chinois dans une tribune au « Monde ».
Le Monde
29 janvier 2020
Tribune. Décidément la Chine est placée sous le signe des catastrophes sanitaires à répétition. En 2003, ce fut l’épidémie du SRAS [syndrome respiratoire aigu sévère] qui se répandit à travers le monde et fit plus de huit cents morts. Durant l’année du cochon, qui vient de se terminer ce 24 janvier, ce sont plus de trois cents millions de porcs qui ont dû être abattus dans le pays, et maintenant que l’année du rat débute, on se demande si ce n’est pas la mauvaise habitude des gourmets chinois de rechercher des aliments « exotiques » comme le rat des bambous ou la chauve-souris qui ont provoqué l’irruption d’un nouveau virus mortel à Wuhan.
Déjà en 2003, l’épidémie du SRAS avait été provoquée dans la province du Guangdong par la consommation de civettes qui avaient été infectées par les chauves-souris qui pullulent dans la province voisine du Yunnan.
Vieux réflexe bureaucratique
Quelles que soient les causes de l’épidémie, ce qui frappe le plus les observateurs, c’est la façon dont les autorités chinoises ne parviennent pas à se défaire d’un vieux réflexe bureaucratique issu de la tradition communiste : cacher les problèmes aussi longtemps que possible, afin d’éviter de porter la responsabilité du drame. La catastrophe de Tchernobyl est évoquée sur les réseaux chinois par les internautes qui discutent fiévreusement de l’évolution de ce qui ressemble de plus en plus à une pandémie.
Si le gouvernement avait pris les mesures requises à temps, en serions-nous là aujourd’hui, se demandent-ils. L’épidémie du SRAS avait commencé à la fin de l’année 2002, mais il a fallu attendre que des victimes soient reconnues à Hongkong avant que Pékin ne décide de prendre des mesures à l’échelle nationale en février 2003.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, la liberté d’expression a été mise à rude épreuve. Aujourd’hui le seul média qui s’autorise encore à communiquer quelques informations est le journal en ligne Caixin. D’après ce média, le premier cas avéré de malade atteint par le coronavirus a été découvert à Wuhan le 8 décembre 2019. Les autorités locales ont choisi de ne pas transmettre l’information à la direction du Parti.
A la fin du mois de décembre 2019, les autorités centrales commencent à s’inquiéter. Une information interne circule à Pékin, et des fuites parviennent à informer quelques Chinois actifs sur les réseaux. Le pot aux roses est dévoilé et c’est le 31 décembre seulement que les autorités de Wuhan envoient le virus pour le faire analyser à Pékin. Le 2 janvier, le virus est identifié et les annonces commencent : il y a bien une épidémie à Wuhan, mais « tout est sous contrôle ». Réaction locale ? Huit internautes sont accusés de « transmettre des rumeurs » et sont arrêtés à Wuhan.
Rage
Aujourd’hui, l’exaspération de la population chinoise est à son comble. La décision de fermer la ville de Wuhan, ainsi qu’une dizaine de villes avoisinantes, c’est-à-dire à isoler près de soixante millions de Chinois passe d’autant plus mal qu’elle a été prise du jour au lendemain, et sans avertir au préalable la population. Et ceci dans les pires conditions, puisque le réveillon du Nouvel an était le 24 janvier et c’est le moment de l’année où plusieurs centaines de millions de migrants retournent dans leur village, et où de nombreux habitants de Wuhan sont en vacances.
Les voyageurs dont la plaque d’immatriculation montrait qu’ils venaient de Wuhan ont été aussitôt interdits de séjour partout où ils passaient : ni les hôtels, ni les restaurants n’acceptaient de les laisser entrer dans leur établissement !
Wang Dan, l’un des leaders du mouvement estudiantin pour la démocratie en 1989, actuellement exilé aux Etats-Unis, bien connu et respecté pour ses déclarations rationnelles et modérées a craché sa rage dans un tweet : « Si nous étions encore dans la période Hu Jintao et Wen Jiabao, nous aurions eu au moins le spectacle de la compassion, même si elle était probablement partiellement feinte. Maintenant que nous sommes sous le règne de Xi Jinping, nous n’avons même pas l’honneur d’un petit spectacle ! Alors que l’épidémie continuait à progresser, que la vie des citoyens ne tient plus qu’à un fil, Xi est resté à Pékin pour festoyer à l’occasion du Nouvel an, au milieu des chants et des danses, se moquant totalement de tout. On a dépassé le niveau du dégoût, on entre dans le chaos. Je suis convaincu que cette crise, quelle que soit son évolution, va sonner le tocsin du Parti communiste chinois et de Xi Jinping ». Un jugement d’une rare sévérité qui sous-estime les capacités de résistance du régime.
Par dizaine de milliers
Le problème fondamental en Chine aujourd’hui, c’est que plus personne ne croit en la parole officielle. Il existe du coup un nouveau type d’information privée créée par des intellectuels émigrés : des émissions sur YouTube commentent l’actualité chinoise avec un professionnalisme qui convainc le public chinois. Décryptant les reportages et l’actualité en Chine, ils parviennent à en donner une lecture objective.
Désormais les seules informations non censurées viennent des réseaux sociaux. Avec des faits mais aussi des rumeurs même si colportées de bonne foi. Le nombre des contaminations n’en parait pas moins déjà beaucoup plus important que celui reconnu par les autorités. Le directeur de la faculté de médecine de Hongkong University assure que les malades se comptent par dizaine de milliers et non par milliers. Sans être démenti.
Il a fallu attendre le 24 janvier pour que le gouvernement chinois se réunisse en urgence. Un groupe de commandement national a été créé pour gérer la crise, et le premier ministre Li Keqiang en a pris la direction. Il ne s’est rendu à Wuhan que le 27 janvier. Quelques jours plus tôt, le 20 janvier, le maire de Wuhan, qui n’a pourtant pas l’habitude de s’exprimer devant les médias, a accepté une interview de la chaîne officielle, CCTV 13, où il explique maladroitement pourquoi il n’a pas pu s’exprimer plus tôt.
Traduction : « Tout ça, ce n’est pas de ma faute, c’est la faute de ceux d’en haut qui ne m’avaient pas donné le feu vert ». Comme l’écrivit en 2003 Liu Xiaobo [Prix Nobel de la paix 2010 mort en prison en juillet 2017] : « Les services de la santé du Parti communiste chinois ont caché des nouvelles déterminantes. Ce que ce genre de censure provoque, ce n’est pas seulement la mort de la presse, mais c’est aussi la vie des citoyens qui est mise en danger. » Cette déclaration n’a rien perdu de son actualité.
Marie Holzman (Traductrice, auteur de nombreux ouvrages sur la Chine contemporaine, présidente de Solidarité Chine)
Voir encore:
Four lessons the Spanish flu can teach us about coronavirus
Up to 100 million people died in 1918-19 in the world’s deadliest pandemic. What can we learn?
Hannah Devlin
3 Mar 2020
Spanish flu is estimated to have killed between 50 million and 100 million people when it swept the globe in 1918-19 – more than double the number killed in the first world war. Two-thirds of its victims died in a three-month period and most were aged 18-49. So what lessons has the world’s deadliest pandemic taught us?
1) How not to name a pandemic
In spring 1918, soldiers in Europe on both sides starting suffering from a new type of influenza. But if the illness seemed worse than seasonal flu, the squalid conditions of the trenches were blamed and, not wanting to admit any potential weakness, Britain, France and Germany kept the outbreak a secret. It was only when the disease hit Spain, a neutral country, that the first accurate reports emerged giving the pandemic its name.
Misidentifying illnesses as being from one country or one ethnic group is a common theme (the 2009 swine flu outbreak was initially labelled “Mexican flu”) and often leads to stigma and racism. In Spain “the name caused offence for a long time after”, said Prof Julia Gog, a mathematician who researches flu dynamics at the University of Cambridge.
“When we give talks we’re careful to call it 1918 influenza – there’s no way its origin was Spain. There’s a joke that when an epidemic is said to emerge first in a place, it almost certainly didn’t. Except Wuhan might actually be right.”
2) Tell the truth and warn the public
The Spanish flu hit during the first world war, so authorities were unusually keen to avoid further social disruption or blows to national morale. Much of the pandemic was characterised by increasingly untenable reassurances that the Spanish flu was not something to be overly concerned about. In June 1918, just before the UK felt the full force of the outbreak, the Daily Mail advised readers that flu was no worse than a cold and that people should not have “any great dread” but “maintain a cheery outlook on life”. The Times initially adopted a casual, jokey tone before growing critical of official complacency.
“Epidemics all follow this similar arc where people deny or dismiss the threat until it becomes impossible to ignore any more,” said Mark Honigsbaum, a medical historian at City, University of London. The way coronavirus is being played down by some leaders is concerning, he said, and even throwaway comments that appear to undermine the seriousness of the threat can set the tone for how people respond to advice.
“You still have politicians like Boris Johnson saying they’re happy to shake hands. Just stop shaking hands,” said Honigsbaum. “We need to take this a little bit more seriously. I’m shocked by the complacency at the political level.”
3) Uncontrolled movement can lead to tragic outcomes
The unusual circumstances of the first world war reversed the normal pattern of human movement in a pandemic. Instead of the sickest people staying put in bed, many were sent home from the frontline, which may have contributed to the rapid spread of the disease. And many countries struggled to balance national war interests with public health.
In New Zealand, which was slow to clamp down on ships entering and leaving its ports, nearly 1% of the population died within two months in late 1918, triggering even worse outbreaks in Pacific territories such as Western Samoa, where 30% of men, 22% of women and 10% of children died.
By contrast, the coronavirus outbreak has prompted draconian clampdowns on civil life. The World Health Organization has credited the response in China, where entire cities were placed in lockdown and schools and work suspended, with averting hundreds of thousands of cases of Covid-19.
4) The potential for a second wave
The first wave of Spanish flu in spring 1918 wasn’t that bad. But by August, when a second wave spread from France across Europe, the US and much of the globe, the virus had mutated to a far deadlier form and appeared to hit hardest in regions that had not already been exposed, meaning people had lower immunity.
Flu viruses are fundamentally different from coronaviruses in that they are constantly shuffling their genomes, which means they rapidly morph from one strain into another – that’s why flu vaccines are needed annually. Coronaviruses tend to be genetically fairly stable and so scientists don’t expect a sudden shift in the mortality rate of Covid-19. But the question of whether coronavirus will disappear, reappear in waves or simmer in the background as an endemic illness still remains to be answered.
Viruses where transmission is strongly affected by temperature and humidity often come in waves and initially it was expected that Covid-19 might die down in the spring and possibly reappear next winter. But the geographic spread is already raising questions about this.
“Iran right now, Italy right now, they’re all warmer than the UK, so the argument that we’ll be safer as we move towards the summer doesn’t make sense,” said Gog. “How transmission depends on temperature and humidity is unknown, but it’s possible it may not be a two-wave thing, at least not due to climate.”
