Affaire Fillon: On l’a bien niqué (As corruption allegations spread to another member of Macron’s team, shady suit donor and Sarkozy close friend confirms how he delivered the final blow to Fillon with the help of the media)

28 juin, 2017
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Presque aucun des fidèles ne se retenait de s’esclaffer, et ils avaient l’air d’une bande d’anthropophages chez qui une blessure faite à un blanc a réveillé le goût du sang. Car l’instinct d’imitation et l’absence de courage gouvernent les sociétés comme les foules. Et tout le monde rit de quelqu’un dont on voit se moquer, quitte à le vénérer dix ans plus tard dans un cercle où il est admiré. C’est de la même façon que le peuple chasse ou acclame les rois. Marcel Proust
Au fond, je n’ai jamais cru en Fillon. (…) C’est Sarko que j’aime. C’est un bandit mais je l’aime. Il est comme moi : un affectif, un métèque. D’ailleurs, je ne l’ai jamais trahi, je lui racontais tout de mes discussions avec Fillon. (…) J’ai appuyé sur la gâchette. (…) À la fin, il m’a dit “T’as vu Robert : On l’a bien niqué.”  Robert Bourgi
Ce n’est qu’au prix de beaucoup d’hypocrisie que l’on se voile la face sur la collusion entre certains juges et les médias. Les premiers livrent aux seconds des informations couvertes par le secret professionnel, ils reçoivent en contrepartie un soutien tactique de leur action par une promotion médiatique compréhensive de leur démarche. Il ne s’agit rien de moins que d’une instrumentalisation réciproque avec les dangers que cela comporte, chacun pouvant finalement être dupe de l’autre, et le citoyen des deux. Jean-Claude Magendie
L’habit ne fait pas le moine. Que @francoisfillon soit transparent sur ses frais, ses collaborateurs et Force Républicaine ! Rachida Dati (09.07.2014)
Si Fillon donne sa circo à NKM, ce sera la guerre, et, faites gaffe, j’ai des munitions, je vais lui pourrir sa campagne. Rachida Dati (18.01.2017)
Ceux qui ne respectent pas les lois de la République ne devraient pas pouvoir se présenter devant les électeurs. Il ne sert à rien de parler d’autorité quand on n’est pas soi-même irréprochable. Qui imagine le général de Gaulle mis en examen ? François Fillon (28.08.2016)
De nous, les Français attendent transparence et intégrité : pour rétablir ordre et confiance, l’exemple doit venir d’en haut. François Fillon (18.09.2016)
Lorsque j’ai été élue au Parlement européen en 2009, le MoDem avait exigé de moi qu’un de mes assistants parlementaires travaille au siège parisien. J’ai refusé en indiquant que cela me paraissait d’une part contraire aux règles européennes, et d’autre part illégal. Le MoDem n’a pas osé insister mais mes collègues ont été contraints de satisfaire à cette exigence. Corinne Lepage (2004)
Est-il normal qu’un parlementaire embauche un membre de sa famille ? C’est parfaitement légal en France, parfaitement illégal au niveau européen et c’est du reste la raison pour laquelle Marine Le Pen a rencontré des difficultés pour l’emploi de son compagnon Monsieur Alliot. C’est légal, est-ce éthique ? Le sujet dépasse bien évidemment François Fillon puisqu’il concernerait le cinquième des membres du Parlement. Pour autant, il semble bien que les Français n’acceptent plus cette forme de népotisme. Mais il est évident que François Fillon n’est pas dans un cas particulier même s’il était quelque peu choquant de l’entendre dire que le parlementaire faisait ce qu’il voulait de l’enveloppe qui lui était remise dans la mesure où il s’agit quand même de fonds publics. Il n’est probablement pas contestable que Pénélope Fillon ait soutenu son mari dans sa carrière politique. Pour autant, était-ce un travail d’attaché parlementaire et ce travail a-t-il été différent lorsque elle était rémunérée et lorsqu’elle ne l’était pas. Deux autres questions se posent : quel type de travail a-t-il été fait durant la période où Madame Fillon a été employée par le suppléant de son mari ; quel a été le travail fait pour la revue des deux mondes en dehors des deux notes de lecture dont il a été fait état. C’est à toutes ces questions qu’il faudra répondre très rapidement pour évacuer ou non la question juridique. Il n’en reste pas moins que les affirmations de Madame Fillon elle-même, les contradictions entre les déclarations de François Fillon et celles de ses soutiens dont Bernard Accoyer sur la présence de Madame Fillon au Parlement, les pressions qui auraient été exercées sur Christine Kelly qui doit être entendue aujourd’hui par les enquêteurs laissent une impression désagréable. Au-delà, c’est tout un mode de fonctionnement du monde politique qui est interpellé. Corinne Lepage (27.01.2017)
Je vois les incroyables conséquences de toutes ces affaires. La première, c’est que, évidemment, lorsque vous vous présentez avec un programme très dur devant les gens, en leur demandant des sacrifices et des efforts et qu’il se découvre que pour vous-même, vous n’avez pas les mêmes règles, les mêmes disciplines ou les mêmes exigences, ça rend extrêmement difficile ce programme. Ça, c’est la première chose. (…) Et puis, deuxième chose, il y a une idée que je combattrai sans cesse avec indignation, cette idée qu’on essaie de faire passer, c’est que tout le monde fait la même chose. Et je veux dire que ce n’est pas vrai ! Je veux dire qu’il y a en France des élus qui respectent les règles, des gens qui trouvent normal d’avoir la discipline élémentaire d’être simplement dans une démarche de bonne foi, et je trouve scandaleux et même infâme qu’on essaie de faire croire que tout le monde ferait la même chose. François Bayrou (26.02.2017)
J’ai accompagné François Fillon au Trocadéro car je pensais qu’il abandonnait. François Baroin
François pensait que c’était un bon moyen d’accompagner Fillon vers la sortie. Il estimait que plus on taperait sur Fillon, plus on le braquerait, c’est pour ça qu’il était là au Trocadéro ! Proche de François Baroin
En dépit d’une présentation arrangée et orientée à dessein, il n’est fait état de strictement aucune forme d’illégalité dans cet article. Par conséquent, il n’y a rien à commenter. Seule la loi doit primer, l’État de droit, rien que l’État de droit, pas un pseudo ordre moral. Proche de Richard Ferrand
Muriel Penicaud n’a pas contesté l’irrégularité (…) Maintenant il y a une enquête. Cette enquête doit permettre d’y voir clair. Je vous invite à attendre les résultats de l’enquête avant de montrer du doigt tel ou tel qui serait en responsabilité.  Et je vous invite même à ne pas chercher à affaiblir tel ou tel (…) parce que vous avez raison, nous sommes dans un moment important pour la ministre du Travail. Christophe Castaner (porte-parole du gouvernement Philippe)
Garrido et Corbière vivent-ils indûment dans un HLM ? Les accusations portées à l’encontre du couple sont inexactes mais la défense de Raquel Garrido l’est également. Car de fait, ils vivent bien dans un HLM, depuis peu, même si ce n’était pas le cas au départ. (…) Le nouvel appartement, dans l’extrême est parisien, est un F4 d’un peu plus de 80 mètres carrés dans lequel le couple vit désormais avec trois enfants. Lors de l’emménagement en 2003, l’appartement est un logement «à loyer libre». Au début des années 2000, le parc immobilier des bailleurs sociaux parisiens compte environ 50 000 de ces logements particuliers. Pour y entrer, aucun plafond de ressource, ni de plafonnement des loyers similaire aux seuils en vigueur pour les HLM. Du coup, ces appartements sont en dessous des prix du marché, mais au-dessus des loyers HLM. Actuellement, le couple paye 1 230 euros (955 hors charges) pour 84 mètres carrés. En décembre 2007, Jean-Paul Bolufer, le directeur de cabinet de Christine Boutin (alors ministre du Logement), est épinglé pour son appartement, dans le Ve arrondissement de Paris, de 190 mètres carrés pour 1 200 euros par mois, soit à peine 6,30 euros du mètre carré. Il s’agit évidemment… d’un logement à loyer libre, loué par la même RIVP. Plusieurs élus sont dans la même situation. La municipalité socialiste de Paris demande alors aux ministres et parlementaires concernés de rendre leurs logements sociaux et annonce sa volonté de «reconventionner» ces logements, c’est-à-dire de les reverser au parc HLM. L’objectif : «créer» du logement social à moindres frais et «moraliser» le parc social. Ce que Raquel Garrido ne précise pas, c’est que l’immeuble où se situe l’appartement du couple fait partie de ceux qui ont été reconventionnés, nous indique une source de la RIVP. Plus précisément, le logement est depuis 2016 un prêt locatif à usage social (PLUS), le plus commun des HLM. Il s’agit de la catégorie intermédiaire, entre les PLAI (prêt locatif aidé d’intégration), correspondant aux logements dits «très sociaux», et les PLS (prêt locatif social), sorte de HLM «de luxe». (…) Ce qui signifie que si le couple de porte-parole n’a pas intégré de logement social en 2003, il vit bien dans un HLM depuis environ un an, contrairement à ce qu’a affirmé Raquel Garrido. (…) le couple jouit aujourd’hui d’un loyer très en deçà des prix du marché, sans pour autant que leur situation n’apparaisse choquante à la RIVP. Celle-ci a en effet la possibilité de faire jouer l’article 17-2 de la loi du 6 juillet 1989 pour augmenter un loyer, si celui-ci est manifestement sous-estimé au regard des prix du marché. C’est l’extrêmité à laquelle la régie est arrivée concernant Jean-Pierre Chevènement : alors sénateur, il occupait un de leurs logements sociaux, un «bel appartement de 120 mètres carrés dans le quartier du Panthéon, pour 1 519 euros mensuels, un loyer qui s’élèverait dans le privé à 3 500 euros», comme nous l’écrivions en 2011. Compte tenu de son patrimoine immobilier par ailleurs important, la RIVP avait fait jouer l’article 17-2 et révisé son loyer à la hausse. Le fait que Garrido et Corbière ne soient pas visés par une telle démarche de la RIVP montre donc que leur situation, pour être avantageuse, n’est en rien comparable à celle de l’ancien maire de Belfort. Libération
C’est compliqué de trouver en deux semaines, mais oui, je vais habiter dans ma circonscription. Est-ce que ça aura lieu dans trois, quatre ou cinq mois, je ne peux pas vous dire. Je ne sais pas si ce sera à Bagnolet ou à Montreuil, je ne sais pas si je vais acheter ou louer, et je je dois aussi négocier avec mes trois enfants… Mais je tiendrai parole. Alexis Corbière
Ce fut une très fructueuse opération pour chacun, une sorte de hold-up républicain dont le gras butin permit de rétribuer généreusement chacun des complices. (…) Ensuite, il ne faut pas perdre de vue que la majorité macronienne, hors abstention, votes blancs et nuls, suffrages d’opposition et désormais votes modémistes est en réalité très faible dans le pays. Le soufflé En marche ne s’est pas pour le moment transformé en meringue solide et ce n’est pas la relation ambiguë qu’entretiennent Macron et son Premier ministre, Philippe, qui facilitera ce travail de densification. (…) Le divorce Macron-Bayrou n’est donc pas la fin d’un marché de dupes mais la manifestation d’une rapide clarification. Le problème est qu’on ne sait pas ce qu’elle clarifie vraiment, le macronisme étant l’expression d’un pouvoir personnel purement opportuniste, prêt à s’adapter sans souci de formes à toutes les circonstances, s’appuyant sur des élus ayant tous trahi leurs formations d’origine. Quand la réalité est volatile, l’extrême souplesse est un atout qui peut tourner à la confusion. Dans cette sarabande, Bayrou, désormais à nouveau dans l’opposition, va pouvoir retrouver son goût inné pour cette dernière. Ivan Rioufol
L’affaire Richard Ferrand, sortie par Le Canard Enchaîné dans son édition du 24 mai, aurait pu être révélée par l’AFP. Des journalistes de l’Agence étaient en effet en possession des informations, mais la rédaction en chef France n’a pas jugé le sujet digne d’intérêt. Qu’un possible scoop sur une affaire politico-financière impliquant le numéro deux du nouveau parti au pouvoir ne soit pas jugé intéressant, voilà qui est troublant. Surtout après les affaires Fillon et Le Roux qui ont émaillé la campagne présidentielle, et alors que le nouveau président Emmanuel Macron affirme vouloir moraliser la vie politique. Généralement, un média met les bouchées doubles pour enquêter sur ce type d’informations quand elles se présentent. Pas à l’AFP, où les courriels de journalistes adressés à la rédaction-en-chef France soit sont restés sans réponse, soit ont reçu une réponse peu encourageante. Faute d’avoir pu donner l’affaire Ferrand en premier, ces mêmes journalistes de l’AFP ont eu la possibilité de sortir un nouveau scoop deux jours après l’article du Canard : le témoignage exclusif de l’avocat qui était au coeur de la vente de l’immeuble litigieux des Mutuelles de Bretagne en 2010-11. Mais avant même qu’une dépêche ait été écrite, la rédaction en chef France a refusé le sujet. C’était pourtant la première fois qu’une source impliquée dans le dossier confirmait les informations du Canard et pointait la possibilité d’une infraction pénale de M. Ferrand. L’AFP se contentera, quelques jours plus tard, de mentionner d’une phrase le témoignage de l’avocat interviewé par Le Parisien. Ce même témoignage qui conduira à l’ouverture d’une enquête par le parquet de Brest…. Ce n’est pas tout : avant l’affaire Ferrand, le 17 mai, juste après la nomination du nouveau gouvernement, une dépêche annonce que François Bayrou, nouveau garde des Sceaux, devra lui-même faire face à des juges, dès le 19 mai, après son renvoi en correctionnelle pour diffamation. Mais la dépêche n’a pas été diffusée, la rédaction en chef France trouvant son intérêt « trop limité ». Deux jours plus tard, l’info sera en bonne place dans les médias nationaux. L’AFP décidera alors de la reprendre ! Interrogée jeudi par les syndicats lors de la réunion mensuelle des délégués du personnel, la direction de l’information de l’AFP s’est montrée incapable de justifier de manière argumentée les choix de sa rédaction en chef. Tout cela fait beaucoup d’infos sensibles étouffées en quelques jours. Pour ceux qui ont travaillé sur le dossier, il y a de quoi être écoeuré et découragé. L’Agence France Presse, l’une des trois grandes agences d’informations mondiales, dont le statut rappelle l’indépendance, a-t-elle peur de diffuser des informations sensibles quand celles-ci risquent de nuire au nouveau pouvoir politique élu ? Le SNJ-CGT appelle la direction et la rédaction en chef de l’AFP à s’expliquer sur le traitement incompréhensible de l’affaire Ferrand. SNJ-CGT AFP
Richard Ferrand est à nouveau visé par des révélations du Canard enchaîné. Contrairement à ce qu’il affirmait quand François Fillon était sous le feu des critiques, le député et nouveau patron de la République en marche à l’Assemblée nationale estime qu’il ne doit pas subir le tempo du tribunal médiatique… Il n’envisage donc aucune démission. L’hebdomadaire satirique évoque pourtant cette semaine les faveurs accordées par l’ancien socialiste à sa compagne, Sandrine Doucen. En 2000, elle est embauchée aux Mutuelles de Bretagne, dont il est alors le patron. Elle devient, à 25 ans et encore étudiante en droit, directrice du personnel. Elle complète aussi ses revenus par un “petit job” au château de Trévarez, un domaine qui appartient au département du Finistère. Il est géré par un comité d’animation, lui-même présidé par le conseiller général… Ferrand. En 2004, elle quitte son emploi aux mutuelles de Bretagne, ayant terminé ses études pour devenir avocat. Elle a, pendant ce laps de temps, touché 80 000 euros. “Financée par les mutualistes et les contribuables locaux”… Valeurs actuelles
Je n’ai pas énoncé que la destitution de Bachar al-Assad était un préalable à tout. Car personne ne m’a présenté son successeur légitime ! Mes lignes sont claires. Un : la lutte absolue contre tous les groupes terroristes. Ce sont eux, nos ennemis. […] Nous avons besoin de la coopération de tous pour les éradiquer, en particulier de la Russie. Deux : la stabilité de la Syrie, car je ne veux pas d’un État failli. L’utilisation d’armes chimiques donnera lieu à des répliques, y compris de la France seule. Emmanuel Macron
Un jour, je parlerai, mais c’est trop tôt. J’ai envie de savoir d’où c’est venu et comment ça s’est passé. François Fillon
François Fillon (…) reste taraudé par cette unique question : qui a déclenché, voire orchestré les affaires qui ont ruiné son image, puis ses chances? Pour lui, c’est certain, quelqu’un « a guidé la main » de ses accusateurs… Dans sa tête tournent et retournent trois hypothèses : « Le pouvoir ; quelqu’un de mon camp ; un autre personnage extérieur à la politique [dont il ne veut pas dire le nom]. (…) Tout a commencé par un tête à tête dans un restaurant parisien. François Fillon et Anne Méaux, dirigeante de l’agence de communication Image 7, dînent au calme pour préparer la primaire. Anne Méaux, qui s’apprête à superviser la com de la campagne, dit avoir « posé la question franchement » : « François, est-ce qu’il y a des choses que je dois savoir? » L’interrogation est abrupte, bien dans le style de cette femme d’affaires coriace et avisée, experte en gestion de crise, toujours l’air mal réveillé et le portable jamais très loin de l’oreille, dont la réputation est de parler cash à ses clients, les grands patrons comme les politiques. Ce qu’elle demande ce soir-là, c’est si François Fillon a des casseroles. Comme un dernier check avant le décollage. Elle n’a pas oublié la réponse : « Sans la moindre hésitation, il m’a dit : ‘Non Anne, il n’y a rien.’ » Avec le recul de la défaite et l’avalanche des révélations qui ont piégé son champion, Anne Méaux reste persuadée qu’il était sincère : « Fillon est quelqu’un d’honnête. » (…) « François a voulu gagner du temps, il misait sur le fait que l’affaire n’allait pas prendre », raconte un membre de l’équipe, persuadé qu’il aurait fallu au contraire s’excuser au plus vite, voire promettre de rembourser pour tenter de tuer l’affaire dans l’œuf… Anne Méaux, en déplacement, assure n’avoir appris les accusations contre Penelope Fillon que ce soir-là. De retour le lendemain, elle va s’investir à fond dans la gestion de crise de la campagne. (…) Elle assure avoir été interloquée en entendant le candidat promettre qu’il renoncerait en cas de mise en examen. « C’était une improvisation totale, dit-elle. En sortant, je lui demandé pourquoi il avait dit cela. Il m’a simplement répondu : ‘Mais Anne, parce que je ne serai jamais mis en examen.’ » À sa décharge, la plupart des avocats discrètement consultés pronostiquaient alors que Fillon était à l’abri de toute poursuite… Au QG aussi, dans le bureau du directeur de campagne, le staff est stupéfait. Seul Stefanini, devant sa télé, trouve l’improvisation géniale. « Plus personne n’osera le mettre en examen maintenant! » prédit-il à chaud. Mais le « Penelopegate » est désormais un feuilleton judiciaire. « C’est vite devenu une campagne impossible », se souvient Thierry Solère. Les sondages plongent. À chaque déplacement, le candidat est attendu par des militants de gauche armés de casseroles. « J’ai vu François avoir peur physiquement », raconte un élu. « On a multiplié des visites sécurisées, se rappelle un membre de l’équipe. En février, l’agenda s’est vidé. » Au fil des semaines, les avocats du couple Fillon, Antonin Lévy et Pierre Cornut-Gentille, comprennent que l’affaire ne sera pas classée. Le 17 février dans Le Figaro, le candidat martèle qu’il ira « jusqu’à la victoire » quoi qu’il arrive, signe qu’il n’exclut plus une mise en examen. Plus qu’un revirement, une volte-face. Le bateau tangue. La campagne s’enfonce. « Il fallait déminer un truc par jour, y compris mille choses fausses, peste Anne Méaux. On m’a appelée pour savoir si j’avais prêté 50.000 euros à Fillon! » Le candidat, lui, semble sur un chemin de croix. « François tenait bon, mais il était anéanti par ce qu’il faisait vivre à sa famille, se remémore la conseillère. Je l’ai vu avoir envie de tout arrêter à plusieurs reprises, pour que leur cauchemar à eux s’arrête. Dans ces moments de doute, il disait : si je lâche, je suis lâche. » D’où l’idée de recaler la stratégie de com : « On a insisté sur son courage, cela pouvait devenir une force. » (…) « Tous les éléments de l’affaire judiciaire étaient sur la table, on s’était expliqué sur tout, martèle Anne Méaux. On allait pouvoir reparler du programme, le plus dur était derrière nous. Mais le dimanche suivant, il y a eu les costumes… » Elle refuse d’entrer dans les détails de cette matinée, où elle fut interrogée sur le chèque de 13.000 euros signé le 20 février par un « ami donateur » pour offrir deux costumes sur mesure à François Fillon. A-t-elle cru, sur le moment, à une nouvelle « fake news »? Probable. Elle appelle aussitôt Fillon qui, contre toute attente, confirme l’épisode et lui révèle le nom du donateur : Robert Bourgi, l’intrigant avocat des réseaux franco-africains. (…) avec la révélation sur les costumes, elle s’est mise à douter à son tour de la suite – même si elle dit avoir cru jusqu’au bout à un miracle dans les urnes. « Son score de 20%, c’est quand même mieux que celui de Chirac en 2002, plaide-t-elle à présent. C’était jouable. » « Aujourd’hui encore, je ne sais pas ce qu’il fallait faire », confie François Fillon. Le perdant de mai a regardé les législatives de juin « de l’extérieur, en spectateur ». Il assure avoir « tourné la page ». Il continue de jongler à l’infini avec ses « trois hypothèses » et espère bien connaître un jour le nom de celui qui, en lançant le « Penelopegate », l’a empêché de devenir président. JDD
Ce fut le coup de grâce, comme le pensent les proches du candidat déchu. « Les costumes nous ont tués », dit sa communicante Anne Méaux quelques jours après le premier tour de l’élection présidentielle. Sans eux, la campagne eut sans doute été différente ; Fillon commençait à surmonter le « Penelopegate » quand, le 11 mars, Le Journal du dimanche a révélé l’existence de ces mystérieux cadeaux à plus de 40 000 euros. « Qui a payé les costumes de François Fillon ? » titrait alors le journal sans révéler l’identité du bienfaiteur. Il a fallu quatre jours à peine pour que Robert Bourgi, 72 ans, « Bob » pour les intimes, entre en scène. Son nom est sorti dans la presse, toujours associé aux mêmes termes – « Françafrique », « porteur de valises », « intermédiaire sulfureux » – tel un secret d’initiés, sans que l’on sache qui est réellement cet homme. Personne n’a cherché à comprendre quels liens réels l’unissent à François Fillon. Comment ce sphinx enrichi sous le soleil des Bongo, ce « bourricot », comme il s’appelle lui-même, roi de la diplomatie parallèle adoubé par Sarkozy, a-t-il pu approcher de si près le candidat de la droite ? (…) Fillon prend le large, Bob se sent méprisé. Alors il dégaine. Et il l’avoue aujourd’hui sans gêne, lové dans son cashmere bleu ciel : « J’ai appuyé sur la gâchette. » Samedi 11 mars 2017, Anne Méaux appelle François Fillon sur son portable. « Est-ce qu’il y a quelqu’un qui t’a offert des costumes ? Un mec un peu bizarre, paraît-il… » Le JDD, sous la plume de Laurent Valdiguié, s’apprête à sortir l’affaire le lendemain, sans révéler le nom de l’avocat, à sa demande. « Merde… Bourgi », lâche Fillon. Sa communicante est effondrée, le « Penelopegate » n’était donc qu’un zakouski. (…) deux costumes ont été payés par chèque pour un montant de 13 000 euros. Étrange… D’habitude, il règle en liquide. Le nom de Bourgi circule dans les rédactions – de nombreux journalistes connaissent ses largesses. L’avocat leur susurrait d’ailleurs depuis quelques semaines : « Quand même, ce Fillon, il est gourmand, il a des goûts de luxe… » Un premier Tweet évoque son nom avant que Le Monde confirme. (…) Puis, après avoir annoncé sa décision de rendre les costumes, Fillon le traite sur BFM d’« homme âgé qui n’a plus aucune espèce de responsabilité ». « Tu m’as traité de vieux ? Là, tu as franchi la ligne jaune, gronde Bob au téléphone. Tu n’aurais pas dû, tu as fait pleurer ma petite Clémence. Je ne te le pardonnerai jamais. » Le supplice chinois n’en finit pas, alors que le premier tour de la présidentielle approche. Sur RTL et Mediapart, Bourgi cogne encore, prétendant que Fillon n’a pas rendu les costumes. (…) Quelques jours après la défaite de François Fillon au pre mier tour, Robert Bourgi va déjeuner rue de Miromesnil, dans les bureaux de Nicolas Sarkozy. (…) Bourgi le salue puis tombe dans les bras de Sarkozy. Ils ont mille choses à se dire ; la droite est à terre, la gauche en miettes, un jeune de 39 ans va entrer à l’Élysée, voilà de quoi réfléchir à l’avenir. (…) À la fin, il m’a dit “T’as vu Robert : On l’a bien niqué.” » Bob a ri puis il est reparti, le cœur un peu lourd. Si Fillon l’avait écouté, pense-t-il ; s’il l’avait surtout bien traité, l’histoire aurait peut-être été différente. Sur le chemin, une nouvelle fois, Bourgi a essayé d’appeler l’ami auquel il voulait du bien. Sophie des Déserts

Vous avez dit collusion ?

Alors qu’avec la démission de déjà quatre ministres en trois jours dont celui de la Justice

Et la reprise, une fois l’élection passée, du feuilleton des affaires concernant une nouvelle ministre

Que – l’on croit rêver – le porte-parole vient d’enjoindre la presse de ménager

Pendant que du côté de l’opposition républicaine et entre deux passages au camp de l’adversaire, le dézingage a repris de plus belle contre leur ancien candidat …

Et que l’on apprend, sur fond d’obamisation rampante d’une présidence de plus en plus versaillaise et désormais pro-russe

Comment l’AFP étouffe les informations gênantes pour le nouveau pouvoir …

Que leurs homologues américains inventent …

Comment ne pas voir…

Avec le peu d’intérêt qu’a soulevé le long portrait, pourtant particulièrement révélateur, que vient de consacrer Vanity Fair  à Robert Bourgi  …

La confirmation, via l’assassinat politique du seul véritable adversaire de l’actuel président  puis le classique barrrage au FN, du hold up électoral que l’on vient de vivre …

Où, dépité du rôle de conseiller Afrique espéré après l’échec à la primaire de son ami Sarkozy puis la soudaine prise de distance de son vainqueur Fillon …

L’ancien et sulfureux avocat de la Françafrique avait …

Avec l’affaire des costumes et la complicité active des médias et des juges comme de ses prétendus amis

Porté le coup de grâce au candidat de la droite et du centre …

Qui sûr de son bon droit avait certes bien imprudemment lancé les hostilités

Mais commençait justement à surmonter le « Penelopegate » ?

My tailor is rich
Robert Bourgi a offert au candidat des Républicains les fameux costumes qui ont précipité sa chute. Puis il est retourné en coulisses. Qui est cet étrange bienfaiteur ? À quel jeu joue-t-il ? A-t-il agi dans l’ombre de son vieil ami Nicolas Sarkozy ?
Sophie des Déserts l’a écouté et mené l’enquête pour démêler l’écheveau de sa vérité.
Sophie des Déserts
Vanity Fair
Juillet 2017

L’ami Fillon ne répond plus. Ces premiers jours de mai, il a encore tenté de le joindre mais rien, toujours cette messagerie pénible au bout du fil et le muguet fané dans son bureau parisien de l’avenue Pierre-I er -de-Serbie. « François est aux abonnés absents, se désole Robert Bourgi en cet après-midi pluvieux. Il a disparu, personne ne sait où il est. » La voix se traîne, onctueuse dans un parfum d’encens « rapporté de La Mecque », précise-t-il, soucieux des détails. Café serré, verbe délié, il suggère le tutoiement. L’air est un peu lourd dans cette pièce sans lumière chargée d’un demi-siècle de souvenirs : statues, bibelots, grigris d’Afrique et peintures d’Orient, photos des enfants et des présidents sur la cheminée – Jacques Chirac en bras de chemise vintage avec Bernadette, Nicolas Sarkozy tout sourire. Bourgi s’enfonce dans son fauteuil, poupon repu prêt à faire la sieste. Ses doigts caressent le tissu de sa veste. « C’est du Arnys, note-t-il, lèvres joueuses. Tout… même mes chaussettes. » Bourgi répète à l’envi le nom de l’enseigne luxueuse désormais célèbre jusque dans les campagnes françaises, la griffe des fameux costumes qu’il a offerts à François Fillon.

Ce fut le coup de grâce, comme le pensent les proches du candidat déchu. « Les costumes nous ont tués », dit sa communicante Anne Méaux quelques jours après le premier tour de l’élection présidentielle. Sans eux, la campagne eut sans doute été différente ; Fillon commençait à surmonter le « Penelopegate » quand, le 11 mars, Le Journal du dimanche a révélé l’existence de ces mystérieux cadeaux à plus de 40 000 euros. « Qui a payé les costumes de François Fillon ? » titrait alors le journal sans révéler l’identité du bienfaiteur. Il a fallu quatre jours à peine pour que Robert Bourgi, 72 ans, « Bob » pour les intimes, entre en scène. Son nom est sorti dans la presse, toujours associé aux mêmes termes – « Françafrique », « porteur de valises », « intermédiaire sulfureux » – tel un secret d’initiés, sans que l’on sache qui est réellement cet homme. Personne n’a cherché à comprendre quels liens réels l’unissent à François Fillon. Comment ce sphinx enrichi sous le soleil des Bongo, ce « bourricot », comme il s’appelle lui-même, roi de la diplomatie parallèle adoubé par Sarkozy, a-t-il pu approcher de si près le candidat de la droite ?

« Toi, tu ne connais pas Robert Bourgi », m’a-t-il dit d’un rire gourmand lors de notre première rencontre. Il y en aura cinq autres, dans ce bureau où son épouse avocate, Catherine, passait quelquefois une tête timide avant de se faire rabrouer. Il faut écouter longuement Bourgi pour comprendre, digérer toutes ces anecdotes romanesques qu’il balance sans filet, tenter de les recouper et aussi interroger ceux, nombreux, qui ont croisé sa route sinueuse – diplomates, journalistes, politiques. L’un d’entre eux m’a soufflé un soir : « Méfiez-vous, Robert Bourgi, c’est de la nitroglycérine. »

Il a charmé Fillon au volant d’une Aston Martin. Ce printemps 2008, Bob fait chanter le moteur V12 biturbo de son bolide dans la cour de Matignon. Le premier ministre vient l’accueillir : « Décidément, tu ne te refuses rien… » Berluti aux pieds, Bourgi soulève le capot, s’incline fièrement. Qu’il est heureux de ce déjeuner de retrouvailles. « Sacré François », il n’a pas tellement changé depuis leur rencontre en 1980 : toujours ce petit côté province, un peu envieux, un peu raide. Bourgi retrouve le « beau garçon timide » qu’il était, jeune attaché parlementaire au côté de son député, Joël Le Theule, l’élu de la Sarthe devenu ministre de la défense. À l’époque, Bourgi aussi se tenait bien sage dans l’ombre de Jacques Foccart. « Le Doyen », comme il l’appelait, grand manitou de la Françafrique, l’introduisait alors dans les cercles du pouvoir, par fidélité à son père, Mahmoud Bourgi, un riche commerçant libanais chiite installé au Sénégal qui fut l’un de ses correspondants.

Robert, né Hassan avant d’être francisé par les bonnes sœurs de Dakar comme son frère jumeau, décédé si vite, a fait des études de droit, une thèse remarquée sur « De Gaulle et l’Afrique noire ». En ce début des années 1980, Foccart le présentait alors aux dirigeants français et africains, dont Omar Bongo, le président de ce Gabon rempli de pétrole et d’uranium, si stratégique pour la France et si prodigue pour le RPR (le Rassemblement pour la République, dissous dans l’UMP en 2002, lui-même rebaptisé Les Républicains en 2015). C’était le bon vieux temps. Bourgi se pose depuis toujours en héritier du Doyen. Tant pis si son maître ne lui a donné aucun rôle officiel (hormis un poste de conseiller en 1986 au ministère de la coopération), ni même quelques lignes dans ses Mémoires. Tant pis si Bourgi, devenu avocat en 1992, a finalement surtout servi les potentats africains, Omar Bongo, bien sûr, son généreux « Papa » qui l’a couvert d’or durant trente ans, mais aussi Denis Sassou-Nguesso (président du Congo), Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire)… Dieu sait qu’il a fallu œuvrer pour les contenter tous, gérer les commissions, les fonds secrets, les opposants, les journalistes, les maîtresses, les enfants cachés… Mais enfin, de là à prétendre servir la France, en fils autoproclamé de Foccart ! Bourgi ne craint rien puisque le vieux gaulliste n’a pas eu de descendance. Et puis quand Parkinson a rongé le Doyen, quand il n’y avait plus personne, Bob, lui, était là. Il débarquait avec son grand rire et ses boîtes de caviar Beluga. Les dernières confidences, les vrais, jure-t-il, ont été pour lui.

Devant Fillon, en ce printemps 2008, Bourgi se souvient : « Foccart t’aimait beaucoup, il disait que tu irais loin… Il avait donc raison. Moi- même, je suis impressionné par ta vaste connaissance du monde, de l’Orient, de l’Afrique. » Il sait y faire. C’est son métier, depuis trois décennies, en français, en arabe, en wolof, sur les deux rives de la Méditerranée, Bob murmure à l’oreille des puissants.

Sa question revient toujours : « Alors, comment ça va avec Sarko ? » demande Bourgi quand il voit Fillon. Le premier ministre souffre, il l’avoue ; il se plaint du mépris du président de la République, de son ingérence, de Guéant qui occupe l’espace médiatique. Bob compatit, propose de plaider sa cause. Il est proche de « Nicolas ». Fillon le sait sans imaginer à quel point. Bourgi a rallié Sarkozy dès 2005, après avoir tant « aimé », selon ses propres termes, son meilleur ennemi, Dominique de Villepin. À l’époque, cela s’est fait sans bruit. Bourgi racontera plus tard s’être senti méprisé par le premier ministre de Chirac, qui l’écartait à l’ap – proche de la présidentielle. Blessure, coup de poignard, comme un étrange avant-goût de l’histoire Fillon… Difficile de savoir ce qui s’est vraiment passé dans ces années. Avec Bob, la vérité est souvent complexe. « En réalité, Robert Bourgi a changé de cheval quand il a réalisé que Villepin, malmené à Matignon après le CPE [contrat première embauche], était grillé, affirme Michel de Bonnecorse, ancien conseiller Afrique de Chi – rac. Alors, il est parti avec armes et bagages chez Sarkozy. » Sa proximité avec les chefs d’État africains fut alors aussi précieuse que sa connaissance intime de Villepin.

« Sarko a compris qu’il valait mieux avoir Bob avec lui, pas seulement parce qu’il a une bonne capacité de nuisance et quelques facilités à rapporter des valises de billets… » glisse un proche des deux hommes. Deux ans avant la présidentielle de 2007, Bourgi a intégré le premier cercle des donateurs de Nicolas Sarkozy et fêté son investiture par l’UMP au côté de la fille d’Omar Bongo et de son ministre des finances. Il est à l’Élysée, au premier rang, le jour de la passation de pouvoir. Et quelques mois plus tard, « Nicolas » lui remet la légion d’honneur. Gloire à Bourgi, devant un parterre de hauts dignitaires africains, sa femme Catherine, leurs grands enfants et la petite dernière, Clémence, née d’un amour foudroyant dont il parle à tous avec émotion. « Cher Robert, tu sais que la passion tourmente, le taquine Sarkozy en louant son infatigable combat pour les relations franco-africaines. Cette distinction, porte-la. Porte-la pour moi et pour la France. » Bourgi ne s’en prive pas, la médaille marque tous ses costumes. Les hommes du quai d’Orsay et de la DGSE peuvent bien continuer d’écrire sur lui des notes appelant à la prudence, il s’en moque.

« Robert Bourgi s’est véritablement épanoui en Sarkozie, rappelle le journaliste Antoine Glaser, co- auteur de l’excellent Sarko en Afrique (Plon, 2008). Soudain, il ne passait plus par les petites portes, il agissait désormais au grand jour. » Tout lui est permis : garer sa Maserati dans la cour de l’Élysée, couvrir de parfums et de chocolats les secrétaires, narguer la cellule diplomatique, manœuvrer avec Claude Guéant au Bristol, imposer une rencontre avec Gbagbo et même demander la tête du secrétaire d’État à la coopération, Jean-Marie Bockel. Requête d’Omar Bongo, plaide Bourgi en mars 2008. Apparemment, le vieux président gabonais n’en pouvait plus d’entendre un sous-ministre promettre la fin « de la Françafrique moribonde ». Sarkozy renvoie Bockel. Le soir même, dans un palace, Bourgi sable le champagne avec le nouveau secrétaire d’État, Alain Joyandet, qu’il passe à Bongo par téléphone. Cadeau pour « Papa » qui, du temps de sa splendeur, faisait défiler les politiques français dans sa suite du Meurice, avec quelques petites offrandes. Bourgi suggère aussi à Joyandet d’aller s’incliner à Libreville, au bras de Claude Guéant ; lui précède le convoi, comme il le fait toujours, dans un avion privé avec une journaliste de Canal +. Alain Joyandet ne conteste pas cet épisode. Claude Guéant peine à retenir un sourire en se remémorant ce moment. « Bourgi a de la ressource et de l’orgueil aussi, derrière son côté bateleur, analyse-t-il, mine radieuse dans ses bureaux de l’avenue George-V. On ne peut pas toujours se contenter des canaux officiels, vous savez… Il m’a toujours été très utile, par ses analyses, sa connaissance charnelle de l’Afrique. »

L’affaire Bockel a été gérée en dehors de Matignon. Une fois encore, Fillon a regardé passer les trains. Bob s’en désole lors de leurs déjeuners : « Je sais, Nicolas te traite injustement. Il veut toute la lumière. Moi, je sens que tu as endossé le costume du premier ministre, tu prends de l’épaisseur. » À mesure que le quin quennat avance, les mots de Bourgi deviennent plus doux encore. Son influence fléchit avec la mort de Bongo, le départ de Guéant à Beauvau, l’arrivée de Juppé au quai d’Orsay. Bourgi a besoin d’appui pour rester dans le jeu. Fillon le voit de plus en plus souvent. À Matignon, certains conseillers s’en inquiètent. L’un d’eux se souvient lui avoir demandé : « Comment peux-tu être copain avec cette canaille de Bourgi ? » Le premier ministre s’est agacé : « Pourquoi dis-tu ça ? C’est mon ami, il est sympa, c’est un type fiable et une mine de renseignements. »

Une vieille connaissance de Sablé-sur-Sarthe, le journaliste Pierre Péan avec qui Fillon discute régulièrement, l’utilise d’ailleurs comme informateur. Grâce à Bourgi, il a révélé l’affairisme de Kouchner et ses fameux rapports sur le système de santé gabonais grassement payés par Bongo (Le Monde selon K., Fayard 2009). Bob le nourrit pour un autre ouvrage au titre prometteur : La République des mallettes. Blagues coquines au Fouquet’s S eptembre 2011, Bourgi a frappé. Seul, avant même la sortie du livre. Il lâche la bombe dans Le JDD – déjà – avec cette citation en « une » : « J’ai vu Chirac et Villepin compter les billets. » L’interview est signée Laurent Valdiguié, le journaliste qui lancera l’affaire des costumes. Bob se fait plaisir et raconte tout, comme dans un « SAS » : les noms de code utilisés pour communiquer (« Mamadou » pour Villepin, « Chambrier » pour lui) ; les djembés dans lesquels circulaient les billets de Blaise Compaoré avant la campagne de 2002 ; les valises de cash expédiées par Mobutu, Bongo, Wade…

Le système a pris fin avec Sarkozy, insiste l’avocat. Selon lui, une dizaine de millions de dollars auraient ainsi été remis à Villepin, sans compter les cadeaux, masques africains, manuscrits, buste napoléonien… Bourgi n’a pas de preuve, les faits sont prescrits, Mobutu et Bongo, morts. Wade menace de porter plainte. Mais il ne le fait pas, Villepin non plus, étrangement (seul Jean-Marie Le Pen, cité ultérieurement dans la liste des bénéficiaires, a attaqué Bourgi en diffamation et gagné). Pourquoi ? L’ancien premier ministre de Chirac a fini par me répondre, entre deux avions, indigné que ce silence judiciaire puisse être interprété comme un aveu. Il ne veut pas être cité, surtout ne pas rallumer les vieilles histoires, mais il a toujours pensé que « Robert » avait été téléguidé par le camp Sarkozy pour tuer sa candidature à la présidentielle de 2012. On rap – porte cette hypothèse à Bourgi mi-mai, devant quelques chouquettes. « Tout ça n’est pas entièrement faux… » soupire-t-il. Puis, après quelques bouffées de cigare : « À l’époque, j’ai quand même fait la “une” du Monde, souviens-toi du titre : “Les déclarations qui ont fait trembler la République”. »

Après ça, Robert Bourgi a décidé d’écrire ses Mémoires. Il a du temps, la Hollandie l’a écarté du pouvoir ; ses tentatives d’approche du nouveau président par quelques déjeuners – avec le secrétaire d’État chargé de la francophonie, Jean-Marie Le Guen, notamment – sont restées vaines. En 2013, Bourgi réunit alors ses souvenirs et quelques documents soigneusement cachés en Corse, la terre de sa femme, et à Beyrouth. Devant la vierge en bois du XVIII e siècle, cadeau de Foccart, le Coran à portée de main, il se confesse à Laurent Valdiguié. Un contrat d’éditeur est signé chez Robert Laffont, plus de 400 pages alléchantes dans lesquelles il raconte les petits arrangements de la classe politique, en incluant quelques amis sarkozystes. Il dit alors qu’il veut se laver, apaiser sa conscience. Son épouse est heureuse : elle le croit rangé des voitures. Qu’elle est douce, la vie loin du pouvoir.

François Fillon aussi souffle, il répond vite quand Bob l’appelle. Les deux amis vont déjeuner dans leurs luxueuses cantines, au Flandrin, au George-V, au Ritz ou au Fouquet’s, « sur la terrasse, pour regarder passer les filles », précise Bourgi. Fillon n’embraie pas sur ses blagues coquines, Villepin et Sarko étaient plus drôles. Mais au fil du temps, tout de même, le Sarthois se déride. Il aime la bouffe, les bons vins, surtout le Saint-Julien. Il sait apprécier les jolies choses. Les vestes forestières de Robert lui ont tapé dans l’œil. « Tiens, remarque Fillon. Ça vient de chez Arnys », belle maison mais devenue si chère. Depuis le rachat de la marque par Bernard Arnault, le président de LVMH, on ne lui fait plus de prix, il n’a plus les moyens. Son manoir de Beaucé lui coûte en entretien. Heureusement, il a quelques amis généreux qui l’invitent en vacances, Marc Ladreit de Lacharrière dans son chalet au ski, le patron de Ferrari à Capri. Il aura besoin de mécènes : Fillon se prépare pour l’Élysée. Il s’y voit, persuadé que Sarkozy va bientôt sombrer dans les affaires judiciaires. Comme toujours, la conversation glisse sur l’ancien président. « Que dit, que fait Nicolas ? » demande Fillon. Les spéculations durent des heures.

Bob jubile, il est encore au cœur des batailles de la droite, il va pouvoir raconter ça aux chefs d’États africains, redorer son blason, prouver son inoxydable influence et la monnayer. L’avocat souffle à Fillon ce qu’il veut entendre. Vraiment, oui, il a l’étoffe d’un président. Maintenant, il faut aller chercher des voix en Afrique, il l’aidera. Puis il faut se lâcher un peu, accepter les selfies avec les gens. « Vas-y, souris, va serrer des pinces, pousse-t-il Fillon au cours d’un de leurs dé jeuners. Pareil, avec les journalistes, mettre de l’huile. » Bourgi propose de lui en présenter, il les fréquente depuis si longtemps. L’avocat se targue même d’être le témoin du dernier mariage de l’ancien patron du Canard enchaîné, Claude Angeli. « Enfin, tout Paris connaît Bourgi, tonne-t-il. Je suis à ton service. » Les preuves de l’amitié sont là. Bourgi prend son téléphone, appelle quelques journalistes influents : « Fillon gagne à être connu, tu sais… Viens donc déjeuner avec nous au Véfour. » Évidemment, comme toujours, c’est lui qui régale, en cash. Le Libanais a le geste large.

À Noël 2014, un samedi matin, il re – joint « François » au Fouquet’s – le moral est faible, sa mère va mal. Bourgi le prend dans ses bras et file en Maserati chez Arnys. « Une tenue anglaise pour M. Fillon », commande-t-il au vendeur qu’il connaît bien. Allez, 5 180 euros, c’est pour lui peu de chose, il a bien offert quelques cravates Hermès à Guéant et des bottes cavalières de la même marque à une ancienne ministre. C’est ainsi en Afrique, on « cadotte », dans un mélange de calcul et de générosité sincère. L’ami François, touché, le remercie chaleureusement. « Il était si triste ce jour-là, se souvient l’avocat. J’ai voulu lui montrer mon affection. Sarko, il a tout ! Fillon, c’est facile de lui faire plaisir. » Fin août 2015, la Bentley de Bourgi file vers la Sarthe. Son chauffeur l’a déjà conduit plusieurs fois au grand hôtel de Solesmes pour déjeuner avec Fillon. Une bonne bouteille entre hommes et il repartait, sans se montrer. « Secret de deux, secret de Dieu ; Secret de trois, secret de tous », lui a appris Foccart. Une fois, une seule, il est venu accompagné de Macky Sall, le président du Sénégal qui eut droit, après les agapes, à une visite privée de l’abbaye de Solesmes.

Mais ce 26 août 2015, Bourgi apparaît en public au grand meeting de rentrée de Fillon, au milieu des militants. Il prétend que Sarkozy l’a appelé aussitôt, ivre de rage. « Je conserve mon estime et mon affection à Nicolas, indique-t-il alors, docte, au JDD. Mais ses dernières déclarations sur l’islam et l’immigration ne passent pas. »

Supplice chinois et menaces de mort

Quel jeu joue Robert Bourgi ? Ce 23 janvier 2016, il s’envole pour Bordeaux. Alain Juppé, alors favori des sondages, signe son dernier livre à la librairie Mollat. L’avocat en achète une pile pour Clémence, sa fille chérie qui brille dans une hypokhâgne de la ville. Il l’envoie au feu demander des autographes : « Je crois que vous connaissez mon père », ose-t-elle. La scène m’a été confirmée par des proches du maire de Bordeaux. Bourgi attend au fond de la salle. Il le sait : Alain Juppé ne l’apprécie guère ; il lui en veut d’avoir sali son nom, raconté partout qu’il l’avait emmené en tournée au Gabon et au Sénégal après sa condamnation en 2004. Depuis, c’est terminé. Ministre des affaires étrangères, il l’a même écarté d’un voyage officiel, pour la prestation de serment du président ivoirien Alassane Ouattara à Yamoussoukro. Là, tout de même, il le salue. Aussitôt Bourgi manifeste son envie de le revoir. « Écrivez-moi à mon QG », élude poliment Juppé. Bob a pris sa plume, s’excusant des « turpitudes du passé ». C’est sa grande formule, celle qu’il a aussi servie à Chirac et Villepin pour se faire pardonner après les révélations des mallettes. L’ancien professeur de droit écrit dans une belle langue nourrie de références à Saint-Exupéry et Malraux. Mais Juppé ne répond pas. « Pourquoi un tel mépris ? » s’interroge-t-il aujourd’hui encore.

Fillon, lui, tergiverse sur tout et ne décolle pas dans les sondages. Pas terrible pour les affaires, de miser sur le mauvais cheval… Finalement, en avril 2016, sur le site du Figaro, Bourgi « affirme haut et fort que [son] candidat s’appelle Nicolas Sar-kozy ». Un matin, on l’interroge sur ses revirements successifs. Il gémit, l’œil colère derrière les lunettes. « Oh mais elle m’embête, celle-là ! » Puis, soudain les mots jaillissent d’un trait, du fond du coffre. « Au fond, je n’ai jamais cru en Fillon. Tu comprends ma grande ? Tu me suis ? C’est Sarko que j’aime. C’est un bandit mais je l’aime. Il est comme moi : un affectif, un métèque. D’ailleurs, je ne l’ai jamais trahi, je lui racontais tout de mes discussions avec Fillon. » On écarquille les yeux, avant de se remémorer les propos de Claude Guéant entendus quelques jours plus tôt. « Bourgi est un fidèle, disait-il. Le lien avec Nicolas n’a jamais été rompu.»

Au lendemain de sa victoire à la primaire, Fillon reçoit un nouveau coup de fil de la maison Arnys : « Vous avez reçu en cadeau deux costumes. » Un vendeur passe à son appartement parisien lui présenter des liasses de tissus afin qu’il choisisse. Ses mensurations sont déjà enregistrées à la boutique. Le candidat des Républicains découvre alors le petit mot de félicitations de Bourgi. Fillon le remercie, d’un simple smiley. Mais Bob, lui, veut voir Fillon, trinquer autour d’un bon cassoulet, parler enfin sérieusement de son rôle de conseiller, de ce think tank sur l’Afrique qu’ils ont déjà évoqué. Il pense pouvoir revenir dans la course, effacer ces petits mois d’infidélité au nom de tous les bons moments passés ensemble. « Désolé. Suis sous l’eau », textote Fillon. L’Élysée est désormais à sa portée. Il ne peut plus jouer avec le feu, ignorer les mises en garde contre Bourgi, les messages envoyés par des diplomates à son directeur de campagne, Patrick Stefanini. Le député Bernard Debré se souvient d’une discussion particulièrement franche en dé cembre 2016 : « Je l’ai dit à François : “Si tu veux que je m’occupe de l’Afrique, je ne veux pas de Bourgi dans les pattes. Ce type est dangereux.” »

Fillon prend le large, Bob se sent méprisé. Alors il dégaine. Et il l’avoue aujourd’hui sans gêne, lové dans son cashmere bleu ciel : « J’ai appuyé sur la gâchette. » Samedi 11 mars 2017, Anne Méaux appelle François Fillon sur son portable. « Est-ce qu’il y a quelqu’un qui t’a offert des costumes ? Un mec un peu bizarre, paraît-il… » Le JDD, sous la plume de Laurent Valdiguié, s’apprête à sortir l’affaire le lendemain, sans révéler le nom de l’avocat, à sa demande. « Merde… Bourgi », lâche Fillon. Sa communicante est effondrée, le « Penelopegate » n’était donc qu’un zakouski. Fillon tente aussitôt de joindre Bob sur son portable. Attablé en famille au Bristol, il laisse sonner. Puis, après trois appels, finit par décrocher. « Fillon est paniqué, se souvient-il. Il me dit “Robert, ça va sortir demain. Ne dis rien, les journalistes vont te piéger. Laisse moins monter au créneau.” » L’avocat répond qu’il ne pourra ni nier, ni mentir : deux costumes ont été payés par chèque pour un montant de 13 000 euros. Étrange… D’habitude, il règle en liquide. Le nom de Bourgi circule dans les rédactions – de nombreux journalistes connaissent ses largesses. L’avocat leur susurrait d’ailleurs depuis quelques semaines : « Quand même, ce Fillon, il est gourmand, il a des goûts de luxe… » Un premier Tweet évoque son nom avant que Le Monde confirme. Bourgi fuit les caméras et s’envole pour le Liban de ses parents. Devant la télé d’un palace de Beyrouth, il mesure le respect que Fillon lui porte. « Un ami », entend-il dans sa bouche, sur France 2. Coup de fil immédiat de Bourgi le remerciant. Puis, après avoir annoncé sa décision de rendre les costumes, Fillon le traite sur BFM d’« homme âgé qui n’a plus aucune espèce de responsabilité ». « Tu m’as traité de vieux ? Là, tu as franchi la ligne jaune, gronde Bob au téléphone. Tu n’aurais pas dû, tu as fait pleurer ma petite Clémence. Je ne te le pardonnerai jamais. » Le supplice chinois n’en finit pas, alors que le premier tour de la présidentielle approche. Sur RTL et Mediapart, Bourgi cogne encore, prétendant que Fillon n’a pas rendu les costumes. L’avocat triomphe sur les ondes mais dans la rue, un retraité l’accuse de mener la droite au naufrage. Des menaces de mort lui parviennent au bureau. Son épouse le supplie de se calmer. « J’ai bien tenté, murmure-t-elle un matin, entre deux portes. Il était déchaîné. » Quelques jours après la défaite de François Fillon au pre mier tour, Robert Bourgi va déjeuner rue de Miromesnil, dans les bureaux de Nicolas Sarkozy. Comme toujours, il a des bal lotins de La Maison du chocolat dans les mains, et un petit flacon d’Habit rouge de Guerlain au fond de sa poche pour se parfumer en route. Comme toujours, il arrive en avance pour voir qui le précède. Ce jour-là, c’est Tony Estanguet qui porte la candidature de Paris aux prochains Jeux olympiques. Bourgi le salue puis tombe dans les bras de Sarkozy. Ils ont mille choses à se dire ; la droite est à terre, la gauche en miettes, un jeune de 39 ans va entrer à l’Élysée, voilà de quoi réfléchir à l’avenir. Bob annonce qu’il a finalement renoncé à publier ses Mémoires : « Trop dangereux, dit-il. Ce sera pour les Archives nationales après ma mort. » Sarkozy, qui a eu le privi- lège de lire quelques passages, salue la décision de son ami et le félicite pour ses récentes prestations à la radio. Le ton est chaleureux, la table excellente. Bourgi se régale : « Sarko n’a touché ni au vin ni à la tarte au citron, se souvient-il. Mais il était en grande forme. À la fin, il m’a dit “T’as vu Robert : On l’a bien niqué.” » Bob a ri puis il est reparti, le cœur un peu lourd. Si Fillon l’avait écouté, pense-t-il ; s’il l’avait surtout bien traité, l’histoire aurait peut-être été différente. Sur le chemin, une nouvelle fois, Bourgi a essayé d’appeler l’ami auquel il voulait du bien.

Voir aussi:

Penelopegate : dans les coulisses de la campagne de François Fillon

JDD

17 juin 2017

CONFIDENCES – « J’ai envie de savoir d’où c’est venu », indique François Fillon, qui continue à chercher la main qui aurait guidé ses accusateurs. Dimanche, le JDD raconte, de l’intérieur, toutes les coulisses de la campagne du candidat LR.

Depuis le 23 avril, il se tait. Muré dans son échec. « Un jour, je parlerai, mais c’est trop tôt », glisse François Fillon au JDD, la voix comme encore cassée par sa défaite. Puis il se reprend. « J’ai envie de savoir d’où c’est venu et comment ça s’est passé. » Il reste taraudé par cette unique question : qui a déclenché, voire orchestré les affaires qui ont ruiné son image, puis ses chances? Pour lui, c’est certain, quelqu’un « a guidé la main » de ses accusateurs… Dans sa tête tournent et retournent trois hypothèses : « Le pouvoir ; quelqu’un de mon camp ; un autre personnage extérieur à la politique [dont il ne veut pas dire le nom]. »

La façon dont lui a répondu aux soupçons et conduit sa campagne pendant la tourmente? « Honnêtement, je ne suis pas là-dessus, répond-il. Je suis tourné vers l’avenir. Et puis seul le résultat compte : si j’avais gagné, on aurait dit que j’avais tout bien géré ; comme j’ai perdu, on dit qu’on a tout fait mal. » Si c’était à refaire? « C’est tellement difficile de répondre à cette question », souffle-t-il. Et pourtant…

« François nous a menti, à tous, tout le temps »

Tout a commencé par un tête à tête dans un restaurant parisien. François Fillon et Anne Méaux, dirigeante de l’agence de communication Image 7, dînent au calme pour préparer la primaire. Anne Méaux, qui s’apprête à superviser la com de la campagne, dit avoir « posé la question franchement » : « François, est-ce qu’il y a des choses que je dois savoir? » L’interrogation est abrupte, bien dans le style de cette femme d’affaires coriace et avisée, experte en gestion de crise, toujours l’air mal réveillé et le portable jamais très loin de l’oreille, dont la réputation est de parler cash à ses clients, les grands patrons comme les politiques. Ce qu’elle demande ce soir-là, c’est si François Fillon a des casseroles. Comme un dernier check avant le décollage. Elle n’a pas oublié la réponse : « Sans la moindre hésitation, il m’a dit : ‘Non Anne, il n’y a rien.' »

Avec le recul de la défaite et l’avalanche des révélations qui ont piégé son champion, Anne Méaux reste persuadée qu’il était sincère : « Fillon est quelqu’un d’honnête. » Sincère peut-être, mais surtout secret, insondable. Y compris pour ses proches. « Il nous a menti, à tous, tout le temps », tranche le député Thierry Solère, qui fut le porte-parole du candidat. Une formule sèche qui résume la douloureuse épreuve que fut, pour ceux qui y ont participé, cette campagne au bord de la crise de nerfs.

Le diable a semé son premier détail un mardi. Ce 24 janvier, alors que les rotatives du Canard enchaîné impriment l’épisode 1 de ce qui va devenir le « Penelopegate », au QG de François Fillon, un immeuble froid et vitré de la rue de Vaugirard, on tire les rois. La droite ne le sait pas encore, mais elle vit ses dernières minutes de paix. Dans la galette, la fève est un chat noir. « C’était un très mauvais présage, se souvient Thierry Solère. On a ri un peu jaune, et juste après on a découvert Le Canard. » Dans l’ascenseur qui le conduit ensuite au 5e étage du QG, pour une réunion d’urgence dans le bureau du candidat, son téléphone crépite, mais il laisse sonner.

Le visage de François Fillon est sombre. « Encore un peu plus que d’habitude, se rappelle un participant. Impossible de savoir depuis quand il était au courant. » Sa garde rapprochée ignorait tout de l’affaire. Tout le monde est sonné. « Le Canard m’avait interrogé sur mes revenus et j’avais répondu, mais pas sur ma femme ; moi aussi, j’ai tout découvert ce soir-là », assure Fillon. Rien n’avait donc été anticipé pour préparer une réaction. D’autant que, lorsque ceux qui vont devoir mener la campagne avec lui le questionnent – « Y a-t-il d’autres sujets dont nous devrions parler? » – l’ancien Premier ministre oppose le même laconisme.

Cette réunion de crise est la première d’une longue série. François Fillon déteste ces moments bruyants où chacun s’exprime dans un mélange de fièvre et de confusion. « François a horreur de prendre une décision à chaud et en public », se désole un de ses anciens compagnons. Le candidat doit pourtant trancher : faut-il contre-attaquer, annoncer une plainte contre Le Canard enchaîné? « D’entrée, il a écarté cette idée, en disant qu’il ne voulait pas mêler la justice à la campagne », se souvient Thierry Solère. Dans la pièce, cette décision surprend tout le monde. Le porte-parole rédige un bref communiqué. « François a voulu gagner du temps, il misait sur le fait que l’affaire n’allait pas prendre », raconte un membre de l’équipe, persuadé qu’il aurait fallu au contraire s’excuser au plus vite, voire promettre de rembourser pour tenter de tuer l’affaire dans l’œuf… Anne Méaux, en déplacement, assure n’avoir appris les accusations contre Penelope Fillon que ce soir-là. De retour le lendemain, elle va s’investir à fond dans la gestion de crise de la campagne.

Anne Méaux : « Je ne suis peut-être pas Einstein, mais moi aussi, j’ai vu tout de suite que cet argument était désastreux »

Elle qui s’était juré de ne plus faire de politique (« Je n’aime pas ce milieu », dit-elle) a replongé pendant la primaire parce qu’elle « aimait les idées de Fillon ». Quand le scandale éclate, elle forme avec Patrick Stefanini, le directeur de campagne, un drôle de tandem autour du candidat : elle, ancienne collaboratrice de Giscard, militante d’extrême droite dans sa jeunesse, au parler rude mais qui vouvoie Fillon ; lui, ancien préfet chiraquien austère et discret, qui tutoie le candidat mais ne s’énerve jamais en public. Deux droites, deux mondes, deux styles. Tout les oppose mais ils ont gagné ensemble la primaire. Sur le front judiciaire, ce duo yin et yang va voler en éclats…

Le matin de la parution du Canard, François Fillon est en déplacement à Bordeaux. Pour sa défense, il dénonce la « misogynie » de l’article accusateur. « C’est du Méaux!, croit savoir un proche de Stefanini. Au QG, on est tombé des nues. » La conseillère enrage : « Je n’y suis strictement pour rien. Je ne suis peut-être pas Einstein, mais moi aussi, j’ai vu tout de suite que cet argument était désastreux. » Les premières tensions apparaissent et l’affaire s’emballe.

Deuxième réunion de crise, le jeudi 26 janvier dans le bureau de François Fillon. Ordre du jour : préparer son interview au 20 Heures de TF1, où il doit s’expliquer devant les Français. Thierry Solère, Patrick Stefanini, Sébastien Lecornu, directeur adjoint de la campagne planchent en attendant le candidat. Bruno Retailleau, chef des fillonistes au Sénat, les rejoint. Dans un silence lugubre, il leur annonce qu’outre sa femme, « François a également fait travailler deux de ses enfants ». « La présidence du Sénat a eu l’idée de regarder et on a découvert les deux contrats », explique Retailleau. Tous les présents se dévisagent, bouche bée. Lecornu, jeune président du conseil départemental de l’Eure (il est né en 1986) et proche de Bruno Le Maire, brise la glace : « Si ce soir François ne prend pas les devants et n’évoque pas lui-même le salaire de ses enfants, ce sera un mensonge par omission, puis un parjure, puis un feuilleton, puis la mort. »

L’hypothèse de la défaite, celle du chat noir, fait surface. À cet instant, François Fillon pousse la porte du bureau. « Il faisait la moue, relatera Lecornu. Il nous a écoutés silencieusement, puis il est parti à la télé sans que l’on sache ce qu’il avait décidé. » Anne Méaux est avec le candidat à TF1. « Bien sûr qu’il fallait anticiper, concède-t-elle. Ceux qui me connaissent savent bien que je suis pour la transparence, pour tout dire tout de suite. » À l’antenne, face à Gilles Bouleau, Fillon évoque de lui-même ses enfants. Mais en prétendant qu’il les a fait travailler pour lui au Sénat parce qu’ils étaient avocats – en réalité, ils étaient encore étudiants. Pour Anne Méaux, « François a été excellent ce soir-là… à une phrase près. » Elle assure avoir été interloquée en entendant le candidat promettre qu’il renoncerait en cas de mise en examen. « C’était une improvisation totale, dit-elle. En sortant, je lui demandé pourquoi il avait dit cela. Il m’a simplement répondu : ‘Mais Anne, parce que je ne serai jamais mis en examen.' » À sa décharge, la plupart des avocats discrètement consultés pronostiquaient alors que Fillon était à l’abri de toute poursuite…

« J’ai vu François avoir peur physiquement »

Au QG aussi, dans le bureau du directeur de campagne, le staff est stupéfait. Seul Stefanini, devant sa télé, trouve l’improvisation géniale. « Plus personne n’osera le mettre en examen maintenant! » prédit-il à chaud. Mais le « Penelopegate » est désormais un feuilleton judiciaire. « C’est vite devenu une campagne impossible », se souvient Thierry Solère. Les sondages plongent. À chaque déplacement, le candidat est attendu par des militants de gauche armés de casseroles. « J’ai vu François avoir peur physiquement », raconte un élu. « On a multiplié des visites sécurisées, se rappelle un membre de l’équipe. En février, l’agenda s’est vidé. »

Avec l’affaire, un nouveau personnage a fait son apparition : Penelope Fillon. Anne Méaux est chargée de l’assister, de la soutenir. Elle la décrit comme « une femme admirable, un peu timide, qui déteste les mondanités ». Les Français découvrent cette Galloise effacée aux cheveux courts lors du meeting parisien du 29 janvier, bouquet de fleurs dans les mains mais aux lèvres, un sourire fané. Si l’image est soigneusement calculée, la bande-son reste muette. « Bien sûr, il aurait fallu qu’elle prenne la parole plus tôt, admet Anne Méaux. C’était prévu au lendemain du meeting, cependant quand les avocats ont appris que les Fillon étaient convoqués, ils ont préféré qu’elle réserve ses explications à la police. » Ensuite, le candidat s’est envolé pour faire campagne à La Réunion. « Penelope ne voulait pas s’exprimer en son absence, c’est ce qui fait qu’on a trop traîné », précise Anne Méaux. Début février, France 2 déniche une ancienne interview, où Penelope Fillon expliquait n’avoir jamais travaillé pour son mari. Encore un jour sombre…

Je l’ai vu avoir envie de tout arrêter à plusieurs reprises, pour que leur cauchemar à eux s’arrête

Au fil des semaines, les avocats du couple Fillon, Antonin Lévy et Pierre Cornut-Gentille, comprennent que l’affaire ne sera pas classée. Le 17 février dans Le Figaro, le candidat martèle qu’il ira « jusqu’à la victoire » quoi qu’il arrive, signe qu’il n’exclut plus une mise en examen. Plus qu’un revirement, une volte-face. Le bateau tangue. La campagne s’enfonce. « Il fallait déminer un truc par jour, y compris mille choses fausses, peste Anne Méaux. On m’a appelée pour savoir si j’avais prêté 50.000 euros à Fillon! » Le candidat, lui, semble sur un chemin de croix. « François tenait bon, mais il était anéanti par ce qu’il faisait vivre à sa famille, se remémore la conseillère. Je l’ai vu avoir envie de tout arrêter à plusieurs reprises, pour que leur cauchemar à eux s’arrête. Dans ces moments de doute, il disait : si je lâche, je suis lâche. » D’où l’idée de recaler la stratégie de com : « On a insisté sur son courage, cela pouvait devenir une force. » Sans mesurer que parmi les chefs de la droite, ce courage commence à être perçu comme de l’entêtement.

Mardi 28 février, sur le coup de midi, le juge Serge Tournaire envoie un mail à Antonin Lévy. « À 16 heures dans mon bureau », ordonne le magistrat. L’avocat est à Washington, il prend le premier vol pour Paris. Son confrère Pierre Cornut-Gentille fonce au pôle financier, où il apprend de la bouche du magistrat que l’avis de mise en examen est parti. Nouvelle réunion de crise au QG dans la soirée. Comment rendre la nouvelle publique sans donner l’impression de subir ? Anne Méaux, jusque-là favorable aux conférences de presse (« des face-à-face physiques », dit-elle), prône « une banalisation de l’annonce », le lendemain matin, au Salon de l’agriculture, où le candidat est attendu. Fillon choisit l’option inverse : il annule sa visite et convoque les journalistes le lendemain, après avoir vu les ténors de la droite.

