Mur, je suis surpris que tu ne te sois pas effondré sous le poids des bêtises de tous ceux qui ont écrit sur toi. Graffiti antique (Pompéi, 1er siècle)
On est irrité par la quantité de noms d’imbéciles écrits partout en haut de la Grande Pyramide. Gustave Flaubert (1886)
Les paroles des prophètes sont écrites sur les murs du métro et dans les couloirs des HLM. Paul Simon (1964)
Une parole « sauvage », fondée sur l’ « invention », rencontrant par conséquent tout naturellement les « trouvailles » de la forme, les raccourcis rhétoriques, les joies de la formule, bref le bonheur d’expression (…) ; très proche de l’écriture, cette parole (…) a pris logiquement la forme de l’inscription ; sa dimension naturelle a été le mur, lieu fondamental de l’écriture collective. Roland Barthes (1968)
Le nom, répète Cay, est la foi du graffiti. Norman Mailer (1973)
Dans le cas où un carreau cassé n’est pas remplacé, tous les autres carreaux connaîtront le même sort. John Wilson et George Kelling (Théorie du carreau cassé)
Quand on y repense et qu’on voit ce qui est arrivé aux métros, on se sent mal à l’aise, a déclaré Taki, qui a demandé à ce que son nom de famille ne soit pas utilisé. « Je n’ai jamais pensé que cela prendrait une telle ampleur. (…) Aujourd’hui, par une ironie qui plairait aux autorités municipales, Taki a son propre problème de graffitis, sur la devanture de son magasin. « Je suis une victime », dit-il en souriant. « J’ai repeint et deux semaines plus tard, tout était à nouveau barbouillé. Mais je suppose que l’on récolte ce que l’on sème. C’est la justice. When TAKI Ruled Magik Kingdom (Joel Siegel, Daily News, April 9, 1989)
Dans le cas où un carreau cassé n’est pas remplacé, tous les autres carreaux connaîtront le même sort. John Wilson et George Kelling (Théorie du carreau cassé)
La société est devenue d’abord plus tolérante vis-à-vis des déviances mineures. Nous sommes de plus en plus individualistes; le contrôle social s’est affaibli, on ne vit plus sous le regard d’une seule communauté comme autrefois. Et puis, l’opinion des parents sur la conduite de leurs enfants est devenue plus indulgente. Ils sont plus laxistes sur la morale quotidienne, et ce dans tous les milieux. Sébastian Roché
Si la vitre d’un Abribus est brisée, nous savons que, le lendemain, l’Abribus tout entier sera dévasté. Et si on laisse traîner les choses, c’est l’armature métallique qui peut disparaître! (responsable de chez Jean-Claude Decaux)
N’est-on pas allé jusqu’à interpréter les tags qui maculaient les trains de banlieue comme « une revendication de vie », voire comme « une agression carnavalesque contre l’ordre établi » ? Le Point
A Paris, jusqu’à la fin des années 90, les stores étaient entièrement recouverts de tags. (…) Ils sont des milliers, plusieurs générations de graffeurs qui se téléscopent et se disputent le moindre espace disponible aux quatre coins de la capitale. (…) Un régal pour les amateurs de handstyles… Les stores parisiens étaient régulièrement immortalisés sur la quatrième de couverture du défunt magazine Graff It! – c’était à chaque fois un réel plaisir à décortiquer à la loupe, à la recherche de son nom ou celui de ses potes.Mais tout ça, c’était avant. Avant le fameux grand nettoyage, orchestré par le maire de Paris de l’époque, Jean Tibéri. En 1999, la mairie de la capitale lance l’opération Murs propres et signe un juteux contrat avec Korrigan, une boîte privée spécialisée dans le nettoyage de graffiti, l’enlèvement d’affiches, la remise en peinture du mobilier urbain et le lavage des voies publiques : 80 millions de francs par an pour une durée de six ans, renouvelable. Tolérance zéro, le moindre graffiti signalé doit être buffé dans les plus brefs délais. La fin d’une époque ! Les stores retrouvent peu à peu leurs couleurs d’origine… en attendant la déferlante suivante. Séquence nostalgie avec une sélection de rideaux de fer éclatés de tags… un vrai feu d’artifice. Drips
Si la paternité du Street Art est partagée entre Philadelphie, New York et Paris, c’est qu’il y a eu d’un côté des villes qui ont été ébranlées par une crise économique suite à une forte désindustrialisation, et de l’autre, des villes qui ont été le théâtre de révoltes sociales. Prendre d’assaut les murs a bien souvent été un acte politique avant d’être un acte purement créatif. “Cornbread, World’s First Writer” revendique ce dernier qui, en 1965, tague son nom sur les murs de Philadelphie car c’est la seule solution pour attirer l’attention de Cynthia, trop timide pour lui déclarer son amour en direct. Une fois la belle conquise, il poursuit son aventure urbaine et place au-dessus de son tag une couronne, n’est-il pas tout simplement le “King of the Walls” comme il l’écrit alors? Un titre que beaucoup se disputent… L’enjeu est d’exister, d’apposer sa signature, son tag, sur les murs de la ville. Taki 183 la reproduira tellement que le New York Times lui consacrera un article entier en 1971, ce qui aura une répercussion énorme à l’époque. Les tags se multiplient sur les murs, mais aussi sur les bus, les camions et surtout les métros qui apparaissent comme le meilleur moyen d’être vu dans toute la ville et pas uniquement dans un seul quartier. Les graffitis de Seen, Dondi White ou Blade recouvrent les trains, font leur renommée et provoquent la colère des maires successifs de New York qui vont durcir la réglementation et les peines encourues pour ce qui est alors un acte de vandalisme. Pour autant, cela ne découragea pas Quik, Futura 2000, Phase 2, Stay High 149 ou encore John Fekner, qui continuera à écrire ses phrases au pochoir dans le Bronx. Pendant que les “Writers” matraquent leurs pseudos à New York, certaines galeries saisissent immédiatement la dimension artistique de ces interventions. En 1972, la Razor Gallery expose Phase 2, Snake, Stich 1. De leur côté, Keith Haring et Jean-Michel Basquiat s’emparent également des murs de la ville, mais optent pour une tout autre stratégie: ils visent les galeries d’East Village qui représentent les artistes contemporains les plus reconnus. Haring dessine à la craie dans le métro ses personnages-signature et Basquiat peint son acronyme SAMO© sur les murs juste à côté des galeries importantes. Et ça marche. En 1983, Sidney Janis – qui est alors le galeriste de l’Expressionnisme abstrait et du Pop Art – organise l’exposition “Post Graffiti”, avec A-one, Jean Michel-Basquiat, Crane, Crash, Daze, Futura 2000, Keith Haring, Lady Pink, Don Leicht, Noc 167, Rammellzee, Kenny Scharf, Toxic… Les grands noms de l’histoire du Graffiti américain. La machine est lancée, Warhol devient alors l’ange gardien de Basquiat et Haring, leur cote explose et ils vont acquérir une reconnaissance internationale dans le monde de l’art contemporain. Permettant ainsi à un art issu de la rue de trouver sa place auprès des plus grands collectionneurs. Au même moment en France, deux artistes se partagent la paternité du street art: Gérard Zlotykamien et Ernest Pignon-Ernest. Le premier commence dès 1963 à dessiner à la bombe ses silhouettes baptisées “les éphémères” sur le chantier du “trou des Halles” à Paris, en référence aux individus soufflés par la bombe atomique à Hiroshima, laissant pour seule trace une ombre au mur! Il dénonce tout en restant en dehors du système et du marché de l’art. Il préfère travailler sans contrainte, mais refuse de se définir comme un artiste anarchiste. “Je m’auto-engage, explique-t-il, je ne crée ni un dogme ni un système”. En 1966, Ernest Pignon-Ernest reprend la même idée de la silhouette brûlée par l’explosion nucléaire en la démultipliant au pochoir sur les routes et sur les rochers du plateau d’Albion dans le Vaucluse, réagissant ainsi au projet d’y enfouir des têtes nucléaires. D’un mouvement pur et underground de “Writers”, qui soignent les lettres de leurs tags, inventent des styles, entretiennent les rivalités entre crews pour être le plus visible, marquent leur territoire et font parler d’eux, ainsi que des actes engagés d’artistes désireux de contester des faits et transmettre un message politique, la tendance va peu à peu s’ouvrir. Plus qu’un mouvement artistique, les débuts sont donc portés par le jeu, l’interdit, l’adrénaline mais aussi la contestation, le désir de porter un message qui va notamment devenir la marque de fabrique de certains. (…) Une fois le mouvement lancé aux États-Unis, il ne pouvait ensuite que fondre sur l’Europe. Attirés par le phénomène à New York, certains artistes français vont d’ailleurs traverser l’Atlantique pour mieux contempler ce nouveau mode d’expression. Ce sera très tôt pour Blek le Rat (dont se réclame Banksy) puisque dès 1971, il reste surpris de voir “des graffiti artistiques sauvages” comme il le dit, “dans le métro, sur les murs entourant les terrains de basket, des graffitis dessinés au marqueur, des signatures nerveuses surmontées d’une couronne, des lettrages peints à la bombe, remplis de volutes et de couleurs, sont omniprésents”. Basquiat contribue également à fertiliser les esprits au travers de plusieurs expositions: en 1981 à Modène, en 1982 à Zurich, Rotterdam et Rome, en 1986 à Cologne et en 1987 à Paris… Et puis sous la pression de la “chasse aux graffeurs” qui sont traqués comme de véritables délinquants, les artistes américains vont peu à peu s’exiler sur le Vieux continent: Quik aux Pays-Bas, Toxic en Italie, JonOne, Futura 2000 et Seen à Paris… De quoi stimuler les jeunes graffeurs par une culture qui a vocation à devenir internationale! Puis c’est l’explosion! Dans toute l’Europe, les artistes s’organisent en crews, prennent d’assaut les friches industrielles, les terrains vagues, les immeubles abandonnés, sans oublier bien sûr les murs des villes et les métros. L’art devient accessible à tous comme jamais il ne l’a été auparavant, il suffit de prendre une bombe de peinture et de taguer son pseudonyme sur les murs la nuit. Les shoots d’adrénaline complètent le tableau et on photographie ses trophées avant qu’ils ne soient effacés pour les immortaliser. Des autodidactes fleurissent et les artistes qui sortent des Beaux-Arts y voient un nouveau terrain de jeu. On y retrouve la même énergie et la même envie d’un art débridé que dans la Figuration libre contemporaine de Combas et Di Rosa. Les murs se couvrent d’une explosion de créations éphémères qui s’effacent bien souvent au profit de la grisaille des pignons anonymes. Jef Aérosol placarde ses portraits de célébrités et d’anonymes, Miss.Tic ses pochoirs de silhouettes féminines relevés de phrases percutantes et Jérôme Mesnager (qui est un des rares à ne pas avoir de pseudo) multiplie ses “hommes en blanc” virevoltants sur les murs. Speedy Graphito va aller si loin qu’il va même laisser son numéro de téléphone à côté de ses peintures… Et bingo! Il trouvera grâce à cela sa première galerie parisienne (Polaris) et il sera en charge de composer l’affiche de “La ruée vers l’art” pour le Ministère de la Culture en 1985! Impertinence et insouciance sont les maîtres mots de cette époque dont la bande son oscille entre punk et hip hop. L’expression politique n’est jamais très loin et nombreux sont les artistes qui défendent un art qui se veut engagé. L’arrivée de la gauche au pouvoir en France en 1981 traduit une soif de liberté qui va bouleverser la société française et donner naissance à de nombreuses explorations artistiques. De leurs côtés, Barcelone est à peine affranchie du joug de Franco, Berlin voit sauter ce mur qui divisait la ville depuis 28 ans et qui met fin à la Guerre froide, Bristol et Londres donnent naissance à deux “écoles”, et de l’autre côté de l’Atlantique commence l’émergence des Pixadores à São Paulo, véritables tags peints au rouleau. Prendre possession de la rue n’est donc pas un acte anodin à l’époque mais un moyen de s’affranchir du système, des galeries et des institutions qui dirigent le monde de l’art. Il s’agit donc d’un phénomène qui permet à la fois de revendiquer une liberté d’expression mais également d’agir comme une véritable force motrice pour la démocratisation de l’art. La chute du mur de berlin en 1989 marque la fin d’une époque mais également la création d’un lieu artistique avec la East Side Gallery dont Thierry Noir sera le premier artiste à oser peindre les murs. Ainsi, depuis sa naissance entre Philadelphie, New York et Paris, les deux décennies que sont les années 80 et 90 ont été fondatrices pour le développement international de l’Art Urbain. Ce dernier va considérablement marquer les esprits pendant cette période et s’imprégner de manière durable dans notre société. En faisant partie du décor dans les plus grandes villes d’Europe, il devient le marqueur d’une époque avant de peu à peu devenir un segment légitime sur le marché de l’art contemporain. (…) Depuis les années 2000, les lignes ont bougé. Des œuvres murales pérennes ont fleuries dans les paysages urbains et elles sont de plus en plus commandées aux artistes qui peuvent désormais prendre le temps de poser des peintures murales version XXL! Que ce soit dans des quartiers socialement défavorisés que dans les artères populaires des plus grandes villes. Car si l’Art Urbain demeure porteur de valeurs généreuses, il consiste aussi à rendre l’art accessible au plus grand nombre et plus particulièrement à ceux qui y sont habituellement peu exposés. Un dessein qui nous fait remonter aux muralistes mexicains des années 1920, qui portés par les idées socialistes de la révolution de 1910, vont peindre des fresques murales porteuses de messages. Que ce soit Diego Rivera, José Clemente Orozco ou encore David Alfaro Siqueiros. Sans oublier un autre acteur essentiel de cette longue histoire en France: Victor Vasarely, peintre humaniste et communiste qui, dans les années 1960-1970, rêvait de « transformer la désolante grisaille quotidienne des déshérités en une ambiance de beauté et de gaieté ». Ce sont donc sur ces mêmes murs et en étant inspirés par le même élan créatif, que les street artistes ont permis au mouvement de se développer dans le monde entier et conquérir son plus grand nombre d’adeptes. Véritables musées à ciel ouvert, les villes font désormais du Street Art un argument touristique et les tours opérateurs multiplient les initiatives pour faire découvrir les plus belles fresques de Londres, Paris, Berlin, Lisbonne ou encore Amsterdam. Chacun se dispute alors la meilleure place de ville immanquable pour son « Parcours Street Art” et faire valoir son empreinte sur le développement du mouvement. L’époque où l’on considérait encore le Graffiti comme un acte de vandalisme auquel on accordait une tolérance zéro semble bien loin! Mais si un grand nombre d’artistes ont su s’adapter, certains artistes tel que Blu ne cède pas à ces sirènes et il n’a d’ailleurs pas hésité à effacer ses propres fresques à Bologne en 2016, pour protester contre une exposition qui s’était appropriée, entre autres, ses propres œuvres. Les festivals de Street Art, réunissant des artistes provenant des quatre coins du monde se sont institutionnalisés et chacun cherche depuis à battre le record de la fresque la plus impressionnante! Le Nuart festival en Norvège semble le mieux placé avec l’intervention d’Ella & Pitr sur 2,1 hectares en 2015, mais que les artistes ont depuis dépassé avec une nouvelle fresque de 2,5 hectares sur un toit de Paris en 2019, devenant ainsi la plus grande fresque d’Europe! Ainsi et que ce soit pour ses parcours Street Art, ses cartes interactives et applications dédiées, ses festivals haut en couleurs ou encore ses musées spécialisés, l’Art Urbain n’aura cessé de se développer au cours de ces dix dernières années pour devenir le mouvement artistique le plus prolifique du XXIème siècle. Mais si les festivals et autres visites guidées auront contribué à rendre le Street Art accessible au plus grand nombre, rien n’aurait été possible sans le marché de l’art qui a joué un rôle déterminant en donnant de la valeur à ce qui était éphémère. Le marché s’est rapidement organisé avec ses galeries spécialisées, ses foires et ses ventes aux enchères dédiées, où les commissaires-priseurs mettent parfois à l’encan des œuvres qui sortent directement de l’atelier de l’artiste sans être passées en galerie. Certains artistes ont même commencé à mettre de côté leur pseudonyme pour mieux mettre en avant leur patronyme, tendant ainsi à se détacher de leur image de “street artiste” pour revendiquer celle d’artiste tout court. Mais ce sont aujourd’hui les foires et plus particulièrement les ventes en ligne qui tirent leur épingle du jeu tant ce marché est devenu international. En effet, des œuvres d’artistes provenant du monde entier sont désormais accessibles au plus grand nombre, il est d’ailleurs devenu acquis d’acheter aujourd’hui une œuvre sur Internet en quelques clics et il est d’autant plus facile de trouver une œuvre originale pour quelques centaines d’euros. Même si pour demeurer abordable et maintenir l’esprit des débuts, les éditions à tirage limité permettent à tout un chacun de se procurer un visuel de leur artiste préféré pour leur décoration d’intérieur ou leur collection personnelle. Aujourd’hui reconnu sous l’appellation universelle d’Art Urbain, le Graffiti et le Street Art ont réussi à séduire toutes les générations et ses techniques ont également su évoluer avec le temps. Autrefois principalement axées autour de l’utilisation de la bombe aérosol, des pochoirs et des collages, tout est depuis devenu possible. Que ce soit au travers des murs dessinés au marteau piqueur de Vhils, aux affiches monumentales en trompe l’œil de J.R, que par les recouvrements urbains en tricot de Magda Sayeg. Un art le plus souvent gratuit, qui s’affiche au plus grand nombre, qui ne nécessite aucune connaissance particulière en histoire de l’art, et dont les amateurs d’art peuvent aujourd’hui se réjouir de pouvoir accéder à une offre particulièrement diversifiée et authentique. Il n’y a qu’un pas pour soutenir le travail des artistes! Stéphanie Pioda
« Deux légendes du graffiti arrêtées par la police » …
Enième illustration de l’irresponsabilité de nos médias que ce titre du Monde annonçant l’arrestation de deux vandales …
Qui sans parler, mimétisme oblige, de leurs émules et des nouvelles formes comme le gravage au diamant de vitrier ou à l’acide …
Ont coûté plus de 600 000 euros à la seule RATP…
Pourquoi parler en effet d’artistes et de légendes, alors qu’on a affaire à des vandales …
Qui, avec leurs milliers d’imitateurs inspirés par les prétendus exploits qu’orchestrent pour eux des médias irresponsables …
Coûtent des millions à l’ensemble des contribuables que nous sommes?
Et ainsi reproduire et amplifier un phénomène …
Certes vieux comme le monde …
Jusque là réservé aux toilettes publiques, murs de prison ou de garnison, tables et bancs d’écoles ou au marquage territorial des gangs américains …
Mais qui, technologie aidant avec l’invention de la peinture aérosol en bombe et des marqueurs ou stylos-feutre dans les années 50 et 60, prit à l’époque contemporaine les proportions que l’on sait …
Et comme par hasard, trouva sa source dans le même genre de journalisme irresponsable de l’autre côté de l’Atlantique dans les années 70…
Comme ce Charles Don Hogan du NYT …
Qui, dans un tristement célèbre article de juillet 1971 (‘Taki 183 Spawns Pen Pals’ – « Taki 183 pond les correspondants » – le 21 juillet 1971) …
Où il interviewait un jeune coursier new-yorkais d’origine grecque (un certain Demetrios, dit Demetraki, du quartier hispanique de Washington Heights, domicilié dans la 183e rue, d’où son graffiti: « Taki 183 ») …
Entraina (avec alors de simples feutres), dans les semaines, années et décennies qui suivirent la catastrophe de vandalisme que l’on sait…
Mais aussi ce monde artistique et intellectuel dont un Norman Mailer dans la dèche …
Qui, encensant et récupérant le phénomène …
En fit de soi-disant œuvres d’art (rebelote il y a quelques années avec cette voiture brûlée exposée au Musée d’art contemporain du Palais de Tokyo!) …
Jusqu’à ce que la chose soit reprise, dix ans plus tard en France, par les médias et d’innombrables émissions de télé …
Et bien sûr, dans la rue comme sur la planète entière…
Les premiers imbéciles venus et leurs milliers et millions d’imitateurs ?
« Azyle » et « Vices », deux légendes du graffiti arrêtées par la police
Luc Bronner
Le Monde
28.06.07
Dans l’univers du graffiti, « Azyle » et « Vices » sont de véritables légendes vivantes. Leurs signatures ont fleuri un peu partout en Ile-de-France, au point que la police les considèrent comme « les deux plus gros tagueurs de ces dernières années », avec quelque 250 tags, parfois gigantesques, identifiés un peu partout, sur des wagons, dans des tunnels ou des murs de la RATP.
Dans la nuit de dimanche 24 à lundi 25 juin, les policiers du service régional des transports les ont interpellés à proximité du dépôt RATP de la porte de La Chapelle, à Paris. Repérés grâce à un long travail de recoupement, notamment des analyses graphologiques, les deux hommes ont fait l’objet de filatures, jusqu’au moment où la police a pu les arrêter en flagrant délit. Lors de perquisitions, la police a ensuite saisi des documents de la RATP, notamment des plans confidentiels des réseaux et voies d’accès.
OBJECTIF PRIORITAIRE
En garde à vue, les deux hommes, âgés de 32 ans et 28 ans, ont nié être les auteurs de graffitis. Ils risquent jusqu’à cinq ans de prison pour dégradations volontaires, commises en réunion. Selon la police, les deux graffeurs ont occasionné 600 000 euros de dégâts, principalement à la RATP, obligée d’interrompre la circulation des wagons touchés et de procéder à leur nettoyage. Une information judiciaire devrait être ouverte par le parquet de Paris.
Depuis plusieurs années, les deux individus constituaient un des objectifs prioritaires de la cellule antigraffitis au sein de la police des transports. « Ils opèrent en toute connaissance de cause avec un but : obtenir la plus grande notoriété possible en multipliant les signatures, si possible dans des sites difficiles d’accès », explique le commandant Jean-Christophe Merle. Le policier parle de « drogués du tag », capables de passer leurs nuits dans les dépôts ou dans les tunnels du métro. « Azyle », en particulier, s’était fait connaître par un immense tag réalisé sur un Concorde quelques années en arrière – performance toujours saluée dans les forums de discussion spécialisés.
L’artiste avait fait l’objet d’un documentaire diffusé en 2006 sur Canal+. En action depuis le début des années 1990, il expliquait, le visage masqué par une cagoule, son plaisir à « peindre sous adrénaline ». Il regrettait que le tag ne « soit pas considéré à sa juste valeur, comme quelque chose de beau ». Sa carrière vient de subir un brutal coup d’arrêt.
Voir aussi:
Taki is a Manhattan teenager who writes his name and his street number everywhere he goes. He says it is something he just has to do.
His TAKI 183 appears in subway stations and inside subway cars all over the city, on walls along Broadway, at Kennedy International Airport, in New Jersey, Connecticut, upstate New York and other places.
He has spawned hundreds of imitators, including Joe 136, BARBARA 62, EEL 159, YANK 135 and LEO 136.
To remove such words, plus the obscenities and other graffiti in subway stations, it cost 80,000 manhours, or about $300,000, in the last year, the Transit Authority estimates.
“I work, I pay taxes too and it doesn’t harm anybody,” Taki said in an interview, when told of the cost of removing the graffiti.
And he asked: “Why do they go after the little guy? Why not the campaign organizations that put stickers all over the subways at election time?”
Withholds Last Name
The 17‐year‐old recent high school graduate lives on 183d Street between Audubon and Amsterdam Avenues. He asked that his last name not be disclosed. Taki, he said, is a traditional Greek diminutive for Demetrius, his real first name.
“I don’t feel like a celebrity normally,” he said. “But the guys make me feel like one when they introduce me to someone. ‘This is him,’ they say. The guys knows who the first one was.”
Taki said that when he began sneaking his name and street number onto ice cream trucks in the neighborhood early last summer, nobody else was writing similar graffiti.
“I didn’t have a job then,” he said, “and you pass the time, you know. I took the form from JULIO 204, but he was doing it for a couple of years then and he was busted and stopped.
‘He’s the King’
“I just did it everywhere I went. I still do, though not as much. You don’t do it for girls; they don’t seem to care. You do it for yourself. You don’t go after it to be elected President.”
He said he had no idea how many times he had written his name.
Other teen‐agers who live on his block are proud of him. “He’s the king,” a youth lounging on a doorstoop said.
“It’s got everybody doing it,” added Raymond Vargas a 16‐year‐old with Afro‐style hair. “I like to write my name every once in a while, but not in places where people can get to it and alter it.” He said he writes RAY A.O.—for All Over.
Graffiti have had a long history in the city’s subways: Kilroy, who was everywhere in World War II, left his mark along with the mustaches drawn on advertising posters and various obscenities.
Officials said, however, that the problem had mushroomed during the last two years.
It is also harder to deal with. The Magic Marker and other felt‐tip markers are considered indelible on concrete and other rough surfaces in subway stations. Those surfaces are painted over to remove graffiti. Inside subway cars, new high‐powered cleaners can remove almost anything from the polished metal surfaces except India ink.
Floyd Holoway, Transit Authority patrolman who is second vice president of the Transit Patrolmen’s Benevolent Association, said that most graffiti appeared just before and just after school hours.
“It’s not a major crime,” he said. “Most of the time they don’t try to talk their way out if they’re caught.”
He said he had caught teen‐agers form all parts of the city, all races and religions and all economic classes.
The actual offense, the Transit Authority police said, is classed as a violation because it is barred only by Transit Authority rules, not by law. Anyone older than 16 who is caught would get a summons, a spokesman said.
Was Suspended Once
Taki said he had never been caught in the subways. He was once suspended from Harran High School for a day for writing on walls, though, and a Secret Service agent once gave him a stern lecture for writing on a Secret Service car during a parade.
The youth, who said he would enter a local university in September, conceded that his passion for graffiti was not normal: “Since there are no more student deferments, maybe I’ll go to a psychiatrist and tell him I’m TAKI 183. I’m sure that will be enough to get me a psychological deferment.”
But he added: “I could never retire. I still carry a small Magic Marker around with me.”
Graffiti in Its Own Words
Old-timers remember the golden age of the art movement that actually moved.
Dimitri Ehrlich & Gregor Ehrlich
NY magazine
July 3, 2007
Graffiti today is such an accepted part of youth culture that it’s hard to imagine what New Yorkers experienced in the early seventies, as they watched their city become steadily tattooed with hieroglyphics. Some saw it as vandalism and a symbol of urban decay. But for the writers who risked life, limb, and arrest, and the teenagers, filmmakers, and, eventually, curators who admired them, graffiti was an art form. Galleries and museums caught up to this view in the early eighties, when graffiti was briefly part of the era’s art boom. Now it’s finally ripe for retrospection: On June 30, the Brooklyn Museum features works by many of the artists interviewed here, while from June 29 at the Brecht Forum, the Martinez Gallery mounts a smaller show of movement veterans.
Modern graffiti actually began in Philadelphia in the early sixties, when Cornbread and Cool Earl scrawled their names all over the city. By the late sixties, it was flourishing in Washington Heights, Brooklyn, and the Bronx. The New York Times took notice in July 1971, with a small profile of a graffiti artist named TAKI 183. But Julio 204 was using a Magic Marker and spray paint on city walls as early as 1968, and in 1971, writers like JOE 182 began “bombing”—marking as many surfaces as possible.
By the mid-seventies, many subway cars were so completely covered in top-to-bottom paintings (known as “masterpieces”) that it was impossible to see out the window. For writers, this was a golden age, when the most prolific could become known as “kings” by going “all-city”—writing their names in all five boroughs. Mayor Lindsay declared the first war on graffiti in 1972, beginning a long, slow battle that seemed to culminate in May 1989, when the last graffitied train was finally removed from service.
Yet today, graffiti etched with acid can be seen on subway windows, and it’s alive and well on buildings around the city. And thanks in part to the Internet, which teems with graffiti Websites, it is a worldwide phenomenon in every language. What follows is the story of the people who invented graffiti, and those who watched them do it. Names of writers are rendered in the style in which they appeared on the city’s walls and subways (all caps usually indicates an artist from the seventies).
A Graffiti Timeline
1969
The Beginning
Ivor L. Miller, author of Aerosol Kingdom: Subway Painters of New York City
Humans have been writing symbols on walls since time immemorial. But it’s safe to place the origins of a New York style in the late sixties, as a younger generation’s artistic response to the public protests of the Black Power and civil-rights movements. Clearly something new happened with the invention of the spray can, the influence of psychedelic posters, and color TV. The Manhattanville projects just north of 125th Street in West Harlem were the residence of an important writer named TOPCAT 126.
Sharp
TOPCAT 126 came from Philadelphia in the late sixties, maybe ’68, and he started tagging the streets. [Tagging is writing your name.] And he hooked up with Julio 204 and TAKI 183, and they grabbed the torch.
C.A.T. 87
In the late sixties, I saw the name TAKI 183 in little letters everywhere, and JOE 182 and Julio 204. One day I was playing stickball on 182nd Street and JOE 182 came out. He was one of the hottest graffiti writers then. He said, “Look what came out in the papers!” There was a cartoon of a guy catching someone writing graffiti, and saying, “Are you JOE 182?” And the writer said, “No, I’m his ghost.” Because nobody could catch them. They were just like these mysterious figures.
MICO
It began in different neighborhoods. But we all had one thing in common: We wanted to be famous. I started writing in East Flatbush in 1970. Then slowly I met people from the four other boroughs. Everybody went to the writers’ bench at 149th Street and Grand Concourse in the Bronx. There was one for Brooklyn writers on Atlantic Avenue. In Washington Heights, it was on 188th Street and Audubon Avenue. We would hang out, see our work, and everyone could get autographs. C.A.T. 87 was from Washington Heights. TRACY 168 was in the first generation. COCO 144 used to live on 144th Street and Broadway, which is what the number 144 meant.
LEE
I met so many characters on the 149 bench. It was like a speakeasy, everyone came and traded stories.
TRACY 168
I grew up in the Bronx. Me and my friend FJC4 were dropping off some legal papers in Queens—his father was a lawyer—and we just took a marker out. We never thought we’d see the tag again, but on the way back, we caught the same train and it already had some other writing next to it. It was like a communication. At the time, New York was all dark. We had the Vietnam vets coming back, all pumped up. We had the war protesters. And we had the street gangs.
C.A.T. 87
I was in the Savage Nomads. You had the Saints at 137th Street and Broadway, and in the 170s you had the Young Galaxies. But if I was C.A.T. 87 and the guys from other neighborhoods saw my name, instead of trying to beat me up they would ask for autographs.
Jeff Chang, author of Can’t Stop Won’t Stop: A History of the Hip-Hop Generation
There were graffiti writers in many gangs, especially the larger ones like the Black Spades, the Savage Skulls, and the Ghetto Brothers. The writers would mark the gangs’ clubhouses and often their turf. At the same time, you had graffiti crews that moved separately from the gangs and could slip in between their territorial restrictions. Eventually, as the gang structures died off, the graffiti writers could be seen as the heralds of a new era.
MICO
We didn’t call it graffiti in the early seventies. We would say, “Let’s go writing tonight.” Graffiti is a term that the New York Times coined, and it denigrates the art because it was invented by youth of color. Had it been invented by the children of the rich or the influential, it would have been branded avant-garde Pop Art.
Hugo Martinez, founder of United Graffiti Artists
In 1971, when CAY 161 and JUNIOR 161 painted the 116th Street station, they painted a top-to-bottom wall there. That’s considered a milestone. And Norman Mailer wrote about it in The Faith of Graffiti—that was the first book ever about graffiti. Around 1971, CAY 161 also painted the wing on the angel in Bethesda Fountain in Central Park. Everybody talked about that. That was when the Puerto Ricans took over Bethesda Fountain.
CAY 161
The biggest and most dangerous place was where your piece was recognized the most. I wrote my name with white spray paint on the wing of the angel in Bethesda Fountain and a lot of people said, “Wow, how did he get up there and do that?” I grabbed one of the wings and climbed up.
Richard Goldstein, author of “The Graffiti ‘Hit’ Parade” feature for New York in March 1973
I loved the idea that graffiti defaced surfaces and re-created them in a different image. It was immensely creative in the way it re-created decrepit space, derelict buildings, and crumbling subways into real centers of energy. It seemed to be immediately something that Latins would do, because the color scheming was very tropical and the surfaces that were being defaced were very Northern European and dark and dour. I found Hugo Martinez, who was a student at that time, and he introduced me to a couple of these kids. They were all from Washington Heights. And I began to look at the social meaning of this. It allowed groups to cohere, forming teams. There was a lot of jargon and rivalry between boroughs.
Graffiti in Its Own Words
1971
Style Wars
Jeff Chang
Your name is your brand, and writing your name is like printing money. Quality (aesthetic style) and quantity (the number of trains and walls you’ve hit) are the primary ways that the brand gains market share. If you’re the biggest name on a line or in an area, then you’re the king. After the New York Times wrote about TAKI 183 in 1971, there was more competition, which means style changed much more rapidly.
LEE
It was a reflection of the great side of capitalism, where everyone wants to have the biggest stock or bond portfolio, or the fastest or most expensive car.
MICO
In 1971, I was in the Sheepshead Bay layups one night—that’s the tunnel where trains rest in between rush hours. And we found the names of PAN 144, COCO 144, and ACE 137 on some of the cars. The paint was still wet. That opened our eyes to going all-city.
COCO 144
I lived close to the IRT, and there was a layup between 137th and 145th Street between the stops. We were there every Saturday and Sunday morning, destroying the trains inside and out. My style back then was what we called a hit: just a signature, a single line.
MICO
“Hitting” was just about getting up, getting around. The more hits you had, the more famous you became. “Killing” or “bombing” was a little more intense. It means carpeting an area—just hit hundreds of MICO, MICO, MICO, and kill that subway car. Or you could do a masterpiece, a really big piece that was generally planned out in a sketch.
COCO 144
I was the first to use a stencil. It said COCO 144 with a crown on it (page 50). I was trying to develop speed, and I was able to put my name around at a faster pace that way.
MICO
The letters got more refined and larger and larger. We were each trying to outdo the other. I was doing social-political work, and unfortunately, I had no competition there. One of the most important moments in my career was when I was voted into United Graffiti Artists.
Hugo Martinez
I started United Graffiti Artists in 1972 as a collective that provided an alternative to the art world. I saw this as the beginning of American painting—everything else before this came from Europe. These kids were rechanneling all of those hippie ideas about freedom, peace, love, and the democratization of culture by redefining the purpose of art. They represented a celebration of the rights of the salt of the earth over private property.
MICO
It was the top writers from the different boroughs. You had to be nominated by a member, and if you were good enough, you would be called in for an interview. I had my first art-gallery show in Soho in 1973, at the Razor Gallery. The first canvas that was purchased by a collector was my Puerto Rico flag canvas, for $400. It was an effort to bring the art form from the tunnels into the galleries.
LEE
Most writers were more concerned about going out into the elements, not being put together on gallery walls. Young people were interested in making a mark, literally, in their territory. It was seen as heroic.
1972
The Crackdown
Jeff Chang
After Lindsay declared war on graffiti in 1972, it became the focus of political campaigns, and in this sense, its effects lasted much longer than the subway-graffiti era. Since then, every New York City mayor has at some point reaffirmed his commitment to fighting “the war.” You can locate the roots of the “broken windows” campaign in Lindsay’s war on graffiti.
LEE
It wasn’t so much that the city did a single crackdown. It came in increments, from the time of Lindsay through Beame to Koch. At one point, Richard Ravitch, the MTA chairman, was in talks with a group of graffiti artists. The offer was that if these guys were given the green light to decorate, could they get the 30,000 other kids to stop? Of course, it went south. But they had a bargaining table and everything.
MICO
Especially in the beginning, it was a guerrilla war. We had strategic maps of the subway system, of which yard or layup was hot or cooled off. We gathered intelligence info at the writers’ bench. And if you got chased out at Coney Island that morning, you came to the bench and told everyone it was hot.
C.A.T. 87
I got caught with a friend hitting the buses on 125th Street. As soon as we got there, guards came with weapons. I hid under the bus and my friend jumped into the Hudson. I crawled under the buses to 133rd Street and came out covered in mud and ice. I got home, and my friend showed up all frozen. He swam downtown.
COMPLEMENT:
Quand Paris était couvert de tags, ou la nostalgie des 90’s
Drips
09/12/2018
A Paris, jusqu’à la fin des années 90, les stores étaient entièrement recouverts de tags. En vrac et au pif : Degré, Jackson, Sero, Stone, Dystur, Utis, Gun, Seep, Mush, Reck, Facey, Sean, Mao, Kooce, Dom, Xoer, Olaf, Vans, Feaz, Sfaxe, Galer, Kern, Skezo, Sp.One, Chase, Eresy, West, Kysa, Colorz, O’Clock…
Ils sont des milliers, plusieurs générations de graffeurs qui se téléscopent et se disputent le moindre espace disponible aux quatre coins de la capitale. Peu de repassage, ce n’est pas encore trop la mode des flops remplis, et encore moins des pièces en couleurs. Un régal pour les amateurs de handstyles…
Les stores parisiens étaient régulièrement immortalisés sur la quatrième de couverture du défunt magazine Graff It! – c’était à chaque fois un réel plaisir à décortiquer à la loupe, à la recherche de son nom ou celui de ses potes.
1999 : Opération Murs propres
Mais tout ça, c’était avant. Avant le fameux grand nettoyage, orchestré par le maire de Paris de l’époque, Jean Tibéri. En 1999, la mairie de la capitale lance l’opération Murs propres et signe un juteux contrat avec Korrigan, une boîte privée spécialisée dans le nettoyage de graffiti, l’enlèvement d’affiches, la remise en peinture du mobilier urbain et le lavage des voies publiques : 80 millions de francs par an pour une durée de six ans, renouvelable.
Tolérance zéro, le moindre graffiti signalé doit être buffé dans les plus brefs délais. La fin d’une époque ! Les stores retrouvent peu à peu leurs couleurs d’origine… en attendant la déferlante suivante.
Séquence nostalgie avec une sélection de rideaux de fer éclatés de tags… un vrai feu d’artifice.
Une brève histoire de l’Art Urbain, du Graffiti au Street Art (1/3)
Stéphanie Pioda
Urbaneez art
Octobre 2021
Si la paternité du Street Art est partagée entre Philadelphie, New York et Paris, c’est qu’il y a eu d’un côté des villes qui ont été ébranlées par une crise économique suite à une forte désindustrialisation, et de l’autre, des villes qui ont été le théâtre de révoltes sociales. Prendre d’assaut les murs a bien souvent été un acte politique avant d’être un acte purement créatif.
Aux origines, il y a le Graffiti
“Cornbread, World’s First Writer” revendique ce dernier qui, en 1965, tague son nom sur les murs de Philadelphie car c’est la seule solution pour attirer l’attention de Cynthia, trop timide pour lui déclarer son amour en direct. Une fois la belle conquise, il poursuit son aventure urbaine et place au-dessus de son tag une couronne, n’est-il pas tout simplement le “King of the Walls” comme il l’écrit alors? Un titre que beaucoup se disputent… L’enjeu est d’exister, d’apposer sa signature, son tag, sur les murs de la ville. Taki 183 la reproduira tellement que le New York Times lui consacrera un article entier en 1971, ce qui aura une répercussion énorme à l’époque. Les tags se multiplient sur les murs, mais aussi sur les bus, les camions et surtout les métros qui apparaissent comme le meilleur moyen d’être vu dans toute la ville et pas uniquement dans un seul quartier. Les graffitis de Seen, Dondi White ou Blade recouvrent les trains, font leur renommée et provoquent la colère des maires successifs de New York qui vont durcir la réglementation et les peines encourues pour ce qui est alors un acte de vandalisme. Pour autant, cela ne découragea pas Quik, Futura 2000, Phase 2, Stay High 149 ou encore John Fekner, qui continuera à écrire ses phrases au pochoir dans le Bronx.
Les pionniers du Graffiti Darryl McCray alias Cornbread et Demetrius alias Taki 183 réunis sur la même photo, un grand moment d’histoire capturé par le photographe Pete Duvall (theartblog.org).
L’influence de Keith Haring et J-M Basquiat
Pendant que les “Writers” matraquent leurs pseudos à New York, certaines galeries saisissent immédiatement la dimension artistique de ces interventions. En 1972, la Razor Gallery expose Phase 2, Snake, Stich 1. De leur côté, Keith Haring et Jean-Michel Basquiat s’emparent également des murs de la ville, mais optent pour une tout autre stratégie: ils visent les galeries d’East Village qui représentent les artistes contemporains les plus reconnus. Haring dessine à la craie dans le métro ses personnages-signature et Basquiat peint son acronyme SAMO© sur les murs juste à côté des galeries importantes. Et ça marche. En 1983, Sidney Janis – qui est alors le galeriste de l’Expressionnisme abstrait et du Pop Art – organise l’exposition “Post Graffiti”, avec A-one, Jean Michel-Basquiat, Crane, Crash, Daze, Futura 2000, Keith Haring, Lady Pink, Don Leicht, Noc 167, Rammellzee, Kenny Scharf, Toxic… Les grands noms de l’histoire du Graffiti américain. La machine est lancée, Warhol devient alors l’ange gardien de Basquiat et Haring, leur cote explose et ils vont acquérir une reconnaissance internationale dans le monde de l’art contemporain. Permettant ainsi à un art issu de la rue de trouver sa place auprès des plus grands collectionneurs.
Jean-Michel Basquiat pris sur le vif en train de peindre à la bombe dans les rues de New York pour le film Downtown 81 tourné entre 1980-81 mais seulement diffusé en 2001 (image tirée du film).
Un versant plus politique en France
Au même moment en France, deux artistes se partagent la paternité du street art: Gérard Zlotykamien et Ernest Pignon-Ernest. Le premier commence dès 1963 à dessiner à la bombe ses silhouettes baptisées “les éphémères” sur le chantier du “trou des Halles” à Paris, en référence aux individus soufflés par la bombe atomique à Hiroshima, laissant pour seule trace une ombre au mur! Il dénonce tout en restant en dehors du système et du marché de l’art. Il préfère travailler sans contrainte, mais refuse de se définir comme un artiste anarchiste. “Je m’auto-engage, explique-t-il, je ne crée ni un dogme ni un système”. En 1966, Ernest Pignon-Ernest reprend la même idée de la silhouette brûlée par l’explosion nucléaire en la démultipliant au pochoir sur les routes et sur les rochers du plateau d’Albion dans le Vaucluse, réagissant ainsi au projet d’y enfouir des têtes nucléaires.
D’un mouvement pur et underground de “Writers”, qui soignent les lettres de leurs tags, inventent des styles, entretiennent les rivalités entre crews pour être le plus visible, marquent leur territoire et font parler d’eux, ainsi que des actes engagés d’artistes désireux de contester des faits et transmettre un message politique, la tendance va peu à peu s’ouvrir. Plus qu’un mouvement artistique, les débuts sont donc portés par le jeu, l’interdit, l’adrénaline mais aussi la contestation, le désir de porter un message qui va notamment devenir la marque de fabrique de certains.
Une brève histoire de l’Art Urbain, du Graffiti au Street Art (2/3)
Stéphanie Pioda
25 novembre 2021
Dans les années 1980/90, le Vieux continent commence à se passionner pour le mouvement après les États-Unis. Le Graffiti et le Street Art déferlent alors comme une véritable onde de choc, synonymes de liberté d’expression et de tremplin pour certains artistes. Retour sur la vague déferlante et les années débridées.
La génération des “historiques”
Une fois le mouvement lancé aux États-Unis, il ne pouvait ensuite que fondre sur l’Europe. Attirés par le phénomène à New York, certains artistes français vont d’ailleurs traverser l’Atlantique pour mieux contempler ce nouveau mode d’expression. Ce sera très tôt pour Blek le Rat (dont se réclame Banksy) puisque dès 1971, il reste surpris de voir “des graffiti artistiques sauvages” comme il le dit, “dans le métro, sur les murs entourant les terrains de basket, des graffitis dessinés au marqueur, des signatures nerveuses surmontées d’une couronne, des lettrages peints à la bombe, remplis de volutes et de couleurs, sont omniprésents”. Basquiat contribue également à fertiliser les esprits au travers de plusieurs expositions: en 1981 à Modène, en 1982 à Zurich, Rotterdam et Rome, en 1986 à Cologne et en 1987 à Paris… Et puis sous la pression de la “chasse aux graffeurs” qui sont traqués comme de véritables délinquants, les artistes Américains vont peu à peu s’exiler sur le Vieux continent: Quik aux Pays-Bas, Toxic en Italie, JonOne, Futura 2000 et Seen à Paris… De quoi stimuler les jeunes graffeurs par une culture qui a vocation à devenir internationale!
Puis c’est l’explosion!
Dans toute l’Europe, les artistes s’organisent en crews, prennent d’assaut les friches industrielles, les terrains vagues, les immeubles abandonnés, sans oublier bien sûr les murs des villes et les métros. L’art devient accessible à tous comme jamais il ne l’a été auparavant, il suffit de prendre une bombe de peinture et de taguer son pseudonyme sur les murs la nuit. Les shoots d’adrénaline complètent le tableau et on photographie ses trophées avant qu’ils ne soient effacés pour les immortaliser. Des autodidactes fleurissent et les artistes qui sortent des Beaux-Arts y voient un nouveau terrain de jeu. On y retrouve la même énergie et la même envie d’un art débridé que dans la Figuration libre contemporaine de Combas et Di Rosa. Les murs se couvrent d’une explosion de créations éphémères qui s’effacent bien souvent au profit de la grisaille des pignons anonymes. Jef Aérosol placarde ses portraits de célébrités et d’anonymes, Miss.Tic ses pochoirs de silhouettes féminines relevés de phrases percutantes et Jérôme Mesnager (qui est un des rares à ne pas avoir de pseudo) multiplie ses “hommes en blanc” virevoltants sur les murs. Speedy Graphito va aller si loin qu’il va même laisser son numéro de téléphone à côté de ses peintures… Et bingo! Il trouvera grâce à cela sa première galerie parisienne (Polaris) et il sera en charge de composer l’affiche de “La ruée vers l’art” pour le Ministère de la Culture en 1985! Impertinence et insouciance sont les maîtres mots de cette époque dont la bande son oscille entre punk et hip hop.
Une démocratisation de l’art
L’expression politique n’est jamais très loin et nombreux sont les artistes qui défendent un art qui se veut engagé. L’arrivée de la gauche au pouvoir en France en 1981 traduit une soif de liberté qui va bouleverser la société française et donner naissance à de nombreuses explorations artistiques. De leurs côtés, Barcelone est à peine affranchie du joug de Franco, Berlin voit sauter ce mur qui divisait la ville depuis 28 ans et qui met fin à la Guerre froide, Bristol et Londres donnent naissance à deux “écoles”, et de l’autre côté de l’atlantique commence l’émergence des Pixadores à São Paulo, véritables tags peints au rouleau. Prendre possession de la rue n’est donc pas un acte anodin à l’époque mais un moyen de s’affranchir du système, des galeries et des institutions qui dirigent le monde de l’art. Il s’agit donc d’un phénomène qui permet à la fois de revendiquer une liberté d’expression mais également d’agir comme une véritable force motrice pour la démocratisation de l’art.
Ainsi, depuis sa naissance entre Philadelphie, New York et Paris, les deux décennies que sont les années 80 et 90 ont été fondatrices pour le développement international de l’Art Urbain. Ce dernier va considérablement marquer les esprits pendant cette période et s’imprégner de manière durable dans notre société. En faisant partie du décor dans les plus grandes villes d’Europe, il devient le marqueur d’une époque avant de peu à peu devenir un segment légitime sur le marché de l’art contemporain.
Une brève histoire de l’Art Urbain, du Graffiti au Street Art (3/3)
Stéphanie Pioda
30 juin 2022
Le Street Art est un art comme un autre. Mais si ces propos semblent aujourd’hui évidents, il ne faut pas oublier que le chemin a été long pour cela, 50 ans! Le temps de créer le plus grand mouvement artistique du XXème siècle, et qui continue son épopée au XXIème siècle sous l’intitulé de “Art Urbain Contemporain”.
La popularité du street art et du muralisme
Depuis les années 2000, les lignes ont bougé. Des œuvres murales pérennes ont fleuries dans les paysages urbains et elles sont de plus en plus commandées aux artistes qui peuvent désormais prendre le temps de poser des peintures murales version XXL! Que ce soit dans des quartiers socialement défavorisés que dans les artères populaires des plus grandes villes. Car si l’Art Urbain demeure porteur de valeurs généreuses, il consiste aussi à rendre l’art accessible au plus grand nombre et plus particulièrement à ceux qui y sont habituellement peu exposés. Un dessein qui nous fait remonter aux muralistes mexicains des années 1920, qui portés par les idées socialistes de la révolution de 1910, vont peindre des fresques murales porteuses de messages. Que ce soit Diego Rivera, José Clemente Orozco ou encore David Alfaro Siqueiros. Sans oublier un autre acteur essentiel de cette longue histoire en France: Victor Vasarely, peintre humaniste et communiste qui, dans les années 1960-1970, rêvait de « transformer la désolante grisaille quotidienne des déshérités en une ambiance de beauté et de gaieté ». Ce sont donc sur ces mêmes murs et en étant inspirés par le même élan créatif, que les street artistes ont permis au mouvement de se développer dans le monde entier et conquérir son plus grand nombre d’adeptes.
Un art devenu un argument touristique
Véritables musées à ciel ouvert, les villes font désormais du Street Art un argument touristique et les tours opérateurs multiplient les initiatives pour faire découvrir les plus belles fresques de Londres, Paris, Berlin, Lisbonne ou encore Amsterdam. Chacun se dispute alors la meilleure place de ville immanquable pour son « Parcours Street Art” et faire valoir son empreinte sur le développement du mouvement. L’époque où l’on considérait encore le Graffiti comme un acte de vandalisme auquel on accordait une tolérance zéro semble bien loin! Mais si un grand nombre d’artistes ont su s’adapter, certains artistes tel que Blu ne cède pas à ces sirènes et il n’a d’ailleurs pas hésité à effacer ses propres fresques à Bologne en 2016, pour protester contre une exposition qui s’était appropriée, entre autres, ses propres œuvres. Les festivals de Street Art, réunissant des artistes provenant des quatre coins du monde se sont institutionnalisés et chacun cherche depuis à battre le record de la fresque la plus impressionnante! Le Nuart festival en Norvège semble le mieux placé avec l’intervention d’Ella & Pitr sur 2,1 hectares en 2015, mais que les artistes ont depuis dépassé avec une nouvelle fresque de 2,5 hectares sur un toit de Paris en 2019, devenant ainsi la plus grande fresque d’Europe! Ainsi et que ce soit pour ses parcours Street Art, ses cartes interactives et applications dédiées, ses festivals haut en couleurs ou encore ses musées spécialisés, l’Art Urbain n’aura cessé de se développer au cours de ces dix dernières années pour devenir le mouvement artistique le plus prolifique du XXIème siècle.
Le marché de l’art, maillon clé de la reconnaissance
Mais si les festivals et autres visites guidées auront contribué à rendre le Street Art accessible au plus grand nombre, rien n’aurait été possible sans le marché de l’art qui a joué un rôle déterminant en donnant de la valeur à ce qui était éphémère. Le marché s’est rapidement organisé avec ses galeries spécialisées, ses foires et ses ventes aux enchères dédiées, où les commissaires-priseurs mettent parfois à l’encan des œuvres qui sortent directement de l’atelier de l’artiste sans être passées en galerie. Certains artistes ont même commencé à mettre de côté leur pseudonyme pour mieux mettre en avant leur patronyme, tendant ainsi à se détacher de leur image de “street artiste” pour revendiquer celle d’artiste tout court. Mais ce sont aujourd’hui les foires et plus particulièrement les ventes en ligne qui tirent leur épingle du jeu tant ce marché est devenu international. En effet, des œuvres d’artistes provenant du monde entier sont désormais accessibles au plus grand nombre, il est d’ailleurs devenu acquis d’acheter aujourd’hui une œuvre sur Internet en quelques clics et il est d’autant plus facile de trouver une œuvre originale pour quelques centaines d’euros. Même si pour demeurer abordable et maintenir l’esprit des débuts, les éditions à tirage limité permettent à tout un chacun de se procurer un visuel de leur artiste préféré pour leur décoration d’intérieur ou leur collection personnelle.
Aujourd’hui reconnu sous l’appellation universelle d’Art Urbain, le Graffiti et le Street Art ont réussi à séduire toutes les générations et ses techniques ont également su évoluer avec le temps. Autrefois principalement axées autour de l’utilisation de la bombe aérosol, des pochoirs et des collages, tout est depuis devenu possible. Que ce soit au travers des murs dessinés au marteau piqueur de Vhils, aux affiches monumentales en trompe l’œil de J.R, que par les recouvrements urbains en tricot de Magda Sayeg. Un art le plus souvent gratuit, qui s’affiche au plus grand nombre, qui ne nécessite aucune connaissance particulière en histoire de l’art, et dont les amateurs d’art peuvent aujourd’hui se réjouir de pouvoir accéder à une offre particulièrement diversifiée et authentique. Il n’y a qu’un pas pour soutenir le travail des artistes!
Voir enfin:
Our urge to scrawl on a wall has been around for pretty much as long as there have been walls around for us to scrawl on. The workmen who built the Great Pyramid of Khufu at Giza left behind scribbles that may explain how they did it. An ancient Roman scratched what is often interpreted as directions to a nearby brothel into the paving stones at Ephesus, while others were leaving declarations of love, political slogans, rude gossip and scandalous accusations all over Pompeii.
In later times, it became customary, if not obligatory, for anyone who visited ancient sites to record the fact upon them. As early as 1240BC, « Hadnakhte, scribe of the treasury » was inscribing an account of his trip: « came to make an excursion and to amuse himself on the west of the Memphis, together with his brother, Panakhti » on a temple wall at Giza. The Romans effectively saw the Great Pyramid as a giant visitor’s book, and generations of European tourists, from Napoleonic soldiers to Lord Byron, left their marks across swathes of Greece, Italy and Egypt well into the 19th century.
The practice was so common that during a tour of Egypt in 1850, the French novelist Gustave Flaubert expressed his great irritation, in a letter to his uncle, at « the number of imbeciles’ names written everywhere », declaring himself particularly unamused by the fact that in Alexandria, « a certain Thompson, of Sunderland, has inscribed his name in letters six feet high on Pompeii’s column … It can be read a quarter of a mile off. There is no way of seeing the column without seeing the name of Thompson. This imbecile has become part of the monument and is perpetuated with it. »
From the mid-20th century, though, as travel writer Rolf Potts notes in an informative essay, despite the best efforts of US GIs who left « Kilroy was here » inscriptions from the Arc de Triomphe in Paris to the Marco Polo Bridge in China, the practice was widely condemned – but it still persists, even if, these days, defacing a historic monument can have hefty consequences. In Egypt, the offence carries a fine of more than $20,000 and up to 12 months in prison. In India, where the Taj Mahal and Delhi’s Lodhi Gardens and Purana Qila fort have been badly affected, graffitists risk up to 1 lakh (about £970) in fines and up to two years in jail. And in Britain, a man who spray-painted slogans on Clifford’s Tower and the statue of Constantine in York was recently handed a four-month prison term.
To counter the scourge, English Heritage – which reckons up to 70,000 historic sites and buildings in Britain could be damaged each year by crimes including graffiti – recommends « passive design and active management measures » such as lighting, CCTV, barriers such as shrubs or fences, and landscaping solutions such as walkways, but recognises these aren’t always possible around listed buildings. Easy-clean anti-graffiti polymer coatings, widely used on modern buildings, can be problematic on the more porous materials found in many older buildings because they can slow or prevent water evaporation, leading to mould or salt crystallisation problems (although, as part of an EU-sponsored project, a German firm has now invented a promising « breathable » coating).
Or, like China, you can set aside a whole section of one of the world’s best-known ancient monuments for tourists to carve their names on. Authorities in Beijing recently designated Fighting Tower 14 of the Mutianyu section of the Great Wall a « free graffiti zone », and are considering setting up two similar areas in Fighting Towers 5 and 10. Which is decent of them, because the most recent international graffiti scandal was provoked last year by a 15-year-old from Nanjing who, much like the scribe Hadnakhte 3,500 years ago, cheerfully scratched the words « Ding Jinhao was here » on a 3,500-year-old Luxor Temple carving in Egypt. Scrawling on a – preferably ancient – wall is plainly a habit that will die hard.