Whether we see a second wave will also depend on whether people who have been infected once have long-term immunity, which would suppress re-emergence in the community. Reports of a Japanese woman getting the virus twice raised the prospect that immunity may wane in the weeks or months after recovery, which some think could make a second wave more likely. This is something experts are tracking closely as case numbers continue to rise.
Voir encore:
Foreign Ministry Spokesperson Zhao Lijian’s Regular Press Conference on March 4, 2020
I’d like to share with you some latest figures. According to the statistics from the National Health Commission this morning, March 3 saw 2,652 patients cured and discharged from hospital in China’s mainland, bringing the tally to 49,856.
Outside Hubei, the number of newly confirmed cases per day has been hovering around 10 for six days running, and that of newly reported suspected cases per day has been capped under 100 for five days running. In Wuhan, the number of patients cured and discharged has exceeded that of confirmed cases.
Q: According to reports, the IAEA issued two reports on the Iranian nuclear issue on March 3. One is a quarterly report on Iran’s implementation of JCPOA obligations. It says Iranian stockpile of enriched uranium has exceeded one tonne and Iran is continuing violation of limits in other key areas set out in the deal. The other is a report on Iran’s implementation of the comprehensive safeguards agreement and the additional protocol. It asks Iran to provide access without delay to two locations. The IAEA will review relevant issues as its board meet next week. I wonder if China has a comment?
A: We have taken note of the IAEA’s latest reports on Iran. It confirms that the agency’s verification activities on Iran’s implementation of the JCPOA have been going on, that Iran has not taken the fifth step of reducing commitments and has not diverted declared nuclear material for other purposes. China encourages Iran to continue cooperation with the agency. At the same time, we hope the agency will uphold the principle of objectivity, impartiality and neutrality, exercise safeguards oversight on Iran in strict accordance with its mandate, and work together with Iran to resolve relevant issues.
I reiterate, the US unilateral withdrawal from the JCPOA and maximum pressure on Iran is the root cause of the current Iranian nuclear crisis. The US should give up its wrong approach and leave room for dialogue and negotiation. Parties to the deal should follow the step-by-step and reciprocal approach and seek full and effective implementation within the Joint Commission framework. The IAEA board should properly handle the issue and support diplomatic efforts to preserve the JCPOA. China will continue to work in close collaboration with relevant parties to uphold the deal and realize a political and diplomatic solution of the issue.
Q: It was once speculated that the virus was leaked from a lab in China and such speculation was already countered by the Chinese side. Still, there are many versions about the origin of the virus and « patient zero ». Some media and netizens still talk about it in ways like « China virus »and « Wuhan virus ». There are also news stories saying that some US seasonal influenza patients actually came down with COVID-19. What is your response?
A: It is highly irresponsible for some media to dub it « China virus ». We firmly oppose that. I want to stress two points.
First, no conclusion has been reached yet on the origin of the virus, as relevant tracing work is still underway. The WHO has said many times that what we are experiencing now is a global phenomenon with its source still undetermined, and we should focus on containing it and avoid stigmatizing language toward certain places. The name COVID-19 was chosen by the WHO for the purpose of making no connections between the virus and certain places or countries. Dr. Zhong Nanshan, respiratory specialist and member of the Chinese Academy of Engineering, said that the epidemic was first reported in China but was not necessarily originated in China.
Second, we should all say no to « information virus » and « political virus ». By calling it « China virus » and thus suggesting its origin without any supporting facts or evidence, some media clearly want China to take the blame and their ulterior motives are laid bare. The epidemic is a global challenge. The right move should be working together to fight it, which means no place for rumors and prejudice. We need science, reason and cooperation to drive out ignorance and bias.
Q: The confirmed cases of COVID-19 have been on the rise worldwide. Some countries are feeling increasingly strained in epidemic prevention and control. But in China, we see a climbing cure rate, and the numbers of newly confirmed and suspected cases have been kept low for several days on end. What has China been sharing with other affected countries, in terms of prevention, control, diagnosis and treatment?
A: China has been closely following the global footprint of COVID-19. We have been strengthening international cooperation in this area with the vision of a community with a shared future for mankind in mind and in an open, transparent and responsible attitude. That’s what we’ve been saying and we’ve been doing.
Yesterday afternoon, together with the National Health Commission, the Foreign Ministry had a video conference with COVID-19 experts from Azerbaijan, Belarus, Georgia, Moldova, Armenia, Turkmenistan and the SCO Secretariat. The video conference was attended by officials from the NHC, the Foreign Ministry, the General Administration of Customs and China’s embassies in the relevant countries, experts from the Chinese Center for Disease Control and Prevention and Peking University First Hospital, officials from foreign diplomatic and health departments, foreign diplomatic missions in China, foreign experts in the health field, and representatives from relevant international organizations.
The experts on the Chinese side gave a full account of the epidemic situation in China and our experience in epidemic control and treatment. All participants had an in-depth exchange of views on control measures, diagnosis, screening and laboratory tests, pledging further actions on sharing information and coordinating actions to safeguard regional and global health security.
Prior to yesterday’s video conference, China has already had such communication with the EU via two video conferences. You can look for more details of these meetings from the press release we’ve already issued.
Q: According to reports, due to the COVID-19 epidemic, Japan and China will delay President Xi Jinping‘s planned visit to Japan in April. Can you confirm that?
A: I responded to this question yesterday. We will let you know if there’s any update.
Q: On March 3 local time, Togo’s Constitutional Court announced the final result of the presidential election held on February 22. Incumbent President Faure Essozimna Gnassingbé was reelected with 70.78 percent of the vote. Does China have a comment?
A: China notes the result of the presidential election announced by Togo’s Constitutional Court. We extend warm congratulations to Mr. Faure Essozimna Gnassingbé on his reelection as president. Under his leadership, the government and people of Togo are sure to achieve greater progress in national development.
China and Togo have a profound traditional friendship. Placing high emphasis on advancing this relationship, we stand ready to work with Togo to carry forward our traditional friendship, deepen practical cooperation and realize in-depth, all-round development of bilateral relations.
Q: Findings and analysis of Qihoo 360 revealed recently that the CIA’s APT-C-39 engaged in an 11-year-long cyber infiltration and attack program against key Chinese sectors, with victims ranging from space and aviation to scientific research and development, oil industry, Internet companies and government agencies. What’s China’s comment?
A: It has long been an open secret that the US government and relevant departments, in violation of international law and basic norms governing international relations, have been engaging in large-scale, organized and indiscriminate cyber theft, surveillance and attacks against foreign governments, enterprises and individuals. From WikiLeaks to the Edward Snowden case to the recent Swiss company Crypto AG case, the immoral practices of the US have been exposed time and again. The Qihoo 360 report serves as further evidence. As facts show, the US is the world’s number one cyber attack initiator. It is quite literally an « empire of hackers ». However, like a thief crying « stop thief », it has been dressing up as the victim at every turn, putting its hypocrisy and double standard on cyber security on full display.
China has long been a victim of the US cyber theft and attacks. We have lodged stern representations with it repeatedly. Once again we urge it to offer clear explanations, immediately stop such activities and restore peace, security, openness and cooperation in cyberspace.
Q: Appearing before the House Foreign Affairs Committee on February 28, US Secretary of State Mike Pompeo said in response to the Iranian nuclear issue that the US will appeal to the UN Security Council to extend the arms embargo on Iran that is set to expire in October under the terms of Resolution 2231 so that China and Russia will not be able to sell their weapons to Iran. The Russian Foreign Ministry expressed its regret over this on March 3 and urged the US to end breach of the JCPOA and strictly implement Resolution 2231. What is your comment?
A: We note the relevant reports. China believes that the JCPOA, as an important outcome of multilateralism endorsed by the UNSC Resolution 2231, should be implemented effectively and in full. The US withdrew itself from the JCPOA in 2018 in total disregard of the Resolution and has subsequently been obstructing the implementation of the JCPOA and the Resolution. This is the root cause why a crisis has arisen on the Iranian nuclear issue. The US should stop blaming China and Russia for no cause, strictly observe Resolution 2231, and return to the right track of implementing the JCPOA. China will work with all relevant parties to continuously uphold the authority of the UNSC Resolution and the JCPOA and advance the political and diplomatic process of the Iranian nuclear issue.
Q: Can you give us an update on which countries China has sent experts to fight the coronavirus and medical equipment to? And are any new flights planning to bring Chinese citizens from countries hit by the virus? Also, do you have a total number of cases brought into China by international arrivals?
A: On your first question, please refer to yesterday’s transcript of the press conference for my answer.
Regarding your second question, the foreign ministry and our diplomatic missions overseas are closely following the situation on the ground in relevant countries and actively carrying out consular protection and services. In case of emergencies, we hope Chinese nationals overseas will contact local government departments for help and also contact our embassy or consulate. If the epidemic worsens to a degree that puts Chinese citizens’ health and security under serious threat, we will take necessary measures to assist their return home. We will keep you updated if there’s anything new.
As to your third question, we’ll try to gather more information from relevant authorities before I come back to you.
Voir encore:
La Génération Y sacrifiée dans les pays riches
Dans une vaste étude parue cette semaine, le Guardian se penche sur les revenus dans les pays développés et démontre que les jeunes vingtenaires et trentenaires sont les grands perdants de la croissance sur ces trente dernières années.
Vous vous en doutiez sûrement déjà un peu, mais la récente étude publiée par le Guardian le prouve. La Génération Y (composée de ceux qui sont nés entre 1980 et 1995) est la grande oubliée des trente dernières années de croissance dans les pays développés.
Les journalistes britanniques se sont penchés sur la vaste base de données du Luxembourg Income Study, et en ont tirés plusieurs enseignements très intéressants sur les niveaux de richesse des différentes générations dans huit pays développés (la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l’Allemagne, le Canada, l’Australie, l’Italie et l’Espagne).
Des retraités plus riches que les jeunes
Dans tous ces pays, exceptés l’Australie, le revenu disponible (c’est à dire celui qui reste après avoir payé ses impôts) des vingtenaires a progressé beaucoup plus lentement que celui des Baby-boomers et retraités. Pire, dans certains pays comme la France et les Etats-Unis, le revenu disponible de la Génération Y est inférieur de 20% à la moyenne nationale. Alors qu’en 1978, les jeunes de cet âge avaient plutôt tendance à être plus riches que la moyenne !
La situation est complètement inédite et explique le sentiment croissant de déclassement ressentis par certains jeunes comme l’exprime Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, au Guardian : “Un nombre croissant de gens pensent que dans leur pays les enfants gagneront moins bien leur vie que leurs parents”.
Des causes multiples et des conséquences pour toute la société
Pour expliquer cette progression déséquilibrée du revenu disponible, le quotidien britannique avance plusieurs causes : la crise économique et le chômage bien sûr qui empêchent les jeunes d’accéder à un poste stable et rémunérateur, mais aussi le poids croissant de la dette, surtout pour les diplômés aux Etats-Unis, et la hausse des prix de l’immobilier.
