Cinéma: L’immigration comme perte de l’innocence (The much vaunted idyllic life of the Jews in Arab lands is a myth!)

30 novembre, 2009
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O homme, qui que tu sois, toi qui juges, tu es donc inexcusable; car, en jugeant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui juges, tu fais les mêmes choses. Paul (Lettre aux Romains 2: 1)
Dans la solitude, la fatigue aidant, que voulez-vous, on se prend volontiers pour un prophète. Après tout, c’est bien là ce que je suis, réfugié dans un désert de pierres, de brumes et d’eaux pourries, prophète vide pour temps médiocres (…) on me décapiterait, par exemple et je n’aurais plus peur de mourir, je serais sauvé. Au dessus du peuple assemblé, vous élèveriez alors ma tête encore fraîche, pour qu’ils s’y reconnaissent et qu’à nouveau je les domine, exemplaire. Tout serait consommé, j’aurais achevé, ni vu ni connu, ma carrière de faux prophète qui crie dans le désert et refuse d’en sortir. (…) Je rêve parfois de ce que diront de nous les historiens futurs. Une phrase leur suffira pour l’homme moderne : il forniquait et lisait des journaux. Après cette forte définition, le sujet sera, si j’ose dire, épuisé. (…) Moi, moi, moi, voilà le refrain de ma chère vie, et qui s’entendait dans tout ce que je disais. Je ne me reconnaissais que des supériorités, ce qui expliquait ma bienveillance et ma sérénité. Quand je m’occupais d’autrui, c’était pure condescendance, en toute liberté, et le mérite entier m’en revenait : je montais d’un degré dans l’amour que je me portais. (…) Voulez-vous d’une vie propre ? Comme tout le monde ? Vous dites oui, naturellement. Comment dire non ? D’accord. On va vous nettoyer. Voilà un métier, une famille, des loisirs organisés. Et les petites dents s’attaquent à la chair, jusqu’aux os. Mais je suis injuste. Ce n’est pas leur organisation qu’il faut dire. Elle est la nôtre, après tout : c’est à qui nettoiera l’autre. (…) Si vous voulez le savoir, j’étais avocat avant de venir ici. Maintenant, je suis juge-pénitent. Mais permettez-moi de me présenter : Jean-Baptiste Clamence, pour vous servir. Heureux de vous connaître. (…) Quel lessivage ! Soixante-quinze mille juifs déportés ou assassinés, c’est le nettoyage par le vide. J’admire cette application, cette méthodique patience ! Quand on n’a pas de caractère, il faut bien se donner une méthode. Ici, elle a fait merveille, sans contredit, et j’habite sur les lieux d’un des plus grands crimes de l’histoire. (…) Il y a des gens dont le problème est de s’abriter des hommes, ou du moins de s’arranger d’eux. Pour moi, l’arrangement était fait. Familier quand il le fallait, silencieux si nécessaire, capable de désinvolture autant que de gravité, j’étais de plein pied. Aussi ma popularité était-elle grande et je ne comptais plus mes succès dans le monde. Je n’étais pas mal fait de ma personne, je me montrais à la fois danseur infatigable et discret érudit, j’arrivais à aimer en même temps, ce qui n’est guère facile, les femmes et la justice, je pratiquais les sports et les beaux-arts, bref, je m’arrête, pour que vous ne me soupçonniez pas de complaisance. Mais imaginez, je vous prie, un homme dans la force de l’âge, de parfaite santé, généreusement doué, habile dans les exercices du corps comme dans ceux de l’intelligence, ni pauvre ni riche, dormant bien, et profondément content de lui-même sans le montrer autrement que par une sociabilité heureuse. Vous admettrez alors que je puisse parler, en toute modestie, d’une vie réussie. Oui, peu d’êtres ont été plus naturels que moi. Mon accord avec la vie était total, j’adhérais à ce qu’elle était, du haut en bas, sans rien refuser de ses ironies, de sa grandeur, ni de ses servitudes. Non, à force d’être comblé, je me sentais, j’hésite à l’avouer, désigné. Camus (La Chute)
L’acte d’amour, par exemple, est un aveu. L’égoïsme y crie, ostensiblement, la vanité s’y étale (…) Aussitôt aimé, et ma partenaire à nouveau oubliée, je reluisais, j’étais au mieux, je devenais sympathique (…) Oui, je mourais d’envie d’être immortel. Parce que je désirais la vie éternelle, je couchais donc avec des putains et je buvais pendant des nuits. Le matin, bien sûr, j’avais dans la bouche le goût amer de la condition mortelle. Mais, pendant de longues heures, j’avais plané, bienheureux. J’attendais l’aube, j’échouais enfin dans le lit toujours défait de ma princesse qui se livrait mécaniquement au plaisir, puis dormait sans transition. Le jour venait doucement éclairer ce désastre et je m’élevais, immobile, dans un matin de gloire. Camus (la Chute)
Voilà ce qu’aucun homme (sinon ceux qui ne vivent pas, je veux dire les sages) ne peut supporter. La seule parade est dans la méchanceté. Les gens se dépêchent alors de juger pour ne pas l’être eux-mêmes. Que voulez-vous ? Camus (la Chute)
On ne vous pardonne votre bonheur et vos succès que si vous consentez généreusement à les partager. Mais pour être heureux, il ne faut pas trop s’occuper des autres. Dès lors, les issues sont fermées. Heureux et jugé, ou absous et misérable. Quant à moi, l’injustice était plus grande : j’étais condamné pour des bonheurs anciens. J’avais vécu longtemps dans l’illusion d’un accord général, alors que, de toutes parts, les jugements, les flèches et les railleries fondaient sur moi, distrait et souriant. Du jour où je fus alerté, la lucidité me vint. Je reçus toutes les blessures en même temps et je perdis mes forces d’un seul coup. L’univers entier se mit alors à rire autour de moi. Camus (La Chute)
J’ai résumé L’Étranger, il y a longtemps, par une phrase dont je reconnais qu’elle est très paradoxale : “Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l’enterrement de sa mère risque d’être condamné à mort.” Je voulais dire seulement que le héros du livre est condamné parce qu’il ne joue pas le jeu. En ce sens, il est étranger à la société où il vit, où il erre, en marge, dans les faubourgs de la vie privée, solitaire, sensuelle. Et c’est pourquoi des lecteurs ont été tentés de le considérer comme une épave. On aura cependant une idée plus exacte du personnage, plus conforme en tout cas aux intentions de son auteur, si l’on se demande en quoi Meursault ne joue pas le jeu. La réponse est simple : il refuse de mentir.  (…) Meursault, pour moi, n’est donc pas une épave, mais un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d’ombres. Loin qu’il soit privé de toute sensibilité, une passion profonde parce que tenace, l’anime : la passion de l’absolu et de la vérité. Il s’agit d’une vérité encore négative, la vérité d’être et de sentir, mais sans laquelle nulle conquête sur soi et sur le monde ne sera jamais possible. On ne se tromperait donc pas beaucoup en lisant, dans L’Étranger, l’histoire d’un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité. Il m’est arrivé de dire aussi, et toujours paradoxalement, que j’avais essayé de figurer, dans mon personnage, le seul Christ que nous méritions. On comprendra, après mes explications, que je l’aie dit sans aucune intention de blasphème et seulement avec l’affection un peu ironique qu’un artiste a le droit d’éprouver à l’égard des personnages de sa création. Albert Camus (préface américaine à L’Etranger, 1955)
Le thème du poète maudit né dans une société marchande (…) s’est durci dans un préjugé qui finit par vouloir qu’on ne puisse être un grand artiste que contre la société de son temps, quelle qu’elle soit. Légitime à l’origine quand il affirmait qu’un artiste véritable ne pouvait composer avec le monde de l’argent, le principe est devenu faux lorsqu’on en a tiré qu’un artiste ne pouvait s’affirmer qu’en étant contre toute chose en général. Albert Camus (discours de Suède, 1957)
Personne ne nous fera croire que l’appareil judiciaire d’un Etat moderne prend réellement pour objet l’extermination des petits bureaucrates qui s’adonnent au café au lait, aux films de Fernandel et aux passades amoureuses avec la secrétaire du patron. (…) Le besoin de se justifier hante toute la littérature moderne du «procès». Mais il y a plusieurs niveaux de conscience. Ce qu’on appelle le «mythe» du procès peut être abordé sous des angles radicalement différents. Dans L’Etranger, la seule question est de savoir si les personnages sont innocents ou coupables. Le criminel est innocent et les juges coupables. Dans la littérature traditionnelle, le criminel est généralement coupable et les juges innocents. La différence n’est pas aussi importante qu’il le semble. Dans les deux cas, le Bien et le Mal sont des concepts figés, immuables : on conteste le verdict des juges, mais pas les valeurs sur lesquelles il repose. La Chute va plus loin. Clamence s’efforce de démontrer qu’il est du côté du bien et les autres du côté du mal, mais les échelles de valeurs auxquelles il se réfère s’effondrent une à une. Le vrai problème n’est plus de savoir «qui est innocent et qui est coupable?», mais « pourquoi faut-il continuer à juger et à être jugé? ». C’est là une question plus intéressante, celle-là même qui préoccupait Dostoïevski. Avec La Chute, Camus élève la littérature du procès au niveau de son génial prédécesseur. Le Camus des premières oeuvres ne savait pas à quel point le jugement est un mal insidieux et difficile à éviter. Il se croyait en-dehors du jugement parce qu’il condamnait ceux qui condamnent. En utilisant la terminologie de Gabriel Marcel, on pourrait dire que Camus considérait le Mal comme quelque chose d’extérieur à lui, comme un «problème» qui ne concernait que les juges, alors que Clamence sait bien qu’il est lui aussi concerné. Le Mal, c’est le «mystère» d’une passion qui en condamnant les autres se condamne elle-même sans le savoir. C’est la passion d’Oedipe, autre héros de la littérature du procès, qui profère les malédictions qui le mènent à sa propre perte. (…) L’étranger n’est pas en dehors de la société mais en dedans, bien qu’il l’ignore. C’est cette ignorance qui limite la portée de L’Etranger tant au point de vue esthétique qu’au point de vue de la pensée. L’homme qui ressent le besoin d’écrire un roman-procès n’ appartient pas à la Méditerranée, mais aux brumes d’Amsterdam. Le monde dans lequel nous vivons est un monde de jugement perpétuel. C’est sans doute le vestige de notre tradition judéo-chrétienne. Nous ne sommes pas de robustes païens, ni des juifs, puisque nous n’avons pas de Loi. Mais nous ne sommes pas non plus de vrais chrétiens puisque nous continuons à juger. Qui sommes-nous? Un chrétien ne peut s’empêcher de penser que la réponse est là, à portée de la main : «Aussi es-tu sans excuse, qui que tu sois, toi qui juges. Car en jugeant autrui, tu juges contre toi-même : puisque tu agis de même, toi qui juges». Camus s’était-il aperçu que tous les thèmes de La Chute sont contenus dans les Epîtres de saint Paul ? (…) Meursault était coupable d’avoir jugé, mais il ne le sut jamais. Seul Clamence s’en rendit compte. On peut voir dans ces deux héros deux aspects d’un même personnage dont le destin décrit une ligne qui n’est pas sans rappeler celle des grands personnages de Dostoïevski. (…) Pour faire de Meursault un martyr, il faut lui faire commettre un acte vraiment répréhensible, mais pour lui conserver la sympathie du lecteur, il faut préserver son innocence (…) On nous conduit insensiblement à l’incroyable conclusion que le héros est condamné à mort non pour le crime dont il est accusé et dont il est réellement coupable, mais à cause de son innocence que ce crime n’a pas entachée, et qui doit rester visible aux yeux de tous comme si elle était l’attribut d’une divinité. René Girard (Critiques dans un souterrain, 1968/1976)
Le contexte historique de l’oeuvre peut sans doute expliquer ce revirement de Camus. Le court voyage qu’il effectue en Hollande avant de se plonger dans la rédaction de son ouvrage lui fournira son cadre au récit. La grave dépression qui a conduit son épouse Francine au bord du suicide va infléchir son inspiration. Lui qui connaît depuis quelques années une renommée publique et mondaine et qui multiplie les conquêtes féminines, doute parfois de lui quand il se regarde dans un miroir. (…) Ainsi la figure de Jean-Baptiste Clamence devra-t-elle faire face à la fois aux ennemis de Camus et à Camus lui-même. Au moins est-on sûr que cet antihéros ne confesse ses fautes que pour mieux se persuader qu’elles sont celles de l’humanité entière.Ces aveux de Camus, par la voix de Jean-Baptiste Clamence, semble donc faire écho à la vie personnelle de l’auteur. L’auteur reconnu se retourne sur sa vie. Il entend les polémiques qui enflent dans les cafés parisiens. Il ne connait que trop bien l’envers de sa personnalité. Un critique proche de Sartre et du PCF à l’époque, Francis Jeanson, avait dit de Camus qu’il restait « essentiellement statique », et Sartre d’arguer lui-même au sujet de Camus « Vous êtes un bourgeois ! ». Sartre juge Camus trop réactionnaire. De là à dire qu’il est un parvenu, il n’y a qu’un pas. Pour autant, entendre Sartre traiter Camus de bourgeois, cela pourrait prêter à rire, il est vrai. (…) Pour autant, Camus, né prolétaire, culpabiliserait-il d’avoir abandonné la classe sociale à laquelle il appartenait ? D’avoir ressenti du mépris pour celle-ci ? Pour répondre à ces accusations, il se fait donc juge-pénitent. Il accepte le rejet de Saint Germain des Près, dont il moque le mensonge fait au peuple, l’engagement social d’une rive gauche bourgeoise, Sartre, Beauvoir et Vian en tête. Camus tourne le dos au Communisme, aux partis, sans doute lui reprochera-t-on aussi sa lucidité sur l’échec des grandes idéologies collectives révolutionnaires. Point contemporain
Que pèse le rappel des vexations, des meurtres mêmes, devant la nécessité de croire en une complémentarité judéo-musulmane? Patrick Simon
Tahar est un jeune Tunisien envoyé par sa famille pour aller soutenir son frère, emprisonné à Paris pour meurtre. Mais quand il débarque à Marseille, Tahar ne prend pas le train. Il erre dans la ville frontière où se mêlent deux mondes, celui qu’il vient de quitter et celui qui a transformé son frère. Tel est le synopsis de » Lettre à la prison » , film réalisé par Marc Scialom. Un sujet qui aurait très bien pu être filmé en caméra numérique voici quelques semaines tant cette situation semble contemporaine. Rue 89
Nous sommes en 1969. La plupart font le voyage pour trouver du travail. Pas celui dont on entend la voix, en off : lui vient rendre visite à son frère, incarcéré à Paris, accusé d’un crime qu’il nie avoir commis. (…) Sur le mode du dérèglement sensoriel, du brouillage identitaire vertigineux, l’expérience de l’immigré est restituée ici comme une expérience de l’étrangeté absolue. Conduit à ruser avec des règles qui le limitent en tout, comme les barreaux d’une prison mentale, il en vient à se penser lui-même suspect. Ses certitudes vacillent. Après tout, peut-être son frère l’a-t-il bien tuée cette femme « trop blanche », « trop riche », cette femme « qui n’était pas pour lui », comme le pense leur cousin. L’immigration comme perte de l’innocence, telle est la toile de fond de ce film magnifique, qui n’assène aucun message. Et c’est bien ce qui lui fut reproché. (…) A l’heure où « l’identité nationale » envahit le débat public, ce film réalisé par un immigré tunisien de culture juive sur un immigré tunisien de culture musulmane pose des questions essentielles, avec l’intelligence et le regard d’un grand artiste. Le Monde
En 1970, un jeune tunisien débarque pour la première fois de sa vie en France, où il est chargé par sa famille de porter secours à son frère aîné, accusé à tort d’un meurtre et emprisonné à Paris. Il fait d’abord halte à Marseille. Là, il rencontre des tunisiens étrangement différents de ceux qu’il croisait en Tunisie, des Français qui lui paraissent énigmatiques et une ambiance générale assez inquiétante à ses yeux pour le faire douter peu à peu de ce dont il était sûr, c’est-à-dire de l’innocence de son frère, de sa propre innocence, de sa propre intégrité mentale. Le thème développé dans ce film est celui d’une identité culturelle et personnelle mise en péril, sur fond de post-colonialisme. Résumé du film Lettre à la prison
J’étais un exilé moi-même et je voulais montrer ce que je connaissais: la perte d’identité de la jeune génération qui débarquait en France. Une perte culturelle, mais aussi personnelle : « Je suis arrivé en un lieu où je ne suis plus moi. Qui suis-je alors ? » Cette perte d’identité se doublait souvent, pour les arrivants, d’un sentiment de culpabilité qu’on leur flanquait à la gueule et qu’ils intériorisaient au point de se sentir devenir « le salaud » (…) l’aspect onirique du film n’a pas plu à l’époque. Jean Rouch trouvait le film surréaliste. C’était un compliment, mais quand je l’ai montré à Chris Marker, il ne m’a rien dit. Nous étions amis et il n’a pas déserré les dents. J’en étais très choqué et, plus tard, ses amis m’ont dit : « Pas politique ! » Ça voulait dire que, pour eux, je m’éloignais du militantisme pour faire un cinéma de petit-bourgeois nombriliste. Dans ce milieu, parler de ses rêves, exprimer sa subjectivité, était mal vu. La gauche, que je fréquentais, n’a donc pas aimé le film, et les autres non plus parce que ça n’était pas un film montrant les Arabes sous un jour exotique. Le film n’entrait dans aucun créneau. On me disait : « Qu‘est-ce que vous voulez qu’on fasse avec ça ? » Marc Scialom
Le film qui m’a touché et encouragé, c’est A bout de souffle. Quand je l’ai vu sur les Champs-Elysées, je suis aussitôt aller acheter une lampe de poche et un carnet de notes et je suis retourné le voir plusieurs fois. Je sentais que l’énergie se situait non pas à l’intérieur de chaque plan, mais dans le passage de l’un à l’autre, dans le choc de la « collure ». C’est cette énergie que j’ai essayé de trouver dans Lettre à la prison. J’ai tourné sans argent, avec les gens que je trouvais. L’interprète principal était un ami d’amis. Il était algérien, et son personnage tunisien. C’était un ouvrier qui logeait dans un foyer Sonacotra, qui vivait mal, et qui a fini par retourner en Algérie parce qu’il ne supportait plus la France. Marc Scialom
Quand on voit maintenant les relations qu’ont les juifs avec les arabes, c’est triste quand on pense à la cohabitation qu’ils avaient avant (…) Pour moi, Belleville c’est à peu près l’image que j’ai de Tunis. Pourtant c’est un quartier délabré, les immeubles tombent en ruine, mais quand je vois des juifs, des arabes, des noirs, des blancs, des chrétiens… je vois de tout à Belleville, et je vois rarement de bagarres. Je me dis que ça devait être comme ça à Tunis. Quand je vois des gens qui crient par la fenêtre pour appeler leurs enfants, qu’il y a plein de gens dans la rue, une foule incroyable, des gens à la terrasse des restaurants en été, je me dis : « vraiment, ça devait être ça à Tunis ». Jeune fille d’origine tunisienne née à Paris en 1980 (entretien réalisé par l’historien Patrick Simon)
Quand j’étais jeune, on me disait : « le juif errant, celui qui était en Pologne, il a été en Allemagne, d’Allemagne il a été en Russie, de Russie il a été France, de France il a été… ». Heureusement que nous on n’est pas comme ça. On est bien, on vit bien, on travaille bien, on s’entend avec tout le monde. Et puis quand j’ai pris le bateau, j’ai dit : « bon Dieu, je deviens juif errant comme les autres ». Je quitte la Tunisie pour aller en France, je suis comme tous les juifs errants : d’un côté à l’autre, d’un côté à l’autre. Juif tunisien (né en 1921 à Tunis, parti en 1961)
La fameuse vie idyllique des juifs dans les pays arabes, c’est un mythe ! La vérité […] est que nous étions d’abord une minorité dans un milieu hostile ; comme tels, nous avions toutes les peurs, les angoisses, le sentiment constant de la fragilité des trop faibles. Aussi loin que remontent mes souvenirs d’enfant, dans les récits de mon père, de mes grands-parents, de mes tantes et oncles, la cohabitation avec les Arabes n’était pas seulement malaisée, elle était pleine de menaces, périodiquement mises à exécution. Il faut tout de même rappeler ce fait lourd de signification : la situation des juifs pendant la colonisation était plus sûre, parce que plus légalisée. Car sur la période qui a précédé la colonisation, la mémoire collective des juifs de Tunisie ne laisse aucun doute. Il suffit de reprendre les quelques récits, les quelques contes qui en restent : c’est une sombre histoire. Les communautés juives vivaient dans les ténèbres de l’histoire, l’arbitraire et la peur, sous des monarques tout-puissants, dont les décisions ne pouvaient être abolie ni même discutées. Tout le monde, direz vous, était soumis à ces monarques, sultans, beys ou deys. Oui, mais les juifs n’étaient pas seulement livrés au monarque, mais à l’homme de la rue. Mon grand-père portait encore des signes vestimentaires distinctifs, et il vivait à une époque où tout passant juif était susceptible de recevoir des coups sur la tête de tout musulman qu’il rencontrait. Cet aimable rituel avait même un nom : la chtaka, et comportait une formule sacramentelle, que j’ai oubliée. Un arabisant français m’a objecté, lors d’une réunion  » En pays d’islam les chrétiens n’étaient pas mieux lotis ». C’est vrai, et alors ? C’est un argument à double tranchant : il signifie en somme que personne, aucun minoritaire, ne vivait en paix et dans la dignité dans un pays à majorité arabe !  » (…) C’est notre complaisance de déracinés qui ont tendance à embellir le passé, qui, dans leur regret de l’Orient natal, minimisent, ou effacent complètement le souvenir des persécutions. Albert Memmi (« Juifs et Arabes », 1974)
Cette représentation idyllique occupe une place d’autant plus importante dans la mémoire qu’elle propose une lecture optimiste des rapports judéo-musulmans, au moment où l’actualité est dominée par la tension constante en Israël. Bien entendu, la mémoire ment quand elle enjolive à l’excès la situation des juifs en Tunisie. Le besoin irrépressible de gommer les drames, de lisser les aspérités conflictuelles s’est manifesté très tôt. Il n’est du reste pas spécifique aux juifs tunisiens, mais a été constaté également pour le Maroc et l’Algérie. Albert Memmi attribue le succès de ce mythe à cinq facteurs, dont la propagande arabe qui aurait cherché, dans le cadre du conflit israélo-arabe, à opposer juifs maghrébins et européens. Mais la principale responsabilité serait portée par les juifs des pays arabes eux-mêmes que Memmi (auto)critique avec lucidité. Patrick Simon
Emeutes contre la Hara (janvier 1952, 1 mort), relations postales avec Israël supprimées et agressions nocturnes (1956), expropriations du vieux cimetière de Tunis (1957), suppression du statut juif (loi du 11 juillet 1958), tunisation de l’administration avec l’indépendance (1956), destruction de la grande synagogue de Tunis (1960), violences après l’affaire de Bizerte (1961), expropriations (1960-61 – argent emporté imité à un dinar = 2 euros), pillage du quartier juif de Tunis et synagogue saccagée (1967) …
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« A l’heure où « l’identité nationale » envahit le débat public, ce film réalisé par un immigré tunisien de culture juive sur un immigré tunisien de culture musulmane » dixit Le Monde …

« Un sujet qui aurait très bien pu être filmé en caméra numérique voici quelques semaines tant cette situation semble contemporaine. » dixit Rue 89

A l’heure où, avec la sortie d’un film jusqu’ici inédit du réalisateur français d’origine judéo-italo-tunisienne Marc Scialom (« Lettre à la prison », tourné à Marseille en 1969 mais jamais sorti faute de financements), nos médias nous ressortent l’équation immigré juif tunisien-immigré musulman tunisien …

Et où, près de 70 ans après L’Etranger et sur l’air de 40 ans plus tard rien n’a changé, on nous rejoue le numéro de l’immigré comme étrangeté absolue ou le thème, que Camus avait lui-même dénoncé dans la Chute, du meurtrier innocent (ou accidentel comme dans « A bout de souffle ») …

Retour, avec les extraits d’une étude de la communauté judéo-tunisienne de Belleville par l’historien Patrick Simon, sur ce qu’occulte cette fascination pour ces nouveaux « bons sauvages » que sont devenus les immigrés musulmans et la vision prétendument idyllique des rapports franco ou judéo-musulmans (y compris pour les juifs eux-mêmes).

A savoir, le véritable arrière-plan historique de ce que fut l’exil, après 2000 ans d’histoire, des juifs de Tunisie …

Brutalement rappelés, notamment après la Crise de Bizerte (dont Sciamon avait d’ailleurs tiré un court roman – « Loin de Bizerte », 1967) et surtout la Guerre des Six-Jours, à leur destin de juifs errants

(…)

Amorcée dès le début des années 50, l’émigration des juifs s’est précipitée avec l’accession à l’indépendance de la Tunisie en 1956. Pourtant, l’histoire et la situation de cette communauté ne se confondait pas avec l’expérience coloniale. La présence juive en Tunisie remonte aux premiers siècles de notre ère et si l’entrée en vigueur du protectorat français sur la Tunisie beylicale, après la signature du traité du Bardo en 1881, allait engager d’importantes transformations du statut des juifs, ceux-ci n’intégreront jamais la société des colons. Après la conquête française, les juifs de Tunisie ont continué à constituer une minorité distincte des musulmans, des Français et des nombreux Italiens ou Maltais venant compléter la mosaïque tunisienne. Le système de cohabitation reproduisait celui en vigueur dans l’empire ottoman, laissant une certaine autonomie aux minorités tout en leur attribuant des places subalternes6. Mais l’arrivée de la puissance coloniale française allait bouleverser la hiérarchie du pouvoir. Occupant les positions dominantes, les nouveaux maîtres du pays ont en quelque sorte contribué à atténuer les écarts entre les autres composantes de la société tunisienne qui sont devenus, par la force du pouvoir colonial, des « indigènes ».

La présence française favorise le mouvement d’occidentalisation de la communauté juive initié dès la seconde moitié du XIXe siècle. Cependant, la situation juridique du protectorat placera les juifs de Tunisie dans une position très différente de celle de leurs voisins d’Algérie. Placés sous l’autorité du Bey, ils ne bénéficieront d’aucune procédure de faveur pour accéder à la nationalité française qui leur reste pratiquement inaccessible jusqu’en 1927. Ce statut juridique aura, on s’en doute, des conséquences considérables pour l’avenir de la communauté, notamment lors de son départ hors de Tunisie. À la faveur de la redistribution du pouvoir politique, la communauté juive pu s’orienter vers de nouvelles activités économiques. L’essor du commerce et des échanges avec l’Europe (France et Italie essentiellement) favorise l’émergence d’une caste de négociants et de gros commerçants juifs, tandis que le développement d’une administration de type européen suscite la création d’une couche d’employés aux écritures travaillant dans les banques, assurances ou études d’avocat. Une classe moyenne se forme, dont le mode de vie se distinguera rapidement de celui des classes pauvres vivant dans la ‘Hara, le ghetto tunisien. Le développement urbain de la ville de Tunis autorise également une mobilité résidentielle hors du Ghetto, amplifiant la rupture socio-culturelle. Les familles juives en phase d’ascension sociale migrent vers les quartiers européens nouvellement construits, en commençant leur mouvement par les ruelles à la périphérie de la ‘Hara. En abandonnant la vie de misère du ghetto vétuste et insalubre, ces familles rompent également avec un environnement façonné par et pour la communauté. Elles entrent de plain-pied dans des territoires indifférenciés où elles s’exposent, mais c’est là leur désir, à une acculturation rapide (Tapia et Taïeb, 1975).

Le protectorat entre en crise dès 1950 et le conflit ira crescendo jusqu’à l’obtention de l’autonomie interne en juin 1955, puis la reconnaissance par la France de l’indépendance de la Tunisie le 20 mars 1956. La communauté juive n’a jamais été particulièrement visée par les attentats ou coups de main. Elle est apparue, tout au long du processus d’indépendance, partagée entre, d’une part, un soutien actif et militant au parti communiste tunisien et au néo-Destour de Bourguiba, et, principalement pour la frange occidentalisée, la défense de la présence française. Pour l’essentiel, les masses populaires resteront en retrait du débat et ne réagiront qu’aux secousses qui vont durcir les relations entre juifs et musulmans dans la jeune république tunisienne. La crise de Bizerte en 1961, au cours de laquelle les armées française et tunisienne s’affrontent au cours de combats meurtriers, provoque une montée de l’antisémitisme dans l’ensemble du pays, et tout particulièrement à Tunis où réside l’essentiel de la communauté juive7. Pour beaucoup de juifs de Tunisie, cette crise fournit le signal du départ. Elle est suivie en 1967 par l’épisode plus dramatique de la guerre des 6 jours en Israël. À l’annonce du conflit, des milliers de manifestants musulmans investissent les quartiers où réside la population juive. De nombreuses boutiques sont alors saccagées, tandis qu’on met le feu aux lieux de culte israélites, dont la Grande Synagogue de l’avenue de Paris.

Ces événements successifs ont précipité le rythme de l’émigration juive qui, indépendamment des crises politiques, avait discrètement commencé après la seconde guerre mondiale. Sous l’impulsion du mouvement sioniste bien implanté en Tunisie, que ce soit sous sa formulation révisionniste avec le Bétar ou l’obédience socialiste du mouvement Dror, l’Aliya touche un nombre croissant des juifs pauvres, mais également, particularité tunisienne, l’élite de la communauté8. P. Sebag estime à 25 000 personnes l’émigration de Tunisie vers Israël entre 1946 et 1956 et à 5 000 les flux vers la France à la même période (Sebag, 1991). Par ailleurs, de nombreux négociants juifs tunisiens entretiennent de fructueuses relations économiques avec la France. Au cours de leurs séjours, ils fréquentent les premières « colonies » juives tunisiennes et participent ainsi à leur formation. Le secteur de la rue Montmartre à Paris devient, au tournant des années 50, un point d’accueil et de rencontre de ces négociants. Dans le prolongement du développement du pôle juif tunisien du faubourg Montmartre, on relève également à Belleville l’ouverture, en 1952, d’une épicerie et d’un café-restaurant. Ces lieux de consommation attirent une clientèle juive tunisienne dans un quartier dominé par les juifs ashkénazes. Ils serviront par la suite de point d’appuis pour l’installation des grosses vagues de migrants, lorsque la situation se dégradera en Tunisie. Au moment de l’exode, les réseaux tissés entre Tunis et Paris seront mobilisés et les noms du faubourg Montmartre et de Belleville circuleront parmi les candidats au départ.

Après la crise de Bizerte, la décision de partir se prend dans l’urgence, tandis que les transferts de biens ou de liquidités hors de Tunisie sont strictement réglementés. Abandonnant leurs maigres possessions dans leur logement, les familles partent, avec, selon l’expression consacrée, « 20 kilos de bagages et un dinar en poche » (Touati, 1961). Elles quittent la Tunisie sans espoir de retour. Cet extrait de témoignage résume l’état d’esprit d’un départ qui s’inscrivait d’emblée dans une logique d’exil :

« Mes parents savaient qu’ils n’habiteraient plus la Tunisie. Qu’ils n’y retourneraient jamais ça non. Ne plus y habiter, oui, ils sont partis pour partir. Ils ne sont pas partis avec l’idée de retour. Pour eux, ils venaient s’installer en France ou alors ils venaient d’abord en France pour aller ensuite en Israël, ça pouvait n’être qu’une étape »9.

Même si rétrospectivement, le départ des juifs de Tunisie peut apparaître inéluctable, le pari du maintien et de la cohabitation a longtemps prévalu. La Tunisie n’a pas eu à connaître la terrible alternative algérienne de « la valise ou le cercueil » ; l’enracinement dans son quartier, l’absence de « communauté de destin » avec un autre espace, fut-il la France ou Israël, n’engagent pas à se couper de son univers familier. Le fait est que le départ s’impose à chaque fois comme une rupture dans les projets, une bifurcation subite et traumatisante dans les parcours. Quel que soit le milieu social, les témoignages indiquent le caractère brutal et irrémédiable de la migration. En quittant leur pays, les juifs de Tunisie mettaient fin à 2000 ans d’histoire et renouaient avec la malédiction du juif errant qu’ils s’étaient efforcés de conjurer :

« Quand j’étais jeune, on me disait : « le juif errant, celui qui était en Pologne, il a été en Allemagne, d’Allemagne il a été en Russie, de Russie il a été France, de France il a été… ». Heureusement que nous on n’est pas comme ça. On est bien, on vit bien, on travaille bien, on s’entend avec tout le monde. Et puis quand j’ai pris le bateau, j’ai dit : « bon Dieu, je deviens juif errant comme les autres ». Je quitte la Tunisie pour aller en France, je suis comme tous les juifs errants : d’un côté à l’autre, d’un côté à l’autre ».

Voir aussi:

Marc Scialom a aujourd’hui 73 ans. Il en avait 18 quand il a quitté la Tunisie. » Je suis arrivé à Marseille, puis rapidement, je suis monté à Paris. Là-haut, j’étais en lien avec des gens du Parti. » Emigré, juif, intellectuel, communiste, Marc Scialom regarde passer les années Flower power avec la rage. Lui entend encore les bombardements français sur les villages tunisiens. Il en fera d’ailleurs l’objet d’un de ses premiers films, » Parole perdue » .

(…)

» Peut-être parce que mon film s’appelait initialement « Le Chien », dit le vieil homme. Alors, en 69, j’ai fini par tourner le film sur mes propres deniers. Ce n’était pas vraiment le film d’ailleurs, plutôt un travail préparatoire pour tenter de convaincre à nouveaux les financeurs.

