Phénomènes mimétiques: Après l’hypersexualité, l’hyposexualité ! (No sex, please, we’re Americans !)

23 septembre, 2020

Can't define asexuality? You're not alone. / LGBTQ Nation

A la résurrection des morts, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les anges dans les cieux. Jésus (Marc 12: 25)
Le monde moderne n’est pas mauvais : à certains égards, il est bien trop bon. Il est rempli de vertus féroces et gâchées. Lorsqu’un dispositif religieux est brisé (comme le fut le christianisme pendant la Réforme), ce ne sont pas seulement les vices qui sont libérés. Les vices sont en effet libérés, et ils errent de par le monde en faisant des ravages ; mais les vertus le sont aussi, et elles errent plus férocement encore en faisant des ravages plus terribles. Le monde moderne est saturé des vieilles vertus chrétiennes virant à la folie.  G.K. Chesterton
L’inauguration majestueuse de l’ère « post-chrétienne » est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en « radicalisant » le souci des victimes dans un sens antichrétien. René Girard
On a commencé avec la déconstruction du langage et on finit avec la déconstruction de l’être humain dans le laboratoire. (…) Elle est proposée par les mêmes qui d’un côté veulent prolonger la vie indéfiniment et nous disent de l’autre que le monde est surpeuplé. René Girard
Quand les riches s’habituent à leur richesse, la simple consommation ostentatoire perd de son attrait et les nouveaux riches se métamorphosent en anciens riches. Ils considèrent ce changement comme le summum du raffinement culturel et font de leur mieux pour le rendre aussi visible que la consommation qu’ils pratiquaient auparavant. C’est à ce moment-là qu’ils inventent la non-consommation ostentatoire, qui paraît, en surface, rompre avec l’attitude qu’elle supplante mais qui n’est, au fond, qu’une surenchère mimétique du même processus. Dans notre société la non-consommation ostentatoire est présente dans bien des domaines, dans l’habillement par exemple. Les jeans déchirés, le blouson trop large, le pantalon baggy, le refus de s’apprêter sont des formes de non-consommation ostentatoire. La lecture politiquement correcte de ce phénomène est que les jeunes gens riches se sentent coupables en raison de leur pouvoir d’achat supérieur ; ils désirent, si ce n’est être pauvres, du moins le paraitre. Cette interprétation est trop idéaliste. Le vrai but est une indifférence calculée à l’égard des vêtements, un rejet ostentatoire de l’ostentation. Le message est: « Je suis au-delà d’un certain type de consommation. Je cultive des plaisirs plus ésotériques que la foule. » S’abstenir volontairement de quelque chose, quoi que ce soit, est la démonstration ultime qu’on est supérieur à quelque chose et à ceux qui la convoitent. Plus nous sommes riches en fait, moins nous pouvons nous permettre de nous montrer grossièrement matérialistes car nous entrons dans une hiérarchie de jeux compétitifs qui deviennent toujours plus subtils à mesure que l’escalade progresse. A la fin, ce processus peut aboutir à un rejet total de la compétition, ce qui peut être, même si ce n’est pas toujours le cas, la plus intense des compétitions. (…) Ainsi, il existe des rivalités de renoncement plutôt que d’acquisition, de privation plutôt que de jouissance. (…) Dans toute société, la compétition peut assumer des formes paradoxales parce qu’elle peut contaminer les activités qui lui sont en principe les plus étrangères, en particulier le don. Dans le potlatch, comme dans notre société, la course au toujours moins peut se substituer à la course au toujours plus, et signifier en définitive la même chose. René Girard 
L’asexualité, dans son sens le plus large, est l’état d’une personne (asexuelle) qui ne ressent pas ou peu d’attirance sexuelle pour une autre personne et/ou pour elle-même. L’asexualité a aussi été définie comme un désintérêt pour le sexe ou plus rarement comme une absence d’orientation sexuelle. Une étude couramment citée et publiée en 2004 estime la prévalence de l’asexualité à 1 % au Royaume-Uni. L’asexualité est distincte de l’abstinence sexuelle et du célibat qui sont généralement motivés par des facteurs tels que les croyances personnelles ou religieuses. L’orientation sexuelle d’une personne, à la différence des pratiques sexuelles, est souvent considérée comme étant « persistante ». De plus, certaines personnes asexuelles ont des rapports sexuels bien qu’elles ne ressentent pas d’attirance sexuelle. Les raisons qui peuvent motiver, pour une personne asexuelle, le choix d’avoir des relations sexuelles sont variées et peuvent inclure la volonté de satisfaire leurs partenaires dans le cadre d’une relation intime ou la volonté d’avoir des enfants. L’asexualité, qui n’a commencé à être reconnue comme une orientation sexuelle que récemment lors de la conférence des droits de l’homme de la WorldPride à Madrid le 28 juin 2017, suscite l’intérêt de la communauté scientifique, et un nombre croissant de travaux — issus pour la plupart de la sociologie et de la psychologie — voient le jour. Certains chercheurs contestent d’ailleurs l’idée que l’asexualité soit une orientation sexuelle. Depuis l’avènement d’internet, les personnes asexuelles se sont regroupées autour de sites ou de réseaux sociaux. Le plus connu et le plus prolifique d’entre eux est Asexual Visibility and Education Network (AVEN) fondé en 2001 par David Jay, dont la version francophone ouvre en mai 2005. Wikipedia
Ne pas avoir un mari, ça m’expose plutôt à ne pas être violée, ne pas être tuée, ne pas être tabassée. Alice Coffin (élue écolo lesbienne à la Mairie de Paris, 2018)
Le Tour de France continue à véhiculer une image machiste du sport. (…) Il n’est pas écoresponsable. Combien de véhicules à moteur thermique circulent pour faire courir ces coureurs à vélo? Combien de déchets engendrés? Grégory Doucet (maire Europe Écologie-Les Verts de Lyon)
Les gendarmes français qui ont obéi aux ordres de leurs supérieurs en mettant en œuvre la rafle du Vel’ d’Hiv’ sont les ancêtres de ceux qui, aujourd’hui, traquent les migrants, les sans-papiers. Patrick Chaimovitch (maire EELV de Colombes).
La 5G, c’est pour regarder du porno sur votre téléphone, même quand vous êtes dans l’ascenseur. Éric Piolle (maire EELV de Grenoble)
Plus d’arbre de Noël, à Bordeaux, pour son maire, Pierre Humic (EELV): «Nous ne mettrons pas des arbres morts sur les places de la ville. C’est pas du tout notre conception de la végétalisation. Fin 2020, nous adopterons la charte des droits de l’arbre.» Le bêtisier des nouveaux élus écologistes s’enrichit chaque jour d’une couche supplémentaire. Et n’incriminez pas des bévues de néophytes, encore peu rodés à l’exercice de la communication politique. Notre drame, c’est qu’ils pensent ce qu’ils disent. Toute une mouvance, ultraminoritaire dans l’opinion, mais terriblement puissante dans l’université et les médias, est, comme eux, convaincue qu’il faut interdire les manifestations populaires «genrées» et imposer «l’écriture inclusive» ; que les forces de l’ordre sont contaminées par le «racisme systémique», au nom duquel déclarer qu’on est antiraciste est la preuve manifeste qu’on l’est bel et bien ; que la masculinité est «toxique» et l’hétérosexualité suspecte ; que le progrès technique est non seulement inutile, mais néfaste ; qu’il faut déconstruire notre histoire, tout entière coupable, déraciner nos coutumes et traditions. Nos écolos estiment que ni l’économie de marché, ni la démocratie ne sont aptes à mettre un terme à la dégradation, bien réelle, de notre environnement. L’écologisme à la française inculque la méfiance et la peur envers les progrès techniques qui améliorent et prolongent la vie des humains – vaccins, OGM, énergie nucléaire, 5G… Tournant le dos à l’optimisme des Lumières, qui avait constitué le socle intellectuel des forces de gauche, elle professe la régression tous azimuts. Alors que toute l’histoire de l’humanité est scandée par la découverte de nouvelles sources d’énergie, chaque fois plus efficaces- et moins émettrices de gaz à effet de serre! – les écologistes voudraient nous faire renoncer au nucléaire pour miser sur une version modernisée du moulin à vent, dévoreuse d’espaces. Rompant avec le programme progressiste et émancipateur, qui tend à ouvrir de nouveaux droits, à libérer les énergies et à élargir le champ des possibles, cette gauche triste a la passion de limiter, de contraindre, de censurer et d’interdire. Fondamentalement, nos écolos, à la différence des Grünen allemands, estiment que ni l’économie de marché, ni la démocratie ne sont aptes à mettre un terme à la dégradation, bien réelle, de notre environnement. C’est pourquoi beaucoup d’adversaires de toujours du capitalisme et de la «démocratie bourgeoise» les ont rejoints. Mais ce sont les régimes communistes qui portent la responsabilité des pires désastres environnementaux du XXe siècle – de la quasi-disparition de la mer d’Aral aux morts de Tchernobyl, en passant par les petites fonderies d’acier hyperpolluantes du «Grand bond en avant» chinois… Ils rêvent d’une forme de despotisme éclairé dont ils seraient les guides tout-puissants et se contentent, pour l’instant, d’une entreprise de rééducation de la population qui passe par des médias complaisants. Certes, EELV est arrivé en troisième position, avec 13,48 % des voix, aux élections européennes de l’an dernier. Cette progression témoignait déjà d’une redistribution des suffrages au sein de la gauche: La France insoumise et ce qui reste du PS culminaient péniblement aux alentours de 6 % chacun. La conquête de 8 villes de plus de 100 000 habitants (sur 42) a créé, aux municipales, l’illusion d’une «vague verte». Comme l’a montré la note de la Fondapol, «Tsunami dans un verre d’eau», les deux traits caractéristiques de cette élection n’ont pas tant été la poussée des écologistes, qu’un niveau d’abstention sans précédent dans ce type d’élection dont il fausse le résultat (55,3 % au premier tour, 58,4 % au second) et un simple redéploiement du vote de gauche en direction d’EELV. Dans les villes petites et moyennes, les résultats des écologistes sont loin de conforter la chimère d’une «vague verte». Emmanuel Macron semble éprouver quelque difficulté à retrouver le fil conducteur de son quinquennat: ni les «gilets jaunes», ni le Covid-19 n’avaient été prévus. Il a cru répondre aux critiques portant sur son «jupitérisme» par une expérience de «démocratie participative», la Convention citoyenne sur le climat. Noyautée par des militants, elle a débouché sur des prescriptions sans grand intérêt. Signe des temps, Édouard Philippe est devenu l’homme politique le plus populaire du pays, devançant l’inamovible Nicolas Hulot. Le pragmatique gestionnaire de l’épidémie, malgré les flottements initiaux de son gouvernement, dépasse le télégénique explorateur d’«Ushuaïa». Ce n’est pas en passant de nouveaux boulets aux pieds de notre appareil de production – l’un des moins polluants au monde – qu’Emmanuel Macron trouvera les réserves électorales qui lui manquent. L’écologisme et le progressisme ne sont pas compatibles. La gestion avisée de l’environnement est une affaire trop complexe pour être abandonnée à des idéologues loufoques. Elle réclame compétence et réalisme. Brice Couturier
J’ai entendu parler de l’asexualité pour la première fois il y a deux ans, à la radio. Je m’étais interrogée, mais sans plus. J’ai eu plusieurs relations sexuelles, j’ai voulu un peu tout tester, histoire d’être sûre. Ce n’est qu’après ma dernière relation que j’ai enfin accepté mon asexualité. Je me sens très bien comme je suis, et désormais je m’accepte pleinement. Je me sens même mieux dans mon corps depuis que j’ai admis cet état de fait. Judith (étudiante en droit et sciences politiques, 23 ans)
J’ai compris que j’étais asexuel en regardant un programme télé un soir. Julien (ingénieur-informaticien, 27 ans)
Nous sommes bien conscients que l’asexualité est une chose peu courante. Nous sommes bien conscients que statistiquement parlant, nous ne valons pas grand chose. Nous sommes à peine 1% de la population. Mais la question qui se pose n’est pas celle-là. La question qui se pose est: est-il légitime, sous prétexte que nous sommes peu nombreux, de nous dénigrer, de nous ridiculiser, de nous invisibiliser? Est-il légitime, parce que l’asexualité est peu courante, de nier son existence, sa valeur ou sa légitimité? Et à cette question nous répondons: non. » Baptiste Battisti
De plus en plus de personnes affichent leur asexualité, revendiquant leur désintérêt pour les activités charnelles. (…) Sur les forums qui leur sont dédiés, ils se surnomment les « A », comme asexuels. Et ils l’assurent, le sexe, tout bonnement, ne les intéresse pas. Ils ne supportent pas d’être perçus comme malades, frustrés ou en attente « de la bonne personne ». « Etre asexuel signifie ne pas ressentir le besoin ou l’envie d’avoir des relations sexuelles avec les autres. Un asexuel ne voit donc pas l’intérêt d’avoir des rapports sexuels et pourra passer sa vie entière sans relations sexuelles sans en souffrir », décrit ainsi le site « Asexuality.org », qui fait référence chez les « A ». Et de souligner la différence avec l’abstinence: « les abstinents se privent de sexe, alors que les asexuels n’en ressentent pas le besoin… » L’Express
Loin d’être les porte-parole d’une nouvelle mode dans une société obsédée par la chose, les asexuels ont toujours existé. Mais les « A » comme ils se nomment, commencent tout juste à s‘assumer. Si, dès les années cinquante, les travaux de Kinsey sur la sexualité des Américains révèlent qu’une frange de la population se désintéresse du sexe, peu d’études ont été entreprises sur la question. On compterait pourtant près d’1 % d’asexuels dans l’Hexagone, un chiffre non négligeable puisqu’à titre de comparaison, les homosexuels représenteraient 3,5 % des Français, d’après une enquête IFOP de 2011. Cela ne fait qu’une dizaine d’années que l’asexualité est sortie de l’ombre, principalement grâce à David Jay. Ce jeune Américain au physique avenant découvre sa « différence » au lycée. Face à l’absence d’informations sur le sujet, Jay, alors âgé de 19 ans, lance en 2001 le site web AVEN (Asexual Visibility and Education Network) pour faire reconnaître publiquement l’asexualité. Très vite, de nombreux individus, jusqu’ici isolés, se retrouvent dans sa définition et brisent le silence sur les forums où ils partagent leur vécu. Le réseau, étendu à travers le monde, rassemble aujourd’hui plus d’une dizaine de milliers de personnes – principalement des jeunes et des femmes – s’imposant comme la plus grande communauté asexuelle du net. Depuis, blogs, livres et documentaires – (A)sexual retraçant la genèse du mouvement est sorti en 2011 – se multiplient sur le thème. L’Association pour la Visibilité Asexuelle (AVA) a même vu le jour en France en 2010. Mais l’asexualité reste très méconnue. Et la communauté A se révèle diverse et complexe. Dénués d’intérêt pour la bagatelle, les asexuels ne sont pas pour autant forcément vierges. Judith, étudiante en droit et sciences politiques de 23 ans, n’a ainsi découvert son asexualité qu’après plusieurs expériences charnelles (…) Célibataire, la jeune femme ne désespère pas de trouver l’amour. Car être asexuel n’exclut en rien les sentiments amoureux. Seule une minorité de A, les « aromantiques », affirment n’éprouver aucun désir sentimental. Les autres se définissent comme hétéros-asexuels, homos-asexuels ou bi-asexuels. Ils peuvent nouer des amitiés amoureuses, vivre en couple, voire même se marier et avoir des enfants de façon naturelle… Comme Judith, certains asexuels sont ainsi prêts à « faire des compromis » si leur route croise celle d’un « S », un « sexuel ». Mais face aux difficultés qui ne manqueront pas de se poser, la plupart espèrent pouvoir partager leur vie avec un A. Des sites de rencontres spécialisés sont apparus sur la toile, tels asexualitic, et les asexuels français n’hésitent pas à délaisser leur ordinateur pour se retrouver lors de rendez-vous organisés principalement à Paris. Pour autant, il n’est pas simple de faire son « coming out ». Judith n’a pas encore « trouvé le bon moment » pour évoquer le thème en famille, mais s’en est ouverte à des amis, avec des réactions diverses. Difficile, en effet, d’avouer son désintérêt pour la chose sans être exposé à l’incrédulité (…) Les asexuels doivent, ainsi, constamment se battre contre les préjugés. Car il est très dur pour l’immense majorité des gens de concevoir qu’on peut vivre sans sexe. Anormaux, coincés, impuissants, voilà comment sont généralement catalogués les A. Or, s’ils n’éprouvent pas de désir sexuel envers autrui, ils peuvent parfaitement connaître le plaisir, se masturber… Pour David Jay, « contrairement à l’abstinence qui résulte d’un choix, l’asexualité est une orientation sexuelle », au même titre que les autres. Mais elle n’a pas encore été pleinement reconnue comme une catégorie à part entière. Jay milite ainsi pour que l’asexualité soit retirée du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux – ouvrage de référence pour la psychiatrie américaine – où elle est définie comme « un trouble du désir sexuel hypoactif ». Sous son impulsion, le mouvement asexuel a pris de l’ampleur. La communauté s’est dotée d’un symbole – un triangle violet inversé – et d’un drapeau. Aux États-Unis, les asexuels défilent depuis 2009 lors de la Gay Pride de San Francisco, et affichent leur appartenance sans complexe. À Paris, la communauté a fait une incursion timide lors de la Marche des fiertés 2011. Mais au-delà des revendications identitaires, l’essentiel pour les asexuels est de faire comprendre qu’une vie sans sexe n’empêche pas d’être heureux. Carole Guisado
[Les] »asexuels » représenteraient 1 % de la population dans le monde, d’après les estimations d’un professeur canadien de la Brock University, Anthony Bogaert. Et ils commencent à s’organiser pour sortir de l’ombre. L’Asexual Visibility and Education Network (AVEN), fondé en 2001 par l’Américain David Jay, revendique 70 000 membres à travers le monde. En France, l’Association pour la visibilité des asexuels (AVA) revendique « la reconnaissance de l’asexualité comme une orientation sexuelle à part entière ». « La société présente le sexe comme une obligation », analyse Paul, vice-président de l’AVA, qui regrette que l’absence de vie érotique soit considérée comme une sorte de tare. « L’asexualité fait partie de la diversité des sexualités humaines et c’est bien plus important de reconnaître son existence que d’essayer de la critiquer », proclame-t-il. Pas simple de vivre cette différence dans une société qui fait de l’épanouissement sexuel l’une des clés du bien-être. Il y a deux ans, une journaliste parisienne, Sophie Fontanel, avait raconté qu’elle avait cessé de faire l’amour dans un roman intitulé l’Envie. Des critiques lui ont reproché de ne pas aimer les hommes, voire d’être dépressive. Son livre s’était tout de même bien vendu, jusqu’à 1 000 exemplaires par jour. Des lectrices lui ont su gré d’avoir mis des mots sur leurs propre absence de désir. (…) D’après Paul, le vice-président de l’AVA, beaucoup d’asexuels se mettent en couple avec d’autres asexuels. Pour le chercheur Anthony Bogaert, ils subissent aussi des discriminations: « Ils sont moins bien perçus par la moyenne des hétérosexuels que les gays et les lesbiennes. » Le mot a commencé à faire parler de lui avec l’émergence d’Internet et des forums spécialisés à la fin des années 1990. En 2010, une semaine de l’asexualité a été organisée avec des actions de sensibilisation, notamment aux Etats-Unis. Les organisateurs de la Journée de l’asexualité en France prévoient des initiatives modestes, comme l’envoi de poèmes sur un site spécialisé.  Le Monde
Cherchez l’erreur !
En ces temps de progrès désormais perpétuel …
Où entre psychose sanitaire et hystérie racialiste
On nous transforme à coup d’injonctions chaque fois plus radicales en champions toutes catégories d’apnée
Ou l’usurpation raciale a désormais changé de sens
Et où entre mariage, arbres de Noël ou Tour de France et des plus fantaisistes aux plus échevelées, nos écologistes rivalisent de dénonciations …
Et comme l’homosexualité et la bisexualité …
Même l’asexualité devient, avec lobbies, sites et forums spécialisés, défilés, journée dédiée et même couleurs et drapeau, une orientation sexuelle homologuée …
Comment ne pas voir …
Comme l’avait montré René Girard
Autre chose qu’une nouvelle escalade …
De la course au toujours moins se substituant à la course au toujours plus ….
Et de la rivalité de renoncement et de privation …
Jusque dans le domaine de la sexualité …
En cette société occidentale de plus en plus hypersexualisée …
A celle d’acquisition et de jouissance …
En une forme de non-consommation ostentatoire …
Qui « paraît, en surface, rompre avec l’attitude qu’elle supplante mais qui n’est, au fond, qu’une surenchère mimétique du même processus » ?

Le sexe ? Non, merci !

Ils n’ont ni l’envie ni le besoin d’avoir des relations physiques, ne ressentent pas d’attirance sexuelle pour autrui et n’en souffrent pas

Carole Guisado
Le Républicain lorrain
29 janv. 2012

Loin d’être les porte-parole d’une nouvelle mode dans une société obsédée par la chose, les asexuels ont toujours existé. Mais les « A » comme ils se nomment, commencent tout juste à s‘assumer. Si, dès les années cinquante, les travaux de Kinsey sur la sexualité des Américains révèlent qu’une frange de la population se désintéresse du sexe, peu d’études ont été entreprises sur la question. On compterait pourtant près d’1 % d’asexuels dans l’Hexagone, un chiffre non négligeable puisqu’à titre de comparaison, les homosexuels représenteraient 3,5 % des Français, d’après une enquête IFOP de 2011.

Cela ne fait qu’une dizaine d’années que l’asexualité est sortie de l’ombre, principalement grâce à David Jay. Ce jeune Américain au physique avenant découvre sa « différence » au lycée. Face à l’absence d’informations sur le sujet, Jay, alors âgé de 19 ans, lance en 2001 le site web AVEN (Asexual Visibility and Education Network) pour faire reconnaître publiquement l’asexualité. Très vite, de nombreux individus, jusqu’ici isolés, se retrouvent dans sa définition et brisent le silence sur les forums où ils partagent leur vécu. Le réseau, étendu à travers le monde, rassemble aujourd’hui plus d’une dizaine de milliers de personnes – principalement des jeunes et des femmes – s’imposant comme la plus grande communauté asexuelle du net. Depuis, blogs, livres et documentaires – (A)sexual retraçant la genèse du mouvement est sorti en 2011 – se multiplient sur le thème. L’Association pour la Visibilité Asexuelle (AVA) a même vu le jour en France en 2010.

Mais l’asexualité reste très méconnue. Et la communauté A se révèle diverse et complexe. Dénués d’intérêt pour la bagatelle, les asexuels ne sont pas pour autant forcément vierges. Judith, étudiante en droit et sciences politiques de 23 ans, n’a ainsi découvert son asexualité qu’après plusieurs expériences charnelles : « J’ai entendu parler de l’asexualité pour la première fois il y a deux ans, à la radio. Je m’étais interrogée, mais sans plus. J’ai eu plusieurs relations sexuelles, j’ai voulu un peu tout tester, histoire d’être sûre. Ce n’est qu’après ma dernière relation que j’ai enfin accepté mon asexualité ». Célibataire, la jeune femme ne désespère pas de trouver l’amour. Car être asexuel n’exclut en rien les sentiments amoureux. Seule une minorité de A, les « aromantiques », affirment n’éprouver aucun désir sentimental. Les autres se définissent comme hétéros-asexuels, homos-asexuels ou bi-asexuels. Ils peuvent nouer des amitiés amoureuses, vivre en couple, voire même se marier et avoir des enfants de façon naturelle… Comme Judith, certains asexuels sont ainsi prêts à « faire des compromis » si leur route croise celle d’un « S », un « sexuel ». Mais face aux difficultés qui ne manqueront pas de se poser, la plupart espèrent pouvoir partager leur vie avec un A. Des sites de rencontres spécialisés sont apparus sur la toile, tels asexualitic, et les asexuels français n’hésitent pas à délaisser leur ordinateur pour se retrouver lors de rendez-vous organisés principalement à Paris.

Pour autant, il n’est pas simple de faire son « coming out ». Judith n’a pas encore « trouvé le bon moment » pour évoquer le thème en famille, mais s’en est ouverte à des amis, avec des réactions diverses. Difficile, en effet, d’avouer son désintérêt pour la chose sans être exposé à l’incrédulité : « Ne sachant comment aborder le sujet avec mon petit ami de l’époque, je lui ai indiqué le site d’AVEN. Il a commencé par rire, ne pas y croire. Il a fini par me poser quelques questions, mais il est resté dans les clichés et la caricature : tu n’as peut-être pasconnu la bonne personne, tu devrais aller consulter… Et comme il me faisait toujours des avances après mon explication, j’ai préféré couper court ».

Les asexuels doivent, ainsi, constamment se battre contre les préjugés. Car il est très dur pour l’immense majorité des gens de concevoir qu’on peut vivre sans sexe. Anormaux, coincés, impuissants, voilà comment sont généralement catalogués les A. Or, s’ils n’éprouvent pas de désir sexuel envers autrui, ils peuvent parfaitement connaître le plaisir, se masturber… Pour David Jay, « contrairement à l’abstinence qui résulte d’un choix, l’asexualité est une orientation sexuelle », au même titre que les autres. Mais elle n’a pas encore été pleinement reconnue comme une catégorie à part entière. Jay milite ainsi pour que l’asexualité soit retirée du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux – ouvrage de référence pour la psychiatrie américaine – où elle est définie comme « un trouble du désir sexuel hypoactif ».

Sous son impulsion, le mouvement asexuel a pris de l’ampleur. La communauté s’est dotée d’un symbole – un triangle violet inversé – et d’un drapeau. Aux États-Unis, les asexuels défilent depuis 2009 lors de la Gay Pride de San Francisco, et affichent leur appartenance sans complexe. À Paris, la communauté a fait une incursion timide lors de la Marche des fiertés 2011.

Mais au-delà des revendications identitaires, l’essentiel pour les asexuels est de faire comprendre qu’une vie sans sexe n’empêche pas d’être heureux, comme l’indique Judith : « Je me sens très bien comme je suis, et désormais je m’accepte pleinement. Je me sens même mieux dans mon corps depuis que j’ai admis cet état de fait. »

Aven-France, www.asexuality.org/fr/

Voir aussi:

Les asexuels font leur coming-out

Les organisateurs de la journée de l’asexualité en France espèrent sensibiliser la population, dans une société qui fait de l’épanouissement sexuel l’une des clés du bien-être.

Le Monde

26 avril 2013

Julien n’a jamais éprouvé de désir physique, ni pour son ex-petite amie, ni pour les hommes d’ailleurs. À l’image de tous les « asexuels » qui ont décidé de sortir de l’ombre, ce vendredi 26 avril, qu’ils revendiquent comme une journée pour mieux faire connaître leur différence.

« J’ai compris que j’étais asexuel en regardant un programme télé un soir », explique cet ingénieur-informaticien de 27 ans qui, auparavant, ne se sentait « pas normal », mais avait tendance à « refouler ». Avec son ex-petite amie, Julien faisait bien l’amour, mais davantage pour lui faire plaisir que pour partager ses propres envies, désirs, fantasmes ou pulsions. Depuis, Julien a navigué sur quelques sites spécialisés, et rencontré une autre jeune femme, comme lui asexuelle, avec qui il partage une relation heureuse – et chaste.

« LA SOCIÉTÉ PRÉSENTE LE SEXE COMME UNE OBLIGATION »

Lui et ses semblables « asexuels » représenteraient 1 % de la population dans le monde, d’après les estimations d’un professeur canadien de la Brock University, Anthony Bogaert. Et ils commencent à s’organiser pour sortir de l’ombre. L’Asexual Visibility and Education Network (AVEN), fondé en 2001 par l’Américain David Jay, revendique 70 000 membres à travers le monde.

En France, l’Association pour la visibilité des asexuels (AVA) revendique « la reconnaissance de l’asexualité comme une orientation sexuelle à part entière ». « La société présente le sexe comme une obligation », analyse Paul, vice-président de l’AVA, qui regrette que l’absence de vie érotique soit considérée comme une sorte de tare. « L’asexualité fait partie de la diversité des sexualités humaines et c’est bien plus important de reconnaître son existence que d’essayer de la critiquer », proclame-t-il. Pas simple de vivre cette différence dans une société qui fait de l’épanouissement sexuel l’une des clés du bien-être.

Il y a deux ans, une journaliste parisienne, Sophie Fontanel, avait raconté qu’elle avait cessé de faire l’amour dans un roman intitulé l’Envie. Des critiques lui ont reproché de ne pas aimer les hommes, voire d’être dépressive. Son livre s’était tout de même bien vendu, jusqu’à 1 000 exemplaires par jour. Des lectrices lui ont su gré d’avoir mis des mots sur leurs propre absence de désir.

MOINS BIEN PERÇUS QUE LES HOMOSEXUELS

Dans l’intimité, les histoires d’amour avec les « sexuels » sont plus compliquées qu’une romance normale : « J’ai rencontré une femme il y a environ 5 mois et je suis tombé amoureux (…), mais le désir sexuel ne vient pas et je sens qu’elle prend ses distances, bien que ce soit très dur pour elle car elle m’aime profondément… Quelle souffrance… J’en pleure de rage… », écrit sur un site spécialisé un inconnu qui se présente sous le surnom d’Empatic de Lyon (centre-est).

D’après Paul, le vice-président de l’AVA, beaucoup d’asexuels se mettent en couple avec d’autres asexuels. Pour le chercheur Anthony Bogaert, ils subissent aussi des discriminations: « Ils sont moins bien perçus par la moyenne des hétérosexuels que les gays et les lesbiennes. »

Le mot a commencé à faire parler de lui avec l’émergence d’Internet et des forums spécialisés à la fin des années 1990. En 2010, une semaine de l’asexualité a été organisée avec des actions de sensibilisation, notamment aux Etats-Unis. Les organisateurs de la Journée de l’asexualité en France prévoient des initiatives modestes, comme l’envoi de poèmes sur un site spécialisé.

Voir également:

Asexuality

Movement towards a new sexual orientation

Stephen J. Betchen D.S.W.

Psychology today

Jun 08, 2014

Asexuality is a highly charged concept. One camp of sexologists’ claim that it is, and should be recognized as a major sexual orientation like heterosexuality, homosexuality and bisexuality are. The other camp sees it as nothing more than low libido or a generalized type of Hypoactive Sexual Desire Disorder (HSDD).

Definition

Asexuality is generally defined as a lack of sexual attraction to others or the lack of interest in sex. Bogaert (2004) claimed that there are two forms of asexuality: 1. People who have a sex drive but do not direct this towards others—they may masturbate; and 2. People who have no sex drive at all.

In his book Understanding Asexuality, Bogaert (2012) contended that asexuality is distinct from abstention from sexual activity and from celibacy, which are behavioral and motivated by an individual’s personal or religious beliefs. Many asexuals were sexually active during puberty or at some other time period but at the time they identify as asexual they do not experience sexual attraction. Some do however, want to form a long-term bond with a partner and may even desire to have children.

Kinsey, et al. (1948) rated individuals from 0-6 according to their sexual orientation from heterosexual to homosexual. Numbers 1-5 indicated bisexuality. But he also labeled 1.5% of the adult male population as X indicating asexuality. Most researchers indicated the prevalence of asexuality to be around 1.05% (approximately 70 million people); others like Bogaert (2004) believed it to be higher.

Characteristics

Bogaert (2004, 2006) identified some of the characteristics of asexuals as follows:

1. More women than men

2. Slightly older than sexuals

3. Low self-esteem

4. Low socioeconomic status

5. Weighed less

6. Poorer health

7. More religious and attended religious services more often

8. Asocial

9. Social anxiety

10. Anxiety

11. Depression

While “less well-educated” was also cited, this finding was contradicted by Prause and Graham (2007). This was also not my experience, but my limited data could be a reflection of the educational and socioeconomic status of my clinical practice.

Variation

Not all asexuals are necessarily alike.

1. Many asexuals can see people as attractive but do not have any sexual need for them.

2. Some asexuals masturbate, but in most cases this is purely a physical experience void of fantasy. If they do fantasize about a person, they wouldn’t have the actual drive to be with that person.

3. Asexuals can get crushes on people but it is not sexual in nature. Asexuals are generally not turned on by others.

4. Some asexuals like hugging and kissing.

5. Some asexuals engage in sexual activity simply to please a romantic partner.

6. Some asexuals are romantic but not sexual.

7. Some asexuals are aromantic (i.e., not interested in romance).

8. Some asexuals are romantic toward a specific gender (i.e., the romantic aspect of heterosexuality).

9. Demiromantic (i.e., romantic after developing an emotional connection beforehand but not towards a specific gender).

10. Grey or Gray-romantic (i.e., vacillate between aromantic and romantic).

11. Asexuals can identify themselves as Gay, Straight, or Bisexual.

12. Some asexuals have no sexual feelings at all. These individuals are often referred to as non-libidoists.

13. I’ll add that most of the asexuals I’ve seen in my clinical practice like “control.” Avoiding sex with someone can serve to maintain a distance and in turn, serve to defend against the certain vulnerability that comes with closeness. Finding a partner with whom they could negotiate control with is vital to achieving a long-term partnership.

While asexuality is gaining some acceptance as “the fourth sexual orientation,” asexuals have not been the subject of legislation as have other sexual orientations. Here are some of the pros and cons regarding orientation:

Pro Orientation

1. While both generalized HSDD and asexuality imply a general lack of attraction to anyone, asexuality is not considered a disorder or sexual dysfunction, or the consequence of a medical or social problem.

2. Asexuals do not identify with being sick or demonstrate anxiety about being asexual per se.

3. Asexuality cannot be cured like a disorder.

4. Asexuality is not a problem-; the problem may be that society does not understand it.

5. Asexuals do not choose to have low sexual desire.

6. Many asexuals are unable to masturbate even though they reportedly have a normal sex drive.

7. Asexuality is a life-enduring characteristic.

8. Asexuality is a biologically determined orientation and that this will eventually be proven. Many who support this hypothesis cite Simon LeVay’s (1991) groundbreaking work in Science: “A difference in hypothalamic structure between heterosexual and homosexual men.” LeVay discovered that gay and straight men have differences in the hypothalamus.

Con Orientation

1. Asexuality is a lack of sexual orientation or sexuality, not an orientation.

2. Asexuality is a denial of one’s natural sexuality.

3. Asexuality is generalized low libido

4. Asexuality is the result of sexual anxiety or shame.

5. Asexuality is Sexual Aversion

6. Unlike the other major orientations, it is not known when asexuality is determined.

7. It is not known definitively whether asexuality is life-long or acquired.

AVEN

The largest community supporting asexuality as an orientation is, The Asexuality Visibility & Education Network (AVEN). With approximately 30,000 members, AVEN supports the notion that asexuality is biologically determined. Celibacy is viewed as a choice—asexuality is an orientation. Founded in 2001 by David Jay, the organization has two primary goals:

1. To create public acceptance and discussion of asexuality.

2. To facilitate the growth of an asexual community.

Conclusion

No matter where you stand on the issue of asexuality, asexuals do exist and therefore deserve a forum and a support system. AVEN offers this and it should be applauded. Too often those of difference are discriminated against in our society with too little knowledge and even less empathy. Perhaps continued research will one day lend to our much-needed understanding of the complexities of asexuality.

Voir encore:

Le masque en plein air est-il vraiment utile ?

Alors que plusieurs villes françaises ont rendu obligatoires le port du masque pour éviter un retour à la crise sanitaire, la question est posée.

Christophe de Brouwer

Contrepoints

28 juillet 2020

Il m’a été demandé d’aborder la problématique du port de masques dans des lieux non clos, en extérieur.

Je ne traiterai pas ici des autres gestes barrières (lavage des mains, distanciation, confinement, etc.).

Je voudrais aborder la question sous l’angle du risque.

Le risque se définit, sur le plan international, comme la probabilité d’un effet. En effet, le risque est la probabilité de contracter le covid, et le masque est un facteur du risque qui modifie, en la diminuant, la relation Sars-covid-2 avec la maladie. Nous sommes dans une analyse du risque classique.

Règle théorique simple : risque élevé, masque utile

Je vais essayer de faire simple :

Si le risque de contracter le virus est de 20 % et que grâce au masque chirurgical, ce risque chute de 80 %, le risque résiduel sera de 4 %. Par contre le détriment lié au masque (j’y viendrai après) pourrait être, par exemple de 1 % (estimation probablement basse chez des personnes âgées), le risque total résiduel de la probabilité d’un effet sera de 5 %. Le gain de sécurité théorique lié au masque est donc +15 %.

Si deux personnes en vis-à-vis portent un masque, le risque résiduel individuel pourrait être 0,8 %. Le risque résiduel total sera de 1,8 % et le gain de +18,2%.

Si le risque de contagion est de 0,5 % et que grâce au masque, le risque résiduel devient 0,1 %, alors que le détriment reste à 1 %, le risque total résiduel sera de 1,1 %. La perte de sécurité ici se rapproche de la neutralité (-0,1 %).

Actuellement, nous sommes à un étiage des cas infectés (~0,3 % de la population). Dès lors, le nombre de personnes capables d’infecter les autres dans notre environnement, (les super-propagateurs : environ 10 % des infectés selon la théorie de Lloyd-Smith), serait de 0,03 %. Dans ce cas, le risque avec le masque diminuerait à 0,006 %, soit un gain infime de 0,024 %. Par contre, le désavantage lié au masque, toujours identique, augmenterait en proportion, de sorte qu’il peut devenir principal.

La règle théorique est assez simple : là où le risque est élevé, l’apport d’un masque peut être un gain utile. Mais là où le risque est faible, l’apport du masque peut être inutile ou pire.

Il n’y a donc aucune contradiction entre affirmer la nécessité d’avoir des masques de protection en milieu hospitalier et en milieu communautaire, ou pour des personnes infectées, car le risque (la probabilité) de contamination pour soi ou les autres y est élevé, et de douter de cette utilité dans les autres situations.

À cette première ébauche théorique, vient une seconde couche : de quel risque parlons-nous ? Que l’on soit jeune ou âgé, la gravité du risque est très différente. Dans le premier cas, sauf très rare exception, le risque de maladie grave est quasi nul, dans l’autre cas c’est l’inverse.

Malheureusement, même logique, le détriment lié au port du masque augmentent avec l’âge. Je vais y venir maintenant.

Détriment lié aux masques

Il y a des études scientifiques qui investiguent cette dimension. Ici, ici, et

Oui, le détriment existe. Il est généralement faible par rapport aux bénéfices en milieu hospitalier. Qu’en est-il en dehors de ces milieux potentiellement très contaminés ?

C’est bien cette question-là qui est posée.

Prenons l’étude récente, de juillet 2020, parue dans le Clinical Research in Cardiology, « Effets des masques chirurgicaux et FFP2/N95 sur la capacité fonctionnelle cardiopulmonaire » chez des adultes jeunes en bonne santé. Le désavantage est certain : on voit une diminution de 9 % et 14 % respectivement du volume expiratoire forcé, de 3 % et de 5 % sur la puissance maximale (watts), la capacité ventilatoire est également diminuée, par contre les données liées à la fonction cardiaque sont similaires.

Chez les travailleurs, on a également montré un dépassement des limites des normes en oxygénation, sans pour autant définir un désavantage si l’exposition au masque FFP2/N95 ne dépasse pas une heure.

Et qu’en est-il chez les personnes ayant une fonction pulmonaire moins efficace ?

Les asthmatiques, ceux qui souffrent d’une bronchopneumopathie obstructive chronique, d’une fibrose pulmonaire, d’emphysème, d’un cancer pulmonaire, d’une rigidité accrue du thorax acquise avec l’âge, d’une obésité ayant un impact sur la fonction respiratoire… bref beaucoup de personnes âgées, sinon la majorité avec l’âge avançant, ne devraient pas porter de masques où le désavantage apparaît effectivement supérieur au bénéfice dans les conditions actuelles.

Et donc certains préconisent de les enfermer à domicile. C’est tellement plus simple. Nous avons vu le résultat de cette stratégie : nos vieux sont morts, seuls, sans prise en charge, sans réel traitement, dans les établissements, notamment les ehpad, et parfois chez eux.

Non, évidemment, nos anciens ont besoin de sortir, prendre l’air, bouger, avoir une vie sociale, voir leurs enfants et petits-enfants, etc. C’est cela qui les maintient en bonne condition, les fait vivre et leur permet de résister au virus. Nous avons fait le contraire, beaucoup sont morts.

Enfin, porter un masque de qualité n’est pas si simple, nous l’avons vu. Il est encombrant, inconfortable, irrite la peau, on le touche tout le temps (regardez autour de vous), pour l’ajuster, prendre un peu d’air frais et non pas cet air humide, chaud et lourd propre à l’atmosphère confinée à l’intérieur du masque, pour manger et boire ; puis on le range dans sa poche, son sac, on le ressort, il tombe, on le dépose sur la banquette de la voiture ou ailleurs, on le réemploie, encore et encore, car pas de rechange à disposition, parce que cela coûte cher, qu’on n’y a pas pensé et que c’est obligatoire.

Bref, en quelques jours, beaucoup portent des masques qui sont devenus dangereux pour eux et les autres, et qui peuvent transporter des toxiques, y compris viraux, sur de longue distance. La compliance face à l’obligation n’est pas simple.

Résumons

  1. Nous sommes en situation post-épidémique, où les personnes infectées sont peu nombreuses et où la virulence est moindre. Donc le risque individuel de rencontrer un « super-contaminateur » est devenu vraiment très faible. C’est ce qu’on appelle le pré-test qui est ici la prévalence des infectés vrais et propagateurs dans une population.
  2. Dans ces conditions, le bénéfice attendu du port convenable d’un masque devient très faible (des fractions de pourcent). Et le détriment lié au masque peut, lui, devenir supérieur. Dès lors, porter un masque peut aggraver le risque résiduel total (bénéfice-avantage).
  3. Je ne suis pas convaincu du bénéfice, aujourd’hui, du port convenable d’un masque dans un espace fermé adéquatement ventilé.
  4. Encore moins en extérieur, où la dilution du toxique devient extrême. Là, me semble-t-il, le bénéfice tombe quasiment à rien et laisse le désavantage entier.

Donc, un masque dans un milieu potentiellement contaminé (hôpital, communauté) peut être réellement bénéfique, de même pour la personne infectée.

Ce port devrait être réalisé par les organismes eux-mêmes (hôpitaux, etc.) de façon à ce que le masque ne quitte pas le milieu potentiellement contaminé. Il doit être jeté à la sortie afin que le risque ne soit pas transporté ailleurs et que l’on puisse contrôler la qualité du masque et la durée de son utilisation au sein de l’institution. Le bénéfice est ainsi maximisé.

Et pour le reste, comme je viens de le développer, j’ai beaucoup de doutes, tout en laissant de côté la question de la proportionnalité du risque par rapport à d’autres risques.

Les personnes âgées, ainsi que celles dont les fonctions pulmonaires sont altérées, ne devraient pas porter de masques, certainement pas en extérieur et même en lieu couvert, si le temps de séjour, donc d’exposition, est raisonnable.

Pour les autres, je pense que la liberté devrait être laissée à chacun, car les bénéfices attendus sont vraiment très faibles, lorsque ce n’est pas l’inverse car le port du masque est inadéquat, défaillant. Or, la compliance pour un bonne utilisation n’est pas simple à obtenir.

L’éducation des personnes est certainement plus efficace dans ce cas que l’obligation avec menaces d’amendes et autres.

Voir enfin:

Colleen Flaherty
Inside higher ed
September 10, 2020

Historian Jessica Krug, who last week admitted to being white and faking being Black for her entire career, resigned from her associate professorship at George Washington University, effective immediately, the institution announced Wednesday.

But on the heels of her scandal comes another confession of racial fraud from a scholar. This time it’s a graduate student at the University of Wisconsin at Madison — where Krug got her own Ph.D.

The graduate student in question is CV Vitolo-Haddad, a Ph.D. candidate in journalism and mass communication. They (Vitolo-Haddad’s preferred pronoun) were outed last week via an anonymous post on Medium and subsequently wrote two posts of their own on the platform.

Vitolo-Haddad described their own actions as letting « guesses about my ancestry become answers I wanted but couldn’t prove » and allowing people to « make assumptions when I should have corrected them. »

“I am so deeply sorry for the ways you are hurting right now because of me,” Vitolo-Haddad wrote in their first public apology. “You have expressed confusion, shock, betrayal, anger, and mistrust. All of those things are a consequence of how I have navigated our relationships and the spaces we share.”

In the second, edited apology, Vitolo-Haddad described themself as « Southern Italian/Sicilian. » In trying to make sense of their experiences with race, « I grossly misstepped and placed myself in positions to be trusted on false premises. I went along with however people saw me. »

On social media, spanning years, however, Vitolo-Haddad has described themself as other than white — in various ways.

This summer, for instance, Vitolo-Haddad described themself as “italo habesha,” meaning of Italian and Eritrean or Ethiopian descent, and “lightskin,” according to screenshots included in the anonymous post outing them.

Several posts are also in Spanish, and allude to Latinx and/or Afro-Latinx ancestry. Tweeting about Krug just last week, they said that their mother described them as Cuban and that the “colorism we uphold and lean into to distance ourselves is actually why no one trusts.” Ironically, in retrospect, they called Krug a “Kansas cracker” who got a Ph.D. in “performing blackface.” They also described “transraciality” as “violence.”

In another 2017 post, Vitolo-Haddad wrote that their mother faulted them for not having enough burning sage to keep their dog “safe from los espíritus malignos,” or evil spirits. The post also seems to say that their mother is a “bruja,” or witch.

Other posts refer to their family’s history of being “colonized.”

The anonymous author of the Medium post says that Vitolo-Haddad is from a white, affluent Italian American family that lives in Florida. Haddad, according to the post, is a name Vitolo-Haddad kept from their past marriage. The author — described only as an affiliate of Madison — notes that Krug also described herself as having different nonwhite backgrounds, including North African and Afro-Latinx.

« Though their claim to a POC identity was vague, the one consistency was their insistence that they were a constant target of acts of racism and that they came from some kind of nonwhite background, » the anonymous author wrote, accusing Vitolo-Haddad of changing their appearance over time to appear nonwhite. « They referenced it frequently on social media and in interpersonal conversations. Their behavior was reminiscent of the way people who knew Krug have described her: perpetually in a victim status, but also perpetually shifting in terms of the specifics. Their stories lacked coherence, but they intimated an insider status that made (and makes) people hesitant to question them. »

Vitolo-Haddad’s initial apology said that they were stepping down from all positions of organizational power at Madison, including their co-presidency of the Teaching Assistants’ Association and their teaching position.

Vitolo-Haddad did not agree to an interview request. Asked via email whether they would remain at Madison as a student only, with no teaching responsibilities, they said, “Those I harmed will be the ones to determine the consequences.”

The now former George Washington professor, Krug, has blamed her actions on past trauma and mental health issues. She may have benefited from her mimicry academically, though, and her critics are demanding a full accounting of that. At Portland State University, where she earned her bachelor’s degree, for instance, she was part of the Ronald E. McNair Postbaccalaureate Achievement Program. The program is for underrepresented students, including first-generation and low-income, but also minority students.

Krug, who did not respond to an interview request, is from a white Jewish family and went to a private preparatory school near Kansas City, Mo. A former classmate of hers there, Quinton Lucas — now the mayor of Kansas City, Mo. — recently retweeted a yearbook photo of them together, writing, “One of the stranger person-in-your-yearbook-photo-did-this stories I’ve stumbled upon. Yes, Jessica graduated a few years ahead of me. She was interesting back then, but it is really surprising she’s tried to pass as Black for 20 years. Her apology in reflection is warranted.”

More Questions Than Answers

What about Vitolo-Haddad? They said Wednesday via email that while they benefited “socially” in certain ways from the situation, they never applied for scholarships, fellowships or awards for people of color or identified as Black on any forms asking about their identification. They also said they’d never represented themself as Black in their published scholarship, which includes work on the rhetorical strategies of far-right groups.

Vitolo-Haddad directed further questions to the second apology post, which says there were “three separate instances,” otherwise unspecified, when they were asked if they were Black but did not say no. They apologized for entering Black organizing spaces and for “failing to correct varied misconceptions about my identity over the years, and for everything I did to aid or advance those ideas.”

In particular, they said, “I want to apologize for ever taking lies about Cuban roots at face value,” though it’s unclear to what they are referring. “Additionally, I want to apologize for how my failure to own up to these harmful decisions publicly made every conversation on social media about the varied ways I’ve been racialized a source of confusion and deception.”

Meredith Mcglone, spokesperson for Madison, said that the university “expects that people represent themselves authentically and accurately in all aspects of their academic work.” She confirmed that Vitolo-Haddad is “not currently employed as a teaching assistant.”

Regarding Krug’s degree status, Mcglone said, « We have policies in place to investigate and address misconduct. » Federal student privacy law limits what the university is able to share about current and former students without their consent, she added.

Conversations about Krug have resurrected other stories about faking racial identities in the academy.

Andrea Smith, professor of ethnic studies at the University of California, Riverside, has long faced accusations that she is not really Native American, but she said in 2015 that she identifies as Cherokee even if she isn’t enrolled in the Cherokee Nation. That same year, Rachel Dolezal, former Spokane, Wash., NAACP chairperson and an adjunct instructor of Africana studies at Eastern Washington University, was outed as being white. Dolezal later wrote a memoir about how she still identified as Black. That wasn’t always the case, though; in 2002, Dolezal unsuccessfully sued Howard University for allegedly discriminating against her as a white master of fine arts student there.

In 2018, Senator Elizabeth Warren shared genetic test results showing that she is in fact part Native American while simultaneously insisting that she’s always been evaluated professionally, as a professor of a law, as a white person.

More recently, the family of the late Cuban writer H. G. Carrillo, who died of COVID-19, said he was not actually Cuban at all, but rather born to a non-Latinx Black family in Detroit. In a connection to the Krug case, Carrillo was an assistant professor of English at George Washington.

Actress Mindy Kaling’s brother, Vijay Chokal-Ingam, has written about why he faked being Black to get into medical school, which he eventually dropped out of. Chokal-Ingam says he benefited from affirmative action in admissions decisions but, to his surprise, faced discrimination in other areas of his life while he faked being Black.

Krug’s departmental colleagues called for her resignation or ouster. She had already ceased teaching prior to her resignation.

Vitolo-Haddad in the second confession post said, « What I know now is that perception is not reality. Race is not flat, it is a social construct rife with contradictions. Fighting racism never required dissociating myself from whiteness. In fact, it derailed the cause by centering my experience. »

While « most of the trust I destroyed cannot be rebuilt, » they said, they seek « redress that is appropriate for each individual I’ve harmed.” This will be a “long-term and ongoing process, prioritizing those most directly impacted. I won’t pretend to know what that looks like, but I am committed to being part of it until the end.”


Ecologie: Hypocrites de tous les pays, unissez-vous ! (Guess who keep lecturing us about climate change, but flaunt carbon footprints 300 times bigger than the rest of us ?)

10 novembre, 2019

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Chers journalistes qui nous avez traités d’hypocrites, vous avez raison. Notre empreinte carbone est élevée et celle des industries dont nous faisons partie est énorme. Comme vous, et tous les autres, nous sommes coincés dans une économie basée sur l’énergie fossile et sans changement radical, nos styles de vie continueront à endommager le climat et l’écologie. Il y a cependant une histoire plus urgente sur laquelle nos profils et nos plates-formes peuvent attirer l’attention. Le changement climatique arrive plus vite et plus fort que prévu ; des millions de personnes en souffrent, quittent leur maison pour arriver à nos frontières en tant que réfugiés. Aux côtés de ces personnes qui payent déjà le prix de notre économie basée sur l’énergie fossile, il y a des millions d’enfants – appelés par Greta Thunberg – qui nous implorent, nous les personnes de pouvoir et d’influence, de nous battre pour leur futur qui est déjà dévasté. Nous ne pouvons ignorer leur appel. Même si en leur répondant nous nous retrouvons dans votre ligne de mire. Les médias existent pour dire la vérité aux gens. En ce moment, il n’y a pas de besoin plus urgent que de vous renseigner sur le CEE (Climate and Ecology Emergency) et que vous utilisiez votre voix pour atteindre de nouveaux publics avec la vérité. Collectif de célébrités
C’est grâce à Greta et aux jeunes militants du monde entier que je suis optimiste quant à l’avenir. C’était un honneur de passer du temps avec Greta. Elle et moi nous sommes fait la promesse de nous supporter l’un et l’autre, dans l’espoir de créer un avenir plus réjouissant pour notre planète. Leonardo DiCaprio
C’était fantastique de rencontrer la semaine dernière @GretaThunberg, mon amie et mon héroïne, et de faire ensemble un tour de Santa Monica à vélo. J’étais tellement excité à l’idée de la présenter à ma fille Christina. Continue de nous inspirer Greta!  Arnold Schwarzenegger
Ce que je veux, c’est que les gens réalisent que nous devons faire quelque chose pour le monde. Sinon, ce sera le début de notre extinction. Quel est le message derrière? Peut-être de lancer la conversation avec des amis: ‘Vous avez vu la peinture murale de Greta? A quel sujet ? Le changement climatique.’ Andres “Cobre” Petreselli
The Kadıköy Municipality, run by [the main opposition Republican People’s Party] CHP, painted a mural of Greta Thunberg, who officially filed a complaint against Turkey at the United Nations. The mayor must put an end to this mural scandal of the girl who is the enemy of Turks! Aydoğan Ahıakın (AKP)
Let’s cut off the electricity, natural gas and Internet at her house in Stockholm, take away her smart phone, then watch her vignette full of mimicry that she rehearses in front of a mirror. Cem Toker (Turkey’s Liberal Party)
Greta, who had been portrayed as a sympathetic and respected young woman by the vast majority of the Turkish media before the UNGA sessions in New York City, submitted a legal complaint against five countries including Turkey to the UN Committee on the Rights of the Child, accusing them of “recklessly causing and perpetuating life-threatening climate change [and] failing to take necessary preventive and precautionary measures to respect, protect, and fulfill the petitioners’ rights.” “16-year-old girl files complaint against Turkey at UN” dominated the headlines in Turkey, and a campaign to discredit her was kicked off on social and government-controlled mass media immediately afterwards. Many Twitter users — apparently nationalists and supporters of the government — reposted a doctored image of her posing with George Soros, who Turkish President Recep Tayyip Erdoğan once described as a famous Hungarian Jew who attempted to overthrow his government in 2013. The original image, in fact, was a photo on Greta’s Instagram account with Al Gore. Banu Avar, an ultranationalist journalist known for her conspiracy theories and xenophobia, tweeted that the powers behind Greta were Bill Gates and George Soros, referring to the Nya Tider website, the media outlet of a Nazi organization called Nordiska motståndsrörelsen, (Nordic Resistance Movement) in Sweden. İsmail Kılıçarslan of the pro-government Yeni Şafak daily claimed that Greta Thunberg had surpassed her namesake, world-famous Swedish-American film actress Greta Garbo, in making a splash and posted a chart on carbon emissions showing Turkey was already far behind many developing countries. However Thunberg’s submission to the UN had nothing to do with carbon emissions. Kılıçaraslan also added Greta to a list of people who are allegedly trying to tarnish Turkey’s image at home and abroad. Melih Altınok, a columnist for the Sabah daily, which is run by the Erdoğan family, accused Greta’s parents of child abuse and described her efforts as a part of a Stockholm-style environmentalism that claims “cow farts” will cause the end of the world. Mevlüt Tezel of Sabah wrote in his column titled “Project girl, haven’t you found another country to blame?” that Greta, who he described as a polished setup girl, became popular only after US President Donald Trump made fun of her. Conspiracist and columnist for the same daily Ferhat Ünlü mentioned her in his last column about HAARP (High Frequency Active Auroral Research Program), which was claimed to be a US project to produce weapons that trigger earthquakes, writing “… those who made a child who reportedly has Asperger’s Syndrome speak at the UN on the condition of accusing Turkey and similar countries hesitate to discuss HAARP.” No doubt, the most extreme reaction came from a politician, namely, Aydoğan Ahıakın, head of the governing Justice and Development Party (AKP) branch in Kadıköy, one the biggest districts in İstanbul. Ahıakın tweeted that “the Kadıköy Municipality, run by [the main opposition Republican People’s Party] CHP, painted a mural of Greta Thunberg, who officially filed a complaint against Turkey at the United Nations. The mayor [Şerdil Dara Odabaşı] must put an end to this mural scandal of the girl who is the enemy of Turks!” Ahıakın did not forget to mention Turkey’s Interior Ministry, which supervises municipalities in Turkey. The ministry recently removed several mayors in prominent Kurdish cities. Journalist and television host Ahmet Hakan Coşkun, who works for the pro-government Hürriyet daily and disreputable CNN-Türk, wrote in his column that he found Greta so unnatural, he simply was unable to develop a good feeling for her. Calling her a poseur and crabby, Çoşkun likened her to children who went crazy while reading epic poems. Meanwhile, there are those who discredit and oppose Greta ideologically as well. Hüseyin Vodinalı, a columnist for Aydınlık, the media outlet of Turkey’s neo-nationalist Homeland Party, said that “capitalism is hiding behind Greta.” Accusing her of roleplaying, Vodinalı wrote that global finance barons representing $118 trillion were using a small girl as a screen. Vodinalı also claimed that Greta’s mother, father and grandfather were all actors (which is not true) and that that was why her acting was so realistic. Gaffar Yakınca, another Aydınlık columnist, wrote two pieces on Greta. Yakınca portayed Greta as the new face of imperialism. Referring to her Asperger’s Syndrome, Yakınca claimed she had been dismayed by disaster scenarios since she was 8, adding that as an abused child she had fallen under the responsibility of Sweden’s ministry of social affairs. In his second column Yakınca likened Greta to Private Ryan, the main character of the movie “Saving Private Ryan,” which tells the story of a mentally ill American soldier who was rescued by the US Army during wartime. Yakınca claims that Greta is the last member of the same army. Greta’s peers were also hardhearted. The Union of High School Students, an organization affiliated with the Homeland Party, issued a statement accusing the West of using the old tactic of sending children to the fight first. Despite a note stating that Greta was not their addressee but rather her global masters, it is full of defamation and humiliation of the young activist. It would be incorrect to say that only pro-government journalists and ultranationalists were trying to defame the 16-year-old activist. For instance, Cem Toker, the former chairman of Turkey’s Liberal Party, wrote on his Twitter account in response to a user who expressed support for Greta, “Let’s cut off the electricity, natural gas and Internet at her house in Stockholm, take away her smart phone, then watch her vignette full of mimicry that she rehearses in front of a mirror.” Greta continues to travel the world. Turkey would be an amazing destination for her, departing from Stockholm, sailing the Mediterranean on a zero carbon yacht, meeting with activists whom she previously acknowledged for their protest of a gold mining company. However, it would be wise to postpone it for as long as xenophobia is on the rise in Turkey. Nordicmonitor
C’est ce qui s’appelle une boulette ! L’acteur oscarisé pour son rôle dans The Revenant s’est attiré les foudres de tous les écologistes samedi 21 mai 2016, en faisant un aller-retour entre Cannes et New York en jet privé pour aller chercher un prix. Banal, pour une star multimillionnaire. Oui, sauf quand il s’agit de recevoir une récompense en faveur de la planète… Alors qu’il était sur la Croisette pour le 69ème Festival de Cannes, Leonardo DiCaprio a dû s’éclipser quelques jours pour se rendre au Riverkeeper Fishermen’s Ball, un événement écologiste qui se déroulait à New York, soit à plus de 6000 kilomètres de Cannes. Pour faire l’aller-retour rapidement et récupérer son prix « green » des mains de Robert De Niro, l’acteur n’a pas trouvé d’autre solution que de prendre son jet privé. Une initiative qui fait désordre, surtout quand on sait qu’une heure de vol dans un jet privé brûle autant de carburant qu’une année entière de conduite d’une voiture, à en croire les rapports écologistes. Pourtant, Leonardo Dicaprio est plein de bonnes intentions pour la protection de notre belle planète. Le 20 janvier 2016, lors du dernier World Economic Forum, il signait un chèque de 15 millions de dollars en faveur des causes environnementales. Pendant la dernière cérémonie des Oscars, en février dernier, il profitait de son discours pour rappeler que « le changement climatique est réel. Cela arrive maintenant, et c’est la plus urgente menace pour notre espèce ». Ces démonstrations pour l’écologie avaient conduit le comédien à recevoir ce fameux prix vert le mercredi 18 mai 2016. Fier de sa récompense, l’acteur avait aussitôt publié une photo de son trophée sur son compte Instagram en se disant « honoré » d’avoir été invité à participer à un tel événement et en affirmant sa volonté de « créer et protéger un monde plus sain pour des millions de gens ». L’acteur star de Titanic, revenu sur la Croisette le jeudi 19 mai 2016 pour prononcer un discours lors du gala de l’amfAR contre le Sida, était loin de se douter que sa petite virée allait faire autant de vagues. Le porte-parole de l’acteur a pris sa défense en déclarant que Leonardo Dicaprio aurait en réalité profité d’un vol qu’effectuait un de ces amis, lequel faisait lui aussi l’aller-retour Cannes-New York. Orange
They lecture other people about the need to take action on climate change but then climb aboard private jets. Celebrity “super-emitters” have carbon footprints up to 300 times bigger than the average person and may encourage others to adopt their dirty habits by flaunting their frequent flying on social media, a study says. Bill Gates, the Microsoft billionaire, has the biggest carbon footprint of the ten celebrities whose travel habits were examined by the study. He took 59 flights in 2017, travelling 343,000km (213,000 miles). The study assumed he flew in his private jet, which he has described as his “guilty pleasure” and “big splurge”, and calculated his flying produced 1,600 tonnes of carbon dioxide, compared to a global average of less than five tonnes per person. Other celebrity frequent flyers included in the study by Lund University in Sweden include Paris Hilton who took 68 flights and travelled 275,000km, Jennifer Lopez 77 flights and 224,000km, and Oprah Winfrey 29 flights and 134,000km. The researchers examined the Facebook, Instagram and Twitter accounts of ten celebrities to establish their movements and looked at media reports and other sources to try to establish the type of plane in which they had travelled. Steffan Gossling, the lead author, said the example of Greta Thunberg, the teenage climate change activist who has vowed not to fly and has herself become famous, had “broken the convention” that celebrities were expected to travel in style. The emergence of the concept of flygskam, which is Swedish for “flight shame”, had also prompted more questions about the impact of frequent flyers, he said. He called on governments to “stem the growing class of very affluent people who contribute very significantly to emissions and encourage everyone else to aspire to such damaging lifestyles”. He added: “It’s increasingly looking like the climate crisis can’t be addressed while a small but growing group of super-emitters continue to increase their energy consumption and portray such lifestyles as desirable through their social media channels “As Greta Thunberg affirmed early on, ‘The bigger your carbon footprint, the bigger your moral duty’. And flying, as a very energy-intensive activity, has been identified as particularly harmful and socially undesirable.” Emma Watson, the actress and the only British celebrity among the ten, had the lowest carbon footprint as she flew only 14 times in 2017 and travelled 68,000km, all on scheduled airlines. But her carbon footprint of 15 tonnes from flying alone was still more than three times that of the average person from all activities. A spokesman said that Watson pays to offset the carbon emissions of the flights that she takes through the organisation. The study, published in the journal Annals of Tourism Research, added: “Scheduled air traffic, even though twice as energy-intense in business/first class, requires only a fraction of the energy consumed by private jets.” Mr Gossling said he had given up flying for leisure more than 20 years ago when he became aware of its damaging impact. However, he admitted to taking a flight yesterday from Germany to Denmark to attend an academic conference. He said he did not have the time to make the outward journey by rail but intended to spend 13 hours on trains tomorrow on the return journey. Ben Webster

Charité bien ordonnée commence par soi-même !

A l’heure où …

De Bristol à Istanbul et San Francisco

Et par fresques géantes interposées …

Se poursuit la béatification santo subito de la jeune activiste du climat suédoise Greta Thunberg …

Comment ne pas se réjouir …

De voir ses amis de la jet set …

Aux empreintes carbone jusqu’à 300 fois la nôtre …

Commencer enfin à appliquer à eux-mêmes

Les leçons d’écologie qu’ils nous avaient jusqu’ici si généreusement offertes ?

VIDEO. Plusieurs stars affirment être « hypocrites » face au changement climatique

ECOLOGIE Ce sont elles qui le disent dans une lettre ouverte publiée par Extinction Rebellion

20 Minutes
17/10/19

Plusieurs célébrités ont signé une lettre publiée par Extinction Rebellion dans laquelle elles admettent être « hypocrites » face au combat contre le changement climatique. De Benedict Cumberbatch au chanteur de Radiohead, Thom Yorke, en passant par Lily Allen, ils s’adressent aux journalistes qui les ont épinglés sur leurs habitudes de vie peu compatibles avec la protection de l’environnement.

« Chers journalistes qui nous avez traités d’hypocrites, vous avez raison. Notre empreinte carbone est élevée et celle des industries dont nous faisons partie est énorme. Comme vous, et tous les autres, nous sommes coincés dans une économie basée sur l’énergie fossile et sans changement radical, nos styles de vie continueront à endommager le climat et l’écologie », peut-on lire dans cette lettre relayée par plusieurs médias, dont la BBC.

Tous avec Greta Thunberg

Ils apportent également leur soutien à Greta Thunberg. « Le changement climatique arrive plus vite et plus fort que prévu ; des millions de personnes en souffrent, quittent leur maison pour arriver à nos frontières en tant que réfugiés. Aux côtés de ces personnes qui payent déjà le prix de notre économie basée sur l’énergie fossile, il y a des millions d’enfants – appelés par Greta Thunberg – qui nous implorent, nous les personnes de pouvoir et d’influence, de nous battre pour leur futur qui est déjà dévasté. Nous ne pouvons ignorer leur appel. Même si en leur répondant nous nous retrouvons dans votre ligne de mire », ajoutent-ils.

L’interprète de Sherlock Holmes et les autres ont également une requête adressée aux journalistes. « Les médias existent pour dire la vérité aux gens. En ce moment, il n’y a pas de besoin plus urgent que de vous renseigner sur le CEE (Climate and Ecology Emergency) et que vous utilisiez votre voix pour atteindre de nouveaux publics avec la vérité », peut-on lire également.

Voir aussi:

Jet-setting stars exposed over hypocrisy on climate change
Ben Webster, Environment Editor
October 24 2019
The Times

They lecture other people about the need to take action on climate change but then climb aboard private jets.

Celebrity “super-emitters” have carbon footprints up to 300 times bigger than the average person and may encourage others to adopt their dirty habits by flaunting their frequent flying on social media, a study says.

Bill Gates, the Microsoft billionaire, has the biggest carbon footprint of the ten celebrities whose travel habits were examined by the study. He took 59 flights in 2017, travelling 343,000km (213,000 miles).

The study assumed he flew in his private jet, which he has described as his “guilty pleasure” and “big splurge”, and calculated his flying produced 1,600 tonnes of carbon dioxide, compared to a global average of less than five tonnes…

They lecture other people about the need to take action on climate change but then climb aboard private jets.

Celebrity “super-emitters” have carbon footprints up to 300 times bigger than the average person and may encourage others to adopt their dirty habits by flaunting their frequent flying on social media, a study says.

Bill Gates, the Microsoft billionaire, has the biggest carbon footprint of the ten celebrities whose travel habits were examined by the study. He took 59 flights in 2017, travelling 343,000km (213,000 miles).

The study assumed he flew in his private jet, which he has described as his “guilty pleasure” and “big splurge”, and calculated his flying produced 1,600 tonnes of carbon dioxide, compared to a global average of less than five tonnes per person.

Other celebrity frequent flyers included in the study by Lund University in Sweden include Paris Hilton who took 68 flights and travelled 275,000km, Jennifer Lopez 77 flights and 224,000km, and Oprah Winfrey 29 flights and 134,000km.

The researchers examined the Facebook, Instagram and Twitter accounts of ten celebrities to establish their movements and looked at media reports and other sources to try to establish the type of plane in which they had travelled.

Steffan Gossling, the lead author, said the example of Greta Thunberg, the teenage climate change activist who has vowed not to fly and has herself become famous, had “broken the convention” that celebrities were expected to travel in style.

The emergence of the concept of flygskam, which is Swedish for “flight shame”, had also prompted more questions about the impact of frequent flyers, he said.

He called on governments to “stem the growing class of very affluent people who contribute very significantly to emissions and encourage everyone else to aspire to such damaging lifestyles”.

He added: “It’s increasingly looking like the climate crisis can’t be addressed while a small but growing group of super-emitters continue to increase their energy consumption and portray such lifestyles as desirable through their social media channels

“As Greta Thunberg affirmed early on, ‘The bigger your carbon footprint, the bigger your moral duty’. And flying, as a very energy-intensive activity, has been identified as particularly harmful and socially undesirable.”

Emma Watson, the actress and the only British celebrity among the ten, had the lowest carbon footprint as she flew only 14 times in 2017 and travelled 68,000km, all on scheduled airlines.

But her carbon footprint of 15 tonnes from flying alone was still more than three times that of the average person from all activities. A spokesman said that Watson pays to offset the carbon emissions of the flights that she takes through the organisation ClimateCare.org.

The study, published in the journal Annals of Tourism Research, added: “Scheduled air traffic, even though twice as energy-intense in business/first class, requires only a fraction of the energy consumed by private jets.”

Mr Gossling said he had given up flying for leisure more than 20 years ago when he became aware of its damaging impact. However, he admitted to taking a flight yesterday from Germany to Denmark to attend an academic conference.

He said he did not have the time to make the outward journey by rail but intended to spend 13 hours on trains tomorrow on the return journey.

Voir également:

Eco-campaigner Leonardo DiCaprio, 44, finally ditches private jet and deigns to fly commercial with girlfriend Camila Morrone, 21, at JFK Airport

 He has been criticized before for his use of private jets despite his interest in environmental causes.

But it seems like Leonardo DiCaprio has turned over a new leaf.

The 44-year-old actor was spotted heading to a commercial flight out of JFK Airport in New York on Sunday alongside 21-year-old girlfriend Camila Morrone.

As the actor has been criticized over his carbon footprint despite being an advocate for environmental issues, he made a much more conscious decision in taking a regular flight out.

Leo attempted to keep it low-key as he sported a black hoodie and matching puffer jacket, TUMI pack and Dodgers cap.

Camila looked fashionable in a  bright red puffer jacket as she followed her Oscar-winning boyfriend.

The model and the Hollywood icon were first linked in December 2017 when DiCaprio was pictured leaving her Los Angeles home.

The actor is a staunch supporter of environmental issues and used his acceptance speech at the 2016 Academy Awards to urge lawmakers to ‘stop procrastinating’ about the issues surrounding climate change.

The Revenant star has set up the Leonardo DiCaprio Foundation, which is ‘dedicated to the long-term health and well-being of the Earth’s inhabitants’ and has been largely praised for his conservation work.

 He has been criticized in the past for his use of private jets as in 2014, emails hacked from film studio Sony revealed he took six private flights in just six weeks which cost $177,550. This travel included two round trips from Los Angeles to New York, and one from LA to Las Vegas.