« Tu crois que je devrais renoncer? »

À l’issue de la réunion, Patrick Stefanini quitte un François Fillon « touché ». Pour le directeur de campagne, l’hypothèse du retrait prend du poids. « Je vais réfléchir, en parler avec ma femme », lui dit le candidat en partant. Cette nuit-là, l’ancien Premier ministre est décidé de ne rien lâcher à personne, y compris aux fidèles qui attendront en vain, le lendemain matin, à l’entrée du Salon porte de Versailles. « Il y avait trop de risque de fuites », justifie Anne Méaux, critiquant d’une formule crue bien à elle ces « politiques qui parlent sous eux ».

Le 1er mars à 8h10 tombe le communiqué qui annonce l’annulation de sa visite porte de Versailles, sans autre précision. Au même moment, Fillon appelle Stefanini depuis sa voiture. « Tu crois que je devrais renoncer? » interroge-t-il pour la première fois. « Oui », répond sobrement Stefanini. Le candidat ne dévoile rien de ses intentions. Quelque chose vient de se briser entre eux. « Ce matin-là, Anne Méaux et Bruno Retailleau ont pris le contrôle, décode un proche de Stefanini. Ils se sont installés au secrétariat et ils ont classé dans l’ordre ceux qui pourraient rentrer dans le bureau de Fillon. » Quand Bruno Le Maire arrive au QG, il n’est pas au courant de la mise en examen. « Retailleau refusait qu’on lui dise! Stefanini a pris sur lui de lui annoncer », raconte un témoin de la scène. Xavier Bertrand est introduit dans le bureau du candidat. « En ne demandant pas à Fillon de partir ce matin-là, Bertrand a eu un rôle déterminant », expliquera Stefanini à ses proches. Dans l’équipe, tout le monde se renvoie la faute. Seuls Gérard Larcher et Bernard Accoyer, le président du Sénat en exercice et l’ex-président de l’Assemblée, plaident droit dans les yeux pour l’abandon (même s’ils s’en défendront après-coup). « À partir de là, on a vu défiler les fillonistes de deuxième zone, se souvient un témoin. Ils étaient mobilisés pour regonfler Fillon à bloc. » Solère, partisan du retrait, affirme avoir été empêché de voir celui dont il était censé être le porte-parole.

Ébranlé, le candidat s’accroche encore. « Jusqu’au meeting du Trocadéro [le dimanche suivant], toutes les options sont restées ouvertes », confie Anne Méaux. Solère démissionne. Lecornu s’en va. Les juppéistes jettent l’éponge. Stefanini renonce à son tour. Quand le JDD.fr dévoile sa lettre de démission, le QG est le théâtre d’une scène surréaliste : pendant que Fillon est en ligne avec l’AFP pour affirmer que Stefanini reste à son côté, le même Stefanini indique sur une autre ligne à un autre journaliste de l’agence qu’il s’en va. Une équipe B va entrer en piste. « Dès la fin de matinée, on a vu arriver au QG des gens de Sens commun », se souvient un des démissionnaires.

C’est cette deuxième équipe qui organise le meeting du Trocadéro. Ce dimanche matin, 5 mars, Penelope Fillon parle pour la première fois, dans le JDD. « Oui, j’ai vraiment travaillé pour mon mari », jure l’épouse du candidat. L’entretien, décidé le vendredi soir, n’annonce en rien un retrait. Au contraire, il prouve que le clan a formé le carré, quand les juppéistes et les sarkozystes n’en finissent pas de se diviser. Plus la droite est fracturée, plus Fillon croit en ses chances. « Tous les éléments de l’affaire judiciaire étaient sur la table, on s’était expliqué sur tout, martèle Anne Méaux. On allait pouvoir reparler du programme, le plus dur était derrière nous. Mais le dimanche suivant, il y a eu les costumes… » Elle refuse d’entrer dans les détails de cette matinée, où elle fut interrogée sur le chèque de 13.000 euros signé le 20 février par un « ami donateur » pour offrir deux costumes sur mesure à François Fillon. A-t-elle cru, sur le moment, à une nouvelle « fake news »? Probable. Elle appelle aussitôt Fillon qui, contre toute attente, confirme l’épisode et lui révèle le nom du donateur : Robert Bourgi, l’intrigant avocat des réseaux franco-africains. « Dans cette histoire, j’aurai tout appris au fur et à mesure », analyse Anne Méaux, spectatrice aux premières loges du mystère Fillon – une énigme personnelle et psychologique bien plus que judiciaire.

« Avec les costumes de Bourgi, Anne a été vraiment soufflée, certifie un ami de la communicante. Fillon l’a bien senti, à tel point qu’il lui a demandé si elle aussi, elle allait le lâcher. » Anne Méaux ne confirme pas ce propos. « Ce n’est pas mon genre de lâcher les gens », avance-t-elle pour toute réponse. Cependant, avec la révélation sur les costumes, elle s’est mise à douter à son tour de la suite – même si elle dit avoir cru jusqu’au bout à un miracle dans les urnes. « Son score de 20%, c’est quand même mieux que celui de Chirac en 2002, plaide-t-elle à présent. C’était jouable. » Nombreux sont ceux, dans l’entourage du candidat, qui pensent au contraire que cette obstination était une folie.

« Aujourd’hui encore, je ne sais pas ce qu’il fallait faire », confie François Fillon. Le perdant de mai a regardé les législatives de juin « de l’extérieur, en spectateur ». Il assure avoir « tourné la page ». Il continue de jongler à l’infini avec ses « trois hypothèses » et espère bien connaître un jour le nom de celui qui, en lançant le « Penelopegate », l’a empêché de devenir président. Comme si d’autres responsabilités primaient sur la sienne dans son échec. Comme si ce n’était pas lui, tout simplement, le chat noir de la droite.

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Richard Ferrand à nouveau épinglé par «le Canard enchaîné»

POLEMIQUE « En dépit d’une présentation arrangée et orientée à dessein, il n’est fait état de strictement aucune forme d’illégalité dans cet article », a réagi l’entourage du député…

20 Minutes avec AFP

 27/06/17

Les ennuis continuent pour Richard Ferrand. Le Canard enchaîné a de nouveau épinglé, dans son édition à paraître mercredi, le député de La République en marche (LREM) qu’il présente comme un « militant du mutualisme familial » en énumérant plusieurs faveurs que l’élu aurait accordées à sa compagne.

Sandrine Doucen a été dès 2000, embauchée aux Mutuelles de Bretagne, dirigées à l’époque par celui qui est devenu samedi le patron des députés de La République en marche, affirme l’hebdomadaire.

De nombreuses « faveurs » accordées à sa compagne

Alors âgée de 25 ans et étudiante en droit, Sandrine Doucen aurait été embauchée en tant que directrice du personnel. La même année, elle a complété ses revenus par un « petit job » au château de Trévarez, un domaine appartenant au département du Finistère et géré par un comité d’animation présidé par le conseiller général Ferrand, poursuit l’hebdomadaire.

Sandrine Doucen continuera d’être salariée par les Mutuelles de Bretagne jusqu’à sa prestation de serment d’avocat en septembre 2004, soutient Le Canard enchaîné, pour qui la « bienheureuse étudiante aura bénéficié d’une sorte de bourse de 80.000 euros, financée par les mutualistes et les contribuables locaux ».

« Il n’y a rien à commenter », défend l’entourage de Ferrand

« En dépit d’une présentation arrangée et orientée à dessein, il n’est fait état de strictement aucune forme d’illégalité dans cet article », a-t-on réagi mardi dans l’entourage de Richard Ferrand. « Par conséquent, il n’y a rien à commenter. Seule la loi doit primer, l’État de droit, rien que l’État de droit, pas un pseudo ordre moral », a ajouté l’entourage de ce proche d’Emmanuel Macron. Sollicité par l’AFP, Richard Ferrand n’était pas joignable dans l’immédiat.

Fin mai, Le Canard enchaîné avait déjà révélé qu’en 2011, les Mutuelles de Bretagne, dont Richard Ferrand était le directeur général, avaient choisi de louer un local à une société immobilière appartenant à sa compagne. Cette opération lui aurait permis de se doter « sans bourse délier, d’un patrimoine immobilier d’une valeur actuelle nette de 500.000 euros », selon l’hebdomadaire. Visé par une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Brest dans le cadre de cette affaire, Richard Ferrand n’est resté qu’un mois à la tête de son ministère de la Cohésion des territoires. Samedi, il a été élu président du groupe des députés LREM à l’Assemblée nationale.

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Macron à Las Vegas : révélations sur les arrangements de Muriel Pénicaud

La ministre du Travail, ex-directrice générale de Business France, est inquiétée par une enquête préliminaire pour favoritisme au sujet de la French Tech Night, une fête chapeautée par le cabinet d’Emmanuel Macron, alors ministre, à Las Vegas, en janvier 2016. «Libération» révèle des dysfonctionnements en cascade dans l’organisation de cette soirée, qui ont été en partie cachés.

Ismaël Halissat

Libération

27 juin 2017

Muriel Pénicaud joue gros ce mercredi. Dans la matinée, la ministre du Travail présente en Conseil des ministres son projet de loi d’habilitation pour réformer le code du travail par ordonnances. Et livre, l’après-midi, le résultat des premières concertations avec les partenaires sociaux, des discussions qui avaient été émaillées par plusieurs fuites de documents dans la presse révélant les pistes de l’exécutif.

Quasiment inconnue du grand public avant d’être nommée, Muriel Pénicaud a dirigé pendant trois ans Business France, un établissement public chargé de la promotion des entreprises françaises à l’international. La ministre du Travail a déjà passé un premier remaniement gouvernemental sans encombre alors que quatre de ses collègues ont été contraints de céder leur place, pour cause de possibles démêlés avec la justice. Elle pourrait pourtant rapidement être rattrapée par l’enquête préliminaire ouverte en mars par le parquet de Paris qui vise Business France pour délit de favoritisme, complicité et recel.

L’organisme est suspecté de s’être affranchi de la procédure d’appel d’offres en confiant à l’agence de communi­cation Havas, sans aucun cadre juridique, une grande partie des prestations relatives à ­l’organisation d’une soirée à la gloire des start-up françaises (et du ­ministre de l’Economie, ­Emmanuel Macron), à Las Vegas en janvier 2016. Le tout pour 382 000 euros (avant renégociation). Or plusieurs documents ­exclusifs que s’est procurés Libé­ration mettent à mal la communication de l’exécutif concernant la ­gestion de l’affaire par Muriel Pénicaud et l’implication du cabinet du ministre Macron dans l’organisation de l’événement.

Grand-messe

Las Vegas, 6 janvier 2016. Dans la salle de réception du luxueux hôtel The Linq, Muriel Pénicaud, alors ­directrice générale de Business France, applaudit Emmanuel Macron. Au premier rang, à ses côtés, le patron du Medef, Pierre Gattaz, est tout sourire. Cette soirée baptisée French Tech Night se tient dans le cadre du Consumer Electronics Show (CES), un salon américain consacré à l’innovation technologique.

Plusieurs centaines d’entrepreneurs et de journalistes sont venus écouter le ministre de l’Economie avant d’échanger autour d’un fastueux banquet. Dix collaborateurs d’Havas, chargés par Business France de la quasi-totalité des prestations, sont présents pour assurer le bon déroulement du show. A trois mois du lancement de son parti et à dix mois de sa candidature à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron fait vibrer la salle. Barbe de trois jours, chemise ouverte, et pin’s à la veste, le ministre est ovationné par un parterre ravi. Les comptes rendus des journalistes sont dithy­rambiques et les premiers sous-entendus d’une possible ambition présidentielle sont distillés.

L’opération de communication est une parfaite réussite. Et pourtant, tout s’est préparé dans une urgence exceptionnelle pour l’organisation de ce genre de grand-messe, qui a obligé Business France à une sortie de route. ­Consulté par Libération, un rapport confidentiel rendu six mois après la soirée par le cabinet d’audit d’EY (ex-Ernst & Young) conclut que si Business France s’était plié à une procédure d’appel d’offres (obligatoire à partir de 207 000 euros), «il n’aurait pas été possible d’organiser la soirée dans le délai imparti. La procédure formalisée nécessite un délai de 52 à 77 jours. […] La sélection des prestataires n’aurait été effective que début janvier». Soit exactement au moment où la soirée devait se tenir. Bien trop tard. Le rapport d’EY permet d’établir une première ­chronologie des événements. En septembre 2015, une note rédigée à l’issue d’une réunion organisée par Business France évoque le CES. A cette époque, les responsabilités de chacun des ­acteurs ne sont pas encore établies. C’est seulement en novembre que Business France prend directement en charge l’organisation de cet événement, qui avait été organisé l’année précédente par le Medef.

Comment et pourquoi Havas a-t-il récupéré le contrat de la French Tech Night ? Les rapports consultés par Libération ne le disent pas. Les échanges de mails de Fabienne ­Bothy-Chesneau, qui pilote l’organisation en tant que directrice exécutive en charge de la communication et de la promotion à Business France, permettent simplement de trouver la trace d’une première réunion avec Havas le 3 décembre. Puis d’une seconde le 16 décembre, destinée à «présenter le dispositif qui sera mis en place par Havas». Le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF), demandé fin 2016 par Michel Sapin sur l’organisation de la French Tech Night et dont plusieurs passages ont déjà été révélés par le Canard enchaîné, relève que «les prestations ont été effectuées sans bon de commande, ni devis validé, ni contrat signé, ni constatation du service fait». Les fonctionnaires insistent : «Les différentes étapes de la commande publique ont été largement ignorées ou contournées.» Dans l’urgence, le rôle d’Havas, au départ limité aux relations presse et à la communication, va ­rapidement s’étendre à la partie événementielle.

Hôtel «trop kitsch»

Quel rôle a joué le cabinet d’Emmanuel Macron dans cette succession de dysfonctionnements ? Dans le protocole transactionnel entre l’agence de communication et Business France, postérieur à l’événement, l’implication de l’entourage du ministre est subtilement reconnue. Ce document justifie le choix de confier des prestations à Havas «en considération de l’ampleur donnée à l’événement notamment par le cabinet du ministre des Finances (environ 500 personnes conviées) et de la date qui approchait». Des échanges de mails retranscrits dans l’audit d’EY ne laissent par ailleurs aucun doute sur l’implication du cabinet du ministre de l’Economie. Une attitude qui agace d’ailleurs Fabienne Bothy-Chesneau qui tente, d’après l’audit d’EY, «d’éviter que les autres parties prenantes dictent au prestataire Havas des choix non arbitrés» par son service. Dans un mail du 16 décembre, la directrice de la communication de Business France essaie de recadrer Christophe Pelletier, qui dirige l’équipe d’Havas missionnée pour organiser l’événement : «C’est Business France qui décide et nous sommes aimables et associons la mission French Tech [rattachée au ministère de l’Economie, ndlr] ainsi que le cab. Pas l’inverse.»

Le cabinet d’Emmanuel Macron s’immisce jusque dans le choix de l’hôtel : dans un mail du 3 décembre, le conseiller économique de l’ambassade de France aux Etats-Unis informe ­Bothy-Chesneau que le cabinet d’Emmanuel Macron préfère l’établissement The Linq, finalement retenu, au détriment d’un autre qu’il juge «trop kitsch». «Nous comprenons que la définition exacte des besoins a pu être en partie déterminée par des personnes extérieures à Business France, en particulier le cabinet du ministre de l’Economie», tranche même l’audit d’EY. Pourtant lorsque l’affaire est rendue publique en mars, en pleine campagne présidentielle, Muriel Pénicaud dégaine un communiqué pour couvrir Macron : «Le ministre et son cabinet n’interviennent pas dans les procédures d’appel d’offres, et donc dans la relation contractuelle entre Business France et Havas.»

Perquisitions

Côté judiciaire, l’enquête débute tout juste et les éventuelles implications pénales ne sont pas encore établies, selon une source ­proche du dossier. L’audit d’EY commandé par Muriel Pénicaud ­retient principalement la responsabilité de Fabienne Bothy-Chesneau, en première ligne à Business France pour l’organisation de l’événement et qui a quitté l’organisme en février 2016. Contactée par Libération, elle n’a pas souhaité livrer sa version des faits. Concernant le prestataire, l’IGF relève «qu’Havas n’a jamais manifesté d’inquiétude ou de réticence liées au non-respect de ces ­règles au long du processus de ­commande». «L’agence était déjà engagée avec Business France dans le cadre d’un autre ­appel d’offres, c’est pour ça que l’on a répondu à cette demande sans s’interroger sur le cadre légal», répond-on chez Havas. Le 20 juin, les policiers de l’office anticorruption (Oclciff) ont mené des perquisitions au siège du groupe Havas et dans les locaux de Business France dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte en mars.

Muriel Pénicaud pourrait-elle être poursuivie en tant que directrice générale de Business France ? Plusieurs cadres de l’établissement public interrogés par Libération estiment que l’actuelle ministre du Travail a difficilement pu passer à côté du pilotage d’un événement aussi important. D’ailleurs, à la lumière des documents consultés par Libération, son implication est manifeste à plusieurs titres. D’abord, elle a validé un premier versement de Business France, pourtant réalisé de façon irrégulière, en décembre 2015. A peine un mois avant la soirée, l’agence doit régler à toute vitesse un acompte de 30 000 euros à l’hôtel où se tient la réception. Mais l’établissement n’accepte pas de virement et les cartes de ­Business France ne peuvent pas dépasser un plafond de paiement de 7 000 euros. La carte bleue personnelle du directeur financier de Business France est alors utilisée pour régler l’acompte. Pénicaud valide ce contournement des règles. Le service achat de l’agence découvrira le contrat avec l’hôtel seulement une semaine après. Un deuxième versement d’un montant équivalent est également approuvé en janvier par la directrice générale, peu de temps après la réception.

«Pas d’autre choix»

Mais le plus compromettant sur le plan politique pour l’actuelle ministre est ailleurs. La semaine dernière, Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, usait de beaucoup d’énergie pour la couvrir en affirmant ne pas être «inquiet» des conséquences de cette affaire : «Muriel Pénicaud a provoqué immédiatement un audit, puis une inspection générale.» Les documents consultés par Libération permettent de remettre en cause cette version de l’histoire vendue par l’exécutif. Muriel Pénicaud, qui refusé de répondre à nos questions en invoquant un agenda trop chargé, a, en réalité, donné l’impression de vouloir enterrer l’affaire.

Début février 2016, la responsable du service des achats reçoit ­une demande de refacturation ­d’Havas de 248 925 dollars (environ 220 000 euros) et alerte la directrice générale. «A ce moment-là, ­Pénicaud n’avait pas vraiment d’autre choix que de déclencher un audit», commente un haut fonctionnaire de Bercy. Par la suite, la désormais ­ministre du Travail n’informera pas avant la fin de l’année 2016 les instances internes de contrôle et les ministères de tutelle : Bercy et le Quai d’Orsay. Pourtant en juin, le comité d’audit de l’organisme s’était réuni. «La direction de Business France a fait le choix de ne pas l’informer lors de cette réunion de l’audit externe qui avait été demandé à EY, qui à cette date était presque finalisé», note l’IGF.

Daté du 28 juillet, le rapport alarmiste d’EY va dormir dans le placard de Muriel Pénicaud pendant encore quelques mois. Et le 5 décembre 2016, la directrice soumet à un nouveau comité d’audit, qui a la charge de préparer le conseil d’administration qui doit se tenir dix jours plus tard, un simple résumé du rapport d’EY ainsi qu’un protocole transactionnel déjà signé par Havas. Ce qui est contraire aux règles habituelles. Le contrôleur économique et financier de Business France, qui siège au comité d’audit, découvre à cette occasion la situation et refuse alors de signer la transaction, puis alerte les ministères de tutelle. C’est Michel Sapin, succédant au ministère de l’Economie à Emmanuel Macron après sa démission, qui saisit alors l’IGF pour établir un rapport. Et regrette dans sa lettre de mission cette absence d’information de la future ministre.

L’affaire en dates

Novembre 2015. Business France prend en charge l’organisation de la soirée French Tech Night prévue à Las Vegas en janvier

Décembre 2015. La quasi-totalité des prestations est confiée à Havas, sans procédure d’appel d’offres. Le cabinet de Macron participe activement à l’organisation. Un premier paiement irrégulier est validé dans l’urgence par Muriel Pénicaud.

6 janvier 2016. Malgré ces conditions d’organisation, la soirée a lieu.

Février 2016. Après une alerte interne, Pénicaud commande un audit.

Juillet 2016. L’audit alarmiste est remis à Pénicaud mais elle ne prévient ni les organes internes de contrôle ni ses ministères de tutelle.

5 décembre 2016. Pénicaud tente de faire passer le protocole transactionnel avec Havas lors d’un comité, fournissant une simple synthèse de la situation. Le contrôleur économique et financier avertit alors les ministères de tutelle.

21 décembre 2016. Michel Sapin, nouveau ministre de l’Economie, saisit l’IGF.

28 février 2017. Le rapport de l’IGF reprend largement les observations de l’audit et son auteur fait un signalement au parquet pour une suspicion de délit de favoritisme.

8 mars 2017. Le Canard enchaîné publie des extraits du rapport de l’IGF.

13 mars 2017. Ouverture d’une enquête préliminaire pour favoritisme, complicité et recel.

20 juin 2017. Perquisition au siège d’Havas et de Business France.

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Quand l’AFP étouffe des informations gênantes pour le nouveau pouvoir

COMMUNIQUÉ DU SNJ-CGT DE L’AFP

L’affaire Richard Ferrand, sortie par Le Canard Enchaîné dans son édition du 24 mai, aurait pu être révélée par l’AFP. Des journalistes de l’Agence étaient en effet en possession des informations, mais la rédaction en chef France n’a pas jugé le sujet digne d’intérêt.

Qu’un possible scoop sur une affaire politico-financière impliquant le numéro deux du nouveau parti au pouvoir ne soit pas jugé intéressant, voilà qui est troublant. Surtout après les affaires Fillon et Le Roux qui ont émaillé la campagne présidentielle, et alors que le nouveau président Emmanuel Macron affirme vouloir moraliser la vie politique.

Généralement, un média met les bouchées doubles pour enquêter sur ce type d’informations quand elles se présentent. Pas à l’AFP, où les courriels de journalistes adressés à la rédaction-en-chef France soit sont restés sans réponse, soit ont reçu une réponse peu encourageante.

Faute d’avoir pu donner l’affaire Ferrand en premier, ces mêmes journalistes de l’AFP ont eu la possibilité de sortir un nouveau scoop deux jours après l’article du Canard : le témoignage exclusif de l’avocat qui était au coeur de la vente de l’immeuble litigieux des Mutuelles de Bretagne en 2010-11. Mais avant même qu’une dépêche ait été écrite, la rédaction en chef France a refusé le sujet. C’était pourtant la première fois qu’une source impliquée dans le dossier confirmait les informations du Canard et pointait la possibilité d’une infraction pénale de M. Ferrand.

L’AFP se contentera, quelques jours plus tard, de mentionner d’une phrase le témoignage de l’avocat interviewé par Le Parisien. Ce même témoignage qui conduira à l’ouverture d’une enquête par le parquet de Brest….

INTÉRÊT « TROP LIMITÉ »

Ce n’est pas tout : avant l’affaire Ferrand, le 17 mai, juste après la nomination du nouveau gouvernement, une dépêche annonce que François Bayrou, nouveau garde des Sceaux, devra lui-même faire face à des juges, dès le 19 mai, après son renvoi en correctionnelle pour diffamation. Mais la dépêche n’a pas été diffusée, la rédaction en chef France trouvant son intérêt « trop limité ». Deux jours plus tard, l’info sera en bonne place dans les médias nationaux. L’AFP décidera alors de la reprendre !

Interrogée jeudi par les syndicats lors de la réunion mensuelle des délégués du personnel, la direction de l’information de l’AFP s’est montrée incapable de justifier de manière argumentée les choix de sa rédaction en chef.

Tout cela fait beaucoup d’infos sensibles étouffées en quelques jours. Pour ceux qui ont travaillé sur le dossier, il y a de quoi être écoeuré et découragé. L’Agence France Presse, l’une des trois grandes agences d’informations mondiales, dont le statut rappelle l’indépendance, a-t-elle peur de diffuser des informations sensibles quand celles-ci risquent de nuire au nouveau pouvoir politique élu ?

Le SNJ-CGT appelle la direction et la rédaction en chef de l’AFP à s’expliquer sur le traitement incompréhensible de l’affaire Ferrand.

Le SNJ-CGT rappelle que l’AFP est et doit rester indépendante, que ses journalistes doivent pouvoir enquêter librement et publier toute information même si elle est gênante pour tout type de pouvoir, en particulier le pouvoir politique.

Le SNJ-CGT, Paris le 20 juin 2017

Voir de plus:

Bayrou, ou le moralisme pour les Nuls

Ce n’est plus de la tartufferie, mais de la guignolade. Il est hilarant d’observer les donneurs de leçons de morale, François Bayrou en tête, recevoir en boomerang les conseils qu’ils entendaient prescrire aux autres. La démission, ce mercredi, du ministre de la Justice, porteur de la loi rebaptisée entre temps « rétablissement de la confiance dans l’action publique », vient après celle de Marielle de Sarnez, ministre des Affaires européennes, et de Sylvie Goulard, ministre des Armées, qui avait pris courageusement les devants dès mardi. Ces trois ministres issus du MoDem ont à répondre de soupçons sur le financement d’assistants parlementaires européens. Jusqu’alors, seul le FN était accusé de telles pratiques. Dès 2014, Corinne Lepage avait pourtant dévoilé les arrangements douteux tolérés par le parti présidé par Bayrou. Pour sa part, Richard Ferrand, qui s’était illustré dans ses attaques féroces contre la moralité du candidat François Fillon, a été exfiltré par le chef de l’Etat lui-même pour être placé à la tête des députés de La République en marche. Sarnez devrait semblablement prendre la tête du groupe MoDem (42 élus) à l’Assemblée. Cet épisode croquignolesque, qui entache le sérieux du macronisme, a une allure de fable sur la sagesse. Le moralisme pour les Nuls est le degré zéro de la politique quand celle-ci n’a rien d’autre à dire.

Le camp du Bien, qui avait repris des joues ces derniers temps au contact de la Macronie, mérite toutes les moqueries de l’arroseur arrosé. Les Intouchables, qui s’auto-promeuvent exemplaires depuis des décennies, font partie des impostures qui fleurissent dans cette république des faux gentils. J’en avais dénoncé les tares en 2004 dans un essai, qui mériterait depuis le rajout de nombreux autres chapitres. Mardi, dans Le Figaro, l’universitaire Anne-Marie Le Pourhiet s’étonnait à son tour que ce projet de loi prétendument audacieux de Bayrou n’avait pas jugé utile, par exemple, « d’imposer la publication des noms, des fonctions, et des montants des donateurs français et étrangers aux partis comme aux candidats, afin que les citoyens sachent envers qui nos gouvernants sont redevables ». J’avais moi-même déploré en mai, ici, que Macron ne dise rien de son réseau d’amis banquiers, responsables du Cac 40, créateurs de start-up, hommes d’influence qui ont financé sa campagne jusqu’à 15 millions d’euros. En fait, comme le démontre Le Pourhiet, la moralisation de la vie politique n’est qu’un vulgaire « plan « com » populiste ». Une bulle, parmi d’autres bulles qui forment la constellation cheap de la Macronie. Celle-ci vient d’éclater. A qui le tour ?

Voir enfin:

Désintox
Les porte-parole de La France insoumise occupent-ils indûment un HLM ?
Valentin Graff

Libération

19 mai 2017

Régulièrement accusés d’occuper un logement social sans y être éligibles, Alexis Corbière et Raquel Garrido se sont défendus… quitte à déformer la vérité. Désintox fait le point, une bonne fois pour toutes.

Les porte-parole de La France insoumise occupent-ils indûment un HLM ?
INTOX. Avec la campagne des législatives, les vieux dossiers sont de sortie. Le couple de porte-parole de La France insoumise, Alexis Corbière (candidat à Montreuil) et Raquel Garrido, se voit de nouveau reprocher d’occuper un logement social de Paris. Une affaire qui traîne depuis des années.

«On fait croire qu’on défend les pauvres mais on a pris leur logement social. On gagne plus de 4 000 euros par mois mais on vous emmerde : c’est légal. Votez pour Corbière et Garrido, des Insoumis sans moralité !» dénonce un tweet largement partagé et illustré d’une photographie de Paris Match montrant le couple dans son appartement. Une coalition hétéroclite, composée d’internautes proches de l’extrême droite et du mouvement En marche, accompagnés d’un sénateur UDI, relaie la réquisition à l’aide du mot-clé #rendsl’appart. Certains évoquent, en guise de circonstance aggravante, un «HLM de luxe».

Confrontée à ces accusations, Raquel Garrido a pris la peine de répondre à ses détracteurs, niant que le couple gagne 4 000 euros mensuels et habite un HLM.

L’accusation est ancienne. Son origine remonte à un article du Monde publié en juin 2011 : on y apprenait qu’Alexis Corbière, alors premier adjoint de la maire PS du XIIe arrondissement de Paris, louait un logement de la régie immobilière de la ville de Paris (RIVP), l’un des quatre bailleurs sociaux de la capitale. En novembre de la même année, le site d’extrême droite Riposte laïque s’émeut de la nouvelle.

Fin 2012, lors d’une prestation remarquée de Corbière face à un militant du Bloc identitaire sur la chaîne Numéro 23, la fachosphère fait son œuvre et déniche l’information : Pierre Sautarel, l’animateur du site réactionnaire Fdesouche, moque «Alexis Corbière, l’ami du peuple qui vit dans un HLM alors qu’il est au-dessus du seuil». Il est imité par Damien Rieu, alors militant de Génération identitaire, qui prendra la tête de la communication de la ville de Beaucaire conquise par le FN en 2014.

Fin 2013, Mediapart révèle que cinq adjoints à la mairie de Paris sont dans la même situation. Anne Hidalgo, alors candidate à la succession de Bertrand Delanoë, annonce qu’elle demandera aux conseillers de Paris de renoncer à leurs logements sociaux. Cela vaut à Alexis Corbière d’être à nouveau cité dans un article du Monde, avec à la clé de nouveaux tweets indignés.

En 2014, suite à une altercation, le député PS Alexis Bachelay demande à Raquel Garrido, compagne d’Alexis Corbière, de «laisser [son] logement social à quelqu’un qui en a vraiment  besoin». L’avocate rétorque simplement : «Que savez-vous de mes revenus ?», laissant penser que ceux-ci pourraient lui permettre de prétendre légitimement à un logement social.

DÉSINTOX. Alors, Garrido et Corbière vivent-ils indûment dans un HLM ? Les accusations portées à l’encontre du couple sont inexactes mais la défense de Raquel Garrido l’est également. Car de fait, ils vivent bien dans un HLM, depuis peu, même si ce n’était pas le cas au départ. Explications.

Raquel Garrido, contactée par Désintox, explique la chronologie des faits : en 2000, Alexis Corbière et elle entrent dans le parc locatif de la RIVP. En 2003, après une deuxième naissance dans la famille, ils échangent leur appartement au sein de la RIVP et emménagent dans leur logement actuel, dans le XIIe arrondissement de Paris, où Alexis Corbière est à l’époque adjoint à la mairie. C’est la ville de Paris qui attribue ces logements, étant l’unique réservataire des logements à «loyer libre», contrairement aux HLM répartis à parts égales entre la commune, la préfecture et le 1% logement.

Le nouvel appartement, dans l’extrême est parisien, est un F4 d’un peu plus de 80 mètres carrés dans lequel le couple vit désormais avec trois enfants. Lors de l’emménagement en 2003, l’appartement est un logement «à loyer libre». Au début des années 2000, le parc immobilier des bailleurs sociaux parisiens compte environ 50 000 de ces logements particuliers. Pour y entrer, aucun plafond de ressource, ni de plafonnement des loyers similaire aux seuils en vigueur pour les HLM. Du coup, ces appartements sont en dessous des prix du marché, mais au-dessus des loyers HLM. Actuellement, le couple paye 1 230 euros (955 hors charges) pour 84 mètres carrés.

En décembre 2007, Jean-Paul Bolufer, le directeur de cabinet de Christine Boutin (alors ministre du Logement), est épinglé pour son appartement, dans le Ve arrondissement de Paris, de 190 mètres carrés pour 1 200 euros par mois, soit à peine 6,30 euros du mètre carré. Il s’agit évidemment… d’un logement à loyer libre, loué par la même RIVP. Plusieurs élus sont dans la même situation. La municipalité socialiste de Paris demande alors aux ministres et parlementaires concernés de rendre leurs logements sociaux et annonce sa volonté de «reconventionner» ces logements, c’est-à-dire de les reverser au parc HLM. L’objectif : «créer» du logement social à moindres frais et «moraliser» le parc social.

Ce que Raquel Garrido ne précise pas, c’est que l’immeuble où se situe l’appartement du couple fait partie de ceux qui ont été reconventionnés, nous indique une source de la RIVP. Plus précisément, le logement est depuis 2016 un prêt locatif à usage social (PLUS), le plus commun des HLM. Il s’agit de la catégorie intermédiaire, entre les PLAI (prêt locatif aidé d’intégration), correspondant aux logements dits «très sociaux», et les PLS (prêt locatif social), sorte de HLM «de luxe». Ce logement n’est donc pas «de luxe», contrairement à ce que dénonçaient plusieurs internautes.

Raquel Garrido et Alexis Corbière vivent bien dans un HLM depuis un an
Ce qui signifie que si le couple de porte-parole n’a pas intégré de logement social en 2003, il vit bien dans un HLM depuis environ un an, contrairement à ce qu’a affirmé Raquel Garrido.

Corbière et Garrido occupent-ils leur HLM indûment ? En aucun cas, d’un point de vue légal. Les deux porte-parole ont investi l’appartement à un moment où il n’y avait pas de conditions de ressources. Auraient-ils dû le quitter en 2016 lors du «reconventionnement» ? En aucun cas non plus.

Reste une question : le couple, en vivant dans un HLM, prend-il la place de personnes en ayant plus besoin ? Rien n’indique que leurs revenus excèdent le plafond de ressources correspondant au nouveau statut de leur logement, fixé à 64 417 euros annuels pour un foyer de 5 personnes en 2017. Raquel Garrido affirme que ce n’est pas le cas. Alexis Corbière n’est plus élu depuis 2014 et a repris un poste à plein temps dans un lycée professionnel, tandis que Raquel Garrido est avocate depuis 2011 avec «des bonnes et des mauvaises années». Elle assure n’avoir jamais été rémunérée pour ses activités politiques.

Quoi qu’il en soit, les occupants, quels que soient leurs revenus, ne pourront être délogés. Deux cas de figure se posent en cas de reconventionnement : si les occupants du logement ont des revenus inférieurs au plafond de ressources correspondant au nouveau régime HLM de l’immeuble, leur loyer peut être revu à la baisse. Dans le cas contraire, avec des revenus supérieurs au plafond, ils peuvent demeurer sur place avec loyer inchangé.

En théorie, et à condition que leurs revenus soient inférieurs au plafond, le couple pourrait donc même bénéficier… d’une révision à la baisse de son loyer. Pour cela, Garrido et Corbière devraient d’abord changer de bail, une formalité administrative qu’il leur revient d’effectuer ou non. Ils restent en attendant liés par le bail d’origine, une situation qui peut être prolongée indéfiniment. A ce jour, Raquel Garrido explique n’avoir encore effectué aucune démarche de changement de bail.

Seule certitude : le couple jouit aujourd’hui d’un loyer très en deçà des prix du marché, sans pour autant que leur situation n’apparaisse choquante à la RIVP. Celle-ci a en effet la possibilité de faire jouer l’article 17-2 de la loi du 6 juillet 1989 pour augmenter un loyer, si celui-ci est manifestement sous-estimé au regard des prix du marché. C’est l’extrêmité à laquelle la régie est arrivée concernant Jean-Pierre Chevènement : alors sénateur, il occupait un de leurs logements sociaux, un «bel appartement de 120 mètres carrés dans le quartier du Panthéon, pour 1 519 euros mensuels, un loyer qui s’élèverait dans le privé à 3 500 euros», comme nous l’écrivions en 2011. Compte tenu de son patrimoine immobilier par ailleurs important, la RIVP avait fait jouer l’article 17-2 et révisé son loyer à la hausse. Le fait que Garrido et Corbière ne soient pas visés par une telle démarche de la RIVP montre donc que leur situation, pour être avantageuse, n’est en rien comparable à celle de l’ancien maire de Belfort


Présidence Macron: Vous avez dit obamisation ? (Dining with the enemy: While Trump runs out of long spoons, guess who picks up the Ramadan dinner tradition again ?)

26 juin, 2017
Mélenchon, Coquerel et Corbière dénoncent le racisme des Grandes Gueules de RMC face à la députée Danièle Obono
 
https://i0.wp.com/s1.lprs1.fr/images/2017/06/24/7084359_y9p6g2ep.jpghttps://i0.wp.com/i.dailymail.co.uk/i/pix/2009/09/16/article-1213788-0676BF6B000005DC-514_634x543.jpghttps://s.yimg.com/ny/api/res/1.2/ZcthT3tsRhuyvvAlf2i4ag--/YXBwaWQ9aGlnaGxhbmRlcjtzbT0xO3c9NTU3O2g9OTkw/http://media.zenfs.com/fr-FR/homerun/huffingtonpost/8010df9e20e5c72b3b9a4a5deaa6b595https://i0.wp.com/ww2.hdnux.com/photos/07/66/61/2059361/19/920x920.jpghttps://pbs.twimg.com/media/DDOYEYmWsAEGPJ8.jpgNe mange pas le pain de celui dont le regard est malveillant et ne convoite pas ses friandises. Proverbes 23: 6
Pour dîner avec le diable, il faut une longue cuillère. Proverbe anglais
Ce qu’on appelle le paradoxe de la liberté est le  raisonnement selon lequel la liberté, prise dans le sens d’absence de toute contrainte, conduit nécessairement à une très grande contrainte, puisqu’elle permet au fort de réduire le faible en esclavage. Le paradoxe de la tolérance est moins connu: une tolérance illimitée a pour conséquence fatale la disparition de la tolérance. Si l’on est d’une tolérance absolue, même envers les intolérants, et qu’on ne défende pas la société tolérante contre leurs assauts; les tolérants seront anéantis, et avec eux la tolérance. Je ne veux pas dire par là qu’il faille toujours empêcher l’expression de théories intolérantes. Tant qu’il est possible de les contrer par des arguments logiques et de les contenir avec l’aide de l’opinion publique, on aurait tort de les interdire. Mais il faut revendiquer le droit de le faire, même par la force si cela devient nécessaire, car il se peut fort bien que les tenants de ces théories se refusent à toute discussion logique et ne répondent aux arguments que par la violence. il faudrait alors considérer que, ce faisant, ils se placent hors la loi et que l’incitation à l’intolérance est criminelle au même titre que l’incitation au meurtre, par exemple. Karl Popper
J’appartiens à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race, à l’Algérie, à l’islam. Houria Bouteldja
« It would be nice, » he said, if al Qaeda or like-minded Islamists could bring America to its knees with catastrophic attacks, but that was unlikely to happen; « not practical » is the wording he used. From his perspective, the long war for Islamic domination wasn’t going to be won in the streets with bombs and bullets and bloodshed. No, it would be won in the minds of the American people. He said the terror attacks were good, but the « practical » way to defeat America was through immigration and by outbreeding non-Muslims. He said jihadi-minded brothers would immigrate into the United States, taking advantage of the welfare system to support themselves while they spread their jihadi message. They will wrap themselves in America’s rights and laws for protection, ratchet up acceptance of Sharia law, and then, only when they were strong enough, rise up and violently impose Sharia from within. He said the brothers would relentlessly continue their attacks and the American people eventually would become so tired, so frightened, and so weary of war that they would just want it to end. « Eventually, » KSM said, « America will expose her neck to us for slaughter. » Since the attacks, and during President Obama’s two terms, Muslims from several countries that harbor terrorists have flooded into the U.S. And Obama has promised to open the borders for Syrian refugees whose backgrounds are difficult to investigate. President-elect Trump has vowed to reverse Obama’s plans. (…) KSM wagged his finger professorially at us and warned, « Soon they will turn on you. » He prophetically predicted that the press and some members of my own government would turn on me and Bruce and others like us who took aggressive action to prevent the next 9/11 attack and save American lives. Warming to the topic, KSM smiled and said the media, either on purpose or without realizing it, would promote Islam’s cause and champion tearing down the measures put in place to protect the American people after 9/11. He said the media would promote al-Qaeda’s cause by framing the war against Islam (his characterization, not mine) as morally wrong, impossible to win, and fraught with unacceptable losses. He said the media’s response was one of Allah’s « gifts, » one of the ways Allah preordained for Americans to set aside those things which kept us safe and prevented attacks in the immediate aftermath of 9/11. KSM said, « Your own government will turn on you. Your leaders will turn on you. They will turn on you to save themselves. It will play out in the media and strengthen the hearts of the brothers. It will recruit more to Allah’s cause because the press coverage will make the U.S. look weak and divided. » James Mitchell
Nique la France et son passé colonialiste, ses odeurs, ses relents et ses réflexes paternalistes/Nique la France et son histoire impérialiste, ses murs, ses remparts et ses délires capitalistes. Saïdou et Saïd Bouamama (ZEP)
La Shoah ? le sujet colonial en a connu des dizaines. Des exterminations ? À gogo. Houria Bouteldja
La blanchité est une forteresse inexpugnable (…)  Tout blanc est bâtisseur de cette forteresse. Houria Bouteldja
Amitié, affection et respect pour le sang-froid de Danièle Obono, députée de Paris, agressée sur les plateaux de télé par des chiens de garde médiatiques qui ne se rendent même plus compte que leur machisme est teinté d’une forme de racisme insupportable. Solidarité avec elle face au déchaînement de haine venant de l’extrême droite ainsi déclenché par les employés des neuf milliardaires qui contrôlent 90 % de la presse. Jean-Luc Mélenchon
Moi ce qui m’étonne c’est que, depuis  2012, ni moi, ni Olivier Besancenot, on ne nous a jamais parlé de cette affaire. Et Danièle Obono, on lui en parle. Je vais vous dire pourquoi je pense qu’on lui en parle : parce qu’elle est noire. Je pense qu’il y a un racisme patent dans ce qui a été fait. Je suis totalement solidaire avec Danièle Obono. Il y a quelque chose d’absolument d’insupportable au fait d’estimer qu’une personne parce qu’elle est noire, on lui demande de crier : vive la France ! Moi, on ne me l’a jamais demandé. Éric Coquerel
Faites attention les amis, parce que si à chaque fois qu’il y a une femme black, intellectuelle, antiraciste (…) Mais il y a un rapport ! Et ne faites pas semblant de ne pas le comprendre parce que je vais vous dire, vous m’avez invité des tas d’années aux Grandes Gueules, vous ne m’avez jamais posé la question pour savoir si j’aimais la France ou pas. Vous ne m’avez jamais demandé de dire ‘vive la France’. Parce que moi je m’appelle Alexis Corbière, je ne m’appelle pas Danièle Obono. Ça me blesse et ça blesse beaucoup de gens. Alexis Corbière
L’iftar est un moment de partage. Je le partage ce soir avec la communauté musulmane française. Emmanuel Macron
Pas une fois le CFCM n’a fait défaut : il a su trouver les mots sans se placer dans le déni (…) Notre combat déterminé contre Daech (…) doit conduire à poursuivre avec détermination ceux qui cherchent à faire de vos lieux de culte des lieux de prêche de haine, voire d’appel à la violence. Il vous appartient de combattre pied à pied sur le terrain théologique et religieux, de démasquer chaque fois que nécessaire l’usurpation de vos valeurs, la captation de l’histoire de votre religion, la négation de quinze siècles de travail d’interprétation réalisés par vos savants. Emmanuel Macron
Les décisions prises par la chancelière Angela Merkel ont été des décisions courageuses. Nous devons accueillir des réfugiés car c’est notre tradition et notre honneur. Je le redis ici, les réfugiés ne sont pas n’importe quel migrant. Ce ne sont pas les migrants économiques. Ce sont des femmes et des hommes qui fuient leur pays pour leur liberté, ou parce qu’ils sont en guerre ou pour leur choix politique. Nous devons ainsi faire preuve de solidarité quand un de nos voisins fait face à des arrivées massives de réfugiés ou de migrants. Il n’y a malheureusement pas de progrès sur la question de la répartition des réfugiés entre les pays. Nous devons continuer à traiter ce problème parce qu’il est très important, notamment car il faut faire preuve de solidarité entre pays européens. Emmanuel Macron
Laurence Haïm, correspondante aux Etats-Unis pour la chaîne cryptée Canal + et la chaîne d’info du groupe, i>télé, va rejoindre l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron. L’information, divulguée par le Monde, nous a été confirmée, avant que le staff du candidat et l’intéressée ne l’annoncent eux-même sur twitter. Elle pourrait devenir l’une de ses porte-paroles. A 50 ans, et «après 23 ans passés aux Etats-Unis, elle avait envie de faire autre chose et elle nous a proposé ses services», a expliqué un cadre du mouvement En marche ! au quotidien du soir. Et d’ajouter : «Elle a une expérience de l’international qui sera précieuse. » Installée Outre-Atlantique depuis 1992 à New York et à Washington, Laurence Haïm avait notamment suivi la campagne de Barack Obama en 2008 et avait été la seule journaliste française à l’interviewer. Elle avait annoncé son départ dans un tweet mardi soir, à l’occasion du dernier discours d’Obama président. A 12h15, ce mercredi, l’intéressée a confirmé sa nouvelle destination professionnelle dans un tweet: «un nouveau monde m’attend». Le Parisien
La victoire n’est pas tout à fait complète, mais elle n’en est pas moins importante. Cinq mois après sa première publication, le décret de Donald Trump suspendant la délivrance de visas aux ressortissants de six pays à majorité musulmane va pouvoir entrer en vigueur presqu’intégralement. La légalité de l’ensemble de l’ordonnance présidentielle sera examinée par la Cour suprême à l’automne – si elle est toujours controversée, sa validité étant prévue pour 90 jours. Lundi 26 juin, la plus haute juridiction des États-Unis a contredit les arguments de plusieurs cours fédérales qui avaient jusqu’ici empêché son application. Estimant que «l’intérêt de préserver la sécurité nationale est un objectif urgent de la plus haute nécessité», la décision majoritaire de la Cour, non signée par ses auteurs, considère qu’«empêcher le gouvernement de poursuivre cet objectif en appliquant (la suspension des visas) aux ressortissants étrangers sans lien avec les États-Unis nuirait significativement à (nos) intérêts sans alléger de façon évidente les difficultés de qui que ce soit d’autre». La Cour introduit en conséquence une seule exception, en faveur d’étrangers «pouvant revendiquer de manière crédible une relation de bonne foi avec une personne ou une entité aux États-Unis». L’ambiguïté de la formule pousse les juges à «illustrer le type de relations» pouvant bénéficier de cette dérogation: pour les particuliers, «une relation familiale proche est nécessaire» ; pour les entités, «la relation doit être formelle, documentée et formée dans le cours normal» des activités de l’organisme concerné. Ainsi d’un étudiant admis dans une université américaine, d’un travailleur embauché par une entreprise ou d’un experts invité à donner une conférence aux États-Unis. La même décision, assortie de la même dérogation, est appliquée à la suspension du programme d’accueil des réfugiés: «Lorsqu’il s’agit de réfugiés sans lien (avec des personnes résidant légalement aux États-Unis), la balance penche en faveur de l’indéniable nécessité pour le gouvernement d’assurer la sécurité de la nation», souligne la Cour. La formule ne convainc pas toute la communauté des juristes, y compris parmi les neuf sages. Un «avis dissident», signé par les juges conservateurs Clarence Thomas, Samuel Alito et Neil Gorsuch, se prononce en faveur d’une application intégrale du décret, faisant valoir que «le remède risque d’être impraticable, imposant aux fonctionnaires le fardeau de décider – au risque d’outrage à la Cour – qui a une connexion suffisante» avec les États-Unis. «Le compromis va aussi inviter un flot de procès, jusqu’à ce que l’affaire soit tranchée sur le fond», ajoute l’objection minoritaire. Au passage, un signal réconfortant pour Donald Trump: Neil Gorsuch, le juge qu’il vient de nommer, le soutient sur une mesure phare du début de son mandat. C’est un succès encourageant pour la Maison-Blanche, qui avait révisé son premier décret en mars, retirant l’Irak de la liste des pays visés, omettant de cibler les seuls réfugiés syriens et supprimant la faveur accordée aux chrétiens pour ne pas prêter le flanc à l’accusation de discrimination anti-musulmans. Le Figaro
La Macronie, réserve de technocrates, est une bulle confortée par les législatives. La majorité absolue accordée à La République en marche (319 sièges) repose sur une abstention record (57,3%), à laquelle s’ajoutent 9,9% de bulletins blancs ou nuls. En apparence, l’armée de députés fait masse. Mais le creux résonne sous ces rangs serrés. En fait, les mécontents ont accentué, au second tour, leur refus de participer à une mascarade. Le jugement des frondeurs a été conforté dès lundi par la guignolade autour du projet de loi de François Bayrou sur la moralisation de la vie politique. Ce qui avait été annoncé comme un texte fondateur du macronisme immaculé s’est révélé dans ses effets grotesques. Mercredi, le promoteur de la grande lessive a démissionné du ministère de la Justice, après Marielle de Sarnez du ministère des Affaires européennes, et Sylvie Goulard du ministère des Armées : trois membres du MoDem, soupçonnés dans une affaire de financements détournés d’assistants parlementaires, connue depuis longtemps. La tartufferie, décrite ici depuis un mois à propos de ce document rebaptisé « rétablissement de la confiance », n’a su éviter la farce de l’arroseur arrosé. Il fallait être aveuglé de son ego pour prétendre s’ériger en donneur de leçons. « Nous n’avons jamais eu d’emplois fictifs au MoDem », a redit Bayrou mercredi. Un même aplomb se retrouve chez Richard Ferrand, proche d’Emmanuel Macron, soupçonné d’enrichissements douteux. Lundi, le président a choisi d’exfiltrer Ferrand, réélu député, pour qu’il préside le groupe LREM à l’Assemblée, au mépris du pouvoir législatif. Tous ces juges autoproclamés rivalisaient d’indignations, durant la campagne présidentielle, devant les dénégations de François Fillon, mis en cause pour des pratiques jusqu’alors tolérées : une défense qui est devenue la leur. Cette agitation moraliste avait rendu inaudibles les sujets civilisationnels que Fillon entendait porter. La bulle macronienne, héritage de ce que fut longtemps le candidat, ne s’arrête pas à son univers aseptisé, à son gouvernement d’experts, à ses parlementaires boudés par les Oubliés. La bulle permet également d’ignorer des thèmes laissés aux « extrêmes » et aux « démagogues ». En fait, en Macronie, le small talk est la règle. Ce papotage, prisé dans les salons, évite les sujets qui fâchent. Appliqué à la politique, le procédé est ridicule. Pourtant, jamais un élu LREM ne se laissera aller à aborder franchement l’immigration extraeuropéenne de masse, la conquête islamique de l’Europe, les isolats déjà perdus par la France, l’antisémitisme des cités, la guerre civile qui vient ou tout autre sujet « nauséabond ». Dans l’univers melliflu de la Macronie, ces inquiétudes sont des vulgarités obsessionnelles et populistes. En parler est aussi scabreux que de péter à table. Dans ce contexte préservé, récuré et consensuel, l’aggravation de l’abstention au second tour des législatives n’a rien d’étonnant. Le raisonnement présidentiel construit sur l’expression : « Et en même temps (…)», conduit à rendre indiscernables ses convictions. La crise n’est pas seulement celle de la démocratie représentative ; cela fait longtemps que les Français ne s’identifient plus à leurs dirigeants. Mis sous cloche, ces derniers parlent la langue morte du politiquement correct. Mais ce diagnostic aurait dû inciter les « élites » à ôter leurs œillères. L’inverse s’est produit. C’est la raison pour laquelle la vraie crise est plus gravement celle de l’intelligence politique. La pléthore de candidats à la députation devait normalement satisfaire à la demande. Cependant, avaient-ils quelque chose à dire ? Il faut croire que non, vu les citoyens qui se sont détournés des babillages policés. L’idéologie macroniste est vouée à l’échec, si elle persiste à préférer la désincarnation des chiffres et à se reposer sur la domestication des esprits paresseux. Le discours officiel veut faire croire, y compris à la droite dite « constructive » qui a rejoint le troupeau, que le libéralisme économique serait la réponse à tout. Dimanche, prenant acte de l’amélioration relative du score des Républicains (131 députés élus), François Baroin a cité la fiscalité comme sujet majeur de discorde avec LREM. La gauche marxiste s’arrange de ce matérialisme, qui replace les rapports économiques au centre des luttes. En fait, la classe politique s’accorde à répéter que le défi identitaire, rejeté par la bulle, n’obnubile que de infréquentables, soupçonnés d’arrière- pensées condamnables. Même le FN s’est laissé prendre à ce conformisme du tout-économique, qui lui a fait placer la sortie de l’euro au centre de sa campagne ratée. Mais cet aveuglement n’est pas celui de la France populaire. La prétention du pouvoir à incarner la subtilité dans une approche de la complexité fait partie de l’autopromotion de la théatrocratie, qui vire à la comédie de boulevard avec la débandade des faux curés de la république. Rien d’étonnant d’entendre, dimanche soir, Daniel Cohn-Bendit se flatter, sur France 2, d’être « l’incarnation du “En même temps” » macronien, avatar nostalgique des slogans verbeux de Mai 68 et de son leader. La posture « éclairée » du chef de l’État n’éclaircit rien de sa politique face à la nouvelle vague de clandestins qui affluent en France et singulièrement à Paris, face aux islamistes qui défient les forces de l’ordre, aux islamo- gauchistes qui attisent la violence et la haine antijuive. Ivan Rioufol
La soirée du Louvre ne fut pas la victoire d’un camp sur l’autre, mais l’assomption d’une forme apolitique. Un décor monarchique, un discours sans généalogie idéologique. Une ode à la joie mais aussi au progrès, à l’énergie et à l’autonomie des individus. Aux formes politiques habituelles, succèdent les codes des groupes de la Silicon Valley. La réussite d’Emmanuel Macron doit être soudaine, spectaculaire, inattendue, carnassière et souriante. (…) Emmanuel Macron brandit le drapeau européen : Yes we can  En Marche, c’est comme une nouvelle appli qui renvoie les autres partis politiques au rang de Minitel. Uber face aux taxis, Amazon face aux libraires. Emmanuel Macron à l’Elysée, c’est l’américanisation du pouvoir. Les États-Unis, le temple de l’innovation numérique, sont pour le nouveau président une inépuisable source d’inspiration. Le jour de sa victoire, devant ses partisans massés sur l’esplanade du Louvre, Emmanuel Macron fait monter sur scène son épouse Brigitte. Main dans la main, ils affichent aux yeux du monde l’harmonie d’un couple qui s’apprête à prendre ensemble les rênes du pouvoir. Car la femme du Président nouvellement élu bénéficiera d’un statut de première dame, à l’instar de la First Lady. Alors que ses supporters s’époumonaient à crier son nom, Emmanuel Macron a entonné La Marseillaise, la main sur le cœur, à l’américaine. Passé cet instant de liesse, le nouveau Président est désormais penché sur la composition de son futur gouvernement, où une partie des membres seront issus de la société civile. Un autre rapprochement. Et ce n’est pas fini : Emmanuel Macron va suivre de près les nominations dans la Haute Administration Publique. C’est la mise en œuvre en France de la pratique américaine du « Spoil System » : a chaque nouvelle présidence américaine, tous les cadres des administrations sont susceptibles d’être remplacés. Concrètement, un jeu de chaises musicales est en cours pour les postes clés. Le but poursuivi par le nouvel exécutif est de disposer de relais en phase avec la feuille de route politique. Emmanuel Macron vient d’un monde où dominent l’idée américaine du bonheur, du bien-être individuel, de la cohésion sociale, de l’harmonie. Avec un sens aigu de la scénarisation, il a su distiller pendant la campagne des marqueurs venus d’outre-Atlantique. Dans ses meetings, les bénévoles étaient rebaptisés « Helpers ». Surtout, il y eut l’appel de Barack Obama à Emmanuel Macron, filmé avec soin et diffusé avant le premier tour. Deux semaines plus tard, c’est une vidéo de soutien enregistrée par l’ancien locataire de la Maison-Blanche qui est dévoilée sur les réseaux sociaux. Parfait storytelling, diraient les communicants anglo-saxons… François de Maistre
S’inscrivant dans une longue tradition pamphlétaire des artistes engagés en France contre l’Etat français, du « nation de porcs et de chiens » d’André Breton à « le temps que j’baise ma marseillaise » de Léo Ferré en passant par le « je conchie l’armée française » d’Aragon ou le « votre République, moi j’la tringle » de Renaud, Saïdou et Saïd Bouamama ont choisi d’assumer leur « devoir d’insolence » afin d’interpeller et de faire entendre des opinions qui ont peu droit de cité au sein des grands canaux de diffusion médiatique. Mais voilà, cela dépasse, choque et insupporte qu’une telle parole puisse être portée, d’autant plus quand elle l’est par ceux qui subissent en premier lieu les politiques racistes et antisociales. Lorsque des Noirs ou des Arabes font le choix de sortir de l’invisibilité et du mutisme afin de décrire la réalité telle qu’elle est – violente, inégale et destructrice – la droite extrême, l’extrême droite ou encore l’Etat s’emploient à tenter de convaincre l’opinion publique de l’illégitimité de ces discours. NTM, Sniper, Ministère Amër, Mr R, La Rumeur, Youssoupha ou Houria Bouteldja sont autant de rappeurs et militants attaqués ces dernières années pour des paroles jugées trop irrévérencieuses. Pourtant tous n’ont fait que porter publiquement l’expression populaire du rejet des discriminations et de la stigmatisation des quartiers populaires, des Noirs, Arabes et musulmans. En signant cette pétition, nous exigeons que les poursuites contre Saïdou et Saïd Bouamama soient abandonnées. D’accord ou pas d’accord avec les propos et les formulations incriminés, nous défendons leur droit de les tenir. L’extrême droite veut interdire le droit de chanter la révolte, imposons le droit de l’exprimer sans entraves. Pétition Libération
Si Ferré pouvait «baiser la Marseillaise» et Renaud «tringler la République», le chanteur de ZEP (même arabe) peut bien «niquer la France». Si Coquerel, Besancenot ou Eva Joly peuvent (doivent ?) rappeler cette saine évidence, Danièle Obono (même noire) le peut aussi. Libération
L’antiracisme politique ne se résume nullement à Houria Bouteldja ; ses représentant.e.s peuvent parfois être en désaccord avec tel ou tel de ses choix. Mais ce qui est visé à travers la violence des attaques qui la ciblent, c’est l’antiracisme politique dans son ensemble, c’est-à-dire toute tentative de s’organiser et de lutter pour en finir avec l’oppression. La haine qu’Houria Bouteldja suscite est à la mesure de son courage. Courage de secouer nos bonnes consciences quand nous préférons oublier ce qu’accorde le fait d’être Blancs, ici, en Occident. Pétition par Ludivine Bantigny (historienne), Maxime Benatouil (co-président de l’Union juive française pour la paix), Judith Bernard (metteure en scène et journaliste), Déborah Cohen (historienne), Thomas Coutrot (économiste), Christine Delphy (sociologue et militante féministe), Annie Ernaux (écrivaine), Fabrice Flipo (philosophe), Eric Hazan (éditeur et écrivain), Stathis Kouvelakis (philosophe), Philippe Marlière (politiste), Dominique Natanson (co-président de l’Union juive française pour la paix), Olivier Neveux (universitaire), Ugo Palheta (sociologue), Geneviève Rail (universitaire, Simone de Beauvoir Institute and Womens Studies, Canada), Catherine Samary (économiste), Michèle Sibony (Union juive française pour la paix), Isabelle Stengers (philosophe), Julien Théry (historien), Rémy Toulouse (éditeur).
Pour les musulmans, les principes d’organisation sociale et politique sont d‘ordre divin. Ils s’appuient sur deux sources principales: le Coran et la Sunna (la tradition mahométane). On voit bien la discordance avec le modèle démocratique lorsqu’on considère notre devise nationale: «Liberté, Égalité, Fraternité». (…) lorsque dans les années 1990, alors que les négociations étaient entamées entre le gouvernement et des responsables musulmans en vue de l’organisation du culte islamique, le ministre de l’intérieur de l’époque, Jean-Pierre Chevènement, avait proposé à ces derniers une charte contenant notamment une clause par laquelle ils s’engageraient à respecter la liberté de conscience, y compris le droit de renoncer à l’islam. Or, sous la pression de certains mouvements, notamment les islamistes Frères musulmans, le ministère retira cette clause de la charte. Il justifia cette reculade en rappelant que la Constitution française garantit déjà la liberté religieuse. Ce faisant, il ignorait que pour les musulmans convaincus la Charia est supérieure à toute loi humaine, donc à celle de la République. Cet exemple permet de prendre la mesure de l’incompatibilité entre nos principes respectifs. (…) Concernant l’égalité, le Coran instaure la supériorité du musulman sur le non-musulman et l’homme sur la femme. Ces principes ne sont pas discutables puisqu’ils relèvent de l’arbitraire divin. Autrement dit, ils ne peuvent être sujets à modification. On perçoit immédiatement les problèmes que cela peut poser dans la vie sociale. Certes, l’islam reconnaît le principe de «fraternité», mais il ne s’applique qu’au sein de l’Oumma, la communauté des croyants musulmans. C’est pourquoi un musulman peut se sentir d’abord citoyen de l’Oumma avant d’être citoyen de son propre pays si celui-ci n’est pas régi par l’islam. Il en résulte une grande divergence avec les fondements démocratiques. Il faut ajouter que l’islam ignore le concept de «personne». D’origine biblique, celui-ci confère à tout être humain une dignité inviolable et inaliénable, puisque, selon la Genèse, Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance. Il s’agit là d’un fondement ontologique, qui est l’un des piliers structurants de notre société. Or, le Coran occulte cette mention, instaurant une distance infranchissable entre Dieu et ses créatures humaines. De tout cela résulte le fait que, dans l’islam, l’individu a des devoirs ; quant à ses droits, ils ne sont que ceux que Dieu veut bien lui donner. L’islam accorde donc la primauté au juridique, d’où la prépondérance, pour certains de nos compatriotes musulmans, de la Charia sur le droit français. (…) En réalité, l’unique moyen d’en finir avec l’extrémisme serait de supprimer les passages du Coran et de la Sunna justifiant la violence et les atteintes aux libertés. Car, qu’on l’admette ou pas, ces textes sacrés comportent bien des incitations à la haine. Or, pour les musulmans, le Coran est un livre incréé ayant Dieu pour seul auteur. Ce dogme prévaut depuis le IXe siècle. Aucune autorité humaine ne peut donc prétendre le modifier. Ce n’est pas le cas de la Bible puisqu’elle est inspirée, non dictée. Même les intellectuels musulmans engagés dans la promotion d’un islam adapté à la modernité ne reviennent pas sur ce dogme. L’absence de magistère et le caractère incréé du Coran sont deux obstacles structurels qui empêchent toute évolution dans le sens d’une interprétation unique et authentique. (…) Il me semble que l’État devrait mettre fermement les représentants officiels de l’islam face à leurs responsabilités. En cas de violences ou de discours haineux prononcés dans les mosquées en référence au Coran et à la Sunna, ceux-ci devraient pouvoir être poursuivis pour complicité avec les imams dangereux. L’État devrait aussi imposer la langue française lors de prêches et interdire tous financements étrangers des mosquées et associations. Il faut être d’une intransigeance absolue quand il s’agit de sécurité publique et ne pas hésiter à aller jusqu’à des mesures d’expulsions. Enfin, en se mêlant de l’organisation de l’islam en France, je crains que l’État ne contribue, sans doute malgré lui et tout en dénonçant le communautarisme, à confessionnaliser les musulmans, alors que, selon la Constitution de notre pays, ceux-ci sont d’abord des citoyens avant d’être chrétiens, musulmans, juifs ou autres. On risque donner à l’islam le statut de religion d’État comme le regrettait feu le cardinal Lustiger. Annie Laurent
L’utilisation de la catégorie de « race », même avec la volonté de défendre ceux qui sont issus des mondes coloniaux, et qui seraient les « indigènes » de l’intérieur opprimés par « les Blancs et leurs alliés juifs », favorise-t-elle le combat pour l’égalité des droits ? C’est ce qu’affirment des militants qui considèrent que l’humanisme de tradition socialiste est un universalisme qui empêcherait de prendre en compte la spécificité des oppressions, militants dont la principale propagandiste est Houria Bouteldja. Ceux qui prêtent crédit à ses propos ne se basent pas tant sur ses dires ou écrits, mais sur cette idée qu’elle serait aujourd’hui la figure de l’hérétique, du scandaleux qui provoque au nom d’un amour supérieur du réel. Nous serions face à elle comme le furent d’autres censeurs face à Pasolini ou Genet. Par conformisme, nous serions sourds aux innovations d’un discours radical à partir de la réhabilitation de cette idée de la race. Mais, nous dit-on, l’émancipation qui nous concerne tous est à ce prix. La violence qui serait faite à notre sensibilité, à nos intuitions normatives serait donc un progrès. Or, ces nouveaux damnés de la terre défendent un projet identitaire qui maintient l’idée de domination et propose de l’inverser et non de la renverser au profit de tous. En ce sens, le nouvel acteur social promu est à l’opposé du prolétaire dont le combat émancipera l’ensemble de la société, selon la pensée de Marx. Bien au contraire, dans cette perspective « indigène », ce qui est réhabilité ce sont les identités, qui valorisent les structures d’appartenance où chaque individu doit d’abord prêter allégeance à ce qui l’enferme. Ainsi, une femme « indigène » devrait définir son identité selon la formule de Houria Bouteldja : « J’appartiens à ma famille, à mon clan, à ma race, à l’Algérie, à l’islam. » Comment ne pas entendre que cette pensée se confond avec celle de Jean-Marie Le Pen ? Certes, on veut s’opposer aux « Français de souche », mais par-là même, ce projet légitime le vocable et l’idée de l’existence de souche et d’appartenance de sang aux dépens du libre-arbitre et de la culture. Pas étonnant que les tenants de ce qui se veut la radicalité pour notre époque se déclarent culturellement opposés aux mariages mixtes, dont l’idée devrait même susciter le dégoût, un discours que l’on n’avait plus entendu depuis Vichy. Ces discours sont à l’opposé des penseurs de la créolisation, comme Patrick Chamoiseau ou Raphaël Confiant. Féminisme, défense des homosexuels et laïcité, on pourrait aisément défendre toutes les catégories jugées par ces radicaux racialistes comme des « collaborations de gauche » à l’oppression « blanche » qu’ils souhaitent dénoncer. Je suis métis et mes enfants plus encore. Métis d’Amérique, de Noir, de Blanc, de juif, de l’Est de l’Europe comme de la Méditerranée. Que dois-je entendre quand je lis que le métissage la dégoûte, si ce n’est le retour de la domination par la race dont la pureté ne sera jamais préservée ? Que dois-je entendre quand l’antisémitisme de l’ancien président iranien Ahmadinejad est qualifié par elle d’« œuvre d’art » ? Je suis prêt à examiner toutes les hypothèses, à faire preuve même d’une certaine dose de masochisme comme ceux qui se veulent les compagnons de route de ce combat. Mais enfin pense-t-on vraiment œuvrer pour l’émancipation en ne voulant pas voir ce qui est vraiment écrit ? Ainsi peut-on trouver légitime de reprendre le mot d’ordre des partisans de l’Algérie française, « Fusillez Jean-Paul Sartre », parce qu’en 1948, il n’avait pas dénoncé la création d’Israël et serait ainsi à ranger du côté des penseurs de l’oppression parce qu’allié des juifs ? Tout cela ne serait que le reflet tragi-comique de l’abaissement du débat intellectuel si cela ne produisait pas des effets concrets, comme j’ai pu le mesurer en Seine-Saint-Denis, dans ce qui est appelé « quartiers populaires ». Pauvre contre pauvre, la légitimation du combat de la race que véhicule ce type de discours fait disparaître chez trop de jeunes l’idée d’un front commun possible au-delà des assignations, brise la capacité à reconstituer un peuple politique, fort de ses altérités et non les opposant les unes aux autres.La portée réactionnaire de ce discours écrase le combat social qui porte le progrès. Aussi légitime que soit la dénonciation qui lève le déni sur des impasses graves – à savoir l’existence réelle de discriminations dont sont victimes en particulier les jeunes issus de l’immigration – cette pensée ne construit aucun imaginaire commun. C’est l’inverse, pour le coup, des visions violentes des vrais porteurs de l’amour révolutionnaire que furent Genet et Pasolini, qui faisaient de cet amour la capacité subversive à aimer l’ennemi. Jusqu’à l’aimer charnellement. Dans mon jeune temps, que je ne regrette pas, les radicaux que nous étions furent protégés par la figure de Jean-Paul Sartre, qu’on ne pouvait, selon le mot de De Gaulle, embastiller, car « on n’emprisonne pas Voltaire ». Nous chantions une chanson dont le refrain disait : « Il n’y a que deux camps, vous n’êtes plus du nôtre. » En souvenir de celui-ci, aider Houria Bouteldja à ne pas quitter définitivement le camp de l’émancipation, ce ne peut être lui épargner la critique radicale de ses errements. Didier Leschi
Cette tribune est le énième signe d’un dévoiement du combat antiraciste dans une partie de l’extrême-gauche et de la gauche (c’est vrai en France comme ailleurs). Cette fois, il s’agit principalement d’universitaires et de chercheurs qui défendent l’essayiste Houria Bouteldja comme une militante antiraciste et féministe. Or celle-ci, porte-parole du Parti des Indigènes de la République, tient de longues dates, dans ses interventions publiques comme dans ses livres, des propos ouvertement racistes, antisémites et homophobes. Mais elle le fait au nom de la «domination postcoloniale des Blancs», d’un «racisme d’État» en France ou encore d’une «intersectionnalité des luttes» des «dominés» de toute nature (sociale, raciale, religieuse, de genre…). Pour ses défenseurs, cela est donc légitime car il ne saurait y avoir de racisme de la part des «dominés» ou des «oppressés». Leur lutte est en effet à leurs yeux toujours légitime, quel qu’en soit le moyen, puisque menée au nom de «l’émancipation» de ces dominés ou oppressés. C’est d’abord ce systématisme, qui sur le fond, pose problème. C’est une absurdité intellectuelle autant qu’historique. À la fois parce que le racisme comme le sexisme, l’antisémitisme comme l’homophobie, ne sont fonctions ni d’une origine sociale (les plus riches…) ni d’une origine géographique (l’Europe…) ni d’une origine ethno-raciale (les «Blancs»…) ni d’une origine religieuse (les Chrétiens…), ni d’un genre particulier (le «mâle hétérosexuel»…), et parce qu’en renvoyer toujours et uniquement la responsabilité historique et à des groupes aussi larges n’a aucun sens. Ne pas comprendre ni reconnaître que dans notre histoire commune, humaine, l’émancipation de l’individu, quelles que soient son origine ou ses différentes appartenances «identitaires», est avant tout le produit de ce que l’on appelle la Modernité occidentale, celle qui, en Europe sur plusieurs siècles, a conduit à «l’invention» des droits de l’Homme, à l’abolition de l’esclavage ou encore à forger les outils intellectuels et politiques de la lutte anticoloniale ou du féminisme entre autres, c’est commettre une grave faute au regard de la réalité des faits. Et c’est la commettre au nom d’une croyance ou d’une «vérité» qui leur serait supérieure. Que des universitaires, des chercheurs, des savants se commettent dans une telle déformation de la réalité au nom de leur vision politique et militante du monde est un crime contre l’esprit. (…) j’y ajouterai un élément de contexte plus général que j’appelle le tournant identitaire tel qu’il s’est dessiné aux États-Unis notamment à la fin des années 1960 et au début des années 1970 lorsque les considérations autour de critères identitaires minoritaires (race, sexe, orientation sexuelle, religion, pays d’origine, langue minoritaire…) sont devenues de plus en plus importantes dans les mobilisations politiques et sociales au nom d’un rattrapage historique, d’une reconnaissance de droits ou de valorisation de traits spécifiques de l’identité. Toutes les spécificités ont connu cette évolution, cette «identitarisation» si l’on veut qui est venue selon les cas remplacer, compléter ou transformer le rapport essentiellement social, de classe notamment, qui surdéterminait jusqu’ici les combats politiques, à gauche mais aussi à droite d’une certaine manière. (…) Si bien que la gauche, toutes tendances confondues, est devenue très largement aveugle aux enjeux de l’identité commune, majoritaire, celle d’une société, d’une nation et d’un peuple en proie à de transformations considérables dues à la mondialisation et à la construction européenne. Cette identité-là a elle-même ainsi été «identitarisée» selon le processus d’essentialisation décrit plus haut, en devant une identité culturelle particulière, celle des «petits Blancs», des «Français de souche», des «Occidentaux» voire des «chrétiens», parmi d’autres. Certes majoritaire (donc toujours déjà coupable envers les minorités) mais surtout captée, dans son principe même, dans son essence…, par l’extrême droite. La boucle infernale de la politique française pendant 30 ans était bouclée: le FN était le parti par définition selon cette logique identitaire de la majorité occidentale, blanche, chrétienne…qui compose la France (qualifiée de «moisie» au regard d’une histoire bien évidemment avant tout raciste, coloniale et esclavagiste), donc tout ce qui pouvait de près ou de loin avoir à faire avec la Nation, les frontières, l’intégration à une culture nationale commune, par l’école notamment, la fierté d’être Français, etc. devenait mécaniquement d’extrême-droite. (…) Aujourd’hui la complaisance dont je parlais plus haut est surtout marquée envers l’islam, considérée par toute une partie de la gauche, pas seulement de l’extrême-gauche, comme la religion par excellence des opprimés et des dominés. Les damnés de la terre sont aujourd’hui d’abord et avant tout les musulmans, et non plus les travailleurs, les prolétaires ou les ouvriers, pour cette gauche, et notamment les musulmans qui vivent dans les pays européens, issus de l’immigration et venus de pays anciennement colonisés. C’est ce qui a permis ces dernières années, alors que partout on assiste à une radicalisation de toute une partie de l’islam, sous des formes qui peuvent être plus ou moins violentes, cette interpénétration étonnante entre l’islamisme et le gauchisme. On trouve désormais des exemples de cette collusion chaque jour, dont quelques-uns seulement sont médiatisés. Ainsi, le cas de la députée Danièle Obono de la France Insoumise dont on a parlé récemment, qui est de longue date proche du Parti des Indigènes de la République. On peut aussi citer cette affaire en cours à Saint-Denis d’un élu de la majorité municipale, Madjid Messaoudene dont je parlais plus haut, qui s’en prend à une principale de collège de la ville, Véronique Corazza, car celle-ci a simplement souligné le jeu trouble de cet élu avec les islamistes dans sa commune. (…) La responsabilité des intellectuels, au sens large, mais des universitaires et des chercheurs au sens plus étroit, est très importante. Car ils apportent la caution de leur savoir, de leur légitimité académique à ces dérives. Ils légitiment des constructions purement instrumentales et politiques au nom d’un savoir qui serait désormais au cœur des sciences sociales. Le détournement de la notion d’intersectionnalité des luttes en est un exemple frappant. La bataille se joue aussi dans ce monde académique où l’on trouve des militants très radicaux sous les habits du chercheur ou du professeur. On a vu les dégâts que cela pouvait causer après les attentats terroristes notamment lorsque des sociologues en particulier sont intervenus pour disculper les terroristes de toute responsabilité à raison de leur origine sociale, de la laïcité qui contraindrait l’islam ou même de «l’islamophobie» qu’ils auraient subie dans la société française, et notamment de la part de l’État. Les mêmes sont à l’œuvre pour expliquer qu’il ne se passe rien ou qu’on ne comprend jamais ce qui se passe lorsque des femmes par exemple, puisque vous citez La Chapelle-Pajol, se font harceler ou attaquer dans certains quartiers davantage que dans d’autres. Ce déni du réel qu’on avait vu aussi à l’œuvre à Cologne en Allemagne sur le même sujet pose de lourds problèmes. D’abord parce qu’il ne permet jamais de traiter efficacement les problèmes qui se posent et qui empoisonnent la vie de certains de nos concitoyens, ensuite parce qu’il paralyse tout débat au sein de la gauche et dans le monde intellectuel. Laissant la place libre aux entrepreneurs identitaires et aux tenants des visions les plus fausses autant que les plus extrémistes. On est donc perdant sur tous les tableaux. Paul Bouvet

Vous avez dit obamisation ? (A quand la Gay pride en chaussettes du ramadan arc en ciel ?)

