Il vaut mieux un mauvais texte signé qu’un texte moyen non signé. Guillaume Lecointre (Charlie hebdo)
C’est le principe de Wikipédia qui demeure toujours aussi discutable, cette idée bien dans l’air du temps que, au fond, tout le monde est encyclopédiste puisque tout le monde est déjà journaliste, cinéaste, critique d’art, critique littéraire, critique de cinéma, critique gastronomique, photographe etc. Voudrait-on nous faire croire que Wikipédia est à l’Universalis ou la Britannica ce que la démocratie d’opinion est à la démocratie représentative que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Pierre Assouline
Wikipédia est à l’Encyclopédie de Diderot ce que le kiwi est à la truffe. (…) Pauvrette ! Elle ignore donc que dans deux ans Wikipédia aura laissé une trace aussi indélébile que le hula hoop, le Teppaz et la Juvaquatre? Francis Marmande (Madame Wikiwiki, Le Monde, 1/2/07)
L’actualité de ces dernières années ne manque d’ailleurs pas d’exemples, s’agissant d’erreurs commises dans des ouvrages de référence insoupçonnables a priori: le Quid pointé pour ses articles révisionnistes; Encarta et ses perles historiques; les erreurs relevées dans le Dictionary of National Biography et celles de l’encyclopédie Britannica corrigées dans Wikipedia par exemple. Laure Endrizzi (INRP)
Introduire des erreurs sciemment, c’est pour nous du vandalisme. (…) Cette encyclopédie sert plus à orienter le lecteur dans ses recherches, plutôt que de lui livrer une information fiable et directement utilisable. C’est aux internautes d’aller vérifier à la source, et de ne pas se contenter de ce qui est écrit dans les articles. David Monniaux (membre du conseil d’administration de l’association Wikimedia France)
Wikpedia aurait-il trouvé, en Pierre Assouline, son Jose Bové de la malculture?
8 millions de visiteurs uniques par mois, entre 500 et 600 nouveaux articles et plus de 40.000 modifications par jour, 7,5 millions d’articles (contre 27 000 pour Universalis), plus de 250 langues utilisées, multiplication de versions annexes (Wikitionnaire, Wikiquotes, Wikilivres, Wikispecies, Wikinews, Wikicommons et Wikisource), mais aussi critiques (Disinfopedia/Sourcewatch, Wikipedia Watch, Wikipedia Review, Wikiscanner) ou plus ou moins parodiques (Wikinfo, Uncyclopedia), et même ses propres… bistro, fontaine du village ou guerres d’édition!
Logique des logiciels libres, gauche d’auteur (opposé à droit d’auteur de copyleft/copyleft), millions d’articles sur les sujets les plus pointus comme les plus futiles, wikilove, wikipetiquette, bribes de pidgin hawaïen (« wikiwiki », signifiant, on le sait, « rapide ») …
« Anti-élitisme », « anarcho-libéralisme », « fascisme de la connaissance », foi si naïvement « américaine » en le progrès illimité (eg. la fameuse loi du Suédois Linus de la révision par les pairs: « étant donné suffisamment d’yeux (de développeurs), toutes les erreurs de programmation deviennent évidentes et soient rapidement corrigées »), « non-reconnaissance des traditionnels producteurs et prescripteurs du savoir » (« le bazar de l’approche apparemment désorganisée mais hautement flexible contre l’approche hiérarchique de la cathédrale« ) …
Le fastfood ou le grand bazar de la « fast culture » que représente la célèbre encyclopédie participative en ligne gratuite (c’est-à-dire aussi libre de droits et réutilisable) Wikipedia, fondée en 2001 (à partir de la Nupedia de Jimmy Wales), avait en effet tout pour horripiler nos fins lettrés.
D’où la multiplication des critiques de son manque de fiabilité (notoire pour certains domaines particulièrement polémiques) et des vandales (dont des élèves de Sciences-Po de l’écrivain-journaliste et blogueur Pierre Assouline en mai dernier, pendant que d’autres pédagogues font apparemment le choix de contributions autrement constructives) …
Et même la défection de l’un de ses fondateurs pour monter un concurrent (d’abord Digital universe puis Citizendium) à deux vitesses (avec portail réservé aux spécialistes) …
Mais aussi la contre-attaque des wikipédiens (eux-mêmes divisés entre effacistes, inclusionistes et mergistes) avec notamment ce 1er colloque francophone qu’ils viennent d’organiser le weekend dernier à la Villette.
Avec en vue la création d’un comité d’experts de relecture et d’évaluation et une plus grande sensibilisation des usagers à l’utilisation du service pour distinguer l’ivraie du bon grain, notamment à partir des critères de citation des sources et du nombre de contributeurs.
Tout en tentant de plus en plus difficilement de préserver, victime de la croissance exponentielle de son succès mais aussi de la « fragilité de son modèle économique » (comme le rappelle Laure Endrizzi, « des sites commerciaux tels Answers redistribuent déjà ses contenus avec des annonces publicitaires ») la philosophie et l’esprit Wikipedia du libre accès et de l’égalité entre experts et amateurs.
D’où naturellement de la part des démonteurs de mac Dos et arracheurs d’OGM de la malculture, « l’hostilité, comme disait Bourdieu, des héritiers de la culture envers les parvenus qui, par leur manque de ‘naturel’, vendent la mèche en rappelant l’acquisition en des matières où, plus que partout ailleurs, il s’agit d’avoir sans avoir jamais acquis ».
Trois trucs pour distinguer contributions périlleuses des articles sûrs: d’abord, vérifier que les références et les sources sont citées (en bas de l’article), ensuite jeter un œil à l’historique: «Si l’article a été modifié très souvent, il faut le lire avec précaution», précise-t-il. Enfin, troisième astuce: voir si l’article a été rédigé par un ou plusieurs contributeurs. «Dans le domaine des maths, ce n’est pas problématique qu’une seule personne l’ait écrit. Mais sur un article qui concerne la religion ou la politique ou tout autre thème polémique, on peut craindre que cela ne soit pas subjectif. Privilégiez alors les contributions multiples.
Wikipédia sort de son premier colloque francophone avec des nouvelles règles en tête
Alice Antheaume
20 minutes
le 25.10.07
«Tout le monde connaît Wikipédia mais très peu de gens savent comment fonctionne cette encyclopédie en ligne». Partie de ce constat, l’association Wikimédia France a organisé ce week-end à Paris le premier colloque sur Wikipédia. Environ 300 personnes se sont déplacées pour y assister, un bon score «malgré la grève des transports», note Pierre Beaudoin, co-organisateur de l’événement.
