Alors que les combats se déroulent encore dans la capitale du Reich, un soldat soviétique maintenu par un officier dresse un drapeau rouge sur un pinacle du Reichstag. Comment ce symbole, parmi les plus célèbres et les plus reproduits du XXe siècle, a-t-il été fabriqué ? Au mois d’avril précédent, Evgueni Khaldei, un photographe de guerre de 28 ans, avait découvert dans les journaux la fameuse photo de Joe Rosenthal représentant des soldats américains plantant la bannière étoilée sur Iwo Jima, une île du Pacifique qu’ils sont en train de reprendre aux Japonais. Le jeune homme obtient le feu vert des autorités pour réaliser un projet similaire. Après quatre ans d’un effroyable affrontement, l’Armée rouge atteint enfin Berlin : Khaldei sait que le moment est arrivé. Il fait confectionner à Moscou en une nuit d’immenses drapeaux taillés dans des nappes et s’envole à l’aube pour Berlin. Avec deux soldats et un gradé, il grimpe sur le toit de l’ancien Parlement allemand, dont la coupole brûle encore, et réalise une série de mises en scène acrobatiques. Rentré à Moscou la nuit même, il livre son travail à l’agence Tass. Le rédacteur en chef remarque que l’officier porte une montre à chaque poignet, un détail qui risque d’alimenter la polémique sur les pillages de l’armée soviétique. C’est donc une image où a été effacée la montre du bras droit qui arrive peu après dans toutes les salles de rédaction de la planète. Auteur d’un des clichés les plus forts de l’Histoire, Evgueni Khaldei n’a pas touché la moindre prime et n’a bénéficié d’aucune reconnaissance particulière ; pis, il a été persécuté, en raison de ses origines juives, à la fin des années 50. Ce n’est qu’après la chute du Mur que Khaldei montra le cliché original non retouché. Après plus de quarante ans, cette icône, qui immortalisa le rôle du communisme dans l’écrasement du nazisme, se révélait être une photo fabriquée et retouchée. Ce qui n’enlève rien à sa puissance.
Peu avant Noël 1989 paraît cette image qui accable le régime de Nicolae Ceausescu, le dernier dictateur communiste européen. Selon les insurgés, les émeutes des 17 et 19 décembre ont fait 4 632 morts dans la ville de Timisoara (une centaine, selon le bilan définitif). Robert Maass, un reporter américain, réalise cette photographie d’un père pleurant sur le corps de son bébé et de sa femme, assassinés par la Securitate. En fait, les opposants ont réalisé cette macabre mise en scène en déterrant une vingtaine de cadavres du cimetière. L’homme n’est pas le père de l’enfant, victime de la mort subite du nourrisson. La femme, qui n’est pas sa mère, a été emportée par une cirrhose. Malgré les doutes de certains envoyés spéciaux, les rédactions s’emballent. Timisoara devient le 20 décembre la première ville libérée du pays. Son nom restera le symbole de la manipulation la plus spectaculaire de l’histoire des médias. Pour la bonne cause.Fabien Roland-Lévy (Le Point)
Cherchez l’erreur!
Baiser de l’Hôtel de ville, gardien du Musée d’Orsay nu devant « Le Déjeuner sur l’herbe », cigarette supprimée d’une affiche de Sartre, poupées Barbie sodomisées au mixeur entre une auto-sodomisation de l’homo Mapplethorpe avec son propre manche de fouet et l’inévitable crucifix enuriné de Serrano, seins d’Angelina Jolie léchés par un cheval, prépubère Brooke Shields dans son bain, épaules bien dénudées de la petite Alice de Lewis Carroll, gamines nues de naturistes ou pédophiles artistes (ou le contraire?), petite victime de la faim soudanaise guettée par un vautour, enfant colombienne ensevelie vivante dans une coulée de boue …
Rarissime photo d’Auschwitz-Birkenau, petite victime juive de violeurs ukrainiens dans un ghetto polonais, photo de propagande nazie de Paris sous l’Occupation, original du Guevara des insupportables tee-shirts, mort truquée d’un républicain espagnol, Suaire de Turin, portrait de Bismarck sur son lit de mort, égérie de Man Ray nue dans la baignoire d’Hitler après la libération de Dachau, 2e montre effacée du poignet d’un soldat soviétique dépouilleur de morts faisant son lever de drapeau d’Iwo Jima sur le toit du Reichstag, Staline retouché sans Lejov, petite Vietnamienne victime d’un bombardement courant nue sur une route (suite à une erreur de tir sud-vietnamienne et non américaine comme il avait été dit), Aldo Moro en otage des Brigades Rouges, main déchiquetée des attentats du WTC, prétendu charnier de Timisoara, prisonniers irakiens bizutés d’Abou Ghraib …
A l’heure où, après des semaines de déchainement et d’acharnement médiatiques contre la seule Armée israélienne, l’enquête de cette dernière vient de conclure à l’absence de la moindre preuve objective pour les rumeurs d’exactions de ses soldats dans la récente guerre de Gaza …
Tout y est, sang, sexe, mort, guerre, du plus futile au plus grave, des clichés volés de célébrités au blasphème religieux, de la propagande d’Etat aux photos de guerre …
Et pourtant, ceux qui chercheraient, à l’expo lausannoise actuellement à la BNF de Paris (« Controverses », 80 photos de 1839 à 2007 et naturellement pour l’affiche… un prêtre en soutane noire embrassant sur la bouche une bonne soeur en cornette blanche!) la moindre photo de la manipulation la plus spectaculaire de l’histoire des médias, à savoir la supercherie du petit Mohammed du fixeur palestinien du correspondant de la télévision d’Etat Charles Enderlin …
Ou d’ailleurs, sans parler des défilés d’enfants récupérés dans les morgues par Saddam pendant les sanctions de l’ONU, le moindre exemple des nombreux Timisoara qui ont marqué le conflit palestinien en Cisjordanie ou à Gaza ou la dernière guerre du Liban …
En seraient pour leur argent car dans cette édifiante histoire du déplacement des tabous dans nos sociétés et à l’image des photos d’identité d’Algériennes « volées » en 1960 par un nécessairement rapace pouvoir colonial français ou même de la fameuse mais plus ambivalente « Madone algérienne » de la guerre civile des années 90 (mis à part peut-être une ambigüe photo de l’exécution de rebelles kurdes par le nouveau régime de Khomeyni prise en 1979 par… l’actuel photographe officiel d’Ahmadinejad!), le Palestinien ou musulman ne saurait être que victime et jamais manipulateur ..
Nombreuses sont les photos qui ont fait scandale, déclenché une polémique. Certaines ont choqué le public, blessé les personnes représentées. Elles peuvent mentir, être au coeur de la propagande menée par des régimes autoritaires ou des pays en guerre. La vérité et le mensonge que porte chaque image sont des sources de débats interminables. Sans même parler des clichés de paparazzi, elles sont l’enjeu de procès extravagants autour du droit d’auteur, du plagiat – avec de lourds intérêts financiers à la clé.
La passionnante exposition « Controverses », présentée à la Bibliothèque nationale de France, à Paris, jusqu’au 24 mai, brasse tous ces sujets. Quatre-vingts photos sont sur les murs, dans un ordre chronologique, de 1840 pour la première à 2007 pour la plus récente. Exposition sage et classique, à première vue. Mais chaque image a un double : une douleur, un conflit.
L’exposition avait fait beaucoup parler quand elle avait été présentée, il y a un an, au Musée de l’Elysée, à Lausanne, en Suisse. Son goût de piment devrait attirer un large public à Paris. Tous les thèmes de controverses sont au mur, afin de montrer comment la photographie, par son côté direct et populaire, en prise avec l’actualité, l’Histoire et l’argent, est un art qui peut faire des dégâts.
Beaucoup de photos sont connues – logique, elles ont fait parler. Ce sont même des icônes : Le Baiser de l’Hôtel de ville, de Doisneau ; le portrait de Che Guevara par Korda ; le combattant fauché par une balle durant la Guerre d’Espagne, de Capa ; le prétendu Suaire de Turin qui révélerait l’image du Christ ; le portrait de Bismarck sur son lit de mort ; un portrait de Staline retouché afin de supprimer la présence de Nikolaï Iejov, responsable de purges et fusillé en 1940 ; Aldo Moro, président de la Démocratie chrétienne italienne, pris en otage et photographié par des membres de Brigades Rouges avant d’être exécuté.
Pour ces images célèbres, et pour beaucoup d’autres qui le sont moins ou pas du tout, une chose frappe d’emblée : voir l’image seule ne suffit pas pour prendre la mesure du débat ou du scandale. On se demande même parfois où se loge le problème.
Sauf pour les images qui tournent autour du sexe, comme celles de gamines nues qui ont pu être jugées pédophiles. Ou encore celles qui montrent des corps meurtris ou morts : une main déchiquetée après les attentats du World Trade Center, le prétendu charnier de Timisoara en Roumanie, des prisonniers irakiens humiliés ou torturés par des soldats américains dans la prison d’Abou Ghraib.
C’est là que l’exposition prend toute sa force. Chaque image est accompagnée d’un texte plutôt long qui en raconte l’histoire. Une exposition où l’on passe plus de temps à lire qu’à regarder est rarement un bon signe. Pas ici. Les textes sont clairs, fourmillent de détails, de rebondissements, donnent les enjeux. Avec une fin ou pas.
L’histoire peut être savoureuse. Comme ces quatre années de procès et 2 millions de dollars de procédure que la société Mattel, fabricant des poupées Barbie, a intentés à l’artiste Tom Forsythe, pour avoir montré, en 1998, la pin-up blonde dans une posture jugée désavantageuse – un mixeur pointé sur ses fesses. Mattel a perdu.
L’histoire peut aussi être tragique. Le photoreporter sud-africain Kevin Carter, prix Pulitzer en 1994 pour une photo d’une fillette qui meurt de faim au Soudan, alors qu’un vautour la guette, s’est suicidé après avoir été critiqué à plusieurs reprises sur le thème : « Le charognard, c’est lui. »
ANGELINA JOLIE ET LE CHEVAL
Sans le texte, l’image est parfois pauvre, laisse toujours sur sa faim. Et inversement. Aussi, le catalogue, riche et fort bien fait, comportant des informations supplémentaires, est indispensable, sans doute mieux adapté au projet que l’exposition.
Ces images, alignées au mur ou rangées dans le livre semblent désormais assagies. Or, c’est faux. Elles restent ultrasensibles. Nous n’avons pas obtenu le droit d’en reproduire certaines, comme par exemple le portrait délicieux de l’actrice Angelina Jolie qui se fait lécher la poitrine par un cheval blanc (photo de David La Chapelle). « C’est un projet avec beaucoup de charge émotive », explique Daniel Girardin, l’auteur de « Controverses », qui n’a pas obtenu tout ce qu’il voulait, tant ces documents, notamment récents, restent douloureux pour ceux qui les ont réalisés ou ceux qui figurent dessus.
En revanche, deux images, qui ont provoqué des polémiques récentes, ont été ajoutées à la BNF par rapport à l’exposition de Lausanne : la première montre un gardien du Musée d’Orsay qui pose nu devant Le Déjeuner sur l’herbe (1862-1863) de Manet – provoquant un conflit entre le photographe et le musée. La seconde, une photo de Paris sous l’Occupation, par André Zucca (1897-1973), dont l’exposition, au printemps 2008 à Paris, provoqua une polémique monstre au motif que le public n’était pas clairement informé qu’il s’agissait de propagande nazie.
Même la BNF, qui héberge donc cet événement, a fait l’objet d’une polémique. En 2005, pour une exposition Sartre, elle a imaginé une affiche reproduisant un célèbre portrait de l’écrivain, mais en supprimant la cigarette qu’il avait entre les doigts. La presse lui est tombée dessus. Tout cela est joliment raconté à la BNF, qui, beau joueur, a conservé l’image dans l’exposition.
Controverses. Bibliothèque nationale de France. 58, rue de Richelieu, Paris-2e. Mo Palais-Royal. Tél. : 01-53-79-87-93. Du mardi au samedi, de 10 heures à 19 heures ; dimanche, à partir de 12 heures. 7€ et 5 €. Jusqu’au 24 mai.
Catalogue : sous la direction de Daniel Girardin et Christian Pirker, éd. Actes Sud/Musée de l’Elysée, 320p., 45€.
Le problème de l’Afrique n’est pas la forte promiscuité ou même les coupables habituels des groupes à haut risque comme les prostituées ou les routiers, mais plutôt le phénomène social des « partenaires simultanés ». Autrement dit, les Africains n’ont pas plus de partenaires sexuels que le reste du monde et nettement moins que les homosexuels dont les taux d’infection sont exponentiellement inférieurs; mais ils ont un nombre restreint de partenaires sexuels simultanés », en même temps plutôt qu’un par un ou séquentiellement. Ce qui a lancé le virus comme un train fou sur la population générale .
En 1989, l’Ouganda avait l’un des taux d’infection les plus élevés du monde, mais entre à peu près 1992 et 2002, le taux d’infection est tombé des deux-tiers. Pour Epstein, la clef du succès n’avait rien à voir avec les milliards de dollars de l’Occident, mais avec « l’efficacité collective » d’une « calamité partagée » par des personnes s’entraidant et parlant ouvertement du fléau. En particulier, la « réduction du nombre de partenaires », ajoute-elle, et non l’utilisation tant vantée de préservatifs, a aidé les Ougandais à faire face au phénomène culturel des »partenaires simultanés ». La réduction de partenaires, comme le disait un membre du projet, est ainsi « le cadet négligé de l’approche ABC « de l’abstinence, de la fidélité ( « soyez fidèle ») et des préservatifs. Le « Papillonnage zéro », comme l’a demandé le président ougandais, représente ainsi un traitement silencieux déjà disponible, aussi précieuses que soient les autres approches. Daniel B. Clendenin (critique de « The Invisible Cure: Africa, the West, and the Fight Against AIDS », Helen Epstein)
Et si la meilleure morale rejoignait la meilleure science?
Suite à la très douteuse polémique dont vient d’être victime le pape Benoit XVI …
Et devant la crasse ignorance ou la peur d’apparaitre moralisateurs et donc rétrogrades dont font preuve nombre de nos médias et commentateurs …
Comme les guerres culturelles entre les capotards et les abstinards ou les priorités concurrentes des programmes de prévention …
Petit retour, avec un intéressant commentaire du médecin James D Shelton sur le site du Lancet il y a deux ans, à la réalité du terrain et surtout, derrière la démystification des principales idées reçues sur le SIDA (merci « Albert Barrois » et pratispharma) …
A la vérité de la priorité à accorder au vecteur principal, notamment en Afrique, des épidémies généralisées, à savoir les relations sexuelles simultanées …
Et donc, pour atteindre cet objectif crucial de limitation du nombre de partenaires et rendre encore plus efficaces les autres approches de prévention, à l’importance et la possibilité du changement de comportement de masse, via des techniques de changement de comportement adaptées aux cultures locales …
Extraits et résumé:
1. Le VIH se répand comme une trainée de poudre
2. La prostitution est le problème
3. Les hommes sont le problème
4. Les adolescents sont le problème
5. La pauvreté et la discrimination sont le problème
6. Les préservatifs sont la solution
7. Le test VIH est la solution
8. Le traitement est la solution
9. Les nouvelles technologies sont la solution
10. Les comportements sexuels ne changeront pas
– La contamination est, excepté au début, faible dans les rapports hétérosexuels (8% annuels), sauf dans les cas de relations simultanées (plus d’un partenaire régulier à la fois) qui semblent inciter à plus de relations risquées que les relations sporadiques ou exclusives comme dans les régions d’Afrique les plus affectées.
– Le ciblage de la prostitution officielle dans les campagnes de prévention a peu d’utilité, le facteur déterminant étant les relations simultanées où l’argent est souvent un facteur comme dans les relations de type sexe transactionnel (prostitution clandestine ou non affichée) c’est-à-dire motivé par le gain matériel ou financier notamment en milieu scolaire et estudiantin (on parle par exemple, dans les universités africaines francophones et sur le ton entendu de la rigolade, de « diplômes sexuellement transmissibles », « MST » représentant ainsi « Maitrise Sexuellement Transmissible » ou, au niveau privé, de « 2e bureau »).
– la contribution des femmes, même si le comportement des hommes est naturellement un facteur substantiel (notamment dans les relations inter-générationnelles ou forcées) pour l’installation d’épidémies généralisées, est aussi déterminante et la proportion est élevée (parfois la majorité) de femmes séropositives dans les couples où un seul partenaire est affecté
– les interventions sur les jeunes, y compris l’abstinence, bien qu’importante, sont d’utilité limitée, étant donné que dans les épidémies généralisées pratiquement tous les âges sont affectés
– le virus est souvent plus commun dans les milieux aisés peut-être parce que l’argent et la mobilité permettent les relations simultanées, des baisses importantes de la contamination pouvant aussi se produire sans réduction de la pauvreté comme au Zimbabwé
– les préservatifs ont souvent un impact limité dans les épidémies généralisées (même s’ils sont déterminant, surtout pour les prostitués, dans les zones d’épidémies concentrées et au niveau de certains individus) du fait qu’au-delà de leur protection non-parfaite, les gens ne les utilisent pas toujours (surtout dans les relations irrégulières) ou peuvent même être encouragés à des pratiques plus risquées avec préservatifs ou la simple intention de les utiliser
– Le test HIV ne mène pas aux changements de comportement et à la réduction des risques auxquels on pourrait s’attendre du fait que la majorité teste négatif, que si changements il y a ils doivent être maintenus pendant des années et que les personnes très nouvellement infectées et tout particulièrement infectieuses, ne sont pas immédiatement dépistables
– le traitement pourrait lui aussi se révéler d’un effet moins salutaire que prévu (réduction des niveaux d’infection, d’infectiosité et de la dénégation du problème, promotion des changements des comportements) du fait qu’il pourrait également encourager la reprise de l’activité sexuelle une fois que les malades se sentent mieux et même la déshinibition quand ceux-ci réalisent que la maladie n’est plus nécessairement fatale
– les nouvelles technologies (vaccins, microbicides, and anti-retroviraux prophylactiques) sont, malgré les très coûteux investissements dont elles sont l’objet, encore loin des succès escomptés et ne seraient vraisemblablement destinées qu’aux populations à très haut risque, supposeraient une forte contrainte comportementale et pourraient même avoir un effet déshinibiteur
– les comportements sexuels de populations entières peuvent en fait changer devant une menace mortelle et la simple peur qu’elle inspire,comme le montre le cas des homosexuels américains dans les années 80 et les baisses de contamination au Kenya ou au Zimbabwé se sont accompagnées d’une forte réduction des relations simultanées
Despite substantial progress against AIDS worldwide, we are still losing ground. The number of new infections continues to dwarf the numbers who start antiretroviral therapy in developing countries.1, 2 Most infections occur in widespread or generalised epidemics in heterosexuals in just a few countries in southern and eastern Africa. Although HIV incidence has fallen in Uganda, Kenya, and Zimbabwe, the generalised epidemic rages on. Something is not working. Ten misconceptions impede prevention.
1) HIV spreads like wildfire—Typically it does not. HIV is very infectious in the first weeks when virus levels are high,3 but not in the subsequent many-year quiescent phase. Only about 8% of people whose primary heterosexual partners have the virus become infected each year.4 Thus Kenya has more couples in which only one person is infected than couples in which both are (figure).5 This low infectiousness in heterosexual relationships partly explains why HIV has spared most of the world’s populations. However, the exceptional generalised epidemics in Africa seem largely driven by concurrent partnerships, in which some people have more than one regular partner. This pattern allows rapid dissemination when a new infection is introduced6 and probably involves more frequent risky sex than in sporadic or exclusive relationships.
2) Sex work is the problem
—Formal sex work is uncommon in these generalised epidemics. In Lesotho, fewer than 2% of men reported paying for sex in the previous year, although 29% reported multiple partners.7 Nuanced economic support is an important enabler of regular concurrent partnerships and transactional sex, but the targeting of sex work in prevention campaigns has limited usefulness.
3)Men are the problem
—The behaviour of men, including cross-generational and coercive sex, contributes substantially to the establishment of generalised epidemics. But a heterosexual epidemic requires some women to have multiple partners.3 The importance of women in generalised epidemics is evidenced by the high proportion (sometimes the majority) of discordant couples in which the woman, not the man, is HIV positive (figure).5
4)Adolescents are the problem—Generalised epidemics span all reproductive ages. Although adolescent women are affected through sex with older men, HIV incidence increases in women in their 20s and later in life.8 Men are infected at even older ages. Thus interventions in young people, including abstinence, although important, have limited usefulness.
5)Poverty and discrimination are the problem
—These factors can surely engender risky sex. But HIV is paradoxically more common in wealthier people than in poorer people, perhaps because wealth and mobility support concurrent sexual partnerships.9 Moreover, HIV has declined without major improvements in poverty and discrimination, notably in Zimbabwe (notwithstanding substantial economic and social distress).
6) Condoms are the answer—Condom use, especially by sex workers, is crucial to the containment of concentrated epidemics, and condoms help to protect some individuals. But condoms alone have limited impact in generalised epidemics. Many people dislike using them (especially in regular relationships), protection is imperfect, use is often irregular, and condoms seem to foster disinhibition, in which people engage in risky sex either with condoms or with the intention of using condoms.8
7) HIV testing is the answer—That learning one’s HIV status (hopefully with counselling) should lead to behavioural change and reduced risk seems intuitive. However, real-world evidence of such change is discouraging, especially for the large majority who test negative.3 Moreover any changes must be sustained for years. And very newly infected people, who are highly infectious, do not yet test HIV-positive.
8) Treatment is the answer—Theoretically, treatment and counselling might aid prevention by lowering viral levels (and infectiousness) in those treated, reducing denial about HIV, and promoting behavioural change. However, no clear effect has emerged. Indeed these salutary effects might be outweighed by negative effects, such as resumption of sexual activity once those on antiretrovirals feel well, and disinhibition when people realise that HIV might no longer be a death sentence.
9) New technology is the answer—Many resources are devoted to vaccines, microbicides, and prophylactic antiretrovirals. Unfortunately any success appears to be far off. Moreover, such innovations might be mainly targeted only at very high-risk populations, rely on behavioural compliance, and engender disinhibition.10 Similarly, treatment of sexually transmitted infections to prevent HIV has been disappointing.11 Even male circumcision, an already available, unmistakably effective, and compelling priority will take years to have additional substantial effect.
10) Sexual behaviour will not change—Actually, facing the prospect of deadly illness, many people will change. Homosexual men in the USA radically changed behaviour in the 1980s. And the reductions in HIV incidence in Kenya and eastern Zimbabwe were accompanied by large drops in multiple partners,8, 12 probably largely as a spontaneous reaction to fear.
Truthfully, our priority must be on the key driver of generalised epidemics—concurrent partnerships. Although many people sense that multiple partners are risky, they do not realise the particular risk of concurrent partnerships. Indeed, technical appreciation of their role is recent.6 But partner limitation has also been neglected because of the culture wars between advocates of condoms and advocates of abstinence, because it smacks of moralising, because mass behavioural change is alien to most medical professionals, and because of the competing priorities of HIV programmes.
Fortunately we can enhance partner-limitation behaviour, akin to the behaviour change that many people have adopted spontaneously. State-of-the-art behaviour-change techniques, including explicit messages, that are sensitive to local cultures, can raise perception of personalised risk. Even modest reductions in concurrent partnerships could substantially dampen the epidemic dynamic. Other prevention approaches also have merit, but they can be much more effective in conjunction with partner-limitation. Now, more than 20 years into HIV prevention, we have to get it right.
I thank Daniel Halperin and Willard Cates for helpful ideas on this Comment. My views here are not necessarily those of USAID. I declare that I have no conflict of interest.
References
1 UNAIDS, WHO. AIDS epidemic update. http://data.unaids.org/pub/EPISlides/2007/2007_epiupdate_en.pdf. (accessed Nov 21, 2007).
2 World Health Organization, UNAIDS, UNICEF. Towards universal access: scaling up priority HIV/AIDS interventions in the health sector. Progress report, April 2007. http://www.who.int/hiv/mediacentre/univeral_access_progress_report_en.pdf. (accessed Nov 21, 2007).
3 Cassell MM, Surdo A. Testing the limits of case finding for HIV prevention. Lancet Infect Dis 2007; 7: 491-495. Summary | Full Text | PDF(115KB) | CrossRef | PubMed
4 Wawer MJ, Gray RH, Sewankambo NK, et al. Rates of HIV-1 transmission per coital act by stage of HIV-1 infection, in Rakai, Uganda. J Infect Dis 2005; 191: 1403-1409. CrossRef | PubMed
5 Central Bureau of Statistics, Ministry of Health Kenya, Kenya Medical Research Institute, Centers for Disease Control and Prevention Kenya, ORC Macro. Kenya demographic and health survey 2003. http://www.measuredhs.com/pubs/pub_details.cfm?ID=462&ctry_id=20&SrchTp=type. (accessed Nov 21, 2007).
6 Halperin D, Epstein H. Concurrent sexual partnerships help to explain Africa’s high level of HIV prevalence: implications for prevention. Lancet 2004; 364: 4-6. Full Text | PDF(92KB) | CrossRef | PubMed
7 Ministry of Health and Social Welfare Lesotho, Bureau of Statistics Lesotho, ORC Macro. Lesotho demographic and health survey 2004. http://www.measuredhs.com/aboutsurveys/search/metadata.cfm?surv_id=256&ctry_id=160&SrvyTp=type. (accessed Nov 21, 2007).
8 Shelton JD. Confessions of a condom lover. Lancet 2006; 368: 1947-1949. Full Text | PDF(65KB) | CrossRef | PubMed
9 Shelton JD, Cassell MM, Adetunji J. Is poverty or wealth at the root of HIV?. Lancet 2005; 366: 1057-1058. Full Text | PDF(46KB) | CrossRef | PubMed
10 Imrie J, Elford J, Kippax S, Hart G. Biomedical HIV prevention—and social science. Lancet 2007; 370: 10-11. Full Text | PDF(49KB) | CrossRef | PubMed
11 Gray RH, Wawer MJ. Randomized trials of HIV prevention. Lancet 2007; 370: 200-201. Full Text | PDF(49KB) | CrossRef | PubMed
12 Gregson S, Garnett GP, Nyamukapa CA, et al. HIV decline associated with behavior change in eastern Zimbabwe. Science 2006; 311: 664-666. CrossRef | PubMed
a Bureau for Global Health, US Agency for International Development, Washington, DC 20523, USA
Oui ou non le préservatif aggrave-t-il le problème du SIDA ? Puisque c’est cette phrase qui a été reprise partout, et que tout le reste a été oublié, je voudrais (re)montrer qu’elle est tout simplement vraie. J’examinerai d’abord sa vérité au plan individuel, puis sa portée à l’échelle des populations et enfin sa réalité pour ce qui est de l’épidémie planétaire.
À première vue, on peut penser que le préservatif est efficace pour une personne ne voulant pas devenir séropositive ou ne voulant pas transmettre sa maladie ; je pense en particulier aux couples où l’une des personnes est séropositive, et je ne parlerai pas de ce cas en particulier. On peut en effet sans doute démontrer que plus de gens auraient le SIDA aujourd’hui sans le préservatif, dans le climat de laisser-faire sexuel qui est quasiment mondial. Mais on peut encore plus facilement prouver qu’en respectant la morale sexuelle de la loi naturelle, au moins de temps en temps, nul n’est besoin de préservatif.
Cependant, admettons que pour une personne donnée qui décide d’avoir des relations avec une autre personne dont elle ne sait rien, le préservatif soit un pis aller. Pourtant celui-ci n’est efficace qu’à 85% comme contraceptif chez ceux qui l’utilisent systématiquement, et la plupart des méta-analyses indiquent que son efficacité contre le VIH est de l’ordre de 80 à 90 %. Cela signifie que pour 100 personnes qui utilisent systématiquement un préservatif, entre 10 et 20 seront malgré tout contaminées. C’est moins efficace que les méthodes de régulation naturelle des naissances. Pourtant on nous rabâche à longueur de temps que celles-ci ne sont pas fiables, à tel point qu’elles ont été surnommées « roulette vaticane ».
Pourtant une sérieuse étude a montré que la méthode symptothermique est fiable à 99,4% sur une durée d’un an pour les femmes ayant respecté scrupuleusement tous les critères, et un taux de 98,2% en moyenne lors de cette étude [1]. En « utilisation parfaite », le préservatif est supposé être fiable à 98% (85% en utilisation normale), tout comme la méthode symptothermique selon le chiffre retenu par l’OMS [2]. Va-t-on pouvoir nous expliquer pourquoi le « risque » d’avoir un enfant dans 2% des cas est jugé inacceptable, alors même qu’on juge tout à fait supportable le risque de contamination par le virus du SIDA dans les mêmes proportions ? Si on ne fait pas confiance à une méthode de régulation naturelle des naissances, il est surréaliste de faire confiance au préservatif.
À l’échelle d’une population
Voyons maintenant ce que disent les statistiques et la littérature scientifique sur l’évolution de l’épidémie de SIDA à l’échelle d’une population. On a récemment appris qu’à Washington, la prévalence de l’infection par le VIH était d’au moins 3%. Manquerait-on de préservatifs à Washington ? Ce chiffre est supérieur à celui de plusieurs pays de l’Afrique sub-saharienne (1,2% au Bénin ; 1,6% au Burkina-Faso ; 1,7 au Libéria ; 3,1 au Nigéria ; 2,1 en Angola, etc.).
La réalité est plus complexe. En effet plusieurs personnalités scientifiques de premier plan ont montré que la première mesure à prendre est la réduction du nombre de partenaires. C’est d’autant plus important si une personne a plusieurs partenaires dans une même période.
Prenons l’individu A qui a deux partenaires B et C. Supposons que B soit séropositif, il peut contaminer non seulement A, mais aussi C. Normalement, B et C ne se connaissant pas, il ne devrait pas y avoir de risque de transmission de la maladie entre eux. Mais les risques augmentent exponentiellement avec le nombre de partenaires simultanés. Au contraire le simple fait d’être fidèle à une personne, au moins pendant un temps, réduit considérablement ce genre de risques. C’est en substance ce que démontre Helen Epstein dans un essai paru en novembre 2008 dans le British Medical Journal [3].
H. Epstein est une journaliste indépendante et spécialiste de santé publique dans les pays en voie de développement, auteur notamment de The Invisible Cure: Why We Are Losing The Fight Against AIDS in Africa. De même, une étude essentielle parue dans Science en 2004 démontre que le succès obtenu en Ouganda a été rendu possible en réduisant considérablement le nombre de partenaires et en retardant l’âge des premières relations [4]. Et cette étude a été confirmée [5]. Autrement dit, fidélité et abstinence sont les clés de la lutte contre l’épidémie de SIDA.
En Ouganda en particulier, la chute de la prévalence de séropositivité a précédé de plusieurs années l’arrivée massive des préservatifs. Les autres pays où une baisse sensible de l’épidémie est directement liée à la réduction du nombre de partenaires incluent le Kenya, Haïti, le Zimbabwe, la Thaïlande et le Cambodge [6]. On pourrait également citer James D. Shelton et son « commentaire » publié dans The Lancet fin 2007 sur les dix mythes de l’épidémie de SIDA parmi lesquels on trouve « les préservatifs sont la solution » [7]. Tout comme Helen Field, Shelton, qui appartient à l’USAID (Agence américaine pour le développement international) recommande avant tout de faire baisser le nombre de partenaires simultanés.
Le préservatif donne le goût du risque
Un autre argument a été avancé Edward C. Green qui est le directeur d’un programme de recherche sur la prévention du SIDA à l’université de Harvard. Il s’est fait remarqué la semaine dernière en prenant fait et cause pour le Pape. Dans un entretien accordé à la revue américaine National Review il a déclaré :
« Le Pape a raison, ou bien disons que tous les indices dont nous disposons vont dans le même sens que ce qu’a dit le Pape […]. Il a été prouvé que les préservatifs ne sont pas efficaces au niveau d’une population. Il y a un lien récurrent, démontré par nos meilleurs études, y compris les « Demographic Health Surveys » financées par les États-Unis, entre une plus grande disponibilité et utilisation des préservatifs et un taux d’infection au VIH plus élevé (et non moins élevé). Ceci peut être dû en partie au phénomène connu sous le nom de « compensation du risque », ce qui signifie que si quelqu’un utilise une technique de réduction d’un risque comme le préservatif, il perd souvent le bénéfice de cette réduction en compensant, ou prenant plus de risques que s’il n’avait pas utilisé cette technique » [8] (traduction AB).
Cette explication est une des clés pour comprendre pourquoi le préservatif est à long terme une mauvaise solution. Tôt ou tard on se lasse de prendre des précautions, et le résultat se manifeste notamment aujourd’hui à Washington avec une reprise tragique de l’épidémie. Et avant qu’on explique que Green est à la solde du pape, il est bon d’ajouter qu’il est agnostique.
À l’échelle de la planète
Passons pour finir à l’échelle de la planète. Nous savons que seuls une réduction drastique du nombre de partenaires, ainsi qu’un âge plus tardif pour le début de l’activité sexuelle sont essentiels pour faire baisser de façon très importante l’épidémie de SIDA. Cela est possible puisqu’en Ouganda on est passé de 25 % à environ 6% de personnes infectées en l’espace de 10-15 ans [4]. Ce qui a pu être fait avec peu de moyens dans un pays souvent en proie à l’instabilité peut être fait ailleurs. L’ennui c’est que pour obtenir l’éradication d’une maladie, il faut que tout le monde joue le jeu. Or il est clair qu’aujourd’hui on ne se donne pas les moyens d’arriver à ce résultat autrement qu’en recherchant des traitements ou un vaccin. En ce sens la promotion du préservatif aggrave donc le problème. Tant que la principale façon de lutter est de promouvoir une solution non fiable dans un cas sur six ou sept au détriment d’un changement de comportement, on n’arrivera jamais à enrayer l’épidémie.
Tous ceux qui s’étonnent que le Pape soit catholique devraient s’apercevoir que son raisonnement, loin d’être idéologique ou simplement moraliste, est scientifiquement le plus valide. Peut-être est-il irréaliste à court terme dans la mesure où la fidélité et l’abstinence sont des valeurs très décriées de nos jours, mais sur le long terme, la seule solution est une prise de conscience de la valeur de la sexualité humaine.
« On ne peut trouver la solution que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui implique une nouvelle façon de se comporter l’un envers l’autre, et le second, une amitié vraie, surtout envers ceux qui souffrent, la disponibilité à être avec les malades, au prix aussi de sacrifices et de renoncements personnels (Benoît XVI) [9]. »
*Albert Barrois est le pseudonyme d’un scientifique, docteur en biologie cellulaire.
Jésus annonçait le royaume, et c’est l’Eglise qui est venue. Alfred Loisy (citation tronquée par Mordillat-Prieur)
Reprocher à l’Eglise catholique tout le développement de sa constitution, c’est donc lui reprocher d’avoir vécu, ce qui pourtant ne laissait pas d’être indispensable à l’Evangile même. (…) l’Evangile de Jésus avait déjà un rudiment d’organisation sociale et (…) le royaume devait avoir une forme de société. Jésus annonçait le royaume, et c’est l’Eglise qui est venue. Elle est venue en élargissant la forme de l’Evangile, qui était impossible à garder telle quelle, dès que le ministère de Jésus eût été clos par la passion. Il n’est aucune institution sur la terre ni dans l’histoire des hommes dont on ne puisse contester la légitimité et la valeur, si l’on pose en principe que rien n’a le droit d’être que dans son état originel. Alfred Loisy (citation en contexte)
Fidèles à la démarche historique et à l’écriture cinématographique qui ont fait le succès de leurs précédentes séries Corpus Christi et L’Origine du christianisme, Gérard Mordillat et Jérôme Prieur poursuivent leur réflexion documentaire sur les fondements de la religion chrétienne.Arte
Sans l’Eglise, la prédication du Galiléen aurait sombré dans l’oubli comme celles de tant d’autres prophètes de la même époque. Maurice Sartre
Les Michael Moore du christianisme se font enfin remettre à leur place par deux historiens.
Savants répondant à des questions que le spectateur ignore, lien entre ces monologues assuré par une voix off qui conduit l’argumentation, aucune discussion entre savants des questions qui font débat, non-séparation des discours des historiens et des théologiens qui ajoute à la confusion, livre d’accompagnement bénéficiant de la caution des savants mais élaboré par les seuls journalistes, citations tronquées et utilisées à contresens, partis pris, anachronismes, erreurs manifestes, vocabulaire péjoratif, parallèles et amalgames douteux (martyrs chrétiens/ suicide mortifère des islamistes) …
Après le succès de leurs précédentes séries sur les fondements de la religion chrétienne (« Corpus Christi » et « L’Origine du christianisme ») …
Le cinéaste Gérard Mordillat et le journaliste Jérôme Prieur ont remis le couvert en décembre dernier sur la chaine des documentaires soi-disant démystificateurs à la Eric Laurent avec une nouvelle série sur l’Apocalypse (films et livre).
Même démarche hyperdocumentaire, même impressionnante brochette d’historiens (quelque 50 dont les professeurs du Collège de France Paul Veyne et Michel Tardieu).
Mais aussi hélas, comme le montrent deux historiens Jean-Marie Salamito (dans un livre: « Les Chevaliers de l’Apocalypse ») et Maurice Sartre dans une critique du Monde Des Livres, mêmes techniques du montage et du dossier exclusivement à charge à la Michael Moore.
Avec, derrière l’apparence scientifique du propos, l’ordre du jour caché (à l’instar de leurs très polémiques titres: « Jésus contre Jésus », « Jésus après Jésus », « Jésus sans Jésus ») de la réduction politique ou plus précisément ethno-nationaliste du message du Christ, via la thèse hautement idéologique que « l’histoire du christianisme antique serait celle de la longue trahison de Jésus par ceux qui se réclamaient de lui » et que suite à la légalisation du christianisme par l’empereur Constantin, « le parti chrétien devient religieusement totalitaire »….
En étant resté qu’à une partie de la première série, nous ne saurions évidemment nous prononcer ici sur celle-ci, mais seulement évoquer une certaine gêne par rapport aux apparemment semblables procédés de la première.
Et surtout, en ces temps de mise à pilori systématique (et avec les mêmes discutables méthodes) du christianisme et du Pape, par rapport à l’apparent silence des historiens ayant participé à ces entreprises sur l’utilisation qui est ainsi faite de leurs recherches et interventions …
On se souvient du choc que représenta la diffusion à une heure de grande écoute de la série Corpus Christi, de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur. Les réalisateurs ont récidivé par deux fois, et la dernière série, L’Apocalypse, a été diffusée peu avant Noël sur Arte. Sans nier les qualités d’un tel travail, Jean-Marie Salamito, spécialiste du christianisme antique, conteste avec vigueur sa pertinence. Car l’apparence scientifique du propos masque un a priori idéologique qui, montre-t-il, se résume dans une affirmation plusieurs fois répétée : « Jésus annonçait le royaume, et c’est l’Eglise qui est venue. » Cette citation du grand historien Alfred Loisy (1857-1940) prouverait, selon les réalisateurs, que l’Eglise s’est montrée plus préoccupée d’asseoir son pouvoir que de précipiter la réalisation du message évangélique. Ainsi Mordillat et Prieur défendraient-ils une thèse résolument antichrétienne, celle de la trahison de Jésus par les siens.
L’ennui, souligne Salamito, est que la citation est utilisée à contre-sens par Mordillat et Prieur. Car Loisy affirme au contraire qu’entre le discours de Jésus et l’Eglise de notre temps, il n’y a pas de rupture, mais simplement le travail du temps, donc des adaptations aux nécessités du moment. Sans l’Eglise, la prédication du Galiléen aurait sombré dans l’oubli comme celles de tant d’autres prophètes de la même époque.
L’argumentaire de Mordillat et Prieur est ici soumis à une critique qui fait mouche. La méthode d’abord : a-t-on assez remarqué que la quarantaine de savants interrogés répondait à des questions que le spectateur ignore ? Seul lien entre ces monologues, une voix off qui conduit l’argumentation. Une question fait-elle débat entre les spécialistes ? Aucune discussion entre savants ne vient l’éclairer. Salamito aurait pu ajouter que le fait de ne pas distinguer le discours des historiens et celui des théologiens ajoute à la confusion.