Outspoken: The actor – pictured 2018 in Las Vegas –  is a staunch supporter of environmental issues and used his acceptance speech at the 2016 Academy Awards to urge lawmakers to ‘stop procrastinating’ about the issues surrounding climate change

The actor is no stranger to dating models, with his previous conquests including the likes of Nina Agdal, Kelly Rohrbach, Toni Garrn, Gisele Bündchen, and Bar Refaeli.

His longest term relationship was with Brazilian supermodel Gisele, 37 – now married to New England Patriots star Tom Brady, 40 – from 1999 to 2005.

DiCaprio also dated Israeli catwalk queen, Bar Refaeli, 32, for six years from 2005 to 2011.

The actor’s most recent serious relationship was with Danish beauty Nina Agdal, 25, for a year.

DiCaprio has cast his previous type aside for brief romances with pop princess Rihanna, 29, and Gossip Girl star Blake Lively, 30.

Voir de plus:

Leonardo DiCaprio écolo : il voyage en jet privé pour aller récupérer son prix
Hélène Garçon
Orange
19 mai 2016

C’est ce qui s’appelle une boulette ! L’acteur oscarisé pour son rôle dans The Revenant s’est attiré les foudres de tous les écologistes samedi 21 mai 2016, en faisant un aller-retour entre Cannes et New York en jet privé pour aller chercher un prix. Banal, pour une star multimillionnaire. Oui, sauf quand il s’agit de recevoir une récompense en faveur de la planète…

Alors qu’il était sur la Croisette pour le 69ème Festival de Cannes, Leonardo DiCaprio a dû s’éclipser quelques jours pour se rendre au Riverkeeper Fishermen’s Ball, un événement écologiste qui se déroulait à New York, soit à plus de 6000 kilomètres de Cannes. Pour faire l’aller-retour rapidement et récupérer son prix « green » des mains de Robert De Niro, l’acteur n’a pas trouvé d’autre solution que de prendre son jet privé. Une initiative qui fait désordre, surtout quand on sait qu’une heure de vol dans un jet privé brûle autant de carburant qu’une année entière de conduite d’une voiture, à en croire les rapports écologistes.

Pourtant, Leonardo Dicaprio est plein de bonnes intentions pour la protection de notre belle planète. Le 20 janvier 2016, lors du dernier World Economic Forum, il signait un chèque de 15 millions de dollars en faveur des causes environnementales. Pendant la dernière cérémonie des Oscars, en février dernier, il profitait de son discours pour rappeler que « le changement climatique est réel. Cela arrive maintenant, et c’est la plus urgente menace pour notre espèce« . Ces démonstrations pour l’écologie avaient conduit le comédien à recevoir ce fameux prix vert le mercredi 18 mai 2016.

Fier de sa récompense, l’acteur avait aussitôt publié une photo de son trophée sur son compte Instagram en se disant « honoré » d’avoir été invité à participer à un tel événement et en affirmant sa volonté de « créer et protéger un monde plus sain pour des millions de gens« .

L’acteur star de Titanic, revenu sur la Croisette le jeudi 19 mai 2016 pour prononcer un discours lors du gala de l’amfAR contre le Sida, était loin de se douter que sa petite virée allait faire autant de vagues. Le porte-parole de l’acteur a pris sa défense en déclarant que Leonardo Dicaprio aurait en réalité profité d’un vol qu’effectuait un de ces amis, lequel faisait lui aussi l’aller-retour Cannes-New York.

Voir encore:

Leonardo DiCaprio et Greta Thunberg, la rencontre
Paris Match
02/11/2019

L’acteur de 44 ans et la militante de 16 ans se sont rencontrés à Los Angeles. Leonardo DiCaprio lui a dédié un message sur Instagram.

Une rencontre entre deux défenseurs de la nature. Vendredi, la jeune militante suédoise Greta Thunberg a rencontré Leonardo DiCaprio à Los Angeles. Messager de la Paix pour la protection du climat, l’acteur de 44 ans est également à la tête de sa propre fondation dédiée à la protection de la planète. «Il y a peu de moments dans l’Histoire où des voix ont un impact à des moments aussi cruciaux [qu’aujourd’hui] et à l’aube d’une transformation, mais Greta Thunberg est devenue une leadeuse de notre époque», a écrit la star hollywoodienne sur son compte Instagram.

Il a poursuivi son message en faisant comprendre aux détracteurs de la fondatrice des «FridaysForFuture» qu’ils portaient un mauvais jugement envers elle : «L’histoire nous jugera pour ce que nous faisons aujourd’hui afin de garantir que les générations futures puissent jouir de la même planète habitable que nous avons si ostensiblement tenue pour acquise. J’espère que le message de Greta sonne l’avertissement des dirigeants du monde où le temps de l’inaction est révolu. Avant de conclure: «C’est grâce à Greta et aux jeunes militants du monde entier que je suis optimiste quant à l’avenir. Ce fut un honneur de passer du temps avec Greta. Elle et moi sommes engagés à nous soutenir mutuellement, dans l’espoir d’assurer un avenir meilleur à notre planète». Des actions communes à venir ? Mystère

Greta veut se rendre à Madrid

Greta Thunberg poursuit son combat à travers le monde. Aux Etats-Unis depuis fin août, elle cherche désormais à revenir en Europe par la voie maritime. «J’ai besoin de trouver un moyen pour traverser l’Atlantique en novembre… Si quelqu’un pouvait me trouver un moyen de transport, je serais extrêmement reconnaissante», a tweeté l’adolescente de 16 ans, qui refuse de prendre l’avion, moyen de transport très polluant. Elle veut se rendre à Madrid, où se déroulera la conférence internationale sur le climat, COP25, initialement prévue au Chili.

Voir aussi:

Lutte pour le climat : après DiCaprio, Greta Thunberg a rencontré Schwarzenegger
De passage aux Etats-Unis, la militante suédoise a rencontré successivement deux des monuments du cinéma américain engagés dans la lutte pour le climat.
Le Parisien
5 novembre 2019

Le duo est presque improbable. L’acteur américain Arnold Schwarzenegger a posté ce mardi des clichés de lui, pédalant dans les rues de Santa Monica aux côtés de la jeune activiste suédoise Greta Thunberg. « C’était fantastique de rencontrer la semaine dernière @GretaThunberg, mon amie et mon héroïne, et de faire ensemble un tour de Santa Monica à vélo. J’étais tellement excité à l’idée de la présenter à ma fille Christina. Continue de nous inspirer Greta! », a tweeté, visiblement très enthousiaste, l’interprète de Terminator et ancien gouverneur de Californie.

Leur rencontre est loin d’être anodine : comme Greta Thunberg, arrivée à bord d’un voilier aux Etats-Unis en septembre, pour poursuivre son plaidoyer en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, Arnold Schwarzenegger s’active depuis près d’une décennie pour promouvoir R20, l’ONG spécialisée dans la défense de l’environnement dont il est à l’origine.

« C’était un honneur de passer du temps avec Greta »

Avant sa rencontre avec « Schwartzie », de 53 ans son aîné, la jeune suédoise avait déjà été vue en compagnie d’un autre monument du cinéma américain. Vendredi, Leonardo DiCaprio, lui aussi fervent défenseur de l’écologie, a posté sur Instagram une photo de lui, posant près de l’adolescente.

Un cliché accompagné d’un commentaire laudateur. « C’est grâce à Greta et aux jeunes militants du monde entier que je suis optimiste quant à l’avenir », écrit l’acteur quadragénaire. « C’était un honneur de passer du temps avec Greta. Elle et moi nous sommes fait la promesse de nous supporter l’un et l’autre, dans l’espoir de créer un avenir plus réjouissant pour notre planète. »

La jeune Suédoise doit dorénavant rejoindre l’Espagne, pays hôte de la prochaine COP25, initialement prévue au Chili. Elle cherche toujours un moyen d’y parvenir sans exploser son bilan carbone.

Voir par ailleurs:

Greta Thunberg mise à l’honneur dans une impressionnante peinture murale à Bristol

Un street-artiste britannique a peint la jeune activiste suédoise sur un mur de Bristol pour saluer son combat pour le climat.

Morgane Guillou
Huffington Post

INTERNATIONAL – Un street-artiste britannique a honoré Greta Thunberg dans une étonnante peinture murale dans la ville de Bristol au sud-ouest de l’Angleterre, comme le montre la vidéo en tête d’article.

La jeune activiste suédoise pour le climat y apparaît le corps et le visage à moitié recouverts par les eaux de glaciers fondants derrière elle, sous un ciel noir et orageux. Ce paysage symbolise le réchauffement climatique et certaines de ses conséquences les plus inquiétantes, à savoir la fonte des glaciers et la récurrence d’épisodes climatiques désastreux.

Le street-artiste Jody Thomas a voulu saluer Greta Thunberg pour son combat sur le climat. À mesure qu’il avançait dans l’élaboration de son oeuvre, il s’est étonné du nombre de personnes qui semblaient reconnaître la jeune militante de 16 ans.

Cette dernière s’est récemment illustrée au Parlement européen et dans plusieurs pays où elle a donné des discours sur l’inquiétude des jeunes générations face à l’avenir de la planète et de l’humanité.

Cette peinture murale en son honneur a été très acclamée par une large partie du public de Bristol, haut lieu du street art et connue pour être la ville natale de Banksy.

Greta Thunberg a été invitée pour juillet à l’Assemblée nationale française par les députés membres du collectif transpartisan pour le climat “Accélérons”.

Voir aussi:

Greta Thunberg, activiste suédoise pour le climat, reçoit une fresque à San Francisco

Le muraliste argentin Andres Iglesias, qui signe son art avec le pseudonyme de Cobre, devrait achever l’oeuvre de l’artiste suédois de 16 ans sur la place de la ville, Union Square, la semaine prochaine.

Cobre a confié au site d’information SFGate qu’il donnait de son temps pour achever les travaux et qu’il espérait que la murale aiderait les gens à comprendre « nous devons prendre soin du monde ».

Cobre a déclaré qu’il cherchait un bâtiment pour une nouvelle peinture murale lorsque One Atmosphere, un organisme sans but lucratif responsable de l’environnement, l’a approché à propos du projet.

Le directeur exécutif, Paul Scott, a déclaré qu’il pensait que Cobre était le choix idéal pour créer le premier de ce que l’organisation espère être une série de travaux rendant hommage aux activistes du changement climatique.

Mme Thunberg elle-même avait passé la journée à un rassemblement sur les changements climatiques à Charlotte, en Caroline du Nord, et avait arrêté une démérite qui essayait de perturber son discours.

« Je pense que si vous voulez parler avec moi personnellement, peut-être que vous pourrez le faire plus tard », a déclaré Mme Thunberg avant que la foule n’éclate en scandant son prénom.

La jeune femme, âgée de 16 ans, qui voyageait en Amérique du Nord pour sensibiliser l’opinion au changement climatique, implorait d’autres leaders de la jeunesse de s’exprimer dans la lutte contre le réchauffement climatique lorsqu’elle a fait une pause alors qu’une personne proche de la scène tentait de s’exprimer à son sujet.

« Dans de telles circonstances, il peut être difficile de trouver de l’espoir, je peux vous le dire », a déclaré Mme Thunberg.

« Et je peux vous dire que je n’ai pas trouvé beaucoup d’espoir dans les politiciens et les entreprises. Ce sont désormais les gens qui constituent notre plus grande source d’espoir.

« Même si nous, les jeunes, ne sommes peut-être pas en mesure de voter ou de prendre des décisions aujourd’hui, nous avons quelque chose d’aussi puissant », a-t-elle déclaré. « Et ce sont nos voix. Et nous devons les utiliser. »

Comme dans ses discours précédents, Mme Thunberg a réprimandé les adultes pour leur inaction dans la lutte contre le changement climatique.

« Ce sont nous les jeunes qui formons l’avenir », a-t-elle poursuivi.

« Nous n’avons pas assez de temps pour attendre que nous grandissions et que nous devenions les responsables, car nous devons faire face à l’urgence climatique et écologique dès maintenant.

« Si les adultes et les personnes au pouvoir sont trop immatures pour s’en rendre compte, alors nous devons leur faire savoir. »

Voir enfin:

Celebrities backing Extinction Rebellion say ‘yes, we are all hypocrites’ in open letter to media

Email: press@risingup.org.uk

Phone: +44(0) 7811 183633

#EverybodyNow  #ExtinctionRebellion

  • Open letter signed by more than 100 high-profile names, including actors Jude Law, Benedict Cumberbatch and Jamie Winstone, musicians Mel B, Natalie Imbruglia and Thom Yorke, and comedians Steve Coogan and Ruby Wax
  • List of notable names admit hypocrisy and urge that attention is drawn to the more pressing issue of the Climate and Ecological Emergency
  • Signatories stand firm that they will continue to speak out on the issue despite the criticisms they face from the media

Celebrities have issued a mea culpa to the media today in response to criticism that they are guilty of being hypocrites for backing Extinction Rebellion and continuing to live high carbon lives. The open letter has been signed by more than 100 high profile names, including actors, musicians, comedians, writers and even a former Archbishop of Canterbury.

Countless notable figures have chosen to back Extinction Rebellion in recent weeks, including a number who have visited the Rebellion sites. In almost all cases there has been a follow-up article in the media criticising them for being hypocrites.

Sarah Lunnon of Extinction Rebellion said: “We are so impressed by these personalities for coming forward. It’s easy to call people out for being hypocrites but that’s really a distraction from the much bigger, and perhaps more confronting conversation we need to have about the unworkable system in which we live. None of us is perfect. What matters is that more and more people are ready to talk about transforming how we relate to the planet, and we are prepared to put our liberty on the line to do so.”

The letter starts:

Dear journalists who have called us hypocrites,

‘You’re right. 

‘We live high carbon lives and the industries that we are part of have huge carbon footprints. Like you – and everyone else – we are stuck in this fossil-fuel economy and without systemic change, our lifestyles will keep on causing climate and ecological harm.

Despite the criticism they face, the signatories say that they are resolute in still speaking out on the issue of the climate and ecological emergency. The letter also urges the media to do more to support the cause. The letter goes on to say: ‘The stories that you write calling us climate hypocrites will not silence us.

‘The media exists to tell the public the truth. Right now there has never been a more urgent need for you to educate yourselves on the CEE (Climate and Ecological Emergency) and to use your voices to reach new audiences with the truth.’

Steve Coogan said: “Extinction Rebellion is a grassroots movement that should be applauded for putting this issue at the top of the agenda where it belongs.

“I stand in full support of these brave, determined activists who are making a statement on behalf of us all.”

Actor Jaime Winstone said: “I will continue to change my life for the greater good for the planet.

“I will continue to push for climate justice…we all need to change the way we live our lives for a healthier living planet and stop living in denial that climate crisis isn’t real.

“It’s happening. We all need to make changes if we want to survive and our children to thrive.”

The full text of the letter reads:

Dear journalists who have called us hypocrites,

You’re right. 

We live high carbon lives and the industries that we are part of have huge carbon footprints. Like you – and everyone else – we are stuck in this fossil-fuel economy and without systemic change, our lifestyles will keep on causing climate and ecological harm. 

There is, however, a more urgent story that our profiles and platforms can draw attention to.

Life on earth is dying.  We are living in the midst of the 6th mass extinction. For those who still doubt the severity of our situation, here is the International Monetary Fund on 10th October 2019 :

“Global warming causes major damage to the global economy and the natural world and engenders risks of catastrophic and irreversible outcomes”

And here is Sir David Attenborough on 3rd December 2018 : 

“Right now, we are facing a man-made disaster of global scale. Our greatest threat in thousands of years. Climate change. If we don’t take action, the collapse of our civilisations and the extinction of much of the natural world is on the horizon.”

Climate change is happening faster and more furiously than was predicted; millions of people are suffering, leaving their homes and arriving on our borders as refugees. 

Alongside these people who are already paying the price for our fossil fuelled economy, there are millions of children – called to action by Greta Thunberg – who are begging us, the people with power and influence, to stand up and fight for their already devastated future.

We cannot ignore their call.  Even if by answering them we put ourselves in your firing line.

The stories that you write calling us climate hypocrites will not silence us.  

The media exists to tell the public the truth. Right now there has never been a more urgent need for you to educate yourselves on the CEE (Climate and Ecological Emergency) and to use your voices to reach new audiences with the truth. 

We invite all people with platforms and profiles to join us and move beyond fear, to use your voices fearlessly to amplify the real story.

Thousands of ordinary people are risking their freedom by taking part in non-violent civil disobedience.  We’ve been inspired by their courage to speak out and join them. We beg you to do the same.

With love,

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Mode: Les sionistes ont même inventé le look WASP ! (50 years of Ralph Lauren: How a Brooklyn-born son of Russian-Jewish immigrants almost single-handedly sold America and the world the old money New England look)

17 mars, 2019
Cheveux blancs, peau bronzée, sourire conquérant. Le petit Ralph Lifschitz - Lauren est un pseudo - s'est constitué un personnage taillé pour la publicité. Une image idéalisée de l'Amérique qui tapisse son bureau comme ses boutiques.
https://i.pinimg.com/originals/59/b7/6e/59b76ec056faf8a0816d30ef1b00e1c7.jpghttps://i.pinimg.com/originals/43/58/30/43583079d810c463669af4caa33bd32e.jpghttps://i0.wp.com/comm396-s16.ascjclass.org/wp-content/uploads/sites/20/2017/10/Royalty-Lauren-Ad-2.jpghttps://i0.wp.com/www.ivy-style.com/wp-content/uploads/2014/10/wallpaper.jpg https://i.etsystatic.com/14608849/r/il/019bbc/1608803273/il_fullxfull.1608803273_gcnp.jpg

Au début, on me disait : « Mais Ralph, tu viens du Bronx, tu te prends pour qui ? » Ralph Lauren
There were also people who thought that because I was Jewish, I had no right to create these preppy clothes. Harvard, Yale, Princeton. Ralph Lauren
Petite garce juive, c’est toi qui vas lui laver ses chaussettes ? Mayo Methot
The novels of F. Scott Fitzgerald, for example are peopled with earnest heroes who hailed from the Midwest but who came to play in the racy world of New York via Princeton or Yale. Cooke
Not only will I not say that again, but I’ll be more thoughtful going forward in the way that I talk about our marriage, and also the way in which I acknowledge the truth of the criticism that I have enjoyed white privilege. So yes, I think the criticism is right on. My ham-handed attempt to try to highlight the fact that Amy has the lion’s share of the burden in our family — that she actually works but is the primary parent in our family, especially when I served in Congress, especially when I was on the campaign trail — should have also been a moment for me to acknowledge that that is far too often the case, not just in politics, but just in life in general. I hope as I have been in some instances part of the problem, I can also be part of the solution. Beto O’Rourke
It was the second apology O’Rourke made during the podcast. The first was for his writings as a teenager when he was a member of a group of activist hackers. Those writings, which came under the pseudonym « Psychedelic Warlord » and included a piece of fiction from a killer’s point of view, were revealed in a Reuters report. He said he was « mortified to read it now, incredibly embarrassed … whatever my intention was as a teenager doesn’t matter. » « I have to look long and hard at my actions, at the language I have used, and I have to constantly try to do better, » he said. The comments came as O’Rourke responded to a question about how he would combat white supremacy. O’Rourke criticized President Donald Trump, saying that Mexican and Muslim children « internalize it » when the President attacks them with a broad brush. He also criticized Trump’s response to the violence at a white supremacists’ rally in Charlottesville, Virginia, in 2017. « We also have to confront this racism, this xenophobia, this nativism and this hatred, or else I’m confident it will consume us. And so calling it out is part of it, and then setting an example of how we want to treat each other, » he said. CNN
The Vanity Fair cover photo of Beto O’Rourke, taken by Annie Leibovitz, is an apparent homage to the famous Time magazine portrait of Ronald Reagan when he was chosen as Man of the Year in 1980. (…) Reagan was shown in a blue shirt and jeans with a brown leather belt and his hands on his hips. (…) O’Rourke, a former Democratic Texas congressman, was photographed with a light-blue shirt, tucked into a pair of jeans and a leather belt. He is standing next to his truck on a dirt road and has his hands on his hips. (…) O’Rourke is entering a crowded field of candidates for the Democratic nomination. The latest Real Clear Politics average puts O’Rourke a distant 6th place with 5.3 percent. Former Vice President Joe Biden, who has not yet announced a bid, leads the pack in the high-20’s with Sen. Bernie Sanders, I-Vt., sitting in second place. O’Rourke exemplifies a new normal. None of the other major white progressive candidates—Bernie Sanders, Elizabeth Warren, or Kirsten Gillibrand—invoked God in their presidential announcements either. (Amy Klobuchar, who is running as a comparative moderate, did.) Today’s white liberals don’t only talk about faith less than their predecessors did. They talk about it in a strikingly different way. Earlier Democrats invoked religion as a source of national unity. (…) The implication was that religious observance was something Americans of both parties shared. Today, by contrast, progressive white candidates more often cite religion as a source of division. In his announcement video, O’Rourke boasted that during his Senate campaign in Texas, “people allowed no difference, however great or however small, to stand between them and divide us. Whether it was religion or gender or geography or income, we put our labels and our differences aside.” The only reference to faith in Warren’s announcement speech was an acknowledgment that “we come from different backgrounds. Different religions.” The lone reference in Sanders’s was a call for “ending religious bigotry.” While white progressives once described religion as something that brought Americans together, they’re now more likely to describe it as something that drives them apart. It’s not hard to understand why. For starters, the percentage of white Democrats who express no religious affiliation has skyrocketed. According to unpublished data tabulated for me last year by the Public Religion Research Institute (PRRI), 8 percent of white Democrats expressed no religious affiliation in 1990. By 2016, the figure was 33 percent. In 1990, white self-described liberals were 39 points more likely to describe themselves as Protestant than as religiously unaffiliated. By 2016, religiously unaffiliated beat Protestant by nine points. Secular Democrats haven’t only grown more numerous. They’ve also become some of the party’s most motivated activists. As The Atlantic’s Emma Green has noted, a PRRI poll taken last August and September found that Democrats who shun organized religion were more than twice as likely to have attended a political rally in the previous year than Democrats who identify with a religious group. The other reason liberal candidates more often describe religion as a source of division is the rise of Islamophobia and anti-Semitism. Before Donald Trump, Republican religious discourse was more ecumenical. The 2000 Republican convention featured a Muslim prayer, and George W. Bush regularly spoke about Americans who attended a “church, synagogue, or mosque.” In such an environment, it was easier for Democrats to depict an America divided by race, class, and gender but unified by religious faith, even if different Americans expressed that faith in different ways. Today, by contrast, since more Americans don’t practice a religion, and the president demonizes some of those who do, it’s more natural to describe religion as a rift to be overcome. But while there are legitimate reasons to talk about religion less (America has become a less religious country) and to describe it more negatively (religious bigotry has risen sharply), doing so could hurt Democrats such as O’Rourke in their efforts to defeat Trump. According to a 2016 Pew Research Center poll, while a small plurality of Democrats thinks politicians talk about religion too much, Republicans overwhelmingly think politicians talk about it too little. Among those Republicans are devout Christians who agree with Trump on abortion but consider him a detestable human being, and might be lured into voting against him by a Democrat who both spoke compellingly about a guiding faith and appeared to live by it. Democratic candidates might be tempted to pursue an opposite strategy: employing secular rhetoric to rouse their secular base. But the Democratic base isn’t overwhelmingly secular; it’s partly secular and partly religious. Republicans, by contrast, are overwhelmingly religious. Which may explain why, according to a 2017 study in the Journal for the Scientific Study of Religion, candidates who were perceived as secular experienced a “drop in Republican support that … was not balanced by an increase in Democratic support.” That’s partly because of African Americans. While many white Democrats want politicians to speak about religion less, black Democrats overwhelmingly want them to speak about it more. When asked in 2016 whether political leaders were talking about “their faith and prayer” too much or too little, black Protestants said “too little” by a larger margin than even Republicans. While only 41 percent of Democrats said it was very or somewhat important that a president shared their religious views, among black Protestants, the figure was 72 percent, again even higher than among Republicans. (…) For Harris and Booker, whose path to the Democratic nomination requires winning the black vote, religious language is a necessity. And the same religious language that helps them win over African Americans in the primary may help them win over Republicans in the general election. In their appetite for public professions of faith, black Democrats and white Republicans are similar. It’s white liberals who stand out. White progressives such as O’Rourke, Sanders, and Warren tacitly recognize that religion is no longer the force for national unity it once was. For Harris and Booker, the intriguing possibility is that it’s still unifying enough to propel them to the White House. The Atlantic
Let us count the ways in which college admissions are corrupt. They are corrupted by the reserving of spots for ‘legacy’ applicants. To qualify for one of these highly selective non-competitive places, you need to be born with forebears who attended your choice of college, and to be able to sit straight without drooling out of either corner of your mouth. Legacy places are essentially affirmative action for the wealthier sort of white people. They should not be confused with a more recent form of corruption, affirmative action for the wealthier sort of non-white people. Reserving a certain number of spots on the basis of race was originally intended to assist the upward mobility of black people, many of whose ancestors having been owned by the ancestors of the people who still monopolize legacy admissions. But these days, affirmative action effectively preserves the class advantages of any non-white applicant with good-enough SAT scores, and at the expense of a poorer non-white applicant. The exceptions to this rule are American applicants of East Asian and Indian background. These hard-working children of hard-working immigrants are penalized for their hard work and family values, and have to get higher SAT scores than other racial groups, especially African Americans. It is an inarguable fact that if America’s top colleges admitted students solely by academic merit and potential, their entire intake would be of Chinese and Indian extraction, with a sprinkling of Jews to make the jokes. All colleges rig the racial profile of their intake by explicitly racist measures. The Ivy League adds an extra layer of racial screening by insisting on ‘character’, which means impersonating the manners of white people. This is an elaborately cruel form of corruption which has grown out of the corruption of affirmative action, itself a corrective to the earlier corruption of college admissions by race and class. As William ‘Rick’ Singer is alleged to know, college admissions are openly corrupted by sporting ability. I’ve taught in what are laughably sold as top liberal arts colleges. Almost all the students on sports scholarships are semi-literate. They sleep through their lectures, which is understandable, given their rigorous training schedules. They pay their less athletic fellow students to write their papers for them, which is also understandable, given their selfless donation of their sporting talent to the community. They just sit there like sleepy bears, giving off a faint whiff of locker rooms and vanilla protein shake as they twiddle with their cellphones. College admissions are also corrupted by admitting foreign students who can’t speak or write English, but whose parents are willing to pay top dollar. It’s an open secret that many mainland Chinese and South Korean applicants to ‘top liberal arts colleges’ don’t write their application essays; either that, or their English goes into reverse after sending off the essays. But, just as you can’t fire an athlete, you can’t send the foreign students home. Finally, colleges are begging to be corrupted by donations. The more colleges replace merit with profiling on the basis of racial background, family connections, economic origin, or sporting ability, the greater the squeeze on the remaining places. This creates an incentive for bribery by ‘donation’. When colleges claim that they’re not swayed by donations, they’re lying. If they were serious about reducing the scope for bribery, they’d refuse to accept donations from families with applications active or imminent. William Deresiewicz, one of the few people to have taught at an American university and spoken honestly about the hollowing of the system, wrote a book in 2014 called Excellent Sheep. Deresiewicz believes that the risk-averse selection strategies of elite colleges have created a narrow and risk-averse elite. It now turns out that elite colleges do admit a wide and risk-embracing pool of applicants with low SAT scores — providing their parents pay a bit extra, or a lot. Everything is for sale in the American university except a decent liberal education. Money talks, and merit comes last. Huffman, Loughlin and the other parents are in court not just because they seem to have been blessed with children of inordinate stupidity, but because they grasped the rules of college corruption perfectly, and played the game the wrong way, and perhaps too well. William ‘Rick’ Singer knew the system so well that he created a simulacrum of the admissions process. He invented a fake charity, which is what most private colleges are. He paid competent students to sit entry exams, which happens all the time. He cut deals with sports coaches, rather than the coaches and the scouts cutting deals with the family. He obtained sports scholarships for students who didn’t lift a finger or a bat once they were in. And, like the elite schools, he extracted a fortune from suckers. When he gets out of prison, a brilliant career awaits, possibly as dean of a liberal arts college in Vermont. Dominic Green
J’ai commencé la vie entouré de tissus. Dans les années 60, les Français étaient parmi les moins bien habillés d’Europe. Les styles étaient conservateurs, ternes et inadaptés. J’ai commencé par briser cela et expérimenter avec des tissus sensuels comme le velours, des couleurs et des motifs audacieux et des motifs qui épousent le corps. J’étais sculpteur de mode et cela ne se faisait pas en France auparavant. (…) Notre boutique parisienne, White House, a ouvert ses portes en 1963 et c’est ici que j’ai commencé mon parcours d’artiste. C’était la destination de jeunes créatifs comme le Drugstore Gang ou le Golf Drouot (une boîte de nuit du 9e arrondissement qui a donné naissance au mouvement collectif dit « ye-ye »). La mode pour les jeunes n’existait pas. Nous leur avons donné et avec cela une façon d’exprimer leur rébellion. A n’importe quel moment dans notre magasin, vous pouviez croiser Picasso, Dali, Gainsbourg, Dylan ou les Beatles. Quand j’ai commencé dans la mode, j’essayais de rompre avec le passé et au fil des années j’ai continué à le faire avec d’autres médiums. Il y a vingt ans, j’ai commencé à expérimenter la photographie et cela a été très enrichissant pour moi. Ainsi, je définis 50 ans de succès d’aimer ce que je fais et de pouvoir m’exprimer. Maurice Renoma
Dans les années 60, il a transgressé le dress-code masculin, habillé les célébrités, des Stones à Giscard en passant par Dylan. Maurice Renoma (…) a pourtant signé son époque. (…) Il n’a vêtu que les gens qu’il fallait : les fils à papa du lycée Janson de Sailly (nid à fric et à chic en face duquel il a sciemment établi sa boutique) et, côté star, tout le gratin pop : Dutronc, les Beatles, les Stones, Dylan, Gainsbourg, Nino Ferrer… Dans les années 70, ce seront Giscard ou Mitterrand et Peyrefitte qui porteront le costume obligatoire. S’il n’a pas le goût de la chaîne – «j’ai ouvert soixante boutiques, je les ai toutes refermées trois ans plus tard» -, Renoma a un sens très particulier de la com. Très tôt, alors que la maison est encore celle de son père, tailleur traditionnel auprès de qui il travaille avec son frère Michel, à la périphérie du Sentier, le futur styliste passe ses nuits à écrire des lettres pour inviter journalistes et autres faiseurs d’opinion à venir se faire tailler un costume COSTARD. (…) A cette époque, comme à toutes les autres, les jeunes ont envie de casser du vieux, de faire les dandys. Sauf que contrairement à d’autres époques, certains en ont les moyens, idéologiquement et économiquement. C’est la fureur de vivre, la musique électrique et un choix cornélien : les Kinks ou le yéyé. Si l’on en croit l’ouvrage savant de Farid Chenoune, Des modes et des hommes (Flammarion, 1993), le «minet» est un de ces «adolescents entichés de musiques et de vêtements anglais qui les distinguent des yéyés dont ils méprisent les idoles artificielles et les tubes fabriqués. Jeunes gens de bonnes familles parisiennes en costume de velours cintré de chez Renoma ou fils d’employés banlieusards en imperméable de college-boy anglais, les minets seront des mods […], made in France, amateurs, comme leurs modèles, de rythm’n’ blues et du new sound des Rolling Stones, des Kinks, des Animals ou des Who, découverts en Angleterre pendant leurs vacances scolaires de lycéens privilégiés.» Jacques Dutronc, patron-minet et égérie involontaire de Renoma, en chantait une définition plus sexuelle due à Jacques Lanzmann : «J’ai pas peur des petits minets / Qui mangent leur ronron au Drugstore / Ils travaillent tout comme les castors / Ni avec leurs mains, ni avec leurs pieds.» Patrick Modiano, Patrick Eudeline ou François Armanet, les ont romancés. Ce dernier les a filmés dans la Bande du drugstore. Si Renoma devient leur couturier, Maurice s’en vante à peine et se contente d’expliquer son succès par un coup de bol : avoir été là au bon moment et être dans l’esprit du temps. La mode pour hommes existait à peine en France, il fallait l’inventer et il avait, comme le reste de sa génération, envie de tout fiche par-dessus bord. Les uns et les autres se retrouvèrent dans l’envie d’expérimenter. (…) A l’époque de Hara-Kiri, Maurice et Michel, qui sont d’origine juive polonaise, demandent une pub à Choron, gratos ou presque, en échange de costumes. Il leur pond une blague nazie avec des photos de Hitler habillé en Renoma. La boutique venait d’ouvrir, et «trois mille» anciens déportés et membres de la Licra sont venus manifester rue de la Pompe. «Je suis sorti pour dire qu’on n’y était pour rien, ça n’a pas trop mal marché.» Pierre Aidenbaum (aujourd’hui maire du IIIe arrondissement), un ancien camarade de classe qui était à la Licra, prend alors sa défense. «N’empêche que ma boutique aux Galeries Lafayette a sauté et que je n’ai plus pu acheter de tissus rue des Francs-Bourgeois pendant dix ans. » Libération
Ralph Lifschitz, dit Ralph Lauren (né le 14 octobre 1939 à New York), est un entrepreneur et un styliste américain, fondateur de la marque homonyme ; il est également un symbole du style preppy et du prêt-à-porter américain. Ralph Lauren est né dans le Bronx à New York, de parents immigrés juifs de Russie : Frank et Frida Lifschitz. Son père était peintre en bâtiment. Il habite dans le même quartier que Calvin Klein, de deux ans son cadet. Les deux enfants se connaissent alors simplement de vue. Ils se soutiendront par la suite dans leur carrière respective. Dès son plus jeune âge, Ralph commença à travailler après l’école pour s’acheter d’élégants et onéreux costumes. (…) À l’âge de seize ans, Ralph et son frère aîné Jerry changent leur nom de famille Lifschitz en Lauren, à cause de moqueries de leurs camarades de classe sur ce patronyme. Le choix de « Lauren » viendrait de l’actrice Lauren Bacall, une incarnation du « rêve américain ». Certains considèrent pourtant ce changement comme un déni de leur héritage juif mais Ralph jugeait cela nécessaire pour le succès. Il étudie la gestion au City College de New York, qu’il quitta après deux ans, sans diplôme. De 1962 à 1964, il sert dans l’Armée américaine, affecté dans un centre d’entrainement, Fort Dix dans le New Jersey. (…) Passionné de mode et sans avoir étudié dans une école de stylisme, il devient vendeur dans différentes boutiques. Il se fait embaucher chez Brooks Brothers en tant que vendeur, dans leur boutique de Madison Avenue. Ses idées de nouvelles formes et couleurs n’étant pas retenues, il décide de créer une collection de cravates, très larges et à rayures, en expliquant que c’est à travers des cravates que les hommes de l’époque pouvaient s’exprimer. Ces cravates sont fabriquées à son compte et il démarche lui-même des magasins. Après un premier refus, Bloomingdale’s accepte de les vendre. (…) souhaitant créer sa propre marque, fasciné par le style chic des WASP (sans pour autant rêver de faire partie de ce monde) ainsi que du « rêve américain » (…) Il (…) emprunte 50 000 dollars (…), ce qui lui permet d’ouvrir une boutique de cravates où il vend notamment sa propre marque nommée Polo. Un an plus tard, il élargit à la vente de chemises et autres vêtements pour homme. (…) il crée, à la demande de sa femme, une ligne pour les femmes taillée dans un style masculin. Cette ligne voit pour la première fois l’emblème de la marque : le cavalier joueur de polo. En 1972, il diffuse ses fameux polos à manches courtes sortis dans plus de 24 coloris. Les polos deviennent bientôt un classique. Ralph Lauren gagne la reconnaissance du public en fournissant la garde-robe du film Gatsby le Magnifique. En 1984, il transforme la « Rhinelander Mansion », l’ancienne maison des photographes Edgar de Evia et Robert Denning, en vitrine pour Polo Ralph Lauren. Au cours des années 1980, il se lance dans la production d’accessoires pour la maison, afin de diversifier la gamme de produits de sa compagnie. C’est plus tard dans les années 1990, qu’il lance la ligne Polo Sport avec laquelle il connaît un grand succès. De cette marque Polo, il y a aussi des incontournables comme la chemise Oxford Col pointe boutonne, les pantalons Chinos, les deux très preppy, les vestes en tweed, les chemises en denim et en chambray. Le 11 juin 1997, la marque Ralph Lauren entre en bourse, au New York Stock Exchange, avec pour symbole RL. En 2007, Ralph Lauren a 35 boutiques aux États-Unis et 23 villes distribuent Ralph Lauren Purple Label. (…) En 2014, l’entreprise compte plus de 300 boutiques dans 80 pays, pèse 13 milliards de dollars en bourse et génère 6,9 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Ralph et sa femme Ricky, personnalité des Hamptons, ont deux fils et une fille (…) En 2012, sa fortune est estimée 7,5 milliards de dollars, ce qui la classe comme la 122e personne la plus riche au monde. (…) Il possède une villa à la Jamaïque, un manoir dans le Connecticut, une maison dans les Hamptons, un ranch dans le Colorado et un appartement dans l’Upper East Side, à Manhattan. (…) Ralph Lauren est aussi connu pour être un collectionneur automobile de sport et de luxe. Il est d’ailleurs fasciné par leur esthétique et l’histoire des concepteurs comme Enzo Ferrari ou Ettore Bugatti. Il possède, en 2011, 70 voitures de collection, qui sont stockées à Katonah, dans l’État de New York. (…) 17 des voitures de sa collection ont été exposées deux fois à Paris au Musée des arts décoratifs. Ces voitures, dont certaines ont plus de 80 ans, retracent l’histoire de l’automobile sportive de 1929 à 1996. (…) La Polo Ralph Lauren Foundation soutient des initiatives de traitement du cancer, d’assistance et d’éducation dans les communautés défavorisées. Wikipedia
Betty Joan Perske naît le 16 septembre 1924 dans le quartier du Bronx à New York. Elle est la fille unique de Natalie (née Weinstein-Bacal), une secrétaire, et de William Perske, un vendeur. Ses deux parents sont issus de l’immigration juive de l’Europe centrale. Lauren Bacall rapporte dans ses mémoires que sa mère, née à Ellis Island, a ses racines en Roumanie et son père est né dans le New Jersey de parents immigrés originaires de la région de Valojyn en Biélorussie. Elle confie également qu’elle aurait fait de ses origines sa force intérieure. Betty n’a que cinq ans quand ses parents divorcent. Elle est alors élevée par sa mère, qui la pousse à apprendre la danse et la comédie. Elle ne voit plus beaucoup son père et est très proche de sa mère. Elle décide de prendre le deuxième nom roumain de sa mère, Bacall. À l’adolescence, pendant ses études secondaires à la Julia Richman High School (en) à New York, Lauren Bacall entame une carrière de mannequin au Garment Center. Parallèlement, elle fait de petites apparitions sur scène à Broadway. En 1941, elle quitte l’école et commence des études à l’American Academy of Dramatic Arts, où elle côtoie Kirk Douglas, alors qu’elle cumule un emploi d’ouvreuse de cinéma et de mannequin. Engagée par le magazine Harper’s Bazaar en 1942 comme mannequin, elle en fait la couverture en mars 1943. Elle apparaît aussi dans Vogue. Elle se fait remarquer pour « sa grâce féline, ses cheveux blond épais et ses yeux bleu-verts ». Elle fait ses débuts sur les planches à Broadway en 1942, à l’âge de 17 ans dans Johnny 2 X 4. (…) Durant la période où elle continue à être mannequin, la femme d’Howard Hawks, Nancy, tombe sur la couverture du Harper’s Bazaar Magazine et presse son mari de lui faire passer une audition pour Le Port de l’angoisse. Cette dernière voit en elle la possibilité de réaliser l’ambition de son mari qui consiste à « créer » un nouveau profil de star de cinéma. (…) Hawks lui fait changer son prénom pour Lauren et Perske adopte définitivement le deuxième nom de sa mère, Bacall ; Lauren Bacall devient son nom de scène définitif (il y ajoute un « l », le nom de jeune fille de sa mère étant « Bacal »). Nancy Hawks la prend sous son aile. Nancy lui apprend à s’habiller de manière sophistiquée, la guide en matière d’élégance, dans ses goûts et manières. Howard Hawks demande à Bacall de s’entraîner à avoir une voix plus basse, profonde et sexy. Lorsqu’il l’emmène à Hollywood, il lui fait prendre des cours auprès d’un moniteur vocal pour abaisser la tonalité de sa voix et en faire l’archétype de la femme fatale. Lorsqu’Howard Hawks lui annonce qu’elle aura pour partenaire Humphrey Bogart, Lauren Bacall ne se montre guère enthousiaste, indiquant qu’elle aurait préféré jouer avec Cary Grant12. Le tournage est marqué par deux événements importants pour Bacall. Premièrement, elle est terrifiée par la caméra et garde la tête baissée contre sa poitrine, levant seulement les yeux pour regarder son partenaire. C’est de là que lui vient son surnom « The Look ». Ceci reste comme sa marque de fabrique. Deuxièmement, sa relation avec Bogart quitte le registre professionnel et les deux acteurs entament une relation amoureuse, au grand dam de Hawks. L’alchimie entre les deux acteurs est visible à l’écran et la réplique de Bacall à Bogart « Si vous avez besoin de moi, vous n’avez qu’à siffler. Vous savez siffler, Steve ? Vous rapprochez vos lèvres comme ça et vous soufflez ! » est classée à la 34e place dans le « Top 100 » des répliques les plus mémorables de l’American Film Institute. Le film est un succès et, à seulement dix-neuf ans, avec sa voix rauque si particulière, sa carrière est lancée. Elle va désormais « incarner la femme fatale du film noir et de la comédie sophistiquée, personnifiant un idéal de beauté à la fois androgyne et féminin ». (…) Lauren Bacall épouse Humphrey Bogart le 21 mai 1945 à Mansfield, dans l’Ohio. Pour elle, il quitte sa femme Mayo Methot, qui lança à Lauren Bacall : « Petite garce juive, c’est toi qui vas lui laver ses chaussettes ? » (…)  Lauren a 20 ans et Bogart 45 ans. (…) Lauren Bacall était la cousine germaine de Shimon Peres, né Szymon Perski, ancien président de l’État d’Israël et Lauréat du prix Nobel de la paix. Wikipedia
Preppy ou preppie, souvent utilisé sous le diminutif prep, est un style vestimentaire à tendance sportswear, un courant de mode, ayant pour origine les milieux de l’upper class (en) WASP de la Côte Est des États-Unis aux environs des années 1950, puis répandu entre autres dans les Hamptons plus au sud. Ce style, au départ élitiste par ses origines, est l’héritier de l’Ivy League apparu dans le groupe éponyme des grandes universités américaines ainsi que du Bobby-soxer. Son étymologie vient de « preparatory » (élève de classe préparatoire à l’université ; le terme est inventé par Erich Segal dans les années 1970, où ce style devient un classique après la sortie du film Love Story et le lancement peu de temps après d’une collection du styliste Ralph Lauren parmi ses premières. Ses représentants, pour la plupart de grandes entreprises américaines de prêt-à-porter, sont principalement l’historique J. Press (en) symbole du style Ivy League à l’origine, Brooks Brothers1, Paul Stuart (en), le mondialement connu Tommy Hilfiger, Ralph Lauren, également Fred Perry, marque immortalisée par Kennedy, J.Crew et Kate Spade dans une moindre mesure, ou plus récemment Vineyard Vines ainsi que le styliste Marc Jacobs. Pour les marques d’origine européenne, Lacoste, qui a rencontré un grand succès aux États-unis, ou plus tard Daniel Crémieux, sont des entreprises emblématiques de ce style. Le look preppy se caractérise symboliquement pour les hommes par des mocassins type « penny loafer » ou des chaussures-bateau (tels que ceux de la marque Sebago), un pantalon Chino ou type Nantucket Reds, un polo ou une chemise Oxford, une cravate reprenant les couleurs de l’université. Par extension, une sweat-shirt également aux couleurs de l’université et à larges écritures, ou une veste anglaise Barbour peuvent être un élément classique de la tenue définie comme « preppie ». Pour les femmes, des sandales en cuir aux pieds, le short ou la robe (notamment celles de Lilly Pulitzer), ou une jupe le plus souvent à motifs tartan. Les vêtements ont parfois un rapport avec les sports, dont le tennis ou le bateau ; Tommy Hilfiger précise que « l’esprit marin est la base même du preppy américain, ce style sportswear que l’on adopte chez nous, même pour aller travailler. » Le preppy, bien que très différent par ses symboles vestimentaires, est parfois comparé au « Bon chic bon genre ». Wikipedia
New England is home to four colleges that comprise the Ivy League athletic conference: Harvard, Yale, Brown and Dartmouth. The other colleges – Princeton, Cornell, University of Pennsylvania and Columbia – are also in the Northeast. In the conformist 1950s, students at these colleges popularized the Ivy League look, which had its roots in the conservative styles of New England. For men, the Ivy League look consisted of a suit with a narrow-shouldered unfitted jacket, worn with a button-down shirt, skinny tie, and penny loafers (preferably Bass Weejuns). Charcoal gray and olive were the preferred colors. Chinos and tweed blazers offered a casual alternative. The look spread beyond campuses to young men in all parts of suburban America where details such as buckle straps from Ivy trousers were transplanted to caps, shirts, and shoes. High school students wore a more extreme four-button jacket bearing the name « Jivey Ivy. » By 1960, most men sported modified Ivy models that incorporated unpadded shoulders, narrow lapels, and tapered trousers. Brooks Brothers, a citadel of conservatism, came to the forefront as the Ivy League style became popular. When the young John Fitzgerald Kennedy, a senator from Massachusetts, became the president of the United States, the Ivy League look reached the White House. Ivy League women wore cashmere twin sets, Shetland sweaters, or blazers with kilts or tweed skirts. In the summer, blouses with peter pan collars were worn with Bermuda shorts. A pearl necklace set off any outfit. The Ivy look is well bred, understated, but not fussy. Many New England men and women held to the conservative, classic styles that compromised the Ivy League look during the sartorial upheavals of the 1960s and 1970s. In the late 1970s, conservative styles once again seemed right for the times, and the Ivy League look resurfaced as the preppy look. The essential ingredients for the male preppy wardrobe included a conservative gray flannel suit, preferably made by Brooks Brothers, a long-time favorite label of New Englanders. For less formal wear, button-down oxford shirts or Lacoste polo shirts worn with khakis or corduroys sufficed. Other favorites included Harris Tweed jackets, down vests, Burberry tench coasts, L.L. Bean field coats, and camel hair Polo coats. Preppy women wore female versions of masculine styles: khaki, flannel, or corduroy slacks; a kilt or plaid skirt, a blazer or tweed jacket; and a Shetland or Fair-Isle sweater over a ruffle-necked white blouse or cotton turtleneck. Preppy styles for women were rather androgynous: female versions of the men’s styles produced by the same companies. Both genders wore clothes of Indian madras, a cotton plaid fabric that had first become popular in the early 1960s. Shoes common to both men and women were loafers or Sperry Top-Siders (boat shoes). Socks were optional. Men donned wing tips for dressy affairs while women wore simple pumps.vLike the Ivy League look before it, the preppy look emphasized the wearing of classic fabrics from natural fibers. The only departure from conservative dressing was the bright pink and green color combinations seen in preppy ensembles. Preppy clothes were well made, with attention to detail. Brand names were important. The American designer Ralph Lauren has built a financial empire on fashions inspired by this old money New England look. Michael Sletcher
The clothes look good in magazines, but look older in stores. I would never buy Polo at full price. Christina
Sometimes, I hear designers from older generations saying, ‘Oh, fashion needs to make women dream. I feel that this is really difficult today. I think it’s dated. Fashion shouldn’t make you dream in 2016. It should just be there, for us to wear. Gvasalia
Lauren built a career by brazenly positioning himself as the quintessential interpreter of the American zeitgeist. More than any designer, he has used America’s mythology — our secular religion — for profit. In doing so, he has displayed a keen understanding of our cultural symbols. He can parse the difference between a pair of blue jeans worn with cowboy boots and those worn with a black leather jacket. He sees the romance in a prairie skirt or a well-worn Native American blanket. He knows what it means in our racially conflicted society to photograph a dark-skinned, athletic black man in his preppiest, old-money brand. And he knows how a bright-eyed blonde feeds our vision of Mayflower blue bloods. And as consumers, we have bought into those symbols and made Lauren an extremely wealthy man. The Washington Post
Entering the Rhinelander Mansion on New York’s Upper East Side is like quietly opening a window into Ralph Lauren’s mind. Many describe Lauren’s superpower as his ability to turn his wildest dreams into reality, and inside that mansion, Ralph Lauren’s original flagship location, his dreams are made real in every nook and cranny of the place. Each room presents one lavish scene after the next, and it’s not hard to imagine Lauren himself toiling at the displays to make sure everything sits just right. Spaces are small and illuminated with candles and the softest of lighting, beckoning shoppers to linger. A glass of water arrives on a small silver platter, garnished with a single slice of lemon, just for you. It’s stunningly clear here, walking slowly up a staircase lined with oil paintings from the company’s collection, that Ralph Lauren is a lifestyle. No detail is left to chance: Ralph Lauren ties are fanned out on a table in front of a bar stacked high with Ralph Lauren shirts, next to a case of monogrammed Ralph Lauren cufflinks. Ralph Lauren briefcases are placed next to Ralph Lauren paperweights on a Ralph Lauren desk topped with Ralph Lauren stationery, positioned underneath a giant, glittering chandelier that can’t possibly — but maybe? — be branded Ralph Lauren. Everything, right down to the 82,000 square feet of mahogany hauled in for the mansion’s renovation in the 1980s, reeks of style and status and money. Old money. [but] Once you leave the giant department stores of New York City and head to the malls of suburbia, Ralph Lauren becomes a few racks of Oxfords, polos, and pleated pants. Reliably found in your local Dillard’s, and just as reliably found on sale. (…) Most shoppers haven’t encountered the totality of Ralph Lauren’s world. How could they? Since the early 2000s, Ralph Lauren Corporation has owned and operated at least 25 different brands. It’s a staggering list: Polo Ralph Lauren, Polo Jeans, Polo Golf, Pink Pony, Purple Label, Blue Label, Black Label, Ralph by Ralph Lauren, Lauren Ralph Lauren, Lauren for Men, Women’s Collection, RRL, RLX, Rugby, Denim & Supply, Club Monaco, Chaps, Ralph Lauren Childrenswear, Ralph Lauren Watches, Ralph Lauren Fine Jewelry, American Living, Ralph Lauren Home, Lauren Home, Ralph Lauren Paint, and Lauren Spa. Not all are still in operation. For the shoppers who actually are familiar with the company’s multitude of lines, it’s still exhausting. « The identity of the brand gets lost, » laments Efney Hall, who has been shopping Ralph Lauren for over a decade. Lauren has stepped aside to make way for a new CEO, Stefan Larsson — the first person besides Lauren to ever hold that title in the company’s 50-year history. The company has been in the process of whittling down the brand list and there are plans to refocus on just three main lines: Ralph Lauren (the new umbrella label for Women’s Collection and Purple Label), Polo Ralph Lauren, and Lauren Ralph Lauren. At the same time that Ralph Lauren is reevaluating its structure and bringing in fresh leadership, it also has to contend with the fact that the specific style of Americana that’s so deeply embedded in every inch of the brand isn’t something shoppers are clamoring to align themselves with now. If the privileged, preppy aesthetic that Lauren built his company around is no longer the height of aspiration, what will the future of Ralph Lauren look like? Ralph Lauren did not grow up living the lifestyle that would later make him a billionaire. No, Ralph Lauren was born Ralph Lifshitz, a shy Jewish kid who lived in a small, two-bedroom apartment in the Bronx with his parents and three siblings. In Genuine Authentic: The Real Life of Ralph Lauren, writer Michael Gross paints a picture of young Ralph as a dreamer, never one to run with the crowd. « If white bucks were in fashion, he wore saddle shoes, » a former classmate told Gross. « When we wore crew necks, he wore V-necks. He was always a step ahead. » lLauren’s perception of taste and class was constructed by what he saw around him, according to Gross. His richer friends’ parents drove convertibles, went on European vacations, and had country club memberships. In films, he watched Gary Cooper, Cary Grant, and Fred Astaire glide across the screen, wearing beautiful suits and getting the girls every time. (…) However, Lauren’s mother had set a strict path for Ralph: he was to be a rabbi. (…) At 19, he and his brother Jerry changed their last name from Lifshitz to Lauren. (As Gross reports it, Ralph polled friends on two alternatives, London or Lauren; he was personally partial to London.) In the official document filed for the name change, the reason listed was confusion over people, both at school and at work, who shared the same last name. In reality, Lifshitz had the word « shit » in it and Ralph’s plans for himself did not include dealing with that for the rest of his life. (…) Lauren had no professional training in design, but he believed so deeply in his wild ties that other people did too. He caught the attention of Norman Hilton, one of the biggest names in the menswear industry at the time, who eventually became the first investor in Lauren’s business. Polo Fashions, Inc., named after the posh sport (not the shirts Lauren would later become famous for), launched in 1968 and, as Hilton’s son Nick remembers it, his father poured $75,000 into the startup. By the end of his first year running Polo Fashions, Lauren had expanded from ties into full suits that the Daily News Record (a menswear trade publication that was later folded into WWD) featured alongside heavyweights like Bill Blass and Oleg Cassini. (…) It was then that he decided to change the name on his labels from Polo Fashions to Polo by Ralph Lauren, in part to imitate how other designers were using their own names on their womenswear labels. And then, for the launch of women’s button-down shirts, the company added a new design element: a small embroidered polo player. It was an overnight success. (…) As Lauren’s business grew, buoyed in large part by the ‘80s prep revival, the polo player became an integral part of the women’s and men’s lines, including on the polo shirts that became a signature of the Ralph Lauren look. Chaps was the first of many extensions that Ralph Lauren would experiment with. Chaps was Lauren’s answer to Polo knockoffs that were flooding the market. He couldn’t stop the knockoffs from being produced, so he created a cheaper line to compete with them. The company also expanded quickly through a number of licensing partnerships, a relatively easy way to put the Ralph Lauren name on a variety of products without having to deal with manufacturing any of it. (…) Lauren’s vision of America drew heavily from the world of Ivy League preps, but the brand appealed far beyond the country club crowd. (…) Ralph Lauren went public in 1997 and continued to thrive throughout the early 2000s, opening new lines seemingly on a whim. (…) By 2012, Ralph Lauren stock was trading at more than $170 per share, having shot up by $100 in five years. There was so much faith in the success of the company. (…) The company employed approximately 25,000 people in 2012, and was reporting $6.8 billion in sales and net profits of $681 million. Then came the slide and Ralph Lauren’s literal and metaphorical stock began to tumble. Shares fell nearly 50 percent from a high point of $192 in May 2013 to $82 in February 2016. Sales were still holding steady, but profits slid drastically. (…) Ralph Lauren is going through operational struggles during not only a tumultuous period in the retail industry, but also a time that’s seeing a cultural shift away from what the brand stands for. The prep aesthetic has always smacked of privilege, something accessible primarily to white people with trust funds and monogrammed shirtsleeves. Now, the WASP lifestyle that completely captivated Lauren as a young entrepreneur is considered out of touch at best, offensive and oppressive at worst. Take, for instance, the media’s reaction to the company’s Olympic uniform designs this year. Headlines announcing the kits included: « Ralph Lauren’s Olympic Uniforms Are Straight Out of Prep School Hell »; « USA’s Olympic Uniforms Are WASPy Bullshit »; « Team USA’s Official Olympic Uniforms are Peak Vanilla »; and Racked’s own contribution, « I Need More From Team USA’s Olympic Uniforms ». The Daily Mail rounded up the best tweets from the debacle. (…) Today’s shoppers are interested in more democratic clothing options — options that are casual, practical, and mass. Athleisure is a $97 billion business in the US, accounting for nearly one-third of the entire apparel, footwear, and accessories market. Vetements, the French design collective led by Demna Gvasalia that no one can stop talking about, is making a killing off of what can best be described as incredibly ordinary clothing. (…) The counterculture revolution of the late ‘60s and ‘70s ushered in an era of long hair and bell bottoms as a response to the conservative style of the ‘50s. Then, in the ‘80s, Lauren led a massive preppy revival that other traditional menswear retailers like Brooks Brothers and J.Press also felt the effects of. This aligned with the Reagan era, a time when conservative politics replaced the freewheeling ideals of the previous two decades. When Lisa Birnbaum published The Preppy Handbook in 1980, it was meant to satirize the prep scene that was reemerging, but ended up being regarded as a literal handbook. The Financial Times described Ralph Lauren as the greatest fashion beneficiary of the book, saying he « cashed in as the preppy wannabe’s clothier. » Then the pendulum swung back away from prepsters in the ‘90s, when grunge became the go-to cool kid look. But in the early aughts, prep was popular yet again. Birnbaum published a sequel to the Handbook called True Prep. Lauren’s business was on an upswing. Abercrombie & Fitch had infiltrated every high school in America. (…) And now, here we are again, back at a place where anti-establishment sentiment runs deep. How does a company like Ralph Lauren react to these cultural ebbs and flows? By giving its take on whatever the look of the moment is. (…) Patricia Mears, the deputy director of the museum at the Fashion Institute of Technology, remembers observing how Lauren’s merchandise morphed to speak to different generations when she was conducting research for a book and exhibition on Ivy style at FIT in 2012. Racked
L’empire Ralph Lauren était à l’origine une ligne de cravates! Près de 40 ans après sa création, la marque est devenue un symbole américain, au même titre que Coca-Cola ou Ford. Ce qui l’inspire: les symboles américains, le cinéma, l’univers des cow-boys, des personnalités comme Ernest Hemingway et F. Scott Fitzgerald… (…) Jamais provocant, toujours propret, le style Ralph Lauren a séduit par son alliage de praticité et d’élégance discrète. Refusant de jouer le jeu de la mode périssable, Ralph Lauren a préféré produire des pièces indémodables, comme son célèbre polo. Dans les années 70, lorsqu’il se lance dans le prêt-à-porter féminin, il crée des pièces élégantes et simples. Ses tailleurs sont soignés, ses chemisiers impeccables et ses jupes toujours bien taillées. Résultat, la marque preppy a fini par représenter la bonne société américaine, prospère et distinguée. Utilisant à foison le bleu, le blanc et le rouge (les couleurs du drapeau américain), Ralph Lauren cultivera avec soin cette image très américaine, puisant notamment ses références dans l’univers du western (le jean, le cuir et les imprimés Navajos…). Homme d’affaire redoutable, il diversifiera ses activités dans les années 80, produisant également des accessoires pour la maison. Dans les années 90, sentant que les Américains se préoccupent de plus en plus de leur santé et de leur forme physique, Ralph Lauren lancera sa ligne Polo Sport qui connaît un important succès populaire depuis. Elle (Québec)
Qui ne se souvient pas des sweats estampillés Harvard et des pulls nonchalamment posés sur les épaules d’Ali MacGraw et de Ryan O’Neal dans Love Story? En 1970, Erich Segal inventait le terme « preppy ». Abréviation de « preparatory » (élève de classe préparatoire ), ce mot décrivait les jeunes Wasp (White Anglo-Saxon protestants) acceptés dans l’une des huit prestigieuses universités de l’Ivy League, sur la côte Est. Selon Segal, « l’une des caractéristiques du preppy est qu’il s’habille parfaitement au naturel »: chemises de polo, manteaux Barbour et chaussures de voile étaient les icônes d’un style populaire depuis 1933, lorsque les chemises brodées d’un crocodile créées par René Lacoste devinrent le dernier cri aux Etats-Unis. Prenant la relève pendant les années 1950 et 1960, des marques comme Brooks Brothers, J. Press et Fred Perry s’installent dans les campus et habillent les Kennedy. Le look est déjà devenu un classique quand, deux ans après la publication de Love Story, le jeune Ralph Lauren dévoile sa première collection complète pour femme: une allure 100% East Coast. Le créateur inspirera Perry Ellis ou Tommy Hilfiger, et même l’écrivain Lisa Birnbach (Ivy Leaguer invétérée elle-même), qui en 1980 publie Official Preppy Handbook, un guide satirique pour aspirants au prepdom aussitôt devenu un best-seller. « Ce style bostonien est facile à porter tout en étant très élégant », commente Gildas Loaëc, directeur artistique de Kitsuné, lui-même vêtu d’un sweat « I was in college Kitsuné ». « On parle beaucoup de son retour, ces dernières saisons, mais le preppy est un style intemporel. Il est simplement devenu plus médiatisé, donc moins associé à un certain statut social. » L’Express
Lauren Bacall a envoûté le cinéma hollywoodien par sa voix grave et son regard bleu glacé pendant plus de 60 ans de carrière. Née le 16 septembre 1924 à New York, Betty Joan Perske de son vrai nom est la fille unique d’immigrants juifs roumano-polonais, de la famille de l’ancien président israélien Shimon Peres. Une couverture du Harper’s Bazaar et quelques photos de mode à l’intérieur du magazine ont décidé de son destin, en mars 1943. Elle a dix-neuf ans, se partage entre mannequinat, petit boulot d’ouvreuse et cours d’art dramatique, dans son New York natal. La femme de Howard Hawks remarque ce physique altier, visage aux traits aigus, regard vert perçant sous les arcades sourcilières prononcées. Elle presse son mari d’auditionner la jeune beauté pour son prochain film, Le Port de l’angoisse(To Have and Have Not). Betty dit parfaitement son texte ; mais elle est si intimidée qu’elle baisse le menton tout en levant les yeux vers la caméra. Ainsi naissent les légendes: elle sera «the look», ce fameux regard en dessous, étrangement direct et mystérieux. Il y passe de la sensualité et de l’insolence, du défi et de la distance. La future star dispose encore d’un atout que ne laissaient pas soupçonner les photos: sa voix grave, aux intonations presque rauques, que Hawks lui fait aussitôt travailler. Elle s’appelle encore Betty, mais elle a déjà pris le nom de jeune fille de sa mère: Bacal. De son père, qui les a abandonnées quand elle était enfant, elle ne veut plus entendre parler. Howard Hawks, cinéaste Pygmalion qui la prend sous contrat pour sept films, lui fait ajouter un «l» à Bacal, choisit le prénom de Lauren. Dès sa première apparition à l’écran, la voilà prête à devenir la nouvelle femme fatale des films noirs qui connaissent alors leur âge d’or. Un autre Pygmalion l’attend sur le tournage: son partenaire, Humphrey Bogart, alors au sommet de sa gloire. Il a 44 ans, il est marié à l’actrice Mayo Methot, il boit trop. Le coup de foudre est réciproque, et la passion qui dévore les personnages déborde vite hors champ. Les luttes entre gaullistes et pétainistes dans les eaux de Fort-de-France, qui servent d’intrigue au Port de l’angoisse, ont laissé un souvenir plus obscur que la rencontre éclatante de sensualité et d’insolence du patron de bateau et de l’aventurière. Et la réplique fameuse: «Si vous avez besoin de moi, vous n’avez qu’à siffler. Vous savez siffler, Steve?» Cet aplomb garçonnier, cette distinction un brin voyou, ça on ne l’avait pas encore vu. La manière Bacall de traiter la séduction en bonne camarade est restée inégalée. (…) Dans les années 1950, Lauren Bacall se tourne vers la comédie, où son élégance sûre d’elle-même, sa drôlerie, son côté abrupt, un peu masculin, font merveille. Negulesco lui offre Comment épouser un millionnaire etLes femmes mènent le monde, Minnelli La Femme modèle. Elle y interprète une dessinatrice de mode mondaine, genre d’emploi qu’elle retrouvera plus tard dans Misery de Rob Reiner (1990) etPrêt-à-porter de Robert Altman (1994). (…) Pour que les choses soient claires, elle a écrit deux autobiographies, Par moi-même (éditions Stock) etSeule (éditions Michel Lafon), qui en est le complément. Des titres éloquents. Elle y raconte ses origines de fille d’émigrés juifs, roumains, allemands et polonais (elle était la cousine de Shimon Pérès), le brusque départ de son père, qu’elle refusera de revoir quand il ressurgira des années plus tard, les hommes de sa vie: après Bogart, il y a eu Sinatra, qui l’a plaquée goujatement, Jason Robards, épousé en 1961, dont elle divorcera huit ans plus tard à cause de son alcoolisme. «J’ai passé seule la plus grande partie de ma vie», a-t-elle observé. Elle trouvait que les hommes intelligents et spirituels se faisaient rares. Howard Hawks avait sans doute raison de penser que, plus qu’une actrice, Bacall était une personnalité. Un fier tempérament. Elle portait l’indépendance et les volutes de fumée comme personne. Le Figaro
Avec Bogart, elle formait le couple le plus mythique de Hollywood. Pendant plus de cinquante ans, elle a continué sa route sans lui, avant de s’éteindre à 89 ans. Elle a tout d’une princesse, mais elle est née d’un représentant de commerce et d’une émigrée juive roumaine du Bronx. Il a l’air d’un dur mais il est fils de bourgeois, cousin d’aristocrates anglais. Dès leur premier film, elle est la lumière et lui, l’ombre. Entre Lauren Bacall et Humphrey Bogart, tout commence par une réplique culte, « Vous n’aurez qu’à me siffler », lancée en 1943 sur le plateau du « Port de l’angoisse », d’une voix rauque, travaillée à la cigarette pendant trois semaines. Ce n’était que le signe extérieur d’un aplomb qui annonçait une ère nouvelle. Mais face au héros tragique, bagarreur de 44 ans qui savait si bien encaisser les vacheries du destin, elle avait, en la prononçant, le menton qui tremblait. Tant pis, elle le regarderait par en dessous pour assurer son équilibre. Une panthère qui surveille sa proie. Ainsi naquit son surnom, « The Look ». Du fond de son désespoir tranquille, Bogie a deviné la bluffeuse hors pair, qui joue comme si elle avait un brelan d’as… En réalité, elle en est encore à courir après l’ombre de papa, disparu dans la jungle où se perdent les hommes infidèles. Lauren adule sa mère. Elle survit de petits boulots : ouvreuse, mannequin dans les grands magasins, c’est-à-dire portemanteau. Il lui a fallu renoncer à l’école de théâtre, car on n’y donnait pas de bourse aux filles. Un garçon lui a déjà fait du gringue : Kirk Douglas. Mais elle a gardé ses distances. Peut-être a-t-elle deviné que, au fond, elle n’était pas son genre : pas de seins, pas de fesses, trop grands pieds. C’est l’époque où Marilyn se fait refaire le nez, la poitrine, et teindre en blonde. Une gueule de fantasme. Lauren Bacall mise sur la différence. Une jeune vierge au visage de femme fatale qui s’impose dans le style de la copine insolente et affranchie, elle qui connaît si mal les hommes. (…) La troisième Mme Bogart est, comme les autres, une actrice (…) Mayo Methot (…) A Lauren, elle lancera : « Petite garce juive, c’est toi qui vas lui laver ses chaussettes ? » (…) L’alcool est alors un attribut essentiel de la virilité.  (…) Elle avait 33 ans quand Bogie est mort. Pendant plus d’un demi-siècle, elle a porté vaillamment le fantôme écrasant, ça ne l’a pas empêchée d’épouser un autre acteur, Jason Robards, qui disparaissait pendant des nuits entières de beuverie. Elle a eu un troisième enfant, des amants, elle a tenté de refaire sa vie mais personne n’avait la carrure. (…) La solitude, Lauren Bacall l’a apprivoisée, elle qui disait : « J’ai passé bien plus d’années sans Bogart qu’avec lui. Mais après sa mort, je me suis mise à penser et agir comme lui. Je suis un peu devenue lui. » Paris Match
J’adorais les vieux vêtements de l’armée, j’allais en acheter dans les surplus. J’avais des idées fixes. Par exemple, je voulais une veste indienne avec des franges. Il n’y en avait pas dans les magasins mais c’est ce que je voulais. Comme j’étais très athlétique, je portais aussi des vêtements de sport. J’allais beaucoup au cinéma, j’étais un fan de westerns. J’aimais Frank Sinatra, Fred Astaire, Cary Grant. Les films, les livres, les vitrines des magasins, les gens que je regardais, tout cela était dans ma tête, je fabriquais des histoires sans forcément m’en rendre compte. Peut-être parce que j’ai hérité de mon père peintre le sens du style et des couleurs, ces histoires se traduisaient sous une forme esthétique. Le sport, le western, les ranchers, les ouvriers… J’étais comme « romancé » par différentes vies. Au début, on me disait souvent : « Mais Ralph, tu viens du Bronx, tu te prends pour qui ? Pour un cow-boy, pour un gentleman-farmer anglais ? » Je répondais : « L’Amérique s’est faite avec des rêves. » (…) Je suis passé entre les gouttes de ces époques. A ce moment-là, je formais mon style. Je retrouvais mes copains, on fumait, j’étais bohème, je portais la barbe et des baskets, mais je n’étais pas contestataire, pas hippie. J’avais les cheveux courts. Je n’ai pas fui l’armée, j’ai fait mon service militaire. Les hippies sont venus après moi, quand j’étais trop vieux pour l’être. J’aimais profondément l’Amérique comme je continue à l’aimer. (…) Il ne faut pas non plus exagérer. J’ai eu une enfance très heureuse, avec beaucoup d’amis. On n’était pas riches, je me rappelle avoir eu très envie d’un vélo et que mes parents n’avaient pas de quoi me l’offrir, mais je ne me sentais pas pauvre. J’étais juste comme tout le monde, attiré par ce que l’on n’a pas. Les pauvres rêvent de ce qu’ils pourraient s’acheter avec de l’argent. Les Chinois rêvent de s’habiller en Gucci. Et moi, je rêvais d’une veste à franges qui n’existait que dans les films ! (…) J’aime le sport, je voulais ce symbole. J’étais fan de baseball mais ça n’aurait pas collé. Je voulais un sport plus stylé. Avec le polo, je pensais au play-boy dominicain Porfirio Rubirosa, collectionneur de femmes illustres, qui nous faisait envie. Je n’avais jamais joué au polo mais l’image de ce sport correspondait à ce qui me faisait rêver. Les chevaux, le côté play-boy, athlétique, esthétique, romantique. (…) Je n’ai jamais voulu vivre comme un WASP à la Gatsby, aller de fête en fête comme dans un roman de Francis Scott Fitzgerald. Les clubs de sport ne me faisaient pas spécialement envie, et d’ailleurs je n’ai jamais fait partie d’aucun. Ce n’est pas mon truc. Je ne suis pas un mondain, je n’aime rien autant que la vie de famille. (…) Je fais de l’antimode. J’ai mélangé le goût de l’Amérique pour la nouveauté au goût de l’Europe pour ce qui ne se démode pas. La veste en jean simple et bien coupée est un symbole de mon style. Mes vêtements correspondent à ce que je rêvais d’être, or je me rêve en différents personnages. En cow-boy, en athlète, en gentleman-farmer de la campagne anglaise, chacun n’étant pas conforme à la réalité mais à l’idée que je m’en fais. Je vois un gentleman farmer en boots et blouson de moto, il est comme ça dans mon rêve. Le style, c’est un rôle d’acteur, la représentation que vous vous faites de vous-même. Je me vends dans mes rôles, je me vends dans mes rêves. Je vends un idéal. Ralph Lauren
Mon père est moins un styliste qu’un écrivain ou un cinéaste qui utilise les vêtements pour raconter des histoires. David Lauren
On me demande toujours pourquoi les gens qu’il habille sont si « waspy ». On ne pourrait être plus loin de la vérité. Polo a été la première entreprise de mode à habiller un modèle afro-américain pour les magazines. Et il a construit un hôpital à Harlem spécialisé dans le traitement du cancer. Bruce WeberL’aventure a commencé là, 3220 Steuben Avenue, en plein cœur du Bronx, dans ce petit immeuble de cinq étages de brique rouge, avec ses escaliers métalliques dégringolant en biais sur la façade. C’est là que Ralph Lifschitz grandit avec sa soeur et ses deux frères après que ses parents, des juifs russes originaires de Pinsk, en Biélorussie, eurent choisi de tout quitter pour débarquer à New York. America ! America ! Le pays de la liberté et de tous les possibles, ils en avaient rêvé comme tant d’autres au point de s’entasser sur un bateau et de se jeter, affamés, dans la cacophonie des immigrés d’Ellis Island. Le père est peintre en bâtiment, artiste peintre à ses heures, le quartier du Bronx est alors ce qu’ils trouvent de mieux pour leurs moyens, avec ses rues calmes et ses grands parcs boisés. Une ambiance tranquille de la middle class américaine, aujourd’hui cernée, quelques pâtés de maison plus loin, par des zones délabrées et des repaires de dealers. Près d’un siècle plus tard, à 73 ans, Ralph le New-Yorkais est un pur produit de l’Amérique. De l’épopée de ses parents, il se rend compte qu’il ne sait au fond pas grand-chose. Sont-ils partis avant ou après la révolution de 1917 ? Qu’ont-ils fui ? Il l’ignore. Ils n’étaient pas du genre à s’attarder sur le passé. On ne parlait pas yiddish à la maison mais sa mère, pratiquante, veillait au maintien des fêtes juives. (…) Même son propre nom ne le retient pas. A l’école qu’il fréquentait, juste à côté de l’appartement de Steuben Avenue, ce patronyme suscitait les moqueries. A la récré, haut-lieu des cruautés collectives, « Lifschitz » se transformait en gros mot, « Lif-shit », à coups de gros rires gras. Ralph Lifschitz a 16 ans quand il décide d’abandonner cette consonance encombrante. Le choix du pseudo lui vient sans peine. Le jeune homme juge plus commode de conserver ses initiales et il admire Lauren Bacall, l’une des incarnations de son rêve américain. Deux bonnes raisons pour décider du sort de sa métamorphose. En un tour de main, Ralph Lifschitz devient Ralph Lauren. (…) Il y avait certes de l’ambition chez ce gamin du Bronx qui s’obstinait comme un fou à jouer au baseball et au basket-ball, malgré son 1,68 m. Il adorait le basket. Il courait comme un mille-pattes et compensait son handicap de taille par l’adresse et la stratégie. Il rêvait aussi d’être Joe DiMaggio, le champion de baseball qui avait épousé Marilyn. Ou une star de cinéma comme Cary Grant, son autre idole. (…) Qui aurait pu deviner que ce nom deviendrait celui de l’une des marques de vêtements les plus célèbres et les plus vendues dans le monde ? Que Ralph Lifschitz serait un jour le créateur de Polo Ralph Lauren, une multinationale cotée en Bourse, employant plus de 26 000 personnes et dont le chiffre d’affaires, 6,7 milliards de dollars (plus de 5 milliards d’euros) en 2013, dépasse celui des autres entreprises de vêtements de luxe, loin devant Giorgio Armani, son premier concurrent ? Que le petit cavalier de polo serait le logo universel des élites et des classes moyennes aisées de toute la planète, jusqu’aux Libanais qui avaient fui la guerre civile et arboraient leurs chemises « RL » en s’autobaptisant « Réfugiés de Luxe » ? S’il y a un mythe Ralph Lauren, il est dans ce chic populaire qui fonde son épopée de self made man. Une histoire si américaine. (…) La 122e fortune mondiale selon le magazine Forbes (classement 2012), avec une fortune évaluée à 7,5 milliards de dollars, est un homme doux et courtois, cool et raffiné, comme son immense bureau empli d’objets beaux et insolites. Une immense photographie de rodéo prise d’en haut, une bicyclette en chrome et cuir, des fauteuils design conçus par lui, des livres, des avions, tout un monde. (…) un immense patio tout en boiseries vernies et à la lumière tamisée, tel un vieil hôtel anglais, avec fauteuils clubs, canapés en cuir, lustres, peintures anciennes, sculptures d’animaux en bronze, pieds de lampe cuivrés, livres et magazines d’art sur les tables, coupelles de Smarties et autres bonbons colorés. Et des photos de Ralph Lauren, bien sûr. (…) C’est le péché mignon et le paradoxe de ce petit homme, pourtant curieux des autres et apparemment modeste : rares sont les murs de ses bureaux ou de ses boutiques, ou les pages de ses catalogues, où l’on ne retrouve pas plusieurs portraits géants de lui aux côtés de photos de cow-boys, de légendes d’Hollywood ou de voitures de collection. Ralph Lauren à cheval, Ralph Lauren sur la plage avec sa femme et ses enfants, Ralph Lauren jouant avec son chien, Ralph Lauren en blouson d’aviateur sur fond de villa atlantique, Ralph Lauren habillé en cow-boy dans son ranch du Colorado, Ralph Lauren en blazer et col roulé dans un intérieur cosy, Ralph Lauren au volant d’un roadster… Ralph Lauren himself, paisible, abouti, comme un emblème de sa réussite et de ses rêves. Un visage taillé pour le cinéma et les publicités des magazines : cheveux très blancs, peau très bronzée, yeux très clairs, paupières lourdes, sourire décontracté… Dans le Bronx déjà, il s’était concocté un style. Un de ses voisins d’alors s’en souvient bien : un dénommé Calvin Klein, né Richer Klein. Il a grandi dans les mêmes rues, à quelques pâtés de maison de la famille Lifschitz. (…) Il ne sait pas dessiner. Mais il a ses rêves en tête. Une certaine idée de l’Amérique, un brassage confus de ses grands mythes, les mêmes qui avaient donné à ses parents la force de s’exiler. Il rêve de la conquête de l’Ouest. Il rêve du chic vestimentaire de la haute société WASP (White, Anglo-Saxon, Protestant) – nom américain donné aux premiers arrivés, blancs et protestants -, de ce que raconte le cinéma sur le look des étudiants des campus et l’ambiance des country clubs. Il rêve de ce que lui, l’enfant de la classe moyenne juive du Bronx, ne pouvait espérer posséder. (…) A force d’acheter en série des chemises de chez Brooks Brothers, son magasin préféré, il se fait embaucher dans une boutique de la marque sur Madison Avenue. Il fourmille d’idées, suggère de nouvelles formes, d’autres couleurs. Personne ne l’écoute. Pourquoi prêter attention à ce petit vendeur qui n’y connaît rien et n’a même pas fait d’école de dessin ? Lui voit ses idées sortir chez les autres. Et rumine son obsession : faire des cravates très larges. Il les a bien en tête, entrevues dans de vieux films et de vieilles photos de magazines. Il aime le style des années 1930, 1940, 1950, les vêtements des étudiants de la Ivy League (le peloton des meilleures universités), ce look Preppy de la Nouvelle-Angleterre, la manière dont la jeunesse aisée s’habillait sur les campus. (…) Il en fait fabriquer pour son compte, très larges avec des rayures, et démarche lui-même les grands magasins vêtu d’une veste en jean, ses cravates dans des sacs. Chez Bloomingdale’s, on regarde ça d’un air circonspect. OK pour les diffuser, à condition qu’elles soient plus étroites, et estampillées de leur label à eux. (…) Six mois plus tard, Bloomingdale’s le rappelle et lui prend ses cravates larges à rayures. (…) Ralph Lauren (…) emprunte 50 000 dollars et ouvre une ligne de cravates sous son propre label, Polo. Un succès. Il a 26 ans. Au bout d’un an, il élargit sa collection aux chemises et autres vêtements pour hommes, pas encore aux modèles pour femmes et enfants. Le petit joueur de polo fait son apparition. (…) Il fallait sans doute cela, être né juif dans le Bronx, pour avoir envie du contraire, les tenues décontractées arborées le week-end par les riches WASP, devenues les symboles de l’élite privilégiée, cultivée et raffinée de la Côte est. Il fallait peut-être naître pauvre dans le Bronx pour prendre conscience que les vêtements de sport représentaient une esthétique. Pour admirer ce style au point d’avoir été choisi par le réalisateur Jack Clayton pour habiller Robert Redford et Mia Farrow dans son Gatsby le Magnifique (1974), ou par Woody Allen pour Annie Hall (1977). Mais ce ne sont pas les WASP qui fascinent Ralph Lauren. Ce qu’il cherche depuis ses débuts à Steuben Avenue, c’est un style. « Je n’ai jamais voulu vivre comme un WASP à la Gatsby, explique-t-il, aller de fête en fête comme dans un roman de Francis Scott Fitzgerald. Les clubs de sport ne me faisaient pas spécialement envie, et d’ailleurs je n’ai jamais fait partie d’aucun. Ce n’est pas mon truc. Je ne suis pas un mondain, je n’aime rien autant que la vie de famille. » Le photographe Bruce Weber, chargé des campagnes publicitaires Ralph Lauren depuis plus de quarante ans, renchérit : « On me demande toujours pourquoi les gens qu’il habille sont si « waspy ». On ne pourrait être plus loin de la vérité. Polo a été la première entreprise de mode à habiller un modèle afro-américain pour les magazines. Et il a construit un hôpital à Harlem spécialisé dans le traitement du cancer. » Ralph Lauren vient d’annoncer qu’il serait le mécène unique de la restauration de l’Ecole des beaux-arts à Paris pendant deux ans. Une manière de s’ancrer davantage dans la capitale de la mode pour cet Américain pur jus déjà décoré en 2010 de la Légion d’honneur par le président Nicolas Sarkozy, un fan notoire de ses chemises. Le style Ralph Lauren est à l’image de l’homme : sans artifice, cool et fondamentalement heureux. Quand les créateurs de mode dessinent des vêtements, lui dessine sa vie rêvée, un style de vie inspiré du bonheur. De son enfance à son immense succès, rien n’a jamais semblé compliqué à l’enfant du Bronx. Il n’est pas un artiste, pas un créateur, ne prétend pas l’être : il observe, il détourne, il reproduit. Cela donne des vêtements élégants mais pas compliqués et pour tous publics, du sportswear aux habits de soirée, du décontracté à l’ultra-chic. Sophistiqués mais sans effet de coupes ou de motifs. Du western aux universités de la Ivy League, cela raconte l’histoire d’une Amérique fantasmée, se donne à tout le monde, jamais à la mode. (…) Celui qui ne sait toujours pas dessiner un croquis a sa façon bien à lui de faire du stylisme : en racontant à ses équipes les histoires qu’il imagine. (…) La 122e fortune mondiale sort peu, ne s’échappe de son travail qu’avec sa famille, ses chevaux et ses voitures de collection, dans l’une de ses cinq propriétés : sa villa à la Jamaïque, son manoir dans le Connecticut, sa maison dans les Hamptons, son ranch dans le Colorado, son logement principal du Upper East Side à Manhattan. Il est fier de sa famille : de son fils producteur, de sa fille qui a fondé une boutique de bonbons à Manhattan, de son autre fils, David, son possible successeur à la tête de l’empire. De sa femme Ricky, qu’il avait rencontrée chez son ophtalmologiste en 1964 et qui est « toujours la plus belle », comme il le constate fièrement à voix haute à l’occasion des cérémonies. De ses boeufs dont il exporte les steaks pour son restaurant français, Ralph’s, attenant à la boutique du boulevard Saint-Germain. Les plus chers de Paris. Il y a un mystère Ralph Lauren. Sa vie, à l’exception d’une tumeur au cerveau dont il a réchappé, ressemble à un conte de fées. Son empire, il l’a bâti sans effort apparent. (…)On laisse le Gatsby de la Côte est sur le seuil de son patio aux boiseries vernies. Demain, il sera un autre de ses personnages, avec jeans, bottes et chapeau de cow-boy, dans son ranch du Colorado. Le Monde

