Présidentielle 2012: Ne pas désespérer Boboland et perdre à nouveau Billancourt et l’élection? (Will France’s Left again snatch defeat from the jaws of victory?)

30 mars, 2012
Vous allez dans certaines petites villes de Pennsylvanie où, comme dans beaucoup de petites villes du Middle West, les emplois ont disparu depuis maintenant 25 ans et n’ont été remplacés par rien d’autre (…) Et il n’est pas surprenant qu’ils deviennent pleins d’amertume, qu’ils s’accrochent aux armes à feu ou à la religion, ou à leur antipathie pour ceux qui ne sont pas comme eux, ou encore à un sentiment d’hostilité envers les immigrants. Barack Obama
Nous qui vivons dans les régions côtières des villes bleues, nous lisons plus de livres et nous allons plus souvent au théâtre que ceux qui vivent au fin fond du pays. Nous sommes à la fois plus sophistiqués et plus cosmopolites – parlez-nous de nos voyages scolaires en Chine et en Provence ou, par exemple, de notre intérêt pour le bouddhisme. Mais par pitié, ne nous demandez pas à quoi ressemble la vie dans l’Amérique rouge. Nous n’en savons rien. Nous ne savons pas qui sont Tim LaHaye et Jerry B. Jenkins. […] Nous ne savons pas ce que peut bien dire James Dobson dans son émission de radio écoutée par des millions d’auditeurs. Nous ne savons rien de Reba et Travis. […] Nous sommes très peu nombreux à savoir ce qu’il se passe à Branson dans le Missouri, même si cette ville reçoit quelque sept millions de touristes par an; pas plus que nous ne pouvons nommer ne serait-ce que cinq pilotes de stock-car. […] Nous ne savons pas tirer au fusil ni même en nettoyer un, ni reconnaître le grade d’un officier rien qu’à son insigne. Quant à savoir à quoi ressemble une graine de soja poussée dans un champ… David Brooks
La croissance économique de la France ralentit, le chômage augmente, la Grèce menace toujours de faire faillite, et l’euro, déstabilisé par la crise mais un peu plus rassurant ces derniers temps, n’est toujours pas sorti de sa crise existentielle. Malgré cette liste de graves problèmes qui inquiètent les électeurs français à l’approche de la présidentielle, le Président en campagne Nicolas Sarkozy a déclaré cette semaine que le premier sujet de préoccupation des Français, c’est la viande halal. Ha bon? (…) Peu importent les sondages qui montrent que les problèmes économiques et le chômage sont bien plus importants aux yeux de l’opinion dans le choix du prochain dirigeant, Sarkozy a même déclaré mardi soir que le vrai problème de la France est que “nous avons trop d’étrangers”. Son père, immigré hongrois, est prévenu. […] Beaucoup de commentateurs interprètent ce rapprochement avec les positions de l’extrême-droite comme une tentative cynique et désespérée d’attirer de nouveaux partisans dans sa difficile campagne. Mais si cette stratégie a peut-être été vitale à sa victoire de 2007, elle ne semble pas suffire à retourner une situation mal embarquée en 2012. Bruce Crumley (“La xénophobie de Sarkozy: le Président français flatte l’extrême droite”, Time, 08.03.12)
Nicolas Sarkozy, qui aime se faire appeler Sarko l’Américain, flatte de dangereuses passions anti-immigrées pour son gain politique à court terme. The NYT
Nous nous demandons si monsieur Sarkozy comprend que faire étalage de manière aussi transparente de son cynisme comme ici est ce qui l’a conduit dans la situation difficile où il est actuellement. The WSJ
Si les Français décrètent que, en temps de crise, l’aptitude au commandement prime le reste, ils serreront les dents et rééliront Nicolas Sarkozy. Roger Cohen (the NYT)
En France, les présidents sont censés être grands, dignes, réfléchis, raffinés, distingués. Ce sont des esthètes admirés pour leur intellect. En général, ils ne sont pas petits, agressifs, vulgaires, peu cultivés, impulsifs. Ils n’aiment pas sans vergogne l’argent et ceux qui en ont, ou n’épousent pas d’ex-mannequins – deux mois après avoir quitté la dernière, trois mois avant de rencontrer la nouvelle – qui comptent parmi leurs anciennes conquêtes les musiciens Eric Clapton ou Mick Jagger. The Guardian 
J’aimerais vraiment voter écolo. La protection de l’environnement devrait être au cœur de nos préoccupations. Mais je sais qu’Eva Joly fera 6% au final. Comme je n’ai aucune envie de me retrouver avec Marine Le Pen au second tour, je vais voter François Hollande. (…) Je le sens pas ce mec. Aucun charisme. Mais je n’en peux plus de Sarko. Raphaël (monteur de documentaires pour la télé)
Robert Putnam a découvert que plus la diversité dans une communauté est grande, moins les gens votent et moins ils donnent à des associations caritatives et travaillent à des projets communautaires. (…) Dans une étude récente, Glaeser et son collègue Alberto Alesina ont démontré qu’à peu près la moitié de la différence dans les dépenses sociales entre les Etats-Unis et l’Europe — l’Europe dépense bien plus — peut être attribuée à la diversité ethnique plus grande de la population américaine. Michael Jonas
Pour le chercheur en sciences politiques de l’Université du Michigan, Scoot Page, dans les lieux de travail de haut niveau, les différentes manières de penser parmi des personnes de différentes cultures peuvent être un avantage. “puisqu’elles voient et appréhendent le monde différemment que vous, c’est provocant. Mais la fréquentation de personnes différentes peut stimuler la créativité de tous. Les équipes diverses tendent à être plus productives.” (…) Autrement dit, les membres de communautés plus diverses peuvent faire plus de bowling seuls, mais les tensions créatrices lâchées par ces différences dans le lieu de travail peuvent propulser ces mêmes endroits à la pointe de l’économie et de la culture créatrice. (…) Page appelle ça le “paradoxe de diversité.” Il pense que les effets à la fois positifs et négatifs de la diversité peuvent coexister dans les communautés, mais qu’il doit y avoir une limite.” Si l’investissement civique tombe trop bas, il est facile d’imaginer que les effets positifs de la diversité puissent tout aussi bien commencer à s’affaiblir. Michael Jonas
Les Suisses n’ont pas voté pour l’interdiction des mosquées, ni pour l’interdiction de l’islam. Ils ont uniquement voté pour la “discrétion” de l’islam. (…)[ils] n’ont pas raisonné en islamologues mais ils ont obéi au bon sens et exprimé ce qu’ils ressentaient. (…) ce qui est refusé, c’est une manifestation trop visible, trop triomphaliste de l’islam. En fait, ce vote traduit, de leur part, le refus de tout signe qui tend à rompre l’uniformité qu’ils jugent être de bon goût, surtout si ce signe appartient à une culture qui n’est pas la leur. Anne-Marie Delcambre
C’est sur le modèle du centre islamique de Genève que se sont construits, à partir des années 1960, les centres islamiques de Milan, de Londres, de Rome et de nombreuses autres villes européennes, souvent financés par l’Arabie saoudite. Ces centres ont servi à la fois de bases avancées pour la da’wa – la propagande et le prosélytisme politico-religieux des Frères musulmans – mais aussi, comme cela a été révélé au lendemain du 11 septembre, de centres de recrutement des terroristes d’Al-Qaida et de leurs soutiens logistiques et financiers. Car il ne faut pas oublier que c’est en Europe, comme le rappelle le chercheur Lorenzo Vidino, qu’ont été minutieusement préparés les attentats du 11 septembre. (…) Dans ces circonstances, le résultat du référendum sur les minarets prend un sens symbolique important. Il ne s’agissait pas – comme voudraient le faire croire plusieurs commentateurs engagés au service de l’islamisation de l’Europe (camouflée derrière l’expression de “dialogue interculturel” euroméditerranéen), comme Caroline Fourest – de limiter la liberté de culte des Musulmans de Suisse, qui sont sans doute dans leur majorité des citoyens pacifiques. Il s’agissait de porter un coup d’arrêt à la vague d’islamisation de l’Europe, qui a commencé en Suisse dans les années 1960. Paul Landau
L’invasion d’un million, 1,5 million de réfugiés en Italie, comme l’a estimé Frontex, mettrait à genoux n’importe quel Etat. C’est pour cela que nous demandons la solidarité de tous les pays européens, à la fois pour les contrôles et pour l’hébergement. Roberto Maroni (ministre italien de l’Intérieur)
Notre problème, ce n’est pas les étrangers, c’est qu’il y a overdose. C’est peut-être vrai qu’il n’y a pas plus d’étrangers qu’avant la guerre, mais ce n’est pas les mêmes et ça fait une différence. Il est certain que d’avoir des Espagnols, des Polonais et des Portugais travaillant chez nous, ça pose moins de problèmes que d’avoir des musulmans et des Noirs […] Comment voulez-vous que le travailleur français qui habite à la Goutte-d’or où je me promenais avec Alain Juppé il y a trois ou quatre jours, qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15 000 francs, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50 000 francs de prestations sociales, sans naturellement travailler ! [applaudissements nourris] Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur [rires nourris], eh bien le travailleur français sur le palier devient fou. Et il faut le comprendre, si vous y étiez, vous auriez la même réaction. Et ce n’est pas être raciste que de dire cela. Nous n’avons plus les moyens d’honorer le regroupement familial, et il faut enfin ouvrir le grand débat qui s’impose dans notre pays, qui est un vrai débat moral, pour savoir s’il est naturel que les étrangers puissent bénéficier, au même titre que les Français, d’une solidarité nationale à laquelle ils ne participent pas puisqu’ils ne paient pas d’impôt ! […] Il faut que ceux qui nous gouvernent prennent conscience qu’il y a un problème de l’immigration, et que si l’on ne le traite pas et, les socialistes étant ce qu’ils sont, ils ne le traiteront que sous la pression de l’opinion publique, les choses empireront au profit de ceux qui sont les plus extrémistes. […] [Au sujet des épiciers de proximité] La plupart de ces gens-là sont des gens qui travaillent, des braves gens ; on est bien content de les avoir. Si on n’avait pas l’épicier kabyle au coin de la rue, ouvert de 7 heures du matin à minuit, combien de fois on n’aurait rien à bouffer le soir ? Chirac (dîner-débat RPR, 19 juin 1991)
Si je n’étais pas féministe et partisan de la parité au Parlement, je me serais dit que c’est exactement le genre de fille qu’on a envie de sauter entre deux portes en espérant qu’elle vous demande de lui donner des baffes avant de jouir pour pouvoir se mettre un instant dans la peau d’un sans-papiers macho et irascible. Libération
On ne va pas s’allier avec le FN, c’est un parti de primates. Il est hors de question de discuter avec des primates. Claude Goasguen (UMP, Paris)
Je pense qu’on n’aborde pas les vraies questions et qu’on donne le sentiment qu’on esquive un certain nombre de questions importantes. Je pense que la question de la maîtrise des flux migratoires est une question qui reste importante, qui taraude la société française et que le sentiment qu’il y ait une sorte d’invasion rampante ; et donc, tant qu’on n’abordera pas frontalement cette question-là en montrant qu’on est capable de maîtriser, de réguler, d’organiser ces flux migratoires, la question de la ghettoïsation ou plus exactement la ghettoïsation ethnique de la société française n’ait pas abordé…(…) Mais je pense que beaucoup de dirigeants ont peur d’ouvrir ces débats-là avec le fait que ça fasse le lit du Front National ; et moi je pense qu’une société qui cache, qui refuse les débats, c’est une société qui me donne le sentiment qu’elle a peur. Et donc à partir de là, ceux qui exploitent ces peurs sont en situation favorable. (…) Il y a deux solutions. – Soit on dit : ça n’existe pas tout ça ; et à ce moment-là, on se rassure et on pense que l’anti-Sarkozysme va nous faire gagner les élections présidentielles. – Soit on dit : ça existe mais à partir de là, on apporte nos réponses. Moi je n’apporte pas les réponses de Marine Le Pen. Vous ne m’avez pas entendu dire qu’il fallait rejeter les Immigrés. Je dis, au contraire, que la question qui est posée :- c’est comment on redonne un sens à ces phénomènes migratoires qui sont de toute manière des phénomènes inscrits dans l’avenir de l’Humanité.- Donc, comment on évite qu’ils soient parqués dans des ghettos et qu’ils aient le sentiment qu’ils sont toujours rejetés. Comment on évite, par exemple, qu’ils soient systématiquement stigmatisés. (…) le vrai débat n’est pas sur l’islam. Le vrai débat, il est sur la laïcité ; et là, tous les partis politiques doivent en discuter. Et donc, le problème, ce n’est pas d’aller discuter d’une religion et donc de donner le sentiment qu’on la stigmatise. Le problème c’est de redéfinir des règles communes, y compris sur les pratiques religieuses qui interpellent aujourd’hui dans notre pays. Julien Dray
J’ai connu Riposte Laïque lors de ma démission du NPA. J’ai quitté ce parti peu de temps après les élections régionales, avec le 3/4 du comité de Thionville. Nous étions tous littéralement sidérés de voir que le parti acceptait une candidate voilée, sans même prendre l’avis des ses adhérents lors d’un congrès national. Nous considérons que le voile est un symbole de soumission de la femme, totalement à l’opposé du principe de l’égalité des hommes et des femmes, contraire à notre modèle civilisationnel et à nos valeurs progressistes. (…) Nous nous sommes aussi rendu compte que toute critique de l’islam était immédiatement taxée de racisme ou d’islamophobie, alors même que les critiques à l’encontre du catholicisme ou d’autres religions étaient les bienvenues. Quelle drôle de conception de la laïcité ! (…) Cela tient tout d’abord à l’arrivée de Marine Le Pen. Elle a su dédiaboliser le FN, qui, je pense, a souvent été victime de caricatures par les bien-pensants. Actuellement, elle est la seule à défendre véritablement la loi de 1905, à dénoncer la banalisation du halal et les prières illégales sur la voie publique. Elle apporte des solutions contre la mondialisation, et donc contre les délocalisations, elle propose aussi de lutter contre la concurrence imposée de la main d’œuvre étrangère avec la main d’œuvre « locale » dans le but avoué de faire baisser les salaires quitte à jeter au chômage des Français. Marine Le Pen lutte aussi contre l’Europe de Bruxelles qui nous appauvrit de jour en jour et, bien sûr, elle songe aussi à un éventuel retour au franc, car si un risque d’effondrement de l’euro existe, nous avons tout intérêt à nous doter d’un plan de sortie anticipée. De plus, je pense qu’elle a raison de défendre la préférence nationale et de rappeler que nous ne devons avoir honte ni de notre culture, ni de nos couleurs. Chaque pays a sa propre histoire et certains acquis qui lui sont propres. Je suis donc plutôt favorable à une Europe des nations. (…) Le problème avec Jean Luc Mélenchon (…) c’est l’immigration. J’avoue qu’avec le bénéfice des ans, j’ai un peu évolué sur ce sujet : avec 5 millions de chômeurs en France, nous ne pouvons plus accepter autant d’immigrés. Bien sûr on est toujours touché par le parcours de certains clandestins issus de pays pauvres ; pour empêcher ces déracinements, les peuples de ces pays devraient s’inspirer de la révolution Tunisienne (l’Egypte est en pleine effervescence), afin d’instaurer chez eux une véritable démocratie laïque et non islamique, et veiller à ce que les richesses de leur pays, qui sont souvent immenses, ne soient pas détournées par les élites. Aussi lorsque Jean-Luc Mélenchon dit vouloir régulariser tous les sans-papiers, je ne suis pas d’accord : nous n’avons ni l’obligation morale ni la possibilité d’accueillir toute la misère du monde, comme le disaient le socialiste Michel Rocard ou le communiste Georges Marchais, lequel, dans les années 80, réclamait l’arrêt de l’immigration. Prenons donc exemple sur la Suisse et ses votations citoyennes et demandons aux Français, lors d’un référendum, leur avis sur l’immigration. Nos chères élites seraient bien surprises du résultat. Quant aux zones de non-droit de nos quartiers et aux agressions aux personnes, elles constituent désormais un autre problème majeur et pourrissent la vie de bon nombre de nos concitoyens, surtout, mais pas seulement, dans les milieux modestes. Je ne pense pas que les solutions angéliques de Jean-Luc Mélenchon soient capables de régler le problème que pose cette violence, qui est d’abord une violence gratuite. Fabien Engelmann
Ce n’est (…) pas parce que « Claude Guéant parle comme Marine Le Pen » (dixit Jean-Louis Borloo) que cette dernière progresse dans l’opinion et perce dans les urnes d’une élection qui jusqu’alors fermait à son parti les portes du second tour. C’est parce que ceux qui, en 2007, avaient quitté Jean-Marie Le Pen pour Nicolas Sarkozy en espérant voir réaliser certains de leurs vœux estiment qu’ils n’ont pas été entendus. (…) Peut-on, après cela, parler sans rire, comme dimanche soir, sur la plupart des plateaux télé, de “réaction des électeurs contre la droitisation de l’UMP” ? La vérité est que, depuis les années 1990, la droite n’a cessé de se dédroitiser et, par voie de conséquence, de libérer un espace croissant au Front national dont les propositions d’aujourd’hui sont parfois en deçà de celles du RPR et de l’UDF d’alors (lire les propositions des états généraux de l’opposition, animés, voici vingt ans, par Nicolas Sarkozy et Alain Madelin)… Valeurs actuelles
Toutes les enquêtes, notamment celle publiée chaque année (le 21 mars) dans le rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, montrent qu’il y a un double mouvement : d’une part l’ouverture de la société française à la différence et, d’autre part, la stigmatisation, pour une partie de l’opinion publique, de l’immigration en provenance des pays musulmans et de l’Islam en général. Lorsqu’on pose aux Français la question de savoir quelle est l’image qu’ils ont des différents groupes vivant sur le territoire national et des différentes religions, une frange de la population exprime désormais ouvertement le fait que l’Islam est intrinsèquement un problème car possédant des bases et un contenu supposé incompatible avec le projet civilisationnel français et européen. L’attitude des Français face à l’intégration change également. Il y a encore une dizaine d’années, on considérait que les problèmes d’intégration des étrangers étaient dus davantage à la société d’accueil. Désormais, un grand nombre de Français pensent que la responsabilité de la non-intégration provient des étrangers eux-mêmes. Ce phénomène existe aussi au niveau européen : en Europe du Nord (Scandinavie, Pays-Bas), en Italie avec le succès de la Ligue du Nord, en Autriche dans une moindre mesure. L’un des changements fondamentaux est que l’extrême-droite a muté idéologiquement. Elle est devenue aujourd’hui différente du néofascisme traditionnel. Les références à la Seconde guerre mondiale et aux régimes autoritaires qui les ont précédés s’estompent mais il apparaît une nouvelle forme d’extrémisme qui s’appuie sur le retournement d’un certain nombre de valeurs considérées jusqu’à aujourd’hui comme faisant partie du logiciel idéologique progressiste. Pourquoi l’Islam est aujourd’hui critiqué ? En raison de son attitude vis-à-vis des femmes, voire au nom du féminisme ; en raison de son attitude envers les minorités donc au nom du principe d’égalité et de liberté religieuse. On voit également comment Pim Fortuyn dans un premier temps et d’autres par la suite ont expliqué qu’en tant qu’homosexuels, ils se sentaient agressés par un Islam qui ne tolère pas les différences sexuelles. In fine, l’Islam est attaqué non pas en tant que religion mais culture. (…) à l’intérieur de la droite de gouvernement, un certain nombre de responsables, y compris le président de la République, se sont eux-mêmes emparés de la question. Ils l’ont fait en nous expliquant que ce qui se passait de l’autre côté de la Méditerranée était positif mais en agitant le spectre de l’invasion des immigrants illégaux et en liant les évènements à la question de l’Islam. Ce n’est pas un hasard si, au moment précis où la France modifiait son attitude vis-à-vis du monde arabe pour prendre le parti des peuples qui se révoltent, le président de la République relançait dans le même temps le débat sur l’identité nationale. (…) La présentation des Musulmans comme étant potentiellement susceptibles de déferler sur nos côtes et étant par ailleurs adeptes d’une religion qui poserait problème dans son implantation sur le sol national concourent effectivement à attiser les peurs. Jean-Yves Camus
Le FN apparaît, plus que jamais, comme un vecteur de manifestation des préoccupations populaires. Le « vote utile » des électeurs frontistes exprime un message de mécontentement profond où se mêlent questions sociétales (insécurité, immigration) et socio-économiques (rejet du libre-échange et de la mondialisation). Le nouveau discours de Marine Le Pen parvient à conjuguer ces deux thématiques et à rentrer ainsi en résonance avec l’opinion d’une large fraction de la population. (…) L’argument moral jeté à la face de ces divers électeurs, ou encore les démonstrations idéologiques, ont peu de chance d’être efficaces. Seules des réponses apportées à leurs préoccupations concrètes par les partis républicains pourront convaincre cette France en crise qu’elle a mieux à faire que de crier sa colère en votant à l’extrême droite. Eric Dupin
Le mépris dans lequel les tient la classe dirigeante a quelque chose de sidérant. Nos élites sont mues par une invraisemblable prolophobie dont elles n’ont parfois même pas conscience. (…) Les impensés de la gauche sur la sécurité et l’immigration témoignent d’un déni persévérant de celle-ci face à l’expression de certaines souffrances sociales. (…) Avant d’être une posture politique, le front républicain est d’abord un réflexe de classe et de caste. Patrick Buisson
Ce concept de “droitisation” est le plus sûr indice de la confusion mentale qui s’est emparée de certains esprits. Si la “droitisation” consiste à prendre en compte la souffrance sociale des Français les plus exposés et les plus vulnérables, c’est que les anciennes catégories politiques n’ont plus guère de sens… et que le PS est devenu – ce qui me paraît une évidence – l’expression des nouvelles classes dominantes. (…) Est-ce Nicolas Sarkozy qui se “droitise” en plaçant la maîtrise des flux migratoires au cœur de la question sociale ou la gauche qui se renie en substituant à la question sociale le combat sociétal en faveur d’un communautarisme multiculturel ? L’impensé du candidat socialiste sur l’immigration est tout sauf accidentel : il témoigne d’une contradiction à ce jour non résolue. L’idéologie du “transfrontiérisme” n’est pas celle des Français. Près de deux Français sur trois et près d’un sympathisant de gauche sur deux approuvent la proposition de Nicolas Sarkozy de réduire de moitié l’immigration légale. Le projet que porte Nicolas Sarkozy s’adresse à tout l’électorat populaire. Il est clairement le candidat d’une Europe des frontières. C’est en cela qu’il est le candidat du peuple qui souffre de l’absence de frontières et de ses conséquences en chaîne : libre-échangisme sans limites, concurrence déloyale, dumping social, délocalisation de l’emploi, déferlante migratoire. Les frontières, c’est la préoccupation des Français les plus vulnérables. Les frontières, c’est ce qui protège les plus pauvres. Les privilégiés, eux, ne comptent pas sur l’Etat pour construire des frontières. Ils n’ont eu besoin de personne pour se les acheter. Frontières spatiales et sécuritaires : ils habitent les beaux quartiers. Frontières scolaires : leurs enfants fréquentent les meilleurs établissements. Frontières sociales : leur position les met à l’abri de tous les désordres de la mondialisation et en situation d’en recueillir tous les bénéfices. Patrick Buisson
Misère (entraînant et expliquant la révolte et la violence) ? faux ! D’après l’Insee, la Seine-Saint-Denis est le quinzième département le plus riche de France – compte non tenu, par définition, de l’économie souterraine qui l’irrigue. En y ajoutant les milliards de la drogue, le “9-3” est sans doute en réalité parmi les cinq départements les plus riches de France. Quels sont à l’inverse les plus pauvres ? L’Ariège (91e), le Cantal (92e) et la Creuse (96e). Ajoutons un taux de pauvreté de 19 % dans un tiers des départements ruraux de France métropolitaine – c’est-à-dire plus élevé que dans le “9-3”. Plus largement, souligne lumineusement le géographe Christophe Guilluy, « 85 % des ménages pauvres ne vivent pas dans les quartiers sensibles et… la majorité des chômeurs de longue durée se répartit sur l’ensemble du territoire ». Or, où brûlent les voitures ? Où tire-t-on à la kalachnikov sur les policiers ? Dans la Creuse ou en Seine-Saint-Denis ? Les pauvres “assignés à résidence”, dans de lointains territoires de relégation ? Archifaux, là encore ! À l’échelle du Bassin parisien dans son entier, la Seine-Saint-Denis est dans une position confortablement centrale, non dans une lointaine bordure – et dans les “zones urbaines sensibles” (Zus) de ce département, comme dans celles des autres de la région parisienne, la mobilité de la population est la plus élevée de France (taux de mobilité de 61 %, selon l’Observatoire national des Zus). Les quartiers sensibles représentent la jeunesse, la France rurale n’étant plus peuplée que de paysans âgés ? Faux ! Ces quartiers et cités ne rassemblent que 9 % de la jeunesse (l’Insee, toujours), la France périphérique au contraire (grande banlieue et villes-satellites des métropoles) abritant un jeune sur trois de 18-24 ans – et ce, avec un taux de criminalité fort bas. Ajoutons que l’espace rural (18 % de la population métropolitaine, 11 millions d’habitants) compte désormais 32 % d’ouvriers, 27 % d’employés – et seulement 7 % d’agriculteurs… sans que nulle déprédation ou exaction ne s’y commette, ou presque. Industrielle ou rurale, cette France périurbaine est celle des précaires, agriculteurs percevant les minima sociaux, ouvriers pauvres, travailleurs à temps partiel. Cette “France des plans sociaux” abrite les nouvelles classes populaires évincées des grandes métropoles (centre-ville et première couronne) – désormais fiefs de la bourgeoisie-bohème (“bobo”) et des immigrés récents. Or quoique victime de la recomposition sociale du territoire, cette France périphérique est calme. Malgré une pauvreté invisible, la délinquance y est rare et la criminalité, plutôt exceptionnelle. Avec une insondable morgue, les journalistes “tendance bobo” dénigrent cependant cette France périphérique et sa “logique de repli”. Alors que, pour ces populations victimes de la mondialisation et de la prédation financière, il s’agit, tout au contraire, d’une demande de protection. (…) on ne peut édifier de politique efficace sur des concepts erronés. Pourtant, c’est ce que l’on fait depuis trente ans sous le nom – déjà absurde – de “politique de la ville”. Comme de l’eau dans un trou, cette “politique” déverse des milliards d’euros dans des programmes immobiliers opaques et dans d’incontrôlables subventions : 550 millions d’euros en 2012 pour la politique de la ville ; 390 millions pour la “cohésion sociale et l’égalité des chances”, nom fort noble pour ce qui ressemble souvent à du racket ou du chantage à l’émeute. À la lumière des réalités que je viens d’énoncer, c’est cette politique-là, d’abord, qu’il faut revoir de fond en comble. Administré à partir d’un faux diagnostic, un médicament n’a aucune chance, jamais, de faire le moindre effet ! Xavier Raufer
On brode beaucoup sur la non intégration des jeunes de banlieue. En réalité, ils sont totalement intégrés culturellement. Leur culture, comme le rap, sert de référence à toute la jeunesse. Ils sont bien sûr confrontés à de nombreux problèmes mais sont dans une logique d’intégration culturelle à la société monde. Les jeunes ruraux, dont les loisirs se résument souvent à la bagnole, le foot et l’alcool, vivent dans une marginalité culturelle. En feignant de croire que l’immigration ne participe pas à la déstructuration des plus modestes (Français ou immigrés), la gauche accentue la fracture qui la sépare des catégories populaires. Fracture d’autant plus forte qu’une partie de la gauche continue d’associer cette France précarisée qui demande à être protégée de la mondialisation et de l’immigration à la « France raciste ». Dans le même temps, presque malgré elle, la gauche est de plus en plus plébiscitée par une « autre France », celle des grands centres urbains les plus actifs, les plus riches et les mieux intégrés à l’économie-monde ; sur ces territoires où se retrouvent les extrêmes de l’éventail social (du bobo à l’immigré), la mondialisation est une bénédiction. Christophe Guilluy
J’avais l’impression qu’il [Nicolas Sarkozy] avait déjà cette géographie sociale bien en tête. Comme s’il savait que cette France populaire, qui l’avait élu en 2007, allait être une nouvelle fois l’enjeu de cette présidentielle.
Je ne pense pas que le qualificatif de droitisation soit pertinent. Pour cette France-là, on est arrivé à la fin de la bipolarisation droite-gauche. Par exemple, en matière d’immigration, tout le monde pense grosso modo la même chose, à gauche comme à droite. Quand on regarde comment se comportent les Français – là où ils vont vivre, là où ils souhaitent scolariser leurs enfants -, on s’aperçoit que tout le monde évolue dans une même logique. Ce qui change, c’est le discours de justification de ses actes… Par ailleurs, cette France populaire reste très attachée à l’Etat providence, aux services publics, à la laïcité, aux thématiques traditionnelles de la gauche. (…) Ce qui définit cette classe qui se sent menacée de déclassement, c’est son incapacité à ériger des frontières symboliques avec un monde qu’elle juge menaçant. Le bobo de Belleville, qui habite en plein cœur d’un quartier très métissé, peut résider dans un immeuble de lofts, socialement homogène, et contourner la carte scolaire. Les prolétaires de la Picardie, eux, n’ont pas les moyens d’ériger ce type de frontière invisible. C’est pour ça que cette classe populaire exprime aujourd’hui une demande d’Etat fort et de protectionnisme. La question sociale est centrale pour elle, à la condition qu’elle se combine avec une question d’ordre culturel. (…) Sur ces questions culturelles et identitaires, la gauche tient un discours peu clair. Car elle a la trouille de dire les choses. Je pense qu’on vit désormais dans une société multiculturelle sans oser le dire. Pour la première fois dans notre histoire, dans certains espaces, se pose la question d’appartenir à une majorité ou à une minorité relative. C’est ce que révèle l’épisode sur la viande halal : au-delà la question de l’étiquetage, le sentiment diffus de pouvoir devenir, sans le savoir, minoritaire, est très présent.
 C’est compliqué pour [François Hollande] car il ne faut pas désespérer «Boboland», c’est-à-dire ces classes intellectuelles et supérieures qui vivent en centre-ville, profitent des bienfaits de la mondialisation et votent en majorité pour la gauche. Je dis cela sans mépris. C’est une réalité sociologique importante pour la gauche. Il est difficile de tenir un discours pour cette France des centres-ville et celle rejetée à la périphérie. Un exemple : le protectionnisme européen. François Hollande avait la possibilité de reprendre à son compte les thèses qu’Arnaud Montebourg avait développées pendant la primaire. Mais aujourd’hui depuis le discours de Villepinte de Nicolas Sarkozy, je pense que c’est trop tard. Christophe Guilluy
Hollande est intéressé par nos analyses, mais ce n’est pas son logiciel de formation. Il y a encore chez lui beaucoup de tabous, notamment sur les questions identitaires. Or, il n’y a pas 36 solutions : on gagnera avec les ouvriers et employés ou alors on perdra cette élection. Laurent Bouvet (université de Versailles)

Attention: un déni peut en cacher un autre!

A l’heure où, après l’avoir encensé, la presse anglo-saxonne a, sauf exceptions, déjà enterré Nicolas Sarkozy…

Et où le prestigieux Economist a beau jeu de pointer le déni, à droite comme à gauche, de la réalité économique de la France …

Mais où , entre la remontée du président sortant et la percée du candidat du Front de gauche, l’avance de François Hollande semble fondre comme neige au soleil …

Sur fond, au lendemain de la tuerie jihadiste de Toulouse, de procès, d‘incidents graves, d’interpellations et saisies d’armes de guerre tous liés (cherchez l’erreur!) à l’islamisme

Retour sur le déni autrement plus risqué pour la gauche …

Que celui de cette France majoritaire et populaire (près de 60% de la population) et marginalisée par la flambée immobilière et les délocalisations et fermetures d’usines…

Qui, comme le montre bien le dernier livre du géographe Christophe Guilluy avait déjà fait défaut à Ségolène Royal en 2007

Et que, pour conserver ses soutiens du côté des classes intellectuelles et supérieures des centre-villes qui  eux profitent de la mondialisation, son ex-compagnon et successeur risque bel et bien, après quand même trois défaites consécutives (1995, 2002 et 2007), de perdre à nouveau …

Le livre de gauche qui inspire la droite

Récit

Avec «Fractures françaises», Christophe Guilluy place les nouvelles classes populaires de la grande périphérie au cœur de la campagne.

Grégoire Biseau

Libération

C’est l’histoire d’un livre propulsé comme l’ouvrage clé de cette campagne, et d’un auteur totalement inconnu du grand public. Celui dont s’inspire ouvertement Nicolas Sarkozy, et qui a circulé dans beaucoup de mains au Parti socialiste, jusqu’à celles de François Hollande.

Christophe Guilluy est un géographe de formation, en rupture avec le milieu universitaire, qui se revendique à gauche tendance chevènementiste depuis toujours. Fin 2010, il publie Fractures françaises, qui fait apparaître une nouvelle géographie sociale où les classes populaires sont reléguées non pas en banlieue, mais dans une France périurbaine, délaissée et oubliée (lire notre entretien avec Christophe Guilluy).

En juin, Jean-Baptiste de Froment, le conseiller éducation de Nicolas Sarkozy, tête chercheuse du programme, découvre le livre. Convaincu de tenir là une grille de lecture originale et pertinente de la société française, il fait une note de quatre pages au chef de l’Etat. Et organise dans la foulée un tête-à-tête.

Guilluy hésite mais s’y rend. L’entretien dure une quarantaine de minutes. Dans une excellente ambiance. «J’avais l’impression qu’il avait déjà cette géographie sociale bien en tête, raconte aujourd’hui le chercheur. Comme s’il savait que cette France populaire, qui l’avait élu en 2007, allait être une nouvelle fois l’enjeu de cette présidentielle.»

«Stimulant». Un mois plus tard, il est de nouveau invité à déjeuner à l’Elysée, pour parler banlieue, notamment avec Gilles Kepel. Entre-temps la note de Froment circule dans la Sarkozie. Pierre Giacometti et Patrick Buisson, les deux conseillers du chef de l’Etat, lisent l’ouvrage. Bruno Le Maire, en charge du programme pour l’UMP, aussi. «C’est un livre stimulant, contre la pensée dominante, qui offre un diagnostic de l’état de la société qui nous est apparu très pertinent, dit-on dans l’entourage de Sarkozy. Même si l’analyse est parfois un peu schématique, elle était exploitable politiquement très facilement.»

Aujourd’hui, au QG du candidat, on reconnaît volontiers que la stratégie de campagne s’est largement inspirée de ce petit livre de 195 pages. Notamment dans la tonalité (martiale et protectrice) et les thèmes (souverainistes et droitiers) des discours. Les appels incessants à la majorité silencieuse, le dénigrement des élites, la dénonciation du communautariste, la condamnation de l’Europe «passoire» : tout est censé «parler» à cette France populaire, invisible et fragilisée par la mondialisation, que décrit Christophe Guilluy dans son livre. Précisément celle qui avait cru en 2007 au «travailler plus pour gagner plus».

Pour la reconquérir, le candidat UMP laboure la France des pavillons individuels, reléguée loin des centres-ville. Des trous pas tout à fait perdus, mais déjà un peu déconnectés. Par exemple, après sa visite chez Lejaby, Sarkozy est obligé de passer par La Chapelle-d’Aurec (Haute-Loire), à 15 km de Saint-Etienne, où vivaient 300 habitants il y a dix ans, contre 1 500 aujourd’hui. «L’illustration exemplaire des thèses du livre», décrypte Laurent Wauquiez, le ministre de l’Enseignement supérieur et député de la Haute-Loire, qui a lui aussi surligné les pages d’un livre, avec lequel il se dit «en totale osmose».«Quand on organise des déplacements, on se demande forcément quelle France on veut visiter, décrypte l’entourage de Sarkozy. Et le travail de Guilluy nous a donné une vraie grille de lecture.» D’où ces longs trajets en car pour les journalistes suivant le candidat UMP.

«Attention, tout cela n’en fait pas pour autant le Petit Livre rouge de Sarkozy», tempère Laurent Wauquiez. Et Christophe Guilluy n’est pas l’Emmanuel Todd du Jacques Chirac de la fracture sociale de 1995. Si la droite sarkozyste partage son diagnostic, elle prend ses distances avec ses leçons politiques. «En matière économique, il a une approche redistributive, d’inspiration marxiste, alors que nous cherchons des solutions libérales», décrypte un conseiller du chef de l’Etat.

Fronde. Car, parallèlement à cette carrière à droite, le livre de Guilluy a fait son chemin au PS. Mais cette fois, plutôt à la marge. En juillet, la publication de la note de Terra Nova, qui assure que le PS a définitivement perdu le vote des classes populaires et recommande de se concentrer sur les classes moyennes, provoque la fronde. En réponse, six intellectuels (dont Guilluy), emmenés par les deux socialistes Laurent Baumel et François Kalfon, publient Plaidoyer pour une gauche populaire. Ils rencontrent une première fois Hollande dans son bureau de l’Assemblée. Puis organisent un séminaire début décembre. Leur message : contrairement à ce que recommande Terra Nova, le PS doit partir à la conquête de cette France populaire. Pour des raisons identitaires mais aussi stratégiques. Car, disent-ils, elle est majoritaire, a fait l’élection de Sarkozy en 2007, et risque d’être encore décisive en 2012. «C’est sur la base notamment des travaux de Guilluy qu’on a plaidé auprès de Hollande pour la réaffirmation des réflexes républicains, pour ne pas donner le sentiment que l’on encourage le communautarisme», explique Laurent Baumel, secrétaire national aux affaires européennes. Ce dernier est convaincu d’avoir été parfaitement entendu par le candidat socialiste. «Je suis satisfait de la façon dont il a intégré nos analyses, notamment dans son discours du Bourget», poursuit Baumel.

Ce n’est pourtant l’avis ni de Christophe Guilluy ni de Laurent Bouvet, prof de sciences politiques à l’université de Versailles, qui a, lui aussi, participé à ce Plaidoyer.«Hollande est intéressé par nos analyses, mais ce n’est pas son logiciel de formation. Il y a encore chez lui beaucoup de tabous, notamment sur les questions identitaires, affirme Laurent Bouvet. Or, il n’y a pas 36 solutions : on gagnera avec les ouvriers et employés ou alors on perdra cette élection.» Un dilemme que ne renierait pas Sarkozy.

Voir aussi:

«Hollande parle peu à cette classe populaire»

Interview

Christophe Guilluy, géographe, évoque une France périurbaine, fidèle aux thèmes sociaux et identitaires :

Grégoire Biseau

Géographe, auteur de Fractures françaises, Christophe Guilluy revient sur cette nouvelle géographie sociale française et son influence sur la campagne.

Libération

30.03.12

Votre livre démontre qu’une France majoritaire et populaire est devenue périphérique, et donc invisible. Pourquoi ?

Pendant la révolution industrielle, les classes populaires habitaient là où se créait la richesse : au cœur de la ville, ou dans sa proche banlieue. Ce qui a fondamentalement changé depuis trente ans, c’est qu’elles ont été chassées des centres-ville vers la grande périphérie. D’abord, parce que les prix du foncier se sont envolés et, ensuite, parce que beaucoup d’usines ont quitté l’agglomération des grandes villes pour ces zones périurbaines, rurales et industrielles. Attirées par le rêve de la maison individuelle, ces classes sont parties habiter ces espaces. Cette France populaire, socialement fragile, est aussi celle des délocalisations et des fermetures d’usines. C’est sur ces territoires que l’on enregistre la critique la plus forte de la mondialisation, et celle du non au référendum européen. Cette France-là représente près de 60% de la population. Et c’est pour ça qu’elle intéresse autant Sarkozy. Il a gagné en 2007 en partie grâce à elle. Aujourd’hui, il recommence.

Cette France populaire invisible s’est-elle droitisée ?

Je ne pense pas que le qualificatif de droitisation soit pertinent. Pour cette France-là, on est arrivé à la fin de la bipolarisation droite-gauche. Par exemple, en matière d’immigration, tout le monde pense grosso modo la même chose, à gauche comme à droite. Quand on regarde comment se comportent les Français – là où ils vont vivre, là où ils souhaitent scolariser leurs enfants -, on s’aperçoit que tout le monde évolue dans une même logique. Ce qui change, c’est le discours de justification de ses actes… Par ailleurs, cette France populaire reste très attachée à l’Etat providence, aux services publics, à la laïcité, aux thématiques traditionnelles de la gauche.

Diriez-vous, tel Patrick Buisson, le conseiller de Sarkozy, que cette France populaire exprime un besoin de frontières ?

Ce qui définit cette classe qui se sent menacée de déclassement, c’est son incapacité à ériger des frontières symboliques avec un monde qu’elle juge menaçant. Le bobo de Belleville, qui habite en plein cœur d’un quartier très métissé, peut résider dans un immeuble de lofts, socialement homogène, et contourner la carte scolaire. Les prolétaires de la Picardie, eux, n’ont pas les moyens d’ériger ce type de frontière invisible. C’est pour ça que cette classe populaire exprime aujourd’hui une demande d’Etat fort et de protectionnisme. La question sociale est centrale pour elle, à la condition qu’elle se combine avec une question d’ordre culturel.

Vous défendez l’idée d’une gauche populaire… Ça veut dire quoi ?

Sur ces questions culturelles et identitaires, la gauche tient un discours peu clair. Car elle a la trouille de dire les choses. Je pense qu’on vit désormais dans une société multiculturelle sans oser le dire. Pour la première fois dans notre histoire, dans certains espaces, se pose la question d’appartenir à une majorité ou à une minorité relative. C’est ce que révèle l’épisode sur la viande halal : au-delà la question de l’étiquetage, le sentiment diffus de pouvoir devenir, sans le savoir, minoritaire, est très présent.

La campagne de François Hollande s’adresse-t-elle à cette France-là ?

Pas franchement. C’est compliqué pour lui car il ne faut pas désespérer «Boboland», c’est-à-dire ces classes intellectuelles et supérieures qui vivent en centre-ville, profitent des bienfaits de la mondialisation et votent en majorité pour la gauche. Je dis cela sans mépris. C’est une réalité sociologique importante pour la gauche. Il est difficile de tenir un discours pour cette France des centres-ville et celle rejetée à la périphérie. Un exemple : le protectionnisme européen. François Hollande avait la possibilité de reprendre à son compte les thèses qu’Arnaud Montebourg avait développées pendant la primaire. Mais aujourd’hui depuis le discours de Villepinte de Nicolas Sarkozy, je pense que c’est trop tard.

Voir également:

A Paris (Xe), Hollande, roi de « Boboland »

Ava Djamshidi

03.02.2012

Ça caille. Sévère. Désagréable? Eux, ils trouvent ça « énorme ». Le long du canal Saint-Martin, à Paris (Xe), le bobo est roi. Pas au sens strict. La monarchie, c’est trop has been. Comme dans un clip, les bourgeois bohèmes déambulent, mannequins de bitume, parka sur le dos (c’est pratique), fourrée de lapin ou de renard (c’est chic).

Bravant le vent polaire qui souffle sur leurs chapkas, quelques spécimens s’agglutinent Chez Prune, le bar branchouille du coin. Ambiance bistrot, tarif trader. Et si l’homme moyen se plaint de la température glaciale, l’autochtone se félicite presque de ce sursaut d’orgueil d’un climat déréglé par la folie humaine. Dans leur verre, un quartier de pomme Granny flotte sur un doigt de jus de fruit. Bio, évidemment.

A moins de trois mois du premier tour de l’élection présidentielle, le souci du « bien-être de la planète » habite les pensées de Raphaël, monteur de documentaires pour la télé : « J’aimerais vraiment voter écolo. La protection de l’environnement devrait être au cœur de nos préoccupations. Mais je sais qu’Eva Joly fera 6% au final. Comme je n’ai aucune envie de me retrouver avec Marine Le Pen au second tour, je vais voter François Hollande. » Pourtant, le candidat socialiste ne branche pas spécialement ce quadra aux allures de trentenaire. « Je le sens pas ce mec. Aucun charisme. Mais je n’en peux plus de Sarko », lance-t-il, accoudé au comptoir, en sirotant un café. « Au fond, ils me fatiguent tous les deux, à se balancer des piques en permanence. On dirait des mômes dans une cour de récré », conclut-il, avant d’aller chercher ses petits à l’école.

Sur la contre-allée du canal passe un vélo. Derrière la cycliste, posé sur le siège bébé, un citronnier. Les agrumes se trémoussent gracieusement dans l’air givré. En face du troquet, un pot de fleur rose reçoit les mégots. Marc, 46 ans, y éteint sa cigarette. Ce fonctionnaire suit « tous les débats et les émissions » consacrés à la présidentielle, même si son choix est déjà arrêté. « Je suis encore traumatisé », explique ce fils d’immigrés espagnols. En travers de sa gorge, « l’affaire Jospin ». « En 2002, pour donner un nouveau souffle à la gauche, j’avais voté Olivier Besancenot », confesse-t-il plein de remords.

Cette fois, pas question de donner sa voix au champion du Nouveau Parti anticapitaliste, Philippe Poutou, ni même à celui du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui lui a pourtant tapé dans l’œil. « C’est le seul qui évoque le sort des ouvriers, argumente Marc. Sa proposition de relever le smic à 1700 € me semble juste. Et en tant qu’eurodéputé, il a un peu de poids au sein de l’Union européenne. » Malgré ce « profil séduisant », Marc optera pour Hollande. « C’est le seul vote utile. Et je le trouve compétent. Il me surprend dans le bon sens, contrairement à Ségolène Royal, pour qui je m’étais senti obligé de voter, il y a cinq ans. »

Tous de gauche, les bobos? Derrière les grosses Ray-Ban qui lui dévorent le visage, Julien chipote. « C’est péjoratif ce mot, et réducteur. Il y a une vraie vie de quartier, avec des ouvriers aussi », défend l’ancien publicitaire en « voie de reconversion dans la restauration ». « Ici, c’est beau-beau », taquine le serveur, en posant ses yeux sur la chemise sombre à pois blancs de ce client, « ni bobo ni de gauche ». En mai, le bulletin que Julien posera dans l’urne portera le nom du candidat de l’UMP. « Toutes les réformes structurelles, comme les retraites, ont été menées par la droite. Alors, même si je n’aime pas Sarkozy, c’est lui que je choisis », lâche-t-il, en se réfugiant dans le bistrot. Ça caille. Sévère. Et la chaleur, ça a du bon.

Nombre d’habitants : 96733 (au 1er janvier 2009).

Election présidentielle 2007.

Premier tour : Ségolène Royal, 41,99%; Nicolas Sarkozy, 25,03%; François Bayrou, 20,35%, Jean-Marie Le Pen, 3,85%. Abstentions : 13,13%.

Second tour : Ségolène Royal, 62,99%; Nicolas Sarkozy, 37,01%. Abstentions : 14,43%.

Voir enfin:

Société
Xavier Raufer (criminologue)

Valeurs actuelles

29 mars 2012

L’affaire Mohamed Merah aidant, voici les “quartiers chauds” revenus au centre des débats de l’élection présidentielle. Sont-ils des pépinières à djihadistes ? Des couveuses pour bandits ? Alimentés par cent poncifs et idées reçues, les commentaires coulent à flots, issus de la culture de l’excuse, et véhiculés par nombre de journalistes et politiciens.

Or, confronté aux faits et chiffres, ce catéchisme lacrymal a pour caractéristique majeure d’être entièrement et matériellement faux.

Rappel de la ritournelle des Diafoirus-sociologues : dans des “quartiers pauvres” et “territoires de relégation”, croupirait toute une “jeunesse abandonnée et méprisée”… “moins dangereuse qu’en danger”, des damnés de la terre condamnés à “une vie de galère” et ne recherchant finalement qu’“un peu d’attention et de reconnaissance”.

Observons d’abord que cette doctrine misérabiliste n’a absolument rien de marxiste, Karl Marx lui-même qualifiant férocement ce Lumpenproletariat (“prolétariat en haillons”) de “racailles”. On est là à mi-chemin entre le pire mélodrame hugolien et l’abbé Pierre du crépuscule – le tout dans un total mépris de réalités manifestes et établies. Qu’on en juge.

– Misère (entraînant et expliquant la révolte et la violence) ? faux ! D’après l’Insee, la Seine-Saint-Denis est le quinzième département le plus riche de France – compte non tenu, par définition, de l’économie souterraine qui l’irrigue. En y ajoutant les milliards de la drogue, le “9-3” est sans doute en réalité parmi les cinq départements les plus riches de France.

– Quels sont à l’inverse les plus pauvres ? L’Ariège (91e), le Cantal (92e) et la Creuse (96e). Ajoutons un taux de pauvreté de 19 % dans un tiers des départements ruraux de France métropolitaine – c’est-à-dire plus élevé que dans le “9-3”. Plus largement, souligne lumineusement le géographe Christophe Guilluy, « 85 % des ménages pauvres ne vivent pas dans les quartiers sensibles et… la majorité des chômeurs de longue durée se répartit sur l’ensemble du territoire ». Or, où brûlent les voitures ? Où tire-t-on à la kalachnikov sur les policiers ? Dans la Creuse ou en Seine-Saint-Denis ?

– Les pauvres “assignés à résidence”, dans de lointains territoires de relégation ? Archifaux, là encore ! À l’échelle du Bassin parisien dans son entier, la Seine-Saint-Denis est dans une position confortablement centrale, non dans une lointaine bordure – et dans les “zones urbaines sensibles” (Zus) de ce département, comme dans celles des autres de la région parisienne, la mobilité de la population est la plus élevée de France (taux de mobilité de 61 %, selon l’Observatoire national des Zus).

– Les quartiers sensibles représentent la jeunesse, la France rurale n’étant plus peuplée que de paysans âgés ? Faux ! Ces quartiers et cités ne rassemblent que 9 % de la jeunesse (l’Insee, toujours), la France périphérique au contraire (grande banlieue et villes-satellites des métropoles) abritant un jeune sur trois de 18-24 ans – et ce, avec un taux de criminalité fort bas.

Ajoutons que l’espace rural (18 % de la population métropolitaine, 11 millions d’habitants) compte désormais 32 % d’ouvriers, 27 % d’employés – et seulement 7 % d’agriculteurs… sans que nulle déprédation ou exaction ne s’y commette, ou presque.

Industrielle ou rurale, cette France périurbaine est celle des précaires, agriculteurs percevant les minima sociaux, ouvriers pauvres, travailleurs à temps partiel. Cette “France des plans sociaux” abrite les nouvelles classes populaires évincées des grandes métropoles (centre-ville et première couronne) – désormais fiefs de la bourgeoisie-bohème (“bobo”) et des immigrés récents. Or quoique victime de la recomposition sociale du territoire, cette France périphérique est calme. Malgré une pauvreté invisible, la délinquance y est rare et la criminalité, plutôt exceptionnelle.

Avec une insondable morgue, les journalistes “tendance bobo” dénigrent cependant cette France périphérique et sa “logique de repli”. Alors que, pour ces populations victimes de la mondialisation et de la prédation financière, il s’agit, tout au contraire, d’une demande de protection.

Or il est crucial de poser justement ce diagnostic, sans se laisser emporter par des lubies idéologiques ou par un sentimentalisme niais. Car, de même qu’on ne raisonne pas juste sur des figures fausses, on ne peut édifier de politique efficace sur des concepts erronés. Pourtant, c’est ce que l’on fait depuis trente ans sous le nom – déjà absurde – de “politique de la ville”.

Comme de l’eau dans un trou, cette “politique” déverse des milliards d’euros dans des programmes immobiliers opaques et dans d’incontrôlables subventions : 550 millions d’euros en 2012 pour la politique de la ville ; 390 millions pour la “cohésion sociale et l’égalité des chances”, nom fort noble pour ce qui ressemble souvent à du racket ou du chantage à l’émeute. À la lumière des réalités que je viens d’énoncer, c’est cette politique-là, d’abord, qu’il faut revoir de fond en comble. Administré à partir d’un faux diagnostic, un médicament n’a aucune chance, jamais, de faire le moindre effet !


Marche globale sur Jérusalem: Une non-violence qui entend bien déboucher sur des violences (Chassez le naturel)

28 mars, 2012
Les peuples du monde exigent la libération de Jérusalem.  Slogan de la Marche globale sur Jérusalem
Il se revendique être un moudjahidine (un combattant de Dieu), appartenir à Al-Qaïda et avoir voulu venger les enfants palestiniens autant qu’avoir voulu s’en prendre à l’armée française compte tenu de ses interventions à l’extérieur. Claude Guéant
Selon Daniele Raineri du quotidien italien Il Foglio, qui cite donc des «sources du renseignement» anonymes, c’est la DGSE qui aurait fait rentrer Mohamed Merah en Israël en tant qu’informateur. Il serait ensuite revenu en Jordanie d’où il se serait envolé pour l’Afghanistan. But de l’opération: «Prouver au réseau djihadiste sa capacité à passer à travers la frontière avec un passeport européen», selon Raineri. (…) Toujours selon ces sources anonymes du renseignement citées par Daniele Raineri, il y aurait eu un accord entre Mohamed Merah et la DCRI: «La liberté de mouvement en échange d’informations précieuses», ce qui expliquerait ses nombreux déplacements. Slate
« Les « printemps arabes », qui nous privent de nos interlocuteurs habituels, ne nous facilitent pas la tâche. Il nous faut retisser des liens, ne serait-ce que pour favoriser la libération de nos otages ou repérer des gens comme Merah. Responsable français du renseignement
Il faut toujours se méfier des mots, mais [Gaza] c’est d’une certaine manière une prison à ciel ouvert, puisque ces gens ne peuvent pas rentrer, ne peuvent pas sortir, ne peuvent pas se baigner dans la mer. (…) J’ai vu la vie à Gaza. Ce n’est pas une situation qui peut perdurer (…) C’est la position de la France et de la grande majorité des pays qui sont par ailleurs amis d’Israël. Henri Guaino (plume du président Sarkozy, Radio J, 25.03.12)
La création et le maintien d’Israël est l’un des plus grands crimes, et vous les USA, êtes les chefs de ses criminels. Ben Laden
Le conflit au Proche-Orient alimente un sentiment anti-américain lié au favoritisme des États-Unis envers Israël. La colère arabe née de la question palestinienne (…) affaiblit la légitimité des régimes arabes modérés. Al-Qaïda mobilise cette colère afin de mobiliser de nouveaux appuis. Général Petraeus (22 mars 2010)
La poursuite des hostilités entre Israël et certains de ses voisins met en cause notre capacité à défendre nos intérêts. Général Petraeus
On ne devrait pas nécessairement être surpris que les jeunes Français issus de familles immigrées ressentent de la compassion pour les palestiniens et soient perturbés quand ils voient ce qui se passe. Hubert Védrine (ministre des affaires étrangères français, 2002):
Une nouvelle fois, Tel-Aviv se voit au-dessus des lois et une nouvelle fois, ce sont des civils qui en ont été victimes. (…) A Gaza, sur le nucléaire ou sur l’occupation de la Cisjordanie, l’Etat hébreu refuse de ses soumettre aux règles du droit, toujours au nom de sa sécurité. (…) Mais si Israël entend appartenir au concert des nations, il faut qu’il en respecte les règles. Libération
Par cet acte barbare et sanglant, les dirigeants israéliens signifient bien qu’ils veulent que le blocus de Gaza soit total. Autrement dit, ils souhaitent étouffer ce peuple aux mains nues. Ces méthodes confinent à l’extrémisme d’État, au terrorisme d’État. Les mots ne sont pas trop forts. De toutes les chancelleries du monde, de l’ONU, de l’Union européenne, la quasi-totalité des institutions se disent choquées, indignées par ces nouveaux crimes de l’armée israélienne, par ces violations manifestes du droit international. L’Humanité
Marche présentée comme non violente, mais dont les organisateurs espèrent qu’elle se transformera en affrontements avec les forces de sécurité israéliennes, alimentant ainsi le ressentiment. Une agence de presse palestinienne précise d’ailleurs que « chaque événement répondra à chaque goutte de sang versée par un martyr ou un blessé et à chaque soupir de chaque prisonnier pour sa liberté perdue en défendant notre terre pour préserver son identité arabe » . Hélène Keller-Lind

Chassez le naturel!