(…)

» Toute cette histoire m’a donné envie de reprendre la caméra, conclut Marc Scialom. Alors, j’ai fait comme les jeunes, j’ai acheté une caméra numérique, j’ai écrit un synopsis à la limite entre le documentaire et la fiction qui parle des communautés juives et musulmanes à Marseille… et personne n’a accepté de financer mon projet. Comme il y a quarante ans, on me répond que ce n’est pas du cinéma. Alors, comme il y a quarante ans, j’ai commencé à le faire sans aide, seul.»

Voir également:

La beauté enfin dévoilée de « Lettre à la prison »
Isabelle Regnier
Le Monde
28.11.09

Le noir est charbonneux, le blanc éblouissant. L’image est abîmée, parfois striée. Assise sur un lit, dans des draps blancs froissés, une femme rejette ses cheveux en arrière, au ralenti. Image de rêve ? On comprendra plus tard que c’est celle d’un fantôme, le fantôme d’une femme française, retrouvée morte au pied d’une voiture, sauvagement assassinée.

D’abord, le film nous embarque sur le quai d’un paquebot, l’Avenir, qui transporte des Tunisiens jusqu’au Port autonome de Marseille. Nous sommes en 1969. La plupart font le voyage pour trouver du travail. Pas celui dont on entend la voix, en off : lui vient rendre visite à son frère, incarcéré à Paris, accusé d’un crime qu’il nie avoir commis.

Sur le bateau, l’homme ébauche mentalement le brouillon d’une lettre qu’il voudrait lui écrire. Mais il n’a jamais rédigé de lettres personnelles. Comment exprimer des sentiments intimes ? Alors pendant toute la durée du film, il ressasse, change de registre, s’interroge. Il raconte son voyage, parle de la famille, de l’impression qu’il a de ne plus connaître son frère, depuis que celui-ci vit en France…

Avant de monter dans le train pour Paris, le jeune homme reste quelques jours à Marseille, hume l’air de la ville, s’installe dans une chambre d’hôtel spartiate, entend fuser des propos racistes ordinaires… Il passe un après-midi chez un cousin, où il perçoit le déracinement de ces immigrés déjà coupés de leurs enfants nés sur place.

Rien de misérabiliste ici – le déjeuner est joyeux -, rien de trop explicite non plus : des bribes de phrases, des sensations, montées ensemble comme dans un rêve, des images mentales étranges, qui s’insèrent entre deux plans documentaires. Sur le mode du dérèglement sensoriel, du brouillage identitaire vertigineux, l’expérience de l’immigré est restituée ici comme une expérience de l’étrangeté absolue. Conduit à ruser avec des règles qui le limitent en tout, comme les barreaux d’une prison mentale, il en vient à se penser lui-même suspect. Ses certitudes vacillent.

« PAS POLITIQUE »

Après tout, peut-être son frère l’a-t-il bien tuée cette femme « trop blanche », « trop riche », cette femme « qui n’était pas pour lui », comme le pense leur cousin. L’immigration comme perte de l’innocence, telle est la toile de fond de ce film magnifique, qui n’assène aucun message. Et c’est bien ce qui lui fut reproché.

Réalisé, en 1969, par Marc Scialom, un jeune apprenti cinéaste d’origine juive tunisienne, avec le soutien de Chris Marker qui lui a prêté du matériel, c’est un film inachevé. La version qui ressort mercredi en salles est une maquette, conçue par l’auteur dans l’espoir de convaincre un producteur de financer le film. Mais l’accueil que lui ont fait les amis de Chris Marker lui a coupé les ailes. « Pas politique », lui a-t-on asséné, ce qui revenait, dans le contexte de l’époque, à une condamnation sans appel.

Malgré le soutien de Jean Rouch, qui a salué « un des rares films surréalistes de l’histoire du cinéma », le jeune cinéaste l’a enterré et n’a pas tardé à abandonner le cinéma pour se consacrer à l’enseignement. C’est à sa fille, Chloé Scialom, qu’il doit d’avoir exhumé cette copie de travail, et à l’association marseillaise Film Flamme de l’avoir restaurée.

Lettre à la prison n’est pas un film militant, mais c’est un film politique, visionnaire, dont le sens s’est intensifié avec les années. La liberté de son écriture, la poésie de son montage le distinguent radicalement des films engagés des années 1970 dont la plupart ne peuvent plus s’apprécier autrement que replacés dans le contexte de leur époque.

A l’heure où « l’identité nationale » envahit le débat public, ce film réalisé par un immigré tunisien de culture juive sur un immigré tunisien de culture musulmane pose des questions essentielles, avec l’intelligence et le regard d’un grand artiste.

Voir de même:

Monday, November 30, 2009
Marc Scialom. Lettre à la prison

We can see what the city of Marseille was like – with its past and present marked by immigration, likewise on the border between reality and fiction – in Lettre à la prison, filmed 40 years ago in Marseille and Tunisia. The film has remained invisible since then because its director, Marc Scialom, a French Tunisian with Italian blood, ran out of money and had to stop filming before he could run off a copy. With voices out of field, it is an atemporal narration that instead follows the interior movements of the leading player, a Tunisian boy who has landed in Marseille and tries to get to Paris. He goes to the station every day but never manages to leave. The words, which are not always connected with the images, compose the story: the young man has come to France to help his brother, accused of killing a French girl with whom he had a relationship. Little does it matter that the accusation is false: back then – as is the case today – he is the perfect culprit.

But the story, the letters that one man writes to the other, are merely fragments, a starting point to reveal much more. The young man’s wanderings through Marseille, composed of harsh angles, diagonal shots with a “cubist” air, tell us about racism, ostracism and mistrust. Men and women view immigrants suspiciously, considering them savages: Arab equals disease and filth. It makes no difference that they were bled first by colonialism and then by post-colonialism: the slums in which they live are dirty, their children dishevelled, barefoot and naked … There is a compelling feeling of contemporary life, of today’s world, in this film. Indeed, its power lies in not “theorizing” about it but, rather, allowing the contradictions and ambiguity of widespread violence to emerge: the frustration of a horrible deed – the young man throws his dog from the train because a hysterical Frenchwoman is shocked that the animal is peeing – is something that introjects marginality without having processed it into rebellion, making it all the more frightening. Scialom revisits cinéma vérité, but the most surprising aspect is the representation of immigration. The director takes uncommon liberties and perhaps this is what frightened producers at the time. The scene of the young man and a French girl on the reef – she urinating in front of him, he being transformed into all of the men of an aggressive culture without distinction – is extraordinary. The “scandal” of the film is its unconventionality, the fact that it works within a reciprocal imagination, touching on eroticism, sexuality and fantasies. Something that is ever topical in history. (Cristina Piccino, il manifesto, 6 July 2008)

Personne ou presque ne connaît Marc Scialom. Juif italien né à Tunis en 1934, ce cinéaste autodidacte a pourtant gagné un Lion d’Argent à Venise en 1972, avec le court-métrage Exils. Mais son seul long-métrage, Lettre à la prison (1969), n’est jamais sorti dans les salles. Trop onirique pour l’époque (post 68), très demandeuse de Politique. Mêlant prises de vues en noir et blanc tournées à l’arrache dans les rues de Marseille, et extraits d’un court métrage en couleur, Lettre à la prison est un magnifique film-poème sur l’immigration maghrébine. 35 ans plus tard, sa puissance reste intacte.
LETTRE A LA PRISON
Un film de Marc Scialom
Avec Tahar Aïbi, Marie-Christine Lefort, Myriam Tuil
Durée : 1h39

Voir encore:

WHO IS AN ARAB JEW? *
Albert Memmi
February, 1975

* The term « Arab Jews » is obviously not a good one. I have adopted it for convenience. I simply wish to underline that as natives of those countries called Arab and indigenous to those lands well before the arrival of the Arabs, we shared with them, to a great extent, languages, traditions and cultures. If one were to base oneself on this legitimacy, and not on force and numbers, then we have the same rights to our share in these lands – neither more nor less – than the Arab Moslems. But one should remember, at the same time, that the term « Arab » is not a happy one when applied to such diverse populations, including even those who call and believe themselves to be Arabs.

The head of an Arab state (Muammar Ghadaffi) recently made us a generous and novel offer. « Return, » he told us, « return to the land of your birth! » It seems that this impressed many people who, carried away by their emotions, believed that the problem was solved. So much so that they did not understand what was the price to be paid in exchange: once reinstalled in our former countries, Israel will no longer have any reason to exist. The other Jews, those « terrible European usurpers », will also be sent back « home » – to clear up the remains of the crematoria, to rebuild their ruined quarters, I suppose. And if they do not choose to go with good grace, in spite of everything, then a final war will be waged against them. On this point, the Head of State was very frank. It also seems that one of his remarks deeply impressed those present: « Are you not Arabs like us – Arab Jews? »

What lovely words! We draw a secret nostalgia from them: yes, indeed, we were Arab Jews- in our habits, our culture, our music, our menu. I have written enough about it. But must one remain an Arab Jew if, in return, one has to tremble for one’s life and the future of one’s children and always be denied a normal existence? There are, it is true, the Arab Christians. What is not sufficiently known is the shamefully exorbitant price that they must pay for the right merely to survive. We would have liked to be Arab Jews. If we abandoned the idea, it is because over the centuries the Moslem Arabs systematically prevented its realization by their contempt and cruelty. It is now too late for us to become Arab Jews. Not only were the homes of Jews in Germany and Poland torn down, scattered to the four winds, demolished, but our homes as well. Objectively speaking, there are no longer any Jewish communities in any Arab country, and you will not find a single Arab Jew who will agree to return to his native land.

I must be clearer: the much vaunted idyllic life of the Jews in Arab lands is a myth! The truth, since I am obliged to return to it, is that from the outset we were a minority in a hostile environment; as such, we underwent all the fears, the agonies, and the constant sense of frailty of the underdog. As far back as my childhood memories go – in the tales of my father, my grandparents, my aunts and uncles – coexistence with the Arabs was not just uncomfortable, it was marked by threats periodically carried out. We must, nonetheless, remember a most significant fact: the situation of the Jews during the colonial period was more secure, because it was more legalized. This explains the prudence, the hesitation between political options of the majority of Jews in Arab lands. I have not always agreed with these choices, but one cannot reproach the responsible leaders of the communities for this ambivalence – they were only reflecting the inborn fear of their co-religionists.

As to the pre-colonial period, the collective memory of Tunisian Jewry leaves no doubt. It is enough to cite a few narratives and tales relating to that period: it was a gloomy one. The Jewish communities lived in the shadow of history, under arbitrary rule and the fear of all-powerful monarchs whose decisions could not be rescinded or even questioned. It can be said that everybody was governed by these absolute rulers: the sultans, beys and deys. But the Jews were at the mercy not only of the monarch but also of the man in the street. My grandfather still wore the obligatory and discriminatory Jewish garb, and in his time every Jew might expect to be hit on the head by any Moslem whom he happened to pass. This pleasant ritual even had a name – the chtaka; and with it went a sacramental formula which I have forgotten. A French orientalist once replied to me at a meeting: « In Islamic lands the Christians were no better off! » This is true – so what? This is a double-edged argument: it signifies, in effect, that no member of a minority lived in peace and dignity in countries with an Arab majority! Yet there was a marked difference all the same: the Christians were, as a rule, foreigners and as such protected by their mother-countries. If a Barbary pirate or an emir wanted to enslave a missionary, he had to take into account the government of the missionary’s land of origin – perhaps even the Vatican or the Order of the Knights of Malta. But no one came to the rescue of the Jews, because the Jews were natives and therefore victims of the will of « their » rulers. Never, I repeat, never – with the possible exception of two or three very specific intervals such as the Andalusian, and not even then – did the Jews in Arab lands live in other than a humiliated state, vulnerable and periodically mistreated and murdered, so that they should clearly remember their place.

During the colonial period, the life of Jews took on a certain measure of security, even among the poorest classes, whereas traditionally only the rich Jews, those from the European part of town, were able to live reasonably well. In these quarters the population was mixed, and the French and Italian Jews were, in general, less in contact with the Arab population. Even they remained second-class citizens, a prey from time to time to outbursts of popular anger, which the colonial power – French, English or Italian – did not always repress in time, either out of indifference or for tactical reasons.

I have lived through the alarms of the ghetto: the rapidly barred doors and windows, my father running home after hastily shutting his shop, because of rumours of an impending pogrom. My parents stocked food in expectation of a siege, which did not always materialize, but this gives the measure of our anguish, our permanent insecurity. We felt abandoned then by the whole world, including, alas, the French protectorate officials. Whether these officials knowingly exploited these happenings for internal political reasons, as a diversion of an eventual rising against the colonial regime, I have no proof. But certainly this was the feeling of us Jews of the poor quarters. My own father was convinced that when the Tunisian riflemen left for the front during the war, the Jewish population had been delivered into their hands. At the least, we thought that the French and Tunisian authorities had shut their eyes to the depredations of the soldiery or the malcontents who streamed into the ghetto. Like the carabinieri in the song, the police never came, or if they did it was only hours after it was all over.

Shortly before the end of the colonial period, we endured an ordeal in common with Europe: the German occupation.

I have described in Pillar of Salt how the French authorities coldly left us to the Germans. But I must add that we were also submerged in a hostile Arab population, which is why so few of us could cross the lines and join the Allies. Some got through in spite of everything, but in most cases they were denounced and caught.

Nevertheless, we were inclined to forget that dreadful period after Tunisia attained independence. It must be acknowledged that not many Jews took an active part in the struggle for independence, but neither did the mass of Tunisian non-Jews. On the other hand our intellectuals, including the communists, who were very numerous, took an active role in the fight for independence; some of them fought in the ranks of the « Destour ». I was myself a member of the small group which founded the newspaper Jeune Afrique in 1956, shortly before independence, for which I had to pay dearly later on.

At all events, after independence the Jewish bourgeoisie, which was an appreciable part of the Jewish population, believed that they could collaborate with the new regime, that it was possible to coexist with the Tunisian population. We were Tunisian citizens and decided in all sincerity to « play the game ». But what did the Tunisians do? Just like the Moroccans and Algerians, they liquidated their Jewish communities cunningly and intelligently. They did not indulge in open brutalities as in other Arab lands – that would anyhow have been difficult after the services which had been rendered, the help given by a large number of our intellectuals, because of world public opinion, which was following events in our region closely; and also because of American aid which they needed urgently. Nonetheless they strangled the Jewish population economically. This was easy with the merchants: it was enough not to renew their licences, to decline to grant them import permits and, at the same time, to give preference to their Moslem competitors. In the civil service it was hardly more complicated: Jews were not taken on, or veteran Jewish officials were confronted with insurmountable language difficulties, which were rarely imposed upon Moslems. Periodically, a Jewish engineer or a senior official would be put in jail on mysterious, Kafkaesque charges which panicked everyone else.

And this does not take into account the impact of the relative proximity of the Arab-Israel conflict. At each crisis, with every incident of the slightest importance, the mob would go wild, setting fire to Jewish shops. This even happened during the Yom Kippur War. Tunisia’s President, Habib Bourguiba, has in all probability never been hostile to the Jews, but there was always that notorious « delay », which meant that the police arrived on the scene only after the shops had been pillaged and burnt. Is it any wonder that the exodus to France and Israel continued and even increased?

I myself left Tunisia for professional reasons, admittedly, because I wanted to get back into a literary circle, but also because I could not have lived much longer in that atmosphere of masked, and often open, discrimination.

It is not a question of regretting the position of historical justice we adopted in favour of the Arab peoples. I regret nothing, neither having written The Colonizer and the Colonized nor my applause for the independence of the peoples of the Maghreb. I continued to defend the Arabs even in Europe, in countless activities, communications, signatures, manifestos. But it must be stated unequivocally, once and for all: we defended the Arabs because they were oppressed. But now there are independent Arab states, with foreign policies, social classes, with rich and poor. And if they are no longer oppressed, if they are in their turn becoming oppressors, or possess unjust political regimes, I do not see why they should not be called upon to render accounts. Besides, unlike most people, I was never willing to believe (as the liberals naively, and the communists artfully, repeat) that after independence there would be no more problems, that our countries would become secular states where Europeans, Jews and Moslems would happily coexist.

I even knew that there would not be much of a place for us in the country after independence. Young nations are very exclusive; and anyhow, Arab constitutions are incompatible with a secular ideology. And this, by the way, has been recently underlined most appositely by Colonel Qadhafi. He only said aloud what others think to themselves. I was equally aware of the problem of the « small » Europeans, the poor Whites; but I thought that all this was the inevitable end of a state of affairs condemned by history. I thought, in spite of everything, that the effort was worth making. After all, we had never occupied a major place; it would have been enough had they allowed us to live in peace. This was a drama, but a historical drama – not a tragedy; modest solutions did exist for us. But even that was not possible. We were all obliged to go, each in his turn.

Thus I arrived in France, and found myself up against the legend which was current in left-wing Parisian salons: the Jews had always lived in perfect harmony with the Arabs. I was almost congratulated for having been born in such a land where racial discrimination and xenophobia were unknown. It made me laugh. I heard so much nonsense about North Africa, and from people of the best intentions that, honestly, I did not react to it at all. The chattering only began to worry me when it became a political argument that is, after 1967. The Arabs then made up their minds to use this travesty of the truth, which fell on willing ears once the reaction against Israel had set in after her victory. It is now time to denounce this absurdity.

If I had to explain the success of the myth, I would list five converging factors. The first is the product of Arab propaganda: « The Arabs never did the Jews any harm, so why do the Jews come to despoil them of their lands, when the responsibility for Jewish misfortune is altogether European? The whole responsibility for the Middle East conflict rests on the Jews of Europe. The Arab Jews never wanted to create a separate country and they are full of trust and friendship towards the Moslem Arabs. » This is a double lie: the Arab Jews are much more distrustful of the Moslems than are the European Jews, and they dreamed of the Land of Israel long before the Russian and Polish Jews did.

The second argument stems from the cogitations of a part of the European Left: the Arabs were oppressed, therefore they could not be anti-Semites. This is ridiculously manichaeistic – as though one could not be oppressed and also be a racist! As if workers have not been xenophobic! Actually the argument is not convincing: the real purpose is to be able with a clear conscience to fight Zionism and thus serve the Soviet Union.

The third argument is the doing of contemporary historians, among whom, curiously enough, are certain Western Jews. Having undergone the dreadful Nazi slaughter, they could not imagine a similar thing happening elsewhere. However, if we except the massacres of the twentieth century (the pogroms in Russia after Kishinev and later by Stalin, as well as the Nazi crematoria), the total number of Jewish victims from Christian pogroms over the centuries probably does not exceed the total of the victims of the smaller and larger periodic pogroms perpetrated in Arab lands under Islam over the past millennium. Jewish history has so far been written by Western Jews; there has been no great Oriental Jewish historian. This is why only the « Western » aspects of Jewish suffering are widely known. One is reminded of the absurd distinction drawn by Jules Isaac, usually better inspired, between « true » and « false » anti-Semitism, « true » anti-Semitism being the result of Christianity. The truth is that it is not only Christianity that creates anti-Semitism, but the fact that the Jew is a member of a minority – in Christendom or in Islam. In making of anti-Semitism a Christian creation, Isaac, I regret to say, has minimized the tragedy of the Jews from Arab lands and helped to confuse people.

The fourth factor is that many Israelis, perturbed by the issue of coexistence with their Arab neighbours, wish to believe that this existed in the past; otherwise the whole undertaking would have to be discarded in despair! But in order to survive, it would be far wiser to take a clear view of the actual environment.

The fifth and last factor is our own complicity, the more or less unwitting complacency of us Jews from Arab countries – the uprooted who tend to embellish the past, who in our longing for our native Orient minimize, or completely efface, the memory of persecutions. In our recollections, in our imagination, it was a wholly marvelous life, even though our own newspapers from that period attest the contrary.

How I wish that all this had been true – that we had enjoyed a singular existence in comparison with the usual Jewish condition! Unfortunately, it is all a huge lie: Jews lived most lamentably in Arab lands. The State of Israel is not the outcome only of the sufferings of European Jewry. It is certainly possible, contrary to the thinking – if there is any thinking at all – of a part of the European Left, to free oneself from oppression and in turn to become an oppressor towards, for example, one’s own minorities. Indeed, this happens very often with many new nations.

And now?

Now it is no longer a question of our returning to any Arab land, as we are so disingenuously invited to do. Such an idea would seem grotesque to all the Jews who fled their homes – from the gallows of Iraq, the rapes, the sodomy of the Egyptian prisons, from the political and cultural alienation and economic suffocation of the more moderate countries. The attitude of the Arabs towards us seems to me to be hardly different from what it has always been. The Arabs in the past merely tolerated the existence of Jewish minorities, no more. They have not yet recovered from the shock of seeing their former underlings raise up their heads, attempting even to gain their national independence! They know of only one rejoinder: off with their heads! The Arabs want to destroy Israel. They pinned great hopes on the summit meeting in Algiers. Now what did this meeting demand? Two points recur as a leitmotiv: the return of all the territories occupied by Israel, and the restoration of the legitimate national rights of the Palestinians. The first contention can still create an illusion, but not the second. What does it mean? Settling the Palestinians as rulers in Haifa or Jaffa? In other words, the end of Israel. And if not that, if it is only a matter of partition, why do they not say so? On the contrary, the Palestinians have never ceased to claim the whole of the region, and their succeeding « summits » change nothing. The summit meeting in Algiers is linked to that of Khartoum (1967), there is no basic difference. Even today the official position of the Arabs, implicit or avowed, brutal or tactical, is nothing but a perpetuation of that anti-Semitism which we have experienced. Today, as yesterday, our life is at stake. But there will come a day when the Moslem Arabs will have to admit that we, the « Arab Jews » as well – if that is how they wish to call us – have the right to existence and to dignity.

Source: Israel Academic Committee on the Middle East, February, 1975

Voir enfin:

Pour un nouveau procès de L’Etranger

Pour un nouveau procès de L’Etranger », tel est le titre d’un chapitre de l’ouvrage de René Girard, Critique dans un souterrain (L’Age d’Homme, Lausanne, Suisse, 1976, p. 112-142) ouvrage épuisé chez l’éditeur et dont nous avons pu nous procurer le tout dernier exemplaire à Paris). Ce texte était paru pour la première fois (en anglais, dans PMLA, LXXIX, December 1964); il avait été republié en français dans une traduction de Régis Durand et de l’auteur (Revue des Lettres Modernes, Albert Camus I, Paris 1968). Ce texte étant assez difficilement accessible, nous en donnons ci-après quelques extraits. René Girard ne fait pas une étude juridique du procès de Meursault, mais tente de comprendre la démarche de Camus à la lumière de La Chute, opposant Clamence à Meursaut, dont il ne serait pas la « conversion » mais le « double transcendant ». »

… Le besoin de se justifier hante toute la littérature moderne du «procès». Mais il y a plusieurs niveaux de conscience. Ce qu’on appelle le «mythe» du procès peut être abordé sous des angles radicalement différents. Dans L’Etranger, la seule question est de savoir si les personnages sont innocents ou coupables. Le criminel est innocent et les juges coupables. Dans la littérature traditionnelle, le criminel est généralement coupable et les juges innocents. La différence n’est pas aussi importante qu’il le semble. Dans les deux cas, le Bien et le Mal sont des concepts figés, immuables : on conteste le verdict des juges, mais pas les valeurs sur lesquelles il repose.La Chute va plus loin. Clamence s’efforce de démontrer qu’il est du côté du bien et les autres du côté du mal, mais les échelles de valeurs auxquelles il se réfère s’effondrent une à une. Le vrai problème n’est plus de savoir «qui est innocent et qui est coupable?», mais «pourquoi faut-il continuer à juger et à être jugé?». C’est là une question plus intéressante, celle-là même qui préoccupait Dostoïevski. Avec La Chute, Camus élève la littérature du procès au niveau de son génial prédécesseur.Le Camus des premières oeuvres ne savait pas à quel point le jugement est un mal insidieux et difficile à éviter. Il se croyait en-dehors du jugement parce qu’il condamnait ceux qui condamnent. En utilisant la terminologie de Gabriel Marcel, on pourrait dire que Camus considérait le Mal comme quelque chose d’extérieur à lui, comme un «problème» qui ne concernait que les juges, alors que Clamence sait bien qu’il est lui aussi concerné. Le Mal, c’est le «mystère» d’une passion qui en condamnant les autres se condamne elle-même sans le savoir. C’est la passion d’Oedipe, autre héros de la littérature du procès, qui profère les malédictions qui le mènent à sa propre perte. […]L’étranger n’est pas en dehors de la société mais en dedans, bien qu’il l’ignore. C’est cette ignorance qui limite la portée de L’Etranger tant au point de vue esthétique qu’au point de vue de la pensée. L’homme qui ressent le besoin d’écrire un roman-procès n’appartient pas à la Méditerranée, mais aux brumes d’Amsterdam.Le monde dans lequel nous vivons est un monde de jugement perpétuel. C’est sans doute le vestige de notre tradition judéo-chrétienne. Nous ne sommes pas de robustes païens, ni des juifs, puisque nous n’avons pas de Loi. Mais nous ne sommes pas non plus de vrais chrétiens puisque nous continuons à juger. Qui sommes-nous? Un chrétien ne peut s’empêcher de penser que la réponse est là, à portée de la main : «Aussi es-tu sans excuse, qui que tu sois, toi qui juges. Car en jugeant autrui, tu juges contre toi-même : puisque tu agis de même, toi qui juges». Camus s’était-il aperçu que tous les thèmes de La Chute sont contenus dans les Epîtres de saint Paul ? […]Meursault était coupable d’avoir jugé, mais il ne le sut jamais. Seul Clamence s’en rendit compte. On peut voir dans ces deux héros deux aspects d’un même personnage dont le destin décrit une ligne qui n’est pas sans rappeler celle des grands personnages de Dostoïevski. »

René Girard – Critique dans un souterrain, Pour un nouveau procès de l’Etranger, p.140-142.Dans le prochain numéro du Bulletin, nous publierons


Présidence Obama: Après l’Obamania, la cartérisation (Manchurian candidate or just plain old carterization?)

29 novembre, 2009
Manchurian candidateDès qu’un organisateur entre dans une communauté, il ne vit, rêve, mange, respire et dort qu’une chose, et c’est d’établir la base politique de masse de ce qu’il appelle l’armée. Saul Alinsky (mentor politique d’Obama)
On se retrouve avec deux conclusions: 1) un président très inexpérimenté a découvert que toute la rhétorique de campagne facile et manichéenne de 2008 n’est pas facilement traduisible en gouvernance réelle. 2) Obama est engagé dans une course contre la montre pour imposer de force un ordre du jour plutôt radical et diviseur à un pays de centre-droit avant que celui-ci ne se réveille et que ses sondages atteignent le seuil fatidique des 40%. Autrement dit, il y a deux options possibles: Ou bien le pays bascule plus à gauche en quatre ans qu’il ne l’a fait en cinquante ou Obama entraine dans sa chute le Congrès démocrate et la notion même de gouvernance de gauche responsable, laissant ainsi derrière lui un bilan à la Carter. Victor Davis Hanson
Bientôt, M. Obama aura ses propres La Mecque et Téhéran à traiter, peut-être à Jérusalem et au Caire. Il ferait bien de jeter un œil au bilan de son co-lauréat au prix Nobel de la paix, comme démonstration de la manière dont les motifs les plus purs peuvent entrainer les résultats les plus désastreux. Bret Stephens

Et si, après leur choix de Jimmy Carter en 2003, le comité Nobel avait vu juste en récompensant dès sa première année son plus pur émule?

Incertitudes sur les circonstances exactes de sa naissance, sur sa nationalité, sur son identité religieuse, sur son itinéraire académique, liens avec l’extrême gauche ou les suprémacistes noirs, accession trouble au Sénat d’un des Etats les plus corrompus des Etats-Unis, soutien médiatique massif et campagne la plus chère de l’histoire américaine …

Nationalisations « provisoires » de pans entiers de l’industrie et de la banque, subventions gouvernementales, aggravation monstrueuse des déficits, montée inédite du chômage, nouvelle baisse du dollar, dépendance accrue envers les puissances financières étrangères, projet d’un service national de santé au coût toujours non budgété et impliquant un contrôle tout à fait inédit de la population, projet de la création d’un service national de la jeunesse, projet de musèlement des médias via une loi visant à imposer la diversité des opinions, mise en place de chargés de mission présidentiels dotés de pouvoirs étendus échappant au contrôle du Sénat, ouvertures tous azimuths envers l’islam, l’Iran, les Palestiniens, critique systématique de son prédécesseur au plan militaire tout en en maintenant l’essentiel des mesures, renoncement unilatéral au déploiement de missiles antimissiles en Europe de l’Est et abandon des pays ex-communistes ou ex-soviétiques, prix Nobel de la paix sur la seule foi de ses belles paroles …

En ces temps étranges où, dans l’incorrigible novlangue de nos médias, la tenue d’une élection démocratique suite à la tentative de « putsch légal » de la part du président précédent est qualifiée de « victoire des putschistes »

Mais où, juste retour des choses après le hold up du siècle et près d’un an de boulettes presque ininterrompues, le premier président multiculturel et post-moderne de l’histoire américaine redescend littéralement sur terre en passant pour la première fois sous la barre symbolique des 50% d’avis favorables dans les sondages …

Et où, à mesure que commencent à s’estomper les pires effets d’une crise financière qui avait poussés les électeurs dans les bras d’un virtuel inconnu, font retour à la surface tous les avertissements que tant d’entre eux avaient voulu ignorer il y a un an …

Retour, avec David Horowitz et Michel Gurfinkiel, sur l’une des accusations qui avaient surgi pendant la campagne du disciple de Saul Alinsky, à savoir celle d’être le fameux « candidat mandchou », qui, selon le célèbre roman de politique-fiction de la fin des années 50 de Richard Condon adapté à deux reprises au cinéma, voyait un soldat américain capturé par les Rouges pendant la guerre de Corée renvoyé aux Etats-Unis, après avoir été dument retourné et conditionné, pour y participer à un coup d’Etat.

Qui, derrière ses côtés franchement conspirationnistes, a le mérite de rappeler les côtés indéniablement ambigus et troubles d’un candidat ayant été soutenu non seulement par le Très Grand Capital à la George Soros mais par la myriade d’associations plus ou moins extrémistes et issus des milieux anti-mondialisation puis anti-guerre que subventionnait celui-ci

USA/ Le président de Mandchourie
Comme Carter en 1976, Obama a été mis en orbite en 2008 par des puissances qui le dépassent. Comme Carter, il ne résiste pas à l’épreuve du pouvoir.
Michel Gurfinkiel
Mercredi 11 novembre 2009

Depuis un demi-siècle, l’Amérique vit dans la hantise du « candidat de Mandchourie ». Derrière cette expression, il y a d’abord eu un roman de politique-fiction de Richard Condon, The Manchurian Candidate, paru en 1959. Puis deux films : par John Frankenheimer d’abord, en 1962, avec Frank Sinatra dans le rôle principal ; et par John Demme ensuite, en 2004, avec Denzel Washington.

Thème : la manipulation du système démocratique par des ennemis de la démocratie. Dans le roman de Condon et le premier film, il est question de soldats américains capturés par les Rouges pendant la guerre de Corée, robotisés à travers un « lavage de cerveau » et renvoyés aux Etats-Unis pour y participer à un coup d’Etat : l’un de ces soldats, conditionné pour être un assassin, devra tuer le président des Etats-Unis et assurer ainsi son remplacement par le vice-président, autre ancien captif des Nord-Coréens, qui a été programmé, quant à lui, pour livrer son pays, et l’ensemble du monde libre, au communisme.

Dans le second film, les événements se déroulent sur fond de guerre d’Irak. Et les manipulateurs ne sont plus les communistes, mais une société d’armement américaine, qui entend instaurer une dictature d’extrême droite.

D’une vision conservatrice, liée à la guerre froide, où l’Amérique représente le Bien, on est ainsi passé à une vision « politiquement correcte » d’extrême gauche, où elle incarne le Mal. Ce renversement date de l’assassinat de John Kennedy, en 1963. Les circonstances de ce drame se rapprochent de trop près, en effet, du roman de Condon et du film du Frankenheimer. L’assassin présumé de Kennedy, Lee Harvey Oswald, ex-Marine devenu communiste et marié à une Soviétique, semble avoir été une sorte de zombie, manipulé par des puissances qui le dépassaient. Son assassinat, quarante-huit heures après son arrestation, s’apparente à la liquidation d’un simple exécutant devenu inutile. Et l’arrivée au pouvoir du vice-président Lyndon Johnson, qui décide immédiatement d’envoyer un corps expéditionnaire au Vietnam du Sud afin de résister aux agressions du Nord communiste, peut passer comme un putsch silencieux ourdi par le « parti de la guerre ».

L’affaire du Watergate, au début des années 1970, semble confirmer un peu plus la thèse de complots permanents des « fascistes » américains contre la démocratie. Bien avant le remake de 2004, le Manchuria Candidate inspire de nombreux films et livres, notamment Les Trois Jours du Condor de Sidney Pollack, réalisé en 1975, où une police secrète procède en toute impunité à des massacres en plein Washington…

Mais alors même que la thématique du Manchuria Candidate bascule à gauche, de véritables « candidats mandchouriens » sont élus à la tête des Etats-Unis. Le premier est Jimmy Carter, président de 1977 à 1981, médiocre gouverneur d’un Etat du Sud, pris en main par un universitaire ambitieux d’origine est-européenne, Zbigniew Brzezinski, qui lui même agit pour un cartel d’hommes d’affaires et de politiques américains, européens et japonais décidés à « dépasser la guerre froide » et à conclure une sorte de Grande Alliance avec le bloc communiste : la Commission Trilatérale. Au bout de quatre ans, le bilan est si catastrophique pour l’Amérique que Ronald Reagan, le candidat de la droite pure et dure – des « bons » du livre de Condon et du film de Frankenheimer -, remplaçait Carter à la Maison Blanche.