Effervescence
Wikipédia, c’est une bombe sur le Net: rien que pour la version francophone, on dénombre environ 8 millions de visiteurs uniques par mois (chiffres Médiamétrie), entre 500 et 600 nouveaux articles créés chaque jour et plus de 40.000 modifications quotidiennes.
Mais l’encyclopédie doit lutter contre l’un des effets de son effervescence: quelle version est exacte quand un article est modifié plusieurs dizaines de fois en une demi-heure, comme ce fut le cas de l’article sur les réacteurs nucléaires pendant le débat présidentiel entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ou comme cette autre fois où des ordinateurs du Vatican ou de la CIA avaient servi à rectifier des articles?
«On ne peut éviter les cafouillages a priori mais on surveille particulièrement les articles sur les sujets d’actualité – y compris la coupe du monde de rugby, explique Pierre Beaudoin. On sait par expérience que certains articles sont souvent vandalisés comme ceux sur Adolf Hitler, sur Nicolas Sarkozy, sur les sectes, ou sur le socialisme ou libéralisme. On les modère a posteriori.»
Quelle fiabilité accorder aux informations wikipédiennes est une autre source de crainte des utilisateurs. «On réfléchit à la création d’un comité de relecture constitué d’experts (documentalistes, spécialistes, enseignants, chercheurs) qui pourrait donner son avis sur les articles en les évaluant selon une échelle et un système de labels», lance Pierre Beaudoin. Une piste qui rappelle le projet Citizendium, un site collaboratif fait par des experts né de l’imagination de l’un des cofondateurs de Wikipedia, Larry Sanger. Celui-ci voulait créer sur Citizendium une communauté plus responsable, loin du foisonnement parfois imprécis des Wikipédiens.
L’égalité entre experts et amateurs, la philosophie de Wikipédia
Problème: le succès de Wikipédia vient justement du fait que n’importe quel internaute – spécialiste en puissance – peut apporter ses lumières sur un sujet précis.
«Un amateur aura toujours les mêmes droits qu’un expert, rassure Pierre Beaudoin. N’importe qui peut créer ou modifier un article à sa guise. Quant aux règles, on les propose aux contributeurs mais ce sont eux qui décident s’ils veulent les appliquer ou non.»
Education
Autre problème mentionné au cours du colloque: les élèves qui recopient Wikipédia dans leurs dissertations. Pour l’association Wikimédia, il faut donc travailler de concert avec l’Education Nationale pour «éduquer les internautes sur la toile, leur apprendre à croiser leurs sources et à détecter quels sont les articles à prendre avec des pincettes sur Wikipédia.» Pierre Beaudoin énumère trois trucs pour distinguer contributions périlleuses des articles sûrs: d’abord, vérifier que les références et les sources sont citées (en bas de l’article), ensuite jeter un œil à l’historique: «Si l’article a été modifié très souvent, il faut le lire avec précaution», précise-t-il. Enfin, troisième astuce: voir si l’article a été rédigé par un ou plusieurs contributeurs. «Dans le domaine des maths, ce n’est pas problématique qu’une seule personne l’est écrit. Mais sur un article qui concerne la religion ou la politique ou tout autre thème polémique, on peut craindre que cela ne soit pas subjectif. Privilégiez alors les contributions multiples.»
Tandis que, à la veille des élections municipales 2008, les personnalités politiques et leurs partis jouent un bout de leur campagne sur le Net, l’enjeu est de taille sur Wikipédia. «Les prochains mois seront déterminants si les règles doivent changer en ligne», conclut Pierre Beaudoin.
– Voir aussi l’article de Libération:
un article de la revue Nature de décembre 2005, qui comparait 42 articles scientifiques de Wikipédia et de l’encyclopédie Britannica. Celui-ci montrait que la première était largement aussi bien faite que la seconde. «Cette enquête est citée en référence dans les médias pour preuve de la fiabilité de Wikipédia, alors qu’elle ne peut pas être représentative», explique Béatrice Roman-Amat, l’une des auteurs de La révolution Wikipédia. Nature n’a en effet choisi que des articles scientifiques pointus, le domaine où Wikipédia est la meilleure. La cyber-encyclopédie demeure plus discutable dans d’autres sphères susceptibles de manipulation ou de vandalisme : «Dans des domaines sensibles comme l’histoire ou la politique, on assiste souvent à des guerres idéologiques ».
Ils laissent plus de place à la culture populaire, sur toute une série de sujets, et ça peut aller des ours en peluche aux émissions de téléréalité. Des sujets absents des encyclopédies traditionnelles.
Wikipédia se trompe à tous vents
Web. Des étudiants de Sciences-Po ont réalisé une enquête minutieuse sur l’encyclopédie en ligne.
Par Frédérique Roussel
Libération
Le 9 juillet 2007
«En 2001, Pierre Assouline a remporté le championnat de France de jeu de paume.» Voilà un trophée qui détonne dans le pedigree de l’écrivain et ancien rédacteur en chef du magazine Lire. Mais la phrase, piochée sur Wikipédia, est en réalité l’œuvre de cinq étudiants du master de journalisme de Sciences-Po (1), qui souhaitaient voir à quel point il était possible de vandaliser les notices de l’encyclopédie en ligne, et combien de temps le détournement pouvait perdurer. Trop longtemps à leur goût. Ainsi, la «confession catholique», malicieusement accolée par leurs soins à l’Anglican Tony Blair le 2 mai 2007 à 10h14, est restée en ligne plusieurs semaines.
Cheval de Troie.
Ce jeu du cheval de Troie fait partie d’une longue enquête que ces étudiants ont réalisée sur Wikipédia, et qui alimente les controverses sur sa fiabilité. Comment ont-ils eu l’idée de s’attaquer à cette pieuvre qui grossit depuis sa naissance, en janvier 2001 ? C’est leur professeur lui-même qui leur a suggéré cette piste. Egalement blogueur émérite ( La République des livres), Pierre Assouline a déjà eu maille à partir avec les «Wikipédiens». Dans un post intitulé L’affaire Wikipédia, daté du 9 janvier 2007, il avait critiqué le manque d’objectivité de l’article sur l’affaire Dreyfus. Depuis, il y a eu de sévères passes d’armes entre «Wikipédiens» et Assouline. «En début d’année, j’ai eu des échanges assez vifs avec des étudiants qui n’étaient pas du tout d’accord avec plusieurs de mes billets sur le sujet, explique Pierre Assouline. J’ai pensé que cela valait le coup de faire ce qu’aucun journal n’a fait jusqu’à présent : plusieurs mois d’enquête à plusieurs pour démonter le mécanisme.»
