Twitter files: Toutes les caractéristiques classiques d’une opération de désinformation (What classic earmarks of an information operation when Big Tech colludes with intelligence officials to interfere in elections by suppressing or restricting information ?)

10 décembre, 2022

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Versement du FBI de 3,5 millions de dollars à Twitter pour censurer les conservateurs…
Pression du FBI sur Twitter pour leur donner des informations qui nécessiteraient légalement des mandats, bien qu’ils n’aient pas de mandats…
Réunions hebdomadaires du FBI avec Twitter avant les élections de 2020 pour leur dire quels tweets étouffer et quels comptes ils suspendre…
Etouffement pa rle FBI FBI de l’histoire de l’ordinateur portable de Hunter Biden était réelle, ils savaient qu’elle sortirait – des semaines avant les élections de 2020 …
Sur-représentation d’anciens employés du FBI sur Twitter …

Quelles caractéristiques classiques d’une opération de désinformation ?

Comme viennent de le confirmer la publication sur Twitter …

D’une série d’échanges entre différents officiels du réseau social au petit oiseau bleu …

Quand après la mise sur écoute de la campagne Trump …

Le faux dossier Steele …

Quatre ans de procédures pour pas moins de deux tentatives de destitution …

Huit mois d’émeutes de rue …

Sans compter, cerise sur le gâteau, le dévoiement de la présidentielle de 2020 …

Et le bannissement, toujours effectif à l’exception de Twitter récemment racheté par Elon Musk, du président et nouveau candidat déclaré Trump lui-même…

Big Tech s’immisce dans les élections américaines …

Ou même le débat sur l’épidémie de Covid …

Avec la complicité  de responsables du renseignement..

En supprimant ou en restreignant l’information ?

On vous explique ce que sont les « Twitter Files » relayés par Elon Musk et censés révéler un scandale avec le fils de Joe Biden
La publication de documents internes ne fait que confirmer les éléments connus sur la politique de modération du réseau social, mis en cause après la censure d’un article en pleine campagne présidentielle.
Quang Pham
France Télévisions
08/12/2022

Elon Musk promettait une révélation « incroyable ». Samedi 3 décembre, le milliardaire, qui a racheté le réseau social à la fin octobre, a permis la publication des « Twitter Files ». Derrière ce nom se cache un ensemble de documents internes diffusés pour faire la lumière, selon le milliardaire, sur la politique de modération du réseau dans le cadre de la suppression d’un article visant Hunter Biden, le fils de Joe Biden. Cette censure d’un papier du New York Post, intervenue en pleine campagne électorale pour la présidentielle de 2020, avait scandalisé le camp républicain, le sénateur du Texas Ted Cruz dénonçant un « biais anticonservateur » sur Twitter. Mais que révèlent vraiment les « Twitter Files » ? Franceinfo fait le point sur cette affaire qui enflamme le réseau social.

D’où viennent ces « Twitter Files »?

Diffusés dans un long fil sur Twitter par le journaliste américain Matt Taibbi, les « Twitter Files » exposent le contenu d’e-mails et de discussions internes censés illustrer, selon Elon Musk, la politique de « suppression de la liberté d’expression » en vigueur par le passé sur le réseau social. La première partie de ces révélations revient donc sur l’épisode controversé de la censure sur Twitter d’un article du New York Post* publié en octobre 2020, trois semaines avant la présidentielle américaine. Sur la base d’e-mails présentés comme provenant de l’ordinateur portable d’Hunter Biden, le tabloïd accusait le fils du président américain d’avoir tiré profit de la position de son père pour ses relations d’affaires avec Burisma, un géant de l’énergie ukrainien.

Les circonstances à l’origine de cette fuite sont rocambolesques : les informations ont d’abord été recueillies par un réparateur informatique qui a pu accéder au portable d’Hunter Biden, avant d’être transmises à l’avocat de Rudolf Giulani, l’ancien maire de New York, puis à Steve Bannon, l’ex-conseiller de Donald Trump. De quoi, à l’époque, laisser craindre que les documents présentés par le New York Post aient été manipulés ou acquis de manière illégale. Dans un document officiel diffusé par Politico  le 19 octobre 2020, plusieurs anciens hauts responsables du renseignement américain indiquaient que ces courriels présentaient «  toutes les caractéristiques classiques d’une opération de désinformation russe » . Depuis, ces fameux documents ont fini par être authentifiés, en mars 2022, par le Washington Post* et le New York Times*mais à ce jour, selon Le Point , aucun conflit d’intérêts impliquant directement Joe Biden n’a pu être démontré. Reste que les soupçons sur la véracité de l’information avaient poussé Twitter, mais aussi Facebook, à restreindre la diffusion de l’article. Les « Twitter Files » décrivent les coulisses de cette décision.

Que révèlent ces documents?

Sur Twitter, le journaliste Matt Taibbi révèle que Twitter a pris des « mesures extraordinaires » pour empêcher la diffusion de l’article du New York Post, telles que la suppression des liens, la publication d’avertissements indiquant que la publication pourrait être « dangereuse » et le blocage de sa transmission par messages directs, « un outil jusqu’alors réservé aux cas extrêmes, comme la pédopornographie ». La décision est alors justifiée par la politique de modération de Twitter qui proscrit la diffusion de contenus issus d’un piratage informatique – ce dont était soupçonné le New York Post – et pouvant être utilisés, d’après le règlement du réseau*, à des fins de « manipulation du débat public ».

Mais cette procédure est loin de faire l’unanimité au sein du groupe, assure Matt Taibbi. Plusieurs employés soulignent ainsi l’absence de certitudes quant à la réalité du piratage. « J’ai du mal à comprendre sur la base de quelle disposition de notre politique, nous pouvons signaler cela comme ‘non sûr’. Je pense que le meilleur argument [pour expliquer] cette affaire en externe serait que nous attendons de comprendre si cette histoire est le résultat de contenus piratés », écrit Trenton Kennedy, responsable de la communication, dans un mail interne publié par Matt Taibbi. Nous ferons face à des questions difficiles à ce sujet, si nous ne disposons pas d’une argumentation solide. »

Plus largement, Matt Taibbi révèle que les demandes de modération du réseau social étaient devenues « routinières », émanant aussi bien du parti républicain que du parti démocrate. En 2020, des requêtes provenant de la Maison Blanche, occupée alors par Donald Trump, comme de l’équipe de campagne de Joe Biden ont ainsi été honorées, remarque le journaliste. Sans en apporter la preuve, Matt Taibbi affirme toutefois que le système était « déséquilibré » en faveur des démocrates en raison des orientations politiques « à gauche » des employés de Twitter.

S’agit-il de nouvelles révélations ?

Non, pas vraiment, car les « Twitter Files » ne font en fait que corroborer des éléments déjà rendus publics à l’époque de l’affaire. Devant la bronca des républicains, le réseau social était revenu sur sa décision de bloquer l’article du New York Post au bout de deux jours. Par ailleurs, en novembre 2020, Jack Dorsey, l’ancien patron de Twitter, avait dû s’expliquer lors d’une audition devant le Sénat (PDF, en anglais) sur les dysfonctionnements de la politique de modération du réseau social et le contexte de la censure de l’article sur le fils de Joe Biden.

Quelles sont les réactions?

Sur Truth Social*, le réseau social alternatif fondé par Donald Trump après avoir été banni de Twitter, l’ancien président des Etats-Unis a réagi en dénonçant une « fraude massive » pendant l’élection présidentielle, accusant les « Big Tech » de collusion avec les démocrates. La Maison Blanche*, quant à elle, a commenté la publication des « Twitter Files » en considérant que ces derniers ne représentaient qu’une « distraction » ne révélant que de « vieilles histoires ».

« Ce n’est pas vraiment la preuve irréfutable, que nous espérions », a reconnu Miranda Devine, éditorialiste au New York Post, sur Fox News*. « J’ai le sentiment qu’Elon Musk a retenu certains documents » a-t-elle ajouté, suggérant (sans les apporter) que des preuves existeraient sur l’implication du FBI et des services de sécurité dans la censure de l’article du New York Post. Elon Musk a promis la publication d’un second volet des « Twitter Files », sans préciser s’ils seront en lien avec l’affaire Hunter Biden.

* Les liens signalés par un astérisque renvoient vers des contenus en anglais.

‘I’m treated worse than Hamas’: Fury at Twitter’s ‘secret blacklist’ and ‘visibility filtering’ as new tranche of files reveal conservatives were marked ‘do not amplify’ and COVID lockdown skeptics ‘shadow banned’
Journalist Bari Weiss revealed Thursday night that conservatives and lockdown skeptics were deliberately down-ranked by Twitter
Fox News’s Dan Bongino, youth activist Charlie Kirk, and Stanford CDC critic Dr Jay Bhattacharya were targeted to stop their accounts from gaining prominence
Weiss and journalist Matt Taibbi have been handed a trove of documents from Twitter, detailing why the company censored the story of Hunter Biden’s laptop
The documents from Taibbi showed panic among senior Twitter staff in October 2020 when the New York Post reported on the contents of Hunter’s computer
Jack Dorsey and his head of legal, Vijaya Gadde, both denied that Twitter ever deliberately downgraded or ‘shadow banned’ any accounts
Harriet Alexander
The Daily Mail
9 December 2022

Twitter kept a ‘secret blacklist’ of topics and accounts to prevent them from trending, according to data obtained by journalist Bari Weiss – with conservative commentators deliberately downplayed in what one called ‘Soviet-style bulls***’,’ while another said he was treated ‘with more censorship than Hamas’.

Specialist teams were put to work dealing with 200 cases a day.

Conservative commentators, including Dan Bongino and Charlie Kirk, were deliberately put on a ‘search blacklist’ in Bongino’s case or tabbed ‘do not amplify,’ in the case of Kirk.

‘They’re treating my Twitter account with more scrutiny and censorship than the prime minister of Iran, than Hamas, than people who do actual terroristic type damage,’ said Kirk. ‘Now we have evidence to show that’s exactly why my Twitter account the last couple years has been down 95 percent in engagement.’

Bongino said it was ‘Soviet-style bulls***.’

Those who questioned the prevailing COVID orthodoxy of lockdowns and mask mandates, such as Stanford’s Dr Jay Bhattacharya who argued that lockdowns harmed children, were also placed on a ‘search blacklist.’

Weiss made the revelations on Twitter Thursday night in the second tranche of what has been termed The Twitter Files.

She reported that Twitter used what was termed ‘visibility filtering’ to downplay accounts they objected to, and had teams of people working to reduce the traction gained by individuals or their tweets.

The teams working to minimize certain accounts or topics were backed up by a top-level ‘Site Integrity Policy, Policy Escalation Support’ team – where the CEO and top legal advisors would decide sensitive cases of censorship. Jack Dorsey and his successor as CEO, Parag Agrawal, were on the team.

Top officials such as Yoel Roth, the global head of trust and safety, wrote in internal messages that he wanted more creative ways of censoring and muffling specific accounts and content.

Elon Musk, who bought Twitter in October for $44 billion, was gleeful about the revelations regarding the company he now owns – retweeting Weiss’ thread, with a popcorn emoji.
Dr Jay Bhattacharya, who argued that COVID lockdowns harmed children, was also placed on a ‘search blacklist’ by Twitter, according to Weiss
‘The inmates were running the asylum’: Elon Musk calls out former safety czar Yoel Roth and confirms right-wing accounts were suspended
Elon Musk confirmed that conservatives were banned from Twitter despite not violating any policies.

The latest installment of the Twitter Files showed the scale of censorship and ‘visibility filtering’ on the social media platform.

Musk, who bought Twitter in October for $44 billion, vowed to end the practice of ‘shadow banning’ – secretly downgrading a person’s tweets or trending themes to minimize their reach.

Musk, 51, singled out Yoel Roth, the global head of trust and safety, who wrote in internal messages that he wanted more creative ways of censoring and muffling specific accounts and content.

Yoel Roth was the global head of trust and safety at Twitter. Musk on Thursday highlighted a 2017 tweet in which Roth referred to the Trump White House as being full of ‘actual Nazis

‘As @bariweiss clearly describes, the rules were enforced against the right, but not against the left,’ he said, adding that the company was ‘working on a software update that will show your true account status, so you know clearly if you’ve been shadowbanned, the reason why and how to appeal.’

He added: ‘Truth brings reconciliation.’

Within Twitter, the practice was termed ‘visibility filtering’, Weiss reported.

‘Think about visibility filtering as being a way for us to suppress what people see to different levels. It’s a very powerful tool,’ one senior Twitter employee told her.

Twitter would block searches of individual users, make a specific tweet less easy to find, block posts from the ‘trending’ page, and remove them from hashtag searches.

Another source, a Twitter engineer, told Weiss: ‘We control visibility quite a bit. And we control the amplification of your content quite a bit. And normal people do not know how much we do.’

Weiss said that the matter was dealt with by Twitter’s Strategic Response Team – Global Escalation Team, known as SRT-GET – a group that handled 200 cases a day.

A higher-level team, known as SIP-PES, ‘Site Integrity Policy, Policy Escalation Support,’ dealt with more complex and high-profile cases.

Dorsey and his replacement as CEO, Parag Agrawal, sat on the group, as did Gadde and Yoel Roth, the global head of trust and safety.

Roth messaged colleagues on Slack to say that ‘spam enforcements’ had been used as a way of circumventing the safety team ‘under-enforcing their policies’.

The group would need to intervene if any action was taken to limit the popular account @LibsofTiktok – whose account was tabbed internally: ‘Do Not Take Action on User Without Consulting With SIP-PES.’

Weiss said that account was suspended six times in 2022, and the author, Chaya Raichik, blocked from her account for at least a week each time.

Her account was suspended, they told Raichik, due to violations of Twitter’s ‘hateful conduct’ policy – but internally, Twitter admitted there was no violation.

In an October 2022 memo from SIP-PES obtained by Weiss, the committee concluded that the account ‘has not directly engaged in behavior violative of the Hateful Conduct policy.’

They justified the suspension by saying her posts encouraged online harassment of ‘hospitals and medical providers’ by insinuating ‘that gender-affirming healthcare is equivalent to child abuse or grooming.’

Weiss said that their response was in sharp contrast to that when Raichik was doxxed, with her home addressed published online. Raichik complained, but Twitter refused to take the tweet down, and it remains on the site to this day.

Raichik tweeted: ‘They suspended me multiple times knowing I never violated any policies. This is what happens when you talk about things that they don’t want you to talk about. So glad those days on Twitter are over. Thank you @elonmusk.’

Musk replied: ‘You’re welcome. Twitter won’t be perfect in the future, but it will be *much* better.’

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Weiss also singled out Roth for criticism, saying he was active in censoring accounts.

She noted that he had written to an employee on the Health, Misinformation, Privacy, and Identity research team wanting to improve ‘non-removal policy interventions like disabling engagements and deamplification/visibility filtering.’

Roth wrote: ‘The hypothesis underlying much of what we’ve implemented is that if exposure to, e.g., misinformation directly causes harm, we should use remediations that reduce exposure, and limiting the spread/virality of content is a good way to do that.’

He said that Dorsey was supportive of the censorship.

‘We got Jack on board with implementing this for civic integrity in the near term, but we’re going to need to make a more robust case to get this into our repertoire of policy remediations – especially for other policy domains,’ Roth wrote.

Musk defended Dorsey, however.

‘Controversial decisions were often made without getting Jack’s approval and he was unaware of systemic bias. The inmates were running the asylum,’ he said on Thursday night.

‘Jack has a pure heart imo.’

In October 2020, journalist Dave Rubin asked then-CEO Jack Dorsey: ‘Do you shadow ban based on political beliefs? Simple yes or no will do.’

Dorsey replied: ‘No.’

Vijaya Gadde, Twitter’s head of legal, policy, and trust, also denied that Twitter operated such blacklists.

‘We do not shadow ban,’ she said in 2018, according to Weiss – speaking alongside Kayvon Beykpour, Twitter’s head of product.

They added: ‘And we certainly don’t shadow ban based on political viewpoints or ideology.’

Tucker Carlson, Fox News host, immediately seized on Weiss’ report, saying it ‘confirms what many suspected but none knew for certain – which is that Twitter routinely censored prominent critics of the Biden administration, with no factual justification whatsoever.’

He noted the example of the Stanford doctor who was vocal against COVID lockdowns and was blacklisted, saying it was ‘doubtless at the request of the authorities’.

Carlson continued: ‘They prevented his tweets from trending which meant most of his tweets couldn’t be seen.

‘According to Weiss, at one point they slapped him with a search ban. That made it impossible for users to find tweets by him, because they were inaccurate?

‘No, because they were accurate. That was the crime. That’s always the crime. They never punish you for lying, they only punish you for telling the truth.’

He added: ‘It was strategic. They weren’t censoring people because they were annoying, they were censoring people because they were providing factual information that might have stopped certain policies or election results from happening.

‘So, you know, this was sophisticated – and had an effect on American society, I would say.’

Kirk told Carlson on Thursday night that the report confirmed his long-held suspicions, but said he was angry.

He says he was averaging 115,000 retweets a day at their peak – questioning COVID lockdowns, for example.

‘I was called a conspiracy theorist, I was smeared,’ Kirk told Carlson, adding that he complained and met Dorsey personally. Dorsey assured him that shadow banning was not happening.

Kirk said the social media company was censoring him because ‘they saw what I had to say as a direct threat to the regime.’

He said: ‘They’re treating my Twitter account with more scrutiny and censorship than the prime minister of Iran, than Hamas, than people who do actual terroristic type damage.

‘Now we evidence to show that’s exactly why my Twitter account the last couple years has been down 95 percent in engagement.

‘Were they told to do this by the federal government?’ he asked, describing how he watched the Twitter change from a social media platform into a ‘Democrat super PAC.’

He added: ‘Apparently asking questions about the lockdown policy was a threat. Were they told to do this by Anthony Fauci, by the federal government?

‘We may never know – but Twitter at its best was a place where heterodox ideas were able to spread. Twitter went out of its way to censor it and suffocate our account.’

He said: ‘I’ve been told forever, so weird that I can’t find you on Twitter, you’re a verified account, your name’s not usual, how come you don’t come up?

‘When I spoke about this on my show I was called a conspiracy theorist and a wacko.

‘My website has been banned by Google Ads; I was banned by YouTube for suggesting that cloth masks don’t work, which is now scientifically proven.

‘Now I find I am on a ‘not safe for work’ shadow ban list on Twitter, because I’ve committed the thought crime of being a conservative.’

He added: ‘Tell me again how we live in a free country.’

Raichik, the @LibsOfTikTok founder, told Carlson by phone that she ‘absolutely sensed I was being censored.’

‘I had a very large account. I never was able to trend, and now we find out I was on the trend blacklist.

‘There were sometimes days or weeks at a time where I felt like my tweets were getting much less engagement than usual, than they should.

‘Now it’s clear that there was suppression and shadow banning.’

Raichik added: ‘The craziest part of this whole thing is that they admitted that I’m not even violating the policies, and they still suspended me seven times. Seven times, three of which were for a week at a time.

‘So I was suspended for probably a month altogether – and for what?

‘Not even violating their policies – just because they don’t like their own views. They don’t want you to see it.’

The first tranche of documents, posted by Matt Taibbi last week, detail how Twitter in October 2020 decided to censor the New York Post’s reporting on the contents of Hunter Biden’s laptop.

They feared the contents were obtained through hacking, but had no evidence to prove it, and it quickly emerged that the laptop had simply been left at a repair store.

Jack Dorsey, the then-CEO of Twitter, admitted that censoring the legitimate reporting was a significant error.

Elon Musk, 51, has vowed that ‘everything we find will be released’ as Twitter continues to release the files surrounding Hunter Biden’s laptop scandal

‘If the goal is transparency to build trust, why not just release everything without filter and let people judge for themselves?’ Dorsey wrote on Twitter
Twitter’s new owner and ‘Chief Twit’ Elon Musk on Wednesday claimed the ‘most important’ Twitter data was ‘deleted’ and ‘hidden’ from the Dorsey.

Musk, 51, has vowed that ‘everything we find will be released’ as his newly acquired company continues to release the Twitter Files.

On Wednesday, Dorsey, 46, replied to Musk’s tweet about delaying the second batch of the Twitter Files, calling for the new CEO to ‘release everything’ at once.

‘If the goal is transparency to build trust, why not just release everything without filter and let people judge for themselves? Including all discussions around current and future actions?’ Dorsey wrote.

‘Make everything public now.’

Musk replied that everything would be released, but even the ‘most important data was hidden (from [Dorsey] too) and some may have been deleted.’

Twitter’s general counsel James Baker FIRED for ‘vetting internal files on Hunter Biden laptop scandal and DELAYING release of the second tranche’: Ex-FBI lawyer was James Comey’s deputy and involved in Russian collusion investigation

The delay of the second tranche of Twitter files came after Elon Musk fired James Baker – Twitter’s general counsel and former FBI general counsel – after discovering he vetted the first installment of the Files, which were sent to journalist Matt Taibbi, from Substack, and Common Sense Editor Bari Weiss.

Musk fired Baker ‘in light of concerns about Baker’s possible role in suppressing information important to the public dialogue.’

Taibbi revealed that Baker’s involvement in the first batch of files was ‘without knowledge of new management.’

‘The process for producing the ‘Twitter Files’ involved delivery to two journalists (Bari Weiss and me) via a lawyer close to new management. However, after the initial batch, things became complicated,’ Taibbi wrote on Twitter.

‘Over the weekend, while we both dealt with obstacles to new searches, it was @BariWeiss who discovered that the person in charge of releasing the files was someone named Jim. When she called to ask ‘Jim’s’ last name, the answer came back: ‘Jim Baker.’

Weiss said her ‘jaw hit the floor’ when she found out.

The first batch of files the two journalists received was titled the Spectra Baker Emails.

The first batch of internal documents showed Baker and other executives discussing Twitter’s October 2020 ban on a news report about Hunter’s foreign business deals, based on emails from his abandoned laptop.

Baker, Musk, and the trial of the Democrat lawyer accused of lying to the FBI
James Baker has long been in the crosshairs of Elon Musk.

Baker played a key role in a series of events that led to Democrat lawyer Michael Sussmann going on trial in May, accused of lying to the FBI.

He was not accused of giving the FBI false information, but rather lying about who he worked for.

Elon Musk fired Twitter’s general counsel James Baker (pictured) after discovering he vetted the first installment of the Twitter Files
The saga began when Sussmann was given information from a group of data scientists who analyzed odd internet data they thought might suggest clandestine communications between a server for the Trump Organization and a server for Alfa Bank, a Kremlin-linked Russian financial institution.

Sussmann then texted Baker, at the time the bureau’s general counsel, to say he had information the FBI should be aware of.

‘I’m coming on my own — not on behalf of a client or company — want to help the bureau,’ Sussmann wrote in his text to Baker.

Baker testified that he was certain Sussmann was acting as an individual, and would likely not have met him were he working for the Clinton campaign.

Sussmann, a cybersecurity specialist, had worked for the Democratic Party in the context of Russia’s hacking of its servers, and Russia publishing emails from the servers.

Sussmann was also connected to the Democrats via one of his partners at the law firm Perkins Coie, Marc Elias, who was representing the Clinton campaign and hired Fusion GPS.

Yet multiple people – including Elias – testified that Sussmann was indeed acting on his own accord, and argued that actually going to the FBI was not in the interests of the Clinton campaign, which would have preferred a New York Times story drawing attention to the assertions.

The FBI later decided the allegations of links between the Trump campaign and the Russian bank were unfounded.

Musk tweeted during the trial that he thought Sussmann had ‘created an elaborate hoax’ about Russia, in a bid to help Clinton.

On May 16, staunchly pro-Trump Congressman Jim Jordan tweeted: ‘Christopher Steele created the dossier. Glenn Simpson sold it to the press.

‘Michael Sussman took it to the FBI. And Democrats and the media lied to you about it all.’

Musk then replied in agreement. ‘All true,’ he tweeted on May 20.

‘Bet most people still don’t know that a Clinton campaign lawyer, using campaign funds, created an elaborate hoax about Trump and Russia.

‘Makes you wonder what else is fake.’

On May 31, the jury concluded that Sussmann had not lied to the FBI and cleared him.

On Friday, Taibbi published the batch of internal documents, calling them the ‘Twitter Files,’ which included an exchange between Baker and former VP of Global Comms Brandon Borrman.

Borrman asks, regarding banning an article about Hunter Biden under Twitter’s ‘hacked materials’ policy: ‘Can we truthfully claim that this is part of the policy?’

Baker responded, appearing to argue in favor of maintaining the ban, because ‘caution is warranted.’

At the time, the files were determined to have broken Twitter’s hacked materials policy, but Dorsey has since said the call was a mistake.

Critics accused Twitter of swaying the presidential election toward Biden by covering up the data.

Liberals fume as Elon Musk gives independent journalist Bari Weiss unprecedented access for Twitter Files 2

Weiss and Matt Taibbi were tapped by Musk to report on the ‘Twitter Files’
Joseph A. Wulfsohn
Fox News
December 9, 2022

A report highlighting the unprecedented Twitter access Elon Musk is apparently granting to independent journalist Bari Weiss has sparked fury among their critics.

Insider reported Wednesday that Weiss « has been given access to Twitter’s employee systems, added to its Slack, and given a company laptop, » according to sources.

« The level of access to Twitter systems given to Weiss is typically given only to employees, one of the people familiar said, though it doesn’t seem she is actually working at the company, » Insider wrote.

Weiss shared the second installment of the « Twitter Files » on Thursday, which revealed that Twitter took measures to shadow-ban users like Stanford University’s Dr. Jay Bhattacharya, a longstanding opponent of COVID groupthink during the pandemic who expressed opposition to lockdowns, as well as prominent conservatives like Fox News host Dan Bongino and Turning Point USA’s Charlie Kirk.

She also reported that Twitter internally acknowledged that Libs of TikTok, whose account was repeatedly suspended for allegedly violating its « hateful conduct » policy, « has not directly engaged in behavior violative of the Hateful Conduct policy. »

The Insider report noted that Weiss’ Twitter access appears to have gone beyond that given to Matt Taibbi, the Substack journalist who reported on the first installment of the so-called « Twitter Files » last week.

Liberal media critics on Twitter lambasted Musk’s reported move to bring in Weiss while leveling the same public relations accusation against her that they used on Taibbi last week.

« This is all normal stuff if you’re onboarding a new hire to your comms team, » Washington Post tech columnist Taylor Lorenz reacted.

« The most obvious and hilarious PR campaign masquerading as investigative journalism you will ever see, » Vice News correspondent Roberto Aram Ferdman tweeted.

MSNBC columnist Marisa Kabas wrote, « sure sounds like bari weiss is twitter’s new publicist. »

« [S]o bari weiss is doing: a.) an internal witch-hunt for a private company and b.) external PR for said company, » Smithsonian Magazine senior editor Ted Scheinman wrote, adding « no real journalist would agree to this unholy amalgamation. the basest hackery. »

« Weiss is an opinion writer/activist, not an investigative journalist. Her whole MO is to look for stories that might be generally unrepresentative, but reflect her worldview, and not do any additional digging that challenges that worldview. View the scoops that follow accordingly, » Georgetown Professor Don Moynihan slammed the journalist.

Bari Weiss left The New York Times in 2020 to launch her own Substack and podcast, accusing the paper of allowing Twitter to become its « ultimate editor. » (Getty Images/Bari Weiss)

« Hope media folks don’t get duped by this and refer to anything Weiss or Taibbi are doing as journalism or that they are acting in a capacity as journalists, » Yahoo senior editor Steve Mullis tweeted. « It’s extra ironic considering [Elon Musk] rails against ‘unethical journalism’ and yet this is as unethical as it comes. »

Neither Weiss nor Twitter responded to Fox News’ requests for comment.

Weiss is the founder of new media company « The Free Press » and host of the « Honestly » podcast, which she launched following her dramatic exit from The New York Times in 2020 as its opinion page editor.

Musk announced on Tuesday that he had terminated Deputy General Counsel Jim Baker « in light of concerns about Baker’s possible role in suppression of information important to the public dialogue. »

Taibbi subsequently revealed that Baker had vetted the first batch of the « Twitter Files » without Musk’s knowledge.

Taibbi explained, « The process for producing the ‘Twitter Files’ involved delivery to two journalists (Bari Weiss and me) via a lawyer close to new management. However, after the initial batch, things became complicated. Over the weekend, while we both dealt with obstacles to new searches, it was @BariWeiss who discovered that the person in charge of releasing the files was someone named Jim. When she called to ask ‘Jim’s’ last name, the answer came back: ‘Jim Baker.’

« ‘My jaw hit the floor,’ says Weiss, » Taibbi wrote.

Journalist Matt Taibbi revealed the « Twitter Files » revelations one tweet at a time on Friday. (Daniel Zuchnik/WireImage/Getty Images)

The Substack writer then shared a screenshot of first batch of files both he and Weiss received, which were labeled « Spectra Baker Emails. »

« Baker is a controversial figure. He has been something of a Zelig of FBI controversies dating back to 2016, from the Steele Dossier to the Alfa-Server mess. He resigned in 2018 after an investigation into leaks to the press, » Taibbi told his followers. « The news that Baker was reviewing the ‘Twitter files’ surprised everyone involved, to say the least. New Twitter chief Elon Musk acted quickly to ‘exit’ Baker Tuesday. »

Baker did surface in the first installment of the so-called « Twitter Files » shared by Taibbi Friday night.

While revealing internal discussions over how to explain Twitter’s suppression of the Hunter Biden laptop story during the 2020 election, Baker told his colleagues, « I support the conclusion that we need more facts to assess whether the materials were hacked » but added « it’s reasonable for us to assume that they may have been and that caution is warranted. »

Additionally, Taibbi initially reported, « Although several sources recalled hearing about a ‘general’ warning from federal law enforcement that summer about possible foreign hacks, there’s no evidence – that I’ve seen – of any government involvement in the laptop story. »

It is unclear whether Baker’s involvement in vetting the « Twitter Files » led Taibbi to draw that conclusion and whether Baker omitted files that would have shown the federal government intervening in Twitter’s suppression of the Hunter Biden laptop story.

Musk had been vocal about being transparent when it comes to Twitter’s past and present actions when it comes to curating content on the platform, including censored content.

Twitter infamously blocked its users from sharing the New York Post’s reporting of Hunter Biden’s laptop in tweets and in direct messages.

At the time, Twitter Safety alleged that the articles were in violation of its « hacked materials policy. » Twitter’s then-CEO Jack Dorsey admitted his companies actions were a mistake.

Some critics believe the suppression of the Hunter Biden scandal by Big Tech and the media at large was enough to sway the election in favor of his father.

The Twitter Censorship Files

The mistaken claims in 2020 by former spooks about Hunter Biden’s emails framed the social-media site’s decision to block the news.
The Editorial Board
The Wall Street Journal
Dec. 4, 2022

Elon Musk’s release of internal emails relating to Twitter’s 2020 censorship is news by any definition, even if the mainstream media dismiss it. There will be many threads to unspool as more is released, but a couple of points are already worth making.
The first is that Mr. Musk would do the country a favor by releasing the documents all at once for everyone to inspect. So far he’s dribbled them out piecemeal through journalist Matt Taibbi’s Twitter feed, which makes it easier for the media to claim they can’t report on documents because they can’t independently confirm them.
A second point is an huzzah for Rep. Ro Khanna, the California progressive Democrat, who warned Twitter in 2020 about the free-speech implications and political backlash of censoring the New York Post story about Hunter Biden’s laptop. That was good advice, even if Twitter didn’t take it.
A third point is the confirmation of the central role that former spies played in October 2020 in framing the Hunter Biden story in a way that made it easier for Twitter and Facebook to justify their censorship.
Recall that former Democratic intelligence officials James Clapper and John Brennan led the spooks in issuing a public statement suggesting that the laptop may have been hacked and its content was Russian disinformation. On Oct. 16, 2020, Mr. Clapper told CNN that “to me, this is just classic textbook Soviet Russian tradecraft at work.” On Oct. 19, 51 former spooks released their statement claiming that the arrival of the emails “has all the classic earmarks of a Russian information operation.” (The statement and signers are published nearby.)
We now know that the Clapper-Brennan claims were themselves disinformation and that the laptop was genuine and not part of a Russian operation. CBS News recently waddled in two years later with a forensic analysis of its own and concluded it is real.
But the claims by the spies gave an excuse for the media to ignore the Hunter Biden story and even to dismiss Hunter’s former business partner, Tony Bobulinski, who went on the record before the election to confirm much of the content on the laptop with documentation in the form of voluminous text messages.
We examined those messages ourselves at the time, and our Kimberley Strassel spoke with Mr. Bobulinski and put it all on the record before the election. We also wrote an editorial. But nearly all of the rest of the press ignored or trashed the story.
The Twitter documents published by Mr. Taibbi include part of what appears to be a memo from James Baker, the Twitter deputy general counsel. “I support the conclusion that we need more facts to assess whether the materials were hacked. At this stage, however, it is reasonable for us to assume that they may have been and that caution is warranted,” Mr. Baker wrote.
He continued that “there are some facts that indicate that the materials may have been hacked, while there are others indicating that the computer was either abandoned and/or the owner consented to allow the repair shop to access it for at least some purposes. We simply need more information.”
With an election so close, any delay helped the Biden campaign, which was trying to squelch the Hunter Biden story that raised questions about what Joe Biden knew about Hunter’s foreign business dealings. Twitter went ahead and suppressed the story across its platform, going so far as to suspend the New York Post’s Twitter account.
Readers may recall that Mr. Baker was director Jim Comey’s general counsel at the Federal Bureau of Investigation during the Russia collusion fiasco in 2016. He was the main FBI contact for Michael Sussmann, the Clinton campaign lawyer who spread falsehoods about the Trump campaign regarding Alfa Bank, among other things.
Mr. Baker’s ties to the former intelligence officials who signed the “Russian information operation” statement may have influenced his Twitter memo and the censorship decision. All of this is likely to be fodder for House Republican hearings into the FBI’s role in the Hunter Biden story.
The partisan foray by current and former U.S. intelligence officials in the last two elections should be deeply troubling to Americans on the left and right. They have authority by dint of access to information that isn’t confirmable by the press, which takes their spin as gospel. This is a form of political corruption that needs to be exposed, and perhaps the Twitter documents will help to unlock the story.

‘Twitter Files’ Paint an Ugly Portrait

Jim Geraghty
The National Review
December 5, 2022

On the menu today: Elon Musk and Matt Taibbi team up to offer the “Twitter files,” a look inside the internal deliberations at Twitter when it decided to block access to a New York Post story which revealed all kinds of embarrassing and scandalous information found on Hunter Biden’s laptop. You can quibble with Taibbi’s decisions here and there, but overall, the files paint an ugly portrait of a social-media company’s management unilaterally deciding that its role was to keep breaking news away from the public instead of letting people see the reporting and drawing their own conclusions.

Opening the ‘Twitter Files’

The revelations of the “Twitter Files” paint an ugly portrait of the individuals who made decisions about standards of content on Twitter during the 2020 presidential campaign. The company’s senior management — oddly, without consulting or involving CEO Jack Dorsey — basically decided unilaterally that people shouldn’t be allowed to read the New York Post’s article, which laid out emails indicating that Hunter Biden introduced his father, then-Vice President Joe Biden, to a top executive at a Ukrainian energy firm, “less than a year before the elder Biden pressured government officials in Ukraine to fire a prosecutor who was investigating the company.”

Twitter’s new owner, Elon Musk, gave reporter Matt Taibbi access to internal company emails and records, and Taibbi laid out in a series of tweets how the company “took extraordinary steps to suppress the story, removing links and posting warnings that it may be ‘unsafe.’ They even blocked its transmission via direct message, a tool hitherto reserved for extreme cases, e.g. child pornography.”

The reasoning behind the ban of the article was the contention that it included “hacked materials,” even though there was no evidence of hacking. The Post said the information was obtained from a computer that was dropped off at a repair shop in Biden’s home state of Delaware in April 2019 and never reclaimed. This was not electronic theft; this was old-fashioned reporting — and exceptionally bad judgment on Hunter Biden’s part, which at this point shouldn’t seem implausible to anyone.

Note that Twitter made its decision to restrict access to and distribution of the Post story before more than 50 former senior intelligence officials signed a letter contending that the trove of emails from Hunter Biden “has all the classic earmarks of a Russian information operation.” (In retrospect, the characterization of it as an “information operation” instead of a “disinformation operation” was a revealing admission.)

That letter was an extraordinarily irresponsible act by the likes of Jim Clapper, Michael Hayden, Leon Panetta, John Brennan, et. al., because it assumed facts not in evidence, and effectively cashed in on the reputations of those former intelligence officials to persuade the American public to believe something that wasn’t true. Many Americans likely believed that former CIA staff would know something about Russian operations that the rest of us didn’t.

But Twitter’s management can’t pass the buck to those former intelligence officials, because the company made its decision to block access to the Post’s story five days before their letter was published.

I suppose the revelations of the Twitter Files could have been even worse if the Biden campaign or someone in the government had somehow “ordered” Twitter’s management to take these drastic measures. But it’s still atrocious that just about all of Twitter’s management believed its role was to keep news away from the public instead of letting people see the Post’s reporting and draw their own conclusions.

Recall how Twitter touted its purpose back in 2016: “Twitter connects you with the people you’re interested in — whether that’s someone across the world who shares your love for science-fiction, your friends and family, a politician, or your local sports team.”

If, from the beginning, Twitter had declared that, “We are a progressive company, and we are only interested in connecting progressives with other progressives, and we will suspend the accounts of conservative users with little warning and with vague explanations, and we will block the public’s ability to see news that we think might make them want to vote against Democrats,” well, at least then it would have been honest, and most conservatives never would have bothered to set up accounts on Twitter.

You notice that you don’t see many conservatives complaining that they’re being shut out of Mastodon, the social-media network that many progressives flocked to after Elon Musk purchased Twitter. If progressives want to set up their own online community that conservatives can’t join, that’s their right.

This was one of the complications of the “Twitter is a private company, so they can set whatever rules they like” argument. Twitter changed the deal, so to speak, after it had obtained significant authority over a chunk of online public discourse. Twitter attracted its large user base by being seeming politically neutral, and then gradually ratcheted up its attitudes of limiting and suppressing conservative speech.

Perhaps the lone pleasant surprise in the Twitter Files is Democratic congressman Ro Khanna of California, who reached out to Twitter’s head of legal, policy, and trust, Vijaya Gadde, and tried to gently nudge the company away from its censorious actions. Khanna described himself as a “total Biden partisan,” said he was convinced that Joe Biden had done nothing wrong, and characterized the New York Post as “far right.” (Eh, right of center, pugnacious, populist, tabloid, yes. Far-right, no.)

But credit Khanna for being the only figure to point out that, “This seems a violation of the First Amendment principles. . . . A journalist should not be held accountable for the illegal actions of the source unless they actively aided the hack. So, to restrict the distribution of that material, especially regarding a presidential candidate, seems not in the keeping of [the Supreme Court case] New York Times vs. Sullivan.” Khanna added that, “In the heat of a presidential campaign, restricting dissemination of newspaper articles (even if NY Post is far right) seems like it will invite more backlash than it will do good.”

You can find quibbles and beefs with the way Musk and Taibbi handled the story. There was no need to post the email addresses of figures such as Khanna. There are one or two spots where Taibbi’s characterization isn’t as clear as it ought to be, such as when he wrote, “By 2020, requests from connected actors to delete tweets were routine. One executive would write to another: ‘More to review from the Biden team.’ The reply would come back: ‘Handled.’” Apparently, four of the five tweets in the example Taibbi pointed to included nude photos, which seems like an important detail. Most of us would agree there is a substantive difference between “please remove these nude photos of my son that he did not consent to have released or published” and “please remove this information about my son’s business deals with shady foreign figures that is embarrassing to me and my campaign.”

It would have been helpful to have all of this laid out in one document instead of a long series of tweets, and links to source documents also would have helped paint the fullest picture possible.

Yesterday, Howard Kurtz was kind enough to have me appear on his MediaBuzz program on Fox News Channel, and my co-panelist insisted that there was nothing significant in the Twitter files. Curiously, this is a defense — “None of this matters!” — that not even Twitter CEO Jack Dorsey was willing to attempt, either in November 2020 or in hearings the following March. Dorsey said after the election that his team made the wrong decision:

We recognize it as a mistake that we made, both in terms of the intention of the policy and also the enforcement action of not allowing people to share it publicly or privately. . . . We made a quick interpretation, using no other evidence, that the materials in the article were obtained through hacking and, according to our policy, we blocked them from being spread.

When a social-media company decides to block access to a news article out of ideological and political loyalties, that’s newsworthy and consequential, and it’s worth asking, “How did this happen? Who made the decisions that led to this point?”

Former NYT columnist Bari Weiss releases ‘Twitter Files Part Two’

Former New York Times columnist Bari Weiss released the second installment of the “Twitter Files” on Thursday night, sharing images of accounts that Twitter allegedly placed on various types of “blacklists.”

Weiss posted several images of what appears to be an internal Twitter system that marked certain accounts as being under various kinds of “blacklists,” in addition to flagging other information about the accounts.

Jay Bhattacharya, a health policy professor from Stanford University who opposed COVID-19 lockdowns, appeared to have been placed on a “Trends Blacklist,” as was the right-wing Libs of TikTok account, according to the photos.

The account of conservative commentator Dan Bongino was apparently placed on a “Search Blacklist,” while the photos seemed to show Turning Point USA President Charlie Kirk had his account marked as “Do Not Amplify.”

The images also appeared to show that several of the accounts had been flagged with “Recent Abuse Strike” and that more basic information, such as when the accounts were “Twitter Blue Verified” or “High Profile,” had also been noted.

Weiss also shared purported screenshots of internal messages from Yoel Roth, Twitter’s former head of safety and integrity, including one in which he appeared to ask for research on “non-removal policy interventions like disabling engagements and deamplification/visibility filtering.”

Weiss’s Twitter thread is the second installment in what Twitter CEO Elon Musk has dubbed the “Twitter Files.” The first installment, released by independent journalist Matt Taibbi, appeared to show an internal debate at the social media company over how to handle a New York Post story about Hunter Biden.

While the first installment of the “Twitter Files” sparked outrage across right-wing outlets, it seemed to fall flat otherwise, with some criticizing the release for failing to deliver groundbreaking revelations.

The release of the “Twitter Files” comes just over a month after Musk acquired the social media company. The billionaire, who promised to reshape Twitter into a “free speech” platform, shared the trove of internal documents with Weiss and Taibbi in an apparent effort to show that content moderation under the previous management was biased against the political right.

Voir de plus:

We are disturbed by the day’s events in Washington, D.C. and request three actions of Staff: 1. Permanently suspend @realDonaldTrump over his actions on January 62. Provide a clear account of the day’s decision making process regarding the President’s tweets 3. An investigation into the last several years of corporate actions that led to Twitter’s role in today’s insurrection

For the last four years, we have watched right wing extremists grow on our platform, nurtured by @realDonaldTrump. We have seen Twitter leadership struggle to deal with the violent, hateful rhetoric shared by @realDonaldTrump. We have respected those decisions and had faith in those who make them, knowing that settling policy around hate speech and misinformation is nuanced and difficult. We appreciate stronger measures, like the interstitials recently used on his account and his Jan. 6 timeout.

We do not believe these actions are sufficient. Trump is no longer a legitimate democratic actor. In a video posted on Twitter, he called the election “fraudulent” and a “landslide” in his favor, while referring to his loyalists as “very special” even as they broke into the Capitol building and clashed with police. At no point did the outgoing President unambiguously denounce their actions.

We must examine Twitter’s complicity in what President-Elect Biden has rightly termed insurrection. Those acts jeopardize the wellbeing of the United States, our company, and our employees.

First, we request that @realDonaldTrump’s account be suspended permanently, before he can further harm using our platform.

Second, we request more transparent internal communications around Twitter’s civic integrity policy and how it applied.

Third, we request an independent investigation into Twitter’s role in these events. Despite our efforts to serve the public conversation, as Trump’s megaphone, we helped fuel the deadly events of January 6th. We request an investigation into how our public policy decisions led to the amplification of serious anti-democratic threats. We must learn from our mistakes in order to avoid causing future harm.

We play an unprecedented role in civil society and the world’s eyes are upon us. Our decisions this week will cement our place in history, for better or worse.

We do not claim to speak for any other Tweeps than those who add their names here.

The Undersigned

 

Twitter bans Trump’s account, citing risk of further violence

The suspension amounted to a historic rebuke for a president who had used the social media site to rise to political prominence

 

Twitter on Friday banned President Trump from its site, a punishment for his role in inciting violence at the U.S. Capitol this week, robbing him of the megaphone he used to communicate directly with more than 88 million supporters and critics.

The move amounted to a historic rebuke for a president who had used the social-networking site to fuel his rise to political prominence. Twitter has been Trump’s primary communication tool to push policies, drive news cycles, fire officials, spread falsehoods, savage opponents and praise allies.

A defiant Trump lashed out in response late Friday, accusing Twitter in a statement of having “coordinated with the Democrats and the Radical Left” to remove his account. He threatened regulation, promising a “big announcement” to come, and said he is looking “at the possibilities of building out our own platform in the near future!” The official account for the presidency, @POTUS, also tweeted that message, although the posts were quickly taken down by Twitter.

Twitter had resisted taking action against Trump for years, even as critics called on the company to suspend him, arguing that a world leader should be able to speak to his or her citizens unfettered. But Trump’s escalating tweets casting doubt on the 2020 election — and the riot at the U.S. Capitol his comments helped inspire — led the company to reverse course.

Twitter specifically raised the possibility that Trump’s recent tweets could mobilize his supporters to commit acts of violence around President-elect Joe Biden’s inauguration, an analysis that experts saw as a major expansion in the company’s approach to moderating harmful content online. Its action meant Trump’s tweets disappeared from the site, removing the catalogue of his thoughts except for those preserved by researchers and other documentarians.

The move was especially remarkable for a company that once called itself “the free speech wing of the free speech party.” Many observers noted that this most aggressive enforcement action in Twitter’s history came in the week that political power shifted decisively in Washington, toward Democrats who long have demanded greater policing of hate speech and violent talk on social media — and away from a president and party who long had made effective use of the more freewheeling policies of the past.

“It took blood and glass in the halls of Congress — and a change in the political winds — for the most powerful tech companies in the world to recognize, at the last possible moment, the profound threat of Donald Trump,” said Sen. Richard Blumenthal (D-Conn.), a longtime critic of tech company policies.

Twitter cited two Trump tweets. One stated that the 75 million who voted for him were “American Patriots” who will “not be disrespected or treated unfairly in any way, shape or form!!!” He then announced he would not go to Biden’s swearing-in ceremony later this month.

In a blog post, the company said the two messages violated its policy against glorification of violence since they “could inspire others to replicate violent acts” that took place at the U.S. Capitol on Wednesday. According to Twitter, his second tweet could be read by followers as an encouragement to commit violence during the inauguration, which “would be a ‘safe,’ target as he will not be attending.”

In doing so, Twitter joined Facebook in punishing the president in the waning hours of his first term. Facebook said Thursday its suspension is indefinite, lasting at least the next two weeks, citing a similar belief that the risks are “simply too great” at a moment of transition for the country. Both tech giants previously joined Google-owned YouTube in removing or limiting access to Trump’s posts, including a video he shared earlier this week that once again advanced widely disproved falsehoods about the validity of the 2020 vote.

The White House did not immediately respond to a request for comment. But Trump appeared to try to defy Twitter’s ban by using @POTUS, and later his @TeamTrump campaign account, both of which were suspended.

“We will not be SILENCED!” @POTUS tweeted before it was taken down. The president also charged that in a statement.

Twitter’s punishment is the harshest judgment the site has at its disposal. It appeared to be the first time the company had taken such an action since instituting a broad policy around world leaders last year, illustrating the slow shift in Silicon Valley as the country’s most popular, prominent platforms grew more comfortable in taking on Trump.

Facebook, for example, had its first of many furious internal debates over how to handle Trump in December 2015, when as a presidential candidate he posted a video in which he said he wanted to ban all Muslims from entering the United States. Many employees called it obvious hate speech, but top executives chose to defer, by creating an exemption for content they deemed “newsworthy.”

The challenges kept coming as Trump’s presidency and rhetoric brought to mainstream attention right-wing ideas once considered beyond the fringe of appropriate political rhetoric. A particularly explosive flash point for both Twitter and Facebook came in May, when Trump called protesters after the killing of unarmed Black man George Floyd “THUGS” in social media posts. In response, Twitter opted to label Trump’s tweet as harmful and hide it from public view — and Facebook petitioned for Trump to change his tone in private.

The shift within Silicon Valley began even before that as the coronavirus swept through the world last year, and the stakes of the rampant lies and misinformation on social media platforms were underscored by a rising body count as Trump and others denied the severity of the pandemic. Facebook, Twitter, YouTube and others all took action against viral falsehoods that were clearly contrary to science. Not long after, they dramatically stiffened policies against conspiracy theories, such as QAnon, and the rise of dangerous armed groups, such as the boogaloo, born of largely unrestricted online worlds.

As the national election approached last fall, disinformation researchers, Democrats and civil rights activists demanded tougher action from tech companies whose platforms hosted and spread falsehoods. They gained some traction, but at a time when Trump and other Republicans were loudly claiming that they were being discriminated against by Silicon Valley, critics said it was not nearly enough.

Rashad Robinson, the president of Color of Change, a civil rights group that has been pushing social media companies to police Trump’s behavior more aggressively, fretted on Friday that it took too long for Twitter and its peers to act given the president’s past missteps — and their potential to have touched off real-world violence.

“But kicking him off of Twitter, so he can’t spread disinformation and incite the public, is huge,” he said. “This is way too late, but I do not underestimate or undersell the significance of what this means moving forward without him having a direct line to reach an audience any time that he wanted to.”

In considering how his supporters might read and interpret his messages, Twitter also potentially opened the door for the company to take a more aggressive approach on other content, including tweets from political leaders in the future, experts said.

“That’s a standard that’s never existed,” said Alex Stamos, a former Facebook chief security officer, now head of the Stanford Internet Observatory, a disinformation research group. “The ‘impact’ standard has never existed.”

Stamos added that Twitter’s action — and Facebook’s recent enforcement efforts — meant that “the right-wing social media ecosystem in America has been shattered.”

The move comes amid a wave of criticism from Democratic lawmakers and Twitter’s own employees, who demanded in a letter written this week that the company’s leaders permanently suspend Trump’s account. In an internal letter addressed to chief executive Jack Dorsey and his top executives viewed by The Washington Post, roughly 350 Twitter employees requested an investigation into the past several years of corporate actions that led to Twitter’s role in the riot.

“Despite our efforts to serve the public conversation, as Trump’s megaphone, we helped fuel the deadly events of January 6th,” the employees wrote. “We request an investigation into how our public policy decisions led to the amplification of serious anti-democratic threats. We must learn from our mistakes in order to avoid causing future harm.”

“We play an unprecedented role in civil society and the world’s eyes are upon us. Our decisions this week will cement our place in history, for better or worse,” the employees added.

In a statement earlier Friday, Twitter spokesperson Brandon Borrman wrote, “Twitter encourages an open dialogue between our leadership and employees, and we welcome our employees expressing their thoughts and concerns in whichever manner feels right to them.”

The letter from the Twitter employees is addressed to “Staff,” company lingo for C-suite executives who report directly to Dorsey, including Vijaya Gadde, who leads the company’s legal, policy, and trust and safety divisions. During a virtual meeting on Friday afternoon, Dorsey and Gadde shared their thoughts on Twitter’s response, according to an employee, who spoke on the condition of anonymity for fear of retaliation.

Silicon Valley also took fresh aim Friday at a bevy of other sites and services where Trump’s supporters have congregated. That includes the new social media service Parler, which became popular with the president’s allies in the wake of the 2020 election.

Amid a flood of misinformation — and threats of violence in the wake of the Capitol riot — Google on Friday removed the app from its hub for downloads, called the Play Store. Apple also warned Parler that it could be removed from its App Store, the sole portal through which iPhone and iPad users can obtain such software, if it didn’t remove posts inciting violence and put in place a stronger content moderation system, according to an email obtained by BuzzFeed News.

Parler prides itself on only loosely policing posts on its site, saying it removes only what is illegal or not protected by the First Amendment. After the attack on the Capitol this week, posts on the site voiced support for the rioters and calls to keep fighting. Trump, however, does not currently have an account on Parler.

Parler chief executive John Matze appeared to address the Apple news on his Parler page Friday, writing “We will not cave to pressure from anti-competitive actors!”

Twitter’s move did cause unease in another quarter: Researchers have long complained that when the company suspends a user, valuable records of online conversations essentially vanish into thin air, making it nearly impossible to later reconstruct them — something particularly consequential when a platform is the primary means of communication for a U.S. president.

“It has implications from a historical point of view,” said Darren Linvill, lead researcher for the Clemson University Media Forensics Hub. “If you are the national conversation, they just sucked a big part of the national conversation away.”

Rachel Lerman and Gerrit De Vynck contributed to this report.

Voir par ailleurs:

World Leaders on Twitter: principles & approach

15 October 2019

There continues to be meaningful public conversation about how we think about Tweets from world leaders on our service. We welcome the conversation and want to share more context on our principles and process for reviewing reported Tweets from these accounts.

Context 

When it comes to the actions of world leaders on Twitter, we recognize that this is largely new ground and unprecedented. We understand the desire for our decisions to be “yes/no” binaries, but it’s not that simple. The actions we take and policies we develop will set precedent around online speech and we owe it to the people we serve to be deliberate and considered in what we do.

Our mission is to provide a forum that enables people to be informed and to engage their leaders directly. We also have a responsibility to the people who use Twitter to better explain why we make the decisions we make, which we will do here.

Our approach

  • Everything we do starts with an understanding of our purpose and of the service we provide: a place where people can participate in public conversation and get informed about the world around them.
  • We assess reported Tweets from world leaders against the Twitter Rules, which are designed to ensure people can participate in the public conversation freely and safely.
  • We focus on the language of reported Tweets and do not attempt to determine all potential interpretations of the content or its intent.
  • Presently, direct interactions with fellow public figures, comments on political issues of the day, or foreign policy saber-rattling on economic or military issues are generally not in violation of the Twitter Rules.
  • However, if a Tweet from a world leader does violate the Twitter Rules but there is a clear public interest value to keeping the Tweet on the service, we may place it behind a notice that provides context about the violation and allows people to click through should they wish to see the content. We announced this in June.

Enforcement scenarios 

We want to make it clear today that the accounts of world leaders are not above our policies entirely. The below areas will result in enforcement action for any account on our service (without consideration of the potential public interest value in allowing the Tweet to remain visible behind a notice):

In other cases involving a world leader, we will err on the side of leaving the content up if there is a clear public interest in doing so.

With critical elections and shifting political dynamics around the world, we recognize that we’re operating in an increasingly complex and polarized political culture. These are constantly evolving challenges and we’ll keep our policies and approach under advisement, particularly as we learn more about the relationship between Tweets from world leaders and the potential for offline harm.

This post seeks to provide clear insight into how we address content from world leaders on Twitter today, and will serve as our statement on the decisions we make, rather than our teams providing feedback on individual Tweets and decisions. We’ve also updated our dedicated Help Center page to provide a significantly more detailed breakdown of how we make decisions regarding the use of the public interest notice.

Our goal is to enforce our rules judiciously and impartially. In doing so, we aim to provide direct insight into our enforcement decision-making, to serve public conversation, and protect the public’s right to hear from their leaders and to hold them to account.


When they see us: Dans notre société tout homme qui ne parle pas bien risque d’être condamné à mort (Just in time: Guess why a Netflix series by Obama close friend on the 30-year old Central Park Five wilding case amplifying the theme that Trump is a longtime racist just happened to come out a year and a half away from election time ?)