Le livre qui accompagne la série télévisée, Jésus sans Jésus (Seuil), n’est pas le texte intégral des interviews, mais une élaboration à prétention historique des seuls Mordillat et Prieur, bénéficiant indirectement de la caution apportée par les savants présents dans l’émission. Salamito insiste sur les partis pris, anachronismes et erreurs manifestes dont l’ouvrage abonde.
Deux exemples suffiront. La notion chrétienne du martyre s’intègre mal à la vision hostile à l’Eglise que développent Mordillat et Prieur. Ils entreprennent de la disqualifier en usant d’un vocabulaire péjoratif, allant jusqu’à établir un parallèle entre les martyrs chrétiens et ceux qu’un certain islam politique nomme aussi martyrs : or même un examen superficiel montre que tout oppose la mort subie – quoique acceptée – des chrétiens et le suicide mortifère des militants islamistes. Mordillat et Prieur se trompent lourdement en considérant les récits de martyres comme des témoignages sans valeur historique, alors que l’historien américain Glen Bowersock et d’autres ont prouvé qu’il s’agissait souvent des minutes mêmes du procès ou de textes rédigés à chaud. En faisant des martyrs chrétiens des « kamikazes » ou des « masochistes », les auteurs passent complètement à côté de la signification historique du phénomène.
FAUSSE ROUTE
De même, le monachisme s’intègre mal au schéma d’ensemble de Mordillat et Prieur. Ces derniers veulent y voir un mouvement d’opposition à l’Eglise officielle, preuve supplémentaire que, dès l’origine ou presque, certains auraient pris conscience de sa trahison. Personne ne nie qu’il y ait eu parfois de sérieux conflits entre les moines et les évêques, mais réduire le monachisme à une protestation contre la « collaboration » entre l’Eglise et l’Empire, c’est évidemment faire fausse route.
En ce sens, le livre de Salamito se révèle doublement indispensable. D’abord parce qu’il sort le spectateur de l’état quasi hypnotique où le plongent les séries de Mordillat et Prieur. Ensuite parce qu’il n’est pas inutile de rappeler que l’histoire reste une science exigeante, qui obéit à des règles méthodologiques strictes dont nul ne peut s’affranchir. Certes, l’histoire n’appartient pas aux historiens, mais sans eux et leur expertise l’analyse risque de se réduire à l’expression d’une opinion sans fondement scientifique.
Dans ces pages rigoureuses et denses, Salamito exerce au mieux son double devoir d’universitaire, celui de chercheur et d’enseignant.
LES CHEVALIERS DE L’APOCALYPSE. RÉPONSE À MM. PRIEUR ET MORDILLAT de Jean-Marie Salamito. Lethielleux/Desclée de Brouwer. 162 p., 12 €.
Voir aussi:
Les chevaliers de l’apocalypse
Jean-Marie Salamito
Desclée de Brouwer 159p., 12€
Spécialiste du christianisme antique, Jean-Marie Salamito relève les erreurs factuelles, mais surtout conteste la thèse de fond avancée par les «chevaliers de l’antichristianisme» Gérard Mordillat et Jérôme Prieur
Filmer en 12 épisodes de cinquante-deux minutes chacun les débats qui ont animé les débuts du christianisme, le projet, Jean-Marie Salamito le reconnaît, était «incroyablement ambitieux». Pas moins de 44 chercheurs invités, venus des universités de huit pays différents, dont les interventions ne sont illustrés seulement d’images de «papyrus antiques, de parchemins du Moyen Âge»… Au total, presque douze heures de « savante polyphonie ». «Je regarde tout, j’écoute tout. Avec passion», note l’auteur, qui avoue s’y être «laissé prendre, mais seulement jusqu’à un certain point» : jusqu’à l’instant où il a «commencé d’entrevoir le fil conducteur, discret mais solide, des 12 épisodes», à savoir que «l’histoire du christianisme antique serait celle de la longue trahison de Jésus par ceux qui se réclamaient de lui».
C’est dans un style très inhabituel pour lui que ce professeur d’histoire du christianisme antique à la Sorbonne a choisi de répondre à Jérôme Prieur et Gérard Mordillat : celui du pamphlet. Tout au long de son petit livre en effet – consacré pour un tiers à la série documentaire elle-même, mais plus encore au livre qui l’accompagne (1) – Jean-Marie Salamito entrecoupent de plaisanteries acerbes, d’exclamations ironiques, ses critiques fouillées, précises et argumentées du travail des deux journalistes. «Je me contenterai de féliciter les auteurs pour cet amalgame qui fait honneur à leur travail» (p. 83). «Quelle preuve éclatante d’honnêteté intellectuelle !» (p. 99). «Tout cela est cohérent, à défaut d’être historique» (p. 104)…
Il faut dire que ses premières tentatives d’explication avec eux – via le numéro 186 de la revue Le Monde de la Bible paru en novembre 2008, quelques jours plus tard lors d’un débat public à Paris, ou encore sur l’antenne de RCF – l’ont convaincu de la difficulté de l’exercice : «chevaliers de l’antichristianisme», Jérôme Prieur et Gérard Mordillat «avancent masqués», «déguisant leur croisade en travail documentaire, voire en enquête historique». Sont notamment en cause la «voix off» de la série télévisée qui, une fois les opinions des chercheurs exposées, en retient une, arbitrairement, mais surtout l’ouvrage Jésus sans Jésus, qui, «comme la voix off, mais bien plus longuement, exprime les positions personnelles de Gérard Mordillat».
Point par point, Jean-Marie Salamito s’attache à rétablir la vérité sur quelques-uns des thèmes abordés : le statut du «royaume» annoncé par Jésus (forcément «de ce monde», pour Mordillat et Prieur), le rapport des premiers chrétiens à leurs frères juifs (et leur «antisémitisme» supposé), le rôle des martyrs (accusés de présenter une «appétence pour la mort»), et surtout les conséquences de la légalisation du christianisme par l’empereur Constantin en 313. Date à partir de laquelle, selon eux, «le parti chrétien devient religieusement totalitaire »… Bref, résume Salamito , « un pamphlet, soit, mais d’un historien».
(1) Jésus sans Jésus, de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur (Seuil/Arte Éditions, 2008). Ce livre fait suite à ceux déjà publiés par les mêmes auteurs au moment de leurs deux précédentes séries télévisées, Jésus, illustre et inconnu (avec Corpus Christi) et Jésus après Jésus (avec L’Origine du christianisme).
Voir enfin:
Contre le travestissement du premier christianisme en « tromperie » par rapport à un message christique purement juif et largement politique des chevaliers de l’Apocalypse …Un intéressant extrait, dans Le Figaro, d’un récent livre de l’historien Lucien Jerphagnon et du philosophe Luc Ferry, sur l’image menaçante de religion de l’anti-religion que donnait alors, dans un monde romain voué au culte de l’empereur, le christianisme naissant, d’où les persécutions.Mais aussi l’attraction que pouvait avoir celui-ci pour une société en mal de religion personnelle qui ne se satisfaisait ni du ritualisme vide des religions naturelles ni des concepts froids de la philosophie …
L’historien de l’antiquité Lucien Jerphagnon et le philosophe Luc Ferry cosignent un recueil d’entretiens, La Tentation du christianisme (Grasset). Dans quel contexte intellectuel et social une nouvelle religion, née à Jérusalem, prospéra dans le monde romain ? Et quelle rupture apporta- t-elle pour la construction du monde moderne ? Nous publions les principaux extraits de leur livre, à paraître le 10 mars.
«Gaius ? Un type bien. Dommage qu’il soit chrétien !» Voilà, dit Tertullien, ce qu’on entendait dire. Les sociétés ont toujours détesté qu’on ne soit pas «comme tout le monde». D’où tant d’allusions méprisantes chez des gens aussi différents que Suétone, Tacite, Epictète, Trajan, Pline le Jeune, Marc Aurèle, Lucien… Tant d’invraisemblances aussi que le peuple prêtait aux chrétiens : l’âne crucifié, les orgies… Tant de crimes aussi, dont l’incendie de Rome en 64. Même Tacite proteste contre cette calomnie ! Et jusqu’aux dérèglements climatiques dont on les disait responsables : les crues du Tibre, les absences de crue du Nil, etc.
Tout venait de ce qu’aux yeux des Romains ou assimilés, ces chrétiens, des gens comme tout le monde, osaient ne pas prier comme tout le monde. Non qu’on leur reprochât d’adorer leur Christus, encore qu’il parût insolite, et à bien des égards. Un Juif qui avait encouru sous Tibère la crucifixion, la peine des esclaves, n’était pas recommandable a priori. Et puis, ce que racontaient ses fidèles, qu’il était né d’une vierge, etc. À ceux qui ricanaient, Tertullien rétorquait : «Acceptez cette fable pour le moment : elle est semblable aux vôtres !» (…) «Folie pour les païens, éthnesin dé môria», reconnaît l’apôtre Paul. Quant aux intellectuels, un Celse au IIe siècle, un Porphyre au IIIe, ils objectaient que l’incarnation même du logos contredisait sa transcendance. Bref, enrage Tertullien : «On nous prend pour des nuls(uani), pour des rigolos (irridenti).»
Pourtant, la vraie question n’était pas là. L’inadmissible, c’était d’entendre ces chrétiens soutenir qu’il n’y avait de dieu que Christus, précipitant d’un coup tout le Panthéon dans le néant. Tertullien, dans l’Apologeticum, ne s’en gêne pas. Pareil sacrilège scandalisait fatalement ceux qui de tradition attendaient tout de leurs dieux, à commencer par la sécurité. Depuis toujours, les dieux veillaient sur la cité ! Sur une cité qui peu à peu s’étendra jusques aux confins du monde : «Rome, toi qui as fait une cité de ce qui jadis était l’univers…» dira au Ve siècle Rutilius Namatianus le Gaulois. Ces chrétiens, pour qui se prennent-ils ? Oser dire que nos dieux n’existent pas ! Des sans-dieux, voilà ce qu’ils sont, et comme tels, dangereux. «On nous traite d’athées !» déplore Justin. Une accusation lourde de conséquences : les chrétiens auront beau protester de leur civisme, payer leurs impôts, prier pour César, comme l’assurent tant de textes des Pères, rien n’y fera. Car en se refusant à accomplir – fût-ce sans y croire – les actes sacrificiels jugés indispensables depuis toujours à la grandeur de Rome, à sa sécurité, ces gens n’exposent-ils pas l’Empire à des mesures de rétorsion de la part des dieux, si tatillons sur ce point ? Ainsi, aux yeux de Celse, au IIe siècle, les chrétiens n’étaient ni plus ni moins que des déserteurs. Cela même leur vaudrait, et durant trois siècles, de nombreuses persécutions. A fortiori s’ils se dérobaient à leur devoir quand un empereur, contraint de faire face à une situation difficile, en appelait au civisme religieux de tous et de chacun dans l’Empire (…)
Ainsi, la civilisation romaine avait cantonné jusque-là le religieux dans la sphère du domestique, et surtout du politique, et avec une rigueur tout administrative. C’était la religion du «nous, les Romains», et de toute évidence elle primait les éventuels états d’âme du «moi, Marcus» ou «moi, Julia». Ne serait-ce pas cela qui pouvait faire naître, chez des gens plus évolués, le sentiment d’un vide, d’un manque ? Disons : d’une carence spirituelle, sinon métaphysique ? Ce qui déjà expliquerait le thème récurrent de l’epistrophé, de la conversio ad philosophiam. En ces temps, la philosophie pouvait être un recours ou un secours. On la regardait comme un art de vivre, une sagesse que chaque école définissait à sa façon. Certains trouvaient là ce supplément d’âme que la religion à la romaine ne procurait guère. Voyez Marc Aurèle. Entre tout ce qu’il dit devoir aux dieux, la première chose c’est – je cite : «de ne m’être jamais laissé aller à un manquement envers aucun, quoique, vu mon caractère, j’aurais bien pu en venir là, l’occasion aidant…». Il leur doit aussi d’être tombé sur la bonne philosophie : le stoïcisme, où précisément la divinité ne fait qu’un avec l’idée de nature. On remarque qu’il a intitulé Tà eis eautón (Les Choses à lui), ce carnet où nous pouvons justement observer au jour le jour cette symbiose stoïcienne de l’âme, du cosmos et des dieux. Cent ans plus tard, Plotin, qui aura de la déité l’idée la plus haute qui soit, ne sera pas pour autant très «pratiquant». À Amélios qui le convie à une cérémonie, il répond : «C’est aux dieux de venir à moi, et pas à moi d’aller à eux.» Ironie de la providence : c’est grâce à Plotin qu’un siècle plus tard, le jeune Augustin verra son idée de Dieu, jusque-là si confuse, se transfigurer.
Mais la philosophie n’intéressait qu’un petit nombre de lettrés. Et même parmi cette élite, il n’est pas dit que tous s’en contentaient. En effet, le conceptuel et l’affectif sont des visées différentes d’une même conscience, fût-ce dans la relation avec l’absolu. Et donc, chez certains, un manque affectif pouvait subsister sur un autre plan que celui de la systématisation du cosmos et du divin. Ainsi Justin l’Apologiste : il avait tâté de plusieurs écoles, et finalement s’était fait chrétien. Ce qui lui avait valu de mourir décapité sous Marc Aurèle, qui ne voyait pas pourquoi les chrétiens mouraient «par entêtement». Cela étant, peut-être serons-nous mieux à même de discerner ce que visait au juste l’intention qui animait ces consciences-là. Ces consciences que ne saturaient ni le ritualisme, ni les concepts. À quoi peut bien aspirer celui que hante le sentiment d’une absence, sinon à une présence ? Aussi, ce que nous avons vu des ex-voto du père Festugière pourrait nous mettre sur la voie de ce que cherchaient ces gens. «Un dieu sensible au cœur», dit Pascal ; «Un absolu de dialogue», dit Duméry ; «La transcendance personnifiée», dit Luc Ferry. C’est qu’on ne parlait guère avec l’Olympe, pas plus qu’Aristote avec le premier moteur, ni que Plotin avec «l’au-delà de l’essence». Pas facile d’aller confier ses angoisses et ses espérances à l’idée de nature, de s’épancher dans la cause première. Or, voilà qu’à croiser des chrétiens, à les regarder vivre – et mourir -, à s’entretenir avec eux à l’occasion, on pressentait comme une autre façon de voir, de se voir, de voir les autres, et d’entrevoir le divin. On ne change pas tout seul, un beau matin, de vision du monde : on pose des questions, on échange des points de vue, et parfois on en vient à partager des ferveurs. Car, même si les «premiers chrétiens» n’étaient pas tous des vierges et des martyrs façon péplum, reste qu’aux yeux des païens «en manque», quelque chose venait à faire envie. Il y avait chez ces chrétiens comme une présence, qu’ils étaient les seuls à éprouver. Une présence qui inspirait leur comportement global, et pas seulement religieux. Même entre eux, les rapports semblaient différents. Comme s’ils n’étaient jamais seuls. Comme si cette présence-là les accompagnait tous et chacun au long de leurs jours et, à les en croire, au-delà même de la mort et pour l’éternité.
Comment avons-nous pu vider la mer? (…) Quelles solennités expiatoires, quels jeux sacrés nous faudra-t-il inventer?Nietzsche
Jusqu’à présent, les textes de l’Apocalypse faisaient rire. Tout l’effort de la pensée moderne a été de séparer le culturel du naturel. La science consiste à montrer que les phénomènes culturels ne sont pas naturels et qu’on se trompe forcément si on mélange les tremblements de terre et les rumeurs de guerre, comme le fait le texte de l’Apocalypse. Mais, tout à coup, la science prend conscience que les activités de l’homme sont en train de détruire la nature. C’est la science qui revient à l’Apocalypse.René Girard
Longtemps, les divinités représentèrent le lieu de cette extériorité. Les sociétés modernes ont voulu s’en affranchir: mais cette désacralisation peut nous laisser sans protection aucune face à notre violence et nous mener à la catastrophe finale. Jean-Pierre Dupuy
A l’heure où les écologistes à la Gore ressemblent de plus en plus à des chefs de secte…Où des savants réputés se voient cloués au pilori pour avoir émis des doutes sur la nouvelle vulgate …
Et où le Machin se transforme à vue d’œil en succursale de l’Organisation de la Conférence Islamique …
Mais aussi où ne peuvent que s’exacerber, avec l’entrée dans la course des deux mastodontes chinois et indien pesant à eux seuls près de la moitié de la population mondiale et les conséquences qu’on imagine pour la planète, la guerre économique et la démesure technologique …
Retour, sur un auteur qui avec René Girard a le mérite de rappeler, cela même dont les chrétiens n’osent plus parler …
A savoir la dimension proprement apocalyptique et l’origine strictement humaine, tentation du retour autoritaire au sacré à la Khomeini comprise, des temps que nous vivons …
Les collectifs humains sont des machines à fabriquer des dieux. » Partant de ce constat anthropologique, Jean-Pierre Dupuy s’attache à montrer comment, au sein d’une société qui se veut rationaliste, et rationaliste seulement, le sacré investit subrepticement ses domaines d’action. Ou, inversement, comment le refoulement du sacré conduit notre société à la démesure, donc à une perspective apocalyptique.
Le sacré ? C’est-à-dire, selon la théorie de René Girard qui inspire tout ce livre, l’extériorité par laquelle les hommes trouvent le moyen d’agir sur leur société. Ou « le mécanisme d’auto-extériorisation de la violence des hommes, laquelle se projetant hors de leur prise sous forme de pratiques rituelles, de systèmes de règles, d’interdits et d’obligations, réussit à se contenir elle-même ».
« Longtemps, les divinités représentèrent le lieu de cette extériorité », rappelle Dupuy. Les sociétés modernes ont voulu s’en affranchir : mais cette désacralisation « peut nous laisser sans protection aucune face à notre violence et nous mener à la catastrophe finale ». Cette hypothèse est examinée successivement dans la science, la religion, la politique, l’économie, la dissuasion nucléaire – sans convaincre tout à fait, cependant, du fait que cette juxtaposition manque du lien qui unirait les raisonnements : par exemple, une définition plus précise de la modernité – à moins que celle-ci se réduise à la désacralisation, ce qui n’est pas explicite.
Il n’empêche : Dupuy oblige à repenser la question majeure de l’époque, celle de la crise écologique et de la démesure technologique, à la lumière de la transcendance. Une obligation dérangeante, sans aucun doute.
LA MARQUE DU SACRÉ de Jean-Pierre Dupuy. Carnets Nord, 288 p., 20 €.
C’est le plus ignoré des penseurs écologistes. Est-il même écologiste ? Jean-Pierre Dupuy a été très proche d’Ivan Illich, a bien connu André Gorz, a milité aux Amis de la Terre, et son ouvrage paru au Seuil en 2002, Pour un catastrophisme éclairé, a renouvelé les interrogations posées par le philosophe Hans Jonas (1903-1993).
Mais on ne saurait réduire ce polytechnicien hors norme à aucune étiquette. Dans un de ses livres, il se définit comme « extrémiste rationaliste » et avance au détour de la conversation : « Je ne suis pas un intellectuel chrétien, mais un chrétien intellectuel. Le christianisme est une science beaucoup plus qu’une religion. »
Dans son nouvel essai, La Marque du sacré, Dupuy affirme que c’est dans le retour du sacré que la société, après avoir voulu l’expulser au nom de la rationalité, peut trouver son salut face à la démesure de la modernité technologique. Provocant ? Sans doute, et on entend déjà les ricanements des athéistes de principe. Peu importe : Dupuy est de ceux qui rappellent que le monde est grave, quand la foule des commentateurs se contente de proclamer qu’il est en crise.
L’itinéraire de ce philosophe commence par des surprises : il naît en 1941, et son père – qui lit beaucoup – le pousse vers de bonnes études. Le jeune Landais se présente à Polytechnique et à Normale-Sup, croit avoir raté celle-ci, choisit l’école d’ingénieurs, avant qu’une lettre l’informe qu’il y a eu erreur et qu’il pourra séjourner rue d’Ulm. « J’étais plus fier d’avoir réussi Normale que l’X, dit-il, mais j’ai choisi celle-ci par mimétisme, c’était plus prestigieux. »
L’ENTRÉE EN PHILOSOPHIE
Très doué en mathématiques, il finit dans les dix premiers, non sans avoir été influencé par les économistes Jean Ullmo et Maurice Allais ou avoir lu Teilhard de Chardin. Le voilà brillant haut fonctionnaire, à une époque où « nous étions les gardiens de l’intérêt général – le problème est que c’est nous qui le définissions ». Au ministère de l’industrie, chargé des questions d’énergie (« à 25 ans, je pouvais convoquer comme ça le directeur d’EDF ou de GDF »), il se rend compte qu’être grand commis de l’Etat l’ennuie. Sa vraie passion est la chose intellectuelle, et, juste après 1968, il crée avec le sociologue Philippe d’Iribarne le Centre de recherche sur le bien-être, d’où ils critiquent la théorie économique néoclassique d’un point de vue anthropologique.
En 1973, la rencontre avec le penseur écologiste Ivan Illich (1926-2002) va permettre l’envol de celui qui est encore un moineau intellectuel. Le maître est alors à l’apogée de sa réputation, et électrise le jeune polytechnicien en rupture de ban moderniste : « Il m’a fait entrer en philosophie », confie Dupuy. Ils vont collaborer, notamment dans l’ouvrage Némésis médicale, où Illich développe son concept de la contre-productivité : à partir d’un certain seuil, affirme-t-il, la technique moderne devient un obstacle à la réalisation des fins qu’elle prétend atteindre. Illich anime aussi des séminaires à Cuernavaca, au Mexique, où il attire les meilleurs esprits de l’époque : Hannah Arendt, André Gorz, Erich Fromm, Heinz von Foerster… On a oublié aujourd’hui le magnétisme qu’exerçait Illich au début des années 1970. C’est que les chocs pétroliers et la crise économique, en remisant le souci écologique au magasin des accessoires, avaient ensuite fait pâlir l’étoile d’Illich. D’ailleurs, à l’époque, Dupuy s’éloigne de lui : « Je trouvais dangereux sa rhétorique – mais non sa pensée – irrationaliste. »
Dupuy vient alors de découvrir René Girard et sa théorie de la violence sacrée fondée sur la « rivalité mimétique » : selon celle-ci, les hommes désirent ce que désirent les autres, ce qui conduit au déchaînement d’une violence qu’ils ne peuvent contenir qu’en l’extériorisant par le sacrifice d’une « victime émissaire ». Maître et disciple vont bientôt faire une partie du chemin ensemble, puisque l’université californienne Stanford – où travaille Girard – propose un poste de professeur à Dupuy, un trimestre par an. Le reste de l’année, Dupuy anime jusqu’en 2000 le CREA, qu’il a créé en 1982 : ce Centre de recherche en épistémologie appliquée fait connaître en France la théorie de la justice de John Rawls, les sciences cognitives, et anime la réflexion sur les phénomènes d’auto-organisation (avec Henri Atlan et Francisco Varela). « Ç’a été une carrière banale d’intellectuel – lire, travailler, enseigner », se souvient Dupuy.
Banale ? Que d’idées, que de rencontres ! La question écologique, qu’il semblait avoir oubliée après l’éloignement d’avec Illich, revient en force dans ses préoccupations des années 1990. Notamment avec le « troisième choc intellectuel » que fut l’étude d’Hannah Arendt, Hans Jonas et Günther Anders. « Ce qui reliait Illich à Arendt, c’est la notion de condition humaine – faite de mesure. Quand il y a démesure, il y a déshumanisation. On retrouve la même idée chez Jonas, avec le concept de vie humaine digne. »
La préoccupation du danger qui monte, écologique et nucléaire, envahit la réflexion du philosophe. Dorénavant, il usera du rationalisme le plus rigoureux pour appeler ses contemporains à l’exigence de l’autolimitation : « L’humanité aura à choisir entre l’Apocalypse et la conversion, qui est le renoncement à la violence. »
Signalons aussi les actes du colloque de Cerisy consacré à Jean-Pierre Dupuy : Dans l’oeil du cyclone, Carnets Nord, 336 p., 23 €
Oh I come from a land, from a faraway place / Where the caravan camels roam / Where they cut off your ear / If they don’t like your face / It’s barbaric, but, hey, it’s home!Paroles d’Aladdin (Disney)
En lisant le Coran et les paroles du Prophète Mahomet, on peut facilement voir que l’Islam est une religion de paix et d’amour, mais il semble qu’Hollywood n’a ni accès facile aux ressources de base sur l’Islam ni n’est capable de les interpréter correctement. Ekrem Dumanli
Les Arabes sont le groupe le plus dénigré de l’histoire d’Hollywood. Ils sont dépeints, fondamentalement, comme des untermenschen moins qu’humains, un terme employé par les Nazis pour discréditer les bohémiens et les juifs. Ces images sont avec nous depuis plus d’un siècle.Jack Shaheen
Dans tous les films qu’ils font, chaque fois qu’un Arabe prononce le mot Allah? Quelque chose explose. Eyad Zahra (jeune réalisateur)
Danseuses du ventre, cheiks milliardaires, terroristes …
Pourquoi, après des siècles de pillages, guerres et esclavage, l’islam garde-t-il une si mauvaise image?
Telle est la question qui ne manque pas de se poser à la lecture des ouvrages (« TV Arab », « Reel Bad Arabs », repris l’an dernier dans un documentaire) que le consultant libano-américain Jack W. Shaheen a consacrés à l’étroitesse du répertoire à laquelle Hollywood ou la télévision américaine (et leurs patrons juifs!) ont réduit une civilisation qui a tant apporté et continue à tant apporter au monde.
Et d’abord pour commencer l’esclavage des Africains, l’étoile jaune, le ghetto des Juifs …
Sans parler de l’enfermement des femmes, des mariagesforcés des petites filles ou des scènes de liesse dans les rues le lendemain du 11 septembre…
Extraits:
Hollywood’s depiction of Arabs has eased the path for U.S. administration policy. Decades of portraying Arabs and Muslims as the enemy « made it that much easier for us to go into Iraq », he said. « There were very few people protesting. The images help enforce policy.
images and words teach us whom we should love and whom we should hate, » he said, « and those images for decades have taught us to hate, fear, and despise all things Arab and Islam. » Then he laid out a few questions: « Did all of these images have an impact or make it that much easier for all of us in the United States to go about entering Gulf War I?…Had we been preconditioned to a point that we saw all Arabs as close to Saddam Hussein and Osama bin Laden and even Ayatollah Khomeini–even though he is Iranian, but most Americans think Iranians are Arabs…? »
« If you look at today’s image of Arabs and yesteryear’s image of Jews, you will see the images as identical, » he said. « The only difference is that the Arab wears a robe and headdress and the Jew wears a yarmulke and a black cloak, but the attributes and the anxiety and the propaganda are exactly the same. The Jew back then was portrayed as someone who was gonna corrupt Europe with his banking money and seduce women, and whose religion is different.
. « Why can’t we humanize Palestinians just as we humanize Israelis… Isn’t the life of a Palestinian child media-wise, Hollywood-wise, politics-wise,… as valuable as [that of] an Israeli child; and if the answer is yes, why can’t we see that on the silver screen? »
Exceptions like Babel or Paradise Now – movies that clearly show a very different image of Muslims – do have a positive impact. But often the independence of these productions means that, sadly, many people will never be able to see them.
You have also drawn a comparison with how the Nazis used film for anti-Semitic propaganda?
There are many similarities between the stereotypes of Arabs in film and the way Joseph Goebbels portrayed « the Jew » – for example exaggerating so-called physical characteristics, « their » control over « our » oil or « our » money, « their » seduction of « our » women. You could make a short powerful film by putting these stereotypes side by side – it would make a good tool to confront Dutch politician and anti-Islamic filmmaker Geert Wilders.
« Just as we shouldn’t link Islam when an Arab Muslim kills someone, we shouldn’t link Christianity or Judaism when those terrorists kill innocents. »
« Every group has among its members a minority of a minority committing heinous acts. Yet the overwhelming majority of all people are regular, peace-loving individuals who vigorously object to violent crimes. »
Book Review The TV Arab
Jack G. Shaheen. Bowling Green, Ohio: Bowling Green State University Popular Press, 1984. 146 pp. $14.95 (cloth), $6.95 (paper).
Reviewed by Eric Hooglund
Washington Report
February 4, 1985
American television viewers sometimes see « Arab characters » in one of their favorite programs. Inevitably, the Arabs are depicted as « bad guys » trying to harm or trick the hero or heroine. This negative portrayal, according to Professor Jack Shaheen of the University of Southern Illinois at Edwardsville, is not balanced by the presentation of any positive Arab characters. Indeed, no other ethnic group is the subject of such uniformly unflattering stereotyping on television. The unfortunate consequence is that television-fostered myths about Arabs become the distorted perception of what Arabs are like to millions of Americans.
Between 1975-76 and 1983-84, Dr. Shaheen examined more than 100 different television shows featuring an Arab character to document the TV image of Arabs. The results of his research, summarized in The TV Arab, demonstrate how pervasive and persistent are the negative stereotypes of Arabs. He found that television’s depiction of Arabs relies upon « four basic myths: » Arabs « are all fabulously wealthy; they are barbaric and uncultured; they are sex maniacs with a penchant for white slavery; they revel in acts of terrorism. » It is also easy to recognize « TV Arabs » because they are always dressed oddly: In belly dancing costumes, headdresses « which look like tablecloths pinched from a restaurant, » veils, gowns and robes, and sunglasses. In short, Arabs are portrayed as people who neither look nor act like Americans.
Cartoons & Educational TV: Equally Offensive
Dr. Shaheen found that the TV Arab is most commonly featured in entertainment programs. Children, for example, can watch their favorite cartoon characters outwit and/or vanquish animated versions of the Arab stereotype. Thus, the Superfriends, Popeye, Bugs Bunny, Porky Pig, Scooby-Doo, and other well-known cartoon heroes all contribute to instilling negative images of Arabs in young minds—images that are reinforced by the more « realistic » adult-centered programs. Unfortunately, even educational programs for children can help perpetuate stereotypes. « The Electric Company, » for instance, has used the villainous Arab motif in the character of Spellbinder, a turbaned magician whose appearances are preceded and accompanied by Arabic music.
Episodes of the popular detective and police programs also have relied upon the TV Arabs for constructing plots. These shows have projected some of the most negative aspects of the Arab stereotype: Arabs are all billionaires, belly dancers or terrorist bombers. Less noxious, but equally stereotypical Arabs have abounded in the comedy programs. Indeed, Dr. Shaheen believes that humor at the expense of Arabs has been so pervasive on television that « The comedy of the Seventies and Eighties might well be dubbed the era of the Arab joke. » In all the comedies involving Arabs, the Arabs are depicted « as objects to be mocked. »
While the image of Arabs presented in entertainment programs has been uniformly negative, Dr. Shaheen found that recent television documentaries have attempted to present a more accurate portrayal of Arabs. It has been difficult, however, for TV producers to accept that the TV Arab is a stereotype and, thus, even serious programs which are replete with stereotypes are not recognized as being distorted. This was especially true of the British docu-drama « Death of a Princess, » which aired on PBS stations in 1980 and was represented as an authentic glimpse into Saudi culture, when in actuality it was a mixture of fact and fiction. Nevertheless, both commercial and public television have telecast a few genuine documentaries which have been notable efforts to depict Arabs as people with feelings, concerns, and problems similar to those of any other ethnic group.
Trying to Sensitize the TV Industry
While the main focus of The TV Arab is a review of the Arab image as presented on television, throughout the book Dr. Shaheen describes his efforts to meet with program producers and others in the television industry to sensitize them both to the prevalence and harmful consequences of the Arab stereotype. The author believes not only that the negative and inaccurate images should be eliminated from programs but, equally important, that there be conscientious efforts to feature positive Arab characters on television. One very easy way to do this, Dr. Shaheen says, would be to incorporate Arab American heroes and heroines into popular shows. In some cases this would mean simply encouraging stars such as Jamie Farr and Vic Tayback to acknowledge their Arab ethnic heritage during several episodes. These seemingly easy changes have not taken place, however, due to the persistence of the Arab stereotype itself and the perception of television people that there really are not many viewers who are concerned about the TV Arab. Thus, the most important lesson that readers can take from The TV Arab is to follow Dr. Shaheen’s own admirable example and inform the networks that there are thousands of Americans who are offended by the television image of Arabs and who would welcome more accurate and more humane depictions.
Eric Hooglund is Director of Research at the American-Arab Anti-Discrimination Committee (ADC).
In this meticulously researched book, Shaheen (Reel Bad Arabs) spotlights anti-Muslim and Arab stereotypes and probes the intersections of popular culture and foreign policy.
The author investigates the close ties between Hollywood studios and Washington and recounts how, historically, the strategic stereotyping of populations has been used to garner popular support for governmental policies, citing the career of Leni Riefenstahl and speeches by Lenin and Goebbels to illustrate film’s long history as a propaganda vehicle.
« Dr. Jack Shaheen does it again. The accomplished author, professor and media veteran sifts through hundreds of hours of film to give us clear cut examples, as well as keen insight, into Hollywood’s obsession with bad Arabs and murderous Muslims post 9/11.
Guilty: Hollywood’s Verdict on Arabs After 9/11 is a fascinating social study on the relationship between racism and cinema, and ultimately, how popular entertainment has the power to propagate damaging images of misunderstood cultures or destroy them. Shaheen deftly demonstrates that Hollywood’s greatest enemy is not the Muslim or Arab, but the ignorant stereotype. » — Lorraine Ali,
Critic accuses Hollywood of vilifying Arabs
Tom Perry
Reuters
Thu May 1, 2008
BEIRUT (Reuters) – American films and TV dramas shot since the September 11 attacks have reinforced screen images of Arabs and Muslims as fanatics and villains, ingraining harmful stereotypes, argues an author on the subject.
In his book « Guilty — Hollywood’s Verdict on Arabs after 9/11 », Jack Shaheen praises some post-September 11 films for offering a more sympathetic image of Arabs and Muslims, who he argues have been castigated for decades by Hollywood.
But he says that too many have portrayed them in ever darker shades, criticizing films including « The Kingdom » (2007) and « The Four Feathers » (2002) and condemning the creation of a new « Arab-American bogeyman » in TV dramas such as « 24 ».
« In the United States, you can say anything you want about Islam and Arabs and get away with it. In other words, as someone said, ‘You can hit an Arab free’, » said Shaheen — also author of « Reel Bad Arabs — How Hollywood Vilifies a People ».
Shaheen, an American of Lebanese descent, has examined the treatment of Arabs and Muslims in some 1,000 films, including more than 100 shot since September 11.
From action movies such as « True Lies » (1994) to comedies including « Father of the Bride Part II » (1995) and Disney’s animated « Aladdin » (1992), Shaheen identifies films that have perpetuated damaging stereotypes of Arabs and Muslims.
« The images have remained primarily fixed and have only been changed in the sense that they have become more vindictive and damaging, » he told Reuters in an interview in Beirut.
« What enables these images to persist and prevail? One of the primary reasons is silence, » said Shaheen, a retired professor of mass communications who worked as a consultant on « Syriana » (2005) and « Three Kings » (1999).
« There’s nobody in authority, no political leader, no Hollywood personality who has taken a stand and said that demonizing Arabs and Muslims is the same as demonizing Jews or blacks or Asians or any other racial or ethnic group. »
« SELECTIVE FRAMING OF RADICALS »
In « Guilty », Shaheen credits films including « Babel » (2006) and « Rendition » (2007) for « more complex, even-handed Arab portraits ». But « very few people are listening », he said.
« It’s been very difficult, it’s like being a salmon trying to swim upstream.
« What is done is selective framing of radicals: people saying ‘death to America’. You cannot deny the reality — there are people who really want to kill Americans. But those are basically the only images we see. »
He describes last year’s « The Kingdom » — an action movie about FBI agents hunting terrorists in Saudi Arabia — as one of the most damaging depictions of Arabs of recent times in which « even Arab children cannot be trusted ».
Shaheen also charts a new trend of turning American Arabs and Muslims into « the new bogey person » and criticizes the TV drama « 24 » for its « vicious images of loathsome Muslim Americans as well as Americans with Arab roots ».
Hollywood’s depiction of Arabs has eased the path for U.S. administration policy, he argues. Decades of portraying Arabs and Muslims as the enemy « made it that much easier for us to go into Iraq », he said. « There were very few people protesting.
« The images help enforce policy, » he said. « As the policy becomes more even-handed, perhaps films will reflect that.
« Plato said: ‘Those who tell the stories rule society’. Nothing has changed, and the story tellers of today have a tremendous impact on the world as we perceive it. »
‘Reel Bad Arabs’ Takes on Hollywood Stereotyping
William Booth
Washington Post
Saturday, June 23, 2007
LOS ANGELES — A full house has turned out at the Directors Guild of America for the L.A. premiere of the new documentary « Reel Bad Arabs, » which makes the case that Hollywood is obsessed with « the three Bs » — belly dancers, billionaire sheiks and bombers — in a largely unchallenged vilification of Middle Easterners here and abroad.
« In every movie they make, every time an Arab utters the word Allah? Something blows up, » says Eyad Zahra, a young filmmaker who organized the screening this week with the support of the American-Arab Anti-Discrimination Committee.
The documentary highlights the admittedly obsessive lifework of Jack Shaheen, a retired professor from Southern Illinois University, the son of Lebanese Christian immigrants and the author of « TV Arabs, » « Reel Bad Arabs » and the upcoming « Guilty? Hollywood’s Verdict on Arabs after 9/11. »
In his tireless quest for evidence — any evidence– of Arab stereotyping, Shaheen has viewed (and reviewed in his books) thousands of movies and TV shows. What he has found, the 71-year-old academic says, are the most maligned people on the silver screen. It is a diss that dates back to the earliest days of cinema and continues today with popular television shows such as « Sleeper Cell » and « 24, » which Shaheen calls the worst of smears, « because it portrays American Arabs as the enemy within, like, ‘Look at the terrorist — hey, he’s my next-door neighbor!’ «
In the documentary, Shaheen shows dozens of film clips to illustrate his point. Arab women? Hip-swiveling eye candy of the oasis or « bundles in black. » If Arab men are not presented as buffoons, or smarmy carpet-dealers, or decadent sheiks (and oh, how the oily sultans are smitten with the blond Western women!), then they are basically your bug-eyed hijacker-bomber.
« And not only are the Arabs dangerous, they’re inept, » says Shaheen, pointing to the head villain, called Salim Abu Aziz, in James Cameron’s « True Lies, » whom Arnold Schwarzenegger’s character kills — by launching him to his maker on the back of a missile.
We all love Omar Sharif in « Lawrence of Arabia, » but Shaheen mostly ignores the positive. Here in Los Angeles, the audience groans and tsk-tsks when a clip from the James Bond film « Never Say Never Again » shows the blond and partially disrobed Kim Basinger being auctioned off to dirty, grasping Arabs with bad dental work. And the audience laughs when a couple of Libyan yahoos with machine guns suddenly show up (why?) in a VW van (why?) in « Back to the Future » to blast away at Christopher Lloyd’s Dr. Brown, because it is just so absurd.
« When I saw these movies as a kid, sometimes I laughed, but now you kind of cringe, » Omar Naim, a director (« The Final Cut » with Robin Williams), says after seeing the documentary. For example, Shaheen includes the scene from « Raiders of the Lost Ark » in which Indiana Jones is confronted by the sword-wielding Arab, and then just shrugs and shoots him. « That’s a funny scene, » Naim says, « and if there were more normal Arabs in the movies, we could all laugh at him and not think, wait, is Indiana Jones racist? »
Seriously, check out the hook-nosed Jamie Farr as the hand-licking sheik in « Cannonball Run II. » There is also a scene from « Father of the Bride Part II » that features Eugene Levy as the thickly accented Mr. Habib, who rips off poor Steve Martin (though if you live in L.A. you’d get that Levy was doing a Persian, not an Arab). But Shaheen suggests imagining Mr. Habib as a Jew and see if it’s still funny.
And why did Disney’s Oscar-winning « Aladdin » begin with the song lyrics: « Oh I come from a land, from a faraway place / Where the caravan camels roam / Where they cut off your ear / If they don’t like your face / It’s barbaric, but, hey, it’s home! » (The lyrics were changed but only after protests from Arab Americans.)