Après l’école, Supermanl’humourla fête nationale, Thanksgiving, les droits civiques, les Harlem globetrotters et le panier à trois points, le soft power, l’Amérique, le génocide et même eux-mêmes  et sans parler des chansons de Noël et de la musique pop ou d’Hollywood, la littérature, les poupées Barbie… le look WASP  !

A l’heure où face à la double menace du rouleau compresseur Trump et de la corbynisation de leur propre aile gauche …

Les Démocrates nous refont le coup du Reagan de gauche

Mais en plus jeune et, air du temps politiquement correct oblige, avec juste ce qu’il faut de culpabilité à la fois blanche et chrétienne

Et où, avec le nouveau scandale, nos médias font mine de découvrir le secret de polichinelle …

Du contournement systématique, face à la concurrence des nouveaux juifs d’Asie et derrière les dérives et le dévoiement de l’affirmative action et du système de « legacy », de la méritocracie universitaire par nos élites donneuses de leçon …

Devinez qui …

De ses racines judéo-russes de fils de violoniste devenu peintre en bâtiment …

Et de sa fréquentation assidue du cinéma et des terrains de polo …

A réussi presque à lui tout seul et, même au risque de la saturation, pendant si longtemps …

A incarner à l’instar de son ainée de Hollywood et coreligionnaire du Bronx à qui il empruntera le nom lui aussi emprunté

Ce fameux rêve américain repris en fait du look WASP …

Tant, à l’instar de notre Maurice Renoma national, d’origine juive lui aussi, du côté BCBG universitaire dit « preppy » …

Que du côté cowboy avec la version américaine du gentleman-farmer ?

Ralph Lauren, pur produit de l’Amérique

Il aurait voulu être Cary Grant mais a bâti son empire dans la mode. Ce fils d’immigrés juifs russes élevé dans le Bronx a réussi à vendre au monde entier l’image d’une Amérique fantasmée.

Marion Van Renterghem

Le Monde

23 août 2013

L’aventure a commencé là, 3220 Steuben Avenue, en plein cœur du Bronx, dans ce petit immeuble de cinq étages de brique rouge, avec ses escaliers métalliques dégringolant en biais sur la façade. C’est là que Ralph Lifschitz grandit avec sa soeur et ses deux frères après que ses parents, des juifs russes originaires de Pinsk, en Biélorussie, eurent choisi de tout quitter pour débarquer à New York. America ! America ! Le pays de la liberté et de tous les possibles, ils en avaient rêvé comme tant d’autres au point de s’entasser sur un bateau et de se jeter, affamés, dans la cacophonie des immigrés d’Ellis Island. Le père est peintre en bâtiment, artiste peintre à ses heures, le quartier du Bronx est alors ce qu’ils trouvent de mieux pour leurs moyens, avec ses rues calmes et ses grands parcs boisés. Une ambiance tranquille de la middle class américaine, aujourd’hui cernée, quelques pâtés de maison plus loin, par des zones délabrées et des repaires de dealers.

Près d’un siècle plus tard, à 73 ans, Ralph le New-Yorkais est un pur produit de l’Amérique. De l’épopée de ses parents, il se rend compte qu’il ne sait au fond pas grand-chose. Sont-ils partis avant ou après la révolution de 1917 ? Qu’ont-ils fui ? Il l’ignore. Ils n’étaient pas du genre à s’attarder sur le passé. On ne parlait pas yiddish à la maison mais sa mère, pratiquante, veillait au maintien des fêtes juives. « L’Amérique incite à regarder devant soi, pas derrière, constate leur fils. Il y a trop à faire quand on arrive ici. Les gens ne vous demandent jamais d’où vous venez. Mes parents étaient très gentils, peu éduqués, autodidactes, et ils se sont battus pour aller de l’avant. Je suis comme eux : je vis dans le présent, je pense à ce que j’ai à faire ici et maintenant, je ne me retourne pas. »

Même son propre nom ne le retient pas. A l’école qu’il fréquentait, juste à côté de l’appartement de Steuben Avenue, ce patronyme suscitait les moqueries. A la récré, haut-lieu des cruautés collectives, « Lifschitz » se transformait en gros mot, « Lif-shit », à coups de gros rires gras. Ralph Lifschitz a 16 ans quand il décide d’abandonner cette consonance encombrante. Le choix du pseudo lui vient sans peine. Le jeune homme juge plus commode de conserver ses initiales et il admire Lauren Bacall, l’une des incarnations de son rêve américain. Deux bonnes raisons pour décider du sort de sa métamorphose. En un tour de main, Ralph Lifschitz devient Ralph Lauren.

COW-BOY

Il y avait certes de l’ambition chez ce gamin du Bronx qui s’obstinait comme un fou à jouer au baseball et au basket-ball, malgré son 1,68 m. Il adorait le basket. Il courait comme un mille-pattes et compensait son handicap de taille par l’adresse et la stratégie. Il rêvait aussi d’être Joe DiMaggio, le champion de baseball qui avait épousé Marilyn. Ou une star de cinéma comme Cary Grant, son autre idole. « Mais je n’étais pas assez beau », dit-il avec coquetterie en attendant d’être contredit. Bref : sa carrière de sportif n’était pas convaincante, il ne prenait pas la voie d’Hollywood, il n’était pas particulièrement bon à l’école, n’avait rien à voir avec le stylisme, ne savait pas dessiner…

Qui aurait pu deviner que ce nom deviendrait celui de l’une des marques de vêtements les plus célèbres et les plus vendues dans le monde ? Que Ralph Lifschitz serait un jour le créateur de Polo Ralph Lauren, une multinationale cotée en Bourse, employant plus de 26 000 personnes et dont le chiffre d’affaires, 6,7 milliards de dollars (plus de 5 milliards d’euros) en 2013, dépasse celui des autres entreprises de vêtements de luxe, loin devant Giorgio Armani, son premier concurrent ? Que le petit cavalier de polo serait le logo universel des élites et des classes moyennes aisées de toute la planète, jusqu’aux Libanais qui avaient fui la guerre civile et arboraient leurs chemises « RL » en s’autobaptisant « Réfugiés de Luxe » ? S’il y a un mythe Ralph Lauren, il est dans ce chic populaire qui fonde son épopée de self made man. Une histoire si américaine.

Le mythe, en ce jour caniculaire du mois de juillet, porte un costume crème et une cravate noire, des chaussures noires, une chevalière en argent à l’annulaire. « Je suis plus souvent en jeans et en boots, mais il fait si chaud aujourd’hui… », dit-il comme pour s’excuser. La 122e fortune mondiale selon le magazine Forbes (classement 2012), avec une fortune évaluée à 7,5 milliards de dollars, est un homme doux et courtois, cool et raffiné, comme son immense bureau empli d’objets beaux et insolites. Une immense photographie de rodéo prise d’en haut, une bicyclette en chrome et cuir, des fauteuils design conçus par lui, des livres, des avions, tout un monde.

Il nous a conviée au 650 Madison Avenue, plus au sud que le pâté de maisons où sont réunies quelques-unes de ses somptueuses boutiques sur la même avenue de Manhattan. L’entrée est celle d’un banal gratte-ciel new-yorkais jusqu’à ce que l’ascenseur s’ouvre sur une autre planète : un immense patio tout en boiseries vernies et à la lumière tamisée, tel un vieil hôtel anglais, avec fauteuils clubs, canapés en cuir, lustres, peintures anciennes, sculptures d’animaux en bronze, pieds de lampe cuivrés, livres et magazines d’art sur les tables, coupelles de Smarties et autres bonbons colorés. Et des photos de Ralph Lauren, bien sûr.

C’est le péché mignon et le paradoxe de ce petit homme, pourtant curieux des autres et apparemment modeste : rares sont les murs de ses bureaux ou de ses boutiques, ou les pages de ses catalogues, où l’on ne retrouve pas plusieurs portraits géants de lui aux côtés de photos de cow-boys, de légendes d’Hollywood ou de voitures de collection. Ralph Lauren à cheval, Ralph Lauren sur la plage avec sa femme et ses enfants, Ralph Lauren jouant avec son chien, Ralph Lauren en blouson d’aviateur sur fond de villa atlantique, Ralph Lauren habillé en cow-boy dans son ranch du Colorado, Ralph Lauren en blazer et col roulé dans un intérieur cosy, Ralph Lauren au volant d’un roadster… Ralph Lauren himself, paisible, abouti, comme un emblème de sa réussite et de ses rêves. Un visage taillé pour le cinéma et les publicités des magazines : cheveux très blancs, peau très bronzée, yeux très clairs, paupières lourdes, sourire décontracté…

Dans le Bronx déjà, il s’était concocté un style. Un de ses voisins d’alors s’en souvient bien : un dénommé Calvin Klein, né Richer Klein. Il a grandi dans les mêmes rues, à quelques pâtés de maison de la famille Lifschitz. « On n’était pas amis, il avait deux ans de moins que moi, on se disait bonjour mais ce n’est qu’une fois devenus célèbres que nous nous sommes souvenus l’un de l’autre. On s’est toujours soutenus », raconte Ralph Lauren. « Il était plus âgé que moi mais je me souviens très précisément de lui, a rapporté de son côté Calvin Klein à l’occasion d’une conférence en 2011. Il s’habillait toujours de manière originale. Moi, j’étais plus marginal, plus provoc. Je voulais ressembler à un dur, comme James Dean. Ralph, lui, avait l’air de venir d’ailleurs. »

ÊTRE INDÉPENDANT

Ralph Lauren, en effet, ne s’habillait pas comme les autres. Toujours soigné, une façon d’être élégant sans luxe apparent, détournant des uniformes de leur usage premier : les vestes militaires, les polos des équipes locales de baseball et de basket-ball auxquelles il appartenait. « J’adorais les vieux vêtements de l’armée, explique-t-il, j’allais en acheter dans les surplus. J’avais des idées fixes. Par exemple, je voulais une veste indienne avec des franges. Il n’y en avait pas dans les magasins mais c’est ce que je voulais. Comme j’étais très athlétique, je portais aussi des vêtements de sport. J’allais beaucoup au cinéma, j’étais un fan de westerns. J’aimais Frank Sinatra, Fred Astaire, Cary Grant. Les films, les livres, les vitrines des magasins, les gens que je regardais, tout cela était dans ma tête, je fabriquais des histoires sans forcément m’en rendre compte. Peut-être parce que j’ai hérité de mon père peintre le sens du style et des couleurs, ces histoires se traduisaient sous une forme esthétique. Le sport, le western, les ranchers, les ouvriers… J’étais comme « romancé » par différentes vies. Au début, on me disait souvent : « Mais Ralph, tu viens du Bronx, tu te prends pour qui ? Pour un cow-boy, pour un gentleman-farmer anglais ? » Je répondais : « L’Amérique s’est faite avec des rêves. » »

Ralph Lauren a 20 ans quand commence l’explosion des Sixties, il a une trentaine d’années quand se généralise le mouvement hippie. Il a vécu une enfance heureuse dans le Bronx, il traîne désormais à Manhattan sur fond d’explosion des libertés individuelles, d’émancipation des femmes, de reconnaissance des droits civiques, de contestation de la guerre du Vietnam, de l’ordre établi, des élites, de la rigidité morale. Il s’amuse et profite de la vie sans prendre part à l’agitation politique. Au rock d’Elvis et de Jerry Lee Lewis il préfère les mélodies de Frank Sinatra et de Bob Dylan, et les paroles révoltées des Protest Songs ne sont pas sa préoccupation première. Ralph Lauren est déjà ailleurs, dans son monde à lui. « Je suis passé entre les gouttes de ces époques, explique-t-il. A ce moment-là, je formais mon style. Je retrouvais mes copains, on fumait, j’étais bohème, je portais la barbe et des baskets, mais je n’étais pas contestataire, pas hippie. J’avais les cheveux courts. Je n’ai pas fui l’armée, j’ai fait mon service militaire. Les hippies sont venus après moi, quand j’étais trop vieux pour l’être. J’aimais profondément l’Amérique comme je continue à l’aimer. »

Il ne sait pas dessiner. Mais il a ses rêves en tête. Une certaine idée de l’Amérique, un brassage confus de ses grands mythes, les mêmes qui avaient donné à ses parents la force de s’exiler. Il rêve de la conquête de l’Ouest. Il rêve du chic vestimentaire de la haute société WASP (White, Anglo-Saxon, Protestant) – nom américain donné aux premiers arrivés, blancs et protestants -, de ce que raconte le cinéma sur le look des étudiants des campus et l’ambiance des country clubs. Il rêve de ce que lui, l’enfant de la classe moyenne juive du Bronx, ne pouvait espérer posséder. « Il ne faut pas non plus exagérer, nuance-t-il. J’ai eu une enfance très heureuse, avec beaucoup d’amis. On n’était pas riches, je me rappelle avoir eu très envie d’un vélo et que mes parents n’avaient pas de quoi me l’offrir, mais je ne me sentais pas pauvre. J’étais juste comme tout le monde, attiré par ce que l’on n’a pas. Les pauvres rêvent de ce qu’ils pourraient s’acheter avec de l’argent. Les Chinois rêvent de s’habiller en Gucci. Et moi, je rêvais d’une veste à franges qui n’existait que dans les films ! »

Il est pressé de travailler, d’être indépendant, de gagner sa vie, de s’acheter une voiture de sport et de porter des vestes en tweed comme au cinéma. Il commence des études de gestion qu’il ne termine pas, fait son service dans un camp d’entraînement de l’armée à Fort Dix (New Jersey) puis, sans aucun diplôme, cumule les petits boulots. Il est animateur pour enfants, vendeur dans des magasins de mode. « J’étais bon vendeur, raconte-t-il. J’étais facilement convaincant car je ne travaillais que dans les magasins que j’aimais, pour vendre les vêtements que j’aimais. Cela a toujours été mon principe dans la vie : ne vendre aux autres que ce que je voulais pour moi-même. »

A force d’acheter en série des chemises de chez Brooks Brothers, son magasin préféré, il se fait embaucher dans une boutique de la marque sur Madison Avenue. Il fourmille d’idées, suggère de nouvelles formes, d’autres couleurs. Personne ne l’écoute. Pourquoi prêter attention à ce petit vendeur qui n’y connaît rien et n’a même pas fait d’école de dessin ? Lui voit ses idées sortir chez les autres. Et rumine son obsession : faire des cravates très larges. Il les a bien en tête, entrevues dans de vieux films et de vieilles photos de magazines. Il aime le style des années 1930, 1940, 1950, les vêtements des étudiants de la Ivy League (le peloton des meilleures universités), ce look Preppy de la Nouvelle-Angleterre, la manière dont la jeunesse aisée s’habillait sur les campus.

SANS ARTIFICE

Les cravates larges. Il est le seul à les vouloir. Il en fait fabriquer pour son compte, très larges avec des rayures, et démarche lui-même les grands magasins vêtu d’une veste en jean, ses cravates dans des sacs. Chez Bloomingdale’s, on regarde ça d’un air circonspect. OK pour les diffuser, à condition qu’elles soient plus étroites, et estampillées de leur label à eux. « J’ai refusé, raconte Ralph Lauren, j’ai refermé mon sac et je suis parti. J’étais content de moi. » Six mois plus tard, Bloomingdale’s le rappelle et lui prend ses cravates larges à rayures.

En 1967, un entrepreneur de mode, Norman Hilton, remarque ses cravates. Il lui fait une offre : « Accepteriez-vous de travailler pour moi ? – Non, lui répond le jeune homme, je veux créer ma propre maison. » Ralph Lauren lui emprunte 50 000 dollars et ouvre une ligne de cravates sous son propre label, Polo. Un succès. Il a 26 ans. Au bout d’un an, il élargit sa collection aux chemises et autres vêtements pour hommes, pas encore aux modèles pour femmes et enfants. Le petit joueur de polo fait son apparition. « J’aime le sport, je voulais ce symbole. J’étais fan de baseball mais ça n’aurait pas collé. Je voulais un sport plus stylé. Avec le polo, je pensais au play-boy dominicain Porfirio Rubirosa, collectionneur de femmes illustres, qui nous faisait envie. Je n’avais jamais joué au polo mais l’image de ce sport correspondait à ce qui me faisait rêver. Les chevaux, le côté play-boy, athlétique, esthétique, romantique… »Il fallait sans doute cela, être né juif dans le Bronx, pour avoir envie du contraire, les tenues décontractées arborées le week-end par les riches WASP, devenues les symboles de l’élite privilégiée, cultivée et raffinée de la Côte est. Il fallait peut-être naître pauvre dans le Bronx pour prendre conscience que les vêtements de sport représentaient une esthétique. Pour admirer ce style au point d’avoir été choisi par le réalisateur Jack Clayton pour habiller Robert Redford et Mia Farrow dans son Gatsby le Magnifique (1974), ou par Woody Allen pour Annie Hall (1977).

Mais ce ne sont pas les WASP qui fascinent Ralph Lauren. Ce qu’il cherche depuis ses débuts à Steuben Avenue, c’est un style. « Je n’ai jamais voulu vivre comme un WASP à la Gatsby, explique-t-il, aller de fête en fête comme dans un roman de Francis Scott Fitzgerald. Les clubs de sport ne me faisaient pas spécialement envie, et d’ailleurs je n’ai jamais fait partie d’aucun. Ce n’est pas mon truc. Je ne suis pas un mondain, je n’aime rien autant que la vie de famille. » Le photographe Bruce Weber, chargé des campagnes publicitaires Ralph Lauren depuis plus de quarante ans, renchérit : « On me demande toujours pourquoi les gens qu’il habille sont si « waspy ». On ne pourrait être plus loin de la vérité. Polo a été la première entreprise de mode à habiller un modèle afro-américain pour les magazines. Et il a construit un hôpital à Harlem spécialisé dans le traitement du cancer. » Ralph Lauren vient d’annoncer qu’il serait le mécène unique de la restauration de l’Ecole des beaux-arts à Paris pendant deux ans. Une manière de s’ancrer davantage dans la capitale de la mode pour cet Américain pur jus déjà décoré en 2010 de la Légion d’honneur par le président Nicolas Sarkozy, un fan notoire de ses chemises.

Le style Ralph Lauren est à l’image de l’homme : sans artifice, cool et fondamentalement heureux. Quand les créateurs de mode dessinent des vêtements, lui dessine sa vie rêvée, un style de vie inspiré du bonheur. De son enfance à son immense succès, rien n’a jamais semblé compliqué à l’enfant du Bronx. Il n’est pas un artiste, pas un créateur, ne prétend pas l’être : il observe, il détourne, il reproduit. Cela donne des vêtements élégants mais pas compliqués et pour tous publics, du sportswear aux habits de soirée, du décontracté à l’ultra-chic. Sophistiqués mais sans effet de coupes ou de motifs. Du western aux universités de la Ivy League, cela raconte l’histoire d’une Amérique fantasmée, se donne à tout le monde, jamais à la mode.

« Je fais de l’antimode, explique l’entrepreneur. J’ai mélangé le goût de l’Amérique pour la nouveauté au goût de l’Europe pour ce qui ne se démode pas. La veste en jean simple et bien coupée est un symbole de mon style. Mes vêtements correspondent à ce que je rêvais d’être, or je me rêve en différents personnages. En cow-boy, en athlète, en gentleman-farmer de la campagne anglaise, chacun n’étant pas conforme à la réalité mais à l’idée que je m’en fais. Je vois un gentleman farmer en boots et blouson de moto, il est comme ça dans mon rêve. Le style, c’est un rôle d’acteur, la représentation que vous vous faites de vous-même. Je me vends dans mes rôles, je me vends dans mes rêves. Je vends un idéal. » Selon son fils David, directeur de la communication et du marketing de l’empire, Ralph Lauren était même « très déçu, la première fois qu’il est allé en Angleterre, de constater que les gentlemen-farmers n’étaient pas habillés comme il l’avait imaginé. Mon père, analyse-t-il, est moins un styliste qu’un écrivain ou un cinéaste qui utilise les vêtements pour raconter des histoires ».

Celui qui ne sait toujours pas dessiner un croquis a sa façon bien à lui de faire du stylisme : en racontant à ses équipes les histoires qu’il imagine. « Généralement, je décris un film, un monde, un truc très romanesque. Par exemple, je pense à une fille et je me dis : « elle était riche, elle a perdu son argent. Elle est très séduisante mais n’a plus les moyens de s’habiller. Elle est cool. Elle trouve des fripes et elle les arrange elle-même. » J’explique ça à mon équipe. Ils prennent des notes et ils créent les habits pour cette fille-là. »

122e FORTUNE MONDIALE

Ralph Lauren est content de lui. « Voilà quarante-sept ans que je fais ce métier avec succès. Je me demande comment j’ai été capable de faire tout ça. » La 122e fortune mondiale sort peu, ne s’échappe de son travail qu’avec sa famille, ses chevaux et ses voitures de collection, dans l’une de ses cinq propriétés : sa villa à la Jamaïque, son manoir dans le Connecticut, sa maison dans les Hamptons, son ranch dans le Colorado, son logement principal du Upper East Side à Manhattan. Il est fier de sa famille : de son fils producteur, de sa fille qui a fondé une boutique de bonbons à Manhattan, de son autre fils, David, son possible successeur à la tête de l’empire. De sa femme Ricky, qu’il avait rencontrée chez son ophtalmologiste en 1964 et qui est « toujours la plus belle », comme il le constate fièrement à voix haute à l’occasion des cérémonies. De ses boeufs dont il exporte les steaks pour son restaurant français, Ralph’s, attenant à la boutique du boulevard Saint-Germain. Les plus chers de Paris.

Il y a un mystère Ralph Lauren. Sa vie, à l’exception d’une tumeur au cerveau dont il a réchappé, ressemble à un conte de fées. Son empire, il l’a bâti sans effort apparent. « On dit que le business est un monde de durs, moi je pense qu’on peut réussir sans être une brute », confie-t-il. Tout a l’air facile. Il y a chez lui la fluidité du geste des grands sportifs qu’il rêvait d’être : l’aboutissement d’un travail acharné dont on ne voit pas l’effort. « J’ai eu beaucoup de chance dans la vie. » Que deviendra sa société après lui ? « Je ne sais pas. Je n’ai jamais rien planifié. J’ai pu me construire une carrière sans argent, à partir d’un rêve, en vendant des cravates. ça m’a toujours réussi. » On laisse le Gatsby de la Côte est sur le seuil de son patio aux boiseries vernies. Demain, il sera un autre de ses personnages, avec jeans, bottes et chapeau de cow-boy, dans son ranch du Colorado.

Ces marques emblématiques milieu de gamme du style américain sont aujourd’hui dessinées par des femmes. Une nouvelle vie?
Fabrice Paineau
L’Express styles
05/06/2014

Ils étaient beiges, ils étaient brillants. Les Américains et leur paradoxe. A la fin des années 1970, la mode américaine peut se résumer à ces deux nuances. D’un côté, cette envie WASP qui définit tout un mode de vie propre et distingué -un esprit vain dans un corps sain? De l’autre, la débauche disco et paillettes du Studio 54, avec l’émergence folle de nouveaux créateurs américains. Puis Gap. Le meilleur d’une entreprise d’uniformisation où le jean, le chino et la chemise blanche dessinent une ligne de goût de New York à San Francisco.

C’est dans cette ville de Californie du Nord que naît ce titan du denim pour tous, en 1969, parce que son créateur, Daniel Fisher, ne trouve pas le bon jean adapté à sa morphologie -et à sa taille. Gap comme fossé ou fossé des générations et la réponse la plus juvénile à une Amérique qui s’émancipe dans ses moeurs. De ce géant du textile naîtront d’autres modèles du retailing, qui inspireront les voisins d’en face comme Club Monaco, filiale de Ralph Lauren, ou encore J.Crew.

La mode américaine s’émancipe

Mais il aura fallu plus de soixante-dix ans d’une toujours jeune histoire du textile américain pour que Gap et consorts émergent. Car tout commence avec ce Portrait de Madame X du peintre John Singer Sargent (1856-1925). Elle est belle, son profil est altier, ses épaules sont dénudées et sa silhouette est mince. Voilà peut-être le premier acte d’une mode américaine qui privilégie les courbes, le corps et le confort d’une nation tout entière vouée à l’effort, donc au sport. La mode américaine naît de cette ambition.

L’émergence des titans de l’édition mode apparaît à cette même période: Harper’s Bazaar est créé en 1863 et Condé Nast rachète un petit magazine, en 1908, Vogue, pour en faire la publication de référence de la haute société. Laquelle commence à voyager et converse sur la nouvelle éthique du goût. Edna Woodman Chase devient la rédactrice en chef de Vogue et le photographe Edward Steichen remplace la luxuriance embuée des images de mode du baron de Meyer. La photographie de Steichen rehausse la simplicité graphique de l’Art déco, dans ses décors mais aussi dans le choix des tenues présentées. Si la mode européenne est toujours maîtresse, la crise économique de 1929 incite à un protectionnisme de taille. Les matières premières sont désormais américaines, comme le cuir ou le coton, qui va bientôt dominer le monde.

Les couturiers américains apparaissent. Ils se nomment Mainbocher ou Charles James, d’origine anglaise. A l’ouest, la machine à rêves s’emballe. Hollywood devient le puits sans fond de toutes les images iconiques, et l’empire cinéma impressionne déjà les pages des magazines de mode, embellies par la photographie de Cecil Beaton. Les stars commencent à diffuser leur aura médiatique, et, si « glamour » est un terme anglophone, des figures comme celles de Katharine Hepburn -son indépendance de style très boyish: un pantalon, des chaussures plates- vont condenser en images cette simplicité. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la plupart des maisons françaises stoppent leur activité. L’Amérique en profite pour proposer une garde-robe plus fonctionnelle et adéquate aux femmes impliquées dans l’effort de guerre. Des créatrices comme Claire McCardell ou Claire Potter ne tarderont pas à anticiper cette nouvelle soif de conquête féminine. Un corps sain dans des formes simples.

En 1961, Jackie Bouvier-Kennedy devient la première dame des Etats-Unis et porte les créations de jeune designers comme Arnold Scaasi, Pauline Trigère, Oleg Cassini… Suivront des noms comme ceux de Bill Blass, Oscar de la Renta, Geoffrey Beene. En 1971, Grace Mirabella a remplacé Diana Vreeland à la tête de Vogue. Elle conçoit une mode plus simple, plus dynamique, pleine de conseils pratiques pour répondre à cette attente qui lie le monde domestique à une ère plus technologique. Et la mode s’adapte, plus naturelle, plus casual dans ses propositions. Un certain sens du minimalisme s’impose, et des créateurs comme Calvin Klein ou encore Perry Ellis se chargent de radicaliser la silhouette. Un vêtement pur pour une allure simple.

Le succès de Gap, J.Crew, Club Monaco

La marque Gap arrive à bon port en 1969 pour exprimer toute cette volonté d’exalter les basiques: le charme propre et authentique du jean ou du tee-shirt hérité du vestiaire de James Dean, déjà piqué aux ancêtres les cow-boys. Gap garde dans un premier temps le parfum de l’émancipation hippie des étudiants de Berkeley et des événements bruyants de Woodstock. Plus pour longtemps. L’as du marketing Millard Drexler relooke toute la chaîne des magasins en 1983 et modifie l’attitude Gap. Sharon Stone s’affiche en jupe Vera Wang et chemisier blanc Gap à la cérémonie des Oscars de 1998. Gapinc., le groupe, est avant tout l’empire fondateur d’une mode « low high fashion » qui combine petits prix à une qualité de vêtements construits sur le rêve américain. Elle ouvrira la voie à d’autres modèles du fast retailing comme Club Monaco ou J.Crew, deux sociétés dirigées par des femmes inspirantes et qui s’implanteront bientôt en France.

Rebekka Bay et Gap

Elle est blonde, Rebekka Bay. Elle présente tous les signes d’une Nordique qui privilégie le port de vêtements simples à l’architecture douce comme sa liquette blanche. En 2006, elle est à l’origine du concept COS, pensé par le groupe H&M, où le minimalisme de créateurs peut se concevoir à petits prix. Les innovations techniques sont aussi au rendez-vous. Elle conçoit un style fonctionnel, ultracitadin et des matières nouvelles qui s’adaptent au classicisme de coupes radicales très épurées. Peu d’imprimés chez COS, mais du bleu marine, du noir, du gris. Après des études à la Designskolen Kolding, au Danemark, Rebekka devient conseillère auprès de marques comme Dunhill ou COS. Son leitmotiv depuis son arrivée chez Gap, en 2012: retrouver la force des authentiques et souligner l’intérêt contemporain de tels produits à travers une vision reboostée de l’americana. Rebekka Bay contrôle toutes les lignes, jusqu’au label 1969, implanté à Los Angeles.Et son pari semble réussi pour le printemps-été 2014, avec un grand retour du denim aux coupes plus ajustées. Le traitement des matières joue sur un délavé serein, avec cet esprit eighties aux couleurs tendres. Il y a autant de Céline que de Helmut Lang dans cette nouvelle proposition qui cherche la pièce iconique, pour femme comme pour homme.

Jenna Lyons et J.Crew

Elle est presque une star, Jenna. De par son allure identifiable entre toutes, celle d’une grande fille avec de grandes lunettes à monture noire. Médiatique, Jenna Lyons apparaît lors des Fashion Weeks ou en guest-star dans la série Girls, de Lena Dunham. En 2013, elle figure dans le classement des 100 personnalités les plus influentes du monde du magazine Time. Son parcours est limpide: cette fille de Palos Verdes, en Californie, diplômée de la Parsons School de New York, est entrée directement chez J.Crew en 1990 puis a gravi tous les échelons de l’assistante ultramotivée. Après avoir été nommée directrice de la création en 2007, elle devient présidente en 2010. Deux ans plus tard, le chiffre d’affaires de J.Crew dépasse les 2,2 milliards de dollars.

Son succès? Michelle Obama déclare, en avril 2008, « trouver de jolies choses sur le site de la marque » lors de son apparition à l’émission de télévision The Tonight Show.Le lendemain, le site explose dès dix heures du matin. En outre, J.Crew privilégie et soutient les créateurs maison, proposant des lignes développées en interne, comme celle du responsable du prêt-à-porter homme, Todd Snyder. Pour enrichir cette démarche, J.Crew s’est mis en quête de pièces fortes et intemporelles, de la Stan Smith d’Adidas à d’authentiques chaussures patinées en provenance du Kentucky, qu’elle vend dans son réseau de boutiques. Jenna Lyons est de toutes les attentions car, sous son influence, J.Crew développe une mode différente. Les imprimés comme les basiques se complètent et composent un vestiaire contemporain très new-yorkais. Acheter une pièce J.Crew est aujourd’hui devenu aussi crédible que porter du Proenza Schouler, le tout étant adoubé par des blogueurs reconnus comme Tommy Ton.

Caroline Belhumeur et Club Monaco

Club Monaco est à l’origine une marque canadienne créée par Joe Mimran et Alfred Sung en 1985. Son expansion commence par les Etats-Unis, avec une première implantation sur la côte Ouest, à Los Angeles. En 1999, le groupe Polo Ralph Lauren en fait l’acquisition, mais le label garde son indépendance de ton. Caroline Belhumeur est à la tête du prêt-à-porter féminin depuis 1999. Pour cette Anglaise née à Bristol, la formation s’est faite sur les bancs de la Kensington University, puis elle atterrit chez Calvin Klein et Theory. Les collections de Club Monaco émanent de choix personnels qu’elle désire faire partager à tous: une mode au classicisme évident avec un « twist » créateur et européen. Fan de musique punk mais aussi d’architecture new-yorkaise, Caroline Belhumeur donne une touche unique à des vêtements fonctionnels qui évoquent le charme d’une échappée dans les Hamptons. Pièces clefs: un trench, un pull d’homme en cachemire et une veste en cuir.

Voir encore:

Ralph Lauren’s American Dream

The iconic brand is struggling. How did we get here, and what happens next?

Entering the Rhinelander Mansion on New York’s Upper East Side is like quietly opening a window into Ralph Lauren’s mind. Many describe Lauren’s superpower as his ability to turn his wildest dreams into reality, and inside that mansion, Ralph Lauren’s original flagship location, his dreams are made real in every nook and cranny of the place.


 

Each room presents one lavish scene after the next, and it’s not hard to imagine Lauren himself toiling at the displays to make sure everything sits just right. Spaces are small and illuminated with candles and the softest of lighting, beckoning shoppers to linger. A glass of water arrives on a small silver platter, garnished with a single slice of lemon, just for you.

It’s stunningly clear here, walking slowly up a staircase lined with oil paintings from the company’s collection, that Ralph Lauren is a lifestyle. No detail is left to chance: Ralph Lauren ties are fanned out on a table in front of a bar stacked high with Ralph Lauren shirts, next to a case of monogrammed Ralph Lauren cufflinks. Ralph Lauren briefcases are placed next to Ralph Lauren paperweights on a Ralph Lauren desk topped with Ralph Lauren stationery, positioned underneath a giant, glittering chandelier that can’t possibly — but maybe? — be branded Ralph Lauren. Everything, right down to the 82,000 square feet of mahogany hauled in for the mansion’s renovation in the 1980s, reeks of style and status and money. Old money.

Twenty blocks away, inside the Lord & Taylor on Fifth Avenue, the dream gets a little murkier. Lauren Ralph Lauren dominates one of the women’s floors, and while the gold-plated signage is shiny and the tan leather couches comfy, the endless sea of khaki dresses belted at the waist are not so much impressive as they are predictable. There are no nooks nor crannies filled with odds and ends from Ralph’s archives; nothing begs a pause. Jammed up in between racks of floral fit ‘n’ flare dresses and rows of athleisure, it’s harder to see Ralph Lauren’s appeal. A similar scene unfolds on the sales floor at the Herald Square Macy’s, a short 10-minute walk away.

Once you leave the giant department stores of New York City and head to the malls of suburbia, Ralph Lauren becomes a few racks of Oxfords, polos, and pleated pants. Reliably found in your local Dillard’s, and just as reliably found on sale.

« The clothes look good in magazines, but look older in stores, » says Christina, a 31-year-old from Long Island, flipping through a rack of button-down shirts at Macy’s. She likens the brand to Michael Kors — oversaturated and devalued. « I would never buy Polo at full price. »

Jan Freemantle, a tourist visiting New York from Sydney, Australia, recalled how her husband used to bring her back Polo shirts picked up on business trips to California before she could find the brand in Sydney. Polo was all she knew about Ralph Lauren until recently, when on a trip to Aspen, she came across a Ralph Lauren store that carried the Purple Label and Collection lines. « It was so nice, but so expensive, » she says.

Most shoppers haven’t encountered the totality of Ralph Lauren’s world. How could they? Since the early 2000s, Ralph Lauren Corporation has owned and operated at least 25 different brands. It’s a staggering list: Polo Ralph Lauren, Polo Jeans, Polo Golf, Pink Pony, Purple Label, Blue Label, Black Label, Ralph by Ralph Lauren, Lauren Ralph Lauren, Lauren for Men, Women’s Collection, RRL, RLX, Rugby, Denim & Supply, Club Monaco, Chaps, Ralph Lauren Childrenswear, Ralph Lauren Watches, Ralph Lauren Fine Jewelry, American Living, Ralph Lauren Home, Lauren Home, Ralph Lauren Paint, and Lauren Spa. Not all are still in operation.

Ralph Lauren is clearly a man who knows how to build an empire, but right now, the empire is in turmoil.

For the shoppers who actually are familiar with the company’s multitude of lines, it’s still exhausting. « The identity of the brand gets lost, » laments Efney Hall, who has been shopping Ralph Lauren for over a decade. She likes it for its classic, elegant appeal, but she’s noticed that lately, the fit of the pants has changed. She finds herself skimming over the brand’s Lauren Ralph Lauren racks. She’s over it.

Ralph Lauren is clearly a man who knows how to build an empire, but right now, the empire is in turmoil. Layoffs have struck the company two years in a row, eliminating 750 jobs in 2015 and another 1,000 this summer. (One former Ralph Lauren designer commented to a colleague on Instagram in June: « Glad you survived the RL Hunger Games this week! »)

Lauren has stepped aside to make way for a new CEO, Stefan Larsson — the first person besides Lauren to ever hold that title in the company’s 50-year history. The company has been in the process of whittling down the brand list and there are plans to refocus on just three main lines: Ralph Lauren (the new umbrella label for Women’s Collection and Purple Label), Polo Ralph Lauren, and Lauren Ralph Lauren.

At the same time that Ralph Lauren is reevaluating its structure and bringing in fresh leadership, it also has to contend with the fact that the specific style of Americana that’s so deeply embedded in every inch of the brand isn’t something shoppers are clamoring to align themselves with now. If the privileged, preppy aesthetic that Lauren built his company around is no longer the height of aspiration, what will the future of Ralph Lauren look like?


Ralph Lauren did not grow up living the lifestyle that would later make him a billionaire. No, Ralph Lauren was born Ralph Lifshitz, a shy Jewish kid who lived in a small, two-bedroom apartment in the Bronx with his parents and three siblings. In Genuine Authentic: The Real Life of Ralph Lauren, writer Michael Gross paints a picture of young Ralph as a dreamer, never one to run with the crowd. « If white bucks were in fashion, he wore saddle shoes, » a former classmate told Gross. « When we wore crew necks, he wore V-necks. He was always a step ahead. »

Lauren’s perception of taste and class was constructed by what he saw around him, according to Gross. His richer friends’ parents drove convertibles, went on European vacations, and had country club memberships. In films, he watched Gary Cooper, Cary Grant, and Fred Astaire glide across the screen, wearing beautiful suits and getting the girls every time.

« I grew up playing a lot of basketball, reading, and living at the movies, » Lauren said in an old interview that Gross unearthed for the book. « I guess they influenced my taste level. I liked the good things and the good life. I did not want to be a phony. I just wanted more than I had. »

However, Lauren’s mother had set a strict path for Ralph: he was to be a rabbi. He shuttled between secular public schools and Jewish yeshivas during his youth, eventually convincing his mother to allow him to transfer from Manhattan Talmudical Academy, where he was on the Hebrew teacher-in-training track, to DeWitt Clinton High School, an all-boys public school. In his senior yearbook, listed right below his extra-curricular participation in « Lunch Room Squad » and « Health Ed. Squad, » Lauren declared what he wanted to be when he grew up: a millionaire.

At 19, he and his brother Jerry changed their last name from Lifshitz to Lauren. (As Gross reports it, Ralph polled friends on two alternatives, London or Lauren; he was personally partial to London.) In the official document filed for the name change, the reason listed was confusion over people, both at school and at work, who shared the same last name. In reality, Lifshitz had the word « shit » in it and Ralph’s plans for himself did not include dealing with that for the rest of his life.

College was never a big draw for Lauren, who dropped out of the City College of New York school system after three years. He was drafted into the Army and served for two years, but the military, with all its rules and regulations, wasn’t a good fit either. After the Army, he kicked off his career as a salesman, first for glove companies. Then he got into ties.

« I liked the good things and the good life. I did not want to be a phony. I just wanted more than I had. »

Lauren got his first shot at professional tie design at Rivetz & Co., a high-end neckwear company. It didn’t go over well. « Rivetz was a traditional firm, » David Price, whose father used to own the Rivetz & Co. business, explains. « They were doing all sorts of crazy pinks and oranges and all the Ralph colors, and the industry and the customer base at Rivetz thought it was just atrocious. »

But instead of backing down, Lauren went from Rivetz to Beau Brummell Cravats, where his boss, Ned Brower, let him sell his own ties — colorful, wide, and expensive — out of a drawer in the showroom. Lauren had no professional training in design, but he believed so deeply in his wild ties that other people did too. He caught the attention of Norman Hilton, one of the biggest names in the menswear industry at the time, who eventually became the first investor in Lauren’s business. Polo Fashions, Inc., named after the posh sport (not the shirts Lauren would later become famous for), launched in 1968 and, as Hilton’s son Nick remembers it, his father poured $75,000 into the startup. By the end of his first year running Polo Fashions, Lauren had expanded from ties into full suits that the Daily News Record (a menswear trade publication that was later folded into WWD) featured alongside heavyweights like Bill Blass and Oleg Cassini.

The company was a critical success from the beginning, although according to Nick Hilton, it was always almost bankrupt in its first few years. In 1970, Lauren won his first Coty Award (the predecessor to the CFDA Awards) for menswear, and he launched womenswear after that. In Ralph Lauren: The Man Behind the Mystique, author Jeffrey Trachtenberg describes how the move into womenswear transformed Lauren’s business. It was then that he decided to change the name on his labels from Polo Fashions to Polo by Ralph Lauren, in part to imitate how other designers were using their own names on their womenswear labels. And then, for the launch of women’s button-down shirts, the company added a new design element: a small embroidered polo player. It was an overnight success.

« The polo player became the new status symbol for women, » Raleigh Glassberg, the buyer who purchased Ralph’s first women’s shirts for Bloomingdale’s, told Trachtenberg. The shirts were as pricey as Lauren’s ties, but it didn’t matter. Everybody wanted one. As Lauren’s business grew, buoyed in large part by the ‘80s prep revival, the polo player became an integral part of the women’s and men’s lines, including on the polo shirts that became a signature of the Ralph Lauren look.

Chaps was the first of many extensions that Ralph Lauren would experiment with. Chaps was Lauren’s answer to Polo knockoffs that were flooding the market. He couldn’t stop the knockoffs from being produced, so he created a cheaper line to compete with them.

The company also expanded quickly through a number of licensing partnerships, a relatively easy way to put the Ralph Lauren name on a variety of products without having to deal with manufacturing any of it.

« The bulk of the company’s profits come from royalties on its extremely lucrative licensing agreements, which lend the Ralph Lauren name to manufacturers of eyewear, fragrance, furniture, and a range of apparel, » the New York Times‘ Stephanie Strom reported in the mid-’90s. « Polo Ralph Lauren only manufactures its men’s sportswear, coats, and furnishing lines; all other Ralph Lauren products, ranging from towels and sheets to shoes and sunglasses, are manufactured by others under license. »

The article also noted the voracity with which Lauren launched new lines, started new partnerships, and continually built upon his vision. « The sheer number of new ideas coming out of Mr. Lauren’s head at a time when the fashion industry seems to be satisfied with endlessly regurgitating old looks gives him an edge, » Strom writes. « In the last year alone, he has started RRL, Polo Sport, a line of Polo Sport skin treatments, and the Ralph label. »

As Lauren’s empire grew, the accolades kept coming. According to the CFDA, Lauren is the first and only designer to win four of the CFDA’s top honors: the CFDA Lifetime Achievement Award (1991), the CFDA Womenswear Designer of the Year Award (1995), the Menswear Designer of the Year Award (1996), and the CFDA Award for Humanitarian Leadership (1998).

Lauren’s vision of America drew heavily from the world of Ivy League preps, but the brand appealed far beyond the country club crowd.

« Insecurity can sometimes make a man do bold things, » Cathy Horyn wrote in a profile of Ralph Lauren for the Washington Post. « It can make him create not one world but many worlds. And it can make him think that what he has done is not only good but better. The upshot has been rather intriguing: a quarter-century of glorious ephemera from a designer who can’t draw so much as a sleeve. Never could. »

In that profile, Lauren couldn’t help but describe his legacy in broad, sweeping strokes. « Did I lift America up a little bit? Did I give it a little bit of quality? Because we were known for polyester. People don’t remember that. You couldn’t buy good things here. America is mass, » he told Horyn.

« And so, as I traveled around and got more sophisticated, I started to see what wasn’t there, and I became more nationalistic. Every year of my life. And I’d think, ‘Why is this country so insecure about what it is?’ So, my thing became more than clothes. It became bigger. It became — America. »

Lauren’s vision of America drew heavily from the world of Ivy League preps, but the brand appealed far beyond the country club crowd.

The Lo Lifes, a Brooklyn gang officially founded in 1988, used to make a show out of shoplifting Ralph Lauren from department stores around New York City back when they first formed; now, it’s more about appreciating the Lifshitz to Lauren, self-made billionaire element of the designer’s story, as well as showing off vast collections of archival pieces. (Vice interviewed a Lo Life member who at one point had over 1,000 items.) However, the Lo Lifes’ influence on Lauren’s brand, specifically its place in hip-hop, isn’t officially recognized by the company.

« All together, it makes for a potent folk history of capitalist sedition, » Jon Caramanica wrote of the group. « In a time when Polo was being made for and marketed to the aspirational white middle class, some of the most rigorously sourced collections were sitting in closets in the Brooklyn housing projects. »

That’s not to say the company totally eschewed diversity. Ralph Lauren is credited with catapulting Tyson Beckford to supermodel status, making him the first black male model to hold that title. Beckford’s Polo ads were lauded when they first appeared, and the Times ran a story on his breakout success. « I believe I’m setting a good example, » Beckford told the paper. « The Polo ad says that I’m not a basketball star or a rap star, but an all-American type. It separates me from those stereotypes, which is good. »

« Lauren built a career by brazenly positioning himself as the quintessential interpreter of the American zeitgeist, » Robin Givhan later wrote in The Washington Post. « More than any designer, he has used America’s mythology — our secular religion — for profit. In doing so, he has displayed a keen understanding of our cultural symbols. He can parse the difference between a pair of blue jeans worn with cowboy boots and those worn with a black leather jacket. He sees the romance in a prairie skirt or a well-worn Native American blanket. He knows what it means in our racially conflicted society to photograph a dark-skinned, athletic black man in his preppiest, old-money brand. And he knows how a bright-eyed blonde feeds our vision of Mayflower blue bloods. And as consumers, we have bought into those symbols and made Lauren an extremely wealthy man. »


Ralph Lauren went public in 1997 and continued to thrive throughout the early 2000s, opening new lines seemingly on a whim. « At Ralph Lauren, there wasn’t that outside perspective, » says a former designer who requested anonymity since he still works in the industry. « We all, including myself, had our heads up our own asses. It was just so great to be there that even if we were doing something that we couldn’t validate based off of the competitive landscape it was like, ‘Well, this is Ralph Lauren. We can do what we want.’ We set the tone. »

By 2012, Ralph Lauren stock was trading at more than $170 per share, having shot up by $100 in five years. There was so much faith in the success of the company. « Everybody was just feeling the effects of the money that was rolling in, and that it was on a steady incline, » says the former designer. The company employed approximately 25,000 people in 2012, and was reporting $6.8 billion in sales and net profits of $681 million.

Then came the slide and Ralph Lauren’s literal and metaphorical stock began to tumble. Shares fell nearly 50 percent from a high point of $192 in May 2013 to $82 in February 2016. Sales were still holding steady, but profits slid drastically.

« I used to feel really good about working for that company, but there was so much uncertainty for so long and the lack of communication from the top down was almost absurd. »

Underlying problems with the company’s organizational structure became more pronounced as the good times gave way to struggling years. « People were just so unhappy, » says the former designer. « I used to feel really good about working for that company, but there was so much uncertainty for so long and the lack of communication from the top down was almost absurd. You didn’t even know what your job was, you didn’t know what your role was. You didn’t know if you were going to have a brand the next day. »

Several former employees pointed to that lack of communication as a real point of frustration within their departments. « It was like nowhere I had ever worked before, » says an employee who worked in materials sourcing for the company’s volume brands. « Everyone worked in silos. Manufacturers had one job that they were specific to and the designers only had to report to other designers and we really were kind of bumping into each other trying to do our own jobs. It was really inefficient. »

Compared to other retail companies where she had worked, the former employee was surprised by how many managers were assigned to each department. « Ralph is a very, very top heavy company, » she explains. « It was a lot of management and not a lot of doers, which is a huge problem. »

The organizational problems had long bled into the company’s dealings with its wholesale accounts. Michael Schumann, the owner of furniture retailer Traditions, eventually cut ties with Ralph Lauren after years of headaches associated with selling Ralph Lauren Home products in his stores.

« It was no longer worth it to put up with the bullshit in order to have the name, which was too bad, » says Schumann. He recalled how Ralph Lauren Home would issue beautiful, hardbound catalogs to stores and then not refresh them for two years since it was too costly to produce the books every six months when new collections would come out.

The rules around where and how to advertise the product were extra strenuous; Ralph Lauren’s logo had to be twice the size of the retailer’s logo, and ads could only be placed in premium locations. Schumann found success selling Lauren Home, a less expensive line, but then Ralph Lauren implemented a rule that Lauren Home and Ralph Lauren Home couldn’t be sold in the same store. « It was just impossible to work with these people, » Schumann says.

Ralph Lauren’s managerial structure was broken, relationships were being severed, the quarterly financial reports got more and more alarming, and Ralph Lauren himself wasn’t the same radical young guy wooing customers to buy into his dream lifestyle. Change was needed.

For years, David Lauren, Ralph’s only child who works at the company, was assumed to be the heir apparent. In 2006, The New York Observer wrote that it was « clear » Lauren would run the company at some point. Fast Company mentioned « industry-wide speculation » that he would take the throne in a 2011 profile. In 2014, Business of Fashion noted that many in the industry pegged the son as the father’s successor.

But when the time came for Ralph Lauren to relinquish his CEO title, David Lauren’s name wasn’t called. Instead, it was Stefan Larsson, a young retail industry darling who built his career at H&M and wowed the industry with a successful three-year stint as the brand president of Old Navy, who would inherit the crown.

When Lauren and Larsson tell the story of how they met, it often includes the tale of a magical first dinner together. Both walked in wondering what the hell they were doing there, both came out knowing that this partnership needed to happen. Larsson is a young star just as Lauren was back in the day, and Larsson has entrepreneurial roots as well — he started his own company to put himself through business school, according to the Financial Times.

Larsson also passed the most crucial test, in Lauren’s eyes. « He understands what dreams are, » Lauren told the Associated Press when Larsson’s new role was announced. (Ralph Lauren declined to make Lauren, Larsson, or any other executives available for comment for this story.)

« In terms of where Stefan is, I saw that he had the background and the excitement and the energy and the knowledge that I don’t have. »

David Lauren still retains his position as a company executive and a member of the board of directors, and if the new dynamic is awkward, it only comes through a little bit. At the company’s inaugural Investor Day presentation in early June, where Larsson laid out his plan for the future of the company, Lauren took the stage for about 20 minutes to talk about the brand history and endorse Larsson.

« I’ve had great people in my company over the years, wonderful people, » Lauren told analysts in the meeting. « But whether someone’s going to carry the CEO flag was a different thing because I’m entrusting my baby to him. And that baby has to grow up. And that baby is in the front row, David on the one hand and uh, Stefan on the other. But in terms of where Stefan is, I saw that he had the background and the excitement and the energy and the knowledge that I don’t have. »

Larsson spent nine months from the point of the initial CEO announcement last September to the Investor Day this summer to take stock of the business and figure out what needed to change.

For those watching the turnaround, there’s a lot of optimism about the possibilities under Larsson’s leadership. « When you look at Stefan and some of his core competences and what he brings to the table, it’s his ability to truly understand and diagnose a weakness within a company and go forth and make the necessary changes, » says Jerry Sheldon, an analyst for IHL Consulting Group.

« He really seems to have an understanding of consumers and is able to articulate that understanding, turn it into a business strategy, and execute on that strategy in a very effective way, » notes Sheldon.

First up, Larsson is assembling a new executive team filled with people from companies like H&M and Amazon. New blood will likely be just what Ralph Lauren needs. In recent years, employees witnessed how the old guard, which had been in their roles for years and years, weren’t cultivating an innovative environment anymore. There was also a sense that Lauren could not be questioned.

« When Ralph has an idea and starts something, nobody ever stands up and says, ‘Hey, this is not right. This is not the way to go,' » notes the former designer. « Everybody just kind of kneels to every word that comes out of his mouth. And when he personally would ask for opinions and direction, people had it and they didn’t voice it until he was out of the room, and that was just the way that it went for years and years. »

« If anything, I see the old management team as being beholden to Ralph and that was probably part of the problem, » says Paul Swinand, a retail analyst for Morningstar. « It wasn’t that he had lost his touch or that he was too old — you might have thought that — but it also might have been that the old management team was not trying to go out and create anything new, they were just trying to get along and finish out their last few years. »

Larsson’s public diagnosis of the company’s problems was unveiled via the aptly-named Way Forward plan. The main points include a new, more hands-off employee structure (eliminating three levels of management), cutting down the time from initial development of a product to getting it on the sales floor to nine months (down from 15), improving communication between departments, and focusing on three core brands while maintaining a smaller stable of secondary ones. The Way Forward also detailed 1,000 job cuts and 50 retail store closures.

« From a nostalgic, brand-loving perspective, I feel sad about the layoffs, and I’m very fearful that this will be like the JCPenney situation from a few years back, » says a former employee in Ralph Lauren’s digital operations, who requested anonymity. « But from the business side, it makes a lot of sense to me. Our department did not need three managers. »

Larsson is also pulling back from outlet stores, a market where Ralph Lauren had previously been expanding, and cutting down on promotional activity to try and retrain customers not to associate discounts with the brand.

« If anything, I see the old management team as being beholden to Ralph and that was probably part of the problem. »

In addition, Ralph Lauren has a huge wholesale business which accounts for nearly half of the company’s overall revenue. Macy’s in particular is a significant Ralph Lauren buyer; that account alone accounts for about 25 percent of the company’s wholesale revenue. But Macy’s reported a terrible financial quarter in May, and it doesn’t look like it will be making a comeback anytime soon.

« The department store channel is losing market share in general, » says John Kernan, an analyst with Cowen & Company, « and Ralph Lauren, the brand, needs to find new channels of distribution like Amazon and other areas where they can grow. »


Ralph Lauren is going through operational struggles during not only a tumultuous period in the retail industry, but also a time that’s seeing a cultural shift away from what the brand stands for. The prep aesthetic has always smacked of privilege, something accessible primarily to white people with trust funds and monogrammed shirtsleeves. Now, the WASP lifestyle that completely captivated Lauren as a young entrepreneur is considered out of touch at best, offensive and oppressive at worst.

Take, for instance, the media’s reaction to the company’s Olympic uniform designs this year. Headlines announcing the kits included: « Ralph Lauren’s Olympic Uniforms Are Straight Out of Prep School Hell« ; « USA’s Olympic Uniforms Are WASPy Bullshit« ; « Team USA’s Official Olympic Uniforms are Peak Vanilla« ; and Racked’s own contribution, « I Need More From Team USA’s Olympic Uniforms« . The Daily Mail rounded up the best tweets from the debacle. The comments on Ralph Lauren’s own Instagram post of the outfits were littered with prep jokes of varying degrees of wit.

« The uniforms couldn’t play more into the world’s most unflattering stereotypes of Americans unless they added cigars dangling out of the athletes’ mouths, Bibles tucked under their arms, and $100 bills falling out of their pockets, » Christina Cauterucci wrote for Slate.

Christian Chensvold, founder of the website Ivy Style and a regular contributor to Ralph Lauren’s RL Magazine, broached the subject in a series of posts last fall that questioned whether the Ivy League look was still politically correct. This included a satirical post that imagined a social justice warrior responding to different aspects of Ivy style (example: « Dinner jacket: Offensive to the underfed »); some readers were not amused.

The spring 2016 Polo Ralph Lauren presentation during New York Fashion Week. Photo: Fernanda Calfat/Getty Images

« I would imagine that some of your readers would certainly find ‘club ties’ exclusive and elitist, » one commenter wrote, referring to a line joking that club ties should be banned for their exclusionary symbolism. Club ties, identified by their repeating motifs, actually did historically denote membership to elite clubs. « I know clothing itself is not elitist; it is the choice behind what we wear that speaks volumes about who were [sic] are. »

Later on, when Chensvold published an April Fools’ post detailing how preppy style had been banned from college campuses due to the classism and racism that it signified, plenty of readers thought it was real news.

Today’s shoppers are interested in more democratic clothing options — options that are casual, practical, and mass. Athleisure is a $97 billion business in the US, accounting for nearly one-third of the entire apparel, footwear, and accessories market. Vetements, the French design collective led by Demna Gvasalia that no one can stop talking about, is making a killing off of what can best be described as incredibly ordinary clothing. Its spring 2017 show, held during haute couture week in Paris, featured collaborations with 18 different brands including Juicy Couture and Carhartt.

« Sometimes, I hear designers from older generations saying, ‘Oh, fashion needs to make women dream,' » Gvasalia told W in an interview earlier this year. « I feel that this is really difficult today. I think it’s dated. Fashion shouldn’t make you dream in 2016. It should just be there, for us to wear. » It’s not hard to imagine Lauren burying his head in his hands over that one.

« It could become a social liability to look really old money and traditional, to wear this kind of stuff. »

« Ten years from now, when fashion is coming back around in its cycle and these young people are now well into their careers — assuming they have careers with the economy and their crippling student loan debt — when they become 35 years old, are they going to be wearing navy blazers and Alden tasseled loafers and striped ties because that epitomizes success and so forth? I don’t know, » says Chensvold.

« Theoretically, it could be a version of what we had in the late 1960s with the counterculture revolution, » he continues. « This is an election year; the country is more polarized than ever. It could become a social liability to look really old money and traditional, to wear this kind of stuff. »

Rebecca Tuite, the author of Seven Sisters Style, a book chronicling the history of the women’s equivalent to Ivy League style before many of the actual Ivies were co-ed, sees what’s happening now as a less vitriolic version of the backlash to ‘80s prep.

The counterculture revolution of the late ‘60s and ‘70s ushered in an era of long hair and bell bottoms as a response to the conservative style of the ‘50s. Then, in the ‘80s, Lauren led a massive preppy revival that other traditional menswear retailers like Brooks Brothers and J.Press also felt the effects of. This aligned with the Reagan era, a time when conservative politics replaced the freewheeling ideals of the previous two decades. When Lisa Birnbaum published The Preppy Handbook in 1980, it was meant to satirize the prep scene that was reemerging, but ended up being regarded as a literal handbook. The Financial Times described Ralph Lauren as the greatest fashion beneficiary of the book, saying he « cashed in as the preppy wannabe’s clothier. »

Then the pendulum swung back away from prepsters in the ‘90s, when grunge became the go-to cool kid look. But in the early aughts, prep was popular yet again. Birnbaum published a sequel to the Handbook called True Prep. Lauren’s business was on an upswing. Abercrombie & Fitch had infiltrated every high school in America.

« For some, the Lauren prep has become cliché, but actually I think that there is so much genius involved in his reinvention of preppy traditions and that is why whenever the preppy trend circles back to the top, it’s Ralph Lauren who is right there, front and center, leading the pack, » Tuite explains in an email. « He offers a closet full of preppy staples that perennially sell well, but can still bring a fresh take on a well-trod fashion path. »

And now, here we are again, back at a place where anti-establishment sentiment runs deep. How does a company like Ralph Lauren react to these cultural ebbs and flows? By giving its take on whatever the look of the moment is. In a roundup of old Ralph Lauren advertisements, Vanity Fair captioned a ‘90s ad featuring a cropped long sleeve top and a denim maxi skirt as: « Ralph Lauren did grunge?! »

Patricia Mears, the deputy director of the museum at the Fashion Institute of Technology, remembers observing how Lauren’s merchandise morphed to speak to different generations when she was conducting research for a book and exhibition on Ivy style at FIT in 2012.

« When we were looking at images for the book, one of the things that we saw was a more recent photo shoot with young men, handsome, Ralph Lauren-esque. They were wearing certain things like beautiful crested navy blue blazers, but then they also had knitted caps like what you’d see on surfers or skaters, » says Mears. « Ralph was very smart about incorporating things like skate culture into a look that is still going to include the cornerstones of the Ralph Lauren vocabulary. It will still have chino pants or a navy blazer, but the T-shirt and the hat and some of the other accessories are going to be much more cutting-edge and something that a twentysomething today can relate to. »

Recently, some of Ralph Lauren’s lines have a boho feel in accordance with current trends. Carly Heitlinger, the blogger behind The College Prepster, says she doesn’t consider Ralph Lauren a traditional prep brand based on the current women’s merchandise, because it is so fashion-forward.