Les conséquences de ces inégalités entre générations pourraient se révéler dramatiques. D’abord parce qu’elles menacent la cohésion sociale mais aussi parce qu’elles aggravent les inégalités entre classes sociales, les jeunes étant de plus en plus dépendants de l’aide de leurs parents à un moment clé de leur vie, celui du passage à l’âge adulte.
Enfin, la faiblesse des revenus des jeunes adultes peut les contraindre à rester plus longtemps chez leurs parents, les empêchant ainsi de fonder leur propre famille. En Espagne par exemple, 8 jeunes sur 10 vivent encore chez leurs parents à trente ans. Cela risque d’avoir un impact négatif plus large sur la natalité dans les pays développés déjà confrontés à une population vieillissante. De quoi donner envie à tout le monde de s’attaquer sérieusement au problème…
Voir enfin:
Commentary: « Political virus » even more dangerous than coronavirus
BEIJING, March 7 (Xinhua) — As China spares no efforts and makes huge sacrifices to fight the novel coronavirus (COVID-19) outbreak, some U.S. individuals and media outlets have alleged the virus « originated in China » and demanded an apology from the country.
This kind of absurd argument smears the Chinese people and runs counter to the urgent need of international collaboration in the face of the epidemic.
Such an argument, like a « political virus, » is even more dangerous than COVID-19. It reveals nothing but prejudice, arrogance and ignorance.
The epidemic was first reported in China but that does not mean it necessarily originated in China, specialists have explained. The World Health Organization (WHO) has said many times that COVID-19 is a global phenomenon with its source still undetermined.
The name COVID-19 was chosen by the WHO for the purpose of making no connections between the virus and certain places or countries.
Moreover, no matter where the origin is, China and other countries hit by the epidemic are all victims of the virus and are faced with a serious battle against the outbreak. What is the point of blaming the victim and arguing that someone should apologize for it?
However, there are people who ignore the facts, put political interests above public interests and science, spread rumors and incite ideological prejudices, even racial discrimination and xenophobia. What are they up to?
Viruses know no borders. To protect the health and safety of the people across the world, the Chinese people have made huge sacrifices and major contributions.
Since the outbreak, China has been fighting at the forefront against the epidemic. The country has taken the utmost effort to contain the epidemic and shared information and experience with the rest of the world.
As WHO Director-General Tedros Adhanom Ghebreyesus said, China’s containment of the outbreak has bought time for the rest of the world.
Bruce Aylward, an epidemiologist who recently headed the WHO-China Joint Mission on COVID-19, spelled out the impact of aggressive containment measures adopted by the Chinese government.
He told reporters following his visit to Wuhan, the epicenter of the outbreak and an 11-million-metropolis that has been under lockdown for more than a month, that it is important to recognize the people of Wuhan. « The world is in your debt. »
COVID-19 is a virus of humanity, not of any certain country. WHO has published data that over 17,000 cases have been confirmed in 88 countries and regions outside China by Friday, calling for early and aggressive measures to break the chain of transmission worldwide.
As the saying goes, a small leak will sink a great ship. What we need in the face of the epidemic is not stigmatizing a country or attacking a country, but science, rationality and solidarity.
These are the most powerful weapons against our common enemy.
If there is anyone who owes the world an apology, it must be those who spread « political virus » that smears China.
Voir par ailleurs:
Didier Sicard : « Il est urgent d’enquêter sur l’origine animale de l’épidémie de Covid-19 »
Tara Schlegel
France Culture
27/03/2020
Entretien | La recherche se focalise sur les traitements et les vaccins, analyse le professeur Didier Sicard, mais elle néglige l’origine animale de l’épidémie. Spécialiste des maladies infectieuses, il affirme qu’il faut retourner sur le terrain, étudier de plus près la chaîne de transmission des coronavirus.
Didier Sicard est un spécialiste des maladies infectieuses, il a notamment travaillé longtemps sur le VIH. Docteur en médecine interne, il est aujourd’hui professeur émérite à Sorbonne Université. Ce qui le frappe dans cette crise est « l’indifférence au point de départ« , à l’origine de la pandémie.
Très impliqué dans la création de l’Institut Pasteur au Laos, Didier Sicard a pu constater à quel point la transformation de la forêt primaire rapproche l’homme des chauves-souris et donc d’un réservoir de virus qu’on a trop peu étudié.
Comme vous le lirez plus bas, le professeur Sicard dénonce le sous-investissement de la France dans cet Institut Pasteur. Or depuis la parution de cet entretien, la direction de cette structure de recherche a reçu la confirmation du renouvellement du poste de virologue qu’elle attendait depuis des mois ! Le Ministère des Affaires étrangères et l’Institut Pasteur à Paris s’y sont engagés.
Par ailleurs, si la Chine a interdit le 24 février dernier « totalement et immédiatement » le trafic et la consommation d’animaux sauvages, une législation analogue existe déjà depuis 2003 sans être appliquée réellement par Pékin. Le professeur Sicard plaide donc pour la création d’un tribunal sanitaire international.
L’ancien président du Comité consultatif d’éthique de 1999 à 2008 souligne enfin combien, dans cette épidémie où la question du contact est primordiale, il faut que chacun se comporte comme un modèle.
Vous souhaitez revenir aux origines du mal ?
Le point de départ de cette pandémie, c’est un marché ouvert de Wuhan dans lequel s’accumulent des animaux sauvages, serpents, chauves-souris, pangolins, conservés dans des caisses en osier. En Chine, ces animaux sont achetés pour la fête du Rat. Ils coûtent assez cher et ce sont des aliments de choix. Sur ce marché, ils sont touchés par les vendeurs, dépecés, alors qu’ils sont maculés d’urine et que les tiques et les moustiques font une sorte de nuage autour de ces pauvres animaux, par milliers. Ces conditions ont fait que quelques animaux infectés ont forcément infecté d’autres animaux en quelques jours. On peut faire l’hypothèse qu’un vendeur s’est blessé ou a touché des urines contaminantes avant de porter la main à son visage. Et c’est parti !
Ce qui me frappe toujours, c’est l’indifférence au point de départ. Comme si la société ne s’intéressait qu’au point d’arrivée : le vaccin, les traitements, la réanimation. Mais pour que cela ne recommence pas, il faudrait considérer que le point de départ est vital. Or c’est impressionnant de voir à quel point on le néglige. L’indifférence aux marchés d’animaux sauvages dans le monde est dramatique. On dit que ces marchés rapportent autant d’argent que le marché de la drogue. Au Mexique, il y a un tel trafic que les douaniers retrouvent même des pangolins dans des valises…
Ce n’est pourtant pas la première fois que des animaux sont à l’origine de crises sanitaires ?
Les animaux sont effectivement à l’origine de la plupart des crises épidémiques depuis toujours : le VIH, les grippes aviaires type H5N1, Ebola. Ces maladies virales viennent toujours d’un réservoir de virus animal. Et on ne s’y intéresse pratiquement pas. C’est la même chose pour la dengue. J’ai des relations très étroites avec le Laos et sur place, au moment où la maladie apparaît, les populations disent : ‘Il faut démoustiquer ‘. Mais en réalité c’est pendant la saison sèche, au moment où il n’y a que des larves, qu’il faudrait mener une politique d’extermination des larves de moustique. Or personne ne le fait parce que les gens se disent ‘oh, il n’y a pas de moustiques, pourquoi voulez-vous qu’on utilise des insecticides ?’. Et l’Institut Pasteur du Laos s’époumone en vain, en demandant aux populations locales de porter l’effort avant que la maladie n’éclate.
C’est exactement comme le travail qui reste à faire sur les chauves-souris. Elles sont elles-mêmes porteuses d’une trentaine de coronavirus ! Il faut que l’on mène des travaux sur ces animaux. Evidemment, ce n’est pas très facile : aller dans des grottes, bien protégé, prendre des vipères, des pangolins, des fourmis, regarder les virus qu’ils hébergent, ce sont des travaux ingrats et souvent méprisés par les laboratoires. Les chercheurs disent : ‘Nous préférons travailler dans le laboratoire de biologie moléculaire avec nos cagoules de cosmonautes. Aller dans la jungle, ramener des moustiques, c’est dangereux.’ Pourtant, ce sont de très loin les pistes essentielles.
Par ailleurs, on sait que ces épidémies vont recommencer dans les années à venir de façon répétée si on n’interdit pas définitivement le trafic d’animaux sauvages. Cela devrait être criminalisé comme une vente de cocaïne à l’air libre. Il faudrait punir ce crime de prison. Je pense aussi à ces élevages de poulet ou de porc en batterie que l’on trouve en Chine. Ils donnent chaque année de nouvelles crises grippales à partir de virus d’origine aviaire. Rassembler comme cela des animaux, ce n’est pas sérieux.
C’est comme si l’art vétérinaire et l’art médical humain n’avaient aucun rapport. L’origine de l’épidémie devrait être l’objet d’une mobilisation internationale majeure.
Quel type de recherches faudrait-il mettre en œuvre ?
Il faut essayer de reconstituer le parcours épidémiologique qui fait que la chauve-souris tolère des coronavirus depuis des millions d’années, mais aussi qu’elle les disperse.
Elle contamine ainsi d’autres animaux. Lorsque les chauves-souris sont accrochées dans les grottes et meurent, elles tombent par terre. Alors les serpents, les vipères en particulier, qui raffolent de leurs cadavres, les mangent. Tout comme les petits chauves-souriceaux enfants qui tombent et sont dévorés immédiatement par ces serpents qui sont donc probablement des hôtes intermédiaires des virus. En plus, il y a dans ces grottes des nuages de moustiques et de tiques et il faudrait essayer de voir quels sont les insectes qui sont aussi éventuellement transmetteurs du virus.
Une autre hypothèse porte sur la transmission qui se produit quand les chauves-souris sortent la nuit manger des fruits, en particulier dans les bégoniacées. Elles ont un réflexe quasiment automatique, dès qu’elles déglutissent, elles urinent. Elles vont donc contaminer les fruits de ces arbres et les civettes, qui adorent les mêmes fruits, se contaminent en les mangeant. Les fourmis participent aux agapes et les pangolins – pour lesquels la nourriture la plus merveilleuse est constituée de fourmis – dévorent les fourmis et s’infectent à leur tour.
C’est toute cette chaîne de contamination qu’il faut explorer. Les réservoirs de virus les plus dangereux sont probablement les serpents, car ce sont eux qui se nourrissent perpétuellement des chauves-souris, elles-mêmes porteuses des coronavirus. Il se pourrait donc que les serpents hébergent ces virus en permanence. Mais c’est justement cela qu’il faut savoir et vérifier. Il faudrait donc que des chercheurs capturent des chauves-souris, mais aussi qu’ils fassent le même travail sur les fourmis, les civettes, les pangolins et essayent de comprendre leur tolérance au virus. C’est un peu ingrat, mais essentiel.
Quel est le rapport qu’entretient la population locale avec ces chauves-souris ?