These are the buffoons. The more serious baddies appear in bad films such as « Black Sunday » (Middle East terrorists attack Super Bowl using the Goodyear blimp) and « Death Before Dishonor » (Middle East terrorists attack U.S. embassy). And then there is the work of Israeli film producers Menahem Golan and Yoram Globus, who brought you Chuck Norris in « The Delta Force, » in which Arab terrorists swarm (and are squashed) like insects, bringing to mind treatment of the Japanese in World War II films.
The Defense Department, Shaheen says, has assisted in the making of some particularly insulting anti-Arab fare, such as « Iron Eagle » (kid flies jet to save dad from radical Middle Eastern state), « Navy Seals » (Charlie Sheen tags and bags Middle Eastern terrorists) and Shaheen’s choice for most inflammatory work, « Rules of Engagement, » released in 2000, in which armed women and children lay siege to the U.S. Embassy in Yemen, based on the story by the former Navy secretary and now junior senator from Virginia, Jim Webb, and starring Samuel L. Jackson and Tommy Lee Jones.
And thus we have the Timeline of International Villainy. To create drama, especially in action and war movies, Hollywood needs bad guys, and in their time, the Japanese and Germans, and later the Koreans and Vietnamese, served that role. For a long while, commies were useful foils (with their taste for world domination, nukes and vodka), but with the end of the Cold War, the Soviets became the Russians, and the Russians only worked if they were gangsters, and Hollywood already had the Italians to do that job. Colombian drug traffickers were employed as handy replacements, but then coke just felt . . . dated. Transnational corporate evildoers are okay, if not that sexy. But there just has been something about those Arabs. They’ve got legs.
In an interview before the premiere, Shaheen says that the OPEC oil embargo, the Israeli-Palestinian conflict and the Iranian revolution and hostage crisis all conspired to cast the Arab as film villain beginning in the 1970s. « We pray and we kill, » Shaheen says of the depiction. Like other stereotypes on film — of blacks, Jews, gays, Latinos, Native Americans — Arabs are now in the crosshairs.
« The Arab serves as the ultimate outsider, the other, who doesn’t pray to the same God, and who can be made to be less human, » says Shaheen, who argues that movies and TV shows do matter — that they shape public opinion at home and abroad. « Do you have any idea what it must be like to be a young person watching this stuff over in the Middle East? » he says. And if you ask Shaheen who even cares about an old Chuck Norris film, he answers, « Have you ever looked through a TV Guide? These movies are on television constantly. The images last forever. They never go away. »
The 50-minute documentary, for which Shaheen is looking for a distributor, is making the rounds at film festivals, and Shaheen says he would like to see it aired on public television. A DVD can be purchased through the Media Education Foundation.
In the Q&A session after his documentary, Shaheen explains that he is not advocating a politically correct scrubbing of all portrayals of Arab Americans and Arabs — even as terrorists. The problem is balance, he says.
Meaning? Hollywood still shows black pimps and Latino gangbangers, but pop culture has also made some room for Will Smith and « Ugly Betty. » « I’ve seen the Arab hijacker, but where is the Arab father? » Shaheen says. What we need, he says, seriously, is a sitcom called « Everybody Loves Abdullah. »
Internationally acclaimed Arab-American author and media critic Jack Shaheen said in an AUB lecture that Arabs have been portrayed as « sub-human » in American popular culture for at least 30 years.
Shaheen who was hosted by the Prince Alwaleed Bin Talal Bin Abdulaziz Alsaud Center for American Studies and Research (CASAR), presented a lecture in West Hall on April 22 entitled « Hollywood’s Reel Bad Arabs: Problems and Prospects. » He also signed his latest book, Guilty: Hollywood’s Verdict on Arabs after 9/11 at the AUB bookstore on April 23.
Professor Jack Shaheen, who is an Oxford Research Scholar and former CBS news consultant on Middle East Affairs, has regularly lectured and written on how the damaging racial and ethnic stereotyping of Asians, blacks, Native Americans and others injure innocent people. He is the recipient of two Fulbright teaching awards and holds degrees from the Carnegie Institute of Technology, Pennsylvania State University, and the University of Missouri. He has published five books on negative stereotyping of Muslims and Arabs in American popular culture and has received several awards including the University of Pennsylvania’s Janet Lee Stevens Award; the American Arab Anti-Discrimination Committee’s Lifetime Achievement, and the Pancho Be Award for « the advancement of humanity. »
« We are very fortunate to have with us today Dr Jack Shaheen, » said CASAR Director Patrick McGreevy after introducing the speaker.
Shaheen began his lecture by reminiscing about his one-year stint AUB as a Fullbright scholar in 1974, crediting the University, his students here, and colleagues with inspiring him to choose to study negative stereotyping of Arabs, a field, which according to him, still receives little attention. « It was here, at this university, that I began for the first time to look at Arab images in American popular culture, » he said, noting that up to that time he had been focusing on theory and public broadcasting for children. « What took me away from, what I call, a traditional track was this university and my students who provided me with the opportunity to see a reality that I had been denied, that I had been deprived of. »
When he went back to the United States in 1975, he « rushed to the library » to look for articles and books on the Arab image in American pop culture. « And I found nothing, » he said. So he wrote an article about the TV Arab.
« But it took three years and about 50 rejection letters before an American publication would publish an article on how TV projected Arabs, » he noted.
This only strengthened his resolve. And Shaheen ended up spending a lifetime studying the negative impacts of Arab stereotyping in TV dramas, documentaries, sitcoms and film.
« I walked away with this conclusion: Arabs are the most vilified people in the history of American cinema, and that the stereotype has been with us for more than a century, » he said. « And yes, these pervasive images function…as a poisonous virus which infiltrates the hearts and minds of audiences worldwide. »
Shaheen added that the antidote for this « virus » is known, yet people choose to ignore it. Moreover, they insist that such stereotyping is harmless, he said. « The issue of entertainment as having any political impact is met with yawns of indifference, » he said. That these images on television, in film, in comic books, in video games, in all aspects of American popular culture are considered to be « harmless entertainment stuff » rather than acting as a force [that] influences public opinion and that in turn has an impact on public policy. »
Yet, Shaheen’s research has shown him that cinema is a tool for political propaganda. » He quoted late Russian revolutionary leader Vladimir Lenin and Nazi information ministers as saying that cinema is the most important propaganda tool. Finally he quoted Chief Dan George, a native American actor who refused to play stereotypical roles. « When you talk to people you get to know them, » George had said. « When you don’t talk to them, you don’t get to know them and the thing you don’t know strikes you with fear. And you destroy the thing you fear. And you destroy the thing you fear. »
Shaheen noted that in his latest book, Guilty: Hollywood’s Verdict… which was released about two months ago, all the films he had studied had been produced and released before 9/11. « In other words, images and words teach us whom we should love and whom we should hate, » he said, « and those images for decades have taught us to hate, fear, and despise all things Arab and Islam. » Then he laid out a few questions: « Did all of these images have an impact or make it that much easier for all of us in the United States to go about entering Gulf War I?…Had we been preconditioned to a point that we saw all Arabs as close to Saddam Hussein and Osama bin Laden and even Ayatollah Khomeini–even though he is Iranian, but most Americans think Iranians are Arabs…? » Shaheen also noted that stereotyping « selectively frames a people in a certain manner and repeats those images and only these images again and again… We practice in a sense the sins of omission and commission. »
For example, he said, seldom is an Arab family featured in a movie–a family with an Arab man who gets along with his wife and has picnics with his children and has a primarliry normal healthy life. « So the exclusion of Arab families, and children, with the exception of Palestinian children throwing stones in Gaza… is also an example of selectively framing, » he said, adding: « We first kill people with our minds before we kill them with our weapons. »
Research shows that Arabs are « primarily portrayed as sub-humans, as aliens, » said Shaheen: Gulf Arabs are billionaires who do « terrible things » with their money; women are subservient and mute or buxom belly-dancers; the Arab man is alternatively a Bedouin bandit who rides camels and lives in tents or a « buzzing bargainist, » or more recently, a terrorist.
« Yet we all know that most Arabs have never ridden a camel, slept in a tent, abducted blondes, set up harems, owned oil wells or murdered anyone, » Shaheen said.
For him, the « corrupt » Arab stereotype has replaced the « dirty » Jew of yesteryears.
« If you look at today’s image of Arabs and yesteryear’s image of Jews, you will see the images as identical, » he said. « The only difference is that the Arab wears a robe and headdress and the Jew wears a yarmulke and a black cloak, but the attributes and the anxiety and the propaganda are exactly the same. The Jew back then was portrayed as someone who was gonna corrupt Europe with his banking money and seduce women, and whose religion is different. »
He then showed a clip from the movie: « Reel bad Arabs » Shaheen argued that movies recurrently depict Palestinians as terrorists, making them all seem evil. « Why can’t we humanize Palestinians just as we humanize Israelis… Isn’t the life of a Palestinian child media-wise, Hollywood-wise, politics-wise,… as valuable as [that of] an Israeli child; and if the answer is yes, why can’t we see that on the silver screen? » he asked.
Shaheen added that by dehumanizing Arabs and dissociating them from the American citizenship, it is possible to vilify them. He also acknowledged that the absence of an Arab and Muslim lobby in Hollywood makes all this stereotyping much easier for producers and writers.
Nevertheless, something can still be done, Shaheen told the audience.
« I am arguing for an Arab-American entertainment summit where image makers in the Arab world and the United States meet and discuss mutual stereotypes and misperceptions [similar to the Russian-American entertainment summit of the 1980s, which had some very good results.], » he said.
Moreover, rich Arabs who are building amusement parks featuring American heroes should consider including some Arab superheroes in those theme parks, he said. « I don’t understand. Why keep it strictly American when it’s in an Arab country? »
In closing, Shaheen hoped to see more research on this topic as well as courses that would elucidate the problem. In the words of Khalil Jibran, « Civilizations need not clash, but rather blend, » he said. « In The Prophet, [Jibran] reminds us that we are all children of the Holy Spirit: I love you when you kneel in your church, prostrate yourself in your mosque, when you pray (in a synagogue). »
Jack Shaheen’s book Reel Bad Arabs: How Hollywood Vilifies a People appeared just a few months before 11 September 2001. The impact that the 9/11 attacks had on the « dream factory » in the following six years is described in his latest book, Guilty: Hollywood’s Verdict on Arabs after 9/11. The documentary version of Reel Bad Arabs was released last year. Shaheen spoke to Bart Griffioen about his work.
In Reel Bad Arabs you use a great number of examples to illustrate Hollywood’s long history of dehumanising Arabs. How would you describe the ways Arabs are portrayed?
From the first silent movies right through to blockbusters like Back to the Future and True Lies there is a constant factor when you look at the way Arabs and Muslims are portrayed. It is the image of the mean villain – the over-sexed Bedouin bandit, the sheikh with his big beard and curved sword, or the violent terrorist.
Women from the Middle East fall into one of two categories – either the submissive slave or the mysterious belly dancer out to seduce us. In recent years however, they have often been portrayed as terrorists too. They are all classic examples of « the Other », as Edward Said has described in his book Orientalism.
What are the most striking examples of this stereotyping?
They are innumerable. Take Walt Disney’s animated film, Aladdin, a huge box office success in 1992 which was seen by millions of children around the world. In the opening song we hear, « I come from a land, from a faraway place where the caravan camels roam, where they cut off your ear if they don’t like your face. It’s barbaric, but hey, it’s home. »
Or see, for example, the racism in Rules of Engagement in which a bloodbath among demonstrating civilians in Yemen caused by US soldiers is justified, because an investigation shows that the dead women and children themselves started the shooting. The seriously injured little girl with whom we initially sympathise is hereby transformed into a terrorist too.
Of the films reviewed for Reel Bad Arabs, you assess about 900 as negative and only 12 receive a positive assessment. Has this difference changed much since the beginning of the « war on terror »?
Of the hundred new movies I describe in Guilty I would call 20 « balanced » at most. The other 80 show a continuation of the Islamophobic trend. The Kingdom – by the same makers as Rules of Engagement – is simply one of the latest examples. In it Arabic children are portrayed as terrorists again.
The roots of this stereotyping go back much further than 9/11. Hollywood’s imagery has made it a lot easier for US governments to ideologically justify wars: the absurd link between Saddam Hussein and Hitler, the racism of US soldiers towards Iraqis and Afghans, the establishment of the Patriot Act and so on.
All these things were made much easier because for years Hollywood has systematically helped to embed prejudices like these in people’s minds. Think of the famous statement by Jack Valenti, one of the most powerful bosses in the US film industry, that Hollywood and Washington are « sprung from the same DNA ».
You were an adviser on the making of Three Kings and Syriana, two movies that show a different side of the Middle East. The post-9/11 era has produced more critical films like Michael Moore’s work and the anti-racist Oscar winning Crash. Are these just exceptions or is there more going on?
These films do US reality more justice, but I wouldn’t call them more than sparks. The mainstream media would rather keep these progressive movies quiet. Overall the exceptions confirm the rule, despite the amount of attention they sometimes get. As far as that’s concerned, the real extremists continue to dominate the airwaves.
We shouldn’t forget that in dozens of US TV shows there is still ample room for prejudices about Muslims, and that’s what people see at home. Anti-Arab films like Iron Eagle and Navy Seals from the Cold War era are still rerun on TV. All this keeps feeding the paranoia about everything that just looks Arab. Exceptions like Babel or Paradise Now – movies that clearly show a very different image of Muslims – do have a positive impact. But often the independence of these productions means that, sadly, many people will never be able to see them.
You have also drawn a comparison with how the Nazis used film for anti-Semitic propaganda?
There are many similarities between the stereotypes of Arabs in film and the way Joseph Goebbels portrayed « the Jew » – for example exaggerating so-called physical characteristics, « their » control over « our » oil or « our » money, « their » seduction of « our » women. You could make a short powerful film by putting these stereotypes side by side – it would make a good tool to confront Dutch politician and anti-Islamic filmmaker Geert Wilders.
I believe we should extend our resistance against the discrimination of Jews, blacks and Latinos, to Muslims and Arabs. I am an optimist by nature, but this is a huge task when you look at the control the studio bosses have over the distribution of ruling ideas. That’s why filmmakers too have a great responsibility to counteract this ideological warfare.
Numerous criticisms have been voiced that the US media — especially its cinema sector and TV networks — tend to create image templates. This is true. Hollywood’s role in portraying Italians as mafia types, Asians as sneaky, blacks as bad, Indians as unmannerly, the Spanish as bribe takers, Latin Americans as drug sellers, etc., is undeniable.
Yet, no nation or community has suffered the level of injustice Hollywood has been inflicting on Muslims. In Hollywood films, Muslims — mostly Arabs — are presented as people who hijack planes, set bombs, kill people, etc. — in a word, as terrorists. This template is designed mostly for the middle class. The role tailored for women of the same class portrays women who are oppressed by men and those who are adept at belly dancing, though still suppressed and knowing no love. We may also encounter wealthy characters in these films. They tend to be lustful, fat and passionate types who do not know how to spend their millions.
Jack G. Shaheen is the main opponent of this mentality, which creates a characterization through the repeated reinforcement of biases and preconceptions. His book, titled « The TV Arab » and published in 1984, created debates in US media. Before writing his book, Shaheen surveyed the Arab image in 100 popular TV programs over a period of eight years. The image portrayed in 200 scenes was shocking. The programs, watched by 150 million people, all presented the same image. One could not find a single good characterization of Arabs. The author rightfully asked: Is it any different from the characterization of blacks as lazy, the Spanish as dirty and untidy, the Jews as ambitious or the Italians as mafia types?
Such objections, it seems, are forcing Hollywood to adopt a much more reasonable position.
Hollywood’s bias against Muslims is well known, so I am not inclined to further substantiate this thesis. It is also obvious that just complaining about this issue without doing anything is no remedy. As it has made no investment in the filmmaking sector, the Muslim world cannot possibly sound convincing when it accuses Hollywood of portraying Muslims negatively. In the final analysis, the one who invests will reap the results. It is inevitable that those who refrain from investing in cinema, theater, TV and similar sectors will pay a big price. Of course, Muslims are right in asking, « Why do you always portray us as villains? » But such protests should stay there.
Thankfully, reactions from civilians, academic criticism and conscientious circles are forcing Hollywood to rectify its stance. This change is also visible in books Shaheen has written. In « Reel Bad Arabs » (2001), he acknowledges this improvement. While he was previously concerned with the images in all TV programs and films, in his books he focused his attention on Hollywood films. Shaheen surveyed 900 films and found only 12 positive Muslim characters while 50 characters were balanced types in terms of being good or evil.
As a matter of fact, Hollywood — and perhaps the entire Western world — does not know much about Islam and Muslims. For instance, it is a common mistake to equate Arabs with Muslims and vice versa. In 1996, famous standup comedian Jay Leno was hosted by CNN’s Larry King, who asked him an interesting question: Did he ever regret ridiculing people during his shows and subsequently apologize to them? « I had said something about Iran or so. When Arab-Americans reacted, I invited them, talked with them and apologized, » he replied. The apology was praised at the time, but his equating Iranians with Arabs was found odd. Not many in the West are aware that Turks are Muslims, as are many Malays, Indonesians, Indians, Pakistanis, etc.
It is not easy for Hollywood to correctly understand Islam
Upon reading the Quran and Prophet Muhammad’s sayings, one can easily see that Islam is a religion of peace and love, but it seems that Hollywood neither has easy access to basic resources on Islam nor can it interpret them correctly. The campaign launched against Muslims, particularly post Sept. 11, has evolved into Islamophobia. The US invasion of Iraq had a negative effect on Hollywood, preventing it from producing films in an objective manner and free from bias. Considering this, we need to mention Jean-Michel Valantin’s book « Hollywood, the Pentagon, and Washington: The Movies and National Security from World War II to the Present Day. » Valantin lists a number of examples showing the close relations between Hollywood’s stereotyping and US foreign policy and how this works systematically in many genres, ranging from drama to comedy. What I mean is that the normalization of Hollywood’s ongoing creation of biases and negative images was blocked by political issues. The Sept. 11 attacks and the Iraq war led to the re-creation of the image of Arabs as terrorists, which was in turn used as justification for the illegitimate war being fought in Iraq.
Nevertheless, Hollywood cannot forever maintain this strategy of collectively portraying Muslims as terrorists. This is because it is incorrect. Determined to go after this issue, Shaheen wrote « Guilty: Hollywood’s Verdict on Arabs After 9/11 » in 2008 to keep the issue in the oven. This issue is a fertile field for many more studies.
Scenes that will reinforce the negative images are engraved in people’s minds through repetition, but eventually the other side of the story is brought to the agenda. Scenarios that may have sounded impossible in the past are now popping out of their heads one by one. In this respect, two recent films are of particular importance: « Traitor » and « Rendition. »
« Traitor » was directed and adapted by Jeffrey Nachmanoff. The plot starts with the murder of a Sudanese child’s father in a terrorist attack. The child (Samir) turns into a very devout person. After Samir’s family moves to Chicago, he joins an Islamic terrorist organization. However, he is viewed with skepticism both by the organization and by the Americans. Samir is a good Muslim and is against all forms of terror. We see this Sudanese man both as a terrorist and as an agent in the sentence « truth is complicated. » In the final scene, Samir reads a verse from the Holy Quran: » … whosoever killeth a human being … it shall be as if he had killed all mankind, and whoso saveth the life of one, it shall be as if he had saved the life of all mankind. » (5:32) This scene reminds one of a scene from « Body of Lies. » As you might remembers, in « Body of Lies, » Leonardo DiCaprio, after being tortured, says to the sheik who recites a verse from the Quran on holy war, « You interpret the Quran incorrectly. » He then recites a verse on peace.
« Rendition » (2007) exhaustively questions Sept. 11. In the film, directed by Gavin Hood, an Egyptian boy is arrested on suspicion of terrorism and sent to the country (South Africa) where the bombed attack was carried out. Ibrahim, a chemical engineer, is questioned under heavy torture and his rights are sacrificed in the name of « national security » and « counterterrorism. » One striking scene is that between the official heading the security forces (Meryl Streep) and a young politician who has a bright career ahead of him as a senator. When the politician says, « Let me send you the US Constitution so that you can read about the rights and freedoms of people, » he gets the reply, « Let me send you the minutes of Sept. 11. » The film clearly shows that Ibrahim is held under arrest out of deep suspicions, but that in fact he is innocent.
Hollywood must apologize to Muslims
Biased attitudes toward Muslims had in the past been portrayed in a number of films, but there was a break. In « The Long Kiss Goodnight » (1996), the US intelligence service devised a plot involving Arabs. An Arab was to be killed and then be placed in a trailer truck which was to explode in Canada and « Muslim terrorists » were to be blamed. When a female agent who lost her memory asked « Why? » during torture, she gets the reply, « In the attack against the Twin Towers, a witness insistently accused the CIA, but no one listened to him even though he was telling the truth » — an interesting detail. The attacks in question were not the Sept. 11 attacks, but those conducted in 1999 at the World Trade Center. When she insistently asks « Why?, » she is told, « In order to ensure the passage of the intelligence budgets by the commission. » There are abundant examples. In « Flightplan » (2005), a mother blames Arabs for the kidnapping of her child, but toward the end of the film, she discovers the truth and apologizes to them. A number of films can be mentioned along these lines.
Hollywood must apologize to Muslims since no community can be collectively labeled as evil or portrayed so forever. But there is a catch: If Muslims can explain themselves better and work to eliminate bad apples, this process may be expedited. Today, there are good intentioned moves, but there is still a long road that a film sector which feeds on the realities of life must take.
It’s rare that a reunion with an old friend turns into a column.
But I’m happy to give Jack Shaheen the platform, even if all he wanted was to catch up over tea at Tully’s last Sunday.
We go back 15 or 20 years. Shaheen used to teach communications at Southern Illinois University at Edwardsville. I used to run the daily newspaper in Edwardsville, a « Leave It to Beaver » sort of Midwestern town 20 miles from St. Louis, Mo.
A distinctly soft-spoken man whose grandparents came to this country from Lebanon, Shaheen is probably America’s best-known expert on how Arabs are portrayed in the media. Were he more a rowdy provocateur, the issue that defines his essence might already have passed into posterity or, given our narrow tendencies, at least to another group yearning for fairer treatment.
But Shaheen strikes such a non-confrontational pose, it’s as if he decided long ago that ranting and raving — even speaking in a loud voice — would only nurture America’s cliched image of the hostile Arab infidel. And so his earnest mission goes, advancing on the Hush Puppies of quiet persistence, lest his message be derided by cynics as the hysterical harangue of a demagogue.
Retired from the classroom and devoting his time now to writing and lecturing, Shaheen was in Seattle last weekend to speak at the fifth Arab Film Festival. It was a timely invitation. Shaheen’s new book, « Reel Bad Arabs: How Hollywood Vilifies a People, » is an exhaustive survey of more than 900 movies, most of them American made, that contain portrayals of Arabs, from the briefest cameo appearances to relatively major roles (though you’ll have a tough time finding an Arab or Arab-American character as hero or heroine). Of these, Shaheen says only a dozen portray Arabs positively, with about 50 more offering a measure of balance.
The rise of television in the latter half of the 20th century mirrors the film industry’s record, Shaheen says, and though his book « The TV Arab » is now nearly 20 years old, he sees no reason to celebrate TV as being any more evolved than film.
As he says in « Reel Bad Arabs, » the people who control the entertainment industry are slow to change when they recognize a profitable opportunity. « Seen through Hollywood’s distorted lenses, » Shaheen writes, « Arabs look different and threatening. Projected along racial and religious lines, the stereotypes are deeply ingrained in American cinema. From 1896 until today, filmmakers have collectively indicted all Arabs as Public Enemy No. 1 — brutal, heartless, uncivilized religious fanatics and money-mad cultural ‘others’ bent on terrorizing civilized Westerners, especially Christians and Jews. »
Same goes for TV, and these days Shaheen is particularly down on CBS, a network he once served as a consultant. Without much prompting, Shaheen will talk about how « The Agency, » « JAG, » « The District » and « Family Law » have treated Arabs this season. In a word: badly.
And then there’s the TV movie, « The President’s Man: A Line in the Sand, » which CBS aired in January — far enough from Sept. 11 to seem respectable, close enough to play on America’s media-fed phobias. In it, Chuck Norris played a government agent who thwarts a bombing on U.S. soil by — surprise! — Arab terrorists.
The art-imitating-life question comes easily to mind here, but Shaheen effectively dismisses it by pointing out that Arabs were the bad guys long before we all knew Osama bin Laden’s name. The tragedies of Sept. 11 obviously haven’t helped, but it’s instructive to wonder how we would describe the attackers had they not been linked to bin Laden. If they were from Ireland, for instance, would we in the media call them Euro-terrorists? Had they been on the lunatic fringe of a religion other than Islam, would we call them, say, Christian terrorists? Jewish terrorists?
My gut says we wouldn’t.
« And we shouldn’t, » Shaheen asserts. « Just as we shouldn’t link Islam when an Arab Muslim kills someone, we shouldn’t link Christianity or Judaism when those terrorists kill innocents. »
Rhetorical questions don’t end prejudice all by themselves, however. Deep thinking has to make the transition to thoughtful writing, which is hard work.
« Convenient stereotypes make everyone’s job easier, » Shaheen writes. « Rather than having to pen a good joke, the writer inserts a stumbling, bumbling sheikh. Looking for a villain? Toss in an Arab terrorist. We all know what they look like from watching movies and TV. No thought required. »
But the hardest part may be persuading audiences that, just as other groups have managed to give Hollywood a sensitivity check, Arabs and Arab Americans deserve a fair shake, too. This, Shaheen admits, would require many to abandon the notion that « if one is no longer allowed to feel superior to Asians, Jews, Latinos or blacks, at least we can feel superior to those wretched Arabs. »
The stereotyping will end, Shaheen believes, when the Arab American community marshals sufficient clout to get the entertainment industry to open its eyes to the damage it does. And he’s not suggesting Arabs should never be the villains.
« The key is balance, » he says. « Every group has among its members a minority of a minority committing heinous acts. Yet the overwhelming majority of all people are regular, peace-loving individuals who vigorously object to violent crimes. »
Not lost on Shaheen is the fact that many studio and network chieftains are Jewish. He believes some of them do have agendas, even if these strategies merely involve looking the other way when their so-called creative types perpetuate an ugly stereotype.
Fortunately, protest is a proud American tradition. Early in the past century, Jewish Americans, Irish Americans and African Americans all objected to cinematic typecasting, and slowly they got results. Shaheen, an inordinately patient man, is convinced Arab Americans eventually will find a way to persuade the film and TV industries to balance the scales, to portray one Michael DeBakey, the famous heart surgeon, for every Osama bin Laden, the lunatic terrorist. Or one « regular guy who works 10 hours a day, comes home to a loving wife and family, plays soccer with his kids » for every « crazed terrorist, airplane hijacker or camel-riding Bedouin. »
Whaddya say, film and TV people? It’s a reasonable request.
That way, the next time Jack Shaheen and I run into each other, we can talk about old times.
* Reel Bad Arabs: How Hollywood Vilifies a People by Jack G. Shaheen (New York: Olive Branch Press, 2001) 574 pages
* Reel Bad Arabs: How Hollywood Vilifies a People, directed by Sut Jhally, DVD, 50 min., Media Education Foundation, 2006
“Arabs are the most maligned group in the history of Hollywood. They are portrayed, basically, as sub-human untermenschen, a term used by Nazis to vilify Gypsies and Jews. These images have been with us for more than a century.” — Jack Shaheen
Shaheen’s new documentary Reel Bad Arabs: How Hollywood Vilifies a People, released in conjunction with his book of the same title, takes up the issue of Arab representation in U.S. media. His film effectively demonstrates the influence of Victorian-era Orientalist narratives on the depiction of Arabs in Hollywood cinema, which presents them as backwards, violent, mystical, lascivious, hateful, prejudiced, and misogynistic.
Hollywood cinema has played into near-mythological stereotypes about Arabs, which imply that the Middle East is a land of cultural otherness, full of people who cannot be understood in Western terms and thus should not be thought of as human. From the early 1900s when Edison in the United States and Pathé and Gaumont in France were making films, film has used as a narrative convention that Arabs occupy a mystical land of harsh deserts, tropical oases, genies, magic carpets, thieving bandits, decadent sultans, conniving sheiks, and sensual harem girls. Today, such scripting survives in popular children’s films like Disney’s Aladdin, but it has been usurped in large part by the new popular myth: that of Arabs, or Muslims in general, as terrorists who may not only be plotting the destruction of the West from the Middle East but may even be plotting the United States destruction from the suburban townhouse next door (e.g., as in Fox TV’s 24).
These media stereotypes have a malleability that allows for their manipulation by politicians and policy makers to construct a narrative justifying U.S. imperialism. In these ideological narratives, Arab culture doesn’t matter; what matters is spreading “freedom” and “democracy,” which become nothing more than useful keywords justifying Western hegemony and U.S. cultural exportation and domination. Jean-Luc Godard once replied, when asked why U.S. films are the most popular in the world,
“Because Americans tell the best stories. They can invade a country and immediately construct a narrative justifying it.”
In fact, the WMDs for which the U.S. went to war with Iraq can almost be termed a MacGuffin, one of Hitchcock’s non-existent plot catalysts, which merely serves to launch the story and has no significance in and of itself. What has more consistently served to win U.S. public acceptance of the invasion of Iraq — begun March 19, 2003 — were the continually negative images of Arabs in Hollywood film and television, which gained new acceptance in the aftermath of 9/11.
Arabs, and Muslims in general, have been culturally coded as “others,” a dislocated social position which many politicians and media producers have used to position Arabs as phantom enemies, as scapegoats for latent U.S. xenophobic tendencies. In this regard, Hollywood filmmakers have often used Arabs in narratives in very much the same way as Nazi propagandists portrayed Jews in the 1930s and 40s.
If many politicians have capitalized on negative media representations of Arabs for imperialist ambitions, then we have a causation paradox. Which came first? Is it the neoconservative desire to construct a phantom enemy against whom U.S. values become defined in a mythological battle between good vs. evil, east vs. west, and, yes, Christian vs. Muslim?[2] Or is it that the stereotypical narratives came first and policy makers used available stereotypes for political ends? We cannot answer that with certainty.
Nevertheless, we can trace shifts in patterns in media stereotyping. Now, while discerning viewers may shudder at the idea of African American actors relegated to playing main servants in Hollywood films through the 1950s, condemn Westerns for glorifying genocide of Native Americans, and loathe a frequently appearing Jewish pawnbroker stereotype — most disgusting in Alec Guinness’ Fagin in David Lean’s Oliver Twist (1948) — viewers easily accept as justifiable that Jack Bauer hang the Muslim terrorist who nuked Los Angeles in Season 6 of 24 or marvel at the lush visuals, catchy show tunes, and indeed casual racism of Disney’s Aladdin.[3] As Shaheen describes the easy cultural reduction to stereotype,
“All aspects of our culture project the Arab as villain. These are stereotypes which rob an entire people of their humanity.”[3]
My essay offers an analysis and critique of Shaheen’s documentary and the particular aspects of that prejudice on which he focuses in order to survey the history of Hollywood’s racist portrayals of Arabs and Muslims.
Myths of Arabland
Cultural identity partly derives from geography so that landscape often points to patterns of economic and social activity. Rivers, such as the Huang and the Nile, have fostered the agrarian economies as well as transportation networks. An island country like Japan often becomes a prime hub of sea-bound trade networks, with fishing playing a large role in local food production. However, topographic-ethnic associations can also lead to reductive connotations. The Inuit people traditionally have lived within the Arctic Circle in frigid, ice-filled tundra environments, but when such an association leads mainly to imagery of Inuits living in igloos and ice fishing, the complexity of a great people’s culture gets reduced to what is little more than Rankin Bass imagery. (Image 1) Worse yet, geography may be used metaphorically to take on a personified quality that translates into attitudes toward that part of the world. When Africa means the “Jungle,” that’s not just a landscape but a state of mind. Thus Conrad’s Heart of Darknes, links cultural “backwardness” to geographic “backwardness” and finds Western morality impossible in a realm of incessant Darwinian struggle.
Such pejorative association between topography and cultural identity shapes the mise-en-scene and is the initial locus of much of Hollywood’s negative portrayal of Arabs. As Shaheen puts it,
“The depiction of Arabs always begins with the desert.”
As with depictions of Africa where the jungle connotes both danger and cultural “backwardness,” the “hostility” of the desert environment often translates into attitudes about the people who live there. (Image 2) Certainly many parts of the Arab world do feature desert landscapes. However, any uniform marriage of people and place in terms of the connotations of « desert » would ignore both physical and cultural variety, including the modern urban environments of Dubai and Abu Dhabi, the Mediterranean climate of Tunisia, Libya, and Lebanon, the fertile fields of the Nile Valley, the rugged plateaus of Kurdistan, and the mountains of Morocco.
Looking at this kind of reductionism in more cultural terms, Hollywood not only gives Arabs a Muslim identity but all-too-often gives Muslims an Arab identity, when in reality Arabs make up only about 1/3 of the total worldwide Muslim population of over one billion people. Narratively linking Muslims with the desert sets in place an even more sweeping misperception of the great faith’s cultural diversity and complexity. How could tying Islam to those living in the desert relate to the experience of Muslims living in sub-Saharan Africa, the Balkans, central Asia, the Indian subcontinent, or Indonesia — regions that don’t feature deserts as prominent topographical features? For example, Indonesia, the most populous Muslim country in the world, is primarily tropical in its climate, with mountains, the rainforest, and the sea as the most prominent geographical landmarks. For Hollywood films to create a link between landscape and religion shows a profound ignorance of the world. (Image 3)
“We inherited the Arab image primarily from Europeans.”
Shaheen is referring here to 19th century Orientalism, a movement inspired in part by British and French acquisition of lands in the Middle East and North Africa. European cultural production, both artistic and popular culture, included a plethora of fantastical travel writing which emphasized the exoticism of the Middle East through mythopoetic stereotypes that revealed little about the actual local culture but attracted rich European tourists. In the visual arts, Eugene Delacroix’s Orientalist paintings portrayed Arab culture as beyond decadent, with lascivious sultans wearing vibrant colors and sensual silk while surrounded by scantily clad harem girls. (Images 4-6) Delacroix also frequently depicted Arab sexuality as paired with death as in The Death of Sardanapalus (1827). (Images 7-8) These exotic stereotypes were transmitted to United States where they found a parallel cultural foothold, especially in the early 20th century when dime novels promoted ethnocentric adventure narratives about the “superior” Western culture taming the U.S. West and its Native American inhabitants. The dimestore novelists attached a similar xenophobic sense of “otherness” to the Middle East, to Native Americans, and to Asians, especially the Chinese. And Columbia University Professor Edward Saïd demonstrated the ways that these stereotypes persist today, even in academic analysis:
“All academic knowledge about India and Egypt is somehow tinged with, impressed with, and violated by 19th century Orientalism.”[4]
Characterizing this “otherness” is the sense that Arabs are “backwards.” As a character relates about her fictional Middle East-inspired country in the Elvis Presley movie Harum Scarum (1965):
“When you cross the mountains of the moon into our country, you will be stepping back 2,000 years.”
Shaheen argues that the mythopoetic trappings of Arab culture as depicted in Hollywood films have become so rigidly codified that they have an amusement park-like uniformity:
“We have this fictional setting called Arabland, a mythical theme park. And in Arabland, you have the ominous music, you have the desert as a threatening place, we add an oasis, palm trees, a palace that has a torture chamber in the basement.”
In a common mise-en-scene, opulent, palatial interiors reveal a cruel, bloated pasha reclining on cushions and surrounded by harem maidens. The pasha possesses an unquenchable appetite for the flesh and requires sensual handmaidens and harem girls to appeal to his lascivious desires. (Images 9-10) However, as in the movie Samson Against the Sheik (1962), the Arab harem maidens don’t attract the pasha’s attention as much as the blonde European girl does, so he must abduct and ravish her against her will.
The codified trappings of Arabland which Shaheen identifies as the “Instant Ali Baba Kit” include costuming women in belly-dancing outfits and transparent pantaloons, while giving the male villains long, curved, scimitars. Since Arabland is clearly a mystical land, its inhabitants ride on magic carpets, and snake charmers hypnotize deadly cobras with eerie flute music. These trappings are not merely found in Classical Hollywood films that demonstrate an Orientalist influence like The Thief of Baghdad (1924 and 1940) or The Garden of Allah (1936), or films featuring Jamie Farr, but in even more recent fare including the 1992 Disney blockbuster Aladdin. Aladdin, in fact, continues the stale Orientalist fantasy, portraying all Arab men as either street thugs, pickpockets, emasculated palace guards, beggars, sultans, or sorcerers. (Image 11) A male character early in the film even declares to his master upon stealing a jewel,
“I had to slit a few throats, but I got it.”
The men are short and stocky with thick lips, missing teeth, heavy, menacing brows, and hooked noses, while the hero Aladdin and heroine Jasmine look like suburban, white, U.S. teenagers. (Image 12) Arabs are shown as gratuitously cruel, with characters making several references to beheading. One Arab merchant even tries to cut off Jasmine’s hand when she doesn’t have money to pay for an apple she gave to a hungry boy. (Image 13) Few U.S. film critics mentioned the visual stereotyping in the villains’ the heroes’ facial characteristics except for Roger Ebert who asked,
“Wouldn’t it be reasonable that if all the characters in this movie come from the same genetic stock, they should resemble one another?”[5]
Shaheen argues,
« The film recycled every old degrading stereotype from Hollywood’s silent, black and white past.”
In this vein, Aladdin opens with the expository song “Arabian Nights” which includes the lyrics »
“Oh, I come from a land
From a far away place where the caravan camels roam
Where they cut off your ear if they don’t like your face
It’s barbaric but, hey, it’s home.”
The stereotypes in Aladdin also draw upon anti-Semitic imagery for inspiration, most notably those from the anti-Semitic Disney animated short The Small One (1978), a children’s Biblical tale, about the donkey who would carry The Virgin Mary to Bethlehem to give birth. That film features a musical number called “Clink-Clink, Clank-Clank,” about Jewish moneylenders’ fetishistic “love of money.” Over and over, three dancing moneylenders sing the lyrics “Clink-Clink, Clank-Clank/ Put the money in the bank,” while cruelly humiliating the young boy who is trying to sell his donkey. (Image 14) Almost impossible to watch and despicable for its stereotypes, The Small One has been covered up by Disney executives. In that film, in particular, Jewish merchants are portrayed with almost exactly the same facial characteristics as the Arab villains have in Aladdin and similarly possess both a love of money and penchant for cruelty. (Image 15). (Image 16).
Of course, cartoonish anti-Arab stereotypes like those in Aladdin have long found a home in animated cartoons. The Warner Brothers’ cartoon Ali Baba Bunny (1957, Chuck Jones) begins with buffoonish « villain music » playing over a shot of a bearded, mustache-twirling Ali Baba looking through beer bottles as if they were binoculars while palm trees wave in the background and a subtitle declares him to be “The Mad Dog of the Desert.” (Image 17)
“The Arab is a one-dimensional caricature, cartoon cutouts used by filmmakers as stock villains and as comic relief…and so over and over, we see Arabs in movies portrayed as buffoons, their only purpose being to deliver cheap laughs.”
Shaheen says this while discussing feature fiction. He points to the cartoonish deployment of Arabs in Raiders of the Lost Ark (1981, Steven Spielberg), especially the scene where Indiana Jones shoots the menacing Arab wielding a scimatar, a death meant to be a joke. (Image 18) The Joey Heatherton film The Happy Hooker Goes to Washington (1977) also features a cartoonish Arab character, Sheik Ali played by Jerry Fischer, who admits that he has had sex with both dogs and sheep, taking the lascivious Arab stereotype to new depths of depravity. James Cameron’s live-action cartoon True Lies (1994) also features Arabs cast in the role of villain/buffoon, this time in their modern iteration as terrorists. Not only does True Lies subject the audience to Jamie Lee Curtis’ pole-dancing, but it features Arab terrorists who are not only dangerous, but also incompetent, bungling fools. One scene features a terrorist who is prepared to detonate a nuclear bomb in Miami with one turn of a key…but has forgotten the key.