« A lot of their designs are a little bit trendier, a lot of crochet and knit, » says Heitlinger. « I’m sure you could find a piece or two within each collection that fit into more classic, traditional outfits like the button-downs, but there’s a lot of trendier stuff in there too. I think they really embraced this bohemian look. » She isn’t buying much from the brand these days, but says she would shop it more if it moved back towards its traditional prep roots.

No matter how the brand may change under its new CEO, Lauren’s own effect on fashion will always be far-reaching. So many designers have come up under his tutelage, from Vera Wang to Thom Browne to Tory Burch. His reputation in the industry precedes him.

« I asked Marc Jacobs one day, ‘Who’s your favorite designer?,' » says Mears. « At first when he said Ralph Lauren, I thought that was an interesting choice, but then he elaborated that there’s no person in the world who has done a better job of galvanizing that classical American look and turning it into an empire. When you see a Ralph Lauren piece you really know you’re looking at Ralph Lauren. He said that he’s probably the best designer in the world at that. »

And as the company looks forward, Lauren is adamant that Ralph Lauren will continue to be « a part of life, » as he told analysts at that Investor Day meeting. « This is about creativity, about life, » he said. « It’s not did we make a new shirt, look at us, we made a shirt with three buttons. It’s about living. It’s about dreams. And everyone has a dream. »

Erika Adams is a Racked contributor.

Editor: Julia Rubin


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Lauren Bacall, légende d’Hollywood, est morte

VIDÉOS – L’héroïne mythique du film noir, qui a formé avec Humphrey Bogart un couple légendaire, est décédée à 89 ans.

Une légende d’Hollywood s’en est allée. Lauren Bacall est décédée mardi à New York à 89 ans. «C’est avec un profond chagrin mais avec beaucoup de gratitude pour sa vie incroyable que nous confirmons le décès de Lauren Bacall», a indiqué mardi soir sa famille. Le site TMZ, spécialisé dans la vie des célébrités, a précisé que l’actrice était décédée chez elle à New York «d’un accident cardio-vasculaire massif». Elle habitait le Dakota, un célèbre immeuble en bordure de Central Park.

Lauren Bacall a envoûté le cinéma hollywoodien par sa voix grave et son regard bleu glacé pendant plus de 60 ans de carrière. Née le 16 septembre 1924 à New York, Betty Joan Perske de son vrai nom est la fille unique d’immigrants juifs roumano-polonais, de la famille de l’ancien président israélien Shimon Peres. Une couverture du Harper’s Bazaar et quelques photos de mode à l’intérieur du magazine ont décidé de son destin, en mars 1943. Elle a dix-neuf ans, se partage entre mannequinat, petit boulot d’ouvreuse et cours d’art dramatique, dans son New York natal. La femme de Howard Hawks remarque ce physique altier, visage aux traits aigus, regard vert perçant sous les arcades sourcilières prononcées. Elle presse son mari d’auditionner la jeune beauté pour son prochain film,Le Port de l’angoisse(To Have and Have Not). Betty dit parfaitement son texte ; mais elle est si intimidée qu’elle baisse le menton tout en levant les yeux vers la caméra. Ainsi naissent les légendes: elle sera «the look», ce fameux regard en dessous, étrangement direct et mystérieux. Il y passe de la sensualité et de l’insolence, du défi et de la distance.

Coup de foudre

La future star dispose encore d’un atout que ne laissaient pas soupçonner les photos: sa voix grave, aux intonations presque rauques, que Hawks lui fait aussitôt travailler. Elle s’appelle encore Betty, mais elle a déjà pris le nom de jeune fille de sa mère: Bacal. De son père, qui les a abandonnées quand elle était enfant, elle ne veut plus entendre parler. Howard Hawks, cinéaste Pygmalion qui la prend sous contrat pour sept films, lui fait ajouter un «l» à Bacal, choisit le prénom de Lauren. Dès sa première apparition à l’écran, la voilà prête à devenir la nouvelle femme fatale des films noirs qui connaissent alors leur âge d’or. Comme Vénus sortant de l’onde, Bacall sort de l’ombre.

Un autre Pygmalion l’attend sur le tournage: son partenaire, Humphrey Bogart, alors au sommet de sa gloire. Il a 44 ans, il est marié à l’actrice Mayo Methot, il boit trop. Le coup de foudre est réciproque, et la passion qui dévore les personnages déborde vite hors champ. Les luttes entre gaullistes et pétainistes dans les eaux de Fort-de-France, qui servent d’intrigue au Port de l’angoisse, ont laissé un souvenir plus obscur que la rencontre éclatante de sensualité et d’insolence du patron de bateau et de l’aventurière. Et la réplique fameuse: «Si vous avez besoin de moi, vous n’avez qu’à siffler. Vous savez siffler, Steve?» Cet aplomb garçonnier, cette distinction un brin voyou, ça on ne l’avait pas encore vu. La manière Bacall de traiter la séduction en bonne camarade est restée inégalée.

Bogart divorce pour épouser Bacall en 1945. L’année suivante, Howard Hawks les réunit de nouveau à l’écran dans Le Grand Sommeil. Une histoire de chantage très embrouillée où l’inspecteur Marlowe s’éprend de la superbe Vivian. Ils tourneront encore deux beaux films noirs ensemble, Les Passagers de la nuit de Delmer Daves (1947) et Key Largo de John Huston (1948). Ils auront deux enfants, Stephen, né en 1949, et Leslie, en 1952. Leur amour conjugal fera rêver l’Amérique, jusqu’à la mort d’Humphrey Bogart, emporté par un cancer en 1957. «Avant de le rencontrer, je pensais tomber sur un type plutôt grossier», a raconté Lauren Bacall, qui aurait préféré tourner avec Cary Grant. «J’ignorais qu’il avait une excellente éducation, lisait beaucoup, parlait bien. C’est une chance extraordinaire d’avoir été formée par un homme de son âge, et les amis de sa génération, comme Gregory Peck, David Niven ou Noel Coward, qui avait un esprit fou».

Dans les années 1950, Lauren Bacall se tourne vers la comédie, où son élégance sûre d’elle-même, sa drôlerie, son côté abrupt, un peu masculin, font merveille. Negulesco lui offre Comment épouser un millionnaire etLes femmes mènent le monde, Minnelli La Femme modèle. Elle y interprète une dessinatrice de mode mondaine, genre d’emploi qu’elle retrouvera plus tard dans Misery de Rob Reiner (1990) etPrêt-à-porter de Robert Altman (1994).

Une personnalité

Après la mort d’Humphrey Bogart, elle revient vivre à New York, et on la retrouve sur scène à Broadway dans Goodbye Charlie, Fleur de cactus, La Femme de l’annéeou Applause, comédie musicale d’après Eve de Mankiewicz, qui lui vaudra un Tony Award en 1970. L’œuvre est diffusée à la télévision où Lauren Bacall fait aussi carrière, jusqu’à la série des Soprano: elle y tient son propre rôle. Elle ne cessera jamais de travailler au cinéma. Mais duCrime de l’Orient-Express, àDogville etManderlay de Lars von Trier, le cinéma ne lui offrira plus de très grands rôles. Elle restera la star auréolée de son passé légendaire, qui donne de l’éclat à un générique. Et qui continue à faire son métier, sans vaine nostalgie. Sa bravoure et sa franchise la font couper court: «Les jours anciens étaient merveilleux, mais ils sont passés. Occupons-nous d’aujourd’hui.»

Pour que les choses soient claires, elle a écrit deux autobiographies, Par moi-même(éditions Stock) etSeule (éditions Michel Lafon), qui en est le complément. Des titres éloquents. Elle y raconte ses origines de fille d’émigrés juifs, roumains, allemands et polonais (elle était la cousine de Shimon Pérès), le brusque départ de son père, qu’elle refusera de revoir quand il ressurgira des années plus tard, les hommes de sa vie: après Bogart, il y a eu Sinatra, qui l’a plaquée goujatement, Jason Robards, épousé en 1961, dont elle divorcera huit ans plus tard à cause de son alcoolisme. «J’ai passé seule la plus grande partie de ma vie», a-t-elle observé. Elle trouvait que les hommes intelligents et spirituels se faisaient rares. Howard Hawks avait sans doute raison de penser que, plus qu’une actrice, Bacall était une personnalité. Un fier tempérament. Elle portait l’indépendance et les volutes de fumée comme personne.


Ses principaux films:

-»To Have and Have not» (Le port de l’angoisse, 1944), Howard Hawks

-»Confidential Agent» (1945), Herman Shumlin

-»The Big Sleep» (Le grand sommeil, 1946), Howard Hawks

-»Dark Passage (Les passagers de la nuit, 1947), Delmer Daves

-»Key Largo» (1948), John Huston

-»Young Man with a Horn» (La femme aux chimères, 1950), Michael Curtiz

-»Bright Leaf» (le roi du tabac, 1950), Michael Curtiz

-»How to marry a millionaire» (1953), Jean Negulesco

-»Woman’s world» (Les femmes mènent le monde, 1954), Jean Negulesco

-»The cobweb» (La toile d’araignée, 1955), Vincente Minnelli

-»Blood Alley» (L’allée sanglante, 1955), William Wellman

-»Written on the wind» (Ecrit sur du vent, 1956), Douglas Sirk

-»Designing woman» (La femme modèle, 1957), Vincente Minnelli

-»The gift of love» (La femme que j’aimais, 1958), Jean Negulesco

-»Shock Treatment» (1964), Denis Sanders

-»Sex and the single girl» (Une vierge sur canapé, 1964), Anthony Quinn

-»Harper» (Détective privé, 1966), Jack Smight

-»Murder on the Orient Express» (Le crime de l’Orient Express, 1974), Sydney Lumet

-»The shootist» (Le dernier des géants, 1976), Don Siegel

-»The fan» (Fanatique, 1981), Edward Bianchi

-»Misery» (1990), Rob Reiner

-»Prêt-à-porter» (1994), Robert Altman

-»Le jour et la nuit» (1997), Bernard-Henri Lévy

-»Dogville» (2003), Lars von Trier

-»Manderlay» (2005), Lars von Trier

-»The Forger» (2012), Lawrence Roeck, son dernier film en tant qu’actrice

Voir de plus:

« The Look »Lauren Bacall: un certain regard Danièle Georget
Paris Match

Avec Bogart, elle formait le couple le plus mythique de Hollywood. Pendant plus de cinquante ans, elle a continué sa route sans lui, avant de s’éteindre à 89 ans.

Elle a tout d’une princesse, mais elle est née d’un représentant de commerce et d’une émigrée juive roumaine du Bronx. Il a l’air d’un dur mais il est fils de bourgeois, cousin d’aristocrates anglais. Dès leur premier film, elle est la lumière et lui, l’ombre. Entre Lauren Bacall et Humphrey Bogart, tout commence par une réplique culte, « Vous n’aurez qu’à me siffler », lancée en 1943 sur le plateau du « Port de l’angoisse », d’une voix rauque, travaillée à la cigarette pendant trois semaines. Ce n’était que le signe extérieur d’un aplomb qui annonçait une ère nouvelle. Mais face au héros tragique, bagarreur de 44 ans qui savait si bien encaisser les vacheries du destin, elle avait, en la prononçant, le menton qui tremblait. Tant pis, elle le regarderait par en dessous pour assurer son équilibre. Une panthère qui surveille sa proie. Ainsi naquit son surnom, « The Look ».

Du fond de son désespoir tranquille, Bogie a deviné la bluffeuse hors pair, qui joue comme si elle avait un brelan d’as… En réalité, elle en est encore à courir après l’ombre de papa, disparu dans la jungle où se perdent les hommes infidèles. Lauren adule sa mère. Elle survit de petits boulots : ouvreuse, mannequin dans les grands magasins, c’est-à-dire portemanteau. Il lui a fallu renoncer à l’école de théâtre, car on n’y donnait pas de bourse aux filles. Un garçon lui a déjà fait du gringue : Kirk Douglas. Mais elle a gardé ses distances. Peut-être a-t-elle deviné que, au fond, elle n’était pas son genre : pas de seins, pas de fesses, trop grands pieds. C’est l’époque où Marilyn se fait refaire le nez, la poitrine, et teindre en blonde. Une gueule de fantasme. Lauren Bacall mise sur la différence. Une jeune vierge au visage de femme fatale qui s’impose dans le style de la copine insolente et affranchie, elle qui connaît si mal les hommes.

Timide, Bogart l’a embrassée sans prévenir

Comme il est timide, Bogart l’a embrassée sans prévenir, après trois semaines de tournage et d’innombrables plaisanteries. Dans sa loge, il lui a pris le menton puis lui a tendu une pochette d’allumettes pour qu’elle y inscrive son numéro de téléphone. Il n’y avait pas de caméra pour filmer la scène. C’est Lauren qui l’a racontée dans ses Mémoires, « Par moi-même » (éd. Stock, 1979).Ce n’était pourtant pas dans les habitudes de Bogie, ces amours de tournage. Lui, quand il aime, il épouse. Souvent. La troisième Mme Bogart est, comme les autres, une actrice. Qu’est-ce qui lui a plu en Mayo Methot ? Ses joues d’écureuil ou sa détermination à ne jamais le laisser boire tout seul ? C’est un vrai pilier de bar, mauvaise comme les habitués des saloons dans les westerns. Mme Bogart a l’habitude de balancer cendrier et bouteille à la tête du gentleman de « Casablanca ». Elle hurle comme un ivrogne. A Lauren, elle lancera : « Petite garce juive, c’est toi qui vas lui laver ses chaussettes ? » Bref, elle donne à Bogie toutes les raisons de boire. Ce dont il lui est reconnaissant. L’alcool est alors un attribut essentiel de la virilité. Ça ne dérange pas Lauren. Et même, elle suit… A Paris Match, en 2005, elle déclare : « J’ai d’abord tenté l’orange blossom, gin-jus d’orange. Pas terrible. Ensuite, l’aquavit on the rocks, qui me rendait malade. Je ne détestais pas le brandy, qui faisait anglais. Je me suis mise au Martini sur glace, très dilué. Puis le Jack Daniel’s… Aujourd’hui, je suis plutôt vodka. Mais, franchement, l’alcool ne me convient pas. » Elle ira jusqu’à l’accompagner sur son bateau où elle a le mal de mer…

Il l’appelle « Slim » (Mince) ou « Baby ». Elle lui dit « Steve », comme dans le film, et reste à son côté quand il joue aux échecs, ou fait des grimaces pour le faire rire. A la sortie des studios, il la rejoint dans sa voiture, comme un lycéen. Et, parfois, quand il est soûl, il l’appelle au milieu de la nuit pour lui donner rendez-vous sur la Route 101 où elle le découvre à 4 heures du matin, un énorme tournesol à la boutonnière. Il la traite en amante autant qu’en copain, et elle, en homme de sa vie. Ce qui n’échappe pas à Howard Hawks, le réalisateur qui lui a donné sa chance après avoir vu sa photo à la une de « Harper’s Bazaar ». Jaloux, il lui fait la morale, critique son jeu, lui affirme qu’elle est en train de tout gâcher pour un type qui, le film terminé, ne se souviendra même plus d’elle… et elle répond d’une voix de petite fille que personne ne lui connaît : « Mais Howard, qu’est-ce qu’on fait quand on a un type dans la peau ? » Howard Hawks n’avait que la mauvaise foi du mauvais perdant. En réalité, il faudra à peine un an pour que Bogart quitte sa femme. Il épouse Lauren en mai 1945. Cela aurait pu être la plus belle noce de Hollywood. Mais il choisit pour la cérémonie une ferme, dans une petite ville de l’Ohio. Devant le juge, ils se tiennent par la main, avec les genoux qui flageolent. Un bonheur de midinette pour des héros de film noir.

Leurs deux enfants passeront toujours après Bogie qui ne supporte pas d’être sans elle

Leur première vraie dispute résonne quand elle lui apprend qu’elle est enceinte : « Il vociféra qu’il ne m’avait pas épousée pour me perdre au profit d’un enfant. Qu’aucun enfant n’allait se mettre entre lui et moi. » Ils en auront deux, Stephen, en 1949, et Leslie, en 1952. Et Lauren respectera sa promesse. Ils passeront toujours après Bogie qui ne supporte pas d’être seul, sans elle : à l’époque de « The African Queen », l’aîné se retrouve près de sa nurse morte, victime d’une crise cardiaque, sur le tarmac de l’aéroport où ils viennent de s’envoler pour New York. Et alors… on lui enverra sa grand-mère. « Il avait longtemps dit : “Je n’ai pas d’enfants parce qu’ils ne boivent pas”, confie Stephen dans un documentaire de Bertrand Tessier (pour OCS). Nous avions juste commencé à être plus proches quand il est tombé malade. »

Bogart a toujours su que le bonheur ne durait pas. Sa grandeur, c’était de montrer que ça ne l’empêchait pas de vivre, qu’il avait les tripes pour affronter le destin. Son destin à lui, ce sera juste avant le tournage de « Plus dure sera la chute », en 1956, un cancer de l’œsophage. L’alcool, le tabac. Entre sa première opération et sa mort, à 57 ans, onze mois vont s’écouler, à souffrir, à ne plus manger, à ne plus pouvoir marcher. Ensemble, ils ne voudront rien savoir de la tumeur, de la bombe au cobalt, de la moutarde à l’azote, ce dérivé du gaz moutarde avec lequel on tente encore l’impossible… Jusqu’à la fin, Bogart ferraille avec les chroniqueurs qui balancent qu’il est incurable : « Comme on dit, je ne me suis jamais si bien porté… Il ne me manque qu’une douzaine de kilos que certains d’entre vous, à coup sûr, pourraient avantageusement me céder. » Quand elle l’emmène à l’hôpital, maintenant c’est elle qui porte la valise, avec, à l’intérieur, la bouteille de scotch et le jeu d’échecs, et elle qui lui dit : « J’aime beaucoup que tu t’appuies sur moi, c’est la première fois en douze ans. » Il est passé aux cigarettes à bout filtre. Et du whisky au Martini, mais, à Noël, elle lui offre un pyjama et une veste d’intérieur. Bogie ne sera plus jamais un homme debout.

Elle a tenté de refaire sa vie mais personne n’avait la carrure

Leur dernière nuit, ils vont la passer ensemble le 12 janvier 1957. Elle a pris l’habitude de dormir dans une alcôve pour ne pas le déranger mais, ce soir-là, il lui demande de rester, il a peur. C’est une nuit sans répit, à lui tenir la main pendant qu’il suffoque. Bogie tombe dans le coma le lendemain pendant qu’elle emmène les enfants « à l’école du dimanche », le catéchisme des protestants. Il lui avait pourtant dit de ne pas s’éloigner… On s’étonnera que, le jour de l’enterrement, elle n’ait pas versé une larme. Elle était pourtant méconnaissable avec ses paupières gonflées sous son petit béret noir. Sans voilette, sans lunettes, toute droite. Qui connaissait Lauren Bacall ? Pour Hollywood, elle est devenue la veuve, celle qui rappelle l’absent et, pire encore, qui montre combien la vie est cruelle, bien plus que l’imaginent les scénaristes. Elle restera néanmoins une star à qui l’on demanda toute sa vie pourquoi elle tenait tant à travailler, ce qu’elle fit jusqu’à 87 ans. « Pour payer mon loyer », répondait-elle en souriant.

Elle avait 33 ans quand Bogie est mort. Pendant plus d’un demi-siècle, elle a porté vaillamment le fantôme écrasant, ça ne l’a pas empêchée d’épouser un autre acteur, Jason Robards, qui disparaissait pendant des nuits entières de beuverie. Elle a eu un troisième enfant, des amants, elle a tenté de refaire sa vie mais personne n’avait la carrure. Elle avait pourtant tourné la page, retrouvé New York, le très chic immeuble Dakota devant lequel John Lennon fut assassiné. Le temps des studios était mort depuis longtemps, il fallait s’habituer à voir Lauren Bacall dans des seconds rôles ou des séries télé. Heureusement, restait le théâtre. Et son plus grand succès, « Applause », à New York et Londres. C’était l’adaptation du film de Mankiewicz « Eve » (1950), avec Bette Davis, la star qu’elle avait tant admirée, enfant, et qui lui confiait, à 15 ans : « Il faut que vous soyez bien sûre de votre vocation… car, voyez-vous, j’ai deux Oscars sur ma cheminée, mais ils ne me tiennent pas chaud par les froides soirées d’hiver. » La solitude, Lauren Bacall l’a apprivoisée, elle qui disait : « J’ai passé bien plus d’années sans Bogart qu’avec lui. Mais après sa mort, je me suis mise à penser et agir comme lui. Je suis un peu devenue lui. »

Voir encore:

Book Reviews
The Very Jewish Love Story Behind Erich Segal’s ‘Love Story’
How the famed writer’s unrequited passion for Janet Sussman led to the era-defining best-seller, and how Segal, who died six years ago this week, never got over her
Paula Young Lee
Tablet

January 14, 2016

“What can you say about a 25-year-old girl who died?” reads the opening line of Erich Segal’s 1970 best-seller Love Story. Well, for starters, Jenny—or the real-life model for Segal’s fictional tragic heroine—didn’t die. Her name is Janet, she’s Jewish, and she’s alive and well and living in New York City.

In 1998, a series of misreported conversations made it sound as if Al Gore had claimed that he and then-wife Tipper had inspired the young couple at the center of Love Story: the preppy Oliver Barrett IV, and working-class ingénue, Jennifer Cavilleri. A woman named Janet Sussman stepped forward as the “real” Jenny, which was a revelation of such proportions that Maureen Dowd wrote about it in her column for the New York Times, People Magazine ran a feature story, Inside Edition interviewed her, and Oprah later followed up with a taped special segment. But these quick takes only scratched the surface of what turns out to be a more revealing—and very Jewish—story, involving a youthful love triangle in Midwood and an author who would transform unrequited love into a book that made him rich and famous.

Janet Sussman grew up in Flatbush, the younger daughter of intellectual Russian-Polish immigrants who came to the United States with the help of Zionist organizations. The family was part of what her older sister Deborah called “the Tribe,” a close-knit social circle dedicated to raising money to help establish a Jewish homeland. That circle included the Gartners, the parents of a boy named Gideon, with whom Janet shared the same piano teacher, Roberta Berlin. From the time they were “eight, nine, ten years old, we were performing together in recitals playing four-hand piano duets,” Janet recalled, when I spoke with her recently.

Around the same time, she started attending Camp Kinderwelt (Yiddish for “children’s world”), a sleep-away summer camp for boys and girls aged six to fifteen located in Highland Mills, New York. It operated in tandem with Unser Camp (“our camp”), a resort that attracted Yiddish intellectuals and artists—theater actors, directors, poets, and teachers. Established in the late 1920s, Kinderwelt accommodated about 500 campers and counselors at its height. All that remains of Kinderwelt today is a website run by Suzanne Pulier, who was a camper in the late 1940 and ’50s at the same time as Janet. Suzanne recalls that Janet’s nickname was “Machine-Gun.” Suzanne explains: “Apparently she had a laugh that sounded like that and was very contagious. I know many a boy had a big crush on her!”

Suzanne’s memories concur with those of Marty “Smitty” Smith, who remembers Janet as being “very pretty, part of the ‘with-it’ group,” who sang for Saturday services and Friday night Shabbat. Suzanne clarifies: “We sometimes performed in Yiddish for the Unser Camp adults, we walked through their camp on Shabbat showing off our white clothes for the evening’s religious services and we sang for the adults when they had events in the Literashe Vinkel (the little amphitheater).” Janet also played the piano to accompany the singing.

In 1952, while at camp, 15-year-old Janet received an unexpected love letter from a 17-year-old schoolmate in Brooklyn. It was a seven-page confession that he loved her with all the force a love-struck teenager could muster. He felt compelled to write because he was about to leave for college, and feared he’d lost his chance to go on a date with her. He dreamed they would get married in ten years. He dreamed that she would just write back. He worried that he was foolish to confess, because so many other guys were also in love with her.

***

In the early 1950s, Janet Sussman attended Midwood High School along with Gideon Gartner and Erich Segal. (Allan Konigsberg, class of ’53, was at Midwood with them too. He would later become known as Woody Allen.) Erich was the same age as Janet but a grade ahead of her, and Gideon, who wrote her the seven-page love letter, was two years older but three grades ahead. Inside the social ecology of Midwood High, there was very little overlap between Erich and Gideon, and no points of intersection between Janet and Erich.

Now an undergraduate at M.I.T., Gideon was always calling her, trying to get her to go out with him. When that failed, he began writing her letters. But Janet was not interested in him. “I had work to do!” Janet exclaims in tones of mild indignation. She was too busy with friends, singing, and her studies to bother with a boyfriend. With lifelong best friend Helen Mones, Janet would play guitars once a week; they also sang together in the All-City Chorus, which brought together students from all five boroughs.

So, when Janet began receiving more anonymous valentines, she didn’t think anything of it. “In those days,” she explains, “life was what happened. You didn’t question things. I got letters. I figured that everybody got letters.” The letters started in 1954, when she was 17 years old, and a junior in high school. “And then he started to sign his letters to me,” Janet says. The new letter-writer, Erich Segal, would keep writing her letters for the next 16 years.

Janet knew who Erich was, of course. Everybody knew him as the Mayor of Midwood, the equivalent of the student body president. But she had no idea how she came to his attention. He didn’t hang out by her locker or participate in chorus. She didn’t see him at all during her normal daily routines.

Unbeknownst to Janet at the time, Erich had asked Dick Kolbert to find out about her. Dick was class of ’55, a junior, and into basketball. Erich was class of ’54, a senior, a star of track and field. Dick sat next to Janet in English class and had played Algernon to her Cecily in the student production of Oscar Wilde’s play The Importance of Being Earnest. Dick’s secret assignment was to “ask her questions, find out if she had a boyfriend, what she said about him, that sort of thing,” and to report back to Erich what he’d learned. “It became clear that Erich was stuck on Janet,” Dick says crisply, “and Janet did not reciprocate.”

The following year, “Old Kolbert” succeeded Erich as Mayor of Midwood. A dignified man who speaks carefully, Dick doesn’t doubt that Erich based “Jenny” on Janet. There were too many similarities between them. And he believes that Erich’s feelings were sincere. “Teenagers really do experience genuine love,” he muses. “Even if it’s love at a distance. He may have been a little self-dramatizing, but he was genuinely smitten.” Though he wouldn’t reveal any details, Dick confirmed that Erich subsequently wrote “a long letter to him, pouring out his heart” regarding the depths of his feelings for Janet and asked him to burn it after reading. And so he did.

***

Dick Kolbert remembers that Janet was very pretty, but that it was Marge Cama who was voted “Prettiest Girl” in their graduating class at Midwood. The difference was that Janet had, “well … something,” he offered vaguely. “If there was a Geiger counter, she would be towards the top.”

Teenage boys may have been drawn to Janet’s artless good looks, but it was that ineffable quality of being your own person that made them fall in love with her. When Janet’s sister Deborah was 14, she wrote a strangely revealing essay about her then 8-year-old sibling. “Her tiny pug nose and tinkling laugh are two of the factors which gave her the titles, ‘Mis-Chief’ and ‘Machine-Gun,’ ” Deborah wrote of her sister in third grade. “I often wonder how she acts with male friends of her own age, and why they are so attached to her.”

Deborah titled the English-class essay “A Female Casanova” on account of the fact that Janet had a “boyfriend”–another third-grader named Ronald, who briefly became sick and stayed at home, leaving room for “Richard” to move in. Yet Deborah was perplexed. What qualities did Janet possess that made boys become infatuated with her? Nobody I spoke to about Janet’s years at Camp Kinderwelt or Midwood High School described her as a flirt, “boy crazy,” or any variation thereof. Rather, her response to male attention seems consistently to have been amused bafflement, followed by indifference.

In high school, Janet shared Erich’s letters with her other life-long best friend, Diana Stone. Diana lived across the street from the Sussmans’ home in Brooklyn, and she and Janet were as close as sisters. With a note of incredulity in her voice, Janet exclaims: “I think Diana even tried to persuade me to relent, just a little!” To no avail. She wasn’t rude to Erich, Janet stresses. But she never went out with him. Yet Erich’s letters kept coming.

At Barnard, Janet double-majored in music and French. An accomplished pianist, she composed the entrance music to Barnard’s “Greek Games” as well as a second piece for the dance portion, choreographed by Tobi Bernstein (today the distinguished dance critic Tobi Tobias). “This piece became the soundtrack to our childhood,” Janet’s youngest child, Aleba, states, “as it was the one piece she would turn to again and again when playing the piano for pleasure and not for work. We loved it so much—it totally captures her passion. It has very intricate syncopation amid gorgeous melodies.” A serious student, Janet took a composition class with Otto Luening across the street at Columbia University. This very small class included two future winners of the Pulitzer Prize for music composition: John Corigliano, who was also in Janet’s class at Midwood High School; and Charles Wuorinen, who “sat in the back row alone all the time,” Janet elaborates. “We all knew he was the genius of geniuses.”

By fall of 1959, she had graduated from college and finished up a summer at the Cummington School of the Arts in Massachusetts. She then found a job working as an administrative assistant for Columbia Records in New York City. Meanwhile, her older sister Deborah, a protégée of Ray and Charles Eames, had been on a Fulbright year in Ulm, Germany, and had moved on to Paris, where she settled into her new job as a graphic designer for chic department store Galeries Lafayette. Deborah wanted her baby sister to come visit.

It was time for Janet to make a choice. She had a good entry-level job at a business where she might have a future if she stayed—but Paris beckoned. After hemming and hawing, she finally gave notice to her bosses at Columbia Records and joined her sibling for a stint of seven months in Europe. On June 8, 1960, Deborah wrote to their parents:

after five weeks, i cannot imagine being without her. i was amazed and impressed, and so are others, at her insights and awarenesses of people. she has developed very highly intellectually, equaled (need one say?) by her beauty. yet i think that being far from home and her usual routines is the best thing she could do right now, in order to learn a certain independence.
Deborah’s letter made no mention of the man from Midwood High who was planning on delivering himself to their doorstep in the 18th arondissement the very next day, flowers in hand, with plans to take her baby sister out for her birthday, which happened to be close enough to his birthday, too. Erich Segal and Janet were Geminis, the sign of the Twins, born one week apart: June 9 for her, and June 16 for him. Erich had written Janet to let her know of his plans, but he’d not heard from her in two weeks since his last letter, he complained, and had no idea if she would be there when he arrived.

He had reason to fret. If Janet wasn’t exactly avoiding him, she wasn’t waiting breathlessly either. The sisters had driven to South of France, to the French Riviera, taking the routes favored by truck drivers because the food along the way was cheap and good. As for Erich, she says, he was “on his own.” It didn’t help his case that her sister “didn’t think he was important,” Janet relates with a rueful laugh. Ever decisive, Deborah summed Erich up and cut him down in three words: “He’s so short!” Janet concurs that he was short of stature, but with a “magnificent face.” When the three of them eventually ended up having dinner in Paris at the home of Erich’s aunt and uncle, “I was on good behavior,” Janet says lightly. “Deborah—ahem—wasn’t.” The formal meal turned into a scene from Hannah and Her Sisters à la française, with Janet being her charming and effervescent self, and Deborah blurting out caustic remarks in impeccable French.

Deborah, Erich, and Janet on the French Riviera, 1960.
That Janet agreed to dine with Erich’s relatives did not turn her into his girlfriend. “I wasn’t rude,” she exclaimed indignantly. “But he made every effort to see me, and I made none to see him.” Erich flew back to the United States, his love unrequited. And he kept sending her letters. From Cambridge, Massachusetts: a postcard mailed to her in Paris. From New York City: a telegram to her in Paris. From Barrow, Alaska: a letter addressed to her in Brooklyn. From somewhere over the friendly skies: a letter on American Airlines’ stationary, scrawled on a return flight from a Passover visit with his mother and family. From his office at Harvard University, where he’d obtained his undergraduate, Master’s, and doctoral degrees and then joined the faculty: a letter to her in Brooklyn, written in a ruled blue book used for exams. And so on.

Janet still has dozens of letters in her possession. They are full of chatty details of the non-events of the quotidian, using charming terms of endearment, little doodles, and clever puns in Latin, Greek, French, and Hebrew. During Janet’s sojourn in Paris, he visited her parents in Brooklyn. “Erich spoke Russian with my father, Polish to my mother, and Yiddish to my grandmother,” Janet recalls about that visit. Her parents approved of him, and they were thrilled when he told them he would be visiting her. From Paris, Erich sent a letter to Irving and Ruth Sussman to update them on the status of his visit with their daughters, including a description of that interesting supper with his relatives.

Following Erich’s departure from Paris, Janet had remained in France. She was nearing the end of her funds, so she began to look for a job. She found one close by in the 19th arondissement, working with a record company called Etablissements Atlas. Her job was to translate the French information on record labels into English. After two months, her bosses offered her a permanent position in London, where the company was opening a new office. But Janet didn’t take the London job, and she didn’t stay in Paris. Instead, both she and her sister decided to return permanently to the United States, sailing home on a ship called La Liberté. The voyage lasted a week. Upon their arrival, both sisters came back to the family home in Brooklyn, but Deborah immediately began readying to depart for California, where she would resume working for Ray and Charles Eames.

As it turned out, Erich Segal wasn’t the only suitor writing Janet earnest letters. Gideon was sending them too, and he had the home field advantage. “He was one of our own, part of the Rambam club,” Janet explained: “This was one of the arms of the Labor Zionist Federation, with the goal of establishing a nascent Israel. I inherited that fervor from my father.” And if, in high school, Gideon was a typical skinny teenager, Janet recalled, “he came back from college to Brooklyn, transformed.”

***

By October 1960, Janet had started a new job working as the assistant to Geraldine Souvaine, producer of the Metropolitan Opera’s Saturday Afternoon radio broadcasts. When Gideon called and asked her out again, her heart didn’t leap with giddy anticipation. Still, she accepted his invitation—in her mind, a kind of pro forma social ritual, the sort of meetup owed to someone whose parents knew your parents and participated in the same groups. “We’d never before been on a date. When he showed up, he was like a stranger,” Janet says in lingering tones of wonderment. “He was my piano partner but he’d been a boy, then. I came back from Europe and he was a man. I was suddenly romantically attracted to him. I admired his broad shoulders,” Janet laughed, a 78-year-old grandmother suddenly girlish again, “and that was it!” A few months after their first date, he and Janet married.

They’d planned a traditional big wedding in a synagogue, but Janet’s father Irving was hospitalized at Maimonides Hospital with a hip injury and suffering from what would later be diagnosed as the early stages of Parkinson’s. Janet related: “In the Jewish tradition, you don’t postpone the wedding, so we brought the wedding to him. The rabbi came, and the ceremony was held in the hospital. It was very small, just family and close friends. We left the next day for our honeymoon in Puerto Rico.”

It was a marriage between families, joined together inside a community that had supported them since they were small. They’d known each other nearly their entire lives yet had fallen in love as adults. By the time they wed, Janet’s childhood piano partner had pursued her for eight years, and it was the third time she’d resigned her job and walked away from a potential career. She was almost 24 years old.

Erich saw the wedding announcement in the paper and wrote Janet a letter to congratulate her. Still, his letters kept coming.

***

The newlyweds moved to Tel Aviv and lived there for four years. Janet remembered this as a wonderful, emotionally fulfilling period in their lives. Gideon’s extended family in Tel Aviv had embraced her. She learned to speak Hebrew fluently and was thrilled to be having healthy babies—first Perry, then Sabrina—born 16 months apart. For a period of eight months, Gideon was transferred to Paris; then the family returned to Tel Aviv. Perry was too young then to remember specifics, but he recalled that his father was “incredibly ambitious,” displaying the drive that would lead him to found the Gartner Group (now Gartner, Inc.), the first of several successful companies that would establish him as one of the pioneers in the new industry of information technology. Returning to the United States, they eventually settled in Mamaroneck, New York, where their third child, Aleba, was born.

And Janet and Gideon wrote each other love letters. Throughout their marriage, they communicated through music, and regularly exchanged letters—sometimes mailed, often left on each other’s pillows—that paint a complex, profound, private portrait of a marriage. But if one wonders what set Gideon apart from Janet’s other suitors, this simple line may explain it: “To you,” she wrote to Gideon in a letter of 1961, “I’m real.”

Now a married woman with three children, Janet started receiving notes and letters again. She knew who was sending them. Erich had become a professor of Greek and Latin literature at Yale and had also met with success as a Hollywood screenwriter. She figured Erich for a prolific writer who’d simply gotten in the habit of writing down and mailing his thoughts to her. Every once in a while, she responded with a brief note and didn’t ponder the matter any further. Meanwhile, in 1968, her sister Deborah co-founded the pioneering environmental design/graphic arts firm Sussman/Prejza, which became one of the most influential design companies in the country.

In 1969, Janet’s entire young family was sound asleep when the phone rang at 3 a.m. It was Erich Segal. “He was soused,” Janet recalled. “He told me that he’d just written his final love letter to me and that it was over a hundred pages long.” That last, very long letter was Love Story. A shortish novel, it became the best-selling book of 1970 and made Erich an instant millionaire. When the film exploded the following year, Erich invited Janet to accompany him to the Plaza Hotel in New York City, where she dined with him and the film’s stars, Ryan O’Neal and Ali MacGraw, as well as the producer, Robert Evans. Janet recalled: “Gideon said I could go—however, he stipulated that I couldn’t be identified to the press as ‘Jenny’.” She attended the fête as the “mystery woman.”

In the silence, the mystery surrounding Janet’s identity merely thickened, until that fateful conversation in 1998 which transformed Tipper from Tennessee into Jenny from Rhode Island. As result of that story, Erich stated publicly that Oliver Barrett IV had been partly inspired by fellow Harvard student Al Gore, the son of a senator and a WASP product of prep schooling, but he’d given Oliver the personality of Gore’s roommate, Tommy Lee Jones, the poet-cowboy actor from Texas. But what about Jenny?

Though Erich never came out and declared in so many words, “Janet Sussman is Jenny Cavilleri,” he admitted as much in an extensive interview for the May 1971 edition of the Italian magazine Oggi. In addition to describing his changed romantic prospects in the wake of sudden wealth and fame, he confessed his feelings for “Jenny” at length. “When you lose the woman you love,” he said, “it is over for you, whether she leaves you for another man, or she dies. You are still alone. It was at this point that I started thinking about Love Story. That’s why in the book, Jennifer dies, because for me she had died.”

The interview included a photograph of Erich and Janet on the Promenade des Anglais on that trip to France in 1960. The caption, in Italian, identifies Janet as “Jennifer, the muse,” and states plainly that the woman in the photo, Janet, is the inspiration for Love Story. Like “Jenny” as described in Love Story, Janet was: “beautiful. And brilliant … loved Mozart, and Bach. And the Beatles.” Was affectionately called “Four-Eyes,” hated her glasses and removed them at every opportunity. Was a music major, though Janet went to Barnard and also majored in French, whereas “Jenny” attended Radcliffe. Jenny/Janet was an accomplished pianist, an intellectual in the habit of biting her nails, quick with sarcastic retorts, especially with men, and she often used the word “stupid” to express her impatience.

It’s fun to re-read Love Story in light of the history shared by Janet and Erich, as it turns his prose into something far more confessional and intimate. “Either way I don’t come first,” Oliver complains on the very first page, “which for some stupid reason bothers the hell out of me.” “I would like to say a word about our physical relationship,” Oliver begins chapter 5. “For a strangely long while there wasn’t any.” But Jenny is working-class Italian American, and Oliver is a wealthy WASP. Or, as Jenny says, “Ollie, you’re a preppie millionaire, and I’m a social zero.” There is nothing of Jewishness in the novel, which instead celebrates Anglo-American culture and values to the point of pandering. Jewish identity comes up only twice in the book, first when Oliver remarks that the editor of the Harvard Law Review, Joel Fleishman, wasn’t very articulate; and second, when Oliver graduates from law school and is job hunting in New York City. He declares:

I enjoyed one inestimable advantage in competing for the best legal spots. I was the only guy in the top ten who wasn’t Jewish. (And anyone who says it doesn’t matter is full of it). Christ, there are dozens of firms who will kiss the ass of a WASP who can merely pass the bar.

Given that Erich’s father and grandfather were rabbis, this is a curious statement that suggests he envied structural whiteness even as he prided himself on succeeding on his own intellectual merits. In his mind, nonetheless, WASP status seems to have been tied up with better success with women. In the Oggi interview, Erich described one of his final in-person conversations with the “real” Jenny, i.e., Janet, which took place at a restaurant following the book’s release. In it, he not only confirmed to her that she’d inspired the character, but believed that if he’d only been an Oliver in real life, “we would have gotten married”—an assumption that has no basis in Janet Sussman’s subsequent life.

Janet still seems amazed that she had such an impact on Segal and even more confounded that this story would have resonated so strongly with the public. “It was only many years later,” Aleba remarked, “that I realized how difficult it must have been for my mom to be the invisible muse, the real-life healthy living inspiration for this dead heroine in this impossibly huge best-seller and film. She never ever expressed this, but how could she not feel the frustration? They must have had a silent agreement not to make a big deal out of it, in part out of respect to my dad and us three kids.” (After 17 years of marriage, Janet and Gideon divorced, the way couples do once the children are out of the house. Though there have been suitors over the decades since that split, she has not gotten remarried.) Her middle child, Sabrina, clarified: “She had—has, really—no idea how surprising it was that she resisted Erich without thinking much of it. She has a way of doing that, living her life on her own terms, even as others seek to be part of it.”

Voir également:

Maybe Jenny Cavilleri didn’t die of a mysterious disease.

Maybe she got divorced and moved to Greenwich, where she is alive and well and playing the piano in a chamber music trio.

Janet Sussman Gartner loves Beethoven, Bach and the Beatles. She bites her nails. And, at 60, this mother of three still enjoys putting Harvard preppies in their place.

In this case, the preppie is the Vice President. Mrs. Gartner has come forward to say that she, not Tipper Gore, is the model for the saucy but doomed heroine in  »Love Story. »

 »They used to call me the girl with sparkle, » said Mrs. Gartner, who offered as proof pictures of herself with Erich Segal, a copy of the Italian magazine, Oggi, in which Mr. Segal is quoted saying Janet is Jenny, and a bunch of old  »Sweet Suss » love letters signed  »Erich, »  »Segal » and  »the Kosher Liberace. »

 »The whole world kept saying to me, ‘You didn’t die,’  » she says.  »Well, I didn’t marry him, either. »

It may seem odd that people are so eager to associate themselves with the most treacly book and movie in modern times. It may seem odd that I keep writing about the most treacly book and movie in modern times. But then, I live in a city that has gone gaga over a puppy.

First the Vice President, to warm up his image, planted the notion that he and Tipper were the models for Oliver Barrett IV and Jenny Cavilleri. But Mr. Segal reined him in, making it clear that Tommy Lee Jones was the model for the sensitive, studly part of the character, while Al got the neurotic father-fixated part, and Tipper got zip.

That raised the question: Why not Tommy Lee Jones for President? Doesn’t America deserve the cool roommate? (And Will Smith for Vice President!)

Now Mrs. Gartner is laying claim to Jenny. What’s next? Are we getting into Anastasia territory? Will a line of Italian men step forward to say they inspired Phil Cavilleri, Jenny’s saintly dad?

In a 1970 interview with The Times, Mr. Segal said he had used the story of a Yale student whose wife had died, but had based Jenny’s personality on a flame from his Harvard days who did not go to Radcliffe.

Mrs. Gartner says she was good friends with Mr. Segal when they were both at Midwood High School in Brooklyn (along with Woody Allen) and later, when she was at Barnard and he was at Harvard. She said they once traveled through the south of France with her sister, but she did not reciprocate the infatuation of her  »brilliant suitor. »  »I was an idiotic young woman, a pretty girl, I had a million boyfriends and I threw them out like the garbage at the end of every day. »

One night, several years into her marriage to a computer executive, she said, an excited Erich called her at 3 A.M.  »My husband was disturbed. Erich said, ‘I just wrote you a 250-page love letter.’ When the movie opened, it was a heady time. He re-entered my life, and invited me to go out to dinner at Trader Vic’s in New York. We were at a large circular table with Ali MacGraw and Ryan O’Neal sipping out of a common huge drink with long straws. I thought, ‘Life can’t get any better than this. Janet Gartner from Mamaroneck is Jenny.’ Now everyone has forgotten. »

Mr. Segal would not confirm or deny Mrs. Gartner’s claim. He sent a fax from London saying:  »I would be very happy if you did not write this piece. And extremely grateful. » When my assistant reached him by phone and asked if Janet was Jenny, he again avoided a yes or no:  »Can’t you just say that I’d already left the office? »

Mrs. Gartner said Mr. Segal had made her a lower-class Italian to spice up the story with class and religious conflict.  »We both had Jewish immigrant families. He was brought up as an Orthodox Jew, I a Conservative Jew. »

She still cherishes the  »dazzling » love letters with the English-French puns, and a poem about a Passover and a satyr.

She says Mr. Segal never told her who inspired Oliver. But she’s ready to get on my  »Tommy Lee Jones for President » bandwagon.  »He’s the most irresistible man on the earth, » she says.

Voir encore:

IT WAS A DARK AND STORMY NIGHT—well, it was dark anyway—when Janet Sussman Gartner learned she was the inspiration for high school classmate Erich Segal’s first novel. Gartner, her husband and three children were sound asleep in their Ma-maroneck, N.Y., home in 1969, when the telephone practically exploded at 3 a.m. “Hey, Sussy” crooned a seductive voice. “I just wrote you a 258-page love letter.” It was Segal, then a Yale professor, freshly stoked on completing the manuscript the world would soon know as Love Story. He had taken the essence of Gartner, her razor-sharp wit, playful sexiness and love of music, and created Radcliffe student Jenny Cavilleri, the leukemia-stricken heroine of his bittersweet weeper about an Ivy League romance that ends in Jenny’s death. The novel became the best-selling book of 1970 and a 1970 box office smash starring Ali MacGraw and Ryan O’Neal. “I remember feeling like a jolt of electricity went through me,” recalls Gartner. “I didn’t sleep the rest of the night. I was too overcome with what I realized I meant to him.”

Gartner, 60, kept mum about being Segal’s inspiration, but, she says, Al Gore’s clumsy assertion last month that he and wife Tipper were the models for the book’s couple proved too much to bear in silence. (Gore has since declared it all a misunderstanding.) The idea that Tipper Gore was Jenny, Gartner says, “is the most preposterous thing I ever heard.”

Segal, 60, now married and living in England, isn’t talking. But in a 1971 article on the author, the Italian magazine Oggi identified Gartner in a photo (with Segal in France in 1960) as the woman who had inspired Jenny—without naming her. And, Gartner says, Segal took her to dinner with actress MacGraw in New York City just after the film’s release. Segal recently said that he never met Tipper but that the character of Oliver Barrett was based both on Gore and actor Tommy Lee Jones, Gore’s Harvard roommate.

All these years, Gartner shared her secret only with family and friends. “I grew up knowing that my mother was Jenny,” says daughter Aleba, 31, a publicist. “It was kind of legend in our house.” But Gartner says that she and her husband, Gideon, 62 and CEO of Giga Information Group in Cambridge, Mass., kept quiet because “it seemed a little bit awkward to have my identity known” while she was married and Segal was single.

Though they never dated, Gartner and Segal were close friends from their days at Brooklyn’s Midwood High School in the 1950s. Raised by intellectual immigrants from Poland and Russia, Janet Sussman was quick-witted and outspoken. Like the fictional Jenny, she played piano and, like her own mother, spoke three languages. “I’m not a shrinking violet,” she says. “Someone once coined me ‘the girl with the sparkle’.”

In 1954 the smitten Segal enrolled at Harvard, from whence he filled Gartner’s Brooklyn mailbox with dozens of letters, which she still treasures. “Darling Suss, sweeter than halvah,” he wrote. But Gartner did not return his affection. “He was a very great friend, and my admiration for him was boundless, but I did not share his emotions,” Gartner recalls.

She entered Barnard College in 1955, and in 1960, a year after graduating, she joined her older sister Deborah in Paris for a seven-month sojourn. Segal followed, Gartner says, with intentions of winning her over. The romance never blossomed, and in 1961 she married Gideon Gartner, another high school pal. Though Segal continued corresponding—and he never had to say he was sorry—his tone changed from lovelorn to friendly. Eventually the two fell out of touch. End of story?

Not quite. Gartner, now divorced and living in a Greenwich, Conn., apartment, supports herself as a pianist and music coach. She believes Jenny’s death was a metaphor for Segal’s failing to win her in real life. Indeed, Segal told Oggi that losing the woman you love is the same “whether she’s left you for another or whether she’s died.” Gartner admits she sometimes wonders what might have been had she married Segal. For one thing, he might not have created the greatest hankie wringer in modern literature. “If I had dated him and everything had been fine, I’m not going to say he never would have written Love Story,” muses the muse. “But the need to write it may have been less.”

SOPHFRONIA SCOTT GREGORY

JENNIFER LONGLEY in Connecticut

Voir enfin:

The Rise And Fall Of The Ivy League Look

On October 1st something began bubbling in my subconscious. Ivy Style had reached its four-year anniversary, the MFIT exhibit had recently opened, and the accompanying book had been published.

I found that after four years of trying to look at this topic as objectively as possible, and talking to the men who were actually there during the heyday — Richard Press, Bruce Boyer, Charlie Davidson and Paul Winston — something unanswered remained.

I started thinking about Brooks Brothers and the college campus, which was chosen as the focal point of the MFIT exhibit, wondering about the connection between these two things. I soon found myself asking the most fundamental question: How do we explain how the Ivy League Look came about?

It’s easy to make generalizations, but hard to precisely articulate.

I next began thinking about the interplay between clothiers and their customers, focusing on the why as much as the what. Buttondown oxfords, plain-front trousers with cuffs, rep and knit ties — these are the whats, but what are the whys behind them? The answer couldn’t be simply “because that’s what Brooks Brothers sold,” when Brooks Brothers sold so much more that never became part of the Ivy League Look.

I telephoned Charlie Davidson and told him I was working on a piece though wasn’t sure where it was going. I started by asking him, “What portion of the Ivy League Look comes from Brooks Brothers, and what comes from the culture of young men on campus?” When Charlie, who’s been selling these clothes since 1948, responded, “That’s a good question,” I knew I was on to something.

The following essay is the result of my investigation. What began as an attempt to articulate Ivy’s origins grew into an overview about the whole broad arc of Ivy, how it codified and how it shattered into the complex “post-Ivy” era we’re in today.

In it I will argue:

• The Ivy League Look was as much about styling as the ingredients. And while the ingredients were relatively fixed and admitted new items slowly, the styling came from the campus and was always in a state of flux.

• It was the casual nature of the college environment and the importance of dressing down that led men in the 1930s to prefer rougher, casual fabrics — oxford cloth shirts, brushed Shetland sweaters, Harris Tweed jackets, flannel trousers — that has been the standard of good, understated taste for men on the East Coast ever since.

• The Ivy League Look included clothes for every occasion, from resort to formalwear, from city to country. However, the country element influenced the city far more than the other way around, and remains the most lasting influence of the genre.

• The Ivy League Look can be said to go through the stages of birth, maturity and decline, corresponding to specific points on a timeline.

• Once the look in its original, purist form ceased to be fashionable on campus, it ceased to be fashionable in society as a whole.

This lengthy piece will be presented throughout the week in five parts. New installments will be added at the bottom to preserve one cohesive post and comment thread.  — CC

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The Rise And Fall Of The Ivy League Look
Christian Chensvold

Part One: The Rise

In the late 1930s a new shoe became an instant hit on the Yale campus. First seen in Palm Beach in 1936, the “Weejun” penny loafer by GH Bass & Co. was immediately embraced by the students of New Haven. By 1940, the shoe store Barrie Limited was advertising its Horween penny loafers in the Yale Daily News, saying the shoe had “taken the university by storm.”

From the moment it appeared the penny loafer was an “instant classic” for wearers of the Ivy League Look, according to Charlie Davidson, 86-year-old proprietor of The Andover Shop in Harvard Square. Yet how do we explain the shoe’s overnight success, when so many shoes had come before and so many more would come later? For a genre of clothing that was slow to develop, that is characterized by its conservatism and supposed resistance to fads, this love-at-first-sight seems odd. Stranger still, the penny loafer was no temporary trend like the raccoon coat of the ’20s or the buckle-back chino of the mid-‘50s. Its place in the genre of clothing called the Ivy League Look remains to this day. It literally was an instant classic, embraced wholeheartedly and never relinquished.

Those Yalies who first donned the penny loafer in the late ’30s must have seen something special in the shoe, an inherent attractiveness and a harmony with the clothes they got next door at J. Press. “Casual slip-on shoes of the moccasin type are by far the most popular with students,” syndicated fashion columnist Bert Bacharach would later write in his 1955 book “Right Dress,” suggesting it was the penny loafer’s casualness of design — moccasin-style with no brogueing, laces, tassels, wings, nor anything else associated with a business shoe — that accounted for its instant appeal.

One thing’s for certain, however: No manufacturer could have anticipated or dictated the Weejun’s instant success. Something more mysterious and elusive was at work, the process of taste-driven natural selection by the closed culture of Eastern Establishment students of the 1930s. Young men and their peers, not clothing brands or magazine editors, decided what was fashionable.

Though it later achieved and lost mainstream popularity, the penny loafer remains available today at a wide range of prices, supported by both lifelong wearers and a steady supply of new converts. Typically paired with argyle socks in the 1930s, penny loafers were worn with white athletic socks in the ’50s and then sockless in the ’60s, the same item worn differently with each new decade.

The Ivy League Look is not simply a tailoring style accompanied by a specific group of furnishings and accessories. It consists of much more than just sack jackets, buttondown oxfords and penny loafers. It also consists of the taste-driven ethos that led some items to be accepted into the genre while others were rejected, and of a certain way of wearing the items that developed in the various upper-middle-class communities of the East Coast in the first half of the 20th century, chief among them the college campus.

“People made things a classic, not manufacturers,” says Davidson. “It’s people who made some things accepted and not others, otherwise how do we account for all the things that failed?”

Brooks Brothers And Ivy’s Big Bang

The Ivy League Look did not appear suddenly, but developed over time. “It was 30 or 40 years in the making without anyone knowing it would one day be called the Ivy League Look,” says Davidson. Although the clothing genre codified gradually, and while the lines that form the genre’s perimeters are debatable, there was something akin to an Ivy Big Bang, an instigating act that gave birth to this style of dress. And that is the introduction in 1895 of Brooks Brothers’ No. 1 Sack Suit.

Just as the jacket is the foundation of tailored clothing, this single item — natural shoulders, three button (after 1918, according to the Brooks Brothers book “Generations of Style,” by John William Cooke), dartless, with no waist suppression and paired with straight unpleated trousers — formed the blueprint for what would eventually become the Ivy League Look. And throughout the first half of the 20th century Brooks Brothers would continue to introduce a host of English items  — the buttondown oxford, Shetland sweater, polo coat, rep ties, argyle socks — that became staples of the Ivy genre.

But Brooks Brothers also offered countless other items — yachting and hunting regalia, double-breasted tapered suits, and other overtly English items less easily Americanized — that were never embraced into the Ivy League Look. Why? For the simple reason that they would have been out of place in a campus environment, the fertile ground where the style would codify and flourish, and where, as we’ll see, an air of casualness and nonchalance was paramount.

So while Brooks Brothers offered everything within the genre, it also offered much more. The Ivy League Look is narrower than the Brooks Brothers catalog (catalog here referring to what the company offered from roughly 1920-1970), and for this reason one could argue that Brooks Brothers’ smaller rival J. Press was a purer Ivy retailer, in that it offered a broader selection (such as in campus-oriented tweeds) within narrower perimeters. Brooks Brothers was Ivy and much more; J. Press was strictly Ivy.

England provided Brooks Brothers with many overcoats to sell to the gentlemen of America. But starting around 1910, one came to dominate the Ivy League Look above all others: the polo coat, another example of taste-driven natural selection at work.

According to Esquire’s Encyclopedia of Men’s Fashion, which draws heavily on historic articles from Apparel Arts and Men’s Wear, camel hair coats were noted for their dominance at the Yale-Princeton football game of 1929, having usurped the powerful but short-lived raccoon coat trend. Cooke writes, “This sporty camel hair garment… becomes the rage on college campuses during the Roaring Twenties.” Decades later, Bacharach would note, “Camel’s-hair polo coats are still the favorite type of outer wear among college men.”

The collegiate popularity of the raccoon coat in the 1920s, which fashion historian Deirdre Clemente has traced to Princeton, is a perfect example of a huge trend that was nevertheless selected for extinction, while the polo coat survived, indeed still available from retailers such as Brooks Brothers, J. Press, Ralph Lauren and O’Connell’s. The coat’s longevity is surely due to its sporting associations and easy ability to style informally — all things that would resonate with young men. It certainly looks more at home on the sidelines of a football field, as coach Vince Lombardi demonstrated throughout his career, and as dramatized in the movie “School Ties,” where polo coats are worn at a tailgate party for a prep school football game. Somehow a Chesterfield just wouldn’t look the same.

With the pink oxford, which rose to prominence in 1955 (the “year for pink” according to LIFE Magazine), Brooks Brothers once again introduced a new item into the Ivy genre. But it could never have anticipated the pairing a pink oxford with evening dress, as Chipp’s Paul Winston has recounted wearing, and which is, for lack of a better expression, a very Ivy thing to do (Charlie Davidson also recalls wearing a buttondown oxford with black tie, albeit a white one, which illustrates Chipp’s penchant for the “go-to-hell” look). Winston’s gesture serves as a perfect example of the styling side of things: Brooks provided the item, and the people found innovative ways of wearing it.

In summary, we can say that Brooks Brothers was the primary provider of the Ivy League Look’s raw ingredients, while the culture — meaning the world of young men competing and conforming sartorially in their WASPy East Coast environment — provided the styling. With each new decade Brooks Brothers showed what to wear, while young men, who drive fashion, showed how the items could be worn. As a wholly arbitrary fractional breakdown, we could say that 2/3 of the Ivy League Look was raw materials, which were relatively fixed and admitted new items slowly, while 1/3 was styling, which was in a constant state of flux.

Town And Country, Or Wall Street And Campus

As the Ivy League Look developed, references to Brooks Brothers increasingly focused on two specific realms: the college campus and the world of finance. In his essay on Brooks Brothers collected in the book “Elegance,” G. Bruce Boyer succinctly notes, “The Brooks Brothers suit seemed to peg a man somewhere between Wall Street and his country house, by way of the Ivy League.”

In a 1932 article, the New Yorker mentions the same two worlds: “Of course, Brooks still have their tables piled with the good old soft-roll, high-lapel sack coats that have been the accepted college and bond-salesman uniform for so long.” Presumably those bond salesmen, like Yalie Nick Carraway in “The Great Gatsby,” picked up the taste for Ivy while at school. “The novels of F. Scott Fitzgerald, for example,” writes Cooke, “are peopled with earnest heroes who hailed from the Midwest but who came to play in the racy world of New York via Princeton or Yale.”

This 1929 ad for Wallach Brothers also mentions the connection between the world of finance and the style-setting universities of Princeton and Yale:

As young men graduated from school to take their place in the world, including the financial industry, their clothing would change from country to town. Writing on Ivy League students in her 1939 book “Men Can Take It,” Elizabeth Hawes notes:

The conventional costume for all the right people is a pair of flannel or tweed trousers and a coat that does not match. When I asked them whether they were going to dress in their quite comfortable tweed for work when they left college, they responded firmly “no.” They were absolutely clear on that issue. They said they were training themselves — or being trained — to take their places in the world, and the required costume would be a neat business suit.

Although it was based in New York, Brooks Brothers specifically merchandised for the college man and sold to him via an army of traveling salesmen who frequented the prep schools and colleges of the Northeast. An 1898 Princeton football program includes an advertisement from Brooks Brothers, with copy reading, “Our stock for the present season continues, we believe, to show improvement, and will be found complete in all the little particulars that go to make the well-dressed man.”

This Brooks Brothers ad appeared in the University of Pennsylvania’s 1926 yearbook:

Brooks Brothers continuously revamped its youth-targeted line throughout the 20th century, adding its University Shop in 1957 and replacing that with Brooksgate in 1974. It’s current Flatiron shop is merely the latest incarnation of a century-long catering to young men as well as their fathers.

The Ivy League Look was for both town and country, Wall Street and campus, but, as we’ll learn, the campus element proved to be the more lasting influence of the two.

The New Guard

Although Charlie Davidson is the oldest-living, still-working purveyor of the genre, he doesn’t consider himself old guard. The Ivy League Look was in full bloom in the 1930s, he notes, well before his founding of The Andover Shop in 1948. At the time Davidson considered himself to be offering clothing within an already established genre, yet targeted at the local geography. This sentiment is echoed by Richard Press, who says that J. Press’ locations outside of New York were meant to provide Brooks Brothers items in areas with an Ivy League campus (Cambridge, Princeton), but no Brooks; only Columbia had that.

As George Frazier put it in 1960, “Around the turn of the century, Arthur Rosenberg, then the foremost tailor in New Haven, began to exploit this [Brooks Brothers] style among Yale undergraduates, and, not long afterwards, J. Press, also of New Haven, fell into line.”

These smaller retailers outside New York took the Brooks Brothers template and focused more on the country side of the genre rather than town. And yet all these other players who used the ingredients that Brooks Brothers had provided felt that taste and small differences distinguished them. “We all thought our taste was better than our competitors,” says Davidson. “Norman Hilton, for example, had exquisite taste, and when you get to the commercialization of the Ivy League Look, he’s at the forefront.”

The most important and lasting clothier providing Brooks-based style for college towns was J. Press. Press’ difference from Brooks is summed up by Episcopal Archbishop of New York Paul Moore, Jr., who writes that Jacobi Press’ “tweeds were a little softer and flashier than Brooks Brothers tweed, his ties a little brighter.”

Richard Press, former J. Press president and grandson of the founder, has also stressed Press’ emphasis on country rather than town. “I think that one of the major differences between Brooks Brothers and J. Press,” he states in his 2011 Q&A with Ivy-Style.com, “beyond the obvious size, was that we were known as a campus store, whereas Brooks Brothers was much more urban.” Indeed, the merchandise for J. Press’ New York store was less purist than its campus shops. “If you look at our brochures,” says Press, “you’ll see that the two-button darted suit was sold only in the New York store, and it probably represented 40 percent of our suit sales there.”

While Brooks Brothers, originator of the Ivy League Look’s ingredients, was based in New York, New Haven is the top candidate for Ivy’s spiritual home. In a 2004 article entitled “The Yale Man,” the New York Times writes, “‘Natural shoulder’ was what men’s magazines called the Yale look, and for decades the clothing stores near campus at Elm and York Streets in New Haven were the natural-shoulder capital of the universe.”

Style setting also thrived in New Haven. “Students and their professors enunciated a new style,” says Press, “with their dirty white bucks, horn rimmed glasses, Owl Shop pipes, raccoon coats, J. Press snap brim hats, stuff that was too informal and sporty for Brooks. Big difference between city and campus wear and Brooks pushed the former, the rest the latter.”

Finally there was the issue of price: “Perhaps most important issue for the proliferation of Ivy,” says Press, “Brooks was too expensive. J. Press and competitors adapted to the more restricted allowances of the campus population and worked below Brooks price points.”

Although these new-guard clothiers used the template created by Brooks Brothers, they did so in the cultural environment where the Ivy League Look’s styling was at its most fertile: the campus. And because these clothiers and the student body were part of the same community, they had a close, symbiotic relationship. Students needed the clothiers to get what they wanted (and to want things they’d never seen before), and clothiers needed to find out what was popular. As a result, Ivy clothiers never left their eye off college men. In 1962, Sports Illustrated notes, “Representatives of the New Haven tailoring establishments—J. Press, Fenn-Feinstein, Chipp, Arthur Rosenberg, et al.—entrain for Cambridge to render biennial obeisance and to see what the young gentlemen are wearing.”

Earlier, in a 1938 article entitled “Princeton Boys Dress In Uniform,” LIFE Magazine writes, “The fact of the matter is that tailors and haberdashers watch Princeton students closely [and] admit they are style leaders.”

Clothiers also made sure college men knew they cared deeply about student tastes. This ad by Irv Lewis, a clothier serving Cornell, explicitly elucidates the relationship:

“The key element of successful campus shops,” Richard Press summarizes, “was their ability to establish personal relationships with students, faculty, coaches and administration. Brooks Brothers in New York and Boston was too diffused, and while each top customer had his clothing man, it changed from floor to floor, from furnishings to shoe department.”

College Students, “The Best-Dressed Men To Be Found Anywhere”

Bert Bachrach states that before World War II many clothing experts considered college students “the best-dressed men to be found anywhere.” The following passage, from a 1933 Apparel Arts article entitled “Clothes For College,” is a prewar reference to this very thing:

Today the college man is looked upon as a leader of fashion, a man who dresses inconspicuously and correctly for all occasions, thanks to the leadership of smart Eastern Universities, which have a metropolitan feeling, or at least are near enough to metropolitan areas for the students to feel all the influences of sophisticated living. We can thank the present-day “collegiate” element for the return to popularity of the tail coat, for the white buckskin shoes, for the gray flannel slacks with odd jackets, and for various other smart fashions which are typical of university men today.

For on-campus wear there is a general acceptance of country clothes in the typical British manner, such as odd slacks and tweed jackets, country brogues and felt hats. This is the way the undergraduates at smart Universities and prep schools dress today during classes.

Another Apparel Arts article from the same year shows that the Eastern Establishment virtues of being dressed down from a formal perspective and dressed up from a casual one most likely have their origin in the collegiate approach to dress that reached fruition in the ’30s. The article includes the quote “a perfect example of the studied negligence that is taken as the standard of good taste among college men,” and goes on to say:

The American University man is justly famed for representing, as a class, a high standard of excellence in personal appearance. Much of the secret of this distinction lies in the fact that the first thing the freshman learns is the importance of never looking “dressed up,” while always looking well dressed. Recently the tendency toward an effect of “careful carelessness” has been emphasized through the trend toward rough, almost shaggy, fabrics for town and campus wear.

The Ivy League Look’s emphasis on rough, hearty fabrics comes from students’ penchant for rustic, country clothes over more starched and pressed town clothes:

There’s a trend toward rougher suitings on all the eastern campuses. Early last fall fashion observers reported the growing popularity, particularly at Princeton and Yale, of rough tweedy type fabrics for all general knock-about campus wear — in fact for all except strictly town purposes. Worn smartly with either flannel, gabardine or other type of slacks, these rough fabrics of the Shetland or Harris variety showed a considerably increased acceptance on the part of the fashion leaders during the Palm Beach season.

Writing in the Saturday Evening Post in the 1930s, Arthur van Vlissingen states that trends aren’t dictated by manufacturers, who couldn’t afford to gamble on a fad that may fail, and that men only embraced a new item once they saw other men wearing it. These style setters were often found “at the places where the country’s leisured and socially prominent loaf, such places as Palm Beach and Newport” (coincidentally Brooks Brothers’ first two locations outside New York), and the college campus. “The fashions in clothing worn by our male population, between the ages of 14 and perhaps 25,” he writes, “usually get their start at Princeton.”

Vlissingen proceeds with the following sartorial breakdown of the Ivy League’s Big Three:

Harvard is a very large university, in a great city which influences the students’ styles heavily. [But] it holds to a tradition of careless dress—well-made clothes seldom dry-cleaned and never pressed. Yale is more compact and more finicky, but New Haven is also a large city. Princeton is in a smaller town, off by itself where it can incubate a style effectively. Practically every Princeton student is well dressed, whereas only one-third or so of the Yale men can qualify by our standards.

As these passages illustrate, if college men of the 1930s — the fortunate few able to afford school in the midst of the Great Depression — were among the nation’s best dressed, they achieved this status despite an insistence on never looking too dressed up by the standards of their time. Elements of the Ivy League Look, such as the penny loafer and polo coat, were embraced into the genre because compared to other footwear and outerwear options they were relatively casual. This certainly holds true for the buttondown shirt, which Bachrach calls the shirt of choice for college men because “the construction of the shirt, which allows the collar to roll rather than lie flat, provides the casual touch which young men like.”

In regards to tailored clothing, Bachrach suggests that the prized Ivy color of charcoal was embraced for its ability to take a beating without looking dirty:

The most important style set by the colleges in recent years has been suits and slacks in charcoal, a gray so dark in tone that it approaches black. This color has become almost a uniform at Harvard, Yale and Princeton. It is practical for a suit since it rarely shows dirt or signs of wear.

If men at Ivy’s Big Three were style setters for the whole nation, that can hardly be said of Columbia, the most interesting sartorial case among the Ancient Eight. For despite its location in the city of Brooks Brothers, Columbia is seldom if ever mentioned for style reasons. As a commuter school, Columbia’s student body differed from the other schools, but one can also conclude that a certain amount of distance from the metropolis was necessary for the styling side of the Ivy League Look to flourish.

This passage from Tobias Wolff’s novel “Old School,” set at a prep school in 1960, serves as a dramatization of how Columbia was viewed compared to the other Ivies:

I wanted out. That was partly why I’d chosen Columbia. I liked how the city seethed up against the school, mocking its theoretical seclusion with hustle and noise, the din of people going and getting and making. Things that mattered at Princeton or Yale couldn’t possibly withstand this battering of raw, unironic life. You didn’t go to eating clubs at Columbia, you went to jazz clubs. You had a girlfriend — no, a lover — with psychiatric problems, and friends with foreign accents. You read newspapers on the subway and looked at tourists with a cool, anthropological gaze. You said cross town express. You said the Village. You ate weird food. No other boy in my class would be going there.

In contrast, “Princeton was especially isolated and characterized by a particularly fervent and insular culture,” writes Patricia Mears in “Ivy Style: Radical Conformists.” Princeton also had the most affluent student body, with 80 percent coming from private schools during the inter-war years. “Although it lay part way between New York City and Philadelphia, Princeton was more geographically isolated than its rivals Harvard and Yale. Its campus was situated in a rural environment, surrounded by acres of bucolic farmland. As such, Princeton relied more intensely on its internally crafted society. The blend of wealth, manners, and aristocratic social construct proved to be the breeding ground for the creation of the elegant Ivy style.”

The Way You Wear Your Hat

The popular term employed during its heyday, the Ivy League Look, is interesting for its inclusion of the word “look.” While there are references to “an Ivy League suit” from the period, the popular term was “look,” not “tailoring” or “clothes.” This broader term suggests that there is more than just clothing involved, but also a proper haircut, and if not a particular social context, then at least all-American good looks. In the 1964 film “Ride The Wild Surf,” Barbara Eden’s character refers to her love interest as “Mr. Ivy League” for his handsomeness, poise and “scrubbed” appearance as much as his conservative clothing.