Le second, c’est Barack Obama. Un homme politique jeune (moins de cinquante ans), sans fortune, au profil personnel ambigu (incertitudes sur les circonstances exactes de sa naissance, sur sa nationalité, sur son identité religieuse, sur son itinéraire académique), lié à l’extrême gauche, est mis en orbite dès 2004 en tant que sénateur de l’Illinois (l’un des Etats les plus corrompus des Etats-Unis). Puis lancé, avec un soutien médiatique immédiat et massif, en tant que candidat aux primaires démocrates de 2008. Puis élu, au terme de la campagne la plus chère de l’histoire américaine, à la présidence. Le fait qu’il soit Africain et musulman par son père, musulman par son père adoptif indonésien, et qu’il apparaisse donc comme Noir, semi-musulman, et fils du tiers-monde, a sans doute beaucoup joué dans la décision de ses parrains : en gros, la Trilatérale des années 1970, élargie aux dictatures national-socialistes russe et chinoise et aux régimes totalitaires ou autoritaires islamiques.

Le slogan de la campagne d’Obama en 2008 – Yes I Can ! (« Oui, je peux le faire ! ») – a caché le programme. Mais aujourd’hui, les Américains découvrent ce dernier à travers la politique de leur président et les lois qu’il tente de faire approuver par le Congrès. Et leur soutien s’effrite. Elu voici un an avec 53 % de suffrages, Obama a perdu – ou plutôt son parti a perdu, mais cela revient au même – les élections locales du 4 novembre 2009, y compris dans des circonscriptions qui avaient été démocrates depuis cent ans. Près de 80 % des Américains lui faisaient confiance lors de son investiture, fin janvier 2009 : une dizaine de mois plus tard, ils ne sont plus que 50 % à peine, voire 48 % selon Rasmussen, un institut classé à droite mais particulièrement fiable. Les électeurs dits indépendants – ni républicains, ni démocrates, et donc facteur déterminant en période de scrutin – ont été les premiers à faire défection.

La politique économique du président – nationalisations « provisoires » de pans entiers de l’industrie et de la banque, subventions gouvernementales, aggravation des déficits – ne convainc pas : elle s’accompagne en effet d’une montée du chômage, d’une nouvelle baisse du dollar et d’une dépendance accrue envers les puissances financières étrangeres, notamment asiatiques.

Les réformes sont mal acceptées. 60 % des Américains s’opposent au projet d’un service national de santé, qui passait pourtant l’an dernier pour être l’un des points forts du programme démocrate. Ils estiment que cette nouvelle couverture médicale serait plus coûteuse que le système actuel, qu’elle ralentirait la création d’emplois et acculerait de nombreuses PME à la faillite, qu’elle impliquerait un fichage de la population, et même qu’elle instituerait certaines formes d’euthanasie. La Chambre des Représentants a approuvé une version remaniée du projet présidentiel, en dépit des réserves de nombreux démocrates mais grâce au ralliement in extremis d’un républicain. Le Sénat sera plus difficile à convaincre.

D’autres réformes suscitent encore plus de défiance dans l’opinion. La création d’un service national de la jeunesse – les « Jeunesses Obama », a-t-on dit – paraît pour le moins incongrue dans un pays qui n’a institué le service militaire qu’en période de péril national. Un projet de loi selon lequel les médias devraient obligatoirement tenir compte de la diversité des opinions paraît difficilement compatible avec le Ier amendement de la Constitution américaine, qui garantit une liberté d’expression absolue et le droit à la singularité. Non moins inacceptable aux yeux de nombreux Américains : la mise en place de chargés de mission présidentiels dotés de pouvoirs étendus. Ces « tsars », comme on les a surnommés, semblent constituer un gouvernement parallèle qui, à la différence du gouvernement officiel, échapperait au contrôle du Sénat.

La politique étrangère d’Obama est illisible. Il a inauguré son administration avec des ouvertures tous azimuths envers l’islam, l’Iran, les Palestiniens. Mais en même temps, il parle de renforcer l’engagement américain en Afghanistan. En renonçant unilatéralement au déploiement de missiles antimissiles en Europe de l’Est, il a porté atteinte à la confiance que les pays ex-communistes ou ex-soviétiques portaient en l’Amérique. Et relancé le débat sur le maintien de l’Otan dans sa structure actuelle. L’attribution d’un prix Nobel de la paix sur la seule teneur de quelques discours n’a pas amélioré son image auprès de l’opinion américaine, qui croit plus aux actes qu’aux mots.

Obama, en un mot, se cartérise. Même s’il y en lui des virtualités qui manquaient à Carter. Le second « président de Mandchourie » n’a peut-être jamais été dupe, à la différence du premier, des circonstances à travers lesquelles il a accédé à la Maison Blanche. Il aime peut-être trop le pouvoir pour ne pas chercher, désormais, à échapper à ses mentors. Rendez-vous dans un an – aux midterms, les élections de la « mi-mandat » – pour en juger.

Voir aussi:

The Manchurian Candidate
David Horowitz
Front Page Mag
September 11, 2009

Barack Obama emerges as the radical leader of a new popular front.
Those who were surprised by the White House appointment of Van Jones – a self-styled “communist,” and a proponent of the idea that the Katrina catastrophe was caused by “white supremacy,” haven’t been paying attention to developments on the left since the fall of Communism, or to president Obama’s extensive roots in its political culture. Van Jones is the carefully groomed protégé of a network of radical organizations — including Moveon.org — and of Democratic sponsors like billionaire George Soros and John Podesta, former Clinton chief of staff and co-chair of the Obama transition team.

At the time of his appointment as the President’s “Green Jobs” czar – and despite a very recent 10-year history of “revolutionary” activity – Jones was a member of two key organizations at the very heart of what might be called the executive branch of the Democratic Party. The first is the Center for American Progress which was funded by Soros and is headed by Podesta. The second is the Apollo Alliance, on whose board Jones sits with Podesta, Carol Browner and Al Gore. This is a coalition of radicals, leftwing union leaders and corporate recruits, which had a major role in designing Obama’s green economy plans, including the “cash for clunkers” program. The New York director of the Alliance, who will be writing its applications for tens of millions of dollars in “stimulus” funds, is Jeff Jones (no relation) who was a co-leader of the terrorist Weather Underground along with Obama’s close friend and political ally William Ayers.

According to his own account, Van Jones became a “communist” during a prison term he served after being arrested during the 1992 Los Angeles race riots. For the next ten years Jones was an activist in the Maoist organization STORM – “Stand Together to Organize a Revolutionary Movement.” When STORM disintegrated Jones joined the Apollo Alliance and the Center for American Progress Democrats. As he explained to the East Bay Express in a 2005 article, he still considered himself a “revolutionary, but just a more effective one.” “Before,” he told the Express, “we would fight anybody, any time. No concession was good enough;… Now, I put the issues and constituencies first. I’ll work with anybody, I’ll fight anybody if it will push our issues forward…. I’m willing to forgo the cheap satisfaction of the radical pose for the deep satisfaction of radical ends.”

Pursuing the deep satisfaction of radical ends is the clear sub-text of Jones’ 2007 book, The Green Collar Economy which comes with a Forward by Robert Kennedy Jr. and enthusiastic blurbs from Nancy Pelosi and Al Gore. According to Jones, the Katrina tragedies were caused by global warming, white supremacy, free market economics and the “war for oil” in Iraq. This “perfect storm” of social evils deprived poor blacks of the protection of adequate levees and private vehicles which would have allowed them to escape. The fact that a fleet of public buses was available but the black mayor and the black power structure in New Orleans failed to deploy them go unmentioned in Jones’ indictment of white racism. Instead, “The Katrina story illustrates clearly the two crises we face in the United States: radical socioeconomic inequality and rampant environmental destruction.” To deal with these crises “we will need both political and economic transformation – immediately.”

How did John Podesta and Al Gore and Barack Obama come to be political allies of a far left radical like Van Jones, a 9/11 conspiracy “truther” and a supporter of the Hamas view that the entire state of Israel is “occupied territory?” To answer this question requires an understanding of developments within the political left that have taken place over the last two decades, and in particular the forging of a “popular front” between anti-American radicals and “mainstream liberals” in the Democratic Party.

The collapse of Communism in the early Nineties did not lead to an agonizing reappraisal of its radical agendas among many who had supported it in the West. Instead, its survivors set about creating a new socialist international which would unite “social justice” movements, radical environmental groups, leftwing trade unions, and traditional communist parties – all dedicated to the revival of utopian dreams.

The new political force made its first impression at the end of the decade when it staged global demonstrations against the World Trade Organization and the World Bank. The demonstrations erupted into large-scale violence in Seattle in 2001 when 50,000 Marxists, anarchists and environmental radicals, joined by the giant leftwing unions AFSCME and SEIU, descended on the city, smashed windows and automobiles, and set fire to buildings to protest “globalization” – the world capitalist system.

In the direct aftermath of the 9/11 attacks, the anti-globalization forces morphed into what became known as the “anti-war” movement. An already scheduled anti-globalization protest on September 29 was re-redirected (and re-named) to target America’s retaliation against al-Qaeda and the Taliban. The new “peace” movement grew to massive proportions in the lead up to the war in Iraq but it never held a single protest against Saddam’s violation of 17 UN arms control resolutions, or his expulsion of the UN arms inspectors. It did, however, mobilize 35 million people in world-wide protests against America’s “imperialist war for oil.” The orchestrators of the demonstrations were the same leaders and the same organizations, the same unions and the same “social justice” groups that had been responsible for the Seattle riots against the World Trade Organization and the international capitalist system.

A second watershed came in the run-up to the 2004 elections when billionaire George Soros decided to integrate the radicals – including their political organization ACORN — into the structure of Democratic Party politics. Together with a group of like-minded billionaires, Soros created a “Shadow Party” (as Richard Poe and I documented in a book by that name) whose purpose was to shape the outcome of the 2004 presidential race. “America under Bush,” Soros told The Washington Post, “is a danger to the world,…” To achieve his goal, Soros created a galaxy of 527 political organizations headed by leftwing union leaders like SEIU chief Andrew Stern and Clinton operatives like Harold Ickes. As its policy brain he created the Center for American Progress.

Soros failed to achieve his goal in 2004 but he went on working to create new elements of the network, such as the Apollo Alliance. Four years later the Shadow Party was able to elect a candidate who had spent his entire political career in the bowels of this movement. Obama’s electoral success was made possible by the wide latitude he was given by the press and the public, partly because he was the first African-American with a chance to be president and partly because his campaign was deliberately crafted to convey the impression that he was a tax-cutting centrist who intended to bring Americans together to find common solutions to their problems. When confronted with his long-term associations and working partnerships with anti-American racists like Jeremiah Wright and anti-American radicals like William Ayers, he denied the obvious and successfully side-stepped its implications.

Just eight months into his presidency, however, a new Barack Obama has begun to emerge. With unseemly haste Obama has nearly bankrupted the federal government, amassing more debt in eight months than all his predecessors combined. He has appeased America’s enemies abroad and attacked America’s intelligence services at home. He has rushed forward with programs that require sweeping changes in the American economy and is now steamrolling a massive new health-care program that will give the government unprecedented control of its citizens.

Among the hallmarks of this new radical regime the appointment of Van Jones stood out for its blatant departure from political normalcy. In his White House role, the radical Jones would have represented the president in shaping a multi-billion stimulus package, which could easily function as a patronage program of particular interest to his political allies in the “Apollo Alliance,” ACORN and the leftwing unions. In the classic manual for activists on how to achieve their radical goals, Obama’s political mentor Saul Alinsky wrote: “From the moment an organizer enters a community, he lives, dreams, eats, breathes, sleeps only one thing, and that is to build the mass power base of what he calls the army.” As the president’s green jobs commissar, Van Jones had entered the trillion-dollar community of the federal government and would soon have been building his radical army. The rest of us should be wondering who his sponsors were within the White House (senior presidential advisor and long-time “progressive” Valerie Jarrett was certainly one). Then we should ask ourselves what they are planning next.

David Horowitz is the founder of The David Horowitz Freedom Center and author of the new book, One Party Classroom

Voir enfin:

The Carter Ricochet Effect
Jimmy Carter’s presidency offers a lesson in how the purest intentions can lead to the most disastrous results.
Bret Stephens
The WSJ
November 23, 2009

An idealistic president takes office promising an era of American moral renewal at home and abroad. The effort includes a focus on diplomacy and peace-making, an aversion to the use of force, the selling out of old allies. The result is that within a couple of years the U.S. is more suspected, detested and enfeebled than ever.

No, we’re not talking about Barack Obama. But since the current administration took office offering roughly the same prescriptions as Jimmy Carter did, it’s worth recalling how that worked out.

How it worked out became inescapably apparent 30 years ago this month. On Nov. 20, 1979, Sunni religious fanatics led by a dark-eyed charismatic Saudi named Juhayman bin Seif al Uteybi seized Mecca’s Grand Mosque, Islam’s holiest site. After a two week siege distinguished mainly by its incompetence, Saudi forces were able to recapture the mosque at a cost of several hundred lives.

By any objective account—the very best of which was offered by Wall Street Journal reporter Yaroslav Trofimov in his 2007 book « The Siege of Mecca »—the battle at the Grand Mosque was a purely Sunni affair pitting a fundamentalist Islamic regime against ultra-fundamentalist renegades. Yet throughout the Muslim world, the Carter administration was viewed as the main culprit. U.S. diplomatic missions in Bangladesh, India, Turkey and Libya were assaulted; in Pakistan, the embassy was burned to the ground. How could that happen to a country whose president was so intent on making his policies as inoffensive as possible?

The answer was, precisely, that Mr. Carter had set out to make America as inoffensive as possible. Two weeks before Juhayman seized the Grand Mosque, Iranian radicals seized the U.S. Embassy in Tehran, taking 66 Americans hostage. They did so after Mr. Carter had refused to bail out the Shah, as the Eisenhower administration had in 1953, and after Andrew Young, Mr. Carter’s U.N. ambassador, had described the Ayatollah Khomeini as « somewhat of a saint. »

They also did so after Mr. Carter had scored his one diplomatic coup by brokering a peace deal between Egypt and Israel. Today, the consensus view of the Obama administration is that solving the Israeli-Palestinian conflict would ease tensions throughout the region. But worthy though it was in its own right, peace between Egypt and Israel was also a fillip for Sunni and Shiite radicals alike from Tehran to Damascus to Beirut to Gaza. Whatever else the Middle East has been since the signing of the Camp David Accords, it has not been a more peaceful place.

Nor has it been any less inclined to hate the U.S., no matter whether the president is a peace-loving Democrat or a war-mongering Republican. « Everywhere, there was the same explanation, » Mr. Trofimov writes in his account of the attack on the U.S. Embassy in Islamabad. « American institutions, declared a student leader in Lahore, had to be burned down because ‘the Holy Kaaba had been occupied by Americans and the Jews.' »

On the other hand, among Muslims inclined to favor the U.S., the Carter administration’s instincts for knee-jerk conciliation and panicky withdrawals only had the effect of alienating them from their ostensible protector. Coming as it did so soon after Khomeini’s rise to power and the revolutionary fervors which it unleashed, the siege of Mecca carried the real risk of undermining pro-American regimes throughout the region. Yet American embassies were repeatedly instructed not to use their Marines to defend against intruders, as well as to pull their personnel from the country.

« The move didn’t go unnoticed among Muslim radicals, » notes Mr. Trofimov. « A chain of events unleashed by the takeover in Mecca had put America on the run from the lands of Islam. America’s foes drew a conclusion that Osama bin Laden would often repeat: when hit hard, America flees, ‘dragging its tail in failure, defeat, and ruin, caring for nothing.' » It is no accident, too, that the Soviet Union chose to invade Afghanistan the following month, as it observed a vacillating president who would not defend what previously were thought to be inviolable U.S. strategic interests.

Today, President Obama likes to bemoan the « mess » he inherited overseas, the finger pointed squarely at President Bush. But the real mess he inherited comes straight out of 1979, the serial debacles of which define American challenges in the Middle East just as surely as the triumphs of 1989 define our opportunities in Europe. True, the furies that were unleashed that year in Mecca, Tehran and elsewhere in the Muslim world were not of America’s making. But absence of guilt is no excuse for innocence of policy.

Pretty soon, Mr. Obama will have his own Meccas and Tehrans to deal with, perhaps in Jerusalem and Cairo. He would do well to cast a backward glance at the tenure of his fellow Nobel peace laureate, as an object lesson in how even the purest of motives can lead to the most disastrous results.



Art négrier: C’est le produit de ces pillages que l’on étudie avec tant d’intérêt (Quai Branly celebrates five centuries of slave trading art)

28 novembre, 2009
expo_dabomeyQu’une exposition au Musée du quai Branly s’attache à nommer les créateurs de la cour royale d’Abomey est important du point de vue de la connaissance historique. Mais surtout d’un point de vue politique et moral, parce que c’est l’une des premières fois qu’une telle tentative est osée en France. Le temps de l’indistinction et de l’anonymat s’achèverait-il enfin? (…) Le temps de l’art « nègre » ou « africain » finit; celui des artistes africains commence. Le Monde
Cette nouvelle et passionnante approche peut s’appliquer aux artistes d’Abomey, parce que les collections françaises sont d’une exceptionnelle richesse. Elles le sont parce que la France a envahi et détruit le royaume d’Abomey en deux guerres, en 1890 et en 1892, et forcé le roi Béhanzin à l’exil. Ses palais ont été pillés et c’est le produit de ces pillages que l’on étudie avec tant d’intérêt. Le Monde
Les collections françaises conservent des objets arrivés dans des contextes variés, du cadeau diplomatique au don ou aux commandes en passant par le butin de guerre coloniale. (…) Quatorze rois se sont succédés de 1625 à 1900 à Abomey, capitale du royaume du Danhomè. Ils ont rassemblé autour d’eux des artistes d’origines diverses : Yoruba, Fon, Mahi ou Haoussa régis par le même mécénat. Leurs noms se confondent avec l’histoire de l’agrandissement du royaume ; certains ont participé à sa fondation, d’autres y sont arrivés comme esclaves. Gaëlle Beaujean (commissaire de l’exposition)
Guezo fut également un administrateur extrêmement avisé. Grâce aux revenus de la traite, il put abaisser les impôts, stimulant ainsi l’économie agricole et marchande (…) Il fut très aimé et sa mort subite dans une bataille contre les Yorubas fut une véritable tragédie. Wikipedia
Les chefs traditionnels n’ont pas à être reconnus par la Constitution tant qu’ils n’ont pas présenté leurs excuses aux familles des descendants des victimes de l’esclavage. Shehu Sani (président du Congrès des droits civiques nigérian)

« Le temps de l’art ‘nègre’ ou ‘africain’ finit; celui des artistes africains commence. » A quand celui de l’art… négrier?

Alors que le pourtant (à moitié) noir et même pas né à l’époque Pleurnicheur en chef demande pardon cinq fois par jour …

La perfide Albion débaptise ses rues …

Notre propre Pays des droits de l’homme fait tourner la planche à billets législative

A l’heure où, du fond de son exil berlinois dument subventionnée par les deniers publics (avec 50 000 euros, t’as plus rien !), notre Goncourt franco-sénégalaise « trouve la France monstrueuse »

Et où l’un de nos anciens ambassadeurs co-rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine dénonce haut et fort « une société où on expulse les sans-papiers »

Etrange pudeur du Monde dans l’éditorial et le compte-rendu qu’il consacre à l’actuelle exposition du Musée Chirac (pardon: du Quai Branly) sur les « artistes » du royaume africain du Dahomey (pardon: Danhomè) et actuel Bénin …

Qui, même s’il fait allusion aux guerres et pillages de la France coloniale, ne mentionne même pas une fois, dans sa célébration de « l’Art de cour exceptionnel » et des « artistes de génie » des « Rois mécènes » de ce qui fut pourtant l’une des plus grandes plaques tournantes de la traite atlantique, le mot esclave!

Heureusement, la commissaire de l’exposition veille et rappelle, pour évoquer la place de l’esclavage dans la richesse dudit royaume, que la traite des esclaves avait « depuis plus d’un siècle » été « mise en place par les Européens ».

Que le Danhomè se contentait de faire des « prisonniers de guerre » que les acheteurs européens « revendaient comme esclaves en Amérique ».

Mais là où l’on ne comprend plus, c’est quand elle reconnait (certes du bout des lèvres) concernant le mode d’acquisition des « artistes »que « certaines familles d’artistes sont des prisonniers rescapés » dont la seule « qualité pouvait aussi motiver une guerre « ou que d’autres sont « arrivés comme esclaves ».

Encore un peu et elle nous ressortait les mouvements anti-esclavagistes notamment anglais ayant contraint les rois dahoméens à exporter désormais moins ouvertement leurs esclaves et à se recentrer sur les produits agricoles.

Ou, pire encore, le fait que c’est la conquête coloniale qui met finalement un terme au « commerce d’ébène ».

Voire, abomination des abominations, les actuels débuts de demandes de comptes en Afrique-même sur les descendants des « rois-traitres », sans lesquels n’auraient été possibles ni le fameux commerce triangulaire ni les traites interne et arabe!

Edito du Monde
Artiste africain
LE MONDE
28.11.09

Il était courant en Europe, il y a un siècle, d’affirmer qu’il n’y avait pas d’art en Afrique, rien que des « fétiches ». Picasso, Matisse, Apollinaire, Breton, peintres et poètes ont fait justice de cette absurdité. Ainsi est né « l’art nègre » – formule ambiguë. Elle reconnaît la qualité artistique des sculptures ou des masques. Mais elle confond tous les peuples, tous les styles, toutes les époques sous un seul terme, trop simple, trop vague. « Africain » vaut-il mieux ? Oserait-on parler d’art « européen » pour qualifier à la fois les sculpteurs romans et Rodin, Giotto et Poussin, Rembrandt et Cézanne ?

« Africain » n’en a pas moins pris la succession de « nègre ». Sans doute l’ethnologue, le spécialiste ou le collectionneur pratiquaient-ils déjà des distinctions subtiles entre des styles variables d’un village à un autre, d’une société à une autre, mais il manquait cette notion essentielle : les artistes, des individus identifiés, des noms, des mains, des manières particulières de travailler. Il n’y a pas si longtemps, un discours officiel croyait encore pouvoir interpeller « l’homme africain » : encore une généralité, encore un schématisme.

Qu’une exposition au Musée du quai Branly s’attache à nommer les créateurs de la cour royale d’Abomey est important du point de vue de la connaissance historique. Mais surtout d’un point de vue politique et moral, parce que c’est l’une des premières fois qu’une telle tentative est osée en France. Le temps de l’indistinction et de l’anonymat s’achèverait-il enfin ?

Les oeuvres présentées dans l’exposition sont à Paris depuis des décennies, depuis le pillage des palais du roi Béhanzin par les troupes coloniales françaises à la fin du XIXe siècle. Si elles sont montrées aujourd’hui d’une façon si neuve, ce n’est donc pas parce qu’elles seraient elles-mêmes nouvelles, mais parce que les regards et les esprits évoluent. Le temps de l’art « nègre » ou « africain » finit ; celui des artistes africains commence.

Sans doute faut-il voir également dans cette évolution un effet de l’art actuel : les artistes qui travaillent aujourd’hui au Bénin, au Cameroun ou au Nigeria sont de plus en plus connus. Ils signent des oeuvres singulières et individuelles. Ils exposent de plus en plus, y compris en Afrique, et la question de leur statut d’artistes ne se pose évidemment pas. C’est à la lumière de ce présent que le passé est considéré désormais. Il est profondément logique, et satisfaisant, que ce soit une fondation africaine spécialisée dans l’art actuel qui soit le mécène du catalogue de l’exposition des « Artistes d’Abomey ».

Voir aussi:

Enfin les artistes africains ne sont plus anonymes
Philippe Dagen
Le Monde
28.11.09

Statue dogon », « masque fang » : ainsi s’exprime-t-on en matière d’arts de l’Afrique. Il semble admis que les fonctions religieuses et sociales des objets étaient si déterminantes qu’il est logique de les classer par peuples, cultes, sociétés secrètes ou types. Il est tout aussi logique que le nom de leur auteur ait disparu, puisqu’il n’aurait été que l’exécutant d’un désir et d’un système collectifs.

L’absence de traces écrites jusqu’à une date assez récente et les conditions dans lesquelles les oeuvres ont été collectées par les Occidentaux ont contribué à cette situation : si nul ne conteste plus l’existence d’artistes africains, il semble tout aussi admis qu’ils ne peuvent que demeurer anonymes.

Nombreux en effet sont les artistes africains qui resteront anonymes : ceux des siècles antérieurs au XIXe, faute de témoignages écrits ; et tous ceux, plus récents, sur lesquels des informations auraient pu être sauvegardées mais ne l’ont pas été : ceux qui ont collecté les objets – ethnologues compris – n’ont pas pu ou su poser les bonnes questions.

Et pourtant on peut pratiquer avec les sculptures africaines ce qui se pratique avec l’art européen : les comparaisons stylistiques, la recherche du détail d’un individu, une marque de fabrique. Les efforts pour les identifier tendent à se multiplier, jusque dans les catalogues de vente. Après des tentatives pionnières, mais éparpillées, de chercheurs allemands, britanniques ou français, sont venus les premiers travaux marquants : une exposition sur les sculpteurs du Nigeria au Metropolitan Museum de New York en 1997, les essais de classification de l’ethnologue français Louis Perrois et, surtout, à Bruxelles, en 2001, l’exposition « Mains de maîtres », conçue par l’historien et marchand belge Bernard de Grunne. En étudiant huit cas, elle essayait d’identifier des styles personnels et des maîtres, exactement comme le font les attributionnistes spécialistes des primitifs florentins ou siennois.

C’est à ces derniers que l’on pense dans l’exposition « Artistes d’Abomey » au Musée du quai Branly. A quoi comparer les ateliers de la cour d’Abomey, capitale du royaume du Danhomè – l’actuel Bénin – du XVIIe au XIXe siècle, sinon aux ateliers des cités toscanes de la Renaissance ? Dans les deux cas, la transmission et le perfectionnement d’un savoir-faire s’accomplissent au sein d’une famille, les fils les recevant en héritage des pères et des oncles.

A Abomey, ces familles et ateliers ont pour nom Hountondji, Alagbé, Yémadjé ou Akati. Actifs durant de longues périodes, ces ateliers exécutent les commandes des rois successifs du Danhomè, comme d’autres celles des Médicis. Leurs liens avec le pouvoir sont étroits, vitaux même.

De la faveur du roi dépendent ses commandes et celles que passent aux mêmes artistes les nobles de sa cour. Les sujets sont déterminés par les modes d’exercice du pouvoir, ses mythes fondateurs, sa rhétorique héroïque. Celle-ci veut des lions, des requins et des effigies effrayantes du dieu Gou, dieu du feu et de la guerre : les sculpteurs s’y emploient, en variant légèrement d’après des modèles stables.

Il faut des trônes et des spectres, les « récades », spécialité de la famille Houndo, qui excelle aussi dans la sculpture des plateaux de divination. Il faut des armes de parade et d’autres pour les exécutions capitales, des vêtements de cérémonie, des tentures, des bracelets – et donc des dynasties d’armuriers, d’orfèvres et de tisseurs.

La généalogie des rois d’Abomey va donc de pair avec celle de leurs « fournisseurs », dont noms et dates sont connus. Ainsi des deux statues de Gou : celle du Musée du quai Branly est l’oeuvre d’Ekplékendo Akati vers 1860 ; celle du Musée Dapper est sans doute le travail de Ganhu Hountondji, maître de la fonte, alors qu’Akati associe le bois et le fer.

PALAIS PILLÉS

Dans l’exposition, les données politiques nécessaires – structures et rites du pouvoir – sont indiquées par une longue chronologie murale et des bornes sonores qui diffusent de brèves explications. Une fois précisées ces conditions historiques et sociales, le regard peut s’attacher aux questions de styles et de maîtres. D’autant que le classement des objets par genre et par fonction favorise l’examen des différences stylistiques en proposant des comparaisons constantes. Tout cela est très bien réalisé.

Cette nouvelle et passionnante approche peut s’appliquer aux artistes d’Abomey, parce que les collections françaises sont d’une exceptionnelle richesse. Elles le sont parce que la France a envahi et détruit le royaume d’Abomey en deux guerres, en 1890 et en 1892, et forcé le roi Béhanzin à l’exil. Ses palais ont été pillés et c’est le produit de ces pillages que l’on étudie avec tant d’intérêt.

« Artistes d’Abomey ».

Musée du quai Branly, 37, quai Branly, Paris 7e. Tél. : 01-56-31-70-00. Du mardi au dimanche, de 11 heures à 19 heures ; jeudi, vendredi et samedi jusqu’à 21 heures. 7 €. Jusqu’au 31 janvier. Catalogue publié par la Fondation Zinsou, 250 p. 38 €.

Voir enfin:

Artistes d’Abomey – Dialogues sur un royaume africain au musée du Quai Branly
Vendredi, 23 Octobre 2009 15:45 audrey laroque Actualités – Art

Du 10 Novembre 2009 au 31 Janvier 2010

Musée du Quai Branly

Art Africain

De 1600 à 1894, Abomey fut la vitrine du royaume du Danhomè, situé dans l’actuelle république du Bénin. Un art de cour exceptionnel s’y est développé, avec des artistes dont le génie, le talent et l’inspiration servaient avant tout la gloire du Roi. Grâce à d’importantes recherches menées par le commissaire et les deux conseillers scientifiques de l’exposition, il est aujourd’hui possible d’associer des artistes et familles d’artistes à chaque type d’objets présentés, fait rare dans l’art africain. A travers 82 objets et 8 documents graphiques anciens, Artistes d’Abomey, dialogue sur un royaume africain est l’occasion de découvrir ces dynasties d’artistes, et de comprendre leur rôle et statut au sein de la société danhoméenne

La ville d’Abomey est l’ancienne capitale du royaume du Danhomè (Bénin actuel), sur la côte Atlantique. Vers 1735, la ville portuaire de Ouidah entre en possession du Danhomè. Là, depuis plus d’un siècle s’organise la traite des esclaves mise en place par les Européens. Le lien entre le Danhomè et l’Europe remonte donc au XVIIIe siècle. La première des 41 lois du royaume impose au monarque d’accroître le territoire tout son règne durant. Le Danhomè s’est doté d’une organisation politique et militaire qui a favorisé son hégémonie. Les prisonniers de guerre connaissaient des sorts variables : vendus aux Européens qui les revendaient comme esclaves en Amérique ; future épouse du roi et peut-être mère du vidaho1 ; agriculteurs ou dotés d’un talent qui permettra au Danhomè de rayonner. Certaines familles d’artistes sont des prisonniers rescapés. La qualité d’un artiste pouvait aussi motiver une guerre afin qu’il soit au service du roi mécène. Chaque roi a doté le Danhomè d’artistes qui apportèrent des formes nouvelles dans la capitale.

La langue fon distingue l’artiste, homme inspiré, de l’artisan. Leurs productions exaltaient les regalia, honoraient les ancêtres, renforçaient la prestance sociale ou bien sublimaient la puissance militaire et divinatoire. Enfin, le défilé annuel des richesses et objets royaux dans la cité permettait à l’ensemble des sujets d’admirer cet art ostentatoire, riche en métal et en couleurs…

Les œuvres de cour témoignent aussi de l’histoire du contact entre la France et le Danhomè. Les collections françaises conservent des objets arrivés dans des contextes variés, du cadeau diplomatique au don ou aux commandes en passant par le butin de guerre coloniale. La rencontre avec les descendants d’artistes, de la famille royale, de dignitaires et de roturiers a permis de repérer quelles étaient ces familles d’artistes et de définir les caractéristiques de leurs styles à partir des photographies d’objets aujourd’hui conservés hors d’Abomey. L’iconographie catholique a inspiré les artistes de cour d’Abomey tout comme celle des Yoruba à l’est, des Ashanti à l’ouest, des Bariba ou des Haoussa au nord. Il est tout à fait certain que la circulation des œuvres a favorisé la créativité de ces acteurs pacifiques. La démarche globalisante des artistes d’Abomey, souhaitée par le roi, est une allégorie des choix politiques qui visent aussi à globaliser.

Gaëlle Beaujean, commissaire de l’exposition

PARCOURS DE L’EXPOSITION

Les artistes africains peuvent-ils tous rester anonymes ? L’absence de nom s’explique dans nombre de cas par le secret qui entoure la conception de l’objet. Mais la généralité n’est pas de règle, preuve en est pour l’art de cour d’Abomey. Trois complices, Léonard Ahonon, Gaëlle Beaujean et Joseph Adandé sont allés à la rencontre des descendants de rois, de dignitaires et d’artistes de cour. Ils restituent ici les résultats d’une enquête réalisée à Abomey en 2008 qui a permis d’attribuer plus finement les œuvres et de réunir des informations sur les artistes de cour.

Quatorze rois se sont succédés de 1625 à 1900 à Abomey, capitale du royaume du Danhomè. Ils ont rassemblé autour d’eux des artistes d’origines diverses : Yoruba, Fon, Mahi ou Haoussa régis par le même mécénat. Leurs noms se confondent avec l’histoire de
l’agrandissement du royaume ; certains ont participé à sa fondation, d’autres y sont arrivés comme esclaves.

Après un espace introductif présentant une carte ancienne et une généalogie des rois d’Abomey, l’exposition explique en cinq séquences le statut et le rôle de l’artiste au sein de la société danhoméenne. Plusieurs multimédia ponctuent l’exposition et proposent aux visiteurs de découvrir, de plus près, une sélection d’œuvres choisies par le commissaire de l’exposition.

1. La mémoire des noms
Dans les arts de cour d’Abomey, l’œuvre est associée immédiatement à son commanditaire : le roi. Mais le type d’objets, le matériau et la technique permettent d’identifier une signature et un savoir-faire maîtrisé par une famille. Les métaux précieux comme l’argent ou le cuivre sont travaillés par les Hountondji, les soies et cotons d’importation composent les tentures cousues par les Yémadjé. Certains noms restent en mémoire comme ont pu le montrer différentes sources, de terrain et littéraires, en dévoilant les noms de plusieurs artistes de la fin du 19e siècle.