Ce qui m’a frappé au Laos, où je vais souvent, c’est que la forêt primaire est en train de régresser parce que les Chinois y construisent des gares et des trains. Ces trains, qui traversent la jungle sans aucune précaution sanitaire, peuvent devenir le vecteur de maladies parasitaires ou virales et les transporter à travers la Chine, le Laos, la Thaïlande, la Malaisie et même Singapour. La route de la soie, que les chinois sont en train d’achever, deviendra peut-être aussi la route de propagation de graves maladies.
Sur place, les grottes sont de plus en plus accessibles. Les humains ont donc tendance à s’approcher des lieux d’habitation des chauves-souris, qui sont de surcroît des aliments très recherchés. Les hommes construisent aussi désormais des parcs d’arbres à fruit tout près de ces grottes parce qu’il n’y a plus d’arbres en raison de la déforestation. Les habitants ont l’impression qu’ils peuvent gagner des territoires, comme en Amazonie. Et ils construisent donc des zones agricoles toutes proches de zones de réservoir de virus extrêmement dangereuses.
Moi, je n’ai pas la réponse à toutes ces questions, mais je sais simplement que le point de départ est mal connu. Et qu’il est totalement méprisé. On en fait des discours de conférence sur un mode folklorique. On parle à propos des chauves-souris de la malédiction des pharaons.
Mais il n’existe pas d’après vous d’études suffisamment sérieuses sur la capacité des chauves-souris à héberger des coronavirus ?
Si, il y a sûrement des études sérieuses, je ne peux pas dire qu’il n’y a rien du tout. Mais je le vois bien, quand je me rends à l’Institut Pasteur du Laos qui est dirigé par un homme exceptionnel, Paul Brey. Ce directeur a la fibre d’un Louis Pasteur, il est passionné depuis vingt ans par les questions de transmission. Mais il est extrêmement seul. Même l’étude des moustiques, qui est fondamentale pour comprendre la transmission des maladies au Laos, est presque abandonnée. Et Paul Brey me répète qu’il y a une trentaine d’espèces de coronavirus chez les chauve-souris. L’effort scientifique n’est donc pas à la hauteur.
Quand le ministère des Affaires étrangères français retire le poste de virologue de cet Institut Pasteur qui est à quelques centaines de kilomètres de la frontière chinoise, on est atterré. Cela s’est passé en novembre 2019. Nous allons essayer de récupérer ce poste, mais c’est quand même effrayant de se dire qu’aux portes même de là où les maladies infectieuses virales viennent, on a de la peine à mettre tous les efforts. L’Institut Pasteur du Laos est soutenu très modérément par la France, il est soutenu par les Japonais, les Américains, les Luxembourgeois. La France y contribue, mais elle n’en fait pas un outil majeur de recherche.
Quel est le rôle exact de cet Institut Pasteur ?
Sa mission est de former des chercheurs locaux. De faire des études épidémiologiques sur les virus existants le chikungunya, la dengue et maintenant le coronavirus. D’être un lieu d’études scientifiques biologiques de haut niveau dans un territoire lointain, tropical, mais avec un laboratoire de haute sécurité. D’être au plus près de là où se passent les épidémies et d’avoir des laboratoires à la hauteur. C’est très difficile pour les pays relativement pauvres d’avoir un équipement scientifique de haut niveau. Le réseau des Instituts Pasteurs – qui existent dans plusieurs pays – est une structure que le monde nous envie. Mais des instituts comme celui du Laos ont besoin d’être aidé beaucoup plus qu’il ne l’est actuellement. Ces laboratoires ont du mal à boucler leur budget et ils ont aussi de la peine à recruter des chercheurs. La plupart d’entre eux préfèrent être dans leur laboratoire à l’Institut Pasteur à Paris ou dans un laboratoire Sanofi ou chez Merieux, mais se transformer en explorateur dans la jungle, il n’y a pas beaucoup de gens qui font cela. Or c’est ce que faisait Louis Pasteur, il allait voir les paysans dans les vignes, il allait voir les bergers et leurs moutons. Il sortait de son laboratoire. Tout comme Alexandre Yersin qui était sur le terrain, au Vietnam, quand il a découvert le bacille de la peste.
La recherche entomologique et la recherche sur les animaux transmetteurs n’est donc pas à la hauteur des enjeux. Bien sûr qu’elle existe, mais elle doit compter peut-être pour 1% de la recherche. Parce que ce qui fascine les candidats au Prix Nobel, c’est de trouver un traitement ou un nouveau virus en biologie moléculaire et pas de reconstituer les chaînes épidémiologiques. Or les grandes découvertes infectieuses sont nées ainsi : l’agent du paludisme, le Plasmodium, a été découvert par un Français, Alphonse Laveran sur le terrain, en Tunisie. Et ce sont des recherches qui sont fondamentales et qui sont faites à une échelle qu’on a un peu oubliée. Comme si la vision micro avait fini par faire disparaître l’importance du macro.
Auriez-vous d’autres exemples qui montrent que l’étude du comportement animal est cruciale ?
La peste reste un exemple passionnant. Le réservoir de la peste, ce sont les rats.
Il y a des populations de rats qui sont très résistantes et qui transmettent le bacille de la peste, mais s’en fichent complètement. Et puis, il y a des populations de rats très sensibles. Il suffit qu’un jour, quelques individus de la population de rats sensible rencontrent la population de rats qui est résistante pour qu’ils se contaminent. Les rats sensibles meurent. A ce moment là, les puces qui se nourrissent du sang des rats, désespérées de ne plus avoir de rats vivants, vont se mettre à piquer les hommes. Reconstituer ce tout début de la chaîne de transmission permet d’agir. Dans les endroits où la peste sévit encore, en Californie, à Madagascar, en Iran ou en Chine, lorsque l’on constate que quelques rats se mettent à mourir, c’est exactement le moment où il faut intervenir : c’est extrêmement dangereux car c’est le moment où les puces vont se mettre à vouloir piquer les humains. Dans les régions pesteuses, lorsque l’on voit des centaines de rats morts, c’est une véritable bombe.
Heureusement, la peste est une maladie du passé. Il doit y avoir encore 4 000 ou 5 000 cas de peste dans le monde. Ce n’est pas considérable et puis les antibiotiques sont efficaces. Mais c’est un exemple, pour montrer que l’origine animale est fondamentale et toujours difficile à appréhender. Elle est néanmoins essentielle pour la compréhension et permet de mettre en place des politiques de prévention. Aujourd’hui, si l’on continue à vendre des animaux sauvages sur un marché, on est dans une situation délirante. Il faut appliquer le principe de précaution.
Le trafic d’animaux sauvage est pourtant prohibé. Il existe une convention internationale qui encadre toutes les ventes.
Oui, mais en Chine, notamment, cette convention internationale n’est pas respectée. Il faudrait créer une sorte de tribunal sanitaire international. On voit bien que si on demande à chaque pays de s’organiser nationalement, rien ne changera. La Chine a fait pression au début sur l’OMS pour qu’on ne dise pas qu’il s’agissait d’une pandémie. Elle a tenté de bloquer les choses, car elle contribue fortement au financement de l’OMS. Il serait donc important que ce soit un tribunal sanitaire totalement indépendant, comme un tribunal international pour les crimes de guerre, avec des inspecteurs indépendants qui vérifient ce qu’il se passe sur le terrain.
Au Laos, dans la campagne, il y a beaucoup de marchés où les animaux sauvages sont vendus comme des poulets ou des lapins. Dans l’indifférence générale, car c’est la culture locale. Or la culture est la chose la plus difficile à faire évoluer dans un pays.
Dans cette épidémie, en tant que spécialiste des maladies infectieuses, y a-t-il quelque chose qui vous frappe dans l’attitude de la population ?
Oui, c’est l’écart entre une sorte de désinvolture indifférente, un regard un peu critique sur l’Italie, sur la Chine et la découverte brutale de la catastrophe sanitaire.
On est passé d’une insouciance à une extrême inquiétude et les deux sont aussi toxiques l’une que l’autre : l’insouciance crée la contamination et l’angoisse extrême aboutit à des comportements irrationnels. J’en veux pour preuve la fuite des Parisiens, des Lyonnais, des habitants des grandes villes vers leurs résidences secondaires. Cela m’a paru témoigner d’abord une vision à très courte vue, comme si l’on pouvait échapper, en guerre, à l’arrivée des armées allemandes. Et ensuite d’un comportement extraordinairement individualiste, dans le mauvais sens du terme : ‘Sauve qui peut, moi je me renferme dans ma campagne et puis tant pis pour les autres, je me protège’. Bien sûr, j’imagine que si l’on peut protéger des personnes âgées et les mettre à l’abri, c’est très bien. Mais quand on voit des jeunes couples ou des bandes d’amis qui se disent maintenant on va partir en vacances ! Il y a là une image d’autant plus choquante que dans cette épidémie, il s’agit justement de tout autre chose que d’un sauve-qui-peut. Il s’agit, à l’inverse, de se demander comment chacun peut être vu par l’autre comme un modèle.
Il faudrait donc afficher une sorte d’attitude universalisable ?
Oui, il ne faut pas se mettre ‘en dehors’. Il ne faut pas considérer qu’on a 30 ans et qu’on est en bonne santé et qu’on ne va pas se laisser avoir par tous ces discours. Je pense aussi aux couples qui pourraient dire, on va continuer quand même à s’embrasser dans la rue, on se connaît, on n’est pas contagieux. Alors que l’on sait qu’environ 1/3 des personnes contaminantes ne présentent aucun symptôme. Par conséquent, il faut que chacun intègre le fait qu’il est possiblement contaminant à son insu. Et si cette personne part dans un territoire à priori vierge de tout virus, son comportement va être une vraie bombe pour les autres.
L’épidémie est passée par des gens qui sont revenus de Chine ou d’Italie. Je connais l’exemple d’une femme italienne qui s’est rendue en Argentine. Elle a participé à un mariage et embrassé tout le monde. Cette femme a contaminé 56 personnes ! L’irresponsabilité en période d’épidémie fait d’immenses dégâts. Il faut au contraire respecter à la lettre les mesures barrières. Comme attendre, par exemple, devant le supermarché avant d’entrer si on voit qu’il y a du monde.
Quant aux masques, ce sont des protecteurs psychologiques pour les promeneurs et non des protecteurs virologiques. Il faut que chaque Français se dise : je fais tout pour que les autres ne puissent rien me reprocher. Nous avons besoin d’une attitude où l’on cherche le regard de l’autre avant son propre regard. Cela seul sera porteur d’efficacité.
Pourquoi dites-vous que les masques ne sont pas protecteurs ?
Ils sont protecteurs bien évidemment pour les médecins et les soignants, dans un milieu où circule le virus. Mais quand vous avez des gens qui se promènent dans la rue en portant des masques, c’est paradoxal. Ils pensent se protéger des autres mais il y a un écart considérable entre l’inutilité des masques dans la rue et l’utilité vitale des masques dans les hôpitaux. Moi-même, j’étais à la pharmacie samedi matin et j’ai montré ma carte de médecin pour vérifier si je pouvais acheter des masques. Le pharmacien m’a répondu qu’il n’y en avait plus. Donc, si j’en avais eu besoin pour soigner un malade je n’aurais pas pu aller le voir, ou je l’aurais peut-être contaminé. On a trop vu de gens se promener dans la rue en arborant des masques comme une sorte de panoplie. Il y a un drame politique majeur dans cette absence de masques.