Après la courte accalmie et les quelques moments obligés – et quelque peu surjoués – d’unité nationale qui ont suivi la barbarie du jihadiste de Toulouse censée, on s’en souvient, « venger les enfants palestiniens »  …

Et les questions légitimes mais délicates sur l’opération qui a mis le responsable hors d’état de nuire (l’interpellation de quelque 900 suspects et la mise sous les verrous de 230 islamistes comme le déjouement de nombre de tentatives d’attentat au cours des dix dernières années ne pouvant se faire sans un réseau d’informateurs sur lesquels les services de renseignement ne peuvent bien évidemment rien dire) …

Pendant que tout en finançant nos clubs de foot et peut-être bientôt nos banlieues, nos grands amis qataris s’achètent leur tranquillité à la saoudienne en mettant le feu avec leur chaine satellitaire et leurs pétrodollars et sans compter leur prêcheurs de haine à tout ce que le Monde musulman peut compter d’insurrections (pardon: de « printemps »), de l’Ethiopie  et de la Tunisie et à la Libye et à l’Egypte et maintenant, sans compter le Sahel et le Nigéria, à la Syrie et à Gaza  …

Voici, le retour, sur fond de campagne électorale, des mises en cause les plus douteuses  (jusqu’à  la plume du président qui nous ressort le couplet habituel sur la « prison à ciel ouvert » de Gaza) …

Et, après le fiasco des flottilles par mer puis par air et avec les habituels idiots utiles des campus britanniques ou américains sans oublier le Prix Nobel de la paix de service sud-africain Desmond Tutu et leurs inévitables parrains de Téhéran, … la Marche globale sur Jérusalem!

Diabolisation, délégitimation : le maillage. Le cas de la « Marche Globale sur Jérusalem »

La « Marche sur Jérusalem » organisée pour le 30 mars par plus de 20 organisations palestiniennes et diverses organisations antiisraéliennes se disant non violentes s’inscrira dans le maillage ayant pour objet de délégitimer et diaboliser Israël. Les organisateurs espèrent mobiliser des foules aux frontières d’Israël, mais aussi à des checkpoints et devant des ambassades ou représentations israéliennes dans le monde dans une gigantesque opération publicitaire.

Hélène Keller-Lind

CRIF

27 Mars 2012

« Le coup d’envoi de ces festivités antiisraéliennes se fera, nous disent les organisateurs, vendredi 30 mars après les prières à midi 30, au checkpoint de Kalandia »

Mobiliser les foules

« Nous intensifions notre lutte contre l’exil forcé et le système de l’apartheid israélien pour la Journée de la Terre 2012. Nous, les Palestiniens, avons subi un nettoyage ethnique et avons été déracinés de notre terre lors de la Nakba – catastrophe -de 1948, créant les millions de réfugiés qui vivent actuellement en Diaspora. Dix-neuf ans plus tard, en 1967, Israël a annexé illégalement Jérusalem-Est et la Cisjordanie, une action qui a provoqué la Naksa – Recul – et soumis les Palestiniens restant à une occupation militaire brutale ».

C’est ainsi que la vingtaine d’associations palestiniennes- qui vivent des subsides qui sont versés par la communauté internationale – présente cette « Marche sur Jérusalem » du 30 mars prochain. Elles listent ensuite les soi-disant méfaits d’Israël, décrit comme étant « un État sioniste raciste »http://gm2j.com/main/concept-and-objectives/ . Autant de slogans publicitaires simplistes connus, mais qui marchent : « apartheid, colonies illégales, Mur de Séparation des villages palestiniens, la ville sacrée de Jérusalem menacée de judaïsation ». Autant d’incitations à la haine d’Israël et des Juifs.

Ces organisations concluent ainsi : « Nous demandons donc à tous nos frères et sœurs à travers le monde de rejoindre les Palestiniens pour la Journée de la Terre, le 30 mars 2012, pour défier les barrières, les frontières et les procédures qui séparent les Palestiniens de Jérusalem et de leur maison et leurs terres dans toute la Palestine historique ». http://gm2j.com/main/blog/2012/02/01/more-than-20-palestinian-movement-calling-to-join-the-gmj/

Revendication sur la « Palestine historique » et soutiens multiples

Palestine historique: lire non seulement les Territoires et la Bande de Gaza, mais aussi Israël. D’ailleurs le sigle choisi pour ce mouvement montre clairement Israël coloré en vert. D’ailleurs, inlassablement, la télévision officielle palestinienne, qui dépend directement de Mahmoud Abbas, cite des villes israéliennes qui seraient, selon elle, palestiniennes. Ce qui vient d’être fait pendant tout le mois de mars par le biais de chansons. Ce qu’a relevé Palestinian Media Watch – Observatoire des Médias Palestiniens – http://palwatch.org/main.aspx?fi=157&doc_id=6591

Parmi les soutiens à cette « Marche » des personnalités de Malaisie, Jordanie, Indonésie, Algérie, mais aussi de Grande-Bretagne, dont un Prix Nobel irlandais, des universitaires de Chicago ou Berkley, des représentants des Frères musulmans – islamistes-, des Arabes israéliens. Et, bien entendu, le très antiisraélien archevêque Desmond Tutu, Prix Nobel sud-africain.

http://gm2j.com/main/endorsers-list/

Il s’agit de rameuter un soutien ne se limitant pas aux pays arabes, bien entendu.

Une non-violence qui entend bien déboucher sur des violences

Marche présentée comme non violente, mais dont les organisateurs espèrent qu’elle se transformera en affrontements avec les forces de sécurité israéliennes, alimentant ainsi le ressentiment. Une agence de presse palestinienne précise d’ailleurs que « chaque événement répondra à chaque goutte de sang versée par un martyr ou un blessé et à chaque soupir de chaque prisonnier pour sa liberté perdue en défendant notre terre pour préserver son identité arabe » .

Le coup d’envoi de ces festivités antiisraéliennes se fera, nous disent les organisateurs, « vendredi 30 mars après les prières à midi 30, au checkpoint de Kalandia, la Porte Nord de Jérusalem, à Bethléem près du mur d’apartheid, dans notre capitale Jérusalem à partir de la Porte de Damas, à Sakhnin et Deir Hanna, en Palestine occupée, dans des pays arabes et internationaux ».http://english.pnn.ps/index.php/national/1193-popular-committees-preparations-of-struggle-against-occupation-including-global-march-to-jerusalem

Le gouvernement israélien se dit prêt. Mais l’an dernier des hordes de manifestants venus de Syrie avaient pu forcer la frontière et pénétrer sur le Golan. Il y a avait eu quelques morts dont le chiffre avait été grossi par les médias. Un ou deux morts aussi à la frontière libanaise. Ce sont les forces du pays du Cèdre qui avaient tiré pour contenir la foule. Évidemment ces morts avaient été attribuées à Israël…

Voir aussi:

Haïr ISRAËL

 Israël

27 mars 2012

Avant qu’il ne fût liquidé par la police française, le meurtrier jihadiste des trois soldats français-algériens et de quatre juifs, dont trois enfants, avait déclaré que son acte était motivé par le « meurtre » d’enfants palestiniens par les israéliens.

Bien sûr, quand rien ne colle plus et loupe en général, il faut blâmer les juifs.

Cette excuse n’est au fait, qu’un prétexte pur et simple, une tactique de propagande pour extorquer un soutien moral des pays de l’occident en exploitant cyniquement les préjugés répugnants anti-juifs nichés à perpétuité dans les cœurs de nombreux européens.

La chansonnette de l’occupation agressive de la patrie palestinienne par les israéliens est la cause de la violence jihadiste n’est plus qu’un cliché périmé, un prétexte pour légitimer la terreur, qu’éperonnent l’antisémitisme occidental et le pop psychologique.

Des exemples de ces raisons lumineuses sont très faciles à accumuler :

– Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères français expliquait en 2002, ciblant la recrudescence des attaques antisémites et des incendies de voitures en France :

« on ne devrait pas nécessairement être surpris que les jeunes français issus de familles immigrées ressentent de la compassion pour les palestiniens et soient perturbés quand ils voient ce qui se passe. »

– L’historien Tony Judt dans son histoire de l’Europe d’après-guerre entérinait que les attaques étaient « une conséquence directe de la suppurante crise au Moyen-Orient ».

– Réitérant cette idée originale, le général David Petraeus, dans son témoignage au Congrès de 2010, disait que le conflit israélo-arabe suscite l’anti-américanisme en raison d’un favoritisme visible des USA pour Israël.

La frustration émanant de la question palestinienne restreint le dynamisme et la profondeur de l’association des USA avec les gouvernements et les peoples en Iraq et en Afghanistan.

« Entre-temps, al-Qaida et d’autres groupes militants exploitent cette soi-disant fureur pour mobiliser un soutien. »

Conscient sans nul doute, de l’aptitude de l’occident à blâmer les juifs à tord et à travers, Oussama Bin Laden avait rajouté la Palestine à sa liste toujours croissante des prétextes pour s’attaquer à l’Amérique :

« La création et le maintien d’Israël », sermonnait-il en 2002, « est l’un des plus grands crimes, et vous les USA, êtes les chefs de ses criminels. »

Mais Bin Laden n’était jamais à court d’idées pour codifier ses meurtres.

C’étaient tout d’abord les troupes américaines stationnées en Arabie Saoudite pendant la guerre du Golfe.

Puis, en 2004, il soutenait l’ingérence américaine au Liban en 1983 qui engendra la haine des USA.

Plus tard, il maintint que les USA avaient déclaré la guerre contre les musulmans depuis 1945.

Néanmoins, dans ses déclarations après le 9/11, Bin Laden avait mentionné la véritable cause :

« Humiliation et honte » infligées aux musulmans par la dissolution du califat en 1924. La création d’Israël n’est pas et n’a jamais été la « catastrophe »véritable des islamistes, hormis l’accumulation de trois siècles d’embourbement de l’occident dans le monde islamique.

Pour les théoriciens du jihad comme la confrérie musulmane, Hassan al Banna et Sayyid Qutb, l’existence d’Israël n’est simplement que le symptôme d’une corruption plus profonde de l’Islam par les concepts occidentaux.

La brèche occasionnée permit la domination occidentale et rendit possible la création d’Israël en premier lieu.

En outre, il est difficile de distribuer des points d’honneur aux arabes ou aux musulmans pour leur manque de mansuétude face à la souffrance des fuyards palestiniens.

Les plupart des arabes avaient manifesté un mépris virulent contre les palestiniens lorsque ces derniers avaient choisi la fuite au lieu de se battre en 1948.

Ou encore, pour la façon dont les pays arabes avaient rassemblés les réfugiés palestiniens dans des camps sordides sous la protection internationale, leur refusant toute facilité d’intégration dans leurs pays

Ajoutez à cela le total des palestiniens tués par leurs compatriotes arabes, un nombre qui éclipse de loin ceux tués par Israël pour se défendre contre les attaques terroristes.

De toute évidence, la question n’est pas le nombre de morts, de torturés, d’emprisonnés ou d’opprimés, mais plutôt l’identité de l’ennemi –des infidèles dont le sort est d’être soumis à l’Islam, qu’Allah appelait la « meilleure des nations » destinée à dominer le monde.

Le simulacre des jihadistes frustrés et compatissants pour leurs frères palestiniens tyrannisés, devient alors un procédé, une recette efficace de propagande, mais aussi une manière d’exploiter l’antisémitisme latent dissimulé encore dans l’âme occidentale afin de gagner un soutien nécessaire à leur cause jihadiste.

Il n’existe d’autre explication pour justifier la haine obsessive d’Israël par de nombreux européens – haine irrationnelle accompagnée par les incantations rituelles de « jamais plus », tout en menant un politique anti-Israël et soutenant ceux qui en fait, pavent passionnément la voie pour un autre génocide.

Vous rappelez-vous de la magnifique sortie de l’ambassadeur de France en Angleterre qui avait appelé Israël « ce petit pays de merde » pendant que les terroristes palestiniens égorgeaient les femmes et les enfants israéliens lors de l’Intifada ?

L’insulte est juste une nouvelle version des vieilles paraboles antisémites évocatrices du Der Sturmer que l’on retrouve partout en Europe.

Au cours du débat sur la guerre en Irak, un député travailliste britannique disait que Tony Blair était « indûment influencé par une clique de conseillers juifs. »

Un ancien ministre de la défense allemand avait déclaré que le président Bush voulait se débarrasser de Saddam Hussein à cause d’un « lobby juif puissant – trop puissant ».

Un membre du Parlement européen avait affirmé que dans le département de la défense américaine « les positions clés sont occupées par les juifs ; le Pentagone est aujourd’hui une institution juive. »

Et selon un récent sondage de la ligue anti-diffamatrice, ces attitudes antisémites sont en pleine croissance à travers l’Europe.

Compte tenu de ces préjugés, accuser Israël comme étant l’ennemi juré global est beaucoup plus aisé pour beaucoup d’européens et fournit aux djihadistes un puissant outil pour rationaliser leur terrorisme et faciliter l’exclusion sociale d’Israël par les européens.

Au-delà de l’antisémitisme européen, l’excuse qu’« Israël les contraints à agir de la sorte » témoigne d’une arrogance remarquable de la part des occidentaux, qui arrivent à ne commenter le comportement du Jihad que par des éléments matérialistes et psychologiques dans lesquels ils se sentent plus à l’aise.

Ainsi, les jihadistes n’ont aucun motif relevant des dérivés de leur foi, mais réagissent simplement aux péchés occidentaux comme le colonialisme et l’impérialisme, ou à un manque de liberté politique et de prospérité matérielle.

Qu’importe le nombre de fois que les jihadistes citent des chapitres et des verset du Coran, hadiths et théologies musulmanes et légistes, les trop surs d’eux-mêmes occidentaux rejettent le tout et blâment les « distorsions » d’une frange fanatique en hurlant haro aux « Islamophobes », qui ne sont en réalité, que tous ceux qui osent demander plus d’attention à ces faits.

Puisque ces rationalisations sont inabordables, nos experts et universitaires ignorent simplement l’évidence d’un courant intolérant islamique.

Ainsi, nous ne verrons rien dans la presse lorsqu’ibn Abdulaziz Al Abdullah al-Cheikh, le grand mufti du Royaume d’Arabie saoudite, déclarait récemment qu’il est « nécessaire de détruire toutes les églises dans la péninsule arabique, » comme le rapporte notre ami Raymond Ibrahim du Centre Shillman pour la liberté.

Plutôt que de prendre au sérieux les religions et reconnaître la théologie intolérante et violente de l’Islam qui mène au jihad, les intellectuels occidentaux trouvent plus facile de blâmer Israël, ce qui leur permet aussi de se consacrer entièrement à leur aversion irrationnelle du « Sionisme », la nouvelle forme du vieil antisémitisme.

La diabolisation occidentale faisant d’Israël un bouc émissaire a déformé la politique internationale et les tactiques face à la terreur jihadiste et de ses états commanditaires comme l’Iran et la Syrie.

Nous oublions qu’Israël a été le premier front bien avant l’attaque du 9/11, et est l’allié le plus important des USA dans ce conflit.

Plus l’occident compromet la sécurité d’Israël, plus les ennemis de la liberté sont encouragés et croient qu’ils seront les prochains dominateurs du monde.

Thérèse Zrihen-Dvir

(Inspiré du texte de Bruce Thornton)

Voir enfin:

Hating Israel

Bruce Thornton

March 26, 2012

FrontPage

Before he was killed by French police, the jihadist murderer of three French-Algerian soldiers and four Jews, including three children, said that he was driven to killing by the “murder” of Palestinian children by Israelis. Of course, when all else fails blame the Jews. But this excuse is a mere pretext, a propaganda tactic for finding Western moral support by exploiting the unsavory anti-Jewish prejudices still lurking in too many Westerners.

The narrative that the Israeli “brutal occupation” of the “Palestinian homeland” is the cause of jihadist violence is a hoary cliché, a jihadist pretext for terror enabled by Western anti-Semitism and pop psychology. Examples of this received wisdom are easy to collect. French foreign minister Hubert Védrine in 2002 explained increasing anti-Semitic attacks and car-burnings in France by saying, “One shouldn’t necessarily be surprised that young French people from immigrant families feel compassion for the Palestinians and get agitated when they see what is happening. The historian Tony Judt in his history of post-war Europe concurred, agreeing that the attacks were “a direct outcome of the festering crisis in the Middle East.” Repeating this received wisdom, General David Petraeus, in his 2010 Congressional testimony, said that the Arab-Israeli “conflict foments anti-Americanism sentiment, due to a perception of U.S favoritism for Israel. Anger over the Palestinian question limits the strength and depth of U.S. partnerships with governments and peoples” in Iraq and Afghanistan. “Meanwhile, al-Qaeda and other militant groups exploit that anger to mobilize support.” No doubt cognizant of the Western penchant for blaming Jews, Osama bin-Laden added Palestine to his ever-growing list of pretexts for attacking America: “The creation and continuation of Israel,” he lectured us in 2002, “is one of the greatest crimes, and you are the leaders of its criminals.”

Of course, bin Laden was never short of pretexts for rationalizing murder. First it was the American troops stationed in Saudi Arabia during the Gulf War. Then in 2004, he said American involvement in Lebanon in 1983 made him hate America. Elsewhere, he claimed that the U.S. had waged “a war against Muslims” since 1945. Yet in his statements after 9/11, bin Laden mentioned the real reason: the “humiliation and disgrace” inflicted on Muslims by the dissolution of the caliphate in 1924. That, not the creation of Israel, is the real “catastrophe” for Islamists, the culmination of three centuries of Western encroachment into the House of Islam. For theorists of jihad like Muslim Brothers Hassan al Banna and Sayyid Qutb, the existence of Israel was merely a symptom of a larger corruption of Islam by Western ideas that opened the door to the Western dominance that made Israel possible in the first place.

Moreover, it is hard to credit Arab or Muslim concern for Palestinian suffering, given the contempt most Arabs have shown for the people who ran away in 1948 rather than fight, or the way Arab countries herded Palestinian refugees into squalid camps existing on international welfare, or the body-count of Palestinians killed by their fellow Arabs, a number that dwarfs those killed by Israel while defending herself from terrorist attacks. Just the toll of Palestinians killed in the 1970 Black September massacre in Jordan, for example, around 5000, is over half the 8000 killed by Israel during the whole six-decade conflict. Clearly, the issue isn’t the number of dead, tortured, imprisoned or oppressed, but rather the identity of the enemy––infidels whose fate is to be subjected to Muslims, whom Allah called the “best of nations” destined to dominate the world.

The jihadist pretext of angry compassion for their oppressed Palestinian brothers, then, is a function of propaganda, a way to exploit the latent anti-Semitism still lurking in the Western soul in order to find support for the jihadist cause. No other explanation for hatred of Israel can account for the obsession with that country on the part of many Europeans, the irrational hatred that accompanies the ritualistic mantras of “never again” even as European countries pursue anti-Israel policies that aids those who in fact passionately want another genocide. Remember when France’s ambassador to England called Israel “that shitty little country” even as Palestinian terrorists were slaughtering Israeli women and children during the Intifada? That insult was just a new version of the old anti-Semitic tropes redolent of Der Sturmer that can be found everywhere in Europe. During the debate over the Iraq war, a British Labour M.P. said Tony Blair was “unduly influenced by a cabal of Jewish advisors.” A German former defense minister said President Bush wanted to remove Saddam Hussein because of “a powerful––perhaps overly powerful––Jewish lobby.” A member of the European Parliament claimed that in the U.S. Defense Department “key positions are held by Jews; the Pentagon is today a Jewish institution.” And according to a recent Anti-Defamation League survey, such anti-Semitic attitudes are on the rise across Europe. Given these prejudices, blaming Israel as the global arch-villain comes easy to many Europeans, and puts in the hands of jihadists a powerful tool for rationalizing their terrorism and making it easier for Europeans to marginalize Israel.

Beyond European anti-Semitism, though, the “Israel made them do it” excuse bespeaks a remarkable arrogance on the part of Westerners, who can explain jihadist behavior only by the materialist and psychological categories with which Westerners are comfortable. Thus the jihadists have no motives of their own derived from their faith, but are merely reacting to Western sins like colonialism and imperialism, or to a lack of material prosperity and political freedom. No matter how often the jihadists quote chapter and verse of the Koran, hadiths, and Muslim theologians and jurisprudents, smug Westerners dismiss it all as the “distortions” of a fanatic fringe, and brand as “Islamophobes” those who call attention to these facts. When such rationalizations are impossible, then our pundits and academics simply ignore this ever-increasing evidence of mainstream Islamic intolerance. Thus we heard nothing in the mainstream press when Abdulaziz ibn Abdullah Al al-Sheikh, the grand mufti of the Kingdom of Saudi Arabia, recently said it is “necessary to destroy all the churches in the Arabian Peninsula,” as the Freedom Center’s Shillman Fellow Raymond Ibrahim reported. Rather than take religion seriously and acknowledge the intolerant and violent theology of Islam that drives the jihad, Western intellectuals find it easier to blame Israel, which also allows them to indulge their irrational dislike of “Zionism,” the new face of the old anti-Semitism.

Western demonization and scapegoating of Israel have warped our foreign policy and our tactics for confronting jihadist terror and its state sponsors like Iran and Syria. We forget that Israel has been on the front-line of this war long before 9/11, and is our most important ally in this struggle. The more we compromise Israel’s security, the more we hearten our enemies and make them believe they can win.


Tuerie de Toulouse: Attention, un climat peut en cacher un autre (From selective outrage to selective killing)

26 mars, 2012
J’étais en contact permanent avec l’équipe qui a rédigé la Déclaration, dont l’Américaine Eleanor Roosevelt et le Français René Cassin. (…) Au cours des trois années, 1946, 1947, 1948, il y a eu une série de réunions, certaines faciles et d’autres plus difficiles. J’assistais aux séances et j’écoutais ce qu’on disait mais je n’ai pas rédigé la Déclaration. J’ai été témoin de cette période exceptionnelle. Stéphane Hessel (2008)
En réalité, le mot qui s’applique – qui devrait s’appliquer – est celui de crime de guerre et même de crime contre l’humanité. (..)  Pour ma part, ayant été à Gaza, ayant vu les camps de réfugiés avec des milliers d’enfants, la façon dont ils sont bombardés m’apparaît comme un véritable crime contre l’humanité. Stéphane Hessel (à propos de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza, 5 janvier 2009)
Au cours des trois dernières années, à l’invitation de mes amis israéliens, qui font partie d’une minorité courageuse, nous y sommes allés, ma femme et moi, par trois fois. Nous avons constaté que la Cisjordanie est complètement ingérable parce qu’elle est occupée, colonisée. Les routes ne sont pas autorisées pour les Palestiniens. Ces derniers sont traités avec un mépris épouvantable par Israël. Quant à la bande de Gaza, elle a été enfermée dans ce que l’on peut appeler une « prison à ciel ouvert ». L’opération « Plomb durci », de décembre 2008 à janvier 2009, a été une succession de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. La manière dont l’armée israélienne s’est comportée est absolument scandaleuse. Nous étions à Gaza en même temps que l’équipe dirigée par le juge Goldstone, et je peux témoigner que tout ce que relève le rapport Goldstone est exact. (…) Le gouvernement d’Israël bénéficie en effet d’une impunité scandaleuse, alors que depuis des années il bafoue le droit international et rejette les résolutions de l’ONU, ne respecte pas la Convention de Genève.  (…) Dès la fin de la guerre, je me suis retrouvé à New York comme fonctionnaire à l’ONU. J’ai assisté simultanément à deux événements importants : la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme et la création de l’État d’Israël. Pour quelqu’un comme moi, né de père juif et qui sortait des camps de concentration, cette création était de l’ordre du merveilleux. Je n’étais pas conscient du fait que cet État ne pouvait exister qu’en chassant un nombre considérable de Palestiniens de leurs terres. (…) Pendant vingt ans, j’ai continué à considérer favorablement le développement d’Israël : j’étais admiratif des kibboutz et des moshav. Tout a changé en 1967 avec la guerre des Six Jours. Cette guerre, gagnée par Israël pratiquement en une matinée, a donné aux gouvernants de l’époque ce que j’appelle une hubris, un sentiment de supériorité extraordinaire, qui les a amenés à ne plus tenir compte du droit international. C’est à partir de 1967 que je me suis engagé dans le camp de ceux qui voulaient un retrait des forces israéliennes et la création d’un État palestinien. Stéphane Hessel (Jeune Afrique, 17.05.10)
Coauteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ce grand témoin du XXe siècle, ardent militant de la paix et de la non-violence, a mis tout le poids de son autorité morale au service d’une cause : le droit des Palestiniens à disposer d’un État viable. Jeune Afrique
Fort heureusement, la réplique de Szlamowicz à Hessel est là pour nous rappeler un certain nombre de vérités attestées par des documents : la responsabilité de Hadj Amine El Husseini, grand admirateur d’Hitler dans l’exode de certains Arabes de Palestine lors de la Guerre d’Indépendance d’Israël, le chiffre extravagant du nombre des « réfugiés » palestiniens, l’occultation de la question des réfugiés juifs des pays arabes spoliés et chassés de leurs terroirs ancestraux, les attendus effrayants pour Israël et pour les Juifs contenus dans la charte de l’OLP jamais amendée comme dans celle du Hamas, l’éducation donnée aux enfants dans les écoles palestiniennes, le principe islamique de la tromperie, la taqqiya, Sans oublier l’utilisation abusive du terme « colon », le passé négationniste de Mahmoud Abbas auteur d’une « thèse » d’histoire soutenue à Moscou en 1982 et intitulée « La connexion entre les nazis et les dirigeants sionistes, 1933-1945 », ou encore l’expression de « Mur de l’apartheid » pour fustiger une barrière de sécurité appelée en hébreu geder hahafrada, « grillage de séparation », ce que le « Mur » est effectivement sur 96% de son parcours. Fort opportunément l’auteur nous rappelle les grands textes fondateurs de l’Israël moderne, notamment le traité de San Remo de la Société des Nations qui date de 1920 relatif aux territoires de Judée-Samarie. Ce traité, nous explique-t-il, n’a jamais été abrogé. Il aurait pu l’être par le plan de partage de 1948 mais les Arabes, on le sait, l’ont refusé. En somme, nous explique Szlamowicz, « non seulement les prétentions d’Israël sur ces territoires sont légitimes par rapport à cette histoire récente, mais les territoires aujourd’hui sous contrôle israélien ont été acquis-dans le cadre d’une nouvelle guerre d’extermination menée par les pays arabes et perdue par ces derniers-lors de la Guerre des 6 Jours de 1967 aux dépens de la Jordanie (et de l’Égypte pour Gaza) qui ne les réclame plus depuis 1988. Il s’agit donc de territoires qui n’ont jamais appartenu à une entité palestinienne qui n’existait pas à l’époque-et qui ne les a d’ailleurs jamais réclamés ni aux Jordaniens ni aux Égyptiens. Considérer que ces territoires seraient légitimement et automatiquement « palestiniens » est donc largement abusif ». Présentation de l’Editeur
[Stéphane Hessel] se présente et se laisse présenter comme le rédacteur de la Déclaration des Droits de l’Homme, alors que, poussé dans ses derniers retranchements, il a fini par concéder un jour – mais un peu tard – qu’il ne l’avait jamais été. Autre imposture de taille : ses choix dans le registre de sa prétendue indignation. Je vous mets au défi de trouver dans ce livre la moindre indignation en politique étrangère à l’exclusion notable de la Palestine. Il ne s’indigne pas de la Syrie, du Rwanda, du Tibet, ni du sort des chrétiens d’Orient, les nouveaux esclaves des émirats. Le génocide au Darfour ne lui arrache pas un soupir : la seule chose qui l’intéresse, c’est de fustiger Israël. Gilles-William Goldnadel (auteur de Le vieil homme m’indigne, 2912)
J’étouffe en France… On ressasse éternellement les mêmes petites idées toutes faites, les mêmes préjugés recuits qui servent à refouler toutes les questions neuves. (…) je ne participerais tout simplement pas à un « débat » entre deux personnalités qui pensent et disent exactement la même chose. Car c’est un grand classique de la désinformation à la française : vous prenez un homme politique de gauche et un intellectuel d’extrême-gauche, qui va l’engueuler, en lui disant que son parti n’en fait vraiment pas assez ; vous laissez mener un débat entre un politique de droite et un politique de gauche par une journaliste bien engagée à gauche sans prévenir le public ; vous prenez un « alterjuif » (comme dit Shmuel Trigano), adversaire irréductible d’Israël et vous feignez de l’opposer à un représentant patenté de l’OLP… Ce sont des débats truqués. (…) Mes interviews ne sont pas agressives. Mais je refuse de laisser prêcher, pérorer parfois, des personnages qui sont parvenus, en France, au statut « d’intouchables ». Personne n’ose ni les interrompre, ni les contredire. Même lorsqu’ils disent des bêtises. (…) Ma thèse, c’est que la pseudo « centralité » du conflit israélo-palestinien est un leurre, offert par les despotes arabes à leurs opinions publiques, pour masquer la réalité de leurs échecs – économiques, sociaux, culturels. On a fait croire à ces gens que la source de tous leurs maux, que l’arriération de leur société, avaient une cause unique : la présence d’un Etat juif sur la « terre sacrée de l’Islam ». Mais avec les Printemps arabes, la chute des despotes, le conflit avec Israël a donc perdu sa pseudo « centralité ». Les intellectuels français ne l’ont pas compris. Ils ont juste un temps de retard… (…) Je passe déjà pour « libéral », ce qui est, dans cet étrange pays, une grave accusation (il vaut mieux avoir été un partisan des Khmers rouges !), mais « sioniste » en plus, c’est prendre le risque de se voir boycotter !  (…) Il n’y a pas qu’en France. Dans toute l’Europe de l’Ouest, condamner Israël est devenu la norme. Il y a beaucoup de raisons. Mauvaises. L’une d’entre elles, c’est de chercher à s’attirer les bonnes grâces des immigrés d’origine musulmane. On les traite assez mal chez nous. Ils sont discriminés sur le marché de l’emploi. Au lieu de les laisser s’installer et travailler, pour s’enrichir – c’est pour ça, après tout, qu’ils sont venus chez nous -, on leur offre des compensations symboliques. La condamnation d’Israël en premier lieu. (…) La paresse intellectuelle, l’ignorance des réalités locales, la passion de répéter tous ensemble des slogans en bénéficiant, en outre, des bénéfices de la bonne conscience morale. (…) Soutenir l’OLP ou le Fatah, c’est à la mode, comme, dans ma jeunesse, soutenir le Vietcong… D’ailleurs, l’antisionisme a pris le relai de l’antiaméricanisme traditionnel des Français : depuis que le président est un Noir, c’est devenu beaucoup plus mal porté. Alors, on se reporte sur Israël, paria des nations…(..) Donner moins systématiquement la parole aux ennemis déclarés de l’Etat juif, à toutes ces bonnes consciences de gauche, qui feignent le courage en cherchant, en fait, à s’attirer les bonnes grâces de ceux qui leur font peur (les islamistes radicaux), qui feignent l’anticonformisme, alors qu’ils répètent en chœur les mensonges du moment, qui rejouent la lutte contre le vrai apartheid (en Afrique du Sud) en se trompant de lieu et d’époque. (…) Je pense que les révolutions arabes sont en train de changer la donne. Evidemment, je suis inquiet de l’arrivée au pouvoir des islamistes à l’issue des élections démocratiques, en Tunisie et en Egypte. Mais je veux croire que ce n’est qu’une étape sur la voie d’une démocratisation en profondeur de ces sociétés. Je pense que plus le monde arabe sera acquis à la démocratie, plus il aura tendance à supporter l’existence du minuscule Etat juif en son sein. A cesser de considérer les Juifs et les chrétiens d’Orient comme des dhimmis… De toute façon, la situation, au Moyen Orient, c’est une guerre de plus en plus ouverte entre sunnites (appuyés par l’Arabie saoudite) et chiites (dirigés par l’Iran). Qu’on arrête de raconter que la paix règnerait si Israël laissait s’installer un Etat palestinien dans les territoires conquis après la guerre des 6 Jours ! Ce n’est pas Tsahal qui massacre la population syrienne… Brice Couturier (France Culture)
Il y a, depuis trop longtemps, un climat qui se dégrade en France et la vie politique n’est pas étrangère à ce climat. (…) Le fait de montrer du doigt les uns ou les autres en raison de leur présence dans le pays, de leur origine, de leur situation sociale, c’est d’une certaine manière faire flamber ce genre de passion, ce genre de sentiment […] On lance des sujets dans le débat, on prononce des mots et ces mots-là, après, ils roulent comme une avalanche et quelquefois ils tombent sur des fous.  François Bayrou
Il y a un degré de violence et de stigmatisation dans la société française qui est en train de grandir, c’est inacceptable (…). Les hommes publics ont le devoir de veiller à ce que les tensions, les passions, les haines ne soient pas à chaque instant entretenues. Le fait de montrer du doigt les uns et les autres en fonction de leur origine, c’est faire flamber les passions et on le fait parce que dans ce feu-là il y a des voix à prendre (…). On lance des sujets dans le débat, on prononce des mots qui roulent comme une avalanche et parfois tombent sur des fous. Nous ne savons rien sur celui qui a perpétré cette tuerie mais nous sentons bien que cela n’est pas sans lien avec une certaine évolution de la France. François Bayrou
Il y a des mots qui peuvent effectivement avoir des conséquences. Il y a des mots qui influencent, qui pénètrent, qui libèrent. Ceux qui ont une responsabilité doivent maitriser leur vocabulaire. François Hollande
La similitude avec les lâches assassinats de sang froid des 3 militaires de Montauban d’origine antillaise et maghrébine laisse penser dans les deux cas à des motivations racistes et antisémites. Ils témoignent d’une montée préoccupante et générale de la haine et de l’intolérance religieuse dans notre pays, à l’égard de toutes les religions, quelles qu’elles soient. Arnaud Montebourg (député PS, communiqué, via l’AFP)
Tuerie de Toulouse. Des enfants et une école juive.abjection totale.un fou?peut être mais le climat délétère et la haine sont des excitants. Corinne Lepage
Avis aux pyromanes de la défense d’une « identité nationale » perçue comme une entité fermée, frileuse, nourrie au ressentiment et à la haine … Bernard-Henri Lévy
La poudre raciste, antisémite et xénophobe répandue depuis trop longtemps dans les esprits de notre peuple fait planer sur notre République de graves dangers à la moindre mèche allumée. La tolérance et le respect d’autrui doivent prévaloir, la haine et les divisions être bannies. Marie-George Buffet
Ça a l’air d’être un fou mais ce n’est peut-être pas un hasard si ça arrive en pleine campagne. Il y a peut-être un calcul politique derrière pour faire diversion par rapport à la crise. Philippe Poutou (candidat du NPA)
Quand nous pensons à ce qui s’est passé aujourd’hui à Toulouse, quand nous nous souvenons de ce qui s’est passé en Norvège il y a un an, quand nous savons ce qui se passe en Syrie, quand nous voyons ce qui se passe à Gaza et dans différentes parties du monde, nous pensons aux jeunes et aux enfants qui perdent leur vie. Catherine Ashton (en marge d’une réunion sur la jeunesse palestinienne à Bruxelles)
Il faut toujours se méfier des mots, mais [Gaza] c’est d’une certaine manière une prison à ciel ouvert, puisque ces gens ne peuvent pas rentrer, ne peuvent pas sortir, ne peuvent pas se baigner dans la mer. (…) J’ai vu la vie à Gaza. Ce n’est pas une situation qui peut perdurer (…) C’est la position de la France et de la grande majorité des pays qui sont par ailleurs amis d’Israël. Henri Guaino (plume du président Sarkozy, Radio J, 25.03.12)
Il se revendique être un moudjahidine (un combattant de Dieu), appartenir à Al-Qaïda et avoir voulu venger les enfants palestiniens autant qu’avoir voulu s’en prendre à l’armée française compte tenu de ses interventions à l’extérieur. Claude Guéant
Des peines de trois ans de prison avec sursis à six ans ferme ont été requises aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Paris contre quatre hommes et une femme soupçonnés d’avoir soutenu une filière jihadiste franco-belge. Le Figaro (16.03.12)
Qui « formate » qui lorsque systématiquement, parlant d’Israël, on inverse les causalités faisant passer la réplique à des attentats ou à des bombardements comme une nouvelle agression de l’État hébreu ? Qui nourrit l’imaginaire haineux de celui que Le Monde présente comme « un gamin des cités », « un petit délinquant, fanatisé par l’islam et la violence »? Marc Nacht
Il conviendrait donc de ne pas se demander pourquoi le fondamentalisme musulman assassine plus particulièrement des Juifs. Il faudrait — par « pudeur » et « dignité », ces mots-cachettes de la lâcheté électoraliste — ne tirer aucune conclusion politique face au terrorisme islamique et à la présence en France de militants prêts à passer à l’action armée. Il faudrait au contraire dénoncer ceux qui dénoncent les progrès d’un islam revendicatif en France — les fauteurs de troubles seraient donc ceux qui luttent contre l’islamisme. Il faudrait ne pas faire de parallèle entre cette tuerie et les slogans que l’on entend depuis des mois et des années criant « mort aux Juifs » à chaque manifestation anti-israélienne. Il faudrait détourner pudiquement le regard des rues et des mosquées où se développent les discours de guerre anti-Français et anti-Juifs. Il faudrait également ne pas se demander pourquoi les représentants de l’islam, qu’on ne cesse de présenter comme « modérés », ne font pas de la lutte contre l’islamisme une priorité si cette assimilation leur est intolérable. (…) Les journalistes, politiciens et intellectuels aveuglement pro-palestiniens, en tant que cautions morales pseudo-humanistes du terrorisme, sont coupables d’incitation à la haine. On est bien forcé de constater que ceux qui ont répandu si complaisamment leurs diatribes anti-israéliennes mensongères sont moralement responsables de la diffusion d’une haine anti-juive qui s’est concrétisée par le meurtre. (…) Cet environnement de désinformation permanente s’est illustré récemment, avec un tweet accusant Israël d’avoir tué une fillette le 11 mars : la photo qui l’illustrait concernait en fait un accident de voiture datant de 2006. La personne qui a propagé cette fausse information — reprise et diffusée par les agences de presse sans contrôle — était employée par l’ONU comme « coordinatrice de l’information et des médias dans les Territoires palestiniens occupés », ce qui laisse sans voix. Le 14 mars, Adham Abu Salmi, porte-parole du ministère de la Santé de Gaza, propage une information (obligeamment diffusée par l’Associated Press) accusant un tir israélien d’avoir tué un enfant de 8 ans, Barka al-Mugrahbi. Or, il n’y a eu aucune frappe israélienne dans la région : l’enfant est en réalité décédé suite à des tirs palestiniens lors de funérailles. Ce flot incessant de fausses informations, dont le démenti ne reçoit jamais le même écho — ce qui en soit est la preuve d’une stratégie de diffusion de mensonges et ne paraît pas rendre les journalistes plus prudents tant ils semblent pressés de porter crédit aux fausses nouvelles — conditionne à la haine d’Israël et, par assimilation, à la haine des Juifs. (…) A vrai dire, le choc n’a saisi les médias que dans la mesure où les meurtres ont eu lieu en France. Ces assassinats, quand ils ont lieu en Israël ou dans les « territoires », sont toujours excusés par ces mêmes journalistes larmoyants et accusant les enfants de 3 mois d’être des colons. La saturation de termes péjoratifs (« colonisation », « apartheid »…) qui sont sans rapport avec la situation politique réelle, la présentation systématiquement négatives des actes de défense d’Israël, les appels au boycott et le martellement médiatique ont abouti dans les consciences a une équivalence entre Israël et le Mal. Parallèlement s’est développé une intense activité de légitimation du terrorisme islamique. Choisissant de ne pas voir que les civils tués à Gaza l’étaient parce qu’ils servaient de boucliers humains aux combattants du jihad occupés à lancer des roquettes sur les villes israéliennes, certains politiciens d’extrême-gauche et certains militants européens portant fièrement le keffieh des terroristes ont tenté d’imposer des réflexes intellectuels anti-israéliens. J’ai déjà décrit comment excuser le terrorisme pour de pseudo-raisons politiques revenait à délivrer un permis de tuer des Juifs. Mohamed Merah a démontré par ses actes ce mécanisme et cette équivalence profonde dans certaines consciences entre Juifs et Israéliens, entre civils et militaires. Jean Szlamowicz

Attention: un climat peut en cacher un autre!

Culture de l’excuse, dénégation et occultation de toute analyse factuelle, retournement de la causalité, comparaisons d’un œcuménisme douteux, lâcheté électoraliste, « mort aux Juifs » à chaque manifestation anti-israélienne,  discours de guerre anti-Français et anti-Juifs dans les mosquées, refus des représentants de l’islam« modérés » de prendre ouvertement et fermement  position contre l’islamisme, discours institutionnel du monde arabo-musulman diffusé internationalement fondamentalement antisémite et anti-occidental, déclaration hypocrite d’une ’Autorité Palestinienne qui par ailleurs ne cesse d’encourager au terrorisme, stigmatisation systématique d’Israël, amalgame Juif/Israélien, indignation sélective d’un Stéphane Hessel, parallèle pervers d’une Catherine Ashton, reportages télévisés biaisés,  appels au boycott anti-Israël, environnement de désinformation permanente,  flot incessant de fausses informations dont le démenti ne reçoit jamais le même écho, accusations frénétiquement unilatérales envers Israël ….

Alors qu’avec la tuerie de Toulouse nos belles âmes n’ont pas manqué de dénoncer un prétendu « climat de haine » issu selon eux de ceux qui osent braver le politiquement correct …

Remise des pendules à l’heure avec Jean Szlamowicz, décrypteur du maitre de l’indignation sélective et prétendu « co-rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme »  Stephane Hessel.

Qui rappelle, derrière les années et décennies d’appels à la« mort aux Juifs » des manifestations anti-israéliennes  et l’aveuglement propalestinien de nos journalistes, politiciens et intellectuels,  l’une des véritables sources de « la haine anti-juive » qui vient de « se concrétiser par le meurtre »…

Mohamed Merah : fruit vénéneux des terroristes du verbe

Dès que la tuerie de l’école juive Ozar Hatorah perpétrée à Toulouse le 19 mars 2012 a fait sensation, l’émotion médiatique s’est déployée selon les normes de l’événement : pudeur choquée, compassion larmoyante, protestations de retenue… Chaque personnalité politique s’est précipitée à la télévision pour dire qu’elle n’exploiterait pas le drame à des fins électorales. Beaucoup se sont empressés de procéder au remplacement du signe juif par son universalisation : « c’est la République qui est visée », « il faut lutter contre le racisme », « ce sont nos enfants qu’on assassine »…

Linguiste, traducteur et maître de conférences à l’Université de Paris-Sorbonne, Jean Szlamowicz est l’auteur de Détrompez-vous ! Les étranges indignations de Stéphane Hessel décryptées (Editions Intervalles).

Jean Szlamowicz,

Aschkel

mars 26th, 2012

Dès que la tuerie de l’école juive Ozar Hatorah perpétrée à Toulouse le 19 mars 2012 a fait sensation, l’émotion médiatique s’est déployée selon les normes de l’événement : pudeur choquée, compassion larmoyante, protestations de retenue… Chaque personnalité politique s’est précipitée à la télévision pour dire qu’elle n’exploiterait pas le drame à des fins électorales. Beaucoup se sont empressés de procéder au remplacement du signe juif par son universalisation : « c’est la République qui est visée », « il faut lutter contre le racisme », « ce sont nos enfants qu’on assassine »…

Discours de l’occultation

Le corollaire de cette dépolitisation instantanée a été une rhétorique d’obscurcissement : les appels à « lutter contre les amalgames », à éviter « la stigmatisation de l’islam », à se méfier des « récupérations politiques » ou à ne pas céder à « des discours de haine » ont fait dériver le discours vers la prescription politique pour empêcher toute analyse factuelle. Les deux cibles de Mohamed Merah ont pourtant valeur de discours et sont d’une redoutable clarté : des militaires parce que la France est, officiellement, en lutte contre l’islamisme et des Juifs parce que l’islam s’érige depuis son origine contre les Juifs.

Très rapidement, un discours d’excuse s’est mis en place. On a dit que la France était coupable de ne pas intégrer « ses » immigrés. L’excuse sociologique est une véritable insulte envers tous ceux qui, partageant les mêmes origines sociales et culturelles, ne deviennent ni islamistes, ni terroristes. Cette excuse retourne également la causalité, faisant de la France la responsable du jihad et des Talibans… Aller chercher ailleurs que dans le jihad les causes du jihad ressemble fort à une technique de diversion rhétorique consistant d’emblée à exonérer l’islam du moindre rapport avec l’islamisme.

C’est pourtant l’occasion de porter dans le débat public la place du religieux dans notre société, censément laïque mais où l’islam impose de manière grandissante ses propres problématiques. De fait, les débats sur le voile ou la nourriture halal n’ont pas leurs sources dans le catholicisme ou le judaïsme, qui se trouvent pourtant toujours enrôlés dans des comparaisons d’un œcuménisme douteux.

De tels encouragements à ne pas incriminer l’islam obscurcissent délibérément l’analyse. Il conviendrait donc de ne pas se demander pourquoi le fondamentalisme musulman assassine plus particulièrement des Juifs. Il faudrait — par « pudeur » et « dignité », ces mots-cachettes de la lâcheté électoraliste — ne tirer aucune conclusion politique face au terrorisme islamique et à la présence en France de militants prêts à passer à l’action armée.

Il faudrait au contraire dénoncer ceux qui dénoncent les progrès d’un islam revendicatif en France — les fauteurs de troubles seraient donc ceux qui luttent contre l’islamisme. Il faudrait ne pas faire de parallèle entre cette tuerie et les slogans que l’on entend depuis des mois et des années criant « mort aux Juifs » à chaque manifestation anti-israélienne. Il faudrait détourner pudiquement le regard des rues et des mosquées où se développent les discours de guerre anti-Français et anti-Juifs. Il faudrait également ne pas se demander pourquoi les représentants de l’islam, qu’on ne cesse de présenter comme « modérés », ne font pas de la lutte contre l’islamisme une priorité si cette assimilation leur est intolérable.

Il reste étonnant que l’UOIF invite des personnalités comme le Cheikh Yussuf Al-Qaradawi, qui est favorable au meurtre des homosexuels, à la violence contre les femmes et aux attentats contre les civils et qui admire la punition infligée par Hitler aux Juifs…[1] Il est également troublant de constater que personne ne rappelle à quel point le discours institutionnel du monde arabo-musulman, diffusé internationalement, est fondamentalement antisémite et anti-occidental. Au lieu de cela, on passe en boucle une déclaration hypocrite du ministre de l’Autorité Palestinienne Salam Fayyad condamnant les assassinats de Montauban et Toulouse alors que l’AP ne cesse d’encourager au terrorisme…

La confusion Juif / Israélien

Je n’ai eu de cesse dans divers articles et dans un livre de décrire l’accumulation écœurante des représentations anti-israéliennes, la stigmatisation exagérée, illégitime et irrationnelle d’Israël. L’amalgame Juif / Israélien est une donnée permanente de ces discours. A cet égard, l’antisionisme est un antisémitisme et n’a rien à voir avec une juste critique politique parce que, précisément, il se focalise sur le seul état juif de la planète avec une mauvaise foi perverse. Les journalistes, politiciens et intellectuels aveuglement pro-palestiniens, en tant que cautions morales pseudo-humanistes du terrorisme, sont coupables d’incitation à la haine. On est bien forcé de constater que ceux qui ont répandu si complaisamment leurs diatribes anti-israéliennes mensongères sont moralement responsables de la diffusion d’une haine anti-juive qui s’est concrétisée par le meurtre.

La désinformation anti-israélienne épouse depuis des années la phraséologie jihadiste qui ne fait aucune différence entre Juifs et Israéliens et considère l’ensemble d’Israël comme un objectif de conquête. C’est ce qu’a résumé Mohamed Merah dans son appel téléphonique à France 24 : « Les juifs ont tué nos frères et nos sœurs en Palestine ». Cette revendication est l’exact pendant de l’indignation de Stéphane Hessel et son élégiaque incantation s’attendrissant devant les « enfants innombrables et rieurs » de Gaza, le pendant des attaques disproportionnées de Catherine Ashton qui a immédiatement fait un parallèle victimaire entre Toulouse et Gaza…

La désinformation et le retournement causal

Mohamed Merah n’est pas un déséquilibré, c’est un terroriste, quelqu’un capable de tuer des enfants pour des raisons idéologiques. Or, ses justifications idéologiques sont celles que l’on retrouve dans de nombreux reportages télévisés (comme l’emblématique « Un état palestinien est-il encore possible ? », dans Un oeil sur la Planète[2]), dans les prises de positions politiques (le rapport totalement biaisé remis par M. Glavany sur un prétendu apartheid de l’eau qui serait pratiqué par Israël[3]), dans les appels au boycott de Stéphane Hessel…

Cet environnement de désinformation permanente s’est illustré récemment, avec un tweet accusant Israël d’avoir tué une fillette le 11 mars : la photo qui l’illustrait concernait en fait un accident de voiture datant de 2006. La personne qui a propagé cette fausse information — reprise et diffusée par les agences de presse sans contrôle — était employée par l’ONU comme « coordinatrice de l’information et des médias dans les Territoires palestiniens occupés », ce qui laisse sans voix. Le 14 mars, Adham Abu Salmi, porte-parole du ministère de la Santé de Gaza, propage une information (obligeamment diffusée par l’Associated Press) accusant un tir israélien d’avoir tué un enfant de 8 ans, Barka al-Mugrahbi.

Or, il n’y a eu aucune frappe israélienne dans la région : l’enfant est en réalité décédé suite à des tirs palestiniens lors de funérailles. Ce flot incessant de fausses informations, dont le démenti ne reçoit jamais le même écho — ce qui en soit est la preuve d’une stratégie de diffusion de mensonges et ne paraît pas rendre les journalistes plus prudents tant ils semblent pressés de porter crédit aux fausses nouvelles — conditionne à la haine d’Israël et, par assimilation, à la haine des Juifs.

Les accusations frénétiquement unilatérales envers Israël — qui créent de toutes pièces des massacres de Palestiniens imaginaires (Gaza, Jénine…), qui recyclent mécaniquement leurs formules fallacieuses (« Gaza, prison à ciel ouvert »…), qui pointent la moindre construction de maison juive comme une violence assassinant tout un peuple — ont construit un monumental retournement de la causalité pour faire d’Israël l’origine du Mal.

On ne manque pas d’entendre, sous diverses formes plus ou moins diplomatiques, que c’est la politique d’Israël qui est la cause de tout. Par quel raccourci idéologique peut-on tenir Israël pour responsable de l’existence du jihad ? Le jihad, inscrit dans les textes fondateurs de l’islam, est justement la haine de l’Infidèle. Trouver une justification politique à cette haine est simplement monstrueux. Les militaires français luttant contre les Talibans en Afghanistan ont été les premiers visés : sera-ce encore la faute d’Israël ?

Hypocrisie et manichéisme

A vrai dire, le choc n’a saisi les médias que dans la mesure où les meurtres ont eu lieu en France. Ces assassinats, quand ils ont lieu en Israël ou dans les « territoires », sont toujours excusés par ces mêmes journalistes larmoyants et accusant les enfants de 3 mois d’être des colons. La saturation de termes péjoratifs (« colonisation », « apartheid »…) qui sont sans rapport avec la situation politique réelle, la présentation systématiquement négatives des actes de défense d’Israël, les appels au boycott et le martellement médiatique ont abouti dans les consciences a une équivalence entre Israël et le Mal. Parallèlement s’est développé une intense activité de légitimation du terrorisme islamique.

Choisissant de ne pas voir que les civils tués à Gaza l’étaient parce qu’ils servaient de boucliers humains aux combattants du jihad occupés à lancer des roquettes sur les villes israéliennes, certains politiciens d’extrême-gauche et certains militants européens portant fièrement le keffieh des terroristes ont tenté d’imposer des réflexes intellectuels anti-israéliens. J’ai déjà décrit comment excuser le terrorisme pour de pseudo-raisons politiques revenait à délivrer un permis de tuer des Juifs. Mohamed Merah a démontré par ses actes ce mécanisme et cette équivalence profonde dans certaines consciences entre Juifs et Israéliens, entre civils et militaires.

Pourquoi s’étonner et se scandaliser aujourd’hui que l’on tue des enfants ? Personne n’a eu la moindre compassion pour les enfants de la famille Fogel égorgés à Itamar l’an passé. Au contraire, les médias et les intellectuels d’extrême-gauche passent leur temps à trouver des excuses idéologiques à tous ces assassins. Certains vont même jusqu’à diffuser de faux reportages montrant des enfants palestiniens assassinés, incitant ainsi à pratiquer une loi du Talion dépravée et sanguinaire. Pourquoi les médias ne montrent-ils pas les enfants soldats enrôlés par la cause palestinienne et qui brandissent des armes en promettant avec obéissance de tuer du Juif ? Pourquoi diffuse-t-on plutôt des reportages, plus ou moins bidonnés, sur la souffrance palestinienne, sans voir que ces territoires sont gangrenés par l’antisémitisme le plus sauvage, le jihad, la corruption ?

Les politiciens qui représentent ces opinions et soutiennent volontiers les mouvements terroristes sur le sol d’Israël, ne voient aucune contradiction entre leurs larmes médiatiques et l’agressivité anti-juive qu’ils propagent sans cesse.

Certains auraient même préféré — et ils l’ont dit ! — que le coupable fût un néo-nazi. Outre que le terrorisme néo-nazi est quasiment inexistant, contrairement au terrorisme jihadiste omniprésent sur la planète, ce réflexe trahit la volonté d’adhésion à une vision du monde simpliste et polarisée, au manichéisme figé, où le Mal est toujours le même et reste identifiable à un pôle idéologique honni. Cela signifie que certains sont prêts à nier l’importance du jihadisme pour que la réalité corresponde à leurs désirs politiques. Par convenance idéologique, ils auront donc l’hypocrisie systématique de minorer l’antisémitisme d’origine musulmane.

Ceux qui tiennent des discours de mauvaise foi — masquant bien mal leurs intérêts idéologiques — réécriront l’histoire comme ils ont l’habitude de le faire. De fait, ce sont les beaux discours qui rendent possible l’embrigadement des naïfs. Mohamed Merah avait sans doute été recruté par de beaux parleurs. Car en matière d’horreur guerrière et religieuse, tout commence toujours par la séduction des mots.

Notes

[1] Le ministre Claude Guéant a finalement décidé contre l’attribution d’un visa à Yussuf al Qadarawi et Mahmoud al Mesri qui devaient se rendre au congrès de l’UOIF.

[2] Sur France 2, le 3 octobre 2011. On pense aussi au célèbre reportage accusant Israël du prétendu meurtre de Mohamed Al-Dura, devenu l’emblème du blood libel et dont les images ont servi d’appel à la violence anti-israélienne dans l’ensemble du monde arabe.

[3] Certains membres de cette mission d’information parlementaire sur la géopolitique de l’eau se sont désolidarisés du contenu de ce rapport. On pourra lire le communiqué de Jean-Pierre Bensimon pour Alliance France-Israël (« 6ème forum mondial de l’eau le 12 mars 2012 relever le défi de l’eau au Proche-Orient développement durable et coopération, oui ; victimisation et réquisitoires, non ! »). Lire aussi : « Gestion israélienne de l’eau : une réponse aux falsificateurs » (Un autre regard sur le Proche-Orient N° 5 Janvier 2012, Alliance France-Israël), adapté de l’intervention de l’hydrologue Haim Gvirtzman (The Israeli-Palestinian Water Conflict: An Israeli Perspective, Janvier 2012). On lira aussi la réponse de Tsahal sur son blog (« “La Géopolitique de l’Eau” : L’armée israélienne dénonce le rapport diffamatoire de l’Assemblée Nationale »).

 Voir aussi:

Hessel: «Je n’ai pas rédigé la Déclaration universelle des droits de l’homme»

M. Knobel

 08-11-2010

Depuis quelques jours, certains attribuent MENSONGEREMENT à Taguieff des propos extraits d’un message qu’Arié Avidor, ambassadeur israélien, avait posté sur son « mur » de discussion sur Facebook. Cette attribution mensongère est destinée à l’évidence à le nuire. Et, malgré les très nombreuses dénégations de Taguieff, cette chasse aux sorcières d’un autre âge se poursuit. Les militants du pro-palestinisme se liguent même et conspirent pour que Taguieff soit licencié du CNRS et du CEVIPOF! D’ou cette question : ne se croirait-on pas à Moscou, en 1952 ? Il règne comme un vent mauvais pour protéger et défendre Stéphane Hessel. Que n’ai-je d’ailleurs pas lu à son sujet ?Il faut à cet égard décerner la médaille de la malveillance au MRAP qui, dans un communiqué en date du 18 octobre 2010, a été le premier à déclencher cette offensive [Site du Crif]

http://www.crif.org/?page=articles_display/detail&aid=22334&returnto=accueil/main&artyd=10

Je lis en effet dans ce communiqué que le MRAP « est indigné par ces propos ainsi tenus sur Facebook à l’encontre de Stéphane Hessel, co-rédacteur de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et connu pour son engagement au service de la paix au Moyen-Orient. »

Revenons sur ces deux affirmations :

1) Engagement d’Hessel au service de la paix ? Lorsqu’ils étaient à Gaza, dans la semaine du 22 au 27 octobre 2010, Stéphane Hessel et Régis Debray n’ont pas hésité une seule seconde à rencontrer un criminel, le Chef du gouvernement du Hamas, Ismaël Haniyeh. De quelle paix parle donc le MRAP ?