2. L’artiste de cour, maître-servant
Dans cette section, l’exposition s’intéresse à la place des artistes : comment devient-on artiste du roi ? Quels sont les avantages du maître et les indices de l’asservissement ? Pour le roi, il était important d’étendre son influence au-delà des frontières, d’afficher la puissance de son royaume, et selon la devise, « faire le Danhomè toujours plus grand ». Il lui fallait donc sans cesse innover et marquer son temps, y compris dans le domaine des arts, en perpétuelle transformation : la sculpture sur bois ou métal, l’appliqué sur tissu, le tissage et les danses cérémonielles et royales de cour. Les artistes, repérés parfois parmi les prisonniers de guerre et donc détenteurs d’un art d’une autre localité, se voyaient attribuer un espace sur prescription du roi. Il arrivait même que le roi motive une guerre pour leur capture.
Ces créateurs dont le génie et le talent étaient reconnus par le roi bénéficiaient de privilèges : équipements, matériaux, domicile et soutiens divers. Leur implantation à proximité du palais facilitait le contact, discret ou non, avec le roi pour les commandes qu’ils devaient honorer.

3. Le palais, vitrine du monde
Les rois du Danhomè entendaient faire des palais une vitrine du monde. Ils recevaient des présents de toutes sortes et de toutes provenances. Ils en offraient autant. Pour séduire leur peuple, ils organisaient chaque année un défilé de toutes leurs richesses et en redistribuaient une partie lors de ces cérémonies traditionnelles. L’ambition du roi Agadja (1711-1740) de faire affaire directement avec l’Occident, garant de cette richesse, l’a contraint à vaincre les
royaumes cousins d’Allada et Sahè (ou Savi) pour prendre possession de Ouidah vers 1735. Dès lors, les rois du Danhomè ont pu intensifier leur commerce, échangeant les prisonniers de guerre (futurs esclaves) et les vivres contre des tissus industriels et de métaux rares qui ont donné un nouvel essor aux arts de cour.

4. La distinction par les arts
Parures, vêtements, insignes, matériel divinatoire ou amulettes permettaient de distinguer chacun des acteurs politiques, religieux et militaires de la vie d’Abomey. La possession d’œuvres provenant des ateliers royaux constituait un privilège. Ainsi, les artistes d’Abomey concevaient des vêtements, protections magiques et armes spécialement pour le premier ministre ou migan, qui portait la lourde responsabilité d’exécuter des prisonniers par décapitation. Ces condamnés avaient la mission de remettre des messages aux ancêtres royaux. Différentes familles d’artistes se groupaient pour réaliser les récades de prêtres vodoun ou de chefs de bataillon ainsi que les vêtements, armes et amulettes des femmes soldats, les Amazones.

5. Sur les murs des palais
Le développement du Danhomè s’est affirmé par l’expansion territoriale, humaine et l’acquisition de biens matériels et immatériels grâce aux conquêtes et aux échanges. Chaque
nouveau roi faisait construire un nouveau palais près de celui de son prédécesseur. Sur les murs des palais royaux d’Abomey, des bas-reliefs sont modelés ; entre ces murs, des tentures sont conservées. L’histoire officielle se matérialisait sur ces supports par un ensemble d’images, parfois associées à des chants. Une image peut renvoyer à une sentence, un combat ou un événement marquant dans l’histoire du royaume, comme à une qualité, un ordre moral que les rois mettaient en valeur pour concilier la nation.

Artistes d’Abomey – Dialogues sur un Royaume Africain

10 Novembre 2009 – 31 Janvier 2010

Musée du Quai Branly

37, quai Branly
75007 – Paris

Métro : Alma Marceau, Iena, Ecole Militaire, Bir Hakeim

Tél : 01 56 61 70 00
mardi, mercredi et dimanche : de 11h à 19h
jeudi, vendredi et samedi : de 11h à 21h

Tarifs : billet Exposition(s) temporaire(s)
billet 7 € (plein tarif) / 5 € (tarif réduit)

billet jumelé (collections permanentes + expositions temporaires)
billet 10 € (plein tarif) / 7 € (tarif réduit)

http://www.quaibranly.fr


Economie: La leçon oubliée de Thanksgiving (The lost lesson of Thanksgiving)

27 novembre, 2009
The first Thanksgiving (JLG Ferris)Le premier repas de Thanksgiving (novembre 1621), par Jean Leon Gerome FerrisLa signature du pacte du Mayflower (Mayflower Compact, novembre 1621), par Jean Leon Gerome Ferris (1863)Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), les trente pays les plus avancés du globe verront leur dette grimper jusqu’à 100 % de leur richesse produite en 2010, signalant le quasi-doublement de leur endettement en vingt ans. Le Japon verra sa dette publique flirter avec les 200 % de son produit intérieur brut, suivi par l’Italie (127,3 %) et la Grèce (111,8 %), selon ces prévisions. Le Monde
Quand les pèlerins ont d’abord fondé la colonie de Plymouth, ils ont organisé leur agriculture selon un principe de collectivisation des ressources. L’objectif était de tout partager de manière égale, aussi bien le travail que la production. Presque tous ont souffert de la faim. Pourquoi ? Quand des personnes peuvent obtenir la même chose avec peu d’efforts ou avec beaucoup, la plupart ne fourniront que de faibles efforts. Les colons de Plymouth feignaient la maladie plutôt que de travailler à l’accroissement de la propriété commune. Certaines volèrent même, en dépit de leurs convictions puritaines. La production totale était trop faible pour l’ensemble de la population, et il en résulta la famine. (…) Cela dura deux ans. John Stossel

Pas les premiers Européens en Amérique, peu de Puritains sur le Mayflower, célébration à l’occasion non de l’amitié mais de la guerre entre les peuples, pas de date fixe et de fête nationale avant les 600 000 morts de la Guerre civile et la proclamation de Lincoln en 1863 (soit près de deux siècles et demi après!), pas de tourte au potiron (sans lait ou farine) ou pommes de terre (alors considérées comme toxiques) ou même peut-être de dinde …

Les petits mythes de Thanksgiving, on le sait, ne manquent pas.

Mais ce que l’on sait moins, en ce « Vendredi noir » où, avec ses soldes monstres mais aussi ses terribles embouteillages et mouvements de foule, la réalité économique reprend furieusement ses droits avec l’ouverture de la saison d’achats de Noël au lendemain de cette fête fondatrice des Etats-Unis …

C’est, comme le rappelait il y a deux ans le journaliste financier de Fox news John Stosser, « la leçon oubliée de Thanksgiving ».

A savoir, à l’heure où le pire président depuis Carter qu’ait connu « la terre de la Liberté » tente de la transformer en une deuxième France, celle du partage et de la « collectivisation volontaire des ressources » qui, avant d’être (comme plus tard les kibboutzim israéliens?) finalement abandonnés, faillirent bien faire tourner court l’expérience de la colonie de Plymouth

Extraits (traduits par l’Institut Molinari):

« Quand les pèlerins ont d’abord fondé la colonie de Plymouth, ils ont organisé leur agriculture selon un principe de collectivisation des ressources. L’objectif était de tout partager de manière égale, aussi bien le travail que la production.

Presque tous ont souffert de la faim.

Pourquoi ? Quand des personnes peuvent obtenir la même chose avec peu d’efforts ou avec beaucoup, la plupart ne fourniront que de faibles efforts. Les colons de Plymouth feignaient la maladie plutôt que de travailler à l’accroissement de la propriété commune. Certaines volèrent même, en dépit de leurs convictions puritaines. La production totale était trop faible pour l’ensemble de la population, et il en résulta la famine. (…) Cela dura deux ans.

« Quand il est apparu clairement que la famine devait également se poursuivre l’année suivante, si rien ne venait l’en empêcher, écrit le gouverneur William Bradford dans son journal, les colons commencèrent à réfléchir aux moyens de faire pousser plus de maïs qu’auparavant afin d’obtenir une meilleure récolte et de ne plus continuer à vivre dans la misère. Après de longs débats, […] Nous avons donc accordé à chaque famille une parcelle de terre. »

Le peuple de Plymouth est ainsi passé du socialisme à la propriété privée des terres. Les résultats furent spectaculaires.

« Cela a été un grand succès, écrit Bradford, chacun est devenu plus travailleur, de telle sorte que plus de maïs a été planté que les années précédentes. […] À partir de ce moment, les récoltes devinrent abondantes et, à la place de la famine, Dieu donna beaucoup aux colons ; la face des choses avait changé, pour le bonheur de beaucoup […] »

The Tragedy of the Commons
John Stossel
Real Clear Politics
November 21, 2007

Every year around this time, schoolchildren are taught about that wonderful day when Pilgrims and Native Americans shared the fruits of the harvest. « Isn’t sharing wonderful? » say the teachers.

They miss the point.

Because of sharing, the first Thanksgiving in 1623 almost didn’t happen.

The failure of Soviet communism is only the latest demonstration that freedom and property rights, not sharing, are essential to prosperity. The earliest European settlers in America had a dramatic demonstration of that lesson, but few people today know it.

When the Pilgrims first settled the Plymouth Colony, they organized their farm economy along communal lines. The goal was to share everything equally, work and produce.

They nearly all starved.

Why? When people can get the same return with a small amount of effort as with a large amount, most people will make little effort. Plymouth settlers faked illness rather than working the common property. Some even stole, despite their Puritan convictions. Total production was too meager to support the population, and famine resulted. Some ate rats, dogs, horses and cats. This went on for two years.

« So as it well appeared that famine must still ensue the next year also, if not some way prevented, » wrote Gov. William Bradford in his diary. The colonists, he said, « began to think how they might raise as much corn as they could, and obtain a better crop than they had done, that they might not still thus languish in misery. At length after much debate of things, [I] (with the advice of the chiefest among them) gave way that they should set corn every man for his own particular, and in that regard trust to themselves. … And so assigned to every family a parcel of land. »

The people of Plymouth moved from socialism to private farming. The results were dramatic.

« This had very good success, » Bradford wrote, « for it made all hands very industrious, so as much more corn was planted than otherwise would have been. … By this time harvest was come, and instead of famine, now God gave them plenty, and the face of things was changed, to the rejoicing of the hearts of many. … « 

Because of the change, the first Thanksgiving could be held in November 1623.

What Plymouth suffered under communalism was what economists today call the tragedy of the commons. But the problem has been known since ancient Greece. As Aristotle noted, « That which is common to the greatest number has the least care bestowed upon it. »

When action is divorced from consequences, no one is happy with the ultimate outcome. If individuals can take from a common pot regardless of how much they put in it, each person has an incentive to be a free rider, to do as little as possible and take as much as possible because what one fails to take will be taken by someone else. Soon, the pot is empty and will not be refilled — a bad situation even for the earlier takers.

What private property does — as the Pilgrims discovered — is connect effort to reward, creating an incentive for people to produce far more. Then, if there’s a free market, people will trade their surpluses to others for the things they lack. Mutual exchange for mutual benefit makes the community richer.

Secure property rights are the key. When producers know that their future products are safe from confiscation, they will take risks and invest. But when they fear they will be deprived of the fruits of their labor, they will do as little as possible.

That’s the lost lesson of Thanksgiving.

Voir aussi:

Gary Becker: Le Kibboutz, preuve ultime de la faillite du communisme

Vincent Benard

Objectif liberté

d’après Gary Becker

Lorsque vous osez affirmer à des communistes impénitents que les crimes de Staline – qu’ils sont bien obligés de reconnaître – et de Lénine – sacrilège ! -, ainsi que l’état pitoyable des anciens pays du pacte de Varsovie après des décennies de soviétisation, disqualifient toute forme de collectivisme en tant que doctrine, vous vous entendez répondre – parfois poliment, parfois par des insultes – que le vrai communisme, celui des phalanstères et de Proudhon, celui de Marx, voire du « gentil Lénine » – prière de ne pas rire – n’a jamais eu la chance de pouvoir s’exprimer, qu’il a été dénaturé par des dictateurs qui n’étaient pas, en fait de « vrais » communistes.

Notre réponse à cette absurdité consiste généralement affirmer qu’une doctrine que jamais personne n’a jamais pu mettre en oeuvre sans l’accompagner de massacres de masse, de déportations, de répressions, et qui a toujours conduit les pays qui se le sont vu imposer à la misère, est une doctrine perverse dès le départ. Ce qui nous emmène généralement, si l’éducation de l’interlocuteur le permet encore, vers une discussion sur le rôle essentiel du droit de propriété dans la préservation de la liberté individuelle.

Mais votre opposant communiste ne voudra pas en démordre: « le vrai communisme, volontaire et partageur, on ne l’a jamais vu à l’oeuvre, il faudrait laisser une chance à ce vrai communisme là ».

Or, tant le critique que l’aficionado du communisme commettent une erreur. Une expérimentation à assez grande échelle du collectivisme volontaire le plus intégriste a existé. Et l’échec de cette expérience apporte bel et bien la preuve ultime de l’impraticabilité per se du socialisme originel, sous toute ses formes. Un socialisme « idéal » ne peut en aucun cas exister dans le monde réel.

Gary Becker L’expérience dont il est question est le développement des Kibboutz en Israël, depuis le début du XXème siècle et plus encore après l’indépendance de 1947. Le prix Nobel d’économie 1992 Gary Becker, sur son blog à 4 mains, nous gratifie d’une remarquable analyse historique et économique des Kibbutzim, qui naquirent dès le début du XXème siècle sous l’impulsion de juifs utopistes. Son compère Richard Posner, spécialiste majeur de l’analyse économique du droit, y ajoute, comme toujours, des compléments d’information pertinents. Selon Becker, nowhere is the failure of socialism clearer than in the radical transformation of the Israeli kibbutz.

Dans la plupart des Kibboutz, les parents habitaient une maison modeste appartenant à la communauté. Les enfants en étaient séparés, et dormaient dans un dortoir. Il s’agissait d’éviter que certains enfants ne soient avantagés par l’énergie ou le savoir que tentent de leur transmettre les parents les plus motivés et cultivés… Quelles qu’aient été ses compétences initiales, chacun devait contribuer aux travaux des champs, quand bien même il aurait eu une qualification qui aurait apporté plus à la communauté, et chacun recevait la même part du produit du travail commun. Lorsqu’un membre gagnait de l’argent grâce à une activité en dehors du Kibboutz, il devait le partager avec la communauté, et ne devait rien garder pour lui. La rotation des tâches agricoles était la règle. La promiscuité aussi.

Dans les premiers temps, La cohésion des kibboutz fut maintenue à la fois par le sentiment de communauté religieuse, par l’engagement idéologique de leurs premiers membres, et par l’environnement hostile de nations islamiques qui ont déclenché contre l’état Hébreu 4 guerres d’agression en 25 ans, soudant la communauté autour des nécessités défensives. Mais même cette pression extérieure ne put compenser le désamour des membres du Kibboutz vis à vis de l’utopie collectiviste.

Très vite, de nombreux Kibboutz connurent des difficultés. Les jeunes, notamment, voulaient quitter cet environnement – ce qu’ils étaient libres de faire, contrairement à un russe ou un chinois, soviétisé de force – dès qu’ils en avaient les moyens, ce qui n’était pas toujours le cas, car leurs parents n’accumulaient pas de capital, et à l’extérieur du Kibboutz, le blocage des loyers introduits par l’état d’Israël (qui fut d’ailleurs fondé sur des bases très socialisantes) avait détruit le marché locatif, là bas aussi. Aussi beaucoup parmi eux se sentaient-ils plus prisonniers économiques du Kibboutz que participants enthousiastes.

Les problèmes de jalousie entre membres, de tirage au flanc et de parasitage – problème connu par les économistes sous le nom de « passager clandestin » ou « free rider » : pourquoi se tuer à la tâche si vous recevez autant que celui qui travaille ? -, l’inefficacité du système productif dûe à l’absence de spécialisation des tâches et à la mauvaise utilisation des compétences, le stress né de la séparation des familles, ont provoqué la disparition de certains Kibboutz, et la transformation de la plus grande partie d’entre eux en entreprises de type privée, où les familles vivent réunies, où le marché détermine les rémunérations, où l’immobilier est privé, et où l’initiative individuelle permet de développer des activités autres que l’agriculture, permettant à chacun de se spécialiser.

Bref, plus de 70% des Kibboutz sont devenus des entreprises de type capitaliste, dont l’aspect social se limite à la constitution de sociétés de secours mutuel des membres. Les Kibboutz, au nombre d’environ 250, ne représentèrent jamais plus de 7% de la société Israélienne, au temps de leur splendeur. Les quelques kibboutz qui conservent une structure collectiviste (il reste des utopiste croyants…) ne représentent quasiment plus rien, et ne survivent que parce qu’ils appartiennent à un ensemble largement capitaliste qui assure à leurs productions ou leurs actifs fonciers la possibilité d’intégrer un système d’échange libéral, en toute protection du droit de propriété.

Bref, l’échec du Kibboutz socialiste est l’argument ultime contre les illusions des derniers zélotes du collectivisme qui ne veulent pas voir dans les échecs de l’URSS et autres pays comparables la preuve de l’absence de viabilité intrinsèque des sociétés communistes sous toutes leurs formes. Même volontairement souscrit par des communautés idéologiquement conquises et initialement très motivées, le communisme ne peut apporter ni satisfaction, ni prospérité aux individus.

Voir également:

Top 10 Myths About Thanksgiving
Rick Shenkman
HNN
11-21-01

MYTH # 1

The Pilgrims Held the First Thanksgiving

To see what the first Thanksgiving was like you have to go to: Texas. Texans claim the first Thanksgiving in America actually took place in little San Elizario, a community near El Paso, in 1598 — twenty-three years before the Pilgrims’ festival. For several years they have staged a reenactment of the event that culminated in the Thanksgiving celebration: the arrival of Spanish explorer Juan de Onate on the banks of the Rio Grande. De Onate is said to have held a big Thanksgiving festival after leading hundreds of settlers on a grueling 350-mile long trek across the Mexican desert.

Then again, you may want to go to Virginia.. At the Berkeley Plantation on the James River they claim the first Thanksgiving in America was held there on December 4th, 1619….two years before the Pilgrims’ festival….and every year since 1958 they have reenacted the event. In their view it’s not the Mayflower we should remember, it’s the Margaret, the little ship which brought 38 English settlers to the plantation in 1619. The story is that the settlers had been ordered by the London company that sponsored them to commemorate the ship’s arrival with an annual day of Thanksgiving. Hardly anybody outside Virginia has ever heard of this Thanksgiving, but in 1963 President Kennedy officially recognized the plantation’s claim.

MYTH # 2

Thanksgiving Was About Family

If by Thanksgiving, you have in mind the Pilgrim festival, forget about it being a family holiday. Put away your Norman Rockwell paintings. Turn off Bing Crosby. Thanksgiving was a multicultural community event. If it had been about family, the Pilgrims never would have invited the Indians to join them.

MYTH # 3

Thanksgiving Was About Religion

No it wasn’t. Paraphrasing the answer provided above, if Thanksgiving had been about religion, the Pilgrims never would have invited the Indians to join them. Besides, the Pilgrims would never have tolerated festivities at a true religious event. Indeed, what we think of as Thanksgiving was really a harvest festival. Actual « Thanksgivings » were religious affairs; everybody spent the day praying. Incidentally, these Pilgrim Thanksgivings occurred at different times of the year, not just in November.

MYTH # 4

The Pilgrims Ate Turkey

What did the Pilgrims eat at their Thanksgiving festival? They didn’t have corn on the cob, apples, pears, potatoes or even cranberries. No one knows if they had turkey, although they were used to eating turkey. The only food we know they had for sure was deer. 11(And they didn’t eat with a fork; they didn’t have forks back then.)

So how did we get the idea that you have turkey and cranberry and such on Thanksgiving? It was because the Victorians prepared Thanksgiving that way. And they’re the ones who made Thanksgiving a national holiday, beginning in 1863, when Abe Lincoln issued his presidential Thanksgiving proclamations…two of them: one to celebrate Thanksgiving in August, a second one in November. Before Lincoln Americans outside New England did not usually celebrate the holiday. (The Pilgrims, incidentally, didn’t become part of the holiday until late in the nineteenth century. Until then, Thanksgiving was simply a day of thanks, not a day to remember the Pilgrims.)

MYTH # 5

The Pilgrims Landed on Plymouth Rock

According to historian George Willison, who devoted his life to the subject, the story about the rock is all malarkey, a public relations stunt pulled off by townsfolk to attract attention. What Willison found out is that the Plymouth Rock legend rests entirely on the dubious testimony of Thomas Faunce, a ninety-five year old man, who told the story more than a century after the Mayflower landed. Unfortunately, not too many people ever heard how we came by the story of Plymouth Rock. Willison’s book came out at the end of World War II and Americans had more on their minds than Pilgrims then. So we’ve all just gone merrily along repeating the same old story as if it’s true when it’s not. And anyway, the Pilgrims didn’t land in Plymouth first. They first made landfall at Provincetown. Of course, the people of Plymouth stick by hoary tradition. Tour guides insist that Plymouth Rock is THE rock.

MYTH # 6

Pilgrims Lived in Log Cabins

No Pilgrim ever lived in a log cabin. The log cabin did not appear in America until late in the seventeenth century, when it was introduced by Germans and Swedes. The very term « log cabin » cannot be found in print until the 1770s. Log cabins were virtually unknown in England at the time the Pilgrims arrived in America. So what kind of dwellings did the Pilgrims inhabit? As you can see if you visit Plimoth Plantation in Massachusetts, the Pilgrims lived in wood clapboard houses made from sawed lumber.

MYTH # 7

Pilgrims Dressed in Black

Not only did they not dress in black, they did not wear those funny buckles, weird shoes, or black steeple hats. So how did we get the idea of the buckles? Plimoth Plantation historian James W. Baker explains that in the nineteenth century, when the popular image of the Pilgrims was formed, buckles served as a kind of emblem of quaintness. That’s the reason illustrators gave Santa buckles. Even the blunderbuss, with which Pilgrims are identified, was a symbol of quaintness. The blunderbuss was mainly used to control crowds. It wasn’t a hunting rifle. But it looks out of date and fits the Pilgrim stereotype.

MYTH # 8

Pilgrims, Puritans — Same Thing

Though even presidents get this wrong — Ronald Reagan once referred to Puritan John Winthrop as a Pilgrim — Pilgrims and Puritans were two different groups. The Pilgrims came over on the Mayflower and lived in Plymouth. The Puritans, arriving a decade later, settled in Boston. The Pilgrims welcomed heterogeneousness. Some (so-called « strangers ») came to America in search of riches, others (so-called « saints ») came for religious reasons. The Puritans, in contrast, came over to America strictly in search of religious freedom. Or, to be technically correct, they came over in order to be able to practice their religion freely. They did not welcome dissent. That we confuse Pilgrims and Puritans would have horrified both. Puritans considered the Pilgrims incurable utopians. While both shared the belief that the Church of England had become corrupt, only the Pilgrims believed it was beyond redemption. They therefore chose the path of Separatism. Puritans held out the hope the church would reform.

MYTH # 9

Puritans Hated Sex

Actually, they welcomed sex as a God-given responsibility. When one member of the First Church of Boston refused to have conjugal relations with his wife two years running, he was expelled. Cotton Mather, the celebrated Puritan minister, condemned a married couple who had abstained from sex in order to achieve a higher spirituality. They were the victims, he wrote, of a « blind zeal. »

MYTH # 10

Puritans Hated Fun

H.L. Mencken defined Puritanism as « the haunting fear that someone, somewhere, may be happy! » Actually, the Puritans welcomed laughter and dressed in bright colors (or, to be precise, the middle and upper classes dressed in bright colors; members of the lower classes were not permitted to indulge themselves — they dressed in dark clothes). As Carl Degler long ago observed, « The Sabbatarian, antiliquor, and antisex attitudes usually attributed to the Puritans are a nineteenth-century addition to the much more moderate and wholesome view of life’s evils held by the early settlers of New England. »

Voir encore:

Thanksgiving Day Myths
Timothy Walch
HNN
11-25-02

Mr. Walch is the director of the Herbert Hoover Presidential Library in West Branch, Iowa, and a writer for the History News Service. His book, Uncommon Americans: The Lives and Legacies of Herbert and Lou Henry Hoover, will be published in 2003.

Thanksgiving dinner: never has the history of a meal been so obscured by myth. Every year on the fourth Thursday in November, Americans sit down to eat with family and friends. Some gather to give thanks for all that they have received over the previous year; others get together just to enjoy turkey and football. We all celebrate Thanksgiving in our own ways.

So what do most Americans believe happened on that first Thanksgiving Day? Most still cling to what they learned in elementary school. The Pilgrims sat down with Indians for a big meal of turkey, cornbread, cranberries and pumpkin pie. The Pilgrims dressed in black, and the Indians wore feathers and colorful beads. In fact, many Americans today still recall if they were « pilgrims » or « Indians » in their school pageants.

It’s a charming story, but it’s a myth. To be sure, it’s a powerful one — one that will be repeated many times this November. The fact that it’s so pervasive is evidence that American myths have long lives.

So what are the facts of that first Thanksgiving? In fact, the Pilgrims of the Plymouth Colony in today’s Massachusetts did share a meal with the Wampanoag Indians in the autumn of 1621, but the rest of the details are uncertain. The only documentary evidence of the event comes from the journal of Plymouth Colony’s governor, Edward Winslow, who noted simply that the colonists met with Chief Massasoit and 90 of his men for a feast that lasted four days. No one worried about cholesterol or obesity in 1621!

Though they don’t have much evidence, historians and archaeologists do have an educated hypothesis of what the Pilgrims ate, how they ate, when they ate and what they wore at that first Thanksgiving meal. The historical facts are not at all like the scene usually painted in elementary school.

Start with the menu. It’s not likely that the Pilgrims and the Indians consumed any bread dressing, mashed potatoes or pumpkin pie. In fact, it is not likely that they ate any roast turkey either. The only items listed in Winslow’s journal were « venison and wild fowl, » and it is likely that dried corn and fruit filled out the bill of fare. In colonial times, a person ate what was available, when it was available. No one back then saved room for pumpkin pie.

Another myth has to do with how the meal was served. The Pilgrims and the Indians did not, as the myth has it, sit down at tables, bless their food or pass the serving dishes. It’s more likely that food was set out on every available flat surface: tables, boxes, benches, and tree stumps. The meal was consumed without ceremony over three days, whenever someone was hungry.

No one used plates or eating utensils. Although both the colonists and the Indians occasionally used cloths or napkins if the food was hot, they usually ate with their hands. And not everyone ate everything that was served. Most diners ate what they liked or whatever dish was closest to them.

Finally, it’s important to dispel one last Thanksgiving myth — that the Pilgrims dressed in black and white clothing, wore pointed hats and starched bonnets and favored buckles on their shoes. It’s true that they dressed in black on Sundays; but on most days, including the first Thanksgiving, they dressed in white, beige, black, green and brown. And it’s likely that the Indians were fully clothed to ward off the chill of autumn in New England. Who would wear only a loincloth in Massachusetts in November?

So it’s a good thing that Americans today are not tested on the history of that first Thanksgiving, because few of us would earn a passing grade. It seems that the historical evidence of Thanksgiving is not as compelling as the myths that cloud our memories. It’s too bad that childhood images of Pilgrims and Indians aren’t based on historical facts.

And yet there’s a legacy about this holiday that threads its way from past to the present and defies both myth and historical evidence. That legacy is generosity. To be sure, Americans today may not be as religious as the Pilgrims, but most Americans do share their plenty with their family and friends on this special day. It’s a holiday that brings all Americans, no matter their creed or disposition, together. And that’s something worthy of our thanks.

Voir enfin:

Mayflower Myths
History.com

« The reason that we have so many myths associated with Thanksgiving is that it is an invented tradition. It doesn’t originate in any one event. It is based on the New England puritan Thanksgiving, which is a religious Thanksgiving, and the traditional harvest celebrations of England and New England and maybe other ideas like commemorating the pilgrims. All of these have been gathered together and transformed into something different from the original parts. »

– James W. Baker
Senior Historian at Plimoth Plantation

Myth: The first Thanksgiving was in 1621 and the pilgrims celebrated it every year thereafter.

Fact: The first feast wasn’t repeated, so it wasn’t the beginning of a tradition. In fact, the colonists didn’t even call the day Thanksgiving. To them, a thanksgiving was a religious holiday in which they would go to church and thank God for a specific event, such as the winning of a battle. On such a religious day, the types of recreational activities that the pilgrims and Wampanoag Indians participated in during the 1621 harvest feast–dancing, singing secular songs, playing games–wouldn’t have been allowed. The feast was a secular celebration, so it never would have been considered a thanksgiving in the pilgrims minds.

Myth: The original Thanksgiving feast took place on the fourth Thursday of November.

Fact: The original feast in 1621 occurred sometime between September 21 and November 11. Unlike our modern holiday, it was three days long. The event was based on English harvest festivals, which traditionally occurred around the 29th of September. After that first harvest was completed by the Plymouth colonists, Gov. William Bradford proclaimed a day of thanksgiving and prayer, shared by all the colonists and neighboring Indians. In 1623 a day of fasting and prayer during a period of drought was changed to one of thanksgiving because the rain came during the prayers. Gradually the custom prevailed in New England of annually celebrating thanksgiving after the harvest.

During the American Revolution a yearly day of national thanksgiving was suggested by the Continental Congress. In 1817 New York State adopted Thanksgiving Day as an annual custom, and by the middle of the 19th century many other states had done the same. In 1863 President Abraham Lincoln appointed a day of thanksgiving as the last Thursday in November, which he may have correlated it with the November 21, 1621, anchoring of the Mayflower at Cape Cod. Since then, each president has issued a Thanksgiving Day proclamation. President Franklin D. Roosevelt set the date for Thanksgiving to the fourth Thursday of November in 1939 (approved by Congress in 1941)

Myth: The pilgrims wore only black and white clothing. They had buckles on their hats, garments, and shoes.

Fact: Buckles did not come into fashion until later in the seventeenth century and black and white were commonly worn only on Sunday and formal occasions. Women typically dressed in red, earthy green, brown, blue, violet, and gray, while men wore clothing in white, beige, black, earthy green, and brown.

Myth: The pilgrims brought furniture with them on the Mayflower.

Fact: The only furniture that the pilgrims brought on the Mayflower was chests and boxes. They constructed wooden furniture once they settled in Plymouth.

Myth: The Mayflower was headed for Virginia, but due to a navigational mistake it ended up in Cape Cod Massachusetts.

Fact: The Pilgrims were in fact planning to settle in Virginia, but not the modern-day state of Virginia. They were part of the Virginia Company, which had the rights to most of the eastern seaboard of the U.S. The pilgrims had intended to go to the Hudson River region in New York State, which would have been considered « Northern Virginia, » but they landed in Cape Cod instead. Treacherous seas prevented them from venturing further south.

Voir par ailleurs:

Le pacte du Mayflower

Un jour froid de l’automne 1620, le Mayflower aborde en un lieu baptisé Plymouth, près de Cape Cod, sur la côte sauvage du Massachusetts. Ce voilier amène d’Angleterre 102 colons. Parmi eux, 35 protestants anglais très pieux, chassés de leur pays par les persécutions du roi Jacques 1er. Cinq jours plus tôt, le 21 novembre 1620, ces « Pilgrim Fathers » ou Pères Pèlerins ont défini les principes de gouvernement de leur future colonie dans un pacte célèbre.

Alban Dignat

Europe inhospitalière

Les « Pilgrim Fathers » ont d’abord tenté leur chance aux Pays-Bas, à Leyde. Mais l’état de l’Europe les a déçus.

En Angleterre, les troubles religieux laissent entrevoir la chute de la monarchie et la dictature de Cromwell. L’Allemagne souffre de la guerre de Trente Ans. En France, la régence troublée de Marie de Médicis fait suite à l’assassinat d’Henri IV…

Le petit groupe d’Anglais décide donc de créer une « Nouvelle Jérusalem » en Amérique. C’est le moment où la Compagnie de Virginie organise le peuplement de la nouvelle colonie anglaise de Virginie (ainsi nommée en l’honneur de la reine Elizabeth 1ère).

Une destination imprévue

Les Pères Pèlerins embarquent en septembre 1620 à Plymouth sur le Mayflower (ou Fleur de Mai), un voilier de 180 tonneaux.

Après une traversée agitée, le navire arrive en vue de Cape Cod, sur la côte vierge du futur Massachusetts, le 21 novembre 1620 (11 novembre selon le calendrier julien encore en vigueur en Angleterre). Les passagers comprennent alors qu’ils ont fait fausse route. Ils doivent se résigner à débarquer sur une terre inhospitalière, encore inconnue des Européens.

En prévision de l’avenir, les « Pilgrim Fathers » et leurs compagnons de destinée signent le jour même, sur leur navire, un pacte de bonne entente. Ce pacte connu comme le « Mayflower Compact Act » édicte les principes qui doivent régir le futur établissement. Il met sur pied une démocratie locale efficace et respectueuse des croyances de chacun.

Il est prévu une assemblée, le General Court, qui se réunit autant que de besoin. Elle élit le gouverneur et les administrateurs, fait les lois, lève les impôts et établit les tribunaux. Dès 1639, avec l’extension de la colonie et l’impossibilité pour beaucoup de fermiers d’assister aux réunions, il faudra recourir à un système représentatif.

Des débuts difficiles

Sitôt débarquée, la communauté conclut un traité de paix avec les Indiens des environs (Narrangans et Wampanoag). Elle n’aura dès lors à se plaindre que d’incidents de voisinage, nombreux mais sans gravité.

Au cours de l’hiver, la famine et la maladie ont raison de nombreux colons. Les dindes sauvages et le maïs obligeamment fourni par les Indiens permettent toutefois au plus grand nombre de survivre.