Président qui s’invite – ce qui n’avait plus été fait depuis dix ans – à un dîner de rupture du jeûne de ramadan, hymne national la main sur le coeur, convocation du Congrès (pour discours sur « l’Etat de l’union » ?), soutien à la politique migratoire désastreuse de Mme Merkel, ministre qui nie l’existence de l’antisémitisme et appelle à la suppression des émissions catholiques à la télévision, députée d’origine africaine qui soutient le droit d’un groupe de rap à « niquer la France », militante d’origine algérienne obsédée par la souffrance coloniale qui dénonce la « blanchité » et appelle à envoyer les sionistes au goulag …

A l’heure où à court de longues cuillères entre deux attentats djihadistes …

Le président américain en finit avec la longue tradition à la Maison Blanche de diners de fin de ramadan

Que vient justement de reprendre, après plus de dix ans, son homologue français …

Et alors que sans compter la validation quasi-totale par la Cour suprême, pour raisons de sécurité nationale, de son moratorium sur les réfugiés …

Se dégonflent une à une contre l’élu républicain les accusations de collusion avec la Russie …

Ou se retournent contre ses adversaires les enquêtes pour entrave à la justice …

Qui nous valent justement, de ce côté de l’Atlantique, le renvoi de pas moins de quatre ministres en trois jours

Pour les faits mêmes qui avaient permis, contre leurs adversaires, leurs accès au pouvoir …

Comment ne pas voir …

Dans ce saisissant contraste qui s’installe des deux côtés dudit Atlantique …

Entre un Trump tentant de réparer les huit années d’abaissement de son pays par son prédécesseur

Et un Macron de ce côté-ci s’appliquant, entre selfies avec le tout-Hollywood, coup de poing olympique et slogans creux, à en mimer jusqu’aux moindres aberrations …

Comme derrière l’euphorie si caractéristique dont ce dernier est désormais l’objet …

Et avec les conséquences que l’ont peut aisément deviner …

Rien de moins que l’obamisation littéralement en marche de la France entière ?

Emmanuel Macron : « Yes we can ? »

Montpellier (Lengadoc Info) – Tribune libre – La soirée du Louvre ne fut pas la victoire d’un camp sur l’autre, mais l’assomption d’une forme apolitique. Un décor monarchique, un discours sans généalogie idéologique. Une ode à la joie mais aussi au progrès, à l’énergie et à l’autonomie des individus. Aux formes politiques habituelles, succèdent les codes des groupes de la Silicon Valley. La réussite d’Emmanuel Macron doit être soudaine, spectaculaire, inattendue, carnassière et souriante.

Le FN avait bien rôdé sa dialectique : les élites sont « corrompues » et le peuple « vertueux ». Les Patriotes aiment leur pays et les mondialistes cherchent à le démanteler méthodiquement. La dette ? Le chômage ? L’Industrie ? L’Euro ? L’économie, c’est simple comme une pièce de un Franc !

Emmanuel Macron brandit le drapeau européen : Yes we can

En Marche, c’est comme une nouvelle appli qui renvoie les autres partis politiques au rang de Minitel. Uber face aux taxis, Amazon face aux libraires. Emmanuel Macron à l’Elysée, c’est l’américanisation du pouvoir. Les États-Unis, le temple de l’innovation numérique, sont pour le nouveau président une inépuisable source d’inspiration. Le jour de sa victoire, devant ses partisans massés sur l’esplanade du Louvre, Emmanuel Macron fait monter sur scène son épouse Brigitte.

Main dans la main, ils affichent aux yeux du monde l’harmonie d’un couple qui s’apprête à prendre ensemble les rênes du pouvoir. Car la femme du Président nouvellement élu bénéficiera d’un statut de première dame, à l’instar de la First Lady. Alors que ses supporters s’époumonaient à crier son nom, Emmanuel Macron a entonné La Marseillaise, la main sur le cœur, à l’américaine.

Mettre sous tension l’appareil d’Etat

Passé cet instant de liesse, le nouveau Président est désormais penché sur la composition de son futur gouvernement, où une partie des membres seront issus de la société civile. Un autre rapprochement. Et ce n’est pas fini : Emmanuel Macron va suivre de près les nominations dans la Haute Administration Publique. C’est la mise en œuvre en France de la pratique américaine du « Spoil System » : a chaque nouvelle présidence américaine, tous les cadres des administrations sont susceptibles d’être remplacés. Concrètement, un jeu de chaises musicales est en cours pour les postes clés. Le but poursuivi par le nouvel exécutif est de disposer de relais en phase avec la feuille de route politique.

Le primat de la personne sur le programme, du médiatique sur l’idéologique

Emmanuel Macron vient d’un monde où dominent l’idée américaine du bonheur, du bien-être individuel, de la cohésion sociale, de l’harmonie. Avec un sens aigu de la scénarisation, il a su distiller pendant la campagne des marqueurs venus d’outre-Atlantique. Dans ses meetings, les bénévoles étaient rebaptisés « Helpers ». Surtout, il y eut l’appel de Barack Obama à Emmanuel Macron, filmé avec soin et diffusé avant le premier tour. Deux semaines plus tard, c’est une vidéo de soutien enregistrée par l’ancien locataire de la Maison-Blanche qui est dévoilée sur les réseaux sociaux.

Parfait storytelling, diraient les communicants anglo-saxons…

Voir aussi:

Islam et République : le décryptage du discours de Macron au CFCM

  • Eloi Thiboud
  • 23/06/2017

FIGAROVOX/ENTRETIEN – « Personne ne peut faire croire que l’islam n’est pas compatible avec la République », a déclaré Emmanuel Macron devant devant le Conseil français du culte musulman. Pour Annie Laurent , des contradiction entre l’islam et la République existent bel et bien.


Journaliste et docteur d’État en science politique, Annie LAURENT a été nommée experte par Benoît XVI, au synode spécial des évêques pour le Moyen-Orient, qui s’est tenu à Rome en octobre 2010. Elle a créé l’association Clarifier qui vise à éclairer les réalités de l’Islam, son dernier article traitant la question des imams. Elle vient de publier L’Islam pour tous ceux qui veulent en parler (mais ne le connaissent pas encore) (éd.Artège, 2017).


FIGAROVOX. – À l’occasion du repas de clôture du jeûne du Ramadan (Iftar), Emmanuel Macron a prononcé ce mardi un discours devant le CFCM (Conseil français du culte musulman), dix ans après Nicolas Sarkozy. Il a notamment affirmé que «personne ne pouvait faire croire que l’islam n’était pas compatible avec la République». Qu’en pensez-vous?

Annie LAURENT. – Pour les musulmans, les principes d’organisation sociale et politique sont d‘ordre divin. Ils s’appuient sur deux sources principales: le Coran et la Sunna (la tradition mahométane). On voit bien la discordance avec le modèle démocratique lorsqu’on considère notre devise nationale: «Liberté, Égalité, Fraternité». Sur la question des libertés: pour nous, Français, la liberté est universelle et également partagée. Dans l’islam, il n’y a de libertés que restreintes: ainsi en est-il, par exemple, de la liberté de conscience, qui est inexistante. Par conséquent, un musulman ne peut être reconnu comme athée ou se convertir à une autre religion. À cet égard, il faut souligner que, tout en interdisant l’apostasie, le Coran ne prévoit aucune peine temporelle pour punir celui qui s’en rend coupable. Le droit islamique s’appuie donc sur une sentence attribuée à Mahomet: «Celui qui quitte la religion, tuez-le». Dans ce registre, la Charia fait figure de Code pénal pour les musulmans. Dès lors, si une Constitution proclame la Charia comme source du droit, rien n’empêche un magistrat saisi d’une telle affaire de prononcer la peine de mort. Pour revenir au contexte français, lorsque dans les années 1990, alors que les négociations étaient entamées entre le gouvernement et des responsables musulmans en vue de l’organisation du culte islamique, le ministre de l’intérieur de l’époque, Jean-Pierre Chevènement, avait proposé à ces derniers une charte contenant notamment une clause par laquelle ils s’engageraient à respecter la liberté de conscience, y compris le droit de renoncer à l’islam. Or, sous la pression de certains mouvements, notamment les islamistes Frères musulmans, le ministère retira cette clause de la charte. Il justifia cette reculade en rappelant que la Constitution française garantit déjà la liberté religieuse. Ce faisant, il ignorait que pour les musulmans convaincus la Charia est supérieure à toute loi humaine, donc à celle de la République. Cet exemple permet de prendre la mesure de l’incompatibilité entre nos principes respectifs. Concernant l’égalité, le Coran instaure la supériorité du musulman sur le non-musulman et l’homme sur la femme. Ces principes ne sont pas discutables puisqu’ils relèvent de l’arbitraire divin. Autrement dit, ils ne peuvent être sujets à modification. On perçoit immédiatement les problèmes que cela peut poser dans la vie sociale. Certes, l’islam reconnaît le principe de «fraternité», mais il ne s’applique qu’au sein de l’Oumma, la communauté des croyants musulmans. C’est pourquoi un musulman peut se sentir d’abord citoyen de l’Oumma avant d’être citoyen de son propre pays si celui-ci n’est pas régi par l’islam. Il en résulte une grande divergence avec les fondements démocratiques. Il faut ajouter que l’islam ignore le concept de «personne». D’origine biblique, celui-ci confère à tout être humain une dignité inviolable et inaliénable, puisque, selon la Genèse, Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance. Il s’agit là d’un fondement ontologique, qui est l’un des piliers structurants de notre société. Or, le Coran occulte cette mention, instaurant une distance infranchissable entre Dieu et ses créatures humaines. De tout cela résulte le fait que, dans l’islam, l’individu a des devoirs ; quant à ses droits, ils ne sont que ceux que Dieu veut bien lui donner. L’islam accorde donc la primauté au juridique, d’où la prépondérance, pour certains de nos compatriotes musulmans, de la Charia sur le droit français.

Le Président de la République a insisté à plusieurs reprises sur le rôle que doivent assumer les organisations musulmanes de France dans la lutte contre le terrorisme et les prédicateurs salafistes, qui prêchent «ce qui est contraire au cœur de l’islam». Les extrémismes auxquels la France est confrontée trahissent-ils le véritable islam?

Il faut d’abord signaler qu’il existe mille et une interprétations des textes sacrés de l’islam. Cette religion, sans sa version sunnite, ultra-majoritaire et la seule concernée par les débats en France, ne possède pas d’autorité dotée d’un pouvoir d’interprétation revêtu du sceau de l’authenticité. Autrement dit, il n’y a pas de pape de l’islam habilité à trancher et à imposer sa lecture, ce qui permettrait, par la même occasion, aux non-musulmans de savoir ce qui est conforme à l’interprétation officielle. En outre, les Français musulmans ne sont pas unis, du fait de la variété de leurs origines et de leurs différences idéologiques. Ainsi l’islam des Turcs n’est pas celui des Maghrébins, le salafisme diffère des Frères musulmans, etc. C’est pourquoi je ne vois pas comment le président de la République ou un autre responsable politique peut dire de façon certaine ce qui constitue «le cœur de l’Islam». À quel titre la République peut-elle se prononcer sur une telle définition? Et comment concilier de tels propos avec la laïcité propre à l’État? En réalité, l’unique moyen d’en finir avec l’extrémisme serait de supprimer les passages du Coran et de la Sunna justifiant la violence et les atteintes aux libertés. Car, qu’on l’admette ou pas, ces textes sacrés comportent bien des incitations à la haine. Or, pour les musulmans, le Coran est un livre incréé ayant Dieu pour seul auteur. Ce dogme prévaut depuis le IXè siècle. Aucune autorité humaine ne peut donc prétendre le modifier. Ce n’est pas le cas de la Bible puisqu’elle est inspirée, non dictée. Même les intellectuels musulmans engagés dans la promotion d’un islam adapté à la modernité ne reviennent pas sur ce dogme. L’absence de magistère et le caractère incréé du Coran sont deux obstacles structurels qui empêchent toute évolution dans le sens d’une interprétation unique et authentique.

Emmanuel Macron a aussi mentionné le rôle des imams et des organisations régionales, comme les CRCM. Pour lui, il est impropre de faire des analogies entre l’islam et les autres religions en ce qui concerne les ministres du culte. Dans quelle mesure l’islam est-elle une religion décentralisée, et quel est le rôle exact d’un imam?

Emmanuel Macron a raison, l’imam ne peut être assimilé à un prêtre. L’islam ignorant le principe de médiation entre Dieu et l’homme, il n’a ni sacerdoce ni sacrements. Son rôle consiste à diriger la prière et d’assurer la prédication du vendredi. Celle-ci ne se limite pas au domaine religieux puisque dans l’islam le temporel et le spirituel sont mêlés, elle peut comporter des aspects relatifs par exemple à la politique, aux relations avec les non-musulmans, aux rapports hommes-femmes… L’imam n’a pas pour mission d’assurer un accompagnement spirituel, c’est pourquoi son rôle se limite souvent à veiller à l’observance des rites ou des interdits alimentaires. Ainsi, l’imam ne peut être tenu responsable des actions de ses fidèles. La difficulté est accrue si l’on sait qu’une partie des imams officiant en France ne parle pas français. Dans son discours, Emmanuel Macron a vanté la création par l’État d’une aumônerie musulmane. Il s’agissait de montrer que l’État français accorde le même traitement à toutes les religions présentes chez nous. Or, l’aumônier n’existe pas dans la tradition islamique. Je pense qu’il s’agit là d’une erreur puisque, comme je l’ai souligné, il n’y a pas de médiation entre Dieu et l’homme dans l’islam. Bien sûr, les responsables musulmans peuvent faire preuve de bonne volonté. Ainsi, en mars dernier, le CFCM a produit une «charte de l’imam» qui comporte des mesures bienvenues tels que l’attachement à la laïcité, à la liberté, au dialogue interreligieux et le rejet de toute justification de la violence au nom de Dieu. Le CFCM a demandé à toutes les instances représentatives de l’islam en France et aux mosquées d’adhérer à cette charte… mais celle-ci a immédiatement été rejetée par la majorité d’entre elles. Encore une fois ces initiatives ont trouvé leurs limites face à l’absence d’autorité réellement représentative de l’islam.

Le Président de la République souhaite que l’État puisse participer à la formation des imams. Est-ce possible, selon vous?

La demande est légitime mais sa réalisation pose d’importantes questions. En effet, comment la République laïque envisage-t-elle d’intervenir dans ce domaine? Qui va trancher les difficultés liées à l’interprétation des dogmes et des textes sacrés? Comment gérer les divergences idéologiques? En fait, qui va contrôler l’enseignement dispensé dans les instituts de formation d’imams? Je ne vois pas de réponse pertinente à ces questions. Imagine-t-on voir un jour la République laïque s’immiscer dans les programmes des séminaires de l’Église catholique, interdire l’enseignement de la loi naturelle (je pense notamment au mariage et à la filiation)? Concernant l’islam, il existe déjà des Instituts de formation d’imams, dont certains sont gérés par l’UOIF, association qui, à bien des égards, ne transmet pas des valeurs compatibles avec la démocratie. Mais il est vrai que la question de la formation des imams est pertinente si l’on considère les préoccupations liées à la sécurité publique. Il me semble que l’État devrait mettre fermement les représentants officiels de l’islam face à leurs responsabilités. En cas de violences ou de discours haineux prononcés dans les mosquées en référence au Coran et à la Sunna, ceux-ci devraient pouvoir être poursuivis pour complicité avec les imams dangereux. L’État devrait aussi imposer la langue française lors de prêches et interdire tous financements étrangers des mosquées et associations. Il faut être d’une intransigeance absolue quand il s’agit de sécurité publique et ne pas hésiter à aller jusqu’à des mesures d’expulsions. Enfin, en se mêlant de l’organisation de l’islam en France, je crains que l’État ne contribue, sans doute malgré lui et tout en dénonçant le communautarisme, à confessionnaliser les musulmans, alors que, selon la Constitution de notre pays, ceux-ci sont d’abord des citoyens avant d’être chrétiens, musulmans, juifs ou autres. On risque donner à l’islam le statut de religion d’État comme le regrettait feu le cardinal Lustiger.

Voir également:

Thomas Guénolé : « Une partie de l’antiracisme (…) est devenue raciste. Je parle de vous Madame Bouteldja… »

Vendredi dans l’émission Ce soir (ou jamais !) », le politologue Thomas Guénolé a lancé à la porte-parole du Parti des Indigènes de la République : « Vous êtes raciste, misogyne, homophobe ».

Thomas Guénolé et Houria Bouteldja étaient vendredi soir les invités de l’émission « Ce soir (ou jamais !) » sur France 2 pour échanger sur le thème « Comment réconcilier les antiracistes ? ».

Le politologue Thomas Guénolé, classé à gauche, en a profité pour dire tout le mal qu’il pensait de la porte-parole du Parti des Indigènes de la République, Houria Bouteldja.

« Je pense que ce qui a changé, c’est qu’il y a une partie de l’antiracisme, et cela me fait beaucoup de peine de dire cela, qui est devenue raciste. Je parle de vous Madame Bouteldja… », a-t-il débuté.

Il a ensuite sorti une photo où la militante pose avec le slogan « Sionistes au goulag ». Pour le politologue, « cela signifie, au sens strict, ‘les juifs favorables à l’existence d’Israël doivent être envoyés dans des camps de concentration’. »

Il a également cité des extraits de son dernier livre, où elle écrit que « la blanchité est une forteresse. Tout blanc est bâtisseur de cette forteresse ». Une « généralisation fondée sur la couleur de la peau, surtout pour un propos négatif, c’est du racisme, madame », a-t-il rappelé.

Autre extrait du livre lu par Thomas Guénolé, un passage où elle explique que « si une femme noire se fait violer par un homme noire, il est légitime qu’elle ne porte pas plainte pour protéger la communauté noire ».

Par ailleurs, la militante a déclaré être contre les couples mixtes. « D’un point de vue technique, pour suivre votre idée, il faudrait faire des lois raciales », lui-a-t-il lancé.

Il a terminé son propos en citant un passage homophobe de son ouvrage, où elle écrit : « comme chacun sait, la tarlouze n’est pas tout à fait un homme. l’arabe qui perd sa puissance virile n’est plus un homme ».

La militante lui a répondu : «  »c’est vrai que je suis réputée raciste anti-blanc, antisémite et homophobe. Je dis sur ce plateau que je me fous complètement de ce qu’on dit de moi. »

Pour elle, « si je suis accusée de tous ces maux, c’est parce qu’on me reproche de ne pas rester à ma place, la place de l’indigène », a-t-elle poursuivi. Car au-delà des tares citées par Thomas Guénolé, Houria Bouteldja ne connait pas non plus le sens du mot « indigène », qui désigne, en France, les personnes d’origine française.

Voir de même:

Bouvet : « Que des universitaires défendent Houria Bouteldja est un crime contre l’esprit »

  • Vianney Passot
  • Le Figaro
  • 23/06/2017

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – En réaction à un article de Jean Birnbaum sur les dérives de l’antiracisme, une vingtaine d’intellectuels a pris la défense, dans une tribune du Monde parue le 20 juin, de Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la République citée par Birnbaum. Laurent Bouvet réagit à cette affaire.

Laurent Bouvet est professeur de Science politique à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Il a publié L’Insécurité culturelle chez Fayard en 2015. Son dernier livre, La gauche Zombie, chroniques d’une malédiction politique, est paru le 21 mars 2017 aux éditions lemieux. Il est l’une des principales figures du Printemps Républicain.


FIGAROVOX.- Dans un article du Monde du 10 juin dernier, Jean Birnbaum analysait le malaise d’une partie de la gauche face à certaines dérives de l’antiracisme. Il citait notamment Houria Bouteldja, porte-parole du parti des Indigènes de la République, auteur du très controversé «Les Blancs, les Juifs et nous». En réaction à cet article, une vingtaine d’intellectuels a signé une tribune parue dans Le Monde du 20 juin pour prendre la défense de Houria Bouteldja. Que vous inspire cette tribune et comment expliquez-vous qu’une militante ouvertement raciste, qui semble faire l’unanimité contre elle, même au sein de la gauche, soit encore défendue par certains intellectuels?

Laurent BOUVET.- Cette tribune est le énième signe d’un dévoiement du combat antiraciste dans une partie de l’extrême-gauche et de la gauche (c’est vrai en France comme ailleurs). Cette fois, il s’agit principalement d’universitaires et de chercheurs qui défendent l’essayiste Houria Bouteldja comme une militante antiraciste et féministe. Or celle-ci, porte-parole du Parti des Indigènes de la République, tient de longues dates, dans ses interventions publiques comme dans ses livres, des propos ouvertement racistes, antisémites et homophobes.

Mais elle le fait au nom de la «domination postcoloniale des Blancs», d’un «racisme d’État» en France ou encore d’une «intersectionnalité des luttes» des «dominés» de toute nature (sociale, raciale, religieuse, de genre…). Pour ses défenseurs, cela est donc légitime car il ne saurait y avoir de racisme de la part des «dominés» ou des «oppressés». Leur lutte est en effet à leurs yeux toujours légitime, quel qu’en soit le moyen, puisque menée au nom de «l’émancipation» de ces dominés ou oppressés.

C’est d’abord ce systématisme, qui sur le fond, pose problème. C’est une absurdité intellectuelle autant qu’historique. À la fois parce que le racisme comme le sexisme, l’antisémitisme comme l’homophobie, ne sont fonctions ni d’une origine sociale (les plus riches…) ni d’une origine géographique (l’Europe…) ni d’une origine ethno-raciale (les «Blancs»…) ni d’une origine religieuse (les Chrétiens…), ni d’un genre particulier (le «mâle hétérosexuel»…), et parce qu’en renvoyer toujours et uniquement la responsabilité historique et à des groupes aussi larges n’a aucun sens. Ne pas comprendre ni reconnaître que dans notre histoire commune, humaine, l’émancipation de l’individu, quelles que soient son origine ou ses différentes appartenances «identitaires», est avant tout le produit de ce que l’on appelle la Modernité occidentale, celle qui, en Europe sur plusieurs siècles, a conduit à «l’invention» des droits de l’Homme, à l’abolition de l’esclavage ou encore à forger les outils intellectuels et politiques de la lutte anticoloniale ou du féminisme entre autres, c’est commettre une grave faute au regard de la réalité des faits. Et c’est la commettre au nom d’une croyance ou d’une «vérité» qui leur serait supérieure.

Que des universitaires, des chercheurs, des savants se commettent dans une telle déformation de la réalité au nom de leur vision politique et militante du monde est un crime contre l’esprit.

Politiquement, ils participent d’ailleurs à une dérive identitaire délétère pour la société. Plus encore, ils desservent le combat antiraciste ou le combat féministe qu’ils prétendent être le leur. En aggravant et en figeant, au nom de cet essentialisme identitaire qu’ils mettent sans cesse en exergue (nous ne pouvons être que ce que notre identité culturelle et sociale nous assigne comme place et rôle dans la société), les différences entre individus et groupes sociaux, ils participent à une fragmentation et au délitement de la société. Et accessoirement au triomphe d’autres promoteurs de ce «tout identitaire» qui eux s’appuient sur d’autres critères qu’ils jugent positifs que sont les racistes d’extrême droite par exemple. Ils se renvoient le ballon, ils sont les deux faces d’une même médaille, les deux pinces d’une même tenaille dont nous ne cessons de subir la pression.

Qui sont les Indigènes de la République, et que défendent-ils?

C’est un mouvement à la fois groupusculaire et très radical qui prétend défendre toute personne («indigène») issue de l’immigration et venant d’un pays colonisé par la France dans le passé. Ces «indigènes» étant traités comme au temps de la colonisation dans le cadre de leur immigration et de leur installation en France: racisme, «islamophobie», discriminations en tous genres… La dimension sociale est parfois mise en avant, comme c’est le cas dans le dernier livre d’Houria Bouteldja, pour expliquer que les situations de chômage ou de précarité vécues par les descendants d’immigrés sont avant tout dues à leur origine.

Bien évidemment, la «doctrine» du PIR conduit à une essentialisation identitaire tant des victimes dominées, que des bourreaux dominants. Chacun appartenant, en raison simplement de son origine, à tel ou tel groupe. Sans aucune possibilité d’en sortir. Ainsi, les soutiens de H. Bouteldja dans Libération écrivent-ils en défense de celle-ci: «Houria Bouteldja évoque ses propres déchirements comme indigène et Blanche ou, plus précisément, «blanchie»». Pour le dire autrement, ces gens sont obsédés par la race, par l’origine. Ils ne voient et conçoivent l’individu qu’au travers de ce prisme.

S’ils étaient laissés à eux-mêmes, dans leur réduit militant d’obsédés de la race qui multiplient ateliers «non mixtes» et manifestations des «racisé.e.s» et de «non blancs», le dommage serait très limité. Mais comme ils sont systématiquement relayés par une presse complaisante avec leur vision du monde (on peut citer Mediapart notamment), par des élus de l’extrême gauche (comme l’élu municipal de Saint-Denis Madjid Messaoudène qui leur ouvre les portes des salles de sa ville) ou par des universitaires et chercheurs qui partagent leur critique de la France et de l’État (ceux de la tribune précitée ou encore très souvent à Paris 8 Saint-Denis), ils sont devenus visibles dans l’espace public. Et leurs idées prennent du poids au sein d’une jeunesse précaire notamment. Même s’ils ont visiblement bien plus de difficultés à convaincre dans les quartiers sensibles que dans les amphis de Paris 8 ou les manifestations parisiennes.

À quel moment l’antiracisme a-t-il basculé dans les dérives actuelles?

Il est difficile de dater précisément un tel basculement. C’est un processus long qui s’est amplifié ces dernières années dans les grandes sociétés multiculturelles occidentales. Il y a plusieurs éléments à prendre en compte.

Pierre-André Taguieff avait déjà parfaitement repéré l’ambiguïté du combat antiraciste (qui partage avec le racisme des éléments communs dans la manière d’essentialiser l’individu) tel qu’il était mené dans les années 1980, par SOS Racisme notamment, dans son livre de 1988 La Force du préjugé.

Pour ma part, j’y ajouterai un élément de contexte plus général que j’appelle le tournant identitaire tel qu’il s’est dessiné aux États-Unis notamment à la fin des années 1960 et au début des années 1970 lorsque les considérations autour de critères identitaires minoritaires (race, sexe, orientation sexuelle, religion, pays d’origine, langue minoritaire…) sont devenues de plus en plus importantes dans les mobilisations politiques et sociales au nom d’un rattrapage historique, d’une reconnaissance de droits ou de valorisation de traits spécifiques de l’identité. Toutes les spécificités ont connu cette évolution, cette «identitarisation» si l’on veut qui est venue selon les cas remplacer, compléter ou transformer le rapport essentiellement social, de classe notamment, qui surdéterminait jusqu’ici les combats politiques, à gauche mais aussi à droite d’une certaine manière.

Ces dernières décennies, en France, il faut y ajouter la dérive plus marquée encore de toute une partie de la gauche, politique, intellectuelle et médiatique. L’abandon d’un projet de transformation ambitieux du capitalisme a conduit à un double effet. Premier effet, le maintien délétère, auprès de nos concitoyens, d’une sorte de geste «de gauche» principalement économiste voire économiciste, tendant soit à un «réformisme» social-libéral, en fait d’acceptation des injonctions à la libéralisation, notamment dans le cadre européen, soit à un anti-capitalisme rhétorique mais parfois très virulent (justifiant notamment un certain degré de violence sociale) dont le seul réel enjeu politique est le maintien d’un niveau élevé de dépenses publiques assurant notamment à la gauche partidaire, syndicale et associative, la permanence de ressources et d’un électorat suffisamment importants pour continuer de compter historiquement.

Le second effet est l’indulgence manifestée au sein de ces deux options d’abord économicistes envers les exigences identitaires les plus marquées, voire les plus caricaturales, issues des revendications de minorités organisées, d’activistes, d’entrepreneurs identitaires… qui ont servi à la fois de relais et d’excuse à l’abandon du projet de transformation du capitalisme. Si bien que la gauche, toutes tendances confondues, est devenue très largement aveugle aux enjeux de l’identité commune, majoritaire, celle d’une société, d’une nation et d’un peuple en proie à de transformations considérables dues à la mondialisation et à la construction européenne.

Cette identité-là a elle-même ainsi été «identitarisée» selon le processus d’essentialisation décrit plus haut, en devant une identité culturelle particulière, celle des «petits Blancs», des «Français de souche», des «Occidentaux» voire des «chrétiens», parmi d’autres. Certes majoritaire (donc toujours déjà coupable envers les minorités) mais surtout captée, dans son principe même, dans son essence…, par l’extrême droite. La boucle infernale de la politique française pendant 30 ans était bouclée: le FN était le parti par définition selon cette logique identitaire de la majorité occidentale, blanche, chrétienne…qui compose la France (qualifiée de «moisie» au regard d’une histoire bien évidemment avant tout raciste, coloniale et esclavagiste), donc tout ce qui pouvait de près ou de loin avoir à faire avec la Nation, les frontières, l’intégration à une culture nationale commune, par l’école notamment, la fierté d’être Français, etc. devenait mécaniquement d’extrême-droite.

Le piège identitaire a broyé la gauche française à partir des années 1980 bien plus encore que ses échecs économiques – qui doivent être évalués eux au regard de ses succès. L’antiracisme, c’est cette histoire-là. Et pour dire les choses simplement, tant que la gauche n’en sortira pas, même dans ses marges, elle n’aura aucune chance de peser sur le destin du pays, quelle que soit son orientation économique.

Comment ces mouvements islamistes sont-ils parvenus, comme le rappelle Jean Birnbaum, à noyauter certains milieux d’extrême-gauche pourtant libertaires, au point de voir l’idéologie de la lutte des races prendre peu à peu le pas sur celle de la lutte des classes?

Aujourd’hui la complaisance dont je parlais plus haut est surtout marquée envers l’islam, considérée par toute une partie de la gauche, pas seulement de l’extrême-gauche, comme la religion par excellence des opprimés et des dominés. Les damnés de la terre sont aujourd’hui d’abord et avant tout les musulmans, et non plus les travailleurs, les prolétaires ou les ouvriers, pour cette gauche, et notamment les musulmans qui vivent dans les pays européens, issus de l’immigration et venus de pays anciennement colonisés. C’est ce qui a permis ces dernières années, alors que partout on assiste à une radicalisation de toute une partie de l’islam, sous des formes qui peuvent être plus ou moins violentes, cette interpénétration étonnante entre l’islamisme et le gauchisme.

On trouve désormais des exemples de cette collusion chaque jour, dont quelques-uns seulement sont médiatisés. Ainsi, le cas de la députée Danièle Obono de la France Insoumise dont on a parlé récemment, qui est de longue date proche du Parti des Indigènes de la République. On peut aussi citer cette affaire en cours à Saint-Denis d’un élu de la majorité municipale, Madjid Messaoudene dont je parlais plus haut, qui s’en prend à une principale de collège de la ville, Véronique Corazza, car celle-ci a simplement souligné le jeu trouble de cet élu avec les islamistes dans sa commune.

Jean Birnbaum rappelle que les Indigènes n’ont pas d’implantation réelle dans les quartiers ni de réelle force militante et ne doivent leur poids qu’à quelques universitaires adeptes de la culpabilisation postcoloniale. Cette querelle d’intellectuels est-elle représentative de ce qui se passe sur le terrain, à La Chapelle-Pajol ou dans les «territoires perdus de la République»?

C’est exactement ce que je soulignais plus haut: s’ils n’avaient pas de relais politiques, universitaires et médiatiques, personne ou presque n’entendrait parler de ces extrémistes de l’identité.

La responsabilité des intellectuels, au sens large, mais des universitaires et des chercheurs au sens plus étroit, est très importante. Car ils apportent la caution de leur savoir, de leur légitimité académique à ces dérives. Ils légitiment des constructions purement instrumentales et politiques au nom d’un savoir qui serait désormais au cœur des sciences sociales. Le détournement de la notion d’intersectionnalité des luttes en est un exemple frappant.

La bataille se joue aussi dans ce monde académique où l’on trouve des militants très radicaux sous les habits du chercheur ou du professeur. On a vu les dégâts que cela pouvait causer après les attentats terroristes notamment lorsque des sociologues en particulier sont intervenus pour disculper les terroristes de toute responsabilité à raison de leur origine sociale, de la laïcité qui contraindrait l’islam ou même de «l’islamophobie» qu’ils auraient subie dans la société française, et notamment de la part de l’État.

Les mêmes sont à l’œuvre pour expliquer qu’il ne se passe rien ou qu’on ne comprend jamais ce qui se passe lorsque des femmes par exemple, puisque vous citez La Chapelle-Pajol, se font harceler ou attaquer dans certains quartiers davantage que dans d’autres. Ce déni du réel qu’on avait vu aussi à l’œuvre à Cologne en Allemagne sur le même sujet pose de lourds problèmes. D’abord parce qu’il ne permet jamais de traiter efficacement les problèmes qui se posent et qui empoisonnent la vie de certains de nos concitoyens, ensuite parce qu’il paralyse tout débat au sein de la gauche et dans le monde intellectuel. Laissant la place libre aux entrepreneurs identitaires et aux tenants des visions les plus fausses autant que les plus extrémistes. On est donc perdant sur tous les tableaux.

J’espère que la prise de conscience, même tardive, de journalistes comme Jean Birnbaum pourra permettre d’avancer un peu et de faire reculer ce cancer identitaire qui a envahi le débat public.

 Voir de plus:

La gauche déchirée par le « racisme antiraciste »

Analyse. L’usage militant de notions comme « la race » ou l’« islamophobie » suscite un malaise croissant dans le mouvement social.

 Jean Birnbaum

LE MONDE IDEES

09.06.2017

De mémoire anarchiste, ce fut une soirée plus agitée que les autres. Le 28 octobre, à Marseille, la librairie Mille Bâbords fut le théâtre d’une bagarre inédite. Un débat organisé sur le thème « S’opposer au racialisme » fut interrompu, non par les habituels « nervis fascistes » mais par… d’autres libertaires !

Après avoir provoqué un tohu-bohu dans le local, une trentaine d’activistes se présentant comme des « personnes racisées » diffusèrent un tract qui mettait en garde les « anti-racialisateurs » et autres « petits gauchistes blancs de classe moyenne » : « Nous saboterons toutes vos initiatives », prévenaient les auteurs dudit tract, qui venaient déjà de joindre la pratique à la théorie, puisque les tables avaient été retournées, les livres éparpillés, des boules puantes lancées et une vitrine brisée…

Encore sonnés par les gifles qu’ils venaient de recevoir, des militants protestaient : parce que nous refusons de parler de race, voilà qu’on nous traite de racistes ! A l’initiative de cette réunion se trouvaient en effet des libertaires inquiets de voir nombre de leurs camarades substituer la question raciale à la question ­sociale.

Intitulé « Jusqu’ici tout va bien », le texte censé nourrir la discussion disait ceci :

« Ironiquement, aujourd’hui, refuser les termes de “race” ou d’“islamophobie” expose à l’infamante accusation de racisme, visant à étouffer ainsi toute possibilité de débats, de critiques et de refus. Certains anarchistes en sont rendus à proscrire le slogan “Ni dieu ni maître” sous prétexte d’islamophobie et certains marxistes pensent que pour être antiraciste, il est urgent d’ajouter la race à la classe. »

Malaise

Apparemment anecdotique, cet épisode n’en révèle pas moins le malaise que suscite, dans une partie de plus en plus large de la gauche, non seulement l’utilisation de notions comme celles de « races » ou d’« islamophobie », mais aussi des initiatives visant à promouvoir une « non-mixité racisée », à l’instar du festival afroféministe Nyansapo, qui se ­déroulera à ­Paris fin juillet (voir Le Monde du 31 mai), ou du « camp d’été décolonial » tenu à Reims en 2016.

Dans la galaxie des gauches contestataires, ce n’est pas au nom de la République d’Elisabeth Badinter ou de la laïcité façon Manuel Valls que l’on récuse « l’idéologie racialisatrice » : c’est au nom de l’universalisme dont sont porteuses les luttes sociales. Il s’agit d’affirmer que le combat ­contre le racisme et les discriminations nécessite un front uni des opprimés, front que la grille de lecture « postcoloniale » menacerait de faire imploser.

Dès 2005, réagissant à « L’Appel des indigènes de la République », le philosophe Daniel Bensaïd, qui avait été de tous les combats depuis les années 1960, et qui reconnaissait la pertinence de la non-mixité sexuelle dans le mouvement féministe, soulignait les ambiguïtés d’une telle pratique sur le terrain ethnique. Il craignait une « autonomie identitaire de repli et de fermeture » qui introduirait parmi les ­opprimés « une forme pernicieuse de droit du sang », voire cette forme d’intolérance que Frantz Fanon nommait le « racisme antiraciste ».

Dans ses Fragments mécréants (Lignes, 2005), Bensaïd pointait « les confusions charriées par la notion non clarifiée de postcolonialisme », dont les usages militants ne sont pas toujours à la hauteur de leur théorisation académique.

« Tout se mêle et se confond dans une dénonciation brouillonne, au risque d’ajouter la division à la division, et de faire tourner à plein régime la stérile machine à ­culpabiliser. On aura beau user ses semelles à marcher contre la guerre, pour les droits des sans-papiers, contre toutes les discriminations, on sera toujours suspect de garder quelque part en soi un colonisateur qui sommeille. »

Imaginaire marxiste

Une bonne décennie plus tard, cette crainte s’est intensifiée, y compris chez des militants qui avaient pu adhérer aux thèses postcoloniales et qui voyaient plutôt d’un bon œil, jusqu’alors, les pratiques ponctuelles de non-mixité militante, ou la réappropriation politique du concept de « race ». Il faut dire que le rapport de force a lui aussi évolué. A l’époque de « L’Appel des indigènes », beaucoup, à gauche, reconnaissaient la nécessité de rompre avec un vieil imaginaire marxiste qui faisait de la lutte des classes l’enjeu central, la « contradiction principale » par rapport à laquelle d’autres enjeux (sexuels, raciaux ou religieux) devaient demeurer secondaires.

Aujourd’hui, nombre d’entre eux ont le sentiment que le bâton a été tordu dans l’autre sens, au point que toutes les luttes deviendraient secondaires par rapport à celles d’un « indigène » auquel les autres victimes de ­l’oppression auraient obligation de se rallier.

« Les ­indigènes de la République appellent légitimement les autres forces émancipatrices à se décoloniser, c’est-à-dire à se débarrasser d’adhérences coloniales le plus souvent non conscientes. Mais ils refusent, en sens inverse, que ces forces émancipatrices les appellent à se défaire des préjugés et des pratiques inspirées par d’autres modes de domination : que le mouvement ouvrier les ­invite à se désembourgeoiser, que le mouvement féministe les invite à se déma­chiser, que le mouvement homosexuel les invite à se déshomo­phobiser… », note ainsi le sociologue Philippe Corcuff, aujourd’hui membre de la ­Fédération anarchiste, dans un texte paru en 2015 sur le site libertaire Grand Angle.

De cette inversion du rapport de force, certains trouvent une illustration dans la visibilité du Parti des indigènes de la République et de sa porte-parole, Houria Bouteldja, eu égard à la faiblesse militante de ce mouvement et à sa modeste implantation dans les quartiers populaires. Si ce parti marginal pèse autant, disent ses détracteurs de la gauche radicale, c’est qu’il peut compter sur l’appui exalté de quelques universitaires blancs, qui sont à l’« indigène ­racisé » ce que les « intellectuels petits-bourgeois » étaient jadis à l’ouvrier communiste : des compagnons de route qui barbotent dans les eaux enivrantes de la mauvaise conscience.

« Tétanie »

« Par le biais d’un chantage moral à la culpabilité blanche et collective, la non-mixité racisée est imposée comme une évidence dans le débat public, tonnent les auteurs d’un livre intitulé La Race comme si vous y étiez ! (2016, disponible sur Internet, 3 €). Alors que ces positions essen­tialistes issues de cénacles universitaires ne se donnent même pas la peine d’avancer masquées, une tétanie semble s’être emparée des milieux contestataires, et c’est un tapis rouge qui ­finit par être déroulé devant les tenants de la guerre de tous contre tous. Face à la publication d’un pamphlet ouvertement raciste comme Les Blancs, les Juifs et nous [Houria Bouteldja, éditions La Fabrique](…), les réactions sont d’une rareté et d’une timidité étonnantes. »

L’outrance volontariste, parfois menaçante, du livre d’Houria Bouteldja, paru en mars 2016, semble bel et bien avoir constitué la provocation de trop pour maintes figures des gauches.

Avec un tel programme, notait le directeur du Monde diplomatique, Serge Halimi,en août 2016, « toutes les balises historiques du combat multiséculaire pour l’émancipation ­humaine (le rationalisme, le syndicalisme, le ­socialisme, le féminisme, l’internationalisme…) seront balayées par les torrents essentialistes et religieux ».

Quant aux militants de Lutte ouvrière, ils faisaient valoir que les thèses de Bouteldja constituaient « la négation des idées communistes » : « Ce livre abject défend les idées les plus réactionnaires, à commencer par un ­antisémitisme nauséeux (…), une homophobie assumée, une exaltation de “la redoutable et ­insolente ­virilité islamique” (sic) et une prise de position contre le féminisme, dénoncé comme une ­exportation blanche », peut-on lire dans le mensuel Lutte de classe de février 2017.

« Traître à sa race »

Même exaspération du côté des éditions ­Libertalia, dont le catalogue compte pourtant des auteurs peu suspects d’hostilité à l’égard des thèses « indigènes ». « Quand ce livre est paru, on s’est dit : “Ce n’est plus possible, on ne peut pas laisser la jeune génération ‘cortège de tête’, celle qui est née à la politique dans les manifs contre la loi travail, basculer là-dedans” », confie Nicolas Norrito, coanimateur de Libertalia.

Quelques mois plus tard, la petite maison ­libertaire publie un essai en forme de riposte, La Fabrique du musulman (160 p., 8 €). Nedjib Sidi Moussa, docteur en sciences politiques de 34 ans, y fustige « une gauche cléricale à tendance racialiste » qui mine de l’intérieur les combats pour l’émancipation et prospère sur les défaites du mouvement social.

Analysant textes et prises de position, Nedjib Sidi Moussa s’étonne notamment que des militants anarchistes puissent reprendre tel quel un mot d’ordre comme celui de la « lutte contre l’islamophobie », alors qu’il sert d’étendard à des islamistes en France et, sur la scène internationale, à des Etats aussi puissants que réactionnaires. Dans un contexte où les organisations du mouvement ouvrier sont en perte de vitesse, il est inquiétant de constater que « des libertaires en viennent à tenir un langage qui s’accorde avec celui de l’Organisation de la ­coopération islamique », avance le chercheur.

Issu d’une famille naguère engagée dans le combat pour l’indépendance de l’Algérie, ­Nedjib Sidi Moussa confie être coincé « entre le marteau de la confessionnalisation et l’enclume de la racialisation ». Bien sûr, le simple fait de dire ce qu’il dit en portant le nom qu’il porte lui vaut déjà le soupçon d’être un « traître à sa race », comme on parlait jadis de « trahison de classe ». Mais cela lui permet d’exhiber l’un des aspects qui suscitent le plus sa révolte dans le discours ethno-différencialiste d’une partie des gauches : à force de rabattre toute espérance universaliste sur une stratégie de domination blanche, ce discours cloue les individus au mur des appartenances identitaires et leur barre l’accès aux chemins de l’émancipation.

Voir encore:

Vers l’émancipation, contre la calomnie. En soutien à Houria Bouteldja et à l’antiracisme politique

Dans une tribune au « Monde », une vingtaine intellectuels réagissent à l’article « La gauche déchirée par le racisme antiraciste » publié le 10 juin.

LE MONDE IDEES

19.06.2017

TRIBUNE. Dans le supplément « Idées » daté samedi 10 juin, Jean Birnbaum consacre un article au « malaise croissant dans le mouvement social » face à « l’usage militant des notions comme la “race ou l’“islamophobie ». Il y rapporte des propos tenus ici ou là sur les Indigènes de la République et, au-delà, sur l’antiracisme décolonial et politique.

Dans ces allusions, une nouvelle fois, Houria Bouteldja est la cible privilégiée des accusations les plus insensées, qui sont autant de calomnies : racisme, antisémitisme, homophobie… Il semble décidément que ses contempteurs n’aient pas lu son livre Les Blancs, les Juifs et nous [La Fabrique, 2016], se soient arrêtés à son titre sans le comprendre ou à quelques extraits cités à contre-emploi.

La quantité de mélanine présente dans nos peaux, toute dérisoire et arbitraire qu’elle soit, nos origines, cultures, religions ou non, la longue histoire de la colonisation, créent des privilèges et des dominations, conscientes ou non

L’ouvrage de Pap Ndiaye, La Condition noire [Calmann-Lévy], paru en 2008, n’avait pas fait couler tant d’encre amère. Tout au contraire, il avait été érigé en force intellectuelle du moment. Il montrait que la couleur de peau constitue dans nos sociétés un facteur de différenciation, de disqualification sociale et de discrimination. Il contribuait par là à articuler classe et race, après des décennies marquées par l’illégitimité du sujet. L’accueil chaleureux réservé dans les médias à Pap Ndiaye pourrait-il s’expliquer parce qu’il parlait de Noirs ? Pourtant, s’il y a des Noirs, c’est nécessairement qu’il y a des Blancs. Les Blancs veulent rarement être nommés tels, n’entendent pas voir ce que renvoie ce miroir. Ce ne sont là que des constructions historiques et sociales, mais elles pèsent. Les ignorer empêche de les combattre. La quantité de mélanine présente dans nos peaux, toute dérisoire et arbitraire qu’elle soit, nos origines, cultures, religions ou non, la longue histoire de la colonisation, créent des privilèges et des dominations, conscientes ou non. Houria Bouteldja le décrit avec évidence : « A niveau social équivalent, il vaut toujours mieux être blanc ».

Dans son livre important, complexe et tiraillé, Houria Bouteldja évoque ses propres déchirements comme indigène et Blanche ou, plus précisément, « blanchie » : des poètes et écrivains l’avaient dit aussi, Damas, Césaire, Fanon, tant d’autres. Elle exprime avec pudeur son sentiment d’humiliation devant ses parents qui « faisaient trop pauvres, trop immigrés » ; notre honte est que cette honte soit possible. Son attachement au Maghreb est relié aux juifs qui y vivaient, dont l’absence désormais crée un vide impossible à combler ; il laisse l’auteure « inconsolable ». Et cependant, ses détracteurs enchaînent les contresens comme des perles empoisonnées. Si nous ne nous retrouvons pas dans tous ses arguments ni dans toutes ses positions, ce déchaînement nous est insupportable.

L’antiracisme politique ne se résume nullement à Houria Bouteldja ; ses représentant.e.s peuvent parfois être en désaccord avec tel ou tel de ses choix. Mais ce qui est visé à travers la violence des attaques qui la ciblent, c’est l’antiracisme politique dans son ensemble, c’est-à-dire toute tentative de s’organiser et de lutter pour en finir avec l’oppression. La haine qu’Houria Bouteldja suscite est à la mesure de son courage. Courage de secouer nos bonnes consciences quand nous préférons oublier ce qu’accorde le fait d’être Blancs, ici, en Occident. Courage d’évoquer le combat quotidien des femmes racisées et la lutte des féministes décoloniales. Refus résolu et pour jamais de verser dans l’essentialisme de « l’homme indigène », qui masque si opportunément les violences faites aux femmes partout dans nos sociétés.

Dans le livre d’Houria Bouteldja, « Vers une politique de l’amour révolutionnaire » n’est pas un sous-titre de coquetterie ni une lubie d’éditeur : c’est un appel criant à quitter nos entre-soi, à déserter nos cloisonnements et nos endiguements

Ce n’est certainement pas là une substitution de la question raciale à la question sociale : c’est un croisement, une intersection comme le disent les sciences sociales. Aucune lutte n’est secondaire : le front uni est nécessaire. Il passe par la reconnaissance de toutes les oppressions. Dans le livre d’Houria Bouteldja, « Vers une politique de l’amour révolutionnaire » n’est pas un sous-titre de coquetterie ni une lubie d’éditeur : c’est un appel criant à quitter nos entre-soi, à déserter nos cloisonnements et nos endiguements. Comment peut-on ne pas voir que c’est tout l’opposé d’une guerre ? L’auteure s’adresse aux prolétaires, aux paysans, aux chômeurs, aux laissés-pour-compte, aux « sacrifiés de l’Europe des marchés et de l’Etat ». Elle se tourne vers la gauche, en particulier cette gauche radicale qui aspire à un tout autre monde. Elle veut faire front commun. Elle en appelle enfin à une histoire dénationalisée et déracialisée ; comme l’écrivait C. L. R. James à propos de ses aïeux, lorsque lui aussi s’adressait aux Blancs : « Ils sont mes ancêtres, ils sont mon peuple. Ils peuvent être les vôtres si vous voulez bien d’eux. »

Une telle pensée, qui travaille les catégories existantes pour mieux s’en échapper, est en avance sur son temps, décalée dans son époque. Elle dérange, choque, indigne qui veut lire trop vite et condamner sans procès. Ce ne sera pas la première fois qu’une telle discordance des temps est à l’œuvre : les révolutionnaires, les marxistes, les libertaires, les féministes l’ont toutes et tous éprouvée. Ce combat revient à se délester de nos catégories ; il commence par une prise de conscience. Notre émancipation est à ce prix.

Par Ludivine Bantigny (historienne), Maxime Benatouil (co-président de l’Union juive française pour la paix), Judith Bernard (metteure en scène et journaliste), Déborah Cohen (historienne), Thomas Coutrot (économiste), Christine Delphy (sociologue et militante féministe), Annie Ernaux (écrivaine), Fabrice Flipo (philosophe), Eric Hazan (éditeur et écrivain), Stathis Kouvelakis (philosophe), Philippe Marlière (politiste), Dominique Natanson (co-président de l’Union juive française pour la paix), Olivier Neveux (universitaire), Ugo Palheta (sociologue), Geneviève Rail (universitaire, Simone de Beauvoir Institute and Womens Studies, Canada), Catherine Samary (économiste), Michèle Sibony (Union juive française pour la paix), Isabelle Stengers (philosophe), Julien Théry (historien), Rémy Toulouse (éditeur).

Voir par ailleurs:

Pétition pour le droit à l’insolence antiraciste

Libération

22 juin 2017

«Le rappeur Saïdou du groupe Z.E.P. (Zone d’Expression Populaire) et le sociologue et militant Saïd Bouamama ont été mis en examen pour « injure publique » et « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence » sur une plainte de l’AGRIF, un groupe d’extrême droite nostalgique de l’Algérie française. En cause, un ouvrage et une chanson du même nom, Nique la France, qui assène en refrain : « Nique la France et son passé colonialiste, ses odeurs, ses relents et ses réflexes paternalistes / Nique la France et son histoire impérialiste, ses murs, ses remparts et ses délires capitalistes. »

«Comme des millions de gens à travers le globe ces dernières années, les deux auteurs ont attaqué le colonialisme et le système capitaliste et impérialiste. Comme beaucoup d’entre nous ils dénoncent une idéologie toujours très en vogue : le racisme, sous ses formes les plus courantes mais aussi les plus décomplexées. Comme de nombreux habitants des quartiers populaires, ils ont criés leur colère contre les inégalités, les discriminations et la justice à double vitesse.

«S’inscrivant dans une longue tradition pamphlétaire des artistes engagés en France contre l’Etat français, du « nation de porcs et de chiens » d’André Breton à « le temps que j’baise ma marseillaise » de Léo Ferré en passant par le « je conchie l’armée française » d’Aragon ou le « votre République, moi j’la tringle » de Renaud, Saïdou et Saïd Bouamama ont choisi d’assumer leur « devoir d’insolence » afin d’interpeller et de faire entendre des opinions qui ont peu droit de cité au sein des grands canaux de diffusion médiatique.

«Mais voilà, cela dépasse, choque et insupporte qu’une telle parole puisse être portée, d’autant plus quand elle l’est par ceux qui subissent en premier lieu les politiques racistes et antisociales. Lorsque des Noirs ou des Arabes font le choix de sortir de l’invisibilité et du mutisme afin de décrire la réalité telle qu’elle est – violente, inégale et destructrice – la droite extrême, l’extrême droite ou encore l’Etat s’emploient à tenter de convaincre l’opinion publique de l’illégitimité de ces discours. NTM, Sniper, Ministère Amër, Mr R, La Rumeur, Youssoupha ou Houria Bouteldja sont autant de rappeurs et militants attaqués ces dernières années pour des paroles jugées trop irrévérencieuses. Pourtant tous n’ont fait que porter publiquement l’expression populaire du rejet des discriminations et de la stigmatisation des quartiers populaires, des Noirs, Arabes et musulmans.

«En signant cette pétition, nous exigeons que les poursuites contre Saïdou et Saïd Bouamama soient abandonnées. D’accord ou pas d’accord avec les propos et les formulations incriminés, nous défendons leur droit de les tenir. L’extrême droite veut interdire le droit de chanter la révolte, imposons le droit de l’exprimer sans entraves.

Voir aussi:

Danièle Obono vient d’être élue députée. Ce n’est sans doute qu’un hasard mais l’élue de la 17e circonscription de Paris est depuis sa victoire aux législatives attaquée sur son passé. Plus particulièrement sur le fait qu’elle a signé, en 2012, une pétition pour défendre le rappeur Saïd, chanteur du groupe Zep (Zone d’expression Populaire) qui, à l’époque, chantait Nique la France. Cette pétition a été signée par de nombreuses personnalités comme Clémentine Autain, Olivier Besancenot, Eric Coquerel ou encore Noël Mamère. Mais c’est bien Danièle Obono qui est interrogée, lors des Grandes Gueules sur RMC mercredi 21 juin, au sujet de son soutien à une œuvre musicale intitulée Nique La France.

Lors de son passage sur RMC, Danièle Obono rappelle qu’elle tient à « défendre la liberté d’expression de ces artistes, parce que ça fait partie des libertés fondamentales « . Pas suffisant pour le journaliste Alain Marshall qui demande à l’élue si elle peut dire « Vive la France ». « Je peux dire ‘vive la France’, mais pourquoi, en soi ? Vous voulez que je me mette au garde-à-vous et que je chante la Marseillaise ?« , rétorque Danièle Obono, après quelques hésitations. « Vous signez plus facilement « nique la France » que vous ne dîtes ‘vive la France' », répond l’un des invités de l’émission. Depuis, la fachosphère dénonce l’attitude de Danièle Obono. Le FN aussi, trop content de pouvoir commenter un sujet qui ne concerne pas ses propres divisions ou ses propres turpitudes.

Jean-Luc Mélenchon a réagi jeudi et dénoncé le « machisme » et le « racisme insupportable » dont est victime, selon lui, Danièle Obono. Sur Facebook, le leader de la France insoumise écrit :

Amitié, affection et respect pour le sang-froid de Danièle Obono, députée de Paris, agressée sur les plateaux de télé par des chiens de garde médiatiques qui ne se rendent même plus compte que leur machisme est teinté d’une forme de racisme insupportable. Solidarité avec elle face au déchaînement de haine venant de l’extrême droite ainsi déclenché par les employés des neuf milliardaires qui contrôlent 90 % de la presse. JLM

Un message signée « JLM », indiquant que c’est bien le député des Bouches-du-Rhône qui en est l’auteur.

Il n’est pas le seul. Invité de franceinfo ce vendredi 23 juin, Éric Coquerel rappelle le contexte de cet appel datant de 2012. « C’était face à L’Agrif, une association d’extrême droite, qui voulait censurer cette chanson et nous disions à ce moment-là que, dans la tradition pamphlétaire des chansons françaises […] c’était étonnant qu’on s’en prenne au groupe ZEP. Au nom de la liberté d’expression nous défendions le droit de le dire« , explique le député LFI de Seine-Saint-Denis avant de s’étonner :

Moi ce qui m’étonne c’est que, depuis  2012, ni moi, ni Olivier Besancenot, on ne nous a jamais parlé de cette affaire. Et Danièle Obono, on lui en parle. Je vais vous dire pourquoi je pense qu’on lui en parle : parce qu’elle est noire. Je pense qu’il y a un racisme patent dans ce qui a été fait. Je suis totalement solidaire avec Danièle Obono. Il y a quelque chose d’absolument d’insupportable au fait d’estimer qu’une personne parce qu’elle est noire, on lui demande de crier : vive la France ! Moi, on ne me l’a jamais demandé.

Pour Éric Coquerel comme pour Jean-Luc Mélenchon, Danièle Obono est donc ainsi personnellement visée parce qu’elle est noire.

Lors des Grandes Gueules ce vendredi, Alexis Corbière fustige le comportement des animateurs. « Ce que vous avez fait avec Danièle Obono, ce n’est pas bien. Vous avez fait une erreur. Je n’apprécie pas ce que vous avez fait et je suis en colère », s’énerve le député LFI. « Elle n’a jamais dit ‘nique la France’. Ce sont des propos qui ne sont pas les siens, vous avez voulu la délégitimer », dit-il avant de reprendre le même raisonnement qu’Éric Coquerel, parlant d’un « procès d’intention » :

Faites attention les amis, parce que si à chaque fois qu’il y a une femme black, intellectuelle, antiraciste [il est coupé] Mais il y a un rapport ! Et ne faites pas semblant de ne pas le comprendre parce que je vais vous dire, vous m’avez invité des tas d’années aux Grandes Gueules, vous ne m’avez jamais posé la question pour savoir si j’aimais la France ou pas. Vous ne m’avez jamais demandé de dire ‘vive la France’. Parce que moi je m’appelle Alexis Corbière, je ne m’appelle pas Danièle Obono. Ça me blesse et ça blesse beaucoup de gens.