“Look” is also broad enough to encapsulate how the items are worn, since that is as much a part of dressing in a certain style as the components themselves. This illustration from a 1926 Vanity Fair article on collegiate dress includes a caption stating that Harvard men had their own way of pushing their hats “into a shape never conceived by hat manufacturers”:

Hawes includes several passages attesting to Harvard men’s predilection for an affected Old Money look:

At Harvard they have something called “white-shoe boys.” I gather it is okay to be one if you feel that way. It appears to be the Harvard idea carried to its furthest extreme. These are the sloppiest and worst-dressed of all the Harvard men, I was told. They wear dirty black and white shoes which turn up at the toes, black or white socks and gray flannels, very unpressed, tweed coats — and collars and ties, of course… The thing that distinguishes a “white-shoe boy” is his shoes — and the fact he has the guts to wear them and still feel okay socially.

In 1869 Harvard challenged Oxford to the first of its boat races, and it’s possible that the English influence on Harvard goes back to these sporting competitions. Hawes continues:

The coat should have leather pads on the elbows. These are often put right onto new coats. This is because the country gentlemen of old England have a habit of preserving their tweed coats for generations, mending them from time to time with leather pads and what not. The Harvard boys, not to be outdone by old English exponents of the finer things in life, are going them one better.

After noting that Yale students are much better dressed, Hawes adds, “I think the superiority complex of Harvard probably led them originally into the oldest clothes as a form of snobbishness.” Nevertheless, “I might add that the [men’s wear] trade does not consider Harvard as any source of style ideas at all.”

Russell Lynes’ 1953 Esquire article on the “shoe hierarchy” at Yale further emphasizes how much of the Ivy League Look came down to the elusive qualities of attitude:

… the social smoothies — butterflies in button-down collars — short haired, unbespectacled and with unextinguishable but slightly bored smiles. They wear the current college uniform, Ivy League version, but they wear it with an air of studied casualness, as though they would be at home and socially acceptable anywhere in whatever they had on. The uniform, of course, is the familiar khaki pants, white bucks, or possibly dirty white sneakers, a slightly frayed blue or white button-down Oxford shirt, no necktie, and a grey sweater which the wearer expects you to assume was knitted for him by a girl. On occasions that demand a gesture of formality, dark grey flannels without pleats supplant the khaki pants, a necktie (either regimental stripes or club tie) is worn, and so is a tweed jacket with vent, pocket flaps, ticket pocket, and three buttons. For bucks substitute well-shined cordovan in season. For city wear the uniform is a dark grey flannel suit; the haberdashery stays much the same.

Charlie Davidson also stresses what he calls the “attitude” long associated with wearers of the Ivy League Look, which he describes as a nonchalant approach to dress combined with poise and an air of self-assurance. Whether this poise is real or feigned is up for debate. “The Ivy League Look was a way of life more than anyone has been able to put a finger on,” he says. “In the beginning it was a very closed kind of thing, and so much of it was the attitude of not caring too much and being very assured of their station — and of having the right clothes.”

From the codifying period of the ’30s to the heyday of the ’50s and ’60s, the styling component of the Ivy League Look was constantly changing with each new group of classmen. For a young man to be considered well dressed by his peers in the ’30s or cool in the ’50s, it wasn’t enough just to choose the right items. They also had to be worn in the way that was then fashionable. And what was fashionable was always shifting, and emanated from campus culture.

For example, on page 59 of the 1965 book “Take Ivy,” a student strolls the Princeton campus wearing olive-colored shorts, penny loafers with no socks, and a buttondown oxford with the sleeves down, all topped by the neat haircut that epitomizes the era. He has used the ingredients the genre but put them together in a way that expresses both his personal whims as well as the style of his era, and nothing in the image suggests that a retailer, manufacturer or fashion editor told him to put together his outfit this way.

For a cinematic dramatization, the 1956 film “Tea And Sympathy” shows students styled uniformly in a combination of buckle-back khakis, white canvas sneakers, blue oxford shirts and gray crewneck sweatshirts. For that group of students in that particular location at that particular time, the juxtaposition of a dress shirt with a piece of athletic wear was evidently a style imperative.

This leads us to yet one more inexplicable preference in the Ivy clothing genre worth mentioning: The crewneck sweater. While V-necks and cardigans were always offered by Ivy clothiers, somehow the crewneck became the standard cut, even when worn with a necktie, as the Yale student below demonstrates:

It was something the youngsters picked up early; this outfit is also notable for how the components are put together as much as the items themselves:

It should come as no surprise that the preference for the crewneck can also be traced to style setting at Princeton, where a freshman orientation guide, for reasons unexplained, admonished the younglings not to wear V-neck sweaters. Much later, in his 1983 book “Class,” Paul Fussell would wryly explain why the crewneck is upper middle and the V-neck merely middle.

The Ivy League Look should not be thought of as merely a collection of ingredients. Equally important are the cultural forces that led certain ingredients to be embraced into the genre over others, even though this importance is difficult to trace, clouded as it is in the mists of fashion. Then there’s the element of how the items were worn, an equally vital element of the Ivy League Look. All the elements are a reflection of the tastes and cultural values of the Eastern Establishment, and the tastes and values, specifically, of college men during the interwar years.

The Legacy Of The Heyday

The 1959 movie “The Young Philadelphians” provides a helpful dramatic illustration of one character’s transition from country to town, or from campus to law firm, while still dressing within the confines of the Ivy League Look.

In campus scenes the protagonist, played by Paul Newman, wears a boxy corduroy sack jacket, slim flood-length khakis, white socks and penny loafers. Once he becomes a practicing lawyer, he dons a conservative gray suit, rep tie, pinned-collar shirt and lace-up shoes. While both jackets are undarted and natural shoulder, and all his clothes could have come from the same place, stylistically — in the simplest terms — he’s gone from the campus side of the genre to the Brooks Brothers side, or more from the styling-driven side to the product-driven side, or from an emphasis on how to wear the items correctly to how to select them correctly.

The book “Generations Of Style” includes a Brooks Brothers timeline, and while the listing for 1961 is oversimplified, it nevertheless makes the point that the campus-oriented side of the genre is the more lasting and influential: “A new style of casual, conservative dress defines the country: khakis, Shetland crewnecks, and button-down shirts set the tone… Campus style predominates, with the corporate ‘Man in the Gray Flannel Suit’ now being replaced by the more casual dress: penny loafers, Argyle socks, and tartan plaid sportcoats and shirts.”

Today, when a man passes you today on Madison Avenue and you notice how “Ivy/preppy/trad/whatever” he looks, he’s probably wearing loafers, flannels, a three-button sportcoat, buttondown oxford, and conservative necktie. You’re far more likely to see a man dressed this way than in the far more anachronistic business ensemble of worsted gray sack suit, white pinned club collar and longwings, and if you did, you’d be more likely to say “how IBM” or “how ‘Mad Men’” than “how Ivy League.”

The association of the Ivy League Look with the campus is so strong that even in the downfall year of 1967 an arch-sybarite like Hugh Hefner would remind his biographer of a dapper undergrad:

Black-haired, intense, slightly under six feet, he looks, in his often-photographed costume of white button-down shirt, orange cardigan sweater, slacks, loafers and pipe, like a college senior on his way to class.

Men who wear this genre of clothing today — by whatever name they call it — owe an equal debt to the illustrious firm of Brooks Brothers for introducing so many of the raw elements, and to the countless anonymous college men from the first half of the 20th century who codified the components of the Ivy League Look for future generations.

Part Two: The Fall

From Young Men’s Clothes To Old Men’s

In “Decline of the West,” Oswald Spengler argues that all cultural expressions go through the organic stages of birth, maturity and decadence. The Ivy League Look is certainly an expression of culture, and for it I’d suggest a birth of 1895, a golden age in the 1930s when the style was limited and aristocratic, a democratic silver age during the ‘50s and ‘60s when it was popular, and an end to the silver age in 1967, followed by a gradual decline into our present postmodern era.

This decline was expressed in a variety of ways, and the legacy of the genre is characterized by a range of conflicting manifestations, from the irrelevance of contemporary J. Press and the sack suit, to the generic “timelessness” of blazers, khakis, buttondowns and striped ties available from retailers as mundane as Lands’ End, and to fashion industry pastiche exemplified by some of the more outré items by Thom Browne, Ralph Lauren Rugby, and various neo-prep brands.

If the Ivy League Look didn’t die, then certainly a kind of descent into decadence occurred, which is attested by the mere fact that Brooks Brothers, instigators of Ivy’s big bang with its No. 1 Sack Suit, no longer offers the very item that gave birth to the entire genre, but instead sells a fashion novelty version called the Cambridge.

Furthermore, Brooks Brothers and J. Press long ago changed owners and merchandising strategies and can no longer be counted on to reliably provide what were once genre-distinguishing traits such as natural shoulder and collar roll.

But the death of Ivy can’t be blamed entirely on manufacturers, who simply cater to the needs of the culture as expressed in the marketplace. The Ivy League Look was once a vibrant, dynamic style that was an expression of the values of the Eastern Establishment. Later it was good, smart, current taste for a larger portion of the population. If Ivy is no longer available today in its original form, it is because fashion, which reflects society, has changed. The inversion of values that took place during the cultural revolution of the late ’60s, a topic that has been explored exhaustively by cultural historians and which is too big to discuss here, created a new cultural engine that drove fashion from the bottom up rather than top down.

While in the ’50s and early ’60s many actors and pop singers wore the Ivy League Look as a smart and current style, this was no longer the case after the upheaval of the late ’60s. When pop singers did take up a version of the look, as Dexys Midnight Runners did in 1985, it was the preppier version of the look then current. It was also the temporary costume of entertainers who had radically different looks before and after. In the 1950s and ’60s, pop icons could wear white bucks, buttondowns, neckties and soft-shouldered jackets and come across as sharp and with it. But with contemporary music groups such as Vampire Weekend, or in the films of Wes Anderson, Ivy staples come across as irony.

A glance through “Take 8 Ivy,” the sequel to “Take Ivy,” shows Ivy League students of the 1970s wearing the same plebeian sneakers, jeans and t-shirts worn by every other young person in America.

In assigning an arbitrary date for the end of Ivy, I suggest the year 1967. The change that occurred that year — the year of the infamous “Summer of Love” — is summed up tersely and dramatically in the following passage from “The Final Club” by Geoffrey Wolff (Princeton, ’59). The year 1967 witnessed a sartorial dismantling that was complete by 1968, when a new era was in full flower-child bloom:

Lining the second-floor hall were group portraits of Ivy members, and Nathaniel paused to examine them. Till 1967 the club sections were photographed indoors, in the billiard room; dress was uniform — dark suits, white shirts, Ivy ties. In 1967 a white suit was added here, an open collar there. In 1968 the insolent, smirking group moved outside, and was tricked out in zippered paramilitary kit, paratroop boots, tie-dye shirts, shoulder-length locks, and not a necktie in view.

Although the broader culture was changing rapidly and the hippie movement was spreading, the new open admissions standards at elite universities were changing the student body. Style-setting schools such as Princeton and Yale were no longer populated predominantly by kids who had gone to prep school, where they were forced to wear a jacket and tie every day and maintain a neat haircut. Schools were also dropping their jacket-and-tie dining hall dress codes. It’s impossible to underestimate the pace of social change in the late ’60s; the Ivy League Look, in its original guise, was slated for extinction, and the name attached to it during its popular silver age would fall into almost immediate archaism.

But what’s most important here is that once the Ivy League Look ceased to be fashionable on campus, it ceased to be fashionable period. More specifically, one could argue that once guys at Princeton stopped wearing it, it was over. The campus had always been the stronghold of the look, the place where it flourished for six decades, and was necessary for the look’s broader cultural relevance. Smart young men from the middle class and above had wanted to dress this way for 50 years. Originally it was a small number; later it was larger. Now suddenly no young people wanted to dress this way.

Other symbolically interesting things also occurred in 1967. Brooks Brothers’ president left the company after serving 21 years, all throughout the Ivy heyday, and Ralph Lauren goes into business. These two events are like two sides of the same coin. The man who helmed Brooks Brothers throughout its glorious postwar heyday retires, while Ralph Lauren launches his career. It’s an eerie foreshadowing of the role reversal that would happen over the ensuing decades, during which so much of Lauren’s merchandise would be closer in spirit, style and quality to classic Brooks Brothers than Brooks Brothers’ contemporary merchandise.

Within a few years of 1967 the UPI was calling the look dead, as in this story from 1971:

The Ivy League look as it used to be called died in the recent fashion revolution and the slope-shouldered, three-button jacket is almost a thing of the past. The suits and sports jackets being worn are strictly for special occasions.

Once it was no longer fashionable, the Ivy League Look, to return to the big bang metaphor, experienced a kind of supernova that shattered it into parts, which varied depending on wearer and context.

J. Press and Brooks Brothers continued, yet their clientele would gradually grow older as the look ossified from being young and current to being old and stodgy. J. Press stayed truer to the look, but as society changed rapidly around it, J. Press experienced a complete inversion in its relation to the broader culture, becoming what most would consider a provider of old men’s clothes, when from its founding in 1902 until 1967 it catered largely to young men.

The Twilight Of Ivy And Dawn Of Preppy

Some young people did continue to shop at the same clothiers and wear much of the genre’s items, but fashion was changing rapidly and the new version of youthful, Eastern Establishment style came to be known as preppy. The new generation had a much more casual approach to dress, reflecting changes in society as a whole. This passage from Alison Lurie’s “The Language Of Clothes” from 1979 shows how many of the Ivy League Look’s sportier items were being worn with a new attitude:

What distinguished the Preppie Look from the country-club styles of the 1950s was the range of its wearers. These casual garments were now being worn not only by adolescents in boarding schools and Ivy League colleges, but by people in their thirties and forties, many of whom would have considered such styles dreary rather than chic a few years earlier. Moreover, the Preppie Look was now visible in places and on occasions that in the 1950s would have demanded more formal clothing. Preppies of both sexes in madras check shirts and chino pants and Shetland sweaters could be seen eating lunch in elegant restaurants, in the offices of large corporations and at evening parties-as well as in class and on the tennis courts.

During the preppy ’70s, just as it had been previously, styling and the items themselves were equally important. Lurie notes that the preppy look was distinguished as much by its items as by their combinations, which included novel layering tricks such as jersey turtlenecks or polo shirts worn under oxford buttondowns, accented by a sweater draped around the neck.

As WASPs were gradually losing their stranglehold on power and influence, becoming shameful reminders of the old boys’ club elitism, their taste and lifestyle was beginning to be fetishized and marketed. In 1980 Lisa Birnbach released her detailed look into the culture of the preppy Northeastern upper-middle class, “The Official Preppy Handbook,” and the book so fascinated the nation it became a best-seller. At the same time the rise continued for Ralph Lauren, the doppelganger figure who can be seen as both saving the Ivy League Look from extinction by keeping alive the taste for it, albeit repackaged as fashion, and as commodifying totems of what were once expressions of culture. In “Taste: The Secret Meaning Of Things,” Stephen Bayley suggests that some kind of cultural line had been crossed following the fall of the Ivy League Look and the advent of postmodern, post-Ivy consumerism:

Ralph Lauren was after what Brooks Brothers once had, but packaged it more effectively so as to anticipate, appeal to and satisfy hitherto unrecognized longings among consumers. Interestingly, his critics (easily outnumbered by his happy customers) invoke arguments against him which echo the sumptuary laws of Renaissance Florence and England: “How does a working-class Jew from Mosholu Parkway dare pass off the tribal costumes of the Ivy League as if he owned them?”

Each fall season Ralph Lauren continues to pay tribute to the Ivy heyday with a few retro replicas. These typically tweed sportcoats come with such distinguishing Ivy details as natural shoulders, 3/2 rolls, patch pockets, swelled edges and lapped seams. However, they differ considerably from the kind of quotidian mufti once available at the Yale Co-op in that they have darted chests and carry a $1,300 price tag.

The other fragments that resulted from Ivy’s supernova are the category of vintage clothing anachronism, in which guys with hip sensibilities seek out heyday specimens prized for their authenticity, and the postmodern parody category, in which fashion designers (not haberdashers or merchandisers, the previous creators of the products) take the classic grey sack suit and turn it into a cartoonish gimmick, as in the case of Thom Browne.

Ivy-Style.com’s readership reflects this broad range of motivations for wearing the style, from the J. Press-clad fuddy duddy to the updated traditionalist in Ralph Lauren tweeds and flannels, and from the prep-with-a-twist fashion guy in Gant to the midcentury retro-eccentric dressed head to toe in vintage. It’s a perfectly postmodern incohesive mishmash of taste, temperament and social background all able to find in this genre of clothing something that resonates.

A Rose By Any Other Name

As the Ivy League Look fell into its death throes of cultural relevance, its name became immediately old fashioned. Originally it doesn’t seem to have had a name. “Natural shoulder” seems to have been the closest actually used by clothiers and their customers. The assiduous reporting by the media in the 1930s of what guys at Princeton were wearing is noteworthy for the detailed descriptions of the clothing combined with the complete lack of any attempt to give the style a name. “University fashions” was a typical headline for Apparel Arts, or “campus wear.”

The term “Ivy League Look” came into popularity in the ’50s, perhaps entering the popular lexicon as the result of LIFE Magazine’s 1954 story “The Ivy Look Heads Across US.” After 1967, once the clothes ceased to be fashionable, the term certainly became archaic. Fortunately a new word — for the broader culture — arrived at at just the right time to describe the latest version of the youthful Northeastern upper-middle-class look. “Preppy,” which entered the popular vocabulary in 1970 via the hit film “Love Story,” had a fresh ring to it.

Since its fashion moment in the ’80s, the term “preppy” has become gradually watered down to the point of meaninglessness, with almost no connection to the style and values of the people it described in 1970. Yet despite the efforts of the MFIT’s “Ivy Style” book and exhibit, not to mention Ivy-Style.com, preppy remains closer to the tongue, however bitter it tastes, than “Ivy League” when describing this genre of clothing. If you see someone walking down the street dressed head to toe in J. Press, says Charlie Davidson, “you wouldn’t even say he looks very Ivy, you’d say he looks very preppy, or something like that.”

The struggle for just what to call the post-Ivy remnants of the genre in a way that doesn’t sound girly, as preppy does today, or archaic and elitist, as does the Ivy League Look, accounts for the adoption in certain quarters of the term “trad.” On the surface trad sounds like a snappy and contemporary replacement, but with no historical tradition behind the term, trad quickly became a futile exercise on Internet message boards with endless debates about what qualified as trad and what didn’t, and with each opinion more subjective than the last.

It’s worth noting that in Japan and England, where the clothes were not an expression of their own dynamic and changing cultures, the clothes continued to be called “Ivy,” and much of the styling remained frozen in its heyday form.

With the Ivy League Look reaching full fruition in the 1930s and ending as a current and relevant fashion in 1967, its full flowering spans just three decades. Indeed, there are more years that have passed since the end of the heyday than the years from codification to heyday’s end.

The golden age was the 1930s, when the look was only available from a small number of clothiers and worn by a relatively small number of men. By 1957, in the middle of the silver age of widespread popularity, the look was already considered to be in decline by the old guard. In the April 7, 1957 edition of Town Topics, Princeton’s community newspaper, Princeton-based clothiers lamented a slide in formality among the student body. “You’ve got more of a cross section now,” concluded Joseph Cox of Douglas MacDaid, “not so many rich kids.”

The mass popularity of Ivy during heyday, with all of the department store knock-offs that Richard Press likes to dismiss as “Main Street Ivy,” actually holds within it the seeds of the look’s demise. For fashion is fickle, and Ivy fell from mainstream popularity into irrelevance practically overnight. While it’s true that the establishment was abandoning the look, at least among the younger members, it’s also the case that the middle class no longer had the desire to ape the establishment, at least not overtly. Brooks Brothers and J. Press stuck to their guns as much as possible and for as long as possible, watching their clientele slowly ossify, and Main Street clothiers quickly changed with the winds of fashion.

However, the silver age also cemented Ivy’s legacy in the “classic” and “timeless” sense. It continues — by whatever name and in iterations that conform with contemporary style — to be worn by anyone with the taste for it. And good taste should be available to anyone with the sensibility to appreciate it.
 Natural-shouldered tweed jackets, grey flannel trousers, oxford-cloth buttondowns, rep and knit ties, argyle socks, tassel and penny loafers, polo coats, Shetland sweaters, side-parted haircuts and horn-rimmed glasses still carry all the baggage, good and bad, that this Northeastern, upper-middle-class, “Ivy/preppy/trad/whatever” look will always have.

The farther you go into postmodern parody, of course, the less baggage the look carries, because in this case it’s just fashion, which is another way of saying it doesn’t mean much. But the straight-up wearer of the Ivy League Look, who projects his natural shoulder and rolled collar with utmost

Voir enfin:

Thirty years ago, The Official Preppy Handbook cracked the Wasp code-and went on to become a huge best-seller. In an excerpt from the update, True Prep, the author, along with designer Chip Kidd, covers the inevitable changes that are piercing blissful bubbles from Deer Isle to Jackson Hole.

We wear sportswear. This makes it easier to go from sporting events to social events.
PREPPY FASHION RULE NO. 1 We wear sportswear. This makes it easier to go from sporting events to social events.

Wake up, Muffy, we’re back.

O.K., now where were we?

Oh yes. It was 1980, and Ronald Reagan was heading to his improbable victory over Jimmy Carter. We wondered whether joining a club before your 30th birthday made you into a young fuddy-duddy, we considered the importance of owning a dress watch—one thing led to another, and before the year was over, our project became … The Official Preppy Handbook. Yes. That was us. We enjoyed every minute that we still remember, but we seemed to have misplaced a number of brain cells in the process.

Though we maintained that this world has changed little since 1635, when the Boston Latin School was founded, you knew we were exaggerating slightly. And as our world spins faster and faster and we use up more natural resources, and scientists keep finding more sugar substitutes, we have to think about how life in the 21st century affects our safe and lovely bubble.

The New Preppy: Let these 22 style icons teach you the new rules.

Muffy van Winkle, you’ve napped long enough. It’s been 30 years! It doesn’t seem possible, does it? Despite changes and crises, the maid quitting, running out of vodka, your NetJets account being yanked, and the Internet, it’s still nice to be prep.

And as we have gotten a bit older and a teensy bit wiser, the world has become much smaller. We are all interconnected, intermarried, inter-everything’d. The great-looking couple in the matching tweed blazers and wide-wale orange corduroy trousers are speaking … Italian. On Melrose Avenue! Whereas once upon a time it was unlikely Europeans would be attracted to our aesthetic, now they’ve adapted it and made it their own. (They’re the women with no hips, in case you were wondering.)

Let’s begin at the beginning of the year. Here are our resolutions. You’ll catch on.

No drinking at lunch.

Call Grandmother once a week.

Get Belgian shoes re-soled (thinnest Cat’s Paw rubber).

Sign up for tennis team at the club.

Actually go to team practices.

Have gravy boat re-engraved.

Find Animal House and return to Netflix.

Send in donation for class gift this year.

And send in write-up for class notes.

Finally use Scully & Scully credit—maybe Pierpont’s next wedding?

Drive mother to cemetery at least once this year.

Order new stationery before supply runs out. (Find die!)

Luggage tags!

Download phone numbers into the thingy.

New Facebook picture?

Work on goals.

Work on topspin.

Get Katharine to do community service somehow.

Clean gutters or get someone to do them.

Repair hinge on broken shutter. Or else!

Finally hire portrait artist for Whimsy. (She’s 84 in dog years; not much time left.)

Who We Are Now

Formerly Wasp. Failing that, white and heterosexual. One day we became curious or bored and wanted to branch out, and before you knew it, we were all mixed up.

Well, that’s the way we like it, even if Grandmother did disapprove and didn’t go to the wedding ceremony. (Did she ever stop talking about the “barefoot and pregnant bride”? Ever?) And now one of our nieces, MacKenzie, is a researcher at the C.D.C. in Atlanta and is engaged to marry the loveliest man … Rajeem, a pediatrician who went to Duke. And Kelly is at Smith, and you know what that means. And our son Cal is married to Rachel, and her father the cantor married them in a lovely ceremony. Katie, our daughter, is a decorative artist living in Philadelphia with Otis, who is a professor of African-American studies at Swarthmore. And then there’s Bailey, our handsome little nephew. Somehow, all he wants to do is ski, meet girls, and drink bee

Well, there’s one out of five.

Fashion Rules

We know that many of you understand the principles of preppy style. But just to be sure, let’s review them again.

We wear sportswear. This makes it easier to go from sporting events to social events (not that there is much difference) without changing.

We generally underdress. We prefer it to overdressing.

Your underwear must not show. Wear a nude-colored strapless bra. Pull up your pants. Wear a belt. Do something. Use a tie!

We do not display our wit through T-shirt slogans.

Every single one of us—no matter the age or gender or sexual preference—owns a blue blazer.

We take care of our clothes, but we’re not obsessive. A tiny hole in a sweater, a teensy stain on the knee of our trousers, doesn’t throw us. (We are the people who brought you duct-taped Blucher moccasins.)

We do, however, wear a lot of white in the summer, and it must be spotless.

Don’t knock seersucker till you’ve tried it. (Between Memorial Day and Labor Day, unless you live in Palm Beach or Southern California, or the southern Mediterranean, please.)

Bags and shoes need not match.

Jewelry should not match, though metals should.

On the other hand, your watch doesn’t have to be the same metal as your jewelry.

And you can wear gold with a platinum wedding band and/or engagement ring.

Men’s jewelry should be restricted to a handsome watch, a wedding band if he is American and married, and nothing else. If he has a family-crest ring, it may be worn as well. For black-tie, of course, shirt studs and matching cuff links are de rigueur.

Nose rings are never preppy.

Neither (shudder) are belly-button piercings.

Nor are (two shudders) tongue studs.

And that goes for ankle bracelets.

Tattoos: Men who have been in a war have them, and that’s one thing. (Gang wars don’t count.) Anyone else looks like she is trying hard to be cool. Since the body ages, if you must tattoo, find a spot that won’t stretch too much. One day you will want to wear a halter-necked backless gown. Will you want everyone at the party to know you once loved John Krasinski?

Sneakers (a.k.a. tennis shoes, running shoes, trainers) are not worn with skirts.

Men may wear sneakers with linen or cotton trousers to casual summer parties.

Women over the age of 15 may wear a simple black dress. Women over the age of 21 must have several in rotation.

High-heel rule: You must be able to run in them—on cobblestones, on a dock, in case of a spontaneous foot race.

Clothes can cost any amount, but they must fit. Many a preppy has an item from a vintage shop or a lost-and-found bin at the club that was tailored and looks incredibly chic.

Do not fret if cashmere is too pricey. Preppies love cotton and merino-wool sweaters.

We do not wear our cell phones or BlackBerrys suspended from our belts. (That includes you, President Obama.)

Real suspenders are attached with buttons. We do not wear the clip versions.

Learn how to tie your bow tie. Do not invest in clip-ons.

Preppies are considerate about dressing our age. It is for you, not for us.

Men, if you made the mistake of buying Tevas or leather sandals, please give them to Goodwill.

You may, however, wear flip-flops to the beach if your toes are presentable. Be vigilant!

Pareos (sarongs) are for the beach, not for the mall. (Even if it’s near the beach.)

Riding boots may be worn by non-riders; cowboy boots may be worn by those who have never been on a horse. However, cowboy hats may not be worn by anyone who isn’t technically a cowboy or a cowgirl.

You may wear a Harvard sweatshirt if: you attended Harvard, your spouse attended Harvard, or your children attend Harvard. Otherwise, you are inviting an uncomfortable question.

If your best friend is a designer (clothes, accessories, jewelry), you should wear a piece from his or her collection. If his or her taste and yours don’t coincide, buy a piece or two to show your loyal support—but don’t wear them.

Every preppy woman has a friend who is a jewelry designer.

No man bags.

Preppies don’t perm their hair.

Preppy men do not believe that comb-overs disguise anything.

You can never go wrong with a trench coat.

Sweat suits are for sweating. You can try to get away with wearing sweats to carpool, to pick up the newspaper, or to drive to the dump, but last time you were at the dump, the drop-dead-attractive widower from Maple Lane was there, too.

And finally:

The best fashion statement is no fashion statement.

Logology

Sometime in the 1980s the cart began leading the horse. Don’t look at us; preppies were certainly not to blame. Fashion followers mistakenly thought the logo was the point. (This is the place at which we would write “LOL,” except we loathe “LOL.”)

But wearing a logo-laden outfit or accessory points to the wearer’s painful insecurity. If you think you are being ironic, think again.

Here’s the rule of thumb: The first logo that preppies loved was the Lacoste crocodile. It belonged to the French tennis star René Lacoste, whose nickname was Le Crocodile. It was an authentic, since he himself wore la chemise in 1927, after having been the top tennis player in the world in 1926 and 1927. (He won seven grand-slam singles titles in France, Britain, and the U.S. In 1961 he also invented the first metal tennis racket, which was sold in this country as the Wilson T2000.)

The shirts, made by La Société Chemise Lacoste, became an international sensation in 1933. Initially they had long tails, crocodiles of 2.8 centimeters in width, and embroidered labels with the size in French: Patron, Grand Patron, etc. There was no need (not then nor now) to change the size of the beast.

Fred Perry, the British tennis champion of the 1930s, put his laurel-wreath logo in blue on white polo shirts in 1952 (a few years after inventing the sweatband). Fred Perry shirts were successful immediately.

Brooks Brothers introduced its golden-fleece logo as the company symbol in 1850, but, for casual sport shirts, they sold the Chemise Lacoste until the 1960s. Then they stopped selling Lacostes and segued into men’s polo-style shirts with the golden fleece embroidered. Until 1969, the sheep suspended by golden ribbons was made only in men’s sizes.

Ralph Lauren was already making men’s wear when, in 1971, he embroidered a little man astride a polo pony on the cuff of some women’s shirts. The ponies, 1 1/4 inches high, moved onto his many colored cotton polo shirts in 1972. The logo, now one of the world’s best known, somehow grows up to five inches high (“BIG PONY”) though sometimes stays small.

Vineyard Vines’ little pink whale appeared in 1998, and so far the whale has shown admirable restraint in staying 1.05 inches wide by 0.43 inches high (as per the universal style guide).

When labels began to understand the strong appeal their logos offered, they went wild. Gone were the subtle stripes, woven ribbons, tiny metal trademarks, and interior decoration that had been prized. Now the logos took growth hormones, and there seemed nothing too big or too crass to sell. Today’s customer is more discerning and somewhat disgusted. Removing logos has become something of a hobby for purists.

When Juicy Couture arrived, emblazoning bottoms with the word “juicy” on its pricey sweatpants, we were dismayed when our daughters thought they wanted them. We steered them back to sanity. We believe that the Juicy Couture tracksuit phenomenon signals the end of civilization as we know it. Nothing less.

The Biggest Change in 30 Years

If, in 1980, you had whispered to friends that within the next few decades America would elect a thin, black, preppy, basketball-playing lawyer to be president, they would have laughed at you and exhaled in your face, inside the restaurant or club where you were sitting. And, if you predicted that one day all our children would have little portable phones stuck in their pockets so that they could not answer us when we called them from our little phones, we would have again exhaled in your face—indoors—and said you were talking science fiction.

Still, to our minds nothing is more sci-fi than the fact that preppies in the 21st century all wear the unnatural fibers we collectively refer to as “fleece.” We always thought our reliance on natural “guaranteed to wrinkle” fibers was our right and our trademark. If it’s hot or humid, we’d just roll up our all-cotton long-sleeved shirts. But now we wear polyester fleece, and its offspring, recycled water bottles.

The revolution began in 1981, at a company then called Malden Mills in Lawrence, Massachusetts, manufacturers of textiles including the wool for uniforms in World War II. A place like Malden Mills is populated by textile engineers who spitball, “mess around with fabrics,” and then refine, according to spokesman Nate Simmons. They work collaboratively with clothing manufacturers, as they did in this case with Patagonia. What came off the looms in the early 80s was pure synthetic, soft, quick-wicking, quick-drying, and machine-washable. It did not fade, and changed the wardrobes of athletes forever. Its Malden name was Polarfleece; its Patagonia name was Synchilla.

Frugal Dos and Frugal Don’ts

Do keep repairing old appliances to try to extend their lives. Don’t store them on your front porch or driveway. Invest in great-fitting, well-made shoes. (Italian-made shoes are nice.) Your feet will thank you. Keep re-soling them. Subscribe to a concert, opera, or ballet series. Buy season tickets to basketball. Pairs of tickets you can’t use make great no-occasion gifts. Some nonprofit institutions accept them as tax-deductible donations. Buy very cheap plane tickets to Europe on discount Web sites. Stay at your friend’s grand villa for three weeks. Oh, make it four. Buy him a house gift and pay for dinner a couple of times. Let him win one tennis match every now and then. Complain about the heat.

Have your trustee dump an allowance in your checking account every month. Walk seven blocks out of your way (or drive, if necessary) to the A.T.M. of your bank, so you are not charged that extra $1.95–$3.00 withdrawal fee. Leave the office a little early to take the off-peak commuter train. (Even though you live in one of the 10 most affluent Zip Codes in the United States.)

Travel

We travel, and we’re rather good at it. Some of us have traveled from a very early age, even if it’s been just back and forth from Princeton and Newport. We may travel to see relatives, to take a semester away, or to go to rehab. We go to Europe because it’s there, and there is so very much to learn from Europeans.

In Europe, we learn how to kiss people on both cheeks, how to do math when we convert the dollar into the euro, and how to make ourselves understood in adverse conditions. We get to practice the little bits of foreign languages we’ve retained from school, and to see that Italian men can carry off the sweater-around-their-shoulders look easily

  • Thou shalt not fly first-class.
  • Thou shalt use thy frequent-flier miles whenever possible.
  • Thou mayest fly business class if thy destination is more than five hours away.
  • On board, the wine will not be fine; therefore drinkest beer or spirits.
  • Naturellement, thou never wearest shorts, sweatpants, or flip-flops on an airplane, and thou shalt attempt not to sit next to a miscreant in such garments.
  • If thou takest a sleeping pill, thou must try not to snore, Pookie.
  • Thou must not complain about jet lag.
  • Thou must take loads of photographs.
  • Thou art encouraged to rent cars in strange places and get into colorful misunderstandings with local drivers.
  • If there is a Harry’s Bar at thy destination, thou shalt eat there. (Try the carpaccio and the cannelloni.)
  • Exotic locations are to be encouraged.
  • Thou must not try to lose thy passport, but, indeed, it could happen, and will provide dinner-table fodder for many happy years to come.
  • Although thou art traveling in order to “broaden thy horizons” and meet different kinds of people, thou will prefer looking up friends of friends who are also traveling.
  • Thou shalt tryest the tonic water in other lands, as it tastes different from thy domestic tonic water.
  • Thou will always have (had) a wonderful time.

Our private economic code is useful when on the road. As stated before, we do not waste money on first-class travel. Unless McKinsey or Aunt Toot is footing the bill, we fly coach. (On the other hand, it would be rude to turn down a no-expense upgrade.) It is consistent with everything we’ve been talking about. First class lasts several hours but costs a fortune. On the other hand, we have been known to splurge on luxury hotels. Wouldn’t it be better to apply those savings to a wonderful room in a wonderful hotel? (Or, at the very least, a small room facing a wall in a wonderful hotel?)

If you cannot stay at the wonderful hotel with the famous bar, you must at least drink at the famous bar. Lunch is also lovely there. During holiday, we always drink at lunch, and, of course, we “walk it off.” Lunchtime drinking is not an obligation, but, well, yes it is. You’re on vacation, the ultimate in prep experiences!

Prep Careers for the New Millennium

Preppies realize society’s need for enterprise. They go to college with the idea of a career—or, should we say, their parents’ idea of a career—planted firmly in their minds. This is why so many of them attend law school. They also understand their need for income. One gets a bad reputation if one is derelict with one’s club dues. As the 21st century unfurls, herewith a vital list of jobs that help preppies maintain their rightful positions in their world:

Alumni director. For the good of your school.

Development officer. Ditto.

Dog-walker entrepreneur. Accommodates Lake Forest, Rollins, and dropouts.

Party planner/publicist. The perfect job for girls who won’t be working after they get engaged.

Nursery-school assistant teacher. But not over the age of 30.

Contributing editor, Vogue. Consuela’s mother works for Anna.

Senator. For policy wonks.

Entrepreneur (Serial. One day one of your ideas will take off.)

Ne’er-do-well. Uncle Tony.

Caterer. Use Mummy’s recipe for chicken potpies as your signature.

Decorator. Who doesn’t love chintz?

Residential-real-estate broker. Sell Bradford a lovely house; marry Bradford, and decorate your new house.

Golf pro. Self-evident.

Art restorer. Very good for part-time artists.

Divorcée. ‘Nuff said.

Anchorman or -woman. Remember to remove your makeup when you meet friends after work for drinks.

Curator. Requires many trips to EuropeAu pair. How Princess Diana got her start.

President. Good perks, bad hours.

Vineyard owner. Ultimate career move.

Tennis pro. Will keep you fit through your 30s and 40s.

C.I.A. operative. Yalies in particular.

Decorative painter. Learn how to make anything faux bois.

Ski bum. Self-evident.

Former Careers We Won’t Be Seeing Again Soon

Assistant editor. It’s called the recession, Greer.

Media escort. No more book tours; there-fore, no more escorts.

Fund-raising. Should rebound by 2015.

Investment-banker trainee. Might rebound by 2020.

Travel agent. Expedia.

Preps Need Not Apply

Doctor. Presumes caring about strangers. Exception: Orthopedic surgeon.

Research doctor. Atrophies your God-given social skills.

Computer scientist. No.

C.P.A. Really no.

Missionary. See “Doctor.”

Sex worker. See “When pigs fly.”

Any job requiring the question “Fries with that?” Only at the club during the summer before junior year—of high school.

Governor. Possibility of a sex scandal too great.

Engineer. Choo-choo or the other kind.

Fact-checker. Facts, shmacts.

Manny. N.O.K.D.

Meteorologist. Too science-y.

Excerpted fromTrue Prep,by Lisa Birnbach with Chip Kidd, to be published this month by Knopf; © 2010 by Island of Mommy Inc. and Charles Kidd.

Voir par ailleurs:

Dans les années 60, il a transgressé le dress-code masculin, habillé les célébrités, des Stones à Giscard en passant par Dylan. Maurice Renoma taille une bavette dans son Café Gallery des Champs-Elysées. Souvenirs, souvenirs

Eric Loret

Libération
29 mai 2010

Coup de tonnerre au pays de la mode. Les têtes à claques cintrées avec leurs pantalons slims et leur mèche dans la gueule ne datent pas d’hier. Non. On a retrouvé l’australopithèque du fils de bourgeois rebelle. Les chercheurs l’appellent le «minet Renoma» et le font approximativement remonter à 1963. On le reconnaît à son costard en velours pastèque écrasée et ses pulls en shetland remontant sur l’ombilic.

Chiner la veste

Cette découverte ravira sans doute ceux qui sont nés après 1970, car ils apprendront l’existence de Renoma et iront chiner la veste de leur grand-père sur ebay, redevenue trop tendance. Les plus de 40 ans, eux, cacheront difficilement leur joie quand ils sauront que non seulement Renoma n’est pas mort, mais que c’est un monsieur, qu’il va bien et que sa mythique boutique est toujours au même endroit, 129 bis, rue de la Pompe, dans le XVIarrondissement de Paris. Cette éclipse momentanée de l’étoile Renoma doit sans doute un peu à Maurice Renoma lui-même (Cressy de son vrai nom) qui, n’en ayant à peu près rien à fiche de son passé, de la mode, ni du rock, ne vit pas à l’ombre de son propre monument. «C’est la mode qui n’a plus voulu de moi», rigole-t-il, installé dans un des canapés savamment défoncés du 32, avenue George-V, au Café Gallery Renoma, où il tient déjeuners d’affaires et de presse. La salade aux gros pois frais n’est pas mauvaise et l’on a sorti la cuvée «réserve de Maurice Renoma».

Donc, béotiens que vous êtes, vous ne savez rien de Renoma. Il vous aurait pourtant suffi de tapoter dans votre Google books «costume Renoma» pour trouver tout un tas de références belles comme des photos sépia : «… 27 ans, cheveux longs, boots et costume Renoma» (dans un numéro de l’Express de 1973), «Jean-Pierre Soisson, très à l’aise, malgré son notable empâtement, dans ses costumes Renoma» (Politique Hebdo, 1977) ou encore «Il avait les épaules carrées et la mèche noire et raide, et je reconnaissais sur lui les costumes Renoma alors incontournables, à ses pieds les mocassins Weston qui donnaient à son regard noir et cruel son intensité menaçante. Du moins, moi, j’avais le cinéma, Heidegger et les poèmes…» La suite de ce texte manque hélas, car Google books n’affiche que des extraits tronqués, et on ne sait pas de qui il est, sinon qu’il est paru en 2004 dans le collectif Des nouvelles du cinéma tome II, au Seuil.

Cette rapide carotte archéologique nous enseigne qu’il y a toujours un «dernier costume Renoma» après le dernier, que Renoma et Heidegger sont incompatibles, que c’est mieux avec des boots et des cheveux longs, noirs et cruels. Et surtout qu’on le porte jeune en 1973 et notable en 1977, avant d’en perdre définitivement la trace.

Aujourd’hui, de Renoma qui roule, il ne reste en mode que quelques sous-vêtements masculins, dont raffole l’Asie. Renoma a pourtant signé son époque. «Mais je suis loin d’avoir habillé tout le monde, comme on le croit. Dix mille personnes, peut-être», rectifie Maurice Renoma. Il n’a vêtu que les gens qu’il fallait : les fils à papa du lycée Janson de Sailly (nid à fric et à chic en face duquel il a sciemment établi sa boutique) et, côté star, tout le gratin pop : Dutronc, les Beatles, les Stones, Dylan, Gainsbourg, Nino Ferrer… Dans les années 70, ce seront Giscard ou Mitterrand et Peyrefitte qui porteront le costume obligatoire.

Casser du vieux

S’il n’a pas le goût de la chaîne – «j’ai ouvert soixante boutiques, je les ai toutes refermées trois ans plus tard» -, Renoma a un sens très particulier de la com. Très tôt, alors que la maison est encore celle de son père, tailleur traditionnel auprès de qui il travaille avec son frère Michel, à la périphérie du Sentier, le futur styliste passe ses nuits à écrire des lettres pour inviter journalistes et autres faiseurs d’opinion à venir se faire tailler un costume COSTARD. «Le jour où j’ai vu débarquer Léon Zitrone, je me suis dit que le pourcentage de retour était faible, mais que ça valait le coup.» A cette époque, comme à toutes les autres, les jeunes ont envie de casser du vieux, de faire les dandys. Sauf que contrairement à d’autres époques, certains en ont les moyens, idéologiquement et économiquement. C’est la fureur de vivre, la musique électrique et un choix cornélien : les Kinks ou le yéyé.

« Petits minets au Drugstore »

Si l’on en croit l’ouvrage savant de Farid Chenoune, Des modes et des hommes (Flammarion, 1993), le «minet» est un de ces «adolescents entichés de musiques et de vêtements anglais qui les distinguent des yéyés dont ils méprisent les idoles artificielles et les tubes fabriqués. Jeunes gens de bonnes familles parisiennes en costume de velours cintré de chez Renoma ou fils d’employés banlieusards en imperméable de college-boy anglais, les minets seront des mods […], made in France, amateurs, comme leurs modèles, de rythm’n’ blues et du new sound des Rolling Stones, des Kinks, des Animals ou des Who, découverts en Angleterre pendant leurs vacances scolaires de lycéens privilégiés.» Jacques Dutronc, patron-minet et égérie involontaire de Renoma, en chantait une définition plus sexuelle due à Jacques Lanzmann : «J’ai pas peur des petits minets / Qui mangent leur ronron au Drugstore / Ils travaillent tout comme les castors / Ni avec leurs mains, ni avec leurs pieds.» Patrick Modiano, Patrick Eudeline ou François Armanet, les ont romancés. Ce dernier les a filmés dans la Bande du drugstore.

Si Renoma devient leur couturier, Maurice s’en vante à peine et se contente d’expliquer son succès par un coup de bol : avoir été là au bon moment et être dans l’esprit du temps. La mode pour hommes existait à peine en France, il fallait l’inventer et il avait, comme le reste de sa génération, envie de tout fiche par-dessus bord. Les uns et les autres se retrouvèrent dans l’envie d’expérimenter. «On m’a collé l’étiquette rock, mais je ne m’intéressais pas spécialement au rock», déclare l’homme qui expose actuellement un choix de portraits des Rolling Stones dans sa boutique historique (1). «En revanche, je me reconnais dans le discours rock peut-être. Tout ce qui est écrit sur les Stones colle parfaitement à Renoma.» De toute façon, lui, il préférait les Beatles. Il avait eu l’occasion d’entendre les Stones en concert privé dans l’appart d’un pote, pour un anniversaire sélect. Ça lui avait cassé les oreilles.

Agé officiellement de 69 ans, le créateur reste sympathiquement foutraque et revendique son amateurisme, ou le plaisir comme maître d’œuvre. «Quand on crée, on est habité, on ne sait pas ce qu’on fait.»

Dylan se recoiffe

Il n’a donc rien à dire sur le symbole social qu’a pu être Renoma. Ce qui l’intéresse depuis les années 90, c’est la photographie et, à présent, le design. Au Café Gallery, on vend des chaises ornées d’images de sa série Mythologies, on voit ses clichés de Shanghai, façon reportage, les unes prises en 1994 et les autres en 2010, documentant la croissance fulgurante de la ville. «Quand on a appelé l’expo « Chine », personne ne venait, maintenant qu’on a mis « Shanghai », ça marche. Ceci dit, c’est sur Shanghai, donc ça tombe bien.» Les tentatives d’extorsion d’anecdotes sont vouées à l’échec. Bob Dylan ? «Je savais que tous ces musiciens venaient, parce que les gens d’art s’habillaient chez nous, y compris Yves Saint Laurent, mais je ne les voyais souvent jamais. Un jour, j’étais dans mon bureau qui avait une paroi sans tain me permettant de contrôler un peu la fauche – parce que ça faisait partie des sports obligatoires pour les minets – et tout d’un coup, je vois Bob Dylan en train de se recoiffer devant moi, derrière le mur. Mais je n’ai pas osé sortir le saluer.» Et sinon ? «Vince Taylor, je l’ai hébergé trois jours, parce qu’il avait cassé la gueule à sa femme.»

Si Renoma est finalement assez rock, c’est dans sa propension à se tirer des balles dans le pied. A l’époque de Hara-Kiri, Maurice et Michel, qui sont d’origine juive polonaise, demandent une pub à Choron, gratos ou presque, en échange de costumes. Il leur pond une blague nazie avec des photos de Hitler habillé en Renoma. La boutique venait d’ouvrir, et «trois mille» anciens déportés et membres de la Licra sont venus manifester rue de la Pompe. «Je suis sorti pour dire qu’on n’y était pour rien, ça n’a pas trop mal marché.» Pierre Aidenbaum (aujourd’hui maire du IIIe arrondissement), un ancien camarade de classe qui était à la Licra, prend alors sa défense. «N’empêche que ma boutique aux Galeries Lafayette a sauté et que je n’ai plus pu acheter de tissus rue des Francs-Bourgeois pendant dix ans.»

Le caleçon parfumé

Dans un registre moins grave, Maurice est aussi l’auteur d’un concept de génie, moins connu que son blazer remanié : le caleçon parfumé. Quand au bout de six mois, les produits ultra-coûteux arrivent enfin, sous emballage individuel, le parfum a tourné, le sous-vêtement sent la chèvre. «On a été obligés de le prendre avec humour, on disait qu’on avait inventé le caleçon qui pue.» Mais au moins, Renoma n’a jamais rien fait dont il n’avait pas envie.

Au Café Gallery, il fait remarquer qu’il y a deux entrées, de chaque côté du bâtiment. A la belle saison, passe un courant d’air : «Il y a toujours eu deux issues dans tous les endroits que j’ai créés.» Syndrome de fuite, tentation du voleur ou traumatisme de l’enfant juif, cette architecture trouée lui semble comme un bon tour joué au destin. Et ce qui l’occupe le plus désormais, dit-il, c’est de faire du vide pour mieux créer. Il cueille un aphorisme perso dans son bouquet de pensées et l’offre en exclu à Libé : « »La vie est une arme mortelle. » Enfin, je crois que la phrase est de moi. Je ne le jurerai pas, mais je crois bien.» Photo Maurice Renoma

(1) «The Story of». 10 photographes racontent les Rolling Stones (1964-2006). 129 bis rue de la Pompe, jusqu’au 17 juillet. Entrée libre.

Voir encore:

Renoma expose 50 ans de création vintage, à Paris

Le 23 octobre 1963, la boutique White House de Renoma ouvre ses portes rue de la Pompe à Paris et révolutionne le vêtement masculin en créant une mode dédiée à la jeunesse. Le 23 octobre 2013, pour célébrer les 50 ans de sa boutique parisienne, Maurice Renoma expose, pour la première fois, des photographies et archives des 60’s, des vêtements et des accessoires inédits de sa collection vintage.
Corinne Jeammet
France Télévisions Rédaction Culture
Boutique Renoma aujourd'hui (à gauche) et pull jacquard, laine et cachemire, 1974 (à droite).  (Archives Renoma)
Les années 60, les codes vestimentaires bousculés
Michel et Maurice Renoma bousculent les standards vestimentaires du conservatisme avec leurs blazers croisés 4 boutons en métal argenté mat ou en drap militaire, leurs pantalons pattes d’éph de la Marine américaine revisités, leurs costumes ultra cintrés en velours vert, grenat, violine et leurs chemises en tissus d’ameublement.

Maurice Renoma au volant de sa TR3 devant la boutique familiale, 22 rue Notre-Dame de Nazareth, 75003 Paris, 1961. (Archives Maurice Renoma)

Pour les jeunes du lycée Janson de Sailly, de la bande du Drugstore et pour les personnalités artistiques et politiques, la boutique Renoma devient le lieu incontournable d’une mode inédite, sans convention, sans concession.

Ouverture de la "white house" Renoma le 23/10/1963 à Paris (Archives Renoma)

Les créateurs préférés du show-business et d’une jeunesse avide d’innovation
On y croise Dali, Picasso, Bob Dylan, Eric Clapton, John Lennon, Andy Warhol, Jacques Dutronc, Serge Gainsbourg, Karl Lagerfeld, Yves Saint-Laurent, Françoise Hardy, Catherine Deneuve, Brigitte Bardot, Jean Seberg.

Les frères Renoma, Maurice et Michel, dans la boutique White House - Renoma, le 23 octobre 1963. (Archives Renoma)

Aujourd’hui, une collection Flashback est présentée comme un clin d’œil aux costumes des années 60 : réalisée dans les tissus d’époque (matières inédites, motifs psychédéliques et optiques inspirés de Vasarely), elle est proposée en édition limitée.

Veste en velours Vasarely, 1968. (Archives Renoma)

Après la mode, l’univers des arts
Maurice Renoma, toujours passionné de mode, étend sa créativité à différents domaines : l’art de vivre, le design, le Renoma Café Gallery et les expositions photographiques.

Renoma : blazer rayé,1964 (Archives Renoma)

De ses campagnes publicitaires avec Birkin et Gainsbourg à ses conceptions graphiques transgressives sur James Dean, Jimi Hendrix, les Rolling Stones ou la Beat Generation, il offre sa vision du monde, excentrique et intemporelle.

Renoma : blouson paysage en patchwork de cuir, 1964 (Vogue, Archives Maurice Renoma)

Exposition « 23 octobre 1963 – 23 octobre 2013. 50 ans de création » du 24 octobre au 23 avril 2014. La boutique. 129 bis, rue de la Pompe. 75116 Paris. Du mardi au samedi de 10h à 19h 01.44.05.38.18. 

L'intérieur de la boutique parisienne Renoma, au RDC (2012) (Archives Renoma)

Et pour célébrer dignement cet anniversaire, un ouvrage sur le créateur qui a inventé le concept de modographie pour définir son propre univers créatif, à la croisée de la mode et de la photographie.

À l’occasion des 50 ans de carrière du créateur, Gabriel Bauret propose un retour chronologique et thématique autour de l’univers créatif de Maurice Renoma, de ses influences, et des personnalités qui l’ont entouré.

Miss France 2019: A quand le QI comme critère d’admission ? (Is Miss America turning into the thinking woman’s debutante ball ?)

16 décembre, 2018

Miss Virginia 2019 Camille Schrier performs an experiment during the Miss America talent portion San Remo (Italie, 1949)San Remo (Italie, 1949)San Remo (Italie, 1949)Anti-Miss America demonstration (1968)graph 1 PsychGuides.comImage result for social origins of Miss America winners since 1920"Monique Lemaire (Miss France 1962)Irène Tunc (Miss France 1954)Sylvie Tellier (Miss France 2002)Iris Mittenaere (Miss France/Miss Universe 2016)Image result for Miss France 2019 costumes de super-héroïnesImage result for Miss France 2019 costumes de super-héroïnes

Vaimalama Chaves est notre nouvelle Miss France 2019, élue à Lille le 15 décembre 2018. - Purepeople

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Twenty-six-year-old Angela Ponce (pictured) won the Spanish qualifying competition for Miss Universe on Friday

 

 

 