C’est ainsi qu’au terme de la première année, en novembre 1621, leur chef, William Bradford, décide d’organiser une journée d’action de grâce. C’est le « Thanksgiving Day ».

Quelques semaines plus tard, les Indiens, qui commencent à s’inquiéter de l’enracinement des Blancs, envoient à ceux-ci une troupe de 50 guerriers porteurs d’une poignée de flèches liées par une peau de serpent. À ce signe évident d’hostilité, Bradford répond en renvoyant la peau bourrée de poudre et de balles. Les Indiens se le tiennent pour dit et la paix est préservée entre les deux communautés.

Une leçon de tolérance

Les puritains du Mayflower et leurs compagnons d’aventure vont apprendre non sans difficulté les vertus de la tolérance et de la démocratie locale. Ces vertus nées de la cohabitation de différentes communautés de réfugiés sont devenues l’idéal nord-américain. C’est pourquoi le souvenir du Mayflower reste encore si vif aux États-Unis et au Canada.

Plusieurs navires relèveront ce nom mythique. Dans les années 1840, l’un d’eux amènera d’Irlande à Boston de nombreux émigrants, catholiques ceux-là, chassés par la famine.

Le Thanksgiving Day ou Fête de l’Action de Grâces

Le « Thanksgiving Day » de novembre 1621 va se renouveler d’année en année en Nouvelle-Angleterre jusqu’à l’indépendance des États-Unis.
– En 1789, le président George Washington proclame le premier « Thanksgiving Day » sous le régime de la nouvelle Constitution.
– En 1863, après la bataille de Gettysburg, le président Abraham Lincoln érige le « Thanksgiving Day » en fête nationale afin de ressouder le peuple américain ; il l’établit le dernier jeudi de novembre.
– En 1941, sur une décision du président Franklin Roosevelt, le Congrès reporte la fête au quatrième jeudi de novembre (simplement pour ne pas empiéter sur la préparation des étrennes).

La commémoration du « Thanksgiving Day » demeure de nos jours encore très vivante : chaque 4e jeudi de novembre, les familles des États-Unis savourent de la dinde aux airelles avec des patates douces et de la tarte au potiron au dessert, à l’imitation des Pères Pèlerins.

Au Canada, cette commémoration porte le nom de « Fête de l’Action de Grâces » et elle est célébrée le deuxième lundi d’octobre… avec un menu identique à celui des Américains.

1620

Le 21 novembre 1620 (11 novembre selon le calendrier julien encore en vigueur en Angleterre), le Mayflower arrive en vue de Cape Cod, sur la côte vierge du futur Massachusetts. Le voilier transporte un petit groupe d’émigrants dont quelques fervents puritains chassés d’Europe par les persécutions religieuses. Les passagers comprennent alors qu’ils ont fait fausse route. Ils doivent se résigner à débarquer sur une terre inhospitalière, encore inconnue des Européens. En prévision de l’avenir, ils signent le jour même, sur leur navire, un pacte de bonne entente. Ce pacte connu comme le «Mayflower Compact» édicte les principes qui doivent régir le futur établissement. Il met sur pied une démocratie locale efficace et respectueuse des croyances de chacun à laquelle se réfèrent encore les démocrates américains.

Voici le texte en anglais (pour la traduction française, cliquer ici).

Mayflower Compact

IN THE NAME OF GOD, AMEN. We, whose names are underwritten, the Loyal Subjects of our dread Sovereign Lord King James, by the Grace of God, of Great Britain, France, and Ireland, King, Defender of the Faith, etc. Having undertaken for the Glory of God, and Advancement of the Christian Faith, and the Honor of our King and Country, a Voyage to plant the first Colony in the northern Parts of Virginia; Do by these Presents, solemnly and mutually, in the Presence of God and one another, covenant and combine ourselves together into a civil Body Politick, for our better Ordering and Preservation, and Furtherance of the Ends aforesaid: And by Virtue hereof do enact, constitute, and frame, such just and equal Laws, Ordinances, Acts, Constitutions, and Officers, from time to time, as shall be thought most meet and convenient for the general Good of the Colony; unto which we promise all due Submission and Obedience.

IN WITNESS whereof we have hereunto subscribed our names at Cape-Cod the eleventh of November, in the Reign of our Sovereign Lord King James, of England, France, and Ireland, the eighteenth, and of Scotland, the fifty-fourth, Anno Domini, 1620.

Mr. John Carver Mr. Samuel Fuller Edward Tilly
Mr. William Bradford Mr. Christopher Martin John Tilly
Mr. Edward Winslow Mr. William Mullins Francis Cooke
Mr. William Brewster Mr. William White Thomas Rogers
Isaac Allerton Mr. Richard Warren Thomas Tinker
Myles Standish John Howland John Ridgdale
John Alden Mr. Steven Hopkins Edward Fuller
John Turner Digery Priest Richard Clark
Francis Eaton Thomas Williams Richard Gardiner
James Chilton Gilbert Winslow Mr. John Allerton
John Craxton Edmund Margesson Thomas English
John Billington Peter Brown Edward Doten
Joses Fletcher Richard Bitteridge Edward Liester
John Goodman George Soule

Histoire du Mayflower


Anniversaires: Les sionistes ont même inventé l’Amérique! (Zionists even invented America!)

26 novembre, 2009
The Melting pot (Zanvill, 1908)Melting pot: Ce terme provient de la pièce de théâtre d’Israel Zangwill (1864-1926) The Melting Pot, dont le message était que tous les immigrants arrivés aux États-Unis pouvaient devenir américains, un peuple formé dans un creuset de démocratie, de liberté et de responsabilité civique. Wikipedia
Comprenez que l’Amérique est le creuset de Dieu, le grand Melting pot  dans lequel tous les peuples d’Europe se fondent, se transforment (…) Ce sont les feux de Dieu. Au diable  vos querelles et vos vendettas! Allemands et Français, Irlandais et Anglais, Juifs et Russes. Au fond du creuset avec vous tous, Dieu fabrique l’Américain. Israël Zangwill (The Melting pot, Londres, 1908)
Shlomo Sand has written a remarkable book. In cool, scholarly prose he has, quite simply, normalized Jewish history. In place of the implausible myth of a unique nation with a special destiny – expelled, isolated, wandering and finally restored to its rightful home – he has reconstructed the history of the Jews and convincingly reintegrated that history into the general story of humankind. The self-serving and mostly imaginary Jewish past that has done so much to provoke conflict in the present is revealed, like the past of so many other nations, to be largely an invention. Tony Judt
Every nation cherishes its own myths and legends. Most Americans believe themselves to be anti-imperialists, though their ancestors colonised a continent, almost annihilating its native inhabitants. The French fancy themselves descended from ancient Gauls, though like the rest of us they are mongrels. Max Hastings
Sand confuses ethnicity – which, in the case of the Jews, is indeed impure, heterogeneous and much travelled – with an identity that evolves as the product of common historical experience. Rabbinical arguments may rest on an imaginary definition of ethnicity, but the legitimacy of a Jewish homeland does not. Ultimately, Israel’s case is the remedy for atrocity, about which Sand has nothing to say.
Sand (…) argues there actually was no mass forced “exile” so there can be no legitimate “return”. (…) It is undoubtedly right to say that a popular version of this idea of the exile survives in most fundamentalist accounts of Jewish history. It may well be the image that many Jewish children still have. But it is a long time since any serious historian argued that following the destruction of the Second Temple, the Romans emptied Judea. But what the Romans did do, following the Jewish revolt of AD66-70 and even more exhaustively after a second rebellion in AD135, was every bit as traumatic: an act of cultural and social annihilation – mass slaughter and widespread enslavement. But there was also the mass extirpation of everything that constituted Jewish religion and culture; the renaming of Jerusalem as Aelia Capitolina, the obliteration of the Temple, the prohibition on rituals and prayers. Sand asserts, correctly, that an unknowable number of Jews remained in what the Romans called Palestina. The multitudes of Jews in Rome had already gone there, not as a response to disaster but because they wanted to and were busy proselytising.
(…)
But Sand appears not to notice that it undercuts his argument about the non-connection of Jews with the land of Palestine rather than supporting it. Put together, the possibility of leading a Jewish religious life outside Palestine, with the continued endurance of Jews in the country itself and you have the makings of that group yearning – the Israel-fixation, which Sand dismisses as imaginary. What the Romans did to the defeated Jews was dispossession, the severity of which was enough to account for the homeland-longing by both the population still there and those abroad. That yearning first appears, not in Zionist history, but in the writings of medieval Jewish teachers, and never goes away. Simon Schama
Où l’on découvre que, dans leur mythomanie délirante, les Sionistes ont non seulement inventé l’Amérique, mais… leur propre Etat d’Israël!
.
En ce jour où, via leur mythe de Thanksgiving Day, nos amis américains voudraient à nouveau nous faire croire que leurs ancêtres massacreurs d’Indiens étaient tous sur le Mayflower
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Et où, sous le coup des efforts conjugués d’une immigration et de nos belles âmes et idiots utiles qui tentent d’en nier chaque jour un peu plus la légitimité, les prétendus descendants des Gaulois s’interrogent sur leur propre identité
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Pendant que France 2 et son indéboulonnable faussaire Charles Enderlin comme l’acteur François Cluzet nous refont le coup du terroriste victime (Salah Hamouri du FLP) et qu’une ville française (Vitry-sur-Seine) se choisit comme citoyen d’honneur le créateur des Brigades des martyrs al-Aqsa du Fatah Marouane Barghouti quand un soldat franco-israélien est toujours retenu comme otage depuis trois ans par le mouvement terroriste Hamas (Gilad Shalit) …

Ne voilà-t-il pas que l’on découvre que les mêmes sionistes auxquels les Américains avaient eu recours pour leur inventer leur mythe fondateur du « creuset » (sans compter les « terre promise », « ville sur la montagne », « destinée manifeste » et tant d’autres), avaient fait la même chose pour leur propre Etat d’Israël!

Et ce naturellement sous la propre plume d’un historien israélien, Shlomo Sand, dont l’ouvrage vient d’être traduit en anglais (« The Invention of the Jewish People »).

Et qui, à l’heure où un Etat tout entier prépare activement sa bombe pour la Solution finale, démontre brillamment comment, sous le prétexte imaginaire que la totalité de leurs ancêtres auraient été massivement déportés de leur pays par les Romains il y a près de 2000 ans, lesdits sionistes continuent non seulement à revendiquer un prétendu droit au retour en Israël.

Mais, scandale des scandales,… à refuser de collaborer à leur propre disparition !!!

Book Calls Jewish People an ‘Invention’
Patricia Cohen
The New York Times
November 24, 2009

Despite the fragmented and incomplete historical record, experts pretty much agree that some popular beliefs about Jewish history simply don’t hold up: there was no sudden expulsion of all Jews from Jerusalem in A.D. 70, for instance. What’s more, modern Jews owe their ancestry as much to converts from the first millennium and early Middle Ages as to the Jews of antiquity.

Other theories, like the notion that many of today’s Palestinians can legitimately claim to be descended from the ancient Jews, are familiar and serious subjects of study, even if no definitive answer yet exists.

But while these ideas are commonplace among historians, they still manage to provoke controversy each time they surface in public, beyond the scholarly world. The latest example is the book “The Invention of the Jewish People,” which spent months on the best-seller list in Israel and is now available in English. Mixing respected scholarship with dubious theories, the author, Shlomo Sand, a professor at Tel Aviv University, frames the narrative as a startling exposure of suppressed historical facts. The translated version of his polemic has sparked a new wave of coverage in Britain and has provoked spirited debates online and in seminar rooms.

Professor Sand, a scholar of modern France, not Jewish history, candidly states his aim is to undercut the Jews’ claims to the land of Israel by demonstrating that they do not constitute “a people,” with a shared racial or biological past. The book has been extravagantly denounced and praised, often on the basis of whether or not the reader agrees with his politics.

The vehement response to these familiar arguments — both the reasonable and the outrageous — highlights the challenge of disentangling historical fact from the sticky web of religious and political myth and memory.

Consider, for instance, Professor Sand’s assertion that Palestinian Arab villagers are descended from the original Jewish farmers. Nearly a century ago, early Zionists and Arab nationalists touted the blood relationship as the basis of a potential alliance in their respective struggles for independence. Israel’s first prime minister, David Ben-Gurion, and Yitzhak Ben Zvi, Israel’s longest-serving president, made this very argument in a book they wrote together in 1918. The next year, Emir Feisal, who organized the Arab revolt against the Ottoman empire and tried to create a united Arab nation, signed a cooperation agreement with the Zionist leader Chaim Weizmann that declared the two were “mindful of the racial kinship and ancient bonds existing between the Arabs and the Jewish people.”

Both sides later dropped the subject when they realized it was not furthering their political goals.

(Though no final consensus has emerged on the ancestral link between Palestinians and Jews, Harry Ostrer, director of the Human Genetics Program at New York University Langone Medical Center, who has been studying the genetic organization of Jews, said, “The assumption of lineal descent seems reasonable.”)

Books challenging biblical and conventional history continually pop up, but what distinguishes the dispute over origins from debates about, say, the reality of the exodus from Egypt or the historical Jesus, is that it is so enmeshed in geopolitics. The Israeli Declaration of Independence states: “After being forcibly exiled from their Land, the People kept faith with it throughout their Dispersion and never ceased to pray and hope for their return to it.” The idea of unjust exile and rightful return undergirds both the Jews’ and the Palestinians’ conviction that each is entitled to the land.

Since Professor Sand’s mission is to discredit Jews’ historical claims to the territory, he is keen to show that their ancestry lines do not lead back to ancient Palestine. He resurrects a theory first raised by 19th-century historians, that the Jews of Central and Eastern Europe, to whom 90 percent of American Jews trace their roots, are descended from the Khazars, a Turkic people who apparently converted to Judaism and created an empire in the Caucasus in the eighth century. This idea has long intrigued writers and historians. In 1976, Arthur Koestler wrote “The Thirteenth Tribe” in the hopes it would combat anti-Semitism; if contemporary Jews were descended from the Khazars, he argued, they could not be held responsible for Jesus’ Crucifixion.

By now, experts who specialize in the subject have repeatedly rejected the theory, concluding that the shards of evidence are inconclusive or misleading, said Michael Terry, the chief librarian of the Jewish division of the New York Public Library. Dr. Ostrer said the genetics also did not support the Khazar theory.

That does not negate that conversion played a critical role in Jewish history — a proposition that many find surprising given that today’s Jews tend to discourage conversion and make it a difficult process. Lawrence H. Schiffman, chairman of the Skirball department of Hebrew and Judaic Studies at New York University, said most historians agree that over a period of centuries, Middle Eastern Jews — merchants, slaves and captives, religious and economic refugees — spread around the world. Many intermarried with people from local populations, who then converted.

There is also evidence that in antiquity and the first millennium Judaism was a proselytizing religion that even used force on occasion. From the genetic research so far, Dr. Ostrer said, “It’s pretty clear that most Jewish groups have Semitic ancestry, that they originated in the Middle East, and that they’re more closely related to each other than to non-Jewish groups.” But he added that it was also clear that many Jews are of mixed descent.

“The ancient admixed ancestry explains the blond hair and blue eyes of Ashkenazi Jews whose grandparents and great-grandparents all lived in shtetls two and three generations ago,” Dr. Ostrer said. They brought the genes for coloration with them to Eastern Europe. These genes were probably not contributed by their Cossack neighbors.”

What accounts for the grasp that some misconceptions maintain on popular consciousness, or the inability of historical truths to gain acceptance? Sometimes myths persist despite clear contradictory evidence because people feel the story embodies a deeper truth than the facts. Marie Antoinette never said “Let them eat cake,” but the fictional statement captured the sense of a regime that showed disdain for the public’s welfare.

A mingling of myth, memory, truth and aspiration similarly envelopes Jewish history, which is, to begin with, based on scarce and confusing archaeological and archival records.

Experts dismiss the popular notion that the Jews were expelled from Palestine in one fell swoop in A.D. 70. Yet while the destruction of Jerusalem and Second Temple by the Romans did not create the Diaspora, it caused a momentous change in the Jews’ sense of themselves and their position in the world. For later generations it encapsulates the essential truth about the Jews being an exiled and persecuted people for much of their history.

Professor Sand accuses Zionist historians from the 19th century onward — the very same scholars on whose work he bases his case — of hiding the truth and creating a myth of shared roots to strengthen their nationalist agenda. He explains that he has uncovered no new information, but has “organized the knowledge differently.” In other words, he is doing precisely what he accuses the Zionists of — shaping the material to fit a narrative.

In that sense, Professor Sand is operating within a long established tradition. As “The Illustrated History of the Jewish People,” edited by Nicholas Lange (Harcourt, 1997), notes, “Every generation of Jewish historians has faced the same task: to retell and adapt the story to meet the needs of its own situation.” The same could be said of all nations and religions.

Perhaps that is why — on both sides of the argument — some myths stubbornly persist no matter how often they are debunked while other indubitable facts continually fail to gain traction.

Voir aussi:

The Invention of the Jewish People by Shlomo Sand
Max Hastings
The Sunday Times
November 15, 2009

Every nation cherishes its own myths and legends. Most Americans believe themselves to be anti-imperialists, though their ancestors colonised a continent, almost annihilating its native inhabitants. The French fancy themselves descended from ancient Gauls, though like the rest of us they are mongrels.

But Israel’s favoured historical narrative possesses special significance, because it defines the states’ proclaimed right to existence. It holds that the world’s Jews are descended from the ancient tribes of Israel, evicted by the Romans following the fall of the temple in AD70, and today permitted to return to their rightful homeland after almost 2,000 years of foreign persecution.

Shlomo Sand, who teaches contemporary history at Tel Aviv University, rejects most of this as myth. He argues that the alleged history of the Jewish people has been distorted, reshaped or invented in modern times to fit the political requirements of Zionism.

His book, first published in Hebrew, has caused widespread outrage in his native land. But it represents, at the very least, a formidable polemic against claims that Israel has a moral right to define itself as an explicitly and exclusively Jewish society, in which non-Jews, such as Palestino-Israelis, are culturally and politically marginalised.

He disputes the claim that Israel existed for thousands of years as a nation. This, he says, relies chiefly on a willingness to believe that the Old Testament story is broadly valid, in defiance of archeological and other historical evidence. He refuses to believe that a unified Jewish nation occupied Canaan in the era of David and Solomon,or that the flight from Egypt occured as described. The Old Testament is not a narrative that can instruct us about the time it describes – centuries before ot was written – but is instead an impressive didactic theological discourse.

He rejects the assertion, dependent on the testimony of the 1st-century Hellenised Jewish historian Josephus, that Jews were forcibly deported from Jerusalem after the fall of the Temple. Rome behaved savagely to defeated rebels, but never expelled whole populations, not least because it required their services.

Historical evidence, says Sand, shows large Jewish communities living all over the Mediterranean, including Rome, before AD70. Cicero complained in 59BC: “You know how numerous that crowd is, how great is its unanimity, and of what weight it is in popular assemblies.”

The author suggests that there was steady economic migration from Palestine after the fall of the Temple, but most Jews remained, eventually to be converted to Islam following the Muslim conquest in the 7th century and afterwards. Some modern Palestinians are more likely to be descended from the ancient Israelites than are modern Israelis who have migrated from Russia.

Acknowledging uncertainty about much that happened in the last millennium before Christ and the first thereafter, Sand dismisses the proposition of Zionist historians that the Jewish communities that grew up all over Europe were descended from Jews driven out of Israel. Many, he says, were indigenous people converted by small numbers of wandering, literate Jews.

He focuses special attention on the Khazar empire, the Jewish society that flourished around the Volga and Caucasus between the 4th and 13th centuries, and provided seed for the large Jewish communities of eastern Europe. Zionists assert that those Jews had migrated east from Germany. Sand says there is no evidence for this, save that they spoke Yiddish.

He believes, instead, that these were locals who adopted the Jewish religion. He claims that modern Israeli historians refuse to study the Khazar empire honestly, lest they find themselves confronted by evidence that might seem to deligitimise Israel. He writes scornfully of Zionists entirely caught up in the mythology of an eternal ethnic time.

Sand launches a further broaside at Israeli geneticists who have devoted much energy to identifying a common Jewish gene among diaspora communities around the world. He is scornful of such research, perhaps because not least of the ghastly memory of Nazi scientists who pursued alleged aryan identity.

Sand’s fundamental thesis is that the Jewish people are joined by bonds of religion, not race or ancient nationhood. He deplores the explicit racial basis of the Israeli state, in which the Arab minority are second-class citizens. No Jew who lives today in a western democracy would tolerate the discrimination and exclusion experienced by the Palestino-Israelis … The state’s ethnocentric foundation remains an obstacle to its [liberal democratic] development.

It is easy to see why Sand’s book has attracted fierce controversy. The legend of the ancient exile and modern return stands at the heart of Israel’s self-belief. It is no more surprising that its people enjoy supposing that Joshua’s trumpets blew down the walls of Jericho — at a time when, Sand says, Jericho was a small town with no walls — than that we cherish tales of King Alfred and his cakes.

The author rightly deplores the eagerness of fanatics to insist upon the historical truth of events convenient to modern politics, in defiance of evidence or probability. No modern British historian’s reputation could survive, for instance, claiming he factual accuracy of all the charming medieval stories in Froissart’s Chronicles, which nonetheless bear a closer relationship to events than does the Old Testament.

Yet Sand, whose title is foolishly provocative, displays a lack of compassion for the Jewish predicament. It is possible to accept his view that there is no common genetic link either between the world’s Jews or to the ancient tribes of Israel, while also trusting the evidence of one’s senses that there are remarkable common jewish characteristics- indeed a Jewish genius – that cannot be explained merely by religion.

Jewish faith is visibly declining in Israel as much as anywhere else. There is much dismay among diaspora communities about the steady increase in the frequency of their members marrying out. Yet who can doubt that Jews possess an identity that transcends any narrow issue of belief? Sand produces some formidable arguments about what Jews may not be, but he fails to explain what it is they are.

His book serves notice on Zionist traditionalists: if an Israeli historian can display such plausible doubts about important aspects of the Israeli legend, any Arabs hostile to the state of Israel can exploit a fertile field indeed.

Yet whatever the rights and wrongs of the past, Israel has established its existence. If the Middle east is to advance beyond perpetual conflict, all parties must abandon both claims and grievances rooted in history and address the now and the future.

Voir enfin:

The Invention of the Jewish People
Review by Simon Schama
The Financial Times
November 13 2009

The Invention of the Jewish People
By Shlomo Sand
Translated by Yael Lotan
Verso £18.99, 398 pages
FT Bookshop price: £15.19

From its splashy title on, Shlomo Sand means his book to be provocative, which it certainly is, though possibly not in the way he intends. Its real challenge to the reader is separating the presentation of truisms as though they were revolutionary illuminations and the relentless beating on doors that have long been open, from passages of intellectual sharpness and learning.

Sand’s self-dramatising attack in The Invention of the Jewish People is directed against those who assume, uncritically, that all Jews are descended lineally from the single racial stock of ancient Hebrews – a position no one who has thought for a minute about the history of the Jews would dream of taking.

Sand’s sense of grievance against the myths on which the exclusively Jewish right to full Israeli immigration is grounded is one that many who want to see a more liberal and secular Israel wholeheartedly share. But his book prosecutes these aims through a sensationalist assertion that somehow, the truth about Jewish culture and history, especially the “exile which never happened”, has been suppressed in the interests of racially pure demands of Zionist orthodoxy. This, to put it mildly, is a stretch.

To take just one instance: the history of the Khazars, the central Asian kingdom which, around the 10th century, converted to Judaism and which Sand thinks has been excised from the master narrative because of the embarrassing implication that present day Jews might be descended from Turkic converts. But the Khazars were known by every Jewish girl and boy in my neck of Golders Greenery and further flung parts of the diaspora, and celebrated rather than evaded.

For Sand, a professor of history at Tel Aviv University, the antidote to a national identity based on what he argues are fables, is to shed the fancy that there is any such thing as a shared Jewish identity independent of religious practice.

By this narrow reckoning you are either devoutly orthodox or not Jewish at all if you imagine yourself to have any connection to Israel past or present. Sand confuses ethnicity – which, in the case of the Jews, is indeed impure, heterogeneous and much travelled – with an identity that evolves as the product of common historical experience. Rabbinical arguments may rest on an imaginary definition of ethnicity, but the legitimacy of a Jewish homeland does not. Ultimately, Israel’s case is the remedy for atrocity, about which Sand has nothing to say.

His book is a trip (and I use the word advisedly) through a landscape of illusions which Sand aims to explode, leaving the scenery freer for a Middle East built, as he supposes, from the hard bricks of truth. This turns out to require not just the abandonment of simplicities about race, but any shared sense of historical identity at all on the part of the Jews that might be taken as the basis of common allegiance, which is another matter entirely. En route, he marches the reader through a mind-numbingly laborious examination of the construction of national identities from imagined rather than actual histories. A whole literature has been devoted to the assumption that nations are invariably built from such stories, in which, nonetheless, grains of historical truth are usually embedded. The important issue, however, is whether the meta-narrative that arises from those stories is inclusive enough to accommodate the tales of those whose experience is something other than racially and culturally homogeneous.

Sand’s point is that a version of Jewish national identity was written in the 19th and early 20th centuries – by historians such as Heinrich Graetz and Simon Dubnow – which took as its central premise a forced dispersion of the Jews from Israel. But, he argues, there actually was no mass forced “exile” so there can be no legitimate “return”. This is the take-away headline that makes this book so contentious. It is undoubtedly right to say that a popular version of this idea of the exile survives in most fundamentalist accounts of Jewish history. It may well be the image that many Jewish children still have. But it is a long time since any serious historian argued that following the destruction of the Second Temple, the Romans emptied Judea. But what the Romans did do, following the Jewish revolt of AD66-70 and even more exhaustively after a second rebellion in AD135, was every bit as traumatic: an act of cultural and social annihilation – mass slaughter and widespread enslavement. But there was also the mass extirpation of everything that constituted Jewish religion and culture; the renaming of Jerusalem as Aelia Capitolina, the obliteration of the Temple, the prohibition on rituals and prayers. Sand asserts, correctly, that an unknowable number of Jews remained in what the Romans called Palestina. The multitudes of Jews in Rome had already gone there, not as a response to disaster but because they wanted to and were busy proselytising.

All this is true and has been acknowledged. But Sand appears not to notice that it undercuts his argument about the non-connection of Jews with the land of Palestine rather than supporting it. Put together, the possibility of leading a Jewish religious life outside Palestine, with the continued endurance of Jews in the country itself and you have the makings of that group yearning – the Israel-fixation, which Sand dismisses as imaginary. What the Romans did to the defeated Jews was dispossession, the severity of which was enough to account for the homeland-longing by both the population still there and those abroad. That yearning first appears, not in Zionist history, but in the writings of medieval Jewish teachers, and never goes away.

There are many such twists of historical logic and strategic evasions of modern research in this book. To list them all would try your patience. Scholarly consensus now places the creation of the earliest books of the Old Testament not in the 6th or 5th centuries BC, but in the 9th century BC, home-grown in a Judah which had been transformed, as Israel Finkelstein has written “into a developed nation state”. The post-David kingdom of the 10th century BC may have been a pastoral warrior citadel, but the most recent excavations by Amihai Mazar have revealed it capable of building monumental structures. And the Judah in which the bible was first forged, its population swollen with refugees from the hard-pressed northern kingdom of Israel, was a culture that needed a text to bring together territory, polity and religion. It was a moment of profound cultural genesis. And don’t get me started again on the Khazars. No one doubts the significance of their conversion, but to argue that the entirety of Ashkenazi Jewry must necessarily descend from them is to make precisely the uncritical claim of uninterrupted genealogy Sand is eager to dispute in the wider context of Jewish history.

His assumption that the Jewish state is an oxymoron built on illusions of homogeneity is belied by the country’s striking heterogeneity. How else to explain the acceptance of the Beta Israel Ethiopian Jews or the Bene Israel Indians as Israeli Jews? Certainly that acceptance has never been without obstacles, and egregious discrimination has been shown by those who think they know what “real jews” should look like. Sand is right in believing that a more inclusive and elastic version of entry and exit points into the Jewish experience should encourage a debate in Israel of who is and who is not a “true” Jew. I could hardly agree more, and for precisely the reason that Sand seems not to himself embrace: namely that the legitimacy of Israel both within and without the country depends not on some spurious notion of religious much less racial purity, but on the case made by a community of suffering, not just during the Holocaust but over centuries of expulsions and persecutions. Unlike the Roman deportations, these were not mythical.

Sand would counter that such a refuge for the victims could have been in China, or on the moon, for all that Palestine had to do with the Jews. But since his book fails to sever the remembered connection between the ancestral land and Jewish experience ever since, it seems a bit much to ask Jews to do their bit for the sorely needed peace of the region by replacing an ethnic mythology with an act of equally arbitrary cultural oblivion.

Simon Schama is an FT contributing editor


Téléthon/polémique: Dans notre monde idéal, les associations caritatives ne devraient pas exister (No charity, please, we’re French)

25 novembre, 2009
Tax_deadweightIl y aura toujours des pauvres dans le pays. C’est pourquoi je te donne ce commandement: tu ouvriras ta main à ton frère, à celui qui vit dans la misère et dans la pauvreté dans ton pays. Deutéronome 15:11
A quoi bon perdre ce parfum? On aurait pu le vendre plus de trois cents deniers, et les donner aux pauvres. Et ils s’irritaient contre cette femme. Mais Jésus dit: Laissez-la. Pourquoi lui faites-vous de la peine? Elle a fait une bonne action à mon égard; car vous avez toujours les pauvres avec vous, et vous pouvez leur faire du bien quand vous voulez, mais vous ne m’avez pas toujours. Marc 14 : 3-9
Fraternitas: le mot n’apparait qu’au IIe siècle, chez les auteurs chrétiens. C’est le Dieu Un qui nous en a fait don, en nous créant à son image. La fraternité émerge dans l’Ancien Testament, Adam puis Noé étant les pères uniques de la multitude. Elle se déploie dans le Nouveau, avec les Actes des apôtres. Ce fut une révolution. Le croyant doit aide et assistance aux malheureux, obligation de bienfaisance dévolue à l’Eglise (et ignorée par le monde antique). Régis Debray (Le Moment Fraternité, p 251)
Tout le jeu du pousse-pousse fonctionne autour de ce manque. Gérard Séverin
Si l’impôt se substituait au téléthon, le coût de la collecte d’argent serait vingt fois moins cher. Jean-François Couvrat
Dans notre « monde idéal », les associations caritatives ne devraient pas exister, les impôts que paient tous les citoyens devraient suffire à répondre à leurs besoins, et les pouvoirs publics devraient suffisamment entendre ces besoins pour en faire des priorités d’action. Pierre Bergé

Comme d’habitude, l’intérêt des scandales ou des polémiques n’est-il pas ce qu’ils révèlent sur ce qui passait jusque là pour la normalité?

Alors qu’avec sa tribune dans le Monde, le maitre d’œuvre du Sidaction et accessoirement financier d’une bonne partie de notre gauche nationale Pierre Bergé a considérablement remis les formes à sa virulente diatribe de la semaine dernière contre le Téléthon …

Et, sans compter la nécessaire vulgarité liée à son origine américaine et au-delà de la question de la gestion, il est vrai non exempte de reproches comme l’a rappelé récemment la Cour des comptes, de ladite association …

Retour sur une autre de ces exceptions bien françaises, à savoir la tradition nationale de soupçon systématique jeté sur toute entreprise non-étatique et notamment sur la charité privée.

Et qui, après la suppression de toute libéralité dans la restauration (sous le terme certes très daté de pourboire, établissements de luxe exceptés – les Etats-Unis ayant apparemment fait le chemin inverse, le service compris n’étant plus conservé que dans la restauration rapide) …

Le refus pendant longtemps des déductions fiscales pour les œuvres de bienfaisance …

Et la résistance à toute rémunération au mérite dans la fonction publique …

Semble avoir comme idéal, contre le pragmatisme des pays protestants (ie. le réalisme biblique du « Il y aura toujours des pauvres » mais aussi la place évangélique au geste gratuit), …

L’ultime suppression de toute initiative privée et volontaire au profit, via la prise en charge totale par l’Etat-providence, de la seule obligation fiscale (à la collecte d’ailleurs deux fois plus coûteuse que dans les pays à prélèvement à la source) …

Sans voir apparemment, derrière la suppression de toute flexibilité qui en découlerait, l’aggravation inévitable tant de la situation d’une recherche notoirement famélique que d’un emploi largement réservé aux happy few ou d’une justice sociale où est sérieusement mise à mal l’égalité devant l’impôt …

Line Renaud et Bertrand Audoin, président, vice-présidente et directeur général de Sidaction
Les moyens du Téléthon ne sont-ils pas disproportionnés?
Le Monde
24.11.09

L’Association française contre les myopathies (AFM), grâce au Téléthon, a pu créer de grands pôles de recherche, comme le Génopole ou le Généthon ; des PME travaillent à ses côtés dans les biotechnologies ; certaines de ses recherches bénéficient à d’autres pathologies, comme c’est aussi souvent l’inverse ; l’argent du Téléthon n’est pas détourné.

Tout cela, Sidaction l’a toujours affirmé, et n’a jamais dit le contraire. Mais ce constat – qu’une association fasse simplement son travail – doit-il pour autant interdire tout questionnement, toute divergence de vue, toute interrogation ? Nous ne le croyons pas.

Le Téléthon récolte, bon an mal an, 100 millions d’euros environ. Sans même comparer avec les 7 millions d’euros que récolte Sidaction chaque année, ou aux résultats des collectes dédiées aux autres causes, dont le Téléthon est le champion financier toutes catégories, nous est-il permis de comparer avec le budget annuel de l’Agence nationale – et publique – de recherche sur le sida et les hépatites : 40 millions d’euros environ ? Deux fois et demie moins.