Voir aussi:

« Nique la France » vs « vive la France » : comprendre la polémique Obono en trois actes

 La députée de la France insoumise est au cœur d’un débat enflammé après avoir refusé de dire « Vive la France » sur RMC, tout en réitérant son soutien à une pétition controversée.
Gaétan Supertino
Europe 1
23 juin 2017

« De quel droit somme-t-on Danièle Obono de crier ‘Vive la France’ ? », s’interroge Libération, dans une tribune publiée vendredi. « Il se passe une chose surréaliste, autour de Danièle Obono, porte-parole nationale de La France insoumise élue députée de la 17e circonscription de Paris », rapporte le quotidien, venant à la rescousse de la nouvelle élue de 36 ans. Par « chose surréaliste », il faut entendre la polémique dans laquelle est empêtrée malgré elle cette bibliothécaire de métier, depuis son passage dans l’émission les Grandes gueules, mercredi sur RMC.

L’origine : une pétition de 2012 et une chanson intitulée « Nique la France »

Pour comprendre la polémique, il faut remonter à 2012. Danièle Obono, ancienne membre de la direction du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) qui a rejoint le Front de gauche, signe à l’époque une pétition de soutien au rappeur Saïdou, du groupe ZEP (Zone d’Expression Populaire) et au sociologue Saïd Bouamama, lancée par Les Inrock. « Les deux hommes sont à l’époque mis en examen (puis relaxés) pour ‘injure publique’ et ‘incitation à la haine raciale’ après la diffusion du clip ‘Nique la France’ », qu’ils ont co-écrit, rappelle 20 Minutes, avant de citer un extrait de la chanson : « Nique la France et son passé colonialiste, ses odeurs, ses relents et ses réflexes paternalistes/Nique la France et son histoire impérialiste, ses murs, ses remparts et ses délires capitalistes ».

Vous signez plus facilement ‘nique la France’ que vous ne dites ‘vive la France’

La pétition –  signée par la députée mais aussi par Noël Mamère, Clémentine Autain, Eric Coquerel, Eva Joly ou encore Olivier Besancenot – est alors accompagnée d’un texte de soutien « à la liberté d’expression » qui rappelle la « tradition pamphlétaire » française, citant pêle-mêle Léo Ferré, Renaud ou Aragon. « Lorsque des Noirs ou des Arabes font le choix de sortir de l’invisibilité et du mutisme afin de décrire la réalité telle qu’elle est – violente, inégale et destructrice –, la droite extrême, l’extrême droite ou encore l’Etat s’emploient à tenter de convaincre l’opinion publique de l’illégitimité de ces discours », pouvait-on lire sur le texte.

La polémique : la députée assume et refuse de dire « Vive la France »

Mercredi lors des Grandes gueules, Danièle Obono est interrogée sur cette pétition. « En tant que députée, êtes-vous fière d’avoir signé ? », lui demande-t-on. Ce à quoi elle répond : « Pour défendre la liberté d’expression de ces artistes, oui. Parce que ça fait partie des libertés fondamentales ». « Vous pouvez dire « vive la France » ? » lui demande alors un journaliste de l’émission. Réponse de l’intéressée : « Je peux dire ‘vive la France’, mais pourquoi, en soi ? Je ne me lève pas le matin en disant ‘Vive la France’ […] « Vous voulez que je me mette au garde-à-vous et que je chante la Marseillaise ? ». « Vous signez plus facilement ‘nique la France’ que vous ne dites ‘vive la France’ », commente alors un chroniqueur.

Il n’en fallait pas moins pour susciter une pluie de réactions indignées. De la part de groupes classés à l’extrême droite, d’abord, à l’instar du site Fdesouche. Mais l’indignation dépasse rapidement la « fachosphère ». « Hallucinant ! La députée France Insoumise défend ceux qui chantent ‘nique la France’ mais hésite à dire ‘vive la France’ », s’indigne ainsi sur Twitter le député LR sortant, Thierry Mariani. « Cette Mme Obono (sic) semble ne pas avoir pris la mesure des siècles d’Histoire de France qui la contemplent et l’obligent. Elle veut pouvoir ’niquer la France’ tranquillement ? Alors qu’elle quitte les dorures de la République », renchérit David Rachline, sénateur et maire FN, toujours sur Twitter. « Entendre Nique la France la gêne moins que dire Vive la France. Elle est pas mal l’Insoumise… », ironise, également, le journaliste Jean-Michel Aphatie sur le réseau social.

Si Ferré pouvait ‘baiser la Marseillaise’ et Renaud ‘tringler la République’, le chanteur de ZEP (même arabe) peut bien ‘niquer la France’
La députée reçoit toutefois de nombreux soutiens, de son propre camp, d’abord. « Amitié, affection et respect pour le sang-froid de Danièle Obono, agressée sur les plateaux de télé par des chiens de garde médiatiques qui ne se rendent même plus compte que leur machisme est teinté d’une forme de racisme insupportable », réagit ainsi Jean-Luc Mélenchon sur son compte Facebook. « Je trouve honteux que Danièle Obono soit mise sur le grill sur ce sujet. J’estime que la pétition de 2012 défendait non pas les paroles de cette chanson, mais la liberté d’expression de ses auteurs […] Je comprends totalement que Danièle réagisse comme ça. Vous aimeriez qu’on vous force à dire ‘Vive la France’, vous ? », argumente également le député de la France insoumise Alexis Corbière, dans L’Express.

Mais le soutien, aussi, s’étend rapidement au-delà du champ politique. « Si Ferré pouvait ‘baiser la Marseillaise’ et Renaud ‘tringler la République’, le chanteur de ZEP (même arabe) peut bien ‘niquer la France’. Si Coquerel, Besancenot ou Eva Joly peuvent (doivent ?) rappeler cette saine évidence, Danièle Obono (même noire) le peut aussi », peut-on ainsi lire dans la tribune de Libération, qui s’interroge sur le fait que les autres signataires (blancs) de la pétition n’aient jamais été interrogés. « Georges Brassens non plus n’aimait pas marcher au pas. Juste mise au point face au déferlement haineux contre Danièle Obono », réagit encore le fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, sur Twitter.

« Comprendre ce qu’il y a derrière ».Invitée sur RFI vendredi, la députée de Paris Danielle Bono s’est elle même expliquée : « Regretter, ce n’est pas ma démarche, je suis militante politique depuis des années, je veux convaincre avec mes idées. C’est important de défendre les libertés démocratiques, la liberté d’expression, c’est dans ce cadre que j’ai participé avec d’autres à cette pétition. Il faut aller au-delà et essayer de comprendre ce qu’il y a derrière ».

Le débat derrière le débat : député, un statut à part ?

Au-delà de la question liée à la pétition de 2012, c’est celle du statut de député que pose la polémique « Danièle Obono » : un député peut-il rechigner à dire « vive la France » ? Etienne Liebig, chroniqueur des Grandes Gueules, résume en ces termes sur le site de RMC : « Il n’y a pas plus Français que moi, il n’y a pas plus amoureux de la France que moi. Mais si tu me demandes de crier ‘vive la France’, je refuse […] Ce qui fait le choquant, c’est qu’elle n’a pas pris conscience qu’elle n’est plus la citoyenne qu’elle était, et qu’elle est devenue une femme politique ». « Là où le bât blesse, c’est que la dame en question vient de se faire élire députée. Elle incarne cette France qu’elle rejette, représente ces Français racistes que nous serions », renchérit dans Le Figaro l’essayiste Céline Pina, fondatrice du mouvement Viv(r)e la République.

La nier est une hérésie, et souhaiter qu’elle disparaisse, une infamie hypocrite
Mais sur ce point-là également, la réponse est loin d’être unanime. Dans une longue tribune intitulée « Nique la France n’est pas rédhibitoire », le journaliste de Slate Claude Askolovitch appelle à « soutenir » la députée, même si on n’est pas d’accord avec elle. « La députée de la France insoumise Danièle Obono appartient à une école de pensée qui met la colonisation et ce qu’elle a généré au cœur de la crise. On peut être en désaccord avec Madame Obono, la disputer, en détail ou globalement, la soutenir en conscience. Mais la nier est une hérésie, et souhaiter qu’elle disparaisse, une infamie hypocrite. Ce qui la justifie existe, et sans elle, qui en parle ? », écrit-il.

Et de conclure : « Accepter que s’entende au parlement une parole qui récuse les évidences majoritaires, voire les hégémonies fondatrices, n’est pas choses aisée. C’est pourtant la condition de la démocratie. Siégeaient au Parlement de l’Empire allemand des députés d’Alsace qui conspuaient le Reich et le pangermanisme et gardaient fidélité à la France. Siègent au Parlement israélien des députés palestiniens qui revendiquent leur antisionisme et récusent l’État dont ils participent, pourtant, à la démocratie. Siégeaient au Parlement français, dans les années 1920 des élus communistes qui ne votaient pas les crédits militaires, détestaient l’armée et l’idéologie de la victoire, au lendemain de la Grande guerre, et niaient la France blessée et victorieuse autant qu’il était possible ».

Voir encore:

Conseil européen : « Nous devons accueillir des réfugiés », insiste Emmanuel Macron

 FRANCE 24

 23/06/2017

À Bruxelles, le président français a mis en avant sa bonne entente avec la chancelière allemande, notamment sur la question de la crise migratoire. L’engagement a été pris vendredi d’accélérer les procédures de traitement des droits d’asile.

Lors d’une conférence de presse conjointe à l’issue du Conseil européen à Bruxelles, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont exprimé vendredi 23 juin des positions convergentes sur les réponses à apporter aux migrations vers l’Europe.

Le président français a ainsi montré qu’il voulait mettre l’Europe en marche vers plus de solidarité dans la crise migratoire. Pour le nouveau locataire de l’Élysée, l’exemple à suivre est celui donné par l’Allemagne.

« Les décisions prises par la chancelière Angela Merkel ont été des décisions courageuses », a-t-il estimé. « Nous devons accueillir des réfugiés car c’est notre tradition et notre honneur. Je le redis ici, les réfugiés ne sont pas n’importe quel migrant. Ce ne sont pas les migrants économiques. Ce sont des femmes et des hommes qui fuient leur pays pour leur liberté, ou parce qu’ils sont en guerre ou pour leur choix politique. Nous devons ainsi faire preuve de solidarité quand un de nos voisins fait face à des arrivées massives de réfugiés ou de migrants.

« Faire preuve de solidarité entre pays européens »

Sur ce dossier, la commission européenne a ouvert la semaine dernière une procédure contre la Hongrie, la Pologne et la République tchèque. Emmanuel Macron a d’ailleurs rencontré dans la matinée les dirigeants de ces trois pays, ainsi que de la Slovaquie, les quatre membres du groupe de Visegrad. Cette réunion avec certains des mauvais élèves en matière de répartition des réfugiés visait à apaiser les tensions, mais elle n’a pas permis de réelle avancée sur le dossier, comme l’a regretté la chancelière allemande.

« Il n’y a malheureusement pas de progrès sur la question de la répartition des réfugiés entre les pays. Nous devons continuer à traiter ce problème parce qu’il est très important, notamment car il faut faire preuve de solidarité entre pays européens », a-t-elle déclaré.

Sous l’impulsion des deux dirigeants français et allemand, ce conseil européen aura tout de même accouché de quelques engagements en termes de politique migratoire. Le couple franco-allemand a notamment promis une accélération de la procédure de traitement des demandeurs d’asile, un renforcement des frontières extérieures de l’Europe et une intervention coordonnée sur les théâtres d’opérations extérieurs. De son côté, le président de la commission, Jean-Claude Juncker, a invité les pays membres à honorer leurs engagements financiers pris envers l’Afrique pour lutter contre l’immigration illégale.

Voir enfin:

Didier Leschi : « La portée réactionnaire du discours de la race écrase le combat social »

Dans une tribune au « Monde », l’historien et ancien préfet dénonce les propos de la porte-parole du Parti des indigènes de la République, Houria Bouteldja, qui maintiennent l’idée de domination et proposent de l’inverser, au lieu de la renverser.

Didier Leschi (Ancien préfet pour l’égalité des chances en Seine-Saint-Denis)

Le Monde

24.06.2017

TRIBUNE. L’utilisation de la catégorie de « race », même avec la volonté de défendre ceux qui sont issus des mondes coloniaux, et qui seraient les « indigènes » de l’intérieur opprimés par « les Blancs et leurs alliés juifs », favorise-t-elle le combat pour l’égalité des droits ? C’est ce qu’affirment des militants qui considèrent que l’humanisme de tradition socialiste est un universalisme qui empêcherait de prendre en compte la spécificité des oppressions, militants dont la principale propagandiste est Houria Bouteldja.

Ceux qui prêtent crédit à ses propos ne se basent pas tant sur ses dires ou écrits, mais sur cette idée qu’elle serait aujourd’hui la figure de l’hérétique, du scandaleux qui provoque au nom d’un amour supérieur du réel. Nous serions face à elle comme le furent d’autres censeurs face à Pasolini ou Genet. Par conformisme, nous serions sourds aux innovations d’un discours radical à partir de la réhabilitation de cette idée de la race.

Mais, nous dit-on, l’émancipation qui nous concerne tous est à ce prix. La violence qui serait faite à notre sensibilité, à nos intuitions normatives serait donc un progrès. Or, ces nouveaux damnés de la terre défendent un projet identitaire qui maintient l’idée de domination et propose de l’inverser et non de la renverser au profit de tous. En ce sens, le nouvel acteur social promu est à l’opposé du prolétaire dont le combat émancipera l’ensemble de la société, selon la pensée de Marx.

Structures d’appartenance

Bien au contraire, dans cette perspective « indigène », ce qui est réhabilité ce sont les identités, qui valorisent les structures d’appartenance où chaque individu doit d’abord prêter allégeance à ce qui l’enferme. Ainsi, une femme « indigène » devrait définir son identité selon la formule de Houria Bouteldja : « J’appartiens à ma famille, à mon clan, à ma race, à l’Algérie, à l’islam. »

Comment ne pas entendre que cette pensée se confond avec celle de Jean-Marie Le Pen ? Certes, on veut s’opposer aux « Français de souche », mais par-là même, ce projet légitime le vocable et l’idée de l’existence de souche et d’appartenance de sang aux dépens du libre-arbitre et de la culture. Pas étonnant que les tenants de ce qui se veut la radicalité pour notre époque se déclarent culturellement opposés aux mariages mixtes, dont l’idée devrait même susciter le dégoût, un discours que l’on n’avait plus entendu depuis Vichy.

Ces discours sont à l’opposé des penseurs de la créolisation, comme Patrick Chamoiseau ou Raphaël Confiant. Féminisme, défense des homosexuels et laïcité, on pourrait aisément défendre toutes les catégories jugées par ces radicaux racialistes comme des « collaborations de gauche » à l’oppression « blanche » qu’ils souhaitent dénoncer.

Je suis métis et mes enfants plus encore. Métis d’Amérique, de Noir, de Blanc, de juif, de l’Est de l’Europe comme de la Méditerranée. Que dois-je entendre quand je lis que le métissage la dégoûte, si ce n’est le retour de la domination par la race dont la pureté ne sera jamais préservée ? Que dois-je entendre quand l’antisémitisme de l’ancien président iranien Ahmadinejad est qualifié par elle d’« œuvre d’art » ? Je suis prêt à examiner toutes les hypothèses, à faire preuve même d’une certaine dose de masochisme comme ceux qui se veulent les compagnons de route de ce combat.

Aucun imaginaire commun

Mais enfin pense-t-on vraiment œuvrer pour l’émancipation en ne voulant pas voir ce qui est vraiment écrit ? Ainsi peut-on trouver légitime de reprendre le mot d’ordre des partisans de l’Algérie française, « Fusillez Jean-Paul Sartre », parce qu’en 1948, il n’avait pas dénoncé la création d’Israël et serait ainsi à ranger du côté des penseurs de l’oppression parce qu’allié des juifs ?

Tout cela ne serait que le reflet tragi-comique de l’abaissement du débat intellectuel si cela ne produisait pas des effets concrets, comme j’ai pu le mesurer en Seine-Saint-Denis, dans ce qui est appelé « quartiers populaires ». Pauvre contre pauvre, la légitimation du combat de la race que véhicule ce type de discours fait disparaître chez trop de jeunes l’idée d’un front commun possible au-delà des assignations, brise la capacité à reconstituer un peuple politique, fort de ses altérités et non les opposant les unes aux autres.

La portée réactionnaire de ce discours écrase le combat social qui porte le progrès. Aussi légitime que soit la dénonciation qui lève le déni sur des impasses graves – à savoir l’existence réelle de discriminations dont sont victimes en particulier les jeunes issus de l’immigration – cette pensée ne construit aucun imaginaire commun.

C’est l’inverse, pour le coup, des visions violentes des vrais porteurs de l’amour révolutionnaire que furent Genet et Pasolini, qui faisaient de cet amour la capacité subversive à aimer l’ennemi. Jusqu’à l’aimer charnellement.

Dans mon jeune temps, que je ne regrette pas, les radicaux que nous étions furent protégés par la figure de Jean-Paul Sartre, qu’on ne pouvait, selon le mot de De Gaulle, embastiller, car « on n’emprisonne pas Voltaire ». Nous chantions une chanson dont le refrain disait : « Il n’y a que deux camps, vous n’êtes plus du nôtre. » En souvenir de celui-ci, aider Houria Bouteldja à ne pas quitter définitivement le camp de l’émancipation, ce ne peut être lui épargner la critique radicale de ses errements.

Didier Leschi est l’auteur de « Misères de l’islam de France », Le Cerf, 176 pages, 14 euros.

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Xavier Bertrand atteint par le mimétisme macronien

Et c’est reparti dans l’hystérie pavlovienne contre le FN ! Xavier Bertrand, président (LR) des Hauts-de-France, n’en finit pas d’être obnubilé par le Front national. En mai, il avait assimilé le gaulliste Nicolas Dupont-Aignan à Pierre Laval, numéro 2 de Vichy, après le ralliement du président de Debout la France à Marine Le Pen. Cette fois, dans le JDD paru dimanche, Bertrand fait procès à Laurent Wauquiez, président (PR) d’Auvergne-Rhône-Alpes, de « courir après l’extrême droite » dans son objectif de prendre la tête du parti. Si l’accusateur fait savoir qu’il ne sera pas candidat à cette compétition, il se dit prêt à apporter son soutien à Valérie Pécresse. Mais que signifie « courir après l’extrême droite », expression toute faite qui s’allie le plus souvent avec l’impératif de « ne pas faire le jeu du FN « ? Bertrand laisse comprendre ses réticences quand il préfère parler de France « inégalitaire » plutôt qu’ »identitaire », Il explique aussi : « En 2012 comme en 2017 ce n’était pas la droite « décomplexée » mais radicalisée ». Bref, courir après l’extrême droite revient, pour Bertrand, à aborder les sujets préemptés par Le Pen (la laïcité, la nation, la souveraineté, la cohésion nationale, l’immigration, la place de l’islam, etc). En d’autres termes, Bertrand s’interdit apparemment de traiter ces questions déjà contaminées. Il préfère, si on suit bien, les laisser au monopole du FN ou à Wauquiez, soupçonné de vouloir faire alliance avec Marion Maréchal Le Pen. Mais Bertrand, homme de terrain qui dit avoir rompu avec la pensée obligée, ne voit-il rien du malaise existentiel des Français ?

En rejetant la question identitaire, au prétexte de se distinguer du FN et de la droite « radicalisée », Bertrand tombe dans le vieux piège du sectarisme et de l’intolérance. Sa posture mimétique du donneur de leçons, qu’il emprunte au camp du Bien qui l’a fait gagner face au FN dans sa région, est anachronique alors que la droite a une obligation de resserrer les rangs. D’autant que le patron des Hauts-de-France parle comme Marine Le Pen quand il dit vouloir s’adresser à la « France des oubliés », expression initiée sur ce blog il me semble. Quand il dit vouloir « parler à la fois à l’ouvrier et au chef d’entreprise (…) au rural et à l’urbain », il ne dit pas autre chose que Marion Maréchal Le Pen lorsqu’elle déclare, dans un entretien récent à Valeurs Actuelles : « La stratégie victorieuse réside dans l’alliance de la bourgeoise conservatrice et des classes populaires ». Ce que Bertrand ne veut pas voir, par refus idéologique, c’est que l’identité est ce lien qui reste commun aux classes populaires et à la droite conservatrice, soucieuses de protéger des valeurs remises en question par le relativisme et le multiculturalisme. En fait, Bertrand s’est laissé macroniser à son tour, dans une conversion à l’économisme en tout et dans une aversion pour le discours identitaire, réservé aux seules minorités ethniques ou sexuelles. Cette doctrine porte les échecs à venir. La question du moment est : qu’attend Bertrand pour rejoindre La France qui marche ? Elle parle comme lui.

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Bloc-notes : pourquoi la Macronie est une bulle

La Macronie, réserve de technocrates, est une bulle confortée par les législatives. La majorité absolue accordée à La République en marche (319 sièges) repose sur une abstention record (57,3%), à laquelle s’ajoutent 9,9% de bulletins blancs ou nuls. En apparence, l’armée de députés fait masse. Mais le creux résonne sous ces rangs serrés. En fait, les mécontents ont accentué, au second tour, leur refus de participer à une mascarade. Le jugement des frondeurs a été conforté dès lundi par la guignolade autour du projet de loi de François Bayrou sur la moralisation de la vie politique. Ce qui avait été annoncé comme un texte fondateur du macronisme immaculé s’est révélé dans ses effets grotesques. Mercredi, le promoteur de la grande lessive a démissionné du ministère de la Justice, après Marielle de Sarnez du ministère des Affaires européennes, et Sylvie Goulard du ministère des Armées : trois membres du MoDem, soupçonnés dans une affaire de financements détournés d’assistants parlementaires, connue depuis longtemps.

La tartufferie, décrite ici depuis un mois à propos de ce document rebaptisé « rétablissement de la confiance », n’a su éviter la farce de l’arroseur arrosé. Il fallait être aveuglé de son ego pour prétendre s’ériger en donneur de leçons. « Nous n’avons jamais eu d’emplois fictifs au MoDem », a redit Bayrou mercredi. Un même aplomb se retrouve chez Richard Ferrand, proche d’Emmanuel Macron, soupçonné d’enrichissements douteux. Lundi, le président a choisi d’exfiltrer Ferrand, réélu député, pour qu’il préside le groupe LREM à l’Assemblée, au mépris du pouvoir législatif. Tous ces juges autoproclamés rivalisaient d’indignations, durant la campagne présidentielle, devant les dénégations de François Fillon, mis en cause pour des pratiques jusqu’alors tolérées : une défense qui est devenue la leur. Cette agitation moraliste avait rendu inaudibles les sujets civilisationnels que Fillon entendait porter.

La bulle macronienne, héritage de ce que fut longtemps le candidat, ne s’arrête pas à son univers aseptisé, à son gouvernement d’experts, à ses parlementaires boudés par les Oubliés. La bulle permet également d’ignorer des thèmes laissés aux « extrêmes » et aux « démagogues ».

En fait, en Macronie, le small talk est la règle. Ce papotage, prisé dans les salons, évite les sujets qui fâchent. Appliqué à la politique, le procédé est ridicule. Pourtant, jamais un élu LREM ne se laissera aller à aborder franchement l’immigration extraeuropéenne de masse, la conquête islamique de l’Europe, les isolats déjà perdus par la France, l’antisémitisme des cités, la guerre civile qui vient ou tout autre sujet « nauséabond ». Dans l’univers melliflu de la Macronie, ces inquiétudes sont des vulgarités obsessionnelles et populistes. En parler est aussi scabreux que de péter à table. Dans ce contexte préservé, récuré et consensuel, l’aggravation de l’abstention au second tour des législatives n’a rien d’étonnant. Le raisonnement présidentiel construit sur l’expression : « Et en même temps (…)», conduit à rendre indiscernables ses convictions. La crise n’est pas seulement celle de la démocratie représentative ; cela fait longtemps que les Français ne s’identifient plus à leurs dirigeants. Mis sous cloche, ces derniers parlent la langue morte du politiquement correct. Mais ce diagnostic aurait dû inciter les « élites » à ôter leurs œillères. L’inverse s’est produit. C’est la raison pour laquelle la vraie crise est plus gravement celle de l’intelligence politique. La pléthore de candidats à la députation devait normalement satisfaire à la demande. Cependant, avaient-ils quelque chose à dire ? Il faut croire que non, vu les citoyens qui se sont détournés des babillages policés.

Revenir au défi identitaire

L’idéologie macroniste est vouée à l’échec, si elle persiste à préférer la désincarnation des chiffres et à se reposer sur la domestication des esprits paresseux. Le discours officiel veut faire croire, y compris à la droite dite « constructive » qui a rejoint le troupeau, que le libéralisme économique serait la réponse à tout. Dimanche, prenant acte de l’amélioration relative du score des Républicains (131 députés élus), François Baroin a cité la fiscalité comme sujet majeur de discorde avec LREM. La gauche marxiste s’arrange de ce matérialisme, qui replace les rapports économiques au centre des luttes. En fait, la classe politique s’accorde à répéter que le défi identitaire, rejeté par la bulle, n’obnubile que de infréquentables, soupçonnés d’arrière- pensées condamnables. Même le FN s’est laissé prendre à ce conformisme du tout-économique, qui lui a fait placer la sortie de l’euro au centre de sa campagne ratée. Mais cet aveuglement n’est pas celui de la France populaire. La prétention du pouvoir à incarner la subtilité dans une approche de la complexité fait partie de l’autopromotion de la théatrocratie, qui vire à la comédie de boulevard avec la débandade des faux curés de la république. Rien d’étonnant d’entendre, dimanche soir, Daniel Cohn-Bendit se flatter, sur France 2, d’être « l’incarnation du “En même temps” » macronien, avatar nostalgique des slogans verbeux de Mai 68 et de son leader. La posture « éclairée » du chef de l’État n’éclaircit rien de sa politique face à la nouvelle vague de clandestins qui affluent en France et singulièrement à Paris, face aux islamistes qui défient les forces de l’ordre, aux islamo- gauchistes qui attisent la violence et la haine antijuive. Une chose est sûre : les solutions ne se contenteront pas d’une réforme des retraites ni d’une possible relance économique.

Combattre l’irénisme

L’absence de réflexion sur l’immigration du tiers-monde ou le terrorisme islamique explique la platitude des réponses de l’État. Quand le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, explique jeudi que Calais « ne doit pas être un abcès de fixation » pour les « migrants », il ne propose aucune mesure d’urgence sinon de « couper la route des passeurs », tarte à la crème de l’impuissance publique. Le chef de l’État n’est pas plus efficace quand, dans Le Figaro de jeudi, il s’en remet à l’Union européenne pour surveiller les frontières extérieures, ce vœu pieux. Apprendre que le salafiste qui a raté son attentat lundi sur les Champs-Élysées était un fiché S qui bénéficiait d’une autorisation de port d’armes révèle l’irénisme qu’il faut combattre. Mais la Macronie a-t-elle les armes ?

Voir encore:

Suspension des visas : la Cour suprême donne largement raison à Trump

  • Philippe Gélie
  • Le Figaro
  • 26/06/2017

Avant son examen au fond à l’automne, la plus haute juridiction américaine autorise l’application du décret présidentiel, à une exception près.

De notre correspondant à Washington

La victoire n’est pas tout à fait complète, mais elle n’en est pas moins importante. Cinq mois après sa première publication, le décret de Donald Trump suspendant la délivrance de visas aux ressortissants de six pays à majorité musulmane va pouvoir entrer en vigueur presqu’intégralement. La légalité de l’ensemble de l’ordonnance présidentielle sera examinée par la Cour suprême à l’automne – si elle est toujours controversée, sa validité étant prévue pour 90 jours.

Lundi 26 juin, la plus haute juridiction des États-Unis a contredit les arguments de plusieurs cours fédérales qui avaient jusqu’ici empêché son application. Estimant que «l’intérêt de préserver la sécurité nationale est un objectif urgent de la plus haute nécessité», la décision majoritaire de la Cour, non signée par ses auteurs, considère qu’«empêcher le gouvernement de poursuivre cet objectif en appliquant (la suspension des visas) aux ressortissants étrangers sans lien avec les États-Unis nuirait significativement à (nos) intérêts sans alléger de façon évidente les difficultés de qui que ce soit d’autre».

Prouver une relation crédible avec les États-Unis

La Cour introduit en conséquence une seule exception, en faveur d’étrangers «pouvant revendiquer de manière crédible une relation de bonne foi avec une personne ou une entité aux États-Unis». L’ambiguïté de la formule pousse les juges à «illustrer le type de relations» pouvant bénéficier de cette dérogation: pour les particuliers, «une relation familiale proche est nécessaire» ; pour les entités, «la relation doit être formelle, documentée et formée dans le cours normal» des activités de l’organisme concerné. Ainsi d’un étudiant admis dans une université américaine, d’un travailleur embauché par une entreprise ou d’un experts invité à donner une conférence aux États-Unis.

La même décision, assortie de la même dérogation, est appliquée à la suspension du programme d’accueil des réfugiés: «Lorsqu’il s’agit de réfugiés sans lien (avec des personnes résidant légalement aux États-Unis), la balance penche en faveur de l’indéniable nécessité pour le gouvernement d’assurer la sécurité de la nation», souligne la Cour.

Un flot de procès attendu

La formule ne convainc pas toute la communauté des juristes, y compris parmi les neuf sages. Un «avis dissident», signé par les juges conservateurs Clarence Thomas, Samuel Alito et Neil Gorsuch, se prononce en faveur d’une application intégrale du décret, faisant valoir que «le remède risque d’être impraticable, imposant aux fonctionnaires le fardeau de décider – au risque d’outrage à la Cour – qui a une connexion suffisante» avec les États-Unis. «Le compromis va aussi inviter un flot de procès, jusqu’à ce que l’affaire soit tranchée sur le fond», ajoute l’objection minoritaire. Au passage, un signal réconfortant pour Donald Trump: Neil Gorsuch, le juge qu’il vient de nommer, le soutient sur une mesure phare du début de son mandat.

C’est un succès encourageant pour la Maison-Blanche, qui avait révisé son premier décret en mars, retirant l’Irak de la liste des pays visés, omettant de cibler les seuls réfugiés syriens et supprimant la faveur accordée aux chrétiens pour ne pas prêter le flanc à l’accusation de discrimination anti-musulmans. Donald Trump s’est félicité de cette décision de la Cour suprême voyant une «victoire» pour la sécurité nationale des États-Unis. «En tant que président, je ne peux laisser entrer dans notre pays des gens qui nous veulent du mal», a-t-il indiqué dans un communiqué. «La décision rendue à l’unanimité par la Cour suprême est une victoire nette pour notre sécurité nationale.»

Trump a annoncé la semaine dernière que le décret entrerait en vigueur 72 heures après avoir reçu l’approbation définitive de la justice – soit jeudi matin 29 juin.

Voir enfin:

Jeux olympiques : Obama, la boulette ?
Sandrine Lefevre
Le Parisien
04 octobre 2016

Quelle mouche a donc piqué Barack Obama ? Dans un long entretien au « New York Magazine », le président américain dresse le bilan de ses huit années à la Maison-Blanche. En évoquant longuement ses relations avec le camp républicain, il revient sur la défaite de Chicago, son ancien fief politique, à l’organisation des JO de 2016 face à Rio.

« Nous avons compris par la suite que les décisions du CIO étaient similaires à celles de la Fifa : un peu truquées », lâche alors Obama, estimant, « que la candidature américaine était la meilleure ». Une phrase qui pourrait être lourde de conséquences au moment où Los Angeles est candidate à l’organisation des JO.

Peut-être un coup dur pour la candidature de Los Angeles 2024

Du côté de Paris 2024, on refuse de commenter ce qui s’apparente à une grosse boulette. « C’est sûr que les membres du CIO (NDLR : qui désigneront la ville hôte en septembre 2017) ne vont pas apprécier, estime un connaisseur des instances olympiques. Une phrase comme celle-ci, c’est forcément dangereux pour Los Angeles. »

Durant tout le week-end, lors de la visite de Thomas Bach, les porteurs du dossier parisien ont veillé à ne créer aucun incident, François Hollande a quant à lui rappelé les « valeurs communes de la France et du CIO ». Contrairement à Paris, qui bénéficie du soutien (notamment financier) de l’Etat, la candidature de Los Angeles est l’affaire de la ville et non pas du pays. « Du coup, Obama s’en moque, les JO, ce n’est pas son problème », poursuit le spécialiste.

Il n’est peut-être d’ailleurs pas le seul à avoir froissé le CIO ces dernières heures. En maintenant sa position contre l’accueil des réfugiés, le premier ministre hongrois Viktor Orban risque de mettre en danger la candidature de Budapest … l’intégration des migrants, notamment par le sport, étant l’un des sujets importants actuellement au CIO.


Polémique Arte: Vous avez dit accablant ? (The worst documentary on antisemitism, except for all the others)

23 juin, 2017

Législatives: Après le hold up, le syndrome de Stockholm électoral ! (After a legislative election with a record abstention rate, France’s clingers and deplorables are still waiting for their Trump)

20 juin, 2017
Stockholm syndrome coming soon osmonster
TrumpRevolution
Les voleurs nous protègent contre la police. Otages du Crédit Suédois de Stockholm (le 23 août 1973)
La ministre des Armées Sylvie Goulard fait savoir ce mardi 20 juin qu’elle renonce à figurer dans le nouveau gouvernement qu’Emmanuel Macron a chargé Edouard Philippe de former. Elle est citée dans l’affaire des soupçons d’emplois fictifs au MoDem, tout comme ses collègues François Bayrou et Marielle de Sarnez. (…) Cette annonce intervient au lendemain du départ d’un autre ministre, Richard Ferrand. Lui aussi a des démêlés avec la justice : une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Brest sur l’opération immobilière qui a profité à sa compagne lorsqu’il était patron des Mutuelles de Bretagne. Le désormais ex-ministre de la Cohésion des territoires va briguer la présidence du groupe La République en marche à l’Assemblée nationale. (…) Le président de la République a-t-il entrepris, dans le cadre de ce remaniement, de vider son gouvernement de tous les ministres touchés par des affaires ? L’annonce publique de Sylvie Goulard, inhabituelle dans son genre puisqu’elle avait été démissionnée lundi avec tout le gouvernement, met en tout cas ses collègues François Bayrou et Marielle de Sarnez dans une situation délicate : comment les maintenir à leurs postes de ministres alors qu’ils sont dans la même situation qu’elle ? Marianne
Une ministre qui démissionne, une alliée entendue par la justice, des perquisitions en cours : le climat des affaires vient assombrir l’après législatives des vainqueurs de dimanche. (…) Exfiltré lundi du gouvernement, Richard Ferrand va briguer la présidence du groupe LREM à l’Assemblée nationale. Une façon pour Emmanuel Macron d’éloigner du gouvernement son ministre de la Cohésion des territoires alors qu’il est visé par une enquête préliminaire pour une opération immobilière. (…) Le parti de François Bayrou est soupçonné d’avoir utilisé pour ses propres activités en France plusieurs assistants de députés européens, payés par Bruxelles. (…) la ministre des Armées Sylvie Goulard a annoncé dans la matinée qu’elle quittait le navire. (…) Ex-députée européenne Modem, son nom est cité dans l’enquête sur les assistants parlementaires européens. (…) Au même moment, Corinne Lepage, ancienne eurodéputée du Modem, était entendue comme témoin pour la même affaire. En 2014, dans son livre les Mains propres, l’ex-ministre écrivait : «Lorsque j’ai été élue au Parlement européen en 2009, le Modem avait exigé de moi qu’un de mes assistants parlementaires travaille au siège parisien. J’ai refusé en indiquant que cela me paraissait d’une part contraire aux règles européennes et d’autre part illégal. Le Modem n’a pas osé insister mais mes collègues ont été contraints de satisfaire cette exigence. Ainsi, durant cinq ans, la secrétaire particulière de François Bayrou a été payée… par l’enveloppe d’assistance parlementaire de Marielle de Sarnez, sur fonds européen». Passé plutôt inaperçu à la sortie du livre, l’extrait a largement circulé sur les réseaux sociaux pendant la campagne présidentielle. C’est pour une autre enquête que des perquisitions ont été menées, également ce mardi matin, au siège du groupe publicitaire Havas et de l’agence nationale Business France. Les enquêteurs se penchent ici sur l’organisation d’un déplacement en janvier 2016 à Las Vegas d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie. Il y a rencontré des patrons français. Une opération «montée dans l’urgence, à la demande expresse du cabinet du ministre, […] confiée au géant Havas par Business France sans qu’aucun appel d’offres ait été lancé», avait avancé le Canard enchaîné en mars cette année. Une enquête préliminaire pour favoritisme, complicité et recel de favoritisme a été ouverte par le parquet de Paris. Signalons en passant que Business France était, à l’époque, dirigé par l’actuelle ministre du Travail Muriel Pénicaud. Libération
En réalité, la bulle macroniste des origines n’est jamais très loin. Cette fois, elle fait enfler une majorité absolue de députés La République en marche (359 sièges avec le Modem) qui ne repose que sur un socle électoral restreint. Ne pas se fier à l’effet d’optique : la France reste fracturée comme jamais. Et bien des nerfs sont à vif chez ceux qui refusent d’avaler l’élixir euphorisant du Docteur Macron, aux effets secondaires addictifs. En fait, une crise de l’intelligence politique se dissimule derrière la crise de la démocratie. Si une majorité d’électeurs ne votent plus, en dépit de la pléthore de candidats à ces législatives, c’est que ceux-ci n’ont rien à dire d’intéressant. J’ai entendu distraitement François Baroin (LR), hier soir, réciter d’un ton morne et las un vague programme dont la fiscalité semblait être le seul point de discorde avec la majorité. Alors que la crise identitaire est largement plus préoccupante que le PIB, le sirop du Docteur Macron a réussi à faire croire, y compris à la droite somnolente et au FN, que l’économique était au coeur de tout. Manuel Valls, seul socialiste à avoir mis les problèmes identitaires (communautarisme, islam radical, etc.) au centre de ses préoccupations, est à cause de cela la cible de violences verbales de la part de l’islamo-gauchisme. Hier soir, sa courte victoire dans l’Essonne (139 voix) a été contestée par Farida Amrani, candidate de la France insoumise. Julien Dray (PS) a dénoncé hier « une violente campagne communautariste aux relents antisémites menée contre Valls ». Alors qu’une nouvelle vague d’immigration se presse aux portes de l’Europe et que l’islam politique ne cesse d’attiser la guerre civile (ce lundi matin, la mosquée londonienne de Finsbury Park a été la cible d’un attentat contre des musulmans), la classe politique française discute du sexe des anges, comme à Byzance la veille de sa chute. Macron a-t-il quelque chose à dire sur ces sujets ? Ivan Rioufol
Les 51% d’abstention du premier tour sont un événement considérable. Il s’agit du premier revers politique d’importance pour Emmanuel Macron depuis son élection. À partir du 11 juin, il est beaucoup plus difficile de parler d’élan populaire en faveur du nouveau pouvoir, puisque les candidats LREM et leurs alliés ont, de fait, recueilli 1,3 million de voix de moins que leur leader au premier tour de la présidentielle. À ce niveau, on peut parler de refus de participer, d’insubordination civique. Il ne s’agit pas à ce stade de dire que cette abstention est une protestation, et pas davantage un consentement. Elle traduit cependant l’inadéquation bien perçue par les citoyens de notre mécanique électorale. Non seulement le résultat de la présidentielle conditionne celui des législatives depuis l’instauration du quinquennat mais cette fois-ci, exactement comme en 2002, les choses étaient réglées dès le soir du premier tour. Jacques Chirac, du haut de ses 19,9% de suffrages exprimés, n’avaient pas eu à faire la moindre concession politique à ses concurrents pour triompher au second tour, puis pour obtenir, avec 365 députés élus, une majorité très large pour l’UMP nouvellement créée. Emmanuel Macron aura fait beaucoup plus d’efforts, avec la constitution d’un gouvernement alliant ministres de gauche, du centre, et de la droite. L’absence de possibilité d’une majorité alternative face à lui, du fait de la quadripartition de l’opposition, aura convaincu la moitié des électeurs de l’inutilité de se déplacer. Sans le savoir, ni forcément le vouloir, ces abstentionnistes ont creusé une mine profonde sous l’édifice du nouveau pouvoir. (…) Après le vote de classe du premier tour, nous observons en effet une abstention de classe. Ce qui permet d’ailleurs à certains de dire que les différences sociologiques entre les différents électorats se sont estompées lors des législatives. Certes, mais précisément parce que ce scrutin s’est déroulé non seulement hors sol, car la dimension locale a particulièrement peu compté dans le vote, mais surtout hors peuple. Ainsi, 66% des ouvriers et 61% des employés se sont abstenus, au lieu de 45% des cadres. La jeunesse, si présente dans l’image projetée par le mouvement En Marche!, est en fait restée sur le bord du chemin: 64% des moins de 35 ans se sont abstenus (et encore ce chiffre est minoré par l’importance de la non-inscription parmi eux), au lieu de 35% des plus de 60 ans. Dès lors, les commentaires sur la relative homogénéisation sociologique du vote entre les différents électorats aux législatives sont sans objet. Si l’on s’en tient aux suffrages exprimés, il en manquait plus de treize millions le 12 juin par rapport au 23 avril. Ce qui s’est traduit par un corps électoral effectif totalement distordu par rapport au corps électoral théorique. Donc, oui, les législatives confirment et amplifient l’enseignement de la présidentielle. Entre les Macron-compatibles et les autres, il n’y a pas qu’une différence d’opinions, mais aussi un profond fossé social. (…) On savait que la promotion de la parité et de la diversité pouvait parfaitement s’accommoder d’une aggravation des inégalités sociales, voire en être le paravent. L’offre électorale de ces élections aura été une illustration éloquente de ce phénomène, décrit et expliqué par le chercheur américain Walter Benn Michaels. Nous touchons également à la notion de «société civile». On utilise parfois ce mot comme synonyme d’un «pays réel» qui serait masqué par l’État et le personnel politique. En fait, dans le cadre d’un système représentatif, c’est la politique, et donc les partis, qui permettent parfois la promotion d’élus issus des catégories populaires. Sinon on retombe sans s’en apercevoir, et sans parfois le vouloir, dans un recrutement élitaire. Une entreprise ne se résume pas à sa direction, ni le monde des indépendants aux fondateurs de start-ups. Il est piquant de voir le côté 19e siècle de la situation. On a une participation qui rappelle les grandes heures du suffrage censitaire, et une assemblée qui évoque un peu, mutatis mutandis, les assemblées de notables. Il ne manque même pas les Saint-Simoniens. (…) Il convient de s’affranchir des termes porteurs de connotations politiques ou morales, et d’essayer de trouver une manière correcte de nommer le réel. C’est pourquoi l’opposition «peuple» – «élites» ne convient pas, le premier terme étant trop englobant, et le second trop restrictif. Même la notion de «bloc bourgeois» n’est pas simple, car elle tend à assimiler des millions de Français qui le soutiennent à une condition sociale qui n’est pas la leur. À l’inverse, selon moi, le «bloc élitaire» désigne tous ceux qui appartiennent aux élites sociales, ceux bien plus nombreux qui aspirent à en être, et enfin les personnes qui considèrent que l’obéissance aux élites est aussi légitime que naturelle. C’est donc, j’en suis conscient, à la fois une situation objective et une inclination subjective. C’est d’ailleurs pour cela que l’on parle de «blocs» sociaux. Non parce qu’ils sont composés d’une substance homogène, mais parce qu’ils constituent l’agrégation de milieux différents, et cependant solidaires. Un bloc social a vocation à exercer le pouvoir à son profit et au nom de l’intérêt général. En tant que tel, il n’est cependant qu’une construction historique, et peut se désagréger. L’extraordinaire réussite de Macron est d’être devenu l’incarnation de ce bloc élitaire, dont la constitution sur les ruines du clivage gauche-droite avait cependant débuté des années avant l’annonce de sa candidature. (…) La réunification des élites de gauche et de droite, sur un fond de convergence idéologique et d’homogénéité sociale, est pour le moment une réussite éclatante. On sent même, dans certains milieux aisés, une forme d’euphorie. On se croirait le 14 juillet 1790. C’est la Fête de la Fédération de la bourgeoisie contemporaine. La force propulsive d’En Marche! lui permet d’être au second tour aussi bien aux législatives qu’à la présidentielle, et ensuite son triomphe est mécanique. L’existence du bloc élitaire renvoie cependant à un problème, celui de l’affaiblissement des forces dites de gouvernement. C’est bien parce que Nicolas Sarkozy d’abord, François Hollande ensuite, ont échoué à réformer le pays autant qu’ils le souhaitaient, les deux acceptant à peu près le cadre de l’Union européenne et les exigences des marchés financiers, qu’il y a eu la dynamique En Marche! Autrement dit, l’épopée macronienne se fonde d’abord sur la volonté de donner aux réformes de structure de notre société une base politique et sociale suffisante. Si l’on considère le score du premier tour de la présidentielle et des législatives en nombre de voix, rapporté à l’ensemble du corps électoral, ce projet n’est pas encore totalement achevé. C’est là où l’on redécouvre, derrière les discours sur la société civile, l’importance du pouvoir de l’État. Le contrôle de celui-ci, exercé par des personnalités qui en maîtrisent parfaitement les rouages, tranche la question. (…) Face au bloc élitaire, qui agrège dans sa représentation politique le parti du Président mais aussi le Modem, les UMP dits «constructifs» et les PS dits «compatibles», le bloc populaire demeure virtuel. Face à la politique prônée par Emmanuel Macron et Édouard Philippe, il n’y a pas un «Front du refus», mais un «archipel du refus». C’est là un déséquilibre stratégique majeur. On en voit les effets au second tour des législatives, où dans chaque circonscription, le candidat qui affronte celui de LREM est issu le plus souvent d’une des quatre forces d’opposition, sans alliance possible, et avec en conséquence de très mauvais reports de voix. Cette situation est durable. Elle constitue une chance historique pour l’achèvement des réformes libérales annoncées. Dans la mesure où l’opposition au nouveau pouvoir prendra nécessairement une forme aussi sociale que politique, la position de la France Insoumise est assez favorable, tandis que le Front national sera handicapé par ses ambiguïtés idéologiques sur le libéralisme économique. La situation de l’UMP est certes moins grave que celle du PS, mais leur espérance commune d’une reconstitution du clivage gauche-droite pourrait bien être durablement déçue. Cet ordre politique n’a pas seulement été affaibli, il a été remplacé. Jérome Sainte-Marie
57,36 % d’abstention pour le second tour des élections législatives. Un record. Une catastrophe démocratique. 18 millions de Français ont voté ; 28 se sont abstenus. Les non-votants ont gagné quoi? Le droit pendant cinq ans de n’être pas représentés, de se taire et de n’avoir pas de porte-parole. S’agit-il là d’un consentement par défaut, (selon le principe du «qui ne dit mot consent»), ou d’une «grève générale civique» – selon l’expression de Jean-Luc Mélenchon? Un peu des deux. Mais surtout, un abstentionniste, au sens propre, est celui qui ne veut pas tenir la République et se retient de participer à ses procédures. Lui qui se sent socialement dans le fossé, il se met sur le bas-côté de la république. À côté de la République En Marche il y a l’immense parti de la République en panne. À côté des Français mobiles, les Français immobiles. Entre les citoyens à l’aise ici et ailleurs, les citoyens mal-à-l’aise là où ils sont. Les premiers s’expatrient souvent, les seconds ne peuvent pas déménager. Ces républicains de l’extérieur, trop exclus pour ne pas s’exclure de la République, devraient être le premier défi d’Emmanuel Macron. Son immense victoire législative repose sur un socle électoral très étroit. Là est le paradoxe de cette majorité sans partage: peu d’électeurs, beaucoup de députés. Trop peu d’électeurs pour trop de députés. Il faut dire que depuis des mois, les médias ont escamoté les demandes politiques des Français au profit de la dénonciation morale de la «classe politique». L’affaire Pénélope, les costumes, les assistants parlementaires, l’argent public. Un tribunal médiatique examinait jusqu’à l’écœurement le comportement personnel des politiques dans une sorte de surdité vis-à-vis des aspirations réelles des Français. Les solutions pour «moraliser» les politiques semblaient avoir plus importance que celles contre le chômage. Le besoin de renouvellement et de changer de tête a fini par s’imposer au détriment de l’examen scrupuleux des vrais problèmes. C’est comme si, dans un hôpital, on s’interrogeait sur les conflits d’intérêts des médecins sans rien dire des traitements contre les maladies. L’abstention est un désaveu qui touche tout à la fois les politiques et les médias. Ils vivent ensemble depuis trop longtemps, dans une sorte d’endogamie belliqueuse, au point de ne plus porter les préoccupations des Français qui, en retour, les prennent en grippe. Au mépris du peuple répond la haine contre ceux d’en haut – les politiques et les journalistes. Les Français n’y croient plus, se sentent exclus de la République. A-t-elle encore besoin d’eux? Non, pensent ceux qui ne votent plus. Elle fonctionne trop en vase clos. Et ce sentiment d’une oligarchie hors-sol, hors-peuple, qui ne règle rien et parle avant tout à elle-même d’elle-même pour mieux constater sa faillite morale, corrode tout. Tout et surtout l’indispensable adhésion de tous à la République, la fragile confiance dans «la chose commune». La couche d’ozone démocratique qui protège la France contre ses ressentiments infinis et une potentielle guerre civile se fragilise de plus en plus. N’oublions jamais que les institutions de notre pays ne sont rien sans la certitude qu’elles nous représentent tous. Les procédures sont formelles si elles n’expriment pas une confiance partagée. La démocratie des esprits précède celle du Parlement. La nation est un «plébiscite de tous les jours» disait Renan. Une abstention majoritaire est aussi une abstention vis-à-vis de la nation conçue comme une croyance invisible mais vitale. Chaque bulletin de vote, en réalité, en comporte deux. Le premier adhère à la République et fait d’une fiction politique une évidence partagée. Le second est pour un candidat en particulier. C’est pour ne plus vouloir adhérer à la République, la valider, que les Français ne votent plus pour un candidat. Ne faut-il pas, toute affaire cessante, réfléchir à ce désaveu massif? Faut-il rendre le vote obligatoire, introduire une dose de proportionnelle, reconnaître le vote blanc, considérer qu’une élection ne pourra pas être valide que si elle se fait avec un certain pourcentage des électeurs inscrits? Faut-il avoir, tirés au sort, des députés qui seraient «des représentants des Français abstentionnistes»? Je ne sais. Cette réflexion est urgente. Si elle est mise sous les tapis dorés du palais Bourbon, à l’amertume s’ajoutera la haine et à la haine le rejet du sentiment d’être ensemble responsable d’une même nation. Il ne faudrait pas qu’un abstentionnisme de sécession républicaine renforce la partition des cœurs, des territoires et des esprits qui est déjà à l’œuvre chez beaucoup de nos concitoyens. Si l’on ajoute à cela le terrorisme franco-français, «les territoires perdus de la république», la montée des conflictualités intercommunautaires, la déshérence de la «France périphérique», les crises identitaires, les immenses malaises culturels, il nous faut soigner le corps électoral, panser ses blessures pour lui redonner une nouvelle vigueur démocratique d’adhésion nationale. Le corps électoral est squelettique. Il souffre d’anorexie démocratique. Un régime de grosseur est indispensable. Les députés fraîchement élus ont si peu d’électeurs qu’ils devraient tous, avec modestie et honte presque, considérer les 4/5 eme des Français qui n’ont pas voté pour eux. Comment être député de tous les Français, quand seulement 22 % d’entre eux ont donné une majorité à chacun? S’ils sont députés de plein droit, comment assumer cette charge sans arrogance, sans dédain pour les sans-votes qui sont des sans-dents de la République. Les députés macronistes devraient lutter contre une double tentation. Premièrement: être député de leurs seuls électeurs en oubliant le camp adverse et surtout les abstentionnistes. Que faire de cet électorat en déshérence, de ces Français orphelins d’une solution politique? Que faire des abstentionnistes qui considèrent (si on entend leurs motivations) que les élections «ne changeront rien à rien» et qu’ils ne retrouvent pas leurs motivations dans les programmes électoraux? Cette république, disent-ils, n’est pas la leur. Les politiques parlent mais n’écoutent pas. Ils promettent sans tenir promesse. Ils veulent nous faire croire qu’ils peuvent lutter contre les cancers sociaux de notre société (les ravages du chômage, de la pauvreté et de la désintégration sociale) mais n’y parviennent pas. Quant aux ministres, ils se servent et ne servent pas. Alors, de renoncements en résignations, les électeurs finissent par décrocher de la société, de tout espoir possible et aussi de la politique. At last, les abstentionnistes intériorisent l’impuissance des politiques. S’ils ne se lèvent pas pour nous, pourquoi se déplacer pour eux. S’ils n’y peuvent rien, nous ne pouvons rien pour eux. L’abstention à ceci d’inquiétante que toutes les offres sont rejetées, toutes mise à distance, toutes jugées inutiles et vaines. Elle met en évidence un divorce entre le peuple désabusé et la politique. Un abstentionniste est un abstinent de l’ivresse démocratique. Il fait une cure de désintoxication politique. Dès lors, le nouveau président devrait être jugé, comme le précédent, sur «l’inversion de la courbe du chômage» mais aussi sur «l’inversion de la courbe de l’abstention». Comment réformer en profondeur, affronter les défis immenses de la France, faire face aux défis du terrorisme sans répondre aux demandes informulées de la France abstentionniste pour en réduire l’importance? Seconde tentation: celle de Terra Nova. Ce think-tank avait, autrefois, théorisé le remplacement du «peuple de gauche», celui des ouvriers et de la classe moyenne, par un ensemble de minorités qui, ensemble, en tiendraient lieu. D’une certaine façon, le vote Macron réalise cette substitution. Car l’abstention pour les législatives déforme considérablement la sociologie du corps électoral. Il surreprésente les classes favorisées, éduquées, urbaines, intégrées au détriment de la «France périphérique». 2/3 des plus de 65 ans votent quand 2/3 des moins de 35 ans s’abstiennent. Abstention massive des ouvriers et des employés (plus de 65%) alors qu’elle est de 45 % pour les cadres. Abstention massive en Seine-Saint-Denis. Ceux qui votent ont des places à défendre, des avoirs à protéger. Ils sont insérés quand ceux qui s’abstiennent ont des places à obtenir, des droits à faire prévaloir et qu’ils sont en marge du système. La tentation du macronisme est d’oublier la France périphérique (60% de la population) et de tout miser sur la France centrale, la France active, urbaine et dynamique. Le paradoxe de cette tentation est qu’elle est favorisée par ceux-là mêmes qui en sont les victimes. Les abstentionnistes sont doublement victimes: victimes de la mondialisation qui se fait à leur détriment ; victimes de leur propre absence d’implication électorale qui rend leur souffrance presque inaudible. Ils souffrent plus que les autres, souffrent en silence et ne prennent pas le pouvoir par les urnes alors même qu’ils sont majoritaires. Qualifions ce paradoxe de «syndrome de Stockholm électoral»: ils sont pris en otage par la France centrale qui tend à les oublier et plutôt que de renverser la table dans les urnes, ils ont intériorisé cette position d’otage et en viennent, par leur abstention, à défendre le système qui les oppresse. Le succès politique du parti macroniste repose sur cet immense parti des abstentionnistes. Le premier entre en foule au palais Bourbon. Le second ne sonne plus à la porte du Parlement. Le premier est au centre de la vie politique. Le second en reste loin. Mais le triomphe du premier est la conséquence d’une sorte de vote censitaire favorisé, sans le savoir, par les abstentionnistes. Il n’y aurait pas de députés macronistes sans les abstentionnistes. Cependant, loin d’un cynisme politique qui viserait à maintenir cette situation pour profiter de toutes ses ambiguïtés, si rien n’est fait, en profondeur, pour changer la donne et réconcilier les élites et le peuple, alors, la boutade de Chesterton n’en sera pas une: «rien n’échoue comme le succès». Car qui sait ce que pourraient voter des abstentionnistes humiliés? Il faut se méfier des géants endormis par dégoût. Quand ils se réveillent, il est possible qu’ils soient insensibles à la raison. Le ressentiment populaire cultivé sciemment par le système contre le peuple peut enfanter des monstres. Là sont les défis d’Emmanuel Macron pour les années à venir. Damien Le Guay

Scrutin hors sol, hors peuple, consentement par défaut, « grève générale civique », parti de la République en panne, Français immobiles, citoyens mal-à-l’aise, républicains de l’extérieur, oligarchie hors-sol, hors-peuple, désaveu massif, sécession républicaine, partition des cœurs, des territoires et des esprits,  terrorisme franco-français, «territoires perdus de la république», montée des conflictualités intercommunautaires, déshérence de la «France périphérique», crises identitaires, malaises culturels,  sans-votes, sans-dents de la République, électorat en déshérence, orphelins d’une solution politique, «syndrome de Stockholm électoral » …

Attention: un syndrome de Stockholm peut en cacher un autre !

A l’heure où après un nouvel et hélas aussi tragique que vain avertissement

Nos amis britanniques après leurs homologues canadiens semblent repartis pour un tour …

A noyer dans les flots de bonnes paroles, bougies et ours en peluche …

La colère qui monte entre deux attaques terroristes …

Contre le déni du réel et le parti pris tout stockholmien pour nos propres bourreaux …

Qui sert actuellement de politique à un Monde libre dévoré par ses propres enfants

Pendant que pour les mêmes victimes quasiment quotidiennes mais israéliennes, aucune Tour Eiffel ne s’éteindra jamais …

Et qu’à l’occasion d’un énième attentat déjoué en France, l’on découvre un fiché S qui vient tranquillement de se voir renouveler son permis de port d’arme …

Comment …

Au lendemain, après l’élection sans candidats que l’on sait, d’une véritable élection sans peuple …

Où les législatives ressemblent de plus en plus furieusement à des européennes

(28 millions contre 18 millions qui ont voté, plus de 57% dont 66% des ouvriers et 61% des employés,  64% des moins de 35 ans se sont abstenus sans compter la non-inscription, plus de treize millions d’électeurs de moins entre le 12 juin et le 23 avril)

Où ceux-là mêmes (pas moins de cinq ministres, dont le ministre de la Justice lui-même !) qui doivent leur élection à la prétendue moralisation de la politique sont au centre des mêmes affaires qu’ils avaient dénoncées chez leurs adversaires …

Où si avec la réunification des élites de gauche et de droite, le pays pourrait enfin avoir la base politique et sociale suffisante pour enfin achever les réformes d’un marché du travail où les travailleurs sont si bien protégés qu’aucun travailleur ne peut y entrer …

L’on retrouve en fait derrière le paravent de la parité et de la diversité, le plus élitiste des recrutements politiques …

Et à l’instar de la stratégie obamienne reprise par le think tank socialiste Terra Nova, le remplacement du peuple de gauche traditionnel des ouvriers et de la classe moyenne par l’arc en ciel des minorités du jour (minorités ethniques et sexuelles) …

Ne pas repenser …

A 2002 et à ses  19,9%  de Chirac se transmutant magiquement face à l’épouvantail Le Pen en score africain de 82% …

Comme aux dix ans d’immobilisme dont on paie encore aujourd’hui le prix …

Mais surtout à l’image de la situation américaine qui nous sert bien souvent de modèle inconscient …

A ce « monstre » qu’est en train de préparer à leur pays la morgue des bobos du nouveau Dr. Frankenstein français …

Ou plus précisément après les défections successives de Sarkozy et du FN …

Et sur fond de péril grandissant de la menace islamique …

A ce Trump français qu’attend depuis si longtemps une France de plus en plus marginalisée ?

L’abstention massive ou le syndrome de Stockolm démocratique
Damien Le Guay
19/06/2017

FIGAROVOX/TRIBUNE – Avec un taux d’abstention à 57,4%, le second tour des législatives sonne comme un avertissement pour l’ensemble des dirigeants politiques. Damien le Guay décrypte l’ampleur de ce phénomène et prévient les dangers d’un tel rejet.

57,36 % d’abstention pour le second tour des élections législatives. Un record. Une catastrophe démocratique. 18 millions de Français ont voté ; 28 se sont abstenus. Les non-votants ont gagné quoi? Le droit pendant cinq ans de n’être pas représentés, de se taire et de n’avoir pas de porte-parole. S’agit-il là d’un consentement par défaut, (selon le principe du «qui ne dit mot consent»), ou d’une «grève générale civique» – selon l’expression de Jean-Luc Mélenchon? Un peu des deux. Mais surtout, un abstentionniste, au sens propre, est celui qui ne veut pas tenir la République et se retient de participer à ses procédures. Lui qui se sent socialement dans le fossé, il se met sur le bas-côté de la république. À côté de la République En Marche il y a un l’immense parti de la République en panne. À côté des Français mobiles, les Français immobiles. Entre les citoyens à l’aise ici et ailleurs, les citoyens mal-à-l’aise là où ils sont. Les premiers s’expatrient souvent, les seconds ne peuvent pas déménager. Ces républicains de l’extérieur, trop exclus pour ne pas s’exclure de la République, devraient être le premier défi d’Emmanuel Macron. Son immense victoire législative repose sur un socle électoral très étroit. Là est le paradoxe de cette majorité sans partage: peu d’électeurs, beaucoup de députés. Trop peu d’électeurs pour trop de députés.

Il faut dire que depuis des mois, les médias ont escamoté les demandes politiques des Français au profit de la dénonciation morale de la «classe politique». L’affaire Pénélope, les costumes, les assistants parlementaires, l’argent public. Un tribunal médiatique examinait jusqu’à l’écœurement le comportement personnel des politiques dans une sorte de surdité vis-à-vis des aspirations réelles des Français. Les solutions pour «moraliser» les politiques semblaient avoir plus importantes que celles contre le chômage. Le besoin de renouvellement et de changer de tête a fini par s’imposer au détriment de l’examen scrupuleux des vrais problèmes. C’est comme si, dans un hôpital, on s’interrogeait sur les conflits d’intérêts des médecins sans rien dire des traitements contre les maladies. L’abstention est un désaveu qui touche tout à la fois les politiques et les médias. Ils vivent ensemble depuis trop longtemps, dans une sorte d’endogamie belliqueuse, au point de ne plus porter les préoccupations des Français qui, en retour, les prennent en grippe. Au mépris du peuple répond la haine contre ceux d’en haut – les politiques et les journalistes. Les Français n’y croient plus, se sentent exclus de la République. A-t-elle encore besoin d’eux? Non, pensent ceux qui ne votent plus. Elle fonctionne trop en vase clos. Et ce sentiment d’une oligarchie hors-sol, hors-peuple, qui ne règle rien et parle avant tout à elle-même d’elle-même pour mieux constater sa faillite morale, corrode tout. Tout et surtout l’indispensable adhésion de tous à la République, la fragile confiance dans «la chose commune». La couche d’ozone démocratique qui protège la France contre ses ressentiments infinis et une potentielle guerre civile se fragilise de plus en plus. N’oublions jamais que les institutions de notre pays ne sont rien sans la certitude qu’elles nous représentent tous. Les procédures sont formelles si elles n’expriment pas une confiance partagée. La démocratie des esprits précède celle du Parlement. La nation est un «plébiscite de tous les jours» disait Renan. Une abstention majoritaire est aussi une abstention vis-à-vis de la nation conçue comme une croyance invisible mais vitale. Chaque bulletin de vote, en réalité, en comporte deux. Le premier adhère à la République et fait d’une fiction politique une évidence partagée. Le second est pour un candidat en particulier. C’est pour ne plus vouloir adhérer à la République, la valider, que les Français ne votent plus pour un candidat.

Ne faut-il pas, toute affaire cessante, réfléchir à ce désaveu massif? Faut-il rendre le vote obligatoire, introduire une dose de proportionnelle, reconnaître le vote blanc, considérer qu’une élection ne pourra pas être valide que si elle se fait avec un certain pourcentage des électeurs inscrits? Faut-il avoir, tirés au sort, des députés qui seraient «des représentants des Français abstentionnistes»? Je ne sais. Cette réflexion est urgente. Si elle est mise sous les tapis dorés du palais Bourbon, à l’amertume s’ajoutera la haine et à la haine le rejet du sentiment d’être ensemble responsable d’une même nation. Il ne faudrait pas qu’un abstentionnisme de sécession républicaine renforce la partition des cœurs, des territoires et des esprits qui est déjà à l’œuvre chez beaucoup de nos concitoyens. Si l’on ajoute à cela le terrorisme franco-français, «les territoires perdus de la république», la montée des conflictualités intercommunautaires, la déshérence de la «France périphérique», les crises identitaires, les immenses malaises culturelles, il nous faut soigner le corps électoral, panser ses blessures pour lui redonner une nouvelle vigueur démocratique d’adhésion nationale. Le corps électoral est squelettique. Il souffre d’anorexie démocratique. Un régime de grosseur est indispensable.

Les députés fraîchement élus ont si peu d’électeurs qu’ils devraient tous, avec modestie et honte presque, considérer les 4/5 eme des Français qui n’ont pas voté pour eux. Comment être député de tous les Français, quand seulement 22 % d’entre eux ont donné une majorité à chacun? S’ils sont députés de plein droit, comment assumer cette charge sans arrogance, sans dédain pour les sans-votes qui sont des sans-dents de la République. Les députés macronistes devraient lutter contre une double tentation.

Premièrement: être député de leurs seuls électeurs en oubliant le camp adverse et surtout les abstentionnistes. Que faire de cet électorat en déshérence, de ces Français orphelins d’une solution politique? Que faire des abstentionnistes qui considèrent (si on entend leurs motivations) que les élections «ne changeront rien à rien» et qu’ils ne retrouvent pas leurs motivations dans les programmes électoraux? Cette république, disent-ils, n’est pas la leur. Les politiques parlent mais n’écoutent pas. Ils promettent sans tenir promesse. Ils veulent nous faire croire qu’ils peuvent lutter contre les cancers sociaux de notre société (les ravages du chômage, de la pauvreté et de la désintégration sociale) mais n’y parviennent pas. Quant aux ministres, ils se servent et ne servent pas. Alors, de renoncements en résignations, les électeurs finissent par décrocher de la société, de tout espoir possible et aussi de la politique. At last, les abstentionnistes intériorisent l’impuissance des politiques. S’ils ne se lèvent pas pour nous, pourquoi se déplacer pour eux. S’ils n’y peuvent rien, nous ne pouvons rien pour eux. L’abstention à ceci d’inquiétante que toutes les offres sont rejetées, toutes mise à distance, toutes jugées inutiles et vaines. Elle met en évidence un divorce entre le peuple désabusé et la politique. Un abstentionniste est un abstinent de l’ivresse démocratique. Il fait une cure de désintoxication politique. Dès lors, le nouveau président devrait être jugé, comme le précédent, sur «l’inversion de la courbe du chômage» mais aussi sur «l’inversion de la courbe de l’abstention». Comment réformer en profondeur, affronter les défis immenses de la France, faire face aux défis du terrorisme sans répondre aux demandes informulées de la France abstentionniste pour en réduire l’importance?