Car on donnera à celui qui a; mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. Jésus (Matthieu 13: 12)
There’s certain things you’re s’posed to know When you’re a girl who grows up in the south I try to use my common sense But my foot always ends up in my mouth And if I had to walk a runway in high heels in front of the whole town I’d fall down And my mama cried When she realized I ain’t pageant material I’m always higher than my hair And it ain’t that I don’t care about world peace But I don’t see how I can fix it in a swimsuit on a stage I ain’t exactly Ms. Congenial Sometimes I talk before I think, I try to fake it but I can’t I’d rather lose for what I am than win for what I ain’t God bless the girls who smile and hug When they’re called out as a runner up on TV I wish I could, but I just can’t Wear a smile when a smile ain’t what I’m feelin’ And who’s to say I’m a 9.5 Or a 4.0 if you don’t even know me Life ain’t always roses and pantyhose. Kacey Musgraves
Il y a autant de racismes qu’il y a de groupes qui ont besoin de se justifier d’exister comme ils existent, ce qui constitue la fonction invariante des racismes. Il me semble très important de porter l’analyse sur les formes du racisme qui sont sans doute les plus subtiles, les plus méconnaissables, donc les plus rarement dénoncées, peut-être parce que les dénonciateurs ordinaires du racisme possèdent certaines des propriétés qui inclinent à cette forme de racisme. Je pense au racisme de l’intelligence. (…) Ce racisme est propre à une classe dominante dont la reproduction dépend, pour une part, de la transmission du capital culturel, capital hérité qui a pour propriété d’être un capital incorporé, donc apparemment naturel, inné. Le racisme de l’intelligence est ce par quoi les dominants visent à produire une « théodicée de leur propre privilège », comme dit Weber, c’est-à-dire une justification de l’ordre social qu’ils dominent. (…) Tout racisme est un essentialisme et le racisme de l’intelligence est la forme de sociodicée caractéristique d’une classe dominante dont le pouvoir repose en partie sur la possession de titres qui, comme les titres scolaires, sont censés être des garanties d’intelligence et qui ont pris la place, dans beaucoup de sociétés, et pour l’accès même aux positions de pouvoir économique, des titres anciens comme les titres de propriété et les titres de noblesse. Pierre Bourdieu
Dans le débat sur la parité (…) on risque de remplacer des hommes bourgeois par des femmes encore plus bourgeoises. Si du moins on se dispense de faire ce qu’il faudrait pour que cela change vraiment : par exemple, un travail systématique, notamment à l’école, pour doter les femmes des instruments d’accès à la parole publique, aux postes d’autorité. Sinon, on aura les mêmes dirigeants politiques, avec seulement une différence de genre. Bourdieu
Les corps auraient toutes les chances de recevoir un prix strictement proportionné à la position de leurs possesseurs dans la structure de la distribution des autres propriétés fondamentales si l’autonomie de la logique de l’hérédité biologique par rapport à la logique de l’hérédité sociale n’accordait parfois aux plus démunis sous tous les autres rapports les propriétés corporelles les plus rares, par exemple la beauté (que l’on dit parfois «fatale» parce qu’elle menace l’ordre établi) et si, à l’inverse, les accidents de la biologie ne privaient parfois les « grands » des attributs corporels de leur position comme la grande taille ou la beauté. Bourdieu
I’m not the beauty queen. I’m the brand ambassador for this organization and I’m more than just someone with a crown on my head. I kind of figured that I would never get on that stage because I was a woman who did not want to get into a swimsuit onstage. And I didn’t have a performing talent, which is really ironic now. Camille Schrier
To make it relevant for these young women, it was important for us as a scholarship and service organization to make sure that we were reflective of this generation, meaning that you no longer had to be defined by some sort of ideal. Regina Hopper (Miss America Organization)
Miss America 2020 was crowned last night, and before we hear gripes about how pageants aren’t rocket science, know that the latest winner is an actual scientist, with a platform focused on education. Camille Schrier, who entered the competition as Miss Virginia, graduated (cum laude, no less) from Virginia Tech with dual bachelor of science degrees in biochemistry and systems biology. She’s now working toward her doctorate of pharmacy (PharmD) at Virginia Commonwealth University. She pledged last night to use her title to promote drug safety and abuse prevention and STEM education. (…) And she did just that in the talent portion of the event, conducting a colorful experiment. Schrier beat out 50 other candidates (in Miss America 2.0, as some fans refer to the revamped event, the women are no longer called contestants) to have Miss America 2019 Nia Franklin place the crown atop her head—and be awarded with scholarship funds. (…) This was the second year of the newer version of the Miss America pageant without the swimsuit competition. That was a very good thing for Schrier. Onstage, she talked about battling an eating disorder and only choosing to compete after the swimsuit competition was eliminated. Glamour
I went in really representing myself as a woman of science, » she told us, « and that was received really well. I actually used dish soap in my beakers so the gas gets trapped, and that’s what forms that foam that shoots out … that’s really the show-stopping moment of my reaction. Even my competitors were eager to watch what I was going to do. It was a fun moment to hear the cheers from people in the audience. I took that as a challenge. It took a little creativity for me to find a way that I could represent the talents I have in a way that was entertaining because sometimes people have this perception that science is boring. I won almost $22,000 of scholarship money to put toward my graduate education. It’s so much more than the quote-unquote ‘beauty pageant’ that it used to be. We’ve gone away from judging women on their physical characteristics, that’s no longer anywhere in the judging criteria. We’ve removed swimsuit and we’re focused on women’s careers. I’m hoping to use this throughout the United States to get young people, especially young girls, interested in STEM and STEM careers, and hopefully be a role model for them. Also to encourage both young girls and young men to be themselves and not change who they are for any situation that they feel like they need to fit in a box. Camille Shrier
For the talent round of this year’s Miss Virginia competition, most of the young female contestants chose to dance or sing. But not biochemistry graduate Camille Schrier. Instead of strutting her stuff, the 24 year-old performed a live experiment on stage – and was crowned the winner. Now the self-confessed « quirky scientist » has told Radio 1 Newsbeat she wants to « break people’s stereotypes ». Camille has two undergraduate science degrees and is studying a doctorate in pharmacy at Virginia Commonwealth University. She says her science experiment – which showed the catalytic decomposition of hydrogen peroxide – was a « big factor » in her win on June 22. At first Camille didn’t think she had a performing talent, but her mum encouraged her to show off her science knowledge. (….) She admits there is still « controversy » over these competitions but says Miss America have « re-branded » and are more « progressive » by focusing more on women’s achievements than appearances. Camille has been taking part in competitions like this since she was a teenager and wants to spend her year as Miss Virginia « advocating for STEM education. Her goal is to use the experiment that helped her win by showing it in schools. BBC
I am more than Miss Virginia. I am Miss Biochemist, Miss Systems Biologist, Miss Future PharmD looking toward a pharmaceutical industry career. Now was the time for me to create a mind shift about the concept of talent by bringing my passion for STEM to the stage. To me, talent is not a passion alone, but also a skill which is perfected over years of learning. Camille Schrier
Instruments are enchanting and singing is sublime but sometimes, to stand out, you gotta make stuff go boom. Camille Schrier was crowned Miss Virginia 2019 at the end of June, and for the talent portion of the competition, the 24-year-old biochemist showed off what she does best: Science. Schrier demonstrated the catalytic decomposition of hydrogen peroxide, a reaction that occurs when hydrogen peroxide comes in contact with a catalyst like potassium iodide, which Schrier used in her presentation. As she mixed the chemicals, large spouts of colored foam came shooting out of the beakers onstage, delighting the audience and obviously impressing the judges. (…) After her big win, Schrier said she hopes her onstage experiment helps change the conversation around talent and what it means to be a beauty queen. (…) Schrier is a graduate of Virginia Tech and is currently a Doctor of Pharmacy student at Virginia Commonwealth University. In keeping with her passion – and talent, – Schrier’s platform issue for the competition was opioid abuse awareness and drug safety. As Miss Virginia 2019, Schrier will compete in the Miss America Pageant in September. CNN
C’est un peu comme une école. On apprend à se coiffer, à se maquiller, à toujours se tenir droite, à être polie (… j’ai hâte de montrer tout ça à mes amis, à ma famille, à ma région (…) ça servira dans la vie de tous les jours… Juliette Aquilina-Reis
En dehors de la beauté, Miss France met en scène d’autres critères de sélections qui participent à légitimer le concours. Pour preuve, l’augmentation du niveau d’études des candidates ou leur implication quasi systématique dans une association. Par certains aspects, c’est un peu un baromètre de l’évolution de la société. Devenir Miss France n’est plus seulement une histoire de conte de fées, il y a bien sûr le rêve de se retrouver sur scène avec une belle robe, mais aussi l’accès à un milieu qui peut offrir des opportunités, des relations voire du travail. (…) Entre leurs premiers pas sur les podiums des élections départementales, avant l’été, et leur entrée sur le plateau de TF1 début décembre, les Miss apprennent beaucoup. Elles serrent des mains, rencontrent des gens, se racontent aux médias (…) Même au niveau local, les retombées sont visibles. A Charenton-sur-Cher comme à Paris, le concours fait son œuvre d’ascenseur social. Camille Couvry
Comme Camille Couvry le montre, il existe une différence entre la vision des femmes impliquées – qui trouvent libérateurs leurs engagements comme Miss – et un certain discours féministe très répandu qui voient dans les concours de Miss un paradigme de l’aliénation des femmes. Ce sont des problèmes politiques qui sont aussi au cœur d’autres théorisations de l’importance sociologique du corps et de la beauté comme celle de Catherine Hakim. Au niveau des rapports de classe, la thèse nous propose une sociologie des rapports de genre dans les classes populaires et la petite bourgeoisie ; au niveau du genre elle formule son questionnement à partir de la théorie de l’empowerment à travers la beauté (avec des points communs avec celle de Catherine Hakim dans Erotic capital) et, sur les rapports de domination internationale, la thèse propose une description des formes d’autonomie et d’hétéronomie sans ignorer ni les différences de ressources entre les agents, ni les manières d’établir un espace relativement libéré des modèles hégémoniques. (…) La thèse montre comment les concours de beauté ont une longue histoire avec des signifiés politiques divers. La tradition d’élections des beautés populaires – parfois pour célébrer l’esprit républicain : J’ajoute aussi que dans les années 1950 le Parti Communiste Italien organisait des concours de beauté (voir l’ouvrage remarquable de Juan José Gómez) – qui seront peu à peu concurrencés par des concours de beautés professionnels. Cela suppose des phénomènes de standardisation (propriétés physiques et création d’un certain circuit) et d’élimination des particularités locales et des modèles non conformes à la norme. Mais il reste toujours quelque chose qui se conserve : le contrôle de la conversation de la beauté comme une ressource, un atout ‘pur’. Il doit toujours composer avec les ressources culturelles, des propriétés de représentation collective, et des règles de bienséance et de pudeur. Peu à peu, l’exhibition du corps féminin joue un rôle plus important mais sans jamais renoncer à l’incarnation de quelque chose qui va au-delà de la beauté. Le corps ne joue jamais dans des marchés où il est la valeur exclusive. Cela me semble important à l’encontre de thèses comme celle d’Eva Illouz concernant l’existence d’une sorte de marchés corporels purs (par exemple dans Pourquoi l’amour fait mal ?). (…) La thèse nous montre des formes de beauté toujours enracinées dans des territoires et des cultures mais aussi orientées par des modèles hiérarchiques. Ces modèles ont tendance à les unifier comme si une sorte d’étalon-or agissait : un processus de normalisation est mis en place et des mesures sont construites autour du rapport taille/poids (p. 84) et de certains prototypes ethniques. Bien qu’il puisse exister des corrections à intégrer aux modèles (ainsi des marques ethniques des femmes de l’Inde), ils ont besoin d’intégrer le standard dominant. Les différents cadres de beauté peuvent contrecarrer partiellement le prototype hégémonique mais sans jamais détruire sa prévalence : ainsi une Miss Zimbabwe vaudra toujours moins qu’une Miss Amérique (voir aussi l’exemple de la Thaïlande). En tout cas, il existe des voies de contestation des patrons hégémoniques : par exemple avec le concours des femmes musulmanes. Enfin, la disponibilité technique du corps – cf. les techniques de chirurgie – a ouvert une voie importante à l’incorporation des modèles dominants. Malgré cette tendance, jamais complète, la beauté se présente comme quelque chose de plus profond lié à des compétences qui seraient en rapport de contiguïté. La respectabilité peut se décliner de plusieurs façons : contrôle de la sexualité des Miss et de leur procréation (p. 104), bourses d’études pour ennoblir le concours…. (…) On ne peut pas contester que la beauté sert de mode de mobilité sociale et peut donner des pouvoirs aux femmes. On ne peut pas discuter non plus du fait que la beauté puisse libérer les femmes des univers centrés sur le mariage et l’enfermement dans la maison. Sans aucun doute, la valorisation capitaliste du corps féminin est plus libératrice que la gestion presque féodale du lignage féminin et un marché des corps plus ‘ouvert’ peut offrir plus de possibilités que la gestion patriarcale d’une famille en Inde. Mais je crois que tous les groupes dominés ont des vertus assignées. Elles sont, comme le soulignait Pierre Bourdieu, ambiguës (cela vaut pour la force prolétaire ou la beauté féminine) et peuvent glisser très vite des louanges au stigmate. En outre, les ressources avec lesquelles se jouent les possibilités des dominés limitent aussi leurs options : le temps investi pour leur corps signifie moins de temps pour la lecture, les études, la politique, autant d’activités qui pourraient donner accès à d’ autres milieux. Bien sûr l’accès à la politique peut se faire à partir de la beauté, mais pas de la même manière que si on le fait par militantisme… (…) par rapport à la possibilité d’un Capital Erotique (selon la théorisation de Catherine Hakim), les concours des Miss apparaissent comme un processus d’institutionnalisation. On pourrait utiliser l’analyse des composantes dudit capital pour voir quelles dimensions du capital corporel sont travaillées. On travaille la grace, l’élégance, mais aussi la manière de s’habiller, l’identité, le relationnel. Pour utiliser des analogies avec les états du capital culturel, on dirait qu’on travaille des dimensions incorporées du capital érotique mais aussi les produits de beauté et les vêtements (on pourrait dire, un capital érotique objectivé) avec l’objectif d’arriver à un titre (un capital érotique institutionnalisé). Ça aurait aidé à préciser les apports de la thèse grâce à un lien plus étroit entre les données empiriques, riches et détaillées et le cadre théorique. (…) la beauté joue un rôle même s’il n’est pas reconnu c’est-à-dire, qu’il s’agit d’un capital qui doit s’associer à d’autres capitaux pour pouvoir agir sans que l’individu perde sa légitimité. Il reste à analyser comment la beauté peut jouer ce rôle dans le journalisme ou les petits boulots, ce qui supposerait une étude des conditions d’exercice du métier qui mettent en valeur la beauté (ou telle dimension de la beauté). Il faudrait explorer les transformations techniques du métier de journaliste et aussi la composition des petits boulots qui permettent de faire valoir la beauté – telle qu’elle était définie par les concours mais qui peut être en discordance avec d’autres formes de bien paraître mobilisées dans le cadre du travail. Ce dernier point exigerait une analyse de la production des compétences des travailleuses et des formes de définition de ce que Marx appelait le ‘capital variable’. Une désagrégation des composantes de la beauté (au niveau du corps, du capital culturel objectivé, des composants techniques du travail) aiderait à voir en quoi la beauté peut – ou non – jouer un rôle et, dans quelles conditions. Moreno Pestana
Dès le Moyen Age, on célèbre les Reines de mai, un rite qui prépare au mariage, ou encore les rosières, élues pour leur vertu. A la fin du XIXe siècle émergent aussi les Muses du peuple qui valorisent le peuple et le travail, et des reines locales un peu partout, dans le cadre des fédérations, des unions de commerçants, des associations sportives. Durant le XXe siècle, la rosière combattante et travailleuse devient plus étroitement liée aux revendications du peuple et symbolise la lutte des classes populaires. Citons encore les reines des lavoirs, les Catherinettes, les reines des groupes folkloriques où l’on retrouve, comme chez les Miss actuelles, un attachement au territoire et aux coutumes locales. Il y a toujours une ambiguïté dans ce type de concours, l’appréciation du physique se mêle à l’appréciation de la vertu des jeunes filles. La moralité est un critère et un symbole, comme l’attestent l’engagement caritatif des Miss France et le sérieux qu’on attend d’elles : elles ne sont pas censées poser nues et c’est pour cela qu’il y a des scandales chaque fois que cela arrive. Les élections de miss privilégient une taille plus grande que la moyenne des Françaises. Au début du XXe siècle, elles apparaissent à un moment où on tente de définir de manière chiffrée des standards idéaux de beauté. L’évaluation consistait à séparer les parties du corps et à prêter une attention particulière au visage, à la taille, au cou, à la jambe, aux dents en tant que parties indépendantes les unes des autres. L’arrivée des concours coïncide aussi avec une période où le corps se dénude dans l’espace public. Aujourd’hui, il s’agit d’évaluer l’attraction globale des candidates et de prendre en compte le corps en mouvement (le tonus, la grâce, le déhanché, la démarche). (…) Le concours de Miss America aux Etats-Unis a été initié par une association d’hôteliers, des hommes, sur les plages d’Atlantic City pour attirer des touristes à la fin de la période estivale, avec une notion événementielle et marchande. Le défilé en maillot de bain est introduit, ce qui implique une prise en compte plus importante des formes du corps dans l’appréciation. En France, le concours de la plus belle femme est organisé dans les années 20 et l’appellation ‘miss’ va être reprise en 1927. De 1920 jusqu’aux années 60, les concours de miss se développent essentiellement dans les villes côtières et vont petit à petit prendre le relais des élections de reines dans les terres. Et en 1954, Geneviève de Fontenay et son mari vont faire des élections de miss une véritable entreprise nationale et médiatique avec, en 1986, la retransmission du concours à la télévision, etc. (…) Il y a aujourd’hui en effet moins d’élections de miss de villes ou de villages qu’il n’y avait d’élections de reines et de miss, toutes confondues, avant les années 70. Mais on assiste paradoxalement à une diversification des concours car le format des élections de miss est décliné pour d’autres profils de candidat(e)s : les mini-miss, les élections de mister, les miss ados ou repris par des publics qui cherchent à faire valoir un droit à la beauté en adaptant le concours à leur cause, par exemple les élections de Miss Ronde, Miss XS, Miss Black. Aucun de ces concours n’échappe vraiment à la beauté en tant que valeur : il y a négociation des critères sans remettre en cause le principe de la beauté comme catégorie de classement. Mais le format des concours est utilisé dans un but quasi politique pour faire valoir un droit à la reconnaissance (…) Il y a eu des concours pour hommes dès le début du XXe mais ce sont les concours pour femmes qui ont eu le plus de succès, donc ils ne se sont pas vraiment développés. Il existe quand même des différences, parce que ces concours ont tendance à mettre en valeur des attributs féminins ou masculins spécifiques, donc à montrer des identités de sexes distincts. On attendra plutôt des femmes la beauté, le sourire, la robe, le maquillage, une taille de 1,70 m. Pour les hommes, ce sera plutôt le corps sportif, performant, capable de repousser ses limites qui sera valorisé. Dans les deux cas, on cherche à mettre en avant un modèle de réussite, avec l’idée que les femmes comme les hommes qui sont candidats sont sérieux, ambitieux et de bonne moralité, fair-play. Camille Couvry
[Bess Myerson’s] Miss America win (….) marked a groundbreaking moment in how the country viewed Jews, especially Jewish women.(…) Her post-crown fame, though, only further begs the question: Why has there not been another Jewish Miss America since 1945? (…) There isn’t a single or straightforward way to answer this question. For starters, it may be as simple as statistics. As of 2013, Jews make up 1.8 to 2.2 percent of the adult U.S. population. As a pure numbers game, there probably wouldn’t be a Jewish Miss America more than once every 50 years. The seven-decade stretch could be a statistical fluke. (…) The movement towards the kind of racial and cultural diversity Miss America is moving towards may be a better explanation for why there hasn’t been a Jewish woman crowned recently. “Diversity comes into people’s consciousness, as a business concern, in the 2000s, and Jews aren’t ‘diversity’ by then. They are [considered] just white,” said Greenblatt. “To show diversity, you need something more ‘exotic.’” There may be another, blunter explanation for the lack of Jewish Miss Americas, namely women of the tribe may simply not be competing as much. This hypothesis is anecdote-based, as I cannot tell from name alone which Miss America contestants on record were Jewish to test this theory. However, a fairly common facet of American-Jewish culture is being reared with an emphasis on education, studies, and professionalism. Even the hot Jewish women I mentioned above did something a bit more “intellectual” than pageantry: acting. The Jewish woman who has come closest to winning Miss America most recently, Loren Galler Rabinowitz, said she “absolutely agrees” that competing in the pageant doesn’t fit with the traditional Jewish-American emphasis on education and intellectual pursuits. Rabinowitz, who was Miss Massachusetts and competed in Miss America in 2011, says her own family and community were surprised when she decided to compete (a decision, which, like Myerson’s, was fueled by a desire to fund her education). “I’m not so sure that’s changed since Bess Myerson. If you read the reactions, she was billed as ‘Beauty and Brains.’ The idea you could be smart and involved in pageants was novel then, and it’s novel now,” said Rabinowitz. “Just like the stigma Jews have faced, so have pageants with the idea that it’s just about being a pretty face.” Myerson herself appears to have bought into that stigma, offering mixed to negative views on the Miss America pageant. When asked if she would enter Miss America all over again in 1980, she stressed that she entered the competition to save money to pursue her music studies. “Having a great desire to be a concert pianist and not having the money to buy a big black Steinway piano? I sure would,” she said. In 1995, Myerson made a point not to attend the 75th anniversary of the Miss America pageant. She was emphatic when asked if she’d let her own daughter compete: “No! I’ve got the money to buy her a piano.” Like most Jewish mothers, Myerson thought her daughter could do better. The Daily beast
Porter les couleurs et le nom de l’Espagne devant l’univers est mon plus grand rêve. Mon objectif est de devenir la porte-parole d’un message d’intégration, de respect et de diversité, pas seulement pour la communauté LGBTQ, mais aussi pour le monde entier. Angela Ponce
Angela Ponce dit s’être sentie femme pour la première fois à l’âge de 3 ans, révèle le Daily Mail. Vingt-trois ans plus tard, elle s’apprête à participer à Miss Univers, un concours ouvert aux personnes transgenres depuis 2012. Le tout, près d’un mois après l’annonce faite par le concours Miss America, qui entend supprimer les passages en bikini lors de la compétition, au profit de la présentation d’un projet humanitaire. Preuve qu’un vent nouveau souffle désormais sur les concours de beauté… Le Figaro
Angela, who is 181 centimetres (5 feet, 9 inches) tall, was crowned Miss Universe Spain at the same time as the Lesbian, Gay, Bisexual, and Transgender (LGBT) community’s celebration of Pride Month. The beauty queen, who says she first identified as a woman at the age of three, will now represent Spain at Miss Universe 2018 at a date yet to be set… The Daily Mail
One of the more fascinating aspects of beauty pageants is that virtually everyone involved with pageants, including the contestants, deny that beauty is the driving force behind the pageant. This denial is stunning, considering that the events are called, after all, beauty pageants. Beauty is a four-letter word in the pageant business. But it wasn’t always that way. Up until the 1960’s, no one seemed to have a problem acknowledging the importance of « beauty » in beauty pageants. It was during that decade that feminists became particularly vocal in their criticism of judging beauty, especially within the context of a beauty pageant. (…) debutante balls, unlike the more egalitarian and working class ritual of beauty pageants, are more controlled and influenced by money than looks alone, though beauty is a dominant factor in both. Anthony Napoleon
Beauty pageants are an extension of the competition between women that begins at birth. All women are in competition with other women to get themselves a good husband. Alfred Patricelli (Miss World-USA)
Les statistiques, c’est comme le bikini: ça donne des idées mais ça cache l’essentiel! Aaron Levenstein (repris par Coluche)
Well, obviously it’s great outer beauty. I mean, we could say politically correct that look doesn’t matter, but the look obviously matters. Like you wouldn’t have your job if you weren’t beautiful. Donald Trump (2014)
It is a well-established view amongst economists that good-looking people have a better chance of employment and can earn more than those who are less physically attractive. A “beauty premium” is particularly apparent in jobs where there is a productivity gain associated with good looks, though this is different for women and men, and 
varies across countries. People also sort into occupations according to the relative returns to their physical characteristics; good-looking people take jobs where physical appearance is deemed important while less-attractive people steer away from them, or they are 
required to be more productive for the same wage. (…) There is substantial empirical evidence that supports the existence of employer discrimination against less-attractive or short workers. In theory, there could be two reasons why employers may choose to avoid working with less-attractive people. First, employers may believe that physically attractive employees are better workers and are more productive. This is the stereotypical view that better-looking people might be more capable at performing their tasks, and does not take into account the innate ability of workers. Second, employers may simply prefer to work with individuals who are more pleasing to look at, even though they do not have any overt prejudice regarding their abilities as workers (“taste-based discrimination”). (…) There is evidence that, in an experimental setting, more-attractive people receive additional call-backs from employers compared to people who are deemed to be less-attractive. (…) As a result, less-attractive or unattractive workers may have to accept lower wages for the same level of productivity as attractive people. Or, alternatively, they will need to be more productive for the same wage. Another explanation for why people’s looks could affect their labor market outcomes is “customer discrimination.” In some occupations, where looks are deemed to be important, physically attractive workers may be more productive than unattractive ones. These occupations might include, for example, salespeople (e.g. in cosmetics or car dealerships); actors; sales assistants; waiting staff, etc. Such occupations generally require extensive worker–customer engagement and interaction. Therefore, if customers prefer to interact with physically attractive workers this could generate advantages in terms of workers’ productivity and thus customer satisfaction. (…) Attractive salespeople generally enjoy the benefits from this type of customer “discrimination.” Purchasers interacting with an attractive salesperson are more likely to book an appointment for a demonstration and, as a result, are probably more likely to go on to purchase the product. Moreover, perceptions of attractiveness appear to induce buyers to behave more favorably toward better-looking sellers. (…) Evidence also indicates that workers appear to “sort” themselves into occupations according to their looks. Individuals who are relatively more endowed with physical beauty seem to concentrate in occupations where the payoff to appearance is high. These occupations usually require very extensive interactions with customers (such as sales assistants), where the effect of physical appearance can be quite significant. Thus, overall, attractive people tend to work in jobs where appearance is important, while less-attractive individuals prefer professions that do not demand good looks. (…) The empirical evidence suggests that good-looking women cluster in managerial and administrative types of jobs and are less likely to be found in blue-collar jobs, such as operative or skilled-craft occupations. (…) A different strand of literature has focused on the extra return to beauty on wages as a result of the fact that good looks may be related to other labor-market-enhancing skills, such as communication skills, confidence, leadership capabilities, test scores, etc. Such skills are valued in the labor market and could have an enhancing effect on physical appearance. They could also effectively increase a worker’s productivity and thus their payoff in the labor market. Research has found that cognitive and non-cognitive skills that have been acquired during secondary education also prove to be important in future labor market outcomes. These include test scores, college enrollment, social behavior, employment, occupational attainment, and wages. Different activities in secondary school contribute to the development of these skills during adolescence, via socialization or other high-school activities. For example, a child who is good looking tends to be given more time and attention by teachers and peers. This suggests that physical attractiveness at younger ages already contributes to the development of the individual’s human capital and investment in future employment. Similarly, attractive and/or tall adolescents are more likely to take part in extracurricular activities at secondary school, such as sports and general interest clubs. Participation in these activities results in a relatively higher acquisition of confidence compared to other peers and this in turn promotes higher future wages. Since good looks may be correlated with cognitive/non-cognitive skills, research estimates could be biased toward the effect of attractiveness. In order to accommodate this, some studies have included IQ scores, secondary school activities, and, if the data permits, the “big five” personality traits (openness, conscientiousness, extraversion, agreeableness, and neuroticism). In general, better-looking individuals exhibit better communication skills, have more confidence, and are more extroverted. These skills most often translate into higher wages. However, one study compared the effects of beauty and confidence measures in Germany and Luxembourg and found wages to be driven more by looks than self-esteem. More attractive young adults also exhibit a lower tendency toward criminal activity, which is again explained by higher student human capital development during high school. Physical attractiveness at the secondary school and university levels has been shown to be correlated with better individual cognitive skills, such as higher test scores and superior study performance. Good looks and capabilities—those qualities/characteristics that would allow you to perform well at your job—have also been found to be complementary at high levels of physical attractiveness, but substitutable at low levels. This means that for attractive individuals an increase in their capabilities would increase the wage premium, while for less-attractive individuals there could be negative returns to capabilities. Women and men differ in the way they make their decisions to participate in the labor market. Consequently, the effect of “attractiveness” on labor market outcomes also differs for the two groups. At the same time, an individual’s physical appearance results in different opportunities for men and women in the labor market. For example, for some occupations (such as sales assistants, waiting staff, television presenters, etc.), good-looking women will have a higher probability of obtaining a job and securing a higher wage than less-attractive women. In addition, better-looking women might be more likely to work in the first place because they are more confident that they will find a job. Since beauty is very likely to enhance their productivity at work, women will also be more inclined to take advantage of this opportunity. However, less-attractive women, given the payoff to good looks, will be more likely to avoid entering the labor market precisely because of the perceived disincentives. (…) In addition, since women may be self-selecting into the labor market according to their good looks, this may alter the distribution of good looks that we observe in the labor market. In other words, better-looking women are more likely to take jobs, while less good-looking women are more likely to stay out of the labor force. As a result, there is less beauty variation in the labor market among women and so the payoff to good looks for women will be smaller. However, the same does not hold true for men. In their case, selection based on physical appearance is smaller and they have higher labor force participation rates in general. This suggests that, in theory, they will also have larger premiums due to good looks compared 
with women. However, with the increased labor force participation of women, the gap in the effect is expected to decrease. This argument is supported by empirical studies from different countries and using different data. For example, studies in the US and Canada report that less-attractive men incur a 9% penalty in hourly earnings, while those who are deemed as having above-average attractiveness receive an earnings premium of 5%. Women, on the other hand, receive a lower beauty premium than men of around 4%, and a similar plainness penalty as men of about 5% in hourly earnings. Other research that captures information about good looks at younger ages indicates that men who are rated as “homely” at both age seven and 11 incur a large and significant pay penalty of 14.9% later in life. This pattern also applies to their female counterparts, with a lower penalty for plain looks of about 10.9%. Within occupations, effects for men are also stronger than for women. Accordingly, men receive higher premiums or penalties than women. One study shows that good-looking men receive higher salaries at the beginning of their careers and continue to earn more over time. Women’s starting salaries, however, do not exhibit a beauty effect; but better-looking women do earn more with experience than their average-looking counterparts. Examining payoffs of law school graduates from the 1970s and 1980s finds that even five years after graduation there is still a statistically significant effect of physical appearance on male, but not on female, wages. (…) There is some cross-country variation in the beauty–wage premium and penalty. Good looks lead to a wage premium in most of the countries examined. The highest beauty premiums are present in Germany and China. And the return is particularly large for women. British and Australian studies show the largest penalties for “below-average” looks . In the UK, however, individuals do not receive a wage premium for good looks, while in Australia, good-looking women also do not receive a positive wage effect for physical appearance. This similarity in the payoff of physical appearance in the two countries may be a result of similarities in their historical economic structures, as well as in their cultures. Eva Sierminska
Since the late ’80s, Miss America has been adjusting its image to maintain relevance and keep viewership. Part of that is about the culture around it. At some point people didn’t need to see scantily clad ladies on the stage anymore — they could see it on their computers. Margot Mifflin (City University of New York)
Sans mon QI, je n’aurais pas été invitée. Je n’y croyais pas quand on me l’a dit. Quand je suis rentrée chez moi et que je l’ai dit à ma mère elle n’a pas réalisé. Mais quand mon professeur l’a appelée pour expliquer les résultats on a compris que c’était une bonne chose. (…) J’ai vraiment hâte d’y être. Plus la soirée approche, plus je suis excitée et stressée. Je pense que ça va passer au moment du bal. Je vais essayer d’en profiter au maximum et de ne pas me prendre la tête. Ce qui m’effraie, c’est de me retrouver dans un univers totalement nouveau pour moi mais je vais faire ce que je peux. Lauren Marbe
C’est une tradition de la noblesse européenne qui revit depuis quelques années. Lors du Bal des Débutantes samedi, une vingtaine de jeunes filles « bien nées » d’horizons différents feront leur entrée dans l’aristocratie sous les lambris de l’Automobile club de France. Parmi elles, Lauren Marbe, une jeune Anglaise qui participera à son premier Bal. Du haut de ses 17 ans, son profil tranche avec celui des autres filles : son quotient intellectuel est plus élevé que celui d’Einstein. Avec 161 de quotient intellectuel, Lauren Marbe fait figure de surdouée. Samedi, Lauren participera à son premier Bal. Une intronisation dans le monde, selon la formule consacrée, que la jeune fille attend avec impatience. RTL
La richesse n’est pas un critère de sélection. Tout est payé par les sponsors donc peu importe la fortune de ces jeunes filles. Ce qui compte le plus, c’est de réunir des familles d’univers différents. (…) Nous choisissons essentiellement des jeunes filles bien éduquées et studieuses, qui font de bonnes études. (…) [la valse] C’est ce qui effraie le plus les filles. Certaines prennent des cours à l’avance pour apprendre à danser la valse. Nous n’organisons qu’une seule répétition de deux heures le vendredi soir, veille du bal. Ophélie Renouard
Elles ont déjà tout et pourtant elles rêvent de ce bal depuis qu’elles sont toutes petites. Inspiré d’une tradition aristocratique européenne, le Bal des débutantes de Paris, le plus renommé, donné cette année au profit de l’association Enfants d’Asie, se déroulera, samedi 30 novembre, à l’Automobile Club de France. Ce grand évènement mondain permet à vingt jeunes filles d’une douzaine de pays, triées sur le volet, de faire leur « entrée » dans le monde, comme l’exigeait le protocole dans les cours royales. Principales conditions d’éligibilité : avoir entre 16 et 22 ans, être jolie et surtout pouvoir rentrer dans les robes prêtées par les maisons de haute couture comme Dior, Chanel ou Armani. Autant dire que passé le 38, c’est fichu. Mais ces trois conditions ne suffisent pas. Si vous voulez danser la valse avec le gratin ou goûter aux petits plats du chef étoilé Christopher Hache, il vous faudra correspondre à un ou plusieurs des critères suivants. Rares sont les élues à pouvoir enfiler les Louboutin pour participer au Bal des « déb ». Tradition oblige. A l’origine, les jeunes filles issues de la noblesse du Royaume-Uni attendaient impatiemment leur dix-huitième anniversaire afin de se présenter devant la reine au bras de leur père. Si vous descendez d’une grande famille aristocratique ou, mieux, d’une famille royale, il vous sera donc plus facile de décrocher une invitation. Cette année, la Grande-Bretagne est représentée par Lady Amelia Windsor, dont le grand-père est Edward, duc de Kent et cousin germain de la reine Elizabeth II. Aux côtés de ces jeunes pousses de l’aristocratie, les filles d’acteurs et de réalisateurs sont de plus en plus souvent invitées. Samedi, Romy David, fille du producteur et acteur américain Larry David, sera de la partie. Ces dernières années, les filles de Rosanna Arquette, de Luc Besson, de Bruce Willis, de Clint Eastwood, de Sylvester Stallone ou encore d’Andie MacDowell ont pu s’illustrer à la valse, sous les ors de l’hôtel de Crillon. Mais les filles de riches industriels ou d’hommes d’affaires ne sont pas en reste. Zoe Springer, petite-fille, très tatouée, du magnat de la presse allemand Axel Springer, compte parmi les débutantes de 2013. (…) Cette année, le rôle de Cendrillon sera tenu par Lauren Marbe, dont Paris Match a fait le portrait. Cette fille d’un chauffeur de taxi londonien aura l’occasion de découvrir un monde qu’elle côtoie peu. Invitée pour son talent et non pour son patronyme, cette lycéenne britannique de 17 ans est devenue célèbre pour son QI Mensa de 161, supérieur à celui d’Einstein. Aussi riche, célèbre et « fille de » soit-elle, Paris Hilton a été recalée du Bal des débutantes. Pas assez classe pour participer. La plupart des filles ne postulent même pas pour être choisies. L’organisatrice Ophélie Renouard s’enorgueillit d’avoir acquis, au fil des ans, un réseau suffisant pour pouvoir inviter les jeunes filles « bien nées » du monde entier. Mais quelques audacieuses tentent malgré tout leur chance et se voient régulièrement refuser l’entrée. Ophélie Renouard, qui a toujours le dernier mot sur le choix des « déb », reçoit près d’une centaine de candidatures par an. (…) Cette année, c’est Kyra Kennedy, la petite-nièce du président John F. Kennedy (ici interviewée par Paris Match), qui ouvrira le bal au bras de son père. Même si une ambiance musicale plus moderne succède aux valses, vers la fin de la soirée, il vaut donc mieux avoir pris quelques cours pour ne pas se prendre les pieds dans sa robe Chanel. Pas de bal sans cavaliers, bien sûr. Les filles ont le choix d’amener le leur. « Avant, la moitié des filles venaient accompagnées. Dorénavant, elles sont paresseuses et la plupart préfèrent que je trouve moi-même leur cavalier », s’amuse Ophélie Renouard. Si vous êtes beau, riche, bien élevé et de bonne famille, vous avez une chance d’être choisi. Parmi les chevaliers servants, cette année, Anthony Ghosn, 19 ans, fils du PDG de Renault Carlos Ghosn, arrivera au bras d’une jeune Hongkongaise. Amaury de Bourbon-Parme et Pierre de L’Espée, deux jeunes aristocrates, sont eux aussi conviés. Les cavaliers qui font forte impression sont invités à revenir d’une année sur l’autre. France info
It’s a night filled with glamour and excitement and, of course, gorgeous gowns. Any girl would enjoy being dolled up and trying on fabulous gowns. When I tried on the [Dior couture] gown, I instantly knew it was the one. I love the gorgeous beadings and intricate details such as pockets on each side, which are perfect for a lip gloss and an iPhone. It also comes with a tuxedo jacket, which gives the gown an edge. Eleanor Liam
A deb needs to be well educated and well-mannered. If she needs an etiquette lesson, she won’t be on my invitation list. (…) The purpose of having the ball in Shanghai is to catch up on the international trend. Chow Wong (daughter of Beijing opera master Zhou Xinfang)
You have the ball in Paris, London, New York and now Shanghai, a city with so much history and heritage to offer. I’m proud to be Chinese … the event was memorable and out-of-the-ordinary. Soo
The introduction of international debutantes enhances the social life and experience of all participants. It also [promotes] international understanding. London Season organiser Hallam-Peel.
In this age of Facebook and other social media, these girls don’t need to be introduced to society. The event now serves as their couture and media premiere. Even if they come from privileged families, they might not have tried a couture gown or worn fabulous jewellery, and most of the time, they have not been [featured] in the media. Ophélie Renouard (founder of Parisian Le Bal)
Eleanor Lam is no stranger to high society’s glitter and glamour. Her father is entertainment tycoon Peter Lam, and her mother is actress-turned-socialite Lynn Hsieh. Lam is used to being in the spotlight but, even for her, the Parisian Le Bal des Débutantes was a once-in-a-lifetime experience. (…) Lam was among the 24 young women from around the world invited to the ball held last November at the heritage Hotel Raphael in the heart of Paris. On the night of the ball, the debs (debutantes) were dressed in lavish haute couture gowns created by top fashion houses the likes of Dior, Elie Saab and Giambattista Valli. After spending hours with a small army of make-up artists and hairstylists to perfect their looks, the debs make their entrance on the arms of their cavaliers and waltz the rest of the night away. While the original purpose of debutante balls – to introduce well-presented young women from upper-class families to society as well as to potential husbands – might have lost its cultural relevance, modern debutante balls have reinvented themselves as highly exclusive social networking events that not only appeal to eligible socialites, but also to luxury brand sponsors. The tradition has been reinvented in Paris, London and New York, and has even sparked new editions in Shanghai. In addition to the Parisian Le Bal, another prominent debutante ball in the 1960s and ’70s – The London Season – was revived by former deb Jennie Hallam-Peel in 2007. In 2011, Hallam-Peel helped Chinese socialite Vivian Chow Wong launch the Shanghai International Debutante Ball. The first edition of the Shanghai ball took place at the heritage Waldorf Astoria hotel on the Bund and has since moved to the nearby Peninsula Hotel. Luxury brands such as jeweller Chaumet and French luxury beauty brand Guerlain are among the headline sponsors for the event. (…) Le Bal, named one of the top 10 parties in the world by Forbes, was created by Renouard in 1992. It puts a modern spin on the traditional ball by bringing in French couturiers and high jewellers to dress the debs. (…) Le Bal has since grown into a party of the year, where European aristocrats mingle with heiresses of Asian and Russian billionaires, politicians and international stars. Among the debs were actor Sylvester Stallone’s daughter, Sophia Stallone; musician Phil Collins’ daughter, actress Lily Collins; Britain’s Lord Ivar Mountbatten’s daughter, Ella Mountbatten; and former Italian prime minister Silvio Berlusconi’s daughter, Barbara Berlusconi. The purpose for the debutante balls might have shifted, yet the selection of debs remain ultra-exclusive. Family background naturally comes first in the screening process. To be invited to the Le Bal, for example, Renouard says the debutante has to be very special. « Her looks, style, lineage or achievements [have to be outstanding]. (…) Family background, however, isn’t the only requirement, Renouard adds. In 2013, for example, Lauren Marbe, the then-17-year-old daughter of a British taxi driver, was invited because she has an IQ of 161 – higher than that of Albert Einstein. Lavish experience and networking aside, being part of the stellar event also helps to boost the debs’ CV – which makes the invitation to the exclusive balls a sought-after ticket for the world’s rich and famous. (…) Debutante balls have opened up to Asian socialites in recent years, addressing the booming Asian economy and the region’s ultra-high-net-worth individuals. Parisian Le Bal first included Asian debs in 2003 with the participation of Wan Baobao, granddaughter of Wan Li, former chairman of the China’s National People’s Congress, as well as Penelope Pei-Tang from China and Candy Soo from Singapore. (…) Putting Asia on the map also helps raise awareness of debutante balls. Although it takes place in China, Chow Wong says the Shanghai International Debutante Ball is an international event, hence only two to three Chinese debs are included each year. (…) Recent Asian debs include Jen Hau, daughter of Taipei’s former mayor Hau Lung-bin, and Annie Liang, a descendant of famous Chinese scholar and philosopher Liang Qichao. (…) Recent Asian debs include Jen Hau, daughter of Taipei’s former mayor Hau Lung-bin, and Annie Liang, a descendant of famous Chinese scholar and philosopher Liang Qichao. Vivian Chen
Nous ne sommes plus un concours de beauté, nous sommes une compétition. Gretchen Carlson (gagnante 1989, présidente du conseil d’administration de la Miss America Organization)
Le nouvel objectif de Miss America est de préparer de grandes femmes pour le monde, et de préparer les grandes femmes au monde. Regina Hopper (présidente de Miss America)
Aux États-Unis, le comité d’organisation de Miss America a fait paraître une annonce importante, ce mardi 5 juin. À compter de la prochaine édition de la compétition, qui doit se tenir le 9 septembre à Atlantic City, les participantes ne défileront plus devant les juges ni en maillot de bain, ni en robe de soirée. À la place, les 50 concurrentes de chaque État devront se présenter pour parler de leurs passions, de leurs engagements, de leur motivations et de leur vision du poste auquel elles aspirent de la manière qu’elles souhaitent. Autrement dit: dans des vêtements avec lesquels elles se sentent à l’aise et en sécurité, afin que leur tenue vestimentaire ne détourne pas l’attention de leurs propos. (…) En France, lors de la dernière cérémonie, plusieurs internautes s’étaient offusqués sur les réseaux sociaux et avaient dénoncé l’aspect sexiste des défilés de Miss en maillot de bain. Cette annonce pourrait-elle s’appliquer dans l’hexagone? Il semblerait que non. Contactée par Le HuffPost, Sylvie Tellier, ancienne détentrice du titre et actuelle directrice de la société Miss France, confirme que ce n’est pas à l’ordre du jour. (…) D’après les propos de Gretchen Carlson, actuelle présidente du conseil d’administration de l’organisation américaine, rien n’empêche les prétendantes au titre de défiler de la sorte. C’est à elles-seules de décider de la tenue dans laquelle elles veulent apparaître: en jean, en jupe, en robe, ou en bikini. Ça ne dépend que d’elles. Huffpost
Le concours de Miss France rassemble de nombreux téléspectateurs. C’est un programme qui fédère et plaît beaucoup aux Français. Ils sont attachés à ces éléments, aux robes de princesse, notamment. Pour reprendre les propos d’Eva Colas [Miss Corse 2017, NDLR], on peut défiler en maillot de bain et être féministe. On n’a jamais obligé une jeune femme à faire ce qu’elle ne voulait pas faire. Elles sont libres de choisir le maillot de bain ou la robe qu’elles veulent porter. Ce n’est pas une révolution. Qu’est-ce qui se passe si une concurrente a envie de défiler en maillot de bain? Sylvie Tellier
J’ai du mal à saisir le sens de ces déclarations. Si ce n’est plus un concours de beauté alors il faudrait définir ce que c’est. Une compétition d’éloquence, de talent, de chant ? Ce sont des costumes qui font partie du spectacle. Nous sommes là pour offrir du beau et transmettre le folklore de cette élection. (…) Avant le test de culture générale importait peu, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. La future Miss France a un rôle d’ambassadrice même si on ne fait pas de politique. (…) L’interview au micro fait souvent basculer les voix, preuve que les téléspectateurs ne sont pas uniquement dans une recherche esthétique. (…) c’est surtout le reflet de la massification scolaire. (…) Je connais bien l’élection de Miss USA, à ne pas confondre avec l’élection de Miss America qui est moins médiatisée. C’est peut-être un levier d’action pour revenir sur le devant de la scène. Sylvie Tellier (directrice de l’Organisation Miss France)
Cette élection sera un moment pour prendre la parole et sensibiliser les téléspectateurs sur les violences faites aux femmes. (…) L’élection de Miss France, c’est quand même trente jeunes femmes en direct à la télévision pendant trois heures, à une heure de grande écoute. C’est l’occasion de parler de la femme et de dénoncer les violences faites aux femmes qui sont encore beaucoup trop importantes en France aujourd’hui et dont on ne parle pas assez. (…) Miss France 2018 permet de soutenir des causes et de les faire avancer, la prise de parole des Miss au Pérou en est la preuve. Elles agissent à leur niveau pour améliorer la condition féminine. Sylvie Tellier (directrice générale de la société Miss France)
Il est dommage que la seule soirée de l’année dédiée aux femmes à la télévision, cultive l’idée de la femme objet. L’élection Miss France est un concours qui repose sur des critères de beauté réducteurs et ridicules. Il serait plus judicieux de valoriser les talents, plutôt que des stéréotypes physiques irréels. Raphaëlle Rémy-Leleu (Osez le féminisme)
Des body moulants et flashy au décolleté plongeant ont remplacé les maillots de bain deux pièces. En effet, pas de défilé en bikini cette année. À la place, les douze demi-finalistes du concours Miss France 2019 ont enfilé des tenues de super héroïnes… très sexy. Façon Wonder Woman, elles ont déambulé sur la scène du Zenith de Lille, capes couvertes de slogans féministes sur le dos. «Yes women can» (traduction : «Oui, les femmes peuvent») ou encore «Fight for your rights» («Battez-vous pour vos droits») a-t-on ainsi pu lire. Le tout sur les musiques des Spices Girls, «Wannabe», ou encore des Destiny’s Child, «Survivor». Sur scènes, les candidates ont été rejointes par Miss France 2018 Maëva Coucke, en body argenté, avec une cape simplement ornée des mots «Miss France». Paris Match
Ne pas être mariée, ne pas avoir d’enfant, ne pas avoir de tatouage, mesurer 1,70 mètres minimum et avoir moins de 26 ans font partie des règles imposées aux candidates et jugées archaïques et sexistes par les associations. L’Express
C’est en tout cas ce qui permet de rendre le concours socialement plus acceptable. (…) Il y a une injonction à affirmer son ‘je’. Il faut être capable de monter sur scène et prouver que l’on est la meilleure, que l’on est engagée. Pour le moment ce tempérament self-woman est surtout américain, dans la version française nous n’avons d’ailleurs pas de compétition de talents. (…) On veut que la question du jugement esthétique soit plus floue, mais elle ne recule pas. Elle est simplement davantage combinée à la personnalité. Camille Couvry
Je pense qu’un maillot une pièce ouvert sur les hanches et couvrant un peu plus les fessiers éviterait que les candidates deviennent des exhibitionnistes. Geneviève de Fontenay
Encore une fois, le corps des femmes est un objet, comme dans la publicité. Ce sont des corps souvent nus, et l’épreuve du maillot de bain est celle qui est la plus attendue. Éléonore Stévenin (Osez le féminisme)
Il est très curieux qu’en 2016, on éprouve encore le besoin de mettre en concurrence des femmes non pas sur des critères intellectuels ou de mérites, mais sur des critères purement physiques. Le plus problématique est que le concours Miss France, ultra médiatisé, impose des stéréotypes physiques irréels, sans compter le culte de la pureté avec des concurrentes sans petits amis. Cette mise en concurrence à une heure de grande écoute, entraîne beaucoup de souffrance pour d’autres femmes qui ne font pas 1,75m pour 50 kilos. Claire Serre-Combe (Osez le féminisme)
C’est un concours de beauté avec juste une limite de taille. Les critères ne sont pas seulement physiques. Sylvie Tellier
Ces concours se présentent comme de véritables fabriques : le corps des jeunes femmes est façonné par de nombreuses épreuves combinant des exercices de modelage et d’expression corporelle à des séances d’évaluation. L’appréciation de la beauté semble s’effectuer dans le double mouvement du corps regardé et du corps exposé, qui aboutit au classement des postulantes. Les progressives éliminations des candidates (dans les étapes régionales et nationales des compétitions) conduisent à la consécration de la lauréate qui a réussi à incarner l’idéal esthétique de la parfaite féminité. (…) La poursuite du rêve de la parfaite « gynométrie » (…) semble traverser les siècles et les continents. Ainsi, dans l’Inde traditionnelle, la danseuse doit exhiber autour de sa taille trois plis arrondis et gracieux. En France, les seins de Joséphine Bonaparte auraient donné la forme de la coupe à champagne. Si le corps sert de modèle, il est aussi mesuré : par exemple, les « bonnes » proportions des beautés nordiques, et en particulier de leurs jambes et de leur buste (2/3 et 1/3 de la hauteur totale de la femme), font fantasmer les hommes méditerranéens. De façon plus extrême, il peut être modelé pour approcher un idéal culturel et historique de vénusté. Jacques Gélis [1984] et France Borel [1992] rappellent les différentes formes de manipulations possibles et les objets utilisés (habits, postiches, chaussures, bandages, bistouris…), en conséquence, pour le transformer. Leur liste variée et complexe semble négliger les outils de mesure et de calibrage, indispensables à l’estimation des interventions esthétiques souhaitées. Le corps de la Miss est, a fortiori, soumis à la mesure, le rôle des jurys est essentiel dans cette opération, souvent préliminaire, de contrôle. Au sein d’un même concours se succèdent plusieurs instances de jugement : une fois passé les sélections régionales, les jeunes femmes doivent se montrer à des yeux de plus en plus qualifiés, choisis pour leur compétence ; en effet, la spécialisation du jury s’accroît au fil des étapes : les professionnels de la beauté et de la santé, les artistes et les spectateurs réunis décortiquent la jeune fille « sous toutes les coutures », préparant leur vote. Pour l’élection de Miss Italia, les instances de jugements sont multiples ; le jury technique a été composé, après la Seconde Guerre mondiale, par des professionnels de la santé chargés de vérifier les mensurations des concurrentes. En 1949, l’Institut d’éducation physique « Physicol » assurera, au nom de ses compétences, cette visite médicale. Un reportage photographique réalisé par Federico Patellani [Bolognesi, Calvenzi, 2002] nous montre des médecins et des infirmières qui, parés de blouses blanches, inspectent la dentition, pèsent et mesurent (poitrine, taille, hanche, cuisse, cheville). Comme le fait remarquer Paul Ginzborg [1989], l’Italie de l’après-guerre est sensible à l’image d’efficacité et de performance qui vient des États-Unis, les attitudes des experts et leurs équipements renvoient volontairement à ce modèle. La toise, le mètre, le compas sont sortis pour l’occasion. Toute la rigueur de la mesure est mobilisée pour offrir, à la Nation, une Miss aussi belle que saine. Le chiffre magique 90/60/90, indiquant les tours de poitrine, de taille et de hanches, a formalisé pendant longtemps la silhouette recherchée. Il n’est aboli qu’en 1990, à l’initiative du président du jury, étant considéré désuet et insuffisant quant à la définition de la beauté contemporaine. Depuis cette date, la commission technique est formée par des professionnels du monde de la mode et du show-business ayant, pour tout instrument de mesure, leur regard d’experts. Cependant, avant les finales de Salsomaggiore, d’autres présélections, régionales et nationales, sont effectuées dans le peloton des concurrentes : d’une manière radicale sont exclues de la compétition les jeunes trop maigres, celles qui ont un handicap défigurant ou encore celles à la morale douteuse. (…) Aujourd’hui, les instruments de mesure sont utilisés avec plus de discrétion lors des présélections. Toujours présents, ils s’enrichissent de cartes signalétiques et de photographies. Le comité de Miss France, dès le formulaire d’inscription – structuré comme une véritable fiche technique – demande à la candidate de fournir sur l’honneur une longue liste de renseignements, entre autres, sur sa constitution physique, son état de santé et sur sa conduite. Bien que les règlements des concours stipulent que les mensurations ne sont pas des critères exclusifs, parmi les membres du comité de Miss France 2002, on comptait le paléontologue Yves Coppens. (…)Autrefois, la candidate devait effectuer seule les choix de ses tenues et de ses coiffures, tout en se conformant au modèle attendu, voire imposé par le comité. Aujourd’hui, les nombreux sponsors, parfois membres du jury, prennent en charge avec les organisateurs la garde-robe, le « styling » et le maquillage des concurrentes pour lier leur marque à l’événement. L’économique est donc loin d’être absent dans les critères de choix : par exemple, les jambes peuvent être à l’honneur quand les sponsors du concours sont des fabricants de collants. Le port de maillots ou de toilettes « griffés » suscite des émotions dont les publicitaires et les industriels mesurent l’impact commercial. Parfois, les préférences esthétiques pour l’une ou l’autre des parties du corps se combinent à des intérêts politiques. Ainsi, dans l’Allemagne de l’après-guerre, il faut attendre 1957 pour assister au retour des blondes la blondeur ayant été considérée comme le stigmate de l’aryanité. (…) À la lecture des mensurations des élues entre 1920 et 1970, on remarque tout de suite la différence de taille des concurrentes américaines, sensiblement plus grande que celle des Européennes. On assiste, par ailleurs, à leur progressif amincissement, bien que, depuis les débuts du concours, la gagnante ait généralement présenté un poids inférieur à la moyenne nationale. Il faut voir dans ce diktat de la minceur l’influence d’une mode qui trouvait en Poirier et Coco Chanel ses créateurs, et dans les stars et les femmes du « beau monde », ses égéries. Dans le contexte des échanges globalisés, peut-on encore parler de stéréotypes localisés du beau et de ses critères spécifiques ? Ou doit-on plutôt convenir d’une uniformisation de la beauté mondiale, qui impliquerait une mondialisation [Assayag : 1999] des critères de mesure ? Le questionnement reste ouvert. Cependant, on peut remarquer dans le concours français l’émergence de « types exotiques » représentés par les ressortissantes des départements d’outre-mer, et dans le concours « Miss Italia nel mondo », la recherche du « type italien » à travers les jeunes femmes de la communauté vivant à l’étranger. (…) Les organisateurs utilisent l’uniforme, soulignant efficacement les caractéristiques propres à chaque corps, ce qui rend possible la comparaison. Les jeunes femmes défilent dans différentes tenues, souvent semblables, voire identiques. Habillée du simple maillot de bain, la candidate s’expose et est exposée parmi ses camarades. Elle est identifiée par un numéro qui permet de la reconnaître sans véritablement la connaître ; on évalue son corps comme on pourrait évaluer les proportions d’un bel animal. Paradoxalement, les instruments des juges sont aussi les armes de séduction de la Miss. Par exemple, le maillot de bain, apparat le plus simple de la manifestation, sert à la fois les logiques de l’évaluation et celle de la mise en spectacle de la Miss. (…) Appartenir au groupe et s’en distancier caractérise les attitudes que les candidates auront à tenir. Tout au long du concours, les différentes séquences des élections conduisent chacune à un progressif dévoilement, à la déclinaison de son identité : elles tenteront de séduire le public, se présenteront sous différentes facettes, suivant les critères d’un modèle idéal imposé ou affirmant des qualités personnelles. Oscillant entre subjectif et objectif, entre la norme et l’exception [Monjaret, Tamarozzi, à paraître], on passe du mesurable au non-mesurable. (…) À travers la danse, les défilés et tout type d’exercice physique, les concurrentes exposent leurs atouts et les membres du jury évaluent d’autres caractéristiques que la simple plastique : la grâce, l’équilibre des masses musculaires, l’élégance… Le « tout » est une autre clé de lecture et, par là même, de distinction des candidates. (…) Les règlements des concours sont, sur ce point, très différents. Celui de Miss Italia, par exemple, permet aux candidates qui n’ont pas atteint le podium de se représenter à deux ou plusieurs années d’intervalle. Plus récemment (1994), il consent l’accès aux jeunes épouses et mères. Quand la maturité n’est pas là, elle se fabrique de la même manière que les photographies de presse (…) la lauréate est d’abord attachée à l’année de son élection et le restera à vie. Elle représente une époque. Ainsi, les idéaux esthétiques fluctuent [Hubert, 2000]. (…) Selon François Dagognet, « la richesse de la mesure vient de ce qu’elle impose un esprit communautaire : non seulement les expérimentateurs pourront, grâce à elle, échanger leurs résultats et les comparer, mais l’intelligence d’une chose ne peut jaillir que de la comparaison avec ses semblables : il n’est pas de compréhension possible de la “particularité”, encore moins de la “singularité” qui étonne. Il faut, donc, apprendre à rapporter toute chose à ses proches (le rationnel entraîne le relationnel) » [… La règle de la beauté n’est pas absolue [Morin, 1987 : 61]. Elle se fait et se défait au gré des nouveaux impératifs de mode, des représentations du corps, pérennes ou émergentes, ainsi que de principes moraux. Le concours est, donc, avant tout, une mise à l’épreuve, physique et morale, de la jeune fille : le corps est l’instrument de sa métamorphose en femme, mais aussi le porteur des codes sociaux. L’identification au canon est un travail délicat pour la candidate qui doit conjointement jouer entre se conformer au modèle du beau et dévoiler juste le nécessaire de sa personne. (…) Malgré cette liberté, elle est cependant guidée dans son parcours. Les bulletins qu’elle aura à remplir ou les questions qui lui seront posées par le comité d’organisation donnent un aperçu des critères de sélection qui formalisent le canon idéal. Ainsi, dans celui du Comité Miss France (Geneviève de Fontenay, Endemol) disponible sur Internet, parmi les nombreuses rubriques ayant trait à la morphologie des jeunes femmes, l’une d’elles confirme son souci d’une recherche esthétique : « Avez-vous une imperfection physique ? Si oui, laquelle ? » (…) Tout du moins, la Miss doit être en bonne santé, ni trop grosse, ni trop maigre, ce qui sous-entend qu’elle suit un régime alimentaire équilibré où la gourmandise, quand elle est sage, est un signe de vitalité. (…) Dans certains concours comme celui de Miss World France, les conditions médicales sont clairement posées dans le règlement : « Attention, afin de lutter contre l’anorexie (maladie malheureusement à la mode), nous refusons toute candidate qui accusera un rapport poids/taille anormal, ou qui nous semblera trop maigre sur ses photos. » Une fois admise à concourir, la candidate ne doit plus être suspectée d’être malade. (…) Aujourd’hui, sans doute par réaction à ces diktats de la minceur et de la santé, se développent des concours du type Miss obèse, Miss transsexuel. Comme le corps, l’esprit est sondé. Les atouts physiques ne suffisent pas à faire une Miss, il lui faut des bagages intellectuels. Les fiches d’inscription détaillées, quand elles existent, ce qui n’est pas le cas pour Miss Italia, sont en cela significatives. Diplômes, langues étrangères, formations en cours, professions font partie des rubriques mentionnées. Les loisirs et les passions peuvent être aussi demandés. Le comité d’organisation se chargera par la suite de tester leur culture générale qui doit, précise le règlement de Miss World France, « correspondre à leur âge et à leur milieu social ». Jusqu’où va donc la mesure de l’esprit, de l’intelligence ? Le qi deviendra-t-il un critère d’admission ? Les candidates ne doivent donc pas se présenter comme des poupées écervelées, elles doivent également faire preuve de « bonne moralité », de savoir-vivre autant que de savoir-être. Ne pas avoir posé nues pour des photographies de charme ou pornographiques est l’une des conditions. La pudeur est de bon ton. La convenance se joue dans l’équilibre du montré et du caché. Esthétique et qualités morales se combinent pour définir les caractères de la beauté idéale. (…) La Miss est donc une femme intègre. Après la mise à plat de ces données identitaires, en quelque sorte mesurables, l’examen se poursuit pour départager les lauréates sans intégrer, en principe, les critères sociaux, confessionnels et raciaux. (…) La subjectivité et l’objectivité conjointes établissent les modalités de choix de la Miss, qui réussit à se singulariser dans l’uniformité. La souplesse de l’expertise peut conduire le public à s’étonner de la proposition finale, susciter les jalousies. Certains s’amusent à la remettre en question. Sur Internet, une rumeur circule à propos de la non-conformité de la taille de Miss France 2002. Geneviève de Fontenay aurait affirmé « qu’il était exclu que Miss France 2002 se fasse re-mesurer », comme le demandait une candidate évincée. (…) « Explicites ou implicites, connues ou secrètes, les normes de la beauté existent. Elles permettent aux cultures de forger leur identité dans un modèle » [Borel]. Le corps et ses normes deviennent étalons de la société. « C’est donc le corps, le seul instrument de mesure dont on ne puisse se passer, celui que les autres supposent, à la fois sensible et raisonnable, mesureur et mesuré […] » [Comte-Sponville, 1995 : 94]. Les modèles féminins changent ou se reproduisent selon les époques et les valeurs associées à la féminité [Fourmaux, 2001 ; Duret, Roussel, 2003]. (…) Les images du corps ne sont pas des entités rigides : nous construisons et reconstruisons sans cesse notre image » [Borel]. C’est ce qui faire dire à Desmond Morris [1978] que le titre de Miss Monde est dépourvu de sens, qu’il efface les données culturelles et peut contredire les stéréotypes locaux. De nos jours, dans les concours, nationaux ou internationaux, les critères qui permettent de classer les candidates visent principalement à la valorisation de canons qui véhiculés par les médias sont propices au développement des marchés mondiaux de la mode et de la beauté. La mesure des corps appartient à des logiques d’organisation sociale [Baudrillard, 1970], économique et, sans doute, politique. « Il est dans la nature de la mesure de devenir “commune mesure” […]. La commune mesure est une réalité éminemment politique. C’est ce à partir de quoi un groupe s’institue comme société, ce qui définit ses codes, ce qui les pacifie et lui fournit les instruments de sa régularisation. C’est aussi bien ce pour quoi on se bat, on se dispute, on se déchire, ce qu’il faut contrôler si l’on veut détenir le pouvoir et se rendre maître de la norme. Ainsi donc, les élections de Miss sont de bons observatoires de la formalisation des normes, en particulier de la norme d’exception qui s’élabore dans la tension entre mesurable et non-mesurable, universel et culturel, global et local. Anne Monjaret et Federica Tamarozzi
Au milieu des critères esthétiques d’un concours de beauté, il en est un que l’organisation se garde bien d’évoquer. Celui du poids. L’organisation a donc logiquement refusé de nous communiquer, pour ces mêmes raisons, ces données. Mais sur internet, la question continue d’être débattue. Des chiffres circulent sur les pages Wikipédia des anciennes miss France, sans que celles-ci n’interviennent. Des blogs listent inlassablement le poids des jeunes filles, sans que l’on sache le vrai du faux. Les miss livrent parfois un chiffre au détour d’une interview. Sur le modèle du travail du site américain PsychGuides, nous avons cherché à connaître l’évolution de l’indice de masse corporel, cette combinaison entre le poids et la taille d’une personne, des miss à travers le temps. Nos recherches ont permis de lister le poids de 16 miss. Cinq proviennent de sources de confiance. Le graphique ci-dessous est donc purement indicatif, mais il a le mérite de compiler et de mettre en forme les données circulant sur la question. Il en ressort qu’avec un IMC moyen de 18,1 depuis 1954, miss France n’est pas une Française comme les autres. Elle est même beaucoup plus mince. Pour les Françaises de 18 à 35 ans, l’Insee relevait un IMC de 22,4 en 2002, toujours très loin des miss France qui ne sont pas sorties d’un couloir allant de 18,5 à 16,4 entre 2000 et 2017. Plus globalement, en 2016, l’IMC d’une Française était de 23,1 selon les relevés de l’Organisation mondiale de la santé. Cette même organisation évalue l’IMC normal entre 18,5 et 25. Seules cinq miss se trouvent dans cette fourchette. Onze d’entre elles se situent par contre entre 16,5 et 18,5 et seraient donc en situation de maigreur selon l’OMS. Des chiffres inquiétants ? Pas forcément. « Il s’agit plutôt d’une situation de minceur, recadre Emmanuelle Couturier, diététicienne-nutritionniste à Marcq-en-Barœul. L’IMC n’est pas forcément très parlant, car il ne fait pas la différence entre masse graisseuse et masse musculaire. Il ne prend pas non plus en compte l’ossature. Par contre si elles font un régime pour entretenir cette minceur, c’est là que cela peut être compliqué. » La Voix du nord
Je l’ai vécue. On a moins de chance d’être élue car il n’y a pas d’identité régionale en Ile-de-France. Avant l’élection Miss France, aucun média ne s’est intéressé à moi. Je n’ai fait aucune interview, eu aucun soutien. Ça plombe le moral. Margaux Savarit (Miss Ile-de-France 2014 et 11e du concours Miss France)
Beaucoup de Parisiens ou de Franciliens viennent d’autres régions. Moi en tant qu’ancienne Miss Bourgogne vivant à Paris, j’avais tendance à soutenir Miss Bourgogne. Laure Mattioli (Comité Miss Ile-de-France)
La dimension affective liée à sa région d’origine peut se retrouver dans les votes. Le succès au concours Miss France des régions à forte identité locale ne colle pas aux revendications régionales, culturelles ou politiques. Camille Couvry
Le 16 décembre 2017, Maëva Coucke a été élue Miss France 2018, décrochant un troisième sacre pour le Nord-Pas-de-Calais. Si la beauté des jeunes filles originaires du Nord a séduit les téléspectateurs de l’élection à trois reprises ces quatre dernières années, aucune Miss originaire du Nord-Pas-de-Calais n’avait remporté le concours qui existe depuis 1919 avant…2015. Il y a 99 ans, la première Miss France élue, Agnès Souret, venait de Bayonne et portait l’écharpe de Miss Aquitaine. En tout, six jeunes femmes de cette région du Sud-Ouest ont été nommées plus belle femme de France, la dernière en 1995. Il s’agissait de Mélody Vilbert, native de Toulouse. L’Aquitaine a le même palmarès que l’Alsace et la Normandie. Tout en haut du palmarès des régions qui ont remporté l’élection de Miss France le plus grand nombre de fois : l’Ile-de-France. Entre 1933 (date de la première victoire) et 1997 (date de la dernière victoire), l’Ile-de-France a été couronnée 13 fois au concours, loin devant la région Rhône-Alpes qui totalise quant à elle 7 victoires. A l’autre bout du classement, on retrouve la Guyane, le Centre-Val-de-Loire, la Provence et la Corse qui ont chacune une victoire. Les moins bien loties sont les Miss originaires d’Auvergne, de Mayotte, de la Martinique, Champagne-Ardenne, du Limousin, de Saint-Pierre-et-Miquelon, ou encore de Saint-Martin-Saint-Barthélemy, qui n’ont jamais eu la chance de porter l’écharpe tant convoitée de Miss France. Paris Match
Depuis 1929, les Miss Paris ou Ile-de-France ont remporté 15 fois le concours Miss France. Mais la plupart des titres ont été gagnés entre 1930 et 1950. La dernière Miss France francilienne remonte à 1997 avec l’élection de Patricia Spehar. L’an dernier Lison Di Martino avait terminé 2e dauphine de Maëva Coucke. Alors que l’Ile-de-France compte 12 millions d’habitants, pourquoi sa Miss ne profite-t-elle pas du vote du public pour gagner la couronne? L’Ile-de-France aime-t-elle sa miss ? La région est la plus peuplée de France avec 12 millions d’habitants, pourtant quand Lison Di Martino, Miss Ile-de-France 2017, est arrivée dans les cinq finalistes l’an dernier, ce n’est pas elle qui a reçu le plus de votes du public mais la Nordiste Maëva Coucke. Une région avec une identité bien plus forte que l’Ile-de-France… C’est là l’une des faiblesses de la candidature francilienne. 20 minutes
Comme chaque année depuis 1920, date de création du concours de beauté par le journaliste et écrivain belge Maurice de Waleffe, une jeune femme sera en décembre élue Miss France parmi les 30 candidates en lice. Un show présenté pour la 23e année par Jean-Pierre Foucault, accompagné de Sylvie Tellier, directrice générale de la Société Miss France depuis 2010. La cérémonie, bien qu’organisée « dans le respect de la tradition », a connu bien des changements depuis sa naissance il y a près d’un siècle. Aux prémices de l’élection, Maurice de Waleffe avait choisi le terme « La plus belle femme de France » pour désigner le concours. Les portraits des candidates de la première édition étaient publiés dans le quotidien Le Journal. Chacune était présentée sous un pseudo de nom de fleur, de pierre, d’oiseau ou de déesse, révèle Le Figaro Archives dans un article réalisé en partenariat avec l’INA. Entre 1922 et 1926, le concours de beauté n’a pas lieu. Il ne reprend qu’en 1927 sous le nom qu’on lui connaît aujourd’hui : Miss France. Roberte Cusey, Miss Jura 1926, est élue cette année-là. Les jeunes femmes en lice pour le concours Miss France représentent chacune une région de l’Hexagone. Elles étaient 45 en 2006, 33 pour l’élection de Miss France 2011. Cette année, elles seront 30. La réforme territoriale de 2016 n’a pourtant pas eu d’impact sur le nombre de candidates. « Ce nouveau découpage est une affaire politique et économique et nous sommes loin de ces considérations. Notre concours est indépendant du gouvernement », avait confié Sylvie Tellier à L’Express, rappelant que sa priorité était que tous les Français « se retrouvent dans l’élection ».  D’ailleurs, le nombre de candidates n’a jamais véritablement collé à la carte administrative de la France. Pour la directrice du comité Miss France, le but est surtout « d’avoir des identités fortes ». Raison pour laquelle certaines provinces sont absorbées pour renforcer certaines identités territoriales. Les titres de Miss Centre et de Miss Orléanais ont ainsi fusionné pour devenir Miss Centre-Val-de-Loire. Les critères depuis la création de l’élection Miss France excluent une bonne partie de la population féminine. Il faut être une femme -mais pas transsexuelle- et avoir entre 18 et 24 ans. Il faut également mesurer 1,70 mètre minimum, ne pas avoir d’enfant, ni être mariée, et posséder un casier judiciaire vierge. Les tatouages sont également interdits, l’éviction de Miss Martinique en 2017 pour cause de colibri sur l’omoplate avait d’ailleurs suscité l’incompréhension des internautes. Pour Sylvie Tellier, le concours ne repose plus uniquement sur des mensurations. « Les critères ont évolué depuis la création de l’élection pour être plus en accord avec les femmes d’aujourd’hui et correspondre au rôle qui incombe à la future reine de beauté. On porte de l’attention sur la façon de se mouvoir, l’éloquence et le parcours de la jeune femme », nous expliquait la directrice dans un article consacré à la fascination des miss.  Leur temps de parole a d’ailleurs été allongé. « Cette épreuve est parfois décisive pour les candidates », affirme Sylvie Tellier. L’esthétique des jeunes femmes se combine à la personnalité. Le comité du concours Miss America a préféré remplacer le défilé en robe du soir par un exercice d’éloquence durant lequel les jeunes femmes sont habillées de la tenue de leur choix. Pour Camille Couvry, docteure en sociologie et qui a réalisé sa thèse sur les concours de beauté, « c’est surtout une manière de rendre la question du jugement esthétique plus floue et de rendre le concours socialement acceptable ». On attend aujourd’hui de la future Miss France qu’elle soit capable d’argumenter et de s’informer sur l’actualité. « J’élabore avec mes équipes le test de culture générale. Une note en-dessous de la moyenne est pour moi éliminatoire », explique Sylvie Tellier. Une épreuve qui existait déjà aux débuts du concours mais que l’ancienne Miss France 2002 a adapté en s’appuyant sur l’actualité.  (…) Une niveau d’exigence accru en adéquation avec l’augmentation du niveau d’études des candidates. Il faut remonter jusqu’en 2000 pour trouver une Miss qui n’a pas obtenu le baccalauréat. Les diplômes seraient-ils devenus un critère de sélection non-officiel pour espérer décrocher la couronne ? Pour Sylvie Tellier, c’est surtout « le reflet de la massification scolaire ». (…) Depuis 2017, les miss bénéficient de cours de bonnes manières enseignés par Jérémy Côme, auteur de L’Art de maîtriser les codes pour se sentir bien partout en toutes circonstances (éd. Michel Lafon). La future ambassadrice doit être capable de se comporter en parfaite maîtresse de maison et se doit d’être élégante en toute circonstance. Si l’on a envie de crier au sexisme, Jérémy Côme voit plutôt son intervention comme une manière « d’enlever du stress » à la future gagnante. « Je leur donne des tuyaux pour trouver de l’assurance, pour maîtriser l’art de la conversation notamment devant des assemblées -que ce soit pour remettre un prix aux NRJ Music Awards ou pour participer à l’inauguration d’un musée en local-, pour avoir une bonne posture quand on est face à quelqu’un », explique-t-il au site Pure People. Il ajoute également qu’une Miss doit « savoir être chaleureuse, ponctuelle, soignée. Il ne faut pas parler de soi. Globalement, elles n’ont pas besoin de parler d’elles puisqu’on sait qu’elles sont Miss. » Peut-on manger ou non sa salade avec un couteau, à quelle heure arriver à un dîner, comment déguster des huîtres ou qu’apporter à un hôte à l’occasion d’un repas font également partie des conseils distillés par le spécialiste. L’épreuve du passage en bikini cristallise les accusations de sexisme des associations féministes à l’encontre du concours Miss France.  Un défilé supprimé de l’élection Miss America l’année dernière mais qui sera maintenu dans la version française du concours. « Ce sont des costumes qui font partie du spectacle. Nous sommes là pour offrir du beau et transmettre le folklore de cette élection », souligne Sylvie Tellier.  L’épreuve du bikini est récente en France : elle n’a été mise en place qu’après la démission de Geneviève de Fontenay de son titre de directrice du comité Miss France en 2010. Le défilé est d’ailleurs critiqué chaque année par la dame au chapeau qui réclame le retour du maillot une pièce. (…) Le système de vote a été modifié après le départ de Geneviève de Fontenay pour l’élection de Miss France 2010. Le jour du concours, douze miss ont déjà été désignées par le jury -présidé cette année par l’actrice de 90 ans, Line Renaud- durant la semaine précédant l’élection. Pour la sélection des cinq finalistes, se mêlent le vote du public et celui du jury, composé de six célébrités. Enfin, pour déterminer la gagnante et les dauphines, les compteurs sont remis à zéro et c’est uniquement aux téléspectateurs de voter. Lancé en 1993, l’élection de Mister France, le versant masculin, peine à se faire une place sur la scène médiatique. « C’est un spectacle qui ne prend pas. La notion de compétition autour de la beauté de l’homme n’est pas assez enracinée dans notre Histoire », explique l’anthropologue Élisabeth Azoulay, qui a dirigé l’ouvrage 100 000 ans de beauté (éd. Gallimard). Il y a des choses qui ne changent pas. L’Express
Le 15 décembre, une nouvelle jeune française sera couronnée Miss France de l’année 2019. Pour la 89e année consécutive, le concours de beauté le plus célèbre de l’hexagone élira « la plus belle femme de France » devant plusieurs millions de téléspectateurs (7 millions lors de l’édition précédente). Pourtant, l’heureuse élue reste encore très éloignée du physique de la femme française. Pour devenir Miss France, plusieurs critères très précis sont à respecter. Les candidates doivent avoir entre 18 et 24 ans, être françaises de naissance (ou naturalisées) célibataires, ni veuves ni pacsées, sans enfant. Côté physique, elles doivent mesurer au minimum 1m70, ne pas avoir eu recours à la chirurgie esthétique, ne pas avoir de tatouage visible, de piercing, perruque, faux-cils ou autre « artifice tendant à transformer son aspect naturel », comme il est inscrit dans le règlement officiel. Si la liste des recommandations s’étend sur plusieurs pages, un critère important n’est jamais mentionné : le poids minimum ou maximum des futures Miss. France 24
Le critère n’existe pas, c’est sans doute qu’il n’y a aucune justification socialement acceptable par les personnes qui organisent les concours. Cela n’empêche pas les personnes qui sont engagées dans des concours – et une partie au moins de celles qui les regardent – de considérer qu’avoir un poids ‘moyen’ (relatif à la taille minimale de 1m70) est un critère de beauté et d’élégance. (…) Les processus de sélection dans les concours ne sont pas extérieurs à la société dans laquelle ils s’insèrent. Les jurés, tout comme les candidates qui évaluent leurs chances – et peuvent parfois s’auto-éliminer – sont évidemment influencés. (…) Il y a eu dans l’histoire des élections de Miss, et plus largement de la beauté, un souci de la mesure du corps et des critères de beauté. (…) Le changement pourrait venir du bas. J’ai déjà assisté à des concours locaux qui avaient éliminé le défilé en maillot de bain lors d’une ou deux éditions. Camille Couvry (Université de Rouen)
Il y a des différences entre les régions mais il est clair qu’en envoyant des photos de soi, on donne déjà une indication de ses mensurations. Ce ne sont pas seulement les comités qui votent, mais aussi le public, à 50 – 50. Si les gens votaient pour d’autres physiques, ça changerait peut-être. Il n’y a pas de régime imposé mais une observation de comment on se nourrit, ce que l’on choisit au buffet de l’hôtel par les chaperons. Si l’on se ressert plusieurs fois, ça va être remarqué. (…) C’est l’inconscient collectif qui valide des normes de beauté. Si les gens votaient pour d’autres physiques, ça pourrait changer. Pauline Darles (Miss Ile-de-France 2011)
Les métisses sont un peu plus visibles cette année dans le concours et représentent une tendance de fond de la société française, rappelle l’autrice. C’est assez intéressant parce que ça montre la réalité de la société française qui est mélangée quoi qu’on veuille nous faire croire, issue de vagues d’immigration​ très anciennes. Un Francais sur quatre a au moins un de ses grands-parents qui n’est pas né en France. C’est révélateur du métissage progressif de la société française.  Elles viennent toutes plus ou moins de la classe moyenne, et les vagues d’immigration sont souvent dans les classes populaires. Là, le fait que la plupart de ces jeunes femmes soient de classe moyenne montre l’intégration des anciens immigrés à la société française. Ces jeunes filles sont un vrai panel de ce qu’est la société française. (…) C’est un concours lié à l’apparence. Montrer davantage de femmes noires dans ce cadre ne lutte pas contre les stéréotypes parce que ça rentre dans les stéréotypes de la femme et encore plus de la femme noire [une femme très érotisée dans l’imaginaire collectif]. Il faudrait un concours sur la personnalité, le charme, la façon de s’exprimer en public, pas que sur la beauté pour que ça lutte contre les stéréotypes. Les noirs devraient intervenir comme médecin ou ministres à la télévision, pas que dans les concours de beauté et dans le foot. Jessie Magana (autrice d’ouvrages jeunesse autour de la lutte contre les stéréotypes et le sexisme)
“Miss America 2.0.” The new version of the 97-year-old pageant, Carlson and its other organizers announced, will aim to be “empowering.” And “inclusive.” And “transparent” about its own workings. “We are no longer a pageant,” Carlson said on Good Morning America. “We are a competition.”Which means, among other things, as the Times’ and so many other headlines emphasized on Tuesday morning: no more swimsuits. (Which means, even more specifically: no more bikinis.) And also: no more mandatory evening gowns. Instead, contestants will be able to choose clothing that “makes them feel confident, expresses their personal style, and shows how they hope to advance the role of Miss America.” The Tracy Flicks will have their moment. “We want you,” Carlson told prospective pageant participants, “and we want to celebrate your accomplishments and your talents and then we want to hand you scholarships.The updates are a combination of admirable and inevitable. Miss America 2.0, after all, steps onto the American stage after a scandal that involved the publication of misogynistic emails exchanged among Sam Haskell, then the CEO of the pageant organization, and his staffers: notes that critiqued the intelligence—and the sexual behaviors—of pageant contestants. Miss America 2.0 arrives, as well, after news organizations reported on the ways the pageants of Miss America’s fellow organizations, Miss Teen USA and Miss Universe, allegedly served as hunting grounds for their former owner Donald Trump. (…) On the one hand, there is Miss America, the organization that declares, “Miss America is more than a title, it’s a movement of empowering young women everywhere to achieve their dreams” … and on the other, there is Miss America, the show that equates the fulfillment of dreams with the ability to fill out a bikini top.The pageant began as a marketing ploy—in 1921, business owners in Atlantic City, looking for ways to extend the summer season, established a September competition that sought to find “The Most Beautiful Bathing Girl in America”—and the event that was eventually dubbed the “Miss America” pageant remains true to that initial vision. The event that still takes place in late summer is an extended advertisement not for taffy shops on the boardwalk, or even for particular Beautiful Bathing Girls, but indeed for the opposite: for the Beautiful Bathing Girl, as a general idea. For feminine beauty itself—as a standard. As a structure. As a set of rigidly enforced rules. (…) What might a pageant, shed of the myth, actually look like? When Gretchen Carlson announces that Miss America 2.0 will help young women “learn leadership skills and pay for college and be able to show the world who you are as a person from the inside of your soul” … what, realistically, will that mean? Will Miss America become a speech contest? Will it become a talent show? An essay competition? A spelling bee? A platform for young women to share their visions for a better world—ted, but with better clothes? The NewYorker
Fifty years ago, the swimsuit-wearing beauties of the Miss America pageant were confronted with a spectacle on the Atlantic City boardwalk: 100 feminists throwing bras, girdles, curling irons, false eyelashes and other “instruments of female torture” into a trash can labeled “Freedom.” The protesters had planned to set the can on fire but could not get the right permits — so, alas, no bras were burned that summer day, though it is the origin of the term “bra burning.” They were condemning what even then they saw as an antiquated institution, which had mostly male judges scrutinize women’s bodies, women of color at one point not allowed to compete, corporations profiting on the event, and three in four American households watching it all happen on television. “Everybody tuned into Miss America back then — this was like the Oscars,” said the author Alix Kates Shulman, 85, one of the organizers of that 1968 protest. Fifty years later, it appears that #MeToo has done what a protest could not: eradicate one of the most derided aspects of the competition, the swimsuit. The Miss America Organization — whose chief executive resigned in December over lewd emails and whose new chairwoman, Gretchen Carlson, once sued Fox News for sexual harassment — on Tuesday announced it would scrap both the swimsuit and evening gown portion of the competition, replacing them with “a live interactive session with the judges” in which a contestant “will highlight her achievements and goals in life.” (…) The changes will take effect at the national finals, again in Atlantic City, in September. State and local competitions will follow suit after that, but they are likely to continue including swimsuits during the current season. Ms. Carlson said the decision was made in March by a unanimous vote from the organization’s leadership committee. This, of course, is Miss America’s new leadership committee, the one appointed after chief executive Sam Haskell was ousted and replaced by a woman, and a new board was reappointed. Seven of the nine board members are women. (…) Contestants take part in community service, and the organization said it awarded more than $2 million in scholarships last year. But swimsuits have for at least as long defined the pageant — and been at the heart of the debate over its place in American culture. “Speaking for myself, when I competed 20 years ago, I found the swimsuit competition oddly empowering, because once I could walk across the stage in a two-piece swimsuit and high heels I could do just about anything,” said Kate Shindle, the 1998 Miss America who is now a board member of the organization. “But I also don’t think I processed everything at the time. It’s strange — it gives strangers a kind of ownership over your body that you don’t quite anticipate.” The Miss America competition began in Atlantic City in 1921 — one year after women gained the right to vote in the United States — as a way to extend the summer tourist season beyond Labor Day. It “was, literally, about the use of women’s bodies to sell a product — or a place,” the author Jennifer Weiner recently wrote in a column in The New York Times. At the time, it was not only rare to see a woman in a swimsuit in public, it was barred — and so the event, with eight contestants, required the temporary suspension of a ban on revealing beachwear. It was all beauty pageant until 1936, when a talent portion was added. The competition was limited to never-married women ages 18 to 28, and for a time, until 1940, it was written in the guidelines that they must be “of good health and of the white race.” The organization would not have its first African-American winner until Vanessa Williams earned the 1984 crown. “The Miss America state and national process was — and maybe still is — the single largest source of scholarship money for women in the U.S., yet the crucial requirements were physical, not intellectual,” the author and feminist Gloria Steinem said in an interview on Tuesday. “If the same were true for men, people would be saying, ‘No wonder China is winning!’” “It’s not just the bathing suits, it’s physical appearance, irrelevant talents and, until very recently, being white,” Ms. Steinem added. “It’s also less about being unique than conformist.” (…) And in 1995, Miss America encouraged its viewers to call a 1-900 number to say whether swimsuits should be scrapped: two out of three said no. “We are not stupid,” Leonard Horn, then the organization’s chief executive, said in 1993. “We are very sensitive to the fact that the swimsuit competition has always been our Achilles’ heel. The swimsuit competition has been controversial since the early 1920s, but it’s been retained because the majority of the people like it.” Appearing on ABC News to announce the change on Tuesday, Ms. Carlson declared, “We are not going to judge you on your outward appearance.” But it is hard to imagine what Miss America would be without conventional beauty standards at its core. The 2017 Judges’ Manual lists the qualities and attributes required of titleholders, in this order: “beautiful, well-spoken, intelligent, talented, able to relate to young people, reflective of women her age (she should not be a 35-year-old trapped inside a 20-year-old body), charismatic, dynamic/energetic — that ‘IT’ quality that is so hard to define, mature enough to handle the job and all of its responsibilities, comfortable ‘in her own skin,’ manageable, punctual and flexible.” “The American public has an expectation that she will be beautiful and physically fit,” the manual continues. “This is the same expectation they have for all of their celebrities, from music and film to sports, and Miss America is no exception. You must look at her physical beauty as well as her physical fitness. » (…) Tuesday’s announcement was quickly added to the lengthy list of stunning changes that have reverberated through Hollywood, politics and workplaces around the world in the wake of #MeToo. It was a ripple effect, so to speak — one that expanded the conversation from sexual harassment to the larger way that women’s bodies are viewed and consumed. Still, it seemed like a small step to some. “If Miss America wants to get out of the sexism game, it should probably end Miss America,” the writer Jill Filipovic posted on Twitter. NYT
Les candidates à l’élection Miss America ne défileront pas en bikini lors de la prochaine édition du concours. Dans un communiqué publié le 5 juin, les organisateurs ont annoncé la suppression de la présentation des candidates en maillot de bain qui comptait pour 10% de la note finale. Elle est remplacée par un dialogue avec les membres du jury. Le temps pour les participantes d’évoquer les causes pour lesquelles elles souhaiteraient s’investir si elles étaient élues. Autre changement dans les règles du concours dont l’édition 2019 sera diffusé le 9 septembre prochain sur la chaîne américaine ABC, le passage des jeunes femmes en robe de soir -15% de la note finale- deviendra une présentation des candidates, habillées dans une tenue de leur choix. Gretchen Carlson, gagnante du concours Miss America en 1989 et nommée présidente du conseil d’administration de la Miss America Organization affiche clairement sa volonté de nettoyer l’élection de son image sexiste. (…) Une prise de décision qui ne trouve pas écho auprès de Sylvie Tellier. (…) Impossible pour la directrice de l’Organisation Miss France d’envisager le concours annuel sans le défilé en robe couture ou sans le passage en maillot de bain. (…) Mais peut-on encore parler de concours de beauté si la majorité des critères pour remporter l’élection tendent à s’orienter sur des qualités intellectuelles et sur la personnalité plus que sur le physique ? (…) En France aussi, les règles ont évolué. Une note inférieure à la moyenne au test de culture générale est éliminatoire. (…) Le temps de parole consacré aux Miss a été augmenté et c’est désormais le vote des téléspectateurs à 100% qui décide de la gagnante. (…) Le niveau d’études des candidates a lui aussi augmenté. Il faut remonter le temps jusqu’en 2000 pour trouver une gagnante qui n’a pas obtenu le bac. Ces dernières années, la grande majorité des jeunes femmes en lice pour remporter la couronne étaient diplômées d’un BTS, d’une licence ou d’un master. Marine Lorphelin -Miss France 2013- était étudiante en médecine, Iris Mittenaere -Miss France 2016- étudiante en cinquième année de chirurgie dentaire et plus récemment Maëva Coucke – actuelle Miss France 2018- est étudiante en licence de droit. Les diplômes sont-ils devenus un critère de sélection pour redorer le blason d’un rendez-vous qui a mauvaise presse du côté des féministes ? (…) L’appréciation physique tend à être reléguée au second plan, pour laisser place à une recherche de personnalité. (…) L’actualisation des règles du concours de Miss America est aussi une façon de s’adapter -sous-couvert de féminisme- à une évolution de la représentation des femmes dans notre société. Sylvie Tellier s’interroge sur la sincérité de l’organisation américaine à l’origine de la polémique (…) Paradoxalement, les critères de sélection pour se présenter au concours de Miss France, eux, ne bougent pas d’un iota. Il faut avoir entre 18 et 24 ans, mesurer minimum 1m70 et n’avoir jamais eu recours à la chirurgie esthétique. La personnalité et les éventuels engagements des jeunes femmes sont évidemment un plus, mais ne sont pas mentionnés dans le règlement. L’évaluation du corps des femmes demeure omniprésente dans ce type de concours, même si l’on supprime le défilé en bikini. (…) Les Miss ne sont plus soumises à la maxime « sois belle et tais toi ». L’art oratoire en France et la maîtrise d’un talent artistique aux Etats-Unis -chant, théâtre- pèsent considérablement dans la balance. Si la beauté est un avantage considérable et demeure une condition sine qua non pour accéder à ce type de concours, cela ne suffit plus. L’Express

Attention: un racisme peut en cacher un autre !