2) Stéphane Hessel, co-rédacteur de la déclaration universelle des droits de l’Homme ? Nous retrouvons en effet cette affirmation -totalement gratuite- un peu partout, sur Internet. Mais, la réalité est toute autre. Je citerai donc un extrait important d’un texte qui a été publié par le très officiel Centre d’actualités de l’ONU (1).

« Né à Berlin en 1917, fils de l’écrivain Franz Hessel et d’Helen Grund, il (Stéphane Hessel) est entré au ministère français des affaires étrangères à la fin de la Seconde guerre mondiale. « J’étais un diplomate français frais émoulu du dernier concours. J’avais été reçu le 15 octobre 1945 et je suis arrivé à New York en février 1946. J’ai fait la connaissance d’Henri Laugier, qui était alors Secrétaire général adjoint des Nations Unies. Il m’a pris comme directeur de cabinet. Avec lui, il y avait John Peters Humphrey, directeur de la Division des droits de l’homme au Secrétariat des Nations Unies. J’étais en contact permanent avec l’équipe qui a rédigé la Déclaration, dont l’Américaine Eleanor Roosevelt et le Français René Cassin », se souvient-il. « Au cours des trois années, 1946, 1947, 1948, il y a eu une série de réunions, certaines faciles et d’autres plus difficiles. J’assistais aux séances et j’écoutais ce qu’on disait mais je n’ai pas rédigé la Déclaration. J’ai été témoin de cette période exceptionnelle », ajoute-t-il. »

Bref, dans ce déluge particulièrement malveillant, haineux et mensonger, il est temps de rétablir la vérité et de démythifier Stéphane Hessel, ainsi que le soi-disant engagement du « grand humaniste » en faveur de la paix: un engagement qui, en réalité est très sélectif et obsessionellement anti-israëlien.

Note :

1) http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=17952&Cr=droits&Cr1=anniversaire

Voir enfin:

Hessel : La Déclaration des droits de l’homme, témoin de l’audace de l’époque

10 décembre 2008 –

Le Français Stéphane Hessel, aujourd’hui âgé de 91 ans, a été le témoin de la rédaction et de l’adoption il y a 60 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme, une « période exceptionnelle », raconte-t-il dans un entretien au Centre d’actualités de l’ONU.

Né à Berlin en 1917, fils de l’écrivain Franz Hessel et d’Helen Grund, il est entré au ministère français des affaires étrangères à la fin de la Seconde guerre mondiale. « J’étais un diplomate français frais émoulu du dernier concours. J’avais été reçu le 15 octobre 1945 et je suis arrivé à New York en février 1946. J’ai fait la connaissance d’Henri Laugier, qui était alors Secrétaire général adjoint des Nations Unies. Il m’a pris comme directeur de cabinet. Avec lui, il y avait John Peters Humphrey, directeur de la Division des droits de l’homme au Secrétariat des Nations Unies. J’étais en contact permanent avec l’équipe qui a rédigé la Déclaration, dont l’Américaine Eleanor Roosevelt et le Français René Cassin », se souvient-il. « Au cours des trois années, 1946, 1947, 1948, il y a eu une série de réunions, certaines faciles et d’autres plus difficiles. J’assistais aux séances et j’écoutais ce qu’on disait mais je n’ai pas rédigé la Déclaration. J’ai été témoin de cette période exceptionnelle », ajoute-t-il.

Selon lui, « la Déclaration témoigne de l’audace de cette époque. René Cassin a eu le culot de l’appeler universelle alors qu’on l’a fait à 18 et qu’elle a été adoptée par 48 pays. Toutefois, elle a le droit d’être qualifiée d’universelle car elle a été rédigée avec grand soin. » Il rappelle que la composition de la commission chargée de la rédaction était très ouverte, avec des représentants de près de vingt pays, dont la Chine, l’Union soviétique, le Royaume Uni, l’Egypte, l’Inde, l’Iran, le Liban, le Panama, le Chili, etc… « On ne peut pas dire que cela soit un texte occidental. Les 30 articles sont bien rédigés. Certes on retrouve des termes utilisés dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et le Déclaration d’indépendance des Etats-Unis. Mais il est injuste de dire que ce texte a été imposé par les Occidentaux. Quand il a été contesté, il l’a été par des gouvernements autoritaires et non pas par les peuples eux-mêmes », souligne-t-il.

La Déclaration universelle des droits de l’homme, qui énonce les droits fondamentaux de l’individu, a été adoptée le 10 décembre 1948 à Paris par 48 votes pour, zéro contre et 8 abstentions.

Aujourd’hui, Stéphane Hessel pense que le texte a un peu vieilli : « C’est un monument d’une certaine époque. Il n’a pas abordé un certain nombre de problèmes, comme la relation de l’homme avec la Terre et le terrorisme ». Toutefois, il juge que la Déclaration « reste parfaitement valable car les droits qu’elle proclame restent valables ».

Selon lui, il reste beaucoup à faire sur le plan des droits économiques et sociaux qui font partie de la Déclaration. « Il n’y a pas de pays où en matière de droit à l’emploi, de droit à la santé, de droit au logement, il ne reste beaucoup à faire », dit-il. « La réalité n’est pas ce dont rêvaient les rédacteurs de la Déclaration mais ils le savaient. La Déclaration était un programme proposé aux Etats », conclut-il.

Stéphane Hessel devait recevoir mercredi à Paris le Prix UNESCO/Bilbao par le directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, pour sa contribution exceptionnelle « à la promotion d’une culture des droits de l’homme, de justice et de dignité » ainsi que « son implication personnelle dans l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme ».

Les journalistes, politiciens et intellectuels aveuglement pro-palestiniens, en tant que cautions morales pseudo-humanistes du terrorisme, sont coupables d’incitation à la haine. On est bien forcé de constater que ceux qui ont répandu si complaisamment leurs diatribes anti-israéliennes mensongères sont moralement responsables de la diffusion d’une haine anti-juive qui s’est concrétisée par le meurtre.


Tuerie de Toulouse: Attention, un silence peut en cacher un autre! (Guess who benefits most from France’s supposedly lone wolf jihad?)

25 mars, 2012
Iran supplying arms to SyriaTant que, dans les médias internationaux, un « buzz » intensif se poursuivra sur un risque de frappes en 2012, celles-ci ne seront pas imminentes. Le 6 février, les médias israéliens ont annoncé que Nétanyahou avait ordonné le silence à ses ministres à propos de frappes sur l’Iran. Natalie Nougayrède
Jusqu’aux dernières heures du drame, l’équivoque se maintiendra. Aux dépends de l’ambassadeur d’Israël à Paris lui-même, que le premier ministre Rabin et le ministre des Affaires étrangères Ygal Allon appellent au téléphone, le samedi 3 au soir, pour discuter durant une demi-heure chacun des « modalités de l’échange ». Les « Hercules » C130 israéliens ont déjà décollé depuis trois heures pour Entebbe. Rabin et Allon le savent fort bien, puisqu’ils parlent dans la salle des opérations du ministère de la Défense nationale à Tel-Aviv. Ils supposent que la conversation est écoutée par des oreilles indiscrètes – elle l’est – et qu’elle donnera le change. Mais ils savent aussi que, si la piste d’Entebbe est bloquée, les Hercules devront faire demi-tour au dernier moment, et qu’il ne restera plus alors, pour seule issue, que la négociation. Les militaires qui, depuis le lundi précédent, préparent le raid, ont mis le maximum de chances de leur côté. C’est cette incertitude, imposée par les circonstances jusqu’au dernier moment, qui fera crier certains au « double jeu » et soulèvera, après le raid, la colère de quelques chancelleries européennes. Elles n’en auront pas été les seules victimes. L’une des plus illustres n’est autre que le patron de la lutte antiterroriste en Israël, le général Rehavam Zeevi, envoyé à Paris en « négociateur » le vendredi 2, et qui a joué, de bonne foi, son rôle jusqu’au dernier moment. L’Express (1976)
Le samedi 6 juin 1981, l’ambassadeur américain en Israël, Samuel Lewis, s’apprête à entrer, avec son épouse, Sallie, dans un dîner mondain organisé dans un hôtel de Tel-Aviv, lorsqu’un appel téléphonique l’interrompt. Au bout du fil, le premier ministre israélien Menahem Begin : “Sam, veuillez transmettre au président Reagan un message urgent de ma part. Voici une heure environ, notre aviation a détruit le réacteur nucléaire près de Bagdad (à Osirak) : tous les avions sont rentrés intacts.” (…) Selon le récit qu’en a fait dans ses mémoires l’ambassadeur Lewis, un an environ avant le raid sur Osirak, “le refrain israélien était : soit les États-Unis font quelque chose, pour arrêter ce réacteur [irakien], soit nous serons obligés de le faire!” Puis six mois avant l’attaque, les “fuites” dans les médias ont subitement cessé. Plus une seule sonnette d’alarme tirée par les israéliens ! Ce silence abrupt, rétrospectivement, c’était l’indice que la décision de bombarder avait été prise” estime Lewis. Le Monde
Comme l’assassinat avait eu lieu en dehors des heures de service, en dehors du quartier et sans l’uniforme, on s’est dit : laissons la justice … Gérard Longuet (ministre français de la Défense)
C’est la première fois de ma vie que je vois quelqu’un, alors que nous lançons un assaut, venir mener l’assaut contre nous (…) il est venu à l’engagement contre nous avec trois Colt 45 de calibre 11.43 [le même modèle que celui utilisé lors des meurtres] alors que nous avions alors engagé uniquement des armes non-létales.  J’avais donné l’ordre de ne riposter qu’avec des grenades susceptibles de le choquer. Mais il a progressé dans l’appartement, et il a tenté d’abattre mes hommes qui étaient placés en protection sur le balcon. C’est probablement l’un des snipers qui l’a alors touché. (…) Il attendait dans une posture de combattant, avec une détermination sans faillle.  Amaury de Hauteclocque (patron du RAID)
Nous n’avons pas utilisé d’explosifs lors de la première intervention, parce que, selon les informations fournies par la DCRI, nous avions affaire à un salafiste, susceptible d’avoir des explosifs lui-même et d’en avoir placé dans son appartement. Il y avait donc un risque de surexplosion, comme lors d’une intervention de la police espagnole (GEO) contre des terroristes après les attentats de Madrid – surexplosion qui avait tué des policiers. Le choix a donc été d’utilisé un vérin, et non un bélier. Il y avait un frigo derrière la porte : c’était un cas non conforme. Merah a aussitôt ouvert le feu, en direction de la porte et de la rue. On a été très impressionnés par le rythme auquel il tirait avec ses 45. (…)  On savait qu’il habitait là, mais nous ne sommes pas intervenus violemment tout de suite, parce qu’on ne savait pas s’il était seul, s’il y avait des personnes avec lui, femme ou enfants. (…) Si nous l’avions interpellé en pleine rue, sachant qu’il était armé, qu’il avait une voiture remplie d’armes, le risque de dommage collatéral était très important.  (…) L’immeuble n’a pas été évacué dans un premier temps, parce qu’on était en phase de négociation. Si on lui avait dit qu’on calmait le jeu et qu’on évacue l’immeuble en même temps, c’est un très mauvais signal. Il pouvait se dire qu’on va donner l’assaut. D’autant plus que ces vieux immeubles des années 60 sont difficiles à évacuer. Donc on a pris la décision d’évacuer une fois qu’on a vu que la négociation battait de l’aile. (…) Nous n’utilisons pas de gaz. Les seules personnes que je connais qui utilisent des gaz ce sont les anesthésistes, et ils tiennent la main à leur patient, le surveillent tout le temps et l’accompagnent à leur réveil car il y a toujours un risque. A chaque fois qu’un commercial est venu nous vendre un gaz « inoffensif », « non létal » et que nous lui avons demandé de nous signer un papier garantissant qu’il n’y avait pas de risque mortel il a toujours refusé. Si nous l’avions gazé et qu’en ouvrant la porte ensuite nous l’avions trouvé mort, s’il avait fait partie du pourcentage de gens qui ne le supportent pas, quelles auraient été les réactions ? On se souvient de la polémique après les morts au théâtre de Moscou. (…) Contrairement à ce que l’on lit sur lemonde.fr, il n’y avait pas que des armes non létales lorsque l’assaut a été lancé. Evidemment, les premiers avaient des grenades de 40 en caoutchouc incapacitantes, mais avaient également leurs armes, tout comme ceux qui les couvraient immédiatement. (…)  Les hommes ont du faire très attention en tirant car à cause de la conformation de la pièce, ceux qui rentraient dans la pièce par la porte et ceux qui se trouvaient sur le balcon, avec Merah au milieu, étaient fatalement dans le même axe de tir. Source anonyme proche du RAID
De toute façon, je devais t’appeler pour te dire que j’avais des tuyaux à te donner, mais en fait, j’allais te fumer. Mohamed Merah (à un policier de la direction régionale du renseignement intérieur de Toulouse)
En 2008, Mohamed Merah avait obtenu un permis pour rendre visite en prison à Sabri Essid, ex-grutier, l’un des principaux protagonistes de ce groupe. Les services de police notent, à cette époque, qu’il lui apportait de l’argent. Sabri Essid a été arrêté, les armes à la main, à la frontière entre la Syrie et l’Irak. Le Monde
J’ai lu beaucoup de mémoires de djihadistes, et ce sont tous des radicaux très extrêmes dans leur islamisme. Le côté bon vivant de Mohamed Merah montre, au contraire, qu’il n’a pas agi par conviction profonde. Il faut donc s’interroger sur les moteurs de ses actions. Et parmi les hypothèses, il y a celle d’une commande, d’une influence exercée par d’autres personnes sur lui afin qu’il commette ces assassinats. Nora Benkorich (Chercheuse à la chaire d’histoire du monde arabe du Collège de France)
L’absence d’attentats islamistes sur le sol français depuis le 11 septembre 2001 ne doit pas être mal interprétée ; elle ne signifie en rien que la France serait sanctuarisée, notamment en raison de la position qu’elle a prise lors du conflit en Irak. D’ailleurs, nous avons déjà indiqué que des cellules terroristes avaient été démantelées, qui projetaient de conduire des attaques terroristes sur notre sol. De plus, en dehors du territoire national, des cibles françaises ont fait l’objet d’attaques terroriste, comme l’attentat du 8 mai 2002 à Karachi qui fit 14 morts, dont 11 employés de la DCN, ou l’attaque contre le pétrolier Limburg au Yémen le 6 octobre 2002. La France fait en effet partie intégrante du monde occidental, cible des terroristes islamistes radicaux. À ce titre, elle figure parmi les objectifs potentiels des terroristes au même titre que tout autre nation occidentale. Membre de la coalition internationale en Afghanistan, où nos forces spéciales participent à la traque des dirigeants d’Al Qaida, la France est donc considérée comme une ennemie, quelle que soit sa position sur le dossier irakien. De plus, la France est, depuis 1986, en pointe dans la lutte contre le terrorisme : ses résultats en matière de démantèlement de réseaux et son rôle central dans la coopération internationale anti-terroriste en font incontestablement une ennemie des groupes terroristes internationaux. En outre, la France doit prendre en compte les réalités liées à sa position géographique et à son histoire. Il est démontré par exemple qu’elle est une cible de premier choix pour le GSPC algérien du fait de l’histoire particulière des relations franco-algériennes. Philipe Marsaud (Rapport à l’Assemblée sur la lutte contre le terrorisme, le 22 novembre 2005)
Le système légal fortement codifié de la France, dans lequel l’Etat français bénéficie d’énormes pouvoirs d’intrusion et de coercition, ne ressemble pas au système américain plus compliqué de séparation des pouvoirs, d’indépendance de la justice, et des droits présomptifs de l’individu contre le gouvernement. (…) Le système légal et politique de l’Amérique, au moins sous George W. Bush, ne pouvait gérer des défis “extrajudiciaires” tels que Guantanamo, l’externalisation des interrogations ou la surveillance sans mandat. Selon les auteurs du rapport, les Etats-Unis se sont pris à leur propre piège en transformant la lutte contre l’extrémisme islamique radical en une “guerre fortement politisée et militarisée contre la terreur” que leur système légal et moral ne pourrait pas gérer. (…) En fin de compte, la comparaison des approches françaises et américaines contre le terrorisme révèle une étrange symétrie. Dans le cas de la France, la menace est en grande partie — mais pas simplement – issue de son propre sol. Pour y faire face, les Français sont prêts à fournir à leurs fonctionnaires ce que nous considérerions comme des pouvoirs d’exception. Dans le cas des Etats-Unis, la menace terroriste vient en grande partie — mais pas seulement — de l’étranger. Pour y faire face, le Président Bush a élargi au maximum ses pouvoirs en tant que commandant en chef. Et tandis que ses adversaires politiques et un certain nombre de juges critiquent l’utilisation de ces pouvoirs, les Américains n’ont pour la plupart pas réagi d’une manière qui suggère qu’ils y voient l’ombre d’une menace pour leurs libertés personnelles. De même, depuis le moment où, avec le début de la mission si peu conforme au droit anglo-saxon du juge Bruguière en 1986, la lutte contre le terrorisme intérieur est devenue beaucoup plus intrusive, la France n’a pas glissé dans la tyrannie. Bien au contraire, la société, la vie politique et nombre des lois françaises sont devenues beaucoup plus libérales et ouvertes. Gary J. Schmitt et Reuel Marc Gerech
Le “bazar” qu’est Al-Qaida – on ne peut en effet plus y distinguer une quelconque structure hiérarchique – est composé d’un cercle mondial de personnes qui commettent des attentats tout simplement nihilistes, puisqu’on ne décèle plus aucun objectif définissable pour lesquels ces acteurs se battent. (…) Ces gens sont complètement détachés des conflits: il s’agit d’une secte ou du moins d’une entité qui a le bagage idéologique d’une secte. Ce qui est dangereux, c’est qu’Internet permet justement à ces fanatiques de se regrouper, de s’organiser et de s’auto-encourager. Christoph Reuter
Etre le régional de l’étape: Expression issue du Tour de France. Elle désigne ces coureurs locaux qui lorsque l’étape arrive du côté de leur bled pédalent à tire-larigot pour frimer devant les copains, la famille, les canards du coin. Ils connaissent une gloire légère et passagère. Parfois ils ne brillent pas du tout parce qu’ils sont largués au réveil. Car ils ne prennent pas tous du pot-belge, de l’EPO ou des amphètes. Linguapop
On peut avoir beau jeu d’accuser un certain relâchement, la réalité est qu’aucun système n’est parfait. La France démantèle un à trois réseaux par an depuis dix ans. Mais le drame en matière antiterroriste est que, malgré l’action exceptionnelle des services de police et de renseignement – rappelons que nous n’avons pas eu d’attentat majeur en France depuis 1996 -, un terroriste peut finir par passer entre les mailles du filet. C’est ce qui vient de se passer. C’est une course-poursuite sans fin… Qui plus est nous sommes dans un Etat de droit et on ne peut pas arrêter les gens sans un commencement de passage à l’acte. C’est notre honneur et c’est notre drame.  Jean-François Daguzan
Un officier supérieur américain, en poste à Kandahar, a assuré au Monde, mercredi, que sur le passeport de l’intéressé figurait un certain nombre de tampons révélant ses derniers déplacements. Le plus ancien mentionnait sa présence en Israël, puis en Syrie, en Irak et en Jordanie. (…) Un autre élément troublant sur les déplacements de Mohamed Merah reste à éclaircir : sa présence en Iran « à deux reprises » d’après une source militaire française en Afghanistan. Interrogée par Le Monde, mercredi, la DCRI, chargée du contre-espionnage et de la lutte antiterroriste, a démenti ce séjour. Le Monde
L’Union européenne a décidé aujourd’hui d’interdire l’accès au réseau de transferts interbancaires Swift aux institutions iraniennes qu’elle sanctionne en raison du programme nucléaire de Téhéran, selon un communiqué. Les sanctions l’UE concernent actuellement 116 individus et 442 sociétés, dont la Banque centrale d’Iran. Elles visent à assécher les sources de financement du régime, accusé par les Occidentaux de chercher à se doter de la bombe atomique sous couvert d’activités nucléaires civiles. Le Figaro (15.03.12)

Attention: un silence peut en cacher un autre!

Mise en scène et orchestration de sa mort en martyre, prise de vues de ses méfaits en vue d’une mise en ligne ultérieure, appel téléphonique aux médias, utilisation systématique des réseaux sociaux …

Frère et soeur impliqués via l’Egypte dans la mise sur pied d’une filière islamiste de recrutement et d’acheminement de jihadistes en Irak …

Mère remariée au père d’un membre d’un réseau similaire arrêté en Syrie en 2006 …

Voyages en Afghanistan via le Pakistan mais aussi la Turquie, la Syrie, le Liban, la  Jordanie, Israël (!) et, peut-être par deux fois, l’Iran

Alors qu’après les Etats-Unis, l’Espagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Suède mais 17 ans après (merci qui?) les derniers attentats de 1995 (suite à la vague des années 80 déjà fomentée par qui vous savez) mais sans compter les nombreuses tentatives évitées, la France vient à nouveau d’être frappée par son régional de l’étape

Et qu’après avoir dénoncé pendant des décennies les « fichiers liberticides », la « surveillance généralisée » ou la « stigmatisation des minorités », nos belles âmes de gauche en sont à présent à reprocher à l’actuel gouvernement d’avoir manqué à son devoir de surveillance des milieux extrémistes …

Pendant qu’après avoir été fustigé pour ses déclarations prétendument bellicistes, un petit pays menacé depuis des années d’être rayé de la carte par l’un de ses voisins sur le point désormais d’accéder à l’arme atomique se voit à présent reprocher son silence naturellement lourd de menaces …

Comment ne pas voir, derrière l’étrange réticence d’une justice et police française sur l’évidente dimension internationale d’actes qu’elles continuent à présenter comme « le fruit d’une dérive solitaire », d’un « profil d’autoradicalisation salafiste atypique » et d’un « individu indépendant de toute organisation structurée connue », …

Tout le bénéfice, directement volontaire ou non,…

Pour un régime dont les violations de plus en plus explicites des accords internationaux sur son programme nucléaire

Se voient opportunément – au moment même où il était question de renforcer contre lui au niveau bancaire des sanctions potentiellement dévastatrices – …

Reléguées au silence ô combien plus confortable des pages intérieures de nos journaux ?

Iran : bombarder ou pas ?

Natalie Nougayrède

LE MONDE GEO ET POLITIQUE

13.02.2012

Le samedi 6 juin 1981, l’ambassadeur américain en Israël, Samuel Lewis, s’apprête à entrer, avec son épouse, Sallie, dans un dîner mondain organisé dans un hôtel de Tel-Aviv, lorsqu’un appel téléphonique l’interrompt. Au bout du fil, le premier ministre israélien, Menahem Begin : « Sam, veuillez transmettre au président Reagan un message urgent de ma part. Voici une heure environ, notre aviation a détruit le réacteur nucléaire près de Bagdad (à Osirak) ; tous les avions sont rentrés intacts. » L’ambassadeur Lewis marque une pause, puis dit : « Monsieur le premier ministre, souhaitez-vous ajouter autre chose à propos de cet événement ? » Begin répond : « Nous allons rapidement briefer vos militaires. »

On peut se demander si quelque chose de semblable arrivera, en 2012, à Daniel Shapiro, le jeune ambassadeur envoyé en 2011 par Barack Obama en Israël, pays qui, d’une façon générale, perçoit l’actuel président des Etats-Unis comme le « moins amical » envers l’Etat juif, depuis sa création en 1948. Un scénario militaire serait un cauchemar pour le président Obama, en campagne électorale pour se faire réélire le 6 novembre 2012. Les prix à la pompe à essence s’envoleraient aux Etats-Unis, faisant à l’inverse plonger ses chances de rassurer l’Américain moyen sur les perspectives de redressement économique.

Dans ce contexte, l’administration Obama a demandé au gouvernement israélien de ne rien faire militairement avant l’échéance du scrutin présidentiel aux Etats-Unis, affirment des sources diplomatiques et issues des milieux de défense et de sécurité, à la fois côté américain, en Europe et en Israël. L’évaluation américaine de l’imminence de la menace nucléaire iranienne n’est pas identique à celle des Israéliens, plus alarmistes pour le calendrier. Le message américain adressé aux Israéliens est : ne vous précipitez pas, il sera toujours temps d’agir plus tard, et peut-être ensemble, s’il le faut vraiment. Avec un ajout : vous avez besoin de nous.

Les responsables israéliens répondent en évoquant la « fenêtre de tir » qui se rétrécit. « Au cours des six prochains mois, il faudra prendre une décision, et une non-décision est aussi une décision, dit une source proche du dossier. Ça se jouera avant la présidentielle américaine. » Sinon, l’hiver étant moins propice à des frappes aériennes, une absence de décision en 2012 reporterait l’affaire à l’été 2013, ce qui donnerait une année supplémentaire aux Iraniens pour poursuivre leur stratégie d’accumulation d’uranium enrichi, à l’abri dans des lieux « bunkerisés ». En fait, les Israéliens ont cessé de mesurer les travaux iraniens en termes de « lignes rouges » – car tant ont déjà été franchies. Ils se préoccupent désormais du degré d' »irréversibilité » du programme.

« L’Iran s’approche lentement mais sûrement du moment où il entrera dans une zone d’immunité », a déclaré Ehoud Barak, le ministre de la défense, lors d’une conférence internationale sur les questions de sécurité, à Herzliya, au nord de Tel-Aviv, le 2 février. Cette « zone d’immunité », a-t-il expliqué, c’est « le moment où soit les mesures de protection des travaux (nucléaires), soit leur duplication, rendront une attaque (aérienne) impossible ». En allusion apparente aux appels américains à repousser toute action militaire, le ministre israélien a mis en garde : « Ceux qui disent « plus tard » pourraient découvrir que « plus tard », c’est trop tard ».

Au centre de l’imbroglio nucléaire iranien et des rumeurs de frappes aériennes qui se sont intensifiées ces derniers temps, il y a l’activité incessante des centrifugeuses, ces tubes métalliques qui enrichissent l’uranium. Depuis janvier, une batterie d’entre elles opère dans un site, Fordow, creusé à 90 mètres de profondeur dans une montagne, et donc a priori à l’abri des bombes. Les échanges de renseignements vont bon train entre Israéliens et Américains à propos de ce qui se passe dans ce site : ce qui y entre, ce qui pourrait en sortir… Car, chacun en est convaincu, cette installation a été conçue par l’Iran comme un lieu sanctuarisé, destiné à produire de la matière fissile utilisable dans un engin nucléaire.

Les responsables américains ont cherché à contrer l’idée que Fordow deviendrait invulnérable à partir d’une certaine date. Ils ont fait « fuiter » dans les médias des informations du Pentagone sur la préparation de nouvelles bombes américaines « anti-bunker », hautement performantes. Certains officiels américains suggérant même que des « armes nucléaires tactiques pourraient être la seule option » !

C’est dans ce contexte que se déroule la course contre la montre entre l’impact des sanctions internationales et l’avancée des travaux scientifiques iraniens. Avec l’embargo pétrolier, les Occidentaux sont passés d’une politique de sanctions centrées sur les activités de prolifération de l’Iran à une stratégie visant ouvertement le coeur de l’économie nationale, et comportant de ce fait l’ambition de provoquer un changement de régime, qui reste inavouée. Ce tournant n’a pas échappé à la Russie, en particulier, qui fustige un nouvel interventionnisme, hors du cadre de l’ONU.

Les mesures coercitives, couplées aux déclarations américaines répétant que « toutes les options restent sur la table », visent tout autant à retenir le feu des Israéliens qu’à mettre le régime iranien sous pression. Lorsque le Washington Post écrit, sous la plume du très renseigné David Ignatius, que l’administration américaine pense que des frappes israéliennes sont possibles « au printemps », ou bien quand les conseillers de Nicolas Sarkozy confient qu’une action militaire israélienne « préventive » pourrait se produire à l’été, le message sous-jacent est clair : c’est un « je-vous-ai-compris » adressé aux dirigeants israéliens.

En diplomatie, la perception, la posture, sont souvent plus importantes que les faits. Ainsi, Barack Obama laisse son ancien conseiller pour le Moyen-Orient, Dennis Ross, dire que, « ne vous y trompez pas », jamais l’occupant de la Maison Blanche n’hésitera à utiliser la force contre l’Iran. C’est la meilleure façon d’éviter d’avoir à passer par la case « guerre », tout en se mettant à l’abri du reproche de mollesse que lui font ses concurrents du Parti républicain. Le président américain rappelle aussi, au besoin, que la voie militaire « n’est pas la voie préférée ».

Ce qui ne peut être énoncé publiquement, en revanche, c’est la tentation qui semble persister, au sein de l’équipe Obama, de mener une politique d’endiguement (containment) de l’Iran si ce pays franchit ce qui est habituellement décrit comme le « seuil » nucléaire – sans qu’il existe une définition unique et incontestée de ce terme. « Endiguer l’Iran jusqu’à ce que le régime tombe, nous dit un membre de l’administration, sous couvert d’anonymat. C’est ce que nous avons fait avec Staline et l’URSS, après tout. » Au début du mandat d’Obama, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton avait laissé entrevoir cette possibilité en parlant de « parapluie » américain au Moyen-Orient. Des « fuites » récentes, dans la presse américaine, parlent d’un scénario du seuil « à la japonaise » pour l’Iran : la détention de la technologie et des composants de l’arme suprême, mais sans l’assembler.

Certains experts font par ailleurs observer qu’historiquement, à moins d’un changement de régime (par exemple l’Afrique du Sud sortant de l’apartheid), aucun pays n’a jamais renoncé au nucléaire militaire une fois atteint un niveau technologique comparable à celui que maîtrise déjà l’Iran.

En public, l’objectif proclamé par les Occidentaux, c’est le démarrage de véritables négociations avec l’Iran. Ce n’est qu’une fois placé au bord du « gouffre » que le régime iranien finira par « bouger ». On en veut pour preuve l’arrêt de la guerre Iran-Irak, en 1988, quand la République islamique exsangue avait dû, selon le mot de Khomeiny, « boire la coupe de poison », et déclarer un cessez-le-feu. La récente reprise des visites de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a été notée, mais fait craindre une nouvelle manoeuvre dilatoire, tant l’opacité iranienne demeure. L’administration Obama continue de son côté d’essayer des mains tendues, notamment en envoyant des navires militaires américains secourir des marins iraniens perdus dans le Golfe ou kidnappés par des pirates somaliens.

Ce qui a été observé avec grande attention par Washington, c’est la façon dont les Iraniens ont battu en retraite, fin janvier, après avoir menacé le porte-avions USS Lincoln s’il revenait dans les eaux du Golfe. En fait, quand l’énorme bâtiment a franchi le détroit d’Ormuz, accompagné en plus de navires britannique et français, Téhéran a fait comme si de rien n’était. Ainsi, l’Iran vitupère mais se garde, semble-t-il, de faire déraper la situation militaire en sachant qu’un affrontement avec l’armada américaine ne jouerait pas en sa faveur. Comme en 2003, quand il craignait une attaque après l’invasion américaine de l’Irak, le pouvoir iranien semble ainsi se livrer à un calcul permanent de « coût-bénéfice ». Un point d’entrée possible pour une solution négociée du problème nucléaire ?

Il se peut que la réponse à la question « y aura-t-il des frappes en 2012 ? » dépende en grande partie de l’état de la relation entre Israël et les Etats-Unis. Plus précisément, entre deux hommes qui semblent se détester : Barack Obama et le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou. Le second fera-t-il suffisamment confiance au premier pour retenir ses avions de chasse jusqu’en 2013 ou au-delà, au prétexte que le succès serait alors partagé ? Le « faucon » du Likoud conçoit le dossier iranien comme une « menace existentielle » pour Israël et considère que son legs historique ainsi que le « plus jamais ça », après la Shoah, sont en jeu. Il prend au mot Mahmoud Ahmadinejad et le Guide Khamenei lorsqu’ils appellent à l’élimination de l’Etat juif, comparé à une « tumeur cancéreuse « .

Certains, côté occidental, prêtent des calculs électoralistes au dirigeant israélien. Beaucoup pensent qu’un facteur d’ordre personnel joue énormément : « Bibi » aurait l’obsession de ne pas apparaître faible aux yeux de son père, Benzion Nétanyahou, un intellectuel d’extrême droite. La politique intérieure aux Etats-Unis, pays où « Bibi » a passé une partie de sa jeunesse, n’a, en tout cas, aucun secret pour le premier ministre israélien, persuadé qu’il « tient » Obama par là où ça peut faire mal. Le triomphe de Nétanyahou en mai 2011 devant le Congrès américain dominé par les républicains aurait achevé de le convaincre qu’il peut se passer d’un feu vert de la Maison Blanche pour attaquer.

Mais les Israéliens préféreraient de loin que ce soit l’US Army qui frappe l’Iran. Pour éviter que l’Etat juif, déjà mal à l’aise avec le chamboulement stratégique des révoltes arabes, se retrouve seul. Pour éviter qu’il soit en première ligne, face aux retombées diplomatiques internationales, et face aux représailles iraniennes. Ces éléments, ainsi que la question des moyens militaires d’Israël face à un programme iranien éparpillé en un archipel de sites, font l’objet de débats internes intenses. L’appui américain est souhaité afin de produire « une menace militaire crédible », seule susceptible de faire plier l’Iran.

Les services secrets israéliens pensent qu’il reste encore du temps, et qu’une opération militaire attirerait trop de problèmes pour un gain relatif, puisque le programme iranien ne serait que retardé. Meir Dagan, l’ancien chef du Mossad, a porté ce débat sur la place publique, en vantant par ailleurs l’effet des actions de sabotage. Les militaires sont partagés. Nétanyahou penche pour des frappes. Son ministre de la défense, Ehoud Barak, partagerait cet avis, mais il met l’accent sur l’importance de la relation avec les Etats-Unis. Il pense qu’un terrain d’entente est possible avec l’administration Obama, que Nétanyahou traite avec distance. « Bibi » pense qu’il faut passer par-dessus la tête du président des Etats-Unis, en s’adressant à l’opinion et aux élus.

Quand on demande à des connaisseurs qui, dans ce duo israélien, a la main haute, la réponse la plus fréquente est : Nétanyahou. Mais les préoccupations d’Ehoud Barak sont partagées, si l’on en juge par l’une des tables rondes de la conférence d’Herzliya, intitulée : « Israël est-il un atout stratégique pour les Etats-Unis ? »

Cité dans le récent article, et fort remarqué, du New York Times Magazine intitulé « Faire la guerre ou pas », Ehoud Barak a posé comme condition préalable à une action militaire israélienne « un soutien ouvert ou tacite, en particulier des Etats-Unis ». A Herzliya, le même insistait : « Les Etats-Unis sont le meilleur et le plus formidable ami d’Israël, et cela est vrai de l’administration Obama ! (…) Nous demandons à nos amis – et c’est leur position – qu’il ne soit pas permis à l’Iran de devenir nucléaire ! »

Comme en écho, l’ambassadeur américain Dan Shapiro avait souligné l' »extraordinaire coordination » entre les deux pays, mais en glissant un commentaire semble-t-il plein d’allusions : « Israël a intérêt à ce que les Etats-Unis soient perçus favorablement, et comme forts, dans le monde arabo-musulman. » C’est-à-dire, pas débordés par leur petit mais puissant allié dans la région ? Benjamin Nétanyahou prévoit de se rendre à Washington début mars. L’AIEA doit retourner en Iran les 20 et 21 février.

En 1981, selon le récit qu’en a fait dans ses mémoires l’ambassadeur Lewis, un an environ avant le raid sur Osirak, « le refrain israélien était : soit les Etats-Unis font quelque chose pour arrêter ce réacteur (irakien), soit nous serons obligés de le faire ! » Puis, six mois avant l’attaque, les « fuites » dans les médias ont subitement cessé. Plus une seule sonnette d’alarme tirée par les Israéliens ! Ce silence abrupt, « rétrospectivement, c’était l’indice que la décision de bombarder avait été prise », estime Lewis.

Si l’on suit cette logique, la conclusion à tirer est la suivante : tant que, dans les médias internationaux, un « buzz » intensif se poursuivra sur un risque de frappes en 2012, celles-ci ne seront pas imminentes. Le 6 février, les médias israéliens ont annoncé que Nétanyahou avait ordonné le silence à ses ministres à propos de frappes sur l’Iran.

Voir aussi:

Mohamed Merah, un membre actif de la mouvance djihadiste internationale

Yves Bordenave et Jacques Follorou

Le Monde

22.03.2012

La justice et la police françaises sont formelles : le parcours de Mohamed Merah, principal suspect des attentats perpétrés contre des militaires et l’école juive de Toulouse, était le fruit d’une dérive solitaire. Son « profil d’autoradicalisation salafiste atypique » en faisait un individu indépendant de toute « organisation structurée connue », selon une déclaration de François Molins, le procureur de Paris, lors d’une conférence de presse, à Toulouse, mercredi 21 mars.

Pourtant, de nombreux éléments, non révélés à ce jour, permettent de questionner la véritable dimension de ce tueur présumé et de s’interroger sur les moyens dont il a pu bénéficier lors d’un grand nombre de voyages effectués à l’étranger.

Le 22 novembre 2010, lors d’un séjour à Kandahar, dans le sud de l’Afghanistan, région à forte activité insurrectionnelle, Mohamed Merah avait attiré l’attention de la police afghane qui l’interpellait. A son hôtel, les policiers avaient fouillé sa chambre avant de le remettre aux forces de l’OTAN qui ne confirmaient pas, mercredi au Monde, l’avoir remis ensuite dans un avion pour la France.

ISRAËL, PUIS SYRIE, IRAK, JORDANIE

En revanche, un officier supérieur américain, en poste à Kandahar, a assuré au Monde, mercredi, que sur le passeport de l’intéressé figurait un certain nombre de tampons révélant ses derniers déplacements. Le plus ancien mentionnait sa présence en Israël, puis en Syrie, en Irak et en Jordanie. Avant d’être arrêté, il se serait rendu au consulat d’Inde à Kandahar en vue d’obtenir un visa pour se rendre dans ce pays.

Aucune précision n’a pu être obtenue sur l’objet de son voyage en Israël mais la même source évoque, au regard des réponses fournies lors de son audition à Kandahar, que Mohamed Merah « aurait pu ou tenté » de se rendre dans les territoires palestiniens. Des repérages pour commettre d’éventuelles attaques n’ont pas été non plus exclus.

Son voyage en Irak aurait été facilité par son frère Abdelkader connu des services de police français pour avoir participé à l’organisation d’une filière islamiste basée dans la région toulousaine en direction de ce pays. Ce frère et sa sœur, considérés comme les « religieux de la famille Merah », selon un policier de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), auraient séjourné au Caire dans une école coranique où la proximité avec les réseaux salafistes régionaux ont permis de mettre sur pied cette filière.

Un autre élément troublant sur les déplacements de Mohamed Merah reste à éclaircir : sa présence en Iran « à deux reprises » d’après une source militaire française en Afghanistan. Interrogée par Le Monde, mercredi, la DCRI, chargée du contre-espionnage et de la lutte antiterroriste, a démenti ce séjour.

On en sait également davantage sur son passage dans les zones tribales pakistanaises en 2011. Il a séjourné dans les deux agences tribales du nord et sud Waziristan, à la frontière avec l’Afghanistan, zone escarpée, véritable carrefour de l’insurrection talibane et djihadiste dans la région.

Voir aussi:

Toulouse : c’étaient bien des terroristes

Justice. Un Franco-Syrien vivant en Ariège serait à la tête du réseau terroriste qui vient d’être démantelé dans la région toulousaine.

Vincent Pialat

La Dépêche du Midi

18/02/2007

C’était le bureau de recrutement pour le djihad islamique. Le coup de filet effectué cette semaine par la sous-direction antiterroriste à Toulouse, en Ariège et en région parisienne a abouti hier à la mise en examen de six personnes. Les juges d’instruction parisiens Jean-Louis Bruguière et Philippe Coirre ont validé les soupçons des policiers, en mettant en examen quatre Toulousains, un Ariégeois et un Albigeois interpellés mardi et mercredi, pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste »; trois ont été aussi mis en examen pour « financement du terrorisme ».

Les six hommes sont soupçonnés d’avoir participé à une filière de recrutement et d’acheminement de djihadistes vers l’Irak. Quatre d’entre eux ont été écroués hier soir, après avoir été présentés au juge des libertés et de la détention. Un seul homme, sur les sept personnes gardées à vue jusqu’à hier dans les locaux de la sous-direction antiterroriste, a été remis en liberté sans qu’aucune charge ne soit pour le moment retenue contre lui. L’homme habitait à Torcy, en région parisienne. « Il n’y avait pas suffisamment d’éléments qui permettaient de le rattacher aux faits reprochés », explique un enquêteur.

Olivier, chef du réseau

De lourds soupçons pèsent au contraire sur les six hommes mis en examen et habitant dans la région Midi-Pyrénées. Olivier Corel, un Français né en Syrie, qui habite à Artigat, dans l’Ariège, est suspecté d’être à la tête du réseau toulousain. Il est considéré par les policiers comme le chef idéologique des jeunes interpellés mercredi. Il avait visiblement une forte influence sur les autres membres du réseau, âgés de 25 à 30 ans.

Issus des quartiers de la Reynerie, de Papus, des Izards, Stéphane Lelièvre, Imad Djebali, Mohamed Megherbi et Sabri Essid, ainsi que l’Albigeois Thomas Barnouin, partageaient leur vie entre petits boulots et prières à la mosquée. Ils s’étaient mis en tête de résister aux Américains présents en Irak. Rien pour le moment ne permet de conclure qu’ils préparaient des actions terroristes en France. Aucune arme, ni aucun explosif, n’ont d’ailleurs été découvert lors des perquisitions. Evoquant leur foi en Allah, ils désiraient combattre aux côtés de « leurs frères ».

Chez l’un d’eux, un testament a même été trouvé, faisant état d’une volonté de « vouloir mourir en martyr ». Tous étaient dans le même état d’esprit, selon les enquêteurs

Récenmment convertis à l’Islam, ils se seraient radicalisés. Leurs voyages réguliers en Syrie, officiellement pour y apprendre l’arabe littéraire, n’auraient été qu’une étape d’un long processus d’apprentissage fanatique. Ils entretenaient des relations avec d’autres groupes, ailleurs en France et en Europe.

« Le réseau comprenait de cinquante à soixante personnes, à Toulouse, en région parisienne, en Belgique », précise un enquêteur. Neuf hommes avaient été interpellés vendredi en Belgique ; ils ont été relâchés, en attendant un complément d’enquête. Selon les policiers, le réseau démantelé cette semaine serait le même que celui qui avait acheminé une jeune kamikaze belge en Irak, où elle a commis un attentat suicide en 2005.

L’apprentissage en Syrie

La filière toulousaine, elle, fonctionnait depuis plusieurs mois, et aurait recruté une dizaine d’apprentis djihadistes, dont certains auraient rallié la Syrie en bus. « Il y avait une première phase d’endoctrinement, explique un enquêteur. Puis, les jeunes étaient envoyés en Égypte, pour des séjours de plus en plus longs. » Une phase de préparation, plus dure, était ensuite organisée : stages sportifs, conditionnement à base de vidéos de combats de djihad. Les candidats djihadistes devaient compléter leur «formation» en Égypte, dans une école du Caire, avant d’atteindre l’Irak, via la Syrie.

Les membres du réseau toulousain étaient étroitement surveillés depuis plusieurs mois par les renseignements généraux, la police judiciaire et la sous-direction antiterroriste (SDAT).

C’est l’interpellation, à leur arrivée à Roissy, mardi, de Thomas Barnouin et Sabri Essid, qui a déclenché la vaste opération à Toulouse.

Des précédents dans la région

Pour les spécialistes de la lutte antiterroriste, l’Ariège et Midi-Pyrénées n’étaient pas un terreau favorable au développement de l’islamisme. Les villes de Lille, Lyon et la région parisienne étaient jusqu’à présent particulièrement ciblées par les services de renseignement.

Mais ces arrestations de terroristes présumés dans le Sud de la France ne constituent pas, cependant, une première.

En avril 2005, les enquêteurs de la Direction nationale antiterroriste avaient interpellé à Toulouse un homme de 52 ans ainsi que son fils âgé de 21 ans. Ils avaient été relâchés.

En juin 2005, un islamiste radical, marocain de 35 ans, avait été interpellé à Montpellier et mis en examen dans une enquête dite « des filières irakiennes ».

Le seul inculpé dans les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis est Zacarias Moussaoui, qui a grandi à Narbonne dans l’Aude. Moussaoui a été condamné en mai 2006 à la prison à perpétuité par la justice américaine.

« Menace vive » en France

Le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière affirme que la menace terroriste « reste extrêmement vive en France », avec « des signes objectifs forts de menace élevée ».

L’Irak, selon lui, « joue désormais le rôle de catalyseur ». Les réseaux européens, selon lui, sont « constitués de groupes maghrébins apparentant au Groupe salafiste pour la prédication et le combat, GSPC, qui a rejoint la structure Al-Zawahiri, numéro 2 d’al-Qaïda ».

Toulouse : Les quatre allaient en Syrie

Leurs compagnes ont été laissées en liberté. Les quatre Toulousains interpellés cette semaine dans les quartiers des Izards, de la Reynerie et de Papus, s’étaient convertis à l’islam.

Ils avaient fait un voyage en Syrie. À leur domicile, les policiers ont saisi des documents, ainsi que des dossiers de candidature pour le djihad…

Dans le quartier de Papus, où réside l’une des personnes interpellées, les voisins ont témoigné. « Les habitants de l’immeuble s’étaient plaints il y a quelques mois de voir des barbus. Puis le manège avait cessé ».

Une amie d’un couple interpellé se rendait fréquemment dans l’appartement perquisitionné par les policiers dans le quartier Papus : « Je n’allais pas très bien. Elle essayait de m’embobiner dans sa religion ». La conversion à l’islam du couple posait quelques problèmes familiaux : « Au moment de Noël, la grand-mère a voulu prendre sa petite-fille. On lui a répondu que Noël n’était pas une fête religieuse, et que ce n’était pas possible », rapporte une proche du couple.

Les voisins des quatre hommes interpellés étaient mercredi partagés entre surprise et incrédulité.

Albi : Thomas est devenu Abdelhakim

Il portait une petite barbe discrète, fréquentait la mosquée d’Albi, mais pratiquait surtout à Toulouse. Thomas Barnouin, 26 ans, converti à l’islam en 1999, était devenu Abdelhakim. Cet Albigeois a été arrêté mercredi à l’aéroport de Roissy.

À l’annonce de son arrestation, ses parents n’ont pas souhaité s’exprimer. Dans le quartier résidentiel de la Piscine, rue Degas à Albi, où Thomas Barnouin a grandi, les voisins décrivent une famille « très discrète ».

Jeune, Thomas Barnouin se serait d’abord rapproché des Témoins de Jéhovah avant de se convertir à l’islam. Il s’était inscrit en 2001 à l’Institut européen des sciences humaines de Château-Chinon, dans la Nièvre, qui forme des imams et des théologiens. Mais il n’a fini sa formation, et a même été sanctionné.

De là, l’Albigeois serait parti en Arabie Saoudite, et se serait inscrit à un cours d’études islamiques à Médine. Il aurait été récemment expulsé de Syrie.

Son parcours religieux a probablement croisé le chemin des islamistes.

Thomas Barnouin, devenu Abdelhakim, revenait assez peu souvent dans le Tarn.

Olivier, le Franco-Syrien, au vert en Ariège

Une maison qui n’est pas achevée. C’est là que vivent Nadia Corel, 55 ans, et son mari Olivier Corel, 60 ans, un couple possédant la double nationalité française et syrienne. Ces Français convertis à l’islam se sont installés à Artigat, en Ariège.

Au début des années 1990, une communauté d’une dizaine de familles de musulmans convertis avait décidé de vivre là. Bâtissant leur maison. Des conflits et des dissensions avaient fait éclater la communauté.

Olivier et Nadia Corel ont été interpellés à Artigat mercredi. « Je n’étais pas au courant, indique le maire de la commune Patrick Cahaupé, et les brigades de gendarmerie environnantes non plus. Par contre, les médias étaient là. Ce qui me surprend : en cette période électorale, cette interpellation médiatisée a des airs de manœuvre politique ». Nadia Corel a été relâchée jeudi. Son mari, en revanche, a été mis en examen hier. « Il ne faisait pas parler de lui, poursuit le maire d’Artigat. Si ce qu’on lui reproche est avéré, c’est évidemment condamnable. Je ne peux rien dire d’autre. Il faut laisser la justice faire son travail ».

Voir également:

Thomas-Abdelhakim, ou l’itinéraire d’un djihadiste

DÉBUT d’endoctrinement dans le sud-ouest de la France, radicalisation à l’université de Médine, avant le « grand saut » opérationnel en Irak. Le parcours de Thomas Barnouin, arrêté fin 2006 en Syrie, est typique du djihadiste français.

Fils d’enseignants, Thomas Barnouin, 26 ans, arrive en 2003 à l’université de Médine en Arabie saoudite. « Pour interpréter lui-même le Coran », affirme sa mère, Anne-Marie. Depuis sa conversion à l’islam, quatre ans plus tôt, le jeune homme s’appelle Abdelhakim. Il s’est laissé pousser la barbe, mais à cinq mille kilomètres d’Albi, continue d’appeler ses parents, tous les quinze jours. « Jamais notre fils n’a exprimé devant nous son désir d’aller faire le djihad en Irak », jure sa mère, qui refuse de voir en Thomas « un dangereux terroriste ». Mais dans la ville sainte de Médine, inaccessible aux non-musulmans, l’étudiant « rencontre peu à peu des gens » qui lui « ouvrent les yeux sur ce qui se passe en Irak », expliquera-t-il aux policiers français, après son arrestation le 12 février en provenance de Syrie. « C’est grave, ce que font les Américains en Irak, affirme Barnouin, mon devoir de musulman, c’est d’aller combattre là-bas. »

À Médine, fin 2006, « Thomas-Abdelhakim » entre en contact avec Abou Hassi, un « facilitateur » saoudien, qui lui indique qu’un passeur lui fera franchir clandestinement la frontière avec la Jordanie. Avant lui, plusieurs centaines de djihadistes saoudiens ont déjà rallié l’Irak. Les filières sont établies. Barnouin va en profiter. Dans le royaume hachémite, un autre intermédiaire le conduit ensuite jusqu’à la zone des « Trois Frontières », paradis des contrebandiers au nord est du pays, où il pénètre en Syrie. Barnouin est chanceux. Il quitte Médine juste avant un coup de filet des services de sécurité saoudiens. Mais sa trace n’est pas perdue pour autant. Les Saoudiens ont enregistré ses communications téléphoniques avec deux amis toulousains, auxquels il a donné rendez-vous en Syrie. Durant ses trois ans à Médine, Barnouin est resté également en contact avec les autres membres du réseau toulousain, démantelé en février par les policiers français. Parmi les huit hommes mis en examen, le cerveau du groupe, cheikh Olivier Qorel, 60 ans, Français d’origine syrienne, habitant Artigat, un village de l’Ariège. C’est lui qui convainc Sabri Essid, un compagnon de Barnouin, d’aller rejoindre ce dernier en Syrie, via la Bulgarie et la Turquie. « Tu retrouveras ta copine au paradis, mais avant vend ta voiture et règle tes dettes » lui enjoint Qorel.

Des exercices de combat dans une cité

En Syrie, Barnouin et son passeur se cachent. Quelques jours, dans une première maison. Puis, dans une deuxième, où d’autres djihadistes les rejoignent. Trois semaines de « planque », avant de rallier Hama, à 200 km au nord de Damas. Barnouin y retrouve Essid et son autre compagnon toulousain. L’aventure commence. L’émulation désinhibe. La griserie n’est pas loin. Les djihadistes reçoivent des sacs bourrés d’armes. Ils devront les faire passer en Irak. Ils ne savent pas où. Ni avec quel groupe d’insurgés, ils vont y mener « la guerre sainte ». Peu importe, les voilà pris en charge, et une fois la frontière syro-irakienne franchie, d’autres intermédiaires leur indiqueront là où ils devront combattre.

En attendant, Barnouin et ses amis s’initient au maniement des armes. Mais les services de renseignements syriens, informés par leurs homologues saoudiens, les repèrent. Le 12 décembre, alors que le groupe s’apprête à pénétrer clandestinement en Irak, l’assaut contre leur maison est donné. Barnouin saisit une kalachnikov, mais il n’a pas le temps d’ouvrir le feu. Les Syriens le capturent, et le remettent aux services français à Damas, en compagnie de Sabri Essid.

Devant les policiers de la Sdat, Barnouin reconnaît avoir « voulu passer en Irak, les armes à la main ». Comme la plupart des 25 à 30 djihadistes français, partis depuis quatre ans dans l’ancienne Mésopotamie, il n’avait pas d’expérience militaire. Si ce n’est les exercices de combat rapproché, auxquels les membres du réseau toulousain s’entraînaient régulièrement à cinq heures du matin dans une cité de la Ville rose. « Pour être prêt physiquement le jour où l’on devrait partir pour la guerre sainte », reconnaîtra l’un d’entre eux. « Même si on est loin des camps d’al-Qaida en Afghanistan, ce n’est tout de même pas très rassurant », s’inquiète un policier. D’autant que sur leurs ordinateurs, les enquêteurs ont retrouvé un florilège de vidéos islamistes. L’une d’elles livrait la recette de fabrication d’une bombe artisanale. Une autre martelait que « la meilleure mort, c’est la mort au combat ».

Voir de même:

« La France démantèle un à trois réseaux terroristes par an depuis dix ans »

Jean-François Daguzan

21.03.2012

Propos recueillis par Gaïdz Minassian

Au lendemain de la fusillade à Toulouse, Jean-François Daguzan, directeur-adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique et directeur de la revue Sécurité globale, analyse la structure des cellules terroristes en France et les limites de la lutte antiterroriste.

L’auteur de ces attaques s’est revendiqué d’Al-Qaida. Pourquoi frapper la France maintenant et en province ? Le Sud-Ouest de la France présentait-il une menace particulière sur le plan terroriste ?

Il est indispensable de ne pas se précipiter en attribuant à une organisation globale une responsabilité dans l’affaire.

Plusieurs éléments sont à prendre en compte. Le suspect est allé se former en Afghanistan et au Pakistan, mais cela ne veut pas dire qu’il a conservé un lien organique avec ce qui reste d’Al-Qaida. Il a pu agir de façon totalement autonome. Cette approche d’autonomie quasi-totale a été actée par Al-Qaida depuis quelques années ; surtout depuis que les connexions entre ses réseaux sont devenues plus difficiles à cause de la traque. Il y a chez les militants une incitation à saisir les opportunités. Et, par conséquent, Al-Qaida ne revendique qu’a posteriori puisque l’organisation n’est, la plupart du temps, pas au courant des actions de ses membres supposés.

Il apparaît extrêmement difficile d’attribuer une « dangerosité » particulière au Sud-Ouest. Certes, par le passé, on a plutôt connu des filières parisienne, lilloise ou lyonnaise. Mais en réalité, le problème émerge en fonction du lieu de naissance ou de vie du terroriste, qui préfèrera agir dans un milieu qui lui est connu.

Est-ce que cette opération terroriste à Toulouse et à Montauban annonce un nouveau mode opératoire des terroristes islamistes ? On passerait ainsi des cellules dormantes à des actes isolés perpétrés par un seul individu très bien formé…

Cela fait plusieurs années que la tendance à la microcosmisation des réseaux est en marche. Les cellules familiales (comme pour l’attentat de Djerba, par exemple) sont très difficiles à identifier et à pénétrer. Par ailleurs l’auto-recrutement favorise l’émergence d’individus prêts à tout qui agissent seuls ou presque. Et dans ce cas, la détection du signal précurseur est très ardue. Les groupes basques fonctionnaient sur ce modèle de trois terroristes qui ne se rencontraient que pour agir. Il a fallu dix ans à la police espagnole pour attraper le « commando Madrid », de sinistre mémoire.

La France a souvent présenté son dispositif antiterrroriste comme un modèle du genre, parvenant à sanctuariser le territoire français. Or, après les attaques de Toulouse et de Montauban, un quatrième attentat a été commis sur le sol français, visant mercredi l’ambassade d’Indonésie à Paris. Faut-il y voir une forme de relâchement ?

On peut avoir beau jeu d’accuser un certain relâchement, la réalité est qu’aucun système n’est parfait. La France démantèle un à trois réseaux par an depuis dix ans. Mais le drame en matière antiterroriste est que, malgré l’action exceptionnelle des services de police et de renseignement – rappelons que nous n’avons pas eu d’attentat majeur en France depuis 1996 -, un terroriste peut finir par passer entre les mailles du filet. C’est ce qui vient de se passer. C’est une course-poursuite sans fin… Qui plus est nous sommes dans un Etat de droit et on ne peut pas arrêter les gens sans un commencement de passage à l’acte. C’est notre honneur et c’est notre drame.

Par ailleurs, il ne faut surtout pas se précipiter et faire un amalgame quelconque entre les affaires [de Toulouse et de Paris]. Un attentat similaire avait frappé la même ambassade en 2004. Il y a suffisamment d’organisations indépendantistes et d’opposition au gouvernement indonésien pour que la liste des suspects soit très ouverte.

Mais personne ne peut exclure d’autres attentats potentiels. Rappelons-nous que l’alerte avait été donnée à Paris sur un risque d’attentat majeur en septembre et octobre 2010, heureusement sans lendemain ; mais nous voyons bien que la menace est toujours présente. Il ne faut cependant pas paniquer.

Dernier ouvrage : Terrorisme(s), abrégé d’une violence qui dure, CNRS éditions, Paris, 2006.

Propos recueillis par Gaïdz Minassian

France’s Jihadist Shooter Was No Lone Wolf

Mohamed Merah was practically a prince in violent extremist circles.

Jytte Klausen

The WSJ

March 23, 2012

Mohamed Merah, the Frenchman who assassinated three French paratroopers of North African background and then launched a terrible attack on a Jewish school—murdering a teacher, his two young sons and an 8-year-old girl—claimed to act for al Qaeda. Skeptics have dismissed the claim, saying al Qaeda barely functions anymore. But Merah was no « lone wolf » and did indeed bear the imprint of al Qaeda.

Young and alienated, Merah had served two years in a juvenile prison for robbery. Was he rejected by French society because of his Algerian background? « He snapped, » say friends. After prison, he was completely cut off from reality, said his lawyer.

In fact, Merah was practically a prince in French jihadist circles. His mother is married to the father of Sabri Essid, a leading member of the Toulouse radical milieu who was captured in Syria in 2006. Essid and another Frenchman were running an al Qaeda safe house in Syria for fighters going to Iraq. In a 2009 trial that came to be known in the press as « Brothers for Iraq, » they and six others were convicted in France of conspiracy for terrorist purposes. Essid was sentenced in 2009 to five years imprisonment.

Family contacts could have been instrumental in setting up Merah’s jihadist contacts and facilitating his travels to South Asia. Le Monde reports that the Pakistani Taliban and the Uzbek Islamic Movement trained Merah to become a killer. In 2010, he was captured in Afghanistan (reportedly by Afghan forces) and handed over to the French government, yet French media report that he was able to return to Northwest Pakistan in 2011.

The French police have confirmed that Merah was under periodic surveillance in recent months. That he slipped through and was able to carry out his attacks will become a source of criticism and self-recrimination on the part of the generally efficient French police. It certainly suggests that he had help from a network.

In executing his attacks, Merah did everything by the jihadist textbook. He made sure he would die a martyr’s death that would be witnessed on television screens around the world. He murdered with a video camera strapped to his body, making him star and director of his own epic. He told journalists his videos would soon be uploaded. In the attack at the Jewish school Monday morning, Merah held a little girl by her hair while he paused to reload his gun. He then shot her. In a recording found in his apartment he tells another victim, a soldier: « You kill my brothers, I kill you. » This is theater.

The Internet was his friend. « I have changed my life . . . on video, » said one of his last tweets (in French) during the siege. His account ID featured a black knight on a horse holding high the flag of jihad.

He signed that last tweet « Mohamed Merah-Forsane Alizza. » Forsane Alizza, or « Knights of Glory, » is a France-based jihadist media organization that was banned in January by French authorities after they discovered members preparing to train in armed combat. The ban made little difference, as content was uploaded to new sites. A website using the Forsane Alizza alias is still active—and registered with a domain name registrar and Web hosting company based in the state of Washington.

Two hours before the police arrived at his apartment, Merah was calling a French TV station. He appears to have had the media on speed-dial and was an active user not only of Twitter but of Facebook and YouTube. (Authorities took down his online outlets one-by-one on Wednesday.)

Merah’s shootings in Toulouse again shatter the illusion that counterterrorism can be 100% successful. Jihadist terrorism exploits our freedoms and opportunities in a global campaign linking foreign insurgencies and extremist activism in the West. Highly scripted and planned with the assistance of accomplices in and outside of France, Merah did not act in isolation.

Ms. Klausen. a professor of politics at Brandeis University and author of « The Cartoons That Shook the World » (Yale University Press, 2009), is founder of the Western Jihadism Project, which tracks and analyzes the development of jihadi networks in the West.

Voir de même:

Jihad in Toulouse

The WSJ

March 23, 2012

A reason the NYPD follows young Muslim students.

Mohamed Merah died Thursday morning in a hail of bullets as he leapt from the window of his Toulouse flat, firing on the way down. During the preceding 33-hour standoff, the 23-year-old Frenchman said he wanted to die « gun in hand. » Nobody should feel sorry that the authorities obliged him.

Merah began his murder spree 12 days ago when he gunned down French paratrooper Sgt. Imad Ibn Ziaten in Toulouse. Four days later he killed two more uniformed paratroopers, Cpl. Abel Chennouf and Pte. Mohamed Legouad, in nearby Montauban. On Monday Merah attacked Toulouse’s Ozar Hatorah Jewish school, killing Rabbi Jonathan Sandler, his two young sons Gabriel and Arieh, and seven-year-old Myriam Monsonego. What made the killings all the more grotesque was that Merah filmed them, a reminder that terrorism is, in some sense, also a form of pornography.

Editorial board member Matt Kaminski on the terrorist shootings in France.

The reaction of the French has been commendable. Revulsion at the murder of Jewish children gives the lie to the notion that France is fundamentally anti-Semitic. Muslim leaders have lined up to condemn the killings. Security authorities have been criticized for not acting more effectively—Merah was already on a terrorist watch-list—but every free society will always be at an initial disadvantage against individual killers. « We have shown our sang-froid, our cool and our ability to overcome this kind of terrorist threat, » President Nicolas Sarkozy said Thursday. « We must be implacable in defending our values. »

Well said. Less useful was initial speculation that the killer must have been a white supremacist since he seemed to target Jews and North Africans equally—a line of thinking that seems to have been inspired by the notion that Norwegian terrorist Anders Breivik represented a larger underground movement.

Nor did it help to hear former Justice Minister Rashida Dati warn a radio audience that using the word « jihadist » to describe Merah risked « stigmatizing our [Muslim] French compatriots. » Merah trained for jihad on the Afghanistan-Pakistan border. Someone should tell Ms. Dati that combating prejudice can’t be achieved through semantic acrobatics, much less closing one’s eyes to reality.

It’s premature to suggest that Merah’s rampage presages a new terror threat in Europe, but it’s also dangerous to treat him as a one-off. France is fortunate to have a muscular internal security apparatus, the Direction de la Surveillance du Territoire (DST), whose methods of surveillance and preventive action are increasingly being emulated by the FBI and the New York Police Department.

(…)

Publié le 18/02/2007 11:45 | Vincent Pialat

Toulouse : c’étaient bien des terroristes

Justice. Un Franco-Syrien vivant en Ariège serait à la tête du réseau terroriste qui vient d’être démantelé dans la région toulousaine.

C‘était le bureau de recrutement pour le djihad islamique. Le coup de filet effectué cette semaine par la sous-direction antiterroriste à Toulouse, en Ariège et en région parisienne a abouti hier à la mise en examen de six personnes. Les juges d’instruction parisiens Jean-Louis Bruguière et Philippe Coirre ont validé les soupçons des policiers, en mettant en examen quatre Toulousains, un Ariégeois et un Albigeois interpellés mardi et mercredi, pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste »; trois ont été aussi mis en examen pour « financement du terrorisme ».

Les six hommes sont soupçonnés d’avoir participé à une filière de recrutement et d’acheminement de djihadistes vers l’Irak. Quatre d’entre eux ont été écroués hier soir, après avoir été présentés au juge des libertés et de la détention. Un seul homme, sur les sept personnes gardées à vue jusqu’à hier dans les locaux de la sous-direction antiterroriste, a été remis en liberté sans qu’aucune charge ne soit pour le moment retenue contre lui. L’homme habitait à Torcy, en région parisienne. « Il n’y avait pas suffisamment d’éléments qui permettaient de le rattacher aux faits reprochés », explique un enquêteur.

Olivier, chef du réseau

De lourds soupçons pèsent au contraire sur les six hommes mis en examen et habitant dans la région Midi-Pyrénées. Olivier Corel, un Français né en Syrie, qui habite à Artigat, dans l’Ariège, est suspecté d’être à la tête du réseau toulousain. Il est considéré par les policiers comme le chef idéologique des jeunes interpellés mercredi. Il avait visiblement une forte influence sur les autres membres du réseau, âgés de 25 à 30 ans.

Issus des quartiers de la Reynerie, de Papus, des Izards, Stéphane Lelièvre, Imad Djebali, Mohamed Megherbi et Sabri Essid, ainsi que l’Albigeois Thomas Barnouin, partageaient leur vie entre petits boulots et prières à la mosquée. Ils s’étaient mis en tête de résister aux Américains présents en Irak. Rien pour le moment ne permet de conclure qu’ils préparaient des actions terroristes en France. Aucune arme, ni aucun explosif, n’ont d’ailleurs été découvert lors des perquisitions. Evoquant leur foi en Allah, ils désiraient combattre aux côtés de « leurs frères ».

Chez l’un d’eux, un testament a même été trouvé, faisant état d’une volonté de « vouloir mourir en martyr ». Tous étaient dans le même état d’esprit, selon les enquêteurs.

Récenmment convertis à l’Islam, ils se seraient radicalisés. Leurs voyages réguliers en Syrie, officiellement pour y apprendre l’arabe littéraire, n’auraient été qu’une étape d’un long processus d’apprentissage fanatique. Ils entretenaient des relations avec d’autres groupes, ailleurs en France et en Europe.

« Le réseau comprenait de cinquante à soixante personnes, à Toulouse, en région parisienne, en Belgique », précise un enquêteur. Neuf hommes avaient été interpellés vendredi en Belgique ; ils ont été relâchés, en attendant un complément d’enquête. Selon les policiers, le réseau démantelé cette semaine serait le même que celui qui avait acheminé une jeune kamikaze belge en Irak, où elle a commis un attentat suicide en 2005.

L’apprentissage en syrie

La filière toulousaine, elle, fonctionnait depuis plusieurs mois, et aurait recruté une dizaine d’apprentis djihadistes, dont certains auraient rallié la Syrie en bus. « Il y avait une première phase d’endoctrinement, explique un enquêteur. Puis, les jeunes étaient envoyés en Égypte, pour des séjours de plus en plus longs. » Une phase de préparation, plus dure, était ensuite organisée : stages sportifs, conditionnement à base de vidéos de combats de djihad. Les candidats djihadistes devaient compléter leur «formation» en Égypte, dans une école du Caire, avant d’atteindre l’Irak, via la Syrie.

Les membres du réseau toulousain étaient étroitement surveillés depuis plusieurs mois par les renseignements généraux, la police judiciaire et la sous-direction antiterroriste (SDAT).

C’est l’interpellation, à leur arrivée à Roissy, mardi, de Thomas Barnouin et Sabri Essid, qui a déclenché la vaste opération à Toulouse.


Des précédents dans la région

Pour les spécialistes de la lutte antiterroriste, l’Ariège et Midi-Pyrénées n’étaient pas un terreau favorable au développement de l’islamisme. Les villes de Lille, Lyon et la région parisienne étaient jusqu’à présent particulièrement ciblées par les services de renseignement.

Mais ces arrestations de terroristes présumés dans le Sud de la France ne constituent pas, cependant, une première.

En avril 2005, les enquêteurs de la Direction nationale antiterroriste avaient interpellé à Toulouse un homme de 52 ans ainsi que son fils âgé de 21 ans. Ils avaient été relâchés.

En juin 2005, un islamiste radical, marocain de 35 ans, avait été interpellé à Montpellier et mis en examen dans une enquête dite « des filières irakiennes ».

Le seul inculpé dans les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis est Zacarias Moussaoui, qui a grandi à Narbonne dans l’Aude. Moussaoui a été condamné en mai 2006 à la prison à perpétuité par la justice américaine.


« Menace vive » en France

Le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière affirme que la menace terroriste « reste extrêmement vive en France », avec « des signes objectifs forts de menace élevée ».

L’Irak, selon lui, « joue désormais le rôle de catalyseur ». Les réseaux européens, selon lui, sont « constitués de groupes maghrébins apparentant au Groupe salafiste pour la prédication et le combat, GSPC, qui a rejoint la structure Al-Zawahiri, numéro 2 d’al-Qaïda ».


Toulouse : Les quatre allaient en Syrie

Leurs compagnes ont été laissées en liberté. Les quatre Toulousains interpellés cette semaine dans les quartiers des Izards, de la Reynerie et de Papus, s’étaient convertis à l’islam.

Ils avaient fait un voyage en Syrie. À leur domicile, les policiers ont saisi des documents, ainsi que des dossiers de candidature pour le djihad…

Dans le quartier de Papus, où réside l’une des personnes interpellées, les voisins ont témoigné. « Les habitants de l’immeuble s’étaient plaints il y a quelques mois de voir des barbus. Puis le manège avait cessé ».

Une amie d’un couple interpellé se rendait fréquemment dans l’appartement perquisitionné par les policiers dans le quartier Papus : « Je n’allais pas très bien. Elle essayait de m’embobiner dans sa religion ». La conversion à l’islam du couple posait quelques problèmes familiaux : « Au moment de Noël, la grand-mère a voulu prendre sa petite-fille. On lui a répondu que Noël n’était pas une fête religieuse, et que ce n’était pas possible », rapporte une proche du couple.

Les voisins des quatre hommes interpellés étaient mercredi partagés entre surprise et incrédulité.


Albi : Thomas est devenu Abdelhakim

Il portait une petite barbe discrète, fréquentait la mosquée d’Albi, mais pratiquait surtout à Toulouse. Thomas Barnouin, 26 ans, converti à l’islam en 1999, était devenu Abdelhakim. Cet Albigeois a été arrêté mercredi à l’aéroport de Roissy.

À l’annonce de son arrestation, ses parents n’ont pas souhaité s’exprimer. Dans le quartier résidentiel de la Piscine, rue Degas à Albi, où Thomas Barnouin a grandi, les voisins décrivent une famille « très discrète ».

Jeune, Thomas Barnouin se serait d’abord rapproché des Témoins de Jéhovah avant de se convertir à l’islam. Il s’était inscrit en 2001 à l’Institut européen des sciences humaines de Château-Chinon, dans la Nièvre, qui forme des imams et des théologiens. Mais il n’a fini sa formation, et a même été sanctionné.

De là, l’Albigeois serait parti en Arabie Saoudite, et se serait inscrit à un cours d’études islamiques à Médine. Il aurait été récemment expulsé de Syrie.

Son parcours religieux a probablement croisé le chemin des islamistes.

Thomas Barnouin, devenu Abdelhakim, revenait assez peu souvent dans le Tarn.


Olivier, le Franco-Syrien, au vert en Ariège

Une maison qui n’est pas achevée. C’est là que vivent Nadia Corel, 55 ans, et son mari Olivier Corel, 60 ans, un couple possédant la double nationalité française et syrienne. Ces Français convertis à l’islam se sont installés à Artigat, en Ariège.

Au début des années 1990, une communauté d’une dizaine de familles de musulmans convertis avait décidé de vivre là. Bâtissant leur maison. Des conflits et des dissensions avaient fait éclater la communauté.

Olivier et Nadia Corel ont été interpellés à Artigat mercredi. « Je n’étais pas au courant, indique le maire de la commune Patrick Cahaupé, et les brigades de gendarmerie environnantes non plus. Par contre, les médias étaient là. Ce qui me surprend : en cette période électorale, cette interpellation médiatisée a des airs de manœuvre politique ». Nadia Corel a été relâchée jeudi. Son mari, en revanche, a été mis en examen hier. « Il ne faisait pas parler de lui, poursuit le maire d’Artigat. Si ce qu’on lui reproche est avéré, c’est évidemment condamnable. Je ne peux rien dire d’autre. Il faut laisser la justice faire son travail ».


Tuerie de Toulouse: Attention, une barbarie peut en cacher une autre! (More armchair barbarism from Europe)

21 mars, 2012
J’étouffe en France… On ressasse éternellement les mêmes petites idées toutes faites, les mêmes préjugés recuits qui servent à refouler toutes les questions neuves. (…) je ne participerais tout simplement pas à un « débat » entre deux personnalités qui pensent et disent exactement la même chose. Car c’est un grand classique de la désinformation à la française : vous prenez un homme politique de gauche et un intellectuel d’extrême-gauche, qui va l’engueuler, en lui disant que son parti n’en fait vraiment pas assez ; vous laissez mener un débat entre un politique de droite et un politique de gauche par une journaliste bien engagée à gauche sans prévenir le public ; vous prenez un « alterjuif » (comme dit Shmuel Trigano), adversaire irréductible d’Israël et vous feignez de l’opposer à un représentant patenté de l’OLP… Ce sont des débats truqués. (…) Mes interviews ne sont pas agressives. Mais je refuse de laisser prêcher, pérorer parfois, des personnages qui sont parvenus, en France, au statut « d’intouchables ». Personne n’ose ni les interrompre, ni les contredire. Même lorsqu’ils disent des bêtises. (…) Ma thèse, c’est que la pseudo « centralité » du conflit israélo-palestinien est un leurre, offert par les despotes arabes à leurs opinions publiques, pour masquer la réalité de leurs échecs – économiques, sociaux, culturels. On a fait croire à ces gens que la source de tous leurs maux, que l’arriération de leur société, avaient une cause unique : la présence d’un Etat juif sur la « terre sacrée de l’Islam ». Mais avec les Printemps arabes, la chute des despotes, le conflit avec Israël a donc perdu sa pseudo « centralité ». Les intellectuels français ne l’ont pas compris. Ils ont juste un temps de retard… (…) Je passe déjà pour « libéral », ce qui est, dans cet étrange pays, une grave accusation (il vaut mieux avoir été un partisan des Khmers rouges !), mais « sioniste » en plus, c’est prendre le risque de se voir boycotter !  (…) Il n’y a pas qu’en France. Dans toute l’Europe de l’Ouest, condamner Israël est devenu la norme. Il y a beaucoup de raisons. Mauvaises. L’une d’entre elles, c’est de chercher à s’attirer les bonnes grâces des immigrés d’origine musulmane. On les traite assez mal chez nous. Ils sont discriminés sur le marché de l’emploi. Au lieu de les laisser s’installer et travailler, pour s’enrichir – c’est pour ça, après tout, qu’ils sont venus chez nous -, on leur offre des compensations symboliques. La condamnation d’Israël en premier lieu. (…) La paresse intellectuelle, l’ignorance des réalités locales, la passion de répéter tous ensemble des slogans en bénéficiant, en outre, des bénéfices de la bonne conscience morale. (…) Soutenir l’OLP ou le Fatah, c’est à la mode, comme, dans ma jeunesse, soutenir le Vietcong… D’ailleurs, l’antisionisme a pris le relai de l’antiaméricanisme traditionnel des Français : depuis que le président est un Noir, c’est devenu beaucoup plus mal porté. Alors, on se reporte sur Israël, paria des nations…(..) Donner moins systématiquement la parole aux ennemis déclarés de l’Etat juif, à toutes ces bonnes consciences de gauche, qui feignent le courage en cherchant, en fait, à s’attirer les bonnes grâces de ceux qui leur font peur (les islamistes radicaux), qui feignent l’anticonformisme, alors qu’ils répètent en chœur les mensonges du moment, qui rejouent la lutte contre le vrai apartheid (en Afrique du Sud) en se trompant de lieu et d’époque. (…) Je pense que les révolutions arabes sont en train de changer la donne. Evidemment, je suis inquiet de l’arrivée au pouvoir des islamistes à l’issue des élections démocratiques, en Tunisie et en Egypte. Mais je veux croire que ce n’est qu’une étape sur la voie d’une démocratisation en profondeur de ces sociétés. Je pense que plus le monde arabe sera acquis à la démocratie, plus il aura tendance à supporter l’existence du minuscule Etat juif en son sein. A cesser de considérer les Juifs et les chrétiens d’Orient comme des dhimmis… De toute façon, la situation, au Moyen Orient, c’est une guerre de plus en plus ouverte entre sunnites (appuyés par l’Arabie saoudite) et chiites (dirigés par l’Iran). Qu’on arrête de raconter que la paix règnerait si Israël laissait s’installer un Etat palestinien dans les territoires conquis après la guerre des 6 Jours ! Ce n’est pas Tsahal qui massacre la population syrienne… Brice Couturier (France Culture)
Afghanistan: l’armée française tue par erreur quatre jeunes garçons. Jean-Dominique Merchet (Libération)
Pour la première fois en janvier, l’armée française a reconnu que certains militaires refusaient de partir en Afghanistan pour ‘raisons confessionnelles’. En clair, il s’agissait d’engagés musulmans qui refusaient de combattre ‘leurs frères’.(…) La France n’est plus qu’une expression géographique où cohabitent (mal) des communautés qui travaillent à leur défense et à leur expansion, mais refusent de travailler à un avenir commun. (…) Et, le moment venu, est-on assuré que les ‘minorités visibles’ au sein des forces de l’ordre choisiront d’assurer la sécurité ? Ne feront-elles pas plutôt cause commune avec leurs ‘frères’ ? Jean Rouxel
On a réussi à éliminer la plus grande partie des réseaux djihadistes organisés en France et en Europe. Ils ne sont plus capables d’organiser des actions d’envergure comme les attentats du début des années 2000. On est donc beaucoup plus en sécurité qu’il y a une dizaine d’années. Le nombre d’attentats terroristes a nettement diminué. Mais paradoxalement, on a affaire à un phénomène nouveau, promis d’ailleurs par certains idéologues d’Al-Qaïda il y a quelques années: des formes d’action décentralisées. (…) mais il est beaucoup plus facile de surveiller les réseaux organisés, structurés. Ceux-là sont identifiés et souvent démantelés. Mais il peut toujours y avoir parmi eux le type d’individu que les Américains appellent des « loups solitaires » que l’on retrouve aussi dans la mouvance néo-nazie, comme dans le cas d’Anders Breivik en Norvège. Il est impossible de parer de façon absolue à ce genre de d’acte. On ne peut pas mettre un policier jour et nuit derrière chacun des individus suspects. Et le nombre d’armes en circulation en Europe depuis l’effondrement des régimes communistes en Europe de l’Est facilite le passage à l’acte de ces individus. (…) On parlait il y a deux ou trois ans de plusieurs milliers de djihadistes dans toute l’Europe, mais beaucoup de filières ont été démantelées. Nombre de militants ont été arrêtés et incarcérés. En revanche, certains individus, plus jeunes, seraient passés plus récemment par la Libye où de larges zones du pays sont très mal contrôlées par les autorités.(…) Le Printemps arabe a en effet délégitimé l’idéologie djihadiste, mais il a pu renforcer chez certains individus, parmi les plus marginalisés, leur capacité à agir afin justement de « prouver qu’ils existent ». C’est un phénomène malheureusement souvent observé par les sociologues.  Farhad Khosrokhavar (sociologue)
Cet attentat odieux a voulu frapper les israélites qui se rendaient à la synagogue, il a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic. Raymond Barre (1980)
Sur la question des chambres à gaz, il est vraisemblable que la totalité de celles projetées par les nazis n’ont pas été construites. Abbé Pierre
Comment comprendre le passage du juif persécuté à l’Israélien persécuteur? Edgar Morin (1997)
Pour moi, l’image correspondait à la réalité de la situation non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie. L’armée israélienne ripostait au soulèvement palestinien par l’utilisation massive de tirs à balles réelles. (…) Du 29 septembre à la fin octobre 2000, 118 Palestiniens sont morts, parmi eux 33 avaient moins de 18 ans. Onze Israéliens ont été tués, tous adultes. Charles Enderlin (2000)
Ce n’est pas une politique de tuer des enfants. Chirac (accueillant Barak à Paris, le 4 octobre 2000)
La situation est tragique mais les forces en présence au Moyen-Orient font qu’au long terme, Israël, comme autrefois les Royaumes francs, finira par disparaître. Cette région a toujours rejeté les corps étrangers. Villepin (2001)
Pourquoi accepterions-nous une troisième guerre mondiale à cause de ces gens là? Daniel Bernard (ambassadeur de France, après avoir qualifié Israël de « petit pays de merde », Londres, décembre 2001)
Les Israéliens se sont surarmés et en faisant cela, ils font la même faute que les Américains, celle de ne pas avoir compris les leçons de la deuxième guerre mondiale, car il n’y a jamais rien de bon à attendre d’une guerre. Et la force peut détruire, elle ne peut jamais rien construire, surtout pas la paix. Le fait d’être ivre de puissance et d’être seul à l’avoir, si vous n’êtes pas très cultivé, enfant d’une longue histoire et grande pratique, vous allez toujours croire que vous pouvez imposer votre vision. Israël vit encore cette illusion, les Israéliens sont probablement dans la période où ils sont en train de comprendre leurs limites. C’était Sharon le premier général qui s’est retiré de la bande de Gaza car il ne pouvait plus la tenir. Nous défendons absolument le droit à l’existence d’Israël et à sa sécurité, mais nous ne défendons pas son droit à se conduire en puissance occupante, cynique et brutale … Michel Rocard (2006)
C’est un moment génial de l’histoire de France. Toute la communauté issue de l’immigration adhère complètement à la position de la France. Tout d’un coup, il y a une espèce de ferment. Profitons de cet espace de francitude nouvelle. Jean-Louis Borloo (ministre délégué à la Ville, suite à des manifestations anti-guerre d’Irak marquées par nombre de cris d’”A mort les juifs!”, avril 2003)
A Gaza et dans les territoires occupés, ils ont [les meurtres de violées] représenté deux tiers des homicides (…) Les femmes palestiniennes violées par les soldats israéliens sont systématiquement tuées par leur propre famille. Ici, le viol devient un crime de guerre, car les soldats israéliens agissent en parfaite connaissance de cause. Sara Daniel (Le Nouvel Observateur, 2001, démenti par la suite)
[Et tu penses qu’en France le Mossad pourrait attaquer les synagogues …?] Je ne sais pas si c’est le cas. Simplement, ce que je dis, c’est qu’il faut savoir à qui peut profiter le crime. José Bové à Karl Zéro, Canal plus, avril 2002
Les Palestiniens sont en ce moment, pour  moi, engagés dans une résistance non-violente gandhienne. Rachel Corrie
Mais il n’y a pas de doute qu’à l’intérieur des territoires occupés palestiniens on a affaire à un exemple effarant d’apartheid. Jimmy Carter
J’ai été profondément bouleversé lors de ma visite en Terre Sainte ; cela m’a tant rappelé ce que qui nous est arrivé à nous les noirs d’Afrique du Sud. J’ai vu l’humiliation des palestiniens aux check-points et aux barrages routiers, je les ai vus souffrir comme nous quand de jeunes officiers de police blancs nous empêchaient de nous déplacer. (…) Les gens ici [aux USA] sont paniqués à l’idée de dire que ce qui est mal est mal, parce que le lobby juif est puissant – très puissant. Desmond Tutu (2002)
Ce qui se passe à Gaza est plus qu’un holocauste. Mahmoud Abbas (lui-même une autorité sur la question puisque sa thèse portait sur sa contestation)
S’ils peinent à étayer leurs convictions par des faits, plusieurs chercheurs, sous le couvert de l’anonymat, dénoncent un contexte de “délire sécuritaire”, accentué par le sentiment “antimusulman” du fonctionnaire de défense en poste au CNRS. Il se murmure par exemple que la jeune musulmane chercheuse en microbiologie sanctionnée à Toulouse l’a été “parce que, dans le cadre de ses recherches, elle avait accès à des virus”. Le Monde
Si les faits sont avérés, comment un ingénieur d’un si haut niveau a-t-il pu être conduit à soutenir une telle organisation terroriste? Mathieu Guidère (professeur de veille stratégique multilingue à l’Université de Genève)
Oubliez le truc sur les juifs. Julian Assange
A Gaza et dans les territoires occupés (…) les femmes palestiniennes violées par les soldats israéliens sont systématiquement tuées par leur propre famille. Ici, le viol devient un crime de guerre, car les soldats israéliens agissent en parfaite connaissance de cause. Sara Daniel (Le Nouvel Observateur, le 8 novembre 2001, démenti par la suite)
Le fait est que nous savons qu’il y a un trafic d’organes en Israël. Et nous savons aussi qu’il y a des familles qui affirment que les organes de leurs enfants ont été prélevés. Ces deux faits mis ensemble suscitent le besoin d’une enquête plus élaborée. David Boström (journaliste suédois)
Tout ce qui se passe dans le monde aujourd’hui est la faute des sionistes. Les Juifs américains sont derrière la crise économique mondiale qui a aussi frappé la Grèce. Mikis Theodorakis (2011)
Ce que je crois profondément, c’est que ce type de folie s’enracine dans l’état d’une société et ce qui me frappe depuis longtemps, c’est que dans la société française ce type d’atteintes, d’attentats, d’actes se multiplient.(…) Il y a, depuis trop longtemps, un climat qui se dégrade en France et la vie politique n’est pas étrangère à ce climat. (…) Le fait de montrer du doigt les uns ou les autres en raison de leur présence dans le pays, de leur origine, de leur situation sociale, c’est d’une certaine manière faire flamber ce genre de passion, ce genre de sentiment […] On lance des sujets dans le débat, on prononce des mots et ces mots-là, après, ils roulent comme une avalanche et quelquefois ils tombent sur des fous.  François Bayrou
Il y a un degré de violence et de stigmatisation dans la société française qui est en train de grandir, c’est inacceptable (…). Les hommes publics ont le devoir de veiller à ce que les tensions, les passions, les haines ne soient pas à chaque instant entretenues. Le fait de montrer du doigt les uns et les autres en fonction de leur origine, c’est faire flamber les passions et on le fait parce que dans ce feu-là il y a des voix à prendre (…). On lance des sujets dans le débat, on prononce des mots qui roulent comme une avalanche et parfois tombent sur des fous. Nous ne savons rien sur celui qui a perpétré cette tuerie mais nous sentons bien que cela n’est pas sans lien avec une certaine évolution de la France. François Bayrou
Il y a des mots qui peuvent effectivement avoir des conséquences. Il y a des mots qui influencent, qui pénètrent, qui libèrent. Ceux qui ont une responsabilité doivent maitriser leur vocabulaire. François Hollande
S’il est à ce stade bien tôt pour tirer des conclusions hâtives, il est évident que l’assassinat qui a été perpétré ce jour peut trouver sa source dans un antisémitisme qui serait, chez l’assassin, arrivé à sa forme la plus barbare et en même temps la plus lâche. (…) Au-delà, comment ne pas penser aux similitudes qui existent entre cette tuerie et les assassinats de plusieurs militaires la semaine dernière dans le Sud-Ouest ? Abattus selon un modus operandi similaire, ils avaient pour point commun d’être d’origine maghrébine et antillaise (…) il se pourrait qu’en 2012, dans notre pays, une personne commette des crimes racistes de sang-froid. (…) Si tel était le cas, il faudrait, alors que le 21 mars qui approche et qui est celui de la Journée internationale contre le racisme, s’interroger sur l’affaissement dans notre pays de la parole politique, intellectuelle et médiatique envers les discours racistes et en faveur des discours de vivre ensemble. Dominique Sopo (président de SOS racisme)
La similitude avec les lâches assassinats de sang froid des 3 militaires de Montauban d’origine antillaise et maghrébine laisse penser dans les deux cas à des motivations racistes et antisémites. Ils témoignent d’une montée préoccupante et générale de la haine et de l’intolérance religieuse dans notre pays, à l’égard de toutes les religions, quelles qu’elles soient. Arnaud Montebourg (député PS, communiqué, via l’AFP)
Tuerie de Toulouse. Des enfants et une école juive.abjection totale.un fou?peut être mais le climat délétère et la haine sont des excitants. Corinne Lepage
L’utilisation de la haine en particulier contre les juifs qu’elle vienne d’extrême droite ou gauche doit être combattue. Corinne Lepage
Avis aux pyromanes de la défense d’une « identité nationale » perçue comme une entité fermée, frileuse, nourrie au ressentiment et à la haine … Bernard-Henri Lévy
L’heure n’est pas à déverser des torrents de haine ni à attiser les peurs ou les extrémismes. La poudre raciste, antisémite et xénophobe répandue depuis trop longtemps dans les esprits de notre peuple fait planer sur notre République de graves dangers à la moindre mèche allumée. La tolérance et le respect d’autrui doivent prévaloir, la haine et les divisions être bannies. Marie-George Buffet
Ça a l’air d’être un fou mais ce n’est peut-être pas un hasard si ça arrive en pleine campagne. Il y a peut-être un calcul politique derrière pour faire diversion par rapport à la crise. Philippe Poutou (candidat du NPA)
Ce n’est pas seulement l’affaire des juifs, c’est aussi une peur générale “de l’autre”, une peur qui est évidemment exploitée par les politiciens français en ce moment. Orlando Radice (Jewish Chronicle, Londres)
La perspective d’un tueur en série visant des groupes religieux ou minoritaires répand la peur à travers le pays, et va sans doute poser des questions sur les remarques controversées à propos de la religion ou de l’immigration qui ont été formulées pendant la campagne présidentielle. (…) Le président Nicolas Sarkozy a fait l’objet de critiques de la part des leaders religieux et de son propre parti, accusé de virer vers la droite. The Telegraph
Quand nous pensons à ce qui s’est passé aujourd’hui à Toulouse, quand nous nous souvenons de ce qui s’est passé en Norvège il y a un an, quand nous savons ce qui se passe en Syrie, quand nous voyons ce qui se passe à Gaza et dans différentes parties du monde, nous pensons aux jeunes et aux enfants qui perdent leur vie. Catherine Ashton (en marge d’une réunion sur la jeunesse palestinienne à Bruxelles)
Cette personne a effectué des séjours en Afghanistan et Pakistan dans le passé, c’est quelqu’un qui a des attaches avec des personnes qui se réclament du salafisme et du jihadisme. (…) Il se revendique être un moudjahidine (un combattant de Dieu), appartenir à Al-Qaïda et avoir voulu venger les enfants palestiniens autant qu’avoir voulu s’en prendre à l’armée française compte tenu de ses interventions à l’extérieur. Claude Guéant
Il y a une lourde tradition historique dans l’histoire des attentats anti-juifs sanglants de ces trente dernière années en France à incriminer à priori l’extrême-droite. Or -c’est aussi une lourde tradition historique, mais cette fois au plan factuel- ces pistes se sont révélées chaque fois fausses. Je pense à Copernic comme à la rue des Rosiers : les auteurs des attentats se sont en effet révélés, après enquête, des radicaux arabo-islamiques. Ce que je dis là -et qui vaut pour le passé- ne vaut évidemment pas forcément pour aujourd’hui ou pour demain. Car moi, je refuse de conjecturer. Mais je n’accepte pas qu’on fasse l’impasse sur ces leçons de l’histoire. (…) Lorsque je vois, par exemple, SOS-Racisme incriminer d’ores et déjà l’extrême-droite et elle seulement, cette association tombe clairement dans la travers que je dénonce, et cela pour des raisons idéologiques transparentes. De même, je n’apprécie pas les déclarations de Mélenchon ou de Bayrou qui ont mis en cause le ton de la campagne présidentielle. Soyons sérieux: je ne sache pas que cette campagne ait été violemment antisémite. Ce sont pourtant des enfants juifs que le tueur ou le fanatique a poursuivis pour les assassiner. Encore une fois, je suis parfaitement clair: je ne privilégie aucune thèse. Ainsi je ne sais pas si le tueur- qui serait le même dans le cas de l’école juive de Toulouse et dans l’assassinat des militaires à Montauban – a assassiné ces deniers à cause de leur origine ou, au contraire, parce que leur régiment revenait d’Afghanistan. Gilles-William Goldnadel
Il y a une énorme  différence entre les parents qui emmène leurs  enfants à l’école et ceux qui les mettent intentionnellement en s’en  servant de boucliers humains. Avigdor Lieberman (ministre des Affaires  étrangères d’Israël)
Cinq islamistes présumés, des Français d’origine bosniaque, ont été interpellés dans la région de Besançon (Doubs) mardi, a-t-on appris vendredi auprès de la direction de la police judiciaire. (…) Selon les enquêteurs, les suspects envisageaient de « faire le djihad » mais n’avaient pas encore finalisé leur projet.Une dizaine d’armes de poing, des armes d’épaule, dont une kalachnikov, ainsi que du matériel de chasse et de camouflage ont été saisis lors de perquisitions à Besançon et dans sa région. Le groupe, qui fréquentait une mosquée de Besançon, était surveillé depuis plusieurs années par les Renseignements généraux, qui auraient constaté au fil des années « sa radicalisation », a-t-on précisé. Les membres du groupe étaient soupçonnés de s’entraîner régulièrement en forêt et ont été vus achetant du matériel, notamment des treillis. Parmi eux, figurent un étudiant et un enseignant du secondaire. « Ils souhaitaient passer à l’action lorsque l’occasion s’en présenterait », a -t-on souligné de source proche de l’enquête. Le Point (16/11/2007)
Cinq islamistes présumés interpellés dans plusieurs départements français L’Express (27/04/2010)
S’ils peinent à étayer leurs convictions par des faits, plusieurs chercheurs, sous le couvert de l’anonymat, dénoncent un contexte de “délire sécuritaire”, accentué par le sentiment “antimusulman” du fonctionnaire de défense en poste au CNRS. Il se murmure par exemple que la jeune musulmane chercheuse en microbiologie sanctionnée à Toulouse l’a été “parce que, dans le cadre de ses recherches, elle avait accès à des virus”. Le Monde (13.06.09)
Si les faits sont avérés, comment un ingénieur d’un si haut niveau a-t-il pu être conduit à soutenir une telle organisation terroriste? Mathieu Guidère (professeur de veille stratégique multilingue à l’Université de Genève, 10.10.09)

Attention: une barbarie peut en cacher une autre!

A l’heure où l’auteur apparemment identifié des toutes récentes tueries de Toulouse et de Montauban a commencé à balancer l’habituelle logorrhée jihadiste antisioniste et de soutien à la prétendue cause palestinienne …

Où, avec les actuelles sanctions bancaires contre les apologues persans de la Solution finale, la piste d’une éventuelle commande de Téhéran n’est peut-être pas à écarter …

Comme après l’arrestation, depuis longtemps oubliée, d’un physicien franco-algérien du Cern il y a moins de trois ans en Isère qui projetait une attaque contre une caserne de chasseurs alpins d’Annecy pour “punir la France de son implication en Afghanistan” ou, avant le sauve qui peut général, du refus de soldats français d’origine musulmane d’intervenir en Afghanistan …

Et alors que tant la démesure que l’assaut d’unanimisme de la réaction de la classe politique française (même l’Autorité palestinienne y a été de son petit couplet hypocrite) à une telle barbarie en arriverait presque à faire douter de leur sincérité …

Comment ne pas voir la singulière convergence de vue avec la chef de la politique étrangère européenne Catherine Ashton qui comme à son habitude n’a pas manqué de comparer  « les parents qui emmènent leurs enfants à  l’école » en France et « ceux qui les mettent intentionnellement en danger à Gaza en s’en servant de  boucliers humains »?

Mais aussi l’incroyable deux poids deux mesures et la peut-être plus sournoise encore barbarie en chambre de notre classe médiatico-politique face aux actes de vraie barbarie que subit depuis des décennies la population israélienne?

Catherine Ashton compare Gaza et la tuerie de Toulouse

Aschkel

20 mars 2012

Stupeur en Israël et choc au sein des communautés juives à travers le monde. Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, a comparé le sort des enfants de Gaza avec ceux de Toulouse, et annonce qu’elle versera des millions d’euros supplémentaires

Pas de constructions en Israël dans les localités juives ou à Jérusalem, pas de dossier sur son bureau – les vacances en somme, la mère Ashton était silencieuse depuis quelque temps, mais voilà c’est fait, et elle l’a fait !

Nous avons décidé à la rédaction de rester polis !

UE : des millions d’euros pour l’AP

Les pleurnicheries de l’AP ont fonctionné une fois de plus. Le chef de cabinet terroriste Salam Fayyad a annoncé que l’Union Européenne – qui croule déjà sous les dettes – s’était engagée à verser 35 millions d’euros à l’Autorité Palestinienne « pour des travaux d’infrastructures en Judée-Samarie et dans la Bande de Gaza ». C’est Catherine Ashton, fervente pro-palestinienne, qui l’a personnellement annoncé à Fayyad à Bruxelles. Sous l’appellation « travaux d’infrastructures » se cachent notamment les tentatives euro-palestiniennes de créer des réalités sur le terrain dans l’édification de facto d’un Etat terroriste et dans la lutte en coulisse que se livre l’UE contre la présence juive en Judée-Samarie et dans la partie orientale de Jérusalem.

Shraga Blum

Elle dit :

« Quand nous pensons à ce qui s’est passé aujourd’hui à Toulouse, quand nous nous souvenons de ce qui s’est passé en Norvège il y a un an, quand nous savons ce qui se passe en Syrie, quand nous voyons ce qui se passe à Gaza et dans différentes parties du monde, nous pensons aux jeunes et aux enfants qui perdent leur vie », a dit Catherine Ashton en marge d’une réunion sur la jeunesse palestinienne à Bruxelles.

Catherine Ashton a ensuite poursuivi son hommage aux jeunes Palestiniens qui « contre toute attente, continuent à apprendre, à travailler, à rêver et aspirent à un meilleur avenir ».

Un tel parallèle est choquant à bien des égards. Comment celle qui est censée incarner la politique étrangère de l’Union européenne a-t-elle pu mettre sur un pied d’égalité des enfants de Gaza qui ont perdu la vie dans des dommages collatéraux d’opérations anti-terroristes visant justement à protéger les enfants du sud d’Israël contre les tirs de roquettes avec ceux de Toulouse ?

Faut-il également rappeler que le Hamas utilise cyniquement les enfants comme boucliers humains en tirant des roquettes depuis des zones d’habitations ?

Chaque mort d’enfants est une tragédie unique. Etait-il donc bien nécessaire de comparer deux tragédies quand, de toute évidence, rien ne les rapproche ?

Voir aussi:

Des enfants juifs pris pour cible devant une école d’Ozar Hatorah de Toulouse. Peut-on faire un rapprochement avec une désinformation diffusée par une employée arabe israélienne de l’ONU ou l’AP ?

Hélène Keller-Lind

lundi 19 mars 2012

Tirs sur des enfants et des adultes devant une école d’Ozar Hatorah. Un bilan de quatre morts dont trois enfants. Le tueur aurait-il été inspiré par la mort de deux enfants de Gaza faussement attribuée à Israël ? Même si l’on ne sait rien sur l’assassin pour l’heure, il est difficile de ne pas faire le rapprochement entre les images postées sur Internet et un tueur qui vide le chargeur de deux armes sur des enfants juifs et ceux qui les accompagnent.

Selon les témoignages recueillis et diffusés par les médias dans la foulée de l’attaque terroriste perpétrée devant, voire même à l’intérieur de l’école juive d’Ozar Hatorah de Toulouse, l’assassin aurait tiré délibérément et à bout portant avec deux armes sur les enfants qui arrivaient à l’école et ceux qui les accompagnaient. Un adulte et trois enfants sont morts. Il y a des blessés, dont un très grave.

Difficile de ne pas penser aussitôt aux photos et dépêches insoutenables qui ont circulé récemment sur Internet, l’une montrant une fillette couverte de sang dans les bras d’un homme, l’autre un petit garçon. Enfants qui, nous affirmait-on, auraient perdu la vie dans des tirs aériens israéliens, tirs ciblés en réponse à des tires de missiles et roquettes sur les populations civiles du sud d’Israël.Or, même si les organisations terroristes gazaouies sont délibérément implantées dans des zones d’habitation et qu’il y a parfois des morts civils lors de frappes israéliennes, dans ces deux cas il s’agissait de désinformation.

Ces fausses informations auraient-elles été déterminantes dans la décision du tueur de Toulouse de prendre pour cibles des enfants juifs ?

Une photo mise en ligne par une Arabe israélienne pétrie de haine, employée de l’ONU

L’information semblait digne de foi. La photo de la fillette, tuée le 11 mars, selon la légende l’accompagnant, avait été mise en ligne par une employée de l’ONU décrite par ses amis comme féministe et militante des Droits de l’Homme. Cette Arabe israélienne de Nazareth, présentée comme palestinienne, mettait en ligne en 2011 une vidéo dans laquelle elle expliquait lutter activement contre « l’occupation ». Disant faire « partie de la société israélienne », elle accusait pourtant Israël en ces termes « ce pays a fait de moi une réfugiée palestinienne dans mon propre pays, il est responsable de ma Nakba… et de l’occupation de mon peuple qui vit dans les frontières de 1967…il est responsable de millions de réfugiés dans le monde arabe ».

On la voit filmée complaisamment en meneuse dans des rallies accusant Israël d’occuper toute la Palestine – lire Israël -. Dans cette vidéo elle se targue d’avoir été active au sein du parti politique arabe israélien Hadash lorsqu’elle était étudiante à Haïfa – en Israël-. Khoolod Badaw se plaint que ses activités multiples, notamment au sein des syndicats d’étudiants arabes l’aient fait exclure de l’université quelque temps.

Comparant le quartier où elle a grandi à « un grand camp de réfugiés », elle est filmée dans la maison confortable de ses parents à Nazareth et décrit la colère qui a baigné son éducation et son rejet de tout ce qui est israélien – sauf ses études, semble-t-il…- . Elle se plaint du « régime raciste »en place, selon, elle en Israël. Une haine d’Israël la pousse à aller faire ses courses à Amman en Jordanie car, dit-elle « la question ne se pose pas, ce que l’on achète n’est pas fabriqué en Israël ». Selon elle les terres dont ont été expulsés les Palestiniens de Safuri, dont sa famille est originaire, ont été volées et sont occupées par un kibbutz. Dans sa diatribe elle accuse les Israéliens d’être différents car occidentaux, de tenir un double langage et d’avoir construit sur les « ruines d’une nation ».

C’est cette femme dont la haine viscérale d’Israël est connue que l’OCHA – Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires pour l’ONU– emploie à Jérusalem comme « coordinatrice de l’information et des médias dans les Territoires palestiniens occupés ». Ce qui donne une idée de l’objectivité du travail de cette organisation. C’est cette femme haineuse qui a posté sur Internet une photo en tête des tweets sur Gaza…

Une photo datant de 2006 d’une fillette morte dans un accident

Israël démentait, montrant que cette photo était en réalité celle d’une fillette morte en 2006 lors d’un accident. Prise en flagrant délit de mensonge, Khoolod Badaw déclarait laconiquement sur Twitter « Correction:j’ai tweeté la photo en pensant qu’elle était du dernier round de violence et il s’avère qu’elle est de 2006. Ceci est mon compte personnel ». Depuis elle ne se manifeste plus sur les réseaux sociaux. Mais, compte tenu de la haine d’Israël qu’elle ne se privait pas d’exposer, compte tenu du poste qu’elle occupe il semble exclu qu’il ait pu s’agir d’une simple erreur…

L’Ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, Ron Prosor, a demandé son départ et a demandé que l’OCHA prenne officiellement ses distances par rapport à son employée.

Des associations comme Honest Reporting dénoncent cette imposture et demandent que les Nations unies ouvrent une enquête sur cette employée. Une pétition pour demander son renvoi a été ouverte.

Les amis politiques de celle-ci crient à l’erreur et à la chasse au sorcière…

Repris par une agence de presse, un porte-parole palestinien ment sur les conditions de la mort d’un autre enfant.

Le 14 mars, une déclaration mensongère palestinienne par Adham Abu Salmi, porte-parole du ministère de la Santé de Gaza, faite à l’agence de presse Associated Press, accusait un tir israélien d’avoir tué Barka al-Mugrahbi, un enfant de 8 ans. Dépêche très largement reprise. Or il n’y a eu aucune frappe israélienne dans la région. Vérification faite, l’enfant a été touché par des tirs palestiniens lors de funérailles. L’AP a publié une seconde dépêche démentant la première….

Voir également:

EU Shows its Hand on Anti-Israel Bias

Jonathan Neumann

Commentary

20.03.12

Reacting to the murder of Jews in Toulouse yesterday, it didn’t take long for the Eurocracy to put its foot in it. But the statement by Baroness Ashton, the High Representative of the [European] Union for Foreign Affairs and Security Policy (not to be confused with any of the other myriad, inane foreign affairs positions), is perhaps more revealing than intended:

When we think about what happened today in Toulouse, we remember what happened in Norway last year, we know what is happening in Syria, and we see what is happening in Gaza and other places.

Having never been elected to any of the various British and European roles she has filled in her inexplicable career, she is perfectly placed to speak for the EU. And, making the statement on the sidelines of a meeting in Brussels with Palestinian Arab youths, she went on to contend that they, ‘‘against all odds, continue to learn, work, dream and aspire to a better future.’’

Jonathan noted earlier the offensive comparison of the discriminate murder of Jews with the usually exaggerated (on the Palestinian Arabs’ part), usually welcomed (on the Palestinian Arabs’ part) and always inadvertent (on Israel’s part) collateral damage in Gaza. But there is more: the subtle equation of this killer – whom the Baroness, following one of the working theories, assumes to be a neo-Nazi (rather than, say, an Islamist) – and the far-Right Anders Breivik, who murdered children in Norway, as well as the autocratic slaughterer of Syria, Bashar al-Assad, with Israel, betrayed the EU’s perception of Israel as a fascistic state.