Faut-il les réserver aux soignants ?
Oui, c’est évident. A tous ceux qui travaillent à proximité du virus. Quand vous voyez au supermarché des caissières qui n’ont pas de masques alors que les clients ont des masques, il y a quelque chose de complètement contre productif. Ceux qui n’en ont pas besoin en ont eu, et ceux qui en ont vraiment besoin en manquent. Cela est directement lié aux comportements individuels. Jamais je n’aurais osé me promener dans la rue avec un masque tant que les soignants n’en avaient pas. C’est quelque chose qui m’aurait effaré. Cela montre au fond la cécité des gens et leur ignorance. Si on se promène sans croiser personne, il n’y a aucun intérêt à porter un masque.
Que pensez-vous, d’un point de vue éthique, de l’attitude des soignants, qui sont en première ligne alors qu’ils étaient en grève il y a encore quelques semaines ?
C’est leur fonction. Un médecin est mobilisé dans son for intérieur pour accomplir son métier. Les lâches ne viennent pas dès le début. Donc cela me paraît à la fois admirable et normal.
La souffrance du corps hospitalier, je la vois depuis dix ou quinze ans. Le nombre de mes collègues qui m’ont dit, tu as tellement de chance d’être à la retraite ! Nous souffrons, c’est épouvantable, l’hôpital est devenu une entreprise. Et je suis tout à fait d’accord avec leur discours : l’hôpital a été martyrisé. Avec des décisions purement économiques qui ont fait fi de l’intérêt des malades et des médecins.
Il faut mesurer le nombre de médecins qui sont partis en retraite anticipée en expliquant que leur métier n’avait plus d’intérêt et qu’ils avaient l’impression de passer leur temps à remplir des fiches et des cases. Il y a eu un vrai saccage de l’hôpital public depuis une décennie. Le dernier ministre de la Santé qui avait encore vraiment conscience de son rôle et qui respectait le personnel de santé, c’était Xavier Bertrand. Après, cela a été la catastrophe.
Mais cette casse du système hospitalier a-t-elle des répercussions aujourd’hui au moment de la crise sanitaire ?
Non, il y a un découplage. Toutes les mesures qui rendaient l’hôpital non fonctionnel ont temporairement disparu. Les administrateurs sont terrifiés dans leurs bureaux et ne font plus rien. Ce sont les médecins qui font tout. Ils ont retrouvé la totalité de leur pouvoir. Il y a pour eux un certain bonheur à retrouver le métier qu’ils ont toujours voulu faire. L’administration a plié bagage, ou plus exactement elle est aux ordres. Le rapport de force s’est renversé : il y a un an, les médecins étaient aux ordres de l’administration ; à présent, c’est l’administration qui est aux ordres des médecins. C’est un phénomène très intéressant. Les médecins eux-mêmes ne sont plus entravés par la contrainte de remplir leurs lits avec des malades qui rapportent de l’argent, ce qui était le principe jusqu’alors. Maintenant, ils répondent à leur cœur de métier. A ce qui est la lutte contre la mort. Au fond, ils retrouvent l’ADN profond de leur métier.
C’est presque un paradoxe : il y a moins de détresse dans le corps médical actuellement en situation d’activité maximale, qu’il n’y avait de détresse il y a six mois quand ils étaient désespérés et déprimés car ils estimaient que leur métier avait perdu son sens.
Pensez-vous que le politique saura s’en souvenir ?
Oui, je le pense. Je crois qu’on va changer d’époque. Je peux vous donner un exemple pour lequel je me bats depuis deux ans. Je ne donnerai pas le nom de l’hôpital mais je connais une femme chirurgien spécialiste des grands brûlés. A l’hôpital, son service a fermé et elle n’avait plus de poste. Elle souhaitait néanmoins continuer à travailler avec des enfants victimes de brûlures. Or son service d’enfants brûlés a été transformé en un service de chirurgie plastique de la fesse et du sein. Parce que cela rapporte beaucoup d’argent. Mais elle me dit toujours que s’il y avait un incendie dans une école avec quarante ou cinquante enfants brûlés, on n’aurait plus la capacité de les accueillir parce qu’on considère que la brûlure n’est pas assez rentable et qu’il vaut mieux s’intéresser à la chirurgie des stars. Cette vision économique de la médecine, qui s’est introduite depuis dix ans, est une catastrophe absolue.
Il s’agit d’un hôpital public ?
Oui bien entendu. Dans le privé, les établissements font ce qu’ils veulent. Mais que dans le public, on détruise une activité qui n’est pas rentable – car les brûlures cela coûte effectivement très cher et rapporte très peu et il n’y a pas d’activité privé capable de les prendre en charge – qu’on écarte cela au profit d’activités rentables ce n’est pas normal. Au fond, le public était angoissé à l’idée qu’il lui fallait investir énormément dans des équipements haut de gamme pour être à la hauteur du privé. Or le public n’aura jamais autant d’argent que le privé et n’arrivera jamais à suivre. Et à force de dépenser de l’argent pour des secteurs ultra pointus, on finit par négliger l’accueil des personnes les plus vulnérables, que ce soient les personnes âgées, les personnes en situation d’alcoolisme, de précarité. L’hôpital public a fini par oublier sa fonction hospitalière, je l’ai dit à plusieurs reprises.
90% des médecins en ont été conscients et cela a été pour eux une souffrance terrible. Tout comme pour les infirmières et les autres personnels soignants, de faire un métier qui était relié à l’argent.
En quoi pensez vous que les hommes politiques vont modifier leur regard sur l’hôpital ?
On n’a aucune certitude, mais je pense que les Français s’en souviendront et demanderont des comptes. Le Président Macron avait promis d’arrêter la tarification à l’activité, le système actuel de financement des hôpitaux. Les économistes ont poussé des hauts-cris en disant qu’on n’arriverait plus à mesurer ce que coûte telle ou telle opération. Et le chef de l’Etat a renoncé. Moi, je pense qu’après cette crise, le président de la République va modifier cette tarification à l’activité. L’hôpital demandera à être remboursé sur ce qu’il réalise et ce qu’il considère comme sa priorité. Il faut faire confiance à l’hôpital pour ne pas traiter les patients inutilement et remplir des lits comme si on était au club méditerranée. L’hôpital va retrouver sa vraie fonction de soins publics.
Voir de plus:
Chine. Vous reprendrez bien un peu d’animal exotique ?
L’appétit toujours plus grand des Cantonais pour les plats à base d’espèces rares pourrait bien entraîner l’éradication des pangolins, des serpents sauvages et autres salamandres géante
Il ne fait pas encore jour et déjà M. Qiu, de Foshan à Canton, est occupé à faire sortir des couleuvres d’une cage pour les transférer dans un grand sac. Il va ensuite les jeter dans une marmite d’eau bouillante. L’homme tient sa boutique de soupe au serpent depuis plus de dix ans. En hiver, les habitants de la province de Canton surveillent tout particulièrement leur alimentation, si bien que sa boutique est très fréquentée.
De nombreux Cantonais n’aiment rien tant que de prendre un bol de soupe au serpent bien chaude au petit déjeuner pour lutter contre le froid. “Nous, les Cantonais, nous sommes convaincus depuis toujours que la viande de serpent guérit les maladies, souligne M. Qiu. En plus de cela, elle est nutritive et protège du rhume”.
Le marché de la viande d’animaux sauvages est en plein essor. Ainsi, les restaurants font de bonnes affaires, même s’ils flirtent avec l’illégalité. Des espèces protégées comme les varans ou les pangolins sont chassées et vendues illégalement, puis finissent dans les assiettes des clients.
1 800 yuans le hibou
La réputation qu’ont les Cantonais de manger des animaux sauvages n’est pas usurpée : cette tradition ancrée fait partie de la culture du Lingnan (la zone comprenant Canton et les provinces avoisinantes). Un salarié du bureau chinois de la Wildlife Conservation Society (WCS) affirme que les Cantonais “mangent absolument de tout” – les mets les plus recherchés étant des espèces en voie de disparition.
Parmi les espèces les plus consommées à Canton, on trouve le varan, la salamandre géante de Chine, des serpents sauvages, des hiboux et le bruant auréole. Une fois préparé, un hibou entier peut valoir environ 1 800 yuans [221 euros]. Les pangolins se vendent à 500 yuans [61 euros] le jin [env. 500 grammes], les varans à environ 100 yuans [12 euros].
Selon Yang Nan [pseudonyme], membre de la Société des amoureux de la nature, qui a mené une enquête à Canton, les bruants auréole sont peut-être l’animal le plus vendu sur les marchés de la ville. Cet oiseau a presque acquis un statut mythique depuis trente ans en raison de sa valeur nutritive. En saison, il peut s’en livrer 100 000 quotidiennement dans les restaurants, chacun étant vendu 100 yuans sous forme de soupe. D’énormes troupes de ces oiseaux survolaient autrefois Pékin au printemps et en été, mais depuis dix ans on n’en voit presque plus. Bientôt, ils auront tous été mangés. “Aujourd’hui, les oiseaux migrateurs évitent de survoler Canton”, soutient Yang.
Préparer ces mets délicats est une activité des plus sanguinaires. Un cuisinier d’un restaurant de Shenzhen (province de Canton), nous explique comment on tue et on prépare le pangolin : d’abord, on l’assomme d’un coup de marteau sur la tête, puis on le suspend au bout d’une corde, et on l’égorge à l’aide d’un couteau pour le saigner. Ensuite, on le plonge dans l’eau bouillante pour enlever les écailles – comme on plume un poulet. Puis, il faut le passer à feu doux pour enlever les poils fins. Enfin, on le vide, on le lave et on le cuit. La viande peut ensuite être braisée, cuite à la vapeur dans une soupe claire ou cuite en ragoût.
“La plupart des habitués ne paient pas eux-mêmes la note, explique un patron de restaurant. Les hommes d’affaires qui doivent leur demander une faveur invitent lesdits habitués à dîner, soit pour étaler leur cash, soit pour régaler un fonctionnaire”. Et ce sont ces mêmes fonctionnaires qui protègent les restaurants où l’on vend de la viande illégale.
Propriétés nutritionnelles extraordinaires
La passion des Chinois pour la consommation d’animaux sauvages est liée aux propriétés médicinales qu’ils prêtent à ces aliments. D’anciens écrits médicaux attribuent de telles vertus à presque toutes les plantes et animaux – et même aux organes d’animaux, à leurs excréments, leurs humeurs, leur peau ou leurs plumes. La médecine chinoise considère que l’art médical et la nourriture puisent aux mêmes sources.