Jury entièrement féminin, présidé par Line Renaud, moitié des candidates noires, métisses ou issues de l’immigration dont la gagnante, costumes sexy de super-héroïnes, capes couvertes de slogans féministes (« Yes women can », « Fight for your rights »), musiques de girl power (Spice Girls, Destiny’s Child) …

Au lendemain d’une bientôt centenaire élection Miss France

Qui met fin non seulement à la propre malédiction de surpoids de la gagnante

Et à 20 ans de malédiction des candidates tahitiennes « éternelles dauphines du concours » …

Mais envisage déjà, six mois après Miss America et – on n’arrête pas le progrès ! – la première élection d’une Miss Espagne transgenre, la suppression de l’épreuve du maillot de bain .. –

Comment ne pas voir

Après la cantatrice, digne d’un bal de débutante, de Miss America en septembre dernier …

Et cette élection d’une titulaire – multiculturelle comme il se doit elle aussi du côté français – d’un master en management …

Face, sur fond de crise de gilets jaunes vite oubliée, à celles qui n’avaient que leur physique

La domination désormais non plus seulement physique et sociale (minceur comprise) …

Effet Matthieu oblige …

Mais proprement intellectuelle de la classe moyenne supérieure diplômée ?

Concours de beauté

L’épreuve du bikini est-elle indispensable aux Miss ?

Les organisateurs de l’élection Miss America ont décrété la fin du passage en maillot de bain des candidates.
Camille Moreau
L’Express
29/06/2018

Les candidates à l’élection Miss America ne défileront pas en bikini lors de la prochaine édition du concours. Dans un communiqué publié le 5 juin, les organisateurs ont annoncé la suppression de la présentation des candidates en maillot de bain qui comptait pour 10% de la note finale. Elle est remplacée par un dialogue avec les membres du jury. Le temps pour les participantes d’évoquer les causes pour lesquelles elles souhaiteraient s’investir si elles étaient élues.

Autre changement dans les règles du concours dont l’édition 2019 sera diffusé le 9 septembre prochain sur la chaîne américaine ABC, le passage des jeunes femmes en robe de soir -15% de la note finale- deviendra une présentation des candidates, habillées dans une tenue de leur choix.

« Nous ne sommes plus un concours de beauté »

Gretchen Carlson, gagnante du concours Miss America en 1989 et nommée présidente du conseil d’administration de la Miss America Organization affiche clairement sa volonté de nettoyer l’élection de son image sexiste. « Nous ne sommes plus un concours de beauté, nous sommes une compétition », a-t-elle déclaré dans un communiqué. Et Regina Hopper, présidente de Miss America d’ajouter : « Le nouvel objectif de Miss America est de préparer de grandes femmes pour le monde, et de préparer les grandes femmes au monde. »

Une prise de décision qui ne trouve pas écho auprès de Sylvie Tellier. « J’ai du mal à saisir le sens de ces déclarations. Si ce n’est plus un concours de beauté alors il faudrait définir ce que c’est. Une compétition d’éloquence, de talent, de chant ? » Impossible pour la directrice de l’Organisation Miss France d’envisager le concours annuel sans le défilé en robe couture ou sans le passage en maillot de bain. « Ce sont des costumes qui font partie du spectacle. Nous sommes là pour offrir du beau et transmettre le folklore de cette élection. »

Une évolution des critères de sélection

Mais peut-on encore parler de concours de beauté si la majorité des critères pour remporter l’élection tendent à s’orienter sur des qualités intellectuelles et sur la personnalité plus que sur le physique ? C’est en tout cas ce « qui permet de rendre le concours socialement plus acceptable », explique Camille Couvry, docteure en sociologie et qui a réalisé sa thèse sur les concours de beauté.

En France aussi, les règles ont évolué. Une note inférieure à la moyenne au test de culture générale est éliminatoire. « Avant le test de culture générale importait peu, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. La future Miss France a un rôle d’ambassadrice même si on ne fait pas de politique », souligne Sylvie Tellier. Le temps de parole consacré aux Miss a été augmenté et c’est désormais le vote des téléspectateurs à 100% qui décide de la gagnante. « L’interview au micro fait souvent basculer les voix, preuve que les téléspectateurs ne sont pas uniquement dans une recherche esthétique », ajoute la directrice du comité Miss France.

Le niveau d’études des candidates a lui aussi augmenté. Il faut remonter le temps jusqu’en 2000 pour trouver une gagnante qui n’a pas obtenu le bac. Ces dernières années, la grande majorité des jeunes femmes en lice pour remporter la couronne étaient diplômées d’un BTS, d’une licence ou d’un master. Marine Lorphelin -Miss France 2013- était étudiante en médecine, Iris Mittenaere -Miss France 2016- étudiante en cinquième année de chirurgie dentaire et plus récemment Maëva Coucke – actuelle Miss France 2018- est étudiante en licence de droit. Les diplômes sont-ils devenus un critère de sélection pour redorer le blason d’un rendez-vous qui a mauvaise presse du côté des féministes ? Pour Sylvie Tellier, « c’est surtout le reflet de la massification scolaire ».

Laisser plus de place à la personnalité

L’appréciation physique tend à être reléguée au second plan, pour laisser place à une recherche de personnalité. « Il y a une injonction à affirmer son ‘je’. Il faut être capable de monter sur scène et prouver que l’on est la meilleure, que l’on est engagée. Pour le moment ce tempérament self-woman est surtout américain, dans la version française nous n’avons d’ailleurs pas de compétition de talents », note Camille Couvry.

L’actualisation des règles du concours de Miss America est aussi une façon de s’adapter -sous-couvert de féminisme- à une évolution de la représentation des femmes dans notre société. Sylvie Tellier s’interroge sur la sincérité de l’organisation américaine à l’origine de la polémique : « Je connais bien l’élection de Miss USA, à ne pas confondre avec l’élection de Miss America qui est moins médiatisée. C’est peut-être un levier d’action pour revenir sur le devant de la scène. »

La question esthétique, toujours bien présente

Paradoxalement, les critères de sélection pour se présenter au concours de Miss France, eux, ne bougent pas d’un iota. Il faut avoir entre 18 et 24 ans, mesurer minimum 1m70 et n’avoir jamais eu recours à la chirurgie esthétique. La personnalité et les éventuels engagements des jeunes femmes sont évidemment un plus, mais ne sont pas mentionnés dans le règlement.

L’évaluation du corps des femmes demeure omniprésente dans ce type de concours, même si l’on supprime le défilé en bikini. « On veut que la question du jugement esthétique soit plus floue, mais elle ne recule pas, estime Camille Couvry. Elle est simplement davantage combinée à la personnalité. » Les Miss ne sont plus soumises à la maxime « sois belle et tais toi ». L’art oratoire en France et la maîtrise d’un talent artistique aux Etats-Unis -chant, théâtre- pèsent considérablement dans la balance. Si la beauté est un avantage considérable et demeure une condition sine qua non pour accéder à ce type de concours, cela ne suffit plus.

Voir aussi:

Pour Miss France, Sylvie Tellier ne compte pas suivre l’exemple de Miss America sur les défilés en maillot de bain

À compter de la prochaine édition, les participantes américaines ne défileront plus devant les juges ni en maillot de bain, ni en robe de soirée
Valentin Etancelin
Huffpost
05.06.2018
MISS – Aux États-Unis, le comité d’organisation de Miss America a fait paraître une annonce importante, ce mardi 5 juin. À compter de la prochaine édition de la compétition, qui doit se tenir le 9 septembre à Atlantic City, les participantes ne défileront plus devant les juges ni en maillot de bain, ni en robe de soirée.

À la place, les 50 concurrentes de chaque État devront se présenter pour parler de leurs passions, de leurs engagements, de leur motivations et de leur vision du poste auquel elles aspirent de la manière qu’elles souhaitent. Autrement dit: dans des vêtements avec lesquels elles se sentent à l’aise et en sécurité, afin que leur tenue vestimentaire ne détourne pas l’attention de leurs propos.

En France, lors de la dernière cérémonie, plusieurs internautes s’étaient offusqués sur les réseaux sociaux et avaient dénoncé l’aspect sexiste des défilés de Miss en maillot de bain. Cette annonce pourrait-elle s’appliquer dans l’hexagone? Il semblerait que non. Contactée par Le HuffPost, Sylvie Tellier, ancienne détentrice du titre et actuelle directrice de la société Miss France, confirme que ce n’est pas à l’ordre du jour.

« Le concours de Miss France rassemble de nombreux téléspectateurs, explique cette dernière. C’est un programme qui fédère et plaît beaucoup aux Français. Ils sont attachés à ces éléments, aux robes de princesse, notamment. »

« Défiler en maillot de bain et être féministe »

Au sujet des bikinis, pour elle, la question ne se pose même pas. « Pour reprendre les propos d’Eva Colas [Miss Corse 2017, NDLR], on peut défiler en maillot de bain et être féministe », considère Sylvie Tellier. Elle ajoute: « On n’a jamais obligé une jeune femme à faire ce qu’elle ne voulait pas faire. Elles sont libres de choisir le maillot de bain ou la robe qu’elles veulent porter. »

La responsable du concours émet quelques réserves à la suite de l’annonce du comité de Miss America. « Ce n’est pas une révolution, affirme-t-elle. Qu’est-ce qu’il se passe si une concurrente a envie de défiler en maillot de bain? »

D’après les propos de Gretchen Carlson, actuelle présidente du conseil d’administration de l’organisation américaine, rien n’empêche les prétendantes au titre de défiler de la sorte. C’est à elles-seules de décider de la tenue dans laquelle elles veulent apparaître: en jean, en jupe, en robe, ou en bikini. Ça ne dépend que d’elles.

Voir également:

Miss France 2019 : douze super-héroïnes sexyParis Match

Cette année, pas de défilé en bikini. À la place, les douze finalistes ont enfilé des tenues de super-héroïnes… très sexy.

Des body moulants et flashy au décolleté plongeant ont remplacé les maillots de bain deux pièces. En effet, pas de défilé en bikini cette année. À la place, les douze demi-finalistes du concours Miss France 2019 ont enfilé des tenues de super héroïnes… très sexy. Façon Wonder Woman, elles ont déambulé sur la scène du Zenith de Lille, capes couvertes de slogans féministes sur le dos. «Yes women can» (traduction : «Oui, les femmes peuvent») ou encore «Fight for your rights» («Battez-vous pour vos droits») a-t-on ainsi pu lire. Le tout sur les musiques des Spices Girls, «Wannabe», ou encore des Destiny’s Child, «Survivor».

Sur scènes, les candidates ont été rejointes par Miss France 2018 Maëva Coucke, en body argenté, avec une cape simplement ornée des mots «Miss France». Après un an de règne, la Miss Nord-Pas-de-Calais 2017 posera la couronne sur la tête de celle qui lui succèdera. «J’aurais aimé rester Miss France encore un peu», nous a confié Maëva Coucke, à quelques heures du début de la cérémonie.

Parmi les trente candidates régionales, seules douze ont été sélectionnées en demi-finale et pourront faire partie des cinq finalistes. Voici la liste des demi-finalistes :
– Miss Guadeloupe, Ophély Mezino ;
– Miss Provence, Wynona Gueraïni ;
– Miss Nord-Pas-de-Calais, Annabelle Varane ;
– Miss Limousin : Aude Destour ;
– Miss Ile de France : Alice Querette ;
– Miss Franche Compté : Lauralyne Demesmay ;
– Miss Tahiti : Vaiamala Chaves ;
– Miss Lorraine : Emma Virtz ;
– Miss Aquitaine : Carla Bonesso ;
– Miss Réunion : Morgane Soucramanien ;
– Miss Côte d’Azur : Caroline Perengo ;
– Miss Languedoc : Lola Brengues.

Bal des Débutantes : « Sans mon QI, je n’aurais pas été invitée », dit une participante

INVITÉE RTL – Lauren Marbe, une jeune Anglaise dotée d’un quotient intellectuel de 161 participe ce samedi à son premier Bal des Débutantes.

C’est une tradition de la noblesse européenne qui revit depuis quelques années. Lors du Bal des Débutantes samedi, une vingtaine de jeunes filles « bien nées » d’horizons différents feront leur entrée dans l’aristocratie sous les lambris de l’Automobile club de France. Parmi elles, Lauren Marbe, une jeune Anglaise qui participera à son premier Bal. Du haut de ses 17 ans, son profil tranche avec celui des autres filles : son quotient intellectuel est plus élevé que celui d’Einstein.

Un QI de surdouée

Avec 161 de quotient intellectuel, Lauren Marbe fait figure de surdouée. « Sans mon QI, je n’aurais pas été invitée », assure la jeune fille au micro de RTL. Lauren a pris conscience de ses prédispositions après avoir passé le test de Mensa, un club international regroupant des personnes obtenant des scores parmi les 2% les plus élevés aux tests d’intelligence.

« Je n’y croyais pas quand on me l’a dit. Quand je suis rentrée chez moi et que je l’ai dit à ma mère elle n’a pas réalisé. Mais quand mon professeur l’a appelée pour expliquer les résultats on a compris que c’était une bonne chose », explique-t-elle.

Entre stress et excitation

Si sa vie « n’est plus du tout la même » depuis, la jeune Anglaise ne se sens pas différente des filles de son âge pour autant. « Je pense que je suis toujours la même personne. Je ne passe pas mon temps à le crier sous tous les toits. Je n’ai pas envie de passer pour celle qui a la grosse tête », confie-t-elle.

Samedi, Lauren participera à son premier Bal. Une intronisation dans le monde, selon la formule consacrée, que la jeune fille attend avec impatience. « J’ai vraiment hâte d’y être. Plus la soirée approche, plus je suis excitée et stressée. Je pense que ça va passer au moment du bal. Je vais essayer d’en profiter au maximum et de ne pas me prendre la tête. Ce qui m’effraie, c’est de me retrouver dans un univers totalement nouveau pour moi mais je vais faire ce que je peux« , lâche-t-elle.

Voir de même:

Le traditionnel Bal des débutantes réunira, samedi, vingt jeunes filles triées sur le volet ainsi que leurs familles au très prestigieux Automobile Club de France, place de la Concorde, à Paris.

Elles ont déjà tout et pourtant elles rêvent de ce bal depuis qu’elles sont toutes petites. Inspiré d’une tradition aristocratique européenne, le Bal des débutantes de Paris, le plus renommé, donné cette année au profit de l’association Enfants d’Asie, se déroulera, samedi 30 novembre, à l’Automobile Club de France. Ce grand évènement mondain permet à vingt jeunes filles d’une douzaine de pays, triées sur le volet, de faire leur « entrée » dans le monde, comme l’exigeait le protocole dans les cours royales.

Principales conditions d’éligibilité : avoir entre 16 et 22 ans, être jolie et surtout pouvoir rentrer dans les robes prêtées par les maisons de haute couture comme Dior, Chanel ou Armani. Autant dire que passé le 38, c’est fichu. Mais ces trois conditions ne suffisent pas. Si vous voulez danser la valse avec le gratin ou goûter aux petits plats du chef étoilé Christopher Hache, il vous faudra correspondre à un ou plusieurs des critères suivants.

Descendre d’une grande famille aristocratique

Rares sont les élues à pouvoir enfiler les Louboutin pour participer au Bal des « déb ». Tradition oblige. A l’origine, les jeunes filles issues de la noblesse du Royaume-Uni attendaient impatiemment leur dix-huitième anniversaire afin de se présenter devant la reine au bras de leur père.

Si vous descendez d’une grande famille aristocratique ou, mieux, d’une famille royale, il vous sera donc plus facile de décrocher une invitation. Cette année, la Grande-Bretagne est représentée par Lady Amelia Windsor, dont le grand-père est Edward, duc de Kent et cousin germain de la reine Elizabeth II.

Etre fille d’acteur, d’industriel ou de magnat de la presse

Aux côtés de ces jeunes pousses de l’aristocratie, les filles d’acteurs et de réalisateurs sont de plus en plus souvent invitées. Samedi, Romy David, fille du producteur et acteur américain Larry David, sera de la partie. Ces dernières années, les filles de Rosanna Arquette, de Luc Besson, de Bruce Willis, de Clint Eastwood, de Sylvester Stallone ou encore d’Andie MacDowell ont pu s’illustrer à la valse, sous les ors de l’hôtel de Crillon.

Mais les filles de riches industriels ou d’hommes d’affaires ne sont pas en reste. Zoe Springer, petite-fille, très tatouée, du magnat de la presse allemand Axel Springer, compte parmi les débutantes de 2013.

Etre intelligente ou connue pour soi-même

Ophélie Renouard, qui a créé en 1992 la version contemporaine de ce bal, tombé dans les oubliettes après 1968, l’assure à francetv info : « La richesse n’est pas un critère de sélection. Tout est payé par les sponsors donc peu importe la fortune de ces jeunes filles. Ce qui compte le plus, c’est de réunir des familles d’univers différents. »

Cette année, le rôle de Cendrillon sera tenu par Lauren Marbe, dont Paris Match a fait le portrait. Cette fille d’un chauffeur de taxi londonien aura l’occasion de découvrir un monde qu’elle côtoie peu. Invitée pour son talent et non pour son patronyme, cette lycéenne britannique de 17 ans est devenue célèbre pour son QI Mensa de 161, supérieur à celui d’Einstein.

Savoir se tenir en société et ne pas avoir fait de sex-tape

Aussi riche, célèbre et « fille de » soit-elle, Paris Hilton a été recalée du Bal des débutantes. Pas assez classe pour participer. La plupart des filles ne postulent même pas pour être choisies. L’organisatrice Ophélie Renouard s’enorgueillit d’avoir acquis, au fil des ans, un réseau suffisant pour pouvoir inviter les jeunes filles « bien nées » du monde entier. Mais quelques audacieuses tentent malgré tout leur chance et se voient régulièrement refuser l’entrée.

Ophélie Renouard, qui a toujours le dernier mot sur le choix des « déb », reçoit près d’une centaine de candidatures par an. Parfois complètement farfelues, « comme cette fille qui postule en arguant : ‘j’ai 30 ans mais je ne les fais pas' », raconte-t-elle. « Nous choisissons essentiellement des jeunes filles bien éduquées et studieuses, qui font de bonnes études. »

Savoir danser la valse

Que serait un bal sans valse ? « C’est ce qui effraie le plus les filles. Certaines prennent des cours à l’avance pour apprendre à danser la valse. Nous n’organisons qu’une seule répétition de deux heures le vendredi soir, veille du bal », explique Ophélie Renouard.

Cette année, c’est Kyra Kennedy, la petite-nièce du président John F. Kennedy (ici interviewée par Paris Match), qui ouvrira le bal au bras de son père. Même si une ambiance musicale plus moderne succède aux valses, vers la fin de la soirée, il vaut donc mieux avoir pris quelques cours pour ne pas se prendre les pieds dans sa robe Chanel.

Etre l’un des cavaliers

Pas de bal sans cavaliers, bien sûr. Les filles ont le choix d’amener le leur. « Avant, la moitié des filles venaient accompagnées. Dorénavant, elles sont paresseuses et la plupart préfèrent que je trouve moi-même leur cavalier », s’amuse Ophélie Renouard. Si vous êtes beau, riche, bien élevé et de bonne famille, vous avez une chance d’être choisi.

Parmi les chevaliers servants, cette année, Anthony Ghosn, 19 ans, fils du PDG de Renault Carlos Ghosn, arrivera au bras d’une jeune Hongkongaise. Amaury de Bourbon-Parme et Pierre de L’Espée, deux jeunes aristocrates, sont eux aussi conviés. Les cavaliers qui font forte impression sont invités à revenir d’une année sur l’autre.

Voir de plus:

Debutante balls reinvent themselves as highly exclusive social networking events

The tradition has been reinvented in Paris, London and New York, and has even sparked new editions in Shanghai

Vivian Chen

Eleanor Lam is no stranger to high society’s glitter and glamour. Her father is entertainment tycoon Peter Lam, and her mother is actress-turned-socialite Lynn Hsieh. Lam is used to being in the spotlight but, even for her, the Parisian Le Bal des Débutantes was a once-in-a-lifetime experience. « It’s a night filled with glamour and excitement and, of course, gorgeous gowns, » she says. « Any girl would enjoy being dolled up and trying on fabulous gowns. »

Lam was among the 24 young women from around the world invited to the ball held last November at the heritage Hotel Raphael in the heart of Paris.

On the night of the ball, the debs (debutantes) were dressed in lavish haute couture gowns created by top fashion houses the likes of Dior, Elie Saab and Giambattista Valli. After spending hours with a small army of make-up artists and hairstylists to perfect their looks, the debs make their entrance on the arms of their cavaliers and waltz the rest of the night away.

While the original purpose of debutante balls – to introduce well-presented young women from upper-class families to society as well as to potential husbands – might have lost its cultural relevance, modern debutante balls have reinvented themselves as highly exclusive social networking events that not only appeal to eligible socialites, but also to luxury brand sponsors.

The tradition has been reinvented in Paris, London and New York, and has even sparked new editions in Shanghai. In addition to the Parisian Le Bal, another prominent debutante ball in the 1960s and ’70s – The London Season – was revived by former deb Jennie Hallam-Peel in 2007.

In 2011, Hallam-Peel helped Chinese socialite Vivian Chow Wong launch the Shanghai International Debutante Ball. The first edition of the Shanghai ball took place at the heritage Waldorf Astoria hotel on the Bund and has since moved to the nearby Peninsula Hotel. Luxury brands such as jeweller Chaumet and French luxury beauty brand Guerlain are among the headline sponsors for the event.

« The introduction of international debutantes enhances the social life and experience of all participants. It also [promotes] international understanding, » says London Season organiser Hallam-Peel.

Ophélie Renouard, founder of Parisian Le Bal, agrees. « In this age of Facebook and other social media, these girls don’t need to be introduced to society. The event now serves as their couture and media premiere. Even if they come from privileged families, they might not have tried a couture gown or worn fabulous jewellery, and most of the time, they have not been [featured] in the media. » Le Bal, named one of the top 10 parties in the world by Forbes, was created by Renouard in 1992. It puts a modern spin on the traditional ball by bringing in French couturiers and high jewellers to dress the debs.

Lam was fitted with a Dior couture gown which made her feel like a modern-day princess. « When I tried on the gown, I instantly knew it was the one, » she says.

« I love the gorgeous beadings and intricate details such as pockets on each side, which are perfect for a lip gloss and an iPhone. It also comes with a tuxedo jacket, which gives the gown an edge. »

Le Bal has since grown into a party of the year, where European aristocrats mingle with heiresses of Asian and Russian billionaires, politicians and international stars. Among the debs were actor Sylvester Stallone’s daughter, Sophia Stallone; musician Phil Collins’ daughter, actress Lily Collins; Britain’s Lord Ivar Mountbatten’s daughter, Ella Mountbatten; and former Italian prime minister Silvio Berlusconi’s daughter, Barbara Berlusconi.

The purpose for the debutante balls might have shifted, yet the selection of debs remain ultra-exclusive. Family background naturally comes first in the screening process. To be invited to the Le Bal, for example, Renouard says the debutante has to be very special. « Her looks, style, lineage or achievements [have to be outstanding]. »

Chow Wong agrees. « A deb needs to be well educated and well-mannered. If she needs an etiquette lesson, she won’t be on my invitation list. »

Family background, however, isn’t the only requirement, Renouard adds. In 2013, for example, Lauren Marbe, the then-17-year-old daughter of a British taxi driver, was invited because she has an IQ of 161 – higher than that of Albert Einstein.

Lavish experience and networking aside, being part of the stellar event also helps to boost the debs’ CV – which makes the invitation to the exclusive balls a sought-after ticket for the world’s rich and famous.

« When I see the number of requests that Le Bal gets every week of the year, I have to admit that the event is a true fantasy for the debs and cavaliers, » Renouard says.

Debutante balls have opened up to Asian socialites in recent years, addressing the booming Asian economy and the region’s ultra-high-net-worth individuals. Parisian Le Bal first included Asian debs in 2003 with the participation of Wan Baobao, granddaughter of Wan Li, former chairman of the China’s National People’s Congress, as well as Penelope Pei-Tang from China and Candy Soo from Singapore.

« I’m proud to be Chinese … the event was memorable and out-of-the-ordinary, » Soo says.

Putting Asia on the map also helps raise awareness of debutante balls. Although it takes place in China, Chow Wong says the Shanghai International Debutante Ball is an international event, hence only two to three Chinese debs are included each year.

« The purpose of having the ball in Shanghai is to catch up on the international trend, » says Chow Wong, whose father is Beijing opera master Zhou Xinfang. « You have the ball in Paris, London, New York and now Shanghai, a city with so much history and heritage to offer. »

Recent Asian debs include Jen Hau, daughter of Taipei’s former mayor Hau Lung-bin, and Annie Liang, a descendant of famous Chinese scholar and philosopher Liang Qichao.

Voir encore:

Les Miss France et le poids : une omerta qui perdure en 2018

Si l’on ne connaît pas encore le visage de la future Miss France, sa silhouette ne sera certainement pas une surprise. Décryptage de ce qui modèle le corps de « la plus belle femme de France ».

Le 15 décembre, une nouvelle jeune française sera couronnée Miss France de l’année 2019. Pour la 89e année consécutive, le concours de beauté le plus célèbre de l’hexagone élira « la plus belle femme de France » devant plusieurs millions de téléspectateurs (7 millions lors de l’édition précédente). Pourtant, l’heureuse élue reste encore très éloignée du physique de la femme française.

Un règlement strict, mais qui ne mentionne pas le poids

Pour devenir Miss France, plusieurs critères très précis sont à respecter. Les candidates doivent avoir entre 18 et 24 ans, être françaises de naissance (ou naturalisées) célibataires, ni veuves ni pacsées, sans enfant. Côté physique, elles doivent mesurer au minimum 1m70, ne pas avoir eu recours à la chirurgie esthétique, ne pas avoir de tatouage visible, de piercing, perruque, faux-cils ou autre « artifice tendant à transformer son aspect naturel », comme il est inscrit dans le règlement officiel. Si la liste des recommandations s’étend sur plusieurs pages, un critère important n’est jamais mentionné : le poids minimum ou maximum des futures Miss.

« Si le critère n’existe pas, c’est sans doute qu’il n’y a aucune justification socialement acceptable par les personnes qui organisent les concours », suggère à France 24 Découvertes Camille Couvry, enseignante et chercheuse au Laboratoire des Dynamiques Sociales de l’Université de Rouen. Une absence qui aurait pu être saluée, si les Miss ne faisaient pas toutes un poids plume, largement en dessous de l’IMC de la française moyenne comme le rapportait La Voix du Nord dans un article daté de décembre 2017. « Cela n’empêche pas les personnes qui sont engagées dans des concours – et une partie au moins de celles qui les regardent – de considérer qu’avoir un poids ‘moyen’ (relatif à la taille minimale de 1m70) est un critère de beauté et d’élégance », ajoute Camille Couvry.

À qui la faute ?

Pauline Darles, Miss Ile-de-France 2011, avait quitté l’aventure Miss France en plein voyage préparatoire aux Maldives car elle n’était « pas en accord » avec l’esprit du concours. Quand on l’interroge sur l’uniformité du poids des Miss, la jeune femme nous explique le processus par lequel elle est passée. « Il y a des différences entre les régions mais il est clair qu’en envoyant des photos de soi, on donne déjà une indication de ses mensurations », dit-elle avant de préciser que lors des sélections, « ce ne sont pas seulement les comités qui votent, mais aussi le public, à 50 – 50. Si les gens votaient pour d’autres physiques, ça changerait peut-être ».

Pour elle, cette omerta vient donc d’une responsabilité collective. Idée que partage Camille Couvry, qui nous rappelle que « les processus de sélection dans les concours ne sont pas extérieurs à la société dans laquelle ils s’insèrent. Les jurés, tout comme les candidates qui évaluent leurs chances – et peuvent parfois s’auto-éliminer – sont évidemment influencés. » Influencés par les réseaux sociaux, les arts, la publicité… En bref, tout ce qui ce qui prône l’idéal d’un corps féminin fin et élancé joue un rôle dans cette injonction à la minceur.

Enfin, Pauline Darles se souvient à propos de son expérience au sein de Miss France : « Il n’y a pas de régime imposé mais une observation de comment on se nourrit, ce que l’on choisit au buffet de l’hôtel par les chaperons. Si l’on se ressert plusieurs fois, ça va être remarqué ». Une loi du silence qui règne jusque dans les comportements des participantes, au sein même de la compétition. Contacté par France 24 Découvertes à plusieurs reprises, le Comité Miss France n’a pour le moment pas donné suite à nos questions.

Discours engagés et défilé en bikini 

Certes, les jeunes prétendantes au titre de Miss sont, à certains moments de l’émission, mises en valeur autrement que physiquement. Lors de leurs discours par exemple, ou des courts portraits réalisés par la production. Mais s’en suivra le traditionnel défilé en bikini, exercice très paradoxal puisqu’il consiste à juger les candidates exclusivement sur leurs corps.

À titre de comparaison, le concours Miss America avait annoncé en juin dernier que ce défilé en maillot de bain ne figurerait dorénavant plus dans leur compétition. Sylvie Tellier, directrice de l’organisation Miss France, avait quant à elle indiqué que la France ne suivrait pas cette décision, puisque ledit exercice fait « partie de la magie Miss France ».

« Il y a eu dans l’histoire des élections de Miss, et plus largement de la beauté, un souci de la mesure du corps et des critères de beauté », ajoute Camille Couvry. Des propos qui font écho à ceux des chercheuses Anne Monjaret et Frederica Tamarozzi dans l’article « Pas de demi-mesure pour les Miss : la beauté en ses critères », publié dans  la revue « Ethnologie Française » : « Il faut voir dans ce diktat de la minceur l’influence d’une mode qui trouvait en Poirier et Coco Chanel ses créateurs, et dans les stars et les femmes du ‘beau monde’, ses égéries ».

Certains milieux responsables en partie de ce culte de la minceur commencent pourtant à faire des efforts : Mattel, maison-mère de Barbie, propose depuis 2016 une poupée « plus size » aux mensurations plus généreuses que l’originale. En 2017, deux grands groupes de luxe français LVMH et Kering ont signé une charte les engageant à ne plus faire défiler de mannequin de taille 32. De petits pas en avant, mais des avancées quand même.

Pourra-t-on voir un jour une femme aux proportions plus réalistes être élue Miss France ? « Oui, c’est envisageable », affirme Pauline Darles. « C’est l’inconscient collectif qui valide des normes de beauté. Si les gens votaient pour d’autres physiques, ça pourrait changer ». De son côté, Camille Couvry pense que « le changement pourrait venir du bas ». « J’ai déjà assisté à des concours locaux qui avaient éliminé le défilé en maillot de bain lors d’une ou deux éditions », nous raconte-t-elle. Affaire à suivre, donc.

Voir aussi:

Miss France 2018 Des miss à l’IMC si éloigné de la moyenne des Françaises

Au milieu des critères esthétiques d’un concours de beauté, il en est un que l’organisation se garde bien d’évoquer. Celui du poids. En 2016, l’association Osez le féminisme avait, une nouvelle fois, soulevé la question en dénonçant «  cette mise en concurrence à une heure de grande écoute  » entraînant «  beaucoup de souffrance pour d’autres femmes qui ne font pas 1,75 m pour 50 kilos ». « C’est un concours de beauté avec juste une limite de taille. Les critères ne sont pas seulement physiques  » avait alors répondu Sylvie Tellier, directrice générale de la société organisatrice.

Pas un mot sur l’IMC des lauréates

L’organisation a donc logiquement refusé de nous communiquer, pour ces mêmes raisons, ces données. Mais sur internet, la question continue d’être débattue. Des chiffres circulent sur les pages Wikipédia des anciennes miss France, sans que celles-ci n’interviennent. Des blogs listent inlassablement le poids des jeunes filles, sans que l’on sache le vrai du faux. Les miss livrent parfois un chiffre au détour d’une interview.

Sur le modèle du travail du site américain PsychGuides, nous avons cherché à connaître l’évolution de l’indice de masse corporel, cette combinaison entre le poids et la taille d’une personne, des miss à travers le temps. Nos recherches ont permis de lister le poids de 16 miss. Cinq proviennent de sources de confiance. Le graphique ci-dessous est donc purement indicatif, mais il a le mérite de compiler et de mettre en forme les données circulant sur la question.

Cliquez ici pour ouvrir cette infographie en plein écran.

Il en ressort qu’avec un IMC moyen de 18,1 depuis 1954, miss France n’est pas une Française comme les autres. Elle est même beaucoup plus mince. Pour les Françaises de 18 à 35 ans, l’Insee relevait un IMC de 22,4 en 2002, toujours très loin des miss France qui ne sont pas sorties d’un couloir allant de 18,5 à 16,4 entre 2000 et 2017.

« Plutôt une situation de minceur »

Plus globalement, en 2016, l’IMC d’une Française était de 23,1 selon les relevés de l’Organisation mondiale de la santé. Cette même organisation évalue l’IMC normal entre 18,5 et 25. Seules cinq miss se trouvent dans cette fourchette. Onze d’entre elles se situent par contre entre 16,5 et 18,5 et seraient donc en situation de maigreur selon l’OMS. Des chiffres inquiétants ? Pas forcément. « Il s’agit plutôt d’une situation de minceur, recadre Emmanuelle Couturier, diététicienne-nutritionniste à Marcq-en-Barœul. L’IMC n’est pas forcément très parlant, car il ne fait pas la différence entre masse graisseuse et masse musculaire. Il ne prend pas non plus en compte l’ossature. Par contre si elles font un régime pour entretenir cette minceur, c’est là que cela peut être compliqué. »

Pour mieux se rendre compte de l’évolution des miss. Le diaporama vidéo ci-dessous permet de remonter le temps d’Agnès Souret à Alicia Aylies.

Miss France dédié à la cause des femmes, une hypocrisie selon des féministes
Camille Moreau

L’Express

14/12/2017

Sylvie Tellier, directrice générale de la société Miss France, affirme que l’élection Miss France 2018 aura pour objectif majeur de dénoncer les violences faites aux femmes. Des propos qui passent mal auprès des associations féministes.

L’élection de Miss France 2018 qui se tiendra le 16 décembre à Châteauroux s’inspirera-t-elle de l’élection de Miss Pérou dont les candidates avaient dénoncé les violences faites aux femmes dans le pays? C’est en tout cas ce qu’a annoncé Sylvie Tellier, directrice générale de la société Miss France, lors de la conférence de presse du concours de beauté. « Cette élection sera un moment pour prendre la parole et sensibiliser les téléspectateurs sur les violences faites aux femmes. »

Une volonté confirmée lors d’un entretien donné à nos confrères du Parisien. « L’élection de Miss France, c’est quand même trente jeunes femmes en direct à la télévision pendant trois heures, à une heure de grande écoute. C’est l’occasion de parler de la femme et de dénoncer les violences faites aux femmes qui sont encore beaucoup trop importantes en France aujourd’hui et dont on ne parle pas assez », affirme Sylvie Tellier.

« Des critères de beauté réducteurs »
Des propos qui font grincer des dents les associations féministes, jugeant le concours Miss France sexiste et dégradant. « Il est dommage que la seule soirée de l’année dédiée aux femmes à la télévision, cultive l’idée de la femme objet. L’élection Miss France est un concours qui repose sur des critères de beauté réducteurs et ridicules. Il serait plus judicieux de valoriser les talents, plutôt que des stéréotypes physiques irréels », s’est par exemple exprimée Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole de l’association Osez le féminisme.

Ne pas être mariée, ne pas avoir d’enfant, ne pas avoir de tatouage, mesurer 1,70 mètres minimum et avoir moins de 26 ans font partie des règles imposées aux candidates et jugées archaïques et sexistes par les associations. « Je ne vois pas comment on peut se battre pour l’égalité des sexes, revendiquer le respect de la femme tout en cautionnant ce genre de concours », s’indignait il y a quelques semaines une lectrice de la Styles Room.

« Miss France permet de soutenir et faire avancer des causes »

Des critiques qui n’ont pas lieu d’être pour Sylvie Tellier. « Miss France 2018 permet de soutenir des causes et de les faire avancer, la prise de parole des Miss au Pérou en est la preuve. Elles agissent à leur niveau pour améliorer la condition féminine. »

La 88e édition de Miss France sera animée pour la 23e fois par Jean-Pierre Foucault et présidée par Iris Mittenaere, Miss Univers 2017, et le couturier Jean-Paul Gaultier.

Voir également:

VIDEO. Miss France 2019: Pourquoi l’Ile-de-France, région la plus titrée, ne gagne-t-elle plus le concours?
BEAUTE Miss Ile-de-France n’a plus été élue Miss France depuis 1996. Et si cela changeait cette année? Réponse samedi soir au micro de Jean-Pierre Foucault….

Floréal Hernandez

20 minutes

le 14/12/18

Depuis 1929, les Miss Paris ou Ile-de-France ont remporté 15 fois le concours Miss France. Mais la plupart des titres ont été gagnés entre 1930 et 1950.

La dernière Miss France francilienne remonte à 1997 avec l’élection de Patricia Spehar. L’an dernier Lison Di Martino avait terminé 2e dauphine de Maëva Coucke.
Alors que l’Ile-de-France compte 12 millions d’habitants, pourquoi sa Miss ne profite-t-elle pas du vote du public pour gagner la couronne?

L’Ile-de-France aime-t-elle sa miss ? La région est la plus peuplée de France avec 12 millions d’habitants, pourtant quand Lison Di Martino, Miss Ile-de-France 2017, est arrivée dans les cinq finalistes l’an dernier, ce n’est pas elle qui a reçu le plus de votes du public mais la Nordiste Maëva Coucke. Une région avec une identité bien plus forte que l’Ile-de-France

C’est là l’une des faiblesses de la candidature francilienne. « Je l’ai vécue, avoue Margaux Savarit, Miss Ile-de-France 2014 et 11e du concours Miss France. On a moins de chance d’être élue car il n’y a pas d’identité régionale en Ile-de-France. Avant l’élection Miss France, aucun média ne s’est intéressé à moi. Je n’ai fait aucune interview, eu aucun soutien. Ça plombe le moral. »

Présidente depuis 2014 du comité Miss Ile-de-France, le plus titré avec 15 miss, Laure Mattioli rejoint l’avis de Margaux Savarit. « Beaucoup de Parisiens ou de Franciliens viennent d’autres régions. Moi en tant qu’ancienne Miss Bourgogne vivant à Paris, j’avais tendance à soutenir Miss Bourgogne. » Chercheuse en sociologie à l’université Rouen-Normandie, Camille Couvry reconnaît que « la dimension affective liée à sa région d’origine peut se retrouver dans les votes ».

L’auteure de la thèse Beauté, classe sociale et empowerment : les jeunes femmes de classes populaires dans les élections de Miss en Normandie estime possible l’hypothèse que les miss issues d’une région à forte identité soient avantagée pour capter les votes locaux. « Le succès au concours Miss France des régions à forte identité locale ne colle pas aux revendications régionales, culturelles ou politiques », souligne-t-elle. Et, elle rappelle les victoires depuis 2010 des Miss Normandie, Bourgogne ou Orléanais.

Laure Mattioli incite tout de même « les Franciliens à se sentir investis par rapport à leur miss ». Ça a été le cas pour Lison Di Martino l’an passé mais c’est resté circonscrit à son département d’origine. « La Seine-et-Marne s’est vraiment bougée pour elle, note celle qui est de la promo de Sylvie Tellier en 2002. Elle était l’une des favorites dans la presse, sur les réseaux sociaux. Ça n’a pas suffi. »

Cela va-t-il se répéter pour Alice Quérette, Miss Ile-de-France 2018, 24 ans et originaire de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) ? Margaux Savarit ne l’espère pas. « Elle est dans mon top 3 avec Franche-Comté et Languedoc-Rousillon. Je la vois aller très loin, comme l’an dernier. »

Comme en 2017, Miss Ile-de-France – « quelqu’un de bien physiquement et moralement », selon la présidente du comité régional – est l’une des favorites du concours, selon une partie de la presse présente à l’Ile Maurice avec les miss. A Lille, ce samedi, Alice Quérette sera soutenue par quinze personnes, issues de sa famille et du comité, qui s’est mobilisé sur les réseaux sociaux.

Mais, d’après une étude réalisée pour 20 Minutes sur ces mêmes réseaux sociaux à 7 jours de l’élection, et qui sera dévoilée samedi, elle ne figure pas parmi les miss les plus populaires. Si elle souhaite la victoire de sa protégée, Laure Mattioli appelle à « un vote objectif pour faire gagner la plus méritante ». Et l’ex-Miss Bourgogne de conclure : « Le public se trompe rarement. »

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Miss France 2019: La moitié des miss noires ou métisses, une avancée pour le concours?

DIVERSITE Cette année, nombreuses sont les miss noires et métisses et « 20 Minutes » s’est demandé si ça pourrait aider à combattre les stéréotypes…

Claire Barrois

20 minutes

  • Cette année, la moitié des candidates à Miss France 2019 sont noires et métisses.
  • L’élection faisant partie des programmes télé les plus regardés de l’année, nous nous sommes demandé si cela signifiait une avancée de la diversité à la télévision.

L’avez-vous remarqué ? Cette année, la moitié des candidates à la couronne de Miss France 2019 sont noires, métisses ou issues de l’immigration. Près de 8 millions de téléspectateurs vont donc assister à un concours plus proche de la société telle qu’elle est alors que la télévision ne montre quasiment que des blancs. Cette soirée peut-elle porter un message ?

Du côté des miss concernées, on n’en est pas convaincues. Miss Guadeloupe, Ophély Mézino, et Miss Picardie, Assia Kerim, partagent plutôt l’avis de Miss Guyane, Laureline Decocq, pour qui « c’est important d’être nombreuses parce que la France d’aujourd’hui c’est beaucoup de métissages. On montre toutes les facettes de la beauté française. »

« Ça représente la France d’aujourd’hui »

Pour Miss Limousin, Aude Destour, mi-Ch’ti mi-Martiniquaise, l’intérêt c’est que « nous ne sommes pas du tout les mêmes métisses. Par exemple, Miss Provence a des origines algériennes. C’est super bien pour le concours parce que ça représente la France d’aujourd’hui. Il y a aussi des origines d’autres pays d’Europe. » Un constat que partage Jessie Magana, autrice d’ouvrages jeunesse autour de la lutte contre les stéréotypes et le sexisme.

« Les métisses sont un peu plus visibles cette année dans le concours et représentent une tendance de fond de la société française, rappelle l’autrice. C’est assez intéressant parce que ça montre la réalité de la société française qui est mélangée quoi qu’on veuille nous faire croire, issue de vagues d’immigration​ très anciennes. Un Francais sur quatre a au moins un de ses grands-parents qui n’est pas né en France. C’est révélateur du métissage progressif de la société française. »

Mais selon l’autrice, ce qui est aussi intéressant dans le métissage des miss, c’est leur origine sociale. « Elles viennent toutes plus ou moins de la classe moyenne, et les vagues d’immigration sont souvent dans les classes populaires. Là, le fait que la plupart de ces jeunes femmes soient de classe moyenne montre l’intégration des anciens immigrés à la société française. Ces jeunes filles sont un vrai panel de ce qu’est la société française. » Mais cela ne suffira pas forcément à faire évoluer les mentalités.

« Les noirs devraient intervenir comme médecin ou ministres à la télévision »

« C’est un concours lié à l’apparence, rappelle Jessie Magana. Montrer davantage de femmes noires dans ce cadre ne lutte pas contre les stéréotypes parce que ça rentre dans les stéréotypes de la femme et encore plus de la femme noire [une femme très érotisée dans l’imaginaire collectif]. Il faudrait un concours sur la personnalité, le charme, la façon de s’exprimer en public, pas que sur la beauté pour que ça lutte contre les stéréotypes. Les noirs devraient intervenir comme médecin ou ministres à la télévision, pas que dans les concours de beauté et dans le foot. »

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Têtes couronnées

Miss France: ce qui a changé depuis le début de l’élection

Près de 100 ans après sa création, le concours Miss France a connu plusieurs évolutions.

Camille Moreau

L’Express

Comme chaque année depuis 1920, date de création du concours de beauté par le journaliste et écrivain belge Maurice de Waleffe, une jeune femme sera en décembre élue Miss France parmi les 30 candidates en lice. Un show présenté pour la 23e année par Jean-Pierre Foucault, accompagné de Sylvie Tellier, directrice générale de la Société Miss France depuis 2010. La cérémonie, bien qu’organisée « dans le respect de la tradition », a connu bien des changements depuis sa naissance il y a près d’un siècle.

« La plus belle femme de France »

Aux prémices de l’élection, Maurice de Waleffe avait choisi le terme « La plus belle femme de France » pour désigner le concours. Les portraits des candidates de la première édition étaient publiés dans le quotidien Le Journal. Chacune était présentée sous un pseudo de nom de fleur, de pierre, d’oiseau ou de déesse, révèle Le Figaro Archives dans un article réalisé en partenariat avec l’INA.

Entre 1922 et 1926, le concours de beauté n’a pas lieu. Il ne reprend qu’en 1927 sous le nom qu’on lui connaît aujourd’hui : Miss France. Roberte Cusey, Miss Jura 1926, est élue cette année-là.

Une baisse du nombre de candidates

Les jeunes femmes en lice pour le concours Miss France représentent chacune une région de l’Hexagone. Elles étaient 45 en 2006, 33 pour l’élection de Miss France 2011. Cette année, elles seront 30. La réforme territoriale de 2016 n’a pourtant pas eu d’impact sur le nombre de candidates. « Ce nouveau découpage est une affaire politique et économique et nous sommes loin de ces considérations. Notre concours est indépendant du gouvernement », avait confié Sylvie Tellier à L’Express, rappelant que sa priorité était que tous les Français « se retrouvent dans l’élection ».

D’ailleurs, le nombre de candidates n’a jamais véritablement collé à la carte administrative de la France. Pour la directrice du comité Miss France, le but est surtout « d’avoir des identités fortes ». Raison pour laquelle certaines provinces sont absorbées pour renforcer certaines identités territoriales. Les titres de Miss Centre et de Miss Orléanais ont ainsi fusionné pour devenir Miss Centre-Val-de-Loire.

Des critères qui ne sont pas uniquement physiques

Les critères depuis la création de l’élection Miss France excluent une bonne partie de la population féminine. Il faut être une femme -mais pas transsexuelle- et avoir entre 18 et 24 ans. Il faut également mesurer 1,70 mètre minimum, ne pas avoir d’enfant, ni être mariée, et posséder un casier judiciaire vierge. Les tatouages sont également interdits, l‘éviction de Miss Martinique en 2017 pour cause de colibri sur l’omoplate avait d’ailleurs suscité l’incompréhension des internautes.

Pour Sylvie Tellier, le concours ne repose plus uniquement sur des mensurations. « Les critères ont évolué depuis la création de l’élection pour être plus en accord avec les femmes d’aujourd’hui et correspondre au rôle qui incombe à la future reine de beauté. On porte de l’attention sur la façon de se mouvoir, l’éloquence et le parcours de la jeune femme », nous expliquait la directrice dans un article consacré à la fascination des miss.

Leur temps de parole a d’ailleurs été allongé. « Cette épreuve est parfois décisive pour les candidates », affirme Sylvie Tellier. L’esthétique des jeunes femmes se combine à la personnalité. Le comité du concours Miss America a préféré remplacer le défilé en robe du soir par un exercice d’éloquence durant lequel les jeunes femmes sont habillées de la tenue de leur choix. Pour Camille Couvry, docteure en sociologie et qui a réalisé sa thèse sur les concours de beauté, « c’est surtout une manière de rendre la question du jugement esthétique plus floue et de rendre le concours socialement acceptable ».

Des miss en prise avec l’actualité

On attend aujourd’hui de la future Miss France qu’elle soit capable d’argumenter et de s’informer sur l’actualité. « J’élabore avec mes équipes le test de culture générale. Une note en-dessous de la moyenne est pour moi éliminatoire », explique Sylvie Tellier. Une épreuve qui existait déjà aux débuts du concours mais que l’ancienne Miss France 2002 a adapté en s’appuyant sur l’actualité. « Lorsque j’avais passé le test, je me souviens qu’on m’avait demandé de décrire ma chambre. Mais aussi, quel Beatles était mort », se souvient la directrice générale dans une interview accordée au Figaro.

Une niveau d’exigence accru en adéquation avec l’augmentation du niveau d’études des candidates. Il faut remonter jusqu’en 2000 pour trouver une Miss qui n’a pas obtenu le baccalauréat. Les diplômes seraient-ils devenus un critère de sélection non-officiel pour espérer décrocher la couronne ? Pour Sylvie Tellier, c’est surtout « le reflet de la massification scolaire ».

Des cours de bonnes manières

Depuis 2017, les miss bénéficient de cours de bonnes manières enseignés par Jérémy Côme, auteur de L’Art de maîtriser les codes pour se sentir bien partout en toutes circonstances (éd. Michel Lafon). La future ambassadrice doit être capable de se comporter en parfaite maîtresse de maison et se doit d’être élégante en toute circonstance. Si l’on a envie de crier au sexisme, Jérémy Côme voit plutôt son intervention comme une manière « d’enlever du stress » à la future gagnante. « Je leur donne des tuyaux pour trouver de l’assurance, pour maîtriser l’art de la conversation notamment devant des assemblées -que ce soit pour remettre un prix aux NRJ Music Awards ou pour participer à l’inauguration d’un musée en local-, pour avoir une bonne posture quand on est face à quelqu’un », explique-t-il au site Pure People. Il ajoute également qu’une Miss doit « savoir être chaleureuse, ponctuelle, soignée. Il ne faut pas parler de soi. Globalement, elles n’ont pas besoin de parler d’elles puisqu’on sait qu’elles sont Miss. »

Peut-on manger ou non sa salade avec un couteau, à quelle heure arriver à un dîner, comment déguster des huîtres ou qu’apporter à un hôte à l’occasion d’un repas font également partie des conseils distillés par le spécialiste.

Quid du défilé en maillot de bain

L’épreuve du passage en bikini cristallise les accusations de sexisme des associations féministes à l’encontre du concours Miss France. « Encore une fois, le corps des femmes est un objet, comme dans la publicité. Ce sont des corps souvent nus, et l’épreuve du maillot de bain est celle qui est la plus attendue », dénonce Éléonore Stévenin, porte-parole d’Osez le féminisme. Un défilé supprimé de l’élection Miss America l’année dernière mais qui sera maintenu dans la version française du concours. « Ce sont des costumes qui font partie du spectacle. Nous sommes là pour offrir du beau et transmettre le folklore de cette élection », souligne Sylvie Tellier.

L’épreuve du bikini est récente en France : elle n’a été mise en place qu’après la démission de Geneviève de Fontenay de son titre de directrice du comité Miss France en 2010. Le défilé est d’ailleurs critiqué chaque année par la dame au chapeau qui réclame le retour du maillot une pièce. « Je pense qu’un maillot une pièce ouvert sur les hanches et couvrant un peu plus les fessiers éviterait que les candidates deviennent des exhibitionnistes », expliquait-elle dans une lettre envoyée à Sylvie Tellier, publiée sur le site de Jean-Marc Morandini.

Le public souverain dans le choix de la future Miss France

Le système de vote a été modifié après le départ de Geneviève de Fontenay pour l’élection de Miss France 2010. Le jour du concours, douze miss ont déjà été désignées par le jury -présidé cette année par l’actrice de 90 ans, Line Renaud- durant la semaine précédant l’élection. Pour la sélection des cinq finalistes, se mêlent le vote du public et celui du jury, composé de six célébrités. Enfin, pour déterminer la gagnante et les dauphines, les compteurs sont remis à zéro et c’est uniquement aux téléspectateurs de voter.

Lancé en 1993, l’élection de Mister France, le versant masculin, peine à se faire une place sur la scène médiatique. « C’est un spectacle qui ne prend pas. La notion de compétition autour de la beauté de l’homme n’est pas assez enracinée dans notre Histoire », explique l’anthropologue Élisabeth Azoulay, qui a dirigé l’ouvrage 100 000 ans de beauté (éd. Gallimard). Il y a des choses qui ne changent pas.

Miss France 2019 : quelle région a le plus souvent remporté le concours ?
A.B.

Quelle région de France a été couronnée le plus de fois à l’élection de Miss France? Quelles autres, au contraire, ont eu le moins les faveurs des Français? Paris Match fait les comptes.

Le 16 décembre 2017, Maëva Coucke a été élue Miss France 2018, décrochant un troisième sacre pour le Nord-Pas-de-Calais. Si la beauté des jeunes filles originaires du Nord a séduit les téléspectateurs de l’élection à trois reprises ces quatre dernières années, aucune Miss originaire du Nord-Pas-de-Calais n’avait remporté le concours qui existe depuis 1919 avant…2015.

Il y a 99 ans, la première Miss France élue, Agnès Souret, venait de Bayonne et portait l’écharpe de Miss Aquitaine. En tout, six jeunes femmes de cette région du Sud-Ouest ont été nommées plus belle femme de France, la dernière en 1995. Il s’agissait de Mélody Vilbert, native de Toulouse. L’Aquitaine a le même palmarès que l’Alsace et la Normandie. Tout en haut du palmarès des régions qui ont remporté l’élection de Miss France le plus grand nombre de fois : l’Ile-de-France. Entre 1933 (date de la première victoire) et 1997 (date de la dernière victoire), l’Ile-de-France a été couronnée 13 fois au concours, loin devant la région Rhône-Alpes qui totalise quant à elle 7 victoires.

L’Auvergne, Mayotte ou encore la Champagne-Ardenne attendent toujours une victoire

A l’autre bout du classement, on retrouve la Guyane, le Centre-Val-de-Loire, la Provence et la Corse qui ont chacune une victoire. Les moins bien loties sont les Miss originaires d’Auvergne, de Mayotte, de la Martinique, Champagne-Ardenne, du Limousin, de Saint-Pierre-et-Miquelon, ou encore de Saint-Martin-Saint-Barthélemy, qui n’ont jamais eu la chance de porter l’écharpe tant convoitée de Miss France.

Share of employees reported as having very good looks by occupation in Germany

Key findings

Pros

Employer discrimination against less-attractive workers is present in the labor market.

In occupations where looks are important, a beauty premium is apparent.

Good-looking people sort into occupations where the payoff to appearance is higher, while those who are less good-looking avoid them.

The way in which physically attractive people sort themselves in the labor market is different for women and men, which also explains why the “beauty effect” is more pronounced for men.

Cons

There is not one universal standard of beauty. It is also difficult to measure.

Beauty is not a fixed factor, but can be influenced by other factors such as cosmetics or plastic surgery, as well as confounded by confidence or personality.

It is difficult to separate out the effect of beauty from other less immediately recognizable attributes of individuals.

Customer discrimination cannot be easily disentangled from real differences in productivity.

It is not easy to make cross-country comparisons when perceptions of physical attractiveness differ.

Author’s main message

The number of employment-related discrimination claims based on employees’ physical appearance is increasing. Policies to counter such discrimination are being introduced in a number of countries, but if they do not take into account the channels through which physical appearance is affecting labor market outcomes—such as employer discrimination, customer discrimination, productivity, and occupational sorting—they may fail to achieve their goals. Society should recognize and observe the relevance of a beauty premium. A need for interventions depends on legal considerations and whether such a premium reflects discrimination or productivity.

Motivation

The number of employment-related discrimination claims based on employees’ physical appearance has increased in recent years. While beauty is difficult to measure, it is nevertheless a well-established view amongst economists that physically attractive people earn more than those who are considered to be less attractive. A “beauty premium” is particularly apparent in those occupations where there is a productivity gain associated with good looks.

As an illustration of the measures that are now being introduced to counter such discrimination, in 2000 the city and county of San Francisco prohibited discrimination based on weight and height, and issued appropriate compliance guidelines. In 2008, the District of Columbia also imposed a number of protection measures for employees, making it illegal to discriminate on the basis of external physical appearance for the purpose of recruitment, hiring, or promotion [1]. The aim of such local legislation is to protect individuals who could be disadvantaged by physical appearance [2].

Empirical results support the fact that “better-looking” people receive a wage premium, while those with “below-average” looks incur a wage penalty. In order to determine whether effective public policy could be developed to address this type of discrimination, it is important to understand why and how physical appearance can have an effect on people’s pay.

Discussion of pros and cons

Can physical attractiveness be measured?

While there is no conceptual definition of beauty or physical attractiveness there is, however, significant agreement on beauty standards within cultures at any given point in time, and this changes fairly slowly over time. Individuals also tend to have similar judgments regarding what makes a “beautiful person.”

An accepted way to measure attractiveness is to ask judges (e.g. interviewers) to rate people’s physical appearance based on photographs, or to use self-reported measures. Most often this is done on a scale of 1 to 5, where 1 is “homely”; 2 is “quite plain” (i.e. below average for age and sex); 3 is “average looks” for age and sex; 4 is “good-looking” (i.e. above average); and 5 is “strikingly handsome” or “beautiful.” Alternative measures that emphasize other aspects of physical attractiveness, such as height and weight, are also used.

The “beauty premium” and “plainness penalty” explained

The overarching aim of the empirical research in this area has been to quantify the effect of beauty on labor market outcomes. Empirical studies do in fact provide strong support for the existence of a significant effect of physical appearance in the labor market. However, the effect is not the same across occupations and also varies by gender.

It is important to understand the channels through which the effects of physical attractiveness impact on wages and other aspects of the labor market. This can then help to articulate which potential polices might be applied in order to influence the effects. The traditional channels that are most often referred to in the literature, and which might help explain the existence of the wage effect, include employer discrimination, customer discrimination, and “sorting” into occupations according to physical appearance. There is also a strand of literature that suggests that attractiveness affects an individual’s cognitive/non-cognitive skills that are important for job performance.

The empirical evidence in support of some of these explanations varies, but they nonetheless receive a lot of attention in the literature [2].

Employer discrimination

There is substantial empirical evidence that supports the existence of employer discrimination against less-attractive or short workers [3], [4]. In theory, there could be two reasons why employers may choose to avoid working with less-attractive people. First, employers may believe that physically attractive employees are better workers and are more productive. This is the stereotypical view that better-looking people might be more capable at performing their tasks, and does not take into account the innate ability of workers. Second, employers may simply prefer to work with individuals who are more pleasing to look at, even though they do not have any overt prejudice regarding their abilities as workers (“taste-based discrimination”).

In a work setting, people react in different ways toward physically attractive and less-attractive individuals. In general, people tend to be favorably biased toward those who are better-looking. From a psychological point of view, the visual impression one makes on someone else affects the way that person responds to them. This is based on the assumption that better-looking people have more socially pleasing personalities and are more inclined to have a successful career. This conviction is particularly important when it comes to inviting people for interviews and when employers make hiring decisions during face-to-face interviews. There is evidence that, in an experimental setting, more-attractive people receive additional call-backs from employers compared to people who are deemed to be less-attractive [5], [6].

Taste-based discrimination, introduced by the economist Gary S. Becker in 1957, assumes that some employers do not want to work with members of particular groups, e.g. other racial groups or women, or in this case, less-attractive workers, and as a result choose to hire those who are more physically attractive. Even though employers may have no bias concerning a potential employee’s performance, they may still prefer to hire comparatively more attractive people. As a result, less-attractive or unattractive workers may have to accept lower wages for the same level of productivity as attractive people. Or, alternatively, they will need to be more productive for the same wage.

Customer discrimination

Another explanation for why people’s looks could affect their labor market outcomes is “customer discrimination.” In some occupations, where looks are deemed to be important, physically attractive workers may be more productive than unattractive ones. These occupations might include, for example, salespeople (e.g. in cosmetics or car dealerships); actors; sales assistants; waiting staff, etc.

Such occupations generally require extensive worker–customer engagement and interaction. Therefore, if customers prefer to interact with physically attractive workers this could generate advantages in terms of workers’ productivity and thus customer satisfaction.

Co-workers may also react to physical attractiveness, and so good looks may enhance a worker’s ability to engage in productive interaction with their fellow co-workers. Thus, having good working relationships with co-workers and the firm’s clients can create a type of firm-specific human capital that could generate additional revenue for the employer and higher earnings for the workers themselves [7].

Attractive salespeople generally enjoy the benefits from this type of customer “discrimination.” Purchasers interacting with an attractive salesperson are more likely to book an appointment for a demonstration and, as a result, are probably more likely to go on to purchase the product. Moreover, perceptions of attractiveness appear to induce buyers to behave more favorably toward better-looking sellers.

In contrast, other results show that the 9% beauty premium that attractive women receive on top of their earnings is entirely due to productivity effects rather than caused by customer discrimination [8]. However, these results vary with the specific subsamples that are being analyzed [2].

Occupational sorting

Evidence also indicates that workers appear to “sort” themselves into occupations according to their looks. Individuals who are relatively more endowed with physical beauty seem to concentrate in occupations where the payoff to appearance is high. These occupations usually require very extensive interactions with customers (such as sales assistants), where the effect of physical appearance can be quite significant. Thus, overall, attractive people tend to work in jobs where appearance is important, while less-attractive individuals prefer professions that do not demand good looks.

It should be emphasized, however, that the decision regarding job choice is not based solely on a self-assessment of one’s looks and the advantages the individual believes he or she will have as a result. It is also based on the preferences that people have regarding different types of activity and vocations and the belief in one’s ability to perform different types of work.

Other demographic characteristics also affect job choice, e.g. educational training, marital status, parents’ education, and level of training. This could explain the presence of less-attractive people in professions where a greater proportion of good-looking people are found. Similarly, attractive people can also be found in occupations where there is no additional return to good looks.

The empirical evidence suggests that good-looking women cluster in managerial and administrative types of jobs and are less likely to be found in blue-collar jobs, such as operative or skilled-craft occupations [2].

In addition, people seem to switch jobs depending on their looks. Among law school graduates, individuals working in the private and public sectors were surveyed five and 15 years following graduation. Lawyers who switched from the private sector to the public sector turned out to be less attractive than those who continued practicing in the private sector. On the other hand, lawyers who changed their jobs from the public sector to the private sector turned out to be more physically attractive than those who continued their practice in the public sector. These results indicate that dynamic sorting could be taking place in the labor market. The direction of this sorting is consistent with changes in the relative returns to individual characteristics such as beauty [2].

Physical attractiveness in relation to cognitive and non-cognitive skills

A different strand of literature has focused on the extra return to beauty on wages as a result of the fact that good looks may be related to other labor-market-enhancing skills, such as communication skills, confidence, leadership capabilities, test scores, etc. Such skills are valued in the labor market and could have an enhancing effect on physical appearance. They could also effectively increase a worker’s productivity and thus their payoff in the labor market.

Research has found that cognitive and non-cognitive skills that have been acquired during secondary education also prove to be important in future labor market outcomes. These include test scores, college enrollment, social behavior, employment, occupational attainment, and wages [2]. Different activities in secondary school contribute to the development of these skills during adolescence, via socialization or other high-school activities. For example, a child who is good looking tends to be given more time and attention by teachers and peers [2]. This suggests that physical attractiveness at younger ages already contributes to the development of the individual’s human capital and investment in future employment.

Similarly, attractive and/or tall adolescents are more likely to take part in extracurricular activities at secondary school, such as sports and general interest clubs. Participation in these activities results in a relatively higher acquisition of confidence compared to other peers and this in turn promotes higher future wages.

Since good looks may be correlated with cognitive/non-cognitive skills, research estimates could be biased toward the effect of attractiveness. In order to accommodate this, some studies have included IQ scores, secondary school activities, and, if the data permits, the “big five” personality traits (openness, conscientiousness, extraversion, agreeableness, and neuroticism). In general, better-looking individuals exhibit better communication skills, have more confidence, and are more extroverted. These skills most often translate into higher wages. However, one study compared the effects of beauty and confidence measures in Germany and Luxembourg and found wages to be driven more by looks than self-esteem [9].

More attractive young adults also exhibit a lower tendency toward criminal activity, which is again explained by higher student human capital development during high school. Physical attractiveness at the secondary school and university levels has been shown to be correlated with better individual cognitive skills, such as higher test scores and superior study performance.

Good looks and capabilities—those qualities/characteristics that would allow you to perform well at your job—have also been found to be complementary at high levels of physical attractiveness, but substitutable at low levels [2]. This means that for attractive individuals an increase in their capabilities would increase the wage premium, while for less-attractive individuals there could be negative returns to capabilities.

Gender effects

Women and men differ in the way they make their decisions to participate in the labor market. Consequently, the effect of “attractiveness” on labor market outcomes also differs for the two groups. At the same time, an individual’s physical appearance results in different opportunities for men and women in the labor market. For example, for some occupations (such as sales assistants, waiting staff, television presenters, etc.), good-looking women will have a higher probability of obtaining a job and securing a higher wage than less-attractive women. In addition, better-looking women might be more likely to work in the first place because they are more confident that they will find a job [10]. Since beauty is very likely to enhance their productivity at work, women will also be more inclined to take advantage of this opportunity. However, less-attractive women, given the payoff to good looks, will be more likely to avoid entering the labor market precisely because of the perceived disincentives.

Studies indeed show that women who are married, and who are also deemed to have below-average looks, have a 3–11% lower probability of participating in the labor market and are more likely to be unemployed.

In addition, since women may be self-selecting into the labor market according to their good looks, this may alter the distribution of good looks that we observe in the labor market. In other words, better-looking women are more likely to take jobs, while less good-looking women are more likely to stay out of the labor force. As a result, there is less beauty variation in the labor market among women and so the payoff to good looks for women will be smaller.

However, the same does not hold true for men. In their case, selection based on physical appearance is smaller and they have higher labor force participation rates in general. This suggests that, in theory, they will also have larger premiums due to good looks compared 
with women. However, with the increased labor force participation of women, the gap in the effect is expected to decrease.

This argument is supported by empirical studies from different countries and using different data. For example, studies in the US and Canada report that less-attractive men incur a 9% penalty in hourly earnings, while those who are deemed as having above-average attractiveness receive an earnings premium of 5%. Women, on the other hand, receive a lower beauty premium than men of around 4%, and a similar plainness penalty as men of about 5% in hourly earnings. Other research that captures information about good looks at younger ages indicates that men who are rated as “homely” at both age seven and 11 incur a large and significant pay penalty of 14.9% later in life. This pattern also applies to their female counterparts, with a lower penalty for plain looks of about 10.9% [2].

Within occupations, effects for men are also stronger than for women. Accordingly, men receive higher premiums or penalties than women. One study shows that good-looking men receive higher salaries at the beginning of their careers and continue to earn more over time. Women’s starting salaries, however, do not exhibit a beauty effect; but better-looking women do earn more with experience than their average-looking counterparts. Examining payoffs of law school graduates from the 1970s and 1980s finds that even five years after graduation there is still a statistically significant effect of physical appearance on male, but not on female, wages [11].

Besides earnings and labor force participation, other economic outcomes have been studied to examine the effect of physical appearance and to compare the differences between women and men. In universities, for example, evaluations by students are used as an indicator of teaching performance. Since teachers’ salaries are conditional on positive teaching evaluations and because physical attractiveness may affect students’ class ratings of their teachers, beauty may have an indirect impact on teachers’ salaries. Here again, there is a differential effect for women and men. Studies find that the effect of physical appearance on class ratings for female teachers is less than half that of male teachers.

In addition, the effect of beauty differs by age: accordingly, the effect is stronger for older men but weaker for older women [2].

Another labor market outcome of interest is the probability of receiving a “call-back” to job applications. It appears that attractive people receive more responses, and more quickly, to their job applications than less attractive people [5], [6]. When comparing the effect of obesity and attractiveness on call-back rates, research shows that the results are driven by obesity for women and by physical appearance for men [12].

Evidence from cross-country findings

There is some cross-country variation in the beauty–wage premium and penalty. Good looks lead to a wage premium in most of the countries examined (Figure 1). The highest beauty premiums are present in Germany and China. And the return is particularly large for women. British and Australian studies show the largest penalties for “below-average” looks 
(Figure 2). In the UK, however, individuals do not receive a wage premium for good looks, while in Australia, good-looking women also do not receive a positive wage effect for physical appearance. This similarity in the payoff of physical appearance in the two countries may be a result of similarities in their historical economic structures, as well as in their cultures.

Cross-country evidence on the wage effect of beauty for people with ‘above-average’ looks

Cross-country evidence on the wage effect of beauty for people with ‘below-average’ looks

Limitations and gaps

Economic analyses cannot yet explain what makes some personal physical features or characteristics attractive and others not, or why the same individual features or characteristics bring about different responses from different observers (though individual preferences obviously play a part). In addition, few consistent standards of beauty exist across time and across cultures [2].

Identifying occupations in which looks could enhance productivity has proved to be a challenge. However, one attempt to do this has been through the Dictionary of Occupation Titles (DOT), compiled in 1997. The DOT provides a scale that rates whether physical appearance is important in a specific occupation and allows for the categorization of occupations according to the ratings.

Another method has been to classify occupations into “dressy” and “non-dressy,” by taking advantage of questions in a survey that ask people’s opinion on the importance of appearance in their professional lives. This strategy generally coincides with the previous classification using DOT. Occupations such as supervisors/managers, intellectual professions, administrative employees, service, and sales employees are included in the dressy category, i.e. those professions within which beauty may enhance a worker’s productivity.

A further limitation of this work is that beauty is usually considered a matter of fact in and of itself, whereas in reality it may be influenced by and correlated to clothing, cosmetics, and plastic surgery expenditures. Failing to consider these issues may cause the estimated effect of beauty to be biased upward.

With regard to employer discrimination, it is difficult to state unequivocally whether discrimination is a result of biased beliefs on the part of the employer or due to a dislike of or “distaste” toward the individual.