Having been condemned by Israel’s Foreign Minister, Defense Minister, Interior Minister, and the Leader of the Opposition, Ashton’s office today released a quiet retraction, protesting the alleged distortion of her original statement. But in fact, Israel’s leaders were right to condemn this addition of insult to injury, these indefensible comparisons, and the EU’s pretension

Corinne Lepage

@corinnelepage

Tuerie de Toulouse. Des enfants et une école juive.abjection totale.un fou?peut être mais le climat délétère et la haine sont des excitants


Présidentielle 2012: Le PS est devenu l’expression des nouvelles classes dominantes

16 mars, 2012
Ce ne sont pas les différences qui provoquent les conflits mais leur effacement. René Girard
Vous allez dans certaines petites villes de Pennsylvanie où, comme dans beaucoup de petites villes du Middle West, les emplois ont disparu depuis maintenant 25 ans et n’ont été remplacés par rien d’autre (…) Et il n’est pas surprenant qu’ils deviennent pleins d’amertume, qu’ils s’accrochent aux armes à feu ou à la religion, ou à leur antipathie pour ceux qui ne sont pas comme eux, ou encore à un sentiment d’hostilité envers les immigrants. Barack Obama
Nous qui vivons dans les régions côtières des villes bleues, nous lisons plus de livres et nous allons plus souvent au théâtre que ceux qui vivent au fin fond du pays. Nous sommes à la fois plus sophistiqués et plus cosmopolites – parlez-nous de nos voyages scolaires en Chine et en Provence ou, par exemple, de notre intérêt pour le bouddhisme. Mais par pitié, ne nous demandez pas à quoi ressemble la vie dans l’Amérique rouge. Nous n’en savons rien. Nous ne savons pas qui sont Tim LaHaye et Jerry B. Jenkins. […] Nous ne savons pas ce que peut bien dire James Dobson dans son émission de radio écoutée par des millions d’auditeurs. Nous ne savons rien de Reba et Travis. […] Nous sommes très peu nombreux à savoir ce qu’il se passe à Branson dans le Missouri, même si cette ville reçoit quelque sept millions de touristes par an; pas plus que nous ne pouvons nommer ne serait-ce que cinq pilotes de stock-car. […] Nous ne savons pas tirer au fusil ni même en nettoyer un, ni reconnaître le grade d’un officier rien qu’à son insigne. Quant à savoir à quoi ressemble une graine de soja poussée dans un champ… David Brooks
Les tea party ne se résument pas à des positions pro life et anti-masturbatoires, la révolte est bien plus large et profonde (…), elle est sans doute à rapprocher aux mouvements souterrains résilients depuis des années qui se font désormais jour en Hollande, en Allemagne, en Suède maintenant, en Italie et en France depuis quelques temps, à savoir le refus, hétérogène, de se voir imposer d’en haut une vision idéaliste, désincarnée, réduisant le vivre ensemble au “care”, comparant toute volonté de conserver un certain art de vivre comme réactionnaire, analysant enfin tout refus de confondre ouverture et disparition comme raciste. (…) Les tea party sont évidemment dénoncées par les idéologues de Hollywood, de New York, de Washington DC, et aussi de st Germain des Prés puisqu’ils incarnent tous le nihilisme étatiste dénoncé par les tea party en ce qu’il parasite l’espace public, l’idéal public, la volonté commune, et très pratiquement les fonds publics pour fabriquer leur gloire par la victimisation (du “care”) c’est-à-dire par la transformation du peuple en assistés scotchés aux frasques de leur ego supposé artistique (…). Il ne s’agit donc pas de populisme, mais de se libérer de chaînes installées à nos poignets pour notre bien alors que ces bienfaiteurs sont en réalité le principal obstacle pour réellement faire de l’espace commun un bien au service de toutes et de tous. Lucien SA Oulahbib (16/9/2010)
Je pense qu’on n’aborde pas les vraies questions et qu’on donne le sentiment qu’on esquive un certain nombre de questions importantes. Je pense que la question de la maîtrise des flux migratoires est une question qui reste importante, qui taraude la société française et que le sentiment qu’il y ait une sorte d’invasion rampante ; et donc, tant qu’on n’abordera pas frontalement cette question-là en montrant qu’on est capable de maîtriser, de réguler, d’organiser ces flux migratoires, la question de la ghettoïsation ou plus exactement la ghettoïsation ethnique de la société française n’ait pas abordé…(…) Mais je pense que beaucoup de dirigeants ont peur d’ouvrir ces débats-là avec le fait que ça fasse le lit du Front National ; et moi je pense qu’une société qui cache, qui refuse les débats, c’est une société qui me donne le sentiment qu’elle a peur. Et donc à partir de là, ceux qui exploitent ces peurs sont en situation favorable. (…) Il y a deux solutions. – Soit on dit : ça n’existe pas tout ça ; et à ce moment-là, on se rassure et on pense que l’anti-Sarkozysme va nous faire gagner les élections présidentielles. – Soit on dit : ça existe mais à partir de là, on apporte nos réponses. Moi je n’apporte pas les réponses de Marine Le Pen. Vous ne m’avez pas entendu dire qu’il fallait rejeter les Immigrés. Je dis, au contraire, que la question qui est posée :- c’est comment on redonne un sens à ces phénomènes migratoires qui sont de toute manière des phénomènes inscrits dans l’avenir de l’Humanité.- Donc, comment on évite qu’ils soient parqués dans des ghettos et qu’ils aient le sentiment qu’ils sont toujours rejetés. Comment on évite, par exemple, qu’ils soient systématiquement stigmatisés. (…) le vrai débat n’est pas sur l’islam. Le vrai débat, il est sur la laïcité ; et là, tous les partis politiques doivent en discuter. Et donc, le problème, ce n’est pas d’aller discuter d’une religion et donc de donner le sentiment qu’on la stigmatise. Le problème c’est de redéfinir des règles communes, y compris sur les pratiques religieuses qui interpellent aujourd’hui dans notre pays. Julien Dray
Ce n’est (…) pas parce que « Claude Guéant parle comme Marine Le Pen » (dixit Jean-Louis Borloo) que cette dernière progresse dans l’opinion et perce dans les urnes d’une élection qui jusqu’alors fermait à son parti les portes du second tour. C’est parce que ceux qui, en 2007, avaient quitté Jean-Marie Le Pen pour Nicolas Sarkozy en espérant voir réaliser certains de leurs vœux estiment qu’ils n’ont pas été entendus. (…) Peut-on, après cela, parler sans rire, comme dimanche soir, sur la plupart des plateaux télé, de “réaction des électeurs contre la droitisation de l’UMP” ? La vérité est que, depuis les années 1990, la droite n’a cessé de se dédroitiser et, par voie de conséquence, de libérer un espace croissant au Front national dont les propositions d’aujourd’hui sont parfois en deçà de celles du RPR et de l’UDF d’alors (lire les propositions des états généraux de l’opposition, animés, voici vingt ans, par Nicolas Sarkozy et Alain Madelin)… Valeurs actuelles
Toutes les enquêtes, notamment celle publiée chaque année (le 21 mars) dans le rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, montrent qu’il y a un double mouvement : d’une part l’ouverture de la société française à la différence et, d’autre part, la stigmatisation, pour une partie de l’opinion publique, de l’immigration en provenance des pays musulmans et de l’Islam en général. Lorsqu’on pose aux Français la question de savoir quelle est l’image qu’ils ont des différents groupes vivant sur le territoire national et des différentes religions, une frange de la population exprime désormais ouvertement le fait que l’Islam est intrinsèquement un problème car possédant des bases et un contenu supposé incompatible avec le projet civilisationnel français et européen. L’attitude des Français face à l’intégration change également. Il y a encore une dizaine d’années, on considérait que les problèmes d’intégration des étrangers étaient dus davantage à la société d’accueil. Désormais, un grand nombre de Français pensent que la responsabilité de la non-intégration provient des étrangers eux-mêmes. Ce phénomène existe aussi au niveau européen : en Europe du Nord (Scandinavie, Pays-Bas), en Italie avec le succès de la Ligue du Nord, en Autriche dans une moindre mesure. L’un des changements fondamentaux est que l’extrême-droite a muté idéologiquement. Elle est devenue aujourd’hui différente du néofascisme traditionnel. Les références à la Seconde guerre mondiale et aux régimes autoritaires qui les ont précédés s’estompent mais il apparaît une nouvelle forme d’extrémisme qui s’appuie sur le retournement d’un certain nombre de valeurs considérées jusqu’à aujourd’hui comme faisant partie du logiciel idéologique progressiste. Pourquoi l’Islam est aujourd’hui critiqué ? En raison de son attitude vis-à-vis des femmes, voire au nom du féminisme ; en raison de son attitude envers les minorités donc au nom du principe d’égalité et de liberté religieuse. On voit également comment Pim Fortuyn dans un premier temps et d’autres par la suite ont expliqué qu’en tant qu’homosexuels, ils se sentaient agressés par un Islam qui ne tolère pas les différences sexuelles. In fine, l’Islam est attaqué non pas en tant que religion mais culture. (…) à l’intérieur de la droite de gouvernement, un certain nombre de responsables, y compris le président de la République, se sont eux-mêmes emparés de la question. Ils l’ont fait en nous expliquant que ce qui se passait de l’autre côté de la Méditerranée était positif mais en agitant le spectre de l’invasion des immigrants illégaux et en liant les évènements à la question de l’Islam. Ce n’est pas un hasard si, au moment précis où la France modifiait son attitude vis-à-vis du monde arabe pour prendre le parti des peuples qui se révoltent, le président de la République relançait dans le même temps le débat sur l’identité nationale. (…) La présentation des Musulmans comme étant potentiellement susceptibles de déferler sur nos côtes et étant par ailleurs adeptes d’une religion qui poserait problème dans son implantation sur le sol national concourent effectivement à attiser les peurs. Jean-Yves Camus
Le FN apparaît, plus que jamais, comme un vecteur de manifestation des préoccupations populaires. Le « vote utile » des électeurs frontistes exprime un message de mécontentement profond où se mêlent questions sociétales (insécurité, immigration) et socio-économiques (rejet du libre-échange et de la mondialisation). Le nouveau discours de Marine Le Pen parvient à conjuguer ces deux thématiques et à rentrer ainsi en résonance avec l’opinion d’une large fraction de la population. (…) L’argument moral jeté à la face de ces divers électeurs, ou encore les démonstrations idéologiques, ont peu de chance d’être efficaces. Seules des réponses apportées à leurs préoccupations concrètes par les partis républicains pourront convaincre cette France en crise qu’elle a mieux à faire que de crier sa colère en votant à l’extrême droite. Eric Dupin
Robert Putnam a découvert que plus la diversité dans une communauté est grande, moins les gens votent et moins ils donnent à des associations caritatives et travaillent à des projets communautaires. (…) Dans une étude récente, Glaeser et son collègue Alberto Alesina ont démontré qu’à peu près la moitié de la différence dans les dépenses sociales entre les Etats-Unis et l’Europe — l’Europe dépense bien plus — peut être attribuée à la diversité ethnique plus grande de la population américaine. Michael Jonas
Pour le chercheur en sciences politiques de l’Université du Michigan, Scoot Page, dans les lieux de travail de haut niveau, les différentes manières de penser parmi des personnes de différentes cultures peuvent être un avantage. “puisqu’elles voient et appréhendent le monde différemment que vous, c’est provocant. Mais la fréquentation de personnes différentes peut stimuler la créativité de tous. Les équipes diverses tendent à être plus productives.” (…) Autrement dit, les membres de communautés plus diverses peuvent faire plus de bowling seuls, mais les tensions créatrices lâchées par ces différences dans le lieu de travail peuvent propulser ces mêmes endroits à la pointe de l’économie et de la culture créatrice. (…) Page appelle ça le “paradoxe de diversité.” Il pense que les effets à la fois positifs et négatifs de la diversité peuvent coexister dans les communautés, mais qu’il doit y avoir une limite.” Si l’investissement civique tombe trop bas, il est facile d’imaginer que les effets positifs de la diversité puissent tout aussi bien commencer à s’affaiblir. Michael Jonas
Le mépris dans lequel les tient la classe dirigeante a quelque chose de sidérant. Nos élites sont mues par une invraisemblable prolophobie dont elles n’ont parfois même pas conscience. (…) Les impensés de la gauche sur la sécurité et l’immigration témoignent d’un déni persévérant de celle-ci face à l’expression de certaines souffrances sociales. (…) Avant d’être une posture politique, le front républicain est d’abord un réflexe de classe et de caste. Patrick Buisson
François Hollande (…) est à peu près au niveau de premier tour où les instituts situaient Ségolène Royal en 2007 à pareille époque et tout indique qu’il rassemblera le 22 avril moins de suffrages que celle-ci. Il n’y a aucune dynamique en faveur du candidat PS. A la différence de la campagne de Mme Royal, celle de François Hollande ne suscite ni élan ni adhésion. On arrive même à une situation tout à fait paradoxale et inédite : c’est la première fois qu’un candidat recueille dans certaines enquêtes moins de souhaits de victoire que d’intentions de vote au premier tour. Les motivations du vote Hollande sont pour les deux tiers de battre le candidat sortant. Toute la stratégie du candidat socialiste a été bâtie sur l’idée que l’élection serait un référendum anti-Sarkozy et qu’il n’y avait pas besoin d’un moteur de secours. Rien n’a été prévu au cas où le moteur aurait des ratés et où le pseudo-référendum tournerait au duel. Avec le croisement des courbes du premier tour, François Hollande ne peut plus se comporter en gestionnaire pusillanime d’une rente virtuelle. Il va devoir prendre des risques. Ce n’est peut-être pas l’exercice où il est le meilleur.
Ce concept de « droitisation » est le plus sûr indice de la confusion mentale qui s’est emparée de certains esprits. Si la « droitisation » consiste à prendre en compte la souffrance sociale des Français les plus exposés et les plus vulnérables, c’est que les anciennes catégories politiques n’ont plus guère de sens… et que le PS est devenu – ce qui me paraît une évidence – l’expression des nouvelles classes dominantes. (…) Est-ce Nicolas Sarkozy qui se « droitise » en plaçant la maîtrise des flux migratoires au cœur de la question sociale ou la gauche qui se renie en substituant à la question sociale le combat sociétal en faveur d’un communautarisme multiculturel ? L’impensé du candidat socialiste sur l’immigration est tout sauf accidentel : il témoigne d’une contradiction à ce jour non résolue. L’idéologie du « transfrontiérisme » n’est pas celle des Français. Près de deux Français sur trois et près d’un sympathisant de gauche sur deux approuvent la proposition de Nicolas Sarkozy de réduire de moitié l’immigration légale. Le projet que porte Nicolas Sarkozy s’adresse à tout l’électorat populaire. Il est clairement le candidat d’une Europe des frontières. C’est en cela qu’il est le candidat du peuple qui souffre de l’absence de frontières et de ses conséquences en chaîne : libre-échangisme sans limites, concurrence déloyale, dumping social, délocalisation de l’emploi, déferlante migratoire. Les frontières, c’est la préoccupation des Français les plus vulnérables. Les frontières, c’est ce qui protège les plus pauvres. Les privilégiés, eux, ne comptent pas sur l’Etat pour construire des frontières. Ils n’ont eu besoin de personne pour se les acheter. Frontières spatiales et sécuritaires : ils habitent les beaux quartiers. Frontières scolaires : leurs enfants fréquentent les meilleurs établissements. Frontières sociales : leur position les met à l’abri de tous les désordres de la mondialisation et en situation d’en recueillir tous les bénéfices. Patrick Buisson

Attention: un succès sans lendemain peut en cacher un autre!

A l’heure où, contre l’avis de tous et « succès sans lendemain » ou non, les courbes ont commencé à s’inverser contre la domination jusqu’ici du seul candidat socialiste …

Et où, oubliant tant les joyeusetés de langage que les innombrables casseroles de l’autre  Corrézien qui avait  pendant 12 interminables années squatté le palais de l’Elysée, nos âmes délicates en sont à se pincer le nez devant la vulgarité du président sortant …

Retour, avec le conseiller qui avait déjà permis à Nicolas Sarkozy de l’emporter en 2007 Patrick Buisson, sur « l’impensé » et  la  » contradiction à ce jour non résolue » du PS …

A savoir qu’en se coupant de plus en plus de  « la souffrance sociale des Français les plus exposés et les plus vulnérables », il est en réalité devenu le parti des privilégiés « des beaux quartiers » et « des meilleurs établissements », des protégés des désordres de la mondialisation ou des gagnants « en situation d’en recueillir tous les bénéfices » …

Autrement dit  « l’expression des nouvelles classes dominantes » …

Patrick Buisson : « Hollande rassemblera moins de voix que Royal »

13.03.12

Patrick Buisson, 62 ans, spécialiste des études d’opinion, est conseiller de Nicolas Sarkozy. Cet ancien journaliste fait partie de l’équipe resserrée que le candidat réunit chaque soir à l’Elysée.

Issu de la droite maurassienne, M. Buisson fut responsable dans les années 1980 de l’hebdomadaire d’extrême droite Minute. Il a conquis M. Sarkozy en lui prédisant la victoire du non au référendum européen de 2005. Il orchestra en 2007 le virage à droite de M. Sarkozy, sur le thème de l’identité nationale. Il dirige la chaîne Histoire, filiale de TF1, et la société de conseil Publifact. Il a été mis en cause par la Cour des comptes pour ses services facturés à l’Elysée sans appel d’offres.

Nicolas Sarkozy a-t-il perdu l’élection ?

Patrick Buisson : Les médias racontent l’histoire à laquelle ils ont envie de croire. Ce serait mieux s’ils s’intéressaient à celle qui est en train de s’écrire. Le rapport de forces du second tour tel qu’il ressort actuellement des enquêtes d’opinion repose sur l’hypothèse, jamais vérifiée à ce jour dans un scrutin présidentiel, d’une abstention sensiblement plus importante au second tour qu’au premier.

Que nous disent aujourd’hui les sondages ?

Qu’entre 40 % et 50 % de l’électorat de Marine Le Pen se refuse à faire un choix pour le second tour dans le cas d’un duel Sarkozy-Hollande, et qu’environ un tiers de l’électorat de François Bayrou est dans ce cas. L’avantage du candidat socialiste est donc construit sur un scénario qui verrait 4 à 5 millions d’électeurs du premier tour ne pas aller voter au second. Autrement dit, sur du sable.

Depuis 1965, il n’y a pas eu un scrutin présidentiel où la participation au second tour n’a pas été supérieure à celle du premier. La plupart de ceux qui disent ne pas vouloir choisir iront voter le 6 mai. Et les réserves sont ici plutôt du côté de Nicolas Sarkozy que de François Hollande. Les sondages ne sont que des instantanés qui donnent l’illusion du réel. En peinture, cela s’appelle un trompe-l’œil.

Vous annoncez depuis des semaines l’effondrement de François Hollande. Où est-il ?

Au lendemain de la primaire socialiste, François Hollande recueillait, selon les instituts, entre 35 % (IFOP et Ipsos) et 39 % (BVA) des intentions de vote. La dernière enquête réalisée le lundi 12 mars – celle de l’IFOP – le situe à 27 %. Libre à chacun d’interpréter ces chiffres comme bon lui semble mais n’importe quel politologue vous dira que ce qui compte dans une campagne, ce ne sont pas les niveaux mais les tendances. En d’autres termes, c’est le film qui raconte l’histoire, non les instantanés. Or, depuis novembre, la courbe des intentions de vote en faveur de Hollande est orientée à la baisse.

La tendance en faveur de Nicolas Sarkozy, depuis son entrée en campagne, est non moins incontestablement haussière. Les plus audacieux ajouteront qu’il suffit de prolonger les courbes pour connaître le résultat final.

Pourtant, M. Hollande reste très haut…

Il est à peu près au niveau de premier tour où les instituts situaient Ségolène Royal en 2007 à pareille époque et tout indique qu’il rassemblera le 22 avril moins de suffrages que celle-ci. Il n’y a aucune dynamique en faveur du candidat PS.

A la différence de la campagne de Mme Royal, celle de François Hollande ne suscite ni élan ni adhésion. On arrive même à une situation tout à fait paradoxale et inédite : c’est la première fois qu’un candidat recueille dans certaines enquêtes moins de souhaits de victoire que d’intentions de vote au premier tour. Les motivations du vote Hollande sont pour les deux tiers de battre le candidat sortant.

Toute la stratégie du candidat socialiste a été bâtie sur l’idée que l’élection serait un référendum anti-Sarkozy et qu’il n’y avait pas besoin d’un moteur de secours. Rien n’a été prévu au cas où le moteur aurait des ratés et où le pseudo-référendum tournerait au duel. Avec le croisement des courbes du premier tour, François Hollande ne peut plus se comporter en gestionnaire pusillanime d’une rente virtuelle. Il va devoir prendre des risques. Ce n’est peut-être pas l’exercice où il est le meilleur.

M. Hollande a-t-il réalisé un coup décisif, en proposant de taxer à 75 % les revenus supérieurs à un million d’euros ? Est-ce le pendant à gauche de ce qu’avait fait M. Sarkozy avec l’identité nationale en 2007 ?

Si vous voulez dire qu’il s’agit d’un marqueur transgressif, cela ne fait aucun doute. Si on considère l’objectif, c’est plus hasardeux. Avec l’identité nationale, le candidat Sarkozy était parvenu à attirer, dès le premier tour, un tiers des voix frontistes, tandis que, s’il faut en croire les enquêtes, la transgression des 75 % n’a rien pour l’instant d’un « coup décisif ». Ce n’est pas Hollande qui a élargi sa base vers la gauche radicale – il a perdu 2 points en une semaine – mais Jean-Luc Mélenchon qui est en progression. Le candidat de la gauche populiste sera toujours plus crédible qu’une pâle copie sociale-démocrate dans le registre de la lutte des classes qui réclame une certaine tonicité.

Comment justifiez-vous la droitisation de Sarkozy ?

Ce concept de « droitisation » est le plus sûr indice de la confusion mentale qui s’est emparée de certains esprits. Si la « droitisation » consiste à prendre en compte la souffrance sociale des Français les plus exposés et les plus vulnérables, c’est que les anciennes catégories politiques n’ont plus guère de sens… et que le PS est devenu – ce qui me paraît une évidence – l’expression des nouvelles classes dominantes.

La spécificité historique du vote Sarkozy en 2007, c’est d’être parvenu à amalgamer, comme de Gaulle en 1958, un vote populaire avec un vote de droite traditionnel. Transgression idéologique, désenclavement sociologique et victoire électorale ont fait système.

Est-ce Nicolas Sarkozy qui se « droitise » en plaçant la maîtrise des flux migratoires au cœur de la question sociale ou la gauche qui se renie en substituant à la question sociale le combat sociétal en faveur d’un communautarisme multiculturel ?

L’impensé du candidat socialiste sur l’immigration est tout sauf accidentel : il témoigne d’une contradiction à ce jour non résolue.

L’idéologie du « transfrontiérisme » n’est pas celle des Français. Près de deux Français sur trois et près d’un sympathisant de gauche sur deux approuvent la proposition de Nicolas Sarkozy de réduire de moitié l’immigration légale.

Vous avez dit que Marine Le Pen ne faisait pas une bonne campagne et la voilà qui refait parler d’elle sur la viande halal…

Marine Le Pen s’est aventurée sur des thèmes où sa crédibilité était faible tout en cessant d’actionner les ressorts du vote frontiste. Son retour précipité aux fondamentaux de son parti a surtout mis en évidence une impasse stratégique.

Sans perspectives d’alliance ni de présence au second tour, elle n’offre pas plus d’issue politique que n’en offrait son père en 2007. Dans ces conditions, le vote en faveur de la candidate du FN ne serait plus un vote de protestation mais un vote d’immolation. En votant pour Marine Le Pen, les catégories populaires qui exprimeraient ainsi leur souffrance seraient assurées du résultat contraire de celui qu’elles recherchent. Elles augmenteraient les chances de François Hollande et donc les risques liés à une politique de non-maîtrise des flux migratoires et à l’émergence d’un vote communautaire avec l’attribution du droit de vote aux étrangers.

Comment récupérer ces électeurs FN ?

Le projet que porte Nicolas Sarkozy s’adresse à tout l’électorat populaire. Il est clairement le candidat d’une Europe des frontières. C’est en cela qu’il est le candidat du peuple qui souffre de l’absence de frontières et de ses conséquences en chaîne : libre-échangisme sans limites, concurrence déloyale, dumping social, délocalisation de l’emploi, déferlante migratoire.

Les frontières, c’est la préoccupation des Français les plus vulnérables. Les frontières, c’est ce qui protège les plus pauvres. Les privilégiés, eux, ne comptent pas sur l’Etat pour construire des frontières. Ils n’ont eu besoin de personne pour se les acheter. Frontières spatiales et sécuritaires : ils habitent les beaux quartiers. Frontières scolaires : leurs enfants fréquentent les meilleurs établissements. Frontières sociales : leur position les met à l’abri de tous les désordres de la mondialisation et en situation d’en recueillir tous les bénéfices.

J’entends dire çà et là que la stratégie qui consiste, non pas à se « droitiser », mais à prendre en compte les préoccupations populaires serait un échec. Un échec pour qui ? Il y a un an, les sondages donnaient Nicolas Sarkozy au coude-à-coude avec Marine Le Pen sans certitude de qualification pour le second tour. A la fin de janvier 2012, il ne la devançait que de 3 points en moyenne. Aujourd’hui, l’écart se situe entre 10 et 12 points.

Propos recueillis par Arnaud Leparmentier et Vanessa Schneider

Voir aussi: 

Sarkozy devant Hollande: succès sans lendemain

Eric Dupin

Rue 89

13 mars 2012

A l’Elysée, on croisait les doigts depuis longtemps. Dans l’attente du croisement des courbes d’intentions de vote de François Hollande et Nicolas Sarkozy. L’heureux événement tardait à se produire depuis la déclaration de candidature du président sortant, le 15 février.

Enfin, une première enquête plaçant le champion de l’UMP en tête du premier tour a été connue lundi soir. Celui-ci est crédité par l’Ifop de 28,5% des suffrages potentiels contre 27% pour le candidat socialiste.

Saturation de l’espace médiatique

Un institut, deux sondages

Plusieurs riverains ont été surpris de la différence entre l’enquête Ifop qui a fait beaucoup de bruit (première à indiquer un « croisement de courbes » entre Hollande et Sarkozy) et une autre enquête Ifop récente dans laquelle le candidat socialiste reste un demi-point au dessus de celui de l’UMP.

Il s’agit, en réalité de deux baromètres différents du même institut. La première enquête résulte d’un sondage périodique commandé par Europe 1-Paris Match-Public Sénat. Il est réalisé auprès d’un échantillon relativement important (1 692 personnes) selon une méthode mixte, à la fois par téléphone et par questionnaire sur Internet. Celle-ci a été conduite du 11 mars à 18 heures au 12 mars 2012.

La seconde enquête provient d’un sondage en continu (méthode du « rolling ») publiée tous les jours de la semaine sur le site de Paris Match à 18 heures et effectué uniquement sur Internet. 300 personnes environ sont interrogées chaque jour et les chiffres publiés prennent en compte les résultats obtenus au cours des trois derniers jours. Ces différences de date et de méthodologie expliquent de possibles discordances entre les deux types d’études.

Par bonheur, Sarkozy a été informé de la bonne nouvelle juste avant son passage à l’émission « Paroles de candidat » sur TF1. De quoi lui donner une pêche d’enfer. De fait, le Président-candidat a été très bon ce soir-là. Le format même de l’émission politique de la première chaîne, avec une interrogation par des Français avant tout soucieux de leurs propres problèmes, lui a permis de déployer ses talents d’avocat capable de plaider successivement les causes les plus diverses.

Au lendemain de la mise en scène réussie du meeting de Villepinte (Seine-Saint-Denis), le candidat Sarkozy sature ainsi l’espace médiatique. Une telle surexposition dope généralement, de manière plus ou moins durable, les intentions de vote du candidat qui en bénéficie.

Soulignons que l’enquête de l’Ifop citée plus haut a été réalisée les 11 et 12 mars, dans la foulée du grand rassemblement de l’UMP. Les prochains sondages, qui prendront en compte l’effet de l’émission de TF1, pourraient confirmer la tendance.

Ces observations ne signifient pas que la dynamique qui porte actuellement Sarkozy soit purement conjoncturelle. La stratégie de provocation droitière systématiquement mise en œuvre depuis sa descente dans l’arène électorale produit son effet. En début d’année, le candidat de l’UMP n’était pas simplement menacé de ne décrocher que la seconde place au premier tour de l’élection présidentielle. La forte audience de Marine Le Pen lui faisait courir le risque réel d’une pure et simple élimination.

Pour reprendre la même série d’enquêtes de l’Ifop, seulement quatre points séparaient Sarkozy de Le Pen début janvier. La candidate du FN est descendue de 20 à 16% aujourd’hui tandis que celui de l’UMP grimpait de 24 à 28,5% des intentions de vote. Le « candidat du peuple » autoproclamé a réussi à ramener sur son nom une fraction de l’électorat lepéniste.

Le flanc gauche de Hollande

A gauche, l’évolution est toute autre. Honnête gestionnaire de son patrimoine électoral potentiel, le candidat socialiste a laissé se dégarnir son flanc gauche. Il s’est certes efforcé, à l’occasion, de lancer des signaux dans cette direction comme la fameuse taxation à 75% des revenus supérieurs à un million d’euros par an.

Mais l’électorat de gauche le plus exigeant doute toujours de sa volonté de changer profondément les choses. Selon une habitude désormais bien installée, Hollande a d’ailleurs laissé entendre que des aménagements seraient prévus pour atténuer la douleur de cette tranche de 75% à vocation symbolique, de son propre aveu.

Dans ce contexte, la progression de Jean-Luc Mélenchon est assez logique. Le candidat du Front de Gauche est passé de 7,5% fin janvier à 10% actuellement. Parallèlement, le candidat du PS descendait de 31 à 27%. Une partie de l’érosion du potentiel hollandais vient également de la petite poussée, enregistrée par ce baromètre, de François Bayrou durant cette période.

La stratégie primaire de Sarkozy

L’élection présidentielle française est un sport très particulier qui oblige ses compétiteurs à pratiquer une drôle de gymnastique. Ils doivent mobiliser leur camp au premier tour avant de rassembler les Français au second. Et éviter deux erreurs :

•faire l’impasse sur la première haie, comme l’ont fait Edouard Balladur en 1995 ou Lionel Jospin en 2002 ;

•ou bien trop miser sur cette première étape, comme le fit Jacques Chirac en 1988.

Par sa stratégie « primaire », Sarkozy s’expose à ce risque. Le durcissement de sa campagne sur des thèmes très clivants (chômeurs, immigration, Europe, etc.) rendra difficile le rassemblement d’une majorité absolue d’électeurs sur son nom au second tour. Sa droitisation précipitera dans les bras de Hollande une bonne partie de l’électorat centriste. Pour l’heure, plus nombreux sont les supporters de Bayrou disposés à se reporter sur le candidat socialiste plutôt que sur celui de l’UMP.

Sarkozy peut certes espérer de meilleurs reports de l’électorat lepéniste que ceux que les enquêtes enregistrent aujourd’hui (moins d’un sur deux). Mais les partisans du FN qui n’ont pas été convaincus par un discours droitier dont la crédibilité reste douteuse à leurs yeux risquent fort de bouder jusqu’au dernier moment.

Hollande, candidat de convergence

A l’opposé, la percée de Mélenchon n’est guère dangereuse pour Hollande. Animé d’un solide antisarkozysme, l’électorat de Front de Gauche est d’ores et déjà disposé à se reporter comme un seul homme sur le candidat socialiste au tour décisif.

Celui-ci a certainement intégré cette donnée dans sa stratégie. Il se gardera sans doute d’un « virage gauche » qui aurait l’inconvénient d’indisposer un électorat centriste sur lequel il compte bien pour bâtir sa majorité électorale. Au prix d’innombrables ambiguïtés, Hollande s’emploiera à demeurer un bon candidat de convergence pour le second tour.

Voilà pourquoi le croisement des courbes du premier tour n’a guère d’incidence sur les équilibres du second tour. Hollande est crédité aujourd’hui de 54,5% de intentions de vote alors qu’il se situait à 54% au tout début du mois de janvier.

Réveiller le jeu

Ce fameux croisement de courbes, s’il devait être confirmé, n’en est pas moins une bonne nouvelle pour beaucoup de monde, et notamment pour les journalistes qui ne manqueront pas d’invoquer un suspense nouveau sur l’issue de la bataille présidentielle.

L’UMP retrouvera un moral qui était dramatiquement en berne ces dernières semaines. Sarkozy renouera avec sa fougue d’antan, au risque de se caricaturer lui-même.

Les socialistes eux-mêmes ont tout lieu de se réjouir de cet épisode. Manuel Valls a judicieusement sauté sur l’occasion pour proclamer que « rien n’est fait » et rameuter l’électorat de gauche autour du candidat socialiste. « Nous devons lutter en permanence à gauche contre la dispersion et la démobilisation », a expliqué le directeur de la communication de Hollande.

Nul doute que le PS exploitera ces nouveaux rapports de forces pour regonfler un « vote utile » qui perdait de sa pertinence dès lors que Hollande planait haut dans les sondages.

Faire la course en tête au premier tour n’est évidemment pas un gage de succès. Pour un Président sortant, c’est même la règle générale. Charles de Gaulle en 1965, Valéry Giscard d’Estaing en 1981, François Mitterrand en 1988, Jacques Chirac en 2002 ont tous devancé leurs concurrents lors de la première manche. Sarkozy devient, à cet égard, un Président normal.


Education: Les enfants européens seraient-ils trop bien élevés? (Are European children too well-behaved?)

14 mars, 2012
He said ‘this is American culture,’ and I should get used to it. Christopher Herbon (German exchange student)
When I first came there, I [had] a little bit of disappointment about the place … and I said to myself, ‘Well, you’re here now. You just have to accommodate yourself and….make the best of it and take it. Guillaume Le Mayeur (Belgian exchange student)
 I said, ‘Why not?’ This is America. (…) We have all seen Charlie’s chocolate factory. We thought, ‘This is good.’    (…) We are supposed to be here for cultural exchange and education, but we are just cheap laborers. Harika Duygu Ozer (Turkish exchange student)
I spent some of the worst moments of my life during that exchange. Ignacio Torres Sibaja (Costarican student, about his summer work at Hershey’s Pennsylvania plant)
You wanted a cultural exchange. This is America and this is the way we do things here.  Council for Educational Travel representative (to a Costarican exchange student)
What struck me in England was how extremely patient and gentle English mothers were with their children compared with French parents. They would get upset much less often and never seem to have the great shouty crises we have. But at the table, French children are without doubt much better behaved. It’s remarkable how British children just don’t sit nicely and aren’t taught any respect for people around them. It would be unthinkable to most French parents to inflict their children on other people. (…) French children may be better brought up in the strictest sense, but they grow up to be very individualistic. British children are more open. They may be noisier and less well behaved, but they seem to become much more social and community-minded as adults. Lise Fuccellaro (former French expat in London)
British parents definitely have a different approach. They are much less likely to shout ‘stop’ at their children and more likely to be calm and ask, ‘why did you do that?’ We are more Latin… it’s a case of ‘stop that or you’ll get a smack’. « I often notice I am the only parent shouting at my child in the street.  (…) The biggest difference in bringing up children in France and Britain are the schools. If, for example, a British child is artistic but not so good at maths, everyone says never mind, it will come. In France, the teacher will summon the parents and tell them: your child cannot write and cannot add up, we don’t care about anything else. Whether they are happy, have friends or are kind is an added bonus in the way we educate our children. Juston Bénédicte Juston (French expat languages professor, London)
I was at an English friend’s house and her six-year-old son was thumping the piano as we were trying to speak. His mother said ‘yes that’s lovely, but not so loud’. He just carried on. I said to myself if this was France the child would have been hauled off to another part of the room and made to stop. British parental culture is very relaxed, while we terrorise our children. In the wake of May 68 we were more relaxed and we rejected authority. But my generation saw the damage that lack of limits did to children and how it ultimately caused them problems, so we went back to being authoritarian. We consider our children to be small people, but they are not equal to an adult. They need authority, they need rules and they need to be kept in line. A child is a child and has his place. In France we see authority as a form of affection and believe that a child blossoms because of, not in spite of, that authority. The bottom line is my child can have his own opinion, but it’s me who decides. Bénédicte Lohe-Le Blanc  (French expat teacher, London)
French women are often loth to leave the arena of womanhood and enter that of motherhood. They do not define themselves as mothers and don’t want to be defined as such. For American and British women, motherhood has become such a big event in our lives. It’s amazing that women’s liberation has brought us to this extreme that motherhood is the coolest thing to do in your life. The place of a child in its mother’s mind is much more defined and separate in France. An Anglo-Saxon mother faced with the piano-thumping child would be saying ‘what is my child feeling?’. A French mother would be asking ‘what am I feeling?’. If we empathise too much with our children that it becomes intolerable to punish or limit them, this is terrible for the child. If you believe your main objective is to be liked by your child, you are in big trouble. But we Anglo-Saxon mothers have created a backlash in which smart, accomplished women give up everything and their child becomes ‘the project’. This in turn puts pressure on the child. Bringing up a child successfully is about enabling that child to leave you and go out into the world on their own.  Dr Caroline Thompson (Paris-based child psychologist and family therapist)
In her book French Children Don’t Throw Food, out this month, American mother-of-three Pamela Druckerman, who lives in Paris, asks how the French manage to raise children who, unlike many of their US or British counterparts, sleep through the night at two months, are not picky eaters, do not throw tantrums in the supermarket and go to bed without making a fuss, while their mothers « continue looking so cool and sexy ». « What British parent hasn’t noticed, on visiting France, how well behaved French children are, compared to our own? » ask her publishers, suggesting that « with a notebook stashed in her diaper bag », Druckerman discovers the « secrets to raising a society of good little sleepers, gourmet eaters and reasonably relaxed parents ». That is a bundle of generalisations and stereotypes, but then few things are guaranteed to polarise opinions – and boost sales – as much as how we raise and educate our offspring. Discipline versus encouragement, chastisement versus laissez-faire, a sharp shrill « ça suffit! » (that’s enough!), versus the mollycoddling « now let’s not do that, shall we? » reasoning of the so-called Anglo-Saxon – meaning British or American – mum. And above all, that essential Gallic parenting tool, la fessée, or smacked bottom, versus the British naughty step. It is probably safe to assume that Druckerman’s copious note-taking among « Parisian friends and neighbours » centred on a certain section of what would be described as middle-class families in English or aisé in French. Speaking to mothers who fit that description – as opposed to those struggling to raise families in France’s gritty suburbs – the Observer discovered a general consensus that parents either side of the Channel have a radically different vision of their children and an equally contrasting way of raising them. In France a child is rarely considered an equal, but a small human being ready to be formatted, partly by its parents but mostly by the state education system. It has to be encadré, kept within a clearly and often rigidly defined framework that places disciplines such as manners and mathematics above creativity and expression. A French child who has a tantrum is unlikely to be cut any slack on the grounds that it is expressing itself, is quite likely to be smacked and, if the tantrums continue, packed off to see a child psychologist. The « terrible twos » is not a recognised phenomenon in France. Kim Willsher (The Observer)

Les enfants trop bien élevés feraient-ils des adolescents et des jeunes adultes trop dociles et vulnérables?

Alors qu’après son enquête internationale sur l’adultère …

La journaliste américaine expatriée à Paris Pamela Druckerman semble faire un carton avec son dernier ouvrage sur l’éducation des enfants à la française

Ou, plus précisément peut-être, sur une tradition (plutôt catholique?) de plus grande déférence à l’autorité face à une tradition (plutôt protestante?) de plus grand respect de l’individu …

Et à l’heure où, dépassés par leur propre succès, les programmes d’échange américains pour étudiants étrangers semblent par ailleurs connaitre de sérieux dysfonctionnements

Retour, avec un reportage de la chaine télé américaine WTOP, sur ces adolescents européens qui passent une année dans des familles américaines et qui –  pour ne pas avoir osé dire non? – se retrouvent victimes de harcèlements divers …

Foreign exchange students sexually abused in program overseen by State Department

Anna Schecter

Rock Center

Mar 13, 2012

Dozens of high school foreign exchange students have been raped, sexually abused, or harassed by American host parents in towns and cities across the country, an NBC News investigation has found.

In one of the most egregious cases, at least four exchange students were sexually abused over the course of two years by the same host father, even after the first victim sounded alarms.

“He said ‘this is American culture,’ and I should get used to it,” Christopher Herbon of Germany told NBC News in an exclusive interview to be broadcast Wednesday night on Rock Center.

The organization that placed them with the host father has been accused of orchestrating a cover-up to protect its reputation over the safety of the students.

Every year more than 25,000 teens from around the world come to America as part of a program overseen by the State Department that is hailed as an integral part of U.S. diplomacy.

Most of those teens have a great experience and cases of sexual abuse are rare. But NBC News’ investigation found two major flaws in the system. A lack of oversight can allow sexual predators to take advantage of the program. And when sexual abuse does happen, there is evidence that the students are sent back to their home countries with little or no support from the exchange organizations or the State Department.

There are more than 80 organizations that pay a fee to get the State Department’s stamp of approval as a « designated sponsor organization. » That distinction allows the organizations to place the students with host families for one academic year. Each organization in turn must follow regulations designed to protect the students from harm.

The host families do not receive any compensation, but the students’ parents can pay more than $10,000 for their child’s year abroad. The largest organizations for which there are records take in an average of seven million dollars each year, according to an NBC News review of their Internal Revenue Service filings.

The more students they place, the more revenues for the organizations, and critics say the financial incentives create an environment ripe for abuse.

« These sponsoring agencies make a lot of money for each of these kids. The profit margin is very big, and they’re motivated to get them into some house, somewhere, without the proper vetting. So it’s a perfect storm. It’s sort of abuse waiting to happen, » said attorney Irwin Zalkin, who along with attorney Andrea Leavitt represented Herbon and three other exchange students sexually abused by a host father and local coordinator for one of the organizations.

GUILLAUME’S STORY

In August 2003, the year before Herbon came to the U.S. as an exchange student, 18-year-old Guillaume Le Mayeur of Belgium was excitedly packing for his American adventure.

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Le Mayeur’s parents paid the equivalent of $10,200 for their son’s year abroad. A Belgian agency, World Education program, made the arrangements with an American organization called Educational Resource Development Trust, ERDT.

Le Mayeur was hoping to live in New York or Los Angeles, but instead ERDT placed him in run-down trailer in rural Arkansas. His host father was 34-year old Doyle Meyer.

Meyer, his then wife Gigi, and a former exchange student were sharing the cramped trailer when Le Mayeur moved in.

“When I first came there, I [had] a little bit of disappointment about the place … and I said to myself, ‘Well, you’re here now. You just have to accommodate yourself and….make the best of it and take it,’” Le Mayeur said in an exclusive interview with NBC News’ Rock Center.

Le Mayeur said within a month of his arrival, Meyer started talking about sex, touching and hugging him, and unsuccessfully trying to get him to sleep in his bed with him.

“He would hug me, well, trying to hug me a lot. He would take my hands and he would ask me to lie on his chest when he was watching TV,” he said.

He said Meyer bought alcohol and marijuana for other exchange students living nearby, showed them pornographic films, encouraged them to show him their genitals and once measured a male student’s anatomy with his bare hand.

On an ERDT trip to Washington, D.C., Le Mayeur said Meyer allowed students to videotape two teens having sex, and watched the tape with them.

The students slept two to a bed in a local motel, and Le Mayeur said he was assigned to sleep in the same bed as Meyer, who tried to massage his stomach and touch his genitals. Le Mayeur said he jumped out of the bed.

Once back in Arkansas, Le Mayeur said he tried to report the molestation and Meyer’s irresponsible behavior to his local coordinator, Pat Whitfield. He said he set a time to meet with Whitfield, but she called Meyer and invited him to sit in on the meeting.

“So I couldn’t say anything I wanted [to say]. But they were like best friends and [Meyer] went to talk to her first,” said Le Mayeur.

Le Mayeur said Meyer became intent on having him expelled from the program in order to silence him. He said Meyer reported him to ERDT executives for driving a car (against the program’s rules) and smoking marijuana, both of which Le Mayeur admits.

ERDT did expel Le Mayeur. Back home in Belgium, ashamed and shunned by his own family for being kicked out, he found the courage to write an email to ERDT staff detailing what happened to him and other students and warning them that something must be done to protect other students.

“I think that something must be done to stop that as fast as it is possible…because [one] day or another something bad is going to happen,” Le Mayeur wrote in the email.

ERDT never reported Le Mayeur’s allegations to state authorities or the State Department. Instead the organization launched its own investigation led by staff who later admitted in a 2010 deposition that they had no experience with an investigation of alleged abuse.

“SWEPT UNDER THE RUG”

Plaintiff attorney Andrea Leavitt said ERDT circled the wagons, protecting the reputation of the organization over the safety of the students for whom the organization was responsible.

“There are no disclosures to parents for the children coming in. There are no disclosures to the kids. There are no warnings. Everything is swept under the rug, concealed. Absolutely every parent’s nightmare,” Leavitt said. “They begin to circle the wagons. And rather than protect the vulnerable kid, they start to protect themselves from liability and exposure,” she said.

ERDT executive Kelli Jones wrote to her staff asking for anything “positive” they knew about Doyle Meyer as she was preparing a report for the Belgian exchange company, WEP.

In August of 2004, two months after Le Mayeur sent his email, Jones wrote to her staff saying that Meyer should know that ERDT “went to a lot of work, time, and energy to clear his name and support his good reputation.” She went on to disparage Le Mayeur, writing, “As far as I’m concerned it may not be over with yet. [Le Mayeur] may rear his ugly head again.”

ERDT decided Meyer should not be a host father the following year, but would remain working as a coordinator, whose job it is to supervise students.

According to fellow coordinator Theresa Benevides and host father David Krenn, Meyer was known as a “high placer,” meaning he was able to find an above-average number of families to host students.

“He placed almost 20 kids. He was very valuable to ERDT because he brought in so much money,” Benevides said.

A SECOND ROUND OF ABUSE

During the fall of 2004, Meyer served as 16-year old Christopher Herbon’s coordinator. Herbon said he was unhappy living with an unfriendly elderly couple with no children, isolated in a remote area. He told this to Meyer, and in early 2005 Meyer arranged for the teenager to move in with him. By this time, Meyer had separated from his wife and was living with another current exchange student on the outskirts of Little Rock.

Herbon said Meyer began to give him alcohol and Oxycontin shortly after he arrived. He said Meyer would press him to show him his genitals once he was intoxicated, and even gave him male enhancement pills.

“I was afraid that if I wouldn’t make him happy, he would kick me out, and that I would be sent home. I didn’t want to disappoint my parents. I was very afraid that he would send me home because my parents would be very disappointed,” he said.

In addition to Herbon, Meyer was sexually abusing other exchange students that academic year. When one of them finally told Benevides, she alerted the police and Meyer was arrested in May, 2005.

“KEEP YOUR MOUTH SHUT”

When word got out about the arrest, Benevides said ERDT executives flew to Arkansas and told the local coordinators not to speak about the abuse. She said at a meeting convened in Arkansas, Jones told her, “Keep your mouth shut.”

Meyer pleaded guilty to first degree sexual assault and served four of a six year sentence. When NBC News reached him by phone at his mother’s Arkansas chicken farm, he refused to comment on this story, saying that his parole was almost up and he wanted to move on with his life.

In 2010, attorneys Zalkin and Leavitt filed a civil suit against ERDT on behalf of Le Mayeur, Herbon, and two other students. ERDT settled the case for an undisclosed amount without admitting liability.

Kelli Jones, who has since been promoted to President of ERDT, declined to comment on this story. But in a 2010 deposition, she told Leavitt that she did not consider Le Mayeur’s account of Meyer’s behavior to be sexual abuse, but rather “immature idiotic boy behavior.”

The ERDT regional coordinator who handled the investigation is still in the same job. Whitfield, who was Meyer’s friend and fellow coordinator, was fired. She is now working for another exchange organization hosting and placing students in Arkansas. Whitfield declined to comment on this story.

STATE DEPARTMENT DEFENDS THE PROGRAM

When asked why ERDT is still operational after a case like this, State Department spokesperson Toria Nuland said that ERDT was one of the organizations that helped the Department draft new regulations in recent years to better protect exchange students from abuse.

“They have been complying as we’ve strengthened the regulations with the improved standards, which is why we’ve kept them on our rolls. They themselves were horrified and victimized by this situation,” Nuland said.

In 2009 the State Department asked the Inspector General to investigate Youth Exchange Programs following a series of reports of mistreatment of exchange students.

The Inspector General’s scathing report found “insufficient oversight of the youth exchange programs at all levels.” It said communication among staff “borders on unprofessional,” there was a “lack of human and financial resources” in the office running the programs, and an “erroneous assumption” that the exchange organizations monitor themselves.

Nuland said that as a result, the Department increased staff overseeing the program, dropped a number of organizations from the list of designated sponsors, and implemented new regulations to more thoroughly check out host families.

In addition, Nuland said that before exchange students come to America, they now receive a package of information about their rights, and what they should do if they encounter any problems in the U.S. or problems with the host family.

“We are strengthening the checks on the front end, staying with the kids so intensely during the program,” she said.

The State Department did not have a central log of complaints until the 2009-2010 school year, but issued NBC News its data from the 2010-2011 year that showed sexual abuse or harassment was reported by less than one percent of the total number of high school students who spend a year at an American high school. They said that percentage includes any and all harassment, even if it did not involve a host parent.

“The vast majority of high school foreign exchange students have an enormously gratifying, rich, fantastic American experience that lasts with them for a lifetime,” Nuland said.

But problems in the program persist, and ERDT is not the only organization involved. Rock Center’s investigation found fourteen different organizations where students had alleged being sexually abused or harassed by a host parent. Several of the organizations have faced lawsuits for placing students in harm’s way.

Wednesday’s broadcast will include an interview with a student who says he was sexually abused by his host father this past Christmas.

Nuland said that from Secretary of State Hillary Clinton’s point of view even one child abused under these programs is one child too many.

“Our standard has to be zero tolerance. So to the degree that which we still have cases reported we are not there yet. Are the reforms that we’ve put in place sufficient? I think we need to watch that over the next couple of months and see where it goes. But we are absolutely committed to continuing to tighten these regulations and improve this program until we get to zero.”

Editor’s Note: Kate Snow’s full report, Culture Shock, airs Wednesday, Mar. 14 at 10 pm/9 c on Rock Center with Brian Williams.

Voir aussi:

Do French parents have a certain je ne sais quoi?

In this Feb. 7, 2012 photo, Pamela Druckerman, author of « Bringing Up Bebe, » poses for a picture in New York. The just-published « Bringing Up Bebe » is written by an American who was struck by the good manners of kids in Paris, where she raises her own brood of three. Now she shares her lessons with those of us whose kids, alas, don’t have quite the same je ne sais quoi.

JocelynNovecek

AP National Writer

WTOP

 2/23/2012

NEW YORK (AP) – So you’re visiting someone’s home with your child and hot chocolate is served. As the hostess’s kids sip the delicious concoction politely and silently, your own little dear takes a gulp and promptly spits it back into the mug.

Admit it, parents: Something similar has happened to you.

But for Pamela Druckerman, an American mother in Paris, it wasn’t just an isolated incident. That embarrassing moment with her daughter, Bean – she would have kicked her under the table, but couldn’t be sure which pair of legs were hers – was one of many during her early years as a mother in France: years of fearing her children would act up, melt down, or otherwise commit a serious faux pas at any moment.

Because, as Druckerman explains in her new book, « Bringing Up Bebe, » French children don’t spit into their mugs. They don’t have tantrums in the park, they don’t shun their vegetables, they don’t forget to say « bonjour » or « au revoir, » and they most certainly don’t throw food (in fact, « French Children Don’t Throw Food » is the book’s title in Britain.)

Are children in France born polite? Do they come out of the birth canal saying, « Bonjour, Maman, » and apologizing for the discomfort they’ve just caused?

Clearly not, but Druckerman, a former Wall Street Journal reporter, set out to determine just what French parents are doing right. Boosted by the fact that France and parenting are both subjects people love to talk about, « Bringing Up Bebe, » written in a winningly chatty and humorous style, debuted at No. 8 on The New York Times best-seller list earlier this month and hit No. 1 on The Sunday Times hardback nonfiction list in Britain.

The book has also drawn attention through comparison to Amy Chua’s « Battle Hymn of the Tiger Mother, » last year’s provocative account of Eastern-style parenting. Chua’s book was excerpted in The Wall Street Journal under the title, « Why Chinese Mothers Are Superior, » and Druckerman’s under the headline « Why French Parents Are Superior » _ a phrase that doesn’t sit well with everyone.

« First Tiger Mom. Now, I dunno, Fromage Mom? » Jen Singer wrote recently on her blog, Mommasaid.net. « Nowadays, it appears that everyone is better at parenting than Americans are. »

She added: « Here’s the dirty little secret about their `superior’ parenting philosophies: They’re not about the kids. The so-called French parenting method seems to make life easier for parents who want to socialize. »

In a recent interview at a Manhattan restaurant, Druckerman stresses that she isn’t trying to present the French style as perfection. « I don’t have any magic bullets, » she says. « I was just trying to tell my story. »

Her story is, though, overwhelmingly favorable to the stricter French parenting style, and judging by comments on the Internet, not all American moms disagree.

Kat Gordon, a mother of two sons in Palo Alto, Calif., read the excerpted article and immediately wrote on Facebook, « I smell a best-seller. » She meant it as a compliment.

« It sounds like French mothers are experiencing more joy and feeling less frazzled by parenthood, » Gordon explained in a telephone interview. « That’s something all mothers should want _ if we can get over our defensiveness. »

Gordon recalls an incident when her older son, Henry, was 2 1/2 years old. Her in-laws were over for dinner, but Gordon, who’d worked all day, was being pulled away constantly by Henry, and she felt conflicted and guilty. Her mother-in-law set her straight.

« Henry should always feel that you’re available to him, » her mother-in-law said. « But he shouldn’t feel entitled to you. »

Druckerman touches on just that theme. French mothers, she writes, love their children as much as anyone, but don’t see them as their entire life project, to the exclusion of professional satisfaction, adult leisure time and quality time with a spouse.

« If your child is your only goal in life, it’s not good for the child, » one French mother tells her. « Guilt is a trap, » says another.

Druckerman writes about how many French babies, at an extremely young age, sleep through the night, thanks to La Pause: Parents wait a bit when the baby fusses. Maybe the baby can sort it out alone.

This helps with more than sleep, Druckerman says: It’s also a crucial building block to developing patience. « I had always assumed that some kids were good at waiting, and others weren’t, » she said in the interview. « I didn’t realize one could teach a child to wait. »

Similarly, Druckerman always assumed some kids were picky eaters and others weren’t. But the French, she discovered, simply teach their children to appreciate adult tastes, from their first year.

Forget chicken nuggets. The author attends a planning meeting for meals in Paris creches, or daycare centers, and it sounds like a morning meeting at a Michelin-starred restaurant: Four-course meals are de rigueur for 3-year-olds, with perhaps a fish in dill sauce, a side of organic potatoes « a l’anglaise » and a cheese course, bien sur, before dessert.

But that doesn’t explain why French children, according to Druckerman, so rarely have tantrums, at least in public. She explains that they’re given a strict cadre _ literally, a frame – to guide them. A nonnegotiable: saying « bonjour » and « au revoir. » It’s not mere politeness, but a way of acknowledging the world doesn’t revolve around them.

To one fellow American mother in Paris, it all sounds good, but doesn’t quite work that way.

Elizabeth Brahy, a mom of two who’s lived in France for 17 years, thinks French children only seem better behaved because their parents are very strict with them – sometimes overly so. But when away from adults, she says, they’re not nearly the same.

« They toe the line when they’re with their parents, » she says, essentially because they are scared of getting in trouble. « But away from them, they’re worse behaved than American kids. »

And where Druckerman admires how French parents stay at the perimeter of the playground while their kids play independently, Brahy sees something different: « You go to the park, and you see these kids running wild, pushing and shoving and stealing toys, and no one is disciplining them. »

It’s not all negative. « The things that work really work, » Brahy says. For example: « It’s healthy that parents here have lives apart from being parents. In America, parents put their kids first and live by the kids’ rhythms. »

Ami Salk agrees. A mother of three children who has been in Paris for 23 years and teaches professional writing to corporate employees, Salk feels confident saying something many American moms wouldn’t: « My kids are important, but they’re not more important than me. I also don’t think they’re more important than my relationship. »

Salk recently brought her three kids to the United States for a summer visit. She was appalled at the behavior of some American children she encountered _ some who never said « hello » or acknowledged her presence.

« They never took off their headphones, » she says. American kids, she observed, also tend to snack all day – something that doesn’t happen in France. Then they’re not hungry at mealtime.

On the other hand, she says, « Everyone thought my kids were great. They said `hello’ when introduced. They said `goodbye’ when they left. They ate almost everything. Address them, and they responded. »

What it comes down to, Salk says, is really a contrast between a traditional parenting style _ one that she had as a child in the U.S. in the 1960s _ and a modern one, that has in some ways gone awry.

Druckerman would agree wholeheartedly. One of her favorite bits of feedback, she says, came from a mother in England, who said that she’d been feeling guilty about her occasional trips alone to get her hair done.

« She wrote that my book had freed her, » Druckerman says.

« That made me cry. »

Voir de plus:

L’éducation à la française, enviée outre-Atlantique

Les anglo-saxonnes vont finir par nous détester: après French women don’t get fat (les Françaises ne grossissent pas) ou French women don’t sleep alone (les Françaises ne dorment pas seules), un nouveau livre sort fin janvier en Grande-Bretagne et mi-février aux Etats-Unis, intitulé French children don’t throw food (les enfants français ne jettent pas leur nourriture), comme quoi il n’y a pas que les mères chinoises qui ont leur livre.

Pamela Druckerman, une journaliste américaine qui vit avec son mari et ses enfants depuis plusieurs années à Paris, y raconte ses difficultés de mère face à la simplicité apparente avec laquelle les Françaises élèvent leurs enfants: tous ceux qu’elle connait «font leurs nuit à partir de deux ou trois mois alors que ceux de ses amis américains mettent un an ou plus à y arriver. Les enfants français mangent des repas complets qui ont plus tendance à inclure des poireaux braisés que des nuggets de poulet. Et alors que ses amies américaines passent leur temps à résoudre les petites disputes entre leurs enfants, ses amies françaises sirotent leur café pendant que leurs enfants jouent», détaille la 4e de couverture.

Comme le résume de façon humoristique The Observer, voici les règles de l’éducation à la française selon ce livre:

•Mettre son enfant à la crèche de ses trois mois à ses trois ans 12 heures par jour, cinq jours par semaine, et retourner au travail. Il apprendra à être à la fois indépendant et sociable.

•Apprendre à son enfant à dire «bonjour» à chaque fois qu’il voit un membre de la famille ou un ami («Un enfant qui ne dit pas bonjour est considéré comme un sauvage»), et à tendre la joue pour une bise quand on leur demande «même de personnes qu’ils ne connaissent pas».

•Le repas est sacrosaint. «Toute main non utilisée doit être posée à plat sur la table. On ne crie PAS. On ne sort PAS de table sans demander. On ne balance absolument PAS de nourriture, spécialement de pain, qui a une importance quasi-religieuse».

•«Ça suffit! est l’arme la plus efficace de l’arsenal parental français […] Neuf fois sur dix ça met terme à une dispute, des plaintes ou un mauvais comportement», là où les anglo-saxons se contentent d’un «ça serait bien d’arrêter de faire ça, non?». Et la fessée le dernier recours, pour les quelques rares occasions où le «ça suffit» ne fonctionne pas.

Le journal a parlé avec une Française qui vit à Londres avec ses enfants et son mari, et pense elle aussi que les parents britanniques sont trop laxistes avec leurs enfants:

«J’étais chez une amie anglaise et son fils de 6 ans faisait résonner très fort le piano alors que nous essayions de parler. Sa mère a dit « Oui c’est très joli, mais moins fort », et il a juste continué. Je me suis dit qu’en France l’enfant aurait été trimballé à un autre bout de la pièce et forcé d’arrêter. La culture parentale britannique est très relax, alors que nous terrorisons nos enfants.»

Pour Docteur Caroline Thompson, une psychologue pour enfant basée à Paris mais née aux Etats-Unis et dont le père est anglais, les différences d’éducation viennent principalement de la façon dont les mères se voient:

«Les femmes françaises ne se définissent pas comme des mères, et ne veulent pas être définies comme telles. Pour les femmes américaines et britanniques, la maternité est devenue un évènement si important dans nos vies. […] Face à son enfant qui tape sur un piano, une mère anglo-saxon se dirait « qu’est-ce que mon enfant ressent? » là où une mère française se demanderait « qu’est-ce que je ressens? »»

The Observer note que l’auteure a pris ses notes principalement sur «une certaine section de ce qu’on décrirait comme des familles de classe moyenne en anglais, ou des familles aisées en français», et pas à des familles pauvres qui ont du mal à élever leurs enfants, et qu’il est plein de généralisations et de stéréotypes.

Mais la thèse de Pamela Druckman ne repose pas non plus sur rien: une étude de mars 2010 a notamment montré que les mères de Colombus, dans l’Ohio aux Etats-Unis, trouvaient la maternité bien moins plaisante que les mères de Rennes.

Voir encore:

The parenting gap: why French mothers prefer to use the firm smack of authority

As a new book asks why French children don’t have tantrums, Kim Willsher, who has raised her own children in Paris, looks at contrasting views of family life

Kim Willsher

The Observer

1 January 2012

First British women came under attack for being chubbier and less chic than their stylish Gallic sisters. Now another critical salvo has been fired across the Channel, this time over our ability to bring up well-behaved children.

Forget the euro crisis. This latest attack in the entente discordiale strikes at the heart of parental angst and highlights a fundamental gulf in parenting philosophy between the British and French.

It also taps into the British self-flagellation previously aired in the 2004 dieting tome French Women Don’t Get Fat.

In her book French Children Don’t Throw Food, out this month, American mother-of-three Pamela Druckerman, who lives in Paris, asks how the French manage to raise children who, unlike many of their US or British counterparts, sleep through the night at two months, are not picky eaters, do not throw tantrums in the supermarket and go to bed without making a fuss, while their mothers « continue looking so cool and sexy ».

« What British parent hasn’t noticed, on visiting France, how well behaved French children are, compared to our own? » ask her publishers, suggesting that « with a notebook stashed in her diaper bag », Druckerman discovers the « secrets to raising a society of good little sleepers, gourmet eaters and reasonably relaxed parents ».

That is a bundle of generalisations and stereotypes, but then few things are guaranteed to polarise opinions – and boost sales – as much as how we raise and educate our offspring.

Discipline versus encouragement, chastisement versus laissez-faire, a sharp shrill « ça suffit! » (that’s enough!), versus the mollycoddling « now let’s not do that, shall we? » reasoning of the so-called Anglo-Saxon – meaning British or American – mum. And above all, that essential Gallic parenting tool, la fessée, or smacked bottom, versus the British naughty step.

It is probably safe to assume that Druckerman’s copious note-taking among « Parisian friends and neighbours » centred on a certain section of what would be described as middle-class families in English or aisé in French. Speaking to mothers who fit that description – as opposed to those struggling to raise families in France’s gritty suburbs – the Observer discovered a general consensus that parents either side of the Channel have a radically different vision of their children and an equally contrasting way of raising them.

In France a child is rarely considered an equal, but a small human being ready to be formatted, partly by its parents but mostly by the state education system. It has to be encadré, kept within a clearly and often rigidly defined framework that places disciplines such as manners and mathematics above creativity and expression.

A French child who has a tantrum is unlikely to be cut any slack on the grounds that it is expressing itself, is quite likely to be smacked and, if the tantrums continue, packed off to see a child psychologist. The « terrible twos » is not a recognised phenomenon in France.

Lise Fuccellaro, mother of four children aged eight, 12, 14 and 16, lived in England for seven years before returning to the Paris region.

« What struck me in England was how extremely patient and gentle English mothers were with their children compared with French parents, » she said.