Seconde tentation: celle de Terra Nova. Ce think-tank avait, autrefois, théorisé le remplacement du «peuple de gauche», celui des ouvriers et de la classe moyenne, par un ensemble de minorités qui, ensemble, en tiendraient lieu. D’une certaine façon, le vote Macron réalise cette substitution. Car l’abstention pour les législatifs déforme considérablement la sociologie du corps électoral. Il surreprésente les classes favorisées, éduquées, urbaines, intégrées au détriment de la «France périphérique». 2/3 des plus de 65 ans votent quand 2/3 des moins de 35 ans s’abstiennent. Abstention massive des ouvriers et des employés (plus de 65%) alors qu’elle est de 45 % pour les cadres. Abstention massive en Seine-Saint-Denis. Ceux qui votent ont des places à défendre, des avoirs à protéger. Ils sont insérés quand ceux qui s’abstiennent ont des places à obtenir, des droits à faire prévaloir et qu’ils sont en marge du système. La tentation du macronisme est d’oublier la France périphérique (60% de la population) et de tout miser sur la France centrale, la France active, urbaine et dynamique.

Le paradoxe de cette tentation est qu’elle est favorisée par ceux-là mêmes qui en sont les victimes. Les abstentionnistes sont doublement victimes: victimes de la mondialisation qui se fait à leur détriment ; victimes de leur propre absence d’implication électorale qui rend leur souffrance presque inaudible. Ils souffrent plus que les autres, souffrent en silence et ne prennent pas le pouvoir par les urnes alors même qu’ils sont majoritaires. Qualifions ce paradoxe de «syndrome de Stockholm électoral»: ils sont pris en otage par la France centrale qui tend à les oublier et plutôt que de renverser la table dans les urnes, ils ont intériorisé cette position d’otage et en viennent, par leur abstention, à défendre le système qui les oppresse.

Le succès politique du parti macroniste repose sur cet immense parti des abstentionnistes. Le premier entre en foule au palais Bourbon. Le second ne sonne plus à la porte du Parlement. Le premier est au centre de la vie politique. Le second en reste loin. Mais le triomphe du premier est la conséquence d’une sorte de vote censitaire favorisé, sans le savoir, par les abstentionnistes. Il n’y aurait pas de députés macronistes sans les abstentionnistes. Cependant, loin d’un cynisme politique qui viserait à maintenir cette situation pour profiter de toutes ses ambiguïtés, si rien n’est fait, en profondeur, pour changer la donne et réconcilier les élites et le peuple, alors, la boutade de Chesterton n’en sera pas une: «rien n’échoue comme le succès». Car qui sait ce que pourraient voter des abstentionnistes humiliés? Il faut se méfier des géants endormis par dégoût. Quand ils se réveillent, il est possible qu’ils soient insensibles à la raison. Le ressentiment populaire cultivé sciemment par le système contre le peuple peut enfanter des monstres. Là sont les défis d’Emmanuel Macron pour les années à venir.

Voir aussi:

Jérôme Sainte-Marie : Une élection sans le peuple ?
Alexandre Devecchio
16/06/2017

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – Témoignage des fractures du pays, le premier tour des législatives se caractérise par le plus haut taux d’abstention sous la Vème République. Le décryptage de ces élections de Jérôme Sainte-Marie

Diplômé de Sciences Po Paris et d’une licence d’histoire, Jérôme Sainte-Marie a travaillé au Service d’Information du Gouvernement et à l’Institut Louis Harris. Il a ensuite dirigé BVA Opinion de 1998 à 2008 puis CSA Opinion de 2010 à 2013. Il a fondé en parallèle l’institut iSAMA en 2008. Il dirige actuellement Pollingvox, une société d’études et de conseil spécialisée dans les enjeux d’opinion, fondée en 2013. Il a publié Le nouvel ordre démocratique (éd. du Moment, 2015).

FIGAROVOX. – Le deuxième tour des élections législatives devrait permettre à En Marche d’obtenir une majorité très large. Cependant, l’événement marquant du premier tour a été la très faible participation. Que cela vous inspire-

Jérôme SAINTE-MARIE. – Les 51% d’abstention du premier tour sont un événement considérable. Il s’agit du premier revers politique d’importance pour Emmanuel Macron depuis son élection. À partir du 11 juin, il est beaucoup plus difficile de parler d’élan populaire en faveur du nouveau pouvoir, puisque les candidats LREM et leurs alliés ont, de fait, recueilli 1,3 million de voix de moins que leur leader au premier tour de la présidentielle. À ce niveau, on peut parler de refus de participer, d’insubordination civique. Il ne s’agit pas à ce stade de dire que cette abstention est une protestation, et pas davantage un consentement. Elle traduit cependant l’inadéquation bien perçue par les citoyens de notre mécanique électorale. Non seulement le résultat de la présidentielle conditionne celui des législatives depuis l’instauration du quinquennat mais cette fois-ci, exactement comme en 2002, les choses étaient réglées dès le soir du premier tour. Jacques Chirac, du haut de ses 19,9% de suffrages exprimés, n’avaient pas eu à faire la moindre concession politique à ses concurrents pour triompher au second tour, puis pour obtenir, avec 365 députés élus, une majorité très large pour l’UMP nouvellement créée. Emmanuel Macron aura fait beaucoup plus d’efforts, avec la constitution d’un gouvernement alliant ministres de gauche, du centre, et de la droite. L’absence de possibilité d’une majorité alternative face à lui, du fait de la quadripartition de l’opposition, aura convaincu la moitié des électeurs de l’inutilité de se déplacer. Sans le savoir, ni forcément le vouloir, ces abstentionnistes ont creusé une mine profonde sous l’édifice du nouveau pouvoir.

Est-ce l’expression d’un fossé qui se creuse entre deux France?

Après le vote de classe du premier tour, nous observons en effet une abstention de classe. Ce qui permet d’ailleurs à certains de dire que les différences sociologiques entre les différents électorats se sont estompées lors des législatives. Certes, mais précisément parce que ce scrutin s’est déroulé non seulement hors sol, car la dimension locale a particulièrement peu compté dans le vote, mais surtout hors peuple. Ainsi, 66% des ouvriers et 61% des employés se sont abstenus, au lieu de 45% des cadres. La jeunesse, si présente dans l’image projetée par le mouvement En Marche!, est en fait restée sur le bord du chemin: 64% des moins de 35 ans se sont abstenus (et encore ce chiffre est minoré par l’importance de la non-inscription parmi eux), au lieu de 35% des plus de 60 ans. Dès lors, les commentaires sur la relative homogénéisation sociologique du vote entre les différents électorats aux législatives sont sans objet. Si l’on s’en tient aux suffrages exprimés, il en manquait plus de treize millions le 12 juin par rapport au 23 avril. Ce qui s’est traduit par un corps électoral effectif totalement distordu par rapport au corps électoral théorique. Donc, oui, les législatives confirment et amplifient l’enseignement de la présidentielle. Entre les Macron-compatibles et les autres, il n’y a pas qu’une différence d’opinions, mais aussi un profond fossé social.

Une note du CEVIPOF montre que la composition de la prochaine Assemblée pourrait être plus homogène socialement que jamais. Parmi les candidats LREM, il n’y aurait que 0,2 % d’ouvrier et 0,9% d’employés. Le renouveau se fait-il par le haut?

Ce travail de Luc Rouban est d’autant plus spectaculaire qu’il montre qu’au même moment la représentation des femmes et des actifs issus du privé s’améliore. On savait que la promotion de la parité et de la diversité pouvait parfaitement s’accommoder d’une aggravation des inégalités sociales, voire en être le paravent. L’offre électorale de ces élections aura été une illustration éloquente de ce phénomène, décrit et expliqué par le chercheur américain Walter Benn Michaels. Nous touchons également à la notion de «société civile». On utilise parfois ce mot comme synonyme d’un «pays réel» qui serait masqué par l’État et le personnel politique. En fait, dans le cadre d’un système représentatif, c’est la politique, et donc les partis, qui permettent parfois la promotion d’élus issus des catégories populaires. Sinon on retombe sans s’en apercevoir, et sans parfois le vouloir, dans un recrutement élitaire. Une entreprise ne se résume pas à sa direction, ni le monde des indépendants aux fondateurs de start-ups. Il est piquant de voir le côté 19e siècle de la situation. On a une participation qui rappelle les grandes heures du suffrage censitaire, et une assemblée qui évoque un peu, mutatis mutandis, les assemblées de notables. Il ne manque même pas les Saint-Simoniens.

On savait que la promotion de la parité et de la diversité pouvait parfaitement s’accommoder d’une aggravation des inégalités sociales, voire en être le paravent.
Après le premier tour de la présidentielle, vous évoquiez la constitution d’un bloc élitaire? De quoi s’agit-il?

Il convient de s’affranchir des termes porteurs de connotations politiques ou morales, et d’essayer de trouver une manière correcte de nommer le réel. C’est pourquoi l’opposition «peuple» – «élites» ne convient pas, le premier terme étant trop englobant, et le second trop restrictif. Même la notion de «bloc bourgeois» n’est pas simple, car elle tend à assimiler des millions de Français qui le soutiennent à une condition sociale qui n’est pas la leur. À l’inverse, selon moi, le «bloc élitaire» désigne tous ceux qui appartiennent aux élites sociales, ceux bien plus nombreux qui aspirent à en être, et enfin les personnes qui considèrent que l’obéissance aux élites est aussi légitime que naturelle. C’est donc, j’en suis conscient, à la fois une situation objective et une inclination subjective. C’est d’ailleurs pour cela que l’on parle de «blocs» sociaux. Non parce qu’ils sont composés d’une substance homogène, mais parce qu’ils constituent l’agrégation de milieux différents, et cependant solidaires. Un bloc social a vocation à exercer le pouvoir à son profit et au nom de l’intérêt général. En tant que tel, il n’est cependant qu’une construction historique, et peut se désagréger. L’extraordinaire réussite de Macron est d’être devenu l’incarnation de ce bloc élitaire, dont la constitution sur les ruines du clivage gauche-droite avait cependant débuté des années avant l’annonce de sa candidature.

Macron peut-il gouverner uniquement avec ce bloc élitaire?

La réunification des élites de gauche et de droite, sur un fond de convergence idéologique et d’homogénéité sociale, est pour le moment une réussite éclatante. On sent même, dans certains milieux aisés, une forme d’euphorie. On se croirait le 14 juillet 1790. C’est la Fête de la Fédération de la bourgeoisie contemporaine. La force propulsive d’En Marche! lui permet d’être au second tour aussi bien aux législatives qu’à la présidentielle, et ensuite son triomphe est mécanique. L’existence du bloc élitaire renvoie cependant à un problème, celui de l’affaiblissement des forces dites de gouvernement. C’est bien parce que Nicolas Sarkozy d’abord, François Hollande ensuite, ont échoué à réformer le pays autant qu’ils le souhaitaient, les deux acceptant à peu près le cadre de l’Union européenne et les exigences des marchés financiers, qu’il y a eu la dynamique En Marche! Autrement dit, l’épopée macronienne se fonde d’abord sur la volonté de donner aux réformes de structure de notre société une base politique et sociale suffisante. Si l’on considère le score du premier tour de la présidentielle et des législatives en nombre de voix, rapporté à l’ensemble du corps électoral, ce projet n’est pas encore totalement achevé. C’est là où l’on redécouvre, derrière les discours sur la société civile, l’importance du pouvoir de l’État. Le contrôle de celui-ci, exercé par des personnalités qui en maîtrisent parfaitement les rouages, tranche la question.

Face au bloc élitaire, vous évoquez un bloc populaire. Celui-ci est-il représenté actuellement? L’abstention massive traduit-elle la sécession de ce bloc?

Face à la politique prônée par Emmanuel Macron et Édouard Philippe, il n’y a pas un « Front du refus», mais un « archipel du refus ».
Face au bloc élitaire, qui agrège dans sa représentation politique le parti du Président mais aussi le Modem, les UMP dits «constructifs» et les PS dits «compatibles», le bloc populaire demeure virtuel. Face à la politique prônée par Emmanuel Macron et Édouard Philippe, il n’y a pas un «Front du refus», mais un «archipel du refus». C’est là un déséquilibre stratégique majeur. On en voit les effets au second tour des législatives, où dans chaque circonscription, le candidat qui affronte celui de LREM est issu le plus souvent d’une des quatre forces d’opposition, sans alliance possible, et avec en conséquence de très mauvais reports de voix. Cette situation est durable. Elle constitue une chance historique pour l’achèvement des réformes libérales annoncées. Dans la mesure où l’opposition au nouveau pouvoir prendra nécessairement une forme aussi sociale que politique, la position de la France Insoumise est assez favorable, tandis que le Front national sera handicapé par ses ambiguïtés idéologiques sur le libéralisme économique. La situation de l’UMP est certes moins grave que celle du PS, mais leur espérance commune d’une reconstitution du clivage gauche-droite pourrait bien être durablement déçue. Cet ordre politique n’a pas seulement été affaibli, il a été remplacé.

Voir également:

Abstention : les politiques n’ont rien à dire

Inutile de revenir sur la crise de la démocratie, déjà abordée ici la semaine dernière. Comme il fallait le craindre, elle s‘est aggravée à l’issue du second tour des législatives, boudé par 57% d’abstentionnistes. Les macronistes se rassurent en estimant que beaucoup de ceux qui ne sont pas allés voter ont donné, passivement, un blanc-seing au chef de l’Etat. Ces dévots ont raison de dire que la dangerosité de Macron n’a pas été jugée telle pour susciter un barrage contre lui. En fait, Macron pourrait être le nom d’un sirop incolore, inodore et sans saveur, mais avec des effets lénifiants. Même le vieux leader de 68, Daniel Cohn-Bendit, a avoué dimanche soir sur France 2 : « Je suis l’incarnation du « En même temps » (NDLA : expression fétiche du président) ». Macron, c’est non seulement un tranquillisant, mais la source d’eau tiède d’un consensus mou dans lequel l’ex-soixante-huitard vient calmer ses rhumatismes et ses nostalgies. Faire une cure de Macron revient à dire tout et son contraire : cela repose mais reste incompréhensible. En réalité, la bulle macroniste des origines n’est jamais très loin. Cette fois, elle fait enfler une majorité absolue de députés La République en marche (359 sièges avec le Modem) qui ne repose que sur un socle électoral restreint. Ne pas se fier à l’effet d’optique : la France reste fracturée comme jamais. Et bien des nerfs sont à vif chez ceux qui refusent d’avaler l’élixir euphorisant du Docteur Macron, aux effets secondaires addictifs.

En fait, une crise de l’intelligence politique se dissimule derrière la crise de la démocratie. Si une majorité d’électeurs ne votent plus, en dépit de la pléthore de candidats à ces législatives, c’est que ceux-ci n’ont rien à dire d’intéressant. J’ai entendu distraitement François Baroin (LR), hier soir, réciter d’un ton morne et las un vague programme dont la fiscalité semblait être le seul point de discorde avec la majorité. Alors que la crise identitaire est largement plus préoccupante que le PIB, le sirop du Docteur Macron a réussi à faire croire, y compris à la droite somnolente et au FN, que l’économique était au coeur de tout. Manuel Valls, seul socialiste à avoir mis les problèmes identitaires (communautarisme, islam radical, etc.) au centre de ses préoccupations, est à cause de cela la cible de violences verbales de la part de l’islamo-gauchisme. Hier soir, sa courte victoire dans l’Essonne (139 voix) a été contestée par Farida Amrani, candidate de la France insoumise. Julien Dray (PS) a dénoncé hier « une violente campagne communautariste aux relents antisémites menée contre Valls ». Alors qu’une nouvelle vague d’immigration se presse aux portes de l’Europe et que l’islam politique ne cesse d’attiser la guerre civile (ce lundi matin, la mosquée londonienne de Finsbury Park a été la cible d’un attentat contre des musulmans), la classe politique française discute du sexe des anges, comme à Byzance la veille de sa chute. Macron a-t-il quelque chose à dire sur ces sujets ?

Voir encore:

Affaire MoDem : Sylvie Goulard renonce au gouvernement… avant Bayrou et Sarnez ?

La ministre des Armées Sylvie Goulard fait savoir ce mardi 20 juin qu’elle renonce à figurer dans le nouveau gouvernement qu’Emmanuel Macron a chargé Edouard Philippe de former. Elle est citée dans l’affaire des soupçons d’emplois fictifs au MoDem, tout comme ses collègues François Bayrou et Marielle de Sarnez.

Un petit mois et puis d’en va. La ministre des Armées Sylvie Goulard a annoncé ce mardi 20 juin dans un communiqué avoir « demandé au président de la République, en accord avec le Premier ministre, de ne plus faire partie du gouvernement ». Un départ qu’elle explique par les soupçons d’emplois fictifs au MoDem, son ancien parti. « Dans l’hypothèse où l’enquête préliminaire visant le MoDem conduirait à vérifier les conditions d’emploi de mes assistants au Parlement européen, je souhaite être en mesure de démontrer librement ma bonne foi et tout le travail que j’y ai accompli », écrit Sylvie Goulard. Emmanuel Macron « a accepté » la démission de Sylvie Goulard et « respecte son choix », a indiqué de son côté l’Elysée à l’AFP.

Cette annonce intervient au lendemain du départ d’un autre ministre, Richard Ferrand. Lui aussi a des démêlés avec la justice : une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Brest sur l’opération immobilière qui a profité à sa compagne lorsqu’il était patron des Mutuelles de Bretagne. Le désormais ex-ministre de la Cohésion des territoires va briguer la présidence du groupe La République en marche à l’Assemblée nationale.

Bayrou et de Sarnez également touchés par l’affaire MoDem

C’est donc un remaniement d’ampleur qui s’annonce, alors que le Premier ministre Edouard Philippe a remis lundi à Emmanuel Macron la démission de son gouvernement, une tradition après les élections législatives. Aussitôt reconduit dans ses fonctions, Edouard Philippe doit annoncer la composition de sa nouvelle équipe mercredi « avant 18h00 », selon l’Elysée.

Le président de la République a-t-il entrepris, dans le cadre de ce remaniement, de vider son gouvernement de tous les ministres touchés par des affaires ? L’annonce publique de Sylvie Goulard, inhabituelle dans son genre puisqu’elle avait été démissionnée lundi avec tout le gouvernement, met en tout cas ses collègues François Bayrou et Marielle de Sarnez dans une situation délicate : comment les maintenir à leurs postes de ministres alors qu’ils sont dans la même situation qu’elle ?

Pour l’instant, le garde des Sceaux ne semble pas décidé à céder : François Bayrou affirme en effet au Monde que la décision de Sylvie Goulard est liée à des raisons « strictement personnelles »… Quant à Marielle de Sarnez, contactée par Marianne, elle n’exclut rien. « Dans ma tête, ça reste ouvert : soit le gouvernement, soit le Parlement », en clair prendre la présidence du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, explique la ministre des Affaires européennes, qui affirme que l’annonce de Sylvie Goulard « ne change absolument rien ».

Voir enfin:

Une ministre qui démissionne, une alliée entendue par la justice, des perquisitions en cours : le climat des affaires vient assombrir l’après législatives des vainqueurs de dimanche.

Seulement quelques petits réglages après les législatives, vraiment ? L’exécutif annonçait un «remaniement technique» pour cette semaine, mais l’opération est en train de devenir un exercice de funambule entre les différentes affaires qui s’accumulent autour des proches d’Emmanuel Macron.

Exfiltré lundi du gouvernement, Richard Ferrand va briguer la présidence du groupe LREM à l’Assemblée nationale. Une façon pour Emmanuel Macron d’éloigner du gouvernement son ministre de la Cohésion des territoires alors qu’il est visé par une enquête préliminaire pour une opération immobilière. Ce mardi, Ferrand a assuré sur RTL qu’il ne se réfugierait pas derrière son immunité parlementaire. «Si le procureur veut m’entendre, il m’entendra», a-t-il déclaré.

Affaire du MoDem

Ce mardi matin, le Premier ministre Edouard Philippe a expliqué à la télévision qu’il n’y avait «aucun» problème à ce que François Bayrou, ministre de la Justice, reste au gouvernement malgré l’enquête sur les assistants parlementaires européens qui vise le MoDem. Le parti de François Bayrou est soupçonné d’avoir utilisé pour ses propres activités en France plusieurs assistants de députés européens, payés par Bruxelles.

Comme pour le contredire, la ministre des Armées Sylvie Goulard a annoncé dans la matinée qu’elle quittait le navire. «Le président de la République a entrepris de restaurer la confiance dans l’action publique, de réformer la France et de relancer l’Europe. Cette entreprise de redressement doit l’emporter sur toute considération personnelle. C’est pourquoi j’ai demandé au président de la République, en accord avec le Premier ministre, de ne plus faire partie du gouvernement», écrit-elle. Ex-députée européenne Modem, son nom est cité dans l’enquête sur les assistants parlementaires européens.

Une ministre sur le départ

Contacté par le Monde, le ministre de la Justice, François Bayrou, a fait savoir que la décision de Sylvie Goulard était liée à des raisons «strictement personnelles» et ne remettait pas en cause la participation du Modem au futur gouvernement. Mais pour le député LREM (ex-PS) Stéphane Travert, en démissionnant, Sylvie Goulard a fait le bon choix.

Au même moment, Corinne Lepage, ancienne eurodéputée du Modem, était entendue comme témoin pour la même affaire. En 2014, dans son livre les Mains propres, l’ex-ministre écrivait : «Lorsque j’ai été élue au Parlement européen en 2009, le Modem avait exigé de moi qu’un de mes assistants parlementaires travaille au siège parisien. J’ai refusé en indiquant que cela me paraissait d’une part contraire aux règles européennes et d’autre part illégal. Le Modem n’a pas osé insister mais mes collègues ont été contraints de satisfaire cette exigence. Ainsi, durant cinq ans, la secrétaire particulière de François Bayrou a été payée… par l’enveloppe d’assistance parlementaire de Marielle de Sarnez, sur fonds européen». Passé plutôt inaperçu à la sortie du livre, l’extrait a largement circulé sur les réseaux sociaux pendant la campagne présidentielle.

Las Vegas

C’est pour une autre enquête que des perquisitions ont été menées, également ce mardi matin, au siège du groupe publicitaire Havas et de l’agence nationale Business France. Les enquêteurs se penchent ici sur l’organisation d’un déplacement en janvier 2016 à Las Vegas d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie. Il y a rencontré des patrons français. Une opération «montée dans l’urgence, à la demande expresse du cabinet du ministre, […] confiée au géant Havas par Business France sans qu’aucun appel d’offres ait été lancé», avait avancé le Canard enchaîné en mars cette année. Une enquête préliminaire pour favoritisme, complicité et recel de favoritisme a été ouverte par le parquet de Paris. Signalons en passant que Business France était, à l’époque, dirigé par l’actuelle ministre du Travail Muriel Pénicaud.


Agression de NKM: Attention, une violence peut en cacher une autre ! (At last, extremism experts start to worry about the democratization of radicalism on the left)

18 juin, 2017
L'humoriste Kathy Griffin a choqué en postant cette photo sur les réseaux sociaux
https://media.townhall.com/townhall/reu/ha/2017/165/8a9a8a20-2069-4188-ba91-b4ef3c4c93d6.jpg
https://i0.wp.com/cdn.timesofisrael.com/uploads/2017/06/Screen-Shot-2017-06-17-at-5.17.11-PM-e1497709084178-635x357.png
https://cdn.jihadwatch.org/wp-content/uploads/2017/06/Three-Palestinians-killed-BBC.pngL’acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers au poing, à descendre dans la rue et à tirer, au hasard, tant qu’on peut dans la foule. André Breton
Il faut avoir le courage de vouloir le mal et pour cela il faut commencer par rompre avec le comportement grossièrement humanitaire qui fait partie de l’héritage chrétien. (..) Nous sommes avec ceux qui tuent. Breton
Cette violence irrépressible il le montre parfaitement, n’est pas une absurde tempête ni la résurrection d’instincts sauvages ni même un effet du ressentiment : c’est l’homme lui-même se recomposant. Cette vérité, nous l’avons sue, je crois, et nous l’avons oubliée : les marques de la violence, nulle douceur ne les effacera : c’est la violence qui peut seule les détruire. Et le colonisé se guérit de la névrose coloniale en chassant le colon par les armes. Quand sa rage éclate, il retrouve sa transparence perdue, il se connaît dans la mesure même où il se fait ; de loin nous tenons sa guerre comme le triomphe de la barbarie ; mais elle procède par elle-même à l’émancipation progressive du combattant, elle liquide en lui et hors de lui, progressivement, les ténèbres coloniales. Dès qu’elle commence, elle est sans merci. Il faut rester terrifié ou devenir terrible ; cela veut dire : s’abandonner aux dissociations d’une vie truquée ou conquérir l’unité natale. Quand les paysans touchent des fusils, les vieux mythes pâlissent, les interdits sont un à un renversés : l’arme d’un combattant, c’est son humanité. Car, en ce premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre ; le survivant, pour la première fois, sent un sol national sous la plante de ses pieds. Sartre (préface aux damnés de la terre, 1961)
Kidnapper des personnages célèbres pour leurs activités artistiques, sportives ou autres et qui n’ont pas exprimé d’opinions politiques peut vraisemblablement constituer une forme de propagande favorable aux révolutionnaires. ( …) Les médias modernes, par le simple fait qu’ils publient ce que font les révolutionnaires, sont d’importants instruments de propagande. La guerre des nerfs, ou guerre psychologique, est une technique de combat reposant sur l’emploi direct ou indirect des médias de masse.( …) Les attaques de banques, les embuscades, les désertions et les détournements d’armes, l’aide à l’évasion de prisonniers, les exécutions, les enlèvements, les sabotages, les actes terroristes et la guerre des nerfs sont des exemples. Les détournements d’avions en vol, les attaques et les prises de navires et de trains par les guérilleros peuvent également ne viser qu’à des effets de propagande. Carlos Marighela (« Minimanuel de guerilla urbaine », 1969)
Nous avons offert des sacrifices humains à vos dieux du sport et de la télévision et ils ont répondu à nos prières. Terroriste palestinien (Jeux olympiques de Munich, 1972)
Les mots sont responsables: il leur est répondu. Les paroles de haine des avant-gardes ont préparé la mort des individus. (…) Pourquoi l’avant-garde a-t-elle été fascinée par le meurtre et a fait des criminels ses héros, de Sade aux sœurs Papin, et de l’horreur ses délices, du supplice des Cent morceaux en Chine à l’apologie du crime rituel chez Bataille, alors que dans l’Ancien Monde, ces choses là étaient tenues en horreur? (…) Il en résulte que la fascination des surréalistes ne s’est jamais éteinte dans le petit milieu de l’ intelligentsia parisienne de mai 1968 au maoïsme des années 1970. De l’admiration de Michel Foucault pour ‘l’ermite de Neauphle-le-Château’ et pour la ‘révolution’ iranienne à… Jean Baudrillard et à son trouble devant les talibans, trois générations d’intellectuels ont été élevées au lait surréaliste. De là notre silence et notre embarras. Jean Clair
Le monde moderne n’est pas mauvais : à certains égards, il est bien trop bon. Il est rempli de vertus féroces et gâchées. Lorsqu’un dispositif religieux est brisé (comme le fut le christianisme pendant la Réforme), ce ne sont pas seulement les vices qui sont libérés. Les vices sont en effet libérés, et ils errent de par le monde en faisant des ravages ; mais les vertus le sont aussi, et elles errent plus férocement encore en faisant des ravages plus terribles. Le monde moderne est saturé des vieilles vertus chrétiennes virant à la folie.  G.K. Chesterton
L’erreur est toujours de raisonner dans les catégories de la « différence », alors que la racine de tous les conflits, c’est plutôt la « concurrence », la rivalité mimétique entre des êtres, des pays, des cultures. La concurrence, c’est-à-dire le désir d’imiter l’autre pour obtenir la même chose que lui, au besoin par la violence. Sans doute le terrorisme est-il lié à un monde « différent » du nôtre, mais ce qui suscite le terrorisme n’est pas dans cette « différence » qui l’éloigne le plus de nous et nous le rend inconcevable. Il est au contraire dans un désir exacerbé de convergence et de ressemblance. (…) Ce qui se vit aujourd’hui est une forme de rivalité mimétique à l’échelle planétaire. (…) Ce sentiment n’est pas vrai des masses, mais des dirigeants. Sur le plan de la fortune personnelle, on sait qu’un homme comme Ben Laden n’a rien à envier à personne. Et combien de chefs de parti ou de faction sont dans cette situation intermédiaire, identique à la sienne. Regardez un Mirabeau au début de la Révolution française : il a un pied dans un camp et un pied dans l’autre, et il n’en vit que de manière plus aiguë son ressentiment. Aux Etats-Unis, des immigrés s’intègrent avec facilité, alors que d’autres, même si leur réussite est éclatante, vivent aussi dans un déchirement et un ressentiment permanents. Parce qu’ils sont ramenés à leur enfance, à des frustrations et des humiliations héritées du passé. Cette dimension est essentielle, en particulier chez des musulmans qui ont des traditions de fierté et un style de rapports individuels encore proche de la féodalité. (…) Cette concurrence mimétique, quand elle est malheureuse, ressort toujours, à un moment donné, sous une forme violente. A cet égard, c’est l’islam qui fournit aujourd’hui le ciment qu’on trouvait autrefois dans le marxisme. René Girard
L’inauguration majestueuse de l’ère « post-chrétienne » est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en « radicalisant » le souci des victimes dans un sens antichrétien. (…) Jusqu’au nazisme, le judaïsme était la victime préférentielle de ce système de bouc émissaire. Le christianisme ne venait qu’en second lieu. Depuis l’Holocauste , en revanche, on n’ose plus s’en prendre au judaïsme, et le christianisme est promu au rang de bouc émissaire numéro un. (…) Le mouvement antichrétien le plus puissant est celui qui réassume et « radicalise » le souci des victimes pour le paganiser. (…) Comme les Eglises chrétiennes ont pris conscience tardivement de leurs manquements à la charité, de leur connivence avec l’ordre établi, dans le monde d’hier et d’aujourd’hui, elles sont particulièrement vulnérables au chantage permanent auquel le néopaganisme contemporain les soumet. René Girard
La même force culturelle et spirituelle qui a joué un rôle si décisif dans la disparition du sacrifice humain est aujourd’hui en train de provoquer la disparition des rituels de sacrifice humain qui l’ont jadis remplacé. Tout cela semble être une bonne nouvelle, mais à condition que ceux qui comptaient sur ces ressources rituelles soient en mesure de les remplacer par des ressources religieuses durables d’un autre genre. Priver une société des ressources sacrificielles rudimentaires dont elle dépend sans lui proposer d’alternatives, c’est la plonger dans une crise qui la conduira presque certainement à la violence. Gil Bailie
More ink equals more blood,  newspaper coverage of terrorist incidents leads directly to more attacks. It’s a macabre example of win-win in what economists call a « common-interest game. Both the media and terrorists benefit from terrorist incidents, » their study contends. Terrorists get free publicity for themselves and their cause. The media, meanwhile, make money « as reports of terror attacks increase newspaper sales and the number of television viewers ». Bruno S. Frey (University of Zurich) et Dominic Rohner (Cambridge)
Un des jeunes tueurs de Littleton, Eric Harris, avait passé une centaine d’heures à reprogrammer le jeu vidéo Doom pour que tout corresponde plus ou moins à son école (…) [jusqu’à] « incorporer le plan du rez-de-chaussée du lycée Columbine dans son jeu. En outre, il l’avait reprogrammé pour fonctionner « en mode Dieu », où le joueur est invincible. (…) Le 1er décembre 1997, à Paducah (Kentucky), Michael Carneal, alors âgé de 14 ans et armé de six pistolets, avait attendu la fin de la session quotidienne de prière à l’école pour tuer trois fillettes (…) et d’en blesser cinq autres. Lorsque la police a saisi son ordinateur, on a découvert qu’il en était un usager assidu, recherchant souvent sur Internet les films obscènes et violents. Parmi ses favoris, Basketball Diaries et Tueurs nés, film qui a influencé aussi les tueurs de Littleton. (…) En examinant l’ordinateur de Michael Carneal, la police a également découvert qu’il était un passionné de Doom, le fameux jeu qui consiste pour l’essentiel à passer rapidement d’une cible à l’autre et à tirer sur ses « ennemis » en visant surtout la tête. Le jeune Carneal, qui n’avait jamais utilisé d’arme auparavant, a réussi à toucher huit personnes, cinq à la tête, trois à la poitrine, avec seulement huit balles – un exploit considérable même pour un tireur bien entraîné. (…) Le colonel David Grossman, psychologue militaire, qui donne des cours sur la psychologie du meurtre à des Bérets verts et des agents fédéraux, est un témoin-expert dans ce procès. Il fait remarquer que les jeux vidéos consistant à viser et à tirer ont le même effet que les techniques d’entraînement militaire utilisées pour amener le soldat à surmonter son aversion à tuer. Selon lui, ces jeux sont encore plus efficaces que les exercices d’entraînement militaire, si bien que les Marines se sont procurés une version de « Doom » pour entraîner leurs soldats.  Helga Zepp-LaRouche
La tuerie de la Columbine High School a mis en lumière une double forme de criminalité qui ne retient pas habituellement l’attention du public. Il s’agit pourtant d’un acte sur lequel la police intervient à intervalles réguliers.  Le Violence Policy Center estime que près de 1 500 « meurtres-suicides » (murder suicides) ont lieu chaque année. L’acte en question consiste à tuer un parent, un proche ou un étranger avant de se faire justice. Dans les vingt dernières années, quelques cas ont frappé par leur aspect aussi horrible que gratuit. Ils ont tous été ponctués par le suicide du meurtrier. En 1986, le postier Patrick Sherrill qui est menacé de licenciement abat dans l’Oklahoma 14 collègues et en blesse six autres.  En 1991, George Hennard, un routier texan, lance son camion dans un restaurant. 23 clients sont tués et 20 autres blessés. En 1999, à Atlanta, Géorgie, Mark Barton tue sa femme et ses enfants avec un marteau et se rend ensuite chez un courtier où il abat neuf personnes et en blesse 13 autres. Au Texas en 1999, Larry Ashbrook pénètre dans une église baptiste avant un concert, tue sept spectateurs et lance des explosifs sans faire de victimes. En 2001, un employé de la firme Navistar en Illinois est armé jusqu’aux dents quand il tue quatre collègues et en blesse quatre autres. (…) La majorité des meurtres-suicides révèle que l’acte prétendument vengeur précède immédiatement l’autodestruction. Daniel Royot
Les images violentes accroissent (…) la vulnérabilité des enfants à la violence des groupes (…) rendent la violence ‘ordinaire’ en désensibilisant les spectateurs à ses effets, et elles augmentent la peur d’être soi-même victime de violences, même s’il n’y a pas de risque objectif à cela. Serge Tisseron
L’effet cliquet, ou effet de cliquet, est un phénomène ou procédé énoncé par Thomas M. Brown, qui empêche le retour en arrière d’un processus une fois un certain stade dépassé.Il est parfois lié à un « effet mémoire » : « une consommation atteinte est difficilement réduite du fait des habitudes et des engagements qui ont été pris ». L’« effet cliquet » fait analogiquement et métaphoriquement référence au cliquet d’horlogerie (mécanisme d’échappement à ancre interdisant tout retour en arrière d’une roue dentée). Cette métaphore est utilisée dans de nombreux domaines, de la politique au management et à la théorie de l’évolution. (…) Il est parfois lié à la théorie de l’effet de démonstration ou d’imitation développée par James Stemble Duesenberry en 1949. La consommation peut dépendre de la consommation de la classe sociale ou du groupe social de référence. Selon lui, c’est un effet de « démonstration » : il y a une démonstration des classes aisées sur les classes inférieures qui les imitent. De par ce fait, la classe immédiatement inférieure consomme alors de la même manière. Pour Duesenberry, la consommation, à une période donnée dépend non seulement du revenu de cette période, mais aussi des habitudes de consommation acquises antérieurement. Si la consommation dépend du revenu courant mais aussi de la consommation passée (…) Duesenberry évoque également l’effet d’imitation — « tout citoyen d’une classe sociale donnée tend à acquérir le comportement de la classe immédiatement au-dessus. ». De ce point de vue, le club des « privilégiés » servirait de modèle de référence aux autres catégories sociales qui tentent de suivre ses dépenses lorsque leurs revenus augmentent ou lorsque la production de masse banalise les objets. Pour Duesenberry, il s’agit donc d’une course poursuite au modèle supérieur. (…) L’hypothèse faite par Duesenberry est que la consommation dépend du plus haut niveau de consommation durant la période précédente. (…) Dans ce domaine, ce terme permet de décrire l’incapacité d’un gouvernement à réduire les énormes bureaucraties, une fois que celles-ci ont été mises en place, comme par exemple en temps de guerre pour couvrir l’ensemble des besoins des troupes. On peut retrouver ce phénomène dans la réforme des organisations internationales due aux nombreuses couches de bureaucratie créées précédemment. L’économiste Robert Higgs de l’école autrichienne a lui aussi utilisé le terme pour décrire l’apparente expansion irréversible du gouvernement en temps de crise dans son livre Crise et Leviathan. Le phénomène de cliquet a également été théorisé par Yves-Marie Adeline dans son ouvrage La Droite impossible paru en 2012 (édition modifiée de La Droite piégée datant de 1996) : il y démontre comment, dans un système démocratique dont les fondements sont de gauche, les lois sociétales de la gauche sont irréversibles, car la droite, quand elle revient au pouvoir, ne se sent pas libre de les abroger. Cela ne vaut pas pour l’économie (comme le montre le Thatcherisme qui a pu défaire l’Etat-providence issu de la guerre ), mais cela vaut pour les évolutions sociétales. (…) L’effet cliquet désigne « l’irréversibilité du progrès technique ». Wikipedia
Pendant toutes les années du mitterrandisme, nous n’avons jamais été face à une menace fasciste, donc tout antifascisme n’était que du théâtre. Nous avons été face à un parti, le Front National, qui était un parti d’extrême droite, un parti populiste aussi, à sa façon, mais nous n’avons jamais été dans une situation de menace fasciste, et même pas face à un parti fasciste.D’abord le procès en fascisme à l’égard de Nicolas Sarkozy est à la fois absurde et scandaleux. Je suis profondément attaché à l’identité nationale et je crois même ressentir et savoir ce qu’elle est, en tout cas pour moi. L’identité nationale, c’est notre bien commun, c’est une langue, c’est une histoire, c’est une mémoire, ce qui n’est pas exactement la même chose, c’est une culture, c’est-à-dire une littérature, des arts, une, la philo, les philosophies. Et puis c’est une organisation politique avec ses principes et ses lois. Quand on vit en France, j’ajouterai : l’identité nationale, c’est aussi un art de vivre, peut-être, que cette identité nationale. Je crois profondément que les nations existent, existent encore, et en France, ce qui est frappant, c’est que nous sommes à la fois attachés à la multiplicité des expressions qui font notre nation, et à la singularité de notre propre nation. Et donc ce que je me dis, c’est que s’il y a aujourd’hui une crise de l’identité, crise de l’identité à travers notamment des institutions qui l’exprimaient, la représentaient, c’est peut-être parce qu’il y a une crise de la tradition, une crise de la transmission. Il faut que nous rappelions les éléments essentiels de notre identité nationale parce que si nous doutons de notre identité nationale, nous aurons évidemment beaucoup plus de mal à intégrer. Lionel Jospin (France Culture, 29.09.07)
Car la consigne (« Qu’ils s’en aillent tous ») ne visera pas seulement ce président, roi des accointances, et ses ministres, ce conseil d’administration gouvernemental de la clique du Fouquet’s ! Elle concernera toute l’oligarchie bénéficiaire du gâchis actuel. « Qu’ils s’en aillent tous ! » : les patrons hors de prix, les sorciers du fric qui transforment tout ce qui est humain en marchandise, les émigrés fiscaux, les financiers dont les exigences cancérisent les entreprises. Qu’ils s’en aillent aussi, les griots du prétendu « déclin de la France » avec leurs salles refrains qui injectent le poison de la résignation. Et pendant que j’y suis, « Qu’ils s’en aillent tous » aussi ces antihéros du sport, gorgés d’argent, planqués du fisc, blindés d’ingratitude. Du balai ! Ouste ! De l’air ! Jean-Luc Mélenchon (extrait du livre)
Quand Mélenchon titre son livre Chassez-les tous (sic), c’est d’une violence extraordinaire. Mais lui est invité partout.  Jean-Marie Aphatie
C’est une chose complètement acceptée. Certains antifa ne partagent pas ces codes-là, mais dans le noyau dur du mouvement, ils s’habillent de la même façon et avec les mêmes marques que le camp d’en face. Parce que les racines de leurs mouvements sont les mêmes: les skinheads. Les deux ont divergé entre redskins et skins d’extrême-droite, mais l’origine est la même. (…) depuis que les antifa se revendiquent plus ouvertement skinheads, et se rasent même la tête, ce sont les mêmes au niveau du look. Avec les mêmes bombers, les mêmes Dr Martens, les mêmes origines culturelles, et la même fascination pour la baston. Ce sont les frères ouverts contre les frères fermés, en somme. (…) c’est un grand classique. Les boutiques qui vendent des fringues «rock» au sens très large du terme sont peu nombreuses, donc c’est un lieu de croisement. Dans le XVe arrondissement parisien, une boutique qui distribue ces marques est surtout visitée par les skinheads d’extrême droite, mais peut l’être par l’autre bord aussi. Il y a déjà eu plusieurs bastons autour de la boutique, surtout entre 1990 et 1995. (…) pratiquement tous les skins et les antifafs qui portent ces marques s’habillent là-bas. Ils ont généralement peu de moyens, et comme les prix de ces marques sont élevés, ils attendent ces réductions pour se fournir. Depuis deux, trois ans, il y a des tensions lors de ces ventes, des individus des deux bords s’y croisent, il y a des regards. On peut presque dire que ce drame était inéluctable. Marc-Aurèle Vecchione
La différence entre eux et moi, c’est que je n’ai pas peur : je n’ai pas peur pour notre culture, je n’ai pas peur pour la France. Je crois profondément que la France n’a jamais été et ne sera jamais une nation multiculturelle. Si un risque existe qu’elle le devienne, je le combattrai en redonnant à notre langue sa prééminence dans l’enseignement, en sanctionnant sans transiger tous ceux qui se soustraient aux lois de la République et à ses usages, en travaillant inlassablement sur ce qui nous est commun, non pas en satisfaisant des « aspirations opposées » mais en rappelant aux Français que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous sépare. C’est tout le sens de mon combat politique. (…) Combattre l’islam radical, ce n’est pas de l’islamophobie : c’est le minimum qu’on puisse attendre de responsables politiques soucieux de préserver l’unité nationale et l’ordre public. Mais lorsque l’islam pratiqué par des millions de nos compatriotes devient lui aussi suspect de n’être pas compatible avec les lois de la République, lorsqu’on vous démontre qu’il est de la nature de l’islam d’être contraire à nos lois, alors commence l’islamophobie. Organiser et réguler l’islam de France, notamment en le coupant de ses liens consulaires, permettra de mettre un terme à ces craintes, et permettra à nos compatriotes musulmans de vivre leur foi à l’abri des suspicions. C’est mon projet, et ma détermination à cet égard est sans faille. (…) Notre société a peur. Peur d’un avenir incertain, peur des vents de la mondialisation, peur du terrorisme, peur de la montée des communautarismes radicalisés… Pourtant, nous tenons bon. La France reste un pays aux valeurs fortes, et qui sait s’unir dans l’adversité, comme elle l’a démontré lors de la vague d’attentats. Pour vaincre cette peur collective, il faut que les Français se rassurent sur leur destin dans ce monde nouveau. Nous devons retrouver la confiance dans ce que nous sommes, à savoir une nation faite pour l’universel, et non pour le repli identitaire ou communautaire, une nation entreprenante, une nation qui sait encore parler au monde et tenir son rang face aux tentations totalitaires qui renaissent. La France n’a jamais été tant aimée que lorsqu’elle portait un projet conforme à son histoire et à son génie, mobilisant tous les Français et non pas seulement une petite élite. Nous entrons dans ce monde neuf avec une histoire, des talents, une compréhension du monde qui constituent des atouts uniques. C’est de cela que je veux convaincre nos compatriotes, pour que cesse cette défiance envers nous-mêmes, qui m’est insupportable. Emmanuel Macron
Monsieur le Premier Ministre, vous avez déclaré constater « la montée de l’antisémitisme, qui se nourrit dans les quartiers populaires » dont vous affirmez qu’ils seraient « antisémites ».(…) Oui, comme tant d’autres, je me sens visée par vos propos quand vous parlez de l’antisémitisme des quartiers populaires. Non, nous qui venons des quartiers populaires ne sommes pas antisémites. Les gens qui habitent, travaillent, vivent dans les quartiers populaires ne sont pas antisémites dans leur ensemble, intrinsèquement, par essence. Présumer que la lutte pour la liberté du peuple palestinien ne pourrait qu’être de l’antisémitisme caché est un raccourci grossier. Ne peut-on pas lutter contre la politique d’un gouvernement sans être soupçonné de haïr l’ensemble d’un peuple? Lutter contre la politique de Berlusconi a-t-il fait de vous un raciste anti-Italiens? Votre déclaration, monsieur le Premier Ministre, est un dangereux cliché, stéréotypé et stigmatisant, contre les quartiers populaires. L’antisémitisme est un fléau, une horreur, une abomination. Il existe en France. Mais les quartiers populaires ne l’ont pas créé et il ne se nourrit pas à Belleville où des athées vont parfois rompre le jeûne du Ramadan avec des Musulmans et des Chrétiens dans un restaurant casher. (…) L’article 1er de la loi de 1905 prévoit que la République « ne reconnaît ne salarie ne subventionne aucun culte ». Ni plus ni moins. Interdire le voile c’est reconnaître le voile comme signe religieux, donc reconnaître une religion, interdire le voile à l’école est donc contraire à la loi de 1905. Interdire aux femmes voilées d’accompagner les sorties scolaires de leurs enfants relève ni plus ni moins de l’islamophobie. L’obligation de neutralité religieuse s’applique d’après la loi de 1905 aux fonctionnaires, représentants de l’Etat, pas aux parents d’élèves qui ne représentent qu’eux-mêmes.Le Président Hollande avait promis dans son programme, par l’engagement 59, de défendre la paix et la reconnaissance de la Palestine (…) A l’exception de quelques extrémistes violents, haineux, sectaires et contre-productifs comme il y en dans tous les bords, dans toutes les familles politiques y compris dans la nôtre, les habitants des quartiers populaires qui ont manifesté, réclamaient simplement l’application de l’engagement 59 de notre président. Marlène Schiappa (22.07.2014)
 Je n’en peux plus, d’entendre ce discours ultra-sécuritaire, qui n’a rien donné depuis dix ans. Je n’en peux plus d’entendre dire que dans nos quartiers, c’est la radicalisation. Caroline Reverso-Meinietti (candidate macroniste à Nice)
Nous vivons dans un temps bizarre. Une dénonciation anonyme se multiplie et à partir de là, on peut avoir des vagues extrêmement déstabilisantes. (…) On en jugera une fois que les faits seront établis. Je ne sais pas si ça a un lien avec la moralisation de la vie publique, mais en tout cas je (la) porterai. François Bayrou
Ces intellectuels tétanisés par la culpabilité postcoloniale battent la campagne médiatique. Ils font de l’islamophobie le ressort exclusif des grandes manifestations antiterroristes du 11 janvier… Proclamer « Je suis Charlie », c’est pour eux faire acte d’islamophobie ! Cette cécité les conduit à minimiser le péril djihadiste de peur de désespérer Molenbeek comme les compagnons de route du Parti communiste s’interdisaient de dénoncer les exactions du stalinisme de peur de « désespérer Billancourt ». Par-delà l’organisation terroriste Daech, qui a fracturé la cohésion rêvée de la patrie, je crois que deux forces de désintégration sont à l’œuvre dans la société française. D’une part, les mouvements communautaristes, qui font prévaloir l’appartenance religieuse et ses marqueurs dans l’espace public. De l’autre, une conception identitaire et étroite de la France, dont le fond est ethno-racial et xénophobe. Mon livre est destiné à nourrir le grand débat de société qui doit absolument précéder les élections présidentielle et législatives de 2017. En tant qu’universitaire travaillant sur ces enjeux depuis trois décennies, je me livre à une analyse sans dramatisation mais sans complaisance du défi mortel que pose le djihadisme à notre pays et que cherchent à occulter une partie de nos intellectuels de gauche (…) [le 7 janvier] du point de vue jihadiste, c’est l’attentat le plus réussi. Pourquoi ? Parce que les dessinateurs de « Charlie Hebdo » sont perçus, dans une partie de la jeunesse musulmane européenne et française, comme des gens qui l’ont bien cherché. De même qu’il y avait eu des milliers de like sur Facebook pour Merah, il y en a eu pour les frères Kouachi, pour Coulibaly, etc. Cela aboutit à ce clivage, qui est exacerbé par toute cette mouvance islamogauchiste dont Emmanuel Todd se fait le porte-parole, sans doute inconscient à l’époque, avec son livre « Qui est Charlie ? ». (…) Ce qui est fascinant, c’est que, du 14 juillet jusqu’au 26 juillet (l’assassinat du père Hamel), la France est dépeinte dans la presse internationale et notamment anglo-saxonne comme victime de la terreur. Elle est plainte, il y a de la commisération. Et soudain, à partir du mois d’août, lorsque arrivent les arrêtés anti-burkini des municipalités du littoral méditerranéen, la victime va se transformer d’un jour à l’autre en bourreau. Cette inversion paradoxale, qui est une imposture exceptionnelle, est menée en particulier par un groupe qui s’appelle le Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF), organisation proche des Frères musulmans, qui va tirer profit de la frustration de jeunes musulmans qui en ont assez de devoir rappeler qu’ils ne sont pas des terroristes. (…) Au mois de mai dernier, j’ai été invité par le Bondy Blog à participer à un débat. J’ai beaucoup travaillé sur la Seine-Saint-Denis, à Clichy, Montfermeil, et j’avais des contacts avec leurs journalistes. Des jeunes issus de l’immigration qui étaient dans une logique d’insertion sociale, qui voulaient créer un journalisme alternatif et ouvert. A ma stupéfaction, les trois journalistes chargés de m’interviewer m’ont accusé pendant tout l’entretien d’être islamophobe ! C’était juste avant que je sois condamné à mort par Larossi Abballa dans sa vidéo du 13 juin au soir. Mais ils ne parlaient jamais des attentats et uniquement de l’islamophobie : les femmes voilées traînées par terre, la société française islamophobe, etc. J’ai compris depuis lors que le Bondy Blog avait été totalement repris en main par cette frange frériste qui a fait de l’ »islamophobie » son principal slogan. Pour les Frères musulmans, dans la mouvance de Tariq Ramadan, comme pour Marwan Muhammad (le directeur exécutif du CCIF), il y a une volonté manifeste de mobiliser cette jeunesse musulmane en occultant le phénomène des attentats, en se refusant à le penser. C’est la « forclusion », comme on dirait en psychanalyse lacanienne, des attentats, pour se focaliser sur une victimisation communautaire de la population concernée. Ce que les jihadistes ne parviennent pas à faire, c’est-à-dire à mobiliser, parce qu’ils font horreur, les Frères musulmans le réussissent en offrant un regroupement de défense identitaire. Les Frères musulmans ont été durablement affaiblis en Egypte par le régime du maréchal Sissi, et beaucoup sont aujourd’hui exilés en Turquie. Et c’est à partir de la Turquie que leur stratégie de conquête de l’Europe s’est construite, soutenue par le Qatar. Le CCIF est le produit de cette stratégie. Le CCIF s’adresse à cette jeunesse qui a fait des études (Marwan Muhammad a été trader, formé à l’université Léonard-de-Vinci de Charles Pasqua) et qui se perçoit en dissidence culturelle avec la société française ; mais contrairement aux salafistes – qui visent la hijra, c’est-à-dire la rupture culturelle, éventuellement le départ – et contrairement aux jihadistes qui veulent tuer tout le monde –, eux sont dans la logique de construction d’un lobby communautaire. (…) [Marwan Muhammad] est le directeur exécutif du Comité contre l’Islamophobie, le CCIF. Il a fait la une du « New York Times » comme porte-parole de l’islam de France, avant que ce quotidien ne dépeigne la France comme une sorte de goulag pour les musulmans, et dont la laïcité tiendrait lieu de stalinisme. Souvenez-vous de l’affaire de Tremblay-en-France, au cours de laquelle deux jeunes femmes voilées, dans des circonstances qui restent encore obscures, n’ont pas été servies par un restaurateur. Le lendemain, le 28 août, Marwan Muhammad s’est rendu à la mosquée de Tremblay. Là, il prononce un discours fondamental pour comprendre la stratégie des Frères musulmans… Il dit la nécessité de rassembler les musulmans de France autour de questions éthiques, et cela dans la perspective de l’élection de 2017, où le CCIF décernera aux différents candidats le label « islamophobe » ou « moins islamophobe » : il s’agit donc clairement de construire un lobby communautaire qui va monnayer politiquement ses voix. (…) Ainsi, les gauchistes, qui sont en perte de vitesse idéologique dans la société, se sont mis à considérer les enfants d’immigrés musulmans comme leur nouveau prolétariat messianique. Faire un bout de chemin avec les musulmans exploités contre la bourgeoisie devenait plus important que de s’en tenir à la ligne qui faisait de la religion l’opium du peuple du marxisme fondamental. Ce qui est cocasse, c’est qu’on a, d’un côté, un islam du gauchisme et, de l’autre côté, un communautarisme électoral porté par la droite – qui va aussi jusqu’à l’extrême droite. (…) Aujourd’hui, le clivage entre la droite et la gauche sur lequel était fondée la vie politique française n’a plus de signification. La société comporte actuellement un néo-prolétariat dans les banlieues populaires, dans lequel il y a beaucoup d’enfants d’immigrés qui n’ont plus accès au marché du travail, non seulement à cause des discriminations, mais parce que notre système éducatif est découplé des besoins de l’économie numérique postindustrielle. Et c’est parmi ceux qui vont à l’université que la mouvance des Frères musulmans recrute – alors que le salafisme touche des milieux moins éduqués. En même temps, il y a une marginalisation croissante de classes populaires, si j’ose dire, « de souche », qui sont confrontées à des situations de précarité. A la logique de clôture communautaire des uns s’oppose la logique de clôture identitaire des autres. C’est cet affrontement qui est en train de devenir un des éléments structurants du débat politique français. La petite bourgeoisie périurbaine, qui votait à gauche, est en train de basculer vers Marine Le Pen. Ainsi, une partie des enseignants votent pour le Front national parce qu’ils sont confrontés dans les collèges des ZEP et ailleurs à des élèves qui sont dans une telle logique d’affirmation communautariste qu’ils mettent en cause les enseignants qui, pour 2.000 euros par mois en fin de carrière, font un boulot extrêmement dur, et ne sont pas suivis par leur hiérarchie qui ne veut pas faire de vagues. (…) En 2012, Hollande a gagné avec une marge très faible. S’il n’y avait pas eu ce vote « musulman » massif en sa faveur, il ne serait pas passé. Or il le perd à partir du projet de mariage pour tous. Dès les élections partielles de décembre 2012, dans les circonscriptions où le Conseil constitutionnel a invalidé les résultats de juin, on voit que certains quartiers populaires basculent vers des candidats de droite, dont plusieurs m’ont dit leur stupéfaction. Ils avaient vu des bureaux de vote « musulmans » qui leur avaient donné moins de 10% des voix en juin 2012 leur conférer une large majorité en décembre. Pourquoi ? Parce que l’imam en chaire le vendredi précédent avait appelé à sanctionner dans les urnes les « socialistes corrupteurs sur la terre », qui avaient permis le mariage homosexuel. Et c’est un enjeu très important, qui va se traduire par la participation d’un certain nombre d’associations islamiques à la Manif pour tous. Ainsi Kamel Bechikh de Fils de France, par ailleurs proche du Front national, est l’un des porte-parole du mouvement. La sanction électorale la plus frappante a lieu en Seine-Saint-Denis (municipales de 2014), où sur 40 communes 21 seront remportées par la droite et 19 par la gauche. C’est une tendance qu’a bien su exploiter Jean-Christophe Lagarde (le patron de l’UDI en Seine-Saint-Denis). Ainsi, Bobigny, qui était communiste depuis que le communisme existe, va basculer à droite. Les groupes islamistes s’y allient aux politiciens conservateurs au nom de revendications si j’ose dire « éthiques », disons plutôt de morale sociale contre l’hédonisme. (…) Les salafistes ne préconisent pas la violence, puisqu’ils sont liés au système saoudien et que l’Arabie saoudite n’a aucune envie de faire la guerre avec ceux qui lui achètent son pétrole. Mais il fournit le socle de la fracture culturelle sur laquelle se construira assez aisément le passage à l’acte violent lorsque les jihadistes le prêcheront. (…) Olivier Roy, qui n’a plus fait de travail de terrain depuis des années et qui ignore la langue arabe, s’efforce de me « zemmouriser ». Je les renvoie l’un à l’autre : tel Ulysse, je m’efforce de mener ma barque universitaire entre les sirènes de ce Charybde et de ce Scylla sur lesquelles la pensée ne peut que se fracasser… Lorsqu’il dit que j’islamise tout, c’est de bonne guerre rhétorique, mais c’est faux. J’essaie simplement de montrer quelles sont les stratégies par lesquelles jihadistes d’un côté, salafistes d’un autre, Frères musulmans d’un troisième s’efforcent de capter la population musulmane de France, sans du reste y arriver pour l’instant. Je ne suis pas pessimiste. Je suis convaincu que la laïcité de la République, à condition d’être pensée comme une laïcité d’inclusion et non pas une laïcité de séparation, est porteuse de l’avenir de notre pays. Maintenant, prétendre que la tentation du jihad découle d’un nihilisme mortifère, d’une volonté de suicide qui aurait revêtu par hasard les oripeaux de l’islamisme, c’est très insuffisant. Les individus qui sont prêts à sacrifier leur vie le font parce qu’ils sont sûrs que leur mort va amener la rédemption de l’humanité. Ce qui n’a rien à voir avec le suicide nihiliste. Je reste persuadé qu’il faut revenir aux textes : lire les écrits de Daech. Si on n’analyse pas la spécificité du jihadisme actuel, si on ne l’inscrit pas dans la relation avec le Moyen-Orient, avec l’Afrique du Nord, si on ne comprend pas ce que ça signifie que, dans l’idéologie du jihadisme de troisième génération, l’Europe soit identifiée spécifiquement comme le ventre mou de l’Occident … on passe à côté du phénomène. (…) Que certains jeunes passent par la délinquance, et ensuite voient dans le jihadisme une rédemption, c’est un fait. Mais pour cela, ils passent par la case mentale du salafisme : la rupture culturelle. A partir du moment où quelqu’un comme vous ou moi est considéré comme un infidèle, un blasphémateur, la rupture est consommée. La condamnation à mort par les jihadistes s’ensuit aisément. Je pense qu’il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de l’idéologie religieuse, telle qu’elle est manipulée aujourd’hui dans un monde où internet fournit les imams numériques, de mobiliser les individus. Faire l’impasse là-dessus, c’est considérer que les acteurs sociaux sont totalement étrangers à leur destin. Or ce n’est pas le cas. Si on analyse les écoutes du téléphone d’Adel Kermiche, on comprend que celui-ci, pendant un an, en prison, a été exposé dans sa cellule à des prédicateurs qui lui ont appris l’arabe. J’ai vu la cassette de serment d’allégeance qu’il a faite. Son arabe n’est pas parfait, il bute sur les mots, mais il est très correct : la prison française, c’est l’ENA du jihad. D’autre part, pourquoi est-il allé tuer un prêtre ? Parce que les chrétiens représentent le mal, les kouffar (les mécréants) qui ne se sont pas dissociés du bombardement de la coalition des croisés sur l’Etat islamique. C’est bien au nom d’une vision salafiste de fracture du monde. (…) Quand en 2012 Mohamed Merah met en œuvre les injonctions d’un prédicateur, Abou Moussab al-Souri (que lui-même les ait lues ou pas, ça n’a pas d’importance, le monde du tweet les traduit et les dilue à l’infini), au fond notre haute fonction publique et nos politiciens n’y comprennent rien. Ils font de Merah un loup solitaire… Cinq ans après, le procès n’a toujours pas eu lieu. Il y a recours contre recours. Au fond, l’affaire Merah, c’est l’échec complet de la hiérarchie du renseignement à ce moment-là. Mais on est dans un monde pyramidal, où la haute fonction publique est incapable de se remettre en question; de ce point de vue, le quinquennat de François Hollande a été désastreux puisque l’université y a été méprisée, que les études arabes y ont été détruites. Aujourd’hui, on est démuni face à ce phénomène, ce qui explique la floraison d’ »experts » bidon, dont les constructions idéologiques se fondent sur l’ignorance du terrain comme des textes. Le postulat de l’islamo-gauchisme est : ce n’est pas la peine de connaître l’idéologie dont se réclament les jihadistes qui sont avant tout des nihilistes. On songe aux beaux esprits de la république de Weimar, qui tenaient « Mein Kampf » à sa parution en 1925, pour les élucubrations exaltées d’un peintre dénué de talent… L’enjeu, aujourd’hui, c’est de poser le diagnostic le plus juste possible sur le phénomène : bien évidemment cela est fait de controverses, c’est tout à fait légitime, à condition que cela repose sur une vraie connaissance de ce dont on parle. Et comme ce sera largement à l’élu(e) de 2017 de mettre en œuvre la thérapie de la fracture, nos concitoyens ont le droit d’être informés pour se prononcer en connaissance de cause, et non de se faire balader par des charlatans… Gilles Kepel
C’est à ces occasions que saute aux yeux le système, dont d’ailleurs les défenseurs du festival n’ont pas dit un mot, celui de ces habitants des grandes métropoles connectées qui élisent scrupuleusement Anne Hidalgo et Sadiq Khan, en profitant grassement de la mondialisation et acclamant Emmanuel Macron. Qui sont généreux, humanistes, pas racistes pour deux sous, mais trouvent parfaitement normal que leurs domestiques, les nounous, les femmes de ménage, les plongeurs, les chauffeurs, les caissières soient parqués dans des banlieues pourries, et viennent les servir dans les centres-villes, en circulant de préférence sous la terre. Tôt le matin pour les femmes de ménage, et tard le soir pour les plongeurs, quand les « insiders » repus sortent des restaurants branchés où ils ont passé la soirée. Et surtout pas en voiture. En auraient-il qui n’ont pas été brûlées par les racailles dans leur quartier, la circulation est volontairement rendue insupportable, et les voies rapides confisquées pour la promenade de quelques-uns, et la valorisation du patrimoine immobilier de tous les autres. Une photo significative a été publiée dans la presse, et a circulé sur les réseaux. On y voyait un groupe de femmes noires manifestant devant l’Hôtel de Ville de Paris. Bel atelier non mixte, puisqu’il s’agissait des femmes de ménage de la Ville qui, soutenues par la CGT, exprimaient leur volonté de voir améliorer leurs conditions de travail dont on imagine facilement qu’elles ne doivent pas être folichonnes. Une autre photo lui succède ce matin, celle du « dîner en blanc », qui a eu lieu cette année sur… le même esplanade de l’Hôtel de Ville. Le « dîner en blanc » est ce «flash-mob» inventé il y a une trentaine d’années, c’est-à-dire bien avant Facebook, au cours duquel les grands, moyens, et petits-bourgeois de Paris, se rassemblent par centaines, voire par milliers, à un endroit connu au dernier moment pour y dîner, de pied en cap habillés de blanc. Investissant sans autorisation préfectorale, en plein état d’urgence, et avec une arrogance ingénue, l’espace public, ces gens-là festoient sans mesurer l’indécence de cette prétention à signifier que la règle commune ne leur est pas applicable. Autre façon de dire qu’ils sont les maîtres puisque les autorités laissent faire. Cette année, c’était sous les fenêtres d’Anne Hidalgo. Rapprochement absolument meurtrier, que de voir cet autre atelier non-mixte, où cette multitude de personnes blanches de peau et de tenue occupent illégalement l’espace commun. On imagine en plus que beaucoup d’entre eux protestent hautement (à juste titre et comme moi) contre les prières de rue. Sans mesurer qu’il y a quand même un petit problème et qu’ils ne sont pas idéalement placés. Les organisateurs, sûrs d’eux, nous annoncent encore plus grand pour le 30e anniversaire l’année prochaine. Rappelez-moi le score d’Emmanuel Macron à Paris le 7 mai. 89,69 % ? La « start-up nation », je crois que je vais avoir du mal. Causeur
Les paiements versés par l’Autorité palestinienne aux terroristes et à leurs familles encouragent les attaques haineuses, comme celle que nous avons vue aujourd’hui. Les dirigeants palestiniens continuent à jurer qu’ils soutiennent la paix tout en versant de l’argent tous les mois aux terroristes et en éduquant leurs enfants à la haine. La communauté internationale doit demander que les Palestiniens mettent un terme à ces actes de violence intolérables. J’appelle le Conseil de sécurité à condamner immédiatement cet attentat terroriste. Danny Danon (ambassadeur israélien à l’ONU)
Les cambriolages se multiplient dans le secteur et rien n’est fait. Les gendarmes n’ont plus aucun moyen actuellement. Je suis hors de moi et j’invite le nouveau ministre de l’intérieur qui ne cesse de parler de sécurité à tout va à se rendre dans la France profonde. Vincent Debraize
Si la rencontre ne se fait pas avec les Français, si les électeurs préfèrent Nathalie Kosciusko-Morizet ou la ligne politique d’Edouard Philippe, j’en tirerai les conséquences. Jamais personne ne me fera voter pour Emmanuel Macron. Je veux défendre mes convictions. C’est une question de bon sens, de morale. J’assume totalement mes positions. Si en politique on n’assume pas ses positions aussi mûrement réfléchies auxquelles l’histoire a donné raison, ce n’est pas la peine de faire de la politique. Henri Guaino
L’électorat qui a voté dans la 2e circonscription de Paris est à mes yeux à vomir. D’un côté les bobos qui sont dans l’entre soi de leur égoïsme, de l’autre cette espèce de bourgeoisie traditionnelle de droite qui va à la messe, envoie ses enfants au catéchisme et après vote pour un candidat qui pendant 30 ans a triché par tous les moyens. Des gens un peu pétainistes. (…) Aujourd’hui je suis libre, donc je peux dire ce que je pense. Henri Guaino
Je n’ai pas parlé de toute la France. je ne visais  que « les bobos qui vivent dans l’entre-soi » et « cette droite traditionnelle tellement hypocrite, au fond un peu pétainiste, qui n’est pas capable de se comporter conformément aux valeurs qu’elle proclame. Je n’ai pas insulté, j’ai dit ma vérité. A partir de dimanche soir je n’étais plus un homme politique, j’étais un citoyen. Henri Guaino
We accept that our original headline did not appropriately reflect the nature of the events and subsequently changed it. Whilst there was no intention to mislead our audiences, we regret any offence caused. BBC
I think we’re in a time when we can’t ignore the extremism from the Left. When we have anti-fascist counterprotests — not that they are the same as white supremacists — that can ratchet up the violence at these events, and it means we can see people who are violent on their own be attracted to that. I hate to say it, but it feels inevitable. Oren Segal (Center on Extremism, Anti-Defamation League)
 If you think about it, leftists never joined the National Rifle Association — unless they were radicals, they never thought about stockpiling weapons. Ok. Well, maybe we’re entering a period where leftists will start thinking about things in that way, like the eco-radicals did in the ’70s. These days, that kind of sentiment is popping up in the middle and on the left; it’s not just in the sovereign citizen movement. I’m really worried about rising civil strife in the U.S. Chris Hamilton (Washburn University, Topeka, Kansas)
 I’ve been going up and down the state of California meeting with law enforcement officials about this. I’m very concerned about it. What we’re seeing is the democratization of extremism and the tactics of radicalism. I’ve been warning about this, and nobody gave a shit. Brian Levin (Center for the Study of Hate and Extremism, California State University)
Left-wing extremism, of course, is nothing new. Groups like the Weather Underground and the Black Panthers have deep roots, and in the years after 9/11, Segal says, the largest source of extremist violence was from the Left: eco-terrorists and animal rights activists. But those later organizations mostly targeted institutions; in the modern era, politically motivated violence perpetrated by angry lone-wolf attackers bearing automatic rifles, of the sort carried out in Wednesday’s attack, has until now largely been a modus operandi of the far right. (…) Redneck Revolt doesn’t self-identify as “left,” but its ideals tend to fall along the liberal side of the spectrum: pro-Muslim, pro-immigrant, pro-LGBT, anti–economic inequality. But Mitch said that as the group has reached out to other organizations, like the local Three Percenter Militia, a largely right-wing, anti-Obama group, they found unlikely sources of commonality, particularly in their focus on local sovereignty, and general concerns about the direction of the country. Some former members of Three Percenters have even become involved in their activities — after “extensive vetting,” Mitch said. Vice

Attention: une violence peut en cacher une autre !