8 décembre, 2019

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J’ai résumé L’Étranger, il y a longtemps, par une phrase dont je reconnais qu’elle est très paradoxale :“Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l’enterrement de sa mère risque d’être condamné à mort.” Je voulais dire seulement que le héros du livre est condamné parce qu’il ne joue pas le jeu. En ce sens, il est étranger à la société où il vit, où il erre, en marge, dans les faubourgs de la vie privée, solitaire, sensuelle. Et c’est pourquoi des lecteurs ont été tentés de le considérer comme une épave. On aura cependant une idée plus exacte du personnage, plus conforme en tout cas aux intentions de son auteur, si l’on se demande en quoi Meursault ne joue pas le jeu. La réponse est simple : il refuse de mentir.  (…) Meursault, pour moi, n’est donc pas une épave, mais un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d’ombres. Loin qu’il soit privé de toute sensibilité, une passion profonde parce que tenace, l’anime : la passion de l’absolu et de la vérité. Il s’agit d’une vérité encore négative, la vérité d’être et de sentir, mais sans laquelle nulle conquête sur soi et sur le monde ne sera jamais possible. On ne se tromperait donc pas beaucoup en lisant, dans L’Étranger, l’histoire d’un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité. Il m’est arrivé de dire aussi, et toujours paradoxalement, que j’avais essayé de figurer, dans mon personnage, le seul Christ que nous méritions. On comprendra, après mes explications, que je l’aie dit sans aucune intention de blasphème et seulement avec l’affection un peu ironique qu’un artiste a le droit d’éprouver à l’égard des personnages de sa création. Albert Camus (préface américaine à L’Etranger, 1955)
Le thème du poète maudit né dans une société marchande (…) s’est durci dans un préjugé qui finit par vouloir qu’on ne puisse être un grand artiste que contre la société de son temps, quelle qu’elle soit. Légitime à l’origine quand il affirmait qu’un artiste véritable ne pouvait composer avec le monde de l’argent, le principe est devenu faux lorsqu’on en a tiré qu’un artiste ne pouvait s’affirmer qu’en étant contre toute chose en général. Albert Camus (discours de Suède, 1957)
Personne ne nous fera croire que l’appareil judiciaire d’un Etat moderne prend réellement pour objet l’extermination des petits bureaucrates qui s’adonnent au café au lait, aux films de Fernandel et aux passades amoureuses avec la secrétaire du patron. René Girard (Critiques dans un souterrain, 1976)
La même force culturelle et spirituelle qui a joué un rôle si décisif dans la disparition du sacrifice humain est aujourd’hui en train de provoquer la disparition des rituels de sacrifice humain qui l’ont jadis remplacé. Tout cela semble être une bonne nouvelle, mais à condition que ceux qui comptaient sur ces ressources rituelles soient en mesure de les remplacer par des ressources religieuses durables d’un autre genre. Priver une société des ressources sacrificielles rudimentaires dont elle dépend sans lui proposer d’alternatives, c’est la plonger dans une crise qui la conduira presque certainement à la violence. Gil Bailie
En présence de la diversité, nous nous replions sur nous-mêmes. Nous agissons comme des tortues. L’effet de la diversité est pire que ce qui avait été imaginé. Et ce n’est pas seulement que nous ne faisons plus confiance à ceux qui ne sont pas comme nous. Dans les communautés diverses, nous ne faisons plus confiance à ceux qui nous ressemblent. Robert Putnam
What they’re trying to do is what the KGB under Lavrentiy Beria said to Stalin, the dictator — I’m not comparing our country to the Soviet Union — I just want to make sure it never becomes anything like that. Beria, once the Soviet deputy premier and interior minister, famously would reassure Stalin, « Show me the man and I’ll find you the crime. » And that’s what some of the Democrats are doing. They have Trump in their sights. They want to figure out a way of impeaching him and they’re searching for a crime. First, they came up with abuse of power — not a crime — it’s not in the Constitution. So now they’re saying ‘bribery,’ but they’re making it up. There is no case for bribery based on, even if all the allegations against the president were to be proved, which they haven’t been. Alan Dershowitz
I see him as the quintessential bully. Too much power truly does warp a person, even a very brilliant person who was once an authentic idealist. Like some of today’s bullies and Machiavellian politicians, he and his family benefited from the democratic society that he later scorned and tried to overpower. We can look back and use the clarity about the past to raise a warning about the present. You can experience viscerally what we lost when we let corrupt people move unchecked. What is our core national character?  Are we going to make heroes out of bullies and prioritize the achievements of power, or are we going to assert that heroism means having empathy for people’s struggles? Edward Norton
C’est une période au cours de laquelle les choses changeaient. On associe souvent New York à une ville libérale, progressive et cosmopolite. Mais dans les années 50, il y avait énormément d’anti-démocratie, de racisme, ce qui a eu un important impact sur le reste du siècle, jusqu’à aujourd’hui. Et je crois que choisir cette période m’a permis d’évoquer ce qui se passe aujourd’hui sans en parler directement. Edward Norton
In an op-ed from Tuesday’s Wall Street Journal, former New York City prosecutor Linda Fairstein responded to the recent Netflix series on the Central Park Five, and accused its producer, Ava DuVernay, of fabricating words attributed to her character, played by Felicity Huffman, to portray her as a racist who was determined to convict the teens in the face of an alleged lack of evidence against them. Fairstein began the article, titled « Netflix’s False Story of the Central Park Five, » by declaring that the series, When They See Us, is « so full of distortions and falsehoods as to be an outright fabrication, » and complained that it is « an utterly false narrative involving an evil mastermind (me) and the falsely accused (the five). » She added that it « attempts to portray me as an overzealous prosecutor and a bigot, the police as incompetent or worse, and the five suspects innocent of all charges against them. None of this is true. Fairstein listed a number of pieces of misinformation from the series and argued that there was plenty of evidence to reasonably convict them at the time, as she stood by charges that they attacked several other people in the park that same night. Among several pieces of misinformation she claimed were included in the series was that it « portrays the suspects as being held without food, deprived of their parents’ company and advice, and not even allowed to use the bathroom, » and argued that if such accusations were true, they would have come out in the pre-trial hearings or inthe lawsuit that was filed years after their release from prison. Fairstein — who was supervisor over the sex crimes unit — argued that the series exaggerates how closely involved she was in handling the case and recalled that she « did not run the investigation, and never made any of the comments the screenwriter attributes to me. » She also directly contradicted a couple of scenes involving the questioning of an underage member of the group: The film claims that when Mr. Salaam’s mother arrived and told police that her son was only 15 — meaning they could not question him without a parent in the room — I tried to stop her, demanding to see a birth certificate. The truth is that Mr. Salaam himself claimed to be 16 and even had a forged bus pass to « prove » it. When I heard his mother say he was 15, I immediately halted his questioning. This is all supported by sworn testimony. The former prosecutor also argued that there was additional evidence of their guilt: There is, for example, the African American woman who testified at the trial — and again at the 2002 reinvestigation — that when Korey Wise called her brother, he told her that he had held the jogger down and felt her breasts while others attacked her. There were blood stains and dirt on clothing of some of the five. She soon added that more than a dozen other witnesses « named some or all of the five » in helping attack other victims. It is noteworthy that, while the Netflix series depicts the five teens as innocent bystanders who merely witnessed other assailants attacking and beating up other victims in the park, the film, The Central Park Five, by Ken Burns, accepted that they were « beating up other people » in the park even while that film was devoted to defending the teens regarding the attack on the jogger, Trisha Meili. Fairstein also recalled that Salaam « testified that he had gone into the park carrying a 14-inch metal pipe — the same type of weapon that was used to bludgeon both a male school teacher and Ms. Meili. » The former prosecutor also argued that the fact that DNA testing on the semen found at the scene did not match any of the five teens did not mean that they could not have been part of the attack on her, as they were charged as « accomplices » to the person who eventually confessed to raping her, serial rapist Matias Reyes. She further recalled that « two of them admitted to climbing on top of her and siimulating intercourse, » adding that « Semen was found on the inside of their clothing, corroborating those confessions. » Fairstein concluded her article: That Ms. DuVernay ignored so much of the truth about the gang of 30 and about the suffering of their victims — and that her film includes so many falsehoods — is nonetheless an outrage. Ms. DuVernay does not define me, and her film does not speak the truth. Newsbusters
The NYPD police officer who made the first arrests in the Central Park Five investigation has condemned Netflix’s drama When They See Us as ‘lies’ and said it puts the lives of cops and prosecutors at risk. Eric Reynolds, who as a plainclothes officer arrested Raymond Santana and Kevin Richardson, tells DailyMailTV that the four-part television adaptation is so filled with errors that it is ‘malicious recreation’. He described the miniseries, produced by Robert De Niro and Oprah Winfrey and directed by Ava DuVernay, as ‘total nonsense’ that left him ‘flabbergasted’ (…) He spoke out after an outcry in the wake of the series led to prosecutors Linda Fairstein and Elizabeth Lederer losing publishing contracts, board seats and lecturing roles. Reynolds, 59, rejected criticism of the investigation, prosecution and conviction of the five for the rape of 28-year-old jogger, Patricia Meili – and particularly took issue with the portrayal of the black men as victims of a racist system. As an African American, he said, the allegations of racism cut particularly deep. (…) And he said that even the brief appearance he makes in the series, which has been watched by 23 million Netflix accounts worldwide, is pure ‘fiction,’ portraying events which simply did not happen; he was shown as a uniformed officer when he in fact wore plain clothes. He believes the series is inflammatory by depicting members of the five looking badly beaten when they were arrested. Reynolds told DailyMailTV, ‘Please, someone, show me the pictures of them. Show me the injuries, show me the black eyes, show me the swollen faces because every single one of them that came out of that precinct had none of that.’ He has shared his own recollections of the night of April 19, 1989 when more than 30 young men embarked on a violent spree of terror, and Meili was found raped and close to death in Central Park. Raymond Santana, then 14, Kevin Richardson, 14, Korey Wise, 16, Antron McCray, 15 and Yusef Salaam, 15 all confessed and were convicted of participating in multiple crimes on April 19. But the one that is remembered is Meili’s rape. In 2002 their convictions were sensationally vacated in their entirety when Matias Reyes, a serial rapist already in prison, confessed to the crime and claimed to have acted alone. The five sued New York City, said their confessions were coerced and won a $41 million payout. Supporters said they had been exonerated and the Central Park Five became synonymous with an unimaginable miscarriage of justice. When They See Us opens on the night of the ‘wilding’, where a mass of young men rushed through Central Park, casting the five very squarely as innocents caught up in events and on the fringes of any violence. Reynolds said, ‘When I saw the opening scenes it was like watching a musical. I was flabbergasted. That absolutely was not what occurred.’ The Central Park Five had their convictions vacated after serial rapist Matias Reyes admitted raping jogger Patricia Meili. His DNA matched evidence found at the scene In one scene a man, most likely a depiction of teacher John Loughlin, is shown being felled by a single punch while three of the five look on. Reynolds said, ‘It did not happen that way. They were beating him with a pipe. They beat him so savagely that both of his eyes were shut and he had a cracked skull.’ Testimony from one who was there stated that Yusef Salaam was wielding that pipe and ‘going to work on him.’ The cop who found Loughlin told Reynolds that he ‘looked like his head was dunked in a bucket of blood.’ In another scene the boys are part of a crowd halfheartedly harassing a couple on a tandem bike. Again Reynolds watched in outrage at what he said is a ‘total fiction.’ He explained, ‘The group lay in wait. They stretched out across the roadway and held hands to knock them off their bike. It was a couple on the tandem and the woman said she was scared for her life. ‘Her boyfriend just told her, ‘Put your head down and pedal as hard as you can.’ And they rode through them as they were grabbing at her clothes and by the grace of God they got away.’ Pointing to the couple attacked on their tandem he said it was the violence, not the ethnicity, of its perpetrators that mattered to police officers. He said, ‘I don’t understand how that’s a race issue if you’re in the middle of a park riding on a bike in the middle of the night and a group of males, whether they’re black, white or whatever, you know are standing on the road with the express purpose of knocking you off the bike. (…) He recalled, ‘We were getting numerous radio runs of a large crowd of black and Hispanic kids assaulting and robbing people. We had people going into the station house and cops out in the field who had gotten flagged down by civilians saying, ‘There’s a crowd of kids there. They’ve tried to assault us and thrown rocks. (…)  Reynolds recalled, ‘There were 30 of them on the move. There’s only two of us so, you know, clearly we’re not going to get all of them. Long story short we got five of them.’ Two were Raymond Santana – who had, Reynolds said, been leading the pack – and Kevin Richardson who started crying in the back of the squad car. Reynolds said, ‘He [Richardson] started crying and saying that he ‘knew who did the murder’. He said it was Antron McCray and he would tell us where he lived.’ The officers assumed he was talking about Loughlin who was beaten unconscious. (…) Reynolds’ partner asked Santana and Stephen Lopez, a member of the group he was arrested alongside, what they were doing out making trouble and why weren’t they with their girlfriends instead. According to Reynolds, ‘Santana said, ‘I already got mine,’ and they kind of laughed. I just assumed it was an in-joke. It only became significant after we learned what had happened to the jogger.’ (…) While the boys were waiting, at around 1.30am, the call came in that a female jogger had been found in the park, raped and beaten to within an inch of her life. The detectives responding to the crime had been told that Reynolds had arrested five out of a group of about 30 kids ‘wilding’ in the park. Now they instructed Reynolds not to let them go. He recalled, ‘They said, ‘Look, we don’t think these kids have anything to do with it but they were up there at the same time that she was attacked. They might have seen something so we’re going to come down and debrief them.’ Reynolds was in the room for all of those interviews. He said, ‘Their parents are there, they’re getting their rights read. We ask them what happened in the park? According to Reynolds they did not ask the kids about the rape directly. The first two kids told almost identical stories. They said they’d been in the park with a bunch of kids who were beating people up but they didn’t touch anybody Reynolds wrote them up and let them go home. Then, he said, ‘The third kid is Kevin Richardson. He’s there with his mother. We read him his rights. We ask him what happened. He said the exact same thing the other kids said – everyone else was beating people up but I didn’t touch anyone.’ Then one of the detectives noticed he had a scratch on his face. They asked him how he’d got it and at first he blamed Reynolds’s partner for the injury. When told the officer was next door and would be asked if that was true Richardson changed his story. Reynolds said, ‘He said, « Okay, it was the female jogger. » And I’ll be honest with you I almost fell off my seat because I was not expecting him to say that. ‘And then he starts to go into the story of the attack on the jogger. No coercion. We didn’t even think he was involved. He starts to give it up right there in front of us.’ Ultimately police questioned 37 boys and, contrary to Netflix’s dramatic depiction, there was nothing random or rushed in the five who were ultimately charged. They became the Central Park Five, he said, not because cops were anxious to pin the crime on someone but because they implicated themselves and each other when interviewed. In DuVernay’s drama particular attention is given to Korey Wise’s story. He is shown accompanying his friend Salaam to the station, an act of loyalty that sees him embroiled in the case when he wasn’t even on the cops’ radar. Reynolds is exasperated by this. He said: ‘Korey Wise was named by other participants in the wilding that day. We went specifically to look for him. ‘When detectives asked a couple of people in front of their building if they had seen him they said they saw him earlier and he said, « Y’all better stay away from me because the cops are after me. »‘ When they asked him why, Reynolds said, the people in front of the building stated that Wise had told them: ‘You see that woman in Central Park last night? That was us.’ (…) Reynolds points to a wealth of physical evidence that was never refuted at trial: hair and blood ‘consistent’ with the jogger’s was found on the boys’ sneakers and clothing, along with semen in the boys’ underwear. The fact that none of them claimed to be able to finish the act of penetrative sex is the reason, Reynolds said, that their semen was only found on the inside of their underwear and clothing rather than on Meili. (…) Reynolds explained, ‘Reyes comes forward to say he did it by himself and he can prove it because he knows something we don’t know. And he’s correct. ‘She had a fanny pack with her Walkman in it and he took it and he threw it away. (…) ‘But then Armstrong found that a detective had taken some notes of an interview with Korey Wise. And Korey said that there was a guy named ‘Rudy,’ who he said took her fanny pack and her Walkman.’ Reynolds believes that Rudy was Reyes and his name muddled up by Wise who has hearing difficulties. He said, ‘He told that to us on April 20, 1989, the day after. So how in the world does Korey Wise know about her fanny pack and Walkman in 1989 when Reyes says he knows about it because he was the only person there?’ (…) The report stated, ‘the most likely scenario for the events of April 19, 1989 was that the defendants came up on the jogger and subjected her to the same kind of attack, albeit with sexual overtones, that they inflicted upon other victims in the park that night. ‘Perhaps attracted to the scene by the jogger’s screams, Reyes either joined in the attack as it was ending or waited until the defendants have moved on to their next victims before descending upon her himself, raping her and inflicting upon her the brutal injuries that almost caused her death.’ Reynolds’s view is supported by both the medical opinion of Meili’s two Urgent Care Physicians at Metropolitan Hospital and the Armstrong Report. Dr Robert Kurtz is on record as saying Meili had injuries consistent with a sharp, clean blade or object while Reyes’ confession only mentioned a blunt object. Dr Kurtz noted that Reyes, ‘never said he had used a knife, or broken glass, or broken bottle or something like that that would have been able to inflict a clean laceration.  Dr Jane Mauer, a surgeon who helped reconstruct Meili’s face recalled seeing hand print bruising on her thighs Dr Mauer said, ‘You could see the four fingers and the thumb indented in her skin to hold her legs apart.’ It led her to doubt that this could be the work of one man. Moreover the Armstrong Report concluded Reyes could not be considered a reliable witness. It revealed a fellow inmate in prison with Reyes said Reyes told him ‘the attack on the jogger was already in progress when he joined, attracted to the scene by the jogger’s screams.’ Reynolds does not believe that the five should still be in prison. He said, ‘They did their time. They paid the price for what they did. You know, that’s it.’ When Bill de Blasio was elected New York City mayor in 2014 he ordered the $41 million settlement to go through for the five men. All legal action finished in 2016 when the men were awarded a further $3.9 million from New York State But despite the case now being closed, Reynolds feel the Netflix mini-series is unfairly punishing people who prosecuted the five. In the wake of the drama’s release Linda Fairstein, who supervised the prosecution, and lead prosecutor Elizabeth Lederer have both fallen victim to an angry public backlash. Fairstein, who now writes crime fiction, was dropped by her publisher. Lederer, who continues to work in the District Attorney’s office, resigned from teaching law as an adjunct at Columbia University in New York. Reynolds said, ‘It’s like mob justice. People are doing everything they can to destroy these women’s lives and they’ve done nothing wrong. They don’t even know that they’re not basing their opinions and their fury on what actually happened. (…) Reynolds believes the show falsely depicts a racist criminal justice system. He is keen to point out that growing up in Eighties New York, criminals posed the threat to public safety, not police officers. (…) He said, ‘This has got people so divided and so at each other’s throats it’s sad. Let me tell you there’s a lot of people who believe that they are guilty but they’re not going to say anything because they don’t want to get shouted down. They don’t want to be called racist.’ Daily Mail
More than three decades have passed since Jane Jacobs and Robert Caro tore down Moses’s once pristine public image, but his physical legacy remains standing. Our New York is Moses’s New York. He built 13 bridges, 416 miles of parkways, 658 playgrounds, and 150,000 housing units, spending $150 billion in today’s dollars. If you are riding the waves at Jones Beach or watching the Mets at Shea Stadium or listening to « La Traviata » at Lincoln Center or using the Triborough Bridge to get to the airport, then you are in the New York that Moses built. If we are to realize Mayor Bloomberg’s plans for a city of 9 million people with newer, greener infrastructure, then New York will again need to embrace construction and change. We will need again builders like Moses, who can put the needs of the city ahead of the opposition of a neighborhood. Yet Moses’s flaws, which were emphasized so eloquently by Jacobs and Mr. Caro, have led many to see nothing but evil in Moses and his works. Moses’s supposed villainy has established its place in the iconography of the preservationists who stand against growth. The opening of a three-part exhibition on Moses — at the Queens Museum of Art on January 28, at the Wallach Art Gallery of Columbia University on January 31, and at the Museum of the City of New York on February 1 — gives us a chance to reappraise his achievements. We should avoid the excesses of Moses’s early hagiography or his later vilification. The successes and failures of this master builder teach us that great cities need great builders, but that we must check their more Pharaonic excesses. The lessons of Moses’s life are taught by his projects. His best work, such as the parks and pools that had large benefits and modest costs, happened early in his career. When he was starting as Governor Smith’s park tsar, Moses could get public funding for his projects only if they were popular. The need to build support didn’t stop Moses from taking risks. Indeed, Smith accused Moses of wanting to « give the people a fur coat when what they need is red flannel underwear, » but Moses’s bold vision was just what the public wanted. Society was getting richer, and those parks and pools helped New York succeed as a place of consumption and as a center of production. Most of Moses’s bridges and expressways are also major successes. New York is a city of islands. The city’s waterways were ideal in the ages of sail and steam, but they became a major headache in the age of the car. Despite his lack of a driver’s license, Moses understood that New York needed to adapt to the automobile. His bridges made it easier for cars to cross between the city’s islands. His parkways made it more pleasant to drive into New York. Boston’s Big Dig should remind us that it is hard to retrofit a pre-car city for the automobile. By comparison, Moses’s achievements look cheap and effective. Some say Moses was wrong to build for the car. Some say the city should have bet exclusively on public transportation that would better serve the poor. But those critics ignore the millions of people who fled the older cities that weren’t car friendly. Every one of the 10 largest cities in the country in 1950 — except for Los Angeles and, miraculously, New York — lost at least one-fifth of its population between 1950 and today. Moses’s bridges and highways helped to keep some drivers living and working in New York. Those middle-class drivers helped New York to survive and grow, while every other large, cold city in the second half of the 20th century shrank. Not all of Moses’s transportation projects were winners. To build the Cross Bronx Expressway, Moses took thousands of apartments using the power of eminent domain. Neighborhoods were shattered as the highway smashed through a once-vibrant area. I cannot tell whether the benefits to the millions who have used the expressway outweigh the costs to the thousands who were evicted, but I am sure that the process was deeply flawed. To any friend of liberty, Robert Moses’s use of eminent domain represents big government at its most terrifying. At the stroke of a pen, entire communities can be wiped out because someone in government thinks that this removal is in the public interest. Without eminent domain, however, large-scale projects will either flounder or cost as much as the Big Dig. Mayor Bloomberg’s dream of a renewed New York will need eminent domain. But I hope that eminent domain in the post-Bloomberg era will become much fairer than it was during the era of Robert Moses. The state should develop better legal infrastructure to oversee takings. Perhaps there should be a state-level commission, independent of local government, with both elected and appointed members, that can subject each use of eminent domain to cost-benefit analysis and determine just compensation for the evicted. The right response to Moses’s excesses is not to renounce eminent domain, but to strengthen the process so that it can play its needed role. Mr. Caro criticizes Moses for catering to the prosperous by destroying low-income housing to build roads, housing, and amenities for the rich like Lincoln Center. This criticism may be apt, but the problem lies not in the man but in his situation. Moses was an appointed official whose career depended on the approval of elites, not the votes of the poor. While elected officials have an unfortunate tendency toward shortsighted populism, appointed officials have a tendency to cater to the well-connected. One of the most bizarre responses to the unelected power of Moses was to create the unelected power of the Landmarks Preservation Commission, which seems almost designed to empower the most eloquent of squeaky wheels. A better response would have been to seek pro-growth solutions that combine the involvement of appointed and elected officials. Moses’s greatest failures were his housing projects. More than 40 years ago, Jacobs attacked Moses for replacing well-functioning neighborhoods with Le Corbusier-inspired towers. She was prescient. Moses spent millions and evicted tens of thousands to create buildings that became centers of crime, poverty, and despair. A simple but stark lesson emerged from Moses’s travails as housing tsar: The government is not good at the housing business. New York is filled with apartment buildings that provide decent housing and a comfortable social environment for their residents. Almost none of them were built by the government. New York has an affordable-housing problem, but it is the result of government intervention in the housing market that has limited housing supply. Rent control and an increasingly anti-growth regulatory environment have ensured that new supply has not kept up with the demand to live in reinvigorated New York. We need people with the vision of Robert Moses building homes in New York, but they should come from a private sector that is less fettered by government constraints. Moses was at his best when he had to make sure his projects would fund themselves or would really appeal to the people of New York. When Moses acquired vast federal funding, he also acquired the freedom to pursue his own vision, and that vision wasn’t always in the interests of the city. Mr. Bloomberg’s plan for New York in 2030 needs its own Moses-like master builders, but the city will be best served if those builders are funded by and accountable to the city. Those builders must not be beholden to every neighborhood group or cadre of unelected elites. While Moses’s successes would have been impossible under such conditions, his failures could have been checked if he had faced a greater degree of citywide oversight. Edward Glaeser
La violence le long de la ligne de tramway bordée de chênes Uptown a troublé ce qui avait été jusque là une journée de festivités plutôt paisible dans laquelle des centaines de milliers de personnes avaient fait la fête dans les rues en ce dernier jour du carnaval. NYT (sur les six victimes du Mardi gras de la Nouvelle–Orléans hier soir)
A l’exception d’un demandeur d’asile afghan, tous sont d’origine pakistanaise. Toutes les filles sont blanches. L’équation est aussi froide et simple qu’explosive, dans un Royaume-Uni en proie au doute sur son modèle multiculturel. (…) Dans les semaines suivant le procès, les médias égrènent les noms de villes où des gangs similaires à celui de Rochdale sont démantelés : Nelson, Oxford, Telford, High Wycombe… Et, fin octobre, c’est à nouveau à Rochdale qu’un groupe de neuf hommes est appréhendé. Chaque fois, les violeurs sont en grande majorité d’origine pakistanaise. Les micros se tendent vers les associations ou les chercheurs spécialisés dans la lutte contre les abus sexuels. Selon leurs conclusions, entre 46 % et 83 % des hommes impliqués dans ce type précis d’affaires – des viols commis en bande par des hommes qui amadouent leurs jeunes victimes en « milieu ouvert » – sont d’origine pakistanaise (les statistiques ethniques sont autorisées en Grande-Bretagne). Pour une population d’origine pakistanaise évaluée à 7 %. (…) En septembre, un rapport gouvernemental conclura à un raté sans précédent des services sociaux et de la police, qui renforce encore l’opinion dans l’idée qu’un « facteur racial » a joué dans l’affaire elle-même, mais aussi dans son traitement par les autorités : entre 2004 et 2010, 127 alertes ont été émises sur des cas d’abus sexuels sur mineurs, bon nombre concernant le groupe de Shabir Ahmed, sans qu’aucune mesure soit prise. A plusieurs reprises, les deux institutions ont estimé que des jeunes filles âgées de 12 à 17 ans « faisaient leurs propres choix de vie ». Pour Ann Cryer, ancienne députée de Keighley, une circonscription voisine, aucun doute n’est permis : police et services sociaux étaient « pétrifiés à l’idée d’être accusés de racisme ». Le ministre de la famille de l’époque, Tim Loughton, reconnaît que « le politiquement correct et les susceptibilités raciales ont constitué un problème ». L’air est d’autant plus vicié que, à l’audience, Shabir Ahmed en rajoute dans la provocation. Il traite le juge de « salope raciste » et affirme : « Mon seul crime est d’être musulman. » Un autre accusé lance : « Vous, les Blancs, vous entraînez vos filles à boire et à faire du sexe. Quand elles nous arrivent, elles sont parfaitement entraînées. » (…) un employé de la mairie s’interroge. Anonymement. « Où est la limite du racisme ? Les agresseurs voyaient ces filles comme du « déchet blanc », c’est indéniablement raciste. Mais les services sociaux, des gens bien blancs, ne les ont pas mieux considérées. » A quelques rues de là, dans sa permanence, Simon Danczuk, député travailliste de Rochdale qui a été l’un des premiers à parler publiquement d’un « facteur racial », juge tout aussi déterminant ce qu’il appelle le « facteur social » : « Les responsables des services sociaux ont pu imaginer que ces filles de même pas 15 ans se prostituaient, alors qu’ils en auraient été incapables à propos de leurs propres enfants. » (…) Mohammed Shafiq estime qu’ »une petite minorité d’hommes pakistanais voient les femmes comme des citoyens de seconde catégorie et les femmes blanches comme des citoyens de troisième catégorie ». Mais, pour lui, les jeunes filles agressées étaient surtout vulnérables. « Le fait qu’elles traînent dehors en pleine nuit, qu’elles soient habillées de façon légère, renforçait les agresseurs dans leur idée qu’elles ne valaient rien, qu’elles étaient inférieures. Mais cela faisait surtout d’elles des proies faciles, alors que les filles de la communauté pakistanaise sont mieux protégées par leur famille, et qu’un abus sexuel y est plus difficilement dissimulable. » Le Monde
Cologne résonne pourtant avec ce qui a pu être constaté en Egypte. On pense au film de Mohamed Diab Les Femmes du bus 678 (2011), et la façon dont des femmes subissent des attouchements. On pense à une enquête de l’écrivain et ancien journaliste du Monde Robert Solé qui décrivait les viols collectifs à répétition en Egypte (« Culture & idées » du 27 avril 2013). Des dizaines voire des centaines d’hommes se jettent sur une ou plusieurs femmes pour arracher leurs vêtements, les toucher, les pénétrer avec leurs doigts. Cette folie collective porte le nom de « taharosh ». Elle a souvent lieu lors de fêtes religieuses. Cela ressemble à ce qui s’est passé lors du soulèvement place Tahrir, au Caire, en 2011. Et cela ressemble à Cologne. Le Monde
We see more blind violence where people are attacked, ambushed and beaten up. This is terrorising our community. Jan Bøhler (Norwegian Labour Party)
Over the last month (…) Oslo’s city centre has witnessed an eruption of unprovoked attacks on random victims—most of them ethnic Norwegian men—by what police have described as youth gangs, each consisting of five to 10 young immigrants. The attacks typically take place on weekends. On Saturday, October 19, as many as 20 such attacks were recorded, with victims suffered varying degrees of injuries. One of the incidents involved a group of young men, originally from the Middle East, detained for attacking a man in his twenties in the affluent west end. According to police, the victim had been kicked repeatedly in the head while lying on the ground, in what appeared to be a random, unprovoked beating. Another victim that weekend was the uncle of Justice Minister Jøran Kallmyr, who suffered several broken ribs after being mobbed at the Romsås subway station. The following weekend in Oslo, Kurds and Turks clashed over recent developments in Turkey, and ended up looting a branch of the Body Shop on Karl Johan gate, as well as destroying several cars. Car fires also have been on the rise, though the problem has been around for years. (Even in 2013, cars were set alight in Oslo at the rate of about one per week, mostly in the city’s poorer east end.) Overall, crime rates are still low by the standards of other cities, but the recent rise in youth crime suggests that may be changing. “We see more blind violence where people are attacked, ambushed and beaten up,” said Labour Party politician Jan Bøhler to the media last month. “This is terrorising our community.” While such observations are widely shared, Bøhler is notable for being one of the few politicians on the left who’s raised his voice about rising crime among young immigrants. Oslo is the fastest growing capital city in Europe, despite the fact the country now is registering fewer births than at any time since the government started keeping track in the 19th century. About 14% of the country’s population is now composed of immigrants, with Poles, Lithuanians and Swedes topping the European migration sources; and Somalian, Pakistan, Iraq and Syria supplying the greatest number of non-OECD arrivals. Many of the immigrants congregate in Oslo, where, according to Statistics Norway, about a third of all residents are immigrants or born to immigrants. (As recently as 2004, the figure was just 22%.) In several areas, such as Stovner, Alna and Søndre Nordstrand, the figure is over 50%. According to a 2015 Statistics Norway report, “most persons with an immigrant background living in Oslo come from Pakistan (22,000), while 13-14,000 are from Poland, Sweden and Somalia. There are large differences between the districts: Persons with a background from Pakistan and Sri Lanka are most represented in [the far eastern suburbs of] Oslo.” By one 2012 estimate, 70 percent of Oslo’s first- and second-generation immigrants will have roots outside Europe by 2040, and about half of the city’s residents will be immigrants. Until now, Norway had seemed to cope well with the influx of immigrants from war-torn Muslim countries, in part because the intake levels generally were kept at a level that permitted newcomers to be integrated without overwhelming local resources. Indeed, there has been a broad consensus in Norwegian politics to keep immigration rates lower than those of comparable countries such as Sweden and Germany. Nevertheless, concerns have been rising in recent years, even if the ruling class was hesitant to discuss the issue. The country’s libertarian Progress Party (Fremskrittspartiet) has repeatedly asked the country’s statistical agency to report on the statistical relationship between crime and country of origin. In the past, Statistics Norway refused, saying that such a task was “beyond its capacity.” But this year, for the first time, such a report was published. And the numbers were clear: Immigrants from certain backgrounds—particularly Palestinians, Iraqis and Afghanis—were many times more likely to commit violent crimes than other Norwegians (including other immigrant groups). In 65 out of 80 crime categories, non-Norwegians were over-represented. The largest discrepancy was in regard to domestic violence: Immigrants from non-Western countries were found to be eight times more likely to be charged for such crimes. Rape and murder were also heavily skewed toward these immigrant groups. Worryingly, the figures showed that second-generation immigrants were more likely to be criminals than their parents. For a long time, the expression svenske tilstander—“Swedish conditions”—has been used to describe large Swedish cities such as Malmö, Gothenburg and Stockholm, which feature areas plagued by bombings, gang-related gun violence, robbery and rape. In the past, Norwegians used the expression somewhat disparagingly, insisting that such issues would never arise in Norway (while also suggesting that the situation in Sweden was itself exaggerated by those with an anti-immigration agenda). But gradually, “Swedish conditions” have seemed less distant. Heidi Vibeke Pedersen, a Labour politician representing the immigrant-heavy area of Holmlia, recently wrote a Facebook post about her own experience, which was subsequently reprinted in VG, Norway’s biggest tabloid, under the headline “We have a problem in Oslo” (…) Pedersen’s article alluded to the fact that, in the quest to maintain their own cultures, some Muslims in Norway prefer to segregate instead of integrate. The newspaper Aftenposten recently uncovered the existence of Islamic schools presenting as cultural centres. And Islamsk Råd, the Islamic Council of Norway, now has proposed a separate branch of the Barnevernet—the government-run social services responsible for children—to deal with Muslim children. The article was shared by many. But Pedersen’s use of such terms as “Norwegian-Norwegian” (or norsk-norske) didn’t sit well with progressives and community advocates. Hasti Hamidi, a writer and Socialist Party politician, and Umar Ashraf, a Holmlia resident, wrote in VG that Pedersen’s use of the term “must mean that the author’s understanding of Norwegian-ness is synonymous with white skin.” Camara Lundestad Joof, a well known anti-racist activist and writer at the Dagbladet newspaper, accused Pedersen of branding local teenagers as terrorists. Using her own hard-done-by brother as an example, she explained how, in her opinion, Norwegian society has failed non-white young people. Had he been treated better, she argues, he and others like him would fare better. (One problem with this argument is that Norway is one of the least racist countries in the world.) Of course, this tension between racial sensitivity and blunt talk on crime has existed for generations in many Western societies. But it’s a relatively new topic in Norway, which is only now embracing certain hyper-progressive academic trends. (Oslo Metropolitan University, for instance, has recently produced an expert in so-called Whiteness Studies.) In fact, some influential Norwegians apparently would prefer that Statistics Norway had never released its report on crime and immigration in the first place. This includes Oslo’s vice mayor, Kamzy Gunaratnam, who told Dagbladet, “Damn, I’m angry! I’m not interested in these numbers…We don’t have a need to set people up against each other. These are our children, our people.” But burying the truth is never a good long-term strategy for anyone, including members of immigrant communities. The more persuasive view is that these issues should be addressed candidly, while they are still manageable. Unlike many other European countries, Norway doesn’t yet have an influential far-right party. But that may change if voters see that mainstream politicians are too polite to address a problem that ordinary people all over Oslo are talking about. Quillette
Les jeunes grandissent aujourd’hui dans un environnement où les menaces et la violence sont monnaie courante, où les adultes ont parfois peur d’intervenir et où on leur dit que la police est raciste. Notre quartier est de plus en plus divisé. Nous avons des régions qui sont principalement ‘norvégiennes-norvégiennes’, et d’autres à forte majorité immigrée. Ce n’est pas cela, la diversité. Heidi Vibeke Pedersen (élue travailliste norvégienne)
Depuis plusieurs semaines, le centre-ville d’Oslo est le théâtre d’agressions gratuites, qui prennent pour cible des hommes norvégiens « de souche ». Le mode opératoire est désormais connu des policiers, qui évoquent des gangs de jeunes immigrés, dont le nombre varie entre 5 et 10 habituellement. Une vingtaine de ces attaques, d’une rare violence, ont été recensées durant le seul samedi 19 octobre. Un jeune du quartier riche de la ville avait notamment été passé à tabac, prenant plusieurs cours de pied au visage. Au même moment, l’oncle du ministre de la Justice, le jeune Jøran Kallmyr, s’est fait casser plusieurs côtes. Le week-end suivant, plusieurs voitures ont été brûlées dans des échauffourées entre communautés turque et kurde. Mais en Norvège, rares sont les politiciens à se prononcer sur la hausse de la criminalité chez les jeunes immigrés… Valeurs actuelles
The random, apparently motiveless rampage in Central Park last week that the suspects in the case called wilding was an especially ferocious version of group delinquency that is common but usually not so vicious, law-enforcement officials and psychologists said this week. A 28-year-old investment banker, who was raped and savagely beaten, remains in a coma at Metropolitan Hospital as a result of the gang violence, and at least eight other people were assaulted by members of a group that the police now say numbered between 32 and 41. Eight youths have been arraigned on charges of rape, assault and attempted murder in the case, while five charges of assault, one involving a 13-year-old suspect, have been filed in the beating of a male jogger in his 40’s, who was seriously wounded in the head with a metal pipe. He was released from St. Luke’s-Roosevelt Hospital Center over the weekend. Also, a 15-year-old has been charged with being one of 17 youths who beat and robbed a male jogger who has been identified only as wearing an Army jacket. A grand jury is expected to take up all of the cases on Thursday.  »’Wilding seems to be a new term, but it’s hardly a new activity, » said Peter Reinharz, chief prosecutor for the Family Court Division of the city’s Law Department.  »In terms of group attacks, the No. 1 crime that we’ve seen among juveniles in Family Court, at least prior to the crack invasion, is robbery 2 – that is, aided robberies, the wolf-pack robberies.  »Prior to that, » he said,  »the No. 1 crime was jostling, which is pickpocketing. But for some reason, I guess it became a little bit easier to knock the old lady over and just grab the bag rather than to reach into the pocket and hope you came out with something. So things have gotten a lot rougher in the city with respect to wolf packs. » Last year, Mr. Reinharz said, 622 wolf-pack cases were referred to Family Court, along with 139 attempted robberies of that type. In 1987, there were 608 such cases and 144 attempted wolf-pack robberies. The police quoted some of the youths questioned in the case, all of whom live in Harlem near the park, as saying that the rampage grew out of a plan to attack joggers and bicyclists in the park for fun.  »It certainly got out of control, » Mr. Reinharz said of the episode,  »but I don’t know if it was out of control for these types of kids. I think that kids like this, given what I would call their predatory nature, are people who, given the chance, would do something like this again. There really isn’t any way to control them – at least we haven’t found it in the juvenile justice system. Although Chief of Detectives Robert Colangelo said last week that the eight separate assaults on nine people seemed unrelated to money, drugs, alcohol or race, police officials said yesterday that they were investigating to what extent racial factors may have played a role in the youths’ choice of victims.  »The question of whether this was a series of bias-related incidents is being looked at very closely, » said Deputy Police Commissioner Alice T. McGillion. Police officials said that the evidence of bias consisted of testimony from victims, as well as a statement from one suspect in the rape attack, 15-year-old Yusef Salaam, who is said to have told detectives that one member of the group had suggested that they  »get a white girl. » Another 15-year-old, Jermain Robinson, who is charged with robbery of the male jogger in the Army jacket, is also said to have told detectives that youths who chased and threw stones at a white couple on a tandem bicycle had shouted racial epithets. All of those involved in the Central Park attacks are said to be black. The victims were a black man, who was briefly harassed until one youth shouted that he knew the man, two Hispanic people, – and six whites. Police investigators also said that while the other suspects had made no explicit references to racial factors, their acknowledgement that the chief target of their forays were joggers and bicyclists in the park was an indication that a racial motive was at work because, the police suggested, the majority of those who tend to use that part of the park at night tend to be white. For many psychologists, the idea of attacking people who seem to personify a level of unattainable affluence is a common pattern among particpants in wolf-pack attacks.  »From what I have been able to gether about the Central Park case, there seem to be some socioeconomic factors involved, » said Dr. Leah Blumberg Lapidus, a specialist in adolescent behavior in Columbia University’s department of clinical psychology.  »The media, especially television, is constantly advertising these various things that are necessary to define yourself, and the joggers may represent a level of socioeconomic attainment that the media has convinced everybody is necessary to have in order to be an acceptable person, » she said.  »So, to that extent, such people become a target. » On the other hand, Dr. Lapidus said, that did not explain why some of the victims were black or Hispanic. Law-enforcement officials said the the scale of the Central Park episode was reminiscent of an incident in July 1983, when gangs of youths ran amok at a Diana Ross concert in Central Park, beating and robbing scores of people. Two years later, in April 1985, a March of Dimes walkathon in which 26,000 people marched through Manhattan broke up in turmoil after packs of youths attacked and harassed dozens of people in and around Central Park, snatching chains, purses and other property. Police officials, who said Friday that none of the suspects in the park case had a criminal record, said yesterday that they had discovered that that one, 17-year-old Michael Brisco, had been on three years’ probation since December after a wolf-pack-style robbery last year. Officials said he and two others, 12 and 15 years old, had assaulted and robbed a 14-year-old on Nov. 10 on East 90th Street near Second Avenue. Authorities reported over the weekend that they were investigating the possibility that some of the participants in the park attacks had been involved in three separate robbery sprees four days earlier in East Harlem, one of which involved a stabbing. Professor Lapidus and another psychologist, Dr. Ann M. Jernberg, who is director of the Theraplay Institute of Chicago and Wilmette, Ill., both said that what they found set the park rampage apart from others were the intensity of the violence and the apparent failure of almost all of the nine accused youths to show any remorse. Police and prosecutors said they laughed and joked while in police custody, and that only one expressed any sorrow.  »This lack of awareness of the consequences of what they’ve done – almost as if they’re benumbed – is a little more extreme than what we’ve seen, » Dr. Lapidus said. For Dr. Jernberg, who traces the origin of many forms of antisocial behavior to early childhood problems in the family,  »the mob psychology that these kids were obviously caught up in protects them against remorse. » ‘You get together a group of adolescents and you’ve got the worst possible combination for trouble, » Dr. Jernberg said in a telephone interview from Chicago.  »The idea of collective violence, the risks involved, is terribly exciting, very dramatic, and sometimes all kids this age need is to see a violent movie or hear a song to encourage them. » For Mr. Reinharz, the randomness of such attacks – which he believes are largely underreported because  »people expect this kind of activity in the city » – is a component of what he called the  »predatory instincts » of youths who carry out wolf-pack behavior. NYT
En quatre épisodes, Dans leur regard reconstitue par la fiction l’affaire des “cinq de Central Park”, symbole de la violence et de l’arbitraire de la justice américaine envers les Noir.e.s. Au printemps 1989, cinq adolescents (quatre Afro-Américains et un Hispanique) ont été injustement accusés du viol et de la tentative de meurtre d’une joggeuse à Central Park. Condamnés par deux jurys successifs, ils ont passé entre six et treize ans derrière les barreaux avant que le véritable coupable ne se dénonce. Exonérés de toutes les charges en 2002, ils n’ont obtenu réparation de la part de l’Etat de New York qu’en 2014. Les Inrockuptibles
Pour ceux qui ne connaitraient pas l’affaire, elle a secoué New York et les États-Unis à la fin des années 80, et ses dernières répercussions ont eu lieu en 2014. Dans la nuit du 19 avril 1989, la joggeuse Trisha Melli est sauvagement attaquée, violée et laissée pour morte dans Central Park. La même nuit, une bande d’ados afro-américains et latinos (dont Raymond Santana et Kevin Richardson), sortis pour terrifier les promeneurs du parc, est raflée par la police et emmenée au poste. Le lendemain, trois autres jeunes (Antron McCray, Yusef Salaam, et Korey Wise) sont à leurs tours arrêtés, interrogés par les inspecteurs et poussés à avouer ce crime qu’ils n’ont jamais commis.  Les cinq garçons seront jugés coupables et jetés en prison en 1990. Il faudra attendre 2002 pour que le véritable criminel (ironie du sort, il était blanc) vienne se dénoncer et soit arrêté. La libération de Korey Wise et l’acquittement des cinq garçons suivront plus ou moins rapidement. Enfin, en 2014, ils recevront une compensation financière d’environ 40 millions de dollars. (…) Comment dépeindre, 30 ans après les faits, un New York pré-Giuliani gangréné par la drogue et les violences interraciales ? (…) Comment la presse a-t-elle a pu les jeter en pâture et les rendre coupables avant même le procès ? (…) Mais l’injustice de l’histoire de ce garçon commence bien avant le procès : au départ, il n’aurait même pas dû être arrêté. Celui qui n’était pas sur la liste de noms donnés par Raymond Santana au moment de son arrestation, celui qui s’est retrouvé au poste dans l’unique but de ne pas laisser son ami seul, est finalement celui qui a purgé la plus longue peine et a connu les conditions d’incarcération les plus difficiles – conditions auxquelles un jeune de 16 ans n’est absolument pas préparé. Le choix d’Ava DuVernay d’offrir à Korey Wise un épisode entier n’a alors rien d’étonnant. Si le calvaire du jeune garçon est de moins en moins supportable à regarder à mesure que l’épisode se déroule, c’est sans doute grâce au talent de son interprète. (…) Dans leur regard est puissante, l’injustice de son histoire et la souffrance de ses personnages font facilement passer de la rage aux larmes. En 1989, l’affaire avait pris une proportion nationale. L’attaque raciale et contre les minorités avait été mise en avant par les défenseurs des « Cinq de Central Park ». Mais Ava DuVernay se plaît à rappeler autre chose : contre eux, il y avait un milliardaire de l’immobilier (dont les bureaux bordaient le parc) maintenant président des États-Unis. Donald Trump avait payé plus de 80 000 dollars pour des pages entières dans des journaux, appelant notamment au rétablissement de la peine de mort dans l’État. Outre Donald Trump, la procureur Linda Fairstein, campée par Felicity Huffman, est également pointée du doigt. Les accusations de la réalisatrice vont même plus loin : elle serait responsable de l’arrestation et surtout de l’acharnement de la police et de la cour sur les cinq adolescents et leur famille. Aujourd’hui, l’ex-procureur reconvertie en autrice est à son tour lynchée sur la place publique (et notamment la tweetosphère). Il faut dire que devant les conditions des interrogatoires des cinq garçons, la violence verbale et physique dont ils ont (ou auraient, pour Fairstein) fait les frais, et l’instrumentalisation politique de leur incarcération, l’opportunisme de la procureur se confond facilement avec un racisme aveugle. Aujourd’hui encore, la femme dément la vision des interrogatoires que propose DuVernay et reproche à la réalisatrice d’avoir non seulement omis une grande partie des méfaits du gang cette nuit du 19 avril 1989, mais aussi de ne s’être penchée que sur l’innocence des cinq garçons. S’il fallait faire un reproche à la série émouvante et militante, on pourrait pointer du doigt sa mise en scène très classique. Comme le but n’est pas d’esthétiser, mais de redonner leur place, leur parole et leur dignité à des personnes à jamais meurtries, la réalisation use d’effets dramatiques (musique, ralentis…) pour augmenter l’empathie du spectateur. C’est un peu facile et attendu, mais rien d’étonnant de la part de la réalisatrice de Selma. Ecran large
“The fact that wilin’ became wilding, became wolf pack, became these boys are animals… I remember for the first time realizing that the news might not be true, that the news is something that you have to really think about and question. Ava DuVernay
When Donald Trump took out that full-page ad, and put them in all of New York City’s newspapers, calling for our execution, he placed a bounty on our head. Yusuf Salaam
I look at Donald Trump, and I understand him as a representation of a symptom of America. We were convicted because of the colour of our skin. People thought the worst of us. And this is all because of prominent New Yorkers – especially Donald Trump. Yusuf Salaam
Though the Central Park attacks were certainly the backdrop to Trump’s ad, his language did not presume the guilt of the defendants, whom he scarcely mentioned, and he did not call specifically for the execution of anyone. In fact, Trump demanded capital punishment only for murderers, and by the time his ad appeared, Trisha Meili was expected to survive. Moreover, Trump was hardly alone, in New York City, in expressing horror and anguish about the attack—neither the New York Times nor the Daily News objected to running the ad, after all. New York City in 1989 was under violent assault from predatory criminals. There were nine times as many murders then as now; robbery and muggings were more than ten times as frequent as they are today. Rape and felony assault were well over double today’s rates. Pack-style violence like what happened that night in Central Park was all too common. Gangs “ran amok” at a 1983 Diana Ross concert in the Park, according to the Times, “beating and robbing scores of people.” In 1985, a March of Dimes walkathon was broken up around Central Park when “packs of youth attacked and harassed dozens of people,” stealing jewelry and pocketbooks. David Dinkins, running against Ed Koch in the 1989 Democratic primary for mayor, called for “anti-wilding” legislation in the wake of the Central Park Jogger attack. He won the general election against Rudy Giuliani in part for his promise to be tough on crime. Trump’s ad, though cast as a brutal call for revenge, is actually a demand for public safety, and a return to the “feeling of security New York’s finest once gave to the citizens of this City.” Written in 1989, it is a prescient call for Broken Windows policing, which from 1994 on resulted in the sharpest and most enduring decrease in crime that any city has seen in American history. The policies that Trump called for saved the lives of tens of thousands of people—most of them black and Latino—who would otherwise have fallen victim to New York’s spiraling violence. The latest outbreak of passions regarding this case, and the novel twist of making Trump a central player in it, raise other questions. Given that there have been no new developments, except for the city payouts, in the Central Park case since Burns’s 2012 documentary, why was a new movie called for, anyway? The Netflix series, arguably, exists only to make Trump a target for his behavior in a long-ago New York episode—just in time for the 2020 campaign. Ana DuVernay, director of the docudrama, is a close friend of Barack and Michelle Obama. Like DuVernay, the Obamas have multiyear, multimillion-dollar development deals with Netflix. Amplifying the theme that Trump is a longtime racist is likely to be part of the eventual Democratic candidate’s campaign strategy. When They See Us may be a valuable tool for that purpose; it certainly has little value for truthfulness. Seth Barron
Before their arrest, the teens crested through their city with youthful ebullience. They were “just baby boys.” But in the days following the rape of Trisha Meili, the teens—ages 14 to 16—transmogrified into a “wolf pack.” They became “savage.” Meili, who became known as the “Central Park jogger,” was often characterized as their “prey.” The flurry of media attention reached a galling crescendo when Donald J. Trump, then a local real-estate mogul, purchased full-page ads in four New York publications calling for the return of the death penalty so that the boys could be executed. The boys eventually became known as the “Central Park Five,” a pithy moniker picked up by local and national media outlets that served as much to undercut their humanity as it did to free up copy space. “If they had their way,” Salaam told CNN in 2012, 10 years after a man named Matias Reyes confessed to the crime and two years before the Central Park Five received a $41 million settlement from the City of New York, “we would have been hanging from one of those lovely trees here in Central Park.” In rendering their journeys, DuVernay pays careful attention to the terrifying power of language, especially the animalistic rhetoric with which prosecutors and journalists referred to the teens. (Trump is referenced often, particularly in the second installment; he is depicted as the most powerful of the boys’ zealous detractors, not the sole purveyor of racial animus.) In its early installments, When They See Us implicates New York media, and the ensuing frenzy of the public, in spurring along the boys’ wrongful verdicts. The series re-creates the glee with which people seized upon words such as wildin’, common slang for any range of boisterous behavior, as evidence of the boys’ inherent criminality. The series enters a broader landscape of artistic reckoning with the Central Park Five case, as well as with the country’s history of weaponizing language against black and brown people. Most immediately, a new project from the artist and journalist Alexandra Bell appears in this year’s Whitney Biennial. No Humans Involved—After Sylvia Wynter takes its name from a seminal 1994 essay by the scholar and poet. In it, Wynter wrote at length about “NHI,” the unofficial acronym that Los Angeles law enforcement used to classify cases involving black men. Referencing a term coined by the sociologist Helen Fein, Wynter wrote that the acronym, and its attendant category of “nonhuman,” rendered black men (and by extension, all black people) targets for systemic violence: For the social effects to which this acronym, and its placing outside the “sanctified universe of obligation,” of the category of young Black males to which it refers, leads, whilst not overtly genocidal, are clearly having genocidal effects with the incarceration and elimination of young Black males by ostensibly normal and everyday means. Bell’s Wynter-inspired series is composed of photo prints she made using an exacting process of lithography and screen-printing. No Humans Involved zeroes in on the New York Daily News coverage of the Central Park Five case. The paper published some of the most egregious reporting on the case—details of the minors’ addresses and family histories, and inflammatory headlines such as “WOLF PACK’S PREY”—well before the case was even (wrongfully) adjudicated. The Daily News also published Trump’s full-page ad. By redacting and highlighting specific text and images from 10 days of the publication’s 1989 issues, Bell underscores the devastating effects of the outlet’s glaring bias against the young black and brown boys. “I really want people to look at [my series] and question the role that the Daily News played in the way we viewed these particular people,” she told The New Yorker recently. “And maybe even in some ways the outcome ultimately of the case.” (…) DuVernay’s project enters a wildly different political landscape. The man who wielded his money and influence to call for the teens’ execution now occupies the White House. From his perch, he refers to Mexicans as “rapists” and black men as “thugs”; the language of dehumanization has again shed its politesse. It’s understandable, then, if also sometimes frustrating, that When They See Us sometimes abandons subtlety in its references to Trump. The president’s lengthy, bombastic oeuvre of bigotry creates both a moral terror and an artistic quandary. Still, When They See Us pulls back the language of biased prosecution and journalistic malfeasance to revelatory effect. At the end—despite the cloud of animus that surrounds them—Yusef, Antron, Kevin, Korey, and Raymond get to be human. The Atlantic
In an interview with The Hollywood Reporter, DuVernay said that when the case was first publicized, she was shocked at how the media’s misinterpretation of slang in the Central Park Five case led to the further dehumanization of the boys. One scene in Episode Two shows how, after some of the boys told detectives that they were “wilin’ out” in Central Park on the same night the rape occurred, the media interpreted the phrase to mean “wilding,” when it just means having fun or hanging out. The screen cuts to tabloids and newspapers with the words “WILDING” splashed across them as an indictment. Audio clips play newscasters interpreting « wilin’ out » as a description of violent acts committed by “wolf packs” of young people. To translate « wilin’ out » as « wilding » cements a vision of these innocent boys as « wild, » as savage, as animal, as other, a vision that’s rooted in the institutional dehumanization of Black people. (…) Unfortunately, even though the Central Park Five were convicted in 1990, this is still an issue today. In addition to facing barriers in employment, housing, healthcare, and education, Black people are often punished simply for a way of speaking. Black language is thought to be deviant, something that is undesirable or indicative of unintelligence, criminality, or depravity (until, of course, it’s appropriated by non-Black pop stars). When neither court recorders, jurors, lawyers, or judges possess a grasp of this valid form of language, it can lead to injustices that take years to correct — if they ever are meaningfully addressed. The men of the Central Park Five case lost years of their lives because of linguistic discrimination. How many are still suffering? Bustle

Attention: une instrumentalisation peut en cacher une autre !

A l’heure où, entre chasse aux sorcières et procès de Moscou, un parti d’opposition américain n’ayant jamais accepté le choix populaire poursuit sa fuite en avant suicidaire pour se débarrasser de Trump …

Et où une vidéo de surveillance montre deux jeunes noirs cagoulés dévalisant avec force violence deux jeunes touristes étrangères à leur sortie du métro de Brooklyn …

Pendant que de Cologne à Stockholm ou même  Oslo, l’Europe découvre à son tour l’autre face de la diversité

Comment ne pas voir …

Ecrite par une proche de la famille Obama eux-mêmes sous contrat de la plateforme et sortie à un an et demi d’une élection présidentielle cruciale …

Et suvie de près, Alec Baldwin dans le rôle du méchant promoteur compris, par un autre film anti-Trump

La minisérie de Netflix sur les Cinq de Central Park « sortis pour terrifier les promeneurs du parc » (sic) .. …

Comme la continuation, sous prétexte d’une tribune alors publiée appelant au retour de la paix civile y compris par la peine de mort, de l’actuel hallali sur l’actuel occupant de la maison Blanche ?

Et au moment où faisant l’impasse sur nombre des conditions de l’affaire comme notamment le climat de véritable sauvagerie de bandes de jeunes noirs descendant, avant la reprise de contrôle par Giuliani, en meutes dépouiller et molester les passants du célèbre parc de New York …

La réalisatrice elle-même et certains des commentateurs présentent les évnèments comme un effet de la discrimination linguistique …

Ne pas repenser au premier Camus qui avant de remettre lui-même en cause le « thème du poète maudit » qui ne pouvait s’affirmer que « contre la société de son temps, quelle qu’elle soit » …

Expliquait aussi doctement que faussement que « dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l’enterrement de sa mère risque d’être condamné à mort » ?

Ava DuVernay’s new Netflix docuseries When They See Us depicts the heartbreaking story of the 1990 Central Park Five case in which a group of young Black and Latinx boys were convicted of a crime that they did not commit. Antron McCray, Kevin Richardson, Yusef Salaam, Raymond Santana, and Korey Wise, falsely confessed to the rape of a female jogger, which led to them being imprisoned for six to 13 years. The series explores the ways the Central Park Five were villainized in the media and in public opinion — and particularly for their use of African American English (AAVE) and Black slang.

In an interview with The Hollywood Reporter, DuVernay said that when the case was first publicized, she was shocked at how the media’s misinterpretation of slang in the Central Park Five case led to the further dehumanization of the boys. One scene in Episode Two shows how, after some of the boys told detectives that they were “wilin’ out” in Central Park on the same night the rape occurred, the media interpreted the phrase to mean “wilding,” when it just means having fun or hanging out. The screen cuts to tabloids and newspapers with the words “WILDING” splashed across them as an indictment. Audio clips play newscasters interpreting « wilin’ out » as a description of violent acts committed by “wolf packs” of young people. To translate « wilin’ out » as « wilding » cements a vision of these innocent boys as « wild, » as savage, as animal, as other, a vision that’s rooted in the institutional dehumanization of Black people.

“The fact that wilin’ became wilding, became wolf pack, became these boys are animals… I remember for the first time realizing that the news might not be true, that the news is something that you have to really think about and question,” DuVernay told The Hollywood Reporter. Unfortunately, even though the Central Park Five were convicted in 1990, this is still an issue today. In addition to facing barriers in employment, housing, healthcare, and education, Black people are often punished simply for a way of speaking.

It’s important to stress that not every Black person speaks AAVE and not every speaker of AAVE is Black. Nonetheless, it is a Black dialect with its own unique structure, rules, and syntax — all vital components of every language. Although many linguists now recognize the validity of AAVE, its association with a marginalized racial group can have devastating consequences.

University of Pennsylvania linguist Taylor Jones, along with New York University sociologist Jessica Kalbfeld, Ryan Hancock of Philadelphia Lawyers for Social Equity and Robin Clark, recently authored a study showing that Philadelphia court reporters frequently misinterpret AAVE. Philadelphia court reporters are required to score 95% accuracy when transcribing court proceedings, but none were able to score 95% when tested on AAVE. The study also found that most of the court recorders held negative beliefs about both AAVE and Black people, impacting their ability to correctly interpret what they heard.

Taylor tells Bustle that his team’s research illuminates how “the toxic mix of misunderstanding the language, negative attitudes about the language, negative attitudes about slang, and not understanding facial expressions,” can lead to unfair legal consequences for Black people. Think of what happened when Warren Demesme, then 22, was denied a lawyer because, during an interrogation by New Orleans police, he said, “just give me a lawyer, dawg.” This was misinterpreted to mean that he wanted a canine attorney and his request was denied, in a bewildering misapplication of justice. Anyone familiar with hip-hop slang or pop culture at large would know that “dawg” is shorthand for “dude” or “man.” While this kind of willfully obtuse reading of AAVE ultimately is rare, the more common forms of misinterpretation are more insidious.

That’s one reason, of many, that the Central Park Five case is so haunting.

Taylor points out that due to extensive racial segregation in the U.S., many non-Black folks truly don’t understand the most basic expressions of AAVE. He says although their study was intentionally careful about omitting slang terms — which he says are “ever-changing and shifting » — the participants were not able to accurately translate AAVE language structures into standard English. “We assume that we understand way more than we do and we assume that we’re communicating more effectively than we are,” Taylor says, meaning that sometimes AAVE speakers also don’t realize that they aren’t being heard.

Many speakers of AAVE — and this includes non-Black people, too — have found that to avoid the the possibility of their dialect being misinterpreted, they must code-switch, or use different tone and diction in different social settings. As a Black woman, I’ve had to code-switch in all aspects of my life. I even had to code-switch around my own family, as my great-grandmother felt that Black American language and slang was « undignified. » However, the ability to code-switch is a kind of privilege of its own, because as Taylor’s study points out, dialect is also correlated with socio-economic status. And while many people are vulnerable to discrimination within the criminal justice system, lower-income people with less education are disproportionately impacted. And in moments of intense emotion — such as an interrogation — anyone’s ability to code-switch can be impacted. This lack of access to code-switching can be devastating.

A 2016 paper by Stanford University researchers John R. Rickford and Sharese King argues that linguistic discrimination led to the acquittal of George Zimmerman, the man who killed 17-year-old Trayvon Martin. Martin’s close friend Rachel Jeantel was the prosecution’s main witness, but because she spoke Carribbean-inflected AAVE, Rickford and King say her “crucial testimony was dismissed as incomprehensible and not credible.” On Megyn Kelly’s show America Live, attorney Jonna Spilbor said that Jeantel, then 19, seemed “brutally ignorant.” On Fox News, Sean Hannity said that she had a “credibility problem.” In their paper, Rickford and King state that “the disregard for her speech in court and the media is familiar to vernacular speakers.”

These cases are infuriating, because they’re unfair. It’s shocking to think of how many people might be wrongfully punished simply because they use a dialect that’s different to what’s considered standard. That’s one reason, of many, that the Central Park Five case is so haunting; these men spent years in prison because of institutionalized racism around the way they spoke.

Black language is thought to be deviant, something that is undesirable or indicative of unintelligence, criminality, or depravity (until, of course, it’s appropriated by non-Black pop stars). When neither court recorders, jurors, lawyers, or judges possess a grasp of this valid form of language, it can lead to injustices that take years to correct — if they ever are meaningfully addressed. The men of the Central Park Five case lost years of their lives because of linguistic discrimination. How many are still suffering?

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Is Trump the Real Target of a Netflix Series?

A new film about the Central Park Jogger case seems conveniently timed.

Seth Barron
City journal

June 13, 2019

A Netflix docudrama about the 1989 Central Park “wilding” case has enflamed passions about the purported injustice done to the five teenagers who went to prison for it. Though they confessed that they had sexually assaulted Trisha Meili and beaten half-a-dozen other people in the park that night, their convictions were vacated 12 years later when a convicted murderer—whose DNA matched semen found on the victim—owned up to the rape. In 2014, Mayor Bill de Blasio settled a civil suit brought by the “Central Park Five,” and the city paid out more than $40 million in damages—even though Linda Fairstein, head of the Manhattan District Attorney’s Sex Crimes Unit in 1989, and others have long maintained that significant evidence exists that the young men participated in the attack on Meili and committed other acts of violence in the park that night.

When They See Us, the new film about the case, has sparked fury among activists and retaliation against both Fairstein and Elizabeth Lederer, the prosecutor in the case. Fairstein, also a bestselling novelist, has been dumped by her publisher, Dutton, and Lederer has quit her professorship at Columbia University. Jumaane Williams, the New York City public advocate, has called for both women to be disbarred and wants all their previous cases opened for review by Manhattan DA Cy Vance.

Somehow, amid the current rage about the Central Park case, President Trump has become a part of the story—at least, the story that activists are telling. That’s because, on May 1, 1989, ten days after news of the assaults broke, Trump took out a full-page ad in four New York City dailies calling for a tough-on-crime approach to policing in a city then suffering an average of more than five murders a day. “Bring back the death penalty. Bring back our police!” the ad blared in bold type. Trump spoke of the “complete breakdown of life as we knew it,” and lamented that “New York families—White, Black, Hispanic, and Asian—have had to give up the pleasure of a leisurely stroll in the Park at dusk.” Trump affirmed his “hate” for “muggers and murderers,” who, he said, “should be forced to suffer and, when they kill, they should be executed for their crimes.”

In Netflix’s dramatized version of the story, Trump’s role in the prosecution of the teens is pivotal. “That devil wants to kill my son,” says the mother of one of the defendants. “You gonna take an ad out about killing my son?” The media have amplified this theme of Trump as a central figure in the purported hysteria surrounding the case. Receiving a “courage award” from the ACLU last week, Yusuf Salaam, one of the participants in the 1989 Central Park wilding, tearfully said, “when Donald Trump took out that full-page ad, and put them in all of New York City’s newspapers, calling for our execution, he placed a bounty on our head.”

Ken Burns, whose documentary about the Central Park case was highly regarded but lacked the cultural impact of When They See Us, now gives Trump more significance than he did in his 2012 film. “There was an orange-haired real estate developer in New York. . . . And he believed that these children should be executed.” Time reports that “President Trump played a key role in the Central Park Five case.” The BBC tells us that Trump’s ad fed into “the atmosphere of high crime rates and poor race relations in the city at the time.” The New Yorker says that “one of Trump’s first political acts” was to demand the teens’ execution. CNN White House correspondent April Ryan tweeted, “The injustice against the Central Park Five and @realDonaldTrump inability to apologize after wrongfully asking for the death penalty is horrific.”

Though the Central Park attacks were certainly the backdrop to Trump’s ad, his language did not presume the guilt of the defendants, whom he scarcely mentioned, and he did not call specifically for the execution of anyone. In fact, Trump demanded capital punishment only for murderers, and by the time his ad appeared, Trisha Meili was expected to survive. Moreover, Trump was hardly alone, in New York City, in expressing horror and anguish about the attack—neither the New York Times nor the Daily News objected to running the ad, after all. New York City in 1989 was under violent assault from predatory criminals. There were nine times as many murders then as now; robbery and muggings were more than ten times as frequent as they are today. Rape and felony assault were well over double today’s rates.

Pack-style violence like what happened that night in Central Park was all too common. Gangs “ran amok” at a 1983 Diana Ross concert in the Park, according to the Times, “beating and robbing scores of people.” In 1985, a March of Dimes walkathon was broken up around Central Park when “packs of youth attacked and harassed dozens of people,” stealing jewelry and pocketbooks. David Dinkins, running against Ed Koch in the 1989 Democratic primary for mayor, called for “anti-wilding” legislation in the wake of the Central Park Jogger attack. He won the general election against Rudy Giuliani in part for his promise to be tough on crime.

Trump’s ad, though cast as a brutal call for revenge, is actually a demand for public safety, and a return to the “feeling of security New York’s finest once gave to the citizens of this City.” Written in 1989, it is a prescient call for Broken Windows policing, which from 1994 on resulted in the sharpest and most enduring decrease in crime that any city has seen in American history. The policies that Trump called for saved the lives of tens of thousands of people—most of them black and Latino—who would otherwise have fallen victim to New York’s spiraling violence.

The latest outbreak of passions regarding this case, and the novel twist of making Trump a central player in it, raise other questions. Given that there have been no new developments, except for the city payouts, in the Central Park case since Burns’s 2012 documentary, why was a new movie called for, anyway? The Netflix series, arguably, exists only to make Trump a target for his behavior in a long-ago New York episode—just in time for the 2020 campaign. Ana DuVernay, director of the docudrama, is a close friend of Barack and Michelle Obama. Like DuVernay, the Obamas have multiyear, multimillion-dollar development deals with Netflix. Amplifying the theme that Trump is a longtime racist is likely to be part of the eventual Democratic candidate’s campaign strategy. When They See Us may be a valuable tool for that purpose; it certainly has little value for truthfulness.

Voir également:

David E. Pitt
The New York Times
April 25, 1989

The random, apparently motiveless rampage in Central Park last week that the suspects in the case called wilding was an especially ferocious version of group delinquency that is common but usually not so vicious, law-enforcement officials and psychologists said this week.

A 28-year-old investment banker, who was raped and savagely beaten, remains in a coma at Metropolitan Hospital as a result of the gang violence, and at least eight other people were assaulted by members of a group that the police now say numbered between 32 and 41.

Eight youths have been arraigned on charges of rape, assault and attempted murder in the case, while five charges of assault, one involving a 13-year-old suspect, have been filed in the beating of a male jogger in his 40’s, who was seriously wounded in the head with a metal pipe. He was released from St. Luke’s-Roosevelt Hospital Center over the weekend. Also, a 15-year-old has been charged with being one of 17 youths who beat and robbed a male jogger who has been identified only as wearing an Army jacket. A grand jury is expected to take up all of the cases on Thursday.

‘Things Have Gotten a Lot Rougher’

 »’Wilding seems to be a new term, but it’s hardly a new activity, » said Peter Reinharz, chief prosecutor for the Family Court Division of the city’s Law Department.  »In terms of group attacks, the No. 1 crime that we’ve seen among juveniles in Family Court, at least prior to the crack invasion, is robbery 2 – that is, aided robberies, the wolf-pack robberies.

 »Prior to that, » he said,  »the No. 1 crime was jostling, which is pickpocketing. But for some reason, I guess it became a little bit easier to knock the old lady over and just grab the bag rather than to reach into the pocket and hope you came out with something. So things have gotten a lot rougher in the city with respect to wolf packs. »

Last year, Mr. Reinharz said, 622 wolf-pack cases were referred to Family Court, along with 139 attempted robberies of that type. In 1987, there were 608 such cases and 144 attempted wolf-pack robberies.

The police quoted some of the youths questioned in the case, all of whom live in Harlem near the park, as saying that the rampage grew out of a plan to attack joggers and bicyclists in the park for fun.

 »It certainly got out of control, » Mr. Reinharz said of the episode,  »but I don’t know if it was out of control for these types of kids. I think that kids like this, given what I would call their predatory nature, are people who, given the chance, would do something like this again. There really isn’t any way to control them – at least we haven’t found it in the juvenile justice system.

Racial Epithets, But Victims Mixed

Although Chief of Detectives Robert Colangelo said last week that the eight separate assaults on nine people seemed unrelated to money, drugs, alcohol or race, police officials said yesterday that they were investigating to what extent racial factors may have played a role in the youths’ choice of victims.

 »The question of whether this was a series of bias-related incidents is being looked at very closely, » said Deputy Police Commissioner Alice T. McGillion.

Police officials said that the evidence of bias consisted of testimony from victims, as well as a statement from one suspect in the rape attack, 15-year-old Yusef Salaam, who is said to have told detectives that one member of the group had suggested that they  »get a white girl. »

Another 15-year-old, Jermain Robinson, who is charged with robbery of the male jogger in the Army jacket, is also said to have told detectives that youths who chased and threw stones at a white couple on a tandem bicycle had shouted racial epithets.

All of those involved in the Central Park attacks are said to be black. The victims were a black man, who was briefly harassed until one youth shouted that he knew the man, two Hispanic people, – and six whites.

Police investigators also said that while the other suspects had made no explicit references to racial factors, their acknowledgement that the chief target of their forays were joggers and bicyclists in the park was an indication that a racial motive was at work because, the police suggested, the majority of those who tend to use that part of the park at night tend to be white.

For many psychologists, the idea of attacking people who seem to personify a level of unattainable affluence is a common pattern among particpants in wolf-pack attacks.

 »From what I have been able to gether about the Central Park case, there seem to be some socioeconomic factors involved, » said Dr. Leah Blumberg Lapidus, a specialist in adolescent behavior in Columbia University’s department of clinical psychology.

 »The media, especially television, is constantly advertising these various things that are necessary to define yourself, and the joggers may represent a level of socioeconomic attainment that the media has convinced everybody is necessary to have in order to be an acceptable person, » she said.  »So, to that extent, such people become a target. »

On the other hand, Dr. Lapidus said, that did not explain why some of the victims were black or Hispanic.

Law-enforcement officials said the the scale of the Central Park episode was reminiscent of an incident in July 1983, when gangs of youths ran amok at a Diana Ross concert in Central Park, beating and robbing scores of people.

Two years later, in April 1985, a March of Dimes walkathon in which 26,000 people marched through Manhattan broke up in turmoil after packs of youths attacked and harassed dozens of people in and around Central Park, snatching chains, purses and other property.

Police officials, who said Friday that none of the suspects in the park case had a criminal record, said yesterday that they had discovered that that one, 17-year-old Michael Brisco, had been on three years’ probation since December after a wolf-pack-style robbery last year. Officials said he and two others, 12 and 15 years old, had assaulted and robbed a 14-year-old on Nov. 10 on East 90th Street near Second Avenue.

Authorities reported over the weekend that they were investigating the possibility that some of the participants in the park attacks had been involved in three separate robbery sprees four days earlier in East Harlem, one of which involved a stabbing.

Unusual in Intensity

Professor Lapidus and another psychologist, Dr. Ann M. Jernberg, who is director of the Theraplay Institute of Chicago and Wilmette, Ill., both said that what they found set the park rampage apart from others were the intensity of the violence and the apparent failure of almost all of the nine accused youths to show any remorse. Police and prosecutors said they laughed and joked while in police custody,and that only one expressed any sorrow.

 »This lack of awareness of the consequences of what they’ve done – almost as if they’re benumbed – is a little more extreme than what we’ve seen, » Dr. Lapidus said. For Dr. Jernberg, who traces the origin of many forms of antisocial behavior to early childhood problems in the family,  »the mob psychology that these kids were obviously caught up in protects them against remorse. »

 »You get together a group of adolescents and you’ve got the worst possible combination for trouble, » Dr. Jernberg said in a telephone interview from Chicago.  »The idea of collective violence, the risks involved, is terribly exciting, very dramatic, and sometimes all kids this age need is to see a violent movie or hear a song to encourage them. »

Attacks Thought Underreported

For Mr. Reinharz, the randomness of such attacks – which he believes are largely underreported because  »people expect this kind of activity in the city » – is a component of what he called the  »predatory instincts » of youths who carry out wolf-pack behavior.

 »These tend to be situations where these kids get together and there really isn’t any specific plan, » he said,  »I’m not a psychologist, so I don’t profess to understand them – but it seems to me that that one of the common threads you see among the most violent of these kids is that they really don’t have a game plan with respect to the day, let alone their lives.

 »They get up in the morning, or they get up in the afternoon many of them certainly only have only limited contact with school – and they just live for the moment. »

Slight Improvement Seen

Physicians at Metropolitan Hospital caring for the Wall Street banker said yesterday that she was still comatose and in critical condition, and that the prospects for her survival remained uncertain.

There have been a few improvements, including a reduction of brain swelling, according to Dr. Robert S. Kurtz, assistant chief of surgery and director of the surgical intensive care unit, and Dr. Kent Duffy, chief of neurosurgery.

Besides brain injuries, the woman also sustained fractures of the skull, of the bone around the left eye and the bone crossing the left temple.

 »We are worried about brain damage caused by lack of oxygen during the four to five hours she lay in the in the park, » Dr. Kurtz said.  »We won’t be able to assess that until the swelling is down. That is our deep and underlying concern. But the statistics are against her. »

Voir de plus:

EXCLUSIVE: ‘When They See Us is LIES.’ NYPD cop who arrested two of the Central Park Five says they DID attack jogger and forensic evidence proves it – and showing police and prosecutors as racist is putting lives at risk

  • On April 19, 1989, more than 30 young men terrorized New York’s Central Park, teacher James Loughlin was beaten and jogger Patricia Meili was raped
  • Raymond Santana, then 14, Kevin Richardson, 14, Korey Wise, 16, Antron McCray, 15 and Yusef Salaam, 15 all confessed and were convicted of participating in multiple crimes. They were known as the Central Park Five.
  • In 2002 their convictions were vacated after serial rapist Matias Reyes said he was Meili’s lone attacker. His DNA matched evidence found at the scene
  • The five sued New York City, said their confessions were coerced and won a $41 million payout
  • Their arrest, incarceration and exoneration is the subject of Netflix miniseries When They See Us, directed by Ava DuVernay and produced by Oprah Winfrey
  • But Eric Reynolds, lead police officer in the Central Park Five case tells DailyMailTV the series is filled with ‘malicious’ lies
  • Reynolds believes the Central Park Five did attack Meili and said, ‘That notion that there was none, no physical evidence, that tied them to the crime is an absolute lie.
  • Despite Reyes confession for rape, Reynolds said, ‘There was blood, semen, there was grass stains on Kevin Richardson’s underwear.’
  • He said inaccuracies in the show could cause people to threaten the lives of Central Park Five prosecutors Linda Fairstein and Elizabeth Lederer
  • Reynolds said: ‘It’s a malicious recreation, which has nothing to do with the facts other than they ended up arrested and going to jail’

The NYPD police officer who made the first arrests in the Central Park Five investigation has condemned Netflix‘s drama When They See Us as ‘lies’ and said it puts the lives of cops and prosecutors at risk.

Eric Reynolds, who as a plainclothes officer arrested Raymond Santana and Kevin Richardson, tells DailyMailTV that the four-part television adaptation is so filled with errors that it is ‘malicious recreation’.

He described the miniseries, produced by Robert De Niro and Oprah Winfrey and directed by Ava DuVernay, as ‘total nonsense’ that left him ‘flabbergasted’.

Reynolds retired in 2001 after a 20-year career where he rose to Detective Third Grade and earned department recognition multiple times for his police work.

He spoke out after an outcry in the wake of the series led to prosecutors Linda Fairstein and Elizabeth Lederer losing publishing contracts, board seats and lecturing roles.

Reynolds, 59, rejected criticism of the investigation, prosecution and conviction of the five for the rape of 28-year-old jogger, Patricia Meili – and particularly took issue with the portrayal of the black men as victims of a racist system.

As an African American, he said, the allegations of racism cut particularly deep.

Asked if he has been accused of being a race-traitor he said, ‘Oh yes and worse.’ Yet all he wanted to do as an officer was, he said, ‘serve his community.’

And he said that even the brief appearance he makes in the series, which has been watched by 23 million Netflix accounts worldwide, is pure ‘fiction,’ portraying events which simply did not happen; he was shown as a uniformed officer when he in fact wore plain clothes.

He believes the series is inflammatory by depicting members of the five looking badly beaten when they were arrested.

Reynolds told DailyMailTV, ‘Please, someone, show me the pictures of them. Show me the injuries, show me the black eyes, show me the swollen faces because every single one of them that came out of that precinct had none of that.’

He has shared his own recollections of the night of April 19, 1989 when more than 30 young men embarked on a violent spree of terror, and Meili was found raped and close to death in Central Park.

Raymond Santana, then 14, Kevin Richardson, 14, Korey Wise, 16, Antron McCray, 15 and Yusef Salaam, 15 all confessed and were convicted of participating in multiple crimes on April 19. But the one that is remembered is Meili’s rape.

In 2002 their convictions were sensationally vacated in their entirety when Matias Reyes, a serial rapist already in prison, confessed to the crime and claimed to have acted alone. The five sued New York City, said their confessions were coerced and won a $41 million payout.

Supporters said they had been exonerated and the Central Park Five became synonymous with an unimaginable miscarriage of justice.

When They See Us opens on the night of the ‘wilding’, where a mass of young men rushed through Central Park, casting the five very squarely as innocents caught up in events and on the fringes of any violence.

Reynolds said, ‘When I saw the opening scenes it was like watching a musical. I was flabbergasted. That absolutely was not what occurred.’

The Central Park Five had their convictions vacated after serial rapist Matias Reyes admitted raping jogger Patricia Meili. His DNA matched evidence found at the scene

In one scene a man, most likely a depiction of teacher John Loughlin, is shown being felled by a single punch while three of the five look on.

Reynolds said, ‘It did not happen that way. They were beating him with a pipe. They beat him so savagely that both of his eyes were shut and he had a cracked skull.’

Testimony from one who was there stated that Yusef Salaam was wielding that pipe and ‘going to work on him.’

The cop who found Loughlin told Reynolds that he ‘looked like his head was dunked in a bucket of blood.’

In another scene the boys are part of a crowd halfheartedly harassing a couple on a tandem bike. Again Reynolds watched in outrage at what he said is a ‘total fiction.’

He explained, ‘The group lay in wait. They stretched out across the roadway and held hands to knock them off their bike. It was a couple on the tandem and the woman said she was scared for her life.

‘Her boyfriend just told her, ‘Put your head down and pedal as hard as you can.’ And they rode through them as they were grabbing at her clothes and by the grace of God they got away.’

Pointing to the couple attacked on their tandem he said it was the violence, not the ethnicity, of its perpetrators that mattered to police officers.

He said, ‘I don’t understand how that’s a race issue if you’re in the middle of a park riding on a bike in the middle of the night and a group of males, whether they’re black, white or whatever, you know are standing on the road with the express purpose of knocking you off the bike.

‘As a woman I think you’re going to be scared out of your mind.’

As an example of one of the worst ‘lies’ in the drama Reynolds pointed to the scenes where Fairstein, played by Felicity Huffman, arrives at the precinct to take charge of the rape investigation.

She is shown repeatedly referring to the boys in the park as ‘animals’ and delivering orders to detectives with the words, « I need the whole group. Every young black male who was in the park. You go into the projects and stop every motherf**** you see. »‘

According to Reynolds, ‘It is so preposterous that it’s laughable. The sad thing is people believe it and are incensed by this.

‘As detectives we work on evidence. We don’t go rounding people up and Linda Fairstein wasn’t even there the first day. It just never happened.’

Reynolds was a plainclothes officer in the Anti-Crime Unit on patrol with his partner on the night of April 19, 1989.

He recalled, ‘We were getting numerous radio runs of a large crowd of black and Hispanic kids assaulting and robbing people. We had people going into the station house and cops out in the field who had gotten flagged down by civilians saying, ‘There’s a crowd of kids there. They’ve tried to assault us and thrown rocks.’

Reynolds and his partner were just one of many units looking for the group reportedly moving through the vast dark interior of Central Park.

And the reports were getting more serious. Reynolds said, ‘We find out about John Loughlin who had been beaten savagely and we figured because there were so many cops in the park they must have left.’

The cops were barely out of the park when they saw them. Reynolds recalled, ‘There were 30 of them on the move. There’s only two of us so, you know, clearly we’re not going to get all of them. Long story short we got five of them.’

Two were Raymond Santana – who had, Reynolds said, been leading the pack – and Kevin Richardson who started crying in the back of the squad car.

Reynolds said, ‘He [Richardson] started crying and saying that he ‘knew who did the murder’. He said it was Antron McCray and he would tell us where he lived.’

The officers assumed he was talking about Loughlin who was beaten unconscious.

Back at the precinct Reynolds began processing the arrests, reaching out to their parents and writing up appearance tickets for the boys who, as juveniles, would have to return to family court at a later date.

Reynolds’ partner asked Santana and Stephen Lopez, a member of the group he was arrested alongside, what they were doing out making trouble and why weren’t they with their girlfriends instead.

According to Reynolds, ‘Santana said, ‘I already got mine,’ and they kind of laughed. I just assumed it was an in-joke. It only became significant after we learned what had happened to the jogger.’

Reynolds couldn’t release any of them or complete the mounds of paperwork required by their juvenile status until their parents had shown up.

Reynolds, played by ‘Power’ actor Ty Jones, makes a brief appearance in the mini-series’ first episode – but Reynolds says the show makers got this wrong as well.

Reynolds is seen angrily remonstrating with Santana’s father Raymond Santana Sr, played by John Leguizamo, for turning up late. Reynolds says that never happened.

Instead, Reynolds explained, he sent a squad car to bring Santana’s grandmother to the station as various family members who said they would come failed to show.

He also noted, as a plainclothes officer, he never wore his uniform when in the police precinct. Jones wears a uniform in the scene.

While the boys were waiting, at around 1.30am, the call came in that a female jogger had been found in the park, raped and beaten to within an inch of her life.

The detectives responding to the crime had been told that Reynolds had arrested five out of a group of about 30 kids ‘wilding’ in the park. Now they instructed Reynolds not to let them go.

He recalled, ‘They said, ‘Look, we don’t think these kids have anything to do with it but they were up there at the same time that she was attacked. They might have seen something so we’re going to come down and debrief them.’

Reynolds was in the room for all of those interviews. He said, ‘Their parents are there, they’re getting their rights read. We ask them what happened in the park?’

According to Reynolds they did not ask the kids about the rape directly. The first two kids told almost identical stories. They said they’d been in the park with a bunch of kids who were beating people up but they didn’t touch anybody.

Reynolds wrote them up and let them go home.

Then, he said, ‘The third kid is Kevin Richardson. He’s there with his mother. We read him his rights. We ask him what happened. He said the exact same thing the other kids said – everyone else was beating people up but I didn’t touch anyone.’

Then one of the detectives noticed he had a scratch on his face. They asked him how he’d got it and at first he blamed Reynolds’s partner for the injury.

When told the officer was next door and would be asked if that was true Richardson changed his story.

Reynolds said, ‘He said, « Okay, it was the female jogger. » And I’ll be honest with you I almost fell off my seat because I was not expecting him to say that.

‘And then he starts to go into the story of the attack on the jogger. No coercion. We didn’t even think he was involved. He starts to give it up right there in front of us.’

Ultimately police questioned 37 boys and, contrary to Netflix’s dramatic depiction, there was nothing random or rushed in the five who were ultimately charged.

They became the Central Park Five, he said, not because cops were anxious to pin the crime on someone but because they implicated themselves and each other when interviewed.

In DuVernay’s drama particular attention is given to Korey Wise’s story. He is shown accompanying his friend Salaam to the station, an act of loyalty that sees him embroiled in the case when he wasn’t even on the cops’ radar.

Reynolds is exasperated by this. He said: ‘Korey Wise was named by other participants in the wilding that day. We went specifically to look for him.

‘When detectives asked a couple of people in front of their building if they had seen him they said they saw him earlier and he said, « Y’all better stay away from me because the cops are after me. »‘

When they asked him why, Reynolds said, the people in front of the building stated that Wise had told them: ‘You see that woman in Central Park last night? That was us.’

This account was committed to written statements.

Reynolds also pointed to the fact that the first thing Wise did when he got home late on April 19 was wash the clothes he’d been wearing.

When they went to pick up Antron McCray – whom Reynolds had earlier let go – the detective asked him to go and get the clothes he had been wearing the night before.

Reynolds said, ‘He comes back out and he’s got on a sweat suit. The front of it is completely covered with mud from head to toe. What could he possibly be doing that he’s completely flat in mud?’

NYPD mug shots taken of the Central Park Five on April 23, 1989. Top Row (L-R): Yusef Salaam, Raymond Santana. Lower Row (L-R) Kevin Richardson, Korey Wise, Antron McCray

Reynolds said the officers who discovered the jogger told him she was ‘covered from head to toe in mud.’

Several weeks after his police confession to participating in the attack on Meili, McCray repeated this admission, while minimizing his own role, to the pre-trial psychologist appointed by his own team.

Meanwhile, while Wise was being held on Riker’s Island awaiting trial, a female friend came forward with information she thought would exonerate him but in fact only bolstered the case against him.

Reynolds said, ‘He called this young lady and she was surprised to hear his voice. She was like, ‘Korey, what did you do? They’re saying that you raped this woman.’

‘He says, ‘I didn’t rape her. I only held her legs while Kevin Richardson f***** her.’

If true, that scenario would make Wise every bit as guilty of rape as Richardson under New York law.

The crime, the trial and the convictions of the four black and one Hispanic teen were the focus of public outrage and racial conflict at the time.

Donald Trump took out newspaper advertisements demanding the death penalty for the Central Park Five in 1989

Donald Trump, then a real estate mogul in New York, took out newspaper advertisements calling for the return of the death penalty.

But Reynolds insisted, ‘Look, this idea that there’s outside pressure for us to wrap it up and get some suspects is totally false.

‘Nobody was looking at the newspaper and saying, ‘Donald Trump’s mad, we’d better do something.’ And the jury weren’t asking to see the newspaper, they were asking to see the evidence.’

Reynolds points to a wealth of physical evidence that was never refuted at trial: hair and blood ‘consistent’ with the jogger’s was found on the boys’ sneakers and clothing, along with semen in the boys’ underwear.

The fact that none of them claimed to be able to finish the act of penetrative sex is the reason, Reynolds said, that their semen was only found on the inside of their underwear and clothing rather than on Meili.

But isn’t Reynolds in danger of sounding like somebody who just can’t accept that he was involved in a terrible miscarriage of justice?

After all, weren’t the five exonerated thanks to Reyes’ confession – one backed up by the presence of his DNA on the victim and clear proof that he had penetrated her?

Reynolds rejected this notion. He does not equate the vacation of the five’s sentences with their exoneration. And he does not believe that Reyes’ clear guilt is proof of the others’ innocence.

Reynolds said, ‘They were not cleared. The convictions were vacated. They were given the opportunity to have another trial but there was no reason to retry because they had already done their time.

‘The reason they were granted that is because Matias Reyes came forward with the fictitious claim that he had attacked her alone.

Reynolds explained, ‘Reyes comes forward to say he did it by himself and he can prove it because he knows something we don’t know. And he’s correct.

‘She had a fanny pack with her Walkman in it and he took it and he threw it away.

‘She didn’t have it on her in the hospital. She was in a coma for 50 something days. She couldn’t tell us that she’d had one and it had been stolen, right?

‘But then Armstrong found that a detective had taken some notes of an interview with Korey Wise. And Korey said that there was a guy named ‘Rudy,’ who he said took her fanny pack and her Walkman.’

Reynolds believes that Rudy was Reyes and his name muddled up by Wise who has hearing difficulties.

He said, ‘He told that to us on April 20, 1989, the day after. So how in the world does Korey Wise know about her fanny pack and Walkman in 1989 when Reyes says he knows about it because he was the only person there?’

The Armstrong report noted, ‘At the time of this interview the police had no way of knowing that the jogger had a Walkman or that she carried it in a pouch.’

It said that, based on the evidence including Reyes confession, ‘it was more likely than not that the defendants participated in an attack upon the jogger.’

The report stated, ‘the most likely scenario for the events of April 19, 1989 was that the defendants came up on the jogger and subjected her to the same kind of attack, albeit with sexual overtones, that they inflicted upon other victims in the park that night.

‘Perhaps attracted to the scene by the jogger’s screams, Reyes either joined in the attack as it was ending or waited until the defendants have moved on to their next victims before descending upon her himself, raping her and inflicting upon her the brutal injuries that almost caused her death.’

Reynolds’s view is supported by both the medical opinion of Meili’s two Urgent Care Physicians at Metropolitan Hospital and the Armstrong Report.

Dr Robert Kurtz is on record as saying Meili had injuries consistent with a sharp, clean blade or object while Reyes’ confession only mentioned a blunt object.

Dr Kurtz noted that Reyes, ‘never said he had used a knife, or broken glass, or broken bottle or something like that that would have been able to inflict a clean laceration.’

Dr Jane Mauer, a surgeon who helped reconstruct Meili’s face recalled seeing hand print bruising on her thighs.

Dr Mauer said, ‘You could see the four fingers and the thumb indented in her skin to hold her legs apart.’

It led her to doubt that this could be the work of one man.

Moreover the Armstrong Report concluded Reyes could not be considered a reliable witness.

It revealed a fellow inmate in prison with Reyes said Reyes told him ‘the attack on the jogger was already in progress when he joined, attracted to the scene by the jogger’s screams.’

Reynolds does not believe that the five should still be in prison. He said, ‘They did their time. They paid the price for what they did. You know, that’s it.’

When Bill de Blasio was elected New York City mayor in 2014 he ordered the $41 million settlement to go through for the five men.

All legal action finished in 2016 when the men were awarded a further $3.9 million from New York State.

But despite the case now being closed, Reynolds feel the Netflix mini-series is unfairly punishing people who prosecuted the five.

In the wake of the drama’s release Linda Fairstein, who supervised the prosecution, and lead prosecutor Elizabeth Lederer have both fallen victim to an angry public backlash.

Fairstein, who now writes crime fiction, was dropped by her publisher. Lederer, who continues to work in the District Attorney’s office, resigned from teaching law as an adjunct at Columbia University in New York.

Reynolds said, ‘It’s like mob justice. People are doing everything they can to destroy these women’s lives and they’ve done nothing wrong. They don’t even know that they’re not basing their opinions and their fury on what actually happened.

‘If they knew what actually happened they would be ashamed of themselves.’

But, he said, ‘Don’t come back for revenge and destroy two people who were only doing their job and did nothing wrong. Linda Fairstein and Elizabeth Lederer did absolutely nothing wrong.’

Reynolds believes the show falsely depicts a racist criminal justice system.

He is keen to point out that growing up in Eighties New York, criminals posed the threat to public safety, not police officers.

He said, ‘I grew up in the projects, my mother used to go to school at night. She got her high school diploma the same year I got mine. She went to college at night also.

‘I would have to go every night and meet [my mother] at the bus-stop and bring her upstairs because it just wasn’t safe. And who was she going to get victimized by? It wasn’t the cops.’

Reynolds said of When They See Us, ‘We can’t even call it a sanitized version. It’s a malicious recreation, which has nothing to do with the facts other than they ended up arrested and going to jail.

‘I think that’s the only thing in it that stays true to what actually occurred.’

He said, ‘This has got people so divided and so at each other’s throats it’s sad. Let me tell you there’s a lot of people who believe that they are guilty but they’re not going to say anything because they don’t want to get shouted down. They don’t want to be called racist.’

But Reynolds, who was there and part of it all, believes facing that backlash is the lesser of two evils and remaining silent in the face of what he sees as injustice isn’t an option.

For Reynolds, his reason for speaking up is clear and unimpeachable, ‘The truth matters.’

Voir encore:

In an op-ed from Tuesday’s Wall Street Journal, former New York City prosecutor Linda Fairstein responded to the recent Netflix series on the Central Park Five, and accused its producer, Ava DuVernay, of fabricating words attributed to her character, played by Felicity Huffman, to portray her as a racist who was determined to convict the teens in the face of an alleged lack of evidence against them.

Fairstein began the article, titled « Netflix’s False Story of the Central Park Five, » by declaring that the series, When They See Us, is « so full of distortions and falsehoods as to be an outright fabrication, » and complained that it is « an utterly false narrative involving an evil mastermind (me) and the falsely accused (the five). »

She added that it « attempts to portray me as an overzealous prosecutor and a bigot, the police as incompetent or worse, and the five suspects innocent of all charges against them. None of this is true. »

Fairstein listed a number of pieces of misinformation from the series and argued that there was plenty of evidence to reasonably convict them at the time, as she stood by charges that they attacked several other people in the park that same night.

Among several pieces of misinformation she claimed were included in the series was that it « portrays the suspects as being held without food, deprived of their parents’ company and advice, and not even allowed to use the bathroom, » and argued that if such accusations were true, they would have come out in the pre-trial hearings or inthe lawsuit that was filed years after their release from prison.

Fairstein — who was supervisor over the sex crimes unit — argued that the series exaggerates how closely involved she was in handling the case and recalled that she « did not run the investigation, and never made any of the comments the screenwriter attributes to me. » She also directly contradicted a couple of scenes involving the questioning of an underage member of the group:

The film claims that when Mr. Salaam’s mother arrived and told police that her son was only 15 — meaning they could not question him without a parent in the room — I tried to stop her, demanding to see a birth certificate. The truth is that Mr. Salaam himself claimed to be 16 and even had a forged bus pass to « prove » it. When I heard his mother say he was 15, I immediately halted his questioning. This is all supported by sworn testimony.

The former prosecutor also argued that there was additional evidence of their guilt:

There is, for example, the African American woman who testified at the trial — and again at the 2002 reinvestigation — that when Korey Wise called her brother, he told her that he had held the jogger down and felt her breasts while others attacked her. There were blood stains and dirt on clothing of some of the five.

She soon added that more than a dozen other witnesses « named some or all of the five » in helping attack other victims.

It is noteworthy that, while the Netflix series depicts the five teens as innocent bystanders who merely witnessed other assailants attacking and beating up other victims in the park, the film, The Central Park Five, by Ken Burns, accepted that they were « beating up other people » in the park even while that film was devoted to defending the teens regarding the attack on the jogger, Trisha Meili.

Fairstein also recalled that Salaam « testified that he had gone into the park carrying a 14-inch metal pipe — the same type of weapon that was used to bludgeon both a male school teacher and Ms. Meili. »

The former prosecutor also argued that the fact that DNA testing on the semen found at the scene did not match any of the five teens did not mean that they could not have been part of the attack on her, as they were charged as « accomplices » to the person who eventually confessed to raping her, serial rapist Matias Reyes.

She further recalled that « two of them admitted to climbing on top of her and siimulating intercourse, » adding that « Semen was found on the inside of their clothing, corroborating those confessions. »

Fairstein concluded her article:

That Ms. DuVernay ignored so much of the truth about the gang of 30 and about the suffering of their victims — and that her film includes so many falsehoods — is nonetheless an outrage. Ms. DuVernay does not define me, and her film does not speak the truth.

Voir par ailleurs:

Dans leur regard Saison 1 : pourquoi Netflix frappe fort avec sa nouvelle série puissante, révoltante et politique

Camille Vignes
Ecran large
15 juin 2019

Après le biopic un peu académique Selma, et après le four Un raccourci dans le tempsAva DuVernay revient avec une nouvelle oeuvre engagée et sans concession, sur Netflix cette fois. Dans leur regard retrace la sordide histoire de cinq jeunes de Harlem, arrêtés en 1989, accusés à tort du viol d’une joggeuse et incarcérés. Et c’est certainement l’une des séries les plus bouleversantes de l’année, s’attaquant au racisme institutionnel et systémique aux Etats-Unis.

« CENTRAL PARK FIVE »

D’Escape at Dannemora(série de Brett Johnson et Michael Tolkin, réalisée par Ben Stiller) à The Act(de Nick Antosca et Michelle Dean), en passant par Dirty John (d’Alexandra Cunningham) ou American Crime Story : The People v OJ Simpson, c’est une mutation qui anime la télévision américaine depuis quelques années, laissant fleurir de plus en plus de séries romancées retraçant des faits divers glaçants. Que ce soit pour pointer du doigt un système corrompu ou pour en montrer l’efficacité, un nombre croissant de showrunners s’attaque à des affaires criminelles pour rappeler leur importance dans l’histoire judiciaire américaine.

Loin de la froideur et de la rigidité induite par le format du documentaire classique, comme The Central Park Five(Ken BurnsSarah Burns et David McMahon), et ne lésinant pas sur les effets de pathos, la minisérie Netflix Dans leur regard (When They See Us en VO – « Quand ils nous voient ») d’Ava DuVernay se détache du lot. La cinéaste (qui a coécrit et réalisé les quatre épisodes) se penche sur l’histoire tristement connue des « Cinq de Central Park ». 

Pour ceux qui ne connaitraient pas l’affaire, elle a secoué New York et les États-Unis à la fin des années 80, et ses dernières répercussions ont eu lieu en 2014. Dans la nuit du 19 avril 1989, la joggeuse Trisha Melli est sauvagement attaquée, violée et laissée pour morte dans Central Park. La même nuit, une bande d’ados afro-américains et latinos (dont Raymond Santana et Kevin Richardson), sortis pour terrifier les promeneurs du parc, est raflée par la police et emmenée au poste. Le lendemain, trois autres jeunes (Antron McCray, Yusef Salaam, et Korey Wise) sont à leurs tours arrêtés, interrogés par les inspecteurs et poussés à avouer ce crime qu’ils n’ont jamais commis. 

Les cinq garçons seront jugés coupables et jetés en prison en 1990. Il faudra attendre 2002 pour que le véritable criminel (ironie du sort, il était blanc) vienne se dénoncer et soit arrêté. La libération de Korey Wise et l’acquittement des cinq garçons suivront plus ou moins rapidement. Enfin, en 2014, ils recevront une compensation financière d’environ 40 millions de dollars. 

DÉCOUPE CHIRURGICALE

Comment traiter une affaire aussi difficile et injuste ? Comment dépeindre, 30 ans après les faits, un New York pré-Giuliani gangréné par la drogue et les violences interraciales ?

Deux questions simples, terriblement actuelles et tellement innocentes comparées à celles que n’importe quelle personne ayant vu la série a dû se poser. Comment est-il possible de traiter cinq jeunes de la sorte ? Comment une procureur et un système peuvent-ils être assez cruels pour ignorer l’amas d’éléments prouvant leur innocence ? Comment la presse a-t-elle a pu les jeter en pâture et les rendre coupables avant même le procès ?

Divisé en quatre longues parties (64, 71, 73 et 88 minutes), le récit d’Ava DuVernay est extrêmement bien construit. Chacun des chapitres s’attarde sur un élément clef de l’histoire globale des cinq accusés, sans jamais dépasser le propos ni tomber dans la simplicité ou le cliché d’une série policière ou du récit d’un procès. Ce découpage permet non seulement de remettre en question différents aspects du système judiciaire américain, mais surtout de faire monter crescendo le sentiment de révolte et d’injustice du spectateur. 

Le premier chapitre montre comment les cinq jeunes ont été piégés et forcés de mentir pour avouer un crime qu’ils n’ont pas commis, pointant du doigt les méthodes plus que douteuses de la police et de la procureur Linda Fairstein (Felicity Huffman). Ils auraient contourné la loi et mené la plupart des interrogatoires sans la présence des parents (alors que les jeunes étaient âgés de 14 à 16 ans).

Le deuxième chapitre est centré sur le déroulement du procès, expliquant rapidement pourquoi il a été divisé en deux, mettant sous le feu des projecteurs le racisme systémique américain, et laissant tomber comme une sentence de mort la décision du jury en fin de course.

Après la narration linéaire des deux premiers chapitres, les deux suivants s’aventurent dans des chemins différents, s’attardant plus sur les destins des accusés. Le troisième épisode montre ainsi l’adaptation en milieu carcéral des quatre plus jeunes (Raymond Santana, Kevin Richardson, Antron McCray et Yusef Salaam) et surtout leur difficile tentative de réhabilitation dans le monde à leur sortie de prison, de nombreuses années après (6 à 13 ans).

Quant au dernier chapitre, il tourne autour de Korey Wise et de l’enfer qu’il a vécu en prison, entre passages à tabac et isolement volontaire. Âgé de 16 ans au moment des faits et jugé comme un adulte, il passe de prison en prison, demandant son transfert régulièrement pour se rapprocher de sa mère – sans réussite. 

WISE DECISION

Ce dernier chapitre est tout particulièrement poignant. S’il fallait faire une gradation, l’histoire de Korey Wise reste d’ailleurs peut-être la plus déchirante. Parce qu’il avait 16 ans au moment des faits, il a été jugé et jeté dans une prison pour adulte, alors que tous les autres ont été placés en détention pour mineurs. 

Mais l’injustice de l’histoire de ce garçon commence bien avant le procès : au départ, il n’aurait même pas dû être arrêté. Celui qui n’était pas sur la liste de noms donnés par Raymond Santana au moment de son arrestation, celui qui s’est retrouvé au poste dans l’unique but de ne pas laisser son ami seul, est finalement celui qui a purgé la plus longue peine et a connu les conditions d’incarcération les plus difficiles – conditions auxquelles un jeune de 16 ans n’est absolument pas préparé. Le choix d’Ava DuVernay d’offrir à Korey Wise un épisode entier n’a alors rien d’étonnant.

Si le calvaire du jeune garçon est de moins en moins supportable à regarder à mesure que l’épisode se déroule, c’est sans doute grâce au talent de son interprèteJharrel Jerome (vu dans MoonlightMr. Mercedesou encore Mon premier combat) se glisse dans la peau de Korey avec brio. C’est le seul à jouer le Korey Wise adolescent et adulte, alors que les quatre autres personnages ont chacun deux interprètes. C’est certainement l’acteur le plus marquant et puissant, même si Kevin RichardsonCaleel HarrisEthan Herisse, Marquis Rodriguez, Michael Kenneth WilliamsJovan AdepoChris Chalk et Justin Cunningham font aussi un excellent travail.

Et justement, deux de ses scènes sont particulièrement déchirantes et méritent d’être citées (bien qu’elles ne soient absolument pas les seules à révéler l’acteur). La première a lieu pendant le procès de Korey, alors qu’il est appelé à la barre, et qu’on le harcèle pour qu’il lise sa déposition, alors qu’il a bien dit et répété ne pas en être capable : il y a une telle détresse dans le regard de l’acteur, une telle incompréhension, que l’on ne peut qu’être révolté avec lui. 

La seconde arrive quand il est en prison, à des centaines de kilomètres de New York. Alors qu’il passe la plupart de son temps dans une cellule isolée pour ne pas se faire battre à mort par les autres détenus, il implore sa mère de venir le voir plus souvent lors d’une de ses trop rares visites. La scène est un véritable crève-coeur, un moment de désespoir brut.  

QUAND FICTION ET RÉALITÉ S’EMMÊLENT

Dans leur regard est puissante, l’injustice de son histoire et la souffrance de ses personnages font facilement passer de la rage aux larmes. En 1989, l’affaire avait pris une proportion nationale. L’attaque raciale et contre les minorités avait été mise en avant par les défenseurs des « Cinq de Central Park ».

Mais Ava DuVernay se plaît à rappeler autre chose : contre eux, il y avait un milliardaire de l’immobilier (dont les bureaux bordaient le parc) maintenant président des États-Unis. Donald Trump avait payé plus de 80 000 dollars pour des pages entières dans des journaux, appelant notamment au rétablissement de la peine de mort dans l’État.

Outre Donald Trump, la procureur Linda Fairstein, campée par Felicity Huffman, est également pointée du doigt. Les accusations de la réalisatrice vont même plus loin : elle serait responsable de l’arrestation et surtout de l’acharnement de la police et de la cour sur les cinq adolescents et leur famille. Aujourd’hui, l‘ex-procureur reconvertie en autrice est à son tour lynchée sur la place publique (et notamment la tweetosphère).

Il faut dire que devant les conditions des interrogatoires des cinq garçons, la violence verbale et physique dont ils ont (ou auraient, pour Fairstein) fait les frais, et l’instrumentalisation politique de leur incarcération, l’opportunisme de la procureur se confond facilement avec un racisme aveugle. Aujourd’hui encore, la femme dément la vision des interrogatoires que propose DuVernay et reproche à la réalisatrice d’avoir non seulement omis une grande partie des méfaits du gang cette nuit du 19 avril 1989, mais aussi de ne s’être penchée que sur l’innocence des cinq garçons. 

S’il fallait faire un reproche à la série émouvante et militante, on pourrait pointer du doigt sa mise en scène très classique. Comme le but n’est pas d’esthétiser, mais de redonner leur place, leur parole et leur dignité à des personnes à jamais meurtries, la réalisation use d’effets dramatiques (musique, ralentis…) pour augmenter l’empathie du spectateur. C’est un peu facile et attendu, mais rien d’étonnant de la part de la réalisatrice de Selma.

Dans tous les cas, Dans leur regard reste un uppercut porté par des acteurs formidables, et une série passionnante et déchirante, particulièrement importante.

Dans leur regard est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 31 mai.

Résumé

L’adaptation de faits réels en fiction se soumet toujours à un point de vue (auteur, réalisateur…), et Dans leur regard n’y échappe pas. C’est pourtant une série forte, qui imprègne le spectateur et le suivra plusieurs heures après l’avoir finie. Et quand bien même le personnage incarné par Felicity Huffman n’est pas un témoignage de vérité, la série rappelle que le racisme institutionnel accuse encore aujourd’hui sans savoir. Elle éveille les consciences et met la lumière sur un système judiciaire américain à deux vitesses, qui existe toujours. 

Voir encore:

Dans leur regard: que vaut la mini-série de Netflix réalisée par Ava DuVernay?

 Constance Jamet

Le Figaro

CRITIQUE – Avec cette mini-série qui provoque une véritable onde de choc outre-Atlantique, Ava DuVernay, la réalisatrice de Selma, poursuit sa trilogie sur le racisme dans le système judiciaire américain.

C’est une des plus édifiantes erreurs judiciaires de l’histoire contemporaine américaine. En 1989, cinq adolescents originaires de Harlem sont condamnés à tort pour le viol barbare d’une joggeuse blanche dans Central Park. Embarqués par des policiers sur les dents, les garçons, quatre Afro-Américains et un Hispanique, se promenaient ce soir-là dans le parc de New York. Ils livrent des confessions forcées au bout de 42 heures d’interrogatoire musclé sans sommeil, sans nourriture, sans avocat. Malgré l’absence de preuves matérielles (leurs ADN ne correspondent pas à celui trouvé sur la victime) et leurs protestations, ils passeront entre six et quatorze ans en prison. Et ne seront innocentés qu’après les aveux du vrai coupable… en 2002.

Ce fait divers qui avait inspiré Donald Trump, alors simple magnat, à demander le rétablissement de la peine de mort, a divisé les États-Unis mais reste peu connu en France. Il est à redécouvrir dans le puissant réquisitoire Dans leur regard (When they see us), remarquable mini-série de quatre épisodes signée pour Netflix par Ava DuVernay. La réalisatrice engagée de Selma poursuit sa réflexion implacable sur le racisme latent du système judiciaire américain, inadapté à protéger les plus faibles. Comme avec son film Middle of Nowhere et son documentaire 13, nommé aux Oscars, qui liait esclavage et incarcération de masse, la cinéaste déconstruit les préjugés à l’égard des minorités.

Procès ubuesque

Face à l’engrenage, le quinté d’ados est d’une naïveté enfantine douloureuse. Ignorant jusqu’à la définition du mot viol. Considérés d’office comme de la mauvaise graine. Des boucs émissaires de l’insécurité qui gangrenait alors la Grosse pomme. Perdus, leurs parents les poussent à dire ce que les enquêteurs veulent entendre.

Lycéenne au moment des faits, Ava DuVernay s’est laissé convaincre de reconstituer l’affaire après avoir été contactée sur Twitter par l’un des membres de cette tragédie. Épaté par la rigueur de la réalisatrice sur Selma, Raymond Santana rêvait du même traitement pour raconter leur histoire. La réalisatrice a passé quatre ans de sa vie à discuter avec Santana, ses compagnons d’infortune et leurs familles.

Dans leur regard ne retrace pas uniquement le procès ubuesque. La fiction plonge dans l’enfer carcéral, les marques que ces années passées derrière les barreaux ont laissées. Corruption des gardiens, passage à tabac des autres détenus, isolement, réinsertion impossible… La série montre comment le système pousse à la récidive. Comme dans le fabuleux et éprouvant Chernobyl, le sens méticuleux des détails le dispute à l’humanité des personnages. Mention spéciale à Jharrel Jerome. Découvert dans Moonlight, il interprète Korey Wise, l’un des cinq innocents, à tous les âges. Fiction la plus regardée sur Netflix aux États-Unis depuis son lancement fin mai, Dans leur regard a déjà un impact qui la dépasse. Face à cette onde de choc, l’ex-procureur en charge du dossier a été lâché par son éditeur. De même, l’avocate générale de l’époque a démissionné de l’université de Columbia où elle enseignait. Et cette réparation tardive n’est sans doute pas terminée…

Voir enfin:

Fearful Norwegians Wonder: Are ‘Swedish Conditions’ Coming to the Streets of Oslo?

Quillette
November 21, 2019

Oslo is an unremarkable place compared to other European capitals, lacking the picturesque charm of smaller Norwegian cities such as Bergen, Trondheim and Stavanger. But it’s pleasant and pretty enough. Tourists find it easy to get around, with lots to explore. The Oslo Opera House, which opened in 2008, is spectacular. And in summer, you can swim in the Oslofjord and enjoy expensive utepils (“outside beer”) on the seafront or on Karl Johans gate, the city’s broad main street. Like the rest of Norway, Oslo traditionally has been a safe place, even by the standards of other wealthy countries. It’s also remained more demographically homogenous than most of its neighbours, being geographically isolated from migration patterns that have affected the rest of Europe.

Over the last month, however, Oslo’s city centre has witnessed an eruption of unprovoked attacks on random victims—most of them ethnic Norwegian men—by what police have described as youth gangs, each consisting of five to 10 young immigrants. The attacks typically take place on weekends. On Saturday, October 19, as many as 20 such attacks were recorded, with victims suffered varying degrees of injuries.

One of the incidents involved a group of young men, originally from the Middle East, detained for attacking a man in his twenties in the affluent west end. According to police, the victim had been kicked repeatedly in the head while lying on the ground, in what appeared to be a random, unprovoked beating. Another victim that weekend was the uncle of Justice Minister Jøran Kallmyr, who suffered several broken ribs after being mobbed at the Romsås subway station.

The following weekend in Oslo, Kurds and Turks clashed over recent developments in Turkey, and ended up looting a branch of the Body Shop on Karl Johan gate, as well as destroying several cars. Car fires also have been on the rise, though the problem has been around for years. (Even in 2013, cars were set alight in Oslo at the rate of about one per week, mostly in the city’s poorer east end.) Overall, crime rates are still low by the standards of other cities, but the recent rise in youth crime suggests that may be changing. “We see more blind violence where people are attacked, ambushed and beaten up,” said Labour Party politician Jan Bøhler to the media last month. “This is terrorising our community.” While such observations are widely shared, Bøhler is notable for being one of the few politicians on the left who’s raised his voice about rising crime among young immigrants.

Oslo is the fastest growing capital city in Europe, despite the fact the country now is registering fewer births than at any time since the government started keeping track in the 19th century. About 14% of the country’s population is now composed of immigrants, with Poles, Lithuanians and Swedes topping the European migration sources; and Somalian, Pakistan, Iraq and Syria supplying the greatest number of non-OECD arrivals. Many of the immigrants congregate in Oslo, where, according to Statistics Norway, about a third of all residents are immigrants or born to immigrants. (As recently as 2004, the figure was just 22%.) In several areas, such as Stovner, Alna and Søndre Nordstrand, the figure is over 50%.

According to a 2015 Statistics Norway report, “most persons with an immigrant background living in Oslo come from Pakistan (22,000), while 13-14,000 are from Poland, Sweden and Somalia. There are large differences between the districts: Persons with a background from Pakistan and Sri Lanka are most represented in [the far eastern suburbs of] Oslo.” By one 2012 estimate, 70 percent of Oslo’s first- and second-generation immigrants will have roots outside Europe by 2040, and about half of the city’s residents will be immigrants.

Until now, Norway had seemed to cope well with the influx of immigrants from war-torn Muslim countries, in part because the intake levels generally were kept at a level that permitted newcomers to be integrated without overwhelming local resources. Indeed, there has been a broad consensus in Norwegian politics to keep immigration rates lower than those of comparable countries such as Sweden and Germany. Nevertheless, concerns have been rising in recent years, even if the ruling class was hesitant to discuss the issue. The country’s libertarian Progress Party (Fremskrittspartiet) has repeatedly asked the country’s statistical agency to report on the statistical relationship between crime and country of origin. In the past, Statistics Norway refused, saying that such a task was “beyond its capacity.”

A map of the Oslo area published by Statistics Norway, showing immigrant concentrations, from under 20% (yellow) to over 40% (brown).

But this year, for the first time, such a report was published. And the numbers were clear: Immigrants from certain backgrounds—particularly Palestinians, Iraqis and Afghanis—were many times more likely to commit violent crimes than other Norwegians (including other immigrant groups). In 65 out of 80 crime categories, non-Norwegians were over-represented. The largest discrepancy was in regard to domestic violence: Immigrants from non-Western countries were found to be eight times more likely to be charged for such crimes. Rape and murder were also heavily skewed toward these immigrant groups. Worryingly, the figures showed that second-generation immigrants were more likely to be criminals than their parents.

For a long time, the expression svenske tilstander—“Swedish conditions”—has been used to describe large Swedish cities such as Malmö, Gothenburg and Stockholm, which feature areas plagued by bombings, gang-related gun violence, robbery and rape. In the past, Norwegians used the expression somewhat disparagingly, insisting that such issues would never arise in Norway (while also suggesting that the situation in Sweden was itself exaggerated by those with an anti-immigration agenda). But gradually, “Swedish conditions” have seemed less distant.

Heidi Vibeke Pedersen, a Labour politician representing the immigrant-heavy area of Holmlia, recently wrote a Facebook post about her own experience, which was subsequently reprinted in VG, Norway’s biggest tabloid, under the headline “We have a problem in Oslo”:

Yesterday, my 15-year-old daughter went past [the suburb of] Bøler on a bus half an hour before another 15-year-old was robbed and beaten. Now I need to make a risk assessment: Is it too dangerous for her to go alone to the youth club…Young people now grow up in an environment where threats and violence are common, where adults might be afraid to interfere, and where they are told that the police are racist…Our part of the city is becoming more and more divided. We have areas that are mainly “Norwegian-Norwegian,” and others that have large immigrant populations. This isn’t diversity.

Pedersen’s article alluded to the fact that, in the quest to maintain their own cultures, some Muslims in Norway prefer to segregate instead of integrate. The newspaper Aftenposten recently uncovered the existence of Islamic schools presenting as cultural centres. And Islamsk Råd, the Islamic Council of Norway, now has proposed a separate branch of the Barnevernet—the government-run social services responsible for children—to deal with Muslim children.

The article was shared by many. But Pedersen’s use of such terms as “Norwegian-Norwegian” (or norsk-norske) didn’t sit well with progressives and community advocates. Hasti Hamidi, a writer and Socialist Party politician, and Umar Ashraf, a Holmlia resident, wrote in VG that Pedersen’s use of the term “must mean that the author’s understanding of Norwegian-ness is synonymous with white skin.”

Camara Lundestad Joof, a well known anti-racist activist and writer at the Dagbladet newspaper, accused Pedersen of branding local teenagers as terrorists. Using her own hard-done-by brother as an example, she explained how, in her opinion, Norwegian society has failed non-white young people. Had he been treated better, she argues, he and others like him would fare better. (One problem with this argument is that Norway is one of the least racist countries in the world.)

Of course, this tension between racial sensitivity and blunt talk on crime has existed for generations in many Western societies. But it’s a relatively new topic in Norway, which is only now embracing certain hyper-progressive academic trends. (Oslo Metropolitan University, for instance, has recently produced an expert in so-called Whiteness Studies.)

In fact, some influential Norwegians apparently would prefer that Statistics Norway had never released its report on crime and immigration in the first place. This includes Oslo’s vice mayor, Kamzy Gunaratnam, who told Dagbladet, “Damn, I’m angry! I’m not interested in these numbers…We don’t have a need to set people up against each other. These are our children, our people.”

But burying the truth is never a good long-term strategy for anyone, including members of immigrant communities. The more persuasive view is that these issues should be addressed candidly, while they are still manageable. Unlike many other European countries, Norway doesn’t yet have an influential far-right party. But that may change if voters see that mainstream politicians are too polite to address a problem that ordinary people all over Oslo are talking about.

Kathrine Jebsen Moore grew up in Norway. She now lives with her husband and four children in Edinburgh.


Liberté d’expression: Vous avez dit ‘élucubrations sur les réseaux sociaux’ ? (Big Brother Facebook and his sleeping giants friends are watching you)

11 octobre, 2019

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Image result for “Sleeping giants” : les vigies 2.0 de la bien-pensance https://assets.letemps.ch/sites/default/files/styles/lt_article_cover/public/media/2017/01/29/file6tfl446ro35cjszd2sr.jpg?itok=ZK5IjR0lhttp://izquotes.com/quotes-pictures/quote-that-s-our-motto-we-want-freedom-by-any-means-necessary-we-want-justice-by-any-means-necessary-malcolm-x-307991.jpghttp://izquotes.com/quotes-pictures/quote-i-was-not-the-one-to-invent-lies-they-were-created-in-a-society-divided-by-class-and-each-of-us-jean-paul-sartre-264677.jpgDisplaying

Nous sommes entrés dans un mouvement qui est de l’ordre du religieux. Entrés dans la mécanique du sacrilège : la victime, dans nos sociétés, est entourée de l’aura du sacré. Du coup, l’écriture de l’histoire, la recherche universitaire, se retrouvent soumises à l’appréciation du législateur et du juge comme, autrefois, à celle de la Sorbonne ecclésiastique. Françoise Chandernagor
L’islam essaie d’imposer à l’Europe ses règles : ouverture des piscines à certaines heures exclusivement aux femmes, interdiction de caricaturer cette religion, exigence d’un traitement diététique particulier des enfants musulmans dans les cantines, combat pour le port du voile à l’école, accusation d’islamophobie contre les esprits libres. Le Coran est un livre d’inouïe violence. Exaltation de la violence: chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame, tel se révèle Mahomet à travers le Coran. De fait, l’Église catholique n’est pas exempte de reproches. … Mais ce qui différencie le christianisme de l’islam apparaît : il est toujours possible de retourner les valeurs évangéliques, la douce personne de Jésus contre les dérives de l’Église. Aucune des fautes de l’Église ne plonge ses racines dans l’Évangile. Jésus est non-violent. Le retour à Jésus est un recours contre les excès de l’institution ecclésiale. Le recours à Mahomet, au contraire, renforce la haine et la violence. Jésus est un maître d’amour, Mahomet un maître de haine. Comme jadis avec le communisme, l’Occident se retrouve sous surveillance idéologique. L’islam se présente, à l’image du défunt communisme, comme une alternative au monde occidental. À l’instar du communisme d’autrefois, l’islam, pour conquérir les esprits, joue sur une corde sensible. Il se targue d’une légitimité qui trouble la conscience occidentale, attentive à autrui : être la voix des pauvres de la planète. Hier, la voix des pauvres prétendait venir de Moscou, aujourd’hui elle viendrait de La Mecque ! Aujourd’hui à nouveau, des intellectuels incarnent cet oeil du Coran, comme ils incarnaient l’oeil de Moscou hier. Ils excommunient pour islamophobie, comme hier pour anticommunisme. À l’identique de feu le communisme, l’islam tient la générosité, l’ouverture d’esprit, la tolérance, la douceur, la liberté de la femme et des moeurs, les valeurs démocratiques, pour des marques de décadence. Ce sont des faiblesses qu’il veut exploiter au moyen «d’idiots utiles», les bonnes consciences imbues de bons sentiments, afin d’imposer l’ordre coranique au monde occidental lui-même. Comme aux temps de la guerre froide, violence et intimidation sont les voies utilisées par une idéologie à vocation hégémonique, l’islam, pour poser sa chape de plomb sur le monde. Benoît XVI en souffre la cruelle expérience. Comme en ces temps-là, il faut appeler l’Occident «le monde libre» par rapport au monde musulman, et comme en ces temps-là les adversaires de ce «monde libre», fonctionnaires zélés de l’oeil du Coran, pullulent en son sein. Robert Redeker
Les racines de l’Europe sont autant musulmanes que chrétiennes. Jacques Chirac
Dans le cadre du dialogue des civilisations et des cultures, il faut éviter tout ce qui anime les tensions et l’amalgame entre l’islam, qui est une grande religion respectée et respectable, et l’islamisme radical. Jacques Chirac
[La piste terroriste] n’est évidemment pas écartée. D’abord, je pense qu’il est important de le dire régulièrement: ce n’est pas parce qu’on est musulman qu’on est terroriste. Donc le fait qu’on se convertisse à l’islam n’est pas un signe automatique de radicalisation. Les faits doivent être regardés avec précision. C’est ce que les services enqêteurs sont en train de réaliser. Et donc avant que ces services enquêteurs ne nous donnent des informations tangibles et qui ne sont pas des élucubrations sur les réseaux sociaux, je ne me prononcerai pas. Sibeth N’Diaye (porte-parole du gouvernement Macron)
Tous nos problèmes aggravés par l’immigration sont aggravés par l’islam. En France, comme dans toute l’Europe, tous nos problèmes sont aggravés par l’immigration, école, logement, chômage, déficits sociaux, ordre public, prisons (…) et tous nos problèmes aggravés par l’immigration sont aggravés par l’islam. C’est la double peine. L’Etat français est devenu l’arme de destruction de la nation et de l’asservissement de son peuple, du remplacement de son peuple par un autre peuple, une autre civilisation. Entre vivre (et vivre) ensemble, il faut choisir. La question qui se pose à nous est la suivante: les jeunes Français vont-ils accepter de vivre en minorité sur la terre de leurs ancêtres ? Nos progressistes si brillants (…) nous ont ramenés à la guerre des races et à la guerre des religions. Comment ne pas être ébloui par les tenues de notre ministre préférée, Sibeth Ndiaye, sommet de la distinction française. Eric Zemmour
C’est ma dernière élection. Après mon élection, j’aurai plus de flexibilité. Obama (à Medvedev, 27.03.12)
Le battre dans les urnes rendrait un mauvais service à l’histoire, rendrait un mauvais service à notre pays. J’ai peur que si nous ne destituons pas le président, il sera réélu. Al Green (repésentant démocrate du Texas)
Aside from the emotional issue that Democrats, NeverTrumpers, and celebrities loathe Donald Trump, recently Representative Al Green (D-Texas) reminded us why the Democrats are trying to impeach the president rather than just defeat him in the 2020 general election. “To defeat him at the polls would do history a disservice, would do our nation a disservice,” Green said.  “I’m concerned that if we don’t impeach the president, he will get re-elected.” Translated, that means Green accepts either that Trump’s record is too formidable or that the agendas of his own party’s presidential candidates are too frightening for the American people to elect one of them. And that possibility is simply not permissible. Thus, impeachment is the only mechanism left to abort an eight-year Trump presidency—on a purely partisan vote to preclude an election, and thus contrary to the outlines of impeachment as set out by the Constitution. Consider it another way: Why is it that the House is controlled by Democrats, yet its leadership is not pushing through any of the policy proposals voiced so openly on the Democratic primary stage? Why aren’t progressive representatives introducing bills to pay reparations to African Americans, to legalize infanticide in some cases of late-term abortion, to offer free medical care to illegal aliens, to confiscate AR-15s, to extend Medicare for all, to impose a wealth tax and raise top rates to between 70 and 90 percent, to abolish student debt and ensure free college for all, or to grant blanket amnesty to those currently living in the country illegally? Simple answer: none of those issues poll anywhere near 50 percent approval. And no Democratic candidate would expect to beat Trump as the emissary of such an agenda. If the economy was in a recession, if we were embroiled in another Iraq-like or Vietnam-sort of war, and if Trump’s polls were below 40 percent, then the Democrats would just wait 13 months and defeat him at the polls. But without a viable agenda and because they doubt they can stop Trump’s reelection bid, they feel they have no recourse but to impeach. If Trump were to be reelected, not a shred of Barack Obama’s “fundamental transformation” would be left, and the strict constructionist Supreme Court would haunt progressives for a quarter-century. (…) In a sane world, the impeachers would worry their charges that Trump forced Ukrainian President Vladimir Zelensky to investigate his possible 2020 Democratic opponent Joe Biden might boomerang. After all, Trump never actually cut off Ukrainian aid. Nor did he outline a quid pro quo deal. Essentially he is accused of unduly asking a foreign president to clamp down on corruption in his midst going back to 2016. So what? Especially if there is something more to the strange antics of Hunter Biden and CrowdStrike. Biden’s problems are not such thought crimes, but are confirmed by his own boasting: that he used the clout of the United States to help his own family financially, by threatening to cut off U.S. aid unless a Ukrainian state prosecutor looking into his own son’s suspicious lobbying was fired within six hours. And in Biden’s own words, “Son of a bitch,” he was fired. In contrast, Trump might have been all over the map in his call, but he kept the aid to Ukraine coming without demanding the scalp of any Ukrainian official. In some sense, Trump’s culpability boils down to one issue: progressives believe that in not-too-veiled a manner, he threatened a foreign government to start going after the Biden family without cause, whose patriarch Joe might be Trump’s 2020 election opponent. The other half of the country believes that what is material is not Biden’s current transient electoral status (he is not now and may not be the Democratic nominee), but the fact that he was vice president of the United States when he used his office to threaten the loss of foreign aid to stop investigations of his son, who was using his father’s position to further his own profiteering. Given that Trump denies any quid pro quo and his call supports that fact, while Biden, on the other hand, openly brags that he made threats which made the Ukrainian to cave (“in six hours”), one can draw one’s own conclusions. (…) As far as precedent, there is a good recent example. Barack Obama got caught promising to consider cuts in Eastern-European-based missile defense if Vladimir Putin would give him some room during his reelection campaign. Translated into Adam Schiff’s Mafiosi parody lingo: Putin would calm down on the international stage to make the U.S.-Russia “reset” look good, Obama would then get rid of Eastern-European missile defense, and Obama would get reelected in 2012. And all three of those events transpired as planned—one can surmise whether any of the three would have happened without Obama compliance with Russian conditions. Remember, Obama’s quid pro quo was caught on a hot mic on the premise that what he said to Russian President Medvedev was never supposed to be heard. “On all these issues, but particularly missile defense, this can be solved,” Obama said. “But it’s important for him [Putin] to give me space . . . This is my last election. After my election I have more flexibility.” Once that understanding was excused, and the media was mute about such collusion, can any notion of collusion as a crime still exist? (…) So if Trump’s health holds out, if we don’t have a recession, if there is not an optional war, and Trump endures the next few weeks of 360-degree, 24/7 targeting, 2020 will be far more favorable than ever imaginable for him. Victor Davis Hanson
A Trump presidency would change the pro-Ukrainian agenda in American foreign policy. For me it was important to show not only the corruption aspect, but that he is [a] pro-Russian candidate who can break the geopolitical balance in the world. Serhiy Leshchenko (Ukrainian journalist and member of parliament)
It’s no wonder that some key Ukrainian political figures are getting involved to an unprecedented degree in trying to weaken the Trump bandwagon. Adrian Karatnycky (Washington’s Atlantic Council think-tank)
My desire to expose Manafort’s doings was motivated by the desire for justice. Neither Hillary Clinton nor Joe Biden, nor John Podesta, nor George Soros asked me to publish the information from the black ledger. Serhiy Leshchenko
The United States has not even grappled with the full scope of Ukraine’s impact on the 2016 election. Earlier this year, I broke down Trump and Rudy Giuliani’s allegation that Biden forced Kiev to fire a corrupt prosecutor in order to protect his son Hunter. (As I and nearly every other Ukraine watcher pointed out, Giuliani’s claim is meritless.) But Ukraine did play a significant factor in the 2016 election: the exposure of Paul Manafort’s corruption. Of course, Manafort, who is currently serving time in prison, is legendarily corrupt. But the larger question is how to handle the fact that, in helping to expose his corruption, Ukrainian entities shaped the course of an American election. Ukraine’s role in the 2016 race is undeniable: In the summer of 2016, Kiev’s release of the so-called “black ledger” resulted in Manafort’s ouster from the Trump campaign. The actions of foreign actors—however well-intentioned—directly impacted an American election. One would imagine Washington media and lawmakers—who spent three years combing through every aspect of Moscow’s interference in our election—might direct similar attention to Kiev’s impact. Yet the Ukrainian angle barely made headlines. If we want to get serious about safeguarding our electoral process from all foreign actors, not just Moscow-based ones, it’s time to examine Ukraine as well. On August 14, 2016, The New York Times published a bombshell about what would become known as the “black ledger”—a handwritten document alleging millions of off-the-books payments to Manafort by the Party of Regions, led by his former client Viktor Yanukovych, the ousted pro-Russian president of Ukraine. The Times received the ledger from the National Anti-Corruption Bureau of Ukraine (NABU), an independent government agency. The story rocked the 2016 election, given Manafort’s position as head of Trump’s campaign. The Hillary Clinton campaign immediately seized on it as proof that Manafort—and therefore Trump—was tied to Yanukovych and the Kremlin. Four days later, the Times ran a follow-up story, based on more details released by NABU and publicity by Serhei Leshchenko, a member of the Ukrainian parliament, who told the Times he’d studied the ledger. The next day, Manafort resigned from Trump’s campaign. Two weeks later, the Financial Times did a story about Ukraine’s takedown of Manafort, including quotes from Leshchenko and Western analysts. “The prospect of Mr Trump, who has praised Ukraine’s arch-enemy Vladimir Putin, becoming leader of the country’s biggest ally,” it began, “has spurred not just Mr Leshchenko but Kiev’s wider political leadership to do something they would never have attempted before: intervene, however indirectly, in a US election.” “Mr Leshchenko and other political actors in Kiev say they will continue their efforts to prevent a candidate…from reaching the summit of American political power,” the story went on. Reading the article in 2019, after three years of nonstop coverage about overseas meddling in US democracy, is stunning. Here is an established Western outlet calmly discussing successful foreign influence of an American presidential campaign as a neat little coup, a bit of gutsy international derring-do. Calling the intervention “indirect” is a bit generous, as well. Manafort was ousted based on handwritten pieces of paper—the story would’ve never gone anywhere without NABU and Leshchenko’s vouching for the ledger’s authenticity. That’s as direct as it gets. Of course, all this occurred in August of 2016, when the prospect of a Trump presidency was seen as inconceivable. After Trump’s election, Leshchenko and NABU frantically denied their intent to damage the Trump campaign, claiming the ledger was publicized solely because of their concern to stamp out corruption and had nothing to do with US politics. “My desire to expose Manafort’s doings was motivated by the desire for justice,” wrote Leschenko in a recent Washington Post op-ed. “Neither Hillary Clinton nor Joe Biden, nor John Podesta, nor George Soros asked me to publish the information from the black ledger.” Ukrainians certainly had every reason to expose Manafort’s corruption, and the man’s subsequent trial showed there was an enormous amount to expose. But Ukraine’s efforts also happened to coincide with—and have an immediate impact on—an American campaign. And yet, despite this information’s being available in English, and published by established Western media, we’ve had almost no debate about its implications. To understand just how astounding that is, simply imagine if the situation were reversed. Imagine the Financial Times ran a story about a Russian government bureau and lawmaker leaking documents that directly resulted in the ouster of the Clinton campaign manager. Even if everything exposed by Russia were true, it’d still be a major scandal. None of this is to say we should ignore the Kremlin’s election meddling or Trump’s current attempt to coerce Ukraine into investigating Biden. These are extraordinarily serious issues—but so is Ukraine’s impact in 2016. It seems many Americans are under the mistaken assumption that the moment Trump leaves office, things will return to normal. They won’t. If anything, the 2016 election let the devil out of the box—other actors in other nations surely took notice of the ease with which a handful of individuals in Ukraine were able to influence an American campaign. There will be more of this. Some may be in good faith; some will not. It is impossible to say we’re taking foreign interference seriously until the media, lawmakers, and political activists have an honest conversation about the new norms. And that involves looking not only at Trump and Russia, but at Ukraine as well. The Nation
Vanité des entreprises humaines… Tout débutait si bien: la meute média-antifa aux trousses d’Éric Zemmour… L’amorce d’un dialogue détendu-convivial sur l’immigration lancé par l’Élysée. Soudain, le vrai monde anéantit tout cela avec fracas. Car si la moitié de ce qu’on lit sur la tuerie de la Préfecture de police est vrai – nous y revenons – la sécurité de la France, la confiance des Français en leur État, seront gravement affectés. Le philosophe Clément Rosset édicta naguère que « la réalité est insupportable, mais irrémédiable »: nous y voilà. Résumons : un individu depuis dix ans fasciné par l’islam… converti depuis deux ans peut-être… habilité au secret-défense… niché au cœur informatique du service opérant le renseignement d’une capitale mondiale majeure… Aussi: on ne compte plus les missions ultra-sensibles récemment confiées à la DRPP, de par sa taille réduite, son étanchéité et son esprit de corps. Les dégâts potentiels sont vertigineux. (…) Quand vos chefs prônent le politiquement-correct ; quand cent stages vantent l’idéal du vivre-ensemble et l’horreur de la discrimination ; quand toute blague déclenche la foudre ; s’inquiéter d’un collègue infirme et antillais est ardu. Preuve, la réaction de l’État : le piteux Castaner bredouille que tout est normal et une péronnelle de la présidence suggère d’éviter les amalgames. Quand ces réactions émanent du sommet d’un État fort pyramidal, sa base évite tout propos malsonnant – comment lui donner tort ? Second point majeur. On lit que l’assassin était « signalé » depuis 2015. mais signalé par qui ? Et vers qui ? En 2015, l’ambiance était électrique entre la direction de la DGSI et celle de la DRPP, pour affaires touchant à la françafrique. Que s’est il alors passé – ou pas passé, plutôt ? Il serait judicieux d’aller y voir de près. Dernier point : Macron a fondé la coordination du renseignement : bien. Or depuis, sous l’empire de la nécessité – protéger le président de ses « affaires »… ambitions pseudo-savantes sans vrai contenu… la coordination semble oublier ses fondamentaux, dont celui-ci : coordonner est bien s’il s’agit d’un tout étanche et cohérent – ce n’est pas le cas, on l’a vu. Brutal résultat – le protocole de la médecine d’urgence vaut pour le renseignement : toujours envisager le pire. Nul catastrophisme, mais seul moyen de sauver le patient. Et si M. H. était une taupe islamiste ? Qu’a-t-il transmis et à qui, des bases numériques de la DRPP ? Y a-t-il logé un logiciel-malveillant, cheminant ensuite – vers où ? On imagine la réaction des services alliés. Au pire, tout ou partie de l’informatique de la DRPP est à revoir. (…) même, on aggrave les choses. Un exemple inquiétant. Pour grappiller quelques sous, l’Intérieur externalise la réparation de ses véhicules, camions de CRS, etc. Or dans leurs garages, les mécaniciens de la police voient ces sous-traitants chercher les véhicules à réparer. Parfois, des barbus portant au front la zebiba, tache noire du prosterné en prière. Voilà à qui on confie les camions des CRS. On détecte ainsi des sots trop voyants, mais de longue date, les durs des Frères musulmans et les salafistes disposent de fatwas leur permettant de se raser et porter costume-cravate pour infiltrer les structures infidèles. Quand ils l’ont pu dans le monde musulman, ils ont infiltré les centres d’éducation : leurs recrues savent se planquer. En Turquie, on voit le mal qu’a Erdogan à éradiquer la secte islamiste de Fetullah Gülen de l’administration et l’armée. » Xavier Raufer
Ce fonctionnaire né à Fort de France servait depuis 2003 comme adjoint administratif (agent de catégorie C) au sein du au service technique de la Direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP). Il n’avait jamais attiré défavorablement l’attention de sa hiérarchie quant à sa conduite. Il a certainement été l’objet d’une enquête de sécurité au moment de son recrutement (en 2003) puis d’un suivi épisodique pour proroger ses habilitations au secret défense (tous les cinq ans). Sa conversion à la religion musulmane ne constituait pas un acte délictueux et, jusqu’à plus ample informé, il ne fréquentait pas des lieux de culte salafistes incubateurs d’activistes – même si fort heureusement, ils ne passent majoritairement pas à l’acte -. Non seulement dans son cas avec les éléments connus, il n’y avait pas matière à enquêter plus avant, mais si cela avait été le cas, cela aurait pu être assimilé à du « harcèlement » et à de l' »islamophobie ». La hiérarchie de l’administration – quelqu’elle soit – a très peur de se retrouver dans cette position face aux influents intellectuels qui n’attendent que ce prétexte pour intervenir dans les medias dans le seul but d’affaiblir l’Etat. Cela dit, l’enquête en cours aurait prouvé qu’il s’était converti en 2008 et pas il y a 18 mois comme cela avait été annoncé précédemment. Si ce fait est confirmé, cela prouverait qu’il pratiquait la Taqiya (l’art de la dissimulation surtout en usage chez les chiites mais méthode reprise par les salafistes) à l’évidence pour cacher sa conversion à son environnement. De plus, il semble qu’il avait préparé son coup au dernier moment ayant acquis le couteau de cuisine en céramique qui a servi à ces assassinats le matin même de son action. (…) Les services de l’Etat sont à l’image de la nation. Les chiffres varient car les statistiques officielles restent interdites mais il y aurait entre 7 et 10% de musulmans en France. Le chiffre devrait être logiquement le même au sein de l’administration. Cela dit, seule une infime partie des musulmans adhère aux thèses extrémistes des salafistes-djihadistes qui puisent leur inspiration sur les sites spécialisés (que décidément la puissance publique a bien du mal à entraver). En France, il existe aussi d’autres versions de l’islam sunnite qui ne prônent pas la violence comme le mouvement tablligh et les Frères musulmans. Le cas des salafistes dits quiétistes pose question car c’est dans leurs rangs que les salafistes-djihadistes viennent recruter de nouveaux adeptes. Les activistes n’ont pas besoin d’être très nombreux pour être dangereux. C’est d’ailleurs la caractéristique des mouvement terroristes : quelques activistes bien formés valent mieux que des gros bataillons facilement repérables. (…) pour le moment, ce ne sont pas les revenants qui représentent le menace principale en Occident en général et en Europe en particulier. Daech n’est pas vaincu militairement mais a actuellement d’autres soucis comme relancer la guérilla sur le front syro-irakien, activer ses provinces extérieures comme en Afrique – particulièrement au Sahel – , dans le Causasse et en Extrême-Orient. Par contre, Daech continue à prodiguer sa propagande et à appeler ses adeptes au meurtre là où ils se trouvent. C’est sans doute ce qui explique cette dernière opération meurtrière. Il va être affirmé que l’assassin était quelque part « dérangé mentalement » mais il convient de se poser la question suivante: un individu qui se livre à un acte terroriste est-il mentalement sain d’esprit ? Il aurait aussi été insatisfait de sa position professionnelle qui n’évoluait pas mais cela ne peut pas expliquer grand chose. Il gardait son libre arbitre. Le cas juridique du « suspect » est clos puisque l’action est éteinte avec sa mort. Cela dit, il reste un gros problème. Daech possède un service de sécurité (Amniyat) dont une des missions est le renseignement. Ce mouvement semblait se renseigner sur le passé des volontaires français qui le rejoignaient en Syrie. Quel rôle pourrait avoir joué le suspect dans ces enquêtes « de sécurité » (et autres) car sa position professionnelle au sein de la DRPP pouvait lui permettre d’avoir accès à des fichiers informatique confidentiels ? En effet, il pourrait avoir été recruté comme source par Daech ce qui expliquerait pour partie. (…) Il est évident que cela va créer une inquiétude au sein de la population qui constate que même les organismes chargés de la protéger peuvent être infiltrés par des mouvements terroristes. Tous les ministères vont se sentir concernés et vont devoir revoir les procédures de sécurité et les enquêtes d’habilitation de leurs personnels. Cela va être très nuisible à l’ambiance interne qui risque de devenir suspicieuse. » Alain Rodier
« On sent bien que la énième répétition du même mode opératoire, à savoir une personnalité seule qui profite d’un effet de surprise dans la vie quotidienne pour poignarder des quidam, ici ce sont des collègues de travail, mais d’autres fois ce sont des passants, des gens qui rentrent chez eux dans des transports en commun, des jeunes femmes qui attendent un train dans une gare, des soldats en faction, un prêtre dans son église, c’est-à-dire n’importe qui ou tout le monde, tout cela use l’opinion publique et donne le sentiment qu’un danger imminent s’est diffusé dans notre vie quotidienne et peut nous guetter n’importe où à n’importe quel moment. On sent bien que l’ambiance se tend, et qu’une violence au quotidien se banalise. L’idée qu’à tout instant un attentat peut se produire sous nos yeux et qu’il faudra agir fait désormais partie du paysage. A long terme, la notion de tension religieuse prend forme, malgré les nombreux appels au calme et malgré les dénis sur le « pas d’amalgame ». La multiplication, partout en Europe d’ailleurs, de ces épisodes fébriles où quelques personnes sont tuées au couteau, comme ça, simplement, dans un flash terroriste, lézarde progressivement la certitude que ces attentats ne seraient pas de nature religieuse. Sur ce point, la stratégie des pouvoirs publics suivie en France comme en Allemagne, consistant à expliquer immédiatement après les faits qu’il s’agit d’un acte perpétré par un déséquilibré et qui ne serait pas de nature religieuse devient une source ce méfiance. (…) Cette fois-ci, le déni est terrible. On a tous entendu Christophe Castaner et Sibeth Ndiaye expliquer que rien ne permettait de présager l’action de cet informaticien habilité au secret défense et employé dans les services de renseignement. Mais le Parisien a révélé qu’il avait fait l’objet d’un signalement à sa hiérarchie en 2015 pour dérive radicale. Il semble que la machine administrative n’en ait pas tenu compte. En termes de gestion publique, ce hiatus entre les propos du gouvernement et la réalité est redoutable, parce qu’il donne à l’opinion publique le sentiment que la situation n’est pas sous contrôle. Ce sentiment est apparu très nettement avec l’affaire Lubrizol. Alors qu’une usine Seveso seuil haut était en feu, provoquant nausées et vomissements dans la population, le gouvernement est resté sourd et aveugle face aux évidences en expliquant que les fumées ne présentaient pas de toxicité inquiétante. La réaction incrédule de la population devrait alerter les pouvoirs publics, d’autant que l’émission de dioxine est désormais attestée, ce qui dément les propos des ministres. La même semaine, le même sketch reprend. Alors qu’un fonctionnaire de nos services de renseignement égorge l’un de ses collègues sur son lieu de travail, à savoir la Préfecture de police, ce qui n’est pas rien, deux ministres interviennent immédiatement pour tenir des discours qui manquent singulièrement de prudence, et qui sont démentis dans la journée par la presse. Le discrédit guette. Quand, sur deux affaires majeures en un laps de huit jours, des ministres sont pris en flagrant délit d’erreurs sur des faits et dans l’appréciation de leur gravité, la conséquence est bien connue: ils perdent toute crédibilité, et c’est l’équipe entière d’Edouard Philippe qui est désormais menacée de discrédit. » Eric Verhaeghe
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C’est un réseau international sans structure ni hiérarchie, de tous âges, étudiants comme retraités. Beaucoup d’internautes veulent nous rejoindre, mais il nous faut trouver des gens fiables et de confiance. Mine de rien, c’est une activité dangereuse qui nécessite beaucoup de précautions pour protéger son identité et agir en sécurité face aux menaces. La propagation de la haine et la manipulation de Breitbart étaient devenues pour moi inadmissibles et insupportables. Ce n’est pas un engagement politique, mais plutôt de l’ordre de la philosophie. Il y a aussi des médias spécialisés dans la manipulation par la peur, en France, dont certains sont financés par la publicité, justifie l’activiste. Avec mon partenaire, nous avons choisi de commencer par Boulevard Voltaire : c’était moins dangereux que Fdesouche [blog nationaliste très populaire à l’extrême droite, ndlr], dont les contributeurs sont particulièrement agressifs. En plus, Boulevard Voltaire fait passer des idées nauséabondes sous couvert de respectabilité chrétienne. Cela le rend à mes yeux encore plus insidieux. (…) On a cherché des sites d’extrême gauche qui diffusaient de la peur, mais ils sont peu organisés et aucun ne profite de la pub. R
Sleeping Giants (« Les Géants Endormis ») est une organisation activiste agissant sur les réseaux sociaux visant à persuader les entreprises de supprimer leurs publicités de certains médias conservateurs tenant des propos jugés racistes et/ou sexistes. La campagne a débuté en novembre 2016 peu après la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine de 2016, avec le lancement d’un compte Twitter visant à boycotter Breitbart News. Le premier message (sur Twitter) ciblait la société de gestion financière SoFi1 (compagnie spécialisée dans la gestion financière). La plupart des messages de l’organisation sur le réseau social Twitter sont des messages destinés aux entreprises fournissant de la publicité à la chaîne Breitbart News. La majorité de leurs messages incitent à participer au boycott de l’entreprise tant que celle-ci n’aura pas rejoint la lutte contre Breitbart. La plupart de l’activité du réseau ne provient pas du compte lui-même, mais sont des « retweets » de ceux-ci, cette méthode donne à l’organisation un très grand impact sur les utilisateurs des réseaux sociaux. Jusqu’en juillet 2018, personne ne savait qui était à la tête du mouvement, mais finalement, après deux ans d’activités, Matt Rivitz, un publicitaire, confirme qu’il est le fondateur du groupe, après avoir été identifié par le média conservateur Daily Caller. L’organisation agit principalement depuis son compte Twitter mais dispose également d’un compte Facebook. Elle a monté, au fil du temps, diverses antennes régionales en Australie, en Belgique, au Brésil, au Canada, en Finlande, en France, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas, en Nouvelle-Zélande, en Norvège, en Espagne, en Suède, en Suisse et enfin au Royaume-Uni (antennes possédant aussi leurs propres comptes Twitter). En février 2017, 820 entreprises avaient rejoint le mouvement et avaient cessé de fournir de la publicité (et donc de l’argent) à Breitbart News, selon les statistiques fournies par l’organisation1. Un peu plus tard, en mai 2017, l’ampleur du mouvement ne peut plus être qualifié de négligeable : plusieurs milliers d’annonceurs ont cessé de placer leurs produits sur la chaîne Breitbart News (les publicités sont la source de revenus principales des chaînes de télévision), considérant la campagne comme un moyen de protester ouvertement contre la politique de Donald Trump ainsi que de se garantir la confiance des militants (et par conséquent celle de tous les citoyens suivants l’organisation sur les réseaux sociaux). La liste des entreprises ayant rejoint le mouvement ne cesse de s’agrandir mais on peut retenir comme noms les plus célèbres les marques, AT & T, Kellogg’s, BMW, Visa, Autodesk, Lenovo, HP Inc., Vimeo, Deutsche Telekom, Lyft, Allstate, Nest et Warby Parker (société spécialisée dans la vente de lunettes sur internet). Le gouvernement canadien a également cessé de fournir de la publicité à Breitbart News après avoir déclaré que son contenu « n’était pas conforme au code de valeur et d’éthique du gouvernement ». La stratégie de Sleeping Giants consiste à faire pression sur les annonceurs en associant méthodes traditionnelles (manifestations, etc.) et méthodes plus « numériques » (activisme en ligne) dans le but de recruter et de mobiliser une large population d’utilisateurs des réseaux sociaux.  (…) Sleeping Giants a notamment mené une longue campagne visant à convaincre les entreprises à ne plus fournir des publicités à The O’Reilly Factor dès que l’affaire des cinq accords de harcèlement sexuel de l’animateur Bill O’Reilly et de la chaîne de télévision ultra-conservatrice Fox News a été révélée. L’organisation a fini par remporter la victoire, entraînant l’annulation de l’émission. Depuis mai 2017, l’antenne locale canadienne a utilisé les mêmes moyens pour faire pression sur les sociétés fournissant la publicité au média conservateur canadien The Rebel Media, la réussite de l’opération est confirmée quelques mois après le début de celle-ci. L’antenne régionale française conduit en ce moment même une campagne proche de celle de l’antenne principale visant le site aligné d’extrême droite, Boulevard Voltaire. Wikipedia
Né aux Etats-Unis pour contrer les “fake news” de la droite radicale, le réseau d’activistes Sleeping Giants cible désormais les médias d’extrême droite (sic) français. En alertant les marques dont les publicités financent Boulevard Voltaire, ils auraient fait perdre près de cinq cents annonceurs au site réactionnaire (sic) cofondé par le maire de Béziers. Savamment disposés autour de l’article « Des migrants pourris-gâtés ? » en une de la page d’accueil, les bandeaux publicitaires ne font pas dans le haut de gamme. « Investissez dans l’immobilier et effacez vos impôts pendant douze ans ! », « Alzheimer : nés avant 1965 ? Lisez vite ceci », « Rencontrez des célibataires philippines ! », « Comment la rendre folle d’amour : la méthode infaillible »… Le contenu publicitaire de Boulevard Voltaire, le site d’opinion ultraconservateur (sic) fondé en 2012 par Robert Ménard et Dominique Jamet, ressemble davantage à celui d’un obscur blog. Il y a encore, ici et là, une sélection de livres d’extrême droite (sic) sur Amazon, une campagne pour les cars de la SNCF ou une réclame d’Uber, mais la très grande majorité des annonces du site n’ont à vendre que lampes d’autodéfense, programmes de régime, sous-vêtements et jeux vidéo en ligne. Depuis plusieurs mois, les grandes marques fuient une à une Boulevard Voltaire. Ce lâchage en règle n’est pas dû au hasard : il est le résultat d’une mobilisation intense d’internautes regroupés sous le nom de Sleeping Giants. Ce réseau d’activistes s’est d’abord lancé aux Etats-Unis, peu après l’élection de Donald Trump et l’arrivée à la Maison-Blanche de son ex-conseiller Stephen Bannon, patron du site ultraconservateur Breitbart News (qu’il vient de rejoindre à nouveau), pourvoyeur régulier de fausses informations (sic) et de théories sexistes, racistes, antisémites et homophobes (sic). Inquiets face à la place accrue occupée par cette droite radicale (sic) au sommet de l’Etat et sur la Toile, des internautes décident de s’intéresser au financement publicitaire de Breitbart. Ils découvrent que nombre de grandes marques, mais aussi des ONG aux antipodes des idées véhiculées par le site, n’ont absolument pas connaissance de la présence de leurs publicités sur le média conservateur. « Nous avons décidé qu’il était temps de les prévenir, pour couper les ressources de Breitbart, défend l’un des activistes américains. Notre objectif est de stopper l’ascension des médias racistes et sexistes en les attaquant au portefeuille. » Comment une publicité pour la Croix-Rouge peut-elle se retrouver sur un site aux relents racistes (sic) ? C’est tout le problème du marketing programmatique, le modèle de publicité dominant sur Internet. Le placement des publicités est automatisé par des régies pour cibler les consommateurs via des mots-clés et des algorithmes — les marques n’achètent plus d’encarts sur un site en particulier. Les publicités s’afficheront n’importe où, hors du regard des annonceurs eux-mêmes, créant des situations possiblement cocasses voire très embarassantes : une compagnie de cars pour visiter le Canada s’est ainsi retrouvée à côté d’un article expliquant que l’immigration est à l’origine d’un « génocide en douce du Québec » sur Boulevard Voltaire… S’ils le souhaitent, les annonceurs peuvent cependant exclure certains domaines de leur campagne d’affichage. Sleeping Giants a ainsi mis à leur disposition un tutoriel détaillant la démarche via la régie publicitaire de Google. A ce jour, plus de 2 600 entreprises et organisations ont retiré leur publicité de Breitbart News, parmi lesquelles des géants comme BMW, Virgin, Kellogg’s ou HP. Un spécialiste des données à l’agence marketing WordStream a fait le calcul : entre novembre 2016 et aujourd’hui, le revenu généré par un clic sur une publicité affichée par Breitbart a été divisé par deux, passant d’un peu plus de 75 cents à moins de 40 cents. L’initiative inspire d’autres internautes dans le reste du monde : en Europe, des utilisateurs de Twitter interpellent eux aussi des marques de leur pays dont la publicité se retrouve sur Breitbart. Parmi eux, « R ». De l’identité de R, nous ne saurons que ce que son accent britannique et ses belgicismes laissent deviner au téléphone : les Sleeping Giants agissent dans l’anonymat, s’appelant entre eux par des lettres de l’alphabet. Elle est approchée en début d’année 2017 par le réseau américain pour ouvrir une entité en France. Déjà occupée par son travail et sa vie familiale, R accepte à condition d’être accompagnée. Un deuxième activiste français la rejoint et ils lancent ensemble le compte Sleeping Giants France sur Twitter en février. Beaucoup d’autres suivront : Sleeping Giants est aujourd’hui actif dans seize pays, ses membres échangeant via des messageries sécurisées comme Telegram. Une entité européenne centralise les actions des différents pays qu’elle relaie ensuite aux activistes américains. (…) Sleeping Giants France poursuit le travail d’épuration de Breitbart auprès des marques hexagonales mais décide également d’appliquer le même principe aux sites français qu’il juge équivalents. (…) R et son partenaire observent les publicités sur le site et interpellent sur Twitter les annonceurs pour leur signaler que leur marque « finance la haine ». (…) Lorsque leurs messages restent sans réponse, R. et son partenaire relancent, allant jusqu’à contacter directement les responsables des entreprises. « Nous avions repéré sur Boulevard Voltaire une publicité pour l’émission Le jour du Seigneur, de France 2, mais nos messages sont restés sans réponse pendant des semaines, se souvient R. J’ai donc écrit à un membre du conseil d’administration de la chaîne. Cela a pris plus de deux mois et demi mais France 2 n’a plus de publicité sur Boulevard Voltaire. » En quatre mois, Sleeping Giants France, épaulé par des internautes participant à l’opération via leur propre compte Twitter, a contacté 1 094 annonceurs, et 483 lui ont assuré avoir stoppé leurs campagnes sur Boulevard Voltaire. Parmi eux, Carrefour, Nestlé, BNP Paribas, Citroën ou Decathlon. « Ils ont fait preuve de bienveillance lors de nos discussions et nous avons compris que c’était dans notre intérêt, explique-t-on du côté de l’enseigne sportive. Ce site ne correspond pas aux valeurs de Decathlon. En quelques jours à peine, nous l’avions blacklisté. » Sleeping Giants leur a également fait suivre une liste de « sites du même acabit », que la marque a également bloqués, sur laquelle on retrouve Valeurs actuelles, Fdesouche ou Dreuz.info. Le préjudice financier pour le site conservateur est difficile à évaluer, mais il est important. Sleeping Giants avance le chiffre de « 90 % de revenus publicitaires en moins », ce que refuse de confirmer ou d’infirmer Boulevard Voltaire. Contactée par Télérama, Gabrielle Cluzel, la directrice de publication, nous affirme que leur conseiller juridique « ne juge pas souhaitable de communiquer sur ce sujet » et qu’il « se réserve la possibilité d’entamer une action en justice ». De leur côté, les activistes assurent qu’ils vont continuer à « vider » le site, avant d’élargir leur action à d’autres dans les prochains mois, médias installés comme blogs complotistes. Les Sleeping Giants ne cherchent-ils donc à viser que les plateformes d’extrême droite ? « Non, répond R. On a cherché des sites d’extrême gauche qui diffusaient de la peur, mais ils sont peu organisés et aucun ne profite de la pub. » R. sait ce qui les attend en s’attaquant à la « fachosphère » : à 6h30 chaque matin, dès son réveil, elle vérifie qu’elle n’a pas été victime d’un « doxxing », ce procédé qui consiste à publier des informations sur l’identité (nom complet, adresse, numéro de téléphone, numéro de compte bancaire, etc.) d’un internaute. « En marge de la campagne contre Boulevard Voltaire, nous nous sommes mobilisés sur certaines causes et nous avons subi des attaques informatiques ou verbales venant de forums de Reddit, 4chan et autres. » Sleeping Giants a notamment été très actif pour enrayer la mission antimigrants Defend Europe — leurs membres italiens et français sont à l’origine du blocage de leur compte PayPal. « On aimerait ne rien faire d’autre que travailler sur les médias qui propagent des “fake news” ou de la haine, mais certains événements sont les résultats directs des problèmes causés par ces médias. Dans ces situations, nous nous impliquons. » Mais la priorité du moment, ce sont bien les publicités SNCF qui tapissent encore Boulevard Voltaire. « Ils sont pourtant bien au courant, mais je ne lâche pas tant que je n’ai pas de réponse. » D’ici quelques jours, les membres du conseil d’administration de la SNCF découvriront dans leur boîte mail un petit message des « géants endormis » aux yeux grands ouverts. (…) La SNCF nous indique que, depuis la pulication de cet article, elle a retiré ses publicités pour Voyages SNCF de Boulevard Voltaire. Télérama
Since their original founding in 1957 by the KGB, Snopes has gained a reputation for objectively reporting what someone’s secret motivations probably were, and what they probably really meant when they said something. More recently, they have perfected the art of determining whether a satirical article is hilarious, left-leaning comedy or divisive, conservative-leaning fake news. As part of their ongoing goal of being able to rush to judgment as quickly as possible, Snopes published a pre-approval of all future statements made by candidates during the Democratic debates. “While we understand there may be some disagreements among progressive candidates on certain issues, we know that nobody who shares our worldview would ever say anything factually untrue,” Snopes explains in their article. Snopes also clarified that in the event a candidate does say anything that sounds untrue/conservative, they will automatically conclude that the individual had pure intentions and meant something completely different. As a very last resort, they may change a particular rating to “mixed,” assuming some context was missing. At publishing time, Snopes had also released a fact-check for all future statements by President Trump, rating them all as “False.” Babylon bee
One of my favorite websites, the Babylon Bee. It’s distinctly conservative, it’s distinctly Christian, it’s very, very funny (especially if you’ve grown up as an Evangelical Christian), and it’s obviously, clearly satire. Click on the site, and the banner advertisement describes it as “fake news you can trust.” By contrast, the well-known secular satire site The Onion calls itself “America’s finest news source.” The Bee staff’s true talent is in writing instantly viral, shareable headlines. They can be hilarious and cutting — and the site loves taking on hipster Christianity, Trump-worship, and political correctness. Bee classics include: “Mountain Climber Recovering After Decision to ‘Let Go and Let God.’” “Man Drowns While Politically Correct Passengers Describe What Just Went Overboard.” “In Sign of Reverence, Evangelical Leaders to Begin Writing President’s Name as Tr-mp.” What does this have to do with Snopes? The Bee’s viral satire of progressive politicians is apparently intolerable, and so Snopes has taken upon itself the task of fact-checking satire. Go to the site, type in “Babylon Bee,” and you’ll find page after page of fact-checks. Snopes has fact-checked whether Democrats demanded that “Brett Kavanaugh submit to a DNA test to prove he’s not actually Hitler.” It’s fact-checked whether Alexandria Ocasio-Cortez repeatedly “guessed ‘free’ on TV show ‘The Price is Right,’” and whether Ilhan Omar actually asked, “If Israel is so innocent, then why do they insist on being Jews?” Perhaps my favorite (non-political) fact check was of the Bee’s “report” that VeggieTales had introduced a new character named “Cannabis Carl.” If you peruse Snopes’s many, many Babylon Bee fact-checks, you’ll find it’s quite diligent in policing hits on progressive politicians and far less concerned about the Bee’s many satirical swipes at Trump. It’s absolutely true that some readers are unable to distinguish between truth and obvious fiction. Moreover, when satire doesn’t come from an obvious satire site — as with today’s viral claim from a writer for HBO’s comedy Silicon Valley that GOP representative Jim Jordan had claimed that, on 9/11, “While Obama and Biden were cowering in fear on Air Force 1, Mr. Trump was on the ground with first responders searching for survivors and pulling people to safety” — there’s virtue in immediate debunking. But Snopes’s actions against the Bee have had real teeth. In 2018, after Snopes fact-checked a Bee article titled “CNN Purchases Industrial-Sized Washing Machine to Spin News Before Publication” (no, really), Facebook warned the Bee that it could be penalized with reduced distribution and demonetization. Facebook later apologized for its warning. And last week Snopes escalated its attack. It fact-checked an article called “Georgia Lawmaker Claims Chick-Fil-A Employee Told Her To Go Back To Her Country, Later Clarifies He Actually Said ‘My Pleasure.’” But rather than merely noting that the story was clearly satire from a known satire site, it launched an attack on the Bee’s motives and methods. In its original fact-check, it questioned whether the article was satire, accusing the Bee of “fanning the flames of a controversy” and “muddying the details of a news story.” It posted a misleading and incomplete summary of the ridiculous Erica Thomas incident in Georgia (where a black Georgia lawmaker accused a fellow Publix customer of telling her to “go back” where she came from and then walked back her accusation) and then called the Bee article a “ruse” and an “apparent attempt to maximize the online indignation.” It bears repeating that the Bee is obvious satire. Obvious. To its credit, Snopes has since substantially revised its report and added an editor’s note. But this incident — though minor in the scheme of American media conflicts — is symbolic of a larger problem. As American partisanship grows more intense, respected media outlets and organizations are throwing away years of accumulated goodwill through partisan misjudgments and partisan attacks. Ideological uniformity can blind them to their own biases, and a sense of national emergency can lead them to betray their own principles. Yet even as they slip into partisan advocacy, these institutions often maintain their influence over important American institutions. Snopes had a formal relationship with Facebook. Major American corporations still look to the Southern Poverty Law Center for guidance in defining hate groups. Snopes can serve a useful purpose. And there’s a space for it to remind readers that satire is satire. But if it wants to serve its purpose, it must not use its remaining cultural power and its remaining commercial influence to target the satire that stings its allies. Hands off the Babylon Bee. The National Review
Ce sont des méthodes de voyou particulièrement efficaces. Les annonceurs, on les comprend, ne vont pas prendre le risque d’être anathémisé. (…) Ce sont des ennemis de la liberté d’expression. Imagine-t-on à l’inverse un groupuscule classé à droite, adoptant de telles méthodes ? La presse s’en émouvrait, à juste titre. Robert Ménard
Vous avez dit indépendance ? Alors que Le Monde, dans un éditorial publié ce jeudi, redoute « les risques » du futur projet de loi contre les « fake news » annoncé par Emmanuel Macron, le Canard enchaîné révèle que Facebook collabore avec le quotidien du soir pour faire le ménage sur le réseau social, fréquenté par 33 millions d’abonnés en France. Moyennant finance. Titre de l’article : « Entre “Le Monde” et Facebook, un beau conte de “fake” ». Le Monde, « dans le cadre d’un partenariat avec Facebook, a été mandaté par le réseau social […] pour épousseter ses pages », écrit l’hebdomadaire satirique. « Julien Codorniou, le vice-président de Facebook chargé des partenariats, qui vit à Londres, est membre du… conseil de surveillance du « Monde » ! », précise le palmipède. Ce dernier est aussi un « grand ami de Xavier Niel – le coproprio du quotidien ». Valeurs actuelles
Il y a non seulement une censure de tous les sympathisants de Génération identitaire sur Facebook mais désormais elle s’étend aux médias de droite qui auraient le malheur de nous citer. En revanche, les médias de gauche ne le sont jamais lorsqu’ils nous consacrent des articles à charge. Cela indique clairement que l’algorithme de Facebook a été construit avec un biais idéologique dont le but est de promouvoir la pensée progressiste et d’étouffer toute contestation. Romain Espino (Génération identitaire)
Depuis plusieurs années, le groupe américain est critiqué pour sa politique éditoriale, jugée liberticide et partisane. Son fondateur et PDG, Mark Zuckerberg, a lui-même dénoncé des positions défendues par le président Trump. Malgré ses démentis, Facebook est régulièrement accusé aux États-Unis de favoriser les personnalités et idées progressistes au détriment du camp conservateur. Sollicité par nos soins pour expliquer sa décision, Facebook France n’a pas daigné nous répondre. L’article interdit, repartagé vendredi, a été une nouvelle fois censuré samedi par le réseau social qui a même menacé depuis de supprimer notre page. Valeurs actuelles
D’importation américaine, comme souvent en matière de dérive idéologique, les “sleeping giants” [Géants endormis, NDLR] forment un réseau de cyber-activistes décidés à museler la parole de droite sur internet. Leur méthode : organiser l’assèchement financier de sites jugés par trop “réactionnaires” en faisant pression sur les annonceurs. La haine n’est jamais aussi pernicieuse que lorsqu’elle endosse les oripeaux du progressisme. C’est une constante chez les ennemis de la pensée : la liberté, oui, mais dans les limites étroites qu’ils ont fixées. Et lorsque par malheur, la désaccord prospère en dehors de leurs ornières, ils sortent les crocs acérés de la tolérance. Les « sleeping giants » sont de ceux-là. Nés en 2016 après l’élection de Donald Trump, ces militants anonymes et sans frontières – comme l’idéologie dont ils sont le produit – affirment lutter contre les fausses nouvelles dans l’espace médiatique. Leur cible : les sites pourvoyeurs de haine. Comme de juste avec les amis du progrès, celle-ci est avant tout de droite. Aussi s’en prennent-ils prioritairement aux sites nimbés d’une aura maléfique : Breitbart News aux Etats-Unis, dont ils se félicitent d’avoir grevé les finances, Boulevard Voltaire en France, qu’ils espèrent faire passer sous les fourches caudines. Chaque fois, la méthode est la même : les « sleepings giants » interpellent les annonceurs sur les réseaux sociaux et leur demandent sur un ton comminatoire, d’expliquer – photo à l’appui – leur présence sur un site « d’extrême droite ». Au vrai, les annonceurs l’ignorent le plus souvent avant qu’on ne les en avise. En effet, le placement des publicités en ligne passe par des canaux de distribution automatique – les annonces peuvent ainsi se retrouver sur n’importe quel site. Qu’à cela ne tienne ! Pour ce comité de salut public 2.0, ne pas s’amender c’est pêcher par complicité. Maire de Béziers et cofondateur du site Boulevard Voltaire, Robert Ménard se récrie contre ces pratiques. (…) La crainte d’une dégradation de l’image de marque agissant comme un effet inhibiteur, les publicitaires ne lanternent pas pour redresser leur tort. Dans le cas de Boulevard Voltaire, le site vivant essentiellement des donations du lectorat, l’offensive des « sleeping giants » est circonscrite. Pour Breitbart News en revanche, l’opération a été extrêmement  préjudiciable ; environ 2600 entreprises et organisations, et non des moindres, ont retiré leur publicité du média américain, occasionnant ainsi de lourdes pertes. Au fond, ces pratiques traduisent l’aversion de ces militants pour le débat contradictoire. (…) Sauf que les « sleeping giants » appartiennent au camp du bien. Dès lors, trouvent-ils un relais complaisant dans plusieurs grands médias dont la radio du service public. Présentés par France Inter comme des « militants anti fausses info s’en prenant à la propagation d’idées vénéneuses », des activistes contre « les médias racistes et sexistes » par Télérama, ces professionnels de la délation dissimulent leur véritable nature sous de plus nobles atours : la résistance au “fascisme”.  Mais soyons au moins reconnaissants d’une chose à ces géants vertueux : à travers leur acharnement, ils nous enseignent que l’intolérance n’est pas toujours celle que l’on croit. Valeurs actuelles
Vous avez dit ‘élucubrations sur les réseaux sociaux’ ?
En ces temps étranges …
Où, pour cause de vote non-conforme, un président américain et ses électeurs se voient de la part d’adversaires politiques manifestement impuissants devant ses succès électoraux, systématiquement délégitimés et subvertis « par tous les moyens nécessaires » …
Y compris, derrière l’hystérie sur les tentatives d’interférence russes dans ladite élection, le total désinstérêt médiatique pour une tentative d’interférence ukrainienne dont à l’époque les intéressés s’étaient même vanté
Où entre les frasques du premier président de la république condamné par la justice et l’origine de la vie et de nos enfants, le mensonge est désormais de rigueur et institutionnalisé par nos plus hautes autorités gouvernementales et juridiques …
Où après des années de persécutions judiciaires, l’un des principaux lanceurs d’alerte sur la menace islamiste en France se voit à nouveau menacé de pousuites et progressivement lâché par ses employeurs …
Alors qu’avant le carnage au couteau de cuisine dument dénié à l’avance par la porte-parole du gouvernement Macron comme « élucubrations sur les réseaux sociaux », un futur terroriste islamiste pouvait tranquillement poursuivre sa carrière dans le saint des saints de la lutte contre le terrorisme islamique …
Où non content à l’instar de ses congénères GAFA de ne payer quasiment aucun impôt et d’accentuer chaque jour un peu plus son quasi-monopole sur les recettes publicitaires …
Un réseau social comme Facebook se permet, sur simple dénonciation, de censurer ad vitam eternam le premier blogueur venu comme votre serviteur ou ponctuellement un média aussi installé et reconnu que Valeurs actuelles …
Voire, pour faire bonne mesure, un site explicitement parodique …
Retour sur ces courageux nouveaux inquisiteurs  et croisés de la bien-pensance…
Qui véritable nouvelle imprimatur papale ou « oeil de Moscou », caché comme il se doit chez les nouveaux « Résistants » à la « menace Trump » sous le nom de Sleeping giants
Distribue les excommunications et s’acharnent, comme par hasard via les menaces de boycott et l’asséchement des ressources publicitaires, sur les seuls sites de droite …

Nutella, MAIF, Groupama, Monabanq … la pub fuit les chaînes qui accueillent Zemmour

Plusieurs annonceurs refusent d’être associés aux émissions ou aux chaînes où travaille l’éditorialiste, à cause de ses propos polémiques. D’autres marques ont été interpellées sur les réseaux sociaux.

Le Parisien
Le 9 octobre 2019

La polémique Zemmour s’invite dans les campagnes de publicité des grandes marques. Ferrero, la MAIF, Groupama, et Monabanq ont décidé de ne plus être annonceurs de l’émission hebdomadaire de Paris Première « Zemmour et Naulleau », dont le nouvel épisode sera diffusé ce mercredi soir, a appris le Parisien.

« Nous avons demandé à Paris Première d’exclure ce programme de notre liste de diffusion », a d’abord écrit Ferrero sur Twitter lundi, en réponse à la branche française du groupe Sleeping Giants.

Une pub pour le Nutella avant l’émission

Ce collectif se présente sur Twitter avec pour mission de « lutter contre le financement du discours de haine ». C’est lui qui avait interpellé la semaine dernière le groupe Ferrero, quelques jours après les propos polémiques d’Eric Zemmour tenus le 28 septembre lors de la « convention de la droite ».

Le polémiste avait notamment fait un rapprochement entre islam et nazisme, et le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour « injures publiques » et « provocation publique à la discrimination, la haine ou la violence ».

Une publicité pour le Nutella, produit star de Ferrero, avait été diffusée sur Paris Première mercredi dernier, juste avant le début de l’émission « Zemmour et Naulleau ». « En aucun cas nous ne cautionnons les propos et prises de position de M. Zemmour. Nous avions effectivement un spot avant l’émission. Notre agence média ne connaissait ni le contenu ni la programmation au moment où elle a réalisé nos achats média avec Paris Première », a détaillé Ferrero dans son message.

Les membres de Sleeping Giants ont interpellé plusieurs autres groupes qui disposent de campagnes de pub sur Paris Première, mais aussi sur CNEWS. Car le polémiste est pressenti pour animer un débat quotidien sur la chaîne info, même si les dirigeants de celle-ci semblent temporiser.

Groupama et Monabanq retirent aussi leurs pubs

Les marques Lipton, la MAIF, le Club Med, Groupama, Amazon, Mazda ou encore Monabanq, ont notamment été citées par Sleeping Giants.

La MAIF a répondu vendredi dernier sur Twitter via un message adressé au « Mouvement », un autre collectif militant qui se dit « anti-raciste, féministe, écologiste et social ».

« Notre campagne actuelle est maintenue jusqu’au 13 octobre, dans l’attente d’une position claire de CNEWS sur le sujet », y indique le groupe mutualiste, se disant « extrêmement attentif » à cette interpellation.

Contacté par le Parisien, le groupe nous indique avoir également « exclu le programme Zemmour et Naulleau de [ses] futurs investissements sur la chaîne » Paris Première, tout en maintenant ses « achats programmés, effectués bien avant les événements récents ».

Groupama nous informe de son côté avoir « retiré immédiatement ses publicités des chaînes où travaille ou pourrait travailler Eric Zemmour ». Le groupe nous a ensuite précisé que ce boycott concernait « les émissions d’Eric Zemmour et non pas les chaînes où [il] pourrait travailler ». Autrement dit, des pubs pour Groupama pourront toujours être diffusées en dehors des créneaux où le polémiste est présent à l’antenne.

Monabanq, de son côté, « ne diffusera plus, à partir de ce soir, ses publicités sur les chaînes Paris Première et CNEWS durant les émissions d’Eric Zemmour », nous a annoncé l’enseigne.

Également contactés, les autres groupes n’ont pas répondu au moment de la publication de cet article.

Les annonceurs reviendront-ils ?

Quelles que soient leurs décisions dans l’immédiat, il restera à voir quelle sera l’attitude de ces marques sur la durée, une fois que la polémique concernant les propos d’Eric Zemmour sera peut-être retombée.

Le boycott de l’émission « Touche poste à mon poste » après l’affaire du canular homophobe en mai 2017, n’avait été que d’assez courte durée. Selon Checknews, moins d’un an et demi plus tard, la quasi-totalité des 60 annonceurs avaient repris leurs campagnes publicitaires dans l’émission de C8.

Voir également:

Né aux Etats-Unis pour contrer les “fake news” de la droite radicale, le réseau d’activistes Sleeping Giants cible désormais les médias d’extrême droite français. En alertant les marques dont les publicités financent Boulevard Voltaire, ils auraient fait perdre près de cinq cents annonceurs au site réactionnaire cofondé par le maire de Béziers.

Savamment disposés autour de l’article « Des migrants pourris-gâtés ? » en une de la page d’accueil, les bandeaux publicitaires ne font pas dans le haut de gamme. « Investissez dans l’immobilier et effacez vos impôts pendant douze ans ! », « Alzheimer : nés avant 1965 ? Lisez vite ceci », « Rencontrez des célibataires philippines ! », « Comment la rendre folle d’amour : la méthode infaillible »… Le contenu publicitaire de Boulevard Voltaire, le site d’opinion ultraconservateur fondé en 2012 par Robert Ménard et Dominique Jamet, ressemble davantage à celui d’un obscur blog. Il y a encore, ici et là, une sélection de livres d’extrême droite sur Amazon, une campagne pour les cars de la SNCF ou une réclame d’Uber, mais la très grande majorité des annonces du site n’ont à vendre que lampes d’autodéfense, programmes de régime, sous-vêtements et jeux vidéo en ligne.

Stopper les médias racistes et sexistes

Depuis plusieurs mois, les grandes marques fuient une à une Boulevard Voltaire. Ce lâchage en règle n’est pas dû au hasard : il est le résultat d’une mobilisation intense d’internautes regroupés sous le nom de Sleeping Giants. Ce réseau d’activistes s’est d’abord lancé aux Etats-Unis, peu après l’élection de Donald Trump et l’arrivée à la Maison-Blanche de son ex-conseiller Stephen Bannon, patron du site ultraconservateur Breitbart News (qu’il vient de rejoindre à nouveau), pourvoyeur régulier de fausses informations et de théories sexistes, racistes, antisémites et homophobes. Inquiets face à la place accrue occupée par cette droite radicale au sommet de l’Etat et sur la Toile, des internautes décident de s’intéresser au financement publicitaire de Breitbart. Ils découvrent que nombre de grandes marques, mais aussi des ONG aux antipodes des idées véhiculées par le site, n’ont absolument pas connaissance de la présence de leurs publicités sur le média conservateur. « Nous avons décidé qu’il était temps de les prévenir, pour couper les ressources de Breitbart, défend l’un des activistes américains. Notre objectif est de stopper l’ascension des médias racistes et sexistes en les attaquant au portefeuille. »

Les effets pervers de la publicité programmatique

Comment une publicité pour la Croix-Rouge peut-elle se retrouver sur un site aux relents racistes ? C’est tout le problème du marketing programmatique, le modèle de publicité dominant sur Internet. Le placement des publicités est automatisé par des régies pour cibler les consommateurs via des mots-clés et des algorithmes — les marques n’achètent plus d’encarts sur un site en particulier. Les publicités s’afficheront n’importe où, hors du regard des annonceurs eux-mêmes, créant des situations possiblement cocasses voire très embarassantes : une compagnie de cars pour visiter le Canada s’est ainsi retrouvée à côté d’un article expliquant que l’immigration est à l’origine d’un « génocide en douce du Québec » sur Boulevard Voltaire… S’ils le souhaitent, les annonceurs peuvent cependant exclure certains domaines de leur campagne d’affichage. Sleeping Giants a ainsi mis à leur disposition un tutoriel détaillant la démarche via la régie publicitaire de Google.

A ce jour, plus de 2 600 entreprises et organisations ont retiré leur publicité de Breitbart News, parmi lesquelles des géants comme BMW, Virgin, Kellogg’s ou HP. Un spécialiste des données à l’agence marketing WordStream a fait le calcul : entre novembre 2016 et aujourd’hui, le revenu généré par un clic sur une publicité affichée par Breitbart a été divisé par deux, passant d’un peu plus de 75 cents à moins de 40 cents. L’initiative inspire d’autres internautes dans le reste du monde : en Europe, des utilisateurs de Twitter interpellent eux aussi des marques de leur pays dont la publicité se retrouve sur Breitbart. Parmi eux, « R ». De l’identité de R, nous ne saurons que ce que son accent britannique et ses belgicismes laissent deviner au téléphone : les Sleeping Giants agissent dans l’anonymat, s’appelant entre eux par des lettres de l’alphabet. Elle est approchée en début d’année 2017 par le réseau américain pour ouvrir une entité en France. Déjà occupée par son travail et sa vie familiale, R accepte à condition d’être accompagnée. Un deuxième activiste français la rejoint et ils lancent ensemble le compte Sleeping Giants France sur Twitter en février.

Un réseau international

Beaucoup d’autres suivront : Sleeping Giants est aujourd’hui actif dans seize pays, ses membres échangeant via des messageries sécurisées comme Telegram. Une entité européenne centralise les actions des différents pays qu’elle relaie ensuite aux activistes américains. « C’est un réseau international sans structure ni hiérarchie, de tous âges, étudiants comme retraités, détaille R. Beaucoup d’internautes veulent nous rejoindre, mais il nous faut trouver des gens fiables et de confiance. Mine de rien, c’est une activité dangereuse qui nécessite beaucoup de précautions pour protéger son identité et agir en sécurité face aux menaces. »

“Il ne s’agit pas de dénoncer les entreprises, mais de les alerter”

R. connaît bien, de par son travail, les sphères médiatiques et communautaires en ligne. « La propagation de la haine et la manipulation de Breitbart étaient devenues pour moi inadmissibles et insupportables, raconte R. Ce n’est pas un engagement politique, mais plutôt de l’ordre de la philosophie. » Sleeping Giants France poursuit le travail d’épuration de Breitbart auprès des marques hexagonales mais décide également d’appliquer le même principe aux sites français qu’il juge équivalents. « Il y a aussi des médias spécialisés dans la manipulation par la peur, en France, dont certains sont financés par la publicité, justifie l’activiste. Avec mon partenaire, nous avons choisi de commencer par Boulevard Voltaire : c’était moins dangereux que Fdesouche [blog nationaliste très populaire à l’extrême droite, ndlr], dont les contributeurs sont particulièrement agressifs. En plus, Boulevard Voltaire fait passer des idées nauséabondes sous couvert de respectabilité chrétienne. Cela le rend à mes yeux encore plus insidieux. »

R et son partenaire observent les publicités sur le site et interpellent sur Twitter les annonceurs pour leur signaler que leur marque « finance la haine ». « Il ne s’agit pas de dénoncer les entreprises, mais de les alerter, assure la militante de Sleeping Giants. Beaucoup d’entre elles nous remercient ensuite, de la multinationale à la petite fleuriste terrifiée de se retrouver sur un site d’extrême droite. » Lorsque les annonceurs confirment avoir retiré Boulevard Voltaire de leurs diffuseurs, les « géants » se fendent d’un tweet de félicitations, petite bonne pub pour la marque. « Nous savons bien sûr que certains réagissent à cause de l’affichage public, qui les met dans l’embarras. Le journal Libération s’était par exemple montré assez agressif lorsque nous l’avions interpellé. Certains tentent de se trouver des excuses, mais nous les renvoyons simplement à leur responsabilité d’annonceur. » Lorsque leurs messages restent sans réponse, R. et son partenaire relancent, allant jusqu’à contacter directement les responsables des entreprises. « Nous avions repéré sur Boulevard Voltaire une publicité pour l’émission Le jour du Seigneur, de France 2, mais nos messages sont restés sans réponse pendant des semaines, se souvient R. J’ai donc écrit à un membre du conseil d’administration de la chaîne. Cela a pris plus de deux mois et demi mais France 2 n’a plus de publicité sur Boulevard Voltaire. »

Près de 500 annonceurs en moins pour Boulevard Voltaire

En quatre mois, Sleeping Giants France, épaulé par des internautes participant à l’opération via leur propre compte Twitter, a contacté 1 094 annonceurs, et 483 lui ont assuré avoir stoppé leurs campagnes sur Boulevard Voltaire. Parmi eux, Carrefour, Nestlé, BNP Paribas, Citroën ou Decathlon. « Ils ont fait preuve de bienveillance lors de nos discussions et nous avons compris que c’était dans notre intérêt, explique-t-on du côté de l’enseigne sportive. Ce site ne correspond pas aux valeurs de Decathlon. En quelques jours à peine, nous l’avions blacklisté. » Sleeping Giants leur a également fait suivre une liste de « sites du même acabit », que la marque a également bloqués, sur laquelle on retrouve Valeurs actuelles, Fdesouche ou Dreuz.info.