« They would get upset much less often and never seem to have the great shouty crises we have. But at the table, French children are without doubt much better behaved. It’s remarkable how British children just don’t sit nicely and aren’t taught any respect for people around them. It would be unthinkable to most French parents to inflict their children on other people. »

Bénédicte Juston, 37, a French languages professor, who lives in west London with her three boys aged six, eight and 10, agrees: « British parents definitely have a different approach. They are much less likely to shout ‘stop’ at their children and more likely to be calm and ask, ‘why did you do that?’ We are more Latin… it’s a case of ‘stop that or you’ll get a smack’.

« I often notice I am the only parent shouting at my child in the street. »

In France, British expat parents are often dismayed at the stifling rigidity of French schools, in which learning by rote is more important than learning to reason, where creativity is strangled by conformity and where what a child has to say is less important than doing so with impeccable grammar and writing.

Friends in London admire our children’s faultless script – they learn to use fountain pens in the first year of primary school – but are horrified when told that the neighbours’ six-year-old was declared « nul » – useless – by his teacher and marked down, even when giving the correct answer, because their ornate, loopy, joined-up handwriting was not up to scratch.

« You couldn’t do that over here. The parents would be up to the school complaining about the teacher in a flash, » said one British friend.

Juston added: « The biggest difference in bringing up children in France and Britain are the schools. If, for example, a British child is artistic but not so good at maths, everyone says never mind, it will come. In France, the teacher will summon the parents and tell them: your child cannot write and cannot add up, we don’t care about anything else.

« Whether they are happy, have friends or are kind is an added bonus in the way we educate our children. »

Druckerman makes a great deal of how French children are taught to be better behaved in public and social situations. Passengers on the Eurostar can often identify a child’s nationality without hearing them speak. You can more or less bet the one running up and down the carriage screaming his head off will not be French.

Bénédicte Lohe-Le Blanc, 38, a teacher originally from Brittany, and her husband Vincent, 39, live with their three children, Sten, 11, Yaelle, nine, and Kenan, six, in west London. She believes British parents are lax with their children.

« I was at an English friend’s house and her six-year-old son was thumping the piano as we were trying to speak. His mother said ‘yes that’s lovely, but not so loud’. He just carried on. I said to myself if this was France the child would have been hauled off to another part of the room and made to stop. British parental culture is very relaxed, while we terrorise our children. »

She is convinced this is a backlash from the laissez-faire attitudes that prevailed in France after the May 1968 student riots, that brought a form of the swinging 60s to French society.

« In the wake of May 68 we were more relaxed and we rejected authority. But my generation saw the damage that lack of limits did to children and how it ultimately caused them problems, so we went back to being authoritarian. »

She added: « We consider our children to be small people, but they are not equal to an adult. They need authority, they need rules and they need to be kept in line. A child is a child and has his place. In France we see authority as a form of affection and believe that a child blossoms because of, not in spite of, that authority. The bottom line is my child can have his own opinion, but it’s me who decides. »

French mothers often have a greater sense of detachment from their children, says Dr Caroline Thompson, a Paris-based child psychologist and family therapist who grew up in America until the age of eight and has a British father. She believes differences in parenting are largely down to the difference in how the mothers view themselves.

« French women are often loth to leave the arena of womanhood and enter that of motherhood. They do not define themselves as mothers and don’t want to be defined as such. For American and British women, motherhood has become such a big event in our lives. It’s amazing that women’s liberation has brought us to this extreme that motherhood is the coolest thing to do in your life.

« The place of a child in its mother’s mind is much more defined and separate in France. An Anglo-Saxon mother faced with the piano-thumping child would be saying ‘what is my child feeling?’. A French mother would be asking ‘what am I feeling?’. If we empathise too much with our children that it becomes intolerable to punish or limit them, this is terrible for the child. If you believe your main objective is to be liked by your child, you are in big trouble. »

« But we Anglo-Saxon mothers have created a backlash in which smart, accomplished women give up everything and their child becomes ‘the project’. This in turn puts pressure on the child. Bringing up a child successfully is about enabling that child to leave you and go out into the world on their own. »

Lise Fuccellaro believes British children may be less disciplined than their French cousins, but says they often grow up to be nicer adults: « French children may be better brought up in the strictest sense, but they grow up to be very individualistic, » she said.

« British children are more open. They may be noisier and less well behaved, but they seem to become much more social and community-minded as adults. »

THE GALLIC GUIDE TO CHILD REARING

■ Put your child aged from three months to three years into the local state-run creche for up to 12 hours a day, five days a week, and return to work. It is cheap (an individual or family with an income of €3,000 a month will pay around €1.80 an hour) and the child will learn to be both independent and sociable.

■ Instruct your child to say « bonjour » every time they meet family and friends. They should also present their face to give and receive « bises » (pecks on the cheek) when prompted, even to strangers. The same applies to an « au revoir » when someone leaves. A child who does not say « bonjour » is considered virtually a savage.

■ The dining table is sacrosanct. Any hand not in use must be placed flat on the table. NO shouting. NO getting down from the table without asking. Absolutely NO throwing food, particularly bread which has a quasi-religious significance. French children are encouraged to eat a wide variety of food from an early age at home and at school, where packed lunches are not allowed. Love of things like garlic, frogs’ legs and Camembert must be largely genetic.

■ Ça suffit! (That’s enough!) the single most effective weapon in the French parent’s arsenal. Said loudly and curtly with the emphasis on the ‘ça’. Usually follows an ‘arrête!’ (stop!). Nine times out of 10 it cuts short any arguments, whining or bad behaviour.

■ « La Fessée » or smacked bottom. On the rare occasions ‘ça suffit!’ fails, and they are rare, French parents will not hesitate to employ a sharp slap to the rear or leg. French children become so used to this, they hardly ever cry and have learned a subtle body swerve to lessen the impact. Particularly strict grandmothers may prefer to pinch an ear.

Voir enfin:

Why French Parents Are Superior

While Americans fret over modern parenthood, the French are raising happy, well-behaved children without all the anxiety. Pamela Druckerman on the Gallic secrets for avoiding tantrums, teaching patience and saying ‘non’ with authority.

By PAMELA DRUCKERMAN

BRINGING UP BEBE

Emmanuel Fradin

The Wall Street Journal

February 4, 2012

Pamela Druckerman’s new book « Bringing Up Bebe, » catalogs her observations about why French children seem so much better behaved than their American counterparts.

When my daughter was 18 months old, my husband and I decided to take her on a little summer holiday. We picked a coastal town that’s a few hours by train from Paris, where we were living (I’m American, he’s British), and booked a hotel room with a crib. Bean, as we call her, was our only child at this point, so forgive us for thinking: How hard could it be?

We ate breakfast at the hotel, but we had to eat lunch and dinner at the little seafood restaurants around the old port. We quickly discovered that having two restaurant meals a day with a toddler deserved to be its own circle of hell.

Bean would take a brief interest in the food, but within a few minutes she was spilling salt shakers and tearing apart sugar packets. Then she demanded to be sprung from her high chair so she could dash around the restaurant and bolt dangerously toward the docks.

Pamela Druckerman’s new book « Bringing Up Bebe, » catalogs her observations about why French children seem so much better behaved than their American counterparts. She talks with WSJ’s Gary Rosen about the lessons of French parenting techniques.

Our strategy was to finish the meal quickly. We ordered while being seated, then begged the server to rush out some bread and bring us our appetizers and main courses at the same time. While my husband took a few bites of fish, I made sure that Bean didn’t get kicked by a waiter or lost at sea. Then we switched. We left enormous, apologetic tips to compensate for the arc of torn napkins and calamari around our table.

After a few more harrowing restaurant visits, I started noticing that the French families around us didn’t look like they were sharing our mealtime agony. Weirdly, they looked like they were on vacation. French toddlers were sitting contentedly in their high chairs, waiting for their food, or eating fish and even vegetables. There was no shrieking or whining. And there was no debris around their tables.

Though by that time I’d lived in France for a few years, I couldn’t explain this. And once I started thinking about French parenting, I realized it wasn’t just mealtime that was different. I suddenly had lots of questions. Why was it, for example, that in the hundreds of hours I’d clocked at French playgrounds, I’d never seen a child (except my own) throw a temper tantrum? Why didn’t my French friends ever need to rush off the phone because their kids were demanding something? Why hadn’t their living rooms been taken over by teepees and toy kitchens, the way ours had?

French Lessons

Children should say hello, goodbye, thank you and please. It helps them to learn that they aren’t the only ones with feelings and needs.

When they misbehave, give them the « big eyes »—a stern look of admonishment.

Allow only one snack a day. In France, it’s at 4 or 4:30.

Remind them (and yourself) who’s the boss. French parents say, « It’s me who decides. »

Don’t be afraid to say « no. » Kids have to learn how to cope with some frustration.

Soon it became clear to me that quietly and en masse, French parents were achieving outcomes that created a whole different atmosphere for family life. When American families visited our home, the parents usually spent much of the visit refereeing their kids’ spats, helping their toddlers do laps around the kitchen island, or getting down on the floor to build Lego villages. When French friends visited, by contrast, the grownups had coffee and the children played happily by themselves.

By the end of our ruined beach holiday, I decided to figure out what French parents were doing differently. Why didn’t French children throw food? And why weren’t their parents shouting? Could I change my wiring and get the same results with my own offspring?

Driven partly by maternal desperation, I have spent the last several years investigating French parenting. And now, with Bean 6 years old and twins who are 3, I can tell you this: The French aren’t perfect, but they have some parenting secrets that really do work.

I first realized I was on to something when I discovered a 2009 study, led by economists at Princeton, comparing the child-care experiences of similarly situated mothers in Columbus, Ohio, and Rennes, France. The researchers found that American moms considered it more than twice as unpleasant to deal with their kids. In a different study by the same economists, working mothers in Texas said that even housework was more pleasant than child care.

Rest assured, I certainly don’t suffer from a pro-France bias. Au contraire, I’m not even sure that I like living here. I certainly don’t want my kids growing up to become sniffy Parisians.

But for all its problems, France is the perfect foil for the current problems in American parenting. Middle-class French parents (I didn’t follow the very rich or poor) have values that look familiar to me. They are zealous about talking to their kids, showing them nature and reading them lots of books. They take them to tennis lessons, painting classes and interactive science museums.

Yet the French have managed to be involved with their families without becoming obsessive. They assume that even good parents aren’t at the constant service of their children, and that there is no need to feel guilty about this. « For me, the evenings are for the parents, » one Parisian mother told me. « My daughter can be with us if she wants, but it’s adult time. » French parents want their kids to be stimulated, but not all the time. While some American toddlers are getting Mandarin tutors and preliteracy training, French kids are—by design—toddling around by themselves.

I’m hardly the first to point out that middle-class America has a parenting problem. This problem has been painstakingly diagnosed, critiqued and named: overparenting, hyperparenting, helicopter parenting, and my personal favorite, the kindergarchy. Nobody seems to like the relentless, unhappy pace of American parenting, least of all parents themselves.

Of course, the French have all kinds of public services that help to make having kids more appealing and less stressful. Parents don’t have to pay for preschool, worry about health insurance or save for college. Many get monthly cash allotments—wired directly into their bank accounts—just for having kids.

But these public services don’t explain all of the differences. The French, I found, seem to have a whole different framework for raising kids. When I asked French parents how they disciplined their children, it took them a few beats just to understand what I meant. « Ah, you mean how do we educate them? » they asked. « Discipline, » I soon realized, is a narrow, seldom-used notion that deals with punishment. Whereas « educating » (which has nothing to do with school) is something they imagined themselves to be doing all the time.

One of the keys to this education is the simple act of learning how to wait. It is why the French babies I meet mostly sleep through the night from two or three months old. Their parents don’t pick them up the second they start crying, allowing the babies to learn how to fall back asleep. It is also why French toddlers will sit happily at a restaurant. Rather than snacking all day like American children, they mostly have to wait until mealtime to eat. (French kids consistently have three meals a day and one snack around 4 p.m.)

One Saturday I visited Delphine Porcher, a pretty labor lawyer in her mid-30s who lives with her family in the suburbs east of Paris. When I arrived, her husband was working on his laptop in the living room, while 1-year-old Aubane napped nearby. Pauline, their 3-year-old, was sitting at the kitchen table, completely absorbed in the task of plopping cupcake batter into little wrappers. She somehow resisted the temptation to eat the batter.

Delphine said that she never set out specifically to teach her kids patience. But her family’s daily rituals are an ongoing apprenticeship in how to delay gratification. Delphine said that she sometimes bought Pauline candy. (Bonbons are on display in most bakeries.) But Pauline wasn’t allowed to eat the candy until that day’s snack, even if it meant waiting many hours.

When Pauline tried to interrupt our conversation, Delphine said, « Just wait two minutes, my little one. I’m in the middle of talking. » It was both very polite and very firm. I was struck both by how sweetly Delphine said it and by how certain she seemed that Pauline would obey her. Delphine was also teaching her kids a related skill: learning to play by themselves. « The most important thing is that he learns to be happy by himself, » she said of her son, Aubane.

It’s a skill that French mothers explicitly try to cultivate in their kids more than American mothers do. In a 2004 study on the parenting beliefs of college-educated mothers in the U.S. and France, the American moms said that encouraging one’s child to play alone was of average importance. But the French moms said it was very important.

Later, I emailed Walter Mischel, the world’s leading expert on how children learn to delay gratification. As it happened, Mr. Mischel, 80 years old and a professor of psychology at Columbia University, was in Paris, staying at his longtime girlfriend’s apartment. He agreed to meet me for coffee.

Mr. Mischel is most famous for devising the « marshmallow test » in the late 1960s when he was at Stanford. In it, an experimenter leads a 4- or 5-year-old into a room where there is a marshmallow on a table. The experimenter tells the child he’s going to leave the room for a little while, and that if the child doesn’t eat the marshmallow until he comes back, he’ll be rewarded with two marshmallows. If he eats the marshmallow, he’ll get only that one.

Most kids could only wait about 30 seconds. Only one in three resisted for the full 15 minutes that the experimenter was away. The trick, the researchers found, was that the good delayers were able to distract themselves.

Following up in the mid-1980s, Mr. Mischel and his colleagues found that the good delayers were better at concentrating and reasoning, and didn’t « tend to go to pieces under stress, » as their report said.

Could it be that teaching children how to delay gratification—as middle-class French parents do—actually makes them calmer and more resilient? Might this partly explain why middle-class American kids, who are in general more used to getting what they want right away, so often fall apart under stress?

Mr. Mischel, who is originally from Vienna, hasn’t performed the marshmallow test on French children. But as a longtime observer of France, he said that he was struck by the difference between French and American kids. In the U.S., he said, « certainly the impression one has is that self-control has gotten increasingly difficult for kids. »

American parents want their kids to be patient, of course. We encourage our kids to share, to wait their turn, to set the table and to practice the piano. But patience isn’t a skill that we hone quite as assiduously as French parents do. We tend to view whether kids are good at waiting as a matter of temperament. In our view, parents either luck out and get a child who waits well or they don’t.

French parents and caregivers find it hard to believe that we are so laissez-faire about this crucial ability. When I mentioned the topic at a dinner party in Paris, my French host launched into a story about the year he lived in Southern California.

He and his wife had befriended an American couple and decided to spend a weekend away with them in Santa Barbara. It was the first time they’d met each other’s kids, who ranged in age from about 7 to 15. Years later, they still remember how the American kids frequently interrupted the adults in midsentence. And there were no fixed mealtimes; the American kids just went to the refrigerator and took food whenever they wanted. To the French couple, it seemed like the American kids were in charge.

« What struck us, and bothered us, was that the parents never said ‘no,’  » the husband said. The children did « n’importe quoi, » his wife added.

After a while, it struck me that most French descriptions of American kids include this phrase « n’importe quoi, » meaning « whatever » or « anything they like. » It suggests that the American kids don’t have firm boundaries, that their parents lack authority, and that anything goes. It’s the antithesis of the French ideal of the cadre, or frame, that French parents often talk about. Cadre means that kids have very firm limits about certain things—that’s the frame—and that the parents strictly enforce these. But inside the cadre, French parents entrust their kids with quite a lot of freedom and autonomy.

Authority is one of the most impressive parts of French parenting—and perhaps the toughest one to master. Many French parents I meet have an easy, calm authority with their children that I can only envy. Their kids actually listen to them. French children aren’t constantly dashing off, talking back, or engaging in prolonged negotiations.

One Sunday morning at the park, my neighbor Frédérique witnessed me trying to cope with my son Leo, who was then 2 years old. Leo did everything quickly, and when I went to the park with him, I was in constant motion, too. He seemed to regard the gates around play areas as merely an invitation to exit.

Frédérique had recently adopted a beautiful redheaded 3-year-old from a Russian orphanage. At the time of our outing, she had been a mother for all of three months. Yet just by virtue of being French, she already had a whole different vision of authority than I did—what was possible and pas possible.

Frédérique and I were sitting at the perimeter of the sandbox, trying to talk. But Leo kept dashing outside the gate surrounding the sandbox. Each time, I got up to chase him, scold him, and drag him back while he screamed. At first, Frédérique watched this little ritual in silence. Then, without any condescension, she said that if I was running after Leo all the time, we wouldn’t be able to indulge in the small pleasure of sitting and chatting for a few minutes.

« That’s true, » I said. « But what can I do? » Frédérique said I should be sterner with Leo. In my mind, spending the afternoon chasing Leo was inevitable. In her mind, it was pas possible.

I pointed out that I’d been scolding Leo for the last 20 minutes. Frédérique smiled. She said that I needed to make my « no » stronger and to really believe in it. The next time Leo tried to run outside the gate, I said « no » more sharply than usual. He left anyway. I followed and dragged him back. « You see? » I said. « It’s not possible. »

Frédérique smiled again and told me not to shout but rather to speak with more conviction. I was scared that I would terrify him. « Don’t worry, » Frederique said, urging me on.

Leo didn’t listen the next time either. But I gradually felt my « nos » coming from a more convincing place. They weren’t louder, but they were more self-assured. By the fourth try, when I was finally brimming with conviction, Leo approached the gate but—miraculously—didn’t open it. He looked back and eyed me warily. I widened my eyes and tried to look disapproving.

After about 10 minutes, Leo stopped trying to leave altogether. He seemed to forget about the gate and just played in the sandbox with the other kids. Soon Frédérique and I were chatting, with our legs stretched out in front of us. I was shocked that Leo suddenly viewed me as an authority figure.

« See that, » Frédérique said, not gloating. « It was your tone of voice. » She pointed out that Leo didn’t appear to be traumatized. For the moment—and possibly for the first time ever—he actually seemed like a French child.

—Adapted from « Bringing Up Bébé: One American Mother Discovers the Wisdom of French Parenting, » to be published Tuesday by the Penguin Press.


Présidentielle 2012: Attention, une image peut en cacher une autre (You can’t have free immigration and a welfare state, stupid)

14 mars, 2012
« Nicolas Le Pen » titre de l’article du conservateur Wall Street Journal de ce jour. Une violente charge qui en dit long sur son image. Jean-Jacques Urvoas (spécialiste des questions de sécurité et de police au sein de l’équipe de François Hollande)
Qu’un tel journal, dont les idées sont à ce point ancrées à droite, qui est l’un des plus sérieux journaux du monde, fustige en termes aussi durs le comportement du candidat président en dit long sur la perception de sa campagne à l’étranger. Paul Giaccobi (député PRG)
La croissance économique de la France ralentit, le chômage augmente, la Grèce menace toujours de faire faillite, et l’euro, déstabilisé par la crise mais un peu plus rassurant ces derniers temps, n’est toujours pas sorti de sa crise existentielle. Malgré cette liste de graves problèmes qui inquiètent les électeurs français à l’approche de la présidentielle, le Président en campagne Nicolas Sarkozy a déclaré cette semaine que le premier sujet de préoccupation des Français, c’est la viande halal. Ha bon? (…) Peu importent les sondages qui montrent que les problèmes économiques et le chômage sont bien plus importants aux yeux de l’opinion dans le choix du prochain dirigeant, Sarkozy a même déclaré mardi soir que le vrai problème de la France est que « nous avons trop d’étrangers ». Son père, immigré hongrois, est prévenu. […] Beaucoup de commentateurs interprètent ce rapprochement avec les positions de l’extrême-droite comme une tentative cynique et désespérée d’attirer de nouveaux partisans dans sa difficile campagne. Mais si cette stratégie a peut-être été vitale à sa victoire de 2007, elle ne semble pas suffire à retourner une situation mal embarquée en 2012. Bruce Crumley (« La xénophobie de Sarkozy: le Président français flatte l’extrême droite », Time, 08.03.12)
Nicolas Sarkozy, qui aime se faire appeler Sarko l’Américain, flatte de dangereuses passions anti-immigrées pour son gain politique à court terme. The NYT
Do progressives, the champions of federal government authority in other areas of labor law, really want to join the black-helicopter right in arguing that Barbara Jordan, Harry Reid and Charles Schumer have sought to turn America into a police state? Do liberals, by opposing workplace raids, really want to be on the side of meat-packing companies and union-busting janitorial firms that violate hard-won labor laws? If progressives really believe that the U.S. should become the only sovereign country in the world that does not assert the right to regulate entry to its territory and participation in its labor markets, they should team up with the only other tiny sect in America that believes in open borders: right-wing libertarians. After all, calculating that a massive influx of poor workers would force wages down and destroy voter support for the welfare state, the late Wall Street Journal editor Robert Bartley periodically called for a constitutional amendment of five words: “There shall be open borders.” Michael Lind
On ne peut avoir simultanément une immigration sans restriction et un État-providence. Milton Friedman
I’ve also been predicting that the euro would never happen. I’m still not sure I’m wrong. The costs have been enormous. To preserve the link between the franc and the deutsche mark, the French had to adopt tight monetary and fiscal policy. They got double-digit unemployment and recession. Britain and Italy floated and have prospered. (…)  For strictly noble political purposes. Mitterrand and Kohl believed that they were the last leaders of their countries to experience World War II. They were determined to set up a system in which World War II could not happen again. And they were willing to pay an enormous economic price. (…) They’re going at political unification backward. I am still not willing to bet my life that the euro will come into existence. I think there’s still a substantial chance that between now and then the whole thing will break down. [the will of Europe’s political elite to do this is] Phenomenal. The people are opposed to it. And who is being stupid in all of this, in my opinion, is the business community in Europe. It’s not going to benefit from the euro. It’s going to be harmed by it. (…) Because the euro will lead to a less prosperous Europe. For example, Spain is hit by something. It can’t adjust by having its exchange rate fall; it’s going to adjust by rules, by regulations, by more control. (…) But who knows what’s going to happen if they go to the euro? There could be a real donnybrook in Europe. (…) I don’t think the nation-state is dead. All attempts to depart from the nation-state have so far been complete disasters. (…) [the Wall Street Journal] They’ve just got an idée fixe about it. Like they’ve got on immigration. It’s just obvious that you can’t have free immigration and a welfare state. Milton Fridman (1997)
Undoubtedly access to lower-wage foreign workers has a depressing effect [on wages].  Robert Reich
While most open-border libertarians proclaim a desire to dismantle both borders and the welfare state, in practice what they offer is open borders today and a vague (and almost certainly illusory) promise to end the welfare state in the indefinite future. As Milton Friedman understood, open-border enthusiasts have the sequence wrong: Opening borders with the redistributionist state still intact will result in a larger and more confiscatory government. Robert Rector
L’immigration permet aux nationaux de grimper dans l’échelle des professions et d’aller vers des métiers mieux rémunérés. Javier Ortega et Gregory Verdugo
Dans un pays marqué par les rigidités salariales, comme la France, on s’attendrait à un effet moindre sur les salaires et un effet à la hausse sur le chômage. Gilles Saint-Paul
Une augmentation du nombre d’immigrés correspondant à 1% de la force de travail totale réduit de 1,2% le salaire des moins qualifiés. Altonji et Card (cité par le rapport du CAE de juin 2009)
Maurice Allais pose la question de savoir « combien coûte un passager monté à Calais dans le train pour Paris ? ». Un contrôleur estimera que la consommation de ressources supplémentaires n’est pas vraiment chiffrable, et sera tenté de répondre presque rien (coût marginal nul). Le chef de train sera plus mesuré : si soixante passagers font comme lui, il faut ajouter une voiture au train. Il sera donc tenté d’imputer 1/60e du coût de la voiture pendant le temps du transport. Le chef de ligne ne l’entend pas de cette oreille : on ne peut pas ajouter indéfiniment des voitures à un train, et au bout de 20 voitures il faut doubler celui-ci. Il souhaite donc imputer pour sa part, en plus du 1/60e de voiture précédent, 1/1 200e du prix de la motrice et du salaire de son conducteur. Le chef de réseau n’est pas du tout d’accord : on ne peut pas multiplier ainsi les trains sans risque sur une même voie, et à partir de 50 trains par jour il est obligé de doubler la voie. Il ajoute donc pour sa part 1/120 000e du coût de la voie (toujours rapporté au temps du transport). Maurice Allais montre ainsi que par approximations successives on arrive à ce que doit être le coût minimal du billet pour que la compagnie ferroviaire ne se retrouve jamais dans une impasse. Cet exemple lui est associé sous le nom de métaphore du voyageur de Calais, qui illustre qu’on ne peut jamais à proprement parler du coût d’un bien ou d’un service, mais qu’il est plus exact de parler de coût d’une décision en indiquant à quel niveau on la considère. Les économistes reconnaissent depuis longtemps le caractère relatif de la notion de coût puisqu’ils disent que le coût n’est jamais qu’un « coût d’opportunité » : la valeur de ce à quoi on renonce au moment d’agir. Le paradoxe est que les économistes mathématiciens ne raisonnent pas en termes d’action mais en termes de situations, de sorte qu’ils ne sont pas les mieux placés pour en tirer les conséquences logiques. Maurice Allais a notamment compris que le coût dépend des conséquences de la décision ; se pose alors la question de savoir à qui la décision coûterait effectivement quelque chose, pourquoi c’est à lui qu’elle coûterait cela, comment celui qui subira le coût peut s’assurer que ses représentants (le contrôleur pour la SNCF, par exemple) prendront les bonnes décisions. Wikipedia (parabole du voyageur de Calais de Maurice Allais)
Autant une immigration modérée peut être considérée comme avantageuse et souhaitable, autant l’immigration démesurée et déraisonnable qui s’est constatée en France constitue par ses conséquences de toutes sortes un insupportable fardeau. Une immigration excessive sape les fondements mêmes de la cohésion du corps social, condition majeure d’un fonctionnement efficace et équitable des l’économie de marchés. (…)  Une inconscience totale a constamment dominé la politique française. Ainsi les allocations familiales ont été créées à l’origine avec un seul objectif : enrayer autant que possible l’insuffisance de la natalité française. Etendre dès lors ce droit aux travailleurs étrangers et à leurs familles, en général prolifiques, est dénué de tout sens commun. On ne saurait mieux faire pour attirer artificiellement les étrangers en France. Maurice Allais
N’est-il pas surprenant de constater que la Seine-Saint-Denis, qui compte 115.000 chômeurs, soit aussi le premier département d’arrivée de l’immigration ? Cela s’explique : l’immigration nouvelle tire les salaires à la baisse, rendant l’accès à l’emploi sans intérêt pour ceux qui bénéficient de filets sociaux. Curieusement, les mêmes qui déplorent le chômage de masse dans les banlieues militent pour la poursuite de l’immigration. Il y a pourtant un moyen simple, en économie libérale, de pourvoir les emplois dont « personne ne veut » : les revaloriser en augmentant les salaires et en améliorant les conditions de travail. Ce dont précisément le MEDEF ne veut pas. (…) L’immigration est un élément de la mondialisation. C’est une délocalisation à domicile. Là aussi, c’est une logique financière qui s’applique : maximiser les profits immédiats des firmes (en baissant les salaires) ; transférer les charges collectives (sociales, d’investissement) à l’Etat, c’est-à-dire aux contribuables. Polémia
Dans l’univers du libre échange mondial et de la mobilité de tous les facteurs de production, les entreprises françaises et européennes sont poussées à un double comportement : la délocalisation à l’extérieur (« offshore ») de la production des biens et produits manufacturés et des services informatiques ; la délocalisation à domicile par le recours à de la main d’œuvre immigrée pour les services non délocalisables : BTP, restauration et services à domicile notamment. (…) Cette logique a ses gagnants et ses perdants. Parmi les gagnants on trouve les entreprises qui diminuent leurs charges et donc augmentent leurs marges. On trouve aussi les particuliers qui utilisent des services : riches particuliers recourant à du personnel de maison ou fréquentant des restaurants de luxe, pas toujours très regardants sur la régularité de leur main d’œuvre de base ; particuliers moins riches bénéficiant de services à la personne, notamment de soins à domicile, ou clients de « fast food ». Et bien sûr les immigrés eux-mêmes qui accèdent – au prix de leur déracinement – au confort d’un pays développé. (…) Les perdants sont du côté des actifs et des salariés : depuis trente ans la main d’œuvre française est en concurrence avec la main d’œuvre mondiale ; il n’est pas surprenant que ses conditions de travail et de revenus se dégradent ; et qu’un chômage structurel de masse se soit installé. Car il est inexact de dire que «les immigrés prendraient les emplois que les Français ne veulent pas faire » ; dans une économie où il y a 10% de chômeurs, tous les emplois sont susceptibles d’être pourvus, à condition que les salariés ne subissent pas la concurrence déloyale d’une main d’œuvre bon marché venue du monde entier. Polémia

Et si comme pour le « tout halal », l’immigration ne profitait pas exactement à ceux qu’on croit?

A l’heure où le plus rapide prix Nobel de l’histoire qui n’avait eu de cesse dès son arrivée à la Maison Blanche que de se débarrasser du buste de Churchill laissé sur son bureau par son prédécesseur nous joue à présent, approche des présidentielles oblige, les champions des relations anglo-américaines …

Et où la précipitation de nos belles âmes à brandir le dernier éditorial du WSJ Europe dénonçant la droitisation (certes comme d’habitude pour les mauvaises raisons de basse politique) de notre Sarkozy national « en dit si long sur leur image » …

Ou plus précisément, étant donné l’évident et revendiqué ordre du jour d’abaissement des salaires (la fameuse « armée industrielle de réserve » de Marx avec ses conséquences sur à la fois les salaires et le chômage des moins qualifiés) et de démantèlement de l’Etat-Providence de la « bible du libéralisme », sur  leur totale perte de contact avec les classes populaires dont elles prétendent défendre les intérêts  …

Remise des pendules à l’heure avec le fameux entretien de Forbes où, dix ans avant sa mort, le pape du libéralisme Milton Friedman lui-même dénonçait l’idée fixe (en français dans le texte, s’il vous plait!) du WSJ sur l’immigration incontrôlée.

Qui, s’il se trompait sur l’avènement de l’euro, avait le mérite d’en montrer tant l’immense coût – toujours aussi peu claironné –  que les risques, lourds de conséquences, de démantèlement pour les Etats-nation …

MILTON FRIEDMAN, SOOTHSAYER

Interview by Peter Brimelow

Forbes

December 29, 1997

Boom? Bust? Inflation? Deflation? Milton Friedman peers into the future, making predictions on price levels in the United States, stagnation in Japan, and the new currency in Europe. A freewheeling discussion with Peter Brimelow.

BRIMELOW Deflation talk is fashionable . . .

FRIEDMAN I think the chances of a 1930s-style deflation are trivial. You can only have that kind of deflation if you have a bad monetary policy. Deflation is the easiest thing in the world to avoid; you just print more money.

BRIMELOW You’re not worried about involuntary deflation through collapsing financial institutions?

FRIEDMAN Oh, you can have recessions. You can have economic crises and financial institutions failing. But that will not produce deflation in the sense of falling prices, as in the thirties.

In 1953 I gave a talk in Stockholm under the title of « Why the American Economy Is Depression-Proof. » I’ve been right for forty-five years. Why should I change my story now?

And the reason I said it then is the same reason I say it now: The Great Depression need not have occurred if the monetary authorities had behaved differently.

BRIMELOW But price levels fell through the last part of the nineteenth century . . .

FRIEDMAN You can have mild deflation, but it needn’t be depression. From 1879 to 1896 prices in the United States fell by an average of 3 percent a year. From 1896 to 1914 they rose by an average of 3 percent a year. The economic rate of growth was identical in the two periods. So it’s pretty clear that deflation doesn’t mean depression.

BRIMELOW Okay, you can have mild deflation without depression. And even mild deflation does mean different investment strategies. It means lower interest rates and higher bond prices. My editor at Forbes has us on the line saying U.S. bonds are a good buy.

In 1953 I gave a talk under the title of « Why the American Economy Is Depression-Proof. » I’ve been right for forty-five years. Why should I change my story now?

FRIEDMAN Oh! Well! [Laughs.] At the moment I feel that they’re probably a pretty good buy–but not for the long term.

At the moment we have a rate of inflation of about 2 to 2 1/2 percent–maybe 1 to 1 1/2 percent, allowing for overstatement (because there’s no doubt official statistics overstate the rate of inflation; they’re not properly allowing for qualitative improvements). We’ve had very good monetary policy ever since Alan Greenspan has been chairman–the best of any period since the Federal Reserve was established in 1913.

But Greenspan is not going to stay chairman forever. We’re getting euphoria about how inflation is dead. Yes, the pipeline is set for the next year or two. We’re not going to have significant inflation in the next year or two.

But longer term, inflation is headed up and not down. Money supply has been going up at 3 or 4 percent a year–recently at about 7 percent. And that was already showing up in wages. Now I think developments in East Asia will slow things. But I would not be prepared to say that for the next ten years the consensus estimates of 2 to 2 1/2 percent inflation will work out. Sometime within the next ten to twelve years we’ll have a period of much higher inflation.

BRIMELOW You’re absolutely confident that we’re not going to see a secular decline in prices for a long period of time? We can’t go back to the situation that obtained in the late nineteenth century?

FRIEDMAN We could. But I don’t think we will because of political opposition–given that we know how to prevent it and given our past history, particularly the Great Depression. Now, if there’s any country in which the deflation scenario is possible, it’s Japan right now.

BRIMELOW Do you see that spilling over?

FRIEDMAN Of course, but it’s not a major spillover. And I don’t think it’ll happen in Japan. I don’t understand the way in which the Japanese central bank has been working. It should be printing more money. And sooner or later, it seems to me, it’s going to do so.

You see, the problem is that central bankers are hipped on the idea that they should worry about interest rates. Japa-nese central bankers say, « We’ve done all we could; look how low interest rates are. » But they have another alternative. They don’t have to care about interest rates. They can just go and buy up government securities. If they drive the interest rate to zero, what difference does it make? The effect would be to put more money in circulation and to offset this extraordinary situation in which they had a speculative bubble. They broke it by cutting money supply, and they’ve been suffering ever since because they can’t get any upward momentum.

BRIMELOW Is that what will spark the next U.S. recession–a trading partner’s troubles?

FRIEDMAN No, I believe the next problem in the United States will be an inflationary surge in the money supply. What always happens under those circumstances is that when the Fed starts raising the interest rate, it tends to overdo it. [Laughs.] The market will overreact. And that’s where you’re going to get your recession.

BRIMELOW What do you think about the stock market?

FRIEDMAN Well, I think the stock market is overvalued. But it’s not setting up for a major crash.

BRIMELOW When we last spoke, you predicted that the European Monetary Union would collapse. And it did. Britain and Italy came out.

FRIEDMAN Yes, it collapsed. I’ve also been predicting that the euro would never happen. I’m still not sure I’m wrong. The costs have been enormous. To preserve the link between the franc and the deutsche mark, the French had to adopt tight monetary and fiscal policy. They got double-digit unemployment and recession. Britain and Italy floated and have prospered.

BRIMELOW Why are the Europeans doing this?

FRIEDMAN For strictly noble political purposes. [Former French president François] Mitterrand and [German chancellor Helmut] Kohl believed that they were the last leaders of their countries to experience World War II. They were determined to set up a system in which World War II could not happen again. And they were willing to pay an enormous economic price.

BRIMELOW What do you think will happen now?

FRIEDMAN I’m baffled. I really don’t know.

Jerry Jordan of the Cleveland [Federal Reserve] has made a very good point. Suppose the euro is in existence, with a central bank overseeing it. What assets is it going to deal with? If the U.S. central bank wants to increase the money supply, it buys U.S. government bonds. If it wants to decrease the money supply, it sells U.S. bonds. On the balance sheet of the European central bank, to begin with the assets will be francs and deutsche marks and so on. But if it wants to increase money supply, what does it buy? German bonds, Italian bonds, French bonds?

BRIMELOW Because to the extent that it does anything, it’s going to affect the economy of the various countries differently?

FRIEDMAN Exactly. If you had first a political unification of Europe and the separate national bonds were converted into a European Union issue, it’d be no problem. Or if the European bank was going to start out by deflating, it could sell its own securities, and then it would have something to deal with. But over time it’s going to be expanding the money; to keep prices stable with output growing, it has to increase the money flow. All right–how? It makes a big difference to the French or the Italians or the Germans whose bonds are used.

They’re going at political unification backward. I am still not willing to bet my life that the euro will come into existence. I think there’s still a substantial chance that between now and then the whole thing will break down.

BRIMELOW But the will of Europe’s political elite to do this is phenomenal.

FRIEDMAN Phenomenal. The people are opposed to it. And who is being stupid in all of this, in my opinion, is the business community in Europe. It’s not going to benefit from the euro. It’s going to be harmed by it.

BRIMELOW Why?

FRIEDMAN Because the euro will lead to a less prosperous Europe. For example, Spain is hit by something. It can’t adjust by having its exchange rate fall; it’s going to adjust by rules, by regulations, by more control.

BRIMELOW Will the euro be an inflationary or deflationary factor in the world economy?

FRIEDMAN Neither inflationary nor deflationary–if there are floating exchange rates. And most exchange rates float.

But who knows what’s going to happen if they go to the euro? There could be a real donnybrook in Europe.

BRIMELOW Enough to impact the world?

FRIEDMAN Oh, yes.

I don’t think the nation-state is dead. All attempts to depart from the nation-state have so far been complete disasters.

BRIMELOW Isn’t there increasing central bank intervention in exchange rates–more dirty floats?

FRIEDMAN Oh, there’ve always been dirty floats. The only ones that are not dirty floats are Hong Kong at the moment, Argentina maybe, Lithuania, Estonia. The Thais had pegged the baht against the U.S. dollar. When the dollar appreciated, that was a real problem for them. But every pegged exchange rate system tends to go the same way. If there is central bank intervention, it gets out of alignment.

BRIMELOW Where does the Wall Street Journal’s editorial page campaign for fixed exchange rates fit into this?

FRIEDMAN You got me! I think that’s just an aberration. My God, how the hell can they stick with that? They’ve just got an idée fixe about it. Like they’ve got on immigration. It’s just obvious that you can’t have free immigration and a welfare state.

The debate about floating exchange rates has been won by the floaters, other than [Columbia University economist Robert] Mundell, who is a nonfloater among major American economists.

BRIMELOW [Wall Street Journal editor Robert] Bartley says he thinks the nation-state is dead, that we’re moving to a world driven by markets, free movement of labor and capital. I’m not sure what he thinks the political institutions will be. Your view?

FRIEDMAN No, I don’t think the nation-state is dead. And all attempts to depart from the nation-state in the direction of the United Nations and a United States of Europe have so far been complete disasters. It’s kind of hard, I think, to get the American public to go that direction very far. They’re not very happy with the United Nations. There are beginning to be some rumbles about opposition to the IMF [International Monetary Fund].

BRIMELOW A lot of opposition to NAFTA came from fear of loss of sovereignty . . .

FRIEDMAN I thought NAFTA was a terrible treaty–except that it was better than nothing! [Laughs.] I’d rather have unilateral free trade in the United States.

Other examples [of failed supranational institutions] are the IMF and the World Bank. We would never do with our own money what the IMF and the World Bank have done.

Look what’s happening now with Iraq. The United States wants to hide behind the United Nations. Our Iraq policy has been stupid from the beginning. We ought to declare defeat. Give up. Say we’re not going to be a policeman for the Europeans. Call it isolationist if you will, but I don’t see any other way out.

BRIMELOW Talking of isolationism: Congress recently refused to renew fast track [the president’s enhanced authority to negotiate further free trade treaties]. On the political right, there’s clearly increasing interest in protectionism, for example, voiced by Pat Buchanan. Are you concerned?

FRIEDMAN Buchanan’s not a fool. But on economics, he’s terrible! Well, historically, the American right has always been protectionist. [President William] McKinley, the 1896 election . . .

I don’t think it’s much of an economic threat. Given the size of the United States, the amount of internal trade, and the ability to get around protectionism via the Internet, via various other means–I don’t think protectionism is a real threat.

BRIMELOW See you in 2002?

FRIEDMAN [Laughs.] The odds are against it! But I’ll be delighted.

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Milton Friedman is a senior research fellow at the Hoover Institution. He was awarded the Nobel Prize in economic sciences in 1976. Peter Brimelow is a media fellow at the Hoover Institution and a senior editor at Forbes magazine.

Voir aussi:

Look to Milton

Robert Rector

NRO

June 20, 2007

A decade ago, Nobel prize-winning economist Milton Friedman admonished the Wall Street Journal for its idée fixe on open-border immigration policy. “It’s just obvious you can’t have free immigration and a welfare state,” he warned. This remark adds insight to the current debate over immigration in the U.S. Senate.

To be fully understood, Friedman’s comment should be viewed as applying not merely to means-tested welfare programs such as food stamps, Medicaid, and public housing, but to the entire redistributive transfer state. In the “transfer state,” government taxes the upper middle class and shifts some $1.5 trillion in economic resources to lower-income groups through a vast variety benefits and subsidies. Across the globe, this sort of economic redistribution is the largest, if not the predominant, function of government in advanced societies.

The transfer state redistributes funds from those with high-skill and high-income levels to those with lower skill levels. Low-skill immigrants become natural recipients in this process. On average, low-skill immigrant families receive $30,160 per year in government benefits and services while paying $10,573 in taxes, creating a net fiscal deficit of $19,587 that has to be paid by higher-income taxpayers.

There is a rough one-to-one fiscal balance between low-skill immigrant families and upper-middle-class families. It takes the entire net tax payments (taxes paid minus benefits received) of one college-educated family to pay for the net benefits received by one low-skill immigrant family. Even Julian Simon, the godfather of open-border advocates, acknowledged that imposing such a burden on taxpayers was unreasonable, stating, “immigrants who would be a direct economic burden upon citizens through the public coffers should have no claim to be admitted” into the nation.

There is also a political dimension to the transfer state. Elections in modern societies are, to a considerable degree, referenda on the magnitude of future income redistribution. An immigration policy which grants citizenship to vast numbers of low-skill, low-income immigrants not only creates new beneficiaries for government transfers, but new voters likely to support even greater transfers in the future.

The grant of citizenship is a transfer of political power. Access to the U.S. ballot box also provides access to the American taxpayer’s bank account. This is particularly problematic with regard to low-skill immigrants. Within an active redistributionist state, as Friedman understood, unlimited immigration can threaten limited government.

Many libertarians respond to this dilemma by asserting that the real problem is not open borders but the welfare state itself. The answer: dismantle the welfare state. The libertarian Cato Institute pursues a variant of this policy under the slogan, “build a wall around the welfare state, not around the nation.” Borders should be open, but immigrants should be barred from accessing welfare and other benefits.

But in practice, pursuit of these dual libertarian goals of opening borders and ending the redistributionist welfare state often leads to contradictions. The current Senate “comprehensive” immigration-reform bill, supported by the Cato Institute, actively demolishes existing walls between illegal immigrants and government benefits, granting some 12 million illegal immigrants (60 percent of whom are high-school dropouts) access to Social Security, Medicare, and, over time, to 60 federal means-tested welfare programs.

It also substantially increases the future flow of low-skill immigrants and gives them access to welfare and transfer programs. Far from building a “wall around welfare,” this legislation levels existing walls, builds a highway to Fort Knox, and shovels billions in taxpayer funds into the pockets of immigrants who entered this country illegally.

In a recent debate with Dan Griswold of the Cato Institute, I pointed out this paradox. Griswold replied that the key was to grant amnesty and open borders now and work on “building a wall around welfare” at some point in the future. The weakness of this response should concern all those interested in limiting the size of government.

While most open-border libertarians proclaim a desire to dismantle both borders and the welfare state, in practice what they offer is open borders today and a vague (and almost certainly illusory) promise to end the welfare state in the indefinite future. As Milton Friedman understood, open-border enthusiasts have the sequence wrong: Opening borders with the redistributionist state still intact will result in a larger and more confiscatory government. In response to libertarians who propose to open borders and dismantle the welfare state, practical conservatives should answer: “Go ahead. Dismantle the welfare state. As soon as you’ve got that finished, let us know, and then we’ll talk about open borders.”

Open-border enthusiasts sometimes claim that the 1996 welfare reform defanged the welfare system, eliminating the costs that low-skill immigrants impose on taxpayers. As one of the architects of that reform, I would warn that this view shows a serious lack of understanding of the limited scope of the 1996 welfare law, and, more importantly, a lack of appreciation of the magnitude of the redistributionist state.

Sen. Ted Kennedy understands that a steady stream of low-skill immigrants will help him build a much larger, tax-fueled government. It is a pity that so many foes of big government fail to appreciate this point.

— Robert Rector is a senior research fellow at the Heritage Foundation.

Voir également:

Open borders or high-wage welfare state

Too many progressives are afraid to admit that secure borders are essential to a strong social safety net

Michael Lind

May 4, 2010

Arizona’s new immigration law has provoked a firestorm of denunciation from progressives. The portion of the law that allows police to stop and question individuals who might be illegal immigrants has rightly been denounced as encouraging racial profiling. That provision is all too reminiscent of “vagrancy” and “loitering” laws from the segregationist South, which gave law enforcement officers broad discretion in harassing and arresting blacks and low-income whites.

Unfortunately, many progressives have gone beyond denouncing the obnoxious component of the Arizona statute and the bigotry of many right-wing nativists who defend it to implying that enforcement of any federal immigration law is racist. In doing so, much of the progressive commentariat has demonstrated its distance, not only from the American public as a whole, but also from most Democratic and independent voters.

According to a Gallup poll of April 27-28, among Americans who had heard of the Arizona law, 51 percent supported it and 39 percent opposed it. Progressives should be troubled by the fact that, among those who had heard of the bill, a relatively narrow majority of Democrats — 56 percent — opposed it, while 50 percent of independents approved of it (compared to 39 percent who opposed it).

Gallup concludes: “Most Americans have heard about Arizona’s tough new immigration law, and they generally support it.” The support for the law probably indicates support for tough enforcement in general, not racial profiling. A Pew poll in 2009 found that 64 percent of Democrats, 77 percent of independents, and 83 percent of Republicans agreed with the statement, “We should restrict and control people coming to live in our country more than we do now.”

Since the economy crashed in the fall of 2008, public attitudes toward immigration, both legal and illegal, have been hardening. Between 2008 and the summer of 2009, the number of respondents telling Gallup that immigration should be decreased shot up from 39 percent to 50 percent. While Republicans are more restrictionist than Democrats, pluralities of Democrats and independents favor decreases in immigration, including legal immigration. Forty-four percent of Democrats favor decreasing immigration, compared to 37 percent who want to keep it at present levels. Only a tiny 15 percent of Democrats want it increased. Here independent opinion tracks with Democratic opinion: 46 percent of independents want less immigration, and only 15 percent want more.

The mere 15 percent of Democrats who favor increased immigration make up the overwhelming majority of Democratic pundits, think tank operatives and other opinion leaders. Indeed, it appears that many prominent progressives are opposed to any enforcement of U.S. immigration laws at all.

Consider the editors of the Nation, in an editorial titled “Arizona Burning.” The reference to the movie “Mississippi Burning,” about the Ku Klux Klan in the Civil Rights era, shows the tendency of liberals to view immigration policy through the lens of anti-racism. The editors complain: “Not only has the White House delayed the push for immigration reform — one of Obama’s campaign promises — its Department of Homeland Security continues to deputize police officers to enforce dysfunctional federal immigration policies, raid businesses and deport thousands of immigrants; this year it’s on track to hit 400,000 deportations, the same as last year, exceeding the Bush administration’s 2008 record.”

Do the editors of the Nation want the U.S. to have any laws regulating entry by citizens of other countries into the U.S. or not? If so, then they have an obligation to explain the methods of law enforcement that they support. Enforcement requires two things: identification by the government of foreign nationals and U.S. employers who violate U.S. immigration laws, and penalties that are proportionate but sufficiently harsh to deter other foreign nationals and U.S. employers from attempting to break the laws in the future.

The key word is “employers.” The most effective way to reduce illegal immigration is to dry up the demand for it by cracking down on sleazy employers who break U.S. labor and immigration laws. The need to identify scofflaw employers explains why the immigration reform commission appointed by President Clinton and headed by the late Barbara Jordan recommended turning the Social Security card into — oh, the horror! — a national ID. It is why the latest Senate immigration reform proposal, the Reid-Schumer-Menendez plan, calls for using biometric data to discourage fraud on the part of lawbreaking employers. Do progressives, the champions of federal government authority in other areas of labor law, really want to join the black-helicopter right in arguing that Barbara Jordan, Harry Reid and Charles Schumer have sought to turn America into a police state? Do liberals, by opposing workplace raids, really want to be on the side of meat-packing companies and union-busting janitorial firms that violate hard-won labor laws?

If progressives really believe that the U.S. should become the only sovereign country in the world that does not assert the right to regulate entry to its territory and participation in its labor markets, they should team up with the only other tiny sect in America that believes in open borders: right-wing libertarians. After all, calculating that a massive influx of poor workers would force wages down and destroy voter support for the welfare state, the late Wall Street Journal editor Robert Bartley periodically called for a constitutional amendment of five words: “There shall be open borders.”

Some progressives have already bought into libertarian ideology on this subject. Washington Post blogger Ezra Klein recently wrote an approving review of a book by a right-wing libertarian, Jason L. Riley, titled “Let Them In: The Case for Open Borders.” Klein expresses his agreement with the free-market right’s dismissal of concerns about the effects of employment on wages: “To put it simply, if there were no Chinese immigrants, the result would not be Chinese restaurants staffed mainly by native Iowans. You wouldn’t have many Chinese restaurants at all, and folks who like Chinese food would eat at home more often.”

Klein’s position on immigration in general seems to be guided by culinary considerations. In the center-left American Prospect, Klein writes that “I’m more concerned about industries where we’re barely out-competing global competitors, like agriculture. As The New York Times wrote, if the migrants weren’t coming over the border to pick strawberries, it would be the strawberries coming over the border instead. That would, to be sure, be better for Mexico, but it wouldn’t be that good for the United States.”

Does American prosperity depend, not on moving into high-value production along with the advanced technological societies of Asia and Europe, but on competing with third-world produce exporters on the basis of low-wage labor? Having identified a dangerous farmworker gap between the U.S. and Mexico, Klein echoes the agribusiness lobby in recommending a federal industrial policy in the form of immigration laws that generously provide U.S. agribusiness with poorly paid immigrant labor. Thanks to this de facto federal labor subsidy, agribusiness need not choose between investing in harvesting technology operated by well-paid workers or going out of business. Maybe the Border Patrol should focus on “the strawberries coming over the border instead.”

One of the supreme achievements of American liberalism in the civil rights era was the abolition of the exploitative Bracero guest-worker program, at the insistence of Cesar Chavez and the United Farm Workers and the AFL-CIO. Klein joins conservatives in dismissing liberal objections to so-called guest worker (indentured servitude) programs, writing: “After all, the bottom fifth of this country never saw greater gains than in the immediate postwar period — exactly the era when the Bracero guest worker program was in place.”

In his enthusiastic review of Riley’s open borders manifesto, Klein endorses the appalling libertarian argument that some native and naturalized citizens would suffer a loss in social status from a reduction of low-wage immigration: “Additionally, you’d have more native workers laboring for low wages at the bottom of the occupational ladder rather than being pushed up into management and supervisory roles, as happens now.” Translation: Today there is such a glut of cheap labor that a non-Hispanic white who might have mowed lawns himself in the old days can now be a contractor, supervising a team of much poorer Latino immigrants. Klein’s casual acceptance of a low-wage society, as long as it benefits professionals who don’t want to pay much for Chinese takeout and natives who get jobs managing and supervising low-wage immigrants, is anything but liberal.

Nor is Klein finished recycling right-wing libertarian talking points: “As Riley persuasively argues, however, the positive effects of immigration on the wages of immigrants are huge.” The mouthpieces of the corporate right make the same argument for outsourcing — sure, it may hurt some American workers, but sweatshop employment helps the foreign poor much more! True anti-racism, these libertarians claim, means that you can’t prefer the well-being of your own country’s disadvantaged to the global poor who are longing for the poorly paid, non-unionized jobs that philanthropic multinational corporations generously bestow upon them.

It is surprising that any progressives are naive enough to fall for the insincere claim of conservatives and libertarians that their cheap-labor policies are motivated by altruistic concern for the foreign poor. The same conservatives and libertarians who claim to be defending poor Mexican immigrants and Chinese factory workers against overpaid, privileged American workers also claim that federal prevailing-wage laws for public contractors discriminate against blacks and that poor Americans are enslaved by “the welfare plantation.” The faux-humanitarian arguments of the open-borders, cheap-labor right come as part of a larger policy package that genuine progressives should reject as a whole.

Conceding reluctantly that in some cases unskilled immigration might depress wages at the bottom of the income scale, Klein says that the answer is to raise taxes on Americans in order to pay for more welfare for the working poor: “[I]f your concern is really the conditions of the worst-off, there are much more direct ways to help them (universal health care would be a good start).” Elsewhere he proposes a higher earned income tax credit to make up for wages depressed by immigration. Klein never addresses the obvious question: Isn’t his proposal a classic case of allowing the gains from low-wage immigration to be privatized by employers (“management and supervisory”) and consumers (“folks who like Chinese food” and strawberries picked by poorly paid immigrants) while the cost is socialized and passed on to the taxpayers who pay for the welfare state? And isn’t he giving ammunition to paranoid conservatives who claim that the agenda of liberal immigration policy really is to depress wages, raise taxes and expand welfare?

Unlike most prominent progressives, Paul Krugman recognizes that you can have a high-wage social democratic welfare state or you can have unlimited immigration — but you can’t have both. Krugman observes that “open immigration can’t exist with a strong social safety net; if you’re going to assure healthcare and a decent income to everyone, you can’t make that offer global.”

Krugman is right about that. He is mistaken, however, when he writes: “So Democrats have mixed feelings about immigration; in fact, it’s an agonizing issue.” Krugman may be agonized, but I see no evidence that many other leading progressive pundits are. Most refuse to acknowledge the trade-off.

Much of the left’s opposition to immigration law enforcement, of course, is based on a strategic appeal to the Latino vote, not on a rational analysis of what sort of immigration policy best suits U.S. labor market conditions in the 21st century. If most Latinos began voting for Republicans, undoubtedly many Democrats who object to border and workplace enforcement would fall silent pretty quickly.

But there is more than ethnic politics at work. For some time the progressive intelligentsia has been drifting away from pro-labor egalitarianism toward libertarianism. The adoption by much of the center-left of the libertarian right’s arguments against enforcing federal immigration laws, right down to the revolting comparison of American police officers and Border Patrol officers to the Gestapo, is only the latest example of the disturbing drift of center-left opinion leaders toward the market fundamentalist right. First the progressive establishment rejected regulation and public R&D for the Wall Street-friendly cap-and-trade system as the centerpiece of liberal environmentalism. Then, only a few months ago, the progressive position on healthcare was redefined by Beltway progressives to mean, not support for universal Medicare, but rather support for a “market-oriented” Democratic healthcare plan based on subsidies to corporations and bearing a striking resemblance to the right-wing Heritage Foundation’s plan of the 1990s.

Some liberals and libertarians have discussed the possibility of a “liberaltarian” coalition. While the liberaltarians form a new fantasy-based community, dreaming of a utopian world without borders impeding the flow of labor, money or goods, reality-based egalitarian liberals in the New Deal/Great Society tradition can resume the project of creating a high-wage, social democratic nation-state inside America’s well-policed borders — even if it means that affluent metropolitan pundits must confront the heartbreaking choice of paying a little more at restaurants with well-paid workers or cooking at home.

Michael Lind is policy director of the economic growth program at the New America Foundation and author of “Up From Conservatism: Why the Right Is Wrong for America.”

Michael Lind’s new book, « Land of Promise: An Economic History of the United States », will be published in April and can be pre-ordered at Amazon.com.

Voir aussi:

L’économie de l’immigration

Jean-Yves Le Gallou

Polémia

25/10/2010

Il y a une « idéologie de l’immigration ». Celle-ci promeut le multiculturalisme et la « diversité », la culpabilité française et européenne et « l’antiracisme ». Selon une grille marxiste, « l’idéologie de l’immigration » est la superstructure intellectuelle de « l’économie de l’immigration » qui en est l’infrastructure. Selon une grille parétienne, « l’idéologie de l’immigration » est la « dérivation » théorique d’intérêts concrets bien réels (« les résidus » tout à fait matérialistes de ceux qui tirent avantage de l’immigration). Bref le discours des professionnels des bons sentiments sert de paravent à des intérêts sordides.

Explications

« L’économie de l’immigration » tel est le sujet traité par Jean-Yves Le Gallou, le 14 octobre 2010, à l’invitation du Cercle des catholiques pour les libertés économiques (CLE), présidé par Michel de Poncins. L’auteur analyse d’abord la macroéconomie de l’immigration et son impact sur la production, les salaires, les prestations sociales, la privatisation des profits et la collectivisation des pertes. Jean-Yves Le Gallou étudie ensuite la microéconomie de l’immigration et dévoile la multiplication des intérêts particuliers qui s’en nourrissent.

La logique d’une production moins chère

Dans l’univers du libre échange mondial et de la mobilité de tous les facteurs de production, les entreprises françaises et européennes sont poussées à un double comportement :

– la délocalisation à l’extérieur (« offshore ») de la production des biens et produits manufacturés et des services informatiques ;

– la délocalisation à domicile par le recours à de la main d’œuvre immigrée pour les services non délocalisables : BTP, restauration et services à domicile notamment. Gagnants et perdants de l’immigration

Cette logique a ses gagnants et ses perdants.

Parmi les gagnants on trouve les entreprises qui diminuent leurs charges (1) et donc augmentent leurs marges. On trouve aussi les particuliers qui utilisent des services : riches particuliers recourant à du personnel de maison ou fréquentant des restaurants de luxe, pas toujours très regardants sur la régularité de leur main d’œuvre de base ; particuliers moins riches bénéficiant de services à la personne, notamment de soins à domicile, ou clients de « fast food ». Et bien sûr les immigrés eux-mêmes qui accèdent – au prix de leur déracinement – au confort d’un pays développé.

Perdants de l’immigration : salariés et chômeurs

Les perdants sont du côté des actifs et des salariés : depuis trente ans la main d’œuvre française est en concurrence avec la main d’œuvre mondiale ; il n’est pas surprenant que ses conditions de travail et de revenus se dégradent ; et qu’un chômage structurel de masse se soit installé. Car il est inexact de dire que «les immigrés prendraient les emplois que les Français ne veulent pas faire » ; dans une économie où il y a 10% de chômeurs, tous les emplois sont susceptibles d’être pourvus, à condition que les salariés ne subissent pas la concurrence déloyale d’une main d’œuvre bon marché venue du monde entier.(2)

Les perdants sont aussi du côté des contribuables car l’immigration privatise les bénéfices mais socialise les coûts.

Privatisation des bénéfices, socialisation des coûts

La main-d’œuvre immigrée est abondante (le monde entier en pourvoit !), son coût direct est donc moins cher que la main-d’œuvre autochtone ; c’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit d’une main-d’œuvre immigrée clandestine : car dans ce cas c’est alors une main-d’œuvre docile et à charges sociales réduites sinon nulles.

Mais la main-d’œuvre immigrée coûte cher à la collectivité : un résident au chômage ne produit plus de cotisations mais il bénéficie toujours de prestations ; un résident étranger, même clandestin, bénéficie de prestations et dès qu’il est régularisé ces prestations se généralisent et s’étendent à ses ayants droits : prestations de santé, de famille, de logements. Séjourner en France, c’est aussi accéder à des biens collectifs qui ne sont pas indéfinis : réseaux de transports et d’assainissement, places dans les hôpitaux et les collèges. Selon le prix Nobel Maurice Allais, toute entrée de résident supplémentaire génère un coût d’équipement ; ces investissements nécessaires représentent de l’ordre de 100 000 euros par tête, plus sans doute dans les grandes régions urbaines comme l’Ile de France où les réseaux sont saturés.(3) Un travailleur régularisé avec sa famille peut ainsi coûter de 200 000 à 300 000 euros.

La grande illusion des régularisations

Depuis trente ans, les gouvernements successifs, en France comme chez nos voisins européens, finissent toujours par régulariser les travailleurs en situation clandestine, soit massivement, soit au fil de l’eau. Cette politique a des conséquences désastreuses car toute régularisation engendre deux nouvelles vagues d’immigration :

– celle des ayants droits des personnes régularisés (au titre du regroupement familial et de l’immigration nuptiale) ;

– celle de nouveaux clandestins qui viennent remplacer dans leurs emplois les travailleurs régularisés qui sont devenus moins rentables (et qui accèdent à un plus vaste champ de prestations sociales ce qui rend le travail moins intéressant pour eux).

L’économie de l’immigration se nourrit donc elle-même. D’autant qu’une multitude de corporations et de clientèles vivent de l’immigration

L’économie de la demande d’asile

En 2009, 47 000 personnes – record européen – ont demandé (très souvent abusivement) l’asile politique en France. La situation est la suivante : un Africain ou un Turc ou un Tchétchène arrivant, le dimanche, en France, avec sa famille (avec un visa de tourisme), peut déposer une demande du statut de réfugié politique en touchant le territoire français ; dès le lundi, il pourra solliciter un hébergement de la part de la préfecture la plus proche ; et s’il ne l’obtient pas immédiatement, il pourra engager un référé administratif le mardi ; au final, il sera logé dès le jeudi. Derrière ces règles qui coûtent 500 millions d’euros par an aux contribuables français, il y a beaucoup de bénéficiaires : les associations qui touchent les subventions pour l’aide qu’elles apportent aux demandeurs d’asile, les avocats qui trouvent des causes à défendre et les hôtels qui reçoivent des clients solvables…puisque c’est l’État qui paie.

Avocat de l’immigration : un métier profitable

Chaque année, 20 000 avocats supplémentaires sortent des facultés : la judiciarisation de la société et des affaires ne suffit pas à créer un marché suffisant pour les faire vivre ; mais le développement de l’aide judiciaire et les contentieux de masse fournissent des débouchés précieux supplémentaires : à Paris, Versailles, Lille, Lyon et Marseille, près de la moitié du contentieux administratif relève du droit de l’immigration. Un contentieux d’autant plus important qu’il est à la fois administratif et judiciaire. D’autres avocats se sont spécialisés dans les actions « antiracistes ».

Des dizaines de milliers de gens de robe vivent donc de l’immigration et militent pour une complexification croissante des lois au nom bien sur de la défense des droits de l’homme ; défense qui correspond à leurs intérêts bien compris. D’autres professions bénéficient du même effet d’aubaine: ainsi Le Monde notait récemment qu’en matière judicaire :« les pauvres manquaient d’interprètes. » (4)

L’économie associative

Des milliers d’associations maillent le territoire pour faciliter « l’intégration », « lutter contre l’exclusion » ou « combattre le racisme ». La aussi une multitude d’animateurs sociaux, de pédagogues et de sociologues trouvent des débouchés professionnels dans des structures subventionnées ; structures d’autant plus généreuses que plus une action échoue, plus elle a de chances d’obtenir des crédits supplémentaires car loin d’être abandonnées les actions sans résultats obtiennent des rallonges budgétaires.

Il y a là au niveau local comme au niveau national un terreau d’intérêts.

Les médecins et l’immigration : les paradoxes du numerus clausus

A la différence des avocats, la profession de médecins a subi un numerus clausus sévère : les médecins sélectionnés en France ont donc tendance à se concentrer sur les taches les plus intéressantes ou les mieux rémunérés. Un marché parallèle se développe pour les autres taches : urgentistes des hôpitaux venant du Maghreb et d’Afrique noire souvent moins qualifiés et toujours moins payés. Dentistes venant de Roumanie ou d’autres pays de l’est.

Dans le même temps, certains patrons de services hospitaliers vont chercher des patients intéressants à l’étranger. Ils maintiennent ainsi la voilure de leur service. Situation pour le moins paradoxale : la médecine française importe à la fois des malades et des médecins. Il n’est pas sûr que le patient français et l’assuré qui finance la sécurité sociale soit le gagnant de ces étranges pratiques.

Les universités à la recherche d’effectifs

Faute de sélection, les universités françaises attirent de moins en moins les étudiants français qui préfèrent souvent les filières courtes ou les grandes écoles (y compris les plus « petites » qui se sont beaucoup développées). Présidents d’universités et syndicats d’enseignants ont donc cherché de nouveaux débouchés auprès des étudiants chinois ou africains de petit niveau (les meilleurs intégrant les grandes écoles françaises ou les universités anglo-saxonnes). Là encore on voit mal ce que les Français ont à gagner à un tel dispositif qui se borne à nourrir de petits intérêts. D’autant que le statut d’étudiant accordé sans grand contrôle d’assiduité et de sérieux (ce n’est pas l’intérêt des universités qui cherchent à faire du « chiffre ») est l’une des filières du travail clandestin.

Conclusions

L’intégration des immigrés est un échec.

L’immigration pose des problèmes de moins en moins solubles. Et pourtant l’immigration se poursuit imperturbablement. C’est qu’il y a derrière le mouvement migratoire, le puissant moteur d’une économie de grands et petits intérêts. C’est aussi pour cela que « l’antiracisme » est l’idéologie de l’oligarchie dominante (5)

Notes :

•(1) Immigration : pourquoi le patronat en veut toujours plus

• (2) Maurice Allais et les causes du chômage français

• (3) Maurice Allais et le coût de l’immigration

• (4) « Après un an de stage et trois ans de « collaboration », Maître Virginie W., 32 ans, a vissé sa plaque en 2009, et partage ses locaux avec un confrère à M. . L’aide juridictionelle (AJ) lui assure de 1000 à 2000 euros brut par mois, soit un gros tiers de ses revenus “L’AJ, c’est le fonds de roulement des avocats. Pour les jeunes mais pas seulement… Les anciens, y compris dans les grosses structures, sont de plus en plus nombreux à monter des permanences pour en bénéficier.” Témoigne-t-elle. » (SOURCE : « Les barèmes dérisoires de l’aide jutidictionnelle. », Le Monde du 26/10/2010.)

• (5) L’antiracisme : une arme au service de l’oligarchie dominante

Voir également:

Immigration: pourquoi le patronat en veut toujours plus

Polemia

28 Mai 2010

Parce que l’immigration permet de payer les salariés toujours moins. C’est ce que dit un rapport du très sérieux et très officiel Conseil d’analyse économique, intitulé «Immigration, qualifications et marché du travail». Les blogueurs du Vrai débat l’ont décrypté. Instructif.

On se souvient du président Pompidou avouant peu avant sa mort qu’il avait ouvert les vannes de l’immigration en France à la demande des grands patrons, désireux de pouvoir bénéficier d’une main d’oeuvre nombreuse, docile et bon marché, d’une réserve quasi inépuisable à même de réduire les ardeurs revendicatrices des travailleurs français souvent organisés.

Quarante ans plus tard, rien ne semble avoir changé. Au contraire, les appels à l’immigration viennent toujours du même côté, et toujours pour les mêmes raisons. Seule différence : les secteurs économiques concernés sont désormais plus nombreux, dépassant le cercle du BTP ou de la restauration pour atteindre des professions autrefois épargnées telles que les ingénieurs ou les informaticiens

Ainsi, les rapports de la Commission européenne, du Medef ou du Business Europe (le Medef européen) n’ont eu de cesse depuis plusieurs décennies d’en appeler à toujours plus d’immigration. En 2008, le célèbre rapport Attali, commandé par Nicolas Sarkozy, dressait un tableau de plus de 300 mesures d’inspiration très libérale, parmi lesquelles une accélération de l’immigration. C’est d’ailleurs cette pente que suit le président de la République depuis son élection, à travers ce qu’il a nommé «l’immigration choisie» .

L’immigration souhaitée par le grand patronat pour faire pression à la baisse sur les salaires, voilà en résumé l’explication souvent avancée. Pour la première fois, un rapport « officiel », que nous avons décortiqué, confirme cette intuition.

Il date de 2009, et émane du Conseil d’Analyse Economique (CAE). Le CAE est un organe placé auprès du Premier ministre, peu réputé pour son caractère subversif dans la mesure où il regroupe tout le gratin des économistes français « officiels », ceux que les télévisions et les journaux acceptent de recevoir.

Vous allez le constater, la démonstration est sans appel.

Elle explique d’abord qu’en économie, la notion de « pénurie » de main d’oeuvre dans un secteur d’activité donné n’a pas de sens en période de chômage. C’est pourtant systématiquement ce facteur qui est mis en avant pour justifier le recours à l’immigration : le bâtiment peine à recruter tant de dizaines de milliers de travailleurs en France, il faut donc aller chercher la main d’œuvre ailleurs, entend-on souvent.

« Du point de vue de la science économique, la notion de pénurie n’est pas évidente » nous dit ce rapport, ajoutant que le « fait que certains natifs rejettent certains types d’emplois peut simplement signifier que les travailleurs ont de meilleures opportunités que d’occuper ces emplois, et donc que les salaires correspondants devraient augmenter pour qu’ils soient pourvus » (page 45).

Autrement dit, une pénurie de main d’oeuvre se forme lorsqu’un secteur n’offre pas les salaires jugés suffisants pour devenir attractif. Poursuivons le raisonnement, et alors on comprend qu’au lieu d’augmenter les salaires, le patronat a tout intérêt à créer une pénurie, qu’il comblera en allant chercher ailleurs une main d’oeuvre prête à accepter des salaires plus faibles.

C’est la conclusion à laquelle le rapport parvient sans ambiguïté : « Dans le cas du marché du travail, cela signifie qu’à la place de l’immigration des années soixante on aurait pu envisager une hausse du salaire des moins qualifiés » (page 46).

Le rapport du Conseil d’Analyse Economique recense également une série d’études françaises et étrangères qui ont tenté de chiffrer l’impact de l’immigration sur les salaires : « Atlonji et Card [deux économistes] trouvent qu’une hausse de la proportion d’immigrés d’un point de pourcentage réduit le salaire de 1,2% » (page 37)

« Hunt [une autre économiste] trouve qu’une hausse de la proportion de rapatriés d’un point de pourcentage a réduit le salaire d’environ 0,8% » (page 37).

Concernant les Etats-Unis, « Borjas [un économiste] conclut son étude en affirmant qu’entre 1980 et 2000, l’immigration aurait accueilli l’offre de travail d’environ 11%, ce qui aurait réduit le salaire des natifs d’environ 3,2%, et que cette réduction frappe la plupart des catégories d’expérience et d’éducation, mais de manière inégale » (page 38).

Voilà des éléments qui devraient éclairer le débat public sur l’immigration. Il est regrettable que dans notre pays une chape de plomb irrationnelle rende toute discussion sur ce sujet quasiment impossible, ce qui a le précieux avantage de permettre aux gouvernements de gauche comme de droite de continuer à mener la même politique favorable aux desiderata du grand patronat.

 Voir par ailleurs:

«Nicolas Le Pen», l’éditorial-choc du Wall Street Journal

Slate.fr

13 mars 2012

«NICOLAS LE PEN»: sous ce titre choc, le Wall Street Journal consacre un éditorial (la rubrique «Review & Outlook») à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, sa «rhétorique anti-immigrants» et ses attaques contre la convention de Schengen. «Même en France, on se montre rarement plus cynique que cela», explique le quotidien économique américain, selon qui «le débat sur l’immigration est principalement une diversion vis-à-vis de l’anxiété des Français envers leur Etat-providence de plus en plus branlant».

Le Wall Street Journal qualifie de «pensée hideuse» le fait de relier ces deux sujets, «non seulement en raison des sentiments laids sur lesquels cela joue, mais aussi en tant que cas d’école d’analphabétisme économique», car «seule l’immigration peut maintenir une population active assez élevée pour supporter la charge croissante des retraites et de la dépendance». Conclusion du quotidien:

«Nous nous demandons si monsieur Sarkozy comprend que faire étalage de manière aussi transparente de son cynisme comme ici est ce qui l’a conduit dans la situation difficile où il est actuellement.»

Evidemment, les soutiens de François Hollande ont immédiatement relayé l’article, à l’image de Jean-Jacques Urvoas, spécialiste des questions de sécurité et de police au sein de l’équipe de François Hollande, qui parle sur Twitter d’«une violente charge qui en dit long sur son image».

Le député PRG Paul Giaccobi lui a de son côté consacré une note sur son blog:

«Qu’un tel journal, dont les idées sont à ce point ancrées à droite, qui est l’un des plus sérieux journaux du monde, fustige en termes aussi durs le comportement du candidat président en dit long sur la perception de sa campagne à l’étranger.»

La semaine dernière, Nicolas Sarkozy avait déjà été accusé de xénophobie par le magazine américain Time, qui lui avait reproché de «flatter l’extrême-droite»:

«La croissance économique de la France ralentit, le chômage augmente, la Grèce menace toujours de faire faillite, et l’euro, déstabilisé par la crise mais un peu plus rassurant ces derniers temps, n’est toujours pas sorti de sa crise existentielle. Malgré cette liste de graves problèmes qui inquiètent les électeurs français à l’approche de la présidentielle, le Président en campagne Nicolas Sarkozy a déclaré cette semaine que le premier sujet de préoccupation des Français, c’est la viande halal. Ah bon?»

Et en août 2010, après le discours de Grenoble, le New York Times lui avait consacré un éditorial titré «Xénophobie: chasser les non-Français»:

«Nicolas Sarkozy, qui aime se faire appeler Sarko l’Américain, flatte de dangereuses passions anti-immigrées pour son gain politique à court terme.»

Voir également:

« Nicolas Le Pen »

 Paul Giacobbi

13 Mars 2012

Ce titre provocateur n’est pas de moi mais du Wall Street Journal qui dans un article de ce jour fustige le comportement cynique du candidat président qui joue de la xénophobie.

Le Wall Street Journal est la quintessence du conservatisme et l’on peut dire qu’il a tout naturellement choisi son camp pour les élections françaises en la personne de Nicolas Sarkozy.

Qu’un tel journal, dont les idées sont à ce point ancrées à droite, qui est l’un des plus sérieux journaux du monde, fustige en termes aussi durs le comportement du candidat président en dit long sur la perception de sa campagne à l’étranger.

Quelques phrases de cet article choc méritent d’être citées : « Even by local standards, the french president burst of xenophobia is cynical », « This is an ugly thought, not only for the ugly sentiments on which it plays but also as a textbook exemple of economic illiteracy ».

Le Wall Street Journal qui est toujours très précis et de grande qualité sur les questions économiques rappelle qu’en France seule l’immigration peut maintenir une force de travail suffisante pour financer nos régimes de retraite…

Nous aurons donc tout vu pendant cette campagne : Nicolas Sarkozy reprendre les thèses de Marine Le Pen mais aussi certaines de celles de Jean-Luc Mélenchon voire de Nathalie Arthaud, mais je ne m’attendais pas à cette volée de bois vert du Wall Street Journal à l’encontre de Nicolas Sarkozy !

The TUC has plenty of evidence to show how mass migration is being encouraged by employers to bring down wages – successfully – but it still refuses to draw the only logical conclusion…

Voir par ailleurs:

Sarkozy accusé de xénophobie par le magazine américain Time

Le prestigieux magazine américain Time s’insurge contre Nicolas Sarkozy. Le journaliste Bruce Crumley écrit dans un article paru sur le site du magazine intitulé «La xénophobie de Sarkozy: le Président français flatte l’extrême droite»:

«La croissance économique de la France ralentit, le chômage augmente, la Grèce menace toujours de faire faillite, et l’euro, déstabilisé par la crise mais un peu plus rassurant ces derniers temps, n’est toujours pas sorti de sa crise existentielle. Malgré cette liste de graves problèmes qui inquiètent les électeurs français à l’approche de la présidentielle, le Président en campagne Nicolas Sarkozy a déclaré cette semaine que le premier sujet de préoccupation des Français, c’est la viande halal. Ha bon?»

Le journaliste continue:

«Peu importent les sondages qui montrent que les problèmes économiques et le chômage sont bien plus importants aux yeux de l’opinion dans le choix du prochain dirigeant, Sarkozy a même déclaré mardi soir que le vrai problème de la France est que « nous avons trop d’étrangers ». Son père, immigré hongrois, est prévenu. […]

Beaucoup de commentateurs interprètent ce rapprochement avec les positions de l’extrême-droite comme une tentative cynique et désespérée d’attirer de nouveaux partisans dans sa difficile campagne. Mais si cette stratégie a peut-être été vitale à sa victoire de 2007, elle ne semble pas suffire à retourner une situation mal embarquée en 2012.»

Pour l’auteur de l’article, paru jeudi 8 mars sur le blog spécialisé dans la politique dans le monde de Time, le candidat de l’UMP «fait les yeux doux au Front national» et «flatte un camp considéré par beaucoup comme xénophobe, voire raciste». Alors même si Sarkozy est réélu, «il n’aimera sûrement pas les regards de dégoût que lui jettera la moitié du pays au cours des cinq prochaines années», conclut-il.

Ce n’est pas la première fois qu’un grand média américain accuse Nicolas Sarkozy de xénophobie. En août 2010, alors que le Président venait de proposer que la nationalité française puisse être retirée à toute personne d’origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d’un policier, d’un gendarme, ou de tout autre dépositaire de l’autorité publique, le New York Times écrivait dans un éditorial titré «Xénophobie: chasser les non-Français»:

«Nicolas Sarkozy, qui aime se faire appeler Sarko l’Américain, flatte de dangereuses passions anti-immigrées pour son gain politique à court terme.»

Voir aussi:

Nicolas Le Pen

The WSJ Europe

March 13, 2012

Even by local standards, the French President’s recent burst of xenophobia is pretty cynical..

French President Nicolas Sarkozy has ramped up the anti-immigrant rhetoric in recent days, telling a TV audience last week that France has « too many foreigners » and offering to cut the number of immigrants admitted to France by half should he be re-elected to a second term. Then on Sunday, before a monster rally in a stadium near Paris, he threatened to suspend France’s participation in Schengen, Europe’s internal borderless-travel zone, unless it is reformed to better keep out the great unwashed.

Even in France, it rarely gets more cynical than this. The attacks on immigration are an attempt to woo supporters of Marine Le Pen’s xenophobic National Front ahead of the first-round poll on April 22. Mr. Sarkozy trails his Socialist rival, Francois Hollande, 29% to 27%, according to a recent poll for Paris Match magazine. Ms. Le Pen comes in third at 17%. Little wonder that’s where the Sarkozy camp is now mining for votes.

Still, the immigration talk is mainly a cover for French anxiety over their increasingly rickety welfare state. Mr. Hollande’s answer for keeping the system afloat is a 75% top marginal income-tax rate, which may do something for emigration but won’t do anything to improve France’s budgetary health. Mr. Sarkozy, by contrast, argues that « at a time of economic crisis, if Europe doesn’t control who can enter its borders, it won’t be able to finance its welfare state any longer. »

This is an ugly thought, not only for the ugly sentiments on which it plays but also as a textbook example of economic illiteracy. Not least among the threats to France’s welfare state is an aging (and increasingly long-lived) population and a birth rate that—while the highest in Europe—is still below the replacement rate. Barring fundamental cultural changes, only immigration can maintain an active work force large enough to pay for the growing rolls of pensioners and dependents.

The real task for the French government is to ensure that those immigrants are assimilating properly, and to create economic conditions in which they can thrive with the rest of France. Mr. Sarkozy no doubt understands that. But we wonder if Mr. Sarkozy also understands that transparent displays of cynicism like this one have brought him to his current political predicament.

Voir également:

Xenophobia: Casting Out the Un-French

 The NYT

August 5, 2010

France has no equivalent to the 14th Amendment, but the French president, Nicolas Sarkozy, who likes to be known as Sarko the American, also is fanning dangerous anti-immigrant passions for short-term political gain.

Last week, he proposed stripping foreign-born French citizens of their citizenship if they are convicted of threatening the life of a police officer or other serious crimes. Lest any voter miss the point that such a law would be particularly aimed at Muslim immigrants, Mr. Sarkozy’s interior minister, in charge of the police force, helpfully added polygamy and female circumcision to the list of offenses that could bring loss of citizenship.

Days earlier, Mr. Sarkozy promised to destroy the camps of the Roma and send them back to where they came from, mainly Romania and Bulgaria. Both countries are members of the European Union. Hundreds of thousands of their residents, in France legally, now risk being swept up and expelled in police raids.

And Mr. Sarkozy proposes denying automatic French citizenship to people born in France if their parents are foreign and they have a record of juvenile delinquency.

All of this in a country that has long proudly upheld the principle that all French citizens — native-born or naturalized — are entitled to equal treatment under the law. That applies to Mr. Sarkozy’s Hungarian-born father and Italian-born wife, both naturalized French citizens, and should apply to everyone else.

But immigrant-bashing is popular among nonimmigrant French voters and Mr. Sarkozy has never been shy about doing it. He built his 2007 presidential campaign around his tough record (and inflammatory words) as interior minister. Earlier this year, he ran a divisive campaign to define French national identity because he wanted to fend off the far right anti-immigrant National Front in regional elections. It didn’t work.

Now, with his political fortunes at a new low and the National Front resurgent under younger leadership, he has gone further, worrying traditional conservatives who still believe in the rights of man and the equality of all French citizens. They are right to be concerned, and he is recklessly wrong to ignore their cautionary advice.

Voir enfin:

Memo to the TUC: the real economics of migration

WORKERS

Oct 2007

The TUC report, « The economics of migration: managing the impacts », published in June, claims that immigration benefits Britain. The TUC deserves some credit for joining the debate, but rather less for the anti-working class conclusions it reaches. In this article, we review a plethora of findings, from the TUC’s own (albeit ignored) evidence through a number of eminent economic sources, and conclude that immigration is harmful to workers to the same degree as it benefits capitalism – racist as ever, whenever they get the opportunity they pay foreigners even less than they pay the indigenous workforce.

The figures showing the number of foreigners who have moved to the UK in recent years are heartening to the employer:

2002-3: 349,000

2003-4: 370,000

2004-5: 439,000

2005-6: 662,000

2006-7: 713,000

Total: 2,533,000

There are also, by Home Office estimate, some 430,000 illegal immigrants who are particularly « favoured » in the employment market.

The expansion of the EU has been the main reason for the increase. 222,000 Poles were given National Insurance numbers for the first time in 2006–7, bringing the total to 466,000 in the last four years. In a recent survey, half the Polish immigrants said that they would like to stay here – so much for the government’s claim that they’ll all go back.

Poaching

UN Resolution 2417 forbids poaching specialist professionals, yet the government’s own figures show that:

38 per cent of all doctors working in hospitals in England qualified outside of Britain.

40 per cent of new dentists were born abroad.

58 per cent of new doctors in the NHS were born overseas.

25 per cent of British medics have their roots in the Indian subcontinent. They supply a third of trainee doctors.

44,000 overseas nurses worked in the NHS last year alone.

In Greater London 23 per cent of doctors and 47 per cent of nurses working in the NHS were born overseas.

The more skilled the immigrants, the more the loss to the source countries. In a 1990 study, the ILO found that a ‘truly astonishing’ proportion of highly educated people aged 25+ with 13 or more years of education had emigrated to the USA: for example, Guyana 80.62 per cent, Jamaica 69.34 per cent, Gambia 58.51 per cent, El Salvador 46.63 per cent, Trinidad 43.7 per cent. The TUC report has to admit « the negative effects of migration » on developing countries.

As the TUC report says, ‘Migrant workers … often earn much less than native workers would for the same work.’ Since 2002, real wages of new immigrants have fallen relative to those of British workers. As the TUC report admits, « it is likely that workers who are unable to enforce their employment rights and constantly at risk of being reported to the authorities by their employers are more vulnerable than any other group. It seems extremely unlikely that this would not have some impact on wage levels, at least at the bottom end of the labour market. »

So, « migration may have held down pay at the bottom end of the distribution ». And, « Migrant workers are more likely to work in jobs with higher health and safety risks and to be even more at risk than other workers. » Employers gain hugely from illegal workers, who lower wages and increase profits, and the government looks the other way. Yet the TUC still says that immigration is good for Britain!

A recent report, The Impact of Recent Immigration on the London Economy (City of London, July 2007), describes as a positive effect of migration « its quantitative contribution through expanding labour supply and thus enabling employment growth and reducing upward wage pressure ». It goes on, « An effect of the concentration of migrants in the worst paid segment of the labour market has been a significant downward pressure on wages at the bottom end of the market. This seems to have encouraged job growth in these occupations, but earnings among workers in this sector have suffered, falling behind growth in the cost of living. »

As the TUC notes, 15 per cent of employers target Eastern European immigrants. For example, at one North Wales factory, the employer sacked the entire workforce, and two weeks later hired a contingent of Polish workers, at much reduced wages.

Inaccurate statistics

Further, says the TUC « the Local Government Association claimed that inaccurate migration statistics had left as many as 25 local authorities paying for services to migrants who had not been included when the central government grant to authorities was being calculated. Up to 25 councils, including Birmingham, Sheffield and Manchester were affected. »

Yet after all this evidence that an increase in the number of unskilled migrants reduces the wages of unskilled domestic workers, the TUC report concludes, « the country as a whole is benefiting from migration, as we noted above, the Treasury expects it to account for at least a tenth of future economic growth ». Note that the sole proof of benefit from migration that the TUC produces is not any actual existing present benefit, but only a Treasury prediction of « future economic growth ». If they had been able to find any present benefit, they would certainly have said so!

If the TUC officers cannot see the wisdom of their own evidence, then it is asking too much of them to look further. But we will.

So, economist Paul Samuelson writes, « an increase in supply will, other things being equal, tend to depress wage rates. » A US study found that a 10 per cent increase in labour supply reduced wages for all groups. « Undoubtedly access to lower-wage foreign workers has a depressing effect [on wages], » says former US Labor Secretary Robert Reich. Research suggests that between 40 and 50 per cent of wage-loss among low-skilled Americans is due to the immigration of low-skilled workers. Some native workers lose not just wages but their jobs through immigrant competition. An estimated 1,880,000 American workers are displaced from their jobs every year by immigration.

Wage reduction

Then George Borjas, Professor of Public Policy at Harvard finds, « benefits from immigration arise because immigrants reduce the wage that native workers get paid. » No workers’ pain, no employers’ gain. Native workers lose, and this loss accrues to capitalists. « Workers lose because immigrants drag wages down. Employers gain because immigrants drag wages down. These wealth transfers may be in the tens of billions of dollars per year. » For example, in the last 16 years US immigration has increased the labour supply by 16 million, 10 per cent, and cut the native wage rate by 3-4 per cent = $152 billion. It also increased US national income, but only by 0.1 per cent = $8 billion. Total gain to capital, $160 billion. In sum, says Borjas, « Immigration redistributes wealth from labor to capital. »

The Wall Street Journal constantly calls for unrestricted immigration. Perhaps in theory it is possible that the US capitalist class’s chief organ has misread the bottom line, and that unrestricted immigration is bad for capitalism and good for the working class, but is it likely? Alan Greenspan, chairman of the Federal Reserve Bank, pointed out what should be obvious to the TUC – that the laws of supply and demand inevitably imply that an increase in the supply of workers lowers wages and decreases inflationary pressures.

Britain’s low wage rates are partly due to high immigration flows, which is why immigrant labour is popular with employers. New Trade Minister, Digby, Lord Jones, says, « we have a tight labour market in the UK and yet wage inflation has not been a problem. Immigrants are doing the work for less. »

The Governor of the Bank of England, Mervyn King, says, « Immigration has reduced wage inflation … the inflow of migrant labour, especially in the past year or so from Eastern Europe, has probably led to a diminution of inflationary pressure on the labour market. »

Evidence

Professor Richard Layard of LSE, who helped to design the Government’s Welfare to Work programme, wrote, « There is a huge amount of evidence that any increase in the number of unskilled workers lowers unskilled wages and increases the unskilled unemployment rate. If we are concerned about fairness, we ought not to ignore these facts. Employers gain from unskilled immigration. But the unskilled do not. »

Immigration has an adverse effect on the job opportunities of those British workers whose skills are similar. The greater the number of immigrants, the greater the losses suffered by those who compete with immigrant workers. Immigrants take jobs that natives cannot afford to take and work for less than the going rate. Had immigrants never arrived the employer would have been forced to raise wages to fill the positions.

The present wave of unskilled immigration is destroying the jobs, wages and conditions of our less skilled workers. A ‘guest worker’ programme of permits for temporary low skilled labour would also benefit employers and harm low skilled labour. Canada, Australia and New Zealand exclude low skilled labour through point systems and quotas aimed at recruiting highly skilled immigrants, but a skills-based point system would threaten the wages and conditions of our skilled workers.

Where’s the need?

In Britain, there are more than two million « economically inactive » people who want a job. The real level of unemployment is 4.5 million, so why do we need to import workers?

Employers are glad to recruit overseas as this avoids both higher wages and training costs. But overseas recruitment is a disincentive to training and re-training British workers. It is also a disincentive to investment.

We need to defend skill, defend the interests of our skilled British working class, and demand apprenticeships to develop skills. If we did all these things properly, would we need any immigration?

But first we need to get to grips with the evidence and base our arguments on them. At the moment there is too much claptrap coming from both « sides »: unpleasant racists who hate all foreigners and so-called liberal thinkers who smother workers with their « caring », masking only their cowardice to face up to reality.

Meanwhile, in all this muddled thinking and refusal to discuss, the real sides of the argument are missed: as always, it’s workers versus capitalists and as always we forget this at our peril.


Viande halal: Attention, un scandale peut en cacher un autre! (Not one sparrow shall fall on the ground without your Father)

12 mars, 2012
Not one sparrowNe vend-on pas deux passereaux pour un sou? Cependant, il n’en tombe pas un à terre sans la volonté de votre Père. Et même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point: vous valez plus que beaucoup de passereaux. Jésus (Matthieu. 10: 29-31)
Notre monde est de plus en plus imprégné par cette vérité évangélique de l’innocence des victimes. L’attention qu’on porte aux victimes a commencé au Moyen Age, avec l’invention de l’hôpital. L’Hôtel-Dieu, comme on disait, accueillait toutes les victimes, indépendamment de leur origine. Les sociétés primitives n’étaient pas inhumaines, mais elles n’avaient d’attention que pour leurs membres. Le monde moderne a inventé la “victime inconnue”, comme on dirait aujourd’hui le “soldat inconnu”. Le christianisme peut maintenant continuer à s’étendre même sans la loi, car ses grandes percées intellectuelles et morales, notre souci des victimes et notre attention à ne pas nous fabriquer de boucs émissaires, ont fait de nous des chrétiens qui s’ignorent. René Girard
Vous serez pour moi des hommes saints. Vous ne mangerez point de chair déchirée dans les champs: vous la jetterez aux chiens. Exode 22: 31
C’est ici une loi perpétuelle pour vos descendants, dans tous les lieux où vous habiterez: vous ne mangerez ni graisse ni sang. Lévitique 3: 17
Je tournerai ma face contre celui qui mange le sang, et je le retrancherai du milieu de son peuple. Car l’âme de la chair est dans le sang. Lévitique 17: 10-11
Pierre monta sur le toit, vers la sixième heure, pour prier. Il eut faim, et il voulut manger. Pendant qu’on lui préparait à manger, il tomba en extase. Il vit le ciel ouvert, et un objet semblable à une grande nappe attachée par les quatre coins, qui descendait et s’abaissait vers la terre, et où se trouvaient tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre et les oiseaux du ciel. Et une voix lui dit: Lève-toi, Pierre, tue et mange. Mais Pierre dit: Non, Seigneur, car je n’ai jamais rien mangé de souillé ni d’impur. Et pour la seconde fois la voix se fit encore entendre à lui: Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé. Cela arriva jusqu’à trois fois; et aussitôt après, l’objet fut retiré dans le ciel. Actes 10: 9-13
Pour ce qui est donc de manger des viandes sacrifiées aux idoles, nous savons qu’il n’y a point d’idole dans le monde, et qu’il n’y a qu’un seul Dieu. (…) Prenez garde, toutefois, que votre liberté ne devienne une pierre d’achoppement pour les faibles. (…) C’est pourquoi, si un aliment scandalise mon frère, je ne mangerai jamais de viande, afin de ne pas scandaliser mon frère. Paul (I Corinthiens 8: 4-13)
Mangez de tout ce qui se vend au marché, sans vous enquérir de rien par motif de conscience; car la terre est au Seigneur, et tout ce qu’elle renferme. Si un non-croyant vous invite et que vous vouliez aller, mangez de tout ce qu’on vous présentera, sans vous enquérir de rien par motif de conscience. Mais si quelqu’un vous dit: Ceci a été offert en sacrifice! n’en mangez pas, à cause de celui qui a donné l’avertissement, et à cause de la conscience. Paul (première lettre aux Corinthiens 10: 25-28)
Je veux, maintenant, que les abattoirs halal s’engagent, concrètement et rapidement, dans la voie d’une généralisation de l’étourdissement préalable. Nicolas Sarkozy (lettre à la Fondation Brigitte Bardot le 22 décembre 2006)
J’ai personnellement assuré à Brigitte Bardot, lorsque je l’ai rencontrée, que l’Islam n’est pas hostile à l’étourdissement mais à condition qu’il ne soit pas irréversible. recteur de la Mosquée de Paris, l’étourdissement préalable ne pose pas de difficulté vis-à-vis du culte musulman, à condition qu’il n’entraîne pas la mort. Dalil Boubakeur (recteur de la Mosquée de Paris, « Filières Avicoles », février 2006)
On ne peut pas accepter, dans un pays laïque, que soit imposée à tous les consommateurs une viande provenant d’abattages religieux alors que la loi française, républicaine, impose l’étourdissement des bêtes depuis 40 ans! Quelle régression! Fondation Brigitte Bardot
Il n’est pas […] admissible qu’un consommateur désireux de ne manger de la viande qu’à condition que la bête n’ait pas souffert soit dans l’impossibilité de le faire en toute certitude. N’insistons pas sur les risques sanitaires propres au halal et au casher, non plus que sur leur qualité gustative : chacun est libre d’en discuter, comme des OGM, mais la moindre des libertés est de pouvoir en décider soi-même. C’est pourquoi, oui, l’étiquetage s’impose. C’est ce que demande d’ailleurs l’Europe, qui a fait de la non-souffrance des bêtes par étourdissement préalable une règle générale, tolérant des dérogations sous réserve de bien identifier la viande. Marianne
L’Ile-de-France compte à ce jour 5 abattoirs dont un spécialisé dans la viande de porc. Les quatre autres abattent les cheptels exclusivement de manière rituelle : 100% de la viande abattue en Ile-de-France l’est selon les traditions musulmane et juive. Aucun choix n’est donné aux éleveurs franciliens qui doivent franchir les limites de la région pour bénéficier d’un abattage traditionnel. Leurs animaux doivent être transportés sur des centaines de kilomètres, abattus en province, les carcasses devant être rapatriées pour le conditionnement et la distribution en Ile-de-France. Quelle perte de temps et d’argent ! A l’heure des circuits courts, c’est un comble ! Mais pourquoi ? Par le passé, les abattoirs franciliens étaient gérés par les communes. Le désengagement des municipalités a vu peu à peu l’ensemble de l’abattage francilien confié à des opérateurs privés. Pour des raisons de simplification des process et poussés par la réduction des coûts, ces derniers se sont tournés vers un procédé unique d’abattage rituel, délaissant, de fait, la méthode traditionnelle, au mépris de la réglementation qui impose un ‘’étourdissement’’ préalable des animaux et avec le consentement coupable des services de l’Etat. Les abattoirs franciliens représentent cependant moins de 2 % de la consommation francilienne de viande. (…) Plus inquiétant encore, les consommateurs souffrent d’une mésinformation sur les produits qu’ils achètent au quotidien : en France on estime que 30% de la viande est abattue selon les rites musulman et juif alors que la demande ne représente que 7% ; 23% sont donc commercialisés comme de la viande ‘’traditionnelle’’…Chambres d’Agriculture d’Ile-de-France
En ce qui concerne l’abattage, la loi française est très claire : « l’étourdissement des animaux est obligatoire avant l’abattage». Une dérogation, c’est–‐a–‐dire une exception, est par ailleurs autorisée par la loi, dans le cadre des abattages rituels. (Code Rural, article R214–‐70). En France, environ 32% des animaux (veaux –‐ bovins –‐ ovins –‐ caprins) sont abattus de façon rituelle (source DGAL, 2008). Or, la réalité de l’abattage sans étourdissement préalable et de son aspect sanitaire n’est pas sans conséquences, il peut aussi augmenter le risque de rupture de la panse et donc l’apparition de souillures des carcasses. Les Artisans Bouchers d’Ile–‐de–‐France, défenseurs de l’étourdissement, réclament que les abattages rituels restent une pratique exceptionnelle accordée dans le cadre d’une dérogation, et correspondent à des commandes commerciales précises, comme le souligne le décret –‐ texte n°66 – du Journal Officiel n° 0301 du 29 décembre 2011 qui doit rentrer en application au 1er juillet 2012. Le phénomène de l’élargissement des pratiques d’abattage rituel doit être effectivement suivi avec attention et précision, dans le simple respect de la loi actuellement en vigueur et dans l’intérêt du bien–‐être des animaux. Les filières doivent se sentir concernées, et tenir compte de tous les marchés. Les consommateurs ne doivent pas être tenus à l’écart des informations d’élaboration des produits qu’ils achètent. Les Artisans Bouchers d’Ile–‐de–‐France soutiennent le travail des éleveurs dont ils valorisent les produits auprès de leurs clients. Pour se faire, ils demandent que le Gouvernement français et le Parlement Européen mettent en place un étiquetage obligatoire mentionnant le mode d’abattage afin que les professionnels et les consommateurs ne soient plus victimes d’un système et puissent acheter en toute transparence. Chambres d’Agriculture d’Ile-de-France
Bien-être animal : élevage et abattage, y-aurait-il deux poids, deux mesures ? Du côté des éleveurs, depuis 2003, le bien-être animal, préoccupation majeure de nos professionnels, fait l’objet de contraintes réglementaires conditionnant l’attribution d’aides européennes si précieuses au maintien de leur activité. Du côté des abattoirs, la réglementation européenne impose l’étourdissement préalable des animaux lors de l’abattage. Or, en France, dérogation a été accordée pour les abattages rituels. L’Etat français serait-il coupable d’appliquer la réglementation avec zèle quand il s’agit des éleveurs et avec souplesse quant il s’agit des opérateurs de l’abattage ? Comment se fait-il que chez nos voisins allemands l’étourdissement préalable des animaux soit généralisé à l’ensemble des modes d’abattage ? Chambres d’Agriculture d’Ile-de-France
L’annonce par la chaine Quick de la vente exclusive de produits halal dans 8 établissements, dont celui de Roubaix, était déjà en soi un scandale. Le  consommateur est ainsi pris en otage et doit non seulement se conformer  obligatoirement à la loi islamique mais de surcroît, dans ses formes les plus rigoristes. Le choix du « tout halal » étant la conséquence du refus  imposé par les musulmans les plus radicaux de la préparation de nourriture  « impure » dans les mèmes lieux que la préparation de nourriture halal. (…).  Le scandale prend une tout autre dimension lorsque l’on apprend que la chaîne Quick appartient depuis octobre 2006 à l’Etat Français. En effet, « Qualium investissement » détient 99,63 % du capital de Quick et n’est autre que la filiale de capital investissement de la Caisse des Dépôts et Consignations, bras financier de l’Etat. Polémia
Pour des raisons économiques, tous les animaux abattus en Ile-de-France le sont selon les techniques halal. Et le phénomène est en train de gagner toute la France, où on estime que 80% des moutons sont abattus selon les méthodes halal. Gilbert Mouthon (professeur à l’Ecole Vétérinaire de Maison Alfort et expert auprès des tribunaux)
Le principe est simple : des dérogations – légitimes – ont été accordées pour permettre les abattages rituels, halal et cascher, à des moments clairement identifiés. Or ces méthodes présentent bien plus de risques sanitaires que les méthodes conventionnelles, très codifiées. Ce qui implique, pour les abatteurs, une fois ces moments réservés aux pratiques rituelles passées, d’arrêter les chaînes d’abattage pour les nettoyer et les désinfecter. Ce que de moins en moins de professionnels se résolvent à faire, préférant généraliser les pratiques rituelles et augmenter leurs profits. Marianne
Le problème posé, le scandale même, c’est celui du non-respect des normes d’hygiène, conduisant à une augmentation des contaminations à l’Echerichia Colli, ces terribles bactéries qui provoquent tant d’insuffisances rénales chez les enfants. Au cours de ce type d’abattages rituels, le contenu de l’œsophage et des intestins des animaux risque de souiller la viande, particulièrement les quartiers avant qui finissent dans les steaks hachés. Voilà pourquoi l’étiquetage indiquant comment les animaux ont été abattus est si important. Le consommateur est en droit de savoir. Dr Jean-Louis Thillier (auteur de nombreux rapports officiels sur la sécurité sanitaire)
L’étourdissement des animaux avant leur mise à mort est une obligation légale dans l’UE, afin que l’animal soit inconscient et ne ressente aucune douleur. Peu d’exceptions sont accordées à cette règle et seuls quelques États membres autorisent des dérogations pour des pratiques religieuses de l’abattage. La législation de l’UE a pour objectif d’assurer l’application des mesures appropriées dans toute l’UE permettant d’optimiser les conditions de bien-être des animaux d’élevage. L’étourdissement est, par conséquent, rendu nécessaire par cette législation, afin que l’abattage soit effectué sans provoquer de peur, d’anxiété, de douleur, de souffrance ou de détresse inutile à l’animal. (…) Les méthodes d’étourdissement et de mise à mort provoquent une perte de conscience et la mort, soit simultanément soit consécutivement. L’étourdissement induit une perte temporaire de conscience et repose uniquement sur des procédures de saignée rapides et précises qui facilitent le saignement et entraînent le décès. La saignée consiste à endommager des vaisseaux sanguins importants, par exemple par section du cou ou perforation de la poitrine. Si la saignée n’est pas rapidement effectuée, un animal correctement étourdi a la possibilité de récupérer ses fonctions cérébrales et corporelles. Dans la mesure où la durée de l’inconscience et de l’insensibilité varie en fonction des méthodes, des espèces et des animaux, les procédures les plus appropriées pour les cerfs, les chèvres, les lapins, les autruches, les canards, les oies et les cailles doivent être appliquées. Certaines méthodes d’étourdissement et de mise à mort, avérées efficaces, ne reposent pas sur le saignement pour provoquer le décès et constituent une meilleure option lorsqu’elles sont disponibles. (…) Toutes les méthodes décrites dépendent de leur réalisation correcte et du respect des bonnes pratiques. Il est important que tous les opérateurs participant à l’étourdissement et à l’abattage soient compétents, convenablement formés et qu’ils aient une attitude positive en ce qui concerne le bien-être des animaux. En outre, tous les équipements utilisés pour l’étourdissement et la mise à mort doivent être maintenus dans un bon état de fonctionnement, les paramètres contrôlés doivent être documentés, et des journaux d’entretien et de réparation doivent être tenus à jour. Le groupe scientifique BIOHAZ affirme qu’il existe incontestablement des problèmes de sécurité alimentaire associés à certaines méthodes utilisées pour les espèces animales prises en compte dans cet avis. Selon le groupe scientifique, même si les connaissances et données actuellement disponibles sont insuffisantes pour quantifier les risques associés, au plan de la sécurité alimentaire, à ces méthodes d’étourdissement, il convient toutefois de ne pas les négliger. Rapport EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments)

Attention: un scandale peut en cacher un autre!

Où l’on découvre …

Nouvelle llustration, y compris derrière ses tentatives de récupération politicienne ou ses dérives écologistes, de ce si singulier souci du plus faible où l’Occident judéo-chrétien est en train d’entrainer la planète entière

Après les affaires de la viande halal et des intoxications au sein des restaurants du groupe Quick (propriété de l’Etat français à 94% par le biais de la Caisse des Dépôts) …

Et derrière la polémique quasi-religieuse digne du premier siècle du christianisme (où les boucheries étaient directement dans les temples et donc la viande nécessairement sacrifiée aux idoles) …

Que le « tout halal » …

Ou plus exactement la suppression de l’étape de l’étourdissement de la bête …

 Acceptée par ailleurs en Allemagne pour tout type d’abattage y compris rituel mais aussi par le Recteur de la mosquée de Paris (l’animal reste « vivant » même s’il n’est plus « conscient » et donc susceptible de souffrir) …

Ca rapporte tout simplement plus… aux grands abattoirs!

Marine Le Pen : « Toute la viande française est devenue halal »

Jean-Claude Jaillette

Marianne

Dimanche 19 Février 2012

Journaliste à Marianne, il suit le Front National pour les campagnes 2012.

Emue par un reportage d’Envoyé Spécial, Marine Le Pen dénonce à Lille , « la soumission des abattoirs français aux règles d’une minorité ». C’est plutôt d’aggravation des risques sanitaires, dans les steaks hachés, qu’il s’agit. Enquête

Marine Le Pen a pris de court ses conseillers pour frapper fort. Au cours d’un point presse organisé en marge de la Convention présidentielle que son parti a réunie à Lille ce week end, elle s’en est pris à la viande halal : « En Ile-de-France, il n’y a plus un seul abattoir qui ne soit pas halal. Toute la viande consommée en Ile-de-France est exclusivement halal sans que les consommateurs en aient connaissance. » Elle a aussitôt annoncé qu’elle allait porter plainte « pour tromperie », sans préciser d’ailleurs auprès de quel tribunal elle la déposerait. « J’ai toutes les preuves nécessaires » s’est-elle contenté de répondre aux journalistes qui la pressaient de questions.

A-t-elle été choquée par l’enquête de nos confrères d’Envoyé Spécial diffusée jeudi dernier et consacrée à la qualité de la viande en France ? Sans doute. Il y est révélé, témoignages solides à l’appui, qu’en Ile-de France et dans de nombreuses villes de France, la totalité des bovins, ovins et caprins sont abattus selon les méthodes halal. Attendons donc les jours qui viennent pour connaître précisément le contenu de sa plainte. Pour l’heure, le ministre de l’Agriculture ainsi que les professionnels de la viande ont démenti, mollement au demeurant : « Nous n’avons pas d’informations précises, a expliqué un porte parole du ministère. Mais ceux qui pratiquent les abattages rituels sont de petits abattoirs de proximité. »

Le tout halal, ça rapporte plus

Marianne a interrogé plusieurs experts qui confirment le contenu de l’enquête de nos confrères de France Télévision. Selon Gilbert Mouthon, professeur à l’Ecole Vétérinaire de Maison Alfort (94) et expert auprès des tribunaux, « pour des raisons économiques, tous les animaux abattus en Ile-de-France le sont selon les techniques halal. Et le phénomène est en train de gagner toute la France, où on estime que 80% des moutons sont abattus selon les méthodes halal ». Le principe est simple : des dérogations – légitimes – ont été accordées pour permettre les abattages rituels, halal et cascher, à des moments clairement identifiés. Or ces méthodes présentent bien plus de risques sanitaires que les méthodes conventionnelles, très codifiées. Ce qui implique, pour les abatteurs, une fois ces moments réservés aux pratiques rituelles passées, d’arrêter les chaînes d’abattage pour les nettoyer et les désinfecter. Ce que de moins en moins de professionnels se résolvent à faire, préférant généraliser les pratiques rituelles et augmenter leurs profits.

Peut-on dire dès lors, comme Marine Le Pen, que « tous les abattoirs se sont convertis aux règles d’une minorité » ? « Le problème posé, le scandale même, analyse le Dr Jean-Louis Thillier, auteur de nombreux rapports officiels sur la sécurité sanitaire, c’est celui du non-respect des normes d’hygiène, conduisant à une augmentation des contaminations à l’Echerichia Colli, ces terribles bactéries qui provoquent tant d’insuffisances rénales chez les enfants. Au cours de ce type d’abattages rituels, le contenu de l’œsophage et des intestins des animaux risque de souiller la viande, particulièrement les quartiers avant qui finissent dans les steaks hachés. Voilà pourquoi l’étiquetage indiquant comment les animaux ont été abattus est si important. Le consommateur est en droit de savoir. » Il délivre un conseil aux amateurs de viande : la faire bien cuire.

La démission des vétérinaires

C’est donc bien de l’état sanitaire des abattoirs qu’il s’agit, que les vétérinaires de l’Etat sont censés surveiller. Avec beaucoup de négligence semble-t-il. Depuis la fin des années 1990, plusieurs rapports officiels ont tiré le signal d’alarme, la Cour des comptes, la Direction générale de l’alimentation notamment. Le ministère de l’Agriculture, et particulièrement Bruno Lemaire, actuel ministre, fait la sourde oreille.

Leur indifférence vient de donner des armes à Marine Le Pen, pour, une nouvelle fois dénoncer « l’invasion de la France par les communauté, islamiste en particulier. »

Voir aussi:

Abattage – Priorité à l’information et à la transparence

24-02-2012

A la veille de l’ouverture du Salon International de l’Agriculture, les affirmations, les chiffres divers et variés et les polémiques vont bon train. Sur fond de tentatives de récupération politique, le sujet de l’abattage halal est soudainement devenu un véritable sujet public de préoccupation, alors que les professionnels de la filière viande y travaillent déjà depuis bien longtemps. Les Artisans Bouchers d’Ile–‐de–‐France tiennent à rappeler que leur savoir–‐faire est au service des clients. Chaque artisan boucher choisit et s’informe de la traçabilité de ses produits. Il travaille des produits d’une très grande qualité, issue des meilleurs élevages des plus belles Races à Viande Françaises. Il s’emploie à exercer son métier dans le respect de l’animal, de la loi, et du consommateur. En effet, en ce qui concerne l’abattage, la loi française est très claire : « l’étourdissement des animaux est obligatoire avant l’abattage». Une dérogation, c’est–‐a–‐dire une exception, est par ailleurs autorisée par la loi, dans le cadre des abattages rituels. (Code Rural, article R214–‐70). En France, environ 32% des animaux (veaux –‐ bovins –‐ ovins –‐ caprins) sont abattus de façon rituelle (source DGAL, 2008). Or, la réalité de l’abattage sans étourdissement préalable et de son aspect sanitaire n’est pas sans conséquences, il peut aussi augmenter le risque de rupture de la panse et donc l’apparition de souillures des carcasses. Les Artisans Bouchers d’Ile–‐de–‐France, défenseurs de l’étourdissement, réclament que les abattages rituels restent une pratique exceptionnelle accordée dans le cadre d’une dérogation, et correspondent à des commandes commerciales précises, comme le souligne le décret –‐ texte n°66 – du Journal Officiel n° 0301 du 29 décembre 2011 qui doit rentrer en application au 1er juillet 2012. Le phénomène de l’élargissement des pratiques d’abattage rituel doit être effectivement suivi avec attention et précision, dans le simple respect de la loi actuellement en vigueur et dans l’intérêt du bien–‐être des animaux. Les filières doivent se sentir concernées, et tenir compte de tous les marchés. Les consommateurs ne doivent pas être tenus à l’écart des informations d’élaboration des produits qu’ils achètent. Les Artisans Bouchers d’Ile–‐de–‐France soutiennent le travail des éleveurs dont ils valorisent les produits auprès de leurs clients. Pour se faire, ils demandent que le Gouvernement français et le Parlement Européen mettent en place un étiquetage obligatoire mentionnant le mode d’abattage afin que les professionnels et les consommateurs ne soient plus victimes d’un système et puissent acheter en toute transparence.

24-02-2012

Abattoirs en Ile-de-France : Eleveurs et consommateurs doivent pouvoir choisir

Une filière élevage disloquée en Ile-de-France

Disparition des vétérinaires ruraux, fermeture des centres de collecte de lait, abattoirs traditionnels délocalisés, désengagement des Pouvoirs Publics, pression réglementaire croissante, contrôles zélés et suspicieux des services de l’Etat… La filière élevage francilienne survit comme elle le peut dans ce contexte déstructuré. Sans avoir été entendus par les Pouvoirs Publics et les opérateurs de l’abattage, les éleveurs franciliens dénoncent pourtant cela depuis des années.

Beaucoup d’entre eux se sont tournés vers la vente directe aux consommateurs et aux artisans bouchers, le contact avec le consommateur et la qualité de la production devenant la base de leur stratégie commerciale.

De l’éleveur au consommateur, un manque clair de transparence

Faute d’infrastructures adaptées, les éleveurs subissent bel et bien le mode d’abattage de leurs animaux. Ils n’ont pas le choix et ignorent bien souvent le devenir de leur cheptel. A l’autre bout de la chaîne, le consommateur ne connaît ni le cheminement du produit qu’il a dans son assiette, ni le mode d’abattage, ni ses étapes de transformation. Il serait si facile de l’indiquer sur l’étiquette !

Bien-être animal : élevage et abattage, y-aurait-il deux poids, deux mesures ?

Du côté des éleveurs, depuis 2003, le bien-être animal, préoccupation majeure de nos professionnels, fait l’objet de contraintes réglementaires conditionnant l’attribution d’aides européennes si précieuses au maintien de leur activité.

Du côté des abattoirs, la réglementation européenne impose l’étourdissement préalable des animaux lors de l’abattage. Or, en France, dérogation a été accordée pour les abattages rituels. L’Etat français serait-il coupable d’appliquer la réglementation avec zèle quand il s’agit des éleveurs et avec souplesse quant il s’agit des opérateurs de l’abattage ?

Comment se fait-il que chez nos voisins allemands l’étourdissement préalable des animaux soit généralisé à l’ensemble des modes d’abattage ?

Recréer des chaînes d’abattage traditionnel en Ile-de-France

Pour une totale liberté de choix des méthodes d’abattage par l’éleveur, pour le respect de la réglementation en matière de bien-être animal, et pour une totale information du consommateur, aujourd’hui comme hier, les professionnels de l’élevage ne réclament que la simple réouverture de lignes d’abattage traditionnel en Ile-de-France, le soutien des politiques par le Conseil régional et l’application d’une traçabilité pour le consommateur.

21-02-2012

100% de la viande abattue de façon rituelle en Ile-de-France !

L’Ile-de-France compte à ce jour 5 abattoirs dont un spécialisé dans la viande de porc. Les quatre autres abattent les cheptels exclusivement de manière rituelle : 100% de la viande abattue en Ile-de-France l’est selon les traditions musulmane et juive.

Aucun choix n’est donné aux éleveurs franciliens qui doivent franchir les limites de la région pour bénéficier d’un abattage traditionnel. Leurs animaux doivent être transportés sur des centaines de kilomètres, abattus en province, les carcasses devant être rapatriées pour le conditionnement et la distribution en Ile-de-France. Quelle perte de temps et d’argent ! A l’heure des circuits courts, c’est un comble !

Mais pourquoi ?

Par le passé, les abattoirs franciliens étaient gérés par les communes. Le désengagement des municipalités a vu peu à peu l’ensemble de l’abattage francilien confié à des opérateurs privés. Pour des raisons de simplification des process et poussés par la réduction des coûts, ces derniers se sont tournés vers un procédé unique d’abattage rituel, délaissant, de fait, la méthode traditionnelle, au mépris de la réglementation qui impose un ‘’étourdissement’’ préalable des animaux et avec le consentement coupable des services de l’Etat.

Les abattoirs franciliens représentent cependant moins de 2 % de la consommation francilienne de viande.

Et dans tout ça, le consommateur a-t-il le choix ? Pas vraiment…

Plus inquiétant encore, les consommateurs souffrent d’une mésinformation sur les produits qu’ils achètent au quotidien : en France on estime que 30% de la viande est abattue selon les rites musulman et juif alors que la demande ne représente que 7% ; 23% sont donc commercialisés comme de la viande ‘’traditionnelle’’…

Donnons le choix à nos éleveurs et à nos consommateurs !

Les problèmes d’abattage en région Ile-de-France ont longtemps été le cheval de bataille de la Chambre Interdépartementale d’Agriculture d’Ile-de-France et de la Maison de l’Elevage. Néanmoins, ce phénomène prend de l’ampleur sur fond d’élection présidentielle et il est temps de réagir !

Les éleveurs devraient pouvoir choisir leur mode d’abattage tout comme les consommateurs devraient pouvoir choisir leurs produits en toute connaissance de cause : les viandes devraient bénéficier d’un affichage clair en la matière. Quant aux abattoirs, ils devraient être soumis aux mêmes conditions de contrôle que celles imposées aux exploitations d’élevage par les services de l’Etat !

Voir enfin:

Avis du groupe scientifique sur la santé animale et le bien-être des animaux suite à une question de la Commission sur les aspects concernant le bien-être des cerfs,  chèvres, lapins, autruches, canards, oies et cailles élevés pour leur commerce et soumis aux principaux systèmes d’étourdissement et de mise à mort

European Food Safety Authority

27.03.06

Résumé

L’étourdissement des animaux avant leur mise à mort est une obligation légale dans l’UE, afin que l’animal soit inconscient et ne ressente aucune douleur. Peu d’exceptions sont accordées à cette règle et seuls quelques États membres autorisent des dérogations pour des pratiques religieuses de l’abattage. La législation de l’UE a pour objectif d’assurer l’application des mesures appropriées dans toute l’UE permettant d’optimiser les conditions de bien-être des animaux d’élevage. L’étourdissement est, par conséquent, rendu nécessaire par cette législation, afin que l’abattage soit effectué sans provoquer de peur, d’anxiété, de douleur, de souffrance ou de détresse inutile à l’animal.

Afin d’assurer que les meilleures méthodes d’étourdissement soient appliquées et d’atteindre une meilleure compréhension de ce processus, la Commission européenne a demandé au groupe scientifique sur la santé animale et le bien-être des animaux (AHAW) de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA/EFSA) d’effectuer une évaluation complète des principaux systèmes d’étourdissement et de mise à mort appliqués aux cerfs, aux chèvres, aux lapins, aux autruches, aux canards, aux oies et aux cailles, en examinant plus particulièrement les aspects concernant le bien-être animal, la biosécurité et la sécurité microbiologique de la carcasse, et de communiquer un avis en conséquence. Le chapitre concernant les aspects de l’étourdissement en relation avec la sécurité alimentaire a été adopté conjointement par le groupe scientifique AHAW et le groupe scientifique sur les risques biologiques (BIOHAZ).

Le groupe scientifique AHAW a constaté, dans ses conclusions, que les informations scientifiques publiées sur les problèmes liés à l’étourdissement et à la mise à mort pour les espèces considérées étaient très peu nombreuses. Il a souligné le besoin urgent d’une investigation plus détaillée des méthodes, des mécanismes et des effets des différentes méthodes d’étourdissement et de leurs performances techniques et organisationnelles en pratique. Le groupe scientifique recommande une formation continue de meilleure qualité des personnels concernés afin d’assurer dans les meilleures conditions le bien-être animal. L’avis recommande également à l’industrie et à toutes les parties pratiquant l’étourdissement et la mise à mort de développer et de mettre en œuvre des programmes de contrôle qualité susceptibles d’être soumis à des audits, et permettant de détecter de mauvaises conditions d’étourdissement et de prévoir les mesures correctives à apporter.

Dans la mesure où aucune méthode d’étourdissement et de mise à mort n’est idéale pour tous les types d’animaux d’élevage sur le plan de l’abattage commercial ou du contrôle des maladies, le groupe scientifique considère qu’il est nécessaire de sélectionner des procédures qui, lorsqu’elles sont correctement appliquées, apporteront les garanties maximales en ce qui concerne le bien-être animal, la biosécurité et la sécurité microbiologique de la carcasse.

Les méthodes d’étourdissement et de mise à mort provoquent une perte de conscience et la mort, soit simultanément soit consécutivement. L’étourdissement induit une perte temporaire de conscience et repose uniquement sur des procédures de saignée rapides et précises qui facilitent le saignement et entraînent le décès. La saignée consiste à endommager des vaisseaux sanguins importants, par exemple par section du cou ou perforation de la poitrine. Si la saignée n’est pas rapidement effectuée, un animal correctement étourdi a la possibilité de récupérer ses fonctions cérébrales et corporelles. Dans la mesure où la durée de l’inconscience et de l’insensibilité varie en fonction des méthodes, des espèces et des animaux, les procédures les plus appropriées pour les cerfs, les chèvres, les lapins, les autruches, les canards, les oies et les cailles doivent être appliquées. Certaines méthodes d’étourdissement et de mise à mort, avérées efficaces, ne reposent pas sur le saignement pour provoquer le décès et constituent une meilleure option lorsqu’elles sont disponibles.

L’avis recommande certaines méthodes par rapport à d’autres, en spécifiant quelle méthode est mieux adaptée à chacune des espèces. Par exemple, le risque est important de porter grandement atteinte au bien-être du cerf commun et du daim, qui ne sont pas accoutumés à l’homme, en les soumettant à une manipulation, une contention ou un transport. Pour ces espèces, la recommandation est de ne pas les transporter, mais de les abattre in situ en utilisant des balles. Le groupe scientifique met néanmoins en garde sur le fait que l’efficacité de cette méthode dépend de la formation et de l’habileté du personnel réalisant la mise à mort. En revanche, pour les oies, la seule méthode efficace avérée est d’utiliser une méthode d’étourdissement par percussion.

Les méthodes d’étourdissement utilisant le gaz et l’électricité sont toutes les deux considérées comme extrêmement efficaces pour la plupart des espèces. Cependant, ces méthodes exigent un équipement technique très important, un personnel expérimenté et une surveillance efficace de la procédure.

Toutes les méthodes décrites dépendent de leur réalisation correcte et du respect des bonnes pratiques. Il est important que tous les opérateurs participant à l’étourdissement et à l’abattage soient compétents, convenablement formés et qu’ils aient une attitude positive en ce qui concerne le bien-être des animaux. En outre, tous les équipements utilisés pour l’étourdissement et la mise à mort doivent être maintenus dans un bon état de fonctionnement, les paramètres contrôlés doivent être documentés, et des journaux d’entretien et de réparation doivent être tenus à jour.

Le groupe scientifique BIOHAZ affirme qu’il existe incontestablement des problèmes de sécurité alimentaire associés à certaines méthodes utilisées pour les espèces animales prises en compte dans cet avis. Selon le groupe scientifique, même si les connaissances et données actuellement disponibles sont insuffisantes pour quantifier les risques associés, au plan de la sécurité alimentaire, à ces méthodes d’étourdissement, il convient toutefois de ne pas les négliger.

La principale préoccupation concerne l’étourdissement des chèvres au pistolet à tige perforante et la dissémination éventuelle de fragments de système nerveux central (SNC) via la circulation sanguine dans les tissus consommables avec, pour conséquence, l’exposition de l’homme à l’agent de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB).

Une autre préoccupation soulignée par le groupe scientifique BIOHAZ concerne l’absence actuelle de données sur l’ampleur de la contamination microbienne des eaux de bains utilisées pour l’étourdissement des canards, des oies et des cailles. Selon le groupe scientifique, cela signifie que le devenir des agents pathogènes d’origine alimentaire dans l’eau utilisée est inconnu; toutefois, il peut être supposé qu’il existe un risque de contamination des poumons de ces espèces avec ces germes pathogènes au cours de l’étourdissement. Il est également recommandé que ces risques soient visés par des mesures de bonnes pratiques d’hygiène et que des recherches complémentaires soient effectuées pour déterminer l’ampleur de ces risques.

Cet avis s’aligne sur un avis et un rapport antérieurs du groupe scientifique AHAW, datés du mois de juin 2004, qui portaient sur les aspects concernant le bien-être des bovins, ovins, porcins, poulets et dindes, chevaux et poissons d’élevage soumis aux principaux systèmes d’étourdissement et de mise à mort, y compris les méthodes appliquées dans les abattoirs et dans l’élevage dans des conditions de lutte contre les maladies.

Ces deux avis et les rapports connexes établis par le groupe scientifique AHAW, considérés conjointement, traitent de l’étourdissement et de la mise à mort de la plupart des espèces faisant l’objet d’un élevage au sein de l’UE.


Etat-Nounou: La rééducation périnéale, ça sert aussi à faire la guerre (Only in France: State-paid vaginal gymnastics, anyone?)

10 mars, 2012
Tatiana Kozhevnikova has the world’s strongest vagina… and has patented a fitness program so that you too can lift up to 14 kg with your « intimate muscles ». Youtube
It’s enough to exercise your vagina five minutes a day, ladies, and in just one week you’ll be able to give yourself and your man unforgettable pleasure in bed. Tatiana Kozhevnikova
Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire. Houari Boumediene (ONU, 10.04.74)
At the origin, family policy wasn’t about women, it was about Germany. French mothers have conditions women elsewhere can only dream of. But stereotypes remain very much intact. Geneviève Fraisse
We spend the most money and we offer good childcare, it’s as simple as that. Our country understood a long time ago that to reconstruct a nation you need children. Nadine Morano (ministre de la famille)
On peut même parler d’une exception française! Or, nous effectuons autant d’interventions chirurgicales pour incontinence urinaire et prolapsus génital (descente d’organes) que dans les pays où cette rééducation périnéale systématique n’existe pas. A titre d’exemple, nous ne faisons pas mieux que les Anglo-Saxons qui, eux, ont opté pour la méthode Kegel : des exercices de contraction du périnée que l’on montre aux accouchées avant leur sortie et qu’elles font ensuite toutes seules chez elles. Philippe Bourcier
L’ignorance agit comme une ceinture de chasteté psychologique. Elle réduit considérablement le potentiel sexuel des femmes. Elisa Brune
J’ai vu récemment un documentaire sur Arte, intitulé Le Clitoris, cet inconnu. Les jeunes filles interrogées étaient aussi ignorantes que moi. Je n’ai eu aucune éducation sur mon anatomie. Au lycée, en SVT (sciences de la vie et de la Terre), le seul cours dont je me souvienne concernait la reproduction humaine. Et il n’était question que de l’anatomie masculine. Sûrement parce que sans le pénis et sa potion magique, pas de reproduction. Tandis que le plaisir féminin n’est pas indispensable à la reproduction.  Etudiante (24 ans)
Nous ne connaissons rien de notre corps ou si peu. Nous ne parlons pas beaucoup entre nous de notre sexualité, la jouissance féminine reste un tabou. Anciennes élèves des classes préparatoires d’un lycée parisien du 20e arrondissement
Everybody agrees that reform is necessary. Without reform now, our children and grandchildren will pay the price. Martine Durand (OECD)
To us, something like raising the retirement age seems like a pragmatic step. But the French have invested so much hope and energy in their social welfare system that having to give any of that up provokes this sort of reaction. That reflex is born partly of genuine egalitarianism, but it also reflects a long-standing suspicion of employment as an instrument of capitalism. In France work is seen by many people as oppressive. (…) They want what their parents and grandparents had and that’s just the problem. They can’t have it, because there’s no way to pay for it. Timothy Smith (Queen’s University)
The irony, of course, is that if you have a job, there are few better places to work than Western Europe. Consider France, where, weeks after giving birth, women are offered state-paid, one-on-one, extended courses in vaginal therapy. The training, known as la rééducation périnéale après accouchement, or “perineal retraining after childbirth,” includes a personal trainer known as a kinesitherapist, along with wands and electric devices meant to strengthen muscles in the birth canal. After vaginal re-education, French women are then offered extended courses in abdominal training, aimed at flattening their tummies. The state picks up the tab for that, too. It’s the beginning of an exhaustive, heavily subsidized set of benefits that carries through until a child reaches young adulthood—all in the name of encouraging French women to have children. The program begins with a birth or adoption bonus, a four-month paid maternity leave, plus a basic allowance. Laws allow a woman to opt not to work until her child is three, and guarantees her a full-time job on her return. At that point, the child is eligible for state-funded daycare, which runs to kindergarten, and every fall, parents receive a grant for every child they return to school, amounting to $420 for children over 11 this year. They also receive a housing benefit, tax benefits, and discounts on public transit, cultural events and shopping. In the summer, children are entitled to subsidized, full-day summer camps with activities like trips to the museum, farms and pools along with three square meals (and snacks). For some parents, daily fees for the camps start at as little as 65 cents. (…) Suffice to say, this notion of fairness comes at a price, and the bills are starting to pile up (France’s family benefit schemes last year alone cost $140 billion—or five per cent of its GDP—with over 40 per cent of subsidies going to middle-class and wealthy families). To pay them, governments will need either punishing spending cuts or tax hikes that will discourage business. Growth during this painful period of “deleveraging” in Europe’s largest economies could sink as low as one per cent, a prediction that last summer prompted Jean-Claude Trichet, the president of the European Central Bank, to fret publicly about a “lost decade” for the world’s advanced economies. (…) The challenge is most acute in France, where the average person spends 21 years of his life on pension—the highest of any country in the world. By 2050, according to Organisation for Economic Co-operation and Development (OECD) projections, there will be one person on benefits for every two who are of working age in France, compared to the current ratio of 1:4. When you consider that only 62 per cent of working-age French people are actually in the labour force, it’s not hard to imagine the crisis that lies in wait. (…) An increase in productivity might ease some of this burden, generating more income that could then theoretically be taxed. But here, too, Europe’s culture of entitlement stands in the way. While the region’s most advanced economies produce almost as much per hour worked as the U.S. (the OECD benchmark), they lag far behind when annual production is measured on a per-person basis, suggesting those five-week holidays are dragging down economies. Germany, for example, produces only nine per cent less per hour than the U.S., but 25 per cent less per person; France makes 30 per cent less per capita, and Spain 33 per cent. This might be understandable were those countries less technologically advanced than America, or if they had lousy education systems. But the culprit in this case is the basket of benefits enjoyed by workers, and labour laws that prevent firms from laying off workers due to swings in the market. The latter issue is vital, says Smith at Queen’s, because the rules meant to protect workers are discouraging companies from hiring in the first place. Fully one in four people in France who are fired, laid off or fail to get their contracts renewed take their employer to court under laws allowing them to contest the decision. “It takes an average of six months to get one of those actions resolved,” says Smith. “It’s a huge disincentive to hire, and it is the key problem facing France’s economy.” McLean’s

Politique familiale à près de 100 milliards d’euros annuels soit plus de 5% du PIB et le double de la moyenne européenne, séances de rééducation périnéale comme la sonde vaginale pour le suivi à la maison prises en charge à 100 % par la Sécurité sociale, rééducation abdominale, bonus pour naissance ou adoption, congé de maternité de 4 mois, allocations familiales, crèches subventionnées, allocation de rentrée scolaire, allocations logement, déductions fiscales, réductions familles nombreuses, colonies de vacances subventionnées …

Où l’on (re)découvre, ultime vestige de trois guerres désatreuses avec l’Allemagne sans compter celle contre l’Eglise et après la Chine et les Rwandais, que le corps des femmes peut aussi servir à faire la guerre …

A l’heure où à moins de 50 jours des présidentielles, le nouveau Génie de Corrèze et vainqueur annoncé multiplie les promesses les plus folles pour un pays n’ayant pas connu un budget équilibré depuis 40 ans et officiellement en faillite virtuelle depuis la dernière élection …

Retour sur une nouvelle exception française que le monde entier nous envie …

A savoir celle de la rééducation périnéale et de l’équipement idoine pour nouvelles mamans remboursés par la Sécu …

Même si quelques esprits chagrins se permettent d’en mettre en cause tant les coûts faramineux que l’efficacité, la recordwoman du monde restant désespéremment russe et, si l’on en croit notre journal de référence, nos jeunes filles en fleur ignorant toujours tout  du plaisir féminin …

Where Having It All Doesn’t Mean Having Equality

Katrin Bennhold

The NYT

October 11, 2010

PARIS — Could there be anything more French than this workout?

Weeks after giving birth, French women are offered a state-paid, extended course of vaginal gymnastics, complete with personal trainer, electric stimulation devices and computer games that reward particularly nimble squeezing. The aim, said Agnes de Marsac, a physiotherapist who runs such sessions: “Making love again soon and making more babies.”

Perineal therapy is as ubiquitous in France as free nursery schools, generous family allowances, tax deductions for each child, discounts for large families on high-speed trains, and the expectation that after a paid, four-month maternity leave mothers are back in shape — and back at work.

Courtesy of the state, French women seem to have it all: multiple children, a job and, often, a figure to die for.

What they don’t have is equality: France ranks 46th in the World Economic Forum’s 2010 gender equality report, trailing the United States, most of Europe, but also Kazakhstan and Jamaica. Eighty-two percent of French women aged 25-49 work, many of them full-time, but 82 percent of parliamentary seats are occupied by men. French women earn 26 percent less than men but spend twice as much time on domestic tasks. They have the most babies in Europe, but are also the biggest consumers of anti-depressants.

A recent 22-country survey by the Pew Research Center summed it up: three in four French people believe men have a better life than women, by far the highest share in any country polled.

“French women are exhausted,” said Valérie Toranian, editor-in-chief of Elle magazine in France. “We have the right to do what men do — as long as we also take care of the children, cook a delicious dinner and look immaculate. We have to be superwoman.”

The birthplace of Simone de Beauvoir and Brigitte Bardot may look Scandinavian in employment statistics, but it remains Latin in attitude. French women appear to worry about being feminine, not feminist, and French men often display a form of gallantry predating the 1789 revolution. Indeed, the liberation of French women can seem almost accidental — a byproduct of a paternalist state that takes children under its republican wings from toddler age and an obsession with natality rooted in three devastating wars.

“At the origin, family policy wasn’t about women, it was about Germany,” said Geneviève Fraisse, author of several books on gender history. “French mothers have conditions women elsewhere can only dream of. But stereotypes remain very much intact.”

Or, as the philosopher Bernard-Henri Lévy put it: “France is an old Gallic macho country.”

France crystallizes the paradox facing many women across the developed world in the early 21st century: They have more say over their sexuality (in France birth control and abortion are legal and subsidized), they have overtaken men in education and are catching up in the labor market, but few make it to the top of business or politics.

Only one of France’s top companies is run by a woman: Anne Lauvergeon is chief executive of the nuclear power giant Areva and mother of two young children.

Having those children is relatively easy in France, one reason Paris seems to teem with stylish career women with several offspring.

At 31, Fleur Cohen has four children and works full-time as a doctor at a Left Bank hospital. As she drops her youngest at nursery in stilettos and pencil skirt you would never guess that she gave birth only three months ago.

Child No. 4 wasn’t “planned,” Ms. Cohen said, but it doesn’t change all that much: Instead of three children, she now takes four on the Metro in the morning and drops them at the public school and subsidized hospital nursery. She joked that children are probably the best way to reduce your tax bill. Irrespective of income, parents get a monthly allowance of €123, or about $170, for two children, €282 for three children and an additional €158 for every child after that. Add to that tax deductions and other benefits, and the Cohens pretty much stopped paying tax after baby No. 3.

Across town, Ms. de Marsac snapped on a plastic glove, inserted two fingers between Clara Pflug’s legs and told her to think of the wings of a butterfly as she contracted her birth canal muscles. The French state offers mothers 10 one-on-one, half-hour sessions of perineal therapy to prevent post-pregnancy incontinence and organ descent — and to improve sex. Ten sessions of free abdominal exercises follow; Ms. de Marsac promises Ms. Pflug a “washboard tummy.”

French women have on average two babies, compared with 1.5 in the European Union overall.

Asked by foreign delegations about “le miracle français,” Nadine Morano, the feisty family minister and mother of three, says bluntly: “We spend the most money and we offer good childcare, it’s as simple as that. Our country understood a long time ago that to reconstruct a nation you need children.”

The 1870 defeat by a much more fertile Prussia led to first efforts to encourage childbirth. Then came the losses of World War I. Since 1920, when the gold Medal of the French Family — to honor mothers of eight or more — was created, expenditure on pro-breeding policies has blossomed. Last year, €97 billion, or 5.1 percent of gross domestic product — twice the E.U. average — went on family, childcare and maternity benefits.

Emblematic in this regard are the “écoles maternelles,” free all-day nursery schools set up a century after the French revolution in part, said Michelle Perrot, a historian, to stamp out the lingering influence of the Roman Catholic Church.

La Flèche houses the oldest école maternelle in France. At 8:30 a.m., parents drop off toddlers as young as two. Classes end at 4:30 p.m. but a free municipal service offers optional childcare until 6:30 p.m. Children are guaranteed a place in “maternelle” from the age of three and 99 percent of them attend.

Katy de Bresson, a single mother of two, called the enrollment of her son Arthur a “mini-revolution.” Free of all childcare costs, she could return to work full-time. “I am a lot happier and a lot more self-confident since then.”

Working mothers being the norm, Isabelle Nicolas, a nurse whose youngest son, Titouan, is in Arthur’s class and who quit work after his birth, feels pressure to return. “I spend a lot of time justifying myself,” she said. “In France you are expected to do it all.”

But ask any mother here whether school had changed the life of her husband and the answer is “non.”

“The school is called ‘maternelle’ for a reason,” said principal Anne Leguen. “In France, children are still considered to be the responsibility of mothers.”

Forty percent of French mothers undergo a career change within a year of giving birth, compared with 6 percent of men. Both parents have the right to take time off or reduce their hours until the child turns three — but 97 percent of those who do are women.

Women spend on average five hours and one minute per day on childcare and domestic tasks, while men spend two hours and seven minutes, according to the national statistics office Insee.

In Paris, Ms. Cohen’s husband is a doctor, too. But she bathes all four children, cooks and does the Saturday shopping — largely, she insists, by choice. “If I didn’t prepare food for my children, I would feel less like a mother,” she said.

At work, meanwhile, she plays down motherhood. She sneaks down to the hospital nursery to nurse her baby son, and tries to stay longer than her male colleagues in the evenings. Otherwise, “everyone will just assume that I’m leaving because of my children and that I am not committed to the job.”

A majority of medical graduates in France are female. Yet all 11 department heads in her hospital are men.

“French men have always been slow to give up power,” said Jean-François Copé, parliamentary leader of President Nicolas Sarkozy’s center-right party, who is defending a bill to oblige companies to fill 40 percent of boardroom seats with women.

The French Republic made “equality” a founding principle, but women were allowed to vote for the first time only in 1945. Since a 1998 law obliged political parties to have an equal number of men and women candidates on their party lists, parties have tended to pay fines rather than comply.

Women leaders come under close scrutiny in what is after all the home of couture. Ms. Morano recalls being mocked on television for wearing the same jacket several times. Ms. Lauvergeon likened her outfit to “armor.”

Four pieces of equal pay legislation have passed since 1972. But in 2009, even childless women in their forties still earned 17 percent less than men.

“A patriarchal corporate culture,” is the main barrier facing women in French companies, according to Brigitte Grésy, author of a 2009 report on gender equality in the workplace.

France is Latin not just in its culture of seduction, but also in its late work hours, Ms. Grésy said. And the disproportional weight of a small number of male-dominated engineering schools in grooming the elites has done its part in excluding women from power. Xavier Michel, president of École Polytechnique, points out that the number of female students has risen tenfold from seven to 70 since he graduated in 1972 — but that leaves it at just 14 percent.

Simone Veil was 18 when French women first voted and 28 when she was allowed to open her own bank account. At 38, as health minister, she pushed through the legalization of abortion. “A lot has changed, but a lot hasn’t,” she says today. More comfort to her than many of the laws in recent years is the fact that more fathers push strollers through her neighborhood.

Ms. Fraisse, the philosopher, says more than two centuries after France got rid of the king as the father of the nation, it needs to get rid of the father as the king of the family. “We had one revolution,” she said, “now we need another one — in the family.”

Voir aussi:

Europe loses its cool

A pampered continent protests the rollback of its lavish welfare state

Charlie Gillis and Nancy MacDonald

Mc Clean’s

November 3, 2010

 Hugo Christy doesn’t have to worry about his pension for 40 years. He hasn’t even started working yet. None of this has stopped the 21-year-old student from the Institut d’Études Politiques de Paris from joining thousands of striking workers in mass protests against the French government’s pension reforms.

Rolling strikes and nationwide demonstrations against the move all but brought the country to its knees, as people from all walks of life decried the hike in the French age of retirement from 60 to 62, and the age for full state pension from 65 to 67. Last week, President Nicolas Sarkozy was forced to call in riot police, who used tear gas and batons to clear key fuel depots and get gas flowing to service stations—more than a quarter had run dry. Strikes shut Marseille’s docks, and left many of the southern port city’s sidewalks filled with rotting garbage. More than 300 high schools were blockaded, and streets from Paris to Nice were flooded with youth and workers carrying drums and bullhorns, chanting slogans, staging sit-ins, and singing the Internationale, the socialist anthem. Children as young as 10 demanded their government withdraw its reforms, suggesting either remarkable awareness, or some early instruction by their parents in the art of dissent.

“It’s a question of fairness, of social justice,” declares Christy, who studies urban planning and expects to enter the civil service when he graduates. Those who worked a tough job, like bus drivers and miners, he adds, should be allowed to retire even earlier than 60—anything less would be “unfair.” And he views benefits like five-week vacations, a 35-hour workweek and early retirement as a kind of birthright, much as Canadians might view universal public schooling. Despite numerous warnings that the country’s cushy pension scheme has become unsustainable, the majority of French citizens seem to share his view: polls suggest support for the protests tops 70 per cent, despite the fact the disruptions were costing the public treasury a half-billion euros per day.

To Denis Rivier, an electronic technician from the Loire Valley town of La Talaudière, even the slightest concession on those entitlements would be “catastrophic,” setting French workers on a path back to the Industrial Revolution. Working conditions at the factory where the 58-year-old repairs circuit boards have already “radically degraded,” he claims. Where once he worked on a flexible schedule—coming in between 7 and 9 a.m., and heading home anywhere from 4:30 to 7 p.m., so long as he put in seven hours—Rivier now has to work a set shift. “All the leeway I had to organize my work life disappeared,” he says, adding that his employer, in an apparent cost-cutting move, has removed lockers where workers once stored their lunches and pinned up family photos. “Misery,” he concludes, “is returning to the working class.”

To Canadian ears, such complaints sound absurd. Shift work during tough economic times? Better than no work at all. Retiring at 62? We wish. But Rivier’s outrage typifies a denial of economic reality among average Europeans that seems to be deepening as their governments hurtle toward the financial abyss. In the past four weeks, workers in no less than 12 European countries have staged crippling strikes or protests in response to austerity measures almost no one disputes are necessary to shore up their nations’ wobbly finances. France’s month of unrest, with the possibility of more strikes to come, has taken place despite warnings that the country’s 80 per cent debt-to-GDP ratio threatens its economic future. In Spain, where the annual deficit now stands at 11 per cent of GDP, a 24-hour general strike on Sept. 29 brought the country to a standstill, with more planned in protest of a labour reform bill tabled by Prime Minister José Luis Rodríguez Zapatero. In Italy, thousands joined a march in Rome organized by labour, while Britain faced a growing backlash to budget measures that would see nearly 500,000 civil servants axed from the public payroll: an Oct. 19 protest against the cuts at Westminster came two weeks after rail workers staged a 24-hour strike over staffing levels that shut down London’s underground. This despite a $250-billion deficit in Britain that, measured against GDP, is third worst in the world.

All of this has taken place against the backdrop of Greece’s financial catastrophe—a lesson on the dangers of fiscal procrastination if ever there was one. Two weeks ago, striking civil servants in that country shut down schools and tax offices in an aftershock from violent spring demonstrations that saw rioters in Athens tear-gassed and three people killed by a Molotov cocktail. What the bureaucrats expected to accomplish wasn’t clear. Their country is unable to borrow on the open market, while a recent crackdown on tax evasion drew as much public anger as the government’s aggressive cost-cutting program. Even if their politicians wanted to keep paying civil servants, they couldn’t find the money.

The reaction has fuelled fears that desperately needed financial reforms will run up against a sort of collective blindness—a peculiarly European belief that the cherished welfare state could defy the cold math of weak economies and aging workforces. “To us, something like raising the retirement age seems like a pragmatic step,” says Timothy Smith, a history professor at Queen’s University and author of France in Crisis, a 2004 book arguing that the French model is collapsing. “But the French have invested so much hope and energy in their social welfare system that having to give any of that up provokes this sort of reaction,” he says. That reflex is born partly of genuine egalitarianism, he says, but it also reflects a long-standing suspicion of employment as an instrument of capitalism. “In France,” says Smith, “work is seen by many people as oppressive.”

The irony, of course, is that if you have a job, there are few better places to work than Western Europe. Consider France, where, weeks after giving birth, women are offered state-paid, one-on-one, extended courses in vaginal therapy. The training, known as la rééducation périnéale après accouchement, or “perineal retraining after childbirth,” includes a personal trainer known as a kinesitherapist, along with wands and electric devices meant to strengthen muscles in the birth canal. After vaginal re-education, French women are then offered extended courses in abdominal training, aimed at flattening their tummies. The state picks up the tab for that, too.

It’s the beginning of an exhaustive, heavily subsidized set of benefits that carries through until a child reaches young adulthood—all in the name of encouraging French women to have children. The program begins with a birth or adoption bonus, a four-month paid maternity leave, plus a basic allowance. Laws allow a woman to opt not to work until her child is three, and guarantees her a full-time job on her return. At that point, the child is eligible for state-funded daycare, which runs to kindergarten, and every fall, parents receive a grant for every child they return to school, amounting to $420 for children over 11 this year. They also receive a housing benefit, tax benefits, and discounts on public transit, cultural events and shopping. In the summer, children are entitled to subsidized, full-day summer camps with activities like trips to the museum, farms and pools along with three square meals (and snacks). For some parents, daily fees for the camps start at as little as 65 cents.

Similar, if less extensive benefits prevail throughout the Continent, with each country adding its unique selection of perks. Ailing Greeks can tap a public insurance program for spa therapy, which aims to heal via “curing waters” or “aerotherapy,” which exposes patients to changes in atmospheric pressure. Pregnant Swedes are entitled to prenatal leave if they do work that can be considered physically demanding, while Germans who fall ill get domestic nurses if no one at home can provide them with attention and care.

You might think this sort of generosity would flag in a stagnant economy, but benefit-minded public officials remain emboldened. In April, the EU declared tourism to be a “human right,” meaning students, retirees and low-income earners would have their travel subsidized. Among other things, officials envisioned sending Greeks and Italians to England to tour “archaeological and industrial sites” such as shuttered mines, factories and power plants—and vice versa. The scheme was inspired by a European Parliament program that sends the children of Brussels Eurocrats to the Italian Alps on ski holidays and to summer camps in France, Malta, Germany and Brighton—all courtesy of EU taxpayers.

Then, in July, a German police officer in Münster argued successfully that he deserved an extra week’s holiday per year to make up for the time it takes him to get dressed. Martin Schauder, 44, had complained that it takes him 15 minutes to put on his regulation undershirt, pants, belt, handcuffs, weapon and gas canister, overshirt, tunic, boots, gloves and kneepads (when on riot control), and another 15 minutes at the end of the day to take it all off again. The benefit may soon be available to the entire force.

Suffice to say, this notion of fairness comes at a price, and the bills are starting to pile up (France’s family benefit schemes last year alone cost $140 billion—or five per cent of its GDP—with over 40 per cent of subsidies going to middle-class and wealthy families). To pay them, governments will need either punishing spending cuts or tax hikes that will discourage business. Growth during this painful period of “deleveraging” in Europe’s largest economies could sink as low as one per cent, a prediction that last summer prompted Jean-Claude Trichet, the president of the European Central Bank, to fret publicly about a “lost decade” for the world’s advanced economies.

What’s more, people in certain countries have shown a troubling ability to duck the harsh economic medicine. In Greece, tax evasion is thought to be costing the government some $20 billion a year, as everyone from doctors to cab drivers takes cash and understates their incomes. Athens has promised to crack down, but few on the street put stock in the brave talk. “Everyday life will go on,” says Mirisa Antonopoulou, a 24-year-old financial auditor in Athens, noting that tax evasion and cronyism were open secrets long before the economic crisis. “Everybody’s making out like it’s the government’s fault. There’s enough blame to go around.”

Even if they do draw more cents on the tax dollar owed, governments still face the monumental problem of their aging populations, something that most have only begun to acknowledge. The challenge is most acute in France, where the average person spends 21 years of his life on pension—the highest of any country in the world. By 2050, according to Organisation for Economic Co-operation and Development (OECD) projections, there will be one person on benefits for every two who are of working age in France, compared to the current ratio of 1:4. When you consider that only 62 per cent of working-age French people are actually in the labour force, it’s not hard to imagine the crisis that lies in wait.

The tweak to the retirement age, therefore, is a “baby step,” says Michael Hodin, an adjunct senior fellow at the Washington-based Council on Foreign Relations who specializes in population aging issues. “I don’t think it’s even close to the sort of profound shifts that need to be made, both from a cultural and behavioural point of view and in terms of public policy,” he says. Since 1900, average life expectancy in Western Europe and the U.S. has nearly doubled, and now stands around 80. Everything from health care services to labour laws to pension structures will have to change, Hodin says.

The pension systems in countries like France, Germany, Greece and Italy, where public plans represent all or most of retirement savings, will be particularly vulnerable. At last count, pension spending in Germany amounted to 11 per cent of GDP. In Italy, it had reached 11.5 per cent; in Belgium, 12.2 per cent. In France, where it now tops 10.6 per cent, the demands of an aging population have the potential to drive up deficits another five per cent, according to Martine Durand, deputy director of the OECD’s employment, labour and social affairs branch—this in a country that hasn’t passed a surplus budget for 40 years. “Everybody agrees that reform is necessary,” said Durand recently. “Without reform now, our children and grandchildren will pay the price.”

An increase in productivity might ease some of this burden, generating more income that could then theoretically be taxed. But here, too, Europe’s culture of entitlement stands in the way. While the region’s most advanced economies produce almost as much per hour worked as the U.S. (the OECD benchmark), they lag far behind when annual production is measured on a per-person basis, suggesting those five-week holidays are dragging down economies. Germany, for example, produces only nine per cent less per hour than the U.S., but 25 per cent less per person; France makes 30 per cent less per capita, and Spain 33 per cent. This might be understandable were those countries less technologically advanced than America, or if they had lousy education systems. But the culprit in this case is the basket of benefits enjoyed by workers, and labour laws that prevent firms from laying off workers due to swings in the market.

The latter issue is vital, says Smith at Queen’s, because the rules meant to protect workers are discouraging companies from hiring in the first place. Fully one in four people in France who are fired, laid off or fail to get their contracts renewed take their employer to court under laws allowing them to contest the decision. “It takes an average of six months to get one of those actions resolved,” says Smith. “It’s a huge disincentive to hire, and it is the key problem facing France’s economy.”

The question now is whether people in the most financially strapped nations can be pried away from their established ideas about work and entitlement. With bond-raters baying at their door, Britons did elect a Conservative minority that promised to aggressively cut spending. Yet the Cameron government’s plan to slash $130 billion over the next five years has already encountered stiff resistance from unions and left-wing pressure groups. On the Continent, meanwhile, politicians appear willing only to tinker. Spain’s government announced a modest five per cent pay cut for all civil servants, while a bill to raise the country’s retirement age to 67 from 65 makes its way through parliament. Italy, whose 115 per cent debt-to-GDP ratio is one of the highest in the industrialized world, is planning to raise the retirement age from 60 to 65, while Germany is debating raising it by two years to 67. The Netherlands is considering only a one-year hike, to 66.

European leaders are no doubt mindful of the dangers of telling unpopular truths, or setting their gaze beyond the next election (in the mid-1990s, far-sighted reforms in France unleashed strikes that paralyzed the country for weeks and, ultimately, cost prime minister Alain Juppé his job). Still, there are recent signs that younger Europeans are turning away from statist orthodoxy. No group characterizes this nascent thinking better than Stop la Grève (Stop the Strike), a French movement whose leader, Olivier Vial, believes endless disruptions paint a “ridiculous and archaic” portrait of his country. “We can’t keep replaying this spectacle indefinitely,” says the 35-year-old university researcher.

There is another France, Vial insists, populated by younger adults “who understand the need to restore the country, and who want to work.” Only five of France’s 82 universities have been shut down by strikes, he points out, and some 70 per cent of students at the notorious leftist fortress, Université Paris 1 (Panthéon-Sorbonne), voted last week against striking—aware, it seems, that the retirement reforms were in fact in their long-term interest. “We are the first generation who will not only have to finance our parents’ retirement, but also our grandparents’,” says Vial. “Without reform, we won’t have a retirement—not like the one the workers in the streets, who are close to retirement age, are going to have.”

Whether he and his contemporaries can get their message through is anyone’s guess. Harvard economist Jeffrey Miron sees a flicker of hope that Europe might seriously shift course but, he adds, “this isn’t going to be easy at all.” It is the fourth year in a row, after all, that Western Europe has seen its cities tied up in strikes and blockades, over an issue as minor as bumping up retirement ages a couple of years. Smith, the Queen’s historian, figures younger people fight on, considering the success of past protests. “They want what their parents and grandparents had,” he says, “and that’s just the problem. They can’t have it, because there’s no way to pay for it.”

Périnée

Rééducation périnéale : du changement !

Propos recueillis par Isabelle Gravillon

Enfant Magazine

L’année 2009 a été celle d’une révision de la rééducation du périnée après l’accouchement. Au programme : lancement d’une étude scientifique pour déterminer quelles femmes ont vraiment besoin d’une rééducation et rédaction d’une charte de qualité pour la profession des rééducateurs.

Certains chiffres ne mettent pas le moral au beau fixe… A 40 ans, trois femmes sur dix souffrent de fuites urinaires quand elles font un effort, éternuent ou ont un fou rire. A 50 ans, c’est une sur deux qui est concernée par ces désagréments ou d’autres, comme une descente d’organes ou une absence de sensation lors des rapports sexuels.

Le responsable ? Un périnée mal en point. Pourtant, la rééducation périnéale pour les femmes venant d’accoucher est proposée et remboursée par la Sécurité sociale depuis 1985 !

Cette rééducation ne sert-elle à rien ? Le point avec Alain Bourcier*, physiothérapeute.

La France n’est-elle pas le seul pays au monde à proposer des séances de rééducation périnéale remboursées par la Sécurité sociale ?

C’est vrai, on peut même parler d’une exception française ! Or, nous effectuons autant d’interventions chirurgicales pour incontinence urinaire et prolapsus génital (descente d’organes) que dans les pays où cette rééducation périnéale systématique n’existe pas. A titre d’exemple, nous ne faisons pas mieux que les Anglo-Saxons qui, eux, ont opté pour la méthode Kegel : des exercices de contraction du périnée que l’on montre aux accouchées avant leur sortie et qu’elles font ensuite toutes seules chez elles.

La rééducation à la française serait donc inefficace ?

Nous avons des progrès à faire ! Le premier souci réside dans le manque de formation de certains professionnels pratiquant cette rééducation. Les femmes venant d’accoucher ont tendance à se rendre chez le kinésithérapeute ou la sage-femme résidant le plus près de chez elle, mais qui n’a pas forcément une immense pratique de cette rééducation. Il est temps que la profession s’organise et rédige une charte de qualité précisant les formations reconnues, les critères précis auxquels un rééducateur doit satisfaire. Et pourquoi pas, établisse une liste nationale de professionnels « labellisés ».

Les femmes ont-elles bien intégré le message de cette nécessaire rééducation périnéale ?

Oui. Quand on leur prescrit des séances, elles les font avec bonne volonté. Mais le problème est que certaines maternités continuent de ne pas prescrire cette rééducation. Et parmi les établissements qui le font, l’uniformité règne : 10 séances pour toutes les accouchées, quel que soit leur « profil ». Or, certaines femmes n’en ont pas besoin, alors que pour d’autres, il faudrait 20 à 30 séances !

Il existe en effet trois groupes de patientes :

1.Pour le premier : l’accouchement s’est très bien passé, le bébé pesait moins de 3,7 kg, pas d’utilisation de forceps, le périnée est tonique, aucune plainte concernant des fuites urinaires. Pour ces femmes (un tiers environ des accouchées), une rééducation périnéale est totalement inutile.

2.Deuxième groupe : l’accouchement a été très long, le bébé pesait plus de 3,7 kg, les forceps ont été utilisés, il y a eu des petites fuites pendant la grossesse maintenant disparues, le périnée n’est pas très tonique. Pour ces jeunes mamans, la rééducation n’est pas indispensable, mais il est en revanche utile qu’elles pratiquent chez elles régulièrement des exercices de contraction du périnée.

3.Troisième groupe : les femmes ayant des fuites urinaires, un prolapsus (une sensation de pesanteur dans le bas-ventre, l’impression qu’une petite « boule » sort du vagin), ou des difficultés sexuelles (douleurs ne provenant pas de l’épisiotomie, absence de sensations). Celles-ci – et celles-ci seulement ! – ont besoin d’une rééducation périnéale qui pourra dépasser les 10 séances, à pratiquer auprès de professionnels qualifiés.

Ce message sur la rééducation périnéale est nouveau… Comment le faire passer ?

Nous avons besoin de données scientifiques sérieuses pour faire évoluer les pratiques. Le Pr Jean-Louis Benifla, responsable de la maternité de l’hôpital Trousseau, a lancé une étude en 2009. Il s’agit d’étudier différents groupes d’accouchées pratiquant différents types de rééducation (avec un professionnel, toutes seules à la maison) ou pas de rééducation. Les résultats obtenus permettront de préciser les bonnes modalités de la rééducation postnatale, de savoir précisément pour quelles femmes elle sera utile.

En attendant cette « remise à plat », que conseiller aux femmes qui viennent d’accoucher ?

De ne surtout pas négliger la rééducation périnéale si elles ont des fuites urinaires, des difficultés sexuelles ou les signes d’une descente d’organes.

De ne pas se rendre chez n’importe quel professionnel : une rééducation mal faite équivaut à ne rien faire ! Mieux vaut demander conseil à son gynécologue pour qu’il les oriente vers un professionnel vraiment spécialisé, quitte à ce qu’elles soient obligées de faire une demi-heure de transport…

Et puis ces femmes dont le périnée a été abîmé doivent savoir qu’elles restent à « risque » dans l’avenir. Une fois leur rééducation terminée, il est essentiel qu’elles entretiennent régulièrement leur périnée par des exercices de contractions. Il existe également des appareils d’autorééducation périnéale : des électrostimulateurs sans fil. Prescrits par le médecin et remboursés à 65 % par la Sécurité sociale, ils permettent d’exercer son périnée, chez soi. Il suffit de placer la sonde ultralégère dans le vagin et celle-ci émet des impulsions indolores qui font travailler le muscle. Attention, ces appareils ne remplacent en aucun cas la rééducation initiale !

Toutes les méthodes de rééducation périnéale se valent-elles ?

Oui, du moment que les professionnels qui les pratiquent sont qualifiés ! Il existe trois techniques :

La rééducation manuelle : grâce à un toucher vaginal, le praticien oppose une résistance aux muscles du périnée contre laquelle la patiente doit lutter. Il cible les résistances selon les parties à tonifier et l’évolution de la récupération musculaire.

La stimulation électrique : une sonde émettant des petits courants électriques indolores est introduite dans le vagin. Le muscle se contracte « tout seul ».

La rééducation par bio feed-back : une sonde est introduite dans le vagin et la patiente doit contracter volontairement ses muscles, sans stimulation électrique. Le résultat de ses contractions apparaît sous forme de courbes sur un écran. Elle peut ainsi apprendre à sélectionner les « bons » muscles, ceux qui doivent travailler.

Un même professionnel peut utiliser plusieurs de ces techniques.

* Responsable de l’unité de rééducation pelvi périnéale du service d’urologie de l’hôpital Tenon à Paris, il est également responsable du CERP (Centre d’explorations et de rééducation périnéale) à Paris.

Voir également:

Comment les Français ont voulu rééduquer mon vagin

Pompes vaginales et jeux vidéo, une Américaine à Paris raconte son expérience de la rééducation périnéale.

Claire Lundberg

Claire Lundberg est une écrivain anciennement new-yorkaise, qui vit désormais à Paris.

Traduit par Bérengère Viennot

English version

La semaine dernière, j’ai commencé à me rééduquer le vagin. Laissez-moi m’expliquer: j’habite en France.
 Peu de temps après que mon mari et moi sommes arrivés à Paris, je suis tombée enceinte, ce qui fut un soulagement puisque j’avais enfin un prétexte physiologique légitime pour engraisser, autre que tous ces pains au chocolat.

Quand j’ai accouché de ma fille en novembre dernier, mon mari et moi avons passé cinq jours à la maternité de la Clinique Leonardo Da Vinci aux frais de la princesse, où nous avons découvert que les repas d’hôpitaux comprennent fromage et dessert et que dans le cadre de mon traitement post-partum, on me prescrirait entre 10 et 20 séances de la rééducation périnéale.

C’est un genre de kinésithérapie visant à remuscler le périnée, vagin inclus, et c’est l’une des pierres angulaires du suivi postnatal français. Deux mois après la naissance de notre fille, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis partie enseigner de nouveaux tours à mon vagin.

Hum, j’ai l’impression que c’est le genre de papier où le mot «vagin» va beaucoup apparaître. Je suis consciente que la terminologie anatomique peut en gêner certains —comme cet ami qui m’a suppliée lors de mon 6e mois de grossesse: «Tu pourrais s’il te plaît arrêter de prononcer le mot utérus?»

Mais pas de panique! J’ai cherché sur Google les euphémismes d’usage courant pour désigner le vagin, et j’incorporerai les plus inoffensifs au fil du texte.

Les Français, un tantinet plus blasés que les Américains quant au corps féminin

Comme vous pouvez l’imaginer si vous avez déjà vu une comédie romantique gauloise, les Français sont un tantinet plus blasés que nous autres Américains en matière de corps féminin. Je m’en suis rendue compte dès ma première visite chez le gynécologue ici.

«Enlevez votre pantalon et vos sous-vêtements», m’a-t-il intimé d’une voix lasse en levant à peine les yeux de son ordinateur. Heu attends, il ne va pas sortir? Me-suis-je indignée. Il n’y a pas de petite blouse en papier?

Juste avant de me rendre compte à quel point cette petite blouse en papier est complètement idiote, après tout. Oui, enlevez juste votre pantalon et vos dessous. On est tous des adultes et ce n’est pas la première fois qu’on passe par là; on ne va pas couler une bielle pour une malheureuse exhibition de ma féminité.

À la fin de ma grossesse, mon corps avait tellement changé que j’avais jeté ma pudeur américaine par-dessus les moulins et que j’étais devenue une vraie pro. «J’enlève mon pantalon et ma culotte maintenant?» était devenu un automatisme, même lorsque je n’avais rendez-vous que pour un simple monitoring.

Tout avait tellement changé, je n’étais même plus sûre que ce corps soit encore à moi —enfin au milieu en tout cas. Il était clair que ce ventre et ces nénés ne pouvaient pas être les miens, alors qu’importait qui les voyait?

La rééducation, pour que votre vagin redevienne votre ami

Et puis vinrent les suites de couche. Le milieu de mon corps s’était remis en place, mais avec des seins encore plus gros et plus fermes! (D’accord ils fuyaient bien un peu de temps en temps mais peu importe). Mais qu’est-ce qui se passait en bas, là, dans mes, heu, parties intimes?

Ma vieille copine autrefois confortable et familière était devenue une étrangère, ou ce genre de parent qu’on ne voit qu’une fois par an pendant les vacances. Notre badinage facile venait d’être brutalement remplacé par une interaction forcée et manquant de naturel.

La rééducation est la solution française à ce problème, remboursée par la sécurité sociale depuis 1985. La France est l’un des seuls pays à sponsoriser un tel programme, et l’idée derrière cela, c’est que…eh bien, il n’y en a pas qu’une justement, mais plusieurs.

Vu que c’est la France, tout le monde veut que vous puissiez reprendre les relations sexuelles avec votre mari le plus tôt possible (vous feriez mieux de vous remuscler la zone vite fait avant qu’il ne se lasse de votre convalescence et ne se dégotte une maîtresse!)

D’un autre côté, le gouvernement veut aussi s’assurer que vous pourrez avoir un autre enfant facilement et sans complications; grâce en partie aux incitations officielles, le taux de natalité français est désormais le 2e plus élevé de l’UE, avec 2,1 enfants par femme.

Et puis, bon, mais c’est quoi le problème là en bas? Est-ce que je vais vraiment faire quelques gouttes de pipi à chaque éternuement pour le restant de mes jours?

Visite chez le kiné avec son bébé

La première étape dans ces séances de musculation du yoni est un long entretien avec votre kinésithérapeute. On vous demande dans quel état sont vos muscles à cet endroit, s’il y a eu des complications à l’accouchement, si vous avez des problèmes d’incontinence et autres mystérieuses questions sur la descente d’organes, objet d’une véritable paranoïa chez les Français.

Et puis, vous l’aviez deviné— arrive l’instant «enlevez votre pantalon et vos sous-vêtements». Comme ces séances ont généralement lieu pendant le congé maternité, la plupart des kinés permettent de venir avec son bébé.

Vous vous retrouvez donc à moitié nue, une femme inconnue en train de vous sonder le minou pendant que votre bibou vous regarde depuis sa poussette, ce qui ajoute une toute nouvelle dimension de bizarrerie à l’ensemble.

Une petite partie de Pac-chatte?

Il existe deux méthodes pour la rééducation: manuelle et par biofeedback, et la plupart des kinés associent les deux. La première, comme son nom l’indique, consiste pour le praticien à insérer deux doigts dans votre abricot et à vous demander de faire une série d’exercices conçus pour vous donner un meilleur contrôle de vos muscles.

Par exemple, pouvez-vous contracter le vagin et attirer ses doigts vers l’intérieur? Vous trouverez peut-être cela horriblement gênant, surtout après, quand elle vous assène que «c’est assez faible» et qu’il va vous falloir plus de 10 séances.

La méthode du biofeedback est un peu moins humiliante mais un peu plus effrayante, dans la mesure où elle nécessite d’acheter une «sonde» ou (comme l’indique l’emballage) un rééducateur vaginal électronique. Une sonde c’est un petit godemiché hérissé d’électrodes qu’un kiné vous insère dans le bonbon, avant de le connecter à un ordinateur portable qui enregistre la force de vos contractions internes.

Vous pouvez voir sur l’écran la force avec laquelle vos muscles se contractent et même jouer à de petits jeux vidéo en utilisant la sonde comme un joystick. J’ai fait une course de voitures lors de ma dernière séance, et une amie à moi a fait une partie de ce que je ne peux qu’appeler le Pac-chatte.

Pompes de berlingot

J’ai terminé ma dernière séance avec une série de pompes très profitables où il fallait que je contracte mes muscles à moitié, puis complètement, puis à moitié, puis plus du tout. J’étais complètement nulle. Ma fille, qui a maintenant 3 mois, est en train d’apprendre la coordination main-œil, et lutte pour agripper un jouet placé devant elle.

J’ai tout à fait compris ce qu’elle peut ressentir quand j’ai essayé de faire obéir mon berlingot; je ne me souvenais pas avoir jamais tenté de faire volontairement bouger ces muscles-là. Tout ça m’a fait m’esclaffer, de ce rire où se mêlent la gêne, l’absurdité et le désespoir, et que je me surprends à émettre sans arrêt en France (je suis sûre que les Allemands ont un mot composé à rallonge pour ça).

C’était si difficile et à la fois si ridicule —mais qu’est-ce que je fichais les fesses à l’air dans cet immeuble de bureaux haussmannien à écouter cette Française me répéter en boucle de respirer et de serrer, «soufflez … et contractez!»?

Des séances aussi ridicules qu’efficaces

Mais vous savez quoi? Malgré la gêne qu’elles suscitent parfois, ces séances fonctionnent vraiment. Il n’existe pas d’études très complètes sur le sujet, mais celles qui ont été menées révèlent que la rééducation réduit de façon significative l’incontinence et les douleurs pelviennes neuf mois après l’accouchement.

Honnêtement, je suis ravie qu’un professionnel de santé se soit inquiété de ce qui se passe dans ma culotte. Les publications américaines et canadiennes se moquent de la rééducation périnéale qu’elles considèrent comme l’un des plus criants exemples de la complaisance de l’État-providence français, mais à ma connaissance, aux États-Unis nous ne faisons absolument rien pour aider les femmes à retrouver la forme après un accouchement.

La femme américaine laissée seule avec son vagin

La femme américaine passe un examen de santé six semaines après son accouchement, et si elle n’a pas de problème grave, elle repart avec l’autorisation de reprendre les relations sexuelles. Si elle a de la chance, son médecin ou sa sage-femme lui rappellera de faire ses exercices de Kegel, mais sans la guider beaucoup.

Et pendant ce temps, en tout cas selon l’expérience de beaucoup de mes amies, elle peut souffrir de toute une variété de symptômes qui, sans être graves d’un point de vue médical, sont pour le moins ennuyeux, gênants et étranges, et pas franchement propices à remettre sa vie sexuelle sur les rails.

Le «rajeunissement vaginal» facultatif par chirurgie plastique est en augmentation aux États-Unis, mais cette reconstruction chirurgicale est principalement esthétique et ne prête pas ou peu d’attention au retour de la sensation ou du contrôle des muscles de la femme.

Ce manque d’attention typiquement américain au corps de la parturiente est notre version à nous de la blouse interconfessionnelle ou du mot «vajayjay» [utilisé par Oprah Winfrey pour ne pas dire «vagin»]; nous nous couvrons les yeux et faisons comme s’il n’y avait rien à cet endroit-là, jusqu’à ce qu’il devienne impossible de continuer à l’ignorer.

Il est bien possible, d’un autre côté, que la rééducation périnéale me donne bien plus d’informations sur ma bonbonnière —ou, comme je préfère l’appeler, mon vagin— que je ne l’aurais souhaité. Mais une fois la gêne initiale passée, je trouve que je me sens plus à l’aise avec mon corps post-accouchement. On verra bien si ça dure.

La sécurité sociale finance aussi ici des séances de «rééducation abdominale» qui débutent après la rééducation périnéale. Elles visent officiellement à aider à renforcer les abdos en cas de faiblesse ou après une césarienne, mais elles ont pour effet secondaire de donner «un meilleure aspect du ventre.»

Eh oui les filles, je fais des pompes financées par le gouvernement pour retrouver la ligne avant le retour des maillots de bain! C’est la France, bien sûr.

NDT: tous les termes en italiques étaient en français dans la version originale.


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