En ces temps décidément étranges et inquiétants …

Où contaminé par la fureur djihadiste …

Le premier suicidé ou déséquilibré venu se sent désormais obligé d’emporter avec lui qui une rue entière qui la totalité des 150 passagers d’un avion de ligne

Ou alors encore hier la jeune et courageuse vie d’une policière dont, pour cause de nationalité israélienne, aucune Tour Eiffel ne s’éteindra jamais …

Et au lendemain …

Coup sur coup, des deux côtés de l’Atlantique et en ce premier anniversaire du meurtre d’une jeune député travailliste

De l’agression sur un marché de la  « parachutée » de l’ancienne et si convoitée circonscription parisienne de François Fillon de Paris (5e, 6e et 7e arrondissements) …

Par le maire d’une petite commune normande et soutien d’un des adversaires de NKM au premier tour de la législative lui aussi malheureux, l’ancienne plume de Nicolas Sarkozy Henri Guaino …

Qui venait justement d’agresser verbalement les électeurs qu’il disait « vomir » de ne pas avoir voté pour lui …

Comment ne pas voir …

Au-delà de la colère qui monte de toute une partie de l’électorat se sentant non seulement délaissée mais méprisée par une nouvelle caste prétendument « progressiste » …

Dont tout drapé d’une fausse geste gaullienne après le véritable hold up électoral que l’on sait, l’actuel maitre du déni du réel de l’Elysée est devenu en France le nouveau chef de file …

L’irresponsabilité de ceux qui à droite font fi de la violence incitatrice et contagieuse,   complicité  des médias aidant, des mots comme des images

Mais aussi de l’autre bord dit « progressiste » la longue et tout aussi irresponsable complicité …

D’Hollywood à Saint Germain et entre appels à l’assassinat pour rire et têtes ensanglantées

Non seulement une violence verbale de nos belles âmes et beaux esprits des beaux quartiers …

Contre certes des responsables politiques qui de Marine Le Pen à Donald Trump manient et abusent eux aussi de l’agressivité verbale …

Mais aussi toute une violence de rue prétendument « antifachiste » ou « antisoniste » longtemps tolérée voire encouragée …

Dont les militants comme l’a montré la fusillade par un ancien fidèle de Bert Saunders contre des parlementaires républicains américains la semaine dernière …

Pourraient, selon certaines informations, désormais commencer à s’armer ?

Extremism experts are starting to worry about the left

WASHINGTON — In the spring of 2016, Brian Levin found himself in an uncomfortable position: trying to save the life of a Ku Klux Klan member.

Levin, a former New York City cop who studies domestic extremism as the director of the Center for the Study of Hate and Extremism at California State University, was documenting a Klan rally in Anaheim, California, when a counterprotest suddenly took a violent swing — forcing Levin to physically place himself between a Klansman and a furious, anti-fascist mob that seemed ready to kill.

It made Levin wonder if in his focus on the obvious subject — the white supremacists — he’d overlooked a growing source of extremism: the far left. “At that point, I said we have something coalescing on the hard left,” Levin told VICE News.

Wednesday morning’s shooting of Republican lawmakers at a baseball practice in Virginia seemed to raise the question again. The shooter, James T. Hodgkinson, was a Bernie Sanders-supporting man from Illinois with a record of anti-Trump rantings on social media. His politics have quickly become a talking point among some conservative pundits seeking a quick political score: proof of a looming leftist campaign against the government.

Experts in homegrown extremism say it’s not so simple — Hodgkinson had no known association to any left-wing extremist group. But they also say that the past few months have seen enough of a rise in politically motivated violence from the far left that monitors of right-wing extremism have begun shifting their focus, and sounding the alarm. They see indications that the uptick in extremist rhetoric and anti-government activism that characterized the early years of the Obama presidency are beginning to manifest on the far left in the early days of Trump’s, and that the two sides are increasingly headed for confrontation.

“I think we’re in a time when we can’t ignore the extremism from the Left,” said Oren Segal, the director of the Center on Extremism, an arm of the Anti-Defamation League. Over the past few months, the ADL, which hosts regular seminars on homegrown extremism for law enforcement officials, has begun warning of the rising threat posed by far-left groups, most recently at a seminar just this past Sunday. “When we have anti-fascist counterprotests — not that they are the same as white supremacists — that can ratchet up the violence at these events, and it means we can see people who are violent on their own be attracted to that,” Segal said. “I hate to say it, but it feels inevitable.”

The evidence is so far largely anecdotal. Levin says that since December 2015, he’s documented nearly two-dozen episodes in California where political events turned violent because of agitation on both sides, something he says he hardly ever saw before. Now, there are violent clashes on college campuses involving groups like Antifa, the anti-fascist group, taking on the alt-right; and aggressive anti-Trump rallies attended by members of the Redneck Revolt, a new pro-minority, anti-supremacist group that encourages its members to train with rifles. Online, hard leftists increasingly discuss politics in dire terms, and rationalize violence as a necessity— even the true inheritor of traditional progressive activism. (Or, in the case of the “Punch a Nazi” meme, a fun game.)

Left-wing extremism, of course, is nothing new. Groups like the Weather Underground and the Black Panthers have deep roots, and in the years after 9/11, Segal says, the largest source of extremist violence was from the Left: eco-terrorists and animal rights activists. But those later organizations mostly targeted institutions; in the modern era, politically motivated violence perpetrated by angry lone-wolf attackers bearing automatic rifles, of the sort carried out in Wednesday’s attack, has until now largely been a modus operandi of the far right.

In a recent interview with VICE News Tonight, a chapter leader of one newly formed anti-fascist group called Redneck Revolt said the group has taken up guns only in self-defense. “We are a response to a rise in politically motivated violence and intimidation against vulnerable communities,” said the chapter leader, who asked to be identified only by a first name, Mitch. “That doesn’t mean that we’re, like, looking for a fight. We’re just trying to defend ourselves.”

Redneck Revolt doesn’t self-identify as “left,” but its ideals tend to fall along the liberal side of the spectrum: pro-Muslim, pro-immigrant, pro-LGBT, anti–economic inequality. But Mitch said that as the group has reached out to other organizations, like the local Three Percenter Militia, a largely right-wing, anti-Obama group, they found unlikely sources of commonality, particularly in their focus on local sovereignty, and general concerns about the direction of the country. Some former members of Three Percenters have even become involved in their activities — after “extensive vetting,” Mitch said.

Chris Hamilton, an expert on American extremist movements at Washburn University in Topeka, Kansas, says anti-authoritarian sentiment may be blurring what once seemed to be clear ideological lines. “If you think about it, leftists never joined the National Rifle Association — unless they were radicals, they never thought about stockpiling weapons,” he said. “Ok. Well, maybe we’re entering a period where leftists will start thinking about things in that way, like the eco-radicals did in the ’70s.”

Hamilton says that as he browses far-left websites and listens to left-wing talk radio, he hears some of the same sentiments he’s been hearing for years on the right. “These days, that kind of sentiment is popping up in the middle and on the left; it’s not just in the sovereign citizen movement,” he said. “I’m really worried about rising civil strife in the U.S.”

Levin is worried about it too: The embrace by the far left of tactics that were previously the purview of the far right means the level of political tension in the country can only go up. “I’ve been going up and down the state of California meeting with law enforcement officials about this. I’m very concerned about it,” he said. “What we’re seeing is the democratization of extremism and the tactics of radicalism. I’ve been warning about this, and nobody gave a shit.”

Voir aussi:

The slow-burning hatred that led Thomas Mair to murder Jo Cox
25 years before he killed the MP, Mair told a far-right magazine that the ‘white race’ faced a long and very bloody struggle
Ian Cobain, Nazia Parveen and Matthew Taylor
The Guardian
23 November 2016

Reclusive, nervous and by his own account gripped by feelings of worthlessness, Thomas Mair struck his neighbours and many of his relatives as odd but quite harmless. “Tommy’s nowt to worry about,” they used to say on the Fieldhead estate in Birstall, West Yorkshire. “He wouldn’t hurt a fly.”

In truth, Mair was racist and a terrorist in the making, his home stuffed with far-right books and Nazi memorabilia and his mind brimming with a belief that white people were facing an existential threat. “The white race,” Mair once wrote, was about to be plunged into “a very bloody struggle”. His greatest obsession, however, and his deepest bitterness was over those white people whom he condemned in his writings as “the collaborators”: the liberals, the left and the media.

The seeds of the hatred that drove him to murder his MP, Jo Cox, appear to have been sown years earlier, when he began to acquire the means to kill. They germinated during the febrile countdown to the EU referendum.

Brexit campaigners were claiming that a remain vote would result in “swarms” of immigrants entering the UK, that it could trigger mass sexual attacks. Just hours before the murder, Ukip unveiled its infamous “breaking point” anti-immigration poster. Mair came to regard Cox as one of “the collaborators”, a traitor to his race. The passionate defender of immigration and the remain campaign was a legitimate target in his eyes.

Mair was an extremely slow burner. He appears to have fantasised about killing a “collaborator” for more than 17 years, drawing inspiration from another rightwing terrorist, David Copeland.

Over 13 days in April 1999, Copeland planted three nail bombs in London, targeting first black people, then Asians and finally gay people. Three died and more than 140 were injured, some losing limbs.

Copeland was a former member of the British National party (BNP) and an admirer of the late William Pierce, once the leader of a US neo-Nazi organisation, the National Alliance. Pierce’s novel The Turner Diaries, which depicts an apocalyptic race war, had been particularly influential.

Copeland was arrested on 30 April that year, shortly after planting his third and final bomb at the Admiral Duncan, a gay pub in the Soho area of the capital. He appeared in court four days later. The bombings were front-page news and dominated the airwaves. It is fair to assume that Mair would have been following events.

On 13 May 1999, 10 days after Copeland’s first court appearance, staff at the National Alliance offices near the small town of Hillsboro, West Virginia, were packing a consignment of goods to be sent to Mair’s home on the Fieldhead estate.

A packing slip subsequently obtained by the Southern Poverty Law Center (SPLC), a US civil rights body, showed Mair had bought a range of items from the organisation. They included manuals on the construction of bombs and the assembly of homemade pistols, six back issues of the Alliance journal called Free Speech, and a copy of Ich Kämpfe, a tract handed out to Nazi party members in 1943, the year that Germany’s wartime fortunes began to wane.

Having been galvanised by Copeland’s attacks, Mair took his first steps on the long road that would lead to his own hate crime.

Other records the SPLC obtained show this was one of a series of purchases that Mair made from the National Alliance over a four-year period. He began to subscribe to Free Speech, and other publications with titles such as Secret of the Runes and We Get Confessions were packed up in Hillsboro and sent to the semi-detached council house where Mair had been living alone since the death of his grandmother three years earlier. In total, he spent more than $620 (£500) on Alliance purchases.

Mair amassed a small library about the Nazis, German military history and white supremacy, which he kept in a bedroom at his home on a bookshelf topped by a gold-coloured Third Reich eagle with a swastika. SS Race Theory and Mate Selection Guidelines was the title of one, fairly typical text. Uniforms and Traditions of the Luftwaffe Volume Two was another.

He also subscribed to a rightwing magazine called SA Patriot, which was initially published in South Africa by the Springbok Club, but moved to the UK and became SA Patriot in Exile in 1991. That year, Mair had written a letter to the magazine in which he railed against the killing of loyalist paramilitaries in Northern Ireland and attacked the UK media’s coverage of South African affairs “which … never fails to present whites in the worst possible light”.

He tried to end his letter on a positive note: “Despite everything, I still have faith that the white race will prevail, both in Britain and in South Africa.” But then his pessimism got the better of him: “I fear that it’s going to be a very long and very bloody struggle.”

Eight years later, around the time Mair purchased the bomb-making manual from the US, the magazine ran another of his letters. He praised the publishers for “carrying on the struggle”, before returning to his ultimate obsession. “I was glad you strongly condemned collaborators in the white South African population. In my opinion the greatest enemy of the old apartheid system was not the ANC and the black masses but white liberals and traitors.”

The Springbok Club still runs a blog, which just two weeks before Cox’s murder urged UK readers to vote to leave the EU in order to renew links with their “ethnic brothers and sisters” elsewhere in the world.

The magazine’s editor, Alan Harvey, told the Guardian: “He sent us a fiver, which would have been enough for about five issues, but I’ve never met him. I know nothing at all about him.”

Because Mair was so reclusive, few people do.

Far-right links

Thomas Alexander Mair was born in the Scottish town of Kilmarnock in August 1963, the son of James, a machine operator in the lace industry, and Mary, a factory worker. He was named after his grandfathers. The Mairs had a second son, Scott, but the marriage did not last long, and Mary and the boys moved to Birstall, a mill town eight miles south-west of Leeds. Mary remarried, and Mair has a half brother, Duane St Louis.

Mair’s links with far-right groups in the US and South Africa are well documented, but his associations with similar organisations closer to home appear more tenuous. He told the SA Patriot in Exile that he had had some contact with the National Front in the early 1990s, he was seen at an English Defence League rally and attended a meeting of nationalists in London.

Supporters of various far-right organisations in West Yorkshire deny, however, that Mair was ever part of the local scene, and anti-fascist campaign groups say he had not crossed their radar. “He’s not on any of our lists,” a spokesman for one such group said, before adding quickly: “Not that we keep any lists, you understand.”

Nor had he ever come to the attention of the police. He had no previous convictions.

Speaking after the verdict Det Sup Nick Wallen, from West Yorkshire Police, said Mair had never had so much as a conversation with the police.

He described him as a “loner in the truest sense of the word.”

“This is a man who never held down a job never had a girlfriend never any friends to speak of.” Wallen said Mair had had never had “so much as a conversation” with the police.

There would have been no shortage of opportunities for Mair to make common cause with rightwing extremists in his area. The demographic changes in the towns and villages around Birstall and nearby Batley happened a generation or more ago, but it has remained fertile ground for the far right, for whom the many Muslims in the area represent a highly visible enemy.

In the mid-90s, one local man formed an offshoot of the National Alliance, which he called the National Socialist Alliance. In 2006, after a jury at Leeds crown court cleared Nick Griffin, the then BNP leader, and another party member of inciting racial hatred, Griffin hailed West Yorkshire as “an unusually radicalised” part of the UK; meaning, apparently, that he believed a considerable proportion of people there shared his views.

Three years later, when a list of BNP members was leaked, significant numbers were found to live in the towns and villages west of Leeds, with a couple of dozen near Birstall.

A year after that, police discovered 54 homemade bombs and a dozen firearms at a house in Batley. The occupant, Terence Gavan, a BNP member, was jailed for 11 years after admitting a series of offences under the Terrorism Act 2000. The court heard that Gavan showed “strong hostility” towards immigrants.

Since then, a number of smaller fringe groups – the British Movement, National Action, the National Front, the Yorkshire Infidels and Liberty GB – have recruited members in the area. The NF, the BNP and Liberty GB fielded candidates in the byelection triggered by the Labour MP’s murder. The Conservatives, Liberal Democrats and Ukip all declined to stand.

Members of the far right have staged several marches in the area over the past two years. Such was the level of concern this year at the local authority, Kirklees council, that it asked Tell Mama, an organisation that monitors anti-Muslim incidents, if it could help devise a strategy to ease community tensions that were being caused or exacerbated, in part, by the far right.

It appears that Mair, however, had little to do with such groups, perhaps because he was so reclusive. He preferred his relationships with the far right to be long-distance affairs.

He was a frequent visitor to Birstall’s public library, where he used the computers. One of the librarians, Beverley Fletcher, recalled how he would walk in and simply utter the word “computer”. “Thomas Mair doesn’t engage in conversation and he doesn’t give much eye contact,” she told police. “And I don’t remember him ever getting a book out of the library.”

Earlier this year he was using the library’s computers to research such matters as the BNP, white supremacists, Nazis and public shootings.

In the days before the murder he sought out information about the Ku Klux Klan, the Waffen SS, Israel, serial killers and matricide. He read up on the death of Ian Gow, the last MP to have been murdered, killed by an IRA car bomb in 1990. He accessed the Wikipedia page of the former foreign secretary William Hague, a Yorkshire politician who, like Cox, supported the campaign to remain in the UK.

Mair had acquired a firearm, a German made Weihrauch .22 bolt-action rifle, from which the stock and most of the barrel had been removed.

It was stolen from the boot of a sports utility vehicle in nearby Keighley in August 2015. But detectives admit they still do not know how “true loner” Mair, who had no social network, got hold of it.

“How he came to be in possession of that gun is an active line of inquiry for us,” said DS Wallen after verdict.

Mair had carried out online research into .22 ammunition, reading one page that offered an answer to the question: “Is a .22 round deadly enough to kill with one shot to a human’s head?” He also bought a replica British army second world war dagger.

Mair was particularly fascinated by the Norwegian Anders Breivik, who murdered 77 people in gun and bomb attacks in 2011, and kept newspaper clippings about the case. Despite his identification with violent figures of the far right, however, he made little effort to make any real contact with others of a like mind.

Mental health

In the immediate aftermath of the murder, there were suggestions among some neighbours that Mair had a history of mental illness.

According to members of his family, he had been treated for obsessive compulsive disorder, and it is said that he was so anxious about cleanliness that he had been known to scrub himself with pan scourers.

Police discovered evidence of behaviour associated with OCD when they searched his home. It was sparse and obsessively orderly, and inside his kitchen cupboards, tinned food was carefully arranged in precise rows, with each label pointing in exactly the same direction.

Mair himself claimed to be in need of treatment for mental health problems. In 2010, while volunteering at a country park near his home, he suggested to an interviewer from the Huddersfield Examiner that he had previously received such treatment. “Many people who suffer from mental illness are socially isolated and disconnected from society,” he said. “Feelings of worthlessness are also common, mainly caused by long-term unemployment.”

After his arrest, he was examined by a psychiatrist who could find no evidence that his mental health was so poor that he was not responsible for his actions. He was essentially a sane man.

Mair is clearly an extraordinarily troubled individual. Some psychologists who have studied people responsible for acts of “lone-wolf terrorism” have concluded that they frequently identify strongly with one group so strongly that they are prepared to make considerable sacrifices for what they see as the good of the group.

The authors of one study wrote that “positive identification with a group, combined with the perception that this group is being victimised, produces negative identification with the group perpetrating the injustice”. This appears to chime with Mair’s belief that “collaborators” were operating to the detriment of white people.

The authors also found that individuals who are radicalised by a sense of grievance “can be steady, planful and workmanlike – as indeed many lone-wolf attackers seem to have been”.

Those in Birstall who believed Mair to have been odd but harmless say he was devoted to his mother, who lived nearby, and many commented on the way he tended elderly neighbours’ gardens. Neighbours, who knew nothing of his links with white supremacists, said they had no reason to believe he was racist. His half-brother, Duane, whose late father, Reginald, was originally from Grenada, said he had never heard him express racist sentiments.

Others in the town tell a different story. A number of Asian taxi drivers say Mair would utter insulting comments to them. “He’d been reported by a few taxi drivers for making racist remarks,” said Zein Ali, a controller at Oakwell and Rex taxis. “When they dropped him off and he was paying them, he’d say racist things. We always thought he was a racist.”

The books and magazines that police recovered from his home and the examination of library computers on which he had browsed the internet left no room for doubt.

Turning to murder

The question remains as to why Mair turned to murder in June, 25 years after he first made contact with the Springbok Club and 17 years after he purchased a manual describing the assembly of a homemade pistol.

Copeland was also a slow burner, taking a number of years to convince himself that he should turn to terrorism. At his trial, the prosecuting counsel said he had told police that the seed had been planted in July 1996, when the Olympic Games in Atlanta were bombed. The following month, during the Notting Hill carnival in west London, Copeland found himself fantasising about a bomb exploding among the crowds.

“To start with he treated the thought as a joke, but he could not get it out of his head,” said Nigel Sweeney QC. “The thought became stronger. He woke up one day and decided he was going to do it.”

It appears that Mair also woke up one day and decided he was going to do it.

Cox was a vocal supporter of the remain campaign. Her constituency is a place where anti-European feelings run high, and each day during the referendum campaign, Mair was surrounded by red and orange Vote Leave notices. St George’s cross flags fluttered from windows. His “death to traitors” outburst during his first court appearance shows he regarded Cox as one of “the collaborators”, the white people who had betrayed their race.

Perhaps he was provoked by the far-right literature he devoured. It is possible that, like Copeland, he hoped to become the spark that would ignite a racial war. One of the last searches he conducted on Birstall library computers was into people who had been executed as traitors.

On 16 June, on a warm and sunny afternoon, Mair stepped out of a shadow as Cox walked towards the library where she was due to hold a surgery for constituents. He raised his sawn-off rifle and shot her. Then he pulled her to the ground, dragged her between two parked cars, and stabbed her repeatedly with his dagger. When Bernard Carter-Kenny, a 77-year-old passerby, tried to intervene, Mair stabbed him too. He then stepped back a little, as if he had finished. But when he heard Cox warn her two assistants to flee – shouting “get away, let him hurt me, don’t let him hurt you!” – he stood over her and shot her twice more, and stabbed her again.

Cox was shot twice in the head and once in the chest. Rounds passed through both hands as she tried to protect herself. Some of the eyewitnesses gave evidence at Mair’s trial, but one became so unwell as a consequence of what she saw that she could not attend. Mair was said to have appeared calm throughout. “Cold” was the word one witness used to describe him. They saw Mair swing the knife again and again as he stabbed Cox 15 times in her heart, lungs and abdomen. One blow pierced her chest after passing through her right arm.

He did so, according to the eyewitness, while saying: “Britain first, keep Britain independent, Britain will always come first.”

Finally, he yelled: “This is for Britain.”

Voir encore:

Solange Bied-Charreton
Valeurs actuelles

18 juin 2017

Polémique. Festivals interdits aux Blancs, communautarisme ethnique, instrumentalisation de la discrimination… La nouvelle nébuleuse antiraciste, rarement inquiétée par la justice, n’en finit pas d’attiser la haine.

Anne Hidalgo a trouvé « un accord ». Virulente tout d’abord, elle avait lâché, fin mai, le mot d’“interdiction”. Mais la maire de Paris a finalement opté pour un accommodement raisonnable permettant au festival afroféministe Nyansapo — dont 80 % des activités proposées sont réservées aux femmes noires — d’avoir lieu, fin juillet. La Générale, local initialement mis à disposition par la municipalité, accueillera l’espace ouvert à tous et la majeure partie du festival se tiendra quant à elle autre part. Racisme et discrimination sexuelle sont donc légitimés, permis, pourvu que leur scénario se déroule dans un cadre privé. Le collectif Mwasi, organisateur du festival, le précise tout de même : il n’est « ni contre les hommes ni contre les autres groupes ethno-raciaux ». Ceux-ci pourraient même se voir considérer comme alliés, « après concertation des membres du collectif ». Nous voilà rassurés.

Le rétropédalage de l’édile parisienne, qui avait d’abord demandé au préfet une interdiction du festival, en dit long sur l’impuissance politique face à la banalisation d’un phénomène qui a pris de l’ampleur depuis quelques années. En 2010 déjà, Lilian Thuram, les historiens Pascal Blanchard et François Durpaire, l’activiste Rokhaya Diallo et Marc Cheb Sun, alors directeur de la rédaction de Respect Mag, lançaient un appel, relayé par le Monde, pour « une République multiculturelle et post raciale ». Le gros du programme ayant été axé sur la culpabilité postcoloniale et la lutte contre les discriminations subies par les minorités visibles, il faisait présager pourtant exactement le contraire de cette France unie et réconciliée qu’il annonçait. De fait, il ouvrait la boîte de Pandore et une série de prises de parole et d’initiatives déroulent aujourd’hui la feuille de route du Parti des indigènes de la République (PIR), fondé cette même année 2010, sur la base du Mouvement du même nom, qui avait éclos cinq ans auparavant.

Si, pour Sadri Khiari, l’un de ses fondateurs, « le Blanc est un rapport social et non un fait naturel. Il n’existe en tant que tel que comme moment d’un rapport social d’oppression et de lutte contre cette oppression », c’est qu’il est coupable par principe. « Le Blanc est une forteresse inexpugnable », écrit encore Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des indigènes de la République, dans les Blancs, les juifs et nous (La Fabrique Éditions). Un discours qui instrumentalise les notions d’exclusion et de discrimination pour faire valoir une prétendue égalité. Au coeur des idées indigénistes, la dénonciation d’un racisme d’État, mais surtout d’une oppression de fait des “racisés” par les “non-racisés”, logorrhée venant à l’appui d’une idéologie que l’espace médiatique, politique et public dans son ensemble tend de plus en plus à accepter et à banaliser. « Comme à l’extrême droite, il s’agit, explique Fatiha Boudjahlat, candidate MRC aux législatives dans la 4e circonscription de Haute-Garonne, cofondatrice, avec Céline Pina, de Viv(r)e la République, d’appliquer une stratégie de “retraditionnalisation” visant à coaliser une communauté, mise à mal dans une société ouverte comme la société occidentale. Avec, selon cette logique, l’idée raciste qu’on n’atteint l’authenticité qu’en restant entre soi, sans mélange. »

Le burkini, offensive islamiste, défendu au nom de la lutte contre l’islamophobie

La reconstruction de l’identité raciale a ses mentors et ses militants qu’ils forment, comme en août dernier, au “camp d’été décolonial” de Reims interdit aux Blancs, lequel n’avait rien provoqué de plus que de l’indignation et un débat dans la presse… Au même moment déferlait sur la France la polémique du burkini, offensive islamiste défendue par une partie des féministes, comme la journaliste militante Sihame Assbague, sur le principe de la lutte contre les discriminations envers les musulmans. On retrouvait également dans ces rangs l’historienne activiste Laurence De Cock, pour laquelle, par ailleurs, la question des femmes poussées hors de l’espace public dans le secteur la Chapelle-Pajol, à Paris, n’est qu’une expression parmi d’autres de la “panique identitaire” (du nom d’un ouvrage qu’elle a coécrit) de l’Occident face aux cultures venues d’ailleurs et se règle, comme le suggérait aussi Caroline De Haas, par des mesures d’aménagement urbain.

Dévoiement de l’antiracisme, dévoiement du féminisme

Omerta sur la violence d’un racisme excusé, accompagné le plus souvent d’un antisémitisme virulent, au prétexte de défendre de la cause palestinienne. Mépris du corps de la femme, de sa personne. Ce sont également les ingrédients du scandale qui, l’hiver dernier, émailla la bien-pensance en mal de figures victimaires autour de Mehdi Meklat, chroniqueur, écrivain et documentariste issu des banlieues qui crachait à longueur de tweets, depuis de nombreuses années, son admiration pour le djihadiste Mohammed Merah, sa haine des Français de France, des juifs, des homosexuels ou des femmes. Couvert par la presse de gauche, qui connaissait son pseudonyme et passait tout au jeune homme, au motif qu’il faisait partie de la caste des opprimés, sa success story était pourtant impeccable. Si l’emballement médiatique a eu raison de Meklat, une seule opération de com d’Anne Hidalgo a suffi au collectif Mwasi pour gagner la bataille du festival Nyansapo.

Dévoiement de l’antiracisme, dévoiement du féminisme, matérialisés par les ateliers “non mixtes” du festival, qui se tiendront comme prévu, fin juillet, malgré la condamnation de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), assimilée pour l’occasion par les organisateurs à l’extrême droite. « Une vraie régression ethnique », selon Fatiha Boudjahlat, qui rappelle que le développement séparé (femmes séparées des hommes, Noirs séparés des Blancs) est la définition même de l’apartheid. « La victoire politique d’Anne Hidalgo consiste à faire croire qu’elle s’est mobilisée contre le festival alors qu’elle n’a rien obtenu. Elle capitalise sur une absence de résultat. » Les enjeux sont pourtant d’importance si, à en croire les tweets de la maire de la capitale, « Paris est une ville mixte ». Les séminaires de réflexion réservés aux femmes ne datent pas d’hier, le féminisme des années 1970 en faisait son ordinaire, en France ou aux États-Unis. Ils auraient pour vocation d’amener les femmes à parler sans pression et sans jugement. Pourtant, pour ce qui concerne le festival Nyansapo, les intentions sont claires : il s’agit de former des militantes, non seulement en clivant les genres, mais surtout en séparant les ethnies. Ainsi, la présence des hommes, comme la présence des Blancs, est vécue comme une violence en elle-même.

« S’appuyant assez malhonnêtement sur le modèle de la ségrégation raciale aux États-Unis jusqu’aux années 1960, ils sont encore dans la phase de mobilisation et de militantisme, affirme Fatiha Boudjahlat, mais il existe bel et bien un agenda politique, avec des étapes, dont le but est la fragmentation de la société. » Elle oppose cet antiracisme — qui n’est qu’un ethno-différencialisme — au chemin d’émancipation de l’individu proposé par l’antiracisme initial, républicain, fondé sur l’universalisme, pour lequel ce n’est pas la commu nauté (raciale ou religieuse) qui constitue le projet politique commun, mais bien la nation.

Sans toutefois que le lieu en soit connu, un second camp d’été décolonial est déjà prévu, pour août prochain, « réservé uniquement aux personnes subissant à titre personnel le racisme d’État ». Fatiha Boudjahlat ne se fait aucune illusion. Le Grand Détournement, son livre, qui portera la réflexion sur ces questions, paraîtra aux Éditions du Cerf en septembre prochain.

Voir par ailleurs:

Netanyahu demande que l’AP condamne l’attentat de Jérusalem
Le Fatah a accusé Israël de “crime de guerre” pour la mort des terroristes ; Liberman et Rivlin ont rendu hommage à Hadas Malka, “une inspiration pour nous tous”
Times of Israel
18 juin 2017

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a demandé samedi que l’Autorité palestinienne (AP) condamne l’attentat terroriste de Jérusalem commis par trois Palestiniens, qui ont poignardé à mort Hadas Malka, garde-frontière de 23 ans.

« Le Premier ministre demande que l’Autorité palestinienne condamne l’attentat, et attend que la communauté internationale le fasse aussi », a indiqué un communiqué de son bureau.

Vendredi soir, le Fatah a déclaré dans un communiqué que la mort des trois terroristes, qui ont attaqué en deux emplacements de la Vieille Ville de Jérusalem, était un « crime de guerre ».

Avigdor Liberman, le ministre de la Défense, a sèchement répondu à la déclaration du Fatah, affirmant qu’elle « montre qu’il n’y a pas de partenaire [pour la paix] de l’autre côté. »

Liberman a rendu hommage à Malka, 23 ans, qui a tenté de prendre son arme et a combattu contre son attaquant pendant qu’il la poignardait, pour la « détermination et le courage » avec lesquels elle a agi. Elle était « une inspiration pour nous tous », a-t-il dit.

Le président Reuven Rivlin a lui aussi rendu hommage à Malka samedi.

« Mon cœur est avec la famille de Hadas, la gardienne de nos murs, pendant ces moments difficiles de profond chagrin, a dit Rivlin. Que sa mémoire soit bénie. »

« J’envoie de la consolation et de l’aide à sa famille, et je remercie profondément tous ceux qui combattent héroïquement et résolument pour la paix de nos citoyens », a dit Rivlin.

Malka a été enterrée à minuit et demi samedi soir, à Ashdod. Elle laisse derrière elle ses parents, ses trois sœurs et ses deux frères.

« Nos pensées vont avec cette combattante courageuse, qui, d’après ses photographies, semblaient pleine de joie de vivre, et d’un amour pour le service important auquel elle a voulu participer », a dit Rivlin.

Il a également rendu hommage aux forces de sécurité israéliennes.

« La réactivité de nos forces [de sécurité] nous permet de continuer à vivre ici, à Jérusalem, et dans tout le pays, une vie de sécurité et de routine face aux forces assassines des organisations terroristes », a ajouté Rivlin, promettant qu’Israël « poursuivra tous ceux qui aident le terrorisme, où qu’ils soient. »

Voir de plus:

France Soir
17 Juin 2017
INFO FRANCE SOIR – Un homme, maire de la petite commune de Champignolles (Eure, Haute-Normandie), est en garde à vue depuis 8h30 ce samedi dans l’affaire de l’agression de Nathalie Kosciusko-Morizet. Il est le principal suspect de cette enquête ouverte pour violences volontaires sur personne chargée d’une mission de service public (Article mis à jour).
L’agresseur avait pris la fuite et était parti vers la bouche de métro la plus proche.

INFO FRANCE SOIR – L’enquête progresse. Un homme a été interpellé ce samedi 17 au matin, soupçonné d’avoir agressé jeudi 15 Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate Les Républicains aux élections législatives, a-t-on appris de source proche du dossier.

Le suspect a été placé en garde à vue à 8h30 « pour des faits de violences volontaires sur personne chargée d’une mission de service public » après cette agression contre l’ancienne ministre sur un marché du Ve arrondissement, a indiqué cette source. Selon les informations de France Soir, il s’agirait de Vincent Debraize, 54 ans (4 septembre 1962), ex-UDI et maire de la petite commune de Champignolles dans l’Eure. L’homme avait donné son parrainage à Henri Guaino pour l’élection présidentielle 2017, le même Guaino qui a été éliminé au premier tour des législatives, dimanche 11, par NKM et Gilles Legendre (LREM), et s’est illustré le soir-même en dérapant en direct sur BFMTV. Il avait dit que les électeurs étaient « à vomir ».

De cet homme, FranceSoir a découvert qu’outre son mandat d’élu local il est gérant de la société Alkade (présentée comme une agence de publicité) domiciliée à Paris, dans le IXe arrondissement, après la liquidation d’une précédente société en 2016 (Qui est Vincent Debraize? Son portrait détaillé à lire ici). Son placement en garde à vue l’empêchera de tenir la présidence de l’unique bureau de vote de sa commune dimanche 18 pour le second tour des élections législatives comme il était prévu.

Après cette altercation en présences de journalistes, l’agresseur avait pris la fuite et était parti vers la bouche de métro la plus proche. Un bénévole de l’équipe de NKM, Jean-Baptiste Goulard, a poursuivi dans le métro l’homme, qui est sorti à la station suivante, Cluny-La Sorbonne (ligne 10). Il a affirmé à avoir alors reçu des coups de sa part. L’homme a, là encore, pris la fuite. Son signalement a été donné à la police.

L’ancienne ministre avait été admise à l’hôpital Cochin à Paris dans la foulée de l’agression dont elle a été victime. Elle avait quitté l’établissement le lendemain après des examens. « Je voudrais profiter de votre présence pour remercier tout le personnel de l’hôpital Cochin qui a été absolument formidable, ceux qui m’ont témoigné leur sympathie et leur soutien, en particulier le Premier ministre qui s’est déplacé hier, et le président de la République qui m’a envoyé un message« , avait-elle expliqué à la presse à sa sortie de l’hôpital.

[MAJ à 15h55]: Afin que l’agresseur soit formellement identifié, NKM sera confrontée ce samedi en fin d’après-midi à Vincent Debraize selon les informations de BFMTV.

Voir également:

Qui est Vincent Debraize, maire dans l’Eure, en garde à vue après l’agression de NKM sur un marché

L’homme de 55 ans s’est présenté à la police après une convocation.

POLITIQUE – Il a été placé en garde-à-vue ce samedi 17 juin. Deux jours après l’agression de Nathalie Kosciusko-Morizet, Vincent Debraize s’est présenté à la police parisienne pour répondre à une convocation, selon RTL. Suspecté d’être l’homme qui a mis à terre la candidate LR, il est entendu pour des faits de « violences volontaires sur personne chargée d’une mission de service public ».

Âgé de 55 ans, cet homme est le maire sans-étiquette d’un petit village de l’Eure. Champignolles, situé à 35 km à l’ouest d’Evreux, ne compte en effet qu’une quarantaine d’habitants. Vincent Debraize, cadre dans le secteur privé a été élu en 2008 et réélu en 2014.

« Il a passé toute la journée de vendredi à Champignolles. Le soir, il a dit à des collègues qu’il devait remonter sur Paris parce qu’il était convoqué à la police. Et il leur a expliqué pourquoi », a raconté au Parisien un colistier de l’intéressé.

Quelques semaines après sa réélection, il avait lancé une pétition pour dénoncer « l’insécurité intolérable » rencontrée dans son canton. Dans un article publié par Le Réveil Normand à propos d’un cambriolage sanglant dans sa commune en 2014, le maire invitait « le nouveau ministre de l’intérieur [Bernard Cazeneuve, ndlr] qui ne cesse de parler de sécurité à tout va à se rendre dans la France profonde ».

À l’occasion de la dernière présidentielle, il faisait partie des 33 élus qui avaient parrainé la candidature de Henri Guaino; ce dernier a affronté NKM lors des législatives dans la 2e circonscription de Paris.

Vincent Debraize devait tenir le bureau de vote de sa commune dimanche matin pour le second tour des élections législatives, précise RTL. Des proches du maire ont confirmé au Parisien qu’il sera bien présent pour assurer cette permanence.

Voir enfin:

BBC News changes headline, deletes Tweet after anger at portrayal of terror attack in Jerusalem

On the evening of June 16th three Palestinian terrorists from a village near Ramallah carried out a combined attack in Jerusalem. Border Police officer Hadas Malka was critically wounded while responding to the incident and doctors were unable to save her life. In addition, four more people were wounded. While ISIS claimed responsibility for the attack, Hamas rejected that claim:

“Early on Saturday morning, Hamas rejected IS’s claim of responsibility, saying the three belonged to Palestinian terrorist organizations.

“The claim by the Islamic State group is an attempt to muddy the waters,” said Sami Abou Zouhri, spokesman for the terrorist group which runs the Gaza strip.

The attack was carried out by “two Palestinians from the Popular Front for the Liberation of Palestine and a third from Hamas,” he said.”

The BBC’s report on the attack currently appears on the BBC News website under the headline “Israeli policewoman stabbed to death in Jerusalem“. However, the article was originally titled “Three Palestinians killed after deadly stabbing in Jerusalem” and that was also how the BBC portrayed the incident on social media – much to the ire of many Twitter users.

 

As we see, that headline and sub-heading both fail to inform BBC audiences that the “Palestinians killed” were the terrorists who carried out the “deadly stabbing”.

As a result of public pressure, the BBC deleted that Tweet and posted a replacement some 24 hours after the attack took place. Readers may recall that this is by no means the first time that a BBC headline concerning a terror attack in Israel has prompted public outrage.

As is inevitably the case in BBC coverage of Palestinian terror attacks in Israel – and in stark contrast to BBC portrayal of similar attacks in Europe – the article does not describe the incident as a terror attack.

Moreover, in the later version of the report readers found the following representation of a statement from Israeli officials saying that there was no indication that the terrorists were connected to ISIS:

“Police said there was “no indication” of a link between the suspects and a terror group.”

In fact – as the Times of Israel reported:

“All three of the assailants were members of Palestinian terrorist organizations, according to… Israel’s Shin Bet…

The attackers were identified by the Shin Bet internal security agency as Bra’a Salah and Asama Atta, both born in 1998, and Adel Ankush, born the following year. They were shot dead by security forces as they carried out their attacks.

The three were from Deir Abu-Mashal, a village near Ramallah. All had previously been arrested for or involved in terrorist activity, a Shin Bet statement said.”

Erasing the foreign nationals (including one Palestinian) murdered by Palestinian terrorists over the last 21 months, the report tells readers that:

“Forty-two Israelis have been killed in knife, gun and car-ramming attacks by Palestinians or Israeli Arabs since October 2015.

In late 2015 and 2016, such attacks happened with near-daily frequency but the rate has declined in recent months.”

That latter inaccurate claim is recycled from a previous BBC report. In fact, while in late 2015 the frequency of attacks was far beyond “near-daily”, around a hundred attacks still take place every month meaning that they remain on average a daily occurrence on average, notwithstanding the BBC’s failure to cover the vast majority of attacks.

As readers then see, the BBC continues to employ the “Israel says” formula in its portrayal of Palestinian terrorists killed while carrying out attacks.

“More than 240 Palestinians – most of them attackers, Israel says – have also been killed in that period. Others have been killed in clashes with Israeli troops.” [emphasis added]

The article closes with a mantra that the BBC has been promoting for many months:

“Israel says Palestinian incitement has fuelled the attacks. The Palestinian leadership has blamed frustration rooted in decades of Israeli occupation.”

Once again, it is worth remembering that since the surge in terror attacks began in late 2015, the BBC has consistently failed to provide its audiences with any serious reporting on the topic of incitement and glorification of terrorism by Palestinian officials. Readers are hence unable to judge for themselves whether or not what ‘Israel says’ is accurate.

Likewise, it is noteworthy that the portrayal of terrorism as being attributable to “frustration rooted in decades of occupation” conforms to a guidance document for members of the international media put out by the PLO in November 2015.

Update:

According to Ynet, the BBC has released the following statement:

“We accept that our original headline did not appropriately reflect the nature of the events and subsequently changed it. Whilst there was no intention to mislead our audiences, we regret any offence caused.”


Présidence Macron: Cachez cet antisémitisme que je ne saurai voir (French-German broadcaster drops documentary for spilling the beans on the inherently anti-Semitic nature of anti-Zionism)

14 juin, 2017

 

An image from the film that was dropped because it depicted antisemitism in a "pro-Israel" light.

https://pbs.twimg.com/media/DB0mAGsWsAA2hM3.jpghttps://pbs.twimg.com/media/DBESLQyXsAENEuf.jpg