L’enquête de 67 pages, intitulée La révolution Wikipédia, les encyclopédies vont-elles mourir?, enfonce le clou sur l’utilisation croissante par les jeunes générations de ce site, qui compte plus de sept millions d’articles : «Ce sont bien les systèmes de tous les pays occidentaux qui sont affectés par le développement et la généralisation de Wikipédia auprès des élèves.» L’enquête met les points sur les «i». Notamment à propos d’un article de la revue Nature de décembre 2005, qui comparait 42 articles scientifiques de Wikipédia et de l’encyclopédie Britannica. Celui-ci montrait que la première était largement aussi bien faite que la seconde. «Cette enquête est citée en référence dans les médias pour preuve de la fiabilité de Wikipédia, alors qu’elle ne peut pas être représentative», explique Béatrice Roman-Amat, l’une des auteurs de La révolution Wikipédia. Nature n’a en effet choisi que des articles scientifiques pointus, le domaine où Wikipédia est la meilleure. La cyber-encyclopédie demeure plus discutable dans d’autres sphères susceptibles de manipulation ou de vandalisme : «Dans des domaines sensibles comme l’histoire ou la politique, on assiste souvent à des guerres idéologiques [.].» Nature, désireuse de comparer des articles de même taille, en a même coupé certains, originaires de Britannica ! L’enquête de Nature «souffre d’un manque de rigueur à de multiples niveaux». Et pan pour Nature !
Affabulateurs.
Les principaux poisons de l’encyclopédie en ligne sont les affabulateurs, ceux qui s’amusent à insérer des erreurs. Cas exemplaire, cité par le travail des étudiants de Sciences-Po, celui de John Seigenthaler, journaliste américain à la retraite. Il a découvert un jour sur Wikipédia qu’il avait été suspecté d’avoir pris part à l’élaboration des attentats contre les Kennedy, et qu’il aurait vécu treize ans en Union soviétique ! L’énormité est restée en ligne durant cent trente-deux jours. Certaines notices ressortent plus joliment du registre poétique, comme celle sur l’imaginaire île de Porchesia, supprimée le 30 septembre 2006. «Car Wikipédia [.], c’est aussi un immense espace de création, où la supercherie devient parfois poésie», notent les auteurs.
Les étudiants sont allés interroger les homologues papier, qu’on imagine terrorisés. Chez Larousse et Quid, le malaise est perceptible, mais on s’affirme confiant. «Ils laissent plus de place à la culture populaire, sur toute une série de sujets, et ça peut aller des ours en peluche aux émissions de téléréalité. Des sujets absents des encyclopédies traditionnelles», décrypte ainsi Yves Garnier de Larousse. Avec sa croissance démesurée, Wikipédia ne sera bientôt plus contrôlable, taclent les encyclopédies papier, qui disent peaufiner leur contre-attaque. Pas grand-chose ne filtre, sinon que Larousse prépare un projet sur Internet pour la rentrée.
«Work in progress».
L’historien Raymond Trousson, biographe de Diderot, établit une nette distinction entre encyclopédie collaborative et encyclopédie tout court : «Wikipédia, c’est du work in progress , en construction permanente, ce qui est la meilleure et la pire des choses, tandis que la base même de l’Encyclopédie de Diderot, c’est l’organisation du savoir.» C’est donc son absence de principe organisateur clair qui est également reprochée à Wikipédia, comme sa manie d’accumuler sur des sujets moins importants que d’autres (50 % de plus sur Nouvelle star que sur Jacques Delors), et sa propension à héberger de la propagande.
Conclusion, cet outil incontournable qu’est devenue Wikipédia nécessite de «former les jeunes à un usage raisonné et raisonnable». Jean-Noël Lafargue, professeur d’arts plastiques à l’université Paris-VIII de Saint-Denis et administrateur de Wikipédia France, est un modèle du genre. Depuis trois ans, il note ses étudiants sur leurs contributions à la cyber-encyclopédie dans le domaine de l’art contemporain. Son séminaire s’appelle «enrichissement de l’encyclopédie Wikipédia».
(1) Pierre Gourdain, Florence O’Kelly, Béatrice Roman-Amat, Delphine Soulas, Tassilo von Droste zu Hülshoff.
– Voir également le 1er texte d’Assouline:
Litterature : L’affaire Wikipédia
Pierre Assouline
La République des livres
Le 9/1/07
Décidément, Wikipédia est-elle fiable? Tant pis si la question ressemble déjà à un serpent de mer. Le fait est que les dénégations des dirigeants de l’encyclopédie participative en ligne ont curieusement pour effet de renforcer la suspicion.
Et ce ne sont pas les études comparatives avec les mastodontes encylopédiques sur papier qui dissiperont les doutes car le plus souvent, ces études prêtent elles-mêmes à controverse.
Passons sur la “faveur” (euphémisme, bien sûr) dont jouit Wikipédia dans le référencement des moteurs de recherche (Google, Yahoo…). Toujours en première page, presque toujours dans le peloton de tête, et l’on sait qu’une majorité de lecteurs ne va pas au-delà. Reconnaissons de bonne foi que le contenu est riche, dense, séduisant et parfois surprenant. Pourtant, il n’est pas antidérapant.
C’est le principe de Wikipédia qui demeure toujours aussi discutable, cette idée bien dans l’air du temps que, au fond, tout le monde est encyclopédiste puisque tout le monde est déjà journaliste, cinéaste, critique d’art, critique littéraire, critique de cinéma, critique gastronomique, photographe etc.
Voudrait-on nous faire croire que Wikipédia est à l’Universalis ou la Britannica ce que la démocratie d’opinion est à la démocratie représentative que l’on ne s’y prendrait pas autrement. On ne nous a pas encore fait le coup de “l’encyclopédie citoyenne” mais, au train où va la démagogie qui sous-tend cet état d’esprit, ça ne devrait pas tarder.
Sur ce site donc, n’importe qui peut intervenir dès lors qu’il se sent expert en quelque chose, qualité qu’il se délivre de sa propre autorité. Sur Wikipédia, les spécialistes ne s’autorisent que d’eux-mêmes. Un comité de “vrais” experts est bien sûr là qui veille “là-haut” (on n’a pas totalement renoncé à la verticalité de la décision) afin d’éviter dommage collatéral.
N’empêche qu’il y en a régulièrement.
Aux Etats-Unis, un homme public a vu ainsi sa biographie agrémenté d’un long passage à la CIA ce qui l’a fait plutôt réagir. En France même, certains spécialistes de l’autopromotion (artistes ou autres) ont l’habileté de se consacrer ou de se faire consacrer une notice longue et avantageuse hors de proportion avec leur importance.
Mais c’est à la rubrique “Histoire” que le phénomène est le plus sensible.
Un exemple récent parmi d’autres : l’article consacré à l’affaire Dreyfus.
Il y a quelques mois, l’ayant pianoté sur son clavier, François Gèze, le patron des éditions La Découverte, a eu la surprise de découvrir dans la bibliographie une liste d’une vingtaine de livres dont le premier était celui d’Henri Dutrait-Crozon Préçis de l’Affaire Dreyfus, édition de 1938 ; de surcroit, il était assorti du commentaire “Ouvrage fondamental à consulter en priorité”.
Or dans son dictionnaire de référence sur l’affaire Dreyfus (Flammarion 1994, nouvelle édition 2006), Michel Drouin nous rappelle que sous ce pseudonyme écrivaient deux officiers du nom de Frédéric Delebecque et Georges Larpent. Il précise :”L’ouvrage accumule citations et références, et offre l’apparence de toutes les garanties scientifiques, à l’exception de la vérité. La culpabilité de Dreyfus est un dogme (”On ne nous a opposés que des cris”) et la version de l’école nationaliste doit être transmise de génération en génération.”
La page de garde dit bien l’ambition du duo : “Scribantur haec in generatione altera” autrement dit “On écrira ceci pour l’âge à venir”.
Pour Michel Drouin, il ne fait guère de doute que ce livre, publié pour la première fois en 1909 et maintes fois réédité depuis, fut considéré comme un évangile par une génération de nationalistes.
Charles Maurras et Léon Daudet notamment y firent abondamment référence. C’est donc ce Préçis de l’Affaire Dreyfus, évidemment étranger à toutes les recherches menées par les historiens entre temps, qui reste la bible de l’affaire un siècle après sa parution, du moins aux yeux des wikipédiens.
Si encore il s’agissait d’un témoignage d’époque, cité comme tel avec les précautions d’usage et relégué en fin de bibliographie, on pourrait comprendre ; or c’est tout le contraire.
Alerté, Daniel Garcia y fit écho sur son blog de LivresHebdo. Ce qui n’échappa point à la vigilance de Wikipédia.
En toute logique, on aurait pu penser qu’ils en tiendraient compte en supprimant une telle référence. Or, non seulement elle figure toujours dans leur bibliographie, mais elle y est toujours en tête, donc bien avant les travaux récents d’historiens incontestables.
Seule la mention entre parenthèses a été modifié. On lit désormais :”Ouvrage controversé”. De la litote comme l’un des beaux-arts…
Si une telle bibliographie “participative” de l’encyclopédie dite libre prétend ouvrir le compas de la tolérance, que ne cite-t-elle également les ouvrages d’André Figueras, d’Henry Coston et d’autres encore, pas moins doués de la plume que Dutrait-Crozon, tous également convaincus de la culpabilité d’Alfred Dreyfus ?
Voilà qui promettrait de beaux jours à nos étudiants en histoire adeptes du copier-coller, et des séances de corrections édifiantes à leurs professeurs.
A quoi bon un comité de professionnels de la profession chargé de superviser les amateurs, si les experts des experts ne sont pas plus capables de hiérarchiser l’information ?
Pierre Assouline
– Voir de même l’article de RFI:
Internet
Wikipédia, libre mais peu fiable
Wikipédia n’est pas parole d’évangile. C’est ce que révèle l’enquête menée par cinq étudiants de l’école de journalisme de Sciences-po Paris. Sous la direction de leur professeur, l’écrivain Pierre Assouline, ils ont réalisé une étude minutieuse de la cyber-encyclopédie. Quatre mois d’enquête et un rapport de 67 pages intitulé La révolution Wikipédia, les encyclopédies vont-elles mourir ? Bilan ? Pas fameux.
C’est en voyant ses étudiants faire des copier-coller des articles sur Wikipédia, sans prendre la peine de les vérifier, que Pierre Assouline, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris et ancien rédacteur en chef de Lire, a eu envie d’évaluer la véracité des informations sur l’encyclopédie libre. Wikipédia, est ce qu’on appelle une encyclopédie participative. Ce sont les internautes eux-mêmes qui alimentent les articles, et d’autres internautes qui les contrôlent et les modifient en cas d’erreur.
Les cinq étudiants chargés de l’enquête ont donc voulu tester l’efficacité de ces modérateurs, et pour cela, ils ont introduit des « coquilles » dans plusieurs articles. Pour voir ensuite combien de temps elles allaient survivre. La première surprise, pour Pierre, un des étudiants auteurs du rapport, fut la facilité avec laquelle on peut modifier Wikipédia : « Pas besoin de donner d’adresse internet, ou de s’identifier, il suffit d’aller sur un article, de cliquer sur le bouton modifier, et ensuite c’est comme une page Word. On enregistre et les modifications apparaissent en ligne ». Et c’est aussi simplement que cela qu’ils ont modifié la notice de Tony Blair, rajoutant qu’il était de confession catholique (et non anglicane comme c’est toujours le cas).
Idem, dans la biographie de Pierre Assouline, qui d’un clic, s’est vu hisser au rang de champion de France de jeu de Paume. Et chaque fois, les erreurs sont restées en ligne une dizaine de jours. « Et pendant tout ce temps, des centaines de lycéens, d’étudiants, ont repris cette informations, déplore Pierre Assouline, puisque chez les jeunes surtout, Wikipédia est parole d’évangile ». En plus d’être parfois fautif, l’enquête pointe des problèmes d’objectivité dans certains articles. « Surtout les sujets historiques, politiques, philosophiques, où il y a matière à polémique. Par contre, pour les sujets scientifiques, les articles sont souvent écrits par des experts, et les informations sont donc plus fiables en général ».
Vérifier deux fois, plutôt qu’une
Chez Wikipédia, les responsables dénoncent les méthodes de cette enquêtes, « introduire des erreurs sciemment, c’est pour nous du vandalisme, dénonce David Monniaux, membre du conseil d’administration de l’association WIKIMEDIA France. . Leur enquête est à charge et ils ne nous l’ont même pas communiquée. Quand nous les avons contactés, ils nous ont répondu qu’elle n’était toujours pas finalisée ». De quoi jeter le doute sur le sérieux de cette enquête selon lui. Quant aux erreurs de fond, il existe des garde-fous. Il est par exemple demandé aux wikipédiens de préciser la source de leurs informations. Quand un article paraît trop approximatif, il est retiré immédiatement, et un message est envoyé à l’internaute en question pour lui expliquer.
Malgré ces précautions, David Monniaux reconnaît lui-même qu’il faut toujours vérifier les informations trouvées sur Wikipédia « Cette encyclopédie sert plus à orienter le lecteur dans ses recherches, plutôt que de lui livrer une information fiable et directement utilisable. C’est aux internautes d’aller vérifier à la source, et de ne pas se contenter de ce qui est écrit dans les articles ».
avec Lucie Lourdelle
– Voir aussi, pour ses chiffres, le petit dossier à charge d’un démonteur de mythes:
ce que révèlent les statistiques de wikipedia
Qu’est-ce que wikipedia ? Des éléments à partir des statistiques ici disponibles sur wk, et ici, plus quelques appréciations de wikipediens
Tout ce qui suit est extrait des données statistiques analysées
1) Qui sont les wikipediens ?
Les wikipediens sont pour l’essentiel des hommes, jeunes. Leur âge moyen est 25 ans. Ils viennent majoritairement d’Île-de-France. Leur formation est de manière largement prédominante l’informatique, sinon ils témoignent d’autres formations techniques ou d’ingénieur. Quelques scientifiques également, mathématiciens pour la plupart, mais ignorants de l’histoire et de la philosophie des sciences, ils ont un esprit très « techniciste ». Les étudiants en histoire se comptent sur les doigts d’une main, et pour les Lettres et sciences humaines, c’est le vide sidéral. Ce sont donc de très jeunes gens, très « branchés » informatique et techniques modernes de communication, mais dont la culture s’arrête là. Leur profil est tout à fait aux antipodes d’esprits encyclopédiques et de celui de rédacteurs d’encyclopédie. Indice : vous ne verrez jamais France-culture citée sur wk. L’article consacré à cette chaîne en dit long du reste.
Ils n’ont, pour les plus diplômés, qu’une expérience d’étudiants, c’est à dire de personnes qui sont encore loin d’avoir assimilé leur discipline, et qui n’ont aucune expérience de la recherche. Quant aux autres disciplines, qui ne sont pas leur domaine d’études propres, elles sont complètement ignorées : ce sont des esprits spécialistes. Cela signifie que ce sont des informaticiens qui s’improvisent historiens, politologues, critiques d’art, juristes, médecins, psychologues, sociologues, philosophes, théologiens etc. et commentateurs de tous les sujets, qui décident de ce qui doit, ou non, s’écrire dans tous les domaines où ils n’ont pas de compétences particulières (ils le proclament ouvertement).
Ils ignorent ce qu’est une encyclopédie, sa définition même (illustration en a été donnée sur le blog par « Pabix », un des porte-paroles éminent de wk, ainsi que par tous ces wikipediens qui non seulement osent se comparer à Diderot, mais prétendent avoir fait mieux que lui, grâce à internet et au système wiki, qui à lui seul ferait des miracles). voir les précédents articles à ce sujet.
A fortiori ignorent-ils quelles sont les qualités requises, pour organiser une encyclopédie. Ils ne croient qu’en la technique.
Le plus haut niveau de qualification à wikipedia est l’étudiant : il n’y a ni professeurs, ni chercheurs (à part quelques exceptions qui se comptent sur les doigts d’une main et qui sont, bien entendu, informaticiens, voire mathématiciens mais s’étant depuis spécialisés en informatique).
Ce qui signifie que les rédacteurs n’ont aucune expérience en matière d’enseignement et de vulgarisation des connaissances et des savoirs.
La qualité de rédaction des articles en témoigne. Le manque de qualités pédagogiques de ceux-ci, également, outre la médiocrité générale et les imprécisions qui sont la règle.
* L’épreuve du colloque et la preuve par le colloque :
Un colloque wikipedia est en préparation avec pour visée de donner une image de respectabilité de cette publication aux instances de l’Ecole auprès desquelles elle a très mauvaise presse. Pour cela elle essaye de mettre en avant que des professeurs, universitaires, chercheurs, y collaborent.
Wikipedia a toujours essayé de faire croire que « de nombreux universitaires et chercheurs participaient à la rédaction de wikipedia ». Ses porte-paroles et responsables de l’association wikimedia l’affirment régulièrement.
Périodiquement elle lance des appels aux universitaires pour rejoindre son projet et les wikipediens étudiants sont chargés de convaincre leurs professeurs d’y participer. Echec total. Il n’y a pas d’universitaires et chercheurs à wikipedia.
Donc le colloque, pour lequel wikipedia essaye de mettre en avant ses membres les plus qualifiés ou les plus diplômés, montre qu’il n’y a pas un seul universitaire ou chercheur -autre qu’en informatique ou travaillant sur les nouvelles technologies, mais francs admirateurs et francs partisans de wk
La liste des intervenants annoncés au colloque, montre que les « autorités intellectuelles » dont peut se prévaloir wikipedia sont uniquement des informaticiens ou personnes ayant une formation en mathématiques ou parfois autres (telle « sciences de l’éducation ») mais s’étant spécialisés en informatique et/ou/ diffusion des techniques informatiques dans divers secteurs.
Où l’on voit que wikipedia est une publication d’informaticiens, optimistes et naïfs, complètement fascinés par la technique.
Pas un seul universitaire ou chercheur, hormis des informaticiens, qui détestent cordialement les intellectuels non-informaticiens. Et quand on voit comment wikipedia traite les universitaires, après Sciences-Po bloquée, ça ne donne pas très envie de s’y précipiter. Sans parler du reste, les querelles menées par des incompétents, la censure de l’esprit, le contenu atrocement partisan, et les méthodes d’écriture, telles que le plagiat gigantesque, la vérité mise au vote etc.
2) données quantitatives
* Combien sont les wikipediens ?
Le nombre de nouveaux inscrits est d’environ 700 par mois depuis 1 an. Un nombre à la baisse. Le nombre de wikipédiens actifs, -càd. ayant à leur activité plus de cent interventions par mois- stagne malgré l’arrivée de nouveaux, qui donc s’inscrivent sans contribuer, ou compensent tout juste les départs.
En 2006 le nombre de ces wikipediens vraiment actifs est de 670 environ. En 2007 on note une baisse de 8% ; il tend aujourd’hui vers les 600 ; voir les statistiques (on remarquera que depuis juin 2007 faisant apparaître une baisse, les statistiques ne sont plus publiées pour la wikipedia française)
Les administrateurs : Il y a 158 administrateurs. Leur nombre n’augmente pas. Il est même en baisse en 2007 par rapport à 2006.
* déclin amorcé ?
voir ce document qui est le résultat d’une étude fait par un wikipedien qui s’est aperçu que wikipedia.en semblait chercher à cacher quelque chose car elle ne publiait plus les statistiques de participation depuis plus d’un an, comme on peut le voir ici ainsi que sur les autres pages de statistiques, telle celle-ci encore : les statistiques cessent en septembre 2006 pour la version anglaise.
Since early this year, and for the first extended period in Wikipedia’s history, the activity rate of the Wikipedia community has been declining. This can be seen in the rate of editing articles (-17%), the rate of new account
registration (-25%), blocks (-30%), protections (-30%), uploads (-10%),
article deletions (-25%), etc.
Some exceptions are the article creation rate (+25%) and image deletions (+80%), but overall the community appears to be doing less now than it was 6 months ago. »
Soit : pour la 1° fois l’activité de wk (d’après l’étude de la version en anglais) est en déclin :
– 17% d’édition d’articles, – 25% de nouvelles inscriptions, – 30% de blocages et protections etc.
L’auteur attribue cette baisse, parmi d’autres raisons, à la découverte du scandale « Essjay » un jeune homme non diplômé, qui s’était fait passer pour docteur en théologie et copiait une encyclopédie pour faire de nombreuses modifications grâce auxquelles il s’est élevé jusqu’aux plus hauts échelons de la hiérarchie wk, et fut même salarié par Wales à la fondation. La baisse d’activité est concomitante de la découverte de cette tricherie.
3) Contenu de wikipedia
* le contenu d’un point de vue quantitatif :
Wikipédia est constituée à ce jour de 570 671 articles, soit une création de 214 articles par jour en moyenne depuis sa création. Aujourd’hui, il s’en créé environ 600 par jour. [le nombre est également à la baisse depuis juin 2007]
Wikipédia a connu 21 076 645 modifications depuis 6 ans, soit 8000 modifications par jour, en moyenne depuis sa création. Aujourd’hui ce sont plus de 600 000 modifications par mois qui sont effectuées.
On peut se demander par conséquent si 158 administrateurs, (dont certains travaillent peut-être en dehors de leur activité à wikipedia) et qui sont pour l’essentiel des informaticiens, techniciens, ou éventuellement mathématiciens, peuvent raisonnablement prétendre surveiller et vérifier, chaque mois, plus de 1 800 nouveaux articles et 600 000 modifications qui sont effectuées dans tous les domaines ?
* le contenu d’un point de vue qualitatif
– de prétendus articles :
La taille des articles : sur 570 671 articles (le 16 octobre à 24h), seuls 31 % ont un volume de + de 2 ko. Il y a donc plus de 395 000 articles qui ne dépassent pas quelques lignes, et qui ressemblent à peu près à cela : ou encore à cela [j’ai fait un article sur ce thème]. Si l’on prend en compte le seul volume, cela fait déjà beaucoup d’ « articles » qui n’en sont pas.
– Mieux vaut abandonner 560 000 articles à leur destin et se consacrer à en faire 1000 dont la qualité soit bonne. Certains wikipediens considèrent du reste que si wk pouvait parvenir à avoir 1000 ou 2000 articles corrects, ce serait déjà bien. Comme expliqué sur le Bistro.
– Les articles dits « de qualité ».
Il y a actuellement environ 370 articles de qualité, soit 0,05% de l’ensemble. Ce qui est peu. De plus, je dis environ, car ce statut est lui aussi instable. Une partie de ceux-ci est régulièrement contestée et déchue de son statut. (oui, c’est pas facile le consensus, même pour une minuscule poignée de gens : les votes se font la majeure partie du temps à une vingtaine ou une trentaine ; quand ils réunissent 40 ou 50 votants, c’est l’exception).
Quant aux wikipediens, ils sont nombreux à penser que ce label « de qualité » ne recouvre pas des articles dignes de ce nom (voir + bas).
Donc au total combien d’article « de qualité » ? ma lecture, intense mais non exhaustive, par définition, a permis d’en citer une vingtaine. [quelques (rares) bons articles sur wikipedia]. Je ne doute pas qu’en cherchant bien on puisse multiplier ce chiffre par deux ou trois. Je n’ai pas cité d’articles sur la musique et les musiciens, où je sais pouvoir trouver quelques bons articles (et ici plus qu’ailleurs). Mais que valent 50/60 articles ou à peine plus, pour une supposée « encyclopédie » et rapportés à un support qui affiche bientôt 600 000 articles ?
– indices de consultation
ceux-ci tendent à montrer quel usage est fait de wikipedia par les nombreux consultants : l ‘information facile et rapide (wiki) pas la découverte de connaissances et encore moins la culture
Les statistiques des articles les plus consultés montrent une prédominance écrasante, des consultations wiki, vite- faites : le sexe, le sport, le people, les loisirs , au milieu desquels parfois surgit un sujet qui rappelle une question scolaire
– importance relative accordée à différents domaines :
Il y a 2 871 articles sous le {{Portail basket-ball}} et 105 sous le {{Portail sciences}}.
Il y a 791 articles sous le {{Portail baseball}} et 22 sous le {{Portail sciences humaines}}.
17 560 articles sous le {{Portail football}} et 491 sous le {{Portail Biochimie}}.
3 477 sous le {{Portail sports d’hiver}} et 810 sous le {{Portail botanique}}
1 413 sous le {{Portail Disney}}, et 586 sous le {{Portail biologie}}
tandis que nous avons tout de même 543 articles sous le bandeau {{Portail Punk}} 517 sous le {{Portail cryptologie}} cette soi-disant « science du secret »
1 200 articles sous le bandeau {{Portail arts martiaux}} et 868 sous le {{Portail art contemporain}}.
1 958 articles sous le {{Portail Science-fiction}} et 698 sous le {{Portail sciences de la Terre et de l’Univers}} etc.
– indices d’appréciations par les wikipediens eux-mêmes :
A quoi on peut ajouter ces indices d’appréciations de la qualité et la proportion de ce que wk contient d’articles admissibles par les wikipediens :
« ce n’est pas parce que 95% de l’encyclopédie relève de l’ébauche non sourcée qu’on encourage la création d’ébauche non sourcée. » (sic) Cordialement, DocteurCosmos – 22 août 2007 à 14:50
Vous pouvez vérifier , c’est sur le bistro
Un administrateur, qui semble être un peu plus qualifié, estime, lui à +/- 99% le taux d’ébauches parmi les articles, qu’il estime, de plus, destinés passer du stade d’ébauche celui de super-ébauche, au mieux, ou billet d’humeur, et s’il n’est pas dégradé en galimatias ;
« Ce bon mythe sur lequel repose l’effort d’administration […] est un échec […] qui n’est bon qu’à permettre l’envolée de la courbe du nombre d’articles, au prix d’une dilution toujours plus importante de leur qualité. En effet, la poignée d’articles qui émergent du lot sur WP sont l’œuvre d’un et d’un seul contributeur (au mieux groupe de contributeurs connivents, ce qui ne change rien au principe) qui en maîtrise l’architecture et la rédaction avec un regard de spécialiste. Inversement,tout article non pris en main par un spécialiste est voué à une dégradation patiente et tenace sous le coup d’ajouts faits plus ou moins à la sauvette.
Dans les deux cas, le processus incrémental [ je traduis : logique d’accroissement] est un échec : pour les articles d’excellence parce qu’il n’est appliqué que marginalement et qu’il représente plus un risque de dégradation qu’un espoir d’amélioration ; et pour le reste (soit plus de 99 % du bataillon encyclopédique) parce qu’il ne fait que transformer une ébauche en super-ébauche, sous-article, bloc-notes, billet d’humeur ou galimatias — le plus souvent tout cela en même temps. »
Résultat de l’écriture collective quant à la qualité des articles, du fait que tout un chacun peut y mettre son grain de sel et que la version retenue est le résultat d’un consensus, il faut bien admettre que cette qualité est plutôt lamentable ; voir ces témoignages :
* pour les sciences :
« J’aimerais savoir ce qui me retient de ne plus participer à Wikipédia. La plupart des articles contiennent des informations fausses. Je n’ai jamais lu autant d’idioties que sur Wikipédia. Wikipédia traitant de tous les sujets, alors évidemment, il faut mettre tous les mensonges qu’on lit un peu partout, tous les on-dit-que, toutes les discussions rapportées, toutes les vérités préfabriquées de toute pièce. L’argument c’est bien connu est toujours valable. Autre argument de force : c’est exactement ce que veulent lire les gens.
Impossible de modifier même après des discussions… », ce qui se voit ici qu’est-ce qui me retient ?
Et encore :
« Statistiquement, deux articles sur trois sur les mathématiques serait à rerédiger entièrement. Si ce n’est pas fait, c’est par manque de contributeurs, et par désespoir de cause. Lorsqu’on voit ce qui est écrit sur Wikipédia, on se dit souvent :mais c’est quoi ces conneries ?.Les premiers jours où j’avais participé à Wikipédia, j’ai rapidement compris : une désorganisation complète des catégories, une accumulation d’erreurs, un manque de confiance, … Rapidement, on fuit les thèmes sur lesquels on pourrait contribuer par désespoir et par dégoût. Pour ma part, géométrie différentielle, systèmes dynamiques, analyse, … Je jette un coup d’oeil sur les articles des catégories correspondantes, ça me tape sur le système. L’article système dynamique (à ne surtout pas lire!) renvoie à l’article soit-disant principal théorie du chaos. Comme si les systèmes dynamiques se résumaient à la théorie du chaos (pour comparaison, imaginez que l’article démocratie renvoyait à l’article principal Sadam Hussein.) Qu’est-ce que vous voulez que je fasse avec l’article système dynamique ? Ce n’est juste qu’un exemple.
[…]
Cette encyclopédie est incapable de maintenir une information vraie et fige durablement une information fausse, du fait que le plus grand nombre décide de ce qui est valable et de ce qui ne l’est pas… »
d’autres confirment :
« * « C’est marrant, je suis d’accord sur le fait que les deux-tiers (seulement ?) des articles de maths sont à réécrire de bout en bout. Mais bon, moi, c’était sur les méthodes employées que je tiquais, et ça ne concernait que peu les maths, en fait. » — Poulpy 24 janvier 2007 à 11:40 (CET)
* « Ektoplastor, j’ai eu exactement le même problème en économie: les pages les plus générales sont habitées de critiques de l’économie faite par des personnes qui n’en comprennent pas le premier mot, et qui équivalent à équations=libéralisme=MAL. Plutôt que de me battre contre des moulins à vent qui n’ont rien d’autre à faire, j’ai pris le parti de ne contribuer qu’à des articles portant sur des points très précis (Rationalisabilité par exemple, ou Économie de la culture). »–Bokken | 24 janvier2007 à 12:45 (CET) » ce qui se voit ici : ras le bol
* pour l’histoire à propos des articles dits « de qualité » :
A propos de l’article Arménie, proposé comme article de qualité :
« cela m’attriste que la communauté puisse estimer de qualité un article d’histoire générale qui n’apporte pas le moindre élément d’histoire des idées, des arts, d’histoire économique ou démographique ou social. L’avantage de l’histoire au collège, c’est que les dates sont peu nombreuses, on peut donc faire ressortir les dates clés. Mais quand on applique cette technique de façon exhaustive, on obtient une vaste chronologie événementielle sans cohérence dont on ne retient rien. » –Aliesin 10 juin 2007 à 01:07 (CEST)
Et en écho :
« Rien de nouveau, depuis que je connais Wikipédia, les AdQ sont plus souvent une honte pour l’encyclopédie qu’autre chose. Marc Mongenet 10 juin 2007 à 02:35 (CEST) » (sic) vu sur le Bistro juin 07
∑ pour la philo et les sciences humaines :
∑ « J’étudie la philosophie et les sciences humaines, et je constate la médiocrité générale des articles de Wikipédia dans ces domaines. Beaucoup d’approximations, parfois des erreurs qui relèvent l’ignorance des rédacteurs ; je ne vois pas d’amélioration systématique, mais parfois des dégradations significatives, comme de remplacer un paragraphe bien écrit par un qui est considéré comme plus accessible, mais qui se révèle du niveau philosophie de lycée. L’ensemble est superficiel, médiocre et trompeur. »
Rédigé par: Philo | le 09 juin 2007 à 13:49
vu sur le blog Pisani. Le Monde
– Voir également un très intéressant mémoire de sociologie:
– Qui écrit Wikipedia?
– Voir surtout l’excellent dossier de Laure Endrizzi (INRP), qui nous a largement guidé ici:
Echantillons :
En résumé, les principales critiques à l’égard d’un tel outil de publication sont focalisées sur les points suivants :
* les contributeurs sont au mieux des amateurs, au pire des perturbateurs, des vandales ou des fanatiques ;
* quand ils ne se dissimulent pas derrière un ou plusieurs pseudonymes, les contributeurs sont des anonymes ;
* les contributeurs sincères sont découragés par la nécessité de défendre leurs textes contre d’autres participants ignorants ou malveillants
* les contributeurs, non experts, sont illégitimes ;
* les contributeurs ne sont juridiquement pas responsables de leurs contributions ;
* hormis ceux traitant d’informatique, les articles sont au mieux de qualité médiocre, au pire de simples ébauches ;
* certains thèmes ou sujets controversés sont décrédibilisés par des prises de positions partisanes (biographies, événements historiques, mouvements politiques, religion, etc.) ;
* les sujets d’actualité sont sur-représentés au détriment d’un savoir établi ;
* les sources sont rarement indiquées, le contenu n’est pas vérifiable ;
* le non respect du copyright (plagiat) et le non respect de la vie privée sont des pratiques courantes ;
* les articles ne sont pas stables et peuvent être supprimés ou vandalisés à tout moment ;
* les articles ne sont pas relus ni validés ;
* le manque de fiabilité et de stabilité des articles les rend inexploitables ;
* le qualificatif « encyclopédie » est scientifiquement inapproprié ;
* la régulation collective est absurde et illusoire ;
* l’activité éditoriale et plus généralement la structuration des contenus manquent de transparence ;
* la croissance exponentielle des articles et des participants rend illusoire toute tentative d’homogénéisation et de stabilisation ;
* le principe de la neutralité de point de vue est en fait éminemment politique ;
* la vérité encyclopédique est « votée » ; quelle représentativité pour les votants ? ;
* le fondateur de Wikipedia est un personnage immoral qui exerce une influence dictatoriale ;
* la représentativité des univers culturels des locuteurs d’une même langue est biaisée ;
* etc.
– Portrait robot des Wikipediens :
* ce sont majoritairement des hommes, âgés de 25 à 49 ans, avec un niveau d’études moyen qui oscille entre bac +2 et bac +4 ;
* tous ont des expériences et pratiques très diverses de l’informatique, mais l’utilisent au quotidien soit dans leur vie professionnelle, soit dans leur vie privée, soit l’une et l’autre ; tous disposent d’un ordinateur personnel et d’une connexion Internet ;
* les sympathisants à la cause du logiciel libre sont par ailleurs fortement représentés, notamment les programmeurs
* étudiants et professionnels adoptent généralement une démarche pragmatique visant à réinvestir dans le projet des connaissances et des compétences qu’ils ont acquises ou qu’ils mettent en oeuvre ;
* la majorité des Wikipédiens sont localisés sur le territoire français mais les rencontres physiques restent très exceptionnelles (signature des statuts pour l’association française par exemple) ;
* une forte majorité de contributeurs réguliers ont une expérience communautaire antérieure malgré des parcours hétérogènes (logiciel libre, jeux en ligne, newsgroups, forums de discussion, chat, etc.) ; cette pratique tend à se recentrer sur Wikipedia au détriment des autres communautés ;
* la captation de l’individu repose prioritairement sur des éléments biographiques personnels : la nature du projet et les types d’échanges répondent à des attentes individuelles ;
* corollairement la phase d’apprentissage et la routinisation des procédures de coopération sont plus importantes que l’expertise académique pour légitimer sa carrière au sein du collectif ;
* la plupart pratiquent plusieurs activités dans leur temps libre, les loisirs contribuant de manière ludique à la construction identitaire des participants et répondant à une démarche de mise en cohérence des pratiques et des idéaux ;
* l’idéologie militante des participants évolue avec le renforcement de leur engagement dans le projet : la contestation initiale cristallisée sur l’Internet marchand et la propriété intellectuelle se base progressivement sur l’ensemble des dispositifs de production et de diffusion des savoirs et prend la forme d’une pratique ludique et utilitaire plus pragmatique que contestataire, qui fait davantage écho à l’environnement immédiat du contributeur et qui n’est jamais exempte de réflexivité;
* la spécialisation des contributions est à mettre en relation avec les loisirs et passions des contributeurs, notamment pour ce qui concerne les domaines édités, parfois déjà médiatisés dans un site personnel ; le spécialiste tend donc à se confondre avec le passionné, ce qui peut s’avérer problématique si les contributeurs se soumettent difficilement aux règles du collectif ; la dynamique des échanges conduit parfois le porteur d’un projet personnel à s’investir dans d’autres espaces wiki pour approfondir son approche (voir Jean-Jacques Milan et son wikilivre sur la tribologie);
* les pratiques gestionnaires liées au suivi des modifications récentes et à la correction orthographique par exemple ne relèvent pas à proprement parler d’une passion mais correspondent davantage à une démarche personnelle d’apprentissage par l’exploration de nouveaux sujets;
* les contributions des informaticiens ne concernent que très exceptionnellement les contenus informatiques, déjà fortement structurés; ils investissent plus volontiers les tâches de développement, considérées plus valorisantes au sein du collectif.
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