Et quel budget public pour les recherches sur les myopathies et les maladies rares ? Quelle place, alors, quel poids pour les pouvoirs publics face à l’AFM dans les grands choix d’orientation de la recherche ?

AUCUNE CAUSE N’EST MEILLEURE QU’UNE AUTRE

Dans notre « monde idéal », les associations caritatives ne devraient pas exister, les impôts que paient tous les citoyens devraient suffire à répondre à leurs besoins, et les pouvoirs publics devraient suffisamment entendre ces besoins pour en faire des priorités d’action.

Mais dans notre monde réel, les citoyens doivent se mobiliser pour obtenir ce qu’ils veulent, et les associations caritatives comme Sidaction ou l’AFM doivent être les instruments de cette mobilisation. Une mobilisation qui doit se faire dans la mesure, et dans la complémentarité avec les pouvoirs publics; négocier et travailler avec les pouvoirs publics, oui, les remplacer, non.

De ce point de vue, nous est-il interdit de nous demander si les moyens dont dispose le Téléthon ne sont pas disproportionnés ? Dans la lutte contre les maladies, aucune cause n’est, per se, meilleure qu’une autre, car il n’y a pas d’échelle du malheur.

Cancers, myopathies, sida, maladies rares, nouveaux virus, d’autres encore, tous devraient pouvoir travailler ensemble et à armes égales dans un objectif commun : le mieux-être de l’humanité, la lutte contre des injustices sociales, pour des droits, contre des discriminations liées à la maladie, mais aussi à des choix de vie, comme en subissent trop souvent des malades, et beaucoup de séropositifs.

Quand nous devons défendre des idées ensemble, quand nous pensons que nous serions plus forts à négocier côte à côte, nous est-il interdit d’appeler de nos vœux, à nos côtés, une présence constructive, égalitaire, et positive, de l’association avec laquelle les Français montrent la plus grande générosité ?

EXHIBITION POPULISTE ET INDÉCENTE

La lutte contre les myopathies a été construite en grande partie par les malades, leurs familles et leurs proches. La lutte contre le sida aussi. A Sidaction, comme très sûrement à l’AFM, les malades et leur entourage ne sont jamais oubliés dans les prises de décision.

Nous est-il cependant interdit de constater que l’AFM et nous avons fait des choix différents, voire diamétralement opposés, dans l’image que nos deux associations donnent des malades et de la maladie ?

De constater que Sidaction a fait le choix de montrer, simplement, que les malades du sida sont avant tout des citoyens comme les autres, que les mettre à part n’a pas de sens, mais que nous n’avons pas vu le Téléthon nous montrer l’exemple d’un malade atteint de myopathie à inclusion des membres inférieurs, par ailleurs intégré dans la société, comme l’est par exemple l’un des signataires de cet article (Pierre Bergé) ?

Nous est-il interdit de penser que parler des myopathies et des maladies rares en ne mettant au premier rang que des enfants malades, et malheureusement très souvent gravement malades, peut être indécent ?

L’AFM pense sûrement que le respect de la dignité des malades et leur intégration dans la société passent par l’exposition médiatique de cas parmi les plus graves, ou les plus touchants – et graves et touchants, ils le sont.

Nous, nous trouvons cette exhibition populiste et, répétons-le, indécente. Nous pensons que ce combat passe par l’exposition d’exemples d’intégration réussis, par une lutte quotidienne et sur le terrain, mais, hélas, rarement par la télévision. Sur ce point, c’est certain, nous ne sommes pas d’accord.

MALGRÉ LA CRISE, LA SOLIDARITÉ N’A PAS FAIBLI

Alors, avons-nous voulu, à un moment quelconque, la mort du Téléthon, la disparition de la générosité des Français pour la lutte contre les myopathies et les maladies rares ? Certainement pas. Nous serions d’ailleurs mal placés pour cela.

Nous est-il interdit, en revanche, de nous demander simplement pourquoi le Téléthon est un si grand succès, alors que Plus de vie, ELA, les Pièces jaunes, les Restos du cœur et Sidaction, qui se succèdent dans les médias pour faire appel à la même générosité, ne collectent jamais le quart de ce même Téléthon ?

Ne pouvons-nous pas nous étonner que la lutte contre le cancer, seule, ne bénéficie pas du même soutien médiatique ?

Les Français sont généreux. Nous sommes plus de six millions à donner chaque année aux associations caritatives, et souvent à plusieurs. Malgré la crise, la solidarité avec les plus pauvres et les plus meurtris par la vie n’a pas faibli.

Mais ne pourrions-nous pas enfin tenter de nous organiser tous ensemble pour que nos appels à la générosité soient mieux coordonnés et cette générosité mieux répartie ?

Pour mettre plus souvent en place des programmes communs de recherche ou d’aide aux malades ?

Pour être, enfin, plus transparents et mieux organisés ?

C’est ce que nous appelons de nos vœux. De tout cœur, nous espérons être entendus.
Pierre Bergé, Line Renaud et Bertrand Audoin sont président, vice-présidente et directeur général de Sidaction.

Voir aussi:

Collecter par téléthon est 20 fois plus cher que par l’impôt
Jean-François Couvrat
Déchiffrages
24 novembre 2009

Merci à Pierre Bergé. Sans lui, la télévision publique aurait diffusé le téléthon 2009 comme chaque année depuis 1987. Sans se demander si l’indispensable lutte contre la myopathie bénéficie du meilleur financement. Or on en est loin.

Si l’impôt se substituait au téléthon, le coût de la collecte d’argent serait vingt fois moins cher. On prélèverait d’ailleurs moins, puisque le téléthon draine chaque année bien plus qu’il n’en faut. C’est ainsi que sa créatrice, l’Association française contre les myopathies (AFM), accumule des réserves financière qui la transfigurent. Elle est de moins en moins un collecteur de la générosité publique et de plus en plus un fonds de placement.

L’AFM se plait à souligner son ratio d’excellence – apparemment. Pour 100 euros collectés, elle n’en dépense pas plus de 20 en frais de collecte et en frais de fonctionnement. Ce n’est d’ailleurs pas tout à fait exact. Beaucoup de frais de rapport-afm-parce-que-navons-rien-a-cacher.1259032254.jpgcommunication, qui contribuent directement à favoriser la collecte, sont comptabilisés en frais de missions sociales, soulignait la Cour des Comptes dans le rapport qu’elle consacra en 2004 à l’Association française contre les myopathies.

En outre, tous les frais du Téléthon ne sont pas comptabilisés. L’AFM ne finance qu’un tiers des émissions de télévision. Quant aux frais des opérations régionales – la fameuse « force T » -, ils sont purement et simplement oubliées, soulignait le Cour des Comptes.

Mais admettons qu’il n’en coûte que 20 euros à l’AFM pour en collecter 100. Mieux vaudrait tout de même recourir à l’impôt. Il en coûterait vingt fois moins : 97 centimes cout-de-la-collecte-en-des-recettes-fiscales.1259032602.pngtrès exactement selon les données de l’OCDE pour l’année 2007. Notons au passage que l’administration fiscale française, si souvent décriée, coûte moins cher qu’on ne le croit. Elle est d’un coût moyen, au sens propre : quatorzième sur vingt-neuf au classement mondial.

Revenons à l’AFM. Collectant grâce au Téléthon bien plus qu’elle ne peut en dépenser, elle accumule des réserves devenues gigantesques. Début 2008, selon le rapport annuel de l’association, les ressources non utilisées des exercices antérieurs atteignaient déjà 97,767 millions d’euros. Cette masse, accrue du résultat de l’exercice 2008, dépassait 101 millions d’euros début 2009. C’est à peu de choses près ce qu’a rapporté le dernier téléthon (1).

Bref, l’AFM est aujourd’hui en mesure de supporter un téléthon sans aucun dopierre-berge.1259032927.jpgnateur. Cela n’affecterait pas ses activités.

Jusqu’où cette réserve financière grandira-t-elle ? Bonne question que la Cour des Comptes posait en 2004 : « La Cour constate que l’AFM n’a jamais indiqué dans les documents qu’elle publie quel est, selon elle, le niveau optimal de fonds associatifs et réserves qu’elle doit atteindre afin de faire face à une éventuelle baisse des ressources du Téléthon ».

Si la lutte contre les myopathies était financée par l’impôt, la question ne se poserait évidemment pas.

___

(1) 104,9 millions d’euros.


Terrorisme: La France vient-elle d’éviter son propre Fort Hood? (Has France just avoided its own Fort Hood?)

24 novembre, 2009
CERNJe trouve cette France-là monstrueuse. (…) Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité… Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux. Marie Ndiaye (prix Goncourt 2009)
Quand un jeune Français d’origine algérienne affiche un drapeau algérien, il y a cette dimension de renversement des anciennes dominations. Il se dit: “Je mets fin au rapport colonial, je montre clairement que l’ancienne colonie est indépendante.” Le message est aussi social: “On a été exploités dans les usines mais on joue au football aussi bien que les autres”. Michel Wieviorka (Ecole des hautes études en sciences sociales)
Comme tous les virus, le terrorisme infecte les personnes à basse résistance. Et sûrement le major Hasan n’est pas le seul musulman américain qui, pour des raisons d’histoire personnelle, a perdu son équilibre et est ainsi devenu vulnérable. (…) C’est un rappel que, contrairement au stéréotype de droite, l’Islam n’est pas une religion intrinsèquement belligérante. (…) Plus les Américains dénigrent l’Islam et se montrent soupçonneux des musulmans sur leur lieu de travail, plus le virus a des chances de se propager – et chaque apparition du virus tente à son tour plus de gens à dénigrer l’Islam et à se montrer soupçonneux des musulmans. Chaque fois que vous avez un tel système de rétroaction positive comme ceci, un incident isolé peut vous entrainer sur une pente glissante. Robert Wright
S’ils peinent à étayer leurs convictions par des faits, plusieurs chercheurs, sous le couvert de l’anonymat, dénoncent un contexte de “délire sécuritaire”, accentué par le sentiment “antimusulman” du fonctionnaire de défense en poste au CNRS. Il se murmure par exemple que la jeune musulmane chercheuse en microbiologie sanctionnée à Toulouse l’a été “parce que, dans le cadre de ses recherches, elle avait accès à des virus”. Le Monde
Si les faits sont avérés, comment un ingénieur d’un si haut niveau a-t-il pu être conduit à soutenir une telle organisation terroriste? Mathieu Guidère (professeur de veille stratégique multilingue à l’Université de Genève)
La réplique des Musulmans qui consiste à dénoncer ces attitudes comme autant de préjugés, comme le “nouvel antisémitisme” ou encore comme une “islamophobie” est aussi mal fondée que d’accuser les antinazis de “germanophobie” ou les anticommunistes de “russophobie”. Au lieu de se présenter comme des victimes, les Musulmans feraient mieux de contrer ces craintes en développant une version modérée, moderne et fraternelle de l’Islam qui rejetterait l’Islam radical, le djihad et l’assujettissement des « infidèles ». Daniel Pipes
Le terroriste isolé devient une menace de plus en plus sérieuse. Spécialiste du pôle antiterroriste parisien
Ces nouveaux profils sont d’autant plus difficiles à détecter qu’ils peuvent correspondre à des individus parfaitement insérés. Professionnel du renseignement à Paris

La France vient-elle d’éviter son propre Fort Hood?

Après la fusillade du 5 novembre dernier qui a fait 13 morts et une trentaine de blessés sur la base militaire américaine de Fort Hood au Texas par l’un de ses propres employés, le psychiatre militaire de 39 ans Nidal Malik Hasan …

Pendant que le bouffon préféré de nos belles âmes dénonce « l’injuste condamnation » du « combattant révolutionnaire » vénézuélien Carlos IlichRamirez Sanchez et qu’au moindre prétexte nos chères têtes blondes des banlieues désoeuvrées fleurissent nos rues de croissants rouges et de voitures brulées (qu’on imagine les conséquences d’une victoire frauduleuse de l’équipe de France contre.. leur Algérie chérie!) …

Et pour nos champions de la culture de l’excuse et de la repentance à sens unique qui, n’ayant toujours pas compris qu’on est en guerre, n’ont de cesse de critiquer la surveillance policière sur internet ou dans nos établissements de recherche

Retour sur l’arrestation, probablement déjà oubliée, d’un physicien franco-algérien du Cern le 12 octobre dernier en Isère qui projetait une attaque contre une caserne de chasseurs alpins d’Annecy pour « punir la France de son implication en Afghanistan ».

Qui confirme qu’avec la prolifération sur l’Internet des sites et forums islamistes et la religion et l’idéologie islamiste qui la motivent, « le terroriste isolé devient une menace de plus en plus sérieuse » et que « le terrorisme islamiste ne recrute pas que chez les chômeurs et les petits délinquants ».

Ou même les prétendument « dérangés »

Les projets fous de l’islamiste du Cern
Jean-Marc Leclerc
Le Figaro
23/11/2009
Outre les chasseurs alpins d’Annecy, il cherchait des cibles parmi des personnalités en France.

Le mystère Adlène Hicheur commence à s’éclaircir. Ce physicien franco-algérien de 32 ans, employé sur le site du Cern à Genève et arrêté le 12 octobre dernier à Vienne (Isère), envisageait de s’en prendre au 27e bataillon de chasseurs alpins d’Annecy. Outre cet objectif, une source de haut niveau confie au Figaro qu’«il devait faire valider par l’échelon algérien d’autres projets», comme «l’élimination de personnes physiques à haute responsabilité , des hommes politiques ou autres. Tout cela devait être vu et discuté avec ses interlocuteurs.» Le chercheur était en lien depuis des mois, via Internet, avec un correspondant identifié comme un membre d’al-Qaida pour le Maghreb islamique (Aqmi).

Concernant le 27e BCA, Hicheur l’aurait désigné pour «punir l’armée, et plus généralement la France, de son implication en Afghanistan», assure un magistrat. Dans un courriel à ses contacts, le terroriste présumé aurait même fourni des indications sur la caserne afin de préparer l’action.

Au quartier Tom-Morel, siège du 27e BCA, le silence est de rigueur. Mais un militaire constate que ce bataillon était une «cible à double titre». D’abord, fait-il valoir, «parce que le 27 a envoyé trois compagnies en Afghanistan». Ensuite, poursuit-il, «parce qu’il célèbre l’anniversaire de Sidi-Brahim, en souvenir d’un combat héroïque des chasseurs alpins en Algérie contre l’émir Abd el-Kader». Un fait d’armes qui, selon cet officier, «n’aura pas échappé aux islamistes, férus de symboles».

Au pôle antiterroriste parisien, un spécialiste voit dans cette affaire la confirmation que «le terroriste isolé devient une menace de plus en plus sérieuse». Quelques contacts pris sur Internet peuvent ainsi faire basculer la vie d’individus jusqu’alors inconnus des services de police. «C’est pour nous le pire des scénarios», estime un cadre de la Direction générale de la police nationale. Ce commissaire constate notamment l’influence croissante de certains sites et forums islamistes sur des personnalités à l’esprit plus ou moins dérangé. Des électrons libres en somme, qui peuvent frapper à tout moment, après s’être imprégnés de la prose de prêcheurs qui les téléguident. L’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) a multiplié les alertes en ce sens au cours de ses dernières réunions. La police a déjà identifié plus de vingt sites «particulièrement nocifs». Elle s’étonne même de l’augmentation des consultations dont ils font l’objet depuis l’Hexagone. Beaucoup de ces sites sont nés après la fermeture de minbar.com, qui fut le point de ralliement de nombreux moudjahidins à travers l’Europe.

Le 5 novembre dernier, la fusillade de Fort Hood, aux États-Unis, où treize personnes ont trouvé la mort, n’a fait que confirmer les craintes des experts de la Place Beauvau. Car le psychiatre militaire de 39 ans, Nidal Malik Hasan, à l’origine de cette action, n’avait éveillé les soupçons de personne. Et pourtant, selon les enquêteurs, ce lone terrorist avait consulté plusieurs sites se réclamant de la mouvance islamiste radicale. Il avait aussi échangé des courriels avec des personnes appartenant à cette nébuleuse.

«Ces nouveaux profils sont d’autant plus difficiles à détecter qu’ils peuvent correspondre à des individus parfaitement insérés», assure un professionnel du renseignement à Paris. Leur amateurisme sur le plan criminel reste malgré tout leur faille, car ils laissent des traces. «De ce point de vue, Internet est devenu un facteur déterminant pour l’enquête», explique un policier spécialisé. La police a d’ailleurs intensifié sa veille pour détecter les «signes prédictifs d’un passage à l’acte», explique-t-on dans l’entourage du ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux.

Cette traque est conduite en coulisse par les hommes de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) du préfet Bernard Squarcini. À partir de mots-clés, grâce à des logiciels spécialement conçus. En infiltrant également les forums de discussion, pour appâter les éventuels candidats à la guerre sainte.

Voir aussi:

Halim H., le physicien du CERN qui aimait trop Al-Qaida
Ian Hamel
Le Matin
10 octobre 2009-
Halim H., le physicien du CERN qui aimait trop Al-Qaida

Halim H., au CERN depuis 2003, avait manifesté son envie de commettre au moins un attentat. Il en était au stade « de souhait, d’envie », selon des sources proches du dossier.

Travaillant pour le CERN et à l’EPFL, Halim H., 32 ans, n’a absolument pas le profil des jeunes désoeuvrés des banlieues françaises attirés par Al-Qaida au pays du Maghreb islamique. La police française n’a pas encore sollicité la collaboration de la Suisse. A Lausanne, ses ordinateurs attendent d’être saisis

Jeudi dernier, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) arrêtait à Vienne, dans le département de l’Isère (France), deux frères soupçonnés d’être en relation par Internet avec Al-Qaida au pays du Maghreb islamique (AQMI). Le plus jeune d’entre eux a été remis en liberté hier soir, sans charge retenue contre lui.

Fin mai 2009, une cellule d’Al-Qaida basée au Mali avait annoncé sur un site islamique qu’elle avait décapité Edwin Dyer, un touriste britannique, enlevé quelques mois auparavant en même temps qu’un couple de Suisse et une Allemande.

L’aîné, Halim H., 32 ans, est un physicien travaillant pour le Centre européen de recherche nucléaire (CERN) de Genève et chargé de cours à l’EPFL (lire encadré). L’un des derniers travaux de Halim porte sur le « contrôle des faisceaux éjectés du synchrotron à protons du CERN au moyen d’un ordinateur en mode conversationnel ». « Si les faits sont avérés, comment un ingénieur d’un aussi haut niveau a-t-il pu être conduit à soutenir une telle organisation terroriste ? » s’interroge Mathieu Guidère, professeur de veille stratégique multilingue à l’Université de Genève. Agrégé d’arabe, il est l’un des meilleurs spécialistes d’Al-Qaida au Maghreb. Habituellement, le terrorisme islamiste recrute chez les chômeurs et les petits délinquants. Pas chez les diplômés de l’université Pierre et Marie Curie de Paris.

Intention de passer à l’action

Que reproche-t-on à Halim et à son jeune frère âgé de 25 ans ? Non seulement d’être allés sur des sites Internet djihadistes proches de la mouvance d’Al-Qaida, comme Al-Ekhlass, mais aussi d’avoir répertorié des cibles potentielles pour commettre des attentats. « Pour qu’un magistrat délivre une commission rogatoire, on peut penser que les suspects ne se contentaient pas de fanfaronner. Ils envisageaient clairement de passer à l’acte », estime Mathieu Guidère. Les services secrets ont ainsi saisi au quartier de l’Ile, une cité HLM à Vienne, au sud de Lyon, deux ordinateurs portables, trois disques durs et des clés USB. Les deux suspects ont été transférés dans les locaux de la DCRI à Levallois-Perret dans les Hauts-de-Seine.

« C’est une famille très nombreuse, installée à Vienne depuis une vingtaine d’années. Le plus jeune n’a apparemment pas d’occupation bien précise. Quant au physicien, il travaillait très souvent à son domicile », raconte Benjamin Boutier, journaliste du Dauphiné Libéré à Vienne. Halim H., en présentant sa thèse en 2006, se définit comme « un jeune garçon qui a tenté le pari de l’école ».

Frapper la mouvance islamiste

« Al-Qaida au pays du Maghreb est l’organisation la plus antifrançaise. Elle est intervenue récemment pour dénoncer les propos de Nicolas Sarkozy sur la burqa. Mais jusqu’à présent, elle n’a jamais réussi à recruter des opérationnels, susceptibles de commettre des attentats sur le territoire français », fait remarquer Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences Po Paris également spécialiste d’Al-Qaida. La stratégie des services secrets français consiste à « frapper la mouvance islamiste avant qu’elle ne nous frappe ».

En ce qui concerne Halim H., toute la question est de savoir si l’on peut juger les intentions avant le passage à l’acte. Selon nos sources, il n’aurait pas acheté d’explosifs, ce que l’on appelle dans le jargon antiterroriste des « actes matériels de préparation ». Le journaliste Jacques-Marie Bourget, spécialiste du renseignement, se montre dubitatif. « Sarkozy a créé un grand service de renseignement, en regroupant la DST et les RG. La DCRI se retrouve dans l’obligation de faire du « chiffre », d’arrêter des « terroristes » pour montre son efficacité. On a vu ce qu’a donné l’enquête sur les sabotages de la SNCF : un fiasco total. Tous les suspects ont été libérés. »

Les ordinateurs du suspect seraient toujours à l’EPFL

Halim H. serait entre autres chargé de cours à l’EPFL. « Il y a une personne qui correspond aux descriptions parues dans les médias, confirme le porte-parole Jérôme Grosse. Mais il n’y a pas de certitude à ce stade. » Ce physicien venait à Lausanne une fois par semaine. Contacté, le directeur du Laboratoire de physique des hautes énergies au sein duquel le présumé terroriste travaillerait ne souhaite pas s’exprimer. « D’après ses collègues, il n’y avait rien de suspect dans son comportement », rapporte Jérôme Grosse. L’EPFL s’est mise à disposition de la police fédérale (FedPol). « Pour l’instant, les ordinateurs qu’il utilisait sont toujours chez nous. » A Berne, on affirmait hier soir ne pas encore avoir reçu de demande d’entraide de France. « Nous avons été informés de l’arrestation, mais l’affaire est entre leurs mains », précise le porte-parole de la FedPol. A. H.


Conflit israélo-palestinien: Attention, une occupation peut en cacher une autre (What about the other nakbas?)

23 novembre, 2009
Conquête de la Jordanie et de l'Egypte en 48C’est la « Transjordanie » (créée en 1922 par l’empire britannique) qui a occupé et annexé les territoires de Judée et Samarie et Jérusalem-Est lors d’une guerre de conquête en 1947-1948. Elle devint alors la « Jordanie » et les territoires occupés, la « Cisjordanie ». Aucun mouvement de libération palestinien ne se leva contre cette occupation, ni contre celle de la bande de Gaza par l’Egypte. La « Palestine » n’était pas encore née. (…) L’existence d’Israël pose le problème du droit de vivre en sujets libre et souverains des nations non musulmanes dans l’aire musulmane. L’extermination des Arméniens, d’abord par l’empire ottoman, puis par le nouvel Etat turc a représenté la première répression d’une population dhimmie en quête d’indépendance nationale. Il n’y a quasiment plus de Juifs aujourd’hui dans le monde arabo-islamique et les chrétiens y sont en voie de disparition. Shmuel Trigano
Attention: une occupation et une expulsion peuvent en cacher bien d’autres!
.
Retrait de nationalité, discrimination juridique suite à l’arabisation ou islamisation de la fonction publique, isolement et séquestration, spoliation économique, boycotts, suspensions des relations postales avec Israël, refus de passeports et donc de libre circulation, destructions de synagogues et profanations de cimetières, pogroms (1920, 1929, 1936 et 1939 pour la seule Palestine mandataire) et assassinats, expulsion (Egypte, Irak, Libye, Algérie), exclusion (Tunisie, Maroc, Syrie-Liban, Turquie, Yemen, Iran) …

Alors que, pendant qu’ils préparent tranquillement leur bombe pour la solution finale, les mollahs viennent, dans un « discours du Caire à l’envers », de proposer un nouveau départ au Génuflexeur en chef avec leur « demande de rupture des relations américaines avec Israël » (ouvrant ainsi la voie à la « création immédiate d’un Etat palestinien ») …

Et que notre Dieudonné national est reçu par Ahmadinejad et annonce triomphalement le financement iranien d’un film contre l’Holocauste …

Retour, avec Shmuel Trigano et contre tant la légende noire d’Israël colonisant la Palestine et en expulsant les populations que celle, dorée, d’un âge d’or de tolérance des pays musulmans envers leurs populations non-musulmanes

Sur « le point aveugle de la conscience politique contemporaine », à savoir, derrière la fable de la Shoah comme seule justification de l’État d’Israël et la mystification de la dépossession consécutive des Palestiniens de leur propre territoire, l’Exode oublié des juifs du Moyen-Orient.

Qui, entre 1940 et 1970 (mais en fait dès 1920) et de l’Egypte à la Turquie et de l’Iran au Yemen, a vu l’expulsion, de terres où ils résidaient depuis plus de deux millénaires, de quelque 900 000 juifs dont les deux tiers rejoindront Israël, le reste se répartissant entre la France et les Amériques.

Et ce donc bien avant la création de l’Etat d’Israël puisqu’il s’agit en fait, avec la décomposition de l’Empire ottoman et de la naissance du nationalisme arabe (mais aussi du mouvement d’auto-détermination juif dit sionisme comme de celui des Arméniens qui aboutit à leur génocide), de la continuation du statut inférieur issu de l’islam (la dhimmitude) et d’une sorte de punition collective pour les guerres (perdues) menées par les pays arabes contre Israël …

Le tout derrière le prétexte du départ, largement volontaire, de Palestine de 600 000 refugiés palestiniens alors qu’existait déjà dès 1922 un Etat palestinien, à savoir la (Trans)Jordanie à population à 75% palestinienne.

Qui, profitant de la guerre des pays arabes de 1948-49 contre Israël, se trouva être avec l’Egypte et pendant près de 20 ans… la véritable puissance occupante des territoires récupérées en 1967 par les Israéliens!

Déconstruire l’idéologie dominante
Shmuel Trigano
Octobre 2009

POUR ILLUSTRER NOTRE PROPOS, CI-JOINT UNE MODELISATION DE LA FIN DU JUDAISME EN TERRES D’ISLAM (lien vers pdf)

Le saviez-vous ? 900 000 Juifs ont été exclus ou expulsés des Etats arabo-musulmans entre 1940 et 1970.

L’histoire de la disparition du judaïsme en terres d’islam est la clef d’une mystification politique de grande ampleur qui a fini par gagner toutes les consciences. Elle fonde le récit qui accable la légitimité et la moralité d’Israël en l’accusant d’un pseudo « péché originel ».

La fable

La fable est simpliste : le martyre des Juifs européens sous le nazisme serait la seule justification de l’État d’Israël. Sa « création » par les Nations Unies aurait été une forme de compensation au lendemain de la guerre. Cependant, elle aurait entraîné une autre tragédie, la « Nakba », en dépossédant les Palestiniens de leur propre territoire.

Dans le meilleur des cas, ce récit autorise à tolérer que cet État subsiste pour des causes humanitaires, malgré sa culpabilité congénitale. Cette narration a, de fait, tout pour sembler réaliste. Elle surfe sur le sentiment de culpabilité d’une Europe doublement responsable : de la Shoah et de l’imposition coloniale d’Israël à un monde arabe innocent.

Dans le pire des cas, cette narration ne voit en Israël qu’une puissance colonialiste qui doit disparaître. Ce qui explique l’intérêt d’accuser sans cesse Israël de génocide et de nazisme : sa seule « raison d’être » (la Shoah) est ainsi sapée dans son fondement. La « Nakba » est le pendant de la Shoah.

La synthèse politiquement correcte de ces deux positions extrêmes est trouvée dans la doctrine de l’État bi-national ou du « retour » des « réfugiés » qui implique que les Juifs d’Israël mettent en oeuvre leur propre destruction en disparaissant dans une masse démographique arabo-musulmane.

Les implications

Ce discours manichéen a plusieurs implications symboliques et idéologiques :
– Il délégitime l’État d’Israël et justifie sa destruction
– Il implique que les Juifs ne sont pas un peuple et qu’ils n’ont aucun lien avec la « Palestine »
– Il entraîne que leur constitution en nation est en soi une violence et une mystification
– Il leur interdit la jouissance du droit à l’autodétermination qui est le privilège de tout groupe humain quel qu’il soit.
– Il accuse le sionisme d’avoir mis fin à la « coexistence pacifique » judéo-arabe : il aurait été responsable du départ des Juifs des pays arabo-musulmans
– Il innocente par principe les Palestiniens et les Etats arabo-musulmans
-Il « autochtonise » les « Palestiniens » alors que l’adjectif « palestinien » désignait auparavant les Juifs du Yichouv. La « Palestine » d’aujourd’hui est, en effet, une invention récente qui date des années 1970.

Or, ce récit s’expose à une contradiction majeure
– La majorité de la population israélienne n’est ni originaire d’Europe ni rescapée de la Shoah, et ce, dès les années 1950. Originaire des pays arabo-musulmans, elle est partie prenante de l’histoire politique et humaine de la région.

La mystification

Le destin de cette population est significatif : entre les années 1940 et 1970 elle a été expulsée ou exclue et poussée au départ. 900 000 Juifs d’alors ont dû fuir des pays où ils étaient présents bien avant l’invasion islamique du VII° siècle: 600 000 se sont réinstallés en Israël, le reste, en majorité en France.

– Dans leur grande majorité, ces populations ne sont pas parties volontairement mais sous le coup d’un véritable « statut des Juifs », d’un antisémitisme d’État, souvent systématique, soutenu par un arsenal de lois et de règlements.

– Cet événement massif et considérable, concernant 10 pays, sur une longue période, commençant dans les années 1920 pour certaines régions, est l’objet d’une véritable mystification qui prend la forme du mythe de la symbiose judéo-arabe que toute l’histoire dément, y compris l’âge andalou.

– Ce mythe n’est pas inoffensif : il est la couverture d’un projet de destruction de l’État d’Israël et connaît une diffusion mondiale, dans les pays les plus éloignés de l’arène du conflit. Il retentit sur la condition des Juifs dans les pays occidentaux et sur la réception de l’islam en leur sein.

Il est temps de restaurer le récit historique juif !

Ce n’est pas une question de mémoire, ni de dignité ou de reconnaissance, mais une question politique qui engage la justice.

Car les populations concernées sont toujours vivantes : la plus grande partie des Juifs du monde arabo-musulman constitue la majorité des citoyens israéliens et des Juifs de France.

Ils ont été victimes de violences, de graves spoliations économiques et financières de la part des nouveaux Etats arabes.

L’histoire des 40 dernières années a montré que les passer sous silence se retournait nécessairement contre elles.

Leur présence en Israël n’est pas une cause humanitaire – même si leur expulsion en fit des réfugiés contraints de quitter leur pays et d’abandonner leurs biens. Réfugiés, ils le furent clairement au Yémen, en Irak, en Egypte, en Libye. Ailleurs, ils le furent objectivement si partir précipitamment, sous la menace, en abandonnant ses biens, définit la condition de réfugié.

L’enjeu inavoué

– Les Juifs du monde arabe constituaient une nation dominée, assignée au statut infâme de dhimmi. La seule tolérance qu’ils connurent dans ces pays fut l’époque coloniale où ils échappèrent à cette condition dégradante de parias.
– Il faut voir dans l’immigration de ces populations en Israël le processus d’autodétermination d’une nation dominée du monde arabo-musulman au moment même où le nationalisme arabe conduisait à la création d’Etats qui n’existaient pas auparavant.
– Cette autodétermination s’identifiait naturellement avec le sionisme en quête d’auto-émancipation.
– C’est ainsi que l’existence d’Israël et le sionisme sont perçus dans la perspective du monde arabo-musulman : comme la rébellion d’une nation dominée contre la loi de l’islam et la oumma. C’est la cause unique du conflit israélo-arabe.
– La Palestine n’a jamais été une entité politique, culturelle, identitaire. Il n’y a pas de « Palestine » avant l’instauration du mandat britannique par la Société des Nations, en 1920. Une partie des Palestiniens sont des immigrés du monde arabe, installés là, à la fin du XIX° siècle et au début du XX°, favorisés par la politique ottomane et attirés par la prospérité économique, apportée par les Juifs. Ils sont au plus aussi « palestiniens » que les Juifs. Yasser Arafat comme Edward Saïd étaient des Egyptiens.

C’est un tout autre paysage historique et politique qui transparaît sous la chape de plomb de la mystification.

– L’État d’Israël, reconnu en 1948 par le Conseil de sécurité, est aussi légitime que les États arabes, pure invention post-coloniale. Ils n’existaient pas auparavant. Avant la colonisation européenne, leurs territoires étaient sous le pouvoir colonial – mais musulman – de l’empire ottoman.
– Il n’a pas de dette envers les Palestiniens. Un échange de populations s’est produit à cette époque d’après guerre : en Europe pour environ 18 000 000 de personnes (dont le déplacement vers l’Allemagne de 12 000 000 de ressortissants d’origine allemande, provenant de 5 pays) ; en Asie, pour les 12,5 millions d’Indous et de Pakistanais à la suite de la sécession du Pakistan musulman en 1947-1948. Rappelons le transfert avant-guerre de 1,3 millions de Grecs et de 400 000 Turcs, de 200 000 Bulgares en 1923-1933, et combien d’autres échanges de populations dans le monde entier. Parmi elles, 900.000 Juifs et 600.000 Palestiniens.
– Par contre, la dette arabe est réelle: les biens juifs spoliés sont 500 fois supérieurs à ceux des Palestiniens.
– Les Palestiniens et les États arabes sont les seuls responsables de leur situation :

* Ils ont systématiquement refusé tous les partages de la Palestine mandataire alors que les Juifs l’acceptaient.
* Un Etat palestinien s’est néanmoins déjà créé sur les deux tiers de la Palestine : la Jordanie. 75% de sa population est « palestinienne », même si le pouvoir est aux mains d’une minorité bédouine qui n’hésita pas à massacrer les « réfugiés palestiniens» lors du dramatique « Septembre noir » de 1970 (10 000 morts, 110 000 blessés).
* C’est la « Transjordanie » (créée en 1922 par l’empire britannique) qui a occupé et annexé les territoires de Judée et Samarie et Jérusalem-Est lors d’une guerre de conquête en 1947-1948. Elle devînt alors la « Jordanie » et les territoires occupés, la « Cisjordanie ». Aucun mouvement de libération palestinien ne se leva contre cette occupation, ni contre celle de la bande de Gaza par l’Egypte. La « Palestine » n’était pas encore née.
* Les réfugiés palestiniens ne sont pas innocents : ils étaient partie prenante de l’agression des États arabes contre Israël. Leur départ ou expulsion est directement lié à cette situation.
* Les Juifs des 10 pays arabo-musulmans, n’étaient pas sur le terrain du conflit armé, ni ne constituaient une puissance menaçant les États arabes où ils résidaient.

– Les Etats arabes n’ont pas intégré les réfugiés palestiniens, à l’inverse d’Israël pour ses réfugiés, pour en faire des foyers de guerre permanents.
– Les Palestiniens, y compris les « modérés », refusent toujours aujourd’hui le partage du territoire mandataire restant après la création de la Transjordanie, en refusant à Israël le droit à son caractère national juif, alors qu’ils définissent la Palestine comme arabe et islamique, une terre où, selon leurs documents constitutionnels et leur pratique, il n’y aurait plus aucun juif et où il n’y a déjà quasiment plus de chrétiens.
– L’existence d’Israël pose le problème du droit de vivre en sujets libre et souverains des nations non musulmanes dans l’aire musulmane. L’extermination des Arméniens, d’abord par l’empire ottoman, puis par le nouvel Etat turc a représenté la première répression d’une population dhimmie en quête d’indépendance nationale. Il n’y a quasiment plus de Juifs aujourd’hui dans le monde arabo-islamique et les chrétiens y sont en voie de disparition.

L’enjeu contemporain

Le critère déterminant d’appréciation de la situation d’Israël n’est pas seulement la Shoah des Juifs d’Europe mais celle dont le monde arabo-islamique menace l’Etat d’Israël qui résume l’impasse tragique que le « statut des Juifs », mis en oeuvre lors de la fondation des nouveaux États arabes, y annonçait et que la création de l’État et sa victoire militaire ont suspendue.

Elle plane toujours sur sa tête et la menace nucléaire iranienne lui donne toute sa crédibilité.

Le peuple juif n’est pas une cause humanitaire mais un peuple de l’histoire et il a le droit à la souveraineté sur une terre qui a connu trois Etats juifs et depuis la plus haute antiquité, en un temps où ni le mot arabe, ni le mot islam n’étaient encore connus. La condition des Juifs n’est pas vouée à la marginalité ou à la soumission par on ne sait quelle fatalité.

Ces quelques vérités constituent le B-A BA d’une vision saine et objective de la situation, fondée sur la réalité des faits.
Tels sont les éléments historiques et politiques qui doivent inspirer le discours juif aujourd’hui. Il est temps de reprendre l’initiative morale, symbolique, idéologique du débat et du combat.

Document élaborant le modèle historique de la fin des communautés juives en terres d’islam .

Bibliographie de l’auteur :
La fin du judaïsme en terres d’islam, (livre collectif sous sa direction), Editions Denoël, 2009.
« L’exclusion des Juifs des pays arabes » (livre collectif sous sa direction), Pardès, 28/2000, Editions In Press.
« La mémoire sépharade » (livre collectif sous la direction de Hélène et Shmuel Trigano), Pardès, 34/2003.
Le Monde Sépharade, histoire et civilisation, (livre collectif en 2 tomes sous sa direction), Le Seuil, 2006.

Voir encore:

Exode oublié des Juifs des pays arabes

Shmuel Trigano

Le Nouvel observateur

22 Février 2002

Le Nouvel Observateur. — Vous avez récemment organisé, sous l’égide du Congrès juif européen, un colloque sur l’exclusion des Juifs des pays arabes intitulé «l’Exode oublié». Pourquoi ce colloque aujourd’hui?

Shmuel Trigano. — C’est l’évocation du droit au retour par les Palestiniens, dès avant la deuxième Intifada, qui a réveillé cette mémoire. Cette idée induisait l’immoralité fondamentale de l’existence de l’Etat d’Israël fondé en lieu et place d’un autre peuple. C’était aussi une dénégation de l’histoire de 60% des Israéliens. Une mémoire occultée et refoulée est revenue aux Juifs du monde arabe, aux descendants de ces 900 000 personnes qui ont dû quitter des pays dans lesquels ils étaient installés depuis fort longtemps, en y abandonnant tous leurs biens. Comme les Palestiniens, ils ont eux aussi les clés de leur maison quittée en catastrophe.

N. O. — Ces Juifs n’ont pas été tous expulsés. Certains sont partis d’eux-mêmes!

S. Trigano. — Dans certains pays, à travers un ensemble de procédures juridiques de privation de leur citoyenneté, ils se sont retrouvés exclus. Et cette exclusion les poussait inévitablement dehors. En Irak, il y a même eu des projets d’expulsion manu militari, de transfert par camions à travers la Jordanie. Au Yémen, la communauté juive s’est vu donner une courte période pour quitter les lieux, avant que toute émigration lui soit interdite. Elle fut dépouillée de tous ses biens par un subterfuge des autorités locales. En Egypte, les Juifs ont été peu à peu exclus de la vie économique, puis internés, leurs biens placés sous séquestre au point que la vie était devenue un enfer. Ici aussi ils sont partis avec une valise. Partir était un choix bloqué. Dans d’autres cas, ils partaient parce qu’ils avaient peur et sentaient qu’ils n’avaient plus d’avenir là où ils étaient.

N. O. — En Tunisie et au Maroc, les Juifs sont partis de leur plein gré…

S. Trigano. — Oui, on peut le dire. Mais il faut se demander pourquoi, en quelques années, un groupe humain décide de quitter un pays où il a un enracinement millénaire. Un choix aussi massif indique la nature de la réalité que l’on quitte.

N. O. — Le départ des Français d’Algérie puis l’émigration algérienne ont été aussi massifs?

S. Trigano. — La fin du pouvoir français y fut abrupte, au terme d’une guerre sanglante. La menace pesant sur les Européens après l’indépendance était réelle: les Juifs partirent avec l’exode de 1 million de personnes.

N. O. — Pour quelles raisons les Juifs ont-ils quitté les pays arabes?

S. Trigano. — Bien avant le départ des puissances coloniales et la création de l’Etat d’Israël, la xénophobie des mouvements nationalistes arabes avait créé un climat inquiétant. Depuis le début des années 40, en effet, le nationalisme arabe s’était développé et de plus en plus cristallisé autour de la question de la Palestine. Elle commençait à devenir une cause panarabe dès ce moment-là. Dès 1941, dans de nombreux endroits du monde arabe éclatent une série de pogroms et d’émeutes antijuives qui touchent plusieurs pays: en Irak en 1941 il y a le farhoud — le pogrom — à l’occasion duquel 180 Juifs sont assassinés à Bagdad. La majeure partie des Juifs d’Irak a pu s’en aller à l’occasion d’un pont aérien organisé par Israël au début des années 50: l’opération «Ezra et Néhémie». Les quelques milliers de Juifs irakiens qui sont restés ont continué d’être victimes de privations économiques, d’arrestations et de harcèlement et ont fini par partir. De semblables émeutes se produisirent à Tripoli en Libye en 1945, à Alep et à Aden en 1947. La plupart des Juifs de Syrie quittèrent ce pays dès 1944.

En 1948, la guerre déclarée par six Etats arabes à l’Etat d’Israël au lendemain de sa proclamation devait conduire à une aggravation de la condition juive, à la suite de la défaite arabe. De 1948 à 1949, des centaines de Juifs furent internés dans des camps en Egypte. En 1956, la nationalité égyptienne fut retirée aux «sionistes», ainsi définis. En 1957, leurs biens furent mis sous séquestre. En Irak, en 1948, le sionisme fut rangé dans la catégorie des crimes d’opinion, passible de sept ans de prison et d’une amende. En 1950, les Juifs furent privés de leur nationalité et, en 1951, dépouillés de leurs biens. Cette même année la synagogue de Bagdad, où les Juifs s’enregistraient pour l’émigration, fut la cible d’un attentat. Dans la péninsule Arabique, même expulsion, par la violence et l’intimidation.

N. O. — Quel était le statut des Juifs dans les pays arabes?

S. Trigano. — Dans la cité musulmane, le Juif, comme le chrétien, a un statut de «protégé». C’est un dhimmi. Il se voit accorder le droit de pratiquer sa religion à condition qu’il se soumette au pouvoir islamique et n’oublie pas sa condition inférieure. Les dhimmis devinrent les métayers de leurs propriétés, servant des rentes au pouvoir islamique. Ils payaient des taxes sur leur personne et se voyaient astreints à un ensemble de dispositions infériorisantes, concernant l’habillement, le comportement et même le port de chaussures. C’est le monde arabe qui a inventé la rouelle, ce signe distinctif des Juifs, ancêtre de l’étoile jaune, qu’a repris le Moyen Age européen et chrétien.

N. O. — Jusqu’à quand s’est prolongé ce statut ?

S. Trigano. — Jusqu’à la venue des pouvoirs coloniaux. Le paradoxe qui peut choquer le manichéisme tiers-mondiste, c’est que l’arrivée des pouvoirs coloniaux a représenté, pour ces minorités opprimées, une libération. Quand ces pouvoirs se retirèrent dans les années 50, l’enjeu était clair: la menace d’un retour à la condition dhimmie planait à nouveau. Le départ massif des Juifs fut un plébiscite du refus de cette régression.

N. O. — Dans quels pays arabes reste-t-il des Juifs?

S. Trigano. — Au Maroc, et de façon moindre en Tunisie. Il en reste aussi quelques milliers dans un pays islamique comme l’Iran. Mais autrement, tout le monde arabe est vide de ses Juifs. C’est comme un cataclysme qui aurait éradiqué leur présence de tout un univers.

N. O. — Peut-on appeler «réfugiés» tous ces Juifs qui ont quitté les pays arabes?

S. Trigano. — Si un réfugié est celui qui n’a pas de foyer, il est certain que ces Juifs-là n’étaient pas des réfugiés. Ils ont reçu immédiatement la citoyenneté israélienne et sont devenus rapidement des citoyens dans les pays de la diaspora où ils ont émigré. Mais si le réfugié est l’homme qui doit surmonter des obstacles pour fuir un pays dans lequel il est persécuté, où il est discriminé ou encore ne jouit pas de tous ses droits, alors effectivement ils ont été des réfugiés.

N. O. — Pensez-vous que l’exode des Juifs des pays arabes soit comparable à celui des Palestiniens?

S. Trigano. — De facto, oui. Il y a un échange de population entre d’un côté 600 000 Juifs déplacés des pays arabes qui ont émigré en Israël, de l’autre 540 000 Palestiniens déplacés après la création d’Israël, et qui se sont retrouvés dans plusieurs pays arabes. Ces 600 000 Juifs, comme on l’a dit, ont été dépouillés de tous leurs biens. Ils ont vécu les «camps de transit». Cela reste encore inconnu. Les Palestiniens l’occultent pour les besoins de leur cause. Ils apparaissent ainsi comme les seules victimes de ce grand chambardement que fut la fin des empires coloniaux dans cette région et la naissance des Etats arabes et d’Israël. Les Juifs, au contraire, ne se sont pas inscrits dans la concurrence des victimes. Leur légitimité historique suffisait à leur identité. Ce qui ne veut pas dire que le contentieux puisse être effacé.

Propos recueillis par Alain Chouffan

(*) A paraître: «l’Ebranlement d’Israël» (Seuil).


Terrorisme: Plus les Américains dénigrent l’Islam, plus le virus a des chances de se propager (Bush did it again to poor Hasan!)

22 novembre, 2009
Radicalized right wing extremists
Il faut constamment se battre pour voir ce qui se trouve au bout de son nez. George Orwell
Dès le début du procès … les frères doivent faire tout leur possible pour démontrer au juge qu’ils ont été torturés par la sécurité d’État. Manuel d’Al Qaeda
Le mensonge pour le Jihad est permis. Moussaoui
Nous avons un réel problème quand une grande partie de l’establishment politique et journalistique n’hésite pas une seconde à imaginer que leurs tout ce qu’il y a de plus pacifiques adversaires politiques soient de mèche avec les extrémistes violents, mais est terrifié d’envisager la possibilité que les extrémistes violents soient vraiment des extrémistes violents par peur d’attirer l’attention sur le fait qu’il s’agit de musulmans. Jonah Goldberg
Si seulement Hasan était un fan de Glenn Beck! Jonah Goldberg
Nous ne saurons peut-être jamais si la religion était un facteur à Fort Hood. Chris Matthews (MSNBC)
Quant au suspect, Nadal Hasan, comme une femme d’officier me disait: ‘si seulement il avait pu s’appeler Smith’. Martha Raddatz (ABC)
Comme tous les virus, le terrorisme infecte les personnes à basse résistance. Et sûrement le major Hasan n’est pas le seul musulman américain qui, pour des raisons d’histoire personnelle, a perdu son équilibre et est ainsi devenu vulnérable. (…) C’est un rappel que, contrairement au stéréotype de droite, l’Islam n’est pas une religion intrinsèquement belligérante. (…) Plus les Américains dénigrent l’Islam et se montrent soupçonneux des musulmans sur leur lieu de travail, plus le virus a des chances de se propager – et chaque apparition du virus tente à son tour plus de gens à dénigrer l’Islam et à se montrer soupçonneux des musulmans. Chaque fois que vous avez un tel système de rétroaction positive comme ceci, un incident isolé peut vous entrainer sur une pente glissante. (…) Bien que le 11 septembre 2001 a été un succès pour Oussama Ben Laden, il n’était en réalité qu’un petit triomphe tactique; ses aspirations grandioses dépassent bien le massacre de quelques milliers personnes et la destruction de quelques bâtiments. Peut-être estime-t-il que notre descente dans le carnage de l’Irak et de l’Afghanistan l’a rapproché un peu plus de son but. Mais s’il réussit à déchirer notre pays sur le terrain religieux et ethnique, il pourra vraiment déclarer victoire. Robert Wright

Avant le nouveau cirque que promet d’être le procès civil d’un des cerveaux des attentats du WTC …

Pendant que la Secrétaire américaine à la sécurité intérieure Janet Napolitano agite la terrible menace des groupes d' »extrême droite »

Voici, suite à la pire attaque terroriste sur le territoire américain depuis le 11/9 par un monsieur qui sur sa carte de visite avait inscrit « soldat du jihad » et avait poussé la compassion ou l’amour du travail bien fait jusqu’à achever ses victimes …

Après la tentative de médicalisation (le pauvre monsieur qui avait poussé la compassion avec ses frères agressés de par le monde jusqu’à une telle extrémité souffrait en fait de « syndrome pré-traumatique »)…

La dernière variation en date du thème favori de la gauche américaine, à savoir la bonne vieille culture de l’excuse.

En gros, si les pauvres terroristes en sont réduits à de telles extrémités, ce ne serait pas par pure compassion ou stress pré-traumatique mais tout simplement, comme pour les malheureux délinquants de nos ghettos,… notre faute!

Who Created Major Hasan?
Robert Wright
The New York Times
November 22, 2009

Princeton, N.J.

In the case of Maj. Nidal Malik Hasan and the Fort Hood massacre, the verdict has come in. The liberal news media have been found guilty — by the conservative news media — of coddling Major Hasan’s religion, Islam.

Liberals, according to the columnist Charles Krauthammer, wanted to medicalize Major Hasan’s crime — call it an act of insanity rather than of terrorism. They worked overtime, Mr. Krauthammer said on Fox News, to “avoid any implication that there was any connection between his Islamist beliefs … and his actions.” The columnist Jonah Goldberg agrees. Admit it, he wrote in The Los Angeles Times, Major Hasan is “a Muslim fanatic, motivated by other Muslim fanatics.”

The good news for Mr. Krauthammer and Mr. Goldberg is that there is truth in their indictment. The bad news is that their case against the left-wing news media is the case against right-wing foreign policy. Seeing the Fort Hood shooting as an act of Islamist terrorism is the first step toward seeing how misguided a hawkish approach to fighting terrorism has been.

The American right and left reacted to 9/11 differently. Their respective responses were, to oversimplify a bit: “kill the terrorists” and “kill the terrorism meme.”

Conservatives backed war in Iraq, and they’re now backing an escalation of the war in Afghanistan. Liberals (at least, dovish liberals) have warned in both cases that killing terrorists is counterproductive if in the process you create even more terrorists; the object of the game isn’t to wipe out every last Islamist radical but rather to contain the virus of Islamist radicalism.

One reason killing terrorists can spread terrorism is that various technologies — notably the Internet and increasingly pervasive video — help emotionally powerful messages reach receptive audiences. When American wars kill lots of Muslims, inevitably including some civilians, incendiary images magically find their way to the people who will be most inflamed by them.

This calls into question our nearly obsessive focus on Al Qaeda — the deployment of whole armies to uproot the organization and to finally harpoon America’s white whale, Osama bin Laden. If you’re a Muslim teetering toward radicalism and you have a modem, it doesn’t take Mr. bin Laden to push you over the edge. All it takes is selected battlefield footage and a little ad hoc encouragement: a jihadist chat group here, a radical imam there — whether in your local mosque or on a Web site in your local computer.

This, at least, is the view from the left.

Exhibit A in this argument is Nidal Hasan. By all accounts he was pushed over the edge by his perception of the Iraq and Afghanistan wars. He also drew inspiration from a radical imam, Anwar al-Awlaki. Notably, it had been eight years since Major Hasan actually saw Mr. Awlaki, who moved from America to Yemen after 9/11. And for most of those years the two men don’t seem to have communicated at all. But as Major Hasan got more radicalized by two American wars and God knows what else, the Internet made it easy to reconnect via e-mail.

The Fort Hood shooting, then, is an example of Islamist terrorism being spread partly by the war on terrorism — or, actually, by two wars on terrorism, in Iraq and Afghanistan. And Fort Hood is the biggest data point we have — the most lethal Islamist terrorist attack on American soil since 9/11. It’s only one piece of evidence, but it’s a salient piece, and it supports the liberal, not the conservative, war-on-terrorism paradigm.

When the argument is framed like this, don’t be surprised if conservatives, having insisted that we not medicalize Major Hasan’s crime by calling him crazy, start underscoring his craziness. The Iraq and Afghanistan wars, they’ll note, aren’t wars against Islam or against Muslims; Major Hasan must have been deluded to think that they are! Surely we can’t give veto power over our foreign policy to a crazy … well, not crazy, but, you know, not-entirely-sane person like Major Hasan.

It’s true that Major Hasan was unbalanced and alienated — and, by my lights, crazy. But what kind of people did conservatives think were susceptible to the terrorism meme? Like all viruses, terrorism infects people with low resistance. And surely Major Hasan isn’t the only American Muslim who, for reasons of personal history, has become unbalanced and thus vulnerable. Any religious or ethnic group includes people like that, and the post-9/11 environment hasn’t made it easier for American Muslims to keep their balance. That’s why the hawkish war-on-terrorism strategy — a global anti-jihad that creates nonstop imagery of Americans killing Muslims — is so dubious.

Central to the debate over Afghanistan is the question of whether terrorists need a “safe haven” from which to threaten America. If so, it is said, then we must work to keep every acre of Afghanistan (and Pakistan, Somalia, Sudan, etc.) out of the hands of groups like the Taliban. If not — if terrorists can orchestrate a 9/11 about as easily from apartments in Germany as from camps in Afghanistan — then maybe never-ending war isn’t essential.

However you come out on that argument, the case of Nidal Hasan shows one thing for sure: Homegrown American terrorists don’t need a safe haven. All they need is a place to buy a gun.

Concerns about homegrown terrorism may sound like wild extrapolation from limited data. After all, in the eight years since 9/11, none of America’s several million Muslims had committed violence on this scale.

That’s a reminder that, contrary to right-wing stereotype, Islam isn’t an intrinsically belligerent religion. Still, this sort of stereotyping won’t go away, and it’s among the factors that could make homegrown terrorism a slowly growing epidemic. The more Americans denigrate Islam and view Muslims in the workplace with suspicion, the more likely the virus is to spread — and each appearance of the virus in turn tempts more people to denigrate Islam and view Muslims with suspicion. Whenever you have a positive feedback system like this, an isolated incident can put you on a slippery slope.

And the Fort Hood shooting wasn’t the only recent step along that slope. Six months ago a 24-year-old American named Abdulhakim Mujahid Muhammad — Carlos Bledsoe before his teenage conversion to Islam — fatally shot a soldier outside a recruiting station in Little Rock, Ark. ABC News reported, “It was not known what path Muhammad … had followed to radicalization.” Well, here’s a clue: After being arrested he started babbling to the police about the killing of Muslims in Iraq and Afghanistan.

Both the Afghanistan and Iraq wars were supposed to reduce the number of anti-American terrorists abroad. It’s hardly clear that they’ve succeeded, and they may have had the opposite effect. Meanwhile, on the other side of the ledger, they’ve inspired homegrown terrorism — a small-scale incident in June, a larger-scale incident this month. That’s only two data points, but I don’t like the slope of the line connecting them.

Sept. 11, 2001, though a success for Osama bin Laden, was in the scheme of things only a small tactical triumph; his grandiose aspirations go well beyond the killing of a few thousand people and the destruction of some buildings. Maybe he feels that our descent into the carnage of Iraq and Afghanistan has moved him a bit closer to his goal. But if he succeeds in tearing our country apart along religious and ethnic lines, he will truly be able to declare victory.

Robert Wright, a senior fellow at the New America Foundation, is the author, most recently, of “The Evolution of God” and the editor in chief of the blog The Progressive Realist.

Voir aussi:

A Terror Suspect With Feet in East and West
Ginger Thompson
The New York Times
November 22, 2009

PHILADELPHIA — The trip from a strict Pakistani boarding school to a bohemian bar in Philadelphia has defined David Headley’s life, according to those who know the middle-age man at the center of a global terrorism investigation.

Raised by his father in Pakistan as a devout Muslim, Mr. Headley arrived back here at 17 to live with his American mother, a former socialite who ran a bar called the Khyber Pass.

Today, Mr. Headley is an Islamic fundamentalist who once liked to get high. He has a traditional Pakistani wife, who lives with their children in Chicago, but also an American girlfriend — a makeup artist in New York — according to a relative and friends. Depending on the setting, he alternates between the name he adopted in the United States, David Headley, and the Urdu one he was given at birth, Daood Gilani. Even his eyes — one brown, the other green — hint at roots in two places.

Mr. Headley, an American citizen, is accused of being the lead operative in a loose-knit group of militants plotting revenge against a Danish newspaper that published cartoons of the Prophet Muhammad. The indictment against him portrays a man who moved easily between different worlds. The profile that has emerged of him since his arrest, however, suggests that Mr. Headley felt pulled between two cultures and ultimately gravitated toward an extremist Islamic one.

“Some of us are saying that ‘Terrorism’ is the weapon of the cowardly,” Mr. Headley wrote in an e-mail message to his high school classmates last February. “I will say that you may call it barbaric or immoral or cruel, but never cowardly.”

He added, “Courage is, by and large, exclusive to the Muslim nation.”

Mr. Headley’s e-mail messages, including many that defended beheadings and suicide bombings as heroic, are among the evidence in the government’s case against him and his accused co-conspirator, Tahawwur Hussain Rana, who was born in Pakistan, is a citizen of Canada and runs businesses in Chicago.

The men, who became close friends in a military academy outside Islamabad, were arrested last month in Chicago. They are charged with plotting an attack they labeled the Mickey Mouse Project against Jyllands-Posten, the Danish newspaper whose cartoons provoked outrage across the Muslim world.

Since then, the investigation has widened beyond Chicago and Copenhagen. The authorities have learned more, with cooperation from Mr. Headley, about the two men’s network of contacts with known terrorist groups, including Al Qaeda and Lashkar-e-Taiba, a Pakistani militant group, as well as officials in the Pakistani government and military. United States and Indian investigators are also looking into whether the two Chicago men, who traveled to Mumbai before the deadly assault there last November, may have been involved in the plot.

Mr. Headley, 49, and Mr. Rana, 48, stand out from the young, poor extremists from fundamentalist Islamic schools who strike targets in or close to their homelands. Instead, their privileged backgrounds, extensive travel and bouts of culture shock make them more like Khalid Shaikh Mohammed, the self-proclaimed architect of the Sept. 11 attacks, who attended college in the United States, and Mohammed Atta, one of the lead hijackers.

Mr. Rana’s father is a former principal of a high school outside Lahore. One of his brothers is a Pakistani military psychiatrist who has written several books, and another is a journalist at a Canadian political newspaper, The Hill Times.

Trained as a physician, Mr. Rana immigrated to Canada in 1997 and became a citizen a few years later. Then he moved his wife and three children to Chicago, where he opened a travel agency that also provided immigration services on Devon Avenue, which cuts through the heart of the city’s Pakistani community. In 2002, he started a Halal slaughterhouse that butchers goats, sheep and cows according to Islamic religious laws.

He and his family live in a small brick house on the North Side with a huge satellite dish on the roof. Neighbors described Mr. Rana as a recluse who rarely spoke to anyone and whose children never played with others on the street.

“He seemed very committed to his Islamic religion,” said William Rodosky, who once managed Mr. Rana’s slaughterhouse, in Kinsman, Ill., about 65 miles southwest of Chicago. “He said he wanted the business so he could provide meat to his people and make a little money.”

Mr. Rodosky echoed the views of several others who knew and did business with Mr. Rana when he said he was “shocked about the terrorism charges.”

“As far as I knew, he was very nice man and a very good businessman,” Mr. Rodosky said.

But Mr. Headley did not draw the same expressions of shock. Those who knew him paint a more troubled image.

“Most people have contradictions in their lives, but they learn to reconcile them,” said William Headley, an uncle who owns a day care center in Nottingham, Pa. “But Daood could never do that. The left side does not speak to the right side. And that’s the problem.”

Daood Sayed Gilani was born in Washington, where his parents worked at the Pakistani Embassy. Friends of the family said his father, Sayed Salim Gilani, a dashing diplomat and an avid musicologist and poet, charmed his way into the heart of Serrill Headley, who had left Philadelphia’s Main Line to work as a secretary at the embassy.

In 1960, the couple and their infant son, Daood, left the United States bound for England aboard the ship America, and from there went on to Lahore. But the marriage quickly soured, friends said, as Mr. Gilani immersed himself in the traditions of his homeland and his bride refused to submit to them.

After Ms. Headley left Mr. Gilani and her son and a daughter, Syedah, in Pakistan, friends say, the details of her life become lost in a jumble of fact and fiction. Ms. Headley, a red-haired, green-eyed woman, told friends she married an “Afghan prince” but then had to flee Kabul after he was murdered.

She arrived back in Philadelphia, friends said, in the early 1970s, taking different office jobs and dating wealthy suitors until one of them lent her money to buy an old bar. She turned it into the Khyber Pass, decorated with billowing Afghan wedding tents and stocked with exotic beers.

In 1977, Pakistan’s government was overthrown in a military coup, and Ms. Headley, friends said, feared for her children. She traveled to Pakistan, withdrew her son from the Hasan Abdal Cadet College and brought him to live with her, a move recorded by The Philadelphia Inquirer. (Her daughter, Syedah, stayed behind with her father for several years.)

“He has never been alone with, much less had a date with, a girl, except the servant girls of his household,” the article said, referring to the teenage Daood Gilani. “But he has just this day found a cricket team to join. And he has just this day, after watching American TV, said to his mother in his soft Urdu-English that she is to him like the Bionic Woman.”

According to family friends, the teenager soon rebelled against his mother’s heavy drinking and multiple sexual relationships by engaging in the same behavior.

“Those were the days when girls, weed, and whatever, were readily available,” Jay Wilson, who worked at the Khyber Pass, wrote in an e-mail message from England. “Daood was not immune to the pleasures of American adolescence.”

Later, said Lorenzo Lacovara, another former worker at the bar, Daood Gilani began expressing anger at all non-Muslims.

“He would clearly state he had contempt for infidels,” Mr. Lacovara said in a telephone interview from New Mexico. “He kept talking about the return of the 14th century, saying Islam was going to take over the world.”

Ms. Headley tried to help her son straighten out his life. In 1985, she put him in charge of the Khyber Pass, but he proved to be such a poor manager that they lost the bar a couple of years later, friends of the family said.

Ms. Headley embarked on her third marriage, and her son set off for New York, where he opened two video rental stores in Manhattan. It is unclear where he got the money to start the ventures. But court files suggest that the source may not have been entirely legal.

In 1998, Mr. Gilani, then 38, was convicted of conspiring to smuggle heroin into the country from Pakistan. Court records show that after his arrest, he provided so much information about his own involvement with drug trafficking, which stretched back more than a decade, and about his Pakistani suppliers, that he was sentenced to less than two years in jail and later went to Pakistan to conduct undercover surveillance operationsfor the Drug Enforcement Administration.

In 2006, he changed his name to David Headley, apparently to make border crossings between the United States and other countries easier, court documents say. About that time, his uncle said, he moved his family to Chicago because it had a large Muslim community and he wanted to send his four children to religious schools.

There, the family lived in a small second-floor apartment. Mr. Headley claimed to work for Mr. Rana’s immigration agency. The two men attended the Jame Masjid mosque on Fridays, then stopped at the nearby Zam Zamrestaurant to eat and talk politics. Cricket, neighbors said, was their passion.

But Mr. Headley never seemed to fully fit in. Masood Qadir, who sometimes watched cricket with him, said he was “different” and kept mostly to himself.

E-mail messages show, however, that Mr. Headley stayed in regular contact with classmates from the military high school he attended in Pakistan, often engaging in impassioned debates about politics and Islam.

Earlier this year, Mr. Headley complained about “NATO criminal vermin dropping 22,000 lbs bombs on unsuspecting, unarmed Afghan villagers” or “napalming southeast Asian farmers.” Writing about Pakistan’s chief enemy, he said, “We will retaliate against India.”

And in an e-mail message defending the beheading of a Polish engineer by the Taliban in Pakistan, he wrote, “The best way for a man to die is with the sword.”

Reporting was contributed by Puk Damsgard in Islamabad, Pakistan; Emma Graves Fitzsimmons in Chicago; Nate Schweber and John Eligon in New York; and Ian Austen in Ottawa. Research was contributed by Barclay Walsh in Washington.

Voir également:


Sometimes, an extremist really is an extremist

If we act as if ‘Islam is the problem,’ we will guarantee that Islam will become the problem.
Jonah Goldberg
The LA Times
November 10, 2009

Army Maj. Nidal Malik Hasan demonstrated many things when he allegedly committed treason in the war on terror. For starters, he showed — gratuitously alas — that evil is still thriving.

He demonstrated that being a trained psychiatrist provides no immunity to ancient hatreds and religious fanaticism, nor does psychiatric training provide much acuity in spotting such things in others. For example, the London Telegraph reports that, in what was supposed to be a medical lecture, Hassan instead gave an hourlong briefing on the Koran, explaining to colleagues at Walter Reed Army Medical Center that nonbelievers should be beheaded, have boiling oil poured down their throats and set on fire.

His fellow psychiatrists completely missed this « red flag » — a suddenly popular euphemism for incandescently obvious evidence this man had no place in the U.S. Army.

He proved how lacking our domestic security system is. According to ABC News, intelligence agencies were aware for months that Hasan had tried to contact Al Qaeda. His colleagues reportedly knew he sympathized with suicide bombings and attacks on U.S. troops abroad, and one colleague said Hasan was pleased by an attack on an Army recruiting office and suggested more of the same might be desirable. That’s treason, even if you’re a Muslim.

Which raises the most troubling revelation: For a very large number of people, the idea that he is a Muslim fanatic, motivated by other Muslim fanatics, was — at least initially — too terrible to contemplate. How else to explain the reflexive insistence after the attack that the real culprit was « post-traumatic stress disorder »? The fact that PTSD is usually diagnosed in people who’ve been through trauma (hence the word « post »), and that Hasan had never in fact seen combat, didn’t seem to matter much.

Apparently the « P » in PTSD can now stand for « pre. »

A few months ago, an anti-Semitic old nut named James von Brunn allegedly took a gun to the U.S. Holocaust Memorial Museum to get payback against « the Jews » and killed a black security guard in the process.

In response to this horrific crime, the leading lights of American liberalism knew who was to blame: Glenn Beck, Rush Limbaugh and the GOP. One writer for the Huffington Post put it succinctly: « Thank you very much Karl Rove and your minions. »

The fact that Von Brunn was a 9/11 « truther » who railed against capitalism, neocons and the Bush administration didn’t matter. Nor did the glaring lack of evidence that Rove

et al ever showed antipathy for the museum. It was simply obvious that Von Brunn was the offspring of the « right-wing extremism [that] is being systematically fed by the conservative media and political establishment, » wrote columnist Paul Krugman.

If only Hasan was a fan of Glenn Beck!

President Obama was right when he said, in the early hours after the shooting, that people shouldn’t « jump to conclusions » (a lesson he might have learned when he jumped to the wrong conclusion about a white cop who arrested Henry Louis Gates, a black Harvard professor). But just as we should not jump to conclusions, we shouldn’t jump away from them.

Despite reports that Hasan had shouted « Allahu Akbar » as he opened fire, MSNBC’s Chris Matthews insisted that « we may never know if religion was a factor at Ft. Hood. » Thursday night, NBC and CBS refrained from even reporting the man’s name. Meanwhile, ABC’s Martha Raddatz’s reporting on the subject reflected a yearning for denial: « As for the suspect, Nadal Hasan, as one officer’s wife told me, ‘I wish his name was Smith.’  »

We have a real problem when much of the political and journalistic establishment is eager to jump to the conclusion that peaceful political opponents are in league with violent extremists, but is terrified to consider the possibility that violent extremists really are violent extremists if doing so means calling attention to the fact that they are Muslims.

I am more sympathetic toward this reluctance to state the truth of the matter than some of my colleagues on the right. There is a powerful case to be made that Islamic extremism is not some fringe phenomena but part of the mainstream of Islamic life around the world. And yet, to work from that assumption might make the assumption all the more self-fulfilling. If we act as if « Islam is the problem, » as some say, we will guarantee that Islam will become the problem. But outright denial, like we are seeing today, is surely not the beginning of wisdom either.

I have no remedy for the challenge we face. But I do take some solace in George Orwell’s observation that « to see what is in front of one’s nose needs a constant struggle. »

Voir enfin:

Two Ground Zeroes
Bret Stephens
The Wall Street Journal
November 18, 2009

I have long thought it would be a good idea to bring 9/11 mastermind Khalid Sheikh Mohammed and his accomplices to lower Manhattan. In my concept, the men would be taken by helicopter to a height of about 1,000 feet over Ground Zero and pushed out the door, so that they, too, could experience what so many of their victims did in the awful final flickering seconds of their lives.

And since al Qaeda intended the attacks as a spectacle for the benefit of its would-be recruits, I’d give al Jazeera the exclusive TV rights.

This, however, is not Eric Holder’s concept. In announcing his decision last week to send KSM and four other defendants to stand trial for their crimes in a federal courthouse just a few blocks from Ground Zero, the attorney general said the trial would offer the bereaved of 9/11 « the opportunity to see the alleged plotters of those attacks held accountable in court, » adding that he was « confident » the legal system would « rise to that challenge. »

We’ll see about that.

There are a few ways to predict the course of the trials. One is to consult what al Qaeda itself advises its members to do in the event that they are brought before a judge. « At the beginning of the trial . . . the brothers must insist on proving that torture was inflicted on them by state security before the judge, » goes a line in what is known as the Manchester Document, a 180-page al Qaeda how-to obtained by British police in 2000.

This is, of course, a prescription for lying, though it shouldn’t be a tough sell with the jury given that KSM was in fact waterboarded by the CIA some 183 times. If anything, it provides a perfect opening for him to turn the tables on his accusers and put the U.S. government on trial, while embellishing any which way he pleases. No small number of potential New York City jurors would find KSM a more credible witness than any number of Bush administration officials—think Alberto Gonzales or Dick Cheney—who might be called to the stand.

A second way to predict how the trials might go is to look back at the trial of al Qaeda’s Zacarias Moussaoui, often described as the « 20th hijacker. » Moussaoui’s case has been cited by defenders of Mr. Holder’s decision as an example of how civilian courts have succeeded in dealing with some of the most hardened terrorists.

Really? Moussaoui was arrested in August 2001, and indicted that December. It would take until May 2006 before a jury would sentence him to life in prison, a single juror having spared him a death sentence. Assuming a similar time frame for the KSM trials, that means we can expect verdicts in 2015. That’s a long time to keep lower Manhattan in a perpetual state of red alert.

Yet the Moussaoui trial wasn’t merely interminable. It was also incompetent. Moussaoui did everything he could to turn it into a circus, at various times entering contradictory pleas on the view, as he put it, that « you’re allowed to lie for jihad. » Lawyers for the government were repeatedly accused of malfeasance, leading Judge Leonie Brinkema to observe at one point that « I have never seen such an egregious violation of a rule on witnesses. » The judge herself came close to dismissing the entire case, even as the Fourth Circuit had to step in to reverse one of her rulings.

And this was a comparatively clean case, unlike, say, those of El Sayyid Nosair, acquitted in 1991 of the murder of Jewish fanatic Meir Kahane; or of Omar Abdel Rahman, the blind sheikh at whose trial for the 1993 World Trade Center bombing critical intelligence information was disclosed that gave Osama bin Laden clues as to what the U.S. knew about his network.

The third way to consider the trials is to look at Ground Zero itself. After eight years of deliberation, planning, money and effort, what have we got? The picture nearby is the answer.

Let me be more precise. After eight years in which the views and interests of, inter alia, the Port Authority, NYPD, MTA and EPA, the several governors of New York and New Jersey, lease-holder Larry Silverstein, various star architects, the insurance companies, contractors, unions and lawyers, the families of the bereaved, their self-appointed spokespersons, the residents of lower Manhattan and, yes, even the fish of the Hudson river have all been duly consulted and considered, this is what we’ve got: a site of mourning turned into a symbol of defiance turned into a metaphor of American incompetence—of things not going forward. It is, in short, the story of our decade.

Barack Obama, energetic and smart, was elected largely to change all that. But the thrust of his presidency so far has been in the direction of bloated government, deficits and health-care bills; paralysis over Afghanistan and Iran; the convulsions over Gitmo and the CIA torture memos. And now this: An effort to demonstrate the purity of our methods and motives that is destined, as all these things have been, to wind up as the legal equivalent of Ground Zero. Khalid Sheikh Mohammed, for whom no real justice will ever be meted, understood his targets well.


Histoire culturelle: Vous avez dit icône? (American Gothic: The extraordinary odyssey of America’s most loved – and reviled – painting)

21 novembre, 2009
American GothicAmerican gothic (plastic)Am gothic killerTransexual Am gothGothic Am goth
La démocratie américaine s’est construite sur le labeur d’hommes et de femmes aux coeurs vaillants et aux mâchoires fermes, des hommes et des femmes tels que ceux-ci. Légende d’une reproduction de 1935
Les Allemands peuvent bien massacrer mille Danois aujourd’hui, mais l’homme à la fourche sait qu’il aura du foin à faire quand les vaches rentreront ce soir. Brochure (Illinois, 1944)
I’m going home for good. And I’m going to paint those damn cows and barns and barnyards and cornfields and little red schoolhouses and all those pinched faces and the women in their aprons and the men in their overalls and store suits and the look of a field or a street in the heat of summer or when it’s ten below and the snow piled six feet high. Damn it, isn’t that what Sinclair Lewis has done in his writing— in Main Street and Babbitt? Damn it, you can do it in painting too! Grant Wood
Nous devrions avoir peur de Grant Wood. Chauqe artiste et chaque école artisitque devrait avoir peur de lui à cause de sa satire dévastatrice. Gertrude Stein
La famille qui tue ensemble reste ensemble. American gothic (accroche du film, 1988)
Toutes les bonnes idées que j’ai jamais eues me sont venues sous les pis d’une vache. Grant Wood
Il y a bien satire, mais seulement dans le sens qu’il y a satire dans toute œuvre réaliste. Ce sont des types de personnes que j’ai cotoyées toute ma vie. J’ai essayé de les représenter honnêtement – de les rendre plus eux-mêmes qu’ils ne l’étaient dans la vie réelle. Grant Wood
Mais la clé de la force d’attraction toujours renouvelée de ce tableau n’est pas son sujet ou son intrinsèque ambiguïté, mais sa forme – à savoir la pure frontalité des figures. Que l’on pense aux autres images iconiques de l’histoire de l’art: la Joconde, le cri de Munch, la Marilyn de Warhol, la mère de famille migrante de Dorothea Lange. Toutes dépeignent des figures humaines faisant directement face au spectateur – tout comme les images platement frontales des saints des icônes chrétiennes médiévales. Représenter ainsi des personnages les imprime dans nos mémoires et leur confère une certaine autorité et immédiateté. Les premiers chrétiens croyaient que les icônes étaient des portes donnant directement accès à la figure sacrée représentée. Les icônes séculaires modernes comme American gothic ont conservé une certaine part de sacré, dans le sens qu’elles relient à quelque chose de plus grand – non avec le divin, mais avec la mémoire collective de notre culture si friande d’images. Mia Fineman

Prix de consolation, longue obscurité d’une salle de musée, objet de malentendu puis de mépris, icône vénérée, objet de parodie, objet publicitaire ou télévisuel, sujet de films, série télé ou télé-réalité  …

En ces temps aux étranges relents, crise mondiale oblige, de Grande Dépression …
Et au moment où triomphe dans les musées parisiens la Renaissance flamande
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Retour, via un livre qui lui avait été consacré il y a quelques années pour son 75e anniversaire par l’historien de Harvard Steven Biel (« American Gothic: a life of America’s most famous painting », 2005 – merci Samuel Laurent) …
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Sur le curieux destin d’un des plus célèbres mais aussi des plus décriés et parodiés tableaux américains du début justement des années 30 …
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Le fameux American Gothic 

Où comment la redécouverte, par un peintre régionaliste américain (Grant Wood alors âgé de 39 ans) fraichement rentré d’Europe et confronté à l’abstraction continentale qui gagnait alors l’Amérique, de l’austérité sacrée de la Renaissance allemande dans la façade néo-gothique d’une maison de son Iowa natal

Elle-même d’ailleurs inspirée (grâce à l’invention de la scie à chantourner à vapeur et l’apparition des moulures en bois produites en série – on parle ainsi de « gothique du charpentier » ou gothique rural) de l’engouement de l’architecture anglo-saxonne d’alors pour les formes médiévales tant des temples protestants que des campus universitaires ou des édifices publics …

Finit, après une petite médaille de bronze, une acquisition pour le moins peu enthousiaste et pas moins de trente ans d’obscurité dans une salle de musée et par la seule magie ambigüe du climat anti-provincial des années 30 des Sherwood Anderson et des Sinclair Lewis puis de la contestation des années 60

En véritable icône, systématiquement et continument parodiée depuis, de la dénonciation de la culture censément bornée et répressive de la « Bible Belt » américaine (la menaçante fourche du puritain rural censée défendre tant la pruderie supposée de sa fille que le sacré emprunté de sa propriété) …

Mais aussi, par un curieux retour des choses et en réaction de la part des provinces ainsi stigmatisées (l’artiste se gardant bien lui-même de lever l’ambiguité de sa ruralité reconstituée – « le genre de personnes que j’imaginais vivre dans cette maison » – sa soeur et son dentiste jouant les fermiers américains) …

En véritable étendard et célébration des vertus et valeurs les plus sacrées, de détermination pionnière et de liberté individuelle, de l’Amérique profonde

Mais également, comme en témoignera le choix chez nous pour la couverture du célèbre « De la démocratie en Amérique » de Tocqueville, de l’Amérique tout court

The most Famous Farm Couple in the World
Why American Gothic still fascinates.
Mia Fineman
Slate Magazine
June 8, 2005

Of all the famous images in the history of art, only a handful have risen (or some might say sunk) to the status of cultural icons. At the top of this list are Leonardo’s Mona Lisa, Edvard Munch’s The Scream, and Grant Wood’s American Gothic. These images have been relentlessly copied, parodied, and reproduced in every conceivable form—from posters to neckties to life-sized inflatable dolls. The variations are endless: In a museum shop not long ago I came across a little flip-book in which American Gothic gradually morphs into The Scream—two for the price of one!

But how and why does an image become an icon? In his new book, American Gothic, published to coincide with the painting’s 75th anniversary, Harvard historian Steven Biel traces the cultural history of Wood’s famous portrait of a dour Iowa farmer and his stiff-necked wife (or daughter). Nearly everyone knows the image through copies and parodies, though few know much about the original painting. When Biel showed the picture to 59 Harvard sophomores, they all recognized it, but only 31 knew the title and only five could name the artist.

The story of American Gothic begins with a trim white cottage in Eldon, Iowa, that Wood, an Iowa-born artist with European training, spotted from a car window in August 1930.* He decided to paint the house—built in the « carpenter Gothic » style, which applied the lofty architecture of European cathedrals to flimsy American frame houses—along with « the kind of people I fancied should live in that house. » He recruited his sister Nan as a model for the woman, dressing her in a prim, colonial-print apron trimmed with rickrack (already out of date in 1930). He based the man on his stern-looking Cedar Rapids dentist, Byron McKeeby, whom he posed in a black jacket, collarless shirt, and clean denim overalls. In one hand, McKeeby holds a three-pronged pitchfork, which is visually echoed in the stitching of his overalls and in the Gothic window in the gable. In fact, Wood modeled each element separately—Graham and McKeeby never actually stood together in front of the house.

In the fall of 1930, Wood entered the painting in a competition at the Art Institute of Chicago. The judges dismissed it as a trifling « comic valentine, » but a powerful museum patron urged them to reconsider, and they awarded Wood a third-place bronze medal and $300. The patron also convinced the Art Institute to acquire the painting for its collection, where it remains today. The image quickly became famous through newspaper reproductions, first appearing in the Chicago Evening Post, and then in the rotogravure sections of newspapers in New York, Boston, Kansas City, and Indianapolis, often with the caption, An Iowa Farmer and His Wife.

When the picture finally appeared in the Cedar Rapids Gazette, real Iowa farmers and their wives were not amused. To them, the painting looked like a nasty caricature, portraying Midwestern farmers as pinched, grim-faced, puritanical Bible-thumpers. One Iowa farmwife told Wood he should have his « head bashed in. » Another threatened to bite off his ear. Stung by the criticism, Wood declared himself a « loyal Iowan » and insisted that the figures were not intended to be farmers but small-town folk, not Iowans but generic Americans. His sister Nan, perhaps embarrassed about being depicted as the wife of a man twice her age, started telling people that Wood had envisioned the couple as father and daughter, not husband and wife. (Wood himself remained vague on this point.)

The critics who admired the painting in the early ’30s—including Gertrude Stein and Christopher Morley—also assumed it was a satire about the rigidity of American rural or small-town life, lampooning the people H. L. Mencken called the « booboisie » of the « Bible Belt. » As Biel explains, « American Gothic appeared to its first viewers as the visual equivalent of the revolt-against-the-provinces genre in 1910s and 1920s American literature »—a critique of provincialism akin to Sherwood Anderson’s Winesburg, Ohio, Sinclair Lewis’ Main Street, and Carl Van Vechten’s The Tattooed Countess.

But a few years later, as the nation sank into the Great Depression, people started to see Wood’s painting in a different light. American Gothic was no longer understood as satirical, but as a celebratory expression of populist nationalism. Critics extolled the farmer and his wife as steadfast embodiments of American virtue and the pioneer spirit. « American democracy was built upon the labors of men and women of stout hearts and firm jaws, such people as those above, » read one caption in 1935.

Wood helped along this revisionist reading by repudiating the Paris-influenced bohemianism of his youth, refashioning himself as America’s « artist-in-overalls. » He allied himself with other regionalist painters like John Steuart Curry and the virulently jingoistic Thomas Hart Benton, who railed against the « control » of the East Coast art world by « precious fairies. » Wood echoed Benton’s anti-intellectual sentiments, announcing: « All the good ideas I’ve ever had came to me while I was milking a cow. »

The Depression-era understanding of American Gothic as an image of authentic American identity gave rise to its first known parody: In 1942, the photographer Gordon Parks posed a black cleaning woman with an upright broom in front of a large American flag and called it American Gothic. Since then, variants of Wood’s image have appeared in Broadway shows (The Music Man), movies (The Rocky Horror Picture Show), marketing campaigns (Saks Fifth Avenue, Country Corn Flakes, and Newman’s Own Organics, to name a few), television shows (Green Acres, The Simple Life), pornography (Playboy and Hustler), and in millions of jokey snapshots of two people facing front, one of them holding a vaguely pitchforklike object.

So, what is it about American Gothic that it makes such an indelible impression? Biel stops short of drawing any real conclusions, explaining how American Gothic became an icon, but not why. Of course, part of the answer lies in the built-in ambiguity of the image. Is the painting a satire or a celebration of the American heartland? Even Grant Wood seemed uncertain about this. (« There is satire in it, » he said, « but only as there is satire in any realistic statement. These are types of people I have known all my life. I tried to characterize them truthfully—to make them more like themselves than they were in actual life. »)

But the key to this painting’s enduring appeal is not its subject or its inherent ambiguity, but its form—specifically, the stark frontality of the figures. Think about the other iconic images from art history: the Mona Lisa, Munch’s Scream, Warhol’s Marilyn, Dorothea Lange’s Migrant Mother. All of them depict human figures directly facing the viewer—just like the flatly frontal images of saints in medieval Christian icons. Rendering figures in this way imprints them on our memories and endows them with both authority and immediacy. Early Christians believed icons were like portals that allowed the viewer to communicate directly with the sacred figure represented. Modern secular icons like American Gothic still retain some vestige of sacredness, in the sense that they connect with something larger—not with the divine, but with the collective memory of our image-loving culture.

Voir aussi:

Goth chic
‘American Gothic’ has become a cultural icon. But why? And what is it really about?
David Mehegan
The Boston Globe
May 21, 2005

CAMBRIDGE — It’s the most familiar American painting, even more than Emanuel Leuztze’s  »Washington Crossing the Delaware » or Gilbert Stuart’s portrait of George Washington. It’s instantly recognizable.

This year, Grant Wood’s  »American Gothic » turns 75, and in his forthcoming book of the same name, Harvard historian Steven Biel tells its history and raises questions so simple that no one seems to have asked them before: What does this literal icon mean to America, and why is it the most parodied image since the Mona Lisa?

There are no simple answers, because the image has been interpreted in various ways by various people — with anger, celebration, satire, even horror — for 75 years.  »It is randomly adapted to almost anything now, » said Biel, director of Harvard’s program in history and literature,  »but if you look at it and try to get beyond the blandness that comes from having seen it so many times, it can be unsettling. »

Biel’s 1996 book,  »Down With the Old Canoe, » was a similar treatment — in that case of the various cultural understandings of the Titanic disaster.  »I seem to be attracted to things that have been flattened, reduced to cliché, over time, » he said,  »and to recovering some of the richness of their meaning. »

In advertisements for corn flakes, Saks Fifth Avenue, Paul Newman’s organic produce, and even colleges, in political cartoons or television promotions (Paris Hilton’s  »The Simple Life »), we continually see versions of the famous image of a woman and dour man holding a pitchfork, in front of a house with a Gothic window. Many of us, as a joke, have struck that pose for a camera, holding a rake, a broom, or a snow shovel. But what is the joke? That we consider ourselves heartlanders, or just the opposite? Or are we poking fun at the idea of a heartland? Or are we merely imitating a famous painting?

The story begins with a mystery. No one knows what Grant Wood, an Iowa painter with European training, was thinking in 1930 when he put together his sister, Nan Wood Graham, his Cedar Rapids dentist, Byron H. McKeeby, and a lonely little house in Eldon, Iowa. (Built in 1881, the house is owned by the state historical society.) Each element was modeled separately (Graham and McKeeby never stood in front of the house), then combined in Wood’s mind and painting.

In later years, when the work was famous, Wood gave different explanations. It was merely a composition of forms, such as  »Whistler’s Mother. » The couple were a married farm family. Or they were father and daughter. Later still, he said that the man was a local banker or a businessman who liked to dress up in farmer duds at home. They were  »basically solid and good people, » or they were  »prim » and  »self-righteous. » But there is no record of his thinking before or during the painting’s creation.

Its fame was a fluke. Wood entered it in the Art Institute of Chicago’s annual painting contest, where it was dismissed as cloying. But a museum trustee implored the judges to reconsider. They did and gave it the third-place bronze medal, with a $300 prize. It became part of the museum’s collection, where it remains. But fame rushed in with a reproduction in the Chicago Evening Post in October 1930, followed by appearances in rotogravure sections nationwide, including in Boston, New York, and eventually Cedar Rapids.

When Iowa farmers saw the painting, they were outraged, seeing it as another lampoon of small-town America, the sort of sneering at the  »booboisie » famously practiced by H.L. Mencken. Many critics, including an admiring Gertrude Stein, also assumed it was a satire. But Wood, stung by his neighbors’ anger, called himself  »a loyal Iowan » who would never make fun of his state’s people.

As times changed, so did understandings of the painting. In the Depression, some critics admired it as a celebration of authentic values, akin to the works funded by the Federal Arts Project. During World War II, some saw the farmer and his wife or daughter as symbols of triumphal strength.  »The Germans may today slay a thousand Danes, » an Illinois pamphleteer wrote in 1944,  »but the man with the pitchfork knows that . . . he will have hay to pitch when the cows come home. »

In the 1960s and since, critics have offered various understandings of  »American Gothic. » One pointed out that  »gothic » also means horrifying, that dark and shameful deeds might lie behind the subjects’ faces and veiled window. Robert Hughes wrote that Wood was obviously a deeply closeted homosexual, while Hilton Kramer attacked the work as kitsch that has no place in the canon of great 20th-century painting. John Seery saw  »Oedipal, generational, incestual » themes.

The image appeared in Meredith Willson’s  »The Music Man, » but the age of parody really got going in the late 1960s, when Nan Wood Graham (Grant had died in 1942) sued Johnny Carson and Playboy magazine for defamation. Carson had held up an image showing the man in bathing trunks and the woman in a bikini, while Playboy had showed her, of course, bare-breasted. Graham settled out of court but lost a similar 1988 suit against Hustler magazine. She died in 1990, and by then the flood of parodies was unstoppable.

 »American Gothic » is fixed in the nation’s collective brain, but perhaps mainly as parody. As an experiment, Biel showed  »American Gothic » to 59 Harvard sophomores and asked them to name the title and painter. Most of them recognized it, but only 31 knew the title, and only five could name the painter.

Uses of the image often stretch far beyond the original scene.  »There was a billboard I used to pass every day on Massachusetts Avenue in North Cambridge, » Biel said.  »It showed two college kids advertising Quincy College in the ‘American Gothic’ pose. Maybe somebody can tell me what that has to do with Quincy College. There are parodies that use it in thoughtful ways, but it also tends to get used in an automatic, ‘Oh well, everybody will recognize this’ fashion. » (A spokeswoman for Quincy College said the billboard promoted the fine arts department.)

 »American Gothic » may work so well as parody because it’s a kind of broad template. It shows middle-age, middle-class white people in the Midwest, apparently a family, before their middling house (neither imposing nor a hovel), an odd splice of agrarian and suburban elements, half home and half church. It may be that  »American Gothic » is the archetypal theme that we crave to vary. Possibly the earliest variation was Gordon Parks’s 1942 photograph of Ella Watson, an African-American charwoman in Washington, holding a broom in front of an American flag.

Growing up in suburban Cleveland, Biel, 44, says he was immersed in television and popular culture, and is clearly sensitive to cultural imagery. His book, which will be published June 6, has authoritative analyses of  »American Gothic » in the 1960s sitcoms  »Beverly Hillbillies » and  »Green Acres. » In addition to a large framed print of  »American Gothic, » Biel’s Harvard office is full of parody items, including a flip-book in which the painting gradually morphs into Edvard Munch’s  »The Scream. » He turns on his laptop computer to show the 1963 Country Corn Flakes ad, in which the painting’s familiar duo sings, amid clucking chickens,  »It won’t wilt/ when you pour on milk! »

Like  »The Scream, »  »American Gothic » could not work as parody if the original did not have power of its own. Biel is not an art critic, and he hesitated to comment on the painting, apart from the myriad understandings others have had. But when pressed to do so, he gazed up at it over his desk and mused,  »It’s haunting — creepy in a lot of ways. Look at those faces. They’re disturbing. Why isn’t she looking at us? He is — why isn’t she? What does he want, peering into our souls? He is holding a pitchfork, but there’s no dirt on it. Is he posing with it because this is Sunday afternoon and this is one of the tools of his trade? Or is there something — more sinister? »

Voir encore:
In 1930, Iowan artist Grant Wood paints American Gothic using his sister Nan and a local dentist as models. (The history’s recounted in Steven Biel’s new American Gothic: A Life of America’s Most Famous Painting.) The work places third at an Art Institute of Chicago competition (after nearly being eliminated in an early round). Critics interpret it as a bohemian’s caricature of Midwesterners, but Wood claims it’s simply an exercise in formal composition. The Institute buys it for $300.(2) The painting is displayed at the 1933–4 World’s Fair in Chicago and reproduced widely in newspapers. Iowa farmwives are livid; one threatens to bite off Wood’s ear. Photographer Gordon Parks later borrows American Gothic’s title for his 1942 photograph of an African-American cleaning woman holding a broom in front of the American flag.(3) The Music Man opens on Broadway in 1957; in it, two townsfolk pose in a familiar tableau. Six years later on The Dick Van Dyke Show, Rob thinks he’s bought a version of the painting at an auction. Laura points out that the subjects are smiling. Says Rob, “Well, maybe they had a good crop that year . . . ”

(4) In 1968, Nan Wood Graham launches a $9 million defamation suit against Johnny Carson and Playboy, prompted by a “Make Fun of the Classics” segment in which Carson shows the couple clad in skimpy bathing suits. Wood Graham wins a small settlement. Later, in 1977, she loses a similar $10 million suit against Hustler.

(5) In 1975, the cult painting makes a cameo in a soon-to-be cult film, when the American Gothic couple open the church doors for Brad and Janet in The Rocky Horror Picture Show.

(6) The painting, which Life magazine once used to illustrate the concept of middlebrow, hits its cultural nadir in 1988, when it lends its title to the slasher flick American Gothic, starring Rod Steiger and Yvonne De Carlo. (Tagline: “Families that slay together stay together!”)

(7) In 1997, critic Robert Hughes tries to “out” Wood in his book American Visions, calling the painting “an exercise in sly camp, the expression of a gay sensibility so cautious that it can hardly bring itself to mock its objects openly.” Gothic becomes not-so-sly camp when, in 2003, Paris Hilton and Nicole Richie strike the pose for a Simple Life publicity photo. This year, the painting marks its 75th anniversary by returning to Iowa for a Grant Wood retrospective at the Cedar Rapids museum in September.

Voir enfin:

October 1930, Grant Wood’s American Gothic comes in third at a Chicago Art Institute exhibit

American Gothic

by Sarah Vowell

Going Home for Good

Grant Wood, American Gothic (1930). Oil on beaver board. The Art Institute of Chicago®.

In August 1930, President Herbert Hoover appointed representatives from the Federal Reserve, the Federal Farm Board, the Red Cross, banks, and the railroads to form the National Drought Relief Committee in order to at least pretend to address what Secretary of Agriculture Arthur M. Hyde called “the worst drought ever recorded in this country.” Meanwhile, back in Iowa, painter Grant Wood went for a ride. At the moment Hyde’s department worried that dwindling stores of feed, including hay, in Southern and Midwestern states were in “critical condition,” Wood spotted an old white home in the town of Eldon and thought of painting its imaginary owners out front, with the man of the house gripping a hay fork. The pair’s outdated clothes would give them a nostalgic air. Or maybe as the 1930s wore on, they would come to appear nostalgic for a time when there was actually hay around to pitch.

By October, Wood’s painting, American Gothic, would come in third at the Art Institute of Chicago’s Forty-Third Annual Exhibition of American Paintings and Sculpture. Museum boosters purchased the work for $300 for the Art Institute’s permanent collection, where it remains in the company of Caillebotte and Matisse— real artists from France. A week after the exhibition’s opening, Wood’s hero and fellow Midwesterner, Sinclair Lewis of Minnesota, would become the first American to win the Nobel Prize in Literature. (Take that, France.) “They had labored, these solid citizens,” Lewis wrote in Babbitt. Not a stretch to describe Wood’s subjects that way too.

Wood, like Lewis (and F. Scott Fitzgerald of St. Paul and Ernest Hemingway of Oak Park), would ditch his hometown for Paris in the 1920s, where he would dab out the sort of blurry paintings of cathedrals he thought he was supposed to like. According to his friend there, the journalist William L. Shirer, one day Wood up and declared:

I’m going home for good. And I’m going to paint those damn cows and barns and barnyards and cornfields and little red schoolhouses and all those pinched faces and the women in their aprons and the men in their overalls and store suits and the look of a field or a street in the heat of summer or when it’s ten below and the snow piled six feet high. Damn it, isn’t that what Sinclair Lewis has done in his writing— in Main Street and Babbitt? Damn it, you can do it in painting too!

Thus Wood gave up on painting dappled French Gothic doors and hightailed it back to Iowa to start painting his famous flat, Gothic Revival window, hung with what Lewis called “curtains of starched cheap lace” probably ordered from the same mail-order catalog as those in Gopher Prairie, the town in Main Street. (Insert obligatory mention of the word “regionalism” here, along with legally required passing reference to painters John Steuart Curry of Kansas and the swirling pictorial narratives of Missouri’s Thomas Hart Benton.)

If Shirer’s memory of Wood’s Parisian outburst is to be believed, the painter made good on his pledge to depict “the women in their aprons and the men in their overalls” in American Gothic. There’s even a “damn barn” over the man’s shoulder, presumably to house a few “damn cows” he’s fixing to feed with his pitchfork. Though not if the aforementioned drought of 1930 has a say.

Let’s start with the apron. It’s a fake. The model for the farmer’s daughter in the painting is Wood’s sister, Nan. She later recalled that her brother requested that she sew an apron with rickrack, a “trim that was out of style and unavailable in stores. I ripped some off Mother’s old dresses, and after the painting made its debut, rickrack made a comeback.”

Nan’s point? This is a history painting. Three years later Wood made Portrait of Nan. In it, his sister lets her hair down. She wears makeup and a kicky, sleeveless polka-dot blouse. Compared to the fictional plain Jane in American Gothic, actual Nan verges on Veronica Lake. So that rickrack is literally a dead giveaway—that woman, and flinty women like her, according to Wood, are dead and gone so let us now praise famous whatever.

In a 1941 letter, Wood claimed he wanted the painting’s daughter to be “very self-righteous, like her father.” Her defiant cleanliness, however, is betrayed by a curl breaking free of her tight bun. Wood goes on to say that he “let the lock of hair escape to show that she was, after all, human.”

If self-righteousness was Wood’s intention, he failed. Trust the painting, not the painter. What we see here is self-doubt. All the starch in Iowa cannot stiffen the look on that woman’s face. Her sidelong glance betrays something more interesting than pain—ambivalence. Mixed feelings about her lot in life is the most modern feeling a woman can have. Just ask Carrie Kennicott: “That one word— home—it terrified her.”

Kennicott, Lewis’s protagonist in Main Street, turns down her college sweetheart Stewart’s marriage proposal because “I want to do something with life.” He rebuts, “What’s better than making a comfy home and bringing up some cute kids and knowing nice homey people?” Corny, but a fair point. This, Lewis deadpans, is the “immemorial male reply to a restless woman.”

Though Carrie turns down Stewart, she eventually gives up her career as a librarian to marry a doctor from Gopher Prairie, a place that is about as lively as it sounds. Mid-marriage, she abandons him too for Washington, D.C., for a while, to live and work among the suffragettes. Eventually, she gives up and goes back to her husband and Gopher Prairie, though not without screeching, “I do not admit that dish-washing is enough to satisfy all women!” So there!

The woman in American Gothic might even have such a backstory, if not an actual inner life. To see her, however, requires actually looking at the painting. This is harder than it sounds. There’s a lot of buildup that needs to be cleaned off. Scrape away that postcard of Ronald and Nancy Reagan in rickrack and overalls. As well as Paul Newman and his daughter on a package of Newman’s Own organic cookies. Along with the couple singing backup on “Dammit Janet” in the Rocky Horror Picture Show. And the opening credits of Green Acres—go ahead and sing along while you scrub: “The Chores! The Stores!” The only thing more American than turning American Gothic into a sight gag is the way the deep, dark, Norwegian anguish of Edvard Munch’s The Scream is turned into a fun backdrop for dark chocolate M&Ms. (In America, stores almost always win out over chores.)

After she saw American Gothic, august American-in- Paris Gertrude Stein said, “We should fear Grant Wood. Every artist and every school of artists should be afraid of him, for his devastating satire.” Certain ladies of Iowa concurred. Historian Steven Biel notes, “An Iowa farmwife, irate over American Gothic, told Grant Wood, by one account, that he should have his ‘head bashed in.’”

Wood’s upstanding, folksy couple are usually the sort of characters urbanites only care about when Truman Capote writes a pretty book about how they got gunned down. To his more rural fellow Iowans, Wood was a city slicker from Cedar Rapids. So was he making fun of farmers?

Wood claimed he didn’t mean to. In that 1941 letter, the artist argues:

The persons in the painting, as I imagined them, are small town folks, rather than farmers. Papa runs the local bank or perhaps the lumber yard. He is prominent in the church and possibly preaches occasionally. In the evening, he comes home from work, takes off his collar, slips on overalls and an old coat, and goes out to the barn to hay the cow.

In fact, the model for the man in overalls was not a farmer but Wood’s dentist, Byron McKeeby. In the letter, Wood goes on to say that he “did not intend this painting as satire.” He adds, “It seems to me that they are basically solid and good people. But I don’t feel that one gets at this fact better by denying their faults and fanaticism.”

As a D.C. suffragette tells Carrie Kennicott in Main Street, “Your Middlewest is double-Puritan— prairie Puritan on top of New England Puritan; bluff frontiersman on the surface, but in its heart it still has the ideal of Plymouth Rock in a sleet-storm.” Wood’s pair lives up to that assessment—they’re a tad too churchy but they won’t give up. There are worse sentiments for a painting made in the first year of the Great Depression to have.

American Gothic asks the same question of the country it asks of its prim couple staring down the viewer: is the basic, earthy goodness and potted-plants- on- the- porch cheer of the United States weakened by its preachy, confrontational zeal? Answer: yep. But that doesn’t mean the painting—or the country—is all that funny.

Bibliography:

Steven Biel, American Gothic: A Life of America’s Most Famous Painting (New York, 2005). Wanda M. Corn, “The Birth of a National Icon: Grant Wood’s American Gothic,” in Reading American Art, ed. Marianne Doezema and Elizabeth Milroy (New Haven, CT, 1998). Thomas Hoving, American Gothic: The Biography of Grant Wood’s American Masterpiece (New York, 2005). Jane C. Milosch, ed., Grant Wood’s Studio: Birthplace of American Gothic (Cedar Rapids, IA, 2005).


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