Le préjudice financier pour le site conservateur est difficile à évaluer, mais il est important. Sleeping Giants avance le chiffre de « 90 % de revenus publicitaires en moins », ce que refuse de confirmer ou d’infirmer Boulevard Voltaire. Contactée par Télérama, Gabrielle Cluzel, la directrice de publication, nous affirme que leur conseiller juridique « ne juge pas souhaitable de communiquer sur ce sujet » et qu’il « se réserve la possibilité d’entamer une action en justice ». De leur côté, les activistes assurent qu’ils vont continuer à « vider » le site, avant d’élargir leur action à d’autres dans les prochains mois, médias installés comme blogs complotistes. Les Sleeping Giants ne cherchent-ils donc à viser que les plateformes d’extrême droite ? « Non, répond R. On a cherché des sites d’extrême gauche qui diffusaient de la peur, mais ils sont peu organisés et aucun ne profite de la pub. »

En terrain hostile

R. sait ce qui les attend en s’attaquant à la « fachosphère » : à 6h30 chaque matin, dès son réveil, elle vérifie qu’elle n’a pas été victime d’un « doxxing », ce procédé qui consiste à publier des informations sur l’identité (nom complet, adresse, numéro de téléphone, numéro de compte bancaire, etc.) d’un internaute. « En marge de la campagne contre Boulevard Voltaire, nous nous sommes mobilisés sur certaines causes et nous avons subi des attaques informatiques ou verbales venant de forums de Reddit, 4chan et autres. » Sleeping Giants a notamment été très actif pour enrayer la mission antimigrants Defend Europe — leurs membres italiens et français sont à l’origine du blocage de leur compte PayPal. « On aimerait ne rien faire d’autre que travailler sur les médias qui propagent des “fake news” ou de la haine, mais certains événements sont les résultats directs des problèmes causés par ces médias. Dans ces situations, nous nous impliquons. » Mais la priorité du moment, ce sont bien les publicités SNCF qui tapissent encore Boulevard Voltaire. « Ils sont pourtant bien au courant, mais je ne lâche pas tant que je n’ai pas de réponse. » D’ici quelques jours, les membres du conseil d’administration de la SNCF découvriront dans leur boîte mail un petit message des « géants endormis » aux yeux grands ouverts.

Mise à jour du 1er septembre 2017
La SNCF nous indique que, depuis la pulication de cet article, elle a retiré ses publicités pour Voyages SNCF de Boulevard Voltaire.
Voir de même:

Facebook censure Valeurs actuelles et compare les identitaires à des “individus dangereux”

La rédaction de Valeurs actuelles

13 septembre 2019

Notre article sur la série “Alex Hugo” de France 2, traitant de l’opération de Génération identitaire à la frontière italienne, a été supprimé sans avertissement par le réseau social.

La politique réglementaire de Facebook vient de faire une nouvelle victime : Valeurs actuelles. Ce vendredi, le réseau social a censuré sur notre page l’article titré « Alex Hugo contre les “identitaires” : quand la télévision publique fait sa propagande pour les migrants » et partagé plus tôt dans la matinée. Motif de la suppression ? « Votre publication ne respecte pas nos Standards de la communauté sur les individus et organismes dangereux. »

L’article en question, publié sur notre site jeudi soir, critiquait l’épisode de la série « Alex Hugo », diffusé sur la chaîne publique France 2 la veille et qui caricaturait le combat des militants identitaires contre les migrants à la frontière italienne dans une allusion évidente à l’opération « Mission Alpes », organisée par le mouvement Defend Europe en 2018, quand une centaine d’activistes avaient bloqué le col de l’échelle pendant quelques heures.

« Violence et comportement criminel »

Valeurs actuelles a donc reçu une « notification » de la part de Facebook à propos de cette « infraction » à ses standards de la communauté, nous informant de la suppression immédiate du contenu, sans avertissements ni précisions. « Nos Standards s’appliquent dans le monde entier à tous les types de contenu », explique le groupe américain. « Nos Standards de la communauté ont pour objectif d’encourager l’expression et de créer un environnement sûr. »

La consultation des dits standards laisse pourtant perplexe. Ceux concernant « les individus et organismes dangereux », cités par Facebook, font partie de la rubrique intitulée « Violence et comportement criminel ». Justification : « Afin d’éviter et d’empêcher toute nuisance et tout danger réel, les organisations ou individus qui revendiquent des objectifs violents ou qui sont impliqués dans des activités violentes ne sont pas les bienvenus sur Facebook. »

Identitaires et « haine organisée »

Et le réseau social aux plus de 2,4 milliards d’utilisateurs d’ajouter : « Cela comprend les organisations et les individus impliqués dans les activités suivantes : les activités terroristes, la haine organisée, les meurtres de masse ou en série, la traite des personnes, la violence ou les activités criminelles organisées. Nous supprimons également tout contenu soutenant ou faisant l’éloge de groupes, dirigeants ou individus impliqués dans ces activités. »

Dans le cas de « la haine organisée », apparemment assimilée par Facebook au combat des identitaires, il est même précisé : « Une organisation animée par la haine correspond à : toute association de trois personnes ou plus organisées sous un nom ou un symbole et dont l’idéologie, les déclarations ou les actions physiques portent atteinte à des individus en fonction de caractéristiques, notamment la race, l’affiliation religieuse, la nationalité, l’ethnicité, le sexe, l’orientation sexuelle, une maladie grave ou un handicap. »

« Un biais idéologique pour étouffer toute contestation »

Contacté par Valeurs actuelles, Romain Espino, porte-parole de Génération identitaire (condamné avec deux autres militants à de la prison ferme, fin août, pour sa participation à l’opération « Mission Alpes ») fustige la réaction du réseau social : « Il y a non seulement une censure de tous les sympathisants de Génération identitaire sur Facebook mais désormais elle s’étend aux médias de droite qui auraient le malheur de nous citer. En revanche, les médias de gauche ne le sont jamais lorsqu’ils nous consacrent des articles à charge. Cela indique clairement que l’algorithme de Facebook a été construit avec un biais idéologique dont le but est de promouvoir la pensée progressiste et d’étouffer toute contestation. »

Depuis plusieurs années, le groupe américain est critiqué pour sa politique éditoriale, jugée liberticide et partisane. Son fondateur et PDG, Mark Zuckerberg, a lui-même dénoncé des positions défendues par le président Trump. Malgré ses démentis, Facebook est régulièrement accusé aux États-Unis de favoriser les personnalités et idées progressistes au détriment du camp conservateur. Sollicité par nos soins pour expliquer sa décision, Facebook France n’a pas daigné nous répondre. L’article interdit, repartagé vendredi, a été une nouvelle fois censuré samedi par le réseau social qui a même menacé depuis de supprimer notre page.

Voir aussi:

Médias. Libération avec LibéDésintox et d’autres médias français sont aussi concernés.

Valeurs actuelles

4 janvier 2018

Vous avez dit indépendance ? Alors que Le Monde, dans un éditorial publié ce jeudi, redoute « les risques » du futur projet de loi contre les « fake news » annoncé par Emmanuel Macron, le Canard enchaîné révèle que Facebook collabore avec le quotidien du soir pour faire le ménage sur le réseau social, fréquenté par 33 millions d’abonnés en France. Moyennant finance. Titre de l’article : « Entre “Le Monde” et Facebook, un beau conte de “fake” ».

Le Monde, « dans le cadre d’un partenariat avec Facebook, a été mandaté par le réseau social […] pour épousseter ses pages », écrit l’hebdomadaire satirique. « Julien Codorniou, le vice-président de Facebook chargé des partenariats, qui vit à Londres, est membre du… conseil de surveillance du « Monde » ! », précise le palmipède. Ce dernier est aussi un « grand ami de Xavier Niel – le coproprio du quotidien ».

LES CONCOMBRES MASQUES ONT TROUVE LEUR PRAVDA (Et courageux en plus ! – « L’anonymat est un élément important dans la philosophie des « sleeping giants »)
« Notre seul intérêt, c’est lutter contre l’intolérance, la haine, la désinformation qui se répand ».
Rachel Laplanquée
Bien souvent, les sociétés n’ont aucune idée que leurs annonces finissent sur de tels sites. La faute à un système un peu complexe qui s’appelle la « publicité programmatique ». En résumé, avec cette technologie, l’annonceur ne sait pas sur quel site s’affiche son encart publicitaire. Pour les informer, les « sleeping giants » leur montrent photo à l’appui. À eux ensuite, de demander (ou non) le retrait de leur publicité. Ce n’est pas de l’appel au boycott, il n’y a pas de contrainte pour l’annonceur. Mais ainsi l’information est donnée. Les « sleeping giants », monsieur et madame tout le monde, avec un pouvoir immense au bout du clic. France Inter a pu joindre l’une des militantes de la section française de cette « armée » de citoyens. Rachel est un pseudonyme. Elle préfère appeler avec un numéro masqué. L’anonymat est un élément important dans la philosophie des « sleeping giants ». Pour deux raisons, explique-t-elle. D’abord pour faire face à la violence des sites d’extrême-droite, toujours très créatifs pour les insultes et les menaces de mort. Mais aussi, explique Rachel, parce qu’il serait dangereux de résumer un mouvement comme celui-ci à un leader affiché, charismatique.
« C’est un engagement énorme. Ça prend beaucoup de temps. On fait ça en plus de notre travail. Il faut aussi beaucoup de résilience face à la violence des ripostes des sites d’extrême-droite », confie-t-elle. Rachel ne dit pas combien il y a en France de géants endormis dans leur réseau, pour ne pas donner trop d’informations aux sites qu’ils ciblent.
En France, le premier d’entre eux est « Boulevard Voltaire », cofondé par le maire de Béziers Robert Ménard. Aujourd’hui selon la section française des « sleeping giants », près de 1 000 annonceurs ont choisi de ne plus faire figurer leur publicité sur « boulevard Voltaire ». Jusqu’au jour où le site a été privé de publicité… avant de reprendre ses activités.
Depuis, le site de désinformation a multiplié les initiatives pour contourner ses difficultés financières, liées à cette privation de rentrées publicitaires. Un site miroir a été créé : il se finissait en .com ou lieu du .fr qui lui interdisait ses encarts pub. Mais là encore les « sleeping giants » ont continué leurs actions.
Les militants anti fausses infos surveillent aussi sites comme Breizatao (dont le webmaster a été condamné plusieurs fois pour négationnisme, appel à la haine raciale et au crime). D’autres noms ne sont pas cités ouvertement, mais les « sleeping giants » s’intéressent aussi aux sites pseudo-scientifiques, anti-vaccins…
Rachel se défend d’appartenir à un courant politique. « Notre seul intérêt, c’est lutter contre l’intolérance, la haine, la désinformation qui se répand ». Le collectif ne reçoit aucun financement. « La seule chose qui nous coûte, résume Rachel, c’est le temps consacré à cette activité qui nécessite sans cesse une mise à jour des données ». C’est le prix à payer pour montrer que dans un monde d’algorithmes, chacun doit rester responsable…
Voilà qu’en plein mois d’août il souffle un vent froid et mauvais sur nos libertés les plus fondamentales.Le 12 août, France Inter a cru devoir publier sur tous ses sites et applications un article unilatéralement hagiographique sur une organisation d’activistes anonymes dénommés «sleeping giants». L’intitulé du titre résume bien l’empathie enthousiaste de la radio d’État pour le projet des activistes: «assécher financièrement les sites de désinformation, le combat sans relâche des «sleeping giants».
L’article explique que ces géants endormis ont traversé l’océan après être nés et avoir grandi aux États-Unis sous l’empire du président honni. Bien qu’ils se défendent de faire de la politique, l’objet de leur détestation est bien politiquement géolocalisé, puisqu’il s’agit de «prévenir les annonceurs que leurs publicités arrivent sur des sites d’extrême droite» (sic).
Ces militants se donnent le beau rôle du résistant antifasciste alors qu’ils sont des agresseurs de la liberté à visage couvert
Les militants sont décrits avec une bienveillance touchante comme des résistants condamnés à vivre dans une clandestinité protectrice: «France Inter a pu joindre l’une des militants de la section française de cette «armée» de citoyens. Rachel est un pseudonyme.». «L’anonymat est un élément très important dans la philosophie des sleeping giants» est-il précisé. On tremble en effet pour la sécurité de la militante, au cas où son véritable prénom serait jeté en pâture sur la toile.
Plus loin, hommage est rendu au dévouement désintéressé des militants: «c’est un engagement énorme. Ça prend beaucoup de temps. Il faut beaucoup de résilience face à la violence des ripostes des sites d’extrême droite».
France Inter explique ensuite qu’une des cibles est le site d’opinion Boulevard Voltaire: «aujourd’hui selon la section française des sleeping giants près de mille annonceurs ont choisi de ne plus faire figurer leurs publicités sur Boulevard Voltaire… jusqu’au jour où le site a été privé de publicité…».
Depuis, déplore sans complexe la radio d’État «le site de désinformation a multiplié les initiatives pour contourner ses difficultés financières.».
Les défenseurs déterminés de la liberté d’informer et de s’exprimer ne s’effaroucheront que modérément des menées d’activistes d’extrême -gauche qui s’octroient le pouvoir divinatoire de fixer la limite extrême entre le toléré à droite et l’intolérable au-delà.
Ils ne s’étonneront pas davantage que ces militants se donnent le beau rôle du résistant antifasciste tout en se conduisant comme des agresseurs de la liberté à visage couvert.
Mais l’intolérable intolérance est d’autant plus scandaleuse qu’une radio de service public, astreinte à un devoir de neutralité, dont on sait déjà le caractère effectif très théorique au regard de son irrespect assumé de son obligation de pluralisme, se fait la propagandiste zélée d’une organisation d’activistes aussi marquée.
Le candide se perd en conjectures pour savoir selon quels critères la radio nationale s’octroie le droit de déterminer qu’un site serait «de désinformation». Après tout, le site précité est animé, renseignement pris, par des journalistes professionnels encartés et non par des repris de justice, au même titre que ceux de la radio publique.
Au demeurant, cette dernière est-elle la mieux placée pour donner des leçons d’information sérieuse?
Rien que cette semaine, il nous aura été donné la pénible occasion de devoir la rappeler à ses obligations, en notre modeste mais incontestable qualité de contribuable et copropriétaire de l’antenne d’État: Dimanche, le préposé à la revue de presse prenait grand plaisir à souligner la proximité de feu Epstein avec Donald Trump… tout en oubliant celle du «suicidé» avec Bill Clinton. Ayant interpellé publiquement ledit préposé, la revue de presse du lendemain réparera l’étrange omission.
Le lendemain, un portrait flatteur de la famille palestinienne de la militante Ahed Tamimi était brossé puisque qualifiée de «pacifique», alors même que de nombreux internautes sur Twitter, y compris Antoine Berranger, très opposé pourtant à la politique israélienne, faisaient remarquer que certains de ses membres s’étaient réjouis ouvertement d’attentats terroristes contre des civils.
Enfin, et pour faire bonne mesure, le même jour, France Inter recevait Julien Bayou porte-parole d‘ EELV qui, peut-être en mal d’inspiration, trouva judicieux d’annoncer qu’une fuite au tritium menaçait la population francilienne. Ce dont il se repentit par la suite. Mais comme le remarquait en temps réel sur Twitter par des messages ulcérés, Emmanuelle Ducros, journaliste à l’Opinion, le plus grave était l’absence totale de contradiction des journalistes: «Je suis sidérée, France Inter: quelqu’un sur votre antenne évoque une fuite radioactive en Île-de-France et ça ne suscite AUCUNE réaction? AUCUNE question? C’est ahurissant».
Vous avez dit «Désinformation»?
Il se trouve que ce grave manquement à la sérénité d’une presse libre et plurielle s’inscrit dans un contexte très anxiogène.
J’ai décrit ici le 24 juin l’appréhension que m’inspire cette loi Avia qui me paraît destinée, au-delà de son noble projet affiché de lutter contre la haine électronique, à vouloir réduire l’expression de la pensée dérangeant l’idéologie multiculturaliste encore en majesté médiatique.
Cette dangerosité est d’autant plus réelle que les grandes plates-formes anglo-saxonnes ne demandent pas mieux que d’appliquer un «politically correct» convenu et pourront trouver dans la loi nouvelle, moins une menace de sanctions financières qu’une permission de sévir.
Je viens d’écrire que l’idéologie multiculturaliste était en majesté. Je le redis, mais celle que j’appelle l’église cathodique sait que son trône vacille.
Et des réactions d’intolérance, comme celle de France Inter, doivent être avant tout interprétées comme l’expression de la rage d’être en train de perdre la bataille des idées.
L’église cathodique doit désormais miser davantage sur son sabre que sur son goupillon.
Gilles William Goldnadel
Voir par ailleurs:

Impeachment Coup Analytics

The Democrats have exhausted every other mechanism for destroying Trump—and they are running out of time before November 2020 election.

Victor Davis Hanson
American greatness
September 29th, 2019

Aside from the emotional issue that Democrats, NeverTrumpers, and celebrities loathe Donald Trump, recently Representative Al Green (D-Texas) reminded us why the Democrats are trying to impeach the president rather than just defeat him in the 2020 general election.

“To defeat him at the polls would do history a disservice, would do our nation a disservice,” Green said.  “I’m concerned that if we don’t impeach the president, he will get re-elected.”

Translated, that means Green accepts either that Trump’s record is too formidable or that the agendas of his own party’s presidential candidates are too frightening for the American people to elect one of them. And that possibility is simply not permissible. Thus, impeachment is the only mechanism left to abort an eight-year Trump presidency—on a purely partisan vote to preclude an election, and thus contrary to the outlines of impeachment as set out by the Constitution.

Consider it another way: Why is it that the House is controlled by Democrats, yet its leadership is not pushing through any of the policy proposals voiced so openly on the Democratic primary stage?

Why aren’t progressive representatives introducing bills to pay reparations to African Americans, to legalize infanticide in some cases of late-term abortion, to offer free medical care to illegal aliens, to confiscate AR-15s, to extend Medicare for all, to impose a wealth tax and raise top rates to between 70 and 90 percent, to abolish student debt and ensure free college for all, or to grant blanket amnesty to those currently living in the country illegally?

Simple answer: none of those issues poll anywhere near 50 percent approval. And no Democratic candidate would expect to beat Trump as the emissary of such an agenda.

If the economy was in a recession, if we were embroiled in another Iraq-like or Vietnam-sort of war, and if Trump’s polls were below 40 percent, then the Democrats would just wait 13 months and defeat him at the polls.

But without a viable agenda and because they doubt they can stop Trump’s reelection bid, they feel they have no recourse but to impeach. If Trump were to be reelected, not a shred of Barack Obama’s “fundamental transformation” would be left, and the strict constructionist Supreme Court would haunt progressives for a quarter-century.

Why Impeachment Now?

The Democrats have exhausted every other mechanism for destroying Trump—and they are running out of time before November 2020 election.

Think of what we have witnessed since the 2016 election. Do we even remember charges that voting machines in the 2016 election were rigged, and the efforts to subvert Electoral College voting, or to invoke the Logan Act, the emoluments clause, and the 25th Amendment?

The “collusion” and “obstruction” fantasies of the Mueller investigation now seem like ancient history. So do the James Comey leaks, the palace coup of Andrew McCabe, the Trump tax records, the celebrity rhetoric about blowing up, shooting, stabbing, burning and variously killing off the president of the United States—along with the satellite frenzies of Stormy Daniels, Michael Avenatti, Charlottesville, Jussie Smollett, the Covington Kids, and the Kavanaugh hearings.

What is left but to try the new “Ukraine collusion”—especially given three other considerations?

First, volatile and always changing polls appearing to favor impeachment roughly reflect Trump’s own popularity (or lack of same). Around 45-46 percent of Americans do not want him impeached and about the same or slightly more say they do.

Second, the hard left-wing of the party might not yet control all the Democrats, but it does not matter because they are clearly younger, more energized, and better organized. And they want something to show for all their social media and photo-op grandstanding, given their socialist agenda is mysteriously moribund.

Third, House Speaker Nancy Pelosi (D-Calif.) is said to oppose impeachment on pragmatic grounds, but I am not sure that is right. It’s the equivalent of saying Senator Dianne Feinstein (D-Calif.) was opposed to the progressive character assassination of Brett Kavanaugh. Neither is or was true.

A better description would be that Pelosi and Feinstein simply go along with the perceived 51-plus percent surge of their party, and sit back gleefully watching the fireworks happen, willing to jump in or pull back depending on the atmospherics and polling. Impeachment, remember, will make the Kavanaugh hearings look like a seminar on etiquette, and so everything and anything can happen once dozens of unhinged leftists are unbound.

Be prepared for a half-dozen Christine Blasey Ford-type witnesses to pop up, and 20 or so unhinged Cory Booker-esque “I am Spartacus” performance acts, along with a whole slew of new Steele dossiers—all interspersed with breathless CNN bulletins announcing new fake news developments with “the walls are closing in” and “the end is near” prognostications. Rep. Adam Schiff (D-Calif.) is already reading fantasies to the House Intelligence Committee and passing them off as the text of Trump’s phone call to Ukraine’s new president. Only after he was called on such absurdities did he describe his performance as a parody.

Facts Won’t Matter that Much

The Left is hellbent on impeachment and the absence of a case won’t matter. They do not care if they will sow the wind and reap the whirlwind.

In the coming days, after all, we will probably learn that the whistleblower’s “Schiff dossier” was prepared by ex-Lawfare-type lawyers in service to House Democrats, who just needed a vessel to pass off the hit as a genuine cry of the heart, rather than a scripted attack with all the Steele dossier/Mueller report/Comey memo fingerprints: classification obfuscations, footnotes to liberal media hit pieces, pseudo-scholarly references to court cases, and lawsuit-avoiding, preemptive disclaimers about not actually possessing firsthand knowledge of any of the evidence, prepped hearsay, supposition, and the subjunctive and optative mood composition.

In a sane world, the impeachers would worry their charges that Trump forced Ukrainian President Vladimir Zelensky to investigate his possible 2020 Democratic opponent Joe Biden might boomerang. After all, Trump never actually cut off Ukrainian aid. Nor did he outline a quid pro quo deal. Essentially he is accused of unduly asking a foreign president to clamp down on corruption in his midst going back to 2016. So what? Especially if there is something more to the strange antics of Hunter Biden and CrowdStrike.

Biden’s problems are not such thought crimes, but are confirmed by his own boasting: that he used the clout of the United States to help his own family financially, by threatening to cut off U.S. aid unless a Ukrainian state prosecutor looking into his own son’s suspicious lobbying was fired within six hours. And in Biden’s own words, “Son of a bitch,” he was fired.

In contrast, Trump might have been all over the map in his call, but he kept the aid to Ukraine coming without demanding the scalp of any Ukrainian official. In some sense, Trump’s culpability boils down to one issue: progressives believe that in not-too-veiled a manner, he threatened a foreign government to start going after the Biden family without cause, whose patriarch Joe might be Trump’s 2020 election opponent.

The other half of the country believes that what is material is not Biden’s current transient electoral status (he is not now and may not be the Democratic nominee), but the fact that he was vice president of the United States when he used his office to threaten the loss of foreign aid to stop investigations of his son, who was using his father’s position to further his own profiteering.

Given that Trump denies any quid pro quo and his call supports that fact, while Biden, on the other hand, openly brags that he made threats which made the Ukrainian to cave (“in six hours”), one can draw one’s own conclusions.

For now, we await more documents—with caveats that the canny Ukrainians, for their own self-interest, will predicate their release of information on the likelihood of which party will win the 2020 election.

The Left hints it has lots of incriminating documents outlining a quid pro quo threat; conservatives suspect that Ukrainian and legal documents will show the prosecutor was neither unethical nor uninterested in Hunter Biden, but was fired precisely because he was not corrupt and very much concerned with Biden.

As far as precedent, there is a good recent example. Barack Obama got caught promising to consider cuts in Eastern-European-based missile defense if Vladimir Putin would give him some room during his reelection campaign.

Translated into Adam Schiff’s Mafiosi parody lingo: Putin would calm down on the international stage to make the U.S.-Russia “reset” look good, Obama would then get rid of Eastern-European missile defense, and Obama would get reelected in 2012.

And all three of those events transpired as planned—one can surmise whether any of the three would have happened without Obama compliance with Russian conditions. Remember, Obama’s quid pro quo was caught on a hot mic on the premise that what he said to Russian President Medvedev was never supposed to be heard. “On all these issues, but particularly missile defense, this can be solved,” Obama said. “But it’s important for him [Putin] to give me space . . . This is my last election. After my election I have more flexibility.”

Once that understanding was excused, and the media was mute about such collusion, can any notion of collusion as a crime still exist?

Conspiracy Theories

Finally, who are the winners in these impeachment psychodramas, both short-term and long-term?

Short-term, Trump may lose traction due to the media frenzy. He lost some of his ongoing momentum that had recently seen his polls steadily creeping up. He gave a fine speech at the United Nations and sounded presidential in his talks with foreign leaders—all overshadowed or now forgotten due to the impeachment psychodrama.

Trump’s critics have become emboldened, Left and Right. The Drudge Report has flip-flopped and is as anti-Trump as Vox or Slate. Many at National Review call for or anticipate impeachment without much regret. Likewise, some at Fox News—Shepard Smith, Andrew Napolitano, and Chris Wallace—are nonstop critics of Trump and hardly disguise their contempt.

The leftist media is on uppers, and completely ecstatic in moth-to-flame fashion, as if it were May 2017 again and Trump’s demise was a day away.

Because Joe Biden faces far more legal exposure than Trump, he is mentioned (if even to contextualize and exonerate him) in every news account of Ukraine. Whether or not Senator Elizabeth Warren (D-Mass.) or her erstwhile henchwoman, Kamala Harris (D-Calif.), was behind this gambit, does not matter. (Nothing much from either one had worked to slow down Biden in the last six months). Biden is simply not physically or mentally up to a year of cross-examination. And Hunter Biden is more unsteady than Joe and will thus be hard to locate.

We are starting to see the outlines of a progressive fantasy on the horizon: Biden will be sacrificed. The party will unite around Warren. The left-wing media narrative will be, “We took out one of our own, now it is your turn to depose Trump.” Chaos overload for two or three weeks might keep Trump’s polling low.

Long-term, however, Trump wins.

We still have a number of government audits coming from Michael Horowitz, John Durham, and John Huber—and the targets are not Trump. The Senate will not convict the president under any foreseeable circumstances. The full story of the whistleblower has not been told, but there are a lot of narratives to come about the sudden rules allowing hearsay, DNC involvement, and who knew far in advance about the complainant’s writ. Once the Democratic debates continue, the candidates’ screaming and hysterics return, and the impeachment hearings descend into a Kavanaugh-esque farce, the public will begin to get scared again by the Left’s shrieking Jacobins. Schiff’s “parody” is a small foretaste of what’s to come. Voters soon will surmise that the only thing between their 401k plans and socialism is Donald J. Trump.

Warren or her possible facsimile is a weaker candidate than even the enfeebled Biden. Her lack of viability will be of enormous advantage in NeverHillary-fashion to Trump. His fundraising, already ascendant, will hit the stratosphere. The idea that the new and old NeverTrumpers will be on the side of socialism will finally discredit them. Wall Street and Silicon Valley will keep trashing Trump, but privately write checks to stop Warren’s wealth tax that would be only the beginning of her Venezuelization of America.

So if Trump’s health holds out, if we don’t have a recession, if there is not an optional war, and Trump endures the next few weeks of 360-degree, 24/7 targeting, 2020 will be far more favorable than ever imaginable for him.

Voir enfin:

Monika Bickert, VP Global Product Management

Facebook

24 avril 2018

L’une des questions qui nous est le plus souvent posée concerne la manière dont nous décidons du type de contenu autorisé, ou pas, sur Facebook. Ces décisions sont parmi les plus importantes que nous prenons. Elles sont essentielles pour garantir que Facebook soit un endroit sûr et un espace où l’on peut discuter librement de différents points de vue. Depuis des années, nous avons des Standards de la Communauté qui expliquent ce qui est autorisé, ou pas, sur Facebook. Aujourd’hui, nous allons encore plus loin en publiant les directives internes que nos équipes utilisent pour faire respecter ces Standards. Et pour la première fois, nous vous offrons la possibilité de faire appel de nos décisions sur des contenus individuels, afin que vous puissiez demander un deuxième avis lorsque vous pensez que nous avons commis une erreur.

Nous avons décidé de publier ces directives internes pour deux raisons. Premièrement, elles aideront chacun à comprendre où nous plaçons la limite sur les questions complexes ou nuancées. Deuxièmement, en fournissant ces détails, il est plus facile pour tout le monde, y compris les experts dans différents domaines, de nous faire part de leurs observations, afin que nous puissions améliorer ces directives – ainsi que les décisions que nous prenons – au fil du temps.

Processus d’élaboration des politiques sur les contenus

L’équipe en charge des politiques de contenu de Facebook est responsable de l’élaboration de nos Standards de la Communauté. Nous avons des collaborateurs dans 11 bureaux à travers le monde, y compris des experts spécialisés dans des domaines tels que le terrorisme, l’incitation à la haine ou la protection de l’enfance. Nous sommes nombreux à avoir travaillé sur les questions d’expression et de sécurité bien avant notre arrivée chez Facebook. J’ai, pour ma part, travaillé de la sécurité des enfants à la lutte contre le terrorisme lorsque j’étais procureur général. L’équipe comprend par exemple une ancienne conseillère en matière de viol, une universitaire spécialisée dans les organisations haineuses, une avocate des droits de la personne et une enseignante. Chaque semaine, notre équipe sollicite l’avis d’experts et d’organisations extérieures à Facebook afin de mieux comprendre les différents points de vue sur la sécurité et l’expression, ainsi que l’impact de nos politiques sur les différentes communautés dans le monde.

Sur la base de ces observations et des évolutions des normes sociales et des langues, nos Standards évoluent au fil du temps. Ce qui n’a pas changé, et qui ne changera pas, ce sont les principes fondamentaux de sécurité, de participation et d’équité sur lesquels se fondent ces Standards. Pour initier des conversations et construire des liens, les gens ont besoin de savoir qu’ils sont en sécurité. Facebook devrait également être un lieu où les gens peuvent exprimer librement leurs opinions, même si certaines personnes pourraient trouver ces opinions répréhensibles. C’est pourquoi l’équité est un principe si important : nous visons à appliquer ces normes de manière cohérente et équitable à toutes les communautés et à toutes les cultures. Nous exposons explicitement ces principes dans le préambule des Standards, en expliquant la raison d’être de chaque politique.

Application de nos politiques

L’efficacité de nos politiques dépend de la force et de l’exactitude de leur application, et leur mise en œuvre n’est pas toujours parfaite.

L’un des défis consiste à identifier les violations potentielles de nos Standards afin que nous puissions les examiner. La technologie nous aide. Nous utilisons une combinaison d’intelligence artificielle et de signalement de notre communauté d’utilisateurs pour identifier les messages, images ou autres contenus susceptibles de violer nos Standards de la Communauté. Ces signalement sont examinés par notre équipe en charge de l’application des Standards de la Communauté, qui travaille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, dans plus de 40 langues. À l’heure actuelle, nous nous appuyons sur plus de 7 500 vérificateurs de contenu – plus de 40 % par rapport à la même période l’an dernier.

Un autre défi consiste à appliquer avec précision nos politiques aux contenus qui nous a été signalé. Dans certains cas, nous commettons des erreurs parce que nos politiques ne sont pas suffisamment claires pour nos vérificateurs de contenu ; lorsque c’est le cas, nous nous efforçons de combler ces lacunes. Nous commettons parfois des erreurs car nos processus font appel à des individus, et chacun sait que l’erreur est humaine.

Recours

Nous savons que nous devons faire plus. C’est la raison pour laquelle, au cours de l’année à venir, nous allons donner aux gens la possibilité de faire appel de nos décisions. Dans un premier temps, nous allons lancer des procédures de recours pour les messages qui ont été retirés pour cause de nudité ou d’activité sexuelle, d’incitation à la haine et à la violence.

Voici comment fonctionne ce processus :

  • Si votre photo, vidéo ou message a été retiré(e) pour infraction à nos Standards de la Communauté, vous serez averti et aurez la possibilité d’effectuer une demande de révision supplémentaire.
  • Cette requête mènera à une révision par notre équipe (toujours par une personne), généralement sous 24 heures.
  • Si nous avons fait une erreur, nous vous en informerons et votre post, photo ou vidéo sera restauré.

Nous nous efforçons d’étendre ce processus en soutenant davantage de types d’infractions, en donnant aux gens l’occasion de fournir plus de contexte qui pourrait nous aider à prendre la bonne décision, et la mise à disposition du recours non seulement pour le contenu qui a été retiré mais aussi pour le contenu qui a été signalé et laissé. Nous croyons que le fait de donner à chacun la possibilité de participer au processus est un autre élément essentiel à la mise en place d’un système équitable.

Participation et contribution de la communauté

Nos efforts pour expliquer, améliorer et affiner nos Standards de la Communauté dépendent de la participation et de la contribution de gens du monde entier. En mai, nous lancerons les Forums Facebook, une série d’événements publics de dialogue et de débat autour des Standards de la Communauté, organisés en Allemagne, France, au Royaume-Uni, en Inde, à Singapour, aux Etats-Unis et dans d’autres pays afin de recueillir les commentaires des utilisateurs. Nous partagerons plus de détails sur ces initiatives au fur et à mesure que nous les finaliserons.

Comme l’a souligné notre PDG Mark Zuckerberg au début de l’année : « Nous n’empêcherons pas toutes les erreurs ou les abus, mais nous commettons actuellement trop d’erreurs en appliquant nos politiques et en empêchant l’utilisation abusive de nos outils ». La publication de nos directives internes aujourd’hui, ainsi que l’élargissement de notre processus de recours, nous permettra de nous améliorer au fil du temps. Ce sont des questions complexes et nous sommes engagés à faire mieux.

Retrouvez le texte des Standards de la Communauté détaillés ici : https://www.facebook.com/communitystandards


FAQ

  • Avez-vous modifié l’une de vos politiques avec cette mise à jour ?

Ce que nous partageons aujourd’hui n’est pas nouveau ; cela reflète des Standards qui sont en place depuis longtemps. Cependant, pour la première fois, nous publions l’ensemble de directives internes d’application des Standards de la Communauté sur lesquels nos vérificateurs de contenu s’appuient pour prendre des décisions sur ce qui est autorisé ou non sur Facebook.

Il est important de noter que nos normes évoluent. Dans certains cas, les changements sont provoqués par des retours que nous recevons de parties prenantes externes. Dans d’autres, nous apportons des changements pour tenir compte de la façon dont le langage est utilisé. Dans d’autres encore, un changement est nécessaire en raison d’une lacune dans la politique existante. Ce processus se poursuivra, ainsi que les mises à jour de nos Standards.

Nous partagerons ces mises à jour publiquement et publierons des archives consultables afin que les gens puissent suivre les changements au fil du temps.

  • S’agit-il des mêmes directives que celles que vos vérificateurs utilisent ? Avez-vous enlevé quelque chose ?

Oui. À compter d’aujourd’hui, nos Standards de la Communauté externes reflètent étroitement nos directives internes d’application. Vous nous avez dit que vous ne comprenez pas nos politiques ; c’est notre responsabilité de fournir de la clarté. Il s’agit d’un effort pour expliquer où nous plaçons les limites quand il s’agit de contenu sur Facebook. Nous espérons que cette publication invite et encourage un échange qui nous aide à peaufiner et à améliorer nos politiques.

  • Vous dites que vous travaillez avec des experts. Qui sont-ils ?

Nous travaillons avec des experts du monde entier, notamment des universitaires, des organisations non-gouvernementales, des chercheurs et des juristes. Ces personnes et organisations représentent la diversité de pensée, d’expérience et de parcours. Ils apportent une contribution inestimable lorsque nous réfléchissons à la révision de nos politiques et nous aident à mieux comprendre l’impact de nos politiques.

En ce qui concerne le discours de haine, par exemple, nous avons travaillé avec Timothy Garton Ash, professeur à l’Université d’Oxford, qui a créé le Free Speech Debate (Débat sur la liberté d’expression) pour examiner ces questions sur une base interculturelle. De même, dans le cadre de l’élaboration de nos politiques visant à protéger les personnes contre l’exploitation sexuelle, nous avons réuni plus de 150 organisations et experts en sécurité dans des pays du monde entier, dont les États-Unis, le Kenya, l’Inde, l’Irlande, l’Espagne, la Turquie, la Suède et les Pays-Bas.

  • Comment assurez-vous la cohérence au sein de vos équipes de vérificateurs et vous protégez-vous contre les préjugés et les erreurs humaines ?

Nos Standards de la Communauté sont mondiaux, et tous les vérificateurs utilisent les directives que nous avons publiées aujourd’hui pour prendre des décisions. Ils suivent une formation approfondie dans le cadre de leur processus d’intégration et sont formés et testés à intervalles réguliers par la suite.

Nous sommes extrêmement prescriptifs dans l’élaboration de nos politiques, et nous essayons de rédiger des politiques qui permettent de distinguer clairement les contenus qui violent nos Standards et ceux qui les respectent, afin de rendre le processus de prise de décision pour les vérificateurs aussi objectif que possible. Nos vérificateurs bénéficient de mécanismes de contrôle de la qualité, et d’une équipe de management vers laquelle ils peuvent se tourner pour obtenir des conseils. Nous vérifions également l’exactitude des décisions des vérificateurs sur une base hebdomadaire. Lorsque des erreurs sont commises, nous assurons un suivi auprès des membres de l’équipe afin d’éviter qu’elles se reproduisent.

Même avec nos audits de qualité, nous savons que nous pouvons faire des erreurs. C’est pourquoi nous avons donné aux gens la possibilité de faire appel de nos décisions lorsque nous avons retiré leur profil, Page ou Groupe. Au cours de l’année, nous allons étendre la capacité des gens de faire appel de nos décisions. Dans un premier temps, nous lançons des recours pour des contenus retirés pour nudité ou activité sexuelle, discours de haine et violence, afin que les gens puissent nous faire savoir quand ils pensent que nous avons fait une erreur.

  • Pourriez-vous m’en dire plus sur les Forums Facebook ? Avez-vous déjà organisé de tels événements avant ?

Nous faisons de notre mieux pour recueillir des commentaires externes de différentes façons. Les Forums Facebook sont un format que nous n’avons jamais essayé auparavant, et nous sommes impatients d’écouter et d’apprendre de notre communauté. La structure de l’événement variera selon la ville dans laquelle nous nous trouvons, et nous avons hâte de partager plus de détails prochainement.

Voir par ailleurs:

Satire or Deceit? Christian Humor Site Feuds With Snopes
The Babylon Bee says Snopes went too far in fact-checking a satirical story. Snopes had suggested the Bee twisted its joke to deceive readers.
Niraj Chokshi
NYT
Aug. 3, 2019

It’s a fake-news feud made for 2019.

On one side is Snopes, the influential fact-checking website founded 25 years ago.

On the other is the Babylon Bee, an upstart Christian satirical website that lampoons progressive ideas, Democrats, Christians and President Trump.

They are fighting over how Snopes characterizes stories published by the Bee, which says Snopes has veered from its fact-checking mission by suggesting that the satirical site may be twisting its jokes to deceive readers.

“The reason we have to take it seriously is because social networks, which we depend on for our traffic, have relied upon fact-checking sources in the past to determine what’s fake news and what isn’t,” Seth Dillon, the Bee’s chief executive, said in an interview on Thursday with Shannon Bream of Fox News.

“In cases where they’re calling us fake news and lumping us in with them rather than saying this is satire, that could actually damage us,” he added. “It could put our business in jeopardy.”

Indeed, the line between misinformation and satire can be thin, and real consequences can result when it is crossed. On social media, parody can be misconstrued or misrepresented as it moves further and further from its source. And humor has been weaponized to help spread falsehoods online.

About two weeks ago, the Bee published an article that it thought was clearly satire. The piece, headlined “Georgia Lawmaker Claims Chick-Fil-A Employee Told Her To Go Back To Her Country, Later Clarifies He Actually Said ‘My Pleasure’,” was a parody of a real controversy involving a claim of racism, a counterclaim and a fair amount of outrage.

Soon after, Snopes, which investigates assertions based on their popularity or after requests from readers, published a fact check of that article that called its intent into question.

Mr. Dillon said the Bee was so frustrated by the way that Snopes had characterized its work that it had retained a law firm, but he did not say whether any legal action had been taken. David Mikkelson, a founder of Snopes, said he received a letter from a Bee lawyer complaining about the fact check, but was unaware of any legal action.

Mr. Mikkelson disputed the suggestion that his website had a political motive for fact-checking the Bee, but acknowledged that the piece in question, which has since been updated, had been poorly phrased.

“The article that people were focusing on was not worded very well,” he said. “That’s our bad. We need to own that.”

He added that Snopes was not trying to discredit the Bee. “That’s not our intent and if we have conveyed that intent, then I apologize for that,” he said.

This week, a Bee piece satirizing the episode — titled “Snopes Issues Pre-Approval Of All Statements Made During Tonight’s Democratic Debate” — became the top-performing article on Facebook related to the topic “democratic debate,” according to BuzzSumo, a social media analysis company, as first reported by BuzzFeed.

Some conservatives said the Bee’s experience revealed political bias at Snopes. But in Mr. Mikkelson’s view, Snopes is now subject to the very kind of attack it has been accused of carrying out.

“It’s now been spun into this ridiculous conspiracy theory that seems pretty contrived to gin up outrage” and clicks, he said.

The story of the feud began with a viral Facebook post July 19 in which Erica Thomas, a Georgia state representative, said she had been told by a white man at a grocery store to “go back” to where she came from. The man later came forward, identified himself as a Democrat and disputed her account, fueling outrage on the right by those who believe reports of racism are overblown.

The Bee published its parody of the events July 22. Two days later, Snopes published its fact check of that article.

The original Snopes piece included the subheadline, “we’re not sure if fanning the flames of controversy and muddying the details of a news story classify an article as ‘satire.’” It called the Bee story a “ruse” and suggested it had been published “in an apparent attempt to maximize the online indignation.”

That language has since been removed “for tone and clarity,” according to an editors’ note atop the piece. Snopes, it says, is working to create standards for how to address humor and satire.

On Twitter, Adam Ford, the founder of the Bee, described the Snopes article as a “hit piece.” He also complained that Snopes had not been as critical in another fact-check of a piece from The Onion, a satirical website that, despite its fame and absurdist articles, continues to fool unsuspecting readers.

“A clumsy mistake or an incompetent writer are insufficient explanations for publishing something like this when you position yourself as an unbiased, stalwart arbiter of truth and presume to wield the influence that comes along with that title,” he wrote.

In a recent newsletter, the Bee said a past Snopes fact-check had prompted Facebook, which was then in a fact-checking partnership with Snopes, to “threaten us with limitations and demonetization.” Facebook eventually acknowledged the mistake and said the Bee piece — about CNN buying industrial washing machines to “spin” news — “should not have been rated false in our system.”

Snopes pulled out of the Facebook partnership in February, but some critics of the recent fact-check have argued that Snopes’s actions could still affect the Bee’s Facebook presence, a suggestion Mr. Mikkelson disputes.

“We have absolutely no ability to demonetize, deplatform, blacklist anybody,” he said. “We have no means to stop anyone from publishing on a particular platform or to limit their reach.”

Snopes determines what to cover based on reader input via email, Facebook and Twitter as well as what’s trending on Google, social media and its own website searches. As a result, it often covers claims and satire that, to many, may seem obviously false or intentionally humorous.

“Some people just don’t get or are not very good at recognizing uses of sarcasm or irony or archness,” Mr. Mikkelson said.

In the Fox News appearance, Mr. Dillon, the Bee chief executive, seemed to acknowledge that.

“There’s people who aren’t familiar with us who are seeing our stuff,” he said. “So if they want to fact-check it, fine. You can rate it false, you can rate it satire, ideally, and just say ‘Hey, this came from the Bee, it’s obviously satire, they’re a well-known satire publication.’ That would be as far as it needs to go.”

Voir par ailleurs:

WHAT UKRAINIAN INTERFERENCE ? (What if the Financial Times ran a story about a Russian government bureau and lawmaker leaking documents that directly resulted in the ouster of the Clinton campaign manager ?)

The Full Scope of Ukraine’s Impact on the 2016 Election Has Yet to Be Examined

Vulnerabilities in US election security need attention, and Ukraine’s 2016 impact could be instructive.

The United States has not even grappled with the full scope of Ukraine’s impact on the 2016 election. Earlier this year, I broke down Trump and Rudy Giuliani’s allegation that Biden forced Kiev to fire a corrupt prosecutor in order to protect his son Hunter. (As I and nearly every other Ukraine watcher pointed out, Giuliani’s claim is meritless.) But Ukraine did play a significant factor in the 2016 election: the exposure of Paul Manafort’s corruption. Of course, Manafort, who is currently serving time in prison, is legendarily corrupt. But the larger question is how to handle the fact that, in helping to expose his corruption, Ukrainian entities shaped the course of an American election. Ukraine’s role in the 2016 race is undeniable: In the summer of 2016, Kiev’s release of the so-called “black ledger” resulted in Manafort’s ouster from the Trump campaign. The actions of foreign actors—however well-intentioned—directly impacted an American election. One would imagine Washington media and lawmakers—who spent three years combing through every aspect of Moscow’s interference in our election—might direct similar attention to Kiev’s impact. Yet the Ukrainian angle barely made headlines. If we want to get serious about safeguarding our electoral process from all foreign actors, not just Moscow-based ones, it’s time to examine Ukraine as well.
On August 14, 2016, The New York Times published a bombshell about what would become known as the “black ledger”—a handwritten document alleging millions of off-the-books payments to Manafort by the Party of Regions, led by his former client Viktor Yanukovych, the ousted pro-Russian president of Ukraine. The Times received the ledger from the National Anti-Corruption Bureau of Ukraine (NABU), an independent government agency. The story rocked the 2016 election, given Manafort’s position as head of Trump’s campaign. The Hillary Clinton campaign immediately seized on it as proof that Manafort—and therefore Trump—was tied to Yanukovych and the Kremlin. Four days later, the Times ran a follow-up story, based on more details released by NABU and publicity by Serhei Leshchenko, a member of the Ukrainian parliament, who told the Times he’d studied the ledger. The next day, Manafort resigned from Trump’s campaign.
Two weeks later, the Financial Times did a story about Ukraine’s takedown of Manafort, including quotes from Leshchenko and Western analysts. “The prospect of Mr Trump, who has praised Ukraine’s arch-enemy Vladimir Putin, becoming leader of the country’s biggest ally,” it began, “has spurred not just Mr Leshchenko but Kiev’s wider political leadership to do something they would never have attempted before: intervene, however indirectly, in a US election.” “Mr Leshchenko and other political actors in Kiev say they will continue their efforts to prevent a candidate…from reaching the summit of American political power,” the story went on.
Reading the article in 2019, after three years of nonstop coverage about overseas meddling in US democracy, is stunning. Here is an established Western outlet calmly discussing successful foreign influence of an American presidential campaign as a neat little coup, a bit of gutsy international derring-do. Calling the intervention “indirect” is a bit generous, as well. Manafort was ousted based on handwritten pieces of paper—the story would’ve never gone anywhere without NABU and Leshchenko’s vouching for the ledger’s authenticity. That’s as direct as it gets.
Of course, all this occurred in August of 2016, when the prospect of a Trump presidency was seen as inconceivable. After Trump’s election, Leshchenko and NABU frantically denied their intent to damage the Trump campaign, claiming the ledger was publicized solely because of their concern to stamp out corruption and had nothing to do with US politics.
“My desire to expose Manafort’s doings was motivated by the desire for justice,” wrote Leschenko in a recent Washington Post op-ed. “Neither Hillary Clinton nor Joe Biden, nor John Podesta, nor George Soros asked me to publish the information from the black ledger.”
Ukrainians certainly had every reason to expose Manafort’s corruption, and the man’s subsequent trial showed there was an enormous amount to expose. But Ukraine’s efforts also happened to coincide with—and have an immediate impact on—an American campaign. And yet, despite this information’s being available in English, and published by established Western media, we’ve had almost no debate about its implications.
To understand just how astounding that is, simply imagine if the situation were reversed. Imagine the Financial Times ran a story about a Russian government bureau and lawmaker leaking documents that directly resulted in the ouster of the Clinton campaign manager. Even if everything exposed by Russia were true, it’d still be a major scandal.
None of this is to say we should ignore the Kremlin’s election meddling or Trump’s current attempt to coerce Ukraine into investigating Biden. These are extraordinarily serious issues—but so is Ukraine’s impact in 2016.
It seems many Americans are under the mistaken assumption that the moment Trump leaves office, things will return to normal. They won’t. If anything, the 2016 election let the devil out of the box—other actors in other nations surely took notice of the ease with which a handful of individuals in Ukraine were able to influence an American campaign. There will be more of this. Some may be in good faith; some will not.
It is impossible to say we’re taking foreign interference seriously until the media, lawmakers, and political activists have an honest conversation about the new norms. And that involves looking not only at Trump and Russia, but at Ukraine as well.
Voir enfin:

Ukraine’s leaders campaign against ‘pro-Putin’ Trump

Fears over effect Republican’s victory would have on US policy towards Kiev
For years, Serhiy Leshchenko, a top Ukrainian anti-corruption campaigner, worked to expose kleptocracy under former president Viktor Yanukovich. Now, he is focusing on a new perceived pro-Russian threat to Ukraine: US presidential candidate Donald Trump.
The prospect of Mr Trump, who has praised Ukraine’s arch-enemy Vladimir Putin, becoming leader of the country’s biggest ally has spurred not just Mr Leshchenko but Kiev’s wider political leadership to do something they would never have attempted before: intervene, however indirectly, in a US election.
Mr Leshchenko and Ukraine’s anti-corruption bureau published a secret ledger this month that authorities claim show millions of dollars of off-the-book cash payments to Paul Manafort, Mr Trump’s campaign director, while he was advising Mr Yanukovich’s Regions party from 2005.
Mr Manafort, who vigorously denies wrongdoing, subsequently resigned from his campaign role. But Mr Leshchenko and other political actors in Kiev say they will continue their efforts to prevent a candidate — who recently suggested Russia might keep Crimea, which it annexed two years ago — from reaching the summit of American political power.
“A Trump presidency would change the pro-Ukrainian agenda in American foreign policy,” Mr Leshchenko, an investigative journalist turned MP, told the Financial Times. “For me it was important to show not only the corruption aspect, but that he is [a] pro-Russian candidate who can break the geopolitical balance in the world.”
Mr Trump’s rise has led to a new cleavage in Ukraine’s political establishment. Hillary Clinton, the Democratic nominee, is backed by the pro-western government that took power after Mr Yanukovich was ousted by street protests in 2014. The former Yanukovich camp, its public support sharply diminished, leans towards Mr Trump.
If the Republican candidate loses in November, some observers suggest Kiev’s actions may have played at least a small role.
“Ukraine’s anti-corruption activists have probably saved the Western world,” Anton Shekhovtsov, a western-based academic specialising in Russia and Ukraine, tweeted after Mr Manafort resigned.
Concerns about Mr Trump rocketed in Kiev when he hinted some weeks ago he might recognise Russia’s claim to Crimea, suggesting “the people of Crimea, from what I’ve heard, would rather be with Russia than where they were”.
Natalie Jaresko, a US-born Ukrainian and former State Department official who served for a year as Ukraine’s finance minister, fired off a volley of tweets to US officials. In one, she challenged former Republican presidential candidate John McCain: “Please assure us you disagree with statement on Crimea/Ukraine. Trump’s lies not position of free world, inc Rep party.”
On Facebook, Arseny Yatseniuk, the former prime minister, warned that Mr Trump had “challenged the very values of the free world”. Arsen Avakov, interior minister, called the candidate’s statement the “diagnosis of a dangerous marginal”.
Ukrainian politicians were also angered by the Trump team’s alleged role in removing a reference to providing arms to Kiev from the Republican party platform at its July convention.
Adrian Karatnycky, a senior fellow at Washington’s Atlantic Council think-tank, said it was “no wonder that some key Ukrainian political figures are getting involved to an unprecedented degree in trying to weaken the Trump bandwagon”.
Kiev moved beyond verbal criticism when Ukraine’s national anti-corruption bureau and Mr Leshchenko — who has a reputation for being close to the bureau — published the ledger showing alleged payments to Mr Manafort last week.
The revelations provoked fury among former Regions party backers. Asked by telephone about Mr Manafort’s activities in Ukraine, a former Yanukovich loyalist now playing a lead role in the Regions party’s successor, called Opposition Bloc, let loose a string of expletives. He accused western media of “working in the interests of Hillary Clinton by trying to bring down Trump”.
Though most Ukrainians are disillusioned with the country’s current leadership for stalled reforms and lacklustre anti-corruption efforts, Mr Leshchenko said events of the past two years had locked Ukraine on to a pro-western course. The majority of Ukraine’s politicians, he added, are “on Hillary Clinton’s side”.

Réseaux sociaux: Facebook confirme Girard (Universal theater of envy: Welcome to the brave new world of mimetic desire that social media has now brought to our personal computers !)

31 décembre, 2018

Facebook could trigger envy, depression – new study - YouTube

Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain. Exode 20: 17
Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. Jésus (Matthieu 10 : 34-36)
Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. Jésus (Matthieu 25: 40)
Comme par une seule offense la condamnation a atteint tous les hommes, de même par un seul acte de justice la justification qui donne la vie s’étend à tous les hommes. (…) Là où le péché abonde, la grâce surabonde. Paul (Romains 5 : 18-20)
Les envieux mourront, mais non jamais l’envie. Molière (Tartuffe, V, III)
Il ne faut pas dissimuler que les institutions démocratiques développent à un très haut niveau le sentiment de l’envie dans le coeur humain. Ce n’est point tant parce qu’elle offrent à chacun les moyens de s’égaler aux autres, mais parce que ces moyens défaillent sans cesse à ceux qui les emploient. Les institutions démocratiques réveillent et flattent la passion de l’égalité sans pouvoir jamais la satisfaire entièrement. Cette égalité complète s’échappe tous les jours des mains du peuples au moment où il croit la saisir, et fuit, comme dit Pascal, d’une fuite éternelle; le peuple s’échauffe à la recherche de ce bien d’autant plus précieux qu’il est assez proche pour être connu et assez loin pour ne pas être goûté. Tout ce qui le dépasse par quelque endroit lui paraît un obstacle à ses désirs, et il n’y a pas de supériorité si légitime dont la vue ne fatigue ses yeux. Tocqueville
Il y a en effet une passion mâle et légitime pour l’égalité qui excite les hommes à vouloir être tous forts et estimés. Cette passion tend à élever les petits au rang des grands ; mais il se rencontre aussi dans le cœur humain un goût dépravé pour l’égalité, qui porte les faibles à vouloir attirer les forts à leur niveau, et qui réduit les hommes à préférer l’égalité dans la servitude à l’inégalité dans la liberté. Tocqueville
La même force culturelle et spirituelle qui a joué un rôle si décisif dans la disparition du sacrifice humain est aujourd’hui en train de provoquer la disparition des rituels de sacrifice humain qui l’ont jadis remplacé. Tout cela semble être une bonne nouvelle, mais à condition que ceux qui comptaient sur ces ressources rituelles soient en mesure de les remplacer par des ressources religieuses durables d’un autre genre. Priver une société des ressources sacrificielles rudimentaires dont elle dépend sans lui proposer d’alternatives, c’est la plonger dans une crise qui la conduira presque certainement à la violence. Gil Bailie
Si le Décalogue consacre son commandement ultime à interdire le désir des biens du prochain, c’est parce qu’il reconnaît lucidement dans ce désir le responsable des violences interdites dans les quatre commandements qui le précèdent. Si on cessait de désirer les biens du prochain, on ne se rendrait jamais coupable ni de meurtre, ni d’adultère, ni de vol, ni de faux témoignage. Si le dixième commandement était respecté, il rendrait superflus les quatre commandements qui le précèdent. Au lieu de commencer par la cause et de poursuivre par les conséquences, comme ferait un exposé philosophique, le Décalogue suit l’ordre inverse. Il pare d’abord au plus pressé: pour écarter la violence, il interdit les actions violentes. Il se retourne ensuite vers la cause et découvre le désir inspiré par le prochain. René Girard
Si Jésus ne parle jamais en termes d’interdits et toujours en termes de modèles et d’imitation, c’est parce qu’il tire jusqu’au bout la leçon du dixième commandement. Ce n’est pas par narcissisme qu’il nous recommande de l’imiter lui-même, c’est pour nous détourner des rivalités mimétiques. Sur quoi exactement l’imitation de Jésus-Christ doit-elle porter ? Ce ne peut pas être sur ses façons d’être ou ses habitudes personnelles : il n’est jamais question de cela dans les Evangiles. Jésus ne propose pas non plus une règle de vie ascétique au sens de Thomas a Kempis et de sa célèbre Imitation de Jésus-Christ, si admirable que soit cet ouvrage. Ce que Jésus nous invite à imiter c’est son propre désir, c’est l’élan qui le dirige lui, Jésus, vers le but qu’il s’est fixé : ressembler le plus possible à Dieu le Père. L’invitation à imiter le désir de Jésus peut sembler paradoxale car Jésus ne prétend pas posséder de désir propre, de désir « bien à lui ». Contrairement à ce que nous prétendons nous-mêmes, il ne prétend pas « être lui-même », il ne se flatte pas de « n’obéir qu’à son propre désir ». Son but est de devenir l’image parfaite de Dieu. Il consacre donc toutes ses forces à imiter ce Père. En nous invitant à l’imiter lui, il nous invite à imiter sa propre imitation. Loin d’être paradoxale, cette invitation est plus raisonnable que celle de nos gourous modernes. Ceux-ci nous invitent tous à faire le contraire de ce qu’ils font eux-mêmes, ou tout au moins prétendent faire. Chacun d’eux demande à ses disciples d’imiter en lui le grand homme qui n’imite personne. Jésus, tout au contraire, nous invite à faire ce qu’il fait lui-même, à devenir tout comme lui un imitateur de Dieu le Père. Pourquoi Jésus regarde-t-il le Père et lui-même comme les meilleurs modèles pour tous les hommes ? Parce que ni le Père ni le Fils ne désirent avidement, égoïstement. Dieu « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons ». Il donne aux hommes sans compter, sans marquer entre eux la moindre différence. Il laisse les mauvaises herbes pousser avec les bonnes jusqu’au temps de la moisson. Si nous imitons le désintéressement divin, jamais le piège des rivalités mimétiques ne se refermera sur nous. C’est pourquoi Jésus dit aussi : « Demandez et l’on vous donnera… » Lorsque Jésus déclare que, loin d’abolir la Loi, il l’accomplit, il formule une conséquence logique de son enseignement. Le but de la Loi, c’est la paix entre les hommes. Jésus ne méprise jamais la Loi, même lorsqu’elle prend la forme des interdits. A la différence des penseurs modernes, il sait très bien que, pour empêcher les conflits, il faut commencer par les interdits. L’inconvénient des interdits, toutefois, c’est qu’ils ne jouent pas leur rôle de façon satisfaisante. Leur caractère surtout négatif, saint Paul l’a bien vu, chatouille en nous, forcément, la tendance mimétique à la transgression. La meilleure façon de prévenir la violence consiste non pas à interdire des objets, ou même le désir rivalitaire, comme fait le dixième commandement, mais à fournir aux hommes le modèle qui, au lieu de les entraîner dans les rivalités mimétiques, les en protégera. (…) Loin de surgir dans un univers exempt d’imitation, le commandement d’imiter Jésus s’adresse à des êtres pénétrés de mimétisme. Les non-chrétiens s’imaginent que, pour se convertir, il leur faudrait renoncer à une autonomie que tous les hommes possèdent naturellement, une autonomie dont Jésus voudrait les priver. En réalité, dès que nous imitons Jésus, nous nous découvrons imitateurs depuis toujours. Notre aspiration à l’autonomie nous agenouillait devant des êtres qui, même s’ils ne sont pas pires que nous, n’en sont pas moins de mauvais modèles en ceci que nous ne pouvons pas les imiter sans tomber avec eux dans le piège des rivalités inextricables. (…) Même si le mimétisme du désir humain est le grand responsable des violences qui nous accablent, il ne faut pas en conclure que le désir mimétique est mauvais. Si nos désirs n’étaient pas mimétiques, ils seraient à jamais fixés sur des objets prédéterminés, ils seraient une forme particulière d’instinct. Les hommes ne pourraient pas plus changer de désir que les vaches dans un pré. Sans désir mimétique il n’y aurait ni liberté ni humanité. Le désir mimétique est intrinsèquement bon. L’homme est cette créature qui a perdu une partie de son instinct animal pour accéder à ce qu’on appelle le désir. Une fois leurs besoins naturels assouvis, les hommes désirent intensément, mais ils ne savent pas exactement quoi car aucun instinct ne les guide. Ils n’ont pas de désir propre. Le propre du désir est de ne pas être propre. Pour désirer vraiment, nous devons recourir aux hommes qui nous entourent, nous devons leur emprunter leurs désirs. Cet emprunt se fait souvent sans que ni le prêteur ni l’emprunteur s’en aperçoivent. Ce n’est pas seulement leur désir qu’on emprunte à ceux qu’on prend pour modèles c’est une foule de comportements, d’attitudes, de savoirs, de préjugés, de préférences, etc., au sein desquels l’emprunt le plus lourd de conséquences, le désir, passe souvent inaperçu. La seule culture vraiment nôtre n’est pas celle où nous sommes nés, c’est la culture dont nous imitons les modèles à l’âge où notre puissance d’assimilation mimétique est la plus grande. Si leur désir n’était pas mimétique, si les enfants ne choisissaient pas pour modèles, forcément, les êtres humains qui les entourent, l’humanité n’aurait ni langage ni culture. Si le désir n’était pas mimétique, nous ne serions ouverts ni à l’humain ni au divin. C’est dans ce dernier domaine, nécessairement, que notre incertitude est la plus grande et notre besoin de modèles le plus intense. René Girard (Je vois Satan tomber comme l’éclair)
Nous sommes encore proches de cette période des grandes expositions internationales qui regardait de façon utopique la mondialisation comme l’Exposition de Londres – la « Fameuse » dont parle Dostoievski, les expositions de Paris… Plus on s’approche de la vraie mondialisation plus on s’aperçoit que la non-différence ce n’est pas du tout la paix parmi les hommes mais ce peut être la rivalité mimétique la plus extravagante. On était encore dans cette idée selon laquelle on vivait dans le même monde: on n’est plus séparé par rien de ce qui séparait les hommes auparavant donc c’est forcément le paradis. Ce que voulait la Révolution française. Après la nuit du 4 août, plus de problème ! René Girard
L’erreur est toujours de raisonner dans les catégories de la « différence », alors que la racine de tous les conflits, c’est plutôt la « concurrence », la rivalité mimétique entre des êtres, des pays, des cultures. La concurrence, c’est-à-dire le désir d’imiter l’autre pour obtenir la même chose que lui, au besoin par la violence. Sans doute le terrorisme est-il lié à un monde « différent » du nôtre, mais ce qui suscite le terrorisme n’est pas dans cette « différence » qui l’éloigne le plus de nous et nous le rend inconcevable. Il est au contraire dans un désir exacerbé de convergence et de ressemblance. (…) Ce qui se vit aujourd’hui est une forme de rivalité mimétique à l’échelle planétaire. Lorsque j’ai lu les premiers documents de Ben Laden, constaté ses allusions aux bombes américaines tombées sur le Japon, je me suis senti d’emblée à un niveau qui est au-delà de l’islam, celui de la planète entière. Sous l’étiquette de l’islam, on trouve une volonté de rallier et de mobiliser tout un tiers-monde de frustrés et de victimes dans leurs rapports de rivalité mimétique avec l’Occident. Mais les tours détruites occupaient autant d’étrangers que d’Américains. Et par leur efficacité, par la sophistication des moyens employés, par la connaissance qu’ils avaient des Etats-Unis, par leurs conditions d’entraînement, les auteurs des attentats n’étaient-ils pas un peu américains ? On est en plein mimétisme.Ce sentiment n’est pas vrai des masses, mais des dirigeants. Sur le plan de la fortune personnelle, on sait qu’un homme comme Ben Laden n’a rien à envier à personne. Et combien de chefs de parti ou de faction sont dans cette situation intermédiaire, identique à la sienne. Regardez un Mirabeau au début de la Révolution française : il a un pied dans un camp et un pied dans l’autre, et il n’en vit que de manière plus aiguë son ressentiment. Aux Etats-Unis, des immigrés s’intègrent avec facilité, alors que d’autres, même si leur réussite est éclatante, vivent aussi dans un déchirement et un ressentiment permanents. Parce qu’ils sont ramenés à leur enfance, à des frustrations et des humiliations héritées du passé. Cette dimension est essentielle, en particulier chez des musulmans qui ont des traditions de fierté et un style de rapports individuels encore proche de la féodalité. (…) Cette concurrence mimétique, quand elle est malheureuse, ressort toujours, à un moment donné, sous une forme violente. A cet égard, c’est l’islam qui fournit aujourd’hui le ciment qu’on trouvait autrefois dans le marxisme.  René Girard
Notre monde est de plus en plus imprégné par cette vérité évangélique de l’innocence des victimes. L’attention qu’on porte aux victimes a commencé au Moyen Age, avec l’invention de l’hôpital. L’Hôtel-Dieu, comme on disait, accueillait toutes les victimes, indépendamment de leur origine. Les sociétés primitives n’étaient pas inhumaines, mais elles n’avaient d’attention que pour leurs membres. Le monde moderne a inventé la « victime inconnue », comme on dirait aujourd’hui le « soldat inconnu ». Le christianisme peut maintenant continuer à s’étendre même sans la loi, car ses grandes percées intellectuelles et morales, notre souci des victimes et notre attention à ne pas nous fabriquer de boucs émissaires, ont fait de nous des chrétiens qui s’ignorent. René Girard
« Que celui qui se croit sans péché lui jette la première pierre ! » Pourquoi la première pierre ? Parce qu’elle est seule décisive. Celui qui la jette n’a personne à imiter. Rien de plus facile que d’imiter un exemple déjà donné. Donner soi-même l’exemple est tout autre chose. La foule est mimétiquement mobilisée, mais il lui reste un dernier seuil à franchir, celui de la violence réelle. Si quelqu’un jetait la première pierre, aussitôt les pierres pleuvraient. En attirant l’attention sur la première pierre, la parole de Jésus renforce cet obstacle ultime à la lapidation. Il donne aux meilleurs de cette foule le temps d’entendre sa parole et de s’examiner eux-mêmes. S’il est réel, cet examen ne peut manquer de découvrir le rapport circulaire de la victime et du bourreau. Le scandale qu’incarne cette femme à leurs yeux, ces hommes le portent déjà en eux-mêmes, et c’est pour s’en débarrasser qu’ils le projettent sur elle, d’autant plus aisément, bien sûr, qu’elle est vraiment coupable. Pour lapider une victime de bon coeur, il faut se croire différent d’elle, et la convergence mimétique, je le rappelle, s’accompagne d’une illusion de divergence. C’est la convergence réelle combinée avec l’illusion de divergence qui déclenche ce que Jésus cherche à prévenir, le mécanisme du bouc émissaire. La foule précède l’individu. Ne devient vraiment individu que celui qui, se détachant de la foule, échappe à l’unanimité violente. Tous ne sont pas capables d’autant d’initiative. Ceux qui en sont capables se détachent les premiers et, ce faisant, empêchent la lapidation. (…) A côté des temps individuels, donc, il y a toujours un temps social dans notre texte, mais il singe désormais les temps individuels, c’est le temps des modes et des engouements politiques, intellectuels, etc. Le temps reste ponctué par des mécanismes mimétiques. Sortir de la foule le premier, renoncer le premier à jeter des pierres, c’est prendre le risque d’en recevoir. La décision en sens inverse aurait été plus facile, car elle se situait dans le droit fil d’un emballement mimétique déjà amorcé. La première pierre est moins mimétique que les suivantes, mais elle n’en est pas moins portée par la vague de mimétisme qui a engendré la foule. Et les premiers à décider contre la lapidation ? Faut-il penser que chez eux au moins il n’y a aucune imitation ? Certainement pas. Même là il y en a, puisque c’est Jésus qui suggère à ces hommes d’agir comme ils le font. La décision contre la violence resterait impossible, nous dit le christianisme, sans cet Esprit divin qui s’appelle le Paraclet, c’est-à-dire, en grec ordinaire, « l’avocat de la défense » : c’est bien ici le rôle de Jésus lui-même. Il laisse d’ailleurs entendre qu’il est lui-même le premier Paraclet, le premier défenseur des victimes. Et il l’est surtout par la Passion qui est ici, bien sûr, sous-entendue. La théorie mimétique insiste sur le suivisme universel, sur l’impuissance des hommes à ne pas imiter les exemples les plus faciles, les plus suivis, parce que c’est cela qui prédomine dans toute société. Il ne faut pas en conclure qu’elle nie la liberté individuelle. En situant la décision véritable dans son contexte vrai, celui des contagions mimétiques partout présentes, cette théorie donne à ce qui n’est pas mécanique, et qui pourtant ne diffère pas du tout dans sa forme de ce qui l’est, un relief que la libre décision n’a pas chez les penseurs qui ont toujours la liberté à la bouche et de ce fait même, croyant l’exalter, la dévaluent complètement. Si on glorifie le décisif sans voir ce qui le rend très difficile, on ne sort jamais de la métaphysique la plus creuse. Même le renoncement au mimétisme violent ne peut pas se répandre sans se transformer en mécanisme social, en mimétisme aveugle. Il y a une lapidation à l’envers symétrique de la lapidation à l’endroit non dénuée de violence, elle aussi. C’est ce que montrent bien les parodies de notre temps. Tous ceux qui auraient jeté des pierres s’il s’était trouvé quelqu’un pour jeter la première sont mimétiquement amenés à n’en pas jeter. Pour la plupart d’entre eux, la vraie raison de la non-violence n’est pas la dure réflexion sur soi, le renoncement à la violence : c’est le mimétisme, comme d’habitude. Il y a toujours emballement mimétique dans une direction ou dans une autre. En s’engouffrant dans la direction déjà choisie par les premiers, les « mimic men » se félicitent de leur esprit de décision et de liberté. Il ne faut pas se leurrer. Dans une société qui ne lapide plus les femmes adultères, beaucoup d’hommes n’ont pas vraiment changé. La violence est moindre, mieux dissimulée, mais structurellement identique à ce qu’elle a toujours été. Il n’y a pas sortie authentique du mimétisme, mais soumission mimétique à une culture qui prône cette sortie. Dans toute aventure sociale, quelle qu’en soit la nature, la part d’individualisme authentique est forcément minime mais pas inexistante. Il ne faut pas oublier surtout que le mimétisme qui épargne les victimes est infiniment supérieur objectivement, moralement, à celui qui les tue à coups de pierres. Il faut laisser les fausses équivalences à Nietzsche et aux esthétismes décadents. Le récit de la femme adultère nous fait voir que des comportements sociaux identiques dans leur forme et même jusqu’à un certain point dans leur fond, puisqu’ils sont tous mimétiques, peuvent néanmoins différer les uns des autres à l’infini. La part de mécanisme et de liberté qu’ils comportent est infiniment variable. Mais cette inépuisable diversité ne prouve rien en faveur du nihilisme cognitif ; elle ne prouve pas que les comportements sont incomparables et inconnaissables. Tout ce que nous avons besoin de connaître pour résister aux automatismes sociaux, aux contagions mimétiques galopantes, est accessible à la connaissance. René Girard
Jésus s’appuie sur la Loi pour en transformer radicalement le sens. La femme adultère doit être lapidée : en cela la Loi d’Israël ne se distingue pas de celle des nations. La lapidation est à la fois une manière de reproduire et de contenir le processus de mise à mort de la victime dans des limites strictes. Rien n’est plus contagieux que la violence et il ne faut pas se tromper de victime. Parce qu’elle redoute les fausses dénonciations, la Loi, pour les rendre plus difficiles, oblige les délateurs, qui doivent être deux au minimum, à jeter eux-mêmes les deux premières pierres. Jésus s’appuie sur ce qu’il y a de plus humain dans la Loi, l’obligation faite aux deux premiers accusateurs de jeter les deux premières pierres ; il s’agit pour lui de transformer le mimétisme ritualisé pour une violence limitée en un mimétisme inverse. Si ceux qui doivent jeter » la première pierre » renoncent à leur geste, alors une réaction mimétique inverse s’enclenche, pour le pardon, pour l’amour. (…) Jésus sauve la femme accusée d’adultère. Mais il est périlleux de priver la violence mimétique de tout exutoire. Jésus sait bien qu’à dénoncer radicalement le mauvais mimétisme, il s’expose à devenir lui-même la cible des violences collectives. Nous voyons effectivement dans les Évangiles converger contre lui les ressentiments de ceux qu’ils privent de leur raison d’être, gardiens du Temple et de la Loi en particulier. » Les chefs des prêtres et les Pharisiens rassemblèrent donc le Sanhédrin et dirent : « Que ferons-nous ? Cet homme multiplie les signes. Si nous le laissons agir, tous croiront en lui ». » Le grand prêtre Caïphe leur révèle alors le mécanisme qui permet d’immoler Jésus et qui est au cœur de toute culture païenne : » Ne comprenez-vous pas ? Il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour tout le peuple plutôt que la nation périsse » (Jean XI, 47-50) (…) Livrée à elle-même, l’humanité ne peut pas sortir de la spirale infernale de la violence mimétique et des mythes qui en camouflent le dénouement sacrificiel. Pour rompre l’unanimité mimétique, il faut postuler une force supérieure à la contagion violente : l’Esprit de Dieu, que Jean appelle aussi le Paraclet, c’est-à-dire l’avocat de la défense des victimes. C’est aussi l’Esprit qui fait révéler aux persécuteurs la loi du meurtre réconciliateur dans toute sa nudité. (…) Ils utilisent une expression qui est l’équivalent de » bouc émissaire » mais qui fait mieux ressortir l’innocence foncière de celui contre qui tous se réconcilient : Jésus est désigné comme » Agneau de Dieu « . Cela veut dire qu’il est la victime émissaire par excellence, celle dont le sacrifice, parce qu’il est identifié comme le meurtre arbitraire d’un innocent — et parce que la victime n’a jamais succombé à aucune rivalité mimétique — rend inutile, comme le dit l’Épître aux Hébreux, tous les sacrifices sanglants, ritualisés ou non, sur lesquels est fondée la cohésion des communautés humaines. La mort et la Résurrection du Christ substituent une communion de paix et d’amour à l’unité fondée sur la contrainte des communautés païennes. L’Eucharistie, commémoration régulière du » sacrifice parfait » remplace la répétition stérile des sacrifices sanglants. (…) En même temps, le devoir du chrétien est de dénoncer le péché là où il se trouve. Le communisme a pu s’effondrer sans violence parce que le monde libre et le monde communiste avaient accepté de ne plus remettre en cause les frontières existantes ; à l’intérieur de ces frontières, des millions de chrétiens ont combattu sans violence pour la vérité, pour que la lumière soit faite sur le mensonge et la violence des régimes qui asservissaient leurs pays. Encore une fois, face au danger de mimétisme universel de la violence, vous n’avez qu’une réponse possible : le christianisme. René Girard
Our supposedly insatiable appetite for the forbidden stops short of envy. Primitive cultures fear and repress envy so much that they have no word for it; we hardly use the one we have, and this fact must be significant. We no longer prohibit many actions that generate envy, but silently ostracize whatever can remind us of its presence in our midst. Psychic phenomena, we are told, are important in proportion to the resistance they generate toward revelation. If we apply this yardstick to envy as well as to what psychoanalysis designates as repressed, which of the two will make the more plausible candidate for the role of best-defended secret? René Girard
In the affluent West, we live in a world where there is less and less need therefore and more and more desire…. One has today real possibilities of true autonomy, of individual judgments. However, those possibilities are more commonly sold down the river in favour of false individuality, of negative mimesis…. The only way modernity can be defined is the universalization of internal mediation, for one doesn’t have areas of life that would keep people apart from each other, and that would mean that the construction of our beliefs and identity cannot but have strong mimetic components. René Girard
Ce n’est pas parce qu’on a écrit un traité de quatre-cents pages sur les tornades qu’on doit en écrire un aussi long sur le beau temps. (…) Cela ne signifie pas que la violence est fondatrice des relations humaines, seulement que les institutions doivent tenir compte de la violence que l’imitation produit comme une sorte d’effet secondaire. (…) La primauté  de l’amour maternel, qui nous semble si naturelle aujoud’hui, n’était pas toujours assurée. René Girard
Although the literary theorist and anthropologist René Girard has many Silicon Valley disciples, surely the most notable of them is the German-born venture capitalist and founder of PayPal, Peter Thiel. A student of Girard’s while at Stanford in the late 1980s, Thiel would go on to report, in several interviews, and somewhat more sub-rosa in his 2014 book, From Zero to One, that Girard is his greatest intellectual inspiration. He is in the habit of recommending Girard’s Things Hidden Since the Foundation of the World (1978) to others in the tech industry. (…) For Girard, everything is imitation. Or rather, every human action that rises above “merely” biological appetite and that is experienced as desire for a given object, in fact is not a desire for that object itself, but a desire to have the object that somebody else already has. This makes obvious sense, in a Veblenian key — plainly, indisputably, nobody wants a Rolex simply in order to be able to keep track of the passage of time with greater precision. Girard notes that the Old Testament authors were lucid enough about human motivation to tackle mimetic desire explicitly in at least four of the Ten Commandments, most notably in the prohibition on coveting, specifically, your neighbor’s goods. The great problem of our shared social existence is not wanting things, it’s wanting things because they are someone else’s. Of course, the problem did not go away with the prohibition, and for Girard this can only be because it is the universal basis of all human culture. Desire for what the other person has brings about a situation in which individuals in a community grow more similar to one another over time in a process of competition-cum-emulation. Such dual-natured social encounters, more precisely, are typical of people who are socially more or less equal. In relation to a movie star who does not even know some average schlub exists, that schlub can experience only emulation (this is what Girard calls “external mediation”), but in relation to a fellow schlub down the street (a “neighbor” in the Girardian-Biblical sense), emulation is a much more intimate affair (“internal mediation”, Girard calls it), which necessarily carries with it a simultaneous negative charge of desire to annihilate the person we seek to resemble. Among neighbors, the object of desire itself is eventually forgotten in the course of this process, and at the end the competitors stand in relation to one another as “doubles”: neither recalls what that thing is that the other had and that he or she wanted, and each has become undifferentiable from the other. This is the moment of what Girard calls “mimetic crisis”, which is resolved by the selection of a scapegoat, whose casting-out from the community has the salvific effect of unifying the opposed but undifferentiated doubles. The scapegoat occupies a liminal status between the sacred and the despised (compare Giorgio Agamben’s analysis of the dual meaning of the sacred as exemplified by the figure of the Homo sacer), and is in many cultures someone with a notable physical and mental disability — people with albinism, for example, are a common target in much of sub-Saharan Africa. In a community in which the mimetic mechanism has led to widespread non-differentiation, or in other words to a high degree of conformity, it can however happen that scapegoating approaches something like the horror scenario in Shirley Jackson’s 1948 tale, “The Lottery”. As Girard explains in an interview, published in 2004 under the title Les origines de la culture, “The more undifferentiated people become, the easier it is to decide that any one of them whatsoever is guilty”. (…) One cannot help but be touched by Girard’s desultory, go-it-alone method. He seems to have sought to stay on at Indiana after his Ph.D., but was driven away after failing to publish anything at all — he is consistently reproached by his American colleagues of “spreading himself too thin” (“C’est vous comparer à un trop petit morceau de beurre pour une trop grande tartine,” he will later explain for a French audience unfamiliar with the idiom). He somehow ends up next in Baltimore, where he has a hand in organizing the infamous meeting at Johns Hopkins that brought Jacques Derrida, Jacques Lacan, et al., to America in 1966 — recalling this event, Girard will later riff on Freud’s arrival in the US three decades earlier, when, coming into New York Harbor for his first visit, the psychoanalyst reportedly declared: “I have brought the plague”. Lacan played the clown, insisting on giving his talk in English even though he readily admitted he had basically zero knowledge of the language. Derrida mesmerized. Girard seems to have been there in a mostly organizational capacity — organizing the bringing of the plague, that is. In any case he does not seem to have met any truly like-minded people at this superspreader event. French theory on American shores has always been a dialogue des sourds, and Girard was already playing the American, which is to say enjoying the spectacle of all those puffed-up mandarins. Circumstances would soon bring Girard from Hopkins to SUNY Buffalo, where he developed a life-long interest in Shakespeare. He recalls, in the interview already quoted, having discovered the Bard while watching a theater production on TV. Now your typical high-mandarin French intellectual is not likely to admit that his knowledge of Shakespeare comes from solitary evenings watching the Buffalo PBS affiliate (presumably). But Girard is not your typical French intellectual. He is a would-be French civil-servant archivist gone rogue, via Bloomington, Baltimore, Buffalo, and finally at Stanford, where his individual brand of New World self-reinvention would be well-received by some in the Silicon Valley subculture of, let us say, hyper-Whitmanian intellectual invention and reinvention. (…) In a 2014 interview with Business Insider, Thiel is confronted directly with the question as to how, concretely, his former professor inspires his understanding of the workings of the tech industry. The venture capitalist attempts to illustrate with an example of the theory of mimetic desire at work in Silicon Valley: “When the payments company Square came out with its flagship credit card reader, competitors jumped in one after the other to do the same thing with triangles or half-moons instead of squares.” It is assuredly true that start-ups imitate one another, but I do not see anything more powerfully explanatory of this phenomenon in the work of Girard than in, say, Roland Barthes’s analysis of haute-couture in his ingenious 1967 System of Fashion, or for that matter Thorstein Veblen on conspicuous consumption, or indeed any number of other authors who have noticed that indubitable truth of human existence: that we copy each other. This hardly counts as a theoretical insight at all, so much as one of the given features of all human cultural life that presents itself at the outset as in need of theoretical explanation. Girard does, to be fair, offer some such explanation, but Thiel does not seem to have retained any of this. For him “Girard” stands mostly as a shorthand name for this pretheoretical fact, instances of which are of course multiplied in Silicon Valley life, as everywhere else. What about the other element of Girard’s theory, the scapegoat mechanism? Here Thiel’s preferred instance is particularly flat-footed: “As for scapegoating,” he says, “what happened to Bill Gates during the antitrust prosecution of Microsoft is a great example of the tendency to gang up and blame one person.” If you thought antitrust cases were about maintaining a rationally regulated system of moderate free-market capitalism that encourages competition and innovation, think again: go back to Girard, with his faithful student as guide, and find the primordial origins of the Microsoft lawsuit in the Vedic sacrifice of the cosmic horse. Thiel’s demoticized Girard would over the next years become a thoroughly vulgarized Girard, so that by 2018 there were online articles being generated —perhaps by bots, perhaps in offshore content-factories— with titles like “How the Idea of a French Philosopher Can Save Your E-Commerce Business”. “Rene Girad [sic, sic], a French Philosopher,” this particular article tells us, “has given a solid theory of human desire that can save anyone’s E-commerce.” Again, it is not that one wants to discourage a struggling Amazon-partnered retailer from reading French philosophy, but only that it is not at all clear that Girard is any better placed than any number of other theorists to provide any practical tools to help an e-merchant along towards his or her narrow goals — let alone to provide anything like a critique of the ideological structures that have imposed these goals. But whatever has money behind it will inevitably have intelligent-looking people at least pretending to take it seriously, and with the foundation of the Imitatio Project by the Thiel Foundation (executive director Jimmy Kaltreider, a principal at Thiel Capital), the study and promotion of Girardian mimetic theory is by now a solid edifice in the intellectual landscape of California. For Girard, there is at least some desire that falls outside of the logic of mimesis, but only because it is a sort of proto-desire, a merely biological drive. I am naturally wary of human-scientists who seek to contain the biological with modifiers such as “merely”, but with Girard what frustrates me even more is that he does not seem to detect the non-mimetic varieties of desire that would seem to await us beyond, rather than before, desire that is coupled with imitation. For the sake of an example, let us return to that old, discomforting observation from Claude Lévi-Strauss according to which the “exchange” of women is the foundation of traditional societies, manifesting itself as “kinship”, and that therefore women are a good comparable to cattle (Françoise Héritier compellingly critiques this element of her teacher’s theory). Whether this is a correct account of society in general, it is at least true that some men seek out young, attractive, glamorous women in the aim of enhancing their own social status — the pure delectation in the other’s beauty may be at least part of the man’s satisfaction in the pairing, but it seems fair to say that this delectation is often inseparable from the self-contentment he feels at the status-enhancement she confers to him, and that achieving this status is in turn inseparable from depriving other men of the opportunity to achieve it. This is certainly the subtext of countless commercial-rap-music videos (or Romanian manele, or Serbian turbofolk, or any number of other analogous musical forms in the Balkans or elsewhere), which do not seem anthropologically far, in their smooth blending of the iconic images of luxury products with images of beautiful women, from a pastoralist society’s ceremonial display of prize cattle. But, pace Girard, we must admit that at least on occasion it happens that a vain and foolish man falls sincerely in love with his trophy wife. That is, at least sometimes a man “acquires” a woman by the logic of neighborly competition and status anxiety, but then discovers that she has a soul too, and is worthy of love just like any human being, quite apart from her significance for his social status. Such love strikes me as an instance of post-mimetic desire, just as we might say that “mere” appetite is pre-mimetic desire. Girard does not seem prepared to acknowledge it, at least not in a theoretical vein (though he seems to have been happily married). And come to think of it, nor is it inconceivable that some status-obsessed fellow should buy a Rolex, only to find that his early tutorials in its proper care and maintenance draw him into a world of sincere and nerdy love of Swiss precision chronometry. I confess many of my own interests have followed such an evolution, even if they seem far away from the logic of material acquisitiveness: I start doing something because I think it will make me look cool, and I keep doing it because I discover it is itself cool. Perhaps even more worrisome for Girard’s mimetic theory is that it appears to leave out all those instances in which imitation serves as a force for social cohesion and cannot plausibly be said to involve any process of “internal mediation” leading to a culmination in scapegoating. In this respect, we might adapt Michel Serres’s comment and say not so much that Girard is the human-scientists’ Darwin, as that he is their Herbert Spencer, and just as the nineteenth century’s idea of evolution as ruthless competition needed to be supplemented by rigorous accounts of the evolutionary role of altruism in the twentieth century, so too might we say that Girard is missing at least half the story. Most ritual, in fact, strikes me as characterized by imitation without internal mediation or scapegoating. Indeed, still in infancy, before we have any idea of ourselves as occupying any social node at all, we respond to music with rhythmic motions of the body, feeling ourselves taken up in a sort of cosmic repetition of something, be it only a sequence of drumbeats, that somehow expresses the true nature of our existence. Eventually, this repetition develops into dancing with others, and this dancing may be given ritual meaning — a social significance encoded by human bodies doing the same thing simultaneously, and therefore in some sense becoming identical, but without any underlying desire at all to annihilate one another. It is this significance that the Australian poet Les Murray sees as constituting the essence of both poetry and religion: both are performed, as he puts it, “in loving repetition”. I often think of a video I saw, and cannot now locate, of Cameroonian Baka hunters performing a dance that is a reenactment of their most recent hunt. In a sort of conga-line formation, they weave up and down, imitating the motion of an animal through the forest, but also becoming, relative to one another, like the metameric segments of a millipede. This is pure imitation, without internal mediation, and it seems to me fair to say that it is indeed the foundation of human society. Nor is it irrelevant that the Baka organize this foundational ritual around a reenactment of the hunt. Contrary to Girard’s theory of the scapegoat, a promising alternative account of sacrifice has been defended by such thinkers as the pioneering classicist Walter Burkert, for whom the origins of culture lie in a recognition of the transgressive nature of the killing of animals — even if it is necessary for human life, the spilling of animal blood is a sufficiently powerful action to knock the cosmos out of alignment, and it is only by rituals of atonement that it may be set right again. To kill an animal is not merely to satisfy an appetite, but to enter into sociocosmic relations with the natural world, and, by offering a sacrificed portion of it to the gods, to enter also into relation with the supernatural. On such an account, it is only with the rise of states over the past few thousand years that ritual slaughter and sacrifice turned on occasion to human targets, and in this light the scapegoating of humans may be seen as an attenuated instance of what in the most extreme cases may be enacted by a high priest pulling out another man’s beating heart. Rather than seeing scapegoating as laying a load on a chosen individual human and punishing him or her, for reasons that cannot possibly be articulated in the terms of any modern liberal theory of justice, thereby canceling out the desire among individuals in a community to annihilate one another, we might do better to see it within the larger frame of the ecology of human communities, and the role of ritual in the adaptation of these communities to their ecological niches. At the basis of ritual, as Les Murray understood, there lies repetition. It is significant that in French the verb répéter is used to mean both “to repeat” but also “to practice” (for example, to practice a musical instrument or a dance routine, or to rehearse for a play). At one moment in the 2004 interview already cited, Girard seems to come around to the sort of view of ritual that I have been attempting to sketch, on which it is a communal processing of the inevitabilities of our existence in nature. “Primitive societies,” he writes, using an outmoded term evocative of the era of pith-helmeted British colonial anthropologists who so influenced him, “do not repeat [ne répètent pas] in order to learn, like schoolchildren, they repeat in order not to have any more violence, but in the end these come out to the same thing”. The Baka sublimation of the hunt and the Eliasian “civilizing process” as two instances of the same general phenomenon of becoming human: this is an explanation I could get behind. But in such repetitions there is no (human) scapegoat to dwell on, so soon enough Girard leaves this promising line of thinking behind and returns to his pair of treasured hobby-horses, like Uncle Toby forever reliving the same old battles. On my understanding, the human sciences differ from the natural sciences primarily to the extent that we humanists are not looking for fundamental mechanisms that explain everything. We are rather interested in surveying the diversity of the expressions of humanity, cataloguing them, and waiting, but not impatiently, for patterns to appear. There are different kinds of theorists, of course, and there is plenty of room for all of us. It is however somewhat a shame that the everything-explainers, the hammerers for whom all is nail, should be the ones so consistently to capture the popular imagination. How refreshing it is when we come across a footnote in Girard’s work to the infinitely curious and suitably modest Carlo Ginzburg! What an attractive alternative model of the intellectual! Part of Girard’s appeal in the Silicon Valley setting lies not only in his totalizing urge, but also in his embrace of a certain interpretation of Catholicism that stresses the naturalness of hierarchy, all the way up to the archangels, rather than the radical egalitarianism of other tendencies within this faith. At one amusing point in the interview from which I have been liberally citing, Girard explains that the positive reception in France of his On Things Hidden Since the Foundation of the World had to do with the widespread misreading of it as a work of anti-Christian theory. “If they had known that there is no hostility in me towards the Church, they would have dismissed me. I appeared as the heretic, the revolted person that one has to be in order to reassure the media. If they had known that I do not feel oppressed by western phallocracy, or even by the pope, they would have dropped me real quick”. Peter Thiel, for his part, certainly does not seem to feel oppressed by western phallocracy either — in fact he appears intent on coming out somewhere at the top of the phallocratic order, and in any case has explicitly stated that the aspirations of liberal democracy towards freedom and equality for all should rightly be seen as a thing of the past. In his demotic glosses on Girard, the venture capitalist also seems happy to promote the Girardian version of Catholicism as a clerical institution ideally suited to the newly emerging techno-feudalist order. Justin E. H. Smith
Dans notre époque où il n’est plus indécent de se vanter de manipulations en tous genres, le marketing a franchi un pas décisif grâce à Internet et aux réseaux sociaux. Il avait compris depuis longtemps les mécanismes du mimétisme et le rôle des modèles dans les décisions d’achat : la publicité n’a cessé d’en jouer. Mais délibérément ou en suivant un mouvement dont il n’a pas eu l’initiative, le marketing vient de révéler le pot aux roses. Des modèles de consommation officiels ont désormais un nom : influenceuses ou influenceurs. Et les victimes du désir mimétique sont des « followers », autrement dit des suiveurs ou des suiveuses des conseils ainsi dispensés. Ces modèles ont le plus souvent des comptes Instagram ou des chaînes YouTube. Ils parlent de beauté, de mode, de voyages, de sport, de culture… bref interviennent dans autant de marchés sur lesquels ils sont susceptibles d’orienter des comportements de consommation. Du point de vue de la théorie mimétique, ils sont plutôt des médiateurs externes, insusceptibles d’entrer en rivalité avec la plupart de leurs suiveurs, si ce n’est certains d’entre eux mus par leur ressentiment et qui sont dénommés « haters », donc haineux. Nous retrouvons ici les passions stendhaliennes de l’envie, de la jalousie et de la haine impuissante ou encore la figure du narrateur des Carnets du sous-sol de Dostoïevski, cet homme du ressentiment par excellence. La puissance des influenceurs se mesure au volume et à la croissance du nombre de leurs suiveurs. En découle une valeur économique qui se traduit par les rémunérations que leur servent les marques promues. Mais la relation n’est pas si simple : elle suppose aussi que l’influenceur donne des gages d’indépendance à ceux qui suivent leurs conseils. L’influenceur ne peut étendre et maintenir son influence qu’en apparaissant comme souverain vis-à-vis de ses suiveurs mais aussi des marques qu’il promeut. Sinon, il serait lui-même considéré comme influençable par les entreprises dont il vante les qualités, du moins celles de leurs produits et services. Cette suprématie est obtenue par sa capacité à modeler les goûts de ses suiveurs. Il est en effet beaucoup plus efficace, efficient et pertinent qu’une campagne de publicité par voie de presse – écrite, radiophonique ou télévisuelle. Il regroupe une population rendue homogène par l’attraction commune que ses membres ressentent pour son «charisme». Des jeunes gens de moins de vingt peuvent ainsi devenir ce qu’on appelait autrefois des leaders d’opinion. Sans avoir fait autre chose que s’enregistrer en vidéo dans leur appartement en tenant des propos persuasifs, ils peuvent être suivis par des millions d’admirateurs qui attendent leurs avis pour faire leurs choix. Enjoy Phenix, Cyprien, Natoo, Caroline Receveur ou encore SqueeZie seraient-ils les nouveaux maîtres du désir mimétique ? Au moins sont-ils d’indéniables révélateurs de sa persistante actualité et de sa pertinence. Jean-Marc Bourdin
[Les réseaux sociaux] Donald Trump les a utilisés avec beaucoup d’efficacité pour capter l’attention de l’ensemble des médias. Il l’a particulièrement bien fait avec Twitter. Ses visions controversées, son utilisation très personnelle de cet outil ont rendu sa campagne très visible auprès des utilisateurs des réseaux sociaux. Souvent, les gens sont moins inhibés à l’idée d’y partager des idées extrêmes. Twitter et Facebook – surtout Twitter car l’anonymat y est possible – permettent à leurs utilisateurs de dire ou montrer ce qu’ils n’auraient jamais exprimé dans un autre contexte. Voir d’autres personnes exprimer librement des visions relativement proches des leurs les incite à exprimer à leur tour ce qu’ils veulent. Cela contribue à rendre acceptables les idées extrêmes. (…) Les recherches scientifiques suggèrent que les gens utilisent les médias sociaux pour avoir une récompense, pour obtenir des likes, pour que les gens aiment ce qu’ils font ou ce qu’ils sont, les soutiennent. Ils se sentent ainsi plus forts pour dire ce qu’ils ressentent et donner leur avis sur le monde qui les entoure. Ils le font de la même manière qu’un Donald Trump a tenu des propos choquants pour susciter de l’attention et obtenir un maximum de retweets. S’ils n’adhèrent pas à des théories circulant sur le net, ils finissent par s’en détacher. Cela peut plus spécialement concerner ceux qui expriment des visions politiques typiques ou modérées, et qui peuvent très vite constater que les expressions d’idéologies politiques plus tranchantes, clivantes, tendent à prendre naturellement le dessus, à dominer le débat. Sur les réseaux sociaux, les modérés sont voués à s’effacer. (…) Il y a une défiance généralisée envers les élites, qu’il s’agisse des journalistes ou des hommes politiques. C’est en ce sens que les gens tendent de plus en plus à accéder à l’information en passant par des citoyens « ordinaires ». Mais je ne suis pas sûr qu’ils soient conscients du pouvoir des robots et des programmes informatiques lorsqu’ils sont sur internet. Les interactions leur semblent naturelles, pas déterminées par des formules automatiques. D’ailleurs, Facebook ne crée pas de contenu, il filtre et oriente du contenu à partir du comportement en ligne. Plus les utilisateurs s’expriment, plus ils se voient proposer par les algorithmes des idées et des contenus créés par des personnes qui leur ressemblent, et en qui ils ont confiance. Darren Lilleker (Université de Bournemouth)
After a few minutes of rendering, the new plot appeared, and I was a bit taken aback by what I saw. The blob had turned into a surprisingly detailed map of the world. Not only were continents visible, certain international borders were apparent as well. What really struck me, though, was knowing that the lines didn’t represent coasts or rivers or political borders, but real human relationships. Each line might represent a friendship made while travelling, a family member abroad, or an old college friend pulled away by the various forces of life…When I shared the image with others within Facebook, it resonated with many people. It’s not just a pretty picture, it’s a reaffirmation of the impact we have in connecting people, even across oceans and borders. Paul Butler
Les médias sociaux ont porté « l’universalisation de la médiation interne » à un nouveau niveau, tout en réduisant considérablement les « domaines de la vie qui séparaient les gens les uns des autres ». Les médias sociaux sont le miasme du désir mimétique. Si vous publiez des photos de vos vacances d’été en Grèce, vous pouvez vous attendre à ce que vos « amis » publient des photos d’une autre destination attrayante. Les photos de votre dîner seront égalées ou surpassées par les leurs. Si vous m’assurez, par le biais des médias sociaux, que vous aimez votre vie, je trouverai un moyen de dire à quel point j’aime la mienne. Lorsque je publie mes plaisirs, mes activités et mes nouvelles familiales sur une page Facebook, je cherche à susciter le désir de mes médiateurs. En ce sens, les médias sociaux fournissent une plate-forme hyperbolique pour la circulation imprudente du désir axé sur le médiateur. Alors qu’il se cache dans tous les aspects de la vie quotidienne, Facebook s’insinue précisément dans les domaines de la vie qui sépareraient les gens. Très certainement, l’énorme potentiel commercial de Facebook n’a pas échappé à Peter Thiel, l’investisseur en capital-risque et l’un de ses étudiants à Stanford à la fin des années 80 et au début des années 90. Girardien dévoué qui a fondé et financé un institut appelé Imitatio, dont le but est de « poursuivre la recherche et l’application de la théorie mimétique dans les sciences sociales et les domaines critiques du comportement humain », Thiel a été le premier investisseur extérieur de Facebook, vendant la plupart de ses actions. en 2012 pour plus d’un milliard de dollars (elles lui avaient coûté 500 000 dollars en 2004). Seul un girardien très intelligent, bien initié à la théorie mimétique, pouvait comprendre aussi tôt que Facebook était sur le point d’ouvrir un théâtre mondial de désir mimétique sur les ordinateurs personnels de ses utilisateurs. Robert Pogue Harrison

