Je peux expliquer son triomphe en trois mots: faisons le Brexit. Il a promis de faire le Brexit, c’est tout ce que le pays voulait entendre. Rachel Johnson (soeur journaliste de Boris Jonhson)
Dire aux électeurs qu’ils sont des ignorants moraux est une mauvaise façon de les faire changer d’avis. Que voyaient-ils que je ne voyais pas? Cela aurait dû être la première question que j’aurais dû me poser. Quand j’ai vu Trump, j’ai vu un fanfaron fanatique multiplier les arguments d’ignorant. Ce que les partisans de Trump voyaient, eux, c’était un candidat dont tout l’être était un doigt d’honneur fièrement levé contre une élite autosatisfaite qui avait produit un statu quo défaillant. J’étais aveugle à cela. Bien que j’aie passé les années de la présidence Obama à dénoncer sa politique, mes objections étaient plus abstraites que personnelles. J’appartenais à une classe sociale que mon amie Peggy Noonan appelait « les protégés ». Ma famille vivait dans un quartier sûr et agréable. Nos enfants étaient dans une excellente école publique. J’étais bien payé, entièrement assuré, isolé contre les difficultés de la vie. L’appel de Trump, selon Noonan, s’adressait en grande partie aux personnes qu’elle appelait « les non protégés ». Leurs quartiers n’étaient pas si sûrs et agréables. Leurs écoles n’étaient pas aussi bonnes. Leurs moyens de subsistance n’étaient pas si sûrs. Leur expérience de l’Amérique était souvent celle d’un déclin culturel et économique, parfois ressenti de la manière la plus personnelle. Ce fut une expérience aggravée par l’insulte d’être traité comme des perdants et des racistes – accros, selon l’expression notoire d’Obama en 2008, aux « armes à feu ou à la religion ou à l’antipathie envers les gens qui ne sont pas comme eux ». Pas étonnant qu’ils soient en colère. La colère peut prendre des tournures stupides ou dangereuses, et avec Trump elles ont souvent pris les deux. Mais cela ne signifiait pas que leur colère était sans fondement ou illégitime, ou qu’elle visait la mauvaise cible. Les électeurs de Trump avaient de solides arguments pour prouver qu’ils avaient été trahis trois fois par les élites de la nation. Tout d’abord, après le 11 septembre, alors qu’ils avaient supporté une grande partie du poids des guerres en Irak et en Afghanistan, seulement pour voir Washington hésiter puis abandonner ses efforts. Deuxièmement, après la crise financière de 2008, lorsque tant de personnes ont été licenciées, alors même que la classe financière était renflouée. Troisièmement, dans la reprise post-crise, au cours de laquelle des années de taux d’intérêt ultra bas ont été une aubaine pour ceux qui avaient des actifs à investir et brutales pour ceux qui n’en avaient pas. Oh, et puis est venue la grande révolution culturelle américaine des années 2010, dans laquelle les pratiques et croyances traditionnelles – concernant le mariage homosexuel, les toilettes séparées, les pronoms personnels, les idéaux méritocratiques, les règles non basées sur la race, le respect des symboles patriotiques, les règles de la vie sentimentale, la présomption d’innocence et la distinction entre l’égalité des chances et le résultat – sont devenus, de plus en plus, non seulement dépassés, mais tabous. C’est une chose que les mœurs sociales évoluent avec le temps, aidées par le respect des différences d’opinion. C’en est une autre qu’elles soient brutalement imposées par un camp à l’autre, avec peu d’apport démocratique mais beaucoup d’intimidation morale. C’était le climat dans lequel la campagne de Trump s’est épanouie. J’aurais pu réfléchir un peu plus au fait que, dans ma condescendance dégoulinante envers ses partisans, je confirmais également leurs soupçons sur des gens comme moi – des gens qui prêchaient la bonne parole sur les vertus de l’empathie mais ne le pratiquaient que de manière sélective ; des gens épargnés par les problèmes du pays mais pas gênés pour proposer des solutions. J’aurais également pu donner aux électeurs de Trump plus de crédit pour la nuance. Pour chaque guerrier MAGA, il y avait en face beaucoup de partisans ambivalents de Trump, doutant de ses capacités et consternés par ses manières, qui étaient prêts à tenter leur chance avec lui parce qu’il avait le culot de défier des piétés conventionnelles profondément imparfaites. Ils n’avaient pas non plus été impressionnés par les critiques de Trump qui avaient leur propre penchant pour l’hypocrisie et la calomnie pure et simple. À ce jour, très peu d’anti-Trumpers ont été honnêtes avec eux-mêmes à propos du canular élaboré – il n’y a pas d’autre mot pour cela – qu’était le dossier Steele et toutes les fausses allégations, crédulement répétées dans les médias grand public, qui en découlaient. Une dernière question pour moi-même : aurais-je tort de fustiger les partisans actuels de Trump, ceux qui veulent qu’il revienne à la Maison Blanche malgré son refus pour accepter sa défaite électorale et l’indignation historique du 6 janvier ? Moralement parlant, non. C’est une chose de miser sur un candidat qui promet de rompre avec le statu quo. C’en est une autre de faire cela avec un ex-président qui a tenté de détruire la République elle-même. Mais j’aborderais aussi ces électeurs dans un esprit très différent de la dernière fois. « Une goutte de miel attrape plus de mouches qu’un gallon de fiel », avait noté Abraham Lincoln au début de sa carrière politique. « Si vous voulez gagner un homme à votre cause, convainquez-le d’abord que vous êtes son ami sincère. » De sages paroles, en particulier pour ceux d’entre nous qui sommes dans le domaine de la persuasion. Bret Stephens
Certains en Occident savourent les images de révolte en provenance du Sri Lanka. Les tweeteurs et les gauchistes s’émerveillent devant les images et les photos montrant des Sri Lankais en colère prenant d’assaut le palais présidentiel et se baignant dans sa somptueuse piscine. Les images sont en effet frappantes et encourageantes : cela fait toujours plaisir de voir des gens rejeter leurs dirigeants incompétents et corrompus. Et pourtant ces observateurs occidentaux pourraient bientôt être surpris, car cette révolte n’est pas seulement une mise en accusation des élites sri lankaises et de leurs légions d’erreurs de jugement. C’est aussi plus largement une mise en accusation des vanités des élites mondiales. Elle remet en question les préjugés et les politiques des establishments mondiaux sous l’emprise de l’alarmisme climatique et de l’autoritarisme Covid. Au Sri Lanka, nous assistons à une rébellion non seulement contre les responsables gouvernementaux corrompus, mais aussi contre la vision du monde dangereusement déconnectée de la technocratie internationale. (…) Le Sri Lanka nous montre ce qui se passe lorsque la politique d’un pays est déterminée par les désirs et les préjugés des nouvelles élites plutôt que par les besoins des gens ordinaires. Les confinements ont peut-être été une aubaine pour les élites du télétravail et pour certains milliardaires, mais il a été incroyablement préjudiciable pour une grande partie de la classe ouvrière occidentale et pour des millions de démunis des pays du Sud. L’idéologie verte peut donner un sens à leur vie aux nouvelles élites, flattant leur illusion narcissique selon laquelle elles sauvent la planète d’une mort provoquée par le réchauffement climatique, mais ce sont les ouvriers occidentaux qui en font les frais et qui paient au bout du compte pour la folie de la neutralité carbone, et cela attise la faim et la misère dans ces parties du monde qui ne sont pas encore aussi développées que l’Occident. Le Sri Lanka représente un cas extrême et inquiétant de ce qui se passe lorsque la politique mondiale est construite sur la peur et le narcissisme d’élites déconnectées, plutôt qu’à partir des besoins des gens pour s’épanouir et sortir de la pauvreté. Mais ce que l’on voit aussi au Sri Lanka, c’est exactement le type de réaction dont nous avons besoin contre tout cela. Les gens n’en peuvent plus. Et ils ne sont pas les seuls. Des routiers canadiens révoltés contre les mesures anti-Covid qui détruisent leurs moyens de subsistance aux agriculteurs néerlandais insurgés contre la folie des politiques écologiques de leur gouvernement, des protestations des chauffeurs de taxi italiens contre la hausse des prix du carburant aux manifestations de masse albanaises contre la hausse des prix alimentaires et du carburant après le confinement et la guerre en Ukraine, des manifestations populaires éclatent partout à travers le monde. Le gouvernement du Sri Lanka a peut-être été le premier à tomber, mais il semble peu probable qu’il soit le dernier. Les soulèvements manquent de cohérence. Certains refusent les leaders. Les demandes ne sont pas toujours claires. Mais s’il y a une chose évidente, c’est la raison pour laquelle les gens sont en colère – l’irrationalité des décisions d’une nouvelle classe de responsables politiques qui préfèrent les mesures de répression rapides et les démonstrations de vertu à la tâche difficile de trouver comment améliorer matériellement et spirituellement la vie des gens. Ceux qui pensent que le populisme est terminé maintenant que Trump et même Boris Johnson sont partis pourraient bien avoir des surprises. Réveillez-vous, les gars ! Surveillez vos fenêtres ! Faites gaffe à vos piscines ! Brendan O’Neill
Un soulèvement populaire de la classe ouvrière contre les élites et leurs valeurs est en cours – et il traverse le monde. Il y a une résistance croissante de la part des classes moyennes et inférieures contre ce que Rob Henderson a appelé les «croyances de luxe» des élites, alors que les gens ordinaires réalisent le mal que cela leur cause, à eux et à leurs communautés. Il y a eu des premières lueurs en février dernier, lorsque le Convoi de routiers canadiens a opposé les camionneurs de la classe ouvrière à la classe des télétravailleurs exigeant des mesures COVID-19 toujours plus restrictives. On l’a légalement vu dans la victoire du gouverneur de Virginie, Glenn Youngkin, qui s’est présenté au nom des droits des parents à l’éducation et a ensuite remporté à la fois les banlieues et les zones rurales. On peut le voir dans le soutien croissant des électeurs hispaniques à un parti républicain, qui s’identifie de plus en plus comme anti-woke et pro-classe ouvrière. Et maintenant, nous assistons à sa dernière itération aux Pays-Bas sous la forme d’une manifestation d’agriculteurs contre de nouvelles réglementations environnementales qui vont les ruiner. Plus de 30 000 agriculteurs néerlandais se sont levés pour protester contre le gouvernement à la suite des nouvelles limites d’azote qui les obligent les à réduire radicalement jusqu’à 70 % leurs émissions d’azote au cours des huit prochaines années. Cela les obligerait à utiliser moins d’engrais et même à réduire le nombre de leurs têtes de bétail. Alors que sur le papier, les grandes entreprises agricoles auraient les moyens d’atteindre ces objectifs et pourraient passer à des engrais non azotés, cela est impossible pour les petites exploitations souvent familiales. Les nouvelles réglementations environnementales sont si extrêmes qu’elles obligeraient de nombreuses personnes à mettre la clé sous la porte, y compris des familles qui sont dans l’agriculture depuis trois ou quatre générations. En signe de protestation, les agriculteurs bloquent les rues et refusent de livrer leurs produits aux chaînes de supermarchés. Cela a entraîné de graves pénuries d’œufs et de lait, entre autres produits alimentaires. Mais les effets vont être mondiaux. Les Pays-Bas sont le deuxième exportateur agricole mondial après les États-Unis, faisant du pays d’à peine 17 millions d’habitants une superpuissance alimentaire. Compte tenu des pénuries alimentaires mondiales et de la hausse des prix, le rôle des agriculteurs néerlandais dans la chaîne alimentaire mondiale n’a jamais été aussi important. Mais si vous pensiez que le gouvernement néerlandais allait en tenir compte et veiller à ce que les gens puissent mettre de la nourriture sur la table, vous auriez tort ; lorsqu’on lui a offert le choix entre la sécurité alimentaire et la lutte contre le « changement climatique », c’est cette dernière que le gouvernement néerlandais a choisi. Ce qui est particulièrement frustrant, c’est que le gouvernement est pleinement conscient que ce qu’il demande aux agriculteurs de faire en fera disparaître un grand nombre. En fait, le gouvernement avait initialement prévu d’avancer à un rythme plus lent, jusqu’à ce qu’un procès intenté par des groupes environnementaux en 2019 le contraigne à accélérer son calendrier. La réaction des membres du secteur agricole a été massive et continue depuis 2019, mais l’apparition de la pandémie de COVID-19 a permis au gouvernement du Premier ministre Mark Rutte d’interdire les manifestations en 2020 et 2021. Avec la reprise des manifestations cette année, les autorités sont également passés à une approche plus agressive. Il y a eu des arrestations et même des coups de semonce tirés par la police sur les agriculteurs, dont l’un a failli tuer un manifestant de 16 ans. Pourtant, les sympathies des Néerlandais ne vont pas à leur gouvernement ; ils sont solidaires de leurs agriculteurs. Les sondages actuels indiquent que le Parti politique des agriculteurs, formé il y a seulement trois ans en réponse à la nouvelle réglementation, gagnerait 11 sièges au Parlement si des élections avaient lieu aujourd’hui (il n’en détient actuellement qu’un seul). De plus, l’Union des pêcheurs néerlandais s’est publiquement jointe aux manifestations, bloquant les ports avec des équipages de pêche brandissant des pancartes indiquant « Eendracht maakt Kracht »: L’unité fait la force. Mais alors que les Néerlandais sont du côté des agriculteurs, leurs élites se comportent à peu près comme elles l’ont fait au Canada et aux États-Unis, et pas seulement celles du gouvernement. Les médias refusent même de parler des manifestations et, lorsqu’ils le font, ils qualifient les agriculteurs d’extrémistes. Pourquoi la déconnexion ? Chaque sondage fiable des salles de rédaction européennes, de l’Allemagne aux Pays-Bas, montre que le changement climatique est un sujet beaucoup plus important pour les journalistes que pour les gens ordinaires. Ce n’est pas que les citoyens ordinaires ne se soucient pas du changement climatique, mais qu’ils ont le bon sens de savoir que détruire leur ferme afin que les objectifs d’émissions du gouvernement puissent être atteints en 2030 au lieu de 2035 ne changera pas le climat de la planète. Après tout, les Pays-Bas ne représentent que 0,46 % des émissions mondiales de CO2, et bien qu’une nouvelle réduction soit souhaitable, elle ne sera pas décisive dans la lutte contre le changement climatique au cours des huit prochaines années. Cela peut aider faire les élites du pays à se sentir bien dans leur peau, mais cela se traduira également par le fait que de larges pans de la population verront leur niveau de vie baisser et leur existence économique ciblée par l’État pour des raisons idéologiques. Il y a un malaise en Occident actuellement, où les objectifs idéologiques sont poursuivis au détriment des classes moyennes et ouvrières. Qu’il s’agisse des camionneurs au Canada, des agriculteurs aux Pays-Bas, des sociétés pétrolières et gazières aux États-Unis, l’idéologie, et non la science ou les preuves objectives, domine l’ordre du jour, gratifiant les élites tout en appauvrissant la classe ouvrière. En fin de compte, il y a un risque que les politiques climatiques fassent à l’Europe ce que le marxisme a fait à l’Amérique latine. Un continent réunissant toutes les conditions d’une prospérité générale et d’un environnement sain s’appauvrissant et se ruinant pour de pures raisons idéologiques. Et à la fois les gens et le climat moins bien lotis au bout du compte. Ralph Schoellhammer
Surtout, nous avons réaffirmé l’idée sacrée qu’en Amérique, le gouvernement répond au peuple. Notre lumière directrice, notre étoile du Nord, notre conviction inébranlable a été que nous sommes ici pour servir les nobles citoyens américains de tous les jours. Notre allégeance ne va pas aux intérêts spéciaux, aux sociétés ou aux entités mondiales; c’est pour nos enfants, nos citoyens et notre nation elle-même. Ma priorité absolue, ma préoccupation constante, a toujours été l’intérêt supérieur des travailleurs américains et des familles américaines. Je n’ai pas cherché le cours le plus facile; de loin, c’était en fait le plus difficile. Je n’ai pas cherché le chemin qui recevrait le moins de critiques. J’ai engagé les batailles les plus difficiles, les combats les plus durs, les choix les plus difficiles parce que c’est pour cela que vous m’avez élu. (…) Nous avons promu une culture où nos lois seraient respectées, nos héros honorés, notre histoire préservée et les citoyens respectueux des lois jamais méprisés (…) Aucune nation ne peut prospérer longtemps si elle perd la foi en ses propres valeurs, son histoire et ses héros, car ce sont là les sources mêmes de notre unité et de notre vitalité. (…) La clé de la grandeur nationale réside dans le maintien et la transmission de notre identité nationale commune. Cela signifie se concentrer sur ce que nous avons en commun: le patrimoine que nous partageons tous. Au centre de cet héritage se trouve également une solide croyance en la liberté d’expression, la liberté d’expression et le libre débat. Seul l’oubli de qui nous sommes et comment nous sommes arrivés où nous sommes que nous nous nous abandonnerons à la censure politique et à la mise sur liste noire en Amérique. Ce n’est même pas pensable. Mettre fin au débat libre et contradictoire viole nos valeurs fondamentales et nos traditions les plus durables. En Amérique, nous n’insistons pas sur la conformité absolue et n’imposons pas des orthodoxies rigides et une police de la pensée ou de la parole. Ce n’est tout simplement pas ce que nous faisons. L’Amérique n’est pas une nation timide d’âmes dociles qui ont besoin d’être protégées de ceux avec qui nous sommes en désaccord. Ce n’est pas qui nous sommes. Ce ne sera jamais qui nous sommes. (…) En repensant aux quatre dernières années, une image me vient à l’esprit au-dessus de toutes les autres. Chaque fois que je parcourais le parcours du cortège, il y avait des milliers et des milliers de personnes. Ils étaient sortis avec leurs familles pour pouvoir tenir et agiter fièrement à notre passage notre grand drapeau américain. Cela n’a jamais manqué de m’émouvoir profondément. Je savais qu’ils ne venaient pas simplement me montrer leur soutien; ils venaient me montrer leur soutien et leur amour pour notre pays. C’est une république de fiers citoyens unis par notre conviction commune que l’Amérique est la plus grande nation de toute l’histoire. Nous sommes, et devons toujours être, une terre d’espoir, de lumière et de gloire pour le monde entier. C’est le précieux héritage que nous devons sauvegarder à chaque tournant. C’est exactement ce pourquoi j’ai oeuvré ces quatre dernières années, ça et rien d’autre. D’une grande salle de dirigeants musulmans à Riyad à une grande place de Polonais à Varsovie; d’un discours à l’Assemblée coréenne à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies; et de la Cité Interdite de Pékin à l’ombre du Mont Rushmore, j’ai combattu pour vous, je me suis battu pour votre famille, je me suis battu pour notre pays. Par-dessus tout, je me suis battu pour l’Amérique et tout ce qu’elle représente – c’est-à-dire sûre, forte, fière et libre. Maintenant, alors que je me prépare à remettre le pouvoir à une nouvelle administration mercredi à midi, je veux que vous sachiez que le mouvement que nous avons lancé ne fait que commencer. Il n’y a jamais rien eu de tel. La conviction qu’une nation doit servir ses citoyens ne diminuera pas, mais ne fera au contraire que se renforcer de jour en jour. Président Trump
Je voudrais utiliser les dernières secondes qui me restent pour donner quelques conseils à mon successeur, quel qu’il ou elle soit. Numéro un : restez proches des Américains, défendez les Ukrainiens, défendez la liberté et la démocratie partout. Réduisez les impôts et déréglementez partout où vous le pouvez pour en faire le meilleur endroit où vivre et investir, ce qu’il est. J’adore le Trésor, mais rappelez-vous que si nous avions toujours écouté le Trésor, nous n’aurions pas construit la M25 [le périphérique londonien de 188 km] ou le tunnel sous la Manche. Concentrez-vous sur la route à suivre, mais n’oubliez pas de vérifier le rétroviseur, et souvenez-vous surtout que ce n’est pas Twitter qui compte, c’est les gens qui nous ont envoyés ici. Et oui, les dernières années ont été le plus grand privilège de ma vie et il est vrai que j’ai aidé à obtenir la plus grande majorité conservatrice depuis 40 ans et un énorme réalignement de la politique britannique. Nous avons transformé notre démocratie et restauré notre indépendance nationale. Nous avons, j’ai aidé ce pays à traverser une pandémie et aidé à sauver un autre pays de la barbarie, et franchement, c’est déjà pas mal comme bilan. Je tiens à vous remercier, M. le speaker. Je veux remercier tout le merveilleux personnel de la Chambre des Communes. Je veux remercier tous mes amis et collègues. Je veux remercier mon vieil ami, en face. Je veux remercier tout le monde ici. Et hasta la vista baby! Boris Johnson
Je ne sais pas combien de temps Éric Zemmour restera en politique. Mais ce dont je suis convaincue, c’est que le mouvement d’espoir et d’enthousiasme bien réel qu’il a réveillé est la manifestation d’une révolte populaire profonde, qui n’a rien d’une bulle. Cette révolte cherche désespérément un leader, et a vu en lui un possible véhicule de ses revendications de renforcement du cadre national, comme protection contre les grands vents de la globalisation. Éric Zemmour a réveillé un patriotisme français à la fois raisonné et émotionnel qui n’osait plus s’exprimer de manière ouverte de peur d’être qualifié de nationalisme raciste et dangereux. L’épisode du vieux militaire qui lui a offert ses décorations de guerre en pleurant, pendant un meeting, n’a rien d’anecdotique. Une partie croissante de la société considère, même si elle est divisée sur les solutions, que le pays est dans une impasse stratégique dangereuse, qui mènera à la disparition de la France en tant que civilisation, si rien n’est fait pour arrêter l’immigration massive et pour favoriser l’intégration des nouveaux arrivants, et notamment celle de communautés musulmanes qui sont soumises à la pression de l’islamisme, et aux particularités politiques de l’islam qui ne fait pas de distinction entre le politique et le religieux. La réalité est que Zemmour a donné voix à une angoisse existentielle sur la transformation démographique et culturelle de notre pays. Le phénomène est transoccidental. Les peuples d’Occident réclament des frontières et sonnent partout l’alarme contre le piège globaliste et multiculturaliste que les élites ont refermé sur eux, avec un mélange d’irénisme et d’aveuglement. Ils ont peur d’une désagrégation du tissu économique et politique national au profit d’intérêts chinois ou autres susceptible d’accélérer notre perte de souveraineté, et d’une communautarisation accélérée qui rendra la vie en commun de plus en plus difficile. En France, il y a aussi une énorme préoccupation due à l’apparition d’une insécurité chronique, d’une grande violence. Le phénomène Zemmour ou ses variantes ne sont pas près selon moi de disparaître, parce que les élites répondent à l’inquiétude en érigeant une grande muraille du déni et de l’excommunication, peignant leurs revendications comme la marque d’un nouveau fascisme au lieu d’y répondre. (…) La révolte zemmouriste et la révolte trumpiste portaient maintes similitudes, dans leurs ressorts antimondialisation et anti-immigration, leur credo conservateur, leur défense de l’Occident chrétien et leur méfiance de l’islam, leur volonté de réalisme en politique étrangère. Toutes ces ressemblances n’empêchent pas les différences de personnalités et de culture abyssales entre les deux. Donald Trump est un fils de famille, héritier d’un promoteur immobilier de Brooklyn, qui a forgé sa personnalité sur les chantiers de construction paternels dans la banlieue de Big Apple, puis fait son chemin dans un monde capitaliste new-yorkais brutal et sans pitié. Éric Zemmour, issu d’un milieu très simple, a fait sa vie dans les livres, le journalisme, l’exploration passionnée de l’histoire et l’observation d’un monde politique dont il connaissait les tours et détours. C’est un intellectuel, qui tend à tout théoriser, quand Trump est un pur intuitif. Mais on trouve aussi des points communs entre les deux hommes: le caractère indomptable, le sens de la formule et la capacité à exprimer, de manière cathartique, ce que pense le peuple. Ce sont de ce point de vue deux hommes de la petite lucarne qu’ils ont utilisée avec maestria pour faire leur célébrité et nouer une relation intime avec le peuple. Tous deux partagent aussi une allergie à l’idéologie du genre et une vision assez macho des relations hommes-femmes, ainsi qu’une conception hobbésienne du monde, basée sur les rapports de force. Leur fascination pour les hommes forts, qui s’est d’ailleurs exprimée dans leur admiration troublante pour Vladimir Poutine, est un autre point commun très frappant. (…) Éric Zemmour n’a pu asseoir sa popularité sur un parti de l’establishment déjà installé contrairement à Trump qui a pris d’assaut le parti républicain. Il n’a pas réussi non plus à séduire les classes populaires, peut-être parce qu’il n’a pas su complètement leur parler, contrairement à Trump et à Marine Le Pen, qui ont su parler de l’insécurité économique et du pouvoir d’achat du «pays périphérique» alors que Zemmour mettait l’accent sur la question de l’immigration et de la survie de la nation. Sans doute a-t-il sous-estimé l’angoisse de «la guerre civile» des Français, qui partagent son inquiétude sur l’avenir de la France, mais craignent sans doute encore plus la menace d’un clash entre communautés. Ils partagent son diagnostic, mais sont terrifiés par ses solutions, ou pas assez convaincus de sa capacité à gérer l’immensité du défi. Au-delà de tous ces points clés, je suis pour ma part persuadée que c’est la guerre de Poutine qui a percuté et détruit la candidature d’Éric Zemmour. Quand celle-ci éclate, le 24 février, il est en ascension, atteignant quelque 16% des intentions de vote, à égalité avec Le Pen, qui semble, elle, sur une pente descendante. Mais la guerre chamboule tout. Ayant répété depuis des années que Poutine est un grand patriote, voire un modèle dont la France devrait s’inspirer pour remettre son pays en ordre, Éric Zemmour est frappé de plein fouet. Sa condamnation trop faible de la guerre, son incapacité à qualifier Poutine de dictateur et sa persistance à dénoncer les responsabilités de l’Occident, au lieu de prendre la mesure de l’impérialisme brutal de Poutine et de la dangerosité d’un pouvoir russe basé sur la violence et le mensonge, ont, je pense, créé un doute béant dans la bourgeoisie qui l’avait soutenu jusque-là, doute dans lequel se sont engouffrés ses adversaires. Les classes populaires, qui soutenaient Le Pen, elles, ont moins réagi à la guerre. Son absence d’empathie vis-à-vis des réfugiés ukrainiens, dont il a jugé la présence peu opportune en France, a également beaucoup choqué. Marine Le Pen, qui avait pourtant un lourd passif sur le sujet, vu sa proximité ancienne et totale avec Poutine, a mieux géré cette situation embarrassante, détournant le tir en parlant «pouvoir d’achat» et révélant une habileté politique que n’a pas su montrer Zemmour, resté très idéologique. Lui qui avait voulu se placer dans le sillage de De Gaulle s’est retrouvé pris à contre-pied, compromis avec un dictateur impérial impitoyable, alors que l’Ukraine incarnait l’esprit de résistance gaullien et churchillien. Cette fascination pour Poutine de la droite national-populiste et de l’extrême droite s’explique par l’habileté avec laquelle l’homme fort de la Russie a instrumentalisé les révoltes national-populistes. Voyant là une opportunité de se constituer une «armée» de partis amis, il les a courtisés, se posant en souverainiste, en rempart de la chrétienté contre l’islamisme et la décadence des mœurs de l’Occident. Il s’agissait d’un trompe-l’œil bien sûr, d’un village Potemkine cachant la déliquescence et l’anomie d’une société russe où domine la loi du plus fort la plus brutale, pas le conservatisme. Mais les voix des experts qui avertissaient contre l’entourloupe ont été ignorées, et les nationalistes de tout poil sont tombés en plein dans le piège. Zemmour comme les autres. (…) Le réveil des nations d’Occident s’exprime de multiples façons, souvent brouillonnes et éphémères, avec un succès très relatif en effet. Ces phénomènes témoignent de la volonté instinctive des peuples d’empêcher des processus de désintégration des nations extrêmement puissants et peut-être irréversibles, liés à l’affaiblissement des États au profit de forces transnationales très puissantes, à la révolution technologique en cours, à l’affaiblissement des classes moyennes, qui, comme le rappelle le politologue Andrew Michta, forment le «demos», l’âme des nations démocratiques. S’agit-il d’un baroud d’honneur? Je ne l’espère pas. L’idéal serait que les revendications des partis populistes entrent peu à peu dans les réflexions des élites gouvernantes, que ces partis contribuent à la solution des problèmes qu’ils pointent. Mais si les élites s’avèrent incapables de faire face, il faut s’attendre à ce que Yascha Mounk appelle un scénario de «guerre civile complexe». Je crains une montée en puissance de tensions communautaires inextricables, d’un scénario de radicalisation des revendications, d’un glissement vers une forme de racialisation et exacerbation des conflits subnationaux si le niveau national devient défaillant ; bref, d’un affaiblissement simultané de la démocratie et de la nation si les élites gouvernantes échouent à intégrer les révoltes actuelles dans le paysage. Un despote pourrait-il alors surgir pour ramasser la mise? Dans mon livre, j’invite à méditer l’évolution américaine. Car l’éviction politique de Trump et l’arrivée de Biden n’ont nullement débouché sur une normalisation de la scène politique. On a vu émerger une véritable sécession mentale et politique d’une partie du camp Trump, sur fond de radicalisation de la gauche identitaire woke. Deux Amérique qui ne se parlent plus et ne se font plus confiance, se sont solidifiées, dans un état de guerre civile tiède. Il faut tout faire pour éviter un tel scénario en France. (….) Car la crise de l’Occident appelle les tempêtes. Nous avons été tellement occupés à nous diviser et à repousser la solution des problèmes posés, tellement obsédés par notre culpabilité historique, tellement absorbés par nos interrogations sur la fluidité du genre et autres débats postmodernes sur le sexe des anges, que nous avons fermé les yeux face aux défis qui fondaient sur nous. Mais nous venons d’être ramenés à la brutalité du réel par la guerre de Poutine en Ukraine. Depuis des années, Vladimir Poutine a constaté nos lâchetés, nos renoncements face à ses agressions, et notre incapacité à nous rassembler. Il a vu dans la faiblesse occidentale, dans sa déliquescence spirituelle et sa sortie de l’Histoire nihiliste et infantile, une occasion rêvée d’avancer ses pions en Ukraine, pour réaliser son grand projet néoimpérial de rassemblement des terres russes et de révolution mondiale anti-occidentale. Il a décidé que nous étions si décadents, si divisés, si vénaux que nous ne bougerions pas. Il s’est en partie trompé puisque nous avons réagi collectivement et entrepris d’aider l’Ukraine. Mais cette crise doit être l’occasion d’une introspection bien plus sérieuse sur la manière dont nous devons viser à reconstruire nos démocraties et l’Europe. Nous devons travailler d’urgence à réconcilier les élites et le peuple, car la guerre civile à petit feu qui gronde est le terreau sur lequel tous nos ennemis s’engouffreront. Nous devons également réarmer nos nations, revenir à la notion de puissance. Nous devons aussi méditer la leçon de la résistance patriotique ukrainienne, qui montre que nous avons besoin de la force et de l’esprit des nations, pour construire une Europe forte et solidaire. Nous avons besoin aussi d’apprendre à garder les yeux ouverts, au lieu de nous concentrer sur «le réel» qui arrange nos postulats idéologiques. En France notamment, la droite nationale doit reconnaître son aveuglement dans l’appréciation du danger russe, et s’interroger sur les raisons pour lesquelles elle s’est laissée abuser. La gauche doit, de son côté, absolument prendre acte du danger stratégique que constitue l’islamisation croissante de notre pays, sujet sur lequel elle reste plongée dans un déni suicidaire. Sinon, dans vingt ans, nous aurons à l’intérieur de nos murs une catastrophe tout aussi grave que celle qui a surgi à l’est de l’Europe. Laure Mandeville
Se poser la question de la fin du populisme est aussi absurde que se poser la question de la fin du peuple. Christophe Guilluy
Dans la défaite, Donald Trump incarne le rôle originel du protagoniste tragique de manière à nous en apprendre plus sur la tragédie que ce que nous pouvons apprendre des lectures habituelles de Shakespeare ou de Sophocle. (…) Aristote définissait la tragédie comme « une imitation de personnes au-dessus du commun », en grec « meilleures que nous-mêmes » (beltionon hemas). Mais dans le vocabulaire d’Aristote, ce ne sont pas que des termes relatifs. Le protagoniste tragique n’est pas « meilleur » parce qu’il est plus intelligent ou plus riche que les citoyens anonymes qui regardent la pièce, mais parce que son rôle est central pour le bien-être de l’État. Il est dans une position de centralité sacrée, mais ontologiquement, simplement un être humain parmi d’autres. Ainsi, il est forcé de fonctionner, comme Barack Obama l’a dit un jour, « au-dessus de mon indice », résolvant des problèmes transcendantaux sur la base faillible de l’intuition individuelle. Si un rôle politique moderne correspond à la description originale d’un protagoniste tragique potentiel, c’est bien celui du président américain, qui combine les rôles de monarque/chef d’État et de leader parlementaire/premier ministre, qui restent séparés dans la plupart des autres démocraties libérales. Notre république a ses racines dans l’agon athénien, et ce n’est pas un hasard si son moment récent le plus agonistique a produit sa figure politique la plus tragique. Aucun président dans toute l’histoire de la république américaine n’a été aussi vilipendé que Donald Trump, tout au long du processus de nomination et de la campagne de 2016, et des près de quatre années de sa présidence. Son mandat a été marqué par un degré sans précédent d’hostilité virulente de tous les coins de l’establishment fédéral, ainsi que des membres du public qui, habitués depuis Reagan aux «syndromes de dérangement» républicains, se sont surpassés dans son cas. Avoir soutenu une « résistance » qui a commencé avec son élection et a nié sa légitimité tout au long de son mandat, avoir été jugé en destitution sur des preuves insignifiantes après avoir soutenu près de trois ans d’enquête approuvée par le Congrès sur l’accusation absurde de « complicité » avec la Russie”, tout en rencontrant le silence hostile de nombreux membres de son propre parti qui se sont abstenus de véritables abus, est loin du statut normal d’une personnalité politique, même dans une démocratie pugnace. Quelle était alors la clé du succès anormal de Trump ? Comme je l’ai souligné depuis le début, Trump était le seul candidat, à l’exception de l’impressionnant mais insuffisamment politique Dr Ben Carson, qui était vraiment invulnérable au « PC », car la pensée victimaire était alors appelée avant de passer à « l’éveil ». Cette résistance a en fait été la distinction la plus significative de Trump, même si ni ses détracteurs ni ses partisans n’ont tendance à s’y référer. Ce n’était pas le fruit d’une réflexion théorique, mais de sa fidélité aux attitudes qui régnaient dans sa jeunesse, attitudes que je partage largement. Que la génération «réveillée» actuelle soit capable de démolir ou de défigurer les statues de pratiquement tous les grands hommes de l’histoire américaine est viscéralement offensant pour nous deux, mais aucun des rivaux de Trump pour la nomination n’a présenté de réelle résistance à la perspective qui a anticipé ces actes. Si nous recherchions une incarnation de notre modèle intemporel du président idéal, sage et indulgent, Trump ne serait guère qualifié. Trump n’est pas un penseur politique, mais un homme d’action, et comme ses détracteurs des deux camps ne manquent jamais d’insister, il n’a pas peur d’exagérer, de fanfaronner, de répéter des idées assez douteuses. Trump a pu battre ses nombreux principaux concurrents et remporter les élections de 2016 parce que, plus encore que sa capacité à conclure des «affaires», son expérience du show-business lui a donné une confiance suprême dans ses «instincts», que ce soit en tant qu’artiste ou président, pour occuper le centre de la scène. Et ces instincts, ces intuitions politiques, étaient hostiles à la pensée victimaire, non pas parce que Trump en est obsédé, mais simplement parce que Trump n’en est pas touché. Mais ce qui comptait en 2016 et qui compte encore aujourd’hui, c’est la constance de Trump à résister à la pression mimétique qui pousse les membres respectables de la classe « Belmont » de Charles Murray à se flageller symboliquement en pénitence pour leur « privilège blanc » – tout en garnissant les poches des membres les plus privilégiés de la société, eux-mêmes compris. Il existe sans aucun doute des moyens plus sophistiqués que ceux de Trump de résister au pouvoir de la culpabilité blanche. Mais sa domination quasi totale sur le monde académique et sur ceux qui y ont été formés, comme les instituteurs dont les leçons antipatriotiques sont diamétralement opposées à celles que j’ai apprises dans ces classes, a rendu la quasi-totalité de la classe éduquée incapable de résister fermement à cette tendance, produit de notre « éveil » forcé au modèle d’égalité morale originaire à l’exclusion de toute autre considération sociale. Seul quelqu’un dont les instincts sociaux se seraient développés avant la constitution actuelle du monde de Belmont pourrait s’opposer de manière crédible à cette configuration, et seul quelqu’un disposant de ressources personnelles – plutôt qu’institutionnelles – considérables aurait la liberté de le faire. Au début de sa campagne en 2015, la principale source de visibilité populaire de Trump était sa présence dans l’émission de télé-réalité The Apprentice, très populaire parmi le public de la classe moyenne inférieure « déplorable » qui allait le porter au pouvoir face au mépris ouvert des politiciens de l’establishment de son propre parti ainsi que des Démocrates. Après sa victoire aux élections de 2016, beaucoup espéraient que les tweets et les dénonciations du style éléphant dans le magasin de porcelaine de Trump allaaient disparaître, ou du moins diminuer. Et en effet, chaque fois qu’il a fait l’effort, Trump s’est montré parfaitement capable de tenir un discours convaincant d’une manière parfaitement digne. Pourtant, il a continué avec le comportement qui, même s’il est efficace en tant que « trolling » pour faire enrager ses ennemis, n’a rien fait pour réparer son éloignement de la classe Belmont. Je pense que pour Trump, c’est une question de principe, même si le principe n’est pas articulé comme une proposition. Ce qui le rend tragique, c’est que, bien que ce comportement ait pu lui coûter sa réélection, il est inséparable de son sens de lui-même. Il semble clair que quelqu’un qui aurait considéré ces bouffonneries simplement comme un stratagème politique n’aurait pas eu le culot d’afficher dès le début son mépris pour la pensée victimaire face à la majorité respectable. Le grain de vérité dans les accusations calomnieuses de «suprématie blanche» et même «d’antisémitisme» est que, seul parmi les politiciens de sa génération, Trump a compris viscéralement que la censure préalable exercée par la Culpabilité Blanche est le véritable coupable qui doit être chassé. Ainsi, même lorsqu’en 2016, Trump a scandaleusement dénoncé le juge né aux États-Unis Gonzalo Curiel comme un « Mexicain » en attaquant son impartialité dans l’affaire du « Mur », son sentiment même que cela ne le condamnait pas comme étant indélébilement « raciste » a confirmé dans son propre esprit son affirmation fréquemment répétée selon laquelle il «est la personne la moins raciste de la pièce». Et en effet, le seul incident de «racisme» sans cesse cité par ses ennemis politiques a été sa déclaration sur les «bonnes personnes des deux côtés» à Charlottesville en référence au déboulonnage de la statue de Robert E. Lee, comme preuve, malgré ses déclarations explicitement contraires, de son soutien aux néo-nazis. Pourtant, le fait demeure que beaucoup de ceux qui ne sont pas émus par ces fausses accusations ont été rebutés par le comportement « non présidentiel » de Trump. Et donc Trump a perdu une élection qu’il aurait bien pu gagner, même face à la pandémie de Covid19. Nul ne peut prétendre savoir quelle formule il aurait dû suivre. Mais ce qui fait de lui une figure tragique, c’est le fait qu’il n’aurait plus été Trump s’il avait cherché une autre formule que d’être simplement Trump. (…) Le protagoniste tragique assume le leadership d’une crise dans laquelle il est obligé de prendre des décisions qui ne peuvent être déduites des normes sociales antérieures. Une fois qu’un être humain vient occuper le centre social originellement réservé au sacré, il est chargé d’une responsabilité à la fois nécessaire et impossible à remplir en connaissance de cause. Par conséquent, chaque dirigeant est potentiellement une figure tragique : Malheur à la tête qui porte la couronne. Mais les personnages tragiques réels et même légendaires sont peu nombreux. (…) La tragédie dépend de la crise. Et bien que, objectivement parlant, les États-Unis aient traversé de nombreuses crises bien plus graves – guerres et dépressions économiques – nous assistons actuellement à l’effondrement le plus grave de notre système politique depuis la guerre civile, celui que l’élection actuelle, quel que soit son résultat, est très peu susceptible de résoudre complètement. Récemment, la représentante démocrate du Michigan, Elissa Slotkin, a donné une appréciation de Trump qui devrait être écoutée par les membres « respectables » des deux partis : (…) « Trump leur parle, parce qu’il les inclut. » Le point de Slotkin est que, comme le vieux Harry Truman, mais contrairement aux Démocrates d’aujourd’hui, Trump parle aux gens ordinaires. Il peut sembler étrange que le parti qui a toujours prétendu représenter « l’homme ordinaire » soit accusé par l’un des siens de « dénigrer » son électorat, alors que les Républicains, supposés être le parti de la ploutocratie, présentent un candidat dont le refus d’un registre élevé gagne son estime malgré son désaccord présumé avec sa politique. Mais ce que Slotkin entend par « parler bas » n’affecte pas tant une supériorité intellectuelle (« bancale ») mais une supériorité morale (« éveillée »). C’est moins traiter les gens comme stupides que comme moralement obtus, non réveillés. En un mot, ce qu’il exige des électeurs blancs « déplorables », c’est d’exhiber, de signaler leur vertu, leur culpabilité blanche. Ce qui nous ramène à notre point de départ. Seul candidat en 2016 capable de résister à la pression victimaire qui domine la gauche mais paralyse aussi la droite, Trump voyait à juste titre sa candidature comme une mission, celle figurée par la descente de l’escalier mécanique de la Trump Tower (désormais confrontée à une fresque de Black Lives Matter peinte dans la rue). Trump avait une mission et, mur ou pas mur, il l’a largement réalisée. Même s’il ne parvient pas à obtenir un second mandat, son exemple aura un effet durable sur la politique américaine. Et j’espère qu’il recevra un jour le respect historique qu’il mérite. Que le médiocre Biden ait pu qualifier Trump de «clown», de «raciste», de «pire président de tous les temps» démontre la tragique vulnérabilité du déni PC de ce dernier. Et ceux de droite qui persistent à voir Trump comme un vulgaire, le jugeant sur ce qu’ils appellent son « caractère » plutôt que sur ses réalisations, sont en tout cas moins excusables. C’est Trump qui a relancé l’économie américaine, réduit le chômage à son minimum à long terme et augmenté les salaires des minorités malgré leur fidélité (décroissante !) aux Démocrates. C’est Trump qui s’est débarrassé de Soleimani et d’Al Baghdadi, a déplacé l’ambassade américaine à Jérusalem et a commencé à construire une coalition d’États arabes avec Israël pour contrer l’influence de l’Iran. Si Trump refuse toujours de concéder (…) ce n’est qu’une manifestation de plus de l’obstination sans laquelle il n’aurait jamais été élu en premier lieu. Puissent au moins les membres de son propre parti avoir la bonne grâce de reconnaître que Trump a réalisé ce qu’aucun d’entre eux n’aurait pu faire et, quel que soit leur style personnel, chercher à apprendre du noyau sain des « instincts » de Trump. Donald Trump a vu plus clairement que quiconque le danger que la représentante Slotkin reconnaît dans la foi « éveillée » dans le ressentiment qui se construit depuis les années 1960. Virus bien plus virulent que le SRAS-CoV-2, cette foi victimaire a infesté nos institutions dans l’éducation, l’information, le divertissement et le gouvernement, et à moins d’être contrôlée rapidement et fermement, elle risque de livrer aux barbares notre démocratie durement gagnée. Eric Gans
Si Trump en est venu à être viscéralement convaincu d’avoir été spolié de l’élection, c’est que durant quatre ans, l’opposition démocrate s’est comportée comme s’il était un président illégitime, une marionnette du Kremlin qui aurait usurpé, par le biais d’une ténébreuse collusion russe, la victoire de Hillary Clinton (en 2019, cette dernière parlait encore d’avoir été «volée»). L’idée obsessionnelle d’une excommunication du «diable Trump», entretenue par le camp libéral, a alimenté la conviction du président d’alors d’être assiégé par un État profond prêt à tout pour l’écarter. Même chose pour ses partisans. (…) l’ensemble du camp démocrate, que seule la haine de Trump a jusqu’ici uni, acceptera-t-il le compromis vis-à-vis des vaincus? Rien n’est moins sûr. Car à côté du volcan trumpien, dont on a vu surgir une «rage blanche» extrémiste très inquiétante le 6 janvier avec force slogans antisémites et drapeaux confédérés que Biden a promis de combattre, bouillonne en Amérique le volcan de la rage identitariste de la gauche radicale, qui a embrasé le pays pendant près de huit mois l’été dernier au nom de la justice sociale et de la défense des minorités ; transformant des manifestations pacifiques de protestation contre des violences policières en entreprise de pillage et destruction du patrimoine architectural et littéraire de l’Amérique, au motif qu’il est entaché de «racisme systémique». «Cette aile gauche du Parti démocrate, qui rêve d’une détrumpification combattante, aura-t-elle gain de cause?», s’interroge Joshua Mitchell, qui observe avec inquiétude «la culture de l’annulation» prônée par les milieux progressistes se déployer depuis le 6 janvier. L’expulsion de Trump de Twitter et celle du réseau social conservateur Parler des plateformes américaines sont des signaux peu encourageants, de même que l’appel lancé par la revue Forbes aux corporations américaines pour qu’elles refusent d’embaucher d’anciens membres de l’Administration Trump, sous peine d’être blacklistées. (…) Le grand historien de la Grèce antique Victor Davis Hanson, qui a pris parti pour Trump contre les élites depuis quatre ans, met, quant à lui, en garde contre un acharnement sur le «cadavre politique» de l’ex-président, comparant l’idée d’une destitution post-présidentielle à l’acharnement d’Achille sur le corps mort d’Hector pendant la guerre de Troie. Poignardé et traîné derrière un char, celui qui n’était qu’un «vaincu fanfaron» allait devenir une figure mythique… Laure Mandeville
Il est toujours tentant de qualifier d’irrationnels ceux qui ne votent pas comme nous, en particulier si ce sont des étrangers. À leur contact, on se sentirait tellement sages, supérieurs. On ne ferait pas le moindre effort pour les écouter et les comprendre. Certains, même s’ils reconnaissent aux trumpistes une sorte de bon sens primitif, les jugent avec paternalisme et attribuent leurs opinions à une forme d’ignorance aussi crasse qu’autodestructrice : des pauvres types. Nous ferions bien de reconnaître au contraire, du moins hypothétiquement, que bon nombre des électeurs de Trump sont aussi intelligents, rationnels et idéalistes que nos voisins. Ni plus, ni moins. Ce qui les distingue, ce sont leurs objectifs et la conviction que le président Trump est le plus à même de les aider à les défendre. (…) Pendant les trois premières années du mandat de Trump, les revenus moyens des foyers sont passés de 63 000 à plus de 68 500 dollars par an, les salaires horaires des classes inférieures ont augmenté de 7 % au total et le chômage est descendu à des seuils jamais vus depuis les années 1960. Parallèlement, la croissance économique que Trump a stimulée par ses baisses d’impôts en 2018 n’a guère modifié les écarts de revenus entre les différentes catégories de population. Et les baisses de revenus ont été très également partagées, ce qui a évité qu’une catégorie ne se sente particulièrement lésée. Mais comment est-ce possible que l’électorat trumpiste n’ait pas tourné le dos à son champion avec la terrible récession provoquée par la pandémie dans le pays ? Une chose est sûre, après ce que nous avons vu dans nos pays, il ne serait pas très étonnant que les partisans de Trump finissent par faire valoir que la crise n’est pas la faute du gouvernement fédéral, ou qu’ils estiment que les gouvernements antérieurs sont coresponsables de la mauvaise gestion, au même titre que les autorités régionales et locales. Sans parler des puissances étrangères comme la Chine, qui a trop tardé à informer sur la gravité du coronavirus et des contaminations. (…) En 2018, Trump a réussi à renégocier l’Alena, le traité de libre-échange avec le Mexique et le Canada, et à arracher à ces deux pays de modestes concessions qui favorisent les géants américains de l’automobile et des produits laitiers. (…) Selon l’institut Pew Research Center, les Américains qui ont une opinion négative de la Chine ne sont plus 47 % comme en 2017, mais désormais 66 % en 2020, et ils s’inquiètent notamment de la puissance de ses multinationales d’innovation technologique. De plus, la moitié des Américains qualifie de “très grave” la disparition d’emplois, délocalisés, et le déficit commercial des États-Unis par rapport à la Chine. Eh bien, le déficit commercial des États-Unis avec la Chine s’est effondré de près de 20 % entre 2018 et 2019, et de presque 30 % pendant les quatre premiers mois de 2020. De plus, au pic de la guerre commerciale (de janvier 2018 à janvier 2020), 300 000 emplois dans l’industrie ont été créés aux États-Unis, et, ne l’oublions pas, le chômage est tombé à un niveau aussi bas que dans les années 1960. Et les salaires des plus pauvres ont nettement augmenté. Il ne sera pas difficile pour des millions d’Américains de faire, à tort, un lien entre la guerre commerciale et leur bonne fortune. (…) Enfin, Trump a non seulement nommé plus de 50 juges dans les cours d’appel du pays, mais il a aussi réussi à placer trois juges conservateurs (Neil Gorsuch, Brett Kavanaugh et Amy Coney Barrett) à la Cour suprême. À partir de maintenant, que Joe Biden soit ou non vainqueur de la présidentielle, il faudra vivre avec la majorité conservatrice la plus écrasante qu’ait connue la plus haute juridiction depuis les années 1950. Et les électeurs républicains savent à qui exprimer leur gratitude dans les urnes. Gonzalo Toca (Esglobal, Madrid, 06/11/2020)
Il y avait là des voyous, c’est indéniable. Mais laissez-moi vous parler un peu de ces manifestants que je connais personnellement. Tous sont, sans exception, des Américains ordinaires et des individus honnêtes, qui n’ont pas participé à l’invasion du Capitole et jamais n’oseraient désobéir à un officier de police. Certains parmi eux, mais pas tous, jugent que l’élection a été volée. Ils se trompent, mais cela ne fait pas d’eux des suprémacistes blancs, des terroristes de l’intérieur, des extrémistes religieux – ils ne méritent aucun des noms d’oiseaux lancés depuis une semaine. Ceux que je connais personnellement sont aujourd’hui terrifiés à l’idée d’être identifiés sur les réseaux (par des gauchistes vengeurs qui diffuseraient leurs informations personnelles), voire licenciés si jamais leur participation à la manifestation à Washington venait à se savoir. Certains ne voient aucun problème à ce que les personnes ayant enfreint la loi [le 6 janvier] soient arrêtées et poursuivies en justice. Selon un sondage Reuters/Ipsos, seuls 9 % des Américains considèrent les émeutiers comme des “citoyens inquiets” et 5 % les tiennent pour des “patriotes”. Il y a dans les 90 % restants des millions d’électeurs de Trump. Certes, parmi ces millions de personnes ayant choisi le bulletin Trump, certains, nombreux peut-être, croient à des théories du complot et ne font pas confiance à leur gouvernement. Mais comment cela s’explique-t-il ? Cela aurait-il à voir avec le fait qu’ils entendent de grands médias déclarer fièrement qu’ils ne feront pas même l’effort d’être impartiaux dans leur couverture de Trump et ensuite alimenter, eux aussi, une théorie complotiste, selon laquelle le président serait un agent à la solde des Russes ? Faut-il s’étonner que les gens aillent puiser dans d’autres sources d’information, douteuses pour certaines ? Faut-il s’étonner que la méfiance envers l’État ait augmenté, quand les Américains ont découvert que de hauts responsables du FBI et du ministère de la Justice ont abusé de leurs pouvoirs de police pour interférer dans le résultat d’une élection puis saper la légitimité d’un président élu ? William McGurn
La première fraude provient de la manipulation des électeurs par les médias. Jamais on n’avait vu une telle collusion entre un candidat, d’une part et les grands médias et médias sociaux, d’autre part. On avait cru atteindre le summum en 2016 lorsque par exemple CNN transmettait à l’avance à Hillary Clinton les questions des débats. C’était en réalité bien peu de choses par rapport à 2020. Jamais les sondages commandités par les grands médias n’auront été truqués à ce point en faveur de Joe Biden. Jamais n’avait-on assisté à un tel degré de propagande anti-Trump et pro-Biden tout au long de la campagne. Tout ce qui était positif à propos de Trump et tout ce qui était négatif à propos de Biden aura été caché au public, alors que tout ce qui était négatif à propos de Trump et tout ce qui était positif à propos de Biden aura fait l’objet d’un matraquage médiatique. Sans parler de la fabrication purement et simplement d’histoires mensongères à n’en plus finir contre le président sortant et son entourage. Le point culminant est intervenu lorsque, le 14 octobre 2020, à deux semaines de l’élection, le New York Post révéla le scandale de la corruption de la famille Biden (« the Biden crime family » comme l’appelle Donald Trump). Facebook et Twitter bloquent alors immédiatement les comptes et les pages du quotidien, pour éviter la propagation. « Une erreur de jugement », admettra par la suite Jack Dorsey, le patron de Twitter, qui n’en pense sans doute pas un mot. Les autres médias enterrent l’affaire, s’assurant que le scandale reste confiné. Et pourtant, les preuves sont accablantes. Hunter Biden, le fils de Joe Biden, décrit en détail dans ses emails obtenus par le « New York Post » le modus operandi : 50 % des sommes collectées étaient reversées au « big guy ». Les sondages réalisés après l’élection dévoileront par la suite que 13 % des électeurs de Joe Biden n’auraient pas voté pour lui s’ils avaient été informés de l’existence du scandale en question. Ce qui représente plus de 10 millions de voix ! Quand on sait que Joe Biden a remporté l’élection in fine grâce à un peu moins de 50.000 voix d’avance dans trois États-clefs… (…) La deuxième fraude aura consisté pour la gauche américaine à contourner les lois électorales applicables aux bulletins par correspondance dans les principaux États-clefs, et ce, sous le prétexte de la crise du coronavirus. Par exemple en Géorgie, il a été décidé que les bulletins par correspondance, envoyés à toute la population, seraient pris en compte sans vérification appropriée de la signature des électeurs, alors que la loi est on ne peut plus claire à ce sujet : les bulletins par correspondance doivent, sous peine de nullité, faire l’objet de contrôles stricts. En pratique, cette « relaxation » des standards de contrôle a permis à n’importe qui (des morts, des mineurs, des prisonniers, des non-résidents, des étrangers…) d’envoyer des bulletins, sans grand risque de rejet du vote. Du reste, le taux de rejet des bulletins par correspondance est passé de 3,5 % en 2016 (ce qui correspondait à 90.000 votes) à 0,3 % en 2020, et ce, alors même que le nombre de bulletins par correspondance reçus en 2020 a été multiplié par 5 comparé à 2016. Autrement dit, des dizaines de milliers de bulletins par correspondance illégaux ont été comptabilisés cette année en Géorgie. Qui plus est, ces bulletins ont pu être déposés par les électeurs dans des boîtes (« drop boxes » financées par Mark Zuckerberg, le patron de Facebook), installées spécifiquement dans certains quartiers populaires des grandes villes de l’État afin d’éviter aux électeurs d’acquitter un timbre. Bien évidemment, la collecte des bulletins déposés dans ces boîtes n’a pas pu être supervisée par les assesseurs républicains… Une vidéo prise par des caméras de surveillance a fait sensation. Elle montre comment les employés de la ville d’Atlanta ont géré le dépouillement de ces bulletins dans le centre le plus important de la ville (State Farm Arena). A 23h le soir du 3 novembre, la presse et les assesseurs des deux partis, sous le prétexte d’une fuite d’eau empêchant la poursuite du dépouillement, sont priés de rentrer chez eux et de revenir le lendemain matin. Une fois la scène vidée de ses témoins gênants, quatre employés municipaux extirpent des dizaines de milliers de bulletins de quatre valises qui avaient été placées et cachées dans la salle le matin même, pour être scannés, à de multiples reprises, dans les machines. Au total, 24 000 bulletins comptabilisés en toute illégalité, comme attesté en direct sur le site du New York Times (real time tabulations). Joe Biden a finalement emporté l’État avec… 11 779 voix d’avance. En Pennsylvanie, la loi était claire. Les bulletins par correspondance ne pouvaient être acceptés que si l’électeur apposait sa signature sur l’enveloppe. Mais cette année, le gouverneur démocrate a autorisé les centres de dépouillement à comptabiliser les bulletins sans enveloppe (« naked ballots »), ouvrant ainsi la voie à de la fraude massive. On comprend mieux pourquoi les assesseurs républicains se sont vus barrer l’accès aux centres de dépouillement à Philadelphie, et ce, même en dépit d’injonction obtenues en référé auprès des juges locaux. Par ailleurs, la loi prévoyait que les bulletins par correspondance reçus par la poste après 20h le mardi 3 novembre étaient nuls et ne pouvaient être comptabilisés. Qu’à cela ne tienne, les bulletins collectés jusqu’au vendredi 6 novembre ont été pris en compte, y compris ceux reçus sans cachet de la poste sur l’enveloppe ! N’importe qui a donc pu voter en Pennsylvanie dans les jours qui ont suivi le jour de l’élection … On précisera que 75% des 630 000 bulletins par correspondance « magiques » reçus après le 3 novembre ont été en faveur de Joe Biden. Qui plus est, dans certains comtés en Pennsylvanie, plus de voix ont été comptabilisées que d’inscrits sur les listes électorales ayant voté – 205 000 plus précisément d’après un rapport du Sénat de Pennsylvanie du 29 décembre 2020 dénonçant ce phénomène de « over votes », c’est-à-dire de bulletins comptabilisés qui n’ont pas été imprimés par le gouvernement de la Pennsylvanie. Dans le Wisconsin, la loi prévoyait que seules les personnes bénéficiant du statut de personne confinée indéfiniment (typiquement des personnes grabataires) pouvaient voter par correspondance sans avoir à se déplacer au préalable au bureau de vote pour chercher un bulletin en montrant sa pièce d’identité (un bulletin leur est alors envoyé par la poste chez eux). Mais pour l’occasion, sur ordre du gouverneur (démocrate), le statut a été largement étendu, passant de 70.000 personnes environ aux élections précédentes à 200 000 cette année, en raison du coronavirus. 130 000 votes de plus que les années précédentes ont donc été comptabilisés sans contrôle d’identité à l’échelle de l’État (un peu comme si les bureaux de vote avaient accepté que 200 000 électeurs qui venaient en personne voter ne présentent pas leur pièce d’identité). Précisons que ces 200 000 bulletins furent largement favorables à Joe Biden, lequel a remporté l’État avec 20 682 voix. Les avocats de Donald Trump ont réuni plus de mille témoignages sous serment de personnes attestant d’irrégularités importantes constatées lors des élections du 3 novembre. Chacune de ces personnes risque 5 ans de prison si elle présente un témoignage mensonger. Ainsi, des assesseurs racontent comment ils ont été expulsés des centres de dépouillement du Michigan par la police locale, sous les applaudissements des employés municipaux en train de procéder au dépouillement, des conducteurs de camion expliquent qu’ils ont conduit des chargements de centaines de milliers de bulletins fraîchement imprimés de New York jusqu’en Pennsylvanie, des employés municipaux confirment qu’ils scannaient dans les machines des bulletins par correspondance qui n’avaient pas été pliés (c’est-à-dire qui ne sortaient pas d’enveloppes) ou encore confirment qu’on leur demandait de comptabiliser des bulletins par correspondance sans vérifier les signatures, des postiers révèlent que leur hiérarchie leur demandait d’anti-dater des bulletins par correspondance reçus hors délais, des « white hat hackers » témoignent qu’ils ont réussi à se connecter aux machines des bureaux de vote en Géorgie (dans le comté de Fulton à Atlanta), des électeurs racontent que, se rendant aux urnes pour voter, ils se sont entendus dire qu’ils avaient déjà voté et qu’ils pouvaient rentrer chez eux, etc. Par ailleurs, ces mêmes avocats ont réuni des études et témoignages d’experts en probabilités identifiant les anomalies statistiques du 3 novembre. Par exemple (…) Jamais un candidat républicain n’a perdu l’élection alors qu’il a emporté la Floride et l’Ohio (qui plus avec 5 points de plus qu’en 2016). « Les résultats sont aberrants et absurdes » martèlent les mathématiciens. « Les taux de participation supérieurs à 85 % sont impossibles. Les votes en provenance de bureaux de vote à plus de 75 % en faveur d’un candidat sont la marque d’une fraude » expliquent-ils. Surtout lorsque ces anomalies arithmétiques ne sont constatées que dans les grandes villes des six États-clefs, où Joe Biden a réalisé des scores époustouflants en comparaison aux scores inférieurs de Biden par rapport à Hillary Clinton observés dans les autres grands centres urbains du pays, à commencer par New York City ou Los Angeles… Ainsi, dans le comté de Fulton, à Atlanta en Géorgie, 161 bureaux de vote ont reporté entre 90 % et 100 % de votes en faveur de Joe Biden, totalisant 152 000 voix pour le candidat démocrate. Idem à Philadelphie ou 278 bureaux de vote (16 % des bureaux de la ville), ont reporté 97 % ou plus de voix pour Joe Biden, totalisant 100 200 voix pour Joe Biden contre 2.100 voix pour Donald Trump. Même à New York City, Donald Trump n’a pas été crédité de scores aussi déséquilibrés. Toujours en Pennsylvanie, dans l’un des bureaux de vote du comté d’Allegheny, en Pennsylvanie, 93 % des bulletins par correspondance furent en faveur de Joe Biden, ce qui n’est pas possible d’un point de vue statistique, Joe Biden recevant 23 000 voix contre 1300 pour Donald Trump. Dans le comté de Wayne, le plus important du Michigan, 71 bureaux de vote ont reporté plus de votes que d’inscrits sur les listes électorales, le gouverneur (démocrate) passant outre le refus du comté de certifier les résultats… Par ailleurs, les parlementaires locaux (républicains) d’Arizona, de Géorgie, du Nevada ou encore en Pennsylvanie, qui eux, ont pu enquêter et auditionner de nombreux témoins au cours des mois de novembre et décembre 2020, ont rédigé des rapports accablants contre leurs propres gouverneurs, attestant l’ampleur de la fraude dans leurs États respectifs. En parallèle, on rappellera que le Sénat à Washington DC a lui-même organisé le 16 décembre 2020 des auditions de témoins sur le thème des irrégularités de l’élection du 3 novembre, les avocats de Donald Trump ayant alors eu l’occasion de détailler d’innombrables irrégularités, notamment concernant l’Arizona, le Nevada et le Wisconsin. A l’issue des présentations, plusieurs sénateurs durent reconnaître que de sérieux doutes pesaient sur la légitimité de l’élection de Joe Biden. Mais en dépit de cette montagne de preuves, les juges du pays ont refusé d’écouter les multiples requêtes en annulation des résultats des élections des États concernés. Aucune enquête n’a été diligentée, aucune procédure de « discovery » n’a été intentée (forçant la partie défenderesse de transmettre des informations), aucune saisie de bulletins ou des scans des machines n’a été ordonnée par les juges. Les avocats démocrates bataillèrent furieusement en justice pour qu’aucun audit ne puisse être ordonné, la plupart des requêtes ayant été écartées pour des questions de procédure. Et lorsque les juges ont décidé d’entendre les affaires sur le fond, les débats furent bâclés. La cour suprême du Nevada a par exemple rendu son jugement après avoir accepté seulement 15 dépositions (par écrit, aucun témoin en personne), et a jugé sans enquête, sans délibération, après seulement 2 heures de plaidoirie un dossier constitué de 8 000 pages portant sur 130 000 votes contestés. En fait, les rares juges de différents États qui ont accepté d’écouter les affaires sur le fond ont rapidement conclu – par un raisonnement contestable – que le remède demandé (l’annulation de l’élection) était disproportionné, constatant que les électeurs avaient voté en bonne foi et que ce n’était pas de leur faute si les lois électorales étaient irrégulières… Ce refus du pouvoir judiciaire de s’immiscer dans le contrôle à posteriori des élections culmina lorsque, le 7 décembre 2020, la Cour suprême fut saisie par 18 États et 126 membres de la Chambre des représentants, lui demandant de constater l’illégalité des élections tenues en Arizona, dans le Michigan, en Pennsylvanie et dans le Wisconsin. Quelques jours après, ce fut le coup de grâce. La cour rejeta la requête, considérant que les plaignants n’avaient pas démontré leur intérêt à agir… La messe était dite. Les juges ont créé un précédent qui restera dans l’histoire : il est désormais possible au pouvoir exécutif des 50 États des États-Unis d’organiser des élections à portée fédérale en toute violation des lois électorales adoptées par les parlements de chacun de ces États. Et ce, en contradiction directe avec l’article II section 1 de la Constitution américaine, lequel confie aux seules législatures des États le soin de déterminer les règles du déroulement des élections. Joe Biden sera bien, le 20 janvier 2021, le 46ème président « miraculé » des États-Unis. Il peut compter sur l’appui des médias sociaux, qui veillent au grain. Les posts et vidéos qui évoquent la fraude électorale sont désormais évincés de Facebook et de Youtube, la contestation des résultats étant assimilée à de la sédition. Le compte Twitter de Donald Trump est bloqué, l’interdisant de communiquer avec ses 85 millions de followers. La purge est en cours. Comme l’écrivit l’homme politique anglais Edmund Burke à la fin du XVIII° siècle, « la seule chose nécessaire pour que le mal triomphe, c’est que les hommes du bien ne fassent rien ». En l’occurrence, rien n’a été fait et maintenant, il n’y a plus rien à faire. Anthony Lacoudre
Même si on fait difficilement plus américain que Donald Trump, ni plus britannique que Boris Johnson, il y a incontestablement des parallèles saisissants entre les deux hommes, et ils sont loin de se limiter à leur tignasse blonde, qui fait le régal des photographes. Premier point commun, les deux hommes appartiennent à l’élite « libérale » de leur pays, mais se sont définis en patriotes réalistes, surfant sur le désir viscéral du retour à la nation de l’électorat et offrant la promesse d’un pays « reprenant le contrôle » de son destin. Tous deux ont également joué de leurs personnalités hétérodoxes et charismatiques, pour passer allègrement le Rubicon du politiquement correct et se poser en défenseurs du « petit peuple », grand perdant de la globalisation et de l’ouverture des frontières à l’immigration. Allant à rebours de la doxa du libre-échange pur et dur, ils ont engagé à la hussarde une redéfinition révolutionnaire de l’ADN de leurs partis respectifs, instaurant un virage à gauche sur la question du commerce et du protectionnisme, tout en se situant à droite sur les questions sociétales et culturelles. La carte de leur électorat s’en trouve alors métamorphosée par le ralliement à la bannière conservatrice de régions traditionnellement acquises au Labour britannique ou au parti démocrate américain. De ce point de vue, l’humeur de la classe ouvrière des Midlands et du nord de l’Angleterre est presque un copié-collé du ressenti des ouvriers déclassés de l’industrie sidérurgique de l’Ohio ou de la Pennsylvanie. Boris comme Donald ont aussi séduit les petites villes et le pays rural, ce pays dit « périphérique » qui est en réalité « majoritaire », rappelle Christophe Guilluy. Laure Mandeville
Après plusieurs décennies d’ostracisation et surtout d’invisibilisation, ces gens ont enfilé un gilet jaune pour être vus. Cette demande de visibilité des catégories populaires des périphéries est la cause essentielle de la contestation populiste, ici, comme en Europe ou ailleurs. (…) Les gilets jaunes brandis en France par les classes populaires pour dire « nous existons » répondent comme en miroir au vote de la working-class en faveur du Brexit pour se rappeler au bon souvenir de la City. Qu’importe le gourdin avec lequel ils cognent sur le système, l’important pour ces perdants de la mondialisation est de faire perdre les gagnants de la globalisation. On peut s’en désoler, mais, en l’absence de politiques publiques qui les protègent, on en est arrivé là. Dès lors Trump, Salvini ou Farage apparaissent pour ce qu’ils sont. Non pas des génies de la politique mais des marionnettes qu’utilisent les classes populaires pour se rendre visibles. Christophe Guilluy
Il y a un certain mépris de classe à prétendre qu’un tel ou untel manipule le cerveau des classes moyennes et populaires, qu’on leur farcit la tête pour leur inventer des problèmes qu’ils n’ont pas. Moi je dis que c’est l’inverse: ce sont eux qui instrumentalisent untel ou untel pour se faire entendre. Ça peut s’appliquer à Zemmour même s’il n’est qu’à 17 %, donc relativisons, ou plutôt à Donald Trump, en effet, ou à Boris Johnson. C’est très intéressant, la Grande-Bretagne : Johnson cartonne dans les bastions travaillistes ! Le type est libéral, conservateur, londonien, intellectuel, il coche toutes les cases de ce que la working class devrait détester… Sauf que ce qu’il dit sur le retour des services publics, sur l’emploi dans le Yorkshire, par exemple, ça leur parle. C’est la working class britannique qui l’utilise pour changer les choses, non l’inverse. Cela prouve bien que les gens ordinaires ne s’inscrivent plus du tout dans le clivage gauche-droite. Ils se moquent bien d’utiliser un type qui est une pure émanation du conservatisme londonien. Ils le prennent. C’est tellurique. Même dans un pays où il n’y a aucun débouché politique, comme la France, cela a donné les gilets jaunes, et il y aura autre chose après. Quoi ? Je n’en sais rien. Mais cela pousse chaque fois, par exemple quand la majorité s’abstient. (…) La majorité est de fait une puissance d’inertie, c’est un bloc. On ne peut pas penser les nations avec les catégories de Netflix, c’est-à-dire en panélisant la société, en la divisant en tribus, par affinités culturelles, comme le font les scénaristes de Netflix quand ils produisent pour des segments marketing de téléspectateurs. Cette idée que tout est morcelé, que la France serait un « archipel », empêche de généraliser, et donc de comprendre. Conceptualiser, c’est généraliser. L’approche sociologique des fractures françaises, c’est une chose : mais nier le bloc politique que constituent des gens ordinaires, c’est noyer le poisson. A un moment, il faut donner du sens. Même pour nous, pour notre santé mentale. La politique crève de l’absence de projets. Mais pour justifier l’absence de projets, il y a l’idée que, de toute façon, tout est étiolé, atomisé. C’est une vision confortable : pas besoin de penser contre soi, de se dire qu’on fait partie des gagnants et qu’il y a un bloc de perdants. Non, on se dit que chacun aspire à quelque chose de différent et que le tout forme des désirs contradictoires qu’il serait vain de contenter dans une politique majoritaire. Alors on segmente. Un jour, on parle d’islamisation, le lendemain des retraités, etc. Le mouvement woke s’inscrit parfaitement là-dedans, avec cette obsession de la segmentation par genres, par races, par religions… Le capitalisme adore ! Avant, on disait « diviser pour mieux régner ». (…) Aujourd’hui, le discours de Mélenchon s’écrit à Hollywood dans les open spaces des scénaristes de Netflix. Je veux dire par là qu’il s’adresse à des groupes identifiés, et qu’il adapte son discours pour les additionner. C’est d’ailleurs tout le problème en France aujourd’hui : avec leurs segments respectifs, les candidats peuvent espérer faire 15-20 %, donc être au second tour. Puis l’emporter. Mais quand ils arrivent au pouvoir, ils sont de moins en moins légitimes, et la déception est énorme. Il n’y a pas de projet, de mouvement, de sens. Il n’y a rien. Finalement, cette vision « netflixisée » permet d’occulter la question centrale des classes moyennes occidentales, qui demeure « l’éléphant dans la pièce ». Pour moi, la maison mère du narratif politique en Occident, c’est Netflix, à Los Angeles. D’ailleurs, après son stage de formation à la Maison-Blanche, Barack Obama a rejoint Netflix. Et peut-être un jour Emmanuel Macron ? Aujourd’hui, c’est Hollywood qui donne le la de la politique intérieure des nations occidentales. Christophe Guilluy
Et si les manipulateurs n’étaient pas ceux qu’on croit ?
A l’heure où sous les huées de ses adversaires …
Comme les hourras de nos bien-pensants …
Vient de tomber après Trump, Salvini ou Zemmour …
L’un des plus iconoclastes premiers ministres britanniques …
D’autant plus controversé qu’il avait donné à son parti conservateur sa plus grande majorité au Parlement depuis Margaret Thatcher il y a près de 40 ans …
Et redonné à la fois à son pays une plus grande part d’indépendance et à son peuple une plus grande voix au chapitre…
Devinez qui …
Comme l’ont montré ou suggéré la journaliste du Figaro Laure Mandeville …
Ou le géographe de la France périphérique Christophe Guilluy …
Si l’on en croit la mise en difficulté en même temps en France comme en Italie …
Des derniers chantres du mondialisme et de l’européisme encore au pouvoir …
Pourrait bien ne pas avoir dit son dernier mot …
Et n’aurait en fait cessé pendant tout ce temps pour porter ses revendications si longtemps ignorées …
De se trouver à chaque fois de nouvelles marionnettes ?
Entre le vote Trump et le vote Johnson, un saisissant parallèle »
Laure Mandeville
Le Figaro
16/12/2019
FIGAROVOX/CHRONIQUE – Les deux hommes appartiennent à l’élite «libérale» de leur pays, mais se sont définis en patriotes réalistes.
En juin 2016, le coup de tonnerre du Brexit avait précédé l’ouragan Trump, révélant le caractère transatlantique de la révolte nationaliste et populiste qui souffle sur l’Occident. Trois ans plus tard, la retentissante victoire de Boris Johnson annonce-t-elle à son tour une nouvelle prouesse de Donald Trump en novembre 2020?
Beaucoup en Amérique accueillent l’idée avec horreur, mais certains commencent à envisager sérieusement l’hypothèse, en observant l’obstination avec laquelle ses électeurs lui restent fidèles, de la même manière que les électeurs du Brexit sont restés fidèles à leur désir de «sortir» de l’Union européenne. Les dérapages de Trump et les gigantesques efforts de ses adversaires pour lui ôter toute légitimité sont loin d’avoir fait bouger les lignes, peut-être même le contraire, à en croire de récents sondages favorables au président américain. Au Royaume-Uni, le slogan résolu de Boris Johnson, «Faisons le Brexit», a de son côté fait merveille, malgré tous les efforts des partisans du maintien dans l’Union, qui voient leur rêve de «nouveau référendum» fracassé.
«Le Brexit et Trump étaient inextricablement liés en 2016, et ils sont inextricablement liés aujourd’hui ; Johnson annonce une grande victoire de Trump. Les classes populaires sont fatiguées de leurs élites de New York, de Londres et de Bruxelles, qui leur expliquent comment vivre et comment faire. (…) Si les démocrates n’en tirent pas les leçons, Trump voguera vers une victoire à la Reagan version 1984», déclare l’idéologue du national-populisme américain Steve Bannon à l’éditorialiste du New York Times Roger Cohen, qui semble partager à contrecœur son pronostic.
Même si on fait difficilement plus américain que Donald Trump, ni plus britannique que Boris Johnson, il y a incontestablement des parallèles saisissants entre les deux hommes, et ils sont loin de se limiter à leur tignasse blonde, qui fait le régal des photographes. Premier point commun, les deux hommes appartiennent à l’élite «libérale» de leur pays, mais se sont définis en patriotes réalistes, surfant sur le désir viscéral du retour à la nation de l’électorat et offrant la promesse d’un pays «reprenant le contrôle» de son destin. Tous deux ont également joué de leurs personnalités hétérodoxes et charismatiques, pour passer allègrement le Rubicon du politiquement correct et se poser en défenseurs du «petit peuple», grand perdant de la globalisation et de l’ouverture des frontières à l’immigration. Allant à rebours de la doxa du libre-échange pur et dur, ils ont engagé à la hussarde une redéfinition révolutionnaire de l’ADN de leurs partis respectifs, instaurant un virage à gauche sur la question du commerce et du protectionnisme, tout en se situant à droite sur les questions sociétales et culturelles. La carte de leur électorat s’en trouve alors métamorphosée par le ralliement à la bannière conservatrice de régions traditionnellement acquises au Labour britannique ou au parti démocrate américain. De ce point de vue, l’humeur de la classe ouvrière des Midlands et du nord de l’Angleterre est presque un copié-collé du ressenti des ouvriers déclassés de l’industrie sidérurgique de l’Ohio ou de la Pennsylvanie. Boris comme Donald ont aussi séduit les petites villes et le pays rural, ce pays dit «périphérique» qui est en réalité «majoritaire», rappelle Christophe Guilluy. «Avec Johnson, on se retrouve paradoxalement avec une bonne chance d’avoir une social-démocratie modérée», note l’essayiste David Goodhart.
Comme Steve Bannon, l’intellectuel anglais n’exclut pas que la victoire de Johnson soit, comme le Brexit en 2016, «l’indicateur d’une tendance capable de se répéter à nouveau outre-Atlantique». Dans les deux cas, les deux hommes politiques ont été incroyablement sous-estimés par leurs adversaires et les observateurs, qui les ont volontiers présentés comme des clowns, souligne l’intellectuel. Mais Boris Johnson n’a pas «le caractère brutal de Trump et son côté incontrôlable», insiste Goodhart. Il offre de ce point de vue «un visage optimiste et décent» à la révolte populiste et montre à la droite européenne qu’«il est possible de la chevaucher sans qu’elle dérive vers quelque chose d’illibéral». «C’est une bonne nouvelle», conclut-il.
Guilluy : « Le contrôle de l’immigration n’est pas qu’une demande de l’extrême-droite »
Pour le géographe, la représentation de la société comme un agrégat de segments sociologiques « à la Netflix » empêche la prise en compte politique de diagnostics majoritaires.
Propos recueillis par Anne Rosencher et Thomas Mahler
L’Express
14 octobre 2021
Boris Johnson : un modèle politique pour la France ?
TRIBUNE. L’excentrique Premier ministre britannique est parvenu, notamment grâce au succès de sa stratégie vaccinale, à séduire les Français « d’en bas ».
William Thay et Emeric Guisset *
Le Point
Décrié au début de la crise sanitaire, Boris Johnson a finalement su faire de la campagne de vaccination britannique un exemple. Alors que les stratégies appliquées pour faire face à la crise sanitaire ont été sensiblement différentes en France et au Royaume-Uni, quelle opinion les Français ont-ils du Premier ministre britannique ?
Tout d’abord, le Premier ministre britannique possède un taux de notoriété très important – 85 % –, chez les Français. Il est en particulier très bien identifié par les retraités et par les cadres et professions intermédiaires supérieures. Cette forte notoriété s’explique certainement par la personnalité atypique de l’ancien maire de Londres et de son rôle prépondérant lors de la campagne du Brexit ainsi que pendant les négociations de la sortie de l’Union européenne qui ont suivi.
Le champion de la France d’en bas
Sur l’ensemble des Français, 51 % déclarent avoir une bonne opinion de Boris Johnson. Un score important qui, s’il était un responsable politique français, placerait Boris Johnson quatrième personnalité préférée des Français. Il serait ainsi la quatrième et dernière personnalité politique à dépasser le cap des 50 % d’opinion favorable, derrière Nicolas Hulot, Édouard Philippe et Roselyne Bachelot. Ce taux de popularité est d’autant plus impressionnant que la personnalité du chef du gouvernement britannique est considérée comme très clivante. Une analyse plus fine de sa popularité indique également l’existence de réserves d’opinion favorable (Boris Johnson aurait pu être plus populaire s’il avait été davantage connu). En effet, nous constatons que la catégorie socioprofessionnelle ayant l’avis le plus favorable à son égard (63 % de bonne opinion) est aussi celle auprès de laquelle il possède la notoriété la plus faible (79 %) : les classes populaires.
Du point de vue de la sympathie partisane, Boris Johnson semble agréger le soutien de la France périphérique de Christophe Guilluy. Il obtient en effet ses meilleurs scores chez les sympathisants du Rassemblement national (60 % de bonne opinion, dont 13 % de très bonne), des Républicains (59 % de bonne opinion) et de La France insoumise (55 % de bonne opinion). Ces résultats sont cohérents avec les succès électoraux de Boris Johnson durant les législatives de 2019, où le Parti conservateur est parvenu à conserver ses bastions et conquérir des circonscriptions fortement ancrées à gauche. À l’inverse, il ne parvient pas à séduire les populations urbaines au niveau d’études élevé. Boris Johnson recueille ainsi 57 % de mauvaise opinion dans l’agglomération parisienne et 64 % chez les diplômés du supérieur.
Une gestion volontariste de la crise sanitaire
Concernant la gestion de la crise sanitaire, 74 % des Français estiment que le dirigeant britannique a aussi bien ou mieux géré la crise qu’Emmanuel Macron, et près d’un tiers pensent qu’il a mieux géré la crise que son homologue français. Un score particulièrement élevé alors que le Premier ministre britannique prônait la stratégie de l’immunité collective au début de l’épidémie. Si le nombre de morts par million d’habitants est bien plus important au Royaume-Uni qu’en France, le succès de la stratégie vaccinale de Boris Johnson tend à rapidement resserrer les écarts et a déjà permis de rouvrir les commerces et les bars outre-Manche.
Les chiffres de l’étude semblent également plébisciter la stratégie de Boris Johnson de « reprendre le contrôle » plutôt que de subir la crise sanitaire. Malgré des failles structurelles, comme un système de santé davantage mis en tension au Royaume-Uni qu’en France et l’apparition du variant anglais, il a adopté une stratégie claire basée sur la vaccination pour sortir son pays plus rapidement de la crise. Ainsi, pour 54 % des sympathisants Les Républicains, Boris Johnson a mieux géré la crise qu’Emmanuel Macron. Ce n’est seulement qu’auprès des sympathisants de la majorité présidentielle que Boris Johnson est considéré, en majorité (54 %), comme ayant moins bien géré la crise que le président français. Par ailleurs, c’est chez les populations les plus âgées et, donc, statistiquement, les plus à risque, que les avis sur la gestion de crise de Boris Johnson sont les meilleurs.
Loin des caricatures qui en sont faites, Boris Johnson est finalement parvenu à séduire une majorité de Français en incarnant une ligne politique inhabituelle. C’est en cassant les codes qu’il est parvenu à conquérir des classes sociales désenchantées par la politique.
* William Thay est président du Millénaire, think-tank spécialisé en politiques publiques, portant un projet gaulliste, réformateur et guidé par l’intérêt national.
Émeric Guisset est secrétaire général adjoint du Millénaire.
Voir par ailleurs:
I Was Wrong About Trump Voters
Bret Stephens
NYT
July 21, 2022
The worst line I ever wrote as a pundit — yes, I know, it’s a crowded field — was the first line I ever wrote about the man who would become the 45th president: “If by now you don’t find Donald Trump appalling, you’re appalling.”
This opening salvo, from August 2015, was the first in what would become dozens of columns denouncing Trump as a unique threat to American life, democratic ideals and the world itself. I regret almost nothing of what I said about the man and his close minions. But the broad swipe at his voters caricatured them and blinkered me.
It also probably did more to help than hinder Trump’s candidacy. Telling voters they are moral ignoramuses is a bad way of getting them to change their minds.
What were they seeing that I wasn’t?
That ought to have been the first question to ask myself. When I looked at Trump, I saw a bigoted blowhard making one ignorant argument after another. What Trump’s supporters saw was a candidate whose entire being was a proudly raised middle finger at a self-satisfied elite that had produced a failing status quo.
I was blind to this. Though I had spent the years of Barack Obama’s presidency denouncing his policies, my objections were more abstract than personal. I belonged to a social class that my friend Peggy Noonan called “the protected.” My family lived in a safe and pleasant neighborhood. Our kids went to an excellent public school. I was well paid, fully insured, insulated against life’s harsh edges.
Trump’s appeal, according to Noonan, was largely to people she called “the unprotected.” Their neighborhoods weren’t so safe and pleasant. Their schools weren’t so excellent. Their livelihoods weren’t so secure. Their experience of America was often one of cultural and economic decline, sometimes felt in the most personal of ways.
It was an experience compounded by the insult of being treated as losers and racists —clinging, in Obama’s notorious 2008 phrase, to “guns or religion or antipathy toward people who aren’t like them.”
No wonder they were angry.
Anger can take dumb or dangerous turns, and with Trump they often took both. But that didn’t mean the anger was unfounded or illegitimate, or that it was aimed at the wrong target.
Trump voters had a powerful case to make that they had been thrice betrayed by the nation’s elites. First, after 9/11, when they had borne much of the brunt of the wars in Iraq and Afghanistan, only to see Washington fumble and then abandon the efforts. Second, after the financial crisis of 2008, when so many were being laid off, even as the financial class was being bailed out. Third, in the post-crisis recovery, in which years of ultralow interest rates were a bonanza for those with investable assets and brutal for those without.
Oh, and then came the great American cultural revolution of the 2010s, in which traditional practices and beliefs — regarding same-sex marriage, sex-segregated bathrooms, personal pronouns, meritocratic ideals, race-blind rules, reverence for patriotic symbols, the rules of romance, the presumption of innocence and the distinction between equality of opportunity and outcome — became, more and more, not just passé, but taboo.
It’s one thing for social mores to evolve over time, aided by respect for differences of opinion. It’s another for them to be abruptly imposed by one side on another, with little democratic input but a great deal of moral bullying.
This was the climate in which Trump’s campaign flourished. I could have thought a little harder about the fact that, in my dripping condescension toward his supporters, I was also confirming their suspicions about people like me — people who talked a good game about the virtues of empathy but practice it only selectively; people unscathed by the country’s problems yet unembarrassed to propound solutions.
I also could have given Trump voters more credit for nuance.
For every in-your-face MAGA warrior there were plenty of ambivalent Trump supporters, doubtful of his ability and dismayed by his manner, who were willing to take their chances on him because he had the nerve to defy deeply flawed conventional pieties.
Nor were they impressed by Trump critics who had their own penchant for hypocrisy and outright slander. To this day, precious few anti-Trumpers have been honest with themselves about the elaborate hoax — there’s just no other word for it — that was the Steele dossier and all the bogus allegations, credulously parroted in the mainstream media, that flowed from it.
A final question for myself: Would I be wrong to lambaste Trump’s current supporters, the ones who want him back in the White House despite his refusal to accept his electoral defeat and the historic outrage of Jan. 6?
Morally speaking, no. It’s one thing to take a gamble on a candidate who promises a break with business as usual. It’s another to do that with an ex-president with a record of trying to break the Republic itself.
But I would also approach these voters in a much different spirit than I did the last time. “A drop of honey catches more flies than a gallon of gall,” noted Abraham Lincoln early in his political career. “If you would win a man to your cause, first convince him that you are his sincere friend.” Words to live by, particularly for those of us in the business of persuasion.
Voir encore:
Crise politique en Italie : Si l’extrême droite est élue, il peut y avoir un « risque de contagion » dans l’UE
Après la démission du Premier ministre italien, Mario Draghi, l’Assemblée a été dissoute par le président, provoquant des élections législatives anticipées qui laissent présager une accession au pouvoir des partis les plus à droite
Cécile De Sèze
20 minutes
22/07/22
- L’Italie est tombée en crise politique jeudi avec la démission de son Premier ministre puis la dissolution de l’Assemblée avec, à la clef, des élections anticipées prévues à l’automne.
- Les sondages donnent pour le moment comme favori la coalition dite « de centre-droit » qui réunit néanmoins les partis les plus à droite de l’échiquier politique.
- Si cette coalition arrivait au pouvoir, les répercussions pourraient se propager au-delà des frontières italiennes et avoir des conséquences pour l’Union européenne et la France.
Le moment n’aurait pas pu être plus mal choisi pour qu’éclate une crise politique en Italie. Alors que l’Union européenne s’est montrée unie dans son soutien à l’Ukraine face à son agression par la Russie le 24 février dernier, le dirigeant italien Mario Draghi a été contraint de démissionner jeudi matin après avoir été désavoué par trois partis de sa coalition au Sénat mercredi soir. Le président, Sergio Mattarella, a dans la foulée décidé de dissoudre l’Assemblée déclenchant des élections anticipées.
L’Italie risque désormais de voir les droites les plus à droite prendre le pouvoir. Car l’archifavori du scrutin à venir est la coalition dite « de centre-droit », qui réunit Forza Italia, le parti de droite de Silvio Berlusconi, et l’extrême droite représentée par La Ligue du tribun populiste antimigrants Matteo Salvini et Fratelli d’Italia. Quelles conséquences pour l’Italie, l’Union européenne et la France pourrait avoir cette accession au pouvoir de l’extrême droite ? 20 Minutes a posé la question à Dominique Moïsi, conseiller spécial de l’Institut Montaigne, selon qui « le risque, c’est de créer une contagion à d’autres pays européens », dont la France.
Quel calendrier pour les élections législatives ?
Ces élections anticipées provoquées par la dissolution de l’Assemblée par le chef de l’Etat italien devraient se tenir fin septembre ou début octobre. Les médias italiens avancent plusieurs dates possibles pour ces élections : le 18 et le 25 septembre, ou encore le 2 octobre. Si plusieurs dates sont ainsi évoquées, seule certitude : elles doivent se tenir dans les 70 jours suivant la dissolution du Parlement. Par la suite, le Parlement doit se réunir dans les 20 jours suivant la tenue du scrutin. En attendant, le gouvernement en place continue de gérer les affaires courantes.
La situation est rendue compliquée par le budget, qui doit être présenté au Parlement avant le 15 octobre. L’organisation d’élections, la campagne électorale, la nomination d’un gouvernement puis sa prise de fonctions bousculent ce calendrier. Mais selon Les Echos, cette date pourrait être avancée avant le scrutin et permettre à Mario Draghi un dernier acte au pouvoir.
Quel avenir politique se dessine en Italie ?
S’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, les sondages s’accordent à placer les partis les plus à droite comme favoris de la course, avec, en avant, Frères d’Italie, mené par Giorgia Meloni. Ce dernier est donné en tête avec près de 24 % des intentions de vote, devant le Parti démocrate (22 %) et la Ligue de Matteo Salvini (14 %), selon un sondage de l’institut SWG réalisé le 18 juillet. Le parti de l’ancien Premier ministre sulfureux Silvio Berlusconi, Forza Italia, recueillerait 7,4 % des voix et le Mouvement 5 étoiles (M5S) de Giuseppe Conte 11,2 %.
Selon Dominique Moïsi, « on a quand même des visions de ce qu’il va se passer » et « Giorgia Meloni est citée pour succéder à Mario Draghi », prédit-il. « Cette vision d’une alliance des partis les plus à droite qui prendraient le pouvoir est inquiétante », ajoute-t-il.
Quelles conséquences pour l’Italie ?
En effet, cette ascension des partis extrêmes peut être néfaste pour l’image de l’Italie. Le pays « qui était redevenu sûr de lui, légitime et dirigé d’une main rationnelle et compétente grâce à Mario Draghi va prendre une dimension populiste, avec, pour la première fois, le risque d’une démocratie illibérale parmi les pays fondateurs de l’Union européenne », prédit le conseiller spécial de l’Institut Montaigne.
Pour les Italiens, cela rime aussi avec un changement de politique, notamment sur la question de l’immigration. L’Italie est l’un des pays en première ligne face aux flux de réfugiés qui souhaitent fuir la misère, la guerre ou la répression dans leur pays d’origine. Si Frères d’Italie arrivent en tête avec à leurs côtés Forza Italia et La Ligue, le comportement vis-à-vis des migrants risque d’être différent, « moins humaniste ». « S’il y a déjà eu des populistes au pouvoir en Italie, ils étaient contenus jusqu’ici, là ce sera tout à fait différent », alerte Dominique Moïsi.
Quels changements au niveau économique ?
Par ailleurs, alors que jusqu’ici Mario Draghi était parvenu à imposer un programme de réformes économiques importantes, faisant de l’Italie de nouveau un bon élève de l’Union européenne, cela pourrait rapidement changer. « Si cette coalition accède au pouvoir, ne va-t-elle pas s’engager dans une politique économique populiste ? », s’interroge Dominique Moïsi. Et de développer : « Elle risque d’ouvrir les coffres afin de privilégier le pouvoir d’achat avant toute autre considération, ce qui comporte un risque dans l’équilibre de l’Union européenne, sachant que le pays est la troisième économie de l’UE. »
Et si sur le court terme, cette vision économique peut profiter aux Italiens, sur le long terme en revanche, cela peut être très mauvais, avec une « dette qui va galoper et mettre des doutes sur la stabilité de l’Italie », abonde le spécialiste.
Quelles répercussions à prévoir pour l’Union européenne ?
Si Dominique Moïsi ne croit pas à la possibilité d’un Brexit à l’italienne, « le risque, c’est une contagion. Si les Italiens ont réussi à faire élire l’extrême droite, pourquoi pas la France demain, et d’autres pays après-demain ? C’est le précédent qui est dangereux ».
D’autant qu’il existe aussi le risque d’une alliance des pays membres aux gouvernements d’extrême droite, à l’instar de la Hongrie de Viktor Orban, avec une politique de nationalisme et de populisme. Cela posera alors la question de l’unité de l’UE, notamment dans le dossier brûlant de la guerre en Ukraine. « Giorgia Meloni a suivi les positions de Mario Draghi sur la Russie, mais ce n’est pas le cas de Matteo Salvini ou Sivio Berlusconi, réputés pour leur proximité avec Vladimir Poutine », rappelle Dominique Moïsi.
La France peut-elle également subir ce changement de pouvoir ?
Cette tendance, si elle se confirme à l’automne, « n’est pas une bonne nouvelle pour Emmanuel Macron ». Le président français et l’ancien Premier ministre italien entretenaient une relation privilégiée, ce sont « deux hommes qui se comprennent, qui s’apprécient », souligne le spécialiste. D’autant que le locataire de l’Elysée et Matteo Salvini partagent déjà des anciennes querelles au sujet de la frontière franco-italienne, que certains réfugiés tentent de traverser.
« Il y a donc un risque pour Emmanuel Macron et la relation franco-italienne, et au-delà, pour la cohésion européenne, dans son image et ses choix en matière de politique étrangère », analyse Dominique Moïsi.