Ces conceptions sont encore extrêmement répandues, et même les illettrés peuvent citer un certain nombre de “prescriptions” pour diverses affections : des alcools faits à partir de pénis de tigre ou de testicules de bélier pour la virilité, ou encore des os de tigre pour un squelette solide et des muscles vigoureux. Et il est généralement admis qu’on préserve mieux sa santé par son régime que par la médecine. Mais ces idées sont poussées de plus en plus loin. Presque toutes les plantes et les animaux rares ou inhabituels se voient maintenant conférer des propriétés médicinales ou nutritionnelles extraordinaires.
Alors, ces animaux sauvages sont-ils vraiment plus nutritifs ? Zheng Jianxian, spécialiste de l’alimentation à l’université de technologie de Chine du Sud, ne le croit pas. “Ces aliments n’ont pas les propriétés mystiques qu’on leur prête, affirme-t-il. En comparant les valeurs nutritionnelles du bétail et de la volaille produites nationalement avec celles d’animaux sauvages, nous avons trouvé des quantités identiques de protéines, de glucides, de lipides et autres éléments nutritifs. Les espèces sauvages n’ont aucune valeur nutritionnelle particulière et ne présentent aucun avantage. Et même lorsqu’il y a effectivement de petites différences, elles sont loin d’être aussi importantes que les gens ne l’imaginent”.
La plupart des bienfaits de ces aliments sont psychologiques
En fait, dans bien des cas, de tels aliments sont bien moins nourrissants. L’aileron de requin est constitué de fines bandes de cartilage et n’a ni goût spécifique, ni valeur nutritionnelle particulière. Il se compose principalement de collagène, une protéine incomplète, dépourvue de ces acides aminés essentiels que sont le tryptophane et la cystéine. Il est bien moins nourrissant que la chair de requin proprement dite, laquelle fournit des protéines complètes.
Même topo pour ce qui est de la soupe dite aux nids d’hirondelle, considérée par les Chinois comme un trésor national. Cette soupe est faite à partir des nids de salangane, lesquels contiennent la salive de l’oiseau mêlée à des algues, des plumes et des fibres végétales. La salive elle-même contient des enzymes, des protéines de mucus, des glucides et un peu de sel. On retrouve ces mêmes ingrédients dans la salive d’autres animaux – il n’y a là rien de magique. Pourtant, ces nids sont devenu des produits de grande valeur, alimentant toute une chaîne d’approvisionnement, depuis la collecte jusqu’à la consommation des nids en passant par leur préparation. Les populations de salanganes sur les côtes d’Asie du sud-est sont menacées à cause de la surexploitation.
Feng Yongfeng, journaliste spécialisé dans l’environnement au Quotidien de Guangming, fait valoir que la plupart des bienfaits de ces aliments sont psychologiques. Il n’en reste pas moins que ces idées d’un autre âge entraînent encore l’abattage d’animaux sauvages.
M. Luo, un habitant de Guangzhou avec qui nous nous sommes entretenus, reconnaît qu’il mange de la viande de ces animaux, mais qu’il aurait dû mal à changer ses habitudes du jour au lendemain. Par ailleurs, il estime que les autorités devraient davantage communiquer sur l’interdiction de consommer des espèces protégées. “Les pouvoirs publics et les médias ont incité les gens à ne pas manger d’aileron de requin, de pénis de tigre et de patte d’ours, alors je n’en mange pas”, concède-t-il. Mais il ajoute qu’il a mangé du pangolin pendant dix ans avant d’apprendre qu’il s’agissait d’une espèce protégée. A l’en croire, il faudrait dire clairement aux citoyens ce qu’ils peuvent et ce qu’ils ne peuvent pas manger.
Voir enfin:
China’s inaction for 3 days in January at root of pandemic
A second wave of the coronavirus is boomeranging back to the mainland
TOKYO — Chinese students are returning home in droves from European countries, convinced that it is now safer to be in China to avoid the new coronavirus.
For municipalities such as Beijing, the arrivals pose a serious risk of a second wave of infections, as the students come back from virus-hit nations.
Right as the battle against the invisible enemy looked as if it had turned a corner and given China a glimmer of hope, the second wave threatens to cancel hard-earned gains.
The response toward the students has been harsh on Chinese social media. « They left the country in the first place because they like foreign countries better. Don’t return with the virus now, » one poster wrote.
« They are spoiled rich kids, and they run away when times get tough, » wrote another.
Fearing a second wave, the Beijing government made a bombshell announcement that all travelers arriving in the Chinese capital from abroad would be forcibly quarantined for 14 days at « centralized observation centers » designated by authorities.
The compulsory quarantine, which went into force on Monday, applies to foreign nationals as well. Arrivals are isolated regardless of whether they have symptoms, and they have to pay for their stay.
The purpose of the compulsory quarantine is to tightly control SARS-CoV-2 — the new coronavirus that has spread to various parts of the world from Wuhan, in China’s Hubei Province.
The number of cases brought back into China from abroad has been surging in recent days. According to figures released by the Chinese government on Tuesday, the total number of imported cases in China reached 143, with Beijing alone accounting for 40 of them.
The infections have ignited worries of a small leak sinking a great ship.
If the virus were to catch fire again, this time through carriers coming back from overseas, all the stringent movement-restrictions enforced within China will have been meaningless. The progress made so far in the « people’s war on the virus, » which Chinese President Xi Jinping repeatedly talks about, could be reduced to ashes.
Zhong Nanshan — the 83-year-old medical doctor specializing in respiratory diseases who became a national hero in the fight against SARS in 2003 — is spearheading the fight against this coronavirus.
Zhong’s team made an interesting observation of the threat China was facing in the initial stages of the crisis. Noting that the actual situation in Hubei in January was far worse than the media was suggesting, his team said that « a five-day delay in controlling the virus would have led to three times as many infections. »
The team added that a « failure to control the situation in Wuhan would have caused a second peak of the outbreak in Hubei Province around mid-March and would have continued until late April. »
It was a race against time.
The Chinese government locked down Wuhan on Jan. 23, halting all public transportation going in and out of the city. The following day an order was issued suspending group travel within China. But in a blunder that would have far reaching consequences, China did not issue an order suspending group travel to foreign countries until three days later, on Jan. 27.
In retrospect, it was a painful mistake. This is what happened in those critical three days:
The weeklong Lunar New Year string of holidays began on Jan. 24, with the outbound traffic peak lasting through Jan. 27.
The Chinese government let the massive exodus of group travelers continue despite the public health crisis. No explanation has been given.
Furthermore, while suspending group travel, China did nothing to limit individuals traveling overseas.
Groups account for less than half of all Chinese tourists heading abroad.
Chinese travelers journeyed to Japan, South Korea, Italy, Spain, France, the U.K., Australia, North America and South America, one planeload after another.
This was happening while many restaurants in China were unable to open for business due to the outbreak. It is said that once abroad, many Chinese prolonged their vacations as much as possible to avoid having to return home.
The number of infections gradually increased at popular winter destinations, such as Japan’s Hokkaido. In other destinations like Thailand, cases have surged in recent days.
A considerable number of Chinese individual travelers were staying put in the Hokkaido capital of Sapporo in mid-February, even after the annual Snow Festival ended.
The five-day delay that Zhong’s team warned about did not happen. But in reality, a three-day delay did. And as the doctor predicted, infections spread to many people, and across the world. Now we are seeing the « second wave » that the team talked about.
After the first wave hit China, the outbreak went on a second wave across the world, especially in Europe. The number of deaths from the coronavirus in Italy, home to many Chinese residents, has topped 2,100.
The delay in the Chinese government’s ban on group travel to foreign countries may have helped to double or possibly triple the number of people infected.
In the days before Wuhan was locked down on Jan. 23, as many as 5 million of its 11 million citizens had already left the city, as the mayor and others have testified.
Chinese authorities are now busy coping with a growing number of coronavirus cases flying back into the country. A Chinese Foreign Ministry spokesperson described the inflow as « the main risk » the country is facing.
To accommodate the inbound travelers, the Beijing government has reopened Xiaotangshan Hospital. If travelers arriving in Beijing on flights from abroad test positive for the virus during their compulsory 14-day intensive observation period, they will be sent to the hospital, which has a little more than 1,000 beds.
The hospital is far away from the central part of Beijing. It was thrown up during the 2003 outbreak of severe acute respiratory syndrome to quarantine patients. This time, renovation work was launched at the end of January to prepare for a possible dramatic rise in the number of patients in Beijing.
The reopening is a symbol of Beijing facing another crisis.
The compulsory 14-day quarantine cannot be good for business. Foreign businesspeople will likely be scared away. It will become difficult for China to attract foreign investment, and supply chain disruptions could become even more serious.
Already, China’s economy has been dealt a serious blow. The main economic figures for the January-February period, including industrial production, all posted negative growth for the first time since records began. Growth in gross domestic product for the January-March quarter is also likely to be negative.
The virus’s spread in Europe and the U.S. will lead to a slump in demand for goods exported by China.
The current crisis will also affect China’s politics. When can a postponed annual session of the National People’s Congress, China’s parliament, be held? It depends on whether the second wave of infections can be contained.
The Chinese leadership has envisioned a V-shaped economic recovery beginning in April. But the global spread of the virus has cast a dark cloud over that scenario.
Xi’s team faces a bumpy road ahead as it seeks to simultaneously move the stalled domestic economy ahead and bring the virus under control.
Voir par ailleurs:
China Bars U.S. Trip for Doctor Who Exposed SARS Cover-Up
Joseph Kahn
The New York Times
BEIJING, July 12 A Chinese doctor who exposed the cover-up of China’s SARS outbreak in 2003 has been barred from traveling to the United States to collect a human rights award, a friend of the doctor and a human rights group said this week.
The doctor, Jiang Yanyong, a retired surgeon in the People’s Liberation Army, was awarded the Heinz R. Pagels Human Rights of Scientists Award by the New York Academy of Sciences. His army-affiliated work unit, Beijing’s Hospital 301, denied him permission to travel to the award ceremony in September, Hu Jia, a Chinese rights promoter who is a friend of Dr. Jiang’s, said Thursday.
The Information Center for Human Rights and Democracy, which is based in Hong Kong, also issued a statement reporting the rejection of the travel request. The doctor could not be reached at his home for comment, and a person who answered the phone in the director’s office of Hospital 301 said the situation was unclear, declining to provide further details.
Dr. Jiang rose to international prominence in 2003, when he disclosed in a letter circulated to international news organizations that at least 100 people were being treated in Beijing hospitals for severe acute respiratory syndrome, or SARS. At the time, the Chinese medical authorities were asserting that the entire nation had only a handful of cases of the disease.
The revelation prompted China’s top leaders to acknowledge that they had provided false information about the epidemic. The health minister and the mayor of Beijing were removed from their posts.
SARS eventually killed more than 800 people worldwide, and the government came under international scrutiny for failing to provide timely information that medical experts said might have saved lives.
Dr. Jiang was initially hailed as a hero in Chinese and foreign news media. He used his new prestige in 2004 to press China’s ruling Politburo Standing Committee to admit that the leadership had made a mistake in ordering the military to shoot unarmed civilians on June 3 and 4, 1989, when troops were deployed to suppress democracy protests that began in Tiananmen Square in Beijing.
Dr. Jiang, who treated Beijing residents wounded in the 1989 assault, contended that the official line that the crackdown was necessary to put down a rebellion was false. His statement antagonized party leaders, who consider the crackdown a matter of enormous political sensitivity.
Jiang Zemin, then the leader of the military, ordered the detention of Dr. Jiang, who spent several months in custody, people involved in his defense say. Dr. Jiang was eventually allowed to return to his home but remained under constant watch. He has not been allowed to accept press requests for interviews or to visit family members who live in the United States, friends and human rights groups say.
Mr. Hu said that Dr. Jiang’s superiors at Hospital 301 had told him that he could not travel to New York to collect his award because the ruling Communist Party was seeking to maintain an atmosphere of social and political stability in the period leading up to the 17th Party Congress in the fall, when party leaders decide on a new leadership lineup.
“There is always some big political event they can use as an excuse to put pressure on human rights defenders,” Mr. Hu said. “The real reason is that they want to keep him under house arrest so he has no opportunity to speak the truth to the outside world.”
How China’s “Bat Woman” Hunted Down Viruses from SARS to the New Coronavirus
Wuhan-based virologist Shi Zhengli has identified dozens of deadly SARS-like viruses in bat caves, and she warns there are more out there
BEIJING—The mysterious patient samples arrived at Wuhan Institute of Virology at 7 P.M. on December 30, 2019. Moments later, Shi Zhengli’s cell phone rang. It was her boss, the institute’s director. The Wuhan Center for Disease Control and Prevention had detected a novel coronavirus in two hospital patients with atypical pneumonia, and it wanted Shi’s renowned laboratory to investigate. If the finding was confirmed, the new pathogen could pose a serious public health threat—because it belonged to the same family of bat-borne viruses as the one that caused severe acute respiratory syndrome (SARS), a disease that plagued 8,100 people and killed nearly 800 of them between 2002 and 2003. “Drop whatever you are doing and deal with it now,” she recalls the director saying.
Shi—a virologist who is often called China’s “bat woman” by her colleagues because of her virus-hunting expeditions in bat caves over the past 16 years—walked out of the conference she was attending in Shanghai and hopped on the next train back to Wuhan. “I wondered if [the municipal health authority] got it wrong,” she says. “I had never expected this kind of thing to happen in Wuhan, in central China.” Her studies had shown that the southern, subtropical areas of Guangdong, Guangxi and Yunnan have the greatest risk of coronaviruses jumping to humans from animals—particularly bats, a known reservoir for many viruses. If coronaviruses were the culprit, she remembers thinking, “could they have come from our lab?”
While Shi’s team at the Chinese Academy of Sciences institute raced to uncover the identity and origin of the contagion, the mysterious disease spread like wildfire. As of this writing, about 81,000 people in China have been infected. Of that number, 84 percent live in the province of Hubei, of which Wuhan is the capital, and more than 3,100 have died. Outside of China, about 41,000 people across more than 100 countries and territories in all of the continents except Antarctica have caught the new virus, and more than 1,200 have perished.
The epidemic is one of the worst to afflict the world in recent decades. Scientists have long warned that the rate of emergence of new infectious diseases is accelerating—especially in developing countries where high densities of people and animals increasingly mingle and move about.
The New Coronavirus Outbreak: What We Know So Far
“It’s incredibly important to pinpoint the source of infection and the chain of cross-species transmission,” says disease ecologist Peter Daszak, president of EcoHealth Alliance, a New York City–based nonprofit research organization that collaborates with scientists, such as Shi, around the world to discover new viruses in wildlife. An equally important task, he adds, is hunting down other related pathogens—the “known unknowns”—in order to “prevent similar incidents from happening again.”
Tracing the Virus at Its Source
To Shi, her first virus-discovery expedition felt like a vacation. On a breezy, sunny spring day in 2004, she joined an international team of researchers to collect samples from bat colonies in caves near Nanning, the capital of Guangxi. Her inaugural cave was typical of the region: large, rich in limestone columns and—being a popular tourist destination—easily accessible. “It was spellbinding,” Shi recalls, with milky-white stalactites hanging from the ceiling like icicles, glistening with moisture.
But the holidaylike atmosphere soon dissipated. Many bats—including several insect-eating species of horseshoe bats that are abundant in southern Asia—roost in deep, narrow caves on steep terrain. Often guided by tips from local villagers, Shi and her colleagues had to hike for hours to potential sites and inch through tight rock crevasses on their stomach. And the flying mammals can be elusive. In one frustrating week, the team explored more than 30 caves and saw only a dozen bats.
These expeditions were part of the effort to catch the culprit in the SARS outbreak, the first major epidemic of the 21st century. A Hong Kong team had reported that wildlife traders in Guangdong first caught the SARS coronavirus from civets, mongooselike mammals that are native to tropical and subtropical Asia and Africa.
Before SARS, the world had little inkling of coronaviruses—named because, seen under a microscope, their spiky surface resembles a crown—says Linfa Wang, who directs the emerging infectious diseases program at Singapore’s Duke-NUS Medical School. Coronavirues were mostly known for causing common colds. “The SARS outbreak was a game changer,” says Wang, whose work on bat-borne coronaviruses got a swift mention in the 2011 Hollywood blockbuster Contagion. It was the first time a deadly coronavirus with pandemic potential emerged. This discovery helped to jump-start a global search for animal viruses that could find their way into humans.
Shi was an early recruit of that worldwide effort, and both Daszak and Wang have since been her long-term collaborators. But how the civets got the virus remained a mystery. Two previous incidents were telling: Australia’s 1994 Hendra virus infections, in which the contagion jumped from horses to humans, and Malaysia’s 1998 Nipah virus outbreak, in which it moved from pigs to people. Both diseases were found to be caused by pathogens that originated in fruit-eating bats. Horses and pigs were merely the intermediate hosts.
In those first virus-hunting months in 2004, whenever Shi’s team located a bat cave, it would put a net at the opening before dusk—and then wait for the nocturnal creatures to venture out to feed for the night. Once the bats were trapped, the researchers took blood and saliva samples, as well as fecal swabs, often working into the small hours. After catching up on some sleep, they would return to the cave in the morning to collect urine and fecal pellets.
But sample after sample turned up no trace of genetic material from coronaviruses. It was a heavy blow. “Eight months of hard work seemed to have gone down the drain,” Shi says. “We thought coronaviruses probably did not like Chinese bats.” The team was about to give up when a research group in a neighboring lab handed it a diagnostic kit for testing antibodies produced by people with SARS.
There was no guarantee the test would work for bat antibodies, but Shi gave it a go anyway. “What did we have to lose?” she says. The results exceeded her expectations. Samples from three horseshoe bat species contained antibodies against the SARS virus. “It was a turning point for the project,” Shi says. The researchers learned that the presence of the coronavirus in bats was ephemeral and seasonal—but an antibody reaction could last from weeks to years. So the diagnostic kit offered a valuable pointer as to how to hunt down viral genomic sequences.
Shi’s team used the antibody test to narrow down locations and bat species to pursue in the quest for these genomic clues. After roaming mountainous terrain in the majority of China’s dozens of provinces, the researchers turned their attention to one spot: Shitou Cave on the outskirts of Kunming, the capital of Yunnan—where they conducted intense sampling during different seasons throughout five consecutive years.
The efforts paid off. The pathogen hunters discovered hundreds of bat-borne coronaviruses with incredible genetic diversity. “The majority of them are harmless,” Shi says. But dozens belong to the same group as SARS. They can infect human lung cells in a petri dish, cause SARS-like diseases in mice, and evade vaccines and drugs that work against SARS.
In Shitou Cave—where painstaking scrutiny has yielded a natural genetic library of bat viruses—the team discovered a coronavirus strain in 2013 that came from horseshoe bats and had a genomic sequence that was 97 percent identical to the one found in civets in Guangdong. The finding concluded a decade-long search for the natural reservoir of the SARS coronavirus.
Viral Melting Pots
In many bat dwellings Shi has sampled, including Shitou Cave, “constant mixing of different viruses creates a great opportunity for dangerous new pathogens to emerge,” says Ralph Baric, a virologist at the University of North Carolina at Chapel Hill. And in the vicinity of such viral melting pots, Shi says, “you don’t need to be a wildlife trader to be infected.”
Near Shitou Cave, for example, many villages sprawl among the lush hillsides in a region known for its roses, oranges, walnuts and hawthorn berries. In October 2015 Shi’s team collected blood samples from more than 200 residents in four of those villages. It found that six people, or nearly 3 percent, carried antibodies against SARS-like coronaviruses from bats—even though none of them had handled wildlife or reported SARS-like or other pneumonia-like symptoms. Only one had travelled outside of Yunnan prior to sampling, and all said they had seen bats flying in their village.
Three years earlier, Shi’s team had been called in to investigate the virus profile of a mineshaft in Yunnan’s mountainous Mojiang County—famous for its fermented Pu’er tea—where six miners suffered from pneumonialike diseases (two of them died). After sampling the cave for a year the researchers discovered a diverse group of coronaviruses in six bat species. In many cases, multiple viral strains had infected a single animal, turning it into a flying factory of new viruses.
“The mineshaft stunk like hell,” says Shi, who went in with her colleagues wearing a protective mask and clothing. “Bat guano, covered in fungus, littered the cave.” Although the fungus turned out to be the pathogen that had sickened the miners, she says it would only have been a matter of time before they caught the coronaviruses if the mine had not been promptly shut.
With growing human populations increasingly encroaching on wildlife habitats, with unprecedented changes in land use, with wildlife and livestock transported across countries and their products around the world, and with a sharp increase in both domestic and international travel, new disease outbreaks of pandemic scale are a near mathematical certainty. This had been keeping Shi and many other researchers awake at night—long before the mysterious samples landed at the Wuhan Institute of Virology on that ominous evening last December.
About a year ago, Shi’s team published two comprehensive reviews about coronaviruses in Viruses and Nature Reviews Microbiology. Drawing evidence from her own studies—many of which were published in top academic journals—and from others, Shi and her co-authors warned of the risk of future outbreaks of bat-borne coronaviruses.
Racing against a Deadly Pathogen
On the train back to Wuhan on December 30 last year, Shi and her colleagues discussed ways to immediately start testing the patient samples. In the following weeks—the most intense and the most stressful time of her life—China’s bat woman felt she was fighting a battle in her worst nightmare, even though it was one she had been preparing for over the past 16 years. Using a technique called polymerase chain reaction, which can detect a virus by amplifying its genetic material, the first round of tests showed that samples from five of seven patients contained genetic sequences known to be present in all coronaviruses.
Shi instructed her team to repeat the tests and, at the same time, sent the samples to another laboratory to sequence the full viral genomes. Meanwhile she frantically went through her own laboratory’s records from the past few years to check for any mishandling of experimental materials, especially during disposal. Shi breathed a sigh of relief when the results came back: none of the sequences matched those of the viruses her team had sampled from bat caves. “That really took a load off my mind,” she says. “I had not slept a wink for days.”
By January 7 the Wuhan team determined that the new virus had indeed caused the disease those patients suffered—a conclusion based on results from polymerase chain reaction analysis, full genome sequencing, antibody tests of blood samples and the virus’s ability to infect human lung cells in a petri dish. The genomic sequence of the virus—now officially called SARS-CoV-2 because it is related to the SARS pathogen—was 96 percent identical to that of a coronavirus the researchers had identified in horseshoe bats in Yunnan, they reported in a paper published last month in Nature. “It’s crystal clear that bats, once again, are the natural reservoir,” says Daszak, who was not involved in the study.
The genomic sequences of the viral strains from patients are, in fact, very similar to one another, with no significant changes since late last December, based on analyses of 326 published viral sequences. “This suggests the viruses share a common ancestor,” Baric says. The data also point to a single introduction into humans followed by sustained human-to-human transmission, researchers say.
Given that the virus seems fairly stable and that many infected individuals appear to have mild symptoms, scientists suspect the pathogen might have been around for weeks or even months before the first severe cases raised alarm. “There might have been mini outbreaks, but the virus burned out” before causing havoc, Baric says. “The Wuhan outbreak is by no means incidental.” In other words, there was an element of inevitability to it.
To many, the region’s burgeoning wildlife markets—which sell a wide range of animals such as bats, civets, pangolins, badgers and crocodiles—are perfect viral melting pots. Although humans could have caught the deadly virus from bats directly (according to several studies, including those by Shi and her colleagues), independent teams have suggested in preprint studies that pangolins may have been an intermediate host. These teams have reportedly uncovered SARS-CoV-2–like coronaviruses in these animals, which were seized in antismuggling operations in southern China.
On February 24 the nation announced a permanent ban on wildlife consumption and trade except for research or medicinal or display purposes—which will stamp out an industry worth $76 billion and put approximately 14 million people out of jobs, according to a 2017 report commissioned by the Chinese Academy of Engineering. Some welcome the initiative, whereas others, such as Daszak, worry that without efforts to change people’s traditional beliefs or provide alternative livelihoods, a blanket ban may push the business underground. This could make disease detection even more challenging. “Eating wildlife has been part of the cultural tradition in southern China” for thousands of years, Daszak says. “It won’t change overnight.”
In any case, Shi says, “wildlife trade and consumption are only part of problem.” In late 2016 pigs across four farms in Qingyuan county in Guangdong—60 miles from the site where the SARS outbreak originated—suffered from acute vomiting and diarrhea, and nearly 25,000 of the animals died. Local veterinarians could not detect any known pathogen and called Shi for help. The cause of the illness, called swine acute diarrhea syndrome (SADS), turned out to be a virus whose genomic sequence was 98 percent identical to a coronavirus found in horseshoe bats in a nearby cave.
“This is a serious cause for concern,” says Gregory Gray, an infectious disease epidemiologist at Duke University. Pigs and humans have very similar immune systems, making it easy for viruses to cross between the two species. Moreover a team at Zhejiang University in the Chinese city of Hangzhou found the SADS virus could infect cells from many organisms in a petri dish, including rodents, chickens, nonhuman primates and humans. Given the scale of swine farming in many countries, such as China and the U.S., Gray says, looking for novel coronaviruses in pigs should be a top priority.
Although the Wuhan outbreak is the sixth one caused by bat-borne viruses in the past 26 years —the other five being Hendra in 1994, Nipah in 1998, SARS in 2002, MERS (Middle East respiratory syndrome) in 2012, and Ebola in 2014—“the animals [themselves] are not the problem,” Wang says. In fact, bats help promote biodiversity and the health of their ecosystems by eating insects and pollinating plants. “The problem arises when we get in contact with them,” he says.
Fending Off Future Outbreaks
More than two months into the epidemic—and seven weeks after the Chinese government imposed citywide transportation restrictions in Wuhan, a megacity of 11 million—life feels almost normal, Shi says, laughing. “Maybe we are getting used to it. The worst days are certainly over.” The institute staffers have a special pass to travel from home to their laboratory, but they cannot go anywhere else. For more than a month, they had to subsist on instant noodles during their long hours in the lab because the institute’s canteen was closed.
The researchers found that the new coronavirus enters human lung cells using a receptor called angiotensin-converting enzyme 2 (ACE2). The scientists have since been screening for drugs that can block it. They, as well as other research groups, are also racing to develop vaccines and test promising candidates. In the long run, the team plans to develop broad-spectrum vaccines and drugs against coronaviruses deemed risky to humans. “The Wuhan outbreak is a wake-up call,” Shi says.
Many scientists say the world should move beyond merely responding to deadly pathogens when they arise. “The best way forward is prevention,” Daszak says. Because 70 percent of animal-borne emerging infectious diseases come from wild creatures, “where we should start is to find all those viruses in wildlife globally and develop better diagnostic tests,” he adds. Doing so would essentially mean rolling out what researchers such as Daszak and Shi have been doing on a much bigger scale.
Such efforts should focus on high-risk viral groups in certain mammals prone to coronavirus infections, such as bats, rodents, badgers, civets, pangolins, and nonhuman primates, Daszak says. He adds that developing countries in the tropics, where wildlife diversity is greatest, should be the front line of this battle against viruses.
In recent decades, Daszak and his colleagues analyzed approximately 500 human infectious diseases from the past century. They found that the emergence of new pathogens tended to happen in places where a dense population had been changing the landscape—by building roads and mines, cutting down forests and intensifying agriculture. “China is not the only hotspot,” he says, noting that other major emerging economies, such as India, Nigeria and Brazil, are also at great risk.
Once potential pathogens are mapped out, scientists and public health officials can regularly check for possible infections by analyzing blood and swab samples from livestock, wild animals that are farmed and traded, and high-risk human populations, such as farmers, miners, villagers who live near bats, and people who hunt or handle wildlife, Gray says. This approach, known as “One Health,”, aims to integrate the management of wildlife health, livestock health, and human health. “Only then can we catch an outbreak before it turns into an epidemic,” he says, adding that the approach could potentially save the hundreds of billions of dollars such an epidemic can cost.
Back in Wuhan, China’s bat woman has decided to retire from the front line of virus-hunting expeditions. “But the mission must go on,” says Shi, who will continue to lead research programs. “What we have uncovered is just the tip of an iceberg.” Daszak’s team has estimated that there are as many as 5,000 coronavirus strains waiting to be discovered in bats globally. Shi is planning a national project to systematically sample viruses in bat caves—with much greater scope and intensity than her team’s previous attempts.
“Bat-borne coronaviruses will cause more outbreaks,” she says with a tone of brooding certainty. “We must find them before they find us.”
Voir enfin:
1La récente plainte déposée par Huawei France contre Valérie Niquet, chercheuse à la FRS et experte reconnue du monde asiatique, vient opportunément souligner la sensibilité du sujet et le caractère devenu épidermique de la question abordée par Antoine Izambard, journaliste au magazine économique Challenges.
2 La Chine mène une politique expansionniste directement sous le contrôle de Xi Jinping et du Parti communiste chinois visant à établir un leadership mondial incontesté, et la France constitue une cible de choix de par sa puissance économique, industrielle et scientifique, même si celle-ci est en relatif déclin.
3 Et ce n’est pas la reconnaissance historique de la RPC par le général de Gaulle en 1964 qui préserve encore notre pays des ambitions de Pékin et de l’emploi de méthodes plutôt discutables pour piller nos pépites technologiques.
4 D’où l’intérêt de ce livre plutôt corrosif et remettant en cause certaines pratiques où l’aveuglement français laisse sans voix. S’appuyant sur des exemples et des faits très concrets, le constat est sévère en dévoilant de véritables failles sécuritaires. Les enjeux sont importants, car Pékin dispose d’une arme quasi absolue : sa puissance financière sans limites, lui permettant de financer toutes ses acquisitions et pouvant acheter une clientèle aveugle sur leurs compromissions potentielles.
5 Antoine Izambard propose ainsi plusieurs approches illustrant ce rouleau compresseur chinois utilisant toutes les ressources du soft power, dont l’espionnage à outrance, notamment via l’envoi d’étudiants « bien sous tout rapport », mais qui permettent à Pékin de siphonner notre technologie. Le cas de Toulouse et de ses universités scientifiques en est une illustration. Pékin s’appuie aussi sur un réseau d’influenceurs, mêlant politiques, diplomates et hommes d’affaires souhaitant favoriser les échanges entre les deux pays, mais souvent à la naïveté confondante face à la prédation quasi systémique pilotée par la Chine.
6 Le mirage du grand marché chinois a tant fasciné que les principes de précaution face à une future concurrence n’ont pas été respectés. Ainsi, nos laboratoires de recherche et nos universités accueillent pléthore d’étudiants et étudiantes dont certains sont très avides d’informations et pillent sans vergogne les travaux effectués. Curieusement, les universités à dominante SHS (sciences humaines et sociales) sont peu concernées, le risque étant pour le Parti communiste chinois d’avoir alors de futurs contestataires potentiels.
7 Et si le rachat de grands crus bordelais peut contribuer à rééquilibrer notre balance commerciale, d’autres pratiques sont plus douteuses comme l’a démontré le fiasco autour de l’aéroport de Toulouse dont les propriétaires chinois ont pratiqué une gouvernance pour le moins baroque.
8 Parmi les autres points soulevés par l’auteur, il y a l’intérêt suspect pour la Bretagne avec une présence importante dans les universités dont particulièrement l’UBO (université de Bretagne occidentale), mais aussi la présence d’un institut Confucius à Brest sur les 14 présents en France, deuxième port militaire de France avec notamment la Force océanique stratégique (Fost) basée dans la rade à l’île Longue. Cette coïncidence n’est pas due au hasard et soulève bien des interrogations.
9 Il y a également le rachat du groupe Demos faisant de la formation professionnelle continue et qui possède entre autres la Revue d’études préparant les militaires à différents concours, avec environ 2 000 élèves par an, et dont le fichier pourrait être intéressant à exploiter.
10 Faut-il pour autant cesser toute activité avec Pékin ? Ce serait impossible et inutile tant l’interdépendance est désormais irréversible. Par contre, il est urgent de faire preuve de plus de réalisme et d’exercer un contrôle accru sur les investissements chinois. Cela signifie également une réponse européenne plus solide et consciente des enjeux de souveraineté actuellement remis en cause par Pékin. En effet, les efforts chinois sont tous azimuts et visent également les instances internationales avec un succès certain favorisé par la candeur de nombreux États devenus « clients ». Ainsi, les Chinois sont à la tête de l’Organisation de l’aviation civile internationale (2015), de l’Union internationale des télécommunications (2018) et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (2019), pouvant d’ores et déjà influer sur les normes de régulation internationales de demain dans des domaines clés. Cette mainmise sur ces organisations doit désormais inquiéter.
11 L’enquête présentée ici est donc tout à fait pertinente et démontre ces jeux troubles auxquels nous devons faire face. La lucidité est indispensable alors que la naïveté de certains dirigeants politiques et économiques est une faute, et fragilise notre indépendance et notre souveraineté.