Après la neuroscience et les djihadistesHarry Potter et Superman, devinez qui confirme René Girard ?

En ce nouveau et dernier réveillon de l’année 2018 …

Dont les meilleures photos ne devraient pas manquer pour bon nombre d’entre nous …

De faire les meilleures pages et les beaux jours de la formidable invention du docteur Frankenstein-Zuckerberg

Comme hélas depuis bientôt deux mois le déchainement auto-entretenu de la violence et de l’envie des casseurs aux gilets jaunes

Comment ne pas repenser avec la NY Review of books

Ou le girardien Jean-Marc Bourdin

Aux découvertes et analyses de René Girard sur « l’universalisation de la médiation interne » dont est faite notre modernité même …

Avec la réduction toujours plus implacable qu’elle implique …

Des « domaines de la vie qui séparaient les gens les uns des autres » …

Et qui avec les réseaux sociaux et ses « influenceurs » et « suiveurs » trouve sa confirmation la plus éclatante …

Ouvrant littéralement à la planète entière

Et pour le meilleur comme pour le pire

La scène sur laquelle chacun peut désormais s’exposer …

Au déchainement quasiment sans frein des « feux de l’envie »  ?

The Prophet of Envy
Robert Pogue Harrison
NY Review of Books
December 20, 2018

Violence and the Sacred

by René Girard, translated from the French by Patrick Gregory
Johns Hopkins University Press (1977)

Battling to the End: Conversations with Benoît Chantre

by René Girard, translated from the French by Mary Baker
Michigan State University Press (2010)

René Girard (1923–2015) was one of the last of that race of Titans who dominated the human sciences in the nineteenth and twentieth centuries with their grand, synthetic theories about history, society, psychology, and aesthetics. That race has since given way to a more cautious breed of “researchers” who prefer to look at things up close, to see their fine grain rather than their larger patterns. Yet the times certainly seem to attest to the enduring relevance of Girard’s thought to our social and political realities. Not only are his ideas about mimetic desire and human violence as far-reaching as Marx’s theories of political economy or Freud’s claims about the Oedipus complex, but the explosion of social media, the resurgence of populism, and the increasing virulence of reciprocal violence all suggest that the contemporary world is becoming more and more recognizably “Girardian” in its behavior.

In Evolution of Desire: A Life of René Girard, Cynthia Haven—a literary journalist and the author of books on Joseph Brodsky and Czesław Miłosz—offers a lively, well-documented, highly readable account of how Girard built up his grand “mimetic theory,” as it’s sometimes called, over time. Her decision to introduce his thought to a broader public by way of an intellectual biography was a good one. Girard was not a man of action—the most important events of his life took place inside his head—so for the most part she follows the winding path of his academic career, from its beginnings in France, where he studied medieval history at the École des Chartes, to his migration to the United States in 1947, to the various American universities at which he taught over the years: Indiana, Duke, Bryn Mawr, Johns Hopkins, SUNY Buffalo, and finally Stanford, where he retired in 1997.

Girard began and ended his career as a professor of French and comparative literature. That was as it should have been. Although he was never formally trained in literary studies (he received a Ph.D. in history from Indiana University in 1950), he effectively built his theory of mimetic desire, in all its expansive anthropological aspects, on literary foundations. Somewhat like Heinrich Schliemann, who discovered the site of ancient Troy by assuming that the Homeric epics contained a substrate of historical truth, Girard approached literary works as coffers containing the most fundamental truths about human desire, conflict, and self-deception.

His first book, Deceit, Desire, and the Novel, published in French in 1961 when he was a professor at Johns Hopkins, treated the novels of Cervantes, Stendhal, Flaubert, Dostoevsky, and Proust as forensic evidence of the essential structures of desire, not just of literary characters but of those who find themselves reflected in them. The prevailing modern belief that my desires are my own, that they arise from my autonomous inner self, is a “Romantic” falsehood that the novelistic tradition, according to Girard, exposes as a delusion (I’m echoing here the French title of the book: Mensonge romantique et vérité romanesque, literally “Romantic falsehood and novelistic truth”). Instead, he argues, my desires are mimetic: I want what others seem to want. Whether I am conscious of it or not (mostly not), I imitate their desires to such a degree that the object itself becomes secondary, and in some cases superfluous, to the rivalries that form around it.

Girard postulated that between a desiring subject and its object there is usually a “model” or “mediator,” who can be either “external” or “internal.” External mediators exist outside of my time and place, like Amadís de Gaule’s chivalric heroes, who impel Don Quixote’s desire to become a knight-errant; or Lancelot and Guinevere, whose adulterous kiss is imitated by Paolo and Francesca in Dante’s account in canto 5 of the Inferno; or the celebrities whom advertisers enlist to sell us products. The external mediator often figures as a hero or ego ideal, and there is typically no rivalry involved.

With internal mediators, however, we are in the realm of what Girard calls “interdividuals,” or people who interact with one another in the same social world. The internal mediator is my neighbor, so to speak, and is often a rival who arouses hatred or envy, or both at once. In the novels Girard dealt with, internal mediation often involves “triangulated desire” between three characters, two of whom vie for the other: Mathilde and Mme de Fervacques vying for Julien in Stendhal’s The Red and the Black, for instance, or Julien and Valenod vying for Mme de Rênal. Even when a character views the mediator as an enemy, the former often secretly envies and idolizes the latter, as in the case of Proust’s Mme Verdurin, who loathed the Guermantes family until she married into it.

A crucial concept in Deceit, Desire, and the Novel is that of “metaphysical desire,” a somewhat misleading term for a common sentiment. We tend to attribute to the mediator a “fullness of being” that he or she does not in fact enjoy. For Girard there is no such thing as fullness of being among mortals. All of us—including the rich, the famous, the powerful, and the glamorous—have our mimetic models and suffer from a deficiency of being. That deficiency nourishes our desires, physical or metaphysical.

The English translation of Deceit, Desire, and the Novel came out in 1965, two years before V.S. Naipaul published The Mimic Men, which seems like a ringing endorsement of Girard’s claims about deficiency. (I don’t know if he ever read Girard.) In the novel Naipaul probes the psychology of elite ex-colonial “mimic men” who, after decolonization, model their desires on their former British masters. The mimic man will never enjoy the “fullness of being” he ascribes to his model, who, in Girard’s words, “shows the disciple the gate of paradise and forbids him to enter with one and the same gesture.” Naipaul’s narrator, Ralph Singh, knows this, yet such knowledge does not alleviate his unhappy consciousness. “We become what we see of ourselves in the eyes of others,” he declares. Girard would most likely deny Singh his one consolation, namely his belief that he is different from, and superior to, the mimic men who lack his own heightened self-awareness.

Girard might go even further and ask whether Naipaul’s mimic men in fact imitate one another more than the British models they share. The whole business gets altogether murkier—and more Girardian—when one considers that Naipaul himself was the perfect expression of the mimic man he defined and despised. The writer’s bearing, speech, racism, and invectives betray an ex-colonial subject mimicking the habits of his masters and the class to which he desperately wanted to belong. In this Naipaul falls well short of the novelists Girard dealt with in Deceit, Desire, and the Novel, all of whom, Girard claims, ended up forswearing the mimetic mechanisms they so insightfully depicted in their work.

The common currency of mimetic desire is envy. Envy is a form of hostile worship. It turns admiration into resentment. Dante considered it radix malorum, the root of all evil, and Girard agreed. He claimed that envy is the one taboo that is alive and well in contemporary society—the vice that few will ever talk about or confess to:

Our supposedly insatiable appetite for the forbidden stops short of envy. Primitive cultures fear and repress envy so much that they have no word for it; we hardly use the one we have, and this fact must be significant. We no longer prohibit many actions that generate envy, but silently ostracize whatever can remind us of its presence in our midst. Psychic phenomena, we are told, are important in proportion to the resistance they generate toward revelation. If we apply this yardstick to envy as well as to what psychoanalysis designates as repressed, which of the two will make the more plausible candidate for the role of best-defended secret?

These sentences come from the introduction to the only book that Girard wrote in English, A Theater of Envy: William Shakespeare (1991), which is full of insights into the envy and imitative behavior of Shakespeare’s characters. Proceeding as incautiously as Schliemann did in his excavations, Girard bores through Shakespeare’s corpus to arrive at the substrate of mediated desire that he believed lies at its foundation. Girard plays by none of the rules of the tradition of commentary on Shakespeare, so it is not surprising that the book remains largely neglected, yet one day A Theater of Envy will likely be acknowledged as one of the most original, illuminating books on Shakespeare of its time, despite its speculative recklessness and relative ignorance of the vast body of secondary literature on Shakespeare’s works.

Speaking of “a theater of envy,” in Evolution and Conversion (in French, Les origines de la culture, 2004; the English translation was recently republished by Bloomsbury)—his conversations with Pierpaolo Antonello and João Cezar de Castro Rocha, which took place a couple of years before Facebook launched its website in 2004—Girard made some remarks that seem particularly resonant today:

In the affluent West, we live in a world where there is less and less need therefore and more and more desire…. One has today real possibilities of true autonomy, of individual judgments. However, those possibilities are more commonly sold down the river in favour of false individuality, of negative mimesis…. The only way modernity can be defined is the universalization of internal mediation, for one doesn’t have areas of life that would keep people apart from each other, and that would mean that the construction of our beliefs and identity cannot but have strong mimetic components.

Since then social media has brought “the universalization of internal mediation” to a new level, while at the same time dramatically narrowing the “areas of life that would keep people apart from each other.”

Social media is the miasma of mimetic desire. If you post pictures of your summer vacation in Greece, you can expect your “friends” to post pictures from some other desirable destination. The photos of your dinner party will be matched or outmatched by theirs. If you assure me through social media that you love your life, I will find a way to profess how much I love mine. When I post my pleasures, activities, and family news on a Facebook page, I am seeking to arouse my mediators’ desires. In that sense social media provides a hyperbolic platform for the promiscuous circulation of mediator-oriented desire. As it burrows into every aspect of everyday life, Facebook insinuates itself precisely into those areas of life that would keep people apart.

Certainly the enormous market potential of Facebook was not lost on Girard’s student Peter Thiel, the venture capitalist who studied with him at Stanford in the late 1980s and early 1990s. A devoted Girardian who founded and funds an institute called Imitatio, whose goal is to “pursue research and application of mimetic theory across the social sciences and critical areas of human behavior,” Thiel was the first outside investor in Facebook, selling most of his shares in 2012 for over a billion dollars (they cost him $500,000 in 2004). It took a highly intelligent Girardian, well schooled in mimetic theory, to intuit early on that Facebook was about to open a worldwide theater of imitative desire on people’s personal computers.

In 1972, eleven years after Deceit, Desire, and the Novel appeared, Girard published Violence and the Sacred. It came as a shock to those familiar with his previous work. Here the literary critic assumed the mantle of cultural anthropologist, moving from the triangular desire of fictional bourgeois characters to the group behavior of primitive societies. Having immersed himself during the intervening decade in the work of Alfred Radcliffe-Brown, Bronisław Malinowski, Claude Lévi-Strauss, Émile Durkheim, Gabriel Tarde, and Walter Burkert, Girard offered in Violence and the Sacred nothing less than an anthropogenic theory of mimetic violence.

I will not attempt to describe the theory in all its speculative complexity. Suffice it to say that the only thing more contagious than desire is violence. Girard postulates that, prior to the establishment of laws, prohibitions, and taboos, prehistoric societies would periodically succumb to “mimetic crises.” Usually brought on by a destabilizing event—be it drought, pestilence, or some other adversity—mimetic crises amount to mass panics in which communities become unnerved, impassioned, and crazed, as people imitate one another’s violence and hysteria rather than responding directly to the event itself. Distinctions disappear, members of the group become identical to one another in their vehemence, and a mob psychology takes over. In such moments the community’s very survival is threated by internecine strife and a Hobbesian war of all against all.

Girard interpreted archaic rituals, sacrifices, and myth as the symbolic traces or aftermath of prehistoric traumas brought on by mimetic crises. Those societies that saved themselves from self-immolation did so through what he called the scapegoat mechanism. Scapegoating begins with accusation and ends in collective murder. Singling out a random individual or subgroup of individuals as being responsible for the crisis, the community turns against the “guilty” victim (guilty in the eyes of the persecutors, that is, since according to Girard the victim is in fact innocent and chosen quite at random, although is frequently slightly different or distinct in some regard). A unanimous act of violence against the scapegoat miraculously restores peace and social cohesion (unum pro multis, “one for the sake of many,” as the Roman saying puts it).

The scapegoat’s murder has such healing power over the community that the victim retroactively assumes an aura of sacredness, and is sometimes even deified. Behind the practice of sacrifice in ancient societies Girard saw the spasmodic, scapegoat-directed violence of communities in the throes of mimetic crises—a primal murder, as it were, for which there exists no hard evidence but plenty of indirect evidence in ancient sacrificial practices, which he viewed as ritualized reenactments of the scapegoat mechanism that everywhere founded the archaic religions of humanity. (“Every observation suggests that, in human culture, sacrificial rites and the immolation of victims come first.”)

Violence and the Sacred deals almost exclusively with archaic religion. Its argument is more hypothetical and abstract, more remote and less intuitive, than what Girard put forward in Deceit, Desire, and the Novel. The same can be said for the main claims of his next major book, Things Hidden Since the Foundation of the World (1978; the title comes from Matthew 13:35). There he argued that the Hebrew Scriptures and the Christian Gospels expose the “scandal” of the violent foundations of archaic religions. By revealing the inherent innocence of the victim—Jesus—as well as the inherent guilt of those who persecute and put him to death, “Christianity truly demystifies religion because it points out the error on which archaic religion is based.”*

Girard’s anthropological interpretation of Christianity in Things Hidden is as original as it is unorthodox. It views the Crucifixion as a revelation in the profane sense, namely a bringing to light of the arbitrary nature of the scapegoat mechanism that underlies sacrificial religions. After publishing Things Hidden, Girard gained a devoted following among various Christian scholars, some of whom lobbied him hard to open his theory to a more traditional theological interpretation of the Cross as the crux of man’s deliverance from sin. Girard eventually (and somewhat reluctantly) made room for a redemptive understanding of the Crucifixion, yet in principle his theory posits only its revelatory, demystifying, and scandalous aspect.

Orthodox Girardians insist that his corpusfrom Deceit, Desire, and the Novel to his last worksforms a coherent, integrated system that must be accepted or rejected as a whole. In my view, that is far from the case. One need not buy into the entire système Girard to recognize that his most fundamental insights can stand on their own.

Some of Girard’s most acute ideas come from his psychology of accusation. He championed legal systems that protect the rights of the accused because he believed that impassioned accusation, especially when it gains momentum by wrapping itself in the mantle of indignation, has a potential for mimetic diffusion that disregards any considered distinction between guilt and innocence. The word “Satan” in Hebrew means “adversary” or “accuser,” and Girard insisted in his later work that there is a distinctly satanic element at work in the zeal for accusation and prosecution.

Girard’s most valuable insight is that rivalry and violence arise from sameness rather than difference. Where conflicts erupt between neighbors or ethnic groups, or even among nations, more often than not it’s because of what they have in common rather than what distinguishes them. In Girard’s words: “The error is always to reason within categories of ‘difference’ when the root of all conflicts is rather ‘competition,’ mimetic rivalry between persons, countries, cultures.” Often we fight or go to war to prove our difference from an enemy who in fact resembles us in ways we are all too eager to deny.

A related insight of equal importance concerns the deadly cycles of revenge and reciprocal violence. Girard taught that retaliation hardly ever limits itself to “an eye for an eye” but almost always escalates the level of violence. Every escalation is imitated in turn by the other party:

Clausewitz sees very clearly that modern wars are as violent as they are only because they are “reciprocal”: mobilization involves more and more people until it is “total,” as Ernst Junger wrote of the 1914 war…. It was because he was “responding” to the humiliations inflicted by the Treaty of Versailles and the occupation of the Rhineland that Hitler was able to mobilize a whole people. Likewise, it was because he was “responding” to the German invasion that Stalin achieved a decisive victory over Hitler. It was because he was “responding” to the United States that Bin Laden planned 9/11…. The one who believes he can control violence by setting up defenses is in fact controlled by violence.

Those remarks come from the last book Girard wrote, Battling to the End (2010). It is in many ways one of his most interesting, for here he leaves behind speculations about archaic origins and turns his attention to modern history. The book’s conversations with Benoît Chantre, an eminent French Girardian, feature a major discussion of the war theorist Carl von Clausewitz (1780–1831), whose ideas about the “escalation to extremes” in modern warfare converge uncannily with Girard’s ideas about the acceleration of mimetic violence.

Toward the end of his life, Girard did not harbor much hope for history in the short term. In the past, politics was able to restrain mass violence and prevent its tendency to escalate to extremes, but in our time, he believed, politics had lost its power of containment. “Violence is a terrible adversary,” he wrote in Battling to the End, “especially since it always wins.” Yet it is necessary to battle violence with a new “heroic attitude,” for “it alone can link violence and reconciliation…[and] make tangible both the possibility of the end of the world and reconciliation among all members of humanity.” To that statement he felt compelled to add: “More than ever, I am convinced that history has meaning, and that its meaning is terrifying.” That meaning has to do with the primacy of violence in human relations. And to that statement, in turn, he added some verses of Friedrich Hölderlin: “But where danger threatens/that which saves from it also grows.”

  • *Girard goes so far as to argue that “Christianity is not only one of the destroyed religions but it is the destroyer of all religions. The death of God is a Christian phenomenon. In its modern sense, atheism is a Christian invention.” The Italian philosopher Gianni Vattimo was very drawn to Girard’s understanding of Christianity as a secularizing religion, and the two collaborated on a fine book on the topic, Christianity, Truth, and Weakening Faith: A Dialogue (Columbia University Press, 2010). 

Voir aussi:

Influenceurs et «followers» : les nouveaux maîtres du désir mimétique

Jean-Marc Bourdin

Iphilo

17/12/2018

BILLET : Sur Instagram ou sur leur chaîne YouTube, les influenceurs médiatisent nos désirs dans une relation triangulaire qui est au cœur de la thèse du désir mimétique de René Girard, analyse Jean-Marc Bourdin dans iPhilo. 


Ancien élève de l’ENA, inspecteur général de la ville de Paris, Jean-Marc Bourdin a également soutenu en 2016 une thèse de doctorat en philosophie sur René Girard à l’Université Paris-VIII. Créateur du blog L’Emissaire et membre de l’Association Recherche Mimétique (ARM), il a publié René Girard philosophe malgré lui et René Girard promoteur d’une science des rapports humains chez L’Harmattan en 2018.


René Girard affirme en 1961 dans Mensonge romantique et vérité romanesqueque seuls les plus grands romanciers, à la liste desquels il ajoutera par la suite quelques dramaturges, ont la faculté de comprendre les mécanismes du désir mimétique. Ceux-ci resteraient inconnus non seulement du commun des mortels mais aussi d’écrivains moins doués qui se laissent duper par la prétention du désir à l’autonomie.

Cette affirmation radicale souffrirait-elle désormais d’au moins une exception de taille ? Dans notre époque où il n’est plus indécent de se vanter de manipulations en tous genres, le marketing a franchi un pas décisif grâce à Internet et aux réseaux sociaux. Il avait compris depuis longtemps les mécanismes du mimétisme et le rôle des modèles dans les décisions d’achat : la publicité n’a cessé d’en jouer. Mais délibérément ou en suivant un mouvement dont il n’a pas eu l’initiative, le marketing vient de révéler le pot aux roses. Des modèles de consommation officiels ont désormais un nom : influenceuses ou influenceurs. Et les victimes du désir mimétique sont des « followers », autrement dit des suiveurs ou des suiveuses des conseils ainsi dispensés.

Ces modèles ont le plus souvent des comptes Instagram ou des chaînes YouTube. Ils parlent de beauté, de mode, de voyages, de sport, de culture… bref interviennent dans autant de marchés sur lesquels ils sont susceptibles d’orienter des comportements de consommation.

Du point de vue de la théorie mimétique, ils sont plutôt des médiateurs externes, insusceptibles d’entrer en rivalité avec la plupart de leurs suiveurs, si ce n’est certains d’entre eux mus par leur ressentiment et qui sont dénommés « haters », donc haineux. Nous retrouvons ici les passions stendhaliennes de l’envie, de la jalousie et de la haine impuissante ou encore la figure du narrateur des Carnets du sous-sol de Dostoïevski, cet homme du ressentiment par excellence.

La puissance des influenceurs se mesure au volume et à la croissance du nombre de leurs suiveurs. En découle une valeur économique qui se traduit par les rémunérations que leur servent les marques promues. Mais la relation n’est pas si simple : elle suppose aussi que l’influenceur donne des gages d’indépendance à ceux qui suivent leurs conseils.

L’influenceur ne peut étendre et maintenir son influence qu’en apparaissant comme souverain vis-à-vis de ses suiveurs mais aussi des marques qu’il promeut. Sinon, il serait lui-même considéré comme influençable par les entreprises dont il vante les qualités, du moins celles de leurs produits et services. Cette suprématie est obtenue par sa capacité à modeler les goûts de ses suiveurs. Il est en effet beaucoup plus efficace, efficient et pertinent qu’une campagne de publicité par voie de presse – écrite, radiophonique ou télévisuelle. Il regroupe une population rendue homogène par l’attraction commune que ses membres ressentent pour son «charisme».

Des jeunes gens de moins de vingt peuvent ainsi devenir ce qu’on appelait autrefois des leaders d’opinion. Sans avoir fait autre chose que s’enregistrer en vidéo dans leur appartement en tenant des propos persuasifs, ils peuvent être suivis par des millions d’admirateurs qui attendent leurs avis pour faire leurs choix.

Enjoy Phenix, Cyprien, Natoo, Caroline Receveur ou encore SqueeZie seraient-ils les nouveaux maîtres du désir mimétique ? Au moins sont-ils d’indéniables révélateurs de sa persistante actualité et de sa pertinence.

Voir encore:

Visualizing Friendships
Paul Butler
Facebook
December 14, 2010

Visualizing data is like photography. Instead of starting with a blank canvas, you manipulate the lens used to present the data from a certain angle.

When the data is the social graph of 500 million people, there are a lot of lenses through which you can view it. One that piqued my curiosity was the locality of friendship. I was interested in seeing how geography and political borders affected where people lived relative to their friends. I wanted a visualization that would show which cities had a lot of friendships between them.

I began by taking a sample of about ten million pairs of friends from Apache Hive, our data warehouse. I combined that data with each user’s current city and summed the number of friends between each pair of cities. Then I merged the data with the longitude and latitude of each city.

At that point, I began exploring it in R, an open-source statistics environment. As a sanity check, I plotted points at some of the latitude and longitude coordinates. To my relief, what I saw was roughly an outline of the world. Next I erased the dots and plotted lines between the points. After a few minutes of rendering, a big white blob appeared in the center of the map. Some of the outer edges of the blob vaguely resembled the continents, but it was clear that I had too much data to get interesting results just by drawing lines. I thought that making the lines semi-transparent would do the trick, but I quickly realized that my graphing environment couldn’t handle enough shades of color for it to work the way I wanted.

Instead I found a way to simulate the effect I wanted. I defined weights for each pair of cities as a function of the Euclidean distance between them and the number of friends between them. Then I plotted lines between the pairs by weight, so that pairs of cities with the most friendships between them were drawn on top of the others. I used a color ramp from black to blue to white, with each line’s color depending on its weight. I also transformed some of the lines to wrap around the image, rather than spanning more than halfway around the world.

After a few minutes of rendering, the new plot appeared, and I was a bit taken aback by what I saw. The blob had turned into a surprisingly detailed map of the world. Not only were continents visible, certain international borders were apparent as well. What really struck me, though, was knowing that the lines didn’t represent coasts or rivers or political borders, but real human relationships. Each line might represent a friendship made while travelling, a family member abroad, or an old college friend pulled away by the various forces of life.

Later I replaced the lines with great circle arcs, which are the shortest routes between two points on the Earth. Because the Earth is a sphere, these are often not straight lines on the projection.

When I shared the image with others within Facebook, it resonated with many people. It’s not just a pretty picture, it’s a reaffirmation of the impact we have in connecting people, even across oceans and borders.

Paul is an intern on Facebook’s data infrastructure engineering team.

Voir également:

Check out this stunning Facebook world map

Jeffrey Van Camp

Digital trends

12.14.10

Have you ever wondered what 10 million friendships would look like on a world map? Well, a Facebook engineer has the answer for you. The map below was made by Paul Butler, an engineering intern at Facebook. In a blog post, he explains how he created this visualized representation of friendships. His quest began when he became curious as to whether country or physical location had a big impact on friendships. In other words, he wondered if people had a lot of friends who live far away from them, perhaps around the world. So he took a sample of 10 million friendship pairs from the Facebook database and made this image.

The results are fairly evident and we recommend you check it out in high resolution to fully understand what you’re looking at. This data was not graphed onto a map, by the way. Every lit up dot of land is the geo-location of a friend. The map formed itself by the sheer number of connections. The most lit areas–Europe and the United States–are bright because of the density of smaller range friendships inside them.

“After a few minutes of rendering, the new plot appeared, and I was a bit taken aback by what I saw,” said Butler. “The blob had turned into a surprisingly detailed map of the world. Not only were continents visible, certain international borders were apparent as well. What really struck me, though, was knowing that the lines didn’t represent coasts or rivers or political borders, but real human relationships. Each line might represent a friendship made while travelling, a family member abroad, or an old college friend pulled away by the various forces of life…When I shared the image with others within Facebook, it resonated with many people. It’s not just a pretty picture, it’s a reaffirmation of the impact we have in connecting people, even across oceans and borders.”

As much as we dog Facebook here and there, this perfectly shows the great qualities of social networking. With only 10 million of the 500 million connections, we are able to build a map of the world solely from our own personal connections. Very cool.

Voir aussi:

« Les réseaux sociaux servent les idées extrêmes »
Johann-Harscoët
L’Echo
10 novembre 2016

Il y a une défiance généralisée envers les élites, qu’il s’agisse des journalistes ou des hommes politiques. C’est en ce sens que les gens tendent de plus en plus à accéder à l’information en passant par des citoyens « ordinaires », nous explique un expert en communication.

Darren Lilleker est professeur de communication politique à l’Université de Bournemouth (Angleterre). Il est l’auteur de l’ouvrage « Political Communication and Cognition », dans lequel il analyse la façon dont les citoyens reçoivent et s’approprient les messages politiques avant d’exprimer leurs opinions. Dans cette interview, il explique en quoi les réseaux sociaux ont transformé leur rapport à la démocratie.

La puissance médiatique de personnalités politiques clivantes comme Donald Trump est-elle un phénomène lié exclusivement aux réseaux sociaux?

Donald Trump les a utilisés avec beaucoup d’efficacité pour capter l’attention de l’ensemble des médias. Il l’a particulièrement bien fait avec Twitter. Ses visions controversées, son utilisation très personnelle de cet outil ont rendu sa campagne très visible auprès des utilisateurs des réseaux sociaux. Souvent, les gens sont moins inhibés à l’idée d’y partager des idées extrêmes. Twitter et Facebook – surtout Twitter car l’anonymat y est possible – permettent à leurs utilisateurs de dire ou montrer ce qu’ils n’auraient jamais exprimé dans un autre contexte. Voir d’autres personnes exprimer librement des visions relativement proches des leurs les incite à exprimer à leur tour ce qu’ils veulent. Cela contribue à rendre acceptables les idées extrêmes.

La nature profonde de Facebook ou Twitter n’est-elle pas celle d’un serpent qui se mord la queue?

Les recherches scientifiques suggèrent que les gens utilisent les médias sociaux pour avoir une récompense, pour obtenir des likes, pour que les gens aiment ce qu’ils font ou ce qu’ils sont, les soutiennent. Ils se sentent ainsi plus forts pour dire ce qu’ils ressentent et donner leur avis sur le monde qui les entoure. Ils le font de la même manière qu’un Donald Trump a tenu des propos choquants pour susciter de l’attention et obtenir un maximum de retweets.

« Sur les réseaux sociaux, les modérés sont voués à s’effacer. »

Darren Lilleker
prof. Université de Bournemouth

S’ils n’adhèrent pas à des théories circulant sur le net, ils finissent par s’en détacher. Cela peut plus spécialement concerner ceux qui expriment des visions politiques typiques ou modérées, et qui peuvent très vite constater que les expressions d’idéologies politiques plus tranchantes, clivantes, tendent à prendre naturellement le dessus, à dominer le débat. Sur les réseaux sociaux, les modérés sont voués à s’effacer.

Comment expliquer cette défiance face aux médias traditionnels et à l’information humaine, et cette confiance aveugle envers les réseaux sociaux et leurs algorithmes?

Il y a une défiance généralisée envers les élites, qu’il s’agisse des journalistes ou des hommes politiques. C’est en ce sens que les gens tendent de plus en plus à accéder à l’information en passant par des citoyens « ordinaires ». Mais je ne suis pas sûr qu’ils soient conscients du pouvoir des robots et des programmes informatiques lorsqu’ils sont sur internet. Les interactions leur semblent naturelles, pas déterminées par des formules automatiques. D’ailleurs, Facebook ne crée pas de contenu, il filtre et oriente du contenu à partir du comportement en ligne. Plus les utilisateurs s’expriment, plus ils se voient proposer par les algorithmes des idées et des contenus créés par des personnes qui leur ressemblent, et en qui ils ont confiance.

COMPLEMENT:

Who Is René Girard?

And Why Does Silicon Valley Care?

Justin E. H. Smith
Jan 3, 2021

1.

Although the literary theorist and anthropologist René Girard has many Silicon Valley disciples, surely the most notable of them is the German-born venture capitalist and founder of PayPal, Peter Thiel. A student of Girard’s while at Stanford in the late 1980s, Thiel would go on to report, in several interviews, and somewhat more sub-rosa in his 2014 book, From Zero to One, that Girard is his greatest intellectual inspiration. He is in the habit of recommending Girard’s Things Hidden Since the Foundation of the World (1978) to others in the tech industry.

Girard has two big ideas, each intertwined with the other: the theory of mimesis, and the theory of the scapegoat. Michel Serres, another French theorist long resident at Stanford, and a strong advocate for Girard’s ideas, has described Girard as the “Darwin of the human sciences”, and has identified the mimetic theory as the relevant analog in the humanities of the Darwinian theory of natural selection.

For Girard, everything is imitation. Or rather, every human action that rises above “merely” biological appetite and that is experienced as desire for a given object, in fact is not a desire for that object itself, but a desire to have the object that somebody else already has. This makes obvious sense, in a Veblenian key — plainly, indisputably, nobody wants a Rolex simply in order to be able to keep track of the passage of time with greater precision. Girard notes that the Old Testament authors were lucid enough about human motivation to tackle mimetic desire explicitly in at least four of the Ten Commandments, most notably in the prohibition on coveting, specifically, your neighbor’s goods. The great problem of our shared social existence is not wanting things, it’s wanting things because they are someone else’s.

Of course, the problem did not go away with the prohibition, and for Girard this can only be because it is the universal basis of all human culture. Desire for what the other person has brings about a situation in which individuals in a community grow more similar to one another over time in a process of competition-cum-emulation. Such dual-natured social encounters, more precisely, are typical of people who are socially more or less equal. In relation to a movie star who does not even know some average schlub exists, that schlub can experience only emulation (this is what Girard calls “external mediation”), but in relation to a fellow schlub down the street (a “neighbor” in the Girardian-Biblical sense), emulation is a much more intimate affair (“internal mediation”, Girard calls it), which necessarily carries with it a simultaneous negative charge of desire to annihilate the person we seek to resemble. Among neighbors, the object of desire itself is eventually forgotten in the course of this process, and at the end the competitors stand in relation to one another as “doubles”: neither recalls what that thing is that the other had and that he or she wanted, and each has become undifferentiable from the other.

This is the moment of what Girard calls “mimetic crisis”, which is resolved by the selection of a scapegoat, whose casting-out from the community has the salvific effect of unifying the opposed but undifferentiated doubles. The scapegoat occupies a liminal status between the sacred and the despised (compare Giorgio Agamben’s analysis of the dual meaning of the sacred as exemplified by the figure of the Homo sacer), and is in many cultures someone with a notable physical and mental disability — people with albinism, for example, are a common target in much of sub-Saharan Africa. In a community in which the mimetic mechanism has led to widespread non-differentiation, or in other words to a high degree of conformity, it can however happen that scapegoating approaches something like the horror scenario in Shirley Jackson’s 1948 tale, “The Lottery”. As Girard explains in an interview, published in 2004 under the title Les origines de la culture, “The more undifferentiated people become, the easier it is to decide that any one of them whatsoever is guilty” [plus les gens deviennent indifférenciés, plus il est facile de décider que n’importe lequel d’entre eux est coupable] (82).

As a modest theory of the anthropology of punishment, these observations have some promise. As a general theory of human culture, one feels bound to raise some objections.

2.

It has been compellingly said of Jordan B. Peterson that he is a dumb person’s idea of what a smart person is like. I would not say the same of René Girard, at least not without modifying the formula: he is a practically-minded person’s idea of what a theorist is like. Girard himself appears to share in this idea: a theorist for him is someone who comes up with a simple, elegant account of how everything works, and spends a whole career driving that account home. A theorist spends all of their time on the positive construction of a case, and none of their time on skeptical doubts or objections, and least of all on the nagging call of humility that pipes back up again whenever a philosophically minded person starts to feel as if they’ve got something right — the call that says, “Why should I, of all people, be the one to have got things right? It seems so improbable.”

Girard’s answer to this question would probably be as straightforward as his theory: because I’ve read a lot, and because I am smart. Although he passed through credentialing institutions, Girard’s education resembles more that of some used-book-store owner who will talk your ear off about Schopenhauer or H. L. Mencken while his cat purrs happily on an otherwise unwanted stack of Will and Ariel Durant volumes. This is a species of learnedness that I associate with the United States (the model of the bookseller I have in mind is one I knew in Cincinnati) —improvisational, superficial, Whitmanian, free—, and it is indeed to the US that Girard went to get his reading done. He had already completed his studies at the prestigious École des chartes, in the peculiarly French field of paleography and “archivistics”, which ordinarily would have destined him to some sort of quiet career as a civil servant tending to old papers.

No graduate of such a program can have failed to acquire a good deal of old-world erudition; but in a milieu where everyone is erudite, there’s no one to impress. He disappointed his associates, notably the surrealist poet and résistant René Char (Girard himself seems mostly to have experienced the war and the Nazi occupation as an inconvenient obstacle to his studies), by striking out for the US in the immediate post-war years, landing somehow in Bloomington, Indiana. There he concocted what to all appearances was a very hasty Ph.D. thesis in history, on American Opinion of France, 1940-43. Girard himself boasts about throwing this work together by summarizing the documents in a box of newspaper clippings the French embassy in Washington DC had sent to him, all the while spending the better part of his days in the IU library reading widely in comparative religion, mythology, and anthropology, above all the great British social anthropologists of the late nineteenth and early twentieth centuries: Tylor, Morgan, Frazer, and (par courtoisie) Bronisław Malinowski.

One cannot help but be touched by Girard’s desultory, go-it-alone method. He seems to have sought to stay on at Indiana after his Ph.D., but was driven away after failing to publish anything at all — he is consistently reproached by his American colleagues “spreading himself too thin” (“C’est vous comparer à un trop petit morceau de beurre pour une trop grande tartine,” he will later explain for a French audience unfamiliar with the idiom). He somehow ends up next in Baltimore, where he has a hand in organizing the infamous meeting at Johns Hopkins that brought Jacques Derrida, Jacques Lacan, et al., to America in 1966 — recalling this event, Girard will later riff on Freud’s arrival in the US three decades earlier, when, coming into New York Harbor for his first visit, the psychoanalyst reportedly declared: “I have brought the plague”. Lacan played the clown, insisting on giving his talk in English even though he readily admitted he had basically zero knowledge of the language. Derrida mesmerized. Girard seems to have been there in a mostly organizational capacity — organizing the bringing of the plague, that is. In any case he does not seem to have met any truly like-minded people at this superspreader event. French theory on American shores has always been a dialogue des sourds, and Girard was already playing the American, which is to say enjoying the spectacle of all those puffed-up mandarins.

Circumstances would soon bring Girard from Hopkins to SUNY Buffalo, where he developed a life-long interest in Shakespeare. He recalls, in the interview already quoted, having discovered the Bard while watching a theater production on TV. Now your typical high-mandarin French intellectual is not likely admit that his knowledge of Shakespeare comes from solitary evenings watching the Buffalo PBS affiliate (presumably). But Girard is not your typical French intellectual. He is a would-be French civil-servant archivist gone rogue, via Bloomington, Baltimore, Buffalo, and finally at Stanford, where his individual brand of New World self-reinvention would be well-received by some in the Silicon Valley subculture of, let us say, hyper-Whitmanian intellectual invention and reinvention.

3.

As far as I can tell, the idea that anything Girard has to say might be particularly well-suited to adaptation as a “business philosophy” is entirely without merit.

In a 2014 interview with Business Insider, Thiel is confronted directly with the question as to how, concretely, his former professor inspires his understanding of the workings of the tech industry. The venture capitalist attempts to illustrate with an example of the theory of mimetic desire at work in Silicon Valley: “When the payments company Square came out with its flagship credit card reader, competitors jumped in one after the other to do the same thing with triangles or half-moons instead of squares.”

It is assuredly true that start-ups imitate one another, but I do not see anything more powerfully explanatory of this phenomenon in the work of Girard than in, say, Roland Barthes’s analysis of haute-couture in his ingenious 1967 System of Fashion, or for that matter Thorstein Veblen on conspicuous consumption, or indeed any number of other authors who have noticed that indubitable truth of human existence: that we copy each other. This hardly counts as a theoretical insight at all, so much as one of the given features of all human cultural life that presents itself at the outset as in need of theoretical explanation. Girard does, to be fair, offer some such explanation, but Thiel does not seem to have retained any of this. For him “Girard” stands mostly as a shorthand name for this pretheoretical fact, instances of which are of course multiplied in Silicon Valley life, as everywhere else.

What about the other element of Girard’s theory, the scapegoat mechanism? Here Thiel’s preferred instance is particularly flat-footed: “As for scapegoating,” he says, “what happened to Bill Gates during the antitrust prosecution of Microsoft is a great example of the tendency to gang up and blame one person.” If you thought antitrust cases were about maintaining a rationally regulated system of moderate free-market capitalism that encourages competition and innovation, think again: go back to Girard, with his faithful student as guide, and find the primordial origins of the Microsoft lawsuit in the Vedic sacrifice of the cosmic horse.

Thiel’s demoticized Girard would over the next years become a thoroughly vulgarized Girard, so that by 2018 there were online articles being generated —perhaps by bots, perhaps in offshore content-factories— with titles like “How the Idea of a French Philosopher Can Save Your E-Commerce Business”. “Rene Girad [sic, sic], a French Philosopher,” this particular article tells us, “has given a solid theory of human desire that can save anyone’s E-commerce.”

Again, it is not that one wants to discourage a struggling Amazon-partnered retailer from reading French philosophy, but only that it is not at all clear that Girard is any better placed than any number of other theorists to provide any practical tools to help an e-merchant along towards his or her narrow goals — let alone to provide anything like a critique of the ideological structures that have imposed these goals.

But whatever has money behind it will inevitably have intelligent-looking people at least pretending to take it seriously, and with the foundation of the Imitatio Project by the Thiel Foundation (executive director Jimmy Kaltreider, a principal at Thiel Capital), the study and promotion of Girardian mimetic theory is by now a solid edifice in the intellectual landscape of California.

4.

For Girard, there is at least some desire that falls outside of the logic of mimesis, but only because it is a sort of proto-desire, a merely biological drive. I am naturally wary of human-scientists who seek to contain the biological with modifiers such as “merely”, but with Girard what frustrates me even more is that he does not seem to detect the non-mimetic varieties of desire that would seem to await us beyond, rather than before, desire that is coupled with imitation.

For the sake of an example, let us return to that old, discomforting observation from Claude Lévi-Strauss according to which the “exchange” of women is the foundation of traditional societies, manifesting itself as “kinship”, and that therefore women are a good comparable to cattle (Françoise Héritier compellingly critiques this element of her teacher’s theory). Whether this is a correct account of society in general, it is at least true that some men seek out young, attractive, glamorous women in the aim of enhancing their own social status — the pure delectation in the other’s beauty may be at least part of the man’s satisfaction in the pairing, but it seems fair to say that this delectation is often inseparable from the self-contentment he feels at the status-enhancement she confers to him, and that achieving this status is in turn inseparable from depriving other men of the opportunity to achieve it. This is certainly the subtext of countless commercial-rap-music videos (or Romanian manele, or Serbian turbofolk, or any number of other analogous musical forms in the Balkans or elsewhere), which do not seem anthropologically far, in their smooth blending of the iconic images of luxury products with images of beautiful women, from a pastoralist society’s ceremonial display of prize cattle.

But, pace Girard, we must admit that at least on occasion it happens that a vain and foolish man falls sincerely in love with his trophy wife. That is, at least sometimes a man “acquires” a woman by the logic of neighborly competition and status anxiety, but then discovers that she has a soul too, and is worthy of love just like any human being, quite apart from her significance for his social status. Such love strikes me as an instance of post-mimetic desire, just as we might say that “mere” appetite is pre-mimetic desire. Girard does not seem prepared to acknowledge it, at least not in a theoretical vein (though he seems to have been happily married). And come to think of it, nor is it inconceivable that some status-obsessed fellow should buy a Rolex, only to find that his early tutorials in its proper care and maintenance draw him into a world of sincere and nerdy love of Swiss precision chronometry. I confess many of my own interests have followed such an evolution, even if they seem far away from the logic of material acquisitiveness: I start doing something because I think it will make me look cool, and I keep doing it because I discover it is itself cool.

Perhaps even more worrisome for Girard’s mimetic theory is that it appears to leave out all those instances in which imitation serves as a force for social cohesion and cannot plausibly be said to involve any process of “internal mediation” leading to a culmination in scapegoating. In this respect, we might adapt Michel Serres’s comment and say not so much that Girard is the human-scientists’ Darwin, as that he is their Herbert Spencer, and just as the nineteenth century’s idea of evolution as ruthless competition needed to be supplemented by rigorous accounts of the evolutionary role of altruism in the twentieth century, so too might we say that Girard is missing at least half the story.

Most ritual, in fact, strikes me as characterized by imitation without internal mediation or scapegoating. Indeed, still in infancy, before we have any idea of ourselves as occupying any social node at all, we respond to music with rhythmic motions of the body, feeling ourselves taken up in a sort of cosmic repetition of something, be it only a sequence of drumbeats, that somehow expresses the true nature of our existence. Eventually, this repetition develops into dancing with others, and this dancing may be given ritual meaning — a social significance encoded by human bodies doing the same thing simultaneously, and therefore in some sense becoming identical, but without any underlying desire at all to annihilate one another. It is this significance that the Australian poet Les Murray sees as constituting the essence of both poetry and religion: both are performed, as he puts it, “in loving repetition”.

I often think of a video I saw, and cannot now locate, of Cameroonian Baka hunters performing a dance that is a reenactment of their most recent hunt. In a sort of conga-line formation, they weave up and down, imitating the motion of an animal through the forest, but also becoming, relative to one another, like the metameric segments of a millipede. This is pure imitation, without internal mediation, and it seems to me fair to say that it is indeed the foundation of human society.

Nor is it irrelevant that the Baka organize this foundational ritual around a reenactment of the hunt. Contrary to Girard’s theory of the scapegoat, a promising alternative account of sacrifice has been defended by such thinkers as the pioneering classicist Walter Burkert, for whom the origins of culture lie in a recognition of the transgressive nature of the killing of animals — even if it is necessary for human life, the spilling of animal blood is a sufficiently powerful action to knock the cosmos out of alignment, and it is only by rituals of atonement that it may be set right again. To kill an animal is not merely to satisfy an appetite, but to enter into sociocosmic relations with the natural world, and, by offering a sacrificed portion of it to the gods, to enter also into relation with the supernatural.

On such an account, it is only with the rise of states over the past few thousand years that ritual slaughter and sacrifice turned on occasion to human targets, and in this light the scapegoating of humans may be seen as an attenuated instance of what in the most extreme cases may be enacted by a high priest pulling out another man’s beating heart. Rather than seeing scapegoating as laying a load on a chosen individual human and punishing him or her, for reasons that cannot possibly be articulated in the terms of any modern liberal theory of justice, thereby canceling out the desire among individuals in a community to annihilate one another, we might do better to see it within the larger frame of the ecology of human communities, and the role of ritual in the adaptation of these communities to their ecological niches.

At the basis of ritual, as Les Murray understood, there lies repetition. It is significant that in French the verb répéter is used to mean both “to repeat” but also “to practice” (for example, to practice a musical instrument or a dance routine, or to rehearse for a play). At one moment in the 2004 interview already cited, Girard seems to come around to the sort of view of ritual that I have been attempting to sketch, on which it is a communal processing of the inevitabilities of our existence in nature. “Primitive societies,” he writes, using an outmoded term evocative of the era of pith-helmeted British colonial anthropologists who so influenced him, “do not repeat [ne répètent pas] in order to learn, like schoolchildren, they repeat in order not to have any more violence, but in the end these come out to the same thing” [les sociétés primitives ne répètent pas pour apprendre comme les petits écoliers, elles répètent pour ne plus avoir de violence, mais, en fin de compte, cela revient au même] (49).

The Baka sublimation of the hunt and the Eliasian “civilizing process” as two instances of the same general phenomenon of becoming human: this is an explanation I could get behind. But in such repetitions there is no (human) scapegoat to dwell on, so soon enough Girard leaves this promising line of thinking behind and returns to his pair of treasured hobby-horses, like Uncle Toby forever reliving the same old battles

5.

On my understanding, the human sciences differ from the natural sciences primarily to the extent that we humanists are not looking for fundamental mechanisms that explain everything. We are rather interested in surveying the diversity of the expressions of humanity, cataloguing them, and waiting, but not impatiently, for patterns to appear. There are different kinds of theorist, of course, and there is plenty of room for all of us. It is however somewhat a shame that the everything-explainers, the hammerers for whom all is nail, should be the ones so consistently to capture the popular imagination. How refreshing it is when we come across a footnote in Girard’s work to the infinitely curious and suitably modest Carlo Ginzburg! What an attractive alternative model of the intellectual!

Part of Girard’s appeal in the Silicon Valley setting lies not only in his totalizing urge, but also in his embrace of a certain interpretation of Catholicism that stresses the naturalness of hierarchy, all the way up to the archangels, rather than the radical egalitarianism of other tendencies within this faith. At one amusing point in the interview from which I have been liberally citing, Girard explains that the positive reception in France of his On Things Hidden Since the Foundation of the World had to do with the widespread misreading of it as a work of anti-Christian theory. “If they had known that there is no hostility in me towards the Church, they would have dismissed me. I appeared as the heretic, the revolted person that one has to be in order to reassure the media. If they had known that I do not feel oppressed by western phallocracy, or even by the pope, they would have dropped me real quick [on m’aurait laissé royalement tomber]” (52).

Peter Thiel, for his part, certainly does not seem to feel oppressed by western phallocracy either — in fact he appears intent on coming out somewhere at the top of the phallocratic order, and in any case has explicitly stated that the aspirations of liberal democracy towards freedom and equality for all should rightly be seen as a thing of the past. In his demotic glosses on Girard, the venture capitalist also seems happy to promote the Girardian version of Catholicism as a clerical institution ideally suited to the newly emerging techno-feudalist order.

René Girard, in sum, is not a particularly great theorist — it is easy on even a casual study of his work to spot the weaknesses and lacunae. But he may well be the theorist our era deserves.


Polémique Chouard: Attention, un hommage fâcheux peut en cacher un autre ! (When Ruffin quotes Chouard, guess who quotes Castro and Chavez ?)

24 décembre, 2018

"Macron -whore of the Jews"