Job performance is also difficult to measure, and household survey data usually do not provide this information as adequately as other measures of analysis, such as an employer’s opinion of a worker’s ability. The data do not even adequately capture performance-related wage adjustments. Such measures would help shed some light on the real reasons for employer discrimination. Experimental settings can overcome this to some extent if the wage negotiation process between the worker and potential employer is observed and considered and if workers’ task-solving skills, that are not related to physical appearance, are adequately measured [13].

Another challenge in this area of research is the ability to adequately distinguish between the beauty effect that results from productivity, on the one hand, and the effect that occurs as a result of customer discrimination on the other. There is some research in support of the idea of productivity-related discrimination, but the evidence is unfortunately fairly weak. The research argues that due to omitted variables in the data, additional differences in productivity are not identified. To better describe this mechanism of transmission, alternative methods of analysis should be employed. Future research studies could do this by collecting data from a homogeneous group of workers from within one specified occupation, given that productivity-related discrimination is highly specific to a given occupation. For example, a study using a sample of university instructors found a positive relationship between standardized rankings of physical appearance and students’ class ratings. It is unclear whether this is due to differences in productivity or to student discrimination in favor of instructors who are more attractive.

Also, in a sample of employees in the advertising industry, it has been found that attractive workers increase a firm’s revenue by more than the additional wages that good-looking executives obtain. Therefore, in this case, executives’ good looks enhance the human capital of the firm and the wage premium that employees obtain, which is most likely induced by higher productivity [2].

Summary and policy advice

The number of employment-related discrimination cases based on physical appearance has increased in recent years. Empirical research shows that positive labor market outcomes, particularly in terms of wages and “call-back” rates, are indeed related to good looks.

There are several mechanisms through which physical appearance can influence labor market outcomes, such as employer discrimination, customer discrimination, the “productivity effect,” and occupational sorting [2]. These must be considered more clearly to understand the policy implications and options.

Policies that fail to take into account the channel through which physical appearance or attractiveness is affecting labor market outcomes may fail to achieve their goals. For example, if customer discrimination is taking place then policies that are geared toward buying from the less-attractive would be more effective than those focused solely on the employer. Examples here might include anonymous job applications, which would ensure less potential bias in selecting job applicants for interview. In some occupations this may make sense in order to avoid employer discrimination. In others it may not if customer discrimination is present.

Customer discrimination is difficult to eliminate and is more or less beyond the control of the employer, but once hiring takes place, an employer could provide in-house training on professional dress codes, approachability, and appealing personality characteristics, etc., in order to limit customer discrimination.

The growing practice in Europe of including candidate photographs on CVs should be abandoned in order to decrease the vulnerability of certain individuals to discrimination. Ensuring that at least one person participating in the interview process has undergone specific training on hiring without prejudice regarding physical appearance would be beneficial for a non-discriminatory recruitment process.

Society should recognize and observe the relevance of a beauty premium. A need for interventions like the introduction of anonymous applications in hiring also depends on legal considerations and whether such a premium reflects discrimination or productivity.

Voir par ailleurs:

While Miss America hasn’t bred any headline-stealing celebrities recently, beauty pageants were once a place where future stars got their start. Oprah was Miss Black Tennessee; Halle Berry was Miss Ohio. Vanessa Williams made it all the way to the top, nabbing the Miss America title in 1984.

With Miss America’s 88th annual pageant airing Sunday on ABC at 9 p.m. ET, EW took a look at the most famous Oscar winners and television icons who once won crowns and sashes:

Cloris Leachman

Leachman represented Chicago in 1946’s Miss America pageant and, though she didn’t win the ultimate crown, earned enough prize money to move to New York and pay for acting classes. Things worked out for her, and she ended up performing alongside Katharine Hepburn in a Broadway production of As You Like It before winning an Academy Award for her role in 1971’s The Last Picture Show.

Where is she now? In the past year alone, the 88-year-old Leachman has appeared in The Croods, Girl Meets World, Hot in Cleveland, Kirstie, and Raising Hope.

Diane Sawyer

Sawyer won America’s Junior Miss Pageant in the early ’60s, and went on to be an on-air weather forecaster on a Kentucky station until she headed to D.C. to work for President Nixon’s press secretary. She soon made her way back on TV, making her anchoring debut on CBS in 1981 and later becoming 60 Minutes‘ first female correspondent in 1984. Her other credits include co-anchoring Primetime Live, 20/20, and Good Morning America. No wonder she’s Kirsten Dunst’s character’s idol in 1999’s beauty pageant-themed cult classic Drop Dead Gorgeous.

Where is she now? In late August, Sawyer signed off as the nightly news anchor on ABC’s World News after five years on the job. She’s not going far, though: Sawyer is staying at ABC News to work on more in-depth stories and high-profile interviews.

Kathie Lee Gifford

After winning Maryland’s Junior Miss title in 1970, Gifford competed in the national competition where she met Anita Bryant, the pageant’s co-host and a Christian singer who saw potential for Gifford as a Christian entertainer. Gifford went on to live with Bryant and her husband before making a religious career for herself through gospel albums and appearances on Christian-focused shows. It wasn’t until 1985 that she started branching out, playing a nurse on soap opera Days of Our Lives and later co-hosting Live! With Regis and Kathie Lee until 2000.

Where is she now? Since 2008, Gifford’s been hosting the Today show’s fourth hour with Hoda Kotb.

Oprah Winfrey

Winfrey was crowned Miss Black Tennessee in 1972 and went on to compete in Miss Black America, though her time as a pageant contestant was cut short thanks to her broadcast career — a year after winning Miss Black Tennessee, Winfrey became the first black female anchor on Nashville’s news stations. She went on to create her own empire, most notably hosting The Oprah Winfrey Show from 1986 until 2011.

Where is she now? Starbucks, magazine stands, television, movie screens—basically, everywhere.

Lynda Carter

Carter became Miss USA in 1973 and just two years later made her debut as Wonder Woman. It’s a role people still associate the actress with decades later.

Where is she now? Carter appeared as a guest judge on an episode of Skin Wars, a competition show centered around body painting, in August, and guest-starred in an episode of Two and a Half Men in 2013. She’s also lent her voice to The Elder Scrolls video game series along with other actors like Kate Beckinsale and Alfred Molina.

Delta Burke

Burke didn’t win the Miss USA crown when she represented Florida in the 1975 competition, but she did nab a scholarship that allowed her to study music and acting at a two-year program in London. Although she’s since appeared in a number of films and TV shows, Burke is best known for playing a former beauty queen on CBS comedy Designing Women, a series that ran from 1986 to 1993 and earned Burke two Emmy nominations.

Where is she now? Burke was set to star in ABC show Counter Culture in 2012, but the network didn’t pick up the pilot. Before that, she last appeared in an episode of Drop Dead Diva in 2009.

Sharon Stone

Stone was a Pennsylvania beauty queen in the ’70s before she was hired by Ford Modeling Agency only days after moving to the New York area. She made her name modeling and appearing on television, but it wasn’t until starring in 1992’s Basic Instinct that she became internationally recognized. Later, Stone scored both an Oscar nod and a Golden Globe Award for her role in 1995’s Casino. 

Where is she now? Stone starred alongside Amanda Seyfried in 2013’s Lovelace, and is returning to TV to play the first female U.S. president for an upcoming TNT pilot.

Michelle Pfeiffer

The Scarface actress entered a beauty pageant in 1978 because she thought it’d help her get an in with the acting world—and it did. She won the title of Miss Orange County that year and made her film debut in 1980’s The Hollywood Knights before her breakout role in 1983’s Scarface. She wasn’t a fan of the pageant life, though: “I thought the whole thing was ridiculous,” she told The Telegraph.

Where is she now? Pfeiffer starred with Robert De Niro in 2013’s The Familya movie about a mobster and his family who are forced to enter a witness protection program and move. Naturally, they have trouble keeping their identities secret.

Vanessa Williams

Williams became the first black woman to win the Miss America title in 1984, but her reign was interrupted when Penthouse magazine published nude photos of her without her permission. That year’s first runner-up went on to take the title of Miss America for the remainder of Williams’ term. But Williams recovered in a big way: Her 1991 album, The Comfort Zone, earned five Grammy nominations, and her cover of “Colors of the Wind” for the Pocahontas soundtrack won an Oscar in 1995. And she scored three Emmy nods for her work on ABC sitcom Ugly Betty. And she was nominated for a Tony for her performance in 2002’s Into the Woods. Take that, Penthouse.

Where is she now? She most recently starred in Broadway’s Tony-winning After Midnightwhich closed June 29 after an eight-month run.

Halle Berry

After winning Miss Teen All-American in 1985 and Miss Ohio in 1986, Berry went on to place second in Miss USA and sixth in Miss World. “We didn’t have a lot, so initially I saw dollar signs,” she told People“But then I felt really empowered after winning.” Other titles she’s won? An Oscar in 2002 for her role in Monster’s Ball and both a Golden Globe and Emmy for her performance in TV movie Introducing Dorothy Dandridge.

Where is she now? Berry currently stars in CBS sci-fi series Extant and reprised her role as Storm in May’s X-Men: Days of Future Past.

Jeri Ryan

Before Ryan became a sci-fi star, she placed fourth in 1990’s Miss America and won the swimsuit portion of the competition that year. Just a year later, Ryan appeared in multiple TV shows. Later that decade, she made her sci-fi debut in the short-lived Dark Skies before playing Seven of Nine on Star Trek: Voyager from 1997 until 2001. She went on to star in Fox drama Boston Public for three years.

Where is she now? Returning to her sci-fi roots, Ryan had a recurring role on Syfy series Helix earlier this year. Also this year, she appeared in an episode of TNT The Closer spin-off Major Crimes.

Miss America airs Sept. 14 at 9 p.m. ET on ABC.

COMPLEMENT:

Scientist Camille Schrier wins Miss Virginia by ‘breaking stereotypes’

Nabihah Parkar
BBC

For the talent round of this year’s Miss Virginia competition, most of the young female contestants chose to dance or sing.

But not biochemistry graduate Camille Schrier.

Instead of strutting her stuff, the 24 year-old performed a live experiment on stage – and was crowned the winner.

Now the self-confessed « quirky scientist » has told Radio 1 Newsbeat she wants to « break people’s stereotypes ».

Camille has two undergraduate science degrees and is studying a doctorate in pharmacy at Virginia Commonwealth University.

« I went in really representing myself as a woman of science, » she told us, « and that was received really well. »

She says her science experiment – which showed the catalytic decomposition of hydrogen peroxide – was a « big factor » in her win on June 22.

« I actually used dish soap (washing-up liquid to us Brits) in my beakers so the gas gets trapped, and that’s what forms that foam that shoots out … that’s really the show-stopping moment of my reaction.

« Even my competitors were eager to watch what I was going to do. It was a fun moment to hear the cheers from people in the audience. »

At first Camille didn’t think she had a performing talent, but her mum encouraged her to show off her science knowledge.

« I took that as a challenge. It took a little creativity for me to find a way that I could represent the talents I have in a way that was entertaining because sometimes people have this perception that science is boring. »

She admits there is still « controversy » over these competitions but says Miss America have « re-branded » and are more « progressive » by focusing more on women’s achievements than appearances.

« I won almost $22,000 of scholarship money to put toward my graduate education.

« It’s so much more than the quote-unquote ‘beauty pageant’ that it used to be. We’ve gone away from judging women on their physical characteristics, that’s no longer anywhere in the judging criteria. We’ve removed swimsuit and we’re focused on women’s careers. »

Camille has been taking part in competitions like this since she was a teenager and wants to spend her year as Miss Virginia « advocating for STEM education »Presentational white spaceHer goal is to use the experiment that helped her win by showing it in schools.

« I’m hoping to use this throughout the United States to get young people, especially young girls, interested in STEM and STEM careers, and hopefully be a role model for them.

« Also to encourage both young girls and young men to be themselves and not change who they are for any situation that they feel like they need to fit in a box. »

Helen Wollaston from WISE Campaign, which encourages women and girls in the UK to go into STEM careers, says « out-dated views about what girls do and boys do have no place in today’s world. »

« The good news is that the number of girls choosing science subjects at school is going up. Five thousand more girls got an A level in a STEM subject last year compared to the year before. We need to encourage more though.

« Technology is everywhere in our lives these days – it is too important to leave it all to the guys! »

Camille will now go on to compete to be crowned Miss America later this year.

Voir aussi:

Instruments are enchanting and singing is sublime but sometimes, to stand out, you gotta make stuff go boom.

Camille Schrier was crowned Miss Virginia 2019 at the end of June, and for the talent portion of the competition, the 24-year-old biochemist showed off what she does best: Science.

Schrier demonstrated the catalytic decomposition of hydrogen peroxide, a reaction that occurs when hydrogen peroxide comes in contact with a catalyst like potassium iodide, which Schrier used in her presentation. As she mixed the chemicals, large spouts of colored foam came shooting out of the beakers onstage, delighting the audience and obviously impressing the judges.

“Keep an eye out,” she said as people cheered, “Because science really is all around us.”

After her big win, Schrier said she hopes her onstage experiment helps change the conversation around talent and what it means to be a beauty queen.

“I am more than Miss Virginia. I am Miss Biochemist, Miss Systems Biologist, Miss Future PharmD looking toward a pharmaceutical industry career,” she said in a release. “Now was the time for me to create a mind shift about the concept of talent by bringing my passion for STEM to the stage. To me, talent is not a passion alone, but also a skill which is perfected over years of learning.”

Schrier is a graduate of Virginia Tech and is currently a Doctor of Pharmacy student at Virginia Commonwealth University. In keeping with her passion – and talent, – Schrier’s platform issue for the competition was opioid abuse awareness and drug safety.

As Miss Virginia 2019, Schrier will compete in the Miss America Pageant in September.

Voir également:

 

 

For her talent, she conducted an experiment onstage.

Miss America 2020
Donald Kravitz/Getty Images

Miss America 2020 was crowned last night, and before we hear gripes about how pageants aren’t rocket science, know that the latest winner is an actual scientist, with a platform focused on education.

Camille Schrier, who entered the competition as Miss Virginia, graduated (cum laude, no less) from Virginia Tech with dual bachelor of science degrees in biochemistry and systems biology. She’s now working toward her doctorate of pharmacy (PharmD) at Virginia Commonwealth University. She pledged last night to use her title to promote drug safety and abuse prevention and STEM education. “Miss America is someone who needs to educate, » she told judges, who included Kelly Rowland and Queer Eye‘s Karamo Brown.

And she did just that in the talent portion of the event, conducting a colorful experiment.

Miss Virginia 2019 Camille Schrier performs during the talent portion of the Miss America
Donald Kravitz/Getty Images
Miss Virginia 2019 Camille Schrier performs during the talent portion of the Miss America
Donald Kravitz/Getty Images

Schrier beat out 50 other candidates (in Miss America 2.0, as some fans refer to the revamped event, the women are no longer called contestants) to have Miss America 2019 Nia Franklin place the crown atop her head—and be awarded with scholarship funds. « I’m not the beauty queen,” Schrier said, per the Associated Press. “I’m the brand ambassador for this organization and I’m more than just someone with a crown on my head.”

This was the second year of the newer version of the Miss America pageant without the swimsuit competition. “To make it relevant for these young women, it was important for us as a scholarship and service organization to make sure that we were reflective of this generation, meaning that you no longer had to be defined by some sort of ideal,” Regina Hopper, president and CEO of the Miss America Organization, said.

That was a very good thing for Schrier. Onstage, she talked about battling an eating disorder and only choosing to compete after the swimsuit competition was eliminated. “I kind of figured that I would never get on that stage because I was a woman who did not want to get into a swimsuit onstage. And I didn’t have a performing talent, which is really ironic now,” she said.


Mode: Bienvenue au meilleur des mondes de l’exploitation heureuse ! (Happy and exploited: Welcome to the brave new bohemian world of cool industries !)

1 novembre, 2018

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Bohémien : artiste, littérateur, personne vivant sans règles, au jour le jour, hors des cadres sociaux. Trésor de la langue française
Is this the real life? Is this just fantasy? Caught in a landslide No escape from reality Open your eyes Look up to the skies and see I’m just a poor boy, I need no sympathy Because I’m easy come, easy go A little high, little low Anyway the wind blows, doesn’t really matter to me, to me (…) Nothing really matters Anyone can see Nothing really matters nothing really matters to me Anyway the wind blows. Bohemian rhapsody
Personne n’aspirerait à la culture si l’on savait à quel point le nombre d’hommes vraiment cultivés est finalement et ne peut être qu’incroyablement petit; et cependant ce petit nombre n’est possible que si une grande masse, déterminée au fond contre sa nature et uniquement par des illusions séduisantes, s’adonne à la culture; on ne devrait donc rien trahir publiquement de cette ridicule disproportion entre le nombre des hommes vraiment cultivés et l’énorme appareil de la culture; le vrai secret de la culture est là: des hommes innombrables luttent pour acquérir la culture, travaillent pour la culture, apparemment dans leur propre intérêt, mais au fond seulement pour permettre l’existence du petit nombre. Nietzsche (Réflexions sur l’avenir de nos établissements d’enseignement, 1869)
Voilà pourquoi j’aime l’Art. C’est que là, au moins, tout est liberté, dans ce monde de fictions. On y assouvit tout, on y fait tout, on est à la fois son roi et son peuple, actif et passif, victime et prêtre. Pas de limites; l’humanité est pour vous un pantin à grelots que l’on fait sonner au bout de sa phrase comme un bateleur au bout de son pied. Gustave Flaubert (A Louise Colet, 15-16 mai 1852)
Et si l’ambition intellectuelle n’était que l’inversion imaginaire de la faillite des ambitions temporelles ? (…) Comment l’écrivain pourrait-il ne pas se demander si le mépris de l’écrivain pour le bourgeois et pour les possessions temporelles où il s’emprisonne, propriétés, titres, décorations, ne doit pas quelque chose au ressentiment de bourgeois manqué, porté à convertir son échec en aristocratisme du renoncement électif ? (…) Toute l’ambivalence de la relation subjective que l’intellectuel entretient avec les fractions dominantes et leurs pouvoirs mal acquis tient dans l’illogisme de ce propos. Le mépris affiché pour le succès, pour ce qu’il procure et pour ceux qui savent l’obtenir coexiste avec la reconnaissance honteuse que trahissent la honte et l’envie devant la réussite des autres ou l’effort pour transformer l’échec en refus. (…) Mais l’Art industriel est aussi une industrie artistique capable d’exploiter économiquement le travail des artistes non pas bien qu’il soit mais parce qu’il est, indissociablement, une instance de pouvoir proprement intellectuel et artistique capable d’orienter la production des écrivains et des artistes en la consacrant. Arnoux était d’une certaine façon prédisposé à remplir la fonction double du marchand d’art, qui ne peut assurer le succès de son entreprise qu’en en dissimulant la vérité, c’est-à- dire l’exploitation, par un double-jeu permanent entre l’art et l’argent : il n’y a place sur le marché des biens symboliques, que pour la forme douce de violence qu’est la violence symbolique (…). Cet être double, « alliage de mercantilisme et d’ingénuité », d’avarice calculatrice et de « folie » (…) c’est-à-dire d’extravagance et de générosité autant que d’impudence et d’inconvenance, ne peut cumuler à son profit les avantages des deux logiques antithétiques, celle de l’art désintéressé qui ne connaît de profits que symboliques et celle du commerce, que parce que sa dualité plus profonde que toutes les duplicités lui permet de prendre les artistes à leur propre jeu, celui du désintéressement, de la confiance, de la générosité, de l’amitié et de leur laisser ainsi la meilleure part, les profits tout symboliques de ce qu’ils appellent eux-mêmes « la gloire » pour se réserver les profits matériels prélevés sur leur travail. Homme d’affaires et de commerce parmi des gens qui se doivent de refuser de reconnaître, sinon de connaître, leur intérêt matériel, il est voué à apparaître comme un bourgeois aux artistes et comme un artiste aux bourgeois. Entre la bohème et le « monde », le « demi-monde », représenté par le salon de Rosanette, se recrute à la fois dans les deux univers opposés : « Les salons des filles (c’est de ce temps-là que date leur importance) étaient un terrain neutre où les réactionnaires de bords différents se rencontraient ». Ces « filles » de luxe -et même d’art, comme les danseuses et les actrices, ou la Vatnaz, moitié femme entretenue et moitié femme de lettres- sont aussi de ‘bonnes filles », comme dit Arnoux à propos de Rosanette. Souvent issues des « basses classes », elles ne s’embarrassent pas de manières et n’en embarrassent pas les autres. Payées pour être frivoles, elles chassent le sérieux et l’ennui par leurs fantaisies et leur extravagance. (…) Ce « milieu fait pour plaire », d’où sont bannies toutes les règles et les vertus bourgeoises, sauf le respect de l’argent, qui, comme ailleurs la vertu, peut empêcher l’amour, cumule les avantages des deux mondes opposés, conservant la liberté de l’un et le luxe de l’autre, sans en cumuler les manques, puisque les uns y abandonnent leur ascétisme forcé et les autres leur masque de vertu. Et c’est bien à « une petite fête de famille », comme dit ironiquement Hussonnet, que les « filles » convient les artistes parmi lesquels elles recrutent parfois leurs amis de coeur (ici Delmar), et les bourgeois qui les entretiennent (ici Oudry); mais une fête de famille à l’envers, encore dominée, comme la messe noire, par ce qu’elle nie, où l’on va masqué pour déposer un moment le vrai masque. Pierre Bourdieu
Le jeu de l’art est, du point de vue des affaires, un jeu « à qui perd gagne ». Dans ce monde économique renversé, on ne peut conquérir l’argent, les honneurs (…) , les femmes, légitimes ou illégitimes, bref tous les symboles du succès mondain, succès dans le monde et succès en ce monde, sans compromettre son salut dans l’au-delà. La loi fondamentale de ce jeu paradoxal est qu’on y a intérêt au désintéressement: l’amour de l’art est l’amour fou, au moins lorsqu’on le considère du point de vue des normes du monde ordinaire, « normal », celui que met en scène le théâtre bourgeois. Pierre Bourdieu
La pièce de Patrick Süskind, La Contrebasse, fournit une image particulièrement réussie de l’expérience douloureuse que peuvent avoir tous ceux qui, comme le contrebassiste au sein de l’orchestre, occupent une position inférieure et obscure à l’intérieur d’un univers prestigieux et privilégié, expérience d’autant plus douloureuse sans doute que cet univers, auquel ils participent juste assez pour éprouver leur abaissement relatif, est situé plus haut dans l’espace social. Cette misère de position, relative au point de vue de celui qui l’éprouve en s’enfermant dans les limites du microcosme, est vouée à paraître « toute relative », comme on dit, c’est-à-dire tout à fait irréelle, si, prenant le point de vue du macrocosme, on la compare à la grande misère de condition ; référence quotidiennement utilisée à des fins de condamnation (« tu n’as pas à te plaindre ») ou de consolation (« il y a bien pire, tu sais »). Pierre Bourdieu
Well, my joke is that I consider myself a bobo with bad grades. If I’d studied more, I would have gotten into Harvard and I could afford the big kitchen and all that. But I am a bobo in some sense. You know, the essence of bobo life is people who consider themselves sort of artistic or writers or intellectuals but find themselves in the world of making money, in the world of commerce. And so I certainly am in that. You know, I consider myself a writer, and I live for ideas and things like that. But I also want a big house, so I’m caught between money and spirituality. David Brooks
Si nos ancêtres pouvaient voir les cadavres gesticulants qui ornent les pages de nos revues de mode, ils les interprèteraient vraisemblablement comme un memento mori, un rappel de la mort équivalent, peut-être, aux danses macabres sur les murs de certaines églises médiévales. Si nous leur expliquions que ces squelettes désarticulés symbolisent à nos yeux le plaisir, le bonheur, le luxe, le succès, ils se lanceraient probablement dans une fuite panique, nous imaginant possédés par un diable particulièrement malfaisant. René Girard
Quand les riches s’habituent à leur richesse, la simple consommation ostentatoire perd de son attrait et les nouveaux riches se métamorphosent en anciens riches. Ils considèrent ce changement comme le summum du raffinement culturel et font de leur mieux pour le rendre aussi visible que la consommation qu’ils pratiquaient auparavant. C’est à ce moment-là qu’ils inventent la non-consommation ostentatoire, qui paraît, en surface, rompre avec l’attitude qu’elle supplante mais qui n’est, au fond, qu’une surenchère mimétique du même processus. Dans notre société la non-consommation ostentatoire est présente dans bien des domaines, dans l’habillement par exemple. Les jeans déchirés, le blouson trop large, le pantalon baggy, le refus de s’apprêter sont des formes de non-consommation ostentatoire. La lecture politiquement correcte de ce phénomène est que les jeunes gens riches se sentent coupables en raison de leur pouvoir d’achat supérieur ; ils désirent, si ce n’est être pauvres, du moins le paraitre. Cette interprétation est trop idéaliste. Le vrai but est une indifférence calculée à l’égard des vêtements, un rejet ostentatoire de l’ostentation. Le message est: « Je suis au-delà d’un certain type de consommation. Je cultive des plaisirs plus ésotériques que la foule. » S’abstenir volontairement de quelque chose, quoi que ce soit, est la démonstration ultime qu’on est supérieur à quelque chose et à ceux qui la convoitent. Plus nous sommes riches en fait, moins nous pouvons nous permettre de nous montrer grossièrement matérialistes car nous entrons dans une hiérarchie de jeux compétitifs qui deviennent toujours plus subtils à mesure que l’escalade progresse. A la fin, ce processus peut aboutir à un rejet total de la compétition, ce qui peut être, même si ce n’est pas toujours le cas, la plus intense des compétitions. (…) Ainsi, il existe des rivalités de renoncement plutôt que d’acquisition, de privation plutôt que de jouissance. (…) Dans toute société, la compétition peut assumer des formes paradoxales parce qu’elle peut contaminer les activités qui lui sont en principe les plus étrangères, en particulier le don. Dans le potlatch, comme dans notre société, la course au toujours moins peut se substituer à la course au toujours plus, et signifier en définitive la même chose. René Girard
Ma vision de la France de 2030, c’est celle d’une France où tous partagent la fierté et le bonheur d’être Français. Fierté d’être citoyen d’un grand pays qui ait repris sa place en Europe et dans le monde. Bonheur de vivre en liberté, en égalité, en fraternité dans une République rassemblée. Oui, je refuse d’avoir l’identité malheureuse, frileuse, anxieuse , presque névrotique. Pour moi , identité ne rime pas avec exclusion ni refus de l’autre. Je veux faire rimer identité avec diversité et unité : respect de notre diversité, affirmation de notre unité. (…) Nous , Français, nous sommes divers, nous n’avons pas les mêmes origines, la même couleur de peau, la même religion ni les mêmes croyances. Cette diversité, qui remonte loin dans le temps, est une richesse, une force. Il ne faut pas chercher à l’effacer en prétendant nous couler tous dans le même moule. Entreprise vaine et dangereuse. Il faut respecter nos différences. (…) Je continuerai à tracer la route d’une France apaisée, juste, ouverte au dialogue et à la recherche d’une identité heureuse. Alain Juppé (2016)
Though everybody in the fashion industry is gay — all the good ones, I mean the men — they stay closeted to protect their jobs. Rudi Gernreich (The Advocate, 1985 ?)
Women are very unsupportive of each other in the fashion world … This is a gay man’s profession. Tara Subkoff (2005)
A 30-year-old woman who is not very glamorous, but approaching fashion from a different point of view, maybe would not get the same attention as a young, cute and probably gay man. There are some really deep-seated tensions and resentment that has existed for a long time about gender in fashion and who gets things. A lot of those things are not necessarily real, or true, and they may be just suspicions. But you can look at certain examples of people who have had a faster rise to stardom, and the percentage of gay men is higher. Liz Collins (Rhode Island School of Design)
Gay men stick together like a band of brothers. It’s more common for a man to bring up a younger assistant who is male and be proud of that, whereas a woman would be threatened to promote another woman. Liz Collins
I don’t show up in the fashion press a lot. If you look at who is touted in the fashion press, it is overwhelmingly young gay men. I wear my own clothes. I have lived the life of my customer. This disparity is tied in with a lot of areas, not just fashion, where women have achieved less in the eyes of the world. It is puzzling and troubling to me as a 1970’s feminist but who knows, maybe this generation will be the one to change it all. Dana Buchman
Women still prioritize getting married and having babies. There are fewer women willing to give up the time that is required for this kind of career. It’s about passion, about being so focused that nothing could distract you. Norma Kamali
Men are often better designers for women than other women. Of course there are many more gay male designers. I think we are more objective. We don’t come with the baggage of hating certain parts of our bodies. Sometimes women are trapped by their own views of themselves, but some have built careers around that. Donna Karan was obsessed with her hips and used her own idiosyncrasies to define her brand. Tom Ford
I come from a time when gay men dressed women. We didn’t bed them. Or at least I didn’t. I am someone who is really pro-homosexual. I am an elitist. I am better than straight people. Women are confused about who they want to be. I believe that male designers have the fantasy level that women do not. Michael Vollbracht
There are all of these unexamined and frankly invalid ideas that still seem to be bandied about. I think there are more likely cultural and sociopolitical explanations. But the perception that all good designers are men and that all male designers are gay, which Rudi Gernreich said 30 years ago, all gets down to the totally unprovable to the grossly homophobic. Valerie Steele (Museum of the Fashion Institute of Technology)
The Council of Fashion Designers of America, a trade group that vets those who apply for membership, is made up of 121 women and 156 men. Since 1986 its annual Perry Ellis awards for young talent have been given to 8 women and 29 men (20 of them openly gay). (…) The large number of visible gay men in fashion, say many in the industry, traces to the fact that Seventh Avenue has seemed a less homophobic career choice than, say, law enforcement or Wall Street. And the prominence of gay men enjoying fame and prosperity draws others into the field. Paradoxically, at the grass roots many more women seek entry to the industry than men. Fewer than 7 percent of students in the fashion department at the Parsons the New School for Design in New York are men, said Timothy Gunn, the department chairman. That figure that has been declining for a decade. At the Fashion Institute of Technology, the city’s other leading fashion college, the student body is 85 percent women. Even though women are entering the industry at the bottom, they are not rising proportionally to the top. « It’s startling to think about it, » said Mary Gehlhar, the fashion director of Gen Art, a nonprofit organization that showcases new designers and artists. In her database of designers there are far more women than men with their own labels, but fewer cases of measurable success. « You don’t necessarily see that at all in the press, » she said. « With more publicity and awards, like the Vogue Fashion Fund, the finalists for a lot of those things do tend to be often male. » Fashion, unlike finance or politics, has always included some women at the top. But their visibility has not increased incrementally over the decades like other professions. In the 1920’s and 30’s, there were many female designers — Alix Grès, Elsa Schiaparelli and Chanel — but after World War II, the big names were male — Bill Blass, Yves Saint Laurent and Pierre Cardin. Ms. Steele of F.I.T. said the change could be attributed to the evolving role of women in society, from one of strength and independence before the war to the postwar ideal of a feminine mystique. Likewise, the impression that gay men are more likely to succeed in fashion today, she said, is a reflection of contemporary attitudes and stereotypes. NYT
La création de 1 000 emplois en France, c’est toujours une bonne nouvelle, largement relayée. Mais à quel prix pour ses futurs salariés ? Amazon a annoncé, mardi 3 octobre, l’ouverture à l’automne 2018 d’un sixième centre de distribution en France, à Brétigny-sur-Orge (Essonne), et l’embauche de 1 000 CDI à temps plein. Mais entre cadences minutées, troubles musculo-squelettiques et lettres recommandées au moindre fléchissement du salarié, le revers de la médaille est beaucoup moins doré. Franceinfo s’est penché sur les conditions de travail dans les allées du géant de la vente en ligne. (…) sur le site de Sevrey (Saône-et-Loire) (…) Selon un rapport de la médecine du travail, auquel franceinfo a eu accès, sur les 121 personnes du site examinées par les médecins en 2015, 75 présentaient des « affections périarticulaires », c’est-à-dire des troubles musculo-squelletiques liés à leur travail et 30, des « affections chroniques du rachis lombaire » en lien avec leur activité de manutention. (…) En temps normal, un salarié peut parcourir entre 15 et 20 kilomètres par jour dans les allées des entrepôts. Car dans les allées des entrepôts d’Amazon, tout est minuté, codifié, scruté, grâce aux scanners utilisés à chaque étape du traitement des colis. Une méthode qui permet à un employé d’en empaqueter jusqu’à 250 par heure. »Avec ça, ils savent exactement où vous vous trouvez et se servent de ces informations pour calculer votre temps d’arrêt », accuse Alain Jeault. Et même s’hydrater peut poser problème, rapporte de son côté France 3 Nord. Si dans la journée, vous êtes allé aux toilettes, si vous avez pris un verre d’eau ou que vous ne pouvez pas justifier un temps d’arrêt, vous recevez une lettre de sensibilisation. Si dans la journée, vous êtes allé aux toilettes, si vous avez pris un verre d’eau ou que vous ne pouvez pas justifier un temps d’arrêt, vous recevez une lettre de sensibilisation. Gérald Defauquet, délégué CGT sur le site de Douai à France 3. Si ces temps sont trop longs ou trop fréquents, « on se fait convoquer ou on reçoit chez nous un courrier recommandé nous incitant à accélérer la cadence », confirme Alain Jeault, qui dénonce « un véritable stress, que le salarié ramène à la maison ». Elodie raconte ainsi avoir déjà été convoquée jusqu’à quatre fois dans une même semaine, pour faire le point sur ces temps d' »inactivité ». Fr3
Pour les artistes, il devient difficile de se faire un nom et de vivre de leur art sans plaire aux grands collectionneurs, « des multimillionnaires qui n’ont pas forcément une ouverture artistique énorme », précise Stéphane Corréard. (…) Les critiques voient surgir des artistes « qui défraient le marché et dont on se demande pourquoi ils sont mis en avant », estime Elisabeth Couturier, si ce n’est qu’ils plaisent à ceux qui ont les moyens de les acheter. Elle se souvient notamment des « formalistes zombies », des peintres abstraits à la mode en 2014 « et qui ne valent plus un clou aujourd’hui ». Leurs tableaux ne portaient aucune idée forte mais étaient « parfaits pour les décorateurs », résume le New York Magazine. Béatrice Joyeux-Prunel rappelle que nombre de ces mouvements d’avant-garde « ont pu innover parce que les artistes vendaient une production plus classique à côté », tel Monet, envoyé peindre des vues sur la Côte d’Azur parce qu’elles plaisaient aux collectionneurs américains. En revanche, ce phénomène prend aujourd’hui des proportions jamais vues dans le cas de certains artistes les plus chers du monde. La production de Damien Hirst ou Jeff Koons s’est transformée en une industrie qui emploie des dizaines de personnes, pour satisfaire la demande. « Je pense qu’ils sont aujourd’hui plus proches de ce qu’est une maison de couture qu’un artiste », estime Stéphane Corréard : des marques qui produisent de façon créative, mais pour vendre à des clients fortunés. Il imagine même un futur où ces stars auraient « vocation à être remplacées un jour, à la tête de leur griffe, par de jeunes stylistes qui apporteraient de nouvelles idées ». La métamorphose de certains artistes en marques, que vous pouvez déplorer, serait alors complète. FranceTVinfos
Pour beaucoup, Amazon est quelque chose de très virtuel. Or, même avec l’économie numérique, le travail est toujours présent. Je voulais également montrer que les potentialités d’Internet ont bouleversé le monde du travail sur ce secteur. Amazon, c’est une révolution dans le monde industriel. Les entrepôts logistiques sont régis par une organisation du travail très précise qui n’est pas simplement celle du taylorisme ou du fordisme. Elle inclut toutes les potentialités d’Internet et fournit des outils de contrôle de productivité parfaitement inédits. (…) Chacun à sa propre image d’Internet. Je ne veux pas tenir un discours moral, simplement rappeler des faits et décrire ce qui se passe dans une usine logistique. Les travailleurs chez Amazon, loin, très loin des progrès du XXIe siècle, ont des conditions de travail qui sont dignes du XIXe siècle. Que ce soit en ce qui concerne les conditions de travail des intérimaires, que ce soit dans les cadences qui sont imposées, dans les contrôles de productivité, dans les fouilles au corps qui sont réalisées chaque fois qu’un travailleur franchit les portiques. Les exemples foisonnent dans mon livre et tendent tous à montrer qu’Amazon, en ce qui concerne le respect des droits sociaux, est une entreprise qui n’est pas progressiste mais parfaitement réactionnaire. (…)  il faut garder en tête que Jeff Bezos (actuel PDG d’Amazon) est libertarien. J’étais d’ailleurs surpris de voir le nombre de portraits apologistes qu’on a pu faire de cet homme. Dans le slogan il y a « make history », mais il faut voir qui écrit l’histoire. On ne peut se contenter d’une apologie des puissants et des milliardaires sous prétexte qu’ils arrivent à rassembler des énergies. Il faut voir à quel coût et à quelle société ils nous préparent. Pour l’heure, Amazon, avant de représenter un progrès, c’est d’abord une formidable régression en ce qui concerne le devenir de notre humanité. (…) La force d’Amazon, vis-à-vis du commerce de proximité, c’est d’avoir des coûts de stockage et de distribution beaucoup plus faibles. Un entrepôt logistique en zone périurbaine, c’est un loyer qui est beaucoup plus faible que celui d’un commerce de proximité. Après, il est incontestable que ce qui fait l’efficacité d’Amazon, c’est son infrastructure informatique, qui permet l’expédition de colis au plus vite une fois la commande passée car tout est fluidifié par le réseau. Cette infrastructure permet un contrôle total de tout ce qui se passe dans les entrepôts, y compris au niveau des travailleurs. Par ailleurs Amazon n’a pas besoin de machines complexes comme l’automobile : en réalité, Amazon ce sont de grand entrepôts avec des étagères métalliques, quelques ordinateurs et des bornes Wi-Fi. La machine la plus complexe étant l’être humain qui, grâce au levier informatique, peut générer des richesses incroyables. La multinationale réalise également des économies sur les pointeuses, placées non pas à l’entrée de l’entrepôt mais à trois minutes de marche, sur le recours outrancier à l’intérim et sur son évasion fiscale. Il faut savoir qu’Amazon doit 198 millions au fisc français. (…) Je m’attendais à un travail pénible, à la culture à l’américaine, mais pas à devoir subir des discours moralistes. Chaque jour on vous demande d’être meilleur que la veille. Il y a un aspect très idéologique au travail et on va applaudir ce qu’on appelle le « top performer », la résurgence de l’ouvrier Stakhanov en URSS, qui va au-delà de ce qu’on lui a demandé de faire. Les contre-pouvoirs sont complètement muselés. La plupart des syndicalistes ont la vie dure [la CGT a déposé plainte car ils étaient fouillés arbitrairement]. Et c’est assez surprenant de voir qu’une multinationale, dans le cadre de son travail, une fois qu’elle a nié tous les droits les plus élémentaires contenus dans le code du travail, ensuite s’ingénie à reproduire une forme de collectivisme. Je pense que cela est dû au fait qu’Amazon est un univers qui est coupé du monde. (…) En dernier échelon, et ce n’est pas quelque chose de dérisoire, le consommateur lui-même peut se poser la question de savoir ce qu’il gagne en consommant sur Amazon et ce qu’il y perd. Je ne suis pas convaincu que la plupart des Français souhaitent voir le politique distribuer des subventions publiques pour l’implantation de tels entrepôts, d’autant qu’Amazon n’a pas besoin d’argent public aujourd’hui. D’ailleurs, lors de l’implantation du quatrième entrepôt dans le Nord-Pas-de-Calais, la région n’a pas donné d’aide publique. Jean-Baptiste Malet
L’industrie du jeu vidéo est éclaboussée par une polémique sur les cadences infernales imposées aux employés. Le grand patron du studio Rockstar, connu pour la série « Grand Theft Auto » ou encore « Red Dead Redemption », a lui-même lâché cette information sans réaliser l’impact de cet aveu involontaire. Pour faire la promotion de son prochain jeu, Dan Houser, qui a fondé le studio Rockstar avec son frère Sam, a évoqué « les semaines de 100 heures de travail », nécessaires pour arriver à sortir ce nouveau petit bijou, Red Dead Redemption 2, sans doute le jeu le plus attendu de l’année. Cent heures, cela fait du 14 heures par jour, 7 jours sur 7. Après l’avalanche de réactions négatives sur les réseaux sociaux, il s’est empressé de minimiser. Sans vraiment convaincre, car ces fameuses périodes de crunch, c’est comme ça que les studios ont baptisé ces sessions de travail hyper intense qui sont une réalité trop fréquente pour être ignorées. (…) Un jeu de belle facture contient aujourd’hui des millions de lignes de code, des centaines de personnages, des décors complexes et détaillés, et bien sûr des vérifications minutieuses pour éliminer tous les bugs avant la sortie. Cela passe par des tâches très répétitives dans les périodes de bouclage, périodes qui peuvent durer parfois non pas quelques semaines, mais une année entière. D’où les burn-out, les dépressions et les protestations de plus en plus véhémentes des employés; (…) C’est sans doute aux Etats-Unis où cette industrie emploie le plus de monde, plus de 220 000 l’an dernier, et donc où les abus sont les plus nombreux et les plus médiatisés. Mais cela concerne le monde entier, car cette activité est mondialisée. Rockstar a des studios en Europe, aux Etats-Unis et même en Inde. Cela concerne aussi la France où les plus grands comme les plus modestes ont été pointés du doigt pour leurs pratiques abusives. En début d’année, les employés d’Eugen System se sont mis en grève pendant plusieurs semaines pour défendre leurs droits. Le studio Quantic Dream, rendu célèbre pour ses jeux Heavy Rain, Beyond Two Souls et plus récemment Detroit : Become Human, a été dénoncé par nos confrères de Mediapart pour sa culture d’entreprise limite, avec du harcèlement, des propos racistes ou homophobes. Et Ubisoft, l’autre fleuron français (Assassin’s Creed, The Division, Just Dance, Watch Dogs…) a été épinglé au début du siècle et est devenu depuis un modèle social. RFI
A la démesure de la catastrophe asiatique répondent un élan de solidarité inédit et un flux incroyable de dons venus du monde entier, un pactole d’environ 10 milliards de dollars offerts par des millions de particuliers, des milliers d’entreprises et des Etats. Mais, au bout de la chaîne, ce sont des associations, souvent fragiles, et des équipes réduites qui doivent assumer toutes les responsabilités, et elles tentent, tant bien que mal, de gérer cette manne colossale. Toutes ne sont pas équipées pour canaliser cette vague de générosité. Pour la première fois de son histoire, Médecins sans frontières (MSF) a interrompu sa collecte mondiale, après avoir récolté 40 millions d’euros en une semaine :  » Notre structure ne nous permet pas de gérer plus d’argent « , ont affirmé ces pionniers de l’urgence, au grand dam de plusieurs de leurs collègues humanitaires. Le petit monde des ONG n’a jamais paru si éclaté, si divers. En vingt-cinq ans, elles seraient passées de 4 000 à quelque 35 000 dans le monde. La France est, avec le Royaume-Uni et les Etats-Unis, au tout premier rang mondial.  » Il n’y a pas un mouvement humanitaire unifié, mais des organisations qui oeuvrent un peu chacune dans leur coin « , constate Thierry Pech, auteur avec Marc-Olivier Padis d’un ouvrage de référence, Les Multinationales du coeur (Seuil). Cela va des petites structures d’une demi-douzaine de personnes à la Croix-Rouge française, dont le budget dépasse les 700 millions d’euros. Le charity business fait des émules et a explosé depuis une bonne dizaine d’années. En France et en Europe, surtout, mais pas seulement. La Banque mondiale affirme travailler avec près de 1 000 ONG dans le monde entier. Un tri s’impose entre celles qui tiennent leurs engagements et d’autres, aussi opaques qu’opportunistes. Sans oublier  » les « faux nez », ces organisations derrière lesquelles on trouve un gouvernement, une idéologie, une organisation religieuse ou un lobby industriel « , ajoute Thierry Pech. Un tabou est peut-être en passe de voler en éclats : le petit monde des ONG découvre les exigences du contrôle et de l’évaluation. Le mouvement est d’abord venu des grandes organisations internationales, qui ont commencé à poser des conditions. Pour une raison simple : plus de 10 % de l’aide au développement distribuée par les Etats passent aujourd’hui par les ONG. Les bailleurs de fonds internationaux ont structuré leurs procédures de financement de projets. A l’instar de la Banque mondiale, qui a imposé une longue liste de critères aux organisations avec lesquelles elle travaille. Mais aussi de l’Union européenne, qui, en créant Echo en 1992, s’est donné les moyens de superviser ses opérations d’aide humanitaire. Bruxelles n’accorde ses financements – 600 millions d’euros par an – qu’après la signature de contrats-cadres très pointus. Echo veille au grain et a audité en 2003 près de 150 de ses partenaires. Audit : le mot est lancé. Il a fallu un énorme scandale français pour voir enfin cette pratique se développer. En 1996, la justice découvrait un détournement massif au sein de l’Association pour la recherche sur le cancer (ARC), dont le président, Jacques Crozemarie,  » siphonnait  » la caisse. Il fut condamné à quatre ans de prison.  » On sort enfin de l’opacité « , observe Thierry Pech.  » Cette affaire nous a poussés à être beaucoup plus rigoureux « , renchérit Jean-Luc Bellynck, directeur financier de la Croix-Rouge française. Les contrôleurs se sont mis au travail.  » De telles dérives ne sont plus envisageables, car la probabilité de se faire contrôler est beaucoup plus forte « , estime ainsi Jean-François Carrez, président de la 5e chambre de la Cour des comptes. Cette dernière et l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) auditent chaque année une demi-douzaine d’associations. Un chiffre ridicule par rapport à la quantité d’organisations, mais Philippe Séguin, premier président de la Cour des comptes, assure ne pas vouloir relâcher la pression : les contrôles seront renforcés en 2006, surtout en ce qui concerne l’utilisation des fonds collectés pour l’Asie. (…) Les Restos du coeur ont eux aussi revu leur système de contrôle après la découverte de détournements par des bénévoles, au siège et en région. Ils ont ainsi recruté une directrice financière, créé une commission d’appels d’offres et développé un service interne d’audit. Ils ont obligé leurs 113 antennes départementales à s’entourer de commissaires aux comptes, cinq ans avant que la loi l’impose, en 2003.  » Il n’existe pas de système infaillible, avoue Olivier Berthe. On peut juste mettre en place un maximum de garde-fous afin d’éviter les dérives. (…) l’association Raoul-Follereau, créée pour lutter contre la lèpre, a été épinglée par l’Igas en 2002, car elle investissait dans des plantations de palmiers en Côte d’Ivoire et finançait les oeuvres de cardinaux conservateurs du Vatican, deux missions sans rapport avec ses objectifs initiaux. Le Comité de la charte a mis plusieurs mois avant de lui retirer son précieux label. (…) S’il devient de plus en plus difficile pour les organisations, du moins pour les plus importantes et les plus connues, de frauder ou d’affecter l’argent des donateurs comme bon leur semble, la question de l’évaluation du travail accompli sur le terrain demeure taboue : combien de personnes ont-elles été secourues, les moyens utilisés ont-ils été les plus pertinents, l’argent a-t-il été dépensé de la façon la plus efficace ?…  » On en est, dans ce domaine, au stade infantile « , lâche Thierry Pech. (…) Il faut dire que l’humanitaire fascine. On estime à 20 000 par an le nombre de candidats au départ pour le bout du monde. La Croix-Rouge reçoit 20 curriculum vitae par jour en temps normal, plus de 70 depuis le désastre en Asie. L’an dernier, 8 000 candidatures sont arrivées au siège de Médecins du monde ! Beaucoup d’entre elles proviennent de jeunes diplômés de l’enseignement supérieur plus attirés par le charity business que par le monde de l’entreprise. Né en 1998 de la volonté de proposer aux populations sinistrées des coups de téléphone gratuits, Télécoms sans frontières emploie ainsi deux jeunes ingénieurs recrutés à la fin de leur stage. Et 15 % des jeunes diplômés affirment vouloir faire tout ou partie de leur carrière dans l’humanitaire. Une fascination pour les ONG dont s’est emparé le milieu de la formation. Dès 1983 naissait Bioforce Développement, un institut spécialisé préparant des techniciens de l’humanitaire (voir encadré page 37). Depuis le milieu des années 90, les universités rivalisent d’imagination pour créer à leur tour des formations aux métiers du développement ou de la santé dans les pays pauvres. La collecte de dons n’échappe pas à cette tendance. Cinquante ans après le célèbre  » Mes amis, au secours !  » de l’abbé Pierre au profit des mal-logés, les techniques de marketing visant à alimenter la machine à dons ont beaucoup évolué. Une ONG doit parfois investir jusqu’à 30 % de ses ressources pour faire la différence sur le marché compétitif de la générosité, évalué à environ 2 milliards d’euros en France. Mais obtenir l’appui d’une personnalité reste le meilleur moyen d’acquérir de la notoriété à bon prix. Les Restos du coeur reçoivent ainsi un cinquième de leur budget annuel grâce aux Enfoirés (voir encadré ci-contre). La Voix de l’enfant, dont le budget ne dépasse pas 1 million d’euros, accède aux plateaux de télévision grâce une ambassadrice de charme, l’actrice Carole Bouquet.  » La télévision est le meilleur moyen de susciter l’émotion, et c’est l’émotion qui déclenche les dons « , analyse Laurent Terrisse, directeur de Non Profit, filiale de l’agence de communication TBWA, spécialiste des ONG. L’Express
Que la direction confonde bénévolat et salariat, ça, c’est une réalité dans cette entreprise qui manque de transparence. Les cadres ne sont pas payés pour leurs heures supplémentaires et ont du mal à les récupérer. Il n’est pas rare qu’on nous convoque pour des réunions fixées après nos horaires de travail. Comme au siège, ce serait bien que l’inspection du travail fasse un petit tour chez nous. Cadre marseillais de la Croix-Rouge française
C’est beau l’image de la Croix-Rouge, mais l’envers du décor ce sont des petits salaires. Ce n’est pas qu’on soit maltraités mais il y a beaucoup de précarité, des salariés qui ont du mal à joindre les deux bouts, à trouver un logement… On nous dit qu’on est là pour sauver des vies mais cela ne doit pas se faire à n’importe quel prix. Marie (prénom modifié à sa demande)
Cela fait dix ans que je vis la pression des horaires et du toujours plus, c’est bien que cela sorte au grand jour. Secrétaire (Croix rouge)
Tout le monde veut ça. Tout le monde veut être nous. Le Diable s’habille en Prada
Quand ta vie privée ne sera plus qu’un champ de ruines, fais-moi signe : je t’obtiendrai une promotion. Le Diable s’habille en Prada
Les gens pensent que si tu travailles dans la mode, tu es riche mais on mange au McDo comme tout le monde parce qu’on est fauchés. On est tous fauchés. En tout cas moi, je dois faire attention. Dans la mode, tout le monde crève la dalle, les créateurs crèvent la dalle. Mais en même temps, on a des beaux vêtements, on boit du champagne partout, on fait des beaux voyages, on va dans des super hôtels. Philip (styliste et enseignant de mode belge)
C’est un métier de parias parce que c’est un métier qui a toujours été exercé par les juifs, par les homosexuels, par les gens qui avaient l’interdiction de pratiquer d’autres métiers. de fait, ce sont des gens qui sont aussi des parias dans leur famille, aussi. On atterrit dans la mode parce qu’on est homosexuel et que ce n’est pas bien vu, parce qu’on est hypersensible et que ce n’est pas bien vu, parce qu’on est créatif et que ce n’est pas un métier. Marguerite
Depuis 2008, la fortune des plus riches a doublé et augmenté bien plus que la production nationale, qui n’a crû que de 12 %. Et cette concentration s’accroît à mesure qu’on s’élève dans l’échelle de la richesse : les dix premiers de notre classement ont ainsi vu leur fortune cumulée quadrupler en dix ans, alors que celle des 490 suivants ne faisait que doubler. Symbole de cette envolée : Bernard Arnault, dont la fortune est passée de 18 à 73 milliards entre 2008 et 2018. Ce qui fait de lui non seulement la première fortune française, mais aussi, selon le dernier palmarès de notre confrère suisse Bilan, la première en Europe, devant Amancio Ortega, fondateur de Zara. Le secret de ce bond spectaculaire ? Trois éléments se conjuguent. D’abord, la capitalisation du leader mondial du luxe, devenue la premiè­re de la place de Paris, a augmenté de 25 % sur un an (au 8 juin, date retenue pour l’évaluation des entreprises cotées de notre classement). Ensuite, la progression des ventes de LVMH (43 milliards en 2017), qui se poursuit à un rythme d’environ 10 % par an depuis une décennie, donnant le sentiment que les arbres peuvent grimper jusqu’au ciel… Enfin, dernier point déterminant : il y a un an, Bernard Arnault a conduit une opération financière assimilable à un « coup d’accordéon », faisant absorber le holding intermédiaire Christian Dior par LVMH, ce qui lui a permis de faire passer sa part du capital du groupe de 35,2 à 46,6 %. Résultat, une fortune qui décolle de 56 % d’une année sur l’autre. Sur ce terrain, il n’est dépassé que par les frères Wertheimer, Gérard et Alain. Les deux héritiers de Chanel détiennent 100 % du groupe de luxe et vont, cette année, voir leur fortune faire un bon de… 100 %. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous disposons désormais de bases solides pour estimer leur patrimoine. Jusqu’à présent, le groupe de luxe ne diffusait aucun chiffre, même pas son chiffre d’affaires, qui était estimé par la concurrence et quelques spécialistes à un niveau légèrement supérieur à 5 milliards. Mais fin juin, le directeur ­financier de Chanel a communiqué les vrais comptes de l’entreprise, soit un chiffre d’affaires de près de 10 milliards de dollars (8,4 milliards d’euros), proche de celui de Vuitton, numéro un mondial du luxe, et bien supérieur à celui de Gucci (6,4 milliards), considéré jusqu’alors com­me le numéro deux du secteur. Une révélation qui nous conduit, bien évidemment, à réévaluer la fortune des deux frères, qui passe de 21 à 40 milliards, et qui les propulse au deuxième rang de notre classement. Sur ce terrain, il n’est dépassé que par les frères Wertheimer, Gérard et Alain. Les deux héritiers de Chanel détiennent 100 % du groupe de luxe et vont, cette année, voir leur fortune faire un bon de… 100 %. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous disposons désormais de bases solides pour estimer leur patrimoine. Jusqu’à présent, le groupe de luxe ne diffusait aucun chiffre, même pas son chiffre d’affaires, qui était estimé par la concurrence et quelques spécialistes à un niveau légèrement supérieur à 5 milliards. Mais fin juin, le directeur ­financier de Chanel a communiqué les vrais comptes de l’entreprise, soit un chiffre d’affaires de près de 10 milliards de dollars (8,4 milliards d’euros), proche de celui de Vuitton, numéro un mondial du luxe, et bien supérieur à celui de Gucci (6,4 milliards), considéré jusqu’alors com­me le numéro deux du secteur. Une révélation qui nous conduit, bien évidemment, à réévaluer la fortune des deux frères, qui passe de 21 à 40 milliards, et qui les propulse au deuxième rang de notre classement. Cette arrivée sur le podium des ­Wertheimer renforce la place, déjà considérable, du luxe dans le peloton de tête de notre classement : les actionnaires de grands groupes du secteur y trustent en effet quatre des six premières places. Et leur fortune combinée représente l’équivalent du tiers de celle, cumulée, des 500 du classement ! Challenges
Joannou évoque ici la présence en nombre d’hommes ouvertement gays dans l’industrie de la mode. Aux côtés des femmes, ils représentent la majeure partie du million d’emplois liés à la mode en France. L’homme hétéro y est minoritaire; il se braque et refuse de devenir un travailleur de cette industrie, de passer par une école de stylisme et de parler chiffons en public. Depuis la fin du XIXe siècle, les hommes excellent dans l’art de l’habillement. Ce sont eux qui donnent naissance à la haute couture en France et en font un business lucratif. Charles Frederick Worth marque l’histoire en étant l’un des rares couturiers hétérosexuels et d’origine étrangère à enrichir la mode française. Son disciple, Paul Poiret, également hétérosexuel, a été la star de la couture des années 1900 à 1930. Un basculement s’opère après la Seconde Guerre mondiale, avec l’arrivée de Christian Dior dans la fashion sphère parisienne. Très secret sur sa vie privée, il ne dévoilera que très tard son homosexualité. Depuis, les designers vedettes –Yves Saint Laurent, Pierre Balmain, Karl Lagerfeld et Jean-Paul Gaultier, entre autres– ne se cachent plus et osent parler de leur orientation sexuelle. La jeune génération, elle aussi, fait rapidement son coming out, d’Olivier Rousteing à Simon Porte Jacquemus. La raison qui explique cette présence massive d’hommes gays est simple: la mode a toujours accueilli ceux considérés comme des parias. Les juifs, les créatifs, les hypersensibles, les marginaux, le vilain petit canard de la famille et les homosexuels, tous trouvent leur place dans ce milieu qui les acceptent comme ils sont. C’est grâce à cette communauté à la tête du navire que la culture gay s’immisce dans la mode. Les costumes italiens flamboyants, le port du rose, les pièces moulantes –dont le jean skinny– ou le cuir et le sportswear fétichistes quittent le microcosme des clubs gays pour rejoindre les moodboards et atterrir sur les défilés. Les marques grand public ont suivi cette mutation de près et ont intégré ces nouveaux codes dans leurs collections masculines, avec un storytelling adapté: dans les années 1990, on assiste à la naissance de la métrosexualité. Pour la première fois, la mode apprivoise ces clients hétéros qui ne veulent surtout pas être vus comme des acheteurs compulsifs frivoles –l’équivalent de «gays» dans leur imagination. Cette image d’homosexuel très efféminé et expert de la mode est également diffusée par la pop culture. En témoigne le personnage de Nigel, journaliste de Vogue et expert du relooking dans Le Diable s’habille en Prada, celui de Kurt dans la série Glee ou plus récemment Tan France, technocrate mode dans Queer Eye sur Netflix. Malgré eux, ces personnages participent à l’auto-exclusion des hommes hétéros de l’industrie de la mode, car ceux-ci veulent s’éloigner le plus possible de cette image. La mode, et surtout celle des podiums, leur apparaît comme un domaine élitiste et complexe, au même titre que l’art contemporain. Ils cherchent alors des chemins de traverse pour éviter celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. L’homme hétéro qui commence à s’intéresser au vêtement part toujours d’une démarche utilitaire. (…) Selon Marc Beaugé, journaliste passionné par le vêtement mais qui se «qualifie rarement de journaliste mode», les hommes ont besoin d’une raison valable et de profondeur pour acheter un vêtement: «Il y a encore, chez beaucoup d’hommes, un complexe par rapport au shopping. Ils refusent d’être des fashion victims, ou de faire du shopping au premier degré. Ils veulent un vêtement entouré de sens, de référence culturelles et historiques. Ils ne veulent pas donner l’impression de répondre simplement aux diktat des magazines ou aux tendances. Moi-même, je déteste me balader avec un shopping bag. Ca ne m’arrive jamais.»(…) Pour Geoffrey Bruyère, il y a eu une vraie évolution du regard de l’homme hétéro sur la mode depuis une dizaine d’années. «Quand on a commencé à faire du coaching et que l’on proposait à des hommes des pièces qu’ils n’avaient pas l’habitude de porter, on nous faisait souvent la remarque: “Ça fait gay.” C’est bête, mais ça montre bien à quel point les hétéros peuvent associer la mode à une communauté. Et la remarque est ensuite passée de “Ça fait gay” à “Ça fait femme”, puis à “C’est pas vraiment mon style, c’est pas vraiment moi.”» La connotation gay est en revanche inexistante lorsque l’homme s’intéresse au vêtement sportif ou urbain. Il est par exemple totalement décomplexé lorsqu’il achète et collectionne des sneakers. Toute la culture du «Hype Beast» a misé sur cette nécessité de virilité amenée par le vêtement sportif, en l’associant à l’exclusivité. Aujourd’hui, les hommes s’arrachent les chaussures et vêtements Supreme et documentent leur passion pour ces chiffons précieux sur les réseaux sociaux. Au Congo, les célèbres sapeurs –membres de la Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes– vont plus loin que le vestiaire sportif, en assumant sans aucun complexe leur goût pour les vêtements et accessoires chatoyants. Ils ont choisi la mode pour religion, sans que le mot gay ne soit mentionné nulle part. Christelle Bakima, fondatrice du podcast reportage «Bak’s to Congo», explique que cette coquetterie masculine est même source de virilité: «Ce que l’on pourrait qualifier de comportement métrosexuel en France sera considéré comme synonyme de richesse et de bon vivant au Congo. Si cet homme peut s’entretenir, il peut subvenir aux besoins de sa famille, et donc potentiellement d’une femme, ce qui est perçu comme d’autant plus viril.» La virilité est précisément l’élément que l’homme hétéro n’arrive pas à associer à la mode des créateurs et des maisons. Le dessin de mode et la couture étant souvent conjugués au féminin, cet univers lui semble bien trop inhospitalier. En plus des tenues créatives qui effraient, l’androgynie et le très jeune âge des mannequins –souvent filiformes et imberbes– ne leur ressemblent pas et insistent sur cette cassure entre la mode des défilés et la leur. Dans l’enquête sociologique Le plus beau métier du monde, Giulia Mensitieri explique que «depuis l’extérieur, [la mode] apparaît comme un monde homogène fait de paillettes et de lumière, mais, une fois franchi son seuil, on découvre un espace fortement structuré fonctionnant sur des exclusions permanentes, à la fois économiques, sociales et symboliques». Une des exclusions les plus visibles est le nombre réduit de femmes et d’hommes LGBT+ à la tête des grands groupes. Dans ce microcosme, la cooptation et la passation de père en fils règne encore. Les hommes hétéros dominent les conseils d’administration des marques, sont directeurs de publication de magazines de mode ou travaillent l’angle financier de la mode, loin des sphères créatives. Antoine Arnault passe bien du temps sur les défilés, mais parce qu’il fait partie du socle de LVMH. Son couple avec le top model Natalia Vodianova ne fait qu’amplifier son rôle de patron de la mode puissant et hétérosexuel. En France, ces métiers de pouvoir et d’argent sont intimement liés à un idéal de l’homme viril. Craintifs à l’idée de ne pas correspondre à cet idéal, les jeunes hétéros évitent les formations en mode connotées féminines, comme le stylisme ou le marketing du luxe. Ancien étudiant en école d’art, Valentin Esquier en a été témoin: « Les gens qui voulaient s’orienter dans la mode, c’étaient les filles, les gays de la classe et un mec qui ne se disait pas gay, mais qui s’est senti obligé de le préciser. » Slate
La mode est l’une des plus puissantes industries du monde : elle représente 6 % de la consommation mondiale et est en croissance constante. Depuis les années 1980 et l’entrée dans l’économie néolibérale, elle est devenue l’image étincelante du capitalisme, combinant prestige, pouvoir et beauté, et occupe une place centrale dans les médias et les imaginaires. Pourtant, cette industrie, qui apparaît comme un horizon professionnel hautement désirable, repose principalement sur du travail précaire, et ce aussi bien là où la production est externalisée qu’au coeur de la production créative du luxe, comme les prestigieux ateliers des maisons de couture. À partir d’une enquête en immersion auprès des travailleurs créatifs de cette industrie (stylistes, mannequins, créateurs indépendants, coiffeurs, maquilleurs, vendeurs, journalistes, retoucheurs, stagiaires, agents commerciaux, etc.), ce livre dévoile la réalité du travail à l’oeuvre derrière la façade glamour de la mode. Il met notamment en lumière les dynamiques d’exploitation et d’autoexploitation ainsi que le prestige social liés au fait de travailler dans un milieu désirable. Des séances de « shooting » pour magazines spécialisés à la collaboration auprès d’un créateur de mode, en passant par des entretiens avec des stylistes travaillant pour de célèbres maisons de luxe et de couture, cette enquête dévoile une nouvelle forme de précarité caractéristique des industries culturelles du capitalisme contemporain, une précarité combinée au prestige, à la reconnaissance et à la visibilité. Il s’agit ainsi de décrypter les dynamiques invisibles sur lesquelles repose l’industrie de la mode pour mieux la « déglamouriser ». Présentation du Plus beau métier du monde
Il est valorisé et valorisant d’être artiste. Avant, l’artiste, c’était une figure marginale. Maintenant tout le monde veut être créatif. Il y a cette dimension-là qui est mise en avant aussi par les discours publics. La ville qui se fabrique, Paris est une ville pour cette nouvelle population « cool », etc. Eh bien, qu’est-ce qu’on voit ? Que ces mêmes secteurs professionnels qui sont à la base de l’économie et des structurations sociales des nouvelles élites d’une certaine manière, eh bien, ce sont les mêmes secteurs qu’on va précariser de plus en plus. (…) Parce qu’il y a une dynamique qu’on peut faire remonter aux contestations de la « critique artiste » de Mai 68, contre l’aliénation de la société industrielle du travailleur aliéné par la répétition des tâches, qui a été donc complètement approprié par le capitalisme néolibéral. Avec ce discours de l’épanouissement personnel, de l’expression de soi dans le travail qui s’est révélé être un outil très puissant pour démonétiser le travail. Et pour l’individualiser aussi, c’est une dimension que la mode permet de voir d’une manière saisissante. Giulia Mensitieri
Quand j’étais étudiante à Paris, j’étais entourée de chercheurs et de travailleurs impliqués dans les industries créatives. Ils avaient une position sociale privilégiée mais ils étaient tous précaires, essayant de boucler leurs fins de mois. Il y avait un énorme décalage entre leur capital symbolique et leur capital économique. Je voulais comprendre comment on en arrive à une scission si forte. Je m’intéresse depuis plusieurs années aux nouvelles élites de la mondialisation, aux formes de précarité et aux transformations du travail, à la place qu’on cherche dans le travail dans l’Occident soi-disant riche. Je cherchais un terrain d’étude. J’ai rencontré Mia, styliste pour de grandes marques de luxe, qui m’a introduite dans le monde de la mode. Elle portait des habits luxueux mais vivait dans une grande précarité. Son cas n’était pas du tout exceptionnel. Je ne dis pas que c’est la norme mais c’est très diffus dans le monde de la mode qui produit beaucoup de désir et de richesses. (…) Travailler pour le luxe et être exploité, ça a toujours existé, chez les ouvriers et les artisans qui produisent des biens de luxe notamment. Ce qui m’intéressait ici, ce n’était pas la production matérielle, mais le décalage entre le statut social donné par le fait de travailler dans un milieu créatif, ce qu’il représente, et les conditions matérielles. Je ne connaissais pas ce monde et je ne m’attendais pas à ce que l’auto-exploitation y soit aussi forte. (…) On retrouve dans la mode une série d’éléments du capitalisme actuel : le pouvoir des imaginaires sur les individus et sur ses travailleurs, l’interconnexion fondamentale entre les productions matérielles et immatérielles. Si la mode est aussi riche et vend autant, c’est parce qu’elle produit certes des habits et des sacs, mais aussi des images, des campagnes publicitaires qui servent à générer du désir pour les biens matériels et assurent les consommations à l’échelle globale. De Hongkong à Rio, on porte le même sac, on voit les mêmes pubs. Derrière cette dimension globale, on trouve aussi des circulations inégalitaires. Il y a une dimension cosmopolite chez les travailleurs créatifs de la mode : un shooting à Singapour, un défilé à Paris, un casting à New York, une production à suivre en Roumanie. Mais selon votre nationalité, vous êtes plus ou moins rattrapé par les inégalités, bloqué à une frontière, à cause d’un problème de visa par exemple. Par ailleurs, énormément d’argent est distribué de manière très inégalitaire. Le secteur continue de s’enrichir, même en temps de crise, mais ce n’est pas parce que les profits augmentent que les travailleurs sont mieux payés. La mode est exemplaire du capitalisme actuel pour toutes ces raisons. (…) On y cherche autre chose dans le travail : l’expression de la subjectivité, être créatif, reconnu. En ça aussi la mode est exemplaire des transformations du sens et de la valeur du travail dans l’Occident capitaliste : on y cherche avant tout l’épanouissement personnel. Il y a une représentation très négative de ce qui pourrait être le salariat, la routine. Il y a une énorme focalisation sur la dimension individuelle. A la fin des années 60, la revendication était «il faut être sujet dans le travail, mettre de la vie, il faut s’exprimer». Le néolibéralisme s’est approprié ces revendications contestataires, en les injectant dans des modèles managériaux. Ça s’est révélé très efficace. Si on est exceptionnel, créatif, unique, artiste, il est plus compliqué de s’identifier à un projet commun. (…) Dans la mode, il n’y en a aucune [solidarité]. Chez les mannequins, on en voit un peu. Pour avoir la parole, il faut être un sujet. Les stars ont cette visibilité. Derrière, il y a des milliers de mannequins qui circulent une saison et c’est fini. Elles restent des mannequins parmi d’autres, interchangeables, qui n’ont pas d’identité dans le milieu et qui n’en auront peut-être jamais. C’est très compliqué de prendre la parole dans ces circonstances. Dans les autres métiers de la mode, il n’y a pas de solidarité. L’utilisation du mot «créateur» est emblématique de ce point de vue. Son emploi est assez récent. Il coïncide avec la période néolibérale du capitalisme. Avant, on disait couturier ou styliste. Créateur, c’est dieu, un individu seul qui crée un univers. Aucun créateur ne travaille seul, mais c’est la représentation que l’on donne. Toute cette spectacularisation de l’ego est en train de changer un peu. On voit des créateurs plus en retrait, mais il reste cette dimension de mise en scène de soi que la mode exige. C’est l’une des règles : il faut se construire un personnage. Et puis il y a la peur. C’est un marché professionnel relativement petit. Les gens craignent de parler et il existe dans les maisons de luxe et de prêt-à-porter des clauses de confidentialité. Les salariés ne peuvent rien dire de ce qui se passe dans leur entreprise et il n’existe pas de syndicat. Karl Lagerfeld avait même dit un jour que si vous vouliez de la justice, mieux valait faire travailleur social que de travailler dans la mode. (…) C’est difficile de renoncer à cet emplacement social. La mode est un monde clos qui a besoin du regard désirant de l’extérieur. La mode fascine. Les personnes qui sortent de la mode vivent très mal de ne plus avoir cette place. Il y a aussi la dimension créative, l’adrénaline. Dans les grandes maisons, il y a énormément de moyens, on peut créer ce qu’on veut. Ça crée une sorte d’addiction, disent certains travailleurs. Et il y a l’amour de la beauté. Certains restent aussi car ils travaillent trop, ils ont le nez dans le guidon. Ils n’ont pas le temps de chercher autre chose, de réfléchir. Ils sont trop pris par la machine. Et il y a évidemment la dimension de plaisir. (…) La mode est une industrie à la fois créative et vouée au profit. Cette double dimension crée une forme de violence structurelle étant donné le rythme actuel. Certaines maisons produisent dix à douze collections par an. Même si le directeur artistique n’est pas seul, la dimension créative a besoin d’un temps de recherche, d’inspiration. Elle ne coïncide pas avec les rythmes imposés par la recherche de profit. Raf Simons n’est pas un précaire mais même à son niveau, c’est structurellement intenable. Ecologiquement aussi… L’industrie textile est la plus polluante au monde, juste derrière le pétrole. On est habitué à penser par fragments : le Bangladesh avec les ouvriers e