Ecoles sous haute protection

The EUMC requested its National Focal Points (i.e., contacts) throughout the then-15 EU member states to monitor and report on anti-Semitic violence and viewpoints from 15 May until 15 June 2002. It also asked for examples of the best practices implemented by states to prevent and reduce anti-Semitism. After collecting this information, the EUMC employed the ZfA, the Centre for Research on Anti-Semitism (CRA) at the Technical University in Berlin to analyze and summarize the findings. The CRA completed its document in October 2003. It found that violent attacks against Jews often rose from virulent anti-Zionism across the political spectrum. Moreover, it specifically identified young Muslims of Arab descent as the main perpetrators of physical attacks against Jews and the desecration and destruction of synagogues. Many were victims of racism and social exclusion themselves. The EUMC did not publish the study and insisted that the one month period covered in the CRA investigation was too short. It also claimed the report was never intended for publication. The CRA researchers commented that their focus on Muslim perpetrators of anti-Semitism and anti-Zionist attacks unsettled the EUMC. They stated that this EU Agency had repeatedly asked them to alter their ‘divisive’ findings. After the researchers refused this revisionism, the EUMC shelved their report in November 2003. The CRA’s exposure of the EUMC’s suppression of the report led to a scandal which, according to the Centre’s Director, presented the EU Agency with its ‘strongest challenge.’ (…) In November 2003, a Financial Times article about the CRA report’s suppression by the EUMC led to public outcry. Several European parliamentarians called for the document’s immediate release. In December, the World Jewish Congress published the CRA draft report on the Internet, exposing the EUMC’s manipulation. In April 2004, the EUMC released a final, lengthier study. This document reiterated and expounded upon the main points of the CRA report so often that it became difficult to pinpoint all the differences. Nonetheless, the most evident and important distinction was that the EUMC’s final report made few, if any, general statements about the perpetrators of anti-Semitic acts. That reluctance became especially pronounced when the perpetrators of anti-Semitism were not from the extreme right. For example, the CRA draft report contained an account from Sweden of a public gathering of 100 people in Stockholm to oppose anti-Semitism and anti-Muslim prejudice. According to the draft, the gathering was dis­rupted by between 100–150 demonstrators shouting, ‘Kill the Jews!’ and ‘We’ll blow you up!’ The CRA report stated that many of the most belligerent counter-demonstrators were extreme leftist youth. The final EUMC report deleted this observation. By expunging evidence of the extreme left’s role in fomenting anti-Semitism, the EUMC final report could imply that opposition to the far right alone is a sufficient response to anti-Semitism. The CRA suggested this is untrue, because some of the greatest threats to Jews come from the left and involve its deepening alliances with radical Islamists and other extreme anti-Semites throughout the political spectrum. (…) The report also offers no differentiation by country on these perpetrators as it does for other data such as those on victims, their concerns, and experiences. In withholding these data, the FRA obstructs information on anti-Semitism’s perpetrator categories that might help mitigate anti-Semitism.  This behavior is consistent with its repeated reference to ‘Jewish people’s perceptions and experiences’ of anti-Semitism, and not anti-Semitism as a fact. Amy Elman
La différence entre eux et moi, c’est que je n’ai pas peur : je n’ai pas peur pour notre culture, je n’ai pas peur pour la France. Je crois profondément que la France n’a jamais été et ne sera jamais une nation multiculturelle. Si un risque existe qu’elle le devienne, je le combattrai en redonnant à notre langue sa prééminence dans l’enseignement, en sanctionnant sans transiger tous ceux qui se soustraient aux lois de la République et à ses usages, en travaillant inlassablement sur ce qui nous est commun, non pas en satisfaisant des « aspirations opposées » mais en rappelant aux Français que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous sépare. C’est tout le sens de mon combat politique. (…) Combattre l’islam radical, ce n’est pas de l’islamophobie : c’est le minimum qu’on puisse attendre de responsables politiques soucieux de préserver l’unité nationale et l’ordre public. Mais lorsque l’islam pratiqué par des millions de nos compatriotes devient lui aussi suspect de n’être pas compatible avec les lois de la République, lorsqu’on vous démontre qu’il est de la nature de l’islam d’être contraire à nos lois, alors commence l’islamophobie. Organiser et réguler l’islam de France, notamment en le coupant de ses liens consulaires, permettra de mettre un terme à ces craintes, et permettra à nos compatriotes musulmans de vivre leur foi à l’abri des suspicions. C’est mon projet, et ma détermination à cet égard est sans faille. (…) Notre société a peur. Peur d’un avenir incertain, peur des vents de la mondialisation, peur du terrorisme, peur de la montée des communautarismes radicalisés… Pourtant, nous tenons bon. La France reste un pays aux valeurs fortes, et qui sait s’unir dans l’adversité, comme elle l’a démontré lors de la vague d’attentats. Pour vaincre cette peur collective, il faut que les Français se rassurent sur leur destin dans ce monde nouveau. Nous devons retrouver la confiance dans ce que nous sommes, à savoir une nation faite pour l’universel, et non pour le repli identitaire ou communautaire, une nation entreprenante, une nation qui sait encore parler au monde et tenir son rang face aux tentations totalitaires qui renaissent. La France n’a jamais été tant aimée que lorsqu’elle portait un projet conforme à son histoire et à son génie, mobilisant tous les Français et non pas seulement une petite élite. Nous entrons dans ce monde neuf avec une histoire, des talents, une compréhension du monde qui constituent des atouts uniques. C’est de cela que je veux convaincre nos compatriotes, pour que cesse cette défiance envers nous-mêmes, qui m’est insupportable. Emmanuel Macron
Mais est ce-que quelqu’un peut penser raisonnablement que élu président, il aura une majorité présidentielle uniquement avec son parti ? Moi je n’y crois pas. Mais non seulement ça n’est pas possible, mais ça n’est pas souhaitable, car ce serait un hold-up. Emmanuel Macron
Monsieur le Premier Ministre, vous avez déclaré constater « la montée de l’antisémitisme, qui se nourrit dans les quartiers populaires » dont vous affirmez qu’ils seraient « antisémites ».(…) Oui, comme tant d’autres, je me sens visée par vos propos quand vous parlez de l’antisémitisme des quartiers populaires. Non, nous qui venons des quartiers populaires ne sommes pas antisémites. Les gens qui habitent, travaillent, vivent dans les quartiers populaires ne sont pas antisémites dans leur ensemble, intrinsèquement, par essence. Présumer que la lutte pour la liberté du peuple palestinien ne pourrait qu’être de l’antisémitisme caché est un raccourci grossier. Ne peut-on pas lutter contre la politique d’un gouvernement sans être soupçonné de haïr l’ensemble d’un peuple? Lutter contre la politique de Berlusconi a-t-il fait de vous un raciste anti-Italiens? Votre déclaration, monsieur le Premier Ministre, est un dangereux cliché, stéréotypé et stigmatisant, contre les quartiers populaires. L’antisémitisme est un fléau, une horreur, une abomination. Il existe en France. Mais les quartiers populaires ne l’ont pas créé et il ne se nourrit pas à Belleville où des athées vont parfois rompre le jeûne du Ramadan avec des Musulmans et des Chrétiens dans un restaurant casher. (…) L’article 1er de la loi de 1905 prévoit que la République « ne reconnaît ne salarie ne subventionne aucun culte ». Ni plus ni moins. Interdire le voile c’est reconnaître le voile comme signe religieux, donc reconnaître une religion, interdire le voile à l’école est donc contraire à la loi de 1905. Interdire aux femmes voilées d’accompagner les sorties scolaires de leurs enfants relève ni plus ni moins de l’islamophobie. L’obligation de neutralité religieuse s’applique d’après la loi de 1905 aux fonctionnaires, représentants de l’Etat, pas aux parents d’élèves qui ne représentent qu’eux-mêmes.Le Président Hollande avait promis dans son programme, par l’engagement 59, de défendre la paix et la reconnaissance de la Palestine (…) A l’exception de quelques extrémistes violents, haineux, sectaires et contre-productifs comme il y en dans tous les bords, dans toutes les familles politiques y compris dans la nôtre, les habitants des quartiers populaires qui ont manifesté, réclamaient simplement l’application de l’engagement 59 de notre président. Marlène Schiappa (22.07.2014)
Je n’en peux plus, d’entendre ce discours ultra-sécuritaire, qui n’a rien donné depuis dix ans. Je n’en peux plus d’entendre dire que dans nos quartiers, c’est la radicalisation. Caroline Reverso-Meinietti (candidate macroniste à Nice)
Nous vivons dans un temps bizarre. Une dénonciation anonyme se multiplie et à partir de là, on peut avoir des vagues extrêmement déstabilisantes. (…) On en jugera une fois que les faits seront établis. Je ne sais pas si ça a un lien avec la moralisation de la vie publique, mais en tout cas je (la) porterai. François Bayrou
Lorsque j’ai été élue au Parlement européen en 2009, le MoDem avait exigé de moi qu’un de mes assistants parlementaires travaille au siège parisien. J’ai refusé en indiquant que cela me paraissait d’une part contraire aux règles européennes, et d’autre part illégal. Le MoDem n’a pas osé insister mais mes collègues ont été contraints de satisfaire à cette exigence. Corinne Lepage (2004)
« Je ne me retirerai pas. J’ai ma conscience pour moi, je ne suis pas mis en cause par la justice. » Une semaine après la parution de l’article du Canard Enchaîné le mettant en cause, Richard Ferrand en est réduit à répéter inlassablement ces deux mêmes arguments. Malgré un mélange des genres manifeste entre ses activités professionnelles et sa vie privée, il n’a, a priori, rien fait d’illégal. En l’état actuel des choses, il n’est la cible d’aucune procédure judiciaire, le parquet de Brest ayant estimé qu’aucun des faits portés à sa connaissance ne justifiaient ne serait-ce que l’ouverture d’une enquête préliminaire. Problème: ces critères ne suffisent pas, ne suffisent plus devrait-on dire, à éteindre l’incendie d’une polémique qui parasite les premiers pas du gouvernement Philippe et fragilise chaque jour un peu plus le ministre de la Cohésion des territoires. Car le débat sur la moralisation de la vie publique (le terme à son importance) a depuis très largement dépassé le cadre normé des procédures judiciaires et des prétoires pour s’installer sur le terrain beaucoup plus mouvant de la morale publique. Voilà sept jours que les ténors du parti présidentiel et de l’exécutif se relaient dans les médias pour marteler que le « débat Ferrand » n’a strictement rien à voir avec « l’affaire Fillon ». L’ancien premier ministre était accusé d’avoir détourné de l’argent public, Ferrand rappelle qu’il était à la tête d’un organisme privé. Fillon se voyait reprocher d’avoir embauché des proches à des postes fictifs, Ferrand démontre que l’appel d’offres remporté par sa femme a été validé par son conseil d’administration et a bien été honoré. Le Parquet national financier s’était immédiatement saisi du cas Fillon, il s’est déclaré incompétent pour celui de Ferrand. Fillon avait promis de se retirer s’il était mis en examen avant de se raviser, Ferrand ne fait l’objet d’aucune plainte ni d’aucune poursuite. Et alors? Tout en rappelant que seule une mise en examen entraînera automatiquement la démission d’un de ses ministres, le premier ministre Edouard Philippe se voit lui-même contraint de reconnaître que « l’exaspération des Français » à l’égard de leur classe politique compte désormais au moins autant que les faits. « J’ai parfaitement conscience que des usages et des comportements passés qui ne sont pas illégaux mais qui ne sont plus acceptés aujourd’hui, ne peuvent plus être tolérés », a convenu le chef du gouvernement sur France2. Autrement dit, le problème n’est plus légal, il est moral et donc essentiellement politique. C’est précisément ce que pilonnent les adversaires de l’exécutif qui, tout en constatant l’absence de faits répréhensibles par la loi, placent l’affaire Ferrand sur le plan d’une exemplarité de principe. « Ça n’est pas illégal mais c’est moralement insupportable », a résumé l’ancien candidat à la présidentielle socialiste Benoît Hamon. (…) Effet pervers? Cette soif inextinguible de « moralisation » fait reposer sur les épaules des responsables politiques un impératif d’exemplarité aux contours fluctuants, certains comportements tolérés dans une entreprise privée étant désormais proscrits dans le domaine politique. « Dans les entreprises, vous ne croyez pas que l’on prend de préférence pour les jobs d’été les enfants des employés de l’entreprise? », a rappelé sur Europe1 le député René Dosière, « inquiet » de voir une morale politique s’appliquer à la vie privée des élus. « On a l’impression que tout comportement de type privé se trouve mis et jugé sur la place publique. Au nom de quoi? Au nom de la morale. […] On en a rien à faire de la morale », a-t-il mis en garde en pointant le risque de « chasse à l’homme ». De fait, l’exemplarité de principe qui est exigée d’eux place les responsables politiques la merci de la moindre manoeuvre de déstabilisation. Visée comme une vingtaine d’autres eurodéputés par la dénonciation d’une eurodéputée FN qui leur reproche l’embauche d’assistants cumulant travail au Parlement et fonctions politiques, la ministre des Affaires européennes Marielle de Sarnez fait l’objet d’une enquête préliminaire du parquet de Paris. Une procédure judiciaire censée vérifier si les faits dénoncés sont potentiellement répréhensibles. La ministre a eu beau, comme nombre de ses collègues mis en cause, porter plainte pour dénonciation calomnieuse, le soupçon jeté par une adversaire politique, dont le parti est lui-même poursuivi pour des faits similaires, suffit à lui seul à remettre en cause sa place au sein du gouvernement. (…) Pour l’heure, le gouvernement fait mine de résister à cette pression « moralisatrice ». Le premier ministre chercherait même à éviter à tout prix d’utiliser le mot. Cité par Le Canard Enchaîné, Edouard Philippe aurait insisté pour que la grande loi en préparation ne contienne pas le terme « moralisation » dans son intitulé: « Il pourrait revenir comme un boomerang ». Il n’est pas le seul. Même la mise en examen, désignée comme un élément objectif pour contraindre un ministre à la démission, est un critère bancal pour juger de la probité d’un responsable politique. Poursuivi en diffamation par une association paloise pour des propos tenus en 2015 lors d’un conseil communautaire, le ministre de la Justice François Bayrou est mis en examen. Doit-il se démettre de ses fonctions comme le réclament certains de ses opposants dans l’attente d’un procès programmé… en 2019? Si tel était le cas, il suffirait alors à l’opposition ou à n’importe quel citoyen d’attaquer les ministres pour diffamation ou injure publique afin d’obtenir leur départ, ces deux procédures entraînant automatiquement une mise en examen. The Huffington Post
The elephant is still in the room. Even now, with Theresa May saying “enough is enough” after the London Bridge atrocities, we are still refusing to identify correctly the threat that has already claimed so many lives. These attackers are not “evil losers”. They are not “sick cowards”. They are not nihilists or psychiatric cases or lone wolves. They are devout and ecstatic Muslim fanatics who are waging a war of religion against us. Mrs May correctly referred to “Islamist” terrorism. Yet she also said this was a “perversion of Islam”. How can it be a “perversion” when it is solidly rooted in religious texts and theological doctrine validated and endorsed by the world’s most powerful Islamic authorities? In his article in The Times yesterday, the communities secretary Sajid Javid tied himself up in knots. He rightly said it wasn’t enough for Muslims merely to condemn terror attacks; they must ask themselves “searching questions”, and issue challenges. Yet he also said the perpetrators were not “true Muslims” and that it was right to say the attacks were “nothing to do with Islam”. Well if that’s so, why should Muslims need to do anything at all? The West views Islam through its own cultural prism, which equates religion with spirituality. The problem is that Islam is as much a political ideology as a source of spiritual guidance. In 2010 a German study, which involved intensive questioning of 45,000 Muslim teenagers from 61 towns and regions across the country, found that the more religious they were the more likely they were to become violent. Sheikh Mohammad Tawhidi, a Shia cleric in Australia who campaigns against Sunni extremism, has said: “The scriptures are exactly what is pushing these people to behead the infidel. Our books teach the beheading of people.” Of course, millions of Muslims don’t subscribe to any of this. Some are merely cultural Muslims who observe no religious practices. Some, such as the Sufis or the Ahmadiyya sect, are pious Muslims who are truly peaceful (and are themselves victims of the Islamists). But political, aggressive, jihadist Islam, constrained for so long by both the Ottoman empire and western colonialism, is now dominant once again in the Muslim world. Which is why in 2015 Egypt’s President Sisi remarkably told the imams of Al-Azhar university in Cairo — the epicentre of Islamic doctrinal edicts — that Islam’s corpus of sacred texts was “antagonising the entire world”, that it was “impossible” for 1.6 billion Muslims to “want to kill the rest of the world’s inhabitants”, and so Islam had to have a “religious revolution”. (…) We must require Muslims to take responsibility for the actions of all in their community. An ICM poll of British Muslims two years ago found that nearly a quarter wanted Sharia to replace British law in areas with large Muslim populations. Four per cent — equivalent to more than 100,000 British Muslims — said they were sympathetic to suicide bombers fighting “injustice”. In other words, we must see jihadist Islam as at the extreme end of a continuum of beliefs which are themselves incompatible with British society. So we shouldn’t just be stopping people coming back to Britain from Syria or Libya, or detaining terrorist suspects through control orders. We should also be closing down radical mosques, deporting those born in other countries who are involved in extremism, stopping foreign funding for Muslim institutions and banning the Muslim Brotherhood. We should also outlaw Sharia courts because, since Sharia does not accept the superior authority of secular legislation, it inescapably undermines the core British value of one law for all. The message should be that British Muslims are welcome citizens but on the same basis as everyone else: that they subscribe to the binding nature of foundational British laws and values. If not, they will be treated as subversives. Melanie Phillips
Les juifs exercent une forme de « copyright » sur le terme de crime contre l’humanité. Voilà ce que synthétise Sibeth Ndiaye quand elle voit que le candidat Macron a dû mal à saisir ce que Laurence Haïm explique. Je n’y vois aucun antisémitisme, que les choses soient claires. Je ne pense pas que Sibeth Ndiaye soit une fan de Dieudonné et Soral qui excellent dans ce genre de comparaison et en ont fait, au sens propre, leur fonds de commerce. Néanmoins, je crois que l’usage de ce terme, dans le flot de la conversation, sans y penser, montre comment les thèmes sont développés dans une campagne électorale. Ce « copyright » en dit long sur la construction des éléments de langage du politique par les communicants qui l’entourent, dans une sorte d’improvisation, de fulgurances sémantiques reprises et répétées parce qu’elles sont frappantes, choc, et non parce qu’elles sont justes. L’équipe jeune et connectée du candidat Macron a été performante de ce point de vue : repérer les lignes de fuite, distiller les petites phrases qui n’ont l’air de rien mais en disent beaucoup sur la vision sociétale d’EM ! Parfois on s’est égaré, mais peu importe, ce qui compte c’est le buzz. Il faut bien vendre sa marque, « donner sa chance au produit ». A tout prix. (…) Ce « copyright » dit aussi beaucoup sur la légèreté avec laquelle ces questions historiques et mémorielles furent traitées pendant la campagne, en particulier pendant l’entre-deux-tours où récupérations et instrumentalisations de l’Histoire sont allées bon train. Renoncer à comprendre la singularité d’un crime contre l’humanité pour les englober tous dans une abstraction pénitentielle, c’est finalement pratiquer un relativisme négateur de toutes les souffrances des victimes qui ne sont plus là pour témoigner. Un enfant arménien aux mains du gendarme turc ou du paysan kurde, un vieillard juif entre celles du SS ou de ses comparses ukrainiens, une femme tutsie violée puis assassinée par son voisin hutu : toutes ces victimes n’ont pas déposé de « copyright ». Leurs descendants, si ils existent, n’ont tiré aucun profit de leur indicible souffrance. C’est précisément le travail de l’historien de rendre au fait sa dimension singulière dans son contexte culturel, politique, chronologique. Ne pas amalgamer, trier patiemment les parts d’universel et de singulier que recèle chaque fait historique. Le comparatisme historique donne à voir ce qui est commun aux trois génocides évoqués ici, il détermine les spécifiques irréductibles de chacun. En revanche, il compare ce qui est par nature comparable. C’est bien ce que j’avais essayé de dire à Emmanuel Macron lors de notre court échange à « l’Emission politique » de France 2. Ce fut une grave confusion historique de comparer la colonisation à un crime contre l’humanité. Non pas comme le laisse entendre Sibeth Ndiaye parce que c’est « un domaine réservé par et pour les Juifs », mais parce que la comparaison avec la colonisation ne tient pas puisqu’elle sous-entendrait une politique délibérée et généralisée de deshumanisation de populations civiles musulmanes par les autorités françaises. Contrairement à ce qu’Emmanuel Macron laissait penser ce soir-là, la définition du droit international n’a pas été élargie pour y inclure les crimes de guerre – comme ceux commis pendant les guerres coloniales – car sinon toutes les guerres de l’histoire, depuis l’Antiquité sont des crimes contre l’humanité. Pas une civilisation ne serait innocente de ce crime. Cette définition élargie a pour intérêt de préciser les différents actes criminels concernés : « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout autre acte inhumain commis contre une population civile avant ou après la guerre ». Dès lors, on le voit, ce terme est inapproprié pour évoquer la colonisation, période où des crimes de guerre furent commis certes mais sans que cela ne puisse entrer dans la définition juridique internationale du crime contre l’humanité. Le « copyright » de Sibeth Ndiaye est sans doute le reflet de son ignorance de l’histoire et de la mémoire de la Shoah et je l’invite à s’inscrire à l’Université d’été du Mémorial de la Shoah pour en apprendre davantage. Je n’imagine pas qu’il puisse signifier autre chose. Il serait maintenant temps, sur ces sujets sérieux, de mesurer ses paroles, peser ses mots. Ne pas ajouter de la confusion à l’ignorance générale. Il serait temps d’apprendre à se taire quand on ne connaît pas son sujet. Bien sûr, cela réduirait beaucoup de conseillers et de politiciens au silence, mais est-ce que « les gens » y perdraient en intelligence et en respect pour leurs dirigeants ? Barbara Lefebvre
Ces intellectuels tétanisés par la culpabilité postcoloniale battent la campagne médiatique. Ils font de l’islamophobie le ressort exclusif des grandes manifestations antiterroristes du 11 janvier… Proclamer « Je suis Charlie », c’est pour eux faire acte d’islamophobie ! Cette cécité les conduit à minimiser le péril djihadiste de peur de désespérer Molenbeek comme les compagnons de route du Parti communiste s’interdisaient de dénoncer les exactions du stalinisme de peur de « désespérer Billancourt ». Par-delà l’organisation terroriste Daech, qui a fracturé la cohésion rêvée de la patrie, je crois que deux forces de désintégration sont à l’œuvre dans la société française. D’une part, les mouvements communautaristes, qui font prévaloir l’appartenance religieuse et ses marqueurs dans l’espace public. De l’autre, une conception identitaire et étroite de la France, dont le fond est ethno-racial et xénophobe. Mon livre est destiné à nourrir le grand débat de société qui doit absolument précéder les élections présidentielle et législatives de 2017. En tant qu’universitaire travaillant sur ces enjeux depuis trois décennies, je me livre à une analyse sans dramatisation mais sans complaisance du défi mortel que pose le djihadisme à notre pays et que cherchent à occulter une partie de nos intellectuels de gauche (…) [le 7 janvier] du point de vue jihadiste, c’est l’attentat le plus réussi. Pourquoi ? Parce que les dessinateurs de « Charlie Hebdo » sont perçus, dans une partie de la jeunesse musulmane européenne et française, comme des gens qui l’ont bien cherché. De même qu’il y avait eu des milliers de like sur Facebook pour Merah, il y en a eu pour les frères Kouachi, pour Coulibaly, etc. Cela aboutit à ce clivage, qui est exacerbé par toute cette mouvance islamogauchiste dont Emmanuel Todd se fait le porte-parole, sans doute inconscient à l’époque, avec son livre « Qui est Charlie ? ». (…) Ce qui est fascinant, c’est que, du 14 juillet jusqu’au 26 juillet (l’assassinat du père Hamel), la France est dépeinte dans la presse internationale et notamment anglo-saxonne comme victime de la terreur. Elle est plainte, il y a de la commisération. Et soudain, à partir du mois d’août, lorsque arrivent les arrêtés anti-burkini des municipalités du littoral méditerranéen, la victime va se transformer d’un jour à l’autre en bourreau. Cette inversion paradoxale, qui est une imposture exceptionnelle, est menée en particulier par un groupe qui s’appelle le Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF), organisation proche des Frères musulmans, qui va tirer profit de la frustration de jeunes musulmans qui en ont assez de devoir rappeler qu’ils ne sont pas des terroristes. (…) Au mois de mai dernier, j’ai été invité par le Bondy Blog à participer à un débat. J’ai beaucoup travaillé sur la Seine-Saint-Denis, à Clichy, Montfermeil, et j’avais des contacts avec leurs journalistes. Des jeunes issus de l’immigration qui étaient dans une logique d’insertion sociale, qui voulaient créer un journalisme alternatif et ouvert. A ma stupéfaction, les trois journalistes chargés de m’interviewer m’ont accusé pendant tout l’entretien d’être islamophobe ! C’était juste avant que je sois condamné à mort par Larossi Abballa dans sa vidéo du 13 juin au soir. Mais ils ne parlaient jamais des attentats et uniquement de l’islamophobie : les femmes voilées traînées par terre, la société française islamophobe, etc. J’ai compris depuis lors que le Bondy Blog avait été totalement repris en main par cette frange frériste qui a fait de l' »islamophobie » son principal slogan. Pour les Frères musulmans, dans la mouvance de Tariq Ramadan, comme pour Marwan Muhammad (le directeur exécutif du CCIF), il y a une volonté manifeste de mobiliser cette jeunesse musulmane en occultant le phénomène des attentats, en se refusant à le penser. C’est la « forclusion », comme on dirait en psychanalyse lacanienne, des attentats, pour se focaliser sur une victimisation communautaire de la population concernée. Ce que les jihadistes ne parviennent pas à faire, c’est-à-dire à mobiliser, parce qu’ils font horreur, les Frères musulmans le réussissent en offrant un regroupement de défense identitaire. Les Frères musulmans ont été durablement affaiblis en Egypte par le régime du maréchal Sissi, et beaucoup sont aujourd’hui exilés en Turquie. Et c’est à partir de la Turquie que leur stratégie de conquête de l’Europe s’est construite, soutenue par le Qatar. Le CCIF est le produit de cette stratégie. Le CCIF s’adresse à cette jeunesse qui a fait des études (Marwan Muhammad a été trader, formé à l’université Léonard-de-Vinci de Charles Pasqua) et qui se perçoit en dissidence culturelle avec la société française ; mais contrairement aux salafistes – qui visent la hijra, c’est-à-dire la rupture culturelle, éventuellement le départ – et contrairement aux jihadistes qui veulent tuer tout le monde –, eux sont dans la logique de construction d’un lobby communautaire. (…) [Marwan Muhammad] est le directeur exécutif du Comité contre l’Islamophobie, le CCIF. Il a fait la une du « New York Times » comme porte-parole de l’islam de France, avant que ce quotidien ne dépeigne la France comme une sorte de goulag pour les musulmans, et dont la laïcité tiendrait lieu de stalinisme. Souvenez-vous de l’affaire de Tremblay-en-France, au cours de laquelle deux jeunes femmes voilées, dans des circonstances qui restent encore obscures, n’ont pas été servies par un restaurateur. Le lendemain, le 28 août, Marwan Muhammad s’est rendu à la mosquée de Tremblay. Là, il prononce un discours fondamental pour comprendre la stratégie des Frères musulmans… Il dit la nécessité de rassembler les musulmans de France autour de questions éthiques, et cela dans la perspective de l’élection de 2017, où le CCIF décernera aux différents candidats le label « islamophobe » ou « moins islamophobe » : il s’agit donc clairement de construire un lobby communautaire qui va monnayer politiquement ses voix. (…) Ainsi, les gauchistes, qui sont en perte de vitesse idéologique dans la société, se sont mis à considérer les enfants d’immigrés musulmans comme leur nouveau prolétariat messianique. Faire un bout de chemin avec les musulmans exploités contre la bourgeoisie devenait plus important que de s’en tenir à la ligne qui faisait de la religion l’opium du peuple du marxisme fondamental. Ce qui est cocasse, c’est qu’on a, d’un côté, un islam du gauchisme et, de l’autre côté, un communautarisme électoral porté par la droite – qui va aussi jusqu’à l’extrême droite. (…) Aujourd’hui, le clivage entre la droite et la gauche sur lequel était fondée la vie politique française n’a plus de signification. La société comporte actuellement un néo-prolétariat dans les banlieues populaires, dans lequel il y a beaucoup d’enfants d’immigrés qui n’ont plus accès au marché du travail, non seulement à cause des discriminations, mais parce que notre système éducatif est découplé des besoins de l’économie numérique postindustrielle. Et c’est parmi ceux qui vont à l’université que la mouvance des Frères musulmans recrute – alors que le salafisme touche des milieux moins éduqués. En même temps, il y a une marginalisation croissante de classes populaires, si j’ose dire, « de souche », qui sont confrontées à des situations de précarité. A la logique de clôture communautaire des uns s’oppose la logique de clôture identitaire des autres. C’est cet affrontement qui est en train de devenir un des éléments structurants du débat politique français. La petite bourgeoisie périurbaine, qui votait à gauche, est en train de basculer vers Marine Le Pen. Ainsi, une partie des enseignants votent pour le Front national parce qu’ils sont confrontés dans les collèges des ZEP et ailleurs à des élèves qui sont dans une telle logique d’affirmation communautariste qu’ils mettent en cause les enseignants qui, pour 2.000 euros par mois en fin de carrière, font un boulot extrêmement dur, et ne sont pas suivis par leur hiérarchie qui ne veut pas faire de vagues. (…) En 2012, Hollande a gagné avec une marge très faible. S’il n’y avait pas eu ce vote « musulman » massif en sa faveur, il ne serait pas passé. Or il le perd à partir du projet de mariage pour tous. Dès les élections partielles de décembre 2012, dans les circonscriptions où le Conseil constitutionnel a invalidé les résultats de juin, on voit que certains quartiers populaires basculent vers des candidats de droite, dont plusieurs m’ont dit leur stupéfaction. Ils avaient vu des bureaux de vote « musulmans » qui leur avaient donné moins de 10% des voix en juin 2012 leur conférer une large majorité en décembre. Pourquoi ? Parce que l’imam en chaire le vendredi précédent avait appelé à sanctionner dans les urnes les « socialistes corrupteurs sur la terre », qui avaient permis le mariage homosexuel. Et c’est un enjeu très important, qui va se traduire par la participation d’un certain nombre d’associations islamiques à la Manif pour tous. Ainsi Kamel Bechikh de Fils de France, par ailleurs proche du Front national, est l’un des porte-parole du mouvement. La sanction électorale la plus frappante a lieu en Seine-Saint-Denis (municipales de 2014), où sur 40 communes 21 seront remportées par la droite et 19 par la gauche. C’est une tendance qu’a bien su exploiter Jean-Christophe Lagarde (le patron de l’UDI en Seine-Saint-Denis). Ainsi, Bobigny, qui était communiste depuis que le communisme existe, va basculer à droite. Les groupes islamistes s’y allient aux politiciens conservateurs au nom de revendications si j’ose dire « éthiques », disons plutôt de morale sociale contre l’hédonisme. (…) Les salafistes ne préconisent pas la violence, puisqu’ils sont liés au système saoudien et que l’Arabie saoudite n’a aucune envie de faire la guerre avec ceux qui lui achètent son pétrole. Mais il fournit le socle de la fracture culturelle sur laquelle se construira assez aisément le passage à l’acte violent lorsque les jihadistes le prêcheront. (…) Olivier Roy, qui n’a plus fait de travail de terrain depuis des années et qui ignore la langue arabe, s’efforce de me « zemmouriser ». Je les renvoie l’un à l’autre : tel Ulysse, je m’efforce de mener ma barque universitaire entre les sirènes de ce Charybde et de ce Scylla sur lesquelles la pensée ne peut que se fracasser… Lorsqu’il dit que j’islamise tout, c’est de bonne guerre rhétorique, mais c’est faux. J’essaie simplement de montrer quelles sont les stratégies par lesquelles jihadistes d’un côté, salafistes d’un autre, Frères musulmans d’un troisième s’efforcent de capter la population musulmane de France, sans du reste y arriver pour l’instant. Je ne suis pas pessimiste. Je suis convaincu que la laïcité de la République, à condition d’être pensée comme une laïcité d’inclusion et non pas une laïcité de séparation, est porteuse de l’avenir de notre pays. Maintenant, prétendre que la tentation du jihad découle d’un nihilisme mortifère, d’une volonté de suicide qui aurait revêtu par hasard les oripeaux de l’islamisme, c’est très insuffisant. Les individus qui sont prêts à sacrifier leur vie le font parce qu’ils sont sûrs que leur mort va amener la rédemption de l’humanité. Ce qui n’a rien à voir avec le suicide nihiliste. Je reste persuadé qu’il faut revenir aux textes : lire les écrits de Daech. Si on n’analyse pas la spécificité du jihadisme actuel, si on ne l’inscrit pas dans la relation avec le Moyen-Orient, avec l’Afrique du Nord, si on ne comprend pas ce que ça signifie que, dans l’idéologie du jihadisme de troisième génération, l’Europe soit identifiée spécifiquement comme le ventre mou de l’Occident … on passe à côté du phénomène. (…) Que certains jeunes passent par la délinquance, et ensuite voient dans le jihadisme une rédemption, c’est un fait. Mais pour cela, ils passent par la case mentale du salafisme : la rupture culturelle. A partir du moment où quelqu’un comme vous ou moi est considéré comme un infidèle, un blasphémateur, la rupture est consommée. La condamnation à mort par les jihadistes s’ensuit aisément. Je pense qu’il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de l’idéologie religieuse, telle qu’elle est manipulée aujourd’hui dans un monde où internet fournit les imams numériques, de mobiliser les individus. Faire l’impasse là-dessus, c’est considérer que les acteurs sociaux sont totalement étrangers à leur destin. Or ce n’est pas le cas. Si on analyse les écoutes du téléphone d’Adel Kermiche, on comprend que celui-ci, pendant un an, en prison, a été exposé dans sa cellule à des prédicateurs qui lui ont appris l’arabe. J’ai vu la cassette de serment d’allégeance qu’il a faite. Son arabe n’est pas parfait, il bute sur les mots, mais il est très correct : la prison française, c’est l’ENA du jihad. D’autre part, pourquoi est-il allé tuer un prêtre ? Parce que les chrétiens représentent le mal, les kouffar (les mécréants) qui ne se sont pas dissociés du bombardement de la coalition des croisés sur l’Etat islamique. C’est bien au nom d’une vision salafiste de fracture du monde. (…) Quand en 2012 Mohamed Merah met en œuvre les injonctions d’un prédicateur, Abou Moussab al-Souri (que lui-même les ait lues ou pas, ça n’a pas d’importance, le monde du tweet les traduit et les dilue à l’infini), au fond notre haute fonction publique et nos politiciens n’y comprennent rien. Ils font de Merah un loup solitaire… Cinq ans après, le procès n’a toujours pas eu lieu. Il y a recours contre recours. Au fond, l’affaire Merah, c’est l’échec complet de la hiérarchie du renseignement à ce moment-là. Mais on est dans un monde pyramidal, où la haute fonction publique est incapable de se remettre en question; de ce point de vue, le quinquennat de François Hollande a été désastreux puisque l’université y a été méprisée, que les études arabes y ont été détruites. Aujourd’hui, on est démuni face à ce phénomène, ce qui explique la floraison d' »experts » bidon, dont les constructions idéologiques se fondent sur l’ignorance du terrain comme des textes. Le postulat de l’islamo-gauchisme est : ce n’est pas la peine de connaître l’idéologie dont se réclament les jihadistes qui sont avant tout des nihilistes. On songe aux beaux esprits de la république de Weimar, qui tenaient « Mein Kampf » à sa parution en 1925, pour les élucubrations exaltées d’un peintre dénué de talent… L’enjeu, aujourd’hui, c’est de poser le diagnostic le plus juste possible sur le phénomène : bien évidemment cela est fait de controverses, c’est tout à fait légitime, à condition que cela repose sur une vraie connaissance de ce dont on parle. Et comme ce sera largement à l’élu(e) de 2017 de mettre en œuvre la thérapie de la fracture, nos concitoyens ont le droit d’être informés pour se prononcer en connaissance de cause, et non de se faire balader par des charlatans… Gilles Kepel
C’est à ces occasions que saute aux yeux le système, dont d’ailleurs les défenseurs du festival n’ont pas dit un mot, celui de ces habitants des grandes métropoles connectées qui élisent scrupuleusement Anne Hidalgo et Sadiq Khan, en profitant grassement de la mondialisation et acclamant Emmanuel Macron. Qui sont généreux, humanistes, pas racistes pour deux sous, mais trouvent parfaitement normal que leurs domestiques, les nounous, les femmes de ménage, les plongeurs, les chauffeurs, les caissières soient parqués dans des banlieues pourries, et viennent les servir dans les centres-villes, en circulant de préférence sous la terre. Tôt le matin pour les femmes de ménage, et tard le soir pour les plongeurs, quand les « insiders » repus sortent des restaurants branchés où ils ont passé la soirée. Et surtout pas en voiture. En auraient-il qui n’ont pas été brûlées par les racailles dans leur quartier, la circulation est volontairement rendue insupportable, et les voies rapides confisquées pour la promenade de quelques-uns, et la valorisation du patrimoine immobilier de tous les autres. Une photo significative a été publiée dans la presse, et a circulé sur les réseaux. On y voyait un groupe de femmes noires manifestant devant l’Hôtel de Ville de Paris. Bel atelier non mixte, puisqu’il s’agissait des femmes de ménage de la Ville qui, soutenues par la CGT, exprimaient leur volonté de voir améliorer leurs conditions de travail dont on imagine facilement qu’elles ne doivent pas être folichonnes. Une autre photo lui succède ce matin, celle du « dîner en blanc », qui a eu lieu cette année sur… le même esplanade de l’Hôtel de Ville. Le « dîner en blanc » est ce «flash-mob» inventé il y a une trentaine d’années, c’est-à-dire bien avant Facebook, au cours duquel les grands, moyens, et petits-bourgeois de Paris, se rassemblent par centaines, voire par milliers, à un endroit connu au dernier moment pour y dîner, de pied en cap habillés de blanc. Investissant sans autorisation préfectorale, en plein état d’urgence, et avec une arrogance ingénue, l’espace public, ces gens-là festoient sans mesurer l’indécence de cette prétention à signifier que la règle commune ne leur est pas applicable. Autre façon de dire qu’ils sont les maîtres puisque les autorités laissent faire. Cette année, c’était sous les fenêtres d’Anne Hidalgo. Rapprochement absolument meurtrier, que de voir cet autre atelier non-mixte, où cette multitude de personnes blanches de peau et de tenue occupent illégalement l’espace commun. On imagine en plus que beaucoup d’entre eux protestent hautement (à juste titre et comme moi) contre les prières de rue. Sans mesurer qu’il y a quand même un petit problème et qu’ils ne sont pas idéalement placés. Les organisateurs, sûrs d’eux, nous annoncent encore plus grand pour le 30e anniversaire l’année prochaine. Rappelez-moi le score d’Emmanuel Macron à Paris le 7 mai. 89,69 % ? La « start-up nation », je crois que je vais avoir du mal. Causeur
Souvenez-vous, le 25 mars dernier, un camion avait roulé sur une dizaine de tombes juives dans le cimetière de Pantin. Des sites communautaires avaient alors crié au scandale, même s’il avait été clairement établi qu’il ne s’agissait que d’un simple accident. Le 4 avril, soit une semaine plus tard, on apprend la mort de cette femme. Cette affaire intervient dans un moment de doute et de peur du FN. Les sites communautaires basculent en faveur de Macron. Médias et institution judiciaire se montrent alors extrêmement prudents sur ce meurtre. Au fond, tout le monde redoute que cette affaire ne fasse exploser les votes en faveur du FN. Au fur et à mesure que l’enquête avance, la dimension antisémite se fait de plus en plus évidente. On est alors plusieurs à se dire que cette femme ne méritait pas de disparaître dans un silence aussi pesant. Fallait-il renoncer à qualifier cette réalité par peur de faire monter le FN ? C’est une logique qui me semble dangereuse et signer cette pétition, proposée par Alexandre Devecchio et Naomi Hal, nous a offert une forme de rédemption. (…) L’institution judiciaire a été prudente, elle a pu douter et se dire qu’il fallait calmer le jeu. Pour autant, il me semblerait malvenu de mettre en accusation le procureur Molins. Le contexte était inflammable et violent, nous avons tous été lents à la détente. L’erreur est humaine, on se réveille un peu tard, il nous faut maintenant agir. Nous voulons savoir pourquoi la police n’est pas intervenue et demandons la requalification des faits. (…) Les éléments dont nous disposons aujourd’hui conduisent à penser qu’il s’agit d’un meurtre à caractère nettement antisémite. Le profil du meurtrier indique que cet antisémitisme semble avoir été cultivé par des islamistes qui, comme tous les radicaux, ont besoin d’ennemis pour exister… Céline Pina
L’idéologie est un génie. Un mauvais génie, mais c’est un génie. Il gouverne sans bruit les esprits, ouvre des portes et en cadenasse d’autres plus hermétiquement que celle de la plus scellée des cellules. C’est l’idéologie qui a privilégié le débat économique durant la campagne présidentielle et a dissimulé sous le tapis les questions identitaires, sécuritaires, migratoires et islamiques. C’est la même idéologie qui aura fait resurgir des limbes Vichy , le Vel’ d’Hiv’ et le combat antifasciste. Seule cette idéologie innomée aura réussi à maintenir un tel surmoi paralysant que même la candidate qui aurait eu le plus grand intérêt électoral à privilégier la question migratoire sur la question économique, ne l’aura qu’à peine évoquée. Pour ceux qui douteraient encore des menées délibérées comme de la puissance de cette idéologie de l’occultation des thèmes dérangeants, rien de mieux- ou de pire- que des exemples aussi récents qu’irréfutables. C’est ainsi que je conseille aux germanophones le Berliner Zeitung de la semaine passée. Pour ceux qui sont peu familiers de la langue allemande, je recommande la lecture édifiante d’un article de Causeur publié le mercredi 17 mai et intitulé «Arte, la chaîne des maîtres censeurs».  (…) Il confirme que la direction de la chaîne culturelle franco-allemande a volontairement passé à la trappe un documentaire sur l’antisémitisme en Europe. Seul motif: la haine antijuive arabo-musulmane était trop mise en lumière… Il s’agit ainsi d’une première dans l’histoire d’Arte. Son directeur de programme a décidé de ne pas diffuser un documentaire produit et payé par la chaîne de service public. Rosenzweig explique que pour la présidente de la chaîne franco-allemande-passionnée, on le sait, par la Shoah- la dénonciation de l’antisémitisme se limite exclusivement à l’exploration de «ce ventre fécond dont est sortie la bête immonde». Méfiants devant le projet, les dirigeants de la chaîne avaient exigé sa supervision par un auteur réputé en la personne de l’Arabe israélien Ahmad Mansour pour garantir l’impartialité du projet. Celui-ci est furieux de la censure intervenue: «ce film est remarquable et arrive à point nommé. Certes, il révèle des réalités dérangeantes, les mêmes que je rencontre dans mon travail quotidien. Je suis surpris qu’une chaîne publique de la réputation d’Arte puisse avoir tant de problèmes avec le réel…» Ainsi que Rosenzweig, qui a visionné le film, l’explique: «ce qui gêne Arte aux entournures, c’est la démonstration implacable qu’il existe une continuité entre le discours propagandiste d’un Mahmoud Abbas déclarant devant le Parlement européen que «les Israéliens empoisonnent les sources de Cisjordanie pour faire fuir les paysans arabes de leurs terres» et l’antisémitisme d’une partie des O.N.G. gauchistes ou d’églises protestantes allemandes». Autre faute de goût impardonnable, le film censuré aurait donné à voir comment le courageux François Pupponi, maire socialiste de Sarcelles, se désole de voir le pacte républicain français battu en brèche par les islamistes radicaux et antisémites à l’œuvre sur cette commune… visitée récemment de manière autrement plus consensuelle par notre nouveau président de la république. Dans la même implacable logique d’occultation idéologique, on apprenait (Marianne, 26 avril 2017) que le CSA avait décidé d’ouvrir l’instruction d’un dossier à l’encontre d’Ivan Rioufol, éditorialiste au Figaro, pour avoir osé reprendre sur la chaîne C News, le sondage de l’institut Montaigne démontrant que «27 % des Français musulmans et 50 % des jeunes musulmans des cités se réclamaient au bout du compte de l’idéologie de l’État islamique» On se souvient que c’est le même CSA qui s’était saisi des propos de Georges Bensoussan sur l’antisémitisme islamique tenus dans le cadre de l’émission «Réplique» animée par Alain Finkielkraut sur France Culture. On connaît la suite judiciaire. (…) Dans ce contexte délétère, la nomination de Marlène Schiappa au poste stratégique de secrétaire d’État aux droits des femmes illustre au-delà de toute désespérance les doutes que m’inspire le nouveau pouvoir et que je confessais déjà dans ma précédente chronique. Celle-ci se sera en effet illustrée dans un article (22/7/14 Huffington Post) dans lequel elle s’en prenait violemment à Manuel Valls pour avoir osé désigner, lors d’un discours de commémoration du 72e anniversaire de la rafle du Vel d’hiv, au lendemain d’exactions antijuives, l’antisémitisme islamique et la détestation d’Israël comme les principaux vecteurs de la criminalité judéophobe.: «Comme tant d’autres, je me sens visée par vos propos quand vous parlez de l’antisémitisme des quartiers populaires…» Difficile de ne pas constater dans ce déni borné, la régression intellectuelle en marche. C’est donc dans ce cadre idéologique d’occultation, de dénégation, de censure et de répression avérées que je veux enfin évoquer le sort funeste de Sarah Halimi, torturée et défenestrée par un musulman radical de 27 ans, le 4 avril dernier. Il est de mon devoir impérieux que je l’évoque puisque, très exactement pour les mêmes raisons que les affaires qui précèdent, celle-ci fait l’objet d’une sombre omerta dont les ressorts cachés viennent d’être démontés. Je connais bien le dossier, puisque la sœur de la défunte m’a demandé de la représenter. Je peux donc affirmer, en pleine connaissance de cause, que l’assassin présente le profil classique des criminels islamistes habituels: petit caïd bien connu des services de police du 11e arrondissement pour ses multiples condamnations, lui et sa bande faisaient régner la peur dans le quartier Bastille-Vaucouleurs. À plusieurs reprises, il avait insulté sa victime, qui le craignait, en la traitant de «sale juive». De multiples témoins et voisins attestent avoir entendu «Allah Akbar!» tandis qu’il s’acharnait sans fin sur la malheureuse, alors même que la police était depuis longtemps sur les lieux. Je dois encore constater, qu’alors que cet assassin exalté ne présentait aucun antécédent psychiatrique, en pleine période électorale, le processus habituel de psychiatrisation de l’assassin islamiste a été adopté. Celui-ci se trouve en conséquence dans un établissement de soins fermé et non une prison. Gilles-William Goldnadel 
Ce film est remarquable et arrive à point nommé. Certes, il révèle des réalités dérangeantes, les mêmes que je rencontre dans mon travail quotidien. Je suis surpris qu’une chaîne publique de la réputation d’Arte puisse avoir tant de problèmes avec le réel. Dans mon activité professionnelle j’exige constamment que l’on prenne conscience politiquement de cette réalité pour alimenter un débat public dans la société et faire face à ces nouveaux défis. C’est pourquoi je trouve ce film important et nécessaire. Ahmad Mansour (psychologue arabe-israélien installé en Allemagne, défenseur d’un Islam éclairé)
Il faut que vous compreniez que le sujet est très délicat en France. Nous sommes coincés entre les lobbies juif et musulman. C’est la raison pour laquelle la conclusion de ce documentaire doit rester indéterminée. Marco Nassivera (directeur de l’information d’Arte)
Il n’y a nulle trace de la coopération d’Ahmad Mansour, qui devait garantir l’équilibre du film, pas plus qu’il n’y a le panorama annoncé. Alain Le Diberder (directeur des programmes d’Arte)
Ce qui gêne, c’est la triste spécificité de notre pays : son antisémitisme d’ordre criminel.(…) cela n’est pas audible pour une partie des gens d’Arte, il y a une difficulté en France à accepter le réel tel qu’il est, le verbaliser puis s’y confronter. Catherine Dupeyron
La direction de la chaîne culturelle franco-allemande passe à la trappe un documentaire sur l’antisémitisme en Europe. Motif : on y met trop en lumière la haine antijuive qui progresse dans la sphère arabo-musulmane et dans une certaine gauche obsédée par l’antisionisme. On n’avait jamais vu cela dans l’histoire de la chaîne franco-allemande, qui va bientôt fêter son quart de siècle d’existence : le directeur des programmes, Alain Le Diberder, décide de ne pas diffuser un documentaire de quatre-vingt-dix minutes, produit et financé par Arte. Il s’agit du film Un peuple élu et mis à part : l’antisémitisme en Europe, écrit et réalisé par deux cinéastes allemands, Joachim Schroeder et Sophie Hafner. Ce projet était porté par le pôle allemand d’Arte, et plus précisément par la chaîne publique Westdeutscher Rundfunk (WDR), membre de l’ARD, la première chaîne allemande. Il avait été validé en avril 2015 par la conférence des programmes d’Arte, composée à parité de représentants des pôles français et allemand de la chaîne, auxquels s’ajoutent quelques membres venant des petites chaînes européennes partenaires (Autriche, Belgique, etc.). Cette validation s’était heurtée d’emblée à l’opposition d’Arte France, qui avait subodoré que son contenu n’était pas en adéquation avec la ligne éditoriale de la chaîne sur la question de l’antisémitisme. Pour la présidente, Véronique Cayla, le directeur des programmes Alain Le Diberder et leurs responsables de secteurs, la dénonciation de l’antisémitisme se limite à l’exploration répétitive de « ce ventre fécond dont est sorti la bête immonde », le nazisme archéo et néo, l’extrême droite dans toutes ses déclinaisons régionales, du FN français au Jobbik hongrois en passant par les néerlandais de Geert Wilders. Le film de Joachim Schroeder et Sophie Hafner reçut pourtant l’aval, de justesse, de la conférence des programmes après que les auteurs eurent accepté la suggestion de s’adjoindre comme coauteur Ahmad Mansour, un psychologue d’origine arabe israélienne exerçant depuis dix ans en Allemagne. Ce dernier est une personnalité reconnue outre-Rhin comme porte-parole d’un islam des Lumières, modéré et violemment hostile au djihadisme. Il joue dans le débat public allemand un rôle similaire à celui tenu naguère dans le débat français par le regretté Abdelwahab Meddeb. Le courant passe entre les cinéastes allemands et Mansour, mais ce dernier n’accepte qu’un rôle de conseiller de ce documentaire, son emploi du temps ne lui permettant pas de participer à de chronophages phases de tournage à l’étranger et à d’interminables séances de montage. Il suit toutefois régulièrement la progression de la réalisation du film et répond à toutes les demandes de conseils venant des réalisateurs. Dans l’esprit des dirigeants d’Arte, Mansour devait jouer le rôle de « commissaire politique » du film, veillant à ce que les auteurs restent bien dans les clous d’une vision de l’antisémitisme épargnant autant que faire se peut sa version arabo-islamique et ce nouvel antisémitisme des banlieues européennes. Il n’en a rien été, et Schroeder et Hafner, soutenus par la responsable de la coopération avec Arte au sein de la WDR, Sabine Rollberg, ont persévéré dans leur projet de démasquer cet antisémitisme qui se camoufle sous le masque de l’antisionisme. Le couperet tombe en février 2017, sous la forme d’une sèche lettre de refus de diffusion du documentaire ainsi motivée : « Le film achevé ne correspond pas sur des points essentiels au projet accepté par la conférence des programmes. Par ailleurs, on ne voit pas la trace de la collaboration d’Ahmad Mansour, qui devait garantir l’équilibre et l’impartialité du projet… » (…)  Mis en cause, Ahmad Mansour réplique vertement aux assertions d’Alain Le Diberder dans un courrier adressé à Sabine Rollberg. Après avoir confirmé qu’il avait bien décliné la fonction de coauteur pour des raisons personnelles et que le contenu du film avait été établi avec son accord (…) Ce film, je l’ai visionné. Eût-il été présenté aux journalistes dans le cadre d’une promotion classique des programmes de la chaîne, je n’aurais pas manqué d’en souligner les défauts formels, communs, d’ailleurs, à l’ensemble de la production documentariste germanique : un pédagogisme un peu lourd, redondance entre l’image et le commentaire, etc. Mais là n’est pas la question. Il est victime d’une censure purement idéologique, car il met en lumière de manière crue les liens entre la propagande islamiste, singulièrement celle diffusée par les diverses factions palestiniennes (Fatah et Hamas) et l’antisémitisme le plus traditionnel, accusant les juifs de tous les maux de la terre. Contrairement aux assertions d’Alain Le Diberder (…), le retour, en France et en Allemagne, de l’antisémitisme fasciste est bien présent dans le film, avec ses cohortes de crânes rasés et de blousons de cuir éructant des « Mort aux juifs ! » dans les rues de Berlin et de Paris… Mais ce qui gêne Arte aux entournures, c’est la démonstration implacable qu’il existe une continuité avec le discours propagandiste d’un Mahmoud Abbas déclarant devant le Parlement européen que « les Israéliens empoisonnent les sources de Cisjordanie pour faire fuir les paysans arabes de leurs terres ». Ce « fake news » digne d’un Donald Trump, cette vieille fable antisémite est reprise telle quelle dans des ONG allemandes, notamment au sein de la puissante Église protestante, qui finance de nombreux projets dans les territoires palestiniens, une aide souvent détournée pour alimenter les groupes terroristes et les officines de diffamation d’Israël par des mensonges dignes de Goebbels. Au péché de pro-israélisme, le film de Schroeder et Hafner ajoute, aux yeux des pontes d’Arte, celui d’antiprotestantisme primaire, rédhibitoire alors que l’Allemagne célèbre cette année le 500eanniversaire de la Réforme initiée par Martin Luther, ce philosémite bien connu… Ce film a dit la vérité, au moins une part de celle-ci trop longtemps occultée, il doit donc être exécuté. Autre manque de bon goût, il donne à voir, et à entendre, comment François Pupponi, maire (PS) de Sarcelles, se désole de voir le pacte républicain français battu en brèche par les islamistes radicaux et antisémites à l’œuvre sur sa commune… (…) Hélas, cette mise au pas idéologique, cette uniformisation d’Arte dans un discours formaté à l’aune du tiers-mondisme, de la repentance de l’homme blanc, de l’adoption sans réserve du narratif palestinien dans le traitement du conflit proche-oriental, du déni du réel vécu dans les« territoires perdus de la République », est devenue la règle … Luc Rosenzweig
Je vais donner un exemple français. Parce qu’on ne voit plus que la Shoah, on ne comprend pas que l’antisémitisme qui se développe en France n’est pas de même nature. Ca n’est pas nazi, ça n’est pas la Nuit de Cristal, c’est autre chose. Je vous donnerai un exemple. Dans ce domaine, qui illustre mon propos au moment du meurtre d’Ilan Halimi en 2006, qui est un meurtre crapuleux mais aussi un meurtre antisémite. Non, on a du mal à comprendre que l’histoire ne se répète jamais, absolument jamais, et que donc que les formes de l’antisémitisme et ou de tout autre phénomène d’ailleurs, sont toujours nouvelles. Ca nous empêche de penser le présent, si vous voulez. C’est ça, le paradoxe. Ce qui était normalement une leçon d’histoire qui nous permettrait de mieux comprendre le présent, nous empêche aujourd’hui de le comprendre. c’est à force de l’enseignement de ne présenter les juifs que comme des victimes, on finit par croire qu’il n’y a pas de civilisation juive et que les juifs n’ont pas de raison d’existence que pour mourir. (…) L’histoire du sionisme est totalement inculpé. Finalement, à force de présenter les juifs essentiellement comme de victimes, on les socialise comme des victimes et c’est une façon qu’en les défendant on finit presque par justifier la persécution à venir demain. Georges Bensoussan
Valeurs actuelles s’est procuré le documentaire. La partie relative à la France représente moins d’un tiers des images. Les réalisateurs donnent à voir des faits inhabituels pour les médias occidentaux : les montants disproportionnés des subventions allouées aux palestiniens, la corruption des ONG et agences onusiennes, la question des réfugiés juifs, l’antisémitisme criminel qui sévit en France… Autant de faits qu’Arte semble préférer occulter. (…) Pour la journaliste Catherine Dupeyron qui a travaillé sur les séquences en France (…) la chaine reproche au documentaire de ne pas se cantonner à l’antisémitisme traditionnel d’extrême droite et d’aborder le sujet de la haine des Juifs liée au conflit israélo-palestinien … Valeurs actuelles

Cachez cet antisémitisme que je ne saurai voir !

Alors qu’après le hold up électoral que l’on sait à la présidentielle

Entre, au premier comme au deuxième tour, assassinat politique et excommunication des adversaires …

Et la mise à l’écart de plus de la moitié des électeurs qui a suivi au premier tour des législatives …

La machine infernale médiatico-juridique est en train de dévorer à son tour ceux là mêmes qu’elle avait portés au pouvoir

Y compris, l’histoire est décidément sans pitié, le nouveau ministre de la justice

Au moment même où il s’apprête à présenter sa loi de moralisation de la vie publique …

Quel meilleur et plus inquiétant exemple …

De la continuation sous la présidence Macron

De ce déni du réel devenu devoir civique

Après l’occultation pendant la campagne de la défenestration par l’un de ses voisins musulmans d’une vieille dame juive en plein coeur de Paris …

Que ce reportage qu’Arte vient de déprogrammer …

Pour ne s’être pas « cantonné à l’antisémitisme traditionnel d’extrême droite » …

Et d’avoir révélé derrière la nouvelles alliance entre les gauchistes en perte de vitesse idéologique et leur nouveau prolétariat messianique chez les enfants d’immigrés musulmans …

La nature intrinsèquement antisémite de l’antisionisme actuel ?

CACHEZ CET ANTISÉMITISME QUE JE NE SAURAIS VOIR
Allegra
On sait maintenant la chape de plomb médiatique qui a pesé sur l’affaire du meurtre atroce de Sarah Halimi. Cet antisémitisme-là ne peut pas être mis en lumière. Parce qu’il l’avait illustré, Georges Bensoussan en a fait les frais. Comme on doit faire silence sur la traite négrière quand elle n’est pas le fait de l’Occident. Sinon, il vous en coûtera. Vous serez mis sur la sellette, et accusé de racisme.Ce que l’on connaît moins  c’est que la direction de la chaîne culturelle franco-allemande a volontairement passé à la trappe un documentaire sur l’antisémitisme en Europe. Seul motif: la haine antijuive…(celle qui sévit dans certains pays et dans une partie de la population française, pas celle qui existe souvent à l’extrême droite qui peut être nommée sans problème) était trop mise en lumière…Il s’agit ainsi d’une première dans l’histoire d’Arte. Son directeur de programme a décidé de ne pas diffuser un documentaire produit et payé par la chaîne de service public.Luc Rosenzweig, ex-journaliste à Libération, devenu rédacteur en chef adjoint du Monde et son correspondant en Allemagne jusqu’à sa retraite, explique que pour la présidente de la chaîne franco-allemande-passionnée, on le sait, par la Shoah- la dénonciation de l’antisémitisme se limite exclusivement à l’exploration de «ce ventre fécond dont est sortie la bête immonde». Méfiants devant le projet, les dirigeants de la chaîne avaient exigé sa supervision par un auteur réputé en la personne de l’Arabe israélien Ahmad Mansour pour garantir l’impartialité du projet. Celui-ci est furieux de la censure intervenue: «ce film est remarquable et arrive à point nommé. Certes, il révèle des réalités dérangeantes, les mêmes que je rencontre dans mon travail quotidien. Je suis surpris qu’une chaîne publique de la réputation d’Arte puisse avoir tant de problèmes avec le réel…»  (d’après William Goldnadel ici).Rosenzweig, qui a visionné le film, explique: «ce qui gêne Arte aux entournures, c’est la démonstration implacable qu’il existe une continuité entre le discours propagandiste d’un Mahmoud Abbas déclarant devant le Parlement européen que «les Israéliens empoisonnent les sources de Cisjordanie pour faire fuir les paysans arabes de leurs terres» et l’antisémitisme d’une partie des O.N.G. gauchistes ou d’églises protestantes allemandes».Marlène Schiappa, la nouvelle Secrétaire d’Etat chargée de l’Égalité femmes-hommes, s’empresse également  de pousser une certaine crasse antisémite sous le tapis, et elle peut alors bravement annoncer qu’il n’y a pas d’antisémitisme dans les quartiers populaires.Nos idéologues sont pris le nez dans le pot de confiture, et pourtant ils disent qu’ils n’ont jamais vu ce pot.Mais le déni de réalité est un dangereux cancer continuellement alimenté par des choix idéologiques. Les cancers tuent. Jusqu’où nous conduira celui-ci ?
Voir aussi:

Censure. Un documentaire portant sur l’antisémitisme arabo-musulman aurait dû être diffusé prochainement sur Arte. Mais la chaine franco-allemande a décidé de le déprogrammer. Outre-Rhin, la polémique enfle et on demande les images.
Rachel Binhas 
Valeurs actuelles
12 juin 2017

Depuis quelques semaines, la controverse autour du film Un peuple élu et mis à part : l’antisémitisme en Europe (Auserwählt und ausgegrenzt – Der Hass auf Juden in Europa) ne faiblit pas au pays de Goethe, bien au contraire. Bild, Frankfurter Allgemeine Zeitung, Der Spiegel… autant de titres allemands qui se sont emparés de l’affaire.

Le 26 avril dernier, Alain Le Diberder, directeur des programmes d’Arte, prenait la décision de ne pas diffuser un documentaire pourtant commandé deux ans auparavant. Ecrit et réalisé par deux cinéastes allemands, Joachim Schroeder et Sophie Hafner, le projet, financé par la chaine allemande WDR, avait pourtant reçu la bénédiction d’Arte lors de la conférence des programmes. De l’Allemagne à la France, en passant par Israël et les territoires palestiniens, le documentaire dresse le tableau de l’antisémitisme qui a cours dans les milieux d’extrême droite et arabo-musulmans, à Gaza ou dans les banlieues françaises. Et c’est là où le bât blesse…

La chaine, à l’aise quand il s’agit de dénoncer l’Holocauste, n’aurait pas apprécié l’accent mis sur l’antisémitisme qui se cache derrière une obsession antisioniste.

Bras de fer avec Arte

Déjà, en 2015, Joachim Schroeder s’était heurté aux objections d’Arte France qui voyait d’un mauvais œil la production d’un film dont la ligne éditoriale semblait diverger avec celle de la chaine. “Il faut que vous compreniez que le sujet est très délicat en France. Nous sommes coincés entre les lobbies juif et musulman. C’est la raison pour laquelle la conclusion de ce documentaire doit rester indéterminée” confiera le directeur de l’information d’Arte, Marco Nassivera, au cinéaste. Si Arte France est plus que réservé, Arte Allemagne appuie le projet. Cherchant à se rassurer, Alain Le Diberder exige un coauteur au film : Ahmad Mansour, psychologue arabe-israélien installé en Allemagne, défenseur d’un Islam éclairé. Par manque de temps, celui-ci proposera à Joachim Schroeder d’assurer une mission de consultant à chaque étape de la réalisation. Sophie Hafner cosignera les 90 minutes.

En décembre 2016, le film est envoyé à la direction de l’information d’Arte qui refuse de le traduire. Le couperet tombe : “Il n’y a nulle trace de la coopération d’Ahmad Mansour, qui devait garantir l’équilibre du film, pas plus qu’il n’y a le panorama annoncé” affirme Alain Le Diberder. Une première pour les réalisateurs.

Les images interdites

Valeurs actuelles s’est procuré le documentaire. La partie relative à la France représente moins d’un tiers des images. Les réalisateurs donnent à voir des faits inhabituels pour les médias occidentaux : les montants disproportionnés des subventions allouées aux palestiniens, la corruption des ONG et agences onusiennes, la question des réfugiés juifs, l’antisémitisme criminel qui sévit en France… Autant de faits qu’Arte semble préférer occulter.

“Je suis surpris qu’une chaîne publique renommée comme Arte ait un problème avec la réalité” réagit Ahmad Mansour. Pour la journaliste Catherine Dupeyron qui a travaillé sur les séquences en France, “ce qui gêne, c’est la triste spécificité de notre pays : son antisémitisme d’ordre criminel.” Selon elle, la chaine reproche au documentaire de ne pas se cantonner à l’antisémitisme traditionnel d’extrême droite et d’aborder le sujet de la haine des Juifs liée au conflit israélo-palestinien : “cela n’est pas audible pour une partie des gens d’Arte, regrette-t-elle, il y a une difficulté en France à accepter le réel tel qu’il est, le verbaliser puis s’y confronter.”

Seul espoir à présent, que la chaine WDR, voyant la polémique grandir, trouve un accord avec Alain Le Diberder pour diffuser les 90 minutes. “J’ai espoir que les choses évoluent” confie Joachim Schroeder. Désormais, la balle est dans le camp d’Arte.

Voir également:

Antisémitisme en banlieue: Arte censure un documentaire

Pas en adéquation avec sa ligne éditoriale…

Luc Rosenzweig
Causeur

01 juin 2017

La direction de la chaîne culturelle franco-allemande passe à la trappe un documentaire sur l’antisémitisme en Europe. Motif : on y met trop en lumière la haine antijuive qui progresse dans la sphère arabo-musulmane et dans une certaine gauche obsédée par l’antisionisme.

On n’avait jamais vu cela dans l’histoire de la chaîne franco-allemande, qui va bientôt fêter son quart de siècle d’existence : le directeur des programmes, Alain Le Diberder, décide de ne pas diffuser un documentaire de quatre-vingt-dix minutes, produit et financé par Arte.

Il s’agit du film Un peuple élu et mis à part : l’antisémitisme en Europe, écrit et réalisé par deux cinéastes allemands, Joachim Schroeder et Sophie Hafner. Ce projet était porté par le pôle allemand d’Arte, et plus précisément par la chaîne publique Westdeutscher Rundfunk (WDR), membre de l’ARD, la première chaîne allemande.

Il avait été validé en avril 2015 par la conférence des programmes d’Arte, composée à parité de représentants des pôles français et allemand de la chaîne, auxquels s’ajoutent quelques membres venant des petites chaînes européennes partenaires (Autriche, Belgique, etc.). Cette validation s’était heurtée d’emblée à l’opposition d’Arte France, qui avait subodoré que son contenu n’était pas en adéquation avec la ligne éditoriale de la chaîne sur la question de l’antisémitisme. Pour la présidente, Véronique Cayla, le directeur des programmes Alain Le Diberder et leurs responsables de secteurs, la dénonciation de l’antisémitisme se limite à l’exploration répétitive de « ce ventre fécond dont est sorti la bête immonde », le nazisme archéo et néo, l’extrême droite dans toutes ses déclinaisons régionales, du FN français au Jobbik hongrois en passant par les néerlandais de Geert Wilders.

Sur Arte, la dénonciation de l’antisémitisme se limite à parler du nazisme et à mettre en accusation toutes les déclinaisons de l’extrême droite, du FN à Geert Wilders

Le film de Joachim Schroeder et Sophie Hafner reçut pourtant l’aval, de justesse, de la conférence des programmes après que les auteurs eurent accepté la suggestion de s’adjoindre comme coauteur Ahmad Mansour, un psychologue d’origine arabe israélienne exerçant depuis dix ans en Allemagne. Ce dernier est une personnalité reconnue outre-Rhin comme porte-parole d’un islam des Lumières, modéré et violemment hostile au djihadisme. Il joue dans le débat public allemand un rôle similaire à celui tenu naguère dans le débat français par le regretté Abdelwahab Meddeb. Le courant passe entre les cinéastes allemands et Mansour, mais ce dernier n’accepte qu’un rôle de conseiller de ce documentaire, son emploi du temps ne lui permettant pas de participer à de chronophages phases de tournage à l’étranger et à d’interminables séances de montage. Il suit toutefois régulièrement la progression de la réalisation du film et répond à toutes les demandes de conseils venant des réalisateurs.

Dans l’esprit des dirigeants d’Arte, Mansour devait jouer le rôle de « commissaire politique » du film, veillant à ce que les auteurs restent bien dans les clous d’une vision de l’antisémitisme épargnant autant que faire se peut sa version arabo-islamique et ce nouvel antisémitisme des banlieues européennes.

Il n’en a rien été, et Schroeder et Hafner, soutenus par la responsable de la coopération avec Arte au sein de la WDR, Sabine Rollberg, ont persévéré dans leur projet de démasquer cet antisémitisme qui se camoufle sous le masque de l’antisionisme. Le couperet tombe en février 2017, sous la forme d’une sèche lettre de refus de diffusion du documentaire ainsi motivée : « Le film achevé ne correspond pas sur des points essentiels au projet accepté par la conférence des programmes. Par ailleurs, on ne voit pas la trace de la collaboration d’Ahmad Mansour, qui devait garantir l’équilibre et l’impartialité du projet… » (Cet extrait est une traduction de la lettre adressée en allemand aux responsables du pôle allemand d’Arte, dont la direction, contactée par nos soins, a refusé de nous transmettre sa version originale en français.) Précisons qu’Alain Le Diberder ne parle pas un mot d’allemand, et que le film qu’il condamne n’a pas de version française…

Un film remarquable

Mis en cause, Ahmad Mansour réplique vertement aux assertions d’Alain Le Diberder dans un courrier adressé à Sabine Rollberg. Après avoir confirmé qu’il avait bien décliné la fonction de coauteur pour des raisons personnelles et que le contenu du film avait été établi avec son accord, il poursuit : « Ce film est remarquable et arrive à point nommé. Certes, il révèle des réalités dérangeantes, les mêmes que je rencontre dans mon travail quotidien. Je suis surpris qu’une chaîne publique de la réputation d’Arte puisse avoir tant de problèmes avec le réel. Dans mon activité professionnelle j’exige constamment que l’on prenne conscience politiquement de cette réalité pour alimenter un débat public dans la société et faire face à ces nouveaux défis. C’est pourquoi je trouve ce film important et nécessaire. »

Ce film, je l’ai visionné. Eût-il été présenté aux journalistes dans le cadre d’une promotion classique des programmes de la chaîne, je n’aurais pas manqué d’en souligner les défauts formels, communs, d’ailleurs, à l’ensemble de la production documentariste germanique : un pédagogisme un peu lourd, redondance entre l’image et le commentaire, etc. Mais là n’est pas la question. Il est victime d’une censure purement idéologique, car il met en lumière de manière crue les liens entre la propagande islamiste, singulièrement celle diffusée par les diverses factions palestiniennes (Fatah et Hamas) et l’antisémitisme le plus traditionnel, accusant les juifs de tous les maux de la terre. Contrairement aux assertions d’Alain Le Diberder (dont nous publions ci-dessous la réponse à nos questions), le retour, en France et en Allemagne, de l’antisémitisme fasciste est bien présent dans le film, avec ses cohortes de crânes rasés et de blousons de cuir éructant des « Mort aux juifs ! » dans les rues de Berlin et de Paris…

Mais ce qui gêne Arte aux entournures, c’est la démonstration implacable qu’il existe une continuité avec le discours propagandiste d’un Mahmoud Abbas déclarant devant le Parlement européen que « les Israéliens empoisonnent les sources de Cisjordanie pour faire fuir les paysans arabes de leurs terres ». Ce « fake news » digne d’un Donald Trump, cette vieille fable antisémite est reprise telle quelle dans des ONG allemandes, notamment au sein de la puissante Église protestante, qui finance de nombreux projets dans les territoires palestiniens, une aide souvent détournée pour alimenter les groupes terroristes et les officines de diffamation d’Israël par des mensonges dignes de Goebbels. Au péché de pro-israélisme, le film de Schroeder et Hafner ajoute, aux yeux des pontes d’Arte, celui d’antiprotestantisme primaire, rédhibitoire alors que l’Allemagne célèbre cette année le 500eanniversaire de la Réforme initiée par Martin Luther, ce philosémite bien connu… Ce film a dit la vérité, au moins une part de celle-ci trop longtemps occultée, il doit donc être exécuté. Autre manque de bon goût, il donne à voir, et à entendre, comment François Pupponi, maire (PS) de Sarcelles, se désole de voir le pacte républicain français battu en brèche par les islamistes radicaux et antisémites à l’œuvre sur sa commune…

Une mise au pas idéologique d’Arte

Cette lamentable affaire pourrait être une péripétie, un dérapage isolé au sein d’une institution médiatique publique, comme il ne peut manquer de s’en produire dans un monde soumis aux tensions et pressions à l’œuvre dans les sphères du pouvoir et dans la société.

Hélas, cette mise au pas idéologique, cette uniformisation d’Arte dans un discours formaté à l’aune du tiers-mondisme, de la repentance de l’homme blanc, de l’adoption sans réserve du narratif palestinien dans le traitement du conflit proche-oriental, du déni du réel vécu dans les« territoires perdus de la République », est devenue la règle depuis le départ de Jérôme Clément et de ses principaux collaborateurs de la direction d’Arte. En témoigne l’exclusion des programmes de Daniel Leconte, producteur depuis deux décennies de documentaires pour des soirées Thema qui abordaient, sans complexes ni inhibitions, ce type de sujets dérangeants. La nouvelle présidente d’Arte, Véronique Cayla, voulait explicitement la peau de Leconte dès son arrivée. Et elle l’a eue. Dans le milieu des auteurs et producteurs de documentaires, il est maintenant acté qu’il y a des sujets impossibles à faire passer sur Arte. Seules la dureté du marché et la rareté des cases documentaires sur les chaînes de télé les retiennent, pour l’instant, de dénoncer publiquement cet état de fait.

Sabine Rollberg, elle aussi, jette l’éponge. Elle a demandé sa mise en retraite anticipée de la WDR, qui interviendra cet automne. Cette parfaite francophone, qui a participé à l’aventure d’Arte depuis sa création en 1992, est fatiguée de se battre, telle la chèvre de M. Seguin, contre le pôle allemand d’Arte qui considère cette chaîne comme une vache à lait destinée à financer des programmes conçus pour le seul public allemand, et une direction française qui a une conception du pluralisme dans la culture et l’information plus proche de celles d’unVladimir Poutine et d’un Recep Tayyip Erdogan que d’une grande démocratie occidentale.

Réponse d’Alain Le Diberder, directeur des programmes d’Arte GEIE, à Causeur

Strasbourg, 5 mai 2017

ARTE, chaîne franco-allemande, n’est pas une chaîne comme les autres, au sens où ses programmes proviennent de plusieurs pôles, répartis sur une quinzaine de sites en France et en Allemagne. Dès lors, depuis 25 ans, elle a dû adopter un fonctionnement original par rapport à ses confrères, certes plus lourd mais tout à fait transparent et contrôlable par tous. Une conférence des programmes, composée de quatre Allemands et de quatre Français, se réunit une fois par mois et accepte des projets après concertation. Par ses textes fondateurs, ARTE s’interdit de diffuser un programme qui n’a pas été accepté par la conférence, ou qui ne serait pas tel qu’il a été accepté par la conférence.

ARTE, chaîne résolument engagée contre l’antisémitisme, comme 25 ans de programmation en font foi, a ainsi accepté la proposition de la chaîne allemande WDR d’un programme présentant un panorama de la montée récente de l’antisémitisme en Europe. Il devait s’intégrer aux nombreuses émissions qu’ARTE consacre à l’Europe, autre thème cher à la chaîne, en particulier en cette année 2017 aux enjeux particulièrement importants. Le programme qui a été livré porte essentiellement sur le Moyen-Orient. Nous ne pouvions donc pas l’accepter. Cette position n’a rien à voir avec un quelconque jugement sur la qualité du film, et encore moins sur les thèses qu’il défend. Mais nous ne pouvons pas laisser l’initiative à un tiers de ne pas respecter nos procédures, quel que soit le thème du film, et de décider tout seul ce que nous devons ou pouvons diffuser. Ces « procédures » ne sont pas bureaucratiques, mais sont destinées au contraire à éviter tout arbitraire. Il ne s’agit donc pas d’un « blocage de la diffusion » ni d’un quelconque jugement de fond, mais bien de l’exercice de nos responsabilités collectives, dans le cadre de nos textes fondateurs. 

Voir de plus:

Franco-German TV network drops film on antisemitism because it is ‘pro-Israel’

Benjamin Weinthal
The Jerusalem Post
June 7, 2017

Television network ARTE is facing some serious backlash after deciding to drop a film it commissioned about antisemitism in Europe.

An image from the film that was dropped because it depicted antisemitism in a « pro-Israel » light. . (photo credit:screenshot)

Editors from the Franco- German TV network ARTE have reneged on showing a widely acclaimed documentary on the explosion of lethal antisemitism in Europe, because the film is considered pro-Israel.

ARTE commissioned the 90-minute documentary, Chosen and Excluded – Jew Hatred in Europe, in 2015.

Joachim Schroeder, who filmed the documentary, told The Jerusalem Post on Tuesday that the editors failed to recognize that “modern antisemitism is anti-Zionism.”

He added that there is fierce opposition within European television outlets to refrain from bashing Israel.

“You can’t make a film on antisemitism without saying every three minutes that the Palestinians are the victims of Israelis.”

Le Monde wrote in its headline about the row: “ARTE, a hint of the censor.”

Schroeder, along with Sophie Hafner from his Munich-based Preview Production company, covered the most serious outbreaks of violent antisemitism in Europe in the film, including the Islamic-animated murders of French Jews and Israelis in Belgium and France.

European political support of antisemitism targeting Israel is presented in the film, including a speech by the Palestinian Authority’s Mahmoud Abbas who told European lawmakers that rabbis urged Israel’s government to poison Arab water supplies.

The European Parliament rewarded Abbas with a standing ovation.

According to The New York Times, Abbas’s speech of June 23, 2016, recalled “antisemitic claims that led to the mass killings of European Jews in medieval times.” Martin Schulz, then-president of the European Parliament and currently the Social Democratic challenger to Chancellor Angela Merkel for the leadership of the German government, praised Abbas’s speech.

The film shows the growth of the BDS campaign targeting the Jewish state. The research into the film covered a BDS event in Munich, which in 2015 provided city-funded space to Christoph Glanz, a leading BDS advocate, to call for the boycott of Israel.

The Simon Wiesenthal Center cited Glanz, a public school teacher in the northern city of Oldenburg, in its list of the Top Ten Worst Anti-Semitic/ Anti-Israel Incidents in 2016.

“Glanz, who has tried posing as a Jew to avoid charges of antisemitism, recently called for the eradication of the State of Israel and relocation of its Jews to southwestern Germany,” the Wiesenthal Center noted.

Leading experts on antisemitism, Islamism and German history endorsed the film as an outstanding exposé on the new forms of antisemitism plaguing Europe.

Writing in the Berliner Zeitung daily, Götz Aly, a German historian who has written books about antisemitism, said ARTE’s decision to not show the film “stinks to high heaven.” He spoke of a censor at work. ARTE and its sister outlet in Germany, WDR, are publicly funded outlets.

Israeli-Arab psychologist Ahmed Mansour, in an email to Sabine Rollberg, the Cologne-based editor-in-chief of WDR/ARTE, said the film was “great” and “long-overdue.”

Mansour lives in Germany and is an expert on radicalization among Muslims.

Rollberg faced massive criticism because she voted at an editorial meeting to show the film. According to German media reports, ARTE editors ultimately decided not to show Chosen and Excluded – Jew Hatred in Europe because “The film is a provocation,” “The film pours oil into the fire,” “The film shouldn’t be shown because of terrorism,” “The film is anti-Protestant, anti-Muslim and pro-Israeli,” “The film is biased.”

ARTE, in a statement on Tuesday, said the accusation of antisemitism leveled against it is “grotesque,” and that for it “can attest to its engagement against antisemitism for the past 25 years and it will continue to do so in the future.”

ARTE claimed that Schroeder violated its program plan and focused largely on the Middle East, and did not address antisemitism in Norway, Sweden, the UK, Hungary and Greece.

Schroeder flatly denied ARTE’s account, saying that he delivered by filming antisemitism in Germany and France. A 90-minute film can’t possibly cover antisemitism “from Oslo to Minsk,” he added.

WDR said it “respects ARTE’s decision” and “rejects the accusation of antisemitism.”

Alex Feuerherdt, a journalist who has written extensively on German antisemitism, rejected ARTE’s assertion that it fights antisemitism. “ARTE has always in the past showed films in its program that present Israel in a dark light,” he noted.

A Post query to Tom Buhrow, the head of WDR in Cologne, was not immediately returned.

Voir encore:

G-W Goldnadel : « Ce que révèle l’indifférence vis-à-vis de la mort de Sarah Halimi »
Gilles William Goldnadel
Le Figaro
22/05/2017

FIGAROVOX/CHRONIQUE – Dans sa chronique, Gilles-William Goldnadel dénonce l’occultation de la réalité qui entoure le « nouvel antisémitisme » en France. Avocat de la famille de Sarah Halimi, il revient notamment sur son assassinat, d’une violence inouïe.


Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l’association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l’actualité pour FigaroVox.


L’idéologie est un génie. Un mauvais génie, mais c’est un génie. Il gouverne sans bruit les esprits, ouvre des portes et en cadenasse d’autres plus hermétiquement que celle de la plus scellée des cellules.

C’est l’idéologie qui a privilégié le débat économique durant la campagne présidentielle et a dissimulé sous le tapis les questions identitaires, sécuritaires, migratoires et islamiques. C’est la même idéologie qui aura fait resurgir des limbes Vichy , le Vel’ d’Hiv’ et le combat antifasciste. Seule cette idéologie innomée aura réussi à maintenir un tel surmoi paralysant que même la candidate qui aurait eu le plus grand intérêt électoral à privilégier la question migratoire sur la question économique, ne l’aura qu’à peine évoquée.

Pour ceux qui douteraient encore des menées délibérées comme de la puissance de cette idéologie de l’occultation des thèmes dérangeants, rien de mieux- ou de pire- que des exemples aussi récents qu’irréfutables.

C’est ainsi que je conseille aux germanophones le Berliner Zeitung de la semaine passée. Pour ceux qui sont peu familiers de la langue allemande, je recommande la lecture édifiante d’un article de Causeur publié le mercredi 17 mai et intitulé «Arte, la chaîne des maîtres censeurs».

Son auteur s’appelle Luc Rosenzweig. Après avoir officié longtemps dans les colonnes du journal Libération, il est devenu rédacteur en chef adjoint du Monde et son correspondant en Allemagne jusqu’à sa retraite.

Il confirme que la direction de la chaîne culturelle franco-allemande a volontairement passé à la trappe un documentaire sur l’antisémitisme en Europe. Seul motif: la haine antijuive arabo-musulmane était trop mise en lumière…

Il s’agit ainsi d’une première dans l’histoire d’Arte. Son directeur de programme a décidé de ne pas diffuser un documentaire produit et payé par la chaîne de service public.

Rosenzweig explique que pour la présidente de la chaîne franco-allemande-passionnée, on le sait, par la Shoah- la dénonciation de l’antisémitisme se limite exclusivement à l’exploration de «ce ventre fécond dont est sortie la bête immonde». Méfiants devant le projet, les dirigeants de la chaîne avaient exigé sa supervision par un auteur réputé en la personne de l’Arabe israélien Ahmad Mansour pour garantir l’impartialité du projet. Celui-ci est furieux de la censure intervenue: «ce film est remarquable et arrive à point nommé. Certes, il révèle des réalités dérangeantes, les mêmes que je rencontre dans mon travail quotidien. Je suis surpris qu’une chaîne publique de la réputation d’Arte puisse avoir tant de problèmes avec le réel…»

Ainsi que Rosenzweig, qui a visionné le film, l’explique: «ce qui gêne Arte aux entournures, c’est la démonstration implacable qu’il existe une continuité entre le discours propagandiste d’un Mahmoud Abbas déclarant devant le Parlement européen que «les Israéliens empoisonnent les sources de Cisjordanie pour faire fuir les paysans arabes de leurs terres» et l’antisémitisme d’une partie des O.N.G. gauchistes ou d’églises protestantes allemandes».

Autre faute de goût impardonnable, le film censuré aurait donné à voir comment le courageux François Pupponi, maire socialiste de Sarcelles, se désole de voir le pacte républicain français battu en brèche par les islamistes radicaux et antisémites à l’œuvre sur cette commune… visitée récemment de manière autrement plus consensuelle par notre nouveau président de la république.

Dans la même implacable logique d’occultation idéologique, on apprenait (Marianne, 26 avril 2017) que le CSA avait décidé d’ouvrir l’instruction d’un dossier à l’encontre d’Ivan Rioufol, éditorialiste au Figaro, pour avoir osé reprendre sur la chaîne C News, le sondage de l’institut Montaigne démontrant que «27 % des Français musulmans et 50 % des jeunes musulmans des cités se réclamaient au bout du compte de l’idéologie de l’État islamique»

On se souvient que c’est le même CSA qui s’était saisi des propos de Georges Bensoussan sur l’antisémitisme islamique tenus dans le cadre de l’émission «Réplique» animée par Alain Finkielkraut sur France Culture. On connaît la suite judiciaire.

Je précise, pour mettre en perspective, que le CSA ne s’était pas saisi, pas plus qu’il n’a encore répondu à ma saisine, des appels au meurtre d’un président démocratiquement élu à la présidence des Etats-Unis tenus par Laurent Ruquier sur la deuxième chaîne nationale de service public.

Dans ce contexte délétère, la nomination de Marlène Schiappa au poste stratégique de secrétaire d’État aux droits des femmes illustre au-delà de toute désespérance les doutes que m’inspire le nouveau pouvoir et que je confessais déjà dans ma précédente chronique.

Celle-ci se sera en effet illustrée dans un article (22/7/14 Huffington Post) dans lequel elle s’en prenait violemment à Manuel Valls pour avoir osé désigner, lors d’un discours de commémoration du 72e anniversaire de la rafle du Vel d’hiv, au lendemain d’exactions antijuives, l’antisémitisme islamique et la détestation d’Israël comme les principaux vecteurs de la criminalité judéophobe.: «Comme tant d’autres, je me sens visée par vos propos quand vous parlez de l’antisémitisme des quartiers populaires…»

Difficile de ne pas constater dans ce déni borné, la régression intellectuelle en marche.

C’est donc dans ce cadre idéologique d’occultation, de dénégation, de censure et de répression avérées que je veux enfin évoquer le sort funeste de Sarah Halimi, torturée et défenestrée par un musulman radical de 27 ans, le 4 avril dernier.

Il est de mon devoir impérieux que je l’évoque puisque, très exactement pour les mêmes raisons que les affaires qui précèdent, celle-ci fait l’objet d’une sombre omerta dont les ressorts cachés viennent d’être démontés.

Je connais bien le dossier, puisque la sœur de la défunte m’a demandé de la représenter.

Je peux donc affirmer, en pleine connaissance de cause, que l’assassin présente le profil classique des criminels islamistes habituels: petit caïd bien connu des services de police du 11e arrondissement pour ses multiples condamnations, lui et sa bande faisaient régner la peur dans le quartier Bastille-Vaucouleurs.

À plusieurs reprises, il avait insulté sa victime, qui le craignait, en la traitant de «sale juive».

De multiples témoins et voisins attestent avoir entendu «Allah Akbar!» tandis qu’il s’acharnait sans fin sur la malheureuse, alors même que la police était depuis longtemps sur les lieux.

Je dois encore constater, qu’alors que cet assassin exalté ne présentait aucun antécédent psychiatrique, en pleine période électorale, le processus habituel de psychiatrisation de l’assassin islamiste a été adopté. Celui-ci se trouve en conséquence dans un établissement de soins fermé et non une prison.

Mais ce qui serre le plus le cœur de l’homme et de l’avocat, ce qui révolte son esprit, ce qui fait chavirer son âme pourtant douloureusement habituée, s’appelle l’indifférence publique.

Je ne parle pas de l’opinion. La malheureuse est égarée depuis trop longtemps par ceux qui la font et la trompent, et lui montrent ce qu’ils veulent, et lui cachent ce qu’ils ne veulent montrer.

L’idéologie est un mauvais génie.

Elle s’appelait Sarah Halimi.

Voir par ailleurs:

Meurtre de Sarah Halimi : un appel pour que la lumière soit faite

Une quinzaine d’intellectuels français ont signé un appel pour que la vérité autour de ce meurtre soit enfin dite. L’essayiste Céline Pina nous explique pourquoi.

Le Point

02/06/2017

Au fur et à mesure que l’enquête avance, la dimension antisémite se fait de plus en plus évidente. On est alors plusieurs à se dire que cette femme ne méritait pas de disparaître dans un silence aussi pesant. Fallait-il renoncer à qualifier cette réalité par peur de faire monter le FN ? C’est une logique qui me semble dangereuse et signer cette pétition, proposée par Alexandre Devecchio et Naomi Hal, nous a offert une forme de rédemption.

Pensez-vous que l ‘institution judiciaire a fait preuve d ‘un doute coupable sur ce dossier ?

L’institution judiciaire a été prudente, elle a pu douter et se dire qu’il fallait calmer le jeu. Pour autant, il me semblerait malvenu de mettre en accusation le procureur Molins. Le contexte était inflammable et violent, nous avons tous été lents à la détente. L’erreur est humaine, on se réveille un peu tard, il nous faut maintenant agir. Nous voulons savoir pourquoi la police n’est pas intervenue et demandons la requalification des faits.

Est-ce un meurtre à caractère antisémite ? Un acte terroriste ? Un coup de folie ?