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Les fascistes de demain s’appelleront eux-mêmes antifascistes. Huey Long (?)
Il y a autant de racismes qu’il y a de groupes qui ont besoin de se justifier d’exister comme ils existent, ce qui constitue la fonction invariante des racismes. Il me semble très important de porter l’analyse sur les formes du racisme qui sont sans doute les plus subtiles, les plus méconnaissables, donc les plus rarement dénoncées, peut-être parce que les dénonciateurs ordinaires du racisme possèdent certaines des propriétés qui inclinent à cette forme de racisme. Je pense au racisme de l’intelligence. (…) Ce racisme est propre à une classe dominante dont la reproduction dépend, pour une part, de la transmission du capital culturel, capital hérité qui a pour propriété d’être un capital incorporé, donc apparemment naturel, inné. Le racisme de l’intelligence est ce par quoi les dominants visent à produire une « théodicée de leur propre privilège », comme dit Weber, c’est-à-dire une justification de l’ordre social qu’ils dominent. (…) Tout racisme est un essentialisme et le racisme de l’intelligence est la forme de sociodicée caractéristique d’une classe dominante dont le pouvoir repose en partie sur la possession de titres qui, comme les titres scolaires, sont censés être des garanties d’intelligence et qui ont pris la place, dans beaucoup de sociétés, et pour l’accès même aux positions de pouvoir économique, des titres anciens comme les titres de propriété et les titres de noblesse. Pierre Bourdieu
Un État d’Israël guerrier et résolu à s’agrandir” et “un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur” qui “en dépit du flot tantôt montant, tantôt descendant, des malveillances qu’ils provoquaient, qu’ils suscitaient plus exactement dans certains pays et à certaines époques” … Charles De Gaulle (conférence de presse de nov. 67)
Ah, Vichy, Ah Pétain (…) c’était un vieillard un peu dépassé mais… magnifique … Une carrière ainsi brisée à trente-cinq ans, ce n’est pas supportable… Bousquet en souffrait cruellement. Imaginez cette cassure, cette carrière foudroyée … François Mitterrand (sur Pétain et l’ancien secrétaire général de la police de Vichy René Bousquet)
Ce n’est pas une politique de tuer des enfants. Chirac (accueillant Barak à Paris, le 4 octobre 2000)
La situation est tragique mais les forces en présence au Moyen-Orient font qu’au long terme, Israël, comme autrefois les Royaumes francs, finira par disparaître. Cette région a toujours rejeté les corps étrangers. Dominique de Villepin (Paris, automne 2001)
Pourquoi accepterions-nous une troisième guerre mondiale à cause de ces gens là? Daniel Bernard (ambassadeur de France, après avoir qualifié Israël de « petit pays de merde », Londres, décembre 2001)
Les Israéliens se sont surarmés et en faisant cela, ils font la même faute que les Américains, celle de ne pas avoir compris les leçons de la deuxième guerre mondiale, car il n’y a jamais rien de bon à attendre d’une guerre. Et la force peut détruire, elle ne peut jamais rien construire, surtout pas la paix. Le fait d’être ivre de puissance et d’être seul à l’avoir, si vous n’êtes pas très cultivé, enfant d’une longue histoire et grande pratique, vous allez toujours croire que vous pouvez imposer votre vision. Israël vit encore cette illusion, les Israéliens sont probablement dans la période où ils sont en train de comprendre leurs limites. C’était Sharon le premier général qui s’est retiré de la bande de Gaza car il ne pouvait plus la tenir. Nous défendons absolument le droit à l’existence d’Israël et à sa sécurité, mais nous ne défendons pas son droit à se conduire en puissance occupante, cynique et brutale … Michel Rocard (Al Ahram, 2006)
Cet attentat odieux a voulu frapper les israélites qui se rendaient à la synagogue, il a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic. Raymond Barre (le 3 octobre 1980, TFI, suite à l’attentat de la synagogue parisienne de la rue Copernic, 4 morts, 20 blessés)
J’ai tellement entendu les propos de M. Gollnisch à Lyon que cela finissait par ne plus m’émouvoir. Quand on entend à longueur de journée tout ce qui se dit à droite et à gauche, à la fin on n’y porte plus attention. Raymond Barre
Pendant toutes les années du mitterrandisme, nous n’avons jamais été face à une menace fasciste, donc tout antifascisme n’était que du théâtre. Nous avons été face à un parti, le Front National, qui était un parti d’extrême droite, un parti populiste aussi, à sa façon, mais nous n’avons jamais été dans une situation de menace fasciste, et même pas face à un parti fasciste. D’abord le procès en fascisme à l’égard de Nicolas Sarkozy est à la fois absurde et scandaleux. Je suis profondément attaché à l’identité nationale et je crois même ressentir et savoir ce qu’elle est, en tout cas pour moi. L’identité nationale, c’est notre bien commun, c’est une langue, c’est une histoire, c’est une mémoire, ce qui n’est pas exactement la même chose, c’est une culture, c’est-à-dire une littérature, des arts, la philo, les philosophies. Et puis, c’est une organisation politique avec ses principes et ses lois. Quand on vit en France, j’ajouterai : l’identité nationale, c’est aussi un art de vivre, peut-être, que cette identité nationale. Je crois profondément que les nations existent, existent encore, et en France, ce qui est frappant, c’est que nous sommes à la fois attachés à la multiplicité des expressions qui font notre nation, et à la singularité de notre propre nation. Et donc ce que je me dis, c’est que s’il y a aujourd’hui une crise de l’identité, crise de l’identité à travers notamment des institutions qui l’exprimaient, la représentaient, c’est peut-être parce qu’il y a une crise de la tradition, une crise de la transmission. Il faut que nous rappelions les éléments essentiels de notre identité nationale parce que si nous doutons de notre identité nationale, nous aurons évidemment beaucoup plus de mal à intégrer. Lionel Jospin (France Culture, 29.09.07)
Je n’oublie pas d’où je viens. Je ne suis pas l’enfant naturel de temps calme de la vie politique. Je suis le fruit d’une forme de brutalité de l’histoire, d’une effraction parce que la France était malheureuse et inquiète, si j’oublie tout cela, ce sera le début de l’épreuve. Emmanuel Macron
French Jews have become a focal point for the “Yellow Vest” protests across France, with an increase in anti-Semitism by demonstrators. In recent days, the Jewish community has reported numerous anti-Semitic videos, graffiti and actual threats appearing in central locations and on social media. Last Saturday, the Chabad House on the Champs-Elysées Boulevard temporarily closed its doors for the first time due to safety concerns. (…) On Route A6, the main artery between Paris and Marseilles, a huge banner was hung on a bridge, accusing Jews of controlling French President Emmanuel Macron. The banner read: “Macron is a whore of the Jews.” Social networks have also become an arena for spreading anti-Semitic expression. Thus, for example, a message circulated by an anonymous source wearing a mask: “It was the rich Jews who brought Macron to power so that he would be their puppet and they are pulling the strings. The Jews are responsible for the lowering of taxes on the rich and for the whole financial situation.” In another video, an activist from the “Yellow Vests” invited demonstrators to come to a Chabad Hanukkah candle lighting, saying: “The Jewish people celebrate while the French have nothing to eat.” The anti-Semitic French entertainer Dieudonné M’bala M’bala and his admirers joined the demonstrators and gave the Nazi salute. (…) The International Fellowship of Christians and Jews, which helps Jews immigrate to Israel, noted that following the events in France there has been a surge in the number of Jews interested in immigrating to Israel. Uriel Saada, head of the France Desk at the Fellowship, said that he received dozens of requests from Jewish families interested in immigrating to Israel. Ynet
Inconnu de la plupart des Français, le militant politique est devenu en une grosse dizaine d’années une des étoiles de la contre-culture politique sur Internet. Sa notoriété remonte à 2005, au moment de la campagne référendaire sur le Traité constitutionnel européen (TCE). Âgé de 48 ans, Etienne Chouard est alors un anonyme prof de lycée à Marseille, électeur sans grande conviction du Parti socialiste (PS). Happé par les débats autour du TCE, il se décide à analyser de près le projet de nouveau traité européen, et en tire une tribune percutante, publiée sur son blog, qui dénonce le projet comme un « secret cancer de notre démocratie ». Fouillé, argumenté, offensif voire excessif, le texte est partagé en masse et se répand comme la poudre. Etienne Chouard devient, à sa propre surprise, un des chefs de file discrets du camp du « non », qui triomphe au référendum. Il change de dimension. Le professeur se fait penseur et militant : lui qui ne s’y était jamais intéressé dévore des milliers de livres sur la politique et économique, partage ses réflexions sur son blog, donne des conférences. Il forme autour de lui une communauté de fidèles qui répandent ses idées, surnommés les « gentils virus ». Chantre de l’éducation populaire, Etienne Chouard élabore de bric et de broc sa propre doctrine politique. Au centre de sa réflexion, la nécessité d’un « processus constituant ». D’après lui, l’origine des maux de nos sociétés est inscrite dans la Constitution : en laissant le soin aux « responsables politiques, aux mains des grands marchands », de « l’écrire à notre place », nous (c’est-à-dire les 99% de moins riches) leur (les 1%) avons cédé le pouvoir. Dans la pensée de Chouard, toutes les dérives du capitalisme financier (inégalités, pauvreté, disparition des services publics, destruction de l’écosystème) sont reliées à ce péché originel : confier le pouvoir à des représentants, acte qui équivaudrait immanquablement à en priver le peuple. (…) Afin d’y remédier, le blogueur exclut logiquement toute élection : il veut former une assemblée constituante tirée au sort, qui définirait par la discussion collective des nouvelles institutions. Celles-ci devraient faire la part belle à la démocratie directe : les responsables seraient tirés au sort, pourraient être révoqués à tout moment, et le peuple prendrait lui-même l’initiative d’écrire les lois… grâce au RIC, évidemment. (…) En attendant cette révolution pacifique, le blogueur s’est attaché à appliquer ses principes au niveau local, en organisant des « ateliers constituants » destinés à faire de simples citoyens des « adultes politiques », souverains et capables de penser le bien commun. Influencé par la pensée anarchiste, il se définit comme un démocrate radical, persuadé que le peuple est « capable de mener lui-même ses affaires » ; convaincu de la nature intrinsèquement bonne des humains, Etienne Chouard est convaincu que « si on prend les décisions ensemble à la majorité, ce ne seront pas les quelques affreux, égoïstes, violents, méchants, qui sont minoritaires, qui vont faire la loi. » A cette pensée politique, le sexagénaire adjoint des idées économiques radicalement opposées au libéralisme de l’Union Européenne. Dénonçant le statut de la Banque centrale européenne, Chouard affirme que « le premier privilège est celui pour un petit nombre de créer la monnaie », et que « les peuples qui ont perdu, renoncé à la création monétaire publique ont perdu en même temps leur souveraineté politique. La création monétaire est actuellement entre les mains des banquiers. » Invité de l’émission de Frédéric Taddeï Ce soir ou jamais en 2014, Etienne Chouard s’y livre à une longue tirade, très partagée sur Internet, qui synthétise ses idées. Elle lui permet d’accroître encore sa notoriété (…) Détournement de la démocratie, désir de représentation des idées populaires, impuissance du politique face aux grands intérêts économiques : les thèmes développés par Etienne Chouard depuis 13 ans sont en parfaite concordance avec le mouvement des gilets jaunes. Il n’est donc pas très étonnant de voir le blogueur, abondamment cité sur les rond-points par des gilets jaunes ayant formé leur réflexion politique sur Internet, soutenir le mouvement et s’afficher à ses côtés. Jacline Mourand, l’une des têtes d’affiches, l’a spontanément mentionné comme influence clé auprès de Marianne. Le 4 décembre, à Saint-Claire du Rhône (Isère), il a tenu une réunion publique sur le RIC en compagnie de plusieurs gilets jaunes, dont Maxime Nicolle, alias « Fly Rider », un autre leader. Mais Etienne Chouard, ce n’est pas que la démocratie directe et la critique des banques. Entre 2005 et aujourd’hui, dans sa volonté effrénée de dialogue avec tous les pans de la société, le professeur a frayé avec de nombreuses figures controversées… sans s’en détacher clairement, et parfois en les soutenant ouvertement. Ainsi, le 9 décembre 2007, Etienne Chouard conseille sur son blog le visionnage d’un « entretien passionnant » entre Thierry Meyssan (écrivain et diffuseur privilégié de théories du complot concernant le 11 septembre 2001) et l’essayiste Alain Soral, connu pour sa vision conspirationniste et violemment antisémite du monde. Ce dernier, qu’il rencontre en chair et en os dans les années 2010, ne va plus cesser d’empoisonner la réputation d’Etienne Chouard : incapable de s’en détacher clairement, le blogueur s’est longtemps montré d’une complaisance incompréhensible avec ce pamphlétaire virulent, condamné par la justice à de multiples reprises pour injures antisémites ou incitation à la haine raciale. Récusant les propos de Soral concernant les homosexuels et les féministes, Chouard ne le situe pas moins dans L’Express en 2014 comme « à gauche parce qu’il se bat contre les privilèges », et indique qu’il l’a « rendu sensible » à la problématique du sionisme. Les qualificatifs élogieux pleuvent : « courageux », « résistant », « lanceur d’alerte qui proteste contre l’ordre établi »… Comme un renvoi d’ascenseur, Etienne Chouard est alors mis régulièrement en valeur sur Egalité et Réconciliation (E&R), le site internet qui promeut les idées d’Alain Soral. Culture libre, une association dont l’animateur est un responsable local d’E&R, diffuse et commercialise même certaines des conférences de Chouard. Iconoclaste ou sulfureux, Etienne Chouard brouille en tout cas tous les repères politiques traditionnels : originellement identifié dans les rangs de la gauche radicale, il s’affiche avec des personnalités de l’autre versant : conférence commune sur les Lumières avec Marion Sigaut, militante d’E&R, en novembre 2012. Proximité avec François Asselineau, candidat souverainiste à la présidentielle de 2017 (Chouard a finalement voté pour Jean-Luc Mélenchon) et fondateur de l’Union populaire républicaine (UPR). Il conseille aussi des lectures pour le moins curieuses aux visiteurs de son blog – notamment les ouvrages du conspirationnistes Antony C. Sutton et du négationniste Eustace Mullins. Chouard défend son éthique politique : la volonté de se situer en dehors des clivages partisans et des critères de respectabilité édictés par le mainstream. « Cela fait douze ans que je travaille, parle en public, réfléchis aux pouvoirs et abus de pouvoir ; que je cherche à mettre un processus constituant qui, à mon avis, doit intégrer tout le monde », argumente le prof de gestion, bien décidé à n’exclure personne tout en enjambant le clivage gauche-droite. Mais il ne s’est pas contenté de discuter : au fil des années, les contacts avec la sphère « dissidente » ont semblé infuser dans les analyses d’Etienne Chouard. Dans un entretien vidéo en 2014, il qualifie l’Union européenne de « projet fasciste », et applaudit la manière dont Alain Soral « dénonce le colonialisme guerrier du sionisme, explique que le sionisme est un projet colonial, raciste, militaire (…) ». Ses développements s’apparentent fréquemment au complotisme : on y trouve les mêmes méthodes d’analyse, trouvant dans un grand complot ourdi par les plus riches l’unique explication des malheurs du monde, élaborant des chaînes d’équivalence bancales mais définitives, faisant référence à des faits historiques parfois obscurs (notamment la création de la banque d’Angleterre en 1694) mais considérés comme capitaux… Etienne Chouard a également une manière bien à lui de définir le fascisme : dans un entretien avec le média Internet La Mutinerie, il explique refuser de « lyncher untel ou untel parce qu’il est fasciste, parce qu’il est d’extrême droite ». D’après lui, on commet une erreur en utilisant le vocable ‘fasciste’ pour « désigner ceux qui ont un avis non conforme sur les étrangers, sur la peine de mort, sur l’avortement, sur la religion catholique, sur la nation. » Les vrais fascistes ? Ce sont « les grands propriétaires, les possédants, les ultra-privilégiés, qui veulent bien de la République quand les élections leur donnent tout le pouvoir. Ils se montrent comme fascistes et d’extrême droite quand ils sentent qu’ils vont perdre les élections. C’est les 1% contre les 99%. C’est ça l’extrême droite. » Une classification qui permet notamment à Chouard de ranger le Parti socialiste dans le camp du fascisme… A sa manière, Etienne Chouard est parfaitement représentatif des « gentils virus » qui le soutiennent : comme eux, il a construit sa culture politique sur le tas. Sur Internet et dans les livres plutôt que par l’intermédiaire de professeurs dispensant un savoir officiel. (…) Résultat : les constructions idéologiques traditionnelles sont totalement brouillées. Dans cette « culture YouTube », faite de liberté et de désordre, on a parfois l’impression que tout ce qui se situe en dehors du mainstream est adoubé par principe comme faisant partie du combat pour la démocratie. (…) Dans une longue analyse publiée en 2013, où il était déjà accusé de complaisances avec Etienne Chouard, François Ruffin livrait une lecture similaire, qualifiant la « construction idéologique » du blogueur, bâtie « en accéléré, de bric et de broc, comme tout le monde », de « bien récente, bien fragile, bien confuse ».  Ces errances ont valu de nombreuses excommunications à Chouard, faisant souvent suite à des pressions exercées par des groupes antifascistes. Comme en novembre 2012, où les cinémas Utopia et le Front de gauche annulent la venue du blogueur à une projection, après avoir découvert que le site de Chouard mentionnait dans sa liste de liens le Réseau Voltaire ainsi qu’Egalité & Réconciliation. Un an plus tard survient la première explication avec François Ruffin, que le fondateur de Fakir a donc relatée sur le site de son journal, qui venait alors de faire la promotion de la pièce de théâtre d’Etienne Chouard, La dette expliquée à mon banquier. Après une première rencontre peu productive en 2009, Ruffin aborde frontalement la question de l’antisémitisme d’Alain Soral avec Chouard, qui se borne alors à répondre que l’auteur de Comprendre l’empire évoque l’antisionisme, refuse de « trier selon les appartenances politiques » et affirme sa volonté de « toucher tout le monde de gauche à droite ». Finalement, Ruffin tiendra encore un dialogue avec Etienne Chouard, sans parvenir à se mettre tout à fait d’accord avec lui, mais indiquant qu’il se sent « davantage son ‘ami’, un peu, pas trop mais un peu, après ces échanges. » (…) En novembre 2014, Etienne Chouard s’est nettement éloigné du penseur d’extrême droite. Faisant le constat des « accusations violentes » reçues après avoir posté le lien d’E&R sur son blog, le militant écrivait avoir « rapidement compris que [Soral] n’est pas du tout un démocrate », mais estimait que « une partie de son analyse du monde actuel » lui semblait « utile ». Abordant enfin la question de l’antisémitisme, Chouard regrette que l’injure « antisémite » serve trop souvent « à qualifier tous ceux (même ceux qui ne sont absolument racistes) qui critiquent et condamnent la politique — elle, officiellement raciste et criminelle — du gouvernement israélien ». Mais il se rend enfin à l’évidence, après avoir découvert une vidéo accablante datée de juin 2014, dans laquelle Soral tient « des propos terribles et dangereux ». Reconnaissant s’être « trompé en publiant un lien sans mise en garde », Chouard retire le lien d’E&R de son site, dénonçant un « mélange toxique » entre une « lutte légitime et courageuse contre de redoutables projets de domination » et « un sexisme, une homophobie, et maintenant un antisémitisme assumés ». Et aujourd’hui ? A franceinfo, il assure qu’il refuse désormais les invitations d’E&R et a coupé tous les liens avec son leader, tout en objectant : « Le danger pour la société humaine, ça n’est pas Soral ! On n’en a rien à foutre de ces mecs-là, ils ne représentent que des groupuscules ». Il a également publié une nouvelle note de blog ce jeudi 20 décembre, dans laquelle il assure que depuis son billet de 2014, il « ne parle jamais de Soral, absolument jamais, et que, par contre, tous ceux qui [l’]accusent de le fréquenter (ce qui n’est pas vrai), eux, en parlent tout le temps… » Populaire et controversée, la figure d’Etienne Chouard illustre à sa manière les clivages qui minent la France insoumise en interne. Certains, adeptes d’une stratégie « populiste », estiment que LFI a vocation a s’adresser à des figures qui transcendent son électorat traditionnel de gauche radicale, devenu très minoritaire – sans forcément aller jusqu’à prôner un dialogue régulier avec Etienne Chouard. D’autres, qui défendent plutôt une union de la gauche, sont partisans d’un strict « cordon sanitaire » et jugent que LFI se compromettrait en approchant des figures n’étant pas clairement identifiées sur le spectre politique. Les deux conceptions ont leurs raisons d’être, et également leurs dérives. A vouloir ratisser trop large pour ne pas s’enfermer à gauche, on court ainsi le risque de s’acoquiner avec des personnalités a priori peu compatibles avec le « nouvel humanisme » défendu par Jean-Luc Mélenchon ; de l’autre côté, en cherchant à excommunier tous ceux qui ne s’identifient pas à la gauche, la base se rétrécit, et ceux qui cherchent à dialoguer avec d’autres reçoivent des anathèmes insensés. Autre lecture possible : François Ruffin, qui donne des gages à l’une ou l’autre des deux options à intervalles réguliers, a tout simplement pris acte du fait que s’agissant du référendum d’initiative citoyenne, Etienne Chouard est devenu en France une référence incontournable. Qu’on l’apprécie ou non. Hadrien Mathoux (Marianne)
Mon curseur politique est simple, c’est celui de la révolution. Celui qui soutient le peuple qui veut se soulever contre ses maîtres est à gauche. A droite, il y a la défense des privilèges. Etienne Chouard
Pour Chouard, il suffit de critiquer l’Union Européenne, les banques, la mondialisation, le capitalisme, pour être du bon côté. Philippe Marlière
Et puis, on a vu aussi le petit Elkabach (..) qui est finalement  le petit sémite sépharade (…) se soumettre comme une femme à quelqu’un qui représente encore – je dirais – la virilité aryenne. Alain Solal
Mon sentiment profond, c’est que tu es comme un adolescent en politique. Tu voles d’émerveillements en indignations. C’est beau, en un sens, ça apporte de la naïveté, de la fraîcheur, de la hardiesse aussi. Mais ça comporte une part d’errance. François Ruffin
Le référendum d’initiative citoyenne a fleuri. Oh, il n’a pas fleuri par hasard. Il a fleuri parce que des hommes de conviction – nommons-les : Etienne Chouard et ses amis – ont semé, ont arrosé, depuis des années. François Ruffin (député LFI)
Je suis évidemment en phase avec la proposition pour le RIC mais j’avoue, je n’aurais pas pris en modèle Etienne Chouard. Mais sans doute suis-je trop sensible aux dérives rouge-brun…Clémentine Autain (députée LFI)
J’ai cité Chouard dans mon discours sur le RIC hier. Parce que, objectivement, quel nom revient sur les ronds-points : le sien. Parce que, avec honnêteté, il faut dire que sur ce RIC, avec foi, il a battu la campagne et les estrades depuis une décennie. Ce qui n’ôte rien à nos désaccords, déjà signalés avec force, avec clarté, il y a plusieurs années. Depuis, Chouard a mis fin à ses étranges liens. Alors, doit-on éternellement traiter les hommes en pestiférés ? Tel n’est pas [mon] choix. François Ruffin (député LFI)
De grands médias et des politiciens de métier sont en train d’essayer de faire de moi un « Soralien », ce qui leur permettrait de discréditer d’un coup, sans argument de fond, la proposition ultra-démocratique de processus constituant populaire que je défends depuis dix ans. (…) Un jour, il y a trois ans je pense, je suis tombé sur une vidéo de Soral, que je ne connaissais pas, qui m’a intéressé : il y dénonçait le colonialisme raciste du gouvernement israélien et le sionisme comme idéologie de conquête, aux États-Unis mais aussi en France (en s’appuyant sur les livres — bouleversants — d’Israël Shahak, de Shlomo Sand, de Gilad Atzmon et d’autres que nous devrions tous lire, je pense). Pour moi qui travaille sur les abus de pouvoir, il est naturel d’être intéressé par toute étude d’un projet de domination, quel qu’il soit. En regardant un peu son site, j’ai vu qu’il étudiait, condamnait et résistait (comme moi), entre autres, à l’Union européenne, au capitalisme, à l’impérialisme, au colonialisme, au racisme, aux communautarismes, aux multinationales, aux complexes militaro-industriels et aux grandes banques d’affaires, à la prise de contrôle des grands médias par les banques et par les marchands d’armes, au libre-échange et au sabotage monétaire, aux innombrables et scandaleuses trahisons des élites, à toutes les guerres, à toutes les réductions des libertés publiques justifiées par la « lutte contre le terrorisme », etc. Bref, tous ces fronts de résistance étant, à mon avis, des fronts de gauche, et même de gauche radicale et vraie, j’ai ajouté naturellement un lien sur ma page d’accueil vers le site de Soral. Un lien, parmi des milliers — je ne savais pas encore que cela allait faire de moi, en quelques années, un homme à abattre. Je n’ai pas fait l’exégèse de l’auteur et du site signalés : j’ai juste cité le lien déniché, comptant comme d’habitude sur l’intelligence des gens — que je considère comme des adultes — pour distinguer ce qui y est pertinent de ce qui ne l’est pas, ce qui est bon de ce qui est mauvais. Et puis, je suis passé à autre chose, évidemment ; ma vie est une course permanente d’une idée à l’autre. À partir de ce moment, j’ai reçu des accusations violentes et des injonctions — souvent anonymes — à retirer ce lien, jugé diabolique. Or, j’ai horreur qu’on m’impose ce que je dois penser ou dire ; je veux bien changer d’avis (j’aime découvrir que je me trompe et progresser en changeant d’opinion), mais il ne suffit pas d’affirmer que je me trompe, même en criant que je suis un fasciste (sic), il faut me le prouver. Et si on veut me forcer à retirer un lien, il y a toutes les chances pour que je m’obstine (bêtement, je sais). (…) Pour revenir à Soral, j’ai rapidement compris qu’il n’est pas du tout un démocrate, évidemment : il est autoritaire et il défend une idéologie autoritaire, au strict opposé de ce que je défends moi. Je ne veux pas plus de sa « dictature éclairée » que de n’importe quelle dictature, évidemment. Mais malgré cela, une partie de son analyse du monde actuel (et non pas ses projets de société) me semble utile, objectivement, pour mon projet à moi, de compréhension des abus de pouvoir et de constituante populaire. Donc, pour ma part, je ne monte pas en épingle ce qui me déplaît chez Soral, je prends ce qui m’intéresse (les infos sur les fronts de gauche et sur la résistance au sionisme) et je laisse le reste, comme l’adulte libre de penser et de parler que je suis. On reproche à Soral un antisémitisme intense et assumé. Pourtant, quand on lui demande « êtes-vous antisémite ? », Soral répond « NON, dans le vrai sens du mot c’est-à-dire raciste ». Et il souligne aussitôt que le mot « antisémite », avec des guillemets, a progressivement changé de sens pour servir aujourd’hui de bouclier anti-critiques (ce que Mélenchon dénonce lui aussi, amèrement, avec raison et courage, je trouve, en appelant cette calomnie systématique « le rayon paralysant du CRIF ») : dans ce nouveau sens, complètement dévoyé, « antisémite » sert à qualifier tous ceux (même ceux qui ne sont ABSOLUMENT PAS racistes) qui critiquent et condamnent la politique — elle, officiellement raciste et criminelle — du gouvernement israélien (critiques d’un racisme qui sont donc un antiracisme). C’est ce nouveau sens seulement que Soral assumait, en martelant, en substance : « j’en ai marre de ce chantage à « l’antisémitisme » et de ces intimidations permanentes de la part d’ultra-racistes qui osent accuser de racisme des résistants à leur racisme ». Je trouve que ça se défend très bien, si on arrive à tenir le cap de l’humanisme, c’est-à-dire à ne pas devenir soi-même raciste en réaction à un racisme premier : il est essentiel, je pense, de ne pas devenir antisémite en réaction au sionisme : il ne faut surtout pas s’en prendre à tous les juifs au motif que certains sionistes seraient odieux et dangereux. Or, tout récemment, j’ai découvert dans une publication de Soral des propos terribles et dangereux qui me conduisent à changer d’avis sur la portée du lien que j’ai mis sur mon site. Dans une vidéo en direct de juin 2014 (1 minute, à partir de 47:54), Soral dit les mots suivants, que je n’avais jamais entendus de lui avant, et qui me choquent tous profondément : [Bon, j’ai commencé à transcrire, mais j’ai honte de seulement écrire des trucs pareils… Donc, j’arrête. Je vous laisse lire le lien si ça vous chante.] Je ne peux évidemment pas valider une parole pareille, froidement raciste, sexiste, autoritaire. Je n’avais jamais vu Soral parler comme ça. C’est un peu comme un désaveu, parce que je l’ai entendu maintes fois jurer qu’il n’était pas antisémite. Alors, je cède, je reconnais que me suis trompé, en publiant un lien sans mise en garde : il y a un risque d’escalade des racismes. Ce mélange de lutte légitime et courageuse contre de redoutables projets de domination (résistance qui m’intéresse toujours et dont je ne me désolidarise pas), avec un sexisme, une homophobie, et maintenant un antisémitisme assumés (qui me hérissent vraiment), ce mélange est toxique. Stop. Et puis, je n’arrive plus à m’occuper de nos ateliers constituants : on nous interpelle sans arrêt sur notre prétendue identification à Soral, et la violence des échanges qui s’en suivent partout me désespère ; j’en ai assez, il faut faire quelque chose pour marquer une différence, une limite : je supprime le lien de mon site vers Soral. Désormais, je ferai le filtre, en évoquant moi-même les auteurs que je trouve utiles, comme Shlomo Sand, Jacob Cohen, Bernard Lazare, Israël Shahak, Gilad Atzmon, Norman Finkelstein, Gideon Levy, Mearsheimer et Walt, Éric Hazan, etc. En conclusion, j’insisterai sur l’essentiel : à mon avis, tous ces reproches sont montés en épingle de mauvaise foi par les professionnels de la politique pour entretenir une CONFUSION entre les vrais démocrates et « l’extrême droite » ; confusion qui leur permet de se débarrasser des vrais démocrates à bon compte, sans avoir à argumenter. Étienne Chouard (28.11.2014)
Je vais donc remettre un lien, différent, commenté, vers E&R, que je considère comme un portail utile pour comprendre et résister à certains abus de pouvoir terribles, même s’il est évidemment très critiquable par certains côtés (comme tout le monde) ; je reviens donc à ma position ouverte d’avant-hier, que je tiens depuis des années : il faut que chacun se forge une opinion en adulte, et une vraie démocratie doit laisser une place aux non démocrates. Et pour les ulcérés, faut quand même pas charrier, ce n’est qu’un lien suggéré, pas du tout une identité, une allégeance ou une caution : je ne suis pas « soralien », je cherche à RENDRE POSSIBLE UN MONDE VRAIMENT COMMUN, je ne suis pas « complaisant avec le fascisme » que je combats du mieux que je peux, en conscience, librement, à ma façon, et je vous pense tous libres de penser. Soyez gentils de ne pas tout surinterpréter, tâchez de modérer. Vous savez maintenant ce que je pense de l’antisémitisme et du racisme : je les considère comme des fléaux, une honte pour l’humanité. Mais je pense que les combattre en traitant les gens de « racistes » comme si c’était leur nature, et en leur coupant la parole (comme on coupe une tête), c’est croire éteindre un incendie en jetant de l’essence sur les flammes. Etienne Chouard (29.11.2014)
Je désapprouve ce prix qui entre dans les rites, les ritournelles du Parlement. C’est la troisième fois qu’un Cubain reçoit ce prix de la part d’un Parlement qui n’a pas trouvé une minute pour condamner le coup d’Etat au Honduras, et ne s’est jamais intéressé aux Cinq de Miami. Le Parlement européen est embrigadé dans des croisades anticommunistes qui m’exaspèrent. Ça ne veut pas dire qu’on approuve l’emprisonnement, ça veut dire qu’on désapprouve la manière dont le Parlement est bienveillant pour des dictatures fascistes, et malveillant vis-à-vis du camp progressiste. Jean-Luc Mélenchon
Les dirigeants du PS français et de la social-démocratie européenne, en effet, sont en général des personnages que je considère comme des poulets élevés en batterie. Ils sortent des grandes écoles, sans aucun passé militant dans les luttes populaires, et encore moins dans l’internationalisme politique. Ils montent les marches du pouvoir politique en croyant que leur discours de gestionnaires, c’est du socialisme. Et ils font croire que ça se résume à ça. Ces dirigeants n’ont jamais compris ce qui se passe en Amérique latine parce qu’ils ne se sentent pas concernés. Dans le meilleur des cas, ils se contentent de reproduire le discours de la propagande étasunienne, repris par la majorité des médias. (…) Le président Hugo Chavez note, comme moi : « Les gens ne veulent pas comprendre que pour redistribuer les richesses auprès des pauvres, il faut changer les institutions ». Et Chavez nous interpelle : « Parce qu’il existerait une alternative ? Et où se trouvent donc vos magnifiques modèles, vous les Européens, que l’on devrait prétendument imiter ? ». (…) C’est donc pour cela que j’ai demandé à ces dirigeants qu’ils se taisent, et qu’ils observent avec respect le chemin montré par Chavez, Evo Morales en Bolivie, Rafael Correa en Équateur ou José Mujica en Uruguay. Non pas pour les imiter, mais pour apprendre d’euxJean-Luc Mélenchon
Soljenitsyne était une baderne passéiste absurde et pontifiante, machiste, homophobe, et confis en bigoteries nostalgiques de la grande Russie féodale et croyante.(…) C’était un perroquet utile de la propagande « occidentale ». Utile car au contraire de tous ceux qui avaient dénoncé avant lui le goulag et les camps staliniens, Soljenitsyne était une voix de droite parmi les plus réactionnaire. Jean-Luc Mélenchon (sénateur membre du bureau national du PS, 04/08/08)
Je ne partage pas du tout l’enthousiasme béat pour le Dalaï-lama ni pour le régime qu’il incarne. (…) seule l’enquête « d’arrêt sur image » rapporte que les « évènements du Tibet » ont commencé par un pogrom de commerçants chinois par des « Tibétains ». (…) autant dire que le gouvernement français de l’époque a ordonné de pousser deux jeunes dans un transformateur électrique à Clichy Sous Bois au motif qu’il avait alors une politique de main dure face aux banlieues. Personne n’oserait avancer une bêtise aussi infâme. Dans les émeutes urbaines américaines la répression a aussi la main lourde. (…) Robert Ménard est un défenseur des droits de l’homme à géométrie variable. A-t-il mené une seule action, même ultra symbolique, quand les Etats-Unis d’Amérique ont légalisé la torture ? A-t-il mené une seule action pour que les détenus de Guantanamo soient assistés d’avocat ? (…) Le Tibet est chinois depuis le quatorzième siècle. (…) Parler « d’invasion » en 1959 pour qualifier un évènement à l’intérieur de la révolution chinoise est aberrant. Dit-on que la France a « envahi » la Vendée quand les armées de notre République y sont entrées contre les insurgés royalistes du cru ? (…) La version tibétaine de la Charia a pris fin avec les communistes. La révolte de 1959 fut préparée, armée, entretenue et financée par les USA dans le cadre de la guerre froide. (…) Depuis la scolarisation des enfants du Tibet concerne 81% d’entre eux là où il n’y en avait que 2% au temps bénis des traditions. Et l’espérance de vie dans l’enfer chinois contemporain prolonge la vie des esclaves de cette vallée de larmes de 35, 5 à 67 ans. Jean-Luc Melenchon
Parler d’invasion en 1959 pour qualifier un événement à l’intérieur de la révolution chinoise est aberrant. Jean-Luc Mélenchon
Il y a entre nous une culture commune bien plus étendue et profonde qu’avec les Nord-Américains. Les Chinois, comme nous, accordent depuis des siècles une place centrale à l’Etat dans leur développement. Dans leurs relations internationales, ils ne pratiquent pas l’impérialisme aveugle des Américains. La Chine est une puissance pacifique. Il n’existe aucune base militaire chinoise dans le monde. (…) La Chine n’est pas intéressée au rapport de forces de cet ordre. Jean-Luc Mélenchon
Car la consigne (« Qu’ils s’en aillent tous ») ne visera pas seulement ce président, roi des accointances, et ses ministres, ce conseil d’administration gouvernemental de la clique du Fouquet’s ! Elle concernera toute l’oligarchie bénéficiaire du gâchis actuel. « Qu’ils s’en aillent tous ! » : les patrons hors de prix, les sorciers du fric qui transforment tout ce qui est humain en marchandise, les émigrés fiscaux, les financiers dont les exigences cancérisent les entreprises. Qu’ils s’en aillent aussi, les griots du prétendu « déclin de la France » avec leurs salles refrains qui injectent le poison de la résignation. Et pendant que j’y suis, « Qu’ils s’en aillent tous » aussi ces antihéros du sport, gorgés d’argent, planqués du fisc, blindés d’ingratitude. Du balai ! Ouste ! De l’air ! Jean-Luc Mélenchon (extrait du livre)
Je suis toujours partisan d’interdire les partis contre-républicains. Jean-Luc Mélenchon
Quand Ruffin cite Chouard, devinez qui cite… Castro et Chavez ?
 
 Alors qu’à la faveur de la levée des censures qui a suivi la remise en cause, par la France d’en bas des gilets jaunes, du casse du siècle présidentiel et législatif du printemps 2017
Ressurgissent avec le retour du réel et faisant opportunément oublier la vraie menace islamiste et tout simplement musulmane, tant le racisme ordinaire des « déplorables » que la version prétendument « savante » des professionnels de l’antisémitisme à la Dieudonné ou Soral …
Et que l’antifachosphère bruisse et bourdonne de l’ « hommage fâcheux » du député de la France insoumise Ruffin au chantre anti-européen du référendum d’initiative citoyenne et actuel théoricien des gilets jaunes Etienne Chouard …
Qui rejetant avec raison la stigmatisation faschisante systématique de toute pensée refusant la pensée unique …
Dont on a tant abusé pour condamner les avertissements qui se sont révélés ô combien justifiés du Front national contre l’immigration incontrôlée …
S’était un temps laissé tenter emporté par son révolutionnarisme attrape-tout …
Par la séparation condamnée à l’avance entre l’antisémitisme « dévoyé » …
Et l’antisémitisme prétendument légitime d’un Soral
Qui  entre la défense de la « virilité aryenne » d’un Poutine et la condamnation de la « soumission » féminine d’un « petit sémite sépharade » comme Elkabach …
Dénonce le colonialisme raciste du gouvernement israélien et le sionisme comme idéologie de conquête aux États-Unis mais aussi en France » …
Comment ne pas s’étonner en même temps …
De l’étrange indulgence pour le chef de file d’un mouvement et parti qui a lui multiplié les références …
A Castro et Chavez ?
Portrait

Vrai démocrate ou complotiste infréquentable ? Le blogueur Etienne Chouard divise la France insoumise

Marianne
21/12/2018

Militant infatigable du référendum d’initiative citoyenne, le blogueur s’est imposé comme une référence des gilets jaunes. Mais ses fréquentations sulfureuses et ses ambiguïtés avec l’extrême droite ont valu à François Ruffin, qui l’a cité, une polémique au sein de la France insoumise…

Bastien Lachaud et Caroline Fiat échangent un regard interloqué. Adrien Quatennens sursaute et tourne la tête vers ses collègues, bientôt suivi dans sa surprise par Michel Larive. Ce mardi 18 décembre, réunis pour une conférence de presse de soutien à l’idée de « référendum d’initiative citoyenne » (RIC), les députés de la France insoumise (LFI) sont pris de court. François Ruffin, membre du groupe parlementaire, vient de rendre un hommage inattendu à Etienne Chouard : « Le référendum d’initiative citoyenne a fleuri. Oh, il n’a pas fleuri par hasard. Il a fleuri parce que des hommes de conviction – nommons-les : Etienne Chouard et ses amis – ont semé, ont arrosé, depuis des années. »

La référence au blogueur de 61 ans n’est pas anodine : depuis 2005, ce professeur de gestion est devenu un des chantres de la démocratie directe, un penseur influent voire un gourou pour certains… mais dans le même temps, ses « errances » et ambivalences lui ont valu d’être considéré comme infréquentable par toute une partie de la gauche. Clémentine Autain, députée LFI de Seine-Saint-Denis, a ainsi dégainé un tweet offensif à l’encontre de François Ruffin : « Je suis évidemment en phase avec la proposition pour le RIC mais j’avoue, je n’aurais pas pris en modèle Etienne Chouard. Mais sans doute suis-je trop sensible aux dérives rouge-brun… »

Le qualificatif est lancé : « rouge-brun », adjectif infamant désignant des personnalités politiques issues du marxisme et du communisme ayant dérivé vers le fascisme ou l’extrême droite. Il a forcé François Ruffin à une mise au point, via Twitter lui aussi : « J’ai cité Chouard dans mon discours sur le RIC hier. Parce que, objectivement, quel nom revient sur les ronds-points : le sien. Parce que, avec honnêteté, il faut dire que sur ce RIC, avec foi, il a battu la campagne et les estrades depuis une décennie. Ce qui n’ôte rien à nos désaccords, déjà signalés avec force, avec clarté, il y a plusieurs années. Depuis, Chouard a mis fin à ses étranges liens. Alors, doit-on éternellement traiter les hommes en pestiférés ? Tel n’est pas [mon] choix. »

Qui donc est Etienne Chouard, et pourquoi fait-il tant parler ? Inconnu de la plupart des Français, le militant politique est devenu en une grosse dizaine d’années une des étoiles de la contre-culture politique sur Internet. Sa notoriété remonte à 2005, au moment de la campagne référendaire sur le Traité constitutionnel européen (TCE). Âgé de 48 ans, Etienne Chouard est alors un anonyme prof de lycée à Marseille, électeur sans grande conviction du Parti socialiste (PS). Happé par les débats autour du TCE, il se décide à analyser de près le projet de nouveau traité européen, et en tire une tribune percutante, publiée sur son blog, qui dénonce le projet comme un « secret cancer de notre démocratie« . Fouillé, argumenté, offensif voire excessif, le texte est partagé en masse et se répand comme la poudre. Etienne Chouard devient, à sa propre surprise, un des chefs de file discrets du camp du « non », qui triomphe au référendum. Il change de dimension. Le professeur se fait penseur et militant : lui qui ne s’y était jamais intéressé dévore des milliers de livres sur la politique et économique, partage ses réflexions sur son blog, donne des conférences. Il forme autour de lui une communauté de fidèles qui répandent ses idées, surnommés les « gentils virus« .

Un démocrate radical

Chantre de l’éducation populaire, Etienne Chouard élabore de bric et de broc sa propre doctrine politique. Au centre de sa réflexion, la nécessité d’un « processus constituant« . D’après lui, l’origine des maux de nos sociétés est inscrite dans la Constitution : en laissant le soin aux « responsables politiques, aux mains des grands marchands« , de « l’écrire à notre place« , nous (c’est-à-dire les 99% de moins riches) leur (les 1%) avons cédé le pouvoir. Dans la pensée de Chouard, toutes les dérives du capitalisme financier (inégalités, pauvreté, disparition des services publics, destruction de l’écosystème) sont reliées à ce péché originel : confier le pouvoir à des représentants, acte qui équivaudrait immanquablement à en priver le peuple.

« Les grands marchands, notamment les marchands d’argent ont pris le contrôle du politique et c’est une catastrophe, affirmait-il ainsi l’an dernier dans un long entretien pour Thinkerview. Depuis 200 ans, les marchands se sont mis à écrire la Constitution, ils ont donc mis en place l’élection leur permettant de désigner les acteurs qui les aideraient et qui sont donc leur « chose » écrivant leurs lois (…)« . Afin d’y remédier, le blogueur exclut logiquement toute élection : il veut former une assemblée constituante tirée au sort, qui définirait par la discussion collective des nouvelles institutions. Celles-ci devraient faire la part belle à la démocratie directe : les responsables seraient tirés au sort, pourraient être révoqués à tout moment, et le peuple prendrait lui-même l’initiative d’écrire les lois… grâce au RIC, évidemment. « Le suffrage universel digne de ce nom, c’est : nous devrions voter nos propres lois« , soutient le professeur Chouard.

En attendant cette révolution pacifique, le blogueur s’est attaché à appliquer ses principes au niveau local, en organisant des « ateliers constituants » destinés à faire de simples citoyens des « adultes politiques« , souverains et capables de penser le bien commun. Influencé par la pensée anarchiste, il se définit comme un démocrate radical, persuadé que le peuple est « capable de mener lui-même ses affaires » ; convaincu de la nature intrinsèquement bonne des humains, Etienne Chouard est convaincu que « si on prend les décisions ensemble à la majorité, ce ne seront pas les quelques affreux, égoïstes, violents, méchants, qui sont minoritaires, qui vont faire la loi. »

1% contre 99%

A cette pensée politique, le sexagénaire adjoint des idées économiques radicalement opposées au libéralisme de l’Union Européenne. Dénonçant le statut de la Banque centrale européenne, Chouard affirme que « le premier privilège est celui pour un petit nombre de créer la monnaie« , et que « les peuples qui ont perdu, renoncé à la création monétaire publique ont perdu en même temps leur souveraineté politique. La création monétaire est actuellement entre les mains des banquiers. »

Invité de l’émission de Frédéric Taddeï Ce soir ou jamais en 2014, Etienne Chouard s’y livre à une longue tirade, très partagée sur Internet, qui synthétise ses idées. Elle lui permet d’accroître encore sa notoriété : « C’est une erreur de penser que les politiques sont impuissants, incapables ou ne comprennent pas. Comme s’ils voulaient servir l’intérêt général et n’étaient pas bons. Si on renverse la perspective en comprenant que ces gens-là servent les intérêts de ceux qui les ont fait élire, à savoir les 1% les plus riches de la population, à ce moment-là ce n’est pas une catastrophe. C’est même formidable : tout se passe comme prévu. (…) Tout se passe bien du point de vue des 1% qui se gavent plus que jamais. (…) Les gens sont gentils, ils croient les candidats pendant les campagnes électorales. Mais après 200 ans d’échec du suffrage universel qui permet aux riches d’acheter le pouvoir politique… Le fait de désigner des maîtres au lieu de voter des lois est une imposture politique. Nous ne sommes pas en démocratie. En démocratie, nous voterions nos lois nous-mêmes. L’impuissance politique est programmée, il y a un endroit où il est proclamé que le peuple n’a aucune puissance : ça s’appelle la constitution, le problème c’est que tout le monde s’en fout. »

Détournement de la démocratie, désir de représentation des idées populaires, impuissance du politique face aux grands intérêts économiques : les thèmes développés par Etienne Chouard depuis 13 ans sont en parfaite concordance avec le mouvement des gilets jaunes. Il n’est donc pas très étonnant de voir le blogueur, abondamment cité sur les rond-points par des gilets jaunes ayant formé leur réflexion politique sur Internet, soutenir le mouvement et s’afficher à ses côtés. Jacline Mourand, l’une des têtes d’affiches, l’a spontanément mentionné comme influence clé auprès de Marianne. Le 4 décembre, à Saint-Claire du Rhône (Isère), il a tenu une réunion publique sur le RIC en compagnie de plusieurs gilets jaunes, dont Maxime Nicolle, alias « Fly Rider », un autre leader.

Sulfureuses fréquentations

Mais Etienne Chouard, ce n’est pas que la démocratie directe et la critique des banques. Entre 2005 et aujourd’hui, dans sa volonté effrénée de dialogue avec tous les pans de la société, le professeur a frayé avec de nombreuses figures controversées… sans s’en détacher clairement, et parfois en les soutenant ouvertement. Ainsi, le 9 décembre 2007, Etienne Chouard conseille sur son blog le visionnage d’un « entretien passionnant » entre Thierry Meyssan (écrivain et diffuseur privilégié de théories du complot concernant le 11 septembre 2001) et l’essayiste Alain Soral, connu pour sa vision conspirationniste et violemment antisémite du monde. Ce dernier, qu’il rencontre en chair et en os dans les années 2010, ne va plus cesser d’empoisonner la réputation d’Etienne Chouard : incapable de s’en détacher clairement, le blogueur s’est longtemps montré d’une complaisance incompréhensible avec ce pamphlétaire virulent, condamné par la justice à de multiples reprises pour injures antisémites ou incitation à la haine raciale.

Récusant les propos de Soral concernant les homosexuels et les féministes, Chouard ne le situe pas moins dans L’Express en 2014 comme « à gauche parce qu’il se bat contre les privilèges« , et indique qu’il l’a « rendu sensible » à la problématique du sionisme. Les qualificatifs élogieux pleuvent : « courageux« , « résistant« , « lanceur d’alerte qui proteste contre l’ordre établi« … Comme un renvoi d’ascenseur, Etienne Chouard est alors mis régulièrement en valeur sur Egalité et Réconciliation (E&R), le site internet qui promeut les idées d’Alain Soral. Culture libre, une association dont l’animateur est un responsable local d’E&R, diffuse et commercialise même certaines des conférences de Chouard.

Brouilleur de repères

Iconoclaste ou sulfureux, Etienne Chouard brouille en tout cas tous les repères politiques traditionnels : originellement identifié dans les rangs de la gauche radicale, il s’affiche avec des personnalités de l’autre versant : conférence commune sur les Lumières avec Marion Sigaut, militante d’E&R, en novembre 2012. Proximité avec François Asselineau, candidat souverainiste à la présidentielle de 2017 (Chouard a finalement voté pour Jean-Luc Mélenchon) et fondateur de l’Union populaire républicaine (UPR). Il conseille aussi des lectures pour le moins curieuses aux visiteurs de son blog – notamment les ouvrages du conspirationnistes Antony C. Sutton et du négationniste Eustace Mullins. Chouard défend son éthique politique : la volonté de se situer en dehors des clivages partisans et des critères de respectabilité édictés par le mainstream. « Cela fait douze ans que je travaille, parle en public, réfléchis aux pouvoirs et abus de pouvoir ; que je cherche à mettre un processus constituant qui, à mon avis, doit intégrer tout le monde« , argumente le prof de gestion, bien décidé à n’exclure personne tout en enjambant le clivage gauche-droite.

Proximité de la sphère « dissidente »… d’extrême-droite

Mais il ne s’est pas contenté de discuter : au fil des années, les contacts avec la sphère « dissidente » ont semblé infuser dans les analyses d’Etienne Chouard. Dans un entretien vidéo en 2014, il qualifie l’Union européenne de « projet fasciste« , et applaudit la manière dont Alain Soral « dénonce le colonialisme guerrier du sionisme, explique que le sionisme est un projet colonial, raciste, militaire (…) ».

Ses développements s’apparentent fréquemment au complotisme : on y trouve les mêmes méthodes d’analyse, trouvant dans un grand complot ourdi par les plus riches l’unique explication des malheurs du monde, élaborant des chaînes d’équivalence bancales mais définitives, faisant référence à des faits historiques parfois obscurs (notamment la création de la banque d’Angleterre en 1694) mais considérés comme capitaux… Etienne Chouard a également une manière bien à lui de définir le fascisme : dans un entretien avec le média Internet La Mutinerie, il explique refuser de « lyncher untel ou untel parce qu’il est fasciste, parce qu’il est d’extrême droite« .

D’après lui, on commet une erreur en utilisant le vocable ‘fasciste’ pour « désigner ceux qui ont un avis non conforme sur les étrangers, sur la peine de mort, sur l’avortement, sur la religion catholique, sur la nation. » Les vrais fascistes ? Ce sont « les grands propriétaires, les possédants, les ultra-privilégiés, qui veulent bien de la République quand les élections leur donnent tout le pouvoir. Ils se montrent comme fascistes et d’extrême droite quand ils sentent qu’ils vont perdre les élections. C’est les 1% contre les 99%. C’est ça l’extrême droite. » Une classification qui permet notamment à Chouard de ranger le Parti socialiste dans le camp du fascisme…

A sa manière, Etienne Chouard est parfaitement représentatif des « gentils virus » qui le soutiennent : comme eux, il a construit sa culture politique sur le tas. Sur Internet et dans les livres plutôt que par l’intermédiaire de professeurs dispensant un savoir officiel. Chouard indique avoir dévoré, depuis 2005, plus de 3.500 ouvrages en tous genres. « (…) Je lis beaucoup, dans toutes les directions, tout ce qui touche aux pouvoirs, aux abus de pouvoir et aux institutions : histoire, droit, économie, philosophie politique, sociologie, anthropologie, de la bible à nos jours, tout m’intéresse, pourvu que ça me donne des idées et des forces pour organiser la résistance des êtres humains à tous les systèmes de domination« , écrit-il sur son blog. Tout y passe, et est partagé instantanément et « exposé à l’intérêt et à la critique de [ses] lecteurs« . Résultat : les constructions idéologiques traditionnelles sont totalement brouillées.

Dans cette « culture YouTube« , faite de liberté et de désordre, on a parfois l’impression que tout ce qui se situe en dehors du mainstream est adoubé par principe comme faisant partie du combat pour la démocratie. Ce que résumait ainsi Chouard en 2014 dans L’Express : « Mon curseur politique est simple, c’est celui de la révolution. Celui qui soutient le peuple qui veut se soulever contre ses maîtres est à gauche. A droite, il y a la défense des privilèges. » Philippe Marlière, universitaire de gauche opposé au professeur de gestion, est plus sévère : « Pour Chouard, il suffit de critiquer l’Union Européenne, les banques, la mondialisation, le capitalisme, pour être du bon côté« .

Sentiments mêlés de Ruffin

Dans une longue analyse publiée en 2013, où il était déjà accusé de complaisances avec Etienne Chouard, François Ruffin livrait une lecture similaire, qualifiant la « construction idéologique » du blogueur, bâtie « en accéléré, de bric et de broc, comme tout le monde« , de « bien récente, bien fragile, bien confuse« . « Mon sentiment profond, c’est que tu es comme un adolescent en politique, jugeait alors Ruffin. Tu voles d’émerveillements en indignations. C’est beau, en un sens, ça apporte de la naïveté, de la fraîcheur, de la hardiesse aussi. Mais ça comporte une part d’errance. » Ces errances ont valu de nombreuses excommunications à Chouard, faisant souvent suite à des pressions exercées par des groupes antifascistes. Comme en novembre 2012, où les cinémas Utopia et le Front de gauche annulent la venue du blogueur à une projection, après avoir découvert que le site de Chouard mentionnait dans sa liste de liens le Réseau Voltaire ainsi qu’Egalité & Réconciliation.

Un an plus tard survient la première explication avec François Ruffin, que le fondateur de Fakir a donc relatée sur le site de son journal, qui venait alors de faire la promotion de la pièce de théâtre d’Etienne Chouard, La dette expliquée à mon banquier. Après une première rencontre peu productive en 2009, Ruffin aborde frontalement la question de l’antisémitisme d’Alain Soral avec Chouard, qui se borne alors à répondre que l’auteur de Comprendre l’empire évoque l’antisionisme, refuse de « trier selon les appartenances politiques » et affirme sa volonté de « toucher tout le monde de gauche à droite« . Finalement, Ruffin tiendra encore un dialogue avec Etienne Chouard, sans parvenir à se mettre tout à fait d’accord avec lui, mais indiquant qu’il se sent « davantage son ‘ami’, un peu, pas trop mais un peu, après ces échanges. »

Plus de liens avec Soral depuis 2014

Depuis, le blogueur qui divise s’est-il rangé de ces douteuses fréquentations ? C’est toute la question. D’après le site Conspiracy Watch, la réponse est non. « Non seulement le blogueur n’est jamais revenu sur les multiples théories du complot qu’il a pu diffuser publiquement sur son blog ou dans des interviews mais, le 6 août 2018, Le Média pour tous, la chaîne YouTube récemment lancée par l’ancien collaborateur d’Alain Soral, Vincent Lapierre, mettait en ligne un entretien de 14 minutes avec lui« , relève l’observatoire sur son site, tout en précisant que « Chouard n’a, du reste, jamais pris ses distances avec la nébuleuse antisémite gravitant autour d’Alain Soral et d’E&R » et n’est « jamais non plus revenu sur ses propos élogieux concernant Alain Soral« .

Une assertion quelque peu inexacte. En novembre 2014, Etienne Chouard s’est nettement éloigné du penseur d’extrême droite. Faisant le constat des « accusations violentes » reçues après avoir posté le lien d’E&R sur son blog, le militant écrivait avoir « rapidement compris que [Soral] n’est pas du tout un démocrate« , mais estimait que « une partie de son analyse du monde actuel » lui semblait « utile« . Abordant enfin la question de l’antisémitisme, Chouard regrette que l’injure « antismémite » serve trop souvent « à qualifier tous ceux (même ceux qui ne sont absolument racistes) qui critiquent et condamnent la politique — elle, officiellement raciste et criminelle — du gouvernement israélien« . Mais il se rend enfin à l’évidence, après avoir découvert une vidéo accablante datée de juin 2014, dans laquelle Soral tient « des propos terribles et dangereux« .

Reconnaissant s’être « trompé en publiant un lien sans mise en garde« , Chouard retire le lien d’E&R de son site, dénonçant un « mélange toxique » entre une « lutte légitime et courageuse contre de redoutables projets de domination » et « un sexisme, une homophobie, et maintenant un antisémitisme assumés« . Et aujourd’hui ? A franceinfo, il assure qu’il refuse désormais les invitations d’E&R et a coupé tous les liens avec son leader, tout en objectant : « Le danger pour la société humaine, ça n’est pas Soral ! On n’en a rien à foutre de ces mecs-là, ils ne représentent que des groupuscules ». Il a également publié une nouvelle note de blog ce jeudi 20 décembre, dans laquelle il assure que depuis son billet de 2014, il « ne parle jamais de Soral, absolument jamais, et que, par contre, tous ceux qui [l’]accusent de le fréquenter (ce qui n’est pas vrai), eux, en parlent tout le temps… »

Illustration des clivages de FI

Populaire et controversée, la figure d’Etienne Chouard illustre à sa manière les clivages qui minent la France insoumise en interne. Certains, adeptes d’une stratégie « populiste », estiment que LFI a vocation a s’adresser à des figures qui transcendent son électorat traditionnel de gauche radicale, devenu très minoritaire – sans forcément aller jusqu’à prôner un dialogue régulier avec Etienne Chouard. D’autres, qui défendent plutôt une union de la gauche, sont partisans d’un strict « cordon sanitaire » et jugent que LFI se compromettrait en approchant des figures n’étant pas clairement identifiées sur le spectre politique. Les deux conceptions ont leurs raisons d’être, et également leurs dérives.

A vouloir ratisser trop large pour ne pas s’enfermer à gauche, on court ainsi le risque de s’acoquiner avec des personnalités a priori peu compatibles avec le « nouvel humanisme » défendu par Jean-Luc Mélenchon ; de l’autre côté, en cherchant à excommunier tous ceux qui ne s’identifient pas à la gauche, la base se rétrécit, et ceux qui cherchent à dialoguer avec d’autres reçoivent des anathèmes insensés. Autre lecture possible : François Ruffin, qui donne des gages à l’une ou l’autre des deux options à intervalles réguliers, a tout simplement pris acte du fait que s’agissant du référendum d’initiative citoyenne, Etienne Chouard est devenu en France une référence incontournable. Qu’on l’apprécie ou non.

Voir aussi:

Quand Ruffin cite Chouard, un hommage fâcheux

Rachid Laïreche
Libération
19 décembre 2018

Une scène étrange. Mardi matin, dans une petite salle de presse du Palais-Bourbon, La France insoumise (LFI) a organisé une conférence de presse afin de présenter sa proposition de loi visant à instaurer le référendum d’initiative citoyenne, le fameux RIC. Huit députés sur la petite estrade, parmi eux, François Ruffin. Et l’élu de la Somme, jamais avare d’effet de style, ne s’est pas adressé à la petite poignée de journalistes face à lui, mais à la caméra de son collaborateur. Un discours tourné vers l’extérieur sous le regard de ses collègues insoumis les bras croisés, la mine sérieuse. Une gêne mal dissimulée face à l’envolée Ruffin, digne de ses prestations sur les parkings de Goodyear ou Norauto.

Entre les mots et sa rage contre les politiciens qui se «goinfrent» de «petits fours», le député de la Somme a rendu hommage à Etienne Chouard, le chantre du tirage au sort, qui a porté, bien avant la naissance des gilets jaunes, l’idée de référendum d’initiative citoyenne. Une dédicace qui passe mal. Pour cause : il a été un temps proche d’Alain Soral, qui avait des «positions intéressantes» selon lui, et au passage, il a également répandu quelques théories du complot. François Ruffin connaît la réputation d’Etienne Chouard sur le bout des doigts. En 2013, dans un long papier sur Fakir, il soulignait sa trajectoire à sa manière : «Etienne, tu voles d’émerveillements en indignations. C’est beau, en un sens, ça apporte de la naïveté, de la fraîcheur, de la hardiesse aussi. Mais ça comporte une part d’errance.»

Depuis, plusieurs collègues insoumis tirent la tronche. Notamment Clémentine Autain. «Je suis évidemment en phase avec la proposition pour le RIC mais j’avoue, je n’aurais pas pris en modèle Etienne Chouard. Mais sans doute suis-je trop sensible aux dérives rouge-brun», a-t-elle tapoté sur les réseaux sociaux. D’autres élus LFI se grattent la tête en cachette. Ils évitent de sortir publiquement, pas question de paraître divisés face au «parti médiatique». Au risque de trinquer collectivement ? «C’est vrai que ce n’est pas toujours évident mais tout le monde sait que François a son style et qu’il parle très souvent en son nom», affirme un député.

Ces derniers mois, François Ruffin évite de répondre aux polémiques qui le concernent. Pas cette fois. «J’ai cité Chouard dans mon discours sur le RIC hier. Parce que, objectivement, quel nom revient sur les ronds-points : le sien. […] Ce qui n’ôte rien à nos désaccords, déjà signalés ici, avec force, avec clarté, il y a plusieurs années. Depuis, Chouard a mis fin à ses étranges liens. Alors, doit-on éternellement traiter les hommes en pestiférés ?» a-t-il argumenté sur Twitter.

Résultat : François Ruffin, après avoir assuré que la DGSI a enquêté sur lui et demandé la démission de Macron de manière étrange, crée une nouvelle polémique. Le député de la Somme, au-delà de sa personne, met en porte-à-faux les insoumis en marchant sur un fil brûlant, persuadé que le peuple est derrière lui, au risque de trébucher, et surtout de se perdre en route.

 Voir de plus:

Pour que les choses soient claires
Etienne Chouard
28 novembre 2014

De grands médias et des politiciens de métier sont en train d’essayer de faire de moi un « Soralien », ce qui leur permettrait de discréditer d’un coup, sans argument de fond, la proposition ultra-démocratique de processus constituant populaire que je défends depuis dix ans.

Quels sont les faits ?

Depuis la bagarre de 2005 contre l’anticonstitution européenne, je travaille jour et nuit pour donner de la force à une idée originale d’émancipation du peuple par lui-même et pas par une élite : je soutiens l’idée que nous n’avons pas de constitution digne de ce nom et que, si nous voulons nous réapproprier une puissance politique populaire et nous débarrasser du capitalisme, nous devrons apprendre à écrire nous-mêmes notre Constitution, notre contrat social, en organisant nous-mêmes un peu partout des ateliers constituants populaires. Selon moi, ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir, ce n’est pas aux professionnels de la politique d’écrire ou de modifier la Constitution, qu’ils doivent craindre et pas maîtriser.

Depuis dix ans, donc, je lis beaucoup, dans toutes les directions, tout ce qui touche aux pouvoirs, aux abus de pouvoir et aux institutions : histoire, droit, économie, philosophie politique, sociologie, anthropologie, de la bible à nos jours, tout m’intéresse, pourvu que ça me donne des idées et des forces pour organiser la résistance des êtres humains à tous les systèmes de domination. J’essaie de comprendre comment on en est arrivé au monde injuste et violent qui est le nôtre, et comment on pourrait (réellement) améliorer la vie sur terre. Chaque fois que je déniche un livre, une thèse, une idée, un fait, une preuve, un intellectuel, un texte, une vidéo, ou tout document qui me semble utile pour comprendre les abus de pouvoir et y résister, je le signale sur mon site et on en parle ensemble. Depuis dix ans, ce sont ainsi des dizaines de milliers de liens que j’ai exposés à l’intérêt et à la critique de mes lecteurs.

Sur le plan de la méthode, même si je me sens (de plus en plus) sûr de moi quant à ma thèse radicalement démocratique, je suis pourtant toujours à l’affût des arguments de TOUS ceux qui ne pensent PAS comme moi ; c’est comme une hygiène de pensée, je cherche les pensées contraires aux miennes, autant pour les comprendre vraiment (ce qui facilite ensuite les échanges constructifs avec des adversaires que je considère, malgré notre opposition, comme des êtres humains, donc ipso facto légitimes pour défendre leur point de vue, quel qu’il soit), que pour détecter mes éventuelles propres erreurs. Comme tout le monde, je ne progresse que dans la controverse.

Un jour, il y a trois ans je pense, je suis tombé sur une vidéo de Soral, que je ne connaissais pas, qui m’a intéressé : il y dénonçait le colonialisme raciste du gouvernement israélien et le sionisme comme idéologie de conquête, aux États-Unis mais aussi en France (en s’appuyant sur les livres — bouleversants — d’Israël Shahak, de Shlomo Sand, de Gilad Atzmon et d’autres que nous devrions tous lire, je pense). Pour moi qui travaille sur les abus de pouvoir, il est naturel d’être intéressé par toute étude d’un projet de domination, quel qu’il soit. En regardant un peu son site, j’ai vu qu’il étudiait, condamnait et résistait (comme moi), entre autres, à l’Union européenne, au capitalisme, à l’impérialisme, au colonialisme, au racisme, aux communautarismes, aux multinationales, aux complexes militaro-industriels et aux grandes banques d’affaires, à la prise de contrôle des grands médias par les banques et par les marchands d’armes, au libre-échange et au sabotage monétaire, aux innombrables et scandaleuses trahisons des élites, à toutes les guerres, à toutes les réductions des libertés publiques justifiées par la « lutte contre le terrorisme », etc. Bref, tous ces fronts de résistance étant, à mon avis, des fronts de gauche, et même de gauche radicale et vraie, j’ai ajouté naturellement un lien sur ma page d’accueil vers le site de Soral. Un lien, parmi des milliers — je ne savais pas encore que cela allait faire de moi, en quelques années, un homme à abattre.

Je n’ai pas fait l’exégèse de l’auteur et du site signalés : j’ai juste cité le lien déniché, comptant comme d’habitude sur l’intelligence des gens — que je considère comme des adultes — pour distinguer ce qui y est pertinent de ce qui ne l’est pas, ce qui est bon de ce qui est mauvais. Et puis, je suis passé à autre chose, évidemment ; ma vie est une course permanente d’une idée à l’autre.

À partir de ce moment, j’ai reçu des accusations violentes et des injonctions — souvent anonymes — à retirer ce lien, jugé diabolique. Or, j’ai horreur qu’on m’impose ce que je dois penser ou dire ; je veux bien changer d’avis (j’aime découvrir que je me trompe et progresser en changeant d’opinion), mais il ne suffit pas d’affirmer que je me trompe, même en criant que je suis un fasciste (sic), il faut me le prouver. Et si on veut me forcer à retirer un lien, il y a toutes les chances pour que je m’obstine (bêtement, je sais).

Autre fait qui m’est reproché : depuis 2011, les militants d’E&R relaient souvent mes textes et vidéos sur leur site (documents qui ne parlent que de démocratie, de constitution d’origine populaire, et de gestion commune du bien commun), signe d’intérêt de militants « de droite » pour la vraie démocratie que — en toute logique — je ne prends pas comme une preuve évidente de « fascisme »…  Lorsque je constate qu’un parti ou un journal ou une radio ou un site quel qu’il soit relaie ma prose radicale d’émancipation par l’auto-institution de la société, je ne peux y voir que des raisons d’être satisfait : mon message est universel, il n’est pas réservé à une famille politique ; plus on sèmera des graines de démocratie auto-instituée, un peu partout, sans exclusive aucune, mieux ce sera.

Justement, j’ai observé une évolution qui me semble importante : les jeunes gens qui suivent et soutiennent Soral, et qui étaient assez radicalement antidémocrates quand ils m’ont connu, étaient en fait « anti-fausse-démocratie », mais ils ne le savaient pas encore : ils pensaient (comme tout le monde) que l’alternative politique était 1) capitalisme-libéralisme-« démocratie » (complètement pourri, mafieux, esclavagiste, des millions de morts, à vomir) ou 2) communisme-socialisme-« démocratie populaire » (complètement pourri, un capitalisme d’État, avec police de la pensée, des camps de travail en Sibérie, des millions de morts, à vomir) ou 3) fascisme-« non-démocratie » (violent aussi, mais sans corruption — choix terrifiant, selon moi, évidemment)… Et puis, voilà qu’ils découvrent, en lisant les livres que je signale (Manin, Hansen, Rousseau, Sintomer, Castoriadis, Guillemin…) un régime alternatif, une quatrième voie, une organisation politique dont personne ne nous a jamais parlé sérieusement à l’école ou dans les journaux : la vraie démocratie, sans guillemets, avec une vraie constitution et des vrais contrôles, que nous écririons nous-mêmes, directement parce que entraînés, pour être sûrs de ne pas nous faire tromper à nouveau… Eh bien, je suis sûr (je l’ai ressenti souvent, nettement) que nombre de ces jeunes militants (de droite dure au début par dépit de la corruption généralisée et faute d’alternative autre — processus identique à la naissance du nazisme en Allemagne) sont en train de devenir (ou sont déjà devenus) des démocrates réels. Non pas par magie, mais parce que cette alternative démocratique réelle est à la fois crédible et prometteuse, elle fait vibrer tous les hommes de bonne volonté. Alors, je maintiens qu’il est pertinent et nécessaire de parler avec enthousiasme de vraie démocratie à absolument tout le monde, en étant convaincu qu’un être humain, ça peut changer d’avis 1) si on le respecte en tant qu’être humain, et 2) si ce qu’on lui propose est émancipant, libérateur, puissant, prometteur.

Et puis, quand on me reproche les médias — soi-disant parfois peu fréquentables— par lesquels sont relayées mes graines de démocratie réelle, je réponds que je ne m’identifie pas au média qui me tend son micro, que je reste moi-même quelle que soit la personne à qui je parle, et surtout que je n’ai guère le choix puisqu’AUCUN grand journal ni aucune grande radio de gauche (que j’aime quand même, hein) — ni Là-bas-si-j’y-suis, ni le Diplo, ni Politis, ni Terre-à-terre, dont je parle pourtant souvent, moi, depuis 2005 —, aucun de ces médias n’a jamais relayé / signalé / commenté mon travail, depuis DIX ans (!)… Comme si la démocratie vraie ne les intéressait pas du tout, ou comme si elle leur faisait peur. Il n’y a QUE les militants de base qui m’invitent à venir débattre sur ces questions : l’idée d’un processus constituant qui deviendrait populaire et d’une procédure authentiquement démocratique comme le tirage au sort, ça n’intéresse pas du tout les chefs, même ceux des médias de gauche…

Parmi les faits qui me sont reprochés, il y a aussi une conférence avec Marion Sigaut (que j’ai trouvée bien intéressante, d’ailleurs), sur la réalité du mouvement des « Lumières ». On s’empaille souvent, Marion et moi : on n’est pas d’accord du tout sur Rousseau, sur Robespierre, sur la Vendée, et sur quelques points historiques importants, mais on arrive bien à se parler, tous les deux, malgré nos désaccords, en essayant de comprendre l’autre, d’apprendre l’un de l’autre, en se respectant, ce qui s’appelle une controverse, processus qui est à la base du progrès de la connaissance. Cet échange intellectuel avec Marion, m’a fait découvrir des faits et documents particulièrement importants sur l’Ancien régime — par exemple, le livre passionnant « Le pain, le peuple et le roi » de Steven Kaplan —, et les intrigues fondatrices des « Philosophes » des « Lumières » (riches et marchandes, tiens tiens), pour faire advenir le « libéralisme », c’est-à-dire la tyrannie-des-marchands-libérés-devenus-législateurs qu’on appelle aujourd’hui le capitalisme.

Pour revenir à Soral, j’ai rapidement compris qu’il n’est pas du tout un démocrate, évidemment : il est autoritaire et il défend une idéologie autoritaire, au strict opposé de ce que je défends moi. Je ne veux pas plus de sa « dictature éclairée » que de n’importe quelle dictature, évidemment.

Mais malgré cela, une partie de son analyse du monde actuel (et non pas ses projets de société) me semble utile, objectivement, pour mon projet à moi, de compréhension des abus de pouvoir et de constituante populaire. Donc, pour ma part, je ne monte pas en épingle ce qui me déplaît chez Soral, je prends ce qui m’intéresse (les infos sur les fronts de gauche et sur la résistance au sionisme) et je laisse le reste, comme l’adulte libre de penser et de parler que je suis.

On reproche à Soral un antisémitisme intense et assumé. Pourtant, quand on lui demande « êtes-vous antisémite ? », Soral répond « NON, dans le vrai sens du mot c’est-à-dire raciste ». Et il souligne aussitôt que le mot « antisémite », avec des guillemets, a progressivement changé de sens pour servir aujourd’hui de bouclier anti-critiques (ce que Mélenchon dénonce lui aussi, amèrement, avec raison et courage, je trouve, en appelant cette calomnie systématique « le rayon paralysant du CRIF ») : dans ce nouveau sens, complètement dévoyé, « antisémite » sert à qualifier tous ceux (même ceux qui ne sont ABSOLUMENT PAS racistes) qui critiquent et condamnent la politique — elle, officiellement raciste et criminelle — du gouvernement israélien (critiques d’un racisme qui sont donc un antiracisme). C’est ce nouveau sens seulement que Soral assumait, en martelant, en substance : « j’en ai marre de ce chantage à « l’antisémitisme » et de ces intimidations permanentes de la part d’ultra-racistes qui osent accuser de racisme des résistants à leur racisme ».

Je trouve que ça se défend très bien, si on arrive à tenir le cap de l’humanisme, c’est-à-dire à ne pas devenir soi-même raciste en réaction à un racisme premier : il est essentiel, je pense, de ne pas devenir antisémite en réaction au sionisme : il ne faut surtout pas s’en prendre à tous les juifs au motif que certains sionistes seraient odieux et dangereux.

Or, tout récemment, j’ai découvert dans une publication de Soral des propos terribles et dangereux qui me conduisent à changer d’avis sur la portée du lien que j’ai mis sur mon site.

Dans une vidéo en direct de juin 2014 (1 minute, à partir de 47:54), Soral dit les mots suivants, que je n’avais jamais entendus de lui avant, et qui me choquent tous profondément :

[Bon, j’ai commencé à transcrire, mais j’ai honte de seulement écrire des trucs pareils… Donc, j’arrête. Je vous laisse lire le lien si ça vous chante.]

Je ne peux évidemment pas valider une parole pareille, froidement raciste, sexiste, autoritaire. Je n’avais jamais vu Soral parler comme ça. C’est un peu comme un désaveu, parce que je l’ai entendu maintes fois jurer qu’il n’était pas antisémite.

Alors, je cède, je reconnais que me suis trompé, en publiant un lien sans mise en garde : il y a un risque d’escalade des racismes. Ce mélange de lutte légitime et courageuse contre de redoutables projets de domination (résistance qui m’intéresse toujours et dont je ne me désolidarise pas), avec un sexisme, une homophobie, et maintenant un antisémitisme assumés (qui me hérissent vraiment), ce mélange est toxique. Stop. Et puis, je n’arrive plus à m’occuper de nos ateliers constituants : on nous interpelle sans arrêt sur notre prétendue identification à Soral, et la violence des échanges qui s’en suivent partout me désespère ; j’en ai assez, il faut faire quelque chose pour marquer une différence, une limite : je supprime le lien de mon site vers Soral. Désormais, je ferai le filtre, en évoquant moi-même les auteurs que je trouve utiles, comme Shlomo Sand, Jacob Cohen, Bernard Lazare, Israël Shahak, Gilad Atzmon, Norman Finkelstein, Gideon Levy, Mearsheimer et Walt, Éric Hazan, etc.

En conclusion, j’insisterai sur l’essentiel : à mon avis, tous ces reproches sont montés en épingle de mauvaise foi par les professionnels de la politique pour entretenir une CONFUSION entre les vrais démocrates et « l’extrême droite » ; confusion qui leur permet de se débarrasser des vrais démocrates à bon compte, sans avoir à argumenter.

Post scriptum: si le système de domination parlementaire arrive finalement à me faire passer pour un diable hirsute, infréquentable et banni, ce n’est pas grave, je ne suis qu’une cellule du corps social et je ne cherche absolument aucun pouvoir personnel (je ne perds donc rien d’essentiel si je suis ostracisé par le système, à part le bonheur de bien servir à quelque chose d’utile, que je ressens en ce moment) : prenez alors le relais vous-mêmes ! Notre cerveau collectif survivra très bien à la disparition d’un neurone, changez de nom, et continuez à défendre vous-mêmes, un peu partout et tout le temps, cette idée importante qui va tout changer, mais seulement si on est très nombreux à s’être bien polarisés sur la même idée, simple et forte : ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir, DONC, il ne faut SURTOUT PAS ÉLIRE l’Assemblée constituante ; si on veut une constitution, il faudra l’écrire nous-mêmes et il faut donc, dès maintenant et tous les jours (!), nous entraîner réellement en organisant et en animant partout des mini-ateliers constituants ultra-contagieux.

« Fais ce que tu dois, et advienne que pourra. »

Voir encore:

Pour que les choses soient claires – suite
Etienne Chouard
29 Nov 2014

Quand on s’aperçoit qu’on se trompe, il faut se corriger.

Quand on s’aperçoit qu’on a trop corrigé, ou pas assez, il faut encore se corriger.
C’est un travail qui dure toute la vie.

Ça donne une trajectoire en zig-zag, qui peut suggérer une instabilité ou une fragilité, mais c’est plutôt le résultat d’une honnêteté, et il faut l’assumer : tout ce qui est vivant sur terre se trompe, et se trompe souvent ; et il faut donc s’adapter. Je ne prétends pas, comme les donneurs de leçon qui prétendent avoir définitivement tout compris mieux que tout le monde, avoir trouvé la vérité le premier et ensuite tenir un cap sûr et droit, déterminé à n’en pas changer. Si vous m’accompagnez, préparez-vous à zig-zaguer.

Sur le plan de la pression que je subis, ça devient raide, je vous prie de croire. Je suis là tout seul devant mon clavier, et vous êtes des milliers — des milliers ! — à parler, ou à crier, soit pour féliciter, soit pour condamner, soit pour exiger, soit pour renoncer, mais des milliers c’est inhumain, presque incompréhensible tellement c’est varié et animé de pensées argumentées, contrastées, violemment opposées. Essayer de tous vous contenter, c’est certainement devenir bientôt fou à lier. Je vais donc me retourner sur moi-même, c’est plus simple, et tâcher d’évaluer — isolé — ce que j’ai fait.

J’ai passé des jours et des nuits à préparer le billet d’hier, et il me semble équilibré. Sauf à la fin, où ma conclusion va trop loin, parce qu’elle est, je pense, exagérée. Il fallait exprimer — clairement, fortement — mon opposition farouche aux paroles dangereuses, et peut-être corriger le lien en lui ajoutant un commentaire explicite sur le risque d’escalade des racismes ; mais pas supprimer un lien, ce petit lien, avec toute une communauté (geste trop fort, symboliquement), même pour cause de très mauvaises paroles. En coupant complètement les ponts, je me rends moi-même coupable, précisément, du travers anti-politique que je condamne d’habitude.

Je vous rappelle quelle est ma position sur le racisme et sur « l’antiracisme » :

Je pense (et c’est précisément ce qu’on me reproche, si j’ai bien compris) que, pour servir à quelque chose d’utile, le mot « extrême droite » devrait servir à désigner les ennemis extrêmes du peuple et du bien commun, et PAS « les racistes » ; car les paroles racistes sont un fléau qu’on retrouve partout et elles sont plus une conséquence des problèmes sociaux qu’une cause. J’utilise l’expression paroles racistes car je refuse le mot « raciste » pour désigner une personne, comme si elle n’allait jamais changer d’avis, comme si sa nature c’était d’être raciste, comme si elle n’était plus humaine, inférieure politiquement… Je trouve cette façon de penser précisément… raciste, antipolitique.

La haine de la haine, c’est encore de la haine. En traitant quelqu’un de « raciste », avec haine (et… racisme), en enfermant l’adversaire (à vie) dans ses mauvaises paroles du moment, on s’interdit absolument, selon moi, d’améliorer la situation, aussi peu que ce soit : les accusés vont s’enferrer dans leurs mauvais discours et même se préparer à une guerre. Contre les paroles racistes, je ne vois pas d’autre issue que politique : la vision raciste du monde est une grave erreur d’analyse, une honte au regard de l’humanité, mais ça se démontre, ça ne s’impose pas.

N’oubliez pas que ceux qui ont aujourd’hui des paroles racistes sont des êtres humains. N’oubliez pas que, DONC, ils changent. Peut-être cette personne que vous détestez aujourd’hui (parce qu’elle pense et dit effectivement des horreurs) vous sauvera-t-elle la vie demain. Il ne faut jamais renoncer à l’action politique (qui n’est PAS la guerre sans merci des partis, misérable parodie d’action politique). Il vaut mieux chercher les causes premières du racisme que d’invectiver ceux qui sont aujourd’hui frappés de cette maladie (honteuse).

En plus, quand vous mettez toutes vos forces dans « l’antiracisme » (sic), vous ne mettez plus aucune force dans la lutte contre le capitalisme : contre les 1% « libéraux »-esclavagistes, ni contre leurs « élus » et leurs traîtrises. Donc, ces derniers doivent bien se frotter les mains de « l’antiracisme », ce « confusionnisme politique, sciemment organisé, intellectuellement structuré, qui vise à déplacer la vraie ligne de divergence démocratique majeure entre les héritiers possédants et les dépossédés »…

Et si l’expression extrême droite désigne simplement, comme je pense que nous devrions le décider, la droite extrême, je pense qu’elle est déjà AU POUVOIR en ce moment, et que les chiffons rouges (Soral, Le Pen, etc.) qu’on agite frénétiquement devant nous dans toutes nos discussions servent de LEURRES, qui nous distraient de l’essentiel et qui nous empêchent — littéralement — de penser et de progresser.

Hier, sans m’en apercevoir, je me suis rendu coupable moi-même de cet « antiracisme » qui fabrique une race des « racistes », sorte de sous-hommes à combattre en toute matière pour cause de péché impardonnable, de crime de la pensée : quand on repère une parole raciste, il faut la combattre, bien sûr, en dénoncer fortement le danger, la honte et l’inhumanité, mais pas couper les ponts avec les hommes, pas couper l’humanité en deux catégories (les purs : les non racistes, et les impurs : les racistes), sinon on n’arrivera jamais à faire société : il faut garder confiance dans la politique : les êtres humains peuvent changer, et il faut s’y atteler. Les exclure, c’est y renoncer.

Je vais donc remettre un lien, différent, commenté, vers E&R, que je considère comme un portail utile pour comprendre et résister à certains abus de pouvoir terribles, même s’il est évidemment très critiquable par certains côtés (comme tout le monde) ; je reviens donc à ma position ouverte d’avant-hier, que je tiens depuis des années : il faut que chacun se forge une opinion en adulte, et une vraie démocratie doit laisser une place aux non démocrates. Et pour les ulcérés, faut quand même pas charrier, ce n’est qu’un lien suggéré, pas du tout une identité, une allégeance ou une caution : je ne suis pas « soralien », je cherche à RENDRE POSSIBLE UN MONDE VRAIMENT COMMUN, je ne suis pas « complaisant avec le fascisme » que je combats du mieux que je peux, en conscience, librement, à ma façon, et je vous pense tous libres de penser. Soyez gentils de ne pas tout surinterpréter, tâchez de modérer.

Vous savez maintenant ce que je pense de l’antisémitisme et du racisme : je les considère comme des fléaux, une honte pour l’humanité. Mais je pense que les combattre en traitant les gens de « racistes » comme si c’était leur nature, et en leur coupant la parole (comme on coupe une tête), c’est croire éteindre un incendie en jetant de l’essence sur les flammes.

Je suis désolé de vous mécontenter, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui ; ce ne sont pas les mêmes et je risque fort de tous vous énerver. Je vous demande de me pardonner. Je suis bouleversé, tout noué, mal au bide, comme percé par la violence des mille commentaires qui fusent de toute part chaque jour, comme si je devais ne jamais me tromper, ou comme si, pour m’être trompé, je devais maintenant expier. Vous tous, qui m’aimez ou qui me détestez, vous m’épuisez. Quelque temps, je vais m’éloigner.

Je fais ce que je peux, mais là, je n’en peux plus.

Étienne.

[Edit, 22h30 : j’ai supprimé carrément tous mes liens.]

Voir enfin:

Une mauvaise constitution
qui révèle un secret cancer de notre démocratie
Etienne Chouard
Marseille, le 17 juin 2005

Chers collègues et amis,

Après six mois de réflexion intense, se cristallise une argumentation autour du « traité constitutionnel », à partir de lui mais au-delà de lui, une argumentation qui n’est ni de droite ni de gauche, et qui montre un danger historique pour nous tous, au-dessus de la politique. Pour ces raisons, cette courte argumentation devrait intéresser les citoyens de tous bords.

Il y a six mois, en septembre 2004, j’étais, comme tout le monde, favorable à ce texte sans l’avoir lu, par principe, « pour avancer », même si je savais bien que les institutions étaient très imparfaites. Je ne voulais pas être de ceux qui freinent l’Europe. Je crois vraiment que l’immense majorité des Européens, au-delà des clivages gauche/droite, aiment cette belle idée d’une Europe unie, plus fraternelle, plus forte. C’est un rêve de paix, consensuel, très majoritaire.

Je n’avais pas lu le texte et je n’avais absolument pas le temps : trop de travail… Et puis l’Europe c’est loin, et puis avec tous ces hommes politiques, je me sentais protégé par le nombre : en cas de dérive, il allait bien y en avoir quelques-uns pour nous défendre… et je me dispensais de « faire de la politique », c’est-à-dire que je me dispensais de m’occuper de mes propres affaires.

Déjà des appels s’élevaient contre le traité, mais ils venaient des « extrêmes » de l’échiquier politique et pour cette simple raison, je ne commençais même pas à lire leurs arguments, restant en confiance dans le flot de l’avis du plus grand nombre sans vérifier par moi-même la force des idées en présence.

Et puis soudain, des appels sont venus de personnes non suspectes d’être antieuropéennes. J’ai alors lu leurs appels, sans souci des étiquettes, et j’ai trouvé les arguments très forts. Je me suis mis à lire, beaucoup, des livres entiers, de tous bords, Fabius, Strauss-Kahn, Giscard, Jennar, Fitoussi, Généreux, etc. et beaucoup plus d’articles des partisans du traité parce que je voulais être sûr de ne pas me tromper. Et plus je lis, plus je suis inquiet. Finalement, aujourd’hui, je ne pense plus qu’à ça, je ne dors presque plus, j’ai peur, simplement, de perdre l’essentiel : la protection contre l’arbitraire.

Je continue aujourd’hui à lire toutes les interventions, ceux qui sont pour, ceux qui sont contre, je continue à chercher où est la faille dans mon raisonnement et le présent texte est un appel à réfléchir et à progresser : si vous sentez une faille, parlons-en, s’il vous plaît, tranquillement, honnêtement, c’est très important. Je peux me tromper, je cherche sincèrement à l’éviter, réfléchissons ensemble, si vous le voulez bien.

Je sens que c’est mon rôle de professeur de droit[1] d’en parler un peu plus que les autres, d’en parler à mes collègues, mais aussi à mes élèves, aussi aux journalistes. Je serais complice si je restais coi.

J’ai ainsi trouvé plus de dix raisons graves de s’opposer à ce texte dangereux, et encore dix autres raisons de rejeter un texte désagréable, pas fraternel du tout en réalité. Mais les cinq raisons les plus fortes, les plus convaincantes, celles qui traversent toutes les opinions politiques parce qu’elles remettent en cause carrément l’intérêt d’avoir une réflexion politique, me sont apparues tardivement car il faut beaucoup travailler pour les mettre en évidence. Ce sont ces raisons-là, les cinq plus importantes, sur lesquelles je voudrais attirer votre attention et solliciter votre avis pour que nous en parlions ensemble, puisque les journalistes nous privent de débats publics.

Dans cette affaire d’État, les fondements du droit constitutionnel sont malmenés, ce qui rappelle au premier plan cinq principes traditionnels conçus pour protéger les citoyens.

  1. Une Constitution doit être lisible pour permettre un vote populaire : ce texte-là est illisible.
  2. Une Constitution n’impose pas une politique ou une autre : ce texte-là est partisan.
  3. Une Constitution est révisable : ce texte-là est verrouillé par une exigence de double unanimité.
  4. Une Constitution protège de la tyrannie par la séparation des pouvoirs et par le contrôle des pouvoirs : ce texte-là n’organise pas un vrai contrôle des pouvoirs ni une réelle séparation des pouvoirs.
  5. Une Constitution n’est pas octroyée par les puissants, elle est établie par le peuple lui-même, précisément pour se protéger de l’arbitraire des puissants, à travers une assemblée constituante, indépendante, élue pour ça et révoquée après : ce texte-là entérine des institutions européennes qui ont été écrites depuis cinquante ans par les hommes au pouvoir, à la fois juges et parties.

Préalable : Constitution ou traité ?

Quelle est la juste qualification de ce projet ?

Il faut rappeler ce qu’est une Constitution et pourquoi on entoure son élaboration de précautions particulières.

Une Constitution est un pacte passé entre les hommes et leurs gouvernants. C’est parce qu’ils ont signé ce pacte que les hommes acceptent d’obéir aux lois. C’est par ce pacte que l’autorité trouve sa légitimité. Ce pacte doit protéger les hommes contre l’injustice et l’arbitraire. Les principes dont on va parler servent à garantir que le pacte joue son rôle protecteur et que les hommes pourront le contrôler.

Le projet de Traité établissant une Constitution pour l’Europe (TCE) est exécutoire sans limitation de durée[2], il s’impose sur presque tous les sujets essentiels à la vie des gens[3], sa force juridique est supérieure à toutes nos normes nationales (règlements, lois, Constitution)[4], il met en place les grands pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) et il en règle les équilibres.

Le projet de TCE est donc, par nature, une Constitution, il fixe « le droit du droit ».

Les débats en cours montrent que ce préalable est au centre des réfutations. Je renforce donc mon affirmation par une citation d’Olivier Gohin, professeur à l’Université de Paris II : « Le nouveau Traité est une véritable Constitution dès lors qu’elle correspond à la définition matérielle de toute constitution : organisation des pouvoirs publics et garantie des libertés fondamentales, avec identification d’un pouvoir constituant (…) la nouvelle Union européenne réunit, dès à présent, les éléments nécessaires de la définition de l’État »[5].

De plus, la primauté du droit européen, même d’un simple règlement, sur l’ensemble du droit des États membres, même sur leur Constitution, est fortement démontrée par plusieurs professeurs d’Université qui tempêtent évidemment contre ce séisme juridique sciemment sous-évalué par le Conseil Constitutionnel (voir les textes de Frédéric Rouvillois et Armel Pécheul, note 4)

Le plus important n’est donc pas, à mon avis, la qualification que les auteurs ont eux-mêmes donnée à leur texte, puisque les principes dont on va parler servent à protéger les citoyens contre des institutions dangereuses : tout texte fondamental qui définit ou modifie les pouvoirs des institutions devrait donc respecter ces principes, quelle que soit sa dénomination officielle.

Est-ce que ce texte à vocation constitutionnelle, donc, offre les garanties qu’on peut en attendre ?[6]

Premier principe de droit constitutionnel : une Constitution est un texte lisible.

Une constitution doit être acceptée, directement, par le peuple qui s’y soumet.

Pour que cette acceptation ait un sens, il faut que le texte soit lisible par le peuple, celui qui va signer (et pas seulement par des experts).

De ce point de vue, le « traité constitutionnel » est long et complexe[7] : 485 pages A4, soit presque une ramette (dans la version compacte actuellement disponible sur le site http://www.constitution-europeenne.fr).

Cette longueur, unique au monde pour une Constitution, se double d’une multiplicité de renvois qui la rendent simplement illisible pour les citoyens de base.

Certains points importants comme la définition des SIEG n’apparaissent pas dans le texte[8].

Des contradictions apparaissent même entre des parties éloignées[9].

Pour illustrer encore la difficulté de lecture de ce texte, on doit relever également, et c’est grave, l’absence de liste des domaines dans lesquels chaque institution peut créer le droit. Ainsi, on ne trouve nulle part (et on peut donc parfaitement ignorer qu’existe) la liste des domaines où le Parlement européen est complètement tenu à l’écart du droit de légiférer (ce n’est pourtant ni banal, ni anodin). Pour connaître cette répartition, il faut scruter les centaines d’articles un à un, en espérant de ne pas en avoir oublié (voir plus loin). Est-ce qu’on peut parler de lisibilité ?

D’autres articles importants, comme l’article I-33 qui institue les « actes non législatifs » (règlements et décisions) qui permettent à une Commission (non élue) de créer sans contrôle parlementaire des normes aussi contraignantes que des lois[10], ne sont pas suivis d’une liste contrôlable.

Cette longueur et cette complexité interdisent la critique pour le commun des mortels[11].

Les 75% d’Espagnols votants qui ont approuvé ce texte, comme les 60% qui se sont abstenus, ne l’ont probablement pas lu : ni les ministres, ni les parlementaires, ni les professeurs, ni les journalistes, ni les citoyens, qui ont tous autre chose à faire : qui a le temps matériel de lire 500 pages A4 ? Il suffit de se poser la question pour soi-même : ce n’est pas différent pour les autres.

Ces citoyens prennent ainsi le risque majeur, pour eux, mais aussi pour leurs enfants et leurs petits-enfants, de découvrir trop tard ce qu’ils ne pourront plus changer.

Il faut évidemment lire et comprendre ce que l’on signe.   Ou bien, on refuse de signer.

Même s’il était simple (et il ne l’est pas), un texte aussi long ne permet pas de le juger avec discernement.

Et pourtant, il faut bien avoir un avis. Comment faire pour avoir un avis sur un texte qu’on ne peut pas lire ? En s’alignant sur « les autres », on se rassure, comme les moutons de Panurge.

Cette longueur est, par elle-même, non démocratique : le débat est réservé aux experts.

Une Constitution est la loi fondamentale, elle est « le droit du droit », elle doit pouvoir être lue par tous, pour être approuvée ou rejetée en connaissance de cause.

Deuxième   principe de droit constitutionnel : une Constitution n’impose pas une politique ou une autre, elle permet le débat politique sans en imposer l’issue

Une Constitution démocratique n’est pas de droite ou de gauche, elle n’est pas socialiste ou libérale, une Constitution n’est pas partisane : elle rend possible le débat politique, elle est au-dessus du débat politique.

À l’inverse, le TCE, en plus de fixer la règle du jeu politique, voudrait fixer le jeu lui-même !

En imposant dans toutes ses parties[12] (I, II et surtout III) des contraintes et références libérales, ce texte n’est pas neutre politiquement : il impose pour longtemps des choix de politique économique qui devraient évidemment dépendre du débat politique quotidien, variable selon la conjoncture. C’est une sorte de hold-up sur l’alternance des politiques économiques.

Notamment, ce texte confirme pour longtemps que l’Europe se prive elle-même des trois principaux leviers économiques qui permettent à tous les États du monde de gouverner :

Pas de politique monétaire : nous sommes les seuls au monde à avoir rendu notre banque centrale totalement indépendante, avec en plus, comme mission principale, constitutionnelle, intangible, la lutte contre l’inflation et pas l’emploi ou la croissance[13]. Aucun moyen n’est accordé aux pouvoirs politiques pour modifier ces missions. On sait pourtant que les politiques anti-inflation­nistes se paient en chômage[14], par un effet presque mécanique. (bien lire la note 14)

Pas de politique budgétaire : le pacte de stabilité[15] enferme les États dans une rigueur budgétaire qui est certes une politique possible, mais qui ne doit pas être la seule ad vitam aeternam. Aucune relance de type Keynésien (grands travaux) n’est plus possible.

Pas de politique industrielle : l’interdiction de toute entrave à la concurrence[16] emporte avec elle l’interdiction d’aider certains acteurs nationaux en difficulté ou fragiles.

C’est une politique de l’impuissance économique décrite par l’économiste Jean-Paul Fitoussi[17] qui est ainsi institutionnalisée, imposée pour longtemps.

À ce sujet, il faut lire la passionnante synthèse de douze économistes contre le TCE[18].

Le projet de TCE infantilise les citoyens d’Europe : il nous prive tous de l’intérêt de réfléchir à des alternatives. À quoi bon continuer le débat politique, en effet, puisque toute alternative réelle est expressément interdite dans le texte suprême ?

Concrètement, si demain, une majorité européenne voulait changer de direction et repasser à un mode d’organisation non marchand, plus solidaire, elle ne le pourrait pas : il faudrait l’unanimité.

Mise à part la constitution soviétique (qui imposait, elle aussi, une politique, le collectivisme), cette constitution partisane serait un cas unique au monde.

Troisième principe de droit constitutionnel : une Constitution démocratique est révisable

Tous les peuples du monde vivant en démocratie peuvent réviser leur pacte de gouvernement.

Le projet de TCE est beaucoup trop difficilement révisable[19] : pour changer une virgule à ce texte, il faut d’abord l’unanimité des gouvernements pour tomber d’accord sur un projet de révision, puis il faut l’unanimité des peuples (parlements ou référendums) pour le ratifier (cela s’appelle la procédure de révision ordinaire).

Avec 25 États, cette procédure de double unanimité est une vraie garantie d’intangibilité pour les partisans de l’immobilisme. Ce texte semble pétrifié dès sa naissance.

Concrètement, si une large majorité d’Européens souhaitent modifier leur loi fondamentale, ils ne le pourront pas. C’est ça qui est choquant, inquiétant.

C’est inacceptable pour une Constitution[20] et ce serait, là encore, un cas unique au monde.

On me répond en mettant en avant le mot « traité » pour prétendre que l’unanimité est normale (ce qui est vrai en matière de traités), mais ça ne tient pas : ce texte, à l’évidence, joue le rôle d’une constitution et l’oxymore « Traité constitutionnel » (assemblage de mots contradictoires) conduit, en jouant sur les mots, à créer une norme suprême trop rigide, trop difficile à réviser.

Curieusement, cette rigidité excessive avoisine une souplesse étonnante à l’occasion d’une autre procédure qui, elle, ne requiert pas l’accord direct des peuples : la procédure de révision simplifiée[21] autorise un des organes de l’Union (le Conseil des ministres) à modifier de sa propre initiative l’un des éléments clefs de la Constitution qui conditionne le degré de souveraineté conservé par les États membres dans tel ou tel domaine (puisque le passage à la majorité fait perdre à tous le droit de blocage)[22].   Ça, c’est grave : cette Constitution est à géométrie variable, mais sans l’aval direct des peuples à chaque variation.

Par ailleurs, pour l’entrée d’un nouvel État dans l’UE, la règle de l’unanimité est une protection, mais ce n’est pas l’unanimité des peuples consultés par référendum qui est requise : c’est d’abord l’unanimité des 25 représentants des gouvernements (dont beaucoup ne sont pas élus, et dont aucun ne l’est avec le mandat de décider sur ce point important), puis l’unanimité des États selon leur procédure nationale de ratification[23]. Seuls les pays qui ont une procédure référendaire, et la France en fait partie, verront donc leur peuple directement consulté.

On dirait vraiment que la volonté des peuples compte peu pour ceux qui les gouvernent.

Quatrième  principe de droit constitutionnel : une Constitution démocratique garantit contre l’arbi­traire en assurant à la fois la séparation des pouvoirs et le contrôle des pouvoirs

L’esprit des lois décrit par Montesquieu est sans doute la meilleure idée de toute l’histoire de l’Humanité : tous les pouvoirs tendent naturellement, mécaniquement, à l’abus de pouvoir. Il est donc essentiel, pour protéger les humains contre la tyrannie, d’abord de séparer les pouvoirs, et ensuite d’organiser le contrôle des pouvoirs : pas de confusion des pouvoirs, et pas de pouvoir sans contre-pouvoirs.

Ainsi le peuple dit : « Toi, le Parlement, tu fais les lois, mais tu ne les exécutes pas. Et toi, le Gouvernement, tu exécutes les lois, mais tu ne peux pas les écrire toi-même. » Ainsi, aucun pouvoir n’a, à lui seul, les moyens d’imposer sa volonté.   Ceci est essentiel.

« D’autre part, si l’un des pouvoirs estime que l’autre a un comportement inacceptable, il peut le révoquer : l’assemblée peut renverser le gouvernement, et le gouvernement peut dissoudre l’assemblée. Dans les deux cas, on en appelle alors à l’arbitrage (élection) du peuple qui doit rester la source unique de tous les pouvoirs. » Il faut que chaque pouvoir ait à rendre des comptes et se sache contrôlé à tout moment.     Ceci est également essentiel.

C’est peut-être ça, la meilleure idée du monde, celle qui libère de la crainte d’un despote.

Même dans le cadre moderne d’une union d’États, on ne voit pas pourquoi ces principes protecteurs de bons sens auraient perdu leur valeur.

L’équilibre entre les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) est cependant difficile à trouver.

Le pouvoir législatif tire une forte légitimité du suffrage universel direct et il est tentant de le rendre plus fort que les autres. Mais une assemblée, même légitime, peut tout à fait devenir tyrannique car le mécanisme de l’élection ne tient absolument pas lieu de contre-pouvoir. Par ailleurs, une assemblée n’est pas nécessairement le meilleur lieu pour décider : des effets de foule ou une certaine dilution de la responsabilité individuelle au moment de décider collectivement peuvent conduire à des excès[24].

C’est pourquoi on prévoit souvent des limites au pouvoir parlementaire malgré la souveraineté qu‘il incarne : on prévoit ainsi souvent deux chambres (système bicaméral) pour que l’une tempère l’autre : en France, c’est le Sénat, élu lui aussi, mais plus âgé, qui joue ce rôle modérateur de l’Assemblée Nationale, modérateur mais sans risque de blocage (en cas de désaccord, c’est l’Assemblée nationale qui a le dernier mot).

Souvent, on prévoit une autre limite importante au pouvoir législatif : il faut pouvoir dissoudre l’assemblée, toujours dans cette optique essentielle des contre-pouvoirs qui responsabilisent les acteurs publics.

Dans le cadre de ces limites (deux chambres et menace de dissolution), le Parlement devrait jouer un vrai rôle législatif, avec l’initiative des lois, la possibilité d’amender les textes dans tous les domaines, un vrai rôle dans la fixation des impôts (c’est un de ses rôles primitifs essentiels : contrôler le poids des prélèvements opérés par l’autorité publique)…

Ce n’est pas exactement ce qui est prévu dans le projet de TCE : le Parlement n’a pas du tout l’initiative des lois[25], ce qui est déjà inacceptable, et son rôle dans le vote du budget, quoique augmenté, reste limité, et surtout il est exclu de la délibération des lois dans certains domaines, réservés au Conseil des Ministres (procédures législatives spéciales[26]).

En fait, c’est peut-être plus grave : j’ai longtemps concentré mon attention sur les lois (actes législatifs), et je suis en train de découvrir avec étonnement les « décisions », (art. I-33, I-35), « actes non législatifs » bien distincts des simples règlements. Il n’y a rien à redire au règlement qui est un texte d’application, comme les décrets et arrêtés en France, qui justifie un pouvoir normatif limité traditionnellement conféré à l’exécutif pour fixer rapidement les simples modalités pratiques de l’applica­tion des lois. Mais les « décisions » sont différentes, elles sont décrites à part[27].

Les « décisions » semblent aussi contraignantes que les lois, elles peuvent avoir une portée générale, mais semblent plus faciles à créer que les lois, moins contrôlées (probablement par la CJE mais pas par une discussion parlementaire). En lisant le texte du TCE, je cherche : qui peut prendre ces « décisions » qui ressemblent à des « lois sans Parlement » ? Le Conseil européen (entre chefs d’États et de gouvernements), le Conseil des ministres et la Commission (tous membres de l’exécutif, au niveau national ou européen, et souvent non élus), et… la BCE. La BCE a le pouvoir de prendre seule des « décisions ». Et qui la contrôle, cette banque centrale ? Quels sont les garde-fous qui existent autour de ces normes élaborées sans discussion parlementaire ?

Il nous reste à faire ensemble l’inventaire (puisque la liste ne nous est pas fournie) des articles du TCE qui permettent (pour l’instant) de produire ainsi des « lois sans parlement » (procédure législative spéciale et actes non législatifs à portée générale). À suivre…

On nous présente donc un « triangle » composé du Parlement qui représente les peuples, du Conseil des Ministres qui représente les États et de la Commission qui représente l’intérêt général (sic).

La Commission est principalement l’émanation du Conseil[28] qui en nomme les membres avec un droit de regard du Parlement qui « élit » même son Président (sur proposition du Conseil). La commission est totalement indépendante, elle ne doit recevoir de consignes de personne, mais elle peut quand même être révoquée par le Parlement à travers une motion de censure et chacun des commissaires peut être « démissionné » par le Président de la Commission.

C’est la Commission qui est en charge de la préparation technique du droit et qui soumet ses propositions au Conseil des Ministres et au Parlement, présentés comme deux organes législatifs.

On présente donc le Conseil des Ministres comme une « chambre haute » qui jouerait le rôle du Sénat, mais c’est inacceptable : d’abord, les ministres ne sont pas élus, mais surtout, ils détiennent dans leur pays le pouvoir exécutif, c’est-à-dire qu’il maîtrisent la force publique qui leur permettra, en rentrant au pays, d’appliquer les règles qu’ils ont eux-mêmes élaborées.

Ce sont donc les mêmes personnes qui créent le droit au niveau européen et qui l’appliquent au niveau national (une fois transposé) : il y a donc ici une évidente confusion des pouvoirs.
Le Conseil des M. est un organe clairement lié à l’exécutif à qui on a confié un rôle législatif.

Avec la non séparation des pouvoirs, c’est un important rempart contre l’arbitraire qui nous échappe. Même si c’est sur un nombre limité de sujets (21 ? qui sait ?), c’est dangereux.

Laurent Lemasson, dans l’article précité[29], fait remarquer, lui, que le Parlement est composé d’une seule chambre, et que le Parlement est irresponsable : personne ne peut le dissoudre. On a vu qu’il est privé de l’initiative des lois, mais il peut révoquer la Commission qui dispose de cette initiative, ce qui donne au Parlement un certain ascendant sur elle pour « suggérer » des propositions. L. Lemasson voit dans cette organisation des pouvoirs un risque de régime d’assemblée (une sorte de tyrannie parlementaire). Cette crainte est sans doute exagérée car la censure n’est possible qu’aux deux tiers des suffrages exprimés et surtout seulement sur la gestion de la Commission, ce qui semble bien exclure la censure politique[30].

On peut concevoir la codécision positivement, comme un contre-pouvoir dans les deux sens : ainsi, le Parlement ne peut pas abuser de son pouvoir, et le Conseil des Ministres non plus. Mais on aurait trouvé plus démocratique un système bicaméral qui mette en jeu, par exemple, une Assemblée des Parlements nationaux ou une Assemblée des Régions, plutôt qu’une « Assemblée des Ministres ».

En plus, cette codécision disparaît quand le Parlement est carrément mis à l’écart d’une série de sujets où les Conseils, la Commission et la BCE créent le droit seuls (comme par hasard ce sont des domaines économiques importants) (Art. III-130-3 : marché intérieur et Art. III-163 et III-165 : règles de la concurrence). Alors ça, c’est choquant parce que, sur ces sujets, il n’y a presque plus de contre-pouvoir : la Commission (qui garde souvent l’initiative) peut-elle être considérée comme une vraie force capable de s’interposer en cas de dérive arbitraire des Conseils (dont elle est si proche) ?

Il semble donc y avoir un vrai problème démocratique dans tous les domaines enlevés au Parlement : ni séparation, ni contrôle. La liste de ces sujets interdits n’existe nulle part, et cette exclusion du Parlement de certains domaines n’est même jamais formulée clairement.[31]

Là où le contrôle des pouvoirs n’existe pas, c’est encore un rempart essentiel contre l’arbitraire qui va nous manquer.

Pour un citoyen qui débarque là sans avoir été conditionné psychologiquement au préalable, c’est choquant. Mais peut-être que je me trompe. Peut-on m’expliquer cet étrange « équilibre » des pouvoirs ? Pour qui a-t-on écrit ce texte ?

En tant que citoyen, on aimerait qu’on nous explique pourquoi cette exclusion existe, sur quels critères on a choisi ces sujets interdits, et pourquoi aucune liste explicite (et donc critiquable) n’a été formulée.

On aimerait aussi savoir qui est réellement responsable de ses actes dans cette organisation européenne, car enfin :

Le parlement n’est responsable devant personne (en dehors des élections dont on a déjà dit qu’elles ne peuvent pas tenir lieu de contre-pouvoir) car il n’y a pas de procédure de dissolution.

Le Conseil européen n’est responsable devant personne au niveau européen (et il faut s’en remettre à la lointaine responsabilité nationale pour mettre en cause ses membres un par un). Le fait qu’il soit évidemment difficile d’organiser cette responsabilité, puisqu’il s’agit des chefs d’État, ne suffit pas à nous rassurer car le résultat est quand même une irresponsabilité au niveau fédéral.

Le Conseil des Ministres n’est responsable devant personne au niveau européen (et il faut encore s’en remettre à la responsabilité nationale pour mettre en cause ses membres un par un). Le fait qu’il soit, là aussi, évidemment difficile d’organiser cette responsabilité, puisqu’il s’agit des ministres dépositaires d’une autre souveraineté populaire que celle de l’Europe, ne suffit pas à rassurer non plus car le résultat est quand même une irresponsabilité là où sont prises les décisions.
Sans compter que la mise en œuvre de cette responsabilité paraît aussi compliquée qu’illusoire.

La Cour Européenne de Justice (CJE), non élue, dont les juges dépendent directement des exécutifs qui les nomment (ça c’est fou), est aussi hors de contrôle (parlementaire ou citoyen), (c’est souvent le cas mais avec des juges vraiment indépendants) et sans recours, malgré les pouvoirs immenses dont elle est dotée à travers l’interprétation de tous les textes et l’arbitrage de tous les litiges.   Démocratiques, ces institutions ?   (À lire : [32]).

La Banque Centrale Européenne (BCE), non élue, rigoureusement indépendante des pouvoirs publics, est également hors de contrôle, donc irresponsable, malgré l’influence considérable de ses décisions sur la vie quotidienne des 450 millions d’européens (voir plus haut).

C’est quand même consternant cette impression d’irresponsabilité générale, non ?
Est-il si urgent de signer un texte pareil ?

La commission, finalement, est la seule qui risque quelque chose[33] : la censure globale par le Parlement, d’une part, (mais seulement aux 2/3 ce qui est beaucoup, et seulement pour sa « gestion », ce qui rend peut-être la censure théorique), et d’autre part la démission individuelle d’un commissaire qui peut être exigée par le Président de la Commission.

Mais la Commission est-elle réellement le siège du pouvoir ? Là-dessus, les avis sont partagés, mais compte tenu du tableau d’ensemble, j’aurais tendance à penser comme Yves Salesse[34] que le vrai pouvoir est détenu par le Conseil des Ministres (irresponsable) et que la Commission fait écran, une sorte de « fusible politique », un bouc émissaire commode qui permet aux ministres de créer le droit tout en disant « C’est pas moi, c’est elle, et je n’y peux rien, je ne peux pas la forcer : elle est indépendante… ».

La Commission est cependant un lieu de pouvoir important. Exemple : le commissaire chargé du commerce international, par le mandat qu’il a reçu une fois pour toutes, est le représentant unique de l’Union dans toutes les négociations internationales (OMC et autres). À lui seul, cet homme concentre donc un pouvoir vertigineux. C’est à ce titre qu’il négocie l’AGCS (Accord général sur les services, gigantesque projet de dérégulation[35], version mondiale de la directive Bolkestein) au nom de tous les Européens, mais dans le plus grand secret : il ne rend aucun compte au Parlement des négociations qu’il mène sur un accord qui va pourtant profondément changer la vie de tous les Européens, et le Parlement ne peut pas lui imposer de rendre des comptes[36].

On peut donc déjà observer des signes tangibles d’une dérive de type tyrannique. Et le « traité constitutionnel » verrouille pour longtemps un déséquilibre institutionnel qui le permet.

La commission peut être censurée par le Parlement, mais seulement à la majorité des deux tiers, ce qui signifie que la Commission peut gouverner 450 millions de personnes avec l’accord d’un tiers seulement du Parlement.

Même le mode de scrutin (par liste) garantit aux leaders des partis leur place au Parlement sans aucun risque, ce qui rend plus théorique la responsabilité de ces élus au moment des élections.

Tous ces pouvoirs sans contrôle réel, cette irresponsabilité générale… Où est la démocratie ?
Où sont les garde-fous contre l’arbitraire ?

Il paraît que, depuis vingt ans, les manuels scolaires des étudiants en sciences politiques appellent ça pudiquement le « déficit démocratique » de l’UE. Un terme bien anodin pour désigner en fait un abandon des peuples, trop confiants en ceux qu’ils ont désignés pour les défendre.

Il me semble que toutes les conversations des citoyens de base devraient en ce moment analyser point par point ce recul de la démocratie : dans les institutions européennes, les organes de l’Union semblent être presque tous irresponsables, la volonté des peuples semble compter peu pour les gouvernants, et une certaine politique économique est imposée pour longtemps.

Comment les analystes et commentateurs peuvent-ils glisser là-dessus comme si c’était secondaire ? C’est l’Europe à tout prix ? N’importe quelle Europe ? Même non démocratique ?! On n’a pas le droit d’en parler sans être qualifié d’antieuropéen ?

L’argument selon lequel « c’est partout pareil » ne me rassure pas mais m’inquiète plus encore : pendant que la plupart des citoyens négligent la démocratie, hypnotisés par la pub, le foot et la télé, d’autres s’en occupent activement, et discrètement, on voit comment.

On nous dit : « ce texte est meilleur qu’avant, il faudrait être idiot pour refuser de progresser ». C’est masquer qu’avec ce texte, on ne ferait pas que progresser : on figerait, on bloquerait, on entérinerait, on renforcerait, on donnerait une caution populaire aux textes qui s’en sont dispensés jusque-là, (à l’exception de Maastricht pour la France), on voit pour quel résultat.

Même mieux qu’avant, le texte proposé est dangereux. Montesquieu se retourne dans sa tombe.

Triste paradoxe que ces peuples qui accepteraient eux-mêmes le recul de la démocratie, c’est-à-dire des différents remparts qui les protègent de l’injuste loi du plus fort.

On voudrait nous faire croire que tous ces défauts trouvent une juste compensation dans des avancées spectaculaires :

Par exemple, ceux qui claironnent la naissance d’un référendum d’initiative populaire à l’initiative d’un million de citoyens[37] n’ont pas bien lu : le traité ne définit qu’un triste droit de pétition sans aucune force contraignante pour la Commission qui n’est qu’invitée à réfléchir et qui peut parfaitement jeter la proposition à la poubelle sans même devoir se justifier[38].

Un lecteur vient de m’envoyer la Constitution du Venezuela. J’y ai trouvé des exemples académiques (vivants) de démocratie authentique : ainsi l’article 72 qui permet à 20 % des électeurs inscrits de demander, et à 25 % de provoquer, la révocation de n’importe quel élu et le rappel aux urnes. Il faut un certain courage politique et un réel souci démocratique, je trouve, pour exposer ainsi à tout moment son propre pouvoir à la censure citoyenne. L’instabilité est évitée car cette révocation d’initiative populaire n’est possible qu’après un demi mandat et une seule fois par mandat. Cette procédure a déjà fonctionné plusieurs fois sans semer le trouble. D’autres référendums d’initiative populaire sont également prévus pour créer ou supprimer des lois. On est bien loin, en Europe, d’une telle responsabilité politique des acteurs institutionnels, aussi bien au niveau national qu’au niveau de l’Union. L’article I-47.4 du TCE est bien affligeant.

De la même façon, les beaux principes généraux et généreux, répétés partout, sur toutes les radios, les télés, les journaux, tout au long des spots officiels, sont en fait en recul par rapport à notre droit actuel[39]. Par ailleurs, leur force contraignante est extrêmement controversée parmi les plus grands juristes, qui expriment les plus vifs désaccords sur ce point[40].

Partout, ce texte est en trompe-l’œil et masque une maladie mortelle de la démocratie : progressivement et subrepticement, en affirmant le contraire sans vergogne, les exécutifs nationaux, de droite comme de gauche, à l’occasion de la naissance de l’Europe, sont en train, en cinquante ans, de s’affranchir du contrôle parlementaire là où ils en ont le plus besoin (en matière économique), et d’une façon plus générale de toute responsabilité réelle de la plupart de leurs décisions politiques.

Cinquième  principe de droit constitutionnel : une Constitution démocratique est forcément établie par une assemblée indépendante des pouvoirs en place

Une Constitution n’est pas octroyée au peuple par les puissants. Elle est définie par le peuple lui-même, ou par des représentants choisis pour cette tâche précise, précisément pour se protéger de l’arbitraire des puissants.

À l’inverse, les institutions européennes ont été écrites (depuis cinquante ans) par les hommes politiques au pouvoir qui sont donc évidemment juges et parties : de droite comme de gauche, en fixant eux-mêmes les contraintes qui allaient les gêner tous les jours, ces responsables ont été conduits, c’est humain mais c’est aussi prévisible, à une dangereuse partialité.

C’est, là encore, un cas unique au monde, pour une démocratie.

Et on observe les résultats comme une caricature de ce qu’il faut éviter : un exécutif complètement libre de ses mouvements sur des sujets économiques choisis, presque tous les organes de l’Union irresponsables à leur niveau de décision, une apparence de démocratie avec des trompe-l’œil partout, de petits progrès montés en épingle, mais un recul réel des garanties contre l’arbitraire.

La seule voie crédible pour créer un texte fondamental équilibré et protecteur est une assemblée constituante, indépendante des pouvoirs en place, élue pour élaborer une Constitution, rien que pour ça, révoquée après, et respectant une procédure très publique et très contradictoire[41] (en droit, le mot « contradictoire » signifie que les points de vue opposés doivent pouvoir s’exprimer totalement).

C’est aux citoyens d’imposer cette procédure si les responsables politiques tentent de s’en affranchir.

La composition assez variée et riche en personnalités de grande valeur de la Convention Giscard n’est pas un argument satisfaisant : on reste à mille lieues d’une assemblée Constituante : ses membres n’ont pas été élus avec ce mandat, ses membres n’étaient pas tous indépendants des pouvoirs en place, et surtout ses membres n’avaient pas les pouvoirs pour écrire un nouveau texte, équilibré et démocratique : ils ne pouvaient que valider, compiler (et légèrement modifier) les textes antérieurs écrits par des acteurs à la fois juges et parties[42].

De plus, la réécriture du texte, encore par les gouvernants au pouvoir, pendant une année après que la Convention a rendu sa proposition, est encore une énormité d’un point de vue constitutionnel[43].   Ce n’est pas au pouvoir en place d’écrire le droit du droit. L’État n’est pas le peuple.

En établissant une Constitution par voie de traité, procédure beaucoup moins contraignante qu’une lourde assemblée constituante, (publique, longuement contradictoire et validée directement par le peuple), les parlements et gouvernements, de droite comme de gauche, ont fait comme s’ils étaient propriétaires de la souveraineté populaire, et ce traité, comme les précédents, peut s’analyser comme un abus de pouvoir : nos élus, tout élus qu’ils sont, n’ont pas reçu le mandat d’abdiquer notre souveraineté. C’est au peuple, directement, de contrôler que les conditions de ce transfert, (à mon avis souhaitable pour construire une Europe forte et pacifiée), sont acceptables.

Je respecte profondément, bien sûr, tous les membres éminents de la Convention, mais je crois simplement qu’ils n’avaient pas mandat pour faire ce qu’ils ont fait.

On est d’ailleurs sidéré de voir de nombreux acteurs politiques de premier plan qui osent regretter tout haut que le TCE ait été soumis à référendum, en soulignant que tout ça aurait été moins compliqué et moins incertain avec le Parlement qui aurait voté ça comme un seul homme, sans même rien lire peut-être[44]Que valent les peuples pour nos élites ?

À propos, les nombreux gouvernements qui ont fait ratifier ce texte par leur Parlement national[45], plutôt que par leur peuple (référendum), signent une véritable forfaiture : les peuples de ces pays sont ainsi privés à la fois du débat et de l’expression directe qui leur aurait permis de résister au recul démocratique qui les expose à l’arbitraire.

Quel moyen reste-t-il à ces citoyens pour résister à cette confiscation de leur souveraineté ?[46]
Il y a une solution plus pacifique que l’émeute : un Non ferme et résolu du peuple français.

Ce mépris des peuples et de leurs choix réels est très révélateur du danger qui grandit dans la plus grande discrétion : nos élites, de droite comme de gauche, se méfient de la démocratie et nous en privent délibérément, progressivement et insidieusement.

Conclusion

Le TCE paraît donc dangereux à plusieurs titres. Que m’a-t-on répondu pour l’instant ?
(Pardon pour les arguments encore oubliés, mais c’est un travail immense de compiler tout ça.)

Pour calmer mes craintes, on me parle de progrès, mais à la vérité tout est dans la référence qu’on prend pour évaluer le progrès : car en effet, si l’on prend la situation de Nice (que je tiens pour déplorable sur le plan démocratique), c’est effectivement « mieux », c’est un « progrès », et on comprend donc pourquoi on se réfère à ce texte pour nous vendre le TCE.

Mais si je me réfère à la démocratie nationale que je perds au profit de la « démocratie européenne » que je gagne, c’est objectivement un recul qu’on me demande d’entériner : recul sur la responsabilité des actes quotidiens de tous les pouvoirs, recul sur le contrôle du pouvoir exécutif sur ses (x) domaines réservés, recul sur les droits fondamentaux et surtout recul sur la politique économique imposée, très probablement cause du chômage endémique et de la croissance molle en Europe, et imposée clairement pour longtemps.

Or je rappelle que c’est la première fois en cinquante ans qu’on me demande mon avis : en tant que citoyen, je ne suis donc pas cosignataire de Nice, ni des traités précédents. À Maastricht, on m’interrogeait sur la monnaie et les contraintes économiques, si je me souviens bien, pas ou peu sur l’équilibre et le contrôle des pouvoirs. Et pour les contraintes économiques (les critères de convergence), on s’était bien promis de faire le bilan. A-t-on fait ce bilan ? A-t-on de bonnes raisons d’être satisfaits des performances économiques de ces institutions pourtant à vocation plus économique que politique ? Relire Fitoussi et Généreux.

Pourquoi n’aurais-je donc à juger que du petit différentiel qui sépare Nice du TCE ?

Pourquoi n’aurais-je pas mon mot à dire (« moi », citoyen de base, évidemment) sur l’ensemble de ce fantastique coup de force des exécutifs nationaux, depuis cinquante ans, sur le contrôle citoyen des politiques menées ?

Je ne vois pas pourquoi il faudrait que le texte soumis au vote soit artificiellement circonscrit aux quelque 50 articles nouveaux du TCE.

Quand je vois d’éminents experts prétendre qu’il n’y a que 60 pages à juger, 50 petits articles de rien du tout, prétendre que le reste existe déjà et se trouve donc hors du sujet, pas soumis au référendum, quand j’entends ça, je me dis, et j’ai l’impression que je ne suis pas tout à fait seul, qu’il est temps de se réveiller.

Si on refuse cette vue d’ensemble dont je parle, si cette période de cinquante ans est sacrée, promue intouchable, irréversible, si on impose Nice comme référence, alors, effectivement, le TCE est un « bon texte » puisqu' »on progresse« , mais il ne vous apparaît pas qu’il manque une petite partie de la démonstration ? qu’on nous impose ainsi de valider un chemin qui n’est pas bon ?

C’est vrai que c’est sans doute une erreur (pour ceux qui construisent cette Europe peu démocratique)  d’avoir qualifié le texte de Constitution (ils nous ont mis la puce à l’oreille), et une autre erreur d’avoir proposé le texte par référendum à ces râleurs arrogants que sont les français, mais pour nous, citoyens, j’ai bien l’impression que ces deux erreurs nous donnent une chance historique, celle de voir plus clairement le danger et d’enfin résister.

Il y a quand même un progrès incontestable dans ce traité… C’est la nouvelle possibilité qui est offerte de s’échapper du piège : Article I-60-1 : « Le retrait volontaire de l’Union Tout État membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l’Union. ». Ce droit actuellement n’existe pas, ce qui fait du rejet du texte un enfermement dans un autre piège, celui de Nice. C’est gai…

Finalement, ce « traité constitutionnel » est un révélateur qui met en lumière ce qui se décide sans nous depuis longtemps.

D’une certaine façon, le loup est sorti du bois et les citoyens peuvent enfin voir le danger, et résister.

Une des grandes erreurs, probablement, c’est de faire passer l’économique avant le politique, c’est de renoncer à la possibilité d’agir, c’est de s’en remettre aveuglément aux marchés, c’est de confier la barre aux économistes alors qu’ils devraient rester dans les soutes pour faire tourner le moteur (c’est Bernard Maris, dans son savoureux antimanuel d’économie, qui le suggère en souriant).

En prônant la liberté comme une valeur supérieure, au lieu de la fraternité, en institutionnalisant la compétition, la concurrence, au lieu de la collaboration et l’entraide, en l’imposant dans le texte suprême à travers le dogme de la concurrence absolue, et finalement une morale du « chacun pour soi et contre tous », en détruisant la régulation par l’État, gardien de l’intérêt général, pour instaurer la régulation par le marché, somme d’intérêts particuliers, les économistes néolibéraux s’en prennent aux fondements de la démocratie pour, tout compte fait, affranchir les principaux décideurs économiques de tout contrôle.

La dérégulation systématique menée en Europe (par ses institutions, par sa politique et par le verrou de la Constitution non révisable), et plus généralement sur la terre entière (OMC, AGCS, ADPIC) est un recul de la civilisation, un retour vers la barbarie de la loi du plus fort[47].

Par optimisme, par crédulité, par indifférence, les peuples modernes laissent s’affaiblir leur bien le plus précieux, très rare sur cette planète, celui qui conditionne leur sérénité quotidienne : les différentes protections contre l’arbitraire des hommes forts, depuis le cœur des entreprises (droits sociaux) jusqu’à la patrie (institutions démocratiques contrôlées et révocables).

La démocratie n’est pas éternelle, elle est même extrêmement fragile. En la croyant invulnérable, nous sommes en train de la laisser perdre.

Même après le refus de ce texte-là, il faudra se battre pour la garder, et continuer à militer pour imposer à nos représentants de construire une autre Europe, simplement démocratique.            Je n’ai pas d’alternative toute prête, peut-être d’autres en ont-ils.
Sinon, il faut l’imaginer et la construire.

Ce texte fondateur en trompe-l’œil est présenté aux citoyens à travers un débat lui aussi en trompe-l’œil[48].

De nombreux journalistes, en assimilant les opposants au texte à des opposants à l’Europe, font un amalgame malhonnête : la double égalité « Oui au traité=Oui à l’Europe, Non au traité=Non à l’Europe » est un mensonge insultant, une inversion de la réalité, un slogan trompeur jamais démontré, fait pour séduire ceux qui n’ont pas lu le traité et qui n’ont pas étudié les arguments, pourtant forts, de ceux qui s’opposent à ce traité précisément pour protéger la perspective d’une Europe démocratique.

Les journalistes sont un rempart essentiel, moderne, pour protéger la démocratie. Montesquieu ne pouvait pas prévoir l’importance capitale qu’ils allaient prendre, mais c’est certain : le pouvoir immense des journalistes mériterait lui-même un vrai contre-pouvoir (de ce point de vue, on peut sûrement se demander si on ne commet pas une grave erreur en laissant acheter et vendre les médias comme de simples marchandises) et leur responsabilité est ici historique.

Plus de 70% des temps de parole pour le Oui, moins de 30% pour le Non, tout un attirail qui ressemble à une propagande d’État, et ces questions bienveillantes quand on questionne un partisan du Oui, ces questions malveillantes quand on questionne un partisan du Non

Est-ce que ce projet est honnête pour nécessiter tant de ruses ?
Consulter le dossier très riche en détails : http://www.acrimed.org/article1950.html

C’est, pour l’instant, l’Internet qui est le média le plus démocratique, non censuré, le meilleur outil pour résister. Si ce message vous semble utile, diffusez-le vite dans vos propres réseaux et au-delà de l’Internet, sur papier.

Conseil aux partisans du TCE (je ne peux pas les aider, je n’ai pas trouvé moi-même les arguments qui leur manquent ;o) : pour rassurer ceux qui sentent un grand danger dans le TCE, c’est une mauvaise réponse de souligner ce qui est bon dans le TCE : ça ne suffit pas à rassurer, évidemment. On ne signe pas un texte s’il contient ne serait-ce qu’une seule ligne inacceptable, quand bien même il contiendrait par ailleurs monts et merveilles. Et ce traité comporte de nombreux points inacceptables.

Il faut donc plutôt démontrer qu’il n’y a pas de raison de s’inquiéter, par exemple que chaque organe de l’Union est pleinement responsable de ses actes (au-delà du simple mécanisme électoral) dans toutes les phases de création du droit, que les politiques économiques ne sont pas aussi encagées qu’il y paraît, que les volontés à venir des peuples européens ont toutes les garanties d’être respectées… Cette démonstration devra bien sûr s’appuyer sur le texte plutôt que sur des incantations ou des imprécations injurieuses.

Quant aux opposants au traité, ils ne convaincront vraiment ceux qui, pour l’instant, votent oui en se bouchant le nez faute de mieux (il y en a tant…) qu’en proposant une alternative crédible, une perspective plausible.

La masse des messages que je reçois tous les jours a une unité, une cohérence, une force : quel que soit le bord politique (et ça vient vraiment de partout), le sentiment général est fondamentalement proeuropéen et exigeant sur la démocratie et le respect de la volonté des peuples. Et il y a beaucoup d’humanité et de générosité dans ces messages (à part les affreux qui m’insultent, mais ils sont rares).

J’y vois un socle (ou un germe de socle) pour que les politiques professionnels se ressourcent, se regroupent différemment, modifient leurs programmes, et imaginent un projet pour l’après non, une vraie Europe pour les hommes, pas pour les États.

On a bien deux ou trois ans pour rallier nos frères européens et engager cet élan partout, n’est-ce pas ? Et si c’était les peuples d’Europe qui réclamaient fermement aux partis politiques cette refondation démocratique, en partant de la base, communiquant à travers le net pour se passer le mot sans forcément respecter les clivages des partis ? On peut rêver…

Je prends conscience, en effet, que ce sont les États (ou leur personnel politique ?) qui ne veulent pas de l’Europe et qui refusent les transferts de souveraineté.

Ne faut-il pas commencer par le commencement : demander aux 25 peuples s’ils veulent s’unir pour créer une République européenne ? Puis engager, seulement avec les pays qui le veulent, un vrai processus constituant, organisé par les pouvoirs en place mais indépendant d’eux ?

On peut y réfléchir, non ?

J’ai entendu à la radio, il y a quelques semaines, une phrase qui a fait mouche, qui depuis résonne sans cesse dans ma tête et qui me change.   Elle dit : on ne naît pas citoyen : on le devient.

Étienne Chouard, Trets (Marseille).
Texte mis à jour le 17 juin 2005.

Je répète ici que je n’ai absolument aucune autorité pour expliquer le droit communautaire que je découvre en ce moment, pas à pas (de surprise en surprise).

Post scriptum (3 & 12 avril 2005) :

Ce texte a un succès inattendu et il a déjà suscité des milliers de réactions. Des centaines de messages me parviennent chaque jour, presque toujours enthousiastes, parfois critiques, ce qui m’a permis de progresser. Certaines questions, des doutes aussi, reviennent dans les messages et je voudrais ici, d’un mot, y répondre pour anticiper les prochaines.

Je suis professeur de droit, d’économie et d’informatique, en BTS, dans un lycée de Marseille, j’ai 48 ans, quatre enfants, je n’appartiens à aucun parti, syndicat ou association. Dans ma vie, j’ai fait beaucoup plus de parapente que de politique où je suis vierge, un débutant absolu qui s’est « réveillé » il y a six mois, et où je ne ferai pas de vieux os (le vol libre est une drogue dure qui me rappellera vite à elle).

Je ne suis donc le « sous-marin » de personne (question marrante reçue récemment).

Je suis un simple citoyen, « de base »… :o)

J’ai reçu des propositions de publication sur des sites ou dans des revues que j’ai acceptées sans contrôler que la CIA ou le KGB n’agisse en sous-main. De nombreux sites ont déjà publié des liens vers ce texte, parfois sans m’en parler, et ils font bien.

Je voudrais anticiper sur les probables calomnies à venir, à base d’étiquetage politique hâtif en vue d’un discrédit facile. Je ne suis pas un homme politique, je n’aspire pas à le devenir, je ne prétends pas non plus être juriste pour imposer mon point de vue de façon prétentieuse mais pour expliquer ma démarche, d’ailleurs je ne suis pas vraiment juriste, j’ai surtout une formation de juriste, ce n’est, de toutes façons, pas important car je voudrais que le débat reste concentré sur le fond des problèmes sans dériver sur de stériles et parfois malveillantes querelles de personne ou procès d’intention dont les commentateurs politiques ont le secret

Ne me rendez pas non plus responsable de tout ce que devient ce document, de toutes les prévisibles récupérations et déformations. Chacun comprendra qu’il m’échappe et vit sa vie tout seul… :o)

Je ne cherche à manipuler personne : je me trompe peut-être dans mon analyse, j’attends simplement qu’on me le démontre et un débat respectueux est toujours fertile : « de la discussion jaillit la lumière » me disait mon père quand j’étais petit.

S’il vous plaît, fiez-vous surtout aux idées et arguments, abordez le débat comme si votre interlocuteur était de bonne foi, sans noires arrière-pensées, et ne vous laissez pas polluer l’analyse par des considérations parasites.

Ce débat important appartient au commun des mortels, c’est la beauté de la démocratie, ne le laissez pas confisquer par les experts. Lisez, réfléchissez et prenez la parole sans complexes   :o)

Ne me reprochez pas les erreurs éventuelles comme si j’étais malhonnête : elles sont prévisibles, prévues, et pas du tout définitives si on recherche sincèrement à identifier les vrais enjeux de ce traité : admettez que la tâche est rude avec ce texte complexe et sibyllin, et qu’on est beaucoup plus forts à plusieurs pour affiner une critique qui deviendra (peut-être) finalement irréfutable.      

Enfin, vous avez compris que ce texte évolue, s’améliore, au gré de vos contributions, il est donc daté. Pour le faire circuler, envoyez donc de préférence un lien vers le site, plutôt qu’un document pdf figé, pour être sûr que ce soit la version la plus récente qui circule.

J’exprime ici un chaud merci aux milliers de personnes qui, c’est émouvant je peux vous dire, m’ont exprimé leur enthousiasme depuis que j’ai lancé cet appel au débat comme on jette une bouteille à la mer. Je voulais un débat, je suis servi :o)

Merci aussi à tous ceux qui, profondément en désaccord avec mes analyses iconoclastes, m’ont écrit des mails splendides, très argumentés, respectueux et comprenant ma crainte sans pourtant la partager. Ces interlocuteurs de toutes origines me font beaucoup progresser, je change, j’essaie de leur répondre individuellement mais je n’y arrive plus comme je voudrais, je dois avoir 1 500 mails de retard (4 000 à la mi mai)…
Ne m’en veuillez pas, c’est juste impossible, vous êtes trop nombreux.

Merci à tous pour votre écoute attentive et bienveillante :o)

ÉC
BIBLIOGRAPHIE

Parmi les livres et articles que j’ai lu depuis six mois, tous profondément proeuropéens, certains aident particulièrement à se forger une opinion construite et solidement argumentée sur ce texte complexe, et plus généralement sur la construction européenne et la dérégulation mondiale :

  • Raoul Marc Jennar, docteur en sciences politiques, chercheur pour le compte de l’ONG OXFAM, « Europe, la trahison des élites», 280 pages, décembre 2004, Fayard : pour un réquisitoire rigoureux et passionnant. Une étude consternante des rouages européens et des dérives foncièrement antidémocratiques de cette Europe qui ment tout le temps. Comment la défense des intérêts privés des grands groupes a d’ores et déjà pris la place de celle de l’intérêt général. Les chapitres sur l’OMC, l’AGCS et l’ADPIC sont absolument é-di-fiants. Un livre essentiel, à lire d’urgence.
    Tous les journalistes, par exemple, devraient avoir lu ce livre.
  • Laurent Lemasson, diplômé de l’IEP de Paris, docteur en droit public et sciences politiques, chargé de cours à l’ESSEC, a écrit un article captivant « Constitution européenne : l’Europe y trouve-t-elle son compte ? », 15 déc. 2004 : une lectrice m’a envoyé cette référence il y a quelques jours et je pense que c’est l’analyse la plus finement argumentée, la plus pénétrante qu’il m’ait été donné de lire sur la question de l’équilibre et du contrôle des pouvoirs. À lire absolument, ça va vous passionner. C’est sur le site le d’institut Thomas More : http://www.institut-thomas-more.org/showNews/24.
  • À 15 jours du scrutin, un jeune homme vient d’écrire un argumentaire, passionnant, serré, convaincant qui s’intitule « témoignage d’un revenu du oui, suivi d’un inventaire d’arguments inédits en faveur du Non », par Thibaud de La Hosseraye. C’est à http://www.ineditspourlenon.com/.
  • « Douze économistes contre le projet de constitution européenne », par Gilles Raveaud, docteur en économie et enseignant (Institut d’études européennes, Université Paris VIII, et onze autres : une analyse remarquable, très argumentée, du projet actuel de l’Union, plus économique que politique, à lire :
    http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=2231 et http://econon.free.fr/index.html
  • Paul Alliès, « Une constitution contre la démocratie ? Portrait d’une Europe dépolitisée », 223 pages, mars 2005, Climats : ce professeur de sciences politiques à l’Université de Montpellier I rappelle d’abord les fondements de la démocratie, parmi lesquels un authentique processus constituant, et explique ensuite que le projet de TCE interdit à l’Europe de devenir une véritable puissance politique, sonne le glas d’un gouvernement économique et plus grave encore, d’un fonctionnement démocratique.
  • Stéphane Marchand, « L’Europe est mal partie », 361 pages, février 2005, Fayard : ce journaliste au Figaro a un style agréable à lire, il nous raconte l’Europe politique d’une façon vivante, il défend une Europe des cercles. Un livre optimiste malgré son titre, vraiment intéressant.
  • « La nouvelle Union européenne. Approches critiques de la constitution européenne », 182 pages, avril 2005, éd. XF de Guibert. Sous la direction d’Olivier Gohin et Armel Pécheul, préface de Jean Foyer, tous professeurs de l’Université : ce petit livre important regroupe les analyses de neuf jeunes constitutionnalistes universitaires et argumente de façon rigoureuse sur les vices rédhibitoires du TCE au regard de la démocratie. (rapport du colloque du 12 mars 2005, disponible sur commande, 3 rue JF Gerbillon 75006 PARIS).
  • Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public, a écrit dans le Monde, le 11 mars 2005, un article qui résume bien l’essentiel : « Qui veut de la post-démocratie ? »: un article court (une page) et percutant : http://decrypt.politique.free.fr/constitution/lemonde.shtml.
  • Jean-Paul Fitoussi, économiste distingué, Professeur des Universités à l’Institut d’Études Politiques de Paris, Président du Conseil Scientifique de l’IEP de Paris, Président de l’OFCE et Secrétaire général de l’Association Internationale des Sciences Économiques, propose : « La Politique de l’impuissance», 160 pages, janvier 2005, Arléa : un passionnant petit livre d’entretiens avec Jean-Claude Guillebaud pour comprendre comment l’Europe abandonne sciemment la démocratie et renonce à l’intervention économique des États. En nous rappelant la chronologie des grandes décisions, on comprend quelle progression insensible nous a conduit là. Fitoussi est d’une rigueur étonnante, un grand personnage de l’analyse économique.
  • Raoul Marc Jennar, « Quand l’Union Européenne tue l’Europe», 40 pages, janvier 2005 : une brochure résumant un argumentaire serré contre le « traité constitutionnel ». Également un DVD où Jennar présente lui-même, de façon pédagogique, très posée, trois exposés sur l’AGCS, la directive Bolkestein et le traité On y sent très fortement la terrifiante cohérence qui relie ces textes. Documents importants disponibles sur www.urfig.org.
  • Jacques Généreux, économiste, professeur à Sciences Po, « Manuel critique du parfait Européen – Les bonnes raisons de dire « non » à la constitution », 165 pages, février 2005, Seuil : encore un excellent petit livre, très clair, vivant, incisif, très argumenté, avec une tonalité à la fois économique et très humaine.
    Encore un enthousiasmant plaidoyer pour une vraie Europe !
  • « Contre rapport – l’Europe des démocraties », par un groupe de conventionnels qui ont refusé de signer le projet de TCE, jugé comme « allant à l’encontre de tous les principes démocratiques », pour une série de raisons qui méritent d’être étudiées. Voir l’annexe III, pages 21 à 24:
    http://europa.eu.int/constitution/futurum/documents/contrib/doc180703_fr.pdf
  • Dominique Strauss-Kahn, « Oui ! Lettre ouverte aux enfants d’Europe », 173 pages, oct. 2004, Grasset : un petit livre facile à lire qui défend bien les points forts du Traité, avec un style énergique, agréable à lire. Il tempête contre les opposants au traité en insistant sur les avancées qu’on perdrait avec un Non, mais il ne les rassure pas sur les points inacceptables du texte.
  • Laurent Fabius, « Une certaine idée de l’Europe », 125 pages, nov. 2004, Plon : un petit livre sans longueurs, agréable à lire, qui résume bien ce qui n’est pas acceptable et qui dédramatise le Non.
  • Yves Salesse, membre du Conseil d’État, « Manifeste pour une autre Europe », 120 pages, janvier 2005, Le Félin : un argumentaire précis, rigoureux, constructif. Agréable à lire et très instructif.
  • Yves Salesse a également rédigé un article plus court qui résume en 10 pages son analyse : « Dire non à la « constitution » européenne pour construire l’Europe »:
    http://www.fondation-copernic.org/Flash-septembre2004.pdf.
  • Un document passionnant de Raoul Marc Jennar, daté d’avril 2004, intitulé « Combien de temps encore Pascal Lamy ? »: on y comprend rapidement ce qu’est en fait « l’indépendance » de la Commission, l’incroyable perméabilité des commissaires aux pressions extérieures, on découvre l’imbuvable ADPIC (accord sur les droits de propriété intellectuelle) et ses implications en matière de médicaments, on y retrouve le révoltant AGCS (accord général sur le commerce des services). Il faut lire cet article important : http://politique.eu.org/archives/2004/04/11.html.
  • Un petit film d’une demi-heure résume de façon pédagogique les griefs contre le TCE recensés par Jennar, Salesse et Cassen : clip téléchargeable à http://www.fondation-copernic.org/
  • Valéry Giscard d’Estaing, « présente la Constitution pour l’Europe », 396 pages, sept. 2003, Albin Michel : l’introduction est intéressante car elle décrit les travaux de la Convention, les difficultés rencontrées, les choix effectués. Le plus gros du livre est le texte du TCE mais avec une ancienne numérotation.
  • Olivier Duhamel, « Pour l’Europe, le texte intégral de la Constitution expliqué et commenté », Seuil 2004: une explication de texte de première main, par un grand professeur de droit constitutionnel qui a participé à la Convention et à l’écriture du TCE.
  • Ces temps-ci, une source majeure d’information non censurée, très orientée politiquement (à gauche), mais absolument foisonnante, est le site portail rezo.net. J’y trouve chaque jour au moins un document intéressant.
  • Bernard Maris, « Ah Dieu ! Que la guerre économique est jolie», novembre 1999, Albin Michel : pour une démonstration de l’imposture de « l’indispensable guerre économique », avec un parallèle très convaincant avec la guerre de 1914 : comme d’habitude, la guerre n’est pas inévitable, et ceux qui poussent à faire la guerre ne sont pas ceux qui se battent et qui souffrent. Un bel appel à la désertion.
    À mettre en parallèle avec la religion de la concurrence (compétition) sans entrave, rabâchée par le « traité constitutionnel » qui, finalement, monte les États et les peuples les uns contre les autres, à coups de dumping social, fiscal, et environnemental.
  • Bernard Maris, « Anti-manuel d’économie », 355 pages, octobre 2003, Bréal : un livre important et savoureux pour comprendre l’ineptie du dogme de la religion du marché et de la concurrence. Un livre qui remet de la chair et du sang dans les théories économiques, qui fait l’éloge de la collaboration et de la gratuité. Passionnant, souvent drôle. Un livre formidable, à lire et à relire. Un économiste enthousiasmant.
  • Agnès Bertrand et Laurence Kalafatides, « OMC, le pouvoir invisible», 325 pages, juillet 2003, Fayard : un livre palpitant et éclairant pour comprendre les objectifs et les moyens de cette énorme machine à déréguler que sont le GATT puis l’OMC, outils de contrainte pour les États mais jamais pour les entreprises. Ce livre permet de ressentir fortement la parfaite cohérence qui existe entre les objectifs et les influences de l’OMC et ceux de la construction européenne actuelle. À lire en priorité.
  • Joseph E. Stiglitz, « La grande désillusion », 324 pages, sept. 2003, Fayard : un pavé dans la mare : un grand économiste libéral, patron de la banque mondiale, qui a travaillé avec les plus grands hommes de ce monde, et qui décrit en détail le dogmatisme aveugle et criminel des technocrates libéraux du FMI et ses conséquences sur les économies et les peuples. Un style soigné, 0% de matière grasse. Un grand bouquin, une référence. À lire en priorité.
  • Pour comprendre la logique d’ensemble de ce qui prend forme au niveau planétaire, il faut lire l’article à la fois terrifiant et lumineux de Lori M. Wallach, « Le nouveau manifeste du capitalisme mondial », dans Le Monde diplomatique de février 1998, à propos de l’Accord Multilatéral sur l’investissement (AMI), (une de ces « décisions Dracula », appelées ainsi parce qu’elles ne supportent pas la lumière, tellement elles sont évidemment inacceptables) : http://www.monde-diplomatique.fr/1998/02/WALLACH/10055.
    On y perçoit clairement, comme grâce à une caricature, la logique qui sous-tend de nombreux textes et accords essentiels en préparation aujourd’hui : AGCS, Construction européenne libérale, OMC, ADPIC, directive Bolkestein, etc. La parenté de tous ces textes devient évidente : un redoutable « air de famille ».
  • Serge Halimi, « Le grand bond en arrière, comment l’ordre libéral s’est imposé au monde », 618 pages, mars 2004, Fayard : un gros bouquin qui permet de comprendre comment on en est arrivé là. On retrouve cette cohérence d’ensemble, et on ne lit plus le TCE de la même façon après avoir lu Jennar et Halimi. On change. On a l’impression de se réveiller. Référence passionnante.
  • Robert Joumard et Christian Darlot, enfin, simples citoyens comme moi apparemment, ont fait la même démarche : ils ont beaucoup lu, digéré, résumé, rassemblé, organisé tout ça avec talent pour faire deux synthèses un peu longues, comme la mienne, mais vraiment très intéressantes.
    Deux documents très bien faits à : http://institut.fsu.fr/chantiers/europe/traite_constit/joumard.pdf et Liens.

Mise au point importante (21 avril 2005)

Je viens d’apprendre que des hommes politiques se font interpeller dans leurs meetings par des citoyens qui leur demandent : « Que répondez-vous à Étienne Chouard, prof de droit à Marseille qui dit (citation de Chouard) »

Je viens aussi de recevoir un fichier pdf carrément intitulé « Fac de droit Marseille », avec la version du 25 mars qui suit derrière ce titre inventé, cette première version qui contenait encore de gênantes erreurs (sur la Turquie et la durée du traité de Nice, notamment).

Je comprends mieux les messages furieux de quelques profs de fac qui crient à l’imposture.

Si ça tourne comme ça, ils ont raison, il ne faut pas du tout me lire comme si j’étais un spécialiste de droit international, il ne faut pas me présenter comme ça, c’est un malentendu : je n’ai rigoureusement aucune autorité pour dire le droit communautaire, et je commets, comme tout le monde en ce moment parce que le texte n’est pas simple, des erreurs.

Je précise dès mon introduction qu’il y a encore six mois, « comme tout le monde », je m’occupais peu de l’Europe et je ne connaissais donc pas grand-chose au droit communautaire. Je dis partout que je peux me tromper et que je cherche précisément à progresser. Il est paradoxal, et c’est vrai, dangereux pour la qualité de l’information de tous, que je passe après seulement 15 jours pour « le prof de fac de droit public qui fait autorité ».

Ce malentendu m’est imputable par le style que j’employais au début, mais ce document n’était pas destiné à la terre entière. L’enchaînement rapide des faits a, lui aussi, créé ce malentendu.

Il est essentiel de rétablir la réalité de mon message qui est en train d’aller, sans que j’y puisse grand-chose, bien au-delà de ce que j’imaginais au départ : voyez, pour me comprendre, la page Avertissement de mon site, que j’ai actualisée hier matin.

Les interpellations publiques devraient plutôt être ainsi formulées : « Que répondez-vous à Étienne Chouard, citoyen à Marseille qui dit (citation) ».

Je parle en citoyen. J’ai d’ailleurs retiré dans cette version de mon texte (trop tard, je le reconnais, je n’avais pas vu le problème) cette litanie « N’est-ce pas la mission des profs… ? ».

J’insiste : il y a en ce moment un grand débat qui s’amplifie entre citoyens, pour mieux décrypter ce texte complexe qui sera peut-être notre Constitution. Je vois tous les jours, à travers des centaines de messages, des gens qui découvrent aujourd’hui l’importance d’une Constitution dans leur vie quotidienne et qui se plongent dans le TCE.

Je trouve remarquable que les citoyens de base s’investissent autant dans le texte qui dit pour eux le droit du droit.

Je regrette que le temps nous manque pour mieux échanger entre nous.

S’il vous plaît, faites disparaître les anciennes versions de mon texte et discutons de bonne foi sur l’état actuel de nos réflexions respectives.

Notre échange me fait vraiment évoluer, c’est une réalité.

Je prends conscience d’une irresponsabilité quasi générale dans cette « Europe-qui-a-besoin-d’une-Constitution-pour-être-plus-forte ». Je constate aussi le peu d’importance donnée aux citoyens pour infléchir les politiques qui régissent leurs vies. Oui, nous avons évidemment besoin d’une Constitution. Mais celle-là protège-t-elle vraiment les peuples censés s’unir pour se renforcer ?

On a vraiment un problème de rapport démocratique entre les peuples et leurs élites.

Que ce texte est compliqué à évaluer… et quelle maladie grave il révèle pour notre Cité.

NOTES

[1]   Je suis professeur d’Éco-Gestion au lycée Marcel Pagnol à Marseille, en BTS. J’ai été longtemps prof de droit civil, commercial et constitutionnel en Terminale, et prof de droit fiscal en BTS Compta. Aujourd’hui, je suis devenu essentiellement professeur d’informatique et je suis aussi administrateur du réseau de 150 PC de mon lycée.
J’invoque mon métier de professeur pour qu’on comprenne mon goût d’expliquer, pas du tout pour me servir d’un argument d’autorité que je ne mérite pas. En effet, je ne suis pas prof de fac, pas prof de droit public, pas spécialisé en droit constitutionnel. Mais ma formation de juriste (maîtrise) m’a donné le goût du droit et je parle ici en simple citoyen, étonné par l’absence de débat constaté au début de l’année 2005. Je commets sans doute des erreurs, mais je les corrige si on me les signale.
Je prétends que les citoyens eux-mêmes, tout ignorants du droit communautaire qu’ils sont, comme moi, devraient être invités à réfléchir à leur Constitution
, et que ce texte devrait être élaboré par des représentants élus pour ça, avec un programme politique adapté à la circonstance. À mon avis, ce débat-là ne doit pas être confisqué par les spécialistes. Il le sera finalement peut-être.
Ce texte « Une mauvaise constitution… » m’échappe aujourd’hui complètement. Tout ce que je peux faire, et c’est l’idée de départ, c’est corriger mes erreurs ou les mauvaises formulations et le compléter parfois, au gré de mes lectures qui se poursuivent et des innombrables conseils de mes lecteurs bienveillants.

[2]   Durée d’application du texte : Art. IV-446 : « Le présent traité est conclu pour une durée illimitée. »

[3]   Liste des domaines où l’Europe est compétente : Article I-13 : « Les domaines de compétence exclusive : §1. L’Union dispose d’une compétence exclusive dans les domaines suivants: a) l’union douanière; b) l’établissement des règles de concurrence nécessaires au fonctionnement du marché intérieur; c) la politique monétaire pour les États membres dont la monnaie est l’euro; d) la conservation des ressources biologiques de la mer dans le cadre de la politique commune de la pêche; e) la politique commerciale commune. §2. L’Union dispose également d’une compétence exclusive pour la conclusion d’un accord international lorsque cette conclusion est prévue dans un acte législatif de l’Union, ou est nécessaire pour lui permettre d’exercer sa compétence interne, ou dans la mesure où elle est susceptible d’affecter des règles communes ou d’en altérer la portée. » Article I-14 : « Les domaines de compétence partagée : (…) §2. Les compétences partagées entre l’Union et les États membres s’appliquent aux principaux domaines suivants: a) le marché intérieur; b) la politique sociale, pour les aspects définis dans la partie III; c) la cohésion économique, sociale et territoriale; d) l’agriculture et la pêche, à l’exclusion de la conservation des ressources biologiques de la mer; e) l’environnement; f) la protection des consommateurs; g) les transports; h) les réseaux transeuropéens; i) l’énergie; j) l’espace de liberté, de sécurité et de justice; k) les enjeux communs de sécurité en matière de santé publique, pour les aspects définis dans la partie III. (…)».

Parmi les compétences exclusives, voir l’art.I-13, §1 : « e) la politique commerciale commune. »…
Les parlements nationaux sont ainsi totalement dépouillés, par exemple, de la moindre capacité d’influencer les accords commerciaux internationaux (AGCS, ADPIC et autres avatars de l’OMC), alors que la vie des citoyens est promise à des bouleversements majeurs à l’occa­sion de ces accords qui se préparent dans la plus grande discrétion.

[4]   Force supérieure des normes européennes sur toutes les autres normes, nationales et internationales : Art. I-6 : « La Constitution et le droit adopté par les institutions de l’Union, dans l’exercice des compétences qui sont attribuées à celle-ci, priment le droit des États membres. »
C’est la première fois qu’un traité européen qui se veut Constitution énonce expressément cette règle et, surtout, rien n’impose à la Cour de Justice Européenne (CJE), seul arbitre au final (sans recours), d’interpréter ce texte de façon restrictive comme l’a fait notre Conseil Constitutionnel (CC, 19 nov. 2004, 505 DC) : il est même hautement probable qu’elle lui donne toute sa portée possible, c’est-à-dire que la moindre norme européenne primera jusqu’à la Constitution des États membres. Voir la passionnante analyse de Frédéric Rouvillois, professeur à l’Université » de Paris V, dans le chapitre 1 « Le double jeu du Conseil constitutionnel » du petit livre « La nouvelle Union européenne. Approches critiques de la Constitution européenne », (éditions XF de Guibert).
Art. I-12 : « §1. Lorsque la Constitution attribue à l’Union une compétence exclusive dans un domaine déterminé, seule l’Union peut légiférer et adopter des actes juridiquement contraignants, les États membres ne pouvant le faire par eux-mêmes que s’ils sont habilités par l’Union, ou pour mettre en oeuvre les actes de l’Union. ».
Voir aussi « La primauté du droit communautaire sur la constitution française : l’abrogation implicite de la Constitution », par Armel Pécheul, professeur à l’Université d’Angers (20 p.), chap. 3 du même livre « La nouvelle UE. Approches critiques … », (XF de Guibert) :
« Dans sa décision n°2004-505 DC du 19 nov. 2004, le Conseil Constitutionnel affirme simplement que la constitutionnalisation du principe de primauté ne va pas au-delà de ce que requiert actuellement la Cour de Justice des Communautés Européennes (CJCE).
Mais, précisément, c’est déjà beaucoup. La Cour de Luxembourg a effectivement déjà tout dit sur ce sujet et ce qu’elle a dit est essentiel puisqu’elle impose la primauté du droit communautaire sur les Constitutions nationales ! »
Un peu plus loin, p. 54, Armel Pécheul rappelle l’arrêt Tanja Kreil du 11 janvier 2000 (CJCE, aff. C-285/98, Rec. I, p. 69) où une simple directive du Conseil de 1976 s’est imposée à des dispositions spécifiques et expresses de la Constitution allemande (article 12) et dans un domaine qui n’était pas communautarisé puisqu’il s’agissait du domaine de la défense.
Je cite Armel Pécheul, dans sa conclusion d’un argumentaire rigoureux : « l’essence de la Constitution française, l’ADN, les dispositions spécifiques et expresses, les dispositions inhérentes à sa structure fondamentale ne sont plus protégées par le gardien de la Constitution [le Conseil Constitutionnel]. Celui-ci en a donné les clefs aux juges européens. Elles ne dépendent pas plus du pouvoir constituant puisque le peuple français est appelé à confirmer cet abandon par la ratification du Traité. Alors oui, l’essentiel est bien remis en cause, c’est-à-dire comme le dit le Président Mazeaud l’existence même de la Constitution française. »
Quelles sont les différentes normes prévues par le TCE ?
Art. I-33 : « Les actes juridiques de l’Union : Les institutions, pour exercer les compétences de l’Union, utilisent comme instruments juridiques, conformément à la partie III, la loi européenne, la loi-cadre européenne, le règlement européen, la décision européenne, les recommandations et les avis.
• La loi européenne est un acte législatif de portée générale. Elle est obligatoire dans tous ses éléments et directement applicable dans tout État membre.
• La loi-cadre européenne est un acte législatif qui lie tout État membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux instances nationales la compétence quant au choix de la forme et des moyens.
• Le règlement européen est un acte non législatif de portée générale pour la mise en oeuvre des actes législatifs et de certaines dispositions de la Constitution. Il peut soit être obligatoire dans tous ses éléments et directement applicable dans tout État membre, soit lier tout État membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux instances nationales la compétence quant au choix de la forme et des moyens.
La décision européenne est un acte non législatif obligatoire dans tous ses éléments. Lorsqu’elle désigne des destinataires, elle n’est obligatoire que pour ceux-ci. [Voir autre note, un peu plus loin, sur ce point]
• Les recommandations et les avis n’ont pas d’effet contraignant. »

[5]   Voir les arguments d’Olivier Gohin, dans le chapitre 4 du petit livre « La nouvelle Union européenne. Approches critiques de la Constitution européenne », éd. XF de Guibert.

Certains professeurs vont plus loin : « la personnalité juridique de l’Union, instituée par l’art. I-7 », selon François-Guilhem Bertrand, professeur émérite à l’Université de Paris XI, « doit se lire avec l’arrêt du 31 mars 1971 de la Cour de Justice AETR qui décide que la personnalité donnée à l’Europe efface celle des États membres et leur interdit de se manifester lorsque l’Europe s’exprime » (même ouvrage).

C’est peut-être exagéré, C’est peut-être la réalité, c’est peut-être bien ou mal, je n’ai pas de certitude là-dessus, mais on pourrait au moins en débattre, au lieu de faire comme si de rien n’était et de parler du sexe des anges comme cette Charte ou ce droit de pétition qui n’imposent quasiment rien à personne.

[6]   On retrouvera la plupart de ces principes, entre autres, dans le livre de Paul Alliès, professeur de sciences politiques à l’Université de Montpellier I, « Une constitution contre la démocratie ? Portrait d’une Europe dépolitisée ».   Encore un livre absolument passionnant. Extrait (chaque mot compte) :
« La construction européenne a mis silencieusement en péril la tradition de souveraineté populaire qui justifiait l’exercice du pouvoir par les autorités étatiques, leurs décisions n’étant qu’une émanation du peuple souverain. Elle l’a fait de deux façons : d’un côté, le droit constitutionnel européen ignore le moindre souverain constituant ; si bien que les décisions des autorités sont imputées à une entité, l’Union, qui n’est pas une communauté politique. D’un autre côté, il est de plus en plus difficile d’imputer les normes nationales, déduites des normes européennes, au peuple que les Constitutions de chacun des pays membres proclament souverain.
Nous entrons donc dans un système inédit, celui de l’Union où ni les traités en vigueur ni la Constitution ne mentionne aucun « souverain ». Aucun de ces textes n’a su désigner une source légitime du pouvoir de l’Union pour mieux faire semblant de respecter l’héritage d’une souveraineté populaire nationalement morcelée État par État. Le problème n’est pas là de savoir si sociologiquement, ou culturellement, un peuple européen existe. Il est de trancher la nature politique de l’Union à travers le fondement du pouvoir qu’elle contient. Jusqu’ici, le pouvoir constituant inventait un peuple et le faisait vivre. Désormais, une Constitution invente une autorité sans sujet ni fin. » (page 57)

[7]   Constitution européenne : Comment se procurer le texte intégral ?
http://www.constitution-europeenne.fr
À lire avant de voter :
a/ Le traité établissant une Constitution pour l’Europe – 349 pages.
b/ Les protocoles et annexes I et II – 382 pages. Document nommé « Addendum 1 au document CIG 87/04 REV 1.
c/ Les déclarations à annexer à l’acte final de la CIG et l’acte final – 121 pages. Doc. Nommé « Addendum 2 au document CIG 87/04 REV 2.         Total : 349 + 382 + 121 = 852 pages dans la version fin 2004.
La version actuellement disponible (mi avril 2005) est désormais plus compacte : un seul fichier pdf : 485 pages. En écrivant serré, en petite taille, et sur des grandes pages de journal, on peut tout faire tenir en moins de cinquante pages.
À titre de comparaison, les Constitutions françaises et américaines font chacune environ 20 pages.
Autres unités de mesure, moins sujettes à variation typographique, les mots et les caractères : la Constitution européenne contient 70 904 mots, soit 14,7 fois plus que la Constitution française, et 441 895 caractères (contre 46 515).

Argument quantitatif des défenseurs du traité : « Pour réunir 450 millions de personnes, le texte fondateur ne peut pas être court. » La seule raison de cette longueur extravagante (448 articles) est la troisième partie, inutile d’en chercher les raisons ailleurs. Intéressé par cette approche quantitative, je suis allé chercher la constitution de l’Inde, un milliard d’individus, et j’ai trouvé… 151 articles ;o)   http://www.oefre.unibe.ch/law/icl/in00000_.html.
De son côté, la Constitution des USA, 300 millions de personnes, tient en 7 articles.

Enfin, un lien intéressant qui permet de comparer de nombreuses constitutions à travers le monde :
http://mjp.univ-perp.fr/constit/constitintro.htm

[8]   Pourtant, malgré sa longueur, tout n’y figure pas : une information aussi essentielle que la définition des SIEG, services d’intérêt économique général, (cités aux art. II-96, III-122, III-166), à ne pas confondre avec les services publics, ne figurent pas dans les 485 pages : il faut, dans cet exemple, consulter le « livre blanc » de la Commission pour apprendre que les SIG et SIEG ne sont pas synonymes de « services publics » :
http://europa.eu.int/comm/secretariat_general/services_general_interest/index_fr.htm , p. 23 : « Il convient de souligner que les termes « service d’intérêt général » et « service d’intérêt économique général » ne doivent pas être confondus avec l’expression « service public » (…) ».

[9]   Il faut lire toutes les pages jusqu’au bout : l’interprétation de la Charte des droits fondamentaux est décrite en dehors de la Constitution elle-même, dans un texte qui s’appelle Déclaration 12 : le préambule de la Charte prévoit que « Dans ce contexte, la Charte sera interprétée par les juridictions de l’Union et des États membres en prenant dûment en considération les explications établies sous l’autorité du praesidium de la Convention qui a élaboré la Charte. »
Dans cette déclaration n°12, on trouve parfois le contraire de ce que la Charte affirme haut et fort.
Ainsi, après qu’ait été affirmé le droit à la vie et l’interdiction de la peine de mort dans l’article II-62 de la Charte, l’article 2 de la déclaration n°12, page 435 (qui parle de texte lisible ?) précise : «La mort n’est pas considérée comme infligée en violation de cet article dans les cas où elle résulterait d’un recours à la force rendu absolument nécessaire:
a) pour assurer la défense de toute personne contre la violence illégale;
b) pour effectuer une arrestation régulière ou pour empêcher l’évasion d’une personne régulièrement détenue;
c) pour réprimer, conformément à la loi, une émeute ou une insurrection
Le même article précise aussi : « «Un État peut prévoir dans sa législation la peine de mort pour des actes commis en temps de guerre ou de danger imminent de guerre; une telle peine ne sera appliquée que dans les cas prévus par cette législation et conformément à ses dispositions…». On constate donc que tout n’est pas dit dans la Charte elle-même et qu’il faut bien lire toutes les pages.

[10] Le danger des « actes non législatifs », qui permettent aux organes non parlementaires (non élus) de créer librement des règles contraignantes de portée générale, a été dénoncé par le contre rapport des conventionnels jugeant le TCE non démocratique. Un document intéressant, à lire à :
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=14058
Pour les actes juridiques de l’Union, voir l’art. I-33, note ci-dessus.

[11] Extrait du cours de droit administratif de J. Morand-Deviller (éd. Montchrestien), page 256 : « C’est un problème préoccupant que l’inflation des textes, de plus en plus bavards et confus. Cette inclination, si préjudiciable à la sécurité juridique et contraire à la belle rigueur du droit français, a été dénoncée en des termes énergiques dans le rapport public du Conseil d’État pour 1991 : « surproduction normative… logorrhée législative et réglementaire… Qui dit inflation dit dévalorisation : quand le droit bavarde, le citoyen ne lui prête plus qu’une oreille distraite… Si l’on n’y prend garde, il y aura demain deux catégories de citoyens : ceux qui auront les moyens de s’offrir les services d’un expert pour détourner ces subtilités à leur profit, et les autres, éternels égarés du labyrinthe juridique, laissés-pour-compte de l’État de droit. » Le Conseil Constitutionnel a fait du principe de « l’accessibilité » et de ‘l’intelligibilité de la loi » un objectif à valeur constitutionnelle (décision du 16 décembre 1999). »

[12] Des livres entiers ont été écrits pour dénoncer fortement cette institutionnalisation du néolibéralisme
C’est vrai qu’il faut les lire pour comprendre leurs arguments :o)
On peut citer quelques articles qui portent en eux le néolibéralisme (le néolibéralisme pouvant se résumer à la dépossession des États de leur moyens d’intervention économique au profit de la liberté individuelle, qui débouche finalement invariablement sur la loi du plus fort) :

  • Article I-3.2 « L’Union offre à ses citoyens un espace de liberté, de sécurité et de justice sans frontières intérieures, et un marché intérieur où, la concurrence est libre et non faussée. »
    Si l’on comprend « non faussée par les grands groupes», on ne peut qu’acquiescer.
    Mais si l’on comprend « non faussée par l’État », on voit le néolibéralisme trouver ici des racines institutionnelles.
  • L’indépendance de la BCE, c’est une dérégulation, c’est priver les États du levier monétaire pour gouverner, c’est du libéralisme doctrinaire, à un degré unique au monde. (Article I-30 et III-188).
  • Un budget minuscule (1,27%) et l’impossibilité pour le Parlement d’augmenter ce budget (pas de pouvoir parlementaire sur les recettes), c’est la garantie d’une Europe relativement pauvre donc peu interventionniste, c’est néolibéral.
  • Article III-314 : L’Union contribue (…) à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et aux investissements étrangers directs, ainsi qu’à la réduction des barrières douanières et autres.
    Cet article interdit aux États d’interdire, ce qui s’appelle la dérégulation, c’est de l’ultra libéralisme. L’expression apparemment anodine « et autres » est nouvelle par rapport à Nice et permet toutes les dérives futures : suppression des barrières sociales, environnementales, etc.
  • Article III-148 : Les États membres s’efforcent de procéder à la libéralisation des services au-delà de la mesure qui est obligatoire (…) si leur situation économique générale et la situation du secteur intéressé le leur permettent.
    On demande à chaque État d’être « plus royaliste que le roi », carrément par principe.
    Si ce n’est pas de l’ultra libéralisme, ça…
    Je rappelle que le contexte mondial est l’OMC et l’AGCS qui dérégulent méthodiquement toute la planète et qui finiront par tuer tous les services publics ainsi que toute forme de résistance des États contre les grandes firmes. Est-il urgent que la Constitution européenne confirme et amplifie cette épouvantable tendance ?
  • Article III-156 : les restrictions tant aux mouvements de capitaux qu’aux paiements entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites.
    Encore une interdiction d’interdire, encore un levier d’action important dont sont privés les États membres, encore le néolibéralisme… Pour le bien de qui ? Pour le peuple ?
    Chacun peut noter la force impérative (qui ne laisse que peu de place à l’interprétation jurispruden­tielle) qu’il y a dans cette disposition à vocation économique et qui fait bien défaut dans les grands beaux principes des parties I et II.
  • Article III-167.1: Sauf dérogations prévues par la Constitution, sont incompatibles avec le marché intérieur, dans la mesure où elles affectent les échanges entre États membres, les aides accordées par les États membres ou au moyen de ressources d’État sous quelque forme que ce soit qui faussent ou qui menacent de fausser la concurrence en favorisant certaines entreprises ou certaines productions.
    L’interdiction d’aider tout acteur, sous quelque forme que ce soit, devient le principe central. C’est encore une marque du néolibéralisme qui vise progressivement l’affaiblissement de l’État providence, même si des exceptions sont encore prévues dans l’alinéa suivant (pour combien de temps ?).
  • Article 178 : Les États membres et l’Union agissent dans le respect du principe d’une économie de marché ouverte où la concurrence est libre, favorisant une allocation efficace des ressources (…)
    « C’est une loi fondamentale de la théorie économique néolibérale qui entre dans le traité : l’économie de marché libre assure l’allocation efficace des ressources. C’est aussi faux, insensé et politiquement choquant que d’écrire que la planification centrale de l’économie assure une allocation efficace des ressources. » (Jacques Généreux, prof à Sciences Po, p. 88).
  • Le comble est atteint avec l’article III-131 dont on se demande s’il faut en rire ou en pleurer : en cas de guerre ou de tension internationale grave constituant une menace de guerre… (c’est grave) …les États membres se consultent (jusque là, on est d’accord), en vue de prendre en commun les dispositions nécessaires (ils font bien…) pour éviter que le fonctionnement du marché intérieur ne soit affecté par les mesures qu’un État membre peut être appelé à prendre en cas de troubles intérieurs graves affectant l’ordre public…
    Ça ne s’invente pas : même en cas de guerre, il est interdit aux États d’interdire, pour protéger le saint marché, et les autres États s’en portent garants. Plus dogmatique, comme libéralisme, tu meurs !

J’arrête les citations d’articles parce que la partie III est simplement truffée de ce libéralisme qui suinte partout et qui ligote les États membres. Chacun peut le constater en lisant le texte.

Le fait que des ultras extrémistes outre-Manche réclament encore plus et rejettent ce traité parce qu’il n’est pas assez libéral n’est pas la démonstration que le TCE n’est pas une bible libérale. Chacun doit lire le texte et constater le sort qu’on fait aux États et à leur pouvoir d’intervention.

Comme le démontre bien Jacques Généreux (prof à Sciences Po), « au total, la prétendue Constitution pour l’Europe nous promet une compétition toujours plus dure et une exposition croissante aux méfaits sociaux et écologiques de la guerre économique. »

Le libéralisme débridé, c’est le dogme de la responsabilité individuelle, c’est « chacun pour soi et contre tous », la négation de la civilisation et de l’humanisme.

Le néolibéralisme doctrinaire est juste aussi redoutable pour les hommes que le collectivisme aveugle.

À propos, j’ai trouvé la vraie définition de l’expression (trompeuse) « économie sociale de marché ». Frédéric Lordon rappelle fort opportunément la génèse de ce vocable dans son passionnant document « Le mensonge social de la Constitution », http://www.sociotoile.net/article104.html, p. 8 et suiv. où l’on découvre que cette expression désigne un libéralisme extrême, plus encore que celui d’Hayek lui-même, et où le mot social n’a rigoureusement rien à voir avec ce que les français y devinent. « Ce social là n’est que l’effet du marché lui-même et pas autre chose, certainement pas une régulation qui lui serait adjointe de l’extérieur. » Il faut lire ce texte de Lordon, il est fort, il éclaire bien l’aspect profondément doctrinaire du TCE (voir ma page ‘Liens et docs’ sur http://etienne.chouard.free.fr/Europe/index.htm).

[13] Indépendance et missions de la banque centrale : art. I-30 : « §1 (…) La Banque centrale européenne et les banques centrales nationales des États membres dont la monnaie est l’euro, qui constituent l’Eurosystème, conduisent la politique monétaire de l’Union. §2. Le Système européen de banques centrales est dirigé par les organes de décision de la Banque centrale européenne. L’objectif principal du Système européen de banques centrales est de maintenir la stabilité des prix. Sans préjudice de cet objectif, il apporte son soutien aux politiques économiques générales dans l’Union pour contribuer à la réalisation des objectifs de celle-ci. Il conduit toute autre mission de banque centrale conformément à la partie III et au statut du Système européen de banques centrales et de la Banque centrale européenne. §3. La Banque centrale européenne est une institution. Elle a la personnalité juridique. Elle est seule habilitée à autoriser l’émission de l’euro. Elle est indépendante dans l’exercice de ses pouvoirs et dans la gestion de ses finances. Les institutions, organes et organismes de l’Union ainsi que les gouvernements des États membres respectent cette indépendance. » et art. III-188 : « ni la Banque centrale européenne, ni une banque centrale nationale, ni un membre quelconque de leurs organes de décision ne peuvent solliciter ni accepter des instructions des institutions, organes ou organismes de l’Union, des gouvernements des États membres ou de tout autre organisme. »

[14] Voir JP Fitoussi, Professeur des Universités à l’Institut d’Études Politiques de Paris, Président du Conseil Scientifique de l’IEP de Paris, Président de l’OFCE et Secrétaire général de l’Association Internationale des Sciences Économiques, entretiens avec JC Guillebaud, « La politique de l’impuissance », 2005, Arléa :

– JCG : « Vous êtes en train de dire qu’au fond, obsédé par la lutte contre l’inflation, on a littéralement consenti au chômage. »
– JPF : « Pis que ça ! On a dans une première phase instrumentalisé le chômage pour combattre l’inflation. Chaque « banquier central » de la planète sait que, dès qu’il augmente les taux d’intérêts, il met au chômage une partie des catégories les plus vulnérables de la population. Non seulement il le sait, mais c’est précisément pour ça qu’il le fait. Pourquoi augmente-t-on les taux d’intérêts ? Parce qu’on est persuadé que la demande est trop forte et que les entreprises produisant à pleine capacité ne pourraient la satisfaire qu’en augmentant leurs prix. La douche froide des taux d’intérêts réduit ainsi la demande et incite les entreprises à licencier. » (p. 45)
(…)
– JCG : « Que pensez-vous des deux arguments martelés à cette époque [après 1982] à propos de l’inflation et du respect des grands équilibres ? Premièrement on a dit qu’il était légitime (y compris moralement) de lutter contre l’inflation parce qu’elle pénalisait les plus pauvres ; deuxièmement, qu’il fallait maintenir les grands équilibres par simple respect et générosité pour les générations à venir, afin de ne pas faire peser une charge trop lourde sur la tête de nos enfants. On a habillé, en quelque sorte, cette politique d’un discours de générosité… »
– JPF : « C’était un double mensonge. En augmentant les taux d’intérêts, et surtout en les maintenant à un niveau élevé une fois l’inflation vaincue, on savait qu’on favorisait ceux qui détiennent le capital financier, et que l’on excluait de l’accès aux biens durables (qui exigent un recours à l’emprunt) les catégories les plus vulnérables de la population. (…) Le second mensonge, c’est qu’en augmentant les taux d’intérêt on faisait du service de la dette un des postes les plus importants du budget de l’État. » (P. 46)

– JPF : « Que l’orientation des politiques économiques de l’Union soit, pour l’essentiel, indépendante de tout processus démocratique est à la fois contraire aux traditions politiques des peuples européens, et dangereux pour l’efficacité économique de l’ensemble. » (p. 72)

– JPF : « En forçant le trait, on pourrait affirmer que le « gouvernement économique » de l‘Europe se rapproche à s’y méprendre d’un despote éclairé qui, à l’abri des pressions populaires, chercherait le bien commun au travers de l’application d’une doctrine rigoureuse – le libéralisme -, supposée supérieure à toutes les autres en termes d’efficacité économique. La démocratie ne serait donc pas le système politique le mieux à même d’appréhender l’intérêt général ; elle placerait les gouvernements en position de vulnérabilité devant les pressions des populations en faveur de la redistribution.  Le pouvoir a ainsi changé de mains. Les politiques ont préféré le confier à des agences indépendantes. (…)

Mais il est vrai aussi que, dès l’origine, la construction européenne fut l’œuvre d’une démocratie des élites, plutôt que de la démocratie tout court. Cependant les élites ont changé (…) aujourd’hui elles ont tendance à assimiler le bien public au marché.»

La suite est édifiante… Un petit livre important, à lire…

[15] Pacte de stabilité : art. III-184 (2 pages) et art. 1 du protocole n°10 sur la procédure concernant les déficits excessifs « Les valeurs de référence visées à l’article III-184, paragraphe 2, de la Constitution sont les suivantes: a) 3 % pour le rapport entre le déficit public prévu ou effectif et le produit intérieur brut aux prix du marché; b) 60 % pour le rapport entre la dette publique et le produit intérieur brut aux prix du marché. » Voir aussi la note précédente.

[16] Interdiction de fausser la concurrence : cette interdiction est partout dans le texte, elle est formelle et contraignante, y compris pour les entreprises publiques :
Art. III-166 : « §1. Les États membres, en ce qui concerne les entreprises publiques et les entreprises auxquelles ils accordent des droits spéciaux ou exclusifs, n’édictent ni ne maintiennent aucune mesure contraire à la Constitution, notamment à l’article I-4, paragraphe 2 [non discrimination], et aux articles III-161 à III-169 [règles de concurrence].
§2. Les entreprises chargées de la gestion de services d’intérêt économique général ou présentant le caractère d’un monopole fiscal sont soumises aux dispositions de la Constitution, notamment aux règles de concurrence, dans la mesure où l’application de ces dispositions ne fait pas échec à l’accomplissement en droit ou en fait de la mission particulière qui leur a été impartie. Le développement des échanges ne doit pas être affecté dans une mesure contraire à l’intérêt de l’Union. §3. La Commission veille à l’application du présent article et adopte, en tant que de besoin, les règlements ou décisions européens appropriés. »
Article III-167 : « §1. Sauf dérogations prévues par la Constitution, sont incompatibles avec le marché intérieur, dans la mesure où elles affectent les échanges entre États membres, les aides accordées par les États membres ou au moyen de ressources d’État sous quelque forme que ce soit qui faussent ou qui menacent de fausser la concurrence en favorisant certaines entreprises ou certaines productions. »

[17] « La politique de l’impuissance » : voir le petit livre lumineux de Jean-Paul Fitoussi (économiste de premier plan) qui démontre cette dépossession progressive des responsables politiques par méfiance de la démocratie. Voir extrait plus haut.
Voir aussi le livre enthousiasmant de Jacques Généreux, Professeur à Sciences Po, « Manuel critique du parfait européen » qui proteste, lui aussi, contre le sabordage des outils européens d’intervention économique, et contre le dogmatisme aveugle qui soutient cette folie unique au monde. On lit ce livre sans pouvoir s’arrêter…

[18] « Douze économistes contre le projet de constitution européenne », par Gilles Raveaud, docteur en économie et enseignant (Institut d’études européennes, Université Paris VIII, et onze autres : une analyse remarquable, très argumentée, du projet actuel de l’Union, projet plus économique que politique, à lire : http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=2231 et http://econon.free.fr/index.html

[19] Procédure de révision ordinaire : art. IV-443.3 : « Une Conférence des représentants des gouvernements des États membres est convoquée par le président du Conseil en vue d’arrêter d’un commun accord les modifications à apporter au présent traité. Les modifications entrent en vigueur après avoir été ratifiées par tous les États membres conformément à leurs règles constitutionnelles respectives. »

[20] Rappel : l’article 28 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de l’an I de la République française (1793) précisait : « Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa Constitution. Une génération ne peut pas assujettir à ses lois les générations futures. »

[21] Procédure de révision simplifiée :
art. IV-444 : « 1. Lorsque la partie III prévoit que le Conseil statue à l’unanimité dans un domaine ou dans un cas déterminé, le Conseil européen peut adopter une décision européenne autorisant le Conseil à statuer à la majorité qualifiée dans ce domaine ou dans ce cas.
Le présent paragraphe ne s’applique pas aux décisions ayant des implications militaires ou dans le domaine de la défense.
2. Lorsque la partie III prévoit que des lois ou lois-cadres européennes sont adoptées par le Conseil conformément à une procédure législative spéciale, le Conseil européen peut adopter une décision européenne autorisant l’adoption desdites lois ou lois-cadres conformément à la procédure législative ordinaire.
3. Toute initiative prise par le Conseil européen sur la base des paragraphes 1 ou 2 est transmise aux parlements nationaux. En cas d’opposition d’un parlement national notifiée dans un délai de six mois après cette transmission, la décision européenne visée aux paragraphes 1 ou 2 n’est pas adoptée. En l’absence d’opposition, le Conseil européen peut adopter ladite décision.
Pour l’adoption des décisions européennes visées aux paragraphes 1 et 2, le Conseil européen statue à l’unanimité, après approbation du Parlement européen, qui se prononce à la majorité des membres qui le composent. »

[22] Voir la passionnante analyse de Laurent Lemasson, diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris, titulaire d’un doctorat en Droit Public et Sciences Politiques et chargé de cours à l’Essec, « Constitution européenne : l’Europe y trouve-t-elle son compte ? », document à lire sur le site de l’institut Thomas More : http://www.institut-thomas-more.org/showNews/24. Pour le risque d’extension des pouvoirs des institutions de leur propre initiative et sans l’accord direct des peuples, voir page 10.

[23] Procédure de ratification pour l’entrée d’un nouvel État dans l’UE : Article I-58 : « Critères d’éligibilité et procédure d’adhésion à l’Union : (…) §2. Tout État européen qui souhaite devenir membre de l’Union adresse sa demande au Conseil. Le Parlement européen et les parlements nationaux sont informés de cette demande. Le Conseil statue à l’unanimité après avoir consulté la Commission et après approbation du Parlement européen, qui se prononce à la majorité des membres qui le composent. Les conditions et les modalités de l’admission font l’objet d’un accord entre les États membres et l’État candidat. Cet accord est soumis par tous les États contractants à ratification, conformément à leurs règles constitutionnelles respectives. » Ces derniers mots font dépendre du droit national la procédure de ratification de l’entrée d’un nouveau membre.
En février 2005, le Parlement français, réunis en Congrès, a changé la Constitution française pour que cette ratification soit forcément soumise au référendum : article 2 de la loi de révision : « I. – Le titre XV de la Constitution est complété par un article 88-5 ainsi rédigé : « Art. 88-5. – Tout projet de loi autorisant la ratification d’un traité relatif à l’adhésion d’un État à l’Union européenne et aux Communautés européennes est soumis au référendum par le Président de la République. » » Quand le texte précise « est soumis », c’est obligatoire (en droit, l’indicatif vaut impératif).

[24] Je renvoie encore à la lecture de l’excellent article de Laurent Lemasson, page 5 :
http://www.institut-thomas-more.org/showNews/24

[25] Exclusivité de l’initiative des lois pour l’exécutif :
Article I-26 : « (…) §2. Un acte législatif de l’Union ne peut être adopté que sur proposition de la Commission, sauf dans les cas où la Constitution en dispose autrement.
Les autres actes sont adoptés sur proposition de la Commission lorsque la Constitution le prévoit. »
Donc, pour les actes non législatifs (voir note suivante), la norme est l’initiative libre : même pas besoin de la Commission si la Constitution ne le prévoit pas expressément.

[26] Domaines exclusifs, où l’exécutif peut légiférer seul :
Le principe de la codécision :
art. I-34, §1 : « Les lois et lois-cadres européennes sont adoptées, sur proposition de la Commission, conjointement par le Parlement européen et le Conseil conformément à la procédure législative ordinaire visée à l’article III-396. Si les deux institutions ne parviennent pas à un accord, l’acte en question n’est pas adopté.
Les exceptions à la codécision (dans les deux sens) :
art. I-34, §2 : Dans les cas spécifiques prévus par la Constitution, les lois et lois-cadres européennes sont adoptées par le Parlement européen avec la participation du Conseil ou par celui-ci avec la participation du Parlement européen, conformément à des procédures législatives spéciales
La « participation » pouvant être la simple consultation (non contraignante), le principe de la possibilité de « lois sans Parlement » semble donc ici acquis (première surprise), mais aucune liste claire (et donc contrôlable) n’est précisée (deuxième surprise).

[27] Un outil politique antidémocratique ? Les décisions européennes :
Article I-33 : Les actes juridiques de l’Union : [rappel]
« (…) Le règlement européen est un acte non législatif de portée générale pour la mise en oeuvre des actes législatifs et de certaines dispositions de la Constitution. Il peut soit être obligatoire dans tous ses éléments et directement applicable dans tout État membre, soit lier tout État membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux instances nationales la compétence quant au choix de la forme et des moyens.
La décision européenne est un acte non législatif obligatoire dans tous ses éléments. Lorsqu’elle désigne des destinataires, elle n’est obligatoire que pour ceux-ci. » Et quand elle ne désigne pas des destinataires ?… Pourrait-on expliquer aux citoyens quelle est la différence avec une loi, à part la source ? On dirait qu’il n’y en a aucune. Pour l’instant, je dirais que les décisions ressemblent diablement à des « lois sans parlement » (pauvre Montesquieu) :
Article I-35 : Les actes non législatifs :
1. Le Conseil européen adopte des décisions européennes dans les cas prévus par la Constitution.
2. Le Conseil et la Commission, notamment dans les cas prévus aux articles I-36 et I-37, ainsi que la Banque centrale européenne dans les cas spécifiques prévus par la Constitution, adoptent des règlements ou décisions européens.
On note que le Parlement est exclu (par définition ? Alors pourquoi ne pas avoir exclu aussi le Conseil des Ministres qu’on nous présente comme une « chambre haute » composant le pouvoir législatif ?) de ces « actes non législatifs » et alors que les auteurs de ces normes sont rarement élus et souvent hors contrôle. Les « actes non législatifs » ont été décriés comme antidémocratiques par certains conventionnels auteurs d’un « Contre rapport » qui juge le TCE comme « allant à l’encontre de tous les principes démocratiques ». Voir l’annexe III, pages 21 à 24 :
http://europa.eu.int/constitution/futurum/documents/contrib/doc180703_fr.pdf

[28] Qui nomme les commissaires :
l’art. I-19 établit que l’expression « Conseil » sans autre précision désigne le Conseil des ministres : « —le Conseil des ministres (ci-après dénommé «Conseil »), ».
L’art. I-27.2 qui décrit la désignation des commissaires parle de « Conseil » sans autre précision :
« 2.Le Conseil, d’un commun accord avec le président élu, adopte la liste des autres personnalités qu’il propose de nommer membres de la Commission. »   Quel Conseil ? Le paragraphe précédent de l’article 27 fait référence au Conseil Européen (pour nommer le Président de la Commission) : « 1.En tenant compte des élections au Parlement européen, et après avoir procédé aux consultations appropriées, le Conseil européen, statuant à la majorité qualifiée, propose au Parlement européen un candidat à la fonction de président de la Commission. Ce candidat est élu par le Parlement européen à la majorité des membres qui le composent. Si ce candidat ne recueille pas la majorité, le Conseil européen, statuant à la majorité qualifiée, propose, dans un délai d’un mois, un nouveau candidat,qui est élu par le Parlement européen selon la même procédure. » On peut se demander quel est le Conseil dont il est question au paragraphe 2 : qui nomme les membres de la Commission ?

[29] Laurent Lemasson, diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris, titulaire d’un doctorat en Droit Public et Sciences Politiques et chargé de cours à l’Essec, « Constitution européenne : l’Europe y trouve-t-elle son compte ? », document à lire sur le site de l’institut Thomas More :
http://www.institut-thomas-more.org/showNews/24.

[30] Censure de la Commission par le Parlement :
Article I-26.8 : 8 : « La Commission, en tant que collège, est responsable devant le Parlement européen. Le Parlement européen peut adopter une motion de censure de la Commission conformément à l’article III-340.Si une telle motion est adoptée, les membres de la Commission doivent démissionner collectivement de leurs fonctions et le ministre des Affaires étrangères de l’Union doit démissionner des fonctions qu’il exerce au sein de la Commission. »
Article III-340 : « Le Parlement européen, saisi d’une motion de censure sur la gestion de la Commission, ne peut se prononcer sur cette motion que trois jours au moins après son dépôt et par un scrutin public. Si la motion de censure est adoptée à la majorité des deux tiers des suffrages exprimés et à la majorité des membres qui composent le Parlement européen, les membres de la Commission doivent démissionner collectivement de leurs fonctions et le ministre des Affaires étrangères de l’Union doit démissionner des fonctions qu’il exerce au sein de la Commission. (…) »

[31] Apparemment, il n’y a pas de liste des domaines réservés à l’exécutif législateur (Montesquieu fait la toupie dans sa tombe avec des expressions pareilles), c’est-à-dire les domaines réservés d’une part grâce aux exceptions à la codécision (I-34-§2), et d’autre part grâce à l’existence même des décisions européennes (I-33 et I-35) : il faut partir à la pêche dans les 485 pages pour trouver les articles qui prévoient une procédure législative spéciale (sans le Parlement), ou bien le pouvoir de créer du droit par « décision » (sans le Parlement).

Ces domaines étant en quelque sorte une zone franche de contrôle parlementaire, on aimerait pourtant savoir simplement quelles sont les matières concernées.

Ne trouvant pas ce que je cherchais dans mes 485 pages du texte original, j’ai trouvé les explications suivantes sur http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=2157 : « Les 21 domaines dont le Parlement est exclu et où le Conseil des ministres décide seul sont d’une importance décisive : le marché intérieur, l’essentiel de la Politique Agricole Commune, le Tarif Douanier Commun, la Politique Étrangère et de Sécurité Commune, la politique économique, la politique sociale, la fiscalité… ».

Interrogé sur les sources de cette affirmation, l’auteur Jean-Jacques Chavigné m’a rapidement donné les n° d’articles précis en commentant : « il ne sera jamais écrit noir sur blanc que le Parlement est exclu de la décision. Il faudra comprendre qu’il est exclu lorsqu’un article de la Constitution précisera que c’est le Conseil décide et/ou que le Parlement sera simplement consulté. (JJC) »

Opacité incroyable du texte suprême qui devrait pourtant être absolument clair, on comprend bien ici pourquoi.  JJC continue : « Voilà donc les domaines (ou les parties de domaine) les plus importants où le Conseil décide seul et où le Parlement n’est pas co-décideur : (JJC jusqu’à la fin de la note) »

Politique Étrangère et de Sécurité Commune :
Article III-295 : Alinéa 1 : « Le Conseil européen définit les orientations générales de la politique étrangère et de sécurité commune, y compris pour les questions ayant des implications en matière de défense ».
Article III-300, Alinéa 1 : « Les décisions européennes visées au présent chapitre sont adoptées par le Conseil statuant à l’unanimité ».
Alinéa 2 : « Par dérogation au paragraphe 1, le Conseil statue à la majorité qualifiée ».
Le rôle du Parlement est défini à l’article III-304 : Alinéa 1 : « Le ministre des affaires étrangères de l’Union consulte et informe le Parlement européen… »
Alinéa 2 : « Le Parlement européen peut adresser des questions ou formuler des recommandations… »

Marché intérieur :
Article III-130-3 :
« Le Conseil, sur proposition de la Commission adopte les règlements ou décisions européens… »

Tarif Douanier Commun :
Article III-151-5 : « Le Conseil sur proposition de la Commission adopte les règlements ou décisions européens qui fixent les droits du tarif douanier commun ».

Concurrence :
Article III-163 : « Le Conseil, sur proposition de la Commission, adopte les règlements européens pour l’application des principes fixés aux articles III-161 et III-162 [règles de concurrence]. Il statue après consultation du Parlement européen. »
Le Conseil s’occupe des « règlements », et le Parlement aura les « recommandations ».
Est-ce qu’on s’est préoccupé de la séparation et du contrôle des pouvoirs ?

Politique Agricole Commune :
Article III-231 : Alinéa 2 : « La loi ou loi-cadre européenne établit l’organisation commune des marchés… »
L’expression « Loi-cadre européenne », sans autre précision, signifie que la procédure législative ordinaire, définie à l’article III-396 s’applique. Il s’agit alors d’une co-décision du Conseil et du Parlement européen. Ce qui est un progrès par rapport aux traités précédents.

Mais :
Alinéa 3 : « Le Conseil sur proposition de la Commission adopte les règlements ou décisions européens relatifs à la fixation des prix, des prélèvements, des aides et des limitations quantitatives… ». Le Conseil décide donc seul, sur proposition de la Commission, des prix, des aides, des quotas

Fiscalité :
Article III-171 : « Une loi-cadre européenne du Conseil établit les mesures concernant l’harmonisation des législations relatives aux taxes sur le chiffre d’affaires, aux droits d’accises et autres impôts indirects, pour autant que cette harmonisation soit nécessaire pour assurer l’établissement ou le fonctionnement du marché intérieur et éviter des distorsions de concurrence. Le Conseil statue à l’unanimité, après consultation du Parlement européen et du Comité économique et social ».

Social :
Il faut distinguer trois niveaux :
1er niveau : domaine de co-décision :
Article III-210-1 :
a- L’amélioration du milieu de travail…
b- Les conditions de travail.
e- L’information et la consultation des travailleurs.
h- l’intégration des personnes exclues du marché du travail
i- L’égalité entre hommes et femmes.
j- La lutte contre l’exclusion sociale
k- La modernisation des systèmes de protection sociale, sans préjudice du point c.
2ème niveau : le Conseil décide seul :
Article III-210-3 : « … dans les domaines visés au paragraphe 1, point c, d, f et g, la loi ou loi-cadre européenne est adoptée par le Conseil statuant à l’unanimité, après consultation du Parlement européen… »
c- la sécurité sociale et la protection sociale des travailleurs.
d- La protection des travailleurs en cas de résiliation du contrat de travail.
f- La représentation et la défense collective des intérêts des travailleurs et des employeurs y compris la cogestion, sous réserve du paragraphe 6.
g- Les conditions d’emploi des ressortissants de pays tiers se trouvant en séjour régulier sur le territoire de l’Union.
3ème niveau : l’Union (que ce soit le Conseil seul ou le Parlement avec le Conseil) n’est pas compétente :
Article III-210-6 :
« Le présent article ne s’applique ni aux rémunérations, ni au droit d’association, ni au droit de grève, ni au lock-out… »
Ce qui rend impossible tout Smic européen.
Ce qui vide de son contenu l’article II-210-3-f.
Ce qui vide de son contenu l’article II-88 : le droit de grève ne pourra être imposé par l’Union à un Etat-membre qui ne le prévoirait pas ou le retirait de sa législation. Ce qui a l’avantage de ne pas, non plus, imposer le « lock out » à une législation nationale qui (telle la législation française) ne le reconnaîtrait pas. (JJC)

[32] La CJE : pierre angulaire du TCE ? La CJE joue à la fois le rôle de Cour de Cassation et de Conseil constitutionnel. En France, le CC est nommé pour partie par le Sénat, l’AN et le Psdt de la République, ce qui permet à chaque pouvoir de se retrouver un peu dans le tribunal suprême. Rien de tel en Europe : le Parlement n’intervient pas dans la nomination des juges qui dépendent directement de l’exécutif.
On lira dans le livre de Paul Alliès, professeur de droit constitutionnel et de sciences politiques à l’Université de Montpellier, « Une constitution contre la démocratie », des explications passionnantes (pages 121 et s.) sur le danger que constitue la Cour de Justice Européenne (CJE), ex CJCE :
« La CJE s’est érigée peu à peu en véritable Cour suprême de l’Union. (…)
La CJE comprend toujours un juge par État membre désigné par eux. (…) Ces juges sont donc nommés dans la plus grande discrétion, à l’opposé de ce qu’on connaît aux États-Unis où la procédure de confirmation par le Sénat donne une publicité maximale à leur sélection. (…) Ils sont privés de garantie d’inamovibilité. Leur mandat est de six ans, ce qui est très bref, d’autant plus qu’ils sont renouvelables. Ce double caractère est traditionnellement considéré comme contraire à l’indépendance des juges qui peuvent ainsi avoir le souci de ne pas déplaire à l’autorité à laquelle ils doivent leur nomination et leur carrière. On comprend aisément que les gouvernements soient attachés à ce dispositif.
Ils ont repoussé, lors de l’adoption du traité de Maastricht, une proposition du Parlement européen qui voulait porter à douze ans la durée du mandat sans réélection possible. »  (page 122) (…)

« C’est par la voie d’autres recours [que le « recours en manquement »] que la cour s’est imposée comme cour constitutionnelle. Par le « recours en annulation », elle est appelée à contrôler la conformité des actes de toutes les institutions européennes, y compris la Banque centrale, à la demande de l’une d’entre elles. Par le « recours en carence », elle peut imposer à une institution l’obligation d’appliquer un acte normatif, à la demande des organes de l’Union, des États membres et des personnes privées. Enfin et surtout, par le « recours préjudiciel » introduit par le traité de Rome, elle accueille les saisines des juridictions nationales confrontées à des contentieux concernant des particuliers et incluant des questions de droit communautaire.
Elle détient donc le monopole de l’interprétation centralisée et unifiée du droit européen en général, ainsi que de celui de son application obligatoire par toutes les composantes de l’Union, des États membres, y compris leurs juridictions nationales. » (page 123)

Paul Alliès prend ensuite l’exemple de la laïcité pour illustrer l’immense danger d’un gouvernement des juges : « L’article II-70 (…) est en contradiction absolue avec le droit français de la laïcité depuis un siècle. (…) Au terme de l’art. II-112, la CJE devra interpréter la Charte au regard des explications (…) du Praesidium de la Convention. (…) Voici donc que le socle de la laïcité dépend de la sagesse de la CJE. (…) Bref, tous les éléments sont réunis pour que (…) la Cour crée un droit spécifique en matière de sécularisation au sein de l’Union. (…) Le secret des délibérations et l’absence de publicité des « opinions dissidentes » n’incitent pas à l’optimisme. » (Page 132)

[33] La Commission peut être censurée par le Parlement, en bloc : voir note 30 ci-dessus.
Un commissaire peut aussi être « démissionné » par le président de la Commission (lui-même entériné par le Parlement) : art. 1-27, dernier § : « Un membre de la Commission présente sa démission si le président le lui demande. ».
Mais ni le Conseil des ministres, ni le Conseil européen, ne sont responsables devant personne.
Le Conseil européen nomme les membres de la Commission (art.1-27 §2), seul le Président de la Commission est « élu » par le Parlement (art. 1-27 §1) sur proposition du Conseil européen. Ce n’est pas le parlement qui choisit le Président. Le parlement n’est pas responsable non plus : personne ne peut le dissoudre.

[34] Yves Salesse, membre du Conseil d’État, « Manifeste pour une autre Europe », pages 36 et s. :

« Le pouvoir de la Commission est surestimé. En droit comme en fait, ce pouvoir est fondamentalement détenu par le Conseil des Ministres. (…) La Commission n’est pas dépourvue de pouvoir, mais elle est subordonnée au premier. Elle est composée de politiques et de fonctionnaires des États qui n’ont pas rompu avec ceux-ci. (…) Ainsi, non seulement le pouvoir de la Commission est subordonné, mais la tendance n’est pas à son renforcement. Elle est au contraire au développement de l’emprise des États.
Lorsqu’ils prétendent avoir été surpris par une décision, ils mentent.

La méconnaissance du pouvoir des États a des conséquences politiques. Elle exonère les gouvernements de leur responsabilité dans les décisions européennes. Ils sont les premiers à propager : « C’est pas nous, c’est Bruxelles
. »

[35] Voir de bonnes explications sur l’AGCS sur le site www.urfig.org (par Raoul Marc Jennar).

[36] Voir le détail de l’humiliation infligée par Pascal Lamy aux parlementaires qui voulaient consulter les documents préparatoires pour l’AGCS dans le livre passionnant de Raoul Marc Jennar, « Europe, la trahison des élites », pages 64 et s., et notamment 70 et 71.
Voir aussi un passionnant article de Jennar intitulé « Combien de temps encore Pascal Lamy ? », à propos des deux accords AGCS et ADPIC : http://politique.eu.org/archives/2004/04/11.html.

[37] Noëlle Lenoir, alors ministre française déléguée aux affaires européennes du gouvernement Raffarin, a déclaré : « il suffira de rassembler un million de signatures en Europe pour obliger la Commission à engager une procédure législative » (Le Monde, 30 octobre 2003).

[38] Droit de pétition : art. I-47, §4 : « Des citoyens de l’Union, au nombre d’un million au moins, ressortissants d’un nombre significatif d’États membres, peuvent prendre l’initiative d’inviter la Commission, dans le cadre de ses attributions, à soumettre une proposition appropriée sur des questions pour lesquelles ces citoyens considèrent qu’un acte juridique de l’Union est nécessaire aux fins de l’application de la Constitution. La loi européenne arrête les dispositions relatives aux procédures et conditions requises pour la présentation d’une telle initiative citoyenne, y compris le nombre minimum d’États membres dont les citoyens qui la présentent doivent provenir. » On est vraiment à mille lieues du référendum d’initiative populaire (suisse, américain ou vénézuélien) qu’on fait miroiter aux électeurs.

[39] Pour le détail des reculs des droits fondamentaux par rapport au droit en vigueur : voir Raoul Marc Jennar, « Europe, la trahison des élites », pages 102 et s.
Voir aussi le point de vue d’Alain Lecourieux, « L’illusion des droits fondamentaux dans la Constitution européenne » : http://www.eleves.ens.fr/attac/Lecourieux-droits-fondam.pdf
Voir aussi la thèse de Anne-Marie Le Pourhiet, professeur à l’Université Rennes I : « Les valeurs et objectifs de l’Union », dans le livre « La nouvelle UE. Approches critiques de la Constitution européenne ».
Voir aussi Jacques Généreux, dans son « manuel critique du parfait européen », pages 113 et s. : aucune avancée des droits sociaux.

[40] Article II-111 : « Champ d’application [de la Charte] :
1. Les dispositions de la présente Charte s’adressent aux institutions, organes et organismes de l’Union dans le respect du principe de subsidiarité, ainsi qu’aux États membres uniquement lorsqu’ils mettent en oeuvre le droit de l’Union. En conséquence, ils respectent les droits, observent les principes et en promeuvent l’application, conformément à leurs compétences respectives et dans le respect des limites des compétences de l’Union telles qu’elles lui sont conférées dans les autres parties de la Constitution.
2. La présente Charte n’étend pas le champ d’application du droit de l’Union au-delà des compétences de l’Union, ni ne crée aucune compétence ni aucune tâche nouvelles pour l’Union et ne modifie pas les compétences et tâches définies dans les autres parties de la Constitution.

Article II-112 : Portée et interprétation des droits et des principes [de la Charte] :
1. Toute limitation de l’exercice des droits et libertés reconnus par la présente Charte doit être prévue par la loi et respecter le contenu essentiel desdits droits et libertés. Dans le respect du principe de proportionnalité, des limitations ne peuvent être apportées que si elles sont nécessaires et répondent effectivement à des objectifs d’intérêt général reconnus par l’Union ou au besoin de protection des droits et libertés d’autrui.
2. Les droits reconnus par la présente Charte qui font l’objet de dispositions dans d’autres parties de la Constitution s’exercent dans les conditions et limites y définies. [Cet alinéa fait de la Charte une partie inférieure aux autres parties, et pas l’inverse]
3. Dans la mesure où la présente Charte contient des droits correspondant à des droits garantis par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, leur sens et leur portée sont les mêmes que ceux que leur confère ladite convention. Cette disposition ne fait pas obstacle à ce que le droit de l’Union accorde une protection plus étendue.
4. Dans la mesure où la présente Charte reconnaît des droits fondamentaux tels qu’ils résultent des traditions constitutionnelles communes aux États membres, ces droits doivent être interprétés en harmonie avec lesdites traditions.
5. Les dispositions de la présente Charte qui contiennent des principes peuvent être mises en œuvre par des actes législatifs et exécutifs pris par les institutions, organes et organismes de l’Union, et par des actes des États membres lorsqu’ils mettent en oeuvre le droit de l’Union, dans l’exercice de leurs compétences respectives. Leur invocation devant le juge n’est admise que pour l’interprétation et le contrôle de la légalité de tels actes. »

J’ai reçu cet après-midi un mail formidable : un espagnol nommé Rodrigo, avocat à Bruxelles, ancien professeur de droit communautaire et fervent partisan du TCE, il parle un français impeccable. Avec un respect parfait, presque déjà de l’amitié, il me dit qu’il est enthousiaste pour ce que je fais en ce moment même s’il n’est absolument pas d’accord avec moi. Puis il m’explique en long, en large et en travers pourquoi c’est excessif de dire que l’article 111-2 « stérilise » la Charte. Je lis attentivement ses explications, je les recoupe avec ce que dit Paul Alliès (c’est l’interprétation de la CJE qui fera la force ou pas de la Charte, et cette force est potentielle, mais réelle)… OK, je retire de mon texte le paragraphe « 111-2 stérilisant » et je ne garde que le recul sur le fond (plutôt moins de droits que plus) et de simples réserves sur la force de la partie. Après, on s’est parlé une heure au téléphone. C’est un exemple, très chaleureux, des échanges que suscite ce débat. On n’est pas obligés de s’empailler sur ce sujet, on survivra au oui comme au non, on peut rêver ensemble d’une autre Europe.

[41] Élection d’une Assemblée Constituante pour fonder une démocratie : chaque fois que l’ONU organise la démocratie dans un pays, elle commence toujours par programmer l’élection d’une Assemblée Constituante.
Donc, le modèle fondateur que l’ONU propose à tous les pays du monde est cette procédure-là.
Je suis donc étonné de constater que certains juristes européens acceptent de s’en affranchir.

[42] Sur ce qu’on peut reprocher à la convention « Giscard », lire l’analyse de Robert Joumard, page 13 et s., voir aussi celle de Christian Darlot. Voir aussi Paul Alliès (professeur en sciences Politiques à l’Universi­té Montpellier I), « Une Contitution contre la démocratie ? », p. 38 et s. Voir aussi le contre rapport des Conventionnels cité plus haut.

[43] Lire à ce propos la position de Pervenche Berès, membre de la convention Giscard, coauteur du texte donc, qui renie pourtant le résultat final tant il a été défiguré par les gouvernements dans l’année qui a suivi, et qui appelle finalement à « Dire « non » pour sauver l’Europe » : http://www.ouisocialiste.net/IMG/pdf/beresMonde290904.pdf.

[44] « Vérole » antidémocratique ? Le Figaro, 11 avril 2005, Alain Minc parle : « Valéry Giscard d’Estaing n’a commis qu’une seule erreur : nommer le texte du traité «Constitution». C’est précisément cette dénomination qui a empêché une ratification par la voie parlementaire. Le référendum est pareil à une «vérole» antidémocratique que la France aurait propagée dans l’ensemble de l’Europe. »
Cette phrase résonne dans ma tête depuis une semaine, elle prend son sens, comme un aveu.
Je ne veux plus que ces gens-là décident de mon sort. Je vais cesser de faire confiance aveuglément et je vais maintenant essayer de m’occuper moi-même de mes affaires.

[45] Planning des ratifications :

Pays qui ne soumettent pas le traité à leur peuple : Lituanie (11 décembre 2004), Hongrie (20 décembre 2004), Italie (25 janvier 2005), Slovénie (1er février 2005), Allemagne (12 mai 2005), Slovaquie (mai 2005), Chypre (mai 2005), Autriche (printemps 2005), Belgique (printemps 2005), Grèce (printemps 2005), Malte (juillet 2005), Suède (décembre 2005 et pourtant 58 % des suédois réclament un référendum), Estonie (2005), Finlande (fin 2005), Lettonie (?).

Pays qui ont opté pour le référendum : Espagne (20 février 2005), Pays-Bas (1er juin 2005), France (29 mai 2005), Luxembourg (10 juillet 2005), Danemark (27 septembre 2005), Portugal (octobre 2005), Pologne (fin 2005), Royaume-Uni (printemps 2006), République tchèque (juin 2006), Irlande (2006).

Trois référendums ne sont que consultatifs (Espagne, Pays-Bas et Luxembourg) et, finalement, seuls six peuples sont véritablement consultés dans ce projet:
le Portugal et l’Irlande (qui vont vraisemblablement voter Oui)
et la République Tchèque, la Pologne, la Grande Bretagne et la France (qui s’apprêtent à voter Non).

Six pays réellement consultés sur vingt-cinq…
Je trouve que ça en dit long sur ce que représente la volonté des peuples pour leurs dirigeants en Europe.

[46] RM Jennar à raison : il faut réaffirmer nos fondamentaux et rappeler ce que proclamait, le 26 juin 1793, l’article 35 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de l’an I : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ». (« Europe, la trahison… », p. 218).

[47] Selon la célèbre formule de Lacordaire :  » Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ».
Chacun peut prévoir ce qu’il adviendra avec des renards libres dans un poulailler libre.
Les charmes de la liberté débridée sont une fable, une imposture.

[48] Lire les analyses du site Acrimed sur la partialité des médias sur cette affaire :
http://www.acrimed.org/article1950.html.
Lire aussi l’article de Bernard Cassen dans Le Monde diplomatique : « Débat truqué sur le traité constitutionnel » : http://www.monde-diplomatique.fr/2005/02/CASSEN/11908

O O O O O

Vous pouvez m’écrire à etienne.chouard@free.fr mais je n’ai plus le temps de vous répondre comme il le faudrait, ou seulement de temps en temps. Pardon, vous êtes trop nombreux.

Vous pouvez lire des compléments et télécharger ce document à : http://etienne.chouard.free.fr/Europe
et le diffuser comme bon vous semble, mais envoyez de préférence un lien vers mon site, car un fichier fige mon texte alors que je l’améliore sans cesse grâce à vos vigilantes, bienveillantes et patientes observations.

Voir par ailleurs:

France’s ‘Yellow Vest’ protests take an antisemitic turn
Banner hung on main road calls Macron ‘whore of the Jews’; Paris synagogues shuttered for first time as spike in emigration inquiries is reported
Itamar Eichner
YNET

French Jews have become a focal point for the “Yellow Vest” protests across France, with an increase in anti-Semitism by demonstrators. In recent days, the Jewish community has reported numerous anti-Semitic videos, graffiti and actual threats appearing in central locations and on social media.
Last Saturday, the Chabad House on the Champs-Elysées Boulevard temporarily closed its doors for the first time due to safety concerns. The Chabad House issued a message saying that “for the first time, the Chabad House will not open on Shabbat morning; the police do not have the situation under control and today is a very dangerous day.”
At another synagogue in the city, emails were sent to members of the community before Shabbat, warning of the riots. “In the Eli Dray synagogue they recommended us not to conduct services in the morning,” said Tova and Yehoshua Nagler who were staying in the city for Shabbat. “The caretaker announced that anyone who nevertheless wants to go will only be able to enter until nine in the morning, and take into account that the synagogue will remain closed until evening because the gates will be closed from inside, so they asked people who come to pray to bring food along.”
‘The Jews are pulling the strings’
On Route A6, the main artery between Paris and Marseilles, a huge banner was hung on a bridge, accusing Jews of controlling French President Emmanuel Macron. The banner read: “Macron is a whore of the Jews.” Social networks have also become an arena for spreading anti-Semitic expression. Thus, for example, a message circulated by an anonymous source wearing a mask: “It was the rich Jews who brought Macron to power so that he would be their puppet and they are pulling the strings. The Jews are responsible for the lowering of taxes on the rich and for the whole financial situation.”
In another video, an activist from the “Yellow Vests” invited demonstrators to come to a Chabad Hanukkah candle lighting, saying: “The Jewish people celebrate while the French have nothing to eat.” The anti-Semitic French entertainer Dieudonné M’bala M’bala and his admirers joined the demonstrators and gave the Nazi salute.
A video circulated on the social networks of French musician Stephen Ballet, who lives in Istanbul, inciting protesters to “understand that the real enemy is the Jews.” Ballet, an esteemed musician with a racist reputation, last week uploaded a YouTube video which garnered 36,000 views before it was blocked. In the video, Ballet claims that lighting Hanukkah candles in front of the Eiffel Tower “while the French are dying of hunger” is a deliberate provocation by Jews against the French people. He also expressed regret that he could not come and “say hello” to the Jews who lit the candles.

An increase in number of French Jews wishing to emigrate

The International Fellowship of Christians and Jews, which helps Jews immigrate to Israel, noted that following the events in France there has been a surge in the number of Jews interested in immigrating to Israel. Uriel Saada, head of the France Desk at the Fellowship, said that he received dozens of requests from Jewish families interested in immigrating to Israel.
“Only last Friday I received about ten phone calls, which is very rare because usually they do not call at all on Fridays,” he said. According to Saada, since police forces in Paris are occupied with the riots and attempts to restore order, the Jews began to secure the synagogues themselves, and even warned the weekend that it would be better not to bring children to prayers.
He also noted that the trend of Jewish families planning to immigrate to Israel is increasing. “As long as the activists do not accept what they are demanding — raising the minimum wage — the situation will continue and may even escalate. I do not think that everyone will rush in and make this move, but there is no visible end to this protest.”
Rabbi Yechiel Eckstein, president of the Fellowship, said: “Anti-Semitism in France has become widespread and very blatant in recent years, and the authorities are still acting feebly against it. Due to the situation, we are prepared with the necessary resources to assist any Jew who wishes to immigrate to Israel through us and be successfully absorbed in Israel.”We are also working in France and throughout Europe to secure Jewish institutions. I hope that the European leadership will succeed in its efforts to eradicate anti-Semitism, but until then it is important that we all stand guard.”

GAFA: C’est des salauds, mais des salauds tellement cool ! (Will Silicon Valley finally lose its most-favored robber baronism clause ?)

29 septembre, 2017

C’est un salaud, mais c’est notre salaud. John Foster Dulles (?)
J’appelle stratégies de condescendance ces transgressions symboliques de la limite qui permettent d’avoir à la fois les profits de la conformité à la définition et les profits de la transgression : c’est le cas de l’aristocrate qui tape sur la croupe du palefrenier et dont on dira «II est simple», sous-entendu, pour un aristocrate, c’est-à-dire un homme d’essence supérieure, dont l’essence ne comporte pas en principe une telle conduite. En fait ce n’est pas si simple et il faudrait introduire une distinction : Schopenhauer parle quelque part du «comique pédant», c’est-à-dire du rire que provoque un personnage lorsqu’il produit une action qui n’est pas inscrite dans les limites de son concept, à la façon, dit-il, d’un cheval de théâtre qui se mettrait à faire du crottin, et il pense aux professeurs, aux professeurs allemands, du style du Professor Unrat de V Ange bleu, dont le concept est si fortement et si étroitement défini, que la transgression des limites se voit clairement. A la différence du professeur Unrat qui, emporté par la passion, perd tout sens du ridicule ou, ce qui revient au même, de la dignité, le consacré condescendant choisit délibérément de passer la ligne ; il a le privilège des privilèges, celui qui consiste à prendre des libertés avec son privilège. C’est ainsi qu’en matière d’usage de la langue, les bourgeois et surtout les intellectuels peuvent se permettre des formes d’hypocorrection, de relâchement, qui sont interdites aux petits-bourgeois, condamnés à l’hypercorrection. Bref, un des privilèges de la consécration réside dans le fait qu’en conférant aux consacrés une essence indiscutable et indélébile, elle autorise des transgressions autrement interdites : celui qui est sûr de son identité culturelle peut jouer avec la règle du jeu culturel, il peut jouer avec le feu, il peut dire qu’il aime Tchaikovsky ou Gershwin, ou même, question de «culot», Aznavour ou les films de série B. Pierre Bourdieu
Bourdieu chose to make it his life’s work to debunk the powerful classes’ pretensions that they were more deserving of authority or wealth than those below. He aimed his critiques first at his own class of elites — professors and intellectuals — then at the media, the political class and the propertied class. “Distinction,” published in 1979, was an undisputed masterwork. In it, Bourdieu set out to show the social logic of taste: how admiration for art, appreciation of music, even taste in food, came about for different groups, and how “superior” taste was not the result of an enchanted superiority in scattered individuals. This may seem a long way from Wellington-booted and trucker-hatted American youth in gentrifying neighborhoods. But Bourdieu’s innovation, applicable here, was to look beyond the traditional trappings of rich or poor to see battles of symbols (like those boots and hats) traversing all society, reinforcing the class structure just as money did. (…) The power of Bourdieu’s statistics was to show how rigid and arbitrary the local conformities were. In American terms, he was like an updater of Thorstein Veblen, who gave us the idea of “conspicuous consumption.” College teachers and artists, unusual in believing that a beautiful photo could be made from a car crash, began to look conditioned to that taste, rather than sophisticated or deep. White-collar workers who defined themselves by their proclivity to eat only light foods — as opposed to farmworkers, who weren’t ashamed to treat themselves to “both cheese and a dessert” — seemed not more refined, but merely more conventional. Taste is not stable and peaceful, but a means of strategy and competition. Those superior in wealth use it to pretend they are superior in spirit. Groups closer in social class who yet draw their status from different sources use taste and its attainments to disdain one another and get a leg up. These conflicts for social dominance through culture are exactly what drive the dynamics within communities whose members are regarded as hipsters. Once you take the Bourdieuian view, you can see how hipster neighborhoods are crossroads where young people from different origins, all crammed together, jockey for social gain. One hipster subgroup’s strategy is to disparage others as “liberal arts college grads with too much time on their hands”; the attack is leveled at the children of the upper middle class who move to cities after college with hopes of working in the “creative professions.” These hipsters are instantly declassed, reservoired in abject internships and ignored in the urban hierarchy — but able to use college-taught skills of classification, collection and appreciation to generate a superior body of cultural “cool.” They, in turn, may malign the “trust fund hipsters.” This challenges the philistine wealthy who, possessed of money but not the nose for culture, convert real capital into “cultural capital” (Bourdieu’s most famous coinage), acquiring subculture as if it were ready-to-wear. (Think of Paris Hilton in her trucker hat.) Both groups, meanwhile, look down on the couch-­surfing, old-clothes-wearing hipsters who seem most authentic but are also often the most socially precarious — the lower-middle-class young, moving up through style, but with no backstop of parental culture or family capital. They are the bartenders and boutique clerks who wait on their well-to-do peers and wealthy tourists. Only on the basis of their cool clothes can they be “superior”: hipster knowledge compensates for economic immobility. All hipsters play at being the inventors or first adopters of novelties: pride comes from knowing, and deciding, what’s cool in advance of the rest of the world. Yet the habits of hatred and accusation are endemic to hipsters because they feel the weakness of everyone’s position — including their own. Proving that someone is trying desperately to boost himself instantly undoes him as an opponent. He’s a fake, while you are a natural aristocrat of taste. That’s why “He’s not for real, he’s just a hipster” is a potent insult among all the people identifiable as hipsters themselves. The attempt to analyze the hipster provokes such universal anxiety because it calls everyone’s bluff. And hipsters aren’t the only ones unnerved. Many of us try to justify our privileges by pretending that our superb tastes and intellect prove we deserve them, reflecting our inner superiority. Those below us economically, the reasoning goes, don’t appreciate what we do; similarly, they couldn’t fill our jobs, handle our wealth or survive our difficulties. Of course this is a terrible lie. And Bourdieu devoted his life to exposing it. Those who read him in effect become responsible to him — forced to admit a failure to examine our own lives, down to the seeming trivialities of clothes and distinction that, as Bourdieu revealed, also structure our world. Mark Greif
L’aura de cool absolu qui entoure Barack Obama doit en effet beaucoup –voire tout– à Pete Souza. Le photographe officiel canarde le président américain partout –dans son bureau, dans ses voyages, quand il va embrasser des bébés et manger des hot-dogs– et fournit en instantané sa légende iconographique. Les photos sont mises à disposition du public et des médias par la Maison Blanche, sous une license Creative Commons, pour qu’elles soient mieux partagées. Grâce à Pete Souza, on a l’impression d’être dans la vraie vie de Barack Obama, alors que rien n’est plus construit que ses photos. Slate
The aesthetics of cool developed mainly as a behavioral attitude practiced by black men in the United States at the time of slavery. Slavery made necessary the cultivation of special defense mechanisms which employed emotional detachment and irony. A cool attitude helped slaves and former slaves to cope with exploitation or simply made it possible to walk the streets at night. During slavery, and long afterwards, overt aggression by blacks was punishable by death. Provocation had to remain relatively inoffensive, and any level of serious intent had to be disguised or suppressed. So cool represents a paradoxical fusion of submission and subversion. It’s a classic case of resistance to authority through creativity and innovation. Today the aesthetics of cool represents the most important phenomenon in youth culture. The aesthetic is spread by Hip Hop culture for example, which has become “the center of a mega music and fashion industry around the world” (…). Black aesthetics, whose stylistic, cognitive, and behavioural tropes are largely based on cool-mindedness, has arguably become “the only distinctive American artistic creation” (…). The African American philosopher Cornel West sees the “black-based Hip Hop culture of youth around the world” as a grand example of the “shattering of male, WASP cultural homogeneity” (…). While several recent studies have shown that American brand names have dramatically slipped in their cool quotients worldwide, symbols of black coolness such as Hip Hop remain exportable. However, ‘cool’ does not only refer to a respected aspect of masculine display, it’s also a symptom of anomie, confusion, anxiety, self-gratification and escapism, since being cool can push individuals towards passivity more than towards an active fulfillment of life’s potential. Often “it is more important to be ‘cool and down’ with the peer group than to demonstrate academic achievement,” write White & Cones (…). On the one hand, the message produced by a cool pose fascinates the world because of its inherent mysteriousness. The stylized way of offering resistance that insists more on appearance than on substance can turn cool people into untouchable objects of desire. On the other hand, to be cool can be seen as a decadent attitude leading to individual passivity and social decay. The ambiguity residing in this constellation lends the cool scheme its dynamics, but it also makes its evaluation very difficult. (…) A president is uncool if he clings to absolute power, but becomes cooler as soon as he voluntarily concedes power in order to maintain democratic values. Thorsten Botz-Bornstein
Cool est généralement associé au sang-froid et au contrôle de soi et il est utilisé dans ce sens comme une expression d’approbation ou d’admiration. Cette notion peut aussi être associée à une forme de nonchalance. Wikipedia
There is no single concept of cool. One of the essential characteristics of cool is its mutability—what is considered cool changes over time and varies among cultures and generations. One consistent aspect however, is that cool is wildly seen as positive and desirable. Although there is no single concept of cool, its definitions fall into a few broad categories. The sum and substance of cool is a self-conscious aplomb in overall behavior, which entails a set of specific behavioral characteristics that is firmly anchored in symbology, a set of discernible bodily movements, postures, facial expressions and voice modulations that are acquired and take on strategic social value within the peer context. Cool was once an attitude fostered by rebels and underdogs, such as slaves, prisoners, bikers and political dissidents, etc., for whom open rebellion invited punishment, so it hid defiance behind a wall of ironic detachment, distancing itself from the source of authority rather than directly confronting it. In general, coolness is a positive trait based on the inference that a cultural object (e.g., a person or brand) is autonomous in an appropriate way. That is the person or brand is not constrained by the norms, expectation of beliefs of others. (…) Cool is also an attitude widely adopted by artists and intellectuals, who thereby aided its infiltration into popular culture. Sought by product marketing firms, idealized by teenagers, a shield against racial oppression or political persecution and source of constant cultural innovation, cool has become a global phenomenon that has spread to every corner of the earth. Concepts of cool have existed for centuries in several cultures. In terms of fashion, the concept of “cool” has transformed from the 1960s to the 1990s by becoming integrated in the dominant fabric of culture. America’s mass-production of “ready-to-wear” fashion in the 1940s and ‘50s, established specific conventional outfits as markers of ones fixed social role in society. Subcultures such as the Hippies, felt repressed by the dominating conservative ideology of the 1940s and ‘50s towards conformity and rebelled. (…) Starting in the 1990s and continuing into the 21st century, the concept of dressing cool went out of the minority and into the mainstream culture, making dressing “cool” a dominant ideology. Cool entered the mainstream because those Hippie “rebels” of the late 1960s were now senior executives of business sectors and of the fashion industry. Since they grew up with “cool” and maintained the same values, they knew its rules and thus knew how to accurately market and produce such clothing. However, once “cool” became the dominant ideology in the 21st century its definition changed to not one of rebellion but of one attempting to hide their insecurities in a confident manner. The “fashion-grunge” style of the 1990s and 21st century allowed people who felt financially insecure about their lifestyle to pretend to “fit in” by wearing a unique piece of clothing, but one that was polished beautiful. For example, unlike the Hippie style that clearly diverges from the norm, through Marc Jacobs’ combined “fashion-grunge” style of “a little preppie, a little grunge and a little couture,” he produces not a bold statement one that is mysterious and awkward creating an ambiguous perception of what the wearer’s internal feelings are. While slang terms are usually short-lived coinages and figures of speech, cool is an especially ubiquitous slang word, most notably among young people. As well as being understood throughout the English-speaking world, the word has even entered the vocabulary of several languages other than English. In this sense, cool is used as a general positive epithet or interjection, which can have a range of related adjectival meanings. Wikipedia
Ronald Perry writes that many words and expressions have passed from African-American Vernacular English into Standard English slang including the contemporary meaning of the word « cool. » The definition, as something fashionable, is said to have been popularized in jazz circles by tenor saxophonist Lester Young. This predominantly black jazz scene in the U.S. and among expatriate musicians in Paris helped popularize notions of cool in the U.S. in the 1940s, giving birth to « Bohemian », or beatnik, culture. Shortly thereafter, a style of jazz called cool jazz appeared on the music scene, emphasizing a restrained, laid-back solo style. Notions of cool as an expression of centeredness in a Taoist sense, equilibrium and self-possession, of an absence of conflict are commonly understood in both African and African-American contexts well. Expressions such as, « Don’t let it blow your cool, » later, chill out, and the use of chill as a characterization of inner contentment or restful repose all have their origins in African-American Vernacular English. (…) Among black men in America, coolness, which may have its roots in slavery as an ironic submission and concealed subversion, at times is enacted in order to create a powerful appearance, a type of performance frequently maintained for the sake of a social audience. (…) « Cool pose » may be a factor in discrimination in education contributing to the achievement gaps in test scores. In a 2004 study, researchers found that teachers perceived students with African-American culture-related movement styles, referred to as the « cool pose, » as lower in achievement, higher in aggression, and more likely to need special education services than students with standard movement styles, irrespective of race or other academic indicators. The issue of stereotyping and discrimination with respect to « cool pose » raises complex questions of assimilation and accommodation of different cultural values. Jason W. Osborne identifies « cool pose » as one of the factors in black underachievement. Robin D. G. Kelley criticizes calls for assimilation and sublimation of black culture, including « cool pose. » He argues that media and academics have unfairly demonized these aspects of black culture while, at the same time, through their sustained fascination with blacks as exotic others, appropriated aspects of « cool pose » into the broader popular culture. George Elliott Clarke writes that Malcolm X, like Miles Davis, embodies essential elements of cool. As an icon, Malcolm X inspires a complex mixture of both fear and fascination in broader American culture, much like « cool pose » itself. Wikipedia
Ce qui est nouveau, c’est d’abord que la bourgeoisie a le visage de l’ouverture et de la bienveillance. Elle a trouvé un truc génial : plutôt que de parler de « loi du marché », elle dit « société ouverte », « ouverture à l’Autre » et liberté de choisir… Les Rougon-Macquart sont déguisés en hipsters. Ils sont tous très cools, ils aiment l’Autre. Mieux : ils ne cessent de critiquer le système, « la finance », les « paradis fiscaux ». On appelle cela la rebellocratie. C’est un discours imparable : on ne peut pas s’opposer à des gens bienveillants et ouverts aux autres ! Mais derrière cette posture, il y a le brouillage de classes, et la fin de la classe moyenne. La classe moyenne telle qu’on l’a connue, celle des Trente Glorieuses, qui a profité de l’intégration économique, d’une ascension sociale conjuguée à une intégration politique et culturelle, n’existe plus même si, pour des raisons politiques, culturelles et anthropologiques, on continue de la faire vivre par le discours et les représentations. (…) C’est aussi une conséquence de la non-intégration économique. Aujourd’hui, quand on regarde les chiffres – notamment le dernier rapport sur les inégalités territoriales publié en juillet dernier –, on constate une hyper-concentration de l’emploi dans les grands centres urbains et une désertification de ce même emploi partout ailleurs. Et cette tendance ne cesse de s’accélérer ! Or, face à cette situation, ce même rapport préconise seulement de continuer vers encore plus de métropolisation et de mondialisation pour permettre un peu de redistribution. Aujourd’hui, et c’est une grande nouveauté, il y a une majorité qui, sans être « pauvre » ni faire les poubelles, n’est plus intégrée à la machine économique et ne vit plus là où se crée la richesse. Notre système économique nécessite essentiellement des cadres et n’a donc plus besoin de ces millions d’ouvriers, d’employés et de paysans. La mondialisation aboutit à une division internationale du travail : cadres, ingénieurs et bac+5 dans les pays du Nord, ouvriers, contremaîtres et employés là où le coût du travail est moindre. La mondialisation s’est donc faite sur le dos des anciennes classes moyennes, sans qu’on le leur dise ! Ces catégories sociales sont éjectées du marché du travail et éloignées des poumons économiques. Cependant, cette« France périphérique » représente quand même 60 % de la population. (…) Ce phénomène présent en France, en Europe et aux États-Unis a des répercussions politiques : les scores du FN se gonflent à mesure que la classe moyenne décroît car il est aujourd’hui le parti de ces « superflus invisibles » déclassés de l’ancienne classe moyenne. (…) Toucher 100 % d’un groupe ou d’un territoire est impossible. Mais j’insiste sur le fait que les classes populaires (jeunes, actifs, retraités) restent majoritaires en France. La France périphérique, c’est 60 % de la population. Elle ne se résume pas aux zones rurales identifiées par l’Insee, qui représentent 20 %. Je décris un continuum entre les habitants des petites villes et des zones rurales qui vivent avec en moyenne au maximum le revenu médian et n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois. Face à eux, et sans eux, dans les quinze plus grandes aires urbaines, le système marche parfaitement. Le marché de l’emploi y est désormais polarisé. Dans les grandes métropoles il faut d’une part beaucoup de cadres, de travailleurs très qualifiés, et de l’autre des immigrés pour les emplois subalternes dans le BTP, la restauration ou le ménage. Ainsi les immigrés permettent-ils à la nouvelle bourgeoisie de maintenir son niveau de vie en ayant une nounou et des restaurants pas trop chers. (…) Il n’y a aucun complot mais le fait, logique, que la classe supérieure soutient un système dont elle bénéficie – c’est ça, la « main invisible du marché» ! Et aujourd’hui, elle a un nom plus sympathique : la « société ouverte ». Mais je ne pense pas qu’aux bobos. Globalement, on trouve dans les métropoles tous ceux qui profitent de la mondialisation, qu’ils votent Mélenchon ou Juppé ! D’ailleurs, la gauche votera Juppé. C’est pour cela que je ne parle ni de gauche, ni de droite, ni d’élites, mais de « la France d’en haut », de tous ceux qui bénéficient peu ou prou du système et y sont intégrés, ainsi que des gens aux statuts protégés : les cadres de la fonction publique ou les retraités aisés. Tout ce monde fait un bloc d’environ 30 ou 35 %, qui vit là où la richesse se crée. Et c’est la raison pour laquelle le système tient si bien. (…) La France périphérique connaît une phase de sédentarisation. Aujourd’hui, la majorité des Français vivent dans le département où ils sont nés, dans les territoires de la France périphérique il s’agit de plus de 60 % de la population. C’est pourquoi quand une usine ferme – comme Alstom à Belfort –, une espèce de rage désespérée s’empare des habitants. Les gens deviennent dingues parce qu’ils savent que pour eux « il n’y a pas d’alternative » ! Le discours libéral répond : « Il n’y a qu’à bouger ! » Mais pour aller où ? Vous allez vendre votre baraque et déménager à Paris ou à Bordeaux quand vous êtes licencié par ArcelorMittal ou par les abattoirs Gad ? Avec quel argent ? Des logiques foncières, sociales, culturelles et économiques se superposent pour rendre cette mobilité quasi impossible. Et on le voit : autrefois, les vieux restaient ou revenaient au village pour leur retraite. Aujourd’hui, la pyramide des âges de la France périphérique se normalise. Jeunes, actifs, retraités, tous sont logés à la même enseigne. La mobilité pour tous est un mythe. Les jeunes qui bougent, vont dans les métropoles et à l’étranger sont en majorité issus des couches supérieures. Pour les autres ce sera la sédentarisation. Autrefois, les emplois publics permettaient de maintenir un semblant d’équilibre économique et proposaient quelques débouchés aux populations. Seulement, en plus de la mondialisation et donc de la désindustrialisation, ces territoires ont subi la retraite de l’État. (…) Même si l’on installe 20 % de logements sociaux partout dans les grandes métropoles, cela reste une goutte d’eau par rapport au parc privé « social de fait » qui existait à une époque. Les ouvriers, autrefois, n’habitaient pas dans des bâtiments sociaux, mais dans de petits logements, ils étaient locataires, voire propriétaires, dans le parc privé à Paris ou à Lyon. C’est le marché qui crée les conditions de la présence des gens et non pas le logement social. Aujourd’hui, ce parc privé « social de fait » s’est gentrifié et accueille des catégories supérieures. Quant au parc social, il est devenu la piste d’atterrissage des flux migratoires. Si l’on regarde la carte de l’immigration, la dynamique principale se situe dans le Grand Ouest, et ce n’est pas dans les villages que les immigrés s’installent, mais dans les quartiers de logements sociaux de Rennes, de Brest ou de Nantes. (…) In fine, il y a aussi un rejet du multiculturalisme. Les gens n’ont pas envie d’aller vivre dans les derniers territoires des grandes villes ouverts aux catégories populaires : les banlieues et les quartiers à logements sociaux qui accueillent et concentrent les flux migratoires. Christophe Guilluy
Vous allez dans certaines petites villes de Pennsylvanie où, comme ans beaucoup de petites villes du Middle West, les emplois ont disparu depuis maintenant 25 ans et n’ont été remplacés par rien d’autre (…) Et il n’est pas surprenant qu’ils deviennent pleins d’amertume, qu’ils s’accrochent aux armes à feu ou à la religion, ou à leur antipathie pour ceux qui ne sont pas comme eux, ou encore à un sentiment d’hostilité envers les immigrants. Barack Obama (2008)
Pour généraliser, en gros, vous pouvez placer la moitié des partisans de Trump dans ce que j’appelle le panier des pitoyables. Les racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes. A vous de choisir. Hillary Clinton
Ces idées ont un nom : nationalisme, identitarisme, protectionnisme, souverainisme de repli. Ces idées qui, tant de fois, ont allumé les brasiers où l’Europe aurait pu périr, les revoici sous des habits neufs encore ces derniers jours. Elles se disent légitimes parce qu’elles exploitent avec cynisme la peur des peuples. (…) Je ne laisserai rien, rien à toutes celles et ceux qui promettent la haine, la division ou le repli national. Je ne leur laisserai aucune proposition. C’est à l’Europe de les faire, c’est à nous de les porter, aujourd’hui et maintenant (…) Et nous n’avons qu’un choix, qu’une alternative : le repli sur nous frontières, qui serait à la fois illusoire et inefficace, ou la construction d’un espace commun des frontières, de l’asile et de (…) faire une place aux réfugiés qui ont risqué leur vie, chez eux et sur leur chemin, c’est notre devoir commun d’Européen et nous ne devons pas le perdre de vue. (…) C’est pourquoi j’ai engagé en France un vaste travail de réforme pour mieux accueillir les réfugiés, augmenter les relocalisations dans notre pays, accélérer les procédures d’asile en nous inspirant du modèle allemand, être plus efficaces dans les reconduites indispensables. Ce que je souhaite pour l’Europe, la France commence dès à présent à le faire elle-même. Emmanuel Macron
J’entends les voix apeurées qui nous appellent à construire des murs. Plutôt que des murs, nous voulons aider les gens à construire des ponts. Mark Zuckerberg
Mes arrière-grands-parents sont venus d’Allemagne, d’Autriche et de Pologne. Les parents de [mon épouse] Priscilla étaient des réfugiés venant de Chine et du Vietnam. Les Etats-Unis sont une nation d’immigrants, et nous devrions en être fiers. Comme beaucoup d’entre vous, je suis inquiet de l’impact des récents décrets signés par le président Trump. Nous devons faire en sorte que ce pays reste en sécurité, mais pour y parvenir, nous devrions nous concentrer sur les personnes qui représentent vraiment une menace. Etendre l’attention des forces de l’ordre au-delà des personnes qui représentent de vraies menaces va nuire à la sécurité des Américains, en dispersant les ressources, tandis que des millions de sans-papiers qui ne représentent aucune menace vivront dans la peur d’être expulsés. Mark Zuckerberg
We can suggest what you should do next, what you care about. Imagine: We know where you are, we know what you like. A near-term future in which you don’t forget anything, because the computer remembers. You’re never lost. Eric Schmidt (Google)
I don’t believe society understands what happens when everything is available, knowable and recorded by everyone all the time. (…) Let’s say you’re walking down the street. Because of the info Google has collected about you, we know roughly who you are, roughly what you care about, roughly who your friends are. (…) I actually think most people don’t want Google to answer their questions. They want Google to tell them what they should be doing next. Eric Schmidt
The average American doesn’t realize how much of the laws are written by lobbyists (…) Washington is an incumbent protection machine. Technology is fundamentally disruptive. (…) Google policy is to get right up to the creepy line and not cross it. Google implants, he added, probably crosses that line. (…) With your permission you give us more information about you, about your friends, and we can improve the quality of our searches. We don’t need you to type at all. We know where you are. We know where you’ve been. We can more or less now what you’re thinking about. Eric Schmidt
There’s such an overwhelming amount of information now, we can search where you are, see what you’re looking at if you take a picture with your camera. One way to think about this is, we’re trying to make people better people, literally give them better ideas—augmenting their experience. Think of it as augmented humanity. Eric Schmidt
La Silicon Valley avait beaucoup d’intérêts en jeu dans cette présidentielle, notamment du fait de sa très forte dépendance vis-à-vis des travailleurs immigrants et par rapport au travail déporté dans des pays à faibles salaires. Cette seule situation est intolérable pour la « middle class » américaine, très touchée par le chômage, surtout les seniors, qui sont marginalisés et débarqués dans cette économie numérique basée sur un jeunisme brutal, qui exclut les plus âgés et qui se répand rapidement. Avec près de cinquante ans de stagnation de leurs revenus et de difficultés économiques, les prolétaires ruminaient en silence leur colère en espérant qu’Obama allait faire des miracles. Au final, ils se sentent les victimes du progrès numérique. Ils voulaient leur revanche de façon vraiment tranchée et à n’importe quel prix… Leur raisonnement : ces entreprises de la high-tech éliminent des emplois, en créent en dehors, génèrent d’énormes richesses, dont une très grosse partie hors des Etats-Unis, ne paient pas d’impôts sur ces richesses, qui ne profitent donc pas à la « middle class ». On estime à 58 % la part du chiffre d’affaires de la Silicon Valley en dehors des Etats-Unis, l’an dernier. La « Valley » ne se gêne pas pour faire un lobbying substantiel auprès des politiciens de Washington afin de servir ses intérêts. Et elle est donneuse de leçons. « Changer le monde » pour en faire un monde meilleur, mais pour qui ? Pour les centres de la high-tech et du showbiz de Californie, et c’est une bonne partie du 1 % de la population américaine le plus riche qui profite des progrès. Les thèmes qui ont occupé la Silicon Valley n’ont pas résonné avec le prolétariat. (…) la précarisation des emplois par les nouvelles plates-formes numériques, comme Uber, a provoqué des débats amers. L’avènement de l’intelligence artificielle a davantage crispé les esprits du fait de sa capacité à supprimer beaucoup d’emplois sans perspective d’en créer au moins autant de nouveaux. La high-tech de l’ère Obama n’a fait qu’inquiéter ou marginaliser le prolétariat américain. On voit qu’elle ne peut et ne pourra pas être « la » voie unique de salut pour les économies et les sociétés en difficulté. Georges Nahon
Barons voleurs est un terme péjoratif, qu’on trouve dans la critique sociale et la littérature économique pour caractériser certains hommes d’affaires riches et puissants des États-Unis au XIXe siècle. Dans l’histoire des États-Unis d’Amérique, l’âge doré voit l’éclosion de ces capitaines d’industrie qui façonnent le rêve américain mais sont aussi accusés, à cette période de capitalisme sauvage, d’exploiter et éventuellement réprimer la main-d’œuvre, ainsi que de pratiquer la corruption. L’expression apparaît dans la presse américaine, en août 1870, dans le magazine The Atlantic Monthly, pour désigner les entrepreneurs pratiquant l’exploitation pour accumuler leurs richesses. Leurs pratiques incluent le contrôle des ressources nationales, l’influence sur les hauts fonctionnaires, le paiement de salaires extrêmement bas, l’écrasement de leurs concurrents par leur acquisition en vue de créer des monopoles et de pousser les prix à la hausse, ainsi que la manipulation des cours des actions vers des prix artificiellement hauts, actions vendues à des investisseurs voués à l’appauvrissement dès le cours retombé, aboutissant à la disparition de la société cotée. L’expression, forgée par les muckrakers, allie le sens de criminel (« voleur ») et celui de noblesse douteuse (un « baron » est un titre illégitime dans une république). Le président Theodore Roosevelt est intervenu contre les monopoles en obtenant du gouvernement conservateur qu’il mette au pas ces capitaines d’industrie, qu’il appelle des « malfaiteurs de grande fortune » et des « royalistes de l’économie ». Wikipedia
In the US, Google, Apple, Facebook, and Amazon are generally praised as examples of innovation. In the French press, and for much of the rest of Europe, their innovation is often seen in a less positive light—the ugly Americans coming over with innovative approaches to invading personal privacy or new ways to avoid paying their fair share. Take Google: its tax affairs in France are being challenged (paywall)—which comes soon after it has been forced to institute a “right to be forgotten” and threatened with being broken up. But the spread of the term “GAFA” may be as much to do with cultural resentment as taxes. “I think it’s more about distribution of power in the online world than tax avoidance,” Liam Boogar, founder of the French start-up site, Rude Baguette, tells Quartz. France, after all, is a country with a long history of resisting US cultural hegemony. Remember José Bové, the sheep farmer who destroyed a McDonald’s in 1999 and was a symbol for the anti-globalization movement? Times have changed; McDonald’s most profitable country in Europe is now France. Having lost that battle, the French have instead turned their ire to Silicon Valley. There is also a loss of public sympathy in the wake of the massive American government spying revelations. Jérémie Zimmermann, one of the founders of La Quadrature, a tech-oriented public policy non-profit, tells Quartz he dislikes the term “GAFA” and prefers to refer to the big US firms as the “PRISM” companies (after the US National Security Agency program revealed by Edward Snowden) or the “Bullrun” firms (another NSA program), which he uses to refer to “more or less every US-based company in which trust is broken”—citing examples that include Intel, Motorola, and Cisco. Even if the term has a negative connotation, it’s worth noting which companies didn’t make the acronym. Microsoft, most notably. Samsung is another. No Yahoo. Google, Apple, Facebook, and Amazon pretty much dominate every facet of our lives—from email from friends and family to what’s in your pocket to how you get everything in your house to how you pay. As far as acronyms of global power go, it works. Quartz
GAFA is an acronym for Google, Apple, Facebook, and Amazon — the 4 most powerful American technology companies. Usage of the term “GAFA” is increasingly common in Europe. The acronym, originally from France, is used by the media to identify the 4 companies as a group – often in the context of legal investigations. The EU is (…) generally quite hostile to the unfettered ambitions of corporations. Any company that seeks to acquire a monopoly, engage in anti-competitive practices, dodge taxes, or invade EU citizens’ privacy is likely to find themselves under investigation, and potentially facing a hefty fine. Every GAFA company is currently under investigation by the EU for something. Google knows a lot about you, although there are some steps you can take to minimise it. The company uses the information they pull from your browsing habits, emails, Google Drive files, and anything else they can get their hands on to serve you ever more targeted ads. In the past this has led to the EU criticising Google’s use of personal data. More recently, the EU has been investigating Google for antitrust violations. Microsoft has been fined €2.2 billion for abusing its dominant market position and pushing its own services over the years, and the EU is concerned that Google is doing the same with search and Android. If they’re found to be abusing their position, they’ll face billions of euro worth of fines and be required to change their business practices. Google has already been forced, by the EU, to change how it operates. After a landmark ruling last year, citizens of the EU have the “right to be forgotten” on the Internet. People can request that search engines remove links to web pages that contain information about them — although MakeUseOf readers don’t seem too fussed about it. Apple Music was only unveiled this month but, according to Reuters, the deals they’ve inked with record companies are already under investigation. The EU, however, is more interested in Apple’s tax practices. The Union already shut down some tax loopholes, such as the Double Irish, that Apple used to minimize their tax burden, both in Europe and the US. The Union is continuing to investigate whether other practices they engaged in were legal. A ruling was due this month but has been pushed back. The EU isn’t keen on Facebook for the same reason most people aren’t — its questionable privacy record. Facebook knows a surprising amount about us – information we willingly volunteer. From that information you can be slotted into a demographic, your « likes » recorded and relationships monitored. There are several investigations, and a class action law suit, looking into whether or not Facebook’s privacy policy is legal. So far things are looking bad for Facebook. Despite frequent updates, a Belgian report released earlier this year “found that Facebook is acting in violation of European law“. Just like the other companies, Facebook could face heavy fines if they don’t fall into line with the EU’s policies. The EU’s issue with Amazon is a little different. The EU wants a Digital Single Market where every citizen would be able to purchase the same products at the same price as any other, regardless of where the products were being sold from. They are, according to VentureBeat, concerned that Amazon, and other e-commerce companies like Netflix, “have policies that restrict the ability of merchants and consumers to buy and sell goods and services across Europe’s borders.” For example: videos offered by the company’s streaming aren’t available in every country, which is at odds with the EU’s aim to treat every member nation and citizen equally. A year-long investigation launched this year so, at least for now, Amazon is free to continue as they are. The EU is clearly not going to let the GAFA companies operate unchecked, nor let them have the same level of independence they enjoy in the US. The EU takes a much more hands on approach to consumer protection and anti-competition laws than the Obama administration. Make us of.com
Les chiffres sont vertigineux. Apple est l’entreprise la plus capitalisée en bourse, avec une valeur qui a dépassé les 800 milliards de dollars. Celle d’Alphabet, la maison mère de Google, atteint près de 650 milliards de dollars. Google représente 88% du marché de la recherche sur Internet aux Etats-Unis et Facebook vient de franchir la barre des deux milliards d’utilisateurs actifs. Amazon? Le géant de la vente en ligne, qui s’apprête à ouvrir un deuxième siège en Amérique du Nord – plusieurs villes sont en lice –, est en train de tuer le petit commerce. Cette toute-puissance inquiète. (…) Un sondage publié le 25 septembre par le quotidien US Today révèle que 76% des Américains sont désormais d’avis que les GAFA, les Big Four de la tech et leurs petits frères, ont trop de poids dans leur vie. Pas moins de 52% d’entre eux jugent cette influence «mauvaise». Certains de ces géants ont dû faire face à des scandales, ce qui entache leur déontologie et leur crédibilité. Le 6 septembre, Facebook a admis que près de 500 faux profils liés à la Russie avaient acheté pour plus de 100 000 dollars de publicité, entre juin 2015 et mai 2017, pour influencer l’élection présidentielle américaine en véhiculant des messages censés nuire à Hillary Clinton. «Je ne veux pas que qui que ce soit utilise nos instruments pour nuire à la démocratie», a proclamé son cofondateur et patron Mark Zuckerberg dans une vidéo, en présentant ses excuses. C’est la première fois que le groupe admet avoir été manipulé ainsi, offrant à la Russie une plateforme de choix pour sa propagande. De quoi intéresser le procureur spécial Robert Mueller, qui enquête sur les possibles collusions entre l’équipe de Donald Trump et Moscou. Facebook va devoir rendre des comptes devant le Sénat. Le Congrès entendra également Twitter et Google dans le cadre de l’affaire russe. Une audience publique est prévue le 1er novembre. Facebook avait déjà été critiqué pour avoir diffusé des vidéos de meurtres et de suicides en direct. Et facilité, grâce à ses algorithmes, des messages racistes et antisémites ciblés. Le New York Times s’est moqué des excuses tardives du groupe, en trouvant une analogie avec Frankenstein, qui a échappé à son créateur. Faut-il réguler le secteur? S’achemine-t-on vers une législation antitrust contre les géants de la tech? Le controversé Stephen Bannon, que Donald Trump a limogé cet été de son poste de conseiller stratégique à la Maison-Blanche, l’avait appelée de ses vœux. Tout comme la sénatrice démocrate Elizabeth Warren, à l’autre bout de l’échiquier politique. La News Media Alliance, qui regroupe plus de 2000 titres américains et canadiens, donne également de la voix en ce sens, les médias d’information souffrant de la rude concurrence des géants d’Internet. (…) Comme le rappelle le New York Times, Facebook et Google bataillent ferme depuis le mois dernier contre un projet qui veut les rendre responsables s’ils hébergent du trafic sexuel sur leurs sites. L’enjeu est majeur: une loi vieille de vingt ans protège pour l’instant les compagnies internet de poursuites en justice en raison de contenus postés par des internautes. Sentant le vent tourner, les géants de la tech commencent à renforcer leurs équipes d’avocats et de lobbyistes. Le Temps
Many of the more privileged Americans who frequent fancy restaurants, stay in hotels and depend on hired help for lawn and pool maintenance, home repair and childcare don’t think illegal immigration is that big of a deal. Those in the higher-paid professions do not fear low-wage competition for their jobs in law, medicine, academia, the media, government or the arts. And many who have no problem with the present influx live in affluent communities with good schools insulated from the immediate budgetary consequences of meeting the needs of the offspring of the 11 million here illegally. These wealthier people aren’t so much liberal in their tolerance of illegal immigration as they are self-interested and cynical. In contrast, the far more numerous poor and lower middle classes of America, especially in the Southwest, are sincerely worried — and angry. (…) For the broad middle class, the poor and minorities — people who dine mostly at home, travel infrequently, mow their own lawns and change their children’s diapers — inexpensive service labor is not seen as much of a boon to them. Plus, lower- and middle-class Americans live in communities where schools are more impacted by an influx of Spanish-only speakers. And as janitors, maids, groundskeepers, carpenters, factory workers and truckers, they fear competition from lower-wage illegal alien laborers. Legal immigrants who wait years in line to enter the United States legally can be particularly unsympathetic to others who cut in front — in violation of the law. Victor Davis Hanson (October 6, 2006)
The furor of ignored Europeans against their union is not just directed against rich and powerful government elites per se, or against the flood of mostly young male migrants from the war-torn Middle East. The rage also arises from the hypocrisy of a governing elite that never seems to be subject to the ramifications of its own top-down policies. The bureaucratic class that runs Europe from Brussels and Strasbourg too often lectures European voters on climate change, immigration, politically correct attitudes about diversity, and the constant need for more bureaucracy, more regulations, and more redistributive taxes. But Euro-managers are able to navigate around their own injunctions, enjoying private schools for their children; generous public pay, retirement packages and perks; frequent carbon-spewing jet travel; homes in non-diverse neighborhoods; and profitable revolving-door careers between government and business. The Western elite classes, both professedly liberal and conservative, square the circle of their privilege with politically correct sermonizing. They romanticize the distant “other” — usually immigrants and minorities — while condescendingly lecturing the middle and working classes, often the losers in globalization, about their lack of sensitivity. On this side of the Atlantic, President Obama has developed a curious habit of talking down to Americans about their supposedly reactionary opposition to rampant immigration, affirmative action, multiculturalism, and political correctness — most notably in his caricatures of the purported “clingers” of Pennsylvania. Yet Obama seems uncomfortable when confronted with the prospect of living out what he envisions for others. He prefers golfing with celebrities to bowling. He vacations in tony Martha’s Vineyard rather than returning home to his Chicago mansion. His travel entourage is royal and hardly green. And he insists on private prep schools for his children rather than enrolling them in the public schools of Washington, D.C., whose educators he so often shields from long-needed reform. In similar fashion, grandees such as Facebook billionaire Mark Zuckerberg and Univision anchorman Jorge Ramos do not live what they profess. They often lecture supposedly less sophisticated Americans on their backward opposition to illegal immigration. But both live in communities segregated from those they champion in the abstract. The Clintons often pontificate about “fairness” but somehow managed to amass a personal fortune of more than $100 million by speaking to and lobbying banks, Wall Street profiteers, and foreign entities. The pay-to-play rich were willing to brush aside the insincere, pro forma social-justice talk of the Clintons and reward Hillary and Bill with obscene fees that would presumably result in lucrative government attention. Consider the recent Orlando tragedy for more of the same paradoxes. The terrorist killer, Omar Mateen — a registered Democrat, proud radical Muslim, and occasional patron of gay dating sites — murdered 49 people and wounded even more in a gay nightclub. His profile and motive certainly did not fit the elite narrative that unsophisticated right-wing American gun owners were responsible because of their support for gun rights. No matter. The Obama administration and much of the media refused to attribute the horror in Orlando to Mateen’s self-confessed radical Islamist agenda. Instead, they blamed the shooter’s semi-automatic .223 caliber rifle and a purported climate of hate toward gays. (…) In sum, elites ignored the likely causes of the Orlando shooting: the appeal of ISIS-generated hatred to some young, second-generation radical Muslim men living in Western societies, and the politically correct inability of Western authorities to short-circuit that clear-cut connection. Instead, the establishment all but blamed Middle America for supposedly being anti-gay and pro-gun. In both the U.S. and Britain, such politically correct hypocrisy is superimposed on highly regulated, highly taxed, and highly governmentalized economies that are becoming ossified and stagnant. The tax-paying middle classes, who lack the romance of the poor and the connections of the elite, have become convenient whipping boys of both in order to leverage more government social programs and to assuage the guilt of the elites who have no desire to live out their utopian theories in the flesh. Victor Davis Hanson
For the last two decades, Apple, Google, Amazon and other West Coast tech corporations have been untouchable icons. They piled up astronomical profits while hypnotizing both left-wing and right-wing politicians. (…) If the left feared that the tech billionaires were becoming robber barons, they also delighted in the fact that they were at least left-wing robber barons. Unlike the steel, oil and coal monopolies of the 19th century that out of grime and smoke created the sinews of a growing America, Silicon Valley gave us shiny, clean, green and fun pods, pad