Twitter files: Toutes les caractéristiques classiques d’une opération de désinformation (What classic earmarks of an information operation when Big Tech colludes with intelligence officials to interfere in elections by suppressing or restricting information ?)

10 décembre, 2022

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Versement du FBI de 3,5 millions de dollars à Twitter pour censurer les conservateurs…
Pression du FBI sur Twitter pour leur donner des informations qui nécessiteraient légalement des mandats, bien qu’ils n’aient pas de mandats…
Réunions hebdomadaires du FBI avec Twitter avant les élections de 2020 pour leur dire quels tweets étouffer et quels comptes ils suspendre…
Etouffement pa rle FBI FBI de l’histoire de l’ordinateur portable de Hunter Biden était réelle, ils savaient qu’elle sortirait – des semaines avant les élections de 2020 …
Sur-représentation d’anciens employés du FBI sur Twitter …

Quelles caractéristiques classiques d’une opération de désinformation ?

Comme viennent de le confirmer la publication sur Twitter …

D’une série d’échanges entre différents officiels du réseau social au petit oiseau bleu …

Quand après la mise sur écoute de la campagne Trump …

Le faux dossier Steele …

Quatre ans de procédures pour pas moins de deux tentatives de destitution …

Huit mois d’émeutes de rue …

Sans compter, cerise sur le gâteau, le dévoiement de la présidentielle de 2020 …

Et le bannissement, toujours effectif à l’exception de Twitter récemment racheté par Elon Musk, du président et nouveau candidat déclaré Trump lui-même…

Big Tech s’immisce dans les élections américaines …

Ou même le débat sur l’épidémie de Covid …

Avec la complicité  de responsables du renseignement..

En supprimant ou en restreignant l’information ?

On vous explique ce que sont les « Twitter Files » relayés par Elon Musk et censés révéler un scandale avec le fils de Joe Biden
La publication de documents internes ne fait que confirmer les éléments connus sur la politique de modération du réseau social, mis en cause après la censure d’un article en pleine campagne présidentielle.
Quang Pham
France Télévisions
08/12/2022

Elon Musk promettait une révélation « incroyable ». Samedi 3 décembre, le milliardaire, qui a racheté le réseau social à la fin octobre, a permis la publication des « Twitter Files ». Derrière ce nom se cache un ensemble de documents internes diffusés pour faire la lumière, selon le milliardaire, sur la politique de modération du réseau dans le cadre de la suppression d’un article visant Hunter Biden, le fils de Joe Biden. Cette censure d’un papier du New York Post, intervenue en pleine campagne électorale pour la présidentielle de 2020, avait scandalisé le camp républicain, le sénateur du Texas Ted Cruz dénonçant un « biais anticonservateur » sur Twitter. Mais que révèlent vraiment les « Twitter Files » ? Franceinfo fait le point sur cette affaire qui enflamme le réseau social.

D’où viennent ces « Twitter Files »?

Diffusés dans un long fil sur Twitter par le journaliste américain Matt Taibbi, les « Twitter Files » exposent le contenu d’e-mails et de discussions internes censés illustrer, selon Elon Musk, la politique de « suppression de la liberté d’expression » en vigueur par le passé sur le réseau social. La première partie de ces révélations revient donc sur l’épisode controversé de la censure sur Twitter d’un article du New York Post* publié en octobre 2020, trois semaines avant la présidentielle américaine. Sur la base d’e-mails présentés comme provenant de l’ordinateur portable d’Hunter Biden, le tabloïd accusait le fils du président américain d’avoir tiré profit de la position de son père pour ses relations d’affaires avec Burisma, un géant de l’énergie ukrainien.

Les circonstances à l’origine de cette fuite sont rocambolesques : les informations ont d’abord été recueillies par un réparateur informatique qui a pu accéder au portable d’Hunter Biden, avant d’être transmises à l’avocat de Rudolf Giulani, l’ancien maire de New York, puis à Steve Bannon, l’ex-conseiller de Donald Trump. De quoi, à l’époque, laisser craindre que les documents présentés par le New York Post aient été manipulés ou acquis de manière illégale. Dans un document officiel diffusé par Politico  le 19 octobre 2020, plusieurs anciens hauts responsables du renseignement américain indiquaient que ces courriels présentaient «  toutes les caractéristiques classiques d’une opération de désinformation russe » . Depuis, ces fameux documents ont fini par être authentifiés, en mars 2022, par le Washington Post* et le New York Times*mais à ce jour, selon Le Point , aucun conflit d’intérêts impliquant directement Joe Biden n’a pu être démontré. Reste que les soupçons sur la véracité de l’information avaient poussé Twitter, mais aussi Facebook, à restreindre la diffusion de l’article. Les « Twitter Files » décrivent les coulisses de cette décision.

Que révèlent ces documents?

Sur Twitter, le journaliste Matt Taibbi révèle que Twitter a pris des « mesures extraordinaires » pour empêcher la diffusion de l’article du New York Post, telles que la suppression des liens, la publication d’avertissements indiquant que la publication pourrait être « dangereuse » et le blocage de sa transmission par messages directs, « un outil jusqu’alors réservé aux cas extrêmes, comme la pédopornographie ». La décision est alors justifiée par la politique de modération de Twitter qui proscrit la diffusion de contenus issus d’un piratage informatique – ce dont était soupçonné le New York Post – et pouvant être utilisés, d’après le règlement du réseau*, à des fins de « manipulation du débat public ».

Mais cette procédure est loin de faire l’unanimité au sein du groupe, assure Matt Taibbi. Plusieurs employés soulignent ainsi l’absence de certitudes quant à la réalité du piratage. « J’ai du mal à comprendre sur la base de quelle disposition de notre politique, nous pouvons signaler cela comme ‘non sûr’. Je pense que le meilleur argument [pour expliquer] cette affaire en externe serait que nous attendons de comprendre si cette histoire est le résultat de contenus piratés », écrit Trenton Kennedy, responsable de la communication, dans un mail interne publié par Matt Taibbi. Nous ferons face à des questions difficiles à ce sujet, si nous ne disposons pas d’une argumentation solide. »

Plus largement, Matt Taibbi révèle que les demandes de modération du réseau social étaient devenues « routinières », émanant aussi bien du parti républicain que du parti démocrate. En 2020, des requêtes provenant de la Maison Blanche, occupée alors par Donald Trump, comme de l’équipe de campagne de Joe Biden ont ainsi été honorées, remarque le journaliste. Sans en apporter la preuve, Matt Taibbi affirme toutefois que le système était « déséquilibré » en faveur des démocrates en raison des orientations politiques « à gauche » des employés de Twitter.

S’agit-il de nouvelles révélations ?

Non, pas vraiment, car les « Twitter Files » ne font en fait que corroborer des éléments déjà rendus publics à l’époque de l’affaire. Devant la bronca des républicains, le réseau social était revenu sur sa décision de bloquer l’article du New York Post au bout de deux jours. Par ailleurs, en novembre 2020, Jack Dorsey, l’ancien patron de Twitter, avait dû s’expliquer lors d’une audition devant le Sénat (PDF, en anglais) sur les dysfonctionnements de la politique de modération du réseau social et le contexte de la censure de l’article sur le fils de Joe Biden.

Quelles sont les réactions?

Sur Truth Social*, le réseau social alternatif fondé par Donald Trump après avoir été banni de Twitter, l’ancien président des Etats-Unis a réagi en dénonçant une « fraude massive » pendant l’élection présidentielle, accusant les « Big Tech » de collusion avec les démocrates. La Maison Blanche*, quant à elle, a commenté la publication des « Twitter Files » en considérant que ces derniers ne représentaient qu’une « distraction » ne révélant que de « vieilles histoires ».

« Ce n’est pas vraiment la preuve irréfutable, que nous espérions », a reconnu Miranda Devine, éditorialiste au New York Post, sur Fox News*. « J’ai le sentiment qu’Elon Musk a retenu certains documents » a-t-elle ajouté, suggérant (sans les apporter) que des preuves existeraient sur l’implication du FBI et des services de sécurité dans la censure de l’article du New York Post. Elon Musk a promis la publication d’un second volet des « Twitter Files », sans préciser s’ils seront en lien avec l’affaire Hunter Biden.

* Les liens signalés par un astérisque renvoient vers des contenus en anglais.

‘I’m treated worse than Hamas’: Fury at Twitter’s ‘secret blacklist’ and ‘visibility filtering’ as new tranche of files reveal conservatives were marked ‘do not amplify’ and COVID lockdown skeptics ‘shadow banned’
Journalist Bari Weiss revealed Thursday night that conservatives and lockdown skeptics were deliberately down-ranked by Twitter
Fox News’s Dan Bongino, youth activist Charlie Kirk, and Stanford CDC critic Dr Jay Bhattacharya were targeted to stop their accounts from gaining prominence
Weiss and journalist Matt Taibbi have been handed a trove of documents from Twitter, detailing why the company censored the story of Hunter Biden’s laptop
The documents from Taibbi showed panic among senior Twitter staff in October 2020 when the New York Post reported on the contents of Hunter’s computer
Jack Dorsey and his head of legal, Vijaya Gadde, both denied that Twitter ever deliberately downgraded or ‘shadow banned’ any accounts
Harriet Alexander
The Daily Mail
9 December 2022

Twitter kept a ‘secret blacklist’ of topics and accounts to prevent them from trending, according to data obtained by journalist Bari Weiss – with conservative commentators deliberately downplayed in what one called ‘Soviet-style bulls***’,’ while another said he was treated ‘with more censorship than Hamas’.

Specialist teams were put to work dealing with 200 cases a day.

Conservative commentators, including Dan Bongino and Charlie Kirk, were deliberately put on a ‘search blacklist’ in Bongino’s case or tabbed ‘do not amplify,’ in the case of Kirk.

‘They’re treating my Twitter account with more scrutiny and censorship than the prime minister of Iran, than Hamas, than people who do actual terroristic type damage,’ said Kirk. ‘Now we have evidence to show that’s exactly why my Twitter account the last couple years has been down 95 percent in engagement.’

Bongino said it was ‘Soviet-style bulls***.’

Those who questioned the prevailing COVID orthodoxy of lockdowns and mask mandates, such as Stanford’s Dr Jay Bhattacharya who argued that lockdowns harmed children, were also placed on a ‘search blacklist.’

Weiss made the revelations on Twitter Thursday night in the second tranche of what has been termed The Twitter Files.

She reported that Twitter used what was termed ‘visibility filtering’ to downplay accounts they objected to, and had teams of people working to reduce the traction gained by individuals or their tweets.

The teams working to minimize certain accounts or topics were backed up by a top-level ‘Site Integrity Policy, Policy Escalation Support’ team – where the CEO and top legal advisors would decide sensitive cases of censorship. Jack Dorsey and his successor as CEO, Parag Agrawal, were on the team.

Top officials such as Yoel Roth, the global head of trust and safety, wrote in internal messages that he wanted more creative ways of censoring and muffling specific accounts and content.

Elon Musk, who bought Twitter in October for $44 billion, was gleeful about the revelations regarding the company he now owns – retweeting Weiss’ thread, with a popcorn emoji.
Dr Jay Bhattacharya, who argued that COVID lockdowns harmed children, was also placed on a ‘search blacklist’ by Twitter, according to Weiss
‘The inmates were running the asylum’: Elon Musk calls out former safety czar Yoel Roth and confirms right-wing accounts were suspended
Elon Musk confirmed that conservatives were banned from Twitter despite not violating any policies.

The latest installment of the Twitter Files showed the scale of censorship and ‘visibility filtering’ on the social media platform.

Musk, who bought Twitter in October for $44 billion, vowed to end the practice of ‘shadow banning’ – secretly downgrading a person’s tweets or trending themes to minimize their reach.

Musk, 51, singled out Yoel Roth, the global head of trust and safety, who wrote in internal messages that he wanted more creative ways of censoring and muffling specific accounts and content.

Yoel Roth was the global head of trust and safety at Twitter. Musk on Thursday highlighted a 2017 tweet in which Roth referred to the Trump White House as being full of ‘actual Nazis

‘As @bariweiss clearly describes, the rules were enforced against the right, but not against the left,’ he said, adding that the company was ‘working on a software update that will show your true account status, so you know clearly if you’ve been shadowbanned, the reason why and how to appeal.’

He added: ‘Truth brings reconciliation.’

Within Twitter, the practice was termed ‘visibility filtering’, Weiss reported.

‘Think about visibility filtering as being a way for us to suppress what people see to different levels. It’s a very powerful tool,’ one senior Twitter employee told her.

Twitter would block searches of individual users, make a specific tweet less easy to find, block posts from the ‘trending’ page, and remove them from hashtag searches.

Another source, a Twitter engineer, told Weiss: ‘We control visibility quite a bit. And we control the amplification of your content quite a bit. And normal people do not know how much we do.’

Weiss said that the matter was dealt with by Twitter’s Strategic Response Team – Global Escalation Team, known as SRT-GET – a group that handled 200 cases a day.

A higher-level team, known as SIP-PES, ‘Site Integrity Policy, Policy Escalation Support,’ dealt with more complex and high-profile cases.

Dorsey and his replacement as CEO, Parag Agrawal, sat on the group, as did Gadde and Yoel Roth, the global head of trust and safety.

Roth messaged colleagues on Slack to say that ‘spam enforcements’ had been used as a way of circumventing the safety team ‘under-enforcing their policies’.

The group would need to intervene if any action was taken to limit the popular account @LibsofTiktok – whose account was tabbed internally: ‘Do Not Take Action on User Without Consulting With SIP-PES.’

Weiss said that account was suspended six times in 2022, and the author, Chaya Raichik, blocked from her account for at least a week each time.

Her account was suspended, they told Raichik, due to violations of Twitter’s ‘hateful conduct’ policy – but internally, Twitter admitted there was no violation.

In an October 2022 memo from SIP-PES obtained by Weiss, the committee concluded that the account ‘has not directly engaged in behavior violative of the Hateful Conduct policy.’

They justified the suspension by saying her posts encouraged online harassment of ‘hospitals and medical providers’ by insinuating ‘that gender-affirming healthcare is equivalent to child abuse or grooming.’

Weiss said that their response was in sharp contrast to that when Raichik was doxxed, with her home addressed published online. Raichik complained, but Twitter refused to take the tweet down, and it remains on the site to this day.

Raichik tweeted: ‘They suspended me multiple times knowing I never violated any policies. This is what happens when you talk about things that they don’t want you to talk about. So glad those days on Twitter are over. Thank you @elonmusk.’

Musk replied: ‘You’re welcome. Twitter won’t be perfect in the future, but it will be *much* better.’

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Weiss also singled out Roth for criticism, saying he was active in censoring accounts.

She noted that he had written to an employee on the Health, Misinformation, Privacy, and Identity research team wanting to improve ‘non-removal policy interventions like disabling engagements and deamplification/visibility filtering.’

Roth wrote: ‘The hypothesis underlying much of what we’ve implemented is that if exposure to, e.g., misinformation directly causes harm, we should use remediations that reduce exposure, and limiting the spread/virality of content is a good way to do that.’

He said that Dorsey was supportive of the censorship.

‘We got Jack on board with implementing this for civic integrity in the near term, but we’re going to need to make a more robust case to get this into our repertoire of policy remediations – especially for other policy domains,’ Roth wrote.

Musk defended Dorsey, however.

‘Controversial decisions were often made without getting Jack’s approval and he was unaware of systemic bias. The inmates were running the asylum,’ he said on Thursday night.

‘Jack has a pure heart imo.’

In October 2020, journalist Dave Rubin asked then-CEO Jack Dorsey: ‘Do you shadow ban based on political beliefs? Simple yes or no will do.’

Dorsey replied: ‘No.’

Vijaya Gadde, Twitter’s head of legal, policy, and trust, also denied that Twitter operated such blacklists.

‘We do not shadow ban,’ she said in 2018, according to Weiss – speaking alongside Kayvon Beykpour, Twitter’s head of product.

They added: ‘And we certainly don’t shadow ban based on political viewpoints or ideology.’

Tucker Carlson, Fox News host, immediately seized on Weiss’ report, saying it ‘confirms what many suspected but none knew for certain – which is that Twitter routinely censored prominent critics of the Biden administration, with no factual justification whatsoever.’

He noted the example of the Stanford doctor who was vocal against COVID lockdowns and was blacklisted, saying it was ‘doubtless at the request of the authorities’.

Carlson continued: ‘They prevented his tweets from trending which meant most of his tweets couldn’t be seen.

‘According to Weiss, at one point they slapped him with a search ban. That made it impossible for users to find tweets by him, because they were inaccurate?

‘No, because they were accurate. That was the crime. That’s always the crime. They never punish you for lying, they only punish you for telling the truth.’

He added: ‘It was strategic. They weren’t censoring people because they were annoying, they were censoring people because they were providing factual information that might have stopped certain policies or election results from happening.

‘So, you know, this was sophisticated – and had an effect on American society, I would say.’

Kirk told Carlson on Thursday night that the report confirmed his long-held suspicions, but said he was angry.

He says he was averaging 115,000 retweets a day at their peak – questioning COVID lockdowns, for example.

‘I was called a conspiracy theorist, I was smeared,’ Kirk told Carlson, adding that he complained and met Dorsey personally. Dorsey assured him that shadow banning was not happening.

Kirk said the social media company was censoring him because ‘they saw what I had to say as a direct threat to the regime.’

He said: ‘They’re treating my Twitter account with more scrutiny and censorship than the prime minister of Iran, than Hamas, than people who do actual terroristic type damage.

‘Now we evidence to show that’s exactly why my Twitter account the last couple years has been down 95 percent in engagement.

‘Were they told to do this by the federal government?’ he asked, describing how he watched the Twitter change from a social media platform into a ‘Democrat super PAC.’

He added: ‘Apparently asking questions about the lockdown policy was a threat. Were they told to do this by Anthony Fauci, by the federal government?

‘We may never know – but Twitter at its best was a place where heterodox ideas were able to spread. Twitter went out of its way to censor it and suffocate our account.’

He said: ‘I’ve been told forever, so weird that I can’t find you on Twitter, you’re a verified account, your name’s not usual, how come you don’t come up?

‘When I spoke about this on my show I was called a conspiracy theorist and a wacko.

‘My website has been banned by Google Ads; I was banned by YouTube for suggesting that cloth masks don’t work, which is now scientifically proven.

‘Now I find I am on a ‘not safe for work’ shadow ban list on Twitter, because I’ve committed the thought crime of being a conservative.’

He added: ‘Tell me again how we live in a free country.’

Raichik, the @LibsOfTikTok founder, told Carlson by phone that she ‘absolutely sensed I was being censored.’

‘I had a very large account. I never was able to trend, and now we find out I was on the trend blacklist.

‘There were sometimes days or weeks at a time where I felt like my tweets were getting much less engagement than usual, than they should.

‘Now it’s clear that there was suppression and shadow banning.’

Raichik added: ‘The craziest part of this whole thing is that they admitted that I’m not even violating the policies, and they still suspended me seven times. Seven times, three of which were for a week at a time.

‘So I was suspended for probably a month altogether – and for what?

‘Not even violating their policies – just because they don’t like their own views. They don’t want you to see it.’

The first tranche of documents, posted by Matt Taibbi last week, detail how Twitter in October 2020 decided to censor the New York Post’s reporting on the contents of Hunter Biden’s laptop.

They feared the contents were obtained through hacking, but had no evidence to prove it, and it quickly emerged that the laptop had simply been left at a repair store.

Jack Dorsey, the then-CEO of Twitter, admitted that censoring the legitimate reporting was a significant error.

Elon Musk, 51, has vowed that ‘everything we find will be released’ as Twitter continues to release the files surrounding Hunter Biden’s laptop scandal

‘If the goal is transparency to build trust, why not just release everything without filter and let people judge for themselves?’ Dorsey wrote on Twitter
Twitter’s new owner and ‘Chief Twit’ Elon Musk on Wednesday claimed the ‘most important’ Twitter data was ‘deleted’ and ‘hidden’ from the Dorsey.

Musk, 51, has vowed that ‘everything we find will be released’ as his newly acquired company continues to release the Twitter Files.

On Wednesday, Dorsey, 46, replied to Musk’s tweet about delaying the second batch of the Twitter Files, calling for the new CEO to ‘release everything’ at once.

‘If the goal is transparency to build trust, why not just release everything without filter and let people judge for themselves? Including all discussions around current and future actions?’ Dorsey wrote.

‘Make everything public now.’

Musk replied that everything would be released, but even the ‘most important data was hidden (from [Dorsey] too) and some may have been deleted.’

Twitter’s general counsel James Baker FIRED for ‘vetting internal files on Hunter Biden laptop scandal and DELAYING release of the second tranche’: Ex-FBI lawyer was James Comey’s deputy and involved in Russian collusion investigation

The delay of the second tranche of Twitter files came after Elon Musk fired James Baker – Twitter’s general counsel and former FBI general counsel – after discovering he vetted the first installment of the Files, which were sent to journalist Matt Taibbi, from Substack, and Common Sense Editor Bari Weiss.

Musk fired Baker ‘in light of concerns about Baker’s possible role in suppressing information important to the public dialogue.’

Taibbi revealed that Baker’s involvement in the first batch of files was ‘without knowledge of new management.’

‘The process for producing the ‘Twitter Files’ involved delivery to two journalists (Bari Weiss and me) via a lawyer close to new management. However, after the initial batch, things became complicated,’ Taibbi wrote on Twitter.

‘Over the weekend, while we both dealt with obstacles to new searches, it was @BariWeiss who discovered that the person in charge of releasing the files was someone named Jim. When she called to ask ‘Jim’s’ last name, the answer came back: ‘Jim Baker.’

Weiss said her ‘jaw hit the floor’ when she found out.

The first batch of files the two journalists received was titled the Spectra Baker Emails.

The first batch of internal documents showed Baker and other executives discussing Twitter’s October 2020 ban on a news report about Hunter’s foreign business deals, based on emails from his abandoned laptop.

Baker, Musk, and the trial of the Democrat lawyer accused of lying to the FBI
James Baker has long been in the crosshairs of Elon Musk.

Baker played a key role in a series of events that led to Democrat lawyer Michael Sussmann going on trial in May, accused of lying to the FBI.

He was not accused of giving the FBI false information, but rather lying about who he worked for.

Elon Musk fired Twitter’s general counsel James Baker (pictured) after discovering he vetted the first installment of the Twitter Files
The saga began when Sussmann was given information from a group of data scientists who analyzed odd internet data they thought might suggest clandestine communications between a server for the Trump Organization and a server for Alfa Bank, a Kremlin-linked Russian financial institution.

Sussmann then texted Baker, at the time the bureau’s general counsel, to say he had information the FBI should be aware of.

‘I’m coming on my own — not on behalf of a client or company — want to help the bureau,’ Sussmann wrote in his text to Baker.

Baker testified that he was certain Sussmann was acting as an individual, and would likely not have met him were he working for the Clinton campaign.

Sussmann, a cybersecurity specialist, had worked for the Democratic Party in the context of Russia’s hacking of its servers, and Russia publishing emails from the servers.

Sussmann was also connected to the Democrats via one of his partners at the law firm Perkins Coie, Marc Elias, who was representing the Clinton campaign and hired Fusion GPS.

Yet multiple people – including Elias – testified that Sussmann was indeed acting on his own accord, and argued that actually going to the FBI was not in the interests of the Clinton campaign, which would have preferred a New York Times story drawing attention to the assertions.

The FBI later decided the allegations of links between the Trump campaign and the Russian bank were unfounded.

Musk tweeted during the trial that he thought Sussmann had ‘created an elaborate hoax’ about Russia, in a bid to help Clinton.

On May 16, staunchly pro-Trump Congressman Jim Jordan tweeted: ‘Christopher Steele created the dossier. Glenn Simpson sold it to the press.

‘Michael Sussman took it to the FBI. And Democrats and the media lied to you about it all.’

Musk then replied in agreement. ‘All true,’ he tweeted on May 20.

‘Bet most people still don’t know that a Clinton campaign lawyer, using campaign funds, created an elaborate hoax about Trump and Russia.

‘Makes you wonder what else is fake.’

On May 31, the jury concluded that Sussmann had not lied to the FBI and cleared him.

On Friday, Taibbi published the batch of internal documents, calling them the ‘Twitter Files,’ which included an exchange between Baker and former VP of Global Comms Brandon Borrman.

Borrman asks, regarding banning an article about Hunter Biden under Twitter’s ‘hacked materials’ policy: ‘Can we truthfully claim that this is part of the policy?’

Baker responded, appearing to argue in favor of maintaining the ban, because ‘caution is warranted.’

At the time, the files were determined to have broken Twitter’s hacked materials policy, but Dorsey has since said the call was a mistake.

Critics accused Twitter of swaying the presidential election toward Biden by covering up the data.

Liberals fume as Elon Musk gives independent journalist Bari Weiss unprecedented access for Twitter Files 2

Weiss and Matt Taibbi were tapped by Musk to report on the ‘Twitter Files’
Joseph A. Wulfsohn
Fox News
December 9, 2022

A report highlighting the unprecedented Twitter access Elon Musk is apparently granting to independent journalist Bari Weiss has sparked fury among their critics.

Insider reported Wednesday that Weiss « has been given access to Twitter’s employee systems, added to its Slack, and given a company laptop, » according to sources.

« The level of access to Twitter systems given to Weiss is typically given only to employees, one of the people familiar said, though it doesn’t seem she is actually working at the company, » Insider wrote.

Weiss shared the second installment of the « Twitter Files » on Thursday, which revealed that Twitter took measures to shadow-ban users like Stanford University’s Dr. Jay Bhattacharya, a longstanding opponent of COVID groupthink during the pandemic who expressed opposition to lockdowns, as well as prominent conservatives like Fox News host Dan Bongino and Turning Point USA’s Charlie Kirk.

She also reported that Twitter internally acknowledged that Libs of TikTok, whose account was repeatedly suspended for allegedly violating its « hateful conduct » policy, « has not directly engaged in behavior violative of the Hateful Conduct policy. »

The Insider report noted that Weiss’ Twitter access appears to have gone beyond that given to Matt Taibbi, the Substack journalist who reported on the first installment of the so-called « Twitter Files » last week.

Liberal media critics on Twitter lambasted Musk’s reported move to bring in Weiss while leveling the same public relations accusation against her that they used on Taibbi last week.

« This is all normal stuff if you’re onboarding a new hire to your comms team, » Washington Post tech columnist Taylor Lorenz reacted.

« The most obvious and hilarious PR campaign masquerading as investigative journalism you will ever see, » Vice News correspondent Roberto Aram Ferdman tweeted.

MSNBC columnist Marisa Kabas wrote, « sure sounds like bari weiss is twitter’s new publicist. »

« [S]o bari weiss is doing: a.) an internal witch-hunt for a private company and b.) external PR for said company, » Smithsonian Magazine senior editor Ted Scheinman wrote, adding « no real journalist would agree to this unholy amalgamation. the basest hackery. »

« Weiss is an opinion writer/activist, not an investigative journalist. Her whole MO is to look for stories that might be generally unrepresentative, but reflect her worldview, and not do any additional digging that challenges that worldview. View the scoops that follow accordingly, » Georgetown Professor Don Moynihan slammed the journalist.

Bari Weiss left The New York Times in 2020 to launch her own Substack and podcast, accusing the paper of allowing Twitter to become its « ultimate editor. » (Getty Images/Bari Weiss)

« Hope media folks don’t get duped by this and refer to anything Weiss or Taibbi are doing as journalism or that they are acting in a capacity as journalists, » Yahoo senior editor Steve Mullis tweeted. « It’s extra ironic considering [Elon Musk] rails against ‘unethical journalism’ and yet this is as unethical as it comes. »

Neither Weiss nor Twitter responded to Fox News’ requests for comment.

Weiss is the founder of new media company « The Free Press » and host of the « Honestly » podcast, which she launched following her dramatic exit from The New York Times in 2020 as its opinion page editor.

Musk announced on Tuesday that he had terminated Deputy General Counsel Jim Baker « in light of concerns about Baker’s possible role in suppression of information important to the public dialogue. »

Taibbi subsequently revealed that Baker had vetted the first batch of the « Twitter Files » without Musk’s knowledge.

Taibbi explained, « The process for producing the ‘Twitter Files’ involved delivery to two journalists (Bari Weiss and me) via a lawyer close to new management. However, after the initial batch, things became complicated. Over the weekend, while we both dealt with obstacles to new searches, it was @BariWeiss who discovered that the person in charge of releasing the files was someone named Jim. When she called to ask ‘Jim’s’ last name, the answer came back: ‘Jim Baker.’

« ‘My jaw hit the floor,’ says Weiss, » Taibbi wrote.

Journalist Matt Taibbi revealed the « Twitter Files » revelations one tweet at a time on Friday. (Daniel Zuchnik/WireImage/Getty Images)

The Substack writer then shared a screenshot of first batch of files both he and Weiss received, which were labeled « Spectra Baker Emails. »

« Baker is a controversial figure. He has been something of a Zelig of FBI controversies dating back to 2016, from the Steele Dossier to the Alfa-Server mess. He resigned in 2018 after an investigation into leaks to the press, » Taibbi told his followers. « The news that Baker was reviewing the ‘Twitter files’ surprised everyone involved, to say the least. New Twitter chief Elon Musk acted quickly to ‘exit’ Baker Tuesday. »

Baker did surface in the first installment of the so-called « Twitter Files » shared by Taibbi Friday night.

While revealing internal discussions over how to explain Twitter’s suppression of the Hunter Biden laptop story during the 2020 election, Baker told his colleagues, « I support the conclusion that we need more facts to assess whether the materials were hacked » but added « it’s reasonable for us to assume that they may have been and that caution is warranted. »

Additionally, Taibbi initially reported, « Although several sources recalled hearing about a ‘general’ warning from federal law enforcement that summer about possible foreign hacks, there’s no evidence – that I’ve seen – of any government involvement in the laptop story. »

It is unclear whether Baker’s involvement in vetting the « Twitter Files » led Taibbi to draw that conclusion and whether Baker omitted files that would have shown the federal government intervening in Twitter’s suppression of the Hunter Biden laptop story.

Musk had been vocal about being transparent when it comes to Twitter’s past and present actions when it comes to curating content on the platform, including censored content.

Twitter infamously blocked its users from sharing the New York Post’s reporting of Hunter Biden’s laptop in tweets and in direct messages.

At the time, Twitter Safety alleged that the articles were in violation of its « hacked materials policy. » Twitter’s then-CEO Jack Dorsey admitted his companies actions were a mistake.

Some critics believe the suppression of the Hunter Biden scandal by Big Tech and the media at large was enough to sway the election in favor of his father.

The Twitter Censorship Files

The mistaken claims in 2020 by former spooks about Hunter Biden’s emails framed the social-media site’s decision to block the news.
The Editorial Board
The Wall Street Journal
Dec. 4, 2022

Elon Musk’s release of internal emails relating to Twitter’s 2020 censorship is news by any definition, even if the mainstream media dismiss it. There will be many threads to unspool as more is released, but a couple of points are already worth making.
The first is that Mr. Musk would do the country a favor by releasing the documents all at once for everyone to inspect. So far he’s dribbled them out piecemeal through journalist Matt Taibbi’s Twitter feed, which makes it easier for the media to claim they can’t report on documents because they can’t independently confirm them.
A second point is an huzzah for Rep. Ro Khanna, the California progressive Democrat, who warned Twitter in 2020 about the free-speech implications and political backlash of censoring the New York Post story about Hunter Biden’s laptop. That was good advice, even if Twitter didn’t take it.
A third point is the confirmation of the central role that former spies played in October 2020 in framing the Hunter Biden story in a way that made it easier for Twitter and Facebook to justify their censorship.
Recall that former Democratic intelligence officials James Clapper and John Brennan led the spooks in issuing a public statement suggesting that the laptop may have been hacked and its content was Russian disinformation. On Oct. 16, 2020, Mr. Clapper told CNN that “to me, this is just classic textbook Soviet Russian tradecraft at work.” On Oct. 19, 51 former spooks released their statement claiming that the arrival of the emails “has all the classic earmarks of a Russian information operation.” (The statement and signers are published nearby.)
We now know that the Clapper-Brennan claims were themselves disinformation and that the laptop was genuine and not part of a Russian operation. CBS News recently waddled in two years later with a forensic analysis of its own and concluded it is real.
But the claims by the spies gave an excuse for the media to ignore the Hunter Biden story and even to dismiss Hunter’s former business partner, Tony Bobulinski, who went on the record before the election to confirm much of the content on the laptop with documentation in the form of voluminous text messages.
We examined those messages ourselves at the time, and our Kimberley Strassel spoke with Mr. Bobulinski and put it all on the record before the election. We also wrote an editorial. But nearly all of the rest of the press ignored or trashed the story.
The Twitter documents published by Mr. Taibbi include part of what appears to be a memo from James Baker, the Twitter deputy general counsel. “I support the conclusion that we need more facts to assess whether the materials were hacked. At this stage, however, it is reasonable for us to assume that they may have been and that caution is warranted,” Mr. Baker wrote.
He continued that “there are some facts that indicate that the materials may have been hacked, while there are others indicating that the computer was either abandoned and/or the owner consented to allow the repair shop to access it for at least some purposes. We simply need more information.”
With an election so close, any delay helped the Biden campaign, which was trying to squelch the Hunter Biden story that raised questions about what Joe Biden knew about Hunter’s foreign business dealings. Twitter went ahead and suppressed the story across its platform, going so far as to suspend the New York Post’s Twitter account.
Readers may recall that Mr. Baker was director Jim Comey’s general counsel at the Federal Bureau of Investigation during the Russia collusion fiasco in 2016. He was the main FBI contact for Michael Sussmann, the Clinton campaign lawyer who spread falsehoods about the Trump campaign regarding Alfa Bank, among other things.
Mr. Baker’s ties to the former intelligence officials who signed the “Russian information operation” statement may have influenced his Twitter memo and the censorship decision. All of this is likely to be fodder for House Republican hearings into the FBI’s role in the Hunter Biden story.
The partisan foray by current and former U.S. intelligence officials in the last two elections should be deeply troubling to Americans on the left and right. They have authority by dint of access to information that isn’t confirmable by the press, which takes their spin as gospel. This is a form of political corruption that needs to be exposed, and perhaps the Twitter documents will help to unlock the story.

‘Twitter Files’ Paint an Ugly Portrait

Jim Geraghty
The National Review
December 5, 2022

On the menu today: Elon Musk and Matt Taibbi team up to offer the “Twitter files,” a look inside the internal deliberations at Twitter when it decided to block access to a New York Post story which revealed all kinds of embarrassing and scandalous information found on Hunter Biden’s laptop. You can quibble with Taibbi’s decisions here and there, but overall, the files paint an ugly portrait of a social-media company’s management unilaterally deciding that its role was to keep breaking news away from the public instead of letting people see the reporting and drawing their own conclusions.

Opening the ‘Twitter Files’

The revelations of the “Twitter Files” paint an ugly portrait of the individuals who made decisions about standards of content on Twitter during the 2020 presidential campaign. The company’s senior management — oddly, without consulting or involving CEO Jack Dorsey — basically decided unilaterally that people shouldn’t be allowed to read the New York Post’s article, which laid out emails indicating that Hunter Biden introduced his father, then-Vice President Joe Biden, to a top executive at a Ukrainian energy firm, “less than a year before the elder Biden pressured government officials in Ukraine to fire a prosecutor who was investigating the company.”

Twitter’s new owner, Elon Musk, gave reporter Matt Taibbi access to internal company emails and records, and Taibbi laid out in a series of tweets how the company “took extraordinary steps to suppress the story, removing links and posting warnings that it may be ‘unsafe.’ They even blocked its transmission via direct message, a tool hitherto reserved for extreme cases, e.g. child pornography.”

The reasoning behind the ban of the article was the contention that it included “hacked materials,” even though there was no evidence of hacking. The Post said the information was obtained from a computer that was dropped off at a repair shop in Biden’s home state of Delaware in April 2019 and never reclaimed. This was not electronic theft; this was old-fashioned reporting — and exceptionally bad judgment on Hunter Biden’s part, which at this point shouldn’t seem implausible to anyone.

Note that Twitter made its decision to restrict access to and distribution of the Post story before more than 50 former senior intelligence officials signed a letter contending that the trove of emails from Hunter Biden “has all the classic earmarks of a Russian information operation.” (In retrospect, the characterization of it as an “information operation” instead of a “disinformation operation” was a revealing admission.)

That letter was an extraordinarily irresponsible act by the likes of Jim Clapper, Michael Hayden, Leon Panetta, John Brennan, et. al., because it assumed facts not in evidence, and effectively cashed in on the reputations of those former intelligence officials to persuade the American public to believe something that wasn’t true. Many Americans likely believed that former CIA staff would know something about Russian operations that the rest of us didn’t.

But Twitter’s management can’t pass the buck to those former intelligence officials, because the company made its decision to block access to the Post’s story five days before their letter was published.

I suppose the revelations of the Twitter Files could have been even worse if the Biden campaign or someone in the government had somehow “ordered” Twitter’s management to take these drastic measures. But it’s still atrocious that just about all of Twitter’s management believed its role was to keep news away from the public instead of letting people see the Post’s reporting and draw their own conclusions.

Recall how Twitter touted its purpose back in 2016: “Twitter connects you with the people you’re interested in — whether that’s someone across the world who shares your love for science-fiction, your friends and family, a politician, or your local sports team.”

If, from the beginning, Twitter had declared that, “We are a progressive company, and we are only interested in connecting progressives with other progressives, and we will suspend the accounts of conservative users with little warning and with vague explanations, and we will block the public’s ability to see news that we think might make them want to vote against Democrats,” well, at least then it would have been honest, and most conservatives never would have bothered to set up accounts on Twitter.

You notice that you don’t see many conservatives complaining that they’re being shut out of Mastodon, the social-media network that many progressives flocked to after Elon Musk purchased Twitter. If progressives want to set up their own online community that conservatives can’t join, that’s their right.

This was one of the complications of the “Twitter is a private company, so they can set whatever rules they like” argument. Twitter changed the deal, so to speak, after it had obtained significant authority over a chunk of online public discourse. Twitter attracted its large user base by being seeming politically neutral, and then gradually ratcheted up its attitudes of limiting and suppressing conservative speech.

Perhaps the lone pleasant surprise in the Twitter Files is Democratic congressman Ro Khanna of California, who reached out to Twitter’s head of legal, policy, and trust, Vijaya Gadde, and tried to gently nudge the company away from its censorious actions. Khanna described himself as a “total Biden partisan,” said he was convinced that Joe Biden had done nothing wrong, and characterized the New York Post as “far right.” (Eh, right of center, pugnacious, populist, tabloid, yes. Far-right, no.)

But credit Khanna for being the only figure to point out that, “This seems a violation of the First Amendment principles. . . . A journalist should not be held accountable for the illegal actions of the source unless they actively aided the hack. So, to restrict the distribution of that material, especially regarding a presidential candidate, seems not in the keeping of [the Supreme Court case] New York Times vs. Sullivan.” Khanna added that, “In the heat of a presidential campaign, restricting dissemination of newspaper articles (even if NY Post is far right) seems like it will invite more backlash than it will do good.”

You can find quibbles and beefs with the way Musk and Taibbi handled the story. There was no need to post the email addresses of figures such as Khanna. There are one or two spots where Taibbi’s characterization isn’t as clear as it ought to be, such as when he wrote, “By 2020, requests from connected actors to delete tweets were routine. One executive would write to another: ‘More to review from the Biden team.’ The reply would come back: ‘Handled.’” Apparently, four of the five tweets in the example Taibbi pointed to included nude photos, which seems like an important detail. Most of us would agree there is a substantive difference between “please remove these nude photos of my son that he did not consent to have released or published” and “please remove this information about my son’s business deals with shady foreign figures that is embarrassing to me and my campaign.”

It would have been helpful to have all of this laid out in one document instead of a long series of tweets, and links to source documents also would have helped paint the fullest picture possible.

Yesterday, Howard Kurtz was kind enough to have me appear on his MediaBuzz program on Fox News Channel, and my co-panelist insisted that there was nothing significant in the Twitter files. Curiously, this is a defense — “None of this matters!” — that not even Twitter CEO Jack Dorsey was willing to attempt, either in November 2020 or in hearings the following March. Dorsey said after the election that his team made the wrong decision:

We recognize it as a mistake that we made, both in terms of the intention of the policy and also the enforcement action of not allowing people to share it publicly or privately. . . . We made a quick interpretation, using no other evidence, that the materials in the article were obtained through hacking and, according to our policy, we blocked them from being spread.

When a social-media company decides to block access to a news article out of ideological and political loyalties, that’s newsworthy and consequential, and it’s worth asking, “How did this happen? Who made the decisions that led to this point?”

Former NYT columnist Bari Weiss releases ‘Twitter Files Part Two’

Former New York Times columnist Bari Weiss released the second installment of the “Twitter Files” on Thursday night, sharing images of accounts that Twitter allegedly placed on various types of “blacklists.”

Weiss posted several images of what appears to be an internal Twitter system that marked certain accounts as being under various kinds of “blacklists,” in addition to flagging other information about the accounts.

Jay Bhattacharya, a health policy professor from Stanford University who opposed COVID-19 lockdowns, appeared to have been placed on a “Trends Blacklist,” as was the right-wing Libs of TikTok account, according to the photos.

The account of conservative commentator Dan Bongino was apparently placed on a “Search Blacklist,” while the photos seemed to show Turning Point USA President Charlie Kirk had his account marked as “Do Not Amplify.”

The images also appeared to show that several of the accounts had been flagged with “Recent Abuse Strike” and that more basic information, such as when the accounts were “Twitter Blue Verified” or “High Profile,” had also been noted.

Weiss also shared purported screenshots of internal messages from Yoel Roth, Twitter’s former head of safety and integrity, including one in which he appeared to ask for research on “non-removal policy interventions like disabling engagements and deamplification/visibility filtering.”

Weiss’s Twitter thread is the second installment in what Twitter CEO Elon Musk has dubbed the “Twitter Files.” The first installment, released by independent journalist Matt Taibbi, appeared to show an internal debate at the social media company over how to handle a New York Post story about Hunter Biden.

While the first installment of the “Twitter Files” sparked outrage across right-wing outlets, it seemed to fall flat otherwise, with some criticizing the release for failing to deliver groundbreaking revelations.

The release of the “Twitter Files” comes just over a month after Musk acquired the social media company. The billionaire, who promised to reshape Twitter into a “free speech” platform, shared the trove of internal documents with Weiss and Taibbi in an apparent effort to show that content moderation under the previous management was biased against the political right.

Voir de plus:

We are disturbed by the day’s events in Washington, D.C. and request three actions of Staff: 1. Permanently suspend @realDonaldTrump over his actions on January 62. Provide a clear account of the day’s decision making process regarding the President’s tweets 3. An investigation into the last several years of corporate actions that led to Twitter’s role in today’s insurrection

For the last four years, we have watched right wing extremists grow on our platform, nurtured by @realDonaldTrump. We have seen Twitter leadership struggle to deal with the violent, hateful rhetoric shared by @realDonaldTrump. We have respected those decisions and had faith in those who make them, knowing that settling policy around hate speech and misinformation is nuanced and difficult. We appreciate stronger measures, like the interstitials recently used on his account and his Jan. 6 timeout.

We do not believe these actions are sufficient. Trump is no longer a legitimate democratic actor. In a video posted on Twitter, he called the election “fraudulent” and a “landslide” in his favor, while referring to his loyalists as “very special” even as they broke into the Capitol building and clashed with police. At no point did the outgoing President unambiguously denounce their actions.

We must examine Twitter’s complicity in what President-Elect Biden has rightly termed insurrection. Those acts jeopardize the wellbeing of the United States, our company, and our employees.

First, we request that @realDonaldTrump’s account be suspended permanently, before he can further harm using our platform.

Second, we request more transparent internal communications around Twitter’s civic integrity policy and how it applied.

Third, we request an independent investigation into Twitter’s role in these events. Despite our efforts to serve the public conversation, as Trump’s megaphone, we helped fuel the deadly events of January 6th. We request an investigation into how our public policy decisions led to the amplification of serious anti-democratic threats. We must learn from our mistakes in order to avoid causing future harm.

We play an unprecedented role in civil society and the world’s eyes are upon us. Our decisions this week will cement our place in history, for better or worse.

We do not claim to speak for any other Tweeps than those who add their names here.

The Undersigned

 

Twitter bans Trump’s account, citing risk of further violence

The suspension amounted to a historic rebuke for a president who had used the social media site to rise to political prominence

 

Twitter on Friday banned President Trump from its site, a punishment for his role in inciting violence at the U.S. Capitol this week, robbing him of the megaphone he used to communicate directly with more than 88 million supporters and critics.

The move amounted to a historic rebuke for a president who had used the social-networking site to fuel his rise to political prominence. Twitter has been Trump’s primary communication tool to push policies, drive news cycles, fire officials, spread falsehoods, savage opponents and praise allies.

A defiant Trump lashed out in response late Friday, accusing Twitter in a statement of having “coordinated with the Democrats and the Radical Left” to remove his account. He threatened regulation, promising a “big announcement” to come, and said he is looking “at the possibilities of building out our own platform in the near future!” The official account for the presidency, @POTUS, also tweeted that message, although the posts were quickly taken down by Twitter.

Twitter had resisted taking action against Trump for years, even as critics called on the company to suspend him, arguing that a world leader should be able to speak to his or her citizens unfettered. But Trump’s escalating tweets casting doubt on the 2020 election — and the riot at the U.S. Capitol his comments helped inspire — led the company to reverse course.

Twitter specifically raised the possibility that Trump’s recent tweets could mobilize his supporters to commit acts of violence around President-elect Joe Biden’s inauguration, an analysis that experts saw as a major expansion in the company’s approach to moderating harmful content online. Its action meant Trump’s tweets disappeared from the site, removing the catalogue of his thoughts except for those preserved by researchers and other documentarians.

The move was especially remarkable for a company that once called itself “the free speech wing of the free speech party.” Many observers noted that this most aggressive enforcement action in Twitter’s history came in the week that political power shifted decisively in Washington, toward Democrats who long have demanded greater policing of hate speech and violent talk on social media — and away from a president and party who long had made effective use of the more freewheeling policies of the past.

“It took blood and glass in the halls of Congress — and a change in the political winds — for the most powerful tech companies in the world to recognize, at the last possible moment, the profound threat of Donald Trump,” said Sen. Richard Blumenthal (D-Conn.), a longtime critic of tech company policies.

Twitter cited two Trump tweets. One stated that the 75 million who voted for him were “American Patriots” who will “not be disrespected or treated unfairly in any way, shape or form!!!” He then announced he would not go to Biden’s swearing-in ceremony later this month.

In a blog post, the company said the two messages violated its policy against glorification of violence since they “could inspire others to replicate violent acts” that took place at the U.S. Capitol on Wednesday. According to Twitter, his second tweet could be read by followers as an encouragement to commit violence during the inauguration, which “would be a ‘safe,’ target as he will not be attending.”

In doing so, Twitter joined Facebook in punishing the president in the waning hours of his first term. Facebook said Thursday its suspension is indefinite, lasting at least the next two weeks, citing a similar belief that the risks are “simply too great” at a moment of transition for the country. Both tech giants previously joined Google-owned YouTube in removing or limiting access to Trump’s posts, including a video he shared earlier this week that once again advanced widely disproved falsehoods about the validity of the 2020 vote.

The White House did not immediately respond to a request for comment. But Trump appeared to try to defy Twitter’s ban by using @POTUS, and later his @TeamTrump campaign account, both of which were suspended.

“We will not be SILENCED!” @POTUS tweeted before it was taken down. The president also charged that in a statement.

Twitter’s punishment is the harshest judgment the site has at its disposal. It appeared to be the first time the company had taken such an action since instituting a broad policy around world leaders last year, illustrating the slow shift in Silicon Valley as the country’s most popular, prominent platforms grew more comfortable in taking on Trump.

Facebook, for example, had its first of many furious internal debates over how to handle Trump in December 2015, when as a presidential candidate he posted a video in which he said he wanted to ban all Muslims from entering the United States. Many employees called it obvious hate speech, but top executives chose to defer, by creating an exemption for content they deemed “newsworthy.”

The challenges kept coming as Trump’s presidency and rhetoric brought to mainstream attention right-wing ideas once considered beyond the fringe of appropriate political rhetoric. A particularly explosive flash point for both Twitter and Facebook came in May, when Trump called protesters after the killing of unarmed Black man George Floyd “THUGS” in social media posts. In response, Twitter opted to label Trump’s tweet as harmful and hide it from public view — and Facebook petitioned for Trump to change his tone in private.

The shift within Silicon Valley began even before that as the coronavirus swept through the world last year, and the stakes of the rampant lies and misinformation on social media platforms were underscored by a rising body count as Trump and others denied the severity of the pandemic. Facebook, Twitter, YouTube and others all took action against viral falsehoods that were clearly contrary to science. Not long after, they dramatically stiffened policies against conspiracy theories, such as QAnon, and the rise of dangerous armed groups, such as the boogaloo, born of largely unrestricted online worlds.

As the national election approached last fall, disinformation researchers, Democrats and civil rights activists demanded tougher action from tech companies whose platforms hosted and spread falsehoods. They gained some traction, but at a time when Trump and other Republicans were loudly claiming that they were being discriminated against by Silicon Valley, critics said it was not nearly enough.

Rashad Robinson, the president of Color of Change, a civil rights group that has been pushing social media companies to police Trump’s behavior more aggressively, fretted on Friday that it took too long for Twitter and its peers to act given the president’s past missteps — and their potential to have touched off real-world violence.

“But kicking him off of Twitter, so he can’t spread disinformation and incite the public, is huge,” he said. “This is way too late, but I do not underestimate or undersell the significance of what this means moving forward without him having a direct line to reach an audience any time that he wanted to.”

In considering how his supporters might read and interpret his messages, Twitter also potentially opened the door for the company to take a more aggressive approach on other content, including tweets from political leaders in the future, experts said.

“That’s a standard that’s never existed,” said Alex Stamos, a former Facebook chief security officer, now head of the Stanford Internet Observatory, a disinformation research group. “The ‘impact’ standard has never existed.”

Stamos added that Twitter’s action — and Facebook’s recent enforcement efforts — meant that “the right-wing social media ecosystem in America has been shattered.”

The move comes amid a wave of criticism from Democratic lawmakers and Twitter’s own employees, who demanded in a letter written this week that the company’s leaders permanently suspend Trump’s account. In an internal letter addressed to chief executive Jack Dorsey and his top executives viewed by The Washington Post, roughly 350 Twitter employees requested an investigation into the past several years of corporate actions that led to Twitter’s role in the riot.

“Despite our efforts to serve the public conversation, as Trump’s megaphone, we helped fuel the deadly events of January 6th,” the employees wrote. “We request an investigation into how our public policy decisions led to the amplification of serious anti-democratic threats. We must learn from our mistakes in order to avoid causing future harm.”

“We play an unprecedented role in civil society and the world’s eyes are upon us. Our decisions this week will cement our place in history, for better or worse,” the employees added.

In a statement earlier Friday, Twitter spokesperson Brandon Borrman wrote, “Twitter encourages an open dialogue between our leadership and employees, and we welcome our employees expressing their thoughts and concerns in whichever manner feels right to them.”

The letter from the Twitter employees is addressed to “Staff,” company lingo for C-suite executives who report directly to Dorsey, including Vijaya Gadde, who leads the company’s legal, policy, and trust and safety divisions. During a virtual meeting on Friday afternoon, Dorsey and Gadde shared their thoughts on Twitter’s response, according to an employee, who spoke on the condition of anonymity for fear of retaliation.

Silicon Valley also took fresh aim Friday at a bevy of other sites and services where Trump’s supporters have congregated. That includes the new social media service Parler, which became popular with the president’s allies in the wake of the 2020 election.

Amid a flood of misinformation — and threats of violence in the wake of the Capitol riot — Google on Friday removed the app from its hub for downloads, called the Play Store. Apple also warned Parler that it could be removed from its App Store, the sole portal through which iPhone and iPad users can obtain such software, if it didn’t remove posts inciting violence and put in place a stronger content moderation system, according to an email obtained by BuzzFeed News.

Parler prides itself on only loosely policing posts on its site, saying it removes only what is illegal or not protected by the First Amendment. After the attack on the Capitol this week, posts on the site voiced support for the rioters and calls to keep fighting. Trump, however, does not currently have an account on Parler.

Parler chief executive John Matze appeared to address the Apple news on his Parler page Friday, writing “We will not cave to pressure from anti-competitive actors!”

Twitter’s move did cause unease in another quarter: Researchers have long complained that when the company suspends a user, valuable records of online conversations essentially vanish into thin air, making it nearly impossible to later reconstruct them — something particularly consequential when a platform is the primary means of communication for a U.S. president.

“It has implications from a historical point of view,” said Darren Linvill, lead researcher for the Clemson University Media Forensics Hub. “If you are the national conversation, they just sucked a big part of the national conversation away.”

Rachel Lerman and Gerrit De Vynck contributed to this report.

Voir par ailleurs:

World Leaders on Twitter: principles & approach

15 October 2019

There continues to be meaningful public conversation about how we think about Tweets from world leaders on our service. We welcome the conversation and want to share more context on our principles and process for reviewing reported Tweets from these accounts.

Context 

When it comes to the actions of world leaders on Twitter, we recognize that this is largely new ground and unprecedented. We understand the desire for our decisions to be “yes/no” binaries, but it’s not that simple. The actions we take and policies we develop will set precedent around online speech and we owe it to the people we serve to be deliberate and considered in what we do.

Our mission is to provide a forum that enables people to be informed and to engage their leaders directly. We also have a responsibility to the people who use Twitter to better explain why we make the decisions we make, which we will do here.

Our approach

  • Everything we do starts with an understanding of our purpose and of the service we provide: a place where people can participate in public conversation and get informed about the world around them.
  • We assess reported Tweets from world leaders against the Twitter Rules, which are designed to ensure people can participate in the public conversation freely and safely.
  • We focus on the language of reported Tweets and do not attempt to determine all potential interpretations of the content or its intent.
  • Presently, direct interactions with fellow public figures, comments on political issues of the day, or foreign policy saber-rattling on economic or military issues are generally not in violation of the Twitter Rules.
  • However, if a Tweet from a world leader does violate the Twitter Rules but there is a clear public interest value to keeping the Tweet on the service, we may place it behind a notice that provides context about the violation and allows people to click through should they wish to see the content. We announced this in June.

Enforcement scenarios 

We want to make it clear today that the accounts of world leaders are not above our policies entirely. The below areas will result in enforcement action for any account on our service (without consideration of the potential public interest value in allowing the Tweet to remain visible behind a notice):

In other cases involving a world leader, we will err on the side of leaving the content up if there is a clear public interest in doing so.

With critical elections and shifting political dynamics around the world, we recognize that we’re operating in an increasingly complex and polarized political culture. These are constantly evolving challenges and we’ll keep our policies and approach under advisement, particularly as we learn more about the relationship between Tweets from world leaders and the potential for offline harm.

This post seeks to provide clear insight into how we address content from world leaders on Twitter today, and will serve as our statement on the decisions we make, rather than our teams providing feedback on individual Tweets and decisions. We’ve also updated our dedicated Help Center page to provide a significantly more detailed breakdown of how we make decisions regarding the use of the public interest notice.

Our goal is to enforce our rules judiciously and impartially. In doing so, we aim to provide direct insight into our enforcement decision-making, to serve public conversation, and protect the public’s right to hear from their leaders and to hold them to account.


Ilôt Chalon: Look what they’ve done to my Chinatown, ma ! (De Stalingrad 0 à Stalingrad bis, quel triste éternel recommencement de négligence gouvernementale et d’aveuglement bien-intentionné de nos ONG pour la première Chinatown de Paris ?)

3 décembre, 2022

Inauguration de la sculpture de l'artiste Li Xiaochao | Gares & Connexions1984 : L'îlot Chalon, quartier de la drogue à Paris | Archive INA - YouTube ImageImageQuelque 200 migrants, accompagnés par plusieurs associations, ont installé leurs tentes devant le Conseil d'Etat. MSF

Une main d’ébène, Ilot Chalon (…) dans la rue noire, le dealer viendra…. Jean-Pax Méfret
Le site d’origine de la pandémie de grippe de 1918 qui a tué plus de 50 millions de personnes dans le monde est vivement débattu. Alors que le Midwest des États-Unis, la France et la Chine ont tous été identifiés comme des candidats potentiels par les chercheurs en médecine, le contexte militaire de la pandémie a été pratiquement ignoré. A l’inverse, les historiens militaires se sont peu intéressés à une maladie mortelle qui souligne la relation réciproque entre champ de bataille et front intérieur. Cet article réexamine le débat sur les origines et la diffusion de la grippe de 1918 dans le contexte de la guerre mondiale, comblant ainsi les écarts entre l’histoire sociale, médicale et militaire. Une perspective multidisciplinaire combinée à de nouvelles recherches dans les archives britanniques et canadiennes révèle que la grippe de 1918 est probablement apparue pour la première fois en Chine au cours de l’hiver 1917-18, se diffusant à travers le monde lorsque des populations auparavant isolées sont entrées en contact les unes avec les autres sur les champs de bataille d’Europe. Les peurs ethnocentriques – à la fois officielles et populaires – ont facilité sa propagation le long des voies militaires qui avaient été tracées à travers le monde pour soutenir l’effort de guerre sur le front occidental. Mark Osborne Humphries (2014)
L’épidémie pourrait être liée à la collecte d’échantillons de ces coronavirus dans les grottes du Yunnan où ils circulent. En effet, plusieurs laboratoires chinois travaillaient sur ce virus, afin de comprendre les mécanismes moléculaires permettant à ces derniers des franchissements de la barrière des espèces pour devenir des pathogènes humains. D’où l’hypothèse d’un accident de laboratoire contaminant éventuellement des personnels… et donnant les premiers patients. Cette hypothèse est sous-tendue par plusieurs arguments : d’abord, cette ville concentre les plus gros centres d’étude des coronavirus dans le monde. Par ailleurs, il est paradoxal de voir émerger une épidémie dans une ville de onze millions d’habitants environ, dont les experts chinois sur les coronavirus affirmaient depuis des années que celle-ci, Wuhan, était typiquement une ville où ce type d’émergence zoonotique ne pourrait pas avoir lieu parce qu’il n’y a pas ces contacts indispensables entre espèces sauvages, espèces domestiques et l’homme. (…) [L’hypothèse de l’accident de laboratoire] est basée, entre autres, sur le fait que le virus le plus proche actuellement connu, donc le RaTG13, a été échantillonné par un laboratoire de virologie localisé dans la zone où les premiers cas de Sars-CoV-2 ont été détectés, et où des travaux sur ces coronavirus émergents sont conduits. Des projets de recherche importants visaient à comprendre le mécanisme de franchissement de barrières d’espèces, c’est-à-dire justement à collecter des virus chez les chauves-souris, récolter des échantillons de manière à séquencer ces virus, essayer de mettre en culture ces virus dans des cellules et essayer de comprendre comment ces virus sont potentiellement capables d’infecter des cellules d’autres mammifères, incluant des cellules humaines. (…) Est-il raisonnable de construire dans des laboratoires, des virus potentiellement pandémiques chez l’homme qui, au départ, n’existent pas naturellement ? Ce débat éthique existe depuis les années 2010-12, quand des équipes américaines et hollandaises ont cherché à construire des virus de la grippe, potentiellement pandémiques, et cette fois-ci à partir d’un virus qui n’était pas particulièrement adapté à la transmission par aérosol. Le bénéfice qu’on escomptait de ces expériences était-il si important qu’on pouvait s’affranchir du risque de sa diffusion ? Ou, est-ce que, éthiquement, ces travaux devaient être considérés comme trop dangereux et donc interdits ? Voilà ce qui a conduit les États-Unis à décréter à partir de 2014 un moratoire sur ce type d’expérience. (…) Les virus n’ont pas de passeports ! Et donc, la gestion des risques biologiques ne peut plus être envisagée uniquement au niveau national. Cette question doit se traiter de manière internationale, si l’on veut la traiter correctement. Regardez le moratoire américain que j’évoquais : l’une des conséquences de cette nouvelle politique a été l’arrêt des expériences sur les coronavirus par les grands laboratoires sur le territoire américain. Ce qui a conduit, à la place, à l’intensification de ces recherches dans les laboratoires de Wuhan, par exemple, avec des financements américains… notamment, entre autres, via la EcoHealth Alliance ! Paradoxalement, le moratoire américain, qui pourrait être jugé comme une décision limitant les risques biologiques, a donc peut-être eu des effets pervers, en favorisant le déploiement de recherche dans des pays ou le contrôle des risque biologiques est moindre… (…) via l’association que je viens de mentionner. Il y a eu financement d’abord des collectes de virus, pour essayer d’échantillonner davantage les virus présents chez les chauves-souris, entre autres dans le Sud asiatique, mais il y a également eu financement d’expériences visant à être en capacité de cultiver ces virus, en cellules et dans des modèles animaux, pour comprendre les mécanismes de transfert zoonotique et pour essayer concevoir des vaccins permettant de protéger des futures zoonoses. L’intention de telles recherches est donc de prévoir les nouveaux virus potentiellement pandémiques pour mieux s’en prémunir… Sauf que justement, les expériences réalisées comportent des risques potentiels. Quand on réfléchit aux problèmes de pandémies et aux études sur les virus émergents, on ne peut, je le répète, pas envisager la problématique du seul point de vue national ou même continental – il faut nécessairement une vision globale et mondiale. Dans son Destin des maladies infectieuses, le microbiologiste Charles Nicolle écrivait en 1933 que « la connaissance des maladies infectieuses enseigne aux hommes qu’ils sont frères et solidaires. Nous sommes frères parce que le même danger nous menace, solidaires parce que la contagion nous vient le plus souvent de nos semblables. » Cette analyse reste étonnamment d’actualité – et l’avenir ne manquera pas de nous rappeler cette vérité dans le contexte du déploiement des vaccins, avec les variants du Covid-19 qui se multiplient actuellement. Étienne Decroly
Plus de 11 000 femmes nigérianes ont été secourues en Méditerranée l’année dernière, selon l’Office pour les migrations internationales (OMI). 80% d’entre elles faisaient l’objet d’un trafic à des fins d’exploitation sexuelle. “Il y a maintenant des filles qui n’ont que 13, 14 ou 15 ans”, m’a dit un agent anti-trafic de l’OMI. “L’Italie n’est qu’un point d’entrée. De la, elles sont dispatchées et vendues à des mères maquerelles partout en Europe.Ben Taub
En 2015, le risque de mourir en Méditerranée (0, 37%) était inférieur au risque en France d’une personne de plus de 45 ans de subir un AVC (0, 4$%); en 2016, 363 000 migrants ont traversé la Mare nostrum (…) et 4 576 s’y sont noyés ou ont disparu, soit 1, 3% ou le double du risque de décéder apres une intervention chirurgicale – toutes catégories confondues – dans un pays industrialisé, ou encore le double du risque de mourir d’une anesthésie générale au sud du Sahara. En 2017, entre janvier et fin aout, 126 000 migrants ont traversé la Méditerranée et 2 428 ont été portés disparus, soit 1, 92%, ce qui est légèrement inférieur à la mortalité post-opératoire en chirurgie cardiaque en Europe de l’ouest (2%). Même si le risque est heureusement limité, on se demande évidemment pourquoi il ne cesse d’augmenter alors que les yeux du monde sont braqués sur la Méditerranée et que les secours devraient se perfectionner. La réponse: l’humanitaire est trop bon ! En effet, les bateaux de secours se rapprochent de plus en plus des eaux territoriales libyennes et, s’il y a danger de naufrage, n’hésitent plus à y entrer pour sauver les migrants. Si bien que les trafiquants embarquent un nombre croissant de migrants sur des embarcations toujours plus précaires (notamment des canots pneumatiques longs de 9 mètres, fabriqués en Chine, sur lesquels se serrent 130 personnes). (…) Les trafiquants emmènent donc les migrants à la limite des eaux territoriales, avant de repartir avec le moteur hors-bord dans un autre bateau en laissant les leurs clients dériver. A charge pour les humanitaires … Ceux-ci font bien, voire très bien leur travail, au risque de voir les migrants de moins en moins regardants sur la navigabilité des embarcations choisies par les trafiquants. Au cours des premiers six mois de 2017, quelque 93 000 migrants ont été secourus et transportés vers l’Italie, soit presque les trois quarts du total ayant embarqué pour la traversée pendant cette période. Stephen Smith
Les signataires du présent Communiqué de Presse dénoncent avec la plus grande force la position prise par le ministre de l’Intérieur dans son courrier du 17 novembre 2022 [qui] pose le principe de l’application identique des méthodes employées pour le suivi des étrangers délinquants à l’ensemble des étrangers faisant l’objet d’une OQTF. Cette prémisse en elle-même constitue une atteinte grave à l’Etat de droit en ce qu’elle tend à assimiler des personnes n’ayant commis aucune infraction ni aucun crime à des personnes condamnées judiciairement et propose un traitement administratif similaire. Si le courrier du ministre de l’Intérieur prend ainsi soin de rappeler que la législation européenne a imposé la suppression du délit de séjour irrégulier, c’est bien dans le sens d’un traitement punitif des étrangers en situation irrégulière qu’il s’inscrit. Or une personne étrangère, quelle que soit la régularité de son séjour, ne saurait être traitée en délinquant et punie pour sa seule situation administrative. (…) il est important de rappeler qu’aucune condition de régularité de séjour n’est établie par la loi pour permettre l’accès ou le maintien dans un hébergement d’urgence. Le principe d’inconditionnalité de l’accueil permet à toute personne présente sur le territoire de bénéficier d’un hébergement et d’un accompagnement adapté à sa situation. Utopia 56
Près de 200 jeunes migrants, qui assurent être mineurs, ont installé vendredi un campement constitué de tentes devant le Conseil d’Etat, dans le cœur de Paris, pour réclamer leur prise en charge et l’accès à un hébergement d’urgence. Les jeunes en attente d’une décision de justice pour trancher sur leur âge et accompagnés par plusieurs associations dont Utopia 56, Médecins sans frontières (MSF) ou Médecins du monde, font partie des 470 migrants qui vivent depuis six mois sur un campement d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Ils ont installé leurs tentes devant la haute juridiction administrative vers 14h00, vite encadrés par un dispositif des forces de l’ordre. Une action symbolique pour rendre visibles ces jeunes, revendiquent les associations. (…) Comme une partie des jeunes présents, originaires d’Afrique de l’ouest ou encore d’Afghanistan, [Seiku Kanté] n’a pas été reconnu mineurs non accompagnés (MNA) à ce stade. Beaucoup ont déposé des recours auprès d’un juge pour enfants, dans l’espoir de bénéficier d’une prise en charge par l’aide sociale à l’enfance. Les associations qui les accompagnent déplorent la zone grise dans laquelle se trouvent ces jeunes migrants, ni mineurs ni majeurs, ce qui complexifie leur prise en charge dans les structures d’hébergement d’urgence pendant les recours judiciaires souvent longs. Le Parisien
Vous semblez découvrir une réalité documentée et évoquée depuis juillet 2017. (…) Ce que nous savons, c’est que les ONG jouent un rôle essentiel pour apporter une aide aux migrants. Cela ne fait aucun doute. Toutefois, en Méditerrannée centrale, on a observé, de façon tout à fait documentée je vous le dis, une réelle collusion à certains moments entre les trafiquants de migrants et certaines ONG. On a observé que certains navires d’ONG étaient ainsi en contact téléphonique direct avec des passeurs qui facilitaient le départ des migrants depuis les côtes libyennes dans des conditions effroyables, souvent au péril de leur vie. Les ONG, dans ce cas là, ont pu se faire complices des passeurs. Les ONG doivent avoir une attitude responsable. Christophe Castaner (ministre de l’intérieur français, conférence de presse finale du G7, Paris, 3 avril 2019)
Angela Merkel fait ce qu’aucun dirigeant politique ne devrait faire après avoir quitté le pouvoir : défendre sans aucun recul critique ce qu’il a fait pendant son mandat. Cela fait de la peine de voir à quel point elle se tire elle-même une balle dans le pied. Ilka-Sascha Kowalczuk
Angela Merkel a été intéressée par le fait que Chamberlain y est montré avec un nouveau regard. Non comme quelqu’un ayant peur de Hitler, mais comme un stratège qui a donné à son pays le temps de se préparer à l’attaque allemande. Der Spiegel
Les autorités s’appuient sur des réseaux existants de la diaspora. Cela permet de récolter de l’information sur les individus et leurs familles pour faire pression si besoin. Cela nourrit une peur, c’est une manière de montrer que citoyen chinois à l’étranger ou citoyen étranger d’origine chinoise, on ne peut jamais échapper au contrôle de la mère patrie. Chen Jing-jie (Safeguard Defenders)
Ils présentent cela comme des antennes d’aide administrative pour les Chinois en France, mais il y a des consulats pour cela. Et si les consulats ne suffisent pas et qu’ils ont besoin de plus de points administratifs, eh bien qu’ils fassent une demande réglementaire et officielle. André Gattolin (commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat)
L’APL prévoit d’engager entre 300 000 et 1 million de soldats. Le plan comprend trois grandes phases s’étendant sur deux semaines, tout au plus, avant la prise de Taipei. La phase 1 – blocus et bombardements – sera précédée de cyberattaques ciblant l’Internet et les communications gouvernementales taïwanaises. Des unités de guerre électronique, basées en Chine, s’attaqueront aux satellites américains positionnés au-dessus du Pacifique. Le blocus sera total : naval, aérien, spatial. Et les missiles de la Force des fusées, l’une des cinq branches de l’APL, devront d’emblée obtenir ce que Moscou a raté en Ukraine : la maîtrise du ciel. L’APL prévoit des « frappes initiales », suivies de « frappes sur les points clés » (ministères, quartiers généraux militaires, réseaux électriques etc.), de « frappes continues » sur l’ensemble du territoire et de « frappes finales » censées annihiler la capacité de combattre des Taïwanais. Toutes les infrastructures devront être détruites, même les aéroports, « pour terroriser l’île jusqu’à la soumission ». Cette première phase doit être réalisée très vite pour ne pas laisser le temps aux Etats-Unis et à d’autres pays d’entrer en guerre. La phase 2 – débarquement de forces amphibies – débutera, toujours selon ce plan, par les petites îles de Kinmen et Matsu, très proches de la côte chinoise, avant de prendre l’archipel des Penghu. Dans ces bastions taïwanais, Pékin risque d’épuiser ses ressources amphibies, ce qui différerait l’invasion principale. Mais ne pas les occuper ferait planer une menace mortelle sur les bases chinoises continentales, situées à portée de missiles… Les combats, que l’APL privilégie de nuit ou par mauvais temps, seront sans pitié. (…) La manœuvre d’invasion de Taïwan elle-même mobilisera quatre types de navires : démineurs, canonnières, bateaux civils armés des milices, petites embarcations pour nettoyer les plages. Elle visera des zones dont la prise devra durer entre une et quatre heures. La cible principale sera Taoyuan, quatrième ville du pays, avec son aéroport international et ses raffineries de pétrole. La phase 3 – généralisation du combat dans l’île – prévoit que « les forces terrestres opèrent en groupes dispersés, sous la protection de la défense aérienne ». Les troupes aéroportées, larguées par bataillons de cinq cents hommes, devront éviter d’opérer trop loin des plages du débarquement et du reste de l’armée. Comme jadis leurs aînés aux ordres de Mao, les généraux de l’APL sont conscients de leurs faiblesses opérationnelles, notamment de lacunes logistiques dans le transport de centaines de milliers d’hommes à travers le détroit. Il sera en outre difficile pour le commandement de la région Est de se mettre en ordre de bataille sans que Taipei en soit alerté. Vu de Pékin, « le réseau d’alerte de Taïwan réduit la probabilité d’un effet de surprise », écrit Ian Easton. Pis, selon le chercheur, « les officiers chinois ne pensent pas avoir de renseignement adéquat sur Taïwan ». Le climat et la géographie très montagneuse de l’île constituent des obstacles majeurs, avec un nombre très limité de plages où débarquer : il y en aurait quatorze. « Du point de vue des experts militaires chinois, il n’y a pas de bon endroit pour débarquer avec une force assez importante pour prendre rapidement le contrôle de Taipei. Quant au maillage de la défense souterraine, réputé très dense, il fait figure de forteresse », assure M. Easton. Depuis des décennies, les Chinois modélisent vents, vagues, courants, marées, pluies et brouillards de Taïwan. Il n’y aurait que deux périodes réalistes pour une invasion : de fin mars à fin avril, et de fin septembre à fin octobre. Nathalie Guibert
A l’occasion du centenaire de la guerre de 14/18, l’association Les amis de Wu Jianmin et la province de Shandong (Chine) ont fait don à SNCF Gares & Connexions d’une sculpture de l’artiste chinois Li Xiaochao. Elle sera inaugurée le 20 septembre 2018, sur le parvis de Paris-Gare de Lyon. Cette œuvre commémore l’engagement des 140 000 travailleurs chinois venus aider la France durant la Première Guerre Mondiale, entre août 1916 et février 1918. Ces hommes devaient passer de nombreux mois en mer pour rejoindre Marseille, avant de prendre le train pour Paris-Gare de Lyon. Destinés à travailler en usine en Chine, ils aidèrent finalement les armées française et britannique à creuser les tranchées, réparer les armes ou à ramasser les corps des soldats tombés. 20 000 hommes périrent à la tâche ou succombèrent à des maladies. Après l’armistice du 11 novembre 1918, la plupart de ces hommes furent rapatriés, mais 3 000 d’entre eux choisirent de rester en France. Certains s’installèrent dans l’îlot Chalon, à proximité de Paris-Gare de Lyon et formèrent la première communauté chinoise de Paris. S’intitulant « Aux Travailleurs Chinois pendant la Première Guerre Mondiale », la sculpture en bronze offerte à SNCF Gares & Connexions, mesure pas moins de 2,57 m de hauteur et 1.25 m de largeur. Elle représente un travailleur chinois à son arrivée à Paris-Gare de Lyon, après son voyage éprouvant entre la Chine et la France. (…) Plusieurs villes françaises ont déjà eu l’honneur de recevoir l’une de ses œuvres. SNCF Gares & Connexions est fier de les rejoindre, afin de continuer à préserver la mémoire de ces 140 000 travailleurs chinois qui ont aidé la France. SNCF gares et connections
On a peur de sortir de chez nous. On a peur pour nos enfants. On vit dans une atmosphère d’insécurité. Avec parfois des gens qui prennent du crack, des dealers en tout genre. On ne veut pas être le nouveau Stalingrad. On le refuse. Sarah (2021)
Les premières nuisances coïncident avec le début des distributions alimentaires dans le quartier, voilà deux mois. Alors que des halls d’immeubles ont été dégradés, l’inquiétude grandit chez les riverains. BFMTV (2021)
Habité principalement par des immigrés et des descendants d’immigrés – Chinois, Italiens, Maghrébins, Sénégalais – ce lieu délaissé par la municipalité et la police deviendra un véritable supermarché de la came à partir de 1982, avant que la Mairie de Paris ne se décide à intervenir en 1984. Le passage Brunoy, la rue Raguinot, le passage Gatbois, la rue de ChaIon – autant de lieux qui deviendront inacceptables aux yeux des pouvoirs publics, désireux de réhabiliter le quartier en construisant le ministère des Finances, le palais omnisports de Paris-Bercy ainsi que l’extension de la Gare de Lyon. Après avoir laissé pourrir l’îlot Chalon à dessein afin de forcer ses habitants à le quitter, le gouvernement et la Mairie observeront avec satisfaction le départ des dealers vers Stalingrad ou la Goutte-d’Or. C’est dans ce contexte-là que le photographe Francis Campiglia a pris la direction de l’îlot Chalon, afin de documenter le chant du cygne d’un quartier qui finira par être enseveli sous le béton purificateur de la rénovation urbaine… Vice
Pendant la Première Guerre mondiale, des Chinois wenzhou originaires de la province de Zhejiang avaient été employés par les Français dans les usines. Une partie d’entre eux ont été rapatriés après 1918, mais huit mille d’entre eux sont restés en France, selon le sinologue Pierre Picquart,. Ils se sont établis à partir de ce moment sur l’îlot Chalon, qui est ainsi devenu le premier quartier chinois à Paris. Dans les années 1970, les premiers commerçants mourides sénégalais sont arrivés dans le quartier, et ils se sont installés dans les passages Raguinot et Brunoy, accueillant par la suite les ressortissants de Ceedo et de Thiaareen. Ils ont recréé en France les structures de la vie communautaire mouride, où les membres influents (représentants du khalife) organisent des da’iras (groupes religieux de vingt ou trente personnes). Dans un premier temps, le mouridisme a été pratiqué de manière privée et ses suiveurs n’ont pas cherché à le diffuser. Jusqu’à 1975, les immigrés ne représentaient qu’une forte minorité ; cependant, leur présence s’affirmait par une territorialisation communautaire qui leur donnait une forte visibilité sociale. Aussi, cette même année, 66 % des surfaces étaient considérées par la municipalité comme étant dans un état de très grande dégradation, à cause du manque de rénovation depuis des décennies et de la surpopulation des habitants du quartier, confinés dans des logements bien trop petits (d’une ou deux pièces) et souvent sans sanitaires intérieurs. À la fin des années 1970 ont surgi les premiers squats dans des bâtiments désaffectés de la SNCF. Au tournant des années 1980, le trafic de haschich marocain a été remplacé par des drogues plus dures, et pendant les années suivantes la dégradation du quartier s’est accentuée. En mai 1984, l’opinion publique avait été choquée par les deux meurtres liés à la drogue survenus dans l’îlot. Ces événements ont été vécus comme un traumatisme par les habitants du quartier, qui avaient vu l’attention des médias sur leur environnement de vie s’intensifier. La Ville de Paris avait déjà décidé la rénovation du quartier en 1980, mais c’est seulement à partir de 1984 que l’aménagement a été confié à société d’économie mixte Semea-Chalon, devenue la Semaest. La rénovation consistait principalement en la démolition de bâtiments (700 petits logements), la conservation et réhabilitation de certains immeubles, la création de nouveaux logements et d’un jardin, et l’implantation du commissariat du XIIe. Ce projet fut rejeté par une majorité d’habitants, qui accusèrent certaines autorités publiques de laisser pourrir le quartier, pour faire fuir les habitants et préparer ainsi la rénovation urbaine. Cette rénovation aurait conduit au déplacement des populations marginalisées vers le nord-est de Paris, et à un déplacement du trafic de drogue de l’espace privé (squats) vers l’espace public dans le quartier. La présence de consommateurs de drogue dans la rue à ce moment-là avait fait l’objet d’une forte mobilisation policière. Wikipedia
Au début des années 1980 en France, sur fond de massification de l’usage d’héroïne, l’attention médiatique se focalise sur de nouveaux lieux de la drogue, qu’une lecture sensationnaliste et racoleuse portée par quelques journaux ou hebdomadaires dépeint comme des endroits sordides et dangereux tels que, à Paris, la « rue de la drogue » de Belleville, les passages de la rue du Faubourg-Montmartre ou encore le quartier de la Goutte-d’Or. Mais la plus emblématique des nouvelles scènes de l’héroïne de cette époque restera pendant longtemps un petit ensemble de bâtisses vétustes et de ruelles glauques tapies dans l’ombre de la gare de Lyon : l’îlot Chalon. Qualifié dans les médias de « cancer urbain de la drogue », comparé par Paris Match à Cholon, le quartier chinois de Saigon réputé pour son marché de l’opium et ses « ruelles lépreuses » désertées par la police1, nommé le « Lower East Side » parisien par Libération, cette cour des miracles contemporaine a frappé les consciences avec ses images de saleté, de violence et de mort : trafic et shoots collectifs au « brown sugar » en pleine rue, violences (on va jusqu’à parler d’une agression toutes les dix minutes) et prostitution se manifestent en plein jour dans les passages Brunoy, Gatbois ou encore Raguinot, tandis que les entrepôts abandonnés servent de refuges pour des centaines d’immigrés clandestins et de lieu de stockage de stupéfiants et que les vieux habitants du quartier, terrorisés et cloîtrés dans leurs appartements, doivent enjamber chaque jour les toxicomanes dans le hall de leur immeuble délabré. (…) Bien avant d’être désigné au début des années 1980 par les élus du 12e comme une « honte pour Paris et pour l’arrondissement », l’îlot Chalon était déjà considéré depuis le début du siècle comme un îlot d’insalubrité à rénover impérativement. (…) L’îlot Chalon était aussi un quartier d’immigration, nourri pendant plus d’un siècle par plusieurs vagues différentes : de « quartier italien » à la fin du XIXe siècle, l’îlot devint pendant l’entre-deux-guerres le premier « quartier chinois » de Paris, réputé pour ses salles de ma-jong et aussi quelques petites fumeries d’opium clandestines. Par la suite, des Maghrébins vinrent s’installer et prendre, comme les autres, la relève des petits commerces (épiceries, restaurants, cafés et dépôt d’artisanat destinés au commerce ambulant), qui animaient les rues de Chalon et Hector-Malot. Enfin, à la fin des années 1960, l’îlot Chalon commença à se métamorphoser en « quartier africain » avec une importante immigration de Sénégalais qui occupèrent des hôtels meublés et se spécialisèrent dans le colportage d’objets d’art et de pacotille. En 1982, à l’époque où se manifestent les problèmes de drogue, l’îlot Chalon est la zone de Paris où se concentre le plus d’étrangers : leur part est passée de 14,5% en 1958 (« Musulmans » d’Algérie compris) à 75,3% en 1982, pour une population de 5000 habitants (33,3% de Sénégalais, 13,1% d’Algériens, 7,3% de Tunisiens, 6% de Vietnamiens, 5,9% de Marocains, 5,1% de Chinois, 2,5% de Maliens, 2,5% de Yougoslaves, 1% d’Espagnols, et 2,3% d’autres nationalités). Mais aux premiers commerçants sénégalais qui se sont insérés sans mal dans les sociabilités et les activités commerciales semi-légales semi-clandestines du quartier, se sont ajoutés au cours de la décennie 1970 de nouveaux immigrés africains, ouvriers ou chômeurs, réguliers ou clandestins à la recherche d’un logement bon marché. L’opération de régularisation exceptionnelle  des sans-papiers effectuée par les socialistes au pouvoir en 1982 a permis de recenser officiellement 900 Africains, mais leur nombre est sans doute plus proche de 1500. L’îlot fut longtemps un quartier populaire, cosmopolite et pittoresque apprécié de ses habitants et même des Parisiens, sa dégradation sur le long terme (qui a pu donner naissance à l’économie informelle et lucrative de la drogue) est le fruit de la négligence de bon nombre d’acteurs. (…) au début des années 1980. Le petit trafic amateur de haschisch marocain ou de « libanais rouge » est peu à peu remplacé par la vente de drogue dure. Le sol des impasses et des ruelles commence petit à petit à être jonché de matériel d’injection : seringues, bouteilles d’eau et citrons. Les habitants commencent à se plaindre de la présence de groupes de jeunes s’injectant en pleine rue et préparant la seringue sur le capot des voitures, ainsi que de la pression des dealers qui se mettent à contrôler la circulation dans les halls d’immeuble. Au cours de l’année 1983, une part croissante des toxicomanes interpellés pour consommation ou trafic dans la capitale déclarent se fournir dans l’îlot : on rapporte que près de 20 000 personnes s’y approvisionneraient quotidiennement. Les toxicomanes sans le sou venus de l’extérieur rapportent en échange de leur dose le produit de leur larcin : autoradios volés ou butins de cambriolages. Sur place, l’insécurité grandit, car le développement du trafic de drogue s’accompagne d’une importante hausse de la violence, avec notamment l’apparition de squats sauvages avec intimidation, qui est le fait de bandes organisées. En avril 1982, un groupe de 150 Sénégalais tente de s’approprier par la force un hôtel meublé de la rue de Chalon. En juin, plusieurs immeubles vides ou occupés clandestinement du passage Raguinot sont investis par une bande qui fracture les portes, chasse quelques occupants puis autorise d’autres Sénégalais à occuper les lieux, moyennant des loyers exorbitants. En septembre, pareille scène passage Gatbois, sous les yeux effarés des habitants du quartier. Des groupes se spécialisent également dans le racket de commerçants. L’essor des groupes délinquants ou « mafieux » se fait malheureusement sur fond d’inertie de la police. A chaque coup de force d’une bande, les habitants appellent la police, mais le commissariat du 12e ou police secours n’interviennent que très rarement. Devant la multiplication des vols de voiture ou des agressions dans l’îlot, la police décourage le dépôt de plainte en rappelant à chaque victime que le quartier est ainsi et qu’il vaut mieux tout simplement l’éviter. L’îlot Chalon devient surnommé un « no flic’s land ». Les rumeurs « complotistes » ne tardent donc pas à circuler dans l’îlot. La passivité policière devant la délinquance et l’arrivée massive et soudaine de la drogue seraient le fruit d’une stratégie concertée entre les différentes autorités publiques pour laisser pourrir le quartier, faire fuir les habitants et préparer ainsi la rénovation urbaine. En effet, les habitants avaient rejeté, dans leur large majorité, l’ambitieux projet de rénovation-substitution de la Z.A.C. de 1980, qui prévoyait de nombreux relogements (réhabilitation de 150 logements existants, construction de 480 logements neufs, de 4000 m² de commerces et 15000 m² de bureaux, remodelage de toutes les voies d’accès) et allait naturellement expulser les habitants sans droits. (…) A la théorie trop sophistiquée du complot, il est toutefois préférable de substituer les coïncidences de calendrier et un effet de déversement venu de l’extérieur. Ces années-là, la police expulse en effet plusieurs squatters dans le 14e et dans le 19e, dont une opération très médiatisée au 173, rue de Flandres avec destruction immédiate par bulldozer de l’immeuble qui était occupé par 500 squatters, en grande partie antillais, et saisit d’importantes quantités de haschisch, héroïne et cocaïne. Les dealers délogés de ce qui était alors considéré comme la « plaque tournante de la drogue » de l’Est parisien sont venus logiquement vers l’îlot Chalon, où se trouvaient des lieux propices à leurs activités et surtout une main d’oeuvre prête à l’emploi : le colportage était en effet devenu une activité de moins en moins lucrative et toute une génération de jeunes marchands ambulants entre 18 et 25 ans se firent recruter facilement dans le cadre de ce nouveau marché. (…) Début 1984, la tension est extrême. Deux immeubles brûlent, rue de Chalon et passage Raguinot : on soupçonne des incendies criminels. Excédés, les habitants tentent de ramener l’ordre dans l’îlot par eux-mêmes. Les commerçants des rues de Chalon et Malot placardent sur leurs devantures des affiches représentant un toxicomane se piquant et refusent de servir drogués et dealers. L’hostilité monte entre les différentes communautés de l’îlot. Les Maghrébins s’en prennent aux Sénégalais, accusés d’être responsables de la déperdition du quartier, et attaquent également brutalement les toxicomanes pour agir sur la demande. Les bagarres sont fréquentes, avec barres de fer, chaînes ou coups-de-poing américains. Mais l’impulsion finale pour une intervention d’envergure viendra d’un autre endroit. Car pendant ce temps-là, au palais de justice, exaspérés par l’inefficacité de la police, une poignée de jeunes magistrats, encouragés par les procureurs de la République, Robert Bouchery et Michel Jéol, est bien décidée à faire bouger les choses. (…) Organisée en quelques jours, une grande « rafle anti-drogue » est montée. Le 14 février au matin, 500 C.R.S. et gendarmes mobiles, et 200 inspecteurs de la brigade des stupéfiants, dirigés par le commissaire Philippe Vénère, accompagnés de chiens renifleurs investissent l’îlot. Squats, hôtels et boutiques sont  systématiquement fouillés, des contrôles d’identité ont lieu jusque dans la gare de Lyon. Six cents personnes sont interpellées, 50 déférées immédiatement au Parquet et un kilo d’héroïne est saisi. Plusieurs dizaines d’immigrés en situation irrégulière sont expulsés et de nombreux petits dealers sont condamnés à des peines d’un à trois ans de prison.(…)  Les descentes, de moindre importance, se multiplient pendant trois mois, conduisant à plus de 1000 arrestations. Les rixes sont nombreuses : les rabatteurs postés aux coins de rues préviennent systématiquement les dealers de l’arrivée des cars de police secours, et les policiers sont accueillis par des bouteilles, des pots de peinture ou des bonbonnes de gaz lancés depuis les fenêtres. Ainsi, 17 policiers sont blessés durant la première quinzaine d’avril. Début mai, deux personnes sont tuées au cours d’affrontements, dont un jeune homme de 19 ans, Christophe Rivière, venu de Villeneuve-Saint-Georges pour acheter sa dose, pris à parti dans une bagarre entre commerçants et dealers, et blessé à la tête : il s’effondre en sang dans le hall du TGV de la gare de Lyon et son cadavre fait l’objet d’une photographie double-page de Paris Match dans son numéro du 25 mai. Mais les assauts répétés de la police finissent par tarir le marché sur le long terme. Des petits revendeurs, les mailles du filet se resserrent progressivement sur les grossistes. Des inspecteurs arrivés de Dakar secondent les policiers français et, début mai, l’interpellation d’une Mauritanienne porteuse de 150 doses d’un gramme d’héroïne fait frémir les grossistes, qui décident de délocaliser leurs activités7. A la mi-mai, une dernière descente de police ferme un dernier squat : arrêtés, expulsés ou partis d’eux-mêmes, les fauteurs de troubles quittent peu à peu l’îlot. Quelques jours plus tard, les bulldozers arrivent pour détruire les immeubles insalubres, desquels les habitants ont été indemnisés ou relogés par la municipalité, pour permettre ainsi la mise en oeuvre de la rénovation. Les événements de 1984 sont ressentis comme un immense traumatisme pour les habitants de l’îlot. La couverture médiatique dont le quartier fait alors l’objet imposa une lecture catastrophiste du problème de l’héroïnomanie. Mais les jugements sont aussi souvent teintés de xénophobie latente et d’amalgame entre dealers et population africaine. La presse insiste dans ses descriptions sur les rues devenues « terres sénégalaises » où l’on palabre en habits traditionnels. Paris Match va jusqu’à parler « d’Afrique frigorifiée et bruyante » ou de « verrue exotique » pour qualifier l’îlot, qui ressemblerait à Bobo-Dioulasso (qui, au passage, n’est pas au Sénégal mais au Burkina-Faso!). Le compositeur nationaliste Jean-Pax Méfret parle dans sa chanson « flash » de 1984 du dealer à la « main d’ébène de l’îlot Chalon ». (…) Une autre conséquence de la répression fut aussi le simple déplacement du problème. Selon certains, la destruction de l’îlot Chalon aurait poussé les populations marginalisées vers le Nord-Est parisien, et notamment vers la Goutte-d’Or… Alexandre Marchant

Look what they’ve done to my Chinatown, ma !

Alors que non contents d’avoir apporté au monde, avec la complicité franco-américaine, une énième « grippe espagnole »

Et sur fond de collusion avec les continuateurs de génocide par d’autres moyens de Moscou ou de Téhéran …

Les bouchers de Tien’anmen continuent, là-bas comme ici, à persécuter leur population …

Tout en préparant leur propre « ukrainisation » de la seule Chine démocratique de la planète  …

Avec la complicité passive, des incorrigibles Merkel et Stolz aux Michel et bientôt Macron et Meloni, de nos gouvernants toujours aussi aveugles qui continuent à défiler dans leurs palais …

Retour sur le triste éternel recommencement du premier quartier chinois de Paris …

Qui entre l’appétit insatiable de nos si cool bobos rouleurs de joints et sniffeurs de coke

Et la négligence et l’aveuglement toujours plus hors sol de nos divers dirigeants  …

Comme de la route de l’enfer toujours aussi pavée de bonnes intentions de nos nouveaux négriers d’humanitaires reconvertis dans le juteux trafic d’êtres humains sur les mers ou dans nos rues

Qui dénoncent sur fond de suppression du délit de séjour irrégulier, toute tentative du gouvernement de simplement faire appliquer la loi …

Pourrait bien retrouver, entre inaugurations de  sculptures et opérations de « relookage », sa funeste place non de Stalingrad bis mais bien de véritable Stalingrad 0 …

Histoire

L’îlot Chalon, le « ghetto » parisien de la drogue du début des années 1980
par Alexandre Marchant / Doctorant en histoire (ENS de Cachan)

SWAPS nº 68

Santé Réduction des Risques Usages de Drogues

Au début des années 1980 en France, sur fond de massification de l’usage d’héroïne, l’attention médiatique se focalise sur de nouveaux lieux de la drogue, qu’une lecture sensationnaliste et racoleuse portée par quelques journaux ou hebdomadaires dépeint comme des endroits sordides et dangereux tels que, à Paris, la « rue de la drogue » de Belleville, les passages de la rue du Faubourg-Montmartre ou encore le quartier de la Goutte-d’Or. Mais la plus emblématique des nouvelles scènes de l’héroïne de cette époque restera pendant longtemps un petit ensemble de bâtisses vétustes et de ruelles glauques tapies dans l’ombre de la gare de Lyon : l’îlot Chalon.

Qualifié dans les médias de « cancer urbain de la drogue », comparé par Paris Match à Cholon, le quartier chinois de Saigon réputé pour son marché de l’opium et ses « ruelles lépreuses » désertées par la police1, nommé le « Lower East Side » parisien par Libération2, cette cour des miracles contemporaine a frappé les consciences avec ses images de saleté, de violence et de mort : trafic et shoots collectifs au « brown sugar » en pleine rue, violences (on va jusqu’à parler d’une agression toutes les dix minutes) et prostitution se manifestent en plein jour dans les passages Brunoy, Gatbois ou encore Raguinot, tandis que les entrepôts abandonnés servent de refuges pour des centaines d’immigrés clandestins et de lieu de stockage de stupéfiants et que les vieux habitants du quartier, terrorisés et cloîtrés dans leurs appartements, doivent enjamber chaque jour les toxicomanes dans le hall de leur immeuble délabré. Retraçons ici l’histoire de ce ghetto qui défraya la chronique, notamment au début de l’année 1984.

Une friche urbaine, un quartier pauvre et pluriethnique

Bien avant d’être désigné au début des années 1980 par les élus du 12e comme une « honte pour Paris et pour l’arrondissement », l’îlot Chalon était déjà considéré depuis le début du siècle comme un îlot d’insalubrité à rénover impérativement. Comme son nom l’indique, ce bout de quartier de 9 hectares, né en 1847 avec la gare et aujourd’hui détruit, était enclavé entre les chemins de fer, l’avenue Daumesnil et les rues de Rambouillet et Chalon.

Contrastant avec les immeubles haussmanniens qui l’enserraient, l’îlot était constitué de vieux immeubles de cinq étages maximum, de hangars, d’ateliers et de locaux industriels hérités du XIXe siècle et désaffectés à l’image de l’ancienne usine des bois exotiques Duchiron, dans laquelle une descente de police, fin octobre 1983, mettra la main sur un important stock d’héroïne d’une valeur de 50 000 francs. En 1975, 66% des surfaces étaient considérées par la municipalité comme étant dans un état de grande dégradation, en raison de l’absence de rénovation depuis des décennies et du surpeuplement dont ces logements exigus (à seulement une ou deux pièces pour 80% d’entre eux, sans sanitaires intérieurs) faisaient l’objet.

L’îlot Chalon était aussi un quartier d’immigration, nourri pendant plus d’un siècle par plusieurs vagues différentes : de « quartier italien » à la fin du XIXe siècle, l’îlot devint pendant l’entre-deux-guerres le premier « quartier chinois » de Paris, réputé pour ses salles de ma-jong et aussi quelques petites fumeries d’opium clandestines. Par la suite, des Maghrébins vinrent s’installer et prendre, comme les autres, la relève des petits commerces (épiceries, restaurants, cafés et dépôt d’artisanat destinés au commerce ambulant), qui animaient les rues de Chalon et Hector-Malot. Enfin, à la fin des années 1960, l’îlot Chalon commença à se métamorphoser en « quartier africain » avec une importante immigration de Sénégalais qui occupèrent des hôtels meublés et se spécialisèrent dans le colportage d’objets d’art et de pacotille.

En 1982, à l’époque où se manifestent les problèmes de drogue, l’îlot Chalon est la zone de Paris où se concentre le plus d’étrangers : leur part est passée de 14,5% en 1958 (« Musulmans » d’Algérie compris) à 75,3% en 1982, pour une population de 5000 habitants (33,3% de Sénégalais, 13,1% d’Algériens, 7,3% de Tunisiens, 6% de Vietnamiens, 5,9% de Marocains, 5,1% de Chinois, 2,5% de Maliens, 2,5% de Yougoslaves, 1% d’Espagnols, et 2,3% d’autres nationalités). Mais aux premiers commerçants sénégalais qui se sont insérés sans mal dans les sociabilités et les activités commerciales semi-légales semi-clandestines du quartier, se sont ajoutés au cours de la décennie 1970 de nouveaux immigrés africains, ouvriers ou chômeurs, réguliers ou clandestins à la recherche d’un logement bon marché. L’opération de régularisation exceptionnelle  des sans-papiers effectuée par les socialistes au pouvoir en 1982 a permis de recenser officiellement 900 Africains, mais leur nombre est sans doute plus proche de 15003.

L’îlot fut longtemps un quartier populaire, cosmopolite et pittoresque apprécié de ses habitants et même des Parisiens, sa dégradation sur le long terme (qui a pu donner naissance à l’économie informelle et lucrative de la drogue) est le fruit de la négligence de bon nombre d’acteurs.

Au niveau des pouvoirs publics, aucun projet de réaménagement n’a abouti pendant près d’un siècle. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’îlot est pourtant décrété insalubre par la préfecture de la Seine. En 1927, la municipalité parvient à forcer les propriétaires à rénover chaussée et trottoirs, mais pas à installer des égouts : la puanteur nauséabonde des rues de l’îlot est un poncif des descriptions de la presse lorsqu’apparaît le « problème Chalon » plus d’un demi-siècle plus tard. En 1958, un nouveau projet de réaménagement voit le jour mais ne va pas à son terme. En 1976, dans le cadre des grandes opérations de restructuration de l’Est parisien, l’îlot est à nouveau ciblé comme priorité, mais la zone d’aménagement concerté (Z.A.C.) ne voit le jour qu’en 1980. A l’immobilisme des autorités municipales, devant la complexité des règles des opérations immobilières, s’ajoute la désinvolture de certains propriétaires : plusieurs immeubles appartiennent en effet à la SNCF qui y logeait son personnel cheminot avant de laisser les immeubles vétustes à l’abandon.

A la fin des années 1970, apparaissent les premiers squats dans ces bâtiments désaffectés que la SNCF s’obstine à déclarer « vides de tout habitant », fermant les yeux sur l’économie informelle des nouveaux immigrants sénégalais avec des marchands de sommeil logeant leurs compatriotes et récoltant sans aucun droit des loyers. D’autres bâtiments avaient été mis entre les mains de mauvais gérants par la compagnie ferroviaire : en 1979, un incendie accidentel au Royal Hôtel de la Boule d’Or, passage Raguinot, lié à la suroccupation des lieux, fait trois morts et vingt blessés, tous africains. Les gérants seront condamnés en 1983 à 16 mois de prison avec sursis pour défaut de sécurité.

Une invasion de la drogue « télécommandée » ?

La dégradation de la vie du quartier est patente au début des années 1980. Le petit trafic amateur de haschisch marocain ou de « libanais rouge » est peu à peu remplacé par la vente de drogue dure. Le sol des impasses et des ruelles commence petit à petit à être jonché de matériel d’injection : seringues, bouteilles d’eau et citrons. Les habitants commencent à se plaindre de la présence de groupes de jeunes s’injectant en pleine rue et préparant la seringue sur le capot des voitures, ainsi que de la pression des dealers qui se mettent à contrôler la circulation dans les halls d’immeuble. Au cours de l’année 1983, une part croissante des toxicomanes interpellés pour consommation ou trafic dans la capitale déclarent se fournir dans l’îlot : on rapporte que près de 20 000 personnes s’y approvisionneraient quotidiennement. Les toxicomanes sans le sou venus de l’extérieur rapportent en échange de leur dose le produit de leur larcin : autoradios volés ou butins de cambriolages. Sur place, l’insécurité grandit, car le développement du trafic de drogue s’accompagne d’une importante hausse de la violence, avec notamment l’apparition de squats sauvages avec intimidation, qui est le fait de bandes organisées.

En avril 1982, un groupe de 150 Sénégalais tente de s’approprier par la force un hôtel meublé de la rue de Chalon. En juin, plusieurs immeubles vides ou occupés clandestinement du passage Raguinot sont investis par une bande qui fracture les portes, chasse quelques occupants puis autorise d’autres Sénégalais à occuper les lieux, moyennant des loyers exorbitants. En septembre, pareille scène passage Gatbois, sous les yeux effarés des habitants du quartier.

Des groupes se spécialisent également dans le racket de commerçants. L’essor des groupes délinquants ou « mafieux » se fait malheureusement sur fond d’inertie de la police. A chaque coup de force d’une bande, les habitants appellent la police, mais le commissariat du 12e ou police secours n’interviennent que très rarement. Devant la multiplication des vols de voiture ou des agressions dans l’îlot, la police décourage le dépôt de plainte en rappelant à chaque victime que le quartier est ainsi et qu’il vaut mieux tout simplement l’éviter. L’îlot Chalon devient surnommé un « no flic’s land ».

Les rumeurs « complotistes » ne tardent donc pas à circuler dans l’îlot. La passivité policière devant la délinquance et l’arrivée massive et soudaine de la drogue seraient le fruit d’une stratégie concertée entre les différentes autorités publiques pour laisser pourrir le quartier, faire fuir les habitants et préparer ainsi la rénovation urbaine. En effet, les habitants avaient rejeté, dans leur large majorité, l’ambitieux projet de rénovation-substitution de la Z.A.C. de 1980, qui prévoyait de nombreux relogements (réhabilitation de 150 logements existants, construction de 480 logements neufs, de 4000 m² de commerces et 15000 m² de bureaux, remodelage de toutes les voies d’accès) et allait naturellement expulser les habitants sans droits. Un « comité de défense des habitants de l’îlot Chalon » s’était constitué alors et avait exigé que les habitants soient associés à un projet qui semblait être imposé d’en haut de façon arbitraire.

Or, c’est l’année même où est désigné l’aménageur de la Z.A.C. par le Conseil de Paris (la « SEMEA Chalon », société d’économie mixte avec capitaux provenant de la ville de Paris, de la SNCF et de quelques propriétaires privés), en 1982, que les premiers signes visibles de toxicomanie et de trafic se sont manifestés. Les témoignages recueillis par des sociologues ou des journalistes, en 1984, montrent ces lourds soupçons de la part des habitants : on pointe la responsabilité du maire de Paris, Jacques Chirac, ou du maire du 12e, Paul Pernin, qu’un habitant accuse d’avoir « amené par la main et installé les dealers dans l’îlot Chalon » ; un autre déclare à Libération que « les préfets, le maire, les gouvernements ont laissé monter la gangrène pour nous indemniser comme des miséreux le jour où ils se décideront enfin à raser le quartier »4.

A la théorie trop sophistiquée du complot, il est toutefois préférable de substituer les coïncidences de calendrier et un effet de déversement venu de l’extérieur. Ces années-là, la police expulse en effet plusieurs squatters dans le 14e et dans le 19e, dont une opération très médiatisée au 173, rue de Flandres avec destruction immédiate par bulldozer de l’immeuble qui était occupé par 500 squatters, en grande partie antillais, et saisit d’importantes quantités de haschisch, héroïne et cocaïne5. Les dealers délogés de ce qui était alors considéré comme la « plaque tournante de la drogue » de l’Est parisien sont venus logiquement vers l’îlot Chalon, où se trouvaient des lieux propices à leurs activités et surtout une main d’oeuvre prête à l’emploi : le colportage était en effet devenu une activité de moins en moins lucrative et toute une génération de jeunes marchands ambulants entre 18 et 25 ans se firent recruter facilement dans le cadre de ce nouveau marché.

Dans le courant de l’année 1983, le comité Chalon tente de rallier à sa cause l’attention médiatique et y parvient en partie6. Sans doute en écho à cette exposition publique, les descentes de policiers se font plus fréquentes dans l’îlot fin 1983, et visent en particulier les squats. En octobre, sept immeubles sont évacués en deux semaines, puis le quartier vit au rythme des « opérations coup-de-poing », à hauteur d’une par semaine, officiellement au nom de la lutte contre le trafic de drogue. Tandis que le comité Chalon déclare que plusieurs expulsions sont irrégulières, le problème n’est pas réglé pour autant et les habitants s’exaspèrent.

Les opérations anti-drogue de 1984 et la fin de l’îlot Chalon

Début 1984, la tension est extrême. Deux immeubles brûlent, rue de Chalon et passage Raguinot : on soupçonne des incendies criminels. Excédés, les habitants tentent de ramener l’ordre dans l’îlot par eux-mêmes. Les commerçants des rues de Chalon et Malot placardent sur leurs devantures des affiches représentant un toxicomane se piquant et refusent de servir drogués et dealers. L’hostilité monte entre les différentes communautés de l’îlot. Les Maghrébins s’en prennent aux Sénégalais, accusés d’être responsables de la déperdition du quartier, et attaquent également brutalement les toxicomanes pour agir sur la demande. Les bagarres sont fréquentes, avec barres de fer, chaînes ou coups-de-poing américains.

Mais l’impulsion finale pour une intervention d’envergure viendra d’un autre endroit. Car pendant ce temps-là, au palais de justice, exaspérés par l’inefficacité de la police, une poignée de jeunes magistrats, encouragés par les procureurs de la République, Robert Bouchery et Michel Jéol, est bien décidée à faire bouger les choses. Depuis le  début de l’année, ils arpentent incognito le terrain de l’îlot et décident de porter l’affaire au plus haut niveau.

Ayant obtenu un rendez-vous à l’Elysée avec deux proches collaborateurs du président Mitterrand, Jean Glavany, chef de cabinet, et Michel Charasse, conseiller technique, les jeunes juges décident d’emmener ces derniers début février faire un tour, incognito également, dans l’îlot. Accablés devant le spectacle hallucinant qui se joue sous leurs yeux, ils font soudain de la question de l’îlot Chalon une affaire d’Etat.

Organisée en quelques jours, une grande « rafle anti-drogue » est montée. Le 14 février au matin, 500 C.R.S. et gendarmes mobiles, et 200 inspecteurs de la brigade des stupéfiants, dirigés par le commissaire Philippe Vénère, accompagnés de chiens renifleurs investissent l’îlot. Squats, hôtels et boutiques sont  systématiquement fouillés, des contrôles d’identité ont lieu jusque dans la gare de Lyon. Six cents personnes sont interpellées, 50 déférées immédiatement au Parquet et un kilo d’héroïne est saisi. Plusieurs dizaines d’immigrés en situation irrégulière sont expulsés et de nombreux petits dealers sont condamnés à des peines d’un à trois ans de prison.

Mais le cauchemar ne prend pas fin pour autant immédiatement. Les descentes, de moindre importance, se multiplient pendant trois mois, conduisant à plus de 1000 arrestations. Les rixes sont nombreuses : les rabatteurs postés aux coins de rues préviennent systématiquement les dealers de l’arrivée des cars de police secours, et les policiers sont accueillis par des bouteilles, des pots de peinture ou des bonbonnes de gaz lancés depuis les fenêtres. Ainsi, 17 policiers sont blessés durant la première quinzaine d’avril. Début mai, deux personnes sont tuées au cours d’affrontements, dont un jeune homme de 19 ans, Christophe Rivière, venu de Villeneuve-Saint-Georges pour acheter sa dose, pris à parti dans une bagarre entre commerçants et dealers, et blessé à la tête : il s’effondre en sang dans le hall du TGV de la gare de Lyon et son cadavre fait l’objet d’une photographie double-page de Paris Match dans son numéro du 25 mai.

Mais les assauts répétés de la police finissent par tarir le marché sur le long terme. Des petits revendeurs, les mailles du filet se resserrent progressivement sur les grossistes. Des inspecteurs arrivés de Dakar secondent les policiers français et, début mai, l’interpellation d’une Mauritanienne porteuse de 150 doses d’un gramme d’héroïne fait frémir les grossistes, qui décident de délocaliser leurs activités7. A la mi-mai, une dernière descente de police ferme un dernier squat : arrêtés, expulsés ou partis d’eux-mêmes, les fauteurs de troubles quittent peu à peu l’îlot. Quelques jours plus tard, les bulldozers arrivent pour détruire les immeubles insalubres, desquels les habitants ont été indemnisés ou relogés par la municipalité, pour permettre ainsi la mise en oeuvre de la rénovation.

Les conséquences (néfastes) de la répression
Les événements de 1984 sont ressentis comme un immense traumatisme pour les habitants de l’îlot. La couverture médiatique dont le quartier fait alors l’objet imposa une lecture catastrophiste du problème de l’héroïnomanie8.

Mais les jugements sont aussi souvent teintés de xénophobie latente et d’amalgame entre dealers et population africaine. La presse insiste dans ses descriptions sur les rues devenues « terres sénégalaises » où l’on palabre en habits traditionnels. Paris Match va jusqu’à parler « d’Afrique frigorifiée et bruyante » ou de « verrue exotique » pour qualifier l’îlot, qui ressemblerait à Bobo-Dioulasso (qui, au passage, n’est pas au Sénégal mais au Burkina-Faso!). Le compositeur nationaliste Jean-Pax Méfret parle dans sa chanson « flash » de 1984 du dealer à la « main d’ébène de l’îlot Chalon ». Ces amalgames sont redoutés par nombre d’acteurs associatifs : le 14 avril 1984, Gustave Massiah, du collectif Cedetim (Centre d’études anti-impérialistes, devenu aujourd’hui Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale), publie dans Peuples noirs, peuples africains, une « lettre ouverte à François Mitterrand » condamnant la politique étrangère de la France en Afrique et le traitement domestique de l’immigration clandestine.

Massiah l’assimile aux 1000 arrestations qui ont alors eu lieu dans l’îlot de « ratissages ». Il dénonce les brutalités policières et les expulsions qui brisent les familles, introduisent une sorte de responsabilité collective (tous les habitants sont considérés comme suspects pour simplement vivre à proximité de trafiquants), légitiment les rapprochements entre drogue, immigrés et insalubrité et un certain racisme populaire dirigé contre les Noirs9.

Une autre conséquence de la répression fut aussi le simple déplacement du problème. Selon certains, la destruction de l’îlot Chalon aurait poussé les populations marginalisées vers le Nord-Est parisien, et notamment vers la Goutte-d’Or. Là-bas, des rumeurs au milieu de la décennie courent sur un présumé transfert d’activités des dealers et des proxénètes vers des zones plus sûres10. Les marchés ouverts de la rue s’y sont déplacés : ainsi vers 1985-1986, il n’était guère difficile de se procurer de l’héroïne auprès de vendeurs ghanéens aux alentours de la rue Ordener ou Stephenson11. De même, les marchés fermés de la drogue dans les squats ont perduré, se sont disséminés dans Paris et sont devenus plus difficiles à repérer, comme le montrent les techniques d’intervention de la police, évoquées dans un reportage-photo de 1987, La Tête à l’enfer : « Du côté de Pigalle, Barbès ou Bastille, […] un moyen très efficace consiste à observer les entrées d’immeuble où l’on voit sans cesse entrer et sortir du monde. Il y a de fortes chances que cette « circulation » provienne d’un point de vente. Il suffit alors de suivre l’un des toxicomanes et d’attendre qu’il entre dans un café pour l’aborder et discuter avec lui »12.

Pareil dispositif de squat fermé se retrouvera par la suite lorsque le crack fera son apparition. Les fumeries clandestines fonctionneront alors selon un modèle particulier, donné longtemps par celle de la rue Myrha, fermée par la police en 1992 : une quarantaine de toxicomanes y fumant en permanence le « caillou », un gardien à l’entrée de l’immeuble filtrant la clientèle, les clients acceptés traversant ensuite la cour pour rejoindre un appartement squatté13…

Ainsi, après une longue phase d’immobilisme et de dépérissement, les raids musclés de la police de 1984 et la rénovation brutale n’auront pas mis fin pour autant à l’univers des squats parisiens, devenus, dans ces années-là, les nouveaux marchés parisiens de la drogue…

1 Paris-Match, n°1819, semaine du 6 avril 1984. Reportage-photo « Passage pour l’Enfer », et n°1826, semaine du 25 mai 1984. Reportage-photo « Chalon, l’îlot sans retour »

2 Libération, 8 mai 1984

3 Dussolier C. L’îlot Chalon, histoire d’une rénovation : ses acteurs, ses enjeux, mémoire de maîtrise de géographie, Paris VII, 1982, publié en 1983 par le comité de défense des habitants de l’îlot Chalon

4 de Rudder V, Guillon M. Autochtones et immigrés en quartier populaire, d’Aligre à l’îlot Chalon, Paris, CIEMI-L’Harmattan, 1987, partie 2 : «De la ségrégation à l’exclusion, l’îlot Chalon », pp. 160-222

5 Archive INA : http://www.ina.fr/video/CAB8301114001/operationpoliciere-d-explusion-d-un-squat-du-19emearrondissement.fr.html. Seule une centaine de squatters présents au moment de l’opération sont appréhendés par la police

6 Entre autres, Le Monde, 5 et 29 janvier 1983, Le Parisien libéré, 3 et 19 janvier 1983, Libération, 29 juin 1983 ou encore Le Quotidien de Paris à plusieurs reprises

7 Martin-Chauffier G. «Des magistrats en jeans et baskets forcent le quartier interdit », in : Paris Match, n°1826

8 Bulart C, Yvorel JJ, Ingerflom CS. Consommation de drogue, représentations sociales et attitudes du pouvoir en France 1800-1988. Rapport final, Reims, association Accueil et centre de soins pour toxicomanes, 1993, chapitre 5 (1984-1988)

9 Peuples noirs, Peuples africains, n°40, 1984, pp.12-15. Texte disponible en ligne :
http://mongobeti.arts.uwa.edu.au/issues/pnpa40/pnpa40_02.html

10 Bacque MH. «En attendant la gentrification : discours et politique à la Goutte-d’Or, 1982-2000», in: Sociétés contemporaines, n°63, 2006; ou
Jean-Claude Toubon, Khelifa Messamah, Centralité immigrée, le quartier de la Goutted’Or, Paris, L’Harmattan, 1990, pp. 368-369

11 Entretien Jimmy Kempfer, octobre 2011

12 Collinot JF. Drogue : la tête à l’enfer, Paris, Cerf, 1989, p. 49

13 « Le crack se répand à Paris », in : Interdépendances, n°116, mai 1994, pp. 5-6

Voir aussi:

SNCF gares et connexions

29 septembre 2018

A l’occasion du centenaire de la guerre de 14/18, l’association Les amis de Wu Jianmin et la province de Shandong (Chine) ont fait don à SNCF Gares & Connexions d’une sculpture de l’artiste chinois Li Xiaochao. Elle sera inaugurée le 20 septembre 2018, sur le parvis de Paris-Gare de Lyon.

Cette œuvre commémore l’engagement des 140 000 travailleurs chinois venus aider la France durant la Première Guerre Mondiale, entre août 1916 et février 1918. Ces hommes devaient passer de nombreux mois en mer pour rejoindre Marseille, avant de prendre le train pour Paris-Gare de Lyon. Destinés à travailler en usine en Chine, ils aidèrent finalement les armées française et britannique à creuser les tranchées, réparer les armes ou à ramasser les corps des soldats tombés.

20 000 hommes périrent à la tâche ou succombèrent à des maladies. Après l’armistice du 11 novembre 1918, la plupart de ces hommes furent rapatriés, mais 3 000 d’entre eux choisirent de rester en France. Certains s’installèrent dans l’îlot Chalon, à proximité de Paris-Gare de Lyon et formèrent la première communauté chinoise de Paris.

« Aux Travailleurs Chinois pendant la Première Guerre Mondiale »,

S’intitulant « Aux Travailleurs Chinois pendant la Première Guerre Mondiale », la sculpture en bronze offerte à SNCF Gares & Connexions, mesure pas moins de 2,57 m de hauteur et 1.25 m de largeur. Elle représente un travailleur chinois à son arrivée à Paris-Gare de Lyon, après son voyage éprouvant entre la Chine et la France.

L’artiste Li Xiaochao, diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Beijing, est l’un des plus grands sculpteurs chinois, connu notamment pour sa représentation du monde paysan. Plusieurs villes françaises ont déjà eu l’honneur de recevoir l’une de ses œuvres. SNCF Gares & Connexions est fier de les rejoindre, afin de continuer à préserver la mémoire de ces 140 000 travailleurs chinois qui ont aidé la France.

La cérémonie aura lieu à 17 heures sur le parvis de Paris-Gare de Lyon, îlot Chalon, rue de Chalon (Paris 12e). Elle sera présidée par M. Xu Bo, président de l’Association Les Amis de Wu Jianmin et se tiendra en présence de l’artiste.

Voir également:

« On ne veut pas être le nouveau Stalingrad »: des riverains de la gare de Lyon dénoncent une montée de l’insécurité
Simon Azélie et Jean-Baptiste Graziani avec Florian Bouhot
BFM TV

15/06/2021

Depuis deux mois, les riverains de la place Henry Frenay assistent quasi quotidiennement à des scènes de bagarre et endurent des nuisances. Ils ont créé une association pour porter leur voix jusqu’à la maire d’arrondissement.

« La petite chance qu’on avait de vivre dans un quartier paisible, on ne l’a plus. » Marie et sa fille de 12 ans vivent au premier étage d’un immeuble situé sur la place Henri Frenay, dans le 12e arrondissement de Paris, près de la Gare de Lyon. Comme d’autres riverains, bien souvent le soir, elles assistent de leur fenêtre à des épisodes de bagarre ou de consommation d’alcool et de stupéfiants sur la voie publique.

« On voit les scènes de près. On entend les cris de près. Mes volets sont constamment fermés puisque j’ai reçu dans la vitre une bouteille de bière », témoigne Marie au micro de BFM Paris.

Ces nuisances, les riverains sont de plus en plus nombreux à les documenter et à partager les vidéos pour alerter sur la situation. »On a peur de sortir de chez nous »

« On a peur de sortir de chez nous, s’inquiète Sarah. On a peur pour nos enfants. On vit dans une atmosphère d’insécurité. » Elle observe parfois « des gens qui prennent du crack, des dealers en tout genre ». « On ne veut pas être le nouveau Stalingrad », poursuit-elle, en référence à ce quartier du 19e arrondissement, où se rassemblent des toxicomanes. Et Sarah de marteler: « On le refuse ».

Les premières nuisances coïncident avec le début des distributions alimentaires dans le quartier, voilà deux mois. Alors que des halls d’immeubles ont été dégradés, l’inquiétude grandit chez les riverains.

C’est pourquoi certains d’entre eux ont créé une association il y a une dizaine de jours. Elle réunit plus de 50 adhérents. Ses représentants ont pu rencontrer Emmanuelle Pierre-Marie, maire du 12e arrondissement, le 4 juin.

Une nouvelle rencontre avec la maire vendredi
« J’ai demandé au préfet de police un renfort le week-end et un point fixe jusqu’à ce que le calme revienne, a indiqué l’élue à notre micro. Nous avons aussi modifié l’emplacement de certaines sanisettes, relativement proches de certains logements, qui créent des nuisances d’insalubrité et de sécurité. »
Sur le même sujet101 interpellations depuis le début de l’année: le préfet de Paris défend l’action de la police à Stalingrad

Insuffisant pour satisfaire totalement les habitants du quartier de la place Henri Frenay. Ils appellent désormais à un renforcement de la vidéosurveillance, au déploiement d’un poste de police sur place et à la fin des distributions alimentaires. Une nouvelle rencontre avec la maire du 12e arrondissement est prévue ce vendredi.

Voir de même:

Avec ses annexes à Paris et dans toute l’Europe, le bras long de la police chinoise
La présence de plusieurs bureaux censés faciliter le travail des policiers chinois témoigne des pratiques extraterritoriales de Pékin. L’usage qui pourrait être fait de ces structures informelles inquiète.
Harold Thibault et Robin Richardot
Le Monde
01 novembre 2022

C’est une tour entre deux restaurants du quartier chinois, avenue de Choisy, dans le 13e arrondissement de Paris. L’immeuble résidentiel n’a rien de particulier, sauf à aller consulter le site Internet de la police de Fuzhou, une grande ville du sud-est de la Chine : l’adresse y est listée comme l’un des deux bureaux en France des forces policières locales, avec une autre dans une zone commerciale le long de l’autoroute A4 à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). Le communiqué de la police de Fuzhou de janvier vante l’ouverture de trente « postes de service 110 à l’étranger », référence au numéro chinois de police secours.

Une organisation de lutte contre les violations des droits humains, Safeguard Defenders, a repéré en septembre l’existence de ces bureaux informels en Europe, et notamment en France, qui sinon auraient pu passer inaperçus. L’identification de deux postes à Rotterdam et Amsterdam a depuis fait grand bruit. La police néerlandaise a ouvert une enquête, suivie par celles du Canada, du Portugal et d’Allemagne, tandis que les autorités irlandaises ont ordonné la fermeture d’un bureau à Dublin.

Contacté par Le Monde, le ministère de l’intérieur français n’a pas souhaité « entrer dans le détail de ce dont les services spécialisés assurent le suivi ». Il a simplement précisé : « la DGSI [direction générale de la sécurité intérieure] déploie des moyens très importants (et croissants) pour assurer le suivi de l’action des services ou des structures étatiques étrangères susceptibles de venir heurter notre propre souveraineté. A chaque fois qu’une initiative susceptible d’être en contradiction avec nos lois est détectée, le ministre a donné comme instruction qu’elle donne lieu à réaction immédiate. Nous ne tolérerons pas que de telles pratiques aient lieu sur le territoire national ».

Recherche des fugitifs

Outre l’absence d’enregistrement comme représentation consulaire, c’est l’usage que les autorités chinoises pourraient faire de ces annexes qui inquiète. Car Pékin s’est targué ces dernières années d’être parvenu à contraindre de nombreux anciens officiels ou hommes d’affaires en fuite à l’étranger à rentrer au pays et a également fait pression sur des communautés sensibles, notamment les Ouïgours en exil, sommés, par le biais de proches sous la menace policière dans la région du Xinjiang, de ne plus se rendre à des manifestations en Europe.

A Paris, l’annexe de la police s’est adossée à une organisation préexistante, l’Association de Fuzhou en France, localisée dans la tour. « Nous n’assurons pas de missions de police, c’est un malentendu », se défend un responsable de cette association. Il dit vivre en France depuis plus de vingt ans et avoir la citoyenneté française. « C’est juste au cas où, par exemple, un Chinois n’aurait pas pu rentrer en Chine faire renouveler son permis de conduire du fait du Covid : on peut organiser le rendez-vous téléphonique. On ne fait qu’aider en mettant en contact », assure-t-il.

L’expérience des postes à l’étranger déployés par la police d’un autre district, Qingtian, près de la ville de Wenzhou, dont est originaire une partie de la communauté chinoise en France, suggère toutefois d’autres usages. Qingtian aurait elle aussi lancé ses « centres de service » à Paris – l’adresse n’est pas précisée, cette fois – et dans vingt autres villes du monde. En 2019, un article du journal de la police chinoise, le Quotidien populaire de la sécurité publique, expliquait qu’outre des missions telles que l’aide au renouvellement de passeports, ces bureaux servent à « recueillir le sentiment des Chinois de l’étranger et des opinions publiques et à pousser la politique de l’information ».

Il détaillait également leur rôle dans la recherche par Pékin de ses fugitifs dans le cadre de la campagne de traque hors des frontières nommée « Chasse au renard », et citait l’exemple d’un M. Xia, accusé de vol et parti pour la Serbie. Après « être entrée en contact avec Xia via le centre de service » de Belgrade, lit-on, la police de Qingtian a « travaillé conjointement avec l’équipe du centre de service pour parvenir par communication audio et vidéo (…) à le persuader de rentrer ». Dans un autre exemple, en 2020, un suspect recherché dans une affaire de pollution environnementale a été convaincu de se rendre grâce aux « efforts communs » du procureur de Qingtian et de l’association des personnes originaires de Qingtian en Espagne, raconte le journal.

« Cela nourrit une peur »

L’appareil sécuritaire chinois tisse ainsi sa toile à l’étranger. « Les autorités s’appuient sur des réseaux existants de la diaspora. Cela permet de récolter de l’information sur les individus et leurs familles pour faire pression si besoin. Cela nourrit une peur, c’est une manière de montrer que citoyen chinois à l’étranger ou citoyen étranger d’origine chinoise, on ne peut jamais échapper au contrôle de la mère patrie », affirme Chen Jing-jie, un chercheur de Safeguard Defenders.

Pour le sénateur des Hauts-de-Seine André Gattolin, vice-président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, ces antennes s’inscrivent dans une surveillance de la diaspora, mais aussi des opposants et des chercheurs en géopolitique travaillant sur l’Asie. « Ils présentent cela comme des antennes d’aide administrative pour les Chinois en France, mais il y a des consulats pour cela. Et si les consulats ne suffisent pas et qu’ils ont besoin de plus de points administratifs, eh bien qu’ils fassent une demande réglementaire et officielle », dit-il.

En France, ces annexes ne se limitent pas à la police. En janvier 2018, un article du quotidien chinois Global Times présentait fièrement le travail du « point de médiation » à Paris de la cour de justice de Ouhai, un district de la ville de Wenzhou, lancé en octobre 2015, quelques mois avant un point de contact de la police de la même cité, en mai 2016, en s’appuyant sur des membres de l’Association des Chinois résidant en France. Il y est explicitement question de « travail judiciaire transfrontalier àdistance ».

« Du fait des barrières comme la transnationalité, il est difficile dans les affaires impliquant les Chinois de l’étranger de produire des preuves pour les parties et la cour, difficile de remettre des documents légaux, et difficile d’exécuter les jugements », et, face à ce constat, poursuit l’article, le point de contact « crée un réseau complet de services pratiques judiciaires en lien avec la Chine ».

L’effort de Pékin pour resserrer les liens se fait sentir au sein de la communauté d’origine chinoise en France. Un membre d’association de la diaspora à Paris explique avoir été récemment contacté par un agent du département politique et légal, le service qui chapeaute la sécurité intérieure chinoise, de la région d’origine de sa famille.

« Il me demandait si l’on pouvait tisser des liens d’amitié, pour faire remonter de l’information », raconte cet individu. Il sait que ce genre de connexion peut aider les proches au pays, que les autorités pourraient intercéder en leur faveur sur des petits tracas du quotidien en Chine, mais aussi qu’il faudrait le jour venu rendre la pareille. Poliment, il a décliné.

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En 1989, la révolte initiée par les étudiants est réprimée dans le sang. Chronologie des événements qui ont mené au massacre.
François-Guillaume Lorrain
Le Point
01/12/2022
Cinquante jours : c’est la durée des manifestations des étudiants chinois sur la place Tian’anmen. Ce fut aussi la durée de leur rêve comme du rêve de l’Occident de voir une Chine, ouverte aux réformes économiques depuis dix ans, prendre le chemin d’une démocratisation politique. Le point de départ est la mort, le 15 avril 1989, de l’ex-secrétaire du Parti, Hu Yaobang. Nommé en 1980, celui qui avait orchestré le procès des responsables de la Révolution culturelle incarnait le dialogue depuis qu’il avait toléré l’agitation étudiante à l’hiver 1986. Une souplesse qui lui a coûté son poste en janvier 1987, le vieux Deng Xiaoping encore aux commandes (même privé de poste officiel) lui ayant indiqué la voie de l’autocritique.
Le décès de ce héros inquiète et provoque l’afflux de centaines d’étudiants venus lui rendre hommage en déposant des roses blanches sur la place au pied du monument des martyrs du 4 Mai 1919. Le mouvement enfle jusqu’au 22 avril, date des funérailles, où ils sont près de 100 000, toujours sur la place, à exiger une « réhabilitation » de Hu et une « réforme politique ». Si les étudiants semblent le fer de lance dans la capitale, en province, les ouvriers, les entrepreneurs, de manière séparée, lancent des actions de protestation qui seront réprimées plus tôt. Dans 1989 (Perrin), Pierre Grosser estime à 100 millions le nombre de Chinois qui participèrent de près ou de loin à la critique. On réclame plus de liberté, on réagit aussi aux désordres nés des réformes économiques : inflation, corruption, criminalité…
« People power ». Face à cette vague, le pouvoir est divisé. Le remplaçant de Hu Yaobang, Zhao Ziyang, est partisan du dialogue. Le Premier ministre, Li Peng, prône la répression. Deng accepte que Li Peng fasse publier, le 27 avril, un éditorial dans Le Quotidien du Peuple qui traite les manifestants de « contre-révolutionnaires ». On a profité de l’absence de Zhao, en voyage en Corée du Nord, pour lancer ce premier avertissement qui incite les étudiants à rentrer chez eux. Ceux-ci sont ulcérés : ils ne veulent pas renverser le régime, ils exigent seulement un peu plus de pouvoir. À son retour, Zhao poursuit sa politique de dialogue, qui ne porte guère ses fruits. Les manifestants ont en tête la date du 4 mai : ce jour-là, ils fêtent bruyamment les 80 ans de la manifestation d’étudiants qui, sur cette même place, avaient défié en 1919 le vieux monde et l’Occident. L’acte de renaissance de la Chine moderne.
Le contexte international a eu son influence. En cette fin des années 1980, l’Asie connaît un regain de « people power ». Aux Philippines, le dictateur Marcos, lâché par son allié américain, a été balayé en 1986. À Taïwan, le fils de Tchang Kaï-chek a esquissé une libéralisation. Même cas de figure en Corée du Sud, où une nouvelle Constitution a été votée en 1987, et en Birmanie, où le régime militaire a été secoué en 1988 par le mouvement « des quatre 8 » (pour le 8 août 1988) et le retour d’Aung San Suu Kyi. Pékin ne peut voir que d’un mauvais œil tous ces soubresauts alors que s’annonce la visite, pour le 15 mai, d’un hôte aussi prestigieux qu’embarrassant : le dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev. Du côté américain, on s’est inquiété de cette visite qui laisse planer la menace d’une nouvelle alliance sino-soviétique. On se méfie du pouvoir de séduction sur l’Asie de Gorbatchev, qui agit déjà en Europe. George Bush père, ancien ambassadeur en Chine, s’est rendu à Pékin pour y rassurer aussi les dirigeants : de leur côté, pas question d’un dialogue exclusif entre l’URSS et les États-Unis, même si, clairement, la Chine n’est plus la priorité des Américains comme elle le fut dans les années 1970, sous Nixon.
L’arrivée de « Gorbi » le réformateur donne une idée aux étudiants de la place : une grève de la faim, menée par 2 000 d’entre eux. Des tentes sont dressées le 13 mai. Sur des pancartes, on peut lire cette comparaison assassine sur l’âge des dirigeants : « Gorbatchev, 58, Deng Xiaoping, 85 ». Sur le papier, l’URSS est en position de faiblesse. Elle annonce, après le retrait de ses troupes en Afghanistan, celui de ses soldats sur la frontière sino-soviétique, ainsi qu’en Mongolie-Extérieure. Mais, après la mort de Hu, Gorbatchev, qui jouera, avec des résultats différents, le même rôle le 6 octobre lors de sa visite en RDA, devient la nouvelle icône embarrassante pour Deng, qui se montre d’une grande froideur à son égard. Il est un visiteur d’autant plus encombrant qu’il est suivi par des centaines de journalistes étrangers qui braquent soudain leurs projecteurs sur la place, aisée à couvrir. Installée au Beijing Hotel, qui a vue sur les lieux, CNN filme en permanence, inaugurant, deux ans avant la guerre du Golfe, une « Histoire en direct ».
Durcissement. Dès la fin avril, les premières troupes se sont positionnées autour de Pékin tandis que les bâtiments publics sont protégés dans tout le pays. Le 17 mai, Li Peng persuade Deng que Zhao Ziyang n’est pas l’homme de la situation. Celui-ci accepte de se démettre de ses fonctions mais, avant son retrait, il se rend le 19 mai sur la place pour discuter avec les étudiants. Le lendemain, la loi martiale est proclamée. Le 22 mai, Zhao est remplacé par Jiang Zemin, modernisateur qui a su gérer en douceur les manifestations à Shanghai, où il dirige le Parti. Mais la rhétorique se durcit quand, à la fin du mois de mai, les étudiants fabriquent une statue en polystyrène inspirée de la statue de la Liberté. Aucun doute : des meneurs capitalistes étrangers se sont infiltrés dans les rangs des « terroristes contre-révolutionnaires ».
Des manifestants venus de Hongkong avec des tentes confirment cette impression. C’est le 2 juin que Deng, soutenu par le président de la République, Yang Shangkun, décide de recourir à la force, même s’il donne la consigne d’éviter un bain de sang. Les chars du propre fils de Shangkun, commandant du 27e corps, venus de Mongolie, entrent dans la ville et sur la place aux abords de laquelle, selon Chai Ling, que la presse étrangère avait baptisée « la pasionaria de Tian’anmen », l’armée a déposé des mitraillettes et des munitions afin que les étudiants s’en emparent et enclenchent le cycle de la répression.
L’évacuation est lancée le 3 juin au soir. Des tanks écrasent les tentes. Certains blindés sont immobilisés par des barricades, puis brûlés. Il y aurait eu 24 morts et 7 000 blessés parmi les soldats, qui n’ont reçu aucune formation antiémeute. La journée la plus violente sera celle du lendemain, le 4 juin, jour où, symboliquement, se tiennent en Pologne les premières élections semi-libres. Du côté des manifestants, le bilan aurait dépassé les 1 000 morts, tandis qu’il atteint près de 10 000 dans le reste du pays. Le 5 juin, le « Tank man », l’homme seul face à une colonne de chars, est filmé et photographié depuis le Beijing Hotel. Sur l’avenue bien mal nommée de la Longue-Paix, un premier char essaie de passer sur sa droite, zigzague, se recentre, tente à nouveau puis s’arrête, stoppé par ce simple inconnu, des sacs de course à la main, qui escalade le véhicule pour un impossible dialogue avec les conducteurs. Deux ou trois minutes qui vont entrer dans l’Histoire.
« S’appelait-il Wang Weilin, fils d’ouvrier, âgé de 19 ans, comme le suggèrent les fiches d’Amnesty international ? Était-il ouvrier, étudiant, simple passant ? A-t-il été arrêté, emprisonné, condamné à des travaux forcés ? Ou bien exécuté, comme l’affirment de vilaines rumeurs ? » s’interroge Annick Cojean dans Retour sur images (Grasset). On l’ignore encore. « Qu’importe le nom derrière la silhouette, répond Chai Ling. Qu’importe son âge, son sexe, cette photo nous représente tous, avec nos mains nues, notre sincérité, notre résolution et notre pacifisme. » Le « Tank Man » supplante Deng, nommé encore « homme de l’année » par Time Magazine en 1985.
Leçons. Plus encore que l’événement lui-même, ce sont les leçons tirées qui importent. Le 26 mai, Jean-François Revel écrivait dans Le Point :« Nous ne disposons d’aucun précédent qui aide à comprendre les systèmes totalitaires communistes. Et encore moins à comprendre leur succession. » Gorbatchev en déduit, pour l’Europe de l’Est, qu’il faut ajouter une évolution politique aux réformes économiques, insuffisantes. Les dirigeants des démocraties populaires comprennent qu’il faut privilégier le dialogue et la transition pacifique, analyse Pierre Grosser dans L’histoire du monde se fait en Asie (Odile Jacob). Même diagnostic chez les opposants, qui craignent tous, en Pologne, en Hongrie ou en RDA, un Tian’anmen local.
Bush et les États-Unis sont convaincus qu’il faut se concentrer sur l’Europe, en y allant en douceur : « Le seul mot que Bush écrit sur ses notes pour ses entretiens avec les leaders étrangers est Tian’anmen. » La porte entrouverte s’est refermée, la Chine redevient à jamais orientale. Outre les déclarations condamnant un « régime qui tire sur sa jeunesse » (Mitterrand), des sanctions sont prises : gel des financements de la Banque mondiale et embargo sur les armes. Déjà attaquée sur les droits de l’homme à la fin des années 1980, suite à sa politique au Tibet, la Chine voit le dalaï-lama, très actif sur la scène internationale, récompensé du prix Nobel de la paix en octobre. Mais ces sanctions ne résisteront pas à la politique d’ouverture économique relancée en 1992.
De l’évolution ultérieure des démocraties populaires, Deng conclut, à l’inverse, que la voie choisie, celle de la répression, a été la bonne. Il inaugure un programme d’éducation patriotique et nationaliste, dénonce un capitalisme agressif qui tente de miner son régime par des valeurs subversives. En 1990, Pékin commémore les 90 ans de la guerre des Boxers et les 40 ans de la guerre de Corée. Après Tian’anmen, la Chine, à la fois repliée sur elle-même et combative, entre, et le monde avec elle, dans une nouvelle ère qui dure encore. Où la « succession » du régime communiste chinois est encore en suspens.
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L’ex-chancelière allemande réfute une nouvelle fois une forme de complaisance envers la Russie et défend les accords de Minsk en 2014-2015 qui auraient donné du temps à l’Ukraine pour se préparer face à Moscou.
Thomas Wieder (Berlin, correspondant)
Le Monde
28 novembre 2022
Toujours pas de mea culpa. Cinq mois après avoir affirmé qu’elle n’avait « pas d’excuses » à présenter pour sa politique vis-à-vis de la Russie, Angela Merkel persiste et signe. Dans un long portrait paru dans le Spiegel, samedi 26 novembre, l’ex-chancelière allemande répond une nouvelle fois à ceux qui l’accusent d’avoir été trop conciliante avec Moscou, au risque de mettre en péril la sécurité de l’Ukraine.
A ses yeux, le reproche est infondé. Revenant sur sa dernière visite au Kremlin, en août 2021, Mme Merkel assure qu’à cette date elle ne pouvait plus faire grand-chose pour peser sur le cours des événements. A un mois des élections législatives allemandes et à trois mois de son départ de la chancellerie, elle était « politiquement finie ». Or « pour Poutine, explique-t-elle, il n’y a que le pouvoir qui compte ». Détail révélateur, selon elle : lors de cet ultime déplacement à Moscou, le président russe était flanqué de son ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Une façon de lui signifier que le temps où elle avait droit à un tête-à-tête avec lui était révolu et qu’elle n’était plus l’interlocutrice privilégiée qu’elle avait été les quinze années précédentes.
Pour Mme Merkel, le problème ne relève donc pas d’une absence de volonté de sa part mais d’une forme d’impuissance. A la fin de son quatrième mandat, elle n’était plus en mesure, assure-t-elle, de convaincre Vladimir Poutine de participer au sommet européen qu’elle souhaitait organiser avec le président français Emmanuel Macron, à l’été 2021.
Refus de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN
Dans son entretien au Spiegel, l’ancienne chancelière allemande revient également sur son refus d’ouvrir la voie à une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, en 2008, lors du sommet de Bucarest. Après l’attaque de Kiev par la Russie, en février, l’ancien secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a estimé que ce refus de l’Allemagne était une « erreur historique ». Pour Mme Merkel, l’entrée de l’Ukraine dans l’Alliance atlantique aurait constitué une provocation dangereuse pour la Russie. Et la décision aurait été difficile à faire accepter aux Allemands.
A ceux qui lui reprochent d’avoir, par ce refus, laissé libre cours aux velléités bellicistes de Vladimir Poutine, l’ancienne chancelière répond qu’ils ont tort. Après l’annexion de la Crimée puis le début de la guerre au Donbass, en 2014, « nous avons tout fait pour empêcher de nouvelles agressions russes contre l’Ukraine, en particulier grâce aux sanctions que nous avons imposées », assure-t-elle. Rétrospectivement, elle estime que ces sanctions, conjuguées avec les accords de Minsk, négociés en 2014 et 2015, « ont permis à l’Ukraine de se donner du temps pour se préparer à faire face à une agression russe dans de meilleures conditions ».
En évoquant ce point, l’auteur de l’article du Spiegel raconte que l’ancienne chancelière a récemment regardé sur Netflix le film Munich. The Edge of War, consacré à la montée des périls à la fin des années 1930. Et qu’un des personnages a particulièrement attiré son attention : celui de Neville Chamberlain, incarné par Jeremy Irons, resté dans l’histoire comme l’homme de « l’apaisement » ; l’ancien premier ministre britannique qui, au côté du président du conseil français Edouard Daladier, négocia avec Hitler les accords de Munich, en 1938, permettant à celui-ci d’annexer les Sudètes et évitant, pour quelques mois, le déclenchement de la guerre en Europe.
« Une balle dans le pied »
« Angela Merkel a été intéressée par le fait que Chamberlain y est montré avec un nouveau regard. Non comme quelqu’un ayant peur de Hitler, mais comme un stratège qui a donné à son pays le temps de se préparer à l’attaque allemande », explique le journaliste du Spiegel.
L’article n’affirme pas que l’ex-chancelière allemande s’identifie à l’ancien premier ministre britannique. Mais le fait qu’elle semble le réhabiliter, refusant de voir en lui le lâche défenseur d’une politique d’« apaisement » ayant conduit l’Europe à l’abîme, n’est pas passé inaperçu.
Sur Twitter, l’historien allemand Ilka-Sascha Kowalczuk n’a pas caché son étonnement à la lecture de cette référence aux accords de Munich, qu’il juge plus que malvenue, pour ne pas dire incompréhensible, compte tenu de sa place dans la mémoire collective. Selon lui, l’ancienne chancelière « fait ce qu’aucun dirigeant politique ne devrait faire après avoir quitté le pouvoir : défendre sans aucun recul critique ce qu’il a fait pendant son mandat. Cela fait de la peine de voir à quel point elle se tire elle-même une balle dans le pied », estime l’historien.
Voir encore:
Ian Easton, un chercheur américain du Project 2049 Institute, a analysé des documents internes de l’Armée populaire de libération (APL) détaillant les opérations préparées.
Nathalie Guibert
Le Monde
26 novembre 2022
Un plan obsède l’Armée populaire de libération (APL) en Chine, sur lequel elle s’entraîne quotidiennement : « La campagne interarmées d’attaque de l’île », destinée à prendre Taïwan. Ce plan « hautement centralisé est mis à jour régulièrement », laissant penser que l’invasion envisagée par le Parti communiste chinois (PCC) est « inévitable », affirme Ian Easton. Cet expert américain du Project 2049 Institute, en Virginie, a analysé des centaines de documents internes de l’APL et partagé leur contenu dans un livre, The Chinese Invasion Threat : Taiwan’s Defense and American Strategy in Asia (« la menace d’invasion chinoise : la défense de Taïwan et la stratégie américaine en Asie », Eastbridge Books, 2019, non traduit).
Entre 1949 et 1950, Mao Zedong avait demandé à ses généraux de se préparer au pire, à savoir une intervention militaire américaine auprès de Taïwan. Aujourd’hui, Pékin s’attend à ce que les « ennemis séparatistes » taïwanais lui opposent une résistance redoutable. « Les officiers de l’APL sont prévenus que seule une campagne militaire massive et magistrale leur permettra de prendre Taïwan. L’opération sera extrêmement difficile. Un combat prolongé et sanglant est attendu », souligne Ian Easton. Dans la presse de la médecine militaire chinoise, on lit : « Les unités vont être exposées à d’horribles scènes de carnage, de bombardements assourdissants et de combats féroces. »
Un plan minuté
L’APL prévoit d’engager entre 300 000 et 1 million de soldats. Le plan comprend trois grandes phases s’étendant sur deux semaines, tout au plus, avant la prise de Taipei.
La phase 1 – blocus et bombardements – sera précédée de cyberattaques ciblant l’Internet et les communications gouvernementales taïwanaises. Des unités de guerre électronique, basées en Chine, s’attaqueront aux satellites américains positionnés au-dessus du Pacifique. Le blocus sera total : naval, aérien, spatial. Et les missiles de la Force des fusées, l’une des cinq branches de l’APL, devront d’emblée obtenir ce que Moscou a raté en Ukraine : la maîtrise du ciel.
L’APL prévoit des « frappes initiales », suivies de « frappes sur les points clés » (ministères, quartiers généraux militaires, réseaux électriques etc.), de « frappes continues » sur l’ensemble du territoire et de « frappes finales » censées annihiler la capacité de combattre des Taïwanais. Toutes les infrastructures devront être détruites, même les aéroports, « pour terroriser l’île jusqu’à la soumission ». Cette première phase doit être réalisée très vite pour ne pas laisser le temps aux Etats-Unis et à d’autres pays d’entrer en guerre.
La phase 2 – débarquement de forces amphibies – débutera, toujours selon ce plan, par les petites îles de Kinmen et Matsu, très proches de la côte chinoise, avant de prendre l’archipel des Penghu. Dans ces bastions taïwanais, Pékin risque d’épuiser ses ressources amphibies, ce qui différerait l’invasion principale. Mais ne pas les occuper ferait planer une menace mortelle sur les bases chinoises continentales, situées à portée de missiles… Les combats, que l’APL privilégie de nuit ou par mauvais temps, seront sans pitié. « Traquez, tuez, explosez, enterrez, brûlez et enfumez-les jusqu’à la mort, nettoyez leurs nids ! », professe la doctrine.
La manœuvre d’invasion de Taïwan elle-même mobilisera quatre types de navires : démineurs, canonnières, bateaux civils armés des milices, petites embarcations pour nettoyer les plages. Elle visera des zones dont la prise devra durer entre une et quatre heures. La cible principale sera Taoyuan, quatrième ville du pays, avec son aéroport international et ses raffineries de pétrole.
La phase 3 – généralisation du combat dans l’île – prévoit que « les forces terrestres opèrent en groupes dispersés, sous la protection de la défense aérienne ». Les troupes aéroportées, larguées par bataillons de cinq cents hommes, devront éviter d’opérer trop loin des plages du débarquement et du reste de l’armée.
Lacunes logistiques
Comme jadis leurs aînés aux ordres de Mao, les généraux de l’APL sont conscients de leurs faiblesses opérationnelles, notamment de lacunes logistiques dans le transport de centaines de milliers d’hommes à travers le détroit. Il sera en outre difficile pour le commandement de la région Est de se mettre en ordre de bataille sans que Taipei en soit alerté.
Vu de Pékin, « le réseau d’alerte de Taïwan réduit la probabilité d’un effet de surprise », écrit Ian Easton. Pis, selon le chercheur, « les officiers chinois ne pensent pas avoir de renseignement adéquat sur Taïwan ».
Le climat et la géographie très montagneuse de l’île constituent des obstacles majeurs, avec un nombre très limité de plages où débarquer : il y en aurait quatorze. « Du point de vue des experts militaires chinois, il n’y a pas de bon endroit pour débarquer avec une force assez importante pour prendre rapidement le contrôle de Taipei. Quant au maillage de la défense souterraine, réputé très dense, il fait figure de forteresse », assure M. Easton. Depuis des décennies, les Chinois modélisent vents, vagues, courants, marées, pluies et brouillards de Taïwan. Il n’y aurait que deux périodes réalistes pour une invasion : de fin mars à fin avril, et de fin septembre à fin octobre.
Voir aussi:

200 jeunes migrants sans-abri installent leurs tentes devant le Conseil d’Etat

Accompagnés par plusieurs associations, ces migrants vivent depuis six mois dans un campement à Ivry-sur-Seine. Ils demandent à être pris en charge en tant que mineurs.

Les associations qui les accompagnent déplorent la zone grise dans laquelle se trouvent ces jeunes migrants, ni mineurs ni majeurs, ce qui complexifie leur prise en charge dans les structures d’hébergement d’urgence pendant les recours judiciaires souvent longs. « Les conditions de vie sur le camp (à Ivry-sur-Seine) ne sont pas dignes. Près de 470 jeunes doivent partager quatre toilettes, six robinets et seulement douze douches », a également dénoncé Euphrasie Kalolwa, responsable du plaidoyer chez MSF. Le 9 novembre, la préfecture du Val-de-Marne avait reçu une délégation d’élus et d’associatifs sur le sujet. Un « diagnostic sanitaire et social » est en cours avant une éventuelle mise à l’abri, avait répondu la préfecture.

Voir de même:

Ces quadras rouleurs de joints

Un boulot, une famille, ils ont une vie bien rangée. Et flirtent pourtant avec l’illégalité. Loin des images d’Epinal, rencontre avec ces adultes fumeurs de cannabis.

Christian Roudaut

Le Monde
18 janvier 2013

Sous le porche d’une tour, dans une petite cité de Saint-Ouen, les clients commencent à s’impatienter. Déjà une heure d’attente… Selon un habitué, c’est un car de CRS stationné dans une rue voisine qui rend les dealers plus frileux qu’à l’ordinaire. Malgré tout, personne ne veut repartir les poches vides. Certains ont visiblement profité de leur pause déjeuner pour venir se ravitailler dans le 9-3. Les lieux ne se prêtant guère à une enquête d’opinion, difficile d’établir un profil sociologique précis de l’aimable clientèle faisant le pied de grue pour une barrette de haschisch ou un sachet d’herbe.

Dans ce groupe d’une quinzaine de personnes (une seule femme), une bonne partie a dit adieu à l’adolescence depuis un bon nombre d’années. Le plus âgé de la cohorte semble même tutoyer la cinquantaine. Si la consommation de cannabis n’est qu’une affaire de jeunes (comme on pourrait le croire en suivant le débat sur la question), cet échantillon-là s’avère sacrément non représentatif de la population nationale des fumeurs de joints. Aucun signe extérieur de marginalité ou d’appartenance revendiquée à la contre-culture… Ces clients ressemblent furieusement à M. Tout-le-Monde.

« Qui veut de la beuh ? », « Qui veut du shit ? » Les jeunes dealers sont (enfin) sortis de l’ombre. Les billets de dix et vingt euros changent furtivement de mains. Alourdi de quelques grammes, chacun repart aussitôt vers la station de métro Mairie-de-Saint-Ouen. Ni vus ni connus, le quadra distingué à la sacoche en cuir comme l’ouvrier mal rasé en bleu de chauffe se noient dans la masse des voyageurs. Prochain train dans deux minutes. Métro-boulot-chichon… « Je fume un joint le soir quand je suis seul, en regardant un film par exemple. C’est une façon de faire retomber la pression. C’est un peu un prélude au sommeil », témoigne Hervé Martin*, père de quatre enfants. Durant une fête, cet instituteur de Normandie d’une quarantaine d’années peut certes se laisser aller à « une légère surconsommation ».

QUALITÉ DU PRODUIT

Mais les abus et la recherche de la défonce à tout prix sont à ranger au rayon des souvenirs de jeunesse : « On ne fume pas à 40 ans comme on fume à 18. A un certain âge, on sait mieux se contrôler. On ne cède pas à la pression du groupe. Quand j’étais jeune, je touchais à un interdit. Il y avait ce côté dangereux qui me faisait vibrer. Maintenant, je fume uniquement pour le plaisir. » Un plaisir qu’Hervé apprécie d’autant plus qu’il consomme sa propre production de cannabis, trois à quatre plants qu’il fait pousser sous une petite serre. « C’est comme manger les fruits ou les légumes de son jardin. »

Désormais très regardants sur la qualité du produit, les consommateurs adultes ne veulent plus inhaler les mille et une cochonneries avec lesquelles la résine de cannabis est souvent coupée. Certains quadras et quinquas optent pour le confort d’une livraison à domicile. Le cannabis circulant assez librement, il n’est pas trop difficile de trouver un ami prêt à jouer les intermédiaires. « Je n’irai jamais courir après un dealer. Ce ne sont pas des gens que j’ai envie de rencontrer. Je préfère encore ne pas fumer », affirme Françoise Messager, chef de projet dans l’événementiel en région Rhône-Alpes.<img src= »https://img.lemde.fr/2013/01/19/257/0/1024/512/664/0/75/0/ill_1818428_a4ae_201301191.0.1089544595cannabis_02_ori.jpg &raquo; alt= » »L’esprit cannabis n’est pas du tout le même que l’esprit cocaïne », estime Françoise. « 

Malgré sa consommation quotidienne d’une « herbe très légère », cette mère de deux enfants en bas âge nie toute « dépendance physique », elle reconnaît seulement « une dépendance au plaisir ». Sur son balcon face au mont Blanc, son « joint du soir » l’aide à évacuer le stress du quotidien et à relativiser les contrariétés de l’existence. Histoire de stimuler sa créativité, Françoise Messager s’autorise parfois une petite fumette au travail (en l’occurrence chez elle) devant son ordinateur : « Je me sens plus inventive et impose moins de barrières à mes idées. Ça m’ouvre de nouveaux horizons. Ce n’est jamais délirant. » Elle trouve également quelques vertus au cannabis dans le difficile exercice du « métier » de mère : « J’adore fumer avant de jouer avec mon fils de 4 ans. Ça me permet de retrouver ce côté décalé des enfants et d’entrer dans la poésie de leur univers. »

Cette quadragénaire volubile se considère pourtant comme une femme « extrêmement responsable ». Jamais, assure-t-elle, elle ne prendrait le volant sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants. Quant au risque de basculement dans les drogues dures, la fameuse théorie de « l’escalade », Françoise s’en croit totalement prémunie : « L’esprit cannabis n’est pas du tout le même que l’esprit cocaïne. Avec la coke, les gens sont plus dans la dépendance et la destruction. Il y a, en plus, un côté fêtard extrême, avec des dérapages qui me dérangent. On est très loin de ce type de comportements avec le cannabis. »

« UNE DÉVIANCE QUI DEVIENT LA NORME. »

Si la consommation de drogues douces chez les jeunes préoccupe beaucoup les hommes politiques, les médias et les universitaires, la pratique chez l’adulte dans la force de l’âge intéresse peu. Dans les études, il s’évapore même dans un trou noir statistique : « Si on veut isoler la population de plus de 35 ans, il n’y a rien », constate Michel Kokoreff, professeur de sociologie à l’université Paris-VIII et auteur du livre La drogue est-elle un problème ? (Payot, 2010). Ainsi, dans ses rapports, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies découpe les populations par tranches d’âge de 15-24 ans, de 15-35 ans ou de 15-64 ans ! Loin d’être un épiphénomène, la fumette des 35-50 ans mériterait pourtant que les statisticiens lui accordent une place à part entière.

Il est vrai que cette génération ne fait rien pour être remarquée. Fumer du cannabis n’est plus un acte de distinction : « La dimension politique a complètement disparu, analyse le sociologue Michel Kokoreff. C’est devenu un phénomène de masse qui ne permet plus de se différencier. L’usage social qui en est fait oscille entre le dopage et le confort : on se délasse, on déstresse. C’est presque une déviance qui devient la norme. » Même un commandant de police de l’ouest de la France reconnaît, en off, qu’il « n’emmerderait pas le monde » s’il reniflait des odeurs exotiques lors d’une soirée privée.

Très clairement, ces fumeurs de salon ne passionnent guère cet officier de la brigade des stups : « En France, il n’y a aucun consommateur en prison pour simple usage de cannabis. » En revanche, il s’inquiète plus de l’exemple donné à la jeunesse : « En se cachant de moins en moins, ces quadras et quinquas banalisent la consommation pour la génération suivante. Or pour les jeunes adultes, c’est beaucoup plus fréquent de se taper, comme ils disent, de dix à quinze pétards par jour. L’autre problème, c’est que les dealers de cocaïne et de cannabis sont souvent les mêmes. Et leur intérêt est de les faire passer à l’étape suivante. »C’est précisément cette responsabilité morale – « le mauvais exemple » – qui fait réfléchir les parents consommateurs, bien plus que la peur du gendarme et la peine très théorique d’un an de prison ferme et de 3 750 euros pour simple usage de stupéfiant.

« Je suis blanc, j’ai la quarantaine et la tenue du cadre correctement habillé, s’il y a un contrôle, je sais que ça ne tombera pas sur moi », estime Christophe Bartoli, qui confesse « aimer assez ce côté légèrement illégal ». Pas question pour autant de tenter le diable sur la route des vacances : « Je ne vais pas passer les frontières avec une barrette alors que j’ai ma femme et mes gamins dans la voiture. » Etre pris la main dans le pot de cornichons devant ses enfants, c’est la pire crainte de ces papas fumeurs constamment obligés, à la maison, de mettre « le matos » hors de portée des petites mains farfouilleuses.

« DANGEREUX D’OUVRIR LES VANNES »

« Il y a très peu de chose dans ma vie que je fais et que je n’aimerais pas voir mes enfants faire. Le cannabis en fait partie. Je ne veux pas leur mentir mais je ne peux pas leur dire la vérité. Je ne sais pas du tout quelle sera mon attitude quand ils seront ados. C’est pour moi une cause de stress. » Et de tension conjugale… « Ma femme ne comprend pas. Elle me dit : « Mais, bon sang, on a quarante balais, il est temps de passer à autre chose ! » Mais, cette page-là, je n’arrive pas à la tourner. J’ai 42 ans, deux enfants, un crédit, une vie d’adulte bien installé. C’est le dernier lien qui me rattache à ma jeunesse. » A l’inverse de la plupart des consommateurs du même âge, ce cadre d’une maison d’édition parisienne ne cherche pas à présenter son joint journalier comme un plaisir inoffensif (l’inusable « c’est comme boire un bon verre de vin »). Il avoue « un besoin psychologique » de fumer et donc « une forme d’addiction » au tétrahydrocannabinol (le THC, le principe actif du cannabis). La preuve, il lui arrive d’en rêver la nuit !

Auguste Blanchard, lui, n’a guère eu de difficultés à tourner la page. C’est à l’approche de la cinquantaine que ce journaliste a décidé de prendre sa retraite de consommateur (et d’auto-producteur) de cannabis. Le cap psychologique du demi-siècle ? Peut-être. L’arrivée de la progéniture à l’âge ingrat ? Plus sûrement. « Quand ton fils a 12-13 ans, tu te donnes bonne conscience en lui sortant ton petit discours sur le thème « le cannabis, c’est la même chose que l’alcool, sauf que ce n’est pas autorisé ». Jusqu’au jour où il a 16 ans et que tu sens une drôle d’odeur dans sa chambre, tu vois qu’il a les yeux rouges. Même si tu sais que tes enfants n’ont pas eu besoin de toi pour se mettre à fumer, tu es un peu gêné aux entournures. Tu ne peux pas vraiment leur dire : « Ne faites pas ce que moi je fais ! » Une fois ou deux, j’ai dû dire à mon aîné de fumer un peu moins. Mais, au final, tout est rentré dans l’ordre. »

Depuis, l’aîné d’Auguste Blanchard est resté un fumeur récréatif (et épisodique) menant « une vie équilibrée ». A l’occasion, le père tire quelques taffes sur le joint du fils, aujourd’hui âgé de 28 ans. Pour les deux, la scène aurait été inconcevable il y a une dizaine d’années : « Nous aurions été très gênés. Il y aurait eu un petit côté incestueux. La transgression ne peut pas être intergénérationnelle. » En tant que citoyen, le journaliste se dit « mollement » favorable à la dépénalisation du cannabis, tout comme Hervé, l’instituteur pour qui la course aux « faux criminels » est du temps perdu. Ils avancent des arguments bien connus : arc-boutée sur la loi du 31 décembre 1970, la France serait prisonnière d’une logique aussi répressive qu’inefficace. Plus de treize millions de nos compatriotes ont consommé du cannabis au moins une fois dans leur vie, selon le baromètre santé 2010 de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé. Quant aux jeunes Français, ils sont présentés comme les champions européens de la fumette.

Les consommateurs aux tempes grisonnantes se montrent toutefois plus circonspects concernant une légalisation (encore bien hypothétique) du cannabis. Auguste Blanchard se demande s’il ne serait pas « dangereux d’ouvrir les vannes ». Se fondant sur sa propre expérience, Christophe Bartoli se dit « totalement opposé » à la vente libre : « Je suis assez faible avec les drogues. Le fait que ça ne soit pas si facile d’en trouver est une très bonne chose dans mon cas. » A l’inverse, « persuadée de ne rien faire de mal » ni d’affecter sa santé, Françoise Messager verrait d’un bon oeil une légalisation des drogues douces sur le modèle néerlandais, avec ses coffee-shops et sa vente soigneusement encadrée. A ses yeux, la grande absence des fumeurs matures du débat public français ne serait d’ailleurs pas un oubli innocent mais plutôt une conspiration du silence : « Si on commence à parler de tous ces quadras qui consomment du cannabis sans être en marge de la société, avec de chouettes familles et des boulots sympas, alors il ne sera plus possible de présenter le cannabis comme un danger. »

* Les noms et prénoms des personnes citées ont été modifiés.

Voir enfin:

43 associations juridiques et humanitaires dénoncent la circulaire du ministère de l’Intérieur sur le traitement des personnes sous OQTF

Utopia 56
28 novembre 2022

Les signataires du présent Communiqué de Presse dénoncent avec la plus grande force la position prise par le ministre de l’Intérieur dans son courrier du 17 novembre 2022 sur l’exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF).

Cette circulaire, adressée aux Préfets ainsi qu’aux directeurs généraux de la police nationale et de la gendarmerie, pose le principe de l’application identique des méthodes employées pour le suivi des étrangers délinquants à l’ensemble des étrangers faisant l’objet d’une OQTF.

Cette prémisse en elle-même constitue une atteinte grave à l’Etat de droit en ce qu’elle tend à assimiler des personnes n’ayant commis aucune infraction ni aucun crime à des personnes condamnées judiciairement et propose un traitement administratif similaire.

Si le courrier du ministre de l’Intérieur prend ainsi soin de rappeler que la législation européenne a imposé la suppression du délit de séjour irrégulier, c’est bien dans le sens d’un traitement punitif des étrangers en situation irrégulière qu’il s’inscrit.

Or une personne étrangère, quelle que soit la régularité de son séjour, ne saurait être traitée en délinquant et punie pour sa seule situation administrative.

La systématisation de la délivrance des OQTF à l’égard de tout étranger en situation irrégulière, le souhait d’augmenter les décisions d’interdiction de retour et de refuser autant que possible les délais de départ volontaire, mais surtout l’inscription de ces personnes au fichier des personnes recherchées et l’assignation à résidence systématique des personnes non-placées en rétention, traduisent une politique à visée dissuasive qui renonce au principe d’un examen humain et individualisé des situations par l’administration.

L’ensemble des mesures évoquées par le ministre, en préconisant un tel traitement indifférencié des personnes en situation irrégulière, méconnaissent la complexité et la vulnérabilité des situations et des personnes tout en favorisant des mesures de privation de liberté qui portent atteinte aux libertés fondamentales.

Cette tendance régulière à renforcer les pouvoirs de l’autorité administrative privatifs ou limitatifs de libertés sans contrôle du juge fait planer une lourde menace sur l’Etat de droit.

Cette circulaire méconnait sciemment la réalité des personnes faisant l’objet d’une OQTF et oublie en particulier le nombre considérable d’OQTF délivrées non pas en raison d’un comportement qui troublerait l’ordre public mais en raison des dysfonctionnements propres à l’administration en charge des personnes étrangères. Comme il a été démontré par de nombreuses associations et par l’institution du Défenseur des Droits notamment, l’accès aux services étrangers a été largement réduit à l’occasion de la dématérialisation des procédures, précipitant ainsi de nombreuses personnes dans des situations administratives irrégulières faute d’avoir pu, à temps, faire renouveler leur titre de séjour.

Elle oublie aussi que l’un des principaux obstacles à l’exécution des mesures d’éloignement n’est pas le comportement des personnes qui en font l’objet mais le refus des pays tiers ou d’origine de les accueillir. Proposer en réponse toujours plus d’enfermement et de contrôles n’est donc pas seulement honteux et inique, ce sera aussi couteux et inefficace.

Elle tait enfin la réalité des personnes. Les OQTF sont susceptibles de toucher n’importe quelle personne étrangère et arrêtent brutalement le travail, les études, les liens affectifs, les vies – même lorsque celle-ci sont construites depuis des années en France.

Enfin il est important de rappeler qu’aucune condition de régularité de séjour n’est établie par la loi pour permettre l’accès ou le maintien dans un hébergement d’urgence. Le principe d’inconditionnalité de l’accueil permet à toute personne présente sur le territoire de bénéficier d’un hébergement et d’un accompagnement adapté à sa situation.

Les seuls effets de l’application des recommandations du ministre de l’Intérieur seront d’accroitre la société du contrôle et de l’enfermement, de précariser encore davantage une population déjà vulnérable qui contribue pourtant fortement à notre économie, de créer des conditions de vie encore plus inhumaine pour des familles entières, de renoncer à toute ambition d’intégration et d’accueil.

Liste des signataires :

  1. Accueil Information de Tous les Etrangers d’Aix-en-Provence
  2. Acina
  3. Association de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés d’Aix-Marseille
  4. Association des Usagers de la PADA de Marseille
  5. Asile
  6. BAAM
  7. Collectif Migrants 83
  8. Dom’Asile
  9. Droits D’Urgence
  10. Emmaus France
  11. ESPACE
  12. Famille-France Humanité
  13. Fédération des Acteurs de la Solidarité
  14. Habitat & Citoyenneté
  15. Pantin Solidaires
  16. Paris d’Exil
  17. Mamama
  18. Mecs du Bleymard « Le Sentier »
  19. Méditerranea Paris
  20. Médecins du Monde
  21. MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples)
  22. La Casa
  23. La Chapelle Debout
  24. La Cimade
  25. Le Comède
  26. Ligue des Droits de l’Homme
  27. LTF
  28. Réseau Chrétien – Immigrés
  29. Réseau Hospitalité
  30. RESF 06 et 48
  31. RUSF 13
  32. Rosmerta
  33. Roya Citoyenne
  34. Samu Social de Paris
  35. Secours Catholique – Délégation de Paris
  36. Soutien 59 Saint-Just
  37. Syndicat des Avocats de France 38. Tous Migrants
  38. Thot
  39. UniR Universités & Réfugié.e.s.
  40. United Migrants
  41. Utopia 56
  42. Watiza

Voir par ailleurs:

Flash

Jean-Pax Méfret

1984

Une main d’ébène,
Ilot Chalon,
Une fille qui traine,
Elle a froid sous son blouson.
Dans la rue noire,
Le dealer viendra.

Sept jours semaine,
Trois fois par jour,
Elle troue ses veines :
C’est le point de non-retour.

Dans la rue noire,
Le dealer est là.

La neige est sale,
Elle pourrit le corps.
La neige est sale,
Paillettes de mort.

Il pleut des rêves
Sur son passé,
Pendant qu’elle crève
D’avoir un jour essayé

Dans la rue noire,
Le dealer vendra.

La neige est sale,
Elle pourrit le corps.
La neige est sale,
Paillettes de mort.

Une main d’ébène,
Gare de Lyon,
Une fille qui traine :
Les junkies sont des millions.

Dans la rue noire,
Le dealer s’en va.
Il pleut des rêves
Sur son passé,
Pendant qu’elle crève
D’avoir un jour essayé.

Dans la rue noire,
Le dealer vivra.

La neige est sale
Elle pourrit le corps.
La neige est sale,
Paillettes de mort.

Il pleut des rêves
Sur son passé,
Pendant qu’elle crève
D’avoir un jour essayé

Dans la rue noire,
Le dealer s’en va.