Les éléments dont nous disposons aujourd’hui conduisent à penser qu’il s’agit d’un meurtre à caractère nettement antisémite. Le profil du meurtrier indique que cet antisémitisme semble avoir été cultivé par des islamistes qui, comme tous les radicaux, ont besoin d’ennemis pour exister…

Voir aussi:

Ferrand, Sarnez, Bayrou… La spirale sans fin de la moralisation

Même sans suite judiciaire, les soupçons sur l’exemplarité des ministres sont devenus un motif d’appel à la démission. Pour le meilleur et pour le pire
Geoffroy Clavel
The Huffington Post
31/05/2017

POLITIQUE – « Je ne me retirerai pas. J’ai ma conscience pour moi, je ne suis pas mis en cause par la justice. » Une semaine après la parution de l’article du Canard Enchaîné le mettant en cause, Richard Ferrand en est réduit à répéter inlassablement ces deux mêmes arguments. Malgré un mélange des genres manifeste entre ses activités professionnelles et sa vie privée, il n’a, a priori, rien fait d’illégal. En l’état actuel des choses, il n’est la cible d’aucune procédure judiciaire, le parquet de Brest ayant estimé qu’aucun des faits portés à sa connaissance ne justifiaient ne serait-ce que l’ouverture d’une enquête préliminaire.

Problème: ces critères ne suffisent pas, ne suffisent plus devrait-on dire, à éteindre l’incendie d’une polémique qui parasite les premiers pas du gouvernement Philippe et fragilise chaque jour un peu plus le ministre de la Cohésion des territoires.

Car le débat sur la moralisation de la vie publique (le terme à son importance) a depuis très largement dépassé le cadre normé des procédures judiciaires et des prétoires pour s’installer sur le terrain beaucoup plus mouvant de la morale publique.

La polémique Ferrand n’est pas l’affaire Fillon: et alors?

Voilà sept jours que les ténors du parti présidentiel et de l’exécutif se relaient dans les médias pour marteler que le « débat Ferrand » n’a strictement rien à voir avec « l’affaire Fillon ». L’ancien premier ministre était accusé d’avoir détourné de l’argent public, Ferrand rappelle qu’il était à la tête d’un organisme privé. Fillon se voyait reprocher d’avoir embauché des proches à des postes fictifs, Ferrand démontre que l’appel d’offres remporté par sa femme a été validé par son conseil d’administration et a bien été honoré. Le Parquet national financier s’était immédiatement saisi du cas Fillon, il s’est déclaré incompétent pour celui de Ferrand. Fillon avait promis de se retirer s’il était mis en examen avant de se raviser, Ferrand ne fait l’objet d’aucune plainte ni d’aucune poursuite.

Et alors? Tout en rappelant que seule une mise en examen entraînera automatiquement la démission d’un de ses ministres, le premier ministre Edouard Philippe se voit lui-même contraint de reconnaître que « l’exaspération des Français » à l’égard de leur classe politique compte désormais au moins autant que les faits. « J’ai parfaitement conscience que des usages et des comportements passés qui ne sont pas illégaux mais qui ne sont plus acceptés aujourd’hui, ne peuvent plus être tolérés », a convenu le chef du gouvernement sur France2. Autrement dit, le problème n’est plus légal, il est moral et donc essentiellement politique.

C’est précisément ce que pilonnent les adversaires de l’exécutif qui, tout en constatant l’absence de faits répréhensibles par la loi, placent l’affaire Ferrand sur le plan d’une exemplarité de principe. « Ça n’est pas illégal mais c’est moralement insupportable », a résumé l’ancien candidat à la présidentielle socialiste Benoît Hamon. « La loi, elle ne suffit pas, il faut un climat de confiance. Il faut trouver un moyen d’éradiquer le doute », a renchéri la députée LR Nathalie Kosciusko-Morizet.

Les Français ne leurs donnent pas tort. 70% des personnes interrogées par Harris Interactive pour RMC et Atlantico estiment que le ministre de la Cohésion des territoires doit démissionner contre 30% qui estiment qu’il peut rester en place. D’après cette enquête, 73% des personnes interrogées jugent que les faits reprochés à Richard Ferrand sont graves.

Une dénonciation politique se mue en motif de démission

Effet pervers? Cette soif inextinguible de « moralisation » fait reposer sur les épaules des responsables politiques un impératif d’exemplarité aux contours fluctuants, certains comportements tolérés dans une entreprise privée étant désormais proscrits dans le domaine politique. « Dans les entreprises, vous ne croyez pas que l’on prend de préférence pour les jobs d’été les enfants des employés de l’entreprise? », a rappelé sur Europe1 le député René Dosière, « inquiet » de voir une morale politique s’appliquer à la vie privée des élus.

« On a l’impression que tout comportement de type privé se trouve mis et jugé sur la place publique. Au nom de quoi? Au nom de la morale. […] On en a rien à faire de la morale », a-t-il mis en garde en pointant le risque de « chasse à l’homme ».

De fait, l’exemplarité de principe qui est exigée d’eux place les responsables politiques la merci de la moindre manoeuvre de déstabilisation. Visée comme une vingtaine d’autres eurodéputés par la dénonciation d’une eurodéputée FN qui leur reproche l’embauche d’assistants cumulant travail au Parlement et fonctions politiques, la ministre des Affaires européennes Marielle de Sarnez fait l’objet d’une enquête préliminaire du parquet de Paris. Une procédure judiciaire censée vérifier si les faits dénoncés sont potentiellement répréhensibles.

La ministre a eu beau, comme nombre de ses collègues mis en cause, porter plainte pour dénonciation calomnieuse, le soupçon jeté par une adversaire politique, dont le parti est lui-même poursuivi pour des faits similaires, suffit à lui seul à remettre en cause sa place au sein du gouvernement. Selon l’étude Harris Interactive, 65% des Français jugent que les faits qui lui sont reprochés sont graves. 62% estiment qu’elle devrait démissionner.

La mise en examen, un critère bancal de démission

Pour l’heure, le gouvernement fait mine de résister à cette pression « moralisatrice ». Le premier ministre chercherait même à éviter à tout prix d’utiliser le mot. Cité par Le Canard Enchaîné, Edouard Philippe aurait insisté pour que la grande loi en préparation ne contienne pas le terme « moralisation » dans son intitulé: « Il pourrait revenir comme un boomerang ». Il n’est pas le seul.

Même la mise en examen, désignée comme un élément objectif pour contraindre un ministre à la démission, est un critère bancal pour juger de la probité d’un responsable politique. Poursuivi en diffamation par une association paloise pour des propos tenus en 2015 lors d’un conseil communautaire, le ministre de la Justice François Bayrou est mis en examen. Doit-il se démettre de ses fonctions comme le réclament certains de ses opposants dans l’attente d’un procès programmé… en 2019?

Si tel était le cas, il suffirait alors à l’opposition ou à n’importe quel citoyen d’attaquer les ministres pour diffamation ou injure publique afin d’obtenir leur départ, ces deux procédures entraînant automatiquement une mise en examen.

Voir de même:

Gilles Kepel : « Les islamo-gauchistes, ces charlatans ! »

Dans l’entretien qu’il nous accordait à l’occasion de la sortie de son livre « la Fracture », Gilles Kepel accusait une partie des intellectuels de gauche, idéologues utiles des islamistes, de minimiser le phénomène djihadiste. Une cécité criminelle, dénonce le spécialiste de l’islam.

Sara Daniel
L’Obs
02 novembre 2016

Directeur de la chaire Moyen-Orient-Méditerranée à l’Ecole normale supérieure et professeur à Sciences-Po, Gilles Kepel publie cette semaine chez Gallimard « la Fracture », un livre conçu autour des chroniques radiophoniques qu’il a tenues chaque semaine sur France-Culture. Entretien.

Dans votre livre, vous dénoncez violemment « les autruches de la pensée dénégationniste », qui situent la cause du mal absolu dans l’islamophobie, notion que les islamistes et leurs compagnons de route ont fini par imposer pour interdire, dites-vous, tout débat sur la deuxième religion de France. A l’heure où le débat politique sur l’islam n’en finit pas de se crisper, y avait-il urgence à dénoncer le fonctionnement de ceux que vous qualifiez d' »islamo-gauchistes » ?

Oui, car ces intellectuels tétanisés par la culpabilité postcoloniale battent la campagne médiatique. Ils font de l’islamophobie le ressort exclusif des grandes manifestations antiterroristes du 11 janvier… Proclamer « Je suis Charlie », c’est pour eux faire acte d’islamophobie ! Cette cécité les conduit à minimiser le péril djihadiste de peur de désespérer Molenbeek comme les compagnons de route du Parti communiste s’interdisaient de dénoncer les exactions du stalinisme de peur de « désespérer Billancourt ».

Par-delà l’organisation terroriste Daech, qui a fracturé la cohésion rêvée de la patrie, je crois que deux forces de désintégration sont à l’œuvre dans la société française. D’une part, les mouvements communautaristes, qui font prévaloir l’appartenance religieuse et ses marqueurs dans l’espace public. De l’autre, une conception identitaire et étroite de la France, dont le fond est ethno-racial et xénophobe.

Mon livre est destiné à nourrir le grand débat de société qui doit absolument précéder les élections présidentielle et législatives de 2017. En tant qu’universitaire travaillant sur ces enjeux depuis trois décennies, je me livre à une analyse sans dramatisation mais sans complaisance du défi mortel que pose le djihadisme à notre pays et que cherchent à occulter une partie de nos intellectuels de gauche.

Selon vous, la fracture culturelle et civilisationnelle de la société française apparaît à la faveur des attentats du 7 janvier?

Précisément, ce qui fait que, du point de vue jihadiste, c’est l’attentat le plus réussi. Pourquoi ? Parce que les dessinateurs de « Charlie Hebdo » sont perçus, dans une partie de la jeunesse musulmane européenne et française, comme des gens qui l’ont bien cherché. De même qu’il y avait eu des milliers de like sur Facebook pour Merah, il y en a eu pour les frères Kouachi, pour Coulibaly, etc. Cela aboutit à ce clivage, qui est exacerbé par toute cette mouvance islamogauchiste dont Emmanuel Todd se fait le porte-parole, sans doute inconscient à l’époque, avec son livre « Qui est Charlie ? ».

Dans votre livre, vous revisitez l’incroyable enchaînement des faits de l’été 2016 : de l’attentat de Nice à l’irruption de la question du burkini dans le débat public.

L’attentat à Nice le 14 juillet tue 86 personnes sur la promenade des Anglais, parmi lesquels du reste plus du tiers sont des musulmans (30 personnes). La cible est double. D’un côté, c’est le symbole de la « fête païenne » du 14-Juillet. La Révolution française se produit au même moment que l’émergence du wahhabisme en Arabie saoudite, c’est-à-dire à la fin du XVIIIe siècle, et en est l’exact contraire. Une victoire de la laïcité détestée. En même temps, l’attentat survient sur le lieu emblématique de l’hédonisme mondialisé. La promenade des Anglais, comme son nom l’indique, c’est international, c’est connu dans le monde entier. La French Riviera, la Côte d’Azur… Un attentat contre la civilisation hédoniste européenne.

Ce qui est fascinant, c’est que, du 14 juillet jusqu’au 26 juillet (l’assassinat du père Hamel), la France est dépeinte dans la presse internationale et notamment anglo-saxonne comme victime de la terreur. Elle est plainte, il y a de la commisération. Et soudain, à partir du mois d’août, lorsque arrivent les arrêtés anti-burkini des municipalités du littoral méditerranéen, la victime va se transformer d’un jour à l’autre en bourreau.

Cette inversion paradoxale, qui est une imposture exceptionnelle, est menée en particulier par un groupe qui s’appelle le Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF), organisation proche des Frères musulmans, qui va tirer profit de la frustration de jeunes musulmans qui en ont assez de devoir rappeler qu’ils ne sont pas des terroristes.

Vous dites que se produit alors un refoulement psychanalytique, qui est l’occultation des attentats?

Oui, ce qui me ramène à une expérience personnelle. Au mois de mai dernier, j’ai été invité par le Bondy Blog à participer à un débat. J’ai beaucoup travaillé sur la Seine-Saint-Denis, à Clichy, Montfermeil, et j’avais des contacts avec leurs journalistes. Des jeunes issus de l’immigration qui étaient dans une logique d’insertion sociale, qui voulaient créer un journalisme alternatif et ouvert. A ma stupéfaction, les trois journalistes chargés de m’interviewer m’ont accusé pendant tout l’entretien d’être islamophobe ! C’était juste avant que je sois condamné à mort par Larossi Abballa dans sa vidéo du 13 juin au soir. Mais ils ne parlaient jamais des attentats et uniquement de l’islamophobie : les femmes voilées traînées par terre, la société française islamophobe, etc. J’ai compris depuis lors que le Bondy Blog avait été totalement repris en main par cette frange frériste qui a fait de l' »islamophobie » son principal slogan.

Pour les Frères musulmans, dans la mouvance de Tariq Ramadan, comme pour Marwan Muhammad (le directeur exécutif du CCIF), il y a une volonté manifeste de mobiliser cette jeunesse musulmane en occultant le phénomène des attentats, en se refusant à le penser. C’est la « forclusion », comme on dirait en psychanalyse lacanienne, des attentats, pour se focaliser sur une victimisation communautaire de la population concernée. Ce que les jihadistes ne parviennent pas à faire, c’est-à-dire à mobiliser, parce qu’ils font horreur, les Frères musulmans le réussissent en offrant un regroupement de défense identitaire. Les Frères musulmans ont été durablement affaiblis en Egypte par le régime du maréchal Sissi, et beaucoup sont aujourd’hui exilés en Turquie. Et c’est à partir de la Turquie que leur stratégie de conquête de l’Europe s’est construite, soutenue par le Qatar.

Le CCIF est le produit de cette stratégie. Le CCIF s’adresse à cette jeunesse qui a fait des études (Marwan Muhammad a été trader, formé à l’université Léonard-de-Vinci de Charles Pasqua) et qui se perçoit en dissidence culturelle avec la société française ; mais contrairement aux salafistes – qui visent la hijra, c’est-à-dire la rupture culturelle, éventuellement le départ – et contrairement aux jihadistes qui veulent tuer tout le monde –, eux sont dans la logique de construction d’un lobby communautaire.

Qui est Marwan Muhammad ?

C’est le directeur exécutif du Comité contre l’Islamophobie, le CCIF. Il a fait la une du « New York Times » comme porte-parole de l’islam de France, avant que ce quotidien ne dépeigne la France comme une sorte de goulag pour les musulmans, et dont la laïcité tiendrait lieu de stalinisme. Souvenez-vous de l’affaire de Tremblay-en-France, au cours de laquelle deux jeunes femmes voilées, dans des circonstances qui restent encore obscures, n’ont pas été servies par un restaurateur. Le lendemain, le 28 août, Marwan Muhammad s’est rendu à la mosquée de Tremblay. Là, il prononce un discours fondamental pour comprendre la stratégie des Frères musulmans… Il dit la nécessité de rassembler les musulmans de France autour de questions éthiques, et cela dans la perspective de l’élection de 2017, où le CCIF décernera aux différents candidats le label « islamophobe » ou « moins islamophobe » : il s’agit donc clairement de construire un lobby communautaire qui va monnayer politiquement ses voix.

Certains positionnements par rapport à l’affaire du burkini ont ainsi été conditionnés par la perspective des élections législatives de 2017.

Selon vous, l’affaire du burkini a donc été instrumentalisée à la fois par les islamistes au service d’une stratégie de construction identitaire et par les politiques par calcul électoral?

Oui, et aussi, pour certains politiciens, par idéologie. Ainsi, les gauchistes, qui sont en perte de vitesse idéologique dans la société, se sont mis à considérer les enfants d’immigrés musulmans comme leur nouveau prolétariat messianique. Faire un bout de chemin avec les musulmans exploités contre la bourgeoisie devenait plus important que de s’en tenir à la ligne qui faisait de la religion l’opium du peuple du marxisme fondamental.

Ce qui est cocasse, c’est qu’on a, d’un côté, un islam du gauchisme et, de l’autre côté, un communautarisme électoral porté par la droite – qui va aussi jusqu’à l’extrême droite.

D’ailleurs, dans un de vos livres précédents, « Passion française », vous décriviez la présence de candidats soraliens musulmans en banlieue aux élections de 2012…

Oui, ils s’inventent une vision du monde commune et paradoxale sur la base d’une « alliance anticapitaliste et antisioniste ». Lorsque Daech égorge des gens dans des vidéos, Soral et Dieudonné se gaussent de l’horreur que ressent la société en disant : mais, après tout, ça nous rappelle quelque chose, la « Terreur » n’était-elle pas le fondement de la Révolution ? Et la démocratie, la laïcité dont on se gargarise, sont bâties sur la décapitation de Louis XVI. Rachid Kassim, qui tient les têtes des chiites qu’il a exécutés, avant de faire un slam qu’il adresse à François Hollande, s’inscrirait dans cette continuité.

Comment expliquer l’omniprésence de l’islam dans les débats de la campagne électorale?

Aujourd’hui, le clivage entre la droite et la gauche sur lequel était fondée la vie politique française n’a plus de signification. La société comporte actuellement un néo-prolétariat dans les banlieues populaires, dans lequel il y a beaucoup d’enfants d’immigrés qui n’ont plus accès au marché du travail, non seulement à cause des discriminations, mais parce que notre système éducatif est découplé des besoins de l’économie numérique postindustrielle. Et c’est parmi ceux qui vont à l’université que la mouvance des Frères musulmans recrute – alors que le salafisme touche des milieux moins éduqués. En même temps, il y a une marginalisation croissante de classes populaires, si j’ose dire, « de souche », qui sont confrontées à des situations de précarité.

A la logique de clôture communautaire des uns s’oppose la logique de clôture identitaire des autres. C’est cet affrontement qui est en train de devenir un des éléments structurants du débat politique français. La petite bourgeoisie périurbaine, qui votait à gauche, est en train de basculer vers Marine Le Pen. Ainsi, une partie des enseignants votent pour le Front national parce qu’ils sont confrontés dans les collèges des ZEP et ailleurs à des élèves qui sont dans une telle logique d’affirmation communautariste qu’ils mettent en cause les enseignants qui, pour 2.000 euros par mois en fin de carrière, font un boulot extrêmement dur, et ne sont pas suivis par leur hiérarchie qui ne veut pas faire de vagues.

En 2012, les électeurs se déclarant musulmans ont voté majoritairement à gauche. Et, en 2017, comment vont-ils voter?

En 2012, Hollande a gagné avec une marge très faible. S’il n’y avait pas eu ce vote « musulman » massif en sa faveur, il ne serait pas passé. Or il le perd à partir du projet de mariage pour tous. Dès les élections partielles de décembre 2012, dans les circonscriptions où le Conseil constitutionnel a invalidé les résultats de juin, on voit que certains quartiers populaires basculent vers des candidats de droite, dont plusieurs m’ont dit leur stupéfaction. Ils avaient vu des bureaux de vote « musulmans » qui leur avaient donné moins de 10% des voix en juin 2012 leur conférer une large majorité en décembre. Pourquoi ? Parce que l’imam en chaire le vendredi précédent avait appelé à sanctionner dans les urnes les « socialistes corrupteurs sur la terre », qui avaient permis le mariage homosexuel. Et c’est un enjeu très important, qui va se traduire par la participation d’un certain nombre d’associations islamiques à la Manif pour tous. Ainsi Kamel Bechikh de Fils de France, par ailleurs proche du Front national, est l’un des porte-parole du mouvement.

La sanction électorale la plus frappante a lieu en Seine-Saint-Denis (municipales de 2014), où sur 40 communes 21 seront remportées par la droite et 19 par la gauche. C’est une tendance qu’a bien su exploiter Jean-Christophe Lagarde (le patron de l’UDI en Seine-Saint-Denis). Ainsi, Bobigny, qui était communiste depuis que le communisme existe, va basculer à droite. Les groupes islamistes s’y allient aux politiciens conservateurs au nom de revendications si j’ose dire « éthiques », disons plutôt de morale sociale contre l’hédonisme.

C’est la grande question qui déchire les spécialistes de l’islam : le salafisme conduit-il au jihadisme ? Peut-on dire qu’il est en expansion en France ?

Le mouvement salafiste émerge en France dans les années 1990, après que beaucoup de jeunes musulmans de l’époque ont soutenu Saddam Hussein contre l’Arabie saoudite, qui pourtant avait abondamment financé les mosquées. Pour regagner les cœurs, les Saoudiens vont envoyer de nombreux prédicateurs avec beaucoup d’argent pour développer des allégeances au salafisme en France. Ils ciblent les populations fragiles et en particulier les enfants de harkis, que ceux du FLN stigmatisent comme des agents de la France. Certains jeunes descendants de harkis, à ce moment-là, vont voir dans l’exacerbation de l’identité islamique une occasion de se défendre contre les gosses du FLN en se drapant dans le manteau du salafisme. Ce salafisme va se répandre dans la jeunesse en même temps que la situation sociale se dégrade dans les quartiers populaires. Lorsque j’ai publié en 1987 « les Banlieues de l’islam », les marqueurs de la salafisation (barbes, djellabas et niqabs) étaient inexistants. Un quart de siècle plus tard, ils sont monnaie courante.

Les salafistes ne préconisent pas la violence, puisqu’ils sont liés au système saoudien et que l’Arabie saoudite n’a aucune envie de faire la guerre avec ceux qui lui achètent son pétrole. Mais il fournit le socle de la fracture culturelle sur laquelle se construira assez aisément le passage à l’acte violent lorsque les jihadistes le prêcheront.

Olivier Roy réfute la thèse selon laquelle le jihadisme découle d’une radicalisation religieuse, et vous accuse de tout islamiser…

Olivier Roy, qui n’a plus fait de travail de terrain depuis des années et qui ignore la langue arabe, s’efforce de me « zemmouriser ». Je les renvoie l’un à l’autre : tel Ulysse, je m’efforce de mener ma barque universitaire entre les sirènes de ce Charybde et de ce Scylla sur lesquelles la pensée ne peut que se fracasser… Lorsqu’il dit que j’islamise tout, c’est de bonne guerre rhétorique, mais c’est faux. J’essaie simplement de montrer quelles sont les stratégies par lesquelles jihadistes d’un côté, salafistes d’un autre, Frères musulmans d’un troisième s’efforcent de capter la population musulmane de France, sans du reste y arriver pour l’instant. Je ne suis pas pessimiste. Je suis convaincu que la laïcité de la République, à condition d’être pensée comme une laïcité d’inclusion et non pas une laïcité de séparation, est porteuse de l’avenir de notre pays.

Maintenant, prétendre que la tentation du jihad découle d’un nihilisme mortifère, d’une volonté de suicide qui aurait revêtu par hasard les oripeaux de l’islamisme, c’est très insuffisant. Les individus qui sont prêts à sacrifier leur vie le font parce qu’ils sont sûrs que leur mort va amener la rédemption de l’humanité. Ce qui n’a rien à voir avec le suicide nihiliste. Je reste persuadé qu’il faut revenir aux textes : lire les écrits de Daech. Si on n’analyse pas la spécificité du jihadisme actuel, si on ne l’inscrit pas dans la relation avec le Moyen-Orient, avec l’Afrique du Nord, si on ne comprend pas ce que ça signifie que, dans l’idéologie du jihadisme de troisième génération, l’Europe soit identifiée spécifiquement comme le ventre mou de l’Occident … on passe à côté du phénomène.

Donc vous rejetez complètement la thèse qui explique la tentation jihadiste par l’islamisation de la radicalité d’une partie de la jeunesse, et dont le meilleur argument, semble-t-il, réside dans le constat de l’analphabétisme doctrinal des terroristes ?

Mais au nom de quoi les jihadistes devraient-ils tous être des docteurs d’université !? Ça n’a jamais été le cas. Que certains jeunes passent par la délinquance, et ensuite voient dans le jihadisme une rédemption, c’est un fait. Mais pour cela, ils passent par la case mentale du salafisme : la rupture culturelle. A partir du moment où quelqu’un comme vous ou moi est considéré comme un infidèle, un blasphémateur, la rupture est consommée. La condamnation à mort par les jihadistes s’ensuit aisément.

Je pense qu’il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de l’idéologie religieuse, telle qu’elle est manipulée aujourd’hui dans un monde où internet fournit les imams numériques, de mobiliser les individus. Faire l’impasse là-dessus, c’est considérer que les acteurs sociaux sont totalement étrangers à leur destin. Or ce n’est pas le cas. Si on analyse les écoutes du téléphone d’Adel Kermiche, on comprend que celui-ci, pendant un an, en prison, a été exposé dans sa cellule à des prédicateurs qui lui ont appris l’arabe. J’ai vu la cassette de serment d’allégeance qu’il a faite. Son arabe n’est pas parfait, il bute sur les mots, mais il est très correct : la prison française, c’est l’ENA du jihad. D’autre part, pourquoi est-il allé tuer un prêtre ? Parce que les chrétiens représentent le mal, les kouffar (les mécréants) qui ne se sont pas dissociés du bombardement de la coalition des croisés sur l’Etat islamique. C’est bien au nom d’une vision salafiste de fracture du monde.

Comment combattre cette tentation jihadiste ?

En posant d’abord un diagnostic juste sur ce qui se passe en France. Quand en 2012 Mohamed Merah met en œuvre les injonctions d’un prédicateur, Abou Moussab al-Souri (que lui-même les ait lues ou pas, ça n’a pas d’importance, le monde du tweet les traduit et les dilue à l’infini), au fond notre haute fonction publique et nos politiciens n’y comprennent rien. Ils font de Merah un loup solitaire… Cinq ans après, le procès n’a toujours pas eu lieu. Il y a recours contre recours. Au fond, l’affaire Merah, c’est l’échec complet de la hiérarchie du renseignement à ce moment-là. Mais on est dans un monde pyramidal, où la haute fonction publique est incapable de se remettre en question; de ce point de vue, le quinquennat de François Hollande a été désastreux puisque l’université y a été méprisée, que les études arabes y ont été détruites.

Aujourd’hui, on est démuni face à ce phénomène, ce qui explique la floraison d' »experts » bidon, dont les constructions idéologiques se fondent sur l’ignorance du terrain comme des textes. Le postulat de l’islamo-gauchisme est : ce n’est pas la peine de connaître l’idéologie dont se réclament les jihadistes qui sont avant tout des nihilistes. On songe aux beaux esprits de la république de Weimar, qui tenaient « Mein Kampf » à sa parution en 1925, pour les élucubrations exaltées d’un peintre dénué de talent…

L’enjeu, aujourd’hui, c’est de poser le diagnostic le plus juste possible sur le phénomène : bien évidemment cela est fait de controverses, c’est tout à fait légitime, à condition que cela repose sur une vraie connaissance de ce dont on parle. Et comme ce sera largement à l’élu(e) de 2017 de mettre en œuvre la thérapie de la fracture, nos concitoyens ont le droit d’être informés pour se prononcer en connaissance de cause, et non de se faire balader par des charlatans…

Propos recueillis par Sara Daniel

* Directeur de la chaire Moyen-Orient-Méditerranée à l’École normale supérieure et professeur à Sciences-Po.

Voir aussi:

The elephant is still in the room. Even now, with Theresa May saying “enough is enough” after the London Bridge atrocities, we are still refusing to identify correctly the threat that has already claimed so many lives.

These attackers are not “evil losers”. They are not “sick cowards”. They are not nihilists or psychiatric cases or lone wolves. They are devout and ecstatic Muslim fanatics who are waging a war of religion against us.

Mrs May correctly referred to “Islamist” terrorism. Yet she also said this was a “perversion of Islam”. How can it be a “perversion” when it is solidly rooted in religious texts and theological doctrine validated and endorsed by the world’s most powerful Islamic authorities?

In his article in The Times yesterday, the communities secretary Sajid Javid tied himself up in knots. He rightly said it wasn’t enough for Muslims merely to condemn terror attacks; they must ask themselves “searching questions”, and issue challenges.

Yet he also said the perpetrators were not “true Muslims” and that it was right to say the attacks were “nothing to do with Islam”. Well if that’s so, why should Muslims need to do anything at all?

The West views Islam through its own cultural prism, which equates religion with spirituality. The problem is that Islam is as much a political ideology as a source of spiritual guidance.

In 2010 a German study, which involved intensive questioning of 45,000 Muslim teenagers from 61 towns and regions across the country, found that the more religious they were the more likely they were to become violent.

Sheikh Mohammad Tawhidi, a Shia cleric in Australia who campaigns against Sunni extremism, has said: “The scriptures are exactly what is pushing these people to behead the infidel. Our books teach the beheading of people.”

Of course, millions of Muslims don’t subscribe to any of this. Some are merely cultural Muslims who observe no religious practices. Some, such as the Sufis or the Ahmadiyya sect, are pious Muslims who are truly peaceful (and are themselves victims of the Islamists).

But political, aggressive, jihadist Islam, constrained for so long by both the Ottoman empire and western colonialism, is now dominant once again in the Muslim world. Which is why in 2015 Egypt’s President Sisi remarkably told the imams of Al-Azhar university in Cairo — the epicentre of Islamic doctrinal edicts — that Islam’s corpus of sacred texts was “antagonising the entire world”, that it was “impossible” for 1.6 billion Muslims to “want to kill the rest of the world’s inhabitants”, and so Islam had to have a “religious revolution”.

We should be promoting and defending such Muslim reformers in the desperate hope that they succeed. Instead we knock the ground from under their feet by saying Islamist attacks have nothing to do with Islam. Until and unless Islam is reformed, we need to treat its practices on a scale ranging from extreme caution to outlawing some of them altogether.

Mrs May said we need to make people understand that our “pluralistic British values” were “superior to anything offered by the preachers and supporters of hatred”.

The problem is, though, that Islamists believe their values represent the literal word of God. So to them, no other values can possibly be superior. As a result, you can no more deradicalise them than you could have deradicalised the priests of the Inquisition.

We must require Muslims to take responsibility for the actions of all in their community. An ICM poll of British Muslims two years ago found that nearly a quarter wanted Sharia to replace British law in areas with large Muslim populations.

Four per cent — equivalent to more than 100,000 British Muslims — said they were sympathetic to suicide bombers fighting “injustice”.

In other words, we must see jihadist Islam as at the extreme end of a continuum of beliefs which are themselves incompatible with British society.

So we shouldn’t just be stopping people coming back to Britain from Syria or Libya, or detaining terrorist suspects through control orders. We should also be closing down radical mosques, deporting those born in other countries who are involved in extremism, stopping foreign funding for Muslim institutions and banning the Muslim Brotherhood.

We should also outlaw Sharia courts because, since Sharia does not accept the superior authority of secular legislation, it inescapably undermines the core British value of one law for all.

The message should be that British Muslims are welcome citizens but on the same basis as everyone else: that they subscribe to the binding nature of foundational British laws and values. If not, they will be treated as subversives.

The chances of any of these measures being taken, though, are slim. There will be inevitable claims that judge-made human rights law, which has often protected the “rights” of extremists rather than their victims, cannot be set aside without “destroying British values”.

Jihadist terrorists, however, are not trying to divide us, destroy our values or stop the general election. They are trying to kill us and conquer us.

If it is to defend itself, a liberal society may need to adopt illiberal measures. If we don’t do so now, we’ll be forced to eventually. The only question is how many will have to die before that happens.

 Voir également:

What must be done to stop terror in Londonistan

June 7, 2017

In the wake of the latest Islamist atrocities in Britain, the murderous vehicular rampage on London Bridge and then the frenzied stabbing of people enjoying a Saturday night out in local eateries, the ensuing blame game has merely highlighted the need to start facing up to what it takes to defend a free society.

Join me here for my take on these grievous events and what Britain should now be doing. A transcript follows below the video.

Does the Prime Minister read my column? In yesterday’s Times, I wrote that the chances of Theresa May doing what needs to be done to tackle Islamist extremism and terrorism are slim because of the constraints of human rights law.

Lo and behold: last night Mrs May announced she would take further condign measures, such as making it easier to deport extremists and restricting the movements of terrorism suspects when there was evidence they posed a threat but which wasn’t enough to present to a court.

“If human rights laws get in the way of doing those things,” she said, “we will change those laws to make sure we can do them”.

Well, I’ll believe that when I see it. The hue and cry that she is proposing to “rip up human rights laws”, as the Guardian put it in its usual tendentious manner, has already started.

The former Director of Public Prosecutions and Labour’s shadow Brexit spokesman, Sir Keir Starmer, claimed on the Today programme this morning (0810) that human rights law had never prevented any Islamist extremist from being properly dealt with. Yet in case after case human rights law has prevented deportations from taking place on the grounds that the suspect’s right to family life takes precedence, or the absence of human rights in the country to which he would be deported meant he couldn’t be sent there, and so on.

The Labour leader, Jeremy Corbyn, says would-be terrorists won’t be deterred by restricting our rights at home. Instead he’s been blaming Mrs May for failing to keep Britain safe from terrorist attacks.

Coming from him, this charge is just astounding. For Corbyn and his Labour party colleagues, backed by the judiciary and the civil liberties lobby, opposed just about every single attempt over the years to beef up security on the grounds that these measures supposedly eroded fundamental human rights. The human rights, that is, of the extremists and terrorists rather than their victims’ right to life and safety.

Faced with the courts’ refusal to deport, the government wanted to lock upon foreign terror suspects. Faced with protests that such detention without trial breached suspects’ human rights, the government introduced control orders. Face with protests that control orders breached suspects’ human rights, the government introduced the deeply inadequate T-PIM restrictions. Yet despite having helped emasculate, cripple and paralyse Britain’s security, the Corbyn Labour party has the gall to pose, on the eve of the general election, as the guardians of public safety.

In the wake of the recent atrocities in London and Manchester there are indeed legitimate and necessary questions to be asked about intelligence and policing mistakes. We’ve learned, for example, that some of these terrorists were on the security radar for a while but then dropped off.

But the police and security service have been foiling plot after Islamist plot: five over the last three months, in addition to the three attacks that tragically did succeed during this period. Maybe there are just too many Islamists in Britain nowadays to cope with. MI5 is monitoring no fewer than 3,500 homegrown terrorist suspects. So it’s not surprising that Britain’s top counter-terrorism police officer, Mark Rowley, says Britain needs to radically rethink its strategy because the terrorism threat is now at a “completely different” level of danger.

But any such new strategy will also fail unless basic assumptions change. Because the elephant is still in the room. Even now, with Theresa May saying “enough is enough” after the London Bridge attack, Britain is still refusing to identify correctly the threat that has already claimed so many lives.

These attackers are not “evil losers” or “sick cowards”, as some have described them. They are not nihilists or psychiatric cases or lone wolves. They are devout and ecstatic Muslim fanatics who are waging a war of religion against us.

Mrs May correctly referred to “Islamist” terrorism. Yet she also said this was a “perversion of Islam”. How can it be a “perversion” when it is solidly rooted in religious texts and theological doctrine validated and endorsed by the world’s most powerful Islamic authorities?

In an article in The Times, the Communities Secretary Sajid Javid tied himself up in knots. He rightly said it wasn’t enough for Muslims merely to condemn terror attacks; they must ask themselves “searching questions” and issue challenges.

Yet he also said the perpetrators were not “true Muslims” and it was right to say the attacks were “nothing to do with Islam”. Well if that’s really the case then why should Muslims need to do anything at all?

The west views Islam through its own cultural prism which equates religion with spirituality. The problem is that Islam is as much a political ideology as a source of spiritual guidance.

In 2010 a German study, which involved intensive questioning of 45,000 Muslim teenagers from 61 towns and regions across the country, found that the more religious they were the more likely they were to become violent.

In Australia Sheikh Mohammad Tawhidi, a Shia Muslim cleric who campaigns against Sunni extremism, has said: “The scriptures are exactly what is pushing these people to behead the infidel. Our books teach the beheading of people.”

Of course, millions of Muslims don’t subscribe to any of this. Some are merely cultural Muslims who observe no religious practices. Some, such as the Sufis or the Ahmadiyya sect, are pious Muslims who are truly peaceful (and are themselves victims of the Islamists).

But political, aggressive, jihadi Islam, constrained for so long by both the Ottoman empire and western colonialism, is now dominant once again in the Muslim world.

Which is why in 2015 Egypt’s President Abdel Fattah al Sisi remarkably told the imams of al Azhar university in Cairo – the epicentre of Islamic doctrinal edicts – that Islam’s corpus of sacred texts was “antagonising the entire world”, that it was “impossible” for 1.6 billion Muslims to “want to kill the rest of the world’s inhabitants” and so Islam had to have a “religious revolution”.

We should be promoting and defending such Muslim reformers in the desperate hope that they succeed. Instead we knock the ground from under their feet by saying Islamist attacks have nothing to do with Islam.

Until and unless Islam is reformed, we need to treat its practices on a scale ranging from extreme caution to outlawing them altogether.

Mrs May said we need to make people understand that our “pluralistic British values” were “superior to anything offered by the preachers and supporters of hatred”.

The problem is, though, that Islamists believe their values represent the literal word of God. So to them, no other values can possibly be superior. As a result, you can no more deradicalise them than you could have deradicalised the priests of the Inquisition.

We must require Muslims to take responsibility for the actions of all in their community. A poll of British Muslims last year found that nearly a quarter wanted sharia to replace British law in areas with large Muslim populations.

Four per cent – equivalent to more than 100,000 British Muslims — said they were sympathetic to suicide bombers fighting “injustice”. Only one in three would report to the police someone supporting terrorism in Syria.

In other words, we need to see jihadi Islam as at the extreme end of a continuum of beliefs which are themselves incompatible with British society.

So we shouldn’t just be stopping people coming back to Britain from Syria or Libya, or detaining terrorist suspects through control orders. We should also be closing down radical mosques, deporting those born in other countries who are involved in extremism, stopping foreign funding for Muslim institutions and banning the Muslim Brotherhood.

We should also outlaw sharia courts because, since sharia does not accept the superior authority of secular legislation, it inescapably undermines the core British value of one law for all.

The message should be that British Muslims are welcome citizens but on the same basis as everyone else: that they subscribe to the binding nature of foundational British laws and values. If not, they will be treated as subversives.

Subversion is the attempt to undermine and overthrow our free society. But the very concept of subversion has become identified with a suppression of free speech. The website of MI5 states:

“During much of the 20th century, subversion was a major concern for MI5. This threat diminished sharply following the end of the Cold War. We no longer undertake counter-subversion work, and would only resume doing so if our monitoring of emerging threats suggested an increase in the subversive threat”.

But the Islamic jihad aims to overthrow and conquer western society through both violence and cultural takeover. The Muslim Brotherhood has a stated programme of infiltrating western institutions to achieve that end. I’d say that represented a pretty major increase in the subversive threat, wouldn’t you? Isn’t it time the government banned the Muslim Brotherhood from Britain? Isn’t it time MI5 woke up from its politically-correct torpor to bring counter-subversion back from exile?

As I’ve said, though, any such measures will be opposed with inevitable claims that they will “cause social division” or “destroy British values”. Such protests are already being made.

Jihadi terrorists, however, are not trying to divide us, destroy our values or stop the general election. They are trying to kill us and conquer us.

If it is to defend itself, a liberal society may need to adopt illiberal measures. If we don’t do so now, we’ll be forced to eventually. The only question is how many will have to die before that happens.

Voir enfin:

Macron: “La langue française n’a pas à être protégée”

Notre entretien exclusif sur la France (1/2)

Causeur

12 avril 2017

Causeur. Après la polémique suscitée par vos déclarations en Algérie, vous avez tenu à revenir sur la question identitaire avec une tribune dans Le Figaro et un entretien auJDDC’est que, vous le savez, définir et préserver ce qui fait de nous un peuple importe à beaucoup de Français. Toutefois, on a l’impression que ces sujets ne vous passionnent pas et ne vous parlent guère. Vous dites que « notre nation est faite d’enracinement et d’ouverture » mais, au-delà de quelques gestes symboliques, vous êtes plus perçu comme le candidat de la nouveauté et de l’ouverture que comme celui de l’enracinement historique. Acceptez-vous ce diagnostic ?

Emmanuel Macron. Je ne l’accepte pas, mais il ne me surprend guère ! D’abord, sommes-nous si sûrs que l’identité n’est pas au cœur de la campagne ? J’entends, moi, le discours deMme Le Pen sur les frontières ou les propos de M. Fillon sur le « racisme antifrançais ». Si vous avez l’impression que ce discours ne prospère pas, c’est qu’il n’atteint pas les profondeurs du peuple français. Le génie français n’est pas dans ce culte rétréci d’une identité idéalisée. Il ne réside pas non plus dans le multiculturalisme, cette superposition de communautés hermétiques. Le génie français, c’est un imaginaire partagé. Cet imaginaire s’ancre dans notre langue commune. C’est notre premier enracinement. Il s’ancre dans une histoire, des territoires, des paysages. C’est notre second enracinement. Mais notre langue, notre histoire, nos territoires, nos paysages ne sont pas univoques. Ils ne sont pas une serge brute ni un patchwork mal cousu. La culture française est une moire. Alors oui, je le concède, la stérile opposition entre identité et multiculturalisme dans laquelle on veut nous enfermer et qui ne correspond à rien ne me passionne guère. La culture française me passionnelorsqu’elle est ce carrefour de sensibilités, d’expériences et d’influences. C’est ce que j’appelle l’ouverture. Je vois bien cependant l’usage politique que certains veulent faire de notre héritage commun pour l’opposer aux communautarismes : la passion de certains pour une identité française univoque et transhistorique est un geste de résistance aux dissolvants du multiculturalisme mondialisé. Eh bien, en ce qui me concerne, je ne souhaite pas transiger : je prends la culture française telle qu’elle est, avec ses complexités et ses confluences, et je l’oppose fièrement aux communautarismes rétrécis comme aux nationalismes simplistes.

Donc, vous aimez la culture comme carrefour. « Le fondement de la culture française,écrivez-vous, c’est une ouverture sans pareil. » Nous, c’est l’Autre. Alain Finkielkraut s’interroge et vous interroge : « Que partage-t-on quand on partage une ouverture ? »Vous dites aussi que la culture française est « un fleuve avec de nombreux confluents », mais vous semblez refuser l’idée que le fleuve, même ainsi enrichi, suit son propre cours…

Il est impossible de faire un pas dans notre culture sans tomber sur l’Autre. Cela en navrera certains mais c’est une vérité historique. Faut-il mentionner la civilisation romaine qui nous a façonnés ? Les invasions diverses qui ont irrigué nos territoires ? L’irruption de l’Italie au cœur de notre art ? La fascination de nos écrivains pour l’Angleterre, l’Allemagne, l’Espagne, la Russie, le Japon, le Maghreb, les États-Unis et tant d’autres cultures ? Nous nous sommes construits dans un tressage infini d’influences et d’attirances vertigineuses. Nous sommes un grand pays de passeurs et de traducteurs. Nous n’avons eu de cesse de sonder le génie de Shakespeare avec Stendhal et Hugo, celui de Dostoïevski avec Gide et Sartre, celui de Joyce avec Larbaud… mais notre creuset ultime reste la langue française, ce grand fleuve qu’alimentent tous ces confluents. Il y a influence, donc confluence. Ce n’est pas être multiculturaliste, cela. C’est regarder en face la vérité de notre culture. Les adeptes du repli identitaire trahissent notre génie national lorsqu’ils réduisent le panthéon de nos références culturelles à un corpus amaigri, excluant ce qui ne colle pas avec le projet politique qu’ils veulent porter. Voilà ce qu’on partage lorsqu’on partage l’ouverture : cette curiosité insatiable, cette recherche de l’autre qui n’est autre qu’une quête inlassable de l’universel. C’est cela, notre humanisme. D’autres cultures ont préféré explorer leurs racines, leur folklore, et s’inventer une identité où prime l’enracinement des générations, le legs ancestral d’une mémoire linéaire. Ils ont forgé une mythologie du sol et du sang. Le génie français ne repose pas sur le droit du sang.

Notre pays triomphe, dites-vous, avec des écrivains contemporains appelés Marie NDiaye, Leïla Slimani, Alain Mabanckou. Votre bibliothèque, comme le premier gouvernement de Sarkozy, ressemble à un casting. Et si on parle d’écrivains contemporains, il semble étonnant d’oublier des noms comme Houellebecq ou Carrère…

Permettez-moi de sourire devant tant d’assurance normative… Je vous laisse libre de votre jugement mais vous m’autoriserez à n’y pas souscrire. Ndiaye (dont la mère est française), Slimani (dont la mère est franco-algérienne), Mabanckou (qui est franco-congolais) sont advenus à la culture française par la langue française et ils y occupent une place éminente. C’est cela qui me semble essentiel. On devient français par la langue française. Michel Houellebecq fait par ailleurs partie des écrivains pour lesquels j’ai une admiration sincère car ses œuvres décryptent les vertiges et les peurs contemporains. Dans la même phrase, j’ai cité Kessel, Troyat et Apollinaire (sans doute encore un « casting »). J’aurais pu ajouter ici Alain Finkielkraut. Il est lui-même la preuve que sans avoir derrière soi des générations d’enracinés, on advient à la culture française d’éminente manière. Dans la langue française il a trouvé une mémoire, une sensibilité, une vision du monde, des valeurs qu’il a faites siennes et dont il est aujourd’hui un thuriféraire zélé et inquiet. Que l’Académie française l’ait accueilli dans ses rangs aux côtés d’héritiers patentés – qu’on songe à la longue histoire des d’Ormesson – est un motif de fierté nationale. Nous devons donc chérir notre héritage, mais faut-il oublier qu’il agrège des mémoires diverses ? La culture française n’a eu de cesse de se construire dans la contre-culture, de Villon à Artaud en passant par Sade et Baudelaire. La même année, Les Fleurs du mal et Madame Bovary furent condamnés et censurés par la justice. C’est cela, aussi, la France. Faut-il que la peur de la désagrégation nous fasse renoncer aux aspects subversifs de notre culture ? Faut-il que le désir d’opposer une identité marmoréenne aux aléas de la mondialisation nous fasse reconstruire une culture et une mémoire officielles ? On tombe dans les travers du casting lorsqu’on asservit notre culture à la visée politique de répliquer aux dérives multiculturalistes. Charles Péguy et Jeanne d’Arc deviennent les porte-enseignes de combats qu’ils n’ont jamais voulu livrer. Dans ma bibliothèque, comme vous dites, Saint-Simon côtoie Beckett, Ionesco fréquente Corneille, Proust voisine avec Kundera. Il n’y a là aucun relativisme culturel : simplement la certitude que notre culture, dont le socle est notre langue, n’a rien à gagner en s’efforçant de se réduire aux critères contemporains d’une « identité », c’est-à-dire à se ravaler elle-même au rang d’une communauté. Il n’y a pas de « communauté française », mais une nation et une culture qui transcendent absolument la géométrie réductrice des communautarismes.

Justement, vous affirmez la langue française est notre trésor commun. Fort bien. Que ferez-vous pour la protéger ? Que pensez-vous du slogan « Made for sharing » choisi pour la candidature de Paris aux JO ? Tout le monde a ricané sur la « clause Molière » mais si elle est une mauvaise réponse, n’y a-t-il pas une bonne question ?

La langue française n’a pas à être « protégée » : elle est la troisième langue la plus parlée dans le monde. Mais elle doit être enseignée avec intransigeance, car la cohésion nationale repose sur la maîtrise de la langue. Lire et écrire le français n’est pas seulement un passeport pour le marché du travail. C’est le vecteur premier d’intégration dans notre société. C’est pourquoi je souhaite que la lecture et l’écriture soient le premier combat de l’école. C’est pourquoi aussi j’assume une discrimination positive à l’égard de ceux qui sont les plus éloignés de la langue : c’est là un enjeu de reconquête républicaine comparable à celle menée dans nos campagnes reculées par les hussards noirs de Ferry. Ce combat, nous ne devons pas le perdre. Si nous ne partageons pas tous la langue française et ce qu’elle charrie de notre culture, notre pays se fragmentera en communautés hermétiques. La langue française est le remède antighetto. C’est pourquoi aussi je rétablirai l’enseignement du grec et du latin, qui en sont l’armature. C’est pourquoi enfin je souligne souvent la nécessité de revenir à l’histoire « chaude », celle des grandes figures et des héros de notre histoire : autour de ces figures, qu’il s’agisse de Bayard ou de Jean Moulin, nous construisons du commun. Je souhaite également que l’obtention de la nationalité repose sur la maîtrise de notre langue ; j’y veillerai. Enfin, je crois que la puissance publique doit donner l’exemple de l’amour et du soin de la langue française. J’ai ainsi proposé que l’emblématique château de Villers-Cotterêts, aujourd’hui laissé dans un état d’abandon contre lequel la mairie Front national se mobilise bien peu, devienne un haut lieu de la langue française et de la francophonie. Cela répond à votre question sur le choix fait par la Mairie de Paris. Quant à la clause dite Molière, elle me semble relever de Tartuffe : elle n’a rien à voir avec la promotion de la langue française et tout à voir avec la lutte contre les travailleurs détachés illégaux. Prenons ce problème économique à la racine au lieu de le faire par des voies de contournement un peu absurdes. Un travailleur détaché parlant français reste un travailleur détaché et cela ne résout pas le problème de fond.

Macron: “La France n’a jamais été et ne sera jamais une nation multiculturelle”

Notre entretien exclusif sur la France (2/2)

Causeur. On a souvent l’impression que vous tentez de satisfaire des aspirations opposées, ce qui est peut-être louable quand on prétend représenter et protéger l’intérêt général. Néanmoins, sur ce qui fait la cohésion culturelle de notre société, toutes les options ne sont pas conciliables. Historiquement, la France a préféré le modèle républicain (assimilation, puis intégration), qui demande aux nouveaux arrivants et à leurs enfants de s’adapter, au multiculturalisme, ce qui signifie que l’égalité entre les individus n’entraîne pas l’égalité entre les cultures. Ce modèle est-il rendu obsolète par la diversité de notre société ? Devons-nous rompre avec cette tradition pour accueillir des populations musulmanes venant de cultures plus « lointaines » ?

Emmanuel Macron. Le modèle républicain français repose sur l’intégration. Cela ne saurait être remis en cause. À son origine, il a pris pour s’imposer des mesures coercitives. Il a éliminé les parlers régionaux, uniformisé et centralisé les programmes scolaires, délégué dans les provinces nos hussards noirs. Puis, nous avons séparé l’Église et l’État pour asseoir la laïcité. Ce fut la République de conquête et de combat ; il le fallait. La victoire de la morale républicaine est passée par une certaine réécriture de l’histoire nationale, par la formation de canons littéraires un peu figés. La vision de l’identité nationale par la IIIe République, jacobine et laïque, put certes vaincre les communautarismes mais elle fit grincer des dents : l’Action Française lui opposa les beautés du félibrige et d’une France millénaire bâtie par la chrétienté. Il y a quelque miracle aujourd’hui à trouver dans le même camp des héritiers de Lavisse et des héritiers de Maurras. Les cris de joie des maurrassiens lorsque la IIIeRépublique s’effondra devraient à jamais séparer ces lignées. Mais la crainte du multiculturalisme communautariste aujourd’hui les réunit, et notamment le communautarisme musulman. Aux uns il semble défier radicalement les lois de la République, aux autres il semble contradictoire avec les racines chrétiennes de la France. Et lorsque je dis que je ne fais pas de la laïcité une arme de combat mais une arme de liberté, lorsque je dis que la France n’existe pas uniquement par ses racines chrétiennes, je déplais simultanément à M. Finkielkraut et à M. Buisson. Je suis en butte à la fois à Jacques Julliard et à Éric Zemmour. N’est-ce pas étonnant ?

Mais si vous êtes un défenseur de la langue française et de la laïcité, qu’est-ce qui vous distingue d’eux ?

La différence entre eux et moi, c’est que je n’ai pas peur : je n’ai pas peur pour notre culture, je n’ai pas peur pour la France. Je crois profondément que la France n’a jamais été et ne sera jamais une nation multiculturelle. Si un risque existe qu’elle le devienne, je le combattrai en redonnant à notre langue sa prééminence dans l’enseignement, en sanctionnant sans transiger tous ceux qui se soustraient aux lois de la République et à ses usages, en travaillant inlassablement sur ce qui nous est commun, non pas en satisfaisant des « aspirations opposées » mais en rappelant aux Français que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous sépare. C’est tout le sens de mon combat politique.

Tout de même, quand vous déclarez qu’il n’y a pas de culture française mais une culture en France, vous penchez vers le modèle multiculturel. Voilà ce qu’a écrit Alain Finkielkraut dans Causeur : « Les conservateurs défendent la culture française, les progressistes célèbrent la culture en France. Autrement dit, pour ceux qui se retrouvent sous cette bannière, la France n’est plus une histoire, la France n’est plus même un pays, c’est un pur espace. L’espace-France accueille la diversité et sur cette diversité des goûts, des pratiques, des musiques, des origines, nulle antériorité ne saurait prévaloir, nulle hiérarchie n’est en droit de s’exercer. Tout est égal et puisque tout est différent, tout est pareil. De “français” à “en France”, il y a la distance qui sépare une nation d’une société multiculturelle. Au nom du progrès, Emmanuel Macron nous invite à franchir ce pas. Au lieu de s’inquiéter de la désintégration française qui se produit sous nos yeux, il l’accompagne, il la conceptualise, il en recouvre la violence par l’éloge du multiple. » Que lui répondez-vous ?

Je regrette que le grand lecteur qu’est M. Finkielkraut n’ait pas fourni l’effort de lire mes propos plus attentivement. Il aurait constaté de lui-même que ce fantasme de l’égalisation culturelle, du « tout se vaut », du déracinement ne fait pas partie de mes valeurs ni de mes propositions. Il aurait vu combien le devenir de la langue française m’importe. Il m’aurait entendu dire combien j’aspire à ce que les enfants les plus éloignés de la culture s’en rapprochent – et non sous les dehors d’une culture adaptée à leur sociologie comme le rap ou le hip-hop, mais à travers le contact véritable avec les grandes œuvres. Si M. Finkielkraut m’avait lu, il saurait d’où je viens et sur quoi je fonde ma vision de la culture française. Il saurait par exemple que mon propos sur la « culture en France » s’oppose justement à la réduction par les identitaristes de notre culture à un arbre sans branches. André Chastel, dans son Introduction à l’histoire de l’art français, dit-il autre chose que cela ? Je le cite : « La France filtre. Elle reçoit et elle tamise. De tous les côtés, elle est pénétrable. Ses ouvriers, sûrs d’eux-mêmes, se servent à droite et à gauche, comme si tout leur appartenait de droit. En art, il n’y a jamais lieu d’établir des factures et de s’inquiéter de ses dus. On va de l’avant, outil en main. Cette démarche est constante dans le pays composite et riche de contraires qu’est la France. Si on la néglige, si on cherche une définition de l’art français en dehors de ces mouvements d’acquisitions et de filtrage, on n’arrive qu’à une notion pauvre et plutôt décevante, qui s’épuise vite dans la célébration de la finesse et de la clarté. » Ainsi, M. Finkielkraut a raison : je ne m’inquiète pas de la désagrégation française. Nous restons ces ouvriers sûrs d’eux-mêmes qui ne craignent pas de se dissoudre dans le divers, parce que nous avons derrière nous une histoire, un héritage, une force enfin qui nous préservent de la désagrégation. À nous de faire valoir cette force et cette volonté de poursuivre ensemble ce qui nous a fait. Craindre, s’inquiéter, redouter n’a jamais conduit à rien.

Si, à voir la réalité telle qu’elle est, y compris quand elle nous déplaît. Un certain nombre de Français pensent que notre identité collective est menacée par la montée de l’islam radical. Ont-ils tort ? Est-ce de l’islamophobie ?

Combattre l’islam radical, ce n’est pas de l’islamophobie : c’est le minimum qu’on puisse attendre de responsables politiques soucieux de préserver l’unité nationale et l’ordre public. Mais lorsque l’islam pratiqué par des millions de nos compatriotes devient lui aussi suspect de n’être pas compatible avec les lois de la République, lorsqu’on vous démontre qu’il est de la nature de l’islam d’être contraire à nos lois, alors commence l’islamophobie. Organiser et réguler l’islam de France, notamment en le coupant de ses liens consulaires, permettra de mettre un terme à ces craintes, et permettra à nos compatriotes musulmans de vivre leur foi à l’abri des suspicions. C’est mon projet, et ma détermination à cet égard est sans faille.

Cela suffira-t-il à endiguer la montée d’une forme de piété et de rigorisme qui tend à isoler du reste de la société. Au-delà du terrorisme, il y a un séparatisme pacifique. Le combattrez-vous et comment ? 

Le rôle d’un président de la République n’est pas de combattre les croyances mais de combattre les propos et les pratiques qui se placent en dehors de l’ordre public républicain. Si les courants religieux que vous décrivez aboutissent à remettre en cause l’ordre républicain, notamment dans la place qu’ils assignent à la femme, ils seront sanctionnés durement. Certains le sont déjà. Il faudra poursuivre. Pour détecter ces dérives, nous avons besoin de rétablir une police et des services de renseignements au plus proche du terrain. Je les rétablirai.

Notre pays est fracturé, là-dessus tout le monde est d’accord. Que proposez-vous pour faire aimer la France à tous les Français, ceux des banlieues et ceux de la Manif pour tous… ?

Notre société a peur. Peur d’un avenir incertain, peur des vents de la mondialisation, peur du terrorisme, peur de la montée des communautarismes radicalisés… Pourtant, nous tenons bon. La France reste un pays aux valeurs fortes, et qui sait s’unir dans l’adversité, comme elle l’a démontré lors de la vague d’attentats. Pour vaincre cette peur collective, il faut que les Français se rassurent sur leur destin dans ce monde nouveau. Nous devons retrouver la confiance dans ce que nous sommes, à savoir une nation faite pour l’universel, et non pour le repli identitaire ou communautaire, une nation entreprenante, une nation qui sait encore parler au monde et tenir son rang face aux tentations totalitaires qui renaissent. La France n’a jamais été tant aimée que lorsqu’elle portait un projet conforme à son histoire et à son génie, mobilisant tous les Français et non pas seulement une petite élite. Nous entrons dans ce monde neuf avec une histoire, des talents, une compréhension du monde qui constituent des atouts uniques. C’est de cela que je veux convaincre nos compatriotes, pour que cesse cette défiance envers nous-mêmes, qui m’est insupportable.

Voir enfin:

C’est avec un air rigolard qu’on lui connaissait peu qu’Emmanuel Macron écoute ses collaborateurs aux mines graves lui expliquant que ses propos sur la colonisation puis sur les partisans de la Manif pour tous, créent un buzz négatif au déroulement de sa campagne. Dans le langage du trentenaire so hype and connected, l’un d’eux résume le désastre : « on est T.T » (prononcez titi) c’est-à-dire Trending topic on Twitter. Si le téléspectateur n’y comprend rien, c’est parce que c’est trop intelligent pour lui… C’est le but de ces abréviations anglaises sans beaucoup de sens mais maniées avec tellement d’assurance que tout le monde prend un air entendu. Monsieur Homais parle aujourd’hui le business english. Il ne faut pas avoir l’air du has been, voire never been. Vider les mots de leur sens pour construire une novlangue de classe, c’est toujours le signe que l’acculturation de masse nous guette. Et que le projet de vider les cerveaux des citoyens n’est pas loin.

« Oui, il y a un copyright »

Le documentaire embedded de Yann l’Hénoret diffusé sur TF1 le lendemain de son élection, montre un Macron détendu, en pleine réunion briefing + séance de maquillage. Rentabilité, flexibilité. Visiblement il ne comprend rien à la polémique qui le place « en T.T ». Il résume tout cela, goguenard, d’un « ah… les névroses françaises ! C’est fascinant. Ça dit énormément de ce qu’est la société (…) les gens sont à cran ».  Oui, « les gens » – comme dit Mélenchon quand ils s’adressent aux Français – qui souffrent, sont à cran, à fleur de peau quand on remet de l’huile sur un feu mal éteint (la colonisation) ou sur un feu bouillonnant (l’antisémitisme). Apparemment ses conseillers en communication, eux, ne trouvent pas cela  fun.

Et là, entre deux coups de blush au candidat, Sibeth Ndiaye la responsable presse + maquilleuse occasionnelle – flexibilité, rentabilité – complète les propos de sa collègue Laurence Haïm en utilisant un terme qui a retenu mon attention : le « copyright ». Laurence Haïm parle maladroitement de « monopole dans la communauté juive » pour faire comprendre à Emmanuel Macron pourquoi sa comparaison a pu non seulement choquer les Français rapatriés mais aussi et surtout les juifs de France. Le crime contre l’humanité est lié dans l’opinion générale au génocide des Juifs, tente-t-elle – selon moi – de lui faire comprendre. On entend alors au même moment Sibeth Ndiaye dire : « oui, il y a un copyright ».

En tant qu’enseignante d’histoire ayant dirigé un ouvrage sur l’enseignement comparé des génocides du XXe siècle, mes oreilles ont sifflé en écoutant le raccourci partiel et partial de Laurence Haïm, mais le « copyright », ça je n’y croyais pas. Le crime contre l’humanité serait une marque déposée par et pour les Juifs ? J’avais dû mal entendre. Dès que le documentaire fut disponible en ligne, j’ai vérifié. Oui, le mot « copyright » a bien été utilisé pour lier l’extermination des Juifs et le « contre l’humanité ». Ce mot en dit long sur l’inculture des communicants, sur une certaine vision communautaire de l’histoire, sur la concurrence des mémoires qu’elle a produite, sur le langage mainstream. Les mots n’ont plus aucun sens, tout est interchangeable. Comme les individus dans la grande entreprise finalement. Et on y est : le shoah business ?

Sibeth Ndiaye n’est pas Dieudonné

Les juifs exercent une forme de « copyright » sur le terme de crime contre l’humanité. Voilà ce que synthétise Sibeth Ndiaye quand elle voit que le candidat Macron a dû mal à saisir ce que Laurence Haïm explique. Je n’y vois aucun antisémitisme, que les choses soient claires. Je ne pense pas que Sibeth Ndiaye soit une fan de Dieudonné et Soral qui excellent dans ce genre de comparaison et en ont fait, au sens propre, leur fonds de commerce. Néanmoins, je crois que l’usage de ce terme, dans le flot de la conversation, sans y penser, montre comment les thèmes sont développés dans une campagne électorale. Ce « copyright » en dit long sur la construction des éléments de langage du politique par les communicants qui l’entourent, dans une sorte d’improvisation, de fulgurances sémantiques reprises et répétées parce qu’elles sont frappantes, choc, et non parce qu’elles sont justes. L’équipe jeune et connectée du candidat Macron a été performante de ce point de vue : repérer les lignes de fuite, distiller les petites phrases qui n’ont l’air de rien mais en disent beaucoup sur la vision sociétale d’EM ! Parfois on s’est égaré, mais peu importe, ce qui compte c’est le buzz. Il faut bien vendre sa marque, « donner sa chance au produit ». A tout prix.

Qu’est-ce que le « copyright » ? C’est un terme juridique anglo-saxon qui concerne l’ensemble des droits exclusifs que possède une personne physique ou morale sur une œuvre. Ces droits protègent l’auteur d’une œuvre quant à son exploitation. Qu’est-ce que le « copyright » vient faire dans la compréhension du lien entre le génocide des Juifs d’Europe et le crime contre l’humanité ? Pas grand-chose en effet puisque, d’une part la Shoah n’est pas une œuvre littéraire, artistique ou scientifique, et d’autre part les Juifs ne l’ont pas créée et ne sont pas propriétaires de son exploitation mercantile. Sinon, effectivement, on serait chez Dieudonné et Faurisson. Utiliser ce terme sans en saisir l’indécence renseigne sur l’inculture historique des nouvelles générations de communicants. Sibeth Ndiaye est sans doute une attachée de presse de talent, mais c’est une piètre conseillère politique. Ce « copyright » dit aussi beaucoup sur la légèreté avec laquelle ces questions historiques et mémorielles furent traitées pendant la campagne, en particulier pendant l’entre-deux-tours où récupérations et instrumentalisations de l’Histoire sont allées bon train.

Apprendre à se taire

La singularité de l’extermination des Juifs d’Europe n’a rien d’une lubie juive, d’une récupération monopolistique de la souffrance humaine. Ce n’est pas une marque déposée. Au contraire, signifier la spécificité d’un fait historique c’est lui donner toute sa profondeur politique, c’est ne pas le réduire à un symbole universel qui rend tous les crimes de l’histoire semblables. Ce n’est pas rendre toutes les victimes interchangeables, ce qui est pourtant recherché quand il s’agit de transformer les victimes en bourreaux, spécialité de nos antisémites contemporains à peine cachés derrière le masque de l’antisionisme. Renoncer à comprendre la singularité d’un crime contre l’humanité pour les englober tous dans une abstraction pénitentielle, c’est finalement pratiquer un relativisme négateur de toutes les souffrances des victimes qui ne sont plus là pour témoigner. Un enfant arménien aux mains du gendarme turc ou du paysan kurde, un vieillard juif entre celles du SS ou de ses comparses ukrainiens, une femme tutsie violée puis assassinée par son voisin hutu : toutes ces victimes n’ont pas déposé de « copyright ». Leurs descendants, si ils existent, n’ont tiré aucun profit de leur indicible souffrance. C’est précisément le travail de l’historien de rendre au fait sa dimension singulière dans son contexte culturel, politique, chronologique. Ne pas amalgamer, trier patiemment les parts d’universel et de singulier que recèle chaque fait historique. Le comparatisme historique donne à voir ce qui est commun aux trois génocides évoqués ici, il détermine les spécifiques irréductibles de chacun. En revanche, il compare ce qui est par nature comparable.

C’est bien ce que j’avais essayé de dire à Emmanuel Macron lors de notre court échange à « l’Emission politique » de France 2. Ce fut une grave confusion historique de comparer la colonisation à un crime contre l’humanité. Non pas comme le laisse entendre Sibeth Ndiaye parce que c’est « un domaine réservé par et pour les Juifs », mais parce que la comparaison avec la colonisation ne tient pas puisqu’elle sous-entendrait une politique délibérée et généralisée de deshumanisation de populations civiles musulmanes par les autorités françaises. Contrairement à ce qu’Emmanuel Macron laissait penser ce soir-là, la définition du droit international n’a pas été élargie pour y inclure les crimes de guerre – comme ceux commis pendant les guerres coloniales – car sinon toutes les guerres de l’histoire, depuis l’Antiquité sont des crimes contre l’humanité. Pas une civilisation ne serait innocente de ce crime. Cette définition élargie a pour intérêt de préciser les différents actes criminels concernés : « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout autre acte inhumain commis contre une population civile avant ou après la guerre ». Dès lors, on le voit, ce terme est inapproprié pour évoquer la colonisation, période où des crimes de guerre furent commis certes mais sans que cela ne puisse entrer dans la définition juridique internationale du crime contre l’humanité.

Le « copyright » de Sibeth Ndiaye est sans doute le reflet de son ignorance de l’histoire et de la mémoire de la Shoah et je l’invite à s’inscrire à l’Université d’été du Mémorial de la Shoah pour en apprendre davantage. Je n’imagine pas qu’il puisse signifier autre chose. Il serait maintenant temps, sur ces sujets sérieux, de mesurer ses paroles, peser ses mots. Ne pas ajouter de la confusion à l’ignorance générale. Il serait temps d’apprendre à se taire quand on ne connaît pas son sujet. Bien sûr, cela réduirait beaucoup de conseillers et de politiciens au silence, mais est-ce que « les gens » y perdraient en intelligence et en respect pour leurs dirigeants ?

Voir par ailleurs: