Présidence Obama: Nous pouvons finir par perdre beaucoup de libertés (Will new anti-Obama film finally open the floodgates for the Hollywood right?)

30 septembre, 2010

I want your money

Nous pouvons finir par perdre beaucoup des libertés que beaucoup de gens dans ce pays considèrent comme acquises. Ray Griggs
La période bénie des documentaires hagiographiques produits par les pontes d’Hollywood façon By The People: The Election of Barack Obama semble bien révolue. (…) Le documentaire de Ray Griggs intervient au pire moment pour l’équipe d’Obama, qui vient d’annoncer le contenu de son nouveau plan de relance estimé à 50 milliards de dollars, répartis dans des grands projets d’infrastructures publiques. Alors que les élections de mi-mandat se profilent, l’administration démocrate pourrait souffrir de cette mauvaise publicité, et I Want Your Money devenir le film officiel des Tea Party. D’autant plus que le film de Ray Griggs, dont la sortie en salle est prévue pour le 15 octobre aux Etats-Unis, bénéficiera d’une distribution conséquente pour le genre, avec 500 copies réparties dans tout le pays. Le tout assorti d’une campagne de promo efficace, menée par Paul Lauer, tête pensante de Movie Entertainment, une société de marketing qui s’était déjà chargée de la sortie de La Passion du Christ de Mel Gibson. Les Inrocks
Le New York Times a l’explication la plus amusante pour le grand bruit que fait déjà ce documentaire, avant même sa sortie en salles: il marque le coming out de « l’une des minorités les plus invisibles du pays, la droite hollywoodienne ». Ray Griggs, le réalisateur a d’ailleurs avoué avoir eu un certain mal à réunir son équipe, beaucoup n’acceptant de travailler pour lui… qu’à condition que leur nom ne figure pas au générique : « On voit beaucoup de gens à Hollywood qui ont peur de déclarer publiquement: j’aime Reagan, je crois au conservatisme et au capitalisme » a expliqué  Griggs à Newsmax. Lorraine Millot/Fabrice Rousselot

Signe de ces étranges temps où nous vivons …

A l’heure ou, après la suite ininterrompue de films anti-Bush et pro-Obama …

Sort un nouveau film sur l’éducation aux Etats-Unis par l’auteur du documenteur de Gore …

Ce petit film anti-Obama (« I want your money ») sorti à compte d’auteur et avec la collaboration de techniciens refusant d’avoir leurs noms au générique …

Mais, qui, si l’on en croit nos Obamamanes des médias que l’on avait connu moins regardants lorsque des cinéastes ou des écrivains appelaient explicitement à l‘assassinat du cowboy Bush …

Pourrait non seulement marquer « la fin de la période bénie des documentaires hagiographiques produits par les pontes d’Hollywood » (Les Inrocks dixit) …

Mais aussi, avec la catastrophe annoncée des élections de mi-mandat et la révolte grondante des Tea parties, …

Finalement libérer l’une des minorités jusqu’ici les plus invisibles ou du moins les plus discrètes d’Hollywood:

A savoir les réalisateurs et acteurs de droite

Ou tout simplement, face aux déficits les plus pharaoniques de l’hisitoire américaine …

Les plus attachés à la responsabilité fiscale?

Reagan de retour sur les écrans, pour boxer avec Obama

Lorraine Millot/Fabrice Rousselot

Great America

24/09/2010

Le film ne doit sortir en salles aux Etats-Unis que le 15 octobre, le réalisateur était pratiquement inconnu jusqu’à présent, mais tout le monde en parle déjà comme si ce devait être la sensation politico-cinématographique de cette rentrée. I Want Your Money dénonce, un peu à la façon pachydermique de Michael Moore, l’explosion des dépenses publiques et la gabegie dont Barack Obama serait devenu l’incarnation. Ray Griggs, le jeune (36 ans) producteur et réalisateur du film propose de sauver l’Amérique des griffes d’Obama en revenant aux bonnes vieilles recettes de Ronald Reagan : contrôle des dépenses, encouragements aux entreprises privées et bien sûr, réductions d’impôts…

On dirait une version Tea Party des films de Michael Moore, s’amuse déjà la presse américaine : comme le réalisateur de Fahrenheit 9/11, Ray Griggs alterne images choc, interviews et commentaires personnels, en insérant aussi des figures animées, notamment celles de Sarah Palin, Barack Obama, Bill et Hillary Clinton… Ronald Reagan descend sur le ring pour boxer avec Obama ou s’assied familièrement sur un coin de son bureau pour lui expliquer que sa politique est celle d’un… voleur.

Voici la bande-annonce, déjà vue par plus de 2 millions d’internautes sur YouTube.

Le New York Times a l’explication la plus amusante pour le grand bruit que fait déjà ce documentaire, avant même sa sortie en salles: il marque le coming out de « l’une des minorités les plus invisibles du pays, la droite hollywoodienne ». Ray Griggs, le réalisateur a d’ailleurs avoué avoir eu un certain mal à réunir son équipe, beaucoup n’acceptant de travailler pour lui… qu’à condition que leur nom ne figure pas au générique : « On voit beaucoup de gens à Hollywood qui ont peur de déclarer publiquement: j’aime Reagan, je crois au conservatisme et au capitalisme » a expliqué  Griggs à Newsmax. Réalisateur de publicités, aspirant au genre de la science-fiction, Ray Griggs affirme avoir fait ce documentaire par souci pour ses enfants… qui ne jouiront pas de la même liberté que lui si le pays continue à s’accabler de dettes: « Nous pouvons finir par perdre beaucoup des libertés que beaucoup de gens dans ce pays considèrent comme acquises ».

Voir aussi:

Obama, nouvelle cible des documentaires américains

Les Inrocks

15/09/2010

Après le brûlot « The Deception Obama », le Président américain est encore pris a partie dans un documentaire accusateur : « I Want Your Money ».

La période bénie des documentaires hagiographiques produits par les pontes d’Hollywood façon By The People: The Election of Barack Obama semble bien révolue.

Le Président américain est depuis quelques temps la cible privilégiée d’une vague de documentaires conservateurs ultra-populaires, dont le dernier avatar, I Want Your Money, se paie une petite renommée sur Internet. Depuis sa mise en ligne en août dernier, le trailer du dernier film de Ray Griggs a déjà été vu plus de deux millions de fois.

Déjà réalisateur d’une comédie familiale sur des super-héros bidons, Super Capers, Ray Griggs a été récompensé pour son court-métrage d’animation de huit minutes, Lucifer, une adaptation « très fidèle » de la Bible. Il est aussi reconnu comme une figure importante du parti républicain pour son travail sur la campagne de Rob Schaaf à la chambre des représentants du Missouri. Le cinéaste militant devait mettre en scène l’adaptation de The Wind in the Willows, célèbre roman-jeunesse de Kenneth Grahame, lorsqu’il a décidé de réaliser ce documentaire, « alerté par la fuite en avant des dépenses de Washington ».

Obama vs Reagan

I Want Your Money est une charge en règle contre la politique économique de Barack Obama. Le film repose sur une dialectique qui consiste à opposer deux modèles de politique : Obama (interventionnisme étatique) et Reagan (libéralisme total), et à en mesurer les impacts respectifs.

Pour Griggs, l’idéal de redistribution équitable des richesses du gouvernement démocrate est un leurre, et contribue un peu plus à creuser la dette du pays, preuve à l’appui : le site officiel du film décompte très précisément le déficit national.

Mauvaise pub

Le documentaire de Ray Griggs intervient au pire moment pour l’équipe d’Obama, qui vient d’annoncer le contenu de son nouveau plan de relance estimé à 50 milliards de dollars, répartis dans des grands projets d’infrastructures publiques.

Alors que les élections de mi-mandat se profilent, l’administration démocrate pourrait souffrir de cette mauvaise publicité, et I Want Your Money devenir le film officiel des Tea Party. D’autant plus que le film de Ray Griggs, dont la sortie en salle est prévue pour le 15 octobre aux Etats-Unis, bénéficiera d’une distribution conséquente pour le genre, avec 500 copies réparties dans tout le pays. Le tout assorti d’une campagne de promo efficace, menée par Paul Lauer, tête pensante de Movie Entertainment, une société de marketing qui s’était déjà chargée de la sortie de La Passion du Christ de Mel Gibson.

Un documentaire ludique

Pour attirer un maximum de spectateurs, Ray Griggs a aussi parié sur une forme de documentaire ludique, alternant les interviews face caméra traditionnelles (ici Steve Forbes, John Stossel, Michael Reagan), avec des séquences d’animations au design assuré par Tom Richmond du magazine Mad.

Voir aussi:

Politics on Film, but This Time Leaning Right

MICHAEL CIEPLY

The NYT

September 7, 2010

LOS ANGELES — After Michael Moore screened his anti-Bush documentary “Fahrenheit 9/11” for Hollywood’s assembled royalty at the headquarters of the Academy of Motion Picture Arts and Sciences six years ago, the crowd broke out in a noisy ovation that it did not want to stop.

It has been lonelier for Ray Griggs.

According to Mr. Griggs, some prospective crew members on his new documentary, “I Want Your Money,” which takes aim at President Obama’s economic policies, said they would accept jobs on the condition that their names be left off the credits. Mr. Griggs suspects that a politically motivated makeup artist even tried to sabotage the movie by giving him a distinctly unflattering look.

But his film, like “Fahrenheit” before it, is now to be released in a heated political season. And that is at least a minor triumph for one of the less visible minorities: the Hollywood right.

Scheduled by Freestyle Releasing to open in about 500 theaters on Oct. 15, “I Want Your Money” is a long shot, even in the wobbly world of documentaries.

“I have no agent, no manager,” said Mr. Griggs, a soft-spoken 36-year-old, discussing his film over coffee here last week. He added: “I had nothing to lose. My phone is not ringing off the hook from the studios.”

By contrast, there is Davis Guggenheim’s “Waiting for Superman,” a documentary to be released by Paramount Vantage on Sept. 24, and Alex Gibney’s “Client 9: The Rise and Fall of Eliot Spitzer,” due from Magnolia Pictures on Nov. 5. Both films come from past Oscar winners with strong progressive credentials. Mr. Guggenheim, whose film takes on the country’s education system, was honored for his environmental manifesto, “An Inconvenient Truth,” and Mr. Gibney for his examination of torture in the war on terror, in “Taxi to the Dark Side.” The new Guggenheim and Gibney films have the advantage of heavily promoted showings at the Toronto International Film Festival this month.

Mr. Griggs is best known as the filmmaker behind “Super Capers,” a superhero comedy that took in a few tens of thousands of dollars when Roadside Attractions released it in 2009.

Yet the trailer for “I Want Your Money” has grabbed more than two million views since it was first posted in early August, promising attention to a film that stands unabashedly to the right.

“This is a perfect grass-roots project, because it’s hitting a nerve,” said Paul Lauer, the founder of Motive Entertainment, a consulting firm that organized marketing for Mel Gibson’s hit “The Passion of the Christ,” and is now working with Mr. Griggs. The plan, Mr. Lauer said, is to screen “I Want Your Money” in the next month for conservative opinion makers and political groups. The aim is to catch the attention of Rush Limbaugh, Sean Hannity or Glenn Beck, Mr. Griggs said..

The tone of the film, which Mr. Griggs directed and helped write, is a little softer than that of those three conservative commentators. Its central argument is a straightforward case for the virtues of smaller government and the futility of efforts to redistribute wealth. But its charm, if that word can apply to political documentary, comes from computer-generated animations in which bobbing-headed political figures, designed by Tom Richmond of Mad Magazine, try to school one another on the ins and outs of policy.

Animated politicians on both sides of the aisle — Bill and Hillary Rodham Clinton, Sarah Palin, the older and younger George Bushes — all take some good-natured hits. Ronald Reagan offers Mr. Obama a couple of jelly beans, but Mr. Obama figures he’s already entitled to half, and so on.

Mr. Griggs narrates, with an assist from interviewees who include Steve Forbes, John Stossel and Michael Reagan. The film was self-financed for about $500,000, while a number of investors — who are not well known or backed by political candidates or apparatus, Mr. Griggs said — created a somewhat larger fund for prints and advertising.

Raised almost entirely in Germany until he was 17, Mr. Griggs, the son of an Air Force officer, said he learned political lessons by observing life in Europe while absorbing American culture from afar. On returning to the United States, he worked at a television station in Missouri, then began his own business, making commercials and corporate videos.

His formal introduction to politics, Mr. Griggs said, came with his work as a campaign manager, then staff member, for Rob Schaaf, a Republican in the Missouri House of Representatives. Mr. Griggs was known for whimsical campaign ads that had Mr. Schaaf talking from the bottom of a coffee cup.

Mr. Griggs said his ultimate, long-held dream was to make a film based on the story of Lucifer. More immediately, he has begun pulling together plans for a live-action version of “The Wind in the Willows,” with help from Weta Digital, the New Zealand studio in which Peter Jackson is a partner.

While working on those projects, however, Mr. Griggs said he became alarmed by what he saw as runaway spending in Washington, and so decided the documentary would come first.

He briefly looked for studio backing but was rebuffed.

Not everyone buys the notion that conservative Hollywood is held down by liberal bias, of course. “It’s preposterous — I’ve never encountered it,” said Douglas Urbanski, a prominent talent manager who has been a guest host on Mr. Limbaugh’s program several times this year.

Even Mr. Griggs has had his Hollywood moments. While finishing his “Super Capers” at a postproduction site on the Warner Brothers lot in Burbank, for instance, he was entitled to use a golf cart. So he had one designed to look like Batman’s mobile Tumbler from “The Dark Knight” and for a while, at least, was a star.

“Warner was very nice to me,” Mr. Griggs said. “The tour van started to change routes to see my Tumbler.”

Voir enfin:

Documentary Presses Obama to Take Economy Lesson From Reagan

Dan Weil

Newsmax

Friday, September 17, 2010

Count Ray Griggs as one of the few Hollywood conservatives who isn’t afraid to speak up and, in his case, even put his views up on the silver screen. In his view, the country needs to return to President Ronald Reagan’s values.

Griggs advances his arguments in the documentary, “I Want Your Money,” which he produced and directed.

The film, which is slated for release next month, critiques President Barack Obama’s economic policies, with commentary from Steve Forbes of Forbes magazine, former House Speaker Newt Gingrich, Wall Street Journal editorial board member Stephen Moore, and other conservative luminaries.

Griggs contrasts Obama to Reagan, who he said “had a similar crisis to Obama, but he didn’t spend his way out of it. He found a different way to create growth again, which is what we need now.”

What the country needs is a return to Reagan’s values, Griggs said in an exclusive interview with Newsmax.TV. “Control spending, promote small business growth and give tax incentives.”

The economic crisis inspired Griggs to make his movie. “We can end up losing a lot of freedom that a lot of people in this country take for granted,” he said.

“I have great freedom in creating my company and being a filmmaker, and I want to pass those along to my kids. With the amount of debt we’re accumulating, I don’t know if they’ll be there in the future.”

Griggs doesn’t view himself as the right’s answer to Michael Moore. “I’m not really a documentary filmmaker, I’m more a science fiction and fantasy filmmaker,” Griggs said.

“I just felt, on a personal level, I had to do something. I feel every citizen has to do something to take control back of our government. It’s our government, yet they don’t listen to us.”

Getting a crew wasn’t easy in liberal-dominated Hollywood, where Griggs says conservatives feel a need to muffle their views to protect their careers.

“It’s kind of a hush-hush thing in Hollywood,” Griggs told Newsmax.TV. “Conservatives don’t really come out and say they’re conservative, because they’re worried about their careers.”

The people he originally found to work as crew for his movie said they would do it for a paycheck but didn’t want their name to appear in the credits.

“So I found a crew that believed in it . . . It was a struggle to get crew for the project,” Griggs said. “You do see in Hollywood people are afraid to come out and say I like Reagan, I believe in conservatism and capitalism.”


Union européenne: Une fâcheuse géométrie variable (Back in the USSR: Former Soviet dissident warns of EU dictatorship)

30 septembre, 2010
L’anti-racisme sera le totalitarisme du XXIe siècle. Alain Finkielkraut
La destruction de l’URSS fut la plus grande catastrophe géopolitique du siècle. Poutine (le 25 avril 2005)
En tant que système de pensée, philosophie, organisation politique, le nazisme a été totalement réfuté, démantelé, ridiculisé, anéanti. Aucun intellectuel, à l’issue de la seconde guerre mondiale, ne pouvait prétendre soutenir la moindre théorie en rapport et garder son prestige et sa réputation. Le procès proprement dit vaut moins pour son déroulement que pour son symbolisme. (…) Concernant le communisme, il n’y a jamais eu de procès de Nuremberg et c’est un manquement crucial au démantèlement de cette idéologie criminelle. C’est la thèse que soutien Vladimir Bukovsky sur la fin de l’URSS, et force est de constater que ses arguments sont convaincants. Mis à part la pantalonnade du « putsch des généraux » de l’été 1991, il n’y a pas eu cette réfutation publique et totale du communisme. En ex-URSS, suite à la fin du régime les aparatchiks se sont empressés de se recycler dans le capitalisme d’Etat en se partageant le butin des régies d’Etat qui s’apprêtaient à être privatisées, et c’est désormais Vladimir Poutine, ancien colonel du KGB, qui est à la tête du pays. Faut-il s’en réjouir? Que la victoire sur l’Allemagne nazie aurait été amère si, dans les années 50, un Goebbels « repenti » s’était retrouvé élu à la Chancellerie fédérale! Stephane
Comme l’avait très bien montré Revel dans La Grande Parade, la plupart des communistes et socialistes européens, surtout français, n’ont pas tiré les leçons de l’écroulement du mur de Berlin et de l’échec de l’économie planifiée. Ils continuent à croire au Grand Soir en s’opposant systématiquement à l’économie libérale et aux valeurs de liberté individuelle. Leur aveuglement les a poussé à soutenir l’URSS jusqu’au bout et à croire en la perestroïka en l’arrosant de milliards de dollars (…) Ceux qui furent déçus de la chute de l’URSS font aussi partie des bâtisseurs de l’Europe communautaire  (…) La mauvaise compréhension de cet échec les a rendus nostalgiques d’un ordre bureaucratique dont les défauts ne pouvaient que cacher une réalité bien plus agreeable(…) C’est pourquoi ils ont essayé d’imaginer  cette Europe comme un ensemble d’Etats soumis à un centre administratif basé à Bruxelles. Pour l’instant, ils n’ont réussi que partiellement et, comme le dit Boukovsky, l’Europe « souffre aujourd’hui d’un syndrome brejnévien ». (…) Cette Europe s’est bâtie durant la période de la détente, euphémisme correspondant en fait aux phases qui permettaient aux Soviétiques de reprendre des forces et de consolider leurs « acquis » afin de mieux préparer de nouveaux coups. Seuls Reagan et Thatcher ne sont pas tombés dans ce piège. Plus tard, au temps de Gorbatchev, les Européens ont aveuglement soutenu son idée de « maison commune », une façon habile d’intégrer l’URSS moribonde dans un ensemble d’Etats « partageant les mêmes valeurs » de…. paix, protection sociale, de respect des frontières, des droits collectifs. C’est-à-dire une Europe intégrant l’Empire soviétique avec ses caractéristiques les plus déplorables. (…) Très instructives les déclarations de Mitterrand et de son « conseiller idéologique », Jacques Attali, sur cette « maison européenne » : « une grande idée pour converger les deux mondes socialistes » (Mitterrand). Bogdan Calinescu
Sur le plan culturel et civil, la mise en cause de la liberté de conscience et d’opinion d’un commissaire de formation et de confession catholiques, et la contestation de la distinction laïque faite par lui entre morale et loi, entre morale et droit, ont des relents intégristes, voire obscurantistes. Berlusconi
Le gonflement de l’appareil bureaucratique est l’un des traits immuables du socialisme. Vladimir Boukovsky (1981)
Pour continuer à exister, l’Union soviétique s’est étendue toujours plus loin. Dès qu’elle a cessé de s’étendre, elle a commencé à s’écrouler. Et je soupçonne qu’il en sera de même pour l’UE. (…) Comme l’Union soviétique, l’Union européenne porte en elle les germes de sa propre perte. Malheureusement, quand elle s’écroulera – et elle s’écroulera – elle laissera derrière elle une immense destruction et d’immenses problèmes économiques et ethniques. (…) J’ai vécu dans votre futur, et ça n’a pas marché. Vladimir Boukovsky
Bien sûr en Europe, celui qui pense autrement et qui ose exprimer son opinion sur des sujets sensibles, n’est pas envoyé au Goulag, mais les pressions qu’il subit sont telles qu’il est généralement condamné au silence ou à la marginalisation. J’ai peur que ce soit le début de quelque choses de plus grave. (…) Dans certains pays européens, la loi interdit d’exprimer des opinions négationistes, xénophobes, racistes, tout comme les incitations à la haine raciale ou l’apologie de crimes contre l’humanité. Il convient de constater à quel point la définition de tels délits peut être floue.
Déjà on constate une fâcheuse géométrie variable en ce qui concerne les opinions négationnistes : on peut être condamné à juste raison si l’on nie les crimes de Hitler. En revanche, pour une raison qui m’échappe, on reste libre de considérer Staline ou Mao Zedong ou Pol Pot comme de charmants bienfaiteurs de l’humanité et de le proclamer partout. Vladimir Boukovsky

Votes imposes, appels explicites a la convergence partis sociaistes europeens-URSS dite notre « maison commune européenne », multiplication de soviets directement élus par personne et ne rendant de compte à personne, dizaines de milliers de pages de règlements gosplaniques planifiant tout dans l’économie, dans les moindres details crime d’injures concernant les homosexuels des annees à l’avance, corruption de haut en bas a la soviétique de corruption, allant plutôt que de bas en haut, creation de nouveaux crimes politiquement corrects mais a geometire variable (opposition à l’immigration incontrôlée du tiers-monde et à la poursuite de l’intégration européenne assimiles au racisme et a la xénophobie, repression du negationnisme nazi mais pas de l’apologie du communisme), endoctrinement ideologique sociale-démocrate, étatiste et politiquement correct, candidat commissaire europeen recale et pasteur suédois persécuté pour pensee non conforme concernant l’homosexualité, crime d’injures concernant les homosexuels), endoctrinement ideologique sociale-démocrate, étatiste et politiquement correct, candidat commissaire europeen recale et pasteur suédois persécuté pour pensee non conforme concernant l’homosexualité…

L’Union europeenne serait-elle en voie de sovietisation?

Suite  a notre dernier billet sur la singuliere indulgence francaise pour l’ideologie probablement la plus meurtriere de l’histoire …

Et a l’heure ou, a coup de milliers de milliards de dollars de deficits mais a la veille d’elections de mi-mandat annoncees catastrophiques, le troisieme compere de la Trilaterale socialiste, a savoir l’Amerique d’Obama, s’enfonce chaque jour un peu  plus dans la socialisation et l’etatisation a l’europeenne

Retour, avec l’ancien dissident russe Vladimir Boukovsky, sur l’etrange convergence qui semble se confirmer …

Entre une Russie non seulement jamais totalement decommunisee mais en pleine nostalgie sovietique et une Union europeenne en serieuse voie de sovietisation

Un ancien dissident soviétique met en garde contre une dictature de l’Union Européenne

Observatoire de l’Europe

20 mars 2006

Vladimir Bukovsky, l’ancien dissident soviétique âgé de 63 ans, craint que l’Union Européenne ne soit en train de devenir une autre Union Soviétique. Dans un discours prononcé à Bruxelles en février, Mr. Bukovsky a qualifié l’UE de « monstre » qui doit être détruit le plus tôt possible, avant qu’il ne se transforme en un Etat totalitaire en pleine puissance.

Un ancien dissident soviétique met en garde contre une dictature de l’Union Européenne

Mr. Bukovsky a rendu visite au Parlement Européen il ya quelques mois sur l’invitation du FIDESZ, le Forum civique hongrois. Le FIDESZ, membre du groupe chrétien-démocrate européen, avait invité l’ancien dissident soviétique, vivant en Angleterre, à l’occasion du 50e anniversaire de la révolte hongroise de 1956. Après sa rencontre du matin avec les Hongrois, Mr. Bukovsky a fait un discours l’après-midi dans un restaurant polonais de la Trier Straat, en face du Parlement Européen, où il a parlé sur l’invitation du Parti de l’Indépendance du Royaume-Uni (UKIP), dont il est le parrain.

Vladimir Bukovsky annonce une imminente « UERSS »

Dans son discours, Mr. Bukovsky fit référence à des documents confidentiels venant des dossiers soviétiques qu’il fut autorisé à lire en 1992. Ces documents confirment l’existence d’une « conspiration » pour transformer l’Union Européenne en une organisation socialiste. J’ai assisté à la rencontre et tapé le discours. Une transcription, ainsi que le fragment audio (environ 15 minutes), peut être trouvé plus bas. J’ai eu aussi une brève interview avec Mr. Bukovsky (4 minutes), dont une transcription et un fragment audio peuvent aussi être trouvés ci-dessous. L’interview sur l’Union Européenne a dû être abrégée parce que Mr. Bukovsky avait d’autres engagements, mais elle m’a rappelé quelques souvenirs, quand j’avais interviewé Vladimir Bukovsky vingt ans auparavant, en 1986, alors que l’Union Soviétique, le premier monstre qu’il avait si vaillamment combattu, était encore vivant et florissant.

Mr. Bukovsky fut l’un des héros du XXe siècle. Encore jeune homme, il dénonça l’utilisation de l’emprisonnement psychiatrique contre les prisonniers politiques dans l’ancienne URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques, 1917-1991) et passa au total douze ans (1964-1976), depuis l’âge de 22 ans jusqu’à 34 ans, dans les prisons, les camps de travail et les institutions psychiatriques soviétiques. En 1976, les Soviétiques l’expulsèrent en Occident. En 1992, il fut invité par le gouvernement russe pour servir d’expert témoignant au procès conduit pour déterminer si le Parti Communiste Soviétique avait été une institution criminelle. Pour préparer son témoignage, Mr. Bukovsky obtint l’accès à un grand nombre de documents des archives secrètes soviétiques. Il est l’une des rares personnes à avoir vu ces documents, puisqu’ils sont encore classifiés. En utilisant un petit scanner portable et un ordinateur portable, cependant, il réussit à copier beaucoup de documents (certains avec une mention de haute sécurité), y compris des rapports du KGB au gouvernement soviétique.

Une interview avec Vladimir Bukovsky

(écouter)

Paul Belien : Vous avez été un célèbre dissident soviétique, et maintenant vous tracez un parallèle entre l’Union Européenne et l’Union Soviétique. Pouvez-vous expliquer cela ?

Vladimir Bukovsky : Je fais référence aux structures, à certaines idéologies qui sont inculquées, aux plans, à la direction, à l’inévitable expansion, à l’effacement des nations, ce qui était le but de l’Union Soviétique. La plupart des gens ne comprennent pas cela. Ils ne le savent pas, mais nous le savons parce que nous avons été élevés en Union Soviétique où nous devions étudier l’idéologie soviétique à l’école et à l’université. Le but ultime de l’Union Soviétique était de créer une nouvelle entité historique, le peuple soviétique, sur tout le globe. La même chose est vraie dans l’UE aujourd’hui. Ils tentent de créer un nouveau peuple. Ils appellent ce peuple les « Européens », quoi que cela signifie.

D’après la doctrine communiste ainsi que de nombreuses formes de pensée socialiste, l’Etat, l’Etat national, est supposé disparaître. En Russie, cependant, c’est le contraire qui arriva. Au lieu de disparaître, l’Etat soviétique devint un Etat très puissant, mais les nationalités furent effacées. Mais quand vint le temps de l’effondrement soviétique, ces sentiments réprimés d’identité nationale revinrent en force et ils détruisirent presque le pays. C’était si effrayant.

PB : Pensez-vous que la même chose puisse arriver quand l’Union Européenne s’effondrera ?

VB : Absolument, vous pouvez presser un ressort seulement jusqu’à un certain point, et la psyché humaine est très résistante, vous savez. Vous pouvez la presser, vous pouvez la presser, mais n’oubliez pas qu’elle accumule toujours de la force pour rebondir. Elle est comme un ressort et elle revient toujours en force.

PB : Mais tous ces pays qui ont rejoint l’UE l’ont fait volontairement.

VB : Non, ils ne l’ont pas fait. Regardez le Danemark qui a voté contre le traité de Maastricht deux fois. Regardez l’Irlande [qui a voté contre le traité de Nice]. Regardez beaucoup d’autres pays, ils sont sous une énorme pression. C’est presque du chantage. La Suisse a été forcée de voter cinq fois dans un référendum. Les cinq fois ils l’ont rejeté, mais qui sait ce qui arrivera la sixième fois, la septième fois. C’est toujours la même chose. C’est un truc pour les idiots. Les gens doivent voter dans des référendums jusqu’à ce que les gens votent de la manière souhaitée. Ensuite ils doivent s’arrêter de voter. Pourquoi s’arrêter ? Continuons à voter. L’UE est ce que les Américains appelleraient un mariage forcé.

PB : Que pensez-vous que les jeunes devraient faire concernant l’UE ? Sur quoi doivent-ils insister, démocratiser l’institution ou simplement l’abolir ?

VB : Je pense que l’UE, comme l’Union Soviétique, ne peut pas être démocratisée. Gorbatchev a tenté de la démocratiser et elle a éclaté. Ce genre de structure ne peut jamais être démocratisé.

PB : Mais nous avons un Parlement Européen qui est choisi par le peuple.

VB : Le Parlement Européen est élu sur la base de la représentation proportionnelle, ce qui n’est pas une vraie représentation. Et sur quoi vote-t-on ? Le pourcentage de graisse dans les yoghourts, ce genre de chose. C’est ridicule. On lui donne la tâche du Soviet Suprême. Le parlementaire moyen peut parler six minutes par an à la Chambre. Ce n’est pas un vrai parlement.

Transcription du discours de Mr. Bukovsky à Bruxelles

(écouter)

En 1992, j’ai eu un accès sans précédent aux documents secrets du Politburo et du Comité Central qui avaient été classifiés, et qui le sont encore maintenant, pour 30 ans. Ces documents montrent très clairement que toute l’idée de transformer le marché commun européen en Etat fédéral fut acceptée par les partis de gauche européens et par Moscou comme un projet conjoint que Gorbatchev appela en 1988-89 notre « maison commune européenne ».

L’idée était très simple. Elle apparut pour la première fois en 1985-86, quand les communistes italiens rendirent visite à Gorbatchev, suivis par les sociaux-démocrates allemands. Ils se plaignaient tous que les changements dans le monde, particulièrement après que Mme Thatcher ait introduit la privatisation et la libéralisation économique, menaçaient de balayer toutes les réalisations (comme ils les appelaient) de générations de socialistes et de sociaux-démocrates – menaçant de les inverser complètement. Par conséquent la seule manière de résister à cette agression du capitalisme sauvage (comme ils l’appelaient) était de tenter d’introduire les mêmes buts socialistes dans tous les pays immédiatement.

Avant cela, les partis de gauche et l’Union Soviétique s’étaient opposés à l’intégration européenne surtout parce qu’ils la percevaient comme un moyen de bloquer leurs buts socialistes.

A partir de 1985, ils changèrent complètement de vision. Les Soviétiques parvinrent à la conclusion et à un accord avec les partis de gauche, que s’ils travaillaient ensemble ils pouvaient détourner tout le projet européen et l’inverser complètement. Au lieu d’un marché ouvert, ils le transformeraient en un Etat fédéral.

D’après les documents [soviétiques], 1985-86 est le moment-clé. J’ai publié la plupart de ces documents. Vous pouvez même les trouver sur internet. Mais les conversations qu’ils ont eues sont vraiment révélatrices. Pour la première fois vous comprenez qu’il y a eu une conspiration – très compréhensible pour eux, puisqu’ils tentaient de sauver leurs peaux politiques. A l’Est, les Soviétiques avaient besoin d’un changement de relations avec l’Europe parce qu’ils entraient dans une crise structurelle prolongée et très profonde ; à l’Ouest, les partis de gauche craignaient d’être balayés et de perdre leur influence et leur prestige. Donc c’était une conspiration, faite par eux, négociée et élaborée tout à fait ouvertement.

En janvier 1989, par exemple, une délégation de la Commission Trilatérale vint voir Gorbatchev. Elle comprenait Nakasone, Giscard d’Estaing, [David] Rockefeller et Kissinger. Ils eurent une très jolie conversation où ils tentèrent d’expliquer à Gorbatchev que la Russie Soviétique devait s’intégrer dans les institutions financières du monde, comme le Gatt, le FMI et la Banque Mondiale.

Au milieu de la conversation, Giscard d’Estaing entre soudain en piste et dit : « Mr. le Président, je ne peux pas vous dire exactement quand cela arrivera – probablement dans 15 ans – mais l’Europe va devenir un Etat fédéral et vous devez vous y préparer. Vous devez élaborer avec nous, et avec les dirigeants européens, la manière dont vous réagiriez à cela, comment vous permettriez aux autres pays d’Europe de l’Est d’interagir avec lui ou comment en faire partie, vous devez être prêt ».

C’était en janvier 1989, à un moment où le traité de Maastricht [1992] n’avait même pas été esquissé. Comment diable Giscard d’Estaing savait-il ce qui allait se passer dans 15 ans ? Et surprise, surprise, comment devint-il l’auteur de la constitution européenne [en 2002-03] ? Très bonne question. Ça sent la conspiration, n’est-ce pas ?

Heureusement pour nous, la partie soviétique de cette conspiration s’effondra avant et elle n’atteignit pas le point où Moscou aurait pu influencer le cours des événements. Mais l’idée originelle était d’avoir ce qu’ils appelaient une convergence, par laquelle l’Union Soviétique s’adoucirait quelque peu et deviendrait plus sociale-démocrate, pendant que l’Europe occidentale deviendrait sociale-démocrate et socialiste. Ensuite il y aurait eu une convergence. Les structures devaient s’adapter l’une à l’autre. C’est pourquoi les structures de l’Union Européenne furent initialement bâties dans le but de s’adapter à la structure soviétique. C’est pourquoi elles sont aussi similaires dans leur fonctionnement et dans leur structure.

Ce n’est pas un hasard si le Parlement Européen, par exemple, me rappelle le Soviet Suprême. Il ressemble au Soviet Suprême parce qu’il a été conçu comme lui. De même, quand vous regardez la Commission Européenne, elle ressemble au Politburo. Je veux dire qu’elle lui ressemble exactement, sauf pour le fait que la Commission a maintenant 25 membres et que le Politburo avait habituellement 13 ou 15 membres. A part ça, ils sont exactement les mêmes, ne rendant de compte à personne, sans être directement élus par personne.

Quand vous regardez toute cette activité bizarre de l’UE avec ses 80.000 pages de règlements, ça ressemble au Gosplan. Nous avions une organisation qui planifiait tout dans l’économie, dans les moindres détails, cinq ans à l’avance. C’est exactement la même chose qui se passe dans l’UE. Quand vous regardez le type de corruption de l’UE, c’est exactement le type soviétique de corruption, allant de haut en bas, plutôt que de bas en haut.

Si vous parcourez toutes les structures et tous les traits de ce monstre européen émergeant, vous remarquerez qu’il ressemble de plus en plus à l’Union Soviétique. Bien sûr, c’est une version plus douce de l’Union Soviétique. S’il vous plaît, ne vous méprenez pas. Je ne dis pas qu’il a un Goulag. Il n’a pas de KGB – pas encore – mais je surveille très attentivement des structures comme l’Europol par exemple. Cela m’effraye réellement parce que cette organisation aura probablement des pouvoirs plus grands que ceux du KGB. Ils auront l’immunité diplomatique. Pouvez-vous imaginer un KGB avec l’immunité diplomatique ? Ils devront nous contrôler pour 32 sortes de crimes – dont deux sont particulièrement effrayants, l’un est appelé racisme, l’autre xénophobie. Aucune cour criminelle sur terre ne définit une telle chose comme un crime [ce n’est pas entièrement vrai, puisque la Belgique le fait déjà – PB].

Donc c’est un nouveau crime, et nous avons déjà été avertis. Un membre du gouvernement britannique nous a dit que ceux qui s’opposent à l’immigration incontrôlée du tiers-monde seront considérés comme racistes et que ceux qui s’opposent à la poursuite de l’intégration européenne seront considérés comme xénophobes. Je crois que Patricia Hewitt a dit cela publiquement.

Donc, nous avons maintenant été avertis. Pendant ce temps, ils introduisent de plus en plus d’idéologie. L’Union Soviétique était un Etat dirigé par l’idéologie. L’idéologie d’aujourd’hui de l’Union Européenne est sociale-démocrate, étatiste, et en grande partie politiquement correcte. Je surveille très attentivement la manière dont le politiquement correct se répand et devient une idéologie oppressive, sans parler du fait qu’ils interdisent de fumer presque partout maintenant. Regardez la persécution de gens comme le pasteur suédois qui a été persécuté pendant plusieurs mois parce qu’il a estimé que la Bible n’approuve pas l’homosexualité. La France a voté la même loi de crime d’injures [hate crime] concernant les gays.

La Grande-Bretagne est en train de voter des lois de crime d’injures concernant les relations raciales et maintenant le discours religieux, et ainsi de suite. Ce que vous observez, mis en perspective, est une introduction systématique d’idéologie qui pourrait être renforcée plus tard par des mesures oppressives. Apparemment c’est tout le but de l’Europol. Autrement pourquoi en aurions-nous besoin ? L’Europol me paraît très suspect. Je surveille très attentivement qui est persécuté, pour quelle raison, et ce qui se passe, parce que c’est un domaine dans lequel je suis un expert. Je sais de quelle manière le Goulag apparaît.

C’est comme si nous vivions dans une période de démantèlement rapide, systématique et très cohérent de la démocratie. Regardez ce projet de réforme législatif et de réglementation. Il transforme les ministres en législateurs qui peuvent introduire de nouvelles lois sans en parler au Parlement ni à quiconque. Ma réaction immédiate est : pourquoi avons-nous besoin de ça ? La Grande-Bretagne a survécu à deux guerres mondiales, à la guerre contre Napoléon, à l’Armada espagnole, sans parler de la guerre froide durant laquelle on nous disait à tout moment que nous pouvions avoir une guerre mondiale nucléaire, sans aucun besoin d’introduire ce genre de législation, sans avoir besoin de suspendre nos libertés civiles et d’introduire des pouvoirs spéciaux. Pourquoi en avons-nous besoin maintenant ? Ceci peut transformer votre pays en dictature en un rien de temps.

La situation d’aujourd’hui est vraiment sinistre. Les principaux partis politiques se sont fait complètement avoir par le nouveau projet de l’UE. Aucun d’entre eux ne s’y oppose vraiment. Ils sont devenus très corrompus. Qui va défendre nos libertés ? C’est comme si nous allions vers une sorte d’effondrement, une sorte de crise. Le résultat le plus probable est qu’il y aura un effondrement économique en Europe, ce qui arrivera forcément avec cette croissance des dépenses et des taxes. L’incapacité à créer un environnement compétitif, la sur-réglementation de l’économie, la bureaucratisation, cela va conduire à un effondrement économique. L’introduction de l’euro était une idée particulièrement folle. La monnaie n’est pas supposée être politique.

Je n’ai aucun doute là-dessus. Il va y avoir un effondrement de l’Union Européenne tout comme l’Union Soviétique s’est effondrée. Mais n’oubliez pas que quand ces choses s’effondrent, elles laissent une telle dévastation qu’il faut une génération pour s’en remettre. Pensez seulement à ce qui se passera s’il arrive une crise économique. Les récriminations entre nations seront immenses. Ça pourrait mener à une explosion.

Regardez l’immense nombre d’immigrants du tiers-monde vivant maintenant en Europe. Cela a été encouragé par l’Union Européenne. Que se passera-t-il avec eux s’il y a un effondrement économique ? Nous aurons probablement, comme en Union Soviétique à la fin, tellement d’affrontements ethniques que cela donne le vertige. Dans aucun autre pays il n’y a eu autant de tensions ethniques que dans l’Union Soviétique, sauf probablement en Yougoslavie. Donc c’est exactement ce qui arrivera ici aussi. Nous devons nous préparer à cela.

Cet immense édifice de bureaucratie va s’effondrer sur nos têtes. C’est pourquoi, et je suis très franc là-dessus, plus tôt nous en finirons avec l’UE, mieux cela vaudra. Plus tôt elle s’effondrera, moins il y aura de dégâts pour nous et pour les autres pays. Mais nous devons faire vite parce que les eurocrates agissent très rapidement. Il sera difficile de les vaincre. Aujourd’hui, c’est encore simple. Si un million de gens marchent sur Bruxelles aujourd’hui, ces types s’enfuiront jusqu’aux Bahamas. Si demain la moitié de la population britannique refuse de payer ses impôts, rien ne se passera et personne n’ira en prison. Aujourd’hui vous pouvez encore faire ça. Mais je ne sais pas quelle sera la situation demain avec un Europol en pleine puissance bourré d’anciens officiers de la Stasi [est-allemande] ou de la Securitate [roumaine]. Tout peut arriver.

Nous perdons du temps. Nous devons les vaincre. Nous devons nous asseoir et réfléchir, élaborer une stratégie le plus rapidement possible pour obtenir un effet maximum. Autrement il sera trop tard. Donc que dirais-je ? Ma conclusion n’est pas optimiste. Jusqu’ici, en dépit du fait que nous avons des forces anti-UE dans presque chaque pays, ce n’est pas assez. Nous perdons et nous gaspillons du temps.

Du bureau de Paul Belien, le 27 février

Publié sur http://www.brusselsjournal.com/node/865

http://www.brusselsjournal.com/node/865

Lundi 20 Mars 2006

CHRISTOPHE BEAUDOUIN

Source :

http://www.observatoiredeleurope.com

Voir aussi:

L’UNION DES REPUBLIQUES SOCIALISTES EUROPEENNES

Bogdan Calinescu

Libres

Le 12 Mai 2006

Les coups de colère de l’un des plus célèbres dissidents soviétiques sont connus. Dans L’Union européenne, une nouvelle URSS ?, Editions du Rocher, 2005 Vladimir Boukovsky dénonce le lent mais sûr glissement de l’Europe vers le socialisme.

Quel est ce monstre bureaucratique qui a pris corps à Bruxelles ? D’après Valdimir Boukovsky, ce n’est rien d’autre qu’une nouvelle URSS, différente de l’ancienne, plus soft mais aussi adepte d’un système liberticide. Comme l’avait très bien montré Revel dans La Grande Parade, la plupart des communistes et socialistes européens, surtout français, n’ont pas tiré les leçons de l’écroulement du mur de Berlin et de l’échec de l’économie planifiée. Ils continuent à croire au Grand Soir en s’opposant systématiquement à l’économie libérale et aux valeurs de liberté individuelle. Leur aveuglement les a poussé à soutenir l’URSS jusqu’au bout et à croire en la perestroïka en l’arrosant de milliards de dollars : au cours de ses sept dernières années d’existence, l’URSS a reçu 45 milliards de dollars (à titre de comparaison, l’aide du FMI et de la Banque mondiale à la Russie entre 1991 et 1999 s’est élevée à 23 milliards de dollars).  Ceux qui furent déçus de la chute de l’URSS font aussi partie des bâtisseurs de l’Europe communautaire et les « experts » du communisme (comprendre les admirateurs de cette idéologie) sont devenus des analystes incontournables de la société russe d’aujourd’hui.

La mauvaise compréhension de cet échec les a rendus nostalgiques d’un ordre bureaucratique dont les défauts ne pouvaient que cacher une réalité bien plus agréable et « malheureusement » décrite par les thuriféraires de la société libérale. C’est pourquoi ils ont essayé d’imaginer  cette Europe comme un ensemble d’Etats soumis à un centre administratif basé à Bruxelles. Pour l’instant, ils n’ont réussi que partiellement et, comme le dit Boukovsky, l’Europe « souffre aujourd’hui d’un syndrome brejnévien ». Dès qu’un pays réfute le socialisme ambiant, il est voué aux gémonies. On a pu le voir avec l’arrivée au pouvoir en Autriche, en 2000, d’une coalition de droite dirigée par l’ÖVP, le parti populaire de Wolfgang Schüssel (cette coalition est à l’origine de nombreuses réformes libérales qui expliquent l’impressionnant décollage économique de ce pays). Cela a été le cas avec l’élection de George W. Bush en 2004 lorsque de nombreuses « personnalités » européennes, en s’appuyant sur des organisations « progressistes », ont contesté la légitimité du président américain.

Tout comme au Politburo on virait ceux qui s’écartaient de la ligne du parti, les commissaires européens ont poussé vers la sortie Rocco Buttglione, l’intellectuel catholique dont les prises de position sur le mariage étaient trop loin du moule « politiquement correct ». Toujours comme au sein de l’ancienne URSS, certains sont « plus égaux que d’autres ». La preuve, le non-respect des critères de stabilité par l’Allemagne et la France alors que les pays plus petits sont obligés de s’en tenir au Pacte sous peine de sanctions. Autres ressemblances : l’absence de limites, de frontières, à cette Europe, ses leaders veulent aller le plus loin possible ; la corruption étatiste qui la ronge (la France étant la plus touchée) ainsi que l’idéologie socialisante soutenue par les « conseillers » français mais heureusement combattue par les représentants anglo-saxons.

Cette Europe s’est bâtie durant la période de la détente, euphémisme correspondant en fait aux phases qui permettaient aux Soviétiques de reprendre des forces et de consolider leurs « acquis » afin de mieux préparer de nouveaux coups. Seuls Reagan et Thatcher ne sont pas tombés dans ce piège. Plus tard, au temps de Gorbatchev, les Européens ont aveuglement soutenu son idée de « maison commune », une façon habile d’intégrer l’URSS moribonde dans un ensemble d’Etats « partageant les mêmes valeurs » de…. paix, protection sociale, de respect des frontières, des droits collectifs. C’est-à-dire une Europe intégrant l’Empire soviétique avec ses caractéristiques les plus déplorables. Boukovsky livre au lecteur des citations des archives russes qui en disent beaucoup sur le penchant des dirigeants de plusieurs pays démocratiques vers le socialisme économique et politique. Très instructives les déclarations de Mitterrand et de son « conseiller idéologique », Jacques Attali, sur cette « maison européenne » : « une grande idée pour converger les deux mondes socialistes » (Mitterrand). Cette « construction » s’est heureusement interrompue après l’écroulement de l’empire soviétique ce qui n’empêche pas le dissident Boukovsky de nous mettre en garde contre ses futures dérives.

Voir enfin:

Qui a gagné la guerre froide?

Stephane

Le Meilleur des mondes

le 12 Dec 2005

L’Ouest, bien sûr! Vive l’occident! Comment peut-on en douter? Pourtant, la découverte des travaux de Vladimir Bukovsky m’amène à reconsidérer ma position. La différence avec la fin du régime nazi lors de la seconde guerre mondiale est édifiante; le travail n’a peut-être tout simplement pas été fini. Même si la guerre froide s’est conclue par une indiscutable victoire tactique, l’ennemi est loin d’avoir été défait.

Récapitulons la théorie à laquelle j’adhérais il y a quelques jours encore…

La guerre froide s’est achevée avec l’effondrement de l’URSS, piégée par le Président Reagan dans une course aux armements qu’elle ne pouvait gagner. Financièrement à bout, l’Empire soviétique a fini par s’effondrer alors que les peuples d’Europe de l’Est, sentant tourner le vent, se mirent à rejeter le communisme les uns après les autres. Les tentatives ultimes de Mikhaïl Gorbatchev pour maintenir l’empire en vie finirent par se retourner contre lui; en autorisant l’autocritique, le Premier Secrétaire brisa l’idéologie communiste et l’espoir de l’avenir meilleur, et les peuples s’engouffrèrent dans les brèches ouvertes, les agrandirent et finirent par faire éclater le tout.

Je discute parfois de cette période avec mon père, et lui comme moi sommes d’accord pour dire que ce qui ce passa ces jours de 1991 tient du miracle: un empire aussi totalitaire, aussi gigantesque, aussi violent que l’URSS qui finit par se désagréger sans massacre, pratiquement sans un seul coup de feu! Personne, cinq ans plus tôt, n’aurait cru une seconde à un dénouement aussi heureux.

Aussi heureux? Voire!

Retournons dans l’époque trouble qui a suivi la seconde guerre mondiale et le démantèlement de l’Allemagne nazie. Imaginons une variation sur le déroulement de l’histoire dans un point précis – disons, par exemple, que le putsch des généraux ait été mieux accueilli par les dirigeants alliés. On pourrait aussi imaginer que le Japon cédât plus tôt, permettant à l’Allemagne d’être le dernier pays de l’Axe à tomber face à la toute-puissance Alliée désormais libérée du théâtre d’opérations de l’Océan Pacifique. Ou encore que la progression des troupes lors du débarquement ait été ralenties par des problèmes d’intendance ou de météorologie qui auraient amené la guerre à durer un peu plus longtemps. Ou que Hitler ne parvienne pas à se suicider dans son bunker et permette d’expier de tous ses crimes comme un coupable unique.

Bref. Si la combativité ou la vitesse de progression des Alliés avait été différente, on aurait pu se figurer une toute autre issue à l’après-guerre. Les chars n’auraient peut-être pas eu à aller jusqu’à Berlin; le régime aurait de toutes façons fini par s’effondrer. Sous la pression, des rébellions auraient éclaté. Le scandale des camps de concentrations aurait fini par se savoir et aurait alors justifié un revirement (réel ou simulé) de certains hommes haut placés dans l’administration, ainsi que d’une bonne partie de la population. Des politiciens se seraient constitués prisonniers ou se seraient livrés à un repentir plus ou moins sincère.

De toute évidence, le chaos au sein du camp ennemi aurait forcé les Alliés à davantage de circonspection – car il aurait fallu épargner les transfuges du régime. Suivant une idéologie très à la mode de nos jours, il aurait fallu « mieux préparer l’après-guerre » en refusant de démanteler complètement l’appareil d’Etat allemand. Entre témoignages sous couvert d’immunité et retournement de veste, il aurait été très difficile de déceler les véritables responsables de l’Allemagne nazie. La variation la plus évidente de ce déroulement parallèle de l’histoire, c’est que le procès de Nuremberg n’aurait pas eu lieu.

Que ce serait-il alors passé? Le nazisme serait mort, évidemment, de toutes façons. Enfin, officiellement mort. Car entre la nécessité de maintenir une autorité gouvernementale et le revirement de façade de certains de ses défenseurs les plus illustres, la fin du Nazisme n’aurait nullement signifié celle de ses apôtres. Face à l’ampleur de la tâche de la reconstruction de l’Allemagne, ils se seraient débrouillés pour dénicher des postes clef, pour prendre la tête des entreprises à privatiser. Du point de vue électoral, gardant la mainmise sur des réseaux de relations, la majorité n’aurait pas été trop difficile à conquérir. Finalement, en bons requins politiques, ils n’auraient pas eu de mal à s’assurer un avenir au pays.

Certes, l’Allemagne ne serait plus nazie mais elle ne serait pas devenue réellement libre pour autant. Dans l’ombre, les artisans du nazisme auraient toujours les coudées franches.

Sans aller jusqu’à réécrire l’histoire, c’est aussi une thèse avancée par Gunther Grass: l’Allemagne nazie n’a pas cessé d’exister, du jour au lendemain, avec la victoire des Alliés. Au lendemain de la capitulation, on dirait que tous les nazis ont disparu comme par enchantement. Ce n’est évidemment pas vrai.

La nuance entre la présence ou l’absence du procès de Nuremberg tient en la capitulation idéologique du nazisme. En tant que système de pensée, philosophie, organisation politique, le nazisme a été totalement réfuté, démantelé, ridiculisé, anéanti. Aucun intellectuel, à l’issue de la seconde guerre mondiale, ne pouvait prétendre soutenir la moindre théorie en rapport et garder son prestige et sa réputation. Le procès proprement dit vaut moins pour son déroulement que pour son symbolisme.

L’histoire-fiction présentée ci-dessus correspond très vraisemblablement à ce qui s’est passé lors de la fin de l’Union Soviétique.

Concernant le communisme, il n’y a jamais eu de procès de Nuremberg et c’est un manquement crucial au démantèlement de cette idéologie criminelle. C’est la thèse que soutien Vladimir Bukovsky sur la fin de l’URSS, et force est de constater que ses arguments sont convaincants. Mis à part la pantalonnade du « putsch des généraux » de l’été 1991, il n’y a pas eu cette réfutation publique et totale du communisme. En ex-URSS, suite à la fin du régime les aparatchiks se sont empressés de se recycler dans le capitalisme d’Etat en se partageant le butin des régies d’Etat qui s’apprêtaient à être privatisées, et c’est désormais Vladimir Poutine, ancien colonel du KGB, qui est à la tête du pays. Faut-il s’en réjouir? Que la victoire sur l’Allemagne nazie aurait été amère si, dans les années 50, un Goebbels « repenti » s’était retrouvé élu à la Chancellerie fédérale! Or, la dé-communisation n’a pas eu lieu. Les aparatchiks n’ont pas été destitués et obligés de vivre cachés, traqués par les descendants de leurs victimes. Les meutriers des régimes communistes n’ont pas fini pendus, malgré tout le sang qu’ils avaient sur les mains.

Il y a quelque chose de terrifiant dans la complicité et la complaisance dont font preuve les élites occidentales envers la fin du régime communiste depuis la fin de l’URSS. Pour eux, l’URSS n’était pas « le vrai communisme », seulement une perversion de ce noble idéal (comme partout où il a été instauré!) D’autres se sont simplement réfugiés dans des variantes comme le Maoïsme et ses laogaïs. Si les théories de suprématie raciale et d’espace vital ont disparu avec Hitler, celles sur la lutte des classes et la révolution prolétarienne ont toujours droit de cité et sont prises au sérieux. Ces idéologies abjectes donnent lieu à des débats convenus et des publications et ceux qui les défendent ne sont pas inquiétés le moins du monde, recevant considérations et respect pour leurs thèses. Des partis comme la Ligue Communiste Révolutionnaire en France prônent ouvertement la dictature du prolétariat et attirent un électorat régulier sans que personne ne s’en inquiète!

Il y a une différence de taille entre le socialisme international du communisme et le socialisme nationaliste créé par les nazis: le second a coulé avec le capitaine du navire, portant un discrédit fatal à toute la construction théorique. Car si le prophète lui-même échoue alors qu’il est aux commandes, comment peut-il prétendre à ce titre? Mais Marx n’a pas eu le privilège de mener la révolution de son vivant, laissant à des disciples plus ou moins sanglants le privilège d’interpréter son dogme. Le résultat est que l’échec peut être imputé à l’exécutant plutôt qu’au grand planificateur auréolé de gloire – une interprétation conforme au credo des croyants et permettant son renouvellement continu. Le communisme n’est pas néfaste, entend-t-on, il est seulement mal appliqué! Voilà qui rassure.

Contre le marxisme et ses innombrables avatars, la guerre idéologique est loin d’être terminée. Même si la guerre froide s’est achevée en laissant l’occident libéral et capitaliste maître du terrain, sur le plan intellectuel il n’y a guère de progrès. Pire encore, le mauvais exemple du socialisme réel étant désormais repoussé dans les limbes de l’histoire, rien n’empêche l’utopie de revenir sur le devant de la scène sans plus d’exemples concrets de massacres et de déportations pour pointer du doigt les effets de sa concrétisation. Le communisme est toujours aussi dangereux et, désormais désincarné suite à la dissolution de l’Empire soviétique, d’autant plus difficile à contrecarrer.

Dans la guerre froide, l’Ouest l’a emporté, mais ce n’était qu’une bataille pour le monde matériel. Dans le monde intellectuel, tout reste à faire.


Nuremberg du communisme: Mais qui jugera les formateurs et thuriferaires de Pol Pot? (What about the genociders’ trainers and cheerleaders?)

28 septembre, 2010
cole normale superieure (Paris)
Le sang qui coule sur Phnom-Penh a pris sa source dans vos esprits. Jean-Pax Méfret
Que la justice soit, le monde dût-il en périr. Adage latin
La maxime quelque peu emphatique, mais vraie, fiat justitia, pereat mundus, cette maxime, qui est passée en proverbe et qu’on peut traduire ainsi : « Que la justice règne, dussent périr tous les scélérats que renferme le monde,» est un principe de droit hardi et qui coupe tous les chemins tortueux tracés par la ruse ou la violence. Seulement il faut bien l’entendre : il ne nous autorise point à user de notre propre droit avec une extrême rigueur (ce qui serait contraire au devoir de la vertu), mais il oblige les puissants à ne porter atteinte au droit de personne par aversion ou par commisération pour d’autres ; ce qui exige avant tout une constitution intérieure de l’État, fondée sur de purs principes de droit, et ensuite une union établie entre cet État et les autres États voisins ou même éloignés pour terminer légalement leurs différends (quelque chose d’analogue à un État universel). Cette proposition ne veut dire autre chose, sinon que les maximes politiques ne doivent pas se fonder sur le bienêtre et le bonheur, que chaque Etat peut espérer en retirer, et par conséquent sur l’objet que chacun peut avoir pour but (sur le vouloir) comme principe suprême (mais empirique) de la politique, mais sur la pure idée du devoir de droit (dont le principe est donné à priori par la raison pure), quelles qu’en puissent être d’ailleurs les conséquences physiques. Le monde ne périra point parce qu’il y aura moins de méchants. Emmanuel Kant (Projet de paix perpétuelle, 1795)
La pureté de nos principes n’admet aucun pacte avec l’erreur (…). Un gouvernement républicain a la vertu pour principe, sinon la terreur. Saint-Just (1794)
Il faut raccourcir les géants Et rendre les petits plus grands, Tout à la même hauteur Voilà le vrai bonheur. Portrait du sans-culotte (chanson anonyme)
Un des grands problèmes de la Russie – et plus encore de la Chine – est que, contrairement aux camps de concentration hitlériens, les leurs n’ont jamais été libérés et qu’il n’y a eu aucun tribunal de Nuremberg pour juger les crimes commis. Thérèse Delpech
Le communisme n’a tué que 100 millions de personnes ; il faut lui donner une autre chance ! Protest  warriors
 Le communisme, c’est le nazisme, le mensonge en plus.  Jean-François Revel
L’exemple grec peut en effet nous conduire à réfléchir à la fragilité de nos constructions. Les valeurs auxquelles nous tenons, et en particulier celles de la démocratie, nous savons qu’elles peuvent disparaître si on ne les défend pas incessamment. Il faut donc constamment refaire le tissu social et étendre les libertés si nous ne voulons pas les voir périr. (…) Je ne crois plus que l’Histoire ait un sens, ni que le progrès soit inéluctable. Quand j’étais jeune, j’ai cru qu’il était possible de prévoir rationnellement l’évolution de l’humanité. Je pensais que les particularismes nationaux, les préjugés religieux, les haines raciales étaient voués à disparaître pour des raisons objectives, telles que la création d’une économie mondiale ou les progrès des sciences et des techniques. Tout cela me faisait juger, en bon ou en mauvais marxiste que j’étais, que nous nous dirigions vers un système beaucoup plus unifié, où les survivances d’un âge non scientifique étaient vouées à disparaître. Je ne pense plus cela, et je constate que je me trompais en le pensant. L’évolution du monde contemporain, en particulier son expansion économique et technique, et le décalage croissant entre le genre de vie des pays industrialisés et celui des autres, provoquent en retour des réactions extrêmement fortes, notamment de la part des traditions religieuses. D’autre part, entre l’Etat, la vie sociale et l’individu, les écarts se sont creusés de telle sorte que les gens ne s’intéressent plus à la politique. L’Etat leur paraît lointain, voire étranger et inaccessible. Ce phénomène était très net dans l’ex-Union soviétique. Les individus ne se sentaient plus aucun lien avec un Etat tout-puissant dont ils parlaient comme d’une lointaine planète, habitée d’extra-terrestres aux volontés obscures. Après l’écroulement du monde soviétique, les démocraties occidentales ont pu croire que tout allait être pour le mieux dans le meilleur des mondes libéraux possibles. Or cette crise du tissu social et du débat politique les affecte également. Je crois même que les démocraties n’ont pas fini d’en voir… (…) Nous manquons d’une analyse qui fasse le point, de manière sérieuse et solide, sur les problèmes d’aujourd’hui. Dans ma jeunesse, j’avais une vision assez claire de l’avenir proche. Dans les années 30, je savais que nous allions vers un affrontement avec l’Allemagne nazie. Et je vivais cela comme le grand combat à venir entre le fascisme et l’anti-fascisme. Cette vision était peut-être sommaire, mais elle n’était pas fausse. En tout cas, je ne vivais pas simplement dans le présent et ses petites querelles. Il y avait un horizon d’attente, qui donnait sens à l’ensemble des événements. Il me semble qu’un tel horizon d’attente fait actuellement défaut. Nous sommes dans la nuit par rapport à ce que nous sommes en train de vivre et de devenir. (…) Il faut se battre, car c’est notre faute si tout cela se produit. J’ai toutefois la conviction que le travail d’un intellectuel est avant tout de comprendre et d’expliquer à autrui, plutôt que d’opposer des slogans à d’autres slogans. Par conséquent, la meilleure façon de combattre ces tendances fascistes est de parvenir à y voir plus clair dans le fonctionnement du monde tel qu’il est aujourd’hui. Il faut saisir les enjeux et les déterminismes de notre époque pour comprendre pourquoi ces choses réapparaissent. Des travaux d’historiens, de sociologues, de psychologues sont donc nécessaires. Ils sont d’autant plus nécessaires que nous pouvons expliquer le comportement de ceux qui ont ces attitudes plus rigoureusement qu’ils ne peuvent expliquer le nôtre. Mais cela ne suffit pas. (…) Savoir distinguer entre les gens avec lesquels on peut dialoguer, et ceux avec lesquels il n’en est pas question. Ceux qui, pendant la guerre, ont combattu aux côtés des Allemands étaient parfois des gens à plaindre. Dans d’autres circonstances, ils auraient pu faire un autre choix. J’admets très bien que quelqu’un ait pu penser ou faire certaines choses, à condition qu’il reconnaisse ensuite son erreur. Ce que je n’admets pas, ce sont les agissements de ceux qui, aujourd’hui, loin du bruit et de la fureur des événements, manifestent leur sympathie envers le nazisme [mais pas le communisme !], essaient de lui trouver des excuses et de le laver de ses crimes. A mes yeux, ces gens-là sont totalement disqualifiés. Je n’engagerai pas avec eux le moindre dialogue, et une poignée de main me paraîtrait encore de trop. Je crois pourtant être hospitalier. Les Grecs anciens disaient que, quand on frappe à votre porte, c’est peut-être un dieu qui vient voir si vous êtes toujours disponible. C’est pourquoi ma porte et ma table sont toujours ouvertes. Je suis prêt à expérimenter tous les plats qu’on voudra, même les plus étrangers à mes goûts et à mon régime. Mais on ne discute pas recettes de cuisine avec des anthropophages. Je ne souhaite ni partager leur repas ni les inviter à ma table. Le débat, autant que la commensalité, l’échange des idées comme celui de la nourriture, obéissent à des règles. S’affronter en une libre discussion, pour en revenir à nos Grecs, est de même ordre à leurs yeux que siéger en convive à un banquet commun : il y faut des manières de table. Jean-Pierre Vernant
Sauf à verser dans le nominalisme qui fait du mot la chose, ce n’est pas parce que le régime cambodgien et les régimes « totalitaires » du XXe siècle qu’il dénonce se disaient « communistes » qu’ils l’étaient. A ce compte, les chrétiens de l’Inquisition et des bûchers étaient chrétiens… alors qu’ils ne l’étaient pas ! Dans le cas présent, l’assimilation de ces régimes à l’idée communiste dont ils se réclamaient (cela est exact) tient à un double oubli, politique et théorique. (…) Le renforcement inouï de l’Etat, l’absence de pluralisme idéologique et de liberté politique, le contrôle collectif sur les consciences dans des domaines qui doivent en droit lui échapper comme la religion, l’art ou la science, enfin le recours à la violence meurtrière (même s’ils n’en furent pas les seuls responsables, ce que refuse d’admettre Guy Sorman) n’ont rien à voir avec le communisme marxien (et il n’y en a pas d’autre !), mais ils illustrent sa défiguration et l’illusion dans laquelle étaient ceux qui croyaient être sur la voie de sa réalisation. Tout cela pèse encore d’un poids terrible sur notre situation politique et empêche d’admettre à la fois que l’idée communiste est généreuse, moralement exigible, et qu’elle n’est pas morte puisqu’elle n’a jamais existé dans les faits. Yvon Quiniou (philosophe, Le Monde, 14.08.10)
L’idée communiste est antérieure à Marx et fut partagée par tous le courants socialistes du XIXe siècle ; le communisme n’est ni marxien, ni libertaire, ni autre chose ; il est. C’est au sein de l’Association internationale des travailleurs fondée en 1864 qu’il affirma sa consistance « lutte de classes » par la confrontation de ses deux principaux courants : le courant autoritaire incarné par Marx et le courant anti-autoritaire représenté par Bakounine. Tous deux aspiraient au communisme. Plus qu’un but, un présupposé, une hypothèse à vérifier. Pour Marx, dans le Manifeste du parti communiste (1848), la théorie du communisme peut se résumer « dans cette formule unique : abolition de la propriété privée », ce qui fera disparaître l’exploitation de l’homme par l’homme, le capitalisme et l’Etat, la société se réorganisant sur des bases nouvelles à imaginer (gestion directe, autogestion… dans un vocabulaire contemporain). Ce qui les séparait tenait à la procédure révolutionnaire pour parvenir au communisme. Marx préconisait la constitution d’un parti qui prendrait le pouvoir et qui, progressivement, ferait s’éteindre l’Etat en passant par une phase de « dictature révolutionnaire du prolétariat » (Critique du programme de Gotha, 1875) ; Lénine développa cette théorie du « dépérissement » de l’Etat et d’une nécessaire période transitoire appelée l’Etat socialiste provisoire dans L’Etat et la révolution (1917-1918). Il l’appliqua. Les anti-autoritaires pensaient, au contraire, qu’il fallait immédiatement substituer à l’Etat l’ordre nouveau fondé sur une fédération de conseils de producteurs et de communes autonomes ; l’idée fut développée par les syndicalistes révolutionnaires. (…) Guy Sorman se complaît à décrire ce qu’il appelle « le communisme réel » sans rien dire de l’idéal communiste qu’il déteste tout autaut. (…) L’on sera d’accord avec Yvon Quiniou pour dire que l’idée communiste n’est pas morte et qu' »elle est porteuse d’une universalité morale incontestable » à l’impérative condition de tirer les enseignements de l’histoire : « l’héritage marxien » n’est assurément pas celui qui nous y mènera étant entendu que l’analyse économique marxiste du capitalisme garde une part de pertinence. La solution anti-autoritaire reste la seule issue si l’on tire profit de l’expérience espagnole qui en a montré les risques. Pierre Bance (journaliste indépendant, tribune du Monde, 31.08.10)
Anton Pannekoek (un des philosophes qui a, selon moi, le mieux compris la pensée marxienne) écrivait au sujet de l’URSS qu’il s’agissait d’un « régime capitaliste d’Etat » et que le bolchevisme n’a jamais été Marxiste (Lénine Philosophe, 1938). De son côté, Cornelius Castoriadis disait que « présenter le régime russe comme ‘socialiste’ — ou comme ayant un rapport quelconque avec le socialisme — est la plus grande mystification connue de l’histoire » (Devant la Guerre, 1981). Pourquoi ? Parce que là où le communisme en tant que moment terminal de l’histoire – dans le sens où l’humanité s’est débarassée de ses démons et a atteint une désaliénation totale – ne peut s’accomplir que par un dépassement de l’Etat, ce régime n’a fait que renforcer son appareil étatique. Par vanité, mais aussi pour répondre aux menaces internes (nationalismes, oppositions politiques plus ou moins silencieuses) et pour être à même de concurrencer les Etats-Unis de manière efficace. Ainsi, plutôt que d’œuvrer pour le déperissement de l’Etat, l’URSS n’a fait que le maintenir, le transformant en véritable machine de guerre. Ce qui n’est pas très « marxien ». Jean-Pierre Bizet (politiste, tribune libre du Monde, 07.09.10)
En tant que système de pensée, philosophie, organisation politique, le nazisme a été totalement réfuté, démantelé, ridiculisé, anéanti. Aucun intellectuel, à l’issue de la seconde guerre mondiale, ne pouvait prétendre soutenir la moindre théorie en rapport et garder son prestige et sa réputation. Le procès proprement dit vaut moins pour son déroulement que pour son symbolisme. (…) Concernant le communisme, il n’y a jamais eu de procès de Nuremberg et c’est un manquement crucial au démantèlement de cette idéologie criminelle. C’est la thèse que soutien Vladimir Bukovsky sur la fin de l’URSS, et force est de constater que ses arguments sont convaincants. Mis à part la pantalonnade du « putsch des généraux » de l’été 1991, il n’y a pas eu cette réfutation publique et totale du communisme. En ex-URSS, suite à la fin du régime les aparatchiks se sont empressés de se recycler dans le capitalisme d’Etat en se partageant le butin des régies d’Etat qui s’apprêtaient à être privatisées, et c’est désormais Vladimir Poutine, ancien colonel du KGB, qui est à la tête du pays. Faut-il s’en réjouir? Que la victoire sur l’Allemagne nazie aurait été amère si, dans les années 50, un Goebbels « repenti » s’était retrouvé élu à la Chancellerie fédérale! Stephane
Le modèle cubain ne marchait même plus pour nous. Fidel Castro (09.09.10)
Les dirigeants révolutionnaires cambodgiens sont pour la plupart issus de familles de la bourgeoisie. Beaucoup effectuèrent leurs études dans des universités françaises dans les années 1950. Dans une atmosphère parisienne cosmopolite et propice aux échanges d’idées, ils se rallièrent à l’idéologie communiste. Ses principaux dirigeants (Pol Pot, Khieu Samphân, Son Sen…) furent formés à Paris dans les années 1950 au Cercle des Études Marxistes fondé par le Bureau Politique du PCF en 1930. Wikipedia
Phnom Penh libéré par les Khmers Rouges Titre du Monde
Le drapeau de la Résistance flotte sur Phnom Penh Titre de Libération
Enfin le communisme peut être un matériau pour l’art. Antoine Vitez (sur l’opera maoiste de Badiou, Le foulard rouge, ecrit en 1972 et joue en 1984)
Les Khmers rouges s’emparent de Phnom Penh : une séquence historique s’achève parce qu’une contradiction est résolue (…). La résolution d’une contradiction exige que quelque chose disparaisse (…). Il n’est de pensée révolutionnaire véritable que celle qui mène la reconnaissance du nouveau jusqu’à son incontournable envers : de l’ancien doit mourir (…). La dialectique matérialiste affronte la perte et la disparition sans retour. Il y a des nouveautés radicales parce qu’il y a des cadavres qu’aucune trompette du Jugement ne viendra jamais réveiller. Au plus fort de la Révolution culturelle, on disait en Chine : l’essence du révisionnisme, c’est la peur de la mort. Alain Badiou
Kampuchea vaincra! Alain Badiou (Le Monde, 17/1/79)
Du temps de Staline, il faut bien dire que les organisations politiques ouvrières et populaires se portaient infiniment mieux, et que le capitalisme était moins arrogant. Il n’y a même pas de comparaison. Alain Badiou
La réalité (souvent déplorable) de la Terreur révolutionnaire doit-elle nous conduire à rejeter l’idée même de la Terreur? Ou existe-t-il un moyen de la répéter (…), de sauver son contenu virtuel de sa réalisation? Slavoj Zizek
Le communisme est une idée, au sens platonicien, indestructible. Le fait même de renoncer à l’utopie d’une société égalitaire, collective, débarrassée de l’Etat, est impensable, sauf à se faire complice des violences inégalitaires du système capitaliste. Alain Badiou
Faire vivre l’Idée communiste est une tâche de caractère idéologique (donc aussi philosophique), et non pas immédiatement une tâche politique. Il s’agit en effet que les individus puissent être préparés à accepter, si possible dans l’enthousiasme, qu’une autre vision du monde, radicalement opposée au capitalo-parlementarisme actuellement hégémonique (notamment sous le nom falsifié de « démocratie ») est non seulement souhaitable, mais possible. (…) Même des mouvements aussi confus que les immenses manifestations de décembre 1995 contre le plan Juppé, avec comme unique mot d’ordre « ensemble ! », portaient cette compatibilité. Il en va de même pour les actions organisées pour le droit des ouvriers sans-papiers, ou pour les manifestations, dans toute l’Europe, soit contre la guerre en Irak, soit contre la guerre à Gaza. Et bien d’autres choses. Je ne dis pas qu’il s’agit de politiques cohérentes inscrites dans l’horizon de l’Idée. Je dis seulement que l’existence de ces processus, prolongés ou sporadiques, atteste que l’Idée communiste n’est pas coupée de tout réel. Le retour actuel de la violence de classe (séquestrations de patrons, bagarres de rue, émeutes de la jeunesse populaire…) est lui aussi tout à fait confus, et parfois même a-politique. Il n’en est pas moins inscrit sous le signe potentiel de l’Idée, parce qu’il rompt avec le consensus parlementaire, et rend de nouveau acceptable qu’on puisse courir des risques au nom de ses convictions, au lieu de toujours s’en remettre à la médiation de l’Etat, lequel, aujourd’hui, est clairement anti-populaire, voire guerrier, tous partis politiques confondus. Alain Badiou
Le mot « communisme » a été durant environ deux siècles (depuis la « Communauté des Égaux » de Babeuf jusqu’aux années quatrevingt du dernier siècle) le nom le plus important d’une Idée située dans le champ des politiques d’émancipation, ou politiques révolutionnaires.
Il faut d’abord dire que ces leçons sur le siècle sont une réaction contre toute une série d’opinions dominantes et de campagnes menées sur la signification du XXe siècle. En France, cette question a été, dans son bilan officiel, dominée par l’idée du totalitarisme, des grands massacres, du communisme comme crime, du communisme identifié au fascisme. Le siècle a été désigné comme celui de l’horreur et du crime de masse. Ces leçons sur le XXe siècle veulent proposer un autre bilan. Différent, mais pas forcément contraire en ce qui concerne les faits. Il ne s’agit pas d’opposer des faits à d’autres faits. Il s’agit de trouver un chemin de pensée pour aborder le siècle. (…) A mon sens, une grande partie de la violence du siècle – l’extrême cruauté politique qui a dominé ses deux premiers tiers – s’enracine dans la conviction que, somme toute, un commencement absolu n’a pas de prix. Si réellement il s’agit de fonder un nouveau monde, alors le prix payé par l’ancien monde, fût-ce en nombre de morts ou en quantité de souffrance, est une question relativement secondaire. Alain Badiou
Le Nouvel Observateur’ et ‘Le Monde’ exercent une influence considérable sur les intellectuels du tiers monde. En prenant position comme collaborateur du Monde, je ne pense pas avoir poussé beaucoup de paysans cambodgiens à la révolte, mais j’ai pu lancer des intellectuels khmers sur une piste sanglante. Si j’ai écrit ce livre, ce n’est pas pour me faire pardonner mais pour appliquer un contre-poison à ce peuple empoisonné et lui faire prendre une tasse de lait après l’arsenic que j’ai contribué à lui administrer (…). Pour le Vietnam, je plaide coupable. Je m’accuse d’avoir pratiqué une information sélective en dissimulant le caractère stalinien du régime nord-vietnamien (…) Je subissais l’influence écrasante de Sartre qui voyait dans toute critique de fond de la Russie soviétique une arme offerte aux réactionnaires et aux Américains. “Il ne fallait pas désespérer Billancourt”. Pendant vingt ans, j’ai participé à cette scandaleuse timidité à l’égard de la Russie communiste, que je considérais comme la capitale de la gauche et de la révolution mondiale. Jean Lacouture (novembre 1978)
Nous avons en Europe de l’Ouest, et particulièrement en France, une mémoire du communisme qui est souvent glorieuse, incontestable, indiscutable. C’est une légende, un véritable mythe, qui confine parfois à l’invraisemblable… (…) Il existe, en effet, chez nous une espèce de gauchisme culturel, très répandu, très bon chic bon genre. Il n’est pas tant le fait des bobos que des «bobobos» – bourgeois, bohèmes, bolchos – qu’on rencontre un petit peu tous les jours, dans l’Université, dans les médias, dans la politique, etc. On est confronté en permanence à ce politiquement correct. Alors le nazisme, c’est abominable, on est d’accord; Le Pen, c’est horrible, on est d’accord. Mais, dès qu’on parle d’autres problèmes, qui sont tout aussi importants, c’est un tollé! Cela tient au fait que la France a eu des expériences très différentes du communisme et du nazisme. Du nazisme, les Français ont conservé, et à juste titre, la mémoire tragique de la défaite de 40 et de l´occupation (fusillades, pillages, déportations etc.). Par contre, depuis 1936, et surtout depuis 1944-1945, les Français ont assez largement conservé une mémoire glorieuse qui repose sur la participation du PCF au front populaire, sur la participation des communistes à la Résistance et à la Libération du pays, et aussi au rôle de l´URSS dans l´écrasement du nazisme. Cette opposition entre mémoire tragique de l´un et mémoire glorieuse de l´autre explique cette « différence de méfiance ». (…) C´est d´ailleurs un des gros problèmes de la réunification européenne : la France, l´Italie, l´Espagne en particulier où l´on entretient une mémoire glorieuse du communisme, et les ex-démocraties populaires qui entretiennent une mémoire tragique (dont témoignent les remarquables films récents en Allemagne avec La vie des autres, ou en Roumanie avec la dernière palme d´or du festival de Cannes). Cela a mené devant le conseil de l´Europe en janvier 2006 à une véritable scission entre socialistes et communistes d´Europe de l´Ouest alliés aux nostalgiques communistes de l´Est pour s´opposer à l´adoption d´une résolution condamnant les crimes des régimes communistes. Stephane Courtois
L’opinion publique est encore hélas très peu consciente des crimes commis par les régimes communistes totalitaires, et pour plusieurs raisons Jamais les crimes commis au nom du communisme n’ont fait l’objet d’enquêtes ou de condamnations internationales, contrairement aux crimes commis par son jumeau « hétérozygote » selon l’expression de l’historien Pierre Chaunu, l’autre régime totalitaire du XXe siècle, le nazisme. L’absence de condamnation s’explique aussi en partie par l’existence de pays dont les gouvernements adhèrent toujours à l’idéologie communiste. Proposition de loi Carayon
Il est malheureux que le Moyen-Orient ait rencontré pour la première fois la modernité occidentale à travers les échos de la Révolution française. Progressistes, égalitaristes et opposés à l’Eglise, Robespierre et les jacobins étaient des héros à même d’inspirer les radicaux arabes. Les modèles ultérieurs — Italie mussolinienne, Allemagne nazie, Union soviétique — furent encore plus désastreux. Ce qui rend l’entreprise terroriste des islamistes aussi dangereuse, ce n’est pas tant la haine religieuse qu’ils puisent dans des textes anciens — souvent au prix de distorsions grossières —, mais la synthèse qu’ils font entre fanatisme religieux et idéologie moderne. Ian Buruma et Avishai Margalit
De même qu’Hitler avait décrit à l’avance ses crimes, Pol Pot (aujourd’hui décédé) avait expliqué par avance qu’il détruirait son peuple pour en créer un nouveau. Pol Pot se disait communiste : il le devint, étudiant, à Paris, dans les années 1960. (…) Ce que les Khmers rouges imposèrent au Cambodge, ce fut bien le communisme réel : il n’y eut pas, ni en termes conceptuels ou concrets de distinction radicale entre ce règne des Khmers rouges et le Stalinisme, le Maoïsme, le Castrisme ou la Corée du Nord. Tous les régimes communistes suivent des trajectoires étrangement ressemblantes que colorent à peine, les traditions locales. Dans tous les cas, ces régimes entendent faire du passé table rase et créer un homme nouveau ; dans tous les cas, les « riches », les intellectuels et les sceptiques sont exterminés. Les Khmers rouges regroupèrent la population urbaine et rurale dans des communautés agricoles calquées sur les précédents russes, les kolkhozes et chinois, les communes populaires, pour les mêmes raisons idéologiques et conduisant au même résultat : la famine. Sous toutes les latitudes, le communisme réel patauge dans le sang : extermination des Koulaks en Russie, révolution culturelle en Chine, extermination des intellectuels à Cuba. Le communisme réel sans massacre, sans torture, sans camps de concentration, le goulag ou le laogaï, cela n’existe pas. Et si cela n’a pas existé, il faut bien en conclure qu’il ne pouvait en être autrement : l’idéologie communiste conduit nécessairement à la violence de masse parce que la masse ne veut pas du communisme réel. Ceci dans les rizières du Cambodge tout autant que dans les plaines de l’Ukraine ou sous les palmiers cubains : et les régimes communistes partout et toujours ne furent jamais qu’imposés par l’extrême violence. (…) Le procès de Douch, puis de la Bande des quatre est donc le premier procès d’apparatchiks marxistes responsables dans un régime officiellement et réellement marxiste, léniniste, maoïste. Le procès du nazisme fut instruit à Nuremberg en 1945, celui du fascisme japonais à Tokyo en 1946, mais celui du communisme jamais. Bien que le communisme réel ait tué ou dégradé plus de victimes que le nazisme et le fascisme réunis. Ce procès du communisme n’a jamais eu lieu, – en dehors de la sphère intellectuelle – pour deux raisons : d’abord, le communisme bénéficie d’une sorte d’immunité idéologique parce qu’il se réclame du progrès. Et surtout, parce que les communistes sont toujours au pouvoir, à Pékin, Pyongyang, Hanoi et La Havane. Là où ils ont perdu le pouvoir, ils ont organisé leur propre immunité en se reconvertissant en socio-démocrates, en hommes d’affaires, en leaders nationalistes, ce qui est le cas général dans l’ex-union soviétique. Guy Sorman
Pour ce qui est de la prise de pouvoir des Khmers rouges , on rappellera le titre fameux du Monde à l’époque :  » Phnom Penh libéré par les Khmers Rouges » et celui de Libération :  » Le drapeau de la Résistance flotte sur Phnom Penh ». Depuis lors , Le Monde a fait amende honorable , Libération pas à ma connaissance.A noter que ces journaux n’avaient pas de correspondants sur place et qu’il leur fallut plusieurs mois avant de se faire l’écho timide du génocide des Khmers. Guy Sorman

Nuremberg du communisme, oui, mais qui jugera les formateurs et thuriferaires de Pol Pot?

Alors que, comme le rappelle l’essayiste Guy Sorman, les Cambodgiens s’engagent tant bien que mal dans ce qui pourrait être le premier Nuremberg du communisme …

Et que bien que s’agrippant au pouvoir, le fondateur du castrisme vient après les Chinois de reconnaitre que « le modèle communiste ne marche même plus pour eux » …

Comment ne pas s’étonner de la singulière indulgence dont continue à bénéficier, au Pays des droits de l’homme, l’idéologie probablement la plus meurtrière de l’histoire?

Et ce dans les institutions mêmes qui formèrent comme les médias qui rendirent possibles les Pol Pot de l’histoire …

Et qui ouvrent aujourd’hui si largement leurs portes aux derniers thuriféraires à la Badiou de la « renaissance de l’Idée communiste » comme prétendue “alternative à la violence du système capitaliste” ?

Kampuchea vaincra!
Alain Badiou
Le Monde
17/1/79

L’invasion du Cambodge par cent vingt mille Vietnamiens avec chars et aviation de bombardement ; l’installation à Phnom-Penh de  » dirigeants  » tirés des bagages de l’envahisseur : prendre position sur ces faits engage, à notre avis, des questions essentielles.

A supposer que l’inertie l’emporte, qu’aucun courant d’opinion mondial ne se lève dans le scandale et dans l’action, un pas décisif serait fait vers la violation sans détour du droit des peuples à exister, du droit des nations à voir leurs frontières garanties et leur sécurité internationale reconnue. Aller régler les problèmes politiques du voisin à grands coups de division blindées serait désormais chose normale.

Dans ce climat d’acceptation du gangstérisme international, c’est la généralisation de la guerre qui deviendrait inévitable.

L’acquiescement, ou même la seule protestation réticente, devant cet acte de barbarie militariste franc et ouvert, reproduirait la logique munichoise, qui croit différer le péril sur soi en livrant et trahissant les autres, Autrichiens ou Tchèques hier, Khmers aujourd’hui. Il est tout aussi vital et moralement clair de se lever contre l’actuelle invasion, qu’il l’était de condamner sans détour l’agression américaine de 1970. Les procédés sont les mêmes, aviation et division blindées contre un petit peuple démuni. Les objectifs sont les mêmes : Installer dans les villes un pouvoir à la botte de l’étranger. Les résultats seront les mêmes : la guerre populaire de résistance nationale.

D’obscures affaires de sauvages…

Qu’à l’arrière-plan on trouve cette fois les ambitions impériales de la superpuissance soviétique, dont le Vietnam est client. Indique seulement la rapidité des changements de conjoncture, et qui, désormais, entend jouer les premiers rôles dans la gendarmerie contre-révolutionnaire mondiale. Ce qui justifie le rappel du précèdent tchècolosvaque, dont du reste, avec un cynisme sans égal, les Vietnamiens se réclament ouvertement. A dix ans d’écart, c’est bien le même processus qui se déploie et s’aggrave.

Ce qui semble paralyser certains devant l’évidence du devoir, c’est la vaste campagne menée depuis trois ans contre le  » goulag  » cambodgien.  En soi déjà, l’argument est curieux, il revient en somme à dire que puisque les Khmers se sont tant tués entre eux, leur massacre par les chars vietnamiens doit nous laisser froids ! On ne saurait mieux dire que vus de loin, et en Asie, la question nationale, le respect des frontières, l’absolue ignominie qu’est une invasion massive perpétrée de sang-froid ne sont qu’obscures affaires de sauvages.

Contre les deux superpuissances

Sur le fond, nous constatons ceci : pour mieux  » expliquer  » la violence du processus révolutionnaire au Cambodge, les censeurs dénoncent à qui mieux mieux l' » hyper-nationalisme sectaire « . le  » refus de l’aide étrangère « , le  » chauvinisme « , dont auraient fait preuve Pol Pot et ses camarades Khmers rouges. On déguise à peine, dans ces propos, qu’il est outrecuidant pour un pays de taille modeste de prétendre échapper à l’allégeance, à la soumission, à l’inclusion dans une aire d’hégémonie.

Il est très vrai qu’en se dressant à la fois contre les Américains et contre les Soviétiques, et en ne cédant rien au voisin puissant qui voulait coûte que coûte les mettre en tutelle, les révolutionnaires cambodgiens ont, les premiers, ouvert la voie à la question de l’indépendance nationale telle qu’elle se pose aujourd’hui : refus de plier devant les hégémonismes, lutte simultanée contre les deux superpuissances.

Outre les tensions accumulées dans les siècles par l’absolue misère du paysan khmer, la simple volonté de compter sur ses propres forces et de n’être vassalisé par personne éclaire bien des aspects, y compris en ce qui concerne la mise à l’ordre du jour de la terreur, de la révolution cambodgienne. Ce n’est pas justifier toutes choses que de remarquer qu’à la lumière du  » Blitzkrieg  » des envahisseurs vietnamiens, l’évacuation préalable de villes prend un tout autre aspect. D’autres mesures étonnantes, comme l’abolition des échanges monétaires et le passage accéléré au collectivisme n’ont du reste pas d’autre précédent, fût-il très éloigné, que le communisme de guerre dans l’U.R.S.S. des années 18-20. Le bilan de tout cela est à nos propres yeux une question ouverte, et de première importance.

Une troisième guerre de libération

Cependant, il n’est en réalité demandé à personne de prendre position sur ce point. Il n’est pas même demandé d’examiner en conscience à qui sert finalement la formidable campagne anticambodgienne de ces trois dernières années, et si elle n’a pas son principe de réalité dans la tentative en cours de  » solution finale « .

Une seule chose compte : se lever contre l’agresseur, et assurer, dans les faits, le peuple cambodgien de notre soutien dans la guerre prolongée de libération -la troisième – à laquelle il se trouve aujourd’hui acculé.

Voir aussi:

Le Nuremberg du communisme
Guy Sorman
Le futur, c’est tout de suite
17 septembre 2010

Les quatre leaders survivants du régime communiste des Khmers rouges (dont l’ancien chef de l’Etat, Khieu Samphan), en prison à Phnom Penh depuis 2007, vont être traduits en justice, dans leur propre pays : le premier procès du communisme va enfin avoir lieu devant un tribunal incontestable. Ce tribunal avait fait ses preuves le 26 juillet dernier, en condamnant Douch à 35 ans de prison : Douch, un rouage de la machine exterminatrice Khmer rouge, avait dirigé, de 1975 à 1979, un centre de torture qui fit quinze mille victimes. Contrairement au tribunal de Nuremberg qui, en 1945, jugea les dignitaires nazis, celui de Phnom Penh n’est pas géré par des puissances victorieuses : il opère au sein de la Justice cambodgienne, sous le contrôle de l’opinion publique cambodgienne mais financé par les Nations Unies. On ne saurait douter de la légitimité et de l’objectivité de ce tribunal. La sentence a d’ailleurs été mal accueillie par les Cambodgiens qui, au regard des crimes commis par Douch, l’estimaient insuffisante. Celui-ci, évidemment, a fait valoir qu’il obéissait aux ordres de ses supérieurs : évidemment, puisque ce fut aussi l’alibi des dirigeants nazis à Nuremberg – Hitler étant mort – et celui de Adolf Eichmann à Jérusalem, en 1961.

Par-delà le cas de Douch et de la Bande des quatre aujourd’hui inculpée, qui juge-t-on à Phnom Penh ? On constate dans les médias occidentaux et asiatiques, comme dans les prises de position des gouvernements – particulièrement celui  de la Chine – une volonté certaine de réduire les crimes de Douch et de Khieu Samphan à des circonstances locales. Une regrettable catastrophe se serait abattue sur le Cambodge en 1975, sous le nom de Khmers rouges et cette rébellion venue d’on ne sait où, aurait ravagé le Cambodge et tué 1,5 million de Khmers. À qui, à quoi, devrait-on imputer ce que le tribunal a qualifié de génocide des Khmers par d’autres Khmers ? Ne serait-ce pas la faute des Américains ? Ceux-ci, en installant au Cambodge un régime à leur solde, auraient provoqué comme un choc en retour, une réaction nationaliste. Ou bien, ce génocide ne serait-il pas un héritage culturel propre à la civilisation Khmère ? Des archéologues fouillent, en vain, le passé pour retrouver un précédent historique. Mais, l’explication véritable, l’arme du crime, on la trouvera plutôt dans ce que les Khmers rouges eux-mêmes déclaraient : de même qu’Hitler avait décrit à l’avance ses crimes, Pol Pot (aujourd’hui décédé) avait expliqué par avance qu’il détruirait son peuple pour en créer un nouveau. Pol Pot se disait communiste : il le devint, étudiant, à Paris, dans les années 1960. Puisque Pol Pot et le régime qu’il imposa, se disaient communistes – et d’aucune manière les héritiers de quelque dynastie cambodgienne – il faut admettre qu’ils l’étaient vraiment, communistes.

Ce que les Khmers rouges imposèrent au Cambodge, ce fut bien le communisme réel : il n’y eut pas, ni en termes conceptuels ou concrets de distinction radicale entre ce règne des Khmers rouges et le Stalinisme, le Maoïsme, le Castrisme ou la Corée du Nord. Tous les régimes communistes suivent des trajectoires étrangement ressemblantes que colorent à peine, les traditions locales. Dans tous les cas, ces régimes entendent faire du passé table rase et créer un homme nouveau ; dans tous les cas, les « riches », les intellectuels et les sceptiques sont exterminés. Les Khmers rouges regroupèrent la population urbaine et rurale dans des communautés agricoles calquées sur les précédents russes, les kolkhozes et chinois, les communes populaires, pour les mêmes raisons idéologiques et conduisant au même résultat : la famine. Sous toutes les latitudes, le communisme réel patauge dans le sang : extermination des Koulaks en Russie, révolution culturelle en Chine, extermination des intellectuels à Cuba. Le communisme réel sans massacre, sans torture, sans camps de concentration, le goulag ou le laogaï, cela n’existe pas. Et si cela n’a pas existé, il faut bien en conclure qu’il ne pouvait en être autrement : l’idéologie communiste conduit nécessairement à la violence de masse parce que la masse ne veut pas du communisme réel. Ceci dans les rizières du Cambodge tout autant que dans les plaines de l’Ukraine ou sous les palmiers cubains : et les régimes communistes partout et toujours ne furent jamais qu’imposés par l’extrême violence.

Le procès de Douch, puis de la Bande des quatre est donc le premier procès d’apparatchiks marxistes responsables dans un régime officiellement et réellement marxiste, léniniste, maoïste. Le procès du nazisme fut instruit à Nuremberg en 1945, celui du fascisme japonais à Tokyo en 1946, mais celui du communisme jamais. Bien que le communisme réel ait tué ou dégradé plus de victimes que le nazisme et le fascisme réunis. Ce procès du communisme n’a jamais eu lieu, – en dehors de la sphère intellectuelle – pour deux raisons : d’abord, le communisme bénéficie d’une sorte d’immunité idéologique parce qu’il se réclame du progrès. Et surtout, parce que les communistes sont toujours au pouvoir, à Pékin, Pyongyang, Hanoi et La Havane. Là où ils ont perdu le pouvoir, ils ont organisé leur propre immunité en se reconvertissant en socio-démocrates, en hommes d’affaires, en leaders nationalistes, ce qui est le cas général dans l’ex-union soviétique.

Le seul procès possible et effectif n’a donc sa place qu’au Cambodge : mais ne nous méprenons pas. Il ne s’agit pas du procès des Cambodgiens par d’autres Cambodgiens : encore une fois, le procès de Phnom Penh est celui du communisme réel par ses victimes. Pour l’avenir, il faut imaginer, mais c’est incertain, un procès du communisme à Pyongyang, intenté par les victimes coréennes, ou un procès de Pékin, intenté par les victimes et leurs ayants-droit. Si ces procès devaient un jour se tenir, à Pékin ou Pyongyang, voire à Moscou ou à Kiev, on serait étonné par la similarité des crimes et par celle des alibis : partout des accusés sans courage se déclareraient victimes des circonstances ou des ordres d’un supérieur introuvable.

Une caractéristique étrange du communisme réel, révélée à Phnom Penh, est qu’après sa chute, aucun apparatchik communiste ne se réclame plus du communisme. Le procès de Phnom Penh montre combien le marxisme est très utile pour revendiquer le pouvoir, prendre le pouvoir et l’exercer de manière absolue: mais le marxisme comme idéal n’est revendiqué par personne, pas même par ses anciens dirigeants. Les Khmers rouges ont tué au nom de Marx, Lénine et Mao, mais ils préfèrent mourir comme des traîtres à leur propre cause ou s’enfuir plutôt que mourir en marxistes. Cette lâcheté des Khmers rouges devant leurs juges révèle le marxisme sous un jour nouveau : le marxisme est réel, mais il n’est pas vrai, puisque nul n’y croit.

Voir enfin:

« Il faudra bien plus que le verdict de Douch pour qu’une véritable justice soit rendue »
Arnaud Vaulerin
Les Carnets de Pnom Penh
28/07/2010

«Bien qu’il ait fallu attendre plus de trente ans après la chute des khmers rouges pour que la justice soit rendue, cela ne diminue pas l’importance d’obtenir enfin que Douch rende compte de ses crimes», explique Sara Colm, chercheuse senior basée au Cambodge pour Human Rights Watch. «Mais il faudra bien plus que le verdict d’aujourd’hui pour faire en sorte qu’une véritable justice soit rendue au peuple cambodgien qui a souffert sous le régime khmer rouge.»

L’ONG américaine rappelle que le gouvernement du Premier ministre Hun Sen n’a jamais fait montre d’un enthousiasme débordant pour les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, chargées de juger les anciens Khmers rouges. En septembre dernier, l’homme fort du Cambodge est allé jusqu’à brandir la menace d’un retour de la guerre dans son pays si de nouvelles inculpations étaient lancées à l’encontre d’anciens dignitaires Khmers rouges (lire ici le compte-rendu fait sur ce blog). « Je prierais pour que ce tribunal manque de fonds et que les juges et les procureurs s’en aillent », avait même déclaré Hun Sen quelques mois plus tôt.

Amnesty International formule les mêmes craintes que HRW, soulignant que l’action des CETC est encore limitée et pourrait être entravée. «Le mandat des Chambres extraordinaires, à savoir poursuivre les personnes ayant la responsabilité la plus lourde dans les crimes graves commis sous le régime des Khmers rouges, est loin d’être rempli, souligne Donna Guest, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Le fait que cinq à dix personnes seulement aient été identifiées comme ayant pu avoir des responsabilités dans les atrocités massives perpétrées ne suffit pas pour rendre la justice que les Cambodgiens méritent, et à laquelle ils ont droit en vertu du droit international.»

En septembre dernier, les CETC indiquaient que des enquêtes préliminaires contre d’éventuels suspects allaient être lancées par des magistrats instructeurs. Amnesty International rappelle que les dossiers 3 et 4 ont été enregistrés. Mais Donna Guest avance que «la progression dans les dossiers 003 et 004 pourrait être freinée par une interférence politique de responsables cambodgiens ouvertement opposés à toute nouvelle poursuite en justice, et par des différends entre le juge d’instruction cambodgien et son homologue international».

A l’issue du premier verdict, les CETC pourront-elles librement décider du sort des futures instructions? Pour l’heure, elles se préparent à juger les quatre dignitaires du régime: l’ex-chef de l’Etat du « Kampuchéa démocratique », Khieu Samphan; Ieng Sary, le ministre  des Affaires étrangères; le numéro deux du régime de Pol Pot, Nuon Chea, et la ministre des Affaires sociales Ieng Thirith.

Le procès de ces quatre responsables, malades, âgés, procéduriers et coriaces est un sacré défi à relever pour les CETC

Voir par ailleurs:

Le Monde
08 juin 1993
Vous avez reconstitué au cours de vos recherches la plupart des manières de penser, de sentir, d’entrer en relation avec autrui qui avaient cours dans la civilisation de la Grèce archaïque et de la Grèce classique. Le travail, l’espace, la mémoire, la personne, le divin, le salut, et bien d’autres catégories fondamentales, n’avaient pas pour les Grecs, si l’on vous suit, le même sens ni la même portée que pour nous. Faut-il en conclure qu’entre cette culture et la nôtre, contrairement à ce qui est dit d’habitude, existent plutôt un fossé, ou une rupture, qu’une continuité forte ?
Rupture et continuité existent ensemble. On doit à mes yeux être attentif à l’une et à l’autre. Il y a une incontestable dépendance des hommes d’aujourd’hui, et de ce qu’ils sont, par rapport à ce monde grec. L’existence même de la politique, et en particulier de la démocratie, en est l’exemple le plus net. Mais il convient également de mesurer que des changements très importants sont intervenus. Avant de préciser quelques points de notre parenté avec la culture grecque aussi bien que de notre éloignement envers elle, il est indispensable de rappeler certains éléments de méthode.  » Il faut commencer par mettre en question l’idée qu’il y ait une nature humaine immuable. Car nous avons tendance, tant que nous n’avons pas de point de comparaison, à considérer que nos formes de pensée et nos catégories mentales sont l’expression de cette nature. La neuropsychologie nous informe sur les conditions neurologiques, chimiques, etc. de notre activité mentale. Et il n’y a aucune raison de penser que l’organisation neuronale des hommes de l’Antiquité, que ce soit en Egypte, à Sumer ou en Grèce, ait été différente de la nôtre.  » Mais ce n’est qu’un côté de la médaille. La pensée est également façonnée par ce qu’elle vise, par la diversité des produits de son fonctionnement.
Elle n’est pas indépendante du milieu dans lequel elle s’exerce, sur lequel elle opère pour le transformer. Ce milieu n’est pas la nature, comme chez les animaux, mais les divers univers culturels dont l’homme est à la fois créateur et produit. A côté des neurosciences, et en prenant l’activité mentale à l’autre bout, il faut considérer non plus seulement son conditionnement neurophysiologique, mais ses objets, ses constructions symboliques, ses oeuvres, de caractère social et historique.
 » Mon maître Meyerson, qui fut le fondateur de la psychologie historique, insistait sur le fait que l’homme se fabrique lui-même, spirituellement et socialement, à travers les oeuvres qu’il n’a cessé continûment de créer, qu’il s’agisse de langue, d’outillage technique, d’institutions, de religion, d’oeuvres d’art, de savoirs scientifiques. C’est donc dans ses activités intellectuelles, ses sentiments, ses rapports spécifiques avec le monde, avec le divin, avec les autres et avec lui-même qu’il faut rechercher comment se présente l’homme d’une civilisation et d’une époque données.  » Or ce travail ne peut se faire que par le biais de comparaisons.  » L’homme grec « , en lui-même, isolément, on ne saurait l’atteindre _ pas plus qu’on ne peut définir  » la nature humaine  » en soi. Qu’il s’agisse de comprendre comment se présentent en Grèce la guerre, la divination, la mort ou le sacrifice, c’est toujours par une mise en comparaison que l’on peut saisir les traits qui définissent une forme d’existence humaine particulière. C’est pourquoi les enquêtes que j’ai menées dans le cadre du Centre de recherche comparée sur les sociétés anciennes portaient toujours à la fois sur les Grecs et sur d’autres civilisations, celles par exemple de l’Inde, de l’Egypte, du monde assyro-babylonien, ou encore de la Chine.  » La spécificité des Grecs est d’avoir dégagé la place du politique en tant que tel « 
_ En ce qui concerne les Grecs et nous, doit-on adopter la même démarche comparatiste ?
_ Oui, en ce sens qu’un mouvement d’aller et retour est toujours nécessaire. Il s’agit de saisir en quoi les Grecs sont pour nous en même temps familiers et étrangement lointains. Il s’agit aussi de nous interroger en retour sur nous-mêmes, de porter sur notre présent et sur nos évidences immédiates un regard rendu différent par cette mise en relation de nos manières de penser, de sentir et d’agir avec les leurs.
_ Par exemple ?
_ Parmi d’innombrables illustrations possibles de ces remarques, je m’en tiendrai d’abord à l’exemple de la religion. Le christianisme est pour une large part enraciné dans la culture grecque. Au cours des premiers siècles de notre ère en effet, l’Eglise construit peu à peu sa théologie en s’appuyant sur la philosophie grecque, où elle trouve les instruments intellectuels pour édifier et faire évoluer sa dogmatique. Platon, Aristote, le néoplatonisme, le stoïcisme aussi, demeurent très présents chez saint Augustin ou chez saint Thomas.
Cette incontestable continuité, qui s’inscrit sur plusieurs siècles dans une histoire compliquée, ne doit pas masquer les profondes mutations qui se sont opérées, entre les Grecs et nous, dans le domaine de la religion. Je ne pense pas seulement au passage d’une religion polythéiste, essentiellement civique et politique, à un monothéisme révélé qui implique un credo, une Eglise, un refus des styles de pensées laïques. Je songe avant tout au changement de la place occupée par la religion à l’intérieur de la vie collective.  » Dans la Grèce antique, la religion est à la fois partout et nulle part. Elle est présente dans la vie privée comme dans la vie publique. Mais elle ne constitue jamais un système clos, pourvu de sa logique propre, et comme séparé de l’ensemble de la vie sociale. Elle est une dimension, parmi d’autres, de l’existence collective, à tous ses niveaux. Ce qui nous éloigne le plus de la conception religieuse des Grecs, c’est précisément qu’entre eux et nous la place de la religion s’est transformée, ainsi que la définition même du domaine religieux. Là encore, de même qu’on ne peut parler de la nature humaine ou des Grecs  » en général « , on ne peut croire qu’il existe une réalité immuable qui serait  » la religion « .
_ Pas plus, sans doute, qu’il n’existe une réalité uniforme qui serait  » la politique  » …
_ Evidemment, mais ce deuxième exemple exige quelques précisions complémentaires. Bon nombre d’anthropologues admettent aujourd’hui qu’il existe une vie politique dans toute société, quand bien même elle se déroule dans des institutions qui ne sont pas vécues et pensées comme politiques. La spécificité des Grecs, et particulièrement celle de la démocratie athénienne, est d’avoir dégagé la place du politique en tant que tel.  » Cela suppose d’abord que soient nettement distinguées d’une part les affaires communes, qui concernent l’ensemble des citoyens et où le pouvoir de décision ne peut appartenir à personne d’autre que la collectivité elle-même, et d’autre part les affaires qui sont propres à chaque maisonnée, celles qui ne relèvent que de la décision de chacun en son particulier. Ensuite, pour qu’un domaine autonome de la vie politique se constitue, ces affaires communes doivent être réglées auterme d’un débat public contradictoire, au cours duquel chacun a le droit de parler, et où finalement la décision est prise par l’assemblée de ceux qui constituent la Cité.
Cette émergence du politique est tout à fait étonnante. Car même si les Grecs ne séparaient pas radicalement le domaine religieux et celui des affaires publiques, ils opèrent en ce domaine un bouleversement extraordinaire. Même les problèmes qui concernent l’organisation du culte, la création d’un sanctuaire, la formulation d’un règlement sacré relèvent des débats et des décisions des hommes. Bien que l’on doive, dans certains cas, s’en référer à des sanctuaires comme Delphes, les choix ne sont dictés ni par une loi venue d’en haut ni par la parole d’un roi ou d’un personnage inspiré. Ils résultent d’une discussion où s’opposent des discours tenus par des gens occupant, en dépit des différences de statut social, des positions symétriques et reversibles dans l’espace politique. Les Grecs ont donc bien le sentiment qu’il existe un monde divin, différent du nôtre, et dont nous dépendons, mais ils sont d’autre part habités par l’idée, profondément ancrée en eux, que c’est aux citoyens et, à eux seuls, qu’il incombe de régler ce qui est important pour leur communauté.
_ Cette émergence du domaine politique ne conduit-elle pas également les Grecs à réfléchir, de manière systématique, sur les formes de son organisation ?
_ Effectivement. Ce domaine qui a été dégagé, on l’examine comme les médecins examinent le corps de l’homme. On observe les différentes possibilités de constitution : monarchie, tyrannie, démocratie, aristocratie, etc. On discute de leurs avantages et inconvénients respectifs, de leurs rapports avec l’environnement, avec l’organisation de l’espace, urbain ou rural, avec le climat. L’élaboration de cette réflexion rationnelle et positive sur le politique est liée au fait que celui-ci ne concerne pas seulement, aux yeux des Grecs, l’art de vivre en commun, mais, plus fortement, l’art de bien vivre.  » Pour comprendre ce que peut signifier cette expression, il faut garder en tête ce phénomène fondamental que j’appelle l’esthétisation des valeurs. Pour les Grecs, il n’y a pas de vertu sans beauté. Un  » type bien  » est beau à voir. Sur son corps, son visage, sa façon d’apparaître aux yeux d’autrui, s’inscrivent les qualités qui caractérisent l’homme libre.  » Je crois que les démocraties n’ont pas fini d’en voir… « 
_ Nous voilà déjà passés sur le versant des différences qui nous séparent des Grecs…
_ Et ce n’est pas la seule ! Car il n’y a pas d’Etat dans leur système, pas plus que de délégation de pouvoir ou de représentation du peuple. Du coup le problème de la liberté s’y pose tout autrement. Etre libre, pour eux, c’est avant tout disposer, en tant que citoyen, d’un droit égal à décider des questions communes, à vérifier que les décisions ont été exécutées, à participer aux délibérations des tribunaux, etc.  » Mais cette liberté ne suppose pas l’existence de toute une série de notions que nous tenons pour fondamentales : la présence, à côté de l’Etat, ou plutôt face à lui, d’une société ayant sa vie propre, la nécessité par conséquent de constituer des contre-pouvoirs, l’idée que l’individu se définit par des droits inaliénables, que la collectivité résulte d’un contrat par lequel ses membres délèguent le pouvoir à l’Etat… Les Grecs sont totalement dépourvus de cette idée d’un individu singulier, détenteur de droits universels et inaliénables, qui nous paraît aller de soi.
_ Ainsi, l’idée même des droits de l’homme n’appartient pas à la nature humaine…
_ Cela va de soi. Et la démocratie non plus n’appartient pas à la nature humaine ! C’est pourquoi j’aurais tendance à tirer de ces quelques remarques une autre conséquence. L’exemple grec peut en effet nous conduire à réfléchir à la fragilité de nos constructions. Les valeurs auxquelles nous tenons, et en particulier celles de la démocratie, nous savons qu’elles peuvent disparaître si on ne les défend pas incessamment. Il faut donc constamment refaire le tissu social et étendre les libertés si nous ne voulons pas les voir périr.
_ La marche de l’Histoire n’a jamais rien d’assuré ?
_ Je ne crois plus que l’Histoire ait un sens, ni que le progrès soit inéluctable. Quand j’étais jeune, j’ai cru qu’il était possible de prévoir rationnellement l’évolution de l’humanité. Je pensais que les particularismes nationaux, les préjugés religieux, les haines raciales étaient voués à disparaître pour des raisons objectives, telles que la création d’une économie mondiale ou les progrès des sciences et des techniques. Tout cela me faisait juger, en bon ou en mauvais marxiste que j’étais, que nous nous dirigions vers un système beaucoup plus unifié, où les survivances d’un âge non scientifique étaient vouées à disparaître. « 
Je ne pense plus cela, et je constate que je me trompais en le pensant. L’évolution du monde contemporain, en particulier son expansion économique et technique, et le décalage croissant entre le genre de vie des pays industrialisés et celui des autres, provoquent en retour des réactions extrêmement fortes, notamment de la part des traditions religieuses. D’autre part, entre l’Etat, la vie sociale et l’individu, les écarts se sont creusés de telle sorte que les gens ne s’intéressent plus à la politique. L’Etat leur paraît lointain, voire étranger et inaccessible.  » Ce phénomène était très net dans l’ex-Union soviétique. Les individus ne se sentaient plus aucun lien avec un Etat tout-puissant dont ils parlaient comme d’une lointaine planète, habitée d’extra-terrestres aux volontés obscures. Après l’écroulement du monde soviétique, les démocraties occidentales ont pu croire que tout allait être pour le mieux dans le meilleur des mondes libéraux possibles. Or cette crise du tissu social et du débat politique les affecte également. Je crois même que les démocraties n’ont pas fini d’en voir…
_ Peut-on remédier à cette indifférence dont la vie politique fait aujourd’hui l’objet ?
_ Je ne sais pas. Nous manquons d’une analyse qui fasse le point, de manière sérieuse et solide, sur les problèmes d’aujourd’hui. Dans ma jeunesse, j’avais une vision assez claire de l’avenir proche. Dans les années 30, je savais que nous allions vers un affrontement avec l’Allemagne nazie. Et je vivais cela comme le grand combat à venir entre le fascisme et l’anti-fascisme. Cette vision était peut-être sommaire, mais elle n’était pas fausse. En tout cas, je ne vivais pas simplement dans le présent et ses petites querelles. Il y avait un horizon d’attente, qui donnait sens à l’ensemble des événements. Il me semble qu’un tel horizon d’attente fait actuellement défaut. Nous sommes dans la nuit par rapport à ce que nous sommes en train de vivre et de devenir.
_ Est-ce à dire que nous soyons totalement démunis face à la nouvelle montée des propos et des agissements de type fasciste ?
_ Sûrement pas. Il faut se battre, car c’est notre faute si tout cela se produit. J’ai toutefois la conviction que le travail d’un intellectuel est avant tout de comprendre et d’expliquer à autrui, plutôt que d’opposer des slogans à d’autres slogans. Par conséquent, la meilleure façon de combattre ces tendances fascistes est de parvenir à y voir plus clair dans le fonctionnement du monde tel qu’il est aujourd’hui. Il faut saisir les enjeux et les déterminismes de notre époque pour comprendre pourquoi ces choses réapparaissent. Des travaux d’historiens, de sociologues, de psychologues sont donc nécessaires. Ils sont d’autant plus nécessaires que nous pouvons expliquer le comportement de ceux qui ont ces attitudes plus rigoureusement qu’ils ne peuvent expliquer le nôtre. Mais cela ne suffit pas.
_ Alors quoi d’autre ?
_ Savoir distinguer entre les gens avec lesquels on peut dialoguer, et ceux avec lesquels il n’en est pas question. Ceux qui, pendant la guerre, ont combattu aux côtés des Allemands étaient parfois des gens à plaindre. Dans d’autres circonstances, ils auraient pu faire un autre choix. J’admets très bien que quelqu’un ait pu penser ou faire certaines choses, à condition qu’il reconnaisse ensuite son erreur. Ce que je n’admets pas, ce sont les agissements de ceux qui, aujourd’hui, loin du bruit et de la fureur des événements, manifestent leur sympathie envers le nazisme, essaient de lui trouver des excuses et de le laver de ses crimes. A mes yeux, ces gens-là sont totalement disqualifiés. Je n’engagerai pas avec eux le moindre dialogue, et une poignée de main me paraîtrait encore de trop.  » Je crois pourtant être hospitalier. Les Grecs anciens disaient que, quand on frappe à votre porte, c’est peut-être un dieu qui vient voir si vous êtes toujours disponible. C’est pourquoi ma porte et ma table sont toujours ouvertes. Je suis prêt à expérimenter tous les plats qu’on voudra, même les plus étrangers à mes goûts et à mon régime. Mais on ne discute pas recettes de cuisine avec des anthropophages. Je ne souhaite ni partager leur repas ni les inviter à ma table. Le débat, autant que la commensalité, l’échange des idées comme celui de la nourriture, obéissent à des règles. S’affronter en une libre discussion, pour en revenir à nos Grecs, est de même ordre à leurs yeux que siéger en convive à un banquet commun : il y faut des manières de table.

Incheon/60e: Attention, une guerre oubliée peut en cacher une autre! (Freedom has a price)

25 septembre, 2010
Certains paraissent avoir d’étranges difficultés à se rendre compte que c’est ici en Asie que les conspirateurs communistes ont décidé de jouer leur va-tout pour la conquête du monde et que nous avons relevé le gant en nous lancant dans la bataille et que nous livrons ici la guerre de l’Europe avec des armes pendant que les diplomates la livre encore avec les paroles, et que si nous la perdons la chute de l’Europe sera inévitable… Mac Arthur (lettre au leader républicain Joseph Martin, 20.03.51)
La paix a un prix. Nos nations rendent hommage à leurs fils et filles en uniforme qui répondirent à l’appel de leurs patries pour aller défendre un pays qu’ils ne connaissaient pas et un peuple qu’ils n’avaient jamais rencontré. Président Clinton et Président Kim Young-sam (inauguration du Mémorial aux Combattants de Corée, Washington D.C., 25 juillet 1995)
Nous avions dressé une liste de chaque désavantage naturel et géographique et Incheon les a tous. Commandant Arlie G. Capps
Le Conseil [de Paris] abuse de noms interminables attribués à des lieux improbables […] On trouve aussi en 1984 une ridicule place du Bataillon Français de l’O. N. U. en Corée correspondant à un parterre de fleurs et une tout aussi ridicule place des Combattants en Afrique du Nord à la croisée du boulevard Diderot et de la rue de Lyon. Heureusement, ces lieux ne correspondent pas à une adresse postale, car leur intitulé aurait de la peine à tenir sur une enveloppe. Alfred Fierro
Grave provocation à la guerre des fantoches de Washington en Corée. L’armée de la République populaire riposte victorieusement à l’agression des troupes de la Corée du Sud. L’Humanité (26 juin 1950)
L’impérialisme américain porte plus loin dans le cannibalisme l’affirmation hitlérienne. L’Humanité (2 avril 1952)
Si, aujourd’hui, des millions d’hommes voient en Picasso, l’auteur de la Colombe, l’homme de la paix, ils sont infiniment plus proches du vrai Picasso que les esthètes rabougris, qui se délectent de certains de ses tableaux en n’y voyant que des surfaces colorées sans signification objective, mais qui se détournent du Massacre de Corée avec dédain et dégoût. D. H. Kahnweiler
La guerre de Corée, ce n’était pas une tactique communiste : c’était le contraire. C’était un piège dans lequel les armées coréennes du Nord sont tombées. Sartre
Quant aux « accusations fallacieuses » concernant l’utilisation de l’arme bactériologique par les Américains, elles se révèlent aujourd’hui étayées par plusieurs types de sources. Les Américains auraient, par voie aérienne, pulvérisé à la frontière sino-coréenne des germes de contamination et auraient diffusé des insectes contaminés provoquant différentes épidémies. LCR (17.07.2000)
Chaque jour, l’aviation américaine et britannique bombarde l’Irak, censé camoufler un programme d’armes chimiques et bactériologiques. Un des objectifs affichés de la politique étrangère de Washington reste la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive. Pourtant, l’ouverture des archives prouve que les Etats-Unis ont été les premiers à intégrer l’arme bactériologique dans leur doctrine militaire. Et divers indices confirment qu’ils l’ont utilisée, au moins à titre expérimental, au cours de la guerre de Corée. Stephen Endicott et Edward Hagerman
Vu l’état d’impréparation de l’armée sud-coréenne et la présence sur place de quelques centaines seulement de conseillers américains, et depuis l’ouverture des archives soviétiques, il est désormais acquis que l’offensive générale du 25 juin 1950 fut préparée de longue date par la Corée du Nord. Bernard Droz (1992)
Carl Sagan used to say that extraordinary claims require extraordinary evidence. The evidence Endicott and Hagerman present for their extraordinarily dubious claim is notable only for its weakness. The Chinese and North Koreans themselves had the means, motive and opportunity to fabricate evidence, and were known to rewrite history for propaganda purposes. Any plausible defense of the claim that the Americans were guilty of biological warfare in the Korean conflict must address the question of fabricated evidence. Endicott and Hagerman do not even raise it. Ed Regis

Attention: une guerre oubliée peut en cacher une autre!

En ce 60e anniversaire du brillantissime débarquement d’Incheon du général Mac Arthur (et de la reprise de Séoul dix jours plus tard} qui fut, comme le reste de la Guerre de Corée elle-même, largement ignoré en France  …

Au lendemain de la reprise, dans une affiche de propagande, d »une nouvelle et flagrante aggression nord-coréenne contre une corvette sud-coréenne …

Et au-delà, depuis le journaliste australien notoirement à la solde de Moscou William Burchett aux historiens canadiens Stephen Endicott et Edward Hagerman, des sempiternelles dénonciations d’une prétendue utilisation américaine de l’arme biologique relayés par les irréductibles stals du Monde diplomatique ou de la LCR …

Comme de la bien-pensante monumentalité de nos gouvernants (qui connait le parterre de fleurs grandiloquemment qualifié de place du Bataillon Français de l’O. N. U. en Corée par le Conseil de Paris ou la petite stèle coincée sur un obscur quai de Seine?) …

Ou même des quelques rares hommages au millier à peine (trois milliers en tout, dont, qui le sait, Jean Lateguy ou Alfred Sirven)  d’obscurs volontaires qui relevèrent du mieux qu’ils purent l’honneur du Pays des droits de l’homme certes empêtré alors dans une guerre coloniale au Vietnam …

Comment ne pas s’étonner de ce déni continue de la guerre oubliée derrière la guerre oubliée, a savoir de la véritable guerre idéologique à laquelle donna lieu en France cette première des guerres de la Guerre froide?

Qui rappelle en effet le climat d’hystérie collective  orchestré alors par le PCF pour ses commanditaires de Moscou contre la barbarie impérialiste et Ridgway la peste?

Qui se souvient des invectives de l’idiot utile et président de l’Association France-URSS Sartre ou des tableaux du compagnon de route Picasso (Massacre en Corée puis Guerre et paix) apportant sa caution d’artiste à la campagne d’intoxication anti-américaine?

Et qui dira enfin le courage qu’il fallut, à nos valeureux volontaires, contraints d’embarquer sous les sifflets et les insultes voire en cachette pour tromper les manifestants avant le mépris ou l’indifférerence du retour?

Septembre 1950. MacArthur en Corée.

Choc frontal en Corée

Claude Jacquemart

Valers actuelles

16/09/2010

Avec le débarquement d’Inchon, MacArthur, héros de la guerre du Pacifique, déjoua les plans de la Corée du Nord qui se targuait de régler le sort de son voisin du Sud en quelques jours. Avant sa disgrâce, en 1951.

Au plus fort de la guerre de Corée, en septembre 1950, une manoeuvre hardie brisa l’élan des troupes communistes qui, venues du nord, avaient refoulé au sud de la péninsule les débris de l’armée sudcoréenne. Les Américains débarquèrent leurs marines à Inchon, à l’ouest de Séoul, la capitale sud-coréenne située au nord du pays et conquise par les Nord-Coréens. Surpris par cette opération sur leurs arrières, ceux-ci se désagrégèrent. L’auteur de cette manoeuvre couronnée de succès s’appelait Douglas MacArthur. Un chef hors norme, auréolé par la victoire des États-Unis sur le Japon.

La genèse du conflit se situe dans les années suivant la Seconde Guerre mondiale, quand la guerre froide vint se substituer à l’alliance conclue entre l’URSS et les démocraties contre l’Allemagne hitlérienne. À la conférence de Yalta, en février 1945, il avait été convenu, dans la perspective de la victoire alliée en Extrême-Orient, que les forces japonaises stationnées en Corée se rendraient aux Soviétiques au nord du 38e parallèle et aux Américains au sud de cette ligne.

Puis, au lendemain de la guerre, une commission des Nations unies fut chargée d’organiser des élections libres en Corée, prélude à la formation d’un gouvernement national pour l’ensemble de la péninsule. Processus refusé par Staline, pour qui l’Onu ne constituait que l’arrière-cuisine des États-Unis.

Résultat : les élections, organisées seulement dans le Sud, aboutirent, le 19 juillet 1948, à la proclamation d’une République de Corée dirigée par Syngman Rhee, nationaliste et anticommuniste, chef du gouvernement coréen en exil constitué en 1919. En réplique, une République populaire démocratique de Corée fut instituée au Nord avec, à sa tête, le communiste Kim Il-sung, formé en URSS dont il était revenu en 1945 avec le grade d’officier de l’Armée rouge, prenant dès ce moment le pouvoir à Pyongyang.

Syngman Rhee et Kim Il-sung se posaient l’un et l’autre en leaders naturels d’une Corée réunifiée. Or, en 1949, le contexte international se modifia radicalement. L’URSS se dota de la bombe atomique, jusqu’alors réservée aux États-Unis, et les communistes chinois, avec Mao Zedong, prirent le pouvoir à Pékin, contraignant les nationalistes de Tchang Kaï-chek à se replier sur Formose. Kim Il-sung, dont l’armée surclassait celle du Sud, jugea le moment favorable pour imposer sa domination à l’ensemble de la péninsule. Et Staline, d’abord circonspect, donna son feu vert.

Le 25 juin 1950, 135 000 soldats nordcoréens, appuyés par quelque 150chars d’origine soviétique, 1 700pièces d’artillerie et 200 avions de combat, déferlèrent sur le Sud. La petite armée sudcoréenne (38 000hommes), dépourvue de blindés, d’avions et d’artillerie, fut balayée. Dès le 28 juin, la capitale Séoul était conquise.

Les services de renseignements américains n’avaient rien vu venir, et ceux de MacArthur, qu’il considérait pourtant comme excellents, pas davantage. Au reste, la présence américaine en Corée du Sud était des plus réduites. Les États- Unis réagirent cependant avec énergie. Deux jours après l’attaque communiste, et en l’absence des Soviétiques qui pratiquaient alors la politique de la chaise vide au Conseil de sécurité, celui-ci condamnait l’agression nord-coréenne et confiait aux Américains le commandement d’une force militaire destinée à la repousser. Seize pays entrèrent dans cette coalition. Parmi eux, la France, avec un bataillon commandé par le lieutenant-colonel Magrin-Vernerey, alias Monclar, ancien des Forces françaises libres, qui avait rendu ses étoiles de général pour commander à nouveau sur le terrain. Le commandement de ces troupes fut confié à MacArthur.

Ce qui restait des forces sud-coréennes et américaines s’efforçait de résister dans une poche autour de Pusan, au sud du pays. Elles risquaient cependant d’être balayées. C’est alors que Mac – Arthur mit en oeuvre l’opération d’Inchon. À son tour, l’ennemi dut se replier en catastrophe. Séoul fut repris le 26 septembre. Désormais, les alliés, forts de 250 000 hommes (165 000 dans les unités terrestres, 85 000 pour la marine et l’aviation), étaient supérieurs en effectifs et en armements.

Le 7 octobre, trois semaines après le débarquement d’Inchon, ils franchissaient le 38e parallèle et envahissaient la Corée du Nord. Le 26, des éléments avancés atteignirent le fleuve Yalu, marquant la frontière entre ce pays et la Chine. C’est alors que les Chinois entrèrent dans le conflit, ouvrant une nouvelle phase de la guerre. Mao Zedong confia à une « armée des volontaires du peuple chinois », forte de 270 000hommes, le soin de combattre les « envahisseurs ». Les alliés furent repoussés, puis ils contreattaquèrent avant d’être à nouveau rejetés au sud du 38e parallèle, fin novembre, par les Chinois dont les effectifs avaient doublé et que protégeait l’aviation soviétique. Séoul fut repris par le Nord en janvier 1951.

Le conflit s’aggravait en s’internationalisant. Du coup, MacArthur préconisa une solution radicale : le bombardement nucléaire de la Mandchourie– autrement dit, du territoire chinois (on était alors cinq ans et demi après la frappe de Hiroshima). Il fit également entrer en lice des Chinois nationalistes de Tchang Kaï-chek. Puis, négligeant les instructions de la Maison-Blanche, il reprit l’offensive vers le nord.

Congédié par Truman, ovationné par le Congrès

Or, le président Truman ne voulait pas d’une extension de la guerre en Asie. Sa préoccupation majeure était l’Europe, dont une moitié avait déjà été abandonnée à Staline. Et il redoutait un affrontement direct avec l’Union soviétique. Le 11 avril 1951, achevant de déjeuner au Dai-ichi, sa résidence de Tokyo, MacArthur fut averti qu’il venait d’être relevé de son commandement en Extrême-Orient. À sa femme il lança : « Jeannie, nous rentrons enfin chez nous ! » Mais il écrivit plus tard dans ses Mémoires qu’il avait été renvoyé « comme une femme de ménage ou une servante ne le fut jamais, au mépris des formes élémentaires de la politesse ».

Son retour aux États-Unis fut un triomphe. Les Américains vivaient alors à l’heure du maccarthysme anticommuniste et se préparaient à envoyer les époux Rosenberg à la chaise électrique. Devant le Congrès, le 19 avril 1951, le grand chef déchu, qui avait voulu affronter les communistes jusque dans leurs sanctuaires, fut ovationné plus de trente fois lors d’un discours de trente-cinq minutes. Des ambitions présidentielles lui furent prêtées pour 1952. Mais MacArthur se contenta de la présidence de la Remington Rand Corporation. Il occupa jusqu’à sa mort, en 1964, un appartement du Waldorf- Astoria de New York. Sa femme mourut en 2000, âgée de 101 ans.

Le général Ridgway avait pris sa suite en Corée. La guerre s’y termina en 1953, les belligérants se retirant de part et d’autre du 38e parallèle, séparant la péninsule en deux États, situation qui existe toujours. D’interminables pourparlers de paix s’engagèrent sur la frontière, à Panmunjom. Le conflit avait fait plus de 58 000 morts chez les Coréens du Sud, plus de 33 000 chez les Américains, 300 000 chez les Coréens du Nord et 200 000 chez les Chinois, plus des centaines de milliers de blessés et de disparus. Chez les Français, 262 périrent au combat et plus de 1 000 furent blessés, sur un contingent de 3 421 hommes

Voir aussi:

Wartime Lies? Two historians contend that the United States engaged in germ warfare nearly 50 years ago.

Ed Regis

The NYT

June 27, 1999

THE UNITED STATES AND BIOLOGICAL WARFARE

Secrets From the Early Cold War and Korea.

By Stephen Endicott and Edward Hagerman.

Illustrated. 274 pp. Bloomington:

Indiana University Press. $29.95.

On March 15, 1952, The People’s Daily in Beijing printed nine photographs it claimed were proof that the United States was waging germ warfare in China. They showed clumps of dead flies, close-ups of other insects, microscopic images of bacteria and smudges identified as bluish impurities, among other things. The captions described poisonous insects, meningitis double globular bacteria, ulcerous cylindrical bacteria and flies that could crawl but not fly.

The New York Times got hold of the photographs, translated the captions into English and asked two scientists, C. H. Curran, chief curator of insects and spiders at the American Museum of Natural History, and Rene Dubos, a bacteriologist at the Rockefeller Institute of Medical Research, to examine them. In a front-page article on April 3, 1952, under the headline  »Reds’ Photographs on Germ Warfare Exposed as Fakes, » The Times published the photographs, the captions, in Chinese and translation, and the experts’ comments.

The flightless flies, according to Curran, were simply too cold to fly. This happens to all flies when they become chilled. (The picture had been taken outdoors, in winter.) One of the alleged poisonous insects was a mosquito from which the wings had been removed; others were perfectly harmless stoneflies, slow fliers that would be extremely poor at disseminating diseases even if they could be inoculated. The alleged meningitis double globular bacteria, Dubos said, were the wrong shape, round instead of kidney-shaped, and single (meningitis bacilli occur in pairs). The alleged ulcerous cylindrical bacteria, he said, resembled any of the hundreds of rodlike bacteria found in the air and were harmless. The bluish impurities were unidentifiable blobs.

In  »The United States and Biological Warfare, » Stephen Endicott and Edward Hagerman, historians at York University in Toronto, resurrect the almost 50-year-old claim, denied by the United States Army, scientific experts and the State Department, from the beginning and ever since, that the United States waged germ warfare in China and Korea. The gist of their argument is that the Army had the means, motive and opportunity. Opportunity and motive are apparent on the face of it; means is debatable. The authors show that by 1952 the Army had tested a munition for the dispersal of Brucella suis, the cause of brucellosis, an incapacitating disease; they do not show that the Army ever used it in China, Korea or anywhere else.

The authors acknowledge that after 20 years of research they have failed to turn up a single document in American archives that provides direct evidence for their claim. They therefore build a circumstantial case that relies heavily on documents provided by the North Koreans and the Chinese. In fact, the authors reproduce some of the nine Chinese photographs and captions, but they make no mention of the article in The Times, even though their bibliography cites a standard reference work by Milton Leitenberg that discusses the forgeries, mentions the experts by name and summarizes their conclusions. This is appalling.

Carl Sagan used to say that extraordinary claims require extraordinary evidence. The evidence Endicott and Hagerman present for their extraordinarily dubious claim is notable only for its weakness. The Chinese and North Koreans themselves had the means, motive and opportunity to fabricate evidence, and were known to rewrite history for propaganda purposes. Any plausible defense of the claim that the Americans were guilty of biological warfare in the Korean conflict must address the question of fabricated evidence. Endicott and Hagerman do not even raise it. If theirs is the best case that can be made for American germ warfare activities in China and Korea, it amounts to a dismissal of the charges and an exoneration of the accused.

Ed Regis’s new book,  »The Biology of Doom, » about the American germ warfare program, will be published this fall.

Voir enfin:

UN DES SECRETS LES MIEUX GARDÉS DE LA GUERRE FROIDE

Les armes biologiques de la guerre de Corée

Chaque jour, l’aviation américaine et britannique bombarde l’Irak, censé camoufler un programme d’armes chimiques et bactériologiques (lire pages 16 et 17). Un des objectifs affichés de la politique étrangère de Washington reste la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive. Pourtant, l’ouverture des archives prouve que les Etats-Unis ont été les premiers à intégrer l’arme bactériologique dans leur doctrine militaire. Et divers indices confirment qu’ils l’ont utilisée, au moins à titre expérimental, au cours de la guerre de Corée.

Le Monde diplomatique

Juillet 1999

« Je suis allé en Chine en 1952 pour évaluer les affirmations sur la guerre bactériologique. Sans détailler les preuves, je suis revenu convaincu que les officiels chinois croyaient que celles-ci étaient concluantes. A mon retour, Alan Watt, mon successeur comme chef du département australien des affaires étrangères, m’a informé que, à la lumière de mes déclarations, il avait cherché des réponses à Washington et qu’il avait été informé que les Etats-Unis avaient utilisé des armes biologiques en Corée, mais uniquement à titre expérimental », écrit le docteur John Burton, ancien chef du département australien des affaires étrangères, dans une lettre à Stephen Endicott datée du 12 avril 1977.

Le 27 octobre 1950, deux semaines après l’entrée des troupes chinoises dans la guerre de Corée (1950-1953), à un moment où l’on craint une généralisation du conflit, George Marshall, le secrétaire américain à la défense, donne le feu vert pour un important programme bactériologique. Le 21 décembre 1951, le secrétaire à la défense par intérim, Robert Lovett, presse les chefs d’état-major interarmes d’agir afin que « la préparation effective soit réalisée dans les plus brefs délais » et qu’ils fournissent « des directives, dans le cadre de plans de combat et d’appui logistique, pour l’emploi d’armes chimiques et bactériologiques ».

Le 2 février 1952, l’état-major interarmes ordonne le développement, « sans délai, d’une forte capacité offensive » et de « tous les moyens efficaces pour faire la guerre, même ceux dont l’emploi est sans précédent ». L’argument avancé avec succès par l’état-major est que le gouvernement devrait se prévaloir secrètement du précédent établi pour la guerre atomique et prévoir une doctrine de l’usage des armes bactériologiques sous réserve d’autorisation présidentielle (1).

Jusqu’à ce jour, Washington nie l’existence d’une doctrine offensive dans ce domaine. Pourtant, les archives dévoilées parcimonieusement prouvent le contraire et confirment que l’état-major a mis la guerre bactériologique au sommet de ses priorités stratégiques, à égalité avec le nucléaire. Le gouvernement a financé massivement cette recherche, mobilisant au maximum les ressources militaires et civiles. Dans le cadre d’un programme urgent (crash program) développé entre 1950 et 1952 et généreusement financé, les Etats-Unis étaient en passe de devenir la première nation au monde à incorporer les armes bactériologiques dans un système et dans une doctrine d’armements modernes.

Travaillant essentiellement suivant les directives de l’armée de l’air, des chercheurs militaires et une foule de sous-traitants civils mettent l’accent sur les armes antipersonnel, tout en développant des armes antirécoltes. Ils mettent au point une substance antipersonnel et une munition appropriée, et commencent la fabrication en série d’une longue liste de produits.

Le programme comporte également la conversion d’une bombe destinée à la distribution de tracts de guerre psychologique en « bombe à plumes » bactériologique, porteuse de spores de charbon céréalier, mais visant aussi l’intendance et l’équipement des armées au combat. Pour le développement des munitions, on privilégiera les aérosols provoquant l’infection par voies respiratoires, tout en travaillant à d’autres vecteurs de contamination des cultures alimentaires. Selon les termes d’un accord tripartite avec la Grande-Bretagne et le Canada, les Etats-Unis travaillent également avec ce dernier sur des « insectes-vecteurs » et sur les moyens de les propager.

A la fin de 1950, révèlent les archives disponibles, le comité pour la guerre bactériologique du département de la défense félicite la division des opérations spéciales, responsable des armes secrètes à Fort Detrick, pour « l’originalité, la grande imagination et l’agressivité dont elle a fait preuve dans l’invention des moyens et des mécanismes de la dissémination secrète de substances de guerre bactériologique ». Des capacités d’intervention sont donc disponibles , et le secret est considéré comme décisif puisqu’il permet de faire passer des interventions humaines pour une épidémie « naturelle ». Le programme s’intéresse, entre autres, au choléra, à la dysenterie, à la typhoïde et au botulisme pour des actions antipersonnel, et plus généralement à des toxines anti-animaux.

Ce projet privilégie le développement d’un système d’armements intégré pour la guerre, qui doit être opérationnel pour le 1er juillet 1954, mais il comporte aussi des capacités opérationnelles , au niveau des unités et avec des appuis logistiques, qui peuvent être mises en oeuvre dès le mois de mars 1952. Des plans détaillés d’opérations aéroportées contre les forces ennemies, associant armes nucléaires et bactériologiques, ainsi que des plans de destruction de récoltes sont mis au point. En plus des capacités pour une guerre ouverte, se crée une structure opérationnelle pour la guerre bactériologique secrète en Asie, bien camouflée au sein de la division pour la guerre psychologique de l’armée de l’air et qui travaillait en étroite collaboration avec la CIA.

Cependant, au milieu de l’année 1953, au vu des résultats décevants, le programme d’urgence sera annulé par l’état-major interarmes et remplacé par un programme à plus long terme

Une question reste posée. Est- ce que la logique de crise et la fascination pour de nouvelles technologies, libérées de toute contrainte morale, ont conduit les Etats-Unis à se livrer en Corée à des expériences destinées à vérifier l’efficacité des armes bactériologiques ? Selon des documents conservés dans les archives gouvernementales et militaires chinoises, longtemps inaccessibles aux chercheurs étrangers et à la plupart des historiens chinois, la réponse est positive. Des communications ultra-secrètes entre Mao Zedong, Zhou Enlai, des militaires du plus haut rang et des cadres du parti confirment que les responsables chinois étaient convaincus que les Etats-Unis utilisaient l’arme bactériologique.

Zhou Enlai fit publiquement état de ses soupçons sur l’utilisation de ces armes dès 1950, alors que les forces des Nations unies battaient en retraite derrière le fleuve Yalu. Après avoir longtemps hésité, Mao et lui avaient fini par se laisser convaincre, à la mi- février 1952, par les indices qu’avaient recueillis les médecins militaires coréens détachés auprès de l’armée chinoise. Des vérifications de laboratoire à Pékin confirmèrent que Washington s’employait à répandre la peste et le choléra.

Des indices chinois fiablesBIEN qu’endémique dans certaines parties du nord-est de la Chine, la peste avait disparu de Corée depuis 1912, et la dernière épidémie de choléra en Corée du Sud remontait à 1946. Le corps médical a pu déterminer qu’il n’y avait eu aucun cas de maladie infectieuse depuis au moins un mois avant la découverte des premiers cas. Et l’on n’a trouvé aucun rongeur infecté.

La Chine a rendu publics les indices recueillis par ses militaires à la fin du mois de février 1952 devant les Nations unies. Parmi les réfutations les mieux connues de ce réquisitoire figure le rapport rédigé par trois savants canadiens à la demande du gouvernement américain. Mais les autorités ont caché que les preuves et témoignages chinois avaient également été remis au professeur Guilford B. Reed, chef des laboratoires canadiens de guerre bactériologique et expert en « insectes- vecteurs ». Sa conclusion était que, malgré quelques anomalies, les indices chinois étaient fiables. Il recommanda au ministre des affaires étrangères, Lester Pearson, d’éviter un débat public sur l’aspect scientifique des accusations de Pékin.

Les rapports du personnel médical de la province de Liaoning conservés dans les archives d’Etat chinoises, jamais analysés par des historiens, offrent des indices similaires à ceux observés en Corée : les mêmes passages d’avions américains, les mêmes concentrations inhabituelles d’insectes, surtout des mouches, des puces et de certains insectes dotés d’une forte résistance au froid et inconnus dans la région. Alors que jusqu’alors il n’y avait eu dans la province aucune grande épidémie et que les petites avaient toujours été rapidement maîtrisées, on commença à connaître des poussées de maladies inhabituelles.

L’une des plus graves était une épidémie d’encéphalite toxique aiguë pendant tout le mois de mars 1952 dans trois villes au coeur de la Chine industrielle, dans la province de Liaoning, à la frontière coréenne. L’encéphalite propagée par des tiques n’était pas inconnue dans les forêts du Nord-Est, mais un groupe de pathologistes dirigé par le directeur du département de pathologie à l’Ecole de médecine de Shenyang (un chercheur formé en Occident) concluait que ce type d’encéphalite était différent de celui que l’on connaissait dans le Nord-Est, que les piqûres d’insectes n’étaient probablement pas en cause et que l’infection se faisait par voie digestive ou respiratoire. Les archives évoquent le travail d’autres équipes médicales concluant que, dans certains cas, notamment de peste, d’anthrax, de choléra et d’encéphalite, elles se trouvaient confrontées à une guerre bactériologique.

Mao a toujours prétendu que cette campagne bactériologique n’avait pas été très efficace, et, selon les statistiques, il n’y aurait eu, en Chine, que quelques centaines de morts parmi les militaires et environ deux mille parmi la population civile. Nous ne savons pas si ce sont ces piètres résultats qui ont conduit à l’abandon du programme d’urgence en 1953.

Ce que nous savons, c’est que les indices recueillis à Liaoning sont parfaitement compatibles avec les capacités américaines. Les maladies anormales les plus fréquemment observées étaient la peste et l’anthrax, objectifs prioritaires des recherches américaines. Les épidémies insolites de choléra correspondent bien à la désignation de cette maladie comme prometteuse par les responsables du programme d’armes furtives. Et l’encéphalite avait été étudiée aussi bien dans les laboratoires des Etats-Unis que dans ceux du Canada (2). Les soupçons chinois de contamination par la voie des airs, les témoignages faisant état de pulvérisations depuis des avions, correspondent aussi aux recherches américaines sur les aérosols.

La preuve la plus concrète, ce sont les insectes. Malgré les dénégations officielles, en 1963, du docteur Dale W. Jenkins, ancien directeur de la division d’entomologie et des laboratoires de biologie à Fort Detrick, affirmant que, avant 1953, « les Etats-Unis n’ont jamais étudié la possibilité d’utiliser les arthropodes dans la guerre bactériologique », les archives démontrent le contraire, et le docteur Jenkins lui- même a été mêlé au projet. En plus de ses propres travaux, il avait travaillé dans le cadre d’un programme canadien dans le Nord sur des insectes piqueurs de même variété que ceux observés par les Chinois.

Les travaux américains et canadiens sur les méthodes de diffusion des insectes contaminés correspondent aussi aux preuves chinoises, y compris à l’usage des appâts infectés et de récipients en carton. La ressemblance est frappante entre un récipient cylindrique qui figure parmi les témoignages chinois et la photo d’une bombe bactériologique dans des archives provenant des services de la guerre chimique et récemment déclassifiée. Les éléments recueillis dans le Liaoning tendant à prouver l’utilisation comme arme bactériologique d’une bombe destinée à distribuer du matériel de propagande correspondent à ce que nous connaissons sur les « bombes à plumes ».

L’un des arguments utilisés pour discréditer les thèses chinoises et nord-coréennes est qu’elles étaient bâties à partir des données sur la capacité de guerre bactériologique développée par les Japonais pendant la dernière guerre. Les Soviétiques les ont fait connaître au monde au cours du procès de Khabarovsk de 1949, où les participants à ce programme – la sinistre unité 731, dirigée par le général Shiro Ishii – furent jugés comme criminels de guerre. Depuis qu’il a été confirmé, en 1980, que Washington avait secrètement « récupéré » le programme japonais et certains de ses responsables (3) – dont le général Ishii -, les officiels se sont repliés sur une autre ligne de défense : les Etats-Unis n’auraient pas appris grand-chose auprès des Japonais, auraient adopté une approche différente pour les « insectes- vecteurs » et, de toute façon, n’auraient commencé à les étudier qu’après la fin de la guerre de Corée – arguments pourtant réfutés par les documents récemment déclassifiés aux Etats-Unis ou en Chine.

Tout récemment, douze documents sortis des archives soviétiques dans des circonstances demeurées mystérieuses – ils ont été remis par un informateur inconnu à un quotidien japonais très conservateur – ont fait sensation, car ils apporteraient la preuve que les accusations de guerre bactériologique portées contre les Etats- Unis ont été fabriquées de toutes pièces. Ce sont des textes qui ne contiennent aucune référence d’archive, transcrits à la main.

Pourtant, même s’ils sont authentiques, ils ne sont pas concluants. Ils révèlent la lutte pour le pouvoir entre ministères soviétiques de police rivaux, entre Lavrenti Beria et Semen Ignatiev. Le premier a révélé ces documents après la mort de Staline afin d’éliminer son rival, accusé d’avoir retenu des informations pouvant nuire à la crédibilité de l’Union soviétique. Pour sa défense, Ignatiev affirma qu’il ne croyait pas à l’authenticité des documents, qu’il les avait montrés à Staline et que celui-ci les avait écartés d’un revers de main. La direction a donné raison à Beria, a limogé Ignatiev et l’a expulsé du parti. Peu après, elle devait se retourner contre Beria. Les deux responsables soviétiques avaient chacun leur agent en Corée. Beria s’est servi des rapports de son délégué auprès du gouvernement nord-coréen pour affirmer que l’accusation de guerre bactériologique était fabriquée, alors qu’Ignatiev a prêté foi à la version de son agent, le professeur N. Zhukov Varezhnikov ; celui-ci était vice-président de l’Académie de médecine de l’URSS et professeur de bactériologie. Il fut membre de la commission internationale scientifique, présidée par le docteur Joseph Needham, invitée par le gouvernement chinois à enquêter sur l’utilisation des armes bactériologiques. Le professeur Zhukov signa les conclusions des travaux de la commission, qui concluaient à l’utilisation de l’arme bactériologique. Le gouvernement soviétique soutient aussi ces conclusions jusqu’en 1969, quand le réchauffement des relations entre Moscou et Washington – qui préparaient notamment la convention sur la guerre bactériologique signée en 1972 – et le schisme avec Pékin amena l’Union soviétique à modifier sa position.

Malgré ce revirement, deux conclusions se dégagent des documents chinois, corroborées par les archives américaines : d’abord, que les Etats-Unis ont étendu la gamme des armements modernes en mettant au point le premier système d’armes bactériologiques avec des capacités opérationnelles, et qu’ils se sont dotés d’une doctrine offensive en la matière ; d’autre part, qu’ils ont expérimenté ce type d’armes en Corée.

(1) Le Conseil national de sécurité, dans un document daté du 1er février 1950 (NSC 62), préconise une doctrine d’emploi des gaz de combat uniquement comme mesure de représailles, mais les mêmes limites ne seront recommandées pour la guerre bactériologique que le 7 avril 1953 (NSC 147). Ce dernier document fait référence au document NSC 62, qui pourtant n’évoquait pas les armes biologiques.

(2) La seule maladie associée à la guerre bactériologique, mais dont on ne trouve aucune trace dans le programme américain, est la petite vérole, incluse pourtant dans les accusations chinoises. Mais, pour l’instant, nous n’avons qu’une vue partielle du travail qui s’effectuait à la division des opérations spéciales pour les armes secrètes de Fort Detrick.

(3) Lire Antoine Halff, « Crimes de guerre japonais et mémoires populaires », Le Monde diplomatique, novembre 1995.


Présidence Obama: Au secours, même Bush devient un grand président à présent! (Suddenly Bush seems okay)

24 septembre, 2010
Miss me yet? (Bush poster)How odd that the most liberal people in the world are worried that they are not liberal enough to the most intolerant on the planet. Victor Davis Hanson

Au secours: même Bush devient un grand président  à présent!

Au lendemain d’un enieme discours de haine gracieusement offert comme chaque annee par l’ONU au Solutionneur final iranien

Qui, recyclant cette fois les pire theories du complot, attribue  à present  les attentats du 11/9  à  l’Administration Bush …

Pendant que l’actuelle Administration americaine n’arrive toujours pas, en cette 9e commemoration, à appeler un chat un chat et reconnaître que la mission commencee sous les mandats de son predecesseur a largement ete accomplie …

Retour, avec l’historien militaire Victor Davis Hanson, sur ces temps etranges …

Ou, a coté des sondages en chute libre (approchant les 40% en a peine 2 ans !) et des élections de mi-mandat annoncées catastrophiques d’un président ayant non seulement repris mais aggravé tout en le dénoncant  à chaque phrase – la plupart des mesures de son prédecesseur

Le tant honni Cowboy Bush retrouve soudain une cote de popularité (50-42 face a Obama dans le particulierement représentatif état d’Ohio !)… proprement inédite !

Rethinking George Bush?

Victor Davis Hanson

Tribune Media Services

September 20, 2010

Former President George W. Bush left office with the lowest approval ratings since Richard Nixon. In reaction, for nearly two years President Barack Obama won easy applause by prefacing almost every speech on his economic policies with a « Bush did it » put-down.

But suddenly Bush seems okay. Last week, the president did the unthinkable: He praised Bush for his past efforts to reach out to Muslims. Vice President Joe Biden went further and blurted out, « Mr. Bush deserves a lot of credit. » Biden topped that off with, « Mr. President, thank you. »

Even liberal pundits have now called on Bush to help Obama diffuse rising tensions over the so-called Ground Zero mosque and Arizona’s illegal immigration law.

What’s going on?

For one thing, recent polls show an astounding rebound in the former president’s favorability — to the extent that in the bellwether state of Ohio, voters would rather still have Bush as president than Obama by a 50-42 margin. Nationwide, Obama’s approval ratings continue to sink to near 40 percent — a nadir that took years for Bush to reach. It has become better politics to praise rather than to bury Bush.

Iraq seems on the road to success, with a growing economy and a stabilizing government. Don’t take my word on that; ask Vice President Biden. He recently claimed that the way Iraq is going, it could become one of the Obama administration’s « greatest achievements. » Obama himself seconded that when the former war critic called the American effort in Iraq « a remarkable chapter » in the history of the two countries.

Then there are the growing comparisons with Bush’s supposed past transgressions. Compared to Obama, they’re starting to look like traffic tickets now. Take the economy and the war on terror. Americans were angry at the Bush-era deficits. But they look small after Obama trumped them in less than two years.

For six years of the Bush administration, Americans enjoyed a strong economy. So far, there hasn’t been a similar month under Obama. Bush had a one-time Wall Street meltdown, but Obama’s permanent big-government medicine for it seems far worse than the original disease.

If Hurricane Katrina showed government ineptness, so did the recent BP oil spill. Maybe such problems in the Gulf were neither Bush nor Obama’s fault alone, but are better attributed to the inept federal bureaucracy itself — or to freak weather and human laxity.

On the war on terror, Obama has dropped all the old campaign venom. Bush’s Guantanamo Bay detention facility, renditions, tribunals, intercepts, wiretaps, predator drone attacks, and policies in Afghanistan and Iraq are no longer dubbed a shredding of the Constitution. All are now seen as national security tools that must be kept, if not expanded, under Obama.

In comparison to Obama and his gaffes, Bush no longer seems the singular clod whom his opponents endlessly ridiculed. The supposedly mellifluent Obama relies on the teleprompter as if it were his umbilical cord. His occasional word mangling (he pronounced « corpsman » as « corpse-man ») and weird outbursts (he recently complained that opponents « talk about me like a dog ») remind us that the pressures of the presidency can make a leader sometimes seem silly.

Bush now seems cool because he has played it cool. The more Obama and Biden have trashed him, the more silent and thus magnanimous he appears. Bush’s post-presidency is not like that of Jimmy Carter or Bill Clinton — both have criticized their successors and hit the campaign trail — but similar to that of his father, who worked with, rather than harped about, Bill Clinton. That graciousness not only has helped George W. Bush in the polls, but it finally seems to be mellowing out Obama as well.

Criticism of Bush got out of hand the last few years of his term. Writing novels or making documentaries about killing the president, or libeling him as a Nazi, is not the sort of politics that we want continued during the Obama years. So it makes sense before the general election to halt the endless blame-gaming, before what goes around comes around.

The frenzy of Bush hatred and Obama worship that crested in the summer of 2008 is over. We now better remember the Bush at Ground Zero with a megaphone and his arm around a fireman than the Texan who pronounced « nuclear » as « nucular. » Meanwhile, hope-and-change now seems to offer little hope and less change.

America woke up from its 2008 trance and is concluding that Bush was never as bad, and Obama never as good, as advertised.

Voir aussi :

An Apologetic 9/11?

Victor Davis Hanson

Pajamas Media

September 22, 2010

Words Not Spoken

I listened carefully to the president’s commemorative speech and many of the other public statements from our elected officials. This year’s anniversary marked a somewhat new tone, tentative, near apologetic — as if the Ground Zero and Pentagon attacks were wholly tragic rather than solely due to the premeditated murdering of radical Islamic zealots.

We’ve come away from the resolute pact with the departed that resonated from Ground Zero, when George Bush, in his finest moment, put his arm around retired firefighter Bob Beckwith, and announced to the world, “I can hear you, the rest of the world hears you, and the people who knocked these buildings down will hear all of us soon.” As the national hysteria of 2008 wears off, I think some Americans will miss that, and come to see that the reductionist “fighting them over there rather than here,” “playing offense rather than defense” had something to it.

In contrast, even today December 7 brings up more Day of Infamy resoluteness than a sense of equivocation, as something inevitable or a lesson about America’s tolerance. Even Howard Zinn did not succeed in convincing America that we needed to pause and renew our allegiance to tolerance to avoid another 12/7.

No doubt this year’s hesitancy and gloom were brought on by the controversy over the so-called Ground Zero mosque, and the combined lunatic statements from the book-burning Pastor Jones, and the now veiled warnings about Islamic payback for our supposed illiberality from the omnipresent Imam Rauf (as he finagles to get his $100 million Islamic headquarters built at the only place he can continue to bask in the limelight of controversy).

Nine years after the mass murders, where do we stand?

On the plus side, the protocols put in place — Guantanamo, tribunals, renditions, Predators, wiretapping, intercepts, the Patriot Act, the offensive operations in Afghanistan and (yes) in Iraq — have decimated al Qaeda and prevented another 9/11 at home … so far. Iraqis worry about us leaving rather than staying. So do most Afghans.

I know all that because the left is suddenly quiet about the previously supposed Constitution shredding — a trope to destroy George Bush, rather than worry about forgetting the Founders. Obama has adopted or expanded all these measures. Iraq is now dubbed by the vice president as one of the administration’s “greatest achievements” and by the president himself as “a remarkable chapter” in our history. The surge is as appreciated and taken for granted as its reference is taboo. The MoveOn.org discounted New York Times ad — “General Betray Us” — never existed.

Some will come to remember that the U.S. went into the heart of the ancient caliphate and did not destroy Iraq, but liberated it, and in the end was helped by the Sunni Arabs of Anbar province. The al-Qaeda videos, the beheadings, the Abu Ghraib propaganda, the war is “lost” defeatism at home, and the snuff Bush novels and films did not prevail over the U.S. military.

Yes, we forget, and yet were not reminded this year, how far we have come. Bin Laden is an outcast, his polls low, his followers in caves. Thousands of murderous jihadists have been killed in both Afghanistan and Iraq. There is no more WMD in Libya. Dr. Khan is in retirement. Syria is out of Lebanon; we are out of Saudi Arabia.

I could go on, but none of this was sure after 9/11. I am surprised that our leaders do not, at least briefly, evoke it — at least to balance the constant refrain that we are tolerant, not at war with Islam, and all the understandable outreach that we heard this week. How odd that the most liberal people in the world are worried that they are not liberal enough to the most intolerant on the planet.

A people at war needs to hear at times Churchill’s or Clemenceau’s defiance as much as tolerance. Both are necessary, but if we are continually reminded that Pastor Jones and his supposedly extremist al-Qaeda doppelgangers cannot turn us from the path of our accustomed liberality, we equally need to hear that the United States has brought defeat to its enemies and will continue to do so at home and abroad.

The Minus Side

So on the minus side, we still are a conflicted people, especially now in the age of Obama. We worry whether a nut and his 49 other nuts in a nation of 300 million will offend fanatical Muslims, who were quite willing to kill a novelist, a cartoonist, an opera producer, a pope, and anyone else they deemed not properly deferential or tolerant enough — this from the most intolerant of all on the planet. We apologize for “Infinite Justice,” and talk of “overseas contingency operations” and “man-made disasters.” Cannot the president just say, “The price for free speech is tragically bad taste and worse among a small minority.”?

(Has anyone noticed that a pathetic and repulsive broke Pastor Jones is merely a cruder media version of the money-mongering, slick Imam Rauf? Each in his own way is otherwise not newsworthy, each trying to con his way into attention, each cashing in on 9/11 in differing ways. The chief divide between the two is that the mellifluous Rauf has mastered the veneer of the snarky educated elite, the twangy Jones has reinforced the stereotype of the yokel lower middle-class clinger. Note the clueless media fell for one faker, but not the other. Note further: cannot the president keep out of these “teachable moments”? Even a book-burning creep has the constitutional right to be a creep without the president of the United States, the secretary of Defense, and a 4-star general trying to silence his crude expression. Are we so afraid of radical Islam that one Florida holy-roller endangers the security of the United States? Surely there are enough of us around to make it clear Jones does not speak for America without DOD, Coalition Forces-Afghanistan, and POTUS. This is getting very tiresome: Skip Gates, the Arizona victims in danger of being snatched while having ice cream, the ad nauseam sermons on the Ground Zero mosque, now Pastor Jones: enough, Mr. Obama, you have enough to worry about without being sermonizer in chief.)

America needs a Lincoln to give about a 10-minute speech — nothing more — about whom the Muslim world should really fear: perhaps the Russians who destroyed Muslim Chechnya, or the Chinese who curb Islamic expression, or the Arab tyrannies that slay their own, but not the U.S., not us who have welcomed in millions from the Middle East and saved Muslims from Bosnia to Indonesia. The people have heard enough lectures that “sometimes we have let ourselves down.” Or “sometimes we haven’t always been…” Blah, blah, blah.

A Final Word on 9/11

Our president is not connecting with the people on the matters of radical Islamic terror. Yes, we do not wish to be hard on Muslims and yes we are not prejudicial. But at some point, Mr. Obama should think deeply and ask why a Major Hasan murdered his own army comrades, evoking Allah as he butchered innocents (do we know even their names?). If there is a torched Times Square or another jet imploding, it will most likely be due to a proverbial “home-grown” — the euphemism for the American-born or American-residing terrorist who, after enjoying all the benefits of American liberality, affluence, and leisure, hates his benefactors for their liberality and their appetites that grow within him.

Or what exactly drove a Mr. Mutallab to want to blow up a jet, or other Muslims to wish to torch Times Square?

Was it really the Jews, or Iraq, or cartoons, or something we did? Or rather a warped radical religious ideology that is allowed to spread too often without censure?

If the Imam Raufs of America would spend three times as much time condemning madrassas, Wahabbism, anti-Muslim oppression by others abroad, and the silence of so many in the Muslim community about the radicalism that spreads among them as they do warning us to be more liberal — or else — then there would be far fewer Major Hasans and his fellow zealots who on over 30 occasions have tried to trump the mass murder of 9/11.

What a weird society — each time a radical Islamist is stopped before killing the innocent, we keep going back to the single Timothy McVeigh murdering of 15 years past, and mouth some banality like “there are all sorts of terrorists.”

So maybe just a tiny bit of George Patton and a bit less of Tony Robbins.


Mosquée du 11-septembre: Même Omar est sorti prier dehors! (Ajami calls Rauf’s bluff)

23 septembre, 2010
Joanie de Rijke (Dutch journalist, Nov, 2009)Quand Omar Ibn Al-Khatab (le deuxième calife) est entré à Jérusalem à la tête de l’armée musulmane en 638CE, il (…) déclina l’offre faite par le Patriarche Sophronius, chef et magistrat de la ville, qui lui offrit la possibilité de prier l’un des cinq prières quotidiennes dans l’église du Saint-Sépulcre. Il déclina cette offre de peur que les musulmans, dans le futur, essayent de faire de cette église une mosquée en sa mémoire. Comprendre l’islam
From a faith-based point of view: If God has ‘written’ Israel for the people of Moses, who can change this? (…) The issue is that when the Muslims entered that land in the 7th century, they were well aware of its rightful owners, and when they failed to act according to divine mandate (at least as perceived by followers of all Abrahamic faiths), they aided and abetted in a crime. And the present situation shows the fruits of that action — wherein innocent Palestinians and Israelis are being killed on a daily basis. (…) the idea that Israel does not belong to the Jews is a modern one, « probably based on the Mideast rejection of European colonialism, etc., but certainly not having anything to do with the Quran. Khaleel Mohammed (San Diego State University)
L’islam est une des dimensions de la civilisation européenne depuis l’origine de l’islam et l’origine de l’Europe. (…) La grande question est : comment l’Europe va-t-elle accepter sa dimension musulmane ? (…) Comment va-t-on faire pour aller très loin dans l’intégration de cette culture musulmane dans cette fierté de l’Europe , dont elle est l’une des forces l’un des atouts et dont l’Europe a besoin. Jacques Attali
Eh bien, oui, les Talibans m’ont violée, mais ils m’ont aussi respectée – Ce ne sont pas des monstres. Joanie de Rijke (journaliste neerlandaise, novembre 2009)
Where is the anger in the face of dictatorships which dominate the lives of Arabs from the cradle to the grave? Would the Prophet Muhammad look with favor on the prisons in our midst which outnumber the universities and hospitals? Would he take comfort in the rate of illiteracy among the Arabs which exceeds 60%? Would he be satisfied with the backwardness that renders us a burden on other nations? Ahmed Abu Mattar
The truth is that the trajectory of Islam in America (and Europe for that matter) is at variance with the play of things in Islam’s main habitat. A survey by Elaph, the most respected electronic daily in the Arab world, gave a decided edge to those who objected to the building of this mosque—58% saw it as a project of folly. Elaph was at it again in the aftermath of Pastor Terry Jones’s threat to burn copies of the Quran: It queried its readers as to whether America was a « tolerant » or a « bigoted » society. The split was 63% to 37% in favor of those who accepted the good faith and pluralism of this country.
It was in 1965, Imam Faisal Abdul Rauf tells us, that he made his way to America as a young man. He and a vast migration would be here as American identity would undergo a drastic metamorphosis. The prudence of days past was now a distant memory. These activists who came in the 1990s—the time of multiculturalism and of what the late Arthur Schlesinger Jr. called the « disuniting of America »—would insist on a full-scale revision of the American creed. American liberalism had broken with American patriotism, and the self-styled activists would give themselves over to a militancy that would have shocked their forerunners. It is out of that larger history that this project at Ground Zero is born.
There is a great Arab and Islamic tale. It happened in the early years of Islam, but it speaks to this controversy. It took place in A.D. 638, the time of Islam’s triumphs. The second successor to the Prophet, the Caliph Omar—to orthodox Muslims the most revered of the four Guided Caliphs for the great conquests that took place during his reign—had come to Jerusalem to accept the city’s surrender. Patriarch Sophronius, the city’s chief magistrate, is by his side for the ceremony of surrender. Prayer time comes for Omar while the patriarch is showing him the Church of the Holy Sepulchre. The conqueror asks where he could spread out his prayer rug. Sophronius tells him that he could stay where he was.  Omar refuses, because his followers, he said, might then claim for Islam the holy shrine of the Christians. Omar stepped outside for his prayer. We don’t always assert all the « rights » that we can get away with. The faith is honored when the faith bends to necessity and discretion. Fouad Ajami

Même Omar est sorti prier dehors!

A l’heure ou, appuyé par toute la bien-pensance et l’idiotie utile occidentale, l’imam auto-proclamé du projet de mosquée du 11-septembre tente d’imposer a son pays d’adoption, sur le sol meme ou elle fut le plus ignoblement trahie par des coreligionnaires a lui il y a tout juste 9 ans, sa version de la tolérance …

Pendant que de leur coté  nos journalistes donnent apparemment littéralement de leur corps pour « présenter le visage humain des talibans » et qu’avant le discours annuel du Solutionneur final a l’ONU, nos independantistes dénoncent le poison sioniste

Remise des pendules a l’heure par le politologue libano-américain Fouad Ajami.

Qui rappelle, derriere le pretendu appel a la tolérance y compris contre les sentiments d’une majorité  de ses coreligionnaires dans leurs pays d’origine (ou meme en son temps, selon la légende musulmane, le calife Omar lui-meme !), le véritable ordre du jour de ce pur produit du révisionisme multiculturaliste des années 60 ayant abouti a l’actuelle remilitarisation de l’islam …

Islam’s Encounters With America

Fouad Ajami

The WSJ

SEPTEMBER 20, 2010

A survey by Elaph, the most respected electronic daily in the Arab world, saw 58% object to the building of the WTC mosque.

From his recent travels to the Persian Gulf—sponsored and paid for by the State Department—Imam Faisal Abdul Rauf returned with a none-too-subtle threat. His project, the Ground Zero Mosque, would have to go on. Its cancellation would risk putting « our soldiers, our troops, our embassies and citizens under attack in the Muslim world. »

Leave aside the attempt to make this project a matter of national security. The self-appointed bridge between America and the Arab-Islamic world is a false witness to the sentiments in Islamic lands.

The truth is that the trajectory of Islam in America (and Europe for that matter) is at variance with the play of things in Islam’s main habitat. A survey by Elaph, the most respected electronic daily in the Arab world, gave a decided edge to those who objected to the building of this mosque—58% saw it as a project of folly. Elaph was at it again in the aftermath of Pastor Terry Jones’s threat to burn copies of the Quran: It queried its readers as to whether America was a « tolerant » or a « bigoted » society. The split was 63% to 37% in favor of those who accepted the good faith and pluralism of this country.

This is remarkable. The ground burned in the Arab-Islamic world over the last three decades. Sly preachers and their footsoldiers « weaponized » the faith and all but devoured what modernists had tried to build in the face of difficult odds. The fury has not burned out. Self-styled imams continue to issue fatwas that have made it all but impossible for Arabs and Muslims to partake of the modern world. But from this ruinous history, there has settled upon countless Muslims and Arabs the recognition that the wells are poisoned in their midst, that the faith has to be reined in or that the faith will kill, and that the economic and cultural prospects of modern Islam hang in the balance.

To this kind of sobriety, Muslim activists and preachers in the diaspora—in Patterson, N.J., and Minneapolis, in Copenhagen and Amsterdam—appear to be largely indifferent. They are forever on the look-out for the smallest slight.

Islam in America is of recent vintage. This country can’t be « Islamic. » Its foundations are deep in the Puritan religious tradition. The waves of immigrants who came to these shores understood the need for discretion, and for patience. It wasn’t belligerence that carried the Catholics and the Jews into the great American mainstream. It was the swarm of daily life—the grocery store, the assembly line, the garment industry, the public schools, and the big wars that knit the American communities together—and tore down the religious and ethnic barriers. There is no gain to be had, no hearts and minds to be won, in Imam Rauf insisting that Ground Zero can’t be hallowed ground because there is a strip joint and an off-track betting office nearby. This may be true, but it is irrelevant.

A terrible deed took place on that ground nine years ago. Nineteen young Arabs brought death and ruin onto American soil, and discretion has a place of pride in the way the aftermath is handled. « Islam » didn’t commit these crimes, but young Arabs and Muslims did.

There is no use for the incantation that Islam is a religion of peace. The incantation is false; Islam, like other religions, is theologically a religion of war and a religion of peace. In our time, it is a religion in distress, fought over, hijacked at times, by a militant breed at war with the modern world.

Again, from Elaph, here are the thoughts of an Arab writer, Ahmed Abu Mattar, who sees through the militancy of the religious radicals. He dismisses outright the anger over the « foolish and deranged » Pastor Terry Jones who threatened to burn copies of the Quran. « Where is the anger in the face of dictatorships which dominate the lives of Arabs from the cradle to the grave? Would the Prophet Muhammad look with favor on the prisons in our midst which outnumber the universities and hospitals? Would he take comfort in the rate of illiteracy among the Arabs which exceeds 60%? Would he be satisfied with the backwardness that renders us a burden on other nations? »

The first Arabs who came to America arrived during the time of the Great Migration (1880-1920). Their story is told by Gregory Orfalea in his book, « The Arab Americans: A History » (2006). The pioneers were mostly Christians on the run from the hunger and the privations of a dying Ottoman empire. One such pioneer who fled Lebanon for America said he wanted to leave his homeland and « go to the land of justice. » Ellis Island was fondly named bayt al-hurriya (the house of freedom). It was New York, in the larger neighborhood of Wall Street, that was the first home of the immigrants.

Restrictive quotas and the Great Depression reduced the migration to a trickle. This would change drastically in the 1950s and ’60s. The time of Islam in America had begun.

It was in 1965, Imam Faisal Abdul Rauf tells us, that he made his way to America as a young man. He and a vast migration would be here as American identity would undergo a drastic metamorphosis. The prudence of days past was now a distant memory. These activists who came in the 1990s—the time of multiculturalism and of what the late Arthur Schlesinger Jr. called the « disuniting of America »—would insist on a full-scale revision of the American creed. American liberalism had broken with American patriotism, and the self-styled activists would give themselves over to a militancy that would have shocked their forerunners. It is out of that larger history that this project at Ground Zero is born.

There is a great Arab and Islamic tale. It happened in the early years of Islam, but it speaks to this controversy. It took place in A.D. 638, the time of Islam’s triumphs. The second successor to the Prophet, the Caliph Omar—to orthodox Muslims the most revered of the four Guided Caliphs for the great conquests that took place during his reign—had come to Jerusalem to accept the city’s surrender. Patriarch Sophronius, the city’s chief magistrate, is by his side for the ceremony of surrender.Prayer time comes for Omar while the patriarch is showing him the Church of the Holy Sepulchre. The conqueror asks where he could spread out his prayer rug. Sophronius tells him that he could stay where he was.  Omar refuses, because his followers, he said, might then claim for Islam the holy shrine of the Christians. Omar stepped outside for his prayer.

We don’t always assert all the « rights » that we can get away with. The faith is honored when the faith bends to necessity and discretion.

Mr. Ajami is a professor at the Johns Hopkins School of Advanced International Studies and a senior fellow at the Hoover Institution.

Voir aussi:

Des militantes violées par des Arabes, les féministes de gauche se taisent

Arutz

21/09/2010

Variation sur le thème du sanglot de la femme blanche et de la dissonance cognitive d’une certaine gauche qui ferme les yeux sur la misogynie, l’homophobie, le sectarisme  et le suprémacisme de ceux qu’elle soutient.

Le harcèlement et le viol de militantes israéliennes et européennes en Judée et Samarie, un phénomène généralisé, est un secret bien gardé qui, selon la militante Roni Aloni Sedovnik, pourrait saper les fondements idéologiques sur lesquels reposent les demandes de cessation de l’occupation des territoires.

Aloni-Sedovnik explique que lorsque des militantes pour la paix venant d’Israël ou de l’étranger se rendent en Judée et Samarie et manifestent contre «l’occupation» israélienne, elles sont agressées sexuellement par les hommes arabes qu’elles sont venues aider. Ce ne sont pas des incidents isolés, souligne-t-elle. Il s’agit plutôt d’un phénomène «courant et généralisé» impliquant la violence verbale et physique. Elle accuse le camp de la «paix» de dissimuler ces faits pour éviter d’offenser «les Palestiniens et leur culture, qui voient les femmes comme des objets sexuels.» Elle accuse les médias israéliens d’être complices de cette dissimulation :

«Pourquoi n’entendons-nous pas la voix des féministes radicales qui répètent jour et nuit que l’occupation c’est l’occupation, peu importe que l’oppresseur soit une nation ou un homme qui opprime une femme ? Il semble y avoir un fossé entre la théorie des féministes radicales de gauche sur la résistance active à l’occupation des Territoires, et leur déni de la conquête violente des femmes.»

Plus tôt cette année, un blogueur et mordu de littérature nommé Yeouda Bello, qui écrit à divers endroits sur l’histoire et la théorie de l’évolution, a publié sur son blogue un billet au titre frappant: «Les activistes féministes de gauche sont violées jour après jour, nuit après nuit.» Bello n’est pas un ultra-nationaliste ; il soutient la création d’un état palestinien, ce qui le rend d’autant plus crédible.

«On m’a parlé de cas de viols de femmes qui ne sont pas juives: une militante européenne de gauche, une bénévole de la Croix-Rouge et une jeune femme arabe de Jaffa, écrit-il. Ces viols ne visent pas seulement à satisfaire l’appétit sexuel. Ils sont habituellement commis d’une manière systématique afin de rendre la jeune femme enceinte pour ensuite la prendre comme épouse, après qu’elle se soit convertie à l’islam, bien entendu. Nous savons que ce système existe par les témoignages de femmes qui ont subi un traitement similaire en Israël et ont fui vers Europe. Mais il est difficile de fuir les territoires palestiniens. Parfois, ces femmes, dont certaines ne sont plus jeunes, ne sont jamais autorisées à quitter leur foyer sans être accompagnées de peur qu’elles ne s’enfuient.»

Si l’on comparait la liste des militantes étrangères qui entrent en Judée et Samarie avec la liste de celles qui en sortent, affirme Bello, l’ampleur du phénomène serait démontrée. «Tout le monde le connaît, mais personne n’ose en parler. Les Palestiniens ont été transformés en martyrs. Sur les chaînes de télévision du Moyen-Orient, les soldats de l’armée israélienne sont dépeints comme des brutes qui violent les femmes palestiniennes.»

Les rapports d’Aloni-Sedovnik et de Bello présentent un intérêt particulier parce que les groupes féministes ont été le fer de lance de l’activisme de gauche en Israël depuis de nombreuses années. Selon Gila Svirsky, ancienne directrice du New Israel Fund en Israël et fondateur de la Coalition des femmes pour la paix parrainée par le NIF, «les organisations féminines pour la paix, connues sous le nom de Mouvement des femmes israéliennes pour la paix, sont devenues la partie la plus dynamique et obstinée du camp de la paix en Israël.» Ces groupes épousent une idéologie qui assimile le militarisme (par les Israéliens) à la domination des hommes sur les femmes. Loin d’être un mouvement marginal, cette gauche-féministe est une force dominante dans le monde universitaire israélien, la presse, la Knesset et le système judiciaire.


Affaire Enderlin: Récit d’un acharnement contre la vérité (France’s infamous Al-Dura forger goes for hail mary book)

22 septembre, 2010
Image result for « Un enfant est mort », de Charles EnderlinImage result for « Un enfant est mort », de Charles EnderlinMontrez-moi l’homme et je vous trouve le crime. Lavrenti Beria (chef de la police secrète de Staline)
Enderlin (Charles) : Scénariste et producteur de fictions. Capable de transformer le vivant en mort ; de faire apparaître et disparaître les cicatrices ; d’empêcher les blessures par balles de guerre de saigner. Journaliste à l’objectivité sans faille. Modèle professionnel de Jacques Chirac et des journalistes français. Détenteur de rushes invisibles, mais néanmoins accablants. Les montrera le jour suivant la Saint-GlinGlin 2019, à cause d’une clause signée avec les acteurs, MM. Al-Dura père et fils. Laurent Murawiec
L’image correspondait à la réalité de la situation, non seulement à Gaza, mais en Cisjordanie. Enderlin (Le Figaro, 27/01/05)
Oh, ils font toujours ça. C’est une question de culture. Représentants de France 2 (cités par Enderlin)
Il y a lieu de décider que Patrick Karsenty a exercé de bonne foi son droit à la libre critique (…) En répondant à Denis Jeambar et à Daniel Leconte dans le Figaro du 23 janvier 2005 que « l’image correspondait à la réalité de la situation, non seulement à Gaza, mais en Cisjordanie », alors que la diffusion d’un reportage s’entend comme le témoignage de ce que le journaliste a vu et entendu, Charles Enderlin a reconnu que le film qui a fait le tour du monde en entrainant des violences sans précédent dans toute la région ne correspondait peut-être pas au commentaire qu’il avait donné. Laurence Trébucq (Présidente de la Cour d’appel de Paris, 21.05.08)
Voilà sept ans qu’une campagne obstinée et haineuse s’efforce de salir la dignité professionnelle de notre confrère Charles Enderlin, correspondant de France 2 à Jerusalem. Voilà sept ans que les mêmes individus tentent de présenter comme une « supercherie » et une « série de scènes jouées » , son reportage montrant la mort de Mohammed al-Doura, 12 ans, tué par des tirs venus de la position israélienne, le 30 septembre 2000, dans la bande de Gaza, lors d’un affrontement entre l’armée israélienne et des éléments armés palestiniens. Appel du Nouvel observateur (27 mai 2008)
Pour l’opinion arabe et musulmane, Tsahal, l’armée israélienne, a assassiné un enfant. Mais un puissant lobby pro-israélien s’est mis en branle, visant à délégitimer le journaliste (il n’était pas présent sur les lieux du tournage), et instrumentaliser une théorie du complot : le film serait un « montage », une « mise en scène », une « manipulation » et une « imposture ». La campagne contre Charles Enderlin, en Israël et au sein de la communauté juive de France , va devenir haineuse, insultante, parfois menaçante. (…) La mécanique de la diffamation est en marche, elle ne s’arrêtera plus. (…) Elle dispose d’avocats déterminés et influents. A sa tête, Philippe Karsenty, pour qui l’affaire Al-Dura est devenue, depuis dix ans, un véritable fonds de commerce. Il est rejoint par l’ancien journaliste Luc Rosenzweig, l’ancien ambassadeur d’Israël à Paris, Elie Barnavi, Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, l’écrivain Alain Finkielkraut, parmi d’autres. (…) Si Un enfant est mort est d’abord le récit de l’acharnement contre un journaliste, c’est aussi un livre sur le conflit israélo-palestinien, en ce sens qu’il illustre l’intensité des haines dont celui-ci se nourrit. Le Monde
[Ce sont des ] groupes de pression vindicatifs, qui fourrent leur nez dans les organes de presse, et qui ont malheureusement franchi l’Atlantique maintenant. Les Américains ont subi la pression de gens de cette sorte pendant un certain temps, mais la France avait l’habitude d’être exempte de ce genre de choses. [Ces groupes] sont paranoïdes, ils sont têtus, ils n’abandonnent jamais, ils sapent l’énergie des bons journalistes. Je ne veux pas penser à tout l’argent que France 2 a dû dépenser pour défendre sa cause. Charles Enderlin est un excellent journaliste ! Même s’il s’agissait de la question de l’enfantement par la Vierge Marie, j’inclinerais à le croire. Un homme tel que Charles n’inventerait certainement pas une histoire. Jon Randal (ancien correspondant étranger à Paris du Washington Post, spécialiste du Moyen-Orient)
Ecoutez, toute cette affaire a été un cauchemar pour Charles. Il a reçu des courriers haineux, sa femme a été menacée, il est au bord de la dépression nerveuse. Vous voulez la vérité ? Je ne vais pas chercher des échappatoires. J’ai signé en faveur de Charles. Très franchement, je pense qu’il a réalisé sa séquence à la dernière minute et qu’il a été négligent, ensuite, il n’a pas voulu reconnaître qu’il s’est fait avoir. Un film d’une minute, et tout s’est emballé à partir de là. N’indiquez rien qui puisse permettre de m’identifier, je ne voudrais pas qu’il pense que je ne crois pas, à 100 %, à ce qu’il dit, ça le démolirait.  Journaliste anonyme
Est-ce que je pense que Charles Enderlin a manqué une bonne occasion de reconnaître d’emblée son erreur et de s’épargner ce tourment ? Naturellement. Vous savez avec quelle rapidité nous travaillons ? Un type envoie ses images de Gaza, il lui dit que les Israéliens ont abattu l’enfant : il le croit – je veux dire, même le porte-parole de l’Armée de Défense d’Israël l’a cru ! Mais vous ne pouvez pas avouer cela deux ans après les faits. C’est trop tard, cela signifierait que vous abdiquez. Charles a un superbe emploi, il approche de la retraite. Je ne pense pas qu’il voulait faire basculer le bateau. Vous connaissez Charles, il a toujours été sensible au statut ; il aime être le représentant de France 2 en Israël. De plus, ces gens rivés à leurs ordinateurs, ce ne sont pas de vrais journalistes, n’est-ce pas ? On ne peut rentrer de sa journée de travail, bloguer la nuit et s’imaginer qu’on est devenu un journaliste. Cela ne marche pas comme ça. Il y a des normes. (…) « On me l’a demandé ? C’était pour soutenir Charles. Savez-vous que sa femme est Danielle Kriegel ? C’est la fille d’Annie Kriegel [grande universitaire anti-communiste, aujourd’hui décédée], la sœur de Blandine [philosophe et ancienne assistante de Chirac à l’Elysée], la belle-sœur d’Alexandre Adler qui écrit sur la géostratégie et la politique dans la plupart des journaux français de qualité, hôte pérenne d’entretiens de haute qualité culturelle]. Jean-Yves Camus
Bon, peut-être qu’après tout, les balles n’étaient pas israéliennes, mais si quelque chose a été truqué, je suis sûr que Charles n’a rien à y voir. C’est un journaliste remarquable. Je le respecte et je suis sûr que c’est plus important que de savoir si une balle venait de droite ou de gauche. Après tout, beaucoup d’enfants palestiniens ont été tués au cours de l’Intifada. Vous savez, les Israéliens n’ont pas fait la moitié du bruit qu’on fait les Français autour de ça. (…) Vraiment, je trouve déplorable que des gens s’acharnent comme ça contre Charles Enderlin. Il a souffert, vraiment souffert. Et sa pauvre femme… Il fut un temps où ils voulaient émigrer en Amérique, vous vous rendez compte ?  (…) je n’ai pas lu cette pétition. J’ai une dégénescence rétinienne de la macula. Je ne peux plus lire. Theo Klein
Pour comprendre l’affaire Al-Dura, il est utile de garder une chose présente à l’esprit : En France, vous ne pouvez pas reconnaître avoir fait une erreur. C’est un pays où la loi des Jeux du Cirque romain s’applique encore : Vae victis ! Malheur aux vaincus. Si vous tombez, c’est le signal de la mise à mort. Ce n’est pas pour rien que Brennus était un Gaulois. Ses modernes héritiers français ne savent pas bien s’excuser, ou ne le font pas du tout, s’ils peuvent s’en dispenser. Pourquoi le feraient-ils ? Ce serait un aveu de faiblesse. Vacillez, et vous devenez la victime toute désignée. Ainsi, dans le cas de Mohammed al-Dura – un garçon palestinien de 12 ans, censé avoir été tué par des balles israéliennes durant un accrochage dans la bande de Gaza, le 30 septembre 2000 -, il ne fallait réellement pas s’attendre à ce que le journaliste Charles Enderlin, correspondant de longue date de la chaîne de télévision France 2, qui avait diffusé le reportage d’information de 59 secondes, admette immédiatement avoir assemblé en hâte les images de la séquence sensationnelle fournie par le cadreur palestinien habituel de la chaîne, sans vérifier quelles balles, en fait, avaient tué, ou n’avaient peut-être pas tué le garçon. Dans les huit années subséquentes, la petite silhouette de Mohammed al-Dura, recroquevillé à côté de son père accroupi, devint l’emblème de la seconde Intifada. L’image de « l’enfant martyr » apparut sur des affiches, des sites Web, des timbres-poste, et des plaques de rues, dans tout le monde musulman, du Mali à l’Indonésie, suscitant lynchages et explosions-suicide. (…) Entre temps, Enderlin et ses patrons de la chaîne d’Etat France 2, qui avaient distribué gratuitement leur reportage dans le monde entier, refusaient de répondre aux questions. Il s’opposaient catégoriquement à la demande de soumettre l’entièreté des 27 minutes de rushes filmés cet après-midi-là par le caméraman, ou à la reconnaissance de la moindre possibilité d’erreur, et jouaient au ping-pong, à la manière classique dont les administrations brouillent les pistes. (Le « Il ne s’agit pas tant du crime, que de la dissimulation de la vérité », n’est toujours pas entré dans la mentalité française). Il en a pris deux ans à Enderlin pour donner sa première interview à une collègue bienveillante, Elisabeth Schemla, la respectable rédactrice en chef du site Proche-Orient.info, et ancienne rédactrice associée de L’Express, entretien au cours duquel il a confondu « protéger ses sources » et ne pas communiquer la bande vidéo. (Confidence personnelle : j’étais, à l’époque, rédactrice en chef adjointe de Proche-Orient.info.) (…) Solidement campé sur une réputation depuis longtemps honorable, Enderlin, journaliste chevronné et Israélien titulaire de la double nationalité (française et israélienne), qui a passé la majeure partie de sa vie d’adulte dans la même fonction, n’avait jamais imaginé que l’affaire al-Dura le poursuivrait. Il était couvert par ses supérieurs hiérarchiques, ce qui lui conférait la sérénité d’un adepte du Zen, chose possible dans les grands organismes français dont l’esprit, de la base au sommet, est resté profondément et fondamentalement le même depuis la Cour du Roi Soleil [Louis XIV]. Sa couverture d’Israël et de l’Autorité palestinienne, quoique régulièrement critiquée par les groupes pro-israéliens, est hautement estimée par ses pairs. Il a réalisé une série documentaire bien informée sur les Accords d’Oslo, le processus de paix et les négociations de Camp David, en parallèle avec un livre qui a été publié en anglais ; et même si l’on peut arguer qu’il est trop proche de certaines de ses sources (quelques partenaires des négociations de paix ont en fait eu des discussions dans le Bureau de France 2, mis à leur disposition par Enderlin pour servir de terrain neutre et discret), ce fut une réalisation remarquable. Il était dans l’ordre des choses qu’un tel personnage ne puisse être sérieusement mis en difficulté par une bande d’activistes, ou de minables blogueurs, qui, de derrière leurs écrans d’ordinateurs, mettaient en cause son jugement professionnel. Quand il écarta les accusations de dissimulation [de certaines parties des rushes] en expliquant qu’il avait choisi de « ne pas montrer l’entièreté de la scène de l’agonie de l’enfant », qui eût été « intolérable », il s’attendait tout à fait à être cru sur parole. Mais les blogueurs et les activistes refusèrent de laisser mourir cette histoire. En fait, l’alliance improbable entre, parmi d’autres, un professeur d’histoire médiévale de l’université de Boston, un impétueux ancien directeur financier, et un ancien journaliste du Monde, firent bientôt apparaître des pratiques qui n’auraient surpris aucun journaliste ayant l’expérience de travailler dans un Etat totalitaire. La plupart des correspondants étrangers qui couvrent les événements des Territoires palestiniens à partir d’Israël s’en remettent aux journalistes, cameramen et cadreurs locaux. Ces nationaux palestiniens ne bénéficient pas des protections habituellement accordées aux journalistes internationaux. Eux et leurs familles sont l’objet de toutes sortes de pressions de la part d’un système qui n’est pas connu pour son respect des droits humains et des finesses de la liberté d’expression. La fabrication de scènes pour les photographes est une pratique courante. (…) Rosenzweig (…) décrivait les mises en scène, visibles sur la bande juste avant le tir fatal. On pouvait voir des Palestiniens transportés dans des ambulances sur des brancards, réapparaître sans la moindre blessure, le tout dans une atmosphère de carnaval, avec des enfants jetant des pierres devant la caméra, en dépit de ce qui était supposé être une situation tendue. La bande montrait des coups de feu occasionnels et non des tirs continus. De ce grand cirque général enregistré sur le film de Abu Rahma, la Ména concluait que tout l’épisode avait été mis en scène. (…) Jeambar et Leconte eux-mêmes admettaient que la bande montrait des Palestiniens simulant diverses actions de tirs et de débandades, ils relataient qu’ils avaient plaisanté à propos de ces scènes avec les responsables de France 2, qui leur faisaient visionner la bande. Tous ceux qui assistaient à cette projection pour visiteurs illustres et dirigeants de France 2, relate l’éditorial, étaient tombés entièrement d’accord sur le fait qu’il était impossible de déterminer d’où venaient les balles, mais qu’il était hautement improbable qu’elles aient pu provenir du poste israélien. Plus décisif encore, Jeambar et Leconte avaient également pris Enderlin en flagrant délit de mensonge (ou, comme ils l’ont exprimé aimablement, d’ « extrapolation ») : « Nulle part sur la bande, il n’y avait d’’agonie insupportable » », écrivaient-ils. « Elle n’avait pas été coupée, elle n’existait tout simplement pas. » (…) On se serait attendu à ce que la réputation professionnelle d’Enderlin subisse un dommage suite à tout cela. Erreur. En moins d’une semaine, une pétition fut rapidement lancée par ses amis, dans le Nouvel Observateur, le plus important hebdomadaire d’information de gauche en France. La pétition ne laisse aucune place à l’ambiguïté, ni au moindre doute, elle appelle la position soutenue avec véhémence par Karsenty, mais largement documentée, une « campagne de sept années de haine », dont le but est de ruiner « l’honneur professionnel » d’Enderlin. Dans le paragraphe introductif, elle affirme catégoriquement que Mohammed al-Dura a été tué « par des tirs venant de la position israélienne ». Elle exprime son extrême étonnement d’une décision judiciaire « qui accorde à des négationnistes obstinés ignorant des réalités locales et sans expérience journalistique,  la même crédibilité qu’à un journaliste, connu pour son travail rigoureux». Elle dit sa crainte que cette décision – chose choquante et horrible ! – « permette à quiconque, au nom de la bonne foi et d’un prétendu droit de critique et de ce qu’on appelle la liberté d’expression, de salir en toute impunité l’honneur et la réputation de professionnels de la presse. » Suivent les noms de plus de 300 journalistes – pardon, « professionnels de la presse » – et de centaines d’intellectuels plus hétérogènes (sous l’intitulé « Personnalités »), ainsi qu’un tas de simples surfeurs du Web (« Internautes »). Notons, ici encore, qu’alors que les journalistes sont cités dans un ordre apparemment alphabétique, le responsable éditorial d’un conglomérat de presse voisine avec un modeste journaliste de magazine de voyage – la distinction majeure entre pros et profanes est maintenue. C’est comme si la controverse qui fait rage depuis huit ans était devenue non pertinente. Aux « professionnels de l’information », considérés comme ayant raison par définition, il n’est pas question de demander des comptes. La corporation serrait les rangs. Anne-Elisabeth Moutet

Attention: un acharnement peut en cacher un autre ! (Montrez-moi le pays et je vous trouve le crime et même l’image du crime !)

Démasquage par la TV publique allemande, perte de ses procès en diffamation, condamnation de Canal plus, interview-fleuve de Karsenty dans Médias, limogeage de Chabot, déconstruction minutieuse de Taguieff …

A l’heure ou 10 ans tout juste après la tristement fameuse imposture de la prétendue mort en direct du petit Mohammed qui lançait la 2e intifada et contribuait largement  à mettre a feu et à sang le Moyen-Orient et une bonne partie du monde …

Le Quotidien de révérence, qui ne rechigne pas lui même à  l’occasion à recourir au bidonnage d’infos …

Ressort l’artillerie lourde (« opinion arabe et musulmane », « assassiné un enfant », « puissant lobby pro-israélien », « théorie du complot », « mécanique de la diffamation », « acharnement ») …

Pour lancer, corporatisme oblige, l’apparemment ultime baroud d’honneur (« Un enfant est mort », Charles Enderlin) censé « rétablir la vérité et laver l’honneur » du tristement fameux faussaire et jusqu’ici indéboulonnable correspondant permanent de France 2 à Jérusalem (bientôt 30 ans au compteur !) …

Comment ne pas profiter de l’occasion pour saluer ..

Avec l’impeccable (et ô combien rare et révélateur !) travail de vraie journaliste d’Anne-Elisabeth Moutet (vous en connaissez-vous beaucoup des journalistes français qui prennent la peine d’appeler les gens ?) sur les signataires de la tristement fameuse pétition du Nouvel Observateur d’il y a deux ans (merci encore à l’infatigable et si précieux travail de traducteur de Menahem Macina !)…

Au moment ou après des années de procédures judiciaires et de calomnies il se voit avec ses quelques rares soutiens comme Luc Rosenzweig, Elie Barnavi, Richard Prasquier ou Alain Finkielkraut à nouveau et tout aussi injustement désigné  à la vindicte populaire …

L’infatigable et courageux travail du journaliste indépendant Philippe Karsenty

Face probablement à l’un des plus tenaces et plus pernicieux acharnements contre la vérité de l’histoire du journalisme francais?

« Un enfant est mort », de Charles Enderlin : autopsie d’une calomnie

Laurent Zecchini

Le Monde

21.09.10

 Il est des livres que l’on écrit pour se défendre contre la diffamation, tenter de rétablir sa vérité et laver son honneur. Tel est l’objet d’Un enfant est mort. C’est peu dire que Charles Enderlin, correspondant permanent de France 2 à Jérusalem depuis 1981, a été meurtri par la campagne de dénigrement qui le poursuit depuis dix ans à propos de l’affaire du petit Mohammed Al-Dura.

Peut-être aurait-il pu choisir le silence, afin de permettre aux passions de s’apaiser, pour que s’éteigne cette polémique vipérine. Y aurait-il gagné en sérénité ? Il ne le croit pas : « Avec ou sans ce livre, cette campagne va continuer, parce que c’est mon travail, mes livres, c’est moi, qu’ils visent. »

Rappel des faits : le 30 septembre 2000, au carrefour de Netzarim, au centre de la bande de Gaza, un violent accrochage oppose de jeunes Palestiniens à l’armée israélienne. La seconde Intifada a commencé deux jours plus tôt. La caméra enregistre une scène dramatique : Jamal et son fils âgé de 12 ans, Mohammed, sont pris au piège, au milieu des tirs. Le père, atteint de plusieurs balles, est gravement blessé. Il tente de protéger son fils, en l’entourant de ses bras. Les rafales crépitent, et bientôt l’enfant ne bouge plus.

C’est une mort en direct. Les tirs, commentera Charles Enderlin, « sont venus de la position israélienne ». Le 3 octobre, interrogé par la BBC, le général israélien Giora Eiland, chef des opérations de l’armée, dressera un constat similaire, puis il se rétractera. Le cameraman de France 2, Talal Abou Rahmeh, ne sait pas alors que ses images vont faire le tour du monde, exacerber la tension israélo-palestinienne, semer les germes d’une intense controverse, toujours vivace.

Théorie du complot

Pour l’opinion arabe et musulmane, Tsahal, l’armée israélienne, a assassiné un enfant. Mais un puissant lobby pro-israélien s’est mis en branle, visant à délégitimer le journaliste (il n’était pas présent sur les lieux du tournage), et instrumentaliser une théorie du complot : le film serait un « montage », une « mise en scène », une « manipulation » et une « imposture ».

La campagne contre Charles Enderlin, en Israël et au sein de la communauté juive de France, va devenir haineuse, insultante, parfois menaçante. Talal Abou Rahmeh est qualifié de militant actif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), ce que les services secrets israéliens, le Shin Beth, démentiront. France 2 renouvellera sa confiance à son correspondant, dont la réputation professionnelle est indéniable, et la profession journalistique lui apportera un très large soutien. Rien n’y fait. La mécanique de la diffamation est en marche, elle ne s’arrêtera plus.

Elle dispose d’avocats déterminés et influents. A sa tête, Philippe Karsenty, pour qui l’affaire Al-Dura est devenue, depuis dix ans, un véritable fonds de commerce. Il est rejoint par l’ancien journaliste Luc Rosenzweig, l’ancien ambassadeur d’Israël à Paris, Elie Barnavi, Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, l’écrivain Alain Finkielkraut, parmi d’autres.

Le livre de Charles Enderlin n’est pas un règlement de comptes, mais une démonstration : il décrit minutieusement, faits et citations à l’appui, la trame et la progression d’une campagne de calomnies. Si Un enfant est mort est d’abord le récit de l’acharnement contre un journaliste, c’est aussi un livre sur le conflit israélo-palestinien, en ce sens qu’il illustre l’intensité des haines dont celui-ci se nourrit.

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UN ENFANT EST MORT de Charles Enderlin. Don Quichotte, 204 p., 18 euros.

Voir aussi:

L’affaire Enderlin : Être un journaliste français implique de ne jamais s’excuser

A.-E. Moutet

The Weekly Standard
07/07/2008

Traduction française : Menahem Macina pour upjf.org

Paris

Pour comprendre l’affaire Al-Dura, il est utile de garder une chose présente à l’esprit : En France, vous ne pouvez pas reconnaître avoir fait une erreur. C’est un pays où la loi des Jeux du Cirque romain s’applique encore : Vae victis ! Malheur aux vaincus. Si vous tombez, c’est le signal de la mise à mort [1]. Ce n’est pas pour rien que Brennus était un Gaulois [2]. Ses modernes héritiers français ne savent pas bien s’excuser, ou ne le font pas du tout, s’ils peuvent s’en dispenser. Pourquoi le feraient-ils ? Ce serait un aveu de faiblesse. Vacillez, et vous devenez la victime toute désignée.

Ainsi, dans le cas de Mohammed al-Dura – un garçon palestinien de 12 ans, censé avoir été tué par des balles israéliennes durant un accrochage dans la bande de Gaza, le 30 septembre 2000 -, il ne fallait réellement pas s’attendre à ce que le journaliste Charles Enderlin, correspondant de longue date de la chaîne de télévision France 2, qui avait diffusé le reportage d’information de 59 secondes, admette immédiatement avoir assemblé en hâte les images de la séquence sensationnelle fournie par le cadreur palestinien habituel de la chaîne, sans vérifier quelles balles, en fait, avaient tué, ou n’avaient peut-être pas tué le garçon.

Dans les huit années subséquentes, la petite silhouette de Mohammed al-Dura, recroquevillé à côté de son père accroupi, devint l’emblème de la seconde Intifada. L’image de « l’enfant martyr » apparut sur des affiches, des sites Web, des timbres-poste, et des plaques de rues, dans tout le monde musulman, du Mali à l’Indonésie, suscitant lynchages et explosions-suicide. Les autorités israéliennes prirent d’abord plus ou moins pour argent comptant le reportage français et déplorèrent, avec gêne, la mort de l’enfant, dans un communiqué hâtif (« Pour autant que l’on puisse en juger l’enfant a été atteint par un de nos tirs »). D’autres, toutefois, n’étaient pas aussi catégoriques.

Ils analysèrent et scrutèrent chacune des 59 secondes du film et tous les recoins du lieu, à la recherche d’indices, d’angles balistiques, de mouvements improbables et de motivations cachées. Le film montrait les deux protagonistes cherchant à se protéger des tirs, puis, plus tard, effondrés, quoique sans trace de sang ni de blessure. Quand des voix de plus en plus convaincantes commencèrent à mettre en question, à tout le moins, l’origine des tirs – l’emplacement du petit poste israélien rendait pratiquement impossible que Mohammed et son père, ce dernier censé avoir été blessé, aient été atteints par des balles israéliennes -, il en prit six semaines au porte-parole de l’armée israélienne pour affirmer, dans une interview, que « les deux versions de l’incident [sont] possibles », et deux mois supplémentaires pour qu’une enquête officielle soit diligentée.

Entre temps, Enderlin et ses patrons de la chaîne d’Etat France 2, qui avaient distribué gratuitement leur reportage dans le monde entier, refusaient de répondre aux questions. Il s’opposaient catégoriquement à la demande de soumettre l’entièreté des 27 minutes de rushes filmés cet après-midi-là par le caméraman, ou à la reconnaissance de la moindre possibilité d’erreur, et jouaient au ping-pong, à la manière classique dont les administrations brouillent les pistes. (Le « Il ne s’agit pas tant du crime, que de la dissimulation de la vérité », n’est toujours pas entré dans la mentalité française). Il en a pris deux ans à Enderlin pour donner sa première interview à une collègue bienveillante, Elisabeth Schemla, la respectable rédactrice en chef du site Proche-Orient.info, et ancienne rédactrice associée de L’Express, entretien au cours duquel il a confondu « protéger ses sources » et ne pas communiquer la bande vidéo. (Confidence personnelle : j’étais, à l’époque, rédactrice en chef adjointe de Proche-Orient.info.)

Même un documentaire d’une heure, réalisé en 2002 par la présentatrice allemande primée, Esther Shapira – qui travaille pour la Première Chaîne de la télévision d’Etat allemande -, n’a pas réussi à faire une brèche dans la position de France 2. Se tenant volontairement à l’écart de théories plus sujettes à controverses, le travail de Schapira mit un terme à la théorie selon laquelle « des balles israéliennes avaient tué Mohammed al-Dura ». Comme E. Schemla lui demandait pourquoi la télévision française ne diffusait pas le film de Schapira, Enderlin se déroba :

« Je ne décide pas de ce que la chaîne diffuse. J’ai des patrons, il y a des responsables au-dessus de moi… une hiérarchie professionnelle. »

Solidement campé sur une réputation depuis longtemps honorable, Enderlin, journaliste chevronné et Israélien titulaire de la double nationalité (française et israélienne), qui a passé la majeure partie de sa vie d’adulte dans la même fonction, n’avait jamais imaginé que l’affaire al-Dura le poursuivrait. Il était couvert par ses supérieurs hiérarchiques, ce qui lui conférait la sérénité d’un adepte du Zen, chose possible dans les grands organismes français dont l’esprit, de la base au sommet, est resté profondément et fondamentalement le même depuis la Cour du Roi Soleil [Louis XIV]. Sa couverture d’Israël et de l’Autorité palestinienne, quoique régulièrement critiquée par les groupes pro-israéliens, est hautement estimée par ses pairs. Il a réalisé une série documentaire bien informée sur les Accords d’Oslo, le processus de paix et les négociations de Camp David, en parallèle avec un livre qui a été publié en anglais ; et même si l’on peut arguer qu’il est trop proche de certaines de ses sources (quelques partenaires des négociations de paix ont en fait eu des discussions dans le Bureau de France 2, mis à leur disposition par Enderlin pour servir de terrain neutre et discret), ce fut une réalisation remarquable. Il était dans l’ordre des choses qu’un tel personnage ne puisse être sérieusement mis en difficulté par une bande d’activistes, ou de minables blogueurs, qui, de derrière leurs écrans d’ordinateurs, mettaient en cause son jugement professionnel. Quand il écarta les accusations de dissimulation [de certaines parties des rushes] en expliquant qu’il avait choisi de « ne pas montrer l’entièreté de la scène de l’agonie de l’enfant », qui eût été « intolérable », il s’attendait tout à fait à être cru sur parole.

Mais les blogueurs et les activistes refusèrent de laisser mourir cette histoire. En fait, l’alliance improbable entre, parmi d’autres, un professeur d’histoire médiévale de l’université de Boston, un impétueux ancien directeur financier, et un ancien journaliste du Monde, firent bientôt apparaître des pratiques qui n’auraient surpris aucun journaliste ayant l’expérience de travailler dans un Etat totalitaire. La plupart des correspondants étrangers qui couvrent les événements des Territoires palestiniens à partir d’Israël s’en remettent aux journalistes, caméramans et cadreurs locaux [3]. Ces nationaux palestiniens ne bénéficient pas des protections habituellement accordées aux journalistes internationaux. Eux et leurs familles sont l’objet de toutes sortes de pressions de la part d’un système qui n’est pas connu pour son respect des droits humains et des finesses de la liberté d’expression. La fabrication de scènes pour les photographes est une pratique courante.

Le professeur d’histoire médiévale, Richard Landes, un Américain à la voix douce, qui a passé son enfance en France et fait ses études primaires dans une école publique parisienne, devenu maintenant l’un des analystes les plus zélés de l’affaire al-Dura, a forgé un terme pour caractériser la manipulation palestinienne des médias : « Pallywood ». Il croit que tout l’événement al-Dura a été mis en scène ce jour-là. Utilisant des séquences tournées par d’autres caméramans alors présents sur les lieux, il expose sa thèse avec force sur ses deux sites très fréquentés et régulièrement mis à jour (The Augean Stables, et The Second Draft), ainsi que dans d’innombrables articles et interviews.

Entre en scène le bouillant Philippe Karsenty, Juif français qui s’est senti si déçu de la couverture, par les grands médias, de la seconde Intifada et des événements du Moyen-Orient en général, qu’il a abandonné une carrière réussie dans la finance, pour créer une agence d’observation des médias. Son site, Medias-Ratings, soumet la validité des informations de presse sur tous les sujets au test qu’il appelle « Méthode P.H.I.L.T.R.E. », qui évalue les articles sur les plans « exactitude, cohérence, indépendance, liberté, transparence, responsabilité et exhaustivité ». Karsenty se saisit du cas al-Dura et se mit à prendre à partie tous ceux qu’il considérait comme responsables de la perpétuation d’un dangereux mensonge.

Karsenty est un jeune quadragénaire, beau garçon, prompt à la réplique, sérieusement accro au téléphone cellulaire, qui a une foi inébranlable dans la mission qu’il s’est attribuée. Il s’est fait des ennemis parmi ses amis avec autant de brio qu’il s’en est fait au sein de l’establishment français. (Il y a chez lui quelque chose du poulbot qui sonne aux portes des immeubles voisins). Il a été l’objet d’attaques tant de la part de divers dirigeants juifs, que de la directrice de l’information de France 2, Arlette Chabot, d’Enderlin, et du président de France 2, Patrick de Carolis, ainsi que d’un tas de politiciens. Il recourt régulièrement à des expressions telles que « Je vais l’enterrer ! », et « Je vais mettre fin à la carrière de ce bâtard [qui fait preuve de] connivence ». Il est un peu fou, mais on peut faire valoir que beaucoup de saints et de héros l’étaient un peu également – si Jeanne d’Arc avait été plus heureuse dans son village de Lorraine, il est vraisemblable que nous autres, Parisiens, parlerions tous anglais aujourd’hui.

Karsenty n’est pas un saint, mais c’est le mélange spécial, en lui, de bravade, de ténacité, de testostérone, et d’évidentes mauvaises manières, qui a finalement fait vaciller France 2. (Quand je l’ai rencontré, je me suis remémoré l’ancien sénateur de New York, Alfonse d’Amato, qui se glorifiait de son surnom de « bouledogue de Brooklin », et à qui la Commission bancaire du Sénat laissa la bride sur le cou, dans l’affaire des Banques suisses qui refusaient de dévoiler le nombre et l’état des comptes des victimes de l’Holocauste. Jusqu’alors, les banques avaient eu affaire à des délégations courtoises, dirigées par des personnalités affables comme Paul Volcker, ancien président de la Réserve Fédérale, et Stuart Eizenstat, ancien sous-secrétaire d’Etat. Ils n’avaient abouti à rien. D’Amato sans prendre de prisonniers, débloqua le processus en quelque deux mois.)

En tout cas, il y a deux ans, après que Karsenty ait publié trop de libres opinions concernant l’ « infâme bobard » de l’affaire al-Dura, France 2 lui intenta un procès en diffamation. Dans un pays où les juges sont des fonctionnaires publics, le premier jugement surprit peu d’observateurs : on avait rendu un verdict favorable à l’institution, France 2, et statué que le profane Karsenty, devrait payer 1 euro de dommages aux plaignants, une amende de 1 000 euros, et 3000 euros supplémentaires de frais de justice. Même en tenant compte du tarif relativement modéré qui a cours en France, c’était un coup de règle sur les doigts. Karsenty prit le risque d’interjeter appel.

La Cour d’appel a siégé le mois dernier et demandé la preuve à couper le souffle, à savoir : les fameuses 27 minutes de la séquence originale non montée, de France 2, que même Enderlin n’avait pas vues quand il avait envoyé son sujet pour les informations du soir. (Son caméraman palestinien, Talal Abu Rahma, lui avait envoyé par modem environ 6 minutes [de prises de vues] aux fins de réalisation de la séquence pour les informations.) En traînant les pieds, France 2, remit finalement [au Tribunal] 18 minutes de film. (Dans le système judiciaire français ce qu’on appelle « outrage à magistrat » n’existe pratiquement pas.) La projection de ce film causa un instant de stupeur, quand les juges, jusqu’alors blasés, s’assirent et commencèrent à regarder, puis annoncèrent une suspension d’audience, pour demander ensuite à France 2 la totalité des rushes. Cela s’avéra être un tournant du procès.

Karsenty vint à l’audience lourdement chargé d’une tonne de documentation, dont un rapport balistique de 90 pages. Outre tout cela, la curiosité du tribunal fut attirée sur un article d’opinion de 2005, rédigé par deux journalistes de l’establishment, Denis Jeambar, alors rédacteur en chef de L’Express (équivalent français de Newsweek), et Daniel Leconte, responsable des documentaires d’information pour la chaîne culturelle gouvernementale franco-allemande, Arte (une sorte de PBS [Service public de diffusion]), l’un et l’autre peu susceptibles d’être impliqués dans cette indigne empoignade. Sur l’incitation de l’ancien journaliste du Monde, Luc Rosenzweig – qui s’était pris d’un grand intérêt pour l’affaire et avait commencé à écrire à son propos pour la petite équipe d’information de presse, Mena -, Jeambar et Leconte avaient, dès 2004, demandé à France 2 de leur montrer les rushes bruts originaux. Consciente de l’influence de Jeambar et de Leconte sur l’establishment, France 2 avait fait pour eux ce qu’elle avait refusé de faire pour d’innombrables autres, et leur avait montré, ainsi qu’à Rosenzweig, les 27 minutes de film.

Ce qui se produisit alors est typique du comportement de la chatte sur un toit brûlant, qu’ont même de fortes personnalités françaises quand elles sont confrontées à une sorte de violation d’un ordre de préséance, non exprimé mais bien connu, qu’ont les élites ici. Alors que Jeambar et Leconte prenaient leur temps pour réfléchir à ce qu’ils avaient vu, Rosenzweig eut l’impudence d’envoyer un article à la Ména, dans lequel il décrivait les mises en scène, visibles sur la bande juste avant le tir fatal. On pouvait voir des Palestiniens transportés dans des ambulances sur des brancards, réapparaître sans la moindre blessure, le tout dans une atmosphère de carnaval, avec des enfants jetant des pierres devant la caméra, en dépit de ce qui était supposé être une situation tendue. La bande montrait des coups de feu occasionnels et non des tirs continus. De ce grand cirque général enregistré sur le film de Abu Rahma, la Ména concluait que tout l’épisode avait été mis en scène.

Le fait d’avoir été devancé par Rosenzweig irrita Leconte et Jeambar. Ils exprimèrent leur mécontentement dans une libre opinion, parue en 2005 dans le journal de centre droit, Le Figaro. Ils consacrèrent une si grande partie de l’article à dénoncer Rosenzweig, l’audace qu’il avait eue de rendre compte en avant-première de ce qu’il avait vu en compagnie de ceux qui lui étaient supérieurs [dans le monde de la presse], ainsi que les conclusions qu’il osait tirer de manière indépendante, qu’il était facile d’oublier un fait capital : Jeambar et Leconte eux-mêmes admettaient que la bande montrait des Palestiniens simulant diverses actions de tirs et de débandades, ils relataient qu’ils avaient plaisanté à propos de ces scènes avec les responsables de France 2, qui leur faisaient visionner la bande.

Tous ceux qui assistaient à cette projection pour visiteurs illustres et dirigeants de France 2, relate l’éditorial, étaient tombés entièrement d’accord sur le fait qu’il était impossible de déterminer d’où venaient les balles, mais qu’il était hautement improbable qu’elles aient pu provenir du poste israélien. Plus décisif encore, Jeambar et Leconte avaient également pris Enderlin en flagrant délit de mensonge (ou, comme ils l’ont exprimé aimablement, d’ « extrapolation ») :

« Nulle part sur la bande, il n’y avait d’’agonie insupportable » », écrivaient-ils. « Elle n’avait pas été coupée, elle n’existait tout simplement pas. »

Cet article paru dans Le Figaro avait eu peu d’impact lors de sa parution, mais il s’avéra constituer un des élément cruciaux de la contestation, par Karsenty, de la version des événements, donnée par France 2. Il gagna son appel. L’arrêt, rendu le 21 mai, déclarait qu’il avait agi de bonne foi, en tant que commentateur de presse, et qu’il avait présenté un « ensemble cohérent de preuves », bien que la supercherie n’ait pu être définitivement prouvée. La juge notait également « des incongruités et des contradictions insupportables dans les explications de Charles Enderlin », dont la comparution devant un tribunal constituait sa première déposition sous serment, dans cette affaire.

On se serait attendu à ce que la réputation professionnelle d’Enderlin subisse un dommage suite à tout cela. Erreur. En moins d’une semaine, une pétition fut rapidement lancée par ses amis, dans le Nouvel Observateur, le plus important hebdomadaire d’information de gauche en France. La pétition ne laisse aucune place à l’ambiguïté, ni au moindre doute, elle appelle la position soutenue avec véhémence par Karsenty, mais largement documentée, une « campagne de sept années de haine », dont le but est de ruiner « l’honneur professionnel » d’Enderlin. Dans le paragraphe introductif, elle affirme catégoriquement que Mohammed al-Dura a été tué « par des tirs venant de la position israélienne ». Elle exprime son extrême étonnement d’une décision judiciaire

« qui accorde à des négationnistes obstinés ignorant des réalités locales et sans expérience journalistique,  la même crédibilité qu’à un journaliste, connu pour son travail rigoureux».

Elle dit sa crainte que cette décision – chose choquante et horrible ! –

« permette à quiconque, au nom de la bonne foi et d’un prétendu droit de critique et de ce qu’on appelle la liberté d’expression, de salir en toute impunité l’honneur et la réputation de professionnels de la presse. »

Suivent les noms de plus de 300 journalistes – pardon, « professionnels de la presse » – et de centaines d’intellectuels plus hétérogènes (sous l’intitulé « Personnalités »), ainsi qu’un tas de simples surfeurs du Web (« Internautes »). Notons, ici encore, qu’alors que les journalistes sont cités dans un ordre apparemment alphabétique, le responsable éditorial d’un conglomérat de presse voisine avec un modeste journaliste de magazine de voyage – la distinction majeure entre pros et profanes est maintenue. C’est comme si la controverse qui fait rage depuis huit ans était devenue non pertinente. Aux « professionnels de l’information », considérés comme ayant raison par définition, il n’est pas question de demander des comptes. La corporation serrait les rangs.

En parcourant la longue liste (à laquelle de nouvelles signatures s’ajoutent chaque jour, sur le site du Nouvel Obs), j’ai fait l’expérience de ce genre d’instant où votre vie défile en un éclair devant vos yeux. Il y avait les noms de gens de tous les magazines ou journaux dans lesquels j’avais travaillé ; de gens avec lesquels j’avais été formée ; de gens qui avaient été mes copains avant que la vie nous jette dans différentes directions ; et de gens que j’avais vus pour la dernière fois la semaine d’avant. Franchement, c’était effrayant comme à Stepford [4].

Je décidai d’appeler autant de personnes dont les noms m’étaient familiers, qu’il me serait possible. Je savais, ou croyais savoir, d’où venaient ces gens. Pourquoi avaient-ils signé ? Poser la question pouvait être gênant, me dis-je, mais n’est-ce pas notre travail que de poser des questions ?

Il s’avéra en effet, que c’était tout à fait gênant. J’en suis venue à reconnaître le moment où, après la salutation de la « voix-de-votre-passé », le blabla du genre « où-travaillez-vous-à-présent », et les évocations nostalgiques d’anciens rédacteurs, collègues, concurrents, preneurs de copie (« c’est entièrement fait à l’ordinateur maintenant, sans que personne ne vous dise que votre prose est incompréhensible ! »), j’arrive tout près du sujet. Quand je commence à expliquer que j’écris un article sur l’affaire al-Dura et que je me demande pourquoi ils ont signé la pétition, je reconnais immédiatement la pause révélatrice, l’instant du « Mon Dieu, elle s’est fait avoir par la Scientologie ! Elle est passée dans le camp des cinglés ! », après quoi tout l’exercice consistera à me raccrocher au nez le plus vite possible.

Et puis, il y a ceux qui, comme la rédactrice du département étranger d’un magazine libéral, avec laquelle, 25 ans auparavant, j’avais passé des soirées de beuveries, au cours desquelles nous déplorions les défauts de nos petits amis respectifs, et qui maintenant se débarrassait de moi comme d’un inconvénient.

« J’ai pas beaucoup de temps, trop de pages à publier, un employé en congé de maladie, c’est vrai, pourquoi poses-tu de telles questions, j’ai une semaine catastrophique, je ne peux vraiment pas te parler jusqu’à… ben, vendredi, mais tu auras donné ton article, d’ici là, n’est-ce pas ? »

« Oh, non, vendredi, il sera encore temps. » (Déception perceptible sur la ligne.)

J’ai appelé le vendredi suivant – n’ayant accès qu’à sa boîte vocale, j’ai actionné la fonction ’rappeler sans interruption’, jusqu’à ce que j’obtienne un grognement d’agacement en réponse à ma salutation.

« Je suis en interview, je ne peux pas parler, j’ai rien à dire ».

Clac.

Et puis, il y a eu le fameux Jon Randal, 75 ans, ancien correspondant étranger à Paris du Washington Post, un spécialiste du Moyen-Orient, que j’ai admiré durant les années où j’étais une journaliste inexpérimentée. Il m’a expliqué sur un ton tranchant qu’il considérait tout cela comme un dangereux courant américain de

« groupes de pression vindicatifs, qui fourrent leur nez dans les organes de presse, et qui ont malheureusement franchi l’Atlantique maintenant. »

(Ayant vécu à Paris durant plus de 40 ans, Jon est devenu effroyablement Français.)

« Les Américains ont subi la pression de gens de cette sorte pendant un certain temps, mais la France avait l’habitude d’être exempte de ce genre de choses. [Ces groupes] sont paranoïdes, ils sont têtus, ils n’abandonnent jamais, ils sapent l’énergie des bons journalistes. Je ne veux pas penser à tout l’argent que France 2 a dû dépenser pour défendre sa cause. Charles Enderlin est un excellent journaliste ! Même s’il s’agissait de la question de l’enfantement par la Vierge Marie, j’inclinerais à le croire. Un homme tel que Charles n’inventerait certainement pas une histoire. »

« Mais, tentai-je, de faire remarquer, il y a l’absence de l’agonie de l’enfant sur la vidéo. »

« Sottises. Les télévisions ne montrent pas la violence extrême. Vous le savez. Ecoutez, je ne sais pas de quel côté vous êtes dans cette affaire. »

 « J’essaie de comprendre le sens de tout cela. »

 « Je voudrais que vous appeliez Loren Jenkis, mon ami de NPR [National Public Radio ?] ; appelez David Greenway, du Boston Globe ; ils vous parleront des groupes de pression. »

C’était un autre sujet ; je n’avais plus le temps et je n’ai pas appelé.

Même cas de figure concernant le journaliste expérimenté du Figaro, qui pense que Charles Enderlin est tout simplement le meilleur journaliste en poste au Moyen-Orient.

« Ces gens, ceux qui l’attaquent, ce sont des extrémistes de droite, n’est-ce pas ? Vous ne pouvez prendre au sérieux tout ce qu’ils disent. »

Je concédai que l’imposture n’était pas prouvée, mais [j’insistai sur le fait que] les tirs venaient, selon toute vraisemblance, du côté palestinien.

« Esther Schapira… »

Soupir de désapprobation.

« Pas très sérieuse, non ? » [En français dans le texte.]

« Oui, mais pourtant, Schapira vient juste de recevoir le Prix Europe 2007 pour son documentaire sur le meurtre de Theo Van Gogh et a été nominée pour le prix Banff Television 2008. »

Petit borborygme de surprise polie. Même topo, rien de ce qu’il avait entendu jusqu’à maintenant ne le convainquait ni n’était susceptible de le convaincre de changer d’avis.

Puis, il y a eu celui qui insistait avec véhémence pour qu’on ne le cite pas, ni qu’on le décrive de quelque manière que ce soit, au point que je ne devais même pas mentionner son sexe.

« Ecoutez, toute cette affaire a été un cauchemar pour Charles. Il a reçu des courriers haineux, sa femme a été menacée, il est au bord de la dépression nerveuse. Vous voulez la vérité ? Je ne vais pas chercher des échappatoires. J’ai signé en faveur de Charles. Très franchement, je pense qu’il a réalisé sa séquence à la dernière minute et qu’il a été négligent, ensuite, il n’a pas voulu reconnaître qu’il s’est fait avoir. Un film d’une minute, et tout s’est emballé à partir de là. N’indiquez rien qui puisse permettre de m’identifier, je ne voudrais pas qu’il pense que je ne crois pas, à 100 %, à ce qu’il dit, ça le démolirait. »

Ça au moins, c’était tout à fait honnête.

Autre signataire impénitent : Jean-Yves Camus, politologue et expert de l’islam radical, avec qui j’avais travaillé à Proche-Orient.info, et qui ne voyait pas d’inconvénient à être cité nommément.

« Est-ce que je pense que Charles Enderlin a manqué une bonne occasion de reconnaître d’emblée son erreur et de s’épargner ce tourment ? Naturellement. Vous savez avec quelle rapidité nous travaillons ? Un type envoie ses images de Gaza, il lui dit que les Israéliens ont abattu l’enfant : il le croit – je veux dire, même le porte-parole de l’Armée de Défense d’Israël l’a cru ! Mais vous ne pouvez pas avouer cela deux ans après les faits. C’est trop tard, cela signifierait que vous abdiquez. Charles a un superbe emploi, il approche de la retraite. Je ne pense pas qu’il voulait faire basculer le bateau. Vous connaissez Charles, il a toujours été sensible au statut ; il aime être le représentant de France 2 en Israël. De plus, ces gens rivés à leurs ordinateurs, ce ne sont pas de vrais journalistes, n’est-ce pas ? On ne peut rentrer de sa journée de travail, bloguer la nuit et s’imaginer qu’on est devenu un journaliste. Cela ne marche pas comme ça. Il y a des normes. »

« Alors, demandai-je, pourquoi signer un texte qui émet catégoriquement l’opinion dangereuse que Mohammed al-Dura a été abattu par les Israéliens, si vous ne le croyez pas ? »

« On me l’a demandé ? C’était pour soutenir Charles. Savez-vous que sa femme est Danielle Kriegel ? C’est la fille d’Annie Kriegel [grande universitaire anti-communiste, aujourd’hui décédée], la sœur de Blandine [philosophe et ancienne assistante de Chirac à l’Elysée], la belle-sœur d’Alexandre Adler qui écrit sur la géostratégie et la politique dans la plupart des journaux français de qualité, hôte pérenne d’entretiens de haute qualité culturelle]. »

Avec toutes ces lettres de noblesse, le halo de respectabilité qui entoure Charles Enderlin atteignait l’opacité de la nuée obscure. Je fis une dernière tentative.

« N’aviez-vous pas la possibilité de demander que la pétition soit amendée ? Ou de lancer votre propre pétition ? »

Réponse de Camus, sur le ton de quelqu’un qui a trop de pain sur la planche pour s’occuper de détails secondaires :

« Trop compliqué. »

Nous prîmes date pour un déjeuner dans deux semaines et raccrochâmes.

A l’autre extrémité de l’échelle, il y a eu l’avocat-vedette, avancé en âge et quelque peu intimidant, Theo Klein, qui, 20 ans auparavant, avait été président du CRIF, le Comité officiel représentatif des Juifs de France. Je l’appelai et lui remémorai qu’il avait eu l’amabilité de m’inviter à sa réception pour le Bicentenaire de la Révolution Française, en 1989. (Son bureau était situé sur les Champs Elysée, et c’était le lieu rêvé pour assister à la parade organisée par Jean-Paul Goude, et pour entendre Jessye Norman, drapée dans un drapeau français géant, chanter à pleins poumons la « Marseillaise ».) Theo Klein accueillit aimablement mon appel, et entra dans le vif du sujet.

« Bon, peut-être qu’après tout, les balles n’étaient pas israéliennes, mais si quelque chose a été truqué, je suis sûr que Charles n’a rien à y voir. C’est un journaliste remarquable. Je le respecte et je suis sûr que c’est plus important que de savoir si une balle venait de droite ou de gauche. Après tout, beaucoup d’enfants palestiniens ont été tués au cours de l’Intifada. Vous savez, les Israéliens n’ont pas fait la moitié du bruit qu’on fait les Français autour de ça. »

Il était scandalisé… scandalisé par l’arrêt du tribunal.

En tant que fille et petite-fille d’avocats moi-même, je lui rappelai poliment qu’il n’était pas d’usage, en France, de critiquer une décision de justice. Il changea de sujet, comme s’il avait été piqué au vif.

« Vraiment, je trouve déplorable que des gens s’acharnent comme ça contre Charles Enderlin. Il a souffert, vraiment souffert. Et sa pauvre femme… Il fut un temps où ils voulaient émigrer en Amérique, vous vous rendez compte ? »

« Mais, suggérai-je, en fait, ce sont les Américains qui ont rectifié le plus d’erreurs des journalistes. »

« Sûrement pas après tant de temps ? »

« Même très longtemps après. Des rectifications ont été dûment insérées sur les sites Web des journaux, pour éviter que des métastases d’erreur factuelles ne se répandent. »

Maître Klein s’étonna un moment d’une telle rigueur. Elle lui semblait, pourrais-je dire, un peu futile. En ce qui le concernait, comme presque tous ceux auxquels j’avais parlé, il accordait bien moins de valeur aux faits qu’à la réputation. Pourtant, je décidai de revenir sur ce terrain-là, une dernière fois.

N’y avait-il pas quelque doute sur la réalité du tir fatal ? Pourquoi avoir signé ce texte ?

« Ma chère », dit Theo Klein, d’une voix extrêmement lasse. Je n’ai pas lu cette pétition. J’ai une dégénescence rétinienne de la macula. Je ne peux plus lire. »

* Anne-Elisabeth Moutet est journaliste politique à Paris et contribue souvent aux programmes de la BBC.

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Notes du Traducteur

[1] Littéralement : le pouce vers le sol. Lorsque un gladiateur était réduit à l’impuissance par son adversaire, ce dernier ne le tuait que si le président des Jeux du stade lui adressait le signe fatal, dont le sens se passe de commentaire.

[2] Pour comprendre l’allusion, il faut se souvenir de l’épisode suivant, réel ou légendaire. En 390 avant notre ère, après avoir assiégé Rome et l’avoir réduite à la famine, Brennus, le chef Gaulois vainqueur, accepte de traiter avec le tribun militaire romain, Quintus Sulpicius : il lèvera le siège de Rome contre le versement d’une forte rançon, 1 000 livres d’or (soit 327,45 kilos). Une grande balance est alors installée sur une place de Rome ; afin d’alourdir encore la rançon, les Gaulois y placent des poids truqués. Devant les protestations des Romains, Brennus ajoute encore à leur déshonneur en jetant son épée sur la balance et en prononçant ces mots célèbres : « vae victis » (malheur aux vaincus). (D’après une page Web privée).

[3] Voir, entre autres: Fiamma Nirenstein, « Les journalistes et les Palestiniens », Contemporary Magazine, janvier 2001.

[4] Allusion à un film fantastique, adapté d’un roman de Ira Levin, « Les épouses de Stepford,  relatant les mystérieuses transformations des épouses des hommes de Stepford, faisant d’elles des créatures robotisées, stéréotypées, soumises, et privées de leur personnalité antérieure. Voir, entre autres, sur le site (en anglais) de Wikipedia, l’article « The Stepford Wives ».

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 Ce texte d’une journaliste chevronnée, admirablement bien écrit et pertinent, m’a donné beaucoup de fil à retordre. Son anglais, très littéraire et riche en expressions qui ne me sont pas familières, est difficile à rendre dans la langue de Voltaire. Je demande donc à celles et ceux qui ont une bonne maîtrise des deux langues d’avoir la gentillesse et la simplicité de me relire soigneusement et de me signaler les fautes et/ou les imperfections de ma traduction. Quant au contenu du présent article, s’il est vrai qu’il ne contient aucune révélation, il a, sur beaucoup d’autres, l’avantage de mettre l’accent sur des aspects de l’affaire et de la controverse à son propos, qui n’ont pas suffisamment retenu l’attention des analystes. Les trois dernières pages, en particulier, dessinent un tableau haut en couleurs et d’une cruelle vérité, de la mentalité de certains journalistes. A.-E. Moutet est, à ma connaissance, la seule à avoir pris l’initiative de téléphoner à plusieurs des signataires de la pétition en faveur d’Enderlin, et de leur demander pourquoi ils ont soutenu le journaliste, et accablé ses critiques, alors que les preuves s’accumulent – l’arrêt récent de la Cour d’Appel en témoigne – que la thèse de l’exécution délibérée de Mohammed al-Dura par les soldats israéliens, émise par Enderlin – et sur laquelle il refuse obstinéement de revenir, depuis près de huit années – n’est pas soutenable. Un texte passionnant, que je vous invite à faire circuler largement. Il en vaut la peine. (Menahem Macina).

Mis en ligne le 30 juin 2008, par M. Macina, sur le site upjf.org

Voir enfin:

L’Affaire Enderlin
Being a French journalist means never having to say you’re sorry.
Anne-Elisabeth Moutet
The Weekly Standard
July 7 – July 14, 2008

Paris

To understand the al-Dura affair, it helps to keep one thing in mind: In France, you can’t own up to a mistake. This is a country where the law of the Circus Maximus still applies: Vae victis, Woe to the vanquished. Slip, and it’s thumbs-down. Not for nothing was Brennus a Gaul. His modern French heirs don’t do apologies well, or at all if they can possibly help it. Why should they? That would be an admission of weakness. Blink, and you become the fall guy.

So, in the case of Muhammad al-Dura-a 12-year-old Palestinian boy allegedly killed by Israeli fire during a skirmish in the Gaza strip on September 30, 2000-it was not really to be expected that the journalist who released the 59-second news report, Charles Enderlin, longtime Jerusalem correspondent for France 2 TV, would immediately admit having hastily slapped together sensational footage supplied by the channel’s regular Palestinian stringer, and not checked whose bullets had, in fact, killed, or perhaps even not killed, the boy.

In the ensuing eight years, the small figure of Muhammad al-Dura cowering beside his crouching father became the defining image of the second Intifada. The « child martyr’s » picture cropped up on posters, websites, postage stamps, and street names throughout the Muslim world from Mali to Indonesia, fueling lynchings and suicide bombings. The Israeli authorities at first took the French report more or less at face value and blandly deplored the child’s death in a hasty release (« To the best of our knowledge, the boy was hit by our fire »). Others, however, were not so sure.

They parsed and scoured each of the 59 seconds of the film and every corner of the location for clues, ballistic angles, improbable moves, and hidden motivations. The film showed the two figures first seeking cover from gunfire, then later slumped over, though with no sign of blood or wounds. When increasingly convincing voices came to question, at the very least, the point of origin of the shots-the location of the small Israeli garrison made it pretty much impossible for Muhammad and his father, who was allegedly wounded, to have been hit by Israeli bullets-it took six weeks for the Israeli army spokesman to state in an interview that « both versions of the incident [are] possible, » and two more months for an official investigation to be launched.

Meanwhile, Enderlin and his bosses at the state-run France 2, who had distributed their news item free worldwide, were refusing to answer questions. They flatly declined to provide the complete 27 minutes of footage taken that afternoon by the cameraman, or to concede any possible error, ping-ponging in the classical obfuscating pattern of bureaucracies everywhere. (« It’s not the crime, it’s the cover-up » hasn’t yet made it to France.) It took two years for Enderlin to give his first interview, to a friendly colleague, Elisabeth Schemla, the respected editor of the Proche-Orient.info website and a former L’Express associate editor, in the course of which he confused « protecting one’s sources » with not providing the tape. (Personal disclosure: I was at the time deputy editor of Proche-Orient.info.)

Even an hour-long documentary produced in 2002 by the award-winning German broadcaster Esther Schapira, who works for German state television’s First Channel, failed to make a dent in the stance of France 2. While purposely keeping away from more controversial theories, Schapira’s work comprehensively put paid to the « Israeli bullets killed Muhammad al-Dura » theory. Asked by Schemla why French television would not broadcast Schapira’s film, Enderlin stonewalled: « I don’t decide what the channel runs. I have bosses, there are people above me in charge  .  .  .  a professional hierarchy. »

Having dug in his heels in time-honored fashion, Enderlin, a seasoned journalist and a French-Israeli dual national who’d spent most of his adult life at the same job, never imagined the al-Dura story would dog him. He was covered by his superiors in the hierarchy, affording him the Zen-like serenity achievable in large French organizations, which are profoundly top-down and basically unchanged in spirit since the court of the Sun King. His coverage of Israel and the Palestinian Authority, while regularly criticized by pro-Israeli groups, was highly esteemed by his peers. He had produced a well-informed documentary series on the Oslo Accords, the peace process, and the 2000 Camp David talks, tied to a book that has been published in English; and, while it could be argued that he was perhaps too close to some of his sources (several of the parties to the peace talks actually held discussions at the France 2 bureau, loaned by a helpful Enderlin as discreet neutral ground), this was a notable achievement. Such a person could not, in the order of things, be seriously threatened by a bunch of activists or scruffy bloggers behind their computer screens questioning his professional judgment. When he dismissed accusations of a cover-up by explaining that he had chosen « not to show the full footage of the child’s agony, » which would have been « unbearable, » he fully expected to be taken on trust.

Yet the bloggers and the activists refused to let the story die. In fact the unlikely alliance of, among others, a professor of medieval history from Boston University, a hot-headed former financial executive, and a former Le Monde reporter soon brought to light practices that would surprise no journalist with experience working in a totalitarian state. Most foreign correspondents covering the Palestinian territories from Israel rely on local stringers, cameramen, fixers. These Palestinian nationals do not benefit from the protections routinely granted international journalists. They and their families can be subjected to all sorts of pressures by a system not known for its respect for human rights and free speech niceties. The staging of scenes for the benefit of photographers is common.

The medieval history professor, Richard Landes, a soft-spoken American who spent his childhood in France and got his early education in a Paris public school, now one of the case’s most devoted parsers, coined a word for Palestinian manipulation of the media: « Pallywood. » He believes the whole al-Dura incident was staged. Using footage taken by other cameramen on the scene that day, he argues his case forcefully on two well-visited and regularly updated websites (theaugeanstables.com and seconddraft.org) as well as in countless articles and interviews.

Enter the hothead. Philippe Karsenty is a French Jew who felt so let down by the mainstream coverage of the second Intifada and the Middle East in general that he gave up a successful career in finance to start a media monitoring agency. His Media Ratings (web address m-r.fr) challenges the validity of press stories on all subjects with a test he dubs « the P.H.I.L.T.R.E method, » rating articles for « accuracy, consistency, independence, freedom, transparency, accountability, and exhaustiveness. » Karsenty took up the al-Dura case and started firing away at everyone he saw as responsible for perpetrating a dangerous lie.

Karsenty is a boyish character in his early 40s with rapid-fire delivery, a serious cell-phone habit, and an unflagging, self-appointed sense of mission. He makes enemies among his friends with as much gusto as he takes on the French establishment. (There is something of the neighborhood kid ringing all the doorbells on the block about him.) He has attacked various French Jewish leaders as well as France 2’s news director, Arlette Chabot; Enderlin; France 2’s chairman, Patrick de Carolis; and a slew of politicians. He routinely uses expressions such as « I will bury him! » and « I will end that conniving bastard’s career! » He is a bit mad, but it can be argued that many saints and heroes were a bit mad-if Joan of Arc had been happier in her Lorraine village, we Parisians might all be speaking English.

Karsenty is no saint, but it was his peculiar blend of bravado, doggedness, testosterone, and plain bad manners that eventually caused France 2 to blink. (I was reminded, meeting him, of the former New York senator Alfonse D’Amato, who gloried in his « Brooklyn Rottweiler » nickname and was turned loose by the Senate Banking Committee on Swiss banks that refused to reveal the number and balances of their Holocaust victims’ accounts. Until then, the Swiss had only been confronted with polite delegations headed by the suave likes of Paul Volcker, the former Fed chairman, and Stuart Eizenstat, the former undersecretary of state. They had gotten nowhere. D’Amato, taking no prisoners, unlocked the process in a couple of months.)

At any rate, two years ago, after one Karsenty op-ed too many about the « arrant hoax » of the al-Dura affair, France 2 sued him for libel. In a country where judges are civil servants, their first ruling surprised few observers: They ruled for the national institution, France 2, and ordered the outsider, Karsenty, to pay one euro in damages to the plaintiffs, a fine of 1,000 euros, and another 3,000 euros in costs. Even accounting for France’s relatively moderate legal rates, this was a slap on the wrist. Taking a gamble, Karsenty appealed.

The appeals court convened last month and asked for-gasp-evidence, namely the famous 27-minute France 2 unedited master footage, which not even Enderlin had seen when he filed his item for the evening news. (His Palestinian cameraman, Talal Abu Rahmeh, had sent him by remote link about 6 minutes from which to make the news segment.) France 2, dragging its feet, eventually produced 18 minutes of film. (There is practically no such thing as « contempt of court » in such circumstances in the French judicial system.) The showing of this film made for an eerie moment at the trial, when the hitherto blasé judges sat up and started watching with more attention, then took a recess, after which they asked for all of France 2’s footage. It would prove to be the turning point in the proceeding.

Karsenty came to court loaded for bear, with trolleyfuls of documentation, including a 90-page ballistics report. Out of it all, the court also trained its sights on a telling 2005 Le Figaro opinion piece by two establishment journalists, Denis Jeambar, then editor in chief of L’Express (France’s answer to Newsweek), and Daniel Leconte, head of news documentaries at the state-run French-German cultural channel, Arte (a kind of French-German PBS), both unlikely participants in this undignified scrum. Jeambar and Leconte, egged on by a former Le Monde journalist, Luc Rosenzweig, who had taken a great interest in the case and started writing about it for the small Israeli news outfit Mena, asked France 2 as early as 2004 to show them the original raw rushes. Acknowledging Jeambar and Leconte’s weight in the French establishment, France 2 had done for them what it had refused to do for countless others and had shown them, and Rosenzweig, the 27 minutes of film.

What happened then was typical of the cat-on-a-hot-tin-roof behavior even powerful French figures display when faced with any kind of violation of the unspoken but well-understood order of precedence obtaining among the elite here. While Jeambar and Leconte took their time to ponder what they’d seen, Rosenzweig had the nerve to file a piece for Mena describing the tape’s scenes of staging just before the fatal shooting. You could see Palestinians being carried on stretchers into ambulances, then coming out again unharmed, all in a kind of carnival atmosphere, with kids throwing stones and making faces at the camera, despite what was supposed to be a tense situation. The tape showed occasional gunshots, not continuous firing. From the general horsing around captured on film by Abu Rahmeh, Mena concluded that the whole scene must have been staged.

Their being preempted by Rosenzweig incensed Leconte and Jeambar, who expressed their displeasure in the 2005 op-ed in the center-right Le Figaro. They spent so much of the piece denouncing Rosenzweig, his gall in reporting first on what he’d seen in the company of his betters, and the conclusions he’d dared draw independently, that it was easy to overlook a key fact: Jeambar and Leconte themselves not only conceded that the tape showed Palestinians stage-managing various shots and horsing around, they also described joking about those very scenes with the France 2 executives who were screening the tape for them.

All of those present at the screening-illustrious visitors and France 2 executives alike, the op-ed recounted-had ended up in full agreement that it was impossible to determine where the bullets had come from, but that it was highly unlikely that they could have come from the Israeli garrison. More crucially, Jeambar and Leconte also had caught Enderlin lying (or, as they kindly put it, « extrapolating »): « There was no ‘unbearable agony’ of the child anywhere on the tape, » they wrote. « It wasn’t edited out, it simply did not exist. »

The Figaro piece had little impact when it was published, but it turned out to be one of the crucial elements in Karsenty’s challenge to France 2’s version of events. He won his appeal. The ruling, handed down on May 21, stated that he had acted in good faith as a media commentator and that he had presented a « coherent body of evidence, » although the hoax could not be definitively proven. The judge also noted « inexplicable inconsistencies and contradictions in the explanations by Charles Enderlin, » whose appearance in court was his first sworn testimony in the matter.

You might think Enderlin’s professional standing would have been damaged by all this. You would be wrong. In less than a week, a petition was whipped up by his friends at Le Nouvel Observateur, France’s premier left-wing newsweekly. The petition conceded no gray areas, no hint of doubt. It called Karsenty’s vehemently argued but exhaustively documented stance a « seven-year hate-filled smear campaign » aimed at destroying Enderlin’s « professional dignity. » It flatly stated in the opening paragraph that Muhammad al-Dura was killed « by shots coming from the Israeli position. » It expressed rank astonishment at a legal ruling « granting equal credibility to a journalist renowned for his rigorous work, and to willful deniers ignorant of the local realities and with no journalistic experience. » It professed concern about a jurisprudence that would-shock! horror!-allow « anyone, in the name of good faith and of a supposed right to criticize and so-called freedom of speech, to smear with impunity the honor and the reputation of news professionals. »

There followed the names of over 300 journalists-sorry, « news professionals »-and hundreds more miscellaneous celebrity intellectuals (under the heading « Personalités »), as well as a vast slew of mere web surfers (« Internautes »). Note, here again, that while the journalists were listed in apparently neutral alphabetical order, the managing editor of a provincial news conglomerate cheek by jowl with a lowly travel magazine stringer-the key distinction between pros and outsiders was maintained. It was as if the eight-year controversy had been irrelevant. From « news professionals, » who were viewed as right by definition, no accountability could possibly be required. The guild was closing ranks.

Scanning the long list (to which new signatures are added daily at the Nouvel Obs website), I experienced a kind of life-flashing-before-my-eyes moment. There were the names of people from every magazine or newspaper I’d ever worked at; people I’d trained with; people I’d been great pals with before life packed us off in different directions; and people I’d last seen only the week before. It was, to tell the truth, Stepford-like scary.

I resolved to call as many of the familiar names as I could. I knew, or thought I knew, where these people came from. Why had they signed? It might be awkward to ask, I reasoned, but wasn’t it our business to ask questions?

As it turned out, it was plenty awkward. I came to recognize the moment when, after the « voice-from-your-past » greetings and the « where-are-you-now » fat-chewing and the nostalgic memories of past editors, colleagues, competitors, copy-takers (« all done by computer now, nobody to tell you you’re not making sense! »), I got around to the subject at hand. As I started explaining that I was writing a piece on the al-Dura affair and was wondering why they had signed the petition, I learned to recognize the telltale pause, the « Good Lord, she’s caught Scientology! She’s gone over to the crazies! » moment, after which the whole object of the exercise would become to hang up on me as fast as possible.

There were those, like a foreign editor at a liberal magazine with whom I’d spent boozy evenings bemoaning the failings of our respective boyfriends 25 years ago, who now brushed me off like an inconvenience. « Haven’t got time, too many pages to edit, staffer off sick, really, why do you ask such questions, have a catastrophic week, can’t really talk to you until . . . well, Friday, but you will have filed by Friday, right? »

« Oh, no, there’ll still be time on Friday. » (Palpable disappointment on the line.) I did call the following Friday-I only got past her voicemail by reprogramming my cell phone not to send out my caller ID-and got an angry hiss in answer to my greeting. « I’m in an interview, can’t talk, have nothing to say »-click.

There was the noted Paris-based former Washington Post foreign correspondent, 75-year-old Jon Randal, a Middle East expert I’d looked up to for years as a cub reporter, who trenchantly explained that he was seeing in all this a dangerous American trend of « vindictive pressure groups interfering with news organizations, » now unfortunately crossing the Atlantic. (Having lived in Paris for over 40 years, Jon had become alarmingly French.)

« Americans have been under the gun of such people for some time, but France used to be free of this kind of thing. [These groups] are paranoid, they’re persistent, they never give up, they sap the energy of good reporters. I can’t imagine how much money France 2 has spent defending this case. Charles Enderlin is an excellent journalist! I don’t care if it’s the Virgin Birth affair, I would tend to believe him. Someone like Charles simply doesn’t make a story up. »

But, I tried to interject, the absence of the boy’s « agony » from the tape?-

« Nonsense! Televisions don’t show extreme violence. You know that. Look, I don’t know what side you’re on in this? »

« I’m trying to make sense of it all. »

« I want you to call my friend at NPR, Loren Jenkins; call David Greenway at the Boston Globe; they’ll tell you about pressure groups. »

That was a different story; I had no time left and didn’t call.

Similarly, there was the seasoned reporter from Le Figaro who thought Charles Enderlin, quite simply, was the best reporter operating in the Near East today. « These people, the ones attacking him, they’re extreme rightists, yes? You can’t take anything they say seriously. » I conceded that the hoax wasn’t proven, but that the shots had in all likelihood come from the Palestinian side. Esther Schapira  . . .  There was a sniff. « Pas très sérieuse, non? »

« Well, actually, » I said, Schapira had just received the 2007 Europa Prize for her documentary on the murder of Theo van Gogh and been nominated for the 2008 Banff Television Awards. There was a small noise of well-bred surprise. All the same, nothing he’d heard until now had remotely convinced him or was likely to change his mind.

Then there was someone who insisted so vehemently on not being quoted or described in any way that I won’t even reveal this person’s sex. « Look, this whole thing has been a nightmare for Charles. He’s received hate mail, his wife has been threatened, he’s about to have a nervous breakdown. You want the truth? I don’t give a flying monkey about the case. I signed for Charles. In all honesty, I think he edited his film on deadline and was careless, and afterwards he didn’t want to admit he’d screwed up. A one-minute film, and it snowballed from there. Don’t put in anything that might identify me, I don’t want him to think I don’t believe 100 percent in what he says, he’d be devastated. »

This, at least, was bluntly honest. Jean-Yves Camus, the political scientist and expert on radical Islam, with whom I’d worked at Proche-Orient.info, was another unrepentant signatory, one who didn’t mind being quoted. « Do I think Charles Enderlin lost a good opportunity to own up to a mistake early in the day, and spare himself this anguish? Of course. You know how we work in a hurry? Guy sends him pictures from Gaza, tells him the Israelis shot the kid, he believes him-I mean, even the Israeli Defense Forces spokesman believed it! But you can’t own up one, two years after the fact. It’s too late, it would mean you abdicate. It’s a nice job Charles has, he’s nearing retirement age. I don’t think he wanted to rock the boat. You know Charles, he’s always been status-conscious; he likes being the France 2 man in Israel. Plus, these people behind their computers, they’re not real journalists, are they? You can’t come from your day job and blog at night and imagine you’ve become a reporter. It doesn’t don’t work like that. There are standards. »

Still, I asked, why sign a text adamantly asserting the dangerous notion that Muhammad al-Dura had been shot by the Israelis if you don’t believe it?

« I was asked to. It was to support Charles. Did you know his wife is Danielle Kriegel? Daughter of Annie Kriegel [a great anti-Communist academic, now dead], sister of Blandine [a philosopher and a former Chirac aide at the Elysée palace], sister-in-law of Alexandre Adler [Blandine’s husband, who writes about geostrategy and politics in most French quality newspapers, perennial guest on highbrow talk-shows]. »

With all those credentials, the cloud of respectability surrounding Charles Enderlin was reaching pea-soup opacity. I tried one last time.

« Couldn’t you have asked for the wording of the petition to be amended? Or started your own petition? » It would have been, Camus told me in the tone of someone who had too much on his plate to busy himself with ancillary details, « too complicated. » We made a date for lunch two weeks hence and hung up.

At the other end of the scale, there was the rather intimidating star lawyer Theo Klein, getting on in years, who 20 years ago had been the president of CRIF, the official umbrella representative body of French Jews. I called him and reminded him that he’d been kind enough to invite me to his 1989 French Revolution Bicentennial party. (His office was on the Champs-Elysées, and it was the dream vantage point from which to watch the Jean-Paul Goude-designed parade and listen to Jessye Norman, draped in a giant French flag, belting out the « Marseillaise. ») Theo Klein took my call pleasantly and dove into the thick of the matter.

« Well, perhaps the bullets were not Israeli after all, but if something was set up, I’m sure Charles had nothing to do with it. He is a remarkable journalist. I respect him, and I’m sure this matters more than whether a bullet came from the right or from the left. After all, many Palestinian children have been killed in the Intifada. You know, the Israelis haven’t made half the noise about this that some French Jews have. » He was outraged, outraged by the court ruling.

The daughter and granddaughter of lawyers myself, I gently reminded him that it wasn’t done in France to criticize a court ruling. He changed the subject as if stung. « Really, I find deplorable that people are hounding Charles Enderlin like that. He has suffered, really suffered. And his poor wife.  .  .  .  They wanted to emigrate to America at one stage, do you realize? »

Well, I suggested, Americans were actually rather big on correcting reporters’ mistakes.

« Surely not after so much time? »

Even after a long time. Corrections were duly appended to stories on the websites of newspapers, to prevent the eternal metastasizing of factual errors. Maître Klein marvelled for a moment at such thoroughness. It seemed, I could tell, a little pointless to him: He, like almost everyone else I’d spoken to, rated facts far below reputation. Still, I decided to go over that ground one last time. Wasn’t there some doubt about the actual fatal shot? Why sign this text?

« My dear, » Theo Klein said, in an infinitely weary voice, « I’m not a journalist. I haven’t read this petition. I have macular retina degeneration. I can no longer read. »

Anne-Elisabeth Moutet is a political journalist in Paris and a frequent contributor to the BBC.


Délinquance/immigration: C’est la culture, imbécile! (French sociologist finally stumbles onto his country’s underclass)

20 septembre, 2010

On gagnerait sans doute beaucoup de temps à dépasser cette logique ethnique pour utiliser les outils de la démographie. Par nature, les populations migrantes sont plus jeunes et plus souvent masculines. Or les jeunes mâles (quelle que soit leur origine) sont par définition plus actifs que les vieilles dames … Alain Bauer
Avec la crise économique dans mon pays, peu d’hommes peuvent entretenir plusieurs épouses. En France, c’est différent, tous ces enfants sont une source de revenus. Oumar Dicko (ministre chargé des Maliens de l’extérieur)
La multitude d’épouses est une preuve de prospérité. Abdoulaye Doumbia
C’est Dieu qui nous le permet. Nous avons le droit d’avoir quatre femmes. Dans votre pays, les hommes ont des maîtresses. Nous, nous préférons les épouser. K (ouvrier malien bigame)
Après des décennies ici, certaines familles vivent encore comme au pays, car personne n’a jugé bon de leur expliquer comment vivre en France. N’diaye Sylla (Association pour la promotion de la langue et de la culture soninké)
Il faut durcir la loi et retirer les cartes de résident aux hommes. Les femmes, dans leur grande majorité, ne supportent pas de vivre avec d’autres épouses. Mais elles n’ont pas le choix et se soumettent à la décision du mari. Keita (mère malienne de cinq enfants, Clichy-sous-Bois)
Voir la CAF du département gaver ces familles de prestations sans essayer d’apporter des réponses autres que financières est désolant. D’autant plus que ces aides sont parfois un frein à l’intégration. Militante sociale de Montfermeil
On les scotche aux alloc’ alors qu’il faudrait d’abord leur apprendre le français. C’est presque du racisme. Militants associatifs
Mariés chacun à deux épouses, ils avaient à eux deux 40 enfants, la plupart inscrits dans la même école. Nous avons mis un an à les convaincre de disperser les gamins dans différents établissements scolaires. Les deux pères voulaient qu’on leur trouve un grand appartement pour continuer à vivre tous ensemble. J’ai refusé fermement: non seulement nous n’avons pas de 15-pièces, mais, en plus, la famille coûtait déjà une fortune à la commune. Jean-Pierre Brard (maire de Montreuil, au sujet de deux jumeaux maliens polygames)
On était d’accord avec l’anthropologue Tobie Nathan, la Ligue des droits de l’homme, SOS Racisme… il était de bon ton d’accepter toutes les coutumes, y compris la polygamie, en France. Claudette Bodin (association Afrique partenaires services)
J’en ai marre de voir toujours les mêmes prôner la solidarité, mais chez les autres. Jean-Pierre Brard (maire de Montreuil)
Dans les pays occidentaux, nous avons partout ce système d’allocations sociales qui est à peine utilisé par la population locale. D’un autre côté, il y a cette population immigrante dont les femmes ne peuvent être compétitives sur le marché du travail local. Pour les Danoises et les Allemandes, les allocations sont trop faibles pour être attractives. Pas pour les immigrants. Ce que l’on voit donc en Angleterre, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, ce sont des femmes issues de l’immigration qui complètent leur éventuel petit salaire par les deniers publics. Ce n’est pas un revenu extraordinaire, mais ça leur suffit. Et cela crée un genre de « carrière » réservé aux femmes, un modèle que leurs filles suivront.
Mais les fils n’ont pas ce choix. Ils ont grandi dans les basses couches de la société, sans les compétences intellectuelles nécessaires pour améliorer leur position. Ce sont ces garçons qui mettent le feu à Paris, ou dans des quartiers de Brême. Certains d’entre eux parviennent jusqu’à l’université et deviennent des leaders pour les autres – pas des pauvres, mais de jeunes hommes de rang social peu élevé, qui croient être opprimés à cause de leur confession musulmane, alors qu’en réalité c’est le système social qui a créé cette classe de perdants. Gunnar Heinsohn
On nous demandait de ne citer aucun prénom. C’était considéré comme trop stigmatisant. Communicant sous Jospin
Pendant les émeutes, beaucoup d’observateurs ont signalé que les jeunes Noirs étaient aussi nombreux que les jeunes Maghrébins. Cela traduit, en réalité, une surreprésentation, dans la mesure où les premiers sont quatre fois moins nombreux sur le territoire. Il ne s’agit pas d’un problème de couleur de peau mais des conditions dans lesquelles s’opère l’éducation de ces jeunes. Hugues Lagrange (juin 2006)
Pour des niveaux sociaux équivalents, le sociologue constate aussi que « les adolescents éduqués dans des familles du Sahel sont trois à quatre fois plus souvent impliqués comme auteurs de délits que les adolescents de famille autochtone, et le sont aussi deux fois plus que les adolescents d’origine maghrébine. Le Monde

Surcroît d’inconduites des jeunes, absentéisme et mauvais résultats scolaires, « surmises en cause » par la police …

Origine rurale, sous-qualification, illetrisme, surautoritarisme des pères (« education par les coups » au moment ou celle-ci est condamnée par l’école comme maltraitance), faible niveau culturel et sous-emploi des mères, polygamie, surfécondité et tres larges fratries, concentrations dans certaines villes (pres de 31% des jeunes de moins de 18 ans a Grigny contre 3% pour la France entiere) …

Alors que nos belles ames de gauche n’arretent pas de fustiger un gouvernement qui se décide enfin, sondages et échéances électorales obligent,  à prendre au sérieux la délinquance et le secret de polichinelle de l’évident lien immigration/surdélinquance

Enfin un sociologue qui, apres son collegue Sébastian Roché mais avec 2 ou 3 émeutes raciales de retard, ose (timidement) lever le tabou des tabous (jusque meme aux statistiques!) de l’origine ethnique (pardon: « culturelle ») des populations surdelinquantes (« Le deni des cultures », Hugues Lagrange).

Et rappeler l’évidence que, contre l’irénisme de la gauche bien-pensante et comme pour les Roms, « tous les immigrés n’éprouvent pas les mêmes difficultés » selon leurs origines ethniques et les modes différents  de socialisation, rapports hommes-femmes, modèles éducatifs ou « demographie » que celles-ci induisent.

Et notamment les derniers arrivés que sont les Africains du Sahel (Sénegal, Mali, Mauritanie. concentres depuis les annees 80 dans les villes peripheriques de la region parisienne) qui,  plus ruraux, patriarcaux, souvent illettrés et islamises, cumulent à statut social comparable plus grandes difficultés scolaires et surdélinquance des jeunes…

Polémique

Le poids des origines ethniques et la délinquance

Julie Joly

L’Express

le 14/09/2010 à 10:53

Le sociologue Hugues Lagrange livre en exclusivité les résultats de ses recherches sur les facteurs de délinquance. Un travail qui balaie hypocrisies et idées reçues.

Attention, cet homme n’est pas un provocateur médiatique – Eric Zemmour ne compte pas parmi ses amis. Il ne se classe pas non plus au rang des bien-pensants. Tandis qu’idéologues et militants se déchirent autour des Roms, des menaces intégristes, de l’identité nationale et des banlieues sensibles, Hugues Lagrange, sociologue investi, chercheur au CNRS, spécialiste de la violence et des politiques de la ville, le dit sans tomber de sa chaise: « Refuser de s’intéresser aux origines culturelles des délinquants est une hypocrisie. » Le propos est tranché, à rebours des précautions d’usage. Le spécialiste l’assume, après huit années d’une enquête inédite et scrupuleuse, au plus près des Français d’origine étrangère – du Bassin parisien à la banlieue nantaise. Surtout, il l’explique, comme personne avant lui, dans un livre limpide publié le 16 septembre, Le Déni des cultures (Seuil). Une oeuvre de salut public, en ces temps d’amalgames, sinon d’aveuglements.

Hugues Lagrange, chercheur au CNRS, auteur du livre « Le Déni des Cultures » paru aux Editions du Seuil, ici à la Maison des Sciences de l’Homme à Paris.

En ce jour de grève nationale, l’homme qui ouvre sans un bruit les portes d’un bureau parisien étriqué, au quatrième étage de la Maison des sciences de l’homme, revient d’un footing digestif. Sans doute faut-il avoir l’estomac solide avant d’asséner autant de vérités crues. Oui, affirme ce chantre de la tolérance, les émeutiers de 2005 et 2007 sont majoritairement de jeunes Noirs ayant grandi dans les cités. Traumatisée par un passé colonial qu’elle refuse de sonder, « la France se berce de refrains antiracistes et refuse la réalité ». Oui, les familles pauvres musulmanes, africaines ou encore maghrébines, sont des familles nombreuses et leurs enfants plus souvent déstructurés, séduits par l’islam radical ou tentés par la violence. Ils sont aussi plus dépressifs. Non, ils ne souffrent pas d’un manque d’autorité, mais d’un excès d’autoritarisme. Et non, l’école égalitaire et les valeurs universelles ne sont pas acces- sibles à tous. Pas plus que l’assimilation n’est un rêve partagé. Ni la polygamie un crime, mais une tradition désastreuse aggravée par l’exil…

Hugues Lagrange n’a que faire de heurter les bonnes âmes. Lui-même reconnaît avoir longtemps posé le problème à l’envers: « J’avais moi aussi une vision globale stupide des Français d’origine étrangère, dit-il. Je croyais qu’une politique égalitaire était la seule possible. Je réalise aujourd’hui combien les héritages culturels, la langue, la structure familiale, pèsent sur les individus. » Près de dix ans passés à interroger les migrants, les enseignants de ZEP, les acteurs de terrain lui ont ouvert les yeux. Et permis de comprendre.

Qui s’intéresse à la place des mères?

Comprendre quoi? Qu’un enfant pauvre d’origine malienne a plus de risques de décrocher que les autres au primaire, par exemple. Certainement pas parce qu’il est noir, ni musulman, ni moins doué. Mais parce qu’il s’est construit autour de valeurs familiales bancales, que la plupart de ses voisins « de souche » ignorent. « Dans les familles subsahariennes arrivées récemment en France, près de 30% des hommes mariés sont polygames », constate sobrement le spécialiste. Les femmes sont aussi jusqu’à quinze ans plus jeunes que leur mari et ont chacune, en moyenne, entre 6 et 7 enfants. Lesquels sont, culturellement encore, généralement livrés à eux-mêmes avant d’avoir atteint l’âge de trois ans… Autant dire qu’ils entrent à l’école de la République désarmés. Faute d’encadrement spécifique, ils en sortiront détruits.

La gauche prétend créer une société de Bisounours

Notre modèle méritocratique ne s’embarrasse pas de ce genre de nuances. Qui s’intéresse à la place des mères dans ces mêmes familles africaines, turques, maghrébines, repliées sur leurs traditions? Contrairement aux idées reçues, très peu élèvent seules leurs enfants. En revanche, à la maison, le père seul incarne l’autorité. Au pays, les solidarités villageoises rétablissent une sorte d’équilibre au sein des couples. Mais, en France, ces patriarches ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes et sombrent le plus souvent dans un autoritarisme implacable. Répétant le même scénario infernal: mères disqualifiées, filles soumises et garçons hors de contrôle.

On laisse se propager les contrôles au faciès

Bien sûr, les traditions n’expliquent pas tout. Grandir dans une tour délabrée, un logement insalubre, isolé ou sans perspectives d’emploi, ajoute au sulfureux cocktail. De même que l’exil aggrave le repli communautaire, la ségrégation et la xénophobie brisent les plus beaux élans. Certaines habitudes héritées constituent, par ailleurs, de formidables paravents – l’entraide entre générations et les solidarités féminines notamment. Il n’empêche. « Faute de s’intéresser aux individus dans leur globalité, les politiques publiques se privent de leviers essentiels », assène le chercheur, qui le déplore: à elles seules, les récentes émeutes urbaines auraient pourtant pu révéler bien des carences liées aux origines, et permis d’y répondre. Si encore les autorités avaient pris la peine de briser l’omerta. Mais les tenants du tout-sécuritaire, ceux-là même qui « laissent se propager les contrôles au faciès au mépris des règles élémentaires de déontologie », fustige l’auteur, refusent de communiquer aux chercheurs l’origine des délinquants. Comment dès lors disséquer la secrète alchimie qui pousse certains au pire, et en assagit d’autres? La gauche est tout aussi coupable à ses yeux, quand « elle prétend créer une société de Bisounours », niant au passage la diversité des valeurs. Cette dernière existe pourtant, s’étend même, et mériterait que l’on s’y intéresse. Rapidement.l

Un chercheur lance le débat sur l’impact de l’immigration dans les quartiers ghettoïsésLaurent Mucchielli réfute les travaux d’Hugues LagrangeLe Monde14.09.10
Toutes les questions peuvent être débattues intellectuellement. Mais ma conviction de sociologue c’est que, sauf exception, les facteurs prédominants pour comprendre les conduites juvéniles délinquantes ne sont pas culturels », explique Laurent Mucchielli, directeur de recherche au CNRS. Le coauteur de La Violence des jeunes en question (Champ social, 2009) dénonce l’« ethnicisation » des analyses sociologiques. « Dans les travaux d’Hugues Lagrange, il y a une double généralisation : des familles polygames à l’ensemble des familles ; des quartiers les plus en difficulté à l’ensemble de l’Ile-de-France ou de la France. » Pour le chercheur, « la recherche montre un cumul de facteurs pour expliquer la délinquance, notamment les problèmes intrafamiliaux, l’échec scolaire et les effets d’«engrenage» dans les quartiers ».

Délinquance et immigration : le facteur culturel

Luc Bronner

Le Monde

14.09.10

A près plusieurs années de recherches dans des quartiers sensibles de la banlieue parisienne, le sociologue Hugues Lagrange a constaté la surreprésentation des jeunes issus d’Afrique noire dans la délinquance. Dans un livre à paraître le 16 septembre, Le Déni des cultures, le chercheur du CNRS met en avant le facteur « culturel » – pour ne pas dire ethnique – pour analyser ce phénomène. Son approche

Un chercheur lance le débat sur l’impact de l’immigration dans les quartiers ghettoïsés

Le Monde

14.09.10

Le sociologue Hugues Lagrange a constaté une surreprésentation des jeunes issus d’Afrique sahélienne dans la délinquance

Pour des raisons radicalement différentes, ni la droite ni la gauche n’ont saisi la réalité et l’ampleur des problèmes posés par l’immigration dans les quartiers les plus ghettoïsés de l’Ile-de-France. Dans un livre à paraître jeudi 16 septembre, intitulé Le Déni des cultures (Le Seuil, 350 pages, 20 euros), le sociologue Hugues Lagrange, directeur de recherche au CNRS, bouscule les représentations sur l’intégration et les phénomènes migratoires, replaçant la question « culturelle », pour ne pas dire ethnique, au coeur des débats intellectuels et scientifiques.

Y compris sur la question, très sensible, de la délinquance. Alors que les sociologues et la gauche privilégient traditionnellement l’explication sociale, le chercheur met en avant un facteur « culturel » pour expliquer son constat d’une surreprésentation des jeunes issus d’Afrique noire dans les affaires de délinquance. Mais, à rebours des discours de la droite, il plaide pour une politique d’intégration nettement plus vigoureuse et tenant compte des particularités culturelles des migrants.

La question ethnique oubliée ?

Le chercheur, membre de l’Observatoire sociologique du changement (OSC), laboratoire de Sciences Po, s’appuie sur plusieurs années d’études dans les quartiers sensibles de grande banlieue parisienne, principalement à Mantes-la-Jolie et aux Mureaux (Yvelines). Il a ainsi pu constituer un matériau scientifique inédit : ses travaux sur l’absentéisme au collège lui ont permis de rassembler des données scolaires et familiales individuelles sur plus de 4 000 adolescents, de 1999 à 2006, pour lesquels il a ensuite pu consulter, nominativement, les fichiers judiciaires afin de savoir lesquels avaient été « mis en cause » dans les procès-verbaux de la police (avant toute décision de la justice).

L’analyse détaillée des statistiques montre un « surcroît d’inconduites des jeunes Noirs », qu’il s’agisse de résultats scolaires, d’absentéisme ou de « mises en cause » par la police. A milieux sociaux comparables, Hugues Lagrange constate ainsi que « les adolescents éduqués dans des familles du Sahel sont trois à quatre fois plus souvent impliqués comme auteurs de délits que les adolescents élevés dans des familles autochtones » dans les mêmes quartiers. Il relève également que les adolescents d’origine maghrébine sont deux fois plus impliqués que les « autochtones ».

Ces données peuvent-elles s’expliquer par l’existence de contrôles au faciès ? Hugues Lagrange répond par avance à cette objection en soulignant que les écarts en termes de délinquance sont similaires à ceux observés dans le domaine scolaire, y compris pour les épreuves anonymes du brevet. Donc que les « inconduites » de ces adolescents se retrouvent autant dans le monde scolaire, peu suspect de racisme, que dans le domaine policier, où des travaux scientifiques ont effectivement pu démontrer l’existence de « contrôles au faciès ».

Ces données individuelles sont, par ailleurs, corrélées avec l’analyse géographique qui montre une délinquance venant « de façon disproportionnée des quartiers pauvres et immigrés ». Le chercheur avait déjà démontré que les émeutes de l’automne 2005 avaient majoritairement touché les villes subissant la plus forte ségrégation sociale et ethnique et où la proportion de familles avec plus de six enfants était la plus élevée. « La tradition de recherche sociologique en France, influencée par l’idiome politique d’un pays qui rejette toute distinction d’origine culturelle, a conduit à contourner cette lecture », souligne Hugues Lagrange.

L’explication des difficultés d’intégration

Le chercheur ne s’arrête pas à ce constat et tente de comprendre pourquoi les adolescents issus d’Afrique noire éprouvent autant de difficultés – dont témoignent régulièrement des éducateurs, des policiers et des magistrats. Si les difficultés sociales explosent souvent au collège, les décrochages ont en effet lieu, en réalité, bien avant, dès l’école élémentaire, voire la maternelle. « Si des écarts de réussite interviennent de façon si précoce, c’est que les contextes de vie dans les quartiers d’habitat social et, sans doute, les pratiques éducatives des familles maghrébines, noires et turques pèsent sur l’acquisition des bases de la langue, de la numération et des premiers éléments de géométrie. »

Tous les jeunes immigrés n’éprouvent pas les mêmes difficultés. C’est là une des clés de l’analyse d’Hugues Lagrange : ne pas parler de façon générale de l’immigration mais comprendre les différences selon les origines en termes de socialisation, de rapports hommes-femmes, ou de modèles éducatifs. Il constate ainsi que les jeunes originaires des pays du Sahel (Sénégal, Mali, Mauritanie, etc.) rencontrent plus de difficultés que les migrants venus, par exemple, du golfe de Guinée (Congo, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin, etc.).

Ce qu’Hugues Lagrange explique à la fois par l’évolution de l’immigration et l’implantation des Africains dans des quartiers ghettoïsés. Les migrants qualifiés ont été progressivement remplacés par des familles sahéliennes, de culture musulmane, plus pauvres, sans bagage scolaire. Avec, comme caractéristique, une forme aiguë de « domination masculine » : des épouses beaucoup plus jeunes que leurs maris ; le recours à la polygamie ; de très larges fratries ; des pères très autoritaires même s’ils sont fragilisés et dépassés par leurs garçons. Or, souligne le chercheur, le caractère le plus prédictif de la réussite scolaire reste le niveau culturel de la mère et son insertion professionnelle.

Ghettoïsation et régression traditionaliste. Hugues Lagrange considère que la ségrégation urbaine est un facteur majeur. Selon son analyse, les difficultés sont importantes parce qu’elles sont aggravées par l’absence de mixité sociale et ethnique – ce qui signifie que ses conclusions ne peuvent, en aucun cas, être généralisées à l’ensemble du territoire.

Dans les quartiers sensibles sur lesquels il a travaillé, les « autochtones », suivis par les classes moyennes maghrébines, sont en effet partis, remplacés par des plus pauvres, généralement les derniers immigrants, venus d’Afrique noire. Or « cette disparition de la fraction la plus éduquée a des conséquences désastreuses en termes d’émulation sociale et de modèle éducatif », analyse-t-il.

Là où un minimum de mixité sociale et ethnique favorise une intégration progressive, l’existence de quartiers ghettoïsés tend à provoquer une forme de régression « traditionaliste » des immigrants, qui entre en collision avec le modèle d’intégration républicain et contribue, en retour, à la « crispation » de la société française. « Bien qu’ancienne, la cosmopolitisation de notre vie nous prend à contre-pied d’autant que, loin d’être porteuse de modernité, elle introduit dans notre univers des pans entiers de coutumes lointaines, souvent rurales, très décalées », constate Hugues Lagrange. A l’opposé du discours républicain traditionnel, le chercheur plaide pour la reconnaissance des minorités « pour tenir compte du nouveau visage de la société française ».

se démarque de l’explication « sociale » généralement avancée par les sociologues et la gauche. Il plaide pour une politique d’intégration qui tiendrait compte de ces particularités « culturelles » des migrants.

Un chercheur lance le débat sur l’impact de l’immigration dans les quartiers ghettoïsés

ENTRETIEN

Hugues Lagrange : « Il vaut mieux dire les choses, même si elles nous gênent

Le Monde

14.09.10

Le sociologue Hugues Lagrange s’appuie sur son étude des quartiers sensibles pour démontrer que la délinquance a aussi des origines « culturelles ».

Vos travaux sortent alors qu’une partie de la majorité lie immigration et délinquance. Vous partagez ce point de vue ?

Je suis complètement en désaccord avec la politique actuelle d’hostilité vis-à-vis des migrants. L’attitude de fermeture envoie un signal qui contribue à la crispation mutuelle des migrants et des autochtones. C’est la pire des réponses.

Vous montrez pourtant une surreprésentation des jeunes Noirs dans la délinquance…

Ma position de scientifique est qu’il vaut mieux dire les choses, même si elles nous gênent. Il faut que nous prenions acte que nous vivons dans une société pluriculturelle. Ce qui pose problème, ce n’est pas que l’on accueille autant d’immigrés mais qu’on les accueille aussi mal, qu’on les mette à part dans des quartiers. Je n’ai pas une position essentialiste qui reviendrait à dire que l’on ne peut pas modifier les comportements parce qu’ils relèvent d’un facteur culturel. Au contraire, je crois que l’intégration est possible mais qu’il faut utiliser les bons leviers et accepter les différences. Pour cela, il faut aussi être capable de poser les bons diagnostics.

Pourquoi mettre en avant la question « culturelle » alors que la question « sociale » est traditionnellement privilégiée ?

Les mots sont importants. Je ne parle pas d’ethnies ou de races, je parle des origines culturelles parce que je suis convaincu que les sociétés humaines sont modelées par leurs langues, leurs histoires, leurs conditions de vie, leurs modèles familiaux. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas une dimension sociale, elle est évidemment centrale. Mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir que la dimension culturelle interagit, dans les quartiers où la ségrégation est la plus forte, avec la question sociale en matière de scolarité ou de comportements.

Vos solutions ?

Les femmes sont un levier de transformation. Aujourd’hui, elles sont dévalorisées dans beaucoup de familles. Or, on sait que la position de la mère est décisive dans la réussite. On gaspille un capital éducatif considérable en s’abstenant de les soutenir. Plutôt que de faire de la répression quand c’est trop tard, quand les enfants sont devenus des adolescents, il faut agir en amont avec les mères.

Propos recueillis par L. Br.

Émeutes urbaines et protestations. Une singularité française − Hugues Lagrange et Marco Oberti

Olivier de Broca

Émeutes urbaines et protestations. Une singularité française

Hugues Lagrange et Marco Oberti (dirs.)

Les Presses de Sciences Po

Coll. Nouveaux débats, mai 2006, 224 p.

L’étude suggérée par le titre et la quatrième de couverture − un parallèle entre les émeutes de novembre et les manifestations anti-CPE − tourne court : au-delà d’une angoisse commune face à la précarité, et d’une demande adressée dans les deux cas à l’Etat, les auteurs de cet ouvrage collectif reconnaissent qu’il est difficile de rapprocher davantage des couches de la jeunesse que tout sépare, les situations vécues, le niveau de diplôme et le rapport à l’emploi. Si des convergences se sont fait jour ici ou là, notamment parmi les lycéens, on ne peut en définitive souscrire aux formules d’un Alain Touraine, pour qui « il n’y a pas de différence de nature entre le mouvement de novembre et celui de mars », ou d’un François Dubet qui voyait dans les manifestations anti-CPE la « réplique » des émeutes dans les banlieues. Avec un regret à peine voilé, Marco Oberti (chercheur à l’OSC, Observatoire sociologique du changement, CNRS-Sciences Po) conclut sur ce point que « rassembler ceux qui veulent le retrait du CPE et les émeutiers de novembre […] apparaît comme un défi politique majeur, difficile à tenir ». L’essentiel de cet ouvrage collectif est donc consacré aux événements de novembre.

Le sociologue Hugues Lagrange (également chercheur à l’OSC) signe les deux articles les plus consistants. Dans « La structure et l’accident », il s’efforce de dégager les facteurs, circonstanciels ou durables, permettant d’expliquer la survenue des émeutes : quartiers d’habitat social et plus particulièrement ZUS (à 85 %), proportion très élevée des moins de vingt ans, concentration de grandes familles (six personnes et plus), chômage, zones franches urbaines actives créatrices d’emplois, et enfin existence de conventions avec l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine). Aucune de ces « conditions » n’est déterminante, c’est leur accumulation qui a rendu la situation explosive.

Ce que les auteurs soulignent à plusieurs reprises, c’est bien l’imbrication entre les facteurs sociaux et « ethnoraciaux ». Certes, le modèle français d’intégration républicaine a conduit à un déni de la dimension ethnique, mais il ne faudrait pas que « par un basculement qui ne serait que la forme inversée du déni, on en vienne à ethniciser à l’excès ces questions ». Certes la reconnaissance de la pluralité des cultures et leur prise en charge politique sont un enjeu important, mais qui ne doit pas gommer l’objectif premier de mixité sociale : « Nous ne sommes pas face à un processus de repli communautaire […] Nous devons faire face à une accentuation de la polarisation sociale et ethnique à l’extrémité inférieure du spectre social ».

Plus que le problème de la reconnaissance politique, les émeutes placent donc au centre du débat la question de la ségrégation urbaine, les quartiers impliqués se caractérisant par une forte « homogénéisation sociale par le bas ». Cette ségrégation a des coûts considérables (scolarisation moins efficace, stigmatisation des populations et donc risque de chômage accru, délinquance, mais aussi une charge de transport plus élevée dans les budgets des ménages) et des effets de spirale (la moindre attractivité de ces quartiers dissuade les entreprises de s’y installer et chasse les habitants les plus mobiles). Au fond, les événements de novembre valident les politiques urbaines actuelles en faveur de la mixité sociale, et plaident en faveur d’un renforcement de leurs moyens. Il reste à définir les objectifs réels de cette mixité et à se prémunir contre les effets pervers des politiques engagées, notamment en ce qui concerne les deux piliers de la mixité, l’école et le logement.

L’école a perdu de sa crédibilité comme outil d’ascension sociale pour apparaître de plus en plus comme un rouage de la relégation − relégation d’autant plus impitoyable que ceux qui jouent le jeu n’en tirent pas les bénéfices attendus en termes d’intégration. Les deux principaux dispositifs mis en place pour remédier à cette situation ont des effets contradictoires. Les ZEP, tout d’abord, constituent une « forme de discrimination positive modeste » visant à accorder des ressources supplémentaires aux établissements accueillant une forte proportion d’enfants de milieux défavorisés. Dans la perspective qui intéresse les auteurs, « le dispositif ZEP n’a pas vocation à lutter en tant que telle contre la ségrégation scolaire mais entend au contraire en prendre acte et aider les établissements à forte concentration d’élèves défavorisés ». Il ne peut donc s’agir d’« un maillon d’une politique plus large de déségrégation ». La carte scolaire, en second lieu, visait explicitement à maintenir la mixité sociale, mais elle ne fait en définitive que « valider la différenciation et les hiérarchies sociales inscrites dans l’espace urbain », accentuant donc la relégation des plus défavorisés. L’offre scolaire, en termes d’options, de choix de langues, de filières internationales, se raréfie dans les quartiers défavorisés, qui se « spécialisent » de plus en plus dans l’accueil d’un public « difficile » − une évolution qui ne contribue pas à motiver les élèves. Dans ce contexte, comment juger les axes d’intervention proposés à la suite des émeutes ? Favoriser l’accès des meilleurs élèves de ZEP aux lycées prestigieux, ou bien créer des établissements d’excellence en banlieue relève certes de l’idéal méritocratique républicain. Mais dans les deux cas, « c’est une logique de concentration de l’offre scolaire d’excellence qui l’emporte sur une logique de diffusion ». Marco Oberti plaide donc pour une véritable « homogénéisation des conditions d’études ». À rebours de la logique de spécialisation, il faut donc que les collèges des quartiers défavorisés soient en mesure de «  maintenir les options les plus attractives », un effort particulier devant être porté sur les classes préparatoires aux grandes écoles. Quant à la carte scolaire, elle doit s’affranchir des frontières municipales et « recomposer des secteurs à l’échelle de bassins scolaires qui peuvent rapprocher des communes contrastées mais proches ». Il faut en outre, pour que le système soit efficace, soumettre les établissements privés conventionnés à la carte scolaire.

En matière de logement, les dispositifs visant à la mixité résidentielle comportent les mêmes enjeux et les mêmes risques d’effet pervers. L’article 55 de la loi SRU a instauré un taux minimum de 20 % de logements sociaux dans les villes. Pour François Meunier, cette loi présente deux défauts : la dissymétrie créée entre les communes qui satisfont au quota et celles qui sont en dessous (les premières n’étant pas rétribuées pour le service social rendu, les secondes ne sont pas incitées à les imiter) ; et le manque de souplesse du quota (les communes sans espace urbain disponibles se trouvent pénalisées). Pour pallier ces inconvénients, François Meunier propose d’instaurer un « bonus/malus », un « système de droits aux logements sociaux », sur le modèle des droits à polluer : il s’agit idéalement de mesurer « le prix social attribué à la non-mixité » ou, de façon plus pragmatique, de « mettre en place une péréquation entre les communes à crédit et les communes à débit ». Les communes à fort taux de HLM verront leurs efforts rémunérés, tandis que les communes riches devront faire le choix : appliquer le seuil ou « payer le prix de l’exclusion des populations défavorisées ». De son côté, l’ANRU prévoit de créer une offre de 250 000 logements locatifs sociaux, de réhabiliter 400 000 logements et d’en démolir 250 000 entre 2004 et 2011. Il s’agit à la fois de diversifier l’offre de logements (pour le rapprocher de l’habitat privé d’une ville « classique ») et de disperser les habitants des tours démolies dans les communes avoisinantes, afin de rééquilibrer l’accueil des populations à revenus modestes. Cet objectif ambitieux de production de mixité se heurte à plusieurs écueils. Dans une première phase, le relogement des familles expulsées pose problème : les logements disponibles, et notamment les grands logements à loyer réduit, sont rares ; partent en premiers les ménages jeunes, ayant des revenus, présentant peu de risques pour les bailleurs… Plus grave, la rénovation urbaine risque à terme de réduire le logement très social : sous prétexte de diversifier l’habitat, les communes sont tentées de favoriser les classes moyennes, qui constituent un électorat bien plus attractif pour les maires que les classes populaires et immigrées.

Les émeutes de novembre ont conduit à une remise en cause des politiques de la ville. La pertinence de l’approche par les territoires plutôt que par les personnes a fait l’objet de vives critiques. Plutôt que de chercher à requalifier les quartiers, on a parlé de favoriser la mobilité individuelle des personnes. La mixité est apparue « comme un leurre, voire comme un horizon contre-productif pour les classes populaires ». Certains ont même avancé qu’une ségrégation urbaine « pacifiée » des populations issues de l’immigration pouvait jouer en faveur de la représentation et de la défense de leurs intérêts. Hugues Lagrange et Marco Oberti s’inscrivent en faux contre une telle vision. Ils défendent une conception de la ville comme espace d’intégration et de mixité sociale, définie comme un « bien précieux » : « On ne pense pas naïvement que l’accent mis sur le mélange résidentiel induira des relations sociales interclasses (…) On peut en attendre plus modestement un effet de réduction d’une logique globale d’homogénéisation sociale des espaces ».

Olivier de Broca

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http://www.strategie.gouv.fr

Voir enfin:

Le facteur démographique

Gunnar Heinsohn, sociologue à l’université de Breme

Jeune Afrique

04/02/2008

Comme dans beaucoup d’autres pays africains, l’explosion de violence au Kenya peut avoir un lien avec une explosion démographique qui a échappé aux médias locaux et internationaux. En seulement quatre-vingts ans, la population kényane a bondi de 2,9 millions d’habitants à 37 millions. Si l’Amérique avait connu une telle croissance démographique depuis 1928, où la population était de 120 millions d’habitants, elle en compterait aujourd’hui 1,56 milliard.

Le Kenya appartient à un groupe d’une quarantaine de pays qui ont eu une croissance démographique exceptionnellement élevée. Dans ces pays, pour 1 000 adultes masculins âgés de 40 à 44 ans, on trouve au moins 2 500 garçons âgés de 0 à 4 ans. Au Kenya, on en trouve 4 190.

Entre 1950 et 1985, l’indice de fécondité kényan a tourné autour de 8 enfants par femme. En 2007, chaque Kényane a donné naissance à une moyenne de 5 enfants (contre 2 par femme aux États-Unis et 1,6 en Grande-Bretagne), et il y avait 40 naissances pour 10 décès. Les chiffres correspondants aux États-Unis ont été de 14 naissances pour 8 décès et en Grande-Bretagne de 10 naissances pour 10 décès.

Conséquence, les Kényans de sexe masculin ont un âge moyen de 18 ans, contre 35 ans aux États-Unis et 39 ans en Grande-Bretagne. Et 42 % des Kényans de sexe masculin ont moins de 15 ans, contre 20 % aux États-Unis et 17 % en Grande-Bretagne. Et du fait de l’amélioration des conditions de vie, ces jeunes Kényans ont plus de dynamisme et d’ambition que leurs aînés.

Le Kenya est ainsi un cas de violence intérieure inspirée par ce que j’appellerais une « poussée de jeunesse » – une période de rapide croissance démographique avec 30 % à 40 % d’adolescents et d’adultes de sexe masculin âgés de 15 à 29 ans.

Avec autant d’hommes jeunes frustrés, mieux nourris et mieux instruits qu’ils ne l’ont jamais été, mais qui n’ont que peu de perspectives de trouver un bon emploi, les pays où cette poussée de jeunesse a eu lieu sont exposés à une forte agitation sociale. Dans ceux où des taux de natalité élevés s’accompagnent d’une grande misère et d’une alimentation pauvre, les jeunes sombrent le plus souvent dans la léthargie. Mais dans d’autres comme le Kenya, les jeunes qui ne se voient pas d’avenir n’hésiteront pas devant la violence plutôt que de se résigner à l’échec. Ces chiffres étant ce qu’ils sont, le plus surprenant au Kenya n’est pas la violence, mais les longues périodes de calme relatif. Ce calme est dû en partie au fait qu’il existe de la terre disponible pour les jeunes qui arrivent à l’âge adulte.

Mais il serait encore plus surprenant que le Kenya retrouve rapidement une harmonie interne. Dans les quinze prochaines années, environ 8,1 millions de Kényans de sexe masculin arriveront à « l’âge de la bagarre » – de 15 à 29 ans – contre 5,7 millions aujourd’hui. Les terres cultivables non utilisées s’épuisent. Le Kenya risque de connaître une vague de violence comparable à celle de ses voisins.


Présidence Obama: L’Amérique est aujourd’hui dirigée par un fantôme (Is America ready for the dreams of his father?)

17 septembre, 2010
Le Président semble du reste sincèrement surpris par le changement d’état d’esprit des Américains à son égard. Rien de tel, après tout, ne lui était jamais arrivé. Barack Obama était devenu président de la revue juridique d’Harvard sans avoir publié un seul article de droit. Il fut élu à Chicago, en 1995, dans une élection rendue plus facile par le fait que tous ses opposants sérieux avaient été disqualifiés par des arguties juridiques. Son autobiographie trouva un éditeur avant d’avoir été écrite, malgré l’obscurité qui était alors la sienne. Il déclara sa candidature à la présidence après moins de deux ans de travail au Sénat, sans y avoir rédigé aucune législation mémorable.Toute la vie adulte du Président a ainsi été marquée par des succès faciles, dans lesquelles l’histoire de sa vie et sa personnalité emportaient l’adhésion sans qu’il ait à prouver le moindre résultat concret. Pour la première fois, depuis son élection, Obama est tenu pour responsable par le peuple américain des résultats de son action. Il ne parvient pas à faire oublier, par le charme et la rhétorique, que ces résultats sont execrables. En conséquence, ce charme lui-même commence visiblement à s’estomper. Blessé de ne plus trouver l’adulation inconditionnelle à laquelle il s’était habitué, le Président devient sec, irritable et souvent mesquin. Sébastien Castellion
Obama est le premier président américain élevé sans attaches culturelles, affectives ou intellectuelles avec la Grande-Bretagne ou l’Europe. Les Anglais et les Européens ont été tellement enchantés par le premier président américain noir qu’ils n’ont pu voir ce qu’il est vraiment: le premier président américain du Tiers-Monde. The Daily Mail
Culturellement, Obama déteste la Grande-Bretagne. Il a renvoyé le buste de Churchill sans la moindre feuille de vigne d’une excuse. Il a insulté la Reine et le Premier ministre en leur offrant les plus insignifiants des cadeaux. A un moment, il a même refusé de rencontrer le Premier ministre. Dr James Lucier (ancien directeur du comité des Affaires étrangères du Senat américain)
49 percent of American voters say President Barack Obama does not share their values, compared to 46 percent who say he does. (…) The fact that so many Americans think the President does not share their values might worry the White House. Historically, voters tend to see Democratic presidents as more likely to share their values than Republicans. Quinnipiac University (September 13, 2010)
The dreams of the father are still alive in the son. Sarah Obama (cogrand-mère)
It was into my father’s image, the black man, son of Africa, that I’d packed all the attributes I sought in myself. (…) My father’s voice had nevertheless remained untainted, inspiring, rebuking, granting or withholding approval. You do not work hard enough, Barry. You must help in your people’s struggle. Wake up, black man! » (…)  I realized that who I was, what I cared about, was no longer just a matter of intellect or obligation, no longer a construct of words. I saw that my life in America–the black life, the white life, the sense of abandonment I’d felt as a boy, the frustration and hope I’d witnessed in Chicago–all of it was connected with this small piece of earth an ocean away, connected by more than the accident of a name or the color of my skin. The pain that I felt was my father’s pain. Barack Hussein Obama (Dreams from my father)
Aussi incroyable que cela puisse paraitre, les États-Unis sont dirigés selon les rêves d’un membre de la tribu des Luo des années 1950. Ce socialiste africain alcoolique et adultère, qui fustigeait le monde pour l’avoir empêché de réaliser ses ambitions anticolonialistes, fixe désormais la politique de la nation à travers la réincarnation de ses rêves dans son fils. Dinesh D’Souza
Nous maintenons toutes nos affirmations mais en termes d’interprétation, on semble surinterpréter côté américain. Il s’agissait d’un échange (entre Mmes Obama et Bruni-Sarkozy) qui se faisait sur le mode de la plaisanterie, du second degré. C’était un dîner informel, décontracté. Yves Derai
Le président m’a demandé de «trouver des moyens pour tendre la main aux pays à majorité musulmane. (…) En plus des nations que la plupart d’entre vous ont l’habitude d’entendre lorsqu’on évoque la Station spatiale internationale, nous élargissons maintenant nos efforts pour tendre la main à d’autres partenaires non-traditionnels (…) Nous aimons vraiment l’Indonésie, parce que le Département d’Etat, le ministère de l’éducation et d’autres agences gouvernementales aux Etats-Unis font des efforts de rapprochement et tendent la main à ce pays qui est le plus grand pays musulman du monde. Nous aimerions mettre en place des partenaires là-bas. Richard Bolden (directeur de la NASA, fevrier 2010)
Quand je suis devenu administrateur de la NASA, il m’a charge de trois choses. Aider a inspirer les enfants a faire des maths et des sciences, étendre nos relations internationales,et troisièmement et ce qui est peut-être le plus important, il voulait que je trouve le moyen de tendre la main au monde musulman et d’avoir plus de contact avec les nations a dominance musulmane pour qu’ils apprécient mieux leur contribution historiques à la science… aux maths et à l’ingénierie. Richard Bolden (NASA, juillet 2010)
We got so caught up in the hate Bush mentality, we let the party get hijacked by our own far left.  That was disaster the moment it happened.  The disaster that will be the midterm election in 2010 started in November of 2006 when Pelosi and Reid took over the Democrat Party.
We definitely had people in the media on our side.  Absolutely.  We went so far as to give them specific ideas for coverage.  The ones who took that advice from the campaign were granted better access, and Obama was the biggest story in 2008, so yeah, that gave us a lot of leverage. (…) on the campaign trail he is very-very good.  The opposition didn’t have near the energy, or the celebrity attraction that Obama brings.  Plus, the country was burned out after eight years of Bush.  We knew that going in.  We knew that if we won the Democrat nomination, we were likely going to cruise our way to the White House – and that is exactly what we did. (…) Obama loved to campaign.  He clearly didn’t like the work of being President though, and that attitude was felt by the entire White House staff within weeks after the inauguration.  Obama the tireless, hard working candidate became a very tepid personality to us.  (…) I hear he plays a lot of golf, and watches a lot of television – ESPN mainly.  I’ll tell you this – if you want to see President Obama get excited about a conversation, turn it to sports.  That gets him interested.  You start talking about Congress, or some policy, and he just kinda turns off.  It’s really very strange.  I mean, we were all led to believe that this guy was some kind of intellectual giant, right?  Ivy League and all that.  Well, that is not what I saw.  Barack Obama doesn’t have a whole lot of intellectual curiosity.  When he is off script, he is what I call a real “slow talker”.  Lots of ummms, and lots of time in between answers where you can almost see the little wheel in his head turning very slowly.  I am not going to say the president is a dumb man, because he is not, but yeah, there was a definite letdown when you actually hear him talking without the script. (…) He just doesn’t strike me as particularly smart.  Bill Clinton is a smart guy – he would run intellectual circles around Barack Obama.  And Bill Clinton loved the politics of being president. Obama seems to think he shouldn’t have to be bothered, which has created a considerable amount of conflict among his staff. (…)he is losing whatever spark he had during the campaign.  When you take away the crowds, Obama gets noticeably smaller.  He shrinks up inside of himself.  He just doesn’t seem to have the confidence to do the job of President, and it’s getting worse and worse.  (…) He really needs the crowds, the cheering, the support of the people. (…) Who else campaigns as well as Barack Obama? Nobody.  What politician is more loved and supported by the media?  Nobody.  I don’t see the Republicans offering up a candidate as powerful as Obama. I mean Sarah Palin? Really? Obama would defeat her by a 20 point landslide!  Romney?  The Republicans will enjoy these midterm elections, but 2012 is Obama’s year if he chooses to run again.   As a president, Obama has many flaws, but as a candidate, he is near flawless. (…) Obama is not up to the job of being president.  He simply doesn’t seem to care about the work involved.  You want to know what?  Obama is lazy.  He really is. And it is getting worse and worse.  Would another four years of Obama be the best thing for America? No it would not.  What this country needs is a president who is focused on the job more than on themselves.  Obama is not that individual.  I actually hope he doesn’t run again.  Looking back, as much fun as the campaign in 2008 was, Hillary Clinton should have been the nominee.  Hillary was ready to be president.  Obama was not ready.  He had never lost a campaign.  Everything was handed to him.  He doesn’t really understand the idea of work – real, hard, get your heart and soul into it work… White House Insider

Alors que, chute libre dans les sondages et élections de mi-mandat annoncées catastrophiques pour son parti obligent, le maitre-charmeur de novembre 2008 semble avoir de plus en plus de mal  à cacher son  impatience et son irritabilité face  à des médias un peu plus critiques …

Et que son administration en est réduite  à batailler ferme pour démentir les propos les plus anodins de son épouse sur son « enfer » supposé à la Maison Blanche que celle-ci aurait, selon un tout récent livre sur Carla Bruni, glissé sur le ton de la plaisanterie  à l’oreille de son homologue francaise …

Retour, avec le commentateur conservateur Dinesh D’Souza, sur les « racines » de la formidable « rage » qui semble habiter le premier président américain du Tiers-Monde.

A attribuer, si l’on en croit son dernier article dans le magazine Forbes  à la veille de la sortie de son prochain livre (« The Roots of Obama’s Rage« ), aux reves de son anticolonialiste de père.

D’ou notamment son insistence  à fustiger le pays de sa mère ou, jusqu’ à lui consacrer  la NASA elle-meme, apaiser par tous les moyens les coreligionnaires de son père …

 

How Obama Thinks

Forbes Magazine

Dinesh D’Souza

09.09.10

The President isn’t exactly a socialist. So what’s driving his hostility to private enterprise? Look to his roots.

Barack Obama is the most antibusiness president in a generation, perhaps in American history. Thanks to him the era of big government is back. Obama runs up taxpayer debt not in the billions but in the trillions. He has expanded the federal government’s control over home mortgages, investment banking, health care, autos and energy. The Weekly Standard summarizes Obama’s approach as omnipotence at home, impotence abroad.

The President’s actions are so bizarre that they mystify his critics and supporters alike. Consider this headline from the Aug. 18, 2009 issue of the Wall Street Journal: « Obama Underwrites Offshore Drilling. » Did you read that correctly? You did. The Administration supports offshore drilling–but drilling off the shores of Brazil. With Obama’s backing, the U.S. Export-Import Bank offered $2 billion in loans and guarantees to Brazil’s state-owned oil company Petrobras to finance exploration in the Santos Basin near Rio de Janeiro–not so the oil ends up in the U.S. He is funding Brazilian exploration so that the oil can stay in Brazil.

More strange behavior: Obama’s June 15, 2010 speech in response to the Gulf oil spill focused not on cleanup strategies but rather on the fact that Americans « consume more than 20% of the world’s oil but have less than 2% of the world’s resources. » Obama railed on about « America’s century-long addiction to fossil fuels. » What does any of this have to do with the oil spill? Would the calamity have been less of a problem if America consumed a mere 10% of the world’s resources?

The oddities go on and on. Obama’s Administration has declared that even banks that want to repay their bailout money may be refused permission to do so. Only after the Obama team cleared a bank through the Fed’s « stress test » was it eligible to give taxpayers their money back. Even then, declared Treasury Secretary Tim Geithner, the Administration might force banks to keep the money.

The President continues to push for stimulus even though hundreds of billions of dollars in such funds seem to have done little. The unemployment rate when Obama took office in January 2009 was 7.7%; now it is 9.5%. Yet he wants to spend even more and is determined to foist the entire bill on Americans making $250,000 a year or more. The rich, Obama insists, aren’t paying their « fair share. » This by itself seems odd given that the top 1% of Americans pay 40% of all federal income taxes; the next 9% of income earners pay another 30%. So the top 10% pays 70% of the taxes; the bottom 40% pays close to nothing. This does indeed seem unfair–to the rich.

Obama’s foreign policy is no less strange. He supports a $100 million mosque scheduled to be built near the site where terrorists in the name of Islam brought down the World Trade Center. Obama’s rationale, that « our commitment to religious freedom must be unshakable, » seems utterly irrelevant to the issue of why the proposed Cordoba House should be constructed at Ground Zero.

Recently the London Times reported that the Obama Administration supported the conditional release of Abdel Baset al-Megrahi, the Lockerbie bomber convicted in connection with the deaths of 270 people, mostly Americans. This was an eye-opener because when Scotland released Megrahi from prison and sent him home to Libya in August 2009, the Obama Administration publicly and appropriately complained. The Times, however, obtained a letter the Obama Administration sent to Scotland a week before the event in which it said that releasing Megrahi on « compassionate grounds » was acceptable as long as he was kept in Scotland and would be « far preferable » to sending him back to Libya. Scottish officials interpreted this to mean that U.S. objections to Megrahi’s release were « half-hearted. » They released him to his home country, where he lives today as a free man.

One more anomaly: A few months ago nasa Chief Charles Bolden announced that from now on the primary mission of America’s space agency would be to improve relations with the Muslim world. Come again? Bolden said he got the word directly from the President. « He wanted me to find a way to reach out to the Muslim world and engage much more with dominantly Muslim nations to help them feel good about their historic contribution to science and math and engineering. » Bolden added that the International Space Station was a model for nasa’s future, since it was not just a U.S. operation but included the Russians and the Chinese. Obama’s redirection of the agency caused consternation among former astronauts like Neil Armstrong and John Glenn, and even among the President’s supporters: Most people think of nasa’s job as one of landing on the moon and Mars and exploring other faraway destinations. Sure, we are for Islamic self-esteem, but what on earth was Obama up to here?

Theories abound to explain the President’s goals and actions. Critics in the business community–including some Obama voters who now have buyer’s remorse–tend to focus on two main themes. The first is that Obama is clueless about business. The second is that Obama is a socialist–not an out-and-out Marxist, but something of a European-style socialist, with a penchant for leveling and government redistribution.

These theories aren’t wrong so much as they are inadequate. Even if they could account for Obama’s domestic policy, they cannot explain his foreign policy. The real problem with Obama is worse–much worse. But we have been blinded to his real agenda because, across the political spectrum, we all seek to fit him into some version of American history. In the process, we ignore Obama’s own history. Here is a man who spent his formative years–the first 17 years of his life–off the American mainland, in Hawaii, Indonesia and Pakistan, with multiple subsequent journeys to Africa.

A good way to discern what motivates Obama is to ask a simple question: What is his dream? Is it the American dream? Is it Martin Luther King’s dream? Or something else?

It is certainly not the American dream as conceived by the founders. They believed the nation was a « new order for the ages. » A half-century later Alexis de Tocqueville wrote of America as creating « a distinct species of mankind. » This is known as American exceptionalism. But when asked at a 2009 press conference whether he believed in this ideal, Obama said no. America, he suggested, is no more unique or exceptional than Britain or Greece or any other country.

Perhaps, then, Obama shares Martin Luther King’s dream of a color-blind society. The President has benefited from that dream; he campaigned as a nonracial candidate, and many Americans voted for him because he represents the color-blind ideal. Even so, King’s dream is not Obama’s: The President never champions the idea of color-blindness or race-neutrality. This inaction is not merely tactical; the race issue simply isn’t what drives Obama.

What then is Obama’s dream? We don’t have to speculate because the President tells us himself in his autobiography, Dreams from My Father. According to Obama, his dream is his father’s dream. Notice that his title is not Dreams of My Father but rather Dreams from My Father. Obama isn’t writing about his father’s dreams; he is writing about the dreams he received from his father.

So who was Barack Obama Sr.? He was a Luo tribesman who grew up in Kenya and studied at Harvard. He was a polygamist who had, over the course of his lifetime, four wives and eight children. One of his sons, Mark Obama, has accused him of abuse and wife-beating. He was also a regular drunk driver who got into numerous accidents, killing a man in one and causing his own legs to be amputated due to injury in another. In 1982 he got drunk at a bar in Nairobi and drove into a tree, killing himself.

An odd choice, certainly, as an inspirational hero. But to his son, the elder Obama represented a great and noble cause, the cause of anticolonialism. Obama Sr. grew up during Africa’s struggle to be free of European rule, and he was one of the early generation of Africans chosen to study in America and then to shape his country’s future.

I know a great deal about anticolonialism, because I am a native of Mumbai, India. I am part of the first Indian generation to be born after my country’s independence from the British. Anticolonialism was the rallying cry of Third World politics for much of the second half of the 20th century. To most Americans, however, anticolonialism is an unfamiliar idea, so let me explain it.

Anticolonialism is the doctrine that rich countries of the West got rich by invading, occupying and looting poor countries of Asia, Africa and South America. As one of Obama’s acknowledged intellectual influences, Frantz Fanon, wrote in The Wretched of the Earth, « The well-being and progress of Europe have been built up with the sweat and the dead bodies of Negroes, Arabs, Indians and the yellow races. »

Anticolonialists hold that even when countries secure political independence they remain economically dependent on their former captors. This dependence is called neocolonialism, a term defined by the African statesman Kwame Nkrumah (1909–72) in his book Neocolonialism: The Last Stage of Imperialism. Nkrumah, Ghana’s first president, writes that poor countries may be nominally free, but they continue to be manipulated from abroad by powerful corporate and plutocratic elites. These forces of neocolonialism oppress not only Third World people but also citizens in their own countries. Obviously the solution is to resist and overthrow the oppressors. This was the anticolonial ideology of Barack Obama Sr. and many in his generation, including many of my own relatives in India.

Obama Sr. was an economist, and in 1965 he published an important article in the East Africa Journal called « Problems Facing Our Socialism. » Obama Sr. wasn’t a doctrinaire socialist; rather, he saw state appropriation of wealth as a necessary means to achieve the anticolonial objective of taking resources away from the foreign looters and restoring them to the people of Africa. For Obama Sr. this was an issue of national autonomy. « Is it the African who owns this country? If he does, then why should he not control the economic means of growth in this country? »

As he put it, « We need to eliminate power structures that have been built through excessive accumulation so that not only a few individuals shall control a vast magnitude of resources as is the case now. » The senior Obama proposed that the state confiscate private land and raise taxes with no upper limit. In fact, he insisted that « theoretically there is nothing that can stop the government from taxing 100% of income so long as the people get benefits from the government commensurate with their income which is taxed. »

Remarkably, President Obama, who knows his father’s history very well, has never mentioned his father’s article. Even more remarkably, there has been virtually no reporting on a document that seems directly relevant to what the junior Obama is doing in the White House.

While the senior Obama called for Africa to free itself from the neocolonial influence of Europe and specifically Britain, he knew when he came to America in 1959 that the global balance of power was shifting. Even then, he recognized what has become a new tenet of anticolonialist ideology: Today’s neocolonial leader is not Europe but America. As the late Palestinian scholar Edward Said–who was one of Obama’s teachers at Columbia University–wrote in Culture and Imperialism, « The United States has replaced the earlier great empires and is the dominant outside force. »

From the anticolonial perspective, American imperialism is on a rampage. For a while, U.S. power was checked by the Soviet Union, but since the end of the Cold War, America has been the sole superpower. Moreover, 9/11 provided the occasion for America to invade and occupy two countries, Iraq and Afghanistan, and also to seek political and economic domination in the same way the French and the British empires once did. So in the anticolonial view, America is now the rogue elephant that subjugates and tramples the people of the world.

It may seem incredible to suggest that the anticolonial ideology of Barack Obama Sr. is espoused by his son, the President of the United States. That is what I am saying. From a very young age and through his formative years, Obama learned to see America as a force for global domination and destruction. He came to view America’s military as an instrument of neocolonial occupation. He adopted his father’s position that capitalism and free markets are code words for economic plunder. Obama grew to perceive the rich as an oppressive class, a kind of neocolonial power within America. In his worldview, profits are a measure of how effectively you have ripped off the rest of society, and America’s power in the world is a measure of how selfishly it consumes the globe’s resources and how ruthlessly it bullies and dominates the rest of the planet.

For Obama, the solutions are simple. He must work to wring the neocolonialism out of America and the West. And here is where our anticolonial understanding of Obama really takes off, because it provides a vital key to explaining not only his major policy actions but also the little details that no other theory can adequately account for.

Why support oil drilling off the coast of Brazil but not in America? Obama believes that the West uses a disproportionate share of the world’s energy resources, so he wants neocolonial America to have less and the former colonized countries to have more. More broadly, his proposal for carbon taxes has little to do with whether the planet is getting warmer or colder; it is simply a way to penalize, and therefore reduce, America’s carbon consumption. Both as a U.S. Senator and in his speech, as President, to the United Nations, Obama has proposed that the West massively subsidize energy production in the developing world.

Rejecting the socialist formula, Obama has shown no intention to nationalize the investment banks or the health sector. Rather, he seeks to decolonize these institutions, and this means bringing them under the government’s leash. That’s why Obama retains the right to refuse bailout paybacks–so that he can maintain his control. For Obama, health insurance companies on their own are oppressive racketeers, but once they submitted to federal oversight he was happy to do business with them. He even promised them expanded business as a result of his law forcing every American to buy health insurance.

If Obama shares his father’s anticolonial crusade, that would explain why he wants people who are already paying close to 50% of their income in overall taxes to pay even more. The anticolonialist believes that since the rich have prospered at the expense of others, their wealth doesn’t really belong to them; therefore whatever can be extracted from them is automatically just. Recall what Obama Sr. said in his 1965 paper: There is no tax rate too high, and even a 100% rate is justified under certain circumstances.

Obama supports the Ground Zero mosque because to him 9/11 is the event that unleashed the American bogey and pushed us into Iraq and Afghanistan. He views some of the Muslims who are fighting against America abroad as resisters of U.S. imperialism. Certainly that is the way the Lockerbie bomber Abdel Baset al-Megrahi portrayed himself at his trial. Obama’s perception of him as an anticolonial resister would explain why he gave tacit approval for this murderer of hundreds of Americans to be released from captivity.

Finally, nasa. No explanation other than anticolonialism makes sense of Obama’s curious mandate to convert a space agency into a Muslim and international outreach. We can see how well our theory works by recalling the moon landing of Apollo 11 in 1969. « One small step for man, » Neil Armstrong said. « One giant leap for mankind. »

But that’s not how the rest of the world saw it. I was 8 years old at the time and living in my native India. I remember my grandfather telling me about the great race between America and Russia to put a man on the moon. Clearly America had won, and this was one giant leap not for mankind but for the U.S. If Obama shares this view, it’s no wonder he wants to blunt nasa’s space program, to divert it from a symbol of American greatness into a more modest public relations program.

Clearly the anticolonial ideology of Barack Obama Sr. goes a long way to explain the actions and policies of his son in the Oval Office. And we can be doubly sure about his father’s influence because those who know Obama well testify to it. His « granny » Sarah Obama (not his real grandmother but one of his grandfather’s other wives) told Newsweek, « I look at him and I see all the same things–he has taken everything from his father. The son is realizing everything the father wanted. The dreams of the father are still alive in the son. »

In his own writings Obama stresses the centrality of his father not only to his beliefs and values but to his very identity. He calls his memoir « the record of a personal, interior journey–a boy’s search for his father and through that search a workable meaning for his life as a black American. » And again, « It was into my father’s image, the black man, son of Africa, that I’d packed all the attributes I sought in myself. » Even though his father was absent for virtually all his life, Obama writes, « My father’s voice had nevertheless remained untainted, inspiring, rebuking, granting or withholding approval. You do not work hard enough, Barry. You must help in your people’s struggle. Wake up, black man! »

The climax of Obama’s narrative is when he goes to Kenya and weeps at his father’s grave. It is riveting: « When my tears were finally spent, » he writes, « I felt a calmness wash over me. I felt the circle finally close. I realized that who I was, what I cared about, was no longer just a matter of intellect or obligation, no longer a construct of words. I saw that my life in America–the black life, the white life, the sense of abandonment I’d felt as a boy, the frustration and hope I’d witnessed in Chicago–all of it was connected with this small piece of earth an ocean away, connected by more than the accident of a name or the color of my skin. The pain that I felt was my father’s pain. »

In an eerie conclusion, Obama writes that « I sat at my father’s grave and spoke to him through Africa’s red soil. » In a sense, through the earth itself, he communes with his father and receives his father’s spirit. Obama takes on his father’s struggle, not by recovering his body but by embracing his cause. He decides that where Obama Sr. failed, he will succeed. Obama Sr.’s hatred of the colonial system becomes Obama Jr.’s hatred; his botched attempt to set the world right defines his son’s objective. Through a kind of sacramental rite at the family tomb, the father’s struggle becomes the son’s birthright.

Colonialism today is a dead issue. No one cares about it except the man in the White House. He is the last anticolonial. Emerging market economies such as China, India, Chile and Indonesia have solved the problem of backwardness; they are exploiting their labor advantage and growing much faster than the U.S. If America is going to remain on top, we have to compete in an increasingly tough environment.

But instead of readying us for the challenge, our President is trapped in his father’s time machine. Incredibly, the U.S. is being ruled according to the dreams of a Luo tribesman of the 1950s. This philandering, inebriated African socialist, who raged against the world for denying him the realization of his anticolonial ambitions, is now setting the nation’s agenda through the reincarnation of his dreams in his son. The son makes it happen, but he candidly admits he is only living out his father’s dream. The invisible father provides the inspiration, and the son dutifully gets the job done. America today is governed by a ghost.

Dinesh D’Souza, the president of the King’s College in New York City, is the author of the forthcoming book The Roots of Obama’s Rage (Regnery Publishing).

Voir aussi:

White House Insider on Obama: “the President is Losing It.”

Ulsterman

News flavor

September 7, 2010

A longtime Washington D.C. insider, and former advisor to the Obama election campaign and transition team, speaks out on an administration in crisis, and a president increasingly withdrawn from the job of President.

2008 gave America an incredibly charismatic candidate for President of the United States.  Speech after speech showed a candidate with increasing momentum as primary race after primary race concluded.  And then came the nomination, more speeches, culminating in an election night victory.

According to the person sitting across from me, those were incredibly exciting times, even for one who had been a participant with three previous presidential hopefuls. Barack Obama appeared to move from one city to the next effortlessly, gaining confidence and motivation with each campaign stop.  He was remarkable to watch.  He took the script, elevated it with his oration, left the crowds screaming for more, and then would do it all over again, time after time after time.  On the campaign trail, Obama is a machine.

When I asked this insider if the media gave candidate Obama an assist throughout his campaign, it elicits a sly smile.  Sure – we definitely had people in the media on our side.  Absolutely.  We went so far as to give them specific ideas for coverage.  The ones who took that advice from the campaign were granted better access, and Obama was the biggest story in 2008, so yeah, that gave us a lot of leverage.

Could Obama have succeeded without the media’s help?  Yeah, I think so.  As I said, on the campaign trail he is very-very good.  The opposition didn’t have near the energy, or the celebrity attraction that Obama brings.  Plus, the country was burned out after eight years of Bush.  We knew that going in.  We knew that if we won the Democrat nomination, we were likely going to cruise our way to the White House – and that is exactly what we did.”

But after Obama was sworn in, things began to change?  Almost immediately.  Obama loved to campaign.  He clearly didn’t like the work of being President though, and that attitude was felt by the entire White House staff within weeks after the inauguration.  Obama the tireless, hard working candidate became a very tepid personality to us.  And the few news stories that did come out against him were the only things he seemed to care about.  He absolutely obsesses over Fox News.  For being so successful, Barack Obama is incredibly thin-skinned.  He takes everything very personally.

And you state he despises Joe Biden?  Oh yeah.  That is very well known in the White House.  Obama chose Biden for one reason – to have an older white guy with some international policy credentials.  Period.  If Biden has all of this international experience that Obama found so valuable, why has he buried him under the pile of crap that became the stimulus bill?  What does Joe Biden know about budgets and economics?  Not much – but Obama didn’t care.  Give Joe a job and get him the hell out of my hair – that pretty much sums up the president’s feelings toward Joe Biden.

What about Hillary Clinton?  Obama is scared to death of Hillary.  He doesn’t trust her – obsesses over her almost as much as he does Fox News.  He respects her though, which might be why he fears her so much as well.  He talks the game, but when it comes down to it, she has played the game on a far tougher level than he has, and Obama knows that.

How about Bill Clinton?  I never heard Obama say anything about Bill Clinton personally, though I was told he has cracked a few jokes about the former president since getting into the White House.  I have heard that Bill Clinton does not like Barack Obama.  That really started when Obama played the race card against him during the primary campaign.  Apparently Clinton was apoplectic over that and still hasn’t gotten over it.  If there is one thing I have learned in this town – don’t make an enemy of Bill Clinton.

So if Obama doesn’t appear interested in the job of president, what does he do day after day?  Well, he takes his meetings just like any other president would, though even then, he seems to lack a certain focus and on a few occasions, actually leaves with the directive that be given a summary of the meeting at a later date. I hear he plays a lot of golf, and watches a lot of television – ESPN mainly.  I’ll tell you this – if you want to see President Obama get excited about a conversation, turn it to sports.  That gets him interested.  You start talking about Congress, or some policy, and he just kinda turns off.  It’s really very strange.  I mean, we were all led to believe that this guy was some kind of intellectual giant, right?  Ivy League and all that.  Well, that is not what I saw.  Barack Obama doesn’t have a whole lot of intellectual curiosity.  When he is off script, he is what I call a real “slow talker”.  Lots of ummms, and lots of time in between answers where you can almost see the little wheel in his head turning very slowly.  I am not going to say the president is a dumb man, because he is not, but yeah, there was a definite letdown when you actually hear him talking without the script.

That sounds like you are calling Obama stupid to me.  No – I am not going to call him stupid.  He just doesn’t strike me as particularly smart.  Bill Clinton is a smart guy – he would run intellectual circles around Barack Obama.  And Bill Clinton loved the politics of being president. Obama seems to think he shouldn’t have to be bothered, which has created a considerable amount of conflict among his staff.

So how bad are things at the White House these days?  I don’t know about right now, because I have not been there in over a month.  But I still hear things, and I know what it was like when I left.  It’s not good.  As bad as it might look to voters based on what they do know, it’s much worse.  The infighting is off the charts.  You got a Chief of Staff who despises cabinet members, advisors who despise the Chief of Staff, a President and First Lady having their own issues…

Come again – what about the First Lady?  (The insider takes a deep breath) Ok, look, just like any other marriage, folks have issues.  The Obamas are no different, except of course they are very high profile.  I was told they were having issues before the campaign, and they have even more issues now.  Maybe that is why Obama seems so detached – not so much the stress of the White House, but the stress of personal issues.  I can certainly relate to that kind of situation.

Care to clarify some more on the Obama marriage?  No.  That is all I will say about that.  Don’t ask again.

Ok, back to President Obama then.  In just a few words, how would you describe him these days?  Like I said, it’s been a while since I was last at the White House, but I don’t have a problem saying that the president is losing it. I don’t mean he is like losing his mind.  I mean to say that he is losing whatever spark he had during the campaign.  When you take away the crowds, Obama gets noticeably smaller.  He shrinks up inside of himself.  He just doesn’t seem to have the confidence to do the job of President, and it’s getting worse and worse.  Case in point – just a few days before I left, I saw first hand the President of the United States yelling at a member of his staff.  He was yelling like a spoiled child.  And then he pouted for several moments after.  I wish I was kidding, or exaggerating, but I am not.  The President of the United States threw a temper tantrum.  The jobs reports are always setting him off, and he is getting increasingly conspiratorial over the unemployment numbers.  I never heard it myself, but was told that Obama thinks the banking system is out to get him now.  That they and the big industries are making him pay for trying to regulate them more.  That is the frame of mind the President is in these days.  And you know what?  Maybe he is right, who knows?

Will Obama run again in 2012?  I don’t know. That subject was never brought up again after 2008, at least not around me.  If he does, I think it would have more to do with allowing him another year and a half of campaigning again.  He just loves it so much.  He really needs the crowds, the cheering, the support of the people.

Can he win in 2012?  Oh – absolutely.  Who else campaigns as well as Barack Obama? Nobody.  What politician is more loved and supported by the media?  Nobody.  I don’t see the Republicans offering up a candidate as powerful as Obama. I mean Sarah Palin? Really? Obama would defeat her by a 20 point landslide!  Romney?  The Republicans will enjoy these midterm elections, but 2012 is Obama’s year if he chooses to run again.   As a president, Obama has many flaws, but as a candidate, he is near flawless.

But would another four years of an Obama presidency be the best thing for America?  (Long pause)  Now that is a much more interesting question right there, and a question I think more and more Democrat Party insiders are asking themselves these days, myself included.  I am going to come right out and say it – No.  Obama is not up to the job of being president.  He simply doesn’t seem to care about the work involved.  You want to know what?  Obama is lazy.  He really is. And it is getting worse and worse.  Would another four years of Obama be the best thing for America? No it would not.  What this country needs is a president who is focused on the job more than on themselves.  Obama is not that individual.  I actually hope he doesn’t run again.  Looking back, as much fun as the campaign in 2008 was, Hillary Clinton should have been the nominee.  Hillary was ready to be president.  Obama was not ready.  He had never lost a campaign.  Everything was handed to him.  He doesn’t really understand the idea of work – real, hard, get your heart and soul into it work.  And frankly, that is very disappointing to a whole lot of us…

Voir aussi:

White House Insider Part 2: « The President needs to grow up. »

Ulsterman

September 15, 2010

The second installment of our ongoing Insider Series…

Once again we have the privilege of speaking with someone from within the Obama team – a former member of the Obama campaign and transition team, and longtime Washington DC political insider.  This is the follow up to our original discussion that took place a few weeks ago.

So you still wish to keep your name hidden from the public? Why?  I intend to remain working in this town for a bit longer.  A public disclosure might complicate that just a bit given who is in power right now.  But I won’t be the last one from the current administration coming forward.  After the midterms, there will be a number of us speaking about what is really going on in the Democrat Party, if for nothing else because it’s such a damn mess right now.

What do you mean “it’s a damn mess”?  I mean just what I said.  The Democrat Party is the most chaotic I have ever seen it – and that goes back almost 30 years.

So who is to blame?  We all are.  By we I mean those of us who were working within the party power structure the last ten years or so.  We got so caught up in the hate Bush mentality, we let the party get hijacked by our own far left.  That was disaster the moment it happened.  The disaster that will be the midterm election in 2010 started in November of 2006 when Pelosi and Reid took over the Democrat Party.  Those two have only brought trouble to the Democrat Party since day one of that time.

How do you mean?  (A long pause…) Look, I’ve been in the Democrat Party in one way or other, be it campaigns, fundraising, lobbying, whatever…we lost our way in 2006.  We put in place a Speaker of the House who is an absolute public relations train wreck.  The lady is a… She’s tough. Yeah, she’s real tough. But outside of the halls of Congress, forget it.  She’s a nut to the American people because America was and is a right of center country.  As a Democrat I say that, because I understand it.  Bill Clinton understood it.  Pelosi, Reid, Obama…they don’t accept that fact.


Europe: C’est le lobby juif, imbécile! (When in doubt, blame the Jewish lobby)

15 septembre, 2010
Now, the world has its share of Christian, Jewish, Hindu and other religious extremists. Sometimes that extremism leads to violence. At least in America, however, to compare this to the sustained, organized international war crimes planned and carried out by Islamic extremists beggars belief. No one walks the streets of Manhattan fearing a Methodist may blow up his office, hijack his flight, or kill his son fighting in Afghanistan. Unless you are Angelina Jolie or the dean of Yale Law School, this is not only true but obvious. William McGurn
On pouvait se demander, en effet, et on se demandait même chez beaucoup de Juifs, si l’implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et au milieu des peuples arabes qui lui étaient foncièrement hostiles, n’allait pas entraîner d’incessants, d’interminables, frictions et conflits. Certains même redoutaient que les Juifs, jusqu’alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tous temps, c’est-à-dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur, n’en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf siècles. De Gaulle (conférence de presse du 27 novembre 1967)
J’ai été personnellement interpellée par des circonstances qui donnent l’impression que des personnes sont renvoyées d’un Etat membre (de l’UE) juste parce qu’elles appartiennent à une certaine minorité ethnique. Je pensais que l’Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la Deuxième Guerre mondiale. Viviane Reding (Commissaire européenne chargée de la Justice)
Ne sous-estimez pas le lobby juif au Capitole. C’est le lobby le mieux organise, il ne faut pas sous-estimer l’emprise qu’il a sur la politique americaine – que ce soit sur les Republicains ou les Democrates. (…). Il y a en effet une croyance – il est difficile de decrire ca autrement – parmi la plupart des juifs qu’ils ont raison. Et ce n’est pas tellement le fait qu’ils soient religieux ou pas. Les juifs laics partagent aussi la meme croyance qu’ils ont raison. Donc il n’est pas facile, même avec des juifs modérés, d’avoir une conversation rationnelle sur ce qui se passé au Moyen-Orient. Karel De Gucht
Il s’agit de commentaires personnels qui ne représentent pas la position bien connue de la Commission européenne. Olivier Bailly (porte-parole de l’exécutif européen)
Je regrette que les commentaires que j’ai faits aient ete interpretes dans un sens qui n’etait pas du tout dans mes intentions. Mon propos n’était pas d’offenser ni de stigmatiser la communauté juive. Je veux qu’il soit clair que l’anti-sémitisme n’a pas sa place dans le monde d’aujourd’hui, et ce celui-ci va à l’encontre de nos valeurs européennes. Karel De Gucht
Sur base des réassurances apportées par Karel De Gucht auprès du président Barroso, le président considère l’incident comme clos. Olivier Bailly (porte-parole de l’exécutif européen)
Une fois de plus, nous avons un politicien de haut rang en Europe qui tient des propos outrageusement antisémites. La calomnie du lobby juif est apparemment acceptable au plus haut niveau de l’Union européenne. Cela devrait inquiéter tous ceux qui veulent une Europe plus tolérante. Moshe Kantor (président  du Congrès juif européen)

Pour ceux qui s’inquieteraient au cas ou les Palestiniens rateraient une nouvelle occasion de rater une occasion …

A l’heure ou un banquier de la Bundesbank se voit limoger pour propos non politiquement corrects surl’intégration des minorités musulmanes dans son pays …

Et la France est condamnée par Bruxelles pour ses expulsions de clandestins roms ..

Pendant qu’aux Etats-Unis l’imam de la future Mosquée du 11-septembre continue sa brillante démonstration de tolérance et de modération

Devinez la réaction de la meme Union européenne qui avait créé il y a 10 ans un cordon sanitaire contre un gouvernement autrichien incluant un ministre d’extrême droite …

Suite au dérapage gaullien d’un de ses membres contre le « lobby juif » à Washington et le prétendu ‘caractère borné’ des juifs sur le Proche-Orient?

Europe Reverts to Type

The EU’s response to anti-Semitism? « No comment. »

Bret Stephens

The WSJ

September 14, 2010

If a top European mandarin mouths off about Jews and the rest of Europe’s political class acts like it’s no big deal, does that make them cowards, accomplices—or just politically astute? Probably all three.

Earlier this month, Karel De Gucht, the European Union’s trade commissioner and a former foreign minister of Belgium, gave an interview to a Flemish radio station in which he offered the view that the Israeli-Palestinian negotiations were sure to founder on two accounts: first, because Jews are excessively influential in the U.S; second, because they are not the sorts to be reasoned with.

« Do not underestimate the Jewish lobby on Capitol Hill, » Mr. De Gucht said, dispensing with the usual fine-grained, face-saving distinction about the difference between a « Jewish » and an « Israel » lobby. « This is the best organized lobby, you shouldn’t underestimate the grip it has on American politics—no matter whether it’s Republicans or Democrats. »

Nor was that all the commissioner had to say on the subject. « There is indeed a belief—it’s difficult to describe it otherwise—among most Jews that they are right, » he said. « And it’s not so much whether these are religious Jews or not. Lay Jews also share the same belief that they are right. So it is not easy to have, even with moderate Jews, a rational discussion about what is actually happening in the Middle East. »

Here, then, was a case not of « criticism of Israel » or « anti-Zionism, » the usual sheets under which this sort of mentality hides. Mr. De Gucht’s target was Jews, the objects of his opprobrium their malign political influence and crippled mental reflexes. If this isn’t anti-Semitism, the term has no meaning.

But perhaps it no longer does, at least in Europe. « I regret that the comments that I made have been interpreted in a sense I did not intend, » Mr. De Gucht said, by way of non-apology. « I did not mean in any possible way to cause offense or stigmatize the Jewish community. I want to make clear that anti-Semitism has no place in today’s world. »

The comment admits of two interpretations: (1) that it is insincere, and therefore an act of political expediency; (2) that it is sincere, and Mr. De Gucht thinks that casually bad-mouthing Jews doesn’t quite reach the threshold of « anti-Semitism »—defined, as the saying has it, as hating Jews more than is strictly necessary.

I suspect the latter interpretation, which has an old European pedigree, is closer to the mark. But whatever Mr. De Gucht’s motives, the more interesting phenomenon has been the European non-reaction. « No comment, » says a spokesman for German Foreign Minister Guido Westerwelle. « Our position on anti-Semitism is very clear but we have no comments on other people’s statements, » says a spokesman for Italian Foreign Minister Franco Frattini. « High Representative [Catherine] Ashton is confident [De Gucht] didn’t mean any offense, and that he apologized, » says a spokeswoman for the EU’s High Representative for Foreign Affairs and Security Policy. « He made personal comments for which he expressed his personal regret and there is no further comment to make, » says a spokesman for the European Commission.

Now imagine that Mr. De Gucht had made analogous comments about Muslims: What would have been the reaction then? Actually, it’s not hard to guess. For weeks, Germany has been in an uproar over a book by Bundesbank member Thilo Sarrazin that has unflattering things to say about Muslim immigrants and what they portend for Germany’s future. I have no brief for Mr. Sarrazin (who also made a somewhat cryptic comment about Jews sharing « a particular gene »). But why has Mr. Sarrazin been forced to quit the Central Bank and is now being drummed out of his Social Democratic Party at the same time that Mr. De Gucht has been given a pass?

One answer is that there are about 1.5 million Jews in the EU today, as against some 16 million Muslims, and politicians are responsive to numbers. Fair enough. The other answer is that Europe—and not just Muslim Europe—is pervasively anti-Semitic.

If that sounds over-the-top, consider that last year the Anti-Defamation League conducted a survey of European attitudes toward Jews in seven different countries. Do Jews have « too much power in the business world »? In France, 33% said this was « probably true »; in Spain it was 56%. Were Jews to some degree responsible for the global economic crisis? In Germany, 30% thought so; in Austria, 43% did. A separate 2008 Pew Survey also found that 25% of Germans, 36% of Poles and 46% of Spaniards had a « very » or « somewhat » unfavorable opinion of Jews.

As part of his defense, Mr. De Gucht insisted he was only offering his « personal point of view, » and not those of the European Commission as a whole. He shouldn’t be so modest. He has his constituency. It’s why he remains in office. It’s why Europe’s future is beginning to look increasingly like Europe’s past.

Voir aussi:

Karel De Gucht dérape sur le lobby juif au Capitole

Le franc-parler de Karel De Gucht risque de lui valoir une nouvelle fois des ennuis: ses déclarations sur le lobby juif à Washington suscitent en effet un début de polémique, qui a obligé la Commission européenne à se positionner.

RTL

ven 3 sep. 2010

L’ancien ministre des Affaires étrangères, actuellement commissaire au commerce, a affiché jeudi son scepticisme sur les chances de succès des nouvelles négociations directes entre Palestiniens et Israéliens. Interrogé sur une radio néerlandophone, il a affirmé notamment que « le lobby juif au Capitole ne doit pas être sous-estimé » et que le premier ministre israélien, Benjamin Netanyehou n’était « certainement pas une colombe ». « Ne sous-estimez pas non plus l’avis du juif moyen en dehors d’Israël », chez qui il existe « la croyance d’avoir raison », a ajouté Karel De Gucht. « Il n’est pas facile, même avec un juif modéré, d’avoir une conversation rationnelle ».

« Des commentaires personnels »

Ses propos ont été relayés à la conférence de presse quotidienne de la Commission européenne par des journalistes qui les ont qualifiés de « racistes ». Le porte-parole de l’exécutif communautaire a refusé de les commenter. « Il s’agit de commentaires personnels qui ne représentent pas la position bien connue de la Commission européenne », a-t-il dit.

Tendance dangereuse

Les déclarations de Karel De Gucht ont par ailleurs été condamnées par le Congrès juif européen (European Jewish Congress, EJC), qui a exigé des excuses et une rétractation immédiate. « Cela fait partie d’une tendance dangereuse de provocation à l’encontre des juifs et d’Israël en Europe, qui doit être éradiquée immédiatement », a affirmé le président de l’EJC, Moshe Kantor, cité sur le site web de l’organisation. « Une fois de plus, nous avons un politicien de haut rang en Europe qui tient des propos outrageusement antisémites. La calomnie du lobby juif est apparemment acceptable au plus haut niveau de l’Union européenne. Cela devrait inquiéter tous ceux qui veulent une Europe plus tolérante », selon lui.

Voir enfin:

Le Wall Street Journal demande la révocation de De Gucht

Le journal financier américain The Wall Street Journal a vivement condamné les récents propos du commissaire européen Karel De Gucht sur le lobby juif américain à l’occasion de la relance des négociations entre Israéliens et Palestiniens.

mer 8 sep. 2010

Dans un éditorial publié mardi, le quotidien dénonce une réaction trop faible des autorités européennes face aux propos de M. De Gucht, pour lesquels celui-ci s’est entre-temps excusé. Pour rappel, l’ancien ministre des Affaires étrangères, actuellement commissaire au commerce, avait affiché son scepticisme sur les chances de succès des nouvelles négociations directes entre Palestiniens et Israéliens.

Des propos personnels…

Interrogé sur une radio néerlandophone, il avait affirmé notamment que « le lobby juif au Capitole ne doit pas être sous-estimé » et que le premier ministre israélien, Benjamin Netanyehou n’était « certainement pas une colombe ». « Ne sous-estimez pas non plus l’avis du juif moyen en dehors d’Israël », chez qui il existe « la croyance d’avoir raison », a ajouté Karel De Gucht. « Il n’est pas facile, même avec un juif modéré, d’avoir une conversation rationnelle », avait-il également indiqué.

Le Wall Street Journal exige la révocation de De Gucht

Rappelant le cordon sanitaire imposé en Europe autour de l’Autriche de Jörg Haider il y a dix ans, le Wall Street Journal demande au président Barroso de révoquer le commissaire européen belge en charge du Commerce, sans quoi la Maison blanche devrait annuler le sommet UE-USA prévu en novembre prochain, estime le quotidien new-yorkais.

Now, the world has its share of Christian, Jewish, Hindu and other religious extremists. Sometimes that extremism leads to violence. At least in America, however, to compare this to the sustained, organized international war crimes planned and carried out by Islamic extremists beggars belief. No one walks the streets of Manhattan fearing a Methodist may blow up his office, hijack his flight, or kill his son fighting in Afghanistan. Unless you are Angelina Jolie or the dean of Yale Law School, this is not only true but obvious. WILLIAM MCGURN
On pouvait se demander, en effet, et on se demandait même chez beaucoup de Juifs, si l’implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et au milieu des peuples arabes qui lui étaient foncièrement hostiles, n’allait pas entraîner d’incessants, d’interminables, frictions et conflits. Certains même redoutaient que les Juifs, jusqu’alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tous temps, c’est-à-dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur, n’en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf siècles. De Gaulle (conférence de presse du 27 novembre 1967)
Ne sous-estimez pas le lobby juif au Capitole. C’est le lobby le mieux organise, il ne faut pas sous-estimer l’emprise qu’il a sur la politique americaine – que ce soit sur les Republicains ou les Democrates. (…). Il y a en effet une croyance – il est difficile de decrire ca autrement – parmi la plupart des juifs qu’ils ont raison. Et ce n’est pas tellement le fait qu’ils soient religieux ou pas. Les juifs laics partagent aussi la meme croyance qu’ils ont raison. Donc il n’est pas facile, même avec des juifs modérés, d’avoir une conversation rationnelle sur ce qui se passé au Moyen-Orient. Karel De Gucht
Il s’agit de commentaires personnels qui ne représentent pas la position bien connue de la Commission européenne. Olivier Bailly (porte-parole de l’exécutif européen)
Je regrette que les commentaires que j’ai faits aient ete interpretes dans un sens qui n’etait pas du tout dans mes intentions. Mon propos n’était pas d’offenser ni de stigmatiser la communauté juive. Je veux qu’il soit clair que l’anti-sémitisme n’a pas sa place dans le monde d’aujourd’hui, et ce celui-ci va à l’encontre de nos valeurs européennes. Karel De Gucht
Sur base des réassurances apportées par Karel De Gucht auprès du président Barroso, le président considère l’incident comme clos. Olivier Bailly (porte-parole de l’exécutif européen)
Une fois de plus, nous avons un politicien de haut rang en Europe qui tient des propos outrageusement antisémites. La calomnie du lobby juif est apparemment acceptable au plus haut niveau de l’Union européenne. Cela devrait inquiéter tous ceux qui veulent une Europe plus tolérante. Moshe Kantor (président  du Congrès juif européen)

Pour ceux qui s’inquieteraient que les Palestiniens risquent de rater une nouvelle occasion de rater une occasion …

A l’heure ou un banquier de la Bundesbank se voit limoge pour propos non politiquement corrects sur sur l’intégration des minorités musulmanes dans son pays …

Et la France est condamnee par Bruxelles pour ses expulsions de clandestins roms ..

Pendant qu’aux Etats-Unis l’imam de la future Mosquee du 11-septembre continue sa brillante demonstration de tolerance et de moderation …

Devinez la reaction de la meme Union européenne qui avait cree il y a 10 ans un cordon sanitaire contre un gouvernement autrichien incluant un ministre d’extrême droite suite au derapage gaullien d’un de ses membres contre le lobby à Washington et le caractère borné des juifs sur le Proche-Orient?

Europe Reverts to Type

The EU’s response to anti-Semitism? « No comment. »

Bret Stephens

The WSJ

September 14, 2010

If a top European mandarin mouths off about Jews and the rest of Europe’s political class acts like it’s no big deal, does that make them cowards, accomplices—or just politically astute? Probably all three.

Earlier this month, Karel De Gucht, the European Union’s trade commissioner and a former foreign minister of Belgium, gave an interview to a Flemish radio station in which he offered the view that the Israeli-Palestinian negotiations were sure to founder on two accounts: first, because Jews are excessively influential in the U.S; second, because they are not the sorts to be reasoned with.

« Do not underestimate the Jewish lobby on Capitol Hill, » Mr. De Gucht said, dispensing with the usual fine-grained, face-saving distinction about the difference between a « Jewish » and an « Israel » lobby. « This is the best organized lobby, you shouldn’t underestimate the grip it has on American politics—no matter whether it’s Republicans or Democrats. »

Nor was that all the commissioner had to say on the subject. « There is indeed a belief—it’s difficult to describe it otherwise—among most Jews that they are right, » he said. « And it’s not so much whether these are religious Jews or not. Lay Jews also share the same belief that they are right. So it is not easy to have, even with moderate Jews, a rational discussion about what is actually happening in the Middle East. »

Here, then, was a case not of « criticism of Israel » or « anti-Zionism, » the usual sheets under which this sort of mentality hides. Mr. De Gucht’s target was Jews, the objects of his opprobrium their malign political influence and crippled mental reflexes. If this isn’t anti-Semitism, the term has no meaning.

But perhaps it no longer does, at least in Europe. « I regret that the comments that I made have been interpreted in a sense I did not intend, » Mr. De Gucht said, by way of non-apology. « I did not mean in any possible way to cause offense or stigmatize the Jewish community. I want to make clear that anti-Semitism has no place in today’s world. »

The comment admits of two interpretations: (1) that it is insincere, and therefore an act of political expediency; (2) that it is sincere, and Mr. De Gucht thinks that casually bad-mouthing Jews doesn’t quite reach the threshold of « anti-Semitism »—defined, as the saying has it, as hating Jews more than is strictly necessary.

I suspect the latter interpretation, which has an old European pedigree, is closer to the mark. But whatever Mr. De Gucht’s motives, the more interesting phenomenon has been the European non-reaction. « No comment, » says a spokesman for German Foreign Minister Guido Westerwelle. « Our position on anti-Semitism is very clear but we have no comments on other people’s statements, » says a spokesman for Italian Foreign Minister Franco Frattini. « High Representative [Catherine] Ashton is confident [De Gucht] didn’t mean any offense, and that he apologized, » says a spokeswoman for the EU’s High Representative for Foreign Affairs and Security Policy. « He made personal comments for which he expressed his personal regret and there is no further comment to make, » says a spokesman for the European Commission.

Now imagine that Mr. De Gucht had made analogous comments about Muslims: What would have been the reaction then? Actually, it’s not hard to guess. For weeks, Germany has been in an uproar over a book by Bundesbank member Thilo Sarrazin that has unflattering things to say about Muslim immigrants and what they portend for Germany’s future. I have no brief for Mr. Sarrazin (who also made a somewhat cryptic comment about Jews sharing « a particular gene »). But why has Mr. Sarrazin been forced to quit the Central Bank and is now being drummed out of his Social Democratic Party at the same time that Mr. De Gucht has been given a pass?

One answer is that there are about 1.5 million Jews in the EU today, as against some 16 million Muslims, and politicians are responsive to numbers. Fair enough. The other answer is that Europe—and not just Muslim Europe—is pervasively anti-Semitic.

If that sounds over-the-top, consider that last year the Anti-Defamation League conducted a survey of European attitudes toward Jews in seven different countries. Do Jews have « too much power in the business world »? In France, 33% said this was « probably true »; in Spain it was 56%. Were Jews to some degree responsible for the global economic crisis? In Germany, 30% thought so; in Austria, 43% did. A separate 2008 Pew Survey also found that 25% of Germans, 36% of Poles and 46% of Spaniards had a « very » or « somewhat » unfavorable opinion of Jews.

As part of his defense, Mr. De Gucht insisted he was only offering his « personal point of view, » and not those of the European Commission as a whole. He shouldn’t be so modest. He has his constituency. It’s why he remains in office. It’s why Europe’s future is beginning to look increasingly like Europe’s past.

Voir aussi:

Karel De Gucht dérape sur le lobby juif au Capitole

Le franc-parler de Karel De Gucht risque de lui valoir une nouvelle fois des ennuis: ses déclarations sur le lobby juif à Washington suscitent en effet un début de polémique, qui a obligé la Commission européenne à se positionner.

RTL

ven 3 sep. 2010

L’ancien ministre des Affaires étrangères, actuellement commissaire au commerce, a affiché jeudi son scepticisme sur les chances de succès des nouvelles négociations directes entre Palestiniens et Israéliens. Interrogé sur une radio néerlandophone, il a affirmé notamment que « le lobby juif au Capitole ne doit pas être sous-estimé » et que le premier ministre israélien, Benjamin Netanyehou n’était « certainement pas une colombe ». « Ne sous-estimez pas non plus l’avis du juif moyen en dehors d’Israël », chez qui il existe « la croyance d’avoir raison », a ajouté Karel De Gucht. « Il n’est pas facile, même avec un juif modéré, d’avoir une conversation rationnelle ».

« Des commentaires personnels »

Ses propos ont été relayés à la conférence de presse quotidienne de la Commission européenne par des journalistes qui les ont qualifiés de « racistes ». Le porte-parole de l’exécutif communautaire a refusé de les commenter. « Il s’agit de commentaires personnels qui ne représentent pas la position bien connue de la Commission européenne », a-t-il dit.

Tendance dangereuse

Les déclarations de Karel De Gucht ont par ailleurs été condamnées par le Congrès juif européen (European Jewish Congress, EJC), qui a exigé des excuses et une rétractation immédiate. « Cela fait partie d’une tendance dangereuse de provocation à l’encontre des juifs et d’Israël en Europe, qui doit être éradiquée immédiatement », a affirmé le président de l’EJC, Moshe Kantor, cité sur le site web de l’organisation. « Une fois de plus, nous avons un politicien de haut rang en Europe qui tient des propos outrageusement antisémites. La calomnie du lobby juif est apparemment acceptable au plus haut niveau de l’Union européenne. Cela devrait inquiéter tous ceux qui veulent une Europe plus tolérante », selon lui.

Voir enfin:

Le Wall Street Journal demande la révocation de De Gucht

Le journal financier américain The Wall Street Journal a vivement condamné les récents propos du commissaire européen Karel De Gucht sur le lobby juif américain à l’occasion de la relance des négociations entre Israéliens et Palestiniens.

mer 8 sep. 2010

Dans un éditorial publié mardi, le quotidien dénonce une réaction trop faible des autorités européennes face aux propos de M. De Gucht, pour lesquels celui-ci s’est entre-temps excusé. Pour rappel, l’ancien ministre des Affaires étrangères, actuellement commissaire au commerce, avait affiché son scepticisme sur les chances de succès des nouvelles négociations directes entre Palestiniens et Israéliens.

Des propos personnels…

Interrogé sur une radio néerlandophone, il avait affirmé notamment que « le lobby juif au Capitole ne doit pas être sous-estimé » et que le premier ministre israélien, Benjamin Netanyehou n’était « certainement pas une colombe ». « Ne sous-estimez pas non plus l’avis du juif moyen en dehors d’Israël », chez qui il existe « la croyance d’avoir raison », a ajouté Karel De Gucht. « Il n’est pas facile, même avec un juif modéré, d’avoir une conversation rationnelle », avait-il également indiqué.

Le Wall Street Journal exige la révocation de De Gucht

Rappelant le cordon sanitaire imposé en Europe autour de l’Autriche de Jörg Haider il y a dix ans, le Wall Street Journal demande au président Barroso de révoquer le commissaire européen belge en charge du Commerce, sans quoi la Maison blanche devrait annuler le sommet UE-USA prévu en novembre prochain, estime le quotidien new-yorkais.


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