Then there’s actor Jamie Farr: the man has turned playing Arab buffoons into a cottage industry. To name but one example, Farr plays “The Sheik” in Cannonball Run 2 (1981), where he spouts lines like, “I have a weakness for blondes and women without mustaches,” and, “Have you ever considered joining a harem?” while groping and ogling the white U.S. women around him. (Image 19) He is also depicted as being inordinately stupid and incapable of realizing the value of money, demanding to reserve,
“Twelve suites! Better yet, the whole floor!”
The lascivious Arab carries across many Hollywood films:
* In Jewel of the Nile (1985) Sheik Omar manipulates Kathleen Turner into coming to “Arabland” with him, where he promptly imprisons her and subjects her to his gross passions;
* Protocol (1984) revolves around a Sheik’s infatuation with Goldie Hawn.
* In the fake-James Bond film Never Say Never Again (1983) Kim Basinger is abducted by Arab terrorists, tied to an auction block, stripped down to her underwear, and sold-off to ravenous Bedouin.
* In Sahara (1983), Brook Shields is sold into slavery and bought by a perverse Arab sheik who sexually assaults her while she cries, “Get away from me you dirty creep!”
* Neil Simon’s Chapter 2 (1970) begins with a character asking Paul Newman, “How was London?” to which he replies, “Full of Arabs.”
In regards to the Simon film, Shaheen asks,
“What if he had said [in Chapter 2] ‘full of blacks,’ ‘full of Jews,’ or ‘full of Hispanics’? I mean that’s ridiculous, why do we say these things?”
In many films like Chapter 2, which have nothing to do with the Middle East, Hollywood includes Arab stereotypes and slurs. Shaheen points out that one of the most gratuitous examples of Arab stereotyping occurs in Disney’s Father of the Bride Part II (1995) where a domineering, sleazy-looking, broken-English-speaking, rich Arab businessman named Mr. Habib tries to buy Steve Martin’s house. Habib’s submissive wife tries to speak up at one point, and he shouts gibberish at her to make her shut up, recalling the The Garden of Allah where gibberish was meant to stand in for Arabic. (Image 20) Not only does this characterization connote Arab men treating their wives poorly, it also draws upon degrading anti-Semitic moneylender stereotypes in the scene where Habib has brought a wrecking ball to destroy Martin’s house unless Martin pays him an extra $100,000 to buy back a home which he has owned for only one day. (Image 21) This scene and this stereotypical character were wholly gratuitous in the film, since previous versions of Father of the Bride like the 1950 film starring Elizabeth Taylor and Spencer Tracy never featured such stereotypes. Likewise, the slave traders who kidnap Russell Crowe in Gladiator are Arabs. Or in Robert Zemeckis’ Back to the Future (1985), the plot is about a time-traveling mad scientist, but the film inexplicably begins with inept Libyan terrorists trying to gun down the protagonists. As Shaheen puts it,
“This movie wasn’t about the future. It was the same old stereotyping from the past.” (Image 22-23)
Arab women onscreen
In contemporary social terms, throughout the broader Arab world women are attending higher education at the same rates as men. In one exemplary endeavor, Qatar is opening up University City, a massive college campus bringing in the best professors and researchers from U.S. universities to instruct the next generation of young Arab men and women. In fact, female enrollment in University City is, so far, even greater than that of men. In the Muslim world, women are taking jobs in business, communications, social planning, engineering, and government, and while Americans constantly upbraid a Muslim country like Pakistan for its treatment of women, Pakistan has elected a female Prime Minister, when the United States has never had a female President.
Admittedly, the Muslim world confronts many unresolved issues related to women’s rights. In Saudi Arabia, the religious police enforce a law that women wear the abaya in public and that they not leave home without written permission from a man. Women there are not allowed to drive, associate with a man other than their husband or a close relative, or vote. In Afghanistan under the Taliban, religious authorities forced women in public to wear the burqa under penalty of corporal punishment or even death. In Pakistan, sexist rape laws shift blame onto the victim if she were not escorted by a man and a rape victim herself can be stoned for the crime committed against her. Few Muslim countries have many female politicians. For example, Bahrain elected its first female MP in 2006. That same year, women ran for MP slots in Kuwait, but none won. However, women hold 22.5% of the seats in the United Arab Emirates legislature, higher than the global average of 17.5%. The Tunisian parliament is 23% women. Even though in parts of the Muslim world (such as in Saudi Arabia and Iran), strict interpretations of Islamic law severely restrict women, Islamic law there still gives women certain rights they lacked in pre-Islamic societies. As Islamic history professor William Montgomery Watt suggests:
“At the time Islam began conditions for women were terrible — they had no right to own property, were supposed to be the property of the man, and if the man died everything went to his sons. Muhammad improved things quite a lot. By instituting rights of property ownership, inheritance, education, and divorce, he gave women certain basic safeguards. So, in such a historical context, the Prophet can be seen as a figure who testified on behalf of women’s rights.” [6]
Hollywood has never reflected these complexities of women’s experiences in the Muslim world preferring to instead typecast them in the roles of harem girl, belly dancer, oppressed wife, and burqa-wearer. In Hollywood films like Protocol (1984) or Indiana Jones and the Last Crusade (1989), Muslim women are always seen in the shadows, completely covered in black, marginalized from the male populace on screen, but also marginalized from the narrative action, reduced to nothing more than being receptacles for Westerners’ sympathy. Furthermore, the social assumption in the United States that Arab women have be cover themselves with headscarves and burqas in the Middle East stands in stark contrast to the way that Hollywood frequently presents Arab women in the most sexualized light. Foremost among these sexualized depictions is the belly dancer, who has turned up in films from feature film’s very beginning as a cheap erotic spectacle for the attention of the male gaze. The belly dancer scene also reinforces characterizations of Arab men as lascivious. These sensual portrayals have a long history and are, as Shaheen puts it,
“inspired by early images of the Orient, as the place of exoticism, intrigue, and passion.” (Images 24-25)
Recently the female Arab character has had more agency in Hollywood films, but as blood-thirsty terrorists. Such is the plotline, for example, in Death Before Dishonor (1987) and Never Say Never Again (1983). (Images 26-27) At least this way they are portrayed as having some power, as opposed to what Shaheen calls the “bundles in black,” women — usually extras — completely covered from head to foot in black garments or burqas. (Image 28) Both the belly dancer and the bundles in black posit Arab women as submissive and subordinated to men, casting men in the role of misogynist oppressor.
Arab threat: Mideast politics and Hollywood
“Washington and Hollywood spring from the same DNA.”
Jack Valenti, longtime President of the Motion Picture Association of America, declared this about both industry ties to politics and the kinds of representations most commercially viable in film. Indeed, Hollywood narratives are inextricably tied into politics. Often, hegemonic and counter-hegemonic forces struggle over how a script will fit into the prevailing political atmosphere, whether it will fit into mainstream expectations or whether it will stand in opposition to the establishment. Sometimes a Hollywood film can popularize a particular social issue, spurring new social awareness — as the films Philadelphia (1993) and And the Band Played On… did in raising public and governmental awareness of the AIDS crisis. Hollywood films can play an important agenda-setting role but more commonly they react to the government’s messages, tacitly reinforcing them. If the Department of Homeland Security’s raising of the terror threat level doesn’t instill enough fear, then another season of 24 is just around the corner to make Americans suspect their neighbors and look over their shoulders for terrorists. Hollywood and Washington reinforce and react to one another.
Hollywood’s image of Arabs and Arab-Americans owes a lot to U.S. foreign policy over the past sixty years, and contemporary U.S. foreign policy finds easy reinforcement in the images Hollywood creates. While the mystical “Arabland” has accompanied Hollywood filmmaking from the very beginning, images of Arabs and Muslims as terrorists are a postmodern phenomenon. In Reel Bad Arabs, Shaheen identifies three events responsible for this change in the perception of Arabs:
1. The Palestinian/Israeli conflict has proven the United States always supports Israel.
2. The Arab Oil embargo of the 1970s angered Americans due to rising gas prices.
3. The Iranian Revolution negatively affected U.S. perception of Muslims when Iranian students took U.S. diplomats hostage for over one year.
These events helped frame how Arabs and Arab-Americans would be viewed in U.S. media. Interestingly, the image of the sheik changed the most. The Arab Oil Embargo of the 1970s raised the spectre of the fantastically wealthy sheik, with millions of dollars in his bank account from oil money and diversified investments in worldwide companies including U.S. corporations. Within this ethnocentric view purveyed by U.S. media was the presumption that, despite their vast oil wealth, Arab sheiks craved the respectability derived from of U.S. capitalism and were thus would heavily buy into U.S. businesses. Thus in a film like Rollover (1981) a wealthy sheik is determined to use his money to buy up as much of the United States’ financial resources as he possibly can in a bid to take over the world. In Indiana Jones and the Last Crusade (Steven Spielberg, 1989) the fantastically rich sheik wants to translate his wealth into prestige as valued by the West. When Nazis want to buy his help, they give him what he wants most, a Rolls-Royce. (Image 29) These 1980s anti-Arab fears paralleled concurrent fears of Japan as an economic superpower with the potential to eclipse the United States, a fear seen in films like Rising Sun (1993) that assumed Japan’s surging economy went hand-in-hand with a sinister plot for global domination.
One of the serious flaws in both his book and documentary is the way Shaheen dwells on Sidney Lumet’s film Network (1976) as presumably anti-Arab. Indeed, in one scene, a corrupt network executive rants to “mad man of the airwaves,” talkshow host Howard Beale, that “the Arabs have taken billions of dollars out of this country, and now they must put it back.” As Beale sits enraptured, he agrees to talk about how Arabs are “buying up America” on his show. In his book and documentary, however, Jack Shaheen manipulates the sequence of events to make it appear that Beale’s famous, “I’m as mad as hell, and I’m not going to take it anymore,” monologue, with loyal TV watchers shouting the same from their apartment balconies, comes right after his on-air speech about Arabs. That is not the case. Beale’s “mad as hell” mania is already in full swing well before he targets the Arabs. And in no way does the script glorify Beale’s eventual rant against Arabs but uses that speech to indicate that this madman is now just a shill for the network’s corporate hierarchy, a mouthpiece spouting corporate propaganda given to him by a sinister executive. If anything, Lumet is commenting that television will perpetuate racism because fear sells, a point with perhaps even greater relevance in this age of twenty-four hour cable news where it sells to constantly “raise the threat level.”
Sometimes we can be so determined to make a point that we can consciously or unconsciously rearrange facts to give greater weight to our argument. Here Shaheen clearly implies that one of the most famous scenes in movie history is created at the expense of Arabs, when that in fact is not true. Shaheen says referring to the Nazi’s scapegoating of Jews earlier in the century:
“This kind of anger, the anger born of fear, all of it in response to a perceived conspiracy and threat by a specific group of people, well, we’ve seen and heard this before,”
Regrettably, he makes this point as a voiceover in his documentary, heard as we see images from Network of the famous scene of people on their balconies shouting in unison, “I’m mad as hell…” Since he incorrectly links up fear and hatred of Arabs with the “mad as hell” speech and Lumet’s film as a whole, it’s even more dishonest for Shaheen to make a voiceover comparison between Network and the Nazis and then dissolve from a scene from Network to a clip of Nazi propaganda.
Despite the unfortunate choice of comparing Network to Nazi propaganda, Shaheen does make a good point, however, about how xenophobic views of Arabs in the mainstream U.S. media seek to create a level of fear about a scapegoat, and that this scapgoating is not unlike the mechanisms that the Nazis used in anti-Semitic propaganda. At the core of their anti-Semitic media campaigns in films, radio broadcasts, speeches, and posters, the Nazis emphasized what they perceived to be the economic threat of Jewish people. The Nazis painted all Jews as scurrilous moneylenders and pawnbrokers who did whatever they could to rob and swindle non-Jewish people and who also secretly worked as Soviet infiltrators to bring down the West. Why the Nazis thought that Jewish people would automatically be communists since they had already stereotyped them as rapacious, swindling capitalists seems nonsensical, but such propagandistic amalgams show how fear and hatred always override logic. (Image 30-31) Today’s ideological construction of Arabs unfortunately resembles Nazi stereotyping of Jews seventy years ago. Whereas the Nazis vilified the Jewish pawnbroker, today’s Hollywood plays off the Arab trader stereotype, someone willing to sell his own mother or, in the words of a character early in Disney’s Aladdin, “to slit a few throats” to make a profit. As Edward Saïd notes,
“So far as the United States seems to be concerned, it is only a slight overstatement to say that Moslems and Arabs are essentially seen as either oil suppliers or potential terrorists. Very little of the detail, the human density, the passion of Arab-Moslem life has entered the awareness of even those people whose profession it is to report the Arab world. What we have instead is a series of crude, essentialized caricatures of the Islamic world presented in such a way as to make that world vulnerable to military aggression.”
Terror, Inc. — demonizing Palestinians and Muslims
Perhaps the most focused connection between Washington and Hollywood, between foreign policy and media representation, is the Israeli-Palestinian conflict. Since the founding of the state of Israel in 1948, the U.S. government has never wavered in its support for the fledgling nation, with each successive Presidential administration hosting Israeli leaders and donating billions of dollars in aid to the Israeli government. However, Washington has consistently ignored the plight of the Palestinian people who have lived as refugees since Israel’s founding. The Jewish state was founded as a haven for Jews wishing to leave Europe in the wake of the Holocaust and to live in a state run by Jewish people, the likes of which hadn’t existed since the Kingdom of Israel’s takeover by the Roman Empire. In concept, it’s a wonderful example of self-determination and self-rule. However, Israel’s ethnocratic intentions did exclude from the very outset a place for the Palestinian people who were the majority under British rule before Israel’s founding. In fact, most Palestinians have been living as disenfranchised refugees within special zones of Israel, a problem compounded by the fact that Israel’s Arab neighbors have admittedly done little to take in Palestinian refugees or provide economic assistance.
Part of the mutual exclusion has to do with obstacles to diplomatic solutions on both sides. After Israel’s Arab neighbors immediately declared war on the new country the day it was founded, it was very difficult, even after the armistice in 1949, for any serious diplomatic discussion. In fact, Palestinians had fared little better under Jordanian rule of the West Bank up through 1967 than they have under Israel ever since. Israel was willing for twenty years to allow Jordanian oversight of Palestinians, even letting the capital city of Jerusalem be split between themselves and Jordan, meaning that Jewish people were denied access to holy sites in the parts of the city they did not control.
Part of Israel’s current reluctance to create a Palestinian state today is due to Hamas’ influence on the Palestinian government, having won representation in a 2005 electoral landslide. Also inhibiting conciliation is what Israel considers an insurmountable problem, ongoing suicide bomb attacks — which for many disaffected Palestinians seems their only recourse in their fight for independence, to kill themselves along with others. The ideal solution might require a strong Israel combined with a strong, independent Palestinian state. Some have suggested a single secular state incorporating the Palestinian territories and Israel with equal rights for all groups; however, such a strategy would invalidate the original Zionist movement.
Washington never too the plight of the Palestinian people seriously until 2008 when George W. Bush declared he hoped to see a Palestinian state created by the end of the year. How serious he is about this is not clear, considering that his Evangelical followers strongly oppose Palestinian independence (Pat Robertson has stated that he would urge Evangelicals to withdraw from the Republican party if the Republicans ever tried to support a Palestinian state). He may be just a last-ditch effort to save the legacy of his Presidency. Needless to say, countries in the Middle East and Europe have not taken his statement as a serious policy initiative.
Washington’s unconditional support for Israel unfortunately has instilled in the U.S. people an indifference or even hostility towards Palestinians. Hollywood has reflected and reinforced governmental views, putting out depictions of Palestinians that make cinemagoers even more likely to support U.S. policy. To begin with, Hollywood films and TV productions frame Palestinians as terrorists. As Godard once suggested, U.S. foreign policy demands a sufficient narrative to justify it. If the United States only supports Israel, then the Palestinians must be narrativized as abject, dishonorable, and worthy of contempt. Anti-Palestinian propaganda reached a new height in the 1980s and 90s with at least thirty films denigrating the Palestinian people. In the 1987 film Death Before Dishonor (Terry Leonard), Palestinians are shown as crazed with bloodlust, with one female terrorist graphically committing atrocities. (Image 32-33) This sexy female terrorist-siren brutally slaughters an Israeli family in cold blood, sparing not even the children. She takes orgasmic pleasure in torturing an U.S. marine with a power drill and mechanically executes another. Visually, part of the drilling scene is shot from the marine’s point of view, maximizing our identification with him and his pain. Another Palestinian in the film becomes a suicide bomber who blows up an U.S. embassy.
A decade earlier Black Sunday (1977) had a female Palestinian as its terrorist du jour, who in a ridiculous James Bond-style plot flies a Goodyear blimp into a football stadium in Miami where she intends to detonate a bomb, killing 80,000 people at the SuperBowl.
This way of imagining Palestinians goes back to 1960 to Exodus (Otto Preminger) where they are either paired ideologically with Nazis (especially in one scene where a group of Palestinians lynched a Jewish settlement and left a Swastika behind to mark the deed) or totally marginalized. An even more pronounced example of anti-Palestinian propaganda is the Kirk Douglas vehicle Cast a Giant Shadow (Melville Shavelson, 1966) where Douglas plays an U.S. military adviser who lends his tactical assistance to the Israelis. The Palestinians in the film are demonized using many of the visual strategies Hollywood filmmakers frequently use to denigrate “native” peoples:
* the Palestinians in Cast a Giant Shadow are filmed only in group shots, with no close-ups or dialogue;
* they are merely a force of nature, determined to satisfy their cruel thirst for blood, at one point even massacring a Jewish settlement and carving a Star of David into the back of one dead Jewish woman;
* the only time the Palestinians do speak in the film is when they jeer, shout and intimidate a woman trapped in a bus while firing their guns into the air with rapacious glee.
Another business scripting Palestinian villains is the U.S. production company, Cannon Pictures, run by two Israeli producers, Menachem Golan and Yoram Globus. Over a period of 20 years, Cannon Pictures released thirty films specifically designed to bastardize Arab culture and specifically vilify Palestinians. One particular piece of exploitation trash Cannon released called Hell Squad (1985) depicts Vegas showgirls fighting bloodthirsty Arabs in the desert while wearing skimpy costumes and unleashing poorly choreographed martial arts moves. (Image 34-35) Golan and Globus’s most effective and popular film The Delta Force (1986) takes their racism to new heights depicting Palestinian terrorists hijacking an airliner and specifically targeting the Jewish passengers for horrific torture and beatings.
Certainly U.S. producers in Hollywood have contributed every bit as much to the negative image of Palestinians. Few films have had a bigger impact than James Cameron’s mega-blockbuster True Lies (1994). This film is perhaps the ur-text for depictions of Muslim terrorists; they’re bloodthirsty, willing to torture women and children, wish to destroy the United States and Israel, and are cartoonishly incompetent yet still menacing enough to be taken seriously. In fact, this film really predates much of the iconography associated with Muslim terrorists post-9/11; in True Lies, a cell known as Crimson Jihad seeks Weapons of Mass Destruction and releases threat videos to the U.S. media à la Osama bin Laden. Crimson Jihad’s video even features one cell leader, Salim Abu Aziz, giving this message:
“You have murdered our women, and our children, and bombed our cities from afar, like cowards, and you dare to call us terrorists? Unless you America pull all military forces out of the Persian Gulf area, immediately and forever, Crimson Jihad will rain fire on one major American city each week, until our demands are met. First, we will detonate one nuclear weapon on this uninhabited island as a demonstration of our power.”
Sounds familiar doesn’t it? (Image 36) Not only does it resemble al-Qaeda’s messages, but prefigures the way those messages have seeped into the post-9/11 popular imagination in TV shows like 24 and Sleeper Cell. The odd thing is that Salim Abu Aziz’s anti-imperialist message actually makes some sense and has a good bit of truth to it, but by casting him as a terrorist it implies that the evil of his methods must mean that his cause is unjust as well. In fact, this screenplay comes from James Cameron who wrote the jingoistic Rambo: First Blood Part II, an exploitation vehicle following the Vietnam War. Cameron cleverly dismisses any legitimate grievances from the Arab world by painting all Arabs as terrorists — so how could there be any merit to their claims that many in the Arab world, including Palestinians, are suffering? Instead, Cameron paints the United States as the underdog in this fight against terrorists and as the unquestioned vessel of freedom, justice and truth. The script progresses toward an unquestioned conclusion that the United States represents all that is good in the world and could never do anything to harm people around the rest of the world. Those who hate the U.S., then, must just be jealous. As if this point were not hammered home already, the film ends with Salim Abu Aziz chasing Arnold Schwarzenegger’s daughter up an industrial crane, threatening to throw her to her death if she doesn’t give him a detonation key to a nuclear bomb. In defiance, the daughter retorts,
“No way, you wacko!”
And under any circumstances, we never see images of Palestinians’ daily life under occupation, with lack of access to arable land and jobs. We never see the effects of living in walled-off cities like cages, quarantined from Israeli territory. As Shaheen protests,
“Is there an unwritten code in Hollywood saying we cannot and will not humanize Palestinians? Is not the life of a Palestinian child, media wise, Hollywood-wise, politically wise as humane, as valuable as the life of an Israeli child?”
The only good Arab…
So far I have been pointing out parallels between government policy and media portrayal, not identifying any planned collusion. Actually, many of the worst anti-Arab or anti-Islamic films produced by Hollywood have been made in conjunction with the Department of Defense. For example, Executive Decision, Death Before Dishonor, Black Hawk Down, Patriot Games, Navy Seals, Rules of Engagement, True Lies, and Iron Eagle are all films made with the assistance of the Deptarment of Defense, and all these blockbusters show U.S. soldiers gleefully killing Arabs. For example, the script of Iron Eagle has its protagonist, a teenage fighter pilot, pretty much deciding to blow up an Arab country just for the hell of it because, hey, when you’re in a cockpit and you don’t have to see who you’re slaughtering, killing becomes a lot easier. Or, in another case, in Navy Seals Charlie Sheen proudly announces after having mowed down a bunch of Arabs with a machine gun:
“Let’s go tag ‘em and bag ‘em.”
But the most appallingly racist of these films is Rules of Engagement (2000) written by former Secretary of the Navy and current conservative Democratic Senator from Virginia, James Webb. The script follow a platoon of marines led by Samuel L. Jackson who are assigned to evacuate the personnel at the U.S. embassy in Yemen, where there are massed protests outside from the civilian population. The marines end up opening fire on the protesters, slaughtering dozens, maybe hundreds, of civilians. Tommy Lee Jones plays the lawyer who investigates this atrocity and travels to Yemen to uncover the truth for himself. From all eyewitness accounts it sounds like the U.S. soldiers opened fired without any provocation on the crowd. Jones comes across a little girl on crutches who had her leg shot off during the massacre and follows her to a civilian hospital where scores of children lay dead or mutilated from the firefight. (Image 37-38) However, he also finds an audio tape there that says,
“To kill Americans and their allies both civil and military is the duty of every Muslim who is able.”
This is a turning point. From there on, the blame begins to shift from the marines to the victims. In fact, we find out that the Yemeni crowd fired first on the marines, forcing Samuel L. Jackson to give the order “Waste the motherfuckers!” to his troops, which began the carnage. (Image 39) And in one of the most horrific shots in Hollywood’s representation of the Arab world, we see that the little girl who lost her leg actually had a gun in her hand and was trying to kill U.S soldiers. (Image 40) Thus the film concludes that the marines were justified in mowing down civilians and it was even okay for them to mutilate the little girl because she’s a terrorist like the rest and got what was coming to her. It’s as if Webb and director William Friedkin are saying, never feel sympathy for the “the tired, the poor, and the huddled masses” in other countries because they could really be terrorists. So when Webb and Friedkin restage the massacre, they frame it is a victory. We see civilian women riddled with bullet holes and blood pouring out of their mouths, but for the writer and director that’s a good thing — they got what was coming to them. The narrative says that those who dare to stand up to U.S. imperialism should and will be brutally mowed down. As Shaheen describes this script’s ideological message:
“Why does this matter? Because the massacre of even women and children has been justified and applauded. It’s a slaughter, yes, but a righteous slaughter.”
Islamophobia
Through the mutually-reinforcing relationship between U.S. foreign policy and Hollywood-produced images and in conjunction with the 9/11 terrorist attacks, Americans sadly have come to fear and distrust Muslims and the Middle Eastern world. The United States’ war with Iraq began in 2003 but was surely facilitated by a century of negative images about Arabs in U.S. media. Clearly many people in the United States believe that only a small lunatic fringe of the entire worldwide Muslim population are involved in terrorism. However, after 9/11 when nineteen Arab-Muslim hijackers killed nearly 3,000 people, it has become much easier to generalize from that tiny fringe out to the whole, to fear the 1.3 billion Muslims around the world as possible terrorists. In his book, Shaheen points out dangerous it is to let the part represent the whole and that few in our culture think the Ku Klux Klan represents the feelings, beliefs, and actions of white people as a group or of Christians in general.
Thus, when Timothy McVeigh blew up the Oklahoma City Federal Building, we didn’t gather from that that all white, Christian people could be potential terrorists. So why is it so easy to label 1.3 billion Muslims as a “threat” or “terrorists,” based on the actions of the tiniest minority who really are terrorists? The likeliest answer is because Americans have been conditioned to believe that Muslims are terrorists based on the media’s repetition of fearmongering. The press did not analyze as an important factor McVeigh’s ethnic, religious, or geographical background, or even the fact that he had served in the U.S. military. And yet if it had been a Muslim responsible for the bombing, that would have been the first thing everyone would be talking about. In fact, initial news reports from the site at Oklahoma City even went so far as to posit the attack as likely the work of Middle Easterners. (Image 41) At the time, for example, Connie Chung cheerfully played into such stereotypes on CBS news:
“A US government source told CBS news that [the attack in Oklahoma City] has Middle Eastern terrorism written all over it.”
One government security expert even said,
“This attack was done with the intent to inflict as many casualties as possible. That is a Middle Eastern trait.”
Television profits from jingoistic shows like 24, The Unit, and Sleeper Cell. Particularly offensive, 24 repeatedly uses Arab villains within scripts that have a staunchly imperialistic worldview. (Image 42) The creator of the series is arch-conservative Joel Surnow who, when pressed in 2005 about the depiction of Arabs in the fourth season of 24, said:
“This is just being realistic. Muslims are the terrorists right now.”
Admittedly, the series has featured villains from many other backgrounds in the past including Serbians, Russians, Mexicans, U.S. companies, rogue U.S military officers, and even the President of the United States. However, Muslims have popped up most frequently on the series as the bad guys. Every season in which they have been featured, however, a controversy erupts; and Surnow attempts to posit a counter-narrative to defuse the situation. For instance, while Muslims are behind the plot to detonate a nuclear bomb in Los Angeles in season two of 24, we later learn that these figures are nothing more than pawns manipulated by U.S. neo-conservative politicians to make the Democratic administration of President David Palmer seem incapable of defending the country. By scripting the Muslim terrorists as pawns, Surnow seemingly lessens their villainy in comparison to Palmer’s rivals. In season six, Muslim terrorists do succeed in destroying Los Angeles with a nuclear bomb, but this time the creators of the show go to lengths to demonstrate the evils of blaming Muslims in general for the actions of a few. The storyline shows a Muslim civil rights attorney jailed just for his religion and the resulting suffering for him and his family. Also in this season’s storyline is a character named Assad, a former terrorist turned pacifist. His characterization indicates that within the Muslim world people of conscience fight against extremism from the inside (although the fact that Assad was once a terrorist is problematic). However, none of these concessions to liberal values can excuse the appalling resolution to the season’s Muslim-terrorist storyline: we see Jack Bauer (Kiefer Sutherland) hang his nemesis. Tantamount to a lynching, this season’s plot resolution establishes the racist undertones to the series’ repeated theme of “fighting terrorism” more clearly than anything its ever done before.
However, even more complex is the framing of Muslim characters in season four of the series. That season actually begins by suggesting that Arab Americans are likely terrorists, by depicting a middle-class, suburban Arab American family eating breakfast around the kitchen table while discussing plans to assassinate the President and nuke Los Angeles. This kind of plot works like Nazi propaganda fiction film did, like Jud Suss (1940) and Der Einige Jude that instilled fear that people’s Jewish neighbors might be working to establish a foothold in Germany for the Soviet Union.
Later in 24’s fourth season, a Muslim terrorist is driving to a rendezvous with his cell leader when his car is cornered by a gang of racist street thugs who want to beat him up or kill him just for being Muslim (because of their anger over the day’s terror attacks). In that moment, Surnow is setting us up to identify with the terrorist as underdog because he is one against many and he’s being discriminated against for being Muslim. The street thugs try to label him as a terrorist:
“Your name Muhammad? Ain’t that all you guys’ names?”
We can sense his fear and isolation in that moment and in fact sympathize for him as he’s standing up to these racists. But then we realize…oh…he is a terrorist. We’ve been following him for several episodes and seen him killing people and planning people’s deaths. The thugs are wrong in assuming he’s a terrorist just because he’s a Muslim, but their assumption is completely right. He is trying to nuke LA. This moment perfectly represents the push-pull struggle of contradictory ideological forces played out on 24, and why it’s been such a rich series for academics to study. In using this kind of plot development, Surnow is able to throw a bone to critics by saying on the one hand that racism is wrong and that people should never assume who’s a terrorist or not, while also completely validating the racists’ assumption, because that character is a terrorist. In the context of the morally bankrupt pragmatism of the whole series, it is clear that Surnow and the creators of 24 are siding with the racists, because even if politically incorrect thugs make life hell for many innocent people, if they catch even one real terrorist along the way, their xenophobia is justified.
Showtime’s Sleeper Cell also contributes to the fear-mongering, “raising the terror level,” look-over-your-shoulder zeitgeist. The Sleeper Cell series depicts a sinister network of Islamic companies and organizations acting as a front for terrorist activities. In this show, as in 24, not just any Arab is a threat, but the Arab Americans living behind a white picket fence next door could be plotting terror. The show goes out of its way to cast “American looking” actors in the roles of terrorists, suggesting that Muslim extremists could very well have infiltrated all aspects of our society. Therefore, your son’s Little League coach, a high school science teacher, or even the homeless man on the street corner could all be terrorists wishing our destruction. (Image 43)
Islamophobia has a special presence on religious television channels like TBN and EWTV which actually try to frame Islam as at war with Christianity. One common anti-Muslim ad on TBN utilizes the same voiceover heard in trailers for many Hollywood blockbusters. In his deepest, most menacing voice he narrates — as images of 9/11 flash by:
“Islam — a religion of over 2 billion people and growing by 50 million people per year. Almost every major terrorist network in the world is controlled by Islamic fundamentalists.”
It’s no wonder then that, as Shaheen points out,
“When innocent Arabs are killed, when they’re bombed, maimed, wounded, when they’re tortured in places like Abu Ghraib, is it really any surprise that we don’t feel any compassion? Or worse, make light of it.”
Indeed, in the wake of the Abu Ghraib scandal, Rush Limbaugh and a caller went out of their way to make light of atrocity:
Caller: “This [Abu Ghraib] is no different than what happens at the Skull & Bones initiation and we’re going to ruin people’s lives over it and we’re going to hamper our military effort. You ever heard of emotional release? You ever heard of the need to blow some steam off?”
Rush Limbaugh: “Well, it’s sort of like hazing, a fraternity prank, sort of like that kind of fun.”
Since 9/11, hate crimes against Muslims and more generally against people who appear Middle Eastern (whether they are or not) have surged dramatically. There’s no question that when somebody like Rush Limbaugh degrades the human dignity of a whole people, as he frequently does on his show, that the U.S. public will become more desensitized to suffering like that at Abu Ghraib. Furthermore, the sense of “otherness” people perceive about Arabs, based on media images and U.S. foreign policy, is in fact institutionalized by the United States government, if only through racial profiling at airports. And sadly some affected by this propaganda absorb it into their worldview and will even take it to the next level and act out violently against those seemingly « lesser » than them.
Getting real
When Americans think of Arabs, or Muslims in general, what do we imagine? We may briefly think of white robed men wearing skull caps and “bundles-in-black” women completely covered from head to toe. Part of this reductiveness might come from the U.S. media’s short attention span. Just as policy and opinion must now be reduced to sound bites, letters to the editor reduced to Internet lingo, and feature-length articles reduced to little more than a headline, so too the media today usually require images that are instantly recognizable onscreen so as to gain the viewers’ attention immediately. We see it even in Presidential campaigns: complexity is shunned, substance ignored, branded images and slogans preferred. In May 2003, for example, mainstream U.S. reportage didn’t care that the war in Iraq was far from over when President Bush strutted around an aircraft carrier wearing a flight suit and declaring, “Mission accomplished.” The visual presentation of this moment, incredibly false though it was, was more marketable to an image-crazed public than any serious analysis of the progress in Iraq. More generally put, if CNN or FoxNews present a story about Islam or the Arab world, are they going to lead off with a trenchant analysis by a professor of Islamic history? Of course not, they’re more likely to show hundreds of white-robed men prostrating themselves before the Kaaba. That is the image that sells, that the U.S. public expects to see, because we’ve been trained by the news media to expect a certain image. (Image 44) In turn, the news media must now fulfill the public’s expectations for certain kinds of images, expectations that they created themselves.
Secular life in the Arab world does not appear in any detail or with any complexity in Western media, both television and film. We almost never see images of Arab women attending universities, working outside the home, or caring for their children. No, Arab women must always be presented as victims of a religion that seeks to keep them in their place. Certainly in parts of the Islamic world women have been treated poorly, and women’s rights are virtually nonexistent today in Saudi Arabia and were terrible under the Taliban in Afghanistan. But to compare the conditions women endured under the Taliban with the role of women in modern, cosmopolitan cities and states like Dubai, Qatar, Cairo or Bahrain, to name just a few, is nonsense and an insult to those women who are forced to endure true repression. In addition, Arab men do not appear in film in roles of loving husbands and fathers who care about their family’s welfare. Rather, Hollywood loves to depict the lascivious Arab man who lusts after blonde-haired Western women while treating his Arab wives terribly. Or he’s a stern, fundamentalist father who never gives his children love, only discipline, and teaches them to hate. Is any secular life in the Arab world ever portrayed in the news media or in films?
Interestingly, there is a highly diversified range of media production in the Middle East that is largely unknown here. For example, MTV has proven so popular throughout the Middle East that Viacom recently began broadcasting a specialty channel called MTV Arabia just for the Middle Eastern market. Female pop stars like Haifa Wehbe and Elissa from Lebanon have risen to mega stardom throughout the region through glamorous images, provocative lyrics, and suggestive, Madonna-inspired dance moves. (Image 45) To listen to the U.S. media one might think that freedom of expression is lacking in the Middle East, but how does that account for the popularity of talk shows, discussion panels, and call-in shows on Al-Jazeera? (Image 46)
Film is a massive part of cultural life throughout the Islamic world. Turkey has a thriving film industry that produces a huge variety of motion pictures, including Hollywood-style action thrillers, genre parodies (G.O.R.A.), transnational awards-bait for foreign consumption (Baba ve Oglum, Gegen die Wand) and serious art films (the films of Nuri Bilge Ceylan and Zeki Demirkubuz). In fact, in Istanbul there are as many movie theaters as there are mosques. Egypt’s film industry has long been in dialogue with the west, even experiencing its own Neorealist movement in the 50s led by directors like Youssif Chahine. And in the eyes of many Western critics like Jonathan Rosenbaum and Dave Kehr, Iranian cinema is one of the freshest, most formally inventive in the world today with groundbreaking directors like Mohsen and Samira Makhmalhof, Ebrahim Golestan, and Abbas Kiarostami, whose films have lit up the festival circuit. But this rich secular life in the Islamic world remains ignored in the United States and in most Western media.
It’s a vicious, mutually-reinforcing cycle of production and reception, but not one that remains unchallenged. In fact, a number of Arab Americans have tried to diffuse these stereotypes, especially through comedy. In a way similar to that of many African Americans and Jewish comedians who re-appropriated stereotypes to debunk them, a number of Arab American comics have done the same. One of the more popular comedy specials on Comedy Central right now is the Axis of Evil Comedy Tour, featuring comedians of Arab descent talking about their lives in relation to the stereotypical roles in which they’ve been cast. Part of this stand-up routine is also featured on the DVD of Michael Moore’s Fahrenheit 9/11 (2004). On that DVD, the funniest bit comes from a young Arab American stand-up comic Dean Obeidallah, who talks about how a convenience store cashier grilled him over the origins of his name when the cashier saw it on his I.D.
“That’s an Arabic name,” Obeidallah replied.
“Oh yeah, what Arab country does your family come from?” asked the cashier.
Wondering what Arab nation could sound the most benign, Obeidallah said, “We’re from the same country as Aladdin.” (Image 47)
Another comedian, Ahmed Ahmed, is interviewed on Shaheen’s Reel Bad Arabs DVD. Ahmed found comedy one of the few options open to him in the entertainment industry because every casting agent wanted to have him play a terrorist. He says that when he did once read for the part of a “Terrorist No. 4,” he decided to play the role as campy and over the top as possible. Since that was in fact how the director imagined Arabs, Ahmed got the part.
One possible goal and remedy for these kinds of representations would be to have Arabs and Arab Americans presented in films and in the newsmedia just as everyone else, no better and no worse. In feature film, a number of U.S. filmmakers have already taken it upon themselves to depart from these stereotypes. Andrew Davis’s A Perfect Murder (1998) features an Arab detective (David Suchet) who befriends the film’s heroine and helps her solve a crime. His ethnic identity is not ignored but it is not an issue, just as the ethnic identities of co-stars Michael Douglas and Gwyneth Paltrow are not an issue. Likewise, Rick Berman’s and Michael Piller’s superb television series Star Trek: Deep Space Nine featured a prominent character of Middle Eastern descent Dr. Julian Bashir, played by Alexander Siddig. Not once was Bashir’s ethnic background questioned, discussed, or made a point of contention. Rather, he was defined by his personality, skills, education, and friendships. (Image 48) Bashir was developed no differently from the white, African American, and Asian characters on the show (a series notable for its exceptional diversity, including Star Trek’s first black captain, Avery Brooks’ Captain Sisko). In a film set in Morocco, Gillies MacKinnon’s Hideous Kinky (1998), about a single mother (Kate Winslet) and her two daughters living in Morocco, presents its Moroccan characters as on a par with its Western characters. In particular, Winslet’s love affair with a Moroccan man is deeply moving, so that when she doesn’t have enough money to return to England, her lover makes great sacrifices to help her out, even though it means she will leave him.
David O. Russell’s satiric political featire, Three Kings (1999), develop characters and plot situations that represent the complexity of the Arab world. Focusing on the first Gulf War, Russell goes to great lengths to define the various political factions in Iraq at the time, including political dissidents who were imprisoned by Saddam Hussein, freedom fighters working to bring down the Ba’ath regime, and also pro-Saddam loyalists. Significantly, Shaheen served as a consultant on this film. [See Jump Cut 46, 2003, essay on this film.]
In an historical vein, Ridley Scott’s Kingdom of Heaven (2005) takes an alternative view of the Crusades to develop as a plotline that human rights and freedom of religion were respected more under Muslim rule during the Middle Ages than under Christian rule in Western Europe. In particular, in Spain under the Moors, Muslims, Jews, and Christians lived in harmony, but once the Vatican’s Inquisition was established following the Christian reconquest of Spain…well, we know what happened. Likewise, under Saladin, the Arab general who ruled over much of the Holy Land during the 12th century, Christians, Jews, and Muslims were able to live together. In fact, Kingdom of Heaven ends as Saladin enters a church and sees a dislodged Christian icon (a cross), at which point he picks it up and replaces it on the altar, indicating his religious tolerance. In the film’s reception, audiences in Beirut watching that film actually cheered at that particular moment because it signified a reconciliation between Christians and Muslims which still has relevance, considering that Christians and Muslims have long lived together in peace in Lebanon. (Image 49)
Detailing the interrelations between current politics, international economics, and local cultural forces, Stephen Gaghan’s Syriana also tries to capture the complexities of the Arab world by showing not only terrorists but also a Western-educated Saudi prince (Alexander Siddig) who is working to bring democracy to his country. (Image 50) The film develops various aspects of the reality on the ground, exploring the pockets of extremism and terrorism across the Arab world, but it doesn’t try to act like that is the entirety of the Arab world.
Perhaps the best of these more « enlightened » films is Paradise Now by Hany Abu-Assad (2005) about two young Palestinian men who decide to become suicide bombers. The scripts shows their political involvement and decision as a symptom of bigger problems of poverty, statelessness, and religious fundamentalism. (Image 51) In the course of the film, the two men meet a Western-educated Palestinian human rights worker who adamantly opposes what they’re doing, causing the two men to question the justness of their cause. (Image 52) Such a plot doesn’t try to glorify suicide bombers or terrorism, but rather seeks to explore the desperation and displacement of logic required to consider something so horrific.
The fact that such films seek to debunk the myths of Arabland suggests that not only will some contemporary filmmakers question the validity of images inherited from the past but that audiences may be ready to challenge their own preconceptions as well. Already we are seeing many film and television productions that view the Iraq War and its aftermath critically, and the Internet makes many opposing views readily available. Regrettably, the continued U.S. imperialist presence in the Middle East will likely delay the rehabilitation of Arabs in the U.S. media, but it will not snuff out the possibility for it.
Notes
1. Dr. Jack Shaheen has written for many years about media stereotyping of ethnic groups and how these stereotypes can, and have, hurt innocents, whether they be blacks, Latinos, Jews, Native Americans, Asians, or Arabs. He considers himself to be a “committed internationalist and humanist.” Having grown up in Pittsburgh, PA, Dr. Shaheen holds degrees from the Carnegie Institute of Technology, Pennsylvania State University, and the University of Missouri. His books include Nuclear War Films; Arab and Muslim Stereotyping in American Popular Culture; The TV Arab; and Reel Bad Arabs: How Hollywood Vilifies a People. He has also contributed to Newsweek, The Wall Street Journal, and The Washington Post. He has appeared on CNN, MSNBC, NPR, Nightline, Good Morning America, 48 Hours, and The Today Show. He has served as a consultant for Dreamworks, Showtime, Hanna-Barbera, and Warner Brothers and has worked on David O. Russell’s Three Kings and The Lucy Show. The DVD presentation of Reel Bad Arabs runs for 60 minutes and is directed by Sut Jhally.
3. Much of contemporary neoconservativism derives from ideas of Leo Strauss. Strauss was a formerly liberal professor of political science at The University of Chicago from 1949-1969 who rejected a progressive approach to politics after World War II, declaring that liberalism can only lead to relativism or nihilism and could facilitate the rise of the totalitarian extremes of fascism and communism. Instead, a return to traditional values wrapped around a nationalist mythology could restore a sense of national purpose that liberalism supposedly had undone. A new nationalism, however, would require an enemy against whom the national identity could be defined. This profoundly Manichean worldview would constantly pit the U.S. against a foreign (or sometimes even internal) threat. The Soviet Union was the most obvious antagonist for a good vs. evil pairing during the Cold War. This Manichean worldview would influence the Reagan administration’s hawkish attitude toward the Soviet Union since his administration would be the first to include many students of Leo Strauss including Paul Wolfowitz, Donald Rumsfeld and Dick Cheney. International terrorism (particularly Al-Qaeda) has become the antagonist for this “us versus them” bifurcation since 9-11. See the BBC documentary series The Power of Nightmares for a more complete articulation of these ideas.
4. Sidney Lumet’s film The Pawnbroker (1965) is a notable recasting of the Jewish pawnbroker in a more sensitive role.
Ebert, Roger. November 25, 1992 review of Disney’s Aladdin. Appeared in The Chicago Sun-Times. http://rogerebert.suntimes.com/
apps/pbcs.dll/article?AID=/19921125/
REVIEWS/211250301/1023
Edward W. Saïd, « Islam Through Western Eyes, » The Nation April 26, 1980, first posted online January 1, 1998, accessed December 5, 2005. http://www.thenation.com/
doc/19800426/19800426said
One of Sir Walter Scott’s creations has been much in the news lately: his country house at Abbotsford was formally reopened to the public by Her Majesty the Queen on 3 July 2013, following a £12 million restoration. Abbotsford looms large in recent accounts of Scott as (in Stuart Kelly’s phrase) “the man who invented a nation” — the Romantic Scotland of tartan-swathed Highlanders that still enthralls the popular imagination, two hundred years after Waverley and The Lady of the Lake. For much of the twentieth century critics and historians denounced “Scott-Land” as a garish anachronism, woven from a tissue of anachronisms, the fantastic fabric of an ancient nation draped over the real one. Abbotsford, Scott’s gas-lit “Conundrum Castle,” was its architectural confection, a misbegotten attempt at feudal revival in an industrial age. The relics with which the house is crammed (Rob Roy’s gun and sword, Prince Charlie’s quaigh, the door of “The Heart of Midlothian”) transform the object-world of Scottish history into a jumble sale of props from its author’s fiction.
Now that the Union is relaxing its grip on Scotland, the disavowal of Scott no longer seems a necessary rite of nationalist passage. A more tolerant, curious, even appreciative interest in his achievement is emerging, even if Abbotsford and other spectacular artefacts of the “invention of Scotland” (George IV’s 1822 state visit to Edinburgh, stage-managed by Scott; the Scott Monument on Princes Street) overshadow the poems and novels that made him the most famous author of the nineteenth century. Today, after a long hiatus in which those poems and novels dropped out of print, we are well placed to rediscover the originality — the imaginative audacity and experimental strangeness — that once took the Atlantic world by storm.
The Scott Monument in Edinburgh
Scott was not most celebrated for his Scottish fictions, wildly popular though they were. The man who invented a nation didn’t stop at one but went on to give the English their idea of England too, in Ivanhoe, his glittering romance of the twelfth-century greenwood. Ivanhoe installed a myth of national origins that still conditions the popular idea of the Middle Ages: Robin Hood, the Black Knight, Richard the Lionheart, boozy monks, sinister Templars, they are all there. Some have found Scott’s medievalism as objectionable as his tartanry. Professional historians were quick to point out the novel’s errors and anachronisms, from details of costume and weaponry to its grand theme, the colonial antagonism between Normans and Saxons, and its pastiche of antique English, the most brilliant stylistic experiment in British fiction before Joyce’s Ulysses. But Ivanhoe is “A Romance,” as its subtitle promises, not a historical treatise. Its errors and anachronisms are knowing rather than symptomatic. They do creative and critical work.Take the Jews, Isaac and Rebecca, Scott’s treatment of whom disrupts the novel’s official story of the foundation of English upon a reconciliation between alien races. Triangulating the opposition between Saxon and Norman, the Jews dismantle it — revealing both as bloody-minded Anti-Semites. Scott makes Rebecca by far the most admirable character in Ivanhoe. She embodies chivalric and Christian virtues more convincingly than any of the novel’s warriors and clerics, even as she resists a series of attempts to convert her to Christianity. Scott dramatizes her resistance as principled, even heroic, an eloquent refusal of the universal history (of Christianity’s digestion of its Jewish heritage) that underwrites the national history of assimilation. At the close of the novel, Ivanhoe and his friends look forward to a happy domestic settlement, while Rebecca and her father prepare for an exile that will transport them not just in space but in time, three hundred years into the future, to the court of “Mohammed Boabdil, King of Granada” — Abu Abdallah Mahommed XII, last of the Nasrid Sultans, who surrendered his kingdom to the Catholic Monarchs Ferdinand and Isabella in 1492. The Reconquista meant the final expulsion of the Jews from Spain as well as of Muslims who would not convert to the new order. Scott’s audacious anachronism reminds us that further cycles of dispossession await Rebecca and her people — a dispossession Scott’s readers should have recognized as reaching into their own historical present. At the same time, Rebecca speaks for an ecumenical ideal of tolerance and magnanimity that none of the Christians in Ivanhoe can live up to. Through her we glimpse another kind of history, one very different from the English destiny of compromise and settlement: a radically unsettled, unfinished history, of worldwide dispossession and wandering, but also of utopian aspiration and humanist hope — the products, it seems, of that very condition of dispossession and wandering.
The union that ends the novel seems smaller in every sense, lacking spiritual grandeur, than the sublime horizon that opens around Rebecca. Readers who wished Ivanhoe had married Rebecca rather than the fair Saxon Rowena, and rewrote the end of the novel to satisfy their preference, were not being perverse. Scott baits the end of his romance with a yearning that cannot be assuaged by any literal rewriting, since it occupies the gap between a universal ideal of human possibility and what a contingent, merely national history can afford. The most imaginative treatments of that yearning would be by George Eliot, who makes withheld unions — between Dorothea and Lydgate in Middlemarch, between the Christian Gwendolen and the Jew Daniel in Daniel Deronda — structurally central to her great novels of the 1870s. As for the gap: wishing, Scott’s novel insists, will never close it.
Il est interdit de tuer, blesser ou capturer un adversaire en recourant à la perfidie. (…) Les ruses de guerre ne sont pas interdites. Constituent des ruses de guerre les actes qui ont pour but d’induire un adversaire en erreur ou de lui faire commettre des imprudences, mais qui n’enfreignent aucune règle du droit international applicable dans les conflits armés et qui, ne faisant pas appel à la bonne foi de l’adversaire en ce qui concerne la protection prévue par ce droit, ne sont pas perfides.Protocole additionnel (Conventions de Genève, 1977)
Il importe très peu de savoir si tout le monde musulman croit au jihad et à la dissimulation. Ce qui importe, c’est qu’un certain nombre de musulmans y ont cru, y croient et y croiront toujours. Si 19 perfides jihadistes sont parvenu à causer les terrifiantes morts et destructions du 11/9, insister sur le fait que tous les musulmans n’acceptent pas ces doctrines n’est ni pertinent ni rassurant. Raymond Ibrahim
Il ne peut être question de véritables traités de paix [entre les musulmans et les non-musulmans]… seules les trêves, dont la durée ne doit pas, en principe, dépasser dix ans, sont autorisées. Mais même de telles trêves sont précaires, puisqu’elles peuvent, avant qu’elles n’expirent, soient être niées unilatéralement si cela peut semblee plus profitable que l’Islam reprenne le conflit » – c’est-à-dire si se présente l’occasion de « faire mieux ». Encyclopédie de l’islam
Après la magistrale leçon de perfidie que vient d’offrir au monde le Hamas à Gaza …
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La toute dernière piqûre de rappel de l’OLP concernant la fiabilité des traités qu’elle dit signer …
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Et suite aux nombreuses critiques qui ont suivi sa récente présentation de la doctrine musulmane de la dissimulation, l’islamologue Raymond Ibrahim rappelle …
Que, bien que le mot lui-même ne se trouve effectivement pas dans le Coran et qu’il en existe des interprétations modérées dans quelques sectes ou interprètes marginaux de l’islam, « ce qui importe finalement dans l’islam traditionnel, c’est comment les oulémas – particulièrement les juristes traditionnels – ont compris et articulé la doctrine musulmane de la taqiyya » …
Que « Mahomet a, selon les hadiths canoniques, autorisé le mensonge dans certaines situations, affirmé que la guerre est duperie et autorisé les musulmans à tromper et assassiner les infidèles » …
Et que « la question principale de son essai n’était pas tant de démontrer que l’Islam permet la duperie pendant la guerre – un phénomène que l’on retrouve parmi nombre de stratèges non-musulmans, mais de montrer que, pour l’Islam, la guerre avec les non-musulmans est éternelle jusqu’à ce que tout le chaos cesse, et toute religion appartienne à Allah » …
Having written at length on various aspects of Islam, it is always my writings concerning doctrinal deceit that elicit (sometimes irate) responses. As such, the purpose of this article is to revisit the issue of deceit and taqiyya in Islam, and address the many ostensibly plausible rebuttals made by both Muslims and non-Muslims.
The earliest rebuttal I received appeared last year, days after I wrote an essay called « Islam’s doctrines of deception » for the subscription-based Jane’s Islamic Affairs Analyst. Due to the controversy it initiated among the intelligence community and abroad, the editors were quick to publish an apologetic counter-article by one Michael Ryan called « Interpreting Taqiyya. »
For starters, Ryan is not a careful reader: he says I fail to mention ijma (consensus) among the ulema, even though I repeatedly cite and delineate the ulema’s (quite consensual) verdicts supporting taqiyya; he sardonically suggests that, of course all people, not just Muslims, engage in deception during war — a point I stressed; and he evinces shock that I say Islam has no « common sense » and is « legalistic, » when I simply wrote that sharia law is not based on common sense but rather the 7th-century words of Muhammad, which may or may not rely on what we would today call « common sense. » (I had in mind anecdotes of Muhammad saying camel urine heals, people should cover their mouths when yawning (lest Satan dive down their throat), men cannot wear gold, only silver, and in order to be in each other’s company, women should « breast-feed » strange men).
Next, Ryan makes the usual (and ultimately superficial) arguments without any backing: that I « cherry-picked citations from the Quran »; that I focused on a « very narrow use of the term taqiyya »; and that there are « other respected jurists who disagree » with the notion of taqiyya I stressed.
Unfortunately, he overlooks the fact that, right or wrong, none of this denies that there are Koranic references that do permit deception; that, even if there are « broader » definitions for taqiyya, the « narrow » one I delineated is still valid; and that if there are « respected jurists who disagree, » there are still more who agree.
As expected, whereas I listed and quoted several authoritative jurists justifying taqiyya, Ryan makes only flat counter-assertions whose plausibility rests solely in the fact that they comport with the epistemology of the Western, secular reader, who cannot comprehend that a religion would actually mandate temporal conquests and permit deceit in their furtherance.
For instance, he makes comforting assertions such as « [I]t is manifestly not true that Muslims as a whole desire eternal warfare with non-Muslims, » even though I never argue that Muslims desire eternal war but rather that sharia mandates it. Regarding a verse I cited as being relied on by the ulema in support of taqiyya (2:73), he writes, « To this reader, the verse inspires admiration rather than any other emotion. » Odd that an article in a publication geared to the intelligence community and dedicated to analyzing Islam would bother evoking « emotions » in the first place — further revealing that Ryan’s rebuttal relies more on « shared feelings, » not facts.
Moreover, like most of Islam’s apologists who are obsessed with portraying the « true-peaceful-and-tolerant » face of Islam, Ryan overlooks the pivotal fact that it matters very little if the entire Muslim world believes in jihad and deception. What matters is that some Muslims have, do, and always will. If 19 surreptitious jihadists managed to cause horrific deaths and destruction on 9/11, insisting that not all Muslims accept these doctrines is neither relevant nor reassuring.
Ryan next spends time making the argument that the word taqiyya « never appears in the Quran. The root in other forms appears in various contexts, but it never means dissimulation. » As for taqiyya’s cornerstone verse (3:28), Ryan, presuming the mantle of mufasir (exegete), and after quoting an English translation, writes: « The English ‘guard against’ is a translation of a verb that is taken from the same root as the word taqiyya but it has nothing to do linguistically with lying or deception. »
Absolutely true. But of course, all this overlooks the fact that the Koran is not the all-in-all in Islam; more important in determining right and wrong (i.e., in articulating sharia) are the hadith-derived sunna, and the indispensable tafsirs and ijma (exegeses and consensus) of the ulema. And these do use the word « taqiyya » and do define it as lying and deception.
Moreover, there is widespread consensus among the ulema. According to Imam Tabari, whose multi-volume exegesis is a standard reference work in the Islamic world, 3:28 means: « If you [Muslims] are under their [infidels’] authority, fearing for yourselves, behave loyally to them, with your tongue, while harboring inner animosity for them. » Regarding 3:28, Ibn Kathir recommends the advice of Muhammad’s companion: « Let us smile to the face of some people while our hearts curse them. »
Perhaps Ryan thinks his non-Muslim, that is, infidel, exegesis of 3:28 will be more acceptable to the average Muslim than the exegeses of the pious Tabari, Ibn Kathir, and other ulema? And what « consensus » does he have in mind when the Muslim author of the authoritative Al Taqiyya Fi Al Islam asserts, « Practically every Islamic sect agrees to it [taqiyya] and practices it. We can go so far as to say that the practice of taqiyya is mainstream in Islam, and that those few sects not practicing it diverge from the mainstream »?
Ironically, and despite all the above, Ryan closes his article by saying
« It would be fundamentally incorrect to suggest that the strained positions of Osama bin Laden and other extremists somehow grow out of normal or mainstream Muslim thought: Al-Qaeda’s deception does not grow out of valid religious duty. [Yet Muhammad said, « War is deceit. »] If we fail to make the distinction between radical Islamists and valid, thoughtful and authoritative views of expert Muslim jurists, [apparently the many I delineated in my original essay don’t count] we risk undermining one of the most promising tools to defeat radical thought. I am referring to recent successful programs by the Saudis and Egyptians to persuade what the West might call radical jihadists that their extremist activities are actually against the canons of Islam as interpreted by mainstream jurists [emphasis added]. »
What « successful programmes » have been initiated by the Saudis and Egyptians to de-radicalize Muslims? Is he referring to Saudi Arabia’s rehabilitation through tennis, finger-paints, and GameBoys — which has by and large not been successful? And again, which « expert » and « mainstream » jurists is he talking about?
In short, Ryan’s points crumble in face of the fact that, all philology, sophistry, and appeals to emotions aside, in mainstream Islam, what ultimately matters is how the ulema — especially the « mainstream jurists » he continues evoking — have understood and articulated the doctrine of taqiyya.
Regarding my more recent « War and Peace—and Deceit—in Islam, » others have written to me complaining that, by not juxtaposing more « moderate interpretations » to the mainstream ones I delineated (e.g., Tabari, Ibn Kathir, al-Qurtubi, al-Razi, al-Arabi, et al.), I am supposedly « distorting. » While there are in fact « moderate interpretations, » most of these come from minority sects — such as the Ahmadiyyas or the Quraniyuns — who, as they make up a trivial percentage of the Islamic world, and are in fact often accused of and persecuted for apostasy by mainstream Muslims, are definitely not representative of the latter.
Other critics express dismay as to how I can interpret certain verses as being supportive of taqiyya. Of course, being neither a Muslim nor one of the ulema, I hardly ever interpret this or that verse as being supportive of taqiyya/deception, but rather always attribute such exegeses to the appropriate jurist, scholar, or theologian — the ulema, who have the final say in mainstream Islam. (Ironically, being only a 4,000 word essay, I only supplied a tithe of the numerous albeit subtle taqiyya decrees and interpretations I have surveyed in Arabic texts dedicated to this topic.)
Still other critics point to strange English translations of the Koran that do not capture the actual meaning of the Arabic — definitely not the way the ulema understand it — in an effort to obfuscate the doctrine of taqiyya. For instance, some have written to me insisting that Koran 3:28 has « absolutely nothing » to do with deceit. As evidence, they quote the following translation from the website IslamUSA.org: « Let not the believers take the disbelievers for friends in preference to the believers unless you very carefully guard against evil from them. »
The original Arabic says absolutely nothing about « guarding against evil from them. » (Is IslamUSA.org practicing taqiyya in regard to ayat al-taqiyya, or the verse of taqiyya?) Instead, the original Arabic most literally says, « Let believers not take infidels for friends in place of the believers; whoever does this shall have nothing left with Allah — unless you but guard yourselves against them, taking precautions. » In other words, it does not warn Muslims against befriending infidels due to the latter’s proclivity for evil (which may contaminate Muslims who do not actively « guard » against it), but simply because they are infidels, non-Muslims — by default, the enemy. As for « guard[ing] yourselves » and « taking precautions, » once again, however one wants to interpret these, the fact is, the ulema have already settled and interpreted it as aforementioned: deceit.
(Incidentally, is it not curious that while people are nitpicking about what the latter half of that verse means, no one seems to be interested in the far from ambiguous former half, where Muslims are simply commanded to not befriend non-Muslims in the first place? Is that not, in and of itself, demonstrative of Islam’s position vis-à-vis the other, the infidel?)
Others have written to me, absolutely flabbergasted that I say Koran 4:29 or 2:195, which command Muslims to not « kill/destroy themselves, » encourages taqiyya. For the record, I said no such thing; the ulema have — such as the classical exegete Fakhr al-Din al-Razi (see Tafsir al-Kabir, vol.10, p.98). According to him, since Muslims are commanded to not « destroy themselves, » disclosing any truths that might lead to their destruction is forbidden. Thus a mujahid (« jihadist »), according to Razi, must conceal his identity, since infidels might « destroy » him if they were to discover what he was about. And so, in this sense, 4:29 and 2:195 do permit deception.
Others are scandalized that I wrote Allah himself is described in the Koran as being the best « deceiver » or « schemer. » They write to me insisting that the Koran uses no such language (based on their trusty English translations), but rather portrays Allah as the best « planner » or « plotter » — the words used, for instance, in the widely quoted translations of Yusuf Ali and Shakir. So, who am I to ascribe the word « deceiver » or « schemer » to Allah?
Simple: in the original Arabic, the word translated (actually, euphemized) into English as « planner/plotter » — makar — most literally denotes (and, to Arabic ears, connotes) deception. Moreover, according to the definitive Hans Wehr Arabic-English dictionary, the trilateral root « m-k-r » means « to deceive, delude, cheat, dupe, gull, double-cross. » One who takes on the attributes of « m-k-r » — such as Allah in the Koran — is described as « sly, crafty, wily, an impostor, a swindler. » In colloquial Arabic, a makar is a sly trickster.
My reliance on one canonical hadith as supportive of deception has also come under fire: Muhammad said, « If I take an oath and later find something else better, I do what is better and break my oath. » He also encouraged Muslims to do the same.
Many have written to me insisting that I « shamelessly » took these hadiths « out of context. » For the record, then, here is the context: Some Muslims came to Muhammad requesting camel mounts to ride, but « he took an oath that he would not give us any mounts, and added, ‘I have nothing to mount you on.' » Later, some mounts fell into the prophet’s share of war plunder, and he gave these to the men. Overcome by altruism, one of the men reminded Muhammad of his oath to which the latter replied, « If I take an oath [to not give the men mounts] and later find something else better [the opportunity to give mounts presents itself], I do what is better and break my oath. »
Now, if Muhammad swore he would not give mounts, but then when he was able to, he broke his oath (« to do what is better »), why should, say, jihadists fighting to make Allah’s word supreme, after giving oaths to infidels (e.g., peace-treaties of sulh, truces, etc.) not break their oaths when they too are able « to do what is better »? After all, what is « better »: breaking an oath so some men can have camels to ride, or breaking an oath to make Islam — the embodiment of all good — supreme?
Once again, and whichever way one interprets this oath-breaking hadith, the fact remains: breaking truces with infidels has a long lineage in Islam. The authoritative Encyclopaedia of Islam, for example, simply states: « [T]here can be no question of genuine peace treaties [between Muslims and non-Muslims]… only truces, whose duration ought not, in principle, to exceed ten years, are authorized. But even such truces are precarious, inasmuch as they can, before they expire, be repudiated unilaterally should it appear more profitable for Islam to resume the conflict » — that is, if the opportunity to do « something better » presents itself.
In closing, it should be noted that the most revealing aspect of the recent, and atypical, barrage of disgruntled emails regarding my « War and Peace — and Deceit — in Islam, » is that no Muslim (minus fringe Ahmadiyyas, etc.) has written to deny the more troubling aspects of the essay. For instance, while many nitpicked over the aforementioned, none have denied the fact that Muhammad permitted lying in certain situations, affirmed that « war is deceit, » and permitted Muslims to deceive and assassinate infidels — all according to canonical (sahih) hadiths (hence the reason mainstream Muslims cannot refute them).
Moreover, the main point of my essay was not to demonstrate that Islam permits deceit during war — a phenomenon I indicated also prevails among many non-Muslim strategists as well — but to show that, for Islam, warfare with non-Muslims is eternal, « until all chaos ceases, and all religion belongs to Allah (Koran 8:39). Yet no one wrote denying this classical Islamic formulation of the world into Dar al-Harb and Dar al-Islam, which must be in perpetual war until the latter subsumes the former (except of course Michael Ryan, but he is simply another non-Muslim apologist).
Usually, silence is not necessarily indicative of assent; however, when large numbers of people take it upon themselves to criticize certain (minor) aspects of an argument, it seems reasonable to assume that their silence regarding the more revealing and problematic issues — such as perpetual jihad — is, in fact, implicit assent.
Raymond Ibrahim is the associate director of the Middle East Forum and the author of The Al Qaeda Reader.
Pour ce qui concerne l’état juif, son existence est un fait, que cela plaise ou non (…) La délégation soviétique ne peut s’empêcher d’exprimer son étonnement devant la mise en avant par les états arabes de la question palestinienne. Nous sommes particulièrement surpris de voir que ces états, ou tout au moins certains d’entre eux, ont décidé de prendre des mesures d’intervention armée dans le but d’anéantir le mouvement de libération juif. Nous ne pouvons pas considérer que les intérêts vitaux du Proche Orient se confondent avec les explications de certains politiciens arabes et de gouvernements arabes auxquelles nous assistons aujourd’hui. Gromyko (ONU, 1948)
L’antisémitisme, c’est refuser au seul sionisme un foyer national juif. Jean-Paul Sartre (cité de mémoire?)
Je n’oublierai jamais la clameur de victoire absolument effrayante qui a suivi le départ d’Israël et des Etats-Unis en 2001, à la fin des négociations. (…) Le nouveau texte, présenté le 18 mars, a un drôle de petit goût nauséabond de déjà vu. Notre diplomatie crie victoire. Je ne peux m’empêcher de penser à Chamberlain et Daladier acclamés par la foule à leur retour de Munich en septembre 1938.Malka Marcovitch
Le rapport prétend examiner les actions d’Israël tout en ignorant délibérément et minimisant les menaces terroristes et autres auxquelles nous faisons face.Aharon Leshno Yaar (ambassadeur israélien à l’ONU)
Cela fait soixante et un ans qu’Israël existe, soixante et un ans qu’il est en guerre et soixante et un ans, également, qu’il élit ses parlements de manière strictement démocratique, à l’heure dite et au jour convenu. Michel Gurfinkiel
Après les incroyables abominations et actes de perfidie auxquels, sans parler des années d’attentats et de roquettes contre les civils israéliens, se sont livrés pendant plus de trois semaines les terroristes du Hamas à Gaza …
A l’heure où, sous couvert de lutte contre le racisme, le Machin nous prépare une énième machine de guerre contre le seul sionisme …
Et où, plus que jamais et notamment dans une France de plus en plus métissée (un résident sur cinq ayant à présent des racines musulmanes ou du tiers-monde), continue la diabolisation unilatérale d’Israël …
Retour, avec une importante remise des pendules à l’heure de Michel Gurfinkiel le mois dernier, sur la seule démocratie du Moyen-Orient.
Et même, avec les Etats-Unis mais sans leur puissance et la protection de leurs océans, l’une des rares à avoir maintenu, depuis 60 ans et malgré l’état de guerre continu que lui imposent ses voisins, l’alternance de ses rendez-vous démocratiques …
Israël/ Une leçon de démocratie
Aucun pays n’a mené de front la guerre et la démocratie. Sauf Israël, depuis 1948.
Michel Gurfinkiel
Mardi 17 février 2009
Cela fait soixante et un ans qu’Israël existe, soixante et un ans qu’il est en guerre et soixante et un ans, également, qu’il élit ses parlements de manière strictement démocratique, à l’heure dite et au jour convenu. Cette règle n’a souffert qu’une seule exception : les élections de 1973. Elles avaient été fixées au 30 octobre. Mais la guerre du Kippour avait éclaté le 6 octobre et duré jusqu’au 26 du même mois. Le parlement sortant – la VIIIe Knesset – décida donc de repousser le scrutin d’une soixantaine de jours, jusqu’au 31 décembre 1973.
Cette régularité dans le processus électoral semble aller de soi. En réalité, elle est tout à fait exceptionnelle. La guerre est le prétexte habituel, dans tous les pays du monde, et depuis que le monde existe, pour suspendre les libertés civiques et mettre entre parenthèses les institutions.
Les Romains de la République, qui s’étaient dotés d’une constitution particulièrement complexe et veillaient à une stricte séparation des pouvoirs, disaient par ailleurs : Salus patriae suprema lex, « Le salut de la patrie est la loi suprême ». Ce qui revenait, en cas de difficulté militaire, à instituer une dictature.
La Iere République française, après avoir promulgué les droits de l’homme et du citoyen et adopté une constitution démocratique, décréta que « le gouvernement serait révolutionnaire jusqu’à la paix », c’est à dire dictatorial. En 1914, sous la IIIe République française, le parlement en place fut prorogé jusqu’à la fin des hostilités : il n’y eut de nouvelles élections qu’en 1920. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le dernier parlement de la IIIe République, élu en 1936 – celui du Front populaire -, donna les pleins pouvoirs, y compris le pouvoir constituant, à Philippe Pétain : on sait comment ce dernier les utilisa.
La République actuelle, la Ve, naquit elle aussi d’une guerre, celle d’Algérie, et d’un coup d’Etat, le 13 mai algérois. Les référendums successifs qui devaient la légitimer n’ont jamais effacé réellement cette tare originelle.
Dans le reste du monde, il n’y a guère eu que les Etats-Unis, superbement protégés par deux océans, et en passe de devenir une hyperpuissance, pour procéder à une élection présidentielle en novembre 1944, en pleine Seconde Guerre mondiale. Et accessoirement la Grande-Bretagne, pour renouveler son parlement en avril 1945, quelques jours seulement avant la victoire. Partout ailleurs, de la Russie communiste ou post-communiste à la Chine communiste, des caudillismes sud-américains aux chefferies africaines, du Japon impérial aux régimes compradores d’Asie du Sud-Est, et enfin dans le monde musulman contemporain, arc de violence et de misère, la guerre, légitime ou non, fonde le pouvoir comme le congrès fonde le mariage.
Mais Israël, sans cesse confronté à la guerre depuis son indépendance, seul pays au monde qu’une guerre pourrait effectivement détruire, l’un des rares, avec l’Arménie et le Rwanda, qui porte dans sa mémoire proche un génocide, et le seul qui porte l’expérience d’un génocide absolu, métaphysique, où les meurtriers cherchaient leurs victimes jusqu’à la seconde, la troisième et la quatrième génération, bref, le seul qui pourrait reprendre sans rougir la formule romaine, Salus patriae suprema lex, n’a jamais songé à renoncer à ses élections, ni même à les décaler, sauf cas de force non pas majeure mais cataclysmique. Pendant la dernière en date des guerres d’Israël, celle de Gaza, quelques personnalités politiques ont proposé de décaler le scrutin, fixé au 10 février, de quelques jours ou quelques semaines. La Knesset sortante – la XVIIe – ne l’a pas jugé nécessaire.
La Cour suprême d’Israël a confirmé en outre que presque toutes les formations politiques pouvaient prendre part aux élections, y compris des partis qui prétendent représenter la communauté arabe israélienne et ne sont en fait que des antennes d’organisations ultranationalistes ou ultra-islamistes palestiniennes en guerre avec l’Etat juif.
Israël est peut-être fou. Mais il a acquis le droit de rétorquer aux étrangers qui, d’aventure, ne seraient pas tout à fait satisfaits du résultat de ses résultats, s’offusqueraient des succès de la droite, et préfèreraient Tsipi Livni à Benjamin Nethanyahu : « Désolé, chers amis, c’est une affaire entre démocrates. Quand vos mains seront aussi propres que les nôtres sur ce point, nous discuterons. En attendant, relisez vos classiques ». Relisons-les, en effet : la Bible et la Magna Carta, Milton et Locke, Montesquieu et Rousseau.
Voir aussi:
Special Report/ The Gaza War and the rise of the Neo-French
One citizen or resident of France out of five has Islamic and/or third world roots. No political party or leader in France can ignore it any more. Not even Sarkozy.
Michel Gurfinkiel.
Dimanche 1 mars 2009
For about fifty years, from the Charles de Gaulle presidency (1959-1969) to the Jacques Chirac one (1995-2007), France’s policies in the Middle East were shaped primarily by nationalistic « grand strategic » factors : hostility towards American hegemony, the lure for cheap oil and then for oil-related trade and investment, and a fascination for a French-Arab or Euro-Islamic alliance. On all three accounts, Israel was seen as a nuisance, if not an enemy.
The nationalist paradigm was partially relaxed under François Mitterrand (1981-1995), who was interested, for various reasons and at least to a point, in smoother relations with both the United States and Israel. A second relaxation occured in Chirac’s final years (2004-2007). The Iraq War, that Chirac had fiercely opposed, had destroyed or weakened several of France’s associates or former associates in the area : Saddam Hussein’s Iraq, but also the Assad dynasty’s Syria and Muammar Kadhafi’s Libya. It was safer, accordingly, to adapt to the new American-dominated situation. In addition, Ariel Sharon’s about-face on the Palestinian question allowed for a quick reconciliation with Israel without any « loss of face » on the part of France.
In 2007, nationalism seemed to be gone for good, as Nicolas Sarkozy, a supporter of Nato, a friend of America and an open admirer of Israel, was elected president. Two years later, however, France is clearly relapsing into its former pro-Arab and pro-Islamic options. Not for grand strategy reasons any more, but out of sheer domestic concerns : France, once a Western, White country with a Christian background, is morphing into a multicultural, multiethnic and multireligious nation, with a strong Islamic element.
Like most other Western countries, and in spite of its nationalistic posturing, France has ingathered large numbers of alien immigrants for decades, mostly from the third world : either citizens of the former colonies in North Africa, Subsaharan Africa, the Levant, the Indian Ocean, the Far East, or citizens of other Middle Eastern or tropical countries, or even « cultural aliens », i. e. French citizens from overseas territories in the West Indies, the Indian Ocean and Oceania, who settled, or were induced to settle, in France proper. In the long run, it has led to a dramatic demographic and societal transformation.
Under French law, no census may be taken on the basis of race, ethnicity, religion or national origin. Even academic investigation is somehow restricted regarding these matters. Still, it is widely estimated that : (a) about 10 million residents of metropolitan France, out of a total number of 63 million, i. e. one resident out of six, have third world roots ; (b) if one is to include the overseas territories, which are technically part of the same country under French law and international law, one should rather say that 13 millions residents out of 66 millions, i. e. one resident out of 5, have third world roots ; (c) the immigrant or overseas communities are much younger and more prolific than the metropolitan communities : when it comes to the younger brackets of the global French population, they amount to 30 % of the total population at least, and in some cases, to 50 %.
Quite naturally, the Neo-French (« les Français issus de la diversité », as they are currently refered to – something to be loosely translated as « the more diverse Frenchmen ») tend to exert as much leverage as they can on French politics, in direct proportion to their numbers, or more accurately to the numbers, among them, of French citizens and – since every child born on French soil is entittled to citizenship – of youngsters that reach the age of 18. Until the 1990’s, their constituency was still modest : many of them were still unfranchised or too young to vote. Today, as many alien residents have been naturalized, and as their children are coming of age, it is becoming a key constituency in many ballots, either national, local or European. And it is expected to grow even more impressively in the two coming decades. In addition, Neo-French leverage may include less democratic ways and means, like mass demonstrations, street violence, riots, or terrorism.
As a result, every political party is now attempting to coopt the Neo-French or at least not to antagonize them.
Ever since Mitterrand, the Socialist Party (PS) and the other Leftwing groups have championed immigrant and non-White communities : they currently garner about two thirds of their global vote, and about 80 % of the Muslim vote alone. Jean-Marie Le Pen’s National Front, a fascist party that once campaigned against Islam and non-White immigration, has changed its tune in the 2000’s, and won many Neo-French supporters.
Among the conservatives, Chirac had always been eager to play the Neo-French and Muslim cards. Sarkozy, who owed his election in 2007, in no small measure, to a strong stand on « national identity », and against mass immigration, was the first president ever to support affirmative action – a concept hitherto shunned as a breach from the French Republican idea of equality – as a government policy, and to rise Neo-French figures, like Rachida Dati, the Moroccan-born minister of Justice, Rama Yade, the Senegalese-born minister for Human Rights, or Fadela Amara, the Algerian-born minister for Urban Policy, to full-flegded cabinet position.
Moreover, concern for the Neo-French vote may be the ultimate rationale behind one of Sarkozy’s most striking, and less understood, initiatives in international affairs : the Union for the Mediterranean (UFM), which is supposed to federate the European Union and every single country or entity in Northern Africa and the Near East.
Now, the sad fact is that the Neo-French are globally anti-Israel. Not all of them, admittedly, bust most of them. Muslims – who amount to two thirds of them – are anti-Israel, and by implication anti-Jewish and anti-Western, just because they are Muslims. Non-Muslims tend frequently to side with Muslims, Arabs or Palestinians, because they feel close to them as former colonial subjects or third-worlders. What we have here is the common scourge of Islamic cultures and many non-European cultures as well : ochlocracy, the supremacy of group conformity over individual opinion.
The Gaza War started in between Christmas and New Year, a period known in France as la trêve des confiseurs (« the confectionners’ truce »), where politics and the media are supposed to come to a stillstand. It did not prevent the Islamic militants to engage overnight in sermons, internet buzz and rallies on behalf of the Hamas regime, so effectively that anti-Jewish violence flared up throughout the country. In Toulouse, Southern France, Muslim extremists set a car aflame and launched it against a synagogue. In Metz, Lorraine, Muslim mobsters marched from the mosque, where they had listened to an anti-Jewish sermon, to the local synagogue, apparently in order to vandalize it. The pogrom was luckily averted by the local police. Several Jewish rallies had to called off, including in Paris, for fear of violence. A well known TV icon, Arthur, had to cancell his show in several cities, because of threats. In Strasbourg, Alsace, a city councillor was subjected to similar bullying. All in all, 352 antisemitic acts, including 50 violent acts, were to be reported during the month of January : five times more than the monthly average during the previous years.
When the « confectioners’ truce » was over, Islamic protest evolved into a broader « human rights protest » against what was now described as « slaughter in Gaza » , if not as « genocide ». Large scale demonstrations – with tens of thousands of participants – were staged in every major city. Most participants were Muslims or Neo-French. Many women, among them, were veiled. Arab and Muslim flags were flawn. All kinds of anti-Israeli or anti-Jewish slogans were shouted, including « Death to Jews ». And again, violence erupted. In Paris, cars were burned and windows were smashed along a pro-Hamas demonstration on Boulevard Malesherbes.
It comes as no surprise, then, that the government, the political class and most of the media have either aligned with the Neo-French with regard to the Gaza crisis, or acted with a too ostensible even-handedness.
Most of the Left sheepishly condoned the pro-Hamas frenzy. On January 6, the Political Bureau of the Socialist Party denounced Israel’s military operations as « excessive » and « illegitimate in terms of international law. » On January 10, Martine Aubry, the new leader of the party, said Israel’s behaviour was « scandalous » and « unlikely to be supported by any peace-loving democrat in the world ». In many instances, Socialist mayors or members of Parliament took part in the street demonstrations : Aubry herself did it as mayor of Lille, the capital of France’s industrial North (which happens to be today, together with its suburbs, the largest Islamic city in the country). The Far Left (the communists, trotskyites, antiglobalists and environmentalists) was even more extreme in its support of Hamas and vilification of Israel.
Some Socialist leaders were more cautious, however. Bertrand Delanoe, the mayor of Paris, a city where Jewish voters still balance the Neo-French, remained silent throughout the Gaza War. So did Segolene Royal, Aubry’s arch-rival, who had taken in 2007, as a Socialist contender in the presidential election against Sarkozy, a fiercely pro-Israel and anti-Iran stand.
On the Right, President Sarkozy characterized the Israeli military operations against Hamas, on their very onset, as « disproportionate ». Upon his subsequent visits to the Middle East, while insisting on Israel’s right to security, he never questioned the validity of the Hamas rule in Gaza. On March 2, he cancelled the speech he had agreed to deliver at the annual dinner of Crif, the Representative Council of the French Jewish Organizations, as he had done the previous year ; he just dropped by a few minutes before the dinner, and then left. François Fillon, the prime minister, pronounced his own speech instead. While sticking in principle to the president’s doctrine on the Middle Eastern issues, he did his very best to appear as a friend of Israel and the Jewish people. According to various sources, former president Jacques Chirac was « appalled by the Gaza War », i. e. opposed Israel, once again, on a vital issue. There is evidence that the Gaullist faithfull among the conservatives share that view.
The Far Right was split. Le Pen’s diehard followers supported Hamas. As a matter of fact, the National Front leader had attended on December 26, the day before the Gaza War started, a show by Dieudonné Mbala Mbala, a Black antisemitic and anti-Israel activist, where a special award was bestowed on Robert Faurisson, the most famous Holocaust denier in France. The show took place at the Zenith theater, with an attendance of 5,000, half European, half Neo-French.
The more traditional Far Right (which has been deserting the National Front over the recent years) was unwilling to side with Hamas. They apparently drew a parallel between the Middle East and many French or European problems, or were concerned by the street violence. Some of the Far Righters even expressed explicit support for Israel.
The media reacted in very diverse ways to the Gaza War. Some of them, including State-run television channels like France 2, were rabidly anti-Israel. Nouvel Observateur, the flagship of the fashionable Left, devoted much space to the civilian losses among the Gaza Palestinians, much in line with Hamas propaganda. Many media were more balanced. The Left of Centre magazine L’Express published a strongly pro-Israel editorial by Christophe Barbier. Valeurs Actuelles, a conservative magazine, was largely supportive of Israel.
What remains to be seen is essentially whether the Neo-French will finally get frenchified and put individual freedom ahead of communal loyalties, or not. The prospects, so far, are not very satisfactory. Alternatively, one wonders whether a broad coalition of democrats can emerge and counterbalance those, either Neo-French or classic French, who sold their souls to the totalitarians. Two years ago, Sarkozy was seen as the nation’s best hope in this regard. This is no longer true today. Even if Sarkozy remains more decent than many other political leaders in the country.
Alors les disciples s’approchèrent de Jésus, et lui dirent en particulier: Pourquoi n’avons-nous pu chasser ce démon? C’est à cause de votre incrédulité, leur dit Jésus. (…) Mais cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne. Mathieu 17: 19-21
Le Pape a raison. Ou pour répondre plus précisément : les meilleures données dont nous disposons confirment les propos du Pape. Il existe une relation systématique, mise en évidence par nos meilleures enquêtes, y compris celles menées par l’organisme “Demographic Health Surveys” financé par les Etats-Unis, entre l’accès facilité aux préservatifs et leur usage plus fréquent et des taux d’infection par le virus du sida plus élevés, et non plus faibles. Cela pourrait être dû en partie au phénomène connu sous le nom de “compensation du risque”, ce qui veut dire que lorsque l’on a recours à une “technologie” de réduction du risque comme le préservatif, l’on perd souvent le bénéfice lié à la réduction du risque par une “compensation” qui consiste à prendre davantage de risques qu’on ne le ferait en l’absence de technologie de réduction du risque. (…) Les solutions avant tout médicales financées par les plus grands donateurs n’ont eu que peu d’impact en Afrique, le continent le plus durement touché par le sida. Au contraire, des programmes relativement simples, peu onéreux, visant à changer les comportements – en mettant l’accent sur la progression de la monogamie et sur le recul des premières relations sexuelles chez les jeunes – ont permis les plus grandes avancées dans la lutte contre le sida et la prévention de son extension. Edward C. Green (directeur du Projet de recherche sur la prévention du sida de Harvard)
Le continent africain, ce n’est pas le Marais. Il ne suffit pas de négocier un prix de gros à la société Durex pour faire de la distribution gratuite, de demander à Line Renaud de tourner un spot télé ni d’arborer une fois l’an un petit ruban rouge à sa boutonnière. Si d’ailleurs la question du préservatif pouvait tout régler, il serait criminel que la communauté internationale ne se mobilise pas pour envoyer au quasi milliard d’Africains de quoi se protéger. (…) Puisque la seule question qui vaille est la capote, le jour viendra où, dans des affaires de viol en réunion, le port du préservatif jouera comme une circonstance atténuante. Pourrait-on s’interroger, ne serait-ce qu’un moment, sur cette société où la règle consiste à tout consommer, même les corps?François Miclos
(…) Je dirais qu’on ne peut pas surmonter ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. Si on n’y met pas l’âme, si on n’aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs: au contraire, le risque est d’augmenter le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l’un avec l’autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent. (…) Benoît XVI
(…) on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs: au contraire, le risque est d’augmenter le problème. Citation tronquée du pape
Propos du pape: le PCF distribue dimanche des préservatifs place Jean-Paul II à ParisLa Croix
Après la condamnation unanime du discours de Ratisbonne où contre la bien-pensance politico-médiatique un pape prenait pour la première fois au sérieux la dimension violente de l’islam …
Et plus récemment de sa prise de position sur l’aberration du prétendu « mariage homosexuel » …
Mais aussi de la déclaration hyperréaliste, sur le même sujet, d’un animateur de la télévision ouvertement homosexuel et d’ailleurs décédé du sida depuis …
Petite leçon de désinformation dans nos médias la semaine dernière …
1ère étape: Tendre un piège à la future victime (avec son consentement, c’est encore mieux) avec une question sur un sujet aussi hautement polémique que le sida dès le départ de son premier voyage sur le continent le plus pauvre et le plus touché par l’épidémie …
2e étape : Tronquer largement une déclaration élaborée et plutôt nuancée (passant ainsi de 279 à… 21 mots!) et matraquer ladite déclaration sur tous les supports et du matin au soir pendant toute la semaine …
3e étape : Commander un sondage avec des questions largement orientées sur la démission dudit Pape et dénaturer totalement ledit sondage avec un titre accrocheur qui, 1er mensonge, prétend que les Français veulent le départ du pape (alors que le sondage n’a interrogé que des catholiques), puis, 2e mensonge, qu’il s’agit de l’avis de l’ensemble ou au moins la majorité des personnes interrogées (alors qu’il n’est question que de 43%) …
Cerise sur le gâteau: Donner un large écho, aux journaux télévisés du dimanche soir, à la distribution délibérément provocante et agressive de préservatifs sur le parvis de Notre-Dame à la sortie de l’office du matin par des militants homosexuels (qui ont toujours, on le sait, brillé par leur sens des responsabilités et qui ont naturellement rien à voir avec ladite épidémie) et des députés communistes (au bilan eux aussi notoirement « globalement positif »)…
*Question -* Votre Sainteté [?], parmi les nombreux maux qui affligent l’Afrique, il y a également en particulier celui de la diffusion du sida. La position de l’Eglise catholique sur la façon de lutter contre celui-ci est souvent considérée comme n’étant pas réaliste et efficace. Affronterez-vous ce thème au cours du voyage ?
*Benoît XVI -* Je dirais le contraire : je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est précisément l’Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses différentes réalités. Je pense à la Communauté de Sant’Egidio qui accomplit tant, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le sida, aux Camilliens, à toutes les religieuses qui sont à la disposition des malades… Je dirais qu’on ne peut pas surmonter ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. Si on n’y met pas l’âme, si on n’aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d’augmenter le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l’un avec l’autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent. Tels sont les facteurs qui aident et qui conduisent à des progrès visibles. Je dirais donc cette double force de renouveler l’homme intérieurement, de donner une force spirituelle et humaine pour un juste comportement à l’égard de son propre corps et de celui de l’autre, et cette capacité de souffrir avec ceux qui souffrent, de rester présents dans les situations d’épreuve. Il me semble que c’est la juste réponse, et c’est ce que fait l’Eglise, offrant ainsi une contribution très grande et importante. Nous remercions tous ceux qui le font.
‘We have found no consistent associations between condom use and lower HIV-infection rates, which, 25 years into the pandemic, we should be seeing if this intervention was working.”
So notes Edward C. Green, director of the AIDS Prevention Research Project at the Harvard Center for Population and Development Studies, in response to papal press comments en route to Africa this week.
Benedict XVI said, in response to a French reporter’s question asking him to defend the Church’s position on fighting the spread of AIDS, characterized by the reporter as “frequently considered unrealistic and ineffective”:
I would say that this problem of AIDS cannot be overcome with advertising slogans. If the soul is lacking, if Africans do not help one another, the scourge cannot be resolved by distributing condoms; quite the contrary, we risk worsening the problem. The solution can only come through a twofold commitment: firstly, the humanization of sexuality, in other words a spiritual and human renewal bringing a new way of behaving towards one another; and secondly, true friendship, above all with those who are suffering, a readiness — even through personal sacrifice — to be present with those who suffer. And these are the factors that help and bring visible progress.
“The pope is correct,” Green told National Review Online Wednesday, “or put it a better way, the best evidence we have supports the pope’s comments. He stresses that “condoms have been proven to not be effective at the ‘level of population.’”
“There is,” Green adds, “a consistent association shown by our best studies, including the U.S.-funded ‘Demographic Health Surveys,’ between greater availability and use of condoms and higher (not lower) HIV-infection rates. This may be due in part to a phenomenon known as risk compensation, meaning that when one uses a risk-reduction ‘technology’ such as condoms, one often loses the benefit (reduction in risk) by ‘compensating’ or taking greater chances than one would take without the risk-reduction technology.”
Green added: “I also noticed that the pope said ‘monogamy’ was the best single answer to African AIDS, rather than ‘abstinence.’ The best and latest empirical evidence indeed shows that reduction in multiple and concurrent sexual partners is the most important single behavior change associated with reduction in HIV-infection rates (the other major factor is male circumcision).”
And while, as Travis Kavulla writes from Kenya today, the international media will ignore all sorts of fascinating new stories about church and civilizational growth in favor of a sexier, albeit way-too-familiar storyline, Green has some encouraging news: The pope is not alone. “More and more AIDS experts are coming to accept the above. The two countries with the worst HIV epidemics, Swaziland and Botswana, have both launched campaigns to discourage multiple and concurrent partners, and to encourage fidelity.”
The pope added during that Q&A, “I would say that our double effort is to renew the human person internally, to give spiritual and human strength to a way of behaving that is just towards our own body and the other person’s body; and this capacity of suffering with those who suffer, to remain present in trying situations.”
We need to, in other words, treat people as people. Reason with them and show them there is a better way to live, respectful of themselves and others. It’s a common-sense message that isn’t madness whether you’re in Africa or dealing with hormonal American teenagers. It’s a hard message to hear over the same-old silly debates, parodies, and dismissals. But it’s one that is based on real life—and acknowledged not just in Saint Peter’s Square but in Harvard Square.
— Kathryn Jean Lopez is editor of National Review Online.
Voir par ailleurs:
« Un glory hole (anglicisme signifiant littéralement « trou de la gloire ») est un trou pratiqué dans un mur ou une cloison dans le but (…) de permettre l’insertion d’un pénis en érection, afin d’avoir un rapport sexuel avec la personne située de l’autre côté (masturbation, fellation, pénétration vaginale ou anale). Les particularités du glory hole sont qu’il permet de conserver son anonymat et qu’il assure une séparation physique entre les partenaires. Il constitue la matérialisation poussée à son paroxysme du fantasme du rapport sexuel sans lendemain avec un inconnu. Dans une optique de sexualité de groupe, une même cloison peut comporter plusieurs glory holes.Dans la mesure où le partenaire situé de l’autre côté de la cloison, ainsi que son passé sexuel, restent inconnus, le glory hole augmente les risques d’infection par les maladies sexuellement transmissibles, surtout si un préservatif n’est pas utilisé.
(…)
De plus, pour les hommes introduisant leur pénis dans un glory hole, il s’engagent à prendre toutes sortes de risques si ils ne conaissent pas les motivations des personnes avec l’usage de leur sexe de l’autre coté de la cloison…
En outre, les contours du trou peuvent infliger des abrasions et/ou des lacérations du pénis, particulièrement si la découpe est grossière. Afin d’éviter de tels désagréments, certains établissements proposant des glory holes en ont équipé les bords de surfaces protectrices.
Enfin, si cette pratique est réalisée dans un lieu public (en particulier les toilettes publiques), elle expose ses participants à des poursuites judiciaires, de tels comportements pouvant être considérés comme exhibitionnistes par la loi. »
« Une étude publiée dans la revue American Journal of Medicine en 1984 a retracé plusieurs des premières infections par le HIV de New York City à un steward homosexuel infecté anonyme. Les épidémiologues supposaient alors incorrectement que Dugas avait importé le virus d’Afrique dans la communauté homosexuelle occidentale. (…)
Shilts dépeignait Gaëtan Dugas comme possédant un comportement presque asocial, ayant infecté intentionnellement, ou au moins mis en danger avec insouciance, d’autres avec le virus. Dugas y était décrit comme un athlète sexuel beau et charmeur, qui, selon ses propres dires, avait des centaines de partenaires sexuels par an. Il prétendait avoir eu plus de 2 500 partenaires sexuels dans toute l’Amérique du Nord depuis 1972. En tant que steward Dugas pouvait voyager d’un bout du monde à l’autre à peu de frais, notamment entre les premiers épicentres du HIV tels que Los Angeles, New York, Paris, Londres et San Francisco.
Diagnostiqué avec le sarcome de Kaposi en juin 1980, et après avoir été averti que ceci pouvait être causé et diffusé par un virus sexuellement transmis, Dugas refusa de cesser d’avoir des relations sexuelles non protégées, prétendant qu’il pouvait faire ce qu’il voulait avec son corps. Il informait, paraît-il, ses partenaires sexuels après coup qu’il avait “le cancer gay” et peut-être qu’ils l’auraient aussi.
Dugas est mort à Québec le 30 mars 1984 des suites d’une insuffisance rénale provoquée par des infections continuelles au HIV.”
Ce qui se vit aujourd’hui est une forme de rivalité mimétique à l’échelle planétaire. Lorsque j’ai lu les premiers documents de Ben Laden, constaté ses allusions aux bombes américaines tombées sur le Japon, je me suis senti d’emblée à un niveau qui est au-delà de l’islam, celui de la planète entière. Sous l’étiquette de l’islam, on trouve une volonté de rallier et de mobiliser tout un tiers-monde de frustrés et de victimes dans leurs rapports de rivalité mimétique avec l’Occident. Mais les tours détruites occupaient autant d’étrangers que d’Américains. Et par leur efficacité, par la sophistication des moyens employés, par la connaissance qu’ils avaient des Etats-Unis, par leurs conditions d’entraînement, les auteurs des attentats n’étaient-ils pas un peu américains ? On est en plein mimétisme. René Girard
As for their accusations of terrorizing the innocent, the children, and the women, these are in the category of ‘accusing others with their own affliction in order to fool the masses.’ The evidence overwhelmingly shows America and Israel killing the weaker men, women and children in the Muslim world and elsewhere. A few examples of this are seen in the recent Qana massacre in Lebanon, and the death of more than 600,000 Iraqi children because of the shortage of food and medicine which resulted from the boycotts and sanctions against the Muslim Iraqi people, also their withholding of arms from the Muslims of Bosnia-Herzegovina leaving them prey to the Christian Serbians who massacred and raped in a manner not seen in contemporary history. Not to forget the dropping of the H-bombs on cities with their entire populations of children, elderly, and women, on purpose, and in a premeditated manner as was the case with Hiroshima and Nagasaki. Osama bin Laden (Nida’ul Islam magazine October-November 1996)
Allah has ordered us to glorify the truth and to defend Muslim land, especially the Arab peninsula … against the unbelievers. After World War II, the Americans grew more unfair and more oppressive towards people in general and Muslims in particular. … The Americans started it and retaliation and punishment should be carried out following the principle of reciprocity, especially when women and children are involved. Through history, American has not been known to differentiate between the military and the civilians or between men and women or adults and children. Those who threw atomic bombs and used the weapons of mass destruction against Nagasaki and Hiroshima were the Americans. Can the bombs differentiate between military and women and infants and children? America has no religion that can deter her from exterminating whole peoples. Your position against Muslims in Palestine is despicable and disgraceful. America has no shame. … We believe that the worst thieves in the world today and the worst terrorists are the Americans. Nothing could stop you except perhaps retaliation in kind. We do not have to differentiate between military or civilian. As far as we are concerned, they are all targets, and this is what the fatwah says … . The fatwah is general (comprehensive) and it includes all those who participate in, or help the Jewish occupiers in killing Muslims. Osama bin Laden (May 1998)
Nous combattons la pauvreté parce que l’espoir est la réponse à la terreur … Nous défierons la pauvreté et le désespoir et le manque d’éducation et les gouvernements en faillite qui trop souvent créent les conditions dont profitent les terroristes. George Bush (2003)
L’Irak, c’était en fait plus facile. Barack Obama (60 minutes, CBS, 20 mars 2009)
Attaquer les Etats-Unis de front est désormais le chemin le plus court menant à la gloire et au pouvoir chez les Arabes et les musulmans. Mais quel intérêt y a-t-il à détruire un des édifices de votre ennemi si celui-ci anéantit ensuite un de vos pays ? Quel intérêt y a-t-il à tuer l’un des siens si, en retour, il élimine un millier des vôtres ? Voilà, en bref, quelle est mon analyse du 11 septembre.Saïd Imam Al-Sharif (alias docteur Fadl, fondateur d’Al-Qaida, 2008)
Les terroristes kamikazes sont souvent traités de lâches et de fous, déterminés à une destruction absurde, prospérant au milieu de la pauvreté et de l’ignorance. Le but évident devient de traquer les terroristes tout en transformant simultanément l’environnement culturel et économique qui les soutient en le faisant passer du désespoir à l’espoir. Quelle que soit la recherche, elle montre que les terroristes kamikazes n’ont pas une psychopathologie spécifique et qu’ils ont un niveau d’études et de revenus égal à celui du reste de la population. (…) Avec le terrorisme suicide, le problème attributionnel est de comprendre pourquoi des individus non pathologiques répondent à des facteurs situationnels nouveaux en nombre suffisant pour permettre aux organisations recruteuses de mettre en oeuvre leur politique. Au Moyen-Orient, les contextes, tels qu’on les perçoit, dans lesquels s’expriment les kamikazes et ceux qui les cautionnent, passent par un sentiment collectif d’injustice historique, de soumission politique et d’humiliation sociale vis-à-vis des puissances mondiales et de leurs alliés, sentiment contrebalancé par un espoir religieux. Constater de telles perceptions ne signifie pas les accepter comme la simple réalité; cependant, en ignorer les causes risque de mal identifier les causes des attaques suicides et les solutions pour les prévenir. Il est aussi évident que les gens tendent à croire que leur comportement parle pour eux, qu’ils voient le monde objectivement et que seuls les autres sont biaisés et interprètent les évènements de façon erronée. Qui plus est, les individus tendent à avoir une perception fausse des différences entre les normes des groupes, les percevant comme plus extrêmes qu’elles ne le sont en réalité. Les incompréhensions qui en résultent – encouragées par la propagande religieuse et idéologique – amènent des groupes antagonistes à interpréter leurs visions respectives des évènements, tel que terrorisme-combattre pour la liberté, comme fausses, radicales et/ ou irrationnelles. La diabolisation mutuelle et la guerre s’ensuivent facilement. Le problème est d’arrêter l’intensification de cette spirale dans les camps opposés. (…) Ces théories d’un choix rationnel basé sur des opportunités économiques ne rendent pas compte de façon fiable de certains types de crimes violents (homicides domestiques, meurtres dus à la haine). Ces supputations ont encore moins de sens en ce qui concerne les attaques suicides. En général, les terroristes kamikazes n’ont pas eu moins de chances dans leur vie légitime que le reste de la population. Comme le souligne la presse arabe, si les martyrs n’avaient rien à perdre, leur sacrifice n’aurait pas de sens: «Celui qui se suicide se tue pour son propre bénéfice, celui qui commet le martyr se sacrifie pour sauver sa religion et sa nation …. Le Mujahed est plein d’espoir». La recherche menée par Krueger et Maleckova montre que l’éducation peut ne pas être corrélée, ou même être positivement corrélée, avec le fait de soutenir le terrorisme. Dans un sondage de décembre 2001, auprès de 1357 palestiniens de 18 ans ou plus, de la Cisjordanie et de Gaza, ceux qui avaient 12 années d’études ou plus soutenaient les attaques armées par 68 points, ceux qui avaient 11 années d’étude par 63 points et les illettrés par 46 points. 40% seulement des personnes ayant des diplômes universitaires était pour le dialogue avec Israël, contre 53% ayant des diplômes d’études secondaires et 60% ayant effectué 9 ans d’études ou moins. En comparant les militants du Hezbollah morts dans l’action avec un échantillon au hasard de Libanais de la même classe d’âge et de la même région, les militants avaient plus de chance de ne pas venir de familles pauvres et d’avoir fait des études secondaires. Plus récemment, Krueger et ses collègues trouvèrent que, bien qu’un tiers des Palestiniens vivent dans la pauvreté, c’est seulement le cas de 13% des kamikazes palestiniens; 57% des kamikazes vont au-delà du lycée contre 15% d’une population d’âge comparable. Néanmoins, une perte relative d’avantages économiques ou sociaux dans les classes éduquées peut encourager le soutien au terrorisme. Dans la période précédant la première Intifada (1982-1988), le nombre d’hommes palestiniens ayant fait 12 ans d’études ou plus a fait plus que doubler; ceux avec moins d’années d’études n’a augmenté que de 30%. Ceci coïncida avec une augmentation significative du chômage chez ceux qui avaient fait des études supérieures par rapport à ceux qui avaient fait des études secondaires. Les salaires quotidiens réels de ceux qui avaient des diplômes universitaires diminuèrent de quelque 30%; les salaires de ceux qui n’avaient fait que des études secondaires restèrent stables. Le chômage semble aussi un facteur de recrutement pour Al Qaeda et ses alliés dans la péninsule arabique. Bien que l’humiliation et le désespoir puissent aider à rendre compte de la prédisposition pour le martyre dans certaines situations, ce n’est une explication ni complète ni applicable à d’autres circonstances. Des études menées par le psychologue Ariel Merari montrent l’importance des institutions dans le terrorisme suicide. Son équipe a interviewé 32 des 34 familles de kamikazes en Palestine et en Israël (avant 1998), des terroristes survivants et des recruteurs faits prisonniers. Les terroristes kamikazes reflètent apparemment une répartition normale dans leur population en termes d’éducation, de statut socioéconomique et de types de personnalités (introverti par rapport à extroverti). L’âge moyen des terroristes était la vingtaine. Presque tous étaient célibataires et témoignaient de croyance religieuse avant le recrutement (mais pas plus que la population générale). Excepté le fait d’être jeunes et sans attaches, les kamikazes diffèrent des membres d’organisations racistes violentes avec lesquels ils sont souvent comparés. Globalement, les terroristes kamikazes ne présentent pas de caractéristiques de dysfonctionnements sociaux (absence de père, d’ami, ou d’emploi) ni de symptômes suicidaires. Ils n’expriment aucune crainte de l’ennemi, aucun « désespoir », aucun sentiment de « n’avoir rien à perdre » par manque d’alternatives dans la vie qui seraient liées à des raisons économiques. Merari attribue la responsabilité première des attaques aux organisations qui recrutent en enrôlant des candidats potentiels dans cette population jeune et relativement sans attaches. Ensuite, à l’intérieur de petites cellules de trois à six membres, des entraîneurs charismatiques cultivent intensément leur engagement mutuel à mourir. L’étape ultime avant le martyre est un contrat social formel, la plupart du temps sous la forme d’un testament enregistré en vidéo. (…) Ainsi, on pourrait dire qu’un facteur critique déterminant le comportement du terrorisme suicide est la loyauté à des groupes intimes de pairs, que les organisations recruteuses encouragent souvent par le biais de la communion religieuse. (…) Peu de bénéfice tangible (en termes de théories de choix rationnel) revient au kamikaze, certainement pas assez pour faire du gain probable un gain « d’utilité attendue » maximisée. Le surcroît de reconnaissance sociale n’arrive qu’après la mort, parant à un bénéfice matériel personnel. Mais pour les leaders qui ne considèrent quasi jamais de se tuer eux-mêmes (en dépit de déclaration où ils se disent prêts à mourir), il est certain que dans les opérations de martyre, les bénéfices matériels l’emportent de loin sur les pertes. (…) Pour l’organisation commanditaire, les kamikazes sont des atouts remplaçables dont la perte, en augmentant le soutien public et les réservoirs de recrues potentielles, génère un plus grand nombre d’atouts. (…) L’argent coule à flots de ceux qui sont disposés à laisser les autres mourir, compensant facilement les coûts opérationnels (entraînement, personnel de soutien, maisons sûres, explosifs et autres armes, transport et communication). Après l’attentat à la bombe d’un supermarché à Jérusalem par une femme palestinienne de 18 ans, un téléthon saoudien recueillit plus de 100 millions de dollars pour «l’Intifada Al-Quds». Les représailles massives augmentent le sentiment de victimisation des gens et leur ardeur à se comporter selon les doctrines organisationnelles et les politiques mises en place pour tirer profit de tels sentiments.(…) La dernière ligne de défense contre le terrorisme suicide – éviter que les terroristes n’atteignent leurs cibles – semble être la plus coûteuse et vraisemblablement la moins vouée à la réussite. Des fouilles au hasard de bagages ou au corps ne peuvent pas être très effectives contre des gens décidés à mourir, même si cela peut fournir quelque semblant de sécurité et donc de défense psychologique contre la guerre psychologique du terrorisme suicide. Une ligne moyenne de défense, qui consisterait à pénétrer et à détruire les organisations recruteuses et à isoler leurs leaders, pourrait être couronnée de succès à court terme mais avec la possibilité que des organisations encore plus résistantes émergent à leur place. La première ligne de défense est de réduire drastiquement la réceptivité des recrues potentielles aux organisations recruteuses. Mais comment ? Il est important de savoir ce qui probablement ne fonctionnera pas. Elever les taux d’alphabétisation peut n’avoir aucun effet et être contreproductif, une alphabétisation plus importante se traduisant par une exposition plus importante à la propagande terroriste (au Pakistan, l’alphabétisation et le rejet des Etats-Unis se sont accrus tandis que s’accroissait de 3000 à 39000 le nombre d’écoles religieuses madrasa depuis 1978)[23,34]. Diminuer la pauvreté pourrait n’avoir aucun effet, et être contreproductif si la réduction de la pauvreté pour l’ensemble de la population amenait à une redistribution des richesses vers le bas qui laisserait ceux qui étaient initialement mieux pourvus avec finalement moins d’opportunités qu’auparavant. Mettre fin à l’occupation ou réduire l’humiliation ressentie pourrait constituer une aide, mais pas si la population croit qu’il s’agit là d’une victoire inspirée par la terreur (par exemple le retrait apparemment forcé d’Israël du Liban). Si l’attentat suicide est crucialement (bien que non exclusivement) un phénomène de niveau institutionnel, cela pourrait demander que l’on trouve la bonne combinaison de pressions et d’incitations pour obtenir des communautés elles-mêmes l’abandon de leur soutien aux institutions qui recrutent les kamikazes. Un moyen peut être d’endommager tellement le tissu social et politique de la communauté que tout soutien par la population locale ou les autorités pour ceux qui commanditent les attaques suicides s’effondre, comme cela est arrivé pour les kamikazes en tant que sous-produits de la destruction nucléaire d’Hiroshima et de Nagasaki. Dans le monde actuel, cependant, une telle stratégie ne serait ni moralement justifiable ni facile à mettre en oeuvre, vu la dispersion et la diffusion de l’organisation des institutions terroristes parmi des populations séparées par la distance et qui se chiffrent collectivement à des centaines de millions. De même, la riposte sous forme de représailles n’est pas moralement acceptable si on recherche des alliés. Même dans des endroits plus localisés, comme dans le conflit israélo-palestinien, des politiques coercitives ne peuvent aboutir seules à une réduction durable des attaques et peuvent à long terme exacerber le problème. En ce qui concerne l’incitation, les recherches en psychologie sociale montrent que les gens s’identifiant aux groupes antagonistes utilisent les informations opposées de l’autre groupe pour renforcer leur antagonisme. Par conséquent, simplement essayer de persuader de l’extérieur les uns et les autres en les bombardant avec davantage d’informations qu’ils vont utiliser à leur profit ne peut qu’augmenter leur hostilité. Une autre recherche indique que la plupart des gens ont des vues plus modérées que ce qu’ils considèrent comme étant la norme de leur groupe. Inciter de l’intérieur les modérés et leur donner la possibilité de confronter les insuffisances et les incohérences de leur propre connaissance (des autres comme malfaisants), de leurs valeurs (le respect pour la vie) et de leur comportement (le soutien du meurtre), avec les autres membres de leur groupe peut produire une insatisfaction émotionnelle menant à un changement durable et avoir une influence sur le rôle de ces individus. Financer une éducation civique et des débats pourrait constituer une aide, de même que développer la confiance interconfessionnelle grâce à des initiatives intercommunautaires interactives (comme le propose le gouvernement de Singapour). La mise en avant du facteur ethnique, l’isolation et les attaques préventives sur des partisans potentiels (mais pas encore actuels) du terrorisme n’aideront probablement pas. Une autre stratégie pour les Etats-Unis et leurs alliés consiste à changer de comportement en abordant directement et en atténuant les sentiments de grief et d’humiliation, spécialement en Palestine (où les images de violence quotidienne en ont fait le centre mondial de l’attention musulmane). Car aucune évidence (historique ou autre) n’indique que le soutien au terrorisme suicide disparaîtra sans une entente pour réaliser au moins quelques objectifs fondamentaux communs aux terroristes et aux communautés qui les soutiennent. Evidemment, ceci ne veut pas dire négocier sur tous les objectifs, tel que la requête d’Al Qaeda de remplacer le système des états nations inspiré de l’occident par un califat global, d’abord dans les territoires musulmans et ensuite ailleurs. A la différence d’autres groupes, Al Qaeda ne fait connaître aucune revendication spécifique à la suite des actions martyres. Telle une armée vengeresse, il ne cherche aucun compromis. Mais la plupart des gens qui sont d’actuels sympathisants le pourraient. (…) Il se peut que le programme global, économique, politique et culturel de notre propre société joue un rôle catalyseur dans les volontés de fuir notre vision du monde (les talibans) ou de créer un contrepoids global (Al Qaeda). (…) Mais les résultats de Pew montrent que les populations qui soutiennent les actions terroristes sont actuellement favorablement disposées envers les formes américaines de gouvernement, d’éducation, d’économie et de liberté individuelle, en dépit du fait que ces gens font confiance à Osama Ben Laden et soutiennent les actions suicides. Les études menées par le scientifique politique palestinien Khalil Shikaki montrent que plus de 80% des Palestiniens considèrent qu’Israël a la forme de gouvernement la plus admirable, l’Amérique venant en second, bien que de nombreux sondages indiquent que 60-70% des Palestiniens expriment aussi leur soutien aux attaques suicides [47]. Un sondage antérieur de Zogby sur les impressions arabes concernant l’Amérique (avril 2002) montre le même schéma de soutien pour les libertés et la démocratie américaines mais le rejet de ses relations avec les autres – un schéma qui casse la thèse du «choc des civilisations» ou la conclusion de NSCT d’un «choc entre la civilisation et ceux qui voudraient la détruire». Des études plus récentes confirment aussi les rapports antérieurs montrant que les terroristes kamikazes et leurs partisans ne sont pas appauvris, sans instruction, vindicatifs ou socialement défavorisés. L’économiste palestinien Basel Saleh compila des informations sur 171 militants tués en action (presque tous durant la seconde Intifada, 2000-2003) qui provenaient des nouveaux services du Hamas et du Jihad (…) Comme pour le Hamas et le Jihad Islamique Palestinien, l’endoctrinement religieux par Al-Qaeda et ses alliés (de recrues qui initialement n’exprimèrent qu’une religiosité modérée) apparaît crucial pour créer des cellules intimes de famille fictive dont les membres s’engagent à mourir de plein gré les uns pour les autres. (…) Les psychologues sociaux ont longuement établi «l’erreur d’attribution fondamentale». La plupart des gens dans notre société , si on leur dit, par exemple, qu’on a ordonné à quelqu’un de faire un discours pour soutenir un candidat politique particulier, penseront encore que l’orateur croit ce qu’il est en train de dire. Ce biais d’interprétation semble être particulièrement prévalent dans les cultures « individualistes », telles que celles des États-Unis et de l’Europe Occidentale. Au contraire, de nombreuses cultures (en Afrique et en Asie) dans lesquelles une éthique « collectiviste » est davantage prévalente sont moins prédisposées à ce type de jugements. Les définitions du gouvernement américain et des media des kamikazes du Moyen Orient comme des maniaques homicides peut aussi souffrir d’une erreur d’attribution fondamentale: il n’y a pas d’exemple de terrorisme suicide religieux ou politique résultant de l’action isolée d’un poseur de bombe mentalement instable (comme le suicidaire Unabomber) ou même de quelqu’un agissant entièrement de sa propre autorité et sous sa propre responsabilité (comme le suicidaire Timothy Mc Veigh). (…) La primauté du situationnel sur les facteurs de personnalité suggère l’inanité des tentatives pour établir un profil psychologique du terroriste kamikaze. C’est le génie particulier d’institutions comme Al Qaeda, le Hamas ou le Hezbollah de prendre des gens ordinaires dans un amalgame de griefs historique, politique et religieux qui les transforment en bombes humaines. Un endoctrinement intense qui dure souvent 18 mois ou plus fait que les recrues s’identifient émotionnellement à leur petite cellule (généralement de 3 à 8 membres), la percevant comme une famille de fratrie fictive pour laquelle ils sont prêts à mourir comme une mère l’est pour son enfant ou un soldat pour ses copains. Comme de bons publicitaires, les leaders charismatiques des organisations qui commanditent le martyre transforment les désirs ordinaires pour une famille et une religion en envies furieuses pour ce qu’ils essaient de promouvoir, au bénéfice de l’organisation manipulatrice plutôt que pour celui de l’individu qui est manipulé (à peu près comme l’industrie pornographique qui transforment des désirs universels et innés pour des partenaires sexuels en désirs pour du papier ou des images électroniques à des fins réductrices pour la forme personnelle mais tout bénéfice pour les manipulateurs). (…) Ce ne sont pas les libertés intérieures et la culture de l’Amérique que ces gens n’aiment pas, mais ses actions extérieures et sa politique étrangère. Scott Atran
Oui, on a gagné, mais surtout ne le dites à personne!
Alors que, pris dans son refus de reconnaitre les succès de son prédécesseur, le maitre ès munichoiseries de la Maison Blanche multiplie les courbettes devant tout ce que la planète peut contenir de dictateurs ou de tyrannophiles …
Qu’en ce 6e anniversaire de la victorieuse Campagne d’Irak et deux mois après la cinglante leçon que s’est prise le Hamas à Gaza, la campagne médiatique unilatérale de calomnie contre l’armée israélienne (récits de prétendues exactions, entretien d’un ancien tireur d’élite) a repris de plus belle …
Retour, avec le recul des années écoulées (les sept ans sans attaques du territoire américain ou l’arrêt des attaques du Hezbollah au nord d’Israël), sur un éclairant article de 2003 de l’anthropologue américain Scott Atran concernant la « genèse du terrorisme-suicide ».
Qui, sans éviter les critiques les plus faciles (George Bush n’a jamais parlé que d’instrumentalisation de la pauvreté par Al Qaeda et, même en cherchant bien, on ne voit toujours pas quel courage il pourrait y avoir à s’attaquer aux civils désarmés d’une discothèque ou du WTC) …
A le mérite de tordre définitivement le cou à certaines idées reçues, notamment du prétendu « fondamentalisme » des groupes concernés alors que le mélange politico-religieux de l’islamisme actuel est de toute évidence un phénomène on ne peut plus récent et moderne.
Ou, au-delà des évidentes limites des théories de choix rationnel (sauf pour les commanditaires), les soi-disant motivations de pauvreté et de désespoir de terroristes-suicide qui auraient même pour nombre d’entre eux au contraire un bagage relativement favorisé.
Mais surtout de souligner la dimension institutionnelle du phénomène et partant l’importance des mesures de « réduction de la réceptivité des recrues potentielles aux organisations recruteuses ».
Comme une certaine « combinaison de pressions et d’incitations », au coût politique certes important au niveau de l’opinion publique internationale, « pour obtenir des communautés elles-mêmes l’abandon de leur soutien aux institutions qui recrutent les kamikazes » (voir la démolition des maisons des parents ou, comme au Japon en 1945 ou au Sud-Liban ou à Gaza tout récemment, « d’endommager tellement le tissu social et politique de la communauté que tout soutien par la population locale ou les autorités pour ceux qui commanditent les attaques suicides s’effondre ».
Mais surtout de pointer les effets potentiellement négatifs, au moins à court terme y compris pour les plus souhaitables, de certaines des mesures prônées.
Comme, sans parler de la démocratisation pouvant faire accéder au pouvoir les éléments les plus réactionnaires, l’alphabétisation qui pourrait par exemple augmenter, comme au Pakistan, l’exposition à la propagande terroriste
Ou la diminution de la pauvreté, « les groupes initialement mieux pourvus pouvant se retrouver avec finalement moins d’opportunités qu’auparavant ».
Ou la fin de l’occupation pourrait au contraire aggraver les choses si, comme on l’a vu au sud-Liban ou à Gaza, la population croit qu’il s’agit là d’une victoire inspirée par la terreur » …
Extraits:
La première ligne de défense est de réduire drastiquement la réceptivité des recrues potentielles aux organisations recruteuses.
Elever les taux d’alphabétisation peut n’avoir aucun effet et être contreproductif, une alphabétisation plus importante se traduisant par une exposition plus importante à la propagande terroriste (au Pakistan, l’alphabétisation et le rejet des Etats-Unis se sont accrus tandis que s’accroissait de 3000 à 39000 le nombre d’écoles religieuses madrasa depuis 1978).
Diminuer la pauvreté pourrait n’avoir aucun effet, et être contreproductif si la réduction de la pauvreté pour l’ensemble de la population amenait à une redistribution des richesses vers le bas qui laisserait ceux qui étaient initialement mieux pourvus avec finalement moins d’opportunités qu’auparavant.
Mettre fin à l’occupation ou réduire l’humiliation ressentie pourrait constituer une aide, mais pas si la population croit qu’il s’agit là d’une victoire inspirée par la terreur (par exemple le retrait apparemment forcé d’Israël du Liban).
Si l’attentat suicide est crucialement (bien que non exclusivement) un phénomène de niveau institutionnel, cela pourrait demander que l’on trouve la bonne combinaison de pressions et d’incitations pour obtenir des communautés elles-mêmes l’abandon de leur soutien aux institutions qui recrutent les kamikazes. Un moyen peut être d’endommager tellement le tissu social et politique de la communauté que tout soutien par la population locale ou les autorités pour ceux qui commanditent les attaques suicides s’effondre, comme cela est arrivé pour les kamikazes en tant que sous-produits de la destruction nucléaire d’Hiroshima et de Nagasaki.
Les modernes terroristes kamikazes du Moyen Orient sont considérés publiquement comme des lâches et des fous déterminés à une destruction absurde, prospérant au milieu de la pauvreté et de l’ignorance. Une étude récente montre qu’ils n’ont pas de psychopathologie notable et qu’ils ont un niveau d’éducation et des conditions de vie semblables au reste de la population. Une première ligne de défense consiste à obtenir des communautés d’où sont issus les commandos suicides qu’elles arrêtent les attaques en apprenant à minimiser la réceptivité de gens tout à fait ordinaires aux organisations qui les recrutent.
L’histoire récente
L’attaque suicide est une pratique ancienne avec une histoire moderne. Son usage par les sectes juives des Zélotes et des Sicaires (« poignards ») dans la Judée occupée par les Romains [1] et par l’Ordre Islamique des Assassins (hashashin) durant l’époque des premières croisades en sont des exemples légendaires [2]. Le concept de « terreur » en tant qu’usage systématique de la violence pour atteindre des fins politiques a été codifié pour la première fois par Maximilien Robespierre pendant la Révolution Française. Il la considéra comme une « émanation de la vertu », assurant une justice « prompte, sévère et inflexible », « une conséquence du principe général de démocratie appliqué aux besoins les plus urgents du pays » [3]. Le Règne de la Terreur, durant lequel la faction jacobine en place extermina des milliers d’ennemis potentiels, quels qu’en fussent le sexe, l’âge ou la condition, dura jusqu’à la chute de Robespierre en juillet 1794. Une semblable justification pour une terreur cautionnée par l’état fut partagée par les révolutions du 20e siècle, comme en Russie avec Lénine, au Cambodge avec Pol Pot et en Iran avec Khomeiny.
Qu’elle soit subnationale (par exemple les anarchistes russes) ou soutenue par l’état (les kamikazes japonais), l’attaque suicide comme arme de terreur est habituellement choisie par des groupes plus faibles contre des adversaires matériellement plus forts quand semble peu probable que réussissent des méthodes de combat d’un moindre coût. Le choix est souvent volontaire, mais il est généralement soumis aux conditions d’un groupe de pression et d’un leadership charismatique. Ainsi, les Kamikazes (« vent divin ») utilisés pour la première fois dans la bataille des Philippines (novembre 1944) étaient de jeunes pilotes, avec un bon niveau d’études, qui comprirent que poursuivre une guerre conventionnelle aboutirait à une défaite. Beaucoup de ces jeunes gens avaient étudié la philosophie et la littérature occidentales, certains étaient marxistes ou chrétiens. Peu d’entre eux croyaient qu’ils mouraient pour l’empereur en tant que chef de guerre ou pour des buts militaires. Il apparaîtrait plutôt que l’état était capable de manipuler une profonde tradition intellectuelle et esthétique de beauté dans la souffrance pour convaincre les pilotes que c’était leur honneur de « mourir tels de beaux pétales de cerisier qui tombent » pour leurs familles réelles ou fictives, celles-ci comprenant leurs parents, leurs collègues pilotes, l’empereur et le peuple du Japon [4].
Quand l’Admiral Takjiro Onishi leur demanda collectivement de se porter volontaires pour des « attaques spéciales » (tokkotai) « transcendant la vie et la mort », tous se désignèrent, en dépit d’assurances que leur refus n’entraînerait ni honte ni punition. Lors de la bataille d’Okinawa (avril 1945) quelques 2000 kamikazes lancèrent leurs avions de combat chargés de carburant sur plus de 300 bateaux, tuant 5000 Américains dans la bataille navale la plus coûteuse de l’histoire américaine. C’est à cause de telles pertes que fut appuyée l’utilisation de la bombe atomique pour finir la deuxième guerre mondiale [5].
Le premier grand attentat terroriste suicide contemporain au Moyen Orient fut la destruction, en décembre 1981, de l’ambassade d’Irak à Beyrouth (27 morts, plus de 100 blessés). L’identité de ses auteurs est encore inconnue, bien qu’il soit vraisemblable que l’Ayatollah Khomeiny ait approuvé cette action qui fut menée par des groupes cautionnés par les services spéciaux iraniens. Avec l’assassinat du président libanais pro israélien Bashir Gemayel en septembre 1982, l’attentat suicide devint une arme de stratégie politique. Avec le « Parti de Dieu » libanais pro-iranien (Hezbollah), cette stratégie acquit bientôt un impact géopolitique avec l’attentat au camion piégé d’octobre 1983 qui tua près de 300 militaires américains et français. L’Amérique et la France abandonnèrent la force multinationale qui maintenait l’ordre au Liban. En 1985, on peut dire que ces attaques poussèrent Israël à céder la plupart des gains (territoriaux) réalisés durant l’invasion du Liban en 1982.
En Israël et en Palestine, le terrorisme suicide commença en 1992, et devint vers la fin de 1993 partie intégrante d’une campagne systématique avec les attaques de membres du Mouvement de la Résistance Islamique (Hamas) et du Jihad Palestinien Islamique (JPI) entraînés par le Hezbollah, ayant pour but de faire dérailler les accords de paix d’Oslo. Dès 1988, cependant, le fondateur du JPI, Fathi Shiqaqi, donnait les directives d’opérations martyres « exceptionnelles » impliquant des bombes humaines. Il suivit le Hezbollah en insistant sur le fait que Dieu exalte le martyr mais abhorre le suicide : « Allah peut rendre connus ceux qui croient et peut faire de certains d’entre vous des martyrs; il peut purifier ceux qui ont la foi et qui détruiront complètement les infidèles » ; cependant « nul ne peut mourir sans la permission d’Allah » [6].
La radicalisation récente et l’interconnexion par le biais d’Al-Qaeda de groupes militants islamistes d’Afrique du Nord, d’Arabie, d’Asie Centrale et du Sud-est sont issues de la guerre russo-afghane (1979-1989). Avec le soutien financier des Etats-Unis, les membres de ces différents groupes eurent l’opportunité de mettre en commun et d’unifier leur doctrine, leurs buts, l’entraînement, l’équipement et leurs méthodes, dont les attentats suicides. Grâce à son association protéiforme avec des groupes régionaux (en termes de financement, de personnel et de logistiques), Al Qaeda tend à réaliser avec flexibilité son ambition mondiale de destruction de la suprématie occidentale par le biais d’initiatives locales ayant pour but d’expulser les influences occidentales [7]. Selon la Jane’s Intelligence Review : « Tous les groupes terroristes kamikazes ont des infrastructures de soutien en Europe et en Amérique du Nord » [8].
Traiter la vague actuelle de l’Islam radical de « fondamentalisme» (au sens de « traditionalisme ») est une notion trompeuse, proche de l’oxymoron. Les radicaux actuels, qu’il s’agisse des Chiites (Iran, Hezbollah) ou des Sunnites (Talibans, Al-Qaeda) sont beaucoup plus proches dans l’esprit et dans les actes de la Contre-réforme de la post-Renaissance en Europe que de tout aspect traditionnel de l’histoire musulmane. L’idée d’une autorité gouvernementale ecclésiastique, d’un conseil d’état ou national du clergé, et d’une police religieuse chargée d’éliminer physiquement les hérétiques et les blasphémateurs, a son modèle historique le plus clair dans la Sainte Inquisition. L’idée que la religion doit combattre pour imposer son contrôle sur la politique est totalement nouvelle en Islam. [9]
Des opinions publiques contestables
Les recherches récentes de la Sécurité Intérieure se concentrent sur comment dépenser des milliards pour protéger d’une attaque les installations sensibles [10,11]. Mais cette dernière ligne de défense est probablement la plus facile à battre en brèche en fonction de la multitude des cibles vulnérables ou telles (dont des discothèques, des restaurants et des centres commerciaux), de l’abondance des attaquants potentiels (qui n’ont besoin que d’une faible supervision une fois engagés dans une mission), des coûts relativement bas de l’attaque (composants d’accès communs, nul besoin d’organiser la fuite), de la difficulté de sa détection (peu d’utilisation de l’électronique) et de l’improbabilité que les attaquants divulguent une information sensible (n’étant pas au courant des connections au-delà de leurs cellules opérationnelles). Les exhortations à mettre du ruban adhésif sur les fenêtres peuvent atténuer (ou renforcer) la peur mais n’empêcheront pas des pertes de vies massives, et la réalisation publique d’une défense si dérisoire peut saper la confiance. Les services de renseignements s’occupent aussi de lignes de défense en amont, comme infiltrer les réseaux de manipulation d’agents des groupes terroristes, mais n’obtiennent que des succès mitigés. Une première ligne de défense consiste à empêcher les gens de devenir terroristes. Là le succès semble douteux, si ce que l’actuel gouvernement et les media pensent des raisons qui amènent les gens à devenir des bombes humaines devait se traduire en options politiques.
Les terroristes kamikazes sont souvent traités de lâches et de fous, déterminés à une destruction absurde, prospérant au milieu de la pauvreté et de l’ignorance. Le but évident devient de traquer les terroristes tout en transformant simultanément l’environnement culturel et économique qui les soutient en le faisant passer du désespoir à l’espoir. Quelle que soit la recherche, elle montre que les terroristes kamikazes n’ont pas une psychopathologie spécifique et qu’ils ont un niveau d’études et de revenus égal à celui du reste de la population.
Psychopathologie : une erreur d’attribution fondamentale
Dès le début le Président des Etats-Unis George W. Bush désigna les pirates de l’air du 11 septembre comme des «lâches maléfiques». Pour le sénateur américain John Warner, les opérations préventives contre les terroristes et ceux qui soutiennent le terrorisme sont justifiées parce que : «Ceux qui se suicident en attaquant le monde libre ne sont pas rationnels et ne peuvent être dissuadés par des concepts rationnels » [12]. Dans leur tentative pour contrer le sentiment anti-musulman, certains groupes recommandent à leurs membres de répondre que « les terroristes sont des maniaques extrémistes qui ne représentent en rien l’Islam». [13]
Les psychologues sociaux ont fait des recherches sur «l’erreur d’attribution fondamentale», cette tendance qu’ont les gens à expliquer le comportement en termes de caractéristiques individuelles de la personnalité, même quand des facteurs situationnels significatifs sont à l’oeuvre dans une société plus large. Le fait que le gouvernement et les media américains qualifient les kamikazes du Moyen-Orient de fous homicides et lâches peut relever d’une erreur d’attribution fondamentale: il n’y a aucun cas de terrorisme suicide religieux ou politique qui soit le fait de kamikazes couards ou instables. Le psychologue Stanley Milgram montra que des Américains ordinaires peuvent eux aussi obéir sans problème à des ordres de destruction dans les circonstances adéquates. [14]
Quand un «instructeur» leur dit d’administrer des chocs électriques potentiellement dangereux pour la vie à des «étudiants» qui n’arrivent pas à mémoriser des paires de mots, la plupart obéissent. Même quand les cobayes stressent et protestent tandis que leurs victimes hurlent et supplient, l’usage d’une violence extrême se poursuit – non à cause de tendances meurtrières mais du sens de l’engagement dans des situations d’autorité, si banales soient-elles. Une hypothèse légitime est que des comportements extrêmes peuvent apparemment être admis et considérés comme ordinaires en fonction de contextes particuliers, historiques, politiques, sociaux, idéologiques.
Avec le terrorisme suicide, le problème attributionnel est de comprendre pourquoi des individus non pathologiques répondent à des facteurs situationnels nouveaux en nombre suffisant pour permettre aux organisations recruteuses de mettre en oeuvre leur politique. Au Moyen-Orient, les contextes, tels qu’on les perçoit, dans lesquels s’expriment les kamikazes et ceux qui les cautionnent, passent par un sentiment collectif d’injustice historique, de soumission politique et d’humiliation sociale vis-à-vis des puissances mondiales et de leurs alliés, sentiment contrebalancé par un espoir religieux. Constater de telles perceptions ne signifie pas les accepter comme la simple réalité; cependant, en ignorer les causes risque de mal identifier les causes des attaques suicides et les solutions pour les prévenir. Il est aussi évident que les gens tendent à croire que leur comportement parle pour eux, qu’ils voient le monde objectivement et que seuls les autres sont biaisés et interprètent les évènements de façon erronée [15]. Qui plus est, les individus tendent à avoir une perception fausse des différences entre les normes des groupes, les percevant comme plus extrêmes qu’elles ne le sont en réalité. Les incompréhensions qui en résultent – encouragées par la propagande religieuse et idéologique – amènent des groupes antagonistes à interpréter leurs visions respectives des évènements, tel que terrorisme-combattre pour la liberté, comme fausses, radicales et/ ou irrationnelles. La diabolisation mutuelle et la guerre s’ensuivent facilement. Le problème est d’arrêter l’intensification de cette spirale dans les camps opposés.
La pauvreté et le manque d’éducation ne sont pas des facteurs fiables
Il y a un large consensus dans notre société autour de l’idée que débarrasser la société de la pauvreté la débarrasse du crime [16]. Selon le Président Bush «Nous combattons la pauvreté parce que l’espoir est la réponse à la terreur … Nous défierons la pauvreté et le désespoir et le manque d’éducation et les gouvernements en faillite qui trop souvent créent les conditions dont profitent les terroristes» [17]. Lors d’une rencontre de lauréats du Prix Nobel de la Paix, le sud-africain Desmond Tutu et le sud-coréen Kim Dae Jong opinèrent, «à la base du terrorisme il y a la pauvreté»; Elie Wiesel et le Dalaï Lama conclurent : «c’est par l’éducation qu’on éliminera le terrorisme» [18]. Ceci est soutenu par les recherches initiées par l’économiste Gary Becker montrant que les crimes matériels sont engendrés par la pauvreté et le manque d’éducation [19]. Dans ce modèle basé sur l’incitation, les délinquants sont des individus rationnels qui agissent par intérêt personnel. Les individus choisissent une activité illégale si le profit excède la probabilité qu’ils soient découverts ou incarcérés, et si dans le même temps une activité légale représente une perte de revenus («coûts d’opportunité»). Dans la mesure où les délinquants manquent de capacités professionnelles et d’éducation, ce qui est le cas dans les délits commis par les ouvriers, les coûts d’opportunité peuvent se révéler minimaux ; par conséquent le crime paie.
Ces théories d’un choix rationnel basé sur des opportunités économiques ne rendent pas compte de façon fiable de certains types de crimes violents (homicides domestiques, meurtres dus à la haine). Ces supputations ont encore moins de sens en ce qui concerne les attaques suicides. En général, les terroristes kamikazes n’ont pas eu moins de chances dans leur vie légitime que le reste de la population. Comme le souligne la presse arabe, si les martyrs n’avaient rien à perdre, leur sacrifice n’aurait pas de sens [20] : «Celui qui se suicide se tue pour son propre bénéfice, celui qui commet le martyr se sacrifie pour sauver sa religion et sa nation …. Le Mujahed est plein d’espoir» [21].
La recherche menée par Krueger et Maleckova montre que l’éducation peut ne pas être corrélée, ou même être positivement corrélée, avec le fait de soutenir le terrorisme [22]. Dans un sondage de décembre 2001, auprès de 1357 palestiniens de 18 ans ou plus, de la Cisjordanie et de Gaza, ceux qui avaient 12 années d’études ou plus soutenaient les attaques armées par 68 points, ceux qui avaient 11 années d’étude par 63 points et les illettrés par 46 points. 40% seulement des personnes ayant des diplômes universitaires était pour le dialogue avec Israël, contre 53% ayant des diplômes d’études secondaires et 60% ayant effectué 9 ans d’études ou moins. En comparant les militants du Hezbollah morts dans l’action avec un échantillon au hasard de Libanais de la même classe d’âge et de la même région, les militants avaient plus de chance de ne pas venir de familles pauvres et d’avoir fait des études secondaires. Plus récemment, Krueger et ses collègues trouvèrent que, bien qu’un tiers des Palestiniens vivent dans la pauvreté, c’est seulement le cas de 13% des kamikazes palestiniens; 57% des kamikazes vont au-delà du lycée contre 15% d’une population d’âge comparable.
Néanmoins, une perte relative d’avantages économiques ou sociaux dans les classes éduquées peut encourager le soutien au terrorisme. Dans la période précédant la première Intifada (1982-1988), le nombre d’hommes palestiniens ayant fait 12 ans d’études ou plus a fait plus que doubler; ceux avec moins d’années d’études n’a augmenté que de 30%. Ceci coïncida avec une augmentation significative du chômage chez ceux qui avaient fait des études supérieures par rapport à ceux qui avaient fait des études secondaires. Les salaires quotidiens réels de ceux qui avaient des diplômes universitaires diminuèrent de quelque 30%; les salaires de ceux qui n’avaient fait que des études secondaires restèrent stables. Le chômage semble aussi un facteur de recrutement pour Al Qaeda et ses alliés dans la péninsule arabique [23].
Le facteur institutionnel : l’organisation d’une famille fictive
Bien que l’humiliation et le désespoir puissent aider à rendre compte de la prédisposition pour le martyre dans certaines situations, ce n’est une explication ni complète ni applicable à d’autres circonstances. Des études menées par le psychologue Ariel Merari montrent l’importance des institutions dans le terrorisme suicide [24]. Son équipe a interviewé 32 des 34 familles de kamikazes en Palestine et en Israël (avant 1998), des terroristes survivants et des recruteurs faits prisonniers.
Les terroristes kamikazes reflètent apparemment une répartition normale dans leur population en termes d’éducation, de statut socioéconomique et de types de personnalités (introverti par rapport à extroverti). L’âge moyen des terroristes était la vingtaine. Presque tous étaient célibataires et témoignaient de croyance religieuse avant le recrutement (mais pas plus que la population générale). Excepté le fait d’être jeunes et sans attaches, les kamikazes diffèrent des membres d’organisations racistes violentes avec lesquels ils sont souvent comparés [25].
Globalement, les terroristes kamikazes ne présentent pas de caractéristiques de dysfonctionnements sociaux (absence de père, d’ami, ou d’emploi) ni de symptômes suicidaires. Ils n’expriment aucune crainte de l’ennemi, aucun « désespoir », aucun sentiment de « n’avoir rien à perdre » par manque d’alternatives dans la vie qui seraient liées à des raisons économiques. Merari attribue la responsabilité première des attaques aux organisations qui recrutent en enrôlant des candidats potentiels dans cette population jeune et relativement sans attaches. Ensuite, à l’intérieur de petites cellules de trois à six membres, des entraîneurs charismatiques cultivent intensément leur engagement mutuel à mourir. L’étape ultime avant le martyre est un contrat social formel, la plupart du temps sous la forme d’un testament enregistré en vidéo.
De 1996 à 1999 Nasra Hassan, un Pakistanais travaillant dans l’aide humanitaire, interviewa à peu près 250 Palestiniens, recruteurs et entraîneurs, des kamikazes qui avaient échoué et les parents de kamikazes morts. Les terroristes étaient des hommes de 18 à 38 ans : «Aucun d’eux n’était sans instruction, ni désespérément pauvre, simple d’esprit ou déprimé … Ils semblaient tous être des membres tout à fait normaux de leurs familles» [26]. Cependant «tous étaient profondément religieux», croyant leurs actions «sanctionnées par la religion divinement révélée de l’Islam». Les leaders des organisations qui les cautionnent se plaignaient, «Notre plus gros problème, ce sont les hordes de jeunes gens qui tapent à nos portes».
Le psychologue Brian Barber étudia 900 adolescents musulmans durant la première Intifada à Gaza (1987-1993)[27]. Les résultats montrent un haut niveau de participation à des actions violentes et de victimisation par ces mêmes actions. Pour les hommes, 81% rapportèrent avoir jeté des pierres, 66% avaient été physiquement attaqués et on avait tiré sur 63% d’entre eux (respectivement, 51%, 38% et 20% pour les femmes). L’implication dans la violence n’était pas fortement corrélée avec une dépression ou un comportement anti social. Les adolescents les plus impliqués faisaient preuve d’une fierté individuelle forte et de cohésion sociale. Cela était reflété dans leurs activités : pour les hommes, 87% d’entre eux livraient de l’approvisionnement aux activistes, 83% visitaient les familles des martyrs et 71% s’occupaient des blessés (respectivement, 57%, 46% et 37% pour les femmes). Une deuxième étude durant la deuxième Intifada (2000-2002) indique que ceux qui sont toujours célibataires agissent de manière considérée comme personnellement plus dangereuse mais socialement plus signifiante. De façon croissante, beaucoup considèrent les actes de martyre comme très significatifs. Vers l’été 2002, 70 à 80% des Palestiniens approuvaient les opérations de martyre [28].
Auparavant, les recruteurs recherchaient dans les mosquées, les écoles et les camps de réfugiés, des candidats jugés réceptifs à un endoctrinement religieux intense et à un entraînement logistique. Durant la seconde Intifada, il y eut surabondance de volontaires et une implication croissante d’organisations laïques (autorisant la participation des femmes). La fréquence et la violence des attaques suicides augmenta (davantage d’attaques à la bombe depuis février 2002 que durant 1993-2000) ; la planification a été moins poussée. En dépit de ces changements, peu de choses indiquent un changement général dans le profil des kamikazes (la plupart célibataires, avec un statut socio économique moyen, modérément religieux) [24,26].
Des études de contrôle sur un groupe d’adolescents musulmans bosniaques pendant la même période de temps révèlent, au contraire des Palestiniens, des expressions nettement plus faibles d’estime de soi, d’espoir dans le futur et de comportement pro social [26]. Une différence clé est que les Palestiniens invoquent systématiquement la religion pour investir une blessure personnelle d’une signification sociale pro active qui en fait une marque d’honneur. Généralement les musulmans bosniaques déclarent ne pas considérer les attaches religieuses comme faisant partie de façon significative de l’identité personnelle ou collective, jusqu’à ce qu’une violence apparemment arbitraire les oblige à en prendre conscience.
Ainsi, on pourrait dire qu’un facteur critique déterminant le comportement du terrorisme suicide est la loyauté à des groupes intimes de pairs, que les organisations recruteuses encouragent souvent par le biais de la communion religieuse [29]. Considérons les données sur 39 recrues de Harkat al-Ansar, un allié d’Al Qaeda basé au Pakistan. Tous étaient des hommes non mariés, la plupart avaient étudié le Coran. Tous croyaient qu’en se sacrifiant ils aideraient à sécuriser le futur de leur «famille» fictive : «Chaque [martyr] a une place spéciale – parmi eux il y a des frères, de la même façon qu’il y a des fils et des êtres encore plus chers» [30]. Un rapport du Parlement de Singapour portant sur 31 agents capturés du Jemaah Islamiyah et d’autres alliés d’Al-Qaeda en Asie du Sud-est souligne ce modèle : «Ces hommes n’étaient pas ignorants, destitués ou déchus de leurs droits civiques. Tous avaient reçu une éducation laïque … Comme beaucoup de leurs collègues dans les organisations militantes islamiques de la région, ils avaient un travail normal et respectable … Au niveau du groupe, la plupart des détenus considérait la religion comme leur plus importante valeur personnelle… le secret qui entourait la véritable connaissance du jihad contribuait à créer un sens de partage et de puissance vis-à-vis des autres» [31].
De tels sentiments caractérisent la manipulation institutionnelle d’engagements pris émotionnellement qui peuvent avoir émergé sous l’influence d’une sélection naturelle pour réformer ou dépasser des calculs rationnels à court terme qui auraient autrement empêché de réaliser des objectifs à faible probabilité de réussite. D’une façon générale, de tels engagement pris émotionnellement servent comme mécanismes de survie pour pousser à agir dans des circonstances qui auraient été autrement paralysantes, comme lorsqu’une personne plus faible menace de façon convaincante une personne plus forte d’y penser à deux fois avant d’essayer de prendre l’avantage. Dans le terrorisme suicide inspiré par la religion, cependant, ces émotions sont manipulées volontairement par les leaders organisationnels, les recruteurs et les entraîneurs au bénéfice de l’organisation plutôt qu’à celui de l’individu [32].
Le choix rationnel est la prérogative du commanditaire, non celle de l’agent
Peu de bénéfice tangible (en termes de théories de choix rationnel) revient au kamikaze, certainement pas assez pour faire du gain probable un gain « d’utilité attendue » maximisée. Le surcroît de reconnaissance sociale n’arrive qu’après la mort, parant à un bénéfice matériel personnel. Mais pour les leaders qui ne considèrent quasi jamais de se tuer eux-mêmes (en dépit de déclaration où ils se disent prêts à mourir), il est certain que dans les opérations de martyre, les bénéfices matériels l’emportent de loin sur les pertes. Hassan cite une ordonnance palestinienne officielle pour réussir une mission: « un jeune homme volontaire… des clous, de la poudre, un interrupteur et un câble court, du mercure (qui s’obtient facilement à partir de thermomètres), de l’acétone … l’item le plus cher est le transport dans une ville israélienne ». Le coût total est de $150.
Pour l’organisation commanditaire, les kamikazes sont des atouts remplaçables dont la perte, en augmentant le soutien public et les réservoirs de recrues potentielles, génère un plus grand nombre d’atouts. Peu après le 11 septembre, une étude des services de renseignements portant sur des Saoudiens éduqués (âgés de 25 à 41 ans) conclua que 95% d’entre eux soutenait Al Qaeda [33]. Dans une étude du Pew Research Center de décembre 2002 portant sur l’anti-américanisme croissant, 6% seulement des Egyptiens considérait favorablement l’Amérique et la «Guerre contre le Terrorisme» [34]. L’argent coule à flots de ceux qui sont disposés à laisser les autres mourir, compensant facilement les coûts opérationnels (entraînement, personnel de soutien, maisons sûres, explosifs et autres armes, transport et communication). Après l’attentat à la bombe d’un supermarché à Jérusalem par une femme palestinienne de 18 ans, un téléthon saoudien recueillit plus de 100 millions de dollars pour «l’Intifada Al-Quds».
Les représailles massives augmentent le sentiment de victimisation des gens et leur ardeur à se comporter selon les doctrines organisationnelles et les politiques mises en place pour tirer profit de tels sentiments. Dans un groupe de 1179 Palestiniens de la Bande Ouest et de Gaza au printemps 2002, 66% dirent que les opérations de l’armée accroissaient leur appui aux attentats suicides [35]. A la fin de l’année, 76% des musulmans libanais considéraient comme justifiés les attentats suicides. Cette radicalisation de l’opinion augmente à la fois la demande et l’approvisionnement pour des opérations martyres. Un rapport de l’ONU de décembre 2002 créditait les volontaires d’une augmentation du renouveau d’Al Qaeda dans 40 pays [36]. L’influence de l’organisation dans une société plus large – et très significativement dans ses élites dirigeantes – augmente à son tour.
Les priorités pour la sécurité intérieure
La dernière ligne de défense contre le terrorisme suicide – éviter que les terroristes n’atteignent leurs cibles – semble être la plus coûteuse et vraisemblablement la moins vouée à la réussite. Des fouilles au hasard de bagages ou au corps ne peuvent pas être très effectives contre des gens décidés à mourir, même si cela peut fournir quelque semblant de sécurité et donc de défense psychologique contre la guerre psychologique du terrorisme suicide. Une ligne moyenne de défense, qui consisterait à pénétrer et à détruire les organisations recruteuses et à isoler leurs leaders, pourrait être couronnée de succès à court terme mais avec la possibilité que des organisations encore plus résistantes émergent à leur place.
La première ligne de défense est de réduire drastiquement la réceptivité des recrues potentielles aux organisations recruteuses. Mais comment ? Il est important de savoir ce qui probablement ne fonctionnera pas. Elever les taux d’alphabétisation peut n’avoir aucun effet et être contreproductif, une alphabétisation plus importante se traduisant par une exposition plus importante à la propagande terroriste (au Pakistan, l’alphabétisation et le rejet des Etats-Unis se sont accrus tandis que s’accroissait de 3000 à 39000 le nombre d’écoles religieuses madrasa depuis 1978)[23,34]. Diminuer la pauvreté pourrait n’avoir aucun effet, et être contreproductif si la réduction de la pauvreté pour l’ensemble de la population amenait à une redistribution des richesses vers le bas qui laisserait ceux qui étaient initialement mieux pourvus avec finalement moins d’opportunités qu’auparavant. Mettre fin à l’occupation ou réduire l’humiliation ressentie pourrait constituer une aide, mais pas si la population croit qu’il s’agit là d’une victoire inspirée par la terreur (par exemple le retrait apparemment forcé d’Israël du Liban).
Si l’attentat suicide est crucialement (bien que non exclusivement) un phénomène de niveau institutionnel, cela pourrait demander que l’on trouve la bonne combinaison de pressions et d’incitations pour obtenir des communautés elles-mêmes l’abandon de leur soutien aux institutions qui recrutent les kamikazes. Un moyen peut être d’endommager tellement le tissu social et politique de la communauté que tout soutien par la population locale ou les autorités pour ceux qui commanditent les attaques suicides s’effondre, comme cela est arrivé pour les kamikazes en tant que sous-produits de la destruction nucléaire d’Hiroshima et de Nagasaki.
Dans le monde actuel, cependant, une telle stratégie ne serait ni moralement justifiable ni facile à mettre en oeuvre, vu la dispersion et la diffusion de l’organisation des institutions terroristes parmi des populations séparées par la distance et qui se chiffrent collectivement à des centaines de millions. De même, la riposte sous forme de représailles n’est pas moralement acceptable si on recherche des alliés [37]. Même dans des endroits plus localisés, comme dans le conflit israélo-palestinien, des politiques coercitives ne peuvent aboutir seules à une réduction durable des attaques et peuvent à long terme exacerber le problème. En ce qui concerne l’incitation, les recherches en psychologie sociale montrent que les gens s’identifiant aux groupes antagonistes utilisent les informations opposées de l’autre groupe pour renforcer leur antagonisme. Par conséquent, simplement essayer de persuader de l’extérieur les uns et les autres en les bombardant avec davantage d’informations qu’ils vont utiliser à leur profit ne peut qu’augmenter leur hostilité.
Une autre recherche indique que la plupart des gens ont des vues plus modérées que ce qu’ils considèrent comme étant la norme de leur groupe. Inciter de l’intérieur les modérés et leur donner la possibilité de confronter les insuffisances et les incohérences de leur propre connaissance (des autres comme malfaisants), de leurs valeurs (le respect pour la vie) et de leur comportement (le soutien du meurtre), avec les autres membres de leur groupe [38] peut produire une insatisfaction émotionnelle menant à un changement durable et avoir une influence sur le rôle de ces individus [39]. Financer une éducation civique et des débats pourrait constituer une aide, de même que développer la confiance interconfessionnelle grâce à des initiatives intercommunautaires interactives (comme le propose le gouvernement de Singapour). La mise en avant du facteur ethnique, l’isolation et les attaques préventives sur des partisans potentiels (mais pas encore actuels) du terrorisme n’aideront probablement pas. Une autre stratégie pour les Etats-Unis et leurs alliés consiste à changer de comportement en abordant directement et en atténuant les sentiments de grief et d’humiliation, spécialement en Palestine (où les images de violence quotidienne en ont fait le centre mondial de l’attention musulmane)[40]. Car aucune évidence (historique ou autre) n’indique que le soutien au terrorisme suicide disparaîtra sans une entente pour réaliser au moins quelques objectifs fondamentaux communs aux terroristes et aux communautés qui les soutiennent.
Evidemment, ceci ne veut pas dire négocier sur tous les objectifs, tel que la requête d’Al Qaeda de remplacer le système des états nations inspiré de l’occident par un califat global, d’abord dans les territoires musulmans et ensuite ailleurs. A la différence d’autres groupes, Al Qaeda ne fait connaître aucune revendication spécifique à la suite des actions martyres. Telle une armée vengeresse, il ne cherche aucun compromis. Mais la plupart des gens qui sont d’actuels sympathisants le pourraient.
Peut-être pour arrêter le terrorisme, avons-nous besoin de recherche pour comprendre quelles configurations de relations psychologiques et culturelles attirent et lient des milliers, possiblement des millions de gens très ordinaires, dans le réseau de fabrication des martyrs des organisations terroristes. On a besoin d’étudier comment les institutions terroristes se forment et les similarités et les différences entre les structures organisationnelles, les pratiques de recrutement et les populations recrutées. Existe t’il des différences réelles entre les groupes religieux et les groupes laïcs, ou entre le terrorisme idéologique et celui initié par le grief ? Les interviews des kamikazes survivants du Hamas et des agents capturés d’Al Qaeda montrent que l’idéologie et le grief sont des facteurs pour les deux groupes mais avec des poids relatifs et des conséquences qui peuvent diverger.
Nous avons aussi besoin d’investiguer toutes les relations causales significatives entre la politique et les actions de notre société et celles des organisations terroristes et de leurs partisans. Il se peut que le programme global, économique, politique et culturel de notre propre société joue un rôle catalyseur dans les volontés de fuir notre vision du monde (les talibans) ou de créer un contrepoids global (Al Qaeda). Financer de telles recherches risque d’être difficile. Comme dans le cas de l’usage quelque peu tendancieux, et qui sert nos propres vues, de «terreur» en tant que concept politique [41] pour résoudre les désaccords, nos gouvernements et nos media préféreront peut-être ignorer ces relations, en tant que thèmes légitimes pour investiguer en quoi consiste le terrorisme et pourquoi il existe. Cette demande de recherche peut demander plus de patience qu’aucune administration n’en peut tolérer politiquement en temps de crise. A long terme, cependant, notre société ne peut s’offrir le luxe d’ignorer les conséquences de ses propres actes, ni les causes qui motivent les actions des autres. Les coûts potentiels d’une telle ignorance sont terribles à envisager. La dépense comparativement moindre impliquée par la recherche sur de telles conséquences et causes pourrait avoir un bénéfice inestimable.
Post-scriptum : où la guerre contre la terreur peut-elle bien aller?
Deux documents de première importance pour la Guerre contre le Terrorisme furent récemment diffusés aux Etats-Unis. Le 23 mai, le US General Accounting Office remit au Congrès son rapport final sur «Combattre le terrorisme» [42]. Le 3 juin, le Pew Research Center publia les derniers éléments d’une étude de plusieurs années sur les attitudes globales par rapport aux mesures politiques et aux valeurs sociales [43]. Le rapport GAO n’évalue pas l’effet des programmes anti terroristes et l’étude Pew de 15000 personnes dans 21 nations ne cherche pas à connaître les raisons des attitudes globales. Néanmoins, les résultats de Pew, ainsi que ceux d’une recherche récente sur le background socio-économique des terroristes et de leurs partisans, sapent sérieusement les raisonnements et les pronostics de la Guerre contre le Terrorisme.
Selon GAO, le financement pour combattre le terrorisme à l’étranger a augmenté de 133% depuis 2001, atteignant 11,4 milliards de dollars pour l’année fiscale 2004 (GAO, p.12). De plus, le Département de la Défense a dépensé pour la seule année 2002 30 milliards de dollars dans des opérations militaires contre le terrorisme (considérablement plus en 2003, y compris 78,7 milliards votés pour une guerre contre l’Irak dont le but principal annoncé était de devoir priver les terroristes d’armes de destruction massives). En dépit d’une revue détaillée des actions liées aux milliards dépensés par des douzaines d’organismes fédéraux civils et militaires, il est fait peu mention de financement ou d’efforts pour comprendre ou empêcher les gens de devenir en premier lieu des terroristes. Qui plus est, le fait que le nombre d’attaques suicides par Al-Qaeda (ou ses alliés) et par des terroristes palestiniens un mois après la chute de Bagdad ( 5 en Israël, 3 en Arabie Saoudite, 5 au Maroc) ait été plus élevé que pour n’importe quel autre mois de l’année précédente suggère que, contrairement aux proclamations antérieures du président Bush et d’autres personnes dans l’administration américaine et les media, la guerre contre le terrorisme n’a pas diminué de façon significative le fléau des attaques suicides – forme la plus dévastatrice du terrorisme.
GAO décrit les efforts entre les organismes pour «vaincre et empêcher le terrorisme» (GAO, p.5). La prévention se concentre sur l’objectif de « diminuer les conditions sous-jacentes que les terroristes cherchent à exploiter », telles que présentées dans la Stratégie Nationale pour Combattre le Terrorisme du Président (publiée en février pour élaborer la Section III de la nouvelle Stratégie de Sûreté Nationale des Etats-Unis)[44]. La préface de l’étude NSCT parle d’«une compréhension de la menace terroriste » telle qu’esquissée dans l’Adresse au Congrès du Président le 20 septembre 2001 (NSCT, p.3) : l’Amérique a été attaquée parce que les conspirateurs du 9 septembre «haïssent nos libertés» et notre démocratie [45] et qu’ils incitent leurs partisans à la haine en exploitant leurs «conditions de pauvreté, de privation et de déchéance sociale» (NSCT, p.13). En conséquence, un rapport du Département d’Etat américain sorti le jour du premier anniversaire du 9 septembre dit que l’aide au développement devrait être basée sur «la croyance que la pauvreté fournit le terreau qui nourrit le terrorisme» [46].
Mais les résultats de Pew montrent que les populations qui soutiennent les actions terroristes sont actuellement favorablement disposées envers les formes américaines de gouvernement, d’éducation, d’économie et de liberté individuelle, en dépit du fait que ces gens font confiance à Osama Ben Laden et soutiennent les actions suicides. Les études menées par le scientifique politique palestinien Khalil Shikaki montrent que plus de 80% des Palestiniens considèrent qu’Israël a la forme de gouvernement la plus admirable, l’Amérique venant en second, bien que de nombreux sondages indiquent que 60-70% des Palestiniens expriment aussi leur soutien aux attaques suicides [47]. Un sondage antérieur de Zogby sur les impressions arabes concernant l’Amérique (avril 2002) montre le même schéma de soutien pour les libertés et la démocratie américaines mais le rejet de ses relations avec les autres [48] – un schéma qui casse la thèse du «choc des civilisations» [49] ou la conclusion de NSCT d’un «choc entre la civilisation et ceux qui voudraient la détruire» [50].
Des études plus récentes confirment aussi les rapports antérieurs montrant que les terroristes kamikazes et leurs partisans ne sont pas appauvris, sans instruction, vindicatifs ou socialement défavorisés. L’économiste palestinien Basel Saleh compila des informations sur 171 militants tués en action (presque tous durant la seconde Intifada, 2000-2003) qui provenaient des nouveaux services du Hamas et du Jihad islamique palestinien, et incluaient 87 kamikazes [51]. La majorité des militants était des hommes non mariés (de 20 à 29 ans), venant de familles avec leurs deux parents vivants et 6 à 10 frères et sœurs, qui avaient fait des études secondaires ou fréquenté l’université. Les terroristes kamikazes qui comprenaient des attaquants à la bombe (29 du Hamas, 18 du Jihad Islamique Palestinien) et des tireurs (14 du Hamas, 26 du Jihad Islamique Palestinien) présentaient ces mêmes tendances mais encore plus prononcées. Une majorité de poseurs de bombes du Hamas avaient été à l’université ; le Jihad Islamique Palestinien comprenait davantage de tireurs âgés de 14 à 19 ans. Les majorités des attaquants à la bombe, mais peu de tireurs, avaient eu des histoires antérieures d’arrestations ou de blessures par l’armée israélienne ; cependant la plupart des tireurs avaient un ou plusieurs membres de leur famille qui avaient eu de telles histoires. Ceci met en évidence les spéculations antérieures sur le fait que les griefs personnels pourraient être un facteur plus grand dans le cas des Palestiniens que pour Al Qaeda et ses alliés idéologiques.
Des sources de la US Army Defense Intelligence Agency me fournirent des résumés d’interrogatoires des détenus de Guantanamo, à Cuba. Les agents nés en Arabie Saoudite, particulièrement ceux dans des positions de leadership, sont souvent « éduqués au-dessus du niveau nécessaire pour un emploi … un nombre surprenant d’entre eux ont des diplômes universitaires et viennent de familles avec un statut élevé ». Leur motivation et leur engagement se révèlent dans leur désir de sacrifier leurs conforts matériels et émotionnels (familles, emplois, sécurité physique) et de payer leur part dans des voyages loin de chez eux. Beaucoup dirent aux interrogateurs que s’ils étaient libérés de leur détention ils retourneraient au Jihad. Les détenus rapportent peu d’histoire de grief personnel mais citent fréquemment le rôle que des parents plus âgés et des membres respectés de la communauté ayant participé à des Jihads antérieurs ont pu jouer dans leur décision de rejoindre le combat. Les Yéménites ont une éducation et un statut social plus modestes et sont souvent recrutés et financés par l’intermédiaire des mosquées au Yémen et à l’étranger (en particulier en Angleterre). Comme pour le Hamas et le Jihad Islamique Palestinien, l’endoctrinement religieux par Al-Qaeda et ses alliés (de recrues qui initialement n’exprimèrent qu’une religiosité modérée) apparaît crucial pour créer des cellules intimes de famille fictive dont les membres s’engagent à mourir de plein gré les uns pour les autres.
Tous les attaquants du 9 septembre, qui comprenaient 15 saoudiens et 4 autres originaires du Moyen Orient, étaient des hommes jeunes, célibataires, de familles bourgeoises. Tous avaient été recrutés en Europe par des organisations religieuses en relation avec à Al-Qaeda alors que la plupart étaient engagés dans un curriculum d’études supérieures laïques. Aucun défaut de « personnalité » n’était évident avant l’attaque et aucun ne fut découvert après coup (en dépit d’examen approfondi). [52]
Les psychologues sociaux ont longuement établi «l’erreur d’attribution fondamentale». La plupart des gens dans notre société , si on leur dit, par exemple, qu’on a ordonné à quelqu’un de faire un discours pour soutenir un candidat politique particulier, penseront encore que l’orateur croit ce qu’il est en train de dire. Ce biais d’interprétation semble être particulièrement prévalent dans les cultures « individualistes », telles que celles des États-Unis et de l’Europe Occidentale. Au contraire, de nombreuses cultures (en Afrique et en Asie) dans lesquelles une éthique « collectiviste » est davantage prévalente sont moins prédisposées à ce type de jugements. Les définitions du gouvernement américain et des media des kamikazes du Moyen Orient comme des maniaques homicides peut aussi souffrir d’une erreur d’attribution fondamentale [53] : il n’y a pas d’exemple de terrorisme suicide religieux ou politique résultant de l’action isolée d’un poseur de bombe mentalement instable (comme le suicidaire Unabomber) ou même de quelqu’un agissant entièrement de sa propre autorité et sous sa propre responsabilité (comme le suicidaire Timothy Mc Veigh).
Qu’est-ce qui mène une personne normale au terrorisme suicide ? Une partie de la réponse se trouve peut-être dans la notion de « banalité du mal » de la philosophe Hannah Arendt, notion qu’elle utilise pour décrire le fait que c’étaient des allemands tout à fait ordinaires qui étaient recrutés pour assurer le fonctionnement des camps d’extermination nazis et non des fous sadiques [54]. (Milgram a interprété ses expériences sur l’obéissance à l’autorité par des adultes américains comme une confirmation de la thèse de Arendt). La primauté du situationnel sur les facteurs de personnalité suggère l’inanité des tentatives pour établir un profil psychologique du terroriste kamikaze. Un rapport de la Federal Interagency couramment utilisé par la CIA sur «La Sociologie et la Psychologie du Terrorisme» et qui inclut des analyses détaillées de documents et des profils psychologiques de Al Qaeda, du Hamas et d’autres leaders d’organisations commanditant le suicide, établit : «les gens qui ont rejoint des groupes terroristes sont venus d’une large diversité de cultures, de nationalités, et de causes idéologiques, de tous les strates de la société et de populations variées. Leurs personnalités et leurs caractéristiques sont aussi diverses que celles des gens dans la population générale. Il semble que les psychologues s’accordent sur le fait qu’il n’y ait pas d’attribut psychologique particulier qu’on puisse utiliser pour décrire le terroriste ou quelque ‘ personnalité’ qui serait spécifique aux terroristes» [55]. Des mois – parfois des années – d’un endoctrinement intense peuvent mener à une « obéissance aveugle » peu importe l’individu, comme le montrent les recherches sur les gens qui deviennent tortionnaires pour leurs gouvernements [56].
C’est le génie particulier d’institutions comme Al Qaeda, le Hamas ou le Hezbollah de prendre des gens ordinaires dans un amalgame de griefs historique, politique et religieux qui les transforment en bombes humaines. Un endoctrinement intense qui dure souvent 18 mois ou plus fait que les recrues s’identifient émotionnellement à leur petite cellule (généralement de 3 à 8 membres), la percevant comme une famille de fratrie fictive pour laquelle ils sont prêts à mourir comme une mère l’est pour son enfant ou un soldat pour ses copains. Comme de bons publicitaires, les leaders charismatiques des organisations qui commanditent le martyre transforment les désirs ordinaires pour une famille et une religion en envies furieuses pour ce qu’ils essaient de promouvoir, au bénéfice de l’organisation manipulatrice plutôt que pour celui de l’individu qui est manipulé (à peu près comme l’industrie pornographique qui transforment des désirs universels et innés pour des partenaires sexuels en désirs pour du papier ou des images électroniques à des fins réductrices pour la forme personnelle mais tout bénéfice pour les manipulateurs)[57].
En dépit de nombreuses études de comportement individuel dans des contextes de groupe qui montrent que la situation est un meilleur facteur de prédiction que la personnalité [58], l’étude Pew constate que les Américains croient d’une manière écrasante que la décision personnelle, le succès et l’échec dépendent du choix de l’individu, de sa responsabilité et de sa personnalité. La plupart des gens ne sont pas de cet avis. Il est plausible que ce soit là la raison qui fait que les Américains tendent à penser que les terroristes sont des « maniaques homicides », là où le reste du monde tend à ne pas le croire [59].
Que ce soit à cause d’une erreur d’attribution fondamentale ou d’un aveuglement délibéré pour éviter d’être en désaccord avec leur propre vision du monde, les Américains considèrent le plus souvent les tentatives pour comprendre ce qui motive le terrorisme comme au mieux une perte de temps, au pire un encouragement au terrorisme. Mais contrer le terrorisme demande aussi de regarder en face les problèmes que génèrent les évaluations et les actions de notre propre société. De telles considérations sont totalement absentes du rapport GAO et du NSCT. Ce ne sont pas les libertés intérieures et la culture de l’Amérique que ces gens n’aiment pas, mais ses actions extérieures et sa politique étrangère. En 1997 un rapport du US Department of Defense Science Board conjecture (en réponse à l’attentat suicide à la bombe des bases de l’armée de l’air américaine à Khobar Towers en Arabie Saoudite) : «Les données historiques montrent une forte corrélation entre l’implication américaine dans les situations internationales et l’augmentation des attaques terroristes contre les Etats-Unis» [59].
Il semble y avoir une corrélation directe entre l’aide militaire américaine de contre insurrection, les violations des droits de l’homme par les gouvernements qui sont aidés, et la montée du terrorisme. Amnesty International et Human Rights Watch rapportent régulièrement des violations «épouvantables» et « massives » des droits de l’homme dans les pays qui reçoivent en termes absolus le plus d’aide américaine. Par exemple, en 2003, le budget du Département d’Etat Américain pour le Financement Militaire à l’Etranger (FMF) s’élève à 4107 milliards de dollars [60]. Le budget du FMF comprend parmi ses premiers réceptionnaires: Israël avec 2,1 milliards de dollars [61], l’Egypte avec 1,3 milliards [62], la Colombie 98 millions [63], le Pakistan 50 millions [64]. Des fonds spéciaux de soutien économique furent aussi budgétés comme faisant partie de frais supplémentaires d’urgence : 600 millions pour le Pakistan; 40,5 millions pour le renforcement de la lois et de l’économie en Ouzbékistan [65]; 45 millions en FMF à la Turquie [66] et l’Ouzbékistan; 42,2 millions pour l’entraînement et l’équipement des forces de sécurité aux frontières dans les républiques d’Asie Centrale (Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan, Turquie, Kirghizstan, Azerbaïdjan, Kazakhstan)[67] ; et des millions additionnels dans les fonds spéciaux du Département de la Défense pour l’entraînement contre le terrorisme et les opérations dans les Républiques d’Asie Centrale et de Géorgie [68]. Un rapport récent du Conseil National de la Recherche, «Décourager le terrorisme», montre que, «En ce qui concerne le contexte politique, le terrorisme et ses partisans apparaissent comme étant entretenus par des politiques d’extrême répression politique et découragés par des politiques d’intégration responsable, dans la société civile et le processus politique, des groupes modérés en même temps que des groupes dissidents» [69]. Il se peut que la situation soit critique en Asie Centrale, une zone d’intervention américaine intensifiée où le sentiment anti-américain et pro islamiste radical est en train de surgir rapidement et où Al Qaeda semble être en train de se réimplanter.
Le rapport GAO met en lumière deux objectifs clés pour réaliser l’objectif NSCT de diminution du soutien au terrorisme : renforcer le «Partenariat Initiatif» et gagner la «Guerre des Idées». Le partenariat initiatif de NSCT comprend l’aide pour contrer le terrorisme, incluant un entraînement pour la mise en vigueur de la loi et l’assistance militaire, «conçue pour promouvoir les intérêts américains de sécurité nationale en contribuant à la stabilité globale et régionale, en renforçant le soutien militaire aux gouvernements démocratiquement élus» et protégeant «les valeurs démocratiques dont le respect pour les droits civils et humains reconnus internationalement». (GAO, pp.119-120). Gagner la «Guerre des Idées» implique des programmes d’aide étrangère et des émissions des media pour promouvoir les valeurs démocratiques « pour aviver les espoirs et les aspirations pour la liberté » ( NSCT, p.14).
Les « nouveaux partenaires dans la guerre contre le terrorisme » cités dans le rapport GAO sont les Républiques Eurasiennes du Kazakhstan, du Kurdistan, du Tadjikistan, du Turkménistan, de l’Ouzbékistan, de la Géorgie (GAO, p.24). Toutes sauf une sont gouvernées par un ancien dirigeant du parti communiste devenu nationaliste, dont le principe – comme Saddam – implique le culte d’une personnalité brutale. Toutes ont été condamnées par Amnesty International et Human Rights Watch pour une augmentation des violations des droits de l’homme. Comme pour gagner la Guerre des Idées à propos de la démocratie et des libertés individuelles, l’étude Pew suggère fortement que l’opinion musulmane en faveur de ces valeurs signifie que la guerre a déjà été gagnée. Ceci éveille le soupçon que l’appel à combattre ceux qui haïssent la démocratie et la liberté – de même que les craintes à propos de l’utilisation imminente d’armes de destructions massives par l’Irak et de ses liens avec Al Qaeda [70] – fut cyniquement conçu pour rallier le front intérieur à une poussée stratégique en Asie du Sud et en Asie Centrale. L’étude Pew laisse entendre qu’une grande partie du monde – à part l’Amérique – est de cet avis [71].
Références
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2. B. Lewis, Assassins (Paris, Berger, 1982).
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5. A. Axell, Kamikaze (Longman, New York, 2002).
6. Quran, chapt. 3, verses 140–146. Comparez cette phrase avec celle du chef de Hamas Abd Al-’Aziz Al-Rantisi, Al-Hayat (Londres-Beirut), 25 Avril 2002.
18. J. J. Jai, “Getting at the roots of terrorism,” Christian Science Monitor, 10 Decembre 2001, p. 7.
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20. Article sur Al-Risala (hébdomadaire du Hamas), 7 Juin 2001.
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22. A. Krueger, J. Maleckova, NBER Working Paper no. w9074, National Bureau of Economic Research, Cambridge, MA, Juillet 2002; http://papers.nber.org/papers/W9074 ; A. Krueger, “Poverty doesn’t create terrorists,” New York Times, 29 May 2003.
23. T. Friedman, Longitudes and Attitudes Farrar, Strauss, Giroux, New York, 2002.
24. A. Merari,, article présenté à l’Institute for Social Research seminar series, “The Psychology of Extremism,” Univ. of Michigan, Ann Arbor, MI, 11 Février 2002.
25. R. Ezekiel, The Racist Mind (Viking, New York, 1995).
29. A’ la difference de ceux qui veulent se faire sauter en l’air, pour les soldats sur la ligne du front dans une bataille sans espoir il reste un espoir de survie. La distance entre aucun espoir de survie et un faible espoir de survie est infinie. [G. Allport, J. Gillespie, J. Young, J. Psychol. 25, 3 (1948)].
30. D. Rhode, A. Chivers, “Qaeda’s grocery lists and manuals of killing,” New York Times, 17 Mars 2002.
31. “White Paper—The Jemaah Islamiyah Arrests,” (Singapore Ministry of Home Affairs, Singapore)
January 2003); available at www2.mha.gov.sg. Le recrutement et l’endoctrinage dans le Jemaah Islamiyah Est semblable à celui d’autres groupes islamiques Le chef spiritual Ibrahim Maidan identifiait les potentiels kamikaze parmi lesquels qui étaient assez curieux pour rester après les leçons et poser des questions.
32. De la même manière, l’industrie pornographique, celle du fast-food ou des soda manipule nos désires innés pour des ressources rares dans le monde ancestral, comme les partenaires sexuels, la nourriture graisse et les sucres pour des objectifs qui réduisent la fitness naturelle et vont au bénéfice de l’institution manipulatrice. [S. Atran, In Gods We Trust: the Evolutionary Landscape of Religion , Oxford Univ. Press, New York, 2002].
33. E. Sciolino, “Don’t weaken Arafat, Saudi warns Bush,” New York Times, 27 January 2002, p. A8.
34. “What the world thinks in 2002: How global publics view: Their lives, their countries, the world, America”, rapport du Pew Research Center, 4 Decembre 2002; disponible à: http://people-press.org/reports/display.php3?ReportID_165
37. R. Axelrod, W. Hamilton, “Evolution of cooperation,” Science 211, 1390 (1981).
38. M. Bazerman, M. Neale, Negotiating Rationally (Free Press, New York, 1991).
39. A. Eagly, S. Chaiken, The Psychology of Attitudes (Harcourt Brace, Fort Worth, TX, 1993).
40. S. Atran, “ Stones against the iron fist, terror within the nation,”Politics and Society 18, 481 (1990).
41. N. Chomsky, 9-11, Seven Stories Press, New York, 2001.
42. “Combating terrorism: Interagency framework and agency programs to address the overseas threat” (U.S. General Accounting Office, Washington, DC, 23 May 2003);http://www.gao.gov/new.items/do3165.pdf
49. S. Huntington, The Clash of Civilizations and the Remaking of the World Order (Simon & Schuster, New York, 1996).
50. L’identification de la vision politique de l’Amérique avec la civilisation date de la Guerre Civile américaine (« We shall either nobly save, or meanly lose, the last great hope of mankind,” A. Lincoln, Getttysburg Address, 19 November 1863). A’ partir de la guerre Etats-Unis-Espagne, les admistrations successives des Etats Unis insistèrent sur la mission civilisatrice des Etats Unis pour justifier l’intervention américaine à l’etranger. Selon le PrésidentTheodore Roosevelt : “ If a nation shows that it knows how to act with reasonable efficiency and decency in social and political matters, if it keeps order and pays its obligations, it need fear no interference from the United States. Chronic wrongdoing, or an impotence which results in a general loosening of the ties of civilized society, may in America, as elsewhere, ultimately require intervention by some civilized nation, and may lead the United States, however reluctantly, in flagrant cases of such wrongdoing or impotence, to the exercise of an international police power.” [T. Roosevelt, « The Roosevelt Corollary to the Monroe Doctrine, » Mai 1904]. Au moins jusuqu’à la fin de la Guerre Froide, la notion des Etats Unis comme une “nation universelle” a joué un rôle dans la politique etrangère américaine, dans son économie (“America stands alone as the world’s indispensable nation,” Président Bill Clinton, Second Inaugural Address, 20 Janvier 1997 ; “The emerging global order needs an enforcer. That’s America’s new burden.” Thomas Friedman, “Manifesto for the Free World,” New York Times Magazine, 28 Mars 1999, p. 40) et dans la sphere militaire (« And by our actions, we will secure the peace, and lead the world to a better day, » Président George W. Bush, Remarks on Iraq, 7 Octobre, 2002 ; disponible à http://www.whitehouse.gov/news/releases/2002/10/20021007-8.html ; “We need to err on the side of being strong. And if people want to say we’re an imperial power, fine,” William Kristol, The Weekly Standard, on Fox News, Mai 2003).
51. B. Saleh, article presenté au Graduate Research Forum, Kansas State Univ., 4 Avril 2003.
53. Cf. M. Morris, R. Nisbett, K. Peng, “Causal attribution across domains and cultures,” in D. Sperber, D. Premack, A. Premack, Causal Cognition (New York, Oxford Univ. Press, 1995), pp. 577-612.
54. H. Arendt, Eichmann in Jerusalem: A Report on the Banality of Evil (Viking Press, New York, 1970).
55. “The Sociology and Psychology of Terrorism” (Federal Research Division, Library of Congress, Washington, DC, September 1999, p. 40); 14 décembre 2001 : http://www.loc.gov/rr/frd/Sociology-Psychology%20of%20Terrorism.htm. Le declarations des interrogateurs dans la base de Guantanamano conferment ces donnés.
56. M. Haritos-Fatouros, “The official torturer: A learning model for obedience to the authority of violence,” J. Applied Social Psychology, 18, 1107-1120.
57. S. Atran, “Genesis of suicide terrorism,” Science, 299, 1534-1539.
58. L. Ross, R. Nisbett. The Person and the Situation (McGraw-Hill, New York, 1991). 59. « DoD Responses to Transnational Threats, Vol. 2: DSB Force Protection Panel Report to DSB” (U.S. Department of Defense, Washington, DC, Decembre 1997, p. 8); disponible à: http://www.acq.osd.mil/dsb/trans2.pdf.
62. “In the name of counterterrorism: Human rights abuses worldwide. III. Country studies” (Human Rights Watch Briefing Paper for the 59th Session of the United Nations Commission on Human Rights, 25 Mars 2003); disponible à: http://hrw.org/un/chr59/counter-terrorism-bck4.htm.
70. Les interrogations de la CIA de chefs d’Al Queda prisonniers aux Etats Unis (parmi lesquels Khalid Sheikh Muhammed, chef des opérations d’Al Queda avant d’être capturé en Pakistan en Mars 2002) révèlent que Bin Laden a refusé toute cooperation avec Saddam Hussein. [J. Risen, “Captives Deny Qaeda Worked with Baghdad,” New York Times, 9 Juin 2003.] A’ l’époque de ces interrogations, les officiers américains continuaient à affirmer que la guerre à l’Iraq était justifiée parce que “Baghdad a une longue histoire dans le soutien au terrorisme et dans les contacts avec Al Queda » [George Tenet, Director of the U.S. Central Intelligence Agency, témoignant devant l’U.S. Senate Armed Services Committee. BBC NEWS, “U.S. says Iraq linked to Al-Qaeda,” 19 Mars 19 2003 ; disponible à: http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/middle_east/1881740.stm.%5D
71. Merci à N. Chomsky, D. Medin, R. Gonzalez, R. Nisbett, T. Stewart, M. Bazerman, B. Saleh and G. Hammel pour leur informations et suggestions.
One of al-Qaeda’s founding leaders, Dr Fadl, has begun an ideological revolt against Osama bin Laden, blaming him for « every drop » of blood spilt in Afghanistan and Iraq.
David Blair in Cairo
The Independent
20 Feb 2009
Sayyid Imam al-Sharif, who goes by the nom de guerre Dr Fadl, helped bin Laden create al-Qaeda and then led an Islamist insurgency in Egypt in the 1990s.
But in a book written from inside an Egyptian prison, he has launched a frontal attack on al-Qaeda’s ideology and the personal failings of bin Laden and particularly his Egyptian deputy, Ayman al-Zawahiri.
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Twenty years ago, Dr Fadl became al-Qaeda’s intellectual figurehead with a crucial book setting out the rationale for global jihad against the West.
Today, however, he believes the murder of innocent people is both contrary to Islam and a strategic error. « Every drop of blood that was shed or is being shed in Afghanistan and Iraq is the responsibility of bin Laden and Zawahiri and their followers, » writes Dr Fadl.
The terrorist attacks on September 11 were both immoral and counterproductive, he writes. « Ramming America has become the shortest road to fame and leadership among the Arabs and Muslims. But what good is it if you destroy one of your enemy’s buildings, and he destroys one of your countries? What good is it if you kill one of his people, and he kills a thousand of yours? » asks Dr Fadl. « That, in short, is my evaluation of 9/11. »
He is equally unsparing about Muslims who move to the West and then take up terrorism. « If they gave you permission to enter their homes and live with them, and if they gave you security for yourself and your money, and if they gave you the opportunity to work or study, or they granted you political asylum, » writes Dr Fadl, then it is « not honourable » to « betray them, through killing and destruction ».
In particular, Dr Fadl focuses his attack on Zawahiri, a key figure in al-Qaeda’s core leadership and a fellow Egyptian whom he has known for 40 years. Zawahiri is a « liar » who was paid by Sudan’s intelligence service to organise terrorist attacks in Egypt in the 1990s, he writes.
The criticisms have emerged from Dr Fadl’s cell in Tora prison in southern Cairo, where a sand-coloured perimeter wall is lined with watchtowers, each holding a sentry wielding a Kalashnikov assault rifle. Torture inside Egyptian jails is « widespread and systematic », according to Amnesty International.
Zawahiri has alleged that his former comrade was tortured into recanting. But the al-Qaeda leader still felt the need to compose a detailed, 200-page rebuttal of his antagonist.
The fact that Zawahiri went to this trouble could prove the credibility of Dr Fadl and the fact that his criticisms have stung their target. The central question is whether this attack on al-Qaeda’s ideology will sway a wider audience in the Muslim world.
Fouad Allam, who spent 26 years in the State Security Directorate, Egypt’s equivalent of MI5, said that Dr Fadl’s assault on al-Qaeda’s core leaders had been « very effective, both in prison and outside ».
He added: « Within these secret organisations, leadership is very important. So when someone attacks the leadership from inside, especially personal attacks and character assassinations, this is very bad for them. »
A western diplomat in Cairo agreed with this assessment, saying: « It has upset Zawahiri personally. You don’t write 200 pages about something that doesn’t bother you, especially if you’re under some pressure, which I imagine Zawahiri is at the moment. »
Dr Fadl was a central figure from the very outset of bin Laden’s campaign. He was part of the tight circle which founded al-Qaeda in 1988 in the closing stages of the war against the Soviet occupation of Afghanistan. By then, Dr Fadl was already the leader of Egyptian Islamic Jihad, an extremist movement which fought the Cairo regime until its defeat in the 1990s.
Dr Fadl fled to Yemen, where he was arrested after September 11 and transferred to Egypt, where he is serving a life sentence. « He has the credibility of someone who has really gone through the whole system, » said the diplomat. « Nobody’s questioning the fact that he was the mentor of Zawahiri and the ideologue of Egyptian Islamic Jihad. »
Terrorist movements across the world have a history of alienating their popular support by waging campaigns of indiscriminate murder. This process of disintegration often begins with a senior leader publicly denouncing his old colleagues. Dr Fadl’s missives may show that al-Qaeda has entered this vital stage.
Voir aussi:
Israel’s death squads: A soldier’s story A former member of an Israeli assassination squad has broken his silence for the first time. He spoke to Donald Macintyre
The Independent
March 1, 2009
The Israeli military’s policy of targeted killings has been described from the inside for the first time. In an interview with The Independent on Sunday, and in his testimony to an ex-soldiers’ organisation, Breaking the Silence, a former member of an assassination squad has told of his role in a botched ambush that killed two Palestinian bystanders, as well as the two militants targeted.
The operation, which took place a little over eight years ago, at the start of the present intifada, or uprising, left the former sharpshooter with psychological scars. To this day he has not told his parents of his participation in what he called « the first face-to-face assassination of the intifada ».
As the uprising unfolded, targeted assassinations became a regularly used weapon in the armoury of the Israel military, especially in Gaza, where arrests would later become less easy than in the West Bank. The highest-profile were those of Hamas leaders Ahmed Yassin and Abdel Aziz Rantisi in 2005, and of Said Siyam in the most recent offensive. But the targeting of lower-level militants, like the one killed in the operation described by the former soldier, became sufficiently common to attract little comment.
The incident described by the ex-soldier appears almost trivial by comparison with so much that has happened since in Gaza, culminating in more than 1,200 Palestinian casualties inflicted by Operation Cast Lead this January. It might have been forgotten by all except those directly affected, if it had not been for the highly unusual account of it he gave to Breaking the Silence, which has collected testimony from hundreds of former troops concerned about what they saw and did – including abuses of Palestinians – during their service in the occupied territories.
That account, expanded on in an interview with the IoS, and broadly corroborated by another soldier’s testimony to Breaking the Silence, directly challenges elements of the military’s official version at the time, while casting new light on the tactic of targeted assassination by the Israeli Defence Forces (IDF). So do comments by the father of one of the Palestinians killed, and one who survived, also traced by the IoS.
Our source cannot be identified by name, not least because by finally deciding to talk about what happened, he could theoretically be charged abroad for his direct role in an assassination of the sort most Western countries regard as a grave breach of international law. From a good home, and now integrated into civilian life in the Tel Aviv area, the former soldier is about 30. Intelligent and articulate, and with a detailed memory of many aspects, he is scrupulous in admitting his recall of other points may be defective.
The former conscript said his special unit had trained for an assassination, but was then told it would be an arrest operation. They would fire only if the targeted man had weapons in his car. « We were pretty bombed it was going to be an arrest. We wanted to kill, » he said. The unit then went south to Gaza and took up position. It was 22 November 2000.
The squad’s main target was a Palestinian militant called Jamal Abdel Razeq. He was in the passenger seat of a black Hyundai being driven north towards Khan Younis by his comrade, Awni Dhuheir. Both men were wholly unaware of the trap that was waiting for him near the Morag junction. This section of the main Salahadin north-south road in Gaza went straight past a Jewish settlement. Razeq was used to seeing an armoured personnel carrier (APC) beside the road, but he had no idea that its regular crew had been replaced by men from an elite air force special unit, including at least two highly trained sharpshooters.
Since before he even left his home in Rafah that morning, Shin Bet – the Israeli intelligence service – had been monitoring Razeq’s every move with uncanny accuracy, thanks to a running commentary from the mobile phones of two Palestinian collaborators, including one of his own uncles. The man who was to kill him says he was « amazed » at the detail relayed to the unit commander from Shin Bet: « How much coffee he had in his glass, when he was leaving. They knew he had a driver [and] … they said they had weapons in the trunk, not in the car. For 20 minutes we knew it was going to be a simple arrest because they had no weapons in the car. »
But then, he says, the orders suddenly changed. « They said he had one minute to arrive, and then we got an order that it was going to be an assassination after all. » He thinks it came from a war room set up for the operation and his impression was that « all the big chiefs were there », including a brigadier general.
The two militants would still have suspected nothing as they approached the junction, even when a big Israel Defence Forces (IDF) supply truck lumbered out of a side turning to cut them off. They would have had no way of knowing the truck was full of armed soldiers, waiting for this moment. A 4×4 was deployed by the road, only in case « something really wrong » happened.
But something did go wrong: the truck moved out too soon, and blocked not only the militants in their black Hyundai, but the white Mercedes taxi in front of them. It was carrying Sami Abu Laban, 29, a baker, and Na’el Al Leddawi, 22, a student. They were on their way from Rafah to Khan Younis to try to buy some scarce diesel to fire the bread ovens.
As the critical moment approached, the sharpshooter said he began to shake from the waist down. « What happens now is I’m waiting for the car to come and I am losing control of my legs. I have an M16 with digicom [special sharpshooter sights]. It was one of the strangest things that ever happened to me. I felt completely concentrated. So the seconds are counted down, then we started seeing the cars, and we see that two cars are coming, not one. There was a first car very close to the following one and when the truck came in, it came in a bit early, and both cars were stopped.Everything stopped. They gave us two seconds and they said, ‘Shoot. Fire.' » Who gave the order, and to whom? « The unit commander … to everybody. Everybody heard ‘Fire’. »
The target, Razeq, was in the passenger seat, closest to the APC. « I have no doubt I see him in the scope. I start shooting. Everyone starts shooting, and I lose control. I shoot for one or two seconds. I counted afterwards – shot 11 bullets in his head. I could have shot one shot and that’s it. It was five seconds of firing.
« I look through the scope, see half of his head. I have no reason to shoot 11 bullets. I think maybe from the fear, maybe to cope with all the things that are happening, I just continue shooting. »
As far as he can recall, the order to fire was not specific to the sharpshooters in the APC. He cannot know for certain if the troops in the truck thought wrongly that some of the fire was directed at them from the cars. But he says that after he stopped « the firing gets even worse. I think the people in the truck started to panic. They’re firing and one of the cars starts driving and the commander says, ‘Stop, stop, stop, stop!’ It takes a few seconds to completely stop and what I see afterwards is that both cars are full of holes. The first car, too, which was there by coincidence. »
Razeq and Dhuheir, the militants, were dead. So were Abu Laban and Al Leddawi. Miraculously, the driver of the taxi, Nahed Fuju, was unscathed. The sharpshooter can remember only one of the four bodies lying on the ground. « I was shocked by that body. It was like a sack. It was full of flies. And they asked who shot the first car [the Mercedes] and nobody answered. I think everybody was confused. It was clear that it had been a screw-up and nobody was admitting [it]. » But the commander did not hold a formal debriefing until the unit returned to its main base.
« The commander came in and said, ‘Congratulations. We got a phone call from the Prime Minister and from the Minister of Defence and the chief of staff. They all congratulated us. We succeeded perfectly in our mission. Thank you.’ And from that point on, I understood that they were very happy. » He says the only discussion was over the real risk there had been of soldiers’ casualties from friendly fire in the shoot-out, in which at least one of the IDF’s own vehicles was hit by ricocheting bullets, and at the end of which at least one soldier even got out of the 4×4 and fired at an inert body on the ground.
Saying his impression was « they wanted the press or the Palestinians to know they were raising a step in our fight », he adds: « The feeling was of a big success and I waited for a debriefing that would ask all these questions, that would show some regret for some failure, but it didn’t happen. The only thing that I felt is that the commanders knew that it was a very big political success for them. »
The incident immediately caused something of a stir. Mohammed Dahlan, then head of the Fatah-run Preventative Security in Gaza, called it a « barbaric assassination ». The account given at the time to the press by Brigadier General Yair Naveh, in charge of IDF forces in Gaza, was that it had been intended as an arrest operation, but that sensing something amiss, Razeq had pulled out a Kalashnikov rifle and attempted to open fire at the Israeli forces, at which point the troops shot at his vehicle. While Razeq was the main target, it was claimed, the two victims in the taxi were were also Fatah activists « with ties to Razeq ».
Mr Al Leddawi said last week that his son’s presence was a tragic accident of timing and that the family had never heard of the other two men. « It was all by coincidence that they were there, » he said. « We have nothing do with the resistance in this family. » Beyond saying that he had received « not a shekel » in compensation, the taxi driver, Mr Fuju, did not want to talk to us in Rafah last week. « You want to interview me so the Israelis can bomb my house? »
The Israeli military said in response to detailed queries about the incident and the discrepancies between its account at the time and that of Palestinians, and now the ex-soldier, that it takes « human rights violations very seriously » but « regrets that Breaking the Silence does not provide it with details or testimony of the incidents it alleges in order to allow for a thorough investigation ». It added that « these soldiers and commanders did not approach senior commanders … with their complaints during their service. »
Our revelations in brief: Secret unit on a mission to kill
The Independent on Sunday has obtained an account which, for the first time, details service in one of the Israeli military’s assassination squads.
A former conscript has told the IoS and an ex-soldiers’ organisation of his part in an ambush that went wrong, accidentally killing two men as well as the two militants targeted.
The ex-soldier, a trained sharpshooter, says he fired 11 bullets into the head of the militant whose death had been ordered by his superiors. The squad was initially told it was going on an arrest mission, but was then ordered on a minute’s notice to shoot to kill.
Instead of the flaws in the operation being discussed afterwards, the squad was told it had « succeeded perfectly » and had been congratulated by the Prime Minister and chief of staff.
The former soldier, who was psychologically scarred by the incident, has never told his parents what happened.
La libération de la Palestine a pour but de “purifier” le pays de toute présence sioniste. (…) Le partage de la Palestine en 1947 et la création de l’État d’Israël sont des événements nuls et non avenus. (…) La Charte ne peut être amendée que par une majorité des deux tiers de tous les membres du Conseil national de l’Organisation de libération de la Palestine réunis en session extraordinaire convoquée à cet effet. Charte de l’OLP (articles 15, 19 et 33, 1964)
Je mentirais si je vous disais que je vais l’abroger. Personne ne peut le faire.Yasser Arafat (Harvard, octobre 1995)
Et à l’heure où un énième officiel de l’OLP admet tranquillement que son organisation non seulement ne reconnaît pas Israël mais n’a jamais eu à le reconnaître …
Petit retour, avec le site chant du coq, sur la Charte qui, contrairement aux promesses répétées,… n’a jamais été amendée!
Article 1 : La Palestine est la patrie du peuple arabe palestinien: elle constitue une partie inséparable de la patrie arabe, et le peuple palestinien fait partie intégrante de la nation arabe.
Article 2 : La Palestine, dans les frontières du mandat britannique, constitue une unité territoriale indivisible.
Article 7 : (…) Tous les moyens d’information et d’éducation doivent être employés pour faire connaître à chaque Palestinien son pays de la manière la plus approfondie, tant matériellement que spirituellement. Il doit être préparé à la lutte armée et au sacrifice de ses biens et de sa vie afin de recouvrer sa patrie et d’œuvrer à sa libération.
Article 9 : La lutte armée est la seule voie menant à la libération de la Palestine. Il s’agit donc d’une stratégie d’ensemble et non d’une simple phase tactique. Le peuple arabe palestinien affirme sa détermination absolue et sa ferme résolution de poursuivre la lutte armée et de préparer une révolution populaire afin de libérer son pays et d’y revenir. (…)
Article 10 : L’action des commandos constitue le centre de la guerre de libération populaire palestinienne, ce qui exige d’en élever le degré, d’en élargir l’action et de mobiliser tout le potentiel palestinien en hommes et en connaissances, en l’organisant et en l’entraînant dans la révolution palestinienne armée. (…)
Article 15 : La libération de la Palestine est, du point de vue arabe, un devoir national ayant pour objet de repousser l’agression sioniste et impérialiste contre la patrie arabe et visant à éliminer le sionisme de la Palestine. (…). Il s’ensuit que la nation arabe doit mobiliser tout son potentiel militaire, humain, moral et spirituel afin de participer activement avec le peuple palestinien à la libération de la Palestine. (…)
Article 16 : La libération de la Palestine, d’un point de vue spirituel, fera bénéficier la Terre Sainte d’une atmosphère de sécurité et de quiétude, ce qui assurera la sauvegarde des lieux saints et garantira la liberté du culte en permettant à chacun de s’y rendre, sans distinction de race, de couleur, de langue ou de religion. (…).
Article 19 : Le partage de la Palestine en 1947 et l’établissement de l’État d’Israël sont entièrement illégaux, quel que soit le temps écoulé depuis lors (…).
Article 20 : La déclaration Balfour, le mandat sur la Palestine et tout ce qui en découle sont nuls et non avenus. Les prétentions fondées sur les liens historiques et religieux des Juifs avec la Palestine sont incompatibles avec les faits historiques et avec une juste conception des éléments constitutifs d’un État. Le judaïsme, étant une religion, ne saurait constituer une nationalité indépendante. De même, les Juifs ne forment pas une nation unique dotée d’une identité propre, mais ils sont citoyens des États auxquels ils appartiennent.
Article 21 : S’exprimant par révolution armée palestinienne, le peuple arabe palestinien rejette toute solution de remplacement à la libération intégrale de la Palestine (…).
Article 22 : Le sionisme est un mouvement politique organiquement lié à l’impérialisme international et opposé à toute action de libération et à tout mouvement progressiste dans le monde. Il est raciste et fanatique par nature, agressif, expansionniste et colonial dans ses buts, et fasciste par ses méthodes, Israël est l’instrument du mouvement sioniste et la base géographique de l’impérialisme mondial, stratégiquement placé au cœur même de la patrie arabe afin de combattre les espoirs de la nation arabe pour sa libération, son union et son progrès. Israël est une source constante de menaces vis-à-vis de la paix au Proche-Orient et dans le monde entier. Étant donné que la libération de la Palestine éliminera la présence sioniste et impérialiste et contribuera à l’instauration de la paix au Proche-Orient, le peuple palestinien recherche l’appui de toutes les forces progressistes et pacifiques du monde et les invite toutes instamment, quelles que soient leurs affiliations et leurs croyances, à offrir aide et appui au peuple palestinien dans sa juste lutte pour la libération de sa patrie.
Article 23 : Les exigences de la sécurité et de la paix, autant que celles du droit et de la justice, requièrent (…) de considérer le sionisme comme un mouvement illégal, d’en interdire l’existence et d’en proscrire les activités.
Article 33 : La présente Charte ne peut être amendée que par une majorité des deux tiers de tous les membres du Conseil national de l’Organisation de libération de la Palestine réunis en session extraordinaire convoquée à cet effet.
Voir aussi ce petit florilège:
Tuez les Juifs partout où vous les trouverez. Cela plaît à Dieu, à l’histoire et à la religion. Cela sauve votre honneur. Dieu est avec vous. (…) [L]es Allemands n’ont jamais causé de tort à aucun musulman, et ils combattent à nouveau contre notre ennemi commun […]. Mais surtout, ils ont définitivement résolu le problème juif. Ces liens, notamment ce dernier point [la « solution finale »], font que notre amitié avec l’Allemagne n’a rien de provisoire ou de conditionnel, mais est permanente et durable, fondée sur un intérêt commun (…)Haj Amin al-Husseini (mufti de Jérusalem, discours sur Radio Berlin, le 1er mars 1944)
J’annonce au monde entier, sans la moindre hésitation, que si les dévoreurs du monde se dressent contre notre religion, nous nous dresserons contre leur monde entier et n’auront de cesse avant d’avoir annihilé la totalité d’entre eux. Ou nous tous obtiendrons la liberté, ou nous opterons pour la liberté plus grande encore du martyre. Ou nous applaudirons la victoire de l’Islam dans le monde, ou nous tous irons vers la vie éternelle et le martyre. Dans les deux cas, la victoire et le succès nous sont assurés. Ayatollah Khomeiny
Les nazis ont probablement tué moins d’un million de Juifs et le mouvement sioniste a participé au massacre. Abou Mazen (alias Mahmoud Abbas, thèse, sous la direction de Ievgueni Primakov, 1982 )
La bataille ne se terminera pas avant que la totalité de la Palestine ne soit libérée. Yasser Arafat (Voice of Palestine, novembre 1995).
Notre but est d’éliminer l’Etat d’Israël et d’établir un Etat qui soit entièrement palestinien. Yasser Arafat (session privée avec des diplomates arabes en Europe, 30 janvier 1996)
La lutte contre l’ennemi sioniste n’est pas une question de frontières, mais touche à l’existence même de l’entité sioniste. Bassam-abou-Sharif (porte-parole de l’OLP, Kuwait News Agency, 31 mai 1996)
Ce n’est pas du tout le mur des Lamentations, mais un sanctuaire musulman. Yasser Arafat (Maariv, 11 octobre 1996)
Abraham n’était pas juif, pas plus que c’était un Hébreu, mais il était tout simplement irakien. Les Juifs n’ont aucun droit de prétendre disposer d’une synagogue dans la tombe des patriarches à Hébron, lieu où est inhumé Abraham. Le bâtiment tout entier devrait être une mosquée. Yasser Arafat, cité dans le Jerusalem Report, 26 décembre 1996)
Tous les événements liés au roi Saul, au roi David et au roi Rehoboam se sont déroulés au Yémen, et aucun vestige hébreu n’a été trouvé en Israël pour la bonne et simple raison qu’ils n’y ont jamais vécu. Jarid al-Kidwa (historien arabe, au cours d’un programme éducatif de l’OLP, en juin 1997)
Il n’y a pas de preuve tangible qu’il y ait la moindre trace ou le moindre vestige juif que ce soit dans la vieille ville de Jérusalem ou dans le voisinage immédiat. Communiqué du ministère palestinien de l’Information (10 décembre 1997)
Il est bien connu que tous les ans les Juifs exagèrent de plus en plus la portée de ce que les nazis leur ont fait. Ils prétendent qu’il y a eu six millions de victimes, mais des recherches précises scientifiques démontrent qu’il n’y en a pas eu plus de 400 000. Télévision palestinienne (25 août 1997)
La Shoah est un mensonge des Sionistes concernant de prétendus massacres perpétrés contre les Juifs. Al Hayat Al Jadeeda (journal de l’Autorité palestinienne, 3 septembre 1997)
Le mur d’Al-Buraq [Mur des Lamentations] et sa place sont une propriété religieuse musulmane…Il fait partie de la mosquée Al Aqsa. Les Juifs n’ont aucun lien avec cet endroit. Mufti de Jérusalem (nommé par Yasser Arafat, Al Ayyam [journal de l’Autorité palestinienne], 22 novembre 1997)
La persécution des Juifs est un mythe mensonger que les Juifs ont qualifié d’Holocauste et ont exploité pour se faire plaindre. Al Hayat Al Jadeeda (journal de l’Autorité palestinienne, 2 juillet 1998)
Le but stratégique est la libération de la Palestine, du Jourdain à la Méditerranée, même si cela signifie que le conflit doive durer encore mille ans ou pendant de nombreuses générations à venir. Faisal Husseini (Al-Arabi [Egypte], 24 juin 2001).
Nous perdrons ou nous gagnerons, mais notre regard restera fixé sur notre but stratégique, à savoir la Palestine du Jourdain à la mer. Marwan Barghouti (chef du Fatah de Cisjordanie, New Yorker, 